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SOCIÉTÉ
AGRICOLE, SCIENTIFIQUE
ET LITTÉRAIRE
DES PYRÉNÉES-OllIENTALES.
DOCZIKMB VOLUME.
PEï^^MGNAN,
IMPRIMERIE DE J.-B. ALZINE,
Rue des Trois-Rois, I.
ISGO.
^
^ ^
SOCIETE DES PYRENEES-ORIENTALES.
XII.
La Société n'entend approuver ni improuver les opinions
émises dans les travaux qu'elle publie : elles appartiennent à
leurs auteurs qui en sont seuls garants.
Les lettres, mémoires, etc., etc., doivent être adressés (franc
de port) à M. Louis Fabre, Secrétaire de la Société, rue
Traversière-de-l'Ange, 4; et les objets d'histoire naturelle à
M. CoMPANYO, Conservateur du Cabinet, place Laborie, 5, à
Perpignan.
SOCIÉTÉ
AGRICOLE, SCIENTIFIQUE
ET LITTÉRAIRE
DES PYRÉNÉES-OIUENTALES.
Uf0.ati2±iu'^ ■r<DXJHU'£^
Faisons tous nos efforts pour qa'oa puisse
(lire un jour : Il y eut à Perpignan une société
d'Iiomnies à intentions généreuses, dont les
travaux furent utiles à leur pays.
( Jaubert de Réart, I" BulleliD, p. i. )
PERPIGNAN,
IMPRIMERIE DE J.-B. ALZINE,
Rue des Trois-Rois, \ .
I S60.
4â^^
SOCIETE
AGRICOLE, SCIENTIFIQUE a LITTÉIUIliE
DES PYRENEES-ORIENTALES.
COMPOSITION DU BUREAU TOUR LES ANNÉES
1859.
Président: M. LLOUBES (Augcste),
îj>, b;in(|ui«r, aiuit'ii maire de la
ville, membre du Conseil-Général
d'Agriculture et du Conseil-Géné-
ral du département.
yice-Pré^ideiit : ÎM. Companvo, père,
docteur-médecin, conservateur du
Cabinet dMiistoire naturelle.
SecTélaire : RI. Fabre (Louis) , pro-
fesseur de troisième et de commerce
au Collège.
yke-Secrétaire : M. Alaot, secrétaire
de rinspecteur d'Académie.
Trésorier : M. Siau (Antoine), négo-
ciant.
Archiviste : i\I. SiiivEX (Joseph) éco-
nome des Hospices.
1860.
Président : M. LLODBES (Aususte),
'^ . banquier, ancien maire de la
ville, membre du Conseil-Général
d'Agriculture et du Conseil-Géné-
ral du département.
Vice-Président : M. Companyo , père,
docteur-médecin, conservateur du
Cabinet d'bistoire naturelle.
Secrétaire: M. Fabrk (Louis) , pro-
fesseur de troisième et de commerce
au Collège.
Vice-Secrétaire : M. Alart, secrétaire
de l'Inspecteur d'Académie.
Trésorier: M. Siau (Antoine), négo-
ciant.
Arcliivisle : M. l'abbé Delhoste , vi-
caire à la Cathédrale.
C0.M1TE DE REDACTION
1859.
M. l'abbe I'incs, chanoine, supérieur
du Graml-Séininuire.
M. l'abbé IJensa, chanoine honoraire,
prof, de philosophie et de théologie
au Grand-Séminaire de Perpignan.
1860.
RI. l'abbé Fines, chanoine, supérieur
dn Grand-Séminaire.
RI. l'abbé Bensa, chanoine honoraire,
prof, de philosophie et do Ihéidogie
au Grand-Séminaire de Perpignan.
SÉANCE PUBLIQUE DU l^-" AOUT 1858.
PRESIDENCE DE M. AUGUSTE LLOUBES.
La Société a tenu le 1" août sa séance annuelle pour
la distribution des primes accordées sur les fonds du
département, pour l'amélioration de l'espèce bovine, et
elle a distribué dans celle même séance divers encoura-
gements. La chaleur proverbiale du mois d'août n'avait
pas empêché un auditoire nombreux de venir assister à
cette fête modeste, qui a toujours le privilège d'intéresser
vivement.
La musique des élèves des Frères de la Doctrine
Chrétienne s'est fait entendre, à plusieurs reprises, avec
beaucoup de succès.
Les autorités du département et de la commune étaient
représentées, et siégeaient avec les membres du bureau.
M. Auguste Lloubes, président, a ouvert la séance par
l'allocution suivante :
« Messieurs,
« C'est avec juste raison que notre époque peut s'enor-
gueillir des ctlorts qu'elle lait, sous rius[)iralion d'un
gouvernement éclairé, pour faire pénétrer le progrès dans
IX
toutes les industries qui sont du domaine de l'activité
humaine. De quelque côté (juc nous tournions nos re-
gards, nous trouvons l'initiative gouvernementale ou
l'initiative individuelle se posant le proMème du mieux,
et poursuivant sa mission avec une loi et une énergie
sans précédents.
Pour ne parler que de ce qui rentre plus spécialement
dans notre sujet, nous vous dirons avec quelle persévé-
rance on poursuit les progrès agricoles, et avec quel
soin tout particulier on organise les moyens de les pro-
voquer dans les Concours régionaux, dont l'efiicacité est
reconnue; et l'heureuse pensée à qui nous les devons,
a, tout à la fois, rendu hommage au caractère français',
si avide de luttes intellectuelles et de distinctions hono-
rifiques, et fourni à l'agriculture un U vier des plus puis-
sants pour obtenir les améliorations qu'elle appelle de
tous ses vœux.
« Dans ces luttes pacifiques, où les concurrents n'ap-
portent que des dévouements, le succès du but proposé
ne peut être douteux; et à côté du bien agricole qui en
résulte, il en est un tout aussi grand, celui que retirent
toujours de leur communication des hommes mis en
contact et obligés de se connaître et de s'apprécier.
« La Société des Pyrénées -Orientales a compris, dès
le début, toute l'importance des Concours; et, dès ipie la
région à laciuelle elle a été rattaclK'o a été définitivement
fixée, elle s'est empressée de demander à Son Excellence
Monsieur le Ministre de TAgricuIture do vouloir biin
désigner Perpignan pour la tenue, en l<S()t2, du Concours
régional du Sud-Est, (jui com|)rend onze départements.
Son Excellence vient de nous faire connaître que cet acte
X
(le justice distribulive aura lieu. Les afjriculleurs en
seront prévenus en temps opportun; et comme la lutte
sera grandiose, ce sera au département à se tenir à la
hauteur de sa réputation. Ce ne sera pas aux tours de
force qu'il faudra viser, mais aux améliorations que la
pratique peut accepter facilement ; ce ne sera pas aux
races d'animaux les plus en renom ailleurs qu'il faudra
s'adresser toul d'aboid, il conviendra de procéder par tâ-
tonnements et de ne présenter avec un brevet de naturali-
sation que les races éprouvées pendant deux ans au moins
par le climat, la prédominence de la chaleur ou de l'hu-
midité dans l'atmosphère, exerçant une influence décisive
sur les caractères particuliers à chaque espèce. Qu'il
nous soit permis de dire, à cette occasion, que le pro-
grès le moins contestable, est celui qui consiste à obtenir
des espèces indigènes les types les plus parfaits: on peut
alors essayer avec fruit des races nouvelles, et arriver par
voie de comparaison à faire des choix judicieux.
« La Société des Pyrénées-Orientales, en demandant
un Concours, a rempli une partie de la tâche qu'elle s'est
imposée, et dont depuis vingt-cinq ans elle poursuit
l'accomplissement avec une union qui fait sa force et
que n'ont pu ébranler les dissentiments politiques, qui
n'ont jamais franchi le seuil de cette enceinte, où elle
délibère dejjuis un quart de siècle. C'est fière de ses
intentions, qu'elle s'adresse à ses concitoyens, pour leur
demander de la seconder; c'est (ière des adhésions
qu'elle reçoit, qu'elle fait appel à toutes les intelligences
et qu'elle est heureuse de les admettre dans son sein.
La publication de ses travaux annuels, en mettant en
relief l'aptitude de ses membres, la fait connaître au-
XI
dehors, et lui vaut l'échange empressé des Bulletins des
Sociétés françaises et étrangères.
« Elle poursuit lentement, mais d'une manière sûre,
la mise on lumière des diverses richesses de notre beau
département. Des commissions qui ont eu pour organe un
rapporteur aussi dévoué que consciencieux, ont publié la
statistique des cultures niaraichères et de l'éducation des
abeilles; elles vont entreprendre prochainement le grand
travail de la statistique des éducations bovine, ovine et
[torcine.
« La Société a procédé avec une extrême réserve k
l'égard de toute innovation. Elle a eu à se prémunir
contre l'esprit de système d'une part, et d'autre part
contre l'enthousiasme qui entoure d'ordinaire ce qui est
nouveau. Avant de détendre la cause du sorgo, elle a
voulu connaître cet enfant du tropique dont on racontait
tant de merveilles, et la notice publiée par un de ses
membres, a démontré que l'on exagérait les qualités
d'une plante qui restera cependant une bonne acquisition
pour l'agriculture. Avant de se prononcer j)our aucun des
systèmes inventés pour le battage des céréales, elle a
attendu que l'expérience en eût été faite d'une manière
répétée; et si elle encourage des essais utiles, son juge-
ment reste en suspens, la j)ratique étant loin davoir dit
son dernier mot. Avant de roc^omniander une méthode
pour le traitement de la ntaladie de la vigne, elle a
attendu qu'une commission d'hommes compétents, prise
dans son sein, eût, dans un rapport lucide, constaté que
les viticulteurs reconnaissaient le soufre comme le meil-
leur curalif, et son enq)loi préventif, préconisé par
M. Lallorguc , comme le plus cllicace.
XII
« Si, par nuire organe, elle invoque son passé, ce n'est
point pour on tirer vanité, car elle croit n'avoir rempli
qu'un devoir; mais c'est alin (rappeler sur ses actes le
jugement des hommes impartiaux.
« Il nous est dillicile dans cette circonstance, qui ne
se produit qu'une Ibis l'an , dussions-nous nous faire
accuser de monotonie, de ne pas parler de l'oïdium
dans un déparlement dont la vigne couvre un quart de
la surface arable.
« I.a Providence, dans ses impénétrables desseins, nous
a envoyé une abondante récolte de raisins : est-ce le pré-
lude d'un décroissement marqué de la mucédinée? C'est
l'opinion de beaucoup d'agronomes. Deux soufrages pré-
ventifs ont généralement suffi pour préserver le raisin de
toute infection; et comme tout se lie dans l'enchaînement
des faits heureux, on a beaucoiq) soufré parce qu'il y avait
beaucoup de raisins, et il se récoltera beaucoup de raisins
parce qu'on a beaucoup soufré. Vienne maintenant une
protection douanière ardemment réclamée par tout ce
qui produit, et l'aisance disparue des campagnes y re-
viendra petit à petit, car- le vide qui s'est fait ne peut
être comblé de sitôt.
« Il convient de dire que la calamité qui s'est abattue
sur les vignobles de France, a éveillé toutes les sympa-
thies de ceux qui pensent ou qui ont le droit d'agir. Les
droits d'entrée sur le soufre ont été réduits; la science
a, dans ses laboratoires, analysé ce précieux minéral, et
elle vient de doter la société d'une découverte du plus
haut intérêt. M. Chansel, professeur à la Faculté des
Sciences de Montpellier, est arrivé, à force d'observa-
tions, à inventer un instrument, aussi simple que précis,
XIII
pour connaitJT la nature, la qualité et la vertu du soufre.
La tromperie ne sera plus possible avec cet indicateur,
dont le prix est fort modique.
« La vigne n'4 pas été seule à annoncer d'abondants
produits, les arbres Iruitiers ploient sous leur riche fardeau,
et la locomotive impatiente, dont l'écho nous apporte les
sifflets, attend chaque jour pour l'emporter dans son vol
rai)ide le charyemcnl que les maraîchers lui confient.
Les bienfaits de l'ouverture de la voie ferrée ne seront
guère sensibles que dans un an.
« C'est aux cultivateurs , maintenant , à étudier le
goût des consommateurs du dehors, à cueillir les fruits
h la main, à ne planter que de bonnes et belles espèces,
et à choisir ()arnii celles-ci les plus hâtives. Un mauvais
arbre demande autant de place et de soins que s'il était
bon. Le jardinage proprement dit aura aussi une très-
large part dans l'exportation: nous savons que nos ma-
raîch(M's apprécient toute l'importance des semis hâtifs
et des abris contre l'impétuosité des vents, et que leur
intelligence des cultures les mettra à même d'obtenir
une grande précocité dans leurs produits. Dans certains
cas, le bas prix du tiansport des fumiers par chemin
de fer, pourra leur permettre de s'en procurer à Nar-
bonne.
« Entrevoyons donc des jours plus riants en présence
de ces indications d'abondance, qui semblent annoncer le
terme procl^in d'une crise mystérieuse de la végétation
tout entière, et admirons la main de Dieu, qui nous pose
ces allernativos d'heur et de malheur, comme un frein
pour nous faire rentrer dans la voie de la sagesse dès
que nous voudrions nous en écarter. »
XIV
M. Companyo père a lu ensuite un mémoire sur l'in-
dustrie séiicicole. Il a développé avec méthode les pro-
ijrès de la maladie (|ui sévit si cruellement sur ll'espèce
bombycine. 11 a lait ressortir rim[)ort^nce relative du
succès obtenu par M. A de Gonsalvo, d'Estagel, dans
son élève de vers à soie.
M. Tastu-Jaubert, dans deux rapports élégamment écrits,
a exposé les perfectionnements apportés par M. Raymond
Bert, dans la fabrication du chocolat, et l'invention de
MM. Rouflia frères, pour donner au papier à cigarettes
un parfum aussi agréable que salutaire.
M. Alart a lu des fragments d'une notice sur les ancien-
nes concessions de vacants, en Roussillon, au ix^ siècle.
Cette esquisse, qui a fait ressortir une fois de plus l'éru-
dition de M. Alart, a été écoutée avec un intérêt soutenu.
M. l'abbé Delhoste a exposé, dans un langage simple
et élégant, l'état de la récolte des céréales pour l'année
1858. Ses documents, puisés à bonne source, établissent
que l'on n'a pas h redouter que le blé vienne à faire défaut
a la consommation.
M. Tastu-Jaubert a repris la parole pour rappeler que
le jeune Isidore Borrell persévérait dans la voie qui doit
faire de lui, un jour, un sculpteur qui honorera son pays,
et il a demandé pour lui un rappel de médaille.
M. Crova a lu, au nom d'une commission dont il était
l'organe, un rapport détaillé sur le rouleau perfectionné
XV
de M. V.lallonguc. Cet inslrument, qui fonctionnaii pour
la première fois, constitue un progrès, et paraît appei,>
a rendre des services aux agriculteurs qui pourront en
faire l'acquisition pour le hattage des céréales. L'asso-
ciation pourra, du reste, alléger les charges qu'impose
toujours la pro.uiérc mise de fonds pour l'achat d'une
machine, et l'emploi pourra alors s'en populariser.
La Société a reconnu qu'elle devait récompenser Mon-
sieur Vilallongue de son heureux perfectionnement Elle
lui a accordé une médaille d'argent, grand module.
Elle a voulu aussi récompenser MM. de Gonsalvo Bert
et Rouilla frères : elle a remis à chacun d'eux une mé-
daille de bronze.
M Isidore Borrell a été aussi l'objet d'une distinction
en obtenant un rappel de médaille.
La distribution des primes a immédiatement suivi et la
somme de 1.980 francs a été répartie entre les éleveurs
du département qui ont été reconnus les plus dignes lors
du concours de 18o7.
ITl
SÉANCE PUBLIQUE DU 51 JUILLET 1859.
PRÉSIDENCE DE M. AUGUSTE LLOUBES.
Comme d'Iiabitiule, la Société a tenu sa séance publique
annuelle, le dernier dimanche de juillet, pour la distribu-
tion des primes et autres récompenses accordées par le
Gouvernement et par la Société elle-même. M. le Préfet,
absent de Perpignan , était représenté par M. de Çagar-
riga, secrétaire-général de la Préfecture, qui occupait
une des places d'honneur près de M. le Président, ainsi
que M. Saisset, adjoint à M. le Maire de Perpignan,
et la séance s'est ouverte à deux heures de l'après-midi,
devant un auditoire nombreux.
Dans un discours plein d'idées élevées et dans un lan-
gage que tout l'auditoire a compris, M. le Président a,
successivement, passé en revue toutes les questions
agricoles, industrielles et économiques, qui peuvent in-
téresser l'opinion publique du département.
M. le Président s'est exprimé ainsi :
« Messieurs,
frNous vous annoncions il y a un an, avec un véritable
bonheur, que Son Excellence Monsieur le Ministre de
I Agriculture, avait, sur notre demande, promis au dé-
XVII
parlement la tenue du Concours régional pour 1862 :
sa promesse s'est réalisée. Les prétendants ii la prime
d'honneur pourront faire parvenir, au plus tard le l^r
mars 1861 , leur demande a la Préfecture. Les fermes
qui concourent sont examinées un an à l'avance. Nous
espérons que , comme dans les autres départements , les
concurrents seront nombreux. La variété et l'importance
de nos cultures ouvrent les portes des concours à beau-
coup d'agriculteurs. Le but de l'institution est d'encou-
rager ceux qui font beaucoup avec peu et qui le font bien,
l'amendement des terres, leur bon état, l'entretien d'un
cheptel au-dessus des besoins de la ferme, l'extension
des cultures fourragères, la tenue d'une comptabilité
quelconque qui permette au cultivateur de se rendre
compte, l'introduction d'animaux perfectionnés, l'adop-
tion d'instruments nouveaux reconnus utiles, la bonne
confection des fumiers, sont les éléments principaux qui
fixent l'attention du Jury.
« C'est une grande récompense que la prime d'hon-
neur; nous sommes certain qu'elle sera brillamment
disputée. Mais avant cette é|»0(pie, le département ne
doit pas s'elVacer aussi complètement qu'il l'a fait pour
ses produits au Concours de Carcassonne. Les blés, les
vins, les huiles, les laines, les soies, le miel, y auraient
occupé une place d'honneur, nous pouvons le dire, nous
étions du Jury. A Montpellier donc en 1860 , pour
prendre la revanche. Il est juste de dire toutefois que
certains de nos éleveurs ont brillé d'un éclat qui se sou-
tiendra nous l'espérons; ils feront revivre la vieille répu-
tation du Roussillon, où venaient s'approvisionner, il y
a un siècle, tous ceux qui, en France et jusqu'au fond
b
xvm
de TEurope , voiilaieiit obtenir la race luériiic pure |)(>ur
raniélioratioii des espèces ovines indigènes. C'est du
Roussillon (jue sont sortis les premiers béliers cl brebis
mérinos qui ont produit ces belles laines du nord , qui
n'auront bientôt plus de rivales, grâces à Tiiabileté des
cultivateurs.
« Nous savons que Ion se plaint généralement de lin-
succès de l'éducation des animaux de l'espèce ovine, que
l'on prétend ne garder que pour le fumier qu'ils produi-
sent. Mais est-il bien démontré que cette éducation soit
faite comme il convient? Pour élever des animaux do-
mestiques, il faut les avoir étudiés, connaître leurs mœurs
et leurs maladies et les causes qui les produisent. Com-
bien de propriétaires ont-ils fait cette élude et où leurs
bergers ont ils pu la faire? Des préjugés, voila leur guide
principal ; aussi avons-nous beaucoup de gardiens de trou-
peaux et peu de bergers. Sans avoir la sotte prétention de
nous ériger en professeur, nous croyons pouvoir signaler
deux des défauts principaux de notre éducation : sans
aborder la question capitale de l'amélioration , l'insulli-
sance de nourriture, une stabulation vicieuse qui, dans un
pays très-chaud, prive d'air des animaux que la nature a
garantis du froid et les fait croupir sur leurs fumiers.
Cette question nous amènerait trop loin, si nous voulions
la développer. La Société s'emparant des idées du Gou-
vernement qui, dans les faits agricoles, veut que les
récompenses arrivent partout où elles sont méritées, a
découvert un bon paysan qui dans sa modeste position
fait bien , et elle va le récompenser. 11 a introduit et
multiplié la race barbarine. Elle a ses dél'auts et ses
qualités, mais les dernières l'emportent sur les premiers.
Elle esl très-tV'coiule. Les agneaux, jdmeaiix toujours, se
vendent 7 francs en naissant, !20 francs à deux mois et
demi, 00 francs à un an, et a cet âge, la boucherie les
immole comme moulons; c'est deux tiers d'avance sur
les autres races, dont les moulons ne sont faits qu'à l'âge
de trois ans, et valent alors 40 francs au plus. Nous
croyons que les agriculteurs feront bien d'étudier cette
espèce, sans négliger cependant celles que nous con-
naissons, et dont nous devons viser a présenter on 1862
des types parfaits.
« La Société fera lous ses efforls pour qu'il soit joint
au Concours régional un Concours de l'espèce chevaline
et une exposition de l'industrie ; elle promet dès ce mo-
ment une exposition maraîchère et florale , et elle espère
d'avance être secondée dans ses bonnes intentions.
Nous avons une grande réputation au-dehors, il convient
de la justilier. Au point de vue agricole, on jugera de
nos eflbrls par les diflicultés que nous avons à vaincre,
et dont certaines nous sont communes avec d'autres
contrées.
« Parmi celles-ci , la maladie des vers à soie et celle de
la vigne causent un véritable dommage aux agriculteurs,
donnnage qui s'accroit delà sécheresse, des intenqjéries, du
bas prix des denrées, des mal-façons de la main-d'œuvre,
réunion de fléaux qui font de l'agriculture, la plus précaire
des professions. Dans un pays d'organisation rationnelle
comme le nôtre, on doit s'attendre à une protection des
plus ellicaces. L'Klal nous l'accorde, il faut la demander
aux autres pouvoirs publics. L'agitation provoquée à l'oc-
casion du déficit successif de plusieurs récoltes de blé, a
fait craindre un instant que ceux (|iii voulaient le triom-
XX
plie (l"une théorie, ne l'emportassent sur la niasse des
producteurs, qui voulaient conjurer une ruine. Mais le
Gouvernement, voulant de bonne Coi être éclairé, les
efforts des conseils généraux, des sociétés d'agriculture,
d'Iionimes considéraliles, leur iiersévérance, les })rotes-
tations venues de tous les points de l'Empire, ont fait que
cette grave question a été examinée sous son véritable jour;
l'échelle mobile a été maintenue en principe; l'agriculture
a été sauvée d'un désastre, grâces en soient rendues à tous
ceux qui y ont contribué.
« Tout n'est pas fait cependant , si le blé national est
protégé contre le blé étranger; il faut aussi qu'il soit
protégé contre la mauvaise farine nationale, qui trouve
d'autant plus de débit dans la boulangerie qu'elle est
vendue à crédit. C'est d'une police vigilante que l'agri-
culture attend celte protection : elle l'attend d'elle aussi
pour toutes les sophistications qui lui causent un préju-
dice des plus sérieux, telles que celles des soufres, des
huiles et des vins. Les charges augmentant, le revenu
doit les suivre, sans cela l'on avancerait au rebours.
«Comme nous le disions il y a un instant, le déficit
des soies compte au nombre des perles de l'agriculture :
les mûriers et les vers a la fois sont malades. L'arbre
esl atteint comme la vigne; mais le ver? Depuis que la
science a trouvé le moyen d'agglomérer dans un même
local des masses énormes de vers, il s'est déclaré des
maladies qui ne sévissaient pas. La réunion sur un point
d'un trop grand nombre d'individus de la même es-
pèce, semble être contre les vœux de la nature; aussi
les petites éducations réussissenl-elles généralement. Un
rafiporl à ce sujet va dans un instant jeter du jour sur
XXI
celle queslion si intéressanlc. S'il y a eu des mécomples
pour nos sériciculleurs, ils leur s'ont communs avec tous
ceux de la France, et le déparlement n'en est pas moins
aussi propice qu'autrefois a l'éducation de l'espèce bom-
bycine.
« L'énumération des pertes comprend encore malheu-
reusement la vigne: une lueur d'espoir avait brillé l'an
dernier ; elle s'est évanouie celle année. Ce sont les
viticulteurs les plus confiants qui sont atteints. Croyant
à la cessation de l'oïdium, ils n'ont pas soufré préventi-
vement, et le mal, rebelle à leurs efforts tardifs, a sévi.
Cette circonstance prouve une fois de plus l'excellence
du système de M. Lafforgue. On ne peut pas se rendre un
compte bien exact de l'effet du soufre sur la vigne alors
qu'on n'y voit aucune trace d'oïdium; mais on ne peut
contester qu'il ne prédispose les raisins à n'être pas ma-
lades. Quant à nous, nous croyons à plus que cela, nous
croyons qu'il détruit l'oïdium qui existe en germe, pour
n'éclater que lorsque l'état de l'atmosplière lui convient,
de même que les mauvaises graines qui sont dans le sol
ne germent que lorsque le moment opportun est venu.
Il nous semble que pbysiologiquemcnl l'oïdium n'est pas
suflîsamnienl étudié. C'est, d'après nos observations,
une végétation parasite du printemps. Elle est commune
à bon nombre de végétaux; tant qu'on la remarquera sur
eux dès le mois de mars, la vigne ne sera pas guérie.
Aussi pensons-nous que ce n'est que pendant le prin-
temps qu'il faut soufrer les ceps , en commençant de
bonne beure. Si l'on songe qu'à la Saint-Jean, fin du
printemps, le bien et le mal sont faits, on reconnaîtra
que notre observation a quel(|ue fondement. I,es viti-
XXII
culleuis expériinenlés seront de notre avis, nous n'en
doutons pas; ils penseront aussi, comme nous, que le
soufre doit être employé sans mélange.
« Qu'il nous soit permis avant de terminer, d'ap{)eler
votre attention sur une date que nous ne itouvons pas
laisser passer inaperçue. C'est le 7 novembre 1059 que
le Roussillon l'ut réuni détinitivement à la France, à la
première des nations. Cet anniversaire, deux fois cente-
naire, va sonner dans peu de temps; nous sommes certain
que comme nous vous le saluerez du fond du cœur, et
que vous accorderez un souvenir à ceux de nos ancêtres
qui ont coopéré à ce grand acte. »
Dans un premier rapport sur l'éducation des vers à soie
dans k dqxniemcnt en 1859, la commission, dont M. Siau
s'est fait l'organe , a constaté qu'une amélioration notable
avait eu lieu, et elle a pu se convaincre que les petites
éducations ont les plus grandes chances de succès. C'est
un fait acquis depuis longtemps, et confirmé de nouveau,
cette année, par les détails que fournit M. Siau sur les
éducations de MM. Lopez et Trilla, d'Ille; Llopet, de
Serdinya, et Ange Delpech, de Millas.
M. Siau a lu un autre rapport sur la fabrication d'ou-
vrages en bois dans les ateliers de M. Hippolyte Servole,
situés au faubourg des Tanneries. Les détails intéressants
sur la vie artistique de M. Servole et sur les divers objets
qu'il labri([ue, ont été écoutés avec la plus vive attention;
on comprend qu'avec un maître de ce mérite, et sous
son habile et patiente direction, les apprentis apprennent
vite, et la Société n'a pas hésité à leur témoigner sa
XXIIl
sollicitude, comme elle le l'era pour (rautres iiultislries
épjalemeiit mérilautcs, qui exisleul dans la ville de Per-
pignan.
La question de la culture horticole a donné lieu à un
troisième rapport de M. Siau, qui a commencé par signaler
l'importance, de plus en plus grande, (jue prend la culture
de nos jardins et celle des artichauts, principalement de
la variété dite blanche ou des quatre saisons , dont le pro-
duit s'est élevé à des proportions considérables, depuis
la lin de septembre jusqu'au 20 mai dernier. 11 injporlait
de connaître et de récompenser ceux qui , par leurs soins
intelligents, ont le plus contribué à propager cette culture
dans notre pays; et il résulte de l'enquête faite par la So-
ciété, que celte culture, entreprise sur une vaste étendue,
dès 1818, par Jean Piquet, aujourd'hui décédé, reçut, peu
d'années après, de plus grands développements par les
soins d'Antoine Coll, Ignace Figuères et Jean Tarrissou.
Des récompenses avaient été votées par la Société pour
consacrer le souvenir des services rendus au Uoussillon
par ces trois anciens jardiniers. Depuis lors, d'importantes
améliorations ont eu lieu dans la culture forcée; mais elle
est encore trop peu étendue dans les diverses parties de
notre département, où elle pourrait être développée à bien
peu de frais, favorisée, comme elle l'est, par notre beau
climat, par nos canaux d'arrosage, et surtout par notre
position lopographique. Comme preuve de ce que nous
pouvons espérer dans ce genre, M. Siau cite les noms de
ceux de nos conqiatriotes qui avaient fourni leurs produits
pour lexposilion horticole de Carcassoime, et (pii ont
éh- iiigés dignes de récompenses. IMiisit^irs do nos jar-
XXIV
diniers préparent aussi leurs produits pour notre concours
régional de 18G2, qui pourra largement récompenser tous
les méritants.
M. Siau fiiit ensuite connaître le mérite d'une variété
de fraisier qui avait été également exposée au concours
de Carcassonne, et que M. Philippe Massot a obtenue par
riijbridalion du fraisier sauvage de rAlbère,et des grosses
fraises de Paris, que M. Routfia avait le premier intro-
duites parmi nous. M. Massot a donné une grande exten-
sion à cette culture et à celle des asperges de Hollande
et d'Allemagne, que M. Hippolyte Picas a indroduites
dans le département.
M. le Rapporteur fait connaître également l'importance
de la culture d'asperges deHoUande, pratiquée par M. Jean
Roquefort, qui avait déjà fourni, pour l'exposition de Car-
cassonne, des asperges classées au premier rang par le
Jury. M. Roquefort se recommande à d'autres titres, et
M. Siau rappelle qu'il a, l'un des premiers, introduit la
culture des micocouliers dans notre plaine. M. Massot
s'est aussi fait remarquer par les perfectionnements qu'il
a apportés à l'industrie des manches de fouet, qui occupe
environ loO ouvriers dans le département, et fournit par
an 22.000 douzaines de manches de fouet, d'une valeur
totale de 200.000 francs.
M. Siau présente encore une notice sur l'élève de la
race harbarine, qui offre, sur les brebis ordinaires, des
avantages qui ont paru évidents à la Société, et ont fait
accorder au sieur Castres, dit Général, domicilié à Saint-
Féliu-d'Avail , une médaille de bronze et une prime pour
la propagation de cette espèce.
XXV
M. Siau leniiine ses lectures en faisant connaître les
quatre niaitres-valets , dont les noms seront donnés plus
loin, et qui ont mérité des récompenses pour leur conduite,
lem-s travaux intelligents et la durée de leurs services dans
les exploitations rin-ales.
Après les lectures de M. Siau, M. l'ahbé Delliostc a
transporté l'auditoire dans un de ces jardins, où la main
prévoyante du Créateiu- a réuni les plus beaux et les
meilleurs fruits de la terre, — nous étions toujours en
Roussillon, cela va sans dire, ~- a l'ombre, ou plutôt
en face d'innombrables pècbers, dont les fruits savoureux
sont l'ornement de nos tables, après l'avoir été de nos
jardins, lis sont, en outre, une source de richesse pour
nos cultivateurs; c'est, du moins, ce que M. Dellioste
voulait établir, et ses bonnes raisons ont dû convaincre
tout le monde. Les 120 variétés de pêchers cultivées
dans notre département, donnent, dans les années ordi-
naires, un revenu considérable, qu'il importe de ne pas
laisser diminuer, et qu'il sera possible d'accroître encore.
C'est, surtout, en envisageant la question à ce dernier
point de vue, que M. Dellioste indique les espèces de
pêchers les plus productives et les pins favorables à
l'exportation, et par conséquent les plus utiles a notre
département. De bons conseils sont donnés ensuite sur
la culture du pêcher et sur les moyens de le [)réserver
des ravages des insectes, et surtout de la fourmi, (jui
est son ennemi le plus acharne. Malheureusement, l'avenir
et la prospérité de cette culture sont un peu compromis
par la délicatesse de l'arbre lui-même, ou plutôt par sa
vieillesse précoce, « car le pi'cher ne vit guère que l'es-
XXVI
« pace de douze à quinze ans, el encore ne donne-t-il ,
« vers la lin de sa vie végétative, que des fruits petits,
« malades et peu nombreux. »
M. Crova nous a ensuite transportés au milieu de l'é-
poque anté-historique, dans une notice sur les ossements
fossiles Ironirs clans les havaiix de la nouvelle route de
grande comniunication de Perpignan à Canct. Les ter-
rains dont ces travaux ont mis en évidence la structure,
font partie du bassin tertiaire de Perpignan, qui se
continue vers Cabestany jusqu'aux environs d'Argelès,
se rattache aux dépôts tertiaires marins de Banyuls-dels-
Aspres, Thuir, Nelfiach, Estagel, dont il n'est peut-être
pas rigoureusement contemporain, et parait s'étendre,
vers le nord, jusqu'aux dépôts secondaires qui com-
mencent à paraître îi Opoul et au-delà de Vingrau. Des
ravinements creusés par les eaux, à une époque reculée,
y ont formé la dépression dans laquelle sont plantés leg
jardins de Saint-Jacques, et y- ont fortement accusé un
talus qui s'étend de Perpignan au voisinage de Canct, par
Castell-lîossello. La nouvelle roule est tracée le long de
ce talus, sur un terrain dont la structure est composée
d'alternances d'argile et de sables marneux. Au-dessus,
se trouve un terrain toul-à-fail récent, où l'on découvre
une assez grande quantité d'ossements se rapportant aux
espèces actuelles et associés à des fragments de poterie
et de débris de l'industrie humaine. M. Crova laisse à
l'archéologie toute cette partie du terrain qui ne se rat-
tache qu'à l'histoire de l'homme; il cherche beaucoup
plus bas les traces des êtres qui vécurent les premiers
sur les bords de la Tet. Ses recherches ont déjà produit
XXVll
(l'iieuieux résultats, que notre incompétence nous permet
tout au plus (le constater ici; encore nous mettrons-nous
respectueusement à couvert sous la décision d'une des
autorités scientifiques les mieux établies de la Faculté
de Montpellier.
Les débris organisés contenus dans les argiles et les
sables fossilifères de notre gisement, consistent principa-
lement en ossements de mammifères, parmi lesquels les
pachydermes sont surtout abondants. Parmi les genres
déterminés jusqu'à présent par M. Gervais, se trouvent
un rhinocéros, un antilope, un é(piidé du genre hippa-
ryon, d'une espèce qui était complètement inconnue des
savants, et que M. (Servais a appelé hipparyon crassiim;
enfin, de petits fragments de bois de dicotylédones par-
faitement pélriliés. Tous ces débris appartiennent aux
terrains tertiaires, probablement au miocène. De nou-
velles fouilles se feront dans ces lieux, que le monde
scientifique de la France méridionale étudie avec le plus
vif intérêt, et fourniront sans doute des faits importants
et nouveaux pour l'histoire géologique de notre dépar-
tement.
Les fouilles de M. Alart ne s'opèrent pas aussi pro-
fondément dans la terre, et ses études ne s'étendent pas
si loin dans la nuit des tenqjs. Il s'arrête à la première
moitié du xv siècle, et jette un coup-d'œil sur la cou-
che la plus superficielle du sol roussillonnais. Que s'y
passait-il h cette épocjue? Les rhinocéros et les antilopes
avaient disparu depuis nombre de siècles sous d'épaisses
couches de sable et d'argile, et c'étaient de bonnes gens,
des hommes créés, comme nous tous, à l'image de Dieu,
xxvm
qui vivaient alors près de la Tet et sur nos montagnes.
Mais il y avait entre ces manans ronssillonnais, liommes
propres, solins et amansats, asservis à mille redevances
et servitudes, et le pages de nos jours, toute la dislance
qui sépare le serl' de l'honmie franc et libre; et cette dif-
férence, quelque ijrande qu'elle fût, finit par disparaître en
Roussillon pondant les cinquante années qui précédèrent
l'occupation française de Louis XI. Ce résultat ne s'obtint
néanmoins qu'après un long siècle de guerres, de pillages,
de famines, de pestes et de calamités de toute espèce,
qui réduisirent de moitié la population rurale de ce pays,
rendirent les manses inhabitables, et en imposèrent l'af-
franchissement complet, comme le seul moyen qui pût
conserver aux seigneurs les revenus de leurs possessions.
Telles furent, selon M. Alart, les causes et les circons-
tances qui transformèrent en Roussillon les conditions de
la propriété foncière, et rendirent nos i)ropriétés territo-
riales ce qu'elles étaient en 89 , ou à peu près ce qu'elles
sont de nos jours. Pour faire voir l'importance de cette
révolution, dont il fallait aussi explicpier les causes,
M. Alart a été obligé de montrer la misérable condition
des anciens tenanciers ronssillonnais et les terribles
épreuves qu'ils durent subir pour être affranchis , et
c'étaient nécessairement des couleurs sombres et sévères
qui formaient le fond de ce tableau.
L'auditoire a été ramené à des scènes plus riantes;
mais nous n'avions pas quitté les champs, et la Muse
se tenait encore au village , pour une fête , dont le Père
Vanière a fait les premiers frais, et que M. Fabre a tra-
duite en vers français. Le Mariage de la Villageoise est
XX l\
un des plus gracieux épisodes du Prœdium rusticum.
Le poète de Béziers aimait beaucoup les travaux de la
campagne; mais il était presque impossible qu'un auteur
qui connaissait à merveille les poètes anciens, ne laissât
pas percer quelques réminiscences païennes dans un
poème que l'on peut dire uniquement inspiré par les
Géorgiques de Virgile. Noire conq)atriote s'est attaché à
atténuer autant que possible toutes ces réminiscences,
qu'il ne dépendait pas de lui de faire disparaître entiè-
rement. Cependant la traduction est aussi fidèle qu'une
traduction peut l'être : elle ajoute quelques traits gra-
cieux, en atténue d'autres d'un goùi assez équivoque,
et ces modilîcations paraissent heureuses, celles-ci entre
autres :
Elle, les yeux baissés, des fleurs à la ceinture,
Marche tiniidenient , gênée en sa parure.
Les fleurs à la ceinture, (pii ne sont pas dans le texte
latin, ne nous déplaisent pas, et la fiancée gênée en sa
parure, remplace avantageusement le
Novis sudore madct stib vestibiis,
du P. Vanière. Les divers incidents de la fête sont ainsi
passés en revue, sans oublier quelques gens mal appris
qui toujours, on le sait,
Sont prêts à s'égayer sur le sort des maris,
et le tableau du repas final retentit d'une franche gaité,
qui contribue au bon effet de l'ensemble.
xxx
La séance a élé termine''»' par la lecture de (iuel«iiies
bonnes stances de M. Sirven, qui les appelle son dernier
amour. Ne vous effarouchez pas. 11 ne s'agit pas de ces
amours de cœur ou de tète , qui forment , dit-on , le
roman de la vie de jeune homme, mais dont on poursuit
vainement les feuilles volantes, lorsque tous les cha-
pitres sont lus. M. Sirven chante aujourd'hui son pays,
son dernier amour, sentiment vreux comme le monde,
mais toujours nouveau; c'est le Dulcrs reminisrÂtnr Ar-
gos, qui renaît chez Gnillem de Cabestany,
On II remembre, doussa terra e 'l pais.
Notre chevalier troubadour du xiic siècle n'avait pas
lu Virgile, mais le naturel retrouve partout et dans tous
les temps les mêmes expressions pour chanter les mêmes
sentiments, et M. Sirven, qui, depuis bien longtemps,
aime son doux pays, retrouve aujourd'hui ses inspira-
lions premières, car 07i revient toujours à ses premièi'es
amours.
Immédiatement après ces lectures , M. le Président a
distribué les médailles, primes et récompenses accordées
par le Ministère de l'Agriculture, par le Conseil-Général
et par la Société des Pyrénées-Orientales.
ÉDUCATION DES VERS A SOIE.
M. Llopet, de Serdinya, médaille de bronze, grand mo-
dule; -MM. Lopez et ïrilla, d'Ille, médaille de bronze;
— M. Ange Delpech, de Millas, médaille de bronze.
XXXI
lABRICATIOîS n'oUVKAGES EN BOIS.
Médaille de bronze, grand module, à M. Hippolyte Ser-
vole; — mention honorable et prime a ses trois apprentis,
Maurice Durand, François Pierson et Jacques Basia,
CULTURES IIOlVnCOLES.
Médaille d'argent à M^I. Antoine Coll, Ignace Figuères
et Jean Tarrissou; — médaille de bronze à M. Etienne
Gaillard, dit Estcve, d'Olette; — mentions honorables à
MM. Louis Ribes, Jean Coll, François Taillade; — men-
tion honorable et prime à MM. Joseph Noguès et Jacques
Hadie.
CULTURES HORTICOLES ET DES MICOCOULIERS.
Médaille de bronze, grand module, à M. Philippe
Massot; — médaille de bronze à M. Jean Roquefort.
AMÉLIORATION DE LA RACE OVINE.
Médaille de bronze et prime à M. Castres, dit Généra) ,
de Saint-Féliu-d'Avail.
SERVICES RURAUX.
Mention honorable et primo à MM. Fionaventure Bonis,
dit l'alun, premier maitre-valel, depuis trente-cimi ans,
au service de M'"e Rambaud, h Pia; — Michel Hibeil.
premier maitre-valet, depuis trente-deux ans, au J7'/.v-
Lederc, près d'Argelès , chez Mn^e Miquel de Riu ; —
\X\\l
Fran(,'ois Biô, premier niaitre-valel , depuis vingt-neiif
ans, à la métairie dite de Mallolcs , chez M. P"^ Saisset;
— Matthieu Carbasse, premier niaitrc-valet, depuis viugl-
neuf ans, à la métairie de las Llobères, chez M. Joseph
Jaunie.
ÉPIGRAPHIH HOIJSSILLONNATSE.
Par M. Lovis »b Bonkefot, Membre résidanl.
PKEMIEK ARRONDISSEMENT. — SUITE.
(Voir les 10- et H- Bulletins.)
CLAYRA.
142. —Porte de l'église. 1279.
t : ANNO : DOMIM : MILLESSI fsic)
MO : DVSSENTESIMO fsicj : SEPTVA
GESIMO : NOÎVO : QVINTO j IDV
S IVNII : OfMIT l>OMI.NA EU
MENGARDIS CONDAM VXO
R i RAYMVNDf lAVBEini :
f>f: CLAYRANO : CVIVS AN
IMA REQVIESCAT : L\ PACI' :
DIC : l'ATER NOSTER PRO ME :
I^a première syllabe du mot iavberti est douteuse.
U3. —Porte du cimetière. 1344.
ANNO : DOMIM : M : CCC : XL : ifir :
QVAUTO : DIE : NOVEMBRfS :
OBIIT : PETRVS ■ MARTINI \
" TV : yvi : ME : LEGIS :'dic : PRO :
ANIMA : MEA : SI : TIBI : Pl.ACET :
fATER : NOSTER :
Sui la |iicii'.', I ('iiilaplic et racclamalioii sont |»la((''cs
en regard , et sé|iaréos |)ar la Itraiiclic supériciiro d'ime
croix llcurddisée. Au-dessous, deux écussons stMnl)Ial)les
à celui de l'ordre de la Merci, (|ui porlail de gueules à la
croix d'argent, coupé d'Aragon. Pierre Marti lui donc
uienilire religieux (Ui Iaï(|ue de l'ordre. Est-ce de lui ijuc
fait mention Ribera, sous la date de 1525, avec le titre
de Seigneur d'Aldea près d'Amposta? {Nucstra Sei'iora
lie la Merced, centur. i-^, page 40o).
144. — Cimetière. 1246.
: t : VII : ÎT : MADII j AN'N
0 : xFl : M : CC : XL :
• • • • 'm
VI : 0 nOMO : QVI : ME : LEGIS
CINIS : ES : ET : IN : CIXEREM : REVBRTEIl
IS : VIDES .; ME : QVOD j SVM : ERIS : QVOD :
ES : FVI : DIC : PATER : NOSTER : IN : REMISSI
ONEM •: ANIME : MEE : PAC • l^EMTENCIAM :
ORIIT : l'ETRVS : RI j REMVNTERII i : f :
Formes inusitées : les N armées dune traverse hori-
zontale et semblables a nos h , le b différant k peine du.
K par une légère inflexion de la panse inférieure vers le bas
de la liaste , des p cl des r a panse ouverte dans le liant
connue la branche supérieure du k, des o à panses distinc-
tes ou reliées seulement par le bas. On en jugera par le
fac-similé des trois mots anno • obiit • petuvs.
'HHHO.omT.KTF^.
143. — Cimetière. 1572.
LO SEYOR : EN : GVlLIiEM : CAP
DEVILA : DE : CLAYRA
: FE : AQVESTA : CAPEL
A : LAV : M : CGC : lAXIl :
Au-ilessns de rinscri|»lion, los armes parlantes du Ton-
dateur, divisées en deux écussons, l'un au buste de lenime
(cap), l'autre au château sommé de trois tours (vila).
1/t6.— Cloches. 1528.
Sur la plus grande (diamètre : lf",04.— Sol.) :
f : mm : DOMIM : M : CGC : \\ : vfll :
i : XPE : Fir,[ : DEt : VIV( : MISERERE : NOBIS : AMEN :
Sur l'autre (diamètre 0m,9o. — Si bémol.) :
t kmo : DOMIM : M : CCG : XX : VÎlI :
t MEiMEM : SAXCTAM : SPONTANEAM : IIONOREM :
DEO : ET : PATRIE : LIBERATIONEM :
Reste à déchiffrer le nom du fondeur inscrit en légende,
autour d'une petite cloche, dans un médaillon circulaire;
je l'ahaudonne à des yeux meilleurs ou plus exercés!
L'épaisseur relative de ces deux cloches est à noter : la
première est en quinze bords, la seconde en douze bords
et demi, et cependant elles sont jumelles, tout le dit,
même abstraction faite de la date.
niAS-ROVIRA.
147. —Au-dessus de la porte. 1195.
ANNOJ M : G : \C : III : XPI INGARNAGIOMS
^" :^^: UltlS : OlllIT : BERENfiARivs : pRroR :
SANGTI : PETRI : DE j VIEARIO :
OR AT ME : FRATRES
Ce marbre a été tiré du prieuré de Saint-Pierrc-dii-
Vilar dont on voit encore la chapelle à un kilomètre
environ du Mas-Kovira. L'inscription court sur le cadre
autour d'un personnage en bas-relief couvert d'un vête-
ment qui s'arrête à mi-jambe. Les sept premiers mots
sont cbamplevés, le reste est gravé en creux. C'est le
plus ancien document qui nous soit parvenu sin- le petit
prieuré de Saint-Pierre dont nos archives constatent la
décadence dès le xiii^ siècle , et la réunion h la cure de
Clayra vers le milieu du xir^ siècle. En 1552 on trouve
un Guillaume de Pia qualifié de Prinr seu Hector ecdesie
sandi Vinmitii de CUnjrano, en 1 i08 Guillaume Brenach
presbitcr, oblinens prioratus parrorJnalis ecdesie sancli
Vincemii; et d'une date à l'autre, et postérieurement,
c'est toujours ' Prior de Clayrano , ou Prior sandi
Vincentii, lorsque le titre du prieuré est exprimé, jamais
Prior de Yilari.
FSPIRA-DE-L'AGLY.
148.— Cimetière. 1280.
: i ANNO : DOMINl | M \ CC : LXX : Vllll : lit : NO
: MARCII : OBIIT : DOMINA : BF.RNARDA : VXOR : GAV
r-ELMI : i\II[.ITIS : Dr: : VILLALONGÂ : QVI : TVMV
LVM : CE:RNIS : CVR : NON : MORTALIA j SPERNIS :
TALI •: NAMQUn: j DOMO : CLAVDITVR : OMNIS : HOMO
Dir. : PATER •: NOSTRR : PRO [ ANIMA : MEA i AMEN
Sur les bandes verticales de la bordure , deux étoiles
à huit rais, deux écussons chevronnés, une main bénis-
sante, un feuillage enroulé. Voir, pour la date, l'obser-
vation faite au n" 104.
5
Î49.— Cimetière. 1280.
f i ANNO : DOMINl [ M : CC
LX .; Ûl : VI : YDVS : lANVARII
OlilIT : lOlIANNES : NAÏALIS : Dl-
l'EariMANO : CVIVS .; ANIMA : HK
QVIliSCAT : I.N : PASCI- fsicj : CVlVS
COIU'VS : FVJT : TUANSLATV.M
AN.NO : DOMIM : M : ce : LXXX : V!
• • • • rÀJlî)-
lui : KL KOVEMBUIS l'OST : TESTVM • OMNIVM •
SANCTOKVM QVI : I\IE : LEGIT : l'ATEK : NOSTEK : 1)IC.\T.
Je ne crois pas qu'on puisse lire autre chose que
i»0ST l'ESTVSi OMMVM SANCTOiiVM (l.ms les quatre mots
ainsi abrégés et disposés sur le marbre :
l»OS : Fi' ST.
01 V • SC09
Mais alors comment expliquer la contradiction dans
les termes que présente cette leçon : le -i des calendes
de novembre (:20 octobre) rty/>V6- la Toussaint (jcr novem-
bre)? Par une distraction du lapicide qui lui a lait subs-
tituer le nom des calendes à celui des nones, iÎL à nn,
c'est-à-dire le t2î) octobre au 2 novembre.
Cette formule surérogatoire ne serait donc, à mon
sens^ qu'une reclilication telle quelle du faux quantième
m Kl. Au reste l'inspection seule de la dernière ligne
prouve que le post feskun omnium sanctomm napparte-
nait pas à la rédaction primitive. Régulièrement ces mots
ne jtouvaient y trouver assez, de place qu'au.v dépens de
la |»nère linale qui me Icr/it, etc. Pour ne rien sacrifier
il a fallu écrire le supplément inattendu en petits carac-
tères, sur double ligne, et recourir, quant au reste, à
toutes les ressources de la brachygraphie.
La bonhire de celle inscription est ornée de leuillages
courants et de quatre écussons chargés d'une coquille.
Il faut appliquer à la première date, celle de la mort de
Jean Nadal, la règle établie au n*^" lOi, et lire 1264.
doO. — Cimetière. 1516.
ANNO : DOMINl : M : CGC : fl : VII : ID-J : Al'llILlS
OBIIT : VENERABILIS : DOMIINVS • ARNALDVS : CAYOTI : DEI :
GRATIA
PRIOR : HVIVS : MONASTERll : i'RO QVO : ET : SE : ET :
SVIS I PETRVS : PEREGRI
NI : RECTOR : ECCr.ESlE : SANCTI •' NATSARll : INSTITV
• * • • •
Il : ANNIVERSARIVM | QVORVM : ANIME : REQVIESCANT :
IN PAGE : AMEN : f TRANSLATIO : DICTl : DOMINl : ARNALDI :
FVIT : FACTA : ANNO : DOMINl : M : CGC : \\ ' \TI
• • • « • * •
KL : FEBRVARII j DIC : PRO EIS : PATER • NOSTER : ET :
AVE : MARIA :
Sur la bordure, des feuillages enroulés; à chaque
angle, un écusson chargé d'un loup (?). Voir j)Our la
date de la translation la remarque faite au n» lOi.
Un parchemin des archives du Domaine nous a con-
servé l'acte de l'élection d'Arnaud Canyot, à la date du
1i des calendes de février 4279 (19 janvier 4280). Voici
la substance de cette pièce : L'évêque diocésain, Bernard
de Sala, se rendit au monastère, accompagné de deux
chanoines, fondés de pouvoirs du chapitre d'Elnc; la
communauté désigna de son côté trois de ses membres,
et les cinq élus, après délibération, proclamèrent Arnaud
Canyot, dont le choix fut approuvé par l'évêque.
Deux mots sur l'origine du prieuré d'Espira-de-l'Agly.
Les titres 578, 587 et 589 de VApcndix au Marca
Uispanica nous apprennent : 1". Que le o des ides de
juin 117)0, (Idalgar, L'vè((uc d Kliic , consacra l'église
d'Es|)ira, nouvellement construite, sous le vocable de
Notre-Dame; !2" Que le 5 des ides de novembre WôA,
l'abhé de Sainl-Michel-de-Cuxa et ses moines cédèrent
à l'évèque Udalgar, déjà nommé, et au chapitre d'Elne,
l'église d'Espira , en échange de celle de Saint-Vincent
de Ria; o^ Que le 8 des calendes de janvier 1156, le
même évê(|ue fonda, pour desservir l'église d'Espira, un
chapitre assujetti à la règle de saint Augustin, el qu'il
plaça la communauté naissante sous la direction de
Pierre Arnaud, chanoine d'Elne, avec le litre de prieur.
Oans ce dernier acte est établie pour l'avenir la l'orme
d'élection ci-dessus. Vers la lin du xiv'^' siècle (G octobre
1581), le chapitre d'Espira l'ut transféré à l'église de la
Réal à Perpignan : toutefois le prieuré fut maintenu
comme prieuré détaché, après cette translation.
Je signale, en passant, à l'attention des archéologues
la curieuse église d'Espira; ses murs épais revêtus de
marbre de la base au faite; ses absides jumelles, obstruées
maintenant par une tribune ; sa porte digne sœur de celle
de Cornclla-de-Coullent beaucoup plus coinuie et seule
citée, à cause du voisinage de rélaldissemenl thermal de
Vcrucl. Le plein cintre règne partout jusqu'à la voùle
(|ui est ogivale, ainsi que le clocher.
151. — Cimetière, xiv^ siècle.
: BOFAT : FVSTER •' DLl : BAYXAS : :f : :
Sur la traverse d'une croix tréllée, on marbre blanc.
Ce débris, qui voyage d'une tombe à l'autre, périra
infailliblement, si on ne prend pas la précaution de l'en-
castrer dans le mur d'enceinte du cimetière, à coté d(>s
inscriptions précédentes.
NOTRE-DAME-DK-rElXE.
152. — Citerne. 1414.
A IHS : XPS
: LAY : MCCCCXIIll : FOV
FEYTA : LA CISTliRNNA (tkj
: PER MA : DEN BERNAT : AN(J1.
ES PEYRER : DE PERPENYA
AM LAVMOYNE : DE LA
BONA : GENT :
En deux pièces superposées, celle de dessus formant
corniche ; l'acclamation est gravée dans un cavet. Sur la
pièce inférieure , le reste de l'inscription d'abord , en
gothique carrée h pointes lancéolées, comme aux n°^ 36
et 54; au-dessous un losange en relief retenu par des
griffes sur ses quatre faces et chargé d'une truelle, attri-
but de profession. La gravure fait honneur au ciseau de
Bernard Angles.
On doit la conservation de ce monument à M. Jaubert
de Passa qui l'ayant trouvé hors de place et menacé de
destruction, le fit apporter chez lui à Perpignan jusqu'à
l'entier achèvement des réparations entreprises à la
citerne. Il a été réintégré par les soins de M. L. Jusl,
dont on connaît le zèle pour nos ermitages.
BAIXAt».
i53. — Ancien hôpital. 1557.
ANNO • DOMINI • M C(!c . XXX VII • FO • HEDIFICAT
LO ESPITAL • PEU W ERMEiNGAV PARAYKE DE
PERPENYA FIL DEN • ERMENGAV • SA ENTRAS • DE
BAYXAS • AB Mil LITS • DE • DRAPS TOT FATT
9
ASSA • l'ROPI • MKSSIO • A • HONOR ■ I)K • !NOSTRE
SENYOR ■ DEV • IHESV XPIST • E • DE • LA • VERGE
MARIE • MARE • SVA • EN • QVE • ELS • l'OBRES • SIEN
RECVLITS E • ALHARGATS ■ PER • TOTS • TEMPS • AL
DIT ESPITAL AB LOS VIII LITS • DE DRAP
DEV • TENIR TOSTEMPS LA • CUMVMTAT DE
BAYXAS COM ES • PER EN lOIIAN RAS
DE • BAYXAS AYSO • FO FAYCT
Celte inscription et les deux suivantes {n^^ 154 et loo)
ont été prises dans un ancien recueil auquel j'ai déjà
fait quelques emprunts. C'est assez dire que les marbres
sont perdus, ou que du moins je les ai vainement récla-
més sur les lieux pour collationner et compléter la leçon.
iM. — Église. 1210.
ANNO DOMINl MCCX- IDVS APRILIS
HIC lAGET BERNARDVS PVBENS
LOCO lACET
1S5. — Église (?). 1505.
A DEL MES DE IVNY I-50 3 EN ESSENT CONSULS
GREGORI II ROG MAIOR DE DIES Y MIQVEL LLIMOS Y ANTICU
COLELL Y II ORRES lOUAN PRATS Y ANTONI GVIRART
AU TOT 1.0 GONSELL.
MILLAS.
156.^ Église.
On conservait dans la sacristie de l'église de .Millas
'inr armoire dont l'intérieur (fond, côtés, ciel el vaiilaux)
10
('lait couvorl d'anciennes peintures. Au tond Dieu le liis,
assis, bénissant de la main droite, tel en un mot qu'il
est partout représenté; sur le vantail de droite, le mys-
tère de l'Annonciation avec ces mots : ecce ancilla
DOMIM. Mes souvenirs ne vont pas au-delà. C'est bien
peu sans doute, mais rien ne pouvait me faire prévoir,
la dernière fois que j'ai vu ce joli meuble, (lu'il passerait
à l'improviste dans l'atelier d'un brocanteur, et me lais-
serait le regret de n'avoir pas arrêté par écrit des notes
précises en tenq)S opportun. L'armoire de Millas brossée,
lavée, rafraîchie, orne déjà sans doute le cabinet d'un
heureux amateur qui l'a payée à chers deniers. Loin de
moi la pensée de provoquer le bruit ou ce qn'on ne
manquerait pas d'appeler du scandale, autour de ce fait
sans remède ; mais il a eu ses précédents, cl l'on a jugé
qu'il valait mieux se taire : le silence indélini deviendrait
complicité. Bornons-là ces réflexions; aussi bien seront-
elles autant de coups d'épées dans l'eau.
S'il faut en croire la rumeur publique, une autre inscrip-
tion nous échappe non loin de Millas. Elle fut découverte,
dans les derniers mois de 1858, au milieu des travaux
de terrassement entrepris à Force-Réal, pour agrandir la
plate-forme de l'ermitage , et disparut la nuit suivante
sans qu'il ait été possible d'en retrouver la trace. Cet
enlèvement réveilla le souvenir d'une tradition séculaire
de trésor enfoui sous les ruines de l'ancien château dont
les restes sont encore debout. On se raconte même
tout bas les mystérieux détails de séances nocturnes de
magnétisme et de baguette divinatoire tenues auprès de
la chapelle. Les Esprits n'ont |)as donné des nouvelles de
la pierre ; quant aux révélations quil leur a plu de faire
sur l'existence et le gîte du trésor, elles ne sont pas de
mon sujet. Le public attend avec impatience une double
notice religieuse et monumentale sur la chapelle et le châ-
teau de Forco-Kéal , tpi'oii dit être sous presse.
11
COIUIKRA-D'AMOIVT.
J57. — Vieille église de Saint-Pierre, xiv^ siècle.
lOIlANNKS : RES
: ECCLESIE : SANCTI : PETRI : DE CORBARIA
Au-dessus, le délunt en habits d'olliciant.
158. —Vieille église de Saint-Pierre. 1541.
LO RETAVLA SE l'OSA
A X DE DESEMRRE
Peint en rouge sur le tympan de la porte. On cherche
vainement le retable à l'intérieur de Tédilice, tout y est
dévasté; les murailles ont perdu même partie de leur
revêtement de calcaire rouge : la voûte se crevasse et
n'abrite plus que deux tombes récentes.
159. —Cloche de l'église paroissiale. 1585.
AVE MARIA GRATIA l'LENA DUMfiXVS TIXVM. ^585.
160. — Puits du château, xv siècle.
HONORAT DOMS.
J'hésite à croire que cette pierre ait toujours appartenu
à la margelle du puits dont elle lait partie. Au reste, le
nom d'un mendtre de la famille d'Oms ne peut causer ici
de surprise. Le château de Corbéra, avec ses déj)endances,
lïil apporté dans cette maison par Huguetle de Ça
(iarriga (voir n" 180) qui donna sa uiaiu à IVrnanl,
(lualrième du nom, d'après une généalogie tenue |)om
aiillienlicpie.
12
On Iroiivf au inèiue lieu , depuis quatre ans , l'inscrip-
lion des coknllivs et celle de Jean Blaitcha , déjà rap-
portées ci-dessus lU"* 32 et 55).
conni-UA-Di-r-MiG, ou, lf.s coutals.
161. — Puits coininunal. xi»-" siècle.
DEI : ET SAiNCTI PE
RVS : GAETERII
OUE SVA
EORVM
REME
D'après les souvenirs d'un vieillard de Corbéra, ce
marbre est descendu de l'église abandonnée de Saint-
Pierre dont il vient d'être question (no 1Î)(S). J'accepte
ce témoignage d'autant plus volontiers que le parement
intérieur du vieil édifice a été souvent mis à contribution,
que notre fragment n'est pas à sa place, et qu'il me
semble appartenir à l'inscription commémorativc d'une
consécration. Serait-ce en effet trop accorder aux con-
jectures que de compléter ainsi la formule : Anno incar-
nationh dominicœ consacrata fuit hœc ccclesia in
honoreni dei et sancti VEtri ? L'identité d'âge entre
le monument et l'écriture fournit un dernier motif de
probaiiiiité. En groupant plusieurs rectangles , dont un
seul représente ce qui existe, j'ai voulu, s'il se pouvait,
rendre sensible l'idée que je me fais de l'inscription
entière. Elle était gravée sur le mur et conviait plusieurs
pièces de rapparcil. I.(^ trat,niient sauvé serait une de ces
pièces, i)artie aliqtioto de l'ensemble. L'examen le plus at-
tentilnem'y a fait reconnaître aucune trace de mutilation.
s.\i\t-fI':lii'-I)'amo\t.
162.— Église. Table d'autel.
€amos, Jardin de Maria, p. 5i5.
L'église de Saint-Féliu-d'Amont est dédiée à Notre-
Dame de la Salvetat, appelée aussi Notre-Dame des Lettres
(Nostra-Senj/ora de las Lleiras) à cause de quebpies noms
propres gravés sur la table du maitre-autel , entremêlés
de monogrammes, croix et autres signes. On pressent
une légende; je la copie dans l'bistorien des sanctuaires
de Notre-Dame en Catalogne, Fra Narciso Camos. « Le
« ciel opère une grande merveille sur la table de l'autel
« de cette Vierge sainte. On y voit api)arailre, pendant
« la nnit de l'Annonciation, des lettres gravées comme
« avec la pointe d'une aiguille, à peine visibles d'abord,
« se formant peu h peu et s'approlbndissant jusqu'à ce
« (pi'elles soient parvenues à leur entier développement ;
« dilliciles à lire néann)oins, car il y en a d'iiébraicpies,
« de grecques et de latines, les unes petites et les autres
« plus grandes. Dans le nombre on distingue quebpies
« noms comme Salamo, Bcrlo ci Albckik, et çà et là des
« croix entremêlées. Kntr'autres singularités qui accom-
« pagnent ce prodige, on a observé que les lettres appa-
« raissent au nombre de trois, de cinq, ou de sept,
« suivant les années, et que ce dernier nombre est tou-
rt jours le signe d'une récolle abondante. Ces lettres sont
« répandues sur toute la surface de l'autel, et dans cer-
« taines parties on reconnaît qu'elles ont été elfacées;
« rien de plus naturel d'ailleurs, car s'il en était autre-
« ment, la table serait pleine depuis longtemps, tandis
1*
« que, au oontraire, il reste toujours un espace vide. La
« nuit (le rAnnoncialion ,. un grand concours de peuple
« se presse et veille dans Téglise, louant Dieu et sa
« saiute Mère. » (Camos. Loc. Cit.)
Telle est la légende qui avait cours il y a plus de deux
siècles. Canios n'invente pas; pieux visiteur, il observe,
il interroge, il prend des notes pour son Jardin de Maria,
et ce qui peut être aujourd'hui contrôlé dans cet ouvrage
est d'une si scrupuleuse exactitude qu'on s'en rapporte
pleinement à la bonne foi de ses récits. Mais laissons le
merveilleux et venons à la réalité, c'est-'a-dire aux noms
propres gravés sur l'autel. On y lit encore bien clairement :
IVLIA • SALAMON • ALBARICVS •
Du BERTO cité par Camos on distingue les trois dernières
lettres. A part quelques syllabes isolées, tout le reste est
confus, et la lecture en pourrait être facilement contestée.
Le bon chroniqueur ne se doutait pas que ces caractères
mystérieux avaient été tracés de main d'homme par des
pèlerins qui l'avaient précédé de plusieurs siècles au
sanctuaire vénéré de Notre-Dame de la Salvctat. Suivant
un usage qui remonte bien haut dans l'antiquité, ils
avaient laissé le témoignage de leur pieuse visite, mais
la tradition de cet usage s'était perdue. « On sait, dit
« M. Edmond Le Blant, qu'en visitant un lieu, un mo-
« numeut célèbre ou vénéré, les païens y laissaient
« souvent la trace écrite de leur passage. Ces actes
« d'adoration ou de visite, ces proscynèmes, comme ils
« se nomment eux-mêmes, se retrouvent particulièrement
« en Egypte, sur les pyramides, sur le colosse de Mennion
« et dans les syringes de Thèbes. Aux premiers siècles
« de l'Église, les pèlerins chrétiens, continuant l'usage
« antique, ont gravé sur des monuments sacrés leurs
« noms, et, parfois aussi, quelques lignes empreintes
« d'un pieux respect. La chapelle centrale du cimetière
15
« de Saint-Callislo, réceminenl découvcrle par le savant
« M. (le Ilossi , pi'éseiito plus de trois cents inscriptions
« ainsi gravées [)ar les visiteurs. La Gaule me parait
« apporter de même plus dune preuve de l'antiquité des
« pèlerinages. » (Inscripl. chrét. de la Gaule, tome I,
p. i85. )
Les proscynèmes de Saint-Féliu seront sans doute une
des preuves apportées par M. Edmond Le Blant, mais
seulement pour établir la perpétuité de l'usage après les
temps qu'il étudie. Son cadre n'embrasse que les sept
premiers siècles , et je ne crois pas que nos signatures
atteignent la limite la plus rapprochée de cette période.
Il n'est et ne peut être ici cpieslion que des trois mots
intégralement conservés. J'ai dit qu'un grand nombre
d'autres laissaient apercevoir leur silhouette incertaine ,
et ce ne sont pas les moins anciens. Les sigles, les
monogrammes, les croix sont entassés sur les bords; ils
devieniient très-rares au contraire vers le milieu de la
table, où l'ardoise, en s'efléuillant, a perdu la bonne part
de ses plus vieux souvenirs. Nous aurons le dernier mot
sur l'autel de Saint-Féliu dans le deuxième volume de
rexcellcnl ouvrage déjà cité. Mais sans attendre l'opinion
du savant épigraphiste sur l'âge approximatif de nos pros-
cynèmes, nous [)ouvons d'avance les ranger parmi nos
inscriptions les plus intéressantes. A ce titre ils se
recommandent d'eux-mêmes à la sollicitude de MM. les
Curés qui se succéderont à la desservance de la succursale.
163.— Église. Chapellede Notre-Dame du Rosaire. 1585.
: vin : YDVS : IV MI : AN NO : NA
TIVITATIS : UOMIM : M : CGC : LXXX : V : OBI
ir : VENIlUABILIS : IJERTKANDVS
. iOUDANl : I-ILIVS : liOMORABI
LIS : DOMINI : GVILLl-LMt : KUIDAM : CVIVS
ANIMA : REQVlliSCAl : IN PACI' : AMEN
Gothique carrée. Je signale ce ^'eiire d'écriture chaqu.-
fois qu'il se présente au xiv« siècle , où , chez nous , il
fait encore exception. La borilare est ornée de guirlandes
et de quatre écussons, l'un, celui de l'angle supérieur à
gauche, carré, posé sur pointe et adiré; les autres, de
forme ordinaire, chargés de trois fasces.
164. -Église. Dalmatiquc. \oM.
On trouve dans le modeste mobilier de l'église de
Saint-Féliu-d'Aniont, deux dalmatiques en soie rouge,
relevée de quelques broderies. Sur le devant est la date
ANY iUbi.
Derrière, en haut, saint Gaudéric à mi-corps, barbu,
nimbé, un épi de blé dans la main droite et le pouce de
la main gauche engagé dans la ceinture, simple courroie
d'où pend une aumonière. Il est enfermé dans un mé-
daillon circulaire, parsemé d'étoiles dans le champ. En
bas, une bordure assez large en festons de bon goût ait
centre desquels, l'inscription suivante :
SANTE • GAV
DEiur.E . oITa
ajoutons pko nobis sommairement représenté par la barre
horizontale jetée au-dessus du dernier mot. L'extrémité
des épaulières porte également des broderies. Une frange
en soie jaune et rouge suit les bords du vêtement.
465. — Église. Chape. 1552.
Avec romemenl qui précède est conservée une chape
en velours rouge à grandes fleurs, vulgairement connu
sous le nom de velours d'Utrecht. Les broderies y sont
plus riches que celles de la dalmatique. ['ne bande à fond
bleu, relevée de jolis dessins en soie jaune, descend per-
pendiculairenient des deux côtés en guise d'orfroi. Le
chaperon est d"une seule pièce d'épaisse broderie : sous
un édicule assez lourd soutenu par deux colonnes massi-
ves, saint Gaudéric en pied, nimbé, une poignée d'épis
dans la main droite, et s'appuyant de la gauche sur une
fourche à trois branches. Le champ est parsemé d'étoiles
et de rinceaux. Au-dossous du chaperon, vers le bas de
la chape, au milieu d'un cadre rectangulaire :
SANCTK : GVALDli
HICE : (tUA PR
0 NOBIS • AN Y lS.i2
Chape et dalmatiques appartenaient, dit-on, jadis a I;i
sacristie de Saint-Martin-de-Canigô, d'où elles passèrent
à celle de Saint-Félin, après la sécularisation du monas-
tère, vers la lin du siècle dernier. L'image représentée sur
l'une et l'autre confirme cette tradition, moderne d'ailleurs
et dont on trouverait peut-être encore quelque témoin
vivant. On sait que les reliques du saint laboureur, dépo-
sées aujourd'hui dans une chapelle de la cathédrale à
Perpignan, étaient honorées et conservées de temps im-
mémorial à Saint-Martin. On recourait h leur intercession,
comme ou le l'ait encore, contre le lléau des sécheresses
brûlantes qui désolent trop souvent nos plaines. La châsse
descendait alors processionnellement, portée par les moi-
nes, jusqu'à Perpignan et même jusqu'à la mer. (Voir
pour les détails les Mémoires de la communauté de Saint-
Jean de Perpignan.)
Ififi. — Église. Mur do l'ouest. xii« siècle.
: XVI .; I IVMI :
(ujirr : uwrRK
I)V |{
Il :
9
18
L'église de Saint-Kéliu-d'Ainonl lui longlem[)S desservie
par des religieux de la congrégation de Sainl-Iluf, sous
la direction diin prieur. Les fastes de la communauté ne
vont pas, à ma connaissance, plus haut que les premières
années du xiii" siècle, mais l'origine est plus ancienne.
Notre inscrii>lion qui remonte certainement aux premières
années du xiF, est peut-être l'épitaplie dun prieur. La
position délavorable de la pierre jointe à son étal de
dégradation , m'ont empêché de déterminer ce (ju'il y a
de vrai dans cette hypothèse. Elle se trouve au ras du sol
et le salpêtre la ronge ; il est à désirer qu'on l'encastre
quelques pieds plus haut perpendiculairement au même
gîte, il n'y aurait pas déplacement pour ainsi dire; d'ail-
leurs les motifs très-sérieux qui s'opposent, en thèse
générale, au déplacement des mouunents épigraphiques,
ne peuvent prévaloir contre le principe de conservation.
SAINT-FELIU -D'A VA LL .
167.— Église. Autel de Notre-Dame du Rosaire. 1 318 (?).
t ANNO : DOMINI : M : CGC : Xvfl : KL : FEBROARII : OBIIT
FELIX : GIL\BERTI : SACRISTA : CONDAM : ISTIVS :
ECCLESIE : QVI : INSTITVIT : SACERDOTEM : ET ANNIVERSA
RIVM : IN : ISTA : ECCLESIA : ET : EODEM : ANNO : OBIIT :
GVILLELMVS : GILABERTI : FRATER : EIVS :
Grâce h sa position derrière les gradins de l'autel, ce
marbre est sans blessure. D'après les observations ci-
dessus (nos 101 et lOi), il faut lire à la date, ou 1501,
le 17 des calendes de février, ou 1318, le jour des calen-
des de février.
19
ir.K
LE SOLER
s. -
- Kglise. l
554.
PERE ftlIQVELL
FABRE
j. .
1
A 0 ■ DEL • MES
DE
• IVLIOL •
Voli'i
r.E
■ COMENSA
L.\
• PRESENT
ESGLE
SIA
• I POSA
LA PRI
MERA • PETRA
Je transcris ces lignes dans l'ordre qu'elles ont sim" la
pierre. A ne consulter que le sens et la syntaxe, la pre-
mière devrait être la dernière. Elle a été gravée, en
dehors du clininp, sur la bordure supérieure, et peut-être
avec iutenliou, pour altirer le premier regard du lecteur.
L'écriture est la majuscule romaine, généralement em-
ployée dans nos inscriptions du xvF siècle.
Le sanctuaire de l'église du Soler est surmonté d'une
coupole. L'édilice, malgré ses étroites dimensions, ne lut
constiuit que peu à peu. L'n marhre errant et voué à
une destruction prochaine, témoigne de travaux entrepris
au xviiie siècle. 11 est cal(]ué sur le précédent , moins
l'irrégularité signalée :
ALS ^5 7BRE
1703 GOMENCA
LA PRESENT • CAPE
LLA ANTON • VALS • V PO
SA L\ PRIMERA PEDRA • L(»
REVERENT • RERNAT QVES ,
PÉSILLA-DE-LA-RI\ IJERK.
i69. — Église. Cloche. 1571.
t SANCTVS DEVS SANXTVS FORTIS SANCTVS ET IMMORTALiS
MISERLIŒ Noms. ANNO DOMINI Si CCC LX'xi.
Ce n'est pas une cloche du xiv^ siècle qui dirige les
pas de l'archéologue vers Pésilla-de-la-Rivière. Tout le
monde connaît le monument gallo-romain communément
appelé Aulcl de Diane; il a été souvent décrit et je ne
fais que le rappeler. Les projets d'agrandissement de
l'église, projets encore entravés, mais trop sérieux pour
être abandonnés, permettent d'espérer d'intéressantes
découvertes.
TUUIR.
170. — Statue de la Vierge, xii^ siècle.
Camos, Jardin de Maria, p. 345.
MATER DEI.
En relief sur le socle d'une statue de la Vierge. Cette
statue est en plomb et haute de cinquante centimètres.
La Vierge est assise, tenant sur ses genoux l'enfant Jésus.
La main droite a été coupée, nous saurons bientôt à
quelles fins; Camos qui l'avait vue avant cette mutilation,
dit qu'elle reposait a plat sur le genou ; la main gauche
se rapproche de la même position. La tête est ornée
d'une couronne fermée, sommée d'une boule et relevée
de crochets et de perles : il s'en échappe un voile qui
encadre la figure et descend jusqu'aux épaules où il
s'arrondit en forme de guimpe. L'enfant divin , assis sur
les genoux de sa mère, se présente de face, la main
droite élevée , la paume tournée en dehors et marquée
21
du styginale , si luulefois il ne l'aiit pas attribuer à un
accident la dépression du métal et le petit trou qu'on y
remarque. Sa main gaucho tient un livre appuyé contre
le genou, ses pieds sont nus. Il est vêtu d'une tunicpie
€t d'un manteau; comme sa mère, il |)orle une couronne.
La Vierge est assise dans un Ouiteuil en hois où l'on
découvre encore quel([ues peintures, vers la partie supé-
rieure, seule visible depuis que le- siège a été encastré
dans un grand piédestal assez moderne qui a doublé la
hauteur de l'ensemble.
J"ai décrit la statue dans sa sim|)licité native, telle
qu'on la vit longtenq)S exposée à la vénération des fidèles,
c'est-à-dire, dépouillée des étoffes dont elle est mainte-
nant couverte. Sous ces vêtements qui descendent jusqu'à
la base du socle moderne, la Vierge parait être debout,
et [)roportionnellement de haute taille. On n'aperçoit plus
que sa tête, et, au-dessous, dans la perpendiculaire, la
tête de l'enfant qui se fait jour à travers une ouverture
de la robe de sa mère. Tous les deux ]»ortent, |)ar dessus
leur couronne de |)lomb , une couronne dargont , royale
pour l'enfant, rayonnante pour la mère. La main droite
enlevée à la Vierge a été soudée à un avant-bras d'argent
que l'on a fixé, dans le bois du siège, à la hauteur con-
venable pour produire l'illusion. Les doigts ont été repliés
et tiennent un sceptre.
Les artistes du moyen-âge n'auraient certainement pas
traité avec autant de soin les draperies des statues si
nombreuses de la Vierge qui sortirent de leiu's mains,
du xir- au xvie siècle ; ils ne les auraient pas relevées
d'or, de couleurs et d'incrustrations si Tusage <ralors eut
été de cacher sous d'inutiles étoffes leurs plus délicates
sculptures. On aurait donc tort de croire que cet usage
soit fort ancien, mais il serait dillicile de déterminer où,
comment et à quelle (''|io(]ue il prit naissance. Après avoir
lu Camos, on reste persuadé (jue, de son temps encore,
•>0
il était peu répandu. Cet auteur a décrit plus do cenl
cinquante statues, et pour douze ou quinze, au plus, son
dernier coup de pinceau est celui-ci : Adonuinla con
difercntes mantos, ou bien : Tiene vestidos diferentes con
que la vislcn y adornan. Or, l'exactitude minutieuse qu'il
apporte dans ces descriptions ne laisse pas supposer que
cette particularité ait échappé, ou n'ait pas eu de valeur
à ses yeux; et l'induction tirée de son silence peut être
regardée comme rigoureuse.
Genre espagnol! disons-nous : les touristes l'ont dit,
et nous le répétons après eux. Va pour le genre espagnol!
mais n'allons pas croire que l'imitation soit restée circons-
crite à notre province. On lit dans un rapport de M. de
Caumonl à la Société Française d'Archéologie, qu'il dirige
et préside si habilement : « La Vierge-Noire-de-Notre-
« Dame est couverte de vêtements, comme la plupart
« des madones. » {Bull, momim. xx. 120.) La madone
dont parle M. de Caumont est celle de Dijon ; la mode
aurait donc fait bien du chemin de proche en proche.
Est-ce par forme de protestation contre le genre espagnol,
qu'on a chassé de la niche centrale du joli retable de
Notre-Danie-de-la-Malgrana, à Saint-Jean de Perpignan,
l'ancienne statue de la Vierge? 11 aurait sulli de lui enle-
ver ses vêtements d'emprunt. La statue qui l'a remplacée
a le défaut capital de n'être pas en harmonie avec les
peintures du xvic siècle qui l'entourent.
La Vierge de Thuir est connue sous le nom de Notre-
Dame-de-la- Victoire , et ce nom lui vient de loin , s'il
faut en croire les récits de nos pères. Charlcmagne,
prêt à marcher contre les Sarrasins , avait placé la sainte
image au milieu de son armée. En présence de l'ennemi,
sur les hauteurs de Passa , les Francs , brûlés par une
soif ardente, laissent tomber leurs armes. Charles, plein
de confiance en la patronne qu'il s'est choisie, l'invoque,
et, plongeant son épée dans le sable d'un torrent dessé-
23
ché, en lait jaillii' une source alxindante. Les soldais
épuisés se désallèrcnt, volent ii l'ennenii et le refoulent
au-delà des monts. Le monarque victorieux fonda sur le
lieu témoin du prodige une abbaye qu'on ap[)cla Moneslir-
del-Camp. Mais Cliarlemagne ne fut pas toujours là pour
défendre nos frontières; Finlidèlc porta de nouveau le
fer et la flannnc dans ces clianq)s témoins de sa défaite.
Notre-I)anie-de-Ia-Victoire fut alors soustraite à leurs
profanations, et sa trace resta longtemps perdue. Un
berger, à la reclierche d'une brebis égarée, retrouva la
statuette dans un bois épais qui couvrait la place où
s'élève aujourd"liui Tliuir. On bàtil une cbapelle en mé-
moire de celle invenlion, et peu à peu les babitauls de
Tliuir, alors distant d'un millier de pas, vinrent grouper
leurs babilations autour du sanctuaire.
Le respect dû à cette légende n'a pas étouffé tous les
doutes. On avait lu dans la cbronique d'Adon, qu'en
772 « le glorieux roi Cliarles détruisit cbez les Saxons
« le temple d'Adermensul, et que là, son armée souf-
« frant d'inie soif cruelle, tout-à-coup, en plein jour,
« du milieu d'un torrent , jaillirent des eaux abondantes
« où se désaltérèrent lioinmes et chevaux. » (llislor. drs
(iaulcs, V. Ô18.) Et tandis que les annales dcFulde, la
cbronique d'Hennan et autres attestaient le même fait en
termes presque identiques, Tauleur du Plùlomcna s'en
emparait à son tour pour le transporter au centre de
la Seittimanic. Est-ce en Allemagne, est-ce à Carcassonne,
est-ce au pied des Pyrénées qu'il faut placer le renou-
vellement du prodige dTloreb? On se demande en outre
si, malgré les allirmations de Toniicb, Pujades et bien
d'autres, il n'est pas permis de croire que Cliarlemagne
n"a jamais visilé nos contrées (voirie Publicalctir, 1805,
p. 12 I. Quant à l'origine du Moncstir-del-Canq), elle est
plus moderne : l'occasion d'en dire un mol va se pré-
senter dans les numéros suivants.
■2'i
Revenons a noire statue. A [jarl la imililalion déjà
signalée, elle est dans un bon état de conservation. Sa
couleur la place parmi les statues que l'on appelle Vierges
noires; mais il n'en a pas été toujours de même. On
aperçoit encore des restes de pointure sur les ligures et
sur les mains, et des traces de dorure sur les draperies.
Quel est son âge? Un archéologue espagnol, iM. le duc
de Solferino, la croit du viiie ou du ix^' siècle; se trou-
vant à Thuir, il y a quelques années, il y développa cette
opinion devant quelques habitants de la localité. Ses
arguments n"ont laissé d'autre souvenir que la conviction
des auditeurs; j'ai pu voir seidement le Tort joli dessin
de la Vierge en bois du château de Centellas qu'il envoya
plus tard à l'appui de sa thèse orale. Mais a-t-on bien
compris la pensée de cet archéologue? La figure calme
et régulière de notre Vierge , le naturel des poses , le
mouvement des draperies, tout annonce la bonne époque
de la fin du xii^ siècle ou des premières années du xiii^.
L'inscription mater dei, dont voici le fac-similé, ne
contredit pas cette date.
On ne l'a pas gravée après coup ; elle est en relief,
elle est sortie du moule avec le socle qui la porte, en
même temps que la statue qui fait corps avec le socle.
Les statues en métal sont rares dans nos pays; Camos
n'en cite que deux, celle de Thuir et une autre qui est
en cuivre.
171. — Église, xiiie siècle.
: + : ANNO : DO.M. . . . • M : Cf, : LXXX. . I : XI : K
LS : OCTOBIUS : VLIEK
25
: PKi ^1 :
CEiiM s['i:i;
Nis : T viin
vu : OM i NOS
TEU : r... : ANI j Kl i
Les lacunes de cette inscription, à partir du milieu de
la troisième ligne, peuvent être facilement restituées au
moyen de la formule si connue : Qui iumuhim cernis, etc.
CAMIXAS.
172. — Porte de l'église, xii*^ siècle.
VIII .; w : MAI .; oiiiii ; t.\iL\
MATI:R : PETRI •: DE j
CAMEIJS :
Au-dessous, une croix inscrite dans un cercle.
i 73. — Cimetière. 1302.
Au milieu du cimetière de Camélas, contigu à l'église,
s'élève une croix en fer à branches égales formées d'en-
roulements légers, et montée sur une ham|)e octogone
de di.v-huil millimètres d'épaisseur. Sa hauteur au-dessus
de la pierre cylindrique qui lui sert de base est de deux
mètres. Sur une plaque du même métal, large de huit
centimètres, haute de cinq, et soudée à moitié hampe,
est buriné le nom du donateur avec la date :
MOSSEN lOAN • PERE CI
G VET FEV • FEK
li)92.
Jean-Pierre Ciguct, natif de Camélas et prêtre bénéd-
cier de Saiiil-Jean de Per(>ignaii , avait été inlenlit à la
2(>
suite triinc rixe accompagnée de ineiiiUe. Il se relira
dans sa laniille el denienra suspens toulo sa vie, quoirpie
la victime l'eût justilié, avant de mourir, en s'avouanl
coupable de provocation. Il tant lire ce détail biographi-
que dans les mémoires naïfs qu'écrivait, il y a plus de
deux siècles, Mossen Honorât Cuiro, prêtre et natif aussi
de Camélas. On y trouve l'éloge de Pierre Ciguet comme
peintre et comme calligraplie; je cite ce dernier Irait
textuellement parce qu'il est très-court : « Foncli moll
« bon scriva, o ténia inolt bona pluma, del cpial da
« teslimoni lo llibre dels baulismes era landie i)intor,
« testimoni la figura de un Christo de pinsell ab iNostra-
« Senyora y sant Jolian, loqual esta devant la porta de
« la iglesia. »
174. — Cloche, xv" siècle.
t XT'S RE\ VENU IN PAGE DEVS HOMO l-ACTVS EST. AVE MARIA
i llTs AVrEM TRANSIENS TER MEIUVM ll.t.ORVM IBAT
FOR<^)UES.
17o. — Porte de l'église. lo42.
f ANNO : DOMINl : M : CGC : XLII : NONS : NOVEMURIS :
OBIIT : DOMINVS : GVILf.ELMVS : GER || ARDI • EliDOMADARlVS :
DE : FVRGHIS || QUI : INSTITVIT : ANNIVERSARIVM : V fquinque) \
SOLIDORYM : DIE : OBITVS : SVI : ifi : PRO MIS II SIS : ET : U :
PAVrERlDYS : i (c.hrhli) ■ IN PANE 1| FRACTO
Sous une ogive trilobée que couronne un fronton garni
de feuilles rampantes, le défunt, gravé au trait, revêtu
d'ornements sacerdotaux, la tète nue, les mains jointes.
Aux deux angles d'en haut, dans le champ, écussons
chargés d'un lion. L'épitaphe part du bas de la bordure
à gauche, fait le tour, et rentre dans le chanij) au mol
FHACTo, placé iiiiniécliatemenl au-dessous de la date-
Deux autres mots gravés auprès de la tête du défunt sont
a peu près mutilés; fun d'eux pourrait être cleuici.
176. — Église. Cloche. Ii55.
iils xfs \'i:mt in v\œ i)i:vs iiomo i-agtvs est
SANCTE MARTINE OllA TRO NOBIS LANY Mir.CCCGXXXVFV FET
rOXTELLA.
177. — Ancien cimetière. xiiF siècle.
HOC lACI'T IN TVMM.d liiaiNAIlDVS IVNGE
SEr T : SVrERiS :
.... ; !■ ESTIÎSA :
Kt deux autres lignes, où l'on ne distingue plus (pie
des lettres isolées.
478. — Ancien ciFuetière. xiiF siècle.
Deux autres pierres tuniulaires ne portent nue le nom
du défunt. L'une existe encore :
IIIG lACET GVlLf.ELMVS GVINARUI.
L'autre est perdue ou recouverte par le nouveau crépi
jeté sur l'extérieur de l'église. La voici d'après un estam-
page pris il y a quelijues années, et qui me laisse des
doutes sur le dernier mot :
IlIC lASCET (fie) ARNAVDVS DVOATA
179. — Tour-des- Vents.
Pnblicaleur. 18Ô5. N-^ 49.
Au territoire de Pontella, près la métairie de SaiiU-
Nicolas, lieu dit Tour-dcs-Vods , M. Jauberl de Réart
■2H
découvrit, en 1855, des substiuctions aiiliqiies. Le sol
légèrement louillé à l'aide d'un bàlon, rendit au jour
quelques débris de poterie rouge^ et, parmi eux, le fond
d'un vase avec celle eslampille :
CN • ;î:f- ■ ( CNetHs JEUus )
Le numéro du journal où ce cachet de potier lut publié
porte JEi au lieu de ^el. La variante ^el m'est fournie par
une copie faite au moment de la découverte, et, dit-on,
de la main de M. Jauberl de Réart lui-même, jei serait
donc une faute d'impression. Je n'ai j)u découvrir ce
qu'est devenu le vase.
Sur un autre fragment était le premier mot d'une
seconde estampille :
OF • {Oflicina.J
La Tour-des- Vents est retombée à tort dans l'oubli
depuis 1855; je n'ai pas appris qu'on y ail tenté de
nouvelles fouilles.
moivestir-di:l-camp.
180. — Église. 1505.
: ANISO 1 DOMINF : M : CC : XC ; H • XI : [J[> (sic) \ MARCll j
OBIIT : DOMINA j BEATRIX • DE • TAVTAVLLO : FILIA : CONDAM |
GVILLELMI I DE : SARAGVOSSA MILITIS.
: ANNO : DOMINI : M : CGC : il : xll : iJf. (sic) : MAUCII :
OBIIT : DOMINA : SIBIF.IA : DE : ATCIAO : FIIJA : CONDAM =
GVILLELMI : DE : SARAGVOSSA • MILITIS :
Entre ces deux épitaphes <|ui occupent les bordures
horizontales, un bas-relief représente Jésus-Christ sur la
croix , entre sa mère cl saint Jean. On remarquera l'abré-
viation lïïï, pour calendas, deux fois répétée si clairement
21)
(\\\"i[ ny a pas à st^ Diépiviulre. Je ut: lai rtMUîonlivt.' imlh^
autre pari. Les dates doivent être lues 1295 et 1307),
suivant la règle posée au n" lOi. Nous dirons un mot
tout à l'heure (n" 183), de la famille Saragossa.
On a vu in" 170) (jnelle origine VKcanijilc des qiic-
iinuiUcs donnait au Monestir-del-Camp. Il y a beaucoup
à décompter de cette glorieuse antiquité. Les cendres du
grand Uoi étaient depuis longtemps refroidies, lorsque
révèque d'Elne, Artal II, fonda la communauté del Camp
et la mit sous la direction d'un de ses chanoines, avec le
titre de prieur, vers la lin du xi'" siècle. Il est vrai de dire
que l'église était déjà construite et qu'elle avait été donnée
à l'évêque par Raymond-Guillaume de Rocaberli. Ce
prieuré fut sécularisé, avec tous les monastères de la
règle de saint Augustin dans le lloussillon et la Cerdagne,
par huile de Clément Mil donnée aux calendes daoùt
1a92, à la prière de Philippe 11, roi d'Espagne. 11 fut
H'gi depuis lors par des prieurs séculiers dont le dernier,
Antoine de Lante-la-Rovère , prit possession de la com-
mende, le l*^'" juillet 1789. « Il n'en reste plus aujour-
« d'hui , disait le docteur Carrère à la lin du dernier
« siècle, que le titre prieural, (}ui est en commende, et
« rapporte 3.000 livres; et celui d'un cure ou vicaire
« perpétuel avec le titre de chanoine, qui jouit d'environ
« 1.200 livres. L'église subsiste encore avec quelques
« portions des bâtiments qui servent aux fermiers. »
La porte en marbre blanc, à double archivolte, est dans
un bon état de conservation. Les chapiteaux de ses
colonnes sont curieux ; le baron Taylor en a donné le
dessin dans son grand ouvrage.
181. Cloître. 1307.
ANNO : DDMIM : m : cjc : \ii :
AC.TA : F\[;UVNt : lll.C :
30
L'a linâi »'t tnoitié de lu i[\n le pirrèile soiii à iieiiic
tracés à la poiiiio. Pourquoi ces lettres iuaclievées? (Jiii
arrêta le ciseau i)rêt l\ graver le nom ^lu Prieur sous le-
quel lut élevé le cloître ou le nom du maître-d'œuvres qui
le construisit? Ces questions ont été posées, discutées,
mais non résolues : je ne me charge point d'éclaircir le
mystère, si mystère il y a.
Le cloître du Monestir-del-Camp, le plus petit des cloî-
tres qui nous restent, est un quadrilatère irrégulier. On y
compte vingt-sept arcades, portées sur des colonnettes
simples, et maintenues aux quatre angles par des piles
carrées. Le dessin de l'arcade est un tribobe ogival
renfermé dans une plus grande ogive. Nous devons la
conservation de ce monument aux soins intelligents du
propriétaire, M. Jaubert de Passa, trop tôt enlevé à son
pays et à la science. D'autres mains l'eussent probable-
ment laissé tomber de lui-même en ruines; les arcades
poussaient au vide sous le poids de Tappentis qui couvre
les galeries; il était urgent de les relever. On souleva
l'appentis, et sans déposer une seule pierre, le frêle
appui fut remis en son aplomb. Cette opération délicate
a parfaitement réussi.
182. — Cloître. HOH.
DE VILLA r.ONGA liEKTRANDVM ;
PETRA SIGILLAT ,• OSSA LAPIS
RETINET ; SPIRITVS ALTA PETIT
MILITAT IN CELiS ; QVI MILE
S ; IN GRUE REFVLSIT -,
CVI CORVS ANGELICVS (iA
VDET ADESSE COMES . • lîll
CESSIT ID9 IVNII ; SVIi MILLE
nVCENTIS AÎNNIS xT»l ; SVNT
on
llll INOE MINVS -,
31
Nous n'avons pas lronv('' et nons no Iroiivcrons pas de
ïnarhrc aussi barharonitMU gravé (celui de l*ia, n" 155
n'est rien auprès). Il se dislingue en outre par le genre
de récriture qui est la minuscule des manuscrits de
réj)0(pie; on y retrouve cei»endant I'e oncial, et une seule
majuscule n placée en tète. Le type de la ponctuation a
été pris à la même source ; c'est le point, simple ou
double, mais toujours accompagné de la virgule, sauf à
la septième ligne où l'on trouve les trois points posés
en triangle. Le lapicide improvisé, qui fait ici son appren-
tissage, n'avait jamais écrit que sur le vélin. Dans une
transcription dont il existe plusieurs copies, l'abréviation
IN de la dixième ligne a été rendue par infua; j'aime
mieux inde. Le sens est peut-être plus clair avec infrà,
mais la leçon n'est pas régulière. On pourrait ajouter que
la i»ros()(lie s'accommode mieux de ind!\ si les règles de
la quanlité avaient quelque chose à voir dans la "poésie
du xiF siècle, témoin ici même idus et junii, qui font
tache après les deux premiers distiques.
185. — Cloilre. 1269.
; t : ANNO : DOMIiM : M : cc : LX \ Vlli : XIH : KLS : FE
BROARII : OBIIT j DOMINA : BERENGVAIUA : DE SARA "
r.OSSA : CViVS : IN HOC TVMVLO \ l'EUSISTV
NT : OSSA : SEPVLTA : QVI TVMVLVM CERNIS
i CVR NON MORTALIA Sl'ERNIS : MVNDO
NE CREDAS : QVIA NESCIS QVANDO RECEDAS :
ROGVO (sic) : DIC PATER NOSTER j PRO ANIMA ME\ :
Le 8 des calendes de juillet 1200, une autre Réren-
gère de Saragossa, veuve de Guillaume (celui de l'ins-
cription 180 sans doute), fait aveu de féaulé à IJernard
Ids d'Ainaud Berlrand de Corbéra, pour les (iefs qu'elle
possèdi' aux tcrroiis de Saini-l>ierre de Corlu-ra ei d,.
•y}
Saint-Julien de Vallventosa. Le 29 janvier 1412, le
seigneur de Corbéra . dame Iluguèle de Ça Garriga ,
appelle à reconnaissance féodale, i)Our les mêmes liefs,
Jacques de Saragossa, domicilié à Millas, descendant de
(iuillaume. On retrouve ainsi très-souvent cette famille
dans nos vieilles écritures pendant quatre siècles. Citons
un dernier trait de ses annales : En i52i, P>ançois de
Saragossa donna un rare exemple de fidélité, au milieu
des trahisons qui souillèrent cette époque, et précipitèrent
la chute de la dynastie Mayorquine. Cwouverneur du châ-
teau majeur de Perpignan , il n'en rendit les clefs que
sur un ordre écrit de la main du roi Jacques déjà dépos-
sédé par Pierre IV d'Aragon , et prisonnier de ce prince
à Elne.
Voir pour la date de cette inscription l'observation
faite au n» 104.
184. — Cloître. 1006.
: t : ANNO : DOMIM : M : JcG : VI : VÎll : kls : MAY :
l'ETr.VS : lOllANMS : BAIVLVS : DE PACIANO : TRANSLA
TAVIT : OSSA : MARIE : TAI.AVIS : CONDAM = DE
I.VPIANO : AVIE : SVE : ITEM : OSSA : ARNAF.DI : TALAVIS :
SAnUSTE : ['ACIAM : EIIJI \ DICTE : MARIE : QVI :
INSTITVERVNT : HVIC : MONASTERIO : \II \
SOLIDOS : BARCIIINONENSES : ET : M i DENARIOS \ l'RO
ANM VERSA RUS ; SVIS j
En 1310, on trouve un membre de cette famille, Jean
Tallavis, nommé Bailli de Passa par Renaud de Martigny,
administrateur perpétuel du prieuré.
18o. — Cloître. 1311.
ANNO i DOMIM ; .M \ CXT. : \l : xîll • k.M.S : IWIl \ OBIIT
tiVlLEELMVS : TEVI.JCII : DE VILLA j MVLACIIA \ QVI : MIGRAV
33
IT : DIK : ASCKNSIOMS : HOMINI : QVI : TVMVLVM : CKUNIS
GVR : NON •: MORTALIA : SPERNIS : IVIVNDO : NF. • CRK
DAS : QVIA i MiSCiS : QVANDO | RECEDAS
ROGO : DIC I PATER f NOSTER \ PRO : ANIMA : MEA
ROGO : DIC : ET : AVE :
MARIA ' f
186. —Cloître. 1525.
ANNO : DOMINI = M : CGC : llll : il NNS
AVGVSTI : OBIIT : DOMINA : AVDA
VXOR : RAYMVNDI : FABRE : DE \ bWA \
QVI : TVMVLVM [ CERMS : CVR : NO
N I MORTALIA | SPERNIS : MVNDO
NE ;• CREDAS : QVIA NESCIS j Q
VANDO : RECEDAS : ROGO | DIC
: PAI'ER : NOSTEIl : PRO j AMM
A : MEA I DJSENDO (sic) ] SIC \ AVE j
MVRIA
ANNO •; DOMINI i M : CCC : XXIII :
in : KÀLS : NOVEMBRIS : OBIIT | PETRVS : DE
BVLA : CANONICVS ; QVI
TVMVLVM : CERNIS : CVR
NON : MORTALIA j SPERNIS
MVNDO : NE : CREDAS | QVI
A -: NESCIS : QVANDO : RE
CEDAS : ROGO : DIC : PATE
h : NOSTER : i>RO : ANIMA :
MEA :
34
Ces deux épifaplu's ne sont pas sur le marbre , comme
dans la copie, a la suite l'une «le l'autre , mais en regard
et séparées par une moulure.
On est étonné de ne trouver au cloitre du Monestir
aucune tombe de prieur. Avaient-ils leurs caveaux dans
l'église? Il n'y en reste pas plus de traces que dans le
cloitre.
ORTAFA
iSl. — Église. XF siècle (?).
PETRVS :
AMELI .; S\Œ
RDOS : PRESHITERI :
AD ECLESIAM IIONO
RE SANCTE EVGENIE
Je me suis trouvé assez embarrassé pour classer chro-
nologiquement cette inscription. Les fautes de syntaxe
m'ont déterminé pour le xi« siècle , autant que l'écriture,
dont voici un spécimen :
P ETRV S
Il faut y joindre un e cursif et le c carré, quoique cette
dernière forme persiste chez nous jusqu'aux premières
années du xiiiR siècle, et soit par conséquent très-peu
caractéristique, prise isolément.
Quant à la syntaxe , je ne trouve pas après le xi^ siècle
une série de solécismes comme celle-ci : Sacerdos près-
bit eri ad ecclesiam honore.
35
SAiivT-PArr.
188. — Porte de l'église. 1507.
ANNO : DOMINI j M : CGC : VII : III : ID9 : DI'Œi^lHUIS : 0BIIT|(
DOMINVS : lOlIANrqES : NDEDES : HECTOR : ECLESIE : SAXCTl ||
PAVLI : CVIVS : AMMA : EIVS (sic) : REQVIESCAT : IN :
PAGE : AMEN : DICATIS : PATER • NOSTER || PLA^GITE : QVI
CVPITIS : MORTEM : VITARE : SEVERAM : QVOD : SVM : VOS :
ERITIS II QVIPPE : VOS j ESTIS : ERAM f 0 TV : QVI TRANSIS :
UOMINVM : ROGARE : MEMENTO || PRO ME : QVI : lACEO :
TVMVLATVS : IN HOC : MONVMENTO : AGITE : PENITENCIAM
SbUs le point de vue paléographiciue, cette inscription
est une variété , à cause du grand nombre de petites
lettres gravées en interligne. On n'y en compte pas moins
de quatre-vingt-sept, et la plupart ne sont pas abrévia-
tives. Il n'y a pas de règle uniforme pour la lecture des
mots, dont la moitié est ainsi superposée à l'autre moitié.
DCTS (décatis), j,^^^,'^ (plangite), [J;J[{ frogare), par exem-
ple, doivent être lus dans un autre ordre que J'^^, (erilis),
^P^j (affile), j>Y (cujus), et des uns comme des autres
se distingue [\]j,^jq (mémento).
189. — Porte de l'église. 1515.
ANNO I DOMINI | M | C(T, f \lîl | il | ID9 | MADII
FVIT 1 INCI:P TA | ECrÊSIA I SANGTI
Ï^ETRI APOSTOIJ I
Deux cercles concentriques, sonnnés d'une petite croii
au pied liclié, prenneul toute la hauteur de la pierre
entre les bordures, de sorlc (pie les trois lignes de Fins-
36
criplion sonl coupées au milieu , la première par la petite
croix, les deux autres par la circonférence du grand
cercle. Du centre de cette roue symbolique, dont le sens
m'échappe, partent des rayons (jui s'arrêtent à la circon-
férence du petit cercle. Est-il besoin d'ajouter que très-
positivement ce n'est pas un cadran solaire, comme je
l'ai entendu soutenir?
190. — Cloche. 1348.
LANY MIL CCCCC XXXXVIIt . SANCTE PAVLE ORA PRO NOBIS
Le cinquième c pourrait bien être une l, ce qui chan-
gerait la date de 1548 en 1498. Je n'ai pas vu la cloche
d'assez près pour éclaircir ce doute.
Sur une autre plus grande, mais plus moderne, on lit
ces deux vers connus :
t L.VVDO DEVM VERVM TLEBEM VOCO CONGREGO CLERVM
DEFVNCTOS PLORO PESTEM FVGO PESTA DECORO.
suivis de l'acclamation : sancte pavle or\ pro nobi<;
NOTRE-DAME DE LA VALL.
191. — Oratoire de Sainte-Anne. 1485.
LANY MIL CCCC
Lxxxm A Xllt
DE MARS FOC CO
MENSAT LORATORF.
On rencontre l'oratoire de Sainte-Anne à un kilomètre
environ de Caudiès , au bas du plateau sur lequel s'élève
l'église de Notre-Dame de La Vall , dont il est fait men-
tion dans la bulle de Serge IV constitutive du monastère
de Saint-Paul-de-Fcnollet , en 1011 : Et ccdesium sandœ
Alariœ de l'aile. Notie-Dame de La Vall n'est plus qu'im
ermitage.
DEUXIEME ARRONDISSEMENT.
ci:ret.
192. —Église, petite porte. 11284.
: ANNO : DOMIM : M : CC : LXXXllII : I (?) : AVG
VSTI (?) : OBIIT j DOMINA \ UERENGARIA : DE : VALCROSA : V
XOR j RAIMVNDI j TRILES : MILITIS : DE ; CERETO : CVIVS |
ANIMA : REQVIESCAT : IN ; PAGE : SEPE : RECO
RDERIS : BONE : FRATER : QVOD : MORIERIS : CVM
TE RES : PVLCRA ] RLANDIIVR : GERNE • SEPV
LCRA
Au-dessous une croix patlée , au pied fiché , accom-
pagnée de deux écussons chargés aussi d'une croix.
193. — Église, près de la grande porte. 1521.
ANNO : DOMIM ■ M : CGC : XXÎ : V : ID9 : APRILIS : OBIIT : BER
NARDVS : SALINI (?) : DE : CERETO : ITEM : XH | KLS :
AVGVSTI : ANNO : DOMINI : M : CCG : IIH : OBIIT : DOMI
NA : SAVRINA • VXOR : EIVS : QVORVM (?) : ANIME : PER j
PEI : MISERICORDIAM
REQVIESCANT : IN | PAGE j AMEN |
194. — Eglise , grande porte. 1598.
LANY : DE NOSTRE : SEVOR : M
CCG : lAXXXVIIl : FO KEYTA
AQESTV : poi;rM.I'U\ :
3S
Porte à quade archivoltes soutenues par des colonnes,
seul ornement des parois verticales. C'est, avec le clocher,
tout ce qui reste de l'aucieuue église; mais en la respec-
tant on l'a écrasée sous une grande niche à plein cintre
et fronton brisé, type du style architeclonique à l'époque
de la reconstruction.
195. —Cloches. 1488.
MENTEM SANCTAM SPONTANEAM IIU.NOKEM DEO ET PATRIE
LIBERATIONEM • LANV MIL CCCC LXXXVIII.
Sur une autre plus petite.
t IHS X?S ME FECrr lOIIA GIL LAY M CCCC LXXXVIII.
Nous connaissons dçjà Johan Gil (o» 59); nous trou-
verons bientôt la génération antérieure de cette famille
de fondeurs.
TALLET.
196. — Église. 123-1
OBIIT : BERiNAJlDVS :
TEXTORII : VJIII •
là : APRILIS : ANNO. • X
m i ce i XLIIII :
VII : iTl : MAI : ANrSÔ : X :
M : ce : L : IIII : OBlil : SE
BILLA : VXOK : EIVS :
D après une copie Ugurée qui ma élc c(»mmunique('
par M. Alart.
39
SAINT-JEAN-PLA-DE-CORTS.
197. — Église. 1225.
t ANNO : M | CC : XXV : VII iTÎ. WMUS : F VIT IK
ANSLATATA llIC : SAVRINA • VT AiNIMA
EIVS REQVIESCAT IN PAGE :
Au-dessus, à l'intérieuf du cadre, daus l'augle de
droite, une main bénissante, et dans Pangle de gauche,
une main portant un encensoir.
198. — Cloches.
i SANCTA BARBERA ORA PRO NOBIS ; SAN lOAN BATISTA TOMLS
J'ignore la signification des cinq dernières lettres. Les
caractères de cette inscription sont semblables a ceux
du bourdon de Saint-Jean de Perpignan, fondu en 1418
(no 56).
Sur une autre , aussi sans date , mais plus ancienne,
de forme très-évasée, sans aucun ornement :
f MENTEM : SANTAM (sic) \ SPONTANEAM : HONHOREM {sicj [
DEO : ET : PATRIE : UBERACTONEM (sic)
Une autre cloche, du xv^ siècle, et du poids d'envi-
ron cent kilogrammes, se voyait encore, il y a dix ans,
dans un grenier à foin de l'ancien château du lieu. On
y lisait :
XPS REX VENIT IN PAGE DEVS IIOIMO FACTVS EST
LE VOLO.
199. —Église, a côté de la porte. 1220 (?).
Baron Taylor, Vo;/. Pittorcs., planches.
40
• ANNO : \PI i MILLi:siMO : CC j VICiKSIMO \ SECVNOO
: IDVS : NOVI'VIBRIS : OBMT : IM'TUVS : DE CASLLMS
• • • • •
QVi SVl NEPOTIS ARTE I VCET lUC TVMVLATVS :
HIC SEMPEIt IKETVS : OFICIO l'KESBIÏEUATVS
En chef, à l'angle de droite, une main bénissante;
au milieu , une croix grecque au pied (iché , accostée de
deux chandeliers. Une guirlande de feuillages encadre
ces ornements et l'inscription. Le sens de la quatrième
ligne a besoin de commentaire. En prose on aurait écrit
simplement : Listituit presbitemm pcrpetuum , formule
ordinaire de la fondation d'un obit, telle que nous la
trouvons a chaque pas (voir n^s 90, 101, 106, 109, etc.).
200. —Cloche. 1436.
t PATER EST PAX FILIVS EST VITA SVIKITVS SANCTVS EST
REMEDIVM MAESTRES YPOLIT GIL E lACME GIL ME FECERVNT
LANY MIL- CCCC- XXXVI-
Diamètre de la cloche : l'»,02. J'ai signalé déjà cette
autre génération de la famille Gil (voir n^ 193).
201. —Maison Vilar, auge du puits. 1547.
: VIR : CIRGVMSPECTVS PRO :
VIDENGIE : HONORABILIS : BERNARDVS : lORDAM |
QVONDAM : BAIVLVS : HVIVS : L0CI : lACET :
me : QVI : OBIIT : X : DIE : IVLII : ANNO :
DOMINI : M i CGC : XLVII : GVIVS : ANIMA ; REQVI
ESCAT : IN : PAGE : AMEN ;
Sarcophage converti en auge auprès du puits de la
maison Vilar. L'inscription est accompagnée de deux
écussons à trois fasces ondées, armes parlantes des
Jorda , par allusion au lUuive célèlue de la Palesiiric (|uc
nous appelons aussi Jorda dans noire langue calalaiie.
L'inscription est en creux, les écussons et la bordure
de feuillages courants, qui encadre l'ensemble, sont champ-
levés. Le sarcophage n'a qu'un mètre de long sur largeur
et hauteur proportionnelles. Ces dimensions paraissent
avoir été généralement adoptées chez nous, au xiv^ siè-
cle, si nous en jugeons par les modèles qui sont restés.
Ils ne recevaient que la charpente osseuse du défunt après
qu'on avait laissé aux chairs le temps de se consumer
dans la terre. On m'a signalé dernièrement un sarcophage
semblable dans la banlieue de Perpignan : c'est la tombe
de Pons des Barres enlevée au couvent de la Merci de-
puis 89. J'en ai donné ci-dessus (n» 73) l'inscription
très-inlidèle, d'après une ancienne copie. Je corrigerai
plus tard cette leçon , mais dès h présent je demande
asile dans notre musée pour un monument qui en est
digne, et que le propriétaire échangerait volontiers, je
n'en doute pas, contre une auge de même capacité.
SAINT-MARTIX-DE-FEXOLLAR.
!202. Église. Pointures murales, xu'-' siècle.
L'église de Saint-Martin-de-Fenollar forme deux pa-
rallélogrammes rectangles, d'inégale grandeur. Le plus
|ietit, qui était autrefois l'abside, a ô"','22 de longueur
et !2"\4o de largeur; il est couvert par une voûte en
berceau qui prend naissance à 2"i,0ij au-dessus du sol.
Le développement du chevet, de la voûte et des parois
latérales ofl're une surface de 5i mètres carrés, ornée
aux qiiatre cinquièmes de ces peintures murales du
moyen-âge dont le Poitou garde la plus belle page :t
Saint-S;i\in. Klles ont soulVerl du temps et de la main
des hommes surtout, mais il en reste assez pour faire
bien com|)rendre l'ensemltle de la composition.
i2
La représenlaliuii de Dieu le lils, avec son corlége
ordmaire, occupe un gros tiers de la voûte : il est assis
au milieu d'une auréole ellipti([ue , la têle couronnée du
nimbe crucifère, les pieds nus, bénissant de la main
droite et tenant la main gauche appuyée sur un livre que
porte le genou. Les quatre évangélistes raccompagnent;
saint Matthieu, saint Marc et saint Luc tiennent dans
leurs bras l'animal qui les symbolise. Chacun d'eux est
en outre appelé par son nom dans une inscription de
quatre vers écrite sur les deux plus longues bandes du
cadre rectangulaire qui embrasse tout le sujet. Voici ce
que j'en ai su lire :
MATEVS NATVM DE YIUGINI' l'RI'DIGAT AGNVM
MARCVS AVREM PER DESERTA AM
VERBO PETITA SuVNCTVS (?) lOANNES
US AJEDICVS LVCAS TENET ORE VIVEINT. . . (?)
Avec ces autres fragments disposés en cette forme sur
la ligne du petit axe de l'auréole :
D
C
E
A
'
X
T
T
R
E
A
T
PE
V
CT
I
vs
N
■s
'^
TA
S
A droite et à gauche de ce tableau central, dans l'es-
pace compris entre les longs côtés du cadre et la ligne
de naissance de la voûte, sont assis quatorze personnages
couverts d'amples vêtements et les yeux tournés en haut,
vers limage du Sauveur. De la main gauche ils tiennent
élevée une coupe a pied, ou calice, et de la main droite
uiie sorte de violon à trois cordes percé de deux ouïes :
leur coiffure est un bonnet cylindrique, terminé quelque-
43
fuis par iiii cùue applali el ressemljlaiil alors à une
mitre.
Sur la paroi verticale, du côté de l'évangile, au-dessous
de deux arcades surbaissées, la mort de la sainte Vierge (?)
et celle de saint Joseph (?). La peinture est très-altérée.
Du côté de ré[)ître, les rois mages conduits par l'étoile,
et quelques lambeaux d'inscription qui laissent deviner
ce texte connu : vklhnus stellam eius in ORiEN/e, et
\Enimus cvm Mvner/Bvs adorxRE Dominum ( Office de
l'Epiphanie).
On entrait jadis dans l'église par une porte au midi
de la nef; mais on a trouvé plus à propos de murer
celte porte, de transporter l'autel a l'ouest et d'ouvrir
le fond de l'abside. Le pire inconvénient de cette combi-
naison, çst d'avoir détruit la moitié des peintures du
cbevet. Nous y trouvons encore, au-dessus de la porte,
la sainte Vierge assise dans une auréole eu losange , les
luains élevées, la tète couverte de la coiffure cylindrique
signalée plus liant. Immédiatement au-dessous venaient
se rejoindre en s'abaissant vers la pointe inférieure du lo-
sange, i)lus basse ipie leur niveau, les personnages peints
sup les bandes latérales de la voûte; on ou distingue
encore deux au retour d'équerre, de chaque côté de la
porte. Dans le bas était l'adoration de& bergers, feisant
suite à l'adoration des mages.
Dans un pays plus jaloux (jue le nôtre de ses monu-
ments, les peintures de Saint-Martin-de-Fenollar seraient
déjà calquées, dessinées, gravées. iNous nous contentons
de savoir qu'elles existent et nous ne paraissons pas nous
soucier de l'apiirendrc aux autres. Il est encore temps
de réparer cette négligence, mais il faut se bâter, n'at-
tendons |)as qu'un épais badigeon, cm tout autre agent
destructeur, nous en aient ôté les moyens.
L'église de Saint-Martin-de-Fenollar est a|>pelée La
Mulnil. L'origine de ce nom a été l'objet de vives dis-
4'i
eussions dans les colonnes du Publicateur de 1852. Cette
polémique ne touche en rien à mon sujet.
LA CIXS/V.
203. — Église. 1292.
t -; TKliCIO i DtClMU : I(LS : MAKCI
I •: ANNU : DOMIM \ M i CC : NONAGK
SIMO i PHI^IO : OlilIT : PONCIVS : OK
CAPITE I AIAGNO : DOMICEIXVS :
: DOMINVS : CASTRI : DE j CLVSA :
: ROGO : TE : VT : ORES : DEVM : PRO : ME :
• • • • •
Le cadre est orné de croix à douze pointes pommelées.
L'église de La Clusa a trois nefs terminées par des
absides en hémicycle. x\ l'extérieur on ne voit qu'un
chevet plat , percé de trois petites fenêtres ; il est cons-
truit sur la ligne du mur d'enceinte du vieux château a
l'est, et c'est peut-être uniquement à cette circonstance
qu'il doit sa forme droite, comme plus favorable au
système de défense. Le château de La Clusa fut un des
points militaires les plus anciens de nos comtés ; nous
n'avons pas, dans ce département, de ruines aussi
imposantes par leur étendue.
ARGELÈS.
204. —Église. Fonts baptismaux xiiF siècle.
MAGISTER : GVILLELMVS : ÎMARCIII \ HE
VOLONO : .ME : FECIT :
• • •
La cuve baptismale, où se lit cette inscription, res-
semble beaucoup h un grand bénitier. Son réservoir hé-
misphérique est creusé dans une table polygonale qui
engendre par-dessous une pyramide renversée du tnènie
nombre de côtés. Ainsi laite, elle ne pouvait se tenir
debout sans un appui étranger; on l'a scellée dans le
mur auprès de la porte de l'église. Sa date nous est
donnée par l'inscription qui est du xiii« siècle. Guillem
March a signé son œuvre en caractères si élégants et si
purs qu'on aimerait à retrouver-son nom sur un monu-
ment plus digne de lui.
205. — Cloche. 1470.
IJTS • ML:MF:M SâNCTAM SPONTANt'AM IIONOREM DKO l-T l'ATI'.IK
MBERACIONEM • LANY M CCCC • LXX TE DEVM LAVDAAIVS
Sur une autre cloche, de plus fort diamètre, ancienne
aussi , mais sans date :
LAVnO DEVM VERVM l'I.EREM VOCO CDNCRK^O (ÏÏ.FRVM
ni'FVNCTOS PLORO
ERMITAGE DE SAI\TE-MA(.OELAI\'E.
206. — Église, derrière l'autel, liii.
AGI lAV NANTONI MELER
QVI PASSA DAQVESTA VIDA • A ■
VI • DE GFNER LANY MIL • CCCC •
XXXX II II
Sainle-Magdeiaine , ou, comme on rappelle |)lus eoni-
muiiémenl aujourd'hui, Notre-l)ame-de-Vie, est un lieu
de pèlerinage situé dans le territoire d'Argelès, an sud-
ouest et à demi-lieue de ce village.
207. — Sacristie, xiir siècle.
Sous le lavoir de la sacristie de Sahite-Magdelaine a
élé mis pour évier un marbre qui n'avait |>as été destiné
16
sans doule à cet usage, quoique sa forme s'y prèle on
ne peut mieux. La salutation angélique y est gravée,
-partie dans le fond de la cuvette, partie sur le cadre,
en écriture des premières années du xiiF siècle, ati
plus tard. Au milieu du fond, une croix latine, accom-
pagnée, vers les angles, de quatre croix plus petites,
à branches égales , inscrites dans un cercle ; aux quatre
coins du cadre, des croix semblables. A quoi servait
autrefois ce marbre? On ne le sait pas; la génération
vivante l'a toujours vu , on croit l'avoir toujours vu sous
le robinet de la fontaine.
COLLIOITRE.
208. — Église. XI ve siècle.
A XIII ANTONI
PRKGA : DEVS : PEU i KL :
Première et dernière ligne d'une inscription funéraire
placée à la plus haute marche du maître-autel, et s'effa-
çant peu a peu sous le frottement des pieds; on n'y
lit plus rien avec confiance dans les lignes intermédiaires.
209. ÉgHse, ancienne sacristie, xiv^ siècle.
...Mi CGC : OBIlî : DOMINVS : GVILLELMVS : GAVSELMI. .
REQVIESCAT : IN PAGE DICATIS : PATER : NOSTEIl :
Entre ces deux lignes, gravées sur les tranches hori-
zontales du cadre, un bas-relief représente Jésus-Christ
en croix, la sainte Vierge et saint Jean, sous des arcades
trilobées.
210. — Église du couvent. 1451 .
AGI • 1\V r.O HONORABLE • EN • lOHAX ■ CASSES • MERCADER
DE • PERPENYA
M
LO • QVAL • MOlU • CONSDL \ V Dl' . AGOST- ANY ■ M CCCC, • SI
iNCANTA IIV
(Irande dalle de 2"',r)() de long el 0"',i)0 de large. On
la coupée en deux, au tiers environ de sa longueur; le
plus petit fragment est resté dans l'église du couvent ;
l'autre couvre au cimetière une tombe assez récente.
L'inscription, en gothique carrée, haute et serrée, fait
le tour de la pierre; aux quatre angles, un écusson ren-
fermant une 11 dont la haste est prolongée au-dessus de
la panse, et croisée; dans le champ, deux groupes de
quatre maisons placées en quinconce, armes parlantes de
Cases.
On trouve mémoire de la mort de Jean Cases dans le
cartulaire municipal de Perpignan, appelé livre des
Ordinations, à la date du 25 octobre 1 iol : « Corn nos
« altres Frances Andreu, Frances Castello, Thomas
« Monner e Johan Barrau , consols lany présent elets
« de la vila de Perpinya, ensemps ab lo honorable en
« Johan Cases , après de sa electio mort, etc. » {Ordin. i,
558 yo). Pierre Vedrinyans paraît à sa place dans le
même registre , en qualité de troisième consul , le 9
décembre suivant.
MADALOTII.
21 1 . — Lieu dit le cimeiière.
P. Puiggari, Piddicalexir , 1852, n» i2. — Henri, Guide
en Roussillon, page L^i2. — De Gazanyola, llist. du
Ronssillon, page 25.
VAFP l'M 1 V se L I K
l'M-
M. p. Puiggari a donné l'explicatiim suivante de cés:
sigles :
48
H xxlerius liacciis , pruefedus vraesidii , yiomimentum
M lussil, \ivus, sihi condi, loco intersepto Et EMunito.
« Valôi'ius Flaccus, commandant de la forteresse, s'est
« fait construire , de son vivant, ce tombeau dont la
« place a été circonscrite et défendue par un mur. »
Cette interprétation fut publiée, en 1832, sous la pro-
tection d'un si quid novisti melius, auquel personne
encore ne s'est chargé de répondre. Les variantes que
l'on a proposées n'offrent rien de sérieux ; elles ne chan-
gent ni le sens ni le style du premier thème , et l'énigme
reste entière. Quelques personnes ont suspecté l'authen-
ticité de l'inscription elle-même, d'après de vagues don-
nées, et probablement sans l'avoir vue. Les amateurs qui
voudraient éclaircir leurs doutes a cet égard, trouveront
le monument à 800 mètres environ, nord-est, de la
(our de Madeloth , entre le -puig de Tallaferro et le coll
de MoUô, sur un étroit plateau que les gens du pays
appellent lo sementcri. Ces indications ne les dispense-
ront pas de jirendre un guide pour s'éviter des recher-
ches pénibles et peut-être sans résultat.
Les rares habitants de ces coteaux solitaires connais-
saient depuis bien longtemps la pierre écrite; dans leurs
idées , elle couvrait ou indiquait le gîte d'un trésor ca-
ché, mais après avoir inutilement bouleversé le sol à
plusieurs reprises, ils ne faisaient plus cas du signe
menteur. En 1825 des bergers, encore abusés par la
vieille tradition, entreprirent de nouvelles fouilles avec
une ardeur qui les trahit. M. Pi, de Cosprons, proprié-
taire du terrain où se poursuivaient les recherches, vint
les interrompre en se rendant sur les lieux. Il y trouva
nos sigles gravés sur une grande dalle de pierre schis-
teuse dont il avait ignoré jusqu'alors l'existence. Près
d'elle gisaient deux autres dalles de même longueur,
mais plus étroites, qu'on lui dit avoir été posées autre-
fois de champ et recouvertes par la plus grande. M. Pi
i9
remarqua en outre qu'à six pieds environ à l'entour de
oes dalles, perçaient les fondations d'une enceinte con-
tinue. C'est de ces circonstances, et du voisinage de
((uelques ruines appelées lo Castellet, (pie i\I. Puîgj^ari
conclut à la signification des quatre derniers sigles :
loeo intersepto et cmuuito.
TATSO.
212. - Porte de l'église, xiiie siècle.
...KALElNDAS MADI! OBIIT BERENGARIVS TACITONIS.
■ . FAMA VIR[ FLORET ET MILITAT EIVS HONORI.
. . ATQVE NESCIT CVM MORIENTE MORI
D'après une copie de la main de M. P. Puiogari Je
n'ai pas su retrouver cette inscription. "
LA ROC A.
215. — Porte de l'église.
: INTVS : CLAVSVRAM : IIVIVS
TVMVLI : ATQVE : STRVCTVRAM
TRANSLATA SVi\T CORPORA BERNARDI
COREDI ET VXORIS ET OMNIS GENERIS EFVS
ET : BARTOLOMEf : GRAMATICI : ET : VX
Au-dessous un espace égal pour cinq autres lignes qui
n ont jamais été remplies.
214. —Cloches. 1407. 1426. 1459.
_ANG^;LE DOMINI PENTESON QVI CORPVS DOMIiM NOSTRI
IHV XPr IN MONVMENTO CVSTODISTI
CVSTODI NOS Ali OMNI ADVERSITATE ET FVIGVRF IT
TEMPESTATE :- P t X .;. U f N M,AN MIL CCGC ' VII '
4
50
Celte cloche a 0"\97 de dianièlre, el donne le la. Les
sigles p • X • D • N • sii,Mii(ienl : pax Christi Donthu
nostri. Je trouve cette lormule sur uue autre cloche plus
moderne. Angcle Penteson pouiTait se rendre par : Ange
de la douleur, ou Ange du deuil, du mot grec ttcvÔ/oo,
je pleure, je suis dans le deuil.
XPS : VINCIT : xFs : lŒGNAT : XPS : IMI'KUAT : XPS ; NOS :
DEFENDÂT : |1 LANY : MIL : CCCC : XXVI : MAESTRE ; POLIT :
GIL : ME : FEV |
Hippolyte Gil est sans doute celui qui a fondu la clo- -
che du Volo en compagnie de son parent et associé
Jacques (voir n» 200).
t liiS : MENTEM : SANCTAM : SPONTANEAM * HONOREM :
DEO : ET PATUI || f ANNO : DOMINl : M : CCCC : XXXIX :
X'PS REX VENU IN PAGE DEVS HOMO
Les deux formules sont incomplètes faute d'espace.
VILALLONGA-DELS-MOM'S.
215. —Église. Cloches. 1410.
XPS VINCIT XPS REGNAT X?S IMPEKAT XPS AB OMNI MALO
NOS DEFENDAT AMEN • M • CCCC • X •
MENTEM SANCTAM SPONTANEAM nONOREM DEO ET PATRIE
LIBERACIONEM • M • CCCC • X •
LE VILAR DE VILALLOIVGA-IJELS-MOIVTS.
216. — Porte de l'église. 1245.
: XV : KL : SEPTEMBRIS : AN NO i
: DOMINI i M • CC : XL : III : omiT
: RAIMVNDVS DE : ORVLO i PREPOSITVS
51
« Des prud'hommes ruraux, dont les noms sont restés
« dans l'oubli, élevèrent jadis non loin de Villclongue-
« dels-Monls, et à la [)artie dite aujourdiiui le Mlar,
« une église qu'ils dédièrent à la sainte Vierge. Des
« chanoines réguliers de Saint-Augustin l'iu-eiil appelés
« dans cette solitude et y fondèrent un monastère dont
« le chef porta le titre de Prévôt. Cette colonie monasli-
« que était déjà établie le 10 des calendes de novembre
« de l'an 1H7, époque ou Adroer et Vera, son épouse,
« donnèrent à la prévôté du Vilar, un champ au territoire
« de Villelongue, lieu dit Puig Cabell ou Calbcll, con-
« frontanl d'un côté avec le torrent dcls Serrait lus. »
(Renard de Saint-Malo, Pablical.., 1855, n" !2'2. )
L'église du Vilar fut consacrée, le 17 des calendes
d'avril H42, par LMalgar, évèque d'Elne, qui la plaça
sous la dépendance du monastère de Notre-Dame-de-
Llado , dans le diocèse de Girone , en la retenant foute-
fois sous sa juridiction.
De nos jours, l'abolition des droits féodaux avait telle-
ment réduit les revenus de la Prévôté du Vilar, que
l'impôt et les frais d'entretien ou de culture absorbaient en
entier le revenu du seul ténement rural dont elle eut
conservé la propriété. Pour en linir avec cet état de
choses, le prieur de l'église séculière et collégiale de
Notre-Dame-de-Llado, dûment autorisé, vendit, le 50
juillet 1X02, au prix de 4.000 francs, la montagne dite
du Vilar, avec l'église, dont on a fait une bergerie.
217. —Porte de l'église. 12o0.
invs ocroBRis anno domim m d;
L : OBIIT •: EUCSFADIS : DE : FVRCIS
218. — Porte de l'église. 1262.
V lltVS AVGVSTI ANNU
noviNi M r.c ■ i.x fi ■ oriit •
PETRVS : GHRAVni • DK VHA^
RI
MONTESQUIU.
219. — Enclos devant l'église. 1298.
ANNO : DOMINI \ M : CC : XC : VIII : QVINTO : IDV
S : JNOVF.MBRIS : OBIT (sic) [ DO.MINVS | GVILLELMVS : lOERII = CAP
ELLANVS : DE | MOMESQViVO : QVI : DIMISIT : V
NAM i LAMPADEM : SEMPER : ARDENTEM : ET : VNVM : TORTI
CIVM : CEREVM : SEMPER : AD : ELEVANDVM • CORPVS :
XPI : IN : ECCLESIA : SANCTI : SATVRMM j PRO : QVIBVS ■ OBLI
GAVrr : DVAS : CLAVSAS : AFRONTAT : CVM : ORT
• ■ • • •
0 : ECCLESIE : ALIA • CVM : F : CELERA : ET : lACES (sic) ',
HIC : CVM i OMNI I SVO : GENERE : HOMO : QVID : ASPICIS ;
QVOD i ES I FVI : QVOD : SVM : ERIS : MEMENTO | MEI f
E D I G A S : l (?) PAT NOST
Sur la bande verticale du cadre, à droite, sont dispo-
sées, quatre par quatre, douze petites croix. Le g du
mol GENERE (9e ligne) est minuscule. La dernière ligne
est gravée sur le cadre ; elle m'a paru de la même main
que le corps de l'épitaphe ; et comme les deux premiers
mots appartiennent au catalan, je dois modifler l'opinion
inexacte émise aux n°^ 21 et M sur l'introduction de
cette langue dans nos monuments épigraphiques. La re-
marque laite au n" 72 tombe donc aussi d'elle-même.
L'épitaphe de G. Joer est protégée par une grande
arcade ogivale que soutiennent quatre colonnes, au-
dessus d'une fosse profonde. Les tombeaux-arcades
étaient nombreux , mais presque tous ont disparu parce
qu'ils gênaient les abords des églises où l'on avait l'ha-
53
bitude de les placer. Parmi ceux qui resleul encore,
deux ou trois à peine ont conservé l'inscription funé-
raire. La cupidité n'a pas été toujours étrangère à cette
destruction.
220. — Cimetière. xiiF siècle.
VI • IDVS APRrUS OBIIT PETRVS BERGOIONI
ET • NATI
SVI
lACET HIC
]
ARTE
:
PETRI
SEPVLTVS
:]
Voilà bien exactement l'inscription , moins la fornie
de l'écriture. Point de millésime : on en remarque lab-
sence parce que les deux petits cadres de la seconde
ligne, qui lui avaient été réservés, sont restés vides;
mais on est encore j)lus frappé de la ressemblance des
caractères avec ceux de ré[)itaplie de Pierre (Gasoils, au
Vole (no 199). S'ils étaient mobiles, on pourrait sans
inconvénient les transposer d'une inscription à l'autre,
et la subslitulion ne se trahirait que i)ar une légère iné-
galité de liaiiteur. La croix et les chandeliers que l'on
voit sur le marbre de Montesipiieu sont la copie eu grand
de la croix et des chandeliers du Volo. Je trouve xm
dernier trait d'air de famille dans le mot arte, formule
nouvelle dans iu)tre épigraphie. Je suis très-porté à croire
que le fils de Pierre Rergonyos était le neveu de
Pierre Casells. Les deux tcunbeaux furent élevés par ses
soins, ou construits de sa propre main, suivant la signi-
fication que Ion attache au mol arte; mais dans le pre-'
mier cas, c'est au mémo la|»ici(lc ([uil s"csl adressé pour
j^raver les deux éiutaphes.
221. — Cimetière. lo!24. J574.
mm DOMINI M CGC XXlill
QVAIITO là SliPTI-MBRIS
VllNALlWS GVILt.lXMI DE MONTES
yVIVO FtClT ISTVD PlTAi'ILVM KT lA
CET HIC iVlVTER SVA CVM GENERE SVO.
PiTAFiLVM ne se trouve ni dans Calepin ni dans Du
Cange. .N'est-ce pas epitaimiivm que l'on a voulu mettre,
en le prenant dans le sens de tombeau? Orelli propose la
même acception pour ce mot. (Inscr. Rom., n^ 4318.)
Sur la bordure inférieure :
: AiNNO i\l CCC LXXIUI MOU! : EN : FEll (Vj : VALS : NET :
1)I:N I AKNAV : GMI.LEiM : E FE : PINTvR : LO : CAP : DE :
LAGLESA
Quoique l'on ait gravé ces deux inscriptions sur le
même marbre, elles sont entièrement distinctes, et la
seconde est en réalité de cinquante ans moins vieille
que la première. Il ne reste plus trace, dans Téglise, des
peintures dues à la libéralité de Ferrer Valls; de la porte
à l'abside règne la blanche uniformité du lait de chaux.
SA INT-GE1VIS-1)ES-1 OINTAINES.
-±±■1. - Eglise. Linteau de la porte. 1020.
(iallia christ. , t. VI, col. IlOo. — liulld. de lu Soc.
(les Vijr. -Orient. , I. VIII, p. 272 et pi. 7^. ~- linllrfiii
ivoniiDi. , I. 22.
55
t ANNO VIDIiSIMO (sic) QVARTO Rl'ENNANTt: ROTIŒKTU lŒGi:
AMMFLMVS GRATIV DEI AltA {$icj
ISTA OPERA FIl'RI iVSSlT IN ONORE (sicj SANCTf GENESII
r.EîSOBlI QVE fsicj VOCANT FÛNTANAS
Le linteau de l'église de Saint-Gcnis est un monolithe
(le 2"!, 20 de longueur, sur 0'", 70 de largeur moyenne.
La différence de hauteur entre les deux extrémités de la
pierre est très-siMisiMe à I'umI; mais on rencontre à
chaque pas tant d'exemples de l'iiulifférence des artistes
de celte époque pour la symétrie de certains détails,
(ju'on ne s'en étonne plus. Notre quadrilatère irrégulier
n'en est pas moins couvert d'intéressantes sculptures.
.\u centre, Dieu le lils, assis, harhu, pieds nus, couronné
du nimhe crucil'ère, bénissant de la main droite et la
main gauche ajjpuyée sur un livre fermé, que soutient
le genou. L'auréole perlée qui l'environne est formée par
deux cferdes inégaux, (\m se coupent et sont raccordés
aux points d'intersection par une touffe de feuillage; deux
anges agenouillés la soulicMinenl. L'alphu et ïom(''g<r n'y
sont point oubliés. Une guirlande de feuillages courants
encadre tout le sujet. Innnédiatement au-dessous de la
bordure supériouio, l'inscription, sur deux lignes, inter-
rom|uies au milieu par le grand cercle de l'auréole, (jui
louche h cette bordure. Elle est gravée en creux; tout
le reste est en relief plat de réj)oque.
La vingt-quatrième année du règne de Robert, dale de
noire monument, est conq)rise entre le 24 octobre 101',)
ot pareil (piantièine de 1020, en prenant la manière la
|)lus commune de compter les années du règne de ce
|)rincc, qui les fait partir de son accession au trône,
(iuillaume, premier du nom dans la série des abbés de
Sainl-(îenis, dressée par le GaUia , n'est connu par
aucun autre docnineii( ipio riuscriplion du linleau de
son église.
5f.
L'abbaye bënédicline de SaiiU-Genis-des-Koiilaines, à
laquelle le village de ce nom doit son origine, parait
avoir été fondée au commencement du ix^ siècle. Les
Normands la ruinèrent dans le siècle suivant; mais elle
se releva bientôt après sous le gouvernement et avec l'aide
de Gausfred I*% comte de Roussillon. Réunie a l'obédience
de Montserrat par le pape Jules II , en 1507, elle fut régie
depuis cette époque par des abbés triennaux, conformé-
ment à la règle de Valladolid. (Gall. christ.)
J'ai déjà publié cette inscription et quelques autres de
Saint-Genis, dans le tome Ville du Bulletin : je puiserai
sans scrupule dans ce travail. Les leçons reennante et
ROTBERTO out été notées comme mauvaises ; j'ai donc à
les justifier, puisque j'ai cru qu'elles pouvaient être main-
tenues. Le trait lié à la haste du premier e de reennante,
entre la barre supérieure et celle du milieu, n'est' pas un
G conjoint, mais un trait général d'abréviation. On le
trouve lié dans le même mot, à I'a, où il représente Tin
qui doit suivre, et tenant la place de plusieurs lettres
dans deux autres mots : gratia, sancti, comme on peut
s'en assurer par les fac-similé suivants de nennajite et
gratia.
©R'/DEl
Sans doute ce trait général pourrait aussi bien repré-.
senter le g que I'e , mais le doublement de I'n m'a sem-
blé appeler le doublement de I'e, plutôt qu'une nouvelle
consonne. Quant au t de rotreuto, je l'avais écrit sans
bésitation , parce que le signe d'abréviation lié au pre-
miei o est identique à celui qui demande le t àejitssU.
SI
223. — Porte de l'église. 1271.
: ANNO XPl : MILLESIMO DVCEMESI
MO : SEPTVAGESIMO = PRIMO : V :
• • • •
KLS : DECEMHRIS : DOMINA DVLCIA DE MONTE
RVBEO : IN HOC FVIT : TVMVLO TVMVLATA : DIC .
PATER : NOSTER : PRO ANIMA SVA : FAC BENE DVM
• • •
VIVIS POST MORTEM VIVEHE SI VIS :
224. — Porte de l'église. 4507.
ANNO DOMINI : M : CCC : SEPTIMO : SEXTO : IDVS : APRILI
OBIT fsicj I FRATEU : MICHAEI, : SACRISTA : SANCTI | GENESII
Moitié au-dessus, moitié au-dessous d'un bas-relief qui
représente Jésus-Christ sur la croix, entre sa mère et saint
Jean. Le bas-relief a beaucoup souflérl; l'inscription
très-peu.
225. — Porte de l'église. 1307.
ANNO DOMINI \ M \ CGC : \îl : VI : IDi) j IVMI : OHIIT :
FR.VTER : \\ BERENGAKIVS DE PVLCUO VESPERE CAMEIIARIVS
ISTIYS LUCI : ET DOMINA MA || THIA EIVSUEM IIVMILIS
SOBOR : QVORVM ANIME REQVIESCANT || IN PAGE : AMEN j
QVOD ES FVI : QVOD SVM ERIS VIGILA NE DE || VORERIS :
QVI ST4TIS CORAM PROFERANTES MORTIS AD IIORAM :
IBI II TIS ABSQVE MORA : NESGITIS QVA TAMEN HORA |
SIC EGO II NESGIVI : NISI QVANDO RAPTVS ABIVI | SEL»
ANNIVERSARIVM STATVI :
226. — Porte de l'église, xiv*^ siècle.
RAIMVNUVS DE POLEESTBIS
(JVO
58
Le reslo do I inscription a été enlevé proprement au
ciseau par (luelciuc désœuvré. Un bas-reliei', (pie l'on a
respecté, représente le défunt couché, tête nue, les mains
croisées sur le ventre. Deux personnages se tiennent
debout, l'un a la tète, l'autre aux pieds du lit funéraire ;
ils portent une crosse, et l'un d'eux bénit de la main
droite.
Auprès de ce marbre est une autre image en bas-relief;
l'inscription est fruste.
227.— Église. Chapelle de Notre-Dame de Monlserrat.
xine siècle.
Bullet. de la Soc. des Pyr. -Orient., t. VIII, p. 275.—
BiUlet. monum. , t. XXII.
Nous venons de voir comment le ciseau de nos sculp-
teurs du xie siècle traitait sur le marbre la représen-
tation du Christ glorifié; voici le même sujet, confié,
deux siècles et demi environ plus tard, à la palette d'un
peintre qui nous a dit son nom. Ce tableau, caché dans
le fond du transept méridional, est un devant d'autel.
11 a l'",6o de longueur et On\78 de hauteur, le cadre
non com])ris.
Au milieu. Dieu le fils, assis, barbu, la tète ornée du
nimbe crucifère, la main droite élevée, bénissante, la
main gauche appuyée sur un livre, où l'on voit écrit :
EGO SUM
I>VX MVN
1)1 :
Sous ses pieds nus, des croissants et des. (lualrefeuilles
d'or, cernés d'un rayonnement blanchâtre, nagent dans
un fond d'azur, comme des astres au ciel : S\d) jiedibus
cju.s... (iiiasi cu'lttiii- (ExOde). L'auréole eHi|tlique et dorée
(pii renvironne cssl brodée de petites perles en relief du
même ('mail, cl d<' cabochons plus gros, allernalivemenl
53
rougos el bleus. Le fond du nimlte, aussi dor, est ic-
haussé de perles et de rinceaux linemenl dessinés. L'au-
réole est cantonnée du tétraniorphe, l'ange et les trois
animaux syml)oli(|ues sont nind)és, et chacun d'eux porte
sur un larnbcl le nom de l'évangélisle (pi'il représente.
A droite et à gauche [)araissent les douze apôtres, six
de chaque côté , disposés trois par trois, sur deux rangs
parallèles, debout, nimbés, les pieds nus. Tous sont
uominativement désignés, à l'exception de saint l'ierre,
qu'on distingue à l'attribut de la clef à double panneton.
Vient enfin la signature de l'artiste , écrite sur un étroit
ruban qui traverse horizontalement le tableau , à droite el
a gauche de l'auréole, sous les pieds des apôtres du rang
siq)érieur :
MAGISTKR ALEXANDEU : ISTA OPF.RA FF.CIT .
Peut-être un ruban parallèle, placé dans le bas, sous
les apôtres du second rang , donnait-il la date précise de
l'œuvre; mais l'humidité salpétreuse du sol n'a laissé d'un
bout à l'autre ni peinture, ni toile, ni bois, sur une lar-
geur de cifiq à six centimètres.
D'autres sujets recouvraient les faces latérales de l'autel.
Du côté de l'évangile, tout est détruit; le panneau, corres-
pondant, du côté de l'épitre, est en fort mauvais état. On
y distingue ce|iendant saint Genis décapité : comme notre
saint Denis, il marche portant sa tête dans ses mains. Un
grand nombre d'exemples paraissent démontrer (]ue l'ico-;
nographie du moyen-âge avait ainsi (consacré le symbo-
lisme de la décollation. On lit dans un coin de la toile :
s GKNESIVS :
A droite, un ange descend du ciel, tendant vers le saint
un objet i palme ou couronne) ipie la confusion de cette
partie du tableau rend méconnaissable. Trois guerriers,
velus du hauberl et chaperon de mailles, considèrent le
f.O
prodige avec un étoniieineiil inèlé de crainle. Ce sont
les bourreaux : deux d'entre eux tiennent à la main
1 epée nue et sanglante.
J'ai dit ailleurs, et je crois encore, que ces peintures
datent de la lin du xiii^ siècle ou des premières années
du XIV. Cependant , je ne dois pas taire qu'un homme
connu par un grand nombre de mémoires sur diverses
branches de l'archéologie, M. de Barthélémy, membre de
plusieurs sociétés savantes, les a jugées beaucoup plus
anciennes (BuUet. mon., t. 22). Les connaisseurs appré-
cieront. Je verrais sans regret mon opinion condamnée
par eux, et l'importance du tableau de Saint-Genis accrue
par cela même.
228. — Église. Crosse d'abbé, xiiie siècle.
Quelques années après la révolution, lorsque l'église
de Saint-Genis fut rendue au culte, on trouva, derrière
le maitre-autel. parmi des décombres de tout espèce en-
tassés dans l'abside, une volute de crosse abbatiale, seul
débris du genre sauvé des ruines de nos monastères.
Cette volute, en cuivre doré, date du xiiF siècle. On peut
en voir le dessin dans les mémoires de notre société
(t. VIII, pi. 2j. Elle est figurée par un serpent couvert
d'écaillés, a la croupe hérissée de crochets, se repliant
en orbe vers lui-même et broutant le feuillage. Dans la
courbe gracieuse qu'il décrit, au milieu d'un quatrefeuilles
perlé, se tient l'agneau divin triomphant, la tète tournée
vers la croix , qu'il semble soutenir de sa jand)C gauche
repliée. Sur la banderole qui Hotte attachée à la hampe
«le la croix, sont burinés ces mots :
AGNVS
I) !• I •
La douille où s"eminauchait le bâton de la. crosse , a
conservé la couleur rou£;eàlre du métal, la trace des
61
morsures de la lierre ol les irons où passaient les tèles
des goupilles. Une gaine dorée et sculptée recouvrait
cette partie de la volute et formait le ummuI.
220. ~ Cloître. H97.
Gallia christ., t. VI, col. IlO-'i. —Snr. ries Pi/r.-Or.,
t. VIIl, p. 27r> et pi. 2.
VER\X FACVNDVS
FONS MANANS:FL0
S RVBICVNDVS
HOSPES lOCViND
VS i MISERORVM
PASCVA FVNDVS
FRVCTV FEGVN
DVS NVLLl PROBI
TATE SECVNDVS
PRE MVNDIS • MVN
DVS F VIT : A BRAS
ISTE RAIMVNDVS
QVEM PIA LVX MAR
TIS • DEGASEPTIMA
DVXIT IN ASTRIS
QVATVOR EXEM
TIS ANNIS DE MI
LLE DVCENTIS
Telle est la disi)Osition de ces vers sur le marbre; un
cordon perlé trace les lignes de séparation. L'élégance
des caractères et la fermeté de la gravure font de cette
inscription un contraste frappant avec celle du Monestir-
del-Camp (ci-dessus, n" 182), plus vieille de dix mois à
peine, et pourtant si barbare.
Au quatrième vers, le Gallia écrit PREMV^D[ en un
seul mot, au lieu de pre (prœ) mvndis; la phrase n'a pas
de sens avec cette variante. La gloire de l'abbé Raymond
est tout entière dans son épitaphe; on le trouve à peine
mentionné par le Gallia en MSi^ et 1187. Le millésime
de sa mort est 1107, d'après la règle posée au n" lOi.
250.— Cloître. 12Ô4.
Gall. christ. , t. VI , col. HOfi. - 1MI . dr la Snr. ries
Pyr.-Or.. t. VIII, p, 278.
62
ABBAS GAVSIBERTVS (sic) lACET HIC BONVS ET BENE CERTVS
i\10RIBVS ORNATVS • POLLESTRIS IN OPIDO NATVS
VITA FVIT CVIVS ORBIS SALVS ET DECVS IIVIVS :
DANUO GAVDEBAT • PROPRIVM SIBI NON RETINEBAT :
SET DABAT ABSQVE MORA MISERIS SVA QVALIBET IIORA
MORIBVS HORNAVIT (sic) SOCIOS QVOS SEMPER AMAVIT (?).
ET MVNDÂNORVM CREVIT PRO POSSE BONORVM •
ANNIS TERDENIS OGTO MINVS ORDINE PLENIS j
DVX FVIT ECCLESIE : COMPLENS DOCVMENTA SOPHIE :
ANNO MILLENO : BIS : G : TER : X : BISQVE SECVNDO :
EIVS NOVEMBRIS • IHI • KALD MORS DATA RIEMBRIS :
QVESVMVS 0 XPE TECVM CONGAVDEAT ISTE :
QVOD VT CONCEDAT : PATER NOSTER QVISLIBET DICAT :
QVOD ES FVI QVOD SVM ERIS : VIGILA NE DEVORERIS :
Dans le cours de leurs immenses travaux, les Béné-
dictins, ne pouvant tout voir par eux-mêmes, durent
accepter souvent de confiance et les yeux fermés, les
documents qui leur étaient fournis, et souvent aussi,
chez leurs correspondants, la science fut au-dessous du
zèle. Ici, par exemple, leurs confrères de Saint-Genis,
plus fervents cénobites qu'habiles paléographes, ont dé-
naturé le sens du quatrième vers, en substituant qvando
à DANDO. Au même vers et au douzième, ils ont remplacé
par des points des mots très-lisibles encore aujourd'hui.
'TlR lu S (proprium sihi). [jj^ (j
(fjuœsunms 0) .
Mais on ne s'explique pas comment les savants auteurs
n'ont donné au bisqve secvndo (10'' vers) que la moitié
de sa valeur, ce qui les a conduits à fixer les vingt-deux
années de l'abbaliat de Gaushert entre 1210 et 1252,
tandis qu'elles devraient être comptées de 1212 à 1254.
63
J'ai mis lo signe du cloute après le deriiiec mot du
sixième vers, parce que la leçon amavit n'est j)as n'gu-
lière. A la rigueur, c'est annavit qu'il l'audrail lire. La
prétendue M n'est qu'une n double, identique à celle du mol
ANNO dans une inscription d'Elne de la nit'me (''pO(|ui'
(no402):
Mil . mo.
C'est probablement une erreur du lapicide ; n»ais elle
importe peu : le sens de la phrase demande amavit, et
l'on peut s'y tenir.
Les vers un à sept de notre inscription sont placés sur
la pierre en regard des vers huit à quatorze et séparés
seulement par une moulure verticale. Les deux vers écrits
sur chaipu; ligne ne se suivent pas, coninu; dans l'inscrp-
tion grecque du reliquaire de saint Jean-I^itiste (n" 15):
c'est un livre ouvert dont il faut lire la première page
avant la seconde.
251. — Cloître. 1281.
Gallia christ., t. VI, col. 1106.
ANNO • DOMINI • M • CC • LXXI • PR[T)IF. • CALKNDAS
IVNII • OBIIT • DOMNVS • SAPTE • DE • POLMiSTRlS • ARHAS
IIVIVS LOCI QVI REXIT HANC ■ ECCLESIAM XXIX
ANNIS • ET • ADQMSIVIT ■ CASTRVM • DE • lîRVI.I.tANO
DE ■ MARI ■ DECIMAM • l'ISClVM • HONOREM RERNARni
OLIBE • DE • VILLALONGA • CONDAMINAM • PETRI DE
TACIONE • MANSVM • ET HONOREM ERMEîNGAVDI • DE
INSVLA • CAMPOS • DE • GRADV • DE VLMO • DE
VERNADELI.A • DE LORTALI • DE • MOF.INO POMd.S DE
ARGLEERIIS ET ISTIVS • MONASTERII liEPARAVlT
64
COOPERVIT ECCLESrAM • CONSTRVXIT . DO!\IVM NOVA M '•
SVPRA BVATVM STABILIVIT CVILIBET MONACHORVM -
QVATVOR OVA . OMNIBVS • DIEBVS • MERCVRU ET •
VENERIS ET SVVM ANNIVERSARIVM • ET PATRIS ET
MATRIS • ET FRATRIS SVI AVBERTI BAIVLI DE
ROCA CVIVS AVXILIO CASTRVM DE • BRVLLIANO
FVIT EMPTVM ANNO • CHRISTI • M CC LXXXl •
MENSE OCTOBRI • TRANSLATVS EST • SVB • HAC ■ PETRA •
QVEM • CHRISTVS • TRAXIT • AD ETHERA ■ ORATE PRO • EO
Je copie cette inscription dans le Gallia, ne pouvant
mieux faire. On voit dans le mur du cloître, auprès des
inscriptions précédentes, les traces du descellement de
deux pierres; l'une de ces pierres devait être l'épitaphe
de Sapte de PoUestres. C'est du reste la place que
les Bénédictins lui assignent : Hoc ipsius epitaphium in
datistro ad ingressum ecdesiœ legitnr. On la retrouverait
sans doute en retournant les seuils et les linteaux des
ouvertures modernes, qui ont défiguré l'ancien cloître.
Le château de Brulla, dont -il est parlé, fut acheté en
1269 a Pons Hugues, comte d'Ampurias, au prix de
10.000 sols melgoriens.
252. — Cloître. 1507.
Gallia christ., t. VI, col. 1106. — BnU. de la Soc.
des Pi/r.-Or. , t. VIII , p. 280.
V • IDVS OCTOBRIS • ANiNO ■ DOMINI M • CLC • SEPTIMO
OBIIT • FRATER GVILLELMVS • DE ABBATIA IIVIVS
MONASTERII ABBAS CVIVS ANIMA REQVIE
SCAT IN PAGE CVIVS CORPVS RECONDITVM EST IN HAC TV.MRV
65
Sur le devant cl"un sarcophage de nièiiie dimension à
peu près que ceux de Bernard Jorda et de Pons des Bar-
res, signalés ci-dessus (n" 201). Cette tombe n'a pas été
violée ; on ne peut la déplacer ni mémo on soulever le
couvercle, sans étançoniier solidcnionl un arc de la voûte
du cloilrc, qui sappuio sur la lace encastrée dans la
muraille.
Avec une bonne copie de cette inscription sous les
yeux, les Bénédictins n'auraient pas créé un abbé de
Saint-Genis imaginaire: Ji. de Abbaiia, disent-ils, haiid
almndè innolcsrit quam ex epitaphio, et ils rapportent à
la suite l'épitapbe de Guillaume. Le g est pourtant à (leur
de coin sur la pierre, et le doute impossible. Il faut donc
rayer de la liste du Gallici ce faux Bernard, et lui subs-
tituer Guillaunu' II, désigné comme son prédécesseur
dans le même ouvrage, avec cette courte notice : (hdl-
lelnms II reperihir Ahbas S. Gmesii amiis 1283, 129i,
94, 98, i 502 et 1505. (Loc. cit.)
255. — Cloches, xv siècle.
liuUet. de la Soc. des Ihjr.-Or., t. VIII, p. 280.
Sur la plus grande :
f QVI StNE PECCATO : VI'STRVM : EST : Piii:\IVM : LAPIDEM :
MITAT (sic) \
FOV FET EN LAN Y : M : CCCGLI i,).riAT : PER LA GRACIA :
DE DEY : FUA : BERNAT : PVGOL
TE DEVM LAVDAMVS •
Quatre médaillons: lïïs. Erre Ifomn , la sainte Vierge
portant Tenfant Jésus, saint iMichel cond)attant le (h-agoii.
Sur le cerveau de la plus petite :
DICOR MARIA MEVM NOMEN VIR(ilNE\.M
66
Sans date, mais autant que je puis en juger, un peu
plus vieille que la précédente.
254. — Territoire de Saint-Genis.
Publicateur, -1853, n» 8.
PREPi
Marque de potier sur une petite lampe en terre cuite,
trouvée à Saint-Genis, dans une propriété de M. Bosch.
Le même territoire a fourni plusieurs specirnm de briques
a estampille , qui ont été perdues , et grand nombre de
médailles consulaires et impériales.
Erratum I page 32. — Une erreur typographique a fait rapporter à
l'an ^524, au lieu de -1344, la date bien connue de la
chute de la dynastie niajorquine.
GEOGRAPHIE lllSTORIQDE DES PYREIES-ORIEÏÏAIES,
Par M. Il» Alart, membre résidant.
PERIODE GALLO-ROMAINE.
Populalions itrimitives.
Les premières populations des pays qui forment aujour-
d'hui la France el rEspai,Mie appartenaient sans doute à
une même i'amille. iMais, dès que les premières lueurs
de l'histoire permettent de distinguer un peu leur physio-
nomie et leur caractère, on reconnaît en elles certaines
différences de langage, de mœurs et d'institutions, qui
en forment deux peuples distincts : le premier, établi au
sud des Pyrénées, s'appelle le peuple lbi:re; l'autre prend
le nom de peuple Celle ou Gall, sans que leur limite com-
mune ait été en aucun temps exactement déterminée.
La masse inq)Osante des Pyrénées attira de bonne heure
l'attention des anciens historiens, qui se figurèrent que
cette barrière avait élerncllement séparé les peuples Gau-
lois de ceux de l'Ibérie. Pour Polybe, Diodore de Sicile,
Tite-Live, Strabon et Ptolémée, celte limite naturelle a
été unanimement considérée comme une limite ethno-
graphique ou politique; et, pour tous ces auteurs, le pavs
au nord des Pyrénées s'appelait la Cellique , habitée par
les Celles ou Galls, et tout ce qui est au midi appartenait
à VIbérie. Cependant celte erreur avait été reconnue, dès
l'anticpiité, par Jules César, et cet auteur, qui était en
mesure de connaître la vérité à cet égard, n'a pas hésité à
rattacher les peuples aquitains à la race Ibérienne. Mais,
G8
c'est surtout pour la j»artie oiientale des Pyrénées, que
cette erreur est maniieste. I/histoire démontre que cette
partie de la chaîne n'a jamais réellement séparé les popu-
lations qui en occupent les deux versants. Les peuples du
Roussillon et du Confient ont toujours reconnu des frères
d'une même famille dans ceux de la Cerdagne et de la
Catalogne; les montagnes n'ont été pour eux qu'un moyen
de communication ou plutôt le boulevart d'une nationalité
comnmne, et c'est seulement du jour où Louis XIV a dit :
// n'y a plus de Pyrénées, qu'elles se sont dressées comme
une barrière définitive pour séparer deux peuples cons-
tamment unis jusqu'alors.
On ne saurait donc entendre que dans un certain sens
les noms de Celtes ou de Gaulois, appliqués par beaucoup
d'auteurs anciens aux premières populations des pays qui
forment les Pyrénées-Orientales. 11 existe, en effet,
même pour les temps les plus reculés, des indications
importantes et précises sur l'origine des premiers habi-
tants du Roussillon, et tout démontre qu'ils appartenaient,
comme les Aquitains, à l'ancienne race des Ibères.
Le Périple de Scylax, dont les témoignages se rappor-
tent aux premiers temps de l'histoire occidentale (vers
le VI® siècle avant notre ère), nous apprend que toute
la côte, « depuis la limite des Ibères jusqu'au fleuve du
«Rhône, était alors habitée par un mélange de peuples
« Lighyens et Ibères ' ; » et Skymnos de Chio nous repré-
sente ce même pays comme occupé par les Lighyens *.
1 Airo âî iSr'ipoyj v/o-j-y.'. hlyjiç, y.OLi iSyips; a'.yâSz:;,
(jteyp! -TTOraiJiou Pooavoj. Ex reriplo Scy lacis , p. 3.
2 ETtoc lêyjpeç
....Eiretra Trapa9a)àTTiO£ xarco
ripcoro fxev EfXTropiov, Vô^n ^î èvj-îp'x.
Skïm. de Ciiio, Offris dtscrifl. v. 100, 101, ^05.
69
On sait, d'autre part, que ces Lùjhyens ou Liguriens étaient
un [ieuple d'origine ibérienne, que les migrations des Celtes
e!i Espagne avaient déterminé à s'épancher dans les Gaules
par les poits des Pyrénées '. 11 est donc bien certain <]ue le
fond des populations primitives de l'ancienne Narbonnaise
appartenait à la race qui avait peuplé l'Espagne, et formait
un mélange d'Ibèrea et de IJyhyes, au milieu desquels
vivaient aussi quelques tribus d'origine celtique. Yoila le
témoignage de l'histoire, et tous les faits que l'on peut
observer encore aujourd'hui ne font que le confirmer.
Qu'était-ce donc que ce peuple Ibrro - Ligurien de
l'ancien Roussillon, et à^iucls traits peut-on reconnaître
encore sa parentti av(!c les Ibères-Wascons des Pyrénées
occidentales? Depuis près de trois mille ans, il s'est passé
trop d'événements dans ce pays, pour que les traits phy-
siologiques, les monuments, les mœurs, le caractère et
les institutions des populations, dont les éléments remon-
tent peut-être à l'époque la plus reculée, puissent être,
aujourd'hui, facilement reconnus, et en assez grand
nombre, pour permettre de décider si le peuple rous-
sillonnais, tel que nous le voyons, se rattache aux popu-
lations ibérienncs, plutôt qu'à celles de la Gaule. Il y a
place sans doute pour des systèmes bien opposés dans ce
vague mélange de débris du passé; mais il y a un guide
certain qui peut diriger les recherches "au milieu des difli-
cultés et des incertitudes : c'est la linguistique. Car il existe
encore aujourd'hui des témoignages certains de l'occupa-
tion de notre pays par la race des Ibères, dans les noms
de quelques cours d"eau, de montagnes et de quebjues
villages , qu'on ne peut expliquer par la langue d'aucun
des peuples que l'histoire signale en Roussillon depuis
le VIO siècle avant notre ère; et ces dénouiinations ne
sauraient dès lors appartenir qu'à des popuiaticms anté-
rieures a l'époque historique proprement dite.
' be ta ':ilM/{ia(inii Caulniie. fd , par 'W (iirauil.
Ou a diversement apprécié la valeur des iulerprélalions
étymologiques, et, depuis longtemps, on a essayé d'expli-
quer, d"uno manière habile et savante, par les langues
orienlales ou par celles de l'antiquité classique, beaucoup
de noms du Roussillon dont le sens est encore inconnu.
Mais tout ce qu'on peut conclure de ces tentatives plus
ou moins heureuses, c'est, qu'en pareille matière, on ne
saurait procéder avec trop de précautions. Cependant,
quand on voit un grand nombre de ces noms rationnel-
lement expliqués par l'histoire, la grammaire et l'archéo-
logie, au moyen de la langue cmmara, qui présente tous
les caractères d'une haute antiquité, et qui est encore
parlée par un peuple que toutes les traditions rattachent
à l'ancienne famille ibérienne établie sur toute la ligne des
Pyrénées; peut-on s'empêcher de rapporter à ce même
peuple, ou du moins à une de ses branches, les anciennes
populations du Roussillon qui parlaient évidemment ce
même idiome, puisqu'on en roconnait encore quelques
débris dans les noms des lieux qu'elles avaient habités?
N'est-il pas rationnel d'appliquer alors les principes de
l'étymologie et d'en accepter les conséquences, et peut-
on rejeter ce moyen scientifique de porler un peu de clarté
dans la nuit des siècles passés? Les travaux de G. de
Humboldt et de Fauriel ont déjà montré quel secours on
pent espérer de l'étude de la langue des anciens Was-
cons, pour les origines espagnoles, françaises et même
italiennes. En ce qui concerne le Roussillon, on peut
ciler les anciens noms de quelques-uns de nos villages,
tels que Llar, Bffs^>(Baho), Astovere (Astoher), Uech,
IJr, i^pm (Aspira), JUberri et bien d'autres, qui s ex-
pliquent sans diffîculté par la langue basque actuelle'.
< Os ronsidérations se trouvent déjà émises, on pnrtic, dans notre
mémoire sur la Géographie hislor. du Confient (Bull, de la Snr. des ryr.-Or..
X,p.67). Onsait.iuc!aInn{;Mebasqucn'a|)as de mots commcnrant pr
la lettre n , et, s'ils cmprnnteni des termes élranijers où celte eonsonnp
71
11 ne laul point s'attendre d'ailleurs à ce que celle langue,
qui n'est qu'un débris d'ui» dialecte ibérien , puisse nous
donner aujourd'hui l'explication de tous les noms laissés
en Roussillon par ces ])opulations primitives. Les anciens
Ibères formaient une famille de peuples, ayant chacun leur
langue particulière, avec des niols et des cxmstructions qui
pouvaient souvent être étrangers à d'autres tribus, quels
que fussent d'ailleurs les rapports et la parenté de ces
dialectes et de ces peuples entre eux. Il existe, en effet,
sur beaucoup de points du Roussillon, des noms qui ne
s'expliquent ni par le basque ni par les langues sémitiques
ou indo-germaniques ' , et on est fondé à les considérer
comme des débris de l'idiome, éteint depuis longtemps,
des peuplades Ibères qui occupèrent notre pays dans les
siècles les plus reculés.
se trouve être la première, les Basques la font toujours précéder des voyelles
A ou E. CVst ainsi qu'ils emploient, sons les formes arriu, arrat , les mots
que nous prononçons W« et rat. On trouve des traces de celte particularité
dans les noms de Ria, Ro, Raluir, Raiieu, etc., qui, dans les plus anciens
documents, se trouvent toujours écrits Arùa, Arro, Anahur, Ardeu. 11 y a
en outre bien des noms, latins ou romans, en apparence, qui se rattache'nt
peut-être à l'ancienne langue des Ibères, tel est celui à'IUe, que les tabel-
lions du moyen-âge s'empressèrent de latiniser sous la forme hmda , de
même qu'ils rendaient celui de Canamals par Canibus malis. Cependant la
situation de la ville d'Ille n'a aucun rapport avec ce que nous appelons
une lie, et ne reirouve-t-ou pas ce nom sur plusieurs points du départe-
ment? près du Perthus (las Illas), en Vallespir (Sainte-Colombe de las
//'as;, au-dessus de .loch fSa-hilla), et dans vingt autres endroits, où il ne
peut être question d';/M, ni même de ruisseaux pour les former ? Knfin,
lorsque le nom d'Ille se montre pour la première fois, dans une cliarle
latine du u'^ siècle f Marca , n» 23), ce n'est pas sous la forme Imula,
mais sous celle d'l7a, qui a un sens bien caraclérisé dans la langue basque
et tout-à-fait différent de celui que lui donneraient les idiomes latins.
' Tels sont les noms de Xarel. Bul, Volo. etc., qui sont trop fréquemment
employésdansnosdénominalions territoriales pour n'avoirpasété appliqués,
dans l'origine, à certaines cultures ou à des accidents de terrain, etc. Volo a le
sens certain du mot catalan riba, celui de Buta semble se rapporter à un cours
d'eau ; mais on ne sait, ou du moins je ne sais, n quelle langue les rattacher.
72
yiieiclucs noms roussilloniiais conservent aussi des tra-
ces de la langue celtique, entre autres Kexans (Caixas,
Quexans, Mar-quexanes), Pcnn (Pena), Qticr, et bien
d'autres que l'on signalerait dans notre département.
Ainsi donc , bien que les secours de la linguistique
soient encore insullisants dans bien des cas, ces expli-
cations sont cependant assez nombreuses et assez satis-
faisantes pour faire admettre que les premiers habitants
du Roussillon parlaient un dialecte ibérien mélangé de
mots celtiques; et, dans son ensemble, cet idiome devait
avoir de grands rapports avec la langue euscuura, dont
les populations basques se servent encore de nos jours.
Il est donc constant que les premiers peuples de notre
pays (Sordes ou Cérétans) appartenaient à la famille ibé-
rienne. Leurs descendants ont formé, de tout temps, le
fond de la population des Pyrénées-Orientales; car les
autres peuples, Phéniciens, Massaliotes, Piomains, Wisi-
goths, Arabes et Francs, qui ont successivement par-
couru ce pays, ont pu y établir des colonies, le dominer
et y marquer leur influence d'une manière plus ou moins
profonde; ils ont pu, comme le (iront les Romains et les
Wisigotlis, modifier les mœurs, le caractère et les condi-
tions de la race primitive; mais ils n'ont pu la détruire
ni la chasser, ni par conséquent la remplacer. Il n'en
faut pas moins examiner les circonstances particulières
de ces dominations étrangères, ou les relations qui s'éta-
blirent entre elles et les peuples de cette contrée , et
tâcher de connaître la part qu'il faut attribuer à chacune
d'elles dans l'histoire de notre géographie.
Pbénlrlens.
Les navigateurs de Tyr qui, vers le x*^ siècle avant
notre ère, parcoururent tous les rivages de la Méditer-
ranée, ont laissé, dans l'histoire et les traditions de la
73
plupart des nations occidentales , des influences reli-
i^ieuses et commerciales, dont le souvenir n'est pas en-
tièrement effacé. Il n'y a aucun intérêt à contester ces
faits généraux, que la critique d'Heeren a historiquement
démontrés, mais on ne peut non plus les admettre sans
preuves en ce qui concerne le Roussillon , ni surtout leur
donner une importance et des proportions que rien ne
semble justifier; car il est certain que les historiens et
les géographes anciens n'ont laissé aucune indication
particulière sur le commerce ou les établissements des
Phéniciens dans notre pays. Ce silence ne prouve rien
sans doute en faveur de ces établissements; mais on ne
peut non plus s'en appuyer pour les rejeter d'une manière
absolue. 11 ne fait que laisser le champ libre aux conjec-
tures et aux preuves étymologiques ou autres que les
savants modernes auraient pu présenter. Il s'agit donc
d'apprécier la valeur des conjectures émises à ce sujet
dans ces dernières années.
C'est surtout M. Puiggari qui a mis en avant les in-
fluences phéniciennes à propos du Roussillon. Sur de
simples données étymologiques, savamment étudiées et sou-
tenues par d'habiles explications, il en était veiui à admettre
connue histoii'c positive la fondation de litiscino, d'Illi-
beris et de Caucoliberi par des colons phéniciens. Divers
lieux du voisinage, tels que licrcal et MadaloUt, auraient
eu la même origine. M. Puiggari suivait ensuite les traces
des Phéniciens dans le haut Vallespir, où il retrouvait ce
nom de Madalolli. 11 ne signalait rien dans le reste du
Roussillon. Il indicpiait (puîlqucs dénominations sémiti-
ques dans le haut Conflent, et, comme couronnement de
son système, il trouvait une véritable colonie de Cretois
ou de Phéniciens, dans la Cerdagne, où les racines pu-
niques se nxultreraient à profusion. Eu effet, M. Puiggari
en cite un grand nombre, qu'il explique avec le concours
de Rocliart, dont la science n'est pas plus contestable que
74
riiabileté de notre archéologue '. Mais, tout en admettanl
que les noms de CaucoUheri, l'r, UUberis, etc., puissent
s'interpréter d'une manière savante, sinon certaine et
décisive, par les langues sémiti(|ues, on n'expli(iue pas
cependant comment ces dénominations, dont on com-
prendrait à la rigueur la présence sur les côtes roussil-
lonuaises, qui ont pu être visitées par les Phéniciens,
disparaissent presque complètement à mesure que l'on
s'avance dans l'intérieur du pays, pour reparaître, toul-
à-coup, en Cerdagne, dans des proportions extraordinaires.
C'est une bizarrerie dont on ne rend compte que par de
pures suppositions. Il j a, au contraire, une explication
bien naturelle, si l'on prend pour guide la langue de
l'ancien peu[)le que l'histoire signale réellement dans ces
régions; car la langue basque explique presque tous les
noms que M. Puiggari interprète par l'hébreu, ceux de
la côte, comme ceux des montagnes, et on rattache ainsi
les premiers aux seconds, par beaucoup d'autres noms
laissés par l'ancien peuple ibère, dans l'espace intermé-
diaire qui reste en blanc sur la carte étymologique de
M. Puiggari. Son opinion se trouve d'ailleurs formelle-
ment détruite par le témoignage de l'histoire. En effet,
outre le silence des auteurs anciens, qui n'ont jamais
signalé dans les parages roussillonnais la présence des ncls
de Tvr ou de Sidon, nous avons déjà cité les géographes
de l'antiquité d'après lesquels les côtes de la Narbonnaise
lurent peuplées par les Ibères. Quant au peuple cérétan,
nous avons le témoignage d'Aviénus (Ceretes, gens est
Iberiim) et celui de Strabon, qui dit en propres termes :
«On trouve, au milieu des Pyrénées, de belles vallées,
« occupées, en partie, par les Cerrelans, }ienple ibérien. »
(Liv. IV.)
Il faut donc rejeter, jusqu'à preuve nouvelle , toute
« Publkateur, année II, 2. 3. — IV, 25. 26. 'lO— V, 24. Stalittique
Pi/renc«»7ie de M. Du Mége.
influoDce phénicienne en Roussillon, et attendre que les
progrès de la linguistique et l'étude des anciens idiomes
ibéricns nous révèlent le sens de quelques dénominations
primitives de ce pays, qui résistent encore à toute inter-
prétation par la langue eiiscuara actuelle.
Circcs-Hassalfolc».
Les Grecs succédèrent aux Phéniciens dans les mers
occidentales, qui, dès le viF siècle avant J.-C, lurent
presque uniquement parcourues par les Rhodiens, et plus
tard par les Massaliotes. Ici, les données de l'histoire sont
moins vagues : elles indiquent positivement les colonies
grecques de Rliocla (Roses) et d'Emportés (Castellô) au
sud des Pyrénées; Lcucas , AgafJié-Ti/ché (Agde), etc.,
dans la Narhonnaise. Quant à la côte roussillonnaise
proprement dite, il est probable qu'elle fut explorée,
pour la première fois, par les navigateurs grecs, à qui
nous devons quelques-uns de nos anciens noms géogra-
phiques, ou du moins la forme sous laijuolle ils nous ont
été transmis. I)'ai)rès une ancienne tradition ' , les Massa-
liotes auraient fait jadis un grand commerce et entretenu
d'importantes relations avec le Port de Pyrhie, et on ne
peut nier que leur influence n'ait dû s'étendre au loin
dans l'intérieur même du pays. Mais on tomberait encore
ici dans le domaine des chimères et des conjectures
si on voulait faire l'application de ces données générales
à des faits particuliers. On ne trouverait pas aujour-
d'hui dans notre département un seul nom géographique
qui |)uisse être attribué avec certitude à la langue de
Massalic; et ceux mêmes que les auteurs grecs onl cités
ne se sont pas conservés sous la forme helléni(iue. Ainsi,
tandis (pi'en dehors du Roussillon et presque sur ses limi-
tes, on trouve encore aujourd'hui les noms grecs à^Ag(h\
' FesTts AviENUs, Ora marilima.
Leiicate , Roses et Emportes , nous n'avons pas conservé
la l'orme grecque Sordi/.('/ie pour l'ancien lleuve de l'étang
de Salses, ni même le nom grec AWphroditc au Port des
Pyrénées connu maintenant sous le nom latin de la
divinité de ces montagnes. Quant aux noms de liiar,
de Boïiskino, Polillc et autres de la même côte, où l'on a
cru trouver une étymologie ou du moins une tournure
grecque, nous ne voyons rien qui puisse affaiblir nos
doutes dans les explications fournies à cet égard. En sorte
que s'il y avait une conclusion h tirer de cette absence
complète de noms grecs sur la côte et dans l'intérieur
du Pioussillon , on comprend qu'elle ne serait guère plus
favorable au système des influences helléniques qu'à celui
des établissements phéniciens'.
> Ou ue peut cependant mettre en doute le passage des Grecs sur nos
cfttes, leur étalilisseinent au voisinage des Pyrénées et leur infleoce sur la
civilisation première des habitants de nos contrées, qui ont pu leur emprun-
ter, tout comme aux l'iiéniciens, des expressions et des idées commerciales
et religieuses, dont notre histoire et le catalan lui-même fournisseul des
preuves suffisantes; car il faut s'attendre à trouver des analogies de mots
là où il a pu V avoir importation d'idées ou d'objets matériels : alors la
vraisemblance morale vient s'ajouter à la vraisemblance philologique.
!\lais il est une classe de mots dont il faut exclure tout élément sémitique
ou iiellénique, tant qu'il n'est pas historiquement prouvé, tels sont les
nujus de rivières, de montagnes et en général les noms de lieux; car c'est
pour désigner des localités d'un pays qu'on emprunte le moins volontiers
à un idiome étranger, et il est certain que les établissements des Grecs, la
conquête des Romains, et, plus tard, celle des Wisigolhs, ont laissé sub-
sister dans notre pays un grand nombre de noms ibériens et celtiques
antérieurs a ces peuples. Il peut donc exister dans notre langue vulgaire
bien des locutions laissées par les Grecs qui fréquentèrent ilos parages;
mais il ne reste, aujourd'hui, en lîoussillon aucune trace des noms grecs
que l'histoire avait transmis; et cette disparition, (|ue nous croyons complète,
doit réduire à des proportions insignifiantes, la <|itistion des origine»
ou des influences greccpies dans ce pays.
i /
Romainiit.
L'an 058 de Rome (H8 avant J.-C), les Romains
envoyèrent une colonie à Narbonne, et, à partir de cette
époque, toute la province, qui porta désormais le nom
de cette ville, passa sous leur domination. Ils régnè-
rent dès lors en maîtres dans notre pays, jusqu'à la ruine
de l'Empire d'Occident et h rétablissement desWisigoths
dans les provinces de l'Espagne et de la Gaule méridio-
nale. Il ne faut donc pas voir ici des influences épliémè-
res ou fabuleuses comme celles des Phéniciens, ou de
simples relations commerciales, comme celles des Grecs
de Massalie. C'est la domination d'un peuple qui s'est
établi en maître dans le Roussillon , y a fondé des colo-
nies, des villes et des villages, construit ou réparé des
routes, des temples et des monuments de toute sorte, et
y a régné pendant cinq siècles au moins, par les armes,
les lois, les mœurs, les institutions, la religion, la langue,
les lettres et l'action irrésistible d'une civilisation beau-
coup plus avancée que celle des anciens Ibères. Aussi,
c'est Rome, l'ancienne Rome, qui se montre partout dans
le passé du Roussillon et dansle peuple qui l'habite encore.
Le catalan qu'on y parle aujourd'hui, n'est, pour ainsi
dire, que le latin privé de ses terminaisons; nos lois,
jusqu'à l'épotiue moderne, sont presque exclusivement
romaines; des traits de mœurs et les traditions popu-
laires nous montrent Rome à chaque pas parmi nous,
et une infinité de lieuv portent dans les débris de leurs
monuments, dans les médailles qu'on y découvre et jus-
que dans leurs noms actuels, des preuves irrécusables
de la domination romaine.
Ce n'est [loint d'ailleurs, comme on pourrait se le figu-
rer, siu' nos rivages seulement ou sur le parcours de l'an-
cienne voie romaine, mais encore sur les points les plus
78
reculés de nos montagnes , que ces décou vertes se font
et se feraient, pour ainsi dire, tous les jours. Comment
s'en étonner? Dès le premier siècle de notre ère, une
colonie romaine était fondée à l'extrémité de notre pro-
vince, au cœur du pays des Cerretans, dans la ville qui
porte encore aujourd'hui le nom de Livia. Les Latins
qui s'y étaient établis avaient dû nécessairement relier
cette position à la colonie de Ruscino et à la ville à'IHi-
beris, et ce ne pouvait être qu'au moyen d'une voie qui
suivait le cours de la Tet. Des témoignages certains et
des débris encore conservés, prouvent en effet qu'il y a
eu, dans cette direction, une voie importante qui |)artait
à'IUiberis pour aboutir a Livia, et tout indique que sa
création remonte au moins à l'époque romaine'. Notre
province fut donc parcourue dans toute son étendue, par
le peuple dont le souvenir remplit toutes les pages de nos
annales; et n'est-il pas évident que, pendant une domi-
nation de plusieurs siècles, l'inlluence romaine a dû s'é-
tendre, non-seulement sur le parcours de cette route,
mais encore sur les points les plus reculés des vallées
qui viennent y aboutir? On ne saurait dire assurément que
les Romains se soient établis sur tous les lieux habitables
de notre département, ni qu'ils en aient chassé ou exter-
miné les populations indigènes. L'histoire et la raison
démentiraient hautement de pareilles assertions. Tout ce
qu'on peut conclure des considérations qui précèdent,
c'est que tous les points de notre pays ont été connus et
parcourus par les Romains, qui ont pu, par conséquent, s'y
établir, se mêler aux populations primitives, et par suite
y laisser des traces de leur passage ou de leur séjour.
On comprend dès lors quelles proportions atteindrait
1 Nous auroas l'occasion de faire un jour riiistoirc de ce grand chemin;
pour le moment, nous nous bornerons à renvoyer à ce que nous en avons
dit dans un mémoire sur la Géographie hist. du Conflcnl (Bull, de la Soc.
des Pyr.-Oi., X, p. 70).
rélude de nos antiquités romaines, si on voulait les
rechercher sur tous les points oîi il peut en exister encore
des débris. Il n'y a pas de localité qui ne puisse en fournir
d'une manière ou d'autre, et l'on est pres(|ue tenté de sou-
rire en voyant les exclamations de certains archéologues,
qui sont tout surpris de découvrir, sur le territoire de nos
villages, des médailles ou des constructions appartenant à
un peuple qui a occupé ce pays pendant plus de cinq cents
ans, et Ta si bien occu|)é que, dès le premier siècle de l'ère
chrétienne, Pline disait qu'il ressemblait plutôt à l'Italie
qu'à une Province (liv. III, c. 3).
Il est évident qu'il y aurait d'intéressantes recherches à
faire à ce sujet, et des études suivies jetteraient des lumières
précieuses sur l'histoire de la domination romaine dans ce
pays. On parviendrait sans doute, par ce moyen, à marquer
pour notre département certaines régions ou zones dans
lesquelles l'inlluence romaine serait mieux constatée que
dans d'autres, et l'on ne peut méconnaître l'utilité et l'impor-
tance de pareilles recherches, quelles qu'en soient d'ailleurs
l'immensité et les dillicullés. !Mais il est certain , qu"à part les
données générales que nous venons d'indiquer, les anciens
ne nous ont laissé aucun témoignage particulier qui puisse
guider les explorateurs; de sorte qu'au lieu d'émettre des
conjectures plus ou moins fondées à ce sujet, nous nous
bornerons à reconnaître et à préciser la ])lace exacte du
petit nombre de noms transmis par les anciens et que l'on
peut inscrire avec certitude sur une carte de l'ancien Rous-
sillon, vers le iv^ siècle de l'ère chrétienne. Les inscriptions
romaines et les travaux des savants modernes n'ont ajouté
que des indications assez vagues et souvent inexactes, des
conjectures et surtout beaucoup de dilBcultés aux rares
témoignages des anciens géographes, et nous ne pourrions
nous livrer qu'avec une extrême réserve à l'examen de nos
antiquités et a la discussion dos preuves, des explications
et des travaux, dont elles ont é(<' l'ol>j«'t panni nous.
80
HontagneH» Caps et Fleaves.
MONTAGNES.
La chaîne de montagnes qui sépare le bassin de l'Lbre
de ceux de la Garonne, de l'Aude, de la Tet et du Tech,
portail sous les lloniains le nom de Vijrénées , et celte
dénomination générale s'appliquait, alors comme aujour-
d'hui , non pas aux rameaux qui s'en détachent et la sui-
vent quelquefois parallèlement, tels que les montagnes de
Toses, de Pug-mal, de Madrés ou du Canig(j, mais à la
chaîne principale, dont la ligne continue, malgré de fortes
dépressions, sépare presque partout le versant espagnol
du versant roussillonnais. Quelques auteurs catalans, ou
français, guidés par des préoccupations politiques tout-
à-fail étrangères à l'histoire et 'a la géographie, ont voulu
voir la ligne principale des Pyrénées, tantôt dans les
Corbières, ce qui n'a pas besoin de réfutation; tantôt dans
les serres de Toses, qui renferment des sommités fort éle-
vées et forment, au sud de la Cerdagne, une saillie bien
plus imposante que celle du plateau de la Perxa. Mais
cette opinion est formellement détruite par le témoignage
de Pline, qui déclare que les rivières d'illibéris, de Rus-
cino et de l'Aude prennent leur source dans les Pyrénées * .
Il est donc évident que ce nom de Pyrénées s'appliquait,
alors comme aujourd'hui, à la chaine qui entre dans notre
département au col de Puy-Morens, se dirige vers le Cap-
cir, descend ensuite au midi , dans la direction de Nuria,
et se prolonge, par les montagnes de Rojâ et de VAlhera,
jusqu'au cap de Creus.
' Flumen Atai r PvrciisDo Rubrensein laciim penneans (lib. 5, c. A).
SI
Il faul observer aussi, relalivenieiil au nom de ces
montagnes, que Polyhe et Tite-Live sont les seuls autours
anciens qui en parlent une fois au pluriel (rà njpr;va?a
opr,, Pyrenœi montes').
CAPS DES PYllÉNÉES.
La description de la côte maritime du Roussillon est
fort incomplète dans les auteurs anciens; mais elle ne peut
offrir de dilïicultés que dans la partie comprise entre
l'embouchure du Tech et celle de la Muga. On sait qu'il
existe, entre ces deux lleuves, une côte sourcilleuse qui
s'avance en pointe vers le sud-est, en décrivant une ligne
semée de promontoires, entre lesquels se dessinent de
petites anses et des ports plus ou moins importants.
TPous ces accidents sont produits par dos rameaux que
la chaîne des Pyrénées projette dans tous les sens avant
de disparaître dans la mer, et plusieurs d'entre eux se
prolongent encore par des masses rocheuses, dont la
tête se montre au-dessus des flots et forme des écueils à
une petite distance de la côte. Mais ces sinuosités n'ont
pas été décrites avec beaucoup de détails par les anciens,
et l'on ne s'est guère attaché, dans les temps moder-
nes, à chercher ce qu'il peut y avoir d'exact dans ces
descriptions, pour fixer les points auxquels ces indica-
tions pourraient se rapporter encore aujourd'hui. Voici
donc le relevé de cette partie de la côte, avec le petit
nombre de données que les auteurs anciens fournissent
-^ ce sujet.
A partir de la ville de Rhodn, que tout le monde s'ac-
• Partout ailleurs, ces deux écrivains, ainsi que Strabon , Ptolénire,
Mêla , Ccsar, Sallustc, Dion Cassius, Pline et Aviénus, en parlent au sin-
gulier; Pijrene, le mont Pyréne ou Pijrenée. Celle observation peut avoir sou
importance, i-t nous y reviendrons ailleurs.
6
corde à trouver dans celle de Roses et qui est, par consé-
quent, un point l)ien détorniiné, Polybe, Stralion et Pomp.
Mêla signalent divers promontoires, qu'ils appellent le^
caps (les Pijvénées (axpa rr,; Il-jprrj-nç , Pyrcnœi, promun-
toria). On trouve, eu effet, en parlant de Roses, les pointes
du château de la Trinité et del Falcô, les caps d'en Orfeo,
de Cadaquers, de Crcus, de Calaprona, de Lladô, de Port
bô , et, sur le territoire français, les caps de CandcU, de
Peiirc file, de Redcris, de VAbelle, de Ltcslrell et de Biar.
Les anciens ne les ont ni comptés ni nommés; mais il faut
admettre qu'ils en ont signalé deux au moins. Le premier, et
le plus important, est celui que Tite-Live ajipelle Promnn-
torium Pi/rcncs, lorsqu'il dit, qu'en l'an 218 av. J.-C,
P. Cornélius Scipion traversa le golfe (jaulois , fit le lonr
du Promontoire de Pyrène, et alla débarquer ses troupes
à Emportes*. Ce promontoire ne peut être que la pointe
extrême du cap dit aujourd'hui de Crcus; car il n'existe,
sur tout ce littoral, aucun autre point saillant dont le par-
cours mérite de figurer dans une narration hislori([ue.
C'est-là que nous retrouverons ce rocher qui s'élève si haut
(ou s'avance si loin dans la mer), et que Mêla dit très-rap-
proché de Cervera, en le signalant au navigateur comme
point de repaire entre la limite des Gaules et l'embouchure
du Thicis. Pour Mêla, la limite des Gaules est à Cervaria.
Le rocher ou promontoire en question se trouve donc plus
au sud, et cette situation convient parfaitement au cap de
Creus, qui est justement fins rapproché de Cervaria que
du tleuve Thicis, qui se jette dans la mer à VO. de Roses*.
1 Deindè Pyrenes circutnvectus prointintorium, Emporiis, urbe Grsera,
rDpias exposait (lib. 26, c. -19).
- « Cervaria lociis, finis Gallia»... A Cervaria pro\ima rst rupcs quœ iii
aUuin Pyrcnxiim oxtnidil. Di'iii Thicis liunu'n » (lib. 2, c. G).
On corrigerait volontiers ce passage, en mettant quam au lieu de qua;
celte correction, qui rendrait le sens plus clair, n'a «railleurs aucune im-
portance an point de vue de la géographie.
(
83
C'est le cap principal de toute cette côte, celui que Pline
se contente d'a|)peler « le promontoire, au-delà duquel se
«trouve Vénus Pijrént'cnne^. »
Vient ensuite le lieu Cervariu, dont le nom se conserve
encore aujourd'hui dans celui de Cervera. En suivant la côte,
on trouve le cap sur lc(juel était bâti le temple d'Aphrodite.
Strahon semble l'appeler une l'ois VAplirodision; mais il
est douteux que ce lïït-là le nom propre de ce promon-
toire. Le même auteur l'appelle, dans un autre endroit,
le cap Aphrodision de Pyrène, et Ptolémée le nomme, à
plus juste raison sans doute , le Promontoire de Pyrcne,
sur lequel est bâti le Temple Aphrodisien {Ptol., lib. II).
Il est bien évident que nous ignorons le nom propre que
ce promontoire portait dans les temps anciens; il n'est
déterminé i)our nous que par le temple qui le surmontait.
C'est donc à ce monument seul qu'il faut appliquer le nom
à' Aphrodision, temple ou hieron Aphrodisien, fanum
Veneris, et Venus Pyrenœa , que lui donnent les géogra-
phes anciens. C'est ce temple qui avait jeté un certain
éclat sur le Port de Vénus et sur son Promontoire , qui
était peu important par lui-même, et n'aurait sans doute
jamais été mentionné sans cette particularité.
Pomponius Mêla ayant placé le Porlus Veneris dans
les Gaules, dont il fixe la limite à Cervaria, on ne peut
songer à chercher ce port au sud de Cervera, ni le pla-
cer sur la côte française dans un lieu plus convenable
que celui qui s'appeljc encore aujourd'hui Port-Vendres.
«Ce nom, dérivé de Porlus Veneris, donne une sin-
« gulière force à l'opinion que nous soutenons. En effet ,
« il est aussi probable (jue l'on a désigné ce port par le
« nom de la déesse dont le temple avait été élevé dans
« le voisinage, qu'il le serait pou (pi'on lui eût imposé
' Pyrciidîi inonlcs tli^panias (iallinsqiie (lislfrininanl, ■promuntoriis in
duo ilivuisa maria |>iojectis.. . riuinon Ticliis. Al) ro l'yieiuva Vomis in
laloif yiramantorii altcio xi. m (lil), .3, <•. .>, lieacriplion de riCspagne).
84
« un pareil nom , si cel édifice eût été construit dans un
«endroit éloigné de sept à huit lieues'. »
D'après toutes ces considérations, nous placerons 1'^-
phrodision sur le cap Biar, qui forme un des points les
plus remarquables de cette côte, au sud de Port-Vendres.
Il est vrai qu'aucune découverte de ruines romaines n'est
venue signaler jusqu'ici, sur ce point ou ailleurs, la place
du Temple d'Aphrodite; mais les raisons énoncées ci-
dessus peuvent tenir lieu de preuves matérielles. Quoi qu'il
en soit, les anciens noms des deux pmmontoires pyrénéens
dont nous avons essayé de déterminer la position, demeu-
rent inconnus, et le nom (VAphrudisium ne peut s'appli-
quer à aucun d'eux, puisqu'il appartenait seulement au
monument élevé près du port de Pyrène à la divinité de
ces montagnes.
COTE ROUSSIIXONNAFSE — FLEUVES.
Feslus Aviénus est le seul écrivain de l'antiquité qui nous
ail laissé une description de la côte maritime du Roussillon,
description bien incomplète sans doute , mais fort impor-
tante, si l'on lient compte du temps auquel se rapportent
ces renseignements, puisés, selon toute probabilité, aux
écrits des navigateurs de Massalie, qui parcouraient les
côtes de la Celtique et de l'Ibérie vers le v^ siècle avant
l'ère chrétienne. Le poëme des Ora maritima se rattache
donc aux premiers temps de l'histoire et de la géographie.
Après avoir suivi les côtes de Barcelone et du pays des
Cérètes (Ampourdan), le poète géographe arrive aux Pro-
montoires de Pyrène, et continue ainsi sa description :
« A partir de ce point, s'étendait le peuple Sordus, vivant
« dans des repaires d'un accès diflicile, depuis l'endroit où
« les sommets de Pyrène couverte de pins... plongent dans
> De 6\Z4'Sï0i.*, Hist. du floi(,«,i., p. 58.
85
« les flots de la mer. Dans les confins du rivage Sordicène
«avait existé, à ce qu'on dit, la riche cité de Pyrène...
« Après le mont Pyrénéen, s'étendent les sables du littoral
« Ci/nétiqiie, que sillonne la rivière Roschinus; c'est-là,
« comme nous l'avons dit , le sol de la Terre Sordicène.
« Vient ensuite un étang et un marais d'une vaste étendue,
« que les habitants appellent Sordicène. De ce même étang
fl coule la rivière Sordus, entraînant quelque fois avec elle
« les eaux agitées de ce vaste golfe, dont les bords sont
« tellement étendus et ouverts que la fureur des vents y
« pénètre et en soulève les vagues ' . »
La description d'Aviénus s'applique parfaitement à l'état
actuel de la côte roussillonnaise, et l'on n'a pas même
besoin, pour la suivre, de prendre en considération, comme
l'a fait M. do fiazanyola-, les diangomonts que ces lieux
ont pu éprouver dans un intervalle de plus de vingt siècles.
11 n'y a donc qu'à expliquer et compléter cette relation
' Gens est Iberuni. Sordus \nie dt>ni(|uc
Populus agcbat intcr avios lucos;
Ac pertiuentes usque ad interius mare,
Qua pinifcrla; stant Pvreiia; vcriices
liitcr ferarum lustra <K'cuba[ntium]
Et arva late et guifjitera ponli preinit.
In Sordiceiii cespilis confinio
Quoiidaiii l'yreiiiC civitas dilis laris
Stelisse fertur : hicquc Massaliœ incolœ
Negotiorum sa;pè versabant virps.
Post Pijrenœum jiigum
Jaccnt arenœ liltoris Cynedci,
Kasquc lato sulcat amnis Roschinus.
Hoc SordiceiKP , ut dWiimis, globœ solnin est.
Stagnum bic palusiiue : qiiippe diffusé patet,
Lt iucolœ istam Sordiccn oognominant;
Pra^terque vasli (fur(;itis crepulas aquas
(Nani propler aniplum niaryiuis lanoe ambiluin
Ventis tumescit sœpe perccUcntibus)
Stagno bocabipsn.Çordiuamnisi'ftIuil. (Oramarit., v.S.V2à 599.)
- niil. du Rnuss , p. 5.
se
par les autres iiulicalioiis que rournisseiil les auteur*
anciens.
A partir des Prumontoires des Pyrénées, la côte roussil-
lonnaise se dirige vers le nord et prend une ligne presque
régulièrement droite, jusqu'aux rochers du promontoire
de Lcucas. Elle oH're partout une plage sablonneuse, dont
une partie au moins, celle qui s'étend entre l'embouchure
du Tech et celle de l'Agli, portait, dès les temps les plus
reculés, le nom de côte Kynctique, ou terre de Kynet ou
di Kyn ' .
La côte Cynétique donnait passage à trois cours d'eau
importants, que les auteurs anciens décoraient déjà du
nom de fleuves et dont nous allons nous occuper.
Par une singularité fort bizarre , aucun des historiens
* Ce nom a la terminaison ordinaire de l'adjectif helléuiquc, et si le
radical se rattachait à la langue grecque, il pourrait dériver du nom
X"J(a)V , XUVO^ (cLien), dont tout le monde saisira le rapport avec le
nom latin du village de Canet, qui se présente un des premiers da-us ces
parages. On pourrait en conclure que le nom de ce village remonte au
nïoins à l'époque des Rhodiens on des Grecs de Massalie, et les Romains,
venus ensuite, n'auraient fait que le traduire dans leur propre langue,
comme ils l'ont pratiqué pour le Port de l'Aphrodision, dont la traduction
latine Porlus Veneris, s'est seule conservée dans le nom actuel de Port-
Vendrcs. L'analogie est frappante, mais on ne saurait Pacceptcr; car un
examen attentif prouve que l'adjectif X'JVnrtXOÇ dériverait très-irrégu-
lièrcnieut du substantif XUCOV. Ou ne peut donc attribuer en ceci, aus
navigateurs grecs, autre chose que la terminaison tXOÇ, qu'ils auront
donnée au nom indigène kyn ou Kijnet, dont le sens nous est inconnu,
et qu'ils avaient sans doute trouvé en usage, parmi les habitants de la cote,
comme nom propre et primitif de ce pays. Ce sont les seules conjectures
raisonnables à émettre sur ce point, et si l'on voulait à toute force admettre
une influence phénicienne quelconque sur ce littoral , on comprendrait que
le peuple de Tyr ou de Carthage eût appelé Rous-Ktjno (Capitale du pays de
JiynJ , la ville la plus imporlaule de celte contrée; car le mot Kûs , Rôs ,
nom, signifie (été, chef, capitale, dans toutes les langues sémitiques. C'est
une conjecture qui en vaut peut-être bien d'autres ; mais ce ne sera jamais
qu'une conjecture.
87
OU géographes anciens n'a mentionné les trois Ueuves
roiissillonnais. Cliacun s'est borne à n'en citer que deux,
et bien qu'ils l'aient l'ait eu termes assez différents, il se
trouve cependant qu'ils nous ont transmis, en définitive,
le nom primitif et original de chacun de nos cours d'eau.
Le premier, en partant des Pyrénées, est appelé : le
fleuve Uebernis, par Polybe; — Ilijbirrhis, par Slrabon;
— Illérios et IlUberis, par les manuscrits de Ptolémée; —
Tichis ou ThicU, par Mêla; — Tccum ou Tichis, par Pline.
C'est aujourd'hui le Tech.
Le second est appelé: Roskynon, par Polybe; — Rouski-
nmi, par Strabon; — Houskynon, par le même (éd. de Casau-
bon); — Rouskio)!, par Ptolémée; — Roschinm, par Aviénus;
— Telis, par Mêla (pour Tetis). C'est aujourd'hui Fut Tet.
Le troisième est mentionné 'par Pline seulement, qui
l'a nonuiié : Vernodubrum. C'est aujourd'hui VAgli.
Les géographes grecs qui ont parlé des /leaves d'Illibéris
et de Rriscino ignoraient les noms que leur donnaient les
habitants du pays. Ils se sont contentés de les appeler du
nom des villes qui étaient près de leur embouchure, et
dont ils baignaient les murs. Il y a donc apparence que
si ces fleuves ont, en eflet, jjorté dans l'antiquité les noms
de fleuves d'Illibéris et de Ruscino, ce sont les villes qui
ont donné leur nom aux fleuves, et non pas les fleuves
aux Yilles*.
' Un seul écrivain, j'i notre connaissance, a étc d'un avis contraire.
M. 'i'astii { yotice sur Perpignan, n" I) a cru trouver pour le mot Rouskino
une ctymologic grecque (cour» vagabond, impétueux), qui, en effet, convien-
drait avec plus (K' raison à un (ietivc qu'à une ville. !\Iais cette élyniologie
ne peut s\ippli(|ucr régulièrement au mot Kino ou même hyno, couinie ou
le trouve écrit quelquefois. Elle est donc loin d'être convaincante; et,
d'un autre coté, serait-elle admissible pour /tousAiiio , qu'elle ne pourrait
l'être pour lllibcris; car ce dernier nom a une étymologie certaine, se ratta-
chant à l'ancienne langue des populations ibériennes, avec le sens de Yillc-
youvelte, qui convient parfaitement à un centre de population plus moderne
peut-être que Houikino, et ne saurait dans aucun cas s'appli(|uer à un fleuve.
88
Le fleuve qui passait à lilibéris porte aiijourd'ljui le
nom (le TtxJi. Les documents diplomatiques les plus an-
ciens l'appellent /lumcii Tcdius ou TItecus (8o5), Tecus
(878), /lumen Thcci ou Tixsl (968), et nous en concluons
que son nom véritable est celui de Tichis ou de Teciim
(au radical Tech) que lui donnent Mêla et Pline.
Le fleuve (]ni passait h Roushinn s'appelle dans les
anciens documents: //(/i'/»/>i- Tt-t/a (8o0j , Tencilmn, Tedo
(855), Tede (950), (7erf937), Tête (810). Il porte aujour-
d'hui le nom de La Tel, qui se trouve déjà , muni de l'ar-
ticle et sous la même forme, dans une charte de l'an 966.
C'est le fJnmn) Telis de Mêla ; car, mali^ré les remanpies
grammaticales de M. Puiggari, il semble dillicile de voir
autre chose qu'une faute de copiste dans la leçon Telis
du géographe latin '. En sorte que le nom de La Tet, qui
se conserve encore aujourd'hui, remonte aux premiers
peuples du Roussillon.
Ce fait esl certain pour lilibéris, et tout porte à croire qu'il en est de même
pour Uousliino. En outre, Polybo, Strahon et Ptolémée déclarent que chacun
des duu\ fleuves avait près de son cnilmucliure une inllc qui fartait le mCme
nom. r..e premier de ces écrivains fournit nionie nn ar(|uni('iit dicisif à cet
égard, car il :ie se borne pas à mentionner les deux fleuvcii d' lilibéris et de
Rouskino, et il parle dans la même phrase du fleuve de iVurfroiid, qui ne peut
s'entendre que de VAlax. Or tout le momie sait rorijjine du nom de Xar-
bona, qui s'appliijuait, non pas au fleuve do l'Aude, mais à la colonie fondée
dans son voisinage, l'an I I.S av. J.-C.
Il faut donc regarder comme un fait inconteslahle Tignoranre ou le silence
des écrivains grecs relativement au nom propre des fleuves du Uoussillon.
Ils se sont bornés à leur donner celui des villes dont ils arrosaient le terri-
toire, et ce sont les écrivains de Rome qui nous en ont lransn)is les noms
primitifs,
' • Le nom de Tkelis, a dit M Puiggari ('Sûtices sur F.tue). n'est autre chose
qu'un arrhaïsme; car les anciens, au rapport de Vanon, permutant / en /,
disaient précisément Thelis pour Thelis, en parlant toutefois de la déesse et
non de notre rivière. » I\I. Puiggari a dit ailleurs (Ituncinn. Public , II, 2):
" Telis, au lieu de Telis, ne peut être qu'une de ces nombreuses fautes de
copiste, avec lesquelles l'ouvrage de Pomponius Mêla nous esl parvenu. "
89
Le troisième fleuve roussillonnais est formé de la réu-
nion (le trois anUients presciiie égaux, portant tous des
noms qui remontent à une haute antiquité. Le premier,
sur la rive droite, qui porte, depuis le xiv^ siècle au
moins, le nom d'Adcsi;/, est appelé flnmen de Adadig
dans une charte du ô des cal. de juillet II 42 (Cari, du
Temple, fol. 78, r")- Le second alllucnt, (pii est le plus
important, porte déjà le nom de jhinuni AquUimim en
961 (Marca, n" 96). Le troisième aifluenl, sur la rive
gauche, appelé aujourd'hui Verdoblc, porte le nom de
Verndoble dans une charte de l'an 1558 (Reg. I de la
Proc. real , fol. Mo, et V, fol. 151), et rien n'empêche
d'y retrouver le Vernodubrunt de Pline. Cet afllucnt est le
plus rapproché de la côte, et il n'est pas étonnant qu'à
une époque où les Ron)ains ne connaissaient peut-être
que très-imparfaitement le' pays dit aujourd'hui de Fo-
nollet, ils aient donné au fleuve qui l'arrose le nom d'un
de ses principaux afllucnts. On voit cependant que, dès le
xe siècle, le fleuve portait le nom à'Aquilimim dans sa
partie inférieure, comme près de sa source au xii*'', et
ce nom se montre dès l'an 1278 sous la forme actuelle
de l'Agli*. On trouve un lieu de Moule AUjlino, dans le
pays de Fonollel, mentionné en 12H^.
Enfin, Aviénus a signalé sur la côte roussiilonnaise
un quatrième cours d'eau, Sordus amnis, que beaucoup
d'écrivains modernes ont confondu avec l'Agli. La des-
cription d'Aviénus ne [)ermet |)as la moindre confusion
à cet égard , puis(iue , à la suite du (kuve Roschinus, qui
ne peut être que la Tet, il cite encore dans le pays do
' Monastcriuin S. Pniili, super ripas /i^iii/i'iii (Riillt- île Tan 1120. —
BaLUZE, Bulles, n" lo. — llisl. de Languedoc, to. 11, prouv. 582).
2 Pro|iricU'S à Sainl-Ilippohle , arf ripam de l'Agli .. in flumine de l'Agli
(Cart. du Temple, fol. 88 r").
3 Ibid, fol. 16.
00
peuple Sonle, uu étang e)Uourê de marais, que les habi-
tants appellent Sordikcnc, et c'est de ce même étang que
sortaient les eaux de la rivière Sordus. On ne peut recon-
naître ici que l'étang mentionné également par Polybe,
Strahon et Mêla, et appelé aujourd'hui étang de Salscs,
dans lequel se jettent, en eflet, deux véritables cours
d'eau, aux(iuels la dénomination d'amnis peut parfaite-
ment convenir '.
Il Caut donc voir dans notre Fo7it Estramcr, celle fon-
taine de Salses signalée par Desclot comme limite du Rous-
sillon; c'est le fom Salsulœ de Mêla, la rivière Sordus
d'Aviénus, et rien n'empêche d'appliquer à notre littoral
actuel la description que les Grecs de Massalie en faisaient
il y a plus de deux mille ans^
' Pour que la rivière Socrfia d'Aviénus fût l'Agli , il faudrait adineUrc
(|iic, celte rivière se jetait ancicniicineiit dans Tétang de Salses. C'est une
opinion (|ue rien ne justifie, car l'histoire n'a mentionne aucun fait qui
j)nissc s'y rapporter; la disposition topographique du pays s'y oppose, et
M. de Gazanyola a prouvé historiquement l'impossibilité du passage de
l'Agli dans tout autre lit que celui qu'il a de nos jours. Aucun géographe
ancien n'a fait mention de l'Agli à l'exception de Pline. Aviénus a donc
pu le passer sous silence, comme il Pavait fait pour le Tech. Il s'est borné
à signaler sur ce littoral cette source merveilleuse et abondante, cette
fontaine de Salsulœ, mentionnée par Mêla , et qui mêle ses eaux avec celles
de la mer dans Pétang de Salses.
2 II y a i|uelqucs observations importantes à faire sur les noms primitifs des
rivières et des cours d'eau du lloussillon. On peut remarquer, qu'à Peï-
ccplion de ceux qui appartiennent évidemment à la langue et à la période
latine, ils sont presque tous monosyllabiques, et qu'ils se retrouventsouvcnt
sous des formes identiques sur les deux versants des Pyrénées orientales.
Ainsi les anciens nomment déjà, au nord et au sud de ces montagnes, les
fleuves Tichus ou Tecus , et on y retrouve le Teser du moyen-àge, la Ter de
nos jours, dont l'analogie avec la Tel ne peut échapper à personne. Il en
est de même de la rivière Sordus, qui semble se retrouver dans le nom de
certains cours d'eau mentionnés dans des documents d'une date asse::
ancienne, et dans (|uelques ravins connus encore aujourd'hui dans notre
plaine et jusque sur les lianes du Canigd, sous le nom de correchs d'ayijues
sourdes. Le mot sorrc ou sourre, dont nous ignorons Porigine, mais qui a
91
Quel était le nom propre du pays dont nous venons de
parcourir le rivage? Nul ne le sait. Tout porte à croire,
cependant, qu'au vp siècle av. J.-C. les habitants dési-
gnaient sous le nom de terre de Cynel ou de Kyn, la partie
du rivage comprise entre les embouchures du Tech et de
l'Agli, sans que l'on puisse déterminer si cette dénomi-
nation s'appli(iuait à la côte seulement ou à l'intérieur du
pays. Quant aux écrivains grecs ou latins, ils ne l'ont
désigné que par le nom qu'ils donnaient aux populations
de la côte, qu'ils appelaient Sordoncs. Ils connaissaient
donc, depuis le vF siècle av. J.-C. jusqu'au ii^ de notre
ère, sous les noms de reyio, ou même ora Sordomim,
tout le littoral qui s'étend des caps des Pyrénées jusqu'à
la fontaine de Salses. Ce nom fut-il maintenu dans la
suite, et à cpielle époque celui de Pagus Huscinonensis lui
fut-il substitué? Les anciens auteurs sont complètement
tant d'analogie avec le nom «le la fontaine de Salses et de l'ancien peuple
de notre littoral, s'eniploie aujourd'hui en Kousstlion pour désigner le sa<i/e
ou gravier déposé par les torrents et les rivières. Dans le patois de Béziers,
sourro signifie eau trouble et bourbeuse. Le mot sorde désignait, peut-être,
«hez les peuplades primitives de nos Pyrénées, une eau trouble et limoneuse,
stagnante ou sauniàtre, et correspondait an mot Vassa, qui désigne
aujourd'iuii des cours d'eau de celte nature .'i l'rades, à l'erpignan, .i Tatzo,
à Cornella-del-Vercol , dans la Salanca,etc. Nous ferons même observer
que la Vossa de Perpignan est appelée flumeii Vasse Stremere dans un acte
de l'an 1309 {IK'ij). de Perp., liasse 2'i , n" 23). L'on sait (|uc l'ancienne
rivière Sordus, le fons Salsulœ, porte aujourd'hui le nom de Font Eslramer.
Tont le monde aussi sera frappe de l'analogie (|ui existe entre le nom de
la iTvière Adasig et i^'lni d'/:(/«x, Alace, Atax, anciennes dénominations de
la rivière d'iarfe, et celni i'Adesate, porté au ix* siècle par le bourg d'jlxo/,
dans le pays de Fonoiiet. lùifin, on trouve dans une rliarle de l'an 808
un rivulo \'erucdupi:i (il faudrait lire peut-être VernaduiiliJ dans les montagnes
du Termenès ou du Pierre-pertusès, où le Vernodubrum des anciens prenait
aussi sa source. Ces derniers noms, qui semblent de la même famille, in-
dit|uerai<'nt peut-être, pour les populalions primitives de iaiioien pa>s de
Fonoiiet, une origine distincte de celle des anciens habitants du Roussillon
proprement ditetdelaCerdagne, où les noms prnnitifs sont presque toujours
monosyllabiques, et semblent se rallacher à un idiome diffen'ut.
92
muets k cet égard. Il n'existe donc aucun témoignage
qui puisse autoriser à faire remonter cette dénomination
a l'époque romaine, et il est certain que le nom de Pagus
Rusci)ionensis, ou plutôt de Comilatm Rossolionoisis, se
trouve écrit, pour la première fois, dans une charte re-
cueillie par M. Fossa, qui l'attribue à l'an 801 '. Ce ne
serait donc que sur de simples conjectures qu'on pourrait
inscrire le nom de Pagus Ruscinonensis , à la place de
celui de Regio Sordomim, sur une carte historique de la
Gaule antérieure au viF siècle de notre ère.
IVoms de Peuples et Limites.
Nous laissons de côté les Miromandui, les Taleli, les
Perpinianœi et autres peuples fantastiques, établis, avec
plus ou moins de crédit et de raison, par divers écrivains
modernes, dans l'ancien pays de Roussillon. Les médailles,
les inscriptions et les auteurs anciens n'apprennent abso-
lument rien à cet égard , et il est certain que les seuls
peuples mentionnés par les écrits de l'antiquité classique,
qui peuvent être réellement placés dans ce pays, sont les
Cerelani et les Sordones.
SORDO>JES.
Comme nous l'avons vu, Aviénus, dont le témoignage
se rapporte au moins au vi^ siècle avant J.-C, place le
peuple Sorde sur la côte qui s'étend des Pyrénées à l'étang
de Salses. Il appelle cette côte, Sordicène, et nous apprend
que les habitants donnaient ce même nom à l'étang et aux
marais qui livraient passage à la rivière Sordus.
Cet état de choses n'avait pas changé au siècle d'Au-
guste ou de Claude, et Pomponius Mêla, décrivant les
• Docum. inédits sur l'IIisl. de l-'rance, extraits de la Dililiolh. Roy. et des
Arcb. el des Uihiioth. des Départ., lo. III.
I
93
côtes de la Narbonnaise dans un ordre diamétralement
opposé à celui d'Aviénus, arrive h la fontaine de Salses
(liv. Il, c. 5), où commonçaif, d'après lui, la région des
Sonlones*, dont il parcourt la côte maritime jusqu'au lieu
de Ccrvaria, limite des Gaules, et sans doute aussi du
peuple en (piestion. Enfin, un demi-siècle après, Pline-
l'Ancien, décrivant à son tour la Province Narbonnaise,
y inscrit quelques noms qu'il semble emprunter à une
table géograpliique, et en se dirigeant des Pyrénées vers
Narbonne, il place a la région des Sordones^ sur la côte,
« et celle des Consuarani ^ dans l'intérieur. y) Voilà les seuls
' Il V a Sordomtm dans les tnciliciirs manusi-rils de Mêla , et cVst la leçon
qu'à choisio le ileinierelsavaiitécliteui- ( Tzscnicii, Ed. de Mêla, t II, p.-îOG, —
VVai.ckenaèh, Géographie des Gaules, In. Il, part. II, c. A ). Le mot Sordones
est une nouvelle forme latine du mot .Sordi d'Aviénus; mais il désigne
évidemment le même peuple.
2 In oru regio Sardonum, inlusqut Consuaranorum (liv. III, cli. .'5). Tous
les éditeurs de Pline se sont obstinés à écrire Sardonum au lieu du Sordonum
que portent les meilleurs manuscrits , ainsi que Tavoue le P. liurJuuiu ;
aussi les critiques les plus savants u'ont-ils pas hésité à considérer la leçon
Sardonum comme une erreur, soil qu'elle provienne de Pline lui-même,
soit (|u'il faille ratlrilnier aux copistes de ses manuscrits. Quoi (|u'il en
soit, tous identilient ce peuple avec celui des Sordones mentionné par iMéla.
3 (À's Conswrani (jui' l'iine a mentionnés en deii'; mots, à la suite des
Sordones , ont donné lieu à divers systèmes qui ont lour-à-tour promené ce
peuple depuis les teries dites aujourd'hui du Conllent, jusqu'aux rives de
lu Garonne. M. de Marca a dislin{jué les Consuarani des Consoranni , en
|)laçant les premiers dans le Conllenl et le (^apeir, les seconds sur la rive
droite du haut cours de la Garonne. Dom de Vie, Demi Vaisséte, MM. Henry;
Puigdari, de Gazanyola et hien d'autres, ont adopté cette opinion , rejetée
par d'Anville, et acceptée, sous certaines réserves, par M. Walclieiiaér. Par
des raisons que personne n'a sérieusement combattues, d'Anville, a place
les Consuarani et les Consoranni dans le pays appelé plus tard le Couserans,
et tout-à-fait en dehors des Pyrénées- Orienlales. Quant à !\I. de Marca, il
s'est hoiiié , pour toutes raisons, à citer le passajje de Pline, Doni Vaissète
et tous les auteurs venus à la suite ont adopté l'opinion de Marca sans autre
examen , et tous ces écrivains se sont ainsi bornes à sappuver sur l'opinion
de leurs devanciers, ^ans y ajouter aucune preuve ou considération nouvelle.
94
Icmoigiiages que raiiliqiiilé nous ail transmis sur le peuple
de notre littoral. Polybe et Strabon ajoutent que ce pays
était i)euplé par des Celtes, par des iianhiis selon Tite-
Live, et Plolémée étend les Vohqucs Arckominucs jus(pi"aux
Pyrénées : ce qui veut dire, tout simplement, qu'aux yeux
Od se retrouve donc en face de Pline lui-incnie, et il ])eut être bon d'exa-
miner si son témoijjiiage n'a pas iHc iiitcr|)rcté iliine nianiiTe, arbitraire et
i)ar suite erronée. IMinc nomme tout simplement, parmi les peuples de la
Narbonnaise, « les Sardanes sur la cote, et les Consuarani dans l'intérieur. »
Mais (jnel est le sens du mot initis? Demandons-le a Pline lui-même.
Le procédé de cet auteur, dons ses descriptions géograpbiqnes, consiste à
inscrire d'abord les noms des villes qu'il Ironve sur le bord de la mer, pour
donner ensuite ceux de l'inti'ricur des terres. C'est ainsi (|u'après avoir décrit
les cotes de l'Espagne eitérieure, il place, à l'inlèrieur , \os Ausetani, les
Lacetani, les Cerrelani et les Vascons: « Post eos... intus receJcntes radiée
« Pvrena?i, Ausetani , Lacetani, etc. In ora autem colonia liareino. » (Uisl.
Nat., III, 4. ) De même pour la Narbonnaise, dont l'intérieur, était occupé
par les TricoUi, les Vocontii, les Segovellavni , les Allobroges , etc. « Ei inliis
(I Tricolloiuin , Vocontiorum et Segovellaunoruni : mox Allobrojjuni. At
«in ora Massilia, etc. » fibid., III, S.) Tous ces peuples étaient considé-
rablement éloignés du rivage; mais, comme on le voit, ce sont toujours
les mêmes expressions qui reviennent (in ora, intits), et tout ce qu'on peut
logiquement inférer du langage de Pline sur le point que nous examinons,
c'est (|ue, vers les Pvréiiées, la limite de la Narbonnaise était occupée, aux
deux extrémités, par les SordoHfs à l'est et par les Constiarani à l'ouest, sans
que !e géograpbe ait fixé le point qui aurait pu leur servir de limite coui-
luunc, ni mentionné aucun autre peuple dans l'espace qui pouvait les séparer.
llcsU' à savoir si, en portant au cours de la Garonne les limites de la
Narbonnaise, nous demeurons dans les données géograpbiques de Pline.
Or, cet auteur se borne à indiquer les monts Gebenna connue une des limites
de cette province, dans laquelle il place d'ailleurs les Tolosani sur les confins
de l'Aquitaine : « A rcliquù vero Galliâ latere septenitrionali montibus
Il Gebenna cl Juia... In mediterraneo coloniœ : Arelate Sextanorum ,...
« Tolosani Tcclosaçium , Aquitania; coulermini. » (Ibid., III, îi. ) — H n'y a
donc rien, dans ce (|uc nous avançons, qui ne soit pleinement d'accord
avec le dire de cet écrivain, et, si ces raisons sont logi(|uenieiit déduites,
il en résulle que le peuple Consuaran doit être dérinitivement fixé sur la
rive droite de la Ilaule-tiaroiine, et qu'on ne saurait s'appuyer sur le
témoignage de Pline pour le placer dans le Coiillent ou dans toute autre
partie du département des l'yrénées-Orientales.
95
(le ces écrivains, les villes d'Illibéris et de Riiscino se
trouvaient comprises dans le pays qu'ils appelaient (hiule
ou (\'llique\
< Il ii'csl plus (nipstion du peuple Sorde après le premier siècle de l'ère
cliréliennc, cl celle ilisparilioii du nom d'un peuple, qui n'a laissé aucune
trace dans le pays qu'il a occu|>é, fait iiailre des doules assez lé(;iliine!, sur
la justesse de celte dénomination. On observe , en effet, qu'en général , les
noms des peuples gaulois de la période romaine se sont conservés pendant
tout le moyen-àjjc, et souvent jusqu'à nos jours, et l'on s'e\plii|ue dilfici-
'eiiienl (|ue des noms nationaux aient fini par disparaître, lorsque les
l)euples qui les portaient n'ont pas été complètement détruits. On remarque,
au contraire, que les noms qui lombenl ainsi en oulili, sont souvent des
dénominations arbitraires on purement scientifiques, qui n'ont jamais été
adoptées par les peuples auxquels on les appliquait. N'y a-t-il pas aujour-
d'hui, sur divers points des côtes d'Afrique et d'Amérique, des noms de
peuple imposés par le caprice des navigateurs et dont les populations ne se
doutent même pas? Pourquoi u'cn serait-il pas de uiéiiie des Sort/es .i*
Les premiers navigateurs grecs qui parcoururent les côtes de notre terre
de Kyn , y trouvèrent un peuple dont le nom jiroprc leur était inconnu.
Ils remurquètcnt surtout, dans ces parages, un phénomène naturel qu'ils
entourèrent de prodiges et de merveilles. L'imagination grecque accumula les
fictions sur celle fontaine de Salses, qui surgissait à l'entrée du Houssillon.
Ce nétaieul que contes et récits surlcslagunesqui l'entouraient, les iles ilot-
tautcs qui la dérobaient quelquefois aux regards des curieux, et les poissons
fossiles que le trident frappait dans les cavités de ses champs suspendus.
Les indigènes lui donnaient le nom de Sorde, ainsi (|u'aux marais qui l'avoi-
sincnt. C'en fut assez pour les navigateurs de Massalie. Ils donnèrent à
toute celte cote et à ses liabilants le nom de cette source, dont la description
tient plus de place que tout le reste du pays dans les ouvrages des géographes
anciens. Les voyageurs modernes n'ont pas procédé autrement, pour beau-
coup de pays et de peui)les découverts dans les deux derniers siècles.
Les terminaisons mêmes (cespcs SordiccHM.f, gleba Sordiccno , stagnuni
Sordifoi) qui sont celles de l'adjectif hellénique, trahi.ssent l'origine et
l'histoire de ce nom, et tout concourt à prouver (jue son emploi remanie
au moins à l'époque des Grecs de Massalie. Mêla et Pline rempruntèrent
aux écrits des géographes qui les avaient précédés ; mais rien n'indique
que les habitants l'aient adopté, car, si c'ertt été leur nom propre, ils l'au-
raient conservé,.! la place de celui de pays de liuscino. appli(|ue depuis plus
de onze siècles au pays dont on attribue le rivage aux anciens Sordes.
L'opinion qui ferait veuir ce nom d'une colonie do Sardaignc ne pourrait
s'appuyer que sur la leçon de» manuscrits de Pline, qui écrivent Snrdnnfx
96
CER RETANS.
Il est facile de reconuaitre le peuple cérélan dans ces
Cérèles et Acrocêi'èles qui , au v^ siècle av. J.-C. , étendaient
leurs tribus jusqu'aux ctablissemenls d'Empories(AviENUS,
Ora mar., v. ooO) '. Ils occupaient alors toute la ligne des
Pyrénées orientales, depuis le Sègre jusqu'à la mer, et
s'étendaient, au pied de ces montagnes, dans les pays
appelés aujourd'hui de Berga, de Vich et de Résalu.
Il n'y a aucune difllcullé à admettre une communauté
d'origine pour toutes les populations du versant méri-
dional des Pyrénées, dans les limites que nous venons
d'indiquer, et il n'y avait-là que des peuples d'origine céré-
tane ou ibérienne, comme le dit Aviénus, d'après les écrits
des navigateurs de Massalie. Quant au versant septen-
trional, correspondant au Roussillon , nous avons le
témoignage de Slrabon , qui trouvait le versant espagnol
des Pyrénées beaucoup plus boisé que celui de la Celtique.
le nom (|no les autres écriv;iins antéjicurs écrivent Sordones et Sorrfi. Ce
systétne doit sécrouli'r et dis|)arailrc avec, cette fausse leçon. Nous rejetons
également rétymologic qui ferait dériver ce mot d'une colonie de Tyr,
parce qu'une pareille orijjiiic ne peut s'appuyer directement sur aucun
témoijjnajje positif de l'histoire, et surtout parce que la racine phénicienne
Tsor ou Tzour, qui est, en effet, le véritahle nom de Tyr, n'aurait jamais
pu produire le dérive Sori par les règles et les procédés connus des langues
sémitiques. Le témoifpiajjc des auteurs anciens subsiste donc tout entier.
D'après eus , le peuple appelé Sorde était d'origine celtibérienne , et c'est
seulement dans les débris des anciennes langues ibères et celtiipies qu'il
feindrait chercher l'origine de son nom.
' Quelques éditions donnent Aucocereles, au lieu d'icroecreles, qui signifie
en grec Cerélesdc-la-mnnlagne. C'est sans doute sous ce nom que les connais-
saient les habitants d'Empories; et comme Aviénus adopte ordinairement,
pour les noms de lieu.x , les traductions et les terminaisons des écrivain»
grecs (|u'il avait consultés, nous ne voyons aucune raison pour conserver
la le^-ou iueneerelcs, qui n'est probablement qu'une erreur de copiste.
!)7
« Cepentlani, ajoulait-il, il y a au milieu des Pyrénées des
«vallons pariaitfiinent habitables, qui sont peuplés de
« Cerretans-Ibéiiens '. » J)ans la pensée de Slrabon, ces
magnifiques vallons, (pii contrastaient avec les terres
généralement dénudées du reste de la Gaule , au milieu
desquelles ils laisaient exception, ne pouvaient être
compris que sur le versant septentrional , et ne devaient
s'entendre que des hautes vallées de l'Aude, de la Tet et
du Tech, qui, pendant des siècles, ont eu, en effet, des
souverains communs avec la Cerdagne, et bien distincts
de ceux qui dominaient sur le littoral roussillonnais '.
Quant aux Atacini, que l'on s'accorde à placer vers
la partie supérieure du cours de l'Aude, ce n'est pas un
nom de peuple proprement dit, c'est une manière de dési-
gner les populations (pii habitaient sur les bords de cette
rivière, connue on appelait .Surt/es ceux qui se trouvaient
aux environs de la rivière Sonie. Dans tous les cas, cette
dénomination ne pouvait s'appliquer qu'à une partie infi-
niment réduite de notre province, et nous nous croyons
fondé à conclure que le peuple Cérélau est le seul qui
A:jrr/ç ok rr,ç nupriv/jç to ^h Ior;p£xov -jrXs-jpov ,
£^SvjSpo-j ro «5£ KeXtïxov liùfrj. 'Vol S\ ixigoi. iurj-yi,
Ksppy/rxJo':, to '::\(o-j ro~i lSoptxo~j (p-j).o-j. I.il, |||.
- La question de l'ori(;iiiL' roivlaiif îles anciens liabitanls Ju Confient ne
présente aucune diliiiiilté. Quant à celle des |)i)|Uilatioiis ilii liant Valles|)ii-,
nous avons les noms, cucoïc couscivés, de Ccrel et Saint-l.anrent-de-Ci^ii/rtiis.
On a dit, il est vrai, dans l'annuaire de^Sô^l : « 0» présume que ee viliajje
« lut une lolonie de vassaux cerdaf;nais, transférés des sonnnités de la l'erche,
« on iNotre-Daine de Vallespir avait prieuré et hospice, n C'est une simple
conjecture. On trouve déjà, dans un acte du 18 août l59'i , Franeois Itru-
dada, rectoT Eccksie Sancii- Lamcncii de Serdanis (Arcli. de r!!o|). de IVrp ,
plech ô!(, n" '< ) , et on ne peut voir dans celte dénomination, comme dans
celle de Cèrel, que des souvenirs de l'ancien peuple Ctrélati que Strabon
sii;i\alait déjà dans ictle valliT.
98
ait été désigné par les anciens, comme ayant réellement
occupé les pays du département actuel des Pyrénées-
Orientales. Dès les temps les plus reculés, il en avait
peuplé les hautes vallées que ses descendants occupent
encore aujourd'hui sous le même nom. Nous n'insisterons
pas davantage sur ce point.
E^îiuiteN nutnrolloM.
!.os limites naturelles de la France et de l'Espagne sont
aussi anciennes que le monde, et, s'il n'y avait à décider
qu'une simple question de géographie physique, la discus-
sion ne serait ni longue ni difficile. Mais la limite naturelle
des Pyrénées a-t-elle été reconnue comme limite politique
dans les temps qui ont précédé la visite des Grecs ou la
domination de Rome? On peut en douter. Rien ne prouve
que cette limite ait été reconnue, durant cette période, par
les peuples qu'elle concernait, et l'histoire nous montre,
au contraire, des populations de race identique, établies
sur les deux versants des Pyrénées orientales. Ces mon-
tagnes ne furent jamais une barrière pour les populations
ibériennes, qui ne purent, en aucun temps, les accepter
comme les bornes de leurs établissements. Ne voyons-
nous pas, en effet, pendant tout le moyen-âge, les Comtes
de la Marche hispanique, à cheval, pour ainsi dire, sur
ces montagnes et réunissant sous un sceptre commun les
pays qu'elles semblent séparer? Le Roussillon proprement
dit, soumis aux Comtes d'Empories; le haut Vallespir, à
ceux de Bésalu; tandis que les Comtes souverains de
Cerdagne, établis aux sources du Sègre, du Llobrégat et
du Ter, de la Tet, de l'Adesig, de l'Aude et même de
l'Ariége, dominaient sur les pays de Berga et de Ribas,
comme sur le Confient et le Capcir. Voilà les choses telles
que les a comprises le génie des populations de notre
ancien pays. Et ces faits parlent assez par eux-mêmes. Ils
99
ne se seraient jamais produits, sans les causes que nous
avons indiquées, et qui seules ont pu les faire durer presque
jusqu'à nos jours. Il n'y avait donc aucune différence d'ori-
gine entre les Ibères de la Catalogne ou du Roussiilon, et
la limite des Pyrénées ne fut jamais pour eu.v ipi'une
fiction de la politique ou de la littérature.
liiniïtes lii«s(ori<|neM.
Cependant, lorsque les contrées occidentales commen-
cèrent à être mieux connues, les historiens et les géographes
ne tardèrent pas à y reconnaître deux races distinctes, quoi-
que confondues sans doute à leur point de contact, qui ne
fut jamais bien déterminé. lisse bornèrent donc à diviser le
terriloiie occupé par ces deux nationalités en deux contrées
distinctes, celle du nord, dont ils firent la Gaule Transal-
pine, et celle du midi, qui forme l'Espagne ou Ibérie. La
limite des deux races ne pouvant être déterminée, on leur
imposa celle des Pyrénées, qui furent censées séparer
désormais la Celtique de l'Ibérie , sans tenir compte des
Ibères qu'on laissait au nord de la chaîne, ou des peu-
plades celtiques qui vivaient encore au milieu des Ibères,
comme l'ont reconnu César et Strabon.
La limite des Pyrénées eut donc une existence histo-
rique dont il faut tenir compte, et c'est à ce point de vue
que nous allons nous en occuper, en ce qui concerne la
partie orientale.
L'historien Polybo en parle le premier, à propos de la
seconde guerre punique; mais ce n'est guère à ses yeux
qu'une simple htnrilre naturelle, qui s'étend depuis la
Méditerranée jusqu'à la mer extérieure*.
ll-jpyjvatojv opôiv, a. Starîivei xotra to cjve^^cç àiro -f/;
iS-noaç xix: Kr/TO-jç. Pmvn., lib III. 3.«i n 39
too
Strabon, Mêla, IMine , donnonl eiisuile la chaine des
Pyrénées comme la limite de la Gaule et de l'Espagne, et
Silius Italicus y a trouvé matière à trois vers excellents,
où il consacre un mensonge historique, en désignant les
Pyrénées comme la limite cterneUc des Celtes et des Ibères,
qui ne l'ont respectée en aucun temps :
Pvrenc ccls;i nimbosi veiticis arce
Divises CcUis latè prospectât Iberos,
Atiriie nnterna tenet inajjnis divortia triris. (l.ib. III, 'H" cts.].)
Nous l'avons déjà dit, la limite des Gaules et de llltérie
suivait anciennement la chaîne des Pyrénées. Elle est fa-
cile à suivre sur toute sa longueur, et c'est seulement à
l'extrémité orientale et au voisinage de la mer Méditer-
ranée que commencent les incertitudes ou les variantes ;
car les auteurs anciens indiquent, pour la limite extrême
sur la Méditerranée, deux lieux différents qu'il inqiorte
de reconnaître exactement.
Strabon signale le désaccord qui existait déjà sur ce
point parmi les écrivains de son temps i où yap oaoXoyî'rcci).
On désignait alors deux endroits pour cette limite , et il
parait se ranger à l'opinion qui la mettait au Temple
d'Aphrodite, correspondant au cap Biar ; Ptolémée adoptr
aussi cette limite , sans faire mention d'aucune autre.
Selon d'autres écrivains, dont Strabon rapporte l'opi-
nion, la limite des Gaules se trouvait lixée aux Trophées
de Pompée, situés sur la route qui conduisait d'Italie en
Espagne. C'est l'opinion que Pline a adoptée, et il dit,
à deux reprises différentes, que les Trophées de Pompée
étaient situés sur les limites (fines) de l'Espagne ultérieure' .
Enlin, Mêla ne parle point des Trophées de Pompée;
mais il se sert de la même expression que Pline; il
' Tioph.Tis suis quic slaliiebal in PynMi.rn .. ad fines lliapanitr iiltoriuris
(Hist. Vur, liv. III, 5 et VII, 2(i.)
e
101
indique le lieu de Cervaria comme la limite de la Gaule
(finis Galliœ), et nous espérons prouver plus loin que ce
lieu, facile à reconnaître encore aujourd'hui, correspond
exactement à celui qu'indiquent Pline et Strabon, sous le
nom de Trophées de Pompée. Le cap de V Aphrodision et
Cervaria sont les seuls points signalés ponr notre limite;
mais on ne peut hésiter h adopter le second. Les Trophées
de Pompée ou l'anse de Cervern, voilà donc le lien que
les Romains avaient adopté pour la limite de la Gaule et
de rihérie; c'est celui qui, de tout temps, a borné le
territoire de Banyuls-sur-Mer, et qui sépare encore au-
jourd'hui la France de l'Espagne.
■^Imites et di«'i«iuu^ g>arlâculierc« «Iok itciipleM
de l'anvie» KoufthiEEuit.
Nous avons dû nous borner à indiquer la limite poli-
tique (dans le sens historique du mot^ de l'ancienne Gaule
et de ribérie : à ce point de vue, il y a des données assez
précises, qu'il n'était pas inutile de reconnaître. Quant aux
limites ethnographiques des Golls et des Ibères, ce serait
peine perdue que d'en rechercher le moindre indice dans
la province roussiilonnaise. Il ne serait guère plus utile de
chercher les limites géographicpies des anciens Cerétans
et des Sordes, ou des autres peuples de la même famille
qui ont pu s'établir, sous divers noms, dans ce pays; car
tout le monde sait que les peuplades, plus ou moins
indépendantes, fixées dans nos vallées, étaient souvent
désunies par la passion ou par des intérêts, dont il se-
rait impossible de suivre les vicissitudes. Tout porte donc
à croire qu'au voisinage des Pyrénées, par un phénomène
encore saillant de nos jours, les mœurs étrangères et indi-
gènes se confondaient et se mêlaient comme les races.
Nous avons vu, il est vrai, certaines caries d'amateurs,
qui placent chacun de nos |ieuples dans des espaces bien
10-2
déterminés, couverts de noms de villes et de villages, et
M. Henry', entre autres, a suivi de point en j)oint, avec
toute la précision de la topographie moderne et sans autre
guide que son imagination, les prétendues limites des
Sordes, des Consuarans et des Indigètes, qu'il avait jugé
à propos d'établir dans l'ancien Roussillou. Ce sont des
tours de force que nous n'avons pas le courage de tenter.
Les auteurs anciens n'ont absolument rien dit à ce sujet;
ils n'ont indiqué nulle part les limites des Sordes et des
Cérétans, en admettant qu'il en existât entre eux, ni
celles qui pouvaient les séparer des autres peuples établis
sur les bords de l'Aude. On ne saurait donc trouver mau-
vais que nous laissions cette question dans la profonde
obscurité qui peut seule la caractériser, et que nous
nous arrêtions aux limites que l'histoire elle-même s'est
imposées.
Lorsque l'ancien Roussillon passa sous la domination
de Rome, il ne pouvait exister que des divisions essen-
tiellement variables entre les peuples qui l'occupaient;
car les races étaient confondues, et leurs intérêts poli-
tiques variaient incessamment. Les limites politiques ou
géographiques n'ont pas grande valeur dans l'état de bar-
barie; il n'y a de divisions réelles et nettes que celles
qui répondent aux besoins d'un service civil, judiciaire,
censitaire ou religieux, et ces divisions lixes ne purent
être créées dans ce pays qu'à l'époque où Rome fonda son
administration provinciale avec des pouvoirs circonscrits.
Malheureusement nous ignorons complètement ce qui put
être fait à cet égard dans l'ancien pays de Ruscino,
pendant toute la durée de l'Empire Romain; et cette ville
n'ayant pas joui du titre de cité, tout semblerait indiquer
que, sous le rapport administratif, l'ancien Roussillon fut
une simple dépendance de la cité de Narbonne.
' lltfl de RvusM.. lo II, p. ()06.
103
Le titre de cile seul ne nous apprendrait rien d'ailleurs
sur les limites politiques que nous .cherchons; car la
cité romaine était morcelée d'une foule d'enclaves, sans
territoires (ixes. C'était l'idée de propriété qui dominait
dans le système municipal de Rome , et nous voyons des
cités posséder des domaines fort éloignés de leurs murs.
Leur territoire ne fut irrévocablement limité, dans les
Gaules , qu'à l'époque où les villes devinrent le centre de
la surveillance épiscopale et de l'administration ecclésias-
tique. Enfin , on n'est point assuré de la transmission
exacte du territoire des cités à l'autorité épiscopale du
ixc siècle, et nous avons, en Lombardie, trois anciennes
cités romaines, qui n'ont formé que deux diocèses*. Quant
au diocèse d'Elne, les premiers titres certains que nous
possédions sur son étendue ne remontent qu'au ix'' siècle,
et pendant les trois cents ans qui ont précédé ces docu-
ments, sommes-nous sûrs qu'il n'y ait eu aucun rema-
niement, aucun changement, aucune suppression? Ainsi
donc, en résumé, y aurait-il eu au iv<^ siècle une ville du
Roussillon portant le titre de cilé^, qu'il serait encore
téméraire de décider que son territoire soit exactement
représenté par celui de l'ancien diocèse d'Elne; à plus
forte raison serait-il difficile d'affirmer que ce territoire
représentât l'étendue et les divisions des anciennes po-
pulations de Sordes ou Cérétans qui avaient occupé ce
pays.
Il est cependant une ancienne division romaine qui a
pu subsister presque intacte, en raison même de son peu
d'importance; c'est celle des cités en pagi. Le pagus était
' Emile Desjardins, AUsia. ^8o8.
^ f-e diocèse d'EInc ne fut érige que dans le cours du vi' siècle , et la
date seule de ccUe fondation, dont les causes sont d'ailleurs inconnues,
prouve que, dans l'époque antérieure , aucune vilU du Uoussillon n'avait
^lé décorée du nom do cilé.
104
uno osi>»'C(' (le caiilcui, ayant sous l'Enipin; Romain ', ses
magistrats connus sous les noms de pirfds (»u (■((iles du
Pagtfs, investis d'attributions clairement délinies par le
code théodosien. Le pagus n'a guère varié d'étendue pen-
dant le moyen-âge; nous le retrouvons, avec ses anciennes
limites, jusqu'au xviic siècle, dans nos anciennes Vigucrics
administratives et surtout dans les Viran'ats ou Drccntats
de l'ancien diocèse d'Elne, petites métropoles paroissiales,
reste de ces vicariati ou divisions baptismales des pre-
miers temps-, qui représentaient assez exactement les
anciens /)rtr/^ des cites. C'est donc le payiis romain qui a
subsisté et qui pourrait se retrouver en principe dans les
vicariats, et non la cité dans le diocèse.
Les pagi du territoire actuel des Pyrénées-Orientales,
sont connus, dès le ix^ siècle, sous les dénominations
suivantes :
1° Le pagus IJvieusis'', partie de la Cerdagne et du pays
de Livia, aux sources du Sègre, dans l'ancien diocèse
d'Urgel ;
2» Le pagïis Redensis* ou fit'f/dt'jm^ (Razès), s'étendanl
jusqu'aux sources de l'Aude, comprenait le pays connu,
plus tard, sous le nom de Capcir, qui fit d'abord partie
du diocèse de Narbonne;
' Au temps de César, les Gaulois habitaient de grands villages ou de»
cités fortiRées. Le territoire de ces habitations agglomérées formait une
division géographique, (jue les Romains ont conservée, en donnant à
roiu'ii'ii nom gaulois une désinence latine (pagus).
- On sait que le baptême, dans la primitive organisation de l'Eglise,
ne pouvait être administre que par les archiprêtres ayant sous leurs ordres
plusieurs paroisses.
■' Ou trouve le suhurbium Liviense , dans une iliaile de Tan S78.
fllarca, Il . )
"* l.e pagus Reddensis est connu des Tan 7SS. (Gallia Christiana, tonu-
VI, page 2.)
lor.
5" Le pagu^- Ffiioliclousis'-^ ou Fonalii'leiists, bassin su-
périeur (le 1 Agli, était aussi compris dans l'ancien diocèse
(le Narbonne ;
io Le pagm Confliicntis ou Conflmnlanus, bassin supé-
rieur de la Tel ;
5° Lepagiis ou vallis Asperiij s'étendait dans les bassins
supérieurs du Tech, du Réard et du Boules;
6° Le pagus Ruscinonensis ou Rossolionemù, comprenait
toute la plaine ou partie inférieure de nos trois cours d'eau,
entre les Corbières, la mer et l'Albèra.
Ces trois derniers pays formaient l'ancien diocèse d'Elne.
Rien n'empêche de croire ([ue ces divisions territoriales
existaient d(''jà sous l'Empire liomain; mais nous sommes
loin de prétendre qu'elles eussent dès lors les mêmes
noms et les mêmes limites, et surtout nous nous gar-
derions bien de les inscrire sur une carte historique de la
Gaule romaine. Si nous les indiquons ici , ce n'est que
pour prémunir, dès ce moment, contre l'erreur trop sou-
vent admise, que l'étendue de ces divers pays n'aurait
jamais varié, et qu'elle était, dès le ix^ siècle, telle qu'on
la voyait encore en 17S0. Il est bien vrai cpie les limites
du diocèse d'Elnc n'ont i)oint varié pendant cette période,
et, par conséquent, la frontière de la Cerdagne et du pays
de Fonollet a dû rester la même a l'égard du Confient et (lu
Roussillon. Quant h l'étendue du Confient et du Vallespir,
elle a subi, dans le cours des siècles, des variations qui
ne semblent pas avoir été sullisamment étudiées jusqu'ici
et sur les({uelles les documents historiques peuvent seuls
jeter quelques lumières. Cette question, qui est une des
plus importantes de la géographie historique de l'ancien
Roussillon, fera l'objet d'une dissertalion particulière.
• On Iroiivc Ir pagus FeimUlus di-s Tan S'ri. (Histoire de l.augucdoc ,
tome I", |iiciiv. ,Sf>. )
106
Villen, Por(«i, CliAt«auK et Mutr««i lleum. du Uous-
«lllon cités par les auteiirn anciens.
RDSCINO (CASTELL-ROSSELLÛ).
Si l'on admettait le système de M. Puiggari sur les
établissements des Phéniciens, la fondation de Ruscino
remonterait au moins au xi^ siècle avant notre ère, à
l'époque où le commerce de Tyr semble avoir pris la plus
grande extension dans la partie occidentale de la Médi-
terranée'. Malheureusement, comme nous l'avons déjà
dit, l'histoire ne nous apprend absolument rien sur les
prétendus établissements phéniciens de l'ancien Hous-
sillon. Les géographes grecs, Skymnos et Skylax, gardent
le silence le plus complet sur la ville de Ruscino; seur
lement, Aviénus ayant mentionné le fleuve Roschnim,
qui, selon tout apparence, ne devait ce nom qu'à la
ville dont il baignait les murs, on peut en conclure que
Ruscino existait déjà vers le vi^ siècle avant Botre ère.
Ce nom se montre, pour la première fois, dans le récit
(les événements de la seconde guerre punique , l'an 218
avant Jésus-Christ. Suivant Tite-Live (hb. XXI, c. 20),
pendant qu'Annibal se disposait à franchir les Pyrénées,
les ambassadeurs romains, chargés de lui susciter des
ennemis sur sa route , ayant échoué dans leurs négocia-
tions avec les Espagnols, passèrent dans la Gaule , et se
présentèrent à Ruscinon devant les Gaulois, qui, suivant
leur usage, étaient venus tout armés à l'assemblée. On
sait quels éclats de rire et quels murmures d'indignation
éclatèrent parmi les jeunes guerriers, lorsque les députés
leur proposèrent d'attirer la guerre sur leur pays, pour
l'empêcher de passer eu Italie, et pour servir la querelle
de Rome contre ses ennemis. Toutes les sollicitations
' Ruxr.inn, par ^I. Piiiffgari, dans le Pubikaleur, II' aiinéf, n"'5, 'i el '6.
107
furent inutiles, et Annibal vint camper suiis les tiiurs
d'Illiheiis (EInej, après avoir opéré sans dilficulfé le pas-
sage des Pyrénées. Cependant, la crainte de la servitude
avait fait prendre les armes à plusieurs peuplades de la
Gaule, qui se rendirent à Ruscinon, et Annibal, qui
craignait plus de perdre un temps précieux que de com-
battre de tels ennemis, envoya aux cliels une députation,
pour leur demander un entretien. Ses démarches eurent
un plein succès. « Après ces négociations, les petits rois
<f de ces contrées vinrent dresser leurs lentes [très d'Illi-
« béris et entrèrent sans crainte dans celles des Cartha-
« ginois. Des présents achevèrent de les gagner, et ils
« laissèrent l'armée traverser tranquillement leur pays, le
« long des murs de Ruscinon. » (Tite-Live, 1. XXI, c. 24.)
Nous n'avons pas d'autres détails sur la ville de Rasciiio
pendant la période qui précéda la con(iuète romaine; mais
certaines circonstances du récit de Tite-Live, telles que la
réimion des chefs du pays, et l'arrivée des ambassadeurs
de Rome à Ruscinon, démontrent l'importance de cette
ville à cette époque , et le rôle qu'elle joue à cette oc-
casion, lui assigne évidemment le titre de capitale du
pays.
L'antique importance de l'oppidum de Rmcino et, sans
doute aussi, sa situation topographique, le tirent choisir
comme centre des établissements et de l'administration des
Romains dans ce pays, lorsqu'il passa sous leur domination
(118 av. J.-C). Polybe, Strabon, Ptolémée et Tite-Live
lui conservent alors le litre de ttoAjç ou d'oppidum;
Mêla y ajoute celui de Colonie, et Pline, qui écrivait son
Histoire Naturelle peu de temps après l'avènement de
Vespasien, se contente de l'appeler Ruscino Latinoruni
(lib. III, c. 4). On a cru voir une dill'érence notable, et
même une contradiction, entre le titre de Colonie et la
jouissance du Droit de Latinité mentionnée par Pline.
Cependant, le droit de cité romaine et de latinité était
108
venu dans la Narbonnaise par les colonies, el l'on sait (|ue
les colonies fondées j)ar les Romains étaient composées,
tantôt de cives romani, militaires ou non, tantôt de Latins,
tantôt d'autres races d'hommes'. Or, dans ces cas divers,
les colons communiquaient à leur patrie nouvelle les qua-
lités juridi(|ues qu'ils apportaient de leur patrie ancienne.
Il n'y a donc aucune contradiction dans le dire des deux
géographes romains, et l'on comprend que la Colonie de
Ruscino ait pu se composer de Latins, jouissant, à ce titre,
du Jus Laiii qui laissait aux cités leur libre autonomie,
avec la faculté d'y renoncer pour prendre la loi romaine
elle-même ^ Quant à l'autonomie des villes latines, elle
avait pour base une constitution civile et communale ana-
logue a la constitution romaine. C'est tout ce que nous
pouvons en dire ici, le sol de Ruscino n'ayant encore
fourni aucune inscription qui puisse donner le moindre
éclaircissement sur ses magistratures et leur exercice,
sur son culte religieux, ou sur ses pratiques civiles.
Un silence profond se fait, à partir de celle époque,
dans les annales de notre ville, dont le nom ne figure
plus que sur les Itinéraires romains. Les Notices Impé-
riales du ye siècle n'en font aucune mention; le récit de
l'expédition de Wamba garde le même silence, et les
documents de la période Wisigothique, qui citent encore
son nom, le présentent sous la forme corrompue, qui
devait prévaloir ]»endant le moyen-âge, el se conserve
encore aujourd'hui dans le nom de la province''. En 801,
' lllud aj|iUibant((lit (|uelqiie part Tilc-Live), utrimi lalinain an civinm
roiiiauoruin deduti placcrcl, postrciiio lalinam potiiis coloiiiam dcducendam
Patres censucruiit.
- C'est re (|iic nous apprend Cicéron , pro Balbo , § 8.
'^ Le géographe anonyme de Ravenne, qui l'appelle nuscinone, au iiv. V,
scct. 3, l'appclh; liuscilonc , au Iiv. IV, sert. 8. La division des diocèses
\Yisigolhi(|ues Tappcllp nnsinola , sans doute pour Rosilona. (Uist. rer.
Franc, lo. Il . p 719.)
109
le roi l.ouis, lils de Cliaileinagne, s'etablil avec un corps
d'armée à Ruscellio', pour y attendre l'issue du siège de
Barcelone, et une charte de l'an 8J6 prescrit le dépôt d'un
décret impérial à Ro.sciliona-. A partir de cette époque,
on ne trouve plus, à la place de l'ancien o})pi<hmi (pii a
transmis son nom à la province , qu'un simple castcllum
ou castrum Rossilionis, autour duquel se groupèrent
quehpies manses chétives; et le donjon de ce manoir
féodal se voit encore à trois-quarls d'heure environ à
l'est de Perpignan. Il ressort, évidemment, des textes
que nous venons de relater, que la ville de Uiisrino a
subsisté sans interruption jusqu'aux premières années du
ixe siècle; son importance seule a dû varier et décroître
longtemps avant Tépoque carlovingienne, et l'on peut
admettre, pour cette ville, une décadence rapide, qui
commença peut-être avant la chute de rEmi)ire Uomain.
Pourquoi Ruscino lut-elle délaissée, et comment Kliberis
parvint-elle à lui ravir son importance et son titre de
capitale du pays? Rien ne le dit et nul ne le sait. On a
supposé diverses catastrophes, dont il n'est question nulle
part dans les auteurs contemporains, et nous ne voulons
rien ajouter aux conjectures assez nombreuses qui ont
été laites à ce sujet, et que rien n'est venu confirmer
jus(pi'ici. Rornons-nons à jeter un coup-d'œil sur les lieux
où quehpu'S débris iiisigniliants marquent encore la place
de Ruscino.
Sur la rive droite de la Tel, et i)arallèlement au cours
de cette rivière, s'élève un rideau de collines qui courent
de l'ouest à l'est, depuis Perpignan jusqu'aux environs de
(lanet, et lorment l'extrémité dun plateau assez uni, qui
' Uiiam ({uidi'in Kiiscelliuiii ipse ^t-rinanoiis secuin rttmuii. \ita l.uduvici
va imjHrat., aiiclore Astroiiom. \ô.
'^ l.iuiin iii Narboiia , iilteiuiii in t'.iircassoiia , Icitiimi mi lldsciliona ,
<|uai'lmn iii l'jii|Miiiis. . . liabni |)r,iH(|)imiis ( Hai.dz. Capititlar.. loiuo 1 ,
no
s'étend jusqu'au Réard. Quelques ravinements, creusés
par les pluies, ont déchiré, de distance en dislance, la
face septentrionale de ce talus, qui forme ainsi une suite
de mamelons, d'une défense facile et d'une bonne expo-
sition pour l'assiette d'une cité. La ville de Ruscino
occupait la croupe d'un de ces coteaux, qui s'élève entre
deux ravinements ouverts à l'est et à l'ouest, et se ter-
mine brusquement, au nord, par une pente rapide. Le
ravinement de l'ouest est moins profond que celui de l'est,
qui se développe sur deux cotés de l'ancien oppidum, et
se rapproche du premier ravin , à son origine ; il semble
même lui avoir été uni, à une certaine époque, par un
fossé ouvert par la main des hommes, pour compléter
l'isolement de la ville, au milieu du plateau qui l'entoure
de trois côtés.
Le sol de Ruscino s'avance donc du sud au nord-est,
dans la direction de la Tet et en s'exhaussant légèrement,
de sorte que la partie la plus élevée se trouve au point
occupé aujourd'hui par l'église et la tour de l'ancien
château. L'espace ainsi circonscrit est depuis longtemps
livré à la culture; mais le sol n'en est pas parfaitement uni.
Il est même facile d'y reconnaître, outre le premier fossé
déjà mentionné, deux autres dépressions, qui vont aussi
d'un ravin à l'autre, et sont, peut-être, les seules preuves
encore existantes des décroissances successives de Rus-
cino, qui rétrécissait son enceinte à mesure que son im-
portance diminuait, et finit par se trouver acculée au nord,
dans l'espace, de plus en plus étroit, d'un manoir féodal.
« Que nous reste-t-il de l'antique splendeur de cette
« cité? Ses dernières ruines même achèvent de dispa-
« raître; car la tour est du moyen-âge. Des vestiges de
« constructions, des débris de poterie, des médailles...
« voilà à peu près tous les souvenirs que son sol ofTre,
« parfois, sous le fer qui le sillonne ou qui le creuse'. »
' PoiGGAKi. Publicateur, année ^855, n° 4.
Itl
Les découvertes faites jusqu'à ce jour, n'auraieiii dimi-
nué en rien les regrets que M. Puiggari exprimait en 1833;
mais on peut répéter, avec M. Henry, que tous ces ter-
rains sont encore vierges d'explorations régulières et
suivies : et des richesses archéologiques reposent sans
contredit sous la terre qui couvre les restes de Ruscino.
n.MBKRIS — nELE?(\ (ELSE.)
L'origine d'illlberis ne serait guère moins ancienne
que celle de Ruscino, si l'on s'en rapportait à l'opinion
de M. Puiggari, qui n'hésite pas à voir un nom phéni-
cien dans Illibcris [Ili et Beris, pour berithj, et, dans notre
antique cité, une des nombreuses fondations du peuple de
Tyr (Mot ires sur Elue). Nous avons déjà exposé les raisons
qui s'opposent à l'adoption de ce système, et Voppidum
à'Jlliberis demeure, pour nous, une fondation ibérienne,
plus moderne peut-être que celle de Ruscino, si toutefois
son nom do ville-nouvelle (IlU-hcni, en hngue euscuara)
doit s'entendre de son origine, par rapport à sa rivale des
bords de la Tet.
Le nom à'Illiberis se trouve, pour la première fois, dans
Tite-Live, qui rapporte qu'Annibal campa sous ses murs,
après avoir passé les Pyrénées, 218 ans av. J.C. C'était
sans doute alors cette ville opulente, dont le souvenir se
conservait encore trois siècles plus tard. Sous la domi-
nation romaine, Polybe, Strabon et Ptolémée semblent
lui donner encore une certaine imjjortance et la mettre
sur la même ligne que Ruscino. Cependant, dès l'époque
d'Auguste, Mêla n'en parle que comme d'une petite bour-
gade, qui ne conservait qu'un faible vestige de sa splen-
deur et de son opulence passées'. Pline s'exprime à peu
' Colonia Ruscino: viens Eliberri, iiiagnic (|Uonilaiii urbis ol ina(;norum
opiim tenue vcsligium (Pomp. Mêla, liv. II. c.^i). Oppida : Iliiberis, inagu.'P
^uondnni urbis tenue veslif^ium; Ruscino Laiinorum (PuNE, III, 4V
112
près il»' iiième. Bien des conjeclures ont été faites pour
expliquer cette décadence , et l'on a inviginé des catas-
iroplies sur lesquelles les auteurs anciens ne fournissent
aucune indication. Toutes les suppositions sont possibles
à cet égard; mais on n'en ignore pas moins aujourd hui
les causes, les circonstances et la date de cette déca-
dence, qui ne fit sans doute qu'empirer sous la domina-
lion des Romains, dont les faveurs se reportaient natu-
rellement sur leur flahlissement de Ruscino. lUibcris,
traversée par la voie romaine qui conduisait de Narhonne à
Barcelone, figure encore dans la Table dite de Peutinger
(vers l'an 2ob), sous son nom ibérien (llliberre) qui dis-
parait complètement, depuis cette époque, pour faire place
à celui d'Iklena, syncopé par la suite en llcliia ou Elna.
« Nous ne pouvons déterminer au juste le temps, l'occa-
« sion ni l'auteur de ce changement. On peut bien croire
« toutefois que c'est au grand Constantin ou à quelqu'un
« de ses fils qu'il faut l'attribuer. Constantin , plein de
« vénération pour sa mère Hélène, en avait donné le nom
« a plusieurs villes et mémo à une province entière de
« l'Orient. R est vraisemblable que, pour que l'Occident
« ne restât point privé de la même distinction , Ribéris fut
« rétabli sous le nom de Caslnim Jleloiœ ' . » C'est ainsi
(prelle est désignée par P^utrope et par saint Jérôme;
Aurelius-Victor et Raul Orose (Hàl. liv. VU, !2o) lui
conservent le titre d'oppidum.
« Un événement tragique donna, en ooO, une triste
« célébrité au Château d'Hélène. Constans l^'- (Flav. M.
« Constans) , empereur romain, troisième fils de Cons-
« tantin , poursuivi depuis Autun par des émissaires du
« traître Magnence, usurpateur de ses États, fut atteint
« el assassiné, dans ce château, par Caïson, le chef de
« ces émissaires , tandis qu'il allait chercher un port en
' l'uir.cARi, Solices sur Elue, ii° 2.
\\:\
« Espagne, pour s'y eiiibarquor '. On nionlre dans le cloitrc
« d'Elne un fragment de pierre , d'environ lo pouces sur
« 12, où se trouve sculpté le monogramme grec de J.-C,
« et que la tradition donne pour un reste du sarcopha-^è
« de Constant. Quelque bien fondée que paraisse cette tra-
ce dition, on ne peut se défendre cependant de quelque
« doute, quand on voit tant de sarcophages de l'époque,
« présenter le même monogramme et le même genre d'or-
« nements que ces débris -. » Le Caslrum llclcnœ semlile
avoir remplacé, depuis cette époque, la ville de Ruscino
dans les faveurs de l'administration impériale, et avoir
atteint un degré d'importance extraordinaire \ H est
certain (pie Kuscino s'efface désormais devant sa rivale
triomphante. L'histoire, il est vrai, ne fait mention ni
de l'une ni de l'autre dans le siècle suivant; mais les
' Idi.(ius, fas/fs, -F.utio,.e.- Sex. Aurel. Victor, £p,7ome. - Paul
Oros. Ihst. Vil. 25. - Ilicionymi Presbyteri CAromc. - Zozin..., etc.
2 PcGGARf, mi. sur Elne. Nous ne savons ce qui faisait paraître si Lien
fondée a M. Puipjari une tradition qu'il finissait par rejeter. M. de Gaza-
nyola {llist. du Roms., p. ^9) n'éprouve pas le moindre doute au sujet
du lombeau de Constans ; le docteur Carrère en avait fait autant et
M. Mérimée ajoute, pour son propre compte : Ce sont des traditions' que
je respecte. .. On ne saurait mieux dire assurément, dit l'auteur de VÉm
« grapliie Roussillonnaise{noi{ |);car il serait malaisé de s'inscrire en fan,
.contre la léffende , et non moins ardu, sans doute, de la défendre
• par de bons arguments , s'il y avait controverse : In dubiis liberta» .
M. Henry n'bésite pas i, la rejeter : .. Le silence de Marca , au sujet de ce
' lombeau, prouve que, de son temps, cette tradition n'avait pas encore
" pris naissance, ou que, si elle existait déjà, il n'en faisait aucun cas „_
Hisl. de RoussiU . to. I , p. 37. - Le silence de Boscb nous parait encore
plus décisif en pareille matière
M)n lit dans tous les manuscrits d'Ammien Marcellin : . In Narbonensi
. Elusa,etNarbona,etTolosa,principatuinurbiumlcn.Mil ,._I,|, \V ^ o'
Comme la ville d'£/,„a (Kause) était en Novempopulanie et non jJns la
Narbonnaise, Lacarre [llist. Gall. sub Prœfectis PralorH. p. 20) propose de
l.re CAusa, et cette leçon, qui n'est guère satisfaisante, pourrait être avan-
tageusement remplacée par celle .ÏEUna, si l'on n'était presque certain
qu Aminun Marcellin a pu commettre une erreur «rossiere.
iir>
coDJcctinos viennent encore suppléer à ce silence, el,
depuis M. de Marca, tous nos historiens ont répété que
la ville (rilélène, comme celle de Rnscino, lut javagée,
en -408, par les Vandales, accon)pagiiés des Mains el
des Suèves, qui ne se sont peut-être jamais montrés
dans cette partie des Pyrénées, et linalement, en 41 i,
par les Wisigotlis, qui vinrent, en effet, s'établir dans
ces contrées, pour en restaurer les villes, et non pour les
détruire. Toujours est-il que l'histoire n'a parlé ni dEIne
ni de Ruscino, à propos des liarhares germains et des
ravages qu'on leur attribue dans ce pays. Elle nous
apprend, au contraire, que la ville (ÏUt'IoKi , qui n'avait
pas encore de siège épiscopal sous Ilonorius', jouit du
titre de cité dans le siècle suivant, et possédait un évéque
en 571*, sous la domination des "NVisigoths. On semble
donc autorisé à reléguer dans la région des fables toutes
ces destructions, dont nous sommes loin assurément de
contester la possibilité, mais qu'il est, pour le moins,
inutile d'imaginer, lorsque l'histoire n'en a rien dit, et
qu'elle peut se passer de ce genre d'explications. Tenons
seulement pour certain (\\vHdcna, restaurée dans les
premières années du iv-' siècle, prit de rapides accrois-
sements et une importance, qu'elle conserva sans inter-
ruption jusqu'à l'époque où elle devint le siège épiscopal
de notre diocèse. Les destinées d'Elne chrétienne sont
étrangères h la période que nous embrassons dans cette
partie de notre travail.
Les débris de l'antiquité sont presque aussi rares h
Elne qu'à Château-Roussillon , et l'on peut à peine citer
quelques pans de mur d'origine douteuse, des médailles
de toutes les époques, quelques fragments de poterie
sans importance, el deux ou trois sarcophages conservés
' ynlkia Galliarum suh Ronorio. KdiH. Sirniiiiid.
2 JoiiANNis Bici.AH. Chronic, aniiooTI.
117
(lans la ville ou ;hi\ environs. Les temples el autres
monuments publics de l'antique Illibéris, occupaient sans
doute l'acropole, ou partie haute de la ville, sur laquelle
s'élève aujourd'hui léylise-mère du Houssillon, et il y a
lieu de croire que la reconstruction de cette basilique
amena la ruine complète des derniers débris des anciens
monuments païens qui pouvaient encore subsister au xi<=
siècle.
■S.\l,SlJL.î; (SALSES.J
Au siècle d'Auguste, Mêla (II, 5) cite la source salée de
Salsulœ (Salsuhv fons), à l'entrée du pays des Sordons'.
Une population assez importante s'était sans doute grou-
pée aux environs, on ne sait depuis quelle époque, sur le
passage de la voie romaine, qui compte Salsidas parmi ses
stations, àôO milles de Narbonne. Ce même nom reparait
au moyen-âge-, pour désigner la ville de Salses qui, selon
toute apparence, occupe la même place que le lieu de Sal-
sidœ de l'Itinéraire romain. Des débris d'antiquités y ont
été signalés à diverses époques, et il s'est fait, il y a deux
ans, près de la Fant-Damc, une découverte importante de
médailles consulaires, ce qui semble rapporter ce d('pôt
à l'époque qui suivit immédiatement la conquête de ce
pays par les Romains.
' Salses Dguie dus k- xil' sièclo coniiiu- la ilcriiifro ('011111111110 du [{ous-
sillon, sur la limite du Narbonais. Terra nostra à Saisis usqtté ad Uertusam
osl-il dit dans le Traité de Paix et Triîve de 1)73 {.Uarca. n" 506).
Dcsclot rite la font de Salses coiiiiiic rcxtrOnic limite du lloussillon , ;iu
Xin" siècle. ( El rey dix : «Si nos podem tant cavalcar.... que pas.«ada
<( liagain ta font de Salses , nos farcm lai ardit que non \iu lloncli loiniis
• lia pus beil. — E llavors, hagueien pensaineiit quel rey volia anar a ia
« ciutat de Narbona. • Cronica del rtij En Père, capitol 154. )
- F.c nom de Saisines, qui se trouve dans l'acte de consirration de l'éfflj-e
de Salses (Worca , n" 5o2) n\st sans doute qu'une erreur de lecture pour
Saisule*. Cette ville est communément appelée Salsas , pcndaul tout le
moyen-à(;e, et ce nom {villa Salsas) se trouve déjà dans une < liarie de l'aii
1)51 [Callia ' tirialiana, i«. VI, p. ',2'i).
IfC
COMBUSTA.
Entre Salsulœ et Ruscino, et probahlenieiit dans le
voisinage de Saint-Pierre del Vilar, se trouvait le lieu
dit Combusta, dont on ne connaît ni l'origine ni lim-
portance. On ne sait pas même si c'était un lieu habité.
La dissertation sur la voie romaine fournira quelcpies
développements à ce sujet. Combusta se montre, pour
la première fois, dans V Itinéraire romain dit iVAntonin,
et, pour la dernière, dans le géographe anonyme de Ra-
venne, qui avait copié ce nom dans quelque document
routier, et le rangea, sans façon, ainsi que Pyremum,
parmi les cité^ de la Septimanie (lib. V, sectio 3).
AD STABUr.UM.
Nous n'en dirons guère plus ici sur le trop fameux
Stabulum, dont on avait voulu faire la ville du Volo, et
qui, selon toute apparence, n'était qu'une simple etché-
live étable , bonne à citer pour préciser les distances
d'une carte routière, mais sans importance aucune pour
la géographie historique. Ce nom ne se trouve que sur
une des rédactions de V Itinéraire dit d'Antonin, et M. de
Gazanjola le place entre le Tech et Illibéris, presque sous
les murs de cette ville (Hist. du Rouss., p. 57).
AD CKNTENAUIUM -AD CKNirRIOM-S.
La Table romaine dite de Pealimicr cite également,
sous le nom de Ad Ccnlenarium, entre Illibéris et les
Pyrénées, un lieu qui correspond, par sa position, à celui
que y Itinéraire appelle Ad Cenluriones. Il ne peut y avoir
la moindre dilficulté à cet égard; il n'en est pas de
même de la situation de ce gîte, qu'il sera impossible de
retrouver, tant que les lieux par lesquels passait notre
voie romaine n'auront pas été reconnus d'une manière
117
précise et certaine. Tout ce que l'on peut dire, dans
l'état actuel de cette question et dans le système que nous
avons cru devoir adopter, c'est que le lieu dit Ad Cente-
narium, se trouvait entre le Tech et les Pyrénées, aux
environs d'Argelès ou de Tatzo. Quant au lieu lui-même,
on suppose, avec quelque raison, que c'était un poste
militaire, commandé par un centeniei' ou centurion. Mais
ce renseignement n'apprend rien de certain sur l'impor-
tance de cette station, qui a bien pu se composer d'une
simple demeure isolée, construite sur le bord de la route.
CAUCOi,ini:Hi (couioire).
Le nom de Caucoliberi a trop de rapports avec celui
à'Illibciis pour échapper à l'attention de M. Puiggari, qui
a fait appel à toutes les ressources de l'érudition pour
trouver encore ici une fondation phénicienne, antérieure,
peut-être, à celles d'Illibéris et de Ruscino. L'opulence et
les richesses d'Illiben'ft, tant vantées par Mêla, n'auraient
pas eu d'autre débouché. Nous sommes loin d'accep-
ter l'origine phénicienne de CaxcoUbcri ; mais rien
n'empêche d'y voir, en effet, l'ancien port de la ville
d'Illibéris, et peut-être même cett€ cité de Pyrène, fré-
quentée par les négociants de Massalie quelques siècles
avant l'ère chrétienne'. Tnc IVc des Saints, recueillie par
les Kollandistes, y place le martyre d'un saint Vincent,
vers l'an 506; mais le nom de Caucholiberi se montre,
pour la première fois, dans le géographe anonyme de
Ravenne (lib. IV, sectio 8), dont les renseignements se
rapportent, en général, h l'époque de Théodoric le Crand.
En 672, le Castnim Caucoliberi est compté parmi les
châteaux Pyrénéens dans lesquels s'étaient retranchés les
partisans du duc Paul , révolté contre le Roi de Tolède.
Canrolihcri fut soumis par les troupes de Wamba, et ses
défenseins, parmi lesquels on compte LeolVed el Giiidri-
' FisTts AviEsus, Ora mautxma , vers 258 elsq.
120
<,'ild, y ruient faits prisonniers, ainsi que leurs épouses
(Ilislor. Wambœ, régis Tolelani , auclore Do. Juliano
Toletan;r Scdis Arcliiepisc). Le nom de Cancoliberi ne
reparaît pas ensuite avant la lin du x^ siècle (Matra, 128).
On n'a signalé juscju'ici, à Collioure, aucun débris de
constructions romaines, bien qu'on y ail recueilli des mé-
dailles de toutes les époques et quelques amphores anti-
ques, ce qui semble indiquer que cette ville n'a jamais
eu, dans les temps anciens, l'importance qu'elle acquit
aux xive et xv«" siècles.
PORTOS vkm;kis (port-venvres).
Le Portus Veneris, qui devait son nom au Temple de
Vénus, élevé sur un des promontoires du voisinage, ne se
trouve mentioné que dans la Géographie de Pomp. Mêla';
car la Pyrauxa Venus de Pline (III, 5) ne peut s'entendre
que du temple de la déesse. 11 n'y reste, d'ailleurs, aucune
trace du temple ni d'aucun autre monument qui rappelle
l'antiquité, et la correspondance seule des noms et des
positions peut faire retrouver aujourd'hui le Porhis ]'eneris
dans notre Port-Vendres , qui ne ligure dans aucun* de
nos documents antérieurs au testament de Jacques*le-
Conquérant, de l'an 1272 (D'Aciiéry, Spicileg., III, 675).
* Tùm inter Pyrenaei promuntoria Portus Veneris insi(;nis fano (liv.
II, c. 5).
2 On a cité un dcinuinent de l'iiii t <09 {Uist. de Languedoc, t. II , pr. 350).,
où il est dit : A yizza usquc ad Portum Veneris. Mais ce Porlus Veneris, au
liru de désigner notre Port- Vend res, s'applique à Porto-Vencre, sur la cote
de Gênes. Un passage d"nn autre traité de l'an -1 153 , qui n'est, pour ainsi
dire, que le renouvellement du premier, rend toute confusion impossible.
On y lit: Quod ullus homo Januensis qui habilet a l'orlu Veneris usque aii
l'orlwm MonacHvi non donel in Tortosa ultum usalirum (Arcli. rcal de Barcc-
loiia, perff. ir 206. l'iiblié par lioffaruil ). 11 était temps de relever celle
erreur adoplee par tous nos historiens : elle n'a pas grande importance au
point de vue de la géographie, mais elle a donné lieu aux plus singu-
lières asserliuiis sur notre ancien droit commercial et sur la prélenduc
suprématie des Comtes de Toulouse sur l'ancien lloussilion
\2[
CIÎIIVAIUA (CERVERAJ.-nWl'llJEX VOMVFAl MAGNI-PYRENiEDM
ET SUMMUM PYRENEUM.
Le lieu de Cervaria, correspondant à l'anse actuelle
de Cervera, est aussi mentionné par Ponip. Mêla, qui ne
nous apprend rien sur son importance, et se l)orne à le
désigner comme le point extrême de la limite des Gaules
(finis Galliœ). C'est donc en ce lieu, ou dans le voisi-
nage, que se trouvaient les Trophées de Pompée, men-
tionnés par Pline et par Dion Cassius, et placés, par
Stral)on, à la limite des Gaules et de l'Ibérie, près de la
voie (pii conduisait do rilalie en Espagne. Ces désigna-
tions ne peuvent, à notre avis, convenir qu'au lieu appelé
Summum Pyrœneiim, ou simplement Pyrcnœum, par les
Tables itinéraires de Rome; mais les notions des lieux
parcourus par notre ancienne voie n'ont pas encore ac-
quis un caractère de certitude sullisant, pour permettre
de mieux préciser celui des passages de nos Pyrénées
qui correspond à cette station de la voie romaine.
GASIIÎUM VUr/rURARIA ( CASTEU. D'OLTnF.n.iJ.
Le Casirum VnlUiraria remonte incontestablement jus-
qu'à l'époque romaine, bien qu'il n'en soit question qu'en
67ii, dans le récit de Julien de Tolède, qui com[)te cette
forteresse parmi les cliâteaux des Pyrénées qui essayèrent
de résister aux armes de Wamba. llne charte de l'an 981,
l'appelle Castrum Vullrarium (Marcn, l'20), et, pendant
les trois siècles suivants, il ligure sous les noms de Vul-
Iraria, Vollurariinn , Vullreria , l'Hraria (Marra, 251,
320, ÔGO, 575, /m. — Spicikg., III, 598), et Ollreyra\
parmi les principales lértés féodales de l'Albèra. C'est
raiicicn château ruiné iVOltrera, construit sur un rocher
' lî.icinj.irius de Ollrcyra (l'.arlul. du Temple, fol. H")}.
120
qui domine le vallon de Monlhiam, au-dessus de la Pava.
«Le Cashum VallHrariurn , dont le nom parait bien
« indiqm-r lOrigine, est une véritable aire de vautours,
« où Ion ne pénètre qu'après avoir disputé, pour ainsi
« dire, le passage, sur les aiguilles d'une roche abrupte
« et glissante ; et on arrive à la partie la plus élevée , à
« travers les décombres des nmrs, des voûtes, des cré-
« noaux abattus et des casemates écroulées.» — Jalbert
DE Réart, le Vallon de Monlbram.
CASTRUM CLAUSUliAS (LA CLVSA).
Dans le jugement promulgué contre les complices du
duc Paul , on semble comprendre, sous le nom de Claii-
siiras, tous les châteaux de la ligne des Pyrénées orien-
tales. Cependant, le rédacteur de ce jugement, qui est le
même que l'auteur de V Histoire du roi Wamba , applique
le nom de Castrum Clausurns à un château particulier,
dont il parle en ces termes , sous l'année 672 : « Une
«irruption fut faite dans le château que l'on appelle
« Clausuras, par un corps de troupes détaché en avant,
« sous la conduite de deux Ducs. On y fit prisonniers,
« Ranosind et Hildegis, avec un grand nombre de rebelles,
« qui s'étaient chargés de défendre ce château. On les
« conduisit tous au Roi, les mains liées derrière le dos.»
Les forces dirigées contre cette forteresse, montrent
assez son importance, et font comprendre, sans le justifier,
l'arrogant défi que le rebelle Paul , s'intitulant Roi d'O-
rient , adressait au Roi de Tolède : Descende usque ad
Clausuras; nnm ibi invenics Oppopumbeum (jrandem, etc.
Le nom de Claiisuras' se transforme ensuite en celui de
' [,c concile célébré ;i Tolède en OOî , prit des dispositions ri(;ourciisfs
contre les Juifs, en exceptant , toutefois, cfii\ rpii étaient établis en <lc(;;w
des Pyrénées : • lllis lantumdcni llcbrœis ad pr.Tsens rescrvatis , <|ni
« Gallia? provinci.T, videlicel iotra clausuras nnscnulur habilalores eiis-
121
Clusas\ et définitiveinenl eu celui de La Clusa'^ , qu'il
porte encore aujourd'hui. Selon M. Henry (Le Guide en
Roussillon, p. 172) les anciens comprenaient sous le nom
de Claiisuras les deux cliâteauv qui se voient encore, l'un
au village dit La Clma haute, l'autre sur la rive gauche du
ravin qui descend de Bellegarde. Cependant, malgré la
forme plurielle du nom de Clausuras, les termes employés
par Julien de Tolède (Caslrum quod vocatur Clausuras)
ne permettent d'y voir qu'une seule forteresse, corres-
pondant au château dont l'église porte encore cette ins-
cription : A7/7. Kls. marcii anno Do. M.CC.XC.I. obiil
Poncius de Capite Magno domicellus, Dominus Castri de
Clusa. «Le château de La Clusa, dit M. de Bonnofoy, fut
un des points militaires les plus anciens de nos comtés;
nous n'avons pas, dans ce département, de ruines aussi
importantes par leur étendue. » — Epigraphie Rou^sil-
lonnaise, n" 205.
" tere, vi'I aJ ducatiim rojjioiiis i|)sius peiliiiiTC. — Cullecl. )lajc. Concil.
« Hisfi., p. 755. 1) (/éditeur des Coiunles s'est iiiiajjiné (|ue , dès cotte épo-
que, les Juifs <le la Septiinanic étuienl parques dans des vallons fermés,
qu'il lui a plii d'appeler clausuras. « Inlia clausuras , dit-il en mite, in
• vallibus montibus circumscptis. » Nous croyons qu'il s'agit ici de notre
forteresse, el qu'il faut lire ultra au lieu de inira, e'ost-à-dire, en-deçà des
Pyrénées et du château des clausures, ou au-delà, par rap|)orl aux l'èics du
Concile île Tolède. Cette expression revient .souvent, à propos de celte
forleressc. «El ttllrà Clusa, in coniitatu Inipurilanensium , « est-il dit
dans \mu charte de l'an 889 (D'.Vcuer. Spicil , VIII , p. ôo i ) , el en 916.
l'Evèque d'iihie, donne à son l'église ses possessions dira Clusas Spaniœ
(il/orca, n» 65).
' Dans une charte de l'an 844 : < Ecclesia Sci Martini ad ipsas Kelo-
nicas, in via qu;c diseurrit ad ipsas Clusas. — BAluzr.. ,ly);it'ii(/. ad Capilitl..
col. li'.S .
'- Ce nom se trouve déjà en 889. Il réparait an Mi*^ sieile,-- mansos (|ui
sunl ad Clusam , en ! |.î4 , Carlul. du Temple . fol. 45 ; — Pctrus de Clusa,
en H7t», Ibid., p. 118, 97, Ml. etc ; IVmsus .le '7hs.i , en 1288.
mitl. dt Langued . preuves
Iâ4
SORDOINIA.
Julien de Tolède nous a transmis, sur notre idéographie du
vn« siècle , un dernier témoignage , dont la valeur sendde
avoir été assez mal comprise jusqu'ici. Il s'agit de la Claur-
suraSordonia. L'opinion émise, à ce sujet, par M. deMarca,
a été répétée par tous nos historiens, et elle est aujourd'Imi
tellement accréditée, qu'il sera nécessaire, pour la réfuter,
de citer en entier et d'examiner en détail le texte qui a
donné lieu à ces fausses interprétations.
En 672 , le duc Paul , révolté contre Wamha , roi de
Tolède, se fortifie dans Narhonne, capitale de la pro-
vince qu'il venait de soulever. Le Roi Wamha marche
contre le rehelle, et part de Gérone, après avoir divisé
sou armée en diverses colonnes, pour attaquer les châ-
teaux qui défendaient la ligne des Pyrénées. Julien de
Tolède continue ainsi son récit : «Il attaqua et soumit,
« par une admirahle faveur de la victoire, les châteaux
« Pyrénéens que l'on appelle Caiicoliberi, Vultnraria, et
« le Caslnim Lybiœ, dans lesquels il trouva beaucoup
« d'or et d'argent, qu'il abandonna à ses nombreuses
« troupes, comme leur part de butin. En outre, une irnip-
« Huit fut faite daus le château que l'on appelle Clansiiras
« (La Clusa), par un corps de troupes, détaché en avant,
« sous la conduite de deux Ducs. On y fit prisonniers,
« Ranosind et Hildigise, avec un certain nombre de re-
« belles, (pii s'étaient charges de défendre ce chàleau;
« on les conduisit au Roi , les mains liées derrière le dos.
« Cependant, Wittimir, un des conjurés, qui s'était établi
« et fortifié dam Sordonia, prit la fuite, aussitôt qu'il eut
« appris l'invasion de nos soldats, et se rendit à Narbonne,
« pour apporter à Paidus la nouvelle de ce grand désastre^.»
' Castraque Pyiciia,Mca, (iii.-c vocanliir Caiicolihcri, Vulluraria cl Caslrutii
[,ibyic, iniiahili victoriiP Iriuinplio ccpit ali|H(! |)crd()imiit, multiiin in liis
laslrisauri ai{;ei)tii|iic invciiicns.quotl copiosiscxi-rcilibus in prirtlain rcssit.
125
Julien (le Tolède écrit avec une em[)liaso (juil serait
dillicile de recommander, an point de vue du goût et du
style; mais son récit, si l'on ne tient compte que des faits,
renferme des détails de la plus rigoureuse exactitude, et il
n'y a pas une seule expression contestable, au point de vue
de l'histoire et de la topographie, dans le passage que nous
venons de citer. Mais, qu'était-ce que celle Sordonia où Wit-
timir exerçait son pouvoir (constihilm), et dans laquelle il
s'était fortilié (se clmiscrat)? lous les auteurs, depuis M. de
Marca, en ont fait une tour, qu'ils ont transportée à la
Torre Cerdana, dont les débris insigniliants se voyaient
encore, il y a quelques années, près de la Tour-de-Carol '.
Nain in Castriiin quod vocaliir Clausuras, uiissis aiilo si- exort-ilibus , |ii.'i'
Duet's duos irruptio fada est. Ulii quoqiie Raiiosindus el liildifjisus ciini
celero aoiiiinc in'rfiJoiiiin , (|ui ad dcffiisioiieni Caslri ipsius ciiiilliNei-aill ,
capiiiiitur; <iii'(|iic deviiutis posi lorgiim maniLiis l'riiuipi pivpsi'iitiUilur.
Vvittimirns lanier», unus ex conjnralis, qui se in Sordoniam conslilutus ctau-
scral, nostros irriipissi.' porsentions, slatim aiifii(;il; et lanla; cladis nuntiuni
l'aulo iii Narbonaiii pcrlatmiis ai'ccssil. IHhI. Wambœ, régis Tolelani, auclorn
Juliaiio, ïoleta». Archicp. ( Iix vcleri codiee ftls. cœnobii iMoissiacensis. )
' l.i'S ('■rrivaiiis qui ont transporté Sordonia ;i la Torre Ccrdaua, ont accepté
celle identifiialioii connue un fait ac(|uis et ne pouvant soulever aucune
diflieulté. Ils se sont abstenus de donner la moindre raison à l'appui de
leur opinion , et on ne pourrait leur en supposer d'antre que ranalojjie
apparente qu'il y aurait entre les deus noms. Mais rette analogie ne nous
frappe en aucune manière, et l'on ne peut que trouver une dilferencc
coniplèle entre les deux noms, si on les evamine de plus près. Celui de la
Torre Cerdana ne se montre (|ue dans des documents assez niodeines; il
s'explique parfaitement pa/ la silualion même de celle forteresse eu pleine
Cerdaijne, et, si cette tour existait déjà à l'époque romaine (ce que nous
ignorons coniplétenieut j, on peut bien admettre (ju'elle portail dej.i le nom
»|u"elle avait dans les deruiers temps de son existence. Or, n'ya-l-il pas une
différence complète cuire les noms égalemenl anciens des Sorrfotif.« et des Cere-
lani ou '.'irnMiii, appelés Kentlani par Strabon , le premier ijui en ail fail
menlionV Observons même que Julien de Tolède, le seul (|ui ail parle de
Sordonia, a établi une différence encore plus marquée entre ce nom et celui
de Cerdana. en donnant à ce dernier la forme 'irrilaiiia (C.asirum Liby<r, QUod
est '.irri/aiii<i' capui ). L'assimilation des deux forteresses est donc toul-à-fait
aiLitraire. ijuant aux noms, puis(|u'ils sont on ne peiil plus iliflérenls.
12i
On comprend sans peine que les complices de Paul se
soient fortifiés sur toute la ligne des Pyrénées, de manière
à fermer tous les passages qui donnaient accès dans la
Septimanie ou Gaule Gothique ; et le Castrum de Livia ,
qui ouvre le port ou passage dit aujourd'hui de la Perxa,
devait nécessairement être compris, comme il le fut en
effet, dans cette ligne de défense. Il n'en était pas de
même de la tour de Carol, située à une très-petite dis-
tance de la ville de l.ivia, pour fermer les communications
entre la Cerdagne et le diocèse de Toulouse qui dépen-
dait alors du royaume des Francs, et devait, par consé-
quent, rester tout-a-fait en dehors des opérations militaires
d'une guerre civile entre les Wisigoths de l'Espagne et
ceux de la Septimanie. Nous voyons, en effet, les troupes
qui avaient opéré dans la Cerdagne, se diriger de Livia
sur le port de la Perxa, pour rejoindre l'armée principale
dans la plaine du Roussillon, sans se préoccuper autre-
ment de la forteresse Sordonia, ni profiter du passage que la
défection de Wittimir leur ouvrait vers le pays de l'Ariége,
où les soldats de Wamba n'avaient rien h faire. La position
de la Tour de Carol aurait donc été, dans cette occasion,
un j)f)int de défense parfaitement inutile, et, en admettant
que Wittimir eût eu l'idée de s'y fortifier, on ne saurait,
vraiment, lui faire un grand crime de l'avoir abandonné.
La marche des faits s'oppose donc à ce que l'on mette
Sordonia dans le voisinage de Livia; le sens du récit
de l'expédition de Wamba s'y prête encore moins.
L'Archevêque Julien était contemporain des événements
qu'il raconte; il puisait à des documents, pour ainsi dire,
officiels, et ce qu'il dit de la prise des châteaux pyrénéens
est extrait du jugement même des complices de Paul.
En voilà certes plus qu'il n'en faut pour ne pas faire
dire à cet écrivain de véritables impossibilités. Il raconte
que Wamba, sortant de Gérone, fait attaquer les forte-
resses des Pyrénées par divers corps de son armée, qui
\'2[
s'emparent de Caucoliberi , tle Vulluraria (Oltrera), du
Caslrum Libyœ et de Clausuras (La Clusai, dont les
défenseurs sont faits prisonniers et amenés au Roi. C'est
alors que Wiltimir, qui s'était foitilîé dans Sordonia,
s'enfuit vers Narhonne, «pour apporter à Paul la nou-
« velle d'un si grand désastre. » Mais, d'après le texte de
Julien , la nouvelle que Wittimir voulait apprendre à Paul
ne pouvait être que la prise {irniptio) des châteaux de
l'Albèra {noslros irrupisse perseiilicns , statim aufiigit,
taïUœ dadis meiithim peiiaturus); car l'historien n'applique
ce mot qu'à la prise du château de Clausuras : « Castra
« Pyrenteica... ecpit atque perdomuit... in Castrum quod
'< vocatur Clausuras, per Duces duos irniplio facta est. »
Or, si Wittimir eût été posté à la Tour Cerdane , il lui
fallait au moins deux jours pour être informé de ce qui
se passait h La Clusa ; il ne fallait guère moins de temps
pour transmettre une nouvelle de la Tour Cerdane à
Narhonne, tandis qu'on a pu, de tout temps, apprendre
en un jour à Narhonne ce qui se passait à l'extrémité
orientale des Pyrénées. On a donc fait dire à Julien de
Tolède, que Wittimir avait quitté son poste de Sordonia
et s'était dirigé vers Narhonne , pour porter h son sou-
verain une nouvelle, que celui-ci devait savoir depuis
quatre jours. 11 n'y a aucune raison de prêter à l'un des
complices de Paul cette mission ridicule et parfaitement
inutile, et nous couclurons naturellement, de tout ceci
que Sordonia ne pouvait être ni la Torre Cei'dane ni
aucun autre lieu situé dans la partie occidentale de notre
département.
M. Walckenaér qui, à ce qu'il semble, n'avait jamais
entendu parler de la Cerdague ' ni de sa Tour, avait eu
' Nous croyons devoir, ^m snji-l de M. de \\ alcki'iuui , citer tcxtuclic-
meiil une note dont la nu-ditalion peut olrc de q(iel(|ue titililé aux érudits
qui décrivent niagistralenicnt les pays qu'ils n'ont jamais mis: h l.e district
Jis Sdrdones subsista jusqu'à la lin du xv'' siècle. Je trouve dans le procès-
128
le bon esprit de no s'en ra|)[)orter qiraii témoignage de
Julien de Tolède, pour retrouver la position de Sordonia.
En conséquence, il plaçait, entre Chnisiivas et Narbonne,
le château Sordonia, qui, suivant lui, pourrait bien être
Sournia , dans le pays de Fonollet. Il existe, en effet,
une grande similitude entre ces deux noms; mais la situa-
tion de Sournia ne parait pas complètement en rapport
avec les circonstances relatées par Julien de Tolède.
Tout ce qui semble résulter du récit de cet écrivain ,
et ce qui parait complètement admissible , c'est que le
rebelle Paul, en se retrancliant dans Narbonne, avait bien
pu distribuer ses principaux complices dans les châteaux
des Pyrénées, qui formaient ainsi la première ligne de
défense, derrière laquelle il avait pu en établir une se-
conde, en fortifiant quelques châteaux situés entre les
Pyrénées et Narbonne. L'extrémité orientale des Cor-
bières, qui formait la frontière des anciens Sordcs, a été
de tout temps la limite reconnue du Roussillon et du
Narbonnais, et quoique le château de Salses, qui est
censé la défendre aujourd'hui, soit de construction assez
moderne, les forteresses ne manquaient pas sur cette
frontière dans les temps anciens. On voit aujourd'hui,
au M.-O., et à une faible distance d'Opol, un vaste co-
teau, tout couvert de ruines d'anciennes fortifications,
verbal manuscrit des Ktals-Géncriiux tenus soiis Cliarles VIII, en l'i83
(Bibliolli. du Roi, collection Dupuy, n" 521, fol. 17), la Lungue-d'' Oc et
les provinces adjacentes désignées ainsi : « Quinla fuit portionum Lingua
Il Occitana , cum suis senescalliis , ci(|ue adliarcntes fucrunt Delfinatua
a l'rovincia , Ruscilio et Sardinia. » Sardinia est évideiiinient une faute de
copiste et est mis pour Sardnnia ou Sordonia. » (Géogr. ancienne des Gaules,
par le baron Waixkenauii, t. II , part. Il, ch. 4. ) iM. de \\ aickenaer savait,
comnie tout le monde, que le mot Sordonia se trouve une seule et unique fois
dans uu écrivain du vii'^ siècle; mais il aurait ctc bien surpris d''apprendrc
que le nom de Ceriinnia, (|iii n"a rien de commun avec Sordonia, se trouve
dans des milliers de titres de toutes les époques, pour désigner un pays,
connu de iio<s jours, comme dans tous les temps, sous le nom dcCerdagne.
uilgairenienl appelées le château d'Opol. C'était au xiir
sièle le Puig deSnlvalerra, anciennement ^)\^e\éCaslaH de
Oped. Le roi Jacqucs-le-Conqiiérant y fonda une basfida
ou pahlacion, qui obtinl, par un privilège des ides de mai
1246, l'usage de la coutume caite de Perpignan. Le nom
de Caslarl prouve qu'il y avait eu déjà, en ce lieu, une
ancienne forteresse, que le Roi d'Aragon voulait seule-
ment rétablir et agrandir, pour la défense du Houssillon '.
Au-dessous d"Opol, et dans un lieu beaucoup plus rap-
proché du village de Salses, se trouvent encore les ruines
du CasteU-VeU, qui servit aussi \\ défendre la frontière
du Roussillon, jusqu'aux premières années du xvi^
siècle où l'on construisit le château actuel de Salses.
Le Castell-Vcll remonte à une haute auticpiité : ce nom se
montre déjà au xiiF siècle*, à une époque où le manoir
' (1 Coiisideraiitfis lioiioroiii el ulilitatcin toliiis IJnssilioiiis in construc-
(I cione sive forliilicia l'iulii ijiii oiini vocaliatur Caslarl de Oped , l't nui
Il modo (lii'ilur Sa/va(crra; volentcs eciani ut in diclo Podio Salvaterrc sit
Il habilalonim coi)ia... roncpdiiniis lioniinibiis de Opedo et de Pcrollons,
Il oinnibiisi|ui' aliis populatoiibus dicti Podii SalvatiTic , elc. « Reg. I de la
Procwacio Real, fol. 88, publié par M. J. Massol-Reynier, tes Coultimes
de Perpignan, p. (i'i, Moiitptdlicr, 1858. « Afcoiituiné, dit, à son tour,
M. Puijgaii, à rciicoutier dos méprises de toute espèee dans les rubrii|ues,
les copies, les sommaires de diverses arrliivcs, je connais, depuis longtemps,
la nécessité de compulser les originaux, (anl qu'il est possible... Ainsi ai-je
appris coinbien Puignau s'est grossièrement trompé, en disant ([ue le elià-
teau d'Opol s'appelait anciennement Castar de Oped, lorsqu'il aurait dû
lire Casilar de Oppl fCasIlar, comme Calllar, dans le Cooflenl, signifiait
rliàteau. Voir DucangeJ. Mais, quelques choquantes q\ie soient ces erreui's,
elles se répéteront encore, et peut-être éternellement, comme tant d'autres. »
Le Publicateur, du 21 juillet 1852. —Comme on l'a vu, M. Alassot a
reproduit le lexle de Puignau, qui nous parait être le seul bon, quoi qu'en
ait dit M. Puiggari ; car le lieu d'Opol s'appelait encore au mi' siècle
Oped ou Opid. dérivé d'Oppidum, et ou peut lire, dans une pièce du l-S des
calendes de décembre 125o, les confrontations de quebjucs propriétés situées
à Bonpas et confrontées, du midi, in limore qui fuit Claie de Opidn, ab oicidcn(e
in honore qui fuil llaijmundi de Claira de Opido (Cari, du Temple, fol. 2GG).
'^ f.a plus ancienne uuntion que nous en connaissions, se trouve dans
féodal de Salses est appelé simplement le château. Nous
ii^norons (railleurs à quelle époque la dénomination ,
relativement moderne de Caslell vell l'ut mise en usage.
On ne sait pas davantage le nom primitif de cette forte-
resse, qui devait remonter au moins à l'époque romaine.
Mais, s'il est jjrouvé que Sordonia ne peut être la Torre
Cerdana , la logique des faits et le sens de l'histoire
amènent irrésistiblement à conclure que la Clausura
Sordonia du vue siècle devait se trouver entre les Pyré-
nées et Narbonne, dans le voisinage de Salses et proba-
blement sur la place même de l'ancien château d'Opol,
dont l'antiquité se trouve sullisamment démontrée par
son ancien nom de Outlar de Oped (ou i'Oppulum) ,
ou de la forteresse non moins ancienne de CastellvelL
On comprend ainsi que le rebelle Wittimir apprenne le
premier la prise des châteaux de l'Albèra, et qu'il s'en-
fuie aussitôt pour porter la nouvelle de ce désastre à
Narbonne. Kn un mot, cette opinion est la seule qui
s'accorde avec toutes les circonstances du fait raconté
par Julien, la seule qui puisse les expliquer et les faire
admettre raisonnablement. Il ne lui manque qu'une con-
firmation , que la connaissance de l'ancien nom de la
forteresse de Castellvell pourrait sans doute lui donner.
Mais, à défaut de ce témoignage qu'il faut désormais
renoncer à découvrir, n'avons-nous pas un fait dont
l'importance ne peut être méconnue? C'est le voisinage
même de cette rivière Sordus , qui donna son nom à
l'étang qui la reçoit, à la côte qui l'avoisine, ainsi qu'au
un acte du 5 des ides d'août 122J (Arcli. de l'Hôp. de Perp., liasse 27,
11» 73), à propos d'une propriété située à Labcja, dans la Salanca, et con-
frontant à meridie in honore d'En Casleluel. Ce n'est, il est vrai, qu'un nom
d'iioinuie; mais cbacun sait, qu'à cette époque, le nom de la plupart de
nos villajjes, n'est souvent connu (]iie |)ar les individus qui le portaient et
q\ii en étaient originaires. Le nom de CasUllvell (Castro veleri ) se trouve,
d'ailleurs, dès l'an I 15!), dans nos do»iimcnts, mais c'est pour désigner
une famille catalane qui n'avait rien de commun avec notre Castell velt.
1-29
peuple qui Ihabitait. Pourquoi ne l'aurait-elle pas douiK'
également à une forteresse construite sur la montagne
d'où elle jaillit, et n'aurait-on pas appelé Sordonia , la
dausura qui fermait, pour ainsi dire, l'entrée de cette
source et du pays des Surdons?
JULIA LIBYCA (UHIA).
Pline ' ayant divisé les Ccrrctani en Juliani et en Amjus-
lani , M. de Marca s'est cru autorisé à dire que ces peu-
ples jouissaient du droit latin, qui leur aurait été octroyé
par Jules-César ^ Celte explication peut être admise, en
partie; mais la ville de ixdia Libijca se trouve mentionnée
seulement dans la (ico(jrap}iic de Plolémée, qui se borne
à la citer comme la viUo des Corilans (lih. II, cap. 6).
Elle tombe ensuite dans l'oubli pendant plusieurs siècles,
à moins d'y voir cette cité des Liviani ^ , où Sidonius
Apollinaris fut exilé, vers l'an 47G.
Sous la domination des Wisigollis, le Castrum Lihyœ
était encore la capitale de la Cerdagne, défendue, en G72,
contre les troupes du Roi Wamba, par un évéque du nom
de Jacinthus, et par Araugiscle, deux des cbampions du
duc Paul*. Un autre ambitieux, du nom d'Abu-Nessa,
s'y défendit aussi, mais sans plus de succès, contre Abd-
er-Rabman, wali d'Espagne; et un cbronicpieur contem-
1 Cerrelani qui Juliani cognominanfur, cl (jui Aupiisbui (Pline, III, 5).
'^Juliani suut vclercs Ccrclani (jui Lalii jure potiebantur, teste codcm
Pliiilo. Istud vero asseculi beneficio Julii Cicsaris, uiide coruni oppidum
Julia Livia dictuin ( ilaïxa hispnnicaj.
2 Sidon. Apoiliuaris écrivait vers l'an 47C: " Duui nie teiuiit iiiclusuni
« inora mienium LiviauoruMi (cujus incomuio<li lineni post opern Clirisli tibi
« debco),niin valebal curis aniinus a'jjer saltiiu saltuatim Iradeiida jiereur-
• rere, » lib. VIII, lipist . III, Leuni. — Ce Léon était de Narboniie et secrétaire
d'Euric. Selon >|uel<|ues éditeurs, la ville désignée dans ce passage serait
le lieu de f.iviana de la Table de l'eutinger, entre Carcassonne et Narbonue.
* Casiruin l-iby;e, <|uod est l'.irritania.' oaput... (|uem lacintlius Episropus
cuni Araiigisclo.. post jus l'anli peilidi viiulicdbanl. Jui. Ilisl.rtg. Hdmft.)
9
130
porain', se contente de désigner cette ville par le titre
A' Oppidum Cen-iUniensc. A pnrlir du ix" siècle, elle n'est
plus connue que sous le nom de Livia% cpf elle porte encore
de nos jours; mais il parait que la ville actuelle de Llivia
estmoderno, elTantiqueLiV^ym existait à une petite distance
au N.-O., sur la colline où se voient encore les restes des
mursdont elle était entourée (IIemiy, Guide m Ronss.,1oo}.
Nous n'avons pas besoin d'ajouter que la ville de Libyen
n'était pas comprise dans les Gaules; c'est aujourd'hui une
ville espagnole, qui se trouve enclavée dans le territoire du
département des Pyrénées-Orientales, et c'est pour cela ,
seulement, que nous avons cru devoir en parler.
t Neinpe ubi in Corritancnsc oppidum repcritur vallatus, obsidione
oppressus, etc. {Clironic. Isidori Episcopi Pacensis.)
2 Livia,cn8l9(Marca,J) — En85G,parrochiaquajdicilurLivia(/6.,-l'l).
—En 876, in suburbio Liviense(l6., 41).
Nous venons de passer en revue tous les noms géographiques
cités dans les auteurs de l'antiquité, et qui peuvent être inscrits,
avec certitude, sur une carte historique du pays des Pyrénées-
Orientales, sous la domination romaine. Ces noms laissent entre
eux des vides immenses, que l'élude de nos antiquités permettrait
de remplir, jusqu'à un certain point; mais nous n'avons pas voulu
faire ici une statistique monumentale, et le titre même de notre
travail ne nous permettait pas de faire autre chose que ce (jue nous
avons fait. Ce n'est pas que nous ne comprenions l'utilité d'un
répertoire archéologique; malheureusement, lorsqu'il s'est agi de
convertir en faits de géographie positive, pour notre déparlement,
les indications fournies par les médailles, les inscriptions, les
étymologies et les débris de constructions romaines, nous avons
rencontré des difficultés, qui n'arrêteront pas tout le monde, sans
doute, mais que nous n'avons jias cru pouvoir aborder. Car la
topogra]tliie historique veut autre chose que des conjectures, des
probabilités et des points d'interrogation; et il nous semble impos-
sible d'inscrire, sur une carte historique du Roussillon romain,
autre chose que les noms transmis par les documents de l'histoire
elle-même, ou par les inscriptions contemporaines.
l.'il
LA VOIE ROMAINE DE L'ANCIEN KOUSSILLOiN .
Par M. B. Al>ABV, niciiibre résidant.
Nous aurons encore à ronibattre, au sujet de notre voie romaine,
comme nous avons dû le faire pour certaines questions de notre
topographie ancienne, les opinions d'hommes éminents, qui ont
pu se trom|)er quelquefois, mais qui n'en duivcnl pas moins être
considérés comme les véritables loiidateurs de l'archéologie rous-
sillonnaise. Les Fossa, les Sainl-Malo et les Puiggari ne sont pas
sans doute, en tout et toujours, des oracles infaillibles; cependant,
ce n'est pas sans éprouver de pénibles regrets, que nous nous
voyons obligé d'abandonner, pour une question particulière, des
guides que nous voudrions toujours suivre, et dont on ne saurait
trop écouter les leçons. Mais l'arcliéologie ne se fonde (las sur la
tradition : ce sont ici les découvertes et les faits qui décident les
convictions, et nous pouvons conserver religieusement le souvenir
des maîtres, sans oublier que nous ne devons jamais les honorer
aux dépens de ce que nous croyons être la vérité.
Il a pu exister plusieurs routes romaines dans le pays
de Ruscino, pour aller de Narbonne en Espagne; mais
les auteurs anciens n'ont parlé que d'une seule, et leurs
témoignages, qui sont, d'ailleurs, peu explicites et en fort
petit nombre , peuvent se résumer en quelques lignes.
Les monuments archélogiques découverts jusqu'ici dans
le département, sont aussi fort rares et d'un faible se-
cours, pour la question dont il s'agit.
132
C'est avec ce petit nombre de documents incomplets,
souvent incertains et diversement inlorprélés, que les
savants modernes ont essayé de retrouver la voie romaine
qui traversait le Roussillon. Mais les opinions émises à
ce sujet sont aussi nombreuses que contradictoires; car
certains auteurs ont vu deux voies là où d'autres n'en
ont admis qu'une seule, et il n'existe pas moins de dix
systèmes, souvent entièrement dillércnts, sur la direction
de notre roule, et la situation des diverses stations signa-
lées par les textes anciens.
On ne saurait, d'ailleurs, traiter aujourd'hui les questions
qui se rattachent à cette partie de la Voie AurcUa , sans
examiner les travaux des écrivains qui s'en sont occupés;
et il importe de se tracer d'avance un plan pour la dis-
cussion de ces matières difficiles, afln d'éviter, autant
que possible, la confusion. Nous procéderons par ordre
chronologique, et nous commencerons par citer les textes
anciens, dont nous tàclierons de faire comprendre le sens
et la portée. La discussion des opinions émises jusqu'ici,
indiquera les preuves de toute nature sur lesquelles on les
a appuyées, et donnera l'occasion d'en apprécier la valeur
et le caractère. Nous développerons, cnlin, le système qui
nous paraîtra le mieux s'accorder avec les témoignages
authentiques des auteurs anciens, et avec les preuves
fournies ii ce sujet par la géographie, l'histoire et l'ar-
chéologie, en y ajoutant le petit nombre de preuves nou-
velles et de considérations particulières, qui nous auront
semblé venir à leur appui.
11 y aura peu de découvertes archéologiques a signaler
dans notre travail ; car il ne faut pas se dissimuler que,
sous ce rapport, la question de notre voie romaine est une
question à peine entamée, et le sol du Roussillon n'a
pas encore été soumis a des explorations archéologiques
dont la science puisse tirer quelque profit. Nous ne sau-
rions, dès lors, avoir d'autre but que d'arriver, par l'in-
i:i3
lerprétalion riguiireiise des textes anciens, à |)lacer quel-
ques jalons et à indiquer la direclion de l'ancienne voie
dans notre pays; et, si ce résultat se trouvait définiti-
vement acquis, il serait facile d'en coni|)rendre linipor-
tancc , j)ar le simple exposé liist()ri(}uc des systèmes
contradictoires émis jusqu'ici à ce sujet.
lïfat ilc la <iiiio.<)«tGan «io no(r<^ voE(> romalno,
en fiSôi^
Malgré la diversité des interprétations , il n'y avait eu
qu'un système longtemps adopté sur la voie romaine
que les savants modernes traçaient à travers le Hous-
sillon, dans une direction qui, au fond, restait toujours
la même, entre Salses et le Pertlius, lorsque M. Jacques
de Sainl-Malo |)ul)lia ses Éludes sur la ]'oie Ilomaiuc,
conduisant de Aarhunne en lhcric\ Notre archéologue
envisageait la (picstion sous un point de vue entièrement
nouveau; il admettait deux voies, au lieu d'une, et leur
assignait des stations presque toutes différentes de celles
qu'on avait signalées jusqu'alors. « il se trouvera ])eut-
« être des juges sévères, ajoutait M. de Sainl-31aIo, qui
« repousseroJit mes études, parce qu'ils ne verront que
« des conjeclures dans tout ce qui a rapport, soU à la
« direction que j'attribue à la voie romaine, soit à la
« position des dites. Mais les écrivains qui m'ont j)récédé
X dans cette carrière, n'ont pas agi dilTéremment. La
« raison en est simple : c'est qu'il n'y avait pas d'autre
« moyen pour parvenir au but qu'ils s'étaient proposé;
« l)uisque l'objet qu'ils voulaient faire connaître avait
« totalement disparu » — Annuaire de i85i , p. 23!2.
' Dans VAnmtaite des l'yrénées-Oïknlala , pour 1851. |raf;e i\)l e^
suiv.iiiU--.
134
Nous ne saurions assurément nous ranger, à aucun
litre, parmi les juges sévères dont |)arle M, de Sainl-
Malo ; mais il est permis de regretter qu'un critique aussi
éminent n'ait pas vu d'autres moyens que dos conjectures,
pour résoudre la question (jui nous occupe. Même, en
admettant que la route romaine du Koussillon soit aujour-
d'hui complètement détruite, la saine critique pourrait
toujours s'en tenir aux témoignages des auteurs anciens.
INous sonnnes convaincu qu'on peut encore arriver au but
autrement que par dos hypothèses et des conjectures, et
le moyen consiste dans l'interprétation exacte et rigou-
reuse des anciens documents, dont il faut reconnaire le
sens et la valeur, avant de songer a les mettre en œuvre.
Par là, seulement, on peut espérer de savoir sur cette
question ce qu'il est possihlc d'oi stivoir (lujovfd'hni, au
lieu d'aboutir à de simples conjectures, plus ou moins vrai-
semblables , ou de procéder à la reconstruction exacte et
complète d'un monument qui aurait totalement disparu.
Cependant, à Tépoque même où 1\I. de Saint-Malo
semblait considérer le problème de celte Voie comme une
question à peu près insoluble, il n'y avait plus qu'un pas
à faire, selon nous, pour arriver à la solution définitive;
et, ce pas, c'est M. de Gazanyola qui l'a fait. Son système
n'était pas tout-à-fait inconnu à M. de Saint-Malo, qui
semble y faire allusion , en parlant « des personnes qui
« établissent la station Sunwmm Pyrenœum, à l'extré-
« mité méridionale du col de Banyuls, et Ce)iturio7ies, en
« vue de la tour de Madalolh'. » Il attendait, en consé-
quence, « qu'on signalât cotte intéressante localité d'une
« manière plus précise, et qu'on administrât des preuves
« propres à transformer, en propositions incontestables,
« les assertions relatives à la position des deux station*
« ci-dessus mentionnées ^ »
I Ànnuairt de IS54, \yi^<t 225.
■^ Ibid., |);ii|« 22 i.
135
M. de Gazanyola répondit à cet appol, et son svslèuie
se trouve exposé dans son Histoire du Roussillon , qui
n'a paru qu'en 1857. Au lieu de chercher des preuves
nouvelles, qu'il ne dépendait pas de lui do découvrir, il
a cherché à comprendre celles qui avaient été fournies
avant lui ; il a cherché surtout à pénétrer, sans parti pris,
le vérilahle sens des textes où il est question de notre voie
romaine ; et, c'est en partant de ce principe, en s'appuyant
toujours sur les laits historiques et sur les monuments
antiques découverts dans notre pays, qu"il est parvenu à
retrouver la direction de la voie romaine, depuis son
entrée dans le pays des Sordons jusqu'à son passage
en Espagne. Les preuves données par M. de Gazanyola,
ne sont pas toujours décisives, et celles qu'il emprunte à
nos inscriptions romaines et qu"il a d'ailleurs longuement
et savamment développées, sont, à notre avis, parfaitement
inutiles pour le hut qu'il se proposait. Néanmoins, son
système est excellent dans son ensemble; il est appuyé
d'arguments sérieux et qui nous paraissent sans réplique.
Aussi ne pouvons-nous que ladopter en principe, en lais-
sant de côté les considérations qui paraissent étrangères
à ce sujet, et en le fortifiant des preuves nouvelles que
nos recherches et l'étude particulière de cette question
auront pu nous fournir.
On a fait depuis bien longtemps déjà Ihistoire des
grands chemins de Rome, et les érudits modernes ne
nous ont rien laissé ignorer de ce qui concerne l'origine
de nos voies romaines, les noms qu'elles portaient, les
règles et les usages suivis dans leur direction et leurs
dimensions, et les matériaux employés pour leur cons-
truction. Ce sont des détails importants, sans doute, pour
d'autres chemins; mais nous n'en voyons pas lulilité
pour ré'tiide de la voie qui traversait notre pays. Nous
laisserons également de côté, pour le moment, tous les
monuments archéologiques, signales en Houssillon, d'au-
I3C
Uinl plus que peisoniie n"a pu citer jusqu'ici, dans ce
pays, le moindre Iragmenl de clieniin qui puisse être
attribué d'une manière incontestable à une voie romaine;
et ce genre de prétendues preuves n'a peut-être servi qu'à
induire en erreur la plupart de nos devanciers. Nous
admettrons donc, en attendant mieux, comme le disait
M. de Saint-Malo en 1834, la destruction complète de
notre ancienne voie; et même, sans ciiercber s'il a existé
une ou plusieurs voies dans notre pays, nous nous bor-
nerons à reconnaître la direction de la route, ou, s'il y a
lieu, des deux routes, mentionnées par les auteurs dont
les écrits sont parvenus jusqu'à nous, en étudiant les
textes et les faits dans l'ordre chronologique où ils se
sont produits, pour eu interpréter le sens d'une manière
rigoureuse.
Voici donc l'histoire de notre voie romaine, d'après
les témoignages authentiques.
l'.ASSAGP. D'AiSrSitJAL.
« Le premier fait historique nous indiquant une route
« à travers le Roussillon pour aller d'Espagne dans les
« Gaules, est le passage d'Annibal, qui eut lieu 217 ans
« avant J.-C. (Tite-Live, XXI, 2i). Ce grand capitaine,
« après avoir franchi les Pyrénées, camjjo ail oppidum
<( illibcrim. Quelques peuplades gauloises se réunissent à
« Ruscino, sans doute, parce que ces deux villes étaient
« situées sur le chemin que Ton suivait alors; et la posi-
« tion du (Carthaginois, dont le principal objet, pendant
« qu'il traitait avec les Gaulois (réunis à Ruscino), devait
« être de couvrir ses communications avec l'Espagne,
<( dénote assez que la route qu'il avait suivie, pour venir
« à llli/ii'iis ne devait pas s'éloigner de la côte. » //t.sV.
137
du RuiLssillua, page 45. - On ne peul quapitlaudir aux
explications de M. de (lazanolya, en observant, toutefois.
que les historiens de la seconde guerre puni(jue, l'olybe
et Tite-Live, ne font mention d'aucune route, à propos
du passage des Pyrénées par le général carthaginois.
TlÎMOIfiNAGF. I>E l'OI.YP.r.
Après cet événement , nous trouvons un témoignage
précieux de riiislorien Polybe, qui mourut au plus tard
1 an lli avant Jésus-Christ, trois ou quatre ans après la
conquête de la Karbonnaise par les Romains. Voici les
termes mêmes de ce passage , qui est de nature à jeter
un jour essentiel sur la question qui nous occupe :
Atto ^è TO-j Io-/)0o; e?ç Karcopuo-J , yCk'.O'. ahj klay.oi'.oi:;
{gtcxSiok;). Kjl' py^v vjvvjBvj èm tyjv TO\i Po'îavovj è>.6S'xrjVJ,
csrjTi'j.î'MTy.'. y.y.TCi oraSiO-jç ox-o> Si(X Pco^uaicov eTrtfxs/ôo^.
POLYB. Jfisl. m, ,y9.
«De l'Èbre à Emporks, il y a 1.600 stades, et, de
« là, jusqu'au passage du Rhône, il y en a tout autant;
« car tout ce trajet se trouve maiiilownl mesuré et soi-
« giicusement marqué de huit en huil stades par les Ro-
« mains. »
Les bornes milliaires qui avaient permis aux Romains
de mesurer la dislance entre le Rhône et Empories,
n'avaient pu être établies (]ue sur un chemin antérieur à
leur conquête, et (pii était sans doute l'œuvre des (iau-
lois. Il importe peu de savoir si cette route |)rimitive
était comparable, pour la construction ou les dimensions,
aux voies que les Romains établissaient, dès cette époque,
dans d'autres pays; mais on voit que le parcours en
était marqué, avce le jilus f/rand soin, par des bornes
placées à "200 milles les unes des autres; et cette régu-
larité des mesures, ('tablies par les Romains, et relevées
I3S
dune luauièio si précise par Polybe , prouve que cette
route n'oirrail alors (ju'uiie seule voie dans tout son par-
cours, do même que sa direction par Kmpories montre
qu'elle ne devait guère s'écarter du voisinage de la mer.
« A cette époque lUihcris et liuscino étaient les seules
« ou du moins les principales villes du iloussillon. La
« civilisation du pays avait commencé sur les côtes :
« c'était donc là qu'on avait eu plutôt senti le besoin
«d'une route, et qu'on avait eu plutôt les moyens de
«l'entreprendre. Tout, en un mot, doit nous faire pré-
« sumcr que le chemin dont parle Polybc était celui
« qu'avait suivi Annibal, et qu'il passait par liuscino et
« Illiberis, traversant les montagnes dans le voisinage
« de la mer ', » pour aboutir à Empories.
TFMOIONAGl': Dh: SIRABON.
Le témoignage que nous fournit le géographe Strabon,
au premier siècle de notre ère, n'est pas moins précieux,
et il s'accorde parfaitement avec celui de Polybe.
Ev-b; (5e TO-j iÇripoq iJ-î'ypi Fluor/Vr/; -/.a: tcov Uoix'Kri'.'o-j
oiMoS-n'J-oiTO^-j , ypAo: x-X'. îcc/.y.ô-i'.O'. — Msra^ù è\ tcov to-j
lo^/jpoç fxrpoTcov, xa: twv axpœv Tv,q ri'JCrlv/yÇ, £cp ô)V
lèp-jvy.'. Tût a:jyf)ri'j.y.rc/. to'j ïlo^uLirr/'o-j, irptoTV) Tapaxcov
laxi iroXtç. Stuar., lib. IIL
«Il y a, dit-il, de TÈbre jusqu'à Pyrènc et aux
« Trophées de Pompée l.COO (stades)... Knire lesembou-
« chures de l'iUire et les extrémités de Pyrène où sont
« construits les Trophées de Pompée, la première ville
« que l'on trouve est Taracon (Tarragone). » Strabon
continue ensuite la description de la cale et arrive à
Kmpnrion. « C'est une fondation des Massaliotes , à
« 400 stades de Pyrènc et des limites de rihérie et de
' Uid. ihi rummllon, ji.ir VI. do (Jnz.iuyol.n , |i. 'i 'i.
130
« la Cellique (o-jov ■:irrjay.'.<jyj'h\Q-jq, èUyo'i rrlç I\jorivr,q
« Ks/rixYjv). Toute cette région est bonne, et elle a des
« ports excellents ; c'est là que se trouve Rliodopè
« (Roses) Une portion du pays qui appartient aux
K Emporitains, dans l'intérieur des terres, est assez
«fertile, le reste ne produit que du sparthutn , espèce
« de jonc qui se plail dans les marais , et qui n'est pas
<( d'un grand usage : le terrain qui le produit porte le
« nom de champ Joitncaire (xa).o\t7! âi lo-jyy xpio-j 77-â:ov).
« D'autres, enfin, habitent aux extrémités de Pyrène, jus-
« qu'aux Trophées de Pompée, par où l'on passe pour
« aller de l'Italie dans l'Ibérie dite extérieure, ou plutôt
« dans la Bétiquc. Tivîç SI xa: -wv rri; U-jprrrr,^ ôcxpcov
« vêacvra; pî'xP' '^'^'■' ^■'^^''l'^^'^^^'J '^'^^ noy.Trr/oj , (5: " wv
« (3aâ:Coj<7!v £:'ç -riv e;co xa).0"Jfji.£vr/V loz/ptav ex tô;
'< IraVaç. » Strab. , lib. III.
Pour Strabon, comme pour Polybc, la situation de
l'embouchure de l'Èbre est déterminée par la distance
qui la sépare des extrémités des Pyrénées '. Il mesure
de même la position de la ville d'Enipon'cs , qui se trouve
' u lui IraJuisaiil par sommc/s des Viirénées k's mots (jiie tous los traduc-
teurs ont, ce me semble, rendus avec plus de liilélité par ceux-ci, l'exlré-
milé des Pyrénées ou ai\Ucs C(]nivalcnts , M. de Marca change un passage
clair, et (jui iiidi(|uait fort bien la direction de la route et la situation
des tropiiées, en un autre qui n'indique plus rien ; et supposant, gratui-
tement, que la voie romaine passait au Pertlius, comme y passe la route
actuelle, il place les trophées vers ce point.» De G.\zan\oi.a , llisl. du
Aou$si(/on, page AdS. — Dans la traduction latine deSlrabon, (lasaubou
rend ainsi ce passage : Quidam el exlrema l'ijrenes accotmU , tisqiie ad
lro})hcra l'ompeii. 11 est certain que, dans Strabon, le mot OCXpOV est pres-
que toujours employé dans le sens de cap ou promontoire , celui qui est ii
rouest de Massalie n'est pas désigné aulromenl, iT\ OLy.rj7.'i Z^j^îyvhi
(lib. IV), cl, dans le passage en (jueslion , les c.rftv'miVi.s (/<• Vijrine ne
psuTunt s'enlïudre quv des Promontoires des Pyrénées.
140
à ilX) staïk's de la limite commune des Gaules el de
l'Ibérie, ou des Trophées de Pomi)ée qui sont à l'extré-
mité des Pyrénées, sur le passage de la route. Dans toute
cette description, Strabon ne perd pas de vue, un seul
instant, la côte qn'i! suit, de[»uis l'embouchure de l'Kbre
jusqu'aux i)romontoircs des ISrénées. Il la suit de nou-
veau, mais dans un sens Oj)posé, à partir de la limite des
Gaules où il a trouvé la route d'Italie, car il continue ainsi,
immédiatement après : « Cette route est parfois très-
'< proche de la mer' ; d'autres ibis elle s'en éloigne, surtout
« dans les régions de l'ouest. A partir des trophées de
« Pompée, elle se dirige sur Taracon (Tarragona), en
« passant par le champ Joncaire, Bellerôn * et le champ
« Marathoninm (Fonollères), ainsi appelé en langue la-
« tine, à cause du maralhon (fenouil) qu'il produit en
« abondance. De Taracon , la route se dirige sur Dcriossa
« (Tortosa), après avoir passé l'Kbre, etc. » (Strab.,
lib. III.)
Comme on le voit, les mesures de Slrabon sont celles
de Polybe; les chiffres peuvent varier, mais les jalons
(l'embouchure de l'Èbre et Kmpories) sont les mômes,
et, pour ces deux auteurs, le seul moyen de mesurer
cette distance, consiste toujours à suivre la côte mari-
tinje, entre l'Èbre el l'extrémité orientale des Pyrénées,
- In aiirimi liadiicUiir a In iîsTTSpCOVCOV an lien <lc BeTTcjDWV,
mais oc lien est anssi inconnn sous le premier nom (jnc sous le scconil.
(la$aul)i>n inclincruil à penser ij ne le ïielleron de Stialion pourrait ëlre le
lieu (le Sfceiras (le Vllinèraue J'Antoniii, en ndmettanl, Lien entendu,
une errenr chez Tnn ou chez l'autre de ces auteurs. La corruption du
texte de Slrabon parait é\ii!enlp, niais |)<'ul-(?lre, an li, ii de i.£Xcppa)V,
faudrait-il lire h^p-TTOOcJOV, ou tout au plus FîCCOVOa, Germida , (|ui
se trouve (également sur le parcours de la \"ie romaine, entre les Pyrénées
et Tariajjonr , d'après YUinnaire.
dans l:i dircclioii de l:i loiile i\un l'olyi)(3 si^'iialait déjà
sur celte lip,'ric, et ijiie Sliahou retrouve, en eUel, sur la
limite des (juules et de l'il^érie. Or, cette route, selon
Strabon, suivait presque toujours le hord de la nier, et,
si elle s'en écailail (|ii(!l(|uerois, c'élail seulement dans
lus parties occidentales, cl après ([u'elle avait dépassé
l'Èbre. Klle côtoyait donc la mer au |)assaf,'e des Pyrénées;
elle en était encore i)ien [)rès, lors(|u'elle traversait le
champ Juncoire, puiscpie Strabon (b'sij^ne, sous ce nom,
la côte basse et marécageuse (jiii entoure Empories. 11
n'y a donc rien, dans cette description, (|ui ne soit en
rapport avec le lémoij,'na}^e de l'olsbe, et il est inipos-
sil)i(; de clierclier ailb'urs (ju'</« hoid de la mer, a l'ex-
Irémilé des Pyrénéens, et sur la limite des (jaules et de
ribéric , C(;s ti'ophécs de Pompée pur oii passait la route
qui conduisait de l'Italie en EspiKjne.
Le langage de Strabon devient encore plus ex|dicile,
lorsqu'il décrit la Gaule Narbonnaise. « Le rivatje de la
«Celtique s'étend, dit-il, depuis le Var jusqu'à Yliiéron
« d'Aphrodite Pyrénéenne, qui est la limite de ce pays
« et de ribérie. D'autres , au contraire, fixent la limite
« de l'Ihérie et de la Celtique à l'endroit où sont les Iro-
« phécs de Pompée. Il y a 05 milles de là à Narbonne. «
Evt£ÎjÔ£v < du \ar) f/jv ow y) Trxoa/t'a TTy.oy.re'-Jsi jJn'ypt
T'j\J '.'.yrj T^ç Ilvv/ivoc^aç A'^coO!t//î, y.y/ rrrjzrt ^ eW:v
ooîov Tau—/;; n -^Traoy/aç za; rr,: 1o//0:-/.ys ' ^^îo: oï rov
TOTTOv ij M Ion ra IlofATre'o'j rpfjTry.'.y., ooio-j iCViOraç
a7vo'i>a'.voj'3! y.y t.'^ç Kî/rîzr,; îct: o v/Jij e:ç >aj;ooi)va
fxi'My ly. Stuau., lib. IV.
Strabon veut donner, dans ce passage, la mesure de
la côte niariliine des (iaules, comprise entre I Italie et
l'Espagne. Il part, évidemment, des deux points extrê-
mes situés sur le bord de la nier, soit rcndjoucbure
du Var et le Tew}il<' d' .{phradili' Pyrénéenne, qui étaient
les deux limites de la ('<Ue luarilime des (laides. Il roniai-
que, il est vrai, (jiie la limite n'était pas bien établie du
côté des Pyrénées, puisque certains auteurs la portaient
au-delà du Temple d'Aplivodile, à l'endroit où sont les
Trophées de Pompée. Mais, pour que Strabon tint compte
de cette seconde opinion, dans le calcul qu'il avait en vue,
il fallait bien que le point des trophées de Pompée, lût
également situé sur le bord de la mer; car, si on voulait
aujourd'hui mesurer l'étendue du littoral français, com-
pris entre Cette, par exemple, et la frontière espagnole,
on s'arrêterait évidemment à Ccrvera; peut-être irait-on,
par erreur, jus(|u'au Ca]> de Creus, mais personne, à coup
sûr, ne s'aviserait d'aller prendre sa mesure au Perlhus ou
à Puig-Cerda. Il faut bien croire que les anciens n'étaient
pas plus arriérés que nous à cet égard.
Si nous lisions aujourd'hui, dans une géographie du
Roussillon : « C'est le phare du Cap Biar qui forme la
« limite de la France et de l'Espagne; d'autres, au con-
« traire, fixent la limite à l'anse de Cerbéra, » nous nous
bornerions à dire que la seconde opinion est la seule vraie.
Mais si l'on écrivait, que, « pour quelques-uns, cette limite
« est fixée à Vansc de Cerhéra, tandis que d'autres veulent
« la mettre au fort de Bellegarde , » il serait permis de
dire que ces deux opinions sont également fondées, en
ajoutant, toutefois, qu'il est au moins inutile, pour ne pas
dire plus, de donner, comme différentes, deux opinions qui
s'accordent parfaitement. Or, nous nous demandons s'il est
permis de prêter à Strabon une phrase équivalente; car
on ne lui fait pas dire autre chose, lors(|u'on admet que
les trophées de Pompée pouvaient se trouver au passage
actuel du Perthus. Il nous semble que Strabon mérite
d'autres égards, et si, dans le calcul qu'il faisait, cet
auteur cite, comme également respectables, deux opinions
dillérentes relatives à la limite de la côte des Gaules du
côté des Pyrénées, il fallait bien que les deux points qu'on
lui signalait comme limite iusseiil situés sur la côte cl dam
in mê)iic direction; car, s'il se fût açji des limites intérieures,
on aurait pu lui citer cent endroits dillerents, au lieu de
deux, pour former la limite entre la Gaule et l'Ibérie.
On ne saurait donc trouver un sens raisonnable dans
le passage de Strahon cité plus haut, qu'en plaçant les
trophées de Pompée sur le bord de la mer, à l'exlrémilé
de la côte des Gaules. Kn sorte, qu'en admettant que le
temple de Vénus correspond à notre Port-]'emlres , et la
position des trophées de Pomper au lieu actuel de Cervera,
situé un peu plus au sud et toujours sur la côte, le pas-
sage de Strabon reviendrait à ceci : « La côte de la Cel-
« tique s'étend jusqu'au Temple de Vénus (Port-Yendres),
«qui est la limite de la Gaule et' de l'Espagne (selon
« Strabon, Ptolémée, etc.); d'autres, au contraire, fixent
« cette limite (un peu plus au sud), à l'endroit oii sont
« les trophées de Pompée , par où passe la route qui
« conduit de la Gaule en Espagne. » Ceci est parlaitement
clair, et il résulte évidemment du langage de Strabon,
que les trophées de Pompée , au lieu de se trouver au
Perlhus, à plus de quatre lieues dans l'intérieur des
terres, devaient, au contraire, être situés, au voisinage
de la mer, un peu plus au sud que le Temple de Vémis,
sur la route qui conduit des Gaitles en Jbcrie.
C'est donc dans les environs de Cervera qu'il faut cher-
cher les trophées. Nous ignorons pourquoi Pomponius
Mêla n'a fait aucune mention de ce monument ; mais, pour
lui, Cervera est encore le finis (jaUiiv, et son opinion,
conforme à celle de ces écrivains dont parle Strabon, vient
corroborer le langage du géographe d'Amasic, et la tra-
duction que nous en avons donnée. Cette interprétation
n'est d'ailleurs rien moins ipie nouvolle. En érudit du
xvi'' siècle, qui n'avait aucune notion sur la to|)ographie
et sur les routes du Roussillon moderne; mais qui, en
retour, avait le mérite do bien conquendre ses auteins
anciens, Abraliain Oilhélius avait déjà reconnu que \o
passage de Strabon ne pouvait pas se conij)rendre autre-
ment. Il plaçait par conséquent les trophées de Pompée,
ainsi que la route des Gaules en Ibérie, près du cap des
Pyrénées'. Ce cpii prouve, une fois de plus, (}ue, si nos
savants avaient voulu interpréter les textes anciens d'après
ce qu'ils disent réellement, sans trop se préoccuper de
l'état du Roussillon au xyii^ siècle ou de nos jours,
bien des erreurs auraient été évitées.
Itinéraires Romains.
TABLE DITI' DE PEUTINGER.
Après Strabon, les historiens et géographes anciens,
Pomponius Mêla, IMine et Ptolémée, ne fournissent au-
cun renseignement sur la route qui traversait notre pays.
Toutefois, M. de (îazanyola fait remarquer (pic ces auteurs
n'ont mentionné, dans cette contrée, que des villes ou des
lieux, tels que Salsiilœ, Ruscino, lUiheris, PoHus Veneris,
Cervariu, qui, selon toutes les probabilités, devaient se
trouver sur cette route ou dans son voisinage. Cela ferait
supposer qu'en décrivant le pays des Sordons, ces écri-
vains avaient sous les yeux une de ces Tables géogra-
phiques qui, dès l'époque d'Auguste, représentaient, avec
la configuration alors acceptée, les portions du monde qui
étaient connues. Telle était cette sorte de Mappemonde,
ou Orhis pictus, qu'Agrippa, gendre d'Auguste, fit peindre
dans un portique. Pour en rendre l'usage plus facile, on
les allongea en les déprimant, de telle sorte que la confi-
guration des terres était considérablement changée; mais
' Carie de l'Espagne ancienne. Orlliéliiis a place li's Iropliécs de l'oiiiptc
au pronionloirn do Curvera. » De la quai npinio nos te altra prova siiio la
< allegacirt, sens rcslar al(jim V('sti(;i , • ,i rjil (tosch. Tilots, clr., p. 121.
1 45
des lignes iracées sur la carte, infliquaienl la route qu'il
fallait suivre d'un lieu à un autre, avec le nombre des
milles (|ui les séparaient. Outre les grands chemins, ces
tables (kssinéc.s (dcpidœ, comme les appelle Vcgèce), insé-
raient le nom des diverses provinces, les montagnes, le
cours des rivières et les mers voisines. Notre Table dite de
Pcutmger, est du nombre de ces documents routiers.
L'exemplaire manuscrit qui avait apppartenu au praticien
Conrad Peutinger, fut publié, en 1755, par Sclieyb, qui
l'attribuait à tort au règne de Théodose II. La copie
actuellement existante parait avoir été faite, en I2G5,
par un moine de Colmar, et Mannert a presque démontré
que l'origine de cette carte remonte au temps de l'empe-
reur Sévère (ou à l'an 2ô0 de J.-C). Dans tous les cas,
sa date se trouve déhnitivement fixée entre les années
222 et 270. Il est probable qu'il y en eut plusieurs édi-
tions antérieures à la chute de l'Empire Romain, et bien
que le texte en soit fort corrompu , il est facile à rectifier
pour la partie qui concerne notre pays. C'est là, d'ailleurs,
un point peu essentiel. Mais, ce qu'il importe de faire re-
marquer, pour la question qui nous occupe, c'est que ce
document, parfaitement authentique, n'offre qu'une seule
roule traversant le Roussillon pour alliM* des Caules en
Espagne. On y trouve les indications suivantes :
Ex Tabida Peulingcriana.
Bclerris \.\ I .
Narbonc
VI.
Uiiscinonp VII.
iUibeire \II.
\J Ceiitcnariuni \ .
Il) Siiiniiii) l'vroiico Mil
Declana.....' Mil.
Juiu-aria [
Ouehpies lacunes et des erreurs évidentes rendent ce
10
146
dncument incertain, pour la nirsure des distances; mais
il est û'nnc parfaite exactitude, pour les noms des stations
et la dirocli(ni de la route. Il se trouve ainsi complètement
d'accord avec les témoignages de Polybe el de Strabon qui,
d"après nos inductions, faisaient aussi passer cette voie
uniijuc sur le bord de la mer, en parlant de Narbonne,
dans la direction (de Uuscino, d'Illibcris, et) d'Empories.
Les positions de Dechina et Juncaria sont sans doute les
mêmes que celles de Deciana et luncaria , placées par
Ptolémée (lib. II, cap. 6) chez les Indigètes, aux environs
(VEmpories.
Il n'existe donc aucune contradiction, aucune diffé-
rence , dans les divers textes examinés jusqu'ici. On
voit, au contraire, un accord frappant dans tous ces
témoignages d'époques diflérentes, qui s'expliquent et se
complètent les uns par les autres, et prouvent que tous
ces auteurs et ces documents n'ont réellement parlé, pour
notre pays, que d'une seule voie, dont la direction générale
se trouve déjà suflisamraent déterminée.
ITINlh^MRFS niTS D'ANTONIN.
Vient enfin le document connu sous le nom à' Itinéraires
d'Antonin, que tous nos archéologues ont pris pour point
de départ, dans leurs travaux sur la voie romaine du Rous-
sillon, et qui a été la source de presque toutes les opinions
erronées que nous aurons h discuter. Il importe donc ,
avant tout, de se rendre bien compte de la nature et de
l'époque de ce document, dont l'authenticité ne saurait
être contestée, mais dont on ne peut faire usage sans en
avoir bien déterminé le sens et le caractère.
On n'a pas été toujours d'accord sur l'époque à laquelle
il faut attribuer cet ouvrage, tel (jue nous l'avons. Les
différents manuscrits nomment comme auteur ou protec-
teur de l'entreprise, les uns .Iules César, les autres Cara-
calla, d'aiilrt's cnlni TIk'mkIoso', el porsoniio ne puurrail
aujourdluii raltrihiier avec cerlitiule au prince Aiiîonin,
(ioiil il porte le nom, car on y trouve plusieurs endroits
qui ne furent connus que sous ses successeurs. Cepen-
dant, tout le monde peut y reconnaître un de ces itinéraires
décrits (annotata) dont parle Végèce, qui ne contenaient
que les noms des lieux et des stations, avec la distance de
l'un à Taulre; el son examen lait voir qu'il est tiré d'an-
ciens et de nouveaux tableaux de roule, dont on avait
successivement publié de nouvelles éditions, toutes anté-
rieures à Théodose. Ce sont de longues listes de noms de
lieux, aeco!!tpagnés de c'iilîres indiquant leurs distances
respectives; et, dans l'opinion généralement admise par
les critiques de nos jours, ce document représente la
géographie du règne de Dioclétien. Il serait donc, sous
sa forme actuelle, postérieur a la Table dite de Pculinger.
Voilà ce que l'on sait sur l'époque de la composition de
l'ouvrage dit Itinéraires d'Autoitin.
Quant à l'usage auquel il était destiné, personne n'a
pu le déterminer. Les matériaux primitifs qui servirent
à le composer avaient certainement ce qu'on appellerait
aujourd'hui un caractère oUlciel; car on peut admettre, sons
dillicullé, que l'administration rouiaine possédait, pour
son service , des Tableaux complets de toutes les voies de
l'Empire, indiipiant non-seulement les cités, villes, bourgs
et villages qu'elles traversaient , mais encore les relais de
poste, les camits et postes militaires, hôtelleries, granges,
fermes et mansions isolées, avec les lleuves, rivières,
canaux, ponts, bacs, défdés et autres accidents de ter-
rain qui se trouvaient sur le [larcours des routes, et nu'me
certains points qui n'étaient nianpiés que jtar de simples
borni'S ou mesures itinéraires, l'n simple coup-d'o^il jeté
sur nos IliïX'ndrrs dits d' Aiitnnlii, pr(»nve qiic ccl ouvrage
• Srii 1 n.i\ , Mtalia, i-li'
148
n'est pas un de ces tableaux coniplcb, mais un recueil
d'extraits pris sur des tableaux de cette espèce, car on
y trouve des noms tels que Stabuhm , Iforrea, Fines ^
Prœlorium, Cenlurioncs, Vigesinmm et d'autres, que les
auteurs de ces extraits prenaient ou omettaient arltitrai-
renicnl, on plutôt dans des vues et pour des objets diffé-
rents qui nous sont aujourd'hui inconnus. Il faut bien se
garder surtout de croire, comme on l'a fait trop souvent,
que ces extraits, tels que nous les avons, n'eussent pour
but que d'indiquer les diverses stations ou relais de poste
établis sur les routes romaines. On sait en effet que, dans
tous les chemins bien administrés, les relais de {)OSte ne
peuvent être de quelque utilité, qu'à la condition d'être
établis d'une manière uniforme et à des distances à peu
près égales. On voit même que, dès le temps de Polybe,
les Romains avaient mesuré, peut-être dans ce but, tout le
parcours de la roule (\m conduisait des Gaules en Ibérie,
et en avaient marqué les distances avec le plus grand
soin, au moyen de bornes placées de huit en huit stades.
On rcmanjue au contraire, sous ce rapport, une dispro-
portion effrayante dans les ïtincraircs d'Anlonin tels que
nous les avons, puisque les distances qui séparent les
diverses stations, offrent des différences allant souvent de
quatre jusqu'à cinquante milles. Ces distances n'avaient
donc pas pour but l'indication des relais de [loste, et ces
notes étaient évidemment destinées à un autre usage, que
personne n'a pu déterminer jusqu'ici.
Enfin, il est assez naturel de conclure de tout ce qui
précède, que deux ou plusieurs auteurs d'extraits de ce
genre pouvaient relever ou omettre, dans la description
d'une même route dont ils avaient la Table complète sous
les yeux, les lieux ou les distances (pii leur convenaient le
mieux, et citer par hasard les mêmes noms ou en prendre
d'autres, dans des vues et pour des destinations différentes.
Il pouvait donc leur arriver do citer, pour un même tron-
!i9
çon de roule, des noms lout-à-lail dilVérenls, sans qu'on
puisse être autorisé à conclure pour cela (}u'ils eussent
suivi des directions difiërenles.
Tel est le caractère qu'il faut attribuer aux Itinéraires
dits d'Àntonin, pour en avoir une saine intelligence et en
faire une juste application. C'est ainsi que nous expli-
querons la partie qm se ra|)porte h l'ancienne voie du
Koussillon, cl cet examen fera mieux comprendre les con-
sidérations qui précèdent et pourra au besoin les juslilier.
Il y a précisément dans les Itinéraires d'Antonin deux
rédactions différentes, pour la route comprise entre Nar-
bonne et Tarragone.
La première, (jui se trouve dans la description de la
route â'Arelatc à Castulone (Cazlona), contient les indica-
tions suivantes, entre Narbonne et Barcelone :
Narbonem
Ad Vi(jesiiniiiii !\I. P. XX.
Coinlidsluni XIV.
niiscinniieni VI.
.\il Ci'iitiiriolu's XX.
Siiiniiunii Pyroiiacum V.
Jiincariain XVI.
Ciiinaiiiaiii \V.
.\(Hias Voconias XXIIII.
Sccerras .XV.
Pra'torium XV.
Barcinoncm XVII.
La seconde, qui comprend la route de NarlnvDtr à
Lcr/io 17/ Gcmina (Léon), conq)rend les noms sui-
vants :
Narboncm
Saisulas M P. X.\X.
Ad Stalmluin XLVIll.
Ad Pyrciia;\iin XVI.
Juncariam XVI.
(îeriiiidain XXVII.
Rarciiioncm LXVI
Il est cerlaiu t|tie le calcul des dislaiicos n'ollrc pas
un i'(>siilt;it seiiiI)la!»lo dans ces deux rédactions, puisque
la proniicre coniplc 5.") milles, et la seconde îli, entre
Narbonue et les Pyrénées, tandis que la première porte
encore J02 milles, et la seconde 109, entre les Pyrénées
et Barcelone. H faut donc reconnaître qu'il y a des inexac-
titudes, et même des erreurs manilesles, dans ces calculs :
tout le monde est d'accord sur ce point. Mais ce qu'il y
a d'évident aussi, c'est que ces variantes ne proviennent
pas d'une différence de direction. En effet, outre qu'on
ne comprendrait guère pounjuoi les Pioniains parlant de
Narbouiie jiour Caslvhnia, auraient suivi une autre route
que celle (jui allait à Lcijio Vil, puisque, dans tous les cas,
ils devaient passer par Barcelone et Tarrmjone, il est clair
que, dans l'hypothèse de l'existence des deux routes, le
point où elles auraient été le plus écartées l'une de l'autre
se serait trouvé au passage des Pyrénées.
M. de Saint-Malo avait aduiis, d'après les deux rédac-
tions des Itiniraires , l'existence de deux routes entrant
en Ibérie, l'une h Pyremcuni {soii le Perthus), l'autre à
StunDium Pyrenœuin (à l'est du Perthus, au Coll de ta
Carkissei-a ) , et se joignant à Jn/iairia , [)our aboutir
ensemble à Géroue; et, dans cette hypothèse, la |)remière
aurait dû prendre une direction à peu près semblable
à celle de la route actuelle. Or, étant donné un point
quelcon(|ue de cette ligne occidentale (soit Juacaria, à
MS milles au sud de la crête des Pyrénées i, il est maté-
rielle,ment impossible d'en faire partir ime seconde route,
qui offre précisément la même distance , pour aboutir à
un autre passage plus oriental des Pyrénées, tel que le
coll de la Carhassera ou celui de Banyuls. (J)mment se
fait-il alors ((ue les deux rédactions des Jlitiéraires comp-
tent également 16 milles, entre Pyrenœum ou Sumiuuni
Pyrenœum el Jtincaria? Les deux rédactions présentent,
il est vrai, pour tout le parcours entre .hnicaria et Bar-
<:.i
celoni', iiiu' (Jiiréreiice de 7 milles, que nous n'avons pas
à exi)li(|uer, niais elles sont parlailemenl d'accord pour le
trajet entre Jinican'a et les Pyrénées, juste à l'endroit où
elles auraient dû réellement présenter une différence, si
les (ieux tronçons de route eussent traversé les montagnes
dans deux endroits assez écartés l'un de l'autre, pour se
joindre ensuite au lieu dit Juiiain'a. D'après l'état des lieux,
cette harmonie de dûlWes, enlve Juncaria et les Pyrénées,
n'a pu se produire que dans le cas d'une seule route.
Mais, o!)jecte-t-on encore, s'il n'y avait qu'une seule
voie à travers le Houssillon, comment se fail-il que, dans
lesy///(c/y^m'iia première rédaction présente '2,'') milles entre
la station des Pyrénées et celle de Sdlsulœ, tandis que la
seconde en compte 64 entre ces deux mêmes stations?
La réponse est facile. Kn ell'et, tout le monde est d'accord,
ceux qui admettent une seule voie, comme ceux qui en
admellenl deux, pour reconnaître que la notation de la
seconde rédaction est erronée et complètement inadmis-
sible. Mais, du moment où il y a une correction à faire
dans le texte de Vllinéraire, rien n'empêche de réduire
les Ci milles de la deuxième rédaction à 24 ou même à
25, et de la rendre ainsi enlièrement conforme, comme
elle l'était sans doute dans le texte original, ii la première
rédaction , (jui compte en effet 25 milles entre Salsulœ
et Pi/renœum * .
' « l-st-il |)rol)al)lc (|Uf lis ({oiiuiiis , si ecoiioriics du U'iraiii (|u"ils
ronsacraienl à leurs voies militaires, ayant déjà de Satsulœ a Jnnctniit une
roule passant par Ittisciiw et lUiheih , 1rs deiu villes les plos cimsiilcraMes
du pays, en aient eoiisliiiit nue autre peu distante de rancieiine, lieau(ii\i|i
pins l(in)|iic et ne passant point par ces villes? Une seule roniniiiniealion
dans ei'Ite partie, entre les den\ royaumes, a toujours paru siillisante dans
Jcs temps modernes, où le mouvement comniereial est eertuinemcnt plus
fort (|u il ne fui jamais sous la domination romaine, l'ourquoi , sur un
simple énoncé tie Vllinéraire, admettrions-nous une seconde route, dont on
ne trouve aucunes traces sur le terrain, auiuns indices dans les chartes du
ni"y. u ,i;;. III dans les traditions locales, cl ijui parait avoir été inconnue
• 52
(I osl donc bion démonlré (jue les inexacliludcs ou les
erreurs de chiffres signalées dans les itinéraires romains
de notre voie, ne peuvent provenir que de l'inadvertance
des rédacteurs ou des copistes de ces documents; de
sorte qu'en disposant typographiquemcnt , les uns à la
suite des autres et à leurs positions respectives, les noms
fournis par la Table et les Itinéraires, on aurait, pour
l'espace compris entre Narbonne et Gérone, le tableau
suivant :
iNaibdiif .
Ad Vi|;csiiniiiii.
Salsulas.
C.omhiistaiii.
Kusciiioiie.
lirbcrre.
Ad Stal)iiliiiii.
Ad CeutiiriinH's.
In Sununo l'yreiiico.
Ik'claiia.
Juiicaria.
Cinnaiiia.
(iLTllIldii.
Ainias Vdconias.
On aurait ainsi rétabli, pour la partie de la roule ro-
maine qui traversait le Roussillon, une table, incomplète
sans doute, mais assez approchante du document primitif
où puisèrent les auteurs des divers extraits qui nous res-
tent aujourd'hui. Il est d'ailleurs inutile d'insister, pour
faire voir combien ce document, ainsi rétabli, se trouve en
accord parfait avec les données de Polybe et de Strabon.
Il ne s'accorde pas moins avec les documents qui nous
restent encore k examiner.
à tous les auteurs antérioiiis à la chute de rEinpire d'Occident? Tous les
lieux mentionnés par ces écrivains se tinurent en effet sur Paulre. »
Di: Gazanviii.a, llisl . du Roussill , |). 5.'»
153
FaiïM lilKforSiiuoK.
« L'an 550 de notre ère, l'eiiipereur Constant, fuyant
«vers l'Espagne, iut atteint et massacré à EIne. Mais
» ce prince ne pouvait fuir avec rapidité qu'en suivant la
» voie militaire. Elue devait donc alors être située sur
« cette voie ' . »
Vers la fin du même siècle, saint Paulin écrit à son
ami Sévérus, pour l'engager à venir le voir à Barcelone,
et il ne parle (|ue d'une seule voie pour aller de Narbonne
en Espagne : « Tarn brcvis enim et f'acilis est via, ut nec
« in Pi/renœo ardua sit; qui Narbonmsi ad Hispanias
« agger, nomen magis (|uàm jugum, horrendus inter-
« jacet. » Epist. VII.
Nous trouvons ensuite un témoignage dont personne
jus(iu'ici n'a fait mention, pour la question qui nous
occupe, et qui cependant ne man([ue pas d'importance.
Nous voulons parler du cosmogra|)he anoni/me de Ra-
vonic, (jui écrivait, selon toute présonij.tion, au ix^ siècle.
Les matériaux dont il s'est servi senddeut avoir été réunis
|>our représenter la géographie politicpie des premières
années du vP siècle (règne du grand Théodoric); mais
connue ils proviennent eux-mêmes de sources beaucoup
|)lus anciennes et empruntées directement h une table
analogue, sinon idenli(pie, à notre Table de IVutinger,
on peut en faire usage pour compléter certains points
obscurs de cette carte. M. Alfred Jacobs s'en est servi, de
nos jours, pour rétablir des voies romaines dont les an-
ciens lliiicraircs n'ont |>as même fait mention. L'Ano-
' !>i. (i\/.\N\oi.\, llisl. du Roussill.. |i. 'ili
toi
iiMiu' [)arle on deux ciiJroils du pays qui {'onuc aujour-
d'hui le Roussillon; il ineiilionne (au liv. IV, sed. S),
entre autres lieux :
« Beleroris, Narhono , Ruscilone, Carcnsona, Cau-
« choliheri, »
et au livre V, scct. ô :
« NarJjone, Combusta, Huscinone,... Pyreneum. »
Les noms de Conibusla et Ruscinone se trouvent déjà dans
les Itinéruires d'Aitlonin. Quant à celui de CauchoUbcri,
qui se montre ici pour la première fois, il s'ai>plique à une
localiî(; qui se trouvait nécessairement sur le parcours de
notre voie romaine, dans la direction ([ue lui assignent
Polybe et Strabon; et rien n'empêche de croire que V Ano-
nyme l'aura pris, de même que Combusta et Ruscinoiie,
dans un de ces itinéraires complets, où la Table et les Iti-
néraires d'Auto)iiii avaient également emprunté leurs
indications.
Nous n'avons pu songer un seul instant, dans la dis-
cussion qui précède, à prétendre qu'il n"y eût pas, dans
nos montagnes et dans notre pays, d'autres [>assages jtra-
ticables pour des voies [tuhliques, pendant la période
romaine. Mais ces chemins, quelle que fût d'ailleurs leur
importance, n'ont jamais été mentionnés par les géogra-
phes ni les itinéraires anciens, et nous n'avons eu d'autre
but que de rechercher la direction de la seule route qui
soit indiquée par les anciens auteurs et par les faits his-
toriques. On ne saurait même douter que, pendant les
cinq cents ans de la domination de Rome dans notre
pays, la civilisation et l'administration romaines, en s'é-
tendant loin du rivage de la mer et dans toutes les parties
du lloussilion, n'aient établi des communications directes
à travers tous les passages des Pyrénées. Mais rien ne doit
faire supposer que cette diflusion administrative ait pu faire
abandonner l'ancienne voie qui traversait nos montagnes.
On no connaissait pas, à celle époque, le besoin de créer
(le iiouvcllos roules, dans le seul but déuiblir des coiii-
inuiiicalions plus riipides. Eu outre, pendant toute cette
période et longtemps après, Hnscino , Elue, CulUoure ,
Emporics , les principales villes et les seules qui soient
citées dans celte région, se trouvaient toutes sur la voie
primitive; et, comme les routes ne sccn'aientalorset n'exis-
taient que pour le service et les intérêts des villes les plus
inqjortantes par leur richesse et leur population, il est
évident (ju'il n'y eut aucune raison de modifier la direc-
tion de l'ancienne route dont nous venons de parcourir
les annales. Nous sommes donc convaincu (pie, pendant
la domination romaine, et même sous radministralion des
Wisigotlis, le principal chemin pratiipié entre (îérone,
Ruscino et Narhonne, était celui qu'avait suivi Annibal.
Tout ceci, d'ailleurs, se trouve justilié par un |>assage
de Julien de Toh'de. M. de Gazanyola ayant cilé tout de
travers et d'une manière fort inexacte le texte de cet
historien, il sera nécessaire de rétablir les laits, pour en
faire mieux ressortir l'importance.
En l'an 672, Paulus, duc de la Narhonnaise, lit révolter
cette province contre Wamba, roi des Wisigotlis, et une
partie de la Tarraconaisc ne tarda pas à se joindre aux
rebelles. Wamba accourut en toute hâte, il soumit Bar-
celone, d'où il se dirigea sur Gérone, et c'est probable-
ment dans cette ville qu'il prit ses dernières dispositions
[tour attaquer les n^belles, dont la première ligne de dé-
lerise s'étendait le long de la chaîne des Pyrénées, depuis
la Cerdagne jus(prà la mer.
Wamba divisa son armée en trois colonnes, « voulant,
« dit Julien de Tolède, que la première se dirigeât sur
« Casiriiin Lihi/a' , qui est la capitale de la Cerdagne; la
« seconde devait gagner le centre des Pyrén<'es par la cité
« iVAu.^oïKi (Vieil), tandis que la Iroisième s'avancerait
« iHir ht roic inihlicjw,, près <h> nvof/e de la mer. — Ees
« corps d'armée ainsi dis|i(»S('s sempariMil des chiUirnir
156
« clés Pyrénées ([ue loii appelle Caïuvlilicn', VuUuniria ,
« et (lu Cadnim Libyœ. Deux Ducs, envoyés en éclai-
« reurs, surprennent le château appelé Clausuras, et,
« après avoir franchi les I\vrénées, Wamba descend dans
« la plaine (du Roussillon), où il ne séjourne que deux
«jours pour rallier tous les corps de son armée'. Il se
« dirige ensuite sur Narbonne, et lors(iue le rebelle Paul
« eut été soumis, le Roi victorieux prit encore deux jours
« de repos à Helma , d'où il rentra en Espagne-. »
Ce passage appartient à un historien contemporain de
ces événements, et tout le monde sera frap[)é de son
accord parfait avec les témoignages déjà rapportés.
Wamba part de Gérone, par où passait aussi la voie
des itinéraires d'Anlonin. Le principal corps d'armée se
dirige de là vers le Roussillon, par la voie publique,
* Il (Wamba) clcctis Ducibiis, in Ircs liirnias cxcrritiim dividil : ila ut
uiia pars ad Castrum Libyœ, «niod est Cirritaiiiaa caput, pcrleiidcrt-t ;
soi-iii;da pcr Aiisonciiscin civilaU'iii ['yrcnx'i inedia pcterel; tiTtia per viam
j)ubUcan juxla ora manlima. jji-adorctur. Ijiso laiiicn reli{;iosi!s Princeps...
suhscqucbatur .. Gcninda subjicitur... ligressus post \y.vv. l'rinccps de Gc-
runda civitato, beIiij;fiosis incuisibus gradiens, ad Pyr.oiiaM montis ju{;a
pervenil. Tbi diiobiis diebus cr.orcitu lepausato, per 1res dies, ul dictiim
est, tiinnas exercilus Pyreiicci montis dorsa ordiiiavit, Castra(|ue PyrciKTira,
(jua; vocaiilur Cauroliberi, Viilluraria et Castniiii Liby:p mirabili viotori:c
trioinpbo repil, etc. Pr.Tdictonini castroiuiu siibjii{;ato e\crcitu, in plana
post traiisitum Pyrena>i montis descendens, duobus tantîim dicbus cxcr-
citiiin in iiniini coiijjrejfaUirus expectat.» llist. Wamba', reyis Tulelaiii, auci.
Julianoarcbiep. — Le teUedo Julien deTolèJe n'est pas un modèle de pureté,
peut-être y a-l-il quel(|ues transpositions dans ce passage, qu'il serait con-
venable de rétablir comme il suit: « Gerunda siibjicilnr... ubi duobus
diebus exercitu rcpausato, per (rcs, ut dictnm est, turmas exercitum ordi-
navit, beiliijerosisquo incursibus gradiens, ad Pyrenœi montis juja pervenit,
castraque, etc. u Cette restitution n'a d'ailleurs aucune importance pour la
question de la voie romaine i|ui s'agite ici.
- Ipse quoquc llelenam pervcniens , duorum ibi dierum immoratione
delentuscst. Sicque ex inde profeitus, secundis polilus sunessibus llispa-
niam rediit. Ibidem.
IÔ7
près du rivage de la mer, route déjà citée par Polybc et
Strabon , dans la direction d' Emportes et des anciens
tropliécs de Pompée. Il s'empare tout d'abord de Cau-
coliberi, qui se trouvait en effet sur le parcours de cette
voie, et deux Ducs, détachés du corps principal, vont
surprendre les châteaux (VOUrera cl des Clausiires, qui
se trouvent dans cette même région, mais un peu écartés
sur la gauche. Julien de Tolède n'entre dans aucun détail
sur les opérations de la seconde colonne, qui pénétra sans
doute en Houssillon, en remontant la vallée de Tlipoll,
par Campredon et le haut Vallespir. Mais il est bicii évi-
dent qu'on ne saurait attribuer la [)rise du château des
Clausures à un corps d'armée jjarti de Gérone, dans la
direction de Vich ; et la surprise de ce château , comme
celle (V Vitrera, fut opérée, c'est Julien lui-même qui le
dit, par deux Ducs détachés en éclaireurs de la colonne
principale, (}ui s'était avancée vers Collioure par la voie
pxddique, près du rivage de la mer. Waniha dut reprendre
le même chemin , lorsqu'il partit iVlIelena pour rentrer
en Espagne.
Ce passage est le dernier où il soit fait mention de
notre voie romaine, mais il est on ne peut plus explicite,
et, h notre avis, il clôt définitivement la question. Il s'ac-
corde complètement avec tous les témoignages fournis à
ce sujet par les historiens et géographes de ranticjuité,
depuis l'an 121 av. J.-C. jus([u'à l'an 072 de notre ère,
et il prouve jus(iu'à la dernière évidence (pie la seidc
route mentionnée dans notre pays, pendant toute cette
période, partait de Narbonne, en passant par Salses,
Ruscino (Castell-Ilossello), Elue, Collioure, Empories et
Géroïie; et c'est seulement dans cette direction ipfil
faudrait aujourd'hui chercher les débris qui peuvent en
subsister.
158
Ti'avau!K cl SywtèiueM moileriieM l'dafirw
A la Voie nomaino.
Pendant tout le moyen-âge, les chartes et documents
iliplomatiqiies ' parlent souvent de vieux chernhis dans
' Quelques auteurs out rorisidérc comme des souvenirs de notre ani-ieuiie
voie romaine, les nienlions de voies francesqucs que Ion Irouvc assez souvent
dans nos vieilles chartes. On sait que Cliarleinajjne prit, en effet, des mesures
pour entretenir des communications avec toutes les parties de son vaste em-
pire. K Mais ces routes , dit M. de Saint-Malo, loin d'avoir été nouvellement
11 construites, irétaient que des voies romaines, sans doute dégradées. On
" trouve, entre Ruscino et Elue, les vestiges d'un grand chemin, vnlgai-
i( rement appelé la carrera de Carlos Magno , c'est-à-dire la voie de Cliarle-
(1 magne, dénomination qui annonce la grande route officielle choisie pur
I cet empereur pour aller en Espagne, dont il prescrivit la conservation,
II ainsi que l'entretien, et sur laqiielli' furent exclusivement placés les relais
Il à l'usage des courriers ou des grands personnages, voyageant pour le
(I service du Roi ou par ses ordres. Telles sont mes idées relativement à ce
n grand chemin. ■ Jacques de Saint-Mm.o , .hinuaire de 183'», page 211.
Ces idées, nous les partageons, bien i]u'il soit difficile d'établir liislori-
quement Tintervention de Gharlemagne dans les travau\ d'entretien des
chemins roussiilonnais , et surtout, sans attacher la moindre importance,
pour le fait de notre roule, à la dénomination de carrera de Carlos Magno ,
qui nous parait d'origine romanesque et assez moderne. M. de Gazanyola
(page oO ) dit aussi, sans citer aucune autorité que Gharlemagne fit, sans
doule, réparer notre ancien chemin, indisjiensuble jKiur ronminniquer avec
ses conquêtes au-delà des Pyrénées. Quant aux l'oies francesqucs de l'ancien
Koussillon, elles feront l'objet d'un travail particulier, et, pour le moment,
nous nous contenterons d'en signaler trois dans notre département:
La première, partant d'Elne, dans la direction d'Ortafa, passait entre
Bruilla et Saint-Jeau-!a-Cella , et se continuait vers Passa. Elle est men-
tionnée dés l'an 801 (via publica que dicitur Francisco, — Docum. iiiéd.
sur l'Hisl. de France, to. III ) , et le Carlulaire du Temple en parle encore
en 1 1/(5 (in camino Franceschi,—tol. 158), et en I ICI {in via Francescha.
— fol. I"j7). — La seconde, mentionnée déj l'an 851, sous le nom de slratii
Francisco, qu'elle conservait encore au x' siècle, s'appelle ensuite la strada
ou via Cnnflenlana. Elle partait d'Elue et se diri(;eait vers la Cerdagnc , eu
remontant le cours de la Tet. — La troisième partait également d'Elue, et se
dirigeait vers les l'yrénée;, eu suivant la vallée de l.a Itoca. V.Wv est cm-ote
diverses partios du [«oussilloii. Mais ces ciieinins, qui
pouvniont (Mit anciens relativement à d'antres voies de
comniiinicalioi!, n'ont aucun rapport, soit par leur direc-
tion, soit par leur importance, avec la voie de Tépoque
roinaine, et l'on peut être certain qu'avant le xv<^ siècle,
personne, dans notre pays, n'avait songé à s'occuper de
l'ancienne voie qui l'avait traversé. Il est même fort dou-
teux qu'il s'en fût conservé à cette épocjue le moindre
souvenir. Les Itinéraires dits d'Anton in portèrent l'atten-
tion de ce côté. Jean Moles de Margaril, évéque d'Elne et
puis de Gérone, décédé en ilGI, écrivit le premier, dans
son ouvrage historique intitulé Paratipomenon Ilispaniœ,
que Perpignan était la station du nom de Stalmlinu, |)lacée
sur V Itinéraire entre Sal.sulœ et Vtjrenœum '. Mais Margarit
ne tient aucun compte des distances; il n'en parle même
pas, et son opinion, déjà critiquée par Louis JS'onius, écri-
vain érudit et sensé, n'en lut pas moins répétée par notre
chroniqueur Bosch, à une époque où il sullisait, pour le
succès des écrivains, de flatter la vanité des grands, des
peuples et des villes''. L'o[)inion de Margaril est au-
dessous de toute discussion, et nous aurions pu nous
dispenser de la mentionner, si elle n'avait été le point de
départ de |)lusieurs systèmes erronés »iue nous aurons ii
discuter.
niLMilioiinéc J.iMs un artiMlu 2() avril I '(07 (in ilinore Vrancisco, — Tliolosa,
iinlairc). Il y aurait «rautrcs iiuIiiMlioiis à foiiniir a ce sujtt, mais (m voil
iiuo, soit par leur noiribn-, suit par lc!:r diri'clioii , nos voies Frnncesques
ne peuvent avoir rien de foilimun avec l'uniijiio voie romaine, signalée
dans notre pavs par lis auteurs anrieiis.
' Noli-e elironiijueur Biiseh dit { |>a(;e 583) an sujet de l'erpijnan :
<i Mires Jonan sa finidariu v i.mn , so ts lo llisbe de Geronn ( iii l'aralipo.
« llispnn., lili. I. c. I. - I'ujad.s, li!i 2, c l'i), île aijuell polilc al
■I quai \nloni en io Itinrrari annniena xlahuhim. "
5 V. f'i i.;i;mii, /.(• /»ij6/ic(i/tf«r, 2' octolire 18^.'.
KiO
SYSTÈME DE î\Ik' DE MARCV.
M. de Marca est le premier écrivain qui ait fait briller
le ilambcau de la critique sur l'histoire du Roussillon,^t
qui se soit occupe, dans l'intérêt de la vérité, de notre
voie romaine et de nos antiquités. Mais l'on n'ignore pas
que les premiers essais en tout genre sont toujours im-
parfaits, et l'on est forcé de reconnaître que, malgré la
supériorité que lui donnaient sa vaste érudition et la
connaissance profonde de nos antiquités, son article des
voies romaines offre des traces nombreuses d'imper-
fection ' .
En partant de Narbonne , Ms'' de Marca établit la sta-
tion Vicesimnm ou Vigesinmm aux Cabanes de Fitou ;
de là il arrive à Salses (Salsnlœ) et gagne Uivesaltes,
où il place la station Combusta , par la raison qu'on y
passe rXgli sur un pont qui peut avoir succédé à une
construction romaine. Il conduit ensuite la route jusqu'à
l'extrémité méridionale du Pont de la Pierre, d'où il la
détourne vers l'orient pour gagner liuscino. Il place la
station ad Stabulum au Boulon , établit celle de Ccntu-
riones à Céret, et dirige enfin sa route par Maurellas et
La Clusa, en la conduisant jusqu'au Perthus qu'il croit
être le Summum Pyrenœum^ .
Mgr de Marca ne s'est pas beaucoup préoccupé des
deux rédactions des Itimraircs qui ne peuvent, selon
lui, se rapporter (ju'à une seule et même route; il ne
tient à peu près aucun compte de la Table de Peulinger,
et ne fait aucune mention de la station Illibere. Quant
' Jacques DE Saint-Malo, Examen do divers systèmes publics jusqu'à ce
jour sur une des uoics romaines conduisant de yarbnnne en Ibérie ( dans Le
Pttbticaleur du 2!) septciiibn; 1852).
^ Marca hispanica.
ir.(
aux questions do distance, il s"esl Ixiriu' à dire que la
deuxième rédaction des Ilùiéraires est très-1'autive, sous
ce rapport; et, d'accord avec Nouius, il propose de
lire 28 milles, au lieu de 18, entre Salsulœ et Stabulum.
Mais c'est par là surtout que son système ne saurait se
soutenir, et M. de Saint-Malo a fait remarquer que, pour
les distances, le savant Prélat se trouve en perpétuel
désaccord avec les Itinéraires^.
Dans notre conviction, le système de Ms^ de Marca
est complètement erroné ; mais, comme il a eu de nom-
breux partisans, il importe de rechercher et de faire voir
les causes de son erreur. M. de Marca n'avait pas cherché,
d'ailleurs, a étayer son système par des preuves archéo-
logiques ; il ne s'était attaché qu'à retrouver la situation
des trophées de Pompée, qui, selon Strabon , marquaient
l'extrémité de la voie romaine à sa sortie de la (laule.
Tous les autres points, tels (jue Viijesitnuin , Stabulum,
Centnriones , ne sont établis que sur de faibles ressem-
blances de noms; et l'auteur semble s'être laissé guider
uniquement par l'importance des villes et des routes du
Roussillon au xvii'' siècle, pour retrouver les stations et
la direction de la route romaine. Connue on le voit, le
tort de M. de Marca a été de considérer comme reconnus
et incontestés, des lieux et des faits qu'il s'agissait de
découvrir et de déterminer.
Enlln , M. de Marca semble avoir été surtout frappé de
' Kii effet, il y a 3 milles de trop entre Narbnnne et liV/csimum , 2 mil-
les de moins entre Vigesimum et Combitsta, 2 milles de trop entre Cnmbusta
et nuscino , 5 milles de trop entre liuscino et C.enluriones , et A milles de
trop entre cette dernière station et .Summum l'ijrenœum. « V.h sorte ijue,
pour adopter Topinion du M. de Marea , il fandrait snpposer que les din-
tanr.es énoncées |iar Vltinéraire sont toutes fauti\es. Personne n'osera
accueillir une pareille supposition , car alors on se priverait irrévorahle-
ment du seul |;uidc <|ui reste pour déterminer la position des lieux par où
passait la voie romaine conduisant de îNarbonne en Ibérie. » JACQrRs de
Saut-Mai-o, le l'ublical., loco rilat.
11
162
ce fait, qu'à son époque et depuis des siècles, le passage
le plus commode et le plus fréquenté, pour pénétrer en
Catalogne, était celui du Pertlius. D'autres passages, tels
que celui de Banyuls et celui do la Massane, étaient aussi
pratiqués au xviF siècle, mais ils avaient bien moins d'im-
portance que celui du Pertlius. Depuis longtemps, les
villes d'Elne et de Ruscino avaient vu leur opulence et
leurs habitants passer à Perpignan; et, de l'autre côté des
Pyrénées, l'antique et célèbre cité d'Empories, réduite a
la petite ville de Castellô, n'offrait plus (pie des ruines
insignifiantes. Le mouvement et la vie s'étaient retirés,
des bords de la mer vers l'intérieur du pays, à Perpignan,
à Péralada et Figuères; la route jjublique les avait suivis,
et, depuis des siècles, presque tout le transit, entre la ca-
pitale du Pioussillon et les villes de Gérone et de Barce-
lone, s'effectuait par la route directe du col de Panissars.
L'histoire ancienne de notre pays était loin d'être encore
approfondie ; et bien des savants du xvii^ siècle jugeaient
et expliquaient les choses du passé par celles de leur
temps, sans songer que les conditions imposées à la
circulation publique par le commerce, les besoins admi-
nistratifs et la civilisation de la période romaine, diffé-
raient essentiellement de celles qui existaient en Rous-
sillon, lorsque cette province fut réunie à la France.
A cette première source d'erreurs s'en joignit une autre,
c'était la ressemblance fortuite et peu étudiée, que l'on
trouvait entre certains noms de lieux situés sur la route
de Panissars et ceux des itinéraires romains. La route de
Narbonne à Figuères présentait les noms de Salses , le
Boulon, le Pertlius , la Junqurra, qui avaient quelques
rapports avec ceux de Salsuhv , Stalndum, (Porlus) ad
Summum Pyrenœum et Juncaria des Itinéraires anciens.
Malheureusement, la position des villes précitées, à l'ex-
ception de celle de Salses, ne correspondait en rien avec
les anciennes distances. On fil doue faire à la route
163
romaine des dclours que rien n'indique, que rien ne peut
autoriser, et comme on trouvait quelque ressemblance
entre le nom de Ccnlurioncs et celui de Cérct , on n'hé-
sita pas à liiire remonter la route, par la rive gauclie du
Tech, depuis le Volo jusqu'au pont de Céret, pour
redescendre ensuite, par la rive droite, jusqu'à la route
actuelle du Perthus. Ces circuits étaient encore loin de
suirire. Il fallut torturer les textes; on supposa des erreurs
de toute nature i)0ur faire accorder le dire des lUnéraircs
avec le système de M. de Marca, et comme, malgré tous
ces moyens, on n'arrivait pas à tout expliquer, on finit par
déplacer le lieu actuel de la Jonqucra, que l'on fit des-
cendre de quelques lieues vers le sud, le long de la Muga,
pour lui trouver une place un peu [)lus en rapport avec
celle que les itinéraires romains assignent à Jiincaria.
L'assimilation du Boulon, de Cérel, du Perthus et de la
Jonquèru, avec Stabulum, Cenluriones, Summum Pyre-
nœum elJuncaria, est insoutenable, si l'on ne tient compte
que des distances : elle l'est bien davantage si l'on examine
de plus près les noms des lieux en question '.
* « F.e nom du Iloulou , a dit M. Piiijfgari, est étranger à la langue et
« à rortli()(;ra|)hc du pays; tous les actes antérieurs à la réunion du
<\ Roussillou à la I''rancc ne donnent à ee village que sa véritalile déiio-
0 ininatinn del Volo (de Volonn en latin), et ce nom n'a aueun rapport
« avec celui de Stabulum , qui a pu produire uniquement etlable, en eata-
!• lan, comme en vieux français. i> Le Publical., Il, 40. — Les rliarles
nous indiquent des Volos en plusieurs endroits; entre CHstell-15n.<iseIlo et
Canet , à Saint-lVliu-d'Ainont, à Néfiach , à llle , à Vinça, à Finestret,
h En, dans l'ancienne Viguerie de Oauiprodon, et, pour ainsi dire, dans
le territoire de presque toutes nos communes. I\l. Piiiggari croyait que ce
mot généri(|ue sigiiilic bornes. C'est une (qjiuion ijue nous ne saurions
partager, et il existe des preuves certaines qu'au moyen-âge , ce mot, dont
la racine nonsest d'ailleurs inconnue, était toujours eni|)Iové en luiussillon
pour désigner une cfile rapide , ou la pente (|ui sépare hrnsqncmeut deux
étages de plaine. C'est ee que nous appelons vulgairement une riba. Quant
au village niomc du Yoto , sa situation .'i la descente rapide qui conduit au
Tecli , justilie |).irfaiti"iuent sa dénoniiiialion.
16*
Le lieu du Volo se trouve déjà nommé Volono et Volou,
dans une pièce de l'an 076 ' , et dans tous les anciens
documents; ot ce nom , qu'il devrait porter (Micore aujour-
d'hui, n"a et ne peut avoir aucun rapport avec celui de
Stabuluin, dont Torigine purement latine, le sens bien
connu , ainsi que la transformation dans le catalan et les
langues modernes, ne peuvent donner lieu à aucune
confusion.
L'assimilation de Centuriones et de Céret ne peut s'o-
pérer que par un excès de bonne volonté, qu'il suffit
d'exprimer pour en faire justice.
Quant au Perllius, voici ce que nous dit Ms"" de Marca :
« Au moyen-àge, on appelait ports les passages qui se
« trouvent dans nos montagnes. Or, l'endroit par où la
« voie romaine traversait les Pyrénées conserve encore
« aujourd'hui la terminaison latine, et s'appelle Perllius
« (Porlus), remplacé dans l'Itinéraire d'Antonin par les
« mots ad Summion Pi/renœum*. »
Il est certain que, depuis fort longtemps, les habitants
des deux versants pyrénéens appellent ports les divers
passages de nos montagnes, et les noms de Perthus ,
Port de la Perche, Porta, etc., n'ont pas d'autre origine.
Est-ce une raison pour chercher au Perthus le Pyrenœum
des anciens? Les mots Pijrenœum. ou Summum Pyrenœum
sont applicables à un passage quelconque de la chaîne
des Pyrénées. Quant a celui de Porlus, c'est M. de Marca
qui a jugé à propos de l'ajouter aux textes anciens, et
on ne le trouve en réalité ni dans les historiens, ni dans
les géographes, ni dans les itinéraires.
La ressemblance est frappante entre Juncaria et la Jon-
qnèra, mais il est impossible de faire accorder la situation
de ce village avec les distances données par les itinéraires,
' D'AcREBï, Spkileij., U<. III, ji:i{je 70"i.
- .W«i(U liispan. , i-. II.
Ifiô
même en adoptant le système du passage de la voie ro-
maine i)ar le col de Panissars. Ilien ne prouve, d'ailleurs,
que le nom de Juncaria, dans les itinéraires, s'applicpie
précisément à une ville; et cette dénomination, dont le
sens est bien clair et connu, peut s'entendre d'une plaine
ou d'un lieu quelcon(jue planté de joncs. Or, Strabon nous
apprend, (ju'au sortir des Pyrénées, la voie romaine par-
courait une plaine couverte déjoues, que cet auteur lui-mê-
me appelle de sa dénomination latine io-jyyx^j'.o-j -ttcoiov '.
Le Juiicarid des Itinéraires n'est donc pas applicable
seulement au village actuel de la Jonquère; il peut éga-
lement s'entendre, comme celui de Fonnllhrs, de divers
lieux situés de l'autre côté des Pyrénées, et surtout de la
plaine marécageuse que Strabon signale, sous le nom de
Juncariiim, au voisinage d'Empories.
Ainsi donc, en résumé, le système qui ferait passer la
voie ancienne par le col du Perîbus, ne peut s'accorder
ni avec les témoignages des auteurs anciens, ni avec les
distances des itinéraires; et les ressemblances de noms
sur lesquelles on voudrait l'ajjpuyer, sont entièrement
tausses ou arbitrairement interprétées, et ne peuvent
oflVir, dans aucun cas, des preuves décisives.
L'opinion de ^L de ^larca, tout inexacte qu'elle était,
fut religieusement suivie par Pom Vaisskte ( flisloirc de
Laiif)., to. V). DoM BoiiQUET n'a point dédaigné de l'a-
' La rduU' traversait «le iiioiiU', dniis le reste île l'l']s(jajj:iie , diverses
plaines couvertes (le certaines plantes i|iii leur iloimaieiit leur nom. SliaLmi
trouve ainsi , sur le parcours du l'aneieniie voie, le champ Juncaire , le
TTêôîOv 2-T7ao-ratc:ov, »l le 7rc(5;ov MapaOcovo; i|ui produisait du
marathon en abondanee. Ce dernier nom se traduirait en lalin par Firiii-
culariiim , et eu catalan par Fonotlh-es ou t'nmllar. Celte «lénnminatinii
s'applique à diverses localités de la Calal<>(;ne et du lionssillon ; telles
sont Fonollcl qui a donné son nom à une partie de l'anrien diocèse d'AIel,
le lieu de Fonollar, sur la route actuelle du Perthus , cl bien d'autres. On
citerait de m^me plusieurs localités du nom de Jonqu--fes, en (Catalogne, eu
Houssillon et en l,ani;ucdoe.
I6r)
dopter, pour éclaircir l'itinéraire d'Anloniii, (lu'il rapporte
dans le Recueil des Ilistoriots de France. Mais ces savants
ne fournissent aucune nouvelle preuve, en faveur du
système qu'ils ont embrassé.
Wesseling a pris le même guide, avec lequel il diffère
néanmoins au sujet de la station Vicjesimvm, qu'il place
à Sigean. Cette rectilication n'est pas heureuse; car, de
Narbonne à Vigcsimum , comme l'indique ce nom, on
comptait 20 milles, tandis que de Narbonne à Sigean, on
trouve 10.400 toises, valant un peu plus de 15 milles.
« DA?iviLLE a également suivi M. de Marca, dont il a
cru devoir modifier l'opinion sur deux points seulement.
Le premier, c'est Combusta, station qu'il reconnaît mal
placée à Rivesaltes, et qu'il propose de chercher sur un
point qui s'accorde mieux avec les distances respectives
de Vigesimum et de Ruscino. En cela, sa remarque est
parfaitement juste. Mais Banville aurait dû s'apercevoir
que la station nommée ad Viijcsimmn, n'était pas mieux
placée aux Cabanes de Fitou. Il veut, en second lieu,
qu'on cherche la station de Centuriones , près du vcdlon
qui mène à Bellegarde*. Ces deux rectifications, par la
' .M. Henry déclare, dans son Ilisloire de rtuusillloH (to. I, p. xxv), que
« Lnccrletum esl le lien désifjné par Danville pour la station ad l'.enlenarium.»
Ailleurs, il convient (|ue le lieu de Locertelum lui était lout-ii-fail inconnu
avant que M. de Saint-Malo lui etU si{jnalé le document du ix* siècle où il
en esl fait mention, et qui avait été [)nblié dans le recueil de Marca ; nénn-
moins, il afiirme fllisl. de Rouss., lo. 1, p. '«-iO) que « de Céret, la voie ro-
'I mainc devaitaller joindre la montée de I.a Clusa etse rendreau IVrlhus par
" Locerletum et Maurellas,» ce qui fixerait la position de ce lieu au-dessous
de Cérct, sur la rive droite du Tccli. Il esl permis de penser, après ces avons,
que Topinion de M. Henry ne pouvait pas élre trop bien assise à cet éyard.
La charte de Pan 8Ô5 (Marca, 8) nomme, en effet, parmi les confronts du
territoire de Céret, à l'est, la viUa quœ vocalur Locericlum ; mais ce lieu se
trouvait sur la rive gauche du. Tech, entre Céret et Vivers, au voisinaijc de
.Saint-l■\■^réol.^'ous y trouvons, en effet, une pièce de terre ainsi dési(;née dans
»n acte de vente du IG aoi'it f Ô73 ; < l'^sl aulem infra terminos (^astri de Viva-
■ riis, loco vocale lesCosles deLaserlet >< (Ar.de lUop.de l'erp., jil. \2, n" 23).
un
manière vague dont elles sont proposées, n'aplanissent
aucune dillicullé, et laissent, par conséquent, les curieux
dans la même incertitude, dans la même ignorance.
« Don François Douca, chanoine de la cathédrale de
Gérone (Martires de Gcvona), n'a lait que répéter l'opi-
nion de M. de Marca , sans entrer dans la moindre dis-
cussion. Il élahlit, cependant, la station Vigesimum à
Leucate, à 18.000 toises (25 milles) de Narhonne, an lieu
de 20 qu'il en faudrait, d'a|)rès les anciens itinéraires'. »
SYSTÉMI-: DE M. DK WALCKENAl'Il.
Nous devrions ici, pour suivre l'ordre chronologique,
examiner les travaux des archéologues roussillonnais qui
se sont occupés de notre voie romaine. Malheureusement,
leurs écrits ne paraissent pas, jusqu'ici du moins, avoir
dépassé les limites du département; et l'ouvrage le plus
important qui ait été publié de nos jours, sur l'ancienne
géographie des Gaules, celui de M. de Walckenaër, semble
avoir été privé de ces matériaux, désormais indispensables
pour traiter ces questions. Son travail n'est qu'un reflet de
l'opinion de Marca et de Danville, et nous allons nous en
occuper, pour terminer l'examen des systèmes des écrivains
qui ont étudié notre pays et nos antiquités, sans avoir eu
l'avantage de les voir de près; nous passerons ensuite aux
savants qui sont allés au cœur de la ipiestioii et l'ont
étudiée sur les lieux mêmes, en s'entouranl de tous les
secours que peut fournir la connaissance exacte des lieux,
de leur histoire et de leurs monuments.
M. de Walckenaër a émis quelques opinions nouvelles
sur notre géographie ancienne-, mais l'ensemble de s(m
travail dénote, chez cet auteur, une médiocre connaissance
' Jacqoks de Sum-M\i.o, le l'ublicalcur du 20 s»i>U'iiibic IS32.
- Géographie ancienne des Gaules, \n\v !.■ l)nion de Walclimnir, toinc |,
2, .") l'I C; lu il, |i,irt. U rli . ', ; t,i. ||| , pnfj. ÔO . 12!» <•[ sirivanlps
168
de riiisloire el de la topoj^iapliie du Koussilloii. 11 n'a point
fait, d'ailleurs, une étude spéciale de la question de notre
voie romaine, et les renseignements qu'on trouve, à ce
sujet, dans son ouvrage, semblent fort incomplets, confus,
et même contradictoires.
M. de Walckenacr a lixé la position de Ruscino à
Caslell-Roussillon, d'où il conduit la route justiu'à ////-
bcris, qu'il place à Elne ou Ehieija (p. 105). Voici son
itinéraire comjjlet, dont nous supprimons seulement les
indications des distances :
Ad Vigesimum .... l'ont de 'Iroillo, pri-s ri'laiij; de la l'aluie.
Salsulis Fort Salas (lisez Saisis).
Combusla 5.000 loises un sud de Salas.
Ruscinone Caslcl-luiussilldii.
Ad Slabulum . , |^^ appelle Saiul-.Marlin, passade de ta Tech,
Ad Cenlurioncs. ^ ^^^.^ ,^ p^,^,^,,^ ^,,,.^,^|. ,,^ ,^, ..i^.j-...^
Ad Centenarium ,
Ad l'yreneum . . . . Château du ïù-art.
A'UKimo Vyrenwo . ■ . Bellejjardo et riicluse, soinmel des l'yiéiiéts.
Juncaria I.a JoiKjuii're.
Enlin, dans une table particulière (p. 255), pour le
premier segment de la carte théodosienne, il maintient
au château du Réart le Sumimim Pyrmœum, confondu ,
dit-il, avec ad Pi/iraœHm; Dedana est placé h l'Ecluse, et
Juncaria à Jonqn'ùrc.
Nous ne parlerons pas des noms mal écrits, tels que
la Tech, Elneya ou Alnéya, Salas et son fort; mais,
en ce qui lient à la question même, il serait inutile d'in-
sister pour montrer que ce système renferme de graves
erreurs. Bornons-nous à ra[)peler (pie le château du Réart
est à trois lieues au nord de la chapelle de Saint-Martin,
el que La Clusa est sur le versant nord des Pyrénées, et
non pas sur le versant sud. La connaissance des lieux
dont il s'agit, et le simple énoncé de ce système, sulliseiit
pour le réfuter. Observons aussi que ce qu'il peut y avoir
de bon se trouve déjà chez Dan ville. Les erreurs de M. de
Walfkonaéi', telles que la position de Pyreuœitiituu château
(lu Uéart, et celle de Dedana à l'Écluse, n'a|)[»arlien-
nc'iit qu'à lui. Quant aux |M)sitions(|u'il assiii;no à Combusta
et à CoUuriones, ollcs se trouvent déjà chez M. Henry, à
qui M. de Walckcnaer les a sans doute enipruntées.
!• CRI VAINS IJOUSSII.I.ONNAIS.
Il existe un manuscrit de Tan 1774, intitulé : Description
histortque et yroijraphiqtœ de la province du Houssillon ,
dont l'auteur a suivi exactement les indications de M. de
Marca, relativement à la voie romaine. Il observe, d'ail-
leurs, (|u'il existait encore en Roussillon qudques vestiges
de l(( voie militaire pour la marche des troupes, et il ajoute
qu'au xvn« siècle, on voyait sur cette route, entre Cerct et
Maurcllas , des restes de chaussée et des endroits pavés.
Enfin, pour expliquer la seconde rédaction de l'Itinéraire
d'Antonin, il prétend « iprapparemment, en ce tenq)S-là,
« lorsijue le Tech était i-uéalde, on allait di'oit de Rusci-
« noue au Boulon (ad Slabidum) , et on laissait, comme
« aujourd'hui, le long détour de la ville de Céret. w De
pareils arguments sont bien moins des secours que des
embarras, (^est le jugement que Ton peut aussi porter sur
les indications de Carrère ( Joseph-Uarlliélemi-Franrois),
(pii s'est aussi occupé de la voie romaine, dans sa Des-
cription de la Province de Roussillon 1 1788) , et n'a fait
que reproduire l'opinion de M. de Marca, excepté pour
la station Combusta. « On voit encore, dil-il, derrière La
« Tour-bas-Elue, et entre Céret et Maurellas, des vestiges
« de la voie militaire pour la marche des troupes romaines;
« des restes de chaussées et des endroits pavés avec de
« grandes pierres, donnent une idée de la beauté de ce
« clicinin. .\ous en trouvons l'itinéraire dans Tite-Live et
« Slraban, il connuenvait ii Sidsiilas (Salses); il allait en-
« suite ad Vondjustain, (pie li's uus croient être Hivesaltes,
170
« les autres Tora, viUaije dont il ne reste aucun veslige;
« ad Ruscinonem (Châtcau-Roiissillon), ajjrès avoir passé
« la rivière de la Tel sur un pont que l'on croit avoir été
« dans le même endroit où est celui de Perpignan ; ad
« Slabulum (le Volo); ad Centurionem (Céret), où l'on
« passait le Tech, sur un pont dont on voit des vestiges
« au-dessus de celui ([ui existe aujourd'hui ; ad Pyrenœum;
« c'est le lieu où est aujourd'hui le cul de Pertus, etc., »
(p. 4 et 5).
On remarquera avec quelle assurance on débitait toutes
ces assertions plus que contestables, et il était temps que
la critique moderne vint en démontrer la fausseté.
SYSTEM t: Dlî M. HENRY.
Dès son arrivée dans le département des Pyrénées-
Orientales, M. Henry s'empressa de diriger ses recherches
sur la route de Rome en Espagne a travers le Roussiilon ,
et il développa son opinion à ce sujet, dans un mémoire
de 51 pages, intitulé : Recherches sur la Voie de Rome en
Espagne à travers le Roussiilon ' .
La nouvelle opinion se rattachait aux données générales
du système de M. de Marca et de ses imitateurs, que nous
venons de passer en revue, et il n'y avait de réellement
nouveau, dans le système de M. Henry, que la fixation de
la station ad Centuriones , qu'il plaçait a l'église de Saint-
Martin-de-Fonollar. Quant à la position de Tora, qu'il croyait
signaler pour la première fois , elle était déjà .connue et
adoptée par quelques érudits, à l'époque de Carrère (1788).
Après être parti de Narbonne et avoir iwé la station
Vigesimmn aux Cabanes de la Palme (a 20 milles romains
de Narbonne), M. Henry place Comlmsta sur la rive gau-
che de l'Agli, à la chapelle de Saint-Martin-de-Tora (à
• IVrpijjiian, chez TasUi, [htc et lils, iinpiiiiniirs, I820.
171
14 milles romains des Cabanes de la l*almc), el se dirige
ensuite sur le po)if de (a Pierre, pour aller h lînsn'rio. 11
rejette complètement la 'Dthlc de Peutinger, et au lieu de
passer à lUibcris, il dirige la voie prétorienne de Kuscino
par Cabestany, jusqu'au-dessus du contluent de la rivière
de PoUestres et du llcart, où il joint la route actuelle d'Es-
pagne, qui le conduit au Volo (ail Slabuluml. 11 y passe le
Tech et parvient à la chapelle de Saint-Martin-de-Fonollar,
où il place Cnituriones (p. 17), après avoir parcouru 1 9.308
pas romains. Enfin, il compte, de cette chapelle au Perthns
(Summum Pyrenœum), la même distance que celle qui est
indiciuée dans l'Itinéraire d'Antonin.
On peut remarquer que c'est, en général, la seule iden-
dité des distances (|ui guide M. Henry dans ses opérations,
et décide pour lui la fixation des diverses stations. 11 se
borne à corriger en 28 milles les i8 qui, selon l'itinéraire,
séparaient .S'rt/^'w/fC de Stabuliira. Il tâche, en outre, de
consolider son système par des considérations archéolo-
giques qui, fussent-elles exactement fondées et convena-
blement interprétées, ne prouveraient absolument rien
pour la solution du problème de notre voie romaine.
Ce système fut vivement cond)attu par M. Jacques de
Sainl-Malo '. Notre savant archéologue trouva, d'après les
calculs auxquels il s'était livré lui-même , un excédant
de 5 milles romains dans le chiflre donné par M. Henry,
puisque en partant du premier torrent au midi du village
de la Palme, en ajtpréciant, autant (pie possible, les sinuo-
sités de la roule juscpià Salses, et en allant ensuite en
droite ligne à St-Martin-de-Tora, il trouve 15.171) toises
entre les deux points extrêmes, au lieu de 11). 950, données
par M. Henry. De même, il constate une dilférence de
1.000 toises en plus, dans le |)arcours de la route de Rus-
cino au Volo, etune dillérence de 2 uiilles en moins, dans
la dislance totale de Kuscino à Saint-.Martin-de-Eonollar.
' l.e l'ublicaleur, l" aniu'o, ii" riC
lT-2
M. Henn iien reproiluisit pas moins son système en
185i, dans son Uistoire de Roiisxillon. 11 y persista, huit
ans plus tard, dans son Guide en Roussillon (18U), où
il maintint, pour toutes les stations de l'Itinéraire, la
position qu'il leur avait assignée en 1820. Son assurance
ne parait avoir été troublée que relativement à la station
ad Stabidam , pour laquelle il se contente de mettre en
avant l'opinion do :Marca, tout en ayant l'air de la rejel^er.
Il avait été lui-même plus affirmatif, h cet égard, en 1854.
Il répondit, cependant, aux observations de M. de Saint-
iMalo; mais, pour ce qui tient aux distances, il en prit
facilement son parti, en déclarant (pie, de (pieique ma-
nière qu'on s'y prit, il était impossible de faire accorder
les chiffres des itinéraires avec les distances et les posi-
tions des lieux sur lesquels on les avait rapportés jus-
qu'alors. On lui avait également objecté que les lieux
nouveaux, qu'il iudi(piait pour les stations romaines,
n'avaient été signalés par aucun monument archéolo-
gique, ni par aucun souvenir qui put se rattacher à
l'époque romaine. M. Henry eut le malheur de découvrir
sur les points exigés, des ruines et des débris, qu'il
n'hésitait pas :i faire remonter jusqu'à l'époque voulue :
ce qui ne fil que le confirmer dans l'opinion qu'il avait
émise d'abord. Nous n'entrerons pas dans la discussion
de ce genre de preuves; car ces ruines seraient romaines,
qu'elles ne prouveraient absolument rien, telles qu'elles
sont, pour la question qu'il y avait a déterminer.
Les critiques de M. Jacq. de Saint-Malo eurent encore
un autre résultat sur M. Henry, et lui firent imaginer une
nouvelle solution pour une des dillicidtés de l'Itinéraire.
Il contin\ia à ne tenir à peu près aucun compte des indi-
cations de la Table de Peutinger; mais la seconde rédac-
tion de l'Itinéraire d'Antonin , qui ne pouvait concorder
avec son propre système, lui fit chercher une seconde
voie, (pii se détachait de la première au jtont delà Tet,
17S
pour passer de là au pont de ia Vasse, oX siircessivoineui
à Villa (iodonim, Tidiigcs, Canohes, Pontclla, Trullas et
Tresserre, pour rejoindre la route à'IUibcris à Slaindum
(au Volo) '.
M. Flenry parvint ainsi, sans fournir, il est vrai, la
moindre preuve, à se rendre compte des 5î) milles, et
non des 48, comptés entre Salsiiliv ciStalnilum. Il n'y a
qu'à promener un compas sur une carte, pour trouver des
solutions pareilles et obtenir les distances proposées.
SYSTÈ.M1-; Di: M. JACQtîES Dl' SAIM-MALO.
Après de profondes études sur la question qui nous
occupe, M. Jacques de Saint-Malo publia le résultat de
ses rechercbes dans VAiurudire pour les Pipritrcs-Orien-
talcs , de iSÔâ. Son opinion différait essentiellement de
toutes celles qui s'étaient produites jusqu'alors, et s'ap-
puyait sur des considérations et des preuves savamment
exposées: c'était le produit d'un travail prodi£,neux dont
l'analyse la plus détaillée donnerait dillicilement une idée
surtisante.
Partant de cette donnée, que les Itinéraires d'Antonin
renferment, en effet, deux rédactions différentes de la
route qui traversait le Roussillon, pour aller de Narbonne
en Ibérie, M. de S'-Malo s'était, pour ainsi dire, unique-
ment attaché à expliquer ces deux rédactions, en néijli-
geant presque entièrement les autres témoignages des
historiens et des géographes anciens.
II reconnaissait sans diUiculté que, du tenqis d'Annibal,
il y avait une roule pour voyager, depuis l'Kspagne, à tra-
vers les Pyrénées, jusqu'aux Alpes. « Plus tard, ajoute-t-il,
« après la complète de la (laule Braccala par les Romains,
n Domitius (rt'ji(d>arbus lit construire un grand chemin qui
« traversait entièrement la nouvelle province. Prnt-rirc
' lli\l. de RousiiUon . lo I. p ','<().
174
« même que cette nouvelle voie n'était qu'une amélioration
« apportée à la route primitive, en lui donnant sur certains
« points, sur certaines localités, une direction nouvelle. »
En conséquence de cette hypothèse, M. de Saint-Malo
pensait, qu'à l'exception d'une partie du chemin, en
sortant de Narhonne, rien n'était commun entre les deux
embranchements, pas même le point par lequel ils en-
traient dans le pays des Sordons, ni celui par où ils
débouchaient en Ibérie. C'étaient donc deux routes
distinctes, ayant chacune des stations i)articulières, au
moins depuis Viçicsimum, où elles se séparent, 'jusqu'à
Juncaria, où elles aboutissent également, pour se diriger
ensuite à travers la Péninsule Hispanique.
M. de Saint-Malo ne s'est pas occupé de celle de ces
deux branches qui, dans son hypothèse, passait par
Salsulœ, Saint-Saturnin, Pia et Ronpas, pour aboutir à
Ruscino, et allait ensuite directement sur le passage
actuel du Perthus (Pi/renœum). Sa dissertation avait
principalement pour objet la branche qui, suivant lui,
passait par Ruscino et Illiberis , et qu'il considérait
comme la route primitive. Voici les résultats auxquels
il était arrivé.
M. de Saint-Malo fait commencer la bifurcation des
deux routes depuis Vigesimum, qu'il place à la Palme; il
contourne l'étang de ce nom, en se dirigeant en droite
ligne vers Leucate. H s'avance entre l'étang de Salses
et la mer, passe le Grau, et établit la station Combusla
au lieu appelé Tottr ou la Tour sur l'Agli, « qui, à cette
« époque , et même plusieurs siècles après , au lieu de
« se perdre dans la mer, se dégorgeait dans l'étang de
« Salses. » La roule arrive ensuite à Ruscino, en passant
par Mulationes (Mudagons), dont le nom semble indiquer
une niulalion, ou maison de poste. A partir de Ruscino,
le chemin suivait la carrera de Carlos Magno, dans la
direction df Cabestany et de Salellas, jusqu'aux environs
17.-)
du Mas Rocabruna, cl arrivait à 'lésa. « Au-delà de ce
« lieu, la voie romaine fournit do nouveau deux branches:
« l'une conduisait à Cduroliberi et Porhis Venen's, à tra-
« vers les territoires de Mossellos, S'-Cyprien, La ïour-
« l)as-Elne et Argelès; l'autre, se dirii^cait sur Illiberis,
<( en passant par Cornelia-del-Vercui '. » Celle-ci, qui,
selon notre auteur, serait celle de VJtmérairc, s'en va,
par un chemin bien connu, (Vfllibcris à ïatzo-d'Amont,
« Tacio, dans les plus anciens documents du moyen-âge,
« corru{)tion iiicoiilrslable du mol latin Slatio, désignant
«un j)oiut d"itniéraire, et par conséquent le voisinage
« d'une ancienne voie publique. » De Tatzo, le chemin
parvenait sans difliculté ii la vallée de Saint-Martin, en
passant par la Pave » Pansa, dans les monuments du
« moyen-àge. La dénomination de ce hameau et sa posi-
« lion sembleraient indiquer un lieu de repos, établi pour
« les voyageurs, sur la route que parcvurut un corps d'ar-
« mée du roi Wamba^. » Le hameau de La Vall serait la
station ad Ccnturiones. Le chemin se perd, à quelque
distance de là; mais l'inspection des lieux porte M. de
Saint-Malo à croire que la voie romaine remontait le
vallon de la rivière de la Massane, et parvenait au coll de
la Carbassem, à l'est du Roc vulgairement appelé dels
quatre Termens. Ce passage se trouvant élevé de 500
mètres de i»lns que celui du Perfhus, explique, suivant
notre ariticiuaire, pourquoi les Homains, reconnaissant la
différence d'élévation de ces deux débouchés, voulurent
la constater, sans doute, en appelant simplement Pi/re-
nœum la première station (le lY^rthus), et Summum
' M. ilf Sainl-M.ilo adiiieUiiit (loin- l'cxislrnre de trois tcmU-s , partant
toutes d'Llliic, pour fraucliir les Tyrénéos, Tmiio au IVrllius, l'.itilrr au coll
dt la Carbassna , ri la troisii'inc par le IkuiI di' la uki-, <ii ii;i~saiil par
Arpelcs.
2 (h) a VII ((up, pour s'emparer de Caiicoliberi et d't)ltréra , ce eurp-
d'ariili'e par -"iirul (o eiiii- yM'ujiK ijw suivait /.• hnnl ,lr In mer.
176
Pyrenœnm le second de ces passages. C'est donc dans le
voisinage du coll de la Carhassera qu'il faudrait clierclier la
station 5»mm»m Pyrenœum, «lieu complètement inconnu
« de nos jours. » Knlin, après être sorties de la Gaule, les
deux voies aboutissaient h un nu'nie point, c'est-à-dire à la
station nommée Juncaria, située à IG milles romains de
l'une et l'autre stations pyrénéennes. Une pareille situa-
lion ne pouvant convenir au village actuel de la Junquèra,
M. de Saint-Malo propose de chercher ladite station vers
les parties basses de l'ancien pays des Indigètes, où
était jadis le champ Juncaire.
Nous n'entrerons ni dans la discussion des distances don-
nées par M. de S'-Malo entre les diverses stations, ni dans
l'examen des correcfionsqu'il proposede faire aux nombres
fournis parles Itinéraires dits d'Antonin. On ne peut que
s'incliner devant l'exactitude de ses chiffres, comme
devant la justesse de ses observations scientifiques et
géographiques , la profondeur et la variété de son éru-
dition. On ne pouvait moins attendre d'un savant aussi
versé que M. de Saint-Malo dans la connaissance du
Roussillon et des documents de son histoire. Ce serait,
d'ailleurs, nous écarter de notre sujet, que de relever,
dans sa dissertation , un très-petit nombre d'assertions ou
même de simples expressions, jus(|u'à un certain point
contestables, échappées dans l'ardeur de la discussion, et
dont M. de Saint-Malo lui-même aurait, sans nul doute,
modifié la portée ou atténué les conséquences. Telle est
rimpression générale qui résulte, pour nous, de l'étude
de ce mémoire : mais les observations historiques ou ar-
chéologiques dont il est enrichi , quels (pie soient d'ail-
leurs leur mérite intrinsèque et leur importance pour
l'étude de nos antiquités, ne fournissent aucun argument
décisif en faveur du système, adopté par M. de Saint-
Malo, sur la direction présumée de la voie romaine en
Roussillon.
Tout ce syslème n'a pas irantrc raison d'ètro que la
double rédaction des Itinéraires d'Antonin, sur laquelle
nous nous sommes dt^à expliqué. M. de Saint-, ^laio
s'appuie, en outre, sur la distinction qu'il établit entre
le Pyrenœum de la première rédaction et le Summum
Pi/renœxm de la seconde : ce dernier aurait désigné le
coll de la Carbassera , qui se trouve en ell'et beaucouj»
plus élevé que le passage du Pertlius. Cette observation
paraît justiliée par l'état des lieux; mais nous ne pouvons
l'accepter, car, des l'époque romaine, il y avait sans
doute des noms particuliers pour cbacun des passages
des Pyrénées, et il est permis de penser que ces déno-
minations ne se basaient pas sur l'altitude conq)arative
des cols il francliir. Tout semble prouver, au contraire,
que les mots Pyrenœum et Siunmiim Pyrenœum dési-
gnent un seul et même lieu, dont le nom jiropre nous
est inconnu; et ce lieu ne peut être que le point fulmi-
nant de la route, au passage de la cbaine des Pyrénées'.
Nous avons prouvé d'ailleurs que, dans les deux rédac-
tions, la distance de 16 milles qui sépare Juncaria de
Pyrenœum, aussi bien que de Summum Pyrcmvum, ne
pouvait exister, et ne se comprend, qu'en admettant l'exis-
tence d'une seule voie. Nous sommes donc fondé à
' l']ii voici une preuve convaiiiranle , cnipruiilée .lU pnrcours de la voie
rjiiialiail (l\lj/urica à Durdigala. Nous y trouvons eneore un point (lésij;né
aussi sons le nom de Summum Pyrenœum, dont le sens est <rautunt plus
frappant qu'il n'y a i]u'une seule rédaction, pour cette voie, dans les lliiiè-
raires d'Anlonin. On y lit :
Pampiloneni M. P. VIII.
Turissain M. l'. Wll.
Summum l'yrcnrrnin I\I. P. Wlll.
Imuin l'yremeuni M. l'. V.
Carasam M. P. Ml.
Il est l)ien évident (ju'iri r/fiiiiHi l'ijieiKium désigne lu pied de la monta-
gne, laiidii (|ne le iummum l'yrtmrnm doit seiiteudre de son sommet , de
mc^me (|iie liiir la route roussillniuiaisc.
1-'
178
conclure que les auteurs de ces deux rédactions, comme
celui de la Table de Peutinger, ont suivi une seule et
même voie, et qu'il ne faut voir qu'un seul et même
lieu dans celui qu'ils désignent sous les noms de Pyre-
nœuni et Summum Pyrenœum.
Les autres considérations archéologiques données par
M. de Saint-Malo à rapi)ui de son système , ne présen-
tent aucune preuve décisive relativement à l'existence
des deux routes '.
* Il V a cependant une indication dont il faut tenir compte. Il existe en
effet, sur la rive droite de l'Agli , entre Clayra et Torreilles, un lieu de
Mudagons, anciennement ,U«/aJioiics, qui, selon notre auteur, serait le
nom encore conserve d'une mulatio, ou relais de poste, de l'ancienne route
romaine. Nous it;norons quelle est l'origine précise de cette dénomination,
et nous sommes loin de contester le sens qu'on lui atlrilnie , ni son rap-
port avec l'existence d'une ancienne roule. Nous ferons seulement obser-
ver que ce nom se retrouve, prcsqu'idciilique, (Mudaxos, Mudassos, campus
du Muiationibtis) aux conflns de Canohcs et d'Aurils (De SAiNT-MiLO,
Publicaleur, V^ année , n° 56 ). Un acte de vente du 5 février 1461 , men-
tionne encore une vigne au territoire de Canolies, au lieu dit de Mudasos,
confrontant avec une autre garrigue dite de Mndasns (Bern. Fuster, notaire).
Dans une autre vente du 5 des ides de février ^1275, il s'agit d'un cliamp
au territoire de Corncilla-de-la-Uivière , au lieu dit ad Mugadas (Hop. de
Perp. , p(«c/i44, n" 3 ) ; et dans une reconnaissance du 7 des calen. de
février ^297, il est question d'une pièce de terre au territoire d'Espira-dc-
Conflent, au lieu dit ta Mudada. Comme il parait assez difGcilc de ratta-
cher toutes ces dénominations à des relais de grandes routes, il est permis
de penser que leur origine est peut-être différente de celle qu'indiquait
M. de Saint-Malo. Dans tous les cas, ce nom seul ne saurait autoriser
l'existence d'une route qu'aucun autre monument n'indique, et que plu-
sieurs contredisent formellement. — 11 en est de même du lieu de Casa
Stationi, qui semble en effet indiquer une ancienne station. Mais il est
trcs-difflcile d'en déterminer la situation, d'après les termes d'un document
de l'an 854 , le seul qui en ait parlé ; d'autant plus que ce lieu est appelé
ad Casa Slalioni, dans l'édition de Baluzc (Append. ad CapiluL, col. 15 62)^
et arf Casas Tationi , dans celle du Callia christiana ( tonio VI, page 410 ).
Cette dernière le(;on assimilerait ce vitlar à celui de Tatzo d'avail; et la
situation de ce lieu , quelle qu'en fût l'origine, n'aurait rien que de Irès-
favurablc au système que nous avons cru devoir adopter.
179
M. Pniggari no semble pas s'être occupé d'éludcs
parliculières sur la question de notre voie romaine, et
qucicpies-unes de ses assertions prouvent qu'à cet égard,
il s'en tenait au système de M. de Saint-Malo ' , dont le
principal mérite, à nos yeux, est d'avoir prouvé que
celte voie pouvait traverser les Pyrénées, par un passage
plus oriental et plus rapproché de la mer que celui du
Perlhus.
Tels étaient, jus(iuc dans ces dernières années, les tra-
vaux et les interprétations auxquels avaient donné lieu les
témoignages des auteurs anciens, relativement à l'an-
cienne voie romaine du Roussillon. Tous ces systèmes
n'avaient fait que multiplier les dinicultés et les incerti-
tudes, lorsque M. de Gazanyola ramena la question sur
son véritable terrain, et donna une solution qui, sans
être complète, doit être le point de départ de la vérité.
C'est l'opinion que nous avons adoptée, parce qu'elle est
uniquement ibndée sur l'interprétation naturelle et histo-
rique des textes anciens. iMais, si nous avons dû nous
séparer, sur cette question, des opinions émises par des
savants distingués, dont nous apprécierons toujours,
comme ils le méritent, les services rendus aux éludes
historiques, ce n'a été qu'après avoir étudié leurs sys-
tèmes et examiné leurs arguments avec la plus sérieuse
attention. M. de Saint-Malo s'était trompé par un excès
' le rublicattur, du 2't octobre 185.". — Il parait que M. Al. du î\IiW
avait (li'j.'i cx|irimo son opinion sur IVxistencL' de nus deux rtuiles , dans
des IMéinoirt's adressés à l'Académie des Belles-Leltres de riiislitiit, en
1823. Nous n'avons pu nous procurer son travail : mais il est fort singu-
lier que , dans la note qui nous fournit ce ronsoij'nonienl (llisluire de
Languedoc, édit. nouvelle, Toulouse, IS'iO, to. I"", p. 138), M. du Mé(jc
ait attribué a M. rui|;gari les articles et la dissertation de M. Jarq. de
Snint-Malo, insérés dans le l'ubticaleur de 1852 et dans V Annuaire de 1834.
180
(réi'iulilioi), s'il est permis de le dire ; quaiil à MM. Henry,
Walckcnaër, Dom Vaissète, elc, ils n'avaient lait que
s'égarer sur les traces de M. de Marca : trompés le plus
souvent, les uns et les autres, par des ressemblances
de noms légèrement observées et trop facilement ad-
mises, ou par des débris plus ou moins authentiques
d'anciennes voies ou de monuments, qui, malgré leur
antiquité, ne peuvent absolument rien prouver, relati-
vement au parcours de notre voie romaine. Ils étaient
surtout trompés par cette fausse idée, que les nécessités
administratives du Roussillon et les conditions d'exis-
tence des voies de communication étaient, à l'époque
romaine, telles qu'on les voyait encore au xviie siècle
ou de nos jours.
Nous croyons avoir prouvé que tous ces systèmes sont
également inadmissibles; celui de M. de Gazanyola est le
seul qui soit conforme au sens des anciens documents,
les seuls que l'on puisse invoquer en pareille matière.
C'est ce que nous achèverons d'établir, en appliquant h
l'état actuel des lieux les témoignages de l'antiquité, et
en développant les preuves fournies par les recherches et
les découvertes modernes, à l'appui du système que nous
avons adopté.
Des sucRiaro» roaia>»îes par Ick Miittérnit'^fa
t'Oiâtniats rclutitu à notre Voie.
Tous les renseignements fournis sur notre voie romaine
par les auteurs a.iciens, ne pouvant se rapporter qu'à une
seule voie, il semble assez naturel de croire que ces docu-
ments devraient se trouver parfaitement d'accord sur les
chiffres des distances, comptés entre les diverses stations.
11 n'en est pas tout-à-fait ainsi. Ces distances ne sont
marquées que sur la Table dite de Prutinr/er et sur les
deux rédactions des Itinrraircs dits dÀntonin, et l'examen
I
181
(le ces Irois docuinents constate seulement, entre eux,
les ressemblances suivantes :
i" Les deux rédactions des Ilinrrairrs sont unanimes
pour compter IB milles entre Juncaiia et Pyronvum ou
Summum Pyrenœum. La Table com[tte 8 milles entre
Summum Pyrenœum et Juncaria, en mettant, à -4 milles
de l'un et de l'autre, la station intermédiaire de Dedana.
Mais ces derniers chilfres sont évidemment erronés, et
l'on peut, sans hésiter, corriger les deux nondjres un en
VIII, ou l'un des deux en xii; ce qui donne les xvi milles
Iburnis par les Itinéraires;
2<^ La première rédaction de VIfinéraire et la Table
s'accordent à com[)ler o milles entre Summum Pyrmœum
et Cenluriones , ou Centcnarium (selon la Table);
3° La première rédaction de \ Itinéraire compte G mil-
les entre liuscinone et Combusta. La Table présente aussi
le nombre 6 entre liuscinone et la première station qui
venait à la suite, en se dirigeant sur Narbonne; et, bien
que le nom de cette station soit omis, on ne saurait
hésiter à restituer ici le nom de Combusta.
On constate, au contraire, les différences suivantes :
1" Entre Rnscinone et Cenluriones, la première rédac-
tion des Itinéraires compte 20 milles, tandis que la Table
n'en donne que 10, entre liuscinone et Centcnarium ;
2" Entre Salsula' et Stabulum , la seconde rédaction
des Itinéraires devrait compter 19 milles, pour être d'ac-
cord avec les chiffres de la première rédaction , tandis
qu'elle en porte 48, c'est-à-dire 20 milles de trop.
Cette seconde différence est tellement dispro|)(»rtinnnée,
que, pour trouver l'explication des i8 milles, il iaudrait ,
non-seulement diriger la voie de Salses jus(|n'an I^miIuis,
mais encore lui supposer des contours extriiordinaires à
droite et a gauche, à moins de la faire revenir plusieurs
fois sur elle-même. C'est um' erreur évidente, reconmie
i82
par tous ceux qui se sont occupés de noire voie', et l'on
peut, sans aucune dilïiculté, corriger le nombre xlviii
en XVIII, ou même en xviiii milles, si l'on veut que
celte rcdaclion de Vllinêraire soit tout-à-lait d'accord
avec la première.
On ne saurait donc avoir une confiance absolue dans
nos trois documents routiers, tels que nous les avons,
pour ce qui concerne les nombres comptés entre les
diverses stations. Nous ne cbercberons i)as d'où peu-
vent provenir ces variantes, et bien moins encore quels
sont les chiffres qu'il foudrait adopter comme définitifs.
Mais il est bien évident que la seule différence réellement
constatée dans nos deux itinéraires (celle de 1 mille de
moins entre Ruscinon et Ccnturiones) , n'est pas assez
importante pour faire croire qu'elle puisse provenir de ce
que les rédacteurs de ces documents auraient suivi deux
-routes distinctes entre les deux stations mentionnées,
puis(jue ces trois itinéraires eux-mêmes prouvent qu'ils
avaient tous suivi la même route, en donnant les mêmes
nombres entre Combusta et Ruscino, Centiiriones et Sum-
mum Pyrenœum,ce dernier point eiJuncarin . Nous sommes
donc parfaitement d'accord avec tous les témoignages des
auteurs anciens relatifs à notre voie romaine, en concluant
que les indications des trois itinéraires, comme celles de
Polybe, de Strabon et de Julien de Tolède, se rapportent
a une seule et même route, allant de Narbonne à Barce-
lone, en passant par Salscs, Ruscii)o, UUbcris, Canco-
lihcri, les environs d'Enqiories et Gerone; et nous pou-
vons combiner, dans le tableau suivant, tous les noms et
les chiffres fournis par les trois itinéraires, pour la partie
de cette route qui concerne l'ancien lloussillon.
1 F.ouis Noniiis (Nouez) et M. Ilcnry , réduisent les 48 milles à 38 ;
M. Je Maica, à 28; M. de Saint-Malo propose aussi diverses corrections.
183
NOMS DES STATIONS
fournis
par les trois ilinéraires.
Narbona
Vigcsiinuni.
NOMrtnE HE MILLES FOURNIS PAR
La Table
do
l'eutinKcr.
La première
réilaction
(le ritiniîrairc
d'Aiitonin.
20
.La deuxième
rédaction
de riliiidraire
d'Antonin.
30
Salsulic ,
14
Coinbusta .
Ruscinone.
48
lllibcris.
Stabuluni
12
20
Ccnlurioncs ou Cenlena-
riiiin
1G
Pyrenîciim ou Suunmiin
Pyreiioeum;
Dec la 11
Jiiiicaria .
) *
, I (ïiO
u
<6
184
La concordance des nombres fournis entre certaines
stations, dans la Table et les Itinéraires, ])rouve que ces
documents ont fait usage d'une mesure identique, et le mille
romain, qu'ils ont employé, a une valeur de d.-i85 mè-
tres, selon Topinion généralement admise. C/est d'ailleurs,
une question qu'il importe peu d'élucider ici; car nous
serions fort embarrassé, s'il fallait ai)pliquer aujourd'liui,
sur le terrain , les données des itinéraires de l'époque
impériale, et justifier l'emploi exact et rigoureux des
1.48o mètres du mille romain, pour retrouver la position
j)récise des stations de notre voie. Sur quoi se baserait-
on? Quel serait le point de départ de ces mesures, et
comment pourrait-on en contrôler l'application? ^iotre
ancienne voie est aujourd'hui entièrement détruite, et,
tout au plus, peut-on conjecturer qu'il en existe de rares
fragments, à quelques mètres au-dessous du sol actuel,
dans la partie de la Salanque comprise entre le cours
de l'Agli et celui de la Tel. Des fouilles dilliciles et bien
incertaines pourraient seules les faire découvrir. Quant
aux débris signalés dans le voisinage de Saint-Cyprien, ils
ne paraissent pas plus authentiques que ceux de l'ancien
chemin de Maurellas. On n'en indique point ailleurs, qui
puissent être admis d'une manière incontestable comme
des restes de notre voie romaine , et il nous en coiile peu
d'avouer que nous n'en avons {»u découvrir le moindre
indice. Dans un pareil état de choses, la connaissance
rigoureusement exacte de la valeur du mille romain ne
serait pas d'une grande utilité, et la recherche des distances
réelles qui séparaient les stations anciennes, devient ex-
trêmement diilicile. Si on voulait, par exemple, opérer
entre deux stations bien reconnues (Rusciiiu et llliheris),
et séparées par une dislance de 7 milles, selon les itiné-
raires, on ne connaîtrait d'une manière précise ni le point
de départ, ni celui où il faudrait s'arrêter, dans l'une ou
l'autre de ces localités. Suivrait-on une ligne rigoureu-
IÎS5
seinenl dioile, ou s'eiigagerait-oii clans tous les coiilours
(les clu'inins, plus ou moins anciens, qui conduisent encore
aujourd'hui d'Elne à Castell-Rossollo? Les objections et
les (liinrultés sont encore plus nombreuses pour les
autres stations, surtout pour celles où les mouvements
du terrain augmentent nécessairement les sinuosités d'une
mute quelconcpie; et l'on ne saurait quel compte tenir
des pentes qui seraient inévitables dans nos calculs, et
qui pouvaient être moins sensibles autrefois, à cause des
ponts ou des terrassements qui ont [ni exister, et dispa-
raître depuis bien des siècles.
Ainsi donc , tant (pie des découvertes archéologiques
n'auront pas lait reconnaître, d'une manière complète et
certaine, le parcours exact de l'ancienne voie romaine en
Iloussillon, on ne peut songer à déterminer d'une manière
précise la valeur du mille employé dans les anciens Iliué-
raires, ni désigner les lieux où il faudrait placer les sta-
tions mentionnées. Tous les calculs ne pourraient donner
que des résultats aitproximalifs, et n'aboutiraient (ju'a
(les données générales, dont il faut bien se contenter en
cemomen'i, si l'on ne veut pas s'égarer dans le champ des
conjectures et s'exposer à voir renversé, par une décou-
verte imprévue, un édifice (\u\ ne pourrait être bâti aujour-
d'hui que sur de pures su[)|»ositions. C'est un écueil que
nous lâcherons d'éviter, et au lieu de tracer, pour le plan
topographique de notre ancienne voie, une ligne d'un
parcours bien déterminé, avec des chill'res et des noms
bien certains, correspondant aux évaluations et aux sta-
tions des anciens itinéraii'es , nous nous bornerons à
applicpier sur le terrain même, autant (|ue possible, les
indications fournies par les auteurs anciens, et que nous
avons tâché d'interpréter, en prouvant que le petit nom-
bre d'indications modernes recueillies jusipi'ii ce jour,
conlirmenl toutes nos explications, et jiislilienl les seules
consé(piences (jue nous prétendions en tirer.
186
Parcours «lo la %'olc Komainc, tic Gerutula
à Karlionnc.
Sans piélendre, en (jnoi (|ue ce soit, contester la pos-
sibilité de Texistence de plnsieurs routes en Roussillon,
pendant la période romaine, nous croyons avoir établi
que les documents anciens n'en ont jamais mentionné
qu'une seule, qui allait d'Emporics^ au filiône (Polybe),
on suivant la côte autaut que possible. Elle entrait dans
la Gaule aux Tropliées de Pompée, situés an voisinafje de
la mer, selon Strabon, et traversait le Roussillon, en
passant par llUbcris, Huscino et Salsulœ, selon les Ili-
ncmires.
En partant de ces données, dont nous venons de
démontrer l'exactitude , nous allons suivre sur les lieux
mêmes le parcours de notre route.
En partant de Gerunda vers Narbonne, la voie publique
se dirigeait vers la côte marilimc, et arrivait à Emportes.
Les llinéruires ne nomment pas cette ville, et, bien que
' Tout en aJmettatit que les tcmni[;nages de Tantiquité, recueillis jus-
(|u'ici sur celte question, ne se rapportent qu'à une seule et même route,
on se demande, il est vrai, pourquoi certaines villes, telles ({u'/iiît/jotcs,
ne se trouvent pas même nommées dans les Itinéraires romains. Ces omis-
sions sont faites pour surprendre; mais il ne faut pas oublier que les
auteurs de ces documents, composés dans un but qui demeure encore
inconnu, ne se proposaient nullement de nommer les villes plus ou moins
importantes qnc traversaient les voies romaines; el, pour ne parler qucdu
Roussillon, nous voyons que la ville à'iUiberis est omise par les deux
rédactions des Ilintraires, celle de Huscino est également passée sous silence
parla 2"^ rédaction. D'autres villes, bien plus importantes, se trouvent
aussi omises dans ces documents, (|ui sont remplis de noms vagues, tels
que fines , désignant de simples liiuilcs, ou Vigesimum , qui n'était ni une
ville ni un hameau , mais une simple borne marquant le vimjlicme mille à
partir de Narbonne. Le silence de ces documents ne saurait donc affaiblir,
en quoi que ce soit, la valeur du témoignage de l'olybe.
187
leur silence ne prouve iien contre le témoignage lonnei
de Polybe, on peut admettre que, sans arriver à lùiipo-
rics, la route de l'époque impériale laissait cette ville un
peu à l'est, et traversait en droite ligne la plaine basse
et marécageuse, qui l'entoure à l'ouest et au nord, et
qui, dans Strabon, jjorte le nom de Champ Juncaire.
Les trois itinéraires signalent précisément une station du
nom de Jnnraria, dont la position, d'après le chillVe des
lUncraircs (à IG milles des Pyrénées), correspond sans
difficulté à un point quelconque du ttccJiov lo-j-y-yaoïov,
La voie se dirigeait ensuite vers les Trophées de Pompée,
situés sur la côte, au sud du Temple d'Aphrodite et sur
la limite des Gaules et de l'Ibcrie, position qui ne peut
convenir qu'au lieu de Cervaria , ou aux environs de
l'anse actuelle de Cervera. Pour arriver en ce lieu, en
partant de Juncaria , la route devait nécessairement
Irancbir une cliaine de montagnes qui se détaclie des
Pyrénées, entn; le col de Iktiii/ids et ta Massana, et se
prolonge justju'au cap de Creus. Rien n"indi(pie aujour-
d'bui l'endroit où s'elfectuait ce passage; car la station
intermédiaire de Declana, citée par la Table de Peutinger
entre Juncaria et Summum Pijrenœum (et corrigée en
Deriana par les éditeurs modernes), pourrait corres-
pondre au lieu actuel de Dcijiù, selon M. de Saint-Malo,
ou à celui de Llaiiçà (Lanciuna) sur mer, selon d'autres.
Nous n'avons pas à nous prononcer entre ces deux opi-
nions, qui se fondent uniquement sur l'analogie que ces
noms offrent entre eux. Cc[)en(lant, c'est de là (pie dé-
pend la connaissance du lieu dit l'i/reiia'utii ou SuniDiutu
Pijrcnœiim, qui correspondrait aux environs du col de
Banyuls si la route devait venir de Del fia, tandis qu'en
partant de LIança, et en suivant la côte, il faudrait le
clierciier vers le col qui débouche sur lîanyuls, entre
la tour de (Jucr-l(oi(j et Ccroaria , (jui était la limite
des (iaulcs, selon Mêla. C'est là que se trouvaient les
ISS
Trophées de Pompée. On ignore d'ailleurs eu quoi con-
sistait ce monument, et l'on sait que, du temps de la
République Romaine, on entendait par trophées de sim-
ples poteaux auxquels étaient suspendues les armes prises
à l'ennoiiii, telles que casques, cuirasses et boucliers.
Pline ajoute que, dans le monument élevé en ces lieux
sous le nom de trophées, Pompée « s'était borné à
« constater la soumission qu'il avait obtenue de 876
«villes, depuis les Alpes jnscju'aux frontières de VE&-
« pagne lllérieure; » et Dion Cassius ^iiv. XLl) ajoute que
Jules César passa aussi par le Pyrenœum, à son retour
de Tarragone, « mais il n'y éleva pas de trophées, parce
« qu'il se rappela que Pompée avait été repris a ce sujet;
« il se borna donc à dresser un aulel (ô'coy.ov) de pierres
« taillées içEcrrfTr/i, non loin des trophées de son rival. »
Personne, jusqu'ici, n"a pu indiquer, d'une manière cer-
taine , la place exacte ou le moindre débris de ces deux
monuments.
Quoi qu'il en soit, en parlant des Trophées de Pompée,
la route devait remonter la côte, dans la direction du
Temple d'Aphrodite et du Port de Vénus, pour aboutir
à Caucolil)cri iCollionre). Ces deux noms ne se trouvent
sur aucun itinéraire romain , mais l'anonyme de Ravenne
nomme Caucoiilyeri parmi les cités de la Septimanie, au
même titre que Comimsta et Pyrenœum, qui, selon toute
apparence, n'étaient pas même des lieux babités. On est
donc fondé à croire qu'en ceci, ce géographe se bornait
à transcrire ces noms tels qu'il les trouvait dans les
documents routiers; d'autant plus que, d'après les récits
de Julien de Tolède, nous voyons, celle des colonnes de
Wamba qui avait suivi la voie publique, le long de la mer,
arriver tout d'abord au Casfrum Cnncoliberi, et s'en em-
parer après être partie de Geninda. C'est exactement le
chemin (pie nous venons de parcourir. Notre voie parve-
nait ensuite à lUibcrre, selon la Table de Peutinger, puis
\H9
à Ruscinonc, selon cft iiiôine document, d'accord, on coci,
avec la première rédaction des Itinéraires dits d'Anfonin.
Kntrc Rnscinonc, dont la situation est bien déterni inéo,
et le passage des Pi/rrixrs^ qu'il est encore impossible de
désigner d'une manière précise, nous n'avons eu d'autre
guide que les témoignages des auteurs anciens; car on
ne peut faire aucun usage des inscriptions de Théza ou de
Saint-André, des médailles ou autres monuments antiques
découverts jusqu'ici, dans la région que nous venons de
parcourir. Ces monuments n'ont aucun rapport avec une
voie publique, et ne peuvent rien prouver dans cette
question. On ne signale, d'ailleurs, ni là, ni sur aucun
autre point du Roussillon, aucun vestige certain d'une
voie romaine. Tout ce que l'oi» peut considérer, comme
définitivement établi, se borne donc à la direction générale
de la route, telle que nous venons de l'indiquer, et aux
deu.\ stations bien reconnues de RHsci)to et d'Illihrris
Entre celte dernière et celle de Summum Pi/renœum,
les documents routiers signalent encore la station dite
Ad Stabulum , qui, d'après les nombres de la deuxième
rédaction des Itinéraires d'Antonin , comparés à ceux de
la première, devait se trouver h 1 mille d'Illilx'ris, vers
le passage du Tech. Il serait bien dillicile, et, dans tous
les cas, fort peu important, de rechercher aujourd'hui la
situation de cette ctable , prise connue jalon d'une nota-
tion d'itinéraire, dans un but qui demeure inconnu; et il
est bien certain que la connaissance de ce lieu ne serait
d'aucun intérêt, sous aucun autre rapport. Il en est de
même du poste dit Ad Ccntcnarium ou Ad Centvriones ,
qui, d'après nos calculs, se trouverait à 12 milles de
Stabulum et à 5 milles de Pyrenœum : ce qui se rappor-
terait à peu près au territoire de Collioure'.
* Quelques mois d'uiio note, Iriinsporlés, par' tniMir, dans le texie de la
p. ■Il î), foraient considérer comme nous appartenant, une opinion que nous
siiminc-i loin d^irccplci', nu iiiji'l ilo Iii Mliiatinn du liin dit ail rtnliiriniif\
190
11 y a moins d'incertitudes pour la partie de la route
qui reste à parcourir, entre Rnscino et la limite du pays
des Sordons. 11 est vrai, que plusieurs auteurs, comme
on l'a vu, ayant considéré comme des ruines romaines
quelques débris d'anciens ponts, qui se voient encore à
Perpignan et à lîivesaites, en ont conclu que la voie romai-
ne, au sortir de Ruscino, se dirigeait vers le pont de Per-
pignan, pour y passer la ïet, et aller de là vers Rivesaltes
et Salses. Mais on est loin d'avoir reconnu une cons-
truction romaine dans le pont dont une partie existe
encore à Perpignan; et, l'importance de cette ville ne
datant tout au plus que du xiF siècle, rien ne peut au-
toriser à y faire passer la voie romaine qui conduisait de
Narbonne à Ruscino. Lesvlisiances marquées sur les Iti-
néraires s'y opposent; la construction d'un pont comme
celui de la Pierre n'offrait pas plus de dilîlcultés à Castell-
Rossellô qu'à Perpignan, et tous les témoignages con-
courent à prouver que la voie romaine allait directement
de Ruscino vers Salsidœ, à travers la Salanca. Il existe
des preuves certaines à cet égard. Pour aller directement
de Ruscino à Saisniœ , la route passait nécessairement
entre le village actuel de Bonpas et Saint-Sauveur-de-
Canomals. « De là, elle se dirigeait vers le pont Traucat,
« épithète indice d'une grande vétusté , qu'il portait dt\jà
« en 1569, époque où le chemin qui venait y aboutir, en
«partant de Pia, était appelé indifféremment cami del
« Pont tramât ou de la Caussade, en langue vulgaire,
« ou (kdciata, en latin, dont la signification prouve assez
« qu'une chaussée avait passé sur ce pont. De là, cette
« chaussée pénétrait dans le territoire de Pia, traversant un
« terrain boisé, appelé la Femna morla , jusqu'aux ruines
« d'un pont dit de Pacals. C'est du moins ce que parait
« prouver un acte du 6 juin 1413 *. » Après le passage de
* De Gazanyola, llisl. du fioiiss., p. 55 et '6'i. Nous ne roniiaissons Tarie
101
la rivière de l'Agli, la roule se dirigeait, entre Saint-
Pierre-(/e/-r«7rtr et Clayra, à travers une plaine caillou-
teuse, aujourd'hui i>lanlcc en vignes, et atteignait le lieu
de Sidsithr. Les souvenirs de Tancienne chaussée ahon-
dent dans tout ce parcours.
Dès l'an H39, nous trouvons mention de deux vignes
situées au territoire de Canonials , au lieu dit Cal-
çada * .
Selon M. de Sainl-Malo, un acte du mois de juin 120.S
signale, dans la Salanca, « un vieux chemin, auquel on
« donne le nom de Calciala, mot dont on se servait dans
« la basse latinité pour désigner une chaussée ou, pour
« parler plus clair, un chemin ferré, d'où l'on peut con-
« dure qu'un chemin conservant encore quelques vestiges
« propres à caractériser une voie romaine, ou du moins
« suivant le gisement d'une de ces anciennes voies, exis-
« tait au commencement du xiiF siècle dans ces localités.»
Anmudre de 1851 , p. 2!2!2.
Le mot de Slrada n'est pas moins significatif, et Ton
trouve, dans un acte du ô des cal. de mars li260, une
propriété des Templiers, située au territoire de Salses,
de I'(I5 qiio par la meiilioii qu'en fait M. de Gazanyola , i|iii a In l'acals
au lieu de l'cracals. Celle erreur s'explique assez, pour ceux ([ui oui (jnelque
liabiluJe des abrévialions palco{;rapliic|ues de l"écriture roussillounaise au
XV'' siècle; mais la correclioii que nous proposons est pleinement justifiée
par la situation do la villa du Veracals, près de l'Agli, au voisinage iVorlo-
lanes. Ou lit, en effet, dans une donation deTaniSlil : <• Dono... alodem...
<i queni liaLeo in ("-oniitaln lîossilionense.. . in villa qua; dicilur l'elra-
<. Caice, vel iu suos terniiiios, id est, casas, cm tes, et liortos, et liortalibus,
(1 et ipse ferragiualc , el ipse canipns qui liiiitur in ipso ciniiterio Saucti-
0 SaUiriiiiii, et terras, etc. » Marca, n» 9G.
' Ce document, |)orté anciennement au n" (iô de la liasse 27 des arclii-
ves de rilopital de l'erpi(;nau, n'existe plus aujourdluii. Il est ainsi noté,
ilaiis la Itubrique générale et au registre intitulé ntau de Or : .. Veuda de dos
« vinyas siluadas... en la adjacoulia de S'-Salvador île la vila i|ues noniena
« Cananials, en li> llorli an'imeuat Cattada , auv I 151». »
19^
au lieu dit c Ik Slnidu, conlVonlaiit au uiidi avec Ir
chemin qui va à Salses*.
Enfin, nous trouvons encore un souvenir de raucienne
voie ou cliaussée, dans un acte de 1517, portant vente
d'un champ situé au territoire de Clayra, au lieu dit la
Caxssaila, coni'rontanl avec le chemin qui va de Clayra à
Sainl-Pierre-del-Vilar-, et avec un mitre rhcmin qui va vers
la rivière {de l'Agli), et appelé lo Pas de l'Ayr/uc, à l'endroit,
sans doute, où l'on passait anciennement ce cours d'eau.
Toutes ces preuves sont plus que sullisantes pour éta-
blir d'une manière incontestable la direction que nous
attribuons à la voie romaine, dans la section comprise
entre Ruscino elSalsulœ. La route sortait ensuite du pays
des Surdons, et arrivait à Narbonne, située à 50 milles
de Salsuhr. Les Itinéraires ne signalent dans cet inter-
valle qu'un seul point désigné seulement par le nom du
Vingtième milliaire (ad Vigesiimnn), qui s'y trouvait placé.
' <i lil Jirla picia lerre est iii adjacciicia Soi Steiiliani de Saisis in Ic.io
<i vocalo o /o S/rrtdrt , ot affrontât ab oriente in tencncia Arnaldi de Na
• Guila , a meridie in \ia qne vadit a Saisis, a circio in tencncia G. l'ortcl
t et aliorum , ab at|uilon(' in terra .loiianni» dcri Pons et aliorum. n Cari.
duTemple, fol. 5G v".
2 ('.ottc |)ro])riété pnnrrail être rcconnne anjoiirii lini , aussi crovons-
oous utile d^en iniliijner les ronfr<uit;itions uun aniuleurs (|ui seraient tentes
de retioiiver en<x)re, <i c|iii'l(|iies mi'lres sans doiile an-dessons du sol actuel,
des débris de notre Tnic romaine.
K Ego Joannus (".abaner, parator ville l'erpiniani... veiido liorior. l'ian-
n cisen Pinrarl... (juriidani eairi|)uni e\ . M. partibns rlausnin... siluni in
• lenninis loci de Clayrano, loeo voeuto la Caiissada, eontinenteili in se. v.
K ayminatas terre vel rirea, coiifiontatnin ab uno laterc ciiin itinere suu
• via publiea i|na lendidit de dicto loeo île Clavraiio ad Seum Pelrnui, ab
• alla parte euin leii'' lieiedis Joannis \ il[ J, ab alia parte cnni len-'
« hereduin Jucobi Vesti, ai* alia parte cum ten^ Joannis Bagcl dirti loei de
t Clavrano, et ab alia parle euin (juadain via qua tenditnr ad ripparinni
« appellatain lo pas ileta taygua (sic), precio .ri. libr. nionete Pei|)iniani ,
« etc., acla Pcrpiniani die prima augusti M.D.^TIl. Francise. Masdainonl
f notarius. » Arrh. de l'IIop. de Per|)i(}n,in , pareil, n" 8, liasse -î!*.
Que celle borne fùl dans un lien halùlé, ou dans un lieu
désert comme nous serions porté à le croire , rien ne
i'indi(|ne aujourd'hui. Mais personne n'admettra (pie U'
pays compris entre Narbonne et Salsulœ n'offrît aucun
centre de population, au second siècle de notre ère; et
cette manière vague d'indi(pier la position de cette sta-
tion, prouve combien nous ignorons encore dans quel but,
et sur quelles données, étaient composés les Itinéraires
romains qui nous restent aujourd'hui.
Il y en a une preuve plus frapjiante encore dans la
station dite ad Combusla , qui se trouvait entre SulsaUr
et Ruscino , à 4 milles de la première ville, et à 6 de la
seconde, dans la plaine qui s'étend au nord du Mas-
Rovira, et à la droite de la route qui va de Perpignan ii
Salses. On ne s'explique guère aujourd'hui que ces lieux
aient pu être habités dans les anciens temps; mais rien
n'indique, non plus, que le lieu dit.lr/ Combusfa lût une
ville ni un centre d'habitation quclconipie. Peut-être, tout
ce quartier était-il tout sim|»lement couvert de bruyères,
que l'on bridait de temps en temps, comme cela se pra-
tique encore anjouririiui, pour les besoins de la cnltuie,
sur divers points du département connus sous le nom de
cretnats ou cremadelh (brûlés, embrasés), pure traduction
catalane des Combusta romains. Or, il existe encore au-
jourd'hui un chemin qui part de Salses, en se dirigeant
vers le Mas-Uovira et Sainl-lMerre-del-Vilar; et la partie
comprise au nord du Mas-Uovira s'appelle Canii dd Pov
creniat (chemin du Puits brûlé)'. Nous ignorons l'origine
de celte dénomination, mais nous ne pouvons y voir (pi'un
dernier vestige de l'ancien Conibinila , dont la position
corres[)ond exaclemenl a celte |>artie du chemin, de
même que le mot catalan crcinal est la simple tiaduclion
du latin combiishi .
' (W'il le nom ((lie ci^ cliomiii porli' <'iii'ori" sur ic |il.iii ratlastr.il.
13
i9i
Conclusion.
La discussion ([ui précède indique assez quels sont les
points de la question de notre voie romaine, que nous
considérons comme définitivement ac(|uis. Tels sont la
situation des stations de Salsuhv, de RiisriDo et (Vlllibm's,
le passage de la voie à une petite distance à l'est de la
chapelle actuelle de Saint-Piorre-f/fV-TV/ar, et la direc-
tion générale de la route, le long de la côte, en parlant
d'Elne vers Cervaria.
Mais l'œuvre de l'archéologie est loin d'être terminée,
puisqu'il reste encore a découvrir la situation exacte des
stations dites Ad Comhtisln, Ad Slabnlum, Ad Centc-
narhim et Ad Summum Pyrenœum, ainsi que la ligne
précise et autrement importante , suivie par la voie
romaine, depuis son arrivée dans le pays des Sordons
jusqu'à son entrée en Ibérie.
En se tondant sur de simples présomptions, il serait
possible de tracer, sur une carte du département des Pyré-
nées-Orientales, une ligne qui serait censée représenter,
tant bien que mal, le parcours de la Voie Domilia.
D'autres l'ont lait, ou le feront sans doute. Quant h nous,
si nous avions cette mission , nous marquerions la voie
par une teinte tellement décolorée, qu'elle serait à peu
près invisible à l'œil nu. On pourrait, tout au plus, en
suivre la direction générale, par les points d'interrogation
qui l'accompagneraient des deux côtés, depuis Salsulcc
jusqu'au Pyrenœum. Encore cette insaisissable repré-
sentation nous semblerait-elle bien inutile, et capable de
nous causer, h l'avenir, des embarras ou des regrets que
nous avons voulu nous éviter, en nous abstenant de
joindre une carte à notre travail.
195
ÉPHÉMÉRIDES
Dp l'IIi^ilal Sainl-Jeaii et de l'Hospice de la Miséricorde
DE TERFIGMABT.
Par M. «iOSEPH SlHVE»', ini'Mibie n'sidanl.
AVANT-PROPOS.
Il i)araitrail (|U(' IHôpilal civil de Perpii^nan, à l'époque
lie sa loiulalion, aurait reçu le nom de Saiul-Blaise, d"une
coiilréne qui y existait (liasse 1, n" li); mais, lorsque
divers hôpitaux furent créés dans cette ville (i)resque
chaque corps de métier avait le sien), l'Hcipital Saint-
Biaise dut perdre son nom primitif, et être appelé, comme
de nos jours, llô|)ital Saint-Jean, du nom de l'église contre
laquelle il était hàti. Cette opinion ne nra pas paru dénuée
de fondement , et je Tai adoptée , en attendant que des
faits authentiques viennent la détruire.
La confrérie Saint-Hlaise s'étaignit vers le commen-
cement du xvie siècle, et fut remplacée par celle de la
Sainte-Croix, à laquelle Léon X accorda un privilège apos-
tolique (liasse J, n"52). Cette dernière disparut dans la
tourmente révolutionnaire.
Les Chartres de Cirard II, dernier comte du Roussillon,
de rinfant I). Jacques et de Jacipies I'^, dit le Conquérant,
que je publie, jetteront un grand jour sur l'histoire de
rno|»ilnl Saint-Jean. Celle de (iirard, lils du premier lit de
Causfrel III, comte du Roussillon, fera connaître les nom-
hreux privilèges dont jouissait alors la maison hospitalière.
196
Bien qu'accordés niovennanl (inaiico, ils iiélaieiit pas
moins précieux, ne (levnicnt pas moins être considérés
comme un grand hienl'ail, à la suilc de la guerre de
famille qui avait ravagé le Roussilion, sans même avoir
respecté ni églises ni monastères, après que Ganslret
eut répudié sa première femme ' , malgré les excommu-
nications lancées contre lui par les deux Souverains-
Pontifes, Eugène H et Adrien IV.
Lorsque Perpignan eut une charte municipale (119G),
les Consuls créés par elle devinrent les patrons-nés de
l'Hôpital Saint-Jean , comme l'étaient avant cette époque
les Bons hommes ou les Notables de la ville : une foule de
documents historiques le constatent. Ce patronage des
Consuls s'est conservé sans interruption jusqu'en 1789,
où un nouvel ordre de choses a brisé des liens que le
temps avait respectés, et qui paraissaient indissolubles.
Ainsi, Jacques ï<'^ en vendant à son (ils, D. Jacques,
le patronal qu'il prétendait lui appartenir sur les biens et
les revenus de l'établissement des pauvres, fit un acte
arbitraire; mais, quelques années après, mieux éclairé,
et à la suite sans doute d'une supplique des Consuls, h
laquelle durent se joindre les prières de FÉvèque d'Elne,
ce monarque rendit la somme de 10.000 sols melgoriens
que son lils avait reçue des frères hospitaliers.
Il est fâcheux que la charte de D. Jacques, dégradée
dans plusieurs de ses parties, n'ait pas pu être copiée
en entier.
Les fragments que je publie de l'édit du mois d'avril
1686, relatif à l'établissement d'un hospice ou hôpital
général des pauvres, et union de cet hôpital h la Misé-
ricorde, feront connaître les peines sévères qu'encou-
raient les individus qui étaient trouvés mendiant dans
les rues de notre ville et dans la province du Roussilion,
' Ermt'ii(;ai-Ji' Trcncavcl , iiilc ilii Vicotnle de BoziiTï.
1;>7
comme aussi, les amendes inlligées à ceux qui faisaient
i'aumône i)uljliquenieiit.
Louis XFY, en ordonnant la séquesiralion des pauvres
à la Miséiicorde, rendit un service signalé à notre pro-
vince, qui servait de refuge, comme aujourd'hui, ii un
trop grand nombre de vagabonds, de gens sans aveu,
(pie nous envoyaient la Catalogne et le Languedoc, et
dont redit nous débarrassa complètement.
Pour soutenir cette union, le Roi ordonna la levée
d'une imposition extraordinaire de 1.000 livres, pendant
six années, sur les habitants de la province, tant sécu-
liers qu'ecclésiastiques; il établit à toujours celle de 2
deniers sur chaque livre de viande, soit bœuf, mouton,
veau ou cochon, qui se débitait, et celle de 2 deniers
par livre de tout ce qui était vendu à l'encan public dans
la ville de Perpignan et dans la i)rovince, meubles ou
immeubles, etc.; enfin, il lit don en (;iveur de l'hôpital
général de tous droits d'amortissements à lui dus pour
les acquisitions, fondations, legs faits et à faire à celte
maison, jusqu'à concurrence de la somme de cent mille
francs. De plus, il ordonna l'établissement d'ateliers de
différents métiers, pour occuper les pauvres, et prescrivit
les punitions corporeiios que ceux-ci devaient subir, le
cas échéant.
Malheureusement, cette maison éprouva vers l'an 1759
des pertes considérables, qui mirent les administrateurs
dans la rigoureuse nécessité de renvoyer les mendiants,
faute de pouvoir les nourrir et les vêtir'.
Avant de terminer, je dois relever une erreur impor-
tante, qui s'est glissée dans mes Éphémérides, 11^ Bul-
letin, page 515, année 12a0, au lieu de: M^' Ilrançier
de Pi'viUos , évèquc d'KInc , lisez : J/"" licrnard de Bergo ,
évêque d'Elue.
' \'nyp7. ma linliro sur lr<; llnipn .■> , l(V RiiIIpIiii ilr l:i Sociélé.
li»S
SUPPLÉMENT.
(Voir [laye Ô09 et suivantes du •!-)* Bulletin de la Société
des l'vrénés-Orien taies.
I!278. — Dona Raimonde Matheii, de Cornella-dol-
Vercol, par son testament du 15 des cal. de noveinbi'e
(Guillaume Adémar, notaire), lègue à Bernard-Martin,
son (ils illégitime, un patus situé à Cornella; à ses fils
légitimes et à ses neveux, elle fait des legs particuliers;
et elle institue l'Hôpital Saint-Jean son héritier, eu ré-
mission de ses péchés (liasse 3o, n" 59 ).
1290. — Licence accordée par l'Official de la Cort ec-
clésiastique de la ville de Perpignan, avec la licence du
Capitoul de l'Évéché d'Elne, qui permet à Guillaume
Tolza, fabricant de draps, d'entrer en religion, bien qu'il
soit marié , et qui reconnnande à la femme de ce dernier
de vivre chastement.- — 4 des cal. de mai, Pierre Pages,
notaire (liasse 1, n» 2).
1297. — Charte de Jacques I^r, roi de Majorque, comte
du Pioussillon , du 6 octobre, permettant de construire,
à Cornella-dcl-Vercol, un ruisseau connu sous le nom
A'agouilk capdal, pour arroser les terres appartenant à
l'Hôpital (liasse 50, n» 5).
1350. — Nomination de Guillaume Albert, homme de
Dieu, à la charge de Bailli de Cornella-del-Vercol, pour
deux années, faile par le Prieur de l'Hôpital. — Pierre
Montaigut, notaire (liasse 50, n" 11).
1545. — Rémission de deux meurtres, par Dona Maria,
reine d'Aragon , moyennant la fondation de messes , de
rentes en faveur des enfants des victimes, etc. Les cou-
l)abli>s étaient au service de Donzetls ou Chevaliers (liasse
4, n" 15).
199
1568. — Acte de pardon accordé par Pierre Jalabert,
de Sainl-Félicu-d'Avall, à Jean-IMcrre Moner, à l'occa-
sion de coiii)s qu'il a reçus de ce dernier. — Notaire :
Jean Bigorda (liasse ii, n" 40).
1595. — Guillaume Gorricli, jardinier, fait don à l'Hô-
pital de la somme de i.OOO fr.— Acte reçu par François
Duran, notaire (Livre des Bienfaiteurs, fol. 8).
1407. — Nicolas Jalabert, maître apothicaire, lègue à
l'Hôpital 1.000 florins d'or; il lègue une pareille somme
à Vaumônc commune. — Testament reçu par Guillaume
Coma, notaire (Livre des Bienf., fol. 9).
1408. — Privilège de Martin, roi d'Aragon, en date du
27 n)ars, accordant aux hospitaliers et à l'aumônier de
l'Hôpital S'-Jean et de Vaumùne commune, la faculté de
conserver leurs emplois pendant sept ans, si les seigneurs
Consuls et le Conseil-Général de la ville de Perpignan le
jugent convenable (Livre Vert mineur, fol. 555-568).
La restriction qu'on remarque à ce privilège, prouve
(jue l'autorité municipale avait alors la haute main sur les
établissements hospitaliers et de bienfaisance, et que le
Monarque tenait à res[)ecter et à maintenir ces préroga-
tives, basées sur la constitution de la ville.
T>ien que je n'aie pas pu vérifier, faute de documents
authentiques, si les Consuls et le Conseil-Général sanc-
tionnèrent ce privilège , en tout contraire aux usages
établis, je pense que jusqu'en 1716, les jiospitaliers ont
été extraits au sort, comme par le passé, à la maison
consulaire, après deux ans d'exercice, sans pouvoir èlre
réélus. (Voyez Livre Vert mineur, fol. 92.)
1515. — Jean Valenti, marchand, lègue à l'llôj)ital une
rente annuelle de 6 francs, pour ètn* eni|iloyèe à l'achat
d'étonès devant servir à la confection de bonnets et coilfes
pour les femmes malades.— Testament reçu par Jean Mas,
notaire (Livre des Hicnf., fol. I i).
2(>0
l.jr>0. — I). Ik'rnard Xanxo, chevalier, lèi;ue à lllûpilal
une renie annuelle do 60 l'i-., pour être employée en aciial
de linge. — Testament reçu par François Masdemont,
notaire {Livres de la FunI, fol. 48 et des Bienf., fol. loj.
loô^. — Antoine Devi, de Perpii,man, lègue à l'Hôpital
une redevance à' un dounj dhuile d'olives, ou !20 litres,
mesure nouvelle. — Testament reçu par François Masde-
mont, notaire (Livre des Bienf., É'ol. 13).
'Ioo8. — Guillaume Puig, prêtre, lègue k l'Hôpital une
rente annuelle de 20 francs, qui doit servir à acheter des
poules pour le régal des malades. — Testament reçu par
Antoine iMasdemont, notaire (Livre des Bienf., fol. \1\.
Ioi)8.--Jean Sahater fait don à l'Hôpital d'une grande
quantité de linge cl d'une rente annuelle de oO francs.
Il fonde, à porpéluité , l'entrelien d'un lit, ne devant
servir i|ue pour les prêtres malades , à la charge par les
liospilaliers de faire célébrer, tous les ans, un anniver-
saire pour lui et ses parents. — Acte reçu par V^'^ Fabre,
notaire (Livre des Bienf., fol. 19).
16ii. — Dominique Pujadas, apothicaire, lègue à l'Hôpital
toutes les drogues existant dans sa boutique au moment de
sa mort. — Testament reçu par Guilhol y Marur, notaire
(Livre de.s Bienf., fol. 52).
1632. — Dame Guiomar-Llot, laisse tous ses biens aux
religieux de Saint-Dominique, à condition qu'ils établiront,
à Piigarda, une maison de leur Ordre et un professeur de
philosophie. En cas de non exécution de ses volontés,
elle nomn)e ses héritiers l'Hôpital Saint-Jean et l'Hospice
de la Miséricorde. — Testament reçu par Arles et Carrère,
notaire (Livre des Bienf., fol. 55).
Les religieux se mirent en possession desdits biens; mais
longtemps après, comme ils n'exécutaient pas les intentions
de la testatrice, les deux Maisons les actionnèrent et les fnent
condamutM- par arrêt du 29 jan\ier 17 i2. Ces biens furent
vendus et le prix i)artagé entre l'Hôpital et la Miséricorde.
201
I<»91. M. cU' Cliiiiièiies, culoiii'l du Ro\al Roussilluri,
ilouiio à rilospice de la Miséricorde la somme de 1 .700 fr.
( Livre, des Bicnf., fol. 2i.
1697. — Raphaël Solanllong, prèlre, curé de Caldégas,
fait donation à l'Hospice de la Miséricorde de ses droits
sur une somme de '2.000 francs, montant d'une indem-
nité due par le (jouvernement, qui s'était emparé d'une
de ses propriétés, nécessaire à la construction du fort de
Bellegarde; il lui donne, en outre, les pensions et intérêts
échus et à échoir de cette dette. — Acte reçu par Jacques
Estève, notaire, le 12 juin (lettre N, n» 1; Liv. des Bienf.,
fol. 5).
l"-5.- Jean Gispert, aumônier de l'hôpital, chanoine
de la cathédrale et grand pénitencier, fait don à cette maison
de la somme de 40G francs, qu'il lui avait prêtée; de plus,
il déclare qu"il ne veut retirer aucun honoraire pour ses
fonctions iraumonier iy^' Rnjisb-e des DdibcnUians , fol.
lo9 et 17o; Livre des flienf., fol. iô).
1768. — L'art. 20 de l'édit du Roi de l'année 1686,
obligeait les maîtres chirurgiens de la ville de Perpignan
à faire gratuitement le service à l'Hospice de la Miséri-
corde, y compris la rasurc et la coupe des cheveux des
pauvres; il leur était enjoint d'envoyer, à leur place, des
élèves, qui, après six ans d'exercice dans cette maison,
passaient maîtres à leur tour.
En 1768, les maîtres chirurgiens cherchèrent à se
soustraire à ce service.
Plainte est portée contre eux par la Commission admi-
nistrative devant le Conseil Souverain du Roussillon, qui,
par son arrêt du 2i mars 1768, ordonne aux maitres
chirurgiens, aux termes de l'art. 20 de l'édit précité,
de fournir un ou deux élèves ou coiiquignons cajjahles et
agréables ii la Connnission, pour ser\ir graluilement dans
ledit hospice, en tout ce (pii concerne leur état ou obli-
gation; et ce, incessammeni, sans délai aucun, si mieux
202
iiailueul les uiailres chirurgiens servir eux-mêmes gra-
tuiteuient ledit hospice, a tour de rôle, le tout sous peine
de 100 Ir. d'amende au profit des pauvres, non commi-
natoire, mais exécutable à chaque contravention.
Les maîtres chirurgiens se soumirent à cet ordre for-
mel (liasse P, m' 21).
1772. — M'ne la marquise d'Aguillar, lègue à l'Hôpital
la somme de 400 francs (Livre des Bienf., fol. 56).
i779._Aux termes de l'édit du Roi du 10 mars 1776,
qui défend d'inhumer dans les églises, l'Hospice de la
Miséricorde ouvre un cimetière à côté de la chapelle, qui
est béni par M. Bastide, prêtre, aumônier de la Maison,
le 24 mai 1779, avec la permission de M. Hyacinthe
Girbau , chanoine , vicaire-général du diocèse d'Elne
(liasse P, n" 4).
Le décret du 25 prairial an XII a régularisé le service
des inhumations.
1781._M'"e ïabarié, veuve de feu Tabarié, marchand,
fait don h rnô[)ital de la somme de 1.500 francs, le 14
octobre 17.S1 ; elle désire que la somme de 1.200 francs
serve pour les besoins de la maison, et qu'avec celle de
oOO francs on achète un ornement d'étoffe en or, fond
rouge, qui se trouvait en pièces à la sacristie, et dont elle-
même avait fait présent.
La Commission administrative, touchée de la plus juste
reconnaissance, délibère (jue cette personne charitable
serait mise au rang des bienfaiteurs de l'Hôpital, et qu'on
lui rendrait les mêmes honneurs qu'aux directeurs et admi-
nistrateurs, le cas échéant (3^ Reg. des Délib., fol. 149;
Livre des liienf., fol. 60).
1790. — M. et M^'' Bonaure, donnent un dais pour le
service de la chapelle de l'Hôpital (Liv. des Bienf., fol. 69).
1791. — M. Bessière, prêtre, aumônier de l'Hôpital,
fait, en le ([uitlaut, don et remise, le 26 juin 1791, de
la suiiiiin' tlo r'A)0 lï'., qui lui était due pour ses liuiioraircs.
IiulépcMulanniienl du zèle et de l'exactitude qu'il a>ait ap-
portés dans l'exercice de ses fonctions, l'Hôpital lui était
encore redeval)le de plusieurs aumônes particulières qu'il
avait faites, et qui, d'après le dépouillement, s'élèvent à
52ofr. [l'-Rerj. desDclih., fol. 73; Livre des Tiienf., fol. 69).
1806. ^M. François Durand, banquier, fait une aumône
de 200 fr., le 19 juin , à l'occasion de l'admission à l'Hô-
pital d'un pauvre estropié (Livre des Bicnf., fol. 75).
1810. — M. Jean Salvan, prêtre, ancien économe de
l'Hôpital, par son testament ologra[)lic du l^r mai (Jaume,
notaire), lègue à cet établissement la somme de 1 .000 fr.,
pour être employée en achat de draps de lit et de chemises
à l'usage des malades (Livre des Jiienf., fol. 78).
1817. — M. Sauveur Jaume, notaire, par son testament
du l'"'" janvier, lègue la sounne de 600 fr., à partager entre
l'Hôpital et l'Hospice de la IMiséricordc (Idem, fol. 79).
1818. — M. François lionafos, médecin en chef des
Hospices, depuis le 1 février 1779, décédé le l^ juillet
1818, recommande à ses héritiers de remettre à l'Hôpital,
après son décès, la somme de'iOOfr., destinée à l'établis-
sement d'une orangerie dans le jardin de la maison (Livre
des Bienf., fol. 81).
1820.— Un bienfaiteur, (pii désire rester inconnu, fait
don, le 19 novembre, de la somme de 500 fr., pour être
employée ii l'achat de lits en fer, à l'usage des pauvres
de l'Hospice de la Miséricorde (Liire des Bienf., fol. 82).
1821.— M. Jacci- Vassal, administrateur, et M'^^^Vassal-
Frigola, son épouse, font, le 20 mars, don aux Hospices
d'une reconnaissance de liquidation de la somme de 1.000
francs, avec un coupon d'intérêts de 2,') francs, à l'échéance
du 22 mars de la même année (Livre des Bienf., fol. 82).
1826. — M. François de Llaro-Cellés, administrateur,
après avoir constamment donné des preuves de zèle pour
les hospices, el leur avoir riiidii, par ses lumières et son
201
travail iiifaliguable, de très-grands services, recommande
à sa famille, avant son décès, snrvenn le 10 aont 18!27,
une aumône en leur faveur de la somme de 500 francs
(Livre des Bienf., fol. 90 j.
1850. — M. l'abbé Eyclienne, chanoine, grand péniten-
cier, fait l'aumône de 500 fr., destinés aux réparations
urgentes à faire aux bâtiments ruraux des hospices (Livre
des Bien f., fol. 92).
185i. — M. Siau, docteur-médecin, par son testament
olographe du 50 avril, lègue la somme de 1.200 francs,
à partager entre l'Hôpital et l'Hospice de la Miséricorde
(Livre des Bienf., fol. 96).
1854. — M. l'abbé Vialar, chanoine, curé de La Real,
fait don à l'Hôpital, le 19 septembre, pour une personne
qui veut rester inconnue, de la somme de 1.000 francs
(Livre des Bienf., fol. 95).
1855. — M. Puiggari, économe de l'Hôpilal, verse à la
caisse des Hospices, pour une |)ersonne qui désire rester
inconnue, la somme de 1 .000 francs, destinée à la Misé-
ricorde (Livre des Bienf., fol. 90).
1856. — M. l'abbé Raymond, par son testament du 12
février, lègue la somme de 6.207 fr. 50c , à [)artager entre
l'Hôpital et la Miséricorde (Livre des Bienf., fol. 96).
1841. — M. François Durand, administrateur, fait l'au-
mône de 400 fr., destinée à l'achat de linge pour le service
de l'Hospice de la Miséricorde (Livre des Bienf., fol. 97).
1846. — M. Miciiel Brugtière, avoué, verse à la caisse des
hospices, au nom de M"'c Eulaiie Raymond, veuve Anglada,
la somme de 1 .000 fr., léguée à l'Hospice de la Miséricorde,
par testament myslique du 19 mars 1859 (Idem, fol. 99).
1848. — M. Lucia-Garau, propriétaire, fait don de 1 .200f.,
à partager entre l'Hôpilal et la .Miséricorde (Id., fol. 100).
1849. — M. Louis de Ronnefoy, administrateur, fait l'au-
mône de 200 fr., à partager entre l'Hôpital et l'Hospice de
la Miséricorde (Livre des Bienf., fol. iOL.
20i
CHARTE DE GIKARD II, DERNIER COMTE
DU UOLSSILLON.
Iii Dei nomiiie . Notuiii sil cuiicUs preseiitibii.s (!t l'ului-is i|iio(i
ego Girardus Cornes Rossilionis, per me et per oinnem posleri-
taleni iiosinim, doiio et laudo atque concedo Domino Deo et
Ospil;ili de Sco loliaiino d(> IVrpiniano, et omnibus paiiperilms
eiiisdciii Ospilalis jiresenlihiis et l'utiiris et tilii Kaiimiiido de
Garridz, (jiii hoc accipis pei' predicttim Ospitale, omnem illmn
honorem quem /lodie liabei prediclus Ospitale in aiacentin S'
lohannis l'erpiniani, et toliim ijuantum adqiiire (sic) poterit vel
poteril luibere ah ac die in anlea infra villa Perpiniani d extra
in cunclis jocis, ad iilililatem hiiius domus predicte de Ospitale;
Et ad hiic dono prediclo Ospifali et paiiperibiis eius licenciam
emeudi et captandi vcl qui cis dure voliicril de feuodis vel de alodiis
in predicta villa Perpiniani velin cunclis aliis locis. Et adhuc dono
predicto Osi)ilali ut bestie eius habeant pascua in omnem lerram .
ita ut non laciant talam, et si facercnt falam' emendenf illani
consilio boiiuruni hominuni, et non laciant uUum usaiicum de
pascuis nec de omnibus adquisitis vel adquirendis ab ac die in aniea;
sed sit liberum et franchum de predicto Hospilali totum quantum
adquircre poterit in perpetuum. El ultra hoc toluni, accipio predicto
Ospitale et omnes res eius présentes et futuras in mea custodia
et in mea delFensione et in mea baiulia et in mea manutenentia
semper ad lumoriMii Dei cl prcdirli Ospilalis et omnium pauperum
preseuciiim et l'ulurorum. El propter hoc donum prediclum . et
hanc laudacionem . et concessionem predictam, quam feci Deo et
predicto Ospilali, habui et recepi ego Cwirardus prediclus de ele-
mosinis predirti Ospilalis de manibus liamundi de Garridz c.soj.
Malgur. Et est iiiaMifeslum. Si (|uis cdutra hor venire lejilaueril
agcre non valeal (juod requiref . scd in diiplo ( iinip(in;il, cl pusca
(lefje poslea) firnium cl stabiie permaneal onini (cniporc . Acluni
est hoc . nj . nonas. lanuarii . anno incarnarionis Domiiii . m r.
Lx- vij. régnante Lodoico rege. Sigfnnm Girardi Gomilis Rossi-
lionensis qui anc carlam donacionis laudacionis et concessionis
ficri iussi firmnvi laudavi el (estes firmare rogavi. Sig-j-nuni Arnaldi
s
20G
RadiiUi. Siiijiuini Siciiliimi SmIhus. Sit;f mini Ptnicii Calo. Si|ï-|-mini
Bernardi Ksiiologali. Si;j:fiiiiiii Ualiiiacii île Ciiiiriil/. Siii-j-miin l!i>-
reni^arii de (larrid/,. Sigfiumi Honiardi do Sro Lanrencio.
Nicholaus Leuila qui hoc scripsit rogatus alqiie iussus sub dio
ot anno quo supra :, fAirh. ilr l'Hôp. de Prip., liasse 2^, n" i.)
Ce texte a été suivi par une copie de l'an 1309, contenue au n* 5. — I.e n* 6, qui a été
suivi par Marca , parait aussi ancien que le n" 4. — Les mots soulignés manquent ou offrent
quelques variantes dan? le n* ij.
CHARTE DE DON JACQUES.
Noverint univers! quod Nds Infaiis Jacobiis, lllnsfris Heg:is
Aragonum filius, héros Maiorieanini et M(iiilis]ielii Hossilioiiis
Cerilanie et Confluentis, jier nos et noslros daiiius liceiiliain et
plénum posse vobis, fratri Petro Pagesii Comendatori hospitali
pauperuni de Perpiniano cl aliis universis fratribusdicli hospitalis,
quod vendalis, bladiim el besliariuiii et oninia alla Itona iiiobilia
dicti Hospitalis us(|ue ad eompleiiienluni Quiudecini niiiiuiu soli-
dorum Malgur. illa videlicet que modo habelis, deduclis inde om-
nibus necessariis vestris et dicli hospitalis usque ad festum Sri
Johannis Junii proxime venturum. FA si prerinm quod inde habe-
hilis non sulïieiet ad suiiimani dieloniin qiiiiideciiii miliuin soli-
dorum , Concedimus vobis quod vendatis cui et quibus volueritis
tôt el tanta de bonis iiimobilibus dicli hospitalis, scilicet, domos,
ortos, eampos et vineas, quod preciiim eorum siiiïiciat ad comple-
menlum dicte qiiaiililatis pecunie siniul cuin jirecio quod liabebitis
de bonis mobilibus supradictis. Volentes quod venditiones omnium
predictormn t'acialis cum consilio et voluntale Guillemi Carbo et
Pétri Rubei Judicis Perpiniani. Nos enim promitinius per nos cl
noslros [ ] l'acte fuerint in omnibus et por
omnia observare el lacère observari sine impedimento c[
]ius persone. Kt l'aciemus emplores
tenere el habere omnia supradicta imiicrpel 1
Perpiniano • \'° Idus oclobr. anno Doniini. mccLx- Sexto.
Sieffnnni Infantis Jacobi Illustris Régis Aragoniim filii lieredis
Maioric. Monlpelii Rossilioiiis Cerilanie et Conlluenlis.
Testes sunt R. de Urgio. Gaucerandus de Vrgio.
(1. (le Gaslio novo. II. de Ganejo. Ii. de Giiardia.
207
Sigfnnni l'eliidcflapclladosqiii mandadodjcli Doniini Int'antis
hor scrihi ferit ol clausit loco die et anno prefixis. (Lianse 9,
n° 24. )
CHARTE DE JACQUES 1", DIT LE CONQUÉRANT.
Noverint iiiiivcrsi qnod ciini NosJacobus Dei g:racia Kcx Aragon.
Maiorir. ol Valcnric ('onifs Harcliiiioiif o\ rriiclli cl Doiiiiims
Moiifpf'lii veiididissc'imis liilaiili Jacobo tilio nosti'o, jus patronatus
rpiod habobamus in Hospitale pauperiim Perpiniani, pro Decem
Miilia sol. Malg. et ipso filins nosfer postea vendidissel bonores
el possessioncs ipsius bdspitalis pro ipsis (b'ccni niillia sol. Maltr.
et niinc nobis daliini sit iiilclliiii ipiod de jure dictani vendicioneui
lacère non poleranuisetquodoccasione dicte vendicionis facle de
bonis dicii bos|iilalis por diclum iiosiruui filiiini, ut est dicluni,
nuilti'iin idem liospilale dani[»uilicalus esl: Idcirco voicnles dictos
denarios in comoduni ejusdeni bospitalis restiUiere, Recognosci-
mus et confiteniur debere vobis, Coniendatori el fratribus bospi-
talis predicii , Dtvom Miilia sol. Mali:, (jui' (piidein assignanuis
vobis liabciula el percipieuda in reddilibns cl exilibiis iioslris Cau-
chiliberi. Mandantes Martine dcl Trillaf bajulo nostro Perpiniani
et Caucliiliberi, (|uod de rcddilibus el exilibus prediclis donel et
solvat dicta dcceni niillia sol. Malg. lia qnod ca Iradal Dalmacio de
Villarasa et G. Garboni de Perpiniauo, ut de ipsis euiaiit bonores
et possessiones ad opus bospitalis predicii. Dat. in Monteplo. Idus
octobr. anno domini . m • r?c • Lxx- Secundo. (Liasse 2, n"> 25.)
EXTRAITS DE L'ÉDIT DE LOUIS XIV,
POUa l'établissement d'un hôpital général en la ville de PERPIGNAN,
ET liMON DUDIT HÔPITAL A CELUI DE LA MISÉRICORDE.
XXII.— Faisons très-expresses inbibitions et défenses ù toutes
jiersonnes el de tous sexes, lieux el âges, de quelque qualité el
naissance, et on quelque étal cpi'ils puissent être, valides ou inva-
lides, malades nu convalescents, curables ou incurables, do
maiulier dans la ville el diocèse de Per|)ignan et pays de Rous-
sillon, ni dans les églises ou aii\ [lorlos d'icelles, aux portes des
maisons, ni dans les rues, publiquemenl ni en secret, de jour
'Ml d(> iiiiil . -v.iii» aucune excepliim des rètes ^olennollcs, Pardons
2()s
ou Jubilés, ni assemblées, foires ou niaicbés, pour (luelqu'uiilre
cause que ce soit, à peine du l'ouel, conire les contrevenants pour
la première fois, et pour la seconde fois des galères conire les
hommes et garçons, et du banissemenl conire les femmes et (illes.
XXIII. -Faisons inliibilions et défenses à lonles personnes, de
quebpie qualité et condition ([u'ils soient, de donner l'aumône ma-
nuellement aux mendiants dans les rues et lieux ci-dessus, non-
obstant tout motif de compassion, nécessité |iressanle ou autre
prétexte que ce puisse élre, à {u'ine de cent sol.s iramende, ajtpli-
cables au prolil dudit Hôpital cl Maison de la Miséricorde, au paye-
ment de laquelle ils seront contraints et sans dépôts, en vertu des
ordonnances des administrateurs, sur le rapport de leurs officiers.
XXIV. — Défendons pareillement aux propriétaires et locataires
des maisons et à tous autres, de loger, retirer, ni retenir chez eux,
après la publication des présentes, les pauvres qui sont ou seronl
mendiants, à peine de cent livres d'amende pour la première fois.
de trois cents livres pour la seconde, et de plus grande en cas de
récidive, le tout applicable au profil des pauvres dudit Hôpital
Général et Maison de la Miséricorde, pour raison de quoy les pro-
priétaires, locataires et autres, pourront être contraints par saisie
de leurs biens, et emprisonnement de leurs personnes en vertu des
présentes, et des ordonnances desdits administrateurs.
XXV.— Pourront lesdits intendants, administrateurs et syndics,
employer telles personnes qu'ils aviseront, pour arrèloi-el conduire
audit Hôpital les pauvres mendiants (jui se trouveront dans ladite
villeet diocèse, pour être ceux dudit diocèse enfermés audit Hôj»ital
Général, et les autres remis entre les mains des juges ordinaires
pour être châtiés conformément à l'article XXll des présentes.
XXVI. — Faisons très-expresses inhibitions et défenses à tous les
habitants de ladite ville, de (pu'hiue (pialité et condition qu'ils
soient et à tous autres, de donner le moindre empêchement à ceux
qui seront préposés pour chasser lesdits mendiants et vagabonds.
et pour la capture d'iceux; et nous voulons que ceux qui seronl
assez téméraires pour molester lesdits préposés ou pour les mal-
traiter, soient condamnés à des peines et des châtiments sévères
par ledit Conseil supérieur de Houssillon.
209
DES FIÈVRES DE MARAIS,
Par M. P.>tV.-F. AltBBRCiB, Docteur en Méilociiii; , Aiicioii Mcdecin
priiu'i()al des atiiii'L's t't l'ii cLof di' l'llr>j)iliil militaire de lîoiie
(Algérie), Officier de la Lcg.-d'FIonn., membre résidant.
INTRODUCTION.
J'ai divisé mon travail en deux parties, et chacune de
ces parties offre un intérêt tout spécial.
Dans la première partie, après (juelques considérations
essentielles sur l'éiiidémie qui a régné à Bône (Algérie)
pendant l'année 1S")5, j'ai fait l'exposé des observations
pratiques des nosologistes sur les lièvres de rnarais, et,
en particulier, de ma méthode de traitement.
La deuxième partie démontre le parallèle différentiel
de trois méthodes de traitement qui ont été employées
à l'hôpital militaire durant cette épidémie.
Je terminerai ce travail par plusieurs observations de
fièvres pernicieuses très-graves, recueillies dans mon ser-
vice et traitées par le sulfate de ([uinine h haute dose.
L'analogie frappante que j'ai reconnue entre l'intoxi-
cation paludéenne de Bône et celle qui s'est montrée dans
nos contrées pyrénéennes, princi|)alement à Salses, mais
a un degré moindre d'intensité, m'a engagé à publier ce
liavail.
Je le soumets donc aujourd'hui, dans une pensée hu-
manitaire et comme enfant du Hoiissillon , à la Société
Agricole, Scientiliipie et Littéraire des Pyrénées-Orien-
tales, heureux si l'étude que j'ai laite des fièvres de marais,
peut être nu jour utile à mes chers compatriotes.
14
'210
PREMIÈRE PARTIE.
Lisez, comparez, jugez...
Nous étions arrivés à la fin du mois d'octobre, l'état
sanitaire s'était maintenu jusqu'alors dans des conditions
très-avantageuses; le nombre des malades à l'hôpital de
Bône se trouvait au-dessous de la moyenne de celui des
bonnes années; les diverses affections n'avaient présenté
que le caractère de gravité afférent à chacune d'elles;
nous étions heureux de voir disparaître la saison que
paraissent affectionner les épidémies; chacun de nous
formait ses petits projets ; moi-même, je songeais h aller
en France pour soigner ma santé, sensiblement altérée
par l'épidémie de l8o2, lorsque, tout-a-coup, les malades
augmentèrent progressivement, et les entrées à l'hôpital
se montrèrent très-fréquentes. Ainsi, les malades, qui
étaient au nombre de 255 au commencement du mois de
novembre, ont présenté une marclie rapide et ascension-
nelle pendant tout le mois, et, à la fin du mois, le chilfre
des malades s'était élevé a 575, soit en plus 5120.
Cette aggravation spontanée dans l'état sanitaire, qui
revêtit immédiatement le caractère épidémicpie, se déve-
loppa sous l'inlluence active de l'intoxication paludéenne,
vivement ranimée et répandue dans l'air par les chaleurs
persistantes et le siroco , qui a soufflé avec violence pen-
dant les premiers jours du mois de novembre.
Alors, de reprendre son poste, de faire appel au dé-
vouement et de faire face à l'épidémie, chacun de nous
s'occupa.
211
Jamais épidémie n'a présenté un caractère plus franc,
plus vif et aussi tranché. Les lièvres se sont généralisées
l)eaucoup plus rai»i(lenient que l'année dernière, et les
personnes qui n'avaient pas été atlcinles en J8o2 ont été
comprises parmi celles qui ont été malades en 1855. Elle
s'est répandue indistinctement dans tontes les classes de
la sociélé, aussi bien chez les riches que chez les pauvres;
les militaires de tous les grades et de toutes les positions,
de même que toutes les administrations ont pris une part
active et très-prompte à sa brusque apparition. Le pauvre,
épuisé par l'épidémie de l'année dernière, qui l'avait laissé
débilité et sans ressources, a fourni une plus grande pro-
portion à celle de cette année; aussi, la plupart des cas
pernicieux dont nous avons eu à déplorer la mort, ont-ils
été observés chez lui. Ils exprimaient, à nos yeux, des
sentiments de la plus grande misère, et nous répétaient
que la douleur morale était encore plus forte que les vives
soulfrances que nous découvrions chez eux. ils soulfraient
moralement , parce qu'ils ne pouvaient plus acheter du
sulfate de quinine, étant sans ressources, et, cependant, ils
disaient avoir plus besoin de ce médicament que de pain.
Ils étaient sincères dans leurs besoins comme dans leurs
douleurs: le sulfate de quinine était devenu une denrée
de première nécessité, le viatique général. Cette position,
si digne d'exciter le plus vif intérêt, fut comnmniquée au
(Conseil d'hygiène et de salubrité, dont j'avais l'honneur
de faire partie, et, dans la séance du 25 novembre 185"),
il émit uiuuiimement le vœu que le pharmacien de l'hôpital
civil lut autorisé à délivrer des médicaments, aux prix de
revient, aux familles gênées, et gratuitement aux indigents.
Ce v(eu fut accepté par l'autorité civile; et, par un senti-
ment (jui l'honore, elle lit connaître j)ubliquemeiil les
heures de distributions aux habitants de iJône. A cet ellet,
la pharmacie de l'hôpital civil est restée ouverte, le malin,
de six heures et demie à onze heures; l'après-niidi, de une
21-2
heure à cinq heures; le soir, de sept heures à dix heures.
Ainsi, le sulfate de quinine était payé, oO^ le gramme; les
potions, indistinctement, 40^; les purgatifs et médicaments
externes, ^O^. Cette mesure fut accueillie partout avec
satisfaction et reconnaissance, et les ftimilles |)urcnt ainsi
ménager leur entrée à Ihôpital. Elle a donc été d'un très-
grand bienfait.
Les pluies torrentielles que nous avons supportées de-
puis le 19 novembre jusqu'à la fin du mois, ont considé-
rablement augmenté et aggravé les pyrexies, qui n'ont pris
le caractère pernicieux cpic par l'inlluence du froid humide,
occasionné et entretenu par la durée de ces mêmes pluies.
Si le nombre des malades a augmenté par cette même
cause très-puissante, ce n'est pas par suite d'une nouvelle
intoxication, qui n'était plus possible, la plaine se trouvant
submergée; mais bien en privant la peau de ses moyens
d'élimination naturels, et en décidant la période d'incu-
bation. C'est mon opinion bien intime. Plusieurs personnes
demeurent étonnées, en voyant les fièvres se produire après
des pluies aussi abondantes, lorsque les médecins eux-
mêmes leur avaient assuré que les pluies seules pouvaient
arrêter les progrès de la maladie et empêcher l'influence
pathogénifère des marais. Il est, en effet, certain que les
nouvelles intoxications ne peuvent plus avoir lieu, lorsque
le marais qui fournit le foyer de pestilence se trouve entiè-
rememt submergé; mais les personnes qui avaient été sa-
turées de ce principe marémalique avant les pluies, doivent
fournir prise a l'épidémie, et c'est précisément chez elles
que le froid humide a agi assez directement pour produire
la manifestation de cette pyrexie, en les privant des moyens
éliminateurs accomplis par la peau. Le froid, en pareille
circonstance, renferme le principe fébrifère dans l'orga-
nisme , et pour me servir de l'expression d'une de nos
célébrités médicales d'Afrique : il enferme le loup dans la
bergerie.
2n
L'aulorilé militaire, si pleine de sollicitude pour la santé
dn soldat, a bien voidii soustraire presque toute la gar-
nison à linlluence morbide des marais avant les chaleurs
accablantes qui ont eu lien cette année. Celte mesure
liygiénique a empêcbé, évidemment, la manifestation de
plusieurs allections, et, partant, conservé la santé des
troupes de la garnison.
La marclie de cette épidémie a été si prompte, qu'il
est permis de poser en certitude , d'après la proportion
des malades de la population civile, comparativement aux
malades militaires, (pic si la garnison avait présenté le
même efl'octit' (pie Tannée précédente; si les huit cents
détenus politiques s'étaient trouvés encore à la Casbah;
si, enlin, les femmes et enfants des colonies diverses
avaient été reçus à l'hôpital, comme par le passé, il est
certain, dis-je, que le nombre des malades à l'hôpital
aurait été plus considérable (jue celui de J<Soi2.
Cette nouvelle épidémie, qui a été si brusque dans son
apparition , doit faire regretter que les travaux d'assai-
nissement, qui avaient été proposés par la Commission
nommée par M. le Gouverneur-Général, et dont j'avais
riionneur de faire partie, n'aient [)as été exécutés entre
les deux épidémies, d'autant que le Gouvernement avait
daigné les accueillir favorablement. Aujourd'hui, tout
le monde est convaincu que c'est dans la petite plaine,
où git le foyer des épidémies qui désolent la po|)ulation.
C'est donc vers ce point (jne les travaux d'assainissement
doivent d'abord être dirigés; car ce foyer de pestilence
est d'autant |)lus dangereux , qu'il existe aux portes
de la ville de IWne. La Commission a, d'ailleurs, ap-
jielé l'attention du GouverneuKMit sur ce point le plus
im|)ortant , et lui a |)roposé les moyens de le faire dis-
paraître, (^es moyens sont toujours, à mon avis, les
meilleurs k employer pour l'assainissement de la petite
plaine; en efl'et, eux seuls peuvent rendre les cultures
214
possibles et profitables. Je veux parler du dessëcheniciit
complet.
Je constate avec plaisir qu'un commencement d'exé-
cution a eu lieu dans les travaux d'assainissement de la
petite plaine de Bône; je l'orme des vœux pour que ces
travaux soient continués sans relâche jusqu'à parfait
achèvement.
L'endémo-épidémie de 18o5 a obéi aux mêmes lois et
présenté les mêmes caractères que celle de l'année pré-
cédente, et il est fort remarquable de constater que son
apparition correspond à l'époque de la plus grande inva-
sion de l'épidémie de 1852.
Ces fièvres ont offert à l'étude, dès le principe, le plus
grand intérêt; et c'est parce que l'bistoire de ces affec-
tions est encore un des points les plus obscurs de la
médecine, ainsi que M. Maillot le dit à la préface de son
livre des fièvres intermittentes publié en 185G, que le
médecin, et surtout le médecin militaire d'Afrique, doit
lui consacrer toute son attention ; d'autant mieux qu'on
est bien loin d'avoir dit le dernier mot sur les lièvres de
marais.
Les différents types ont été observés dans la durée de
ces fièvres : elles ont été continues à leur début, rémit-
tentes dans le cours de la pyrexie, et, enfin, elles sont
devenues franchement intermittentes. Ce sont les fièvres
intermittentes à type quotidien surtout, et à type tierce,
qui ont succédé à la continuité, sans tenir compte de
la rémittence, qui a été rarement observée; et encore,
quand cette forme a eu lieu, s'est-elle toujours montrée
avec des paroxysmes irréguliers. L'intoxication palu-
déenne, dans les manifestations morbides et diverses,
a donné naissance à ces différents types, suivant l'in-
tensité pathogénétiqne , et, à cet effet, je suis assez
disposé à partager l'opinion de M. Boudin , qui attribue
à ces manifestations pathologiques les types intermittent,
215
réiniltont et contiiui, suivant le degré d'intoxication saturé
par Torganisnio.
Cette intoxication , parvenue à son plus haut degré
d'intensité dans le cours de l'épidémie, a fortement
ébranlé les organes digestifs, pectoraux et cérébraux, qui
sont devenus, alors, le siège des phénomèmes locaux les
plus graves. Les caractères pernicieux, qui ont pris nais-
sance dans ce haut degré d'intoxication, et qui ont réagi,
soit sur le centre nerveux, soit sur la muqueuse intes-
tinale, ont développé les formes délirante, tétanique,
épileptique, comateuse, algide, cholérique.
Dans l'histoire de ces lièvres de marais, le traitement
est, sans contredit, le point le plus important; aussi, lui
ai-je accordé mon observation la plus consciencieuse.
J'ai suivi et comparé les divers modes de traitements
employés par les médecins préposés a l'étude de ces
maladies; et l'expérience comparative entre ces divers
traitements et la médication que je mets en usage , peut
seule fournir à des personnes compétentes un jugement
propre a rechercher la meilleure méthode de traitement.
On sait que la médication à apporter aux lièvres de
marais, mieux appelées fièvres à quinquina, se compose
de deux ordres de moyens : les indirects , qu'on peui
qualilicr aussi de médication adjuvante, et les directs,
qui renferment les fébrifuges proprement dits et le ipiin-
(piina en tète.
Les médecins, généralement, pensent qu'il est utile de
se servir de la médication adjuvante au début, pendant ou
après une atteinte de lièvre. Les médications en usage
sont les vomitifs, les purgatifs et les émissions sanguines.
Les émissions sanguines, autrefois très-répandues, et
même, au début de l'occupation, exclusivement employées,
sont maintenant presque abandonnées. Seules, elles n'ar-
rêtent point les accès; elles les allongent, multiplient
les récidives, retardent les convalescences, favorisent le
2t6
développement de la chloranémie, et n'enlèvent nullement
les congestions viscérales, contre lesquelles elles ont été
instituées. Elles ont été accusées d'avoir, pour une longue
part, contribué à la iiiortalilé (pii a frappé l'armée au début
de l'occupation. On s'en sert encore (juchpielois, soit en
ville, soit à l'hôpital, contre les congestions de l'encéphale
ou de l'abdomen, qui se produisent avec les accès; mais
comme le sulfate de quinine est administré, alors, h des
doses élevées, en même tenq)s qu'on tire du sang, il est
assez difTicile de faire aux saignées la part qui leur revient
dans la terminaison heureuse ou funeste de la maladie.
On peut seulement remarquer, ce qui d'ailleurs a déjà été
signalé, que les personnes qui les ont subies deviennent
plus facilement anémiques et restent plus longtemps
faibles.
Je viens aux purgatifs proscrits par lîestaurand, bien
qu'il attribuât la fièvre à la bile, par iMonginot, Morton,
Sydénham et Torti. Les purgatifs se glissent maintenant
dans la thérajjeutique, et toujours à l'abri du sulfate de
quinine. Ils espèrent, couverts qu'ils sont par ce sel,
usurper de nouveau place et rang dans la thérapeutique
des fièvres de marais. Quelques-uns les prescrivent,
seulement, quand il y a indication. Les indications sont
la constipation, l'enduit épais blanc et jaune do la langue,
les coliques ou la diarrhée. D'autres les administrent d'une
manière générale, intercalés entre deux doses de sulfate
de quinine. Ceux-ci ne disent point quel est leur but; ils
purgent, parce qu'ils ont envie de purger et de jtouvoir dire :
prenez ma méthode pour vous guérir, c'est la meilleure.
Aucune idée ni fait sérieux et digne d'examen n'a été mis
en avant pour justifier cette manière générale de les admi-
nistrer. Je ne jjense pas qu'on ait envie de revenir, soit
à la bile, soit au suc pancréaticpie trop acide, soit aux
saburres, ni au ferment fébrile, enveloppé dans n'im[)orte
quelle sécrétion.
217
Ces idées, oulrc qu'elles ont fait leur temps, sont
dénuées de tout lait bien constant sur lequel elles puis-
sent se baser; mais si elles ne produisent pas, ce que
je crains pour ma part, des récidives plus rapprocliées et
une augmentation dans la dépense du sull'ate de quinine,
on peut, à bon droit, leur faire le reproche qui leur
avait été déjà adressé par Restaurand, ïorti et après eux
M. Littré, c'est de refiroduire avec presque autant de
certitude la lièvre, que le sulfate de quinine la guérit.
Sydéisuam, ajoute « qu'il n'a jamais retiré d'autre
« bénélice de la purgation, que de rendre la maladie
« plus opiniâtre. »
ÏORTi, dit « que les [)urgatifs sont aussi pernicieux
« que les cbanq)ignons vénéneux. »
Restalrand, raconte « que, quand on donne un jjur-
« gatif a un convalescent de fièvre intermittente, il réci-
« dive le jour même où il prend son purgatif. »
MoNCiNOT, déclare « que les purgatifs anéantissent les
« forces, détruisent la tonicité de l'estomac et des antres
« parties, et |)rovo(pieril une formation ])ermanente d'Im-
« mciu's dépravi'es; c'est pour(|uoi, dit-il, les lièvres sont
« plus souvent entretenues que supprimées par eux; tandis
« que si on se sert de quincpiina ou du sulfate de quinine,
« en une seule dose, il dé'truit souvent les accidents re-
« doulables engendrés par les purgatifs. »
.Mouton, assure <( qu'il a vu les lièvres tierces, par
« l'inlhience des purgatifs et des saignées, se changer
« en lièvre hémilrili'e oU quarte, avec hydro|)isie, com-
« plicpii'c d'autres sympt()mes graves. Il ap|)elle celte
« méthode pratique (initia cl in fclij' praxis). »
11 ajoute, plus bas, « que les évacuations, en tourmen-
« tant inuliiemeiit la nature, retardent la guérison et n'ont
« d'autre avanlage que de nécessiter, pour la suppression
218
« de la lièvre, une qiianlilé plus considérable d'antidote
« ou de quinquina.» Ces passages sont extraits du Cliap.
IV, du le»- Livre de Torti, Thcrapeuticœ spccialis ad Fcbres
periodicas peniiciosas.
Dans le Chap. IX du premier Livre, également de Torti,
Svdénham professe «que les purgatifs, et encore moins
«les évacuations sanguines, ne doivent être employés
« dans le but de rendre plus efficace l'administration du
« sulfate de quinine; car, alors, l'un et l'autre, en atl'ai-
« blissant l'organisme, rendent plus restreintes et plus
« promptes les récidives. »
Il ajoute, plus bas, « que si quelquefois on donne des
« purgatifs pour guérir les obstructions, ou bien pour
« évacuer les humeurs viciées des premières voies, ou
« bien , ce qui est plus digne d'attention , si dans une
« constitution épidémiipie on saigne , il arrive que la
«maladie traîne pendant longlenq)S, et que, pendant
« ce temps, les malades sont e.xposés à mille symptômes
« les plus dangereux. »
Voilà, certes, de bien grands observateurs, qui con-
damnent et les purgatifs et les saignées, administrés d'une
manière générale.
Reste a examiner les vomitifs.
Si la lièvre produit rarement la diarrhée, elle a peu
d'accès sans vomissements au début; presque toujours
ils se produisent dans le frisson. Un grand nombre de
récidives sont annoncées dans leur retour, par des nau-
sées et des vomissements; la bile est rejetée en abon-
dance, surtout dans les tenq)S froids et dans les lemi)S
humides. 11 n'est pas rare d'entendre dire aux malades,
qu'ils ont vomi deux, trois et même quatre litres de bile.
Les vomissements bilieux sont un des phénomènes les
plus fréquents de l'intoxication paludéenne, (pii suit la
lièvre, presque comme l'ondjre suit le soleil.
219
Ces faits, qui ont frappe les observateurs de tous les
tenî|)S, ont servi de base aux théories les plus ancien-
neinont connues, et on |)eut dire les plus ré()andues, sur
les causes prochaines des lièvres et à leur traitement.
Outre la fréquence et la constance de ce phénomène,
il est bien reconnu qu'en Europe, un grand nombre de
lièvres d'accès sont sup|)rin)ées avec autant de prompti-
tude et de sûreté par les vomitifs que par le quin(iuina
ou par le sulfate de quinine.
Devant l'indication que semble fournir la nature,
devant les faits d'Europe et ceux qui ont été obtenus
à Bône à une époque antérieure, où les vomitifs, entre
les mains de MM. AVorins et Houdin, ont procuré de
nombreuses guérisons, je n'ai pas hésité à employer cette
médication.
Renonçant aux émissions sanguines et aux purgatifs
d'une manière presque absolue, j'ai prescrit l'ipéca-stibié
à presijue tous les malades de la |)remière division et
antres ([ue j'ai traités durant l'épidémie, soit dans les
atteintes jjrimitives, soit dans les récidives. Presque
toujours j'ai attendu l'apyrexie dans les fièvres intermit-
tentes, sauf quelques cas à accès prolongés et dans les
atteintes de début, qui sont continues [iour la plupart.
Le vouiitif a été pris à l'entrée h riiôpital. Je n"ai, dans
aucun cas, observé les accidents qui l'ont fait rejeter
par quelques médecins, à savoir : la transformation des
accès bénins en accès cholériformes, les congestions
cérébrales, ainsi que les hémorrhagies : pendant les vo-
missements, la céphalalgie est quelquefois augmentée;
mais lors(|u'ils sont terminés, elle est toujours amendée,
le mouvement fébrile diminue ou cesse fort souvent, et
c'est, s(tus ce ra|)port, un des moyens les jdus sûrs d'en
raccourcir la durée dans les alleinles continues. Il est,
en outre, un autre symptôme que le vomitif amende
très-rapideuient, c'est l'oppression (|ui résulte de la con-
220
gestion du foie et de la rate, de l'estomac et de ralllux
de la bile dans ce dernier organe.
Très-souvent, les malades se plaignent (|u'ils étouffent,
et (lu'iis ont la pdilrine serrée, comme dans nn élan.
Quand on leur reconnnande de poser la main sur l'en-
droit malade, ils la mettent à l'estomac. Ce resserrement
et rétouHement qui en est la conséquence, m'ont semblé
le résultat de l'obstacle (pie les douleurs, développées par
la congeslion dans le Ibio, la rate et l'estomac, opposent
îi l'abaissement du diapbragme. Tous ces accidents tlispa-
raissent, comme par enchantement, sous l'influence des
vomitifs, .l'ai recherché, aussi, si l'évacuation de la bile,
au début des atteintes, pouvait éconcuniser la dépense du
sulfate de quinine et allonger l'intervalle des récidives.
Je pense qu'un tel bénélice peut être obtenu par les vo-
mitifs; mais les faits sont trop peu nombreux, pour qu'ils
puissent forcer l'évidence. Je n'ai cependant administré
pas pi us de deux grammes de sidiate de quinine en moyenne;
tandis (pie la consonunation de ce sel, tant à B(jne qu'ail-
leurs, est généralement i)lus élevée.
Quant à ce qui concerne l'administration du sulfate de
quinine, si, dans les accès de fièvre bénigne j'en ai réduit
la quantité, dans les cas pernicieux je Fai élevée à des
doses bien plus considérables (]ue celles auxquelles on
est habitué de le donner. Dans un grand nondjre d'accès
pernicieux comateux très-graves, un d'entre eux, si grave
qu'il y avait râle trachéal et écume à la bouche et aux
narines, j'ai donné juscpi'à 7 grammes '/., de ce sel dans
(rente heures. Un succès complet a été la suite de ma
hardiesse.
J'ai essayé de prévenir les récidives, non en continuant
le sulfate de quinine, mais en le donnant à l'époque pnv
sumée de la récidive. J'ai réussi sur moi-même, d'abord,
et ensuite sur plusieurs de mes malades. Je crois celte
méthode préférable à celle qui laisse revenir les accès.
221
Celle-ci, par le fait de la faiblesse et de l'usure (|ue produit
le retoiu' do la fièvre, dispose à de nouvelles atteintes.
Cette méthode de traitement si avantai^euse, et qui a
été consacrée par rex|)érience de tous les temps, m'a
rendu les plus i^rands services durant le cours de ré|)i-
démie, et je la recouiniande expressément aux praticiens
sérieux et impartiaux, cpii, après essais consciencieux, se
rappelleront ma recommandation, que j'appuie sur l'opi-
nion de Pringle, qui s'exprime ainsi, dans le Cliap. IV,
sur les Fièvres des Marais et des Camps , page 88 :
« J'ai observé que les vomitifs étaient encore jilus elfi-
« caccs dans les pays nuirécageux (pie dans les camps;
« et ils le sont à tel point (pie , lorsque la bile a été
« totalement évacuée par un vomitif (émétique), ce remède
« emporte la fièvre souvent en même temps. L'ipécacuana
« seul ne pr(»duit pas cet effet. IWon plus, ie lui en ai vu
« produire un tout autre contraire, en rendant les paro-
« xysmes suivants plus longs et plus violents que le pré-
ce cèdent, soit qu'il agisse faiblement et qu'il introduise
« dans le sang plus d'humeurs putrides qu'il ne peut en
a évacuer des premières voi(^s, soit que cela provienne
« dune autre cause. J'y joins ordinairement, pour cette
« raison, 2 grains de tartre slibié. »
DErXIÈMK PARTIR.
Pour aider l'action du quin(piina, faut-il purger, saigner
ou faire vomir?
Quelle est l'influence relative de ces médications sur la
mortalité et la consommation du sulfate de (luinine?
222
Telles sont les questions que je me suis faites au début
de l'épidémie.
Aussilùl (juc l'épidémie a été constatée, j'ai l'ait trois
divisions, et les entrées réparties, tour-à-tour, dans
chacune d'elles, pendant cinq jours, leur ont assuré
une part à peu près égale dans le nombre et l'intensité
des cas.
TRAITEMENT DE LA TROISIÈME DIVISION.
Le médecin qui dirigeait la troisième division a em-
ployé le sullate de quinine et les émissions sanguines.
Selon lui, elles servaient à combattre les congestions de
rencé[diale et des viscères abdominaux, cl devaient pré-
céder l'emploi du quinquina: la violence de la fièvre, et
elle était jugée telle par la force et la fréquence du pouls
ou la prolongation de l'appareil fébrile; la céphalalgie,
le délire ou le coma imminent; les douleurs à l'épigastre
ou dans les hypocondres, en fournissaient les indications.
Administré, alors, après les émissions sanguines faites
s'il y avait indication , le sulfate de quinine dans les cas
ordinaires était prescrit et pris à la dose de Os', 8 par
jour, dans le cours des visites, jusqu'au jour où la lièvre
était coupée.
Le même traitement était appliqué aux accès perni-
cieux, mais avec élévation dans la dose du sulfate de
quinine, portée, alors, a 2 ou 3 grammes dans les vingt-
quatre heures. Dans les accès comateux, souvent la sai-
gnée du bras à précédé le sulftRe de quinine.
Du 1" novembre 1853 au 28 février I85i :
Mortalité absolue • . ■ 52 ;
Mortalité relative aux entrées Vi;;
Sullate de quinine. Consommation totale 3.090g', 1;
Sulfate de quinine. Consommatiou moyenne par ma-
lade traité 3g^39.
223
MKDICATION DE LA DEUXIÈME DIVISION.
Le traitement du médecin chargé de la deuxième divi-
sion se compose de 5g'',2 de sulfate de quinine, en
quatre doses de Os"", 8 chaque et ])rescrit entre chaque
visite du matin et du soir. Entre la troisième et la qua-
tiième dose, c'est-à-dire, le matin du troisième jour du
traitement, il intercalle io grammes de sulfate de magné-
sie, et, le soir, fait prendre la quatrième dose de sulfate
de quinine après la purgation. Si la lièvre persiste après
la purgation et le traitement, il continue le sulfate de
quinine à 0s'",8, pris, chaque jour, le matin, jusqu'à ce
que tout l'appareil féhrile soit éteint.
Le traitement des accès pernicieux ne diffère qu'en ce
que le sulfate de quinine est associé à l'éther dans le cas
de coma et est élevé à la dose de 2 ou 5 grannnes. Dans
les cas très-graves, la quinine est administrée sans désem-
parer; et quand le danger est moindre, il attend une ré-
mission, qu'il croit très-importante au succès du fébrifuge.
Jamais, quelle que fût la gravité des accès, il n'a dépassé
3 grammes en vingt-quatre heures. Il emploie, concur-
remment avec le sulfate de quinine, dans les accès coma-
teux, les révulsifs, et réserve le prurgatif pour l'époque où
tout péril a disparu.
Du /" novemhre 1853 au 28 février J85i :
Mortalité ;iitsoliie 43;
Mortalité relative aux entrées i/,.;
Sulfate (le iiuinine. Consommation totale 4.6-i7g'',4;
Sulfate (le (piininc. Consommation moyenne jiar ma-
laile traité Ss^TO.
MÉIIICATION DE LA PREMIÈRE DIVISION.
Dans la première division , dont je me suis réservé la
direction, le vomitif a toujours |)récédé l'administration
du sulfate de (piinine. Ce sel , prescrit à la dose iVuii
ijrnmmc, n'était administré (ju'une heure après (jue tout
•224
vomissement avait cessé. Il était ré|tétt'' , à la même
dose, une ou deux fois, le lendemain ou le surlendemain
du jour ou le vomitif a été pris. Ordinairement, deux
doses ont sudi , et il a été toujours supprimé , dès que
la fièvre était coupée.
Aussitôt qu'un accès pernicieux était reconnu, je pres-
crivais 2 grammes de sulfate de quinine éthéré, dose que
je faisais répéter une ou deux fois dans les vingt-quatre
heures, a dos distances plus ou moins rapprochées, sui-
vant la gravité des cas, de manière à en i>orter la quantité
juscju'à o , 6 et même 7 grammes dans les vingl-ijuatre
heures. Ces doses ont réussi dans des cas qui avaient
paru désespérés aux médecins qui suivaient ma visite.
Dans les cas de coma, j'ai toujours eu recours aux vési-
catoires et aux sinapismes, étendus sur de larges surfaces.
Du h' novembre IS58 an 28 février J85i :
Morlalilé aljsuhie ^50;
Mortalité relalive aux entrées '/29J
Sulfate de quinine. Consoiiniiation totale 2.116g'',3;
Sulfate (le ijuiiiino. Consommation moyenne par ma-
lade traité ". is^il .
Rapprochons maintenant les mortalités, les consomma-
tions de sulfate de (piinine et les médications.
DÉSIGNATION
MORTALITÉ
des
^-^-.— ^— — — -.
DIVISIONS.
ABSOLl'E.
RELATIVE.
5'
52
Vi- .
2e
43
V2r.
|r.
30
'/20
CONSOMMATION
moyenue du
suUate de quinine.
MEDICATION
AUXILIAIRE.
5e\ ôO
SB'', 70
2f ',-',{
Emissions sanguines.
Purgatifs.
Vomilifs.
go;
De ce rapprochement, il est facile de conclure (pie les
môdicitions iiulirech^s, (Mriployôcs roncurroiiimciit avec
la iiiédicalion s[tt''oili(pio ou directe dans les lièvres inter-
niiltenles, inlUient sur leurs terminaisons, et que leurs
l)ons ou mauvais efïets ne sont ni masqués ni annulés
par la niédication spécifuiue ;
Que les émissions sanguines sont évidemment nuisi-
bles;
Que la médication purgative est d'une efticacitc moin-
dre que la médication vomitive;
Que la in(''(lioation vomitive donne une mortalité moin-
dre et réduit la dépense du suH'ato de quinine;
Que les doses du sulfate de quinine doivent être élevées
au début, pour supprimer promptemenl la lièvre;
Ei, enfin, que la dose de 5 grammes en vingt-quatre
beures, à laquelle on s'arrête généralement dans les accès
pernicieux, peut être portée très-utilement h 6 grammes,
c'est-à-dire au double dans le même espace de temps.
Ce sont les faits que je viens d'exposer et les conclu-
sions (\ne j'en ai tirées, (jui m'ont déterminé à laire choix
de cette épigrajihe...
Lisez, comparez, jugez...
Ci-après , les tableaux des divers mouvements tles
malades traités à riwtpital militaire de Bône, durant
rendi'uio-épidémie de l<So5, et ([ui ont été établis avec
la plus rigoureuse exactitude.
15
220
MOUVEMENT DES MALADES PENDANT
Du l''' Novembre 185S
lÉPIDÉMIE DE BONE.
Bi t^ Février 1854.
237
3-^ DIVISION.
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SORTANTS
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230
COMPARAISON DES MORTALITÉS.
NUMÉROS
NOMBRE
de
MORTALITÉ
des
malades
"
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DIVISIONS.
traités.
ABSOLUE.
U E L A T I V E.
^'■8 Division
875
30
\ sur 29,46.
2' Division
-1.094
-53
\ sur 25,4^..
3* Division
9ii
%2
1 sur 17,51.
2.880
425
•j;;i
OBSERVATIONS
DE FIÈVRES PERNICIEUSES TRÈS-GRAVES,
TRAITÉES PAn LE SULFATE DE QUININE A HAUTE DOSE.
t'o OnsERVATioN. — Fièvre pernicieuse comateuse très-grave , râle trachéal.
Sulfate (le quinine : 7 grammes G décigrammcs en vingt-six heures. —
Gucrison.
Dezulier (Jean), appartenant au T^c B'^" de Chasseurs
à pied, nti le 10 septiMnl)ro 18'2i, à Thicrs (Piiy-de-Dome),
onlrt' d'urgence à 1 hôpital militaire de Bùne, le ôl déceni-
hre 1855, à midi.
Ce malade, tpii, au dire de ses camarades, était depuis
huit jours environ atteint de récidive d'accès de fièvre,
qu'il dissimulait soigneusement au médecin de son corps,
se trouvait à son entrée dans l'état suivant, ipii durait,
assurc'-l-ou, depuis huit heures du matin.
Coma très-animé, intelligence complètement suspendue,
œil éteint et terne, Irismus de la mâchoire, raideur des
membres, algidilé générale, respiration anxieuse, pouls
irès-iréquent , (ililonne, presque insensible, peau très-
sèche.
Prescription par le médecin de garde d'une potion
anti-spasmodique, contenant deux grannnes de sulfate
de (juinine, que l'on fait dilHcileuient avaler au malade
par cuillen'cs; moyens de calorilicatiiui ordinaires, tels que
cruchons d'eau chaude et sinapismes comme révtdsifs.
A deux heures du soir, au momenl de la contre-visite,
cet état s'est encore aggravé ; le pouls est resté presque
232
insensible, la peau loiijuiirs froide esJ devenue visqueuse,
le Irisnuis et la raideur des membres ont augmenté; bien
jdus, il s'y est joint un râle trachéal, qu'on entend à grande
distance; la bouche et les narines sont constamment cou-
vertes d'une écume qui se renouvelle sans cesse.
En i)résence d'un étal si grave, et qu'on peut consi-
dérer comme désespéré, Monsieur le Médecin en Chef
])rescrit une seconde potion anti-spasmodique, contenant
!2 grammes de sulfate de quinine, à prendre eu deux fois,
;i une heure d'intervalle, et comme adjuvante; dans le cas
où elle ne pourrait pas être absorbée, un lavement conte-
nant 2 grammes de sulfate de quinine. Les sinapismes sont
renouvelés aux cuisses, des vésicatoires camphrés sont
appliqués aux jambes, et des frictions avec le vinaigre rubé-
fiant sont faites sur tout le corps.
A six heures du soir, l'état du malade n'a pas changé.
A dix heures, le pouls semble un peu relevé, le corps tout
entier est baigné de sueur.
A dix heures du niatin,le1'î'' janvier, le malade est assis
sur son lit, manifestant son étonncment de se trouver à
l'hôpital, et répondant avec intelligence aux questions (jui
lui sont adressées. Il ne reste qu'un peu d'aluiiblissemenl
et de courbature.
A liuit heures du malin, il est prescrit 16 décigrammes
de sulfate de quinine, à prendre en deux fois.
A partir de ce moment, le mieux jjersiste; et depuis
longtemps le malade aurait pu quitter l'hôpital, sans
quelques douleurs arthritiques, antérieures à son entrée.
Eu résumé, ce malade, du 51 décembre, à raidi, au
1er janvier 1851, à deux heures après-midi, c'est-à-dire
en vingt-six heures, ce malade, dis- je, a pris avec
bénéfice évident 7 grammes G décigrammes de sulfate
(le quinine, et ce succès inespéré, obtenu par de hautes
doses de ce sel, s'est plusieurs fois renouvelé dans la
yîéme salle.
233
Orne OnsEHVATiox. — Ficvrc pprniciciisc romaleiisp jjrave. Sulfatf de quinine :
8 grammes en trente heures. Guérison.
Saiinte-Barke, appartenant au train tlos équipages
militaires, né à Sellièros (Jura), le 7 novembre 1850,
atteint de récidive de lièvre depuis deux jours, apporté
d'urgence a l'hôpital le 29 décembre 1855, à dix heures
du matin.
Ce malade, (pii offre quelque analogie avec le précédent,
était dans un état de coma complet, rintelligence était
totalement suspendue, tous les sens abolis, Irismus de
la mâchoire, peau froide et sèche, commencement de
rigidité des membres, pouls complètement insensible a
la radiale des deux côtés, faible et vite, parfois iuter-
niillent au [tli du bras.
Le médecin de garde prescrit 2 grammes de sulfate de
quinine, avec addition de 15 gouttes de teinture d'opium,
des sinapismcs sont appliqués aux jambes.
A deux heures du soir, lors de la contre-visite, pas de
changement dans les symptômes déjà indiqués. Le malade
semble éviter instinctivement de s'appuyer sur la région
cervicale; de temps en temps il y porte la main, comme
si ce point était le siège de vives douleurs. (Ce symptôme
s'est renouvelé chez plusieurs de nos malades. ) Il est
administré en deux fois, ii ime heure d'intervalle, une
potion anti-spasmodique contenant 2 grannnes de sulfate
de quinine. Les sinapismes sont renouvelés aux cuisses,
deux vésicatoires cam|dirés sont ap[)li(pu''S aux jambes,
et des frictions rubéOaiites faites sur tout le corps. Cet
état persiste dans la soirée.
Le 30, à la visite du matin, la position du malade ne
fait ([ue s'aggraver, et les signes de conqiression cérébrale
ont augmenlé; la contraction esl plus générale, les dents,
forteuienl serrées, permettent dillicilemenl d'introduire le
litpiide dans la bouche, et jiresque imnièdalement il est
■231
rejeté; la respiralioii est embarrassée; le pouls se seul à
peine à la saiguée; sueur visqueuse sur tout le corps.
On essaie de lui faire prendre une troisième potion
anti-spasmodiqne, avec 2 grammes de suHalo de quinine,
en lui en administrant une cuillerée a Louche toutes les
cinq minutes.
A deux heures du soir, relâchement général des mem-
bres; de temps en temps, le malade pousse des cris, en
portant ses mains sur les vésicatoires; le pouls est plus
sensible, il a repris un peu de largeur à la saignée, le
corps est en moiteur. Il y a évidemment un commence-
ment d'amélioration. Lavement de sulfate de quinine,
2 grammes.
Le ôl, à huit heures du matin, le malade est radica-
lement guéri; il sourit agréablement a tout le monde,
accuse un grand bien-être et de plus un appétit très-vif;
néanmoins la diète est maintenue, sauf un peu de lait
sucré.
Dès le lendemain, le>- janvier 185i, le malade demande
la sortie; et, sur ses instances réitérées, après constatation
de son parfait rétablissement, il quitte l'hôpital le i jan-
vier, au soir, sept jours après son entrée. Sa santé ne
s'est pas dérangée depuis , ainsi que nous avons pu le
reconnaître.
5"" ÛBSEnvATioN. — Fièvre pernicieuse cliolériquc {;ravc , voinisseinenU
et lioijuels persistants. Sulfate de quinine : G grammes
en vingt-quatre licures. Guérison.
M. NoiROT, lieutenant au 08'"c de Ligne, né a Nancy
(Meurthe), âgé de vingt-neuf ans, d'une bonne consti-
tution, entré à Thôpital militaire de Bône, le M décembre
18o5, a huit heures du soir.
Cet officier, qui se trouvait avec son bataillon au camp
de Fée-Kl-Semiâ , sur le bord de la Seybouse, à onze
235
lieues de Bône, avait déjà eu plusieurs atteintes de fièvre,
qu'il avait supprimées par le suliate de quinine. Depuis
six jours, une nouvelle recliute avait eu lieu, et la violence
des accès ne faisant qu'ani^nnenter, malgré le snllate de
quinine, il se (it transporter à riiôpilal. Il était, à son
entrée, dans l'état suivant: coma, intelligence suspendue
depuis quelques heures, diflicile à réveiller et disparais-
sant de suite, algidité générale, petitesse et fré([uence
de pouls, vomissements de bile presque continuels et
souvent par régurgitation , hoquet persistant , très-
sonore.
Le médecin de garde fait réchauffer le malade par les
moyens ordinaires, lui fait appliquer des sinapismes aux
jambes, et lui administre 2 gr. de sulfate de quinine,
dans une potion opiacée.
Le 5, à la visite du matin, l'état du malade ne s'est
pas modifié; il faut beaucoup d'insistance pour réveiller
son intelligence, encore ses réponses sont-elles diOuses;
la peau est même froide, mais le pouls ne s'est pas relevé;
le hoquet et les vomissements bilieux persistent. Une partie
de la quinine de la veille ayant été rendue, M. le Médecin
en Chef fait préalablement administrer une potion opiacée
à 20 gouttes, et, une heure après, l'estomac paraissant
dans le repos, 2 grammes de sulfate de quinine, également
opiacés, qui sont gardés. Le luxiuet, (|ui n'a pas disparu,
est combattu avec avantage par l'eau de seltz aromatisée
et sucrée.
A huit heures du soir, le pouls s'est relevé, et le malade
semble se rattacher à la vie extérieure, mais le hoipiet
et les vomissements reparaissent; on recourt de nou-
veau à l'eau de seltz aromatisée et sucrée, qui réussit plus
lentement.
Le 6, à la visite du malin, le malade se trouve frès-
bien; l'intelligence est itarl'aite; il ne reste cpie de la
courbature et la surdité produite [>ar le médicament; la
236
convalescence est, loutclois, un peu plus lente que chez
les njalades précédents.
Cet officier, à part une légère rechute de fièvre, sur-
venue le "li décemhre, et racilcmonl arrêtée, a joui d'une
très-bonne santé et a \ni s'embarquer le lo janvier pour
se rendre en France.
4""' OnsErivATiON. — Tièvrc pernicieuse comateuse liés-prave. Sulfale
Je (juii)iiic : 10 grammes en viii(;t-(jualre heures. Guérison.
M. BuQUET, sous-lieutenant au 6(S"ie do Ligne, né à
Dieuze (Meurthe), le 7 nov. 1820, transporté à l'hôpital
de iîône, le 17 février 1854, à huit heures du soir.
Cet officier était depuis huit jours atteint de fièvre,
qu'il cond)altait par des pilules de sulfate de quinine.
Etant sorli le 17 au soir, malgré quelques légers frissons,
il tombe subitement, comme foudroyé, dans la rue, et est
envoyé à l'hôpital, sous la prévention d'une congestion
cérébrale. Le coma était complet, et la vie ne se mani-
festait que par une respiration difficile et un pouls lili-
forme et presque insensible.
Le médecin de garde s'étant fait rendre compte avec
soin, par des tiers, des circonstances qui avaient précédé
cet accident, s'occui)a de réchauffer le malade, lui appliqua
des sinapisnies promenés sur tous les membres, et lui fit
prendre une potion anli-spasmodique, contenante grammes
de sulfate de quinine.
Le 18, à la visite, coma presque carotiqiie, perte com-
plète de l'inlclligence, trismus de la mâchoire, agitation
l)ernianente des membres supérieurs, avec frémissement
des doigts, pouls fréquent et petit.
Deuxième potion de sulfate de quinine de 2 grammes,
éthérée et opiacée à 10 gouttes, qui est donnée par cuil-
lerées, et (pie le malade rejette en grande partie ; lavement
suppléinenlairc de sulfate de (juinine de deux grammes;
237
sinapismes aux cuisses, deux vésicatoires camphrés aux
janîl)es et friclious ruhéliautes.
A la contre-visite de trois heures, la peau s'est un peu
réchauffée, le pouls a repris un peu d'ampleur; mais l'in-
telligence est encore engourdie, ([iioi(|ue l'œil soit un peu
moins terne. Quand on interroge le malade, il send)le
affecté par le son de la voix, mais il ne parait pas en
comprendre la valeur.
Une troisième potion de sulfate de quinine de 2 gr.,
également élhérée et opiacée , est administrée , mais
énergi(piement repoussée par le malade, qui parait avoir
conscience de son amertume. Une partie, cependant, a
été absorbée; et, pour suppléer à son insullisance, il est
donné un lavement de 2 grammes de sulfate de quinine.
A six heures du soir, l'intelligence se réveille; le ma-
lade ne répond pas encore aux <pieslions que lui adresse
un ami , mais il témoigne, par l'expression de son regard,
qu'il le comprend.
Le 19, au matin, le malade est complètement rétabli,
l'intelligence est intacte, mais il ne reste aucun souvenir
de ce qui est arrivé les jours précédents; c'est, comme
le dit cet OlUcier, une lacune dans sa vie. !1 exprime déjà
le désir de sortir prochainement , pour reprendre son
service.
5"* Observation. — Ficvrc pcrnicieusfi comali-iisc Irès-gravi'.
Camiuelli, Gaspard, né à Malte (possessions anglaises),
âgé de cinquante ans, arrivé depuis trois ans en Afrique,
où il exerce la profession de jardinier, atteint depuis deux
mois de nombreuses récidives de lièvre, révélant en gé-
néral le ty|)e tierce, entre à l'Iuipital militaire" de [>(ine, le
0 février ISoi, à deux heures de I a|très-midi. (lonstitulion
très-forte et vigoureuse.
D'après les renseignements obtenus, ce malade avaient
238
(III violenl accès lie fièvre la veille de son entrée k l'iiô-
jiital. I.ors de la conlre-visite , il présente la physionomie
d'un accès de fièvre pernicieux a son début : intelligence
déjà chancelante; il l'aut renouveler chaque question au
malade pour en obtenir une réponse, qui est assez claire
du reste, mais débitée d'un Ion sec, tranchant et vibrant;
tendance à la stupeur; o'il terne, ne reprenant de l'éner-
gie que sous rinlltience d'une stimulation extérieure vive;
les mains se portent constamment à la nuque, pour sou-
tenir la tète, où résident quelques douleurs sourdes; peau
froide et sèche; pouls petit et fréquent (H2 pulsations
environ). Il est prescrit une potion anti-spasmodique ,
contenant 2 grammes de sulfate de quinine, à prendre
en deux doses, à une heure dintervalle.
A huit heures du soir, le malade, visité par le médecin
de garde, est dans un état de coma plus avancé; la ten-
dance a la somnolence est plus grande; les réponses sont
moins faciles, moins claires; l'expression du visage est
plus hébétée; il y a déjà un peu de raideur dans la mâ-
choire ; la peau est cependant moins froide. Potion anti-
spasmodique avec sulfate de quinine; deux grammes en
deux doses et à deux heures d'intervalle.
Le 7, à huit heures du matin, il y a un mieux sensible;
l'œil et la physionomie ont repris de l'intelligence; la peau
est fraîche, le pouls est moins fréquent et plus développé,
mais il y a un peu de raideur dans les membres supérieurs.
Sulfate de quinine : 8 décigrammes a neuf heures, et 8
décigrammes à midi.
A la conlre-visite, loin de s'améliorer, l'état du malade
est moins bien que le malin ; les douleurs à la nuque ont
reparu, les mains s'y portent constamment; les réponses
sont sèches, un peu égarées; la peau est fraîche, mais
le pouls compte encore lOi pulsations. Potion anti-spas-
modique contenant 2 grammes de sulfate de quinine, à
prendre en deux fois, à quatre heures d'intervalle.
239
Le 8, à la visite du lualiu, raïuélioiation est fran-
chement accusée : l'expression du visage esl plus libre,
plus franche; l'œil esl plus ouvert; la eéphalalgie a tota-
lement cessé; les membres ont repris leur sou[desse; la
parole est facile; il existe 6i pulsations h la minute; le ma-
lade accuse par une mimique énergique un très-vif appétit.
Riz au gras, limonade gonmieuse, potion gommeuse.
A partir de ce moment, la convalescence s'établit et
marche à grands pas, sans qu'aucun accident vienne l'en-
traver. Le mauvais temps peut seul retenir à l'hôpital le
malade, qui sort parfaitement guéri, le 10 février.
ginc Obsi:iivation. — Fièvre pcrniciousc lomatpuse lrrs-f[tavc.
Barelli, François, coraillenr napolitain, constitution
forte, âgé de soixante-huit ans, atteint de fièvre perni-
cieuse comateuse très-grave, entré a l'hôpital le 8 août
1834, décédé le 9, à trois heures du soir.
Ce malade nous est apporté à Thôpilal, vers huit heures
du matin, dans un état de corna très-profond, par des
personnes qui ne peuvent nous donner aucun rensei-
gnement sur les antécédents de sa maladie et de Barelli
lui-même. Nous ne pouvons donc rien savoir. Nous cons-
tatons : abolition complète des facultés intellectuelles;
renversement de la léle en arrière, avec raideur du cou
et des membres; les yeux déprimés et enfoncés dans les
cavités orbitaircs; le pouls irrégulier, dur, fréquent àl20;
respiration sterloreuse abdominale avec immobilité des
côtes; peau cuivrée; sueurs visqueuses. Après plusieurs
interpellations, nous réveillons pour un instant son in-
telligence, et, par le geste, nous parvenons h lui faire
tirer la langue, qui est un peu sèche et un peu rouge.
Nous prescrivons immédiatement, tigrannnes de sulfate
de quinine et des révidsifs (Miergigues, deux larges sina-
pismes. Une partie du sulfate de quinine est rejelée, ainsi
240
que la tisane de tilleul, la déglutition étant embarrassée.
Vers trois heures, même état : potion anti-spasmodique
avec 2 grammes de sulfate de quinine; lavement avec 'i
autres grammes; vésicatoires sur les mollets; frictions
avec le vinaigre rubéliant sur le corps. Le malade témoi-
gne de la sensibilité pendant les frictions, et aussi par la
douleur des vésicatoires.
Neuf heures du soir, le sulfate de quinine n'a plus été
rendu , le malade est toujours plongé dans un coma
profond; Taspect des yeux est terne, pouls à 155, irré-
gulier, danger imminent.
9 août, la nuit a été tranquille, point de selles ni de
vomissements. Le matin , il y a une légère amélioration :
l'intelligence semble revenir, les yeux sont moins ternes,
moins enfoncés, le râle trachéal a disparu; mais la res-
piration est toujours abdominale et les côtes immobiles ,
le pouls est à 120, moins sûr, plus régulier, la peau perd
de sa teinte cuivrée et la chaleur est naturelle, point de
raideur dans les membres, la déglutition est plus facile,
langue humide et rosée. En un mot, il y a une rémission
sensible, qui donne un bon espoir, pourvu qu'un nouvel
accès ne vienne pas aggraver cet état encore si grave.
Nous continuons la potion anti-spasmodique, avec 2 S'-
de sulfate de ipiinine, et on entretient les vésicatoires;
à midi, encore 1 granmie de sulfate de quinine.
A deux heures et demie, nouvel accès. Barelli vient
d'être pris de frissons; abolition complète de l'intelligence,
déviation des commissures de la bouche, avec écume,
enfoncement plus profond des yeux, râle trachéal, res-
piration entièrement mécanique par le soulèvement du
diaphragme, pouls très-irrégulier, petit, fréquent, con-
traction des membres, teinte fauve foncée de la peau,
avec sueurs viscpieuses, extrémités froides, déglutition
impossible, urines involontaires, mort imminente.
A trois heures, mort dans la période du frisson.
•2 VI
AUTOPSIE.
Cavité crânienne : Injection considérable des vaisseaux
cérébraux, sérosité trouble dans l'arachnoïde et les ventri-
cules, très-abondante, léger épaississen)ent et teinte opa-
line des enveloppes; la substance cérébrale offre plus de
consistance avec un sablé rouge très-prononcé.
Cavité titoracique : Ilien de particulier, si ce n'est une
certaine quantité de sérosité citrine (60 grammes) dans le
péricarde.
Cavité abdominale: Présence de la bile dans l'estomac,
et l'intestin grêle, avec injection rouge peu prononcé dans
ce dernier; le foie est un peu plus volumineux et la vési-
cule remplie d'une bile épaisse et noire ; la rate, de volume
normal, a perdu toute consistance et se réduit en bouillie;
la muqueuse vésicale offre aussi la teinte ictérique de l'in-
testin. Rien de particulier dans les reins.
"'■«' Oiisr.iiVATiû:i. — Fii'vie rémiUonle Lilieiise , .i doiiMp paroxysme-
le scplicmo accès est pernicicii'i. Sulfate de quinine : •J.ÔK'' 20.
Guérison.
Mademoiselle D. F., âgée de trente-six ans, tempérament
lympbatico- nerveux, sujette aux lièvres, sans altération
organique, habitant Bône depuis trois ans, lut prise, dans
l'après-midi du i'ô août 185i, d'un ujalaise général, avec
douleurs anthralgiques, frissons, vomissements, cépha-
lalgie, s'irradiant jusqu'à la région occipito-cervicale. Klle
combattit cet état, comme il lui était déjà arrivé plusieurs
fois, par une dose de 5 décigr. de sulfate de (piinine, et
le soir, se croyant mieux, elle alla au bal ; mais, peu après,
grande faiblesse, vertiges, sueurs froides, qui la forcent à
se remettre au lit; insomnie, agitation.
Le l(> août, malgré deux doses de sulfate de quinine
de 5 décigrainmes chaijue, jtrises l'une le matin, l'autre
le soir, il y eut deux accès : l'un à une heure de l'après-
16
242
midi, avec céphalalgie intolérable, vomissements verdàtres,
frissons suivis de sueur; le deuxième, dans la nuit du 16
au 17, à une heure du matin, avec insomnie, anxiété
générale, vomissements d'un jaune foncé, urines noires
et brillantes, crampes dans les mollets.
Le il au malin, encore o dccigrammes de sulfate de
quinine; mais, comme la veille et à la même heure, il y
eut un paroxysme dans la journée avec les mêmes symp-
tômes. Vers huit heures du soir, appelé près de la mala-
de, je la trouvai dans l'état suivant : abattement extrême,
face pâle et altérée, les sclérotiques d'un jaune citron, voix
afl'aiblie, vomissements répétés, verdàtres, urines noires
et difficiles.
Les antécédents bien établis, je prescris 1 gramme de
sulfate de ijuinine, pour prévenir l'accès qui devait arriver
après minuit; un autre gramme, à prendre le fendemain
matin, à huit heures; limonade gazeuse.
18 août. Le matin, il y a eu de l'amélioration; le paro-
xysme de la nuit a été plus bénin, sans crampes ni douleurs
anthralgiques. En ce moment, la parole est plus libre, la
soif moins intense, les vomissements moins abondants,
toujours verdàtres, et les urines presque noires. Je pres-
cris : limonade gazeuse à la glace, sulfate de quinine, 8
décigrammes, à dix heures du matin, et 8, à neuf heures
du soir. Le paroxysme du jour fut presque nul, et la ma-
lade, se croyant guérie, ne prit la seconde dose que pour
obéir à son médecin.
19 août. A une heure du matin, je fus appelé eu toute
hâte près de ma malade, et la trouvai dans un état très-
alarmant. Vn nouveau paroxysme, c'était leseplihne, venait
de débuter d'une manière inquiétante, par des frissons,
perte de connaissance, yeux ternes, éteints, face déco-
lorée, froide, avec trismus, la tête renversée en arrière,
hoquet sourd et persistant, les bras fortement contrac-
tures; une sueur froide et visqueuse couvrait le corps.
2i:\
J'ajipliquai iinmédiateineni des révulsifs énergiques,
tViclions avec le vinaigre rubéfiant, cruchons d'eau l)ouil-
lanle aux pieds, deux vésicatoires camphrés. En même
temps, ])otion éthérée et opiacée, avec 2sr de sulfate de
quinine, à prendre en deux fois, dans une heure; lave-
ment avec 2 autres grammes de sulfate de quinine.
Huit heures. A la suite de cette puissante médication,
il y eut une détente sensible, l'intelligence reparaît par
intervalles, la contraction des membres se dissipe.
Restait h prévenir le paroxysme de la journée, cpii pou-
vait devenir falal. Je lis prendre immédiatement 2 s'" de
sulfate de quinine en lavement, et une potion de 8 déci-
grammes pour dix heures.
Le paroxysme ne se montre pas; nous constatons une
amélioration progressive , le coma se dissipe, avec le tris-
mus et la contraction des membres; la parole, quoique
faible, redevient naturelle.
A quatre heures du soir, la malade, en me voyant, me
dit, qu'elle vient de se réveiller d'un profond sommeil.
Il ne lui reste qu'un léger ho((uet, jjour lequel je prescris
de la glace arrosée du jus de citron.
A 10 heures du soir, le hoquet a disparu. J'ordonne
encore 8 décigranmies de sulfate de quinine, pour pré-
venir l'accès de la nuit.
20 août. Le i)aroxysme de la nuit ne se manifeste que
par une certaine agitation, avec insomnie. Du reste, la
malade va très-bien.
Dès ce moment, tout accès disparaît; plus de cépha-
lalgie, plus de douleurs dans les mend)res, rien (ju'une
certaine lassitude, et bientôt les urines, de bourbeuses
rodevienueut lim|)ides.
21 août. La malade va de mieux en mieux, l'appétit
se fait sentir, tout traitement est suspendu ; et, après
une courte convalescence, il y eut un prom|)t retour à
la .«^aulé.
244
RÉFLEXIONS.
Cette dernière observation, surtout, vient de démontrer
à la dernière évidence cette grande tolérance du tube
digestif pour le sulfate de quinine dans les fièvres palu-
déennes, même dans le cas où la membrane muqueuse
est violemment surexcitée. Ce fait, qui est encore en
opposition avec quelques tbéories médicales, doit aujour-
d'hui être adopté, puisque la médication par le sulfate de
quinine à haute dose dans les fièvres très-graves et per-
nicieuses vient d'être sanctionnée par l'expérience...
Cette tolérance du tube digestif pour le sulfate de qui-
nine, se reproduit également pour la potion ipéca-stibiée;
ainsi , dans les fièvres intermittentes chez lesquelles ou
observe les mêmes phénomènes que dans les inflamma-
tions aiguës de l'estomac : acération, rougeur des bords
de la langue, enduit muqueux ou bilieux, ou bien acidulé,
vomissements, douleurs à l'épigastre, etc., etc., tous ces
symptômes disparaissent, comme par enchantement, sous
l'influence de la médication vomitive qui précède toujours
la médication spécifique dans les fièvres de marais, sous
les conditions que j'ai indiquées dans la première partie.
J'ai tellement confiance dans les caractères que je viens
de tracer, que je n'hésite pas à rappeler l'opinion de M . Bailly
sur l'aspect de la langue dans les fièvres intermittentes :
« La couleur de la langue, dit-il, est si peu importante dans
(< ces maladies, qu'en général les médecins italiens la con-
« sultcnt rarement, au moins à Rome, où je les ai suivies
« plus qu'ailleurs; et quand ils la faisaient tirer aux malades,
« lorsque j'étais présent a leurs visites, c'était plutôt parce
« qu'ils connaissaient ma curiosité h cet égard , que pour
f( former leur opinion. »
Cette opinion de M. Bailly a été rapportée par M. le J)'^
Maillot dans son traité des Fihrcs inlerniit lentes, p. 22.
2i5
DES RACES PERFECTIONNÉES
DAIHS LE DÉPARTEMENT DES PYRÉNÉES -ORlEiNTALES,
l'ar M, ia.*i,K«iVK. membre résidant.
Invité par Monsieur le Président de la Société Agricole
et Scientifique, à présenter un résumé sur les avantages que
les races perfectionnées peuvent offrir aux agriculteurs de
notre département, nous avons hésité un instant à nous
rendre à cette invitation, comptant encore peu sur notre
expérience. Cependant, le désir de nous rendre utile eu
soulevant une question tant de fois controversée, et qui
dans le nord, l'ouest et l'intérieur de la France trouve un
commoncement de solution, ce désir nous a fait vaincre
toute répugnance, heureux s'il nous était donné de con-
courir pour une petite part à l'action du progrès agricole
dans notre pays.
Notre examen portera d'ahord sur l'espèce bovine, et
dans cette espèce surtout sur la race durham, qui 'est
le vrai type des races pertoctionnées. Nous dirons aussi,
avant de linir, quel(pjes mots sur l'amélioration dont est
suscej)lihle notre race de Cerdagne.
La race de Durham tire son origiue des bords de la
rivière Tces, qui sépare en Angleterre les comtés d'Vorck
et de Durham. Les Anglais, nos maiires en agricullure,
travaillent depuis plus d'un siècle à améliorer celte race'
Ils ont commencé, dit-on, par la croiser primitivement
avec des sujets de la race hollamlaise. Lorsqu'ils ont ainsi
ol)lonM. après bien des essais et des tâtonnements, le type
246
de la bête de boucherie , qui était le but qu'ils se propo-
saient, ils ont abandonné le croisement de cette nouvelle
race, dite de Bxirham. améliorée, avec toute autre race,
comptant avec raison que rélevai^e in-aiid-in ou dans et
dans, c'est-à-dire la reproduction par des mâles et lemelles
améliorés, appartenant à la même famille, serait le vrai
moyen de conserver, de fixer le nouveau type et les nom-
breuses qualités de cette race améliorée.
Tous les agriculteurs qui suivent le progrès agricole,
savent que le bœuf durliam est le modèle de la bête de •
boucherie; et de tous les animaux des races bovines, il
est celui qui par l'harmonie de ses formes et sa préco-
cité approche le plus de la perfection , s'il n'est permis
de dire qu'il est la perfection même. Sa tète est petite,
ses yeux grands, doux et |)lacés à fleur de tète, ses
cornes minces, sa peau fine, son cou court et grêle,
sa poitrine profonde, large et projetée en avant, ses
jambes courtes, fines et écartées, son ossature légère,
ses muscles parfaitement développés, la ligne du dos
droite comme une llèclie. Chez cet animal, le train pos-
térieur est remarquablement développé , les hanches
sont larges et longues, la cuisse descend perpendicu-
lairement sur le jarret, la queue est mince et attachée
bas, le corps est cylindri(iue, on pourrait même dire
cubique chez les meilleurs sujets de l'espèce.
Par cette description il est facile de se rendre compte
que dans cette race les améliorateurs ont cherché à aug-
menter, autant que possible, l'assimilation de la nourri-
ture consommée, en donnant au sujet une poitrine large
et profonde, c'est-à-dire de larges poumons. Ils ont encore
cherché à augmenter les morceaux de viande de première
qualité qui se trouvent dans le train postérieur, à diminuer
relativement ceux de seconde et surtout de troisième qm-
lité ; enfin, à réduire tout ce qui n'est pas viande ou graisse,
comme la tête, les cornes, les os, les jand)cs, le cuir, etc.
247
Quoicjuc le liurhain soil la biHe de boucherie par excel-
lence, un grand nombre de lemelles de cette race se l'ont
encore distinguer par leurs qualités lactil'ères: il n'est pas
rare de trouver des vaches qui donnent depuis 12 jusqu'à
20 litres de lait par jour. Quant au travail, il n'en faut point
demander à des animaux chez les(iuels on a nMluit autant
qu'on l'a pu les parties du corps susceptibles de le fournir.
Le bœuf durham se fait remarquer encore autant par
sa précocité que par la lacilité avec laquelle il prend la
graisse; et chose étonnante, il s'accommode de tous les
climats. On a beau le dépayser, l'exporter d'Angleterre en
France, en Amérique, en Australie : partout il prospère
connue si on l'avait façonné exprès pour sa nouvelle patrie.
Telles sont les qualités que possèdent les sujets de cette
magnilique race de durham, qui rend déjà de si grands
services dans une bonne partie de la Fiance. Ces qualités
sont devenues tellement inhérentes à cette race, par l'é-
levage aussi intelligent que constant des améliorateurs,
que le pioduit du premier croisement d'un taureau durham
avec une vache de race quelconque perd déjà le cachet
de la mère, tandis qu'il acquiert celui du jjère, dont il
hérite surtout les belles formes et une propension très-
marquée à prendre la graisse. Un autre fait digne de
remarque et déjà sanctionné par l'expérience, est que
les produits du premier croisement et nième du second,
tout en acquérant une partie des qualités du père, con-
servent beaucou[i de propension au travail, si la vache-
mère appartient à une race qui possède cette qualité.
Y a-t-il en France, dans notre espèce bovine, une race
qui corresponde à celle de durham en Angleterre? iNous
possédons bien les races llamande, colentine, dont les
vaches se font remarquer, les unes par la (]uanlité, les
autres par la <pialilé beurrière de leur lait; nous possé-
dons aussi les races aubrac, nantaise, gasconne et autres,
excellentes pour le travail ; nous possédons bien encore
248
les races charolaise , garonnaise , couiloise , qui ont une
propension à prendre la graisse i)lus nianiuéo que nos
autres races; mais nous u"aYons pas une race qui, comme
celle de durham en Angleterre , vienne mieux et beau-
coup plutôt que toutes les autres eu aide aux besoins
impérieux et tous les jours croissants de la consommation.
Pourquoi, dans les fermes tlorissantes de France, qui
peuvent bien nourrir et amener avec prolit des bœufs
gras sur les marchés, l'agriculteur attendrait-il davantage
a se servir d'une race qui, quoique étrangère à son pays,
lui payerait plus cher la nourriture qu'il distribue à son
bétail? L'agriculteur ne doit certes jamais perdre de vue
que chez un animal quelconque l'assimilation de la nour-
riture est toujours en raison du développement des pou-
mons. Or nos bœufs français pèchent surtout par le res-
serrement de la poitrine, qui se développe au contraire
d'une manière brillante chez le durham. On trouve encore
certains preneurs qui, sous le prétexte d'un patriotisme
vrai en apparence, mais bien faux en réalité, conseillent
d'améliorer par sélection notre race charolaise par exem-
ple, qui Unira, disent-ils, par réunir les mêmes qualités
qui distinguent la race durham. Ces messieurs ignorent
sans doute que les Anglais sont à Tœuvrc depuis le
commencement du siècle dernier pour façonner la race de
durham qui déjà, avant son amélioration, était supérieure
à notre race charolaise actuelle. Pourquoi voudrions-nous
donc retarder l'amélioration de nos races de boucherie
par la sélection, lorsque nous [»ouvons immédiatement les
améliorer par le sinq)le croisement? Les Anglais, qui se
distinguent surtout par leur patriotisme, n'ont certes pas
hésité, pour améliorer leur race durham primitive, à la
croiser avec la race hollandaise étrangère a leur pays.
N'hésitons donc plus nous-mêmes à nous servir d'une
race anglaise pour améliorer nos races indigènes de bou-
cherie. Les agriciUteurs de l'Américpie, de l'Australie, de
249
la Russie, etc., iifi balancent ])oint à aller en Angleterre
chercher à des prix l'abulcux des ly[)es de celle belle
race, dans le but d'améliorer leurs propres troupeaux
par le croisemenl. Ils ne craignent point de faire l'aire à
ces animaux des voyages longs, pénibles et coûteux; et
nous autres agriculteurs français, qui avons un Couver-
nenient qui, dans sa sollicitude pour ragricullure, lait
élever des troupeaux de celle belle race dans les vache-
ries imi-'ériales, dans le seul but de nous procurer des
types remarquables et à des prix relativement modérés,
nous négligerions tous ces avanlases?
l.a hunière, sur ce point, commence a se montrer:
espérons qu'elle deviendra à mesure plus éclatante.
Les bœufs de nos meilleures races indigènes sont excep-
tionnellement bons à 5 ans, o ans '/ai pour la boucherie.
Ce n'est qu'à force de soins et par une nourriture excessi-
vement riche, abondante, recherchée et dispendieuse qu'on
fait quelques exceptions, tandis que le durham, lui, pos-
sédant une poitrine beaucoup plus large et plus profonde
que les bœufs de nos meilleures races, s'assimilant beau-
coup mieux la nourriture qu'il reçoit, arrive nalur(>llement,
sans soins jiarticuliers, par le l'ail même de ses (jualilés, à
un état d'embonpoint supérieur, et cela à l'âge de 50 mois
et même de 24. Nous pouvons appuyer ce que nous avan-
çons sur des laits déjà acquis dans noire dé|)artcmenl; nous
[)Ouvonsnous-m('me montrer des animaux de celle race p.ure
et même des croisés '' j sang (pii, grâce à une nourriture
abondante et appropriée, sont à l'âge de neuf mois, un
an, vingt mois, dans un état d'embonpoint fort raison-
nable, (pie n'atteignent point les animaux gras de ciii<| et
six ans cpiou amène sur le maich('' de noire chef-lieu.
Il est facile aux personnes cpii douteraieiil du fait, de
sacrilier quehpies heures pour venir s'en convaincre.
Nous avons été plus loin : ayant dans noire exploitation
des sujets de la race indigène bazadaise, race qui n'est
250
certes pas a dédaigner pour la boucherie, cl des sujets
7a sang dnrham cliarolais, nous avons voulu nous donner
la satisl'action de faire avec un sujet niàle de chacune de
ces races un essai coniparalif, qui a commencé le 1^''
décembrel8o8, et a duré jusqu'au ler juin 1859. Le jeune
veau bazadais né chez nous le 21 avrd 18o8, avait été
parfaitement allaité par sa mère et de plus nourri a pro-
fusion jusqu'au l^''' décembre. Aussi se trouvait-il en bon
état, mais il n'avait pu déjà alors acquérir l'embonpoint
des veaux durham ses voisins , qui étaient à la même
ration. Le jeune durham cliarolais né le lo avril 1858,
nous arriva avec sa mère du département de la Loire a
la lin de décembre dans un état vraiment pitoyable (la
sécheresse ayant fait manquer les fourrages dans ce dé-
partement). Le l'^'" décembre, le sujet bazadais qui se
trouvait en bon état, et le sujet durham charolais qui
était excessivement maigre furent attachés à la même
mangeoire, seuls, côte à côte, mais de manière a ce que
le plus fort ne put prendre la nourriture au plus faible.
Ils reçurent pendant décembre, janvier et février la même
ration, qui se composait d'un peu de luzerne, beaucoup
de turneps et une petite quantité de farine d'orge. Ces
trois mois écoukîs, le sujet croisé durham avait grandi
comme le bazadais, avec la différence que l'embonpoint
de ce dernier était resté stationnaire, tandis que celui du
croisé durham avait beaucoup augmenté. La différence
fut bien plus sensible pendant les trois mois qui suivirent.
En mars, les doux animaux reçurent encore la même ra-
tion, la betterave avait remplacé le turneps. Au commence-
ment d'avril les deux jeunes veaux grandissaient beaucoup,
mais le bazadais perdait de son embonpoint et le durham
charolais gagnait encore. Nous nous décidâmes alors à
faire augmenlcr la ration du bazadais, (lui eut de la peine
à se maintenir jusqu'à la lin en assez bon étal, pendant
que le durham charolais, avec son ancienne ration, en-
25f
graissait toujours. Les deux sujets ont été [)résenlés au
concours tic Carcassonne, où il était facile de reconnaître
coinl)ien le croisé durham remportait sur le bazadais.
L'essai a été, ce nous semble, assez concluant; il l'eût été
bien davantage, si le ler décembre les jeunes sujets avaient
été tous les deux en aussi bon état l'un que l'autre.
Traitons maintenant la questioii sous un autre point
de vue. Faut-il, pour améliorer nos races françaises,
leur infuser a toutes le sang durbam? Nous ne le pen-
sons pas. La race durham a aussi ses exigences. Si elle
a des qualités très-marquées, telles que sa grande pré-
cocité, son extrême propension à engraisser, etc., elle
possède aussi les défauts de ces mêmes qualités. Si elle
est excessivement précoce, ce n'est qu'à la condition de
recevoir déjà dans son jeune âge une nourriture abon-
dante et appropriée, qui permette un pronq)t développe-
ment, rsous entendons par nourriture appropriée, celle
qu'appète surtout le durham , et qui se compose de
fourrages verts et de fourrages racines, comme trèfles,
maïs, esparcette, turneps, betteraves, et non des fari-
neux, ce (pie l'on croit généralement. (On ne se sert de
ces derniers que pour (pielques sujets hors ligne, qui
par leurs qualités extraordinaires peuvent servir à l'amé-
lioration de la race.) Or, nous ne croyons pas qu'il soit
encore permis dans la généralité des fermes du Midi de
la France , de distribuer aux jeunes sujets de l'espèce
bovine une nourriture abondante et même appro[)riée;
donc le durham ne convient point dans ces fermes, et
l'on aurait grand tort de l'y introduire, parce qu'au lieu
du bénélice qu'il [U'ocin*e, lorsqu'il est placé au milieu de
raliondanco, il constituerait en perle ragriculloiu' (|ui
voudrait l'élever dans de mauvaises conditions.
Telles contrées sont susceptibles d'élever avec profit
le durham et ses croisements, comme la Normandie, le
Cbarolais, la Vendée, les bords de la Cîaronne, etc.;
252
telles autres doivent encore y renoncer, comme la Gas-
cogne, l'Auvergne, et pour parler de notre pays même,
la Cordagne. Les ressources l'ourragères sont trop res-
treintes dans ces dernières contrées, pour qu'on pense à
y introduire des races perfectionnées pour la boucherie.
Mais, pourquoi bannirions-nous le croisement durham
de notre beau Roussillon? Est-ce ((ue les ressources
fourragères maniiuent dans la Salanqne et dans une
grande partie du Riverai? Non seulement ces ressources
sont abondantes, mais elles sont encore apjjropriées aux
besoins de cette race anglaise. Nous pouvons donner
aux sujets de l'espèce bovine du mais en vert depuis le
commencement de juillet jusqu'à la mi-octobre, des tur-
neps ou betteraves depuis la mi-octobre jusqu'à la tin
d'avril; les fourrages verts ne manquent certes pas en
mai; et s'il fallait encore du vert pour le mois de juin,
ne pouvons-nous point réserver une prairie naturelle ou
la deuxième coupe d'une prairie artilicielle en esparcette
pour la faire consommer à cette époque?
Quoique le fourrage soit abondant et varié dans notre
pays, il faut avouer que la majorité des agriculteurs s'en
servent mal. Les uns vendent une grande partie de leur
meilleur foin, réservant pour l'élevage et l'amélioration
de leurs animaux une pitance quelquefois assez abondante
comme volume, mais bien pauvre en principes nutritifs;
d'autres sont enchantés de nourrir six tètes de gros bétail
au lieu de quatre, par exemple, ne se doutant seulement
pas que les quatre tètes coiisonnnant la ration médiocre
pour six et suftisante pour quatre, donneraient plus de
travail, ou plus de lait, on plus de viande, et plus de
fumier. Ceci est cependant facile à comprendre. Chaque
animal a besoin, rien que pour vivre, d'une certaine
quantité d'aliments, qui compose la ration d'entretien;
le surplus de cette nourriture essentielle à la vie forme
la ration de produit, c'est-à-dire le travail, le lait, la
■Jôi
viande. Si iiik' (-(M'iniiic (juanlité do iioiirrilnrc ('huit
doniH'O, on venl nourrir six ti-ies au lieu de quatre, les
<leux rations d'enlrolien (|uil faudra do j)lus pour les six
et qui chez elles seront entièrenient perdues, deviendront
rations de produit chez les quatre, et rapporteront alors
plus de travail, ou plus de lait, ou plus de viande. Un
autre avantage qu'il ne faut pas négliger, c'est qu'avec
un nonihre d'animaux moindre on expose un jjIus faible
capital et on court moins de risques pour la mortalité.
Nous dirons maintenant aux agriculteurs qui gardent
leur meilleur i'ourrage et en (piantilé suffisante pour bien
nourrir les animaux de leur exploitation : Pourquoi con-
tinuer à garder et à entretenir une race fran(,"aise pure,
quelle qu'elle soit, lorsque par le simple elTet du croise-
ment avec le durliam vous pouvez beaucoup augmenter
vos profils? Craignez-vous d'être trompés? Envoyez une
ou deux vaches au taureau pur sang de cette race ;
faites un essai , et nous somnies persuadé que vous ne
voudrez plus ensuite pour vos vaches que le taureau
durham. Certains éleveurs se contenteront de dire (ju'ils
no veulent pas de cette race pure ; qu'elle ne réussirait
pas dans leurs fermes. Comment savent-ils qu"avec la
bonne nourriture dont ils disposent, le durham ne réus-
sira pas chez eux? L'ont-ils essayé? Les faits acquis en
agriculture, doivent passer avant tout raisonnement.
Quant aux agriculteurs qui n'osent pas faire des essais
chez eux et acquérir de rex|)érience à leurs dépens, ils
peuvent parfaitement aller étudier et s'instruire chez ceux
qui les ont devancés. Nous l'avons fait nous-mèrae, et
nous sommes certes bien loin de nous en repenlir et de
regretter le temps que nous y avons consacré.
Qu'il nous soit permis de dire (piehpies mots sur les
races laitières. Nous n'en avons ancMine dans notre pays,
et le Midi ne compte guère, se distinguant |)ai' celte qua-
lité, qu'une race des Pyrénées dite de Lourdes, et la
254
race Bordelaise, qui s'est Ibrniée par le mélange du sang
breton au sang hollandais , et nirnie au sang suisse chez
bon nombre de sujets. Cette branche de l'industrie agri-
cole n'est exploitée de nos côtés que par quelques vachers,
qui, les uns, n'ayant que de faibles ressources, choisis-
sent indifféremment parmi les sujets de toutes les races
qui leur sont amenées sur nos marchés; d'autres, plus
aisés, achettent ordinairement des sujets de races suisses.
Quelques-unes de ces dernières races se font remarquer
par un rendement en lait considérable; mais elles sont
très-exigeantes sous le rapport de la nourriture; et, à
part la race de Schwitz, qui a une peau linc, des os assez
minces, et qui rend à proportion de la ration ([u'elle
consomme, elles doivent être bannies de nos élables,
pour faire place a ces jolies petites bretonnes, qui, avec
les femelles de la belle race anglaise d'Ayr, sont celles qui
rendent le meilleur lait et en plus grande quantité, tou-
jours proportionnellement à la ration qu'elles reçoivent.
11 ne faut point parler d'amélioration aux vachers qui,
tous les ans, vident et renouvellent leur étable. Pour les
autres , la race bretonne elle-même est excellente. On a
essayé de l'améliorer encore en la croisant avec la race d'Ayr .
Les agriculteurs qui ont tenté ce croisement disent en avoir
été satisfaits; quant au croisement de nos races françaises
avec le taureau sch\vitz, qui avait eu de la vogue pendant
quelque temps, il commence a être abandonné.
Passons maintenant aux races de travail. En parlant du
croisement durham,nous avons dit qu'il ne convenait point
dans certaines contrées, parmi lescpiellcs nous avons cité
la Cerdagne. Si nous devons viser à améliorer nos races
élevées pour la boucherie et celles destinées à la production
du lait, nous ne devons certes pas négliger l'amélioration
de nos races de travail. Le bœuf de Cerdagne est incontes-
tablement un de ceux qui se font le plus remarquer par sa
légèreté et la résistance au travail ; mais il est défectueux
!;,>,)
en certaines parties de son corps susceptibles dT-tre cor-
rigées, et cette aniélioralion, an lien de faire perdre à cet
animal la qualité qui le dislingue à un si haut degré, la
rendrait encore chez lui plus forte et plus apparente.
Quelques défauts sont inhérents à la race de Cerdagne,
et ils se trouvent plus ou moins prononc(''s chez tous les
sujets. Ainsi, la tète est longue et un peu busquée, le
dos ensellé, la côte un peu plate, les hanches étroites,
la croupe avalée , la (pieue attachée très-haut. Celte
défectuosité du train postérieur fait que les aplombs des
jambes de derrière laissent beaucoup ;i désirer. Pour
corriger cette mauvaise conformation, l;iut-il améliorer
cette race par sélection? Choisir quelques sujets exempts
de ces défauts dominants et les accoupler entre eux?
ISous serions de cet avis, si nous n'étions certain que,
pour former une telle famille améliorée et amélioratrice,
les sujets manquent complètement. A quelle race re-
courir alors pour corriger les défauts de la race de
Cerdagne, sans faire perdre à cette dernière les qualités,
le cachet, la robe, les habitudes (pii la distinguent? Après
avoir bien cherché, nous n'en trouvons qu'une, qui, à
notre point de vue, réunisse les conditions nécessaires:
c'est la race aubrac. Le bœuf aubrac est un très-bon bœuf
de travail; il est léger et fort ; il est élevé dans les mêmes
conditions de sol, de nourriture, de climat, que le bœuf
de Cerdagne. Il a aussi le uK'me pelage on bien à peu
près; mais il a la lète courte, large et carrée; le dos
droit , la côte assez arrondie , chez lui le train posté-
rieur, sans être aussi large que chez le bœuf d'engrais,
l'est assez cependant pour que les jambes qui le portent
aient de bons aplondis; la (jueue n"esl allacliée ni trop
bas ni trop haut. D'après cela le sang-aubrac est, ce nous
semble, celui qui pourrait le mieux se fondre dans le sang
«les sujets de la race de Cerdagne, qui avec lann-lioralion
<le lein's formes accpicrraient de nouveaux mérites, seraient
-2bC>
encore plus recherchés par nos voisins de l'Ariége, et
porteraient par conséquent plus de profit aux éleveurs.
Quant à la manière de s'y prendre pour opérer ce croi-
sement, elle esttrès-lacile. On n'a qu'à bannir complètement
les taureaux de Cerdagne des troupeaux qu'on se propose
d'améliorer, et se procurer avec la valeur de ceux-là, jointe
à une somme peu considérable, des reproducteurs aubrac.
Ce serait alors le cas de faire l'élevage in-und-in, c'est-
à-dire par sélection. Au lieu de bistourner les taureaux
aubrac qui auraient fait une ou deux montes, comme c'est
Ihabitude pour les taureaux de Cerdagne , on devrait les
garder jus(iu'à l'âge de six , sept et même huit ans. Nous
connaissons des exploitations qui possèdent des taureaux
âf^és de dix ans, qui sont aussi proliliques et donnent des
produits (jui ne le cèdent en rien à leurs aînés. Ces tau-
reaux aubrac, pouvant ainsi saillir leurs propres filles,
avanceraient énormément par le second croisement du
même individu l'amélioration ([u'on s'était proposée. Pour
porter les agriculteurs de la Cerdagne à faire ce croisement,
il sullirait de quelques sacrifices de la part de l'xVdminis-
tralion départementale. Quatre ou cinq jeunes taureaux,
bien choisis sur les montagnes d'Aubrac, et mis en vente aux
enchères dans la Cerdagne, obtiendraient, et d'autres que
nous en sont convaincus, une moj ennede prix supérieure au
prix d'achat; et lorsque le premier pas vers l'amélioration
serait fait, les éleveurs de ce pays, cpii sont intelligents et
ont un coup-d'œil fort juste, continueraient et consom-
meraient de leur propre mouvement l'œuvre commencée.
11 ne faudrait pas oublier de récompenser par des primes
raisonnables, de 80 à 200 francs chacune, les éleveurs qui
présenteraient à la commission départementale les taureaux
et les génisses les mieux conformés, appartenant à la race
de Cerdagne, améliorre par le sang atihrac. Nous sommes
persuadé qu'en employant de pareils moyens, peu d'agri-
culteurs de la Cerdagne résisteraient à l'impulsion donnée.
257
HArPORT SUR L'INDUSTRIE SÉRICICOLE
DU DÉPARTEMENT
DES PYRÉNÉES-ORIENTALES EN 1859,
l'ar M. A» SlAli, Trc'soiier do la Société.
Messieurs,
Vous avez eu a cœur de prouver, celte année encore, que
l'industrie séricicole faisait l'objet de vos préoccupations.
La commission que vous avez nommée dans la séance
du 25 mai dernier, com|)osée de ilM. Companyo père,
Auge, Roltin et Antoine Siau, désireuse de reiiiplir sa
mission, a commencé le l'^'^juin ses visites, ayant pour but
de rechercher, dans les éducations de vers à soie, ce qui
avait clé nuisible ou avantageux. Nous procédions, par là,
à l'enquête que sollicite M. le Préfet, en consécpience de
la demande faite par Son Excellence M. le Ministre de
l'Agriculture.
Nous visitâmes d'abord la magnanerie de M. Sabatier,
au domaine de Jau, situé entre Cases-dc-Pène et Kstagcl.
Nous (brons avec regret, que cet éducateur intelligent,
qui avait toujours eu des succès encourageants, même
depuis l'épidémie, n'a eu cette année que le tiers de la
récolte.
En 1857, — 1.250 grammes, lui fournirent 2.110 kilogrammes.
Fn 1858, — 1.250 "" id. — 1.850 iil.
En 1859, — 1.250 id. — 000 id.
Il se procure, chaque auiiée, la graine chez les petits
éducateurs de Sainte-AnVi(p)e (Aveyron).
17
258
Nous attribuons le faible résultat de cette année à la
température, très-variable, d'abord bumide, et orageuse
ensuite, sous lintluence du vent marin, très-nuisible aux
éducations à proximité de la mer, à la feuille du mûrier,
gelée lors de la première pousse; la seconde n'était pas
assez nourrie lors de la période de la -¥ mue à la montée.
I.a muscardine avait atteint un certain nombre de vers,
d'autres étaient ijras, fondus et faibles.
Nous jugeons la feuille généralement malade; elle subit
encore comme la vigne et une infinité de plantes et d'arbres,
les fâcheuses conséquences d'un principe délétère, sur la
nature duquel nous ne pouvons porter un jugement cer-
tain. 11 parait évident que les maladies destructives des
récoltes des vers à soie, ont pour origine la muscardine.
L'invasion du botryiis basiana se présente sous des for-
mes souvent bien différentes; mais c'est presque toujours
cette végétation qui entraiue la perte des chand)rées.
Quant aux vers à soie qui n'atteignent pas leur complet
développement, on peut attribuer ce résultat à la mau-
vaise qualité de la feuille. En effet, les vers qui l'ont
consommée tout-à-fait mauvaise sont très-petits, tandis
que ceux qui ont été nourris de feuille meilleure acquiè-
rent plus de développement. C'est encore a ce fait
qu'on doit attribuer la dégénérescence de l'œuf du ver
à soie, observée par les savants et les éducateurs.
Le nombre des mûriers, dans le domaine de Jau, est
de 4.000.
Nous avons visité, à Estagel, l'éducation de M. Ange
de Gonsalvo, qui eut, l'année dernière, une assez bonne
récolte. 100 grammes de graine lui fournirent 142 kilo-
grammes de cocons, tandis que cette année 100 grammes
de graine n'ont produit que 50 kilogrammes de co-
cons.
Les soins convenables ont été donnés a cette éducation.
La graine était de race d'AndrinopIe. File lui a été envoyée
•259
par une nuiison de France, dont il a cru devoir nous taire
le nom. Les vers étaient au i" âge. iNous en avons oliservé
d'inégaux et qui étaient restés très-faibles. La température
avait été la même que chez M. Sabatier, et la première
feuille attaquée par le froid.
Une bien petite éducation avait réussi à Estagel; une
jeune personne l'avait dirigée. Marguerite Forner, avec
a grammes de graine, avait eu 5 kilogrammes de cocons.
Ils sont de race d'Andrinople; la qualité est aussi belle
que celle de sina.
M. Bartlie, régisseur du domaine de M. le marquis de
Fiinestous, distribuait annuellement aux petits éducateurs
de La To^r-de-France ^.oOO grammes de graine. L'on ne
recueillit. Tannée dernière, que 850 kilogr. de cocons.
M. Harthe , découragé, n'avait mis en incubation, pour
sa propre éducation, que 100 grammes de graine d'Alais,
et 250 grammes de la graine de ses cocons de 1858,
race des Cévenncs.
Le produit n'a été que de 90 kilogr. et les cocons de
mauvaise qualité.
La première feuille avait souffert de la gelée.
Parmi les vers, les uns étaient atteints de la muscai-
dine, d'autres étaient faibles et d'autres courts. Ces
maladies s'étaient montrées à tous les âges, et principa-
lement de la ¥ mue à la montée.
Le nombre des mûriers cultivés à La Tour s'élève à
li.O(»0, savoir:
Dans les propriétés de M. do fiinosloiis. . 0.000;
Dans celles de M. Tiilla 1.500;
Chez divers 3.500.
Deux autres éducations avaient ('té faites à La Tour,
avec !25 grammes de graine : l'une par M. Kiie Coronat,
qui n'a pas eu de succès; l'autre par M"" .Iulia, qui a eu
un tiers de récolle.
260
Nous allons vous entretenir de noire seconde course,
faite dans la journée du 9 juin. Si la première a été signa-
lée par de mauvaises réussites, celle-ci a été marquée par
plusieurs résultats bien favorables.
Nous nous arrêtons à Saint-Féliu-d'Amonl, pour visiter
deux petites éducations : celle de M. Joseph Torrent,
qui avec 48 grammes de graine, a obtenu 51 kilogr. de
cocons, et celle de M. Paul Miffre, qui avec 18 grammes
de graine, a recueilli 129 kilogrammes de cocons.
Des fourmis avaient dévoré une petite partie de jeunes
vers.
N'ous n'avons pas reconnu la moindre trace de maladie.
Les soins les plus attentifs avaient été donnés à ces édu-
cations.
Les graines avaient été fournies par M. Alberny, rue
de la Cathédrale, à Carcassonne, et l'on nous a dit
qu'elles provenaient de la maison Y<' Nicod fils, d'An-
nonav. Sur l'une des boites était écrit : Smyrne.
Nous avons compté, dans les deux communes de Saint-
Féliu, environ oOO mûriers. La feuille n'avait pas été
attaquée par le froid ; elle paraissait saine.
L'éducation de M. Joseph Capdelaire, qui avait parfai-
tement réussi l'année dernière , à Millas , n'a fourni ,
cette année, avec TiO grammes de graine, que 10 kilo-
grammes de cocons. Il est vrai que la plus grande partie
(le la graine avait été brûlée, ayant été soumise, pour
l'éclosion, à une température trop élevée.
Pour les petites éducations, on a l'habitude, dans nos
campagnes, de placer les graines dans un petit compar-
timent qui est derrière le four, et que Ton nomme la
(jlorietle; système vicieux, qui ne peut produire que de
déplorables résultats. L'œuf du ver a soie, soumis à une
chaleur trop forte, et surtout privé d'éléments humides,
altère l'embryon et ne lui procure qu'im avenir rachi-
',i(pic.
2GI
L'autre éducation de Millas a été heureuse; elle a reçu
les soins de la femme Deipech.
25 i,M-aniines de graine de M. Alberny, de Carcassonne ,
ont Ibinni i^ kilogrammes de cocons. — 25 grammes de
graine de ses cocons de 1858, ont produit 17 kilogr.
La commune de Millas possède 600 mûriers.
Nous avons visité, avec intérêt, à Ille, l'éducation
dirigée i»ar M. Lopez.
M. Trilla avait fourni les fouilles, et la graine avait
été envoyée par M. Alberny.
L'éducation a reçu les soins ordinaires, mais dans des
circonstances parliculières, que nous ferons connaître.
L'éclosion a eu lieu derrière le four; la chaleur ordi-
naire y est de 18 à 22 degrés. Les vers ont été [icrtés,
après l'éclosion , dans un coujpartiment contigu, où la
température était de 16 degrés, et, dans la soirée, on les
a placés dans les trois appartements consacrés à l'éduca-
tion , où la teujpérature était de 12 à 14 degrés.
Nous observerons que, pendant les trois premiers jours
seulement, de la cendre chaude y fut placée, et que les
rayons du soleil ne pénétraient dans ces appartements
que durant trois heures de la journée.
La température a été très-variable pendant l'éducation :
chaleur au\ deux premières mues; humidité prolongée et
temps orageux pendant les deux autres. Néanmoins, les
vers se sont développés avec vigueur, et, chose digue de
remanpie, un grand nombre de sujets , posés, faute de
place, sur les briques du sol de ces appartements sont
montés sur les bruyères, avec la même force que ceux
établis sur les clayons élevés.
Nous observerons, en outre, que nous avons vu, en-
dehors des fenêtres, un certain nombre de cocons atta-
chés aux coulrevents. Les vers étaient sortis, pendant
que ces croisées restaient ouvertes pour l'aération d» s
salles.
262
Il n'existait pas de trace de maladie; les cocons étaient
beaux, réguliers, race Tranche de Valence iKspagne).
MM. Lopez et Trilla avaient mis en incubation 75 gr.
de graine, qui ont produit 150 kilogrammes de cocons.
Il existe 600 mûriers dans la commune d'Ille; M. Trilla
en possède 200.
Nous devons vous entretenir de l'éducation de M'"^ Auge,
à Perpignan, que les ravages de l'épidémie n'ont jamais
découragée, et qui fait preuve de connaissances spéciales
très-étendues. Cette année, elle avait mis en incubation
25 grammes de graine, qu'elle avait récoltée l'année der-
nière, et qui avait bien léussi; 18 grammes de graine,
race d'Andrinoi)le , qui a donné des résultats inférieurs.
Ces 45 grammes de graine ont produit 59 kilogrammes
de cocons.
Vous n'ignorez pas, Messieurs, que M""^ Auge est très-
utile aux petits éducateurs pour l'achat de leurs cocons;
elle pourra rendre, en 1860, un service signalé à tous
ceux qui se livreront à l'industrie séricicole dans le dé-
partement, parce qu'elle a eu le soin, après l'achat des
cocons, de réserver pour la graine ceux recueillis dans
les magnaneries exemptes de maladies. Ils donnent déjà
de très-beaux papillons, (jui fournissent de la graine de
belle espérance.
]\Ime Auge a également à sa disposition la majeure
partie des cocons de M. Llopet, de Serdinya. Notre ho-
norable vice-président, M. Companyo, nous communiqua,
sur l'éducation de M. Llopet de l'année dernière, des détails
intéressants. En efiét, M. Llopet avait eu l'idée de placer,
quelques jours après leur éclosion , une certaine quantité
de vers sur les mûriers de sa pépinière. Ces vers, expo-
sés aux intemj)éries , avaient grandi et fait les cocons
sur l'arbre.
Cette année, M. Llopet a renouvelé cet essai; mais il
a été infructueux, h cause des pluies constantes du mois
263
(le mai. Il avait mis en incubation (>5c'',50 de graines,
jtrovenant de son éducation de 1858; il en a relire ICK)
kilogrammes de cocons, tous de belle qualité.
Plusieurs d'entre vous ont pu apprécier, sur un rameau
du lavandula sla'clias , les beaux résultats de cette édu-
cation.
Le lavandula slœchas remplace avantageusement, dans
cette contrée, la bruyère et les cistes.
La magnanerie est exposée au sud , abritée contre le
vent marin. Cette exposition est très-favorable.
Aucun caractère de maladie ne s'est présenté dans le
cours de l'éducation. Les vers avaient opén'' la montée
le vingt-buitième jour, avec une vigueur supérieure "a
celle de l'année dernière : l'incubation (ut, a cette épo-
que, de 100 grammes de graine (races de Brousse et de
Smyrne) qu'il avait reçue par l'entremise de son frère,
receveur des Contributions indirectes à Aubenas.
Le temps a été très-variable pendant la dernière édu-
cation. La pluie a duré vingt jours consécutifs; le tonnerre
a grondé avec force, le premier jour de la montée.
A Saint-Laurent-de-Cerdans, à Elno, Torreilles, Prades,
Calllar et Molitg, les magnaneries ont donné de faibles
résultats.
Pour abréger cette lecture, je passe sous silence les
noms des autres éducateurs.
Toutes les graines mises en incubation, en 1859, dans
le département, s'élèvent à 2.800 granunes; elles n'avaienl
pas été examinées par MM. Jouve, Cbavaud et C'^, à Ca-
vaillon. Leur produit a été de 1.500 kilogr. de cocons
seulement; en en portant le priv à 7 francs, cours actuel,
nous trouvons une valeur do 10.500 francs. Ce cliilfre
est bien réduit. Avant l'épidémie, ou niellait en éclosiou,
dans le déparlement, 000 onces, soit 15.000 granunes de
graine. La production moyenne étant de âO Uilogrammes
par '25giammcs, les magnaneries produisaient 18.000 Uil.
264
de cocons, et le prix moyen étant de 4 fr. par kilogramme^
la valeur était de 72.000 francs.
Les heureux résultais de certaines éducations de cette
année, sont d'un fiivorable augure pour 1860. Donnons des
encouragements, comme nous le fîmes l'année dernière;
alors les petites éducations se multiplieront, ayant plus
de chances de réussite avec les graines produites des
magnaneries exemj)tes de maladies, et nous augmente-
rons le bien-être de plusieurs familles.
Le département renferme 40.000 mûriers, tous répan-
dus dans des contrées favorables à l'éducation. Si les
feuilles en étaient utilisées dans des magnaneries, qui
fourniraient une valeur de ^iO.OOO francs, elles ser-
viraient à mettre en incubation 50.000 gram. de graine.
Voici les données sur lesquelles se fonde ce résultat :
La feuille de 20 mûriers, de venue ordinaire, est né-
cessaire pour 2o grammes de graine, qui produisent, en
temps ordinaire , 50 kilogrammes de cocons; les 50.000
grammes produiraient GO. 000 kilogrammes de cocons,
et en portant le prix seulement à 4 francs, nous arrivons
à la valeur de 240.000 francs.
Les points les plus favorables à l'éducation sont: ceux
connus sous la dénomination d'Aspres, les environs de
Perpignan , tous les villages des bords de l'Agly jusqu'à
Caudiès, ceux des bords de la Tet jusqu'aux environs
d'Olette, les vallées des Albères, du Tech, et celles de
Coustouges et celles de La Manère.
M. Jaubert de Passa introduisit en Roussillon, il y a
environ cinquante ans, la bonne culture des mûriers, leurs
diverses variétés et la taille, ainsi qu'elle est pratiquée dans
les Cévennes; il lit de grands sacriliccs pour donner de
l'extension à l'éducation des vers ii soie; l'im des premiers
il établit des magnaneries vastes et bien aérées.
l'iusieurs races de vers à soie sont élevées dans les
Pvrénées-Oricnlales.
265
La race-andrinople ,Ȉ cocons blancs, introduite par
Mme Auge, qui l'avait reçue de M"'e \o Kicod, d'Anno-
nay , est remarquable par la grosseur des cocons et la
linesse de la soie; mais elle ne réussit qu'exceptionnel-
lement.
La race de Lombardie, à cocons jaune-paille , de di-
verses nuances, gros et de belle forme, soie line et qui
se fde bien, plus robuste que la première.
La race-sina, à cocons blancs, reçue, en 18Ô4, par
M. Corbière-Vilallongue, de M. Camille Beauvais; elle
s'est propagée à cause de la bonté de la soie et de sa
blanclieui- argentine.
La race de Brousse, h cocons jaunes, élevée avec suc-
cès en Algérie; la couleur se rapporte à celle de Chine,
mais la l'orme du cocon diiïènî un peu. La soie est moins
line, mais elle est très-résistante, et se dévide bien.
La race des Cévennes, introduite par M. Brosson, à
cocon paille, assez uni, gros, se dévidant facilement,
soie forte; ver robuste.
Une autre race a été obtomîc dans le département, par
des graines reçues du Piémont; le cocon est moins gros,
bien fiiit et d'un jaune peu foncé.
La race-espagnole, appelée vulgairement Espagnolet,
dont la graine fut apportée de Valence (Espagiîe), par
Mme Auge, en !8i7. Le cocon en est jaune-i)aille, uni,
bien fait; les vers robustes et montant bien. Ils ont gé-
néralement bien réussi, pendant l'éducalion de 1859;
néanmoins cette race est sujette à la dégénérescence,
connue l'indiquent ses cocons à soie verdàtre.
Il serait à supposer que les vers qui la produisent sont
atteints de maladie, ayant éprouvé une altération dans le
système digestif, par rinliltralion d"une matière verte,
produite par la fouille mangée et qui n"a pas été digérée.
Ce pliéuoniènc accidentel se trouve dans toutes les édu-
cations (le \m\).
2f)6
Ce fait doit attirer l'attention ;, il n'a pu être éclairti
d'une manière précise. L'accouplement des vers atteints
de cette alFeofion facile a reconnaître, produit une géné-
ration qui doit être élevée à part.
Les cocons qui restent purs de race sont bien faits;
la soie en est bonne et d'un dévidage facile.
On a observé (jue la constance de la couleur verte,
persiste dans les produits futurs, et que les cocons de-
viennent une bourre informe et sans aggrégation des fds
qui la composent.
Nous terminons en vous signalant ceux des éducateurs
que nous jugeons dignes d'encouragements :
MM. Llopet, à Serdinya;
Lopez et Trilla, à lUe;
Mme Auge , à Perpignan ;
MM. Ange Delpecb, à Millas;
Joseph Torrent, à Saint-Féliu-d'Amont;
Paul Milfre, à Saint-Féliu-d'Amont.
26':
RAPPORT DE M. ANTOINE SIAU,
SUR LES PRODUITS ENVOYÉS
PAR LA SOCIÉTÉ AU CONCOIRS DE CARCASSONNE, EN MAI 1839,
ET SUR LA CULTURE DES ARTICHAUTS.
Messieurs ,
La Société d'Agriculture de l'Aude ayant témoigné le
désir de voir figurer au Concours horticole de Carcassonne
les produits de nos jardins, notre Société nomma une
commission, composée de MM. François Astors, Sauveur
Dadins, l'abbé Delhoste et Antoine Siau. Je lus chargé
de faire la livraison, et de fournir, au besoin, les indi-
cations sur la culture des produits envoyés.
Kn voici la note :
Diverses variétés de patates, fournies et la plupart
créées par notre collègue, M. Jean Eychenne, et par
M. Saturnin LIanta, propriétaire à La-Tour-bas-Elne ,
auxquels nous devons l'introduction et la propagation
de ce tubercule dans le départ(Mnent.
Trois variétés d'asperges. Celles dites de Hollande et
d'Allemagne, introduites, en iSoO, par notre collègue,
M. Hippolyte Picas, étaient remarquables par leur gros-
seur. Les deux bottes fournies par M. Jean nocpicfort,
lurent reconnues supérieures ;i celles des exposants de
l'Aude, (lu Vaucluse et de la Haute-Garonne.
Quatre variétés de cerises, arrangées avec goût dans
des boites, attiraient l'allenlion par leurs brillantes cou-
leurs et leur grosseur. Parmi elles se trouvait la variété
dite (le SaiiU-Ceorge, que produisent on abondance, vers
la lin (le mars, les montagnes de Cciel.
268
Plusieurs boites, coiilen:int diverses variétés de fraises»
disposées avec art par M'^c Darche, se distinguaient par
leur beauté et leur parfum , entre autres les belles fraises
dites anglaises, propagées par notre collègue, M. Roulïia,
et la variété obtenue par M. Pbili|)pe Massot par l'hybri-
dation de la Duchesse de liHchingam et la fraise sauvage
des Albères, dont la plante est aussi [)récieuse par sa
fécondité que par la bonté du fruit, qui s'étend jusqu'à
la saison rigoureuse de l'hiver.
A cet envoi étaient joints des petits-pois, des fèves
dites iVEspagnc, dont nous avons les primeurs en plein
vent au mois de mars, et des haricots verts.
Nous mentionnerons nos quatre variétés d'artichauts,
dont plusieurs pieds, avec leurs fruits nombreux, étaient
dans des pots.
Une grande extension a été donnée à la culture de
cette plante aux environs de Perpignan.
Les excellentes qualités de nos produits maraîchers se
font apprécier et s'expliquent par la nature du terrain
d'alluvion et par l'arrosage : les eaux qui viennent de la
rivière de la Basse, saturées par les matières que con-
tiennent les égouts de la ville et des faubourgs, sont
entraînées dans les canaux et fécondent ainsi tous les
jardins.
Nous parlerons d'abord de la variété d'artichaut blanc,
dite des (ptatre-saisons : cette variété est la plus cultivée
à cause de sa précocité ; le premier montant poite, en
octobre , de cinq à six fruits , les autres se succèdent
jusqu'à la fin de mai. La feuille est plus faible dans cette
variété que dans les autres.
Pendant la période de fructification des huit derniers
mois, cette variété a fourni dans la banlieue de Perpignan,
environ 3.500.000 douzaines d'artichauts, au prix moyen
de 25 centimes la douzaine, soi! la valeur de 875.000
francs.
2G9
Le prix île la douzaine varie de ;') à 7o cenlimes, et
mcnic à 1 franc.
Le prix de 5 (,'enliuics est celui (ju'ou |iaie en mai, les
autres variétés fournissant alors abondamment leurs fruits,
et en février le prix est de 73 centimes à 1 franc.
Le fruit dos qnatre-saisons est moyen, d'un vert clair;
il prend la teinte violacée aux chaleurs du printemps.
L'artichaut dit de mai est le plus beau, le mieux
pommé et le meilleur; il parait du 13 avril à la fin de mai.
La feuille est plus large que celle des autres espèces.
Pour augmenter la grosseur du fruit, nos jardiniers
mettent en croix, vers l'extrémité de la tige, deux che-
villes en bois, huit à dix jours avant de cueillir le fruit,
en ayant soin de le couvrir des quatre feuilles qui l'en-
vironnent, et ils l'attachent ensuite. Le fruit devient plus
gros et pins tendre; il est d'un vert pâle.
La variété connue sous le nom de movrrou de haddl
(museau de veau), iVuctilie en février jusqu'au 13 mai.
Le fruit est violet; la tête et le bas sont plus aplatis que
dans la variété des quatre-saisons. Ce produit est hybride
de la morisque.
La mon'f^qiir est la moins cultivée; elle donne ses fruits
du 13 avril à la lin de juin. La nuance violacée est plus
foncée que celle du miiseaii de veau. La feuille est plus
nourrie que celle de la variété précédente.
La valeur moyenne des trois deinièrcs variétés est
d'environ 180.00() francs, soit 1.200.000 douzaines à 13
cenlimes.
Les pieds d'artichauts exposés avaient été fournis par
les sieurs Joseph Nogués, Jean Coll et Louis Ribes.
<\tllure. — Nos jardiniers ont le soin de choisir, pour
la re|»roduction de la plante des (lunhr-saisons, les pieds
i\\\\ ont porte'; les plus beaux fruits et ceux [)ourvus de six
feuilles, produisant des fruits itrécoces.
Après la fructification, la plante est divisée en aulaiii
270
de tronçons munis do racines qu'il y a de branches à
fruits; on les plante en lignes et a dislance de 50 centi-
mètres. Cette distance permet, lorsque le froid est rigou-
reux, de prendre la terre intermédiaire pour chausser les
pieds , après y avoir placé du fumier et de la litière. Au
milieu des deux lignes, et dans la direction du midi , on
sème des fèves.
Nos jardiniers ont renoncé, depuis trois ou quatre ans,
à renouveler la plante d'artichaut par œilletons ; ils ont
reconnu que les fruits avaient dégénéré, comme ils ont pu
constater l'immense avantage obtenu en renouvelant la
plante, chaque année, par tronçons, i>arce qu'alors elle
conserve toutes ses propriétés.
A l'époque où la division de la plante n'était pas prati-
quée , on ne détachait les œilletons qu'a la quatrième ou
sixième année. C'était au mois d'octobre ou à La Tous-
saint, et le fruit paraissait en mars , lorsque la saison était
favorable, et finissait à la fin de mai. Il n'y avait, par-
conséquent que trois mois de fructification, lorsqu'elle est
actuellement de huit mois dans la variété des qualrc-sat-
sons , et que le fruit se présente a une époque où la na-
ture est avare de ses dons.
L'idée de diviser la plante par tronçons enracinés , la
pensée de la renouveler après qu'elle a fourni les fruits,
et la connaissance des avantages de culture de la variété
des quatrc-saison.% furent donc un bienfait pour le Kous-
sillon; car, jusqu'en 1816, ces avantages étaient ignorés,
puisque cette variété n'était pas cultivée alors avec plus
d'étendue que les antres.
A l'occasion des récompenses que la commission crut
de son devoir de proposer à la SocifUé, en faveur de ceux
qui avaient fourni leurs produits pour le Concours de
Carcassonne, nous jugeâmes utile de faire une enquête
auprès des plus anciens jardiniers, afin de mettre au jour
271
les noms (le ceux qui avaient amélioré ou propagé la cul-
ture (les artichauts.
Voici le résultat de nos investigations :
En 1818, Jean Picpict, décédé, avait déjà reconnu les
avantages de l'artichaut des quatre-saisons et le cultivait
de préférence.
En 1822 et i82ô, Antoine Coll divisait déjà les plantes;
il les cultivait sur une vaste échelle et de prélérence la
variété des quatre-saisons.
En 1826, Joseph Baratte, décédé, cultivait environ
iO.OOO pieds d'artichauts. La variété des quatre-saisons
était, à cette époque, peu abondante.
En 1820, au mois de novembre, les jardins de Saint-
Jacques, les seuls qui existassent dans la banlieue de
Perpignan, finent ravagés par une inondation; à quelques
jours de-là, ils turent détruits par un froid rigoureux.
Quatre carrés d'artichauts des ^y/fz/rc-srt/.so/^.s furent abrités,
dans le jardin de Coll, par des broussailles que les eaux
avaient entraînées lors de l'inondation. M. Coll eu venditles
produits, depuis 1850 jusqu'en 1855, de 1 à 4 francs la
douzaine, il ciait alors fermier de M. Amanrich. En (juit-
tant ce jardin, il consacra uue grande étendue du terrain
qu'il venait d'acquérir sur la route de Saint-Estève, à
la culture de l'artichaut des quatre-saisons.
En 1820, Ignace Figuères était aussi fermier de mon-
sieur Amauricli , et son jardin voisin de celui de Coll.
Il se livrait aux mêmes cultures; mais il ne sut pas
tirer aussi bon parti de ses artichauts préservés .\ il les
vendit, en grande partie, à 5 francs le pied. Plus tard,
il donua à cette culture une plus grande oxlension , et
l'améliora, par des soins intelligenis, dans le jardin dont
il devint propriétaire, situé aussi sur la route de Saint-
Eslève.
Vers la même époque, Jean Tarrissou, qui se distin-
guait également par son intelligence horticole, avait reconnu
'21-2
le mérite de la culUn-e des artichauts, et lui donna un
1,'rand dévolopi)enient, d'abord dans le jardin de M. Moral,
dont il était fermier, ensuite dans les deux jardins silués
dans les bas-fonds de Saint-Jacques, dont il avait fait
l'acquisition.
Pour consacrer le souvenir des services rendus à l'hor-
licullure par ces trois jardiniers, la commission vous pro-
pose de leur décerner une médaille d'argent.
Nos cultures potagères et fruitières ont fait de grands
progrès dans ces derniers temps : nous pomrions citer,
en assez bon nombre, les noms de ceux qui les ont ob-
tenus; mais nous nous bornerons aujourd'hui à désigner
ceux qui, en fournissant quelques produits pour le Concours
de Carcassonne, nous ont mis à même de rendre service
au département, en faisant reconnaître leur supériorité sur
les produits similaires du Midi. En effet, le Jury, nous
tenant compte de notre bonne volonté dans celle modeste
exhibition , décerna à la Société une médaille d'argent.
Nous vous proposons, en conséquence, des encoura-
gements en faveur de MM. Etienne Gadlard, dit Estève,
d'Olette; Jean CoU; Louis Ribes; Philippe Massot; RouHia;
Jean Roquefort; Joseph Noguès; Jean Radie.
Nous ne saurions terminer notre rapport sans fournir
notre tribut de reconnaissance à la commission horticole
de Carcassonne, pour l'accueil bienveillant et amical qu'elle
nous fit, et sans la féliciter, ici , comme nous l'avons fait
ailleurs, au sujet des ornements du terrain consacré à
l'exposition: les dispositions prises, "a cet égard, répon-
daient pleinement ii toutes les exigences de l'art et aux
convenances particulières des produits exposés.
fâmmm mm\m des pïhé.^eks-oriextales ,
Par M. .^i.AKT. iiK'iubrc résidant.
PÉRIODE WISIGOTIIIQUE.
4I« — 911.
Les Wisigoihs ayant [)assé lo Rhône, sous la conduite
d'Ataulfe, Fan il!2 de J.-C, entrèrent, en automne de la
même année, dans la cité de Narbonne, d'où ils s'éten-
dirent rapidement dans la Gaule Méridionale et dans la
Tarraconuaise. La domination romaine ne conserva plus
désormais qu'un semblant d'empire dans toutes ces con-
trées. Néanmoins, on ne peut considérer l'établissement
des Wisigotbs comme déliniliC, dans la Narbonnaise et le
pays de Ruscino, avant l'année 162, où la cité de Narbonne
fut livrée au roi Théodoric par le comte gaulois .Vgrippinus,
qui remplissait un odice important dans cette ville, peut-
être celui de Pirsiiloil de la prcmii'rc Xarbonnaiw^
Le Roussillon lut, sans contredit, un des pays où les
Wisigoths s'établirent en plus grand nombre, comme l'ex-
plique sa situation entre Toulouse, Narbonne et Barcelone
qui lurent tom-à-tour la capitale du royaume jusqu'à ce que
le roi .Vllianagiido eut transféré le siège de la monarchie à
Tolède, vers le milieu du vi^ siècle. Plus tard, les ravages
et les persécutions des Arabes, conquérants de l'Espagne,
refoulèrent vers les Pyrénées des bandes nombreuses de
Gotbs, qui s'établirent naturellement dans les vallées du
' M.iliiis, c.lironic. :iil aiin. 'iC>i. — l-]i) l" i , IWrvirnif fut soiiinisi' put-
Finie, cl SiiliiiiiiK \|)()lliLi.iiis fui envoyé en i'\il dans la ville <Ies l.iviani
(Mipiun Liviniinrum, lil). VU), lipisl. 5). On rniil (|ue c'est la ville de Livia,
co(|ui |irouveiait iiiie la Cerdagno était déjà eoniiirise, à celte époque, naiiiii
les dé|ienilaiues du royaiiine des Wisigollis.
J8
27 î
Tech et de la Tel et dans la Cerdagne. Les avantages el la
sécurité que ces pays devaient oflïir aux familles rélngiées,
sont assez indiqués par Tinimense quantité de noms go-
thiques (pii se trouvent dans les actes du diocèse d'Elne
au ixc siècle. Nous expliquerons, par la suite, quelle fut
la position de ces réfugiés espagnols, vis-à-vis des Romains
ou des autres Wisigoths anciennement établis en Kous-
sillon; car il existe encore assez de docunienls explicites
pour retracer l'état social de ces populations après l'ex-
pulsion des Arabes au-delà des Pyrénées. Il n'en est pas
tout-à-iait de même en ce qui concerne la situation des
Wisigoths primitivement établis dans la Narbonnaise, au
milieu des anciens Romains. Cependant, on sait vague-
ment que les Wisigoths s'approprièrent les deux tiers des
terres cultivées dans la portion de la Gaule qui leur fut
cédée en -412 (Code wisigollt.), sans pouvoir bien dire
comment doit être entendu ce partage. 11 est probable qu'il
ne s'agissait pas des deux tiers du sol cédé pris en masse,
mais des deux tiers d'un nombre déterminé de propriétés
particulières, sur chacune desquelles on avait assigné, à
chacun des conquérants, une part, ou, comme on disait,
un sort. 11 s'ensuivrait de là que les terres des classes
opulentes ou riches furent seules soumises à cette dure
loi de la conquête*.
Quoi qu'il en soit, d'ailleurs, on voit chez les Wisigoths,
un grand empressement à s'approprier de leur mieux la
culture et les lumières des Romains, tout en persistant
à s'en distinguer par des mœurs simples et austères. Ils
n'avaient dabord été gouvernés que i)ar des usages tra-
ditionnels. Le roi Euric leur donna, le premier, des lois
écrites, qui furent comme le germe du code méthodique
et complet, auquel travaillèrent, après lui, la plupart de
ses successeurs, et si connu sous le nom de Code des
' Faurifl , Ilislnire de la Gaule méridinnaU , viv.
)\'isi(/ollis. Mais la [)lii|)arl de ces lois sont une iniilaliou
expresse, qneiquclbis la simple lranscri|)tion des lois ro-
maines, et on ne s'explique guère, en les lisant, comment
les Wisigolhs ont pu exercer sur l'ancien Uoussillon une
influence plus puissante penl-êlre que celle des Romains.
En efTet, il est hors de doute, que si ce pays doit à Rome
le fonds primitif de ses lois, de son administration, de
son idiome et de sa civilisation, il doit aux \N'isigotlis
toutes les idées et les institutions germaniques qui sont
venues s'y ajouter ou qui les ont modifiées; et ces mêmes
Golhs, qui ont laissé leur nom à la Catalogne, ont éga-
lement marqué d'une empreinte profonde et durable la
plupart des institutions, la langue, les monuments, le
caractère, la religion et les mœurs des anciennes popu-
lations ronssillonnaises.
Nous n'avons pas h apprécier ici cette influence à un
autre point do vue que celui de la géographie historique;
mais nous devons rappeler que les goilts hien connus des
Wisigoths pour les irrigations, rindustrie pastorale et les
travaux de l'agriculture, se sont entretenus et développés
à un degré remarquable parmi les habitants cUi Roussiilon.
Pendant toute la durée de la domination ^visig(!tlii(ple,
de l'an 412 à 7J1, l'ancienne province, appeh'e par les
Romains la Vrcmiire Narhonnaisc, et dans laquelle se
trouvait conq)ris le pays de Ruscino, n'est plus connue
(]ue sons les noms de Scplimania et Gaule des Goths, dans
les écrivains de la Gaule franke; Province ou Gouverncmml
(ducatus) des Gaidcs, chez les écrivains de l'Espagne.
Le nom de Septiiiudiin dériverait, selon quchpics-uns,
(les sepl cités conqirises, sous les Romains, dans la
Première Narbounaise; selon d'autres, il viendrait des
colons de la Septième Légion, établie, à la même é[>oque,
dans la province de Narbftiine. Quoi (pi'il cii soii. ro nom.
qui se monlie pour la pieuiuTc l'ois en 473 ' , sp trouve
IJi-esque seul usité dans les quatre siècles suivants. Mais
il ne parait pas que les Wisigoths l'aient employé. Pour
eux, toute la région dont Nari)onne était le cliel-lieu poli-
tique et religieux, s'appelait la Province des Gothsfdans la
Gaide^), ou la Province Gaidoise au-delà de CUmsuras'.
Tout ce pays formait un Gouvernement (ducatiis), confié
à un général (diix), cl subdivisé en cités, administrées,
chacune par un Comte. Les comtes Avisigolhs portaient
aussi le titre de Jinjes, et avaient sous leur dépendance
des Vicarii (Viguiers), qui les représentaient dans les
diverses subdivisions des comtés.
Il ne s'est conservé, en Roussillon, aucun nom, aucun
souvenir qui puisse se rattacher a cette administration de
l'époque uisigolhique, et l'on ne sait si le pays de Ruscino
formait dès lors un comté particulier, ou si c'était une sim-
ple dépendance du gouvernement {dticatus) de Narbonne.
Les documents et les auteurs contemporains n'indiquent
rien a cet égard; et bien que la Cerdagne eût alors une capi-
t(de{capuf)\ il est fort douteux que la résidence du principal
administrateur wisigotli en Roussillon ait joui du même
titre. On ne saurait, dans tous les cas, en quel lieu établir
cette résidence. En effet, ce pays portait sans doute alors le
nom de paçins Ilnscinonensis; la ville de liuscino existait
toujours, comme l'indique la géographie de l'Anonyme de
Ravenne, et comme le prouve bien mieux encore le texte
< Vel Gnthis crcdilo, <|ui fîcpcnnmcrn etiam Scpliinaiiiaiii suimi fustidiunt.
(Sidonius Apollinaris. Kpist . , lih III , I • Avito.J
2L'cv^qiio UulRaran érril, vers Tan 610, au sujot (IcmIpiix vil lajjos situés
iuix l'iivirons de Bé/.iers : <> De loc.i unde inliiiiaslis, JuLiiiiauo vel CoriU'-
liano, qua; in provincia Golhorum noscitur Uomiia Uruiii{;ildis possidere...»
Kfial. ad lipiscopum Francorum.
^ Ik-bi-œi, (lui Galliw prfivinciir, viddicel utha Clttitsuras, niisrunlur Iialii-
lalorcsexistcrc. {Concile de JoUde, de l'an 60-i.)
* Cnslrum I.ibv.T, ([und est Cirnlanioc capu». (Julien de Tolède, f)72.)
277
de la division des diocèses wisigotliiqiies ' , dans lequel
notre ancien oppidum est évidemment désigné sous le
nom de Bosinola, corruption de Rosilona. Mais il n'en est
lait aucune mention dans le récit des événements histo-
riques, tandis qu'il est plusieurs l'ois question de la ville et
de révèché à'Hcleiia, à partir de 571 . Le roi Wamha s'ar-
rêta dans cette dernière cité à son retour de l'expédition
contre le rebelle Paul , et c'est de là qu'il renvoya ses
divers corjjs de trou[)es, avant de rentrer en Espagne.
Ces faits et l'existence même du siège épiscopal d'KIne
prouvent assez qu'à cette époque, cette ville devait avoir
beaucoup plus d'importance que Ruscino, et c'est !à,
sans doute, ce qui la tit choisir pour l'établissement de
l'évêché. D'un autre côté, Ruscino existant toujours, et
les événements des règnes de Charlemagne et de Louis-
le-Uébonnaire la désignant, sans contredit, comme le
chef-lieu i)olitique du pays de Roussillon, il est naturel de
penser qu'il en avait été de même sous la domination des
Wisigoths. Voilà les faits, et il serait dilïicile de s'en
autoriser |)our attribuer le titre de capitale du Roussillon
à Elue plutôt qu'à Ruscino, pendant toute cette période.
Les documents de cette époque citent encore, en Rous-
sillon ou dans le voisinage, les châteaux pyrénéens de Cau-
choUbcri (Collioure), de Vulturaria (OItrérat, de Clnusuras
(La Clusa), celui de Libiju , capitale de la Cerdarjne, et,
enlin, la Clausura Sordonia, dont il a été déjà longuement
question dans la période gallo-romaine. Il faut y ajouter le
lieu cVAngera, qui, sous les Wisigoths, marquait l'extrême
limite du diocèse d'KIne, au couchant. Malheureusement,
ces limites sont fort incertaines , et nous avons déjà
' Caicnsniia hicc ti'iip.il: do Moiik- Riif.» usi|ni' .\ii|[('irini, de Aiigosa usniie
Montana, l'.lna liœc loiieal : de Ainjcra iimjiic ttosiiinlain. de l.aliTosa nsqiio
Lainusain. Uivisio Lpiscopaluum provinciœ \arbonensis , dum Gothis fiarcbat.
(llist. m. Ki'diic , 11, 719.) l.cs liiniti-s |iartiuulii>rvs du diocèse do INarbonnc
DP sont pas indiquiTs dans celte di\i!;i()n.
278
exprimé ailleurs ' notre opinion à ce snjel. Les qualre
noms cités dans le texte semblent se rapporter aux quatre
j)oints cardinaux, mais ils sont extrêmement corrompus,
et celui de l'est, Rosinola, est le seul dans lequel on puisse
reconnaître avec certitude le nom de Rusitona. Celui du
sud, Lamum, semble une coi'ru|)tion de Lauuiga, et mieux
Sambuga ou Sainbuca , ancien nom de la rivière de la
Muga qui forme, en effet, la limite de l'ancien diocèse
d'Elne, vers le haut Yallespir. Le nom de Lalcrosa cor-
respond, au nord, à un point de la frontière du Narbon-
nais qu'il nous est impossible de déterminer. Quant à
celui d'Anr/era, au couchant, nous avions indiqué le lieu
d'Ânyer, qui se montre sous les formes iVAgnera, Angerro
eiAnger, dans les anciens documents; mais la situation
de ce village ne correspond pas exactement aux limites
connues du diocèse d'Elne, dans les siècles suivants. On
peut donc admettre encore ici une forte altération du
texte; et il n'y a plus dans toute cette région, que le lieu
des Angles, en Capcir, qui ait pu marquer à cette époque
la limite des anciens diocèses d'Elne et de Carcassonne,
et dont le nom ait quehpie similitude, si foible qu'elle
soit, avec VAngera de la nomenclature wisigothique.
Nous venons de signaler tous les noms géographiques
du Roussillon, qui nous ont été transmis par les docu-
ments de la période Avisigolliique ; mais on en trouve
encore quelques autres qui se montrent seulement dans
les siècles suivants, et qui pourraient remonter à la même
époque.
Villa Godorlm. — Il a existé au sud-ouest et à une très-
petite distance de Perpignan, une ville dont il ne reste
1 Géographie historique du Confient, dans le X^ Bulletin de la Société dis
Pyrénées-Orientales, p. 9'i.
279
plus aujouicrhui que le nom, conservé dans le quartier de
Mallolcs, centre d'une population encore importante au
x.iii« siècle, et connue primitivement sous le nom de villa
Godorum, ou Godore. M. Puiggari a lu villa Gothorum
L'd Malleolas, dans un acte de l'an 1)29 (Public, HT, 1).
Ce nom est toujours accompagné de celui de Malleolas,
qui en usurpe ensuite entièrement la place, vers la fin du
xie siècle, selon M. Henry (IlisL de lîouss.,- to. I, p. 4o7).
C'est ce nom de villa Gotliorum, ou plutôt villa Godorum,
écrit aussi Godore, Godoro et Godor', qui peut seul faire
altriliuer à ce village une origine vvisigothique; car les
noms gotliiquos des anciens habitants de Malloles , cités
par M. Puiggari, se retrouvent à tous les siècles, dans la
moindre commune du Roussillon; etf d'un autre côté,
les monuments archéologiques qui, selon certaines tradi-
tions, provenaient de Malloles, ne peuvent, dans aucun
cas, se rapporter avec certitude à l'époque de la domi-
nation des Wisigoths. M. Henry n'en a pas moins conjec-
turé que « les |)laids des anciens Comtes Colhs, et peut-
<( être aussi des premiers Comtes Franks du Roussillon,
« se tenaient près de ce bourg, » cl il cite un contrat
de vente d'un terrain , situé au territoire de la villa Godo-
rum, et confrontant avec le Campus Madii. Nous trou-
vons, en effet, en 1565, une pièce de terre «al terme
« de Maloles, al loc appelai Camp de Maijg-.» Mais rien
n'indiipie, chez les Wisigoths, ces assemblées nationales
des peuplades germaniques, où chaque homme libre avait
son avis et son vole sur les affaires de tous. Les assem-
ï Nous retrouvons ciicon-, en 12G5 cl en I2G0 (Liber feuil , A, fol. ) 17
et Cari, lin Temple, fol. 268) un Chevalier du nom iVArnald de Godor.
2 On acte île 1250 place , dans In ;i«roissc de Perpignan . une partie «lu
Camfus de Vadio (Cari. <!n Temple, fol. 76); or il y avait, en J2'.8,
un en tain )fni, on Wrtj, liabitant de Malloles (libi Petro Madin de MalleolU.
—Archives «le l'Il.'.pilal «le l'erpigiiau, liasse 53, n° 152), et le campns de
Vfirfi» di'vait l'Ire iiuelqn'nue d<' ses propric^lés.
ê
280
Liées dites champ de mars ou de mai. leur élaienl tcuil-
à-fait inconnues, cl le passage le plus explicite (pic nous
connaissions sur les réunions publiques des Wisigolhs, ne
peut guère s'entendre que d'une réunion des notables d'une
ville et de sa banlieue, sans rapport d'aucune sorte avec les
assemblées du champ de mai'. On ne saurait donc voir
un souvenir des Wisigoths dans le Champ de Mai de
Malloles; nous en trouverions plutôt dans le nom même
de ce village, qui pourrait dériver de mallmn, et l'on sait
que le mallum publicum des documents roussillonnais
du ixe siècle répond exactement au conventus pnhlicus du
code vvisigotliique. l'n fait plus significatif encore, c'est
que Tan l!2il et le 5 des ides de mars, il se tint à Mal-
loles une assemblés solennelle, où un édit de paix et trêve
rendu en 1228 par Jacques-le-Conquérant, fut proclamé
par son lieutenant, a ce délégué pour le Roussillon et la
Cerdagne, en présence des Prélats, Châtelains et Cheva-
liers du pays qui le ratifièrent, au nombre de quarante-trois
(D'Achery, Spicileg., III, p. 598). Le choix du village de
Malloles pouvait, dans cette circonstance, se rattacher
à d'anciens souvenirs , dont on ne saurait méconnaître
l'importance pour la question de l'origine de la villa
Godorum.
La Sayonia. — Peut-être aussi faut-il considérer comme
un souvenir de quelque centre administratif de l'époque
wisigolhique, une dénomination que portait autrefois le.
territoire du village de Serdinya. Ce lieu est appelé ÀVyon-
danianum, Secundianum , Segdanianum ^ , et Secdenya
ou Scr/denya, dans les anciens documents. C'était une
seigneurie royale, dont le ressort s'étendait sur les h'
' Caballos vel aiiitnuliu crrantia lioeat occiiparc, ila iil (|iii iiivciiciit
<Icniinliel aut Episoo|)o, aiitCoiniti, ant Judici, aul SL'ni<)ril)US loci , aut
etiain in convenlu publico vicinorum. Qiiod si non tteiiunliavcril , furis
damnum Labcbit. (Cad. Wisigolli., lib. VIII, Ut. V, 1. 6.)
2 Marca, 87, L'o, 165 , 387 et /(39.
28 1
de Serdinya, Flassîi, Juncel, La iîardia, Mirles el Mari-
nyans', formant ce ([n'on appelait le fenitoirc de Ui
Saijunia ou Sujoiiid. Ce nom était encore en usage au
xvii" siècle. Nul doute qu'il ne dérive de la langue et de
la législation des Wisigotlis, chez lesquels, comme on le
sait, les Juges avaient sous leurs ordres des agents appelés
Saiones, qui ressemblaient beaucoup aux modernes algua-
sils. Eu outre, les seigneurs goths levaient souvent des
hommes armés pour la défense de leur personne et de
leurs biens, et ces satellites portaient le nom de Sayones
(Cod. Leg. Wisig. I. Y., t. III).
Il est probable (jue les noms portés aujourd'hui par
la majeure |)artie des villages des Pyrénées -Orientales,
remontent à l'époque romaine. Les Wisigotlis, venus à
la suite, n'ont pu, malgré leur séjour de trois cents ans
dans ce pays, laisser des noms qu'à des hameaux de faible
importance, à de petites fermes, ou à quelques fonds de
terre qui ont conservé les noms de leurs anciens pro-
priétaires. Nous ne sommes pas éloigné de croire que les
noms des deux villages dits aujourd'hui Aytua et Guixà,
dans le Confient, se rattachent ainsi à des souvenirs
vvisigothiques. Le premier, autrefois appelé Huyteza,
se montre sous les formes de villa Vliiksano, en I0I7
(Marca, 175), villare de Ociesano, en 1084 (Ibid., 29o),
el Ifoj/tesanum, en I2G5 (Liber feudonim. A, fol. Go).
Le second s'appelle aussi Vilcsanu, Giiissano (Marca, 164
et 185), alox (iuiraiii , (Lih. fend., A, fol. 65); et on ne
peut méconnaître le rapport qui existe entre ces diverses
formes et celles que présente le nom gothique de WUiza,
écrit aussi VViteda, VVeleda, Cruiliza, Guilza , etc., un
des plus conmiuns j)armi les habitants de cette province
aux i\'' et x"^ siècles.
' F.a ^a^oiitn dt la terre de Conflenl comprend aussi lo lion <io llardol , e\\
{~>0i (Ubcr (end., C. fol. :jO),rl celui <le Sanrra. en ITiCi (iHd.. fol. 80).
282
DOMINATION ARABE.
919— 950.
Les Arabes, conduits par Taiik-ben-Zéyad, débarquèrent
en Espagne au commencement de l'an 7H , et s'emparèrent
de toute la Péninsule jusqu'aux Pyrénées. L'historien No-
wairi raconte même que, dès Tan 712, ^loussa-ben-Nossaïr
■passa ces montagnes et se répandit dans le pays d'Afrandj
(la Gaule); et il scn)blc résulter d'une conversation que l'on
prête a Moussa, que les Septimaniens ou Gallo-Wisigotlis
lui auraient opposé une certaine résistance. Mais, selon
toute apparence, ses incursions dans les Gaules durent se
borner à quelques courses de reconnaissance dans les pays
qui iorment aujourd'hui le Roussillon . On ignore, d'ailleurs,
quelles turent les destinées de l'ancienne Seplimanie, dans
rintervalle qui s'écoula depuis l'arrivée des Arabes en
Espagne jusqu'à l'année de ia prise de Narbonne (710).
Ce pays forma sans doute un petit état particulier sous
le gouvernement de quelque seigneur \Yisigolh ou gallo-
romain, et devint alors un des principaux refuges de la
population vvisigothe ou espagnole qui fuyait devant l'in-
vasion des Musulmans. Mais il élail hors d'état de s'appar-
tenir a lui-même, et l'émir El-lIaùr-ben-Abd-er-Rahman-el-
Tzakefy y porta ses aimes en 719. Il franchit les monts
Al-Bortât, s'empara de Narbonne, dont il fit le chef-lieu
de la domination arabe en-deça des Pyrénées, et répandit
la terreur jus<pi'aux pays (ju'arrose le fleuve damna'.
La conquête n'était point, d'ailleurs, définitivement orga-
nisée, et le vainqueur s'était borné à assurer l'occupation
militaire du pays par une garnison placée à Narbonne.
' Coiuiuisto la ciudad de Naibona, y cinio y soiii/.{;o lodas sus comarcns.
(Condo, lo. I, cap. 20.)
283
Tel est le récit des historiens arrhes au sujet de la prise
de cette cité, rapportée à Tan 721 et attrihnée au wali
EI-Samali-ben-Abd-el-Mélek par la plupart des chroniqueurs
chrétiens. Quoi qu'il en soit, il n"y a guère lieu de douter
que, depuis l'an 725 au moins, la Seplimanie n'ait été
régulièrement constituée en province arabe, et gouvernée
selon les lois communes de la conquête musulmane. Cet
étal de choses se maintint, malgré diverses vicissitudes
de revers et de succès, jusqu'à l'époque de l'attaque de
Narbonne par Charles-Martel (757). Le vainqueur d'Ahd-
er-Hahman trouva naturellement des alliés dans tous les
chréliens des environs de Narbonne; les montagnes des
ports orientaux se couvrirent de soldats qui s'emparèrent
des passages et interceptèrent toute communication entre
la garnison de Xarbonne et les Arabes d'Espagne.
Il devint, dès lors, de jour en jour plus ditlkile de
maintenir la conquête arabe' au nord de Narbonne; mais
il est hors de doute que la domination musulmane fut ré-
tablie en Roussillon et qu'elle s'y maintint, à titre d'occu-
pation armée, jusqu'en 750.
La ville de Narbonne, bloquée par les troupes frankes
de Pé[)in et par les Goths révoltés de la Septimanie, lut le
dernier refuge des Arabes de cette frontière. Les commu-
nications étaient interrompues entre elle et l'Espagne, et
Soulevmau-ben-Cliebab(|ui marchait à son secours, en 756,
fut arrêté aux passages des l'vrénêes et périt avec presque
toute son armée. Cette perte était dilllcile à réparer. Ce-
pendant, les Arabes de Narbonne, bien qu'abandonnés à
eux-mêmes, ne succombèrent que par la trahison. Les
chrétiens de cette cité |iartageaient avec les nuisulmans la
défense de la place, lis eurent des intelligences avec les
assiégeants et s'engagèrent à leur livrer la ville, à la con-
' Fm- caila diu mas dificil la cmprcsa de manlcner la roiit|iiisla «le a(|iiella
tierra , que en rano se cansa quien (rabaja contra los elornos decretoi.
(('.onde, I ,20.)
281
dilioii iiu'oii leur laisserait la libre jouissance de leurs -pro-
pres lois', cl probablement aussi d'autres privilèges moins
ordinaires que celui-là ^75'Jj. Les Sarrasins Curent aussitôt
chassés de toide ht GoUiie-, c'est-a-dire de tout le pays
entre Narbonne et les Pyrénées. Il y a même lieu de croire
que les Franks pénétrèrent alors jusqu'à Gérone. Mais ce
ne fut qu'un succès éphémère, et le jioussillon seul resta
soumis aux rois frani\S à partir de celte époque.
« Les Arabes , dit .M. de Gazanyola , ne doivent avoir
laissé dans le Roussillon, d'autres traces de leurs fréquents
passages et de leur court séjour, que la dévastation des cam-
pagnes, l'incendie des édihces et la destruction des villes;
nous ne saurions donc leur attribuer aucune inlluence heu-
reuse sur notre civilisation. » (Hist. du liuussiU., p. 80.)
Ce jugement, que tout confirme d'ailleurs, nous dispensera
d'entrer dans de longs détails sur le système administratif
appliqué par les Arabes dans les pays (pi'ils avaient conquis.
L'Espagne, qui n'était alors qu'une dépendance de l'Afri-
que, conserva la division en cinq provinces établie par les
Wisigolhs. La Septimanie forma la sixième, et chacune
d'elles eut son ivali particulier, revêtu du pouvoir civil et
du pouvoir militaire, et ayant sous ses ordres des gou-
verneurs locaux, établis dans les villes ou bourgades sous
le nom de caïds. Le Mali de ^'arbonne était appelé Régent
par les Goths habitants du pays.
Il est probable que la population musulmane, en ce qui
concerne l'ancien diocèse d'Kbu', se réduisit à la garnison
laissée dans celle ville et dans les châteaux les plus inqjor-
tants. Les conquérants de la Septimanie sont toujours
appelés ^'armsms par les documents chrétiens de cette épo-
que. Quant aux anciens habitants, tous, Romains ou Wisi-
' Dnloqiic sairameiilo Golliis. . iil. . . (n'iniiltcicnl cos lejem suam habcre.
(Annal. Moissiac, an. 7o9.)
2 Pi|)|)iniis... Naibiinain obliiiuit; cxpiilsisiiue do lolà GotldA lioiiiiiiilnij
illis, rlirislianos lie servirio SarraceiKiiimi liberavit. (Annal. Melens.J
2s:.
i,'olhs, se (loniièiTiil le nom île (iolhs el se direiil eoiii-
miinément Chrétiens pour se distinguer des Arabes. Toute
ville soumise payait un tribut de guerre annuel (kitaradj),
qui variait du dixième au cinquième du revenu des terres
et des immeubles. L'exercice de la religion chrétienne était
libre dans l'intérieur des églises. Les lois anciennes du pays
étaient maintenues, et elles étaient appliquées par des
olliciers choisis entre les liabilaiits. (le point im[)ortant
est aussi l'un des mieux constatés*.
Dénomin.vtioas géographiques. — Les Arabes don-
naient le nom de Grande Terre aux pays situés au nord
de l'Espagne, et, au besoin, à toute la Gaule le nom de
Frandjal : aussi appelaient-ils indistinctement /•rrt?îf(/' ou
Efrandj, tous les habitants de la Septimanie. C'est le nom
(Gens Francornni) que leur appliquent aussi les chrétiens
espagnols du viii^ siècle, qui donnent encore alors à la
Septimanie le nom de Gaidc Xai'bonnaise (Isidore, Ro-
deric, etc.). Quant aux écrivains franks, ils désignent ce
pays sous le nom de (ïolltic (75T-7o!2).
Les Arabes ne connaissent la chaîne des Pyrénées que
sous le nom de monts el-Baskens (des Vascons), a l'occi-
dent, et monts al-Bortàt (des ports ou passages), dans la
[)artie orientale. Leurs géographes- ne citent que les noms
des villes û'Elcna et Cancoliberi dans l'ancien Roussillon;
la ville de la Porte ou du Passage (Médinel-el-Bâb) , dans
les montagnes, la même qu'Isidore de Réja appelle Ccrri-
tancnsc oppidum{Q\\ 751), ne peut s'entendre que de Livia.
Il existe, en outre, un document imporlant pour la géo-
' Muljjrc ors (jaranlies, le l{oii<sillon ni- ;)nsso(lc aujourd'hui aucun
mnnuinent dont la conslruclion puisse l'Iie aUrilxicc avec cerliludc à ceUe
t'|)0(|Ui'. G l'st >|up, pendant plus de ciii(|uaMle ans après la rnnijiièle de
l'ipiu, l'o pnvs eul encore à suhir «les invasiiins leiribles ; voilà pourtpioi.
clans le ix' siècle, il csl dit si sutiveul t|ue les l'ayriis nul ravajje ol détruit
les ofîlises, el ipie lis Aliliès ont tiré leuis celluKs (x trcmi vastilale.
- Coude, lili. I , cap. Tû .
2H6
graphie d(» ceiti' périodo , dans une enqurte testimoniale
faite en 879, pour rétablir des litres perdus. Les témoins
y déposent que certains individus avaient vendu (vers l'an
841) aux moines d'Exalada, le villar Pauliannm ou Polia-
ntun, dont ils avaient hérité de leurs pères et grands-pères,
flls de Mascaran, qui le possédait ' sous le riyne d'Anmar,
lorsque Ihin-Aumar rétjissail Aarbonnc. l)om Vaissète et
M. de Gazanyola n'ont vu ici qu'un acte l'ait sous le règne
d'Omar II, mort le 10 février 720. On sait, en effet, que les
historiens arabes rapportent à Tan 7 1 9 la prise de Narbonne,
fixée à l'an 721 par tous les chroniqueurs chrétiens. 'Mais
l'administration arabenepouvaitpas, dès l'an 7 19, être aussi
bien établie à Narbonne que le donnerait à entendre le do-
cument en question. Nous le rapporterions plutôt à l'an 754.
A cette époque, un certain Amer-boi-Amrou, s'étant révolté
contre le vvali d'Espagne, s'empara de tous les pays au nord
de l'Èbre, et donna le gouvernement de Saragosse à son fils
Wahib. Il avait pu de même donner celui de Narbonne à
im autre de ses fils, ce qui expliquerait la formule : Aumar
(Amer) régnant, le fils d' Aumar régissant Narbonne. Mais
nous attachons peu d'importance à cette question de date;
il nous sullit que ce document se rapporte à l'époque de
la domination arabe en Roussillon : ce qui ne saurait être
mis en doute. Or, nous croyons avoir prouvé ailleurs* que
le villar Polianum ou Pauliamim du viii'^ siècle, n'est autre
que le lieu de Folianum ou Fauliamim, aujourd'hui appelé
Fulhà, dans le Confient. Il en résulte que, |)endant l'occu-
pation arabe, les limites de la INarbonnaise comprenaient
tout le bassin de la Tet; et, comme les Arabes et les^Visi-
goths, leurs prédécesseurs, n'avaient rien innové à cet égard,
on doit considérer cette limite comme la seule qui ait été
reconnue pour cette province sous la domination romaine.
' lit tcuiierunt ad proprium tempore qno rognavit Aiiinar, Ibinauniar
rcjjenlc Nurbona. (Marca, 40.)
2 Journal des Pyrénées-Oritntates , 16, 20, 23 et 27 octobre ^SSS.
28-;
LE MARIAGE DE LA VILLAGEOISE,
ÉPISODE
TRADUIT DU PR.€DWM RUSTICUM DU P. VANIKRE,
Par JM. li. FAnnK, rrdfissfur an Ckilléçe de PiTpii;nan,
Secri'Uive de la Société.
La fille du villa£;c est à peine nubile,
Qu'on la voit s'empresser et devenir utile.
De sa robuste mère imilant les travaux,
Elle aime à manier la serpe et les râteaux.
Ni la pourpre ni l'or n'entrent dans sa parure;
Point (le cheveux d'emprunt... C'est la simple nature,
Sans les dons de Saha, ni de riches atours.
Comme elle est femme enfin, à l'âge des amours,
Elle veut plaire aussi, mais sans art; une rose
Qu'elle cueille en un champ, qui sur son sein repose.
Est, aux jours l'ériés, son plus bel ornement.
Auprès d'un clair ruisst?au, qui coule lentement,
On la voit ajuster sans fard, sans artifice,
De ses brillants cheveux le modeste édifice,
Qu'embellit de son front la naïve pudeur.
Ce n'est point en beauté, c'est en force, en valeur.
Qu'elle veut exceller et vaineri' ses compagnes;
El bienlùt, ces trésors, qu'admirent les campagnes,
Des jeunes villageois attirant tous les yenx,
Lui donnent un époux riche et laborieux.
De l'hvflien, en effet, quand la puissanle flamme.
Soudain d'un chaste amour vient surprendre son âme,
Pour l'enginrer, enfin, dans des liens charmants,
Dès laube matinale on voit les deux amants.
'288
li'àgc à peu près égal cl d'égale tendresse,
Accourir dans les champs, transportés d'allégresse.
Cherchant à se parler, ou, tandis que leurs mains
Du cep avec ardeur détachent les raisins,
Ou ([uand l'épi doré tombe sous la faucille.
La première au travail, la rude jeune fille
Guide les moissonneurs, qu'animent ses discours,
Et, malgré leurs efforts, les devance toujours.
C'est ainsi qu'elle veut plaire à celui qu'elle aime.
De ses tendres regards la poursuivant lui-même,
11 s'applaudit tout bas d'en être devancé.
Tantôt, d'un ton qu'il feint de rendre courroucé,
Il se plaint des épis, que sur la terre on laisse.
C'est afin qu'à sa voix, sa vaillante maîtresse.
Tourne soudain vers lui ses yeux avec son cœur.
Aux heures du repos, quand chaque moissonneur
S'abandonne au sommeil sur l'herbe douce et tendre,
Que font nos deux amants? Il faudrait les entendre.
Engagés dans le cours d'un aimable entrelien.
Parler de leurs projets, des soins qu'exige un bien.
Des moyens de tenir, de régler un ménage,
De ne point dissiper même un faible héritage.
Pour nos deux jeunes gens, enfin, brille le jour.
Où leurs parents, instruits, charmés de leur amour.
Les croyant dignes, lui, de la vaillante fille,
La fille du garçon, consultent la famille.
Et bientôt un contrat, qu'on signe avec transport.
Des jeunes fiancés fixe à jamais le sort.
Pour l'hymen, cependant, tout s'agite et s'apprête :
Des villages voisins accourent à la fête,
Oncles, cousins, amis, laboureurs, pastoureaux.
Apportant aux futurs de rustiques cadeaux.
Du jour tant désiré on voit paraître l'aube :
Le prêtre impatient, revêtu de son aube.
Accuse leur lenteur, debout près de l'autel.
Tandis que tous les deux, sur le seuil paternel,
289
Se prosternent aux pieds des auteurs de leur vie.
De ce pieux respect, émus, VAme ravie.
Ceux-ci, levant vers Dieu, leurs âmes et leurs mains,
Conjurent de roncort le Père dos humains
De l'aire à cos iMilanls une. htMirciisc existence,
Qui soit de leurs vcriiis la digne récompense.
On pari... Un rulian liieu, de rose nuancé,
Orne le feutre gris du jeune fiancé;
Elle, les yeux baissés, des fleurs à la ceinture,
Marche timidement, gênée en sa parure.
On arrive à l'aiilel, on se met à genoux:
Le prèlre bénissant les deux nouveaux époux.
Unit, enfin, leurs mains, par le soleil hâlées,
Et que n'a pu blanchir l'eau pure des vallées.
Quand ils ont bien promis de s'aimer devant Dieu,
Les flûtes, les hautbois, la jeunesse du lieu,
Les ramènent en corps : ses compagnes, l'épouse,
Les garçons, le mari. Sur la verte pelouse,
Suivant un vieil usage, en nos climats transmis.
Ils font asseoir le couple, étourdi de leurs cris,
Sous un orme toufl"u, dont l'immense feuillage.
Depuis plus de reni ans protège le village.
Aux regards de \i\ foule, en cercle se pressant,
L'épouse étend la main, et verse en rougissant,
Quehiues grains de blé pur sur la tète inclinée
De son heureux époux, (|ui, ITune fascinée.
Lui répète tout bas les plus tendres aveux.
Puis, timide el tremblante, elle exprime des vœux
Pour la prospèi'ilé du nouveau mariage,
Et rajiporte un gâteau, symbole du ménage.
Parmi la foule, alors, queliiues gens mal appris.
Sont prêts à s'égayer sur le sort des maris ,
Si l'époux, prudemment, avec (|ueli|ue monnaie,
Ne romprinu' snuilain leur audace eiïréiu'e.
Qui cède t(iiit-;'i-|';iii -i (pieliiues brocs de vin.
Mais sur table servi déjà fume un festin.
Que n'nni point enrichi les marchés de la ville,
19
290
Sompluciix, lontefois, siicculeiil el facile:
Pour la première l'aini, un mouton, un chevreau,
Sont, en effet, venus, chacun de son troupeau.
La fermière d'ailleurs, pour cette circonstance,
Réserva des poulets "gras, de helle apparence;
Des chapons bien nourris; de superbes canards,
Dont l'aspect aussitôt attire les regards;
Et pour rendre complet ce festin délectable,
Vers la tin du repas paraissent sur la table.
Des figues, des gâteaux, un fromage mollet,
Des châtaignes, des noix et quantité de lait.
Ces mets ex(|uis, le vin qu'on verse avec largesse,
Tous seuls n'excitent pas la commune allégresse;
Ce sont des quolibets, des chansons, des bons mots,
Des rires éclatants, des verres et des pots,
Que l'on casse à dessein, des vers que l'on déclame,
En l'honneur de Monsieur el surtout de Madame.
Puis, la nappe enlevée, on joue, on court au bal:
Ce sont de nouveaux cris, un joyeux bacchanal.
Qui troublent le sommeil de tout le voisinage.
Le récit qu'on en fait de village en village.
Occupe les esprits, qui, pendant plusieurs jours,
A la veillée, aux champs, n'ont pas d'autres discours.
On souhaite aux époux une longue existence,
El d'enfants dignes d'eux une heureuse abondance.
»®®B^r—
2'Jl
L'AUTISTE RECONNAISSANT,
ANECDOTE HISTORIQUE,
Par M. I.ovi« Faobe, Professeur au Collège de Perpignan,
Secrétaire de la Société.
Ce que Paris nomme Champs-Elysées,
N'est pas toujours peuplé de hienheureu'x.
A rencontrer les preuves sont aisées.
Heureusement, quelque cœur généreux
S'y trouve encor. Voici ce que naguère
Dans un journal je lus aux laits divers:
Un beau Monsieur, son épouse et sa mère,
Se promenaient sous les ombrages verts
Que de ses eaux alimente la Seine.
IJe tous côtés il portait son regard,
Quand il découvre une bien triste scène:
C'est. un pauvre homme, ou plutôt un vieillard.
Propre et pourtant annoncanl l'indigence.
Un violon, qu'avec peine il raclait,
•îetait au vent, implorant l'assistance,
Ite maigres sons ipie pas un n'écoulait.
A cet aspect, se creusant la mémoire,
Le beau Monsieur y cherche un souvenir-
Puis, tout-à-coup : C'est à ne p;,s y croire!
Uxclame-f-il; et, sans plus rélléchir.
Il court au vieux : Ecco mi, mon cher Maître!
rtil-il d'abord , c'est moi, c'est Borsari !
Ail, .lacomo! Pourrais-tu méconnaître
Celui qui lut Ion élève chéri.
Qui lient de toi savoir, gloire, richesse?
il
20-2
Premier Dassu délia Scale, à Milan,
J'y fais fureur, el la ville ne cesse
■pe m'aiiplatidir, d'exalter mon talenl,
Et me voici maiiitenanl en vacances!
— Je me souviens, lui répond l'indigent;
Tu n'as donc pas trompé mes espérances,
Cher Borsari! Des bra\ûs, de l'argent
IHeuvenl sur toi!... Cela seul me console
De tous les maux que j'ai vus m'assaillir.
— Toi, dont jadis le talent lit Ecole,
Cher Maestro! Peut-on sauï- tressaillir
Te voir ainsi prostituer la gloire?
A cet état comment es-tu réduit?
Cher Borsari! c'est une triste histoire :
Vers l'Orient, par un démon conduit.
J'ai parcouru la Grèce et les Cyclades,
Accompagné d'un essaim de chanteurs;
Mais la plupart, bientùl morts ou malades.
Me laissent là , quoique mes débiteurs.
Dès cet instant, j'entrevis la misère;
Car, je trouvai, pauvre impressario,
Ma caisse, hélas! chaque jour plus légère,
Pour solde, enfin, n'offrir rien qu'un zéro.
Je revenais; le vaisseau lit naufrage;
J'eus à courir mille el mille dangers;
Mais, Dieu m'aidant, je gagnai le rivage,
Avec, je crois, cinq ou six passagers.
N'ayant en tout conservé (|ue ma vie.
Le même jour, par un destin fatal,
Je suis saisi d'une paralysie.
Qui me retient six mois à l'hôpital.
J'étais guéri; du moins je croyais l'être,
Lorsque je fus amené dans Paris
Par un Français qui m'avait eu pour maître.
Mais de mon sort qui ne serait surpris?
Mon protecteur, au bout d'une semaine.
Meurt et me laisse à mon malheur livré.
Que devenir? Avec bien de la peine
Va bien dos pas, j'ôliiis ciiliii enli'ô
Dans un Ihéâlro, où j'avais de quoi vivre.
Jp respirais et je crus un momeiH
Que le malheur cessait de me rf;
Mais vain i'S|ii)ir! Une imit ijur ^m. ,, !it,
Après souper, je regagnais ma chambre,
Le mal aflrcux que j'avais cru chasser
Me ressaisit, m'enchaîne chaque membre.
A mon Ihéàlre il faillit renoncer;
Et depuis lors en proie à la misère.
Toutes les fois que mon infirmité
Me le permet, ce qui n'arrive guère,
Je viens ici, par la faim excité,
Gonime lu vois, niendiei' à la ronde. —
L'Elève ému fouille dans son gousset;
N'y troKv.uil pas une somme assez ronde:
— Maiire, dil-il, peux-tu de ton archet
Accompagner l'air de la calomnie?
— Tant bien que mal; mais je puis le tenter.
— Courage donc! Le Dieu de riiarmonie.
J'en ai l'espoir, voudra nous assister. —
Et le Dasso, d'une voix éclatante,
Acceninée et d'un timbre enchanteur,
Atla(|U(i l'air. Chaque note vibrante
Fait accourir maint et maint auditeur.
Auloiir de lui |,i foule croit, s'amasse,
Tous les cafés son! soudain désertés;
(loupé, calèche, enliii loul ce (|ui passe
S'arrête là... Séduits et transportés.
De beaux Messieurs en descendent sans cesse.
A cet aspect, le vieillard (oui ému
A retrouvé sa première soujdesse;
A ses trente ans il se croit revenu.
Son violon, sous l'archet électrique.
Rend de^ accords à pénétrer les conirs.
Charmant duo, que rendent plus magique
D'un blond soleil les mobiles lueurs.
Qui, rayonnant à travers le feuillage.
29i
Sur ce taldcau, transportent tous les sens
Aux lionls (lu Tibro, liarnioiiioux rivair»'.
Où tout t'st beau, soleil, vfi'diiro et chants.
Ils ont cessé... L'auililoire immobile
Écoute oncor. Il éclate à la lin,
El ses bravos vont émouvoir la ville.
Notre Basso se découvre et soudain
Dans son chapeau lait la quête à la ronde
r/était à voir! Dans sa bourse ([ii'il tient
lïhacun choisit. Bref, parmi tant de monde,
Pas un, je crois, de donner ne s'abstient,
Aux mains de tous l'argent, l'or étincelle ;
Beaux empereurs, républiques et rois
Dans le chapeau s'entassent pèle-mèle;
Notre chanteur les en lire à la fois.
Alors plus lier (|u'un Manpiis ou qu'un Comte,
11 court au Maître et les lui donne tous.
— Tiens, lui dit-il, ce n'est là qu'un à-compte;
En attendant viens dîner avec nous!
295
LE DERNIER AMOUR ,
Par j\]. ilOSEPH ISlRTIill, membre résidant.
L'amour, ce séduisant mirage,
Qui nous berce aux jours du printemps,
Lorsque arrive l'hiver de l'âge.
S'envole sur l'aile du temps;
Le souvenir de la chaumière
Où nous avons reçu le jour.
Survit, jusqu'à l'heure dernière.
Aux charmes du premier amour.
Chacun , aux lieux de sa naissance ,
Trouve dos siles enchanteurs;
Méry célèhre la Provence,
Pétrarque, l'Italie en lleurs;
A tous les pays, je préfère
Le Roussillon, ce beau séjour;
C'est celui de ma bonne mère;
11 sera mon dernier amour.
0 Roussillon, terre chérie!
Ta mer, les monts, ton ciel d'azur.
Ta plaine richcnieul lleurie.
Ton climat si doux et si pur;
Oui, tout en toi provoque, insiiire
Les chants joyeux du troubadour:
Tu reçus mon premier sourire.
Tu seras mon dernier amour!
LISTE DES MEMBRES
COMPOSANT
LA SOCIETE AGRICOLE. SCIEMIFIQUE ET LITTEHIIRE
DES PYRÉIVÊE8-ORIE!VTAIiES.
Hemltrcis lionoruircs.
1835. M. Mathieu, C. ^, membre de VInsfitut.
1836. M. GuizoT, C. ^, membre de V Académie française.
Uembree* résidants.
1854. M. Abblard, professeur à l'École-Normalc.
1853. M. Alart, secrétaire de rinspertion Académique.
1833. M. Alzine, imprimeur-libraire (/'')'.
1857. M. A.MADIS, professeur au Collège.
1853. M. Argiot (Jacques), homme de lettres.
1855. M. AsTOR, professeur au Collège.
1857. M. AsTORS (François), propriétaire.
1859. M. Auberge (François), médecin principal en retraite.
1853. M. AuDUSso.N (Olivier), propriétaire.
1838. M. AuGÉ, *, capitaine d'artillerie en retraite.
1854. M. AussEL, professeur au Collège.
1846. M. AzÉMAR, propriétaire.
1836. M. Bach, ^ , colonel d'artillerie en retraite.
1857. M. Harberet, inspecteur d'Académie.
1833. M. Batlle, négociant (F).
1855. M. Bédos, avocat.
1833. M. Béguin, directeur de l'École-Normale (F).
' Les roBdateurt de la Société sont désignés par la lettre F, qui est  la suite de leur nom
2;>8
J8Ô8. M. Bensa, clianoine honoraire, pt-ofesseur de |.|,ilo.op|,io
el (le (héologie au Grand-Séminaire.
1853. M. Bertkand-Balanda, propriétaire.
1857. M. BOCA.MY, docteur-médecin.
1853. M. BoNAFos, docteur-médecin.
1847. M. BoNNEFOY (de), propriétaire.
1856. M. Boix, maître en pharmacie.
1855. M. BoucABEiLLE, aumônier de l'École-Normale.
1835. M. Bouis, ex-professeur de chimie.
1830. M. Bjiesson, propriétaire.
1833. M. Gaffe, architecte de la ville de Perpignan (F).
1855. M. Galvet, agronome.
1857. M. Cayrol, employé des Gontributions indirectes.
1848. M. Ghapé, lithographe.
1835. M. Gompanvo père, docfenr-médeciji.
1853. M. Gompanyo fils, docleiir-médecin.
1854. M. GoNTE (Félix), propriétaire.
1840. M. GosTA (Léon de), chef de Division -, la Préfecture.
1847. M. GuiLLÉ, directeur de la Ferme-École.
1853. M. Badins (Sauveur), propriétaire.
1855. M. Delhoste, vicaire de la Gathédrale.
1848. M. Després (Antoine), propriétaire.
1854. M. Durand (Justin), «, banquier, député au Gornc.
Législatif.
1850. M. Escallar (d'), propriétaire.
1841. M. Eychenne aîné, propriétaire.
1849. M. Fabre, proiesseur au Gollége.
1833. M. Fauvelle, sondeur (F).
1857. M. Ferrer (Léon), pharmacien.
1854. M. Fines, chanoine titulaire du diocèse, supérieur du
Grand-Séminaire.
1857. M. Flotte (de), directeur du Haras.
1853. M. Garrette, banquier.
18i8. M. GouELL, docteur-médecin.
299
1859. M. Granier de Gassagnac, chanoine honoraire, priacii<al
du Gollég;e de Perpignan.
•1854. M. Jaume (Amédée), notaire.
1854. M. Jouy-d'Arnaud, ^, maire de Perpignan.
1850. M. Labau, propriétaire.
1836. M. Lacombe Saint-Michel, propriétaire.
1854. M. Lacroix (Ferdinand), avocat.
1854. M. Lafabrègue, juge.
1850. M. Lamer (Jules de), propriétaire.
1859. M. Lassus Saest- Génies (le liaron de), *;, préfet du
département des Pyrénées-Orientales.
1841. M. Lazerme (Charles), propriétaire.
1853. M. Llobkt (Joseph), propriétaire.
1834. M. Lloubes (Auguste), ^, banquier.
1853. M. Lloubes (Jean-Jacques), ^, banquier.
1854. M. LuTRAND, professeur au Collège.
1835. M. Massot (Paul), docteur-médecin.
1853. M. Massot (Aimé), docteur-médecin.
1841. M. Mattes, inspecteur des Ecoles primaires.
1846. M. Méric (François), homme de lettres.
1847. M. Morer, archiviste du département.
1853. M. MuxART (Auguste), avocat.
1835. M. Passama, docteur-médecin.
1858. M. Philip, chanoine titulaire du diocèse.
1836. M. PicAS aîné, avocat.
1857. M. Retoès-Audusson, propriétaire.
1853. M. Rires, directeur de l'Ecole primaire supérieure.
1853. M. RoBiLLARD (de), G. ^, colonel commandant la place
de Perpignan.
1853. M. Robin aine, pépiniériste.
1855. M. RocA (RigobiTl), chanoine honuraire, iiumùnier du
Collège.
1858. M. RouFFiA (Joseph), instituteur.
1854. M. Saint-Victor (de), propriétaire.
300
1859. M. Saignes (Justin), litliogniphe.
1853. M. Saléta, ^, capitaine de cavalerie en retraite.
1854. M. Sai'vy (Joseph), ncirociant.
1853. M. SiAU (Antoine), propriétaire.
1833. M. SiRVEN, économe des Hospices de Perpignan (F).
185i. M. Talayrach (Joseph), avocat.
1855. M. Tarrès, docteur-médecin.
1834. M. Tastu-Jaubert, avocat.
18(iO. M. Tastu (Antoine), ingénieur ordinaire des Ponts-et-
Ghaussées.
1856. M. Vallarino (Jean), négociant.
1841. M. ViLALLONGUE (Sylvestrc), négociant.
Membres résidants n'babitant pas Perpignan.
1857. M. Arago (Antoine), maire d'Estagel.
1856. M. Barrére, propriétaire, à Bages.
1858. M. Besombes (Joseph), négociant, à Saint-Laurent-de-la-
Sa la n que.
1859. M. Camps, curé, à Candies (canton de Mont-Louis).
1856. M. Carbonell, propriétaire, à Pé/.illa-de-la-Rivière.
1853. M. Casamajor, curé, à Canaveilles.
1857. M. Conte (Joseph), propriétaire, à Estagel.
1859. M. CouRTAis (Pierre), instituteur, à Port-Vendres.
1859. M. Déperaud (Jean-Pierre-Marie), 0. ^V , capitaine de
cavalerie en retraite, à Caudiès (canton de Saint-Paul).
1853. M. Durand (Laurent), propriétaire, à Saint-Nazaire.
1853. M. Durand (Jacques), propriétaire, à Saint-Nazaire.
1856. M. Duverney, propriétaire, à Espira-dc-PAgly.
1846. M. GiNESTOUs (Marquis de), propriétaire, à Caladroy.
1847. M. GiRVÈs (Sauveur), propriétaire, à Vinça.
1857. M. Guisonier-Passama, propriétaire, à Pia.
1857. M. Malé, vétérinaire à la Ferme-École.
1856. M. Malègue, propriétaire, à Pézilla-de-la-Rivière.
301
\^'û. M. .M.AïuA (Jean), |iro|irié(;iire, à Tluiir.
1858. M. Makiano (Coiishmlin), |iropri.'l;iire, à Peyreslorles.
1858. M. Marquy fils, ijépiniérislc, à Ule.
1858. M. NoGuÈs, juge de paix, à Olelte.
1858. M. Pla, juge de paix, à Sainl-Paul.
1858. M. Saillens, notaire, à Vinça.
1858. M. ToLRA DE Boudas (Joseph), prêlre, professeur de
rhétorique au Petit-Séminaire de Prades.
La Société est divisée en quatre Sections.
U^ Section.— Agriculture, sous-section d'Horticulture.
2">e Section. — Sciences physiques et naturelles.
Sn-e Section. — Belles-Lettres et Archéologie.
4™e Section. — Industrie, Commerce et Beaux-Arts.
Membres eorrcspontlantM.
1830. M""' Lafabrégie, naturaliste, à Lyon.
1839. M-ne Tastu (Amable), à Paris.
1839. M'-" ViEN (Céleste), à Paris.
1840. M™« Faure (Anaïs), née Biu, à Limoux.
1842. M'i" Favifr (Eulalie), à Marseille.
1833. .M. Armon VILLE, secrétaire du Conservatoire des Arts et
Métiers, à Paris.
— M. Arvers, -ijv, ancien pharmacien militaire, à Perpignan.
— M. Bastard, docl.-médecin, à Châlonnes (Maine-et-Loire).
— M. Roi'RKK, géologue, à Paris.
— M. CuAi'SAL, prêtre, à 111e (Pyrénées-Orientales).
— M. Christol (Jul. de), professeur d'histoire naturelle, à
Montpellier.
— M. Des Moulins (Charles), membre de plusieurs sociétés
.savantes, à Lanqnais.
302
1833. M. Denis de Saint-Antoine, ijrésiilenl des relations inté-
rieures do la Société de CiviUsatmi, à Paris.
M. DiAs DE Morales, ancien député aux Corli's,àMarseille.
— M. Ferrus, ancien principal du Collège de Perpignan (F).
— M. Fraisse, de Perpignan, direct, des postes, à Cette (F).
— M. GoiJGET, chirurgien-major au 47» de Ligne.
— M. Ivan (Michel), docteur-médecin, à Digne.
— M. JuLiA, de Perpignan, profess. de langues, à Alger (F).
— M. Marcel de Serres, prof, de géologie, à Montpellier.
— M. SiAU, de Perpignan, ingénieur en chef des Ponts-et-
Chaussées en retraite, à Bordeaux.
— M. TouRNAL, géologue, à Narbonne.
— M. Vène, ingénieur des mines, à Toulouse.
1834. M. BoiSGiRAUD, professeur de chimie, à Toulouse.
— M. César-Moreau , directeur fondateur de la Société fran-
çaise de Statistique, à Paris.
— M. Gros, avocat, à Carcassonne.
— M. Delestre, président de VAthénée Impérial, à Paris.
— M. DupuY, *, colonel d'état-major on retraite, à Toulouse.
M. Godde de Liancourt, président de la Société universelle
de Civilisation, à Paris.
— M. IzERN , de Perpignan , membre de plusieurs sociétés
savantes , à Paris.
— M. PcjADE, *, docteur-médecin, à Âmélie-les-Bains.
— M. Poulain, chirurgien en chef.
— M. Salin, contrôleur do la monnaie des médailles, à Paris.
— M. Xatart, pharmacien, ;\ Prals-de-Mollo.
1835. M. ÂRAGO (Etienne), de Perpignan, homme de lettres.
— M. Chenu, chirurgien-major au 12« Chasseurs.
— M. Combes, docteur-médecin, à Toulouse.
— M. Enselv, docteur-médecin, à Castolnaudary.
— M. Gallay, * , do Perpignan , professeur de cor à VÉcole
Impériale de Musique, à Paris.
— M. Gallv-Cazalat, professeur de physique, h Versailles.
303
18*35. M. GuiNARD ;iîiié, pliorniai-ioii, h liordeaux.
— M. GiiiTER, d»^ Perpignan , ancien notaire.
— M. GuvoT DE Fére , secrélairo perpétuel de la Société
d'Eneouragetnent, à Paris.
— M. Itier, naturaliste, directeur des douanes, à Montpellier.
— M. Lecoq, professeur de botanique, à Glei'raont-Ferrand.
— M. Leucotte, capitaine d'état-major, à Paris.
— M. Maurin (Antoine), de Perpii^nan, litho^fi'ajdie, à Paris.
— M. Maurin (Laurent), de Perpignan, lilliograplie, à Paris.
— M. Michel, capitaine au 17e je Ligne.
— M. RiGAUD (Esprit), de Perpignan, avocat à la Cour de
Cassation, à Paris.
— M. RiBEs, de Perpignan, professeur à la Faculté de Méde-
cine de Montpellier.
— M. Sarrus, doyen de la Faculté desSciences de Strasbourg.
1836. M. Aleron, naturaliste, à Perpignan.
— M. Breghotdu Lut, conseiller à la Cour Impériale deLyon,
membre de V Académie Impériale de la même ville.
— M. Cachelièvue, ingénieur des mines.
— M. Calmètes, *, de Perpignan, conseiller à la Cour de
Cassation , à Paris.
— M. Chevrolat (Auguste), membre de la Société Entomo-
logique de France, à Paris.
— M. CoRNUo, cliirurgien-major au 85« de Ligne.
— M. Delocre, docteur-médecin, à Lyon.
— M. Denizart-Hurtzel , propriétaire, à Lille.
— M. Duffourc, *, colonel du génie.
— M. JuLiA, de Perpignan, capitaine d'artillerie, -h Alger.
— M. Lacroix, ifi?. de Perpign;ni, oonseillor à la Cour Im-
périale do Moiilpellier.
— M. Llanta, de Perpignan, lithographe, à Paris.
— M. Merch, trésorier de la Société Linéenne de Lvon.
— M. MuLZANT, professeur d'entomologie au Lycée et à la
Faculté des Sciences de Lvdii.
304
1830. M. Parés (Théodore), 0. Si; , de Perpignan, ancien pro-
cureur-général, à Montpellier.
— M. Pkuicaud, bibliothécaire de la ville de Lyon, membre
de Y Académie Impériale de la même ville.
— M. RouFFiA (Côme), maître de pension, à Millas.
— M. Thurbert, ingénieur des mines.
— M. Walter, ingénieur civil, professeur à VÉcole des Arts
et Mamifartiires, à Paris.
1837. M. Barrau, homme de lettres, à Toulouse.
— M. BoLUix, de Perpignan, capitaine de frégate, à Toulon.
— M. Jasmin, homme de lettres, à Agen.
— M. Mercadier aîné, lithographe, à Toulouse.
— M. Reboul, homme de lettres, à Nîmes.
1838. M. Bonafos, docteur-médecin, à Sigean.
— M. DuROSOY, inspecteur des mines.
— M. DuviGNAU, homme de lettres, à Agen.
— M. Grenier, docteur-médecin, professeur d'histoire natu-
relle, à Besançon.
— M. Vaillant, dessinateur, attaché au Muséum d'Histoire
naturelle, à Paris.
1839. M. Brochier, capitaine du génie, à Paris.
— M. Cadilhac (Désiré), à Puisségur, près Béziers.
— M. CouBART d'Aulnay, membre de Y Athénée des Arts, à
Paris.
— M. Du Mége (Alexandre), secrétaire-général de la Société
Archéologique du Midi, h Toulouse.
— M. MiCHAUT, naturaliste, capitaine au 10« de Ligne.
— M. Terrevert, naturaliste, à Lyon.
1840. M. Arago (Alfred), sous-inspecteur des Beaux-Arts, à
Paris.
— M. JouLiA (Henri), maître de pension.
— M. Monzic-Lasserue, doct. -médecin, à Ceux (Dordogne).
1841. M. François, ingénieur des mines.
— M. Fontan, docteur-médecin.
305
1841. M. Moquin-Tandon, naluralisle, à Toiilouso.
— M. Vienne, bibliothécaire de la ville de Toulon.
1842. M. Benêt de Peratjd, docteur-médecin, à Paris.
— M. Gellé, professeur h l'École Vétérinaire de Toulouse.
— M. Godard, naturaliste, capitaine adjudant-major au 67^
de Ligne.
— M. L.\UGiER, attaché à l'Observatoire de Paris.
— M. Petit, directeur de l'Observatoire de Toulouse.
— M. PoNCY, ouvrier maçon, homme de lettres, à Toulon.
— M. Selva (Prosper), *, de Perpignan, capitaine de
vaisseau, à Paris.
1843. M. D'Ombre-Firmas, d'Alais.
— M. Pagès-Roudière, docteur-médecin, à Perpignan.
— M. PA.SSAMA, ih, de Perpignan, capitaine de frégate.
— M. Massot-Retoier, *, de Perpignan, procureur-général
à la Cour Impériale de Rouen.
— M. SoLLiERS (Félix), homme de lettres, à Paris.
'1844. M. Rouis fils, de Perpignan, professeur de rliimie , à
Paris.
— M. Didier (Petit), de Lyon.
— M. Perev (Alexis), professeur de mathématiques, à Dijon.
— M. Robinet, membre de V Académie Impériale de Médecine.
1847. M. Ivat, avocat à la Cour Impériale de Paris.
— M. Renard de Saint-Malo, de Perpignan, avocat à la
Cour de Cassation, à Paris.
1848. M. Laurence, principal du Collège, à Mont-de-Marsan.
— M. Lefranc, homme de lettres, à Paris.
— M. Perris (Kdouard), naturaliste, à Mont-de-Marsan.
— M. Reboud, docteur-médecin, aide-major (Algérie).
1849. M. AuTiiEMAN, économe des hospices, à Lisle-sur-Sor^ne
(Var).
— M. CAucnois-FERR.vND, officier d'état-major.
— M. Pietta (Lucien), à Montesquieu, près Toulouse.
— M. Tastu (Emile), de Perpignan, avocat, h Montpellier.
20
300
1851. M. Gaubill, cuiiitaine en reliaile.
1853. M. Collet, professeur au Collège de Caslelnaadary.
— M. Fauke, docteur-médecin, en Algérie.
— M. Maniel (Jacques), de Perpignan, iugénieur en chef
des chemins de fer du Nord.
1854. M. Bataille, procureur impérial, à Limoux.
— M. Bonnet (Edmond), ingénieur civil.
— M. Carvallo (Jules), ingénieur civil, membre fondateur
de Ylnstitiit arcliéokgique et historique du Limousin.
— M. Denjean, professeur au Collège de Lodève.
— M. Maurice, agent-voyer en chef du département de Loir-
et-Cher.
— M. Thevenin, procureur impérial, à Auch.
1855. M. Barthélémy (de), ancien conseiller de préfecture.
— M. Barthélémy (A'« de), sous-préfet, à Béfort.
— M. Calisti, inspecteur d'Académie, à Foix.
— M. CoRTiE, professeur au Collège de Castelnaudarj-.
— M. Chaurand de Malarce, homme de lettres, à Blois.
— M. Crova père, professeur éniérite, à Perpignan.
— M. Crova lils, professeur de chimie et de physique, à
Metz.
— M. GuiGON, professeur de mathématiques, à Baslia.
M. Jubinal, ancien inspecteur d'Académie.
— M. Paris (Louis).
— M. SouBEYRAN (Paul de), préfet, à Blois.
— M. Soultrait (Georges de), ancien sous-préfet, à Castel-
Sarrasin.
1856. M. Mercader (Ernest), docteur-médecin, à La Magistral
(Tarn-et-Garonne).
1857. M. Soubeyr^vn (Léon), pharmacien, à Paris.
1858. M. Caralp (Raymond), directeur des cultures du péni-
tencier de Marseille.
— M. Ghambeu (l'abbé).
— M. LouRDOUix (Paul de), à Paris.
307
1859. M. Dabaux, prélet, à Carcassonne.
— M. Dardé, avoué, à Carcassonne.
— M. Denille, directeur de la Ferme-École de l'Aude.
— M. Desalle, agent-voyer en chef du départem' de l'Aude.
— M. Courrier de Fraissé, à Cabardès (Aude).
— M. Guilhaume, ingénieur en chef des chemins de fer de
Toulon à Marseille.
— M. GuiTER, lieutenant d'infanterie, en Afrique.
— M. JoNQUET, docteur-médecin, aide-major au 2« régiment
du Génie, à Montpellier.
— M. Lespiau (Henri), •$(, docteur-médecin, aide-major
militaire de première classe.
— M. Maraval, vice-président de la Société d'Agriculture de
l'Aude.
— M. Mares (Henri), membre de la Société d'Agrix^ulture de
l'Hérault.
— M. Pellet (Pierre), naturaliste, à Béziers.
— M. Portal de Moux, propriétaire, à Carcassonne.
— M. Rendu (Victor), inspecteur-général de l'Agriculture.
— M. Roques-Salvaza, député de l'Aude.
— M. Salaman, notaire, à Carcassonne.
— M. Talrich (Jules), artiste préparateur d'analomie en
cire, à Paris.
— M. Valayer, propriétaire, à Avignon.
1860. M. Aragon (Victor), i^, président de chambre à la Cour
Impériale de Montpellier.
CorreitpontlaniN étrangfcrs.
1833. M. RiBELL, *, docteur-médecin, à Barcelone.
— M. Llobet, géologue, à Barcelone.
— M. Ladron de Guerrera, chanoine et curé d" Retirn, ;i
Madrid.
:'.o6
iaijû. .M. LOUKNZO DE lÎKllKCILLA, ll(illinit> (Ic It'llies, il MliJliil.
— }i\. Francisco Vkka, liouinio de lellrcs, ;i Madrid.
— M. AcEVEDO, hoiiinie do lettres, à Madrid.
M. LoRENZo Abat, homme de lellrcs, à Madrid.
— M. Mahiano de Sans, naturalisle, à Barcelone.
— M. Rouiu, professeur de chimie, à Barcelone.
— M. Garnier, membre do l'Université, à Madrid.
M. Raull, avocat, à Barcelone.
— M. Bastuc, censeur royal, à Barcelone.
1842. M. Luis Balagué, membre de la Société Philomuthique ,
à Barcelone.
1847. M. le marquis de Belpuig, duc de Savella, à Palma (Iles
Baléares).
— M. Jo.\cHiM Maria Bover de Bossello, à l'aima (lies
Baléares).
— M. Nicolas Brozedo y Zafortera , à Palma ( lies Ba-
léares).
— M. Jules de Gabarrus, consul de France, à Palma (Iles
Baléares).
— M. Basilio Sebastiaî<o Castellano, bibliothécaire de la
Bibliothèque Royale, à Madrid.
— M. Luis Maria Ramires Las Gazas Deza, président do
Y Académie des Sciences , Arts et Belles - Lettres , ;.
Cordoue.
— M. Modesto La Fuente, homme de lettres, à Madrid.
— M. Isidore Chaussât, homme de lettres, à Barcelone.
1848. M. Martinez (Ant.), à Palma (Iles Baléares).
— M. Medel (Raymond), à Palma (lies Baléares).
1849. M. Faces de Roma, inspecteur-général d'agriculture dans
la province de Gironc.
1851. M. Vidal, professeur d'histoire naturelle à TUnivcrsité
de Valence.
1852. M. Macdonald, président de Y Académie britannique, à
Londies.
309
1852. M. le comte de Mélano, secrélaire-perpétuel de V Acadé-
mie britannique, à Londres.
1853. M. Rel'me (Auguste de), capitaine d'artillerie en Belgique,
membre de V Académie britaimique.
— M. Fadeuille (de), nunnhre de Y Académie britannique.
— M. RuBio Y Ors , prolesseur de littérature espagnole à
l'Université de Castille, à Valladolid.
— M. Florencio Janer y Graells , homme de lettres , à
Madrid.
— M. Juan Trujillo del Parraso, homme de lettres, à
Madrid.
— M. Gens (Eugène), prolesseur d'iiisloire à l'Athénée royal
d'Anvers.'
— M. le vicomte de Kerckove-Varent, président de YAca-
démie d'Archéologie de Belgique, grand'croix et com-
mandeur (le |iliisieurs ordres.
— M. le vicomte Ki'géne de Kerckove-Varent lils, chargé
d'affaires de l'Empereur de Turquie près le Gouver-
nement belge.
— M. Alexandre Schaepkem, peintre de paysages, profes-
seur de peinture, à Maëstridi.
— M. Léonard de Cuvper, statuaire, à Anvers.
— M. Nicolas Van-der-Heyden, généalogiste, à Anvers.
— M. Raphaël Atienza, marquis de Salvatiera, à Ronda.
— M. Thomas Aquilo , professeur universitaire , à Palma
(Iles Baléares).
1859. M. AleXjVxdre Schaepkens, direct, de l'École des Beaux-
Arts, chevalier de la Couronne de Ciiène, à Maëstrick.
UembrcK résida iitN dérodôM depuis la itulUicalioii
du dvrnitM* Bulic(iii.
.loNUiET, natiiralislf, ;'i Vcrnel-les-lîiiinN.
M0UAT-Ev, iir(iliri<'laii'i', à l!ah(i.
310
SoclétéH correspondantes.
(Acadimie des Sciences el Belles-Let 1res. \
Aisne ]^ ■ , ■ , Saml-Quenlm.
\Comice Agricole. )
Alpes (Basses-) Société d'Agriculture. Digne.
(Société Scientilique et du Commerce. )
Aube > iTroyes.
{sociéléd'Agric, Arts et Belles-Lettres.'
I Société d'Agriculture. CarcaSsonne.
\comice Agricole. Limoux.
Aude Isociélé des Arts et Sciences. Carcassonne.
1 Comice Agricole de l'arrondissement de
\ flarbonne. Nai'bonne.
Ariége Société Agricole et Littéraire. Foix.
Aveyrou Société d'Agriculture. Rodes.
(Société d'Horticulture.
[société de Statisliqut
„ , 1 ni. 1 Académie des Sciences. /Marspillp
Bouches-du-Rhone .< . /Marseille.
jsociété de Pharmacie. \
Revue Jlorticole des Bouches-du-Rhône. j
^ (rédacteur.)
Drôme Société d'Agriculture. Valence.
Société Yétérinaire des départements du\
Calvados et de la lilanche. I
, , ,, >Bayeux.
Société d'.\griculture, Sciences et ikUes-i
Lettres. j
Calvados isociété d'Agriculture et du Commerce. \
\Académie des Sciences, Arts et BellesACaen.
Lettres. j
Société Académique , Agricole , Indus-
trielle et d'Instruction. Falaise.
311
Cantal Propagateur Agricole M, eic.jrédacteur). Aurillac.
Charente Société d'Agriculture, Arts et Commerce. Angoulènic.
/Société des Sciences, Arts et llelles-
Charente-Inférieure.' Lettres. Rochefort.
{Athénée de la Charente-Inférieure. Beauvais.
Cher Société Agricole du Cher. Bourges.
(Académie Impériale des Sciences et Arts.
Cote-d'Or .
Société d'IIorticultnre et d'Arboriculture
Dijon.
Doubs
Besançon.
Société des Sciences Naturelles et Ar-
chéologiques. Guéret.
(Société d'Émulation .
KSociélé d'Agriculture.
Drônie Société de Statistique , des Arts et des
Sciences. Valence.
Eure Société libre d'Agriculture, Sciences,
Arts et Belles-Lettres. Évreux.
Gard.
Nîmes.
Garonne (Haute-)
(Académie des Sciences, etc.
^Société d'Agriculture.
Académie des Jeux-Ploreaux.
Académie des Sciences et Belles-Lettres.
Société Archéologique du Midi.
Société d'Agriculture.
Journal d'Agriculture jiratique et rf'K-\Toulouse.
cnnomie rurale pour le .1/irfi de lai
France, publié par les Sociétés d'A-}
griculture de la Haute-Garonne et de |
firiégc.
Gers,
Société Agricole.
Reuue Agricole el Horticole (rcdaclenr)
nr)j
Auch.
312
! Académie Impériale des Sciences, BeUes-\
Lettres et Arts.
Sociité Linnéenne.
. ■:..•.. ■ ,. /Bordeaus.
Socielt d llorlicullurc.
Société d'Agriculture.
\Société de Médecine.
Société Archéologique.
^Société d''Agriculture. [Montpellier.
louttcit^ i* .11/1 ((/UiKt; c. V'^
Hérault ■{ . , , .,.,•! 1 \
iLe Messager agricole du Mtdi (rsdacleur). '
\Sociéié Archéologique. Béziers.
Indre Société d'Agriculture. Chdteauroux.
ladre-et-Loire Société Médicale. Tours.
i Société d'.igricutlurc.
Académie Delphinale.
Société de Statistique des Sciences «a-f ^ ■ ■
turelles.
Sud-Est. Journal agricole et horticole]
\ (rédacteur).
Jura Société d'Émulation. Lons-le-Saulnier.
Landes.. Société d' Agriculture. Mont-de- Marsan.
Loir-et-Cher Société d'' Agriculture. Blois.
Loire Société d'Agriculture. Mont-Brison.
Loire (Haute-) Société des Sciences et d'.igriculture. Le Puy.
Loire-Inférieure.... Académie. Nantes.
Loiret Société d'Horticulture. Orléans.
Lot Société Agricole et hidustrielle. Cahors.
Lot-et-Garonne. . . . Société d'Agriculture et Arts. Agen.
Lozère. , . , , . Société Agricole, Scientif. et Littéraire. Mende.
313
Maine-et-Loire.
! Société d' Agriculture , Sciences et
Arts.
Société Industrielle.
Société Académique.
Manche Société Académique.
Marae. .
(Académie Impériale.
{Société d'Agriculture.
Meurlhe.
(Société des Sciences, Lettres et Arts.
Société Centrale d'Agriculture.
i
,. ,, (Société d'Histoire Naturelle.
Moselis ]
[Académie Impériale.
Angers.
Cherbourg.
Châlons.
Nancy.
Metz.
Valencieunes.
Nord.
Société d'Agriculture.
Société d'Agriculture, Sciences et Arts. Douai.
Société d'Émulation. Cambrai
Académie yalionalc Agricole, Manufac-
turière, etc.
Société des Sciences , de V Agriculture
et des Arts. \Lillc.
Comice Agricole.
Comice Agricole de l'arrondissement de
Lille.
Oise Société d'Agriculture
Pas-de-Calais.
Compiègne.
Académie des Sciences. \
Société Centrale d'Agriculture du /•as-5.\rras.
de-Calais. 1
Société des Sciences et Iklles- Lettres. \
ISociélé d'Agriculture de l' arrondisse- Soulof^nc.
\ ment de Boulogne.
Rhin (Haut-) ^Société d' Agriculture.
{société Industrielle.
Colmar.
Mulhouse.
314
i Académie des Sciences.
Société des Sciences l'hjsiques , .V«f«-
,„,^,„o relies, d\igricuUure et d' Industrie }^L^on.
I Société Impériale d'Agriculture et d'nor-
\ liculture pralique.
Sarlhe Société d'Agriculture , Sciences, Com-
merce et Arts. Le Mans.
Académie y'alionale Agricole, }Ianufac-
turière et Commerciale,
icadémie des Arts.
Société Centrale d'Agriculture.
Société pour l' Itutruetion élémentaire.
Société de Statistique universelle.
Société d'Encouragement p. C Industrie.
Cercle Agricole.
\société de la Morale chrétienne.
Annales administratives et scientifiques
d'Agriculture française.
Cercle Historique.
Institut Impérial de France.
Société Protectrice des Animaux.
Tribune des Linguistes, Philosophie des
Langues.
L^ Appiculteur , Journal des Cultivate^irs
d'Abeilles (riidacteur).
Moniteur des Comices et des Cultivateurs
(rédacteur).
I Cercle de laPresse sci(;n(t^<jitc[iédacteui) ■
^la Revue d'Économie rurale (rédacteur).
Seine.
jParis.
Seine- Inférieure.
I Société des Sciences, Arts et BellesA
. .} Lettres. ? Rouen-
Société d'Horticulture.
315
! Société libre d'Émulatiun et de Com-\
merce. YRoaen.
Société Centrale d'Agriculture. 1
Société Uùvraise d Eluden diverses. Le Havre.
Cercle pratique d'Horticulture et de
V Botanique.
Seine-et-Marne Société d'Agricult., Sciences et Morale, ftlelun.
I Institut National Agronomique. \
Société des Sciences Morales, des terres Wersailles.
et des Arts. '
(Société d'Agriculture et du Commerce.)
Sèvres (Deux-) ) iNiort.
\Société de Statistique. '
Î Société des .antiquaires de Picardie. \
Société d'Agriculture. >Aniiens.
Société d'Horticulture. >
Tarn Société Littéraire et Scientifique. Castres.
! Société des Sciences.
Société d' Agriculture et du Commerce.
Société Scientifique et Arcliéologique. Dragtiignan.
Bulletin trimestriel du Comice Agricole
de l'arrondissement de Toulon. Toulon.
Vancluse Société d'Agriculture et d'Horticulture. Avignon.
Vienne Société d'Agriculture Poitiers.
i Société d' Agriculture , des Sciences et\
Arts. ! Limoges.
L'Agriculteur du Centre. '
Vosges Société d'Émulation. Epinal.
Yonne Société Archéologigue. Sens.
(Toulon.
e.)
Algérie RuUetin de la Société d'Àgriculturt d'Alger.
31<)
Sorlctés Étrangères.
Aiiyli-terrc Àcadtmie Brilanniqué. Londres.
Itfigique Société Archéologique de Bruxelles. Bruxelles.
ICI Propagadnr de la l.iberlud. Barcelone.
Espagne
Uo Granja fRevista) . Figuèns.
Hollande Académie Royale des Sciences. Anistordam.
fortugal 0. Archiva Rural. Jornal de Agricul-
tura, Arles et Seiencias (rédacteur). Lisbonne.
R"ssie Société Impériale d'Agriculture. Moscou.
FIN.
:)!'
TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Séanre publique du I" août 1838 ix
Séance pul>li({ue du 51 juillet 1859 xvi
Epigrapliie roussillonnaisc (Suite), par M. de Bonnefoy <
Géographie historique des Pyrénées-Orientales, par M. Alart 67
Période gallo-romaine 67
Montagnes , caps et fleuves 80
Noms do peuples et limites 92
Péiioile u isigothiquf 273
Doniinaliou arabe 282
La voie romaine de Pancien Roussillon, par M. Alart iôi
Ephéniérides de PHopital Saint-Jean et de l'Hospice de la Miséri-
corde de Perpignan , par M. Sirveii 195
Des fièvres de marais, par M. Auberge 209
Des rai'cs perfectionnées dans le département des Pyrénées-Orien-
tales , par M. iMalègue 245
{{apport sur l'industrie sériciole du département des Pyrénées-
Orientales en 1859, par M. Siau 257
Rapport sur ii's inoduits cnvovés par la Société au Concours de
Carcassoniic , en mai -(859 , et sur la culture des artichauts, par
M. Siau 267
318
Le Mariage de la Villajjeoisc , épisode traduit du Prœdium Ruslicum Page>
du P. Vanicre , par M. Faire 287
L'artiste reconnaissant, anecdote historique, par M. Fabre 29^
Le Dernier amour, par M. Sirven 29d
Liste des Membres composant la Société 297
Liste des Sociétés correspondantes 340
FIN DE L\ TABLE.
i
r"
SOOIÉTÉ
AGRICOLE, SCIENTIFIÔlE
ET LITTÉRAIRE
I
DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.
TBElZlKnB VOIilinB.
PERPIGNAN.
IMPRIMERIE J)E.I.-Ji. M./.INE.
Rue (les Trois-Uois, I .
/cSY>
M^f. 2
V ■ - -'
p ^
SOCIETE DES PYUENEES-OUIENTALES.
XIII.
La Sociélé ireulond approuver ni improuvor les opinions
éniisos dans les travanx (jn'ellc pulilie : elles appartiennent à
leurs auteurs qui en sont seuls garants.
Les lettres, mémoires, etc., etc., doivent être adressés (franc
de port) à M. Louis FAuaf;, Secrétaire de la Société, rue
Traversière-de-l'Ange, 4; et les olijels d'histoire naturelle à
M. CoMPANvo, Conservateur du Cabinet, place Laborie, 5, à
Perpignan.
APICOLE, SCIENTIFIODE
ET LITTÉRAIRE
DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.
TREIZIEME VOLUME.
l'aisons tous nos cll'orls pour qu'an jiuissc
i!irfi un jour : Il y fui il Perpignan une socirl.'-
d'hommi's à hiienlions géni-reuses, dont les
travaux lurent utiles à leur pays.
(JAiiiEnr HE Réart, I" Bulletin, p. 4 )
PERPIGNA.N.
IMPRIMERIE DE J. B. AL2INE , RUE DES TROIS-ROIS, I.
iHo:t.
.^^.V;#f
GCCÎIÉTS
AGRICOLE, SCIENTIFIQUE 8: LITTÉRAIRE
DES rYni:\ÉES-onii:i\TALES.
COMPOSITION DU BUREAU POUR LES ANNEES
1861. 1862.
Président : M. I.I.ULBI'S (Aicistk), rnsidenl : M. LLOUlil'S (Aigiste),
ifif, banquier, ancien maire delà ;!^, l)an(|ni(T, ancien maire de la
\ille, membre dn (Innsfil-fiénérai ville, membre dn (!!onseil-(ii'ni'ral
d'Auricnllure et dn (lonscil-déné- d' \i;rioiillnre et du Conseil-Géné-
ral du dé|)ar(emenl. rai du département.
Vice-I'rrsideiit : M. Compa>\(), |ière, lice-Z'n-'sii/eii/ .- M. Companyo, père,
doelenr-médeein, (•nnser\alenr du diirtiiir-méilecin, ronservnleur du
Cabinet d'iiisloire nainrdie. Cabir.et d'iiislnire naturelle.
Sccrctaire ■ M. Fabiik ( l.nuis ), ]iro- Sccrélaire : M. Fabhe (Louis), pro-
fesseur de Iroisièmc et de commerce fesseurde lroisi(?mcetde commerce
au Collège. au Collège,
Vicc-Secrtldire : M. Aiaut, arrliivisle Virc-Scrilairc : M. Ai.aiit, arcliivislc
du département. du deparlement.
Tr.sorier : M.Siai (Antoine), négo- Trisniier : M. Siai (Antoine), négo-
ciant, ciant.
Archivisie : M. l'abbé DiirinsTi , vi- Arcliivifle : M. l'abbé Deliioste, vi-
caire à la eatbédrale. caire à la cathédrale.
COMITE DE REDACTION :
1861. 1862.
M. l'ablié FiNFS, cii.inoine, supérieur 1\I. l'abbé 1"im s, cIkiikmeic, supérieur
du (irand-Si'minaire. du (Jrand-Séniinaire.
M l'abbé |{|;\SA, clianoine honoraire, 'S], l'abbé Iîknsa, chanoine lionorairp,
pidf. de pliiloMiphie et de lliécilugie prof, de philosophie et de llieolugiu
au firand-Séniinaire de Perpignan. au tîrand-Séminaire de Perpignan.
Wmm DKS TUAVAUX DE LA SOCIÉTÉ,
DEPUIS LE MOIS b'OCTOHRE IS59 JL'SOIAI ôl DÉCEMBRE iSf.2,
l'ai M. FABRE, scrnUiiin-.
Avant riiislitiilioii des concours rcgionnnx , ninliirô
les nonild'Ciix et rapides uioumis do coniiininication ,
les difl'érentes provinces dont se compose aiijoiird'liiii la
France, étaient en (iiichpic snrie ('trangèrcs les unes
aux autres, surtout sous le rap|)ort des i)ro(luclions
agricoles. La plupart des hahitanls dune contrée étaient
bien loin de connaître toutes les ressources des contrées
voisines. Quehpics-uns niènie ignoraient les richesses
de leur propre pays. Tout est bien changé depuis (pie
cluuiue région, chaiiue déparlenient di' lenipire français,
peut exposer aux regards de toute la Fiance, et pour
ainsi dire du inonde entier, tout ce qu'il recèle dans
son sein.
Depuis la publication de noire douzième bulletin, uni!
de ces utiles et iin|torlantes solennités a eu lieu à l'erpi-
gnan. Toute la région dont lait partie notre beau dé|iar-
teinenl a 6u'' invitée ii prendre [)arl a celte exposition
des produits de l'agriculture, des arts et de rindiistrie.
On s'est rendu de tous C(">tés ii cet a|)pel. On a admiré,
dans le local de la llalle-au-Blé, une inlinité de cliefs-
d'd'uvre de peinture et de sculpture (pic possède notre
(b'partement , et dont la plupart ('taient ignorés et en
(pielijue s(»rle enfouis. On a admiré, près de la porte
Notre-Dame, notre Palais de l'Industrie, et nos produits
indigènes rivalisant a\ec les produits étrangers, Tempor-
tant mémo quoI(|iiet'(tis sur eii\ ; mais, ce (jiii surtout a
excité la siirprisi' cl l'ontliousinsme des visiteurs eiiaii-
gei'S, c'est notre nia!^nili(iue pioincnade des platanes,
ces arbres géants, dont la cime se perd dans les nues,
c'est ce dôme de verdure, iuterce|»iant les rayons du
soleil, et figurant aux regards étonnés la voûte d'une
immense et majestueuse l)asili(iue; ce sont ces longues
files d'animaux utiles, amenés de nos trois arrondisse-
ments, et surpassant |>ar leur nomhre, (pnMtpiefois par
leur taille el leur beauté, eeii\ cpi'on avait vu figurer
dans les expositions voisines. Kiilin, ec (pii a mis le
comble ;i radiiiiralion des élrangers, ce sont ces nom-
breux, ces incomi)aral)les écliantillons de nos produits
maraiebcrs, qui dt'sormais assurent à notre dé|)artement
le nom de .Ictrdin de la France. Kt , cependant, il faut
bien l'avouer, tous nos liorticniteurs n'ont pas, en cette
circonstance, déployé le même /Me. Un grand nombre
n"onl pas répondu ii linviialiim (|ui leur a été adressée.
Esp(''rons que celle pri'miéi(> liMe régionale aura déjà éveillé
l'émulation des plus indillérents; (|ue pas un ne man-
quera au rende/.-vous (jui leur est assigné dans dix ans,
cl (pTcn 18Tti, la l'rance el l'I^u'opc entière apprécieront,
comme il le mérite, noire beau Uotissillon.
A|)rcs avoir consacre ces (picbpies lignes à notre
concours régional, el avant d(> donner un aperçu des
travaux agricoles, scientiliciues et lilti'raires que renlérme
ce bulletin, nous paycMuns, comme d'ordinaire, le juste
tribut de nos regrcls ii la im-mniic des mcndircs dont la
Société déplore la perle toute récenle. Kll<' s'est vu en-
lever, depuis l(S,')î>, .M. I.acombe .Saint-.Micbcl , ancien
maire de Perpignan, dont le noble caractère riMulil, dans
(les circonstances difiiciles, iremiiieMls ser\i((s ii la ciié-;
M. IlippiiJUc l'iias, iiieinbre de l'Assemblée Coustiluanle
en 18i<S, avocat d'élite, (pie regi'cttei'out longtemps, avec
nous, le barreau de l'erpignan , et tous nos concitovens
sans exception; M. Taslu-Jauhert, avocat, qui, pendant
qiiel(]iios années, a ieni|)li les fonctions (rarchiviste de la
Société; et, enfin, M. Emile Tastu-Collet, archéologue
distingué, à qui une mort inalteudiie n"a pas donné le
temps de mettre la dernière main aux nombreux cl inté-
ressants mémoires qu'il se proposait de publier.
Comme précédemment, nous diviserons notre compte-
rendu en trois parties, suivant les dillérentes qualilicalions
'de la Société.
AGKICULTURE.
Dans la séance du 12 Octobre, M. Companyo, père,
docteur-médecin , a pris la parole , et s'est exprimé en
ces termes :
«Le déparlemcnl des Pyrénées-Orientales, avec sa
douce température , serait propre à faire les essais
d'acclimatation d'un grand nombre de plantes exotiques
qu'on lente vainement de faire venir ailleurs. Les oran-
gers et les citroniers y frucliliaiil en |)leine terre d'une
manière admirable; les palmiers et les dattiers s'élevant
à [)lusieurs mètres, donnant tous les ans des lleurs,
nouant leurs fruits; les agaves formant des bordures sur
nos propriétés, on s'étonne que l'on n'ait pas demandé,
pour notre contrée, l'établissement d'un jardin d'essai et
d'acclimatation.
« 11 y a peu d'années, M. le Ministre de l'Intérieur,
envoya à Perpignan diverses graines de la Chine, pour
en essayer la culture. Plusieurs légumineuses réussirent
parfaitement; des plantes textiles se tirent admirer par
leur belle venue.
« Parmi ces graines se trouvaionl dos semences de
deux arbres de haute futaie. Un catalpa, l)icn diiïérent
de celui que nous possédions déjà depuis longtemps,
s'est développé d'une manière admirable. Il a aujour-
d'iiiii sept ans. Il s'élève à II mètres, et donne depuis
trois ans de belles lleurs et des siliqiies de 40 centimètres
de longueur.
« L'arbre h suif, semé en même temps , a o mètres
de liant, et depuis trois ans aussi est couvert do lleurs
au i)riutemps, et de graines qui viennent en parl'aite
maturité au mois de septembre. Tout cela en pleine terre,
tandis qu'à Paris, avec tous les avantages d'une serre
cliaude, on u"a pu obtenir qu'un arbuste de 30 centi-
mètres de hauteur.
« M. Testory, pharmacien, mettant à i)ro(it cette année
quehjues graines trouvées dans de la gomme arabitpie,
qu'il avait reçue, les sema en avril dernier dans son
jardin, l^n superbe pied de canne à sucre est né de ce
semis, et s'est développé admirahlemont. De sa racine
geiiouiilée et fdireuse, s'élèvent trois tiges, qui ont
atteint o"\80 de hauteur. Elles ont, à un mètre du sol,
15 centimètres de circonférence. Ces trois tiges ne sont
pas entièrement rondes; elles sont un peu aplaties et
garnies d'une inlinité d'arliculnlions ou n(rMids Irès-rap-
prochés. Les feuilles sont engainantes ei de la lougiu^ur
d'un mètre; elles sont pendantes et rudes sur les bords,
avec une nervure longitudinale moyenne. Si la tempéra-
ture de cet automne se maintient douce, cette graminée
pourra fleurir, car on voit déjà paraître des lleuis au
sommet de la llèche cpii porte ordinairement la ]);iuicule.
« Toutes ces heureuses réussites font regretliM' ([u'on ne
porte pas plus d'intérêt ;i un département <|iii pourrait
rendre de très-grands services comme jardin d'acclima-
tation. »
Dans la même séance, M. le Président donne lecture
d'une lettre, où M. Higail, résidant à la forge de Sorède,
nous communiipie un nouveau remède de son inxcniion
contre la maladie de l;i vigne, (|ui n'est autre chose ([ne
de la clianx vi\e et de la pondre de charbon. Il a, dit-il,
10
flixoniposc la cliaiix avec de loaii , et il en a as|)ergc le
fruit, (|iril a couvert ensuite de ladite poudre, qui s'y
est fort appliipiée. I.e résullat a été merveilleux : pas un
raisin ainsi traité n'a péri. M. Rigail espère (juc l'année
prochaine les propriétaires de vignes nieltronl en prati-
que ce nouveau procédé.
M. (lonte, d'Kstagel, présente (pielques observations
sur le soufrage, dont il a lait, avec le plus grand succès,
de nombreuses expériences dans ses propriétés. Le sou-
fre, selon lui, s'indltre surtout dans les jeunes pousses.
Quant an garou , dont (pii'I(|ues propriétaires ont j)ai!é
connue |)()uvant reuiplacçr le sout'ie pour détruire Voi-
diuin, M. Conte l'a aussi reconnu, ce prétendu remède
ne produit aucun elfet.
Sf'finre (lu 2o Janricr 1860. — M. Sian, chargé de
rendre compte de tieux numéros du iîullclin mensuel
de la Société d'Agriculture de Caen (août et septend)re
■l8o9), y remanpie une devise prise dans la tradudiou
fran(.'aise des Aphorismes catalans de M. Fages de lloma :
(Jui veut que son rhai)ip se )vp(ise, rn cidlurc siiil peu de
chose, et donnée pour épigraphe à un mémoire couronné,
se rattachant à une question agricole.
M. Siau ajoute (]ue iM. Barry, mend)re de celte Société,
chargé de rendre compte de notre dernier l^ulletin, l'a
signah' avec bienveiilnnce, dans la séance du i juin IHoS).
Dans la séance du 25 Avril 1S()(), M. Siau lit une
notice extraite du Monilcur universel du 18 avril 1800,
commençant par ces mois : « Dans la deniière séance de
la Société impériale et centrale d'Agriculture, une inté-
ressante connnunication a été l'ait(> j)ar M. André Leroy,
d'Angers, sur un nouveau procédt' de bouturage de la
vigne, qui parait avoir été mis en pratlipie, pour la pre-
mière l'ois, par un vigneron des environs de Samnur. Ce
11
procL'ilo consisle à enlever coniplétemenl l'écorce ii la
base des crosselles, sur une longueur de 20 à 50 cenli-
nù'lres, selon la distance des yeux ou la dimension des
mérythaUes, etc. »
A. la lecture de cette notice, M. Siau ajoiile : « (le mode
de bouturage est depuis longtemps connu dans notre
département. Il a été particulièrement mis en prali(|ue
par des viticulteurs d'Kstagel.
« M. Philippe Boluix, juge au tribunal de Perpignan, a
essavé ce bouturage, il y a cinq ans, et les résultats ont
été entièrement eonrormes à ceux (pie signale M. l.eroy.
« M. Sylvestre Vilallongue a enjployé ce même procédé
en décembre dernier, sur une |)lanlation de (pialre hec-
tares de vigne. Il se propose de soumettre cette expé-
rience h l'examen d'une commissi(m nommée par notre
Société. »
Communication : 1" D'une lettre [lar laipielle M. Péri-
dier, de S:iiiii-Laurent-de-la-Salanque, adresse à M. le
Président de la Société (piehiues échantillons de vin de
la plaine, avec prière de les soumettre à l'appréciation
de la Société. Ces échantillons sont envoyés à une com-
mission composée de .MM. Carlioneil et Reynès-Audusson.
2° D'une lettre de M. le Préfet, annonc^anl cpie l'adresse
présentée par la Société Agricole, Scientiliipie et l.itti'-
raire des Pyrénées-Orientales, à l'occasion du programme
impérial du 5 janvier dernier, a élé mise sous les yeux de
S. M. rKm|)ereur, (pii en a pris connaissance avec intérêt.
5" D'une lettre de M. L Coule, d'Kstagel, conçue en
CCS ternies: « .l'iii riionuciu' de \oiis envoyer une notice
sur la maladie de la vigne. Si vous y trouvez tpielipie
chose de bon, <lonne/.-lui de la puhlicilé, en la soumet-
tant à un contrôle sévère, et après l'avoir dégagée de tout
ce qui vous paraîtra détéctncux dans la l'orme. Quanl au
fond, je 11' revendique, comme le produit d'expériences
soiivciil r('nouv('l(''(\s. »
12
Séance du 30 Mai i860. — Coinniunicalion d'une lettre,
par laquelle M. le Préfet du département nous annonce un
diplôme destiné h la Société Agricole, Scientifique et Litté-
raire des Pyrénées-Orientales, cpii a obtenu une médaille
d'arijent au concours de botani(pie et d'horticulture de
Moiit|)ellier, en I.S()0, pour patates conservées, et belle
collection de i'ruils et légumes.
Autre lettre de M. le Préfet, conçue en ces termes:
« M. le Président, par suite d'un envoi (]ue S. Ex. M. le
.Ministre de l'Agriculture m'a fait en 1857, de semences
de riz sec de la Cliine, et des instructions que je vous ai
adressées à la même époque, vous avez fait distribuer
ces graines à des agriculteurs, pour qu'elles servent à
des essais de culture et d'alimentation.
« Bien que ces premières expériences n'aient point de
résultats concluants, les personnes (pii ont l)ien voulu s'en
charger ont récollé des produits, cl doivent encore sans
doute en avoir à leur disposition. S. Kxc. me charge de
leur en faire demander quelques échantillons, que je vous
prie de vouloir bien me faire parvenir le plus tôt possible.»
Séance du il Juillet IS60. — Lettre de M. Jean Valla-
rino, cadet, qui nous adresse ses observations sur une
notice de M. Conte, propriétaire h Estagel, traitant du
soufrage de la vigne, et insérée dans le journal de notre
département, no 29.
Notice de M. Pioulfia, membre correspondant et chef
d'institution à Millas, sur la maladie qui attacjue cl dé-
truit la récolte du blé, quand on s'y attend le moins, et
sur les moyens d'y remédier.
Autre lettre du même, accompagnant l'envoi d'un
ouvrage, d"ont il est l'auteur, intitulé : Cours ou Leçons
d' Agriadlnrc à rusage des cli'ves les jilus avancés des écoles
primaires. M. Rouilla prie en même temps la Société de
soumettre ce livre à une commission choisie dans son sein.
13
Séance publique du 29 Juillcl 1860. — Dans un premier
rap|»orl sur riiuluslrie séricicole, M Siau rend compte de
réducation des vers à soie eu 18G0.
La Société des Pvréuées-Urientales, voulant, dans un
but d'intérêt public, mettre en relief les produits de nos
jardius et de nos ruches, en avait réuni quelques-uns
qu'elle avait adressés au Concours régional de Tllérault.
M. Siau rappelle qu'ils ont été jugés digues de deux
médailles d'argent, dont riionncur revient nalurellemeut
aux persoimes qui avaient fourni l'envoi.
Dans un troisième rapport, M. Siau entretient ses audi-
teurs des miels du Roussillon envoyés au Concours de
Monti'ellier. En éuumérant ces produits, M. le rapporteur
a ap|)elé ratlentiuu sur divers producteurs qui se distiu-
aient a d'autres titres.
o
Séance du 19 Décembre 1860. — M. Companyo, père,
vice-président, ouvre la séance par la lecture d'un rap|)nrt
sur une certaine quantité de plantes de la (^liine qui ont
été cultivées en 1800 au jardin d'essai de notre pépinière,
et qui, malgré la température exceptionnelle de l'été der-
nier dans le Roussillon, ont donné d'assez beaux résultats
pour faire espérer de les acclimater dans noire départe-
ment, où elles seraient d'un grand secours pour les usages
domestiijues, ainsi que pour la nourriture de la volaille
et des bestiaux.
M. Companyo fait aussi mention de la canne à sucre,
qui a pris en hauteur et en grosseur un développement
aucpiel ou était loin de s'attendre, nuùs la graine nu pas
mûri; aussi, M. Companyo pense-t-il que celle piaule ne
douiieraii jamais parmi nous de bons résultats, el qu'il faut
renoncer a l'y cultiver, si ce n'est par [)ur agrément.
Séance du 16 Janvier 1861 . — M. le Président donne avis
à la Société de la remise (pii lui a été faite par M. le Préfet
14
de 25 pieds ilo Itamhou, envoyés de la pépinière ceiiUale
du Gouvernement à Aliter, par ordre de S. M. l'Empereur.
Ces pieds ont été disliihués à divers membres de la So-
ciété, et aux |)épiniéiistes de la ville, parliculièrement ii
MM. Tlnjiiii, tVéres. chargés d'en surveilliT la cnllnre.
Séance du 6 .)f(irs 1861. — M. Siau lit nii mémoire, où
il engage nos aihoriculteurs à pratiquer la taille du pèclier.
Cette opération, ajoute-l-il, commence à être bien conçue;
mais elle déviait élre propagée dans nos jardins, où la
culture de cet arbre est très-élendue.
M. Siau présente ensuite quelques observations sur nos
éducations de vers à soie pendant l'année dernière.
M. le Secrétaire donne lecture d'un mémoire composi'
par M. Paulin Tesiory, pharmacien, mendu'c résidant,
sur racclimalalion des piaules exoli(iues dans notre dépar-
tement.
Séance du 47 Avril 1861. — M. Siau communique à la
Société une notice sur nos vignobles et sur leur exlen-
sion, depuis l'an 1800 jusqu'à nos jours.
M. le Président engage tous les mendjres de la Société
à propager autant que possible le soufrage dans notre
département. «C'est, dit-il, le seul remède qui jusqu'au-
jourd'hui ail été reconnu vraiment eflicace contre l'o/Y/ù/)»,
et celte maladie n'est [)as sur le point de disparaître. »
Séance du 8 Mal 1861 . — M. Companyo, père, lil une
note sur la fécondation artilicielle du palmier en Egypte,
où cet arbre, très-abondant et très-fertile, est une des
richesses de ce pays.
Séance du 26 .Juin 1861. --}\. Siau lil \\\\ rapport sur
les éducations des vers à soie dans notre département
en 1861.
Séance du 11 .lailhi /,S'6/.--I.ellro do M. Midiol (intn,
deCalllar, qui annonce à la Société qu'il élève celle année
quatre onces de i^raines de vers à soie : loul lui lail espérer
une hi'illanle réussite. Il ajoute qu'il l'ail tous ses ellorls
pour propager parmi ses concitoyens celle belle industrie,
en leur exposant les avanla-^es qui pourraient en résulter.
M. le Président, a|irès celte lecture, déclare (pie les
graines de vers à soie, viMidues par M. Trilla à des habi-
tants du département de rilérault, sont les seules qui y
aient réussi, el il signale la fraude qu'on a laite, en
vendant, comme produit de notre département, des grai-
nes qui lui sont étrangères.
Sihtnrc dn 4 Dccoubre ISGL- M. le Président com-
munique à la Société une lettre de M. le Préfet <\\i
département, coïK'ue en ces termes :
'( Le sieur Rouilla, instituteur à Millas, expose, dans un
mémoire que j'ai l'honneur de vous transmettre, l'utilité
(ju'il y aurait pour le département de renouveler sur une
partie du littoral les essais de culture de colon qui furent
tentés avec quelques succès à une époque déjà éloignée,
.l'appelle votre attention el celle de la Société Agricole
sui' cette question importante, et vous prie de me faire
connaître quelle suite il aura paru utile de lui donner. »
A la lettre de .M. le l'réfet esl joint le mémoire de
M. Roullia.
M. le Président, après avoir donné lecture de ces deux
pièces, rappelle qu'on essaya, en ellet, sous le premier
enq)ire, do cultiver le coton dans les environs do Perpi-
gnan. Il ajoute que ces tentatives furent loin de donner
les résultais qu'on en attendait. Toutefois, pnur n'pondre
aux désirs de M. le Préfet, la Société nomme, alin de
s'occu|>er de la iiroposilion de M. Ronllia, une connnis-
sion compos('o de MM. ('.onq)anvn, père, Sian et Victor
Rallie, maire de Cabestanx.
16
Séance du 15 Janvier 'fS62. — Sur la proposition de
M. le Président, la Société décide qu'a l'occasion du
Concours régional, elle décernera des récompenses aux
serviteurs ruraux les plus méritants.
Séance du 23 Avril 1862. — M. le Président comnmnique
la liste des personnes qui se sont présentées afin d'obte-
nir des récompenses pour services ruraux. Les plus mé-
ritants, d'après l'avis unanime de la Société, sont:
1'^ Hohor, Isidore, depuis soixante-dix ans au service
de M. Fabre, ju'opriétaire, domicilié à Saborre;
2» Haynal, Jean, depuis cinquante-sept ans au service
de iM. de Selva;
5'^ Bacliès, François, berger, depuis (piarante-neui" ans
au service de M. Keste, Josepb, maire de la commune
de L'A Ibère;
4o Large, Pierre, berger, depuis quarante-quatre ans au
service de M. Jonquères, François, propriétaire, domi-
cilié à Vilellongue-de-la-Salanque;
5° lîoscb, André, depuis vingt-sept ans au service de
M. Bonalbs, d'Ille;
6° Polmade, François, depuis vingt-quatre ans au ser-
vice de M. Numa Lloubes, dans son domaine de Bagës;
7° Malis, Jacques, depuis vingt-quatre ans au service
de M. Assisclc Jonquères, maire de Cornoilla-del-Yercol ;
8" Brousse , François , depuis vingt ans au service de
M. Passama, docteur en médecine.
Séance du U Juin 4862. — M. le Président fait part à
la Société d'une lettre, dans laquelle M. Becb, propriétaire,
à Argelès-sur-Mer, expose les lieuroux résultats obtenus
sur un terrain inculte par une plantation de micocouliers.
11 espère que la publication de ce fait contribuera à jeter
quelque clarté sur les moyens à prendre, pour augmenter
dans notre département le revenu des terres.
SCIENCES, ARTS ET INDUSTRIE.
Séance du 30 Movembre 18o9. — Coiniminicatioii d'une
lellrc (le M. Fossaty, annonçaiil (lu'il a iiili'odiiit des
amélioralions iiiiporlanles dans la ral)i'iealiûii du olioculat,
01 inventé une spécialité qu'il nomme chocolat analeptique
et rafraîchissant, composé de cacao et de pistaches, par
des procédés (jui lui sont propres, «puisqu'il est, dit-il,
le seul qui le lal)ii(pie en France.» Il prie, en même
temps, la Société de nonnner une commission pour exa-
miner et apprécier ses produits. La Société, se rendant
au\ vo'ux de M. Fossaty, nomme pour faire l'essai de son
chocolat, une commission composée de MM. Siau, l'ahhé
Delhoste, Boix et Vilallongue.
Séance du 2/ Décembre 1859. — M. (^ourtais, instituteur
communal à Port-Vendres, ouvre cette séance par la lec-
ture de quelques passages d'un mémoire sur ras|)hodèle
(liasliila rcgiii'i, dont il est parvenu à extraire une suhs-
tance alimentaire, d'excellent vinaigre, et même du sucre
de bonne qualité.
A M. Courtais succède M. Boi.x, pharmacien, rappor-
teur de la commission chargée de se rendre à rétablis-
sement de M. Fossaty, pour assister à la fabrication de
ses chocolats et porter sur eux un jugement.
M. Boix, après avoir rendu com[)l(' du procédé ingé-
• nieux de M. Fossaty et de la supériorité de ses produits,
termine par ces mots : « En signalant à votre attention
les chocolats de M. Fossaty, nous ne faisons que rap-
peler le succès qu'il obtint a rexposilion universelle de
\Soo. Une médaille de deuxième classe lui fut accor-
dée pour ses chocolats si bien préparés et parfaitement
broyés. »
2
18
Séance du 25 Janvier 1860. — M. Tabbé Fines, ren-
dant compte d'un volume de l'Académie des Sciences
de Toulouse, cinquième série, tome troisième, y signale
entre autres notices étrangères à noire déparlement, un
mémoire de M. Filhol, inlilulé : Recherches sur l'alcaliniU
des eaux sulfureuses des Pijrénées-Orientcdes.
Séance du 50 Mai hS60.—yi. le Président communique
à la Sociclé : 1° Une lettre de M. le Directeur de la
Topographie des Gaules. Cetle missive est conçue en ces
termes: «S. Exe. M. le Minisire de rinstriiction publique
a communiqué à la connnission de la Topograjjbie des
Gaules le mémoire de M. K. Alarl sur la géographie histo-
rique des Pyrénées-Orientales. La connnission examinera
ce travail avec intérêt. H vous prie de remercier de son
utile concours la Société Agricole, Scientifique et Litté-
raire, dont vous êtes le président, Le travail de M. Alart
a paru à la ibis sérieux et original à deux des membres
de la commission qui ont pu y jeter les yeux. La commis-
sion ne doute pas qu'il ne réponde à son attente et ne
lui donne la solution des dilïicultés que soulève la géo-
graphie ancienne des Pyrénées-Orientales. »
!2" Un mémoire sur le croup, présenté par M. Julien
Bonafos, docteur-médecin, àSainl-Laurent-de-la-Salanque,
mend)re correspondant.
Séance du 16 Janvier 1861. — M. Companyo, père,
donne lecture de deux lettres qu'il a reçues de son (ils,
M. le docteur Louis Conq)anyo, attaché, en (pialitc de
médecin, à la compagnie maritime de l'isthme de Suez,
et qui renferment d'intéressants détails sur cette con-
trée et sur les travaux qu'on y exécute.
Séance du 8 mai 1861 . —M. .louane, boulanger, à Per-
pignan, ayant présenté à l'appréciation de la Société un
19
pétrin lionl il est riiiveulcur, M. le Président désigne,
pour examiner cet objet, une commission composée de
Àl.M. lioix, Siau et Coinpanyo, père.
Il désigne ensuite une autre commission, composée
de M.M. Carbonoil, Conto et Passama, chargée d'examiner
un soulllet pour le soufrage de la vigne, de rinvention de
M. Amiel, d'Estagel.
Séance du 26 Juin 4861. — M. le Président, commu-
nique à la Société : 1° Une lettre, où M. le I)'' Auberge,
médecin principal, oflicier de la Légion-d'IIonnour et
mend)re résidant de la Société, lui adresse un exemplaire
de son ouvrage intitulé : Ifi/drûlogie médicale de l'Ela-
blisscmcnt de La Presle, et lui en ollVe la dédicace, ce
que la Société accepte avec reconnaissance.
2'J Un mémoire sur les moyens (rempéclier les inon-
dations, et, en même temps, de canaliser les llenves et
rivières, par M. Fraisse, de Perpignan, mendjre corres-
pondant de la Société. Une commission , composée de
MM. Bacli, Caiî'e et de Lamer, est chargée d'examiner
ce mémoire.
o" Une lettre, dans laquelle M. Leyméric, professeur
de géologie a la Faculté de Toulouse, nous adresse une
lu'ochure intitulée : Xotice géologique sur Amélie-les-Bains,
et nous témoigne le désir de voir insérer, dans notre pro-
chain bulletin, ce travail, d'un intérêt local pour notre
déparlement.
M. Companyo, père, donne lecture d'une lettre qu'il
a reçue de M. Noguès, professeur d'histoire naturelle au
Collège de Sorèze et membre eorrespondant de notre
Société. Le but de cette missive est d'annoncer la com-
position de la carte géologlipie des Pyrénées-Orientales,
que M. Noguès a entreprise, de concert avec M. d'Ar-
chias, professeur de paléontologie.
M. Boix, rapporteur de la comndssion chargée d"exa-
20
miner et d'apprécier le pétrin mécanique, inventé par
M. ,louane, boulanger, l'ait part à la Société des ohser-
vations qui ont été faites sur celte machine. « De tels
résultats, dit-il en terminant, devraient appeler l'atten-
tion des boulangers, et les porter a ado|)ter ce nouveau
pétrin. Voire commission vous |)ropose, .Messieurs, d'en-
courager de pareils essais, et de lénioigiier à M. Jouane
votre satisCaclion pour l'heureuse invention qu'il vous a
présentée. » Les conclusions de ^I. lîoi.v sont adoptées
par la Société.
Séance du 47 Juillet ISGL — Par sa lettre, datée de
Cases-de-Pène, du lc> juillet 18(>l, M. Carboneil annonce
à M. le Président qu'il a essayé le soulllot inventé pour
le soufrage de la vigne par M. Amiel , d'Kstagel. Il fait
connaître les inconvénients de celle nouvelle macliine, et
engage M. le Président à prendre l'avis de -AI.M. Juslin
Durand et Passania, qui en ont fait usage, a(in de voir
s'ils signaleront les mêmes inconvénients, quand on s'en
sert une journée entière.
Séance publique du 28 Juillet ISUI. — M. Chape a lu
une notice sur les travaux et les succès en sculpture de
notre compalriote Oliva, et a parlé des progrès rapides
du jeune Borreil, qui, marchant sur les traces de M. Oliva,
fera un jour, comme lui, honneur à notre département.
Séance du 9 Octobre tS6L — M. Companyo, père, com-
munique à la Société un mémoire, où M. Noguès, profes-
seur d'histoire naturelle, donne d'intéressants détails sur
les découvertes géologiques qu'il a faites dans les terrains
des vallées du Tech et de la Tel.
Séance du i Décembre IHGI. — M. Companyo, père,
offre à la Société , et dépose sur le bureau, le premier
&
21
voliinic do son onvr.igc, intilnlé : lUstnire- nalnreUc du
département des Pyrénées-Orientales. La Société vote des
remerciments à >l. Companyo, avec insertion au procès-
verbal.
Séance du II Juin ^802. — M. André Crova, notre
compatriote , actuolloment professeur de pliysi(|uc au
Lycée impérial de Metz, a lait hommage à notre Société,
dont il est nicndtre correspondant, des thèses qu'il a
présentées à la l'acuité de Montpellier, pour obtenir le
grade de docleur-ès-sciences. M. le Président, à qui ce
travail a été adressé, en tait pari à la Société, et propose
d'écrire à M. Crova une lettre de remercîment, ce qui
est adopté.
LITTÉRATURE, HISTOIRE, ANTIQUITES.
Séance du 20 Novembre 4859.— }il. le Ministre de l'Ins-
truction pnbli(pie et des Cultes avait adressé une circulaire
aux Sociétés savantes de tous les départements, sur le
projet de publication d'un Dictionnaire géographique de
la France ancienne et moderne.
M. Alart, chargé par notre Société de rendre compte
du rapport que M. le Ministre nous a depuis envoyé sur le
plan de cet ouvrage, analyse verbalement ce document,
et expose quelles sont les intentions de Son Excellence,,
qui, |)our bien l'aire coiiiprendre rajiplicalion des jjrin-
ci|)es sur lesipiels doit reposer ce Dictionnaire, joint à
son envoi ipielipu^s exi^nples tirés du Dictionnaire yro-
(jrapltique du dcpartrmeid de la Manche. M. Alart, qui
les a pris pour modèles, donne lecltn-e de deux articles
(pi'il a rédigés sur la localité de Nidoléras, commune d(>
Tresserre, canton de Tlmir, cl sur la ((unniune de Cort-
savi, canton d'.\rl(>s. Il ajdulc ipn'. vu le tem|is et les
oo
recherches qu'a exigés la composition de ces deux arti-
cles, la vie entière d'un homme, qui n'iiiirait pas d'autre
occupation, ne sulTirait [)as, selon lui, pour remplir en-
tièrement les intentions do M. le Minisire, en ce qui
concerne le seul département des Pyrénées-Orientales;
et il pense que ce travail ne peut être hien l'ait que par
plusieurs personnes dévouées, qui y consacreraient tout
leur temps.
Séance du 21 Décembre /Sô'.9.--M. Alart lit un mé-
moire sur l'emploi des canons au mv" siècle.
M. Amadis, une dissertation sur les causes qui ont
contribué à la décadence de la langue et de la poésie
catalanes.
Séance du 2-') Janvier /S6'fl. — M. l'ahbé Fines, rendant
compte d'un volume des Mémoires de r.\cadémie des
Sciences de Toulouse, cinquième série, tome troisième,
V signale un essai sur l'ancienne constitution municipale
de la ville de Perpignan.
Séance du ii Mars 1860.— M. Alart signale dans le
rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Helles-Lettres,
au nom de la Commission des Antiquités de la France,
par M. Léon Piénier, le compte-rendu d'un mémoire de
M. Fejosne sur la géographie ancienne du Uoussillon,
, qui a valu une mention honorable à cet ancien profes-
seur d'histoire du Collège de Perpignan. M. Alart, (pii
a fait des études approfondies sur l'histoire et la géogra-
phie de notre pays, combat, en même temps, quchpies
erreurs émises par l'auteur du compte-rendu, et cite, à
cet elVet, (iiiehjues passages d'un mémoire qu'il a com-
pose lui-même sur le même sujet.
Séance du 25 Avril 1860. — Au sujet <l'une (euvre de
23
saint Yves de Chartres, ^I. Emile Tastii a adressf' à la
Société, dont il l;iil partie, une note ainsi conçue:
« Tous les éditeurs, tous les hioj^raplies de ce saint, ont
vivement regretté un traité pieux sur les paroles de
N. S. Jésus-Clirisl en croix, dont on ne connaissait
qu'un exemplaire en Ani^leterre, (pril avait été impos-
sible de copier. J'ai trouvé ce traité dans la BibliotluMp.ie
de Pcrpii^nan. (/est le |)reniier du n" 10 des nianuseiils.
J'avais commencé à le transcrire pour l'éditer; la mala-
die a arrêté ce dessein sans retour. Ma copie est courte
et informe. Telle qu'elle est, je l'idfre à la Société. »
j\'ota. M. Emile Tastu est décédé peu de temps après
cette communication.
Séance du 50 Mai 1860. — Lecture d'une lettre de
M. Bach, colonel d'artillerie en retraite, meiid)re rési-
dant de la Société. Il lui adresse de la part de M. Comes,
juge d'instruction, à Céret, des objets de cuivre et de
bronze, trouvés dans une de ses jjropriélés, à une cer-
taine profondeur au-dessous du sol, le tout acconq)agné
d'une nptice sur l'origine de ces objets. Une commis-
sion, com[)osée de MM. Companyo, père, Alart, l'abbé
lîober et de Ronnefoy, est chargée dexamiuer IVnvoi,
ainsi que la notice de M. Comes, el de faire un rapport
à ce sujet.
Lettre de M. Cuiier, de Saiul-Eaurent-de-la-Salanque,
lieutenant, en exploration scientifique en Tmiisie. Il nous
annonce qu'il a fait une anq)le moisson archéologiipic
dans CCS contrées, et sm-tout parmi les ruines de Car-
tilage. Il nous destine, dit-il, (piehjues objets curieux, (pril
nous adressera par la première occasion , et il propose
uiT-uie de faire de nouvelles fouilles au nom de la Société
des Pyrénées-Orieulab^s. A celte lettre est joint un num(''ro
de la (iiizrllr 'le Tunis, où il est ipu^stiou du résultat des
recherches de \\. Guiler. Renvoyc' ii M. Alart, pour preu-
2i
die connaissance de ces docnnienls el répondre à
M. Gniler.
Séance piibli(jin' iln 29 Juillet /S6'0.— M. Alarl a lu un
travail liistoriiiiie intilulé; Un Médecin public à Coliioure
en 4372.
M. Fabre a clôturé la séance, par la lecture d'une pièce
de vers intilulce : ï.es Grues d'Jbicus.
Séance du 7 Novembre 4860. —M. Alart a lu un rapport
sur un ouvrage de M. Radicau, capilaiiic du génie, ayant
pour tilre : Monographie du chàleau de Salses.
M. Alart annonce ensuite (pi'il prépare un travail liis-
toricjue sur la pointure cl sur les peintres roussillonnais
des xiv*' et xv siècles. Il ajoute que, d'après des inlbr-
niations (piii considère comme certaines, on aurait
découvert, dans ces derniers temps, divers débris du
mausolée de la famille seigneuriale de Mosset, construit
au \vi'' siècle dans la chapelle de Corhiacli. Il demande
que la Société délègue un de ses membres ou une com-
mission chargée de reconnaître quelle [leiit (ire la valeur
histoiicpie ou arlisti(iue des objets découverts, el il désire
que des mesures soient prises pour en assurer la conseï'-
vation.
La Société charge M. Alarl de se transporter ;i (^or-
biach, et de (aire un rapport sur la découverte qu'il
vient de signaler.
Séance du 4!J Décembre 48(10. — M. le Président com-
muniipie à la Société une lettre par laquelle M. le Préfet
du département nous adresse i)lusieurs objets que lui a
envoyés, potir la Société .Agricole, Scienlilique et Litté-
raire des Pyrénées-Orientales, M. Guiter, lieutenant, a
Alger, el cpii proviennent de son voyage dans la Px'gence
de Tunis. Ces objets sont soiniiis par la Société à l'exa-
25
men d'une commission, composée de MM. Ratheau, Alart,
l'abbé Fines, de Bonnefoy et Companyo, père.
Séaure du G Mars fSG I . — M. l'abbé Fines, charp;é par
la commission ci-dessus de rendre compU» de l'exanien
aïKiuel elle s'est livrée sur trente-trois médailles envoyées
par M. Ciuilcr, les a distribuées par ordre clironologicine,
et en a l'ail ainsi le classement : nne médaille africaine,
et trente-deux impéiiahis. ('elles-ci, certaines ou incer-
taines, se divisent en médailles du Haut et du Has-Kmpire.
Les impériales certaines sont au nondire de vingt-deux:
dix du Ilaut-Kmpire et douze de l'Empire d'Orient.
Les dix premières offrent une Otacélia, nn Valérien,
nn dallien, un Maxence, nn Licinius, trois types de
(Constantin fp', et deux de Constantin-le-Jeune.
Les douze médailles du Has-Fmpire contiennent sept
Constance, un Gralien et quatre Théodose.
Restent dix médailles mal conservées, dont les légendes
sont méconnaissables, et c'est pour cette raison que M. le
rapporteur les a appelées inrcriaines.
Après la lecture de ce rapport, la Société décide ([iie
ces médailles seront déposées au Musée de Perpignan ,
et qu'une copie du travail de M. l'abbé Fines sera envoyée
il M. (luiter, à qui des remercimenls sont votés.
M. Ratheau coinmuiiiiiue ensuite à !a Société, nn tra-
vail des plus intéressants sur les Alalai/as, ou tours de
signaux , que l'on rencontre sur divers points de notre
département.
Séance du 11 Avril ISCI . — M. Alart donne lecture d'une
note sur la maison de la Main-dr-rrr, et sur la lamille
\anxo, de l'er|)iguan. Ce travail a, depuis, été inséré
dans le Journal des Pyrénées-Orientales .
Séance du S Mai fSGI.—},]. le Président lit une Ictlre
26
(le M. Roiillia, clicrd'iiislitulion, à Millos, qui nous adresse
une iiK-daille arabe, trouvée dans le sal)le dn ravin appelé
la Boule, au territoire de celte commune. Cet objet a été
déposé au Musée de Perpignan.
Dans une notice inlilulée : Ancienne église rie Corhiarh,
el insérée dans noire dixième bidielin, |)aii;e 117, M. Alart
avait parié d'un niagnili(pie mausolée, cpie le seigneur de
Mosset avait fait construire en 1549. Ce monument étant
aujourd'bui entièrement détruit, M. Alarl avait rapporté
Tacle qui en fait connailn^ rordonnanee. Il a reçu <lepuis
de M. Malles, inspecteur des écoles primaires, le résultai
de certaines rechercbes, (jui viennent à ra|)pui de ce
qu'il avait dit d'abord, et il en fait part à son tour à la^
Société.
Séance publique du 28 Juillet hSOL—M. l'abbé Dellioste
a initié le public aux cérémonies usitées pendant le xv^
siècle pour une procession en l'Iionneur de saint Gaudé-
ri(]ue.
M. Alart a raconté toutes les péripéties de la construc-
tion de notre église de Saint-Jean, (]ui n'a pas duré moins
de cent (piaranle-cin(] ans, el (pii parait avoir eu lieu avec
les deniers de la bourgeoisie, donnés volontairement.
M. Cambouliu a donné la biograpbie du savant béné-
dictin Dom Rrial, notre con)pati'iole.
M. François M<''ric a lu un apologue en vers, intitulé:
Le Laurier et l'Olivier;
M. Jacques .Vrgiot, une traduction en vers français des
Deux Rais du bon Horace,
Et M. Fabre, secrétaire de la Société, une pièce de
vers, intitulée : Pitié pour les Animaux.
Séance du IS Décembre iSGI . — M. le Président présente
il l'appi'obalion de la Société, les sujets littéraires, |)Our
les(juels , à l'occasion du Concours régional , des prix
•27
sei'ont dcceniés aux personnes qui les auroul le mieux
traités. Ces sujets sont :
l'5 L'éloge, en vers alexandrins, de M. le maréchal de
Mailly, ancien lieutenant-général du Roussillon et com-
mandant en chef de cette |irovince;
!2" Une poésie légère, traitant des monuments et des
sites pittoresques du département des Pyrénées-Orien-
tales.
Séance du 25 Avril 18G2. — Après la lecture des litres
et épigraphes des compositions littéraires présentées au
concours, la Société choisit six de ses membres, qui,
conjointement avec les membres du bureau, doivent ju-
ger du mérite de chacune d'elles, et désigner celles qui
seront couronnées. Les six membres élus sont : M>L de
Bonnefoy, labbé Fines, lîarberet, Amadis, Alart et Pierre
Batlie.
La commission ci-dessus, a[)rès s'être réunie plusieurs
fois et s'être livrée à un consciencieux examen des pièces
de vers envoyées au concours, a chargé un de ses mem-
bres de présenter l'expression de son jugement, ce (pi'il
a (ait en ces termes :
« Les habitants des Pyrénées-Orientales se souviendront
toujours avec reconnaissance de l'administration toute
paternelle du maréchal de Mailly. Ils n'oublieront point
tout ce qu'il lit, dans nos contrées, pour l'agricidture ,
le coujuiercc, les sciences et les arts. Aussi, la ville de
Perpignan n'a-l-elle laissé échapper aucune occasion de
célébrer les vertus héroïques de son bienfaiteur.
« La Société Agricole, Scientiri(]uc et Littéraire des
Pyrénées-Orientales a donc cru ajouter un nouvel éclat à
la létc du Concours régional, en mettant aussi au concours:
!« l'éloge poéti(|ue de M. le maréchal de Mailly; 2" une
descrijjtion, en vers légers, des monuments et des sites
pittoresques du département des Pyrénées-Orientales.
«Cet nppel a été entendu. Six pièces de vers ont été
présentées au concours, sous les titres suivants :
«Noi. — Eloge du maréchal de Maiily, lieutenant-
général du Uoussillon et commandant en chef de cette
province , avec cette épigraphe :
On lient èlre liéros s;iiis r;iv;ignr la terre.
(lion.EAU.)
«N"2. — Éloge (d'après le programme) du maréchal
de France, comte de Maiily d'Harconrt, chargé, en (]ua-
lité do I.ieutenant-Général, sous Louis XV, du coiniiian-
dement en chef de l'ancieime province du Roussillon,
avec celte épigraphe :
iJouverneur bienfaisanl, il n'eut point d'antre envie
Que de plaire à son roi, de servir sa patrie.
Il vrcnt en liôros, il mourni on martyr!
Jetons un cri de gloire, exhalons un soui)ir!
« N° 5. — Ode au maréchal de Maiily, par un lious-
sillonnais du xim^ siècle, reconnaissant, avec cette
épigraphe :
Le confiiiérant est craint, le sa^e est oslinié;
Mais le bieniaileur charme, et lui seul est aimé.
(Voltaire.)
«Cette ode est précédée d un prologue intitulé : lloui-
magc à Messieurs les Memhres de la Société Agricole,
Scientilique et Littéraire des Pyrénées-Orientales.
« N» 4. — Lnc pièce de vers, intitulée : Mon Roussillon,
avec cette épigraphe :
Salve, innçjna parens friicjum, sahiniiii Iclliis
Maijna vinim
(Virgile.)
29
«No o. — Deux pièces de vers, inliliilées: la première,
Le Canigou; la seconde, Une Fêle dans les Pyrénées,
avec celle épigraphe :
Je vais jiisi|ii"ui'i je puis.
«N" 6. — Une pièce de vers, iiUiliilée : Silcs et Monu-
menls des Pyrénées-Orientales, avec celle épigraphe :
El dulces rcminiscilui' Argos.. . .
(Virgile.)
« Les ailleurs des pièces N" 1 el N" 2 oui perdu de
vue cpie cï'lail [)riuci|)aienicnt l'éloge de M. le maréchal
de Maiily, comme Gouverneur du Roussilion, qui avail été
mis au concours, el ils se sonl surtout étendus sur les
i)alaiiles auxquelles il avail pris part. Toutelbis, la pièce
iS» J s'élant un peu plus a|tprochée du programme, a été
jugée digne <rune médaille d'argent, (pii a été décernée
il Tauteur, M. Mercadier.
«Quant à la pièce N" ô, dont le mérite réel a été
reconnu, l'auteur n'a pas prétend» concourir, attendu
(pi'une ode ne lemplissait i)as les conditions proposées,
et il s'est contenté de faire hommage de son reuvre à la
Société, dont il l'ait pailie.
«La pièce N^' 4, intitulée: Mon RonssilUni , annonce
une plume exercée et un talent vraiment poétique, el
remplit, autant que le comportait la vaste étendue du
sujet, les intentions de la Société. Aussi, sa commission
n'a-l-elle pas hésité à décerner a l'auteur, M. François
Méric, une médaille de vermeil.
« La pièce N" o, s'élant entièrement écartée du pro-
gramme, el la pièce N" (3, n'ayant l'ait, pour ainsi dire,
([u'elUeurer le sujet, la commission n'a pas cru devoir
les admettre ii concourir. Nous aimons, cependant, ii
reconnaître que toutes les pièces envoyées au concours
30
renrermeiil des vers lieiireiix , el quelques détails pleins
d'intérêt. »
Les billets cachetés, renlermant les pièces non cou-
ronnées, ont été brûlés, selon l'usage, sans avoir été
ouverts.
Séance du 7/ Juin I8()2. — M. le Président commu-
nique à la Société :
J" Une pièce de vers catalans, avec la traduction en
prose française , adressée aux poètes de la Provence ,
par M. Damaso Calvet de Badaillès, membre correspon-
dant de notre Société, et habitant la Prusse-Ilhénane;
!2" Une lettre de M. Piatheau, capitaine du génie, et
mend)re de notre Société. Cette missive a pour objet,
une note sur cinti jetons trouvés auprès de Fort-les-
liains, vers la tin du mois d'avril 186^. M. Piatheau,
après en avoir donné une description détaillée, ajoute
qu'il pense, sans pouvoir l'allirmer, que le métal est de
l'argent.
31
CONCOURS RÉGIONAL
DE PEIIPIGNAN,
ET EXPOSITIONS AMEXKES , EN 1862.
RÉGION SUD.
JURY DU COXGOLT.S Ill^GIONAL.
M. le Prélcf dos Pyrénées-Ocieiilales, président d'Iionnctir.
I" SECTION, CHARGÉE D'APPRÉCIER LES ANIMAUX.
M. Rendu, inspecleur-général de rugriciillure, premier vice-
président du jury, président de la section.
!"= Sous-Sedion, pour juger les animaux de l'espèce bovine.
MM. Jules Buisson, à la Bastide-d'Anjou (Aude).
De Labaume. à Mnios (fiard).
Vialla, à Monipellier (lléranll).
Baudement, membre de la Société impériale et centrale
d'agriculture de France.
Bertrand Balanda, à Perpignan (Pyrénées-Orientales).
^"-' Sous-Sedion, pour juger les animaux des espèces ovine
et porcine, et les animaux de basse-cour.
MM. Jules r.igézy, à Montpellier (Hérault).
Rolland, à Nimcs (Gard).
Falcon, à Pampelonne (Var).
De Bovis, à la Tour-d'Aigues (Vaucluso).
Maill'redy, au Mas-de-Vèrc (Bouclies-du-ilhùne).
32
r SECTION, CHARGÉE D'APPRÉCIER LES INSTRUMENTS ET LES
PRODUITS AGRICOLES.
M. Lloiibes, deiixiônie vice-piésideiit du jury, président de la
seclion.
/re Soits-Seclion , pour pujer les instnimeiits d'extérieur
de ferme.
MM. Portai de Moux, à Carcassonne (Audej.
De Bec, direcleur de la ferme-école de la Monlaurone
(Bouches-du-niiùne).
D'- Goiirier, à Fraisse-Cabardès (Aude).
DulTaud, ingénieur en chef des ponls-el-chaussées.
S« Sous-Section , pour juger les insiruments d'intérieur
de ferme.
MM. De Gasparin, à Orange (Vaucluse).
Denille, directeur de la lérnie-école de Besplas (Aude).
Ile (".asijuel, directeur de la terme-école de Saignes (Var).
Guillaume, ingénieur à Marseille (Bouclies-du-Kliùne).
3e Sous-Sedion , pour juger tes produits agricoles.
MM. PcUicot, àTonlon (Var).
Valayer, au Blanc, prés Avignon (Vaucluse).
Paul Gère, à Lamalou (Hérault).
Rougemont, à Marseille (Bouches-du-Bhùne).
ConUe de Pierlas, à Nice (Alpes-Maritimes).
COMMISSARIAT.
M. Rendu, inspecteur-général de l'agriculture, commissaire-
ijénéral.
33
RAPPOUT
s un
LA PRIME D'HONNEUR
DES PYRÉNÉES-ORIENTALES,
Pdf M. llKXni DO.\IOIi, secri'tnlre et ra|>{i<>i'li'iir
lie la Coiiimissioii ilf \ isllc.
(Expost'' In 011 Srnnce |iiilili que. )
M ESSIEU us,
La pari consi(iéial)le ([ui apparlieiitlra aux commissions
de la prime. d'Iiuuiiour dans les progrès de notre ai^ri-
culliuv, (ail encourir à ceux qu'elles désiguenl pour leurs
iiiterprèles, des responsabililés de plus d'une sorte. Com-
bien ces responsabilités ne s'aggravenl-elles pas, quand
on doit parler au nom des juges les |»lus autorisés de
celle région, devant les auteurs des grandes opérations
cultmales qu'elle présente, et ([uand on succède dans
un tel r(ile, non-seulement à l'un des maîtres parmi les
maîtres, mais à (luebpi'iin (Imil les discours charmants
renq)lisscnl encore vos souvenirs! Je ne viens donc pas,
sans une crainte sincère, vous retracer l'examen de la
3
34
commission qui visitait rannt'e dcrnièro, in-esquo à pareil
jour, les domaines concurrents, et justilicr ses décisionsC.
J'ai dû ce dillicile mandat à une hienveillaiice extrême,
que je voudrais justilier; mais je sens qu'il me faudra
toute la vôtre encore pour ne pas paraître au-dessous
des devoirs qu'il impose.
Le département des Pyrénées-Orientales est un des
joyaux de cette llégion Sud , où il y a de si belles par-
ties, et qui, jusque dans ses aridités, est marquée d"un
si grand caractère. On Tembrasse presque tout entier
d'un regard, et vous avez admiré rampliitliéàlre magni-
fique qu'il présente. La vaste plaine qu il olTre aux yeux,
encadrée dans les lignes grandioses de ses montagnes,
étageanl les riches teintes de sa végétation, c'est ce
Roussillou, où l'art cultural de la vieille Espagne a créé
un de ses réseaux d'irrigation les plus parfaits. Au-delà
de celte plaine célèbre, derrière les contre-forts qui l'en-
tourent, deux vallées étroites et prolongées forment à
(1) Celle cninniission, formée sous la iirésidcnec tle M. V. Renol',
insiiect.-jjéiiéral (rauriciilluie , avait élé coin|)oséc par M. le .Miiiislre, de
MM. De I.abxume, président de rhaiiibre a la cour inipcriale de Nimcs,
propriélaire-agriculleur (hiiis le lianl ;
De Bovis, propriélaire-ajjiiiiilleur dans Vaucluse;
De r.ASQtET, propriélaire-dirceleur de lu fei nie-école du Var;
IMAiiinEDV, propriétaire, lauréat de la prime dlionueur des lîouclies-
du-lUiône, en ISlil ;
J. FikGÉ/.ï, maire de Alontpellier, proiir.-atjricnlteur, dans 1 Hérault;
De l'iEiiLAS, propriétaire-agriculteur à Nice;
Doclcur GoliKlEli, proprietaiic, lauie;it de la prime d'I.onucur do
l'Aude, en IS.oO.
La commission sVsl réunie, h l>e,pii;nan, le 20 mai I8til; elle a conli-
m.e jus-iu^au 8 juin ses opcralions, dont le rapport a de eonlié au secré-
taire, M. Henri DoMOl.. , ,, ,
Le jurv régional, assemblé, le !) mai IS(;2, sous la présidence de M. I.
SaU.es, préfet des Pyréuées-Orienlales , a adopté à runauimilé les termes
cl les propositions «le ce rapport.
35
I<^iir cMiémilé, rinlércssaiilo coiitroe do pâturages e( do
k'Iail (lui s'est appelée la Terdagne.
A pari la Cenlagiie, il y a peu de place pour l'agri-
ciiluire dans ces vallées. Leurs (x'iites rajtides el resser-
rées ne comportent guère (pie la culture à bras (riiomnies.
l-a vigne et l'olivier aussi liant (pie possible, le mico-
coulier, le châtaignier, ce sont leurs produits principaux.
Même, là où s'oflVaient des plans plus larges, il n'v a
guère (]iie la produclion pastorale (pii ait pu s'étendre
avec avantage.
La plaine est un de ces lieux privilégiés où tout semble
préparé jiar la nature pour sourire aux besoins des hom-
mes. C'est une vaste alluvion, déposée au pied des mon-
tagnes à mesure du ravinement de leurs pentes, et (pii
incline doucement vers la mer. Des terres mélangées des
plus fertiles éléments, une grande surface accessible au
meilleur arrosage, un climat (pii permet jus(]u'à trois
récolles par an , les parties les moins bien partagées
pouvant prodniie nos vins les plus gcméreiix, telles en
sont les conditions iieureuses, et Tagriculture les y trouve
presque en charpie lieu.
Cette plaine n'est pas sans laisser voir dans son exploi-
tation des divisions générales en ra|)port avec les dispo-
sitions naturelles ou la composition de ses terrains. C'est
ainsi (pic les trois rivières [irincipales du département v
ont tracé comme trois larges bandes juxtaposées, dans
chacune desquelles une nature d'exploitation parait pré-
dominer particulièrement. Au nord, le long de la chaîne
des Corbières, les matériaux déposés par les eaux de
l'Agly, terres calcaires, pierreuses, laites pour la vigne,
et qui I ortenl en effet les crus sans rivaux de Hivesakes!
Au-dessous, les sédiments de la Tel, mieux composés
pour la culture arable, et où l'arrosage répand de toute
l»arl ses bienfaits. Plus bas, sous le prolil majestueux des
Albèros, les dep(jis plus sableux du Teeh , bien connus
36
autrelois pour stériles sous la déiiouiinaliou iVaspres. Il
V a, on outre, soil au devant de ces parties, (pic l'on
pourrait appeler anciennes, soit au bas des vallées,
soit le long de la nier ou dans les replis nombreux de
la surface, des alluvions plus modernes, les .saUiiiques,
les terrc-cerls, qui doivent, à rexcellcnce de leur mé-
lange , à leur iraiclieur constante , aux proportions
parfaites quehiuefois de rinliltration saline , d'être un
des limons les plus riches soumis nulle part ii l'imlustrie
agricole.
Mais, quand on regarde de près, tous ces accidents se
reproduisent à chaque pas, et la culture n'a pas de can-
tonnements absolus; les terres, sans être identiques, ne
peuvent s'utiliser que de la même manière ou par des
soins semblables. Les exploitations qui ont jtris part au
concours, se trouvent pres(|ue toutes dans celte |)artie
centrale, qu'on pourrait appeler la région de l'arrosage;
une seule est en dehors, presque sur le terrain des
aspres. Ensemble, néanmoins, elles représentent bien
ragricullure du Roussillon ; et, a tout prendre, elles au-
raient fait |»asser suus vos yeux celle du département
tout entier, si les prairies et les élevages de la Cerdagne
avaient pris part au concours.
Neuf personnes de ce beau pays avaient demandé à
disputer la prime d'honneur ou les récompenses spé-
ciales qu'il vous est donné de distribuer. — Xw dernier
moment, deux ont manqué : l'une, des Mazos, dans
rarrondissemenl de Prades, parce (jne les procédés de
détail qu'elle annonçait, ne suflisaienl [tas pour la main-
tenir dans le concours; l'autre, de Millas, parce qu"en
ne se trouvant i»as présente au moment de la visite, et
en ne laissant personne à sa place |)0ur conduire la
commission, elle a dû être regardée comme se retirant
d'elle-même.
37
Les sept concuiTtMils (|ui sont entrés en lice, sont:
MM. ,1. Hiirrère, pour ses cxploilalioiis do Bnges et de Moiilescol;
G. Caillé, de Perpignan, pour son exploitation de Germain-
ville;
L. Durand, de v^ainl-Nazaire, pour son exploitalion de Sainte-
Croix;
Ilénaut, du Solcr, pour son exploilalion du Mas-d'Rule;
V. Malègue, pour son exploilalion de Pézilla-de-la-Hivirre;
Prax, coniniissioiinaire, à Perpignan, pour son exi)loilidioii
de Saiulc-Eugrnie-du-Soici';
Sauvy, ancien négocianl , pour son exploitation du Mas-
Sauvv, à Villnu(Mive-(l('-l;i-rialio.
On lait de ragriciillnre depuis longtemps, et en France
pres(iiie tout le monde en fait; mais l'agriculture raisonnée,
devenue une induslrie (pii se gouverne par des prinei|)es,
est une chose moderne vers laquelle on ne va (pie timi-
dement. On passe par pliisieiu's phases avant de prendre
loiil-a-lait les voies utiles. D'ahord, on surveille son do-
maine; on le suit de plus piès (ju^nulrefois, on conseille,
on dirige ceux qui le cultivent. A la phase densuile, on
le fait valoir soi-même; ou le répare, on essaye d'autres
assolements, d'autres cullin-es, le plus grand pas est lait.
Vient la phase dernière, oii \'nu |trali(pie \\ lond le mé'
lier, où Ton manie le sol comme le mamiraclurier ses
matières, où l'on sait comme lui sonder les débouchés,
l)ro|)ortiouuer lai lion, où l'on tire de ce sol, comme
lui de sa lahrique. toulc la rcmuuéralion nécessaire.
Dans les exploitations (pii ont piis part au concours,
vous allez retrouver, sous des mesur.es variées, toutes
ces situations dilVérentes.
SAlNTK-ELr.ÉNlE-DU-SOLER.
A la phase du didiul apparlicnt le domaine de Saiiile-
Kugénit'-(lu-S(dcr. Ou \ voit uiic agrimllnri' lout-ii-lait
coinnicMcanlc, mais qui a loi|| lieu de grandir.
SAlNTE-CnOlX.
On mot le pied sur mi ipnaiii où les clicniins du pro-
i,Mès sont (léjii tracés, (piand on entre che/ M. Laïuont
Durand, à Sainte-Croix. Ce domaine demandait des amé-
liorations considéraliles : on y en fiiit depuis dix années,
et tout n'est pas fini. II reste surtout a élever d'une
manière uniforme le niveau de la eulturo. M. Laurent
Durand est un propriétaire aclif. Sorti des débuts, cpii
sont toujours les moments riules pour le cullivatcur, et
(]ue la commission se plait à louer clie/. lui, on ne sau-
rait douter ([u'il n'avance désormais dans les juarKincs
Iructueuses '''.
LE MAS-SAUVY.
C'est plus utilement que M. Sanvy a traité le domaine
qn'il s'est formé aulour de Villeneuve-de-la-rîalio , toutes
conditions naturelles égales d'ailleurs. Ce domaine a 180
hectares, qui se présentent en trois grands lots, assez
distants, quoique régis d'un centre d'exploilalion unicpie.
11 n"a pas fallu moins de vingt-cin(| années et plus
de trente actes d'accpiisition ou (rechange, pour arriver
à le grouper de celle manière encore imiiarfaile.
Le'.Mas-Sauvy porte à juste lilre le nom de son jiro-
priétaire; car, indépendamment de celle constitution ma-
térielle, celui-ci y a presque tout créé: l'Iiabilation et les
bàliments (jui s'y trouvenl , la verdure qu'on y voit, le re-
venu (piil donne, on pourrait dire l'eau même qui y coule.
15ien employer son terrain suivant sa deslinalion natu-
relle, i)artout où c'était innnédialement possible; là où on
n'aurait pas pu l'utiliser, le rendre i)ropre à l'être, telle
(l'i l'arrni lis (iihi:i|ms :irl,cvry. I;i (■(Hiiiiiis-ioii n icir.uijiu' |virliriiiic-
rciiu'iit l'iilucuvoir ii iiiiuiliins, cl.iiili <iaiis mic |):iliiri', et lornir \u\r mie
iij;(.lu .i llciir (lo li'tie, (|iii iililisc d'iiiii- inniiii'ir lios-luuiciisf une failjle
sourcf «lu .IdinaiiH'. Culle ii|;nlc, iMi l)ii(|iics <-iiiuiil.cs, ;i ÔU'" de loii|;m-iir,
sur 20'' ilf laiiji'ii;-, l'I uni' |)icirii:ulciii' ili' 10' .
39
a été iusiiuici rieuvrc de .M. Saiivy. Il avait des collines
argilo-sableiises Irès-sèclies, et des fonds de terre forte
ou des alUivions salines perdnes par les eaux stai^tiantes.
Les fonds, assainis, arrosés par de belles eaux artésiennes,
nous ont laissé voir des céréales qui étaient de premier
ordre sur beaucoup de points; (pii le deviendront partout
à vue d'oeil, dès (pie de bons princi[)es agricoles préside-
ront avec suite ii Icui' exploitation : personne n'est plus
près que M. Sauvy et ses (ils de connaître et de pratiipier
ces principes ''' Ouant à l'utilisation des parties sèches,
elle est conqilèle dès maintenant. M. Sauvy les a exploi-
tées par la vigne, et par une belle olivette, dont la taille
contraste heureusement avec les mutilations (jue l'on voit
ailleurs. Le vignoble présenle un total de 76 hectares, et
le choix du cépage (larrct, (((rinj/diiii et nuilaro), ainsi
(jne l'état parlait de fumure et d'entretien, le feraient
remar(|uer partout. Liant acceptés les systèmes de j)lanta-
liou en carré et de culture au fourcat, on doit tout y louer.
11 s'y ajoute un ensemble su|)érieur de fabrication vinaire^
une belle usine dans le système Desionne pour la distil-
lation du vin et du marc, une suite de cuves pour l'extrac-
tion du tai'tre. C'était une imluslrie complète, faite pour
embrasser une production bien supérieure à celle du domai-
ne, et a laquelle M. Sauvy, quand le prix du vin décourageait
les cultivateurs, avait demamlé le bénélice d'une grande
masse de matière consommable ou propre a l'engrais.
il a semblé ;i la commission (|ue les travaux de cet
agriculteur recevraient {\ue distinction parfaitement justi-
liée, si vous atlacliie/. une de vos récompenses marquantes
à cet ensemble viticole, ipii en est jusiprici le coté saillant.
(1) M. Si\iiv\ ;i cicc ^liiisi iiii Mils (Il Ihhi l'inl il ixiiloilalioii, (iO lifi'lares
ili' I ilidiiK, lit (II' |ii;\iiic niiliiii lli', l(i (K' lii/i'i'iio, '( lie \i\ plus (loiissanli;
iiilliiii' MKiiaicliiTc l'I fiiiiliiTi'. Il ciUirlii'iil im clK-pli'l (If (iO IcU'S do 100
Kildjjioiiiiiu's , |iarriii Icscuiclics un lroii|i(Mti i|iii |iii'M'nlait ili' lii's-lu'llrs
l)rfl)is iiM'ies.
\0
Il va auprès du Mas-Sauvy une œuvre agricole inachevée
encore, quoique entreprise il y a quinze ans et continuée
depuis, malgré tous les insuccès premiers et toutes les
(lillkullés : c'est le dessèclicmenl et le dessalement de
l'étang de Villeneuve. La commission a regretté de ne
pas rencontrer dans le concours ce grand travail, dû à
M. Azema, ancien consul d'Espagne a Perpignan. Klle
l'a vu, parce que, avec le dévouement au progrès de cette
Région, qui vous est connu de longue date, et avec la
bonté attentive qu'il prodigue à ceux (juil conduit, Mon-
sieur rinspecteur-Général a désiré qu'elle connût tout ce
qui était de nature à fixer ses appréciations. Elle eût aimé
a vous en retracer les détails, (pii semblent marqués, dans
leur conception et dans leur exécution, du génie agricole
des anciens Maures d'Espagne. Elle n'a pu qu'aller rendre
hommage a l'homme que la rare constance de. sa volonté
autant (pie l'audace de son intelligence, ont conduit à
cette entreprise; elle a cru remplir encore sa mission,
et obéir aux sentiments du jury lui-même.
LE MAS-D'eULE.
C'est encore d'avoir pré|)aré sa |)ropriété pour une
exjdoitation vigoureuse, qui lait le mérite de M. llénaut,
au Mas-d'Eule.
Le Mas-d'Eule est entre Thuir et le Soler, dans une
plaine que les eaux sillonnent en tout sens, et ;i beau-
coup de parties de laquelle elles ont été longtemps fatales.
M. llénaul possède ce domaine depuis sept années. C'était
une sorte d'Ilot de gravier et de terre sèche inarrosables,
entouré d'un marécage mal herbage, où le pâturage était
nuisible et où les animaux ne s'aventuraient jias toujours
sans danger. Assécher à fond toutes les parties noyées,
et ramener leurs eaux par des contre|)enles pour l'arro-
sage des parties sèches, voilà le travail que ce cultivateur
a accompli; et ce travail est aussi remar(pial)le par l'énergie
41
qiip pnr los soins de l'oxôciilinn. Ce qu'il y a eu de fossés
ouverts, de uiveileuieiils de détail, de redressements de
pièces, est considérable: par exemple, une tranchée de
700 mètres de long, sur 4 mètres de large et 1 mètre Vî
de profondeur, 1.100 mètres de fossés profonds, 5.000
mètres de fossés moyens, une longueur non moins consi-
(l(''ral)le de drains transversaux. Ce (ju'il y a de résultats,
n"a pas de proftorlions moins ini|)ortantes : 2o hectares,
qui étaient d'une production détestable, |)our ne pas dire
nuih', sont devenus des terres de première (pialité;
lai'rosage s'étend aux soixante hectares du domaine,
taudis (pi'il ne s'ap|»li(|uail (prà treize; on ne trouvait
{pi'avec |)eine !2.G00 Ir. de ferme, on en a trouvé G. 000,
et ce n'est pas tout ce que vaut désormais le bien.
La culture ne répond pas encore à ces opérations par-
fiiites, mais elle est en chemin d'atteindre îi leur niveau.
M. llénaul a (railleurs une inclination, avec la(iuelle, dans
une propri(''lé comme celle-là, il deviendra forcément un
agriculteur avancé : il aime le bon bétail. Le Mas-d'Eule
entrelient à cette heure près de deux tiers de tête par
hectare, déliassant chacune iOO kilos. On y demande le
travail ;i des bêtes (pi'on prépare pour la boiu'herie. On
a de doubles attelages, ne faisant (|ue moitié journée;
rengraissemenl dure juste le temps des labours; le bétail
de trait est ainsi en même temps bétail de rente. (>elui
{\u'\ a vu la commission, justifiait pleinement la valeur
de ce système, transiiion ingénieuse entre les habitudes
ordinaires et une spi'cialisation plus couqtlèle. Le trou-
peau, formé de 200 tètes, était un spécimen j)récieux de
ce qu'on peut obtenir avec la race des Corbières associée
aux métis-mérinos, au moyen d'une sélection intelligente
et d'une alimentation bi(Mi (Mileudue.
Ou reconnaît dans les travaux du Mas-il'I^ule, l'iulluence
d'un voisinage dont je vais avoir ;i vous entretenir bientôt :
imitation ou conseil, ils n'ont |>as moins un grand mérite.
V2
La coiniiiission vous demandera de les mettre au n)ême
rail}; dans leur genre, (|ue ceux du Mas-Sauvy dans le leur,
el de les récomi)enser de même.
l'exploitation de m. MALfcGUE A l'ÉZILLA-
DE-LA-UIVlkUF..
M. Vincent Malègue ouvre, dans le concours, la série
des exploitations gouvernées par la science, ou d(uil les
prali(]ues, au moins, sont du domaine de cet art relati-
vement moderne, (pii enseigne a traiter le sol avec les
méthodes ou les forces capables de lui l'aire rendre toute
la production relativement possible. Le nom deM.Malègue
n'est pas nouveau pour la Région. C'est celui d'un éleveur
déjà chargé de couronnes. L'éleveur est greffe chez lui sur
nn cultivateur très-zéb' et plein de connaissances, (^ui trou-
vera certainement les derniers succès, cpiand il s'attachera
à un domaine mieux constitué et de plus de ressources.
M. Malègue, sur 56 hectares, n'en a (pie 20 arables**';
l»our près des deux tiers, il n'est que rermier, et tontes
les parties : terres, bàlimeiils, habitation, sont morcelées,
très-distantes entre elles, très-impropres à une exploitation
d'ensemble. On ne sent pas moins ciiez lui des ell'orts
sérieux pour conjurer ces mauvaises conditions. Il a un
assolement raisonné (pii donne les quatre sixièmes de son
cadre aux fourrages, cl il vise ;i une soli(laril('' étroite de
toutes les cultures. On voit surtout (juehpie chose de tres-
saillant, c'est le nombreux bétail sur leipiel son exploi-
tation repose, et les vues particulières dans lesquelles ce
bétail est entretenu. On y trouve l'équivalent de iO tètes
de 100 kilos<-', soit ÔOOi^ (1 tète "., i par hectare arable, et
270'^ ou deux tiers de tète toutes terres conqu'ises, et cette
(I) Il a l'ii (iiilro : vij;iifS, 22 licilaics ; iili\icis, (i lieclarrs.
(1)8 chevaux , ."2 lid'iils, vailles ou eli-ves; if rosti- en porcs mi iT|irc-
!ciilc [laf (Iciu mois tic iioiifriluie d'un Inuipcau de 180 Ictcs.
i3
grande (iiiaiitilé do chair vivante est produite, élevée,
cntrelenue tout entière pour la boucherie. Xon-seulenient
une telle proportion, mais une spécialisation si accusée du
bétail, la commission ne les a pas rencontrées ailleurs.
Faire ou pré|)arer de la viande, et le plus de viande
possible par tète entretenue, pour avoir beaucoup d'en-
grais au |)lus bas prix possible, c'est le but très-raisonné,
très-suivi (pie s'est proposé M. Malèguc. Un esprit éco-
nomiste aussi éclairé, (pi'un sens agricole droit, lui ont
(ail penser ipie lorsipTon avait les lécondes alluvions du
Roussillon el les eau\ (jui les arrosent, à côté de la Pro-
vence et du Languedoc, où le bétail ne peut être qu'ex-
ceplionnel, tandis (pic la richesse de leurs habitants et
l'extension de leurs grandes villes les rendent le lieu
(ruiie consommation sans cesse accrue, produire de la
viande serait une grande source de prolits. Il a i'ornié et
peuplé ses écuries dans cette vue. (l'est elle (pii a fait
de lui un éleveur tout d'abord. Les Durbains, les Cha-
rolais purs el croisés, les belles tètes porcines (pi'il pré-
sente chaque année aux concours de la Région, en sont
les produits cherchés avec patience, contrôlés par une
(•oinptalHlit('' exacte, et dont r(>Ievag(> a lonrni d(''j;i plus
d'un sujet aux c(dtivateiirs environnants, (/est aux Jurys
des animaux ;i dire à M. .Malèguo s'il est dans une voie
utile ipiant ii la nature el ;> la réussite de ses croisenuMits;
mais il y est certainement (piant an but final.
D'aillem's, rien n'est négligé pour faire remplir à ce
Ix'tail le rôle (ju'en attend M. Malègue. Il a créé une
distdlerie pour en ajouter les résidus ii ses moyens de
nourriture; il vend le parcours de ses iierbes non faii-
cliables pour se |)r()curer des fourrages supplémentaires;
il ne craint pas d'acheter le double de la paille (pi'il |)ro-
duil; le S(d et la |)enle de ses écuries, tout mal disposés
qu'ils étaient à l'origine, ont été cond'inès pour (pie les
litières s'imbibassent bien; les [)urins excédant sont re-
44
ciiftillis, on en arrose le fumier, et ce fumier, bien tassé,
liioii pn'sorvé do l'enn dos loiis, est trnit('' aussi l)i(Mi qu'un
fiiuiiei' à découvert peut Tètre.
.Malgré tout cela, la culture a des progrès à faire encore
chez M. Malègue. Il en est beaucoup des bons principes
d'agriculture, comme des bonnes intentions : on les a, on
ne s'en sert pas toujours au mieux, et d'assez habiles
eux-mêmes. \ côté de très-beaux blés, la commission a
été surjjrise, par exemple, que les fourrages laissassent
à désirer. Mais il n'y a (|ue six ans (pic M. Malègue cul-
tive. On peut dire que ce (pi'il a fait (h'jii est un bon gage.
On le dirait avec d'autant plus de plaisir, (pie cet agri-
culteur est venu demaiuler ainsi ;i l'industrie rude et peu
prisée des champs, nue profession suivie, à l'âge où ordi-
nairement on s'en éloigne pour la vie des villes ou pour
les carrières en vue; (piil n'a pris et ne prend encore (pie
dans ses épargnes seules le moyen d'élever son indusirie,
et (pu', d'année eu année, il l'élève d'une manière sensible.
En attendant (pie de meilleures conditions agraires et plus
de temps permettent à M. Malègue d'atteindre à des succès
plus complets, la conmiission vous priera d'attacher une
de vos récompenses à cette proportion si remai(piable du
bétail, qui est jusqu'ici le fait le mieux réussi de l'exploi-
tation de Pezilla, et (pii montre, à tout le |)ays d'arrosage
du Iioiissillon , le chemin , nouveau pour lui , d'un des
larges débouchés réservés à la production.
LES EXPLOITATIONS DE M. J. IJ.VlUUaiE, A ItAGES
ET A MONTESCOT.
Kn agriculture, comme en l(uit , on voudrait être à
même de distribuer autrement qu'on ne les trouve les
situations respectives ou les aptitudes. On formerait des
exploitations bieii iemar(piables , ii donner ainsi aux uns
ce (]u'onl les auti'es! Si les piiiici|(es d'agronomie sur
Ies(iuels M. .Malègue se guide avaient été le partage de
45
M. iiarièie, peu (rd-iivres iigiicules iipproclieraifiil de la
sienne dans la lléi^ion loiil entière. i*oin'(juoi l'aiit-il,
messieurs, que, depuis noire visite, la mort ait frappé
M. Barrère, et que nos paroles et vos distinctions vien-
nent a\ijourd'liui raviver l'adlielion d'une lamille, (juand
nous nvions été si heureux do |)enser (pi'elles en feraient
la joie. M. Barrère était un de la foule, né au pauvre foyer
d'un laljoureur, et tout ce pays, en (]uel(|U(ï sorte, a suivi
ses funérailles. I.e premier inai'istral de ce département
les a conduites lui-in('mc. Animé d'un rare sentiment de
sa mission, et nous associant à sa démarche, avec une
délicatesse dont le souvenir nous sera précieux , il a
exprimé, au hoid de cette tombe trop tôt ouverte, les
sympathies et les regrets publics. Il ne nous reste mal-
heureusement (pi'ii faire connaitre à cpiel degré, de si uni-
versels et si hauts lémoij^uaj^es étaient léi^ilimcs : laissez-
nous vous en entretenu' avec (juelque développement.
C'est sous (les proportions peu habituelles dans le
Roussillon, (pie se présentent les exploitations de M. ,1.
Barrère. Il ne s'agit pas moins que de 077 hectares de
surface, et l'agriculture y est une industrie véritable; car
plus des deux tiers de cette étendue S(jnt tenus à ferme.
On est en face d'un capital d'exploitation de 155.000 fr.,
de 25.000 fr. de travaux fonciers, d'inventaires (jui se
soldent par des Avoir de 400, -ioO.OOO fr., entièrement
produits par l'agriculture, et ces résultats matériels ne
sont rien auprès des résultats moraux : cette situation,
digne d'envie, a eu les plus humbles commencements;
le travail seul l'a créée; le travail, lécondé par toutes les
vertus de famille, au sein de la plus intéressante famille
(pii lui Pi jamais dû rexistencc et le succès.
Les parents de M. Ilarrère, cultivateurs aisés pour le
tem|)S, avaient émigré à la Révolution. Son père fut
ramené à Bages pres(pie enfant, en 170:2, par sa mère,
devenue veuve. A eux deux, ils ne possédaient qu'un
46
(loiil)le écii (rKspai^iie, et ils ne l'ont jain;iis (l(''|ieiist'.
Le jeune homme lïit six ans journalier ou laboureur à
gages. Après ce temps il osa alVei'mer (luehpies terres,
])uis un petit domaine, puis un autre. H était redevenu
un cultivateur aisé, lorsque l'indemnité lui rendit le petit
[Kitrimoine de sa famille.
(Test cet héritage de vaillants labeurs (jut; M. Jacques
Harrère a élevé au point que je viens de dire. Son père
le lui remit il y a vingt-(iuatre ans, ayant perdu sa femme
et ne se sentant plus le courage de continuer sans elle le
|)atient exhaussement de sa condition. M. Ikurère recul
;iiusi ralfermc de !200 hectares, en deux domaines, dont
le bail devait courir encore (juatre années; quelques pro-
priétés détachées, un capital d'exploitation de 55.000 fr.,
sous charge d'en payer l'intérêt, et 8.000 fr. de la fortune
de sa mère, il (Mait marié; mais l'apport de sa femme
n'ajoutait en (|uelque sorte lien à ces ressources.
Hages et Montescol se louchent. Leurs territoires se
Irouvenl à l'evlréinilé inférieure des .\spres, hors de la
contrée d'arrosage. Ce sont des collines siliceuses au
sommet, marneuses dans leurs pentes, el entre les ver-
sants des(iuelles s'étendent des fonds limoneux. On y
voit encore maintenant l'ancienne culture biennale, avec
jachère morte; il y a vingt-quatre ans, elle y était générale
et absolue. En dehors de médiocres prairies et de quel-
ques rares sainfoins et luzernes qu'on ne défrichait jamais
pour ainsi dire, on n'y eût pas conq)ris, on n'y eût i)as
permis d'autre rotation. Celle-là était imposée par les
baux; on les faisait biennaux à cause d'elle, pour elle,
el ils la rendaient inlransgressible en aucun cas.
La première et la capitale opération de M. Barrère a
été de sortir de cette vieille rotation. Il en suivit les erre-
ments quatre années : mais ce temps lui suHit j)our se
convaincre (pi'en dehors du strict salaire du travail, ils
ne laissent presque rien de quitte; que le courage el les
|iriv;ilions y ('■laicnl loiil ; (iiic l;i rf'imiiiéralioii y reslitit
bien au-dessous dos elVorls, parce que nulle combinaison
n'y avait place. Avant (]ue les baux de son père ne fus-
sent expirés, il s'était refait ((tut un autr<' jilau, et ce plan
c'était tout uuiuienl de sui»slitu<'r la culture par les four-
rages il la culture par jachère morte. I.e sens prali(pu^ tout
seul lui avait donné comme l'intuition même de ce (pTen-
seignail alors la science. Les luzernes, les sainfoins, tout
au |)lus connus autour de lui comme fourrages, la vesce
elle-même, il se mit à les établir sur ses terres en fonde-
ment de rotation.
La fortune de M. Harrère date de cette conception
féconde, comme la richesse agricole de noire pays en est
venue; mais aussi il i'aut voir connue il sut la suivre. C'est
pres(pie par ccutaiues de francs par hectare, au lieu de
centaines de centimes, que les produits annuels se sont
produits chez lui dès ce moment '*'; combien ne s'en
(I) i\l. HaniTC, qui o vôiifio sa rarriJ'i'o ajjiicoli' ;iii (Titcriiiiii iriiiic
c()iii|)lal)ilil(' raison lire, a r.ilriiK'' ']\w, J.iiis 1rs liaiix de liuil ans, le liavail
le |i!iis assidu l'I le plus diiIdiiiu' ir- lirait de la nilalioii Ijiciiiiale avec
jachère iniirlo , Irais payés, (jik' '2 fiaiics de net aiiinielleineiit par lieclaie.
.fo reproduis ici ee ealeal eoinine un doeunienl eurieo\ d'iiisloiie de l'éco-
noiiiie ruiale, autant ijue eonirne un ensei|jnenient piéeicux.
Calcul compare de la ciilliire d'un hectare de terre par assolement biennal, avec
jachère morte et par asiolemenl alterne avec sainfoin, dans un bail de huit
années, sur des terres de Iroisiéme classe.
ASSOLEMENT TAU JACIIEUL MOUTE.
PRODUIT.
1.3 hectolitres de bli'
\'2 c]iiiulau\ métriques de paille.
IRAIS.
,'i labours
SU' ..
2 licctol. de ffonienl p. semence..
S,'irclaj;e
7 511
Moisson
'211 »
Transport des gerbes
Baltatre
il ..
13 »
par ... .
^'ulliplié
dC9 50
A
Pour ipialre aiuiées (>"8
i lahouis p. i annexes de fourrages. 'Ai
Seinenrc de fourrage AH
h'iMiiure pour les A ans KiO
A annres de fermage à 40 fr 'iiO
TllT.M. .
15;)8
26
Multiplié par. . .
281!
A
»
gc dos 2 années.
HAA
«0
H
ToT.a
EllAls
1254
1238
P.ir année.
Reste net 16
o
48
seraioiil |i.is l(Mius à ce succès! Lui ii'\ voii i|uiiii siimii-
laiil el un moyen. Entre|)rises, bénélices, progrès, il a
tout accru depuis parallèlement : il n'avait encore été que
cultivateur; désormais, il sait (pie Tagriculture aussi est
une industrie.
Kpuisor cette première idée, c'est d'ahord son occu-
pation. Une lois certain de ce qu'elle vaut, il en demande
les avantages à l'étendue; en quelques années, il ajoute,
par afferme, j)Ius de 200 hectares arables aux 200 hectares
qu'il exploitait déjà. Après, c'est aux travaux fonciers qu'il
s'adresse. Eu j)ossession de faire des avances au sol, il s'y
crée les conditions physiijues fructueuses. Ici, c'est l'irri-
gation qu'il se procure : à Bages, il fora successivement
six puits artésiens, el il venait d'en forer un septième à
Monlescol. Ailleurs, c'est l'assainissement qu'il poursuit:
les meilleurs fonds de ce territoire sont des limons salins,
qui couqjorleut l'exploitation la plus énergicjue quand leur
sol est aéré par une culture profonde ou assaini par de bons
drainages, mais qui n'olfrent, autrement, que des sols per-
fides pour le cultivateur, comme tous les terrains mouillés
ou inféconds connue les salobres. M. Barrère n'a pas creusé
moins de 16.000 mètres courants de fossés d'écoulement;
ASSOLEMENT DE SAINFOIN.
FRAIS.
!? Uilionrs pirparaloires 4S'
5 liL'Ctol. de Siimfuin par hectare. 50
Frais de coupe, pour 3 ans, à 1 fr. 21
Fenaisons et transports , à 9 fr.
par an 27
\ labours pour le Uf (H
3 — ■ pour avoines 'lli
5 labours l'our le blé So
— de l'avoine 22
Du fourraite di'robj 2i
Sarclage de la derhii>re année de
blé :!
Moisson des trois années liO
Transport des jrerbes 20
l;alta-e 54
Fumure 100
Fermage 320
1046 "5
PROOl'lT.
339 qx niétrii|ue5 de fourrage jiar
an, à 3 Ir. 50 c 340' »
20 hectolitres de froment 400 «
25 hectolitres d'avoine 250 »
Valeur d'un fourrage fiO »
10 hectolitres de froment 320 »
Paille, en calculant comme dans
l'assolement biennal 104 »
4 regains et sainfoins 00 »
ToT,\L 1540 ..
Fu.M» à déduire. 1040 75
I
Par an .
Reste net 493 25
(il -.
4 y
il ;i praliqué le drainage régiilicM- de quinze hectares, se
servant de pierres, malgré leur haut |)ri\-, quand les tuyaux
étaifMit inconnus; il allait en drainer dix autres, de concert
avec un de ses bailleurs. Kniiu, une autre de ses opéra-
tions radicales, comme celle du début, et qui en renou-
velait déjà les succès, venait d'être ouverte par M. Uarrùre
dans ces dernières années. Il avait cru que des terres
réputées mauvaises, (|ui portaient des vignes vigoureuses
quand on les avait défoncées, traitées de nirme pour les
céréales et pour les autres cultures, donneraient des ré-
sultats semblables. Il avait essayé, avait réussi; s'était lait
aussitôt du déibncement.nne base d'assolement nouvelle;
s'était construit une déibnceuse à douze bœufs, assuré
d'un grand domaine de plus : en qiKiUe années, il avait
l»u étendre à 200 hectares rapjiiication de celte féconde
vue, et là-où l'on avait peine aiq)aravant à récolter l'avoine
qu'on semait, il obtenait deux froments de suite, rendant
au-delà de 22 hectolitres à l'hectare en moyenne W,
Je ne puis montrer ici que, par les sommets, le dévelop-
pement (le cette agriculture intelligente, active et si résolue.
Si j'entrais dans le détail, vous verriez ces grandes (lualités
mieux en jeu, et elles prendraient comme un prix parti-
culier de ce qu'à certains égards elles suppléaient en quel-
que sorte aux vraies connaissances pratiques. M les pro-
cédés, ni les règles de la culture, en eflèt, n'étaient
encore chez M. Barrère au niveau de ces aptitudes ai^ri-
coles et de cet ensemble imposant d'industrie. Ainsi,
pas un tubercule; on tenait pom- une fumure conq)lète
20.000 kilos par hectare; il n'y a pas une seule place à
luuner, et ce sont des litières plus ou moins parfaitement
consommées qu'on porte aux champs, plus souvent qu'un
(I) 1.0 d..|„„cem..„t ot. lui.,nénR. n\.n cU.h. pas la cause uni.,,,.. F,,
.ndauifeam au. s.lices d.. la surfa.e u,,.- ..ouoiie .1,, ,ous-sol , il ,„-,ulni«a,t
.M, .uarua^. parfaile.uc-ul p.uporl,o.,„o, ,,u, expli,,ue oe succès de cé,éal..s
sans ruiDicr sui- des leires luules ci-ues.
4
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fiiiiiier fait; les céréales occupent encore moitié des terres
arables'"; le froment succède au fronieiU sur les mêmes
terres, malgré les grandes diiïérences constatées aux
rendements îles secondes années; le hctail de toute sorte
n'est pas nourri de l'açon à répondre, dans toute la mesure
utile, à quelle que soit des tins (ju'on lui demande.
A côté de ces manpies d'une éducation culturale encore
incomplète, les ofiérations les plus heureusement conçues
et traitées. Un des derniers travaux exécutés, nolammenl,
constituait un exenq)le nouveau autant ([u'utile poui' ce
pa\s. Au-delà de Monlescot, sur la droite de la roule
d'Èlne, nous avons vu un tènement de treize hectares,
chargé de magniliques moissons dans une moitié, olVrant
le meilleur labour dans l'autre, auprès de grands es[)aces
ingrats qui l'avoisinent. Une profonde ceinture de foss(''S
entourait ce tènement; sur sa partie non couverte on
achevait un drainage par tuyaux, qui s'étend au tiers de
sa surface totale; tout-a-fait au sommet, jaillissait l'eau
d'un puits artésien. Celte grande pièce était hier à peine
sans ctdlure, ou a\i moins sans production. Ues eaux
douces (pii viennent des pentes voisines la noyaient, et,
en se saturant de sel dans leur rencontre avec les inlil-
tralions marines, elles en faisaient un grand salobre, où
l'on s'épuisait sans profit à pratiquer de forts labours,
les épandagcs de sable ou de balle de blé, tous les vains
])allialifs ordinaires. M. liarrère était las de ces moyens
onéreux ou insignifiants; il en voulait de délinitifs; il a
montré où il fallait les prendre. Ces fossés profonds sont
pour arrêter les eaux salines dans la couche sableuse
même ([ui les conduit; ce drainage pour devenir maître
des eaux douces qui s"y mêlaient; le puits artésien va
(I) Voici la irpaililion des cuiliiros : lerios uiablos, 2j8 iii'cl.; piuiiii'S
naliin-llcs, 71 lied.; vignes, G7 liect.; olivelles, 2."i liicl. — Sur les leiies
araliles : céréales, 20/ 'lO; luzernes ou sainfoins, 8/'t0 ; founagos à moulons,
VZ-iO; plantes sarclées ou racines, l.4ll; jaelicres, ■'(/■'lO. Tolal, lOZ-îO.
51
clierclier cos eaux ii leur source [tour les taire servir à
fertiliser la surface qu'elles slérilisaieul. Il s'était assuré
ainsi à jamais, dans cette i>rande pièce, les avantaiços
de ces heureuses tcircs de Salan(iue, où réiéuient salin
n'existe que pour apitorlcr une fertilité nierveilleuso, [)arce
que toute la partie nuisible en est retirée.
Vous voyez ce qu'était le cultivateur en M. J. IJarrère,
Ce qu'a été le ciief de famille agricole frapi)e encore davan-
tai^e. Des beaux enfants ipii lui étaient nés, il avait su
en laire des auxiliaires précieux. A tous il a fait donner
l'éducation libérale, puis il les a ramenés tous au foyer
pour y |)rendre successivement leur rôle. Après leurs
années de collège , les fds sont revenus à leur rang
dans les travaux du pèi'C , y ap[)ortant leurs idées plus
jeunes et leurs connaissances, qui en agrandissaient
l'horizon. Les Hlles aidaient leur mère dans les soins de
ce lourd ménage ou dans les latigues des champs; avec
une grande supériorité, une d'elles tenait la comptabilité
en partie double et très-détaillée de ces vastes entrepiises,
et c'est de ces sœurs modèles (|ue l'illustre Olivier de
Serres aurait écrit, comme de l'épouse qu'il souhaitait îi
son ménager, « que si une telle lui est donnée de Dieu,
se pourra dire heureux et se vanter d'avoir rencontré un
bon trésor. »
Tout respirait ralfcction nuituelle, sous la solidarité la
plus intime, dans cet intéiieur (jui montrait, à un rare
degré, que ce n'est pas de sortir de sa condition qui élève,
mais d'y rester en s'élevant soi-même; et celte industrie
culturale si dévelop[»ée après des commencements si hum-
bles, qui devait ce développement tout entier au seul
mérite de riioinme, y prenait aux regards une valeur
plus grande encore. La commission n'a autant sonhaité
nulle part i|ue tout se rencontrât |)our appeler la Prime
d'honneur; c'est avec le plus unanime regret (ju'elle n'a
pu vou> proposer de décerner lii ce grand prix. Mais la
se
Prime d'honneur a pour bnt denseigner, et ici il s'en fau-
drait trop (jne l'enseignement l'ùl siillisanl. Il y a mallieu-
reuseincnl si loin, dans noire pays, de l'agricuhnre de
tout le monde à ragricniiure normale, que Ton ne voit
qne trop ce contraste d'œiivres agricoles l)ien an-dessns
des l)al)ilii(les ordinaires et pourlanl loin du bien, et que
tant de qualités de tout ordre, si lrap|)anles dans les exploi-
tations de M. Barrère, peuvent ainsi se rencontrer avec une
inqjerl'ection sensible dans l'ai't d'appli(pier à la culture
tontes les forces voulues pour obtenir tout rellet utile.
Mais si toute la série des progrès n'a pas été |)arconrue
par M. Barrère, ceux qu'il avait laits le placent bien haut.
C'est le rang le plus voisin de la Prime d'honneur que la
connnission vous prie de lui assigner dans le concours.
On ne voyait chez lui, ni le bétail soigné du Mas-d'Eule,
ni la belle exploilalion viiicole du Mas-Sauvy, ni les prin-
cipes agricoles de Pézilla : quelle diiïérence, toutefois,
dans le chemin parcouru, et où des résultats relatifs pa-
reils se sont-ils montrés? Après le mérite de présenter une
exploilalion parlaile, en sait-on de plus grand que d'être
remonté ainsi de soi-même, sans connaissances ac(piises,
sans comparaisons exlériem'es, du plus bas niveau de la
pratique culturale au plus fécondes notions; de la pure
jachère morte aux alternances fourragères, aux grands
travaux fonciers, aux labours profonds, et de l'avoir fait
avec tant de hardiesse et d'ampleur? Les opérations spé-
ciales abondent à Bages ou à Montescot, pour y attacher
une récompense. On peut choisir siu'lout ce vaste dessa-
lement de salobre, si bien en rapport avec les besoins de
toute une partie de la Hégion, si empreint aussi de ce
sens des grandes opérations, qui fut le caractère agricole
de M. Barrère; mais ce n'est pas un détail seulement de
cette belle carrière, c'est elle-mênie tout entière iju'il faut
marquer de distinction. La récompense que vous décer-
nerez à M. Barrère, faites-là assez marquante et excep-
53
tinnnolle pour (|ir;i vùir dos enseignements de la Prime
d'honneur, elle signale à la Hégion , comme de grands
modèles, ce beau patrimoine formé de rien dans la cul-
ture et par la culture seide, toutes les meillem-es, toutes
les plus lecondes vertus de nos classes rurales, résumées
dans la vie et dans le succès de ce laboureur, et surtout le
grand exemple qu'il a donné de l'élévation d'une famille
an sein de sa condition même, par le travail cl |.;ii l'jn-
telligence.
GERMAIN VILLE.
Je disais à propos du Mas-d'Enle, (pie ses travaux
rcmanpiahlcs devaienl (|uekpie chose à un voisinage dont
j'aurais à vous parler avec détail. Ce voisinage, c'est Ger-
mainville, la ferme-école des Pvrénées-Orientales. Il n'a
pas été précieux |)onr M. llénaul seulement; la conimis-
sion espèi'c qu'il va mériter à vos yeux d"éire érigé en
modèle pour le déparlemenl tout entier. Sa supériorité
s'exprime en peu de mois: on y voit plus considcrahles,
plus complètes, pins achevées que chez aucun concurrent,'
ces réparations foncières (pii se sont rencontrées chez plu-
sieurs, et (|ui send)lent l'onivre première de presque tous
les cultivateurs de ce pays; il présente, en outre, ce que
vous n'avez trouvé encore nulle pari ; un bel étal de cul-
ture el de production, régnant de la manière la plus égale
dans toutes les parties d'ini grand domaine.
Germainville est une des ariciennes propriétés de ce
pays. Le canal espagnol , qu'on appelle le nuisscau de
Perpi;/ii(m, passe lout auprès, et il jouit d'une de ces
chartes de plein arrosage signées par les Rois d'.VragonO.
Il ap|)artient, connne le Mas-d'Kule, à ces tènements qui
s'étendent entre Thuir et le Soler, el qui sont en (piehpie
(I) <VUl- dnrlo, ,1e Ii2'., |k.i1,. .onoosHon .loa,, paur farmage en
tnlier rie liniles Us terres qui peuvent l'être.
54
sorte, la uMc de la plaine de Perpignan. Il a 120 licctares. Il
l'orme, le long de la roule de Thiiir, une sorte de grand
rectangle, dont un des côtes, en se relevant, sert de boid
à cet ancien marécage où vous avez vu les dessèchements
de M. Hénaut, et dont l'autre côté est une partie de ce
marécage même.
Il n'y a rien comme le bien pour jiaraitre avoir existé
toujours. Dans un domaine où tout montre l'ellet de soins
suivis et d'une culture exacte, où tout est bien disposé,
bien tenu, bien fait, il ne semble pas que tout ail pu
("'tre autrement; on cberclie le mieux (pii pourrait s'y voir
plutôt qu'un mauvais étal disparu. 11 faut un elï'orl d'esprit
pour se figurer l'état que présentait ricrmainville il y a
dix-huit ans, quand M. Cuillé en devint acquéreur. C'était
l'abandon même, (.es torrents voisins débordaient sur sa
surface comme dans un lit réservé ii leur trop plein; les
terres (ju'ils ne noyaient pas, ils les couvraient de graviers
et de cailloux; ils les avaient ravinées, dénivelées entiè-
rement, et l'on eût en vain essayé d'y chercher avec
quelque fruit les bénéfices du plein arrosage an(iucl il
avait droit. Dans les meilleures pièces d'aujourd'hui, il
n'y avait (pie joncs, eaux stagnantes, pacages mouvants
et malsains comme ceux du Mas-d'Eule. Un chill're (igure
bien cette situation , cpi'on ne peut que mal décrire : les
1 00 hectares de terre qui formaient alors le domaine, s'aiïei-
maient net /jo fr. par hectare, ce qui ne faisait pas beaucoup
plus du doid)le de rim]tôt et des taxes d'arrosage.
M. Cuillé prit un an pour étudier son domaine; après
quoi il renvoya le fermier et se mit à l'œuvre. Voici
rapidement ce qu'il a fait.
La reconstitution matérielle s'imposait d'abord, et elle
présentait divers degrés de travaux. Avant tout, il fallait
isoler la propriété des eaux (|ui l'envahissaient; il fallait,
ensuite, assainir ii fond chaque pièce, et assurer l'écou-
lement des inigations; en dernier lien, il fallait rétablir
,Ti>
|i!iil(ml les niveaux, I;i pciiU', cl épierrer les cliamps.
Une Irancliéo (jni t'iiiome snns inlorriiptioii la projjriété
entière, tel a clé le picniicr oiivrai,'e. Ce sont près de
deux lieues (le vastes ibssés''', dont plus de moitié n'a pas
moins de (piatre mètres de liautcur sur trois de plafond.
Après cet énoruie travail, on a dû creuser dans le talweg
des terres, sur l.aOO mètres de développement, un grand
lit de (piatre mètres de large, où vont aboutir toutes les
eaux des drains et toutes celles d'arrosage. Vous recon-
naissez là le modèle, et une partie de ce ipie vous avez
loué et encouragé au Mas-d'Kule. M. Ilénaut, clleclive-
nient, a fait à moitié trais 700 mètres de ce grand travail
(pii longe sa propriété. D'mi autre côté, toutes les pièces
du domaine étaient remaniées, nivelées à nouveau, sil-
lonnées de pierrées profondes, (pii les drainaient tout en
d(''l)layant leur surface.
Ouinze années ont été nécessaires pour mener à lin
ces opérations, dont chacune à elle seule est un travail
considc'rahle. Aujourd'hui tout cela est achevé justprau
dernier détail, porte ses fruits et montre une exécution
supérieure. Le domaine oUVe dans toutes ses parties des
|)lans parfaits, (jue Tirrigalion aliciut partout sans ellbrts,
où pourraient manœuvrer avec tout le profit désirable les
instruments les plus délicats de la mécanique agricole, si
bien (ju'avec ses terres aduiirablemeut unies, ses canaux
soigneusement tenus, ses belles eaux, ses avenues om-
bragées, ses chemins bien ouverts, ses grands rideaux
d'arbres cl riiori/A)n maguiliipie cpii renviroiiiic, (i(Miiiaiii-
ville semblerait un vaste jardin, plutôt (pi'nne exploitation
agricole , ii (pii ne sauiait pas v(»ir dans ces soins et ce
Uni lannonce et la souice même dune production hors
ligne.
C'est la cultin'e, en elfel, qui pare Germainxillc Ce
(Iniii.iinc pr('S('nl;nt deux imlures de terrains. I ne |i;irli(\
(Ij S. 0(10 mc'ii's (II' ilcvolnii|i(imiil.
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la iDoindre^'^ était ari^ilo-sableusc, passant sur (|iielqiies
points à une alliivion prolondo ; dans le reste, la silice
seule existait, [irésenlant |)art"ois un gravier pur. Somme
toute, c'était un tènemenl médiocre. H iallait les grands
travaux (juo vous venez de voir, pour met Ire le meilleur en
état (le produire, et Ton n'aurait lire une rémunération
sérieuse d'aucune partie sans les délbncements , les en-
grais, de bonnes rotations, l'arrosage, en un mot sans
les plus judicieuses règles de l'agronomie. Distribuer la
production entre ces divers teriains, c'(''lail la pierre de
touche : on y a pleinement réussi, (^e qui est caillouteux,
sans liaison, impropre à tenir l'engrais, se desséchant vile,
on l'a donné à la vigne; M. Cuillé en a ajouté 7û hectares
aux 8 hectares (pi'il trouva [)lantcs. Le surplus ap|)arlicnt
à la culture arable , et deux assolements , deux modes
d'exploilalion se le parlagent , associés chacun à une
forte proportion de luzerne et de sair)ioin hors sole. Dans
les parties perméables, où la chaleur pénètre vile, on la
végétation est ra|)ide, l'assolement biennal du Uoussillon :
piailles sarclées et blé, avec ciilluies dérobées, rendu
coiiiplétement inliMisiC |iar ÔO.tJOO kilos de fumier par
hectare appli(piés aux |tlanles sarclées. Dans les terrains
consistaiils, profonds, frais par eux-mêmes, un assolement
(piiiu|uennal qu'ouvrent des récolles sarclées bien fumées,
et (pii fait alterner rigoureusemeni les fourrages verts avec
les céréales. C'est le seul assolenuMif normal ipi'il ail élé
donné à la commission de renconlrer en dehors de celle
culture biennale sans repos que les conditions naturelles
permeltent ici, et, parmi les rotations faites pour exploiter
la fertilité tout en l'accroissant sans cesse, c'est une de
celles (pii seraient le plus propre îi développer la prodiic-
lion dans les riches limons el dans les puissanls lenc.-
vci-ls si répandus en Uoussillon'-'.
(1) Ai) hcrlarfs uiivirun.
(2) l'rciriitTu année, févcrollos sur ilcloiioiiiiciil, luiin.'i's ;i 'l'i.OOO kilnsi'
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Dans le détail, loul répond a la justesse de ces règles,
et témoigne de leiii" application suivie, f.a commission
n'a vu que des labours parfaits et des récoltes complètes.
Sauf une prairie naturelle usée, qui est h détruire tout
entière, elle n'a rien trouvé qui fùl fail)l(^ ,Ie n'en exce|)te
pas les vignes, qiioi(pio les anciennes dussent être déjà
renouvelées ou greffées, si les prix actuels du vin n'expli-
quaient pas qu'on les ait maintenues. Les céréales surtout
sont remarquables, oiïrant la plus vigoureuse végétation,
aibnirablement égales, |)résagoant de très-liauts rendo-
nienls. Dos lupins (|u'()n allait faucher lors de notre visiie,
des farouches (jui l'avaient été le malin, 10 hectaies de
luzerne à l'arrosage après la coupe et dans une terre
très-médiocre, les pommes de terre, une grande pièce
de betteraves, du mais-fourrage, un sainfoin de Tannée,
des terres qu'on jtréparait pour le maïs en grain et le
petit millet, tout cela appelait l'éloge d'une manière ab-
solue, el la commission éprouve d'autant plus de satis-
faction à le dire, (pie tout cela lui a été montré tel que
(•ha(iue jour le présente, sans apprêt aucun, connue si
ses nuMnbres n'étaient pas des juges dis|)osant du prix
le [)lus envié. Tout cela se résume à son tour par ce
chill're, (jue l'hectare, qui donnait une moyenne de 5o fr.
net, en donne à présent une de plus de l.'iO fr.
Du reste, si l'on regarde au bétail et au fimiicr, c'esl-
ii-dirc à ce qui assure à Texploilalion son mouvement et
ses forces, on s'explique cet état remaripiable du liavail
et des récoltes. Germainville enirelient une pojudarion
animale do (]0 têtes, représentant chacune 120 kilos de
poids vif par hectare arable "*. (-e nombreux bétail est
iliinii'ini', l>li' avec trMlc ; Iroisii-iiio, liMli'; (jnalrii'iiic, avoine; cinquifiiu',
li)iii'ra(ji's de |ii'ii)l('in|i$ (orge el vescos).
(I) 12 rlu'vaiix iiii juments, 12 bœuls ilo tia\ail, 10 vaclies, ." lanivanx,
!)()() iDoiitons, la Iruics, 2 venais, de 80 à 100 poieelots. [^e troiiiieaii
passe i'élc à la ilionlajjiie [niiir éviter le sanj; de lale.
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remar(|iinhlc pros(inp à tons (^ijards. Los donzp Itœiil's de
travail, (rès-vii(<»iii(Mi\, tii's-l)oaiix, (|iiol(|iios-uiis de |tie-
mier choix, appartiiMincnl aux races de l'Ariége et du
Roiissilloi), croisées entre elles, cl la iiliipail sont r)és
et élevés sur le domaine. M. (Iniilc ne veut ce|)cndanl
pas s'en tenir h ce croisement. Lors de la visite de la
comnnssion, il venait de renouveler tonte sa vacherie en
hiMes de Scliwit/. d"une rare perfection. Il était allé les
choisir Idi-iuème sur les lieux. Il allcnd des n'-sultats
su|)érieurs du mélaiii>c des sangs schwit/ et mijanais, et
la commission ne l'a pas vu sans satisfaction entrer dans
celte voie, cpii lui |)arail approprit'e au pays. I,a seule
critique à faire, porte sur le troupeau, non (pi'on ne le
trouve pas, comme îoiil le reste, irréprochable d'enlre-
lien, de tenue et donnant une laine très-line, mais parce
que M. (luillé ne le reijarde pas encore des mêmes yeux
dilliciles (\uo son hétail bovine. .\vec ces yeux-là, il le
voudrait plus rapproche du type de boucherie, auipiel il
l'aul venir, bon gré mal gré, pour avoir du bénélice. Son
espèce porcine est dans ces principes: on ne pouvait faire
de meilleurs choix ici que les hampshire et berkshire (|ui
le composent. Somme toute, on est autorisé îi dire, (pi'à
côté de ses travaux hors ligue et de ses récoltes parfaites,
ce domaine possède encore un magniM(|ue bétail.
Ce bétail ne fait (pie très-accessoirement de la viande.
.\ tout ce <pii peut devenir béie de trait, Germainville
demande smtout du travail et du fiinder''', el il excelle
dans son fumier comme dans les autres choses. Il a, pour
le préparer, un em|)lacement exprès et établi dans les prin-
cipes modernes : un hangar soigneusement muré de trois
côtés, el n'ayaiil , d(> laulrc, (pie le jour indispensable.
Il présente deux cases, don! le phm incline vers un réser-
voir commun, et entre les(|iielles un lond)ereau peut se
placer. On slralillc successivement dans ces cases les
(I) l^es vai'lics iiiciinjs sont aUeléus j».)iir los U'avaiu faciles.
59
litières de toute provenance, augmentées des vidanges de
la maison, et l'on arrose les tas avec le jus (pi'ils rendent,
étendu d'une dissolution de sulHite de l'or"). On a ainsi
un fumier normal, au(|uel il ne manquerait que de rece-
voir tous les pin-ins des écuries pour être dans le rapport
le plus complet, le plus IVuclueux, avec le bétail entretenu
et la nourriture consonnnée.
Vous connaîtrez toute l'exploitation de y\. Cuillé, quand
j'aurai dit que les bâtiments ipii la desservent, répondent à
ses autres parties. Ils forment, avec la maison (niahilalion,
un enseudtle bien à portée de tout le domaine, ouvert sur
une large avenue, où tous les cliemins s'endjranclient,
orné de beaux jardins fruitiers. Quoi(pie construits ou
augmentés successivement , ils ont été commodément
disjtosés, sans place perdue et sans dépense inutile. Les
écuries des bêtes de travail, déjà aueiennes, n'olfrent pas
les détails perfectionnés (pii deviennent habituels mainte-
nant; du moins sont-elles spacieuses, bien aérées et stric-
tement alfectées chacune à une catégorie d"animau\ ;
j'ajouterai, d"aillein's, (pie la supc-riorilé de ces animaux
détournait lolalement de voir (piil y manquât (piehpie
chose. La bergerie, en tout cas, plus récemment faite,
est un établissement complet, en tout ce qui le regarde,
et presipie modèle. La porcherie, qu'on venait d'achever
I année dernière, remplit aussi toutes les exigences, pré-
sentant sous un même toit une suite de loges disposées
des deux côtés d'un corridor, avec cour pour chacune ,
préau commun, bassin d'eau, sa cuisine spéciale, ses
magasins et ses logements à elle. Les chais, les caves à
tubercules, les greniers ;i blé, les logements du person-
nel, forment le reste de ces bâtiments, où l"on doit dire
que tout ce (jui est nécessaire existe dans les conditions
convenables.
Voilà connnent tout se soulienl el se [iroduit récipro-
(I) llaiis la |)ro|iMilion ,lr I l.il,, p,,- |00 lidcs J".,)!!.
60
qnement dans l'exploitation do Germainvillo. Quolquo chose
V reste îi voir : c"esl la terme-école, qui date de la l'onda-
tion de ce genre d'établissements en I<Si9. M. Cuillé avait
fait alors la pins considérable de ses grandes Irancliées de
préservation, commencé l'utilisation des parties marécageu-
ses, jdanté vingt hectares de vignes, (piadrnplé les prairies
nrlidcielles, tripit' les bâtiments, établi les beaux jardins
iriiitiers et maraîchers qui ornent aujounrbui ce domaine :
la l'erme-école lui fut conliée comme au propriétaire (|ui
déjà annonçait devoir enseigner le pays. Il fut choisi entre
douze concurrents; vous voyez qu'il a su justilier cette
préférence, et combien peu il avait besoin que la ferme-
école IVil placée chez lui, |)our se trouver à la tète des
agricultein-s de ce département. Du reste, si l'on croyait
encore que ces établissements fussent une grande res-
source pour leurs possesseurs, on serait bien contredit à
r.ermainville. Peu de fermes-écoles, certainement, jouis-
sent de la robuste |)opulatiou d'adultes (pi'il a été donné
à la commission d'y trouver, et il ne faut pas moins de
treize ouvriers étrangers par jour, pendant tonte l'année,
pour sullire aux travaux, sans compter (piatre chefs d'em-
ploi à gages, outre ceux qui sont rétribués par l'Etat '".
La vérité, c'est que les fermes-écoles imposent de grandes
obligations, et qu'elles apportent à l'exploitation plus de
didicullés qu'on ne le pense. Klles n'y apportent pas les
méthodes dans tous les cas, l'art cullural, et l'on ne peut
méconnaître non \)\ns qu'il ne soit d'un grand prix pour
un département, ipie le lieu qu'il a choisi pour son ensei-
gnement agricole, se fasse distinguer comme le lieu de
l'exploitation la meilleure. La commission place bien hau-
tement la ferme-école de (lermainville parmi celles qui ont
des mérites supérieurs. Kn tout ce qui se rapporte îi ses
élèves, régnent ces mêmes soins exacts, complets, qui
caractérisent tout le reste. La connnission a vu les jeunes
(1) Le clief d'attelage, le chef Je ciiIIimp. le vaclier, le l)erger-i»iielicr.
61
gens de troisième année manier très-bien la faux; l'aire
un cvcollont labour; il lui a |)aru qu'ils élaicul lorMH's au
mieux [)Our porter ulilcuieiil dans les diverses parties de
ce pays, la bonne eiillure {pii s'opère sous leurs yeux,
Jai dit à ipiel i)onit de [trodiu-lion avait été élevé ce
domaine. En finissant, je dois ajouter deux clioses: — La
première, c'est (|u'on ne saurait imputer cette grande
production à aucune dé|)ense excessive. Les énormes
travaux l'onciers de Ciermainville et son beau cbeplel, ne
(ont pas monter ;i plus de '200.000 Ir. son prix de revient
actuel. Une comptabilité ininterrompue depuis une longue
période et pari'ailement régulière, montre que, dans le
détail, l'ordre et l'intelligence des ouvrages ont joué bien
plus le rôle que l'argent O, et vous savez maintenant si
le ca|)ilal engagé est placé avec avantage. — L'aulrecbose
qu'il faut mettre en relief, c'est le caractère particidier
qu'a l'agriculture de ce domaine. On trouve à Germain-
ville l'agriculture du pays pure et simple, et en qin^lque
sorte l'ien (pi'elle. Sauf la rotation (prm(puMinale appli-
quée à ses It'rres-verls, rien ne s'y voit ou ne s'y tait (pie
dans le pays on ne connaisse ou l'on ne lasse. Kaire mieux
que tout le monde ce que tout le monde l'ait, on y a
surtout ce but; on place avant tout l'art cultural à mettre
des soins extrêmes dans les pratiipies courantes. Aussi,
n'y trouve-t-ou pas un instrument [(erléetionné, ni aucune
entre|)rise dillérente des entreprises ordinaires, et jamais
tourteau, guano, ou le moindre engrais connuercial n'y
a été employé à (pioi que ce soit.
Très-certainement, c'est une grande (pialité, dans nue
exploitation, (pie de |)résenter le maximum de la produc-
tion dans les praticpies vulgaires, et de montrer ainsi la
grande puissance (pi'ont des soins attentifs appliqués ii tout
piMir raugmentaiion des rendements. Knniéme temps c'est,
(I) l'ar oiiMuple, c'est avec des clianiics iiii'oii ;i loil les (jrjiuls fusses.
Les atletagcs soutevaicnt ta (erre; les boiiimes iravaieiil iiuà Joblavcr.
ti-2
sans conlrodit, un cùlé laiblc II ne serait qiio sii|K'rlUi de
démontrer que ce domaine, n)is aujourd'hui dans un état
d'exploitation si fructueux, gagnerait cei>eiidanl ëenucoup
à ne pas dédaigner les puissantes forces (pie les engrais
pulvéridenls procurent, et à sortir de roulillage médiocre
(lu pays, pour prendre les instruments mieux combinés qui
sinqdilienl le travail tout en le rendant meilleur; je suis
presque confus de dire que les charrues Domhasie même
sont exclues de (iermainville, comme de tout le Rous-
sillon. Toutefois, on n'élève pas sans timidité, vis-à-vis
de M. Cuillé, ces réserves commandées par ragronomie.
Il a sextuplé sa renie en délinitive, porté de o.oOO fr. à
près de 20.000 fr. son revenu moyen; il a eu plus de
50.000 fr. de (piitle ces années dernières, .\voir obtenu
cela avec les pralicpies de tout le monde, donne une
autorité faite pour retenir la critique, et explique qu'on
aarde les voies battues sans se tourmenter du mieux. Mais,
d'un autre côté, quel prix ne doit-on pas reconnaître a ce
caractère de fini dans les conditions ordinaires, qui est
celui de l'agricidture de C.ermainville. Que de richesses
nouvelles, et que de populations élevées, si seulement, ce
caractère devenait commun ! Certes, on aime à attacher la
Prime d'honneur à ces agriculures d'éclat, qui saisissent
par leurs procédés autant que par leurs effets; mais un
travail excellent et une production pleine, réalisés dans
toutes les parties à la fois dun domaine à cultures variées
en se tenant dans les conditions usuelles , c'est quelque
chose de non moins fécond pour ne pas paraître aussi bril-
lant, et de non moins rare, quoique ce semble facile. C'est
le plus parfait modèle aussi, le modèle qui est dans la juste
proportion des choses. Les instructions mêmes qui sont ici
la loi du jury, avaient en vue des exploitations comme celle
de M. Cuille, quand elles donnaient celte délinition si bien
mesurée du lain-éal de la Prime d'honneur : « Tu domaine
sagement dirigé, et soumis a une culture en rapport par-
€3
lait avec les circonslances locales, liicn i(''i^l('e dans ses
(Icpenses, produclive dans ses résultais, dont l'exemple
puisse être sûrement invoqué. »
Vous sanclionneiez donc, messieurs, le jiigemcnlde la
commission, rnanimement. comme elle, vous décernerez
la l^iime d'honneur an domaine l'erme-école de (iermain-
ville. Comme elle, aussi, vous n)arquerez de la plus liante
lie vosdistinctions spéciales, les i^rands exemples ai;iic(des
de Hages, en attribuant la grande médaille d'or aux ing(''-
iiieux et puissants dessalements de salobres qu'avait laits
M. J. Harrère. Nous vous demandons d'accorder, en outre,
une médaille d'or à l'ensemble vilicole de M. Saiivv; une
autre, à M. Ilénaul, pour ses travaux de dessèchement et
d'irrigation combinés; une troisième, à .M. V. Malègne,
pour la proportion exceptionnelle du bétail dans sa |)etile
et jeune exploitation.
Il n'y aura pas une partie du département (pii ne soit
enseignée par ces récompenses, et elles ne montreront
à son agriculture que les routes on elle peut utilement
s'engager. D'antres avantages s'y attacheront encore. Les
travaux (|u'elles vont signaler appartiennent à cette agro-
nomie désormais commandée par les choses, qui ne vent
plus mesurer les eiïorts que sur les besoins sans cesse
augmentés, et qui se (le :i l'apidication de forces t(»nj(Hirs
plus grandes au sol pour en obtenir toute la rémunération
légitime. l]tt temps a existé où l'on vivait chez soi et sur
soi. Les bornes de son propre pays lormaienl pour le » iilii-
vatenr presijue celles du monde. C'était produire sans
issue que de produire beaucoup. L'agriculture était deve-
nue naturellement cette inerte jouissance de la terre, re-
cherchée pour la sécurité de la lortune ac{inise, mais oîi
l'on eût cr.i perdu ou jeté en prodigue t(.iit capital qu'on
y eût employé. On est sorti désormais de ces données
stériles, comme des anciennes voies sociales d'où elles
dérivaient. L'entière liberté de la vie. rabaissement de
64
toute frontière, luiiiversalité et l'instantanéité des rap-
ports et (les échanges, impriment |)arlonl un mouvement
rapide qui généralise le bien-être, qui en élève le niveau à
toute heure, (pii l'ail une ohligaliou rigoureuse de l'élever
sans cesse : produire aclivemenl, produire de plus en plus,
c'est la loi nécessaire. Nous ne sommes ici (|u'à cause de
cette loi. A cause d'elle a été entreprise celte révision
mémorable de notre législation économique, poursuivie
avec une supériorité si soutenue et un si prolbud sentiment
de sa fécondité par le Ministre de qui nos opérations res-
sorlenl; à cause d'elle, il allait lui-même, l'autre jour,
remettre aux concurrents de Poissy les grands prix qui
s'y décernent, et leur parler le langage élevé que dictent
les vues d'Élal, ap|)uyées sur la science et le bien public-.
Si dans ces dispositions, qui n'ont que trop lardé, il
est un service considérable entre ceux que les Concours
Régionaux sont appelés à rendre, c'est de faire oublier
déliuilivemenl les vieilles opinions, (|ui ne voyaient dans
l'agriculture qu'un état sacrilié, où il y avait d'autant
])lus de mérite à se tenir, qu'il ne laissait pas de fortune
à faire. Comme les lauréats des années précédentes, les
lauréats d'aujourd'hui nous aideront dans cette tâche. Au
déparlemenl qui les présente, et dans lequel la nature a
réuni toute la fertilité des alluvions, tonte la puissance du
climat méridional,;! toute la fraîcheur de l'arrosage, à celle
Jléiiion Sud qui recèle encore tant de richesses latentes
sous ses grandes richesses visibles, a notre pays tout entier,
qu'attend une ère agricole nouvelle, ils feront voir ce que
de judicieuses et de généreuses avances peuvent pom- la
production; ils apprendront ce que procurera de richesse
et d'élévation de la vie, l'agriculture devenue une profes-
sion véritable; ils diront une fois de plus que, !ors(pi'on
décerne de hautes distinctions à des cultivateurs d'élile,
ce ne sont pas des vertus résignées et obscures qu'on
récompense, mais une grande industrie que l'on relève.
DISTRIBUTION DES PRIX ET MEDAILLES.
COMMISSION CENTRALE.
Président M. le Préfet.
Vice-Présidents.... M. le Maire de Perpignan.
M. le premier Adjoint.
M. Saisset, deuxième Adjoint.
Secrétaire-Général. . M. Lloiibes ( Aui^'^iiste ) , président de la
Société Agricole, Scienlilique et Littéraire des Pyrénées-
Orientales.
MM. les Présidents, Vice-Présidents et Secrétaires des diver.ses
Commissions spéciales.
PREMIERE DIVISION.
Prime d'Honneur pour l'exploitation du département des
Pyrénées-Orientales la mieux dirigée, et qui a réalisé les amé-
liorations les plus utiles et les plus propres à être olTertes
comme exemple.
Une coupe d'argent et une somme de cinq mille francs, à M. Ger-
main Cuillé, directeur de la Ferme-École de Liermainville, à
Perpignan.
Récompense aux agents de l'exploitation qui a obtenu
la prime d'honneur.
Une médaille d'argent et 100 l'r., à M. Boy.
Idem
et 100
ù M. Aymar.
Idem
et 100
à M. Gantier.
Lue médaille de bronze et 50
à M. Solère.
Idem
et 50
à M. Pomeroly.
Idem
et 50
à M. Madern.
Idem
et 35
à M. Amalrich.
Idem
et 15
à M. Bignals.
66
Médailles proposées pour des améliorations agricoles
spéciales.
Grande médaille d'or, à M. Barrère (Jacques), à Bages.
Médaille d'or, à M. Sauvy-Vilar, à Perpignan.
Id. à M. Malègue, à Pézilla-de-la-Rivière.
Id. à M. llainaut, au Scier.
DEUXIÈME DIVISION.— ANIMAUX REPRODUCTEURS.
FREMIÈHC CI.ASSE. — ESPÈCE BOVINE.
PREMIÈRE CATÉGORIE.— RACES FRANÇAISES PURE3.
Mâles.
Première Section.
^e>- i„ix. — Une inéJaille d'or et 600 fr., à M. Marion île Gaja , h Gaja-la-
Selve.
2e pris. —Une médaille d'argent et oOO fr., à M. Bncb, à iMonti)elIier.
5e prix. — Une médaille de bronze et 400 fr., à M. Jumas, à Uzès (Gard).
4e niix.- Une médaille de bronze et 500 fr., à M. Bazille, à Moulpellier.
Deuxième Section.
^er prix. — Une médaille d'or et 600 fr., à M. Bazille, précité.
2= prix. — Une médaille d'arjjent et 500 fr., à M. Marion de Gaja, précité.
5e pris. — Une médaille de bronze et -iOO Fr., ii M. Bocb, précite.
4e pris.— Une mcd. de bronze et 500 fr., à M. Latapie, à Castelnaudary.
Femelles.
Première Section.
^er prix. — Une médaille d'or et 500 fr., à M. Faral, h Alzonne.
2* prix. - Une médaille d'argent et 200 fr., à M. Marion de Gaja, précité.
5e prix. -Une médaille de bronze et I iiO fr., à M. de Selva, à Perpignan.
Deuxième Section.
.,.r prix. - Une médaille d'or et 400 fr., à M. Vincent Malègue, précité.
2<- prix.— Une médaille d'argent et 500 fr., à M. Tarai, précité.
y prix. —Une médaille de bronze et 200 fr., à M. Latapie, précité.
67
Troisième Section.
^"■'■ prix. --Une inédailli; d'or et 400 fr., à iM. Lourdon, à Montpellier.
2« prix. — Une médaille d'argent et 300 fr., à M. Mourgues, à Montpellier.
3'' prix. — L'ne médaille de bronze et 200 fr., à M. Bazille, jirccilc.
A^ prix. — Une médaille de bronze et liiO fr., à M. Marion de Gaja, ■précité.
DEUXIÈME CATÉGORIE. — RACE DURHAM PURE.
Mâles.
Première Section.
l'oint de prix.
Deuxième Section.
l'oint de premier prix.
2» prix. —Une médailL' d'aiMcnt el "iOD (r., ;i M. Malèguc, 'précité.
Femelles.
Première Section.
Point de prix.
Deuxième Section.
Point de premier prix.
2'' prix. — Une médaille d'ar(yrnt et 300 fr., à i\I. Sabatier d'I'lspeyran ,
à Saiiit-Ciilles.
Troisième Section.
l'oint de prix.
TROISILME catégorie. — R.4.CES ÉTRANGÈRES PURES DIVERSES.
Mâles.
Première Section.
1"^ prix. — Supprimé. ' •
DiMixièmo Section.
Point do prix.
68
Fejnelles.
Première Section.
Point de pris.
Deuxième Section.
Point de premier prix,
2» prix. — Une médaille d'argent et 500 fr., à M. Causse, à Sommières.
Troisième Section.
^e'■ prix. — Une médaille d'or et 400 fr., à RI. Destrcmx de Saint-Cbrislol,
à Alais.
2e prix. — Une médaille d'argent et 500 fr., à M. Causse, précUii.
3* prix. — One médaille de bron/.e et 200 fr., à M. Mourgues, précité.
QUATRIÈJIE CATÉGORIE. — CROISEMENTS DURHAM.
Mâles.
Première Section.
Point de prix.
Point de Prix.
Deuxième Section,
Femelles.
Première Section.
Point de premier prix.
2« prix. — Une médaille d'argent et 200 fr., à M. Destrcmx deSaint-Cbristoi,
précilé.
Deuxième Section,
Point de premier prix.
2* prix. — Une médaille d'argent et 300 fr., a RI. Malègue, précité.
Troisième Section,
Point de premier prix.
2' prix. — Une médaille d'argent et 300 fr., à M. le duc de Filz-Janies,
à Saint-Gilles.
6 y
CINQUIÈME CATÉGORIE. — CROISEMENTS DIVERS.
Mâles.
Première Section.
Point (le prix.
Deuxième Section.
Point de prix.
Femelles.
Première Section.
Point de premier prix.
2' prix. — Supprimé.
Deuxième Section.
^" prix, — Une médaille d'or et 200 fr., à M. Sabatier, précité.
Troisième Section.
•I'''' prix. — Supprimé.
Oe prix. — Une nicdaillc d'ar{;cnl et 200 fr., à M. Numa Rives, à Cuxac-
Ca bardés.
5' prix. — Une médaille de brome et 1 aO fr., à M. Latapic, précité.
DEUXIÈME CLASSE. ^ESPÈCE OVINE.
PREMIÈRE CATÉGORIE.— U.\Ci:S MÉRINOS ET MÉTIS-MÉRINOS.
Mâles.
^-■r prix. —Une médaille d'or cl 500 fr., h M. Courier, à Fraisse-Cabardès.
2"^ prix. —Une médaille d'aryrnl et 250 fr., à M. de Cassai(;neau de Brasse,
h I.imonx.
5e prix.- Une médaille de bronze et 200 fr., à M. Louis de Fournas ,
à Carcassonne.
/,c prix. — Une médaille de bronze et ITo fr., à M. Cnillé, précité,
fi' prix. — Une médaille de bronze et l.'iOfr., h ^\. Marion de Gaja, pre'ciVe.
fjc prix. — Une médaille de bronze et 125 fr., à M. Siurolcs, à Pczilla-de-
la-Riïiére.
70
7c prix. — Inc mcJaille de bronze et \ 10 fr., à M. Auriol, à Canet.
ge j)ii\. — Duc mcilaillc de bronze et 100 fr., à M. Angles, à Sigean.
ge prix. — Pne imilaille de bronze et 80 fr., à M. Briizy, à Perpignan.
Femelles.
1er prix. _ Une médaille d'or et 500 fr , à M. Cuillc, ■précité.
2" prix. — Une médaille d'argent et 2o0 fr., à M. de Cassaigneau de Brasse,
précilê.
3e prix. — Une midaillo de bronr.e et 200 fr., à M. llainaiit, jirétilé.
4« prix. — Une médaille de bronze cl l7o fr., à iM. Tapié-Mengau, à Salles
(.\iide).
5» prix. — Une médaille de bronze et ^50 fr., à M. Mortagc, à Pézilla-de-
la-Rivière.
G« prix. - Une médaille de bronze cl I2j fr., à M. Lades Goût, à Carcas-
sonne.
7= prix. — Une médaille de bronze et 1 10 fr, à M. Foixnnnet, à Alénya.
ge pri^_ —Une médaille Je bronze et 100 fr , à M. Piijas, à Argelés sur-M.
DEUXIÈME CATÉGORIE. — RACE BARRARINE.
Mâles.
|rr prix. — Une médaille d'or et 200 fr., à M. le duc de Fi(z-,Iames, })rfVi7c'.
oe prix. — Une médaille d'argent et 150 fr., à M. Castres, à Sainl-Kéliu-
d'Avall.
5« prix.- Dne médaille de bronze et 100 fr., à M. André Tenipier, à
Ainiargues (Gard).
Femelles.
I«r prix.— Une médaille d'or et 200 fr., ;i M. André Tcmpicr, prm/é.
2^ prix. — Une médaille d'ar|;en tel I jO rr.,à M. le dnc de Filz-Jamcs, ptci/t.
TROISIÈME CATÉGORIE. — RACE A LAINE COMMUNE.
Mâles.
Point de prix.
Femelles.
I "prix. —Une médaille d'or el 500 fr, à M. deCassaigncau délirasse, preci/i;.
71
2' prii. — Une médaille d'arijcut el 200 fr., à M. de MarlriD-Uonos, à
Narboniie.
3<- j)iis. — Une médaille de bronze et loO fr., à M. Siurolcs, précité.
QUATRIÈME CATÉGORIE.— RACES ÉTRANGÈRES DIVERSES.
Mâles.
^ir|„.i^._Unc iiK'daille d'or cl 500 fr., à M. Louis Fabre, à Saiiit-Privat
(Vaucluse).
2'' i)rix. — Due médaille d'argent et 200 fr., .'i M. L* de Fournas, précité.
Femelles.
I" prix. — Duc médaille d'or et ÔOO fr., à M. Louis Fabre, précité.
CINQUIÈME CATÉGORIE. — CROISEMENTS DIVERS.
Mâles.
.jfipri>t. — Une médaille d'or et 500 fr., .'i M. Louis Fabre, précité.
2" prix. — Une médaille d'argent et 200 fr., à M. Sarda, h Lésignan (Aude).
5e prix. — Une médaille de bronze el loO fr., à M. Barrère, précité.
Une mention bonorable, à M. le duc de Fitz-Fames, précité.
Femelles.
I" prix. — Une médaille d'or et ÔOO fr., à M. Louis Fabre, précité.
2' prix. — Une médaille d'argent et 200 fr., à M. le duc de Filz-James,
précité.
î)e prix. — Une médaille de bronze et 1 .'iO fr., à M. André Tempier, précité.
A' prix. — Une médaille de bronze et 100 fr., à M. Barrère, précité.
Une mention bonorable, à M. Ïapié-Mengau, précité.
TROISIEME CLASSE. ESPECE PORCINE.
PREMIÈRE CATÉGORIE. — RACES INDIGÈNES PURES.
Mâles.
l'oint (Ir piix.
Femelles.
l'oint de premier pris.
72 1
2' prix. — Une nicJaille d'arj;cnl et 150 fr., à M. Coloinbics, à Pézilla-de-
la-Rivière.
Dne mention honorable, à M. Malègue, précité. |
DEUXIÈME CATÉGOniE. — RACES ÉTRANGÈRES.
Mâles.
•("prix. — Une médaille d'or et 2o0 fr., à M. de IMartrin-Donos, jirécité.
2' prix. — Une niéilaillc d'argent et 200 fr., à M. Maiègne, jtrécilé.
3' prix. — Une médaille de bronze et lîiO fr., à M. de Cassaigncau de Brasse,
précité.
A^ prix. — Une médaille de bronze et 100 fr., à M. Marion de Gaja, précité.
Femelles.
■1"' prix. — Une mcd;iille d"or et 200 fr., h iM. Malègue, précité.
2"^ prix. — Une médaille d'argent et 150 fr., à M. Marion de Gaja, précité.
5* prix. — Une médaille de bronze et 100 fr., à M. Sanvy, précité.
■'i' prix. — Une médaille de bronze et 80 fr., à M. de Cassaignean de Hrasse,
précité.
S"" prix.— Une médaille de bronze et 70 fr., à M. Cnillé, précité.
TROISIÈME CATÉGORIE.— CROISEMENTS ENTRE RACES FRANÇAISES
ET RACES ÉTRANGÈRES.
Mâles.
Point de prix.
Femelles.
Point de premier prix.
2" prix.— Une médaille d'argent et 100 fr., à M. Wali'gne, précité.
QUATRIÈME CLASSE. ANIMAUX DE BASSE-COUR.
Une médaille d'argent et 100 fr., à M. r,aies, ;i Millas.
Une médaille d'argent et 100 fr., ;i M. Clialcrie, à Marseille.
Une médaille de bronze et 20 fr., à .M. Pages, à Saint-Génis.
Une niéilaille de bronze et 20 fr., à M. Guillanme Sabalier, à Montpellier.
Une médaille de bnime et 20 fr., à M. Baillo, à Thuir.
I
73
IVECOMPEÎ^Sî:.S aux serviteurs R13R\\3X.
Une somme de 100 fr. et une méduillc d'argent, au sieur Chavannac,
emplové chez M. Marion de Gaja.
Une somme de 80 fr. et une médaille d'argent, au sieur Romeu, employé
chez M. Malègue.
Une somme de 70 fr. et une médaille d'argent, au sieur Tailleur, employé
chez M. le duc de Filz-Jamcs.
Une somme de 60 fr. et une médaille d'argent, au sieur Bonifacc, employé
chez M. Gaston Baziile.
Une somme de "jO fi'. et une médaille do bronze, au sieur Daniel Michelin,
employé chez M. Dcstremx.
Une somme de 23 fr. et une médaille de bronze, au sieur Hilles Louis,
employé chez M. Gouricr.
Cno somme de 2.j fr. et une médaille de bronze, au sieur Esraré, employé
chez M. IMartrin-Donos.
Une somme de 25 fr. et une médaille de bronze, au sieur Alcngrv, employé
chez M. Tapié-Mengau.
Une somme de 2o fr. et une médaille de bronze, au sieur Casiex, employé
chez M. Sarda.
Une somme de 23 fr. et une médaille de bronze, à M"' Catherine Gilles,
employée chez M. Gazes.
INSTRUMENTS ET MACHINES AGRICOLES.
PREMIERE SECTION.
Inslrunienls et Machines à l'usage de l'Induslrie agricole, appartenant
à des exposants de la Région.
Preniièi-e Sous-Section. — Travaux d'extérieur.
Charrues.
Rappel de médaille d'or, à M. .\uguste Estrade, à Canobès.
74
Point de deuxième prix.
3' prix.— Une médaille de bronze, à M. Court, à Perpignan.
Mention honorable, à M. Séguy, à Tliézan (llcraultl.
Charrues sous-sol.
H;ippel de médaille d'or, à M. Auguste Kstrade, pncilé.
2' prix.— Une médaille de bronze, à M. Fulcrand, à Montpellier.
Mention honorable, à M. Desiremx de Saint-Christol, firécilé.
Herses.
Rappel de médaille d'or, ;i M. Auguste Estrade, jtrniié.
2« prix. — Une médaille de bronze, à M. Fulcrand, précité.
Rappel de médaille de bronze, à M. Vincent Malègue, précilé.
Rouleaux.
Rappel de médaille d'or, à M. Auguste Kstrade, précilé.
Scarificateurs et Extirpateurs.
Point de premier prix.
2' prix. — Une médaille de bronze, à M. Fulcrand, précilé.
Mention honorable, à M. de Chefdebien, à Narbonne.
Butteurs.
Prix uni(|uc.— (j'ne médaille de bronze, à M. Fulcrand, précité.
Mention honorable, à I\I. Malègue, précilé.
Machines à faucher les praiiies naturelles ou artificielles.
l'oint de prix.
Râteaux à cheval.
Rappel de médaille d'or, à M. Auguste Estrade, précilé.
Véhicules destinés aux transports ruraux.
Rappel do médaille de bronze, à M. Rernard, à Montpellier.
Mention honorable, à .M. Sarda, h Ralio.
Harnais propres aux usages agricoles.
Point de prix.
75
Collections d'instruments à main.
Point de premier prix.
2* prix. — Une médaille de bronze, à M. Fulcrand, précité.
Menlion honorable, à M. Pierre Eslirach, à RivcsaKes.
Araires vigneronnes.
I*^'' prix. — Cnc médaille d'or, à I\I. Vincent Mali'gne, firécilé.
2» pii\.— Une médaille d'aqjent, à M. Paul Coste, à Saint-Gilles (Gard).
3» prix.— Une médaille de bronze, à M. Fulcrand, précité.
Mention honorable, à M. Peyre, à Conques (Aude).
Extirpateui's.
Une médaille de bronze, à M. Carcassonne, à Perpignan.
Instruments pour tailler la vigne.
Une médaille d'argent, à M. Sagan, à Perpignan.
na|)pt'l de médaille d'argent, à M. Fulcrand, précité.
Une médaille de bronze, à M. Pierre Fstirach, précité.
Mention honorable, à M. Barrant, à Cassagnes (Pyrcnces-Oricntales).
Deuxiômc Sous-Section. — Travaux d'intérieur.
Malaxeurs.
l'oint de piemier prix.
2'' prix.- Une médaille de bronze, ,i M. Pinsard, h Montrcdon (Aude).
Machines à vapeur, mobiles, applicables à la machine à battre,
ou à tout autre usage agricole.
f' prix.— Une médaille d'or, à M. Frézonis, à Mars-Saiiit-Pnolle (.\ude)
Machines à battre, mobiles, rendant le grain tout nettoyé,
propre à être conduit au marche.
Point de premier prix.
Point de deuxième prix.
."'• prix.— Une médaille de bronze, à M. Soubielle, il Formiguèrcs.
76
Cribles et Trieurs,
H«' prix.— Dne médaille d'argent, à M. Prax, à Perpignan.
2' prix.— Dne médaille de bronze, à !\F. Fourment, à Ille.
Dne médaille de bronze, à M. Soulé, h Perpignan.
Hache- Paille.
Point de premier prix.
Point de deuxième prix.
Mention honorable, à M. Puig, à Perpignan.
Pressoirs à vin, mobiles.
Une médaille d'or, à M. Macabies, à Perpignan.
Une médaille de bronze, à M. Estirach, précilé.
Pressoirs à vin, fixes.
Une médaille d'or, à M. Tarbouriech, à Pézénas.
Tonnellerie.
Une médaille de bronze, à M. Alazet, à Saint-Laurent-de-la-Salanque.
Une médaille de bronze, à M. Sauvy-Vilar, précité.
Pompes mobiles.
Rappel de médaille d'or, à MM. Fafcur, à Carcassonne.
Pompes fixes.
Une médaille d'argent, à MM. Fafenr, précilés.
Appareils à soufrer la vigne.
Une niéd.iille do bronze, à M. Faurie, à Narbonnc.
Happel de médaille de bronze, à M. Granal, à Béziers.
Pressoir à cire.
Une médaille de bronze, à M. Anrcill, ,'i Vinra.
77
DEUXIÈME SECTION.
Iiislruiuenls el Macliines à l'usage de l'induslrie agricole, apparleiianl
à des exposants étrangers à la région.
Première Sous-Section. — Travaux d'extérieur.
Herses.
Rappel de imiJuille (rainent, à M. Pellier jeuno, à Paris.
Dutteurs.
Prix unique.— Une médaille de bronze, à M. Yeillon, à Matlia (Ciiar.-Inf.).
Machines à faucher les prairies nalurelks ou arlijicieUes.
I""pri\.— Une niédailio d'or, à M. Peltier jeune, prédit:.
2" prix. — Une médaille d'argent, » MM. Clubb et Schuiitb, à Paris.
Machines à faner.
••"■prix. — Une médaille d'or, à M. Peltier jeune, précité.
2^ prix. — Une médaille d'argent, à iMM. l^liibb et Scbuiith, précilcs.
Râteaux à cheval.
J'"" prix. —Une médaille d'argent, à M. Peltier jeune, précité.
2" prix. — Uue médaille de bronze, à iMM. Clubb el Scbniitb, précités.
Machines à moissonner.
•I*' prix. —Une médaille d'or, à M. Peltier jeune, précité.
Pompes à purin.
C'' prix.- Une médaille d'argent, à M. Peltier jeune, précité.
Ruches.
Ua])pel de médaille d'argent, à iM. Haniet, à Paris.
Vigneronnes.
^'"■p^ix. — Une médaille d'or, à M. Peltier jeune, précité.
2' piix— Une médaille d'argent, à .M. Veillon, précité.
78
Extirpateurs.
Une médaille de bronze, à M. PelLior jeune, pncilé.
INSTRl^MENTS îsON PREVUS tM PROGU\MME.
Lne médaille d'argent, ;i M. l'iiisard, précité, pour ciment.
Une médaille d'argent, à M. Féline, ii Allègre (Gard), pour un sporomètre.
Une médaille de bronze, à M. LIanta, à l,a Tour-bas-I^inc (Pyrénées-
Orientales), pour une presse à foin.
Une médaille de bronze, à iM.M. Fafeur, précités, pour une boite à clapet
et robinet.
Une médaille de bronze, à M. llolland, à Corneilla-de-la-llivière (Pyrénées-
Orientales), pour fers il cbeval.
Une médaille de bronze, à iM. Badimon, à Marmaude (Lot-et-Garonne),
pour fouloir-égrappoir.
Une médaille de bronze, à M. Vigouroux, à Nimes (Gard), pour robinets.
lîappel de médaille d'or, à M. Pellier jeune, précité, pour un liaclie-paille.
Rappel de médaille d'or, à M. Pialoux, à Agen (Lot-et-Garonne), pour
macliine à battie.
Rappel de médaille d'or, à M. l'ialoux, précité, pour tarare.
Rappel de médaille d'or, à M. Pinet fils, à Abilly ( Indre-et-Loire) , pour
manège sans courroies.
Une médaille d'or, à M. Grenier, à Toulouse, pour pompes mobiles.
Rappel de médaille d'argent, à M. Caroiis, à Toulouse, pour égrainoir a mais.
Rappel de médaille d'argent, à M. Gasquet, à Castres, pour trieur.
Rappel de médaille d'argent, à M. Vermorel, à Villefranebe (Rbône), pour
un tarare.
Une médaille d'argent, ii M. Caroiis, précité, pour manège.
Une médaille d'argent, à .MM. Massonnct, iNassivet et C'", à Nantes, pour
cbarrie-paille secoueur.
Une médaille d'argent, à M. Pinel fils, précité, pour égraineuse à trèfle.
Rappel de médaille de bronze , à M.M. Massounet, Nassivct et C'"", précités,
pour un tarare débourrcur.
Une médaille de bronze, à M. Dubois, à Paris, pour un porte-bonleilles.
Une médaille de bronze, ;i M. VeiUoii, précité, pour une bonde de tonneau.
lions DU Co.NCouiis.-- M. Passedoit, à Saunuir (Maine-et-Loire), pour une
umcliine ii vapeur, arrivée trop tard.
79
PRODUITS AGRICOLES.
MÉDAILLE d'or,
A MM. Gclabcrt et Casteillo, fi Kivesaltes, pour leur vin muscat vieux.
Siugla, à Uivesaltfs, pour sou vin roinje ordinaire de 1801.
MÉDAILLE d'argent,
A Jl.M. Laurent lUirunJ, a Saint-Nazaire ( l'yiént-cs-Orienlalcs) , pour une
loison du laine.
Guérin Cliallit'r, à Florenzac (Hérault), pour huile d'olives.
Louis Fabre, prccilé, pour rensemble de sa colleclion.
Gervais,à MoutpclliiT, pour ["acclimatation de Truites de lue et
Saumon.
Gourier, précilé, pour l'ensemble de son exposition.
Malègue, précilCj pour Teusenible de sa collection.
Médecin, à Menton (Alpes-Maritimes), pour l'enscnible de ses essences.
l'bilippe Massot, à l'erpiguau, pour ses nianclies de fouet en mico-
coulier.
MÉDAILLE DE BRONZE
5
re .
A MM. Carboiiell, à Lr ( i'yrénécs-Orientales) , pour ses pommes de ten
Caries, à Perpitjnan, pour souches greffées, d'un à deux ans.
Christol, à Béziers, pour engrais indigène.
Dauder,à Vernet-les-lJains(l'yrén.-Ui'ienlales), pour son miel et cire.
Durand, à Perpignan, pour ses lièges.
De Gonsalvo, à Kslagel (Pyrénées-Orientales), pour huile d'olives.
Labrousse, à Nyer (l'yrénées-Urienlales), pour miel et cire.
De l.ourdoueix, h Montalba (Pyrénées-Orientales), pour ses rouleaux
de cercles de châtaignier.
Pujol, à Fourques (Pyrénées-Orientales), pour ses planches de liège.
Thomas, à lîivcsaltcs, pour ses cristaux de marc.
Tapié-Mengau, pricité, pour ses toisons mérinos.
Trilha, à La Tour-de-France (Pyrénées-Orientales) , pour ses cocons
et ^uies.
La Commission décerne une Mention honorable à la Société
Agricok", Sciontilitiue et Litléi'aire ilos Pyrénées-Orientales, pour
l'ensemble de son exposition.
80
VINS, etc.
MÉDAILLE d'argent,
A M.M. Sévorin Bassal, à Hivesaltes, pour son vin rougo de -1861.
Henri Duverney, à Perpignan , ponr son vin rouge de commerce
de 1861.
M. Jancr, à Perpignan, pour sou vin rouge de commerce de 1861.
Souvras-Territ, à Perpignan, pour son vin rouge froid de <86l.
bélieu, à Port-Vendres, pour son vin rouge doux de l8o9.
Bonaventure Ueig, à Port-Vendres, pour son vin rouge doux de 1859.
Av-DiHiias, à Hivesaltes, pourson vin de gi'enaclie de <86l .
Lacrouiolte-BeHonet fils, à Fronligiian ( Hérault ), pour ses vins
blancs muscat.
Bouaventure Keig, précité , pour son vin rouge, façon l'orlo vieux.
Lloubes père, à Perpignan, pour son vin blanc de ^858.
Carbonnell, à Cases-de-Péne, pour son vin de malvoisie vieux et
son vin de macabeu vieux.
Auguste Lloubes, à Perpignan, pour son vin de malvoisie de 18o7.
François Pi, à Port-Vendres, pour ses vins de Cosperons de 1837
et 1842.
Bonet, a Baiiynl-s-dels-Aspres, pour sou vin rancio, de 40 ans.
La Société lioussillonnaise, à Bivesaltes, ^our sou vin de grenache
muté de 1858.
Auguste Lloubes, précité, pour ses vinaigres de 1850 et 185".
Auguste Lloubes, précité, pour son eau-de-vie de muscat de ^850.
Guérin-Cbailier, précité, pour son eau-de-vie de vin.
Carbonell, précité, pour son ratafia de Cosperons.
Blanc-Nover et C'", à Perpignan, pour aiiiselte de Bordeaux et
menlbe glaciale.
MÉDAILLE DE BRONZE,
A MM. Laurent Calmont, à Opoul (Pyrénées-Orientales), pour son vin ronge
de commerce de 1 80 1 .
Pla, à Saint-l'aul-de-Fenouillet (Pyrénécs-Oricnlulcs), pour son vin
rouge de commerce de 18GI •
Paul Coronat, à La Tour-dc-Fiance , pour son vin rouge de com-
merce de I 861 ■
81
A MM. Caries, prédit, pour son Tin rouge de 1858.
Marlimort, à Rasijjuéres (INrénces-Orientalcs), pour son vin rouge
de commerce de I8GI .
Roca, à Perpignan, pour son vin ronge de )86).
Bélieu, prccité, pour son vin, façon l'orlo.
Numa Moubes, à Perpignan, pour son vin blanc de ^8o2.
La Sociélé Roussillonnaise do Uivesalles, pour son vin de inacabcu
de I8GI.
Gauze, à Rivesaltes, pour son vin de Tokay de tSiiT.
Panis-Bobé, à Port-Vcndres, pour son vin rancio de 12 ans.
Adamoli, à Perpignan, pour son vin rouge d'aranion de I8GI.
Anbiiul, à Sallèles (Auiie), pour son vinaigre de 22 ans.
Bertrand aîné, à Béziers, pour son vinaigre de madère de 1849.
(îélabert et Casteillo, précités, pour leur eau-de-vie de muscat.
Robelin, à Salses, pour son eau-de-vie de vin.
Calvet, à Cauobès, pour son esprit 5/6 de marc.
Villacè(jne père el fils aiué , à Peyrcslortes (Pyrénées-Orientales),
pour esprit 3/G ( le goiU de vin ).
Lavaysse, à Giguac (Hérault), pour son cura(,'ao.
Forl-Despax et Darot, à Toulouse, pour leurs liqueurs.
CONCOURS DES ANIMAUX DE LA RACE CHEVALINE,
ET DES ANIMAUX GRAS ET DE TRAVAIL.
PREMIÈRE CLASSE. — ANIMAUX DE LA RACE CHEVALINE.
PREMIÈRE SECTION. — JLMENTS POULINIÈRES.
Une prime de 120 fr., à M. de Selva , à Perpignan, pour la jument Biche,
âgée de 9 ans.
Une prime de 120 fr., à M. Duvernev, à Perpignan, pour la jument Belle,
âgée de 13 ans.
Une prime de 120 fr., à M. Biaise Fontaneill, à Pézilla-de-la-Rivicre, pour
la jument Cocotle, âgée de 13 ans.
Lue prime de 120 fr., à M. Justin Durand, :i Perpignan , pour la jument
Cocotte, Agée de \0 ans.
6
82
Une prime tle 100 fr., à M. Dtiveniey, précité, pour la jument idolpha,
dgce de -'( ans.
Une prime (le 100 fr., à M. Joué, ;i Vilk-longuc-Jc-la-Salanque, pour la
jument Obtissanle, âgée du G ans.
Une prime de 100 fr., à M. Jean Durcassy, à Villelon(;ue-de-la-Salanque,
(loiir la jument Belle, âgée de ^0 ans.
Une prime de 100 fr., à iM. Jérôme Llobet, à Saint-Féliu-d'.Vvall, pour la
jument Anglaise, àjjéc de ■'( ans.
Une prime de 100 fr., ;i iM. Jean Baptiste Hcnric, il Saint-Eslèvc, pour la
jument lirunelle, âgée de 'i ans.
Une prime de 100 fr., à M. ,\ndré Uoger, ;i Saint-Laurent-dc-la-Salanque,
pour la jument Belle, âgée de '6 ans.
Une prime de 72 fr., à M. de Stlva, précité, pour la jument Biche, 12 ans.
Une prime de 72 fr., à M. François Sibieude, i Corneilla-de-la-RivJcro ,
pour la jument Charmante, âgée de G ans.
Une prime de 72 fr., h I\l. Jauberl , à Llupia , pour la jument Moutarde,
âgée de 8 ans.
Une prime de 72 fr., à M. Marcel Ducassy, à Villelongue-de-la-Salanque,
pour la jument Belle, âgée de 4 ans.
Une prime de 72 fr., à M. Jacques Durand, à Hivesaltcs, pour la jument
Belle, âgée de G ans.
Une prime de 72 fr., à M. Joseph l'rax , il Perpignan, pour la jument
Gestation, âgée de ^2 ans.
Une prime de 72 fr., ii M. iîonct-Desmazes, à Sainl-f.aurent-de-la-Salanque,
pour la jument Biclie, âgée de 7 ans.
Une prime de 72 fr., à .M. Saturnin Dadies , à Perpignan , pour la jument
Belle, âgée de 13 ans.
Une prime de 72 fr., il M. Prax, précité, pour la jument l'élisse, 8 ans.
Une prime de 72 fr., ;i M. Jean Baillo, à Thuir, pour la jument Stella,
âgée de 10 ans.
DEUXIÈME SECTION. — POULAINS, POULICHES ET CHEVAUX
OU JUMENTS DE SERVICE.
Pouliches de 3 ans.
Inc prime de 200 fr., à M. Berlrand-Ualanda , à Perpignan, pour la
ponliclic Belle,
83
Une [iriine de ISO fr., .i M. Joseph Cavaillt-, à Saiiit-Jcan-Pla-de-Coils,
pour la |Hiiili(lio Sorma.
Une [irimc de iliO fr., à M. Jean Miffre, à Pi'zilla-de-la-Iiivii're , pour la
poulielic yanquine.
Une prime do l.'iO fr., à M Jean Montai, au Soler, pour la ])Oulicbc Aa/es«e.
Une prime de 100 fr., ;i M. l'erier, à lialio, pour la pouliclie Obcissanle.
Une prime de 100 fr., ;i M. de C.iiefdebien , à l'erpignan , pour la puulicbc
biche.
Pouliches de S an.i.
Une prime de liO fr., à M. Jean Miffre, précilé, pour la poiilielie Belle.
Une prime de ÏJO fr., à .M. l'onlaneill, précilé, pour la pouliihc Licite.
Une prime de oO fr., à M. Jnsliii Durand, précilé, pour la pouliche Palmyre.
Une prime de JiO fr., à M. Jules Parcs, à l'erpi|;nan, i-our la pouliche Belle.
Une |)rime de 2o fr., à M. François Baillo, à Ihuir. \
Une prune de So Ir., a !\l. .Jean BailIo, a Ihuir. ;
Poulains et Pouliches d'un an.
•
Une médaille d'argent, à M. Ducassy, précilé, pour le poulain Diaz.
Une médaille d'argent, à M. Joseph Denamiel , à Millas, pour la pouliche
.)liss Sophiii.
Une médaille de bronze, à i\I. Ducassy, précilé, poui' la pouliche Itéussile.
Une médaille de bionze, à M. Raphaël Joué, à Villelongue-de-la-Salamiue,
pour le poulain Obéissanl.
Une médaille de bronze, à M. Bonavcnturc Camps, à La Tour-bas-Elne,
pour le poulain Kalés.
Une médaille de bronze, à i\l. Brogard , à Mine, pour la pouliche Scapine.
Une médaille de bronze, à M. Jean Baillo, précilé , pour la pouliche liijou.
Une médaille de bronze, ii M. Duverney, précité , pour la pouliche YaiiAi'ii.
Poulains de S ans.
Une médaille d'argent, à M. Jean-Baptiste Henric, j)rtci/f , pour le poulain
Sankin.
Une médaille d'argent, à M. Sébc, à l'erpignan, pour le poulain .VaiiAiii.
Une médaille de bronze, à .M. (juiler, à S'-llippolyle, pour le poulain Itlond.
Une méilaille Je bronze, à M. (iuiler, précilc, |iour le poulain linrdol.
l'nc médaille de bronze, à M. l.-lt. I.abau, à llle, pour le poulain liijou.
84
UnB nu'iliiille de bronze, à M. Charles Lazeniic, à Perpignan, pour le
poulain Zesmer.
Une médaille de bronze, à M. Corne Modal, à Corncilla-de-Ia-Rivièrc, pour
le poulain Lionel.
Poulains castrés, de 3 ans.
Une médaille d'argent, à M. Jules de Lamcr, a Perpignan, pour le poulain
Front in.
Une médaille d'argent, à M. François Baillo, pn'ci/f, pour le poulain Ltger.
Chevaux et Juments de service, de 4 à 5 ans.
Une médaille d'argenf, à M. Fontaneill, précité, pour la jument GringaUttt,
A ans.
Une médaille d'argent, à I\l. Cii. Lazcrmc , prédit , pour la jument Kalése ,
A ans.
Une médaille d'argent, à M. de Chefdebien , précité , pour le cheval Coco,
4 ans.
Une mcddille d'argent, à M. de La Busta, à Alénya, pour le cheval yerveux,
a ans.
Une médaille de bronze, à M. Charles Lazerme, précité, pour le cheval Grin-
galet, 4 ans.
Une médaille de bronze, à M. Fontaneill, précité, pour la jument Lise,
o ans.
Une médaille de bronze, à M. de La Busta, précité, pour le cheval Piron ,
o ans.
Une médaille de bronze, à .M. Charles Lazerme, précité , pour la jument
Mauresque, A ans.
Une médaille de bronze, à M. Dispan , à Palau-del-Vidrc , pour la jument
Marquise, A ans.
Uue médaille de bronze, à M. Sanyas-Siuroles , à Saint-Laurent-de-la-
Salanque, pour sa jument de A ans.
Une médaille de bronze, à M. James Jaume , a Perpignan , pour la jument
Biclie, A ans.
Uue médaille de bronze à M. Jacques Falgucre, h Palau-del-Vidrc, pour la
jument Belle, A ans.
85
DEDZiÈmE CLASSE. ANIMAUX GKAS ET DE TltAVAIL.
PREMIÈRE SECTION. — ANIMAUX DE TRAVAIL.
Première Catégorie. — Espèce Bovine.
• •^■■piix. — Une mi'd.iille d'or, à M. Cliailos Héiingo, à rerpijjiiaii.
2* pri\. — Une médaille d'argrnt, a i\I. Ilainaut, au Soler.
Alciilioci lionoiable, avec niudaillL' de bionzi', à M. Soler, à Alénya.
liK'ni Idcni a M. Foixonnet, .î Perpignan.
Deuxième Catégorie. — Mides et Mulets.
("■inlï.— Une nn'ilaiile d"or, à M. Sauvy, à l'erpi|;nan.
2' i)i'ix.— Une nu'daillc d'ai|;iMil, à M. niiiand, à Saint-Nazaire.
.Mention honorable, a^c iiudaillf de Ijron/.e, à .M. Guichet, ;i \'i!!i!ongue-
dels-Monts.
Troisième Catégorie. — .incs et Anesses.
l'fprix. — Une nu-ilaille il'arjîent, à !M. Sédes, à Pia.
2« prix. — Une médaille d'argent de 2" classe, à M. Modal, ,i Thnir.
Alentioii honorable, avec médaille de bronze, .i M. Uacoinbc Saint-Michel,
il SaJses.
DEUXIÈME .SECTION. — ANIMAUX GRAS.
Première Catégorie. — Espèce Bovine.
Première Seclion. — Uœuts gras.
I>' prix.— Une médaille d'or et 100 fr., à M. Galle, à Thuir.
Point de deuxième prix ni de mentions honorables.
Deuxième Section. — Bandes de Liieuls.
point de prix.
Troisième Section. — Vaches.
I" prix. — Une médaille d'or et 100 fr., à M. losepli Anf-ladc, ;i Ihéza.
2e prix. — Une médaille d'argenl el .jO fr., ii M. Joseph Giiilard, à Palalda
Point de mentions boiuiiables.
Onalrième Seclion. -- Bandes de Vaches.
Point de prix.
86
Cinquième Section. — Bandes de Veaux,
jer |,riv.— Un.' MR'Jaille d'arj^eiit et jO fr., à M. Ilainaul, au Solcr.
l'oint de ilcinionu' [)ii\ ni de mentions honorables.
Deuxième Catégorie. — Espèce Ovine.
Première Section. — Moutons de 24 mois au plus.
.jc>pii,._Une médaille d'or et 100 fr., .'i M. Itarrl're fils, à Dagcs.
2' prix.— Une nicdaille d'argent et 50 fr,, à M. Mir, h Formiguèr.s.
Deuxième Section.— Moulons âgés de plus do 2i mois.
jerj,ri^._L'ne médaille d'arj;cnl et 50 fr., h M. VA. Foixonnet, h Perpignan.
Point de deuxième prix ni de mentions honorai)les.
Troisième Section. — Brebis.
.|er |,ri,._ Une médaille d'argent et )00 fr., h M. Ilainant, au Sider.
2» prix. — Une médaille d'argent cl i)0 fr., à M. Mare Conte, h .Vrgelès-
sur-Mcr.
Point de mentions lionorablcs.
Quatrième Section. — Agneaux de lait.
^e.v |„.i,i._Une médaille d'argent et 50 fr., h M. lîarri le lils, à Bages.
2e prix. — Une médaille d'argent de 2' elassc et ."0 fr., à M. Jae.]. Pujas,
à Argelès-sur-Mer.
Point de mentions honorables.
La Commission a vu avec regret que M. Vincent Malègne, un
de ses membres, (pii avait exposé une génisse croisée Durham,
ainsi qu'une vache Durham garonnaise, par une délicatesse exa-
gérée, a rel'usé toute participation au concours. La Commission
se fait un devoir de déclarer, à l'honneur de M. Maiègue, dont
elle n'a pu vaincre la résistance, <|ue les deux sujets qu'il a pré-
sentés, et qui viennent d'être désignés, ont mérité d'être classés
comme premier prix, chacun dans sa section.
87
PRODUITS INDUSTRIELS ET MANUFACTURÉS,
PREMIÉRR CATÉGORIE.
MédaUle d'or,
A MM. Iliillzer, Ouriaii, Jacoiny et C'", à lîia llanls-l'otirneaux.
James •fiuiinc, ,i IV'rpiij'iiaii. l'ouïes: Ilaiih-Fouriuaux.
Médaille de vermeil,
A M. Tons, à Corlsavy. Vers de forge.
Médaille d'argent,
A MM. Tciiituriei' cl C"^, a MniitjjailLiid. Minerai de cuivre-
Usine Sainte-Mario, à La Nouvilli'. Smifies.
Médaille de bronze,
A MM. Dubois, Anloiiii', h Arlcs-siir-Tcch. t'ers de forge.
Saules, à Saint-réliii-d'Avall. Soufres.
Piax, Joseph, à l'crpijpian. Soufres.
Marty-l'arazols, à Narboiiiie. Soufres (avec ineiilion).
Mention honorable,
A MM. Plas, frères, ii Hiresaltes. Soufres.
Razouls et C'*"; à F.,a Nouvelle. Soufres.
Lasserrc, [.oui.';, à Narbonne. Sel marin.
DEUXIÈME CATÉGORIE.
Médaille d'argent,
A MM. Diircniie, à Soniinevairc. Fontes d'ornement. (Rappel.)
(îodiii-Lomaire, à Guise, l'onles d'ornement. (Rappel.)
Nel, Pliilippo, à Marseille, liaignoircs. (I{ap])el.)
lldciuard .Moural, à rerpi(;iian. llijoulerie.
Vidal iMentor, .i Mèze. Outils de vilicnlture.
Dubois, l'ierre, ii Arles-sur-Terli. l'ers de forge .
Médaille de bronze,
A MM. Berdaguer, Jaeijues, à ['rades. Couteaux de fantaisie.
Sajfaii, Alexandre, à l»erpi|;nan. Outils.
Roslin, à l'erpijjnan. Cisailles four la vigne.
88
A "\IM. Lueran, .Tosppli, à l*crpi)|ii;in. Couteaux
Sales, à Perpifjiian. Couteaux.
Hnca, à llle. Couteaux.
Guchens, à Perpijjnan. Bijouterie.
Vidal et Lemircliand, n l'erpignan. Cuvette en fonte de fer.
Mention honorable,
A MiM. Bordaguer, fils, ;i l'rades. Couteaux catalam.
Courtes, fils, h Pézenas. Lanttrne.
James, à Per|)i{;i)aii. Vonderie en cuivre.
Pélissier, à Hivesalles. Ciseaux ])our tailler la vigne.
Dorcl, à Perpignan. Outil pour rabattre les faux:
Sales, Pierre, à Perpignan. Serrurerie.
TROISIÈME CATÉGOHIE.
Médaille d'or,
A M">° veuve Du Oueylar, à Marseille. Verreries. (Ilappel.)
Médaille d'argent,
A AIM. Geste, à Toulouse. Vitraux. (Rappel.)
Maiivernay, à Saint-Galniicr. Vitraux. (Kappel.)
Brunet, à Montpellier. Vitraux d'église. (Kappcl.)
Saint- Victor (d'André) à S'-Vielor-des-Oules. Ilriques réfractaires.
Oliva, Guillaume, à Saillagouse. Poteries.
Couissinier, à Marseille. Ilriques et Carrelages. (Rajipel.)
Médaille de bronze,
A MM. Boisset-Faucber, à Anduze. Cases pour jardins.
Uibère, fils, à Thuir. Cruches.
RIagnaii, Maliliieu, à Perpignan. Brigues.
Savaglio et Molo, ;i Perpignan. Otijets en élain.
Mention honorable,
A MM. Astaing, Jean, à Perpignan. Cruelles et Vases.
Astaing, liayniond, à Perpignan. Cruelles et Vases.
Baillaiid, à Perpignan. Terre cuite; Ciment.
Sabarllii'S, à Tluiir. l'olerics.
Vicens, s Tluiir. Poteries.
89
QUATRIÈME CATÉGORIE.
Médaille d'or,
A M. riiili|iot, :i l'ft'pijiian. Marbres.
Médaille d'argent,
A MM. Ik'vcl, rrédc'i'ic, ;i Tri'bcs. Carreaux vilrés.
Magnaii, Valeiitiii, ii Porplgiian. l'tacayes ; Bois.
Aulet, à Thuir. Marbres.
Médaille de bronze,
A MM. (îiiiiaïul, fils, aillé, à TrMjcs. ilarrelages. (Rappel.)
(ùiirautl, Aiitoiiio, à Trùhcs. i:arrelaijes. (Rappel.)
Maillard, à l*rats-dc-Moll6. Marbres.
Uaynaud, père et fils, à Alet. Meules à aiguiser.
Alary elJaiiel, à Perpignan. Marbres. (Rappel.)
Dehnas, à Perpignan. ISois de conslrnction.
MciiHiiii hiiiinrahli',
A MM. Caillens, à f.e.Mjuerdc. l'iùtres.
(iuiraud-l^vard, à Trébes. Carrelayes.
Haxès, à Montbolo. l'hilres. '
Guiry, à Bouleterni'ie. Marbres.
l.lorel, à Revnès. Pldlrcs.
Maidat cl Aiidonncl, à Candies, /(ois de consiruclion.
Vilasèque, à Reynés. Plàlres.
Ablanl, ;i Perpignan Marbres; Terre cuite.
Hoyer, à Perpignan. .Marbres.
Kleinliolt, à iMarseille. l'ians en relief.
Ho(ineforl, Jacques, à Perpignan. Lambris d'assemblatje.
llouvicre-Cabane, à Mnies. Pierres de taille.
Sarda, à Balio. l-^scalier à vis.
CINQUIÈME CATKGOUIE.
Médaille de bronze,
A MM. Aziberl, (ils, à (îruissan. Cordages.
MolliMi, (iaspard, ii Marseille. Hameçons.
Kiben. fils. !i 'Jriii<san. Cordages.
90
Mention honorable,
A MM. Carbonnell, Paul, h Géret. Cordages.
Cassagnères, à Céiet. Fils de pfche.
Ulaiic, Honoré, .i SaiiU-Laurcnl-de-hi-Salaniine. Engins de pèche.
Blanc-, Henri, à Saint-Liiircnt-ile-la-Salanqnc. Engins de p^cfte.
Calvi't, Josfii>!>, à Saint -Laurenl-de-la-Sal. Modèle de Trois-MAls.
Noé, Joseph, à Coilioure. Modih de Trois-)Iàts.
SIXIÈME CATÉGOUIK.
Médaille d'argent,
A MM. Bernard, lils, à Sainl-l,aiirent-dc-Cerdans. Clnits. (Uappel.)
(îranal, à Bézlers. Instnanenls de soufrage. (Rappel.)
Géiis, h l'erpiijnan. Machine à tarauder et à visser les chaussures.
VelmorcI, à Vilkfranche. Tarare. (Rappel.)
Médaille de bronze,
A MM. Delor, César, à Grand-Gallar|;ues. Oulils de tonnellerie. (Rappel.)
Robert, père et fils, à Montpellier. Soufllcls de [nrges. (Rappel.)
Delor, aine, à Gallargues. Outils de lonncUerie. (Rappel)
BiebnycU, à Quillan. Chemin de fer aérien.
Castany, à Perpignan. Pom)>e n double effet.
Glaiisel et G'', à Sauve. Fourches.
Jambon, à Sauve. Alambics.
Jouane, à Perpignan. Pétrin mécanique.
Amans, à Narbonne. yivean volant.
Mention honorable,
A MM. Basas, h Saint-l.aureiit-de-la-Salan(ine. Oulils de menuiserie.
Caulet, à Montpellier. Coupe-papier.
I.amolc, à Sournia. Vans en osier.
Malbcc, à Réziers. Soufflets pour soufrer.
Bouquet, h Montpellier, Muchine à cintrer les brancards.
Colomer, à Odeillo. Oulils de menuiserie.
DeviUe, à Lalour. Oulils de menuiserie.
Vidal-Delos, à Couslouges. Piège à loup.
Court, Adolphe, à Perpignan. Soufjlel de forge,
Pallarés, Ange, i Boulelcrnère. MouUm à main.
91
A MM. (Unies, Mirlu'l, à Pnmcl. }lndrle de jiressoir.
Dourclie, il Marseille. Scie pour le sucre.
Labiirllie, à Moiil-de-Marsaii. Pompe à soiilirer.
(.assallc, à Sainl-Lauronl-de-la-Salanque. Hache en (er.
I.ouison, à Toulouse. Yori« à main.
Massiiies, h Canes. Chauffe lils.
Plas, Jean, à Kivesaltes. OtUils de menuiserie.
SEPTIÈME CATÉGORIE.
Médaille d'argent,
A MM. Crova et Deihauinau, à Perpignan. Pile cleclriquc. (Rappel.)
Pierron, .'i Marseille. Inslriimenls de pesage. (Rappel.)
Ahadic, à Perpignan, llnrlaije.
Cantagrel, à Montpellier. Cosmo/jraphe.
Médaille de hronz-e.
A M. Vila, à Perpignan. Cadran solaire.
Mention honorable,
\ MM. l'Ia-i, à Uivesalles. Compas à ruie points.
Gaulas, l'rançois, à Perpignan. Cadran régulateur.
Gauilron, à Perpignan. Ilchappemenls.
HUITFKMK CATÉGORIE.
Médaille d'or,
A M. Baudassc-Gazottes, h Montpellier. Cordes de boyaux. (Rappel )
Médaille de vermeil,
A MM. Maury et Dumas, à Ninies. Pianos; Clavier-régulateur. (Rappel.)
Médaille d'argent,
A MM l'iiiiet, I.iieien, ;'i Paris, l'ianns. ^Rappel.)
Médaille de bronze.
.\ MM. Rrisillacli, à Perpignan, liistraments de musique.
Toron, à Perpignan, Instruments de musique.
92
NEUVIÈME CATÉGORIE.
Médaille d'or,
A M. Canquoin, à Marseille. Cliromngraphies. (lîappel.)
Médaille d'argent,
A MM. Arles, à Monlpcllii-T. Éliquelles pour jardina. (Uappi-l.)
Hngiict-Molinc, à IMontpcllier. Photographies- (Huppel.)
Cliapé, à l'crpigiiaii. Lithographies.
Médaille de bronze,
A M"' Antoinette Tasui, à rorpiijnaii. Imprimés: Affiches.
MM. Bataille, à Perpitiiian. l'holographies : Paysages.
Cointc-Firiniii, ii Carcassoiiiie. Portraits-cartes.
Deplaye-JuUieii ctC'e, au Vitjan. Pierres lilhogrophiques.
Mention honorable,
A MM. Dessoris, à Per|)i<;nan. Cartes à jouer (catalanes).
Hoiicoules, il l'erpijjnan. Édition d'une carte du département.
Tiiniiiiier, à Moiitiiollier. Panneaux armoriés.
Murer, à l'erpigiiau. Casiiuier compteur.
Rayiiauii, à Saiiit-llillaire. Tableauj: grapliiques.
Tranloul, à 'l'oulousc. Photographies.
DIZIÈME CATÉGORIE.
Médaille d'or,
A M.M. Paiilet, cousins, .'i S;jint-\n(lié-(lc-San(joins. Eau-t-de-Vies. (liappcl )
Veraii're, à Anianc. Peaux et Tiges pour chaussures. (Rappel.)
Lloinbanl, Jacipics, .'i Perpi;;nan. Cuirs tannés.
Médaille de vermeil,
A M. BarJou, Pierre, à Perpignan. Papier-Job.
Médaille d'argent,
A MM. Vidal, Joseph, à Perpi|;naii. Cuirs tannés.
Banlou, Joseph, à lVrpi(jMi:in, papier-cigarettles.
Noèll, Honoré, ;i Perpi(;nan. Teintures.
Ronffia, frères, h Perpignan. Papier Impétial li fumer.
Brousse, Kdoiiard, à Perpignan. Papier c. fumer cgtindriijue.
93
Médaille de brome.
A MiM. Clii'islol, :i Bi'/.iers. ICmjrais. (Rappel.)
Milliaiid, jcmic, à Marsfille. Savon blanc. (Rappel.)
Capdellayro, Xavier, à Saiiil-l'eliii-ir.Vvall. Savons.
Escoffct, à Céi'et. Eau de fleurs d'oranger.
Izarn, Denis, à Perpijjnan. Cuir tanm'.
Rlir, Jac(|iies, à Pc'r[>ij;iian. Teintures de peaux.
Baffait, à l'erpignaii. Veau lannt.
Robert, aillé, à Perpignan. Cuirs tannés.
'riiiliaud, à Montpellier. Cuirs et Peaux.
Vila, i>ouis, à Perpignan. Chandelles épurées.
Garrigues, Jacques, à llle. Peaux ouvrées.
Douis, Edouard, h Perpignan. Produits pharmaceutiques.
Xalart, à Perpignan. Produits de pliarmacie vétérinaire.
Peeli, à Saint-l'aul. Pipes et Cannes artistiques. (Rappel.)
Robert, frères, à Perpignan. Cuirs tannés.
Ribére, fièrcs, à Perpignan. Cuirs tannés.
Gaston, à Rivesalles. Mastic pour tonneaux.
Basset, Bernard, à Kspéraza. Peaux ouvrées.
lionboninie, à Perpignan. Peaux de chèvres.
F^abatliie, à .Montpellier. Papiers ii fumer. (Rappel.)
Pislre, Jacq., à Narbonne. S«6«/ance pour bonifier les vins. (Rappel.)
Suquet et C'^, à Cl.rniont-i'ilérauit. Engrais. (Rappel.)
Mention honorable,
A MM. Ilelloc, à Perpignan. Cuirs tannés.
Biavy clSieard, à Bé/.icrs. Produits pharmaceutiques.
Casicii, à Perpignan. Cuirs tonnés.
Grosso, ;i Perpignan. Cwirs tannés.
Joullié, À Aniane. Cuirs tannés.
Justafré, à Céret. Cuirs tannés.
RIarly, llls, à llle. Huiles pour fabriques.
Ro.i.'.aud, à Saint-Paul. Cuir.
Sicarl, à Narbonnc. Torches tn cire.
Trinqnier el Baduel, h I-odève. Peaux préparées.
Gravas, à llle. Cuirs tannés.
Campanand, u Perpignan. Cierget.
94
A MM. firaïul, à t'rades. Laines (iUes.
PoiH-i't, ;i Perpijjnaii. Encre à écrire.
Vilar, à Giiiet. Pipes en racine de bruyère.
Barraii, à Casteliiauilai y. Engrais.
Saj;nls cl O, à Banytils-sur-Mcr. Écorces à lan.
Mosselmaii. Enr/rais.
Reissac, à Marseille. Pouilre insedicide.
KcjToier, fri-res, à Ilia. Engrais.
Carbasse, l.ooii, à Perpignan. Panneau.v en papiers peints.
Ferian, fièios, à .Aryelcs-sui-IMcr. Cuirs.
Havnal, à Narboiine. Pains de verdet.
ONZIÈME CATÉGORIE.
Horf! (joncours. —Distinction particulière.
Administralion de la (îuciTe. liiscuil pour l'armée el la marine.
Médaille d'or,
A MM. Brunet, à Marseille. Semoules de blé. (Rappel.)
Rciiiaiid, Chappar et G'**, à Marseille. Liquturs. (Rappel.)
Rouqncllc, père et fils, à Brasse. Farines. (Rappel. )
Médaille de vermeil,
A MM. Gros, Jérôme, à Perpignan. Chocolats.
iNomdcdeu-Durand, à Gollioure. Conserves d'anchois.
Prax, aine, à Perpignan. Fruits glacés et confits.
Médaille d'argent,
A MM. Blanc-Noyer et 0% à Perpignan. Liqueurs. (Rappel.)
Médecin, à Menton. Fleurs d'oranger ; Essences. (Rappel.)
Gély, à Garcassonne. Liqueurs; Fruits conjUs. (Rappel.)
Portes Fabre, à Garcassonne. Liqueurs cl Sirops. (Rappel.)
André et Josepli Nicolan, à Perpignan. CImolals.
Teslorv, Eugène, à Perpignan. Liqueurs et Sirops.
Fossaly, à Perpignan. Chocolats.
Médaille de bronze,
A MM. Fort-Paulin et G'S à Toulouse. Liqueurs. (Rappel.)
Lavaysse, à (iignac. Liqueurs. (Rappel.)
95
A M!\t. Sauniade, frères, h Montpellier. Dragées; Uoiibons. (Rappel.)
Bonzom, Clément, à Perpignan. Biire de BavUre.
Caloiii, à Collioure. Conserves d'anchois.
Labrousse, à Thorent. Miels.
Alicbcl et Viguier, à Cavaillon. Saucissons.
Pagès-Réallon, ;i l'erpignan. Chocolats.
Salomon, à Avignon. Liqueurs.
Vivant, à Perpignan. Confiserie.
Banyuls, fi'ères, à Collionre. Anchois.
Pourtet, aine, à Perpignan. Confitures; biscuils.
Gonrce. (ils, à Arles-sur-Tecli. Chocolat.
Mention honorable,
A M.M. Arlus, Pierre, à Perpignan. Vins fins.
Talavignes, à Sigean. Sel.
Itarllielemy, à Montpellier. Fruits imités.
Bonzom, Clément, à Perpignan, lins et Eau-de-Vie.
Pains-Holié, à Port-Vendres. \in.
Brousse, Baptiste, à Perpignan. Liqueurs.
Caillens, à Saint- Paul. .Iliel.
Cornet, à Perpignan. Chocolat.
Vignoles, à Perpignan, l'aim à cacheter (couleurs).
fialangau, à .Monlferrer. Trii/'/es conservées.
Guinard, Jean, ii Rivesaltes. Vins imités.
I.ainolc, à Perpignan. Sirop de punch.
Ouillant, à Amélie-les-Bains. Chocolat.
Pernod, à Lunel. Absinllus.
Raynalt, à Oponl. Vin.
RonJony, fils, à Prats-de-Moll6. Chocolat; Ruches à double couvert.
Salières et Carbon, à Carcassone. Liqueurs.
'J'alayracli, à Baixas. Viiit.
Areens, à Sainl-Paul. lilanquelle.
Bane!, à Peipignan. lin ordinaire.
Basso, à 'l'bnès. Miel.
Royer, à Perpignan. Pièce montée.
ColonJre, à 'J'bnir. Sirops.
l'illols, il Nvcr. Miel et Ctn.
9G
A MM. Galau frères el Ducros, ;i Celte. Vermulhs.
Morens, à Osséja. Chocolat.
Pui(j, à Céret. Eicre allemande.
Rière, à Collioure. Barils pour anchois.
Rius, à Marseille. Kxtrails concentrés.
Coulzach, à TrouUlas. Vins.
Fnurès, ii La Grasse. Blanquette mousseuse.
Kaiix minérales de Vergés (Gard).
Eaux iniiiérales de Campagne (Aude),
liailloc, à Neffiacli. Eau-de-Vie de mûres.
Iinberl-Poitevin, à Lunel. Yermutk.
IJaurens. Eau-de-Vie.
Pages, Aiiloiiie, à Perpignan. Punch.
Hors concours,
A MM. iiesombes-Parès, frères, à Saint-Laurenl-de-la-Salanque. \ins.
Decose, à Liinoux. Yins.
De Llobet, à Perpignan. Vins.
Noé, Michel, à Collioure. Vins.
DOUZIÈME CATÉGORIE.
Médaille d'or,
A MM. Boudet, à Uzès. Soies grèges. (Rappel.)
Nourrigat, à Lunel. Soie; Cocons. (Rappel.)
Médaille d'argent,
A MM.Pinel, à Quillan. Laines filées. (Rappel.)
Vézian-Lombard, à Limoux. Draps. (Rappel.)
Bertrand, Martin, à Mont-Louis. Bonneterie.
Cavailhé et C'=, à Rives. Draps. (Rappel.)
Médaille de bronze.
A MM. Conort, h Perjiignan. Sacs de chasse.
Laeaze, à Saint-l'aul, Ficelles.
Uarric, Jacques, à llle. Veaux ouvrées.
Mention honorable,
A MM. Alouges, à Collioure. Cabas pour moulin à huile.
Beix, à Toulouse. Tissus.
97
A MM. IJobel, à nie. SitarUrie.
Mir, à Perpi(;iiaii. Objets en sparterie.
Yila, à Prals-Jc-Mollo. Bonnets catatans.
I.iioosk', à l'orplniKiii. Couvertures en fit.
Mccli, h rcrpi(;iKiii. Cabas en simrterie.
TRKIZIÈ.ME CATKGOaiK.
Médaille i'anjent,
A M.M. Carpeniras, fils, à Marseille. Rois et Marbres peints. (Rappel )
Lapère, à Marseille, '"liiis et Soies. (Kappel.)
Huillac, .i Mézcs. Cliaire à prfclier (Ilappel.)
Hoii|;iii)l, cadet, ,'i .Saint-l'aul. Ebaiicliuns : Bimbeloterie.
MercaiJer, à IVrpij;naii. Hittard.
Set vole, à Perpignan. Olijets tournes.
Médaille de hronz-e,
A MM. Carcassoiiiic, (ils, à l'erpi(;iiaii. Fantaisies tournées.
Guelieiis, Joseph, à l'erpij;iiaii. Siéyes ; Fauteuils.
I.aijiic, il Perpignan. Sièges: Fauteuils.
Lcncou, à Perpignan. Dorures.
PoiiipiJur, à Perpignan. Bois et .]larbres peints.
Taliés, ;i Perpignan. Meubles (avec mention).
Tiran, Noël, à Marseille. Lettres peintes.
Aspar, Michel, à Perpignan. Meubles.
Mention honorable,
A MM. Aller, à Toiilonse. Chaises fliors région).
Gdii'uuJ-Fulcran, à Lodève. /'ri«-flieu.
Mai lin, à Ginoles. Buis tourné.
Magnan, à Perpignan. Buffet en ckéne.
Combes, à Millas. Cage.
Serre, à Perpignan. Cartonnage.
Michel, à Perpignan. Tabouret invacitlable.
Non, Julien, à Caslell. l'.orbeillis.
■Son, Michel, à Verncl. /'ailiers.
liailletlo, Pierre, à Perpignan. Tableau en paille.
Granier de C.assagnae. à Perpignan. Objets divers.
98
QUATORZIÈME CATÉGOKIi;.
Médaille d'argent,
A JMM. Mercier, à Toulouse. Voilures légères, (ilappcl.)
Joseph Caseneuve, (ils, ;i Toiiloiisp. Voilures.
Médaille de bronze,
A MM. Taui-inya, à Per|)it;nan. Voilures (avec menlliui).
Babflnau, à Cliàlcaiibriand. Colliers ù ressort (hors région).
Uespaul, à Ulelte. Gourdes. -^ j/y^ /
Mention honorable,
A MM. Azaïs, à Perpignan. Collier.
Pujol, il Perpignan. Coffres de voyage.
Mourat, à Perpignan. Boile modèle.
,.),;i
QUINZIÈME CATÉGORIE.
Médaille d'argent,
A MM. Marly, père, à llle. Chapeaux de feutre.
Derroja, Uose, à Perpignan. Broderies.
Médaille de bronze,
A MM. De Capot, à Perpignan. Douions.
Il
Coste, Ois, à Sainl-l.aureut-(le-Ccrdans. Alpagalei.^
Sidobre, aine, à Perpignan. Saboh. 'j"i";i'
Sidobre, jennc, à Perpignan. Sabols. •^"'' ''''H'
Vie, à Perpignan. Chapeaux de feuire. ,,
Vila, à Perpignan. Chaussures.
Rey, Marie, à Perpignan. Broderies en nr.
Mention honorable,
A M.M. Bailly, à Prades. Espardilles.
Daraillé, ii Perpignan, l'ormes pour chaussures. ■ ù ,«'nliii.
Veuve Béuézecli, a Celle. Fleurs en coquillages.
Cartade, à Perpignan. Souliers de chasse.
Cros, à Carcassonne. fleurs en pastdlage.
Julien, à lii'ziers. Ouvrages en cheveu.e.
Laur.nt, Hélène, à Perpignan. Denleties.
Mac, Jenny, à Perpignan. Travail d'aiguille.
■) inc /
A MM. Mcifieii, pi-i'c, i PtM*[)igiiaii. Dents arlifmcUea.
Julia (pour \oi''), i Collioiir.'. Vicelks.
Poix, à Milliis. T/ssaj'; t'n /î<. ■ f
Salèlos, à Saiiil-F,aiireiil-tlu-Is-SaIan(|UP. 5afco/s.
Taillolc, l'YIicitr, à Perpignan, «oies an crocheU<p>ti,\ .](.\i,q U A
Tlimihfil, Y.vUur, ;, Pcrpijrnan. L'rorferiM ; Tapisserie.
Wor.nsn', A-lolpl,., ;. l'crp.j.nan. IHmn.ls. .,nn-Ju.U.ùl .i/, A
Xrllic, aiiu', à Perpijjiian . Ciiiffiinr-.
liary, à Porpigiiaii. ruraplui.s et VmbicUes. „}| .(/:]/ y
Coslc, pi-rc, à l'eipignaii. Soii/iei* awc s«nic/te de chanvre.
Danoy, Thérùsc, à Sainl-Laiirfnt-de-Ia-Salai)(|ue..WM«>;.;o i
Marr.'ioii, à l'cTpijrnaii. IWjins.cs. ■ ,."...
PéroM.U', I.ouis.s à Saint-L.HMi-nl-.l,-la-Sdlj,i.,„e. Ouhutte,.
Salas, lîosalif, à ||lc. Deiilelles. ,(j
Vidal, Jiis.'pliiiie, à Perpignan. lienldUs. ,:;
Talli's, jiMinc, .1 l'crpi|nian. f.asiiuctles. j;
CosU", à IVrplifiian. Iiolles vernies. , il
Bos, André, à l.aroque. Dais sc«//)/i'. nhùlf.
liila, Félii-e, à liivesaltes. Cuiissin à dentelle.
lîordeau (vouve), à Perpignan. Dentelles.
Bournel, Jean, à Quillan. Sahols. j,,^^,^ ,/j^ ^
Bruyas, Hose, à Perpignan. Chapeaiu de paille. i],„„y
Carbon, à Amélie. Oiivi(i(jes en cluveui-. a
Cartier, à lispéraza. Iientelles. .,
Castel, Pierre, à Perpignan. Ouvrages en cheveti.i\ i
De.sjuseur, i Lvon. Vindeties dur. j
Dirae, à Celle Oiioraijis en cheveux. ,1
l'orgas, à lilne. Ouvrages eu cheveux.
Ccorge, a Toulouse. Dentier.
firavas, ;i llle. -rH/rs tannes.
f.aporle, Lonis, à Perpignan. Ouvrages en cheveuxyi à ,e-jd
ÎMarligncdes, à Sainl-Paiil. Toile impcrnvnblc.
Mernu, Jean, à l'erpignan. liais faf,-(,nnc.
Pons. Joaeliim, à Saint-I.anienl. LspardiU.es.
Snubiié, à l'erpignan. Huis Orodi'.
'Iliezon, frères, à liivesalles. i:hausi.ures.
100
SEIZIÈME CATÉGORIE.
Médaille d'or,
A M. Massot, Philippe, à Perpignan. Manches de fonds.
Médaille de vermeil,
A AI. Pujol, Joseph, à Fourques. Liège et Bouchons,
Médaille d'argent,
A M. Piickroil-Davey-Chanii, à Marseille. Mèches de sOretè. (Rappel.)
Médaille de bronze,
A MM. Bosch, à Perpignan. Boiichous.
Llinas-Diirand, à Argelès-sur-Mer. Manches de fouels.
Falgiières-Badie, ii Sorède. Manches de fuuels.
Latitic, à Perpignan. Charredes.
Fabre, à Peyrestorles. Charrue-vigneronne.
De Lourdoueix, à Perpignan, Cercles en chùtaignier. (Rappel.)
Delclos, à Veriu'l-ies-Bains. Cercles en chùlaignier.
Keig, Biinavenlure, à Porl-Vendres. Futailles.
Panis-Bohé, à Port-Vendres. Fulailles.
Marlrou, à Lens. Planteur pour la vigne.
Compristo et Galibern, à Collioure. Lièges ouvris.
Mention honorable,
A MM. Âlazet, à Saint-Laurenl-de-la-Salantjue. Barils.
Ausell, il Cérel. Manches de fouels.
Bonel, Jean, à Perpignan. Tonneaux.
Bonnet, Joseph, à Perpignan. Tonneaux.
CoDle de Boiicl, à Perpignan. Cercles en chdtaignier.
Darne, à Laro({uc. Cercles en châtaignier.
Dauzon, Sauveur, ii Collioure. Barils.
Lstève, il Saiul-Laurcnt-dc-la-Salantjue. Bondes pour futailles.
Grill, il iMaureillas. Bouchons.
Laverny, ii Vives. Bouclions.
Libes, à Perpignan. Tonneau^;,
[libère, Joseph, il Cérel. Douelles et Cercles
Marsal, h VerHet-les-Bains. Cercles.
Gaspard, Bernard, à Montpellier. Outils agricoles.
Konnet, François, il Avignon. Outils agricoles.
Destaville, Joseph, ;i Perpignan. Barils.
Marienac, Jean, ii Perpignan. Harili.
Vie, à Rivesahes. Barils.
101
BEAUX-ARTS.
Médaille d'or,
A MM.Oliva, à Paris.
Pcrot, à Nimes, (Kappcl.)
Michel, à Montpellier. (Rappel.)
Médaille de vermeil,
A M. Miinch, armurier Jii 2"'" rôginicnt du Gonit-, à Monlpellior.
Médaille d'urgent,
A MM. Gardot, peintre, à Perpi(;iian.
L'Eglise de Cornclla-ilcI-Vercdi.
Trinquet, à Ninics.
Frère Samuel, à Biv.iers.
Pngeiis, Eu{;rnc, à Perpignan.
Rocamir, à Toulouse.
Rigaiid et G'", ;i Toulouse.
Glaize, à Montpellier (Uappel.)
Gaubcrt à Narbonne. (Rappel.)
Vignol, à Perpignan.
Médaille de bronze,
A MM. Alary et Janel, à Perpignan.
Bernier, à Saint-Paul.
Canavy, à Cassette (Allier).
Cessou, Victor, à Prades.
Champagne, .i.Carrassonuu.
li'alibé Coste, à Perpignan.
Dou/.il, à Ninies.
L'Eglise de Collioure.
L'Eglise de Font-Romeu.
L'Église de l'alau-del-Vidro.
L'Eglise de Seidinva.
Farrail, à i'erpignan.
Fraissc (Mademoiselle), ^ Cetlr.
102
K MM. Fn-ie lÎMipére, h l'erpignai».
Frère Alliaiiaso, .î Passy.
Frère Pclcfjrini, à Lîastia.
Garbel, à Toulouse.
Mercuriol, ii Marseille.
Pech, Médéric, à Saiul-Paul. < ^,u,.r■ -
Ralheau (Madame), à Amélic-les-Bains.
Raynal, Simon, à lialio.
Mention Imnoruble, ,bnuU .U /
A iMM. Boyer, à Perijifjuaii.
Billot.
BoUiua, il Perpignan. l'I^ /
Baronnié, à Toulouse.
Cases, il IMillas.
Davan.
I/Kglise de Camélas.
L'Kglise de Neffiarh.
LM''{;lise de l'orniigueres.
i;f:glisc de Vernet-les-Bains.
L'Kglise d'Ui'.
l/liglised'llle.
l/i:glise de Saiiil-Jacques (Pcri.iguan) .
Gilbert.
Ilugoniot, il Peri)ignan. -'^I' '
Lasserre, a Perpignan.
Romain l.acomlc Saint-Michel, à Perpignan.
Noell, Jean, à Arles.
Rojas, à Carrassonne.
Tous les exposants amateurs et M. Guiniuil, conservulcur ilii
Musée, ont été mis hors Concours. La Commission leur a volé
des remcrcimenls.
103
HISTOIRE NATURELLE ET PALÉONTOLOGIE.
Médaille d'or,
A M^F. Le doc tour Coinpanvo, (|iii a préseiiti-, clans deux (fraudes vitrines,
le tracé des vallées du Tocli et de la Tet, avec les érlianlillons de
roches, minerais, sables et eaux minérales de tons les affluents,
pour servir à i'ctude de la géologie et de l'Iiydrograpliie des deus
plus grandes vallées du (lé|)artement des l'vrénées-Orienlales.
Le doiieur i'aul Massot, pour sa riclic collection de co(|uilles fossiles
du département.
Méddille de vermeil,
A MAI. Le docteur l'endiinal, maire de l'ort-Vendrcs, pour sa collection
de roches et minerais de l'Albére, et pour sa belle collection de
CO(|uillages exoli(|ue?, de polypieis.
Fouzau, commandant à Collioure, pour sa belle collection d'in-
sectes et de coquillages divers.
Médaille d'argent,
A MM. Aulet, lîonaventure, pour les marbres de Castelnou et de Sainte-
Colombe, dont re\|)l(iilalioM, en activité depuis plusieurs mois,
occupe déjà une eiM(|uantaine d'ouvriers, et parait destinée à
donner de tris-baiis résultats.
Non, Michel, à Vcrnet-les-lfaius. Collection de coléoptères et de
lépidoptères du département.
.\spar, à Perpignan. Colieiliou de uiammireres et d'oiseaux du
département.
Médaille de bronze,
A .M.M. Jacomv, liémv, .'i l'rades. Minerais de fer, de cuivre, de pierres
aciéreuses l't de talc.
Soumains, A/.édérac, à Saliorre. Miiu'iais de fer spathique, oligisle,
brun raiboiialé, manganésifèrc.
l'ous, il l>(Htsavv. Minerais de fer de Batère.
Dubois, Antoine, à Arles-sur-Teeh. Minerais de fer de liatère.
Douzats, idiarmaeien aiile-major à l'ilopilal d'Amélie-les-Bains.
Ileibicr des pl.iiites fourragères du départ, des Pyrén. -Orientales.
loi
A M.M. Couly, Ycliiriiiaiic tu |iiiMiiifi- au 10* Chasscurâ. Ht-rbier des piaules
foiiri'a(;cros du (lé|)a(lcnieiil de l'Aude.
Jouriinii. Ili'rbii'i' ilc l'IU'iault.
.laubcrtde-l'assa, Adol|)lu". lù-iiantillons de tous les bois du dépar-
tement des Pvrciu'es Orientales.
Bardoii, Pierre. Collections <le fossiles de Gri|;non et d'oiseaux.
Delcros, Gaston, à Céret. Marbres blancs du Mas-Carol.
Mention honorable,
A MM. FJoret, André, .'i Reyni'S. Pierre ;i plâtre (jris et blanc,
J. Vilar, à Céret. Pierre à plâtre blanc, carrière de Qninta.
Forfjo, curé ii Opoul. Collection de cotjuilles fossiles d'Opoul.
Goucbat, .luseph. Collection de coquillages fossiles de Neffiach.
Clianibo, .Joseph, à Millas. Collection de coijuillages et osscnieni»
fossiles de Millas.
Calnict, Benjamin, à Perpignan. Collection de coquillages de la
Nouvelle-Calédonie.
Moulines, Louis, à Serres (Aude). l'ierrcs a repasser,
l'onclieret, ;i Puiverl (Aude). Gypse blanc, carrière du Col-del-Trill.
Garonne, h l.unel (Hérault). Divers oiseaux em|iaillés, placés sur
un chêne rustique en carton pilé.
Mentions honorables, hors Concours, pour leurs Eaux
Minérales ,
A MM. Bouis. (Bains Bouis à Olettc). Kaus sulfureuses et Eau» désullurées
naturelles, employées isolément dans des j;aleries dislincles.
Gaillarde, Cyprieii. Eaux sulfureuses (rOlelte (Graus).
De Massia. Ivdouard Eaux sulfureuses de Molitg.
De Lacvivier. Eaux sulfureuses et alcalines de Vernel.
Mercailer, pi-re. F'iaux thermales sulfureuses de Vernet.
Escanvé, Bose. b!aux sulfureuses et alcalines de Nossa.
Baron Cabot. Eaux lhern)ales de l,a Preste.
Batheau. Eaux sulfureuses d'Amélic-les-Bains.
Ilennabessière. Eaux sulfureuses d'Amélie-les-Bains.
l'ujade. Eaux sulfureuses d'Amélic-les-Bains.
Massot, Joseph. Eaux alcalines, |;a/.euses, ferrugineuses du Boulou.
Olivier. Eaux minérales de Collioure.
Marlin lils. E.iu< minérales de Ginoles-Ics-Bains (Aude).
103
LISTE DES EXPOSANTS AU CONCOURS HORTICOLE
ET MARAICHER,
QUI ONT OBTENU DES RÉCOMPENSES.
Médaille d'or,
A MM. Robin, frères, pépiniéristes, à Perpignan.
Médaille de vermeil,
A MM. Bcliou, Henri, propriétaire, à l'ort-Vendres.
Manjiii, père et (ils, pépiniéristes, à llie.
Médaille d'argent (grand module),
A MM. Doperraud, officier de la r.égion-d'IIonnenr, propriétaire, a Candies.
Aieron, Josepli, jardinier-fleuriste, à IVrpijjnan.
Médaille d'argent,
A MM. liychenne, Laurent, propriétaire, à l'erpignan.
Astors, Franeois, id. jj
Adanioly, Alexis, id. i,|_
De Guardia, Etienne, id. id.
Testory, Paulin, i,|. j,|.
Taillade, François, jardinier, i,|.
Taillade, Joseph, iJ. jj.
Médaille de brome (grand module),
A MM.Coll, Antoine, propriétaire, à l',rpi|;nan.
De Oonzalvo, Ange, propriétaire, à Ksiagel.
Hoiiuefort, Jean, propriétaire, à Perpignan.
Unn-Poutoii, premier inaitre-vaiet de M. Deperraud , à Candies
ruiisonnier-Passania, propriil.iire, à l'ia.
Course, Jean, propriétaire et fal.riiant de ehocolat, à Arles.
iielieu, IMiilippc, propriétaire, à IVrpigiian.
Hassou, Joseph, agent de change, id.
Fabrc, Michel, horticulteur, jd.
106
Médaille de bi'nnze,
A M.\I. (larcassoiiiie, Cliarlcs. propiiélairi', ,'i Pcrpigiian.
Vidal, liDi ticiillcui', i(l.
Poui'Iet, J(i8(.'|)ii, Lnrlicultour, id.
Dauder, Julie, iiropiiétaiie, iil.
Uartlic, Abdon, jaidiiiii'r, à l'alalda.
Cazcs, jardiiiitT, à IV'i[)i|;nan (jardin Mcspliés}.
Milliaud, ni'gocianl, id.
Sagau, laillaiidier, id.
Desscje, marcrhal-ferraiit, à Catllar.
ÎMoniiier (veuve), propriétaire, à Per|>ifinan.
Pierson, Joscpli, propriétaire, id.
Ifaiate, Louis, jardinier, id.
.Mir, Louis, jardinier, iil.
Ribes, Louis, jardinier, id.
rs'oguès, Josepli, jardinier, iil.
Gndaiil, Pierre, (ils, jaidiiiiei-, id.
Primes en argent,
A MM.Hibes, Fran<;ois, jardinier.
.Simon, .Jean, id.
Conor, Antoine, id.
Sainte, Pierre, id.
Taslu, Joseph, id.
'l'astu, Marcel, id.
(îodaiil, Pierre, id.
(iélis, Michel, id.
Cainy, Pierre, id.
Delhoste, Fran(;ois, id.
Margouet, Laurent, id.
Jourda, Jacques, id.
Helinas, iil.
Idre, Michel, id.
Barandc, Philippe, i<l.
lîurate, Trançois, id.
Noguès, Joseph, id .
Pëjoan, Jean, cantonnier.
107
INDUSTRIE HORTICOLE
il
Mention honorable,
A MM. Mcsplios, Josepli, propiiil.iito. n I'erpi(;ii.ui.
Monnier, Pierre, vanhier, jd.
Marlrc, l'iorre, vannier, iil.
Iloiu'l, l'](lni()n(l, ciiiplûu', iJ.
Périco, Fraiirois, liorliculleiir, id.
Blanir, liortirtilteiir, i,|.
Bardoii, Pierre, liorliciillenr, id.
I^aboissiorc, liorliçiilteur, id.
rjopet, propriétaire, à Serdiiiya.
Trapé, (x'piniérisle, ;i Elue
Janer, propriétaire, à Perpijjnaii.
Briiézet, Jacques, martbaiid de (|r.iins, à Per|ii{;nan.
Marty, Jacques, pépiniériste, ;i lllr.
'■' ' ""Estampe, Jarcines, jardinier de .M. Brcssoii, h Ptrpijfnnn!'' '^ '
Dadies, Saturnin, fermier au Mns-Béarii, id.
Carlionnell, propriétaire, à Cr.
Salles, coulidier, à Perpignan.
Philippe, jardinier à Careassonne.
Rouffia, Amédée, propriétaire, à Pcrpijjiian.
Tarissou, Raphaël, jardinier, id.
Rotisseict, André, propriétaire, id.
,•1 (■■,l
SERVICES RURAUX
RÉCOMPENSKS PAR L.V SOCIKTi:: AGRICOLE, SCIENTIFIQUE
ET LITTÉRAIRE DES PYRIÎNÉES-ORIENTALES.
Primes en artjent,
A MM. Boher, Isidore, h Sal.orre 70 ans de services. 100 fr.
Uaynal, Jean, ciiez M. Cli. de Selva,
'' l'Tpidnan lu . . . id 70
Barhès, rran<;ois, à l'Albère 50 . . . id CO
108
A MM. Liirgé , Pierre , à Villolonguo-ili-la-
Salanque 44 ans de services. 60 fr.
Pointis, Minbel. à Tliuir 30 . . . id 30
Bosch, Amlrù, à llle 27 . . . id 45
Polinade, Pierre, à Bagis 24 . . . id 45
Malis, Jacques, à Comella-dcl-Vcrcol. 2'( . . . id 40
Brousse, François, chez M. Passaina,
à Perfiigiian 20 ... id 50
PRIX DE POESIE,
PROPOSÉS P.\R LA SOCIÉTÉ AGRICOLE, SCIENTIFIQUE
ET LITTÉRAIRE DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.
Médaille de vermeil,
\ M. iMcric, François, auteur delà |iièce de vers intilulée Mon Roussillon,
avec celle épigraphe : Salve, magna farens fnujum, salmnia itllus, magna
virum (Virgile).
Médaille d'argent,
A M. Meroadier, aulcur de l'éloge du Maukciul DE Maillï, Lieulenanl-
Général du lloussilioii et Coiniiiauduiit en Chef de celte Province, avec
cette épigraphe : On peul Hre héros sans ravager la terre (Boileau).
Certifié :
Le Secrétaire-Général du Concours,
A. LLOUBES.
Perpignan, le 15 mai 1862.
103
SÉANCE PUBLIQUE DU 29 JUILLET 1860.
PRESIDENCE DE M. AUGUSTE LLOUBES.
La Société Agricole, Scienlilique et Littéraire des
Pyrénées-Orientales, a tenu sa séance publique annuelle,
le dernier dimanche de juillet, sous la présidence de
M. Auguste Lloubes. Les places d'honneur étaient occu-
pées, au bureau, par MM. Gay du Palland, secrétaire-
général de la l'rétéclnre, et Augustin Saisset, adjoint au
maire de Perpignan. M. Hornet, vicaire-général du Diocèse,
et diverses notabilités de l'armée, de la magistrature et
des administrations civiles avaient bien voulu répondre
à l'invitation de la Société, et donner un témoignage
public de sympathie aux modestes ouvriers de Tagri-
cullure et de l'industrie rurale, dont l'Etat, le Départe-
ment et la Société devaient récompenser le mérite et
les services.
Les colons romains tenaient pour principe que la civi-
lisation commence par l'agriculture, qui peut seule main-
tenir le bien-élre des peuples. C'est le principe proclamé
dans tous les temps, par les hommes les plus dévoués
au bien public, et la Société des Pyrénées-Orientales est
pleinement convaincue que c'est surtout par ses res-
souices agricoles que notre département pourra bientôt
jusiilier l'immeuse faveur du concours régional, (pii lui
a été accordé pour 1<S()'2, et se mettre au premier rang,
dans notre région, par l'imiiorlance de ses produits, et
par les progrès utiles accomplis parmi nous dans cette
branche de la richesse nationale. Une occasion favorable
990
va doue s'offrir à nos compalrioles, (|iii n'oiil eu jusqu'ici
d'autre lort , (|ue de se tenir à l'écart, et de laisser ii(i|i
souvent usurper le mérite et le bénéliee de leurs travaux.
I/lieure est venue de réclamer pour chacun le mérite de
ses teuvres, et depuis trop longtemps nous avons vu des
industriels plus habiles ou [dus osés l'aire leur gerbe à
nos dépens, et récolter ce que les autres avaient semé.
La Société ne négligera rien pour seconder de tous ses
efforts une o'uvi'c si importante pour notre département,
et ses senlimenls à cet égard ont trouvé un digne inter-
prèle dans riionorable Président qui dirige ses Iravau.U
Tous nos compatriotes entendront l'appel sympathique
qu'il a fait à leur industrie, à leur travail, à l'amour qu'ils
portent à leur |)ays. Ils tiendront compte de ses utiles
indications, et auront à cœur de réaliser les sages prévi-
sions que M. Lloubes n'hésite pas à formuler, dès aujour-
d'hui, siu' le résultai <le notre prochain concours régional.
■:: \oici le discours de Monsieur le Président :
« MESSIELIIS, ' iiifiiTc;
-"'«L'importance des concours n'gionaux est tellement
évidente, qu'elle n'a plus besoin d'être démontrée. L'Em-
pereur a voulu, jiar cette utile institution, que la France
agricole se connût elle-même, qu'elle se perfectionnât
par la puissance irrésistible de l'émulation. Pour ceux
qui suivent attentivement ces fêles de l'agriculture, il
est certain que le but de l'Empereur sera alteint/it «ticb
J^>«.-L'heure approche où notre départ(;mcnl devra prou-
ver à la région dont il dépend, (pie lui aussi a progressé; .
que ses procédés sont en rapport avec les perfectionue-
nienls modernes, et qu'il pratique ce grand axiome de
!a bonne culture: donner au sol ce qui lui convient. Ses
irrigations, étendues à d'immenses surfaces, sous un soleil
ardent, ses |)rairies, ses bois d'oliviers, de micocouliers,
de chihie.s-liége, ses 60.001) hectares de vigne, seront-là
111
pour le prouver. Mais, pour (|ue celle preuve soil lai le ^
elle ne doit pas resler dans le domaine de la stalisli(|ue;
il laut. (|ue les l'enncs inscriles avant le Ici- ,,,3,.^ j,*^(]|
pour la prime d"ljonneur, soient nonilMeuses; il faut (]u'en
18C2 les produits e.xpose:s soient nombreuv; il litiii, enlin,
qu^„ dans les Pyrénées-Orientales, tout le njonde fasse
preuve de bonne volonté, pour mettre le département en
relie!'. Il n"a point à redouter ses concurrents; il peut
les surpasser par rexhibilion des produits de son sol.
Les autres concours de la région, plus imporlanls par
leur position plus centrale, pèchent par l'ensemble de
leurs produits, (pii, jusqu'ici, ont été faiblement repré-
sentés. Hennissons le type de tous nos vins, de nos
huiles, de nos graines de toute sorte, de nos laines, de
nos miels, de nos essences forestières, de nos cultures
arhustives et maraîchères, et nous atteindrons à un
ensend)le de ricbesse auipiel on ne croira qu'après l'avoir
vu; car on se dispose à venir nous visiler, à cause de la
haute idée qu'on se fait de notre pays.
t;T« Nous savons que la machinerie agricole laisse à dési-
rer. Sans adopter tout ce qui parait de nouveau, on peut
rechercher, comme éminemment utiles, certaines machi-
nes à battre, les râteaux à cheval, les tarares dcbourreurs,
les scarilicatems, les charrues vigneronnes, fouilleuses,
défonceuses, les pressoirs à vin, toutes choses (pii ont
fait leurs preuves dans la culture du Midi.
«Quant aux espèces animales, nous espérons obtenir
que la race chevaline et ses dérivés soient admis au
concours. Ce nest pas un jjays qui a tant lait pour être
doté d'un Ih.ras, qui doit cacher ses succès éclatants
dans ce genre d'élevage appelé à tant d'avenir. On peut
donc se préparer pour cette éventualité.
«l/cspèce bovine, connue l'ont ])rouvé les nombreux
el légitimes succès d'un de nos collè-iu's, est en voie
d'amélioration au point de vue de la boucherie; mai^ h>
1J-2
bœuf est le plus précieux inslrument de liavail que la
Providence ait donné à l'homme; il faut donc le perfec-
tionner pour l'attelage, et le vouer à la boucherie lorsque
l'âge rend ses services onéreux. Nous croyons qu'un bon
choix des types du Riverai et de la Cerdagne, peut dé-
montrer au concours, que nous avons dans notre race
indigène, l'espèce à double lin que l'agriculture recherche
avant tout. Nous devons travailler a la perfectionner par
elle-même, car elle supporte la chaleur, et c'est une
précieuse qualité.
« L'espèce ovine, cette caisse d'épargne du petit culti-
vateur, ne rend pas les services pour lesquels elle a été
créée. Les nouvelles dispositions douanières adoptées par
le Gouvernement, que Ton prend par erreur pour du
libre-échange, doivent forcément amener l'agriculteur à
entrer résolument dans la voie de l'amélioration de ces
précieux animaux. Ils sont utiles par leur viande, leur
laine et leur fumier. Si on remédie a leur tardivité d'en-
graissement, leur laine a moins d'importance; si ses prix
doivent se réduire, la [terte est moins sensible et sera
compensée. Nous ne parlerons pas du mérinos pur-sang,
dont le type disparait devant les difiîcultés du parcours,
et surtout devant de mauvais procédés d'élevage; mais,
nous aurons en vue les métis, et surtout le mouton à
laine commune, le plus robuste de tous. Si on rachète
par le mélange du sang south-dovvn anglais, sa lenteur à
s'engraisser; si l'on gagne, comme c'est possible, au
moins deux ans, on entre dans la voie de la vraie culture
améliorante, on double les forces productives de celte
branche de l'industrie agricole, on double ses profils et
l'on diminue les mauvaises chances. Nous ferons (ous
nos elforts pour que des croisements avec des soulh-
dovvn soient tentés; nous les signalons, en attendant, à
ratlention des hommes qui s'occupent de ces questions
et qui se préparent pour le concours.
113
« Il est une branche accessoire pour ce pays de l'in-
dustrie agricole, qui pcul figurer avec succès, comme le
démontrent des l'ails récents. Alors (pie bien des gens
pensaient, à tort, que notre climat n'était |)as propice à
l'élève des vers-à-soie, nos éducations ont été les plus
i)elles de la France : ou est venu de tous les points
taire de la graine. C'est à la lois un signe de la régéné-
ration de ce précieux insecte, et une preuve de l'aptitude
des lieux où il a été élevé. Ne cessons pas de planter des
mûriers, sur la montagne surtout, et ne, répudions pas
une industrie (]ui lait la lorlune de contrées déshéritées
par la nature; ipii n'exige [)as de capitaux, et donne ses
produits dans quarante jours.
«La Société a promis, pour 1862, une exposition
d'horticulture. Elle sait que le concours des amis des
(leurs, si nombreux et si zélés, ne lui fera pas défaut;
mais, pour que l'exhibition que le département doit taire
dans celte occasion soit complète, il nous semble que nous
devons provoquer une exposition de l'industrie, limitée aux
produits de notre pays, et une exposition des beaux-arts,
dans laquelle serait comprise une ex|)ositioii religieuse. La
piété de nos aïeux a conservé beaucoup d'objets précieux
au point de vue de l'art et de l'histoire; la génération
actuelle ne peut que gagner à les connaître. Les concours
régionaux, tels que les centres où ils se tiennent les pra-
tiquent, sont devenus dans leur ensemble un étalage de
joyaux. Pour(pioi cacherions-nous les nôtres? Si notre
département est petit en surface, il est aussi grand que
tout autre par tout ce qui distingue riiomme ! Concer-
tons-nous pour le prouver. C'est de longue main que ce
concert patriotique doit avoir lieu. C'est pour l'établir
que nous avons fatigué quelipies instants votre attention.
Nous serons heureux si, dans deux ans, nous pouvons
dire : Nous avons conquis notre rang dans la Région du
Sud-Est. »
8
114
RÉCOMPENSES DÉCERNÉES PAR LA SOCIÉTÉ.
ÉDUCATION DES VERS-A-SOIE.
Médaille de bronze.
M. Rertrand, Joseph, qui dirige réducation de M. Sabatier, à Jau.
M"« Berland, Marie, idem, idem.
AGRICULTURE.
Médaille de bronze.
MM. Berland, Joseph, au domaine de Jau.
Macai'i, Éloi, propriétaire, à Vinça.
M"« Motas, propriétaire, à Perpignan.
MM. Fontaneil, propriétaire, ù Vingrau.
Calmon-Langoustet, propriétaire, à Opoul.
Estirac, Nicolas, propriétaire, à Opoul.
Fillol, Pierre, propriétaire, à Nyer.
Cazes, Joseph, jardinier, à Perpignan.
Ribes, Louis, jardinier, à Perpignan.
Taillade, François, jardinier, à Perpignan.
Mention honorable.
MM. Margaill, Paul, propriétaire, à 111e.
De Compte, Xavier, propriétaire, à Vinça.
Ulme, Jean, propriétaire, à Thuès.
Noguès, propriétaire, à Estagel.
Rigole, propriétaire, à Llo.
Batlle, dit Bardou, propriétaire, à Banyuls-sur-Mer.
Delhosle (ancien jardin Capot), à Perpignan.
Taillade, Joseph, jardinier, à Perpignan.
Baratte, Louis, jardinier, à Perpignan.
Noguès, Joseph, jardinier, à Perpignan.
Delmas (jardin Carrette), jardinier, à Perpignan.
Tastu, Joseph, jardinier, à Perpignan.
Conte, Joseph, jardinier, à Perpignan.
INDUSTRIE.
Médaille de bronze.
MM. Fossaty, tahricaiit do chocolat, h. Perpignan.
Peus, Joseph, briquetier, à Perpignan.
115
SK.4N(:K PCBLIOUIl 1)1 -28 JlJlLLrr 1861.
PRÉSIDENCE DE M. AUGUSTE LLOUBES.
La Société a tenu sa séance annuelle; les principales
autorités et un public nombreux y assistaient.
Le Cercle Sainle-Cécile, a l'ail entendre plusieurs mor-
ceaux qui ont été fort applaudis, et a donné le signal
de l'ouverture de la séance.
Monsieur Lloubes, président, a prononcé l'allocution
suivante :
te Messieurs,
« L'agriculture française est placée, depuis un an, dans
une situation toute nouvelle : des dispositions législatives
récentes, ont complété les mesures qui a|)pellenl les
produits étrangers à lui faire concurrence. Comment la
soutiendra-t-elle? C'est ce que nous allons examiner
sommairement. Les grandes divisions de la production
française, sont: pour le iNord , la betterave, donnant le
sucre et l'alcool, les plantes oléagineuses ou textiles,
les céréales, l'élève du bétail; pour le Midi, la vigne,
l'olivier, les céréales, l'élève de l'espèce ovine.
«L'agriculture du Nord, entourée de fabriques, peu-
plées de nombreux ouvriers, mani|)ulant même plusieurs
de ses produits, sera peu sensible aux dis[)ositions nou-
velles; celle du Midi, placée dans des condilit)ns in\ erses,
devra réellement lutter. Grevée de charges, qui n'ont pas
d'analogues h l'étranger, impôt direct, centimes commu-
naux, départementaux, coalition tacite de la main d'œuvre,
elle doit se pn'seul(>r résolument devant ses adversaires.
ut;
Le fera-t-elle? pourquoi en douter! Que lui faut-il pour
cela? le courage, l'intelligence? elle les a; la volonté?
elle doit lui venir: il faut en prendre son parti. Les me-
sures dont nous nous occupons émanent de la grande
pensée qui a voulu réduire le prix de toutes les subs-
tances indispensables à la vie, et qui, pour atteindre ce
résultat, a rompu avec les idées du passé. On le sait:
les actions des sociétés, comme celles des individus,
subissent la pression de la nécessité. A une époque oîi
les produits du sol étaient relativement rémunérateurs,
l'agriculteur pouvait n'employer que certains procédés
simples de culture; il faut, maintenant, que le prix de
vente de ses produits sera moindre, qu'il use de tous
les procédés que l'expérience et la science mettent à sa
disposition : c'est seulement ainsi qu'il soutiendra la
concurrence étrangère avec avantage.
« Pour nous, l'élève du bétail se présente en première
ligne, comme devant aider puissamment à atteindre le
but proposé. Nous produisons beaucoup de fourrage;
mais nous en exportons beaucoup. Sans renoncer à un
débouché lucratif, augmentons la surface des prairies,
et surtout cultivons les racines, car nous ne les cultivons
pas. Plus de bétail donnera plus de fumier; et moins de
terres emblavées, mais bien fumées, donneront plus de
blé : nous arriverons à avoir moins de terre à labourer;
elle sera mieux retournée et plus fertile. Le prix anormal
du vin, sert de prétexte aux exigences de la main d'œuvre;
elle est surtout impérieuse au moment de la moisson.
« Les concours régionaux ont fait connaître d'excel-
lentes moissonneuses, d'excellentes batteuses à vapeur;
il faut recourir à l'emploi de ces utiles instruments. Ln
désir (juc nous avions exprimé, il y a cinq ans, s'est
réalisé : des associations de propriétaires ont acquis des
batteuses avec locomobile, et les louent aux particuliers.
Ce perfectionnement devient par là accessible ii toutes les
117
fortunes : en économisant l'argent et le temps, qui est de
l'argent, il contribue à réduire le prix de revient du blé.
Que l'on seconde les importateurs de batteuses; que l'on
renonce à ces procédés primitifs, qui, en éternisant une
opération défectueuse, faisaient perdre beaucoup de temps
à une é|)oque où il est précieux, et l'on verra bientôt lin-
trodudion de moissonneuses pour être louées au public.
Les faucbeuses suivront, et nous jouirons des meilleurs
instruments pour exécuter trois des grandes opérations
de l'agriculture, dette circonstance produira de grands
résultats; car elle aura, |)Our conséquence forcée, l'adop-
tion (1(! tous les outils perfectionnés que la culture du
Midi peut s'a|)proprier. Il n'y a pas de petite exploitation ..
(jui ne puisse proliler de ces améliorations, et faire mieux
qu'elle ne fait. Nous comptons beaucoup sur le concours
(le 1802, pour vidgariser l'emploi de l'outillage nouveau.
Appelé à le faire fonctionner, à .Marseille , nous pouvons
affirmer ce (ju'il vaut. Nous sci'ions incom|»let, si nous ne
disions pas ipie la vigne, malgré le haut prix de ses pro-
duits, doit éveiller toute la sollicitude de l'agriculteur.
« On supporte facilement dans ce momenl-ci les frais
nombreux (pi'elle occasionne; mais, que le prix du vin
vienne ;i baisser, el l'on en trouvera le poids lourd.
« Nous sommes malbeureusement menacés de soufrer
longlenq)s. Il faut donc viser à produire abondamment
el à bas prix; les façons à donner au sol seront pour
beaucoup dans ce résultat. Nous ne saurions tro|> recom-
mander, pour le second el le troisième labour, la boue à
(•lieval (le .M. de .Moux, (bM'.arcassonne. (îet instrument est
inconnu ici; son adoption rendra de véritables services.
Ne perdons jias du reste de vue, que la France se couvre
de vignes! Nous dépasserions les limites de la discnUion,
si nous insistions davantage sur un sujet <pii ('(unporlerait
de grands (l(''vel(tppem('iits; mais, nous dirons que le seul
moven de soutenir la concurrence étrangère, se résume à
lis
ceci : augmenter les produits d'une surface donnée, et
les obtenir plus écouoini(|nouiont (|ue |)ar le passé.
f( 11 ne faut pas, cependant, s'exagérer les conséquences
de l'introduction étrangère. Les pays d'Europe, parfaite-
ment renseignés, par les moyens rapides de communi-
cation, du besoin que nous éprouvons de telle denrée,
nous la vendront ce qu'elle vaudra clicz nous, et nulle-
ment ce qu'elle devrait valoir prise cliez eux; ils ne le
feraient pas (pie les importateurs se cbargeraient de ce
soin : le temps de la naïveté est passé. En somme, per-
fectionnons nos cultiu-es, et saisissons, pour cela, l'occa-
sion (pje nous offrira le concours de 1862. Que tout le
— monde se dise : c'est un point d'honneur pour le dt'par-
tement de le rendre brillant; chacun doit y contribuer
dans la limite dt ses forces. Ces solennités sont déjà
passées dans nos mœurs, et nous n'insisterons pas; de
prochaines annonces feront connaître au pul)lic les par-
ties diverses du concours. Pour celle qui relève directe-
ment de nous, l'horticulture, nous allons en préparer les
éléments dès à présent. Nous dirons à nos iiiaraichers,
(jue c'est la région entière (|ui concourra. Ils doivent
s'elforcer d'être supérieurs en tout. Ea Provence et
même le Gard produisent certains légumes un mois
avant nous; nous ne le croyons pas cependant. Il ne
sullit pas d'être fiers de notre soleil, (pie la Providence a
fait; lâchons de l'être des produits hàtil's (jue nous obtien-
drons par son inlluence bienfaisante, parce que ce sera
notre œuvre. Nous lirons un très-grand parti de la cha-
leur et de l'eau ; nous pouvons inonder la France de
l'abondance de nos produits; mais l'abondance ne fait
pas la précocité. Le prolongement du chemin de 1er sur
l'Espagne, va nous obliger sous peu à forcer certaines
cuiliMcs, non pas par des procédés coûteux, mais par
l'application de moyeps connus et peu dispendieux.
« Tout se perfectionne autour de nous; on court vers
119
un mieux dont la limite se recule sans cesse : soyons
aussi intrépides que tous les autres pour chercher èi l'attein-
dre; dans une société qui marcIie toujours, marchons!
mais d'un pas que la prudence dirige. Notre passé rép(md
de l'avenir, et nous s(unnK's convaincu (jue ce départe-
ment, s'il le veut, dominera la situation agricole que les
circonstances lui ont laite. »
RÉCOMPENSES DÉCERNÉES PAR LA SOCIÉTÉ.
ÉDUCATION DES VERS-A-SOIE.
Médaille li'arijent.
M. S. Trilla, à Latour, pour services rendus à la sériciculture
par la production de bonnes graines de vers-à-soie.
Médaille de bronze.
M""" Julia, à Latour, jioiir sa l)oniie réussite dans l'éducation des
vers-à-soie.
M. Labrousse, Jacques, pour le zèle avec lequel il a [iropagé
l'éducation des vers-à-soie.
Mention honorable.
M"'' Cussol, à Laloiir, pour sa bonne réussite dans l'éducation
des vers-à-soie.
INDUSTRIE.
Médaille de bronze.
M. Jouaiie, boulanger, à Perpignan, pour son pétrin mécanique
perlectionné.
SERVICES RURAUX.
Prime en argent.
M. .Macabios, valet de fci'iue de|)uis iO ans chez le uièuie maître.
AI'ICULTlîRE.
Prime en argent.
M. Millarl, à Saint-1'aul-de-Fenouillel . pour services rendus à
l'apiculture.
.M. lilaiiipiier, à Saint-Paul-do-Fenouillcl, idem, idem.
Quarante-une primes ont été, en outre, distribuées à l'espèce
bovine, sur les fonds votés par le département et sur ceux qui
ont été accdidés par M. le Ministre de l'Agriculture.
120
RAPPORT
SUR L'EXPOSITION FLORALE ET MARAÎCHÈRE
DU COiNCOURS RÉGIONAL DE PERPIGNAN
{m 4862),
Par iM. l'iiMn' DELHOSTE, socrétn'uv de la ('.oinuiission
A l'extrémilé de la belle promenade des Platanes,
s'étalaient, sous un dôme maynilique de verdure, les
produits les plus riches et les plus variés de nos parterres
et de nos jardins. Sept cent cincpiante vases d'orangers
ou de citronniers, presque tous très-forts et d'une; belle
végétation; des collections d'arbres verts, d'arbustes rares,
de plantes d'agrément, aux formes et aux couleurs les
plus distinguées, et de plantes maraîchères, ou même
de quelques fruits hâtifs, ornaient le jardin improvisé,
en quelques jours, par les soins de M. Louis Robin, au
rond-point qui précède l'allée des Soupirs, et tout autour,
sur un os[)ace de plus de quatre mille mètres carrés. Sur
le gazon, délicieux de fraîcheur, étaient jetés, çà et là, des
groupes de rhododendrum, d'azalées, de camélias, de
pelargonium à grande fleur , de géranium zonale , de
verveines, de pélunies simples et doubles, de cinéraires,
de mimulus, de pensées, de calcéolaires, de chrysan-
thèmes, de delpliinium , et d'autres plantes ou arbustes
couverts de fleurs.
Au milieu du rond-point, brillaient, entourés d'une
sémillante ceinture de cinéraires aux riches couleurs.
121
soixante variétés de conifères résineux, cèdres, arauca-
ria, etc.; tout autour de la pelouse, des corbeilles de
rhododendruni, d'azaléa indica, de camélias, et d'arbustes
très-variés, exposés par les i'rères Hobiii, pé|)iniéristes.
Sur un des côtés de la pelouse, brillait un beau massif
de M. Henri liélieu, propriétaire, à Port-Vendres, com-
posé de rhododendruni, d'azalées, de rosiers, pivoines
bégonias, chrysanthèmes, pétunies, hybiscus, œillets de
Chine, palmiers, dracœnas, philodendron, yuccas, licus
elastica, sempervivum, crategus, etc.
M. François Astors étalait, dans un groupe délicieux
de fraichour, la plus belle collection de pelargonium à
grande ileur et à cinq macules, de beaux fuchsias, des
delphiuium de semis, des orangers, des arbustes divers,
et quehpies autres |)lantes méritantes.
M. Philippe Hélieu, de Perpignan, avait aussi exposé
une collection nombreuse et variée de camélias, d'oran-
gers et d'azalées.
A côté de la porte d'entrée, sur une platebande de |)lus
de sept mètres de longueur, MM. Marqui , i)ère et (ils,
avaient ex|)osé une riche collection d'orangers, composée
de 118 sujets et otTrani 80 variétés du |)lus grand mérite;
leiu's groupes, de pelargdniuin variés, à grandes (leurs et
a cinq macules, de géranium zonale, de pclunies siuq)les
et doidjjes, de fuchsias, métrosidéros, minudus, ver-
veines, etc., n'étaient pas moins remar(piables.
M. Joseph Alerou, horticulteur, avait aussi présenté,
dans trois corbeilles distinctes, une très-belle collection
de verveines à grande Heur ou à coloris nouveau, des
pensées anglaises, pétunies, cinéraires, et de forts pieds
d'orangers, couverts de lleurs et de fruits.
M. Oeperreaud, propriétaire à Caudiès, ollicier de la
Légion-d'Monnein', avait fait transporter, non sans peine,
(piel(|uos arbres bien venus, dont la taille, parfaileiiicut
conduite, avait attiré l'allention des hommes çonq)élenls;
122
des pyramides, contre-espaliers et pommiers à cordon,
de forts pieds de rosiers, des cerisiers, une belle collec-
tion de tulipes en (leur.
M. Stéphane Bédos exposait aussi un très-beau groupe
de verveines nouvelles, à grandes fleurs et riches coloris,
de pensées et d'hélioiro|)es.
Lue jolie corbeille de pelargonium à grandes fleurs,
de verveines et de calcéolaires, de M. Adamoly, ifatlirail
pas moins les regards.
Quelques verveines, pétunies doubles, un deutzia gracilis
d'un blanc de neige, de iM. l'abbé Delhoste, liguraient assez
bien au milieu des richesses de la flore roussillounaise.
Une nombreuse collection de Iruils du genre cihus,
de rosiers, un pied d'ananas avec fruit, un bouquet de
plantes légumineuses, des orangers, pétunies, etc., de
M. Adrien Fabre, attiraient surtout Tattenlion des visiteurs.
Les cinéraires, quarantains d'Erfurl, et de belles plantes
aquatiques, de M. Amédée Jaunie, formaient un groupe
des plus remarquables.
M. Pierre Garrette, banquier, avait exposé de nombreux
et forts pieds d'orangers, des pensées très-belles, des
géranium zonale et à grandes fleurs, des canna indica,
calladium , fougères, bégonias à reflets pourpres et
argentés.
M. Etienne de Guardia, avait exposé de très-beaux
boutiuets et corbeilles de fleurs naturelles coupées.
Les citronniers et les camélias de M. Gourse, pro|trié-
taire à Arles, étaient les plus beaux de l'exposition.
Ou remarcpiail encore les pensées, héliotropes, citron-
niers, orangers, chinois, de M. l'abbé Harjau; la corbeille
de verveines, héliotropes et pensées, de M. Antoine Coll;
les géranium zonale et les nombreuses plantes grasses, de
M. Pierre Rardou; les collections d'orangers, citronniers,
couverts de fruits, et les plantes diverses, des demoiselles
Oauder; les magnifiques chinois, les orangers et autres
I2:i
plantes, de M. Joseph Pourtet; les nonihreiix pieds d'o-
rangers, avec fruit, de M. Pierre Pierson ; la grande collec-
tion d'orangers, citronniers, cédrats, pommiers d'Adam,
Saint-.lérome, etc., de M. Pierre lîassou; les niagnili(pies
citronniers de M. Jean Hlanic ; les beaux vases d'oran-
gers de MM. Périco, Laboissière et M'"e veuve Monnier,
donnaient encore un nouveau lustre aux allées sinueuses
de ce jardin improvisé.
Moins poétiques et brillantes étaient les allées du jardin
niaralclier, trop peti étendu, vu l'importance de nos pro-
duits. Cinq grandes plates-bandes étaient plantées en arti-
chauts d'une belle venue, en tomates et aubergines hâtives,
en haricots, fraisiers, choux, carottes, navels, courges,
melons, concond)res, laitues variées, etc. Parmi les expo-
sants, on distinguait, particulièrement et très-avantageu-
sement, les frères François et Joseph Taillade, jardiniers,
pour leurs tomates, aubergines, courges, melons, figues
et pèches précoces: la maturité de ces deux derniers fruits
était déjà assez avancée. On distinguait, ensuite, I.ouis
Baratte, pour ses haricots vtM'ts et ses pieds d'artichauts
de Mai; Joseph Noguès, pour ses artichauts et ses beaux
choux [tommes, d"(m développement extraordinaire; Pierre
(Iddall, Louis Mir, iiaymond Sagan, Louis Uibes, Pierre
Sainte, Joseph Tastii, Marcel Taslii, Jean Simon, Michel
Ciélis, pour haricots hâtifs, choux blancs, choux pomuH'S,
laitues, artichauts blancs remontants et artichauts de Mai.
— Pierre Cam\ , l-'rauçois Delhoste, Laurent Margouet,
Jaccjues Jourda, Michel Idre, FMiilippe Uarande, Jacipies
IJelmas, Franç(»is Haratle, François et .Mexandre Piibes
l't Jean Fort, avaient aussi exposé de beaux et bons
produits de leurs jardins.
Sur des étagères, s'étalaient des IVuils ei des h'gumes,
tant de saison, tpie conservés; des haricots verts, de Louis
Haralle; des pommes de terre, deJaccpies Meliiias, de
Pierre Sainle et de François Taillaile; des patates |Kirfaile-
121
ment conservées, des frères Ribes (François et Alexandre);
des courges, de Lonis Baratte et de Pierre Godall; des
asperges, de M. Jean Roquefort, propriétaire, de Pierre
Sainte , jardinier, et de M. Janer, qui avait également
présenté une nond)reuse collection de |)ommes et de poires
conservées, deux grosses branches de cerisier, couvertes
de fruits niùrs, des graines d'as|)erges de Hollande, cl de
liaricots variés. M. Laurent Eycbenne avait exposé une
belle i)ranche de pistachier chargée de pistaches; ses
patates et celles de Jean Carcassonne, méritent d'être
signalées pour leur grosseur et leur parfaite conservation.
MM. Marcjui, |)ère et fils, présenlaient une inagnilicpie et
complète collection de fruits d'orangerie, tels que cédrats,
citrons, bigarradicrs, oranges, pommes d'Adam, merveille
d'Espagne, etc., des poires conservées et autres fruits.
Antoine Conor et M"^^ veuve Monnier, avaient exposé des
l)oires doyenné d'hiver, et M'"*" Elorens, nue belle corbeille
de pommes variées.
Tel était l'ensenible de celte exposition ilorale et maraî-
chère de notre concours régional, un des plus beaux, sans
contredit, de toute la région. La vue et l'odorat étaient
également llallés dans ce jardin verdoyant et ombragé, où
l'on n'avait guère :i regretter (pie l'absence forcée des
beaux (cillelsile M. Nicolas Pourlel et de M. l'abbé Barjau,
dont la lloraison n'avait pas commencé encore.
125
UNE PROCESSION AU XV« SIÈCLE,
Par M. labhé DELHOSTE , membre résidant.
De tout temps, nos pères se sont disiingués par leur
piété el leur confiance envers les saints. Les diverses
corporations établies parmi eux, avaient, chacune, leur
patron , qu'elles vénéraient et fêtaient soleunellement
dans certaines circonstances. Je signalerai une seule de
ces corporations, celle des cultivateurs et des hommes
attachés aux travaux de la terre, qui invoquait spéciale-
ment saint Gaudéric, et avait recours à son intercession
dans les temps de sécheresse persistante ou à l'époque
des inondations. II ne sera, peut-être, pas inopportun,
dans une réunion de ce genre, de décrire une procession
solennelle, célébrée en 1 iTO, en l'honneur de ce saint,
pour obtenir le bienfait de la pluie; car, si nous aimons
à reconnaître le concours bienveillant el empressé des
autorités de cette ville el de ce département, nous ne
devons pas moins tenir à cœur de payer un tribut de
louanges à Celui qui, du haut des régions célestes, veille
sur nos vergers et nos moissons. J'emprunte le récit,
qui va suivre, aux mémoires conservés dans les archives
de notre église cathédrale, mémoires qui relatent plu-
sieurs autres processions générales de saint Gamléric,
faites a\ -c une solennité et un concours dont il est
dillicile de nous faire une idée , en ces jours de proi^rès
matériel, mais aussi d'aflaiblissement du sens relii-ieux
Le Gouverneur et les Cousuls de Perpi-nan, ainsi que
ceux des principales villes du Conllent et du Roussillon
\-2(j
avant lait la deiiiauile ollicielle de la procession de saint
Gaudéric à l'autorité diocésaine et au révérend Abbé de
Saint-Martin-du-Canigou, celui-ci dut ijuitter son monas-
tère et se mettre en marche, avec les saintes relicjues,
dès le troisième ou le quatrième jour du mois de mai
de l'an mil quatre cent soixante-dix. Quoique l'historien
ne désigne pas les paroisses qui Orent partie de la pro-
cession, il est plus que probable que toutes celles dont
elle traversa le territoire s'empressèrent d'y prendre part.
Villelrauche , Prades, Viuça, Ille , ïhuir, et les villages
situés à proximité de ces villes, durent grossir les rangs
des pieux pèlerins. Ce fut le lundi, 7 mai, veille de la
fête de l'apparition de l'archange saint Michel, que le
chapitre et la communauté des prêtres de Saint-Jean,
avec tout le clergé des autres i)aroisses de la ville, les
divers ordres religieux et un concours immense de lidè-
les, sortirent, processionnellement, par la porte del Torô,
qui était à l'extrémité de la rue actuelle de l'Ange, et se
dirigèrent , en passant par les Qualre-Cazals, vers le lieu
dit Pont-yoUy pour recevoir solennellement le corps de
saint (iaudéric. Après le chant du répons Sande Gaude-
rice, un chanoine et un bénéficier de Saint-Jean, portè-
rent la châsse de saint Gaudéric, et la procession se mit
en marche, entrant par la porte Saint-Martin, et allant,
directement, h l'église Sainl-Jean. Il était, alors, quatre
heures du soir, et la sainte relique ayant été placée sur
le maître-autel , la cérémonie fut terminée , aussitôt, par
la bénédiction, afin de donner aux pèlerins le repos qui
devait leur être nécessaire, après une longue marche.
l.e lendemain, mardi, jour de Saint-Michel, et le mer-
credi , 8 et 9 mai , il y eut encore procession générale
dans les rues de la ville, où l'on porta, avec les reliques
de saint Gaudéric, celles de saint Julien et de sainte
Baselice de La Héal, et de saint Hunoral del Canne. On
se rendit à la Tel, où les saintes reliques fureiii déposées,
I
127
jusqu'à les mettre (juelques instants en contact avec l'eau,
afin, sans doute, (rol)tonir plus lacilomenl, par cet acte
de foi naïve, le bienfait de la pluie. Cette circonstance
de l'immersion des relicpies a été renouvelée, depuis,
toutes les fois qu'a ou lieu une procession semblable.
Mais, malgré la foi vive et les prières ferventes des bons
Koussillonnais, le ciel demeurait fermé, et la pluie tardait
à venir.
Aussi, dès le jeudi, iO du mois, entre quatre et cinq
heures du matin, la procession, i)lus nond)reuse que
jamais, se mit en marche vers la mer, lonireant la Tet,
par le chemin de Vilellongue et de Sainte-Marie. Kiie lit
une station sur le rivage de la mer, où les saintes reli-
ques furent encore mises en contact avec l'eau, et on
repartit immédiatement pour Sainte-Marie, où une messe
solennelle fut célébrée par le seigneur Abbé de Saint-
Martin. Un religieux franciscain, le père liroqueta, l'ut
chargé d'haranguer la nombreuse assemblée, et de faire
le panégyrique de saint Gaudéric. Ce ne fut qu'à l'issue
de la messe que l'on put se reposer et prendre cpielque
nourriture. Quatre Consuls de Perpignan, se trouvaient,
en ce moment, à Sainte-Marie, c'étaient: Pierre Aubry,
second consul; Pallors, mercader, troisième consul;
Georges Sestero, mercader, quatrième consul, et Sancho,
tisserand, cinquième consul de la ville. Beaucoup d'ho-
norés bourgeois et mercaders, et une foule de paroisses,
faisaient partie de la procession, qui ne comptait pas
moins de vingt mille personnes.
Tant de foi et de persévérance durent toucher le cœur
de Dieu; les prières ferventes et multipliées de la foule
recueillie, furent couronnées d'un plein succès. Dès le
soir de ce jour, et tout le lendemain, sans aucun doute,
une pluie abondante dut humecter la terre aride et rendre
la vie aux campagnes désolées par une sécheresse trop
prolongée.
128
Ce ne tut que le samedi, 12 mai, à six heures du matiu,
que les dévols pèlerins de saint Gaudéric reprirent joyeu-
sement et avec action de grâces le chemin du monastère
de Saint-Martin, pour y réintégrer les précieuses reliques.
La procession, composée comme précédemment, sortit de
l'église Saint-Jean, faisant retentir les airs d'hymnes et
de cantiques, et ne s'arrêta qu'au pont de Saint-Gély ou
d'eti Panistrar. — Deux chanoines et deux bénéiiciers,
revêtus de dalmatiques, portèrent le saint corps, et le
remirent entre les mains de l'Abbé de Sainl-Marlin; et,
après avoir pris congé de lui, la |)rocession reprit, avec
ordre , le chemin de Saint-Jean , tandis que les pèlerins
prirent la voie de Thuir, et poursuivirent leur route jus-
qu'au monastère, où fut déposé le saint corps.
IJ9
FIN DU mnum aux éphé^erides
De rilôpilal Saint-Jean et de l'Hospice de la Miséricorde
DE PERPIGNAN,
Par M. JosiEPH SiBTEW» meinbrt- résidant.
« On garde le souvenir des actes d'IiCToîsme.
et l'on doit se souvenir des exemples de charité. »
D. (Journal général de l'Instruclion publi-
que du 7 mai iS59.)
Mon inlenlion avait été d'arrêter mes éphémérides à
l'année 1850; mais divers doemnents que j'ai découverts
et dont j'ai reconnu l'importance, m'ont décidé à en
poursuivre la publication jusqu'en 1865. Ainsi, le supplé-
ment que je donne aujourd'hui complétera la série des
notes historiques que m'ont fournies les archives de
l'Hôpital Saint-Jean et de Notre-Dame-de-Miséricorde.
Je désire être à mémo, plus tard, de publier d'autres
faits se rattachant à ces maisons hospitalières.
Je vais faire connaître maintenant l'origine de l'union
des Léproseries de l'ancienne province du Roussillon à
riiôpital Saint-Jean.
Le 10 avril 1G96, M. De Trobat, premier président du
conseil souverain, et M. François Desprès, docteur en
théologie, chanoine d'Elue, oiricial et vicaire-général du
diocèse (ce dernier au nom de l'évéque), touchés de la
triste position dans laquelle se trouvaient rHôjiital Saint-
Jean et Notre-l)auie-de-Miséricorde, résolurent de pro-
poser au roi d'y réunir, par égales portions, les revenus
9
130
des Léproseries de Saint-Jean-de-Jérusalem et du Mont-
Carmel, au nombre de vingt-deux, existant dans la pro-
vince; mais, après avoir examiné sérieusement cette
affaire et fait la part des difticultés qui se présentaient
et qu'ils n'avaient point prévues, ils se convainquirent
que le partage de ces revenus serait d'un faible secours
pour cbacune des deux maisons. Jis adressèrent le résul-
tat de leurs investigations au Conseil d'État, qui, par son
édit du 20 juillet 1690, réunit déliuitivement les revenus
des Léproseries à l'Hôpital Saint-Jean , moins celles
d'Arles, le Boulou, Vinça et les Bains d'Arles''*. A cette
époque, on voulait également réunir une partie des reve-
nus des Hôpitaux de la province à Notre-Dame-de-Misé-
ricorde ; mais on dut y renoncer, à cause de l'opposition
que firent les administrateurs de ces établissements.
En publiant le montant des revenus de chacune des
Léproseries, ainsi que le tableau des Hôpitaux qui, à la
lin du xviF siècle, existaient dans le Roussillon, j'ai
cru faire un travail utile et de quelque valeur aux yeux
des hommes qui s'occupent d'archéologie et d'histoire
locale , attendu que les documents qui ont servi à l'éta-
blir sont complètement inédits.
Ces maisons hospitalières, fondées par la piété de nos
pères, au retour des croisades, sont dignes de la protec-
tion des hommes qu'animent la charité chrétienne et le
désir d'être réellement utiles à l'indigence. Lorsque des
hivers rigoureux ou des épidémies viennent fondre à
l'improviste sur les populations nécessiteuses, le bien
qu'elles font est très-grand. Ce bien d'ailleurs se continue
tous les jours, du l^'' janvier au 51 décembre, et cela
depuis des siècles, grâce au zèle d'une administration
consciencieuse et éclairée , et aux soins vigilants , au
(I) Louis Xl\ l'orroliiira ci't t'dil par lellres patentes du mois d'octobre
131
dévouement évangélique des l)oniies Sœurs que la pro-
vidence a placées au chevet du lit du malade pour hâter
sa guérison ou pour l'aider à faire une fin chrétienne.
Économe des Hospices civils de Perpignan, je suis à
même d'apprécier tous les bienfaits que ces maisons
répandent sur la classe pauvre, dans la limite de leurs
ressources.
On ne saurait trop le répéter, ces établissements ne
sont jamais assez riches, car, plus la somme de leurs
revenus grossit, plus ils peuvent augmenter le nombre
des malades et des orphelins qu'ils secourent journelle-
ment. J'ajouterai qu'ils ne sont jamais riches; cette der-
nière qualification ne peut raisonnablement s'appliquer
que lorsque le superflu dépasse le nécessaire; ce qui
n'existe ni pour l'Hôpital Saint-Jean ni pour l'Hospice de
la Miséricorde, ni pour aucun établissement de ce genre
existant dans les Pyrénées-Orientales.
La charité, celte fille du ciel, est descendue sur la
terre pour tendre la main h toutes les infortunes, pour
cicatriser toutes les plaies*^'; mais il faut que les hommes
de bien secondent ses vues et l'aident dans son labeur ;
et de même qu'elle ouvre sans cesse le trésor inépuisable
de ses grâces, de même les heureux du siècle ne sau-
raient rester sourds à son généreux appel.
Toutes les garanties désirables sont données aux bien-
faiteurs, par les lois et les décrets qui régissent l'assis-
tance publique; la comptabilité financière des Hospices
est soumise, selon son importance, aux investigations de
la Cour des Comptes ou du Conseil de Préfecture ; les
(I) • r,c premiiT doruntpnt relatif à ri-l.iblissemcnt d'aumôiips rt'ijiilières,
faiU's aux iii(Jij;i'nts, csl une loi de Coiislanlin, de raïuiée 315; et oii lit au
cliM|)i(rc III lie la vit; Je sainte Fabiola, écrite par saint Jéi'ôme, que cette
gr.iiKle cl illiislrc iriiilioiic (it élever à Home , avant la fin du tv' siècle, le
|)reiuier hôpital i]ue les peuples anciens aient jamais vu. » (Voyage aux
Antilles, loniu II, pa(;u 1 12, por M. Granicr do Cassagnac.)
13-2
fonds provenant des dons et legs placés en rentes snr
l'État, sous la surveillance de l'autorité supérieure, gros-
sissent annuellement le patrimoine des pauvres et servent
de fondement a l'asile élevé par la charité à la douleur
et à l'infortune.
NOMS DES LÉPROSERIES QUI, EN 1696, AYANT VERSÉ LE CAPITAL
DE LEURS REVENUS A l'hÛPITAL SAINT-JEAN ,
ONT ACQUIS LE DROIT d'y ENVOYER LEURS MALADES INDIGENTS.
Perpiîînan
Villelonguc-de-la- Sa-
j lanqui'
Toneilles
Sainle-Marie-la-Mer..
Saint - l.aureiil-(ie-la'
Salamiue
Saint-Hyiipolite
niaira
Pia
Baixasf'l)
TrouiUas
Sainl-.Iean-Pla-de-Cors
Banyuls-dels-Aspres.
Palau-del-Viilre
Argelè5-sur-Mer
Saint-Cyprien
Millas
Saint-Ki-liu-d'Avall . .
|La Perche
Arles
Le lioulou
Les Dains-d' Arles.
Vinça
Totaux w.
(Liasse E, n' 2)
REVENUS
en
argent.
U fr.
10 fr.
ii fr.
3f]-.
55 fr.
18 fr.
2fr.
»
(Ufr. 15 s. 4d.
40 fr.
8fr. 6s. 8d.
4fr.
H fr.
70 fr.
33 fr.
REVENUS
en liliî.
( Charges
de 10 dou-
bles décal.)
353 Ir. 02s.
i;
12
1
30 rh.
REVENUS
en hlé.
(Mesures
ou douilles
diScalitr
5 ortçe.
6 tilc^
21/2 blé.
7 blé.
2l/2lih'.
Léproseries qui n'ont
pas été réunies
ï rilopital Saint-Jean
23d.d,
Francs.
07 f. 10s,
15 fr.
W
•17 fr.
159 f. 10s,
Blé
1 charge
1 charge
2 cliarges.
(I) l.:i Lt'prosiM'ii' lie nai\;is fut foiidi'C cii IÔ57, par R. lùiMr.Nr.M', paretir
lie Pi'ri)i|;iiaii, pour rcalrctieu de huit pauvres malades. (M. <le lioiuiefo;,
M'' bulletin de la Soeiélc des l'yrénées-Orieiitalcs.)
13.1
ÉTAT DES REVENUS ET DES CHARGES DES IIOPrTAUX DE CHARITÉ
DE LA PROVINCE DU ROUSSILLON, EXISTANT EN IGOO.
NOMS
(les fomiminfis
possiHIant
DES lliiPITAUX.
REVENUS. '■ DEPENSES.
I
IMisi'ricorde
(Perpignan.)
Hôpital Sainl-Jean
(Perpignan.)
nie.
Colilouie
Millas.
Tliuir
Ci'rcl .
Arles .
8..i53fr.l8s. 13.024fr
12.336 fr.
3.600 fr.
318 fi-.
.130 fr.
•1511 fr. 450 fl'
15.016 fr.
3.464 fr.
318 fr.
530 fr.
2!)2 fr.
300 fr.
292 fr.
300 fr.
PraliHlc-Mollo... 200 Ir. iuOfr.
OBSERVATIONS.
Le déficit annuel de 4.570 fr. 2 s
est couvert par les cliarili'S et le re-'
traiiobeinent dos dépenses i|ui ne
sout pas alisolunicnt nécessaires. {
I
Les dépenses de cet Hrtpital excè-
dent les revenus de 2 (!S0 fr. ; l'on y
{supplée par les charités et l'économie
/des administrateurs dans la régie des
[ revenus. j
[ Les revenus de cet Hôpital sont
Idestinés à y traiter les malades de la
'ville et des lieux circonvoisins, et ce
yiui reste est employé à former des.
iportions de pain, vin et viande, quij
isont distribuées à des pauvres inva-
1 lides de la ville. 1
[ Les Consuls sont administrateurs
\de ce revenu, iiu'ils distribuent aux
^pauvres malades de la ville, à qui on
/donne de la viande pour le bouillon.
I et les médicaments nécessaires. 1
l Cet IMpital à un bureau d'admi-
)nistration qui eu «mploie les revenus
(au soulagement des pauvres du lieu,
Jet le receveur, qui en est chargé,
'rend conipleau bureau annuellement.
l II y a ;'i Thuir une maison oii l'on'
Vrt'i.'oit les pauvres du lieu, et où l'on'
Jdoniic .asile aux passants; les Consuls'
'Jlont fournir, dans le cours de l'année,
/de la viande aux familles les plus
( nécessiteuses.
/ Cet Hôpital est destiné aux iiauvres
\de la ville; il renferme un quartier
■.pour b'S pauvres et un autre quartier
/pour les p.issants ;'i qui l'on donue
iriiospilalité.
Il.es Consnis sont directeurs de cet
Hôpital, dont le revenu est employé^
à la subsistance des pauvres de laj
ville. j
i Ce revenu sert :'i traiter les uiala-
mcs du lieu cl n'est pas sulllsant pour
/secourir Ions ceux qui se présentent.]
'
NOMS
(les communes
possédant
DES IlnrlTAUX.
Elne.
Bonleternère .
Le Boulon. . . .
Prades .
Vinça .
Marquixanes.
Codalet.
REVENIS.
550 fr.
29fr. Ts. 8d.
37 fr. 10 s.
745 fr.
300 fr.
112 fr.
58 fr.
1^4
DEPENSES.
700 fr.
OBSERVATIONS.
On supplée 3 ce f|ui manque ;i la
,'somnie de 550 fr. p:ir les charités et
/l'économie des administrateurs.
\ Ce petit revenu est distribué an-
29fr. 7s. 8d. \nnellemcnt aux pauvres du lieu par
(un administrateur. I
37 fr. 10 s
745 (r.
300 fr.
112 fr.
58 fr.
.)
Même observation.
Les revenus de cet Hôpital sont
lemployés à l'entretien des pauvres
«malades, et lorsqu'ils ne suflisent
ipas, on fait des quêtes dans la ville
'pour y suppléer. 1
\
' I,a somme de 300 fr. n'étant pas
VsnOisante pour l'entretien d'nn llopi-
"tal. on la distribue annuellement aux
Jpauvres les plus nécessiteux quisonl^
(en grand nombre à Vinça.
Ine maison sert d'Hôpital , et les
revenus ne sont jamais suffisants
pour l'entretien des pauvres.
.,.„veur. sous la direction du
i des Consuls, fournit la sub-
{sistance et la viande aux pauvres
/malades.
!
( L'n receve
^Curé et des
( Liasse E, n" 2.)
NOTES HISTORIQUES.
Deux nol)les dames, Marie d'Ille, en 1224, et A va Je
FenoiuUel, veuve du vicomte de Castelnau , en 1267,
entrèrent dans l'ordre des religieuses du Saint-Sépulcre,
et se vouèrent au soulagement des malades, après avoir
richement doté l'Hôpital d'ille. On voit encore leurs
tombeaux dans la chapelle de l'IIÔpitai. {Annuaire du
département, 1854.) .
Le plus ancien document oii il est tpiestion de 1 Hôpi-
tal d'ille, est de l'année 1218. La date de sa fondation
est inconnue. (Archives de cet Hôpital.)
13.-,
Aux calendes de décembre 1292, (hnllaume de Pwg
Dorfila fait entre les mains des prud'liommes deCollioure
don des locaux, des fondations, au profit des pauvres de
l'Hôpital de cette ville, qui est sous la direction d'un
commandeur assisté d'un chapelain. (Cartulairc de Col-
lioure; Saint-Malo, Publicateur, 0^ année, n" 4.)
Le 6 des calendes d'avril 1293, Jacques 1er, roi de
Majorque, approuve les libéralités de Ptiir/ Dorfila en
faveur de l'Hôpital de Collioure. (Idem; idmi.)
L'Hôpital de Vinça est fondé en 1550, par /m?i Quinla,
prêtre, qui lui consacre sa maison et le dote de tout ce
qu'il possède.
Les frères et sœurs, sous la direction d'un comman-
deur, qui desservaient l'Hôpital Saint-Jean, portaient
cousue sur leur tunique, une croix octogone dans le
genre de celle de Saint-Jean-de-Jérusalcm , mais rouge
et bleue et pied fiché. Jusqu'au 24 avril 1424, des reli-
gieuses furent employées au service des femmes malades.
Après cette époque, les consuls, à la suite d'événements
dont il est inutile de parler, les remplacèrent par des
servantes, sous la direction d'une gouvernante, et une
nouvelle organisation eut lieu. Ces servantes, chargées
de soigner les malades femmes et les enfants-trouvés
des deux sexes, exercèrent lein-s fonctions jusqu'en 1770,
où six soMMs de la congrégation du Saint-Sacrement pri-
rent leur i)lace. (Archives de l'Hôpiial Saint-Jean. "i
Anciennement, notre ville avait, indépendamment de
divers petits Hôpitaux entretenus aux frais des corps de
métiers, V Aumône commune, qui a été remplacée, (le nos
jours, par le Bamm de Bienfaisance; l'Hôpital des tisse-
rands, fondé en lit]!), le plus important de tous, était
situé à la paroisse Saiut-Jacques, rue d'en Calcc'^''; l'Hôpi-
(I) « L;i r<)i|)i)r;ili..ii des lissiTaiids cLiit |>iiissaiitc ii IVT|)i|jiian. t;ile
rifcvait des l.'|;s ; s' imposa il ; payait rliiTrim-iit .■^.•s pi ivilr|.fs au liso ; delc-
136
tal Saint-Guillaume et Sainte-Madeleine, fondé par une
corporation religieuse , existait dans le local même où
l'on a placé le Dépôt de Charité.
Les Hôpitaux civils existant dans notre département,
en 1865, sont au nombre de onze, savoir : ii Perpignan,
Klne, Millas, Céret, Collioure, Arles, Prats-de-Mollô,
Saint-Laurent-de-Cerdans, Prades, Ille et Vinça.
Celui de Collioure ne reçoit point de malades; on se
borne a donner des secours à domicile ; il a le caractère
d'un Bureau de lii en [aisance.
L'Hôpital de Saint-Laurent-de-Cerdans (jui n'existait
plus, a été créé de nouveau, en I800, grâce a l'héritage
légué par les demoiselles Cramadells , pour la fondation
de cette bonne œuvre.
M. Bernola, de Sainte-Léocadie, a légué, en 1842, a
l'Hôpital de Prades, une propriété estimée 40.000 fr.
Un Hôpital existait très-anciennement près du Pont de
pierre de Perpignan, sur la Tel. Pierre H, roi d'Aiagon,
en M97, accorda certains avantages aux hospitaliers
chargés de l'entretien dudil pont. Il existait encore en
1500.
Villa Godorum ou Mailloles, a la banlieue de Perpi-
gnan, possédait aussi un Hôpital, puisque le ''28 avril
1565, l'oflicial de l'évêque d'Llnc > faisait une visite par
ordre du prélat.
W'iO, — Etienne de Correyo donne à l'Hôpital une
maison située dans Per|)ignan. — Guillaume Palagri ,
notaire. (Liasse 51, n" 11.)
1205.— Bernard Calva donne à l'Hôpital une pièce de
[[liait aiipii'S (lu roi ses fniidés de pouvoirs ; s'asscnil)l:iil iMi son liolcl , dit
du conseil , au chanii) de rames , où elle possédait une lialle aux draps, ou
niai;as)u, appelée Lusa de la (iimda. » (M. de Saiul-iMali), licclierdns sur le
cuinmeirc lli)u>silliinnais. )
137
terre située au territoire de Sainle-Marie-de- (y'/^re/a.
( Liasse ôi, n» 28. )
1210. — Pierre H, roi d'Aragon, donne à l'Hôpital
deux métairies, l'une près de celle d'Alherl Gasc, aujour-
d'hui lo Mas dels pobrcs: l'autre près des murailles de
Perpignan. Il conlirme de nouveau toutes les grâces et
privilèges accordés par les comtes du Koussillon; met de
nouveau rH()|)ital sous sa protection royale, et déclare
avoir reçu des frères hospitaliers, gratuitement, 10.000
livres harcelonnaises pour le soutien de son armée contre
les vSarrasins. — Charte donnée a Salses. (Liasse 2,
no 18.)
1216. — Pierre Torderas de Vilanova donne tous ses
biens à l'Hôpital. — Acte reçu par André Livita, notaire.
( Liasse o i, n" 2^.)
1222. — Piaymond et Guillaume Albert cèdent à l'Hôpi-
tal tous les droits et actions qu'ils ont sur deux métairies
situées au territoire de Cornella-del-Vercol. — Acte reçu
par Pierre de Bajoles, notaire. (Liasse 54, n" 2i.)
1255.- — Pierre Pages se lait religieux hospitalier, et
donne tous les biens (pi'il posède îi Cornelia-del-Vercol,
à l'Hôpital. — Acte reçu par Pierre del Riu , notaire.
(Liasse 54, n» 27.)
12i7. — Bulle du pape Innocent IV, qui met l'Hôpital
sous la protection du Saint-Siège, et rexcnq)te de la dime
du carnclagc relativement a ses trou()eaux. — Donné à
Lyon, aux calendes du mois de mars, de son pontificat
le quatrième. (Liasse I, u° 54.)
l2o5. — Pierre Albert donne à l'Hôpital une maison
(pi'il possède à (lornclla-del-Vercol. — Acte reçu par
(iuillaume Pons, notaire, i Liasse 5i, n" 5i.)
1200. — Bernard Bosch lait don à l'Hôpital d'une
niélairie située au territoire de Cornella-del-Yercol. —
Acte reçu [lar Arnaud Miro, notaire. (Liasse 54, n» 50.)
I2!>S. Itcriiaid AiIkisc;!. i\v Sitiiil-Martin-de-Soreda,
13R
donne tous ses biens à l'Hôpital. — Acte reçu par Pierre
de Vernet, notaire. ( Liasse 54, n» 4. )
1312. — Matthieu Massine, de Montesquieu, donne
tous ses biens a l'Hôpital. — Acte reçu par Guillaume
Raduif, notaire. (Liasse 54, n" 56.)
1565. — Pierre Fabre , marchand pareur, institue
l'Hôpital son héritier universel. — Testament reçu par
Guillaume Manci, notaire. (Liasse 53, n" 12.)
158o. — Marie Vilanova, épouse de Guillaume Vilanova,
habitant à Orle, donne tous ses biens à l'Hôpital. —
Acte reçu par Pierre Armany, notaire. ( Liasse 54, n» 55.)
i59o. — Honoré Jaubert, banquier à Perpignan, subs-
titue l'Hôpital et la Pieuse Aumône à ses enfants, s'ils
meurent sans postérité. — Testament reçu par Pierre
Descamps, notaire. (Liasse 5o, no 72. )
1455. — Jean Vola, bourgeois de Perpignan, lègue
l'usnlruit de ses biens à son épouse, et institue ses héri-
tiers, par égales portions, l'Hôpital, la Pieuse Aumône et
la Marguillerie de Saint-Jean. — Testament reçu par
Antoine Paracols, notaire. (Liasse 55, n° 65. Livre des
Bienf., fol. 10.)
1444. — Agnès Cauzit, épouse de Guillaume Cauzil,
pelletier de Perpignan, institue l'Hôpital et la Marguille-
rie de NoIre-Dame-du-Pont, ses héritiers par indivis. —
Testament reçu par Jean Vilarnau, notaire. (Liasse 55,
no 67. Livre des Bienf., fol. H.)
1462. — Guillaume Fabre, pareur de Perpignan, lègue
à rHô|)ital un jardin au territoire de Saint-Jean , con-
frontant avec la Basse. — Testament reçu Bernard Catorra,
notaire. (Liasse 55, no 11. iJvre des Bienf., fol. 12.)
1472. — Jean Caliose lègue 200 fr. à l'Hôpital, qui
doivent être employés à fairii venir l'eau a la fontaine de
l'établissement. — Testament reçu par Jean Bolil, notaire.
(Liasse 55, no 59. Livre de Bienf., fol. 12.)
1500. — Guillaume Thio , lègue îi l'Hôpital une rente
139
annuelle de 56 fr. qui devra être emiiloyée à l'achat de
la collation de Noël, à servir, tous les ans, aux malades
de rilôpilal. (Livre de la Font, fol. 273 et des Bienf.,
fol. 15.)
j 507. — Pancrace Salvatat, bourgeois, lègue a l'Hô-
pital les terres (lu'il possède au territoire de Mossellos,
Vilaraza et Cornella-del-Vercol. — Testament reçu par
François Masdemont, notaire. (Liasse 55, n» 8. Livre
des Bienf., fol. 15.)
1511. — Le révérend Bernard Boixa, prêtre bénéficier
de Saint-Jean, fait don de tous ses biens a rilôjjilal.
— Acte reçu par Pierre Vilarnau, notaire. (Liasse 54 n"
5. Livre des Bienf., fol. 15,)
1514.- Hugues Tardieu, mercader, lègue à l'Hôpital
un clan au Marché-neuf de Perpignan, et 200 fr. pour
être placés en rente constituée, qui serviront pour l'en-
tretien du linge de l'établissement.— Testament reçu par
Jean Mas, notaire. (Livre de la Font, fol. 211 et des
Bienf., fol. L4.)
1515.- Lettres patentes du l^'- juillet i)orlant qu'au
cas de remboursement des rentes constituées appartenant
à l'Hôpital et à raumo»e rommune, placées sur particuliers,
les Seigneurs Consuls en retireraient le capital au prolit
de la communauté, ceux-ci devraient répondre de l'inté-
rêt, afin que, par ce moyen, les rentes de ces deux
Etablissements subsistassent a toujours. (Carton 0. 2.)
1 550. — Antoine Péris, notaire à Perpignan, institue
l'Hôpital son héritier universel. — Testament reçu par
Pierre Fabre, notaire. (Liasse 55 n^ 52. Livre des Bienf.,
fol. 17.)
1558.- (iuillaume l/nii, prêtre bénélicior de Sainl-
Jcan, lègue à l'llô|)iial une rente annuelle d'un dourg
d'huile d'olives (20 litres, mesure nouvelle).— Testament
reçu par Vincent Cahell , notaire. (Livre des Bienf.,
fol. 17.)
140
1340. — Gaspard Rovira, notaire, institue l'Hôpital son
héritier universel. — Testament reçu par Pierre Fabre,
notaire. (Livre major, fol. 290 et des liienf., fol. 17.)
1o4o. — Jean Ferrando, crieur public, natif de Castille,
lègue à l'Hôpital trois maisons qu'il possède rue de la
Loge, à Perpignan. — Testament reçu par Antoine Fita ,
notaire. {Livre de la Font, fol. 212 et des Jiienf., fol. 18.)
1546. — Honoré Marti, mercader, substitue l'Hôpital
à un enfant illégitime qu'il avait institué son héritier,
pour la moitié de ses biens. — Testament reçu par Michel
Joli, notaire. (Livre des Bienf., fol. 18.)
1551. — Demoiselle Anne Medine donne à l'Hôpital
tous ses biens, meubles et immeubles. — Acte reçu par
Pierre Fabre, notaire. (Livre major, fol. 210 et des
Bienf., fol. 19.)
1351. — François Pimente de Palencia, lègue à l'Hôpital
180 ducats d'or. — Testament reçu par Estève, notaire.
{Livre major, fol. 501 et des Bienf., fol. 19.)
1591. — François Alzine, lègue 200 fr. à l'Hôpital,
qui devront servir à acheter des matelas, couvertures et
linge. — Testament reçu par Joli, notaire. (Livre des
Bienf., fol. 23.)
1395. — Don Galcerande Vilanova, Chevalier, lègue à
l'Hôpital 1 .000 fr. pour être placés h rente constituée et
dont l'intérêt devra servir à acheter du linge a l'usage des
malades. — Testament reçu par Joli, notaire. (Idem, fol. 23.)
1598. — Barthélémy Marça, maître tanneur, lègue tous
ses biens à l'Hôpital. Cette succession était assez impor-
tante, puisque les propriétés léguées, sises aux territoires de
Torreilles, Sainl-Genis et Bompas, rapportaient 800 fr. de
revenu. — Testament reçu par Honufre Sabater, notaire.
{Livre de la Font , fol. 572 et 16 et Livre des Bienf., fol. 26.)
1599. — Madone Marja de Bernardin Cantayre, donne
tous ses biens à l'Hôpital.— Acte reçu par Honufre Saba-
ter, notaire. (Livre des Bienf., fol. 27.)
141
1601. — Ange Cardone, lègue à l'Hôpital, première-
ment 100 l'v. en compensation de ce qu'il aurait pu
oublier lorsqu'il avait l'administration de ses biens;
secondement, doux renies constituées, l'une de 25 fr. et
l'autre de 15 IV., h la charge par l'Hôpital d'employer
ces pensions a l'entretien d'un lit. — Acte, reçu par Guil-
laume Doménech, notaire. (Livre major, fol. 460 et des
Bienf., fol. 27. )
1605. — ^Baudire Corratger, mercader, institue l'Hô-
pital son héritier universel. Les biens que l'établissement
possède a Tliéza proviennent de celte succession. — Tes-
tament reçu par Jean Roig, notaire. (Livre major, fol.
140 et des Bienf., fol. 28.)
1616. — Jean Grimau, prêtre, lègue à l'Hôpital une
rente annuelle de 84 fr. destinée a l'entretien du linge
qu'il a donné a cette maison. — Testament reçu par Pierre
Carbonell, notaire. (Livre des Bienf., fol. 29.)
1623. —Elisabeth Malpas, de Claira , orpheline auto-
risée par Catherine Malpas, veuve en secondes noces,
se donne, elle et tous ses biens à l'Hôpital. — Acte reçu
par Honufre Sabater, notaire. {Idem, n» 50.)
1628. — Magnifique Jérôme Soler, lègue a ITIôpilal
dix charges de blé ou vingt hectolitres mesure nouvelle.
— Testament reçu par Damien Vinyes, notaire. (Idem,
fol. 50.)
Le même défend expressément h ses héritiers de ne
jamais rien aliéner volontairement, et dans le cas con-
traire, il autorise l'Hôpital à revendiquer a son profil les
propriétés aliénées. — (Même Testament.)
1657. — Le révérend Bernard Ribes, prêtre, résidant
à Céret, institue rilôi)ital son héritier universel. Celte
succession était assez importante. — Testament reçu par
Jérôme Vinyes, notaire. (Liasses 53 et 43, Livre des
Bienf., fol. 51.)
1646. — Dame Anne Fabre, substitue à ses enfants
les Pères de la compagnie de Jésus, et ordonne à son
héritier de compter 400 fr. à l'Hôpital pour être placés
à rente constituée et l'intérêt de cette somme devra
servir à l'entretien du linge et des pauvres de cet éta-
blissement. (Livre des Bienf., fol. od. )
1652. — Dame Guimar Llot, lègue à la Miséricorde ,
diverses terres à Kigarda. — Testament reçu par Arles et
Carrère, notaire, le 27 juin. (Idem, fol. 1.)
16o4. — François Biossa, d'Arles, fait donation de
tous ses biens à l'Hôpital, sous la condition qu'on l'en-
tretiendra sa vie durant, en santé comme en maladie,
dans la maison hospitalière. — Acte reçu par Thomas
Ferriol, notaire. (Idem, fol. 54.)
1662. — Don Augustin Masco, lègue a la Miséricorde
un héritage à Bompas et à Saint-Génis-des-Tanières.
— Testament reçu par Debadie, notaire, le 16 août.
(Idem, fol. 1.)
1671. — Don François de Caramany, lègue 200 fr. à
l'Hôpital et enjoint à son héritier de fonder et d'établir
un lit dans cette maison, avec paillasse, matelas, draps,
couvertures, chemise et bonnet de nuit, pour un malade.
Il prie le Préfet du collège de Perpignan, de veiller à
l'exécution de celte fondation, et à faire changer les
draps, chemise et bonnet de nuit chaque quinze jours
en hiver et chaque huit jours en été. — Testament reçu par
Rovira, notaire. (Idem, fol. o5. )
En 1717, M. de Boisambert, héritier de M. De Cara-
many, Gt faire un lit complet conformément à la fonda-
tion. (!'='■ Registre des délibérations, fol. 58.)
En 1720, le même pria le bureau de vouloir bien
estimer ce que pourrait valoir l'entretien de ce lit. Les
Commissaires du bureau l'ayant estimé 20 fr. tous les
ans, M. de Boisambert compta premièrement la somme
de 272 fr. pour les arrérages, et celle de 400 fr. pour
l'acquit du capital, moyennant quoi il fut libéré de son
143
obligation, (l^r Registre de< délibérations, loi. 118 cl
120. Livre des Bieiif., fol. oo.)
1674. — Ignace de Toros, Américain, malade à l'Hô-
pital, lui lègue tous les biens qu'il possède dans son
pays. — Acte reçu par Mie el Rovira, notaire. (Lias.se
3o, no oo. Livre des Bienf , fol. oG.)
1G8G. -Dona Madeleine de Çagarriga et Esprer, lègue
à l'Hôpital une pension de 15 fr. qui doit servir pour le
régal des malades. — Testament reçu par Joseph Ferriol,
notaire. (Livre des Bienf., fol. 37.)
1G9I. — Jacques I.leuriale, lègue à la Miséricorde deux
champs et un pré à Pézilla-de-la-Hivière. — Testament reçu
par Marti, notaire, le 25 juillet. (Idem, fol 2.)
1692. — Madame la Baronne de Monclar, lègue 800 fr.
à la Miséricorde. (Idem, fol. 2.)
169G. — Monseigneur Jean Hervieu Basan de Flamen-
ville, évêque d'Elne, fait plusieurs dons à l'Hôpital et
s'oblige à payer fîO fr. tous les ans pour la célébration
d'une messe à la chapelle de celte Maison. (Idem,
fol. 58.)
1701. ^Madame Catherine de Trobat , épouse de
M. Raymond de Trobat, premier président et intendant
du Roussillon, lègue à la Miséricorde la somme de 500 fr.
(Idem, fol. 5.)
1715. — Madame de Breuil, lègue 400 fr. à la Miséri-
corde. (Idem, fol. 5. )
1719. — M. Jean Privât, directeur et trésorier, lègue
à la Miséricorde la somme de 1.000 fr. (Idem, fol. 5.)
1720. — M. François Després, chanoine de la Cathé-
drale , vicaire-général , verse par anticipation à la caisse
de rilôpital un legs de 2.200 fr. (Livre des Bienf.,
fol. 42.)
1720. — M. de Momfort, du Vivier, lègue à l'Hôpital
1.000 fr. qui ont été versés à la caisse, par M. de
Lan sac. (Idem, fol. 12.)
144
1721. — Madame Louise D'ardena, lègue 1.080 Ir. à
l'Hôpital. (Livre des Ilienf., fol. 42.)
1721. — M. Michel de Vilar, président et intendant du
bureau, fait à la Miséricorde l'aumône de 300 fr. (Idem,
fol. 5.)
1725. — M. Legras, intendant de la province, accorde
sa protection spéciale a l'Hôpital. Entr'autres bienliiits,
il ordonne au bureau de Notre-Dame de Miséricorde de
payer a l'Hôpital la somme de 5 sols au 25^ pour chaque
journée de malade indistinctement qu'on y envoie. Ce
secours se portait à 1 .200 fr. environ. (Livre des déli-
bérations, fol. 177 et 178 et des Bienf., fol. -45.)
1727. — M. de Boisambert, fait à la Miséricorde l'au-
mône de 175 fr. (Livide des Bienf., fol. 4.)
1728. — M. Claude Duclos de Momignière, employé
aux vivres de l'armée , institue l'Hôpital son héritier
universel. — Testament reçu par Coll, notaire. (Idem,
fol. 45.)
1755. — M. Pierre Calmon, prêtre bénéficier de Saint-
Jean, aumônier de la Miséricorde, l'institue son héritier.
■ — Testament reçu par Jaume, notaire, le 10 juin. (Idem,
fol. 4.)
1759. — M. Jacques Sarlabous , prêtre, procureur
syndic de l'Hôpital, institue celte maison son héritier
universel. — Testament reçu par Joseph Costa, notaire.
Le même avait déjà fait donation à l'Hôpital de plu-
sieurs capitaux de rentes constituées s'élevant à un total
de 4.000 fr. — Acte reçu par Albafouille, notaire, le 27
juin 1750. (Idem, fol. 45.)
1740. — La compagnie des gardes de M. le Maréchal
de Noailles fait souvent des aumônes considérables à
l'Hôpital, par mains du notaire greffier de la capitainerie.
(Idem, fol. 46.)
1745. — M. Jacques de Lacombe, lieutenant do roi à
Perpignan, lègue 400 Ir. à la Miséricorde. (Idem, fol. 4.)
145
1749. — M. François Garrigue, notaire à Perpignan,
institue l'Hôpital son liéritier universel. — Testament reçu
par lionnel, notaire. (Livre des Bienf., Col. 48.)
1750. — M. Després, procureur-général, lègue à
l'Hôpital la somme de 2.750 Ir. (Idem, loi. 50.)
1750. — M. Marron, prêtre, docteur on théologie,
curé de Néfiach. lait don de la somme de 1.000 fr. Le
même fait un legs en laveur aussi de l'Hôpital de 2.000 fr.
(Idem, loi. 51 .)
1752. — M. Pierre Roudel, marchand à Thuir, lègue
500 fr. a la Miséricorde.— Testament reçu par M" Gralfan,
notaire, le 15 janvier. (Idem, fol. A.)
1754. — M. Claude Duclos de Monsignière, lègue
1.100 fr. a la Miséricorde. (Idem, fol. i.)
175i. — M. Antoine Marron, curé de Néfiach , fait à
la Miséricorde l'aumône de 2.2i0 fr. (Idem, fol. i.)
1759. — M. Dominique Marti , curé à Caldéguas en
Cerdagne, lègue à la Miséricorde la somme de 800 fr.
(Idem, fol. 5.)
1759. — M. le Comte de Montégut, fait don a l'Hô-
pital de 2.000 fr. (Idem, fol. 51.)
1760. — M. de Champselles , major du régiment de
Noailles, lègue \ MO fr. à l'Hôpital. (Idem, fol. 52.)
1700. — M. .Jean-Baptiste Lantourne, chanoine d'Elue,
lègue à la Misécorde la somme de 500 fr. (Idem-, fol. 5.)
1761. — M. de Redon, commandant de la citadelle de
Perpignan , fait un don de 400 fr. à l'Hôpital , auquel il
lègue'ô.OOO fr. (Idem, fol. 52.)
1762. — Don François de Caliors, grand prieur de
Catalogne, fait l'aumône de 150 fr à la Miséricorde.
(Idem, fol. 5.)
1762. — M. Joseph Serra, chanoine, grand-archidiacre,
lègue à rilôpilal la somme de 5.000 fr. (Idem, fol. 52.)
I7()ô. — Mademoiselle Rose Do et Palegri, lègue
1.000 fr. à la .Miséricorde. (Idem, fol. 5.)
10
146
1765. —Mademoiselle Brouset, fait l'aumône de 200 fr.
à la Miséricorde. (Livre des liicnf., fol. 5.)
17(55. _]\I. de Redon, commandant de la citadelle de
Perpignan, donne des sommes considérables, pendant sa
vie, a la Miséricorde, et par Testament du 29 septembre
reçu par Diego, notaire, il lègue a cette maison la somme
de 3.000 fr. (hkm, fol. 6.)
17(3r,._M. de Buonin-Segui, major du régiment royal
italien , lègue a la Miséricorde la somme de 400 fr.
(Jdcm, fol. 6.)
1767. —M. Bernard Sabaly, chanoine de la cathédrale,
donne à l'Hôpital la somme de 4.500 fr. (Idem, fol. 55.)
J7G8. — Madame la Comtesse d'Albarel fait l'aumône
de 100 fr. à la Miséricorde. (Idem, n^ 6.)
1768, — M. François Brouset, mercader, et directeur
du bureau, lègue 600 fr. à la Miséricorde. (Idem, fol. 6.)
1770.— M. Pierre Matthieu, marchand, et directeur
du bureau, lègue 600 fr. à la Miséricorde. (Idem, fol. 7.)
1772. — Doua Jeanne de Marguarit, marquise d'Aguilar,
lègue 1 .000 fr. à la Miséricorde. {Idem, fol. 7.)
1772._M. Daniac, curé à Sainl-Estève, lègue 600 fr.
a la Miséricorde. {Idem, fol. 7.)
1775.— M. Matthieu Garrigua, prêtre, prieur d'Espira
en Gonflent , lègue à l'Hôpital la somme de 1 .000 fr.
{Idem, fol. 56.)
1774.— M. le marquis d'Aguilar, fait l'aumône de
560 fr. a la Miséricorde. [Idem, fol. 8.)
1775.— M. le comte de Ros, donne en différentes
fois 68ifr., et paye, par anticipation, un legs de 5.000 fr.
Le même a fait, dans le temps, uu grand nombre de
dons, soit pour la décoration de la chapelle, soit pour le
soulagement des pauvres de l'Hôpital. [Idem, fol. 55.)
1775. _l)on Jean de Guanter, fait don à l'Hôpital de
la somme de 500 fr. {Idem, fol. 56.)
1777. — Don Dominique de Marguarit, comte de
147
Momégul, (loiiiie durant sa vie des sommes considérables
à la Miséricorde. {Livre des liicnf., Col. 8.)
-1780. — M. Jean Donal , mercader el directeur du
bureau, cède à la Miséricorde son intérêt sur la ferme
du droit roycd. Cet intérêt a produit 2.004 fr. {Idem,
fol. 9. )
1780. — Don Louis de Boisainbert , fait des dons
considérables, pendant sa vie, a la Miséricorde, et lègue
000 fr. à celte maison. {Idem, fol. 9.)
1780. — Emmanuel Ribes, mercader, lègue 1.000 fr.
à la Miséricorde. [Idem, fol. 9.)
1781. — M. Jean Mouran et Mademoiselle Catherine
Mouran, sa lille, font a l'Hôpital, l'aumône de 600 fr.
{Idem, fol. 59.)
1782. — M. Thomas Diego, notaire, fait en deux fois
l'aumône de 400 fr. à l'Hôpilal. [Idem, fol. 00.)
1782. — M. Jean Serra, chanoine de la cathédrale, et
archidiacre du Vallespir, lègue 2.000 fr. à THôpital. —
Testament rc(,'u par Serra, notaire. {Idem, fol. 01.)
d782. — M. Michel Scrradell, directeur du bureau,
lègue 1.200 fr. à la Miséricorde. {Idem, fol. 10.)
1782. — Madame Elisabeth Llombart-Augé, institue
ses héritiers l'Hôpital Saint-Jean et la Miséricorde. —
Testament reçu par Mundi , notaire , le 24 novembre.
{Idem, fol. 10.)
1785. — M. Michel Navarre, curé des Masos , en
Conlïenl, lègue 600 fr. a la Miséricorde. {Idem,
fol. 10. )
1783. — M. Pierre-Jean de Melit, major de la place à
Villerranche , lègue 800 fr. à la Miséricorde. {Idem,
fol. 10.)
178i. — Madame Raphaële Ferrussola-Barréra, institue
la Miséricorde son héritier. — Testament reçu par Jaunie,
notaire, le 11 février. {Uej/istre des délibérations de 1785
et 178i et Livre des liieiif., fol. 10.)
148
1781. — M. Hyaciiillie Girbau, chanoine d'Elne, lègue
300 tV. à la Miséricorde. (Liire des Jiicnf., fol. 10.)
1785. — M. de (lagarriguu Ksprer, fait l'auniône de
500 fr. h la Miséricorde. (Idan, fol. 10.)
1785.- — M. Raymond de Sainl-Sauveur , intendant de
la province, fait divers dons en plusieurs occasions à la
Miséricorde. {Idem, fol. 11.)
1786. — Don François-Xavier de Tort de Calio, direc-
teur du bureau, lègue oOO fr. à la Miséricorde. — Tes-
tament reçu par Serra, notaire. (Idem, fol. 14.)
1786. — Madame Balanda-Pélissier fait à l'Hôpital
l'aumône de 500 fr. pour le repos de l'âme de feu
M. Pélissier, son père. {Idem, fol. 65.)
1786. — M. Jean-Baptiste-Gaudérique-Josepli Després,
ancien capitaine au régiment de Vermandois, lègue 500 fr.
à l'Hôpital. {Idem, fol. 65.)
1787. — Doua Monique -Marie- Angélique -Madeleine
Forcade, marquise de Montferrer, veuve de Don François
de Banvuls, marquis de Montferrer, lègue 200 fr. h
l'Hôpitaf. {Idem, fol. 65.)
1788. — M. Antoine Celles, chanoine d'Elne, lègue à
la Miséricorde la somme de 600 fr. — Testament reçu
par Me Mundi, notaire. {Idem, fol. 15.)
1788. — M. de Lucia, avocat-général au conseil
souverain du Boussillon , lègue à la Miséricorde la
somme de 500 fr. — Codicile retenu par M^ Jaunie, notaire.
1788. — Madame de Lucia de Garau, sa veuve et
M. de Lucia, son fds aîné, héritier, ajoutent à la somme
de 500 fr., celle de 200 fr. {Idem, fol. 16.)
1789. — Madame Anne Mouran-Do, lègue à la Miséri-
corde la somme de 2.000 fr., et pareille somme à
riiôpiial. — Testament reçu par M^ Conte, notaire.
{Idem, fol. 18.)
178!). — M. Grégoire Gironne, marchand, lègue 1 .000 fr.
à rilôpital. {Idem, fol. 66.)
I
149
1789. — M. Michel Moliiis, décédé à Marseille, lègue
à rilô|)ilal la somme de 1.200 fr. [Livre des Bicnj.^
fol. 07.)
nUO. — M. Jean de Ribes, directeur de la monnaie
de ]*er|)ignan, Hiit plusieurs dons à la Miséricorde, s'éle-
vant ensemble à 5. loi) IV. [Idem, loi. 1<S. )
1790. — M. le chevalier d'Ortalla, par toslament mys-
tique du 20 juin, lègue à l'Hôpital la somme de 400 Ir.
Ce legs a été payé en assignats le 17 juillet 1792.
[Idem, toi. 70.)
1790. — M. Rarisin, prêtre ;i la cathédrale, lait l'aunnuie
de 000 fr. à la Miséricorde, le 22 mars. [Idem, M. 19.)
1790. — Madame Geneviève de Champeron-Després,
lègue à la Miséricorde la somme de aOO l'r. — Tcslamenl
reçu par M« Jaume, notaire. [Idem, fol. 19.)
1790. — M. François Durand, h l'occasion du décès
de Madame son épouse, fait l'aumône de loO fr. à la
Miséricorde. [Idem, fol. 19.)
1791. — M. Coder, {irêlre , lègue à la Miséricorde la
somme de 500 fr. [Idem, fol. 19.)
1791.^ — Madame Claire Rochadcl, lègue à la Miséri-
corde la somme de 000 fr. {Idon, fol. 19.)
Celte sonnne a été payée en assignats.
17i)l. — Madame Thérèse Renaud , lègue 1.000 Ir. à
la Miséricorde. [Idem, fol. 20.)
Celte somme a été payée en assignats.
1792. — Un bient'aileur inconnu envoie à la Miséri-
corde la somme de 700 Ir. en assignats. [Idem, fol. 20.)
179Ô. — M. Després, lègue la somme de 500 fr. à la
Miséricorde. Ce legs est payé en assignats. — Testament
reçu par M"' Jaume, notaire. (Idem, M. 20.')
1797). — Doux bienfaiteurs inconiuis on voient ;i la
Miséricorde, l'ini ÔOO fr. on numérairç cl l'autre 000 fr.
en assignais. [Idetii, fol. 20.)
1795. — Dame Ceneviève-llélène de Champeron, éi)Ousc
150
(le M. Élionne-François Dosprcs, conseiller lionorairc,
lègue riOO ir. à rilôpital. [Livre des Bienf., fol. (ia. )
1796. — M. Jean-Jacques Puiggari, ordonnateur des
hospices, fait l'aumône de ooG iV. 50 cent, en assignats,
à l'Hôpital. [Idem, fol. 71.)
1800. — M. Vigo fait don à l'Hôpital d'une sonune de
l.8!2o fr. 75. cent., donl 5!25 Ir. 75 cent, en assignats.
{Idem, fol. 72.)
iSOO. — M. Bonaventnre Frigola fait don à l'Hôpital
de la somme de 500 fr. et par son testament An 2()
nivôse en XH (M^ Jaunie, notaire), il lègue la sonnno
de (500 fr. h partager entre l'Hôpital et la Miséricorde.
[Idem, fol. Tl.)
1<S05. — M. le chanoine Laboissière et M. LIobct font
ensemble une aumône de 1.200 1V. a l'Hôpital. [Idem,
fol. 72.)
1808. — Deux bienfaiteurs, désirant rester incoinius,
font ensemble l'aumône de 1.958 fr. 20 cent, à l'Hô-
pital. [Idem, fol. 74.)
1810. — ^M. Jean Salvan , prêtre, ancien économe de
rilôpiial , par son testament olographe du 1*^' mai,
lègue à cette maison hospitalière la somme de 1.000 fr.
pour être employée en achat de draps de lit et de che-
mises pour le service des malades civils. [Idem, fol. 78.)
1816. — M. de Villicrs du Terrage, [)réfel du dépar-
lement, fait l'aumône, le iavril, de la somme de; 100 Ir.
aux Hospices, ;i loccasion d'une dalle que la commis-
sion administrative lui avait fournie pour le tombeau de
sa mie. [Idem, fol. 78.)
1816. — M. r.affard, avocat, fait l'aumône de 600 fr.
à partager entre lîh'jjiilal et la .Misi'ricordc. [Idem,
fol. 78.')
1817. — M. .Vntoine Jauhert , prêtre, principal ûi\
collège de Perpignan, par son testament mystique, en
date du 18 septembre, reçu par M" Ferriol Tardieu,
151
notaire, lègue 400 IV. , à pnrtager entre l'Hôpital et la
Miscricortlc. {Livre des Bi'cnf., l'ol. 82.)
J<SI9. — M. Raymond Izaiire, pnUre, aiimonicr du
collège de Per|)ignan , lègue aux pauvres des deux Hos-
pices la somme de 500 Ir. — Testament reçu par
M'' Doménecli, notaire. {Idem, foi. 85.)
1822. —Madame de Lucia de Garau recommande
(ju'après son décès il soit fait une aumône à la Miséri-
corde de la somme de 000 Ir. Ses intentions ont été
exécutées, le 2 mars. {Idem, fol. 84.)
1822.— Madame veuve Honal'os, née Siau, fait à Vl\ù-
[tilal raumône de 500 fr. {Idem, fol. 84.)
1822.— Mademoiselle Christine Delmas fait l'aumône
de oOO fr. , dont 200 fr. applicables h la Miséricorde et
500 à rilôpilal. {Idem, fol. 8i.)
1825. — ^M. Thomas Saleta-Xammar lègue la somme
de 1.200 fr. à partager entre Tiiôpilal et la Miséricorde.
— Testament reçu par Me Serra, notaire. {Idem, fol. 8(5.)
1825. — Madame Méric, née Delmas, fait aux Hospices
l'aumône de 500 fr. {Idem., fol. 87.)
I82(). — M. drégoire (lironne lègue la somme de
i.OOO fr. à partager entre l'Hô|)ital et la Miséricorde,
qui doit être em()loyée en achat de linge. — Testament
reçu par Me Serra, notaire. {Idem, fol. 88.)
182(5. — M. .Méric, Jean, négociant, lègue la sonniie
de oOO fr., à partager entre l'Hôpital et la Miséricorde.
— Testament reçu par M^ Ferriol Tardieu, notaire.
{Idem, fol. 89.)
1828. — Un bienfaiteur (jui désire rester inconnu,
charge M. Joseph Picas, administraleiw, de verser ii la
caisse des Hospices l'aumône qu'il fait à rHôpii;iI et à
la Miséricorde de la somme de 1.000 Ir. (Idem, fol. t)0.j
1828. — Un bienfaiteur, (jui désire rester inconnu,
charge M. Sylvestre Vihdlongue, administrateur, de verser
à la caisse des Hospices, l'auuKuie (pi'il lait ;i l'Hôpital
152
el à la Miséricorde, de la somme de 500 fr. (Livre
des Bienf., loi. 00. j
1851. — M. Lassus, propriétaire à l^erpitçnan, l'ail aux
Hospices l'aumône de 500 fr. {Idem, loi. 02.)
1851. — Madame d'Ax, née Saunliac, lait aux Hospices
l'aïuiKuie de (ioO fr. {Idem, fol. 02.)
1852. — Mademoiselle Catherine Mouran lègue aux
Hospices la somme de 400 Ir. {Idem, loi. 92.)
1855. — M. Charles Massot, juge au tribunal civil,
lègue aux Hospices la somme de 400 Ir. ildcm, loi. 05.)
1855.^ — M. le chanoine Després lait une aumône à la
Miséricorde de la somme de 500 Ir. {Idem, fol. 95.)
1855. —Madame Gisperl, veuve Truillés, fait aux
Hospices l'aumône de 600 fr. (Idem, fol. 95.)
1855. — M. François Jaunie lègue, par testament, aux
Hospices la somme de 800 fr. {Idem, fol. 95.)
1855.— M. Garau, avoué, fait l'aumône aux Hospices
de la somme de 500 fr. {Idoii, fol. 95.)
1855. —M. d'Anglada-d'Oms, fait l'aumône de 200 fr.
à l'Hôpital. (M'm,Vol. 0().)
1850. — M. Jean-Baptiste Hrial, prêtre, lègue à l'Hô-
pital la somme de 1.250 fr., par son testament du 7
mai 1828, somme qui a été versée à la Caisse des Hos-
pices le 20 octobre. {Idem, fol. 96.)
1856. — -M. Puiggari, économe, verse à la caisse des
Hos[)ices, pour une personne ipii désirait rester inconnue,
la somme de 700 fr., à partager entre l'Hôpital el la
Miséricorde. {Idem, fol. 96.)
1856.— M. Nogués, Joseph, propriétaire, par tcsta-
menl olographe du 17 mai, lègue à la Miséricorde la
somme de 500 fr. {Idem, loi. 96.)
1859. —M. darau, prêtre, par son testamenl du 19
mai 1829, lègue à la Miséricorde la somme de 500 fr.,
somme versée à la caisse des Hospices le 11 mai
{Idem, fol, 97.)
153
1S42. — M. Aniédéc de Lanier, i»ro|)riélaire, lait laii-
inône aux Hospices de la somme de 500 fr. [Livre des
Bieiif., fol. 98.)
iHi'-l. — M. Philippe Berge, par son testamenl mys-
licpie du i mars, lègue à l'Ilôpilal la somme de 500 fr.
{Jdem, fol. 08.)
1844. — Madame Jean-François, de iN'arbonne, donne
au.\ Hospices la somme de 400 fr., qui doit être employée
en achat de linge. [Idem, fol. 98.)
1844. — iM. Lassus, pro|»ri(Uaire à Perpignan, fait
l'aumône aux Hospices de la somme de 500 fr. ipii doit
être employée en achat de linge. {Idem, fol. 5)8.)
18i(). — M. François Parés, administrateur, a versé à
la caisse des Hospices, le 28 décembre, au nom de Marie
Cassin, l'aumône de 1 .0i)0 fr.; (ÎOO fr. pour la Miséricorde
et 400 fr. pour l'Hôpital. [Idem, fol. 99.)
1847. — Madame Hose d'Orlada , veuve de Flotte, par
mains de M. d'Ortalla de Perpignan , lait l'aumône de
450 fr., pour être employée à la partie du service de la
Miséricorde qui est le jilus en soullrance. (/r/rv/^ fol. 99.)
18i7. — M. Côme Ricard, pr()|)riélaire à Perpignan, fait
l'aumône de i.'iOO fr., à partager entre llb'tpital et la
Miséricorde; somme versée à la caisse des Hospices le
"■l'y novembre. [Idem, fol. 100.)
I8i8. — Madame Thomase Frigola, veuve Carcassonue,
l'ail, au nom de la demoiselle Hose Frigola, rauiiKuie de
500 fr. à l'Hôpital. {Jdoii, fol. 100.)
1850. — M. De Tovar, consul g(''iieial (l'Kspagne à
Perpignan, a fait diverses aumônes à THôpital Saint-Jean,
de Tanuee 1817 à rmmée 1850, s'élevanl ensemble ;i la
somme de uOO fr [Idem, fol. 99, 100, 101 /i
1851. - La salle de dissection de lllôpilal est cuns-
iriiitc. (Carton ï.)
1851.— M. Jean Terrais lègue la somme de 1 .80ti fr.,
a partager entre rHô|)ii:d ei l;i Miséricorde. Celle somme
154
a été versée à la caisse des Hospices le 6 décembre. —
Teslainenl du G juillet 1847. [Livre des Bienf., loi. 102.)
18r)2. — M. GalTanl, propriétaire, t':iit Tauniôue aux
Hospices, le 14 décembre, de -10.517 kilogr. de i)onimes
de terre. [Idem, fol. 102.)
1833.— Quiuze garçons de la Miséricorde sont envoyés,
le l^'' janvier, à l'orplielinat de Misserghin (Afrique), à la
suite d'un traité conclu entre la commission administra-
tive et le P. Abram, directeur de l'orpbelinat. (Carton S.)
18o3. — La commission administrative décide qu'à
compter du 1'^"' août 18ri5, les malades indigents (pii
mourront à rilôpilai, seront inbumés avec cercueil.
(Carton C. o.)
JSoi. — La commission rédige, le 2()mars, un nouveau
règlement applicable a rilojjital et a la Miséricorde, qui
est approuvé par M. le Préfet, le 7 avril même année.
1854. — Pendant les mois d'août et septembre, le
choléra-morbus sévit à rH()|)ilal : 47 personnes y sont
frappées de mort. (Carton C. 5.)
1854. ~ M. Dariste, sénateur, inspecteur-général des
préfectures et Monseigneur Cerbet, évéque de Perpignan,
visitent l'Hôpital et la Miséricorde.
1834. — M. Sébastien Padret , propriétaire, fait à
THôpilal l'aumône de 800 fr. [Idem. fol. 105.)
1X54. —M. Conte Miffre, par son testament du 12
décend)re 18i8, lègue à rilô|)ilal la somme de 500 fr.
(pii a été versée à la caisse des Hospices, le 10 juillet.
[,ldem, fol. 103.)
I,S54. — >I. Philip, cbanoine, verse à la caisse des Hos-
pices, le 7 juillet, au nom de M. Jaubert Campagne ,
avocat, la somme de 500 fr. . aumône faite à rilôpital.
[ïdem, fol. 103.)
1X54. _ Mademoiselle Callierinc Hlancbard , [)ar son
testament du 30 août, lègue à la Miséricorde la somme
de 300 fr. [Idem, fol. 103.)
155
1854. — M. Emmanuel lioiial'os, docteur-médecin, an
nom de son père, Kmnianuel lionafos, ancien médecin
en chef de l'Hôpital, verse à la caisse des llos|)iccs
l'aumône de 2,500 fr., an profit de cet établissement.
{Livre des Bicuf., fol. 105.)
1855. — Madame Lalabrèçjne, née Janliert Cam|)a-
gne, verse à la caisse des Jfospices, au nom de sa
mère, dame Thérèse Cabaner, la somme de 600 IV. , à
partager entre l'Hôpital et la Miséricorde. {Idem,
loi. 105.)
1855. — Madame Marie Auberge, née Courret, verse
à la caisse des Hospices Taumône de 2,000 IV., qui est
convertie en rentes sur l'Étal, avec la condition expresse
que le revenu de cette somme sera annuellement, et h
perpétuité, remis aux aumôniers qui se succéderont à
1 Hôpital, pour être par eux distribué, et sans en ren-
dre compte, aux malades sorlanls selon leurs besoins;
(pie, sur ce revenu, il sera prélevé 2 IV. 25 cent., à
partir du jour de son décès, arrivé le 10 aoiit 1850, qui
serviront à célébrer annuellement une messe basse pour
le repos de l'àme de cette bienihilrice. dans la chapelle
de l'établissement. {Idem, fol. lOi. i
1856. — La chapelle du Christ de l'Hôpital est recons-
truite, grâce aux dons <le divers bienfaiteurs. Li; 25
décembre, .Monseigneur l'Evèqne de Perpignan la bénit,
ainsi cpie les statues du maitre-aulel , et donne la con-
lirmalion ii des malades. In public nombreux assiste à
cette cérémonie religieuse, 'après hupiclle .M^'' (ierbel
visite les salles et adresse, aux nombreux malades
(priïlles contiennent, des paroles de consolation et
d espérance, avec cette bont('' (pii le caractérise.
1856. — M. le baron Guiraud de Sainl-Marsal (Uay-
mond-Marc-.\ntoine), cobmel «lu gi'uie en retraite,
ancien maire de Perpigu;iM, iHhiiiiiisiiiitcur des hospices,
commandeur de l'ordre impérial do la Légion-dllonneur,
156
par son testanienl olographe, en «laie ilu 51 décembre,
déposé cliez M<^Bolaix, notaire, lègue la somme de
600 Ir. , (piiltc de tous droits généralement quelconijues,
à partager entre l'Hôpital et la Miséricorde. {Livre des
/i/c;(/'./lbl IOj.)
1^57. _ ]\i. Parcs, François, avocat, administrateur
des hospices, décédé le lô décembre, i)ar son leslamenl
olographe, en date du 4 décembre 18o2, déposé chez
McAmouroux, notaire, lègue la somme de 1.000 fr.,
(piitte de tous droits généralement quelconques, à par-
tager entre rilôpital et la Miséricorde, avec la recom-
mandation expresse qu'il devra être célébré a perpétuité
UD service funèbre pour le repos de son âme, le jour
anniversaire de son décès, 15 décembre, alternativement
dans l'un et dans l'autre de ces deux établissements
hospitaliers. [Idem, fol. 105.)
-j^58. — Un bienfaiteur, qui désire rester inconnu,
fait l'aumône à la Miséricorde, le 15 avril, des étolfes
nécessaires pour habiller les enfants, hlles et garçons,
pendant la saison d'été. Ces étoffes sont estimées a
608 fr. 40 cent. [Idem, io\. 106.)
1859. _ M. Sylvestre Vilallongue père, ancien négo-
ciant , ancien administrateur des Hospices, se trouvant à
son lit de mort, et ayant manifesté verbalement l'inten-
tion qu'une somme de 1.000 fr. fût remise, après son
décès, à la Miséricorde, à titre d'aumône, sans désigna-
tion d'emploi, M. Sylvestre Vilallongue lils, administra-
teur, s'est fait un pieux devoir de verser, au nom de sa
famille, cette somme à la caisse hospitalière, le 50
novembre. {lO.cm, fol. 100.)
Monseigneur l'Kvèqne de l>erpignan bénit, le 6 juillet,
l'Oratoire de la Vierge el le Calvaire, élevés aux frais de
deux bienfaiteurs dans le jardin de l'Hôpital, au milieu
d'un concours nombreux de lidèles; el par ordonnance
du 12 du même mois. Monseigneur accorde iO jours
157
d'indulgence à gagner clia(|ue fois que l'on priera soit
au Calvaire, soit devant l'Oraloirc de la Vierge.
18()0. — M. Joseph I.lobel et ses frères, propriétaires
à Perpignan, versent, le i\ juillet, à la caisse des
Hospices, au nom de M. Charles LIobet, leur oncle, la
somme de I.OOO fr., à titre d'aumône, à partager entre
rilôpilal et la Miséricorde. {Livre des Bioif., fol. 106.)
18(51. — M. Boluix, Jean, propriétaire, a fait l'au-
mône k la Miséricorde de la somme de oO fr.
1801. — M. Henri Carcassonne, notaire, a fait l'au-
mône à l'Hôpital de la somme de 125 fr.Toc, pour hono-
raires d'un acte reçu par lui , le 20 août. (Idem, fol. 100. )
hSO-i. — ^ La Loge de V l'niun de Perpignan fait l'au-
mône aux Hospices de la somme de oOO fr. , provenant
d'une quête. [Idem, fol. iOO.)
1802. — M. Auguste Bardou , négociant, a donné,
pendant sa vie, à la chapelle de l'Hôpital, un Christ et
une statue; il a fait peindre le plafond et les murs du
sanctuaire a ses frais; et, avant de mourir, il a recom-
mandé à sa mère d'offrir, on son nom, à cette cha[)elle,
un ostensoir en vermeil avec sa niche dorée. Madame
veuve Bardou, née Pradal , s'est fait un devoir d'exécuter
les pieuses volontés de son lils. Ces divers dons s'élèvent
ensemble h la somme de 2.900 fr. {Idem, fol. 107.)
1802. — Les dames Viader, de Rovira, de Lacroix et
de Çagarriga versent, le 10 août, a la caisse des Hos-
pices, à litre d'aumône, au nom de Mademoiselle Josè-
phe de Lucia, la somme de oOO fr. {Idem, fol. 107.)
180)5. — ■ Madame Anne Antoinette d'Oms, veuve de
M. Adrien d'Anglade, décédée à Pézilla-de-la-Rivière, le
8 janvier, par ses testaments mystiques des 2i juillet
18.')7 et 17 octobre 1801 , déposés chez M'^ Anioiiroux,
notaire, à l'erpignan, lègue à rilos|)ice des malades,
Iloiu'lid Siii)U-.fean, toutes les |)r(»priélés rurales (prelle
possède dans l'étendue du territoire de Torreilles, canton
158
de Rivesaltcs, ainsi qu'une bâtisse servant do bergerie
et (le i^renier à foin qu'elle possède dans la même com-
mune; et toutes les valeurs mobilières, qui dépendront
de sa succession , consistant en capitaux de rentes sur
divers Etats, actions et obligations sur les chemins de
ter ou sur d'autres compagnies de finance, de commerce
ou d'industrie , actes d'obligation poiu- cause de prêt ou
de prix de vente, billets et lettres de change, bons sur
le trésor, et toutes autres de la même nature, ainsi que
tous intérêts se rapportant auxdits titres, qui pourraient
être dus à l'époque de son décès.
Elle lègue, en outre, à l'Hospice delà Miséricorde, une
somme de 800 tr. qui devra être allectée en achat de linge.
Malgré les charges imposées par la testatrice à l'Hô-
pital Saint-Jean, cette succession peut être placée au
rang des plus importantes que la maison hospitalière
ait reçues depuis sa fondation. [Livre des Bienf., fol. 107.)
18(35. — Mademoiselle Françoise Gorry a recommandé
a son frère, M. Eugène Gorry, de faire en son nom,
après son décès, l'aumône de 100 fr. a l'Hospice de la
Miséricorde.
Cette somme a été versée a la caisse hospitalière, le
14 février. [Idem, toi. 108.)
'J865. — M. Bernard Âuriol , banquier, ancien admi-
nistrateur des Hospices, décédé le 17 avril, par son
testament olographe en date du 4 octobre 1857, déposé
chez Me Boluix, notaire, lègue la somme de 800 fr., h
partager entre l'Hôpital Saint-Jean et l'Hospice de la
Miséricorde.
M. Prosper Auriol, son lils, en sa qualité d'héritier
préciputaire, s'est chargé de verser la somme de 800 fr.
dans la caisse des Hospices et de payer les droits de
mutation de ce legs. {Idem, fol. 108.)
159
LES RUINES DE CABIIENE,
AVEC PLAN A L 'APPUI ,
Tar iM. A. BATMt.*r,c-ni,it;,ine, .■lu.f.l,, (i,;„i,., h Am,.|i,.-|,.s-B;,i„s
iiu'iiibi'e iL'sidanl.
Kntro les deux (orroiits de La Manéra et de Serra-
loni^a, existe une loni^ne arête de séparation {sierra en
espagnol, serra en catalan), qni donne son non. an
village de Serralonga, dont l'église remonte, dit-on, an
coniniencenient du onzième siècle (1018).
L'arrte se termine vers le sud, à 6 kilomètres de
î^erralonga, par des masses granitiques élevées à 1500
mètres environ au-dessus du niveau de la mer. On peut
y arriver de Serralonga en suivant la crête, ou bien de
La Manera, par une marche d'une heure et demie duis
les doux cas. Dans le second, partant du village on
suit d abord le sentier qui conduit au col de las i<«/-
gueres; puis, tournant brusiiuement à gauche, on ga"ne
en montant, d'abord le Mas-lidladou , et ensuite\^-o|
du même nom; là on revient à droite, suivant un petit
sentier à peme tracé dans le rocher, au milieu d'une
vegetalion rabougrie, le(iuel conduit par une ponte assez
|ai<lo a 1 extrémité sud de laréte, sur dos roches dont
le nom de tabrenç indi.pie assez rinaccessihiliié pour
d autres que les chèvres ou d'agiles montagnards
160
Donnons d'abord un aperçu topographiquc des lieux.
Trois pics ou sommets dislincls terminent la serra (Voir
le pian). Le plus élevé est celui (pii est à l'exlrémilé sud :
il se compose d'une arête de roches granitiques de 15
mètres de largeur au plus, sur environ 60 mètres de
longueur. De toutes parts les roches descendent à pic,
et l'on ne peut l'aborder que par une ascension dillicile
opérée du côté sud.
La seconde élévation, située à 100 mètres environ de
la première, dont elle est séparée par une gorge pro-
londe (Voir le profil général), est encore exclusivement
composée d'une masse granitique affectant une forme
conique , dont le sommet est 20 ou 2o mètres plus bas
que le précédent : elle est, en outre, d'un accès plus
facile, quoique présentant encore certaines parties in-
franchissables.
Enfin, la troisième offre un cône assez régulier, dont
la pointe , distante de la précédente de 1 50 mètres en-
viron, est beaucoup moins élevée , et accessible de toutes ^
parts.
Notre premier soin , en arrivant sur la hauteur prin-
cipale, fut de prendre une idée sommaire des vieux
débris que nous voulions explorer, et nous reconnûmes :
1" que les ruines du point sur lequel nous étions avaient
incontestablement appartenu à une ancienne forteresse
féodale; 2° que sur la seconde hauteur était une tour
avec une première enceinte; 5» enfin, qu'une seconde
tour existait sur la troisième pointe.
[Nous allons successivement décrire ces anciennes
constructions, et les restaurer autant du moins que nous
le permettra ce qui en subsiste encore.
Château de Cabrem proprement dit. — L'enceinte
principale s'élevait sur la i)lateforme allongée de la.inelle
nous avons déjà parlé, et l'occupait entièrement. Klle
était formée de murailles de i'n,50«^ d'épaisseur, de la
161
hauleur desquelles on ne peut juger aujourd'hui parce
qu'elles sont en partie renversées; mais il est probable
qu'elle n'était pas considérable, car on était suflisam-
nient garanti contre l'escalade par des escarpements de
20 à iO mètres de hauteur. A l'extrémité nord s'élevait
le donjon , de forme rectangulaire , ayant extérieurement
48 mètres de longueur sur II mètres de largeur, avec
des murailles de 2'",50c d'épaisseur. A l'intérieur, il se
composait d'une salle unique, couverte d'une voûte en
jdein cintre de 6'", 40'' de portée et de 8 mètres de hau-
leur sous clef. Sur la voûte était [)robablcnienl une
plateforme.
Au milieu de l'enceinte sont les ruines d'une petite
chapelle qui, d'après d'anciennes cartes, était autrefois
dédiée à Saint-iMichel. Sa forme est celle de presque
toutes les chapelles de la montagne, à savoir une nef
rectangulaire, ayant extérieurement 5 mètres sur 4 mè-
tres, terminée par une abside demi-circulaire.
A l'extrémité sud, on voit encore la porte de l'enceinte
de laquelle partaient des escaliers descendant a une
plateforme naturelle, située à un niveau inférieur de 15
ou 18 mètres. Ils ne sont plus aujourd'hui indiqués que
par quelques marches et par les traces des murs |)ercés
de portes qui les barraient de distance en distance.
Le constructeur a prolilé de cette plateforme inférieure,
entourée au sud et a l'est par des précipices infranchis-
sables , et à peine accessible par les pentes très-raides
qui se trouvent à l'ouest, pour créer une première en-
ceinte, à l'angle est de la(]uelle se trouvaient les com-
muns du château. Les murailles qui renferment ont
1"',50'^ d'épaisseur. C'est dans la partie ouest que s'ou-
vre la porte d'entrée qui, aujourd'hui encore, donne
seule accès dans ces ruines. Elle a !2 mètres de largein-;
une vomU; en arc de cercle la recouvre. Ni fossés ni
ponl-levis ne la précèdent; elle est au niveau du sol;
11
t62
on n'a même pas pris la précaution d'y placer une herse.
Le mode de fermeture était des plus primitifs : les bat-
tants étaient maintenus fermés par deux barres de bois
engagées horizontalement dans la maçonnerie.
Il est probable que la partie supérieure des murailles
était garnie d'un simple chemin des rondes avec un pa-
rapet a hauteur d'appui de 40 à 50 centimètres d'épais-
seur. Du reste, il n'existe aucune trace ni de créneaux
ni d'archères, et l'on ne s'est nullement préoccupé du
llanquement, c'est-à-dire de la nécessité de battre le
pied des murailles : on comptait évidemment plus sur
la force naturelle de la position que sur l'appui de
l'art.
Si l'on fait attention à la simplicité de ces moyens de
défense; si l'on tient compte de la forme carrée du
donjon , de la part si faible attribuée au logement, c'est-
à-dire au confortable de la vie ; si l'on étudie en outre
ces vieilles murailles aux parements réguliers formés de
moellons d'assise en pierres granitiques rectangulaires;
si l'on tient compte en outre du choix de la position ,
on ne peut douter que ce castel ne date des premiers
âges de la féodalité, c'est-à-dire du xi^ siècle. Le petit
nombre de documents historiques que j'ai pu recueillir,
et que je dois presque tous à l'obligeance de M. Alart,
archiviste du déparlement, ne contredisent pas une
opinion basée d'abord exclusivement sur des données
archéologiques.
La première charte connue qui fasse mention du
château de Cabrenç est de M4I (Marca, o99). En i207, le
sire Guillem-Ugo de Serralonga , avant de partir pour la
Terre-Sainte, fait son testament : on y lit la mention
d'un don fait par lui ad ccclesiam de Cabrencio; on y
signale en outre le (ief de Cabrenç comme étant sous la
déiK-ndance féodale du vicomte de Caslelnou, et comme
avant lui-même sous sa mouvance les (iefs de l'alalda et
163
de MoiUalba. On peut sciileincnl en conclure que le
château n'est pas postérieur au xiF siècle.
Il se pourrait bien d'ailleurs que, dans certains cas,
il Y ait eu confusion entre le château de Serralonifa et
celui de Cabrcnç; un instant même j'avais cru à une
identité complète, i^râces à l'inutilité de mes recherches
à Serralonga et dans les environs, pour retrouver d'an-
ciennes constructions. Dans le village lui-même, il n'y a
rien absolument qui puisse faire admettre l'existence
d'un château , et , chose assez curieuse , on ne voit
même dans ce centre d'habitation, qui est très-ancien,
aucune trace d'enceinte défensive.
Au sud et à quelques centaines de mètres de distance,
sur un petit mamelon isolé, très-inférieur au village,
existent bien les ruines d'un ancien château; mais, en
les examinant, j'y ai reconnu les marques distinctives
d'une construction du xvi^ siècle, et l'on dit encore
dans le pays que c'était une maison de campagne des
comtes de Ros. Je n'ai pu reconnaître sous ces ruines
aucune substruction antérieure.
Mais cette idée de ne faire qu'un château de ceux de
Serralonga et de Cabrenç, a dû céder devant une distinc-
tion positive faite entre les deux dans une charte de
1277. Seulement, où était ce château de Serralonga?
Quant à la chapelle Saint-Michel, il est probable
({u'elle est de la même époque que le château.
Tour 11° 4 . — Pour gagner le col de séparation entre
le château et la tour n*^ 1, et arriver à cette dernière,
le seul chemin praticable est de reprendre le sentier sur
le tianc ouest de la montagne. On peut, à la rigueur,
suivre les pentes de rocher qui partent du donjon ; la
voie est sans doute plus directe, mais elle est dangereuse
et praticable seulement |)our les gens habitués à la mon-
tagne.
Cette seconde construclion se compose, ainsi que
164
nous l'avons déjà dit, d'une tour centrale élevée au
point culminant du roclier, et d'une enceinte en maçon-
nerie qui se développe au sud, à l'est et au nord, mais
que l'on a juij[é inutile du côté de l'ouest à cause de la
hauteur et de la raideur de l'escarpement.
Parlons d'abord de l'enceinte extérieure. Elle est for-
mée par un mur de 1 mètre d'épaisseur; on ne peut se
rendre compte aujourd'hui de sa hauteur. Il est percé
de créneaux alternativement ouverts à deux hauteurs
différentes, ahn de laisser mieux voir le terrain. Celte
disposition se retrouve dans plusieurs anciens châteaux ,
et notamment dans celui de Cortsavy. Ils ont la forme
des créneaux actuels, mais sont très-rapj)rochés les uns
des autres. La porte regarde le sud, c'est-à-dire l'ancien
château que nous venons de quitter : le mode de ferme-
ture est le même que celui de la forteresse. Du reste,
ou n'entrevoit aucune préoccupation de llanqucment,
pour ce point faible, autre que celui des créneaux;
seulement un second mur, parallèle à celui dans lequel
est percée la porte, existe à 12 mètres en arrière et
forme une seconde enceinte, motivée sulfisamment et
par la présence de la porte , et par l'accessibilité plus
facile de ce côté.
La tour présente à l'extérieur la forme d'un prisme
octogonal très-irrégulier. Elle est isolée sur un massif
de rochers , remplacé vers le nord et vers l'ouest par
un mur de soutènement à parois très-inclinées, suivant
à peu près la forme de la tour, et dont la hauteur varie
entre 2 et 4 mètres. La porte qui est sur la grande face,
au sud-est, est à l"',60c au-dessus de l'assise de rocher,
et connue celui-ci est déjà presque à pic sur une hauteur
égale, on ne pouvait pénétrer qu'au moyen d'une
échelle. Eu l'escaladant, on pénètre dans une clunnbre
carrée de 4n\20'" de côté, qui était éclairée par une
pelile feiièlro d'architecture romane. Du reste, la tour,
165
dont les parties supérieures sont effondrées, ne s'élève
plus aujourd'hui qu'à 5 ou 6 mètres au-dessus du rocher;
les voûtes n'existent plus, leurs débris couvrent le sol
intérieur, et il est impossible de rien présumer sur ce
qui existait autrefois sans faire des fouilles que je ne
pouvais entreprendre.
Je me contenterai de faire remarquer d'abord combien
il y a peu de vide dans cette immense maçonnerie, puis
ensuite la disposition de ce vide (Voir le i)lan ci-aiiucxé).
Au lieu d'fMre au milieu de la tour, il est reculé vers le
sud-ouest, laissant ainsi une épaisseur qui atteint jus-
qu'à 5 mètres du côté du nord-est. Nous reviendrons
tout à l'heure sur cette disposition.
Quel fut le but de cette seconde construction? I.a tour
et son enceinte furent-elles une annexe du château
principal? La même bannière llotlait-elle sur les deux
donjons? La réponse à ces questions n'est pas douteuse.
L'histoire d'abord ne signale aucun autre lief rival et
voisin de celui de Cabrcnç; ensuite la preuve la plus
concluante de leur réunion, est dans rim|)Ossiblité pour
le petit castel de vivre en ennemi à côté de son puis-
sant voisin. Ce dernier devait être d'ailleurs bien insuf-
fisant, bien petit pour les seigneurs de Serralonga, et il
est tout simple qu'ils aient fait bâtir une annexe pour
suppléer à ce cpii leur manquait et à ce qu'ils ne pou-
vaient trouver sur la plateforme supérieure. Le système
de construction riudi{]ue bien clairement : c'est du côte
du château principal (pie sont tournées toutes les parties
faibles de l'ouvrage secondaire , c'est-à-dire les entrées.
En outre, c'est vers ce point (pie la tour a ses épais-
seurs de maçonnerie les moins considérables , taudis (|ue
l'on renforce énormément la seule partie accessible
opposée au château. Il n'y a pas danger, en effet, qu'une
attaque eu r('glc se fasse contre le côté sud; mais,
comme l'on |ieut craindre que l'on n'y tente (pielque
166
surprise nocturne, à cause des portes, on redouble
l'enceinte.
Toutefois, la communication entre les deux châteaux
était bien difficile, et peut-être serait-ce le cas de croire
à quelque passage souterrain allant de l'un à l'autre,
passage dissimulé avec tant de soin, ou tellement ruiné
vers ses débouchés, qu'on ne pourrait aujourd'hui le
retrouver. Le souvenir, au reste , n'en est pas absolu-
ment éteint dans la mémoire des habitants. Une légende
qui existe dans le pays, la seule qu'on ait pu me racon-
ter, parle de souterrains allant du château à l'extérieur.
Suivant elle : « Il était autrefois (style de conte et de
légende) un duc de Cabrenç, que ses cruautés et ses
rapines avaient fait détester de tout le pays. Suivant
l'usage , un pacte existait entre lui et le démon , grâces
auquel il avait pu construire un souterrain allant de son
château à Barcelone. Maintes fois, a la lin d'un repas,
manquant de quelque plat, il envoyait son écuyer par le
souterrain, et en quelques minutes celui-ci était de re-
tour, rapportant le plat demandé ». Supposons que le
souterrain aille seulement au second castel; que celui-ci
renferme les provisions de bouche, et voilà la légende
parfaitement expliquée. Qui sait si, en faisant des fouilles
dans la tour n» 1, on ne trouverait pas d'abord un étage
inférieur, chose fort probable, parce qu'il en existe dans
beaucoup d'autres tours, et puis à la suite un souter-
rain de connnunication.
D'après une autre version , cette tour, au lieu de ren-
fermer les provisions du château, servait de prison.
Rien n'empêche de croire à cette double destination,
dont la seconde surtout me semble très-probable.
Cherchons à déterminer, maintenant, l'épocpie de la
construction de ce second ouvrage. Les maçonneries de
la tour ont beaucoup d'analogie avec celles du château
principal , mais elles sont moins soignées ; les assises
167
des parements sont moins régulières , les pierres moins
bien taillées. Cette (JifFérenee est plus sensible encore
dans Tenceinte extérieure ; elle indique évidemment une
construction postérieure h celle du cbàteau, mais ai)par-
tenant toujours à l'époque romane : la forme de la
petite fenêtre, placée au-dessus de la porte de la tour,
en fait foi. Qui sait s'il ne faut pas voir dans cet ouvrage
l'accomplissement de l'engagement que prenait, en 1277,
Bernard-L'go de Serralonga de redire de novo , réédilicr,
une tour et une foriitudo dans le lieu de Serralonga ,
soit que l'on ait ici confondu Serralonga et Cabrenç ,
soit que Bernard-Ugo ait préféré faire tourner l'exécution
de sa promesse au profit du château de Cabrenç. On
retrouve bien dans ces constructions la tour, et les murs
qui l'environnent représentent la fortitudo.
Cette date de la fin du xiiF siècle s'accorde, du reste,
avec les inductions archéologiques que nous tirions tout
à l'heure de la forme extérieure du monument; car, on a
déjà remarqué bien souvent que les formes romanes se
prolongèrent plus longtemps dans le Roussillon que dans
le centre de la France, surtout pour des constructions
aussi reculées dans la montagne, et l'on s'en servait
encore au xiue siècle, bien que le gothique eût alors
prévalu dans les contrées plus septentrionales.
Tour »o 3. — Enfin, il nous reste à étudier une troi-
sième construction, la tour n» 2. Nous avons déjà dit
(pi'elle occupait le sommet d'un monticule naturel (pii
domine le col Balladou à l'ouest d'une part, et, de l'au-
tre, l'arête descendant à Serralonga vers le nord. Vue
du côté du sud, c'est-à-dire de la tour n» I, la tour
n« 2 a l'air d'être rectangulaire; mais, en s'en appro-
chant davantage, on y reconnaît six faces irrégulière-
ment disposées. L'intérieur est un lectangle de iu',20^
sur oni,70'' (Voyez les plan, coupe et élévation ). Il y a
trois étages, plus une plateforme supérieure. I.e rez-de-
168
chaussée a moins de hauteur que les deux autres étages.
Au-dessus de chacun d'eux est une voûte ogivale qui
supporte l'étage supérieur; la forme de l'ogive, assez
peu élancée, répond à la période moyenne de l'art
ogival.
La voûte supérieure , qui est en partie détruite , avait
une épaisseur que j'évalue a 1 mètre environ , n'ayant
pu la mesurer directement. Les voûtes intermédiaires
n'ont que 50 centimètres à la clef.
Le rez-de-chaussée n'est plus élevé au-dessus du sol
comme dans la tour précédente ; on y entre de plein-
pied par une porte percée dans la face qui regarde le
sud-est, porte large de in',20'"' et haute de 2m,20''; un
arc de cercle très-surbaissé, en forme le linteau. Les
communications d'un étage a l'autre sont organisées en
vue d'une défense intérieure, et rendues, par conséquent,
aussi difliciles que possible. Un escalier de 70 centimè-
tres de largeur, a marches très-élevées, est ménagé au-
dessus de la porte dans l'épaisseur du mur. Son palier
de départ est a 2"\80c au-dessus du sol ; on ne pouvait
donc y arriver que par une échelle que l'on retirait à
l'occasion.
Au premier étage était évidemment le logement de la
garnison. On voit encore dans celte pièce les restes d'une
cheminée, dont le vaste manteau est assez bien conservé.
Elle est placée dans le mur opposé h la porte; le tuyau
s'élevait dans l'épaisseur du mur; il est aujourd'hui
obstrué par les décombres.
La communication entre le premier et le deuxième
étage se fait absolument de la mêuie manière qu'entre le
rez-de-chaussée et le premier. 11 en est de même pour
arriver à la plateforme : seulement je n'ai pas marqué ce
dernier escalier sur la coupe. J'ai déjà dit que la plate-
forme était en partie détruite ; on ne peut donc allirmcr
qu'elle fût entourée d'un mur d'appui : mais cette pré-
169
caution me semble absolimient nécessaire à 15 ou 16
mètres de hauteur au-dessus du sol, et avec les vents
violents qui régnent dans le pays. Aussi l'ai-je indique
sur mon dessin.
Le rez-de-chaussée prend jour par la porte : (juand
elle était fermée, il devait y régner une assez grande
obscurité. Une fenêtre, située à hauteur d'appui, éclaire
le premier étage, la chambre habitée. iMais le second,
qui servait probablement de magasin et de passage pour
monter à la i)lateformc, ne voit le jour que par deux
créneaux inutiles d'ailleurs à la défense. On renianjue
encore une ouverture plus petite, située au-dessus de la
porte d'entrée, sous l'arcature qui recouvre l'escalier,
dans la partie peu épaisse du mur. Elle a évidemment le
double but d'éclairer cet escalier, et surtout (raccnblcr
de i)rojectiles les ennemis qui tenteraient d'enfoncer la
porte.
La défense de la tour est au reste toute passive; ni
créneaux, ni archères. Une attaque en règle n'était guère
à craindre en ce point; dans une attaque de vive force,
on ne pouvait essayer ni de ruiner des murs aussi é[)ais,
ni d'escalader une hauteur de 16 mètres d'escarpe. 11
fallait donc, de toute nécessité, s'attaquera la jiorle (]ni
avait le même genre de fermeture que celle in(li<piée
p(»ur la porte du vieux château, c'esl-à-diie deux traver-
ses horizontales, opération pendant laquelle les défen-
seurs (le la plateforme et ceux du premier étage pouvaient
accabler les assaillants de projectiles de toutes sortes.
Si, malgré ces dilférenles [»récaulions, la porte était
enfouci'c, l'ennemi i)énétrait dans le rez-de-chaussée;
mais il ne pouvait arriver au |)reniier, et il restai! soumis
aux coups (lu défenseur, raecablaiil de projecliles par
uii mâchicoulis ménagé à la voùle onivale contre l'esca-
lier. Il lui était donc dilUcile de se maintenir dans cette
position.
170
Ajoutons , pour en finir avec la défense de cet ouvrage,
qu'au pied de la tour régnait une petite plateforme de
3m,50c de largeur environ , dominant le sol environnant
de près de l"',50c, et enceinte d'un fossé qui pouvait
avoir 4 mètres de largeur en haut. Escarpe, contrescarpe,
fossé, tout est tellement ruiné qu'il est difficile de se
faire une idée exacte du prolil. Ce que l'on peut affirmer,
c'est que cette première enceinte , remplaçant des lices
en bois difficiles a établir sur le roc, était peu impor-
tante. Pour l'escarpe et la contrescarpe, on s'était con-
tenté d"une maçonnerie de pierres sèches; leurs talus
étaient doux et la profondeur du fossé, que l'on ne peut
guère évaluer aujourd'hui, devait être très-faible.
Celte tour est d'une époque évidemment postérieure à
celle où furent construits les deux ouvrages dont nous
avons parlé d'abord. La forme ogivale des voûtes suffirait
seule pour l'indiquer. Ainsi que nous le disions tout à
l'heure, ce ne fut guère qu'au xW siècle qu'elle pénétra
dans ces parties reculées du Roussillon. Ce serait au
plus tôt donc a celte date, qu'il faudrait faire remonter
la construction de la tour qui nous occupe. Un autre
indice, plaidant en faveur de cette opinion, est dans le
mode de parement employé. Il est beaucoup moins soigné
que dans les deux ouvrages précédents, pour lescpiels
l'ouvrage est uniforme et ressemble h un mur de jjierres
de taille, pour les parements. Dans la tour n" % la
pierre de taille a été économisée; on n'en a mis qu'aux
angles et aux entourages des portes et fenêtres. Pour le
reste, on s'est contenté de moellons plus petits et taillés
moins régulièrement. C'est un style de décadence, riche
encore, mais toutefois inférieur aux précédents. Cette
gradation est en parfait accord avec les différentes {)hases
par lesquelles passe la féodalité. Riche d'abord et toute
puissante, elle développe tout le luxe possible dans des
constructions qui font en même temps son honneur et
17t
sa force. Mais dans sa lutte contre l'antoritc royale, elle
|)enl successivement du terrain; sa fortune, sa puissance
vont en diminuant du xiiie au xv^ siècle, et cette déca-
dence se fait sentir progressivement dans les construc-
tions qu'elle élève.
Mais revenons à notre tour, que des considérations
générales nous ont fait un instant abandonner. Pourquoi
avoir élevé ce monument, alors qu"il en existait déjà
deux autres si rapprochés? La réponse a cette question
ne me send)le pas douteuse. Le château et la première
tour sont des monuments punMnent militaires, dcsliués
au Seigneur, à ses hommes d'armes, à ses richesses.,
à ses prisonniers : leur faible capacité suilit à peine à
tous ces besoins. Il en est cependant un autre à salis-
laire , et d'autant plus impérieux que la puissance du
haut baron est plus menacée : c'est celui d'être prévenu
des mouvements ennemis , et d'en prévenir les châteaux
voisins. On aurait pu, a la rigueur, organiser ce service
spécial sur le donjon du château ou sur la première tour;
mais tous les deux étaient nécessaires h la défense, et la
lour n" 2 fut construite dans ce but. Tout vient Tindi-
(pier : son organisation défensive est faible, toute passive,
et destinée a une très-petite garnison; sa hauteur est
considérable , et elle découvre beaucoup mieux le village
de Serralonga et les plateaux intermédiaires cpie les deux
autres ouvrages, dont elle dépend d'ailleurs évidemment,
car ici encore la porte et le côté faible des maçonneries,
se trouvent dirigés vers la tour n" 1, tandis que l'on a
renforcé la partie opj)osée.
172
NOTE SUR UN PHÉNOMÈNE D'OrTIQUIÎ
OBSERVÉ AU SOMMET DU CANIGOU ,
Par M. At Ratheau , capitaine, chef du Génie, à Âmélie-les-Bains,
membre résidant.
La plupart des louristes qui tentent l'ascension du
Canigou , cherchent h se trouver au sommet au moment
du lever du soleil, afin de jouir d'ahord de ce spectacle
imposant, et puis aussi parce que souvent, à cette heure
matinale, l'atmosphère n'est pas encore ohscurcie par
les vaj)eurs que développe la chaleur solaire : on distin-
gue donc mieux dans le lointain.
Sans doute le lever du soleil est un magnifique coup-
d'œil ; mais est-ce la seule chose a voir quand on s'élève
ainsi au-dessus des régions habitées? Sont-ce bien le
ciel et sa transparence, ses couleurs vertes et roses,
l'éclat des premiers rayons solaires, émergeant du sein
de la Méditerranée, qui attirent l'homme sur ces cimes
perdues? Ce spectacle et la vue du contraste qui existe
entre les sommets déjà dorés par une lumière éblouis-
sante et l'ombre dans laquelle sont plongées les vallées,
sont faits sans contredit pour être admirés; mais ils
sont tellement brillants, qu'au bout de peu d'instants
l'œil fatigué cherche à se soustraire à leur clarté. Alors,
se portant vers le côté opposé, il aperçoit la camj)agne
magnifiquement éclairée; les moindres détails se dessi-
nent avec une admirable précision, et bientôt le touriste,
emporté par l'intérêt que lui (irésente celle terre (pi'il
habite, ravi de la ncttelé du coup-d'œil et d'une luuiière
qu'il supporte cependant sans fatigue, oublie toutes les
splendeurs du ciel.
C'est qu'en effet, pour bien voir un paysage, il faut
173
avoir le soleil derrière soi; sinon sa luniiôre éclalante
aveugle el plonge les objets dans un brouillard lumineux
au milieu duquel ils vous écliappent.
Or, lorsque l'on est au sommet du Canigou, la vue
est bornée au nord, à Touest et au sud-ouest, par une
série de montagnes; rien ne l'arrête au contraire vers
le département de l'Hérault, vers une partie de celui
de l'Aude, vers la plaine du Roussillon el celle de
l'Ampourdan , c'est-à-dire dans les directions du nord-
est, de l'est et du sud-est, contrées qui seront mieux
éclairées pour l'observateur le soir que le matin.
C'est en suivant cet ordre d'idées, que je m'arrangeai
pour atteindre le but tant désiré , entre trois et quatre
heures de l'après-midi. Le temps d'abord très-clair com-
mença à s'obscurcir pendant notre séjour au pic; les
nuages se formaient peu à peu , et rampant au-dessous
de nous, le long des lianes de la montagne, ils mena-
çaient de nous entourer complètement. Un d'eux surtout
se rapprochait davantage; il s'élevait dans cette ravine
profonde qui, partant de la pointe Est du pic , est l'ori-
gine du torrent descendant à Taurinya et à Saint-Michel-
de-Cuxa ; la neige, qui rem|)lit toujours le fond de
celle crevasse, lui communiquait sa blancheur.
Nous suivions avec intérêt sa marche menaçante,
lorsqu'un phénomène inattendu se présenta à nos re-
gards : nos corps , situés entre le soleil et le nuage ,
projetaient sur celui-ci des ombres d'autant plus tran-
chées , que l'écran sur lequel elles étaient reçues , otfrail
une surface plus blanche et plus éclatante. Nos silhouet-
Ics nous scudilaient donc ressortir en noir sur un fond
lumineux; mais ce qu'il y avait de curieux, de magiiiue,
on peut le dire, c'est qu'au-delà de celte zone lumineuse
de très-peu d'étendue, se déroulait un magnili(pie aro-en-
ciel , eiilourant l'image ou ombre du s[)eclat<'ur comme
une vérilablc auréole. Son arc mesurait environ 270"
174
et n'était arrêté à droite et à gauche que par Tombre
portée de la montagne , sur laquelle l'image venait aussi
reposer. Nous étions cinq personnes réunies au pic, et
toutes cinq nous pûmes jouir, pendant plus d'un quart
d'heure, d'un spectacle que nos deux guides n'avaient
jamais aperçu, dont ils n'avaient même jamais entendu
parler. Il n'est pas inutile d'ajouter que si chacun
apercevait distinctement sur le nuage les ombres de
ses voisins, la sienne seule était, pour lui, nimbée des
couleurs du spectre.
Il est impossible de décrire l'espèce de ravissement
dans lequel nous plongea ce spectacle vraiment féerique,
qui finit par absorber notre attention aux dépens même
du panorama que nous étions venus chercher si haut.
Son explication n'offre, du reste, aucune dilficulté, et
elle est absolument semblable a celle de l'arc-en-ciel
ordinaire : l'œil, sommet d'un cône dont la base était
l'arc-en-ciel dessiné à la surface du nuage, percevait les
différents rayons de la lumière décomposée par les vési-
cules globuleuses, lesquelles, suivant leur position,
émettaient, a partir de l'intérieur, des rayons successi-
vement rouges , orangés , jaunes , verts , bleus , indigo
et violets. La seule différence avec le phénomène habi-
tuel, provenait de ce que l'observateur étant très-rappro-
ché du nuage formant écran , son ombre s'y projetait
d'une manière distincte, et, en même temps, le rayon
de l'arc-en-ciel qui l'entourait, devenait très-petit.
D'après ce que nous venons de dire, il faut, pour jouir
de ce spectacle, que le soleil brille , qu'il y ail des nua-
ges en dessous du pic, et enfin que l'observateur soit
juste entre le soleil et ces nuages. La réunion de ce
concours de circonstances sera évidemment très-rare;
mais nous la souhaitons à tous les touristes, qui rappor-
teront alors de leur ascension un souvenir qui ne
s'effacera jamais.
17^
niËIIOIRESi
POUR SERVIR A UNE DESCRIPTION GÉOLOGIQUE
DU DÉPARTEMENT DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.
I.
NOTICE GÉOLOGIQUE SUR LES ALBÈRES,
Je sciences
Par r,I. A. F. MOOCKS, liMiicié es-sciences, professeur do
pliysiqiies et naliirelles i Feeole de Soièze , membre de la Soeiélé jjiolo-
giiliie de Franee , associé correspondant de TAcadémie Impériale des
sciences de Toulouse, de la Société Impériale d'Ajjricullure , d'Histoire
Naturelle et des Arts utiles de la ville de Lyon , de la Société Linnéenne
de Bordeaux, etc., etc.
Albères. — Les Albèi-es forment un chaînon allonijé
qui s'étend du col du Perthus a la mer. A son extrémité
orientale, la petite chaîne montagneuse se termine par
des escarpements profonds et des caps aigus cpii baignent
leurs pieds dans la Méditerranée. La mer, à ses heures
de fureur et de colère, vient éteindre son ressentiment
sur ces grèves schisteuses ou granitiques dont les anfrac-
tuosités recèlent des baies tranquilles et peu profondes
de ce côté, comme pour faire place, entre ses plis, aux
poi)ulations actives qui Tliabitent, et leur donner accès
à la mer; la chaîne albérienne se déjelte, se découpe en
anses étroites et en falaises accidentées.
Du nord au sud, elle s'étend depuis les premières
rampes moniagneuses que l'on gravil près d'Argelès-sur-
176
Mer, jusqu'au petit golfe de Roses, en Espagne. La
région occidentale des Albères ne présente point, du
nord au sud, un développement aussi considéralile que
la partie de la chaîne qui se limite a la mer. Les divers
massifs pyrénéens se rattachant au Canigou, et qui acci-
dentent si étrangement le paysage aux environs de Cérel
et d'Arles , se soudent aux Albères dans cette portion
du chaînon. Les rampes rapides et grandement inclinées
se succèdent du Boulon au Porthus; mais, à partir de la
Junquère (Espagne), elles perdent rapidement de leur
inclinaison : la pente générale du terrain va en dimi-
nuant jusqu'à la plaine de Figuères.
Cependant, sur le versant espagnol, se montrent les
escarpements les plus abruptes et les plus sauvages, et
si le voyageur ne doit ni les tourner ni les franchir,
c'est que la grande route est tracée dans une dépression
naturelle du sol , sur les dernières ondulations du col
du Perthus.
En suivant la route de la Junquère h Figuères, l'ob-
servateur voit a sa gauche les roches albériennes prendre
des formes pittoresques; tantôt elles affectent l'aspect
de murs bizarrement démantelés; tantôt elles se dessi-
nent au lointain comme une suite d'immenses châteaux-
forts, ruinés par le temps
A l'ouest du col du Perlhus se développent les massifs
montagneux de Riunoguès, de Maureillas , de Céret et
d'Arles, qui vont, en se ramifiant, se rattacher au
Canigou, qui les a très-sensiblement influencés en pre-
nant son relief actuel.
La région montagneuse de la haute vallée du Tech,
si agreste , si verte et si fraîche , que de hautes monta-
gnes abritent contre les vents violents qui lourmenlent
la plaine, prend, d'une manière grossière pourtant, une
177
loi 11113 courlio, doiil le Tech suit un des diamètres, à
parlir de la Preste à Palalda.
Au sud de cette petite et pittoresque région pyré-
néenne, se montrent les montagnes de Coustouges; celles
de La Manère, de Cam|)redon et de San-Juan, avec leurs
granités variés , leur terrain de transition et leurs grès
rougeâtres, triasiques ou lionillers et crétacés.
Au nord, s'élèvent en pyramides aiguës, les massifs
de Cortsavy et de Moniholô qui forment, dans cette al-
pestre contrée, les rampes limites du Canigou
La petite chaîne des Albères se dirige ouest, un peu
nord, est un peu sud, ou sensiblement 0. oO" JN.-E.
30° S. Elle est formée d'un axe granitique, dont le
soulèvement a relevé et déjelé les couches paléozoïques
(|ui s'ap|)uient avec des inclinaisons diverses sur ses
deux versants '''.
La forme générale des Albères est celle d'un cône
surbaissé, dont les faces latérales sont fortement inclinées
sur l'axe du solide, et comme écrasées; en sorte que la
base, au lieu d'être un cercle, a |)ris la configuration
d'une elli|)se fort allongée dont le grand axe, ou le plus
grand diamètre , se dirige de l'est un peu nord à l'ouest
un peu sud. Chaque petit massif du chaînon , pris en
particulier, alfecte bien la forme conique; mais l'ensem-
ble de la chaîne présente une ligure plus compliquée.
La chaîne des Albères est fracturée et déchirée par
des fentes transversales où se montrent de petits vallons
charmants, qui sont autant de riches et frais vergers.
Des ravins rapides descendent en limpides cascades, des
(I) .Pai i-ccomiii (|tie les principales crêtes ou aréles des Albères, avaient
les (liieelioiis siiivaiiles : 1° crête, du Pertlius a Harasens, 0. 50" N. -!•!.,
SU" S ; 2" (lu iioril du bois de llaoaseus, idem; 5° créle à l'est de eeil,' ci,
direction O.-!].; 'c cnUe du pic de Salfare à les l'ils, 0. GO" N.-E. tiO" S.;
o" ciéle de lu tiiui' de Cnroch, O.-K.
19
178
hauteurs où ils naissent, pour aller se jeter, ceux du
versant septentrional, dans le Tech ou la mer, tandis
que ceux du versant opposé vont porter leurs eaux ii la
Mouga. Ces petites vallées transversales, sont fortement
encaissées h leur origine; le ravin qui en parcourt l'axe
y trouve juste la place pour étaler ses eaux. Puis, elles
vont en s'évasant a mesure qu'elles s'éloignent des som-
mités montagneuses ; en sorte qu'on pourrait les com-
parer à la section horizontale d'un immense entonnoir
couché, dont la houche ou la grande ouverture évasée
regarderait le Tech, tandis que le tube ou la petite
ouverture serait appuyée contre les rampes albériennes.
Les petites vallées transversales, sur le versant français
comme sur le versant espagnol , sont sensiblement per-
pendiculaires à la direction générale du chaînon; en
négligeant les mille sinuosités qui les accidentent, elles
se dirigent du sud au nord.
La série secondaire manque complètement dans les
Albères (^*. Je n'y ai point observé aucun membre des
terrains triasiques, jurassiques ou crétacés.
Dans les vallées du Tech et de la Mouga, les terrains
tertiaires les plus récents s'a[)puient sur les premières
strates schisteuses de la chaîne; on les voit surtout bien
à découvert a Nidolères, Banyuls-dels-Aspres, le Bou-
lon, Vilellongue-dels-Monts, etc., partout on le sol a
été profondément raviné. Dans la vallée de la ÎMouga, en
Es[)agne, se montrent aussi les couches fossilifères de
Nidolères, de Nelïiach. iMais tous les étages tertiaires,
situés à un niveau inférieur a ces dépôts subapennins ou
posl|tyrénéens, manquent complètement dans les vallées
du Houssillon. On n'y trouve rien que l'on puisse assi-
(I) Je 110 ranjje pi)iiit dans les Ailii'i'os, les lii'piMs secoiidalii s d'Ainclii'-
les-lJains, do La iMani'i'o , do ('(lustoiigos <'l du lias'iii siipt'i-ioîir do la
Miuii'.a ; les AIIhmos , |ioiii' nous, s'iMoi'.doiit du cid du l'ciiliin à la
Mi'dilcnanoo.
179
miler aux couches éocéniques el miocéniques de l'Aude,
delà Provence, etc.; pour trouver, dans le pouitour
méditerranéen, des sédiments tertiaires l'ranclicment
contemporains de ceux des Pyrénées-Orientales, il faut
aller jusqu'en Italie, aux pieds des Apennins. Cependant,
on connaît dans l'Hérault , dans la Provence et dans la
vallée du Rhône, des dépôts que l'on rapporte générale-
ment à l'époque suhapennine. Los mouvements du sol,
lents ou hrusipies, qui ont l'ail émerger les dé[)ôts de
l'ancien pliocène, ont affecté, d'une manière sensible, le
chaînon des Albères. On reconnaît h sa base des traces
évidentes de ce mouvement. Cette dislocation a produit
cette ride de collines sableuses ou argileuses, qui longe
les deux rives du Tech, en s'éievant jusqu'à la hauteur
de Vilellonguc-dels-Monts. Ces collines, allongées par
leurs caractères lithologi(iues et orogra|)hiques, se dé-
tachent parfaitement de la partie centrale de la chaîne,
plus vieille (ju'elles. L'effort intérieur, qui s'est propagé
le long de la Méditerranée, avec des intensités variables,
selon les résistances des couches qui le transmettaient,
s'est en partie amorti contre les roches solides el com-
pactes qui forment la base des Albères déjà montueuses
à cette époque
Constitution géologique. — Les terrains de transition
ou paléozoïques et les roches azoïques, sont les seuls
dépôts slratiliés (jui se montrent sur les hauteurs des
Albères. Ces divers dépôts ont été soulevés par la dislo-
cation du sol, qui adonné une première forme au chaînon.
Ce sont des gneiss, des micaschistes, des schistes ou
pli\llades aux couleurs vertes ou bleues, el des calcaires
cristallins. On y trouve, associés à ces roches ou au
granilo , de la tourmaline cristallisée, des crisi;uix de
feldspath, des grenats , de^ lames de mica, du (|uarlz
hyalin , du quartz compacte el des njinéraux métallifères.
180
Pour étudier, daus un ordre régulier et rapide, la cons-
titution géognostique du chaînon des Albères, suivons
les diverses couches slratifiées qui se montrent à décou-
vert a sa base, jusqu'au granité qui les a soulevées.
L'observateur qui pénètre |)Our la première fois dans
les petites vallées transversales des Albères, est frappé
de l'ordre qui règne dans la disposition de ces couches,
dans la symétrie de leurs plans. Aux dilférentes vallées,
les mêmes dépôts se retrouvent, presque à la même
hauteur, avec des caractères identiques de composition
chimique et de relations stratigraphiques. Chacune d'elles
représente en raccourci, comme en miniature, la struc-
ture générale du chainon; de sorte que l'étude complète
d'une petite vallée fait connaitre la constitution de
l'ensemble.
A l'aspect de ces masses rocheuses aux lignes brisées,
si fièrement accusées, on dirait que tout est confusion;
cependant, c'est la que l'œil du géologue signale
l'harmonie et l'ordre le plus constant. Ces troubles ap-
parents dérivent des lois que la nature a inscrites dans
ses œuvres en caractères immenses.
Transportons-nous d'abord dans la petite vallée de La
Roque-d'Albères, au centre du chainon; pénétrons dans
ces gorges étroites et |)rofondes comme des abimes
creusés dans la roche vive, flemontons le cours de la
rivière qui passe à l'ouest, au pied de la colline qui
porte la tour , l'ancien chàteau-fort et le village de La
Roque.
Ce village est bâti entre deux hautes collines diluvien-
nes, formées d'argiles compactes, plastiques à teintes
jaunâtres, couronnées par des dépôts de cailloux quart-
zeux ou graniti(]ues, descendus des parties élevées des
Albères. L'une de ces deux collines, la plus occidentale,
porte une grandi; portion du village; celle qui se déve-
loppe au sud et à l'orient , beaucoup plus élevée, pré-
181
sente, sur sa liaiiteur, une surface sensiblemenl lioii-
zontalc, ou peu inclinée, où se trouvent de riches
jardins Iruitiors.
[.es dépots détritiques, diluviens on glacières, se mon-
trent partout, recouvrant les sciiistes anciens, dans ces
vallées si intéressantes et si peu connues des géologues.
Kn sortant du village pour se diriger vers le sud , la
première roche que l'on trouve en place, est le schiste
de transition , qui se montre dans toutes les dépressions
du sol et dans tous les points assez profondément ravi-
nés pour mettre la roche à découvert.
Ce schiste ancien, bleuâtre ou verdàtre, par ses tein-
tes obscures, tranche comme une ombre portée sur le
fond de ce paysage éblouissant de lumière et de verdure.
La roche se nuance parfois de couleurs rougcâlres ou
ocreuses, qui dénotent la présence du fer et des pyrites
en décomposition. Sur les tranches des anieurements, le
schiste prend une texture compacte; il s'imprègne d'élé-
ments qnarizeux qui augmentent la dureté et fa solidité
de la roche.
Ces couches de sciiistes ne se divisent pas très-aisé-
ment en feuillets; la division de ces plaijues tégulaires ,
si bien apparentes ailleurs, dans d'autres dépôts schis-
teux, est masquée ici, soit par des contournements ou
des plissements qui affectent profondément les couches,
en leur imprimant des caractères extérieurs parliculiers,
soit par des décompositions sur place de la roche schis-
teuse.
Au point que nous venons de signaler, le schiste de
transition plonge de 60" vers le X. iO" E. On le retrouve
conservant ces mêmes caractères stratigraphiques dans
les parties inférieures de tous les ravins profonds (pii
avoisinent La Roque. Que l'observateur se rende au
bois de M. Malsach, ou au-delà de la métairie de
M. Bertrand, etc., partout le schiste lui ajqiaraitra com-
182
me formant la couche supérieure dos terrains anciens
dans cette partie des Albères. Kn remontant le cours de
la rivière de La Uo(|ue, on voit le schiste alllourer par-
tout jusqu'à la hauteur de la Font de l'aram. Au gouflre
du findl (terme du pays), la gorge, déjà fortement
encaissée en sortant du village, devient, par des escar-
pements schisteux, impraticable à tous piétons autres
que les hardis hahitanis du pays. Il faut alors (juiltcr le
lit du ravin pour les petits sentiers escarpés qui courent
en zigzag sur les deux rives; un pont, aussi simple que
pittoresque, les réunit au-dessus du gouffre du Tinell;
deux longues poutres, jetées sur un mur naturel que
prétendent soutenir deux assises parallèles de j)ierres
cimentées, réunissent les deux bords opposés de la
rivière.
Mais l'art qu'aurait-il à faire ici? La nature a tout mis
en oeuvre pour imprimer à ces lieux une physionomie
de grandeur et de solitude qui porte l'esprit à la médi-
tation. Les âmes qui aiment à s'isoler, à vivre en elles,
qu'elles aillent habiter ces retraites si vertes et si soli-
taires des Albères ! On va souvent chercher en Suisse
des sites charniants, gracieux ou coquets; les amants
de la belle nature, les artistes, les poètes, les naturalis-
tes, trouveraient ami)lcnient à moissonner dans nos
belles montagnes, moins bruyantes que les grands foyers
de réunion du centre de la chaîne des Pyrénées.
J'ai revu , après une absence de seize années, ces
charmants vallons des Albères; enfant de ces monts, je
leur rends aujourd'hui un juste tribut d'admiration et
d'amour lilial!
Au gouffre du Tinell, le schiste s'incline un peu moins
qu'à la sortie du village de La Roque ; il plonge vers le
N.-E. avec une déclinaison d'environ iu"; il est recou-
vert par de puissants dépôts détritiques, formés de cail-
loiix (Je {,'i;iiiilc, gneiss, (inarlz, schistes, mais siiriuut,
granité et gneiss.
I/arrangement de ces caillonx indicpie qu'ils se sont
déposes en dehors d'une eau tran{|uille. Ils sont placés
sans ordre, sans stratillcation les uns par rapport aux
autres; les gros sont mélangés avec les petits, lis sont
légèrement arrondis, leurs angles un peu émoussés. Mais
à leur forme, on voit fpi'ils n'ont pas été long-temps
roulés. Ce sont des dépôts plutôt glacières (jue diluviens.
.Jusqu'à ce que de nouvelles études aient décidé de
leur origine, et pour ne rien préjuger, j'ap|)ellerai dépots
détn'liqiics ces masses de cailloux et de déhris de roches
qui recouvrent les schistes et les micaschistes dans les
petites vallées transversales des Alhères.
Sur la rive gauche de la rivière (de La Roque), ces
dé|)ôls atteignent une épaisseur considérable; une petite
conduite d'eau, qui les coupe vers leur hase, permet de
les suivre sur une longueur (|ui laisse ai)ercevoir les
divers accidents de la roche. A leur surface, ils sont
colorés en rouge ocreux })ar un sable ferrugineux; par-
tout on voit suinter, h travers ces couches, des eaux
minérales acidulés avec des principes ferrés.
La rivière a enlevé , dénudé ces puissants dépôts dé-
lriti(]ues; elle a usé, limé, corrodé le schiste, rompu
et emporté les solides barrages qu'il formait ; par son
poids, elle a miné la roche solide et creusé dans sa
masse une cavité arrondie comme une cuve (de là, le
nom de tinell, tina ; tonneau, cuve).
Lors(|ue les eaux gonllent le torrent, les blocs de gra-
nité descendent des hauteurs de la montagne , violem-
ment poussés j)ar les eaux; ils ne s'arrêlenl, dans le lit
de la rivière, ([ue lorsipie la pente devient moins rapide.
Telle est l'origine de ces lourdes massesde granité, dont le
volume arigmenlc à mesure que l'on s'élève, et que l'on
voit dans toutes les gorges étroites des Albèrcs.
184
Le schiste paléozoïqiie, d'un gris bleuâtre en masse,
donne, par la trituration, une poudre grise, qui, à une
forte loupe, laisse apercevoir des cristaux blanchâtres,
agglomérés au milieu d'une poussière grisâtre. Os
grains de quartz sont beaucoup |»ius apparents lorsqu'on
a traité le schiste pulvérisé |)ar l'eau régale, et qu'on a
desséché le résidu solide; j'en ai isolé d'assez gros pour
rayer le verre.
La liqueur llltrée précipite abondamment en bleu de
Prusse par le ierro-cyanure de potassium ; par la potasse
ou l'oxyde d'ammonium, elle donne un précipité rougeàtre
de sesquioxyde de fer.
Quand tout le 1er a été précipita;, la liqueur Idtrée se
trouble par l'acide sulfurique, et laisse, après im re[)OS
de quelques heures, un dépôt blanc ; la même liqueur
précipite en noir par le sulfure d'ammonium (sulphydrate
d'ammoniaque).
Le schiste paléozoique des Albèrcs, outre la silice et
l'alumine combinées qui forment la base essentielle de
celte roche , renferme aussi de la silice libre , du Ter et
des traces de plomb probablement à l'état de sulfure.
Mais dans réchanliilon que j'ai soumis à l'analyse, même
a la loupe, je n'ai distingué aucun vestige de galène en
liberté; à peine y ai-je aperçu quelques cristaux micros-
copiques de pyrite de fer. Je n'y ai trouvé, non plus,
aucune trace d'êtres organisés
A la hauteur de la source minérale acidulo-ferrugi-
neuse, connue dans le pays sous le nom de Font de
l'arani ('', commencent à si; montrer les roches azoiques
stratifiées. Les micaschistes resserrent, de [ilus en plus,
(I) Ce qui si(;iiilie l'oiitaini' lie riii\ic. Celle source, foiliMneiit iliai|;ée
de principes leniigiiieut , (loiiiio un dé[)ol rougc-ocieux, (jin' les Iiai>ilai.ls
(lu pavs (loiveiil avoir \iy\^ pnur ilii cuivre faram).
18,-)
le lit delà rivière, entre leurs masses solides, coinnie dans
un élau; la gorge va se rétrécissant; les deux rives escar-
pées semblent vouloir se toucher comme pour se réunir
encore une fois, malgré le soulèveuient qui les a sépa-
rées. I.e |)aysage devient de plus eu plus sévère; en
s'élevant, la solitude se fait autour do soi; les bruits de
la plaine, les sons du village n'arrivent plus à l'oreille;
seul le choc de l'onde contre le rocher, ou son heurte-
nienl contre elle-même, lrou])leut le calme imposant de
celte sévère, mais charmante Thébaïde. Parfois, pourtant,
le marlin-pècheur (rt/(7Y/o ispida , \àu.), le merle des
rochers {tnrdiis saxatilis, Lath.), la grive {lurdus musi-
CHs, Lin.), le bécasseau coconrli [Iringua suharcuala,
Tcm.), le roitelet (regulus cristatus, Lath.), marient, à
celle de l'onde, leur voix aiguë ou harmonieuse. La
soiH'ce de Vamni sourd au pied d'un escarpement verti-
cal, constitué par un épais dépôt détritique, qui repose
sur le micaschiste. L'eau minérale arrive à l'extérieur par
une galerie profonde, (jui parait être une ancienne re-
cherche de mine; du reste, on trouve, sur |)Iusieurs
points de la vallée, au contact du schiste ou du mica-
schiste et des roches granitiques, des traces d'anciennes
exploitations métallifères. Ces cavités souterraines, que
l'imagination a |)euplées et poétisées, jjassent, auprès de
vieilles feunnes du pays, pour le séjour des fées malfai-
santes I ciicitidada-'i).
La légende locale raconte des récits merveilleux , (jui
paraissent autant d'exagérations [>oéti(|ues de l'histoire
métallurgi(iue de celte région. Dans ces fées, qui vivent
sous terre, ne reconnait-on pas un peuple de mineurs,
peut-être étrangers à la contrée?
La première roche az<tïque stratifiée qui se montre à
découvert, à la fontaine de Vinaui, recouvrant imuK'dia-
tement le schiste, est une espèce de gneiss ou d"hyalo-
micle essentiellement composé de ([uailz et ;1(' mica.
18fi
A la loupe , on distingue très-bien le (juarlz en gros
grains agglutinés ou en cristaux à angles émoussés, avec
l'éclat de la silice cristallisée et demi-transparenle. Cette
roche, grossièrement pulvérisée, donne une poudre qui
parait, à la loujie, comme un beau sable blanc quart-
zeux. Un ciment ordinairement rougeàtre unit les élé-
ments qui la constituent; à peine on y distingue des
traces de felspath.
Le mica est blanc, d'un aspect argentin, en petites
lamelles nacrées ; mais il est peu abondant. A la simple
vue, la roche, lorsqu'on l'entaille au vif, brille d'un
certain éclat, que l'on serait tenté d'attribuer aux lames
de mica. Mais un examen attentif, à l'aide d'un instru-
ment grossissant, montre que ces rellets lumineux sont
dus surtout aux facettes cristallines du quartz.
Sur certains points, l'élément ferrugineux domine;
alors la roche prend une teinte ocreuse ou rougeàtre qui
indique sulïisamment une modilication dans sa composi-
tion. Parfois elle passe à un gneiss; mais jamais, cepen-
dant, elle n'affecte franchement la forme et la structure
de cette dernière roche granitique.
A l'aide d'une bonne loupe montée, j'y ai distingué,
parfaitement, des cristaux très-petits, groupés, d'un vert
très-franc, que j'ai cru devoir rai)porter à rémeraude(?).
J'y ai encore vu des cristaux noirs, excessivement petits,
dont je n'ai pu déterminer l'espèce minérale.
Avant d'arriver a la hauteur de la fontaine, dite de
Las Ballayras , la roche quartzeuse que je viens de
décrire passe à un micaschiste, incliné comme elle vers
le A. ()0o E.
Cette dernière roche est fossile, feuilletée, un peu
friable à la surface; les petites tablettes qui résultent de
sa division, se brisent facilement lorsqu'on les presse
entre les doigts , en les faisant porter à faux sur l'un de
ces organes, et en ap{iuyanl sim' l'cxln'mité opposée.
187
Sa couleur générale est le hianc gris, mélangé de
teintes jaunâtres ou vcrdàtres. Par ses fissures, posté-
rieurement à son dépôt, a pénétré un principe lérrugi-
ncux (pii colore quci(pies-uns de ses points d'une ma-
nière jiius vive. A la loupe se montrent le (piartz et le
mica, presque avec tous les caractères de la roche pré-
cédente, qui, du reste, ne diffère de ce micaschiste que
par le manque de fissililé.
En attaquant, par l'acide nitrique à froid, le mica-
schiste grossièrement pulvérisé, on constate une légère
effervescence. En examinant le phénomène à la loupe,
on reconnaît que l'attaque nitricjue n"a lieu que sur les
points colorés en rouge |)ar la présence du iér, qui se
trouve donc h l'état de carbonate dans cette roche.
La dissolution acide précipite en hieu par le ferro-
cyanure de potassium; à chaud, la réaction, sans déga-
gement de vapeurs rulilantes, est bien autrement active
qu'à la température ordinaire, et le précipité produit par
le prussiate jaune de potasse, Irès-volumineu.x.
Les schistes et les micaschistes, |)ar leur déc()nq)()si-
tion et leur mélange avec les détritus des matières orga-
nicpies, donnent un sol actif, à pentes inclinées, où
croissent et se développent rapidement des essences très-
variées, le châtaignier, le micocoulier, le chêne-liége, etc.
L'observateur qui [)art de la plaine pour s'élever vers
les sommités des Albères, passe à travers |)lusieurs
zones végétales bien distinctes. Uans les parties les plus
basses et les plus chaudes des vallées de La lîoipie,
Sorède, Argelès-sur-Mer, etc., se montrent les oliviers
au téuillage jiâle; puis, mi peu plus haut, les châtaigniers
et les micocouliers aux liges élancées; ensuite vieniienl
les chénes-liéges, les chènes-verts; enlin, les hêtres qui
vivent dans les forêts des régions élevées et froides du
chaînon.
A partir de la hautetir de Las ndllai/nis, juscprà la
188
prise d'eau (|iii alinienle les moulins do La Uoque, ou
voit constamment allleurer le micaschiste ou le gneiss.
Ce gneiss, qui a une tendance à se diviser en gros
feuillets ou en tables épaisses, par ses brisures ou par
les dislocations de ses plans, forme h la prise d'eau
même des escarpements rapides et pittoresques. Sur la
rive gauche de la rivière s'élèvent des masses gneissiques
passant à un granité stratifié, dont les pentes verticales
montrent les précipices connus dans le pays sous le
nom d'Esanraitcas.
Le torrent, encaissé entre ces roches et celles iden-
tiques qui se dressent sur la rive droite, pour fermer
les rampes de la Sparmguera , semble seul conmiander
dans ces lieux abruptes. Au milieu de cette nature sau-
vage, sa voix domine toute autre voix.
Et c'est pourtant sur ces cflVayants précipices, sur les
lianes escarpés de ces gorges profondes et étroites , que
sont indistinctement tracés les sentiers glissants où les
intrépides habitants des Albères marchent avec la même
assurance qu'un voyageur sur une large route horizontale !
A partir de là, la gorge se resserre brusquement; les
deux rives opposées se touchent presque ; à peine une
distance de quelques mètres sépare leurs bases. On
est en plein dans la montagne; le cours du ravin ne
peut être plus longtemps remonté; on le voit tomber, de
cascade en cascade, en étalant ses eaux en blanches
gerbes juscpi'aux environs de liocabclla.
Le gneiss ou granité stratifié que je viens de signaler,
est fortement disloqué ; l'ensemble des couches incline
vers le nord; (|uelques-une^ sont verticales, d'autres ont
été renversées et se montrent avec une inclinaison
anormale vers le sud.
Sur certains points, le gneiss passe au micaschiste
comme on l'observe en grimpant vers les hauteurs de la
métairie de la Spimvguira.
189
On distingue parfailemenl, même à Tœil nu, les
divers minéraux qui constituent cette roche granitique.
Le mica , disposé en rangées sensiblement parallèles, est
noir ou gris-noiràtre; [)arlois il prend des reflets d'un
vert très-pâle.
Le (juartz s'y montre avec son aspect vitreux et trans-
lucide ; il est relativement peu abondant. Le (eldspath
ortliose est le minéral dominant; il prend, en général,
la structure lamelleuse. Ses lames nacrées, blanches
ou légèrement colorées en jaune-terne, paraissent à la
loupe comme nn groupement de petits cristaux.
Lorsqu'on veut atteindre la hauteur de la Sparraguera,
il faut monter à pic le talus de la montagne, à travers
les bois et les houx (ilex (((juifolium) ou du chêne-vert.
Après une courte , mais pénible ascension , on arrive à
un étroit sentier, tracé sur le liane de la montagne.
C'est au milieu de cette alpestre voie qu'allleure un
gneiss qui passe, par l'altération de ses éléments, à une
pegmatilé grossière. Le quartz y est devenu opaque, le
feldspath blanc, d'un éclat mat et sans struct(u-e lamel-
leuse bien distincte. En suivant le petit sentier qui court
parallèlement à la rivière sur la rive droite , on atteint
bientôt un granité porphyroïde qui s'est soulevé à tra-
vers le micaschiste et le gneiss. Par son épanchement, il
a dérangé la direction primitive de leurs couches, qui
plongent d'environ (jo^ vers le S.-U., tandis que leur
plongement normal est vers le N. ou le N.-E. Ce gra-
nité olîre une structure toute particulière ; certaines
parties de sa masse sont constituées par un granité à
petits grains avec mica noir, l'eldspatii iamelleux, blanc,
gris et quartz vitreux semi-transparent. Mais à côté
de ces éléments, assez linemenl divisés, se montrent
do gros cristaux d'orthose, diiii blanc-jaunàtrc ou
d'un gris très-mat, enclavi's au sein de la pâte grani-
toïde.
190
A la loupe, on y reconnaît des cristaux excessivement
petits, de diverses substances niétailiiëres.
En suivant le granité porphyroïde, on constate qu'il
passe à une véritable leptynite, dont les lames de mica,
d'un gris-verdàlre ou d'un gris-noir, sjnt nombreuses et
bien apparentes à l'œil nu. Le l'eldspatli , élément domi-
nant, y prend la forme de petits grains jaunâtres; le
quartz, peu abondant, s'y présente avec son aspect semi-
transparent comme dans le granité.
La leptynite et le granité porphyroïde, se sont épan-
cbés entre des couches de gneiss et de micaschiste
qu'ils ont disloqué. La montagne de la Sparraguera est
formée par ce micaschiste très-bien stratifié, incliné
vers le S.-O., en faisant un angle d'environ iio°. Sur
certains points, il devient noirâtre et fortement micacé;
sur d'autres, il est décomposé à la surface et à une
certaine profondeur, en un sable ferrugineux; en certains
endroits, on le voit passer au gneiss.
Lorsqu'on s'élève vers le point culminant de la mon-
tagne, on ne tarde pas à trouver un granité a petits
grains, qui forme la crête ou l'axe de la petite chaîne
des Âlbères. C'est le soulèvement de celte roche qui a
donné sa principale forme au chaînon.
Toutes les petites vallées de fracture de la chaîne des
Albères, présentent la même composition que celle de
La Ho(iue , puisque les mêmes couches passent de l'une
a l'autre en s'intléchissant vers les parties déclives et se
relevant vers les sommités. On peut s'en assurer en
examinant les rocbes qui allleurent dans les vallons de
Saint-Martin, de Montes(|uiu, de Vilellongue-dels-Monls,
de Sorède, d'Argelès, de Collioure, etc.
Lorsque des hauteurs de la Sparraguera, l'observateur
descend, en côtoyant la montagne, dans le vallon de
Sorède, son regard est bientôt arrêté sur une crêlo
blanche, saillante, sur la colline qui la porte, comme la
191
nageoire dorsale d'un poisson. C'est une ride épineuse
de quartz blanc-Iailen.v, prescpie vcrlicaie ou très- inclinée
vers le N.-E. d'au moins 80°.
Le fond blanc de ce quarlz coin|)acto, est légèrement
maculé de pelitcs taches d'oxyde de for.
Lorsqu'on remonte la rivière de Sorède, les mémos
accidents pittoresques du sol, que nous avons signalés
dans le vallon de La Roque, se reproduisent presque
aux mômes hauteurs. Le fond du paysage est le même;
cependant, les décorations étranges (pie la nature a mises
en œuvre, changent do forme en gardant leur physiono-
mie minérale. On retrouve ici les mômes roches avec les
mêmes inclinaisons, les mômes inflexions, les mômes
caractères stratigra|)hiques. •
La nature, si variée dans ses moyens, a, dans ce val-
lon, donné au paysage quelque chose de moins frais, de
plus tourmenté qu'à la petite vallée de La Roque-
d'Albères. Nous retrouvons bien ici, à la vérité, les mê-
mes lignes de roches qui se profiloni sur les doux rives
de la gorge, mais les rampes sont plus abruptes, et la
montagne se dresse devant soi |>lus bruscpiomont.
En outre, un nouvel élément minéral apparaît. Au
four à chaux de Sorède, près du pont des forges, se
montre, à mi-hauteur de rescarj)oment de la rive droite,
une couche pou épaisse d'un calcaire cristallin (jui |)arait
l)longer vers l'est. Ce noyau calcaire sendjie s'être déposé
dans quehpie dépression ou dans quelque poche de
schiste, de micaschiste ou do gneiss. C'est probable-
ment un fragment de la couche calcaire qui se montre à
Prats-(lo-Moll(J, Cérot, etc., et qui forme une l)aiide,
souvent iii'orroni|)ue, sur le versant septentrional des
Pyrénées-Orientales.
Le calcaire cristallin de Sorède, exploité comme pierre
;i cImux (carrière de Jean Estève'i, d'un blanc ou blanc-
blouàtro, s(> |)résonlo sous la formo (\(> inmes rhondioï-
192
dales superposées. Sur certains points, surtout vers les
bords de la couche, il se clive en gros cristaux.
Attaqué en roche par l'acide nitrique, il fait à peine
effervescence; trituré, il donne une poudre blanche qui
se laisse vivement attaquer par les acides avec un abon-
dant dégagement d'acide carbonique.
Ce calcaire présente une particularité remarquable :
à son contact avec la roche encaissante, il se recouvre
de minces lames cristallines, bleuâtres, nacrées de felds-
path.
Lorsque de la carrière de Jean Eslève on se dirige
vers le nord-est, par le petit sentier qui conduit a
Sorède par la métairie de Coudulès, on voit bientôt
apparaître les schistes de transition à teintes bleuâtres
ou ferrugineuses. Ils plongent, comme ceux de La
Roque, vers le N,-E. en faisant avec l'horizon un angle
d'environ 80 à 80".
Si, à partir de là, on suit les premières rampes de la
montagne, à la hauteur de la métairie Llinas, on ren-
contre les roches granitiques, les gneiss, les micaschis-
tes. De là on descend dans le vallon d'Argelès-sur-Mer,
où se montrent les puissants dépôts diluviens de la
plaine, (jui recouvrent aussi, dans les parties élevées
du bassin inférieur du Tech, les roches anciennes des
Albères.
D'Argelès-sur-Mer à Port-Vendres , la route marche
parallèlement à la mer. Le paysage s'est transformé;
les décorations du tableau ont changé; ce ne sont plus
ces massifs d'arbres verdoyants jetés sur les lianes des
gorges profondes (jui encadrent la scène. Ici la Méditer-
ranée fond son azur avec l'azur du ciel du Koussillon ;
elle ondule , dans l'espace qu'embrasse le regard , ses
draperies bleues, ornées de franges de blanche écume.
D'un côté, donnant asile à des vignes vigoureuses, des
coteaux de schistes ou de phyllades contournés, plissés,
193
comme écrasés par des pressions latérales; de l'autre,
la mer qui brise ses vagues contre la falaise qui porte le
chemin. Dans les plis étroits et tranquilles de ces escar-
pements, où vivent les moules (mylilus edulis) et les
oursins (echinus lividus), se montrent seuls quelques
rares bateaux de pêche, jetés sur le sable ou se balan-
çant sous la protection de leur ancre.
Sur ces falaises, on coupe aussi des tranches puis-
santes de micaschistes à larges lames de mica , parfois
à cristaux de grenat opaques et violacés. La tourmaline
noire, en longues aiguilles cristallines ou en cristaux
cylindriques ou polygonaux prismatiques, s'y trouve en-
clavée dans de gros fragments de quartz. Dans toutes
ces roches anciennes, se présentent de gros cristaux
d'orlhose jaunâtres et a l'aspect nacré. Ainsi donc,
entre les schistes, les micaschistes, le gneiss et les
granités divers qui constituent essentiellement le chaînon
des Albères, on trouve de nondjreux minéraux acci-
dentels soit en fdons ou en veines, comme les oxydes
et les sulfures de fer, le sulfure de plomb, la galène
argentifère, etc., soit en cristaux isolés comme le gre-
nat, le mica, le feldspath, la tourmaline, etc.
A^jù du chaînon des Albères. — « Différentes circons-
tances me font présumer, dit Dufrénoy, que le dernier
surgissement du groupe du Canigou, est plus moderne
que celui du reste de la chaîne : la principale consiste
dans le relèvement des terrains tertiaires les plus récents
vers les cimes du Canigou. Ainsi à Nelliach, à Banyuls-
dels-Aspres, villages situés dans la vallée de la Tet et
du Tech, au nord du Canigou, M. Reboul a indiqué,
depuis longtemps, que les marnes argileuses, qui con-
tiennent des fossiles analogues aux terrains subapennius,
sont en couches fortement inclinées.
« .\u sud du Canigou, dos terrains à lignitos égale-
ment irès-modernes, qui forment une petite bande dans
13.
194
la Cnrdagne, depuis Llivia jusqu'à la hauteur de la Seu-
d'Urgel , y sout en couclies relevées d'environ 00° vers
le N. 20'^ 0. Les terrains tertiaires, situés sur les deux
versants de cette montagne, ont donc été fortement
dérangés, tandis que sur toute la longueur de la chaîne
des Pyrénées, les terrains tertiaires se sont déposés
horizontalement au pied de la vaste falaise, formée par
cette même chaîne. La direction des couches tertiaires
de la Cerdagne, E. 20" N.-O. 20° S., est à peu près la
même que celle que le soulèvement des ophites a im-
primé à ces mêmes terrains dans la Catalogne, dans la
Navarre et la Chalosse. Cette direction, (pii correspond
à celle indiquée par M. Élie de lîeaumonl pour la chaîne
principale des Alpes et les chaînes les plus récentes de
la Provence, me conduit à supposer que c'est à cette
même époque que le massif du Canigou a pris son
relief actuel; la direction générale de ses crêtes,
celles des vallées de la Tet, du Tech et de la Sègre,
qui en sont la conséquence , s'accordent avec cette sup-
position.
« Plusieurs vallées, qui sillonnent le pied du Canigou,
sont très-profondes. La petite vallée qui prend naissance
au-dessous de Corlsavy et se jette dans le Tech, près
d'Arles, présente un escarpement à pic de plusieurs
centaines de mètres; cette circonstance, jointe k la po-
sition des lambeaux de calcaire de transition qui forment,
par leur ensemble, une ceinture discontinue sur les
ilancs du Canigou , ne peut s'expliquer qu'en admet-
tant que ce groupe de montagnes a été soulevé d'un
seul jet au milieu des terrains de transition qui avaient
alors un relief peu prononcé, et qui étaient recouverts,
en ditTérents points, par des dépôts très-mod(M-nes;
cependant, comme les lambeaux de terrains modernes
n'ont jamais été continus, |»uisqu'ils sont en partie
marins et en partie d'eau douce, il est certain que le
195
sol sur lequel a surgi le Canigou , était déjà montueux à
une époque antérieure <^>. »
Les Alhères, qui se ratlaclient au Canigou par les
massil's montagneux de Maureiilas, de Céret et d'Arles,
ont été fortement inlluencées par la dislocation du sol ,
qui a lait surgir ce groupe de montagnes. Mais un seul
mouvement du sol n'a pas donné au chaînon albérien
son relief actuel ; il n'a pris la configuration , la forme
que nous lui voyons aujourd'hui , qu'à la suite de quel-
ques révolutions dont il porte l'empreinte évidente et
bien sensible.
Les savants auteurs de la carte géologique de la France,
attribuent au soulèvement de la chaîne principale des
Alpes, le sui'gissement du mont Canigou avec ses formes
actuelles. Mais avant ce grand cataclysme de la nature,
cette montagne, presque la plus élevée de la chaîne
orientale des Pyrénées, présentait une certaine élévation,
ainsi que le chaînon des Albères qui en dépend.
Les schistes , les micaschistes et les roches granitiques
stratifiées des Albères, sont fortement relevés; parfois
ils atteignent à la verticale et même sont renversés.
Ils alîectent les mêmes caractères que les roches
identiques qui se montrent au pied du Canigou ; leur
orientation les fait ranger dans les terrains de tran-
sition.
A l'inspection des Albères et du massif du Canigou,
le géologue retrouve partout des traces incontestables des
systèmes du Morbihan , du Westmoreland et du Hunds-
rùek, etc., qui ont relevé les divers membres de la série
azoïque et paléozoïque dans les i\vrénées-Orientales.
Les couches anciennes qui composent les Albères, pa-
raissent donc avoir pris, à cette époque primaire, leurs
(I) MM. niifi-t'iioy pi l'.lic Je Bramnoiil : Mimnires pour stivir à une
descriplion géalogiqut de la France , loiiie II, pujCB 42(3-428.
196
inflexions primordiales, quoiqu'elles doivent leur relief
actuel à des mouvements beaucoup plus récents.
Dans les dépressions les plus profondes des vallées
transversales, dans les concavités ouvertes entre les plis
des roches, nulle part, dans les parties élevées du
chaînon des Âlbères, on ne trouve aujourd'hui aucunes
traces des dépôts subapeunius des vallées du Tech et de
la Tet. Ces dépôts marins ne pénètrent pas dans les
petites vallées transversales, qui étaient donc déjà fer-
mées ou ouvertes en partie ; ils ne s'élèvent jamais à
des hauteurs un peu considérables; dans la vallée du
Tech , ils n'arrivent pas à Maureillas , et à peine attei-
gnent-ils les premières collines de Vilellongue-dels-Monts.
Cette observation a un grand poids dans la question
qui nous occupe; elle prouve clairement que le relief
des Albères était assez montueux pour s'élever au-dessus
des eaux , lorsque les dépôts subapennins ou pliocènes
se sont formés sur les schistes paléozoïques de la vallée
du Tech, déjà relevés par des dislocations antérieures.
Dans les parties élevées des vallées transversales, on
aperçoit partout de puissants dépôts diluviens, horizon-
taux ou très-peu inclinés , qui descendent dans la plaine
où ils forment ces immenses couches caillouteuses de la
période quaternaire ou diluvienne, si prononcées dans
la plaine de Rivesaltes et de Perpignan. Dans les parties
élevées, ces dépôts reposent sur les schistes ou les au-
tres roches de transition, ou sur les roches granitiques,
sans que l'on trouve enire les deux systèmes de couches
aucune trace, aucun vestige des marnes et des grès
fossilifères de la partie déclive de la vallée du Tech.
Toute la série secondaire manque complètement dans
les Albères, du Perthus à la Méditerranée. Durant toute
cette longue période géologique, la chaîne, constamment
émergée, a formé une Ile au soin de la mer. D'un côté,
ses pieds schisteux étaient battus par la vague de la mer,
197
qui occupait une portion de la plaine actuelle de Figuèrcs;
sur le versant septentrional, par la mer du Roussillon, qui,
par quelque canal étroit, a pénétré, à une certaine épo-
que, jusqu'aux environs d'Amélie-les-Bains pour y dépo-
ser les sédiments secondaires que l'on y a signahîs.
Ainsi, toutes les observations portent à croire, que le
sol d'une partie du Roussillon a été émergé et immer-
gé plusieurs fois. L'absence de couches stratifiées plus
récentes que le terrain silurien ou dévonien , autres que
celles de l'ancien pliocène, permet cette conclusion.
On constate, cependant, ainsi que nous l'avons déjà
dit, dans le département des Pyrénées-Orientales, quel-
ques lambeaux du terrain secondaire, mais en dehors
du chaînon albérien. Les dépôts crétacés de la vallée de
l'Agly commencent à se montrer vers Peyrestortes ,
Baixas, pour se développer vers Vingrau, Estagel ,
iMaury et Saint-Paul-de-Fenouillet. Dans la vallée du
Tech , des couches h cyclolithes elliptica, rhymkonella
difîormis, à hippurites, etc., se montrent à Amélie,
Coustouges, La Manère., etc.
Pendant que ces dépôts marins se formaient sous les
eaux, une grande partie du bassin inférieur du Tech
était assez élevée pour être complètement émergée. Ce
n'est qu'une dislocation postérieure qui a permis à la
mer d'occuper, par un affaissement du niveau du sol,
les vallées du Roussillon pour déposer les couches de
l'ancien pliocène. Ces couches ne se montrent guère au-
delà du Roulou; si elles se sont déposées sur d'autres
points du cours supérieur du Tech, elles ont été facile-
ment dénudées, après leur relèvement, lors des grandes
débâcles qui ont porté les dépôts quaternaires ou dilu-
viens dans les trois grandes vallées des Pyrénées-
Orientales.
(( La plaine du Roussillon, dit Uehoul , située comme
un golfe entre deux arêtes de montagnes (pii jettent des
198
promontoires dans la mer, est bien évidemment formée
de inalériiuix de comblement, descendus des Pyrénées,
par les trois issues des vallées du Tech, de la Tet et de
TAgly. Les accroissements que ces trois torrents ont pu
ajouter a ce terrain de transport, depuis la date des
descriptions géographiques de Slrabon et de Pomponins-
Méla, ne sauraient être évalués même à la centième
partie de son étendue totale '''. »
L'examen des faits précédents nous conduit à admettre,
que le chaînon des Âlbères avait un relief assez prononcé
dès le commencement de la période secondaire ou dès
la lin de la période primaire : les premiers soulèvements
qui l'ont aiïecté remontent à la période paléozoïque ou
de transition. Mais ces dislocations anciennes ne lui ont
point donné sa forme et sa hauteur actuelles. Du Perthus
k la Méditerranée, dans l'axe du chaînon, on ne trouve
aucun dépôt secondaire; tandis qu'au pied du Canigou,
aux environs d'Amélie se montre un lambeau crétacé,
ce qui conflrme et prouve clairement, ce que nous
avons déjà dit, que le chaînon albérien, tel que nous
l'avons limité, a été émergé pendant une partie de la
période paléozoïque et pendant toute la longue période
secondaire.
Lorsqu'on étudie attentivement, la boussole à la main,
le terrain tertiaire supérieur de la vallée du Tech ou
de la Tet, on s'aperçoit que l'inclinaison générale des
couches a lieu vers le N. ou le N.-E., parfois vers le
N.-O.; de manière que les tranches ou les tètes de cou-
ches regardent le Canigou et les Albères. C'est là une
preuve que ces massifs montagneux ont contribué au
relèvement de l'ancien pliocène. Par conséquent, il a
fallu que les Albères se relèvent pour produire cet effet
sur les couches de leur base.
(1) Rcboul. Géologie de la période quaternaire.
190
La longue file de collines pliocènes qui borde les deux
rives du Tech , s'élève, sur la rive droite du torrent,
assez haut sur le pied du chainon, en suivant sa direc-
tion et son inclinaison, quoique à slralificalion très-
discordante. De tous ces faits, et d'autres qui seront
exposés ailleurs ('*, il faut conclure que le relief ac-
tuel du chainon des Albères, a été produit par la disloca-
tion qui a soulevé et dérangé les couches marines de
l'ancien pliocène a la base des Pyrénées-Orientales et au
pied des Apennins. Tout le monde sait que M. Élie de
Beaumont attribue ce mouvement du sol au surgisse-
ment de la chaîne principale des Alpes.
Outre ces soulèvements, qui ont imprimé les grands
traits du tableau, on reconnaît dans les Albères de
petites lignes de dislocation qui ont incliné certaines
couches vers le S.-O. Ces dislocations restreintes n'ont
pas induencé l'ensemble de la chaîne.
l ne étude attentive des crêtes saillantes et des lignes
de dislocation du Roussillon , montre à l'observateur la
complication de plusieurs soulèvements. Chacun de ces
mouvements du sol, lents ou rapides, ont fourni un
trait, une ombre, un accident au tableau pittoresque
que la nature s'est complue à dérouler à nos yeux dans
cette belle et fertile province.
Les massifs montagneux des vallées du Tech et de la
Tet, ont reçu quelques-unes de leurs formes à chacun
des divers soulèveu)ents qui ont imprimé leurs caractères
aux Pyrénées. Mais c'est la dislocation qui a fait émerger
les dépôts sélurieus et dévoniens, qui a relevé les .\lbères,
qui depuis lors sont restées constamment émergées.
Cependant, parmi tous ces mouvements qui ont exercé
leur terrible iniluence sur le sol de la vallée du Tech,
(I) Dans lo texte de la Carte [jéolo(;ii]iie du dopatlemont des l'yréiu'es-
Orienlali's.
200
c'est le soulèvement désigné par M. Élie de Beaumont,
sous le nom de système des Pyrénées, qui s'est, peut-
être, le moins fait sentir dans le chaînon des Albères
et au pied du Canigou.
En résumé, les Albères ont pris un relief montueux
assez prononcé dès la période paléozoïque; mais c'est la
dislocation de la chaîne principale des Alpes, qui a
relevé les dépôts subapennins, qui a donné au chaînon
toutes ses formes actuelles.
Sorèze, ce 10 novembre 1861.
201
CHRONIQUE PEKPIGNANAISE,
Par M. Joseph EMWAWlJEli Sibvew, nicmbrc (le plusieurs
Sociétés académiques.
Philippe III, que le Duc d'Ossone appelait plaisamment
le grand tambour de la monarchie espagnole, mourut, a
Madrid, le 15 mars 1621, a l'âge de quarante-trois ans.
Ce prince fut victime de l'étiquette. Étant au conseil,
il se plaignit de la vapeur d'un brasier, qui l'incommodait
d'autant plus qu'il relevait d'une grande maladie. L'ofilcier
chargé du soin d'entretenir le feu étant absent, personne
n'osa remplir cet emploi; et celte délicatesse mal entendue
coûta la vie au monarque.
Le 5 mai de la même année , les Consuls de la ville
de Perpignan firent publier cette nouvelle au son des
tambours et des trompettes, par des crieurs habillés de
noir, accompagnés des confréries à cheval et des corps
de métiers. Les boutiquiers durent fermer leurs boutiques
pendant neuf jours, sous peine d'amende et de prison;
tous les travaux furent suspendus. Le deuil eut lieu chez
le sieur Antoine Séragut, bourgeois honoré, alors premier
consul. On ordonna une neu vaine; tout le temps qu'elle
dura, les cloches des couvents et des églises de la ville
attristèrent les habitants par leur tintement lugubre; la nuit
même, la nuit ne mettait point une tn've à ce lamenlable
carillon; plusieurs Bourgeois en devinrent sourds, si jen
202
crois la chronique Et les confréries, celle de Saint-
Georges en têle<'', se rendirent trois fois le jour, le matin,
h midi et le soir, chez le sieur Antoine Séragut, pour lui
adresser des compliments de condoléance : quelles péni-
bles charges ces messieurs avaicnl-là!...
Le i2, les Consuls, dans leur costume de rigueur, se
transportèrent à Saint-Jean , où ils avaient tout fait pré-
parer pour la célébration des oraisons funèbres du Roi.
Mais celle cérémonie fut renvoyée à un autre jour; voici
à quelle occasion : Don Christoval y Traginé, gouverneur
de Perpignan, arriva dans l'église après les Consuls,
escorté des officiers de la garnison et précédé de deux
massiers... Qu'on juge de l'effet que produisit celle inno-
vation sur l'esprit des Consuls jaloux de leurs prérogatives,
puisque de temps immémorial à eux seuls appartenait la
distinction des masses!.... Ils restèrent pétrifiés, ni plus
ni moins, que des zooUlhcs... Je vous le demande, pou-
vaient-ils, en conscience, laisser s'établir un pareil précé-
dent? C'eût été en quelque sorte abdiquer, et ces messieurs
en étaient incapables. En conséquence, après être revenus
de leur étonnemenl, ils prolestèrent avec énergie : chacun
de part et d'autre soutint ses droits; on dit même qu'il y
eut des épées, des poignards tirés et prêts a frapper; que
des perruques furent arrachées, foulées aux pieds, et que
des personnes Irès-respeclables reçurent l'alfront le plus
sanglant... Je ne garantis pas la dernière assertion, tout
en affirmant que celte scène causa un grand scandale, à
la suite duquel les Consuls, violets de colère, plantèrent
là le Gouverneur; quittèrent brusquement l'église; le peuple
les imita, et il lit bien.
(1) I.a Confiéric <lc S,iint-G(Kir(jt's fui inslitiu'c ;i Pcr|iignnn , le 5 aoi'it
•1562, et ses statuts furent lioinol(){;ués |)ar le Vicc-lloi de Catalogne, le 4
mai ISC.j. l'aile s'éteignit en ■J6o2.
203
En (lépil (le la protestation des Consuls, Don Christoval
y Traginé invita les prêtres de la cathédrale à commencer
les prières pour le repos de l'âme de Philippe; tous refu-
sèrent d'obtempérer h ses ordres, et, même en sa pré-
sence, le catal'al(|ue, qui avait été élevé aux frais de la
ville, fut entièrement défait par injonction de l'Evèque.
Ne pouvant vaincre la résistance qu'on lui opposait, le
Gouverneur, penaud, se retira avec ceux de sa suite, non
sans pester contre Tévènemcnt malencontreux; mais il ne
se tint pas pour battu, car il était tenace le vieux Castillan.
Le lendemain, précédé des deux massiers de sa fabrique,
il se rendit au couvent des Grands-Auguslins, où il fit dire
une messe à la chapelle de Noire- Dame-des-Grâces.
Le 17, les Consuls célébrèrent h Saint-Jean les hon-
neurs finièbres du feu Roi avec une"i)ompe extraordinaire.
L'Illustrissime évêqiie Onuphre de liéarl''), dit rollicc. Le
calafalijue, entouré de deux cent cinquante ilambcaux de
cire blanche, était décoré de riches coussins, sur lesquels
reposaient un sceptre, une couronne royale et une croix;
l'église, éclairée par six mille cierges, était tapissée d'une
tenture noire, parsemée de larmes d'argent; cinquante
Iam[)es funéraires, à trois becs, étaient suspendues à la
voûte en ogives; la vaste nef et les chapelles latérales ne
purent pas contenir le nombre des Perpignanais accourus
à la cérémonie, non, sans doute, pour bénir la mémoire
(I) « Onupiire de I^i-art, no à Pcrinipiaii, île riiniioralilr f.iiiiillc de néart,
« ctiiil clianiiiiH! de Iiarculoiie , siirciMa à Fraii(;ois, et prit posscssidii de
(I l'Ilvéclic d Lille, par |)rneiireiir, le A tnai l."J9i). l-c IG aoiU , il fut re(;ii
(I à l'eriiij'iiaii. Le IG avril 1008, il fut transféré au siège de Vie; en IGI2,
« à celui de Ciirone, (pi'il ocoin)a jusi]u"au 10 janvier liîJO. Il rciiniira
« alors !i celte di(;i)ité, et vint se retirer à l*erpi{;nan, où la mort le frappa,
Il le 2G odobre IG22. »
(Calalogiu des Évfques d'I-Ane, par 1^. I'iii(;(;ari. )
204
de Philippe III (voyez l'histoire de sa vie); mais pour
prouver au Gouverneur récalcitrant, qu'il ne lui était pas
permis de molester en vain les magistrats de son choix.
Cette injure faite aux droits du peuple dans la personne
des Consuls, reçut, vingt et une années plus tard, une
satisfaction éclatante; car la ville ouvrit ses portes à
Louis XIII , et se donna à jamais à la France avec la
province du Roussillon.
205
SPIIRAGISTIQUE ROUSSILLONNAISE.
ICONOGRAPHIE DE CERTAINS SCEAUX
AUTREFOIS EN USAGE DANS LES COMTÉS DE ROUSSILLON
ET DE CERDAGNE,
Par II. E. DK FoucHiEB, Capitaine au 25ine de Ligne,
membre do la Société des Antiquaires de l'Ouest.
AVANT-PROPOS.
Étranger au Roussillon , et uaturellenient peu instruit
de son histoire, je n'ai pu donner à cette étude archéo-
logique tous les développements qu'un pareil sujet semble
devoir comporter. Est-ce à dire que, profitant d'un loisir
de garnison, j'aie jamais conçu la pensée d'écrire une
histoire complète de la sigillation proprement dite, en
détaillant minutieusement les diverses dénominations des
sceaux et leur emploi, et venant répéter ici ce que nous
enseigne le moindre traité de paléographie? — Évidem-
ment, non <''.
Ces pages, faible écho de quelques anciens souvenirs,
« iragments eux-mêmes recueillis dans les débris des
(I) Un de mes collègues de l'armée m'avait précédé dans l'étude des
antiquités de ce pavs (M. Colsou, capitaine au li"'""-', Reihvrcbes sur les
Monnaies, etc., 1851). J'ai voulu niardier sur ses traces, eu étudiant
la sphraiiisliiiue roussillonuaise, sujet enlirrcniiMil neuf, dont la révélation
appartenait, sans doute, à une plume plus aulurisée que la uneinie.
206
« archives roiissillonnaises, » se borneront h présenter,
sous la forme d'un simple catalogue :
1° Les sceaux du Clergé : comprenant ceux des évo-
ques, des abbayes, des oflicialilcs, des simples prêtres,
et, généralement, tout ceux qui se rattachent à l'état
ecclésiastique ;
2° Les sceaux des Laïques : comprenant ceux des
souverains, des villes, des seigneurs, des diverses cours
de justice, oflices civils ou militaires, tous ceux, enûn,
qui émanent des administrations laïques.
L'étude des sceaux marchant de pair avec celle des
chartes auxquelles ils sont attachés, c'est une véritable
bonne fortune pour l'historien qui consulte ces dernières,
de les retrouver encore munies de cet appendice complé-
mentaire destiné a assurer leur authenticité. Par malheur,
une bien faible partie des sceaux autrefois en usage dans
les comtés de Roussillon et de Cerdagne, a échappé à la
destruction, et l'examen des monuments les plus inté-
ressants qui aient survécu, ne présente guère à l'étude
générale de la sphragistique d'aperçus nouveaux (*).
Suivant les traités de diplomatique et de paléographie,
l'usage des sceaux, d'abord restreint aux souverains et a
quelques grands feudataires, ne commença a se vulgariser
que dans le courant du douzième siècle parmi les mem-
bres du clergé et de la noblesse. Dans les provinces du
Midi, particulièrement, il n'était nullement d'absolue né-
cessité que les chartes fussent scellées pour que l'on crût
à leur authenticité. Si donc, l'omission volontaire de cette
(t) MM. li. Mail, arcliiviste dos Pyrénées-Orientales, et L. de Bonnefoy,
arclii'oloi;iu' perpi-nanais, m'ont lourni de nombreuses ronmuinicaliuns,
avec une bienveillance sans égale. Je leur adresse de vifs remerciements.
' 207
formalité est remarquée presque constamment , jusque
vers le quatorzième siècle, on ne devra pas s'étonnçr du
petit nombre de sceaux roussillonnais remontant à des
époques plus reculées.
Depuis le règne de Charlemagne, le Roussillon fut
gouverné d'abord par des Comtes amovibles, dont le
pouvoir, essentiellement subalterne et temporaire, n'a
laissé qu'une bien faible trace dans l'bistoire. Le très-
petit nombre de chartes qui concernent ces seigneurs est
totalement dé[)onrvu de sceau, dont il n'est fait, d'ailleurs,
aucune mention dans les copies venues jusqu'à nous ^'>.
A ces Comtes amovibles, succédèrent des Comtes héré-
ditaires. L'examen des chartes données par ces derniers,
constate également l'absence complète de sigillalion. C'est
donc par suite d'une erreur inexplicable, que l'auteur de
VAnnuaire de la Noblesse, signalant les armoiries attri-
buées au comte Gérard par le peintre de la salle des
croisades, a Versailles, a pu dire: « Gérard, comte de
« Roussillon, se distingua au siège d'Antioche, et entra
« l'un des premiers dans la ville sainte; son sceau repro-
« duit par Dom Vaissète, dans Y Histoire du Languedoc,
« représente : Deux fermaux rais en pal <-'. »
Est-il besoin de rappeler ici que le sceau reproduit par
Dom Vaissète, est celui du comte Sanche d'Aragon (L. I),
vivant en t22G, cent trente ans après la première croi-
sade, et non celui du comte Gérard, mort en lllôi^J?
(t) Marca Hispanica. Appendice.
(2) Borel d'Aulerive. Annuaire de la A'obksse, J8ii.
(3) Est-on bien eerlain du reste de l'aiillionlicité de ce sceau à deux
faces, isolé de la charte à laiinolle il a élu suspendu? Si, d'un cùlé, se
présente un guerrier à cheval . portant à sou luns l'écu d'Aragon, entouré
208
Les chartes relatives aux intérêts religieux du diocèse
d'Elne, conservées dans divers dépôts depuis le neuvième
siècle, font également voir que, jusqu'au treizième, la
sigillation était encore inusitée en Uoussillon , même
parmi les ecclésiastiques du rang le plus élevé <^^
11 paraît donc très-croyable, et l'on pourrait même
affirmer, qu'avant la première réunion du Roussillon au
roi Alphonse, en 1172, aucun acte émanant du pouvoir
civil, de l'autorité religieuse ou de simples particuliers,
n'a été scellé dans les Comtés.
Cependant, on doit croire, qu'en Roussillon, comme
ailleurs, le haut clergé précéda le mouvement général,
et que lès Évêques adoptèrent les premiers cet usage,
tellement répandu plus lard dans cette province, qu'au
dix-septième siècle, par exemple, il était peu de per-
sonnes qui ne possédassent un cachet particulier, et qui
ne se crussent obligées d'apposer leur signe ou marque
aux moindres actes dans lesquels elles venaient figurer.
d'une légende au nom du comte Sanche ; de l'autre , je vois un chevalier
portant un bouclier chargé de deu\ fermaux mis en pal, entouré d'une
légende beaucoup trop incomplète pour être expliquée. Dans ces deux
empreintes si ditTérentes , dont l'une sert à l'autre de contre-sceau , je
serais assez disposé à reconnaître deux sceaux distincts, appartenant à
deux seigneurs dill'érents, (jui n'auraient pas trouvé de meilleur moyen
pour valider une charte, peul-ètre relative à leurs intérêts communs;
car, rien ne peut m'expli(juer dans quel but, Sanche d'Aragon, aurait,
seul de sa Camille, employé un tel contre-sceau,
(t) Marca Hispanica. Appendice, XXVI, XXXVIII , LXX , CGCLI.
209
PREMIERE PARTIE.
Slceaux du Clergé,
I. — Le premier sceau dont la date soit bien connue
(Cl. 1), est celui de Bernard de Berga, évêque d'Elne.
Il pend à une charte en parchemin, datée du 8 des cal,
d'août 12 ii, par la(iuclle ledit Évêque accorde quarante
jours d'indulgence aux iidèles qui contribueront, par
leurs aumônes, à la construction de l'hôpital d'Ille et de
son église. Ce sceau, de forme ovale, en cire blanche,
avec contre-sceau au revers, est long de 0"i,0o, large
de 0"i,05; la partie antérieure, qui a reçu l'empreinte en
cire brunâtre, représente l'Évéque debout, coiffé de la
mitre, tenant la crosse d^ns la main gauche, et donnant
la bénédiction de la main droite. La légende, en capitales
romaines, mêlées de gothiques, porte : f S. B: DEl :
GRACLV : IIELNENSIS : EPISCOPI O.
« La conservation du contre-sceau a été un peu com-
'< promise par l'usage auquel cette pièce a été longtemps
'< destinée; car le Frère quêteur, porteur de cette mis-
« sive, était obligé de la présenter à toutes les personnes
« dont il sollicitait les secours. Tel qu'il est, on y distingue
« encore, au milieu d'un cercle de 0"i,OI8 de diamètre,
« deux têtes nimbées, qui sont celles des patronnes d'Elue,
« comme on le voit par la légende qui se lii autour : f S.
« EVLALIA... 1VLL\. » L'écrivain roussillonnais*^ auquel
(1) Archives de l'Hôpital d'Ille.
(-2) B. Alart. Les Patronnes d'Elue, 1857.
U
210
on doit la découverte de ce monument sigillograpliique,
et dont j'emprunte ici les expressions, a cru remarquer
entre le sceau et le contre-sceau des diflerences de date
bien tranchées. « Les caractères de l'inscription du sceau,
« dit-il , ont bien la forme généralement adoptée dans
« noire pays pendant le treizième siècle, tandis que ceux
« du contre-sceau, notamment la lettre V, semblent se
«rapporter à une époque beaucoup plus ancienne....»
Suivant une conjecture de cet auteur, le contre-sceau de
la charte d'Ille, serait le type du sceau primitif de l'Église
d'Ehie attaché à tous les documents diplomatiques éma-
nés de la cathédrale, et ne variant jamais, tandis que le
sceau particulier aurait été renouvelé à chaque élection
d'évèque. Le petit nombre de sceaux de cette époque que
j'ai pu comparer, ne me permet pas de trancher catégo-
riquement la question abordée par iM. Alart, dans un but
purement historique d'ailleurs. Je ferai observer, toutefois,
que dans certains sceaux du treizième siècle et du qua-
torzième même, on rencontre souvent la lettre V écrite
en capitale romaine, notaniment,en 1228, sur un sceau de
l'Archevêque de Narbonne, reproduit par Dom Vaissète,
et dont la légende est ainsi conçue : S. PETRL NARBO-
NENSIS.ARCIIIEPISCOPI-, et au contre-sceau .-;- S. I VST.
S. PASTOR. L'analogie qui existe entre ces deux sceaux
et leurs contre-sceaux, me porte à croire qu'ils sont tous
quatre bien contemporains, émanant du même burin peut-
être <*>. Je pense que ce sceau et son contre-sceau doivent
(4) Dom Vaissète. Histoire du Languedoc, tom. V. Sceau de Pierre
dWincliiis, 1228, arclievèque de Narijonno (Cl. 2). Voir aussi les sceaux
de Raymond de l<'a!gar, évèque de Toulouse, 1249; de Bernard d'imbert,
abbé de La Grasse, 1254; d'Arnaud, évèque de Nîmes, 122G, etc., etc.
Du reste , les évè(|ues ont eu souvent des contre-sceaux relatifs aux
patrons de leurs églises, ou tirés de l'bisloire de ces églises. Suivant
Jl. de \VailIy, les bustes de saint Paslor et de saint Just se voient sur
les contre-sceaux de plusieurs Archevêques de Narbonne. Le nom de
211
remonter à l'année 1250, époque de l'élection de l'évêque
Bernard.
L'Hospice Saint-Jean de Perpignan, possède une charte
du même évéque, portant la date des cal. de mars 1250;
mais le sceau est perdu (*>.
II. — Un sceau conservé à l'Hospice Saint-Jean <->, et
suspendu à une charte du 4 des calendes de mai 1290,
donnée par la Cour Ecclésiastique de Perpignan , avec
licence du Chapitre d'Elne , sede vacante, au sujet de
l'entrée en religion de Guillaume Tolza, marchand de
drap, est, sans contredit, le plus précieux monument
de la collection roussillonnaise(CI. 3). La charte, curieuse
en ses détails (^>, se termine ainsi : Ad habendam aucto-
ritatem, fidem et finnitatem omnium predictorum, sigillum
officialatûs nostri Perpiniani pendens presentibus dnrimus
apponendum Cette formule, dans laquelle parait le mot
officialatits pour officialis, est très-rare, suivant M. Natalis
de Wailly, qui n'en a cité qu'un seul exemple , celui du
sceau de rOllicialité de Nantes'^'. Le sceau, en cire jaune,
de forme ronde, au diamètre de 0'",04, représente un
personnage , la tète découverte , assis sur un fauteuil à
doubles colonnes, et tenant entre ses mains un objet qui
saint Trophiine se retrouve sur plusieurs contre-sceaux des Archevêques
d'Arles. Le contre-sceau de Guillaume, évr'que de Carcassonne, représente
les bustes de saint Nazaire et de saint Celse, avec la légende : NAZARIVS •
CELSVS. La croix paraît sur plusieurs contre-sceaux des Évèques d'Or-
léans. Les contre-sceaux des Archevêques de Paris, montrent, quelque-
fois, l'image de la sainte Vierge ; ceux de l'Évêque de Poitiers, le buste
de saint Pierre.
(1) Arch. de l'Hosp. Saint-Jean. Liasse 1, n» 1.
(2) Idem. Liasse I, u» 2.
(3) Le Juge ecclésiastique , en consentant à l'entrée en religion dudit
Tolza, oblige la femme de ce dernier, à vivre honnêtement et chastement.
(^4) Natalis de Wailly. Éléments de Paléograpliie, tom. II.
212
parait être un livre. A droite de ce personnage, on voit
une crosse, posée en pal, un peu au-dessoiis d'une étoile
h huit rayons, armoiries du Chapitre d"l":iue; à gauche,
on lit l'inscription suivante, eu lettres capitales romaines,
mêlées de gothiques, disposées sur quatre lignes, dans
le champ même du sceau : ITE | IVD [ ICA | TE. La
légende, aussi en capitales mixtes, porte : f Sigilliim
OFFICl... PerPINiani PRO DomiNO EPiscopO ELeNensi.
La forme des lettres et les abréviations dont il est fait
usage, jointes à la naïveté de la gravure, permettent
d'assigner à ce type une date beaucoup plus ancienne
que celle de la charte qui a reçu son empreinte ; il faut
remonter au moins jusqu'aux dernières années du dou-
zième siècle pour trouver des types analogues.
Ce sceau, qui sert en 4290, diffère de ceux employés
dans les siècles postérieurs par l'Ofïicial de Perpignan ,
en ce qu'il ne désigne nullement l'Évéque au nom duquel
la justice était rendue. Cela tient, sans doute, à ce qu'en
cette année 1290, le 4 des calendes de mai, le siège
épiscopal était vacant <". Or, comme il n'est pas présu-
mable que la cour ecclésiastique prit le soin de faire
graver un type spécial à chaque vacance d'évèque, je
n'hésite pas à admettre que celui dont on s'est servi en
cette occasion, ait dû être habituellement alfecté pendant
un certain temps a la sigillation des chartes données par
rOflicial de Perpignan , sede Pastore carente.
Il n'est point indifférent de rechercher quel peut être
le personnage gravé sur ce sceau. M. de Wailly prétend
n'avoir jamais vu de sceau où la hgure de l'ofiicial fût
représentée. Il cite, pourtant, celui de l'OHicialité de
(1) C'est par erreur que M. Puigg^n, dans son Catalogue des Evêques
d'Elne, dit le siège épiscopa! occupé, dès 1289, par révéque Raymond
de Costa, malgré l'assertion contraire exprimée, en 1833, par M. Jacq.
de Saint-Walo.
213
Lyon, en I28i, (|ui représentait un prêtre debout, tenant
un livie. Mais, dans l'exemple ci-contre, le personnage
tenar)t un livre et entouré des attributs de l'évèipie, alors
que le siège épiscopal est vacant, ne peut être autrement
considéré que comme la figure sjndiolique du prêtre qui
rendait la justice.
III. — L'original d'une sentence arbitrale, prononcée
entre la cure de Malloles et l'dospice Saint-Jean, à la
date du 8 des ides de mars 1295, indique Ibrmellement
que celte charte a été revêtue du sceau de chacune des
administrations intéressées. Ces deux sceaux sont perdus;
il ne reste que les attaches, qui sont en fil'^--'.
IV. — Une lettre adressée, en 1315, à la Reine de Ma-
jorque, par le Prieur des Carmes, porte les traces d'un
sceau suspendu par une lanière en parchemin f^).
V. — Le sceau de Bérenger lîatlle, évêque d'Elue (Cl. 4),
est suspendu a une charte du 8 des ides de juin 1521 <*),
en vertu de laquelle les revenus des bénéfices vacants de
l'église Saint-Jean de Perpignan, doivent être consacrés
à la construction d'une nouvelle église du même nom, à
côté de l'ancienne. 11 parait remonter à l'époque de
l'élection de cet évêcpie, en 1517. Sa forme est ogivale
(0'",0Go sur 0'",055); le moule, en cire brune, est re-
couvert, à la partie antérieure, d'une plaque en cire
rouge, qui montre l'évêque mitre, debout sur un socle,
(1) Arcli. IIosp. Saiiil-Jeaii. Liasso II, no 27.
(2) Raymond Guillein, sacristain d'Elno, scelle de son propre sceau,
suspendu à une lanière de soie jaune et rouge, un acte du 3 des ides de
mai 1303. Le sceau indinué dans l'acte est perdu. (Arcli. Saint-Jean.)
(3) .\rcli. Pyrén.-Orient.
(4) Arcli. Hosp. Saint-Jean. Liasse I , n" 5.
214
la crosse dans la main gauche, et la main droite levée,
donnant la hénédiction. Ce sceau, fort déléiioré, brisé en
plusieurs endroits, laisse pourtant lire la légende en c;ipi-
tales gothiques : S. BerengaRii : BAYULI : PHOVIDEiNClA:
DIVINÂ : EI>NENS1S : EPiscopI. Il n'y a pas de contre-
sceau et rien ne vient ici rappeler les patronnes du diocèse.
VI. — Ce débris de sceau, dont j'ai tenté de rétablir la
forme primitive (Cl. o), est attaché à une charte, adressée
la veille des ides de décembre 1552, par Arnaud Tcrrena,
sacristain, Arnaud Vivers, chanoine olhcial (de Perpignan
sans doute?) et Pierre Johan, ollicial d'Elue, vicairos-géné-
raux pour l'évèque Gui Terrena, absent, à tous les curés
du diocèse, dans le but d'exciter leurs paroissiens à faire
l'aumône pour l'œuvre de la construction de l'église Saint-
Jean*'). Autant qu'on en peut juger par ce fragment, le
contour de ce sceau a dû affecter la forme rare de l'octo-
gone, et avoir environ Om,Oi de diamètre. Le champ a dû
être occupé par l'efligie des saintes Eulalie et Julie, pa-
tronnes d'Elne, debout sous un portique, et tenant cha-
cune une palme dans la main. La légende, en cajjitales
gothiques, ne montre plus que: VM : DNI :G
que j'interprète par : SigillVM : DNI : Guidonis... Il n'y a
pas apparence de contre-sceau.
VIL— Gui Terrena, appelé aussi Gui de Perpignan, du
nom de sa ville natale. Le sceau de cet Évéque d'Elne
(Cl. G), pend à trois chartes de l'Hospice Saint-Jean.
Par l'une d'elles, datée du 15 mai 1555, Gui renouvelle
le décret rendu par son prédécesseur, le 8 des ides de
juin 1521, pour subvenir a la construction de la nouvelle
église, à Perpignan ^^K Ce sceau, d'une exécution remar-
(1) Arcli. Hosp. Saint-Jean. Liasse I, n» 6.
(2) Idem. Liasse I , no 7 .
215
(|uable et d'une conservation parfaite, est ovale (0"i,07,
sur O'n,0o), en cire brune, recouverte de cire rouge,
comme les précédents. Il représente l'évèque debout,
revelu des babils poulilicaux, coid'é d'une milre à Corme
basse, tenant la crosse dans la main gaucbe et bénissant
de la droite; sur la poitrine repose une étoile à buit
rayons, dans laquelle je n'bésite pas à reconnaître le
symbole béraldique du Cbapilre d'Elne. La ligure de T.ui,
encadrée dans une sorte de porli(iue bysantin, est llan-
quée, à bauleur de la ceinture, de deux écussons : celui
(le droite, portant trois pals, représente, je crois, les
armoiries du Roussillon , ou plutôt celles des Rois de
Majonpie, comme suzerains de ce comté (^); celui de
gauclic, est : parti, au premier, à deux lézards, posés
en pal, l'un sur l'autre, et, au deuxième, à un lion ram-
pant, armoiries personnelles à l'évèque. Au dernier siècle,
Fossa, dans son mémoire pour l'Ordre des Avocats (-),
prétendait qu'on voyait autrefois dans l'église des Carmes
d'Avignon, les armoiries de Gui Terrena, et il les blazonne
en ces termes : « de... à une bande de... cbargée de trois
« lézards, accostée de trois étoiles de... en cbef, et de
« deux croissants en pointe. » Dans la première moitié
du «piatorzième siècle, les règles héraldiques n'étaient
pas tellement fixées, que l'on puisse s'étonner de cette
variante de l'écusson du mrme personnage. Une légende
en capitales gotbicpies entoure le sceau; on y lit: S :
I RATRIS : GVIDOMS : DVINA: PROVIDENCIA : EPIS-
COPI : ELNENSIS. Il n'y a pas de contre-sceau, et, cbose
remaniuable, dans le sceau d'un évéqne (pii devait (jucl-
quos années plus tard instituer une fête particulière en
riionneur des saintes Euialie et Julie, il n'existe aucune
(1) Vdir a la douxième piirlie, à l'article : Armoiries du Comté de
lloiissillon, no I.
(2) l'ossa. Mémoire pintr l'Ordre des Avocats, p. 423.
216
trace de l'effigie des deux patronnes. Cette particularité
vient confirmer, du reste, l'opinion généralement reçue,
que jusqu'au (juatorzième siècle, l'image des évoques
parut seule sur leurs sceaux personnels, tandis que les
sceaux émanant de l'adminislration diocésaine portaient,
le plus souvent, le signe dislinclil' des églises*'*.
Les Archives des Notaires du Koussillon'^', vaste nécro-
pole où moisissent d'innombrables documents historiques,
pour la plupart inédits, contiennent une certaine (luanlilé
de pièces originales, revêtues des sceaux de divers mem-
bres du clergé catalan. C'est dans ce dépôt que j'ai décou-
vert la plus grande partie de ceux qui vont être décrits.
Presque tous les actes scellés qui s'y trouvent, et dont
le plus ancien remonte seulement h l'année iôo5, sont
en papier, écrit d'un seul côté, et signés le plus souvent.
Seulement, à l'encontre des documents de même sorte,
venus des diverses provinces de France, et qui se trou-
vent dans le même dépôt, les sceaux, au lieu d'être
appliqués à la fin de l'acte, du même côté que l'écriture,
le sont au verso; et cette manière de sceller s'y nMicontre
d'une façon si constante, jusqu'au seizième siècle, que
je ne puis y voir (]ue la conséquence d'un usage parti-
culier a la principauté de Catalogne, lequel aurait cessé
depuis la première occupation française.
Au quatorzième siècle, le papier est généralement re-
vêtu d'une couche de cire très-mince, de couleur diverse,
(t) Voir ci-dessus, la note de la page 210.
(2) Rrnferniées longtemps dans les combles du Tribunal do Conuiierce
de Perpignan, ces archives, qui se composaient de plus de lO.OUO regis-
tres de toutes dimensions, giMiûralcnient en mauvais état, réclamaient les
soins d'un conservateur intelligent, capable au moins d'en dresser le
catalogue. Ce vœu, exprimé à plusieurs reprises par queUpies Iloussil-
lonnais crudits vient d'être exaucé ; car \m arrêté récent du Ministre de
l'intérieur a prescrit leur translation aux archives départementales , dû
toute la sollicitude du savant archiviste leur est assurée.
217
mais, selon toute appareiico, soumise à certaines règles,
sur laquelle a été appliqué directement le sceau matrice;
puis, sans doute, dans le but de donner un peu de con-
siiuance à l'emprcinle ainsi obtenue, un petit morceau
de papier a été apposé sur la cire encore cliaude, de
manière à lui éviter tout frottement extérieur. Je cliei:elie
en vain une autre explication à l'adjonction de ce papier,
qui, outre l'altération forcée du type, devait avoir l'in-
convénient de dérober aux regards le sceau, dont on ne
pouvait |)lus dès lors vérilier l'autluMilicité. Il est résulté
de cet usage ipie très peu de sceaux, dont il a été pos-
sible de soulever le masque de papier, se sont montrés
décliilfrables, et (pie j'ai dû en négliger un très-grand
nombre.
Cet usage cessa en Roussillon dès les premières années
du quinzième siècle, et non pas au seizième, comme
rindi(pient tous les traités de paléographie. Il fut rem-
placé par l'application du type de métal sur un petit
morceau de papier placé alors entre lui et la cire chaude.
On trouve un exemple de cette dernière manière de sceller
dès l'année lôTi, dans le sceau du Bailli de Perpignan.
Vni. — Une lettre du 16 août 15G0, adressée aux exé-
cuteurs testamentaires de Guillaume d'Aragall, damoiseau,
par frère Arnald , Abbé de Saint-Génis-des-Foiitaines,
vicaire-général pour Pierre de l.a Planella, évèciue d'Elue,
porte un sceau ogival en cire rouge (Cl. 7), de Oi",07o
sur 0'",053, d'une assez bonne conservation, et qui se
distingue entre tous par la simplicité de la gravure O.
Un porlicpie, formé de deux pilastres, réunis |)ar un
arceau en plein cintre, surmonté d'un pignon triangu-
laire, encadre une ligure velue d'une longue rol)e, debout
sur un écusson indéchidVable, et sans aucun attribut de
( I ) AitIi. (1i'< XiitaiiTS.
218
nature à faire connaître sa personnalité. La tête, en appa-
rence découverte, ne semble pas celle d'un évèijuc; mais
aussi, d'un autre côté, l'absence de l'auréole, (jui d'ordi-
naire entoure la tète des saints, ne permet pas d'allirmer
que ce soit l'image d'une des patronnes du diocèse.
Oans le doute, je préfère m'abstenir. La légende, illisi-
ble, ne peut éclairer la question.
Vin bis. — Cette image informe se trouve au dos d'un
acte du 15 mai 1572, relatif à la location de plusieurs
pièces de terre sises à Thuir, donné par Arnald d'Oms,
vicaire-général de Pierre de Cima, évèque d'Elue (Cl. 8).
On y distingue, avec un peu de bonne volonté, l'elligie
des deux patronnes d'Elne, occupant le milieu du sceau,
et surmontant un écusson, ijrobablenient aux armoiries de
l'évêque. Cette empreinte est la première (a ma connais-
sance du moins) qui affecte cette disposition, imitée,
pendant plus d'un siècle, par les successeurs de Pierre
de Cima. Elle est ovale, d'une longueur présumée de
0^,07 sur 0m,0i5. La légende est totalement effacée ('>.
ÏX. — Le 2 décembre 1572, Pierre Bou, bachelier ès-lois,
chanoine de l'église collégiale de Saint-Jean de Perjjignan
et officiai de la môme ville, mettant en possession d'un
héritage, Sclarmonde, femme de Bernard Angles, se sert
d'un sceau ogival (0m,06 sur 0"',055) en cire verte, sur
lequel on distingue une partie de l'effigie du patron de
ladite église, entourée d'une légende illisible (Cl. 9). Bien
n'indique le nom de l'évoque vivant h cette époijue, Pierre
de Cima, cité plus haut (-*.
X. — Pierre, abbé de Sainte-Marie d'Arles, donnant le
15 mai 1574, procuration à Pierre Boig et Raymond
(I) Arcli. dos Notaires. (2) hlnn.
&19
Pastor, chanoines d'EInc , pour recevoir de Pons de
Coloriiinos, bénélicier de ladite église, un bénéfice que
ce denn'er voulait permuter avec le Curé de l'église des
Bains-d'Arles, a employé un sceau ogival en cire rouge
(Om,045 sur 0'»,05), représentant un moine debout, la
léte nue et rasée, suivant la coutume des ordres religieux,
vu de |»rofil et tenant entre ses deux mains un livre!
Derrière la tête du moine, à la partie sénestre du sceau,
se trouve un écusson indécliidVable. I.a partie supérieure
est occupée par trois sortes de clochetons en ogive, celui
du milieu surmonté d'une croix. Une légende, en capitales
.gothiques, mêlées d'onciales, en partie détruite, porte:
S: .... Ali.... VL : MON : OKD : C... cl probablement:
Sigillum : ABbaiis : sanctc marie :arV[.arum :MO\asterii :
OUDinis : Climiacensis. (CI. 10.)
Je ne puis dire si ce sceau fut particulier à l'abbé Pierre,
ou bien, comme cela s'est rencontré ailleurs, s'il a été
commun à divers abbés ('l
XI.— Raymond de Las Escalas, évèque d'FJne. Le 12
mars 1578, année de sa consécration, ce Prélat accorda
des indulgences à ceux qui contribueraient par leurs lar-
gesses a la construction de l'église Saint-Jean <-). A la
charte de concession, est suspendu, par une tresse de
soie rouge, im sceau ogival, extrêmement mutilé, long
deO'",07 et large de 0"\0i5, du.juel on ne distingue plus
qu'une faible partie de la légende : ..VM : PiAYMVM)I :
DE... PISCOP... en capitales gothiques, attenant à quel-
que fragment de portique gothique assez finement dessine.
Toute la |)artie centrale a disparu (Cl. 1 1). J'ai pu suppléer
à sa description et reconstruire le sceau dans ce (pril a de
plus important, par l'adjonction d'un autre débris, émané
(1) AitIi. (Ips NoIaiiTs.
("2) Arcli. IIns|i. Saint-Jean. Liasse I.
220
du même type, et trouvé sur un acte en papier, du 50
octobre 1378, dans les archives des notaires. A l'aide
de ce fragment, j'ai pu me convaincre de la présence des
deux patronnes d'Elne, au centre d'une niclic à pilastres
gothiques, au-dessous de laquelle ligure un écusson chargé
d'une échelle en pal , armoiries parlantes de Raynioiid de
Escalis. En pointe de sceau , sous l'écusson , la légende
montre le mot DIVINA en capitales gothiques. Il n'y a
point de contre-sceau, et je dirai, une fois pour toutes,
qu'à l'exception de celui de Bernard de Borga, il ne s'en
est trouvé aucun dans toute la collection.
L'évêque Raymond a aussi scellé une ordonnance, en'
date du 15 octobre 1582, devant affecter quelques revenus
à l'œuvre de Saint-Jean. Le sceau, appliqué sur un mor-
ceau de papier, pendait à une lanière de parchemin; il
est complètement détruit'**.
XII. — Nicolas Gil, chanoine d'Elne, écrivant, le 10
septembre 1578, a deux chanoines de la même ville,
scelle sa missive de son sceau particulier (Cl. 12), qui
est rond et au diamètre de 0'",02, portant au centre un
écusson illisible , et dans le pourtour extérieur une
légende, dont on ne distingue plus que: f S : CAN...
AI : GILI. (t Sigillum CANonici : nicholAI : GILI). Le
texte porte : Egidii. La cire est rouge et posée en croix
au dos de l'acte (^'.
XIII. — Officialilé d'Elue*'''. Les sceaux appliqués par
l'Olïicial d'Elne sur un très-grand nombre de jugements
rendus pendant plusieurs siècles, semblent avoir été pro-
duits par un type unique, ou du moins différant très peu
(!) Ardi. Hosp. Saint-Jean, Liasse I.
(2) Arcli. des Notaires.
(3) Idem.
221
(lu type primitif, que la vétusté des empreintes rend à peine
déchilTiable (Cl. 15). Dès l'an 1580, je trouve des sceaux
ronds on cire rouge, de O'",0io de diamètre, représentant
invariablement deux (igures nimbées, portant cliacune une
palme dans la main gauche, et qui sont, à n'en jtas dou-
ter, les saintes Eulalie et Julie, de temps immémorial
patronnes de la cathédrale d'Elne. Sur une de ces em-
preintes, on distingue le mot IVLIA , terminant la légende
et écrit en capitales romaines, ce qui est un indice de
ranti(iuilé du type. Le nom et la (igure de rÉvéque ne
paraissent point indiqués sur ces sceaux.
XIV.— Un acte du 13 janvier 1589, en forme de lettre
missive, émanant de Galcerand, abbé de Saint-Michel-de-
CuxaC', et autorisant Ermengaud, moine de Saint-Cucufat,
à recevoir la résignation de la Prévôté de Fiilols, que le
frère Batalla de Ventanach se propose de faire , et à la
conférer à Rertho Agusti , moine de Saint-Michel ,
porte un sceau de forme ogivale (0"',055 surO'",0"2),
produit par le contact du type sur un papier posé d'avance
sur la cire chaude (Cl. 14). Il représente l'archange Michel,
debout sur un dragon terrassé, qu'il menace de son épée'
Au-dessous du dragon, est un écusson illisible. Un seul
côté de la légende montre ces mots, en capitales gothi-
ques : ....MICAEE: DE.-COXAO. Ainsi que je l'ai lait
remarquer plus haut, cet exemple est un des plus anciens
de cette manière de sceller, car M. de Wailly, ne cite que
celui de Jean, comte de Boulogne et d'Auvergne, en date
du 4 mars 1585.
XV. —Vicariat de Rarthélemi Peyro, évèque d'Elne.
Sceau plaqué en cire rouge t^-', du même module que celui
(1) Arch. des Notaires.
(2) Idem.
222
(le Raymond de Escalis (voir no IX), au type des
deux patronnes d'Elue, surmontant un écusson , où
se dessine vaguement la forme d'un mont, armoiries
présumées de l'Évèqne (Cl. 15). Ce sceau, tont aplati,
employé par Jean Jaubert, archidiacre du Contient et
chanoine d'Elue , vicaire-général pour Barthélemi , à la
date du 10 décembre 1391, ne porte pas de légende
lisible; mais tout me porte à croire qu'il n'était pas
particulier à l'évêque. En effet, un acte du 7 août 1404,
donné par frère Barthélemi Peyro'*', en personne, garde
les traces d'un sceau différent (Cl. 16). On n'y voit phis,
a la vérité, que les lettres de la légende : S.... TH.... IS.
(Sigillum barTHolomei.... elnensIS.) Deux écussons occu-
paient la partie inférieure du sceau, que je ne signale ici
que pour mémoire.
XVI. — Raymond Descatllar, promu à l'évêché d'Elue
en 1408, scella, le 19 décembre de la même année,
certains statuts des prêtres de Saint-Jean de Perpignan ,
avec son sceau d'Abbé, en déclarant qu'il n'en avait pas
encore d'autre*-'. Je n'ai pas vu ce sceau; mais il est à
croire que par suite de sa translation soudaine au siège
de Girone, le 9 janvier suivant, Raymond n'en eut jamais
au type du diocèse d'Elue.
XVII. —Ce sceau ogival en cire brune (O"\0osur 0^,055),
appliqué à une grande quantité de jugements de 1o90 à
1408, par l'Official de Perpignan, agissant au nom de
l'évêque Barthélemi Peyro, porte, au centre, l'elligie de
saint Jean-Baptiste, patron de la collégiale, encadrée dans
une niche à piliers gothiques, au-dessous de laquelle se
dessine un écusson chargé d'un mont surmonté d'une
(1) Arch. des Notaires.
{'2) Puiggari. Cat. des Evêq. d'EIne.
2^3
croix, accosté de deux étoiles, armoiries de l'évêque (Cl.
17). Une légende, en minuscules gothiques, séparée en
deux par l'écusson , porte les mots: SIGILF.UM : 0FF\,7
ICIALIS : PerPINIANI. La création de ce type doit re-
monter à Tannée 1587, époque de l'élection de Bartliélemi
PeyroC).
XVIII. — Le Vicaire-Général de Jérôme d'Ochon, écri-
vant, le M avril 1413, h l'Odicial d'KIne, pour l'informer
que le parti de Guillaume de Vilardeli, de Hésalu, et celui
de Pierre Carrera, de la même ville, ont fait un traité de
paix, emploie un sceau ogival de cire rouge'-', de O'",06o
sur 0'»,0i; au centre d'une niche, surmontée de trois
étages d'arceaux gothiques, vus en perspective et d'un
travail assez délicat, se voit une (igure nimhée, tenant
à la main gauche une palme (Cl. 18). La présence d'une
seule patronne sur ce sceau, aurait lieu d'étonner, si l'on
n'en trouvait ailleurs d'autres exemples, desquels je ne
vois à tirer qu'une conséquence, à savoir que le caprice
et non la règle a le plus souvent présidé à la création
de tous ces types si dillérents et pourtant destinés à un
même usage. Du reste, un sceau particulier de Jérôme
d'Ochon, trop détérioré pour être reproduit, atïectait
certainement la même disposition que celui de son pré-
décesseur, et portait au centre l'elUgiedes deux patronnes
du diocèse.
Un large écusson en pointe du sceau au-dessous de la
sainte, porte, écartelé au 1er et au 4.e, un lion rampant,
et aux 12e et 5e, un arbre, armoiries de l'évêque Jérôme.
La légende, en capitales gothiques, dit: SIGILLVM :
YICAHIATVS : DomiM \J lEKUMMi : EPiSCOPl : ELN
ensis.
(1) Arch. des Notaires,
(â) Idem.
224
XIX.— Ce sceau, également ogival et en cire brune
(0^,06 sur 0"™,03o), est appliqué sur plusieurs documents
des'années 1418 à i425 par l'Official de Perpignan, agis-
sant au nom de l'évèque Jérôme, cité jjIus liaut (Cl. 19).
Il diffère de celui reproduit au n» XVII , par le dessin du
portique renfermant le saint Jean-Baptiste, par l'écusson
déjà hlasonné de Jérôme d'Oclion, et par la disposition des
mots de la légende , en capitales gothiques : Sigilluni :
CVRIE : OFFICIALI : ^ S : PEUPIMAM W.
XX. — Hugues , abbé de La Grasse , scelle entre deux
papiers, une lettre particulière, le 11 octobre 1425,
vraisemblablement avec un anneau manuel, du diamètre
de O'",0lo, portant un écusson indéchiffrable, entouré
de ces mots, en minuscules gothiques : S' UVGOIS'
ABBÂÏIS- CRASSE-, et sommé d'une crosse (2>. (Cl. 20.)
XXI. — Jean de Casanova, cardinal prêtre de la sainte
église romaine, perpétuel administrateur de l'église d'Elne,
contérant a Nicolas Sunyer, clerc du diocèse de Cirone, le
bénéfice fondé a Sainte-Marie-du-Ponl de Perpignan, par
Esclarmonde, veuve de Raymond Roig, emploie, le 6
novembre 1450, un sceau <^) dont la disposition était
encore inusitée parmi ses prédécesseurs. Ce sceau, de
forme ogivale (0'»,09 sur 0m,0o5), est suspendu entre
deux papiers, par une lanière de parchemin, à l'acte,
aussi en parchemin. Trois portiques, surmontés de plu-
sieurs étages de pignons tleuronnés, en occupent le
champ. Sous celui du milieu, on voit l'image de la sainte
Vierge Mario, portant l'Enfant Jésus, et sous les deux
autres, parait l'efligie des deux Patronnes d'Elne. Il est
(1) Arch. des Notaires.
(2) Idem.
(3) Idem.
00-
exprimé dans l'acte, que le Prélat se sert du sceau ponti-
fical dont il usait autrefois : Nostri pontificalis sigilH quo
alias ulebamnr, fecimus appensione muniri. I.'effîgie de
la Mère de Dieu se trouve ici, sans doute, couiuie un
témoignage de la dévotion particulière de Jean de Casa-
nova envers Marie; car, je ne pense pas qu'on doive
attacher à sa présence sur ce sceau aucune importance
historique'^). Un écu chargé d'une maison ajourée, ar-
moiries de la famille Casanova, et sommé d'une crosse
épiscopale, sépare en deux la légende, en minuscules gothi-
ques : Sigillum : lOHANNIS : MISerACIone H DIVINA :
EPISCOPI : ELNensis.
XXII. — Un acte par lequel Germain de Gaston, vicaire-
général pour Jean, administrateur perpétuel du diocèse
d'Elne, confère, le 5 sept. 1451, à Jean Ribes, chanoine,
le bénéfice fondé dans l'église de Tresserrapar En Gavell,
est scellé entre deux papiers d'un sceau, dont le champ
est occupé par l'elligie d'une seule patronne, et présente
beaucou|) d'analogie avec celui employé par le Vicaire de
Jérôme d'Ochon (Cl. 18, 22). La légende et l'écusson
sont illisibles (-1
XXIII. — Jean, abbé de Sainte-Marie de La Real de
Perpignan, mandataire du Pape, écrivant au Chapitre
d'Elne, de surseoir a tou*-^ sorte d'actes au sujet d'un
bénéfice conféré dans l'église Saint-Jean, le 15 février
(1) Toiitolois, il n'est pas impossible que Jean de Casanova, apparte-
nant à rOi'ilre (les Dominicains, ait été i'iieur d'nn Monastère placé sous
Tiinocation de la sainte Vierge, el ait désiré rappeler ce souvenir, dans
le sceau afTeclé plus tard aux actes de sou épiscopat. On sait, du reste,
que prescpie toutes les églises des couvents roussilhumais étaient dédiées
à la Vierge Marie. Peut-être, d'un autri' côté, Jean était-il cardinal au
titre d'une des églises de Rome dédiées à la Mère du Sauveur.
{^1) .\rcli. des Notaires.
15
226
1455, employait, à défaut de son sceau abbatial, certain
anneau (Cl. 25) portant en légende les mots suivants,
écrits en minuscules gothiques : Sagel • DE • PEllE • DE*
CâNDELL'*'. Cet anneau, de forme octogonale, se com-
pose d'un écu carré, de 0'",01, posé sur pointe, dont les
quatre angles louchent le cordon extérieur, et dont le
champ est occupé par un loup passant accompagné à
sénestre d'une lleur de lis.
Le même anneau avait déjà servi, le 27 juillet 1450,
à sceller un acte émanant de Bernard Peyro, prêtre
d'Estagel, lequel n'en avait point sans doute <^).
A partir de cette époque, les sceaux plaqués employés
en Roussillon sont entre deux papiers, à très peu d'excep-
tions près.
XXIV.— Le sceau de Galcerand Albert, évêque d'Elue,
déjà découvert, en 1857, par M. Alart*^' sur deux chartes,
des 12 août 1454 et 18 août 1452, se trouve aussi appliqué
sur un acte du 12 juillet 1445, par lequel Bernard Casa-
devall, commissaire aux causes, agissant pour ledit évêque,
autorise un exécuteur testamentaire de Marguerite, veuve
de Bérenger Descatllar, damoiseau d'Elne, a ajourner, à
quatre mois plus tard, l'exécution d'un legs (Cl. 24). Ce
sceau ogival (0'",075 sur 0"\04o) représente les deux
saintes Eulalie et Julie, encadrées dans une niche formée
de deux colonnettes avec pinacles tleuronnés, supportant
deux dômes à pendentifs , couronnés chacun d'un petit
clocheton; le tout d'un dessin correct et délicatement
gravé. A la partie inférieure du sceau, suivant l'usage
déjà connu, existe un écusson chargé d'un mont sur-
monté d'un arbre à deux branches, armoiries parlantes
(1) Arch. des Notaires.
(2) Idem.
(3) Pairûiines d'Elne, loc. cil.
227
de la famille Albert, et sommé de la mitre et de la crosse
épiscopales. Plus heureux que l'auteur des Patronnes d'Elne,
j'ai pu lire entièrement la légende, en lettres minuscules
gotlii(pies, qui entoure le sceau : Sigillum : VICARlÂTus :
Galccrandi : DIVINA : MISerAClO^'E : EPiscopI : ELN
ensis <■>.
XXV. — Ce sceau de l'Official de Perpignan, presque
semblable au n" XIX , en diffère seulement par l'écusson
aux armoiries de l'évèque Galcerand Albert (Cl. 25). La
légende est identique f^'.
XXVI. — Jacques Prada, prieur de Sainte-Marie de
Serrabona, autorise frère Bernard Fuster, prévôt de
Marin vans, à permuter un bénéfice avec frère Raymond
Bach, et emploie, à défaut du sceau habituel, un sceau
secret portant un P majuscule couronné (Cl. 26). Cet acte
est du 4 mars 1434 ^^K
XXVII — Jean Moles de Margarit, évêque d'Elne, a
emplové, à ma connaissance, trois sceaux différents (Cl.
27, 28, 29).
Le 7 avril 1438, la concession d'un bénéfice dans
l'église de Saint-Matthieu, au sage et discret Barthélemi
Foquet, par suite de la résignation qu'en a faite le cha-
noine Jean Foquet, est scellé du sceau du vicariat (.ogival,
0>n,08 sur 0'»,045). La disposition du dessin est analogue
à celle de la plupart des sceaux déjà connus; au centre,
les doux patronnes, sous des portiques gothiques, et
surmontant un écusson aux armes de l'évoque : parti,
au le, à ô marguerites, 2 et I ; et, au 2e, à un oiseau,
(1) Arcli. (l(^s Notaires.
(2) hh'in.
(3) hhm.
2-28
qui paiail être un paon. L'écusson , sounné d'une mitre,
sépare la légende, en minuscules golliiiiues : SIGILVm .
lOHVnnlS : MARGÂRITI (J/ DEi : GllAcia : EPISCOPI :
ELNENSIS '^'.
Le 8 juin 1437, Jean s'élail servi d'un sceau secret,
de forme ronde, de 0m,04 de diamètre, dans l'acte de
concession d'un bénélice de Clayra, à Jacques Vilar. Au
centre de ce sceau, on voit une aigle aux ailes éployées,
couronné d'une mitre, tenant entre ses serres l'écusson
du Prélat. La légende est illisible (-'.
Enfin, le 6 juin 1460, Jean de Margarit, écrivant à
Jean de Saint-Martin, archidiacre majeur d'Elne, pour
le charger de mettre le chanoine Jean des Casesnoves en
possession de l'église paroissiale de Sainte-Marie-la-Mer,
scelle sa lettre de son anneau manuel, qui est ovale
(0'n,OI8 sur 0"\0I5) et représente son écusson sommé
d'une mitre , ainsi que la légende en minuscules gothi-
ques : Sigillum : lOhannis : EPiscopI : ELiNENsis (3).
Suivant Moreri, les services rendus au Roi d'Aragon
Jean II, par Jean de Margarit, alors cardinal et évèque
de Girone, et son frère Bernard, dangereusement blessé
au siège de ladite ville, en défendant la P»eine d'Aragon,
furent si noblement appréciés, que ce prince crut ne
pouvoir mieux les récompenser qu'en permettant à ces
deux frères et à la postérité de Bernard , de l'un et de
l'autre sexe , de porter en chef des armes de leur mai-
son, qui étaient: de gueules à 3 margueriles d'argent,
écartelé à 5 pals de gueules, les armes royales d'Aragon,
de Navarre et de Sicile.
M. Puiggari, dans son Catalogue des Évêques d'Elne,
interprétant à sa manière le texte du Gallia Christiana,
(1) Arch. des Notaires.
(2) Idem.
(3) Idem.
529
qui désigne cet évèque sous le nom de Johannes iMoles
de Margarit, dit carrémcnl qu'il était issu seulement par
sa mère de cette famille illustre de Catalogne, tandis que
l'article de Moreri, ne mentionne aucunement le nom de
Moles. Je ne me charge pas de tranclior la question généa-
logique; cependant, la disposition de l'écusson gravé sur
les sceaux du Prélat, me donne la certitude que ce dernier
a fait pendant une grande partie de sa vie usage d'armoi-
ries autres que celles indiquées par Moreri; de même que
les trois marguerites qui ligurent au premier parti, sem-
blent, par la [)lace (ju'elles occupent dans l'écusson, des
armoiries paternelles. Quoi qu'il en soit, Jean n'a jamais
fait usage, en Roussillon, des armoiries concédées à sa
famille par le Roi d'Aragon, et c'est encore le même
écusson qu'on retrouve sculpté et peint sur la clef de
voûte de l'avant-dernière travée de l'église Saint-Jean,
indice probable que cette partie de l'édilice fut terminée
pendant la durée de l'épiscopat de Jean de Margarit.
XXVIIT. — I.'Ofllcial de l^erpignan, emploie un sceau en
papier, au type du saint Jean-Baptiste, avec un écusson en
pointe aux armes de Margarit '**. La légende est illisible. Le
jugement porte la date du 20 juin 1459; il est relatif à une
permutation de bénéfices entre deux ecclésiastiques (Cl. 50).
XXIX. — Charles de Saint-Gelais, évêque d'Elne. F>e 31
mars 1175, Bernard AI|)honsello, vicaire-général pour
ledit évêque absent du diocèse, confère à Jean Casanova,
prêtre, le canonicat et la prébende vacants par suite du
décès de Bernard Patau. Cet acte, donné à EIne, siib
siijiUo virMritili, vient à l'appui de ma précédente obser-
vation sur la manière d'appliquer les sceaux toute parti-
culière aux provinces de la monarchie aragonnaise (-'.
(1) Arcli. des Notaires. (2) Idem.
230
Le sceau ogival (0^,075 sur 0'",045) est appliqué entre
deux papiers au bas de l'acte, du même côté que l'écri-
ture, suivant l'usage français. De la même dimension que
celui du vicariat de Galcerand Albert, il affecte, à peu de
chose près, la même disposition. Les deux patronnes,
couronnées d'un diadème à 5 perles apparentes, sont en-
cadrées dans des niches d'un dessin exactement semblable
au sceau précité. La seule différence consiste en ce que
le sceau de Charles montre un écusson sous chaque
patronne. Sur celui de droite, je distingue la croix, sym-
bole héraldique de l'illustre famille de Saint-Gelais; celui
de gauche, malheureusement indéchiffrable, devait porter
l'étoile à 8 rayons du Chapitre d'Elne. La légende, très-
longue, en lettres minuscules gothiques, est illisible''*.
(Cl. 51 ).
XXX. — Charles de Martigny, évoque d'Elne. Pierre
Gallet, vicaire-général dudit évêque in remolis agentis,
informe, le 4 novembre M80, Jacques Martin, prêtre de
Perpignan, que trois ecclésiastiques désirent pcrnuiter
entre eux leurs bénéfices, et le charge de les mettre en
possession, par une lettre, en parchemin, scellée du sceau
épiscopal, suspend», entre deux papiers, par une languette
aussi en parchemin <'^). Ce sceau ogival (0'",05 sur 0"',05),
montre, sous un portique, l'image d'une seule patronne,
tenant une palme dans la main gauche. Il est entouré
d'une longue légende , en minuscules gothiques , dont je
ne puis déchiffrer que la première moitié : KÂROLYS.
EPiscopVS- ELNENsis. ABBAS.... Il diffère de la plupart
des précédents, par l'absence de tout écusson armoirié.
XXXI. — César Borgia, obtint, dit le père Anselme, en
mai 4499, des lettres patentes de Louis XII, par lesquelles
(1) Arcli. des Notaires. (2) Idem.
231
il fut adopté, lui et sa postérité, aux armes de France,
avec permission d'en user en tous actes. Son sceau, en
cire rouge, à la date du 16 mai de ladite année, repré-
sente un écu parti : au i'^'' un bœuf, et au 2^ un fascé.
Le 25 octobre suivant, l'écu est écartelé au l^r et au 4^
de France, au 2^ un bœuf, et au o^ un fascé. Le 15
juillet 1502, l'écu pareil au précédent, et sur le tout
deux clefs mises en santoir, surmontées d'un pavillon, au-
dessus duquel est une pique. Le premier a pour légende:
CESAR : BORGIA • DVX • VALENT. Le second, CESAR •
BORGIA • DE FRANCLA • DVX • VALENT W,
C'est uniquement par pure curiosité que j'ai transcrit
ces notes du père Anselme, et parce qu'elles se rappor-
tent à un personnage qui administra pendant quelques
années rEvéclié d'EJne et rAi)baye de Saint-Michel-de-
Cuxa, h une époque antérieure, du reste, à l'année 1499.
Si cette étude sigillographiquc n'était, par sa nature,
en dehors de toute critique religieuse, ne serait-ce pas
ici le cas de signaler l'hypocrite bulle du 5 des nones
de juin 1494, par laquelle le pape Alexandre VI «ayant
« le plus ferme espoir que le Seigneur dirigera les actes
« de son fils bien-aimé César, le nonmie Abbé de Cuxa,
« avec la confiance que, grâce à son zèle, ce nionastère
« sera utilement et heureusement dirigé, et en retirera
« de précieux avantages spirituels et temporels. » lleureu-
semcnl, dit M. Alarl'-', ce scélérat ne s'occupa jamais de
son Abbaye ([uc pour en recouvrer les revenus.
Ajoutons qu'il en fut de même de son Évéché d'Elne,
dans lequel il ne fit jamais acte de présence, et oii ses
procureurs ou vicaires-généraux seuls agirent en son
nom.
(1) Père Anscliuc. Hisl. des Grands Officiers de la Couronne, tom. V,
page 52'2.
(2) Notices historiques. Lr Roussillmindi^, Cal. pour tS62.
232
XXXII. — François de Lloris, évêque d'Elue. Ce sceau
ogival (0m,07 sur Om,0io) que je n'ai pas vu en original,
a été publié en 18o7 par l'auteur des Patronnes d'Elue,
qui l'a trouvé attaché à une charte du 18 mai loOl, rela-
tive a la collation d'un bénéfice fondé dans une église
d'Iile, et qui en a donné la description suivante : « L'em-
« preinte du sceau est marquée presque partout avec une
« remarquable netteté. Ce sont, comme dans le sceau de
« l'évéque Galcerand, les saintes Patronnes d'Klne, dans
« des niches à colonnettes, surmontées de dômes golhi-
« ques, avec pendentifs, pinacles et clochetons gracieu-
« sèment découpés. Mais, la différence est grande sous le
« rapport de l'art et dans les détails d'une ornementation,
« dont la richesse trahit Tinspiralion nouvelle qui animait
« déjà toutes les liranches des beaux-arts. C'est le souille
« de la renaissance qui pénètre dans l'art ecclésiastique,
« et nous verrions sans difficulté l'œuvre d'un artiste de
« Rome ou de Florence, dans ce sceau d'un Prélat qui
«passa le reste de ses jours en Italie, fut Cardinal de
« Sainte -Marie -A'orc^/e, Patriarche de Constantinople,
« secrétaire d'Alexandre VI, et mourut, à Rome, le 22
K juillet lo06. L'écu de François de Lloris occupe la
« partie inférieure du sceau; mais nous n'avons pu recou-
rt naître les armes qu'il portait, et tout ce que nous avons
« pu lire de la légende, se réduit au mot : LORIS (^>. »
Je me contenterai de faire remarquer que cette appré-
ciation, fort juste au point de vue de Kart en général, a
sans doute été suggérée à l'auteur par la différence qui
lui semblait exister entre les deux seules empreintes
parvenues jusqu'alors à sa connaissance. La comparaison
des types précédemment décrits, montre incontestable-
ment, que, sans recourir aux maîtres italiens, les ama-
teurs de belle gravure avaient trouvé déjà de précieuses
(i) B. Alart. Patronnes d'Elne, loc. cit.
233
ressources clans le burin des artistes catalans, dès la
première moitié du quinzième siècle (Cl. 35).
XXXIII. — Jacques de Serra, évêque d'Albane et admi-
nistrateur de l'Eglise d'EIne. Le vicaire-général de ce
Prélat, irrité des scandales qui se renouvelaient conti-
nuellement dans le diocèse d'EIne, ordonne des réformes
importantes. Dans une lettre adressée le 21 avril 1512,
à son clergé, il signale nombre de faits contraires aux
bonnes mœurs, et lui défend, tout particulièrement, de
fréquenter les mauvais lieux, de prendre part aux danses
publiques et aux mascarades, sous les peines canoniques
les plus graves. Il excepte, toutefois, de son interdiction
les mascarades faites en vue de la représentation des
mystères. Cette pièce est revêtue d'un sceau ogival t^0i",07
sur ()'",() ia) entre deux papiers, dont la disposition, encore
incoimueen Roussillon, était déjà répandue en France dans
le courant du siècle précédent (Cl. 54). En effet, substi-
tuant à l'image des saintes patronnes du diocèse, la (igure
d'armoiries personnelles à l'évéque, le graveur a repré-
senté, au centre, un écusson parti au Ic' à un arbre, et au
2e à un lévrier rampant , sommé d'un chapeau é[)iscopal
avec ses cordons, et entouré d'une légende illisible <').
XXXIV. — Alphonse de Meza, prêtre de l'église d'EIne,
agissant au nom du chapitre diocésain, demande copie
d'une lettre de feu Raymond , ancien évèque d'EIne ,
déposée dans les archives (hulil chapitre. Celte demande,
a la date du 18 août 153i, est scellée d'un sceau ogival
(0'",0i sur O'",02o) qui n'est point particulier à AI|ihonse
de Meza, et est employé en l'absence du sien propre
(Cl. 55). Ce sceau parait remonter h une épocpic beau-
coup plus ancienne; il représente un prêtre debout, vu
(I) Arch. df>s Notaires.
234
de profil , tenant les mains jointes devant un autel. Une
étoile se voit à hauteur de la tête du prêtre. Une légende,
en capitales gothiques, porte : f Sigillum : P : DE MONle
acVTO : PresBITERl. On ne distingue, cependant, du
nom, que les lettres MON...CVTO(^'.
XXXV. — Jérôme de Réquesens, évêquc d'Elne. Le
vicaire-général de cet évêque, approuve, le 2 décembre
-1511, un legs pieux, et scelle sa lettre du sceau de la
Cour du Vicariat.
Ce sceau, rond, au diamètre de Oni,Oi, est indéchif-
frable; on devine, toutefois, que le centre du sceau a dû
être occupé par un écusson , le chapeau et les cordons
épiscopaux; et de la légende, en capitales romaines, on
ne lit que : SIGILLV <2).
La famille de Réquesens, illustre on Catalogne, portait :
écartelé au !«'• et au 4^ d'Aragon; aux 2c et 5^ d'azur, à
trois rocs d'échiquier d'or; a la bordure engrelée d'argent,
A partir de cette époque, tous les sceaux du clergé |
roussiilonnais se bornant à représenter des armoiries 1
personnelles, l'intérêt qui a pu s'attacher à la reproduc- '
tion des types plus anciens, se trouvera considérablement
réduit, relativement a ceux qui vont suivre; aussi, me
bornerai-je à les mentionner succinctement.
XXXVL — Ferdinand de Loazes , inquisiteur pour le
Saint-Siège dans les royaume d'Aragon, principauté de
Catalogne, et comtés de Roussillon et de Cerdagne, écrit,
le 20 octobre 1559, au Bailli d'Elne, pour le prier de faire
mettre en possession d'un certain héritage la dame An-
tonia Viganda, de ladite ville. Le sceau ogival (0"i,Oi sur
0m,025) représente une ligure d"ange, surmontée d'un
petit portique. La légende ne laisse voir que : S
(I) Arrli. des Notaires. (2) Idem.
235
CONIA(»). Ce Ferdinand de Loazes, natif d'Orihuela, fut
promu à rÉvêchc d'Elne, le ô des nones de mai 1542.
Son sceau épiscopal m'est resté inconnu (CI. 36).
XXXVII.— Pierre d'Agustin, évèque d'Elne, élu et non
encore consacré, écrivant, le 23 avril 1544, à tout son
clergé, pour le convoquer h la réunion qu'il a depuis
longtemps indiquée pour le règlement du don gratuit ou
secours charitable qui lui est dû à l'occasion de son
avènement, emploie un sceau oblong (0"',024 sur 0'",02)
représentant un écusson écartelé: au ler^ une étoile à 6
rayons; au 2°, une aigle éployée; au 3% une plante, et
au 4^ trois poissons, l'un sur l'autre, rangés en fascé.
Le tout sommé du chapeau épiscopal. Un simple cordon
forme la bordure du sceau, qui ne contient pas de
légende (2^ (Cl. 37.)
XXXVIII.— Michel Puig, inquisiteur dans la principauté
de Catalogne et les comtés de Roussillon et de Cerdagne,
donnant une dispense de mariage entre parents, moven-
nant une somme destinée à la tabrique des basiliques de
Saint-Pierre et Saint-Paul à Rome, et aux frais de la
guerre contre les Turcs et les Maures, scelle sa lettre
d'un sceau rond de 0m,04 de diamètre, dont le centre
est occupé par un grand écusson, chargé d'une croix
pattée et alaisée. Il n"y a pas de légende (^l. Cet inqui-
siteur fut nommé, en 1545, à l'Évêché d'Elne. Je n'ai
pas trouvé son sceau épiscopal. (Cl. 58).
XXXIX.— Raphaèl Ubach, évoque d'Elne, ordonnant à
son clergé W de mettre Damien Sunyer, prêtre de Vich,
en possession de quatre bénélices, emploie, le II juillet
(h Arcii. dos Notaires. (3) Arcli. des Notaires.
(2) Idem. (i) /,/,,„_
236
1556, un sceau rond, de 0"",05 de diamètre, dont le
centre est rempli par un écusson, sommé du chapeau
épiscopal, et écartelé : aux l^r cl 4", un échiqueté, et
aux 2e et 5°, une étoile à 8 rayons, Irès-cerlainemenl
celle du Chapitre d'Elne (Cl. 59). Une légende, en capi-
tales romaines, porte ces mots : fR . UBAC . KPISCOPVS .
EF^NENSIS. C'est la deuxième fois que dans une légende
roussillonnaise , je remarque l'absence du mot sigdlum.
(Voir le sceau de Charles de Martigny.)
XL. — Jean Géraud Ballaro, archid. de Vallcspir, vicaire
capitulaire d'Elne, sede vacante, informe, le 18 mars 15o7,
les curés du diocèse, qu'il vient de conférer à François
Cazals, clerc, un bénéfice dans l'église de La Real, vacant
par le décès d'Antoine Ballau. Lo sceau rond, deO'",Oi,
représente, sous un portique à fronton gothique, les deux
Patronnes d'Elne , surmontant un petit écusson indé-
chifl"ral)le. La légende, en capitales gothiques, j)orte :
Sigillum : ONORABILIS : capi \) tuli : ELNENSIS <'). On
serait tenté de supposer à ce type une date de création
bien antérieure au seizième siècle, quoique jusqu'à celte
éqoque, il ne paraisse pas avoir été employé (Cl. 40).
XLL — Ce sceau, employé, le 16 décembre 1578, par
Dymas Ballaro, chanoine d'Elne, vicaire capilulaire, sede
vacante, dans une lettre par laquelle il ordonne aux curés
du diocèse de melire Barlhélemi Condor, en possession
d'un bénéfice dans l'église de Sainie-Maric-la-Mer, dilfère
très peu du précédent. La date est également incertaine;
mais l'empreinte, mieux conservée et plus nette, permet
de saisir davantage les détails (Cl. il).
C'est bien encore la ligure des saintes Eulalie et Julie,
sous un portique, surmonté de trois arcs en ogive, et
(1) Arch. des Notaires.
237
accosté de deux petites iiiclies vides, ogivales, à pignons
terminés par une étoile à 6 rayons. Un écusson , placé
en pointe du sceau, est chargé d'une étoile semblable.
La légende, en capitales gothiques, porte : Sigillum :
ONOliABlLlS : CAPITULI : ELNENSIS (^'.
XLIf. — Loup Martinez de Lagunilla, évêque d'Elne,
écrivant à son clergé, le 21 février lo6o, signe sa lettre
de sa projtre main, et la scelle d'un sceau*-' rond, de
0'",02v) (le diamètre, à ses armes, qui sont une grue ou
cigogne marchant dans un bassin, accostée à dextre
d'une couronne à trois pointes, et à sénestre d'une (leur
de lis. L'écu, sommé d'un chapeau épiscopal avec les
cordons. Il n'y a pas de légende. On voit que l'usage de
substituer les armoiries personnelles aux signes distinctifs
des Églises, tend à se vulgariser. (Cl. 42.)
XLIIL — Jacques Pélisser, archidiacre de Confient,
vicaire-général pour Loup Martinez de Lagunilla, désigne
le 5 sept. loOG Jean Serin van pour desservir le vicariat
d'.\rgelès, jusqu'à ce que le Pape ail pourvu quelqu'un de
ce bénéfice'^'. L'acte est revêtu d'un sceau rond, de 0'",0i,
appliqué au bas de l'écriture et aux armes de l'Évèque.
Une légende, en capitales romaines, contient ces mots:
t M • D • L.\GVx\lLLA • EPISCOPVS : ELNENSIS. (Cl. 45.)
XLIV. — Ilonuphre Masdamont , chanoine d'Elne ,
vicaire-général de l'évêque Pierre-Martyr Coma, ordon-
nant, le 21 juin 1572, aux curés du diocèse de mettre
un certain chanoine Jérôme Noguer, on possession d'un
bénétice dans l'église du Houlou, emploie le sceau épis-
copal (*> de forme ovale ( 0">,04o sur 0">035 ) aux armes
(1) Ârcliives des Notaires. (3) Arch. des Notaires.
(2) Idem. (i) Hem.
238
de rÉvèque, qui sont écartelées : au 1er ei au 4«, à deux
fasces, et aux 2^ et 3^, k cinq coquilles, posées 2, i et 2.
Le cartouche qui renferme l'écusson, gracieusement en-
touré de ligures d'une certaine (inesse d'exécution, et
surmonté d'une mitre, est entouré d'une légende en capi-
tales romaines : F. PETUVS. MARTIU. COiMA . EPIS.
ELNENSIS. (Cl. U.)
XLV. — En vertu de la charte du 25 juillet 4587, accordée
par Philippe II, roi des Espagnes, qui permet à l'Hôpital
Saint-Jean de Perpignan d'avoir des quêteurs dans les
diocèses de Girone et d'Elue, les administrateurs de cet
établissement délivraient, à chaque quêteur, le titre sur
parchemin de ses prérogatives et privilèges <•>, dans les
termes suivants : Lo cartell de las gratias y prcrogativas
que gosan los Baciners del hospitcd gênerai de pobres de
Sant-Joan de Perpinya , dins loqiial se fa narrassio de
diversos privilegis, etc., etc.
Cette pièce se termine ainsi : En testimoni de les quais
coses avcm nianat spedir les présents noslres impresses y
sota sentes de ma propria del notari devall scritt, y ab lo
sagell de dit espilal al peu de les présents estampât.
Dat en Perpenya, etc.<"^>
Ce sceau, imprimé du côté de l'écriture, est un carré
de 0'",0Ô5 de côté, posé sur une de ses pointes, suivant
un usage fréquent en Catalogne. Si l'on s'en rapportait
aux traits du dessin, le champ serait occupé par o pals,
celui du milieu, couvert en partie par l'image de saint
Jean-Baptiste*^'. Au-dessous de cette image, existe une
(1) Bulklin de la Soc. Ph'thm. des Pyr.-Oiient. , Xle vol., p. 248.
Éphéinérides de l'Hospice Saint-Jean, Joseph Sirven.
(2) Ardi. de rifosp. Saint-Jean. Liasse I, n° 33
(3) J'aime mieux croire à une erreur de burin , et admettre le champ
chargé de i pals, avec le saint Jean Lrociiaut sur les deux, du milieu.
239
croix pattéo, ancienne marque dislinctive des Hospitaliers
chargés du soin des malades, et que ces religieux portaient
sur une tunique blanche au côté gauche de la poitrine (Cl.
45). L'Hospice Saint-Jean (autrefois de la Miséricorde) étant
devenu la propriété de la ville de l*erpignan, en porta natu-
rellement les armoiries, surchargées de son propre insigne
héraldi(pic, la croix pattée. C'est à tort, croyons-nous, que
dans ces derniers temps, le sceau de l'Hospice représente
uniquement la croix pattée, h l'exclusion du blason de la
ville <'i.
XLVI. — Ce sceau appartenant à Don François Lopès de
Mendoça, évoque d'Elne, se trouve dans une lettre du 6
octobre IG^S, mentionnée par M. Alart dans son Etude
sur les Patronnes du Diocèse. Je n'ai pas vu ce sceau,
que je me borne à représenter d'après la gravure qu'en
a donné cet auteur (Cl. 46). On y voit l'écusson très-
compliqué du Prélat, sommé du chapeau épiscopal, et en-
touré d'une légende en capitales romaines : DON FRAN-
CISCYS LOPES DE MENDOCA EPLSCOPVS ELlNEN(^).
XLVH. — Ici devrait se borner cette Étude des sceaux
du clergé roussillonnais. Toutefois, je n'ai pu résister au
désir de reproduire le sceau de l'évèque d'Elne Vincent
de Margarit, nommé par Louis XIV, après la réunion
(1) La brandie transversale de cette croix était rouge, celle verticale
bleue. {Hullclin de lu Soc. PliilDin. dm Pjir.-Orient., Xe vol., p. -459.
Louis do lioniififoy. Épigraphie Koussillonnaise.) — Pour être juste, et
n'omcUre aucun indice, je dois constater que dans le sceau actuel de
riiospicc, ainsi que sur un écussim nnulerne placé dans l'éi^liso dudit
bospice, et au-dessus de deux lonlaines dépendantes dudit établissement,
datant du quinzième siècle, la croix pallée est représentée au pied ficbé.
L'exemple ci-dessus diffère et montre la croix pattée simple.
(-2) B. .Mart. Les Patroniiea d'Elue. (Extrait du Xb' lUill. de la Soc.
des Pyr. -Orient.)
240
définitive du Houssillon à la France par le traité de 1639
(Cl. 47). Dans ce sceau, se retrouvent les armoiries concé-
dées aux frères Bernard et Jean de Margarit par le roi
d'Aragon Jean II , au quinzième siècle *'>.
XLVIII.— Ayant eu également connaissance des sceaux
de certains évêques du siècle dernier, je les mentionne,
pour mémoire, par ordre chronologicjue.
Louis Habert de Montmorl, nommé évèque d'Elne, le 2
novembre 1680, portail : d'azur, au chevron d'or, accom-
pagné de trois anilles d'argent.
XLIX. — Jean Hervé Bazan de Flamenville, nommé
évêque d'Elne le 8 septembre l69o, portait : d'azur, à
deux jumelles d'argent, surmontées d'un lion du même
passant, armé, lampassé, couronné d'or.
L.— Jean de Barthélemi de Gramont de Lanta, nommé
évêque d'Elne le 17 octobre 1725, portait : d'azur à trois
bandes d'or, qui est de Gramont.
LI.— Charles-François-Alexandre de Cardevac, de Gouy,
d'Avrincourl, nommé évêque d'Elne en septembre 1745,
portait : d'azur, semé de mouchetures d'hermine, au
comble de sable.
LU. — Jean-François de Saunhac-Bekastel, nommé
évêque d'Elne en 1822, portait : d'or, à un lion couronné
de sable, à l'orle de douze billettes de gueules.
LUI.— Olympe-Philippe Gerbet, nommé évêque d'Elne,
le 7 avril 1854, porte: d'argent, à deux palmes mises
en sautoir, cantonnées de quatre étoiles de gueules.
(1) Arch. des Notaires.
241
Sceaux du !ll4^ili*oi>oli(ain.
L'Évêchc d'Elne était siiiïragant do l'Archevcclié de
Narbonne. Les Pères de Sainle-Martlie, généralement
mal renseignés sur les Églises du iMidi de la France, ont
prétendu que l'Évêque d'Elne jouissait, dès le dixième
siècle, du droit de prendre la première place parmi les
suffragants de la Métro|)ole. Cette prérogative n'appartint
jamais dans l'Église, qu'à l'Évèque le plus anciennement
ordonné.
J'ai reproduit, en note, au 11° 1, le sceau de Pierre
d'Amélius, archevêque de Narbonne, vivant en 1228,
tel que le donne D. Vaissètc; voici le sceau de Pierre de
La Jugie, vivant en 1574 (Cl. 48). Suivant M. de Wailly,
cet Archevêque scella les lettres qu'il dressa pour la
convocation de son concile [)rovincial, avec son grand
sceau et son signet ou cachet. Elles finissent ainsi :
Dalum snb sigillo noslro impcndeiite et signdo, in Castro
novo de MoidilUs , die prima mensis fcbriiarii , anno
nativitatis Christi ^574 ''*.
Je ne sais si le sceau appliqué le (illisible) de l'an 1374
sur un acte donné en son château d'Apjjia (Pia) par ledit
Pierre de la Jugie, est le même que celui signalé |)ar les
Bénédictins. 11 représente, sous un portique gotlii(iue,
l'image d'un arclievêque aux pieds de la sainte Vierge, ac-
costé de deux écussons peu déchiirrables*-'. Une légende
en ca|titales gothiques porte ces mots : CON (?).... MIS :
DIV : SCE : PE BON : ABEPl : ATQ : PAT. Que
l'on doit interpréter sans doute de la manière suivante:
CONtrasigillum?...MlSEli.ViIOiNE : DIVLNA : SANCÏE :
(1) Élém. de Paléog., p. 21G. — (2)Arcli. des Notaires de Perpignan.
16
242
PRIME : SEDIS : NARRONENSIS : ARCHIEPISCOPI :
AÏQUE ; PUIM MIS. Ce sceau est roiul, an diamèlre de
()m,Oi. H a ilù èlre un contre-sceau; car, au bas de l'acte,
du même coté que l'écriture, ou voit les restes d'un pelil
cachet ruud de 0"',0lo, |jorlaut un écusson iudecliilVrabie,
soniuié d'une crosse. Une légende, en capitales gothiques,
laisse voir les lettres ci-après: SECRT... P. A
(secretum . PETRI . ARCH . NAR?) C'était le sceau parti-
culier de Pierre de Julie.
Jacques, chanoine, vicaire-général d'Antoine Crespin
du Rec, archevêque de Narbonne, employait, le dernier
jour de juin 1402, un sceau (Cl. 49), dans lequel je crois
remarquer les bustes des saints Just et Pastor, sous un
porti<iue placé au-dessus de la ligure d'un personnage
agenouillé, et accosté de deux écussons : celui a sénestre
aux armes de Crespin du Rec, et celui à dextre aux armes
du Chapitre de la ville de Narbonne (^'.
Le 10 des calendes de juin 1511, le siège d'Elne, fut
détaché de INarbonne, et soumis iu)médiatement au Saint-
Siège par le pape Jules II. En loi 7, Jules de Médicis,
archevêque de Narbonne, obtint de Léon X, la restitution
de l'Église d'Elne a son légitime métropolitain; mais cette
disposition ne dura pas longtemps, l'Evéché d'Elne ne re-
connut plus de métropolitain. Le 50 août 1564, en vertu de
la décision du Concile de Trente (1565), l'Evêque d'Elne,
Loup de Lagunilla, choisit l'Archevêché de Tarragone.
A l'époque de la révolution française, rÉvèché d'Elne fut
su|)primé et incorporé, en 1801, à TEvéché de Carcas-
sonne. En 1824, l'Evèché d'Elne ayant été rétabli, releva
de l'Archevêché d'Albi.
(\) Arch. des Notaires.
243
DEUXIEME PARTIE.
Sceaux des Laïque»».
Si l'on a dit quelque part avec juste raison que la
Sphragistique est sœur de la Numismatique, l'on ne peut
sans injustice se refuser à reconnaître le lien qui réunit
ces deux sciences à celle du Blason.
Dans l'étude de l'Archéologie, tout s'enchaine, mais
par des liens si laibles, que souvent l'erreur est le fruit
des plus patientes recherches, des plus savantes disser-
tations; aussi, lorsque l'exactitude d'une solution peut
dépendre du plus ou moins grand nombre d'éléments de
comparaison, recueillir et signaler le moindre indice,
devient le devoir naturel de tout écrivain ami de la vérité.
C'est pourquoi, traitant de la Sphragistique du Rous-
sillon, j'ai cru utile de parler incidemment des armoiries
particulières à cette contrée.
Au premier abord, ma tâche semble facile; car, pour
si peu que les Roussillonnais se soient occupés de leur
histoire sigillaire, quelques-uns d'entre eux, cependant,
ont à diverses époques parlé du blason de Perpignan.
Aucune version ne nrayanl complètement satisfait, je vais
l)résenter, à mon tour, certaines considérations, qui,
l)eul-ètre, trancheront délînilivement une question jus-
qu'ici fort controversée.
Suivant l'oimiion émise aux premières pages de cette
élude, la sigillalion fut incdunue dos Conilos amovibles
et des Comtes héréditaires du Houssillon , et le premier
acte scellé dans ce pays n'est pas antérieur à la lin du
douzième siècle.
244
Si les proniiers souverains de cette contrée ne firent pas
usage de sceaux, possédèrent-ils du moins des armoiries?
el, par suite, le pays ou les villes soumis à leur autorité
connurent-ils ces symboles usités dans la plupart des
États voisins?
Il est permis de douter qu'aucun Comte de Roussillon
ait possédé des armoiries avant répO(pie des croisades.
Les historiens espagnols modernes, justice faite des laides
accréditées par les anciens auteurs, n'osent eux-mêmes
faire remonter celles des Comtes de Barcelone plus haut
que la conquête de Catalogne ; et , suivant Don Joseph
Salât : Senalar otra epoca es esponerse à un error, y fijar
esta en la de D. Berenguer 111 , es lo mas scguro <^).
Plus hardi que mes devanciers, avant de décrire les
sceaux des anciens Souverains de la Catalogne, je veux
dire ici ce (jue je crois la vérité sur le hlason des Comtes
de Roussillon, aussi bien que sur celui des Comtes de
Barcelone.
Conquis par les Francs sur les Arabes, vers l'an 760,
le lîoussillon fut compris dans le royaume d'A(|uilaine, et
dès le commencement du neuvième siècle, une partie de
la Catalogne soumise à Chaiiemagne , était organisée
selon le régime franc. A la mort de Charles-le-Chauve,
par suite du démembrement de l'enqjire, la Septimanie
fut divisée en deux provinces : la première, prit le nom
de Manpiisat de Septimanie, conq)renant le Comté de
Roussillon. avec Narbonne pour ca|>itale; la seconde, se
composa des Marches d'Espagne, dont Wilred-le-Velu,
souche des Comtes héréditaires de Barcelone, fut le pre-
mier marchis connu.
Il serait ridicule assurément de tenter de rechercher
les armoiries des Comtes de Roussillon el de Barcelone,
(1) Tratado de las monedas labradas en el principado de Catalunu,
toiii. I, p. 56.
245
du luiitième siècle ;hi onzième; mais ce que la numis-
matique nous apprend est plus sérieux.
Il est certain (jue les Carolingiens, maîtres de la Septi-
manie, frappèrent des monnaies de diverse valeur, dont
le type, prescpie invariable, montre sur l'un des cotés
de la pièce la figure d'une croix, dont les branches,
d'égale grandeur, vont en s'élargissant vers le pourtour
extérieur, et ofTrenl alors le caractère d'une croix patiée
ou [)oteiicée. On attribue même h Louis-le-[)ébonnaire
des monnaies frappées dans les comtés de Barcelone et
d'Anqmrias, et très-probablement aiissi dans le comté
de Roussillon, dont le revers est marcjué de celle figure
liéraldi(pie (''.
An neuvième siècle, les Comtes amovibles du Roussillon,
simples agents stdtalternes, continuèrent, sans doute, le
uionnayage au nom des Carolingiens, et durent conserver
intact le type usité dans le royaume (rA(piitaiue '-).
Au dixième siècle, les Comtes de Roussillon, devenus
bérédilaires, s'a|)pro[»rièrent le droit de battre monnaie,
laiiuelle, connue dans les cliartes sous le nom de monefu
(iossrlla, /iuscilioncusis, numda l'cipiniani, l'ut sans doute
frappée à Perpignan, chef-lieu du comté.
Il n'existe pas de mention ni de spécimen connu de la
monnaie des Comtes de Roussillon, avant le douzième
siècle; mais on possède, depuis peu d'années, ini dtMiier
de (îansfred IV, vivant de i I 15 à I Um; un denier et une
obole de Girard II, vivant de I lliô à I M"!. Crs trois pièces,
dont l'un des côtés représente une croix paltée, acconq)a-
guée dini sigm-'^» cfunmnn sur les monnaies du royaume
Carolingien d'A(|Miiaine, sont analogues aux monnaies de
(1) Rerherrhes sur les monnaies qui ont eu cours en noussi'Ion.
Colsoii, f85i, |)1. I, fig. 7 el 8.
(!2) .M. de Lnntrpcrier. \otire rlrt monnnirs franrnises . etc., p. 102.
(3) Un U à dnulilu (|uoiR'. Colsoii. loc. cil.
246
Toulouse, de Béarn, d'Albi, et surtout aux deniers de
Bonafos, fabriqués au douzième siècle.
Cette série, bien peu étendue, puisqu'elle se borne à
deux types seulement, ne donne certainement pas la
preuve décisive que la croix pattée composait le blason
des Comtes de Boussillon, bien qu'il soit possible de
reconnaître dans l'emploi de ce signe , un emprunt fait
aux Carolingiens, leurs anciens maîtres. Cependant, si
l'on considère l'époiiue à laquelle les deux monnaies qui
le portent furent frappées, il sera sans doute plus rationnel
de croire que cet emblème, d'un usage si fréquent depuis
la première croisade, avait été adopté par le comte Gérard,
et transmis par lui à ses descendants. Je serai par suite
fort tenté de rapprocher de ce symbole héraldique répété
sur les monnaies des deux derniers comtes, le signe ana-
logue qui figure dans le quatorzième siècle sur les murs
de l'Hospice Saint-Jean, fondé à Perpignan, en 1116, par
Arnaud Gausfred, régent du Boussillon, oncle de Gaus-
fred IV; sur l'ancien sceau dudit hospice; sur la poitrine
des religieux chargés du soin des malades, et, chose plus
significative peut-être, sur une des faces du clocher de
l'ancienne église d'Élne, rebâtie dans le onzième siècle,
en partie des libéralités du comte Gausfred II et de sa
femme Azalaïs.
Ce qui n'est qu'une hypothèse en ce qui concerne le
blason incertain desComtes de Boussillon, m'apparaît sous
une forme plus assurée lorsque je recherche les armoiries
des Comtes de Barcelone, leurs ancêtres présumés.
Les divers auteurs qui ont traité juscjuici des armoiries
catalanes et aragonnaises, me semblent avoir accrédité de
graves erreurs. Tous, ou presque tous, racontent que
depuis le mariage de Baymond-Bérenger IV, comte de
Barcelone , avec Pétronille , dernière héritière des Bois
d'Aragon, l'écu aragonnais fut remplacé par celui des
Comtes de Barcelone , qui était : d'or, à quatre pals de
247
gueules, et ils affirment même que Wifred-le-Velu tenait
ces armoiries de l'empereur Cliarles-le-Cliaiive, sans songer
qu'au n(Mivième siècle aucun Élat d'Europe ne connaissait
encore le blason (^'.
De graniies dissertations ont été aussi entreprises à
reflet de savoir si l'écu aux quatre pals de gueules, est
plus ou moins ancien que l'écu chargé de la croix de
Saint-Georges. On raconte alors que le comte de Barce-
lone Raymond-rJorell II, en mémoire de la victoire qu'il
remporta sur les Sarrasins en OOt), par la protection de
saint Georges, écartela d'une croix rouge en champ d'ar-
gent, son écu d'or h quatre pals de gueules.
Aucune monnaie connue des anciens Comtes de Barce-
lone, ne représente de pals, ou de croix de Saint-Georges,
mais souleniont la ligure d'une croix patlée.
En ellet, une rnancme d'or, frappée à Barcelone en 1 157,
au nom de Bérenger IV, montre, des deux côtés, une croix
dont les branches viennent aboutir aux bords de la pièce, en
coupant la légende. Depuis cette époque, toutes les mon-
naies frappées à Barcelone présentent, au revers, un signe
semblable, devenu, à n"en pouvoir douter, par la suite, ainsi
que je vais le démontrer, le symbole héraldique héréditaire
des souverains de la Catalogne issus des anciens comtes.
Suivant D. Prosper de Bofarull, archiviste de la couronne
d'Aragon, les archives espagnoles ne possèdent aucun sceau
émanant des comtes de Barcelone ni nième du roi Alphonse,
fils de Baymond Bérenger IV et de Pétronille, (jui régna de
117'2h II 96. Pour mon compte, je puis alllrmer (pfaiicune
des chartes de ce souverain conservées dans les divers
dépcjts roussillonnais, ne porte la moindre trace de sigilla-
tion. Ces chartes représentent invariablement le styiium
du roi Alphonse II dans la forme suivante : 'Is^
(1) Mariana, Gfiroiiimo Blaiicas, Aiiisa, Zurila, Dcutcr, le P. Roig,
Feliu (le La Pena et autres.
248
Que doit-on voir dans celle figure, qui porle évidem-
ment un certain caractère hér;il(li(]ue? sinon le symbole
héréditaire empreint sur les monnaies et les chartes des
anciens Comtes de Barcelone, locpicl doit se perpétuer,
avec de légères variantes, de génération en génération,
jusqu'à la lin du ipiinzième siècle dans les monarchies
aragonnaise ou nuijorquine.
Bolarull a reproduit en fac-f<iwilc le sifjiinm de tous les
Comtes souverains de Barcelone et des Bois d'Aragon, leurs
successeurs. AVitred II, vivant en 8118, l'ail précéder son nom
d'une croix polencée ^\ une croix semblable suit son litre
de cornes. Sunyer l'^'', en 912, encadre son nom dans deux
croix panées >^ . Borel, en 951, emploie la croix potencéei^,
cantonnée de quatre poinis. JMiron, en la même année, fait
précéder et suivre son nom d'une croix pattée>I-< . Baymond-
Borel, en 992, emploie une croix semblable, cantonnée de
quatre poinlSi;]t=; Bérenger, en I0l8,t§i; Baymond-Béren-
ger II, en 1076^; Baymond-Bérenger IV, en 1131, 4f.
Baymond-Bérenger, son Dis cadet, frère d'Alphonse 11,
qui ne régna pas sur le comté de Barcelone, faisait suivre
son nom du signe a^ T»
La croix paltée, ou polencée si l'on veut, que l'on ren-
contre pendant plusieurs siècles sur les monnaies el dans
les chartes catalanes jusqu'en 1513, est, selon moi, le
plus ancien et seul véritable blason des Comtes de Barce-
lone; tandis que les pals, n'apparaissant qu'après la réunion
des deux États, constituaient celui des Bois d'Aragon; el
c'est encore la numismatique qui viendra en aide à ma
démonstration O.
(1) Don Joseph Pellicer, dans son Idea del Prinripado de Catnluha.
liv. I, no 24, dit : « que les qualn- pals colorés nn champ d'or, ne sont
pas les armes de la Principauté de Catalogne concédées au comte Wilied-
le-Velu par Charles-le-Chauve , mais bien celles des Rois d'Aragon, qui
en usèrent avant l'union du comte Raymond avec la reine Pétronille. »
249
En eiïel, les nioDiiuies du roi Kainire, qui gouverna
l'Aragon , en 1055, portent une petite croix au sommet
d'un pal. Celle petite croix, accompagnée de deux (leurs
parlant du bas de ce pal, existe également sur les mon-
naies des Rois successeurs de Hamire. On remarcpie une
figure à |)eu près semblable sur la monnaie nnclo, créée
par Alphonse II; le symbole aragonnais occupe le champ
de l'avers, le revers [jorlanl la croix de Barcelone. — La
monnaie qualernc et doblaïque de Jacques-lc-Coiupiérant,
fra|)pée à Valence, porte les mêmes types : d'un côté, la
croix baicelonaise ; de l'autre, la peiile croix haussée
d'Aragon, ou bien, l'écu aux quatre pals, dont il parait
le premier a\()ir lait usage ^'.
Du reste, le nombre des pals ne fut pas toujours inva-
riable. On les rencontre à diverses époques, tantôt réduits
à trois, même à deux, et tantôt portés à cinq, six et même
sept, sur les sceaux, monnaies ou manuscrits de la Prin-
cipauté de Catalogne, depuis la réunion du Roussillon au
royaiune d'Aragon (I5ii).
En rappelant ci-dessus le sujninn des Comtes de Barce-
lone depuis 85)8, je n'ai |)oint voidu prétendre cpie, dès
cette épo(iue, il (Vit employé en guise de blason. Mais,
ainsi que je le montrerai plus loin, je pense que les Rois
d'Aragon, issus des Comtes, retinrent avec intention
l'emblème de la croix dans leur signature, en souvenir
des armoiries de leurs ancêtres paternels, auxquelles
l'écu aragonnais avait été substiliu'.
Quant à l'écusson porté de tenq)s immémorial par la
ville (le Barcelone, et (jui est : écartelé au l''' et au ¥
d'argent à la croix de Saint-Georges de gueules, et aux
2e et 5e d'or, aux l pals de gueules, l'Iiislorien Bosch
veut que la croix rouge ait été prise en mémoire d'une
(1) Colson, Recherches sur les Monmties. \\\. I, tisj. 15, l(i, 17, \H,
19, 20 et 21.
250
apparition miraculeuse du bienheureux saint Georges,
patron de la Catalogne. Pounjuoi n'y verrail-on pas plu-
tôt la représentation, légèrement altérée, du type primitif,
porté d'une manière conslanlc sur les monnaies et les
chartes anciennes, témoins autl)enti([ues, irrécusables?
Une lettre des Consuls de Mer de Barcelone, adressée
le 26 mars 1560, au Bailli de Perpignan, porte un sceau
de 0'",05 environ; le pourtour extérieur où se trouvait la
légende est indéchiffrable; au centre, on voit un écusson
carré, posé sur une de ses pointes, sans aucune espèce
de cimier ni de couronne, écarlelé au 1*='' et au 4^, k
une croix pleine; et aux 2^ et 5^, à trois pals.
En 1588 et pendant plusieurs siècles, car au dix-
septième je retrouve encore le même type, le Viguier
de Barcelone employait un sceau de 0"i,06, représentant
au centre une figure géométrique, composée de quatre
demi-circonférences, reliées entre elles par autant d'an-
gles aigus saillant vers le pourtour extérieur; au centre
un écusson carré, posé sur une de ses pointes, chargé de
cinq pals, et portant en abime un autre carré, également
sur pointe, chargé d'une croix alaisée, cantonnée de quatre
points (besants?).
Lég. t S : VIC/RII : B/RCHN : PRO : DOiMINO : REGE :
/RÂGONVM : COMITE : B RCHN.
Ces deux exemples ne font-ils pas voir clairement (L. 2)
l'union des deux États, Catalogne et Aragon (L. 5), et la
sui)rématie des armes Catalanes sur celles d'Aragon, par
la dis[)osition intentionnelle de la croix barcelonaise bro-
chant sur les pals aragonnais?
L>51
I. — Lorsque, par son testament de 1172, le comte
Girard II ont \é^né le Roiissilion au roi Alphonse, ce
comte devenu partie intégrante de la monarchie aragon-
iiaise, fut gouverné directement par les Officiers du Roi.
Le Roussillon n'eut pas alors d'autres armoiries que celles
du Royaume. Seulement, l'écu du Comté de Roussillon,
alïecla généralement la forme d'un carré posé sur une de
ses pointes, et chargé le plus ordinairement de quatre
pals: mais quelquefois aussi d'un nomhre diflerenl.
La période pendant laquelle le Roussillon lit partie du
Royaume de Majorque, et qui est comprise entre l'année
1270 et l'année lôii, n'est représentée dans ma collec-
tion sigillaire par aucun spécimen, si l'on veut excepter,
toutefois, le sceau de l'évêque Gui Terrena, décrit au
No VU de la première partie.
Les plus anciens sceaux où figurent les armoiries du
Comté de Roussillon, datent du retour de ce pays au
Royaume d'Aragon , et le premier que je retrouve est
ap|)liqué sur un acte du le"" septembre 1355, donné, à
Perpignan, par Guillaume de Rellaria, conseiller du Roi
d'Aragon et Gouverneur pour lui dans les Comtés de
Roussillon et de Cerdagne , (pii nomme Rernard Vais,
habitant de ladite ville, à l'ollice d'avocat des pauvres <''.
Le sceau (L, 4) en cire rouge, a 0"',06 de diamètre;
le champ est occupé par un personnage couvert d'un
manteau, la léte nue, ceinte d'une auréole (dans lequel
j'incline à voir saint Georges, patron de la Catalogne),
portant, entre ses deux mains, à hauteur du ventre, un
écusson carré, posé sur une de ses pointes, et dont la
disposition héraldi(|ue montre seulement trois pals. De
légers ornements, circonscrits dans une bordure formée
( 1) Arch. (les Notaires.
252
de seize quarts de circonférence, reliés ensemble par nne
petite boule ronde au point d'intersection, entourent le
saint. Une légende en capitales gotliiipios, précédée d'une
petite croix pattée, se compose des mots suivants :
>l< SIGILLVM : OFtlCIi : GVBI^rnalionis : comilalWM :
ROSSILIOMS : Et : cerlTANIE.
Les deux autres sceaux (L. 5 et 6), apposés sur de
nombreux actes de 1570 à 1431, par les Gouverneurs
des Comtés ou par leurs Lieutenants, (pioique dirCérarit
très peu à première vue du précédent, oflVenl cepen-
dant une légère variante, (pi'il est utile de constater.
C'est toujours (dans la lig. D) le saint Georges portant
un écu carré sur pointes, couvert celte fois de deux pals
seulement. L'encadrement n'est plus composé que de six
circins, dont le bord intérieur est dentelé. La légende,
aussi en capitales golbiipies, au lieu de commencer |)ar
une croix pattée, est précédée d'un petit écu triangulaire
à un pal, et certains mots diffèrent de ceux portés sur le
sceau de l3o5, par l'orihograplie : \^) sKiILLV.M : OlliCii :
gVBERNAtiONIS : COMlTATVVm : ROSSILlOnis : el :
CEriTANIe.
Dans la fig. E, le saint Georges porte un ccusson à
cinq pals. La légende est précédée d'un écu triangulaire
a trois pals, plus grand que dans l'exemple précèdent:
H SIgILLVM : OFIÎCII : GVBErnallOMS : comlTATVVm :
ROSsILiONlS : EÏCERlTANie.
Voici le nom des Gouverneurs des Comtés de Roussillon
el de Cerdagne dont j'ai retrouvé les sceaux, pendant cette
période d'un siècle environ : Guillaume de Bellaria, 1555;
Gelabert deCruyIles, 15<S6; Raymond de Ça Garriga, 1589;
Bernard Albert; Raymond de Perellos.
Je ne connais pas d'autres exenq)les des armoiries |)ro-
prernent dites des Comtés de Roussillon et de Cerdagne.
Salât, dans son traité des monnaies d'Espagne, déjà cité,
dit que l'écu du Comté de Roussillon, est un carré posé
253
sur une de ses pointes, portant quatre pals de gueules
en champ d'or; mais la fig. Ai de la planche I^e de son
livre, représente un écu losange, d'or à quatre pals de
gueules, dont les quatre sommets touchent les bords
d'un écusson rectangulaire aussi d'or ( L. 7).
Je crois qu'il fait erreur dans le dessin de ces armoi-
ries, et je montrerai plus lard que le type était bien
priniiiivemcnl un carré posé sur pointe, dont l'usage a
lait une losange, sans qu'on puisse apporter à celte
substitution la moindre bonne raison.
D. Joseph Garma décrit, de son côté, l'écusson du
Comté de Roussillou de la manière suivante''': d'argent
à deux fasces d'azur, chargées de trois (leurs de lis "d'or
(L. 8).
Je ne sais où il a découvert ces armoiries; à moins
qu'elles n'aient été concédées à la province de Roussillou
depuis le traité des Pyrénées, ce que j'ignore complè-
tement. En tout cas, je n'ai jamais vu figurer cet écu
sur aucuns sceaux, mommients ou monnaies.
I.a pciiie ville de Vinra, dans rarroudissemeul de Prades,
doiii rHôlel-de-Ville ne remonte pas h |)ius de deux siècles,
offre sur la porte un exemple que je suis tenté de pré-
senter ici comme décisif. On voit deux écussons, sommés
chacun d'une couronno royale, portant quatre pals; mais
la forme de ces deux emblèmes l!éraldi(]ues diffère essen-
tiellement, car l'un est carré, posé sur pointe, et l'autre
rectangulaire. Je crois qu'on y voit, côte à côte, les armes
du Roussillou et celles de la i)rincipauté de Catalogne.
Je menlionnerai également , pour le critiquer, un
écusson dont aucun monument roussillonnais ne porte
la trace. C'est celui, sans doute, que .M. dUozier, dans
sa dislrii)ulion générale, attribue au Roussillon, devenu
depuis peu province française. Cet écusson . reproduit en
(I) Adarya Cattiluim. fig. 5, pag. 148.
:25S
divers ouvrages*'*, porte en champ d'azur, niip. airjle
éployce d'or. Malheurousemenl, ces armoiries sont, à très
peu de chose près, celles d'une illustre maison dauplii-
noise, qui portait, selon le P. Ménestrier <-' : de Queules,
à une aujle cployée d'argent. Girard, comte de Vienne,
vivant en 850, possesseur d'une maison de plaisance
située dans la seigneurie de Roussiilon (en Daupliiné), dont
il prit le nom, est, suivant l'opinion générale, l'auteur de
cette famille, qui dura plus de cinq cents ans après luif^'.
Je pense que l'on doit rejeter cet écusson, dont il n'a été
fait aucun usage dans le pays auquel il était attribué.
Différents auteurs prétendent donner le blason du Comté
de Cerdagne, qui serait écartelé en sautoir, au i^i- et 4^
d'or, a quatre pals de gueules; et aux 2^ et 5^ d'argent, à
la croix de Saint-Georges de gueules. Aucun exemple de
cet écusson ne se voit sur les anciennes monnaies de
Cerdagne. Ce ne peut être qu'un blason moderne; les
premiers Comtes de ce pays, issus des Comtes de Barce-
lone , étant éteints avant l'apparition des premières
armoiries certainement connues de la principauté de
Catalogne (L. 9).
II. — Aucun auteur français ne paraît avoir connu le
sceau de Pierre II, lils d'Alphonse, dont le règne dura de
1190 à 1215, et auquel la ville de Perpignan, fut rede-
vable de l'institution du pouvoir municipal. Bofarull,
lui-même, dans le tableau déjà cité plus haut, accom-
pagne ses fac-similé d'un avertissement, duquel j'extrais
les phrases suivantes : Escasearon aun mas sus jirmas
(t) .Annuaire delà Noblesse de borel d'Autorivc; année 1850. — Arm.
national de Frume, Traversier; [Hl'2. — Catalogue des Gentilshommes
du Roussiilon, etc., Ed. de Barthélémy; 1864.
(2) Méthode abrcfiée de Blason, etc., Cl. Fr. Ménestrier; 1601.
(3) Histoire du Ihuphiné, Clioiicr.
255
en los diplomas los 'primer os monarcas de Aragon, pues se
observa que, hasta el reynado de Don Pedro el Ceremonioso
inclusive, no aparece en ellos aulografo alguno, y que toda
su legiliinidad y originaUdad esta en el escribano que du
fe, y en los signas renies que uniformaron aqucllos Rcyes,
luego que anadieron los sellos pendienies en sus diplomas,
cuyo conocimienlo requière un Iralado y estudio parti-
cular; pero basta por ahora saber, que no usé la cancil-
leria do Aragon el real scllo basta el reynado de Don
Pedro el Calolico, que le introdujo antes de su viage à
Ronia, donde le corona Innocencio 111, en 1204, conce-
diendole el lilulo de Ganfanoner à Alferez major de la
Iglesia, con la bandera colorada y amariUa , que desde
enlonces se hizo nacional y estensiva despues à toda Es-
pana, y de estos colores fueron en adelanle las cintas de
seda que soslenian los sellos de los diplomas de aquellos
Reyes (*).
Une charte scellée, donnée à Perpignan, le 50 mars
1190, par ledit Roi d'Aragon, confirmant une donation
liiite par son père a l'Hospice Saint-Jean, prouve que
l'usage établi par Pierre II est antérieur à l'année 120i.
La cliarte n'existe plus en original ; mais une copie don-
nant la description du sceau royal, nous reste <2'. Hoc est
translalum jideliler scriplum à quadani carta seu lilera
pergamenea aut privilégia illustrissimi domini Pétri, Dei
gracia Aragonum tune régis; ejus vero sigillo cere albe
in quibusdam corrigiis cericie sive de canapi impendenti
sigillala ; in una cujus sigilli presentis figura erat sive
sculplura militis supra equum armait ienentis scutum
regale sigiii Aragonum in braxio, et in manu lanceani
cum gonfaiiono, in altéra vero sigilli presenlis figura erat
spve sculplura régis sedenlis in solio (enentis in tnanu
{\) Tabla cronohgica; afio 1833.
{i) Arcli. de l'Hosp. Saint-Jean, liasse 2, n" 11.
256
dextra ensem, in senestra vero manu florem, et circumdrca
didum sigillum in circulo ei^anl litere quedam que propter
antiijuilatem comode legi non poierant.
Le 0 des calondes d'août 1207, le mcmc Roi, accor-
dant aux habitants de Collioure le privilège de la Iran-
cliise du droit de leude et antres établissements de foires
et de marchés, employait le même sceau, dont la descrip-
tion est faite en termes analogues à ceux de la charte
précédente'*'. (Voir la signature de ce Roi, planche 7.)
III. — Jacques I^r, dit le Conquérant, dont le règne dura
de 1215 a 1276.
Le sceau de ce monarque a été décrit par M. de Wai11y<*'
et le dessin en a été donné par Dom Vaissète et le baron
Taylor; je ne puis mieux faire que de citer textuellement:
« Jacques I^'', roi d'Aragon, comte de Barcelone et sei-
« gneur de Montpellier, a scellé en cire et en plond);
« une empreinte de cire de 3 pouces 'j^ de diamètre,
« suspendue à un acte de 122G (J. 428), le représente
« assis sur un trône à dossier, tenant de la main gauche
« un globe, et de la main droite, une épée posée sur ses
«genoux. Le contre-sceau est de la même dimension;
« le Roi, monté sur un cheval au galop, armé d'une lance
« à banderolle et coiffé d'un casque terminé par une cou-
rt ronne, porte suspendu à son cou un bouclier (pii est
« aux armes d'Aragon, ainsi que le caparaçon du clieval;
« un asire est au-dessus de la tète du cheval : f S. lACORI
« DI :GRA. REG. ARAG.COMIT. BACHN. — fZ. MOMIiM
« MONTISPESSVLANF. On retrouve à peu pi es les mêmes
« détails sur une bulle de dix-huit à dix-neuf lignes de
« diamètre, suspendue à un acte de 1258 (J. 587); mais,
« il ajoute a ses titres, dans la légende, ceux de Roi de
(1) Arch. des Pyr. -Orient.
(2) ÉUm. de. Paléogr.. tom. II, p. l-iO et suiv.
257
« Mnjorqiie et de ValcMice, et de Comte d'Urgell : f S. lA.
« RKC. . ARAG . / . MAIOmCAKVM. 7. . VALNCIE. — f
« CO.MITJS BAUCII . z . VHGLLI . Z . DOMI . iMOïISPLI.
« Tous ces titres se retrouvent sur un sceau de cire du
« même prince, suspendu à une charte de 1262 (J, 587).
« Cette empreinte a un pouce trois quarts de diamètre.
« Les abréviations de la légende sont moins nombreuses
« que sur la bulle de plomb qui vient d'être décrite. »
Une charte royale dudit Jacques, roi d'Aragon, de
Majorque et de Valence, donnée aux ides d'octobre 1272,
à Montpellier, et relative à l'Hospice Saint-Jean, est scellée
d'un débris de sceau en cire jaune, à deux faces, pen-
dant à une tresse de lil (L. 10). La légende est totalement
enlevée, ce qui diminue considérablement le diamètre du
sceau, conforme, selon toute apparence, aux indications
données par M. de Wailly <*'. Un autre débris de sceau
du même type est suspendu à une charte de 1275 (-'.
(Voir la signature, planche 7.)
IV. — Jacques I^r, dit de Majorque, succéda à son père
et régna de 1276 à 1511. Son sceau m'est inconnu.
M. de AVailly en a donné la description suivante :
« Les sceaux des Rois de Majorque, dit-il, oflVent de
« grands rapports avec quelques-uns de ceux qui ont été
« employés par les Rois d'Aragon '3>. Une empreinte, qui
« a moins de 5 pouces de diamètre (J. 588, an 1298),
« représente Jacques If"", assis et couronné, tenant de la
(1) Arch. de THosp. Saint-Jean. Liasse II, n" 25.
(2) Arcli. (les Pvr. -Orient.
(3) Dans une notice insérée mi Journal des Pyrénées-Orientales (:inn.
1852), M. P. Tastu, traitant des armoiries de Perpignan, prétend que l'écu
des Rois de Majonpie était tout dilVérent de celui des Rois d'Arat;on.
romine son assertion n'est appuyée d'aucune preuve, je n'iiésite pas à
préférer celle de M. de Wailly.
17
258
« mnin gauche un globe surmonté d'une croix, et de la
« main droile, une épéc posée sur ses genoux. La légende
« est ainsi conçue : S i lA : DEI i GRA i REG \ MAIOlilC
« COMIT i P.OSSIL : et CElilTAN i Eï DO.MI i M0.NT1S|).
« Les mois de celle légende sont séparés par trois points
« disposés verlicalemenl. Le conlre-sceau est sans ins-
« cription. Le champ, dont le diamètre est de 14 lignes,
« est occupé par un écu portant trois pals. Un acte de
«1505 (J. 879) est scellé d'un sceau équestre sans
« contre-sceau; on ne retrouve plus dans la légende les
« titres de Comte de Roussillon et de Cerdagne, et de
« Seigneur de Montpellier : lACOBVS DEI GRACIA REX
« MAIORICARVM c^.
Une charte du 15 mai 1500, donnant à bail plusieurs
pièces de terre à Guillaume du Puig d'Orfila, de Collioure,
est datée de Majorque , et porte Tindicalion d'un sceau
de plomb, qui a disparu (2). (Voir la signature du Roi,
planche 7.)
V.— Sanche, roi de xMajorque, qui régna de 151 J à 1524,
réglementant la corporation des tisserands de Perpignan,
par acte du o des ides d'avril lôSO'^*', emploie un sceau
rond a deux faces, en cire jaune, de 0m,09 environ, dont
il ne reste plus qu'un fragment. D'un côté on distingue le
roi à cheval, et de l'autre, le roi assis. La légende a dis-
paru entièrement. Les armoiries du bouclier ne sont plus
décbidVables ; mais le caparaçon du cheval est, comme le
précédent, chargé de pals aragonnais (L. Ll).
La signature du roi Sanche est semblable à celle de son
prédécesseur.
(1) Élém. de Paléogr., tom. II, p, UO et suiv.
(2) .\rch. des Notaires.
(3) Arch. des Pjr.-Orient.
259
Il semble que la jeune dynastie majnrquine, dont le
royaume n'existait que par le caprice du Conquérant, ait
tenu d'une manière toute particulière à ra[>peler sa descen-
dance directe des Comtes de Barcelone, tout en conser-
vant cependant aussi les couleurs de l'Aragon, dont elle
demeurait vassale.
VI,— Jacques II de Majorque, régna de 1524 à 1544,
époque à laquelle le roi d'Aragon Pierre IV, son parent,
s'empara du Royaume de Majorque et le réunit définiti-
vement à ses États. Son sceau, qui m'est inconnu,
pendait à une charte portant concession de privilèges à
l'œuvre de Saint-Jean, à la date du 15 des calendes de
juillet looO *'). Les cordons d'attache sont en soie rouge
et jaune, disposée en cinq parties égales, trois jaunes et
deux rouges, dans lesquelles on peut voir les couleurs
aragonnaises.
Suivant M. de Wailly '->, : « Jacques II a employé un
« sceau de cire à peu près semblable à celui de son aïeul
« Jacques I^r. Il a en outre scellé en plomb; une bulle d'un
« pouce 7* de diamètre, suspendue à un acte de 1541 (J.
« 598), le représente, d'un côté, assis et couronné, tenant
« le sceptre et le globe; de l'autre, monté sur un cheval
« de bataille: lÂCOBVS DEI GRA. REX MAIORICARVM
« COMES ROSSIE.7.CERITAINIE. 7. DNS. MONTISPLI.»
La signature est semblable à celle des deux Rois pré-
cédents.
VIL— Suivant M. de Wailly (^t, le sceau de Pierre IV, dit
le Cérémonieux, ressemblait, li quelque chose près, à celui
de Jacquesli d'Aragon, qui employait un sceau équestre sans
(1) Arcli. de THosp. Saint-Jean. Liasse II, n» 34.
(2) Elém. de Paléug. Loc. cit.
(3) Elém. de Paléog. Loc, cit.
260
ronlro-RConii : « IJnf» pmproin!o de ce type est suspendue à
III) iK-lr (le l'ion (.1. I(jii; elle a "2 ponces ^'^ de <ll.inièlre :
S. lACOlU DEI (iUA Hi:(;iS AIJACON. MAIOKIC. VA-
LNC. et MVIU:. AC COMITIS HAUCH. Un acte de l!299
(.1. KJ'i) et scellé d'nne empreinte anjonrd'hni mnlilée,
mais dont le diamètre devait être beaucoup plus i,M'an(l
que celui du sceau précédent. Jacques 11 y est représenté,
d'un côté, assis sur son trône, et, de l'autre, monté sur
un cheval au galop. La légende du contre-sceau lui don-
ne les titres de Roi d'Aragon, de Valence, etc.; celle du
premier côté, consiste dans un verset de la Hible, (]ue
l'on retrouve sur un sceau de Pierre IV : l)ili(/ile jusli-
tiam, qui judicatis terram, et ocuU vidcant eqiiitatem.
Le sceau de Pierre IV se distingue par les titres de Roi
de Sardaigne, deCorse, et de Comte de Roussillon et de
Cerdagne, qu'il ajoute sur la légende du contre-sceau,
à ceux qu'avait portés Jacques II. »
Le sigxum^^^ de Pierre IV est semblable à celui des
Rois d'Aragon ses prédécesseurs.
Je n'ai pas trouvé de sceau de ce monarque assez bien
conservé pour en faire le dessin. Ceux que j'ai vus sont
appli(piés sur le dos des actes avec une couclie de cire
rouge très-mince. Leur diamètre, de 0'",I, est occupé
par la figure du roi, assis sur un trône, et entouré d'une
légende en capitales gothiques, de laquelle je n'ai lu que
les mots: t PETR,) DEI : GRA : REX : ARAG : VALNC :
MAIORRI ÀRDIN : ET ... . ROSILION CHN.
Les actes sont a la date de 1557, 15o8, 1505, 1571 et
1585(2».
Pierre IV a aussi employé, le 15 janvier 1585, un sceau
(\) Il n'cxislo aiicunp dilTérenco eniro les siirnahiros (1rs rois d'Aratron
l'ierre 11! , Alphonse 111 , Jacques II , Alphonse IV , successeurs de Jacques-
le-Conqu(;rant au trône d'Aragon. .
(2) Arih. di's Notaires.
261
ileO"',()i, que je n'ai pu décliiffrer*''. En général, les types
a|)pli(iués sur les actes en papier, ne permettent de distin-
guer que la légende et la ligure du roi au centre; le chan-
celier ménageait la cire (voir n° XI).
VIII.— A partir de cette époiiuo, je ne trouve |)lus dans
les archives roussillonnaises, de sceau royal, qui, par son
état de conservation, mérite d'être reproduit. Je me bor-
nerai a signaler les points les [Ans remarquables de ces
divers monuments.
Le roi Jean I*"'", dont le règne a duré de 1587 h I39G,
a enq)loyé pendant les années 1587, 1090, 1591 et 1592
un sceau de 0'",I, sm- le(iuel il est représenté couronné
et assis sous un portique gothique (inement dessiné. De
la légende, en miimscules gothi(pies, je lis seulement:
S: lOIIAIS: 1)1: GHA*^).
Sa signature est semblable à celle de ses prédécesseurs.
IX, — Le roi Martin, qui régna de 139G a 1410, a em-
ployé pendant les années 1404, 1406, 1407, 1409 et
JilO, comme ses prédécesseurs, un sceau de 0'",!,
allectanl la même disposition. Le peu que j'ai lu de la
légende, en minuscules gothiques, porte : S: MAIIÏI :
DI : GRA : REG : ARAGON i^K
Sa signature est comme celle des précédents.
X. — Marie, reine d'Aragon, femme de Martin , lieute-
nante-générale pour le roi son mari, a euiployé, pendant
les années 1596 et 1597, un sceau rond de 0'",09, dont
le centre est occupé par un écu en losange, chargé de
quatre pals, entouré de dessins indéchiUïables. De la
( I ) An 11. (les Notaires.
(-2) Idem.
(3) l(km.
262
légende, en niinuscnles gothiques, je lis : 7 S
MAIORIC : SARDIN : et : CORSICh: : COMITISSEQVE :
BARCHLNON : ROSSIUO^'IS -^K
La reine Marie, fille du comte de Liina, proche parent
(le l'antipape HiMioil XIII, traçait son sifiinini, de la nia-
nièn» suivante : une losange, dont l'inlérieur représente
un dessin iiéral(li(pie; le premier parti, aux armes d'A-
ragon, et le second, aux armes de la famille de Luna,
qui sont coupées, au l^r, un croissant renversé, et au 2^,
un échiquelé. Les quatre sommets de la losange sont
terminés par la croix pattée des Comtes de Barcelone (-1
(Voir planche 7.)
Cette disposition que je retrouverai plus tard, en 1445,
me confirme dans l'opinion que j'ai émise au sujet de ces
signatures, dans lesquelles j'ai voulu voir un symbole
héraldique, dont la manifestation cessera a l'extinction
des descendants des anciens comtes souverains de Bar-
celone.
XL — Ferdinand régna de iWi a 1416. Son sceau,
large de 0'",105, représente le roi, assis et couronné,
sous un portique, comme les rois ses ancêtres. La
légende, en minuscules gothiques très-lisibles, porte
S : FFERDINAN i DI i GRA : REG : ARAG • SICILIE
VALNC : MAIORIC i SAR Z CORSIC i COMIT j BARHN
DVC : ATHEN Z NEOPATR i ACET i COMIT = ROSILION
Z CER(3).
Le dessin fait voir de quelle manière la cire était appli-
quée, la plupart du temps, sur les actes en papier. Des
fragments de sceaux pendants, que j'ai vus aux archives
des Pyrénées-Orientales, dénotent un certain talent ^hez
(i) Arch. des Notaires.
(2) Arch. des Pyr.-Orien.
(3) Arch. des Notaires.
I
263
li^s t;i'aveurs du (|iiirizième siècle. Les sceaux de grande
dimension sont remplis de ligures diverses, d'écussons,
d'ornements, aussi délicats que variés, qu'une deslruc-
lion presque totale m'empèclie de reproduire {L. 12).
Le '25 octobre Lil'2, Ferdinand a aussi employé un
sceau rond, de Of",0o, dont le champ est occupé |)ar
un écu triangulaire aux armes d'Aragon, sommé d'une
couronne et entouré d'une légende illisible; et le 14
mars LilO, il se servait d'un sceau secret, de Om^OliS,
représentant son écusson, soutenu par deux griffons ailés,
et sommé d'une tète de dragon. ''L f>a légende, on minus-
cules gotIii(iues, est illisible. La signature du roi Ferdi-
nand est semblable aux précédentes.
XIL — Al[)lionse V, qui régna de 1416 à 1 4o8, se ser-
vait, étant prince de Girone, d'un sceau en cire ronge,
(lonl le diamètre m'est inconnu , et qui est suspendu à
une charte du 15 septembre 1410, donnée au conmien-
cement de son règne, avec l'indication qu'il l'emploie
parce qu'il n'a pas encore de sceau royal (L. 15).
(le débris représente le prince à cheval, la tête couverte
d'un heaume, ayant au bras un écu chargé de deux pals.
Le champ du sceau est comme semé de petits écussons à
deux pals, les uns triangulaires, les autres en losange(-'.
Ce roi a aussi employé un sceau secret, de Oni,Oo(L. 1 1),
qui représente son écusson supporté par deux griiïons ailés,
assez semblables à ceux (pii se voient dans le sceau secret
du roi Ferdinand ; une tète de dragon surmonte l'écusson et
se trouve encadrée sous un petit portique. La légende, en
minuscules gothiques, porte : S • .SECRKTVM • ALFOXSI •
DEI • GRAGA • REG • AR.VGONVM • ET • SICILIE*^^
(1) Airli. lies Notaires.
(2) Arcli. fies P.vr.-Orieiil.
(ii) Arrh. des Not.iires.
264
Alphonse V a encore employé un sceau rond de 0"i,l.
Il esl indéchiiïrable*''.
La signature du roi Alphonse est semblable aux précé-
dentes.
XIII.— Marie de Castille, femme d'Alphonse, roi d'Ara-
gon, lieutcnante- générale pour son mari, a employé,
pendant les années 1440, 1402 et 1453, un sceau rond;
de 0"i,08, (jui dlIFère de celui employé par elle, en 1 425,
par la dimension. Ce dernier, qui a O'",10o, n'est pas
assez bien conservé pour que je puisse savoir si c'est le
sceau particulier de la Reine ou celui du Roi. Elle a
encore employé un sceau portant un écusson couronné,
à quatre pals, semblal)le à celui du roi Ferdinand*-'.
Marie de Castille faisait apposer a une charte de 1445
son signum, qui représente un écu losange, parti, au 1^''
d'Aragon, et, au 2^, écartelé de Léon et de Castille. Les
quatre sommets toujours terminés par une croix pattée'^'.
(Voir planche 7.)
XIV. — Jean, qui régna sur l'Aragon de 1458 îi 1479.
Le sceau de Jean, comme roi d'Aragon, m'est inconnu.
Mais j'en ai trouvé de deux dimensions différentes, comme
Roi de Navarre, et Infant d'Aragon et Sicile. Le plus an-
cien, de l'année 1456, de 0'",1 , est indéchiffrable. Le
second, de 1455, de 0'n,085, représente un écu couronné
aux armes d'Aragon; deux pals sont encore visibles, ainsi
que la couronne, mais la légende ne l'est plus.
La signature du roi Jean est la môme que celle de ses
prédécesseurs'*'.
(1) Arch. des Notaires.
(2) Idem.
(3) Arch. des Pyr. -Orient.
(i) Arch, des Notaires.
265
XV.— Jean, Infant d'Aragon, premier-né du Roi pré-
cédent, Duc de Calabre et prince de Girone, employait
en 1168 un sceau deO'n,04o, actuellement indécliilîrable.
En revanche, sa signature est apposée au bas d'un acte écrit
en catalan, dans cette même année''*. (Voir planche 7.)
XVf.—Ferdinand-le-Catholi(iue(-> employa, le 29 février
1496, un sceau secret, de 0"i,07, représentant un écu
sommé d'un casque royal, ayant pour cimier une tète de
dragon (L. 15). Cet écu est écartolé au 1^- et au i«, contre -
écartelé de Castille et Léon ; au 2e et au 5e, parti d'Aragon
et de Sicile, et enté en pointe, de Grenade. Des listels en
bandcrolles, portant le nom des provinces de la monarchie
aragonnaise, voltigent autour de l'écusson'^l. Ce sceau est
entre deux papiers.
Ferdiuand-lc-Catholique est le dernier des Rois d'Ara-
gon dont la signature rappelle la croix pattée des Comtes
de Barcelone ; elle est semblable à celle de Jean , son
prédécesseur.
Je n'ai pas jugé opportun de pousser plus loin mes
recherches sur les sceaux des souverains. Je noterai,
cependant, qu'à partir de Charles-Quint, les actes con-
servés dans les archives des notaires, sont scellés en
papier timbré h froid, et ap|)liqué ensuite sur un peu de
cire chaude, posée en rond ou en croix, au dos de lacté.
XVII. — En parlant des armoiries du Comté de Rous-
(1) Ari'li. lies XdhiiiTs.
("■2) .le iiii' suis iilislcnii ili' n'prniluii'p les sroaiix siiffis.iniini'iit connus
des liois (II' l'iiiiui', i)eiiil;inl la ilun-o de l'ornipation du l'ioussillou par
leurs troupes (1.il>i2 à 1493). Les .Vrcliives de la Préfertiue possèdent
rcpendanl plusieurs sceaux bien cnnservi^ de Louis XI et de Charles VIII.
(3) Arcli. des Notaires.
266
sillon, j'ai dit que ce pays, dopuis lôii, fm gouverné
directement par les Rois d'Aragon. Ces souverains nom-
maient, quelquefois, un lieutenant-général pour gouverner
la Catalogne pendant leur absence. C'était toujours un
des premiers personnages de la lamille régnaule ipii était
investi de cette fonction quasi-royale, en vertu de laquelle
il nommait à tous les emplois. Plus tard, cependant, ce
commandement fut donné h des seigneurs, dont les pou-
voirs furent moins étendus, et qu'on appela capitaines-
généraux. Ceux-ci avaient sous leurs ordres deux lieute-
nants (Portant- VeusJ, indépendants l'un de l'autre;
l'autorité du premier embrassait la Catalogne [troprement
dite, et celle de l'autre s'étendait sur le boussillon et la
Cerdagne. J'ai nommé, au n'^ I, quelque.s-uns de ces
derniers, et reproduit les sceaux de leur cour.
Si les Portant- Veus chargés d'administrer le Roussillon
et la Cerdagne, employaient dans leurs actes un sceau
officiel aux armes des Comtés, les Capitaines-Généraux
paraissent, au contraire, avoir fait usage de sceaux per-
sonnels, sur lesquels figure leur écusson particulier, en-
touré d'une légende explicative de leur dignité. Du moins,
le petit nombre d'actes que j'ai trouvés encore revêtus
d'un sceau en apporte la preuve.
Un ordre, adressé aux Consuls de Tura, le 25 novem-
bre 1596, au sujet du cliàleau-fort d'Opol, qui est tombé
aux mains du Comte de Foix , par Raymond, vicomte,
par la grâce de Dieu, de Perellos et de Roda, porte au dos
un sceau rond, en cire rouge, de 0m,045 de diamètre, dont
le champ est presque entièrement couvert par un écusson
triangulaire aux armes parlantes de Perellos, trois poires,
posées 2 et 1 . La légende, en capilales gothiques, est écrite
en catalan, ce dont je n'ai pas trouvé d'exemple plus an-
cien : ^ S DEL • CAPITA. GENERAL • DEL • COTAT •
DE • ROSELLO • E • CERDAYA (L. 16).
Le même sceau est employé encore en 1423 et 1431,
267
par les lieutenants du Vicomte de Perellos, agissant en
son nom'*'.
XVIII.— Bolille (le .luge, comte de Castres, capitaine-
général en Roussilloii, pour le Moi de France, l.ouis XI,
condrinant les privilèges des employés de la monnaie de
Perpignan, le 24 décembre 1482, emploie un sceau entre
deux papiers, fixé h une queue de parchemin, qui tient à
l'acte, aussi en parchemin (L il), f.'écusson porte une
croix dentelée; il est sommé d'un heaume à cimier, en-
touré de laml)re(juins. La légende, en minuscules gothi-
ques, dit: SIGM • HOFILLl • DE • JVDICE • COMITIS •
CASTRENSIS (2).
XIX. — 1). fleuri de Gusman, capitaine-général dans les
Comtés de Roussillon et Cerdagne , écrivant aux Hailli ,
Consuls, etc., de la cité d'Elne, pour leur rappeler la
teneur d'une lettre précédente du Roi , scellée du sceau
de Majesté, emploie, le 16 mars 1496, un sceau de
O'",01o, h ses armes, qui sont : un écusson tiercé, en
pairie renversé, portant, au l*"'" et au 2^, un château fort,
sommé de trois donjons, et au 5e, un liont^' (L. 18).
XX.— Le 20 septembre 1552, le lieutenant de Charles
d'Oms, capitaine-géni'ral des susdits comtés, écrivant aux
administrateurs de rilospice de Perpignan, em[)loie un
sceau rond, de 0m,0ù5, dont le chanq) est occupé par
un écusson carré, posé sur une de ses pointes, a 6 pals,
chargés de Timage de saint ,Iean -Baptiste <*'. J'ignore à
([iiel litre oc sceau, représentant les armoiries de Per-
(t) Arrh. ilrs Notaires.
(2) Arch. des l'yr. -Orient.
(3) Arch. des Notaires.
(i) Idem.
268
pignan , esl employé par le lieutcnanl capilainc-géiiéral.
(L. 19.)
XXI.— Le même type; mais, celte fois, au diamètre
de Oi",Oi, était employé, le 18 avril 1509, par Pierre
d'Oms, capitaine-général des comtés'') (L. 20).
XXII.— Le li septembre loG", Diego Ilnrlado de Men-
doça, duc de Francavilla, capitaine-général des comtés,
scellait une lettre adressée à François Galiart, docteur
ès-lois de Perpignan, d'un sceau rond, de 0"\03, à ses
armes, qui sont : parti, au premier, de Mendoça; au
second, écartelé au l^f et au i^ parti de Caslille et Léon;
et au 2e et 5" de France (->.
L'écu couronné a pour légende : DIDACVS . DVX :
FRANCAVILLE(L. 21).
XXIII. — Charles d'Aragon, duc de Terranova, capitaine-
général des comtés, écrivant, le 7 mai lo82, aux divers
officiers du roi a Perpignan, se sert d'un sceau rond, de
0'",07, à ses armes, qui sont : écartelé au I^i', un palmier;
au 2e, une croix pleine, chargée de cinq aiglettes, et can-
tonnée d'Aragon; au 5^ parti, au I^r de., à un chef de..,
au 2e écartelé, au I^ et au 4" un scorpion (?), aux 2^ et ôe
un lion ; enfin, au 4^^ semé de croiseltes pattées, mises en
bande (3) (L. 22).
XXIV. — Laurent Suarez de Figueroa et de Cordova,
duc de...., capitaine-général dans les comtés, écrivant, le
7 mars 1599, à Ferdinand de Tolède, son lieutenant a
Perpignan, au sujet d'une requête présentée à son conseil
(1) Arch. des Notaires.
(2) Idem.
(3) Idem.
269
par D. Louis de Cruillos, damoiseau, emi)loyail un sceau
ovale (Of",0io sur (li",()ô5) à ses armes, qui sont : parti,
au |c'', d'or, ii cinc] feuilles de figuier de sinople (Figueroa),
et au ^e, d'or, à trois fasces de gueules (Cordova). (L. 25.)
L'écusson , sommé d'une couronne, est placé sur une
aigle couronnée, aux ailes éplojées, qui le tient dans ses
serres (^l
XXV.— Sous les ordres des Portant- Veus, se trouvaient
plusieurs olliciers royaux. Au nombre de ces derniers,
était le Procureur-Hoyal , chargé de l'administration du
domaine et du revenu particulier du Souverain. En 1205,
le 5 des ides de juin , les Procureurs du Roi d'Aragon ,
scellaient de leur propre sceau, une charte portant sen-
tence de restitution à l'Hospice Saint-Jean (-'. Le sceau
est perdu, mais l'acte le mentionne en ces termes : Hanc
paginant rohore mei sigilH mmiio.
En 1571, le Procureur-Royal se servait d'un sceau rond,
de 0'",02, portant l'écu royal triangulaire et couronné,
avec la légende en capitales gothitpies : -j- S. PCVRATO-
RIS • REG • ROCILIONIS • ET ■ CHIT (L. 2i). Ce type
fut modifié en 1-428, l'écu royal n'est plus entouré d'une
légende.
XXVI. — En 1460, pendant l'occupation française, le
Procureur-Royal se servit d'un sceau rond, de 0"',05,
portant l'écu de France, sans couronne ui légende'^).
(L. 2o.)
XXVII. — Le Portanl-Veus présidait un tribunal, où
aboutissaient, par appel, les causes jugées en première
(1) Arch. des Notaires.
(2) Arcli. de l'Hosp. Saint-Jean, Liasse II.
(3) Arch. des Notaires.
270
instance par les Viguiers et les Baillis. Ce Iribnnal pos-
sédait, en 1558, un sceau rond, de 0^,045, dont le
champ était occupé par un écusson triangulaire à trois
pals, entouré de huit dcnii-circonlérences.
La légende, en capitales gothiques, n'est pas lisible.
(L. 26.)
XXYIII. — Ce type fut changé en 159i; la dimension
de l'écu triangulaire fut un peu élargie, et il ne fut plus
encadré que dans trois denii-circonlérences , se coupant
entre elles, deux à deux. La légende en capitales gothi-
ques, porte : Ȕ< SIGLLVM : CYRIE : APPELLATIONVM :
COMITATVM : ROSSILIONIS : ET : CERITANIE (i'.
Je n'ai plus retrouvé ce type depuis 1429 (L. 27).
XXIX. —Les "Viguiers étaient aussi sous les ordres du
Portant-Veus. On comptait quatre Vigueries dans les
Comtés. La première comprenait le Roussillon et le Val-
lespir, chef-lieu, Perpignan; la seconde, le Confient et
le Capcir, chef-lieu, Villefranche; la troisième, la Cer-
dagne, chef-lieu, Puycerda, et la quatrième, la vallée
de Ribas, chef-lieu, Ribas.
Les Viguiers jugeaient en première instance.
Pierre Blandini, sous-viguier et lieutenant du Yiguier
de Roussillon et de Vallespir, écrivant, le 50 mai 1569,
à Pierre-Guillaume de Queralls, bailli de Baixas, employait
un sceau roud, en cire rouge, de 0'n,05, dont le centre
est un écusson triangulaire à quatre pals ; une légende,
en capitales gothiques, porte : >î< S : CVRIE : VICARII :
ROSSILIONIS : ET : VALLISPIRI : COMITAT. (L. 28.)
XXX. — En 1596, le Viguier se servait d'un sceau,
différant du précédent par le nombre de pals, qui n'est
(1) Arch. des Notaires.
271
que de trois, et par une couronne surmontant l'écusson.
La légende n'est plus lisible (L. 29).
En 1451, l'écu est couvert de six pals, et la légende
est en minuscules gothiques.
XXXI. — Le 16 janvier M71 , pendant l'occupation
française, Ermengaud Marti, lieutenant du Viguier de
Roussillon et Vallespir, emploie un sceau aux armes
de Erance, écu couronné à trois fleurs de lis, 2 et 1,
légende illisible.
XXXIL— Le 15 mai 1476, Barthélenii Jaubert, mettait
sur son sceau l'écu de Erance, couronné et supporté i)ar
deux anges, entouré d'une légende en capitales gothiques •
t S. CVRIE : VICARII : RUSSILIO.MS : ET : \ ALLIS-
PIRL (L. 50.)
Enfin, le 8 janvier 1555, le sceau du Viguier de Rous-
sillon et de Vallespir, était un écu couronné portant cinq
pals; la légende n'est pas lisible.
XXXIIL— Le J2 juin d570, le Viguier de Confient et
Capcir, Raymond Junya, chevalier, se servait d'un sceau
rond de 0"i.05, dont le champ est rempli par un écusson
carré sur pointe portant quatre pals. Il est en cire rouge.
La légende n'est plus lisible Cl. (L. 51.)
XXXIV.— Outre le Viguier, résidant à Perpignan, il y
avait encore le Bailli, oiricier royal fort important, puis-
que les Consuls ne pouvaient jmblier leurs ordonnances
sans son autorisation.
Le premier acte scellé émanant de la cour du Bailli
de Perpignan, porte la date du 2 juin 1574. Vital Gri-
mau, emploie un sceau entre deux papiers, de forme
(1) Arcli. dus Notaires.
372
octogonale, de 0^,04, dont le centre est couvert par un
écu carré, posé sur une de ses pointes et portant quatre
pals. I^ne légende en capitales gnthicpios, conin)ençant
par une petite croix ])artant de l'angle supérieur de l'é-
cusson, porte : ^ SIGILLUM : CVRIE : BAIVLI : PERPI-
NIAI. (L. 52 )
Ce type, employé sans interruption jusqu'en 1440,
fut remplacé par un sceau rond, portant, de même,
l'ancien écu du Comté de Roussillon , mais seulement
trois pals. La légende, en minuscules gothiques, porte
les mêmes mots que le précédent.
XXXV. — En 1431, le type se modifie. L'écu carré sur
pointe aux quatre pals, est couronné. La légende n'est
pas lisible. Ce sceau est rond ; son diamètre est de 0'",05.
(L. 55.)
Le 4 novembre 1471, Thomas de Vivers, seigneur
d'Alénya , lieutenant de Gabriel de Blandra , bailli de
Perpignan, emploie un sceau aux armes de France,
analogue à celui du Viguier de la même époque.
XXXVL — Sous l'administration de Guillaume de La
Barre, en 1479, ce type se modifie encore; la légende
est en langue catalane : f S i DE • G : DE • LA : BARRE :
BATLE : DE LA : VILA : DE : PEBPEYA. (L. 54.)
XXXVIL — Enfin, en lS7o, Raphaël Jorda, bailli de
Perpignan, se sert d'un sceau rectangulaire à cinq pals,
sans couronne ni légende*^'. (L. 55.)
XXXVIIL — Le sceau du Consulat de Perpignan,
m'invite naturellement k parler des armoiries de cette
ville.
(1; Arcli. des Notaires.
273
MM. IHiigiçari, P. TnsUi ot Henri, ont exprimé, à ce
sujet, leiir opinion d'une façon plus ou moins conforme
à la vérité de l'Iiisloirc. Les monuments, monnaies,
sceaux et chartes dûment consultés et vérifiés, je vais, à
mon tour, donner mon avis.
Et d'abord, Perpignan, chef-lieu du Comté de Rous-
sillon, eut-il des armoiries avant 1172?
N'ayant admis que sous toute réserve celles de ses
premiers Comtes, je doute que Perpignan ait possédé à
cette époque un blason particuliei'.
L'établissement du pouvoir nmnicipal par Pierre II,
en 1196, donna peut-être lieu à la création d'un sceau
consulaire; mais aucune preuve n'en est venue jusqu'à
moi, et la fabrication des monnaies ayant été interdite a
Perpignan, depuis 117'^ jusqu'en 1270 et pendant toute
la durée du lloyaume de Majorque, rien ne vient suppléer
au manque absolu de type sigillaire pendant ces deux
siècles. C'est seulement à partir de 15i9, que Perre IV,
ayant permis de fabriquer des florins et des écus d'or h
la monnaie de Perpignan , je pourrais espérer de voir
apparaître le premier emblème héraldique particulier h
cette ville.
En effet, en 1562, circulait la monnaie dont suit la
description :
Florin et demi-florin. Avers : figure de saint Jean-
Raptiste debout ; légende : PETRUS REX. — Revers :
fleur de lis étaminéc; légende : ARAGO (L. 56).
En 1565, florin. Avers : grande fleur de lis étaminée;
légende : ARAGO REX. — Revers : figure de saint Jean-
Raptiste, debout, vu de face, la tète nimbée, et tenant un
bâton terminé par une croix; légende : S. lOHANNES B
(aptista) ('). ^L. 57.)
(I) Recherches sur ks Monnaies du Roussillon, Colson, pi. II, fiç.
36, 37 d 38.
18
274
Il est notoire que, dans la plupart des villes possédant
des ateliers monétaires, l'usage constant voulait que l'un
des côtés des pièces fût marqué d'un signe particulier à
ces villes, lequel signe n'était généralement autre que la
représentation de leurs armoiries. Or, en celte circons-
tance, le choix du saint Jean-Baptiste n'est point arbi-
traire, car ce saint est le patron de Perpignan depuis
l'an 1025, époque où fut consacrée, sous son invoca-
tion, sa première église. Si donc Perpignan n'avait point
encore en lôH'i d'armoiries, proprement dites de com-
mune, on peut, sans s'exposer à une grave erreur, ad-
mettre qu'il choisit alors celles de sa paroisse.
M. Puiggari, qui sans doute était de mon avis, se
borne à dire'**: «Il parait que les armoiries de Perpi-
« gnan n'offraient primitivement que l'image de saint
« Jean-Baptiste, patron de la ville. » Mais il ne se donne
pas la peine de prouver son assertion.
Sur la demande des Consuls et Prudhommes de Per-
pignan, Martin, roi d'Aragon, par une pragmatique du
8 juillet 1400, permit de changer l'ancien sceau du
consulat et les armoiries de la commune, de prendre, à
cet effet, son écu royal (d'or à quatre pals de gueules),
et de le surcharger de l'image de saint Jean-Baptiste <"-'.
(1) Le Roussillonnais, Année 1852.
(2) Nos Martinus.etc... Et cum ipsis consulibus et probis hominibus
non modirum iyisit cordi mulure siyilluni consulalùs dicte ville et
diversum ab antiquo farere et alias in sigillo et armis de noro fabri-
candi, arma regia et effigiem sancti Joannis-Baptiste in medio armo-
rdrn regioriim poncre, ut effigie et figura tanti sancti et nostris armis
sigillum de novo fabricandum non modicum decoretur. Tenore presen-
cium, eorum in hac parte bénigne supplicationibus inclinati, concedimus
dictis Consulibns et universitati predicte quod possint imponere qiiando-
cttmque et quocinscumguè eis placuerit , sigithan consulat ùs et arma
ejusdem ville iniUare ad libitum voluntatis. Dum tamen in eisdem sigitlo
et armis sint arma mstm regia et effigies dicti sancti.
(Liv. 1er des Provisions, fol. 2Û8, Mairie de Perpignan.)
275
Nous voici (lès lors en présence d'un titre officiel, en
vertu duquel les sceaux reproduits ci-dessous ont dû
être gravés.
Les 10 janvier 1414 et 4 septembre 1454, les Consuls
(le Mer de la ville de Perpignan, employèrent un sceau,
en cire rouge, rond, de 0,04, représentant la ligure de
saint Jean-Baptiste au milieu d'un petit rectangle, placé
lui-même au centre d'un cercle chargé de quatre pals.
Une légende, en capitales gothiques, sauf les V qui sont
romains, porte ces mots : >!■< S • COiNSVLATYS • MARIS*
VILE • Pi\I • PRO • DOMINO • REGE (L. 58).
Le recto de ces actes, porte un autre petit sceau, de
0"», 02 , représentant une tête nimbée ( celle de saint
Jean- Baptiste sans doute), avec une légende illisible.
(L. 39.)
Ne serait-ce pas là l'ancien sceau des Consuls avant
l'an 1400, qui ferait l'ollice de contre-sceau?
Rien ne l'indique dans les actes précités.
XXXIX— Les 15 juin 1425 et 14 mai 1458, les Con-
suls de Perpignan, employaient un sceau en cire jaune,
de O'",0oo, affectant la même disposition que le précé-
dent, sauf le nombre de pals, porté à six (L. 40). — La
légende, en capitales gothiques, porte les mots catalans:
^-SAGEL.-.DelconsolaT.-.De la VlLA.'.DvPERPEYA.
Il n'y a pas de contre-sceau (^>.
Jusqu'ici, aucun autre monument ne vient déterminer
la forme toute spéciale (|ue doit prendre plus tard l'écu
des armes de la ville de Perpignan : je veux dire le carré
sur pointe.
Ouire que la pragmatique du roi Martin n'en dit pas
un mot, P. Taslu signale un cachet qui, selon lui, se
trouverait au bas d'instructions, sans date, données par
(1) Ârch. des Notaires.
276
les Consuls à F. Puydauliich. « Lequel cachet, dit-il'^),
« est rond, ne porte pas d'écu, les pals sont égaux et le
« saint Jean-Baptiste ne (igure pas au milieu. »
Mais, deux monuments d'une authenticité certaine,
prouvent que dans la première moilic du quinzième siècle
l'écusson de Perpignan ne l'ut pas un carre posé sur pointe
ni une losange. La deuxième travée de l'église Saint-Jean,
porte a la clef de voûte un cul de \am\)e de forme ronde,
portant sur champ de gueules, entre deux pals d'or, un
rectangle d'azur, chargé de la figure de saint Jean-Raptiste.
J'ignore à quelle époque fut sculptée cette pierre; mais je
la sais postérieure h l'an 1400'-'.
La première page du Livre P' des Provisions, com-
mencé en 1409'^*, porte aussi l'écusson des armoiries
de Perpignan. Cet écu, de forme rectangulaire, est à
fond d'or, chargé de cinq pals de gueules; sur les trois
du milieu, broche un rectangle d'azur, chargé de l'image
de saint Jean-Baptiste**'. Bien que je me croie le droit de
critiquer quelques détails de celte peinture, je n'en tiens
pas moins pour certain qu'en 1409, 1414, 1458 et ^4o4,
(t) Journal des Pyrénées-Orient., 1852. — L'aflirmatioii (ruii lémuiii
soi-disant oculaire, influence toujours un peu Tarchéologue auquel niauquu
tout moyen de contrôle. Cependant, je lis dans l'ouvrage déjà cité de
Colson, p. t08, que la mission de ce François i^uigdaulucli, délégué du
consulat, date de l'an 1455; or, comment admettre que cinquante-cinq
ans après la concession royale du blason de Perpignan, les consuls qui
avaient déjà fait usage du sceau au type de Saint Jean-Baptiste, se soient
servis d'un sceau dill'érent (^t sans valeur à cette époque'/ Le sceau en
cire jaune des consuls présentant peu de relief, la tigure du Saint a pu
disparaître par suite de la ductilité de la cire; c'est ce qui aura induit
en erreur M. Tastu.
(2) En effet, cette partie de l'église fut couverte sous l'épiscopat de
Galcerand .\lbert, entre 1431 et 1453.
(3) Arcli. de la Mairie de Perpignan.
(4) Certains détails me font penser que ce dessin a été fait, ou tout
au muJMs corrigé à deux repiises ditl'érentes.
277
Vécu <les armes (le Perpignan n'était ni nn carré sur pointe
ni une losange.
M. Elenry prétend, qu'à partir de l'an 1400, l'écu de
celte ville fut toujours losange, et dans une description
manuscrite de la Loge des Consuls de Mer '*', il dit :
« Entre les doux ogives des portes du rez-de-chaussée,
(( on remarque une grande pierre sculptée, représentant
« saint Jean-Haptiste au milieu d'un encadrement (leur-
« delisé. Ce sont-lh les armes de Perpignan pendant l'en-
« gagement du Roussillon à la France, sous Louis XL.,
« La forme carrée de l'écu dont nous parlons, semblerait
« indicjuer que Louis XI, après la capitulation de Perpi-
<( gnan, aurait voulu priver cette ville de son insigne de
« virginité; l'écu losange étant, comme on sait, celui des
« villes fortes qui n'avaient jamais été envahies. Après
« le retour du Roussillon a l'Aragon, la ville reprit l'écu
« losange. »
Je regrette (pi'un homme aussi érudit que M. Henry
se soit laissé aller au courant de son imagination sur un
pareil sujet, lorsque les preuves matérielles doivent seules
faire autorité.
.le ne ferai à cet égard qu'une seule observation.
En me reportant à l'épocpie où les armoiries de l'é-
vêque Jean Moles de Margarit furent sculptées sur la clef
(le voûte de l'avant-dernière travée de l'église Saint-Jean
(voir n" XXVII Se. Eccl.), époque voisine de 1462, je
vois que, précisément, la dernière travée, couverte pen-
dant l'occuiialioii iVauf-aise, porte à sa clef de voûte un
grand carré, dont les diagonales suivent les axes de l'é-
glise, représentant la ligure de saint Jean-Baptiste sur un
fond d'azur semé de fleurs de lis d'or, encore visibles.
Ce serait donc, au contraire, sous Louis XL qu'aurait
(I) IJililiolli. piililiqui' de l'(M-pit;iiiiii. (•tiidc du litmxsillon, par Henry,
avec notes marginales de rauteur.
278
'pai*li, j[)'otirTa j^r^mière fois, l'écu des armes de Perpip;nan,
non sous la (orme d'iino losange, mais hieii sous celle
d'un carré posé sur une de ses poinles
Ce n'esl qu'en 1 i95, après le reloiir du Roiissillon h la
couronne d'Aragon, que les monnaies frappées à Perpi-
gnan, portèrent un écti carré sur |>ninle, ainsi (]u'oii le
voit dans le poids du réal de cuivre de Kerdinand-le-
Catholique.
C'est encore en 1495, que le roi Ferdinand, ayant
permis aux Consuls de fabricpier une monnaie municipale,
ceux-ci produisirent des deniers, sur l'avers desquels fut
gravé un écu carré sur pointe à trois pals, celui du milieu
chargé de deux P golhi(iues accolés, monogramme de
Perpignan, avec la légende : Villa Pcrpiniani, et por-
tant , au revers , un écu semblable , mais chargé de
l'image de saint Jean-Baptiste , avec la légende : Ecce
agniis Dei '''.
Au lieu de chei^cher dans la forme de cet écusson un
insigne de virginité, n'est -il pas plus naturel d'y voir
l'imitation du sceau à l'usage du Bailli de Perpignan ,
venant rappeler lui-même la forme de celui du Comté
de Roussillon?
Un sceau type en argent, récemment trouvé dans les
décombres du nouveau quai de la Basse, et dont la créa-
tion doit dater du seizième siècle, montre le carré sur
pointe avec la figure de saint Jean-Baptiste au milieu ,
avec la légende, en minuscules gothiques ; SICILLUM
VILLE PERPINIANI (L. 42).
J'ai décrit ailleurs le sceau de l'Hospice Saint-Jean ,
dans lequel la forme carrée est parfaitement marquée, à
la date de 1287 (n" XLV. Se. Eccl.)
En 1040, la ville de Perpignan, portant une recpièle
au roi d'Aragon Philippe-le-Crand , lit imprimer, en tète
(i) Recherches sur les monnaies, Colson. loc. cit., pi. Il, fig. 70, 74.
279
de sn pétition, ses armoiries, où il n'est pas le moins du
monde question d'éciisson losange*** (L. 41). On les voit
aussi sur le cadre d'un tahleau, avec la date do 1669-)
Per|)ii,'nan conserva ces armoiries jus(|u'('[) l()8l.
«A Cfllo époque, dit M. Puiggari'^», les Consuls de
Perpignan, voulant donner un gage de leur dévouement
au roi Louis XIV, écrivent au marquis de I.ouvois, secré-
taire d'État, que M. de Chazeron , commandant de la
province, et M. Trobat, président de chambre du conseil
souverain, « ayant lait remarquer que les anciennes armes
« dont la Irès-lidèle ville de Perpignan avait accoutumé
« de se servir n'étaient pas celles dont elle se sert actuel-
« iement, ils avaient fait des recherches exactes des anti-
« quités de ladite ville, et qu'ayant trouvé que lesdites
« armes qu'elle avait avant l'année 1440, étaient ttn
« écKsson en losange, en champ d'azur, semé de fleurs
« de lis sans nombre, et chargé d'un saint Jean au milieu,
« au lieu que celles dont elle se sert maintenant sont un
« écusson en losange chargé de pals d'Aragon , ayant
« aussi un saint Jean au milieu, et que ce changement
«d'armes fut fait par les Espagnols, lorsque, en ces
« temps-là, ladite ville et le pays de Roussillon, tombè-
« rent en leur pouvoir » ils désirent ardemment de
reprendre lesdites armes, s'il plaisait à Sa Majesté d'en
accorder la permission. »
Cette nalierie ne pouvait déplaire au Pioi de France,
qui s'empressa d'accorder aux Consuls leur demande, par
lettres du 10 septembre 1G8I, dans lesquelles se trou-
vent ces mots ; «Nous trouvons bon que vous repreniez
« les armes anciennes dont notre dite ville de Perpignan
« se servait auparavant ladite année 1440, savoir : « un
(1) bibliolli. iiuitliqui! de l^orpignan.
(2) Église Sainl-Jpaii, chapelle des Innts-liaptisniaux.
("3) Le Romsillomiais. 1852.
280
« écusson en losange, en champ d'azur, semé de Heurs
« de lis d'or sans nombre, chargé d'un saint Jean au
« milieu. Vous assurant que nous reconnaîtrons en toutes
« occasions, les témoignages ([ue vous nous donnez en
« celle-ci de votre zèle et alFcction singulière à noire
« service <'*. »
« Alors, continue M. Puiggari, on représenta ces nou-
velles armoiries dans l'église Saint-Jean, sur le plateau
fixé à la clef de voûte de la première travée. Le temps
n'en a point fait encore disparailre lazur du champ,
quelques restes des (leurs de lis d'or et le saint du mi-
lieu. Alors, aussi, fit-on sculpter les quatre écussons
blasonnés de même, (lui figurent sur la partie inférieure
du maitre-autel... La maison de ville en fut pareillement
illustrée. »
Quoique fondée sur Terreur, la concession d'armoiries
de Louis XIV n'en est pas moins formelle; et, jusqu'il
l'obtention de nouvelles lettres patentes souveraines,
Perpignan n'aurait pas dû changer son écusson^-*.
(1) Arch. des Pjr. -Orient. Fonds de rinleudante. 11 a été établi (|iie
les fleurs de lis n'ont remplacé les pals quq sous Louis XI, et par consé-
quent à une date qui ne peut être nnlérienre à l'an I Wï>.
(2) Les lignes suivantes sont extraites textuellement de VArmorial
des Villes de France, publié dans YAnmiaire de la I\'(ililcsse en l(Sr)o,
par M. Borel d'Hauferive.
« Perpignan. — .Vrmes : de gueules, à deux tours crénelées d'argent et
« à nue flenr de lis d'or en rlief(L. 13). L'existence de Perpignan ne
« date que du luiitiéme siècle; elle suivit cnnslamnienl les deslinées du
(I Roussillon, dont elle devint la capitale, F.n Jitri, la coniunine \ l'ut
« confirmée par le comte Gérard.
n On donne quelquefois pour armes à cette ville les pals des rois
« d'.\ragon, qui la possédèrent longtemps; mais nu les charge alors d'un
« Saint .lean-Iiapliste brochant sui' le tout.
(' Mais le blason ([u'ou assigne eu général à Perpignan, c'est cclin ipie
« nous avons adopté. Les toiu's rappellent sans doute les fortifications
« élevées par les rois d'.Vragon cl augmentées par Charics-Uuint. Peut-
28 1
Mais, déjà en IT^i ou IT^S, le bon sens artistique
perpignanais protestait contre l'ignorance ou la servilité
des Consuls de 1G8I. Un magnilicjue tableau, peint par
Guerra, représentant saint Eline, patron des navigateurs,
« être, aussi, est-ce un souvenir des sièges brillants qu'rllo a soutonus
« en 1473, 1542, 1597, IGiO et 1G41. La llcur de lis est une concns-
« sion postérieure à rétahlisseiTienl do la dominalion française. Elle fut
« obtenue sans doute en même temps que la ronfinnation des priviléj^es
« des bourgeois et des citoyens nobles de Perpignan par le roi Louis Xlil,
(' en 1(U2. I>e Ronssillon conquis à cette époque, fut détinilivement cédé
« à la France par le traité des Pyrénées. »
Sauf le deuxième alinéa, autant d'erreurs que de mots! Kn deliors de
la question sigillographique et héraldique, je renvoie le lecteur à VHisl.
(le Rniissillon de .M. Henry, et à celle de J. de Cazanyola.
Lors de la confection de IWrmorial général de l'Vance, les provinces et
les villes furent invitées à produire le dessin de leurs armoiries. Celles
qui se dispensèrent de cette formalité, et dont Fécusson n'était pas déjà
formellement connu, furent gratifiées par le juge d'armes de Tépoipie, de
blasons plus ou moins fantaisistes , ipi'on ne se donna pas toujours la
peine de leur notifier, mais dont elles durent généralement payer les frais
d'enregistrement. Cette faron d'agir n'avait qu'un but, celui de battre
monnaie; ce but, une fois rempli, les villes restèrent libres de porter ou
de répudier leurs anciennes armoiries, et beaucoup d'entre elles igno-
rèrent complètement celles (pii venaient de leur être concédées,
J'extrais d'un ouvrage déjà cilé(l) le texte des armoiries attribuées à
diverses villes du Houssillon, sans me porter aucunement garant de leur
authenticité :
« Peupignan. — Nous avons reru de la numicipalité de Perpignan, un
dessin où se trouvent trois écus dill'érents. Le premier, désigné sous le
nom d'armes primitives, est d'.Vragon; c'est-à-dire, de gueules à quatre
pals d'or ^.s((^ Le deuxième, est dit avoir été concédé par le roi Martin,
qui aurait chargé les pals d'.Vragon d'un saint Jean-l^aptiste, tenant dans
ses bras l'agneau pascal. I^e troisième, indiipu'- connue ayant été octroyé
par II' roi Lmii-^ XIV, est semé de Krance . à un saint ,lean-i3aplisle au
natiu'el, teuani di' la main dextre une épée, la pointe en bas, et de sa
main séneslre une palme d'or, posé sur des nuai;es (raruent. qui s'élèvent
d'une mer au naturel mouvante, de la pointe de l'écu. Dllozier a, au
contraire, enregistré ces armes : d'or, au chef composé d'argent et d'azur,
et i.,eman de la .laisse, dans ■icsCuiies générales de lu Mniinirliii' Fniii-
(I) .\nn. nat. de France; Traversier, 1842, p. 75 et suiv.
282
pour le Consulat de Mer, fut entouré d'un beau cadre,
en bois sculpté, aux armes de Perpignan, telles «pje les
indique la pétition de 1640. Deux autres tableaux du
même peintre, aclueliemcnt dans l'église Saint-Jean,
çoîse (in-folio, 1730) les représento : de gueules, à deux tours d'arprent
ouvertes, ajourées, maçonnées de sable, séparées par une fleur de lis d"or,
en chef(l).
» Baixas. — De gueules, au sautoir d'or, parti d'argent.
« Caudies-de-Saint-Paul. — D'or, à un chaudron de gueules, Panse
levée.
» Elne. — D'azur, à la croix haussée et alézée d'argent, accostée en
pointe de deux fleurs do lis d'or (2).
« EsTAGEL. — De gueules, à un agneau pascal contourné d'argent, sur
une terrasse de sinople portant une croix d'nr, la bauderolle d'argent, la
tête de l'agneau tournée à dextre et couronnée d'un diadènie d'or.
« MiLLAS. — D'azur, à une plante ou toulFe de plusieurs épis de millet,
feuilles et tiges , sur une terrasse , le tout d'or, à la bordure d'argent ,
chargée des mots : La Ville de Millas, en caractères de gueules.
« PÉziLLA. — D'azur, à la croix alaisée et pattée d'argent, cantonnée
de quatre fleurs de lis d'or, à la bordure d'argent , chargée du mot :
Pézilla , en caractères de gueules.
'< Saint-Pauf^-de-Fenouillet. — De gueules, k une épée d'argent,
garnie d'or, la pointe en bas.
« Salses. — Semé de Franco, à un saint de carnation, vêtu d'une aube
d'argent et d'une dalmatique de gueules, posé sur un tertre d'or, tenant
de sa main dextre une palme du même et soutenant de sa main sénestre
un livre d'argent , la tète rouronnéi^ d'une gloire d'or, à la bordure d'ar-
gent, chargée des mots: La Ville de Salses, en caractères de gueules.
« Tour-de-France. — D'azur, à une tour d'argent.
« TiiLiR. — D'ai'gent, à un tourteau de gueules, parti de sinople.
« GÉRET. — D'azur, à trois fleurs de lis d'or, deux en chef, une en
cœur, celle-ci, accompagnée à dextre d'un (î et d'un E, à sénestre, d'un
R, d'un E et d'un T joints ensemiile, aussi d'or, et en pointe, de deux
clefs d'argent, posées en sautoir.
« Argelés. — D'argent, à un genêt arraché de sinople, fleuri d'or,
accompagné de trois fleurs de lis d'azur, deux en fasce, une en pointe,
celle-ci soutenue d'une terrasse de sinuple.
« BoULOU.— D'argent à une fleur de lis d'azur, en chef et à un vol
(1) Ces trois blasons sont inconnus à Perpignan. {Note de l'auteur.)
(2) Blason inconnu à EIne.
2S3
portent aussi les anciennes armoiries de la ville, au temps
«les Rois d'Araj,n)n; les cadres porienl la date de 1714-15.
Depuis quelques années, Perpignan a repris son ancien
écnsson.
abaissé, dn sable on pointe, à la bordure de gueules, cliargx'cs des mots:
La Vi a del Volo, en ciiraclèrcs d'or.
« CoLLiouRE. — D'azur, seuié de fleurs de lis d'or, à un saint do car-
nation, vêtu d'argent et de gueules, tenant de sa main dextre une épée
d'argent garnie d'or, la pointe en bas, et de sa main séucstre une palme
aussi d'or, la tête entourée d'une goirc du même, le saint posé sur une
montagne d'argent, mouvante, d'une onde de sinople.
« PRATS-DE-lVlOLLd. — D'or, à un saint de carnation, vêtu de pourpre
et de gueules, tenant de sa main dextre une palme de sinople et posé à
dextre sur luie terrasse de même, et à un saint .André, aussi de carnation,
vêtu d'azur et de pourpre, ayant sous sou bras dextre, appuyé sur sa
croix , (le sable et posé lui-même à séuestre sur une terrasse de sinople,
trois fleurs de lis d'azur entre les deux saints, deux en rbef, une eiî
cœur, et un pré de sinople en pointe.
« BouLETERNERE.— D'azur, à un lion d'argent, tenant de sa patte
dextre une Heur de lis d'or, à la bordure du même, enfermée dans une
bordure cousue d'argent, chargée des mots: Biila Taranera . eu carac-
tères de sable.
« Ille. — D'azur, à la croix d'or, parti d'argent.
(' Marquixanes. — D'argent à une clef de sinople, parti de gueules.
« Mont-Louis.— Parti de France et de Navarre.
« Rl.\.— D'argent, à la fasce de gueules, parti de sinople.
« SouRNiA. — De France.
«Vmç A. — D'azur, à trois fleurs de lis d'or, une et deux, celle en
chef surmontée d'une couronne du même et accostée d'im V et d'un F
d'argent; les deux en pointe, accostées d'un N et d'un G, soutenues d'un
A, le tout d'argent.
<( Villefranche-de-Conflent.— D'azur, à deux tours d'ar-ent, entre
lesquelles est posée une éloile à six rais du même, soutenues d'une
onde, aussi d'ari;cnl, en pointe; l.' imii surmonté d'un écusson d'azur,
(ib'ariré'de 'trois fleurs de lis d'or, bordé dur d sommé d'une rounuluè
royale 'du même; le i;rand écusson entouré d'Une liordure d'argent,
cbargée des mots : Vilafmma de Conficul . eu raraclères de "ueu-
les(1). .)
(I) En général ces écdsson& soDt incoDuus dans le Ftonssillon.
284
Je ne poursuivrai pas plus loin cette digression; il se-
rait trop long d'énumôrer et de relever les irrégularités
héraldiques commises par nos contemporains, qui s'obsti-
nent à représenter en losange ranti(|ue carré sur pointe,
seule forme consacrée par les monuments de toutes les
époques; tandis que la forme losangée n'exista jamais
que dans les lettres patentes de Louis XIV et l'iniagi-
nation de MM. de Chazeron et Trobat. Je me permettrai,
pourtant , de demander ce que prétend signifier la cou-
ronne ducale que l'on place de nos jours sur ledit écu
losange. Le Roussillon fut-il jamais l'apanage d'un Duc,
et Perpignan fut-il jamais autre chose que le chef-lieu
d'un comté? Sous les Rois d'Aragon, Perpignan était
ville royale; si l'on veut raviver ce souvenir, c'est d'une
couronne fermée (lu'il faudrait faire usage. Mais depuis
sa réunion à la France, aucun litre légal n'autorise celte
ville h sommer son écusson autrement que d'une cou-
ronne murale; et je me plais h reconnaître que c'est celle
qui ligure snr la bannière de l'orphéon de Perpignan.
XL.— Collioure, aussi ville royale, réunissait, dès le
quatorzième siècle, dans le sceau de son Bailli, sans
doute, car la légende n'en dit rien, l'écu d'Aragon et
ses armoiries propres; c'est ce que l'on voit dans une
lettre adressée, le 26 juin \7,m, au Bailli de Perpignan,
par Bernard Traginer, bailli de Collioure. Le champ de
ce sceau, rond, de 0^,05 de diamètre, représente deu.v
châteaux, donjonnés do trois pièces, surmonlés de l'écu
royal à quatre pals. Je pense que ces deux châteaux font
allusion au vieux fort de Collioure , bâti sur un rocher,
et à une autre tour voisine, également sur un rocher,
qui remonte à une haute antiquité (L. 44). Bien que de
nos jours, Collioure n'ait plus qu'un fort de création
moderne, il faut croire qu'autrefois plusieurs citadelles
protégeaient celte petite ville; car un titre du seizième
285
siècle, que je n'ai pas sous les yeux, mais dont conitiin-
nicalion m'avait été donnée par M. Alart, archiviste des
Pyrénées-Orientales, mentionne un membre de la famille
d'Oms, qui se disait à cette époque, Castellanus arcium
Coquoliberi <''.
La légende, en capitales gothiques, porte rfS^CVRIE:
DrCOQVOLIBERlt.
XLI. — Perpignan |)ossédail un Hôtel de la Monnaie.
Le mailre de cet établissement (Seca), était appelé Al-
cayde. Le 14 octobre I4IG, Guillaume de Johan, alcayde
de la monnaie de Perpignan, lieutenant de Jean Aybri,
écrivant au Bailli et aux Juges de la Cour de ladite ville,
employait un sceau rond, de Om,Oi, dont le champ est
occupé par un écu royal , sommé d'une couronne , et
entouré d'une légende en capitales gothiques: -;-S:CVRIE :
MONKTARIK : YJLLE : PEHPINIANI (2) (L. 45).
XLIL — Thuir, ville royale, à quelques kilomètres de
Perpignan, portait sans doute les armoiries de ses sou-
verains; car, pendant l'occupation de Louis XI, le sceau
employé le 29 mars 1466 i)ar le Lieutenant du Bailli de
cette localité (=') était rond, de 0"',028, portant un écusson
carré, posé sur pointe, chargé de trois (leurs de lis, 2 et i .
Sur chaque côté du carré, sont les lettres TOIH, Corme
catalane du nom de Thuir (L. 40).
XLIIL— Prats-de-Mollô, aussi ville royale, portait, en
1522, l'écu couronné, aux armes d'Aragon <») (L. 47).
XLIV.— Le sceau employé, le 15 novembre 1575, par
Jean Bolet, député local de Perpignan, est rond, au
(1) Arcli. des Notaires. (3) Arcli. des Notaires.
("^) Idem. (i) Wt-m.
286
diamètre de Oi^iOSS; le centre, est un carré sur pointe,
chargé d'une croix de Saint-Georges, symbole héraldique
des Corts de Catalogne. Une légende très-abrégée, en
capitales romaines conjointes , porte : »î« GEiNEAL D
PPINYA") (Généralité de Perpignan). (L. 48.)
XLV. — La ville de Puycerda, chef-lieu de la Viguerie
de Cerdagne, portait : de sinople, à une cloche d'or.
Cet emblème, qui se retrouve sur les monnaies les
plus anciennes de cette ville, figure sur un sceau des
Consuls, suspendu, entre deux papiers, à un acte du 4
mai 1G'27(-), notifiant la confirmation, par le roi Philippe,
des privilèges de franchise de leude, accordés aux habi-
tants de Puycerda, le 2 des calendes du mois de.... l'an
1181, par Alphonse II. La légende est illisible (L. 49).
XLVI. — Dans le but de se concilier la bienveillance
des Perpignanais, en grande partie froissés de la sup-
pression du Royaume de Majorque, qui faisait descendre
au second rang leur ville, résidence des Piois depuis
soixante-dix ans environ, Pierre IV fonda, le 13 des
calendes d'avril 1349, l'Université de Perpignan.
Son successeur, Jean I^'', confirma l'œuvre de son
père, en la complétant, par permission donnée, aux
Consuls de cette ville de construire un bâtiment ad hoc,
sur l'emplacement qui leur conviendrait le mieux, et de
la dimension qui leur plairait.
Je pense que cette Université, qui réimissait les cours
publics de théologie, droit civil et canoni(|ue, sciences
et arts, eut un sceau particulier, lequel m'est resté
inconnu.
Celle institution fonctionna jusqu'au traité dos l'yré-
(1) Arch. des Notaires.
(2) hxc\\. des Pyr. -Orient.
287
nées, après lequel elle tomba en ilécadence. Ce ne fut que
sous l'adininislraliou du Comte de Mailly, Maréchal de
France, Couverneur du Roussillon , que rCnivcrsilé de
Perpignan fut relevée de ses ruines. L'année 17o9 vit
s'opérer cette heureuse restauration.
Un discours à la louange du Roi, fut alors établi et
fondé à perpétuité pour la consécration du rétablissement
de l'Académie, et le Recteur fut chargé de le prononcer.
Un exemplaire de ce discours, conservé à la Bibliothèque
de Perpignan, porte, gravé sur la première page, le dessin
des armoiries de la ville et celles de la ville d'Elne. Les
premières représentent, au milieu d'un cartouche de fan-
taisie, entouré des divers attributs d'une ville, l'iinage de
saint Jean-Baptisle, sur un fond semé de fleurs de lis.
Les secondes, dans un cartouche semblable, entouré
des attributs épiscopaux, portent une étoile d'or à six
rayons, sur un champ d'azur. On voit aussi dans cet
opuscule, le dessin d'une médaille frappée à cette date
de 1759, REGI REMVNERATORL
— Un autre imprimé, également conservé à la Biblio-
thèque de Perpignan'^', est le catalogue des livres appar-
tenant, en 1771, à l'Université.
Sur la première page, on voit un dessin qui offre tous
les caractères d'un sceau qui a dû (Hre particulier à cette
Académie. Dans un ovale, de Oi",0o sur Oni,Oi, on voit
la figure de saint Jean-Baptiste, tenant la main droite
levée, et dans sa gauche, l'agneau, entouré d'un petit
cercle. Le saint patron de la ville est accosté, h dextre,
d'un petit écusson ovale, aux armes de France, et, à
sénestre , d'un écusson semblable , portant le n)ono-
gramine de Perpignan, PP. Une lég<'nde porte ces mots:
ACADEMIA PERPlNlA.NENSiS. (L. 50.)
Le local aftecté à l'ancienne Université de Perpignan ,
(^1) Bibliûtli. publique de Perpignan.
288
sert actuellement à renfermer la Bibliothèque et le Musée
de cette ville.
XLVII. — Le dessin représenté ((ig. ol)'**, et celui du
sceau de la ville trouvé dans les décombres du quai, sont
les seuls de toute la collection reproduite au présent
ouvrage, qui aient été faits d'après un type de métal.
J'ignore complètement à quelle administration le pre-
mier a dû appartenir. Voici cependant le résumé des con-
jectures auxquelles j'ai dû me livrer en l'absence de toute
légende explicative. La forme carrée de l'écusson, dont on
trouve tant d'exemples en Catalogne, rend indubitable la
provenance Roussiilonnaise. La disposition de l'écu parti,
dont un coupé, au i^r ^ l'étoile d'Elne, au 2^ h deux pals,
fait supposer une administration tenant à la fois du civil et
du religieux; le l^"' parti, a trois ponnnes de pin, parais-
sant indiquer le blason proprement dit de l'établissement ou
d'un personnage ayant fait usage de ce sceau. Une maison
d'éducation fondée, dans le siècle dernier, par un certain
chanoine Py, pourrait avoir possédé un sceau semblable.
Des renseignements piis à cet égard n'ont amené rien de
concluant. Grâce à l'obligeance de M. l'abbé Grauier de
Cassagnac, principal actuel du^Collége de Perpignan, j'ai
pu considérer, dans son cabinet, le portrait dudil chanoine
Py, et l'écusson de ses armes, dans le coin du tableau.
Cet écusson, est également parti, au d^'' un arbre, qui
peut être un pin par allusion au mot Py, accosté des deux
lettres PI; et au 2" d'azur, à une étoile à 8 rayons d'or,
symbole de l'Eglise d'Elne, le susdit écusson, enté en
pointe, de gueules plein. De la ressemblance qui existe entre
deux sceaux ou deux écussons, il serait téméraire sans
doute de cerlilier l'identité des familles ou des admiuis-
(1) Trouvé duns les fossés de la citadelle de Perpignan, il y a quelq\ies
années, et possédé par le Concierge de i'Évéché.
289
Iralioiis qui les ont possédés. Tl est facile de voir, du reste,
dans i'éciisson du !)on chanoine, un Ijlasou tout-à-(ait
personnel, le premier parti l'ournissant des armoiries par-
lantes; le second iiuliiiiiant le chapitre dont il était digni-
taire, et l'autre indiquant, selon moi, la couleur du camail
dont l'abbé Py est revêtu dans son j)orlrait. Je donne cette
inter()rélatioii à défaut d'une meilleure. Quant à ce qui
concerne le sceau ci-dessus, le métal employé (cuivre
rouge, paraissant avoir été doré ou argenté;, et la forme du
dessin, se rapportent, comme anti(iuité, a l'époque de la
fondation du collège de Py; les trois pommes de pin,
peuvent avoir constitué le symbole de cet établissement,
connu sous le nom précité, même après la mort de son
fondateur; l'étoile peut vouloir indi(iuer le patronage de
l'autorité diocésaine, en mi'mc tenq)S que les pals, qui
entrent dans le blason de la ville de Perpignan, signilie-
raient l'inlluence municipale, plus grande peut être que
partout ailleurs, dans cette ville, jalouse et Hère de ses
antiijues privilèges. Les deux branches portant un trou à
leur extrémité, ont dû, autrefois, être repliées à angle droit,
pour endjrasser un manche maintenu de chaque côté par
un clou. Il est inutile d'ajouter que je n"ai trouvé aucun
document scellé du susdit sceau.
19
:i%
RÉSUMÉ.
l ne centaine de sceaux, tant ecclésiastiques que laïcs,
telle est la mince récolte de plus d'une année de recher-
ches minutieuses. Aussi, n'ai-je pas la prétention d'avoir
tout dit sur l'art sigillaire en Roussillon.
Le clergé était pourtant très-nombreux dans les comtés;
car l'historien Gazanyola^') me fournit les détails suivants
sur son organisation, lors du traité des Pyrénées ;
« La Cerdagne et la vallée de Ribes appartenaient à
(( l'Évèché d'IJrgell; le Capcir, à l'Evèché d'AIet; le Rous-
«sillon, le Contient et le Vallespir, formaient rLvrclié
« d'Elne, où l'on trouvait (piatre abbayes (Arles, Saint-
ce Michel, Saint-Génis et Saint-Martin), treize prieurés,
« six prévôtés, quatre commanderies de Malte, neuf cou-
« vents de mendiants, cinq chapitres, vingt-trois comn)u-
« nautés ecclésiastiques; le chapitre d"EIne, composé de
« quatre dignitaires et de vingt et un chanoines, avait été
« transféré depuis peu à Perpignan avec l'Evêque, et établi
« dans l'église Saint-Jean, l'une des quatre paroisses, où
« résidait une communauté de cent cinquante prêtres.
« 11 y avait un chapitre de quinze chanoines et une com-
« munauté de trente prêtres à La Real, l'une des paroisses
«de Perpignan. On voyait, en outre, dans celte ville,
« dix-sept couvents de moines ou de religieuses, quatre
«hôpitaux, une université, où l'on enseignait le latin,
«la rhétorique, la logique, la théologie, le droit et la
« médecine. »
Il y a donc lieu de s'étonner qu'un si petit nombre de
sceaux du clergé ait écbapi)é à la destruction.
(1 1 Hisi du lîiiiis.ulhiii, p 'riil.
291
Quanl à ceux des adiuinisU'aliou.s laïques, n'en ii}ani
trouvé aucun vesligc avant 15ii, épot|ue à laquelle le
lloussilllou rentra au pouvoii des Ilois d'Aragon, j'incline
à penser (et c'est, à Perpignan, l'opinion des gens érudits)
que les archives du Iloyaunie de iMajorque lurent trans-
portées à Barcelone; disposition uialenconlreuse, qui a
{trivé plus dun historien de connaître la vérité sur les
antiquités roussillonnaises.
Néanmoins, dans le petit nombre d'empreintes sigillaires
(jue j'ai pu recueillir, je constate une grande analogie avec
les sceaux usités en France, à toutes les épocjues. C'est
toujours, (pioique a des dates un peu dilférenles, la même
marche dans la succession des types, que l'on peut ranger
en trois catégories :
1" Avant le quatorzième siècle, etligie particulière des
personnages possédant un sceau , et usage des contre-
sceaux;
2" Du quatorzième au seizième siècles, complication
dans les légendes et dans le dessin , qui joint alors aux
symboles particuliers des établissements laïcs ou religieux
récusson armorié des titulaires, et suppression totale des
contre-sceaux, excepté dans les sceaux des souverains;
o" Enfin, du seizième siècle à nos jours, représen-
tation exclusive des armoiries , avec ou sans légende
explicative.
Aucun sceau matrice ne m'ayant été communiqué, et
n'ayant pu, par conséquent, opérer que sur des em-
preintes en fort mauvais état , pour la plupart ('), je n'ai
(1) L'cxanicu des sceaux de simples parliculiers n'ayaul présenlé rien
iriiilércssaut, j"ai népili^é de les reproduire. Je n'en ai, du reste, ren-
<iuitré autiMi antérieur au ijuinzièine siècle, ceux des siècles précédents
étant détruits ou jierdns. On voudra liien taire attention (pie la rareté des
sceaux, pour les temps antérieurs au (lualorzième siècle (indépendamment
des causes indiquées au conunenrenient de cette étude) trouve également
son exiiliculiiiu dans le pelil unMihre de dépôts institués à ces époques.
092
pas cm devoir bigiialiM- aucun de Ces nionunienls sigil-
laires, au point de vue de l'art proprement dit. Aussi,
terminerai-je en répélanl les premières lignes de cette
étude, entièrement neuve en ce pays : « Ces pages, faible
« écho de quelques anciens souvenirs , fragments eux-
« mêmes recueillis dans les débris des archives roussil-
« lonnaises , ne sont et ne peuvent èlre qu'un simple
« catalogue sans prétention. »
Perpignan, ... juillet 18G2.
Ainsi, Tait. 2 des Usa/irs iW IVTpii;nan, conlirmés en 110:2, |Kir li;
corale Gérard 11, nous apprend qu'on ne trouvait en celle ville, à celle
(laie reculée, (ju'un seul lalielliun pour recevoir les contrats de ses liabi-
tanls. L'accroissement de la ville et de la population, entiagèrent, seule-
ment, en 1270, Jaci|ues k'" de iMajon|ue, à créer une seconde place de
tabellion; et ce n'est que depuis Ki'ii, ipie les l^ois d'Aragon ordon-
nèrent la réunion dans un local spécial (qui cliani;ea, iiélas! trop souvent,
puisqu'on a trouvé des registres dans certains égoùls de la citadelle), des
écritures des notaires passés et futurs. Le dépôt duquel j'ai entrait la
plupart des sceaux ci-dessus reproduits, ne renferme que cinq ou si\
registres de la fin du treizième siècle.
L'Hospice Saint-Jean possède ses archives depuis sa fondation, et c'est
avec plaisir ipie j'adresse ici des remerciements à TLconome actuel,
Al. Joseph Sirven, qui les a mises à ma disposition.
Les Archives de la Préfecture m'ont fourni également des renseigne-
ments utiles; mais elles ne possèdent presque aucun acte antérieur au
onzième siècle. 11 y a à peine trente ans, ces archives, heureusement
placées aujourd'hui sous la direction d'un archiviste qui possède le feu
sacré, n'étaient iju un vasle chaos, au débrouillenicnl duquel, les Saint-
Malo, Puiggari, Jaubcrt-Campague et autres Pcrpignanais, ont donné tous
leurs soins et appliqué leur immense érudition.
29S
ITICE SUR L'ISTHME DE SLEZ,
l';ir II» A. GllTEit), Mciiibic de [ilubicurs Snciéirs savanlcs.
La Fi'ance Ibiirnil, depuis six années sculonicnl. un
(les cvénenienls les plus consiciérables de l'Iiisluirc des
siècles passés , et ([ui puisse peut-èlre jamais arriver
dans la suite des siècles à venir. En eiïel, qui eût jamais
osé espérer que la France, après avoir restauré à Tunis
l'œuvre gigantesque d'Adrien-César; après avoir amené au
centre de la capitale de la régence, les cau\ du djcibel-
/aghouan, porterait ses enl'anls au milieu d'une mer de
sable, dénudée de végétation et sans eau, et qu'au milieu
de ces privations, luttant contre l'intempérie, cette France
renouvellerait l'œuvre des Ptolémées, en reliant le golfe
.Frcopolites à la mer intérieure, uMivre gigantesque, civi-
lisatrice, qui, en taisant le bonbeur de la clirélienté, l'ait
aussi la gloire de notre siècle, donne de la vie à ranti(pie
Arsinoé, morte depuis bien des siècles, jalonne la route
de riiumanilé, destinée à porter au loin les bienfaits de
notre religion et a régénérer la face du monde.
Déjà, les eaux lécondes du iNil arrosent la vallée de
(iessen, où l'on remarque de toute part, une superbe
végétation. Dé'jii, les Arabes étendent leurs cultures, et
trouvent un cliamp plus vaste pdiir leur commerce, et ce
n"esl (pie depuis notie présence au désert cprils savent
tirer de cbatpie objet ses avantages, etiju'ils les emploient
tous avec le |)lus grand ed'et, en unissant les travaux de
l'agriculture et les alVaires du commerce, aux occupations
de la \ie pastorale.
2λV
Ia'S lia\;iiix (lu caïKiI d'eau douco sont aclicvi's depuis
longtemps: ceux du canal maritiine marchent avec la plus
grande rapidité : un heureux succès leur est assuré.
Lors(|ue, pour la première fois, je dirigeai mes pas,
du nord au sud, sur cette terre où d'immenses choses
sont en germe, et où des merveilles sont déjà accomplies,
je lus surpris de rencontrer autant de ruines échcloimécs
le long du canal maritime. Les unes, retnontanl à l'époque
des Pharaons; d'autres, d'origine ron)aine, étoulï'ées de-
jmis plusieurs siècles, apparaissaient au-dessus du sol,
et semhlaient indiquer l'ancienne voie de Péluse.
{]e. voyage me suggéra l'idée d'exannner, avec plus d'at-
tention que je ne l'avais lait, tous ces vestiges, de les sauver
de l'injure du temps et du vandalisme de nos jours. Je fis
appel à plusieurs de mes amis, et, aidé du concours de
M. Gustave Sautereau , je fondai à Kl Cuirs, point écjui-
distanl de Suez et Port-Saïd, nne société qui prit le nom
de Société Aitistique.
Le but que je me proposais ne pouvait qu'éveiller les
sympathies de toute âme sensible et généreuse, des amis
des arts et de la littérature.— Les savants conseils de
MM. les Ingénieurs nous éclairèrent, et nous guidèrent
dans la marche à suivre pour nos travaux archéologicpies.
Le 9 novembre de la même année, notre honorable
président, M. de Lesseps, approuvait avec empressement
la création de cette société, et acceptait la proposition de
MM. les Membres du Bureau : celle de la placer sous son
|)alronage. Un local nous fut affecté; nos statuts, (pii
n'étaient encore (lu'éliauchés , furent achevés et arrêtés;
et le Jî) novembre, la première séance eut lieu.
Dès lors. Messieurs, nous travaillâmes avec ardeur.
D'un commun accord, nous employâmes les loisirs (pie
nous laissaient les travaux du canal, à étudier ri'.gypte,
et en particulier ristlmic, aux points de vue scicntiliipie,
historique et arlisticiuc.
■29r,
Les (|iieslioiis (|iii se piésciiloront ;i nos cluiles, lurenl
variées : oiitie lliisloire, rarcliéologic , l'élude de cette
anli(|nit('^ toujours l'éeonde , n'avions-nous pas encore
riiistoire naturelle de ristlime, la niéléoi'oloi>ie, l'élude
du désert (|ni nous cnlourait , enlin l'c-lude des peuples
Arabes et des iJédouini:'-, dont la vie nomade est si inté-
ressante? Quelipies observateurs s'occupaient uniquement
de l'agriculture arabe.
Tout étant ainsi disposé, le local de la Société vil
bientôt arriver de tontes parts, des produits du ])ays, des
pièces archéologirpies, nnmismatiques, des ossements
fossiles d'animaux lerreslres, mèb's (piebpiel'ois à ceux des
animaux a(piali(ines, des eslampages des monolitbes ([uc
nos moyens de locomotion ne permettaient pas d'amener
auprès de nous.
Tout réussit à merveille. Désormais, ce qui pouvait inté-
resser les sciences, les arts et l'hisloire du pays nous ('lait
acquis, et dans le complc-rendu des travaux de la Société
pour les années 18GI et ISO^, j'avais déjà à signaler le
zèle et le dévouement de plusieurs membres pour divers
mémoires adressés à noire instilulion naissante.
Jetons maintenant tni C()U|)-d'(r'iI,;i vol d'oiseau, sur les
points (pii lixèrent le plus mon allenliim :
l'ji septembre 18()l , je quittai Suez. Après avoir visite la
l'ontaine de Moïse, je suivis jusqu'aux lacs amers les traces
encore ap])arentes du canal, que le temps n'a pu eflacer du
sol.— Arrivé au campement du djébel-(ienefîé, montagne
aride, abrupte el toin-mcnlée, je me dirigeai sur un point
couvert de végélalion, qu'on aperçoit de loin dans la partie
nord des lacs, et que les Arabes nomment El-Amback. Je
traversai les lacs dans leur plus grande largeur, sans tenir
conq>le des sentiers (racés par les caravanes, (|ui condui-
senl, les uns en Syrie, les aulres à l]|-Aiid)a(lc et aulics
localilés. J'eus (pielque peu de peine à atteindre Kl-Ani-
bacl<; le sol, quoique dépourvu d'eau, cédait sous le poids
29(i
des bètes de somme. A mon arrivée, je trouvai, au milieu
de joncs et d'arbustes, une source abondante, qu'on nomme
Ain-el-Amback; l'eau est. claire et limpide, légèrement
amère. Je pense (ju'elle emprunte une partie de son amer-
tume, aux plantes qui croissent autour de ses bords.
Les plantes des lacs amers sont toutes d'irie couleur
blancbàtre, connue toutes celles »iui naissent sur le bord
de la mer ou des lacs, tandis que celles qu'on rencontre
dans l'intérieur des terres ont une couleur verte.
Je lis aux lacs amers plusieurs sondages, qui me prou-
vèrent que les eaux, quoiipie éloignées du golle arabique
d'environ 50 kilomètres, sont soumises à l'inlUience du
llux et du relUix de la mer rouge; que les eaux filtrent
a travers les sables et les couclies argileuses, et que
l'étendue de celte liltration est plus ou moins grande,
selon que le terrain est plus ou moins pénélrable.
Les diUércnles couches obtenues par mes sondages ,
sont indiquées dans le croquis que j'ai l'honneur de vous
soumettre.
L'étude des produits de ces sondages, me prouve que
le grand bassin des lacs amers et le lac Tmisali, avaient
été, à une époque très-reculée, le domaine du gollè ara-
bique, et qu'on ne pouvait en attribuer le dessèchement
qu'au phénomène de l'évaporalion.
En ma qualité de membre correspondant, je crus bien
faire de recueillir en cet endroit quehjues coquillages cl
autres productions marines; de les destiner à MAL les
membres de la Société Agricole, Scienliliiiue et Littéraire
du département des Pyrénées-Orientales, qui ont beaucoup
lait pour moi, et auxquels je désirais de|)uis longtemps as-
socier et mon coeur et mes vonix, et les assurer désormais
de mon entier dévoiiemenl.
Mes opérations de sondage achevées, je visitai plus tard
le seuil du Serapéum, où gisent les restes d'un monument
persépolitain, probablement consacré à Darius, à l'achè-
297
veiiienl du canal des deux mers (Ilérodole). Il a du aussi
exister en cet endroit un temple, que les Égyptiens consa-
craient à Sérapis.
En quittant le Serapcum, j'ellleurai le tombeau de Cheick
Knedec et Toussoum, centre de population important,
créé par la compai,Miie.
Le 5 ocloi)re IHtil, en clierchanl à lier sur ma plan-
clielte le lacTmisah aux lacs amers, je vis, à 4 kilomètres
N.-O. de Toussoum, et sur un vaste plateau dominé par
le djéhel-Mariam, des dc'bris de poteries anli((ues, des
briques, des ossements humains, des pierres contenant
des caractères liiéroi;Iyplii{|ues gravés en relief. Nul doute
qu'il a existé en ce lieu une ville considérable, dont la
superlicie peut être évaluée à 90 hectares, y compris une
certaine étendue de terrain, qui jjarait être l'ancienne
>»écrop(de. J'ai consulté plusieurs itinéraires anciens, afin
de pouvoir me rendre compte de cette ville antique, de
son importance. Aucun ouvrage n'a pu me fournir des
données. Cependant , l'élude scrupuleuse des anciens
campements des Israélites , lors de leur départ pour la
terre promise, me porte à croire que cette position est,
celle de lanlique liaal-Tsephon de la Bible, qui signiûe
Dieu sentinelle. En cet endroit, nous dit-on, les magi-
ciens d'Egypte avaient mis une idole, comme une barrière
qui devait arrêter les Hébreux, et s'op()Oser à leur fuite.
Combien n"e\iste-t-il point dans l'Isthme, de ruines de
villes et de monumeuls de cette grande et anti(pie nation,
dont la position est ignorée cl s'esl perdue avec le tenqis!
Les médailles grec(iues et romaines, l'urne en marbre
cl les lampes romaines qui vous ont éié remises, ont été
trouvées au pied du djébel-Mariani et à Hubastis, aujour-
d'hui /ag;i/.ig. Qu'il me soit |)ermis, en achovaut, de vous
offrir un estampage lait |)ar moi , et tiré d'un nninolithc
qui repose depuis plusieurs siècles sur les hauteurs do
Kanlara-el-Krasné.
29S
KXPl.OllATION EN TIJNISIE,
l'ar II. ,\, Cil'lTEn, MciTil)ic' Je [)liisii'iirs SocicU-s Savantes.
Aidé du concours bienveillant de LL. EE. Messieurs les
Ministres de h duerre et de TAIgérie, el des Colonies, je
quittai Alger, le ^25 mars 1860, pour aller explorer la
llégence de Tunis, tant au point de vue arcliéologi(iue ,
qu'au point de vue de l'histoire physique du pays.
Après avoir visité Philippevillc, Conslantine, fiuelnia,
Soukarras, Bône et autres centres importants de la pro-
vince de Constantine, j'arrivai, le 12 avril, à cinc] heures
du matin en vue de Tunis; à six heures, le Clyde jein'ii
son ancre. La mer était calme, el le ciel sans nuages
me permettait de contempler un des plus riches pano-
ramas de la Régence.
Tnc vaste étendue de pays, comprise entre le village
de Sidi-bou-Saïd et le lac el-Héhira, fixa mon attention.
C'est là que s'élevaient autrefois Carthage-la-Puni(]ue
et la cité romaine. Quelques ruines, échappées aux ravages
du temps et des hommes, sont les seuls matériaux dont
nous pouvons disposer aujourd'hui jjour reconstruire leur
passé.
La chapelle Saint-Louis s'élance majestueusement sur
le point culminant de la Hyrsa. C'est sur ce même em-
placement que mourut le ISoi de France (1270), en prodi-
guant des soins aux peslitérés de son armée, canq)ée
devant Tunis.
Après avoir débarqué à la Goulette, où existent encore
des traces d'un chàlcau-fort itàli par Charlcs-Quinl , je
2'»9
me rendis à Tunis. La dislaiiee qui sépare ces deux loca-
lités est de ii kilomètres.
Plus tard, ceux qui me liront, jugeront du bon accueil
que je reçus de M. Léon Roches, notre représentant
chargé dos allaires de France à Tunis, et des bons odices
que m'ont rendu tous les sujets français.
Je ne devais point prolonger mon séjour à Tunis. Le J i
avril, je me rendis à Carlhagc; là, une chambre de la
chapelle Saint-Louis fut mise à ma disposition par M. le
Consul-Général, pendant la dun'e de mes travaux.
Le lo, je commençai mes travaux topogra|)hi(|nes,
pendant que quchpies indigènes fouillaient les points ([ue
j'avais signalés à leur attention , et qui devaient me
servir pour la reconnaissance des anciens monuments
de Cartilage.
Le plan de celle localité; l'étude de la Bvrsa, du (piar-
tier de Mégara, des |)oris de guerre (Colhon) et marchand,
des anciens quais, des citernes publiques de la Malga, de
celles situées au nord-est de Carlhage; l'étude des ruines
d'une basilique, des thermes Gargiliens, du forum, du
cirque, du théâtre, des divers temples, ainsi que tous les
anciens monuments placés à la surface du sol, me tinrent'
sur ce coin de terre pendant un mois et demi. Je ne
pouvais plus m'en éloigner; c'est iju'il en est de certains
sites comme de certaines mélodies, qui ont le privilège
de captiver l'admiration.
Dévoré d'activité et diuq)alience, je pris mon album
et me rendis au djébel-Camarl, au village de Sidi-bou-
Saïd, il la Marsa, à Douas-Chol, au Chikii, petite ile
située dans le lac de Tunis, à la Couletle. Mes dernières
heures passées dans celle parlie de la Hégence, furent
consacrées ;i des travaux de sondage du lac Réhira.
Ces travaux achevés, je parcourus alors le Bardo, la
Mannouba, .Vriana, les sebkhas el-Rouan et el-Scdjoumi,
rii.immam-Lif et ses thermes romains, la Mohmmédia,
300
Simindja, Zong^'ar, Zagliouan, ses sources, son lemplo ,
l'aqueduc qui amenait les eaux du djebel Zagliouan à
Cartilage. A la solidité de sa construcliou , à ses pierres
diamantées, unies par uu ciment im[)érissable, on reconnail
i'aciienienl lu main des lîumaiiis.
Les vastes ruines d'Ulina lOudna) ni celles d'Utique
n'éclia|)pèrent point à mon examen. Celte exploration me
valut bon nombre d'inscriptions, médailles, bas-reliefs,
objets d'art et minerais.
Le 18 juin, par une Itelle matinée, je me dirigeai vers
l'est de la llégence, pour acbever la carie (pie j'avais
commencée sur l'ancienne Zengitane. J'étudiai, avec la
plus scrupuleuse altenlion, la péninsule Herma-um jus-
(pi'à llammamet, en passant par llades, l'oued Millau,
Soliman el sa riche plaine, C.ucrombalia et Doucha, vil-
lages arabes, à cheval sur la route de Tunis à Soiissa.
J'eus soin de prendre, là comme partout ailleurs, lu
nomenclature des pays que j'avais traversés, montagnes,
rivières, ruisseaux, lacs, schkhas et tribus, et des notes
sur les mœurs et babil udes singulières des habitants.
Le 2i juin, je rentrai à Tunis, avec une abondante
moisson de dessins, estampages et autres objets curieux.
Le 26, je quittai de nouveau la capitale de la Ilégence
pour me rendre à Soussa, par l'Ilamman-Lif, Cuerom-
balin, le fondonk de Jîerloubit;! et llercla. Lutre ces deux
derniers points, et près d'une tour romaine, je vis, pour
la première fois, des traces d'une route romaine en béton,
bordée de pierres plates sur champ. Cette roule reliait
inrailliblemenl Pul|)ut à Ilorrea-Cœlia , et faisait |)arlie
de la grande voie de Carthage à Sufetula de l'itinéraire
d'Anlonin.
Depuis llercla jusqu'aux environs de Soussa, le j)ays
est légèrement ondulé et pierreux; on ne trouve aucune
trace de culture nulle part : tout y est d'une monotonie
inconcevable.
1
301
Peiulanl mon sc'joiir à Soussa, je fus parfaiteinenl
secondé dans mes opéralions. M. le général Ucoliid
m'aida de ses lumièccs; M. Kspina, vice-consid et mend)rc
de |)lusienrs sociétés savantes , et mon collègue de la
Société Historique Algérienne, me prêtèrent leur concours
éclairé.
Je dois aussi bien de la reconnaissance a MM. le doc-
teur Clément, Pierre Sacomman, Edouard Carleton, Henri
Siccarol, ainsi qu'au Révérend l*ère Agustino de Ucggio,
président de la mission apostolique.
A Soussa (l'antique Adrumetum), je vis une niagnilique
collection de médailles consulaires en or et en argent,
trouvées dans colle ville et aux environs; mais mallieu-
reuscment enlouies dans des sacs, et, par suite, perdues
pour la science.
Je dois. encore à la bienveillance accoutumée de M. le
général Rccliid, une niagnilique collection de poteries
romaines.
Soussa est riche en sites pittoresques et en beautés de
toute naiure.
M. Espina, vice-consul, m'apprit à connaître toutes
les richesses archéologiques du pays.
Pendant celte tournée, je lis d'abondantes moissons.
Je reconnus Soussa pour rAdrumolum des anciens; je
levai et dessinai le brise-lames du port ancien, que le
savant docteur Shaw ne put voir; je dessinai la batterie
de Ras-el-Bordj , sentinelle avancée de la cité moderne;
ses anciennes citernes; un hypogeum circulaire taillé
dans le roc ; de vastes routes souterraines creusées dans
le tuf, et de nombreuses ruines.
Le 50 juin, je quittai Soussa pour retourner à Tunis.
Il serait trop long d'énumérer et de décrire les ruines
considérables que Ton rencontre à droite et à gauche de
la roule.
Comme ce voyage m'avait beaucoup fatigué, je crus
302
devoir nvarrèler (luelquc temps à Tunis, pour inellre au
net quel(iues-uns de mes travaux, et parcourir encore
une l'ois ses environs.
Le "iO juillet, je partis pour le Kef (accompagné d'un
homha cl de mon domestique) , afin de l'aire un travail
géograplii(iue , physique et descrijjlil' de la Medjerda ( le
iiagrada des anciens) et de sa vallée; de dresser une
carte donnant le tracé du fleuve , depuis sa source jus-
qu'il son emhoiicliure; de l'aire connaître ses principaux
aUluents, les villes, villages et localités qui se trouvent
dans le bassin de ce fleuve ; d'esquisser les mœurs , les
habitudes de certaines tribus tunisiennes, et, enlin, de
recueillir des renseignements sur les [iroduils du pays.
Dans cette tournée, je ne pouvais perdre de vue l'étran-
glemcnt que franchit la Mcdjerola, au-dessus de Testour
et du confluent de l'oued Siliana et de l'oued Tibourack,
qui m'avait été signalé par M. Berbrugger, président de
la Société Historique Algérienne, et par M. Mac-Carthy.
Si cette longue excursion a l'ouest de la Régence tut
très-pénible, à cause des chaleurs accablantes qui se
lirenl sentir pendant toute la durée de mon voyage, je
dois dire aussi qu'elle me donna de bien beaux résultats.
Je possède plus de vingt cotes d'élévation de diverses
montagnes de la Régence, grand nombre d'inscriptions,
médailles, dessins de temples, monuments romains et d'une
église chrétienne, des vues de Tebourba, Mectjez-el-Rab,
Slougli, Testour, Tonga, Tiboursck, El-Mest(Musti), le Kef
et autres points importants.
Pendant mes excursions, je n'ai eu qu'à me louer des
indigènes de la Tunisie. Les habitants de ce pays ne sont
pas si i'arouches (ju'on nous l'a voulu persuader jusqu'ici;
ils n'ont de barbare que le nom seulement.
.'{(13
inor.llAPlHES IIOUSSILLOMAISES,
Par II, l'altbc Jf. Tolra »k Boroas,
Doi-lfiir l'ii Iijoil raiiou et un Hi'uit civil,
Professcui' ilc J'hilosiiphie et (rHistoiro,
Membre résidant '.
MONSEIGNEUR FRANÇOIS XIMENEZ,
Évoque d'Elue (1400—141:)).
l'alni' (le KraiKuis \iineiiez. <l|iiiiions diverses ù ce sujet. — Son entrée
dans l'Ordre de Sainl-Fram/nis et ses prédications. — Il est élu, par
acrlamalion, l'Àèquc d'Elne. — Faveur doni il junil auprès de la Heine
d'Arawn et du Souverain Pontife. -C.onrile de l'erpii;iian (i itlX). —
Saint Vincent l'crrier en Roussill(Mi. — l'uMe et juslilicalion de .\I.«i'
Xinienez. — Sa niorl ; dillicnlté clironoioijique. — Ouvrages de ce l'réiat.
--.Appendice: .Aperçu rapide sur le séjour de Benoît \1I1 en lious-
sillon , sur la suile du Schisme et les eil'orts de saint Vincent Ferrier
puiir le faire cesser; second Congrès de l'erpiynan (lilô).
Parmi les illustres Poiililos qui ont gouverné l'Église
et le Diocèse d'Elne, il faut assigner une place spéciale
à un savant et saint évèque, qui voulut rester toujours
attaché ;i l'Ordre de Saint-François.
Ia's trois liio!,'rapliies qui suivent sont destinées à entrer dans la
composition d'un volume sur Lcsirois Ordres de Sainl-François-d' Assise
vu Roiissilhui . ipu' .\I, Faillie ,F Toira de Pordas se propose de publier
Irès-procliainemenl. l.a V(V du Vniérnhif Aii</i- llcl l'as, dont on pour-
suit si activement à Rome le procès de béaiiiication, sera racontée dans
ce livre, avec les détails fournis par les doi uincnls contemporains les
plus aullienliques.
30i
Suivant (iiiehiiios ailleurs''', François Xiinenez serait
originaire de la province de Valence. Mais celte opinion
nous i)arait devoir être abandonnée, en piésence des
témoignages décisifs que nous apportent les clironi(jues
de l'Ordre Franciscain et la plupart des historiens de
la Catalogne, en présence de l'opinion émise même
par plusieurs auteurs de la province de Valence*-', en
présence, surtout, des déclarations contenues dans divers
ouvrages composés par le prélat lui-même, et où il est
clairement désigné comme Catalan'-''.
Notre évèque ne doit pas être confondu avec Ms'' Jean
Ximenez, qui, né en Catalogne et Franciscain comme-lui,
fut évèque de Malte vers le même temps. Nous ne cher-
cherions pas à prémunir le lecteur contre une autre
confusion, si elle n'avait fait tomber dans l'erreur (juel-
ques historiens sans critique. Hobadilla nous apprend,
en effet '^), que, aux yeux de certains. M?'' Ximenez,
évèque d'Elne, et l'illusire cardinal Ximenez de Cisncros,
archevêque de Tolède , étaient un seul et même per-
sonnage. Tout au plus pourrait-on admettre que notre
prélat catalan appartenait à la famille d'où devait sortir
le célèbre ministre de Ferdinand-le-Catholique; car le
cardinal ne devait naître en Castille qu'en 1450 (assez
longtemps après la mort de notre évèque d'Elne), pour
entrer, à cinquante ans, dans l'Ordre de Saint-François
(i486); devenir successivement confesseur de la reine
( 1) Le 1'. Maestro Jusliniano, dans sa Vie de saint Vincent Février;
Zurita (Indices latinos) ; le docleur Molâ (Enipurio juridico) , etc.
(2) Notamment Escolano , qui 1p fait naître à Gérone (Historia de
Valencia, lib. I, cap. VII ).
(3) Ainsi, ;i la lin du Paslurul. sun plus bel ouvrage, imprimé eu 1 i'JÔ
(80 ans après sa mort), on lisait : c Viri jjrœstantissimi in sncru
pagina FiUNClSCI XlMEXlS, ordinis Minnniw ET Catai.am «
(4) P(ilili<iiir. ]\W Partie, cliap. VU.
305
Isabelle (1492), arclicvêque de Tolède (149y), cardinal
et grand-inquisiteur de Castille (1507), régent du royaume
d'Kspagne (1510) et mourir en ioll.
A quel âge et vers quel temps François Ximenez
entra-t-il dans l'Ordre de Saint-François? Nous ne pou-
vons le dire. Fit-il profession dans la province de Cata-
logne, ou dans la province de Valence? Sur ce point
encore, les avis sont partagés. Le P. Ilebrera, dans sa
Chronique franciscaine de V Aragon '^^^ tout en assignant
la Catalogne pour patrie a lillustre Prélat , le pro-
clame enfant de la province franciscaine de Valence.
Mais cet historien, auquel on a reproché d'assez graves
inexactitudes, a pu être induit en erreur par une cir-
constance mal expliquée de la vie de My Ximenez. Ce
dernier, en effet, alors probablement qu'il n'était que
religieux, avait été envoyé en mission par Benoit XIII dans
le royaume de Valence, afin de protéger les catholiques
contre les infidèles qui infestaient ce pays. Rien d'éton-
nant que, durant son séjour a Valence, il ait habité le
couvent de son ordre, sans qu'on puisse le considérer pour
cela comme agrégé à la province de Valence. Mais, ce qui
doit faire abandonner le sentiment du P. Hebrera, c'est la
preuve positive fournie par une chronique latine manus-
crite du P. Ange Vidal, que le P. Coll*-' déclarait déposée
dans les archives générales de l'Ordre de Saint-François,
au couvent de Madrid. Or, dans ce document historique,
le P. François Ximenez était formellement désigné comme
ayant fait sa profession au couvent de Saint-François de
Barcelone, après avoir pris Tbabil dans celui de Gérone.
Les historiens ne nous apprennent presque rien sur la
jeunesse du P. François Ximenez, si ce n'est qu'il obtint
(,1) Tdine I, cliap. 21, nos 156 et suivants.
(2) Crônica serdfica de la sanla Proviiicia de Catahiiia . de la liegii-
lar (ihscrrancia de A'. P. sun Friinciseo, etc., eacrila par el P. in.
J.w.MK CoLL, etc. (Lib. III, cap. 38). Barcclona, 173S; 1 vol. in-foho.
20
306
des succès marqués dans réludc (et prohablenienl dans
renseignement) de la philosophie et de la théologie, et
qu'il s'exerça de bien bonne heure h la pratique de tou-
tes les vertus.
Il déploya parliculièremenl toutes les fortes de sa scien-
ce et les ressources de son zèle dans la mission qu'il reçut
d'évangéliser les populations de l'Aragon, de Valence, de
Catalogne et de Majorque, à l'occasion du jubilé et des
indulgences accordées par Benoît XIH, à tous ceux qui
prendraient les armes pour repousser les Sarrazins, dont
les invasions menaçaient ces provinces. Les prédications
du P. Ximenez, qui puisaient leur double inspiration dans
le dévouement le plus patriotique et dans un zèle religieux
des plus ardents, montrèrent déjà l'habileté de ses moyens,
la puissance irrésistible de sa parole, et, par dessus tout,
l'heureuse inlluence de sa vertu. I.e mérile et le succès
de cette mission firent d'autant plus d'honneur à noire
saint apôtre, que, le plus souvent, ses conseils, ses
exhortations et ses plaintes s'adressaient aux princes,
aux grands et aux magistrats de ces contrées.
L'époque précise de sa promotion à l'épiscopat n'est
pas clairement désignée par les auteurs qui se sont occu-
pés de M?'" Ximenez.
S'il faut en croire le P. Hebrera, c'est en MOO que
M"^ Ximenez prit possession du siège d'Elne : « Ms'' Don
« Raymond de Las Escalas, évèque d'Elne et membre du
« conseil du roi, ayant été transféré au siège épiscopal
« de Barcelone, vers 1400, le P. P^-ançois Ximenez fut
« désigné comme par acclamation pour le siège d'Elne (''. »
Et ici, observons tout d'abord (pi'une parei'le élection,
qui impliquait l'intervenliou colleclive du clergé et des
(t) Por la promocion de DoN Rajion de Las Escalas (Ici obis-padv
de EIna «/ deBarcelona, 'por los anos de liOO, qiicdo urjuelhi silla varatde.
y , como por aciainacion , fué jitieslo en ella el Padre Fray Fuan'CISCo
Ximenez (Chronique Iranciscaiiu' d'.Aragon. loin. 1er, chap. XXI. § 169).
I
307
fonctionnaires, an moins du cliet-lieu du siège épiscopal,
ne pouvait désigner qu'un sujet particulièrement connu
dans le pays par sa vertu et sa science. Mais éclaircissons
notre diilicullé.
La date de la promotion de Msr Ximenez peut-elle
être précisée? D'un coté, nous lisons dans les épiscopo-
logies de Barcelone*'', que Ms'" Raymond de Las Escalas
prit possession du siège de Barcelone, non point en liOO,
mais quatorze ans auparavant, le 21 décembre 1586, et
même en 1577, d'après la Gallia Chrisiiana. D'autre part,
il semble dillicile de placer l'épiscopat de Mk'' Ximenez à
cette époque, et môme en 1 iOO,en présence des documents
historiques et chronologiques renfermés dans la Gallia
Chrisiiana elle-même <-', d'après lesquels Ms^ Raymond
de Las Escalas aurait cessé d'être évêquc d'Elue en 1588,
et trois autres prélats auraient occupé ce siège entre cette
époque et celle de ravènemenl de M^^ Ximenez, qu'on
ne rapporte ainsi qu'à l'année 1406. Nous avouons notre
embarras à concilier ce sentiment avec l'aflirmalion si
claire et si formelle du P. Hebrera, d'autant qu'il s'agit
d'une dilférence assez importante d'une vingtaine dannées
dans la durée de l'épiscopat du prélat'^*.
Mais passons aux quelques faits principaux qui nous
ont été transmis sur l'épiscopat de M»"" Ximenez.
L'entrée solennelle du prélat dans son diocèse, Ht éclater
la démonstration de la joie la plus pure et de l'enthou-
siasme le plus sincère. Ses diocésains ne cessèrent de se
considérer comme ses enfants, et l'entourèrent de toutes
les prévenances inspirées par l'amour le plus filial. Les
(1) Vatge litemrio à Ina I/jlesias de Espaiia, su autor U. Jayme
Villanucva; loin. XVIII, p. 20. — Voyez aussi VEspaha sagrada.
(2) Tom. VI, col. 10(30 et lOGi.
(3) Certaines épiscopologies placent deux évèi|iios entre Mi-'i' de Las
Escalas et .Mi~'>' Ximenez, savoir: Mb'' Barlhclenii Peyro , et Slïf Ray-
mond Descallar.
308
plus pauvres et les plus Imiiihles troiivaienl auprès de
lui secours et protection , et ses hautes (pialités le re-
comniantlèrent liientût aux personnaijcs les plus distin-
gués et les plus puissants. C'est ainsi qu'il mérita la
conliance de la reine d'Aragon , Dona Maria Lopez de
Luna, sœur de Benoit Xlll (Pierre de Luna), si bien que
cette princesse le désigna comme un de ses exécuteurs
testamentaires <'). Les conseils de la couronne et le Sou-
verain Pontife lui-même, dit le P. Coll <-', ne rougissaient
pas de recourir a lui dans les doutes ou les embarras,
cl de s'en rapporter a ses sages décisions; car ce qu'on
estimait et ce qu'on admirait en lui, c'était une alliance
si intime de la science et de la sainteté, qu'elles formaient
comme un seul élément, et constituaient sa nature |)ropre;
de telle sorte que sa profonde humilité n'était nullement
altérée par les applaudissements et les louanges, pas plus
que sa science n'était amoindrie par le peu de valeur qu'il
s'attribuait et la pauvre idée qu'il avait de lui-même. On
peut même dire, en reproduisant la pensée des historiens
de sa vie, que son esprit s'élevait et s'ornait à proportion
des pénitences et des mortilications qu'il imposait a son
corps.
Ce fut là le secret de la gloire qu'il conquit auprès de
ses contemporains, et plus particulièrement auprès de son
Ordre et dans son diocèse; c'est aussi ce que constate
le MarUjrologe franciscain d'Espagne, lorsque, à la date
du 14 novembre (que certains donnent comme le jour de
la mort de l'illustre prélat), il insère la mention suivante :
(1) Les deux autres étaienl : le P. Jean Ximenez, qui devint, peu
d'années après, évêque de Malte, et le P. Bartliélemi Born'is, tous de
rOnlre de Saint-François. La Reine mourut le 2!) décembre LiOtî; elle
ne l'ut pas li'mnin de tout te (jue causèrent de dilticullcs et de scandales,
en Roussillnn et dans toute l'Église, l'amliilion et l'opiniùtrelé de son
frère Benoît XIII.
{i) Ci'ôiiica scrdfica, etc., loc. cit., § Gil.
30!)
« A Perpignan, dans le comté de Roussillon, lo vénérable
» Père l-'rançois Xinionez , évcqnc d'EInc et Patriarche
« de Jérnsalem, qui brilla de la donble auréole de l'éru-
« dilion et de la sainteté, et rendit son ministère pastoral
« non moins fécond par l'exemple et le parfum de ses
« vertus, que par l'étendue de sa science et l'excellence
« de sa doctrine''). »
IS'ous touchons à un des événements les plus célèbres
de l'histoire de l'Église ; je veux parler de cet épisode du
Schisme d'Occident, qui se déroula dans la ville de Perpi-
gnan sous l'épiscopat de Mfc''' Ximcnoz , et dont nous ne
rappellerons ici (lue ce qui se rattaclie à notre sujet.
Il y avait déjà quel(|ues années que l'ambilion de
Grégoire XII et de Benoît XIII jjrolongeait le schisme
et divisait l'Eglise. Ce dernier, après avoir été quelque
temps prisonnier dans son palais d'Avignon, s'était enfui
h (iénes, alors occupée par la France et gouvernée par
le maréchal de Boucicaul. L'ordre avait été déjà expédié
h ce dernier de se saisir de Benoit, et d'empêcher ainsi
qu'il n'allât hors du royaume prolonger sa Papauté et
son schisme, ce que son opiniâtreté ne faisait que trop
appréhender. Mais, aussi vigilant (]u'opiniâlre, il s'enfuit
bientôt de Porto-Venere, port situé sur la cote de Gènes'-',
s'approcha des galères qu'il entretenait toujours bien ar-
mées le long de cette plage, et, accompagné de quatre
cardinaux (•», il s'embarqua le lo juin 1408 (terme remar-
(1) « ...qui cl emdilione siiif/ulari pliirimiim e.vcelluit, et Vilm sanc-
tilule populo sibi commisso non minus profuil.
(2) M. licnn nous sciiiMo avoir confondu Porlo-Vrnere, port ilali(!n,
avpc Poit-Vt-niIres , où il fait (IrbaniiiiT lînnoit, In 2 juillet (llisloini
(lu Houssillon , loni. 11, p. 21)).
(3) Les cardinaux de l''ius(iiic, de Clialanl , do (îironc cl d'Urrios.
C'csl à tort nue le 1'. Martèue y met Mi,''' .lean d'Armagnac, arclievèijuc.''
d'Auili, (|ui, d'ailleurs, ne lut trcé cardinal, à Perpignan, que dans le
mois de seplenïlire suivant.
310
qiiablc du séjour que les Papes avaient fait en France durani
103 ans), après avoir, dans une bulle datée de ce même
jour, exposé ce qu'il avait lait pour procurer l'union de
rÉ<'lise, et convoqué pour la Toussaint prochaine un
Concile général dans la ville de Perpignan, en Espagne,
en opposition avec le Concile que Grégoire XII parlait
déjà de réunir avec ses adhérents, et surtout en opposition
avec celui que les anciens cardinaux dos deux obédiences
parlaient de convoquer a Pise pour l'année suivante.
Benoit XllI débanpia a Collioure, où il se trouvait
vers le 15 juillet {1408), d'après certains auteurs, tandis
que les annalistes espagnols nous apprennent, au con-
traire, qu'il avait fait son entrée à Elne dès le 23 juin<''.
Quoi qu'd en soit, Ms'' Xinienez le reçut dans sa ville
épiscopale, ce qui dut faire concevoir a Benoit l'espé-
rance de voir grandir et triompher la popularité de sa
cause par l'adjonction et les hommages d'un prélat aussi
considéré que l'était l'évèque d'Elne. Aussi , se proniel-
tnil-il d'heureux résultats d'un Concile soutenu par la
doctrine et éclairé par les lumières de M?'' Xinienez.
Après avoir attendu quelcjucs jours à Collioure (ou à
Elne), la réponse au message qu'il avait envoyé au roi
d'Aragon, son beau-frère, Benoît vint à Perpignan, dont
le château lui fut assigné pour résidence. 11 s'y trouvait
le 23 juille!, comme l'alteslc l'historien espagnol Zurita.
Dès le 1 i, les six cardinaux (jui avaient autrefois reconnu
son obédience et résidaient à Livourne, lui avaient écrit
une lettre très-modérée, très-sage et très-respecluense,
pour l'inviter h assister au Concile de Pise. Cette lettre
n'ayant été suivie d'aucune réponse, ces mêmes cardinaux,
rendus a Pise, lui écrivirent une seconde lettre, datée du
24 septembre, tout aussi réservée, mais plus pressante
^ (1) Ce dernier senlinieiit nous senililrriiil vl»s vraisomlilablc, vu ipic la
traversée de rorlo-Ycncn; \\ Gollinure ne pouvait se iiroloneiT un mois.
Il
311
que la première. C'est à Per|)ignan (jue Beiioil XIII pril
connaissance de celle seconde missive, don», avait été
chargé, on ne sait comment, Jean GHiart, archidiacre
de Poitiers, an moiiionl mi-me on Benoit faisait des pi"0-
cédnres contre les députés de l'Lnivcrsilé de F'aris, el les
autres amhassadeurs (jue le roi avait envoyés aux deux
Papes, lesquels députés furent cités à comparaître, dans
soixante jours, à Perpignan, devant Benoit, par une bulle
de ce dernier, datée du 21 octobre'''.
Pierre de Luna ne répondit que le 7 novembre "a la se-
conde lettre des cardinaux. iJans cette réponse singulière,
le Pape réfutait les considérations et les motifs contenus
dans la lettre des cardinaux de Pise; et, non-seulement
il refusait de se rendre au Concile de celle ville, n)ais il
leur ordoiinail de se rendre au Concile de l'eri»ignan.
Au moment où il écrivait sa réponse, le Concile avait
déjà été ouvert depuis le 1«'" novembre, jour de la Tous-
saint, par une messe solennelle; mais, comme on attendait
encore plusieurs personnages (pii devaient s'y trouver, on
en remit la première session à quinze jours. Pendant ce
temps, afin de ren Ire l'assemblée jilus auguste et plus
majestueuse, Benoit conféra le litre de Patriarche à divers'
prélats du second ordre. M»'' Xinienez, évèqne d'Elne, fut
de ce nombre; il reçut la dignité de Patriarche de Jéru-
salem, et fut sacré en celle (jualité dans la principale
église de Perpignan, par le cardinal-archevêque d'Auch,
le 14 novembre, en même temps que le trésorier de
Maguelonne recevait la consécration comme Patriarche
d'A mioche '2>.
(I ) 1. 'archidiacre Guiarl, lidiiimc il'esiuit, ohsorva la situation f\c cette
Cour ponlilicale reléguée dans un coin du Roussiliou, ainsi que les pré-
paratifs qu'on y faisait pour le Concile. On a une lettre fort curieuse, où
l'archidiacre de l'oilicrs rend compte de sa mission auprcs de licuoit
(Histoire du l'Eglise Gullicunc, par le P. Bcrlhier).
(2) On comprend des lors le lilr'^ i\i- l'sciiflo-Palii'tirha Hierosohj-
312
Le 15 novembre 1408, Benoit CLMébra la messe dans cette
mi'''me église'", en présence de nenf cardinaux, des quatre
Patriarches créés par lui, des arclievr-qucs de Tolède, de Sa-
ragosse et deTarragonne, d'un certain nombre d'évèques<-*
et, enfin, de saint Vincent Ferrier, personnellement invité
h cette assemblée par Benoit XllI, qui le choisit pour son
confesseur, et lui avait ofl'crt la pourpre. Cet illustre enfant
de saint Dominique, après avoir fait entendre sa puissante
parole dans la Catalogne et l' Aragon, après avoir évangélisé
les populations de la Provence, du Dauphiné, de la Savoie
et de la Lombardic, venait de donner dos missions non
moins fécondes dans l'Andalousie et jusque dans la
Grande-Bretagne. En traversant les provinces de Picardie,
de Poitou et de Gascogne, il avait opéré d'innombrables
conversions, et rentrait en Espagne, lorsque Benoit XllI
sollicita sa présence au conciliabule de Perpignan. Depuis
longtemps déjà, saint Vincent soupirail après le rétablis-
sement de l'unité dans le suprême Pontificat, et suppliait
Benoît XllI de tout faire pour atteindre ce but. Mais
Benoît ne pensait qu'à se servir du crédit et de la répu-
tation du grand serviteur de Dieu, pour donner à sa cause
plus d'apparence de justice et assurer la tiare sur sa tête.
Saint Vincent Ferrier prononça plusieurs discours en
latin dans les premières sessions du Concile de 'Perpi-
gnan. 11 usa de toute la force de son éloquence et de toute
l'influence de ses conseils, pour procurer la paix de l'Église,
pour décider Benoît XIII à céder ses droits et pour l'en-
mitanus, que donnent à ce prélat, Guillaume Cave el les auteurs de la
Gallid Chrifttiana.
(1) D'autres disent dans Téi^lisc do La Real. M. Henry prétend, nous
ne savons sur quel fondement, que l'ouverture du Concile fut retardée
jusqu'au 22 novembre (toni. 11, p. 3S).
(2) Conl-vinu'l , d'après Zurita, ou seulement quarante, d'après les
mémoires produits au Concile de l'ise. Ils appartenaient aux royaumes
de Caslillc et d'Araîon, aux comtés do Vv'w oi do lYovence.
313
gager à envoyer an Concile de Pise un représentant chargé
(i'ofl'rir son abdication. Mais l'obstination de lienoit rendit
inutiles les conseils de saint Vincent, qui, désolé des mau-
vaises dispositions de Pierre de Luna, se hâta de (piitter
Perpignan et reprit le cours de ses prédications ">.
Cependant, l'assemblée dura jusqu'au mois d'avril de
l'année suivante (1409), et eut quatorze sessions. Les
opinions s'étant partagées sur ce qu'il y avait h faire
pour le bien de l'Église, plusieurs prélats, et entr'autres
Ms-'"" de Maumont, évoque de Béziers, quittèrent Perpignan.
Il n'en resta que vingt-trois, qui, peu après, se réduisirent
à seize ou dix-huit, et conseillèrent à leur Pape (l'"'' lévrier
1 409) d'envoyer à Pise, où le (Concile avait été réuni par
Grégoire Xll , des légats autorisés à renoncer en son nom
au Pontificat... On sait tout ce qui suivit, et l'assemblée
des évoques dans la chapelle du château royal de Perpignan
(7 mars 1109), et la persistance de ces prélats dans leur
première proposition, et l'obstination de Henoit, et son
consentement à envoyer des prélats à Pise pour y traiter
en son nom (26 mars), et la députation solennelle des
deux Papes, Grégoire XII et Benoit XIII, dans la quinzième
session (lu Concile iT) juin"), et enfin, l'élection en conclave
d'Alexandre V (26 juin 1409).
Les documents nous manquent pour bien déterminer
le rôle de Mg'" Ximenez au milieu de situations si dilli-
ciles, et d'événements si importants pour la cause de
l'Eglise. Mais, si les historiens et chroni([ueurs ne traitent
pas ce [)oint d'une manière explicite, nous devons remar-
quer les détails qu'ils nous ont transmis sur les hautes
vertus de cet cminent prélat, dont la vie lut exclusivement
consacrée au service de Dieu , à la conversion des âmes
et à l'extension du règne de la paix autour de lui. Tovl
(1) I.os Arrliives tin !\IoiiI|m'IIu'i- nous ;i|i|»rciiiienl que rapôtrc cnlniir
dans coUc ville, dès le "1') iioveinliri'
31 i
pain- Dièu et le prochain, sciiiblail èlre sa devise cl sa
règle (le comluile. Il s"oiil)liait coiuplélemeiU liii-inème,
et n'avait en vue que la gloire de Dieu cl le salut de ses
frères, soil daus ses actions de chaiiue jour, soit dans la
composition de ses ouvrages, dont il avait commencé à
praiiijuer la doctrine et les maximes, avant de les trans-
aieltre par écrit : en un mut, ses ouvrages ne sont que
rex[)licali()n de sa vie. C'est qu'il savait que les plus
brillants et les plus solides enseignements n'obtiennenl
que la moitié de leur ellicacilé, si leur auteur ne com-
mence lui-même par les mettre en prati(iue.
Une cireur de date semble avoir écbappé aux savants
auteurs de la Gcillia ClirisUana , lorscjue, après avoir
consacré quelques lignes à Msf Ximenez cl à ses écrils,
ils ajoutent : « Peu après la mort de François Ximenoz,
« Pierre de Luna (lienoil XIlli tint un conciliabule à Per-
« pignan"*... » On a vu, il est vrai, ([ue le faux Concile
de Perpignan s'était prolongé jusqu'au mois d'avril 1409,
et que, par conséquent, il n'était pas terminé le 25 jan-
vier, jour auquel certains auteurs rapportent la mort du
prélat; mais on sait que ce Concile était ouvert depuis
le l^"', ou du moins depuis le 15 noveuibre de l'année
précédente, et (pie Ms'' Ximenez avait siégé avec le titre
de Pdlriarcbe de Jérusalem.
S'il fallait admettre raulbenticité d'une inscription reje-
tée par des critiques très-éclairés, et qu'on voyait gravée
sur sa tombe, dans l'ancienne église des Cordeliers de Per-
pignan, notre évéque sérail mort le 25 janvier I409<-).
{l) Pauh'i pnst abilitm Franrisci, Pet rus i' Liinn concilinbiiliim Per-
p'miuni hnhuit, in fjitn aiicloies à fuerunt rpisrnpi. ut si Grcgnrius a
suis exauctnrnrftur , ipse papales apiees cleponerH (loc. cit.).
(2) Voici cette inscription, d'après la Gallia Christiana : [). \). Y.
l'ilANCISf.CS Xl.MENEZ, 0UD1M.S .MlNORLM, EPISCOt'l S IIkLF.NENSIS ET
J'.\TlU.\liCH.\ IllEK(JSUl.YMlT.\NIS, OI'.UT DIE XXUI .l.V.M'.XUll MCOCCIX.
HÙC EST TRAN5LATUS DIK XVII SEI'TE.MDUIS .MDCXXUI.
313
Sa dépouille iiiorlclle aurait clé lenlbrniéc dans un sarco-
phage de piene, déposé, deux siècles plus lard ; 1(325),
dans celte même église, au-dessous de la perle de la
sacristie, avec ladite inscription; mais, d'un autre côté,
les auteurs des chroniques espagnoles no rapportent la
date de sa mort qu'au 1 i novembre 1 il 5, d'où il résulte
que la chronologie de la vie de Mt''' Ximenez est assez
chancelante, puisque, selon que l'on adopte une des dates
de 1380, 1400 ou 1406 pour sa jjromotion , et celles de
1409 ou de 14lo pour sa mort, son épiscopat peut pré-
senter une durée variahlo de trois ans (1406 — H09), de
neuf ans (^1400 — 1409 ou 1400 — lil.'Ji, de quinze ans
(1400— 141u), de vingt-neuf ans (1580—1 109), ou, enfin,
de Irente-cinq ans (1580— 141o), selon que l'on adopte
les unes ou les autres de ces diverses dates.
11 eut pour successeur sur le siège d'Elue, non point
Mfe'' Jérôme d'Oclion, comme l'avaient dit les auteurs de
la Gullia Chrislianu, mais Ms'' Alphonse d'Exéa, dont l'é-
piscopat assez court, a échappé aux savants Bénédictins.
Ce ()rélat, issu de la noble maison aragonaise d'Exéa, est
sans doute le même (pii, décoré par Benoit Xlll du titre
de Palrinrcbc de (".onslantiiiople, avait prononcé le dis-
cours d'ouverture au conciliabule de Perpignan '*. Quant
à Ms'" Jérôme d'Ochon, religieux aragonais, confesseur
et camérier de Benoit, il ne vint qu'après Ms'' d'Exéa.
Dans tous les cas, il n'est pas [lossible d'admettic cpi'il
ait élé nommé à l'évèché d'Elue par IJenoil Xlll, deux ans
après lit pru)iiolion de ce dentier (luSuuL-eniia Poidi/ical'-';
ce qui nous ferait remonter a 1590. Au surplus, en adop-
tant la date la plus reculée, on ne peut jamais faire remonter
( 1 ) Lubbc. Collcclion des Coiiriles.
{'2) C'est iKuirtant ce i|iic nous lisons ilmi!; nue ircente l /<• de suint
Viiirail Fcnicr. jiar l'ablji' A. lîiiyle. l'aiis, iJruy, édilcnr, isr)5; I vol.
iri-8", |i .j'i.
31 fi
l'avénemcnt de Mk"" d'Oclion a une cpoquo antérieure a
1409, date assignée par plusieurs auteurs à la mort de
M?'' XinienezC).
Il nous reste a dire quelques mots de Ms"" Ximenez
comme écrivain. Ce savant prélat s'était fait remarquer
par d'excellents ouvrages d'histoire, de politiijue, de théo-
logie et d'ascétisme, composés en latin ou en espagnol, ()ui
ne furent publiés (|ue longtemps après sa mort à Gérone,
Alcala, Burgos, Barcelone, Grenade ou Valence ^2'. Nous
allons passer rapidement en revue les principaux de ses
écrits, ou les plus connus :
1» Une Vie de Notre-Seigneur (Vita Chrisli), écrite en
lalin, traduite en espagnol par Ms'" ïalavera, archevêque
de Grenade, et imprimée à Valence en 1493. Ce livre a
été aussi traduit en français.
2° Un livre sur la Nature des Anges (Liber insignis de
naturâ ongelicâ ) , composé par Mn'' Ximenez en 1392,
et traduit aussi en français. Cet ouvrage, dont le maims-
crit original, ainsi que celui du précédent, se trouvait,
lorsque le P. Coll écrivait sa Chronique (1758), h la
Bibliothèque du Boi a Paris, fut publié a Burgos, puis
à Alcala de Hénarès, en lo27(=*>.
5° Le Pastoral, pour l'instruction des évrques ou des
supérieurs (Pastorale, i^ro instnidione episcoporum cl
(1) 11 paraît, en effet, que Mg:r d'Oclion était cvèque d'Elne au mois
de décembre 1109 (Catalorjue des.Évéques d'Elne, par P. Puiggari).
(2) La diVomerfe de rimprimorio ne date, on le sait, que de 1 iO:2.
Ce retard forcé dans la publitalion des écrits do notre auteur, expli(|ue le
caractère apocryphe de certains ouvrages attribués à Mgr Ximenez sans
preuves positives, comme aussi l'incertitude qui plane sur l'authentirité
d'autres écrits du prélat, dont on n'a pu quelquefois vérifier les originaux
avec un soin assez minutieux.
(3) Une copie manuscrite de ce livre, faite en lil5, se trouvait, il
n'y a pas longtemps, à la bibliothèque du couvent des Carmes déchaussés.
à Barcelone.
317
super ior uni ) , dédié a rarchevéque de Valence el i)ul)lié
en 1495 a Harcelonc. On conserve le manuscrit de cet
ouvrage dans la Bibliothèque Ambrosicnne de Milan. Ce
livre est peut-rtrc celui qui a le plus contrihué à établir
la réputation de laulcur, qui expose lui-même son but :
Esca prœparalur el cibus omnibus prœlatis Ecdesiœ frœ-
scntibus et futuris; après quoi, il le divise en quatre par-
ties : dans la première, il traite de la dignité du sacer-
doce, et s'adresse au clergé en général; la seconde partie
s'occupe des évéqnes, dont il trace les devoirs dans un
ujagnilique commentaire des Épitres de saint Paul sur
ce sujet; dans la troisième, l'auteur examine et t'ait res-
sortir les obligations de la charge pastorale du prêtre
vis-à-vis de son troupeau; enfin, dans la quatrième par-
lie, il traite de la récompense et de la gloire réservées
au pasteur lidèle el vigilant.
4» Un Traité sur la Vie chrétienne, en quatre livres,
publié en espagnol , sous ce titre : Informacion de la
Vida cristiana , et suivi d'un Traité sur les Sacrements,
et en particulier sur la Pénitence. Ce traité sur la vie
chrétienne, publié à Grenade en 1490, fui le premier
livre imprimé a Perpignan, en 1502.
5" La Doctrina cristia)ia, ouvrage cité par Carboncll,
dans sa Chronique d'Espagne.
(i^ De l'Échelle mystique /De Scalâ I)ci ) , publiée en
1501, à Uarcelone. L'auteur l'avait dédié à la Heine Dona
Maria l.opez de Luna, a qui il avait dédié un autre livre
sur la dévotion : Uibre de la devociâ.
7» Le char des dames (El carro de las damas), appelé
communément ïx livre dos femmes, dédié à la très-haute
el Irès-iiliisire Dona Sanche Ramiroz de Arenos, comtesse
de Prades. Ce livre réunit à l'enjouement le plus spirituel,
une profonde connaissance du cœur humain, et une mo-
rale des plus saines. Il fut imprimé à Barcelone en 1495,
et traduit du catalan en castillan par un Frère Mineur.
318
8" Enfin, onlre une Exposition des sept psaumes, nne
Méthode pour la confession et pour obtenir une bonne
mort, et une Histoire Ecclésiastique, dont il n'esl pas
sûr qu'il soit l'auteur, Ms"' Xinienez a laissé encore un
ouvrage lliéologico-politi(]ue intitulé : Le Chrétien, ou
du Gouvernement des Princes et de la chose publique
(El Crestià , ô del Reyimen dcls Princeps y de la casa
pûblica) , qu'il avait dédié à Don Alphonse d'Aragon,
lils de i'Inlant Pierre d'Aragon, devenu franciscain après
la mort de son épouse. Cet ouvrage, que l'auteur avait
adressé à tous les magistrats de Valence, dénoie chez
l'illustre évêque l'érudition la plus vaste, et renferme la
plus solide doctrine; car il tient à la fois h la philo-
sophie morale, au droif, à la tliéologie et à la polili(|ue.
[| comprend treize livres, dans lesquels se trouvent suc-
cessivement traitées les questions les plus élevées et les
plus pratiques. iMs' Ximenez l'avait dédié au marquis de
Villena.
Plusieurs des écrits qui précèdent, et quelques autres
ouvrages inédits, non moins remarquables, étaient con-
servés manuscrits dans la hibliothècpie du couvent de
Sainte-Marie-de-Jésus, près de Barcelone, au témoignage
\ de Wading'", de Gonzaga*-' et du P. Coll(^'. Mais les
événements de 1715 et 17i4, c'est-a-dire le siège de
Barcelone et la destruction presipie complète du couvent,
durent faire disparaître [tlusieurs de ces précieux manus-
crits.
(1) De scriptoribus Ordinis Minortim, p. i iO.
(2) Ci'onica fjeneral de lu Orden Frunciscaiia, 1-' Pari., p;îi;. 8i.
(3) Ouvrage iô]h cilû, liv. 111, cliaii. XXXVIII. — Guillaume Cave dil
la même chose : Alla l'jtis opéra ipuimplurima, lingiià palrid coiiscripta,
in bihliiillu'cii cu'iiobii S. Marin: de Jesu , propc Barcinonem, MSS.
iiascrrari testattir M'addiiigus... loc. cit.
319
APPENDICE.
Puisque nous avons commencé le récit succinct des
événements relatifs au grand Schisme et accomplis en
Roussillon, il nous semble nécessaire, pour compléter le
tableau, de rapporter les principaux faits qui suivirent.
Nous avons vu (jne saint Vincent Ferrier avait quitté
Per|)iguan et s'était rendu à Montpellier, dès la lin de
novend)rc J i08, (piinze jours à peine apiès l'ouverture
du Concile. I.e saint apôtre, après avoir donné une mis-
sion des plus fructueuses à Montpellier, crut devoir
retourner à Perpii-nan. C'était au mois de décembre de
cette même année. Chemin faisant, il annonça la parole
de Dieu dans plusieurs villes et villages. Arrivé à Perpi-
gnan, il se mit à prêcher au peuple tous les jours.
Cependant, le Concile de Perpignan se terminait sans
aboniir à aucun résultat sérieux. Les cardinaux restés
auprès du Ponlité, le supplièrent, dans une dernière
séance, d'abdi(|uer tous ses droits, lui montrant claire-
ment que c'était le seul moyen de rétablir l'union dans
l'Eglise. Les évèques rassemblés à Pise pour travailler a
faire cesser le Schisme, priaient tous ceux de leurs amis
qui approchaient Denoit XIII, de décider ce Ponlité à
l'abdication. Le cardinal Drancaccio écrivit à Don Doni-
lace Ferrier, frère du saint et supérieur des Charireux,
qui se trouvait aussi h Per[)ignan, une lettre pressante,
qui se terminait ainsi : « Excusez-moi si je n'écris pas à
« noire seigneur Denoîl XIII ; c'est que je sais (]u'il reçoit
« mal mes |»aroles. Je me recommande aux prières de
« votre bienveillante charité. Saluez de ma part votre
« frère Vincent, mon très-cher ami, avec qui [dut à Dieu
« que je pusse encore m'entretenir. Que le Très-Haut
« vous conserve heureusement pour son service, et vous
« accorde une longue vie.— Ecrit à Pise, le dernier jour
3Q0
« du mois de janvier 1409(i). » Lorsque celle Icllre par-
vint à Don Bonilace, saint Vincent en avait reçu une du
roi d'Aragon , ainsi conçue : « Nous désirons vivement
« traiter avec vous quelques alFaires , (ju'il ne convient
« pas de confier au papier. Nous vous prions donc aftec-
« tueusement, pour notre honneur, de venir vers nous,
« si vous voulez nous servir et nous donner un conseil
«important; vous nous ferez un très-grand plaisir. —
« Donné à Barcelone, scellé de notre sceau, le !2'2 jan-
« vier 1409. » Dès qu'il eût reçu celle lettre, saint Vin-
cent quitta Perpignan et se dirigea vers Barcelone.
Toutefois, malgré son désir de se rendre promplement
auprès du roi d'Aragon, saint Vincent crut devoir s'arrêter
(pielques jours dans certaines villes qui se trouvaient sur
le chemin de Perpignan à Barcelone, cl qui avaient besoin
de sa présence. Elne était désolée par d'anciennes ini-
mitiés et de funestes discordes. Saint Vincent y prêcha
pour pacifier les esprits; il fut reçu dans cette ville
comme un ange de paix, cl les partis le choisirent pour
juge de leurs ditférends. Benoit XIII devait recevoir
d'Elne, chaque année, deux cents florins. La ville pré-
tendait que cette somme devait être payée par les parti-
culiers; ceux-ci, au contraire, voulaient que ce tribut fût
a la charge de la ville. On s'en remit, de part et d'autre,
au jugement de saint Vincent Ferrier : il écoula et pesa
les diverses raisons apportées pour et contre; et, après
un mûr examen, il déclara que les deux cents florins
devaient être payés par la ville. C'est ce qui fut pratiqué
l'année suivante. Cette décision fut confirmée par un
arrêt du roi en faveur des particuliers*-'.
(1) Pour celte letlrc cl la suivante, voyez la Vie de saint Vinceiil
Ferrier, par le P. Vidal, liv. II, cliap. IX.
(2) Cet arrêt porte : Ver arerlos (feclarudo libres en su senteneiu el
B. P. y sehor maestro en sayrada thenJeKjia , arbilru arbitrador y
umigable componcdor. . .
321
Après cela, saint Vincent évangélisa eu triomphateur
tJéroiic, Barcelone, Valence, la Caslille, etc. Plus tard,
nous le voyons appelé à faire partie du conseil arbitral
qui déterminait à qui devait (Mre donnée la couronne
d'Aragon*''.
L'année suivante (14.I2), nous voyons saint Vincent
Ferrier obtenir de nombreuses conversions de Juifs à
Alcaniz, à la suite de conférences solennelles soutenues
avec les rabbins et instituées par Benoit XIII; nous le
voyons accomplir encore des prodiges à Lérida; enfin, à
Tortose, où se trouvait Benoit, il redouble d'ell'orls,
avec le roi Ferdinand , pour décider l'antipape à se
désister de toutes ses prétentions, afin de rendre la |)aix
à l'Eglise; mais ils ne purent vaincre l'opiniâtreté du
vieillard (novembre Iil2). L'apôlre se rend ensuite à
Valence, sa patrie, où, parmi les personnages distingués
venus à sa rencontre, se trouvait un franciscain, nommé
François Ximenez, docteur en théologie et ami intime
du saint. Nous ne pouvons dire si c'était notre évéque
lui-même, ou un autre religieux du même nom*'-'.
Le roi Ferdinand désirait toujours l'union de l'Fgiise.
Aussi, au mois de juin fil 4, il se rendit à Morella, où
se trouvait lanlipape, et où saint Vincent ne tarda pas à
les rejoindre, ainsi que les ambassadeurs de l'empereur
(1) Ya\ lill, au Congrès d'Alcaùiz, saint Vincent opta ])our Ferdinand,
Inlant de Castille, qui, monté sur le trône et ne pouvant lui liùre accepter
de rL'COMipense, le nomma son confesseur et son prédicateur.
{i) 1! no serait pas impossible cpie ce lût Mf' Ximenez; mais, alors,
il faudrait embrasser l'opinion de ceux qui ne le font mourir qu'en liiS.
F.ncorc, serait-il permis de s'étonner (|ue l'évéque d'KIne n'eût été désiijné
<pie connue fiuiiciscain, ainsi que l'ont l'ail les historiens de la vie de saint
Vincent. Voici l'anecdote qu'ils racontent: « En voyant l'enthousiasme du
(' p('U|ile et l'éclat de cette pompeuse réception, le f. François Ximenez
11 demanda Imil bas à saint Vincent : « l'ère .Maître, que fait maintenant
« la vanité? — Mon ami, lui répondit le saint, elle va et vient; mais,
i< par la grùce de Dieu, elle ne s'arrête pas. «
SI
322
Si»isnioiid. Toul ce (ju'on put oblcnii de Pierre de Luiia,
l'ut qu'il se rendrait à Nice, pour conrérer avec Siyisniond
lui-même, se mettre en rapport avec le Pape de Rome
et les pères du Concile de Constance, onlin pour prendre
un parti délhiitir. Après (pioi, le Cou|,'rès fut fixé au mois
de juin de l'année suivante. Le 18 mai lilo, saint \in-
cent Ferrier se trouvait de retour de l'Italie en Catalogne,
lorsqu'il reçut du roi Ferdinand l'invitation de se rendre
h Porl-Vendrcs. « ...Comme un Congrès, ainsi que vous
« savez, lui disait le roi, doit se tenir à Nice pendant
« tout le mois de juin , entre notre Très-Saint-Pèrc le
« Souverain Pontife, le Pioi des Piomains et nous, pour
« extirper enfin un Schisme qui dure depuis trop long-
« temps, je vais me liàter d'entreprendre ce voyage. Le
« Souverain Poutiîe vous écrira sur ce sujet. Nous-nuMne,
« nous vous prions très-aiïeclueusemeut et nous vous
« requérons , pour l'heureuv succès d'une si importante
«afi'aire, que tous les lidèles doivent favoriser, et que
« vos conseils et vos prières doivent servir inliniment,
« nous vous prions de vous rendre à Port-Vendres, et d'y
« attendre le Souverain Pontife et moi. Nous passerons
f( dans cette ville vers le milieu de juin... »
Après avoir reçu celte lettre, saint Vincent se dirigea
vers Porl-Vendrcs. 11 apprit bientôt (|u'une grave maladie
du roi l'empêcliait de se rendre à Nice; que l'empereur
Siffismond, instruit de celle maladie, avait prié Hcnoit XIII
et Ferdinand de désigner une autre ville pour le Congrès,
et enlin, qu'on avait désigné Perpignan.
Ce fut alors que Grégoire XIl, Pape de Rome, renonça
à tous ses droits, afin que le Concile de Constance |)ùt
élire un Pape accepté par l'Église universelle. Il lallait
décider le Pape d'Avignon, l'anibitieux lienoîl XIII, à
imiter un si bel exemple. Dans la seizième session du
Concile de Constance, tenue le M juillet l-ilu, l'empe-
reur Sigismond se chargea d'aller en Espagne pour s'en-
39»
Icndre avec le roi d'Aragon et Pierre de l-uiia, et pour
obtenir enliii de ce dernier une renonciation pareille à
celle de Grégoire XII.
Au mois de septembre suivant, la ville de Perpignan
lui le théâtre d'un Congrès des plus solennels qui soient
mentionnés dans ses annales. On vit rassemblés dans
cette ville, l'antipape; Benoit XllI, avec plusieurs évêques
et cardinaux de son obédience; le roi d'Aragon, accom-
pagné de son fils et de trois reines, Doua Kléonore, son
épouse, Dona Marguerite, veuve du roi iMartin , et Dona
Violante, veuve du roi Jean ; les ambassadeurs du Concile
de Constance; le grand-maitre des Chevaliers de Rhodes;
les ambassadeurs du roi de France, du roi de Hongrie
et du roi de Navarre; le comte d'Armagnac, et une
foule d'autres grands personnages. L'empereur Sigismond
s'était arrêté à Narbonne, où se trouvaient aussi réunis
dix-sept prélats, pour travailler, comme les membres de
l'assemblée de Perpignan, à la grande affaire de l'extinc-
tion du Schisme. Les eflorts des uns et des autres ten-
daient à obtenir, ou l'abdication de Benoit XllI, ou la
soustraction des royaumes d'Espagne à son obédience.
Saint Vincent Ferrier eut alors l'occasion de déployer
son zèle et toute son énergie; car il fut à la fois l'oracle
du Congrès de Perpignan et de celui de iSarbonne. Ses
rapports avec Benoit XIII, l'estime dont l'honorait le roi
d'Aragon, sa haute réputation de sainteté, le désignaient
comme l'homme le plus ca|)able de faire réussir ces dilli-
ciles négociations.
De Narbonne, l'empereur Sigismond avait envoyé ses
ambassadeurs h Perpignan, les chargeant de visiter de
sa part Kordinand et Benoit XIII. Celui-ci était toujours
logé au château, avec une garde de 300 hommes d'armes,
(|ui, Ciievaliers de Saint-.lean [)our la plupart, étaient com-
mandés par Rodrigue de Luna, neveu de Benoil**'.
(1) Mémoires manuscrits du chevalier Turrell, de Barcelone
324
Cacliaut toujours sa pensée, l'arlincieux Pierre de Luna
(lit aux envoyés de Sigismond qu'il était prêt a faire tout
ce qui serait nécessaire pour la concorde et l'union. En
apprenant celle réponse, rem|)erein', j)Iein d'espérance,
se mil en roule pour Perpignan. Le roi d'Aragon envoya
a sa rencontre, jusqu'à Saises, son lils Alphonse, avec
une suite considérable choisie dans la noblesse espa-
gnole. Sigismond lit son entrée à l*erpignan le 19 sep-
tembre, avec i.OOO cavaliers allemands ou hongrois. On
lit de grandes iV'tes pour la réception de Tenqjcreur; mais
le roi Ferdinand ne put y assister, à cause de son état
de souflVance. Si nous en croyons le manuscrit du che-
valier Turrell, l'empereur fut logé au couvent des Frères
Mineurs (ou Cordeliers), et les gens de sa suite dans
diverses maisons du même quartier. Le lendemain, après
avoir entendu la messe , l'empereur alla visiter le roi
d'Aragon , retenu chez lui , et le surlendemain, les deux
reines Marguerite et Violante. Le jour suivant, il alla au
château rendre visite a Benoit, qui, assis sur un trône,
entouré de cardinaux et de prélats, le reçut avec bien-
veillance et lui donna le baiser de paix. Sigismond ne
laissa pas que d'être troublé à la vue de cet appareil, si
bien qu'il rendit honneur et hommage a celui qui dé-
ployait si fastueusement les insignes dont l'empereur eût
voulu le voir se dépouiller volontairement. Ce ne fut
(ju'après cette première entrevue que les questions
sérieuses lurent abordées entre Benoit et Sigismond**'.
Excité par ce dernier à ne consulter que le bien de
l'Église et à se démettre du Pontilicat, Pierre de Luna
répondit que, pour le service de Dieu, il renoncerait à tout.
Il lit la même réponse aux ambassadeurs du Concile ; mais,
quelques jours après, il formulait des conditions entière-
ment inacceptables : il voulait, en retour de son abdica-
tion, qu'on regardât comme nul le Concile de Constance,
(l) Mémoires manuscrits du chevalier Turrell.
325
et qu'on en convoquât nu autre en France, dans lequel,
après avoir été conlinné Pape, il déposerait la tiare; enlin,
il voulait demeurer cardinal et légat ///«/cre, avec un plein
pouvoir spirituel et temporel dans tous les pays qui le recon-
naissaient alors comme Souv(Maiii Pontife. Cet intraitable
vieillard, on le voit, était peu touclié des maux de TÉglise,
et ne songeait qu'à traîner les négociations en longueur.
Aussi, l'empereur, le roi d'Aragon et les ambassadeurs des
autres princes, étaient-ils Irès-méconteiils. Saint Vincent
fit les derniers ell'orts |)onr inspirer h Henoit des senti-
ments moins opposés à la j)ai\ de TUglise et à son propre
salut. Tout ce qu'il lui avait déjà dit et écrit, dans plus
d'une occasion, il le renouvela avec une généreuse liberté.
Il le pouvait d'autant mieux, (pril s'était montré humble-
ment soun)is à lienoit XIII, tant qu'il avait pu le croire
Pape légitime; mais, en ce moment, a|)rès l'exemple de
Grégoire XII, il était évident qu'il dépendait de Fknoit XIII
de linir le Scbisnie, et de réunir toute l'Église sous l'auto-
rité d'un même chef légitime. Saint Vincent parla donc
avec force; mais la voix de cet apôtre, à qui Dieu avait
donné la vertu de faire entendre les sourds et de ressus-
citer les morts, ne put ébranler le plus obstiné des hom-
mes*').
Tout en prenant une large part aux travaux des deux
assend)lées de Narbonne et de Perpignan , saiïit Vincent
ne cessait de prêcher an peuple, |)our lexhorler à
la pénitence; mais le peuple n'assistait pas seul à ses
prédications : les rois et leurs ambassadeurs venaient les
entendre assidûment.
« Il i)rècbait après la messe, qui se chantait solennel-
lement. Toutefois, il ne crut pas devoir proliter des musi-
ciens de la chapelle royale, que Don Ferdinand avait mis
à sa disposition. Ne voulant d'autre mélodie que le chant
(1) Voyez le P. Touron, dans son ouvrage intitulé : Lps Hommes
illustres de, l'Ordre de Saint-Dominique f Vie de saint Vincent Ferrier).
326
grégorien , il faisait clianler seniemenl les prèlres de sa
compagnie, dont la voix n'était accompagnée (jue par les
accords de l'orgue. — Le roi d'Aragon ordonna aux Juifs
d'assister aux prédications de saint Vincent. Ils obéirent
volontiers; mais (pielques-uns se luélrrent à un com|)lot
tramé par des liomiues jaloux de la réputation du saint.
Pour diminuer l'autorité de sa parole, on eut l'idée de
lui faire donner un démenti public. QueUpies rabliins se
chargèrent de le contredire en présence de licnoit Mil
et du roi. Pour convaincre les Juifs, saint Vincent citait
un jour un texte de TAncien Testament; et, alin de se
mettre davantage à la portée de ceux qu'il voulait surtout
convertir, il cita le texte en hébreu, puis l'explicpia et le
commenta. Les rabbins, jugeant le moment favorable,
se levèrent en s'écriant qu'il n'avait pas (idèlement cité le
texte, et qu'il fahriiiuait une [îible ;i sa façon. (>es paroles
causèrent un grand tumulte, et les rabbins eussent peut-
être été victimes <le leur audacieuse mauvaise foi, si le
saint n'eût lui-même apaisé le peuple irrité: «....Mes
« frères, dit-il ensuite à ses contradicteurs, venez au-
« jourd'hui dans ma cellule; je vous ferai voir (pie j'ai cité
« (idèlement le texte, et (]ue c'est vous (jui vous trouqjcz. »
Les rabbins ne purent pas refuser de se rendre à linvi-
lation de saint ^Vincent. Ils ne furent pas seidement
convaincus de leur tort par son amicale conversation ;
ils furent touchés et gagnés; ils avouèrent (pi'ils avaient
cédé aux instigations de quelques envieux; ils se conver-
tirent, et avec eux soixante familles, c'est-à-dire presque
tous les Juifs de Perpignan. Plusieurs entrèrent dans sa
compagnie et le suivirent dans ses missions, si bien qu'à
Toulouse on se disait, en les montrant du doigt : » Voilà
« les Juifs que le Père Maître Vincent a convertis à
« Per[)ignan''). »
« Cette ville eut aussi le bonheur de voir de vieilles
(1) Viedesaint Vincent Ferrier, par k I'. Teoli, liv. I, tr ll.cli. XXV[.
327
inimitiés faire place à une paix fraternelle, les usuriers
restituer un argent mal acquis, les maisons de dchauche
se former, des étudiants dissolus se soumettre au joug
de la religion , des pôclieurs publics donner l'exemple
d'une austère pénitence. Lu de ces pécheurs, nommé
Bercoll, célèbre dans Perpignan par sa grande fortune
et sa honteuse conduite , fut saisi d'un si vif repentir,
après un sermon de saint Vincent, que, pour expier ses
fautes passées, il ne se contenta pas de longs jeûnes et
de disciplines sanglantes : il vendit ses biens, distribua
tout son argent aux pauvres, se dépouilla de tout, se
retira dans la solitude et passa le reste de sa vie dans
une grotte, pleurant ses fautes, priant et se mortifiant.
Saint Vincent se réjouissait de ces belles conversions,
parce qu'il pensait qu'en apaisant la justice de Dieu,
elles contribueraient ellicacement à obtenir du ciel la
grâce la plus universellement désirée , l'extinction du
Schisme et la paix de l'Église*''. »
Cependant, d'un côté, la ténacité de Pierre de Luna
causait une profonde tristesse à saint Vincent; et, d'un
autre côté, cette allliction s'ajoutant h la fatigue dont
l'avaient accablé ses travaux apostoliques, il tomba gra-
vement malade. Le P. Tbéobald Durant, dominicain du
couvont de l*erpignnn, lui avait cédé sa cellule, qui fut
bientôt rcnq)lie de religieux désolés à la seule pensée
que la mort allait peut-être leur eidever le plus saint de
leurs frères. Mais Jésus-Christ ap|)arut à saint Vincent
au moment le plus désespéré de sa maladie. Un habile
médecin, le docteur François Géniz, étant venu le visi-
ter, il refusa le concours de son art, en lui disant:
« Ce ne sont pas des remèdes humains (jui me rendront
« la santé. Jésus-Christ, qui sait guérir tous les maux,
«m'est ap[)aru cette nuit; il m'a dit ([ue je prêcherais
«jeudi prochain. » Celte prédiction se réalisa. Se levant
(I ) Vil- (le sdini Vinri'nl Fciricr. par l'obbi- A. Havlr, ch. XXIl
328
le jeudi avec sa force ordinaire, saint Vincenl prèclia
sur ce {e\lc : (i Ossa arida, audile verbiim Dci ; osse-
« nienls arides, entende/ la parole de Dieu. » Il raconta
l'apparition qui avait consolé ses soulHances , et déclara
que Jésus-Christ l'avait assuré qu'il ne mourrait pas à
Perpignan, n)ais qu'il visiterait encore divers pays.
Cependant, les mois s'écoulaient, et aucune résolution
n'était prise. L'empereur Sigismond, voyant Tinulilité de
tous ses efl'orls et des exhortations de saint Vincent For-
rier sur Benoit, menac^a de retourner à Constance, pour
engager les Pères du Concile à déposer au plus tôt
Pierre de Luna. Il somma le Pontife obstiné de renoncer
purement et simplement, comme avait fait Grégoire XII,
sans proposer d'inacceptables conditions. Résolu à ne rien
céder, Benoit XIII persista à ne faire que des réponses
évasives. L'empereur en colère lit ses préparatifs de dé-
part. Le roi d'Aragon, fâché du nouveau tour que pre-
naient les négociations, somma de son côté Pierre de
Luna d'abdiquer, en le menaçant de sousti'aire toute
l'Espagne à son obédience. Benoit XIII consentait à par-
lementer toujours, mais il ne voulait rien conclure. Le o
novembre lil5, l'empereur Sigismond prit le chemin de
Constance, en menaçant de liguer les princes d'Enroite
contre ceux qui défendaient le Pape d'Avignon. Il partit
sans prendre congé du roi Ferdinand, dont il soupçonnait
la bonne foi, et qu'il croyait au fond partisan du Ponti-
ficat de Benoit XIII, bien que ce prince eût l'air de désirer
sa renonciation. L'événement démentit celte sévère accusa-
tion; car, Benoît ayant voulu tenter de se dérober aux
obsessions dont il était l'idjjii , le roi d'Aragon, malgré
ses souflVancfcS qui devaient l'enlever l'annexe suivante, et
qui, déjà alors, le mettaient dans l'impossibilité de signer
ses dépêches, fit défendre aux galères de Benoit de
s'éloigner, et aux capitaines des ports de laisser sortir
aucun navire sans sa permission.
329
La reconnaissance pouvait, jusqu'à un certain point,
attacher Fcrdinantl aux intérêts de Benoit <■' ; mais il
voulait avant tout le bien et la paix de l'Kglise. Aussi,
se sentant blessé du départ précipité de Sii^'isniond, il tint
à faire connaître à celui-ci ses véritables sentinionts, et
se liàta d'envoyer auprès de lui deux gonlilslioninies qui
l'atteignirent près de Narbonne, et le prièrent de s'arrêter
dans celle dernière ville, l'assurant que leur maître allait
prendre nn parti décisif cl redoubler d'efforts pour ame-
ner Benoit à abdiipier sa puissance; à défaut de quoi, il
renonceiail lui-niênic ouvertement à son obédience.
Sigismond consentit à passer quelques jours à Narbonne.
Ferdinand tint parole, il réunit les théologiens du Congrès,
et leur demanda leur avis : d'une voix unanime, ils lui
conseillèrent de réclamer par trois fois de lîenoit Xlll la
cession de tous ses droits, et de se retirer de son obé-
dience, s'il refusait son désistement. Une première som-
mation l'ut faite îi Pierre de Luna, le 12 novembre, à
Perpignan. Le surlendemain, Benoit quitta celle ville,
faisant dire au roi d'Aragon (pj'il s'en allait à Collioure,
el qu'il pouvait ordonner de lui tout ce qu'il lui plairait.
Dès lors, Ferdinand ordonna de l'aire à l'obstiné vieillard
une seconde sommation, le 15, a Collioure. L'antipape
était déjà monté sur une galère, quand on vint le supplier
de déposer la tiare; il répondit, faisant allusion à la
prétendue ingratitude du roi d'Aragon: « Me qui te feci,
« misisli in dcacrtum ; moi (pii l'ai fait roi, lu m'as en-
« voyé au désert. » L'antipape se relira aussitôt dans la
petite forteresse de Peniscola , voisine de Valence et si
célèbre dans l'histoire du Cid. Ce fut là qu'il repoussa
encore une iroisième sommation, appuyée par les ambas-
sadeurs de tous les princes clueliens.
( I ) llciKiît avait roulriliué à faire pcm lier la lialance du côli^ do l'er-
diriand, dans l'assemblée de Caspé.
330
Il ne restait plus au roi d'Aragon qu'il se retirer de
l'obédience de Pierre de Luna, ainsi que le lui conseil-
lait saint Vincent Ferrier. Ce dernier consonlil à publier
lui-même le décret qui défendait à tous les sujets du roi
d'Aragon de reconnailro désormais l'autorité de Pierre
de Luna. Ce lut le 0 janvier 1 il G, qu'eut lieu à Perpi-
gnan la [)ul)lication solennelle de cet édit. C'était le jour
de rEpi|)lianic. Saint Vincent Ferrier, étant monté en
chaire, prit pour texte de son sermon ces mots de l'é-
vangile du jour : « Obiulerunt el munera, anrum, tlius
« el myrrham; ils lui oHrirent en présent de l'or, de
« l'encens et de la myrrbe. » Il dit au peuple qu'en ce
jour, où l'Église célébrait l'offrande de dons précieux
présentés par trois rois mages au Sauveur du monde, il
devait leur annoncer vine offrande aussi agréable, Hiite
au même Sauveur, au même prince de la |)aix, l'offrande
que lui |)résenlaienl les trois rois de l'Espagne : celui
d'Aragon, celui de Caslilie el celui de Navarre. Après
avoir ainsi éveillé la curiosité, il ajouta que celte offrande
était le décret de soustraction a l'obédience de Pierre de
Luna, décret (jui ordonnait à clia(|ue vassal des trois
couronnes de ne plus reconuailre Benoit pour Pape légi-
time, et d'être prèl a vénérer, comme unique et vrai
Pape, celui cpii serait élu canoniquemenl par le Concile
général de Constance; il raconta ce qui s'était passé
dans le Congrès de Perpignan; puis il lut le décret de
soustraction, qui l'ut accueilli avec beaucoup de joie par
tout le peuple.
Il n'est pas nécessaire de dire la consolation (ju'éprou-
vèrent, à la nouvelle de cet édit, tous les Pères du
Concile de Constance. C'est ce qu'on \)ou{ voir par la
lecture de la ietlre qu'écrivait à saint Vincent, le 9 juin
de l'année suivante, le pieux et savant cliancelier Jean
Gerson, désireux d'attirer le saint au Concile de Cons-
tance, où il se trouvait lui-même. Tous les Pères, en
331
cirei, (Icnioiuèreul persuadés qu'ils étaient redevables à
saint Vincent, du sai^e parti qu'avait pris le roi d'Aragon
pour mettre tin au Schisme.
Là s'arrêtent les événements relatifs au Scliisme d'Oc-
cident accomplis en Roussillon. On voit que \c récit de
ces faits devait compléter celui de IN^piscopal de Monsei-
gneur Ximenez, sous lequel les premières scènes avaient
commencé à se dérouler.
Saint Vincent Ferrier reprit ensuite le cours de ses
travaux aposloli(iues. Api'ès avoir parcouru plusieurs
contrées de l'Aragon, pour faire passer les peuples de
robédieuce de lîenoil XIII à celle du Concile de Cons-
tance, il alla prêcher dans le Languedoc. Le saint apôtre
ne s'arrêta à Béziers que trois jours, qui furent aussi
fructueux (]u'une longue mission. Après avoir raffermi à
Montpellier la réforme des mann's qu'il y avait déjà
introduite dans sa mission de 1408, et avant de se
icudre à Toulouse, pour répondre à l'appel de l'Arche-
vêque, dominicain comme lui, il vint encore évangéliser
le lloussillon dans le courant de cette même année I lit).
Ce fut là (pi'il eut le bonheur de voir entrer dans sa
compagnie, un religieux de l'Ordre de la Merci, dont il
connaissait depuis longtemps les hautes vertus, le bien-
heureux Jean Gilabert''*.
Disons en terminant, (pie le Concile de Constance
essaya encore une fois d'amener Benoit à une abdi-
(I) C'osl ainsi qu'il pst di'siK"!' di'iis les vies île saint Vincent I-'errier,
où l'on peut voir emnnient, jie\i de jours après, saint Vincent, ayant connu
par révrdalion que Dieu désirait le retour du I'. Gilahert à son monastère
du i'uy, celui-ci, après s'être confessé au saint reliirieux (pii lui aiuionçait,
sa mort iirocliaiiie. quitta l'erpi;^nan el revint au couvent, où il niourul
pres(pie à son arrivée, en recevant la bénédiction du Prieur. (Juant à
saint Vincent, miraculeusement instruit de raccomplissemeni de sa pré-
diction, il fil en chaire l'éloge de ses vertus, après avoii" célébré pour
lui le suint sacrifice.
332
cation volontaire, en lui envoyant des plénipotentiaires
spéciaux; mais Benoît persista dans sa résistance, en
disant: «Ce n'est pas a Constance, c'est à Peniscola
« que se trouve réunie l'Rglise catlioli(]ue, comme un
« jour riiumanité tout cnlièrc fut reiilermée dans Tarclie
« de Noé. » En apprenant cette fière réponse, le Concile,
dans sa trente-septième session du 26 juillet 1-417, pro-
nonça solennellement la déposition de Pierre de Luna,
et le 11 novendjre suivant, il nommait Martin V, bientôt
reconnu comme Souverain i'onlito par toute la cliréticnlé.
Pierre de Luna ne mourut qu'en 1 i2i dans son nid
forlilié de Peniscola.
333
II.
MONSEIGNEUR MICHEL PONTICII,
Évoque de Géronc (1632—1099).
Sa naissance à Boiileterncre et sa famille. — Ses premières études et sa
piété précoce. — 11 vafaire àl'erpiçînan ses humanités et sa philosophie.
— Son noviciat. — Il est envoyé à (iéroiie, puis à Ueuss et à Vich,
pour y professer successivement la i^rainniaire , la philosophie et la
théologie. ^ — Sa brillante lutte Ihéologiiiue au Chapitre de Tolède. —
Il devient jubilé, gardien du couvent du Tarragone, custode, commis-
saire-visiteur des couvents de Sardaignc et de la province de A'alence;
puis ministrc-provincia!, etc., entin évoque de Gérone (UiSS). — Sa grande
humilité dans ces diverses positions; son esprit conciliateur. — 11 fait
construire Tescalier de sa cathédrale. — Les événements politiques le
forcent de s'éloigner de son diocèse : il se retire à Reuss. — Il rentre
à Gérone, où il meurt bientôt après. Deuil et affliction générale de
SCS diocésains. — .Aperçu sur ses vertus et son administration. — Ses
ouvrages. — Sou ueviu le chamiine Don Sulpice Ponticli.
Ce pieux et savant prélat, que le Roussillon est fier
de compter parmi ses enfants, a eu |)Uisieurs biographes:
Deux auteurs principaux nous ont lourni les documents
pour la Notice qu'on va lire'*^.
Michel Pomicii (-^ issu d'une des tanii Iles les plus
honorables et les plus anciennes de la province, naquit le
(1) Ce sont : 1" le'l'. CoU, dans sa Crônica serdfica, déjà citée (liv.
IV, ch. Vil), précieuse surtout pour nous faire connaître la vie du reli-
gieux avant sou épiscopal ; — "1" les auteurs de VEspaiia *■(/<//■</(/(( (^ lom.
XLIV, nos liS— I.i9), dont la notice fut rédigée sur les documents
fournis par h" neveu du IVélat, Don Sulpice Ponlicli.
{"2) Nous écrivons ce nom sans le l'au'e précéder de la particule, d'après
Klorcz et le 1'. Coll. Ce ne fut, en ell'et, qu'en IG39, que des leUres
d'an(dilisscuient furent accordées au chef de celle famille. C'est à lort
que (pielques auteurs écrivent Punaich , nom d'une autre famille noble
de Barcelone.
334
30 novembre 1632 à Bonlelernère, de François Pontich
et d'Anne d'Izern***. Il fut baptisé le o décembre de la
même année, et reçut la conlirmation le 1(3 janvier de
Tannée suivante, suivant les'coutumes du pays. Sini!;ulière
coïncidence! le sacrement de conlirmalion lui fut admi-
nistré par M"'" Grégoire Parcero, évéque d'EInc, qui,
transféré peu après (j6r>i) sur le siège de Gérone, devait
avoir pour liuitième successeur, sur ce dernier siège
épiscopal, ce même Michel Ponlich.
De bonne heure, il fit preuve d'une inlelligence vive
et facile; et la bonne éducation qu'il recevait au sein de
sa famille, ne faisait que développer son attrait pour l'étude
en même temps que son goût naturel pour les exercices
de dévotion.
Aussitôt après qu'il se fut sérieusement appliqué aux
éludes de grammaire, ses parents l'envoyèrent à Perpi-
gnan pour y faire ses humanités et sa philosophie. Or,
avant que l'âge pût l'entraîner vers les plaisirs ou au
milieu des écueils du monde, le ciel l'attira miséricor-
dieusement vers le port de la religion séraphique. Il
demanda, étant encore très-jeune, l'habit de l'Ordre,
qui lui fut donné à Perpignan même, d'après VEspana
sagrada, a Barcelone d'après le P. Coll. L'année de son
noviciat expirée, il fut admis sans relard à la profession ;
et, après avoir été, pendant quelque temps, chargé de
l'enseignement de la langue latine dans un couvent très-
rapproché du lieu de sa naissance'-', il fut envoyé au
couvent de Gérone, où il trouva Ms'' Parcero. Le o mars
1632, à dix-neuf ans, il fut agrégé à la cléricature et
(1) C'est par erreur que le P. Villanueva le foit naître en 1630(V'ja^e
literario d las Ljlesias de Eupaiia, tom. XIV, \i. W'i).
(2) ...Le enviaron d enseiiarla d olro convenlo, immediuto al pueblo
de su nacimiento (Espafia sagrada). Ce couvent ne pouvait être que celui
J'Illc, très peu éloigné, en effet, de Bouleternère.
335
tonsuré. Cinq jours après, le iO du même mois, Monsei-
gneur Ilyacintlio Serroni, évoque d'Orar)ge, lui conférait
les ordres niineuis et le sous-diaconat, dans l'église du
monastère de Sainl-Pierre-de-Galligans, à Gérone.
Après avoir été employé pendant un certain temps
comme lecteur ès-arts<*' au couvent de lieuss, il lut en-
voyé à Vieil, pour s'y appliquer à l'étude de la pliilo-
sopliic scolasti(pie, et probablement aussi de la théologie.
Les succès de notre religieux dans ces deuv sciences,
justifièrent amplement les espérances de tous cenv qui
le connaissaient, et on n'admirait pas moins l'étendue de
ses connaissances et son rare talent d'exposition, que sa
prodigieuse facilité et la pureté de son langage.
C'est sur ces entrefaites (|u'il fut promu, dans le cou-
rant de l'année lOrii, au diaconat, et, le 10 décembre,
au sacerdoce, par Ms' Raymond de Semmanat, évêque
de Vieil.
Appelé d'abord à professer la philosophie dans cette
même ville de Vich, il y débuta dans la chaire en im-
provisant un sermon qu'on l'avait prié de prononcer
lorsque déjii la cérémonie était commencée. Nommé
ensuite lecteur de théologie, il remplit successivement
cette fonction à Gérone, à Tarragonc et à Barcelone,
toujours avec succès et distinction ; et les fruits abon-
danls (|u'il obtint, attestèrent rexcellence de sa méthode,
non moins que la solidité de son enseignement, l ii de
ses biographes nous apprend que, le plus souvent, il
n'avait rien écrit de ce qui devait faire l'objet de la leçon,
et que, nonobstant cela, ses arguments n'en étaient pas
moins redoutables, surtout à cause de la linesse et de
l'acuité lU; son esprit*-'.
Délégué par sa province au Chapitre-général de Tolède,
(1) C'est-à-dire, professeui' de grammaire.
("2) Voyez Espam sagrada, ioc. cit.. >5 lii-
336
il conquit tous les suflïages par sa science et la douce
modestie de ses manières. Comme il s'était acquis déjà
dans l'Ordre une liante réputation, le Hévérendissime
Père François Samaniet'O, alors (iénéral, le chargea de
présider un des actes publics de théologie, (|ue les Frères
Mineurs avaient Thahitude de tenir dans leurs assemblées
capilulaires. Or, en pareille circonstance, le Général dési-
gnait les religieux les plus distingués et les plus savants
de chaque ])rovince. On lui avait adjoint pour soutenir
la thèse le 11. P. Ignace Lianes, lecteur ès-arts au cou-
vent de Tarragone et déjîi connu comme prédicateur dans
toute la province, qu'il lut appelé a gouverner comme
Provincial. Ces deux savants religieux méritèrent dans
cette brillante lutte les applaudissements de tous leurs
confrères présents à celte séance solennelle, et particu-
lièrement la haute et llatteuse approbation du lî. P. Gé-
néral, qui les félicita chaleureusement et les embrassa
devant toute l'assemblée.
Les hautes qualités du P. Michel Pontich le désignaient
aux supérieurs de son Ordre, lue llatteuse récompense
lui avait déjà été accordée : nous voulons parler de la
jubilation, qui lui fut déférée après quinze ans passés dans
l'exercice du professorat comme leclenr en théulogie''^K II
fut successivement gardien de Tarragone et custode ; dans
ces diverses positions, le P. Michel Pontich ne chercha
à s'élever au-dessus de ses frères que par sa lidélilé à
observer la règle de son Ordre, et surtout par le soin
qu'il mettait à faire briller autour de lui la sainte vertu
d'une parfaite humilité. Le pain venait-il à maïupier au
couvent de Tarragone , le Père Michel Pontich , comme
un simple frère-lai, se chargeait de la besace et allait
demander l'aumône de porte en porte, se souvenant que
(1) Le titre de lecleur jubilé était à peu près ce que fut jadis chez
nous celui de professeur émérite.
337
saint François, dans le cliapilre VI de sa Règle, rappelle
'^i'exeinple de notre divin Sauveur, qui, en venant sur la terre,
voulut être pauvre par amour pour nous. On comprend
combien cet acte de profonde liumililé, chez un religieux
si éminenl, édifiait tous ceux qui le voyaient ainsi passer
revêtu des livrées de TOrdre mendiant de Saint-François.
Son archevêque, le Révérendissime D. Emmanuel d'Espi-
nosa, en était particulièrement et profondément touché '*'.
Aussi, toutes les fois que le bon religieux venait quêter
à l'archevêché, le prélat lui remetlait-il cent pains jjour
sa communauté; puis, prenant un des pains que le Père
Gardien portail dans sa besace, il le coupait pieusement
en plusieurs morceaux qu'il distribuait à tous les gens
de sa maison, en leur recommandant de se nourrir de
ce pain comme s'il avait été bénit par saint François
lui-même.
Ce fut sur ces entrefaites, vers 1670 ou 1674, que le
Général de l'Ordre, voulant utiliser la science, la [)ru-
dence et la sainteté du P. Michel Pontich, le choisit en
qualité de commissaire-visiteur des couvents du royaume
de Sardaigne. Celte honorable mission, qu'il s'empressa de
remplir à la voix de son supérieur, ne servit qu'à faire
ressorlir les qualités dont l'excellence avait déterminé le
choix du Général; car, pendant tout le temps qu'il résida
en Sardaigne, les religieux de cette contrée lui témoi-
gnèrent toujours l'obéissance comme à un pasteur vigi-
lant, en même temps qu'ils lui avaient voué un amour
et un dévouement à toute épreuve comme à un père
tendre et affectueux.
Mais bientôt, le R. P. Marc Zarçosa, alors commissaire-
général de l'Ordre pour les pays eu-deçà des monts, eut
(1) Voyez rouvrai;e précédemment cité de Villaiiueva(tom. XX, Viage
à Tarragona, p. 50—52). L'épiscopat de Mb'"" d'Espiuosa dura de 1664
à 1679.
22
338
connaissance des précieuses qualités du saiiu religieux et
de la manière dont il avait rempli son importante mission
en Sardaigne, alors que lui-même se trouvait custode-
général de la province de Catalogne. Aussi, le désigna-t-il
comme commissaire-visiteur pour la province de Valence.
Peu de temps après, ce même P. Zarçosa ayant convoqué
le chapitre-général de la province de Catalogne, qui s'as-
sembla et se tint sous sa présidence, le 18 mars 168i,
dans la ville de Reuss, au couvent de Jésus, le R. P.
Michel Ponlich y fut élu Ministre-Provincial a l'unani-
railé. Il remplissait en même temps la charge de Quali-
ficateur de la sainte Inquisition.
11 y avait un an îi peine qu'il gouvernail ainsi l'Ordre
Franciscain de la province de Catalogne, lorsque Monsei-
gneur Sévère-Thomas Auter, qui occupait le siège épis-
copal de Gérone depuis 1679 , fut transféré au siège
métropolitain de Tortose <". La haute réputation que
s'était acquise notre Provincial le désignait pour la dignité
pastorale, et tels étaient les vœux de tous ceux qui le
connaissaient. Aussi, n"était-il pas besoin que le marquis
de Leganez le recommandât au souverain. Quoi qu'il en
soit, Charles II, roi d'Espagne, ayant résolu de récom-
penser le P. Ponlich de ses éminents services et de faire
jouir tout un diocèse de son habile direction, le désigna
comme évoque de Gérone. Celte heureuse nouvelle par-
vint au Chapitre de celle ville, le o août de l'an 168o.
Il est inutile de dire la joie qu'elle ût naître, et les féli-
citations auxquelles elle donna lieu.
Le P. Michel Ponlich, lorsque fut publiée et connue sa
nomination a révêché de Gérone, se trouvait a Barcelone,
oîi les devoirs de sa charge de Provincial le retenaient le
(1) Voyez Villanueva. — Ce prélat, qui était natif de Puycerdâ et
appartenait à l'Ordre de Saint-Dominique, ne mourut qu'en 1700, deux
ans environ après M;-''' Ponticli .
339
plus souvent. C'est là qu'il reçut une députation du Cha-
pitre de Gérone, envoyée [)Our le complimenter.
Toutefois, nonobstant la nouvelle dignité dont il venait
d'être revêtu, notre religieux continua de gouverner la
I)rovince ])cndant près d'un an, jusqu'aux derniers jours
de juin 1(586. A celte époque, il laissa l'administration de
la province franciscaine de Catalogne aux soins du R. P.
Joseph de Copons, alors définiteur, ancien provincial,
lecteur jubilé, qualificateur du tribunal de l'Inquisition,
commissaire et procureur-général près la Cour de Rome.
11 avait songé à se faire sacrer à Barcelone, dans l'église
du couvent de Saint-François; mais il y renonça lorsqu'il
apprit que M?»" Salazar, évêque de cette ville, parlait de
faire préparer un dais magnifique pour la cérémonie, et
il se retira humblement dans la petite ville d'Arenys-de-
Mar^*', où se rendit M^'' J.-B. Desbach, évêque d'Urgell*-',
qui lit la cérémonie de la consécration du nouvel évêque
le 25 juillet 1686, assisté de Ms'" Antoine Pascual, évêque
de Vich et de Ms'' Joseph Mora, auxiliaire de l'archevêque
de Tarragone'-''.
Le 8 octobre suivant <'^', le nouveau pontife iit son
entrée solennelle dans sa ville épiscopale et prit posses-
(1) C'est évidemment de cette ville qu'il est ici question, bien que les
autours de VEqxiîia .sagrada la dt'si2[n(Mit sous le nom {VAirnys, et
Villanueva sous le nom d\An'i)ijs-(lo-V<jll. Kn cITet, indr-pendamment de
celte ville , aujourd'hui assez importante , située sur le bord de la mer à
40 kilomètres nord-est de Barcelone, il y a, à peu de distance, au nord-
ouest, dans les terres ou plutôt dans les montagnes, un petit village
appelé Arenijs-de-Mont . La dénomination A'Arenijs-dc-Vall ne saurait
donc convenir qu'à la ville aujourd'hui appelée Arenys-dc-Mar.
("1) Mort, deux ans après, à Arenvs (Villanueva, Viaije literario,
lom. XI, p. 159).
(3) L'Évéque de Vich, natif d'Arenys, lit le lendemain la consécration
de la ville (Espam sarjrada, loc. cit.).
{ï) Et non pas le G juillet, connue le dit par erreur Villanueva.
340
sion de son siège. Il était le quatre-vingt-septième pon-
tife qui venait s'asseoir sur le trône de Saint-Narcisse <*^
Il nous serait difficile de dire ici les pensées el les
émotions du pontife, faisant son entrée dans cette cité,
un des types les plus curieux et les plus complets de
l'Espagne religieuse el civile du moyen-âge. Le ponti-
ficat et le martyre de saint Ponce et de saint Narcisse et
les persécutions de Dioclélicn sollicitaient d'un côte ses
souvenirs; de l'autre, les ligures liistoriques de Scipion
repoussant Annihal, de Cliarlemagne chassant les Maures,
se dressaient devant lui. C'est qu'au seul aspect de cette
ville, on devine que l'on entre dans un passé qui se
conserve et se perpétue dans le présent, même pour les
genres d'architecture : les habitants sont restés fidèles
au système de construction d'autrefois; ils bâtissent et ils
pensent comme bâtissaient et pensaient leurs ancêtres.
L'archéologue chrétien , qui veut étudier l'histoire de
l'art et de l'église en Espagne, doit visiter la cathédrale
de Gérone, où vivent encore tout entiers le xv^ et le
xvi^ siècles. Je n'oublierai jamais l'impression que je
ressentis lorsque je visitai celte église pour la première
fois. J'étais entré par la porte des Saints-Apôtres, qui ne
présente que quelques marches à gravir pour arriver au
parvis, et de la dans la nef. En mettant le pied dans
l'église, je pensai aux catacombes. Le soleil était voilé,
et l'on pouvait à peine distinguer les piliers et les cha-
pelles; ce n'était qu'au moment où il introduisait ses
faibles rayons par les imperceptibles lucarnes des travées,
qu'on distinguait quelques détails. L'église renfermait ses
autels dans une obscurité à la fois rassurante et terrible.
Jamais peut-être monument religieux ne revêtit à mes
(t) Mgr Jean de França Castro y Moura, qui a succédé, en 1862, à
Mgr Llorentc, est le quinzième successeur de Ms«" Ponticli, et le cent
quatrième évoque de Gérone.
341
yeux un aspect plus frappant; mais ce qui, sans être
grave sur aucun mur, ni'apparaissait surtout comme im-
prime de tous côlés sous les voûtes de celle cathédrale
en caraclères mystérieux, c'élail la trace impérissable de
la foi espagnole. J'imaginais (jue les architectes de la
calhédralc de Gcroue portaient un cilice et couchaient
dans une bière, comme le peintre espagnol du xvi<= siè-
cle'". Cependant, une surprise extrême nvélait réservée.
Quand je vonlus sortir, par la grande porlo du fond, de
ce temple qui me représentait si bien les anciennes cata-
combes souterraines, je me trouvai sur un perron spa-
cieux, qni, tournant majestueusement autour de larges
piliers en granit avec de belles rampes renaissance,
produisit sur moi un effet saisissant. Le sol de la place
se trouvait à vingt mètres au-dessous de moi. Ce parvis
me semblait fait pour la bénédiction vrbi et orbi...
Mais revenons à M?'" Ponlich. Lorsque ce prélat prit
possession de l'évrché de Géronc, l'escalier qui conduisait
à la porte principale de la calhédralc élait incommode et
grossièrement construit. Dès ce jour, le désir et le projet
d'une restauration prirent place dans l'esprit de l'évêque,
qui, après avoir prêté le serment canonique d'usage devant
l'aiilel dressé au sommet même de cet escalier, s'adressa
à Don Joseph Camps, archidiacre, et lui dit: «Si Dieu
« seconde mes désirs, mes successeurs prêteront serment
« dans des conditions plus convenables, et en un lieu plus
« digne d'eux et de la sainte Église de Gérone... » Puis,
il entra dans l'église, au seuil de laipielle, frappé de la
magnilicence et des ornements qu'on y avait prodigués,
il miu'mura ces |)aroles du psaume CXHI : No)i nobis,
Domine, non nobis, sed nomini luo da gloriam... »
C'est, en effet, a .M»"" Pontich que la ville de Gérone
doit le magnifique escalier, tel qu'il existe aujourd'hui.
(t) Vargas de Séville.
342
Un de ses plus illustres prédëcesseuis, M?'' Arévalo Zuazo
(1598 — 1611), avait déjà résolu de le faire reconstruire;
mais il fut réservé à Ms'' Pontich de réaliser ce plan. Ce
fut une des i)remièrcs propositions qu'il lit à son Chapitre.
Aussitôt qu'il eut obtenu l'agrénienl de ce dernier, le
prélat se mit à l'œuvre, et lit exécuter cet escalier somp-
tueux, composé de quatre-vingt-dix degrés ('*, formant
trois grands paliers, le tout d'une largeur de vingt mè-
tres environ. Tout cela fut accompli aux frais du pontife,
ainsi que s'en expliquent ses biographes.
Ms"" Pontich, en prenant en main l'administration du
diocèse de Gérone , trouvait les esprits dans de regret-
tables dispositions. Le Chapitre, en particulier, s'était
cru précédemment lésé dans quelques-uns de ses droits,
par une transaction dont il est inutile de rapporter ici les
circonstances et les dispositions, pas plus que les discus-
sions et les embarras que cette question avait soulevés
dans les dernières années de l'cpiscopat de Ms'" Auter et
durant la vacance du siège. Nonobstant ces fâcheuses
conjonctures, le nouveau prélat, après avoir déclaré qu'il
n'était nullement disposé à dépenser en procès le bien
des pauvres, et, après en avoir référé au roi (ce qui avait
amené le statu quo), sut gagner l'estime et les bonnes
grâces du Chapitre. L'évoque et les chanoines se firent
bientôt des avances à l'envi, et ces derniers se montrè-
rent toujours heureux et très-honorés, quand leur [)remier
pasteur en choisissait parmi eux quehiues-uns pour l'ac-
compagner dans ses visites.
Sur la demande de l'évêque, le Chapitre ne (it aucune
difficulté de réunir le chœur au presbiterium, d'autant
plus que le généreux prélat s'engageait à soutenir de ses
(t) Et non pas cent soixante, comme on le lit dans ronvra?;p piiblii?
par M. (^énac-Moncaut, sons ce litre : Histoire des Peuples et des Etnh
Pyrénéens (tome V).
t
343
deniers les liais nécessaires pour les grilles et le trône
épiscopal (li avril 1090).
Celle même année, Ms'" Ponlich sollicilail et obtenait
(le Rome une décision favorable à son Chapitre, qui dési-
rait depuis longtemps voir résoudre quelques questions
de préséance au sujet des places destinées, dans les céré-
monies, soit aux chanoines, soit aux magistrats civils de
la ville. Cette décision eut pour effet de porter le corps
municipal a rejeter certaines mesures que le prélat eût
voulu voir adoptées; mais ces actes d'hostilité mesquine,
heureusement fort rares, ne troublaient aucunement l'àme
de l'évéque.
A la fin de celte même année, le 12 décembre 1690,
Ms'" Ponlich présida à la fondation du couvent établi ,
sous le vocable de Saint-Salvieu , dans la circonscription
de la paroisse de Sainl-Michel de Cladells.
Eu I09i, le Chapitre fonda dans la cathédrale deux
services anniversaires, qui furent plus lard fixés au 26
janvier (jour de la mort du Prélat) et au premier jour
libre après la fêle de saint François. C'est ainsi que le
Chapitre de Gérone témoignait des sentiments qui l'ani-
maient h l'égard de son évèque.
Sur ces entrefaites, la Catalogue fut violemment agitée
par la guerre. Le maréchal de Noailles, déjà mailre de
Campredon, de Roses, etc., gagnait sur les troupes
espagnoles la bataille du Ter, dont la conséquence fut
la reddition de (lérone a[)rès dix ou douze joiu's de siège.
Celte place demeura trois ans au pouvoir des Français
(1091-1097) jusqu'au traité de Ryswick, qui remit la Pé-
ninsule en possession de tout ce qui était précédenimenl
lond)é au pouvoir de Louis XIV. Ces événements ayant
mis le saint évèque de Gérone dans la nécessité de s'é-
loigner de sa ville épiscopale et de son diocèse, il se
retira, le 10 juillet 109i, à Arenys , dernier village de
son diocèse du côté du midi, d'oîi. on I(t97, vers l'épo-
344
que du siège de Barcelone par les Français, il se rendit
h Rcuss, dans ce même couvent franciscain de Jésus où
il avait autrefois enseigne la théologie, et où, dix ans
auparavant, il avait éié investi de la chai'ge de Provincial
de son Ordre. Dans cette triste conjoncture, le Chapitre
lui vint en aide par de généreuses olfrandes dont il fut
profondément touché.
Ms"" Pontich rentra dans sa ville épiscopale à la fin
de janvier 1698, au milieu des applaudissements et de la
joie universelle, qui rappelaient sa première prise de pos-
session; mais ce fut pour y mourir un an après.
Dans le courant du mois de septembre 1698, qui suivit
sa rentrée à Gérone, il déclarait à son neveu, D. Sulpice
Pontich, chanoine de sa cathédrale, qu'il ne tarderait i)as
plus de trois ou quatre mois à quitter cette vie, et que
l'église de Sainte-Claire serait le dernier degré de son
escalier, faisant allusion à l'église du couvent des Cla-
risses qu'il venait de restaïu'cr, et à l'escalier de la
cathédrale, qui avait été un des premiers travaux de son
épiscopat. Vers cette même époque, un religieux de son
Ordre lui ayant apporté un habit neuf'*', il fit observer
qu'il servirait à le vêtir après sa mort. Dès ce moment,
il apprit cl composa même diverses prières et oraisons
jaculatoires à Notre-Seigneur, afin de les avoir plus faci-
lement sur les lèvres et dans le cœur lorsque arriverait
l'heure de sa mort, qu'il pressentait comme Irès-pro-
clialne. I/événemenl justifia ces prévisions; car le saint
cvcquc, étant tombé malade peu avant la Noël, et ayant
été ainsi privé d'assister à roffîce de matines, comprit
de suite la gravité de son mal, à laquelle on ne voulait
pas croire autour de lui. Plusieurs fois il avait demandé
le saint viatique; mais il ne le reçut que le 2i janvier
suivant, sur l'avis des médecins.
(1) Par où l'on voit que le pontife n'avait pas cessé de porter l'humble
habit des enfants de Saint-François.
345
Les auteurs de VEspaPici sagrada ne manquent pas de
faire ressortir la présence à cette cérémonie des magis-
trats et administrateurs de la cité, nonobstant les diverses
mésinlelligonces survenues entre ceux-ci et les membres
du Chapitre, dont le prélat n'avait jamais voulu trahir les
droits, ni laissé méconnaître les prérogatives. Et ces fonc-
tionnaires ne s'étaient pas contentés d'assister au saint
viatitpie du pontife dans le palais épiscopal , ils avaient
accompagné le Saint-Sacrement et porté le dais : hom-
mage qui ne faisait pas moins d'honneur à ceux qui le
rendaient qu'à celui qui en était l'objet!.... Aussi, le
pontife en fut-il bien consolé, et s'estima-t-il heureux
de trouver l'occasion, dans un moment si solennel, de
recommander aux deux corps l'union et l'harmonie. Son
accent était si ému et si pénétré, cpie les cœurs de tous
les assistants en furent touchés jusqu'aux larmes. .\u
moment où les magistrats allaient se retirer, le saint
évèque ne put s'empêcher de réitérer ses exhortations,
en leur répétant encore les vœux les plus cliers de son
cœur, et les assurant qu'il ne les oublierait pas devant
Dieu, en présence de qui il allait bientôt comparaître.
N'oublions pas de dire que, pendant la malailie du
prélat, les membres du Chapitre, non contents de faire
et d'ordonner des [)rières, voulurent l'assister à tour de
rôle, afin de s'édilier en lui prodiguant leurs soins alfec-
tueux.
Le 2G janvier au matin, le prélat entra en agonie,
mais en conservant un calme si parlait , que jamais il
n'interronq>it ou ne suspendit ses actes intérieurs, si
bien que de loin en loin on l'entendait même murmurer
une parole. A une heure de l'après-midi, on lenlendit
dire : « Le moment est arrivé; //a es liora... » et, a|)rès
avoir répondu à toutes les prières pendant qu'on lui
administrait rcxtrêmc-onclion . il demeura assis sur son
séant pondant les litanies, demandant qu'on les récital
346
lentement afin qu'il pût suivre, et répondant même quel-
quefois. Mais bientôt il perdit la parole, et, selon la
recommandation qu'il en avait faite , on lui lut ses orai-
sons jaculatoires. Les prières de la recommandation de
l'âme furent récitées par les quatre chanoines (jui, à tour
de rôle, étaient toujours auprès du prélat, et auxquels
était venue se joindre une foule de prêtres, tant séculiers
(pic réguliers. Il était quatre heures moins un quart,
lorsque le vénérable pontife rendit son âme à Dieu. Il
était âgé de soixante-huit ans et deux mois moins quatre
jours, et avait occupé le siège épiscopal de Gérone pen-
dant douze ans et demi, y compris ses trois ans et demi
d'absence'''.
A la nouvelle de la mort de leur premier pasteur, les
habitants de la ville de Gérone firent bien voir, par la
spontanéité et la vivacité de leur douleur, quelle grande
place occupait dans leur cœur celui qu'ils venaient de
perdre. On embauma son corps, qui fut exposé dans la
grande salle du palais épiscopal. Les obsèques et le ser-
vice funèbre furent célébrés le 29; mais la dépouille
mortelle du prélat ne fut déposée que le lendemain dans
le caveau qui lui avait été préparé; et, comme le Chapitre
avait laissé aux exécuteurs testamentaires pleine liberté
sur le choix de sa sépulture, on descendit le corps de
l'évoque sous le presbiterium , à coté de Ms'' Arévalo
Zuazo. Ce fut assurément une heureuse pensée que celle
de réunir ainsi les deux évèques, qui, ayant occupé le
siège de Gérone au commencement et à la Hn du xviF
siècle, s'étaient rendus tous les deux célèbres à des titres
divers, et spécialement par leur union avec leur Chapitre.
Durant les deux jours qui s'étaient écoulés entre la
mort et les obsècpies de Ms'' Poulicli, il fut manifestement
(1) Le P. Coll csl loiiibt' dans rcrrciir, quand il indiiiue l'année 1098,
comme lit date de la nuirt de Mb''' Ponticii.
I
à
347
constaté que les articulations restaient parlailenient flexi-
bles. Lorsque, au bout d'une année, on fit de nouveau
la visite du corps, il lut trouvé tel qu'il avait été vu lors
de la cérémonie funèbre. C'est ce que nous apprennent
les graves auteurs de VEspana sngradn.
Voici l'inscription qui tut gravée sur son tomheau, et
qui nous a été conservée par le P. Villanueva*^'. Nous la
reproduisons ici, à cause de la singularité de sa rédaction
en pbrascs léonines de quinze syllabes à béinisticbes
rimes, bien plus que i)our son mérite littéraire :
l). 0. M.
Prorsus onini lande difjniis, Fr. Micliaël l'onlich,
Paiipcruin l'alcr bcnigniis, artlens zelo, jdcet lue.
Sedis liiijus alm;e prœsiil virlulem ilcmoiisinivit.
A domo gallissiui; exul, annos quatuor pavit
Dilcctiini sibi commisstim tôt grogem niaïui et ore.
Ardue Iracîans remissum, dehilem sed amore.
Quem religio minorum prccsidem jam feceral
Ad exemplar dodiorum, Bula niundo dederat.
Absqnc scalis ningniT» porta', pluros sunt mcmnriœ
Qu;c lletuni irioveiit in morte, preccs alque rjloriœ.
Annos terdecim Pastoris jam fere compleverat,
Cùni finem tanti laboris pax Dei decreverat.
Die XXVI januarii m dc xcix.
Le siège épiscopal de Géronc fut vacant jusqu'au mois
de mai suivant. Pondant cet espace de quatre mois, le
diocèse l'ut gouverné par Don Isidore Bertran, grand-
arcbidiacre, dont on vantait la sagesse et le zèle. M^' de
Taberner, cbanoine de Tarragone et ancien magistrat,
nommé évêque de Gérone, ne délégua son frère Don
Félix, cbanoine do Barcolone, que le lO mai 1690, pour
jjrendre en son nom possession du siège, et il ne lit
(1) Vjnyï' (iicrarin à Ins Iglesias de Espaita, Icmi \IV, p l|-J-ll3.
(>'esl le soûl auteur qui ait recueilli cette inscriptiou.
348
lui-même son entrée dans cette ville, que le 5 avril de
l'année suivante. Pendant son épiscopat, la Catalogne ne
devait pas être moins agitée que sous celui de Ms'" Pon-
ticli, car la guerre de la succession se ])rcparait.
Ajoutons (juelques mots sur les principales vertus qui
brillèrent dans Ms'' Ponlich.
La générosité et l'inépuisable charité du pontife étaient
l'objet de l'admiration de tous; et, cependant, combien
d'actes de bienfaisance, qui sont demeurés inconnus!...
La guerre qui avait ensanglanté et dévasté la Catalogne
pendant son épiscopat, lui fournit des occasions nom-
breuses et signalées d'exercer cette charité aposloli(iue,
qui était aussi pour lui la conséquence de ses vœux reli-
gieux, et particulièrement de celui de pauvreté. Dix-huit
églises de l'Ampourdan ayant été, durant celte guerre,
saccagées et complètement dépouillées de tous les objets
servant au culte, notre évoque, dans le court espace de
temps qui s'écoula entre sa rentrée et sa mort, les pour-
vut toutes, y employant des sommes considérables. Nous
mentionnerons particulièrement l'église de Caslell-Fullit,
qui avait été en parlie démolie lors du siège que ce point
avait eu à soutenir contre la France, en IGOo, et à la
restauration de laquelle il consacra, de ses deniers, plus
de six mille livres.
Rien n'échappait à sa sollicitude, qui n'excluait aucune
église, aucune maison religieuse. Il donna un Enfant-Jésus
en argent au couvent que les Chartreux avaient à Monta-
lègre, et dans lequel un de ses neveux, D. Ignace Ponlich,
avait pris l'habit religieux de cet Ordre"). Le couvent de
(1) Don hmco Ponlich, né à Boulctcrnère, comme son oncle, vivait
encore en Ht*]. Il a laissé un récit des Bévclations el faveurs célestes
du vénérable Jean Fort, rharireux du couvent de Scala-Dei , et nn
livre manuscrit, intitulé : L'Hameçon d'Or (\mnc\o de oro), recueilli et
publié par les soins du savant Don Pedro Serra y Posljus (Voyez le P.
Coll et D. Félix Torres Amat).
341)
Saint-Michel d'Escornalhou, qui avait été érigé en maison
de Missionnaires Franciscains sous le provincialal du R.
P. Michel Ponlich, éprouva aussi l'effet des libéralités de
l'évcque, qui y lit faire diverses constructions à ses frais <*>.
Quand il quitta, en 1G97, le couvent de Reuss, qui devait
lui être si cher, et qu'il rentra dans son diocèse, il laissa
dans ce couvent divers souvenirs plus ou moins précieux,
ornements d'église, garnitures d'autel, etc.'->.
Peu après sa rentrée à Gérone (1608), il résolut de
refaire les vitraux qu'on appelle les vitraux de TO *^', et
que le bombardement avait brisés en 109i. Le généreux
prélat donna à cet effet onze cents livres'*'; mais il ne
put voir raccom|)lissement de ce travail, qui ne fui
achevé qu'en 1706. En souvenir du donateur, on fit
peindre sur les vitraux saint Michel son patron.
Le couvent de Sainl-Krançois de sa ville épiscopale
ne pouvait être oublié. Il ne dépensa pas moins de trois
mille livres i)our faire dorer le magnifique retable du
grand autel, et celui de l'autel des Saintes-Vierges, dédié
à sainte Ursule et à ses compagnes <•'"'.
En sa qualité d'Enfant de Saint François, l'évêque de
Gérone avait une dévotion toute particulière à l'Imma-
culée Conception de la très-sainte Vierge. Aussi voulut-il
que l'église du couvent de Sainte-Claire de sa ville épis-
copale, dont il posa la première |)ierre à la fin de sa vie,
fut dédiée à Marie sous le vocable de sa Conception
(1) Le P. Coll nous apprend que, dans le dernier siècle, on appelait
encore c/iami;-e de l'Ereque, l'apparlement qu'il iiabitait, .qirès l'avoir
fait construire et approprier à ses Irais.
(2) Le P. Coll, loc. cit., § 790.
(3) Eupuna sagrada. Ils étaient ainsi appelés, à ce qu'on croit, à
cause de leur forme circulaire ou sphérique.
(4) Le P. Coll. — L'Espaùu sagrada parle de 200 doubles (loc. cit
§U5).
(5) Cronka seraphica du P. Coll, liv. IV, cli. V, § 771.
350
Immaculée. Nous avons vu comment il avait lui-même
appelé cette pierre le dernier degré de son escalier : la
mort, en effet, l'empêcha de voir cette église achevée;
mais ses largesses lui survivaient, car il laissait |)lus de
sept mille livres pour son achèvement.
Ce pieux et zélé disciple de la sainte pauvreté, se mon-
tra toujours le père des pauvres. Il pourvoyait avec une
admirable sollicitude à tous leurs besoins spirituels et
corporels. Les militaires qui allaient l'aire leur garde à
la porte Saint-Christophe étaient reçus à l'évèché, où ils
trouvaient la table servie. Dans une occasion, une compa-
gnie de cavalerie tout entière fut logée au palais épiscopal,
dont les greniers étaient à la disposition des militaires.
Il employa plus de quatre mille livres à la construction
de salles pour les soldats malades dans Thôpital royal de
Gérone, et l'hôpital de Sainte-Catherine de la même ville,
reçut de notre évêque, peu de temps avant sa mort, un
secours de huit mille livres. Enfin, l'hôpital royal du fort
de Roses en avait reçu plus de trois mille.
On peut juger, d'après cela, de ce que devaient être
les aumônes particulières et secrètes du saint évoque,
surtout à l'égard des pauvres honteux, qu'il soulageait
toujours en proportion du rang et de la qualité des per-
sonnes et des familles.
La plupart des iilles pauvres de son diocèse recevaient
du saint évêque, a l'occasion de leur mariage, un habil-
lement neuf et une sonmie d'argent. Il fournissait très-
souvent la dot de celles qui, étant sans fortune, désiraient
entrer en religion.
Enfin, il procurait du travail aux pauvres valides, et
son palais était ouvert aux malheureux vieux ou infirmes,
qui tous se retiraient amplement satisfaits de l'aumône qu'ils
avaient reçue. Du reste, son majordome avait constaté que
ce vertueux et charitable prélat donnait en aumônes et en
bonnes œuvres bien au-delà des revenus de son évèché.
351
C'est ce que nous apprend le P. Coll. Il semble, en vérité,
dirons-nous avec un autre de ses biographes <■>, que le
Seigneur se plut à niulliplier visiblement les trésors dont
il l'avait constitué dépositaire; car il était impossible qu'il
pût, avec ses ressources ordinaires, l'aire face, dans des
temps si calamiteux, à toutes les misères et à tous les
besoins... Aussi, ne peut-on se l'aire une idée exacte de
la désolation de tous les indigents à la nouvelle de sa
mort : mieux (|ue tous, en effet, ils devaient sentir la
grandeur de la perle qu'ils faisaient. Ce charitable prélat
appelait les pauvres ses créanciers, et croyait avoir à se
reprocher toute dépense qui n'avait pas en vue leur soula-
gement. Citons un trait :
Don Sulpice Pontich, neveu de l'évoque de Cérone,
touchait, sur la mense épiscopale, une pension de 500
ducats (-1 Or, à une époque, il se trouva qu'il avait à
recouvrer plusieurs annuités arriérées de cette pension
et de quelques autres bénéfices. L'évêque, à la fm de ses
jours, demanda a son neveu de renoncer à ces diverses
sommes, pour en disposer en faveur des pauvres, et, selon
ses propres expressions , pour leur rendre ce qui avait
été consacré aux frais de son éducation et de ses études.
Le chanoine y consentit volontiers. Cependant, l'évêque,
craignant, dans l'intérêt de ses pauvres, que son neveu
n'eût la pensée do revenir sur cette disposition, recom-
manda de ne pas lui faire connaître le danger de mort
dans lequel il se trouvait. On comprend bien que Don
Sulpice ne put l'ignorer; mais il n'en respecta pas moins
les volontés et les désirs de sou oncle, dont il recueillit
le dernier soupir '-^^
Pour û juner une idée de son zèle pastoral, nous dirons
(1) Espafia sayrada, loc. cit., § 147.
(2) Environ 800 francs de notre monnaie.
(^3) Kspuîia sayrada, loc. cit., § 148.
352
seulement que, non content de s'entourer de vicaires-géné-
rau\ actifs et éclaires, de conseillers pieux et prudents,
Ms'" Pontich voulait voir et faire par lui-même, autant qu'il
le pouvait, tout ce qui touchait îi l'administration de son
diocèse, persuadé que, devant le tribunal suprême, il ne
pourrait dégager sa responsabilité, en objectant que tels
et tels actes étaient à la charge de ses vicaires-généraux,
de ses ofticiaux ou de ses curés. Aussi visitait-il par lui-
même toutes les églises de son diocèse, sans tenir compte
de l'éloignement des paroisses, de leur situation sur les
montagnes et des dangers (pi'il devait affronter, souvent
même dans un état de souffrance ou d'infirmité*^).
Le roi d'Espagne, Charles H, nous disent ses biogra-
phes, avait de lui une haute idée, et ses ministres, dans
une circonstance, écrivirent a notre évêque pour le re-
mercier, au nom du monarque lui-même, de tous les soins
qu'il avait fait donner aux soldats, tant valides que ma-
lades, et de tous les secours dont il les avait assistés.
S'il observait des manquements ou des négligences
dans le service du roi ei chez les gens du gouvernement,
il transmettait discrètement un avis à cet égard; et s'il
avait constaté un abus que l'influence du \ice-roi de
Catalogne pût faire disparaître , il n'hésitait pas h s'a-
dresser directement à lui. Par où l'on voit que la vigi-
lance de l'évêque de Gérone était d'un grand poids dans
les mesures prises par l'autorité. On affirme même que
le passage de Saint-Pol<-' fut défendu par un fort, sur les
instances de Ms'' Pontich, ce qui arrêta l'armée française,
qu'attendaient d'ailleurs les Espagnols à Iloslalrich.
Enfin, sans parler de son inépuisable sollicitude pour le
progrès de la discipline ecclésiastique dans son diocèse,
nous ne pouvons nous dispenser de mentionner un de
(1) Espai'ia sagrada, loc. cit., § ill.
(2) Situé près de la côte, entre Arenys et Calelle.
353
ses plus beaux titres de gloire, la célèbre collection des
Assemblées sf/nodales de Gérone, dont les Conslitutious
sont encore en vigueur. Cette colleciion, publiée dans
celte ville en KJOl et formant un volume in-lblio, avait
été mise en ordre et enrichie de commentaires par un
savant jurisconsulte, I). Francisco Romaguera, natif de
La Bisbal et contemporain de Mfc''' J^onlicli. Les notes et
commentaires de ce légiste, dit Ms'' Félix Torres Amat*^*,
sont une mine précieuse et une source féconde d'éclaircis-
sements pour les canonistes, les casuisles et les curés.
Tel est le récit succinct et bien incomplet de la vie de
l'illustre Michel Poniich , évoque de Gérone. Puisse cet
hommage rendu à sa mémoire vénérée être un nouvel
écho de l'estime et de la considération dont nos compa-
triotes, et particulièrement les bons habitants de Vinça et
de Rouleternère, sont habitués à entourer cette noble et
ancienne famille, a laquelle celui qui écrit ces pages est
heureux d'être uni par des liens d'autant plus chers (ju'ils
se formèrent presque sous l'épiscopat du saint prélat.
Un mot en terminant sur le chanoine Don Sulpice
Ponticîh, déjà connu du lecteur.
Né à Bouleternèrc comme son oncle et Don fgnace,
son frère, il avait terminé à quinze ans ses éludes de
théologie, et pris à dix-huit ans ses grades de docteur
en philosophie, en théologie et en droit. Chanoine de
Gérone, il consacra ses loisirs à la composiliou d'un
important ouvrage intitulé : Diclionnaire olphabclique de
tant ce qui est relatif à l'Eglise et au Diocèse de Gérone,
(1) Mt mot tas para mjudar a formar un diccionario critico de lot
escritorcs cut:il(tnes. V» Romagucra.
23
354
dont le tome IV (in-folio) forme une Episcopologic de cet
important diocèse, depuis la conquête de Charlemagne
jusqu'en 1729. Il est impossible de se faire une juste
idée des immenses rechciches que l'auteur dut faire
dans diverses archives pour la composition de cet ou-
vrage monumental, qui malheureusement n'a pas été
imprimé.
Don Sulpice avait encore écrit une Yie de Ms"" Michel
Pontich, son oncle, laquelle, conservée manuscrite dans
le couvent de Montalègre, a servi de principal document,
ainsi que nous l'avons dit, a la Notice biographique de
VEspana sagrada, qui nous a été à nous-mème d'un si
puissant secours, avec celles du P. Coll et du P. Villa-
nueva.
355
IIÎ
LE R. P. MÉLITON DE PERPIGNAN,
Capucin ( 1G80— 1755).
Naissance et famille du 11. 1'. Méliton. — Ses études au couvent. Dignités
aux(|uelies il est élevé : il devient neuf fuis ijurdicn , puis vicaire-
provincial et (Ii'liniteur. — Sa mort. — Livres de Piété composés par
le R. P. Méliton.— Ses grands ouvrages scientifiques. — 11 est nommé
membre correspondant de l'Académie des Sciences et de plusieurs
autres sociétés savantes. — Le II. P. Méliton artiste.
Né à Perpignan vers 1680, ce religieux, issu de la
famille de Llobet, entra dans l'Ordre des Capucins vers
1700 C, à l'âge de vingt ans environ, et prit le nom du
saint évèque de Sardes, du courageux apologiste qui,
vers la lin du second siècle, dénonçait à l'empereur
Anlonin les vexations odieuses dont étaient victimes,
dans les provinces d'Asie, les chrétiens lidèles à la loi
de Jésus-Christ. Il s'appela désormais, non plus Fran-
çois-Joseph DE Llouet, mais le Père Méliton, nom
sous lequel il devait se rendre célèbre aux yeux de la
postérité.
Il parait bien que ses talents se développèrent et gran-
dirent à l'ombre du cloitre; car il ne larda pas à être dési-
gné par ses supérieurs en qualité de lecteur de philosophie,
et puis de théologie, au couvent de Toulouse, chef-lieu de
la province de TOrdre. Ses occupations dans renseigne-
ment des sciences ecclésiastiques et la parfaite régularité
qu'il apporta toujours dans l'exercice et l'accomplissement
(1) Il nous a élé impossible de préciser ces deux dates. Du reste, on
s'apercevra iiientôl que les documents nous manquent sur la vie du I\
.Méliton, et que la notice ([ue nous donnons ici est très-incomplète.
350
de ses tlevoirs de religieux, ne l'empêchèrent point de
Gulliver les inalhémaliques et l'astronomie, sciences pour
lesquelles il possédait une a|)litude toute pariiculière.
Son mérite ne put rester ignoré et franchit l'enceinte du
monastère. Il est même permis de supposer que (pichjues
écrits littéraires ou sçieutiliques l'ayant l'ait connailrc et
apprécier, ce fut durant son séjour dans la capitale du
Languedoc, dans la docte et religieuse Toulouse, que
l'Académie des Sciences de cette ville se l'associa comme
membre titulaire et résidant, longtemps avant la pulilica-
tion de son premier ouvrage scienlilique, jiaru en 1758.
Le Père Méliton fut choisi six fois comme gardien ou
supérieur du couvent de Perpignan, savoir : 1° le 11
septembre 17^2, au Chapitre de Carcassonne ; 2" le 7
septembre 1720, au Chapitre tenu dans la même ville;
50 le 50 mai 1727, au Chapitre de Castelnaudary; 4" le
12 mai 1750, à la Congrégation de Monipellier; o« le 3
septembre 1734, au Chapitre de Carcassonne; 6° eulin,
le 12 septembre 1749, a la Congrégation Capitulaire de
Montpellier, ce qui représente, en tout, dix ans de gar-
diennat. Il dut assister, eu qualité de gardien sortant,
aux Chapitres de Montpellier fl72i), de Casieluaudary
(1727), de Narbonne (1728), de Béziers (1751), de Pézé-
nas (1737) et de Castelnaudary (17o0).
Le P. Méliton fut, en outre, gardien du couvent de
Prades en 4728, gardien du couvent de Céret en 1729
et 1757, maître des novices, délinileur, etc., etc.
Pendant ces divers gardiennats, nous le voyons prendre
une part active aux missions du diocèse, et prêcher, en
1727 et 175G à La Real, en 1757 h Baixas, en 1749 à
La Roque-d'Albère, etc.*^*. »
(1) Sur la plupart des faits que nous rapportons ici, nous avons surtout
consulté un ro;;islrc do l'ancien couvent des Capucins de Perpignan, qui
n'était que rabréi;é de ses archives, auxquelles il est souvent renvoyé.
Ce redstre, relié en parcheiuiii, et formant uu volume in-io, de 400 à
357 ,
Les talents supérieurs et la haute intelligence du Père
Mélilon ne lui faisaient pas négliger les détails de la
maison confiée à ses soins : c'est ce que nois révèlent
les mémoires manuscrits déposés à la Biljliothèque de
Perpignan , les seuls documents qui nous apprennent
qucKpie chose sur la vie du savant capucin. Ainsi, nous
voyons noire religieux s'occuper, en 1724, du porche
extérieur de l'église, établir deux nouveaux confession-
naux, ouvrir les deux arceaux du presbilerium, et [ilacer
quatre grands prie-dieu avec leurs sièges sous ces mêmes
arceaux, etc., etc.
En 1726, h l'occasion du payement intégral de la
somme de douze cents livres, qui avait été léguée au
couvent en 1721 par M. François Collard, caissier du
trésorier de l'armée d'Espagne (à la charge de priei- Dieu
pour lui), le P. Mélilon avait transcrit la note suivante
sur le registre du couvent : « ...Toutes les fois que j'ai
« reçu des payements partiels de cette somme, je me suis
« acquitté de ce que je devais de justice et de reconnais-
n: sauce à feu M. Collard, en app!iqi;aat à son intention
« les messes, communions, jeûnes, disciplines, etc., des
« religieux de la communauté. Je mets cette note pour
« conserver la mémoire de notre bienfaiteur. Ce 29 dé-
« cembre 1720. Fr. Mélilon. cap. cl rjard. indA^K »
L'année suivante (1727), fut donnée à Perpignan une
grande mission, (jui ne dura pas moins d'un mois et
demi environ, c'est-h-dire , du IG novembre au 28 dé-
cembre. Le P. Mélilon, alors gardien du couvent de
Perpignan, y prit une part active. 11 y avait trente mis-
500 pages , est intitulé : Mémoires du couvent des Capucins de Perpi-
gnan, iTcuciliis par \n ï\. P. (Irtliricl de Saiul-Nazairc, iraidicn dn couvent,
l'ail 1(')U3, et coutiiuiés, depuis, par les gardiens suivants ( I^ibliotlièque
de Perpignan, section des Mnnuscrils, n" 9).
(1) Frère Mélilon, rnpucin ni qnrdien indiijnc Celait la signature
ordinaire.
358
sioiinaires de l'Ordre des Capucins. Le R. P. ÉlicDiic
de Caslillon, provincial, dirigeait la mission; le R. V.
Uvacintlie de Toulouse prêchait tous les soirs à Saint-
Jean; le P. Léopold de Limoges et le P. Emmanuel de
Chalabre prêcliaienl alternativement le matin ; le R. P.
Télespbore faisait les conférences, et le R. P. Clcmeul
de Saint-Germain donnait les retraites à la chapelle du
Christ.'Ce n'est pas tout : le R. P. Joseph de Carcas-
sonne fit la retraite aux abbés et prêcha aux soldats;
eniin , le P. Agathonge de Lavaur prêchait le malin
à La Real, où le R. P. Méliton se faisait entendre le
soir, après les catéchismes, dirigés par le P. Aphrodisc
de Réziers. Cette mission, dont le R. P. Méliton nous a
lui-même laissé un récit succinct, produisit de très-grands
fruits dans la ville de Perpignan et procura aux ouvriers
évangéliques d'innombrables consolations, ainsi qu'il le
déclarait sur le registre déjà cité.
Au mois d'avril 1750, eut lieu dans les divers cou-
vents de Capucins, une magnifique et touchante solen-
nité, à l'occasion de la béatification du Vénérable Fidèle
de Sigmaringen^^l Durant trois jours (-', les cérémonies
furent accomplies avec pompe dans l'église du couvent
de Perpignan, brillamment décorée et illuminée. Les
préparatifs et l'ordonnance de la fête furent dirigés par
le R. P. Méliton, qui se trouvait encore gardien, et dont
le récit se trouve consigné dans le manuscrit de notre
bibliothèque. La veille, '25 avril au soir, la fête fut an-
(1) Ce saint missionnaire, dont on fiM(''brc la fiHc le 2i avril, était
entré à 3i ans dans lOrdre des Cainiciiis, après avoir exercé avec snccès
la profession d'avocat. Il avait déjà opéré d'innombraliles conversions
parmi les hérétiiiues, lorsfpril fut envoyé dans le pays des Grisons, où les
chefs des sectaires, feignant de vouloir se convertir, le massacrèrenl, le 2i
avril l(i22. 11 a été, plus tard, solennellement canonisé par Benoit XIV.
(2) C'est ce qui a fait apiieler liidim la fête (|ui a lieu It l'occasion
d'une béatification ou d'une canonisation.
noncée el puhliéo par douze cricurs publics on robe
rouge, accompagnés par (|uaraiile tambours de la gar-
nison. M?"" de Grammont de Lanta, évêipic d'EInc, vint
ce même jour au couvent , accompagné de ses archi-
diacres et de ses aumôniers : il nolida et promulgua la
bulle de béatification ; après quoi, il entonna le Td Deiim,
qui fut clianlé en musi(pie, et donna la bénédiction. Le
lendemain, 21 avril, premier jour de la solennité, tous les
Pères du couvent allèrent chercher processionnellemeni
le Chapitre de la Cathédrale pour la grand'messe, qui lut
célébrée par M. de Sallèlos; le soir, après les vêpres,
chantées en musique comme la grand'messe, il y eut
sermon prêciié par M. Vernet, bénéficier de Saint-Jean
et prolesseur royal. La bénédiction couronna la céré-
monie; après quoi, les religieux allèrent, comme le matin,
accompagner processionnellement le Chapitre h Saint-
Jean, musique en tête. Les Consuls assistèrent en robe
à cette procession : ils avaient diné au couvent, ainsi que
les membres du Chapitre. Le 25 avril , second jour du
Iridno, le chanoine Quéralt ofiicia, assisté de deux autres
chanoines el de plusieurs membres du clergé diocésain.
Tout fui chanté en musique comme la veille; la céré-
monie se termina par un sermon du P. Hyacinthe de
Toulouse el par la bénédiction du Très-Sainl-.Sacrement.
Le lendemain, troisième jour du Iriduo, les religieux
allèrent en procession chercher les prêtres de la commu-
nauté de La Piéal, qui firent rolficc au couvent. L'offi-
ciant fut M. Saunier, chanoine et vicaire-général; et le
soir, le panégyrique du Bienheureux fui prononcé par le
R. P. Coste, dominicain el professeur de théologie.
Le P. Mélilun ne manque pas de faire observer que
les frais de celle fêle furent couverts par le produit des
(piêles abondantes faites à cette occasion parmi les fidè-
les, dont le concours et la générosité fiu'ent au-delà de
toiilo expression. Les religieux qui se distinguèrent jjIus
360
particulièrement dans l'ordonnance do la fêle, furent le
P. Isidore de Perpignan, le P. Jean-François de Prades,
sans oublier le P. Jean-Joseph de Gaillac, qui prépara
les feux d'artifice.
Durant le cours de cette même année (1750), le Pi. P.
Méliton fut préoccupe par quel(]ues enibarr; s qui sur-
vinrent de la part des ingénieurs ou des préposés de
rinlendanl. Voici dans quelles circonstances : Dans le
mois de mai, on travaillait h la grande allée (jui longeait
le mur du jardin du couvent"'; or, les ingénieurs vou-
lant suivre le niveau fixé pour cette allée, avaient beau-
coup trop abaissé le terrain le long de ce mur, dont les
fondements étaient en partie découverts. Le P. Méliton,
en qualité de gardien, demanda et obtint la consolidation
de ce mur et l'établissement d'ép.anclioirs sur cette allée.
Vers le mois de décembre suivant, le P. Méliton, après
avoir secondé les plans de l'Intendant par des travaux
considérables ^-^ avait permis aux ouvriers de ce dernier
de déposer dans le préau du monastère tons leurs outils,
pioches, piquets, brouettes, etc.; or, une partie de ces
objets vint à disparaître, et force fut, pour protester
contre les soupçons que des personnes malveillantes
semblaient diriger contre les gens du couvent, de signifier
au préposé de l'Intendant que la permission de déposer ces
objets serait retirée pour l'avenir, vu que le préau était un
lieu à peu près public, et conséquemment peu sûr.
(!) On sait que rancicn rouvcnt des Capucins riait situé en lace de
la Pépinière, à gauche de la roule de Prades. I/allée dont il est ici
question, qui était à peu près sur remplacement ou dans le sens de cette
route, s'appelait alors Cours de Mo'' de Jallais, du nom d'un Intendant
aimé dans la province. Indépendamment de l'agrément que celle allée
pouvait procurer au couvent, elle servait de digue pour en éloigner la
rivière.
(2) Notamment, par un doulde mur, construil le long du ruisseau (pii
longeait le couvent, etc. Du reste, il faut dire que l'Intendant, de son côté,
dédommagea les Pères Capucins des impenses faites à celle occasion.
361
Durant rintervalle ({ui s'ccoula entre son ciii(]uiènie et
son sixième l'anliennat a Perpignan, nous voyons le P.
Méiiton remplir les fonctions de i^^ardicii <In couvent de
Montpellier (1 745;. Lannée préc(kiente, il avait (Hé appelé,
en qualité de Vicaire-Provincial, à prendre durant neuf
mois le gouvernement général des couvents de la pro-
vince de Toidouse, par suite de la mort du R. P. Téles-
pliore, provincial.
Enfin, après son sixième gardicnnat à Perpignan, le
15 août 1750, il partit pour le Ciiapitre de Castelnaudary,
après avoir clos, la veille, un exposé de l'état du couvent.
A son retour, il transcrivait sur le registre une note non-
signée, ainsi conçue : « Le P. Méiiton, ayant renoncé au
« gardicnnat et autres charges supérieures, le P. Calixle de
« Narbonne, a été élu gardien de ce couvent au Chapitre
« tenu à Castelnaudary, dans le mois de septembre 1750. »
A partir de cette époque, le P. Méiiton, âgé de 70 ans,
obtint la permission de vivre retiré dans le couvent de
sa ville natale, libre de toute fonction et do tout emploi.
Cependant, il ne discontinuait pas, sur l'invitation du P.
Gardien, de noter ou de contresigner la plupart des
mentions transcrites sur le registre. C'est ainsi (jue nous
le voyons enregistrer, à la date du 2 mars 1751, la mort
du R. P. André de Solignac, vic:iirc du couvent de Perpi-
gnan. L'année suivante, il contresigne Tétat détaillé de
ce même couvent, dressé par le P. Calixte, qui allait
résigner son titre de gardien au Chapitre de Narbonne.
Enlin, un écrit du P. Fulgence de Réziers, daté du 5 mai
1755, est encore contresigné par le /'. Fr. McIUoh de Pcrp..
Cap., cx-Vic. pr(Hil^^\ C'est la dernière signature du P.
Méiiton que nous présente le registre manuscrit conservé
dans la Hibliolhèque de Perpignan; aussi est-il facile d'y
reconnaître la main Irendjlanle et mal assurée du vieillard.
( t ) /'<•/•(■ /';•(•;•(■ Meliton, Hr l'rrpif/ua» nijtiinii, im- \'iriilrr-Prnrinriiil
362
Environ un mois après, il était enlevé à ses frères, à
ses compatriotes , a ses admirateurs. Voici la conrte
mention relative à celte mort, et écrite dans le registre
par le H. P. Damase de Trébons, alors gardien cl défi-
uiteur : « Le J 4 du mois de juin IToo, le R. P. Méliton
« DE Perpignan, ancien Vicaire-Provincial, homme célèbre
« par sa piété et par sa science, estimé pour les excellents
«ouvrages qu'il a composés, et associé aux Académies
« des Sciences de Paris, de Toulouse et de Montpellier,
« est décédé, muni des sacrements, après une maladie
« de vingt jours, causée par une chute qu'il fil à Tcsca-
« lier, en se rendant à vêpres**'. »
Voilà tout ce que nous avons pu recueillir sur la vie
du Religieux de Saint-Krançois. Disons quelques mots de
l'écrivain, et voyons comment le P. Méliton , fuyant les
honneurs et les applaudissements du monde, avait cultivé
et fait fructifier ses profondes connaissances à l'ombre
protectrice de Thumilité monasti([ue.
l.e passage consacré au savant capucin, dans l'ouvrage
intitulé : Bibliolheca scriplonim Ordinis Minorum S.
Francisa Capuccinonim ^-^ , nous servira de transition.
Voici comment les titres du R. P. Méliton étaient ré-
sumés par le R. P. Rernard de Bologne (n'oublions pas
qu'il écrivait en I7i7, du vivant du savant Capucin
Roussiilounais) : « Le R. P. Méliton de Perpignan, alla-
« ché à la province de 'J'oulouse depuis son entrée en
(1) VAnnuaira du départ rment des Ihjvénévs-Orienialex pour l'année
}H:li, donne tiiusseniont l;i date du mois de mai 1753, comme celle de
la mort du P. .Mélilon (_ jKige l:2lj). On voil que ce savant religieux ne
mourut que deux ans plus tard, d'après le document liien authentique que
nous reproduisons ici.
(':2) r,et ouvrage, pulilié à Venise en 17 iT, et formant un volume
in-folio, avait cté composé d'aliord par le R. P. Denis de Gènes, et fut
ensuite continué par le 11. P. Bernard de Bologne, il était dédié au Pape
l'.enoîtXIV.
363
« religion , montra des aptiUulos diverses cl une grande
« supériorité en plusieurs matières. Zélé prédicateur, il a
« instruit par la parole les gens du mondé. Successivement
« gardien, maître des novices et définitcur, il a été très-
« utile et a l'ait beaucoup d'honneur a son Ordre. Il s'est
« fait remar(]uer à la fois dans les sciences pliilosopliiipies,
« théologiques et mathémalicpies, aussi bien dans l'ensei-
« gnement que dans la composition. Aussi l'Académie
« des Sciences de Toulouse l'a-t-elle inscrit au nombre
« de ses membres, et l'Académie Royale des Sciences de
« Paris sur le catalogue de ses membres correspondants.
« Comme le P. Mélilou est encore vivant, la liste ci-après
« de ses ouvrages n'est peut-être pas complète**'. » Suit la
liste des cin(] ouvrages que nous a laissés le P. Méliton.
Nous avons dit précédemment que si l'élude des sciences
ecclésiastiques permit au P. Méliton de se livrer à des tra-
vaux scientifiques d'un autre genre, ceux-ci ne nuisirent
jamais à ceux que demandaient de lui l'accomplissement
de ses devoirs et la régularité de son étal. Aussi son goût
pour les sciences abstraites ne l'cmpèclia-t-il pas de pu-
blier, dès les premières années de son entrée en religion,
un livre de piété intitulé : Neuvaine à Noire-Dame d'Espé-
rancc^'K
La première œuvre scientifique du P. Méliton parut en
1758, sous ce litre : Les Epades grégoriennes êdaircies
(1) .Mf.liton Perpin'IAn'ensis, in Tolosana provincia à primis usquè
annis pielati œquè ac litteris addictus. Is evasit, ut ferc omiii facullale
et prœstanlid fiterit auctiix. Cniiciimntor fcrvidus , sœculiim cnidirit.
(Uiiirdiaims, nuritionim mafjiiler et dcfiiiilor, propriam inslni.ril reli-
ffioncm. Qiiiid in philosopliicis, theologicis et matliematieis disciplini
vel doeendo rel scriliendo est asserutus, verè fuit ei/ref/ium ; undè Tolo-
sanœ scientiarum Arademiœ surins est adscriplus , alqiic l\eiji(r Pari-
siensis factns respondcns. . . Cùni adhitc tirât, forte non tutus lue es^
eJHS operum index; ete.
(2) Un viiliiiiic iii-IS, PcipiuMan, clic/. Viin-r, 17 lU ri 1713.
«
364
et justifiées, ouvrage dans lequel après avoir rejeté le
nouveau système des Epactcs imaginé par le Fr. Hugues
Perrin de Saint-Bruno , l'auteur établit les principes de
la correction grégorienne, justifie ses épactes, en les éten-
dant depuis la création du mo)ide jusqu'à dix mille ans
après la venue de Notre-Seigneur, cl donne une méthode
facile et claire pour trouver la Pâque et les fêtes mobiles aux
années séculaires et autres intermédiaires à perpétuité '^^K
Mais ce qui, aux yeux du monde, a fait surtout la gloire
du R. P. Méliton, ce qui a le plus contribué à conserver
la mémoire de ce modeste et savant religieux, c'est Tim-
portant ouvrage qu'il publia en 1743, sous ce titre : La
Correction grégorienne expliquée, mise en lumière et défen-
due contre ses détracteurs, embrassant , d'après les règles
grégoriennes , la série de tous les siècles depuis la création
jusqu'à la fin des temps; ouvrage très-utile aux ecclésias-
tiques, aux astronomes cl aux chronologistes, par le R.
P. Méliton de Perpignan, ancien professeur de l'Ordre
des Capucins, membre de l'Académie des Sciences de
Toulouse, etc.'-'. Cet ouvrage, entièrement écrit on latin
et édile à Cologne, forme un volume in-'i", renfermant
la matière de deux volumes in-S*^ ordinaires. L'auteur le
(1) Cet ouvrage formai! un volume in-12, et fut imprime à Toulouse,
dîez J. Uellior, place du l'alais. Voici le titre ialiii : Greuorianœ Epactœ
illustraUi', cl à convicii.s vindicatœ; iil/i. inipiifjiidlo iiovo Epnclannn
sijslcmad' k V. llut^ouc Perrin Lyraci solilario, commcnto , f/rerjorianœ
rorrcctioiiis pvincipia cxpkinnnîur. ojtis epnclœ. diliiridinitur. propurj-
luinlur et e.vknilitntur à crmtkim miindi ad decimum annnrum milliitrium
post adreiilinn Cbristi, pro aiiiiis i-eiitcsimis et uliis inleniiixlis. Le lalin
et le français sont en regard.
(2) Grefforiana corrcetin iUustvutu . anijiUidn et à roiirieils vindicata;
iihi oiniiia sœeulii, làm ù erealiaiie pruieriln (jin'iiii ad sœciili consumma-
tiiiiiem fut lira, (]re(jiivianii nnniid iiKideniidiir; opiis rahlè utile Keelc-
siastiei^t, Aslraiinmis et C.hroïKdofiis; aiictore II. 1'. Melitoiie, l'eriiinia-
ncnsi, nrdinis saiirli Fraiicisri Gapucciiinrinn (inli<[iin prnfessore. Tolo-
saïur seie.ntinrum academiœ sncin, etc.
365
tiédia au cardinal lUin'o, ancien évêque de Ferrare, alors
doyen du Sacré -Collège et Prolecleur de l'Ordre des
Capucins.
Il n'est pas possible de présenter une analyse, même
succincte, d'ouvrages de ce genre. !)isons seulement que
le P. Méliton, dans son second ouvrage scientilique, après
avoir donné les cléments du coniput ecclésiastique, les
règles de l'ancien calendrier et les principes de la cor-
rection grégorienne, donne un nouveau cycle solaire et
un autre lunaire, dont il détermine les nombres par le
calcul direct et rétrograde, pour les années i'utin-es et
passées. Il donne aussi une nouvelle méthode aisée de
se servir de la correction grégorienne, en substituant
les épactes des pleines lunes à celles des nouvelles. La
grande période grégorienne qu'il propose et qui va en
rétrogradant depuis 1742 de l'ère chrétienne jusqu'à
l'origine des temps, remet les solstices et équinoxes,
aussi bien que les nouvelles et pleines lunes, aux jours
des mêmes mois du calendrier grégorien ; ce qui est vérillé
par le calcul, ainsi que par les éclipses de soleil et de lune
rapportées par les historiens et les astronomes.
Cet ouvrage du savant capucin lut revêtu des plus hautes
et des plus respectables approbations. En effet, outre
celles du Provincial et du Ministre-Général des Capucins,
qui, sur le rapport de j)lusieurs théologiens de l'Ordre,
en permellaient l'impression, suivant les règles de Tlns-
lilutO, il avait encore été approuvé '-> par la Société
Royale des Sciences de Montpellier, sur le rapport de
deux de ses membres qui avaient été chargés d'examiner
le livre. Le 18 décembre suivant, une approbation plus
(1) Les 14 février et 21 mai 1740. Dans la secoiule approbalion, le
Général des Capucins donne au P. iMéiilon le titre iaPro comitiis nostris
(jeueralibus custos.
(2) Le 11 févàer 1740.
366
haute et plus flatteuse, au point de vue de la science,
était attachée h cet ouvrage : Tapprobalion de l'Académie
Royale des Sciences de Paris, signée par l'illustre Fon-
tenelle, alors secrétaire-perpétuel. N'oublions i)as que le
savant Cassini fut un des deux académiciens chargés de
rendre compte de l'ouvrage du P. Méliton, nommé quel-
que temps après membre correspondant de l'Académie des
Sciences (^*, et honoré des félicitations des plus célèbres
astronomes de l'époque. Enlin, le 25 juin 1742, l'Aca-
démie des Sciences de Toulouse, approuvait hautement
la publication de l'ouvrage, encore manuscrit, de son
associé, et ajoutait, après avoir proclamé la grande utilité
de la Gregoriana correctio , que ce livre faisait le plus
grand honneur au R. P. Méliton.
Inutile de dire que les nombreuses sociétés savantes
auxquelles cet ouvrage avait été soumis, constatèrent la
justesse et l'exactitude des calculs de l'auteur, la clarté
et la solidité de ses raisonnements, la portée judicieuse de
ses réflexions. L'Académie Royale des Sciences, en parti-
culier, en rendant hommage aux recherches curieuses que
présentait ce livre, déclarait «que la substitution faite
« par l'auteur des épactes des pleines lunes a celles des
« nouvelles , au moyen de laquelle le calcul était singu-
« lièrement abrégé et notablement simplifié, était très-
« ingénieuse , et qu'en général tout l'ouvrage dénotait
« beaucoup de sagacité et de connaissance de cette ma-
« tière dans l'auteur, qui l'avait traitée d'une manière
« nette et précise... »
Toutefois, nonobstant ces flatteuses approbations don-
nées à l'ouvrage du P. Méliton , nonobstant la vaste et
solide science dont il était la preuve, son livre fut attaqué
en Italie par D. Rettazzi, de Prato, curé ^-^ du diocèse de
(1) Le diplôme lui fut expédié le 29 novembre 1746.
(2) Piovano , comme en lutin plebanus . dans le sens de rccior ou
367
Pisloie, en Toscane, et auteur (run livre intitulé : Epitome
Operis Paschalis^ public à Florence en 1753. La nouvelle
dissertation du criti(|uc italien fut composée en langue
vulgaire et imprimée à Lucques, sons ce titre : Soilimeiito
del Piovano Jacopo BE'rTA/.zi, (// Prato, in tnrno cl Uhro
del mollo Uev. P. Melitone, du Prrpignano^^K L'auteur,
en envoyant au P. Méliton un exemplaire de son mémoire,
prolestait que, s'il avait employé l'idiome vulgaire, pour
combattre un ouvrage scientilitpie écrit en latin , c'avait
été, non |)oint pour pouvoir rabaisser impunément le livre
du capucin auprès des ignorants, mais seulement afin
d'être compris de ceux de ses amis (jui ne connaissaient
pas la langue ecclésiastique.
La défense que prépara immédiatement le P. Méliton,
ne parut qu'en 174o, lorsqu'il était à Montpellier*-'. La
publication en avait été retardée , d'abord , parce que le
P. Méliton dut recourir a un interprète pour se l'aire
traduire le mémoire italien de Bettazzi; en second lieu,
parce qu'il dut se procurer VEpitome Operis Paschalis ,
auquel l'auteur renvoyait souvent dans son mémoire, et
sur lequel il tondait ses griefs contre les tliéories du sa-
vant capucin; enfin, parce que la mort du R. P. Pro-
vincial étant survenue sur ces entrefaites, le P. Méliton
s'était trouvé occupé par les fonctions de sa charge de
Vicaire-Provincial, comme nous l'avons dit plus haut.
Dans sa défense ou Apologia, écrite aussi en latin, le
P. Méliton, suivant pas h pas chacune des objections de
son adversaire, établit contre Bettazzi : 1° l'exactitude et
parochus , quasi plebis dominus aut magisler, id est, qui plebi prœest
(Glossaire i! ^ Du Cange).
(1) Opinion du curé i. Dettazzi, de Prato, sur l'ourrauf du Irès-
Hévérr.ud Père iMéliton, de Perpiynan. Cette criticiue pmul en 11 H.
(2) Celte défense ou apologia formait une brocliure in-i" de 70 pages,
jointe (|uel(iuelois à la suite du grand ouvrage.
368
la supériorité de la réforme grégorienne, attaquée clle-
mèrue par le critique italien ; 2" l'avantage de ses calculs,
dont il justilie la précision, en repoussant ceux qu'avait
proposés ïkltazzi dans son Epilome.
Après cette polémique, dans laquelle nous pouvons
bien dire, sans craindre d'être accusé de prévention ou
de partialité, que l'avantage resta tout entier au capucin-
astronome, celui-ci envoya au savant Henoit XiV, qui
occupait alors la chaire de Saint-Pierre, un exemplaire
de son grand ouvrage et de sa drfensc. il reçut, à l'occa-
sion de cet envoi, le 8 janvier 1746, une lettre appro-
bative des plus llalleuses du Souverain Pontife.
A l'activité dans l'administration des couvents qu'il
eut a diriger, au ministère actif de la prédication qu'il
exerça si souvent et avec tant de fruit, aux talents de
l'écrivain ascétique et du théologien, le P. Méliton ne
joignit pas seulement la connaissance et l'étude solide
des sciences exactes : il fut encore artiste, et artiste in-
venteur... Je veux parler des soins qu'il sut donner a la
simplification d'un système de mosaïques, exposé et
développé par son auteur dans un ouvrage curieux à
plusieurs titres, et dont on peut consulter, dans la Biblio-
thèque publique de Perpignan, le manuscrit demeuré
inédit jusqu'à ce jour.
Cet ouvrage a pour titre : Traité des carreaux de deux
couleurs, mi-parlis par une diatjonale'^^K L'auteur entend
par carreau l'assemblage de deux triangles isocèles de
deux couleurs, susceptibles de recevoir deux positions
différentes, suivant qu'ils sont placés sur les côtés ou
sur les angles. Or, le P. Mélilon expose une méthode
qui permet de produire une variété presque infinie de
(1) Le texte latin et la tradu(;tion franraise sont en re!,'ard. Voici le
titre latin de rouvra!];c : Trnclatits dclateirulis bicoloribiis lineâ diar/onali
bipurtitis , methoduin adstrui-ns , quâ inter varias ac pené iufiiùlux
ichnographias possibiles seliguntur eleganliores.
369
dessins, par les nombreuses combinaisons de ces deux
positions et avec l'unique secours de deux couleurs.
On peut distinguer clans l'ouvrage manuscrit du P. Méli-
ton deux parties bien distinctes. Dans la première partie,
toute scientiliquc, et qui comprend les deux tiers de
l'ouvrage, l'auteur, à l'aide de nombreux calculs et de
savantes théories, développe son système avec une rare
clarté. Ces pages dénotent chez le savant capucin une
profonde connaissance des mathématiques, une forte
application au travail, enlin la simplicité dans la méthode
exposée. La seconde partie, embrassant l'autre tiers du
volume et comprenant 89 planches, est à la fois artis-
tique et mécanique; car elle présente l'heureuse appli-
cation de cette méthode. D'après l'opinion déjuges éclai-
rés et compétents, cette seconde partie pourrait, à la
rigueur, être considérée comme la seule vraiment utile
au fabricant et à l'ouvrier, si ce bel et curieux ouvrage
du P. Méliton était jamais livré au public. Ce qui est
certain, c'est que les nombreuses ligures contenues dans
chaque planche, étonnent par la variété et la régularité
des dessins obtenus au moyen de deux seules couleurs;
si bien qu'on ne sait ce qu'il faut admirer le plus, ou
de la grâce ingénieuse de ces dessins, ou de la savante
complication des ligures, dont certaines sont composées
de 64 et même de 100 carreaux.
Il existe deux exemplaires manuscrits de cet ouvrage :
l'un à la Bibliothèque Impériale, à Paris; l'autre à la
Bibliothèque de Perpignan (^'. Ce dernier, qui provient
de l'ancien couvent des Capucins de celte ville, forme un
volume in-i", écrit de la main même du P. Méliton et
portant \i date de 1724.
(2) Opus quQdservatur, uiiuoi Pansiis.iiiBibJiotheca Regia, etaliud
in Cûnvcnlu Mstro Perpiiiiani (BMioÛiecd scrip'.oraiu Grdiuis Miiiorum
S. Francisci Canjcciuoruin).
24
370
Celte œuvre dei notre religieux avait été soumise à
l'Académie des Sciences de Paris, dans le sein de la-
quelle elle fil l'objet d'un rapport favorable et Irès-
clogieux de Fontenelle, qui devait, quelques années plus
tard, apprécier si avantageusement la Gregoriana cor-
redio u[us!rata, composée par le même auteur ^^>. « Il y
« a dans cet ouvrage, disait l'illustre académicien, beau-
« coup de métho Je et de travail ; il ajoute à ce que le
« R. P. Donat, religieux Carme, avait ingénieusement
« trouvé sur cette matière. Cette méthode, plus juste et
« plus courte que celle du li. P. Sébastien Fruchet. meni-
« bre honoraire de l'Académie des Sciences, produit un
« nombre infini d'arrangements différents qui n'avaient
ce pas été trouvés, et en règle le choix... » L'Académie de
Monlpellier, qui avait aussi approuvé et très-honorable-
ment mentionné le livre du P. Méliion, ajoutait qu'il serait
« d'une grande utilité au public, surtout pour le pavé des
« églises et des grandes salles, où ces combinaisons et chan-
ce gemenls pourraient paraître dans toute leur étendue. »
On doit donc regretter qu'une œuvre de cette nature,
d'ailleurs honorée des approbations nécessaires pour qu'il
pût être procédé à sa publication, soit demeurée inédile,
et à peu près ignorée, même en Roussillon. Le P. Bernard
de Bologne nous apprend que le P. Méliton, voyant que
l'impression de son ouvrage et surtout la reproduction
des planch'îs, entraîneraient des frais considérables et peu
compatibles avec la pauvreté des Frères Mineurs, avait
insisté lui-même pour empêcher sa publication'-*.
Espérons qu'elle sera enfin entreprise, ne fût-ce que
dans l'intérêt de l'industrie.
(1) Co rapport est inscrit dans les registres de l'Académie des Sciences,
à la datri du "20 février 1723.
(2) Opus.... oh militas ichnographius sumplti non mediovri nostrœ
paupertati non congruo exculpendas impcditum ah audore ne in Iticem
prodirel.
371
VIGAHOSY,
y-M II» JOSEPH SiRVEW, membre résidant.
Les lettres et le département de l'Âriége, ont fait une
perle sensible dans la personne do M. Vigarosy (Anloine-
Benoîl), chevalier de la Lcgion-d'llonneiir, maire de Mire-
poix, ancien membre et président du Conseil-Général de
l'Ariége, membre de plusieurs Sociétés Académiques,
décédé le 16 mars 1837, à l'âge de soixante-huit ans.
Jeune encore, il embrassa par inclination la carrière
des armes, où il obtint de beaux succès; les événements
politiques de iSli, le trouvèrent capitaine d'état-major.
Le licenciement de Tarmée, qui eut lieu à cette époque,
en brisant son épée, le ramena à Mirepoix, au sein de
sa famille.
Dans ses loisirs, il aimait à se livrer au doux commerce
des lettres. Diverses compositions, en prose et en vers,
qu'il mit successivement au jour, contribuèrent à lixer
sur lui ralleulion publique; les écrivains distingués de l'é-
poque l'encouragèrent et applaudirent ses heureux essais;
des académies en renom de la province s'empressèrent
de l'associer a leurs travaux, et le Midi s'enorgueil it
bientôt de compter parmi ses enfants un poète de plus,
riche d'avenir.
En 1850, nommé maire de Mirepoix, il a rempli ces
fonctions honorables et souvent difficiles jus{ju'à sa mort,
au gré de tous, se faisant aimer et respecter de ses admi-
nistrés, dont ii était le (tèrc et le prolcclour le |)lus dévoué.
Aussi, voulurent-ils lui donner une preuve d(t haute con-
liance en l'envoyant siéger au Conseil-Géaéral de leur
département, où il occupa la première place.
372
En 1832, cédant aux sollicitations pressantes de ses
amis, il se décida à publier un volume de fables, quelque
temps après un volume de poésies, intitulé : L'Amaryllis.
M. Edouard de Puycousin, directeur des Revues de Nimes
et de Montpellier, à propos de la publication de ce dernier
ouvrage, formula alors en ces termes son opinion sur le
mérite littéraire des œuvres du poète ariégeois :
« Au nombre des hommes, dont les écrits font depuis
« longtemps le plus |d'honneur à la littérature dans le
«Midi, on peut incontestablement ranger M. Vigarosy.
« Poète brillant et facile , autant que prosateur d'un
« goût sévère et pur, les journaux, les annales littéraires,
« les annuaires, les keepsakes, répétèrent longtemps les
«r accents qu'il modulait du fond des Pyrénées.
« Si par ses fables si bien contées, si pleines de grâce
« et de naturel, et dont la publicité lui valut, il y a quel-
ce ques années, le surnom de Fabuliste du Midi, M. Viga-
« rosy a pris rang parmi les Florian, les Arnault, les Sé-
« gur, les Jauffret, les Gosse, les Le Baiily, on peut dire
« que par ses méditations, ses tableaux, ses souvenirs, il a
« mérité aussi une des premières places parmi les poètes
« de nos jours qui se sont distingués par la grâce de
« l'expression et la force de la pensée.
Correspondant de la Société Agricole , Scientifique et
Littéraire des Pyrénées-Orientales, M. Vigarosy comptait
dans celte Société des admirateurs de son talent qu'il
honorait d'une estime particulière. Or, en payant un tri-
but à la mémoire du littérateur, nous n'oublions pas l'ami
dévoué dont la bienveillance toute cordiale, toute sympa-
thique, nous a fait plus vivement sentir combien sa perte
doit nous laisser de profonds et d'éternels regrets.
373
AVALISE CIllllIÛl'E DE LA STÉATITE DE HOSSET,
Par U. liéom FEunEa, Pharmacien de ire classe, Secrétaire
du Conseil d'Hygiène publique et de Salubrité,
membre résidant.
On lit dans Anglada : « Ce qui mérite surtout d'être
signalé à l'intérêt des naturalistes, pour les excursions
dont Molitg peut devenir le pivot, c'est non-seulement
la richesse de la flore de la montagne de Mosset, mais
encore une belle formation de stéatitc que l'on y découvre
dans cette portion de territoire que l'on connaît sous le
nom de .fasse dcl Callau. »
M. le docteur Companyo décrit aussi cette espèce miné-
ralogique dans son intéressant Traité d'Histoire naturelle
des Pyrénées-Orientales , et la désigne sous le nom de
stéatite ou craie de Briançon.
Je viens d'avoir l'occasion d'étudier ce minéral, qu'on
trouve associé au quartz hyalin et à la chaux carhonatée,
sur plusieurs échantillons qui m'ont été apportés de ilosset.
Il est compacte, tendre, onctueux et même savonneux,
comme la stéatite; mais la proportion d'alumine qui entre
dans sa composition chimique le fait appartenir à une
espèce distincte de la sléalite, quoique très-voisine.
La stéatite ou talc compacte, fait partie, avec le talc
foliacé ou laminaire et le talc écailleuxO, de l'espèce talc.
Ces diverses sortes de talc ont pour caractère commun
d'être composées de silice et de magnésie dans des pro-
portions presque identiques, avec une quantité d'eau va-
viable. F^'alumine n'entre pas dans leur con^position, et,
si exceptionnellement (pielques échantillons en ont fourni
à l'analyse, c'est en très-petite quantité. Un échantillon de
talc écailleux, analysé par Vauquelin, a donné i,oO d'alu-
(1) C'est une variété de talc écailleux, d'un assez beau blanc, qui existe
a>ix environs de Briançon, qu'on appelle improprement Craie de Briançon.
374
mine pour cent; un cchanlillou de siéatitc a conné à un
chimiste allemand, Tengstroem, 0,78 p. 7o seul-mient. Les
autres analyses que je connais de diflerenies variétés de
talc, ne nienlionnonl pas la présence de l'alui line.
Sous le noiii de soponite, M. Leymeric rassemble, pour
en faire une espèce distincte, des minéraux lompactes,
très-voisins de la stéatite, qu'on a appelés pierre à savon,
saponile, cérolUc , et chez lesquels l'analyse indique un
hydro silicale de magnésie, avec 8 a 10 p. 7o d'alumine.
Le minéral qui nous occupe contient, d'après l'analyse
que j'en ai laite et que je rapporte plus bas, 8,82 p. %
d'alumine. Le nom de saponite lui conviendrait donc, et
j'auriàs proposé de le lui donner, si M. Nicklès n'avait jeté
récemment un peu de confusion sur ce nom, en l'appli-
quant à un minéral trouvé à Plombières, qui selcn l'analyse
qu'il en a présentée a l'Académie des Sciences, est un hydro
silicale d'alumine, ne contenant que des traces de magnésie.
Je conserverai à notre espèce minéralogique del Callau
de Mosset, le nom de stéatile, mais en lui ajoutant le mot
alumineuse, pour la distinguer de la sléatite proprement
dite. Elle m'a donné a l'analyse :
Silice 59,70
Magnésie 28,08
Alumine 8,82
Eau 3,40
100,00
Au lieu de la considérer comme un silicate de magnésie
simple contenant de l'alumine, j'admettrais plus volontiers
que l'alumine y existe à l'état de silicate d'alumine, et que
cette espèce minéralogique est un silicate double de magné-
sie et d'alumine. En discutant les résultats de mon analyse
dans cette hypothèse, on trouve un équivalent d'alumine
silicalée Al-"0' SiO% uni h un équivalent de magnésie
silicalée de la fornmle TMgO , (îSiO' ( cette formule
exprime la composition la plus habituelle des silicates
magnésiens naturels) et enfin, 2 équivalents d'eau.
La formule de la stéatite alumineuse de Mosset, serait
donc :
Mg^ SÏ« -{- Xi' Si-f-H'.
375
YKRS ADRESSÉS A MONSEIGNEUR GERBET,
LORS DE SA VISITE AU COLLÈGE DE PERPIGNAN,
POUR Y ADMIN13TRER
LE SACREMENT DE LA CONFIRMATION.
Monseigneur ,
Quand près de remonter vers son père et le nôtre,
Pour la dernière fois exhortant cliaque apôtre.
Allez, leur dit Jésus, parcourez l'Univers,
Et semez ma parole en mille endroits divers;
Surtout ajouta-l-il, observant mes exemples,
Répandez-la d'abord dans les plus humbles temples;
Qu'elle soit prodiguée à ces infortunés.
Qui, dès l'aube du jour vers la terre inclinés,
Subissent sans répit le jugement sévère
Contre l'homme porté par mon céleste père.
Les apôtres, suivant le vœu de Jésus-Christ,
Et bientôt cnnanimés do son divin esprit,
En firent rayonner les sublimes lumières
Chez les humbles de cœur, dans les simples chaumières,
D'où la foi s'éleva jusqu'au cœur d'Augustin
Et monta sur le trône au front de Constantin.
Éloquent héritier de ces élus célèbres.
Qui du monde romain dissipant les ténèbres,
Même aux plus aveuglés dessillèrent les yeux,
A peine de la Somme arrivé dans ces lieux.
Vous avez. Monseigneur, parcouru nos campagnes,
Visité nos vallons, et franchi nos montagnes,
Partout du Saint-Esprit distribuant les dons,
Et partout de respect faisant d'amples moissons.
376
El nous disions alors: quand donc en celte cnceinle
Vicndra-l-il sur nos fronls répandre l'huile sainle?
Quand voudra-1-il aussi nous voir et nous bénir?
Nos cœurs étaient tournés vers ce doux avenir,
Lorsque vous rappelant que le Sauveur lui-même
Avait dil : Approchez, mes enfants, vous que j'aime!
Ah! qu'on permello à tous d'arriver jusqu'à moi!
Vous venez, agitant nos cœurs d'un saint émoi,
Vous venez, Monseigneur, de votre main auguste,
En notre âme imprimer le divin sceau du juste:
Nous serons désormais vos enfants devant Dieu;
Fiers de ce nom sans prix en tout temps, en tout lieu,
Illuminés d'ailleurs de la vive étincelle
Qui nous va pénétrer, quel courage et quel zèle
Ne déploirons-nous pas, pour orner chaque jour
Nos esprits de talents, nos cœurs d'un saint amour,
Pour rendre noire vie utile el fortunée,
El mériter la gloire aux élus destinée;
Mais si jamais leur foi venait à chanceler,
Vos enfants, Monseigneur, pi-ompts à se rappeler
Vos exemples louchants, voire vertu sublime,
Retrouveraient soudain l'ardeur qui les anime.
Sur le Irùne, dil-on, le plus grand des guerriers,
Eslimanl à leur prix son litre cl ses lauriers,
S'écria : Mes amis, ma plus belle journée
Fui celle où dans mon cœur, en ma douzième année,
Pour la première fois je reçus Jésus-Chrisl ! •
Touchés de son exemple et pleins de son esprit,
Nous aurons. Monseigneur, présent dans la mémoire,
Jusqu'au dernier soupir, cet heureux jour de gloire,
Où Jésus, en vos mains, fait briller à nos yeux
Le signe qui peut seul nous guider vers les cicux !
!.. FARRR, Secrétaire de la Société.
Professeur en rolraite.
377
LA CHARITÉ.
(isti».)
Fille du ciel, la Charité,
D'un ange a le doux caractère ;
Elle calme, par sa bonté,
Les maux cruels de cette terre.
Qui ne chérit ses douces lois?
Et, précédant les saints apôtres.
Elle apprit aux peuples, aux rois,
A s'assister les uns les autres.
L'homme, sous le poids du chagrin,
A sa voix prie et se console ;
Elle est mère de l'orphelin
Que repousse un monde frivole;
Sa main, à flots, verse sur nous
Les biens que la Vierge lui donne;
Et l'incrédule, à deux genoux.
L'appelle quand tout l'abandonne.
Voyez cette famille en pleurs,
Mourant de faim dans sa chaumière;
Elle s'abreuve des douleurs
Que connaît seule la misère;
Mais pour elle brille soudain
L'étoile au malheur si propice:
Elle renaît, elle a du pain.
Grâce à la sainte protectrice.
378
Elle créa la bonne Sœur,
El la plaça dans cet asile
Où l'infortune et la douleur
Trouvent enfin un port tranquille,
Où reçoit les mêmes recouis
Le chrétien comme l'infidèle :
La Charité sera toujours.
Ici-bas, un divin modèle.
A Madame
Elle bénit votre berceau,
Et vous anima de la flamme
D'où naît ce sentiment si beau
Que l'on admire en vous, Madame;
Et chaque jour, faisant le bien.
Vous êtes, par votre assistance.
Aux yeux du pauvre sans soutien ,
Une seconde Providence!
Joseph SIRVEN,
Membre de plusieurs Sociétés Académiques.
379
LES GRUES D'IBICUS.
ANECDOTE HISTORIQUE.
L'avide malfaiteur, qui médite un .^rand crime,
D'ombres enveloppé va cliercher sa victime,
Dans l'espoir de soustraire aux regards des humains
Son forfait et le sang dont il rougit ses mains.
Vaines précautions! Mille fois un indice
Le livre sur le champ au fer de la justice.
La trompe-t-il d'abord? Il ne trompe pas Dieu;
Dieu, dont Fœil vigilant, en tout temps, en tout lieu,
Le poursuit jusqu'au jour où la vérité pure
Perce de ses rayons la nuit la plus obscure,
Lorsqu'enfin, à défaut d'un dénonciateur,
Le coupable devient son propre accusateur.
Quels crimes, en effet, dès le berceau du monde,
Commis par notre race en méfaits si féconde,
Restèrent impunis? Je pourrais longuement
Citer ceux que suivit un juste chAtiment;
Mais au lieu d'entreprendre une tâche inutile.
Prenons aux temps anciens un exemple entre mille :
Déjii célèbre et fier de vingt rivaux vaincus,
D'un pas précipité, le poète Ibicus,
Seul, traversait un bois au sinistre feuillage.
Quel était donc le but d'un si pressant voyage?
380
Olympie... Il allait sous ces ombrages verts,
Y disputer le prix et des chants et des vers.
Demain, se disait-il, transporté d'espérance,
Demain, devant les rois, devant un peuple immense.
J'entrerai dans la lice, où, laissant de côté
Le prix qu'attend la force ou la légèreté.
Et cédant au transport qui m'échauffe et m'inspire,
Je pourrai sous mes doigts faire rendre à ma lyre
De sublimes accords, et par eux obtenir
Les lauriers immortels que rien ne peut flétrir.
Je dirai les héros, les demi-dieux... Arrête!
Crie une voix terrible, et soudain sur sa tête
Ibicus voit briller de sinistres poignards,
Qu'agitaient deux brigands aux farouches regards.
11 veut les repousser; mais vainement... Habile
Dans les arts de la paix, sa main est trop débile
Pour détourner le fer qui menace son sein.
Sous les coups redoublés de ce couple assassin ,
Il tombe... Il se débat... Sentant qu'avec la vie,
A son brillant espoir la couronne est ravie,
Il lève vers le ciel un regard presque éteint ;
Tandis que de son sort aux Muses il se plaint.
Il aperçoit soudain une troupe de grues.
Du nord vers le midi planant au sein des nues:
Oiseaux qui voyagez, dit sa mourante voix,
Abaissez vos regards dans ce funeste bois;
Voyez ces deux brigands, leurs poignards, leur victime ;
Plaignez mon triste sort et dénoncez le crime!
Je vous lègue ce soin! Un cri tunuiltueux,
Au poète mourant répond du haul des cieux...
Vous m'entendez? Adieu! Qu'une flèche inhumaine
Ne vienne point briser l'essor qui vous entraîne?
Il expire à ces mots.,. Un sourire moqueur
fknd encor plus h\àem ces deux hommes sans c<êW,
381
Sur ces restes sanglants l'un et l'autre se jette,
S'empare du peu d'or que le divin poète
Plaça dans sa ceinture en quittant ses foyers ;
Mais auprès du cadavre ils laissent volontiers
La lyro d'Ibicus... Et qu'importe une lyre
Aux cœurs qu'agite seul un criminel délire !
Cependant Olympie a, dès l'aurore, ouvert
La lice, où de cent lieux accourent de concert
Rois, peuples et héros, et chacun d'eux s'apprête
En simple spectateur à jouir de la fôle,
Ou bien à disputer la palme du vainqueur.
On attend Ibicus... Chaque âme, chaque cœur.
Que transporta vingt lois sa puissante harmonie.
Brûlent de voir encore éclater son génie.
Sans doute, disait-on, il va nous captiver
Par ces brillants accords que lui seul peut trouver.
Quand soudain un héraut, tout couvert de poussière,
Et répandant des pleurs, entre dans la carrière;
Sa main porte une lyre avec un voile noir :
Grecs, s'est-il écrié, pleurez tous! plus d'espoir!
Plus de ces chants divins qui ravissaient nos iîmes!
De cruels ennemis, des brigands, des infâmes
Ont percé notre ami! Poète infortuné!
Ibicus, Ibicus est mort assassiné!
0 singulier pouvoir qu'exerce le génie!
Celte foule de gens de cent lieux réunie,
N'avait point, la plupart, vu les traits d'Ibicus;
Ils avaient lu ses vers, que fallait-il de plus?
Sa voix avait partout, sublime et populaire,
Retenti dans les cœurs, comme la voix d'un frère.
Et ce frère était mort! Un long gémissement
Fait du peuple éclater le premier senliuient;.
382
Puis, l'indignation se frayant un passage,
On n'entend que clameurs, menaces, cris de rage.
Où sont les scélérats, les monstres inhumains.
Qui d'un poignard armant leurs sacrilèges mains,
De son digne poète ont privé la patrie ;
Ou sont ceux qui, poussés par l'enfer en furie,
Ont osé profaner un luth religieux.
Et dans leur favori frapper même les dieux?
Et chacun, la douleur sur le visage empreinte.
D'un regard courroucé parcourt toute l'enceinte,
Cherchant à démêler sur quelque pâle front
Les ravages affreux que les remords y font.
Mais rien ne trahissait une âme bourrelée.
Lorsqu'afin de calmer la foule désolée,
Un généreux poète, émule d'ibicus,
Eut, en improvisant, célébré ses vertus ;
Qu'il eut rendu justice à sa Muse sublime,
Et qu'au nom de la Grèce, en ces lieux unanime,
Il eut avec respect couronné de lauriers
Ce luth qu'avait souillé la main des meurtriers.
On commence les jeux... Le premier fut la course :
Dans l'émulation, des succès noble source.
Puisant une autre force, une nouvelle ardeur.
Des hommes, comme un trait qui part avec raideur.
S'élancent dans la lice... Une épaisse poussière
S'élève et les poursuit le long de la carrière;
Chacun d'eux le premier au but veut parvenir,
Dùt-i!, en l'atteignant, le toucher et mourir.
Quant à la multitude, inconstante et légère.
Elle sèche ses pleurs... Sa douleur éphémère
S'apaise... Pour la course elle oublie Ibicus,
Et, captivée ailleurs, n'y songe déjà plus.
;i83
Mais le but est atteint, la palme décernée,
Et de l'heureux vainqueur la tête est couronnée.
Tandis que l'on prépare un deuxième combat,
Que toute l'assemblée attend le pugilat,
Soudain, du haut des airs une clameur bruyante
Attire les regards de la foule ondoyante.
Au même instant, assis sur le plus haut gradin.
Un homme au sombre aspect, coudoyant son voisin ,
Lui dit en ricanant : Regarde dans les nues;
Regarde! D'ibicus, ce sont, ma foi, les grues!
Ibicus! Est-ce bien Ibicus qu'il a dit?
Quels rapports ce poêle eut avec ce bandit?
Pourquoi ^rononce-t-il un nom si vénérable?
Serait-ce l'assassin? Voyons-nous le coupable?
Le mot qu'a dit cet homme, h l'eiitour répété.
Éveille les soupçons... Sur le champ arrêté,
Avec celui que tout fait croire son complice,
L'un et l'autre pâlit, et, devant la justice
Amenés tous les deux, ils sont interrogés
Séparément, ensemble, et sans être obligés
De subir la torture, atroce extravagance
Sauvant cent fois le crime et perdant l'innocence;
Ils coniessent enfin leur horrible forfait.
Et leur prompt châtiment à la loi satisfait.
Vous, que la soif du sang à le répandre porte,
Sachez que tôt ou tard, mortels, à votre porte
Frappera la justice, implacjble Érinnys,
Qui ne laisse jamais de forfaits impunis.
L. F.\BRE. Secrétairi' de la Société,
Professeur en retraite.
384
ÉLOGE DU MARÉCHAL DE MAILLY,
LIEUTENANT-GÉNÉRAL DU ROUSSILLON
ET COMMANDANT EN CHEF DE CETTE PROVINCE.
(Ouvrage couronné par la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des
Pyrénées-Orientales, au Concours régional de 1862.)
On peut être héros sans ravager la terre
(BOILEAU.)
I.
Heureux le souverain qui, pour auxiliaire,
Choisit un magistrat que le peuple révère;
Uu homme vertueux, un esprit éclairé,
Qui, semant des bienfaits, peut cueillir à son gré.
Pour son prince et pour lui, d'amples moissons de gloire.
Et dont l'ambition est d'enrichir l'hisloire.
D'illustrer son pays, de se faire bénir,
De laisser un grand nom aux siècles à venir;
Qui, ferme sans rigueur, indulgent sans faiblesse,
Fait respecter la loi, qu'il respecte sans cesse.
— Un tel auxiliaire est un présent du ciel ;
Il rend le peuple heureux, le monarque éternel.
Ce n'est que par l'amour que s'afl'crmit un trône.
L'éclatant diadème où la gloire rayonne,
Aux gloires de l'État emprunte sa splendeur.
Et souvent les grands rois ieur doivent leur grandeur,
385
Comme un astre pompeux poursuivant sa carrière,
Et que son satellite inonde de lumière.
L'auréole qui brille au front d'un souverain
D'un peuple glorieux n'est que le riche écrin :
C'est là que tout rayon converge et se condense,
C'est là que resplendit la gloire de la France !...
— Mais si le fleuve altier, comme l'humble ruisseau,
Se perd dans l'océan ainsi qu'en un tombeau.
Le génie émergent qui rend un homme illustre,
Au radieux foyer conserve encor son lustre,
Dont Téclat rellété sur la vague des ans
Brille comme un soleil à l'horizon des temps.
Or, l'astre le plus grand n'est pas le plus utile :
Pour nous de Sirius la lumière est stérile.
Tandis que nos regards, pour retrouver le port,
Cherchent avec amour l'humble étoile du nord.
— Les hon.mes dont les noms remplissent tant de pages.
Dans l'esprit du penseur ne sont pas les plus sages :
Le plus sage est celui qui, sur l'humanité,
Epand les doux trésors d'un cœur plein de bonté.
— Tel est le Maréchal! homme à la trempe antique,
Eminent citoyen et soldat liéroïiiue.
Magistral éclairé, grand administrateur,
Et semblable à Bayard, sans reproche et sans peur.
Il connaît ses aïeux, et, si noblesse oblige,
Ici, le rejeton rehausse encor la tige ;
Car, fidèle à son roi jusqu'au dernier soupir,
Il vécut en héros et mourut en martyr!...
— Il était de ce temps où le nom, la naissance,
Conduisaient aux honneurs, assuraient la puissance.
Mais Mailly, dédaignant ces faciles accès,
A son mérite seul veut devoir ses succès;
El fuyant les ])laisirs ([ue recherche l'enfance,
Dans l'étude il puisa la vertu, la science.
25
386
Aux sources du savoir sa curieuse arileur
De bonne heure trempa son esprit et son cœur.
Sa grande âme embrasée aux récits de l'histoire,
Des héros immortels rêve déjà la gloire •
11 en a la valeur qu'il lient de ses aïeux;
11 est adolescent et déjà digne d'eux...
— Sois fière de tes fils, ô France, noble France !
Ils rêvent ta grandeur en sortant de l'enfance...
Ton passé glorieux, garant de l'avenir,
T'assure qu'ils sauront toujours vaincre... ou mourir!..
Tes enfants d'aujourd'hui valent ceux d'un autre âge :
Dans l'histoire, comme eux, ils auront une page
Qui sera digne aussi de la postérité :
Ils mouraient pour leurs rois!... nous, pour la liberté!
Qu'importe que l'idole ait changé? La patrie.
C'est notre idole à nous !
La Pologne meurtrie
Terrassée, expirante, attend un prompt secours.
Le colosse du nord a mesuré ses jours.
Et l'aigle famélique, en tressaillant de joie,
Dans sa serre sanglante étreint déjà sa proie...
— La France courroucée organise soudain
Une imposante armée. Elle franchit le Rhin.
Sous les yeux de Derwick, véléran magnanime
E.icore plein d'ardeur, Mailly, soldat sublime,
D ;vant Kehl asàégé cueille un premier laurier.
Sloloplien, Philisbourg, révèlent un guerrier.
Au combat de Clauzen il brave la mitraille.
Et devient un héros sur le champ de bataille.
— Mais la ;)aix est conclue, et le jeune soldat,
Fier de ses grands exploits, regrette le combat.
387
Il revoit sa pairie, escorté par la gloire.
Le ciel lui réservait encor mainte victoire.
— La guerre se rallume, et l'Autriche aux abois,
A l'aspect des Français tremble encore une fois.
Tout présage au soldat une guerre effroyable :
On voit de toutes parts un apprêt formidable.
L'Europe est embrasée, et le cœur de Mailly
Au signal du départ de joie a tressailli.
Sa belliijucuse ardeur enflammant son courage,
Lui montre dans l'histoire une nouvelle page.
L'Allemagne, témoin de ses premiers exploits,
Le verra s'élever aux plus nobles emplois.
— Que le Dieu des combats protège sa bravoure ;
Pour détourner la mort qu'un bon ange l'entoure;
Qu'il sème sur ses pas de glorieux lauriers ;
Qu'il éloigne la bombe et l'obus meurtriers ;
Le Roussillon attend un Messie : il l'appelle!...
Les trésors de vertus que son âme recèle,
Sur un peuple anxieux se répandront un jour,
Et tous les cœurs pour lui déborderont d'amour...
— La campagne est ouverte, et, prompts comme la foudre,
Les balaillons français niellent Braunaw en poudre.
Mailly, braviint la mort, debout sur les remparls,
A l'eunenii ([ui fuit monire nos étendards.
Là, comme à Danurcns, on la gloire l'entraîne,
11 promet à la France un brillant capitaine.
Le vétéran l'estime, et ses rivaux surpris
N'osent de la valeur lui disputer le |)rix.
Des guerriers consommés il a l'expérience,
El sa bouillante ardeur n'exclut pas la prudence.
388
— Ses rares qualités, signalent l'officier
A l'armée, et ses chefs savent l'apprécier.
11 (levieirt leur égal et chacun l'en sait digne.
Bienlôl pour commanilcr sa valeur le désigne.
11 vole à Weis.sembourg, où l'ennemi l'allend.
Ses soldais près de lui tombent en comballant.
L'Autrichien, blotti derrière sa muraille,
^''osera dans la plaine accepter la bataille;
Mais si nos escadrons se montrent isolés,
Par le nombre aussitôt ils se voient accablés.
Déjà deux régiments expiant leur audace,
Sous un choc iormidable ont péri!... iMailly passe.
Voit ce massacre affreux, qu'il jure de venger.
Le cœur plein de courroux, dédaignant le danger.
Il fond comme un torrent, avec quelques gendarmes,
Sur l'ennemi qui tombe écrasé sons nos armes.
Les débris avec peine atteignent les remparts,
Où les suit la terreur avec ses yeux hagards....
— Ce coup audacieux, qu'a buriné l'histoire.
Le rend cher à l'armée et le couvre de gloire.
Louis, pour honorer celte belle action.
Au héros exprima son admiration.
Cet éloge flatteur fait tressaillir son âme:
La parole du roi l'électrise et l'enflamme.
Il marche sur Fribourg, qu'il assiège et qu'il prend.
Et l'ennemi vaincu se disperse ou se rend...
— Mais, que de compagnons gisant dans la tranchée!..
De leurs débris sanglants la terre était jonchée!...
A ce navrant aspect, le valeureux guerrier.
Déplora dans son cœur le prix d'un vain laurier...
— Oh! la guerre!... la guerre!... e>l un lléau terrible !...
Mais ce fléau cruel est-il donc invincible?
389
Est-ce une loi d'en luiul ((u'oii ne puisse jamais
Voir régner ici-bas une durable paix?
Que poursuivais-tu donc, dans ta philanthropie,
Rêveur humanitaire?... (2) une vaine utopie,
En appelant sur nous ce merveilleux accord
Qui doit, selon tes vœu.\, embellir noire sort?...
Non, de paisibles jours luiront sur celle terre.
L'homme alors, dédaignant les lauriers de la guerre,
Parce que ces lauriers sont ruisselants de sang,
Demandera la gloire et l'honneur au talent.
Il cueillera pourtant des palmes immortelles,
Quand son puissant génie, ouvrant ses vasies ailes,
Révélant aux humains le secret d'être heureux,
Les rendra justes, bons, éclairés, vertueux...
Le S[)liinx de la misère, à l'œil louche, au teint blême,
Aux Œdipes nouveaux propose ce problème.
Ils sauront le résoudre, el la solution
Est digne de tenter leur noble ambition.
Mailly, dont la bonté surpassait le courage.
Enviait cette gloire : elle fut son partage.
— Mais l'honneur de la France a réclamé son bras.
Et, grand, il va grandir encor dans les combats.
Sur les alpestres monts où l'aigle pend son aire,
Aux blocs immaculés d'un cristal séculaire.
Le roi des airs, planant autour de ses aiglons,
Verra passer bientôt nos vaillants bataillons,
Et du haut du rocher qui l'orme son domaine,
Fier, il conlcm|dera l'illustre capitaine.
— L'Apennin sous ses pas a déjà tressailli.
Maillebois conliant est suivi de Mailly :
(Il L'.ilibii lie Sainl-l'iorri'.
390
Il connaît sa valeur, et lranf|iiillc il s'avance.
On voit briller au loin l'étendard de la France,
Tandis que Don Philippe, aux donjons de Milan,
Sous les yeux de l'Autriche arbore un drapeau blanc.
Quelques efforts encore et l'armée alliée
Verra par ses revers rAutriche humiliée...
Mais Lichteustein paraît : la fortune le suit,
Et pour voler à lui, la victoire nous fuit :
L'armée est en déroute!
Italie! Italie!
0 terre du soleil et de la poésie,
Triomphants ou vaincus, tu nous vis bien des fois!...
Tes fortunés vallons, blanchis par nos exploits,
Aux siècles attestant nos brillantes prouesses,
Rappelleront aussi nos malheurs, nos détresses!...
Qu'on interroge, hélas! tes fertiles sillons.
Où ruissela le sang de tant de bataillons :
Le penseur apprendra ce que coûte la gloire!...
Le revers suit de près le succès dans l'histoire :
Marignan!... et Pavie!!... Austerlitz!... Waterloo!!
C'est toujours le laurier à côté du tombeau!...
— Console-toi, Mailly : la France est satisfaite :
Un héros de vingt ans a vengé ta défaite.
Ton armée est battue à FatHiire d'Asti :
Lui, pareil au dieu Mars, court d'Arcole à Lodi,
Et plus tard, dans les plis du drapeau de la France,
Aux peuples asservis il porta l'espérance.
Et, divin laboureur, semant la liberté,
11 transforma l'Europe, où ce germe est resté ! !...
— Mais, dans l'art stratégique, une habile retraite,
Pour la gloire et l'honnenr égale une conquête.
391
Aux bords du Tanaro tes efforts iuouis
Permirent aux Français de revoir leur pays.
Orsolengo, Tydon, la Tréhie et Plaisance,
Montrent notre valeur par notre résistance,
Et font briller ton nom au temple glorieux.
Résigne-toi, Mailly, tu dois quitter ces lieux,
Témoins de tes exploits, et franchir la frontière
L'étranger va souiller cette France si chère !...
— Oh ! lorsque du pays le sol est profané.
Par la vengeance alors tout cœur est entraîné.
Pour laver cet affront, vers la croisade sainte.
Soldats et citoyens s'élancent sans contrainte.
Dans le moment suprême où chancelle l'espoir,
S'éloigner est un crime et mourir, un devoir.
— Mais toi, pour (|iii Ion Prince, ainsi que la patrie.
Est le constant objet de ton idolâtrie,
Par quel magique effori, en ce néfaste jour,
Mailly, prouveras-tu ton zèle et ton amour?
Tu sais verser ton sang pour l'honneur de la France ;
Il faut plus maintenant : il faut sa délivrance.
Ton génie inspiré par le commun danger,
Saura guider l'armée et chasser l'étranger...
— î)êjh de l'ennemi les puissantes cohortes
Ont franchi la frontière et menacent nos portes.
Comme un torrent fougueux par l'orage amené,
Elles ont envahi le riche Dauphiné
Et s'étendent au loin jusque dans la Provence.
Mais, le front menaçant, Mailly paraît, s'avance:
A l'aspect du guerrier et de ses légions,
S'èlani.Mnt au combat ainsi que des lions.
On voit rélrogader l'ennemi téméraire.
Qui, rlierchani un abri, prend le Yar pour barrière.
392
Mailly se multiplie : il est présent partout,
Frappe, ordonne, et pour vaincre à mourir se résout.
Distribuant l'armée, il couvre plusieurs villes.
Un moment arrêté dans le combat d'Exilés,
Oubliant sa blessure, on vit le général
S'élancer au combat en dépit de son mal.
— Alors, tel qu'un reflux abandonnant la grève,
L'ennemi se replie. 11 demande une trêve...
— Comme un gladiateur par la lutte épuisé,
Et qui voit de son sang tout le cirque arrosé,
L'Europe fiUiguée, en proie à tant d'alarmes,
A besoin de repos. — Au tumulte dos armes
Succède enfin la paix. L'orage évanoui
Découvre un ciel serein dont l'œil est ébloui.
Des plus tendres rayons l'horizon se colore :
On dirait d'un beau jour la magnifique aurore.
Qu'une muse savante exalte les hauts-faits
D'un conquérant : la mienne aime ù chanter la paix.
Le tumulte l'effraie et le calme l'inspire.
Les zépbirs de la paix font seuls vibrer ma lyre.
Fille de l'harmonie, oh ! viens, descends du ciel.
Répands tes flots d'amour dans le cœur du mortel.
Viens, règne parmi nous, et que les douces flammes
Embrasent à jamais et nos cœurs et nos âmes!...
Charité! charité! que les effets sont beaux!
Tu comptes des martyrs, mais aussi des héros.
Ils ont leur auréole cl leur modeste palme,
Qui dissipe l'orage et ramène le calme...
— Peuples, soyez heureux!... Reposez-vous, guerriers
Le repos est si doux à l'ombre des lauriers!...
3!»3
Là, vous pourrez encor briguer une autre gloire :
Celle (le faire un jour bénir votre mémoire
Par ceux dont vous aurez adouci le doslin...
— Mailly, le Roussillon t'appelle dans son sein :
IIAte-toi d'accourir, car tu sais que la guerre
N'a servi jusqu'ici qu'à conquérir la terre :
C'est à toi maintenant de conquérir les cœurs...
Vois ces plaines, ces monts étincelants de (leurs.
Et ces riches vallons et cette mer splcndide.
Et ce ciel, dont l'azur est toujours si limpide!...
En ces lieux fortunés, l'homme, pour être heureux,
N'attend qu'un gouverneur éclairé, vertueux :
Le roi t'a désigné dans sa haute sagesse,
El les fiers Catalans tressaillent d'allégresse.
Ils te seconderont dans tes féconds essaiSj^
Et c'est par toi, Mailly, qu'ils deviendront français...
— Le Goldal citoyen a parcouru nos villes;
Ses guerrières vertus et ses vertus civiles.
Font rayonner son front d'un prestige enchanteur;
On le vénère, on l'aime, il fait croire au bonheur.
Le cœur des Catalans s'ouvrait à l'espérance ;
On nommait sa venue — Ère de renaissance...
— Mais la France insultée appelle le héros,
El son brusque départ interrompt ses travaux.
La perfide Albion, imitant les pirates.
Sans cause et sans motifs nous ravit deux frégates.
La guerre recommence, et l'Allemagne encor,
A travers .'^es brouillards voit l'ange de la mort...
394
— Le Wéser est franchi. Cumherland en déroute
Du Hanovre aux Français ne défend plus la roule.
Les duchés de Brunswick, de Zell, de Lunébourg,
Au combat dllaslcnbeck, oii notre armée accouri,
Sont enfin délivrés. Mailly, par son audace,
Ajoute à ses lauriers les lauriers qu'il amasse,
Et montre, rappelant le preux de Marignan,
Qu'il n'avait pas trouvé Capoue à Perpgnan.
— A travers les vapeurs d'une épaisse fumée
Tonne une batterie écrasant notre armée.
Elle vomit au loin la terreur et la mort;
Mais Mailly, qui les brave, a déjà pris l'essor :
Il vole et dans le feu soudain se précipite.
En tumulte aussitôt l'ennemi prend la fuite,
Et tournant contre lui ses canons fulgurants,
11 fait passer la mort et l'cnVoi dans sos rangs:
Cumherland refoulé, demande un armistice.
— Mailly trouva bientôt Frédéric dans la lice.
Le grand roi philosophe à Rosbach est vainqueur.
Parmi nos alliés se glisse la terreur.
Soubise est entraîné; Mailly voit la défaite.
Ne pouvant triompher, à mourir il s'apprête :
Aussi prompt que l'éclair, l'impétueux héros
Charge soudainement les gendarmes royaux,
Les frappe, les disperse et les suit dans la plaine.
Son audace a rendu la victoire incertaine.
Mais blessé, consumé, par ce suprême elTort,
Il tombe... et devant lui l'ennemi tremble encor !.
— Ton cœur, Mailly, saigna bien plus que ta blessure.
Ouand lu vis s'élever ce monument d'injure
395
Qu'érigea sur les lieux un orgueilleux vainqueur,
Qui ne put s'empêcher d'admirer la valeur.
Il voulait de la France éterniser la honte!
Mais que peut contre nous le granit ou la fonte?
Le soldat d'Austeilitz, d'Arcole et d'Aboukir,
Elfacera bientôt ce triste souvenir... (*'
— Mailly, grand au combat, au conseil toujours sage,
Captif, supportera l'exil avec courage.
Le stoïque héros, dans son adversité,
Console ses amis. — Sa générosité
Double l'affection de ses compagnons d'armes.
En parlant de la France, il peut verser des larmes ;
Mais, comme Régulus, il reprendrait ses fers
S'il devait au pays épargner un revers...
11 soupirait pourtant après cette patrie
Qu'il avait tant aimée et noblement servie!...
L'amour de la patrie embrase un noble cœur.
Il faut être captif pour en sentir l'ardeur!
Il faut avoir clé séparé de sa mère,
Avoir lé cœur rempli d'une tristesse amère
Et gémir loin des siens, pour comprendre l'amour
Qu'inspire la patrie!... Oh! quand vient le retour,
Quelle ineffable joie inonde alors notre âme!
Quel divin sentiment et quelle sainte llamme
Font palpiter le cœur!... Oh! tu l'éprouvas, toi,
En retrouvant ton fils, ta patrie et ton roi!...
— Ses vœux sont exaucés : Frédéric, qui l'estime,
Lui rend la liberté ; car le roi magnanime
A de son prisonnier apprécié l'honneur.
Comme il avait naguère admiré sa valeur.
(11 Kn 1800, Napolton fit lomlirr cette folonne, qui nppelait la défaite des Français.
396
— Aurait île la vertu, que ta puissance est belle!
Dans l'âme on voit briller la divine étincelle.
Elle attire, éblouit, enciiante, et son aspect
Séduit môme les rois, et conquiert leur respect.
— L'armée, en relrouvanl un chef qu'elle vénère,
Laisse éclater sa joie cl croit revoir un père.
L'espérance et l'amour dilatent tous les cœurs;
Gomme l'adversité, l'allégresse a ses pleurs :
Ses anciens compagnons, frémissants sous les armes,
En embrassant Maillv couvrent ses mains de larmes.
— II va combattre encore : A Corback, à Casse),
Le héros va cueillir un laurier immortel,
Et puis il quittera celle vaillante armée
Fière de ses exploits et de sa renommée,
Non pour se reposer, mais toujours valeureux,
Pour conquérir des cœurs et faire des heureux.
Il veut jusqu'à la morl être utile à la France;
Mais son fils bien-aimé, sa plus chère espérance,
Saura le remplacer sur le champ de l'honneur :
Digne fils d'un guerrier, il en aura le cœur.
A côté de son père il vole !i la victoire,
El trouve à Grebeslein le chemin de la gloire.
II
— Étale ton azur, beau ciel du Roussillon;
Montagnes, tressaillez sous ce bleu pavillon ;
Fleurs, embaumez les airs de vos parfums suaves;
Mer, sur tes riches bords retiens les flots esclaves,
397
Et loi, fier Catalan, célèbre ce beau jour.
Qui de ton bientailcur t'annonce le retour...
— Le voici! le voici! !... Courez sur son passage;
Que l'amour de vos cœurs brille à voire visage;
Qu'il lise sur vos fronts la joie et le bonheur.
Et que votre allégresse inonde aussi son cœur...
— 11 n'enchaînera pas vos libertés antiques.
Filles de l'harmonie et des vertus civiques :
Non, non, rassurez-vous. Parmi-vous il se rend
Pour vous faire oublier ([u'un roi fut conquérant.
Ce n'est pas par l'épéc ou la plume qu'un prince
A ses puissants Etals annexe une province.
Par les armes il peut envahir un pays;
Mais les sujets vaincus restent ses ennemis.
La force ne peut rien, l'amour seul assimile:
C'est par lui que Mailly rendra tout cœur docile,
Et les Rousàillonnais, dont il veut le bonheur.
L'aimeront désormais comme un libérateur.
— Il faut un stimulant énergique au génie :
C'est la nécessité qui pousse à l'induslrie.
Le repos séduit l'homme, et dans le Houssillou,
Le soleil généreux comble seul le sillon.
Aussi, le Catalan, dans son insouciance.
Sans peine et sans travail nageait dans l'abondance.
Le jiampie et l'olivier, ombrageant ses coteaux.
Au retour de l'automne emplissent ses tonneaux,
Et ses arbres enllés d'une sève féconde,
Arrosés par le ciel et que nul fer n'émonde,
S'alfaisscnt sous leurs fruits aux exquises saveurs.
Tombant sur un gazon tout émaillé de (leurs...
Mais Mailly, d'un coup-d'œil dont on sait la justesse,
A découvert partout des sources de richesse.
398
Il montre la Corlune, et ses puissants attraits
Vont de l'agriculture activer le progrès.
De ce nectar divin ([ue la vigne élabore,
Et qu'on laissait vieillir dans le fond d'une amphore,
Le monde émerveillé verra le Ilot vermeil,
Où semble se jouer un rayon de soleil.
— Le sage Gouverneur l'ait tomber les barrières
Qui s'élevaient encore aux anciennes frontières.
Pour donner au commerce un efficace essor,
11 devra sur la cote ouvrir un vaste port.
Sillonner le pays de canaux et de routes.
Jeter sur les torrents des ponts aux larges voûtes,
Et par une constante et vive impulsion,
Arracher l'habitant à son inaction...
— A côté des sentiers qu'envahissaient les herbes,
Serpentèrent bientôt mille chemins superbes.
Où les lourds chariots, ployant sous leurs essieux.
Roulaient, chargés de fruits et de vins précieux;
Et l'on vil afduer, par ces mêmes artères,
Les produits merveilleux, enfants des arts prospères.
Et qui devaient bientôt, salutaire aiguillon.
Réveiller l'industrie au sein du Roussillon.
— Les arts, fils de la paix, embellissent la vie ;
La science vers Dieu porte l'âme ravie :
Elle agrandit notre être, elle adoucit les mœurs:
La science et les arts font les hommes meilleurs.
— Sous les aspérités de son âpre rudesse.
De l'esprit catalan on voyait la finesse :
Il est, comme le sol, généreux et fécond,
Exubérant, subtil, vif, délié, profond.
Quand une habile main le flatte ou le caresse,
Comme un métal ductile, il se plie, il se dresse;
399
Mais il faut le traiter avec aménité,
El ne jamais froisser sa rigide fierté.
M;iilly, pour qui toujours le triomphe est facile,
A ses sages conseils le trouvera docile.
— Dans rUniversité, serre-chaude où l'esprit,
Comme un lis au soleil se dilate et fleurit,
Le jeune Catalan va puiser la science,
El c'esl-là qu'il apprend à connaître la France,
Ses penseurs, ses héros, ses poêles, ses rois,
Sa générosité, son esprit el ses lois.
Il senl battre son cœur aux accents de Corneille;
Molière le conduit de merveille en merveille ;
De Racine il entend le verbe harmonieux.
Doux, sonore el touchant comme un accord des cieux.
Il cile nos grands noms, dont la gloire l'enflamme.
De savants professeurs infillrenl dans son âme,
Avec l'esprit franrais, l'amour de ce pays,
Et c'est par cet amour que son cœur fut conquis.
— Mailly, voilà ton œuvre : elle est grande, elle est belle!
Par elle Ion génie éclate et se révèle.
Mais ton cœur poursuivait une autre ambition :
Du pauvre tu voulais la sainte alfection.
Par de nombreux bienfaits tu la conquis encore.
Cet asile de paix que la vieillesse implore.
S'éleva par les soins, et tous les malheureux
Ne virent plus en toi qu'un envoyé des cieux.
L'infortuné, témoin de ta sollicitude,
Lègue à l'infortuné sa tendre gratitude.
Et par ce souvenir, les générations
Te combleront toujours de bénédictions.
Le nom d'un bienfaiteur demeure populaire :
Le pauvre chaque jour le mêle à sa prière,
Et l'aïeule, le soir, au coin du noir foyer,
A de blonds chérubins l'apprend à bégaver.
400
Les siècles en passant fiisligenl de leur aile
Le porphyre et l'airain; mais la gloire éternelle
Se grave dans les cœurs, et l'injure des ans
Ne saurait éclipser ses rayons éclalanls.
Mailly, les monuments passeront : ton image,
Du temps, sur leurs débris, aIVrontera l'outrage.
Oui, les inscriptions pourront s'oblitérer;
Mais l'amour dans les cœurs ne saurait s'altérer
Louis quinze était mort. La nation française,
Conlianle et fidèle, acclama Louis seize.
La France savourait les douceurs de la paix.
L'éternel ennemi du royaume, — l'Anglais, —
Dont la prospérité dépend de nos détresses.
Fait entendre le bruit de ses armes traîtresses :
Il ([uitte son repaire, où s'étend le brouillard,
Et la France indignée attend le léopard.
— On signale déjà ses lormidables Hottes.
Mailly fut désigné pour défendre nos côtes.
Par un magique élan, à l'appel du guerrier.
Se leva tout armé le Roussillon entier.
Chacun veut témoigner son dévoùment sincère
Par son empressement, ù celui qu'il vénère...
— Voilà, voilà le prix de tes bienfaits, Mailly :
C'est par eux que l'amour de tout cœur a jailli.
On court de toutes parts, on inonde la grève.-
Le vieux soldat se croit sous l'empire d'un rêve.
Heureux d'avoir conquis à son roi tant de cœurs,
Son cœur est plein de joie et ses yeux pleins de pleurs.
— Avant que resplendît la beauté de l'aurore,
Anxieux et pensif sur la plage sonore.
401
Il conleniplail la mer, oii le ciel reflélé
Gonslellait de ses feux le liquide argenté.
— Mais les paillettes d'or que l'étoile brillante
Semait avec amour dans l'onde scintillante,
Pâlissent en tremblant devant l'éclat du jour,
Dont l'aube souriante annonce le retour.
La lumière jaillit de sa source féconde
Et l'orient vermeil la répand sur le monde...
— Le lever du soleil!... Quel spectacle imposant!...
Qui pourrait exprimer ce que l'âme ressent
Quand le géant des cieux s'élance dans l'espace.
Versant la pourpre et l'or sur l'ombre qui s'eftace;
Transformant la prairie en somptueux écrin,
Où brillent sur les fleurs, les perles du matin.
A. son aspect, l'oiseau sous la feuilléc humide,
Charme par ses chansons sa compagne timide.
Et la neige des monts, aux feux naissants du jour.
Rougit comme une vierge au premier mot d'amour;
De son disque éclatant la lumière ruisselle;
La terre est palpitante et la mer étincelle...
— L'écrasante grandeur de tant de majesté
Faisait jaillir des cœurs des flots de piété.
Mais bientôt le soleil, dardant ses vives flammes,
Des soldats laboureurs vint embraser les âmes.
D'impatience alors ils se sentent frémir:
Sous les yeux de Mailly chacun voudrait mourir
En défendant la France; et, pareille ù la houle.
Sur la plage on voyait bondir l'ardente foule.
Le courage et l'audace illuminant les fronts,
On défiait r.\nglais, sa flotte et ses canons;
Et le bras menaçant, tous agitaient leurs armes.
A cet aspect .Mailly fut ému jusqu'aux larme? :
'26
402
— Enfants du Roussillon, dit-il, votre valeur
Est digne des Français, dont vous avez le cœur.
L'ennemi vous connaît : il fuira cette plage;
Car la mort, s'il venait, laverait son outrage.
— Enfants, sachez-le bien, le plus cher de mes vœux
Serait, en vous quittant, de vous laisser heureux;
De voir luire pour vous un avenir prospère.
Ce climat fortuné, ce soleil, cette terre,
Tout convie au bonlieur et l'assure à jamais.
Si vous savez aimer la justice et la paix.
Par de constants labeurs vous aurez l'abondance.
Le Roussillon sera le jardin de la France ;
Et ses nombreux produits, ses vins, ses fruits exquis.
Par le monde enviés enrichiront vos fils.
Les peuples deviendront alors vos tributaires.
Vos thermes, renommés par leurs eaux salutaires.
D'étrangers tous les ans peupleront vos hameaux.
Ils viendront admirer ces émouvants tableaux
Qu'oflVent aux yeux surpris vos riantes montagnes.
Les touristes au loin vanteront vos campagnes,
Et l'azur de ce ciel, que rien ne peut ternir.
Et dont le cœur toujours garde le souvenir.
Une forêt de mâts, ombrageant vos parages,
Dans vos tranquilles ports bravera les orages.
La nature elle-même a creusé ces abris.
Que l'ouragan jamais ne trouble de ses cris.
Il nous faut élargir ces refuges paisibles.
Où se balanceront nos Hottes invincibles,
Où le navigateur, par la vague emporté,
Retrouvera le calme et l'hospitalité...
—Qui sait? peut-être un jour au rivage d'Afrique,
La France arborera son drapeau magnifique.
Son domaine étendu par de brilluiils combats
Pour limilo et pour borne aura le mont Allas.
403
La Mikliterranôc, où le pirate règne,
Verra sur les Mois bleus où Port-Vendres se baigne
Voguer eu sùrelc, connue en un lac français,
Nos agiles vaisseaux par la brise pressés.
Alors dans vos cités aftUiera la richesse,
El ce beau Roussillon sera dans l'allégresse.
Travaillons pour la gloire et pour l'humanité :
A l'œuvre, enfants, îi l'œuvre!... et la postérité
Bénira votre nom, qui, flottant sur les âges.
Des siècles à venir conquerra les hommages.
. ;:ji. i-j';
— Cette voix vénérée a fait vibrer les cœurs :
Un peuple entier s'excite aux plus rudes labeurs.
Un vaste port surgit dans ce golfe tranquille.
Dont les bords fortunés verront naître une ville.
— Chaque pierre, Mailly, devrait porter ton nom ;
Mais vivre dans les cœurs est ton ambition.
Et pourtant tes travaux, autant qu'une victoire,
Sur toi refléteront une éternelle gloire;
El pour en consacrer le pieux souvenir,
Le Roussillon entier se hâta de t'oflVir
De sa reconnaissance un flatteur témoignage,
Un monument d'amour érigé sur la plage
Où le pauvre porta son obole pour toi.
Mais, désintéressé, lu l'oifris à ton roi.
Ton cœur avait déjà reçu sa récompense:
Faire chérir son roi c'est bien servir la France;
Enseigner la vertu, c'est faire des heureux;
Gouverner sagement, c'est mériter les cieux.
Tu remplis noblement celte mission sainte!
Quand on vil dans le bien, on peut mourir sans crainte :
L'amour dompte la mort et brave le trépas!
Quand on vil dans les cœurs, Muilly, l'un ne meurt pas!..
404
— La médiocrité pour s'élever s'agile.
Elle peut un instant éclipser le mérite;
Mais, comme le génie, il sait se faire jour.
On peut le dénigrer à la ville, à la cour :
Il saura dissiper par sa vive lumière
Les brouillards ténébreux obstruant sa carrière.
— Le jeune souverain, au l'ond du Roussillon,
Vit briller de Mailly le glorieux rayon.
Auprès du Prince aimé le serviteur s'avance,
Et reçoit le bâton de Maréchal de France.
— Les services rendus, sa vertu, sa valeur.
Rendaient le vieux soldat digne de cet honneur.
Accablé par les ans, il est toujours lidèle.
Toujours prêt à marcher où le devoir l'appelle.
Son bras est au pays, son cœur est à son roi ;
Son ami c'est le pauvre, et l'honneur est sa loi...
— L'édifice chancelle et le vieux monde croule.
Une sourde rumeur agite au loin la foule.
Par son souffle embrasé, la révolution
A déjà mis la France en ébullition.
L'ouragan se déchaîne, et l'on voit pêle-mêle,
Peuple, nobles et rois, tomber comme la grêle
Dans le creuset sanglant, d'où le monde nouveau
Va surgir tout armé, comme on vit d'un cerveau
Minerve s'élancer. L'elfroyable tempête
Dans l'asile des rois s'engoufl'rc, et chaque tête
Se courbait à sa voix!... Mailly reste debout :
Près de son Souverain il était le dix août,
Lorsque la populace, avec sa main de Parque,
Arbora son bonnet sur le front du Monarque.
105
Le vieillard indigné beat au fond do son cœur
Se réveiller soudain sa juvénile ardeur.
Il s'appréle à punir une main sacrilège.
On l'enloure aussitôt, on l'insulte, on l'assiège.
Un sabre sur sa tète était déjà levé;
Mais par un bras nerveux ce sabre est soulevé.
C'était un vieux soldat. Il arrête la foule,
Sauve son général,... et le torrent s'écoule...
— Quand le flot populaire, inconstant, irrité,
Comme un tigre blessé bondit dans la cité,
Roulant avec fracas sa digue frémissante.
Qui pourrait retenir sa vague menaçante?
Son écume rougie inspire la terreur
Et Dieu seul peut alors arrêter sa fureur!...
— Ce flux est-il fatal? ou bien la politique
A-t-elle dans sa main quelque prophylactique
Pour prévenir sa vague? ou peut-elle au besoin
Lui dire comme Dieu : —Tu n'iras pas plus loin?
— Le flot montait toujours!... sous sa puissante houle
La France est ébranlée, et le trône s'écroule!
Le fils de saint Louis, brisé contre un écueil.
En s'envolant au ciel, laissa la terre en deuil! !...
— Qui n'a frémi d'horreur au récit de ce crime?
Quels yeux n'ont pas pleuré cette grande victime?
Mais qui pourrait narrer ton angoisse, Mailly?
Ton cœur fut atterré, mais il n'a pas failli!
La mort même ne peut abattre ton courage.
Son aspect ne saurait altérer ton visage.
Regarde l'échafaud : on le dresse pour toi !
Marches-y d'un pied ferme, et va joindre ton roi!...
J . MERCADIER, premier commis de Dirwiion
des CoDlributioms Indirectes.
*w>
LES MÉTAMORPHOSES D'UNE GHAINE.
POEME.
Un homme prit un grain de sénevé et le sema dans son jardm.
et il crût, et il devint un grand arhrc, et les oiseaux du ciel
se reposèrent dans ses rameaux.
(Évangile selon S. Llc , chap. VfH, v. t9. )
Un jour je méililais à l'ombre d'un vieux chêfte.
Dont les rameaux touffus ondulaient sous l'haleine
D'une brise embaumée au souflle liarraouieux.
Au zénith, le soleil ardent et radieux
Dardait ses rayons d'or sur l'arbre centenaire,
Qui les décomposait en brillante poussière,
Impalpable, argentée, et sur le frais gazon
Tamisait les Inésors que recèle ua rayon.
L'ombre, doux crépuscule, inspire le poète.
L'oiseau silencieux voltigeait sur ma tète;
La cigale chantait; l'inconstant papillon
Volait de fleur en Heur, de sillon en sillon.
L'onde d'un clair ruisseau, tendre échanson du chêûe.
Lui jetait ses adieux et fuyait dans la plaine
En caressant les fleurs. Assis sur le gazon,
Je rêvais. Mon regard embrassait l'horizon.
407
Ému, j'en conlcniplais les beanlés dispersées,
Kl mon front s'inclinait sous le poids des pensées;
Le ciel, ce vaste ciel, resplendissant d'azur,
Était si transparent, si limpide, si pur,
Que l'œil se promettait d'en percer le mystère.
Mon esprit agité fuyait loin de la terre.
Et, nouveau Prométliée, allait ravir aux cieux
Cet idéal rêvé que n'ont pas vu mes yeux,
Que souhaite mon co'ur et qu'entrevoit mon âme,
A travers les vapeurs où rayonne sa llamme.
Dans les champs de l'Éther j'avais pris mon essor :
Ma pensée explorait ses riches sphères d'or
Qui planent dans l'azur au-delà des orages.
Sur les molles vapeurs des célestes rivages.
Mais l'espace fuyait : de ces globes vermeils
Je voyais luire au loin de splendides soleils :
J'y volais. Étonné, j'en voyais luire encore,
Et toujours et toujours!... La main qui les colore
Derrière un voile épais se cache à tout mortel,
Et mes yeux éblouis cherchaient en vain le ciel.
Ces astres éclatants, roulant sur notre tête.
Ne sont que les degrés qui conduisent au laite,
Où Dieu, de son regard embrassant l'univers,
Des mondes palpitants, écoute les concerts;
Et, tandis qu'ici-bas l'ombre aux rayons se mêle.
Ils épandent là-haut leur splendeur éternelle.
Ici toute clarté se voile de vapeur,
Et la science même a maint aspect trompeur :
L'erreur se mêle à tout, comme au froment l'ivraie;
L'âme, comme les yeux, n'en est jamais sevrée.
En cherchant la lumière au-delà du soleil.
Je poursuivais un rêve et j'étais au réveil.
A l'algèbre des cieux, écrite sur ses voûtes.
Je demandais en vain de dissiper mes doutes.
i08
— 0 Colomb! ton génie, enllanimanl Ion cerveau,
Par delà rOcéan vit un monde nouveau,
Et, sillonnant les flots, tu découvris ce monde,
Tandis que ma pensée errante et vagabonde
Dans l'espace perdue, au sein de la clarté,
N'a su voir dans le ciel... rien... que l'immensité!
Fuyant ce labyrinthe, où la raison s'égare,
Éperdu, je tombai comme autrefois Icare,
Et je vis un oiseau qui prenait son élan
Vers le chêne; il portait un brin d'herbe en volant;
Le bruit doux et léger de son aile empressée
Changea soudainement le cours de ma pensée.
Distrait, je le suivais dans ses ébats joyeux :
11 attira bientôt mes regards curieux ;
Sautillant, voletant, hérissant son plumage,
11 s'éclipsait parfois à travers le feuillage;
Attentif, je suivis son évolution :
Il captivait mes sens et mon attention.
Gentil petit oiseau, (ils de l'air, me disais-je.
Sans prévoir l'avenir et sans craindre le piège.
Tu vis heureux, content. — Une graine de lin.
Échappée à son bec vint tomber sur ma main.
L'oiseau fut oublié; je contemplai la graine;
El tandis que mes yeux la dislingaient à peine,
Mon esprit découvrait des trésors dans son sein :
L'émeraude, l'azur, voilés sous le satin
Où Dieu les enveloppe. A travers l'épiderme.
J'apercevais d'abord un embryon qui germe.
Une lige qui monte, un bouton qui fleurit,
Un calice azuré, que l'aurore remplit
De ses pleurs éclatants, diamants éphémères.
Reflétant les splendeurs des beautés printanières.
409
Comme au Ironl d'une vierge un saphir enchanteur
Reflète sa beauté, sa grâce et sa candeur.
Et puis, je distinguais des merveilles sans nombre.
Un monde tout entier recelé dans son ombre :
Pour l'en faire jaillir, il suffit d'un rayon,
Et déjà mon esprit voit son éclosion.
— Tout se tient ici-bas, tout se lie et s'enchaîne :
Tous les événements ne forment qu'une chaîne.
De la cause sans-cesse on voit surgir l'effet;
L'effet, devenant cause, engendre un autre fait,
Et ces divers anneaux qu'enlace la nature,
Parlant du Créateur, vont à la créature.
Toujours gros du passé, le présent qui s'enfuit,
Enfante l'avenir et tombe dans la nuit...
— Mais la lleur s'étiole et la sève se fige.
Les vents ont enlevé les feuilles ù la tige.
Le calice se ferme et le feu du soleil
A changé l'émeraude et l'azur en vermeil...
C'en est fait, les zéphyrs, la rosée et la pluie
Ne prodigueront plus à la plante la vie :
La racine est séchéo, et d'une avide main,
Le diligent fermier l'arraclicra demain...
— Oli! ne la plaignons pas: elle est digne d'envie.
Mourir quand le printemps laisse l'âme ravie.
Avant que les frimas sur la nature en deuil
N'étendent leur manteau, comme sur un cercueil.
N'est-ce pas, en effet, une mort salutaire?
La vie a pour escorte une douleur amèrc :
La saison des amours peut seule l'adoucir,
Mais l'àpre et rude hiver ne fait que l'endurcir!...
410
Rien ne meurt tout entier : la lormc seule change ;
L'eau pure qui jaillit du rocher, devient fajogc;
Mais bientôt le soleil, par sa vive clarté,
Lui rend sa transparence et sa limpidité.
La plante n'est donc pas à mourir condamnée;
Mon esprit peut encore suivre sa destinée.
Le tissu filandreux au bois agglutiné,
Comme Tespril au corps par la vie enchaîné,
Tient à l'état concret mille et mille merveilles;
Je les vois resplendir. Durant les longues veilles
Des sombres nuits d'hiver, de son doigt exercé.
Une vierge filant près de son fiancé,
Mêlant à ses soupirs les rêves de son âme,
De son lit nuptial préparera la trame :
Fée, elle changera la tige en doux salin.
— Un pauvre un jour viendra : son malheureux destin
Portera la pitié dans le cœur d'une mère.
Qui de son dinùment voilera la misère
Avec le doux tissu par sa main préparé.
Puis, tombant en lambeaux, par le temps déchiré,
Les vents le laisseront gisant dans la poussière.
De la graine de lin est-ce la fin dernière?
Non, non; une autre mai» de son abjection
La tirera bientôt. Voyez-vous ce chiffon
Que foule le passant dans sa marche distraite?
C'est une chrysalide, une larve muette:
Ainsi qu'un papillon la vie en va jaillir,
Demain, le chilTonuier viendra le recueillir;
Les loques tomberont alors dans la chaudière,
Où, sous l'ardeur du feu s'épure la matière.
Observez : voyez-vous ruisseler ce vélin?
N'est-ce pas le produit de la graine de lin?...
— La graine a disparu; mais cette feuille blanche.
Plus blanche que la neige attachée à la branche,
Lui survivni loujoiir^, coinine Tesprit au corps,
Quand l'implacable faux a brisé ses ressorts.
Oui, celte blanche feuille est l'àme de la graine.
Elle s'envolera vers l'immortel domaine,
Quand l'esprit du penseur animant ce vélin ,
Lui pnMera son aile et son souffle divin.
— A ce satin glacé quelque nouveau Messie
Ne con(iera-t-il pas sa sainte prophétie?
Relique vénérée, immortel monument,
La feuille deviendrait un divin talisman
Que les pieux croyaats garderaient dans leur arche.
Le temps impétueux, dans sa rapide marche,
N'oserait outrager l'impérissable autel
Où serait déposé ce message du ciel...
— Mais qui peut garantir que quelque faux prophète.
En y versant l'erreur, n'y sème la tempête?
De ce vélin fatal l'orage peut surgir.
Dieu! je l'entends gronder, et je me sens frémir !
Le contrat social qu'un sophiste élabore.
Sur celte feuille un jour viendra peut-être éclore.
Supposez que le vent au milieu du forum
Au peuple frémissant jette ce labarum ;
Que sa puissante main sape aussitôt les trônes,
En donnant aux enfants'pour cerceaux des couronnes;
Qu'il se proclame alors législateur et roi.
Et que d'un nouveau code il promulgue la loi;
Que foulant à ses pieds des préjugés antiques,
Sur des trônes croulants fonilanl des républiques,
11 déchaîne le flot des révolutions.
Comme un cratère ardent en ses éruptions...
Le voyez-vous bondir sur un torrent de laves?
11 soulève les serfs, il brise leurs entraves!...
L'idée est comme l'onde : elle prend son niveau.
Et, remuant le c(eur, embrase le cerveau.
412
Elle sY'Ieiul parlent, elle couvre la terre,
Et, comme la vapeur, recèle le tonnerre.
— La foudre et les éclairs, l'un sur l'autre entassés.
Dans la graine de lin étaient donc condensés,
Confondus avec l'or, l'azur et l'émeraude :
L'élément qui féconde et celui qui corrode,
A côté de l'amour, le fléau qui détruit...
Ecoutez, écoutez ce formidable bruit :
C'est un monde qui croule, un autre qui se fonde!:..
Une graine a suffi pour transformer le monde! ! !...
—Ah! des desseins de Dieu qui peut sonder le fond?
Si je veux les scruter mon esprit se confond!
Qui donc m'expliquera ces merveilleuses choses,
Ces transformations et ces métamorphoses?
Où trouver un flambeau dont la vive lueur
Epande ses rayons dans la nuit de mon cœur?
Où, le critérium pour ma raison fragile?
Une voix me répond : —Médite l'Évangile.
J. AlEllCADIER, premier commis de Direction
des ConlribulioDs Indirectes.
ili
LE GASCON ET LE BANQUIER.
CONTE.
Que le cœur ou l'esprit soit vide,
On n'en meurt pas, car les plus creux
Bien souvent sont les plus heureux.
Mais l'outre de la Danaïde
Que l'on appelle le gaster,
Ne remplit pas son gouiïre avide
D'amour, de rêves ou d'étlier.
Un gascon l'éprouva. Seul, en pleine campagne,
Ce gascon voyageait,
Bâtissant, en marchant, des châteaux en Espagne.
Tandis que son espoir à l'aise s'y logeait.
Ses entrailles criaient sous son gousset aride
Qui n'avait pas horreur du vide :
L'or ni l'argent, hélas!
N'y germaient pas...
Le pauvre voyageur n'avait d'autre ressource
Que celle d'un esprit prompt en expédients.
Il avait oii'ilié dans son chàloau sa bourse.
— Tout gascon a castel sur les bords si riants
De la Garonne. — Enfin, une pénible course
.\vait débilité son robuste estomac :
11 chercliail \m iliner plus encore qu'un hamac.
414
Harassé, soucieux, aux abords d'une ville
Il accoste un quidam
De la façon la plus civile :
— « Qu'avez-vous de nouveau par ici, dit-il. » — « Dam !
Répond le citadin, nn riclio mariage,
Qui se rèyle aujourd'hui. La liile est belle et sage:
C'est celle du banquier. Cent mille francs comptants;
Voilà sa dot. On va dîner en |}eu' d'mstants. »
— Le gascon, pour calmer sa faim inexorable,
Se présente au moment où l'on se met à table.
Et prenant un sourire, un parler des plus francs.
Il propose au ban(iuier cinquante mille francs
A gagner. A ces mots, quittant son air sévère,
Le Crésus répliqua : — « Nous avons le notaire;
Nous pourrons aisément nous entendre au dessert;
Entrez et permettez que j'ajoute un couvert. »
— ^Le gascon famélique obéit sans débattre;
Il prit place au festin et mangea comme quatre,
But de même, causa sans le moindre embarras
Et fit des calembours. Vers la fin du repas.
L'heureux amphitryon, d'un air fort débonnaire.
S'approcha du gascon pour parler de l'allaire:
— « Hé bien! mon cher, dit-il, voyons, quels sont vos plans?
— C'est simple : vous gagnez cinquante mille francs.
—Mais comment? — Le voici: Votre fille est charmante;
Vous la dotez de cent, je la prends pour cinquante. »
J. MERCADIER, premier commis de Direction
des Contnbuuons Indirectes.
LISTE DES MEMBRES
COMPOSANT
l\ SOCIETE ACIIICOLE, SlIESTIFIOUE ET LITTERIIRE
DES PVRÉIVÉES-ORIEIWTALUS.
Membres lionoriklres.
1835. M. Mathieu, 0. ^, membre de VInstitut.
1836. M. GuizoT, G. ^ , membre de V Académie Française.
membres résidants.
1854. M. Abblard, professeur à l'ÉcoIe-Normale.
1853. M. Alart, archiviste de la Prcleclure.
1833. M. Alzine, imprimeur-libraire (F)'.
1853. M. Argiot (Jacques), homme de lettres.
1857. M. AsTORS (François), propriétaire.
1853. M. AuDUSSON (Olivier), propriétaire.
1838. M. AuGÉ, ^, capitaine d'artillerie en retraite.
1846. M. AzÉMAR, propriétaire.
1836. M. Bach, 0. ^, colonel d'artillerie en retraite.
1857. M. Barberet, ^, inspecteur d'Académie.
1860. M. Batlle (Victor), maire de Cabestany.
1855. M. Bédos, avocat.
1833. .M. Béguin, directeur de rÉcole-Normale (F).
1858. M. Bensa, chanoine honoraire, professeur de philosophie
et de théologie au Grand-Séminaire.
1853. M. Bertrand-Balanda, propriétaire.
1857. M. lîocAMv, docteur-médecin.
1850. M. Boix, pharmacien.
1861. M. Boisso.NiNET, G. i(, colonel d'artillerie.
' L(i fonJatours do la Socivtî' sont dé»if(uéi par h leltre F, qui est à la sulie de leur nom
416
1853. M. BoNAFOS, docteur-médecin.
1847. M. BoNNEFOY (de), propriétaire.
1855. M. BoucABEiLLE, chan. honoraire, aumônier de l'École-
Normale.
1836. M. Bresson, propriétaire.
1833. M. Gaffe, architecte de la Ville de Perpignan {F}.
1855. M. Calvet, agronome.
1861. M. Carcassonxe (Jean), propriétaire.
1835. M. Companyo père, docteur-médecin.
1840. M. Costa (Léon de), chef de division à la Préfecture.
1847. M. CtiiLLÉ, *, directeur de la Ferme-École.
1853. M. Badins (Sauveur), propriétaire.
1855. M. Delhoste, chan. honoraire, vicaire de la Cathédrale.
1848. M. Desprès (Antoine), propriétaire.
1861. M. Desprès (Jules), propriétaire.
1854. M. Durand (Justin), ^, banquier.
1850. M. EscATLLAR (d'), propriétaire.
1841. M. Eychenne aîné, propriétaire.
1865. M. Estrade (Auguste), propriétaire.
1849. M. Fabre (Louis), professeur en retraite.
1861. M. Ferrer (Léon), pharmacien.
1854. M. Fines, chanoine titulaire du diocèse, supérieur du
Grand-Séminaire.
1853. M. Garrette, banquier.
1848. M. GouELL, docteur-médecin.
1859. M. Granier de Cass.\gnac, *, chanoine honoraire, prin-
cipal du Collège de Perpignan.
1854. M. Jaume (Amédée), notaire.
1854. M. Jouy-d'Arnaud, *, propriétaire.
1850. M. Labau, propriétaire.
1860. M. Lacombe Saint-Michel (Romain), propriétaire.
1854. M. Lacroix (Ferdinand), avocat.
1854. M. Lafabrègue, juge.
1853. M. Lamer (Jules de), propriétaire.
417
1841. M. Lazehme (GLarlcs), iiropriétaire.
1853. M. Lloket (Joseph de), propriétaire.
1834. M. Lloubes (Auiruste), banquier.
1835. M. Massot (Paul), docleur-médeciii.
1853. M. Massot (Aimé), doclcur-médecin.
1862. M. Mercadieu, commis des Conlributions Indirecles.
1861. M. MoREU, professeur au Collège.
1853. M. MuxART (Auguste), avocat.
1835. M. Passama, docteur-médecin, maire de Perpignan.
1858. M. Philip, chanoine titulaire du diocèse.
1834. M. Pljade, doclcur-mcdccin.
1857. M. PiEYNÈs-AuDUSSON, propriétaire.
1853. M. Rides, directeur de l'École primaire supérieure.
1853. M. Robin (Louis), propriétaire.
1858. M. RouFFiA (Joseph), instituteur.
1859. M. Saignes (Justin), lithographe.
1854. M. Sauvy (Joseph), négociant. •
1853. M. SiAU (Antoine), propriétaire.
1833. M. SiRVEN, agent principal des Hospices de Perpignan (F).
1854. M. Talayracu (Joseph), avocat.
1855. M. Tarrés, docteur-médecin.
1860. M. Tastu (Antoine), ingénieur en chef des Ponls-el-
Chaussécs.
1860. M. Testory (Paulin), pharmacien.
1841. M. ViLALLONGUE (Svlveslre), négociant.
UombrcN résidante n'habitant pa» l'crpignan.
1858. M. Besombes (Joseph), négociant, à Saint-Laurent-de-la-
Salaiique.
1861. M. Bosch (Joseph), propriétaire, à Ille.
1850. M. Camp, curé, ù Via (can».cn de Saillagouse).
1856. M. Cardonnell, propriéliiire, à Cases-de-l*éne.
1860, }\. Cazes, noluirf. à iMiilas.
27
418
1851. M. Conte (^Joseph), propriétaire, à Estagel.
185Ô. M. DuvERNEY, propriétaire, h Espira-de-i'Agiy.
1847. M. GiRVÈs (Sauveur), propricluiro, à Vinça.
1801. M. IlÉ.N.-vuT (Jean), propriétaire, au Soier.
1856. M. Malègue, propriétaire, à Pézilla-de-la-Rivière.
1858. M. .Marquv (ils, pépiniériste, à lile.
1858. M. NoGUÈs, juge de paix, à Olette,
1858. M. Pl.\, juge de paix, à Saint-Paul.
1860. -M. Ratiieau, ^, capil., chef du génie, à Amélic-les-Bains.
1858. M. ToLRA DE Bordas (Joseph), prêtre, professeur de
philosophie et d'histoire au Petit-Séminaire de Prades.
1861. M. Truillès (Joseph), notaire, à Ille.
1861. M. ViLAu-SouBiRANE, propriétaire, au Boulou.
Membres correMponâaiitii.
1839. JI™<= Lafabrègue, 'naturaliste, à Lyon.
1839. M""" Tastu (Araable), à Paris.
1839. M"'e ViEN (Céleste), à Paris.
1840. ÎJ'°e Faure (Anaïs), née Biu, à Limoux.
1842. M"" Favieu (Eulalie), à Marseille.
1833. M. Armonville, secrétaire du Conservatoire des Arts et
Métiers, à Paris.
— M. B.ASTARD, docl.-médecin, à Châlonnes (Maine-et-Loire).
— M. BouBÉE, géologue, à Paris.
— M. ChrisTol (Jul. de), professeur d'histoire naturelle, à
Montpellier.
— M. Des Mouli.ns (Charles), membre de plusieurs sociétés
savantes, à Lanquais.
— M. Denis de S.unt-Antoine, président des relations inté-
rieures de la Société de Civilisation, h Paris.
— M. Di.AS DE MoRALÈs,ancien député aux Cortès, à. Marseille.
— M. Ferrus, ancien principal du Collège de Perpignan (F).
419
1833. M. FiuissE, lie Perpignan, négociant, à Celle (f).
— M. JuLiA, de Perpignan, secrétaire d'Académie, à Alger(Fj.
— M. SiAU, de Perpignan, ingénieur en chef des Ponls-et-
Chaussées eu retraile, à Bordeaux.
— M. TouuNAL, géologue, à Narbonne.
— M. Vène, ingénieur des Mines, à Toulouse.
1834. M. BoiSGiRAUD, professeur de chimie, à Toulouse.
— M. César-Moueal", directeur-fondateur de la Société fran-
çaise de Statistique, à Paris.
— M. Gros, avocat, à .\arbonne.
— M. Delestre, président de VAthénee Impérial, à Paris.
— M. DupuY, -iï, colonel d'élal-major en retraite, à Toulouse.
— M. GoDDE DE LiANCOURT, président de la Société universelle
de Civilisalion, à Paris.
- M. Puj.iDE, i(, docteur-médecin, à Amélie-les-Bains.
— M. Poulain, chirurgien en chef.
— M. Salin, contrôleur de la .Monnaie des Médailles, à Paris.
— M. X.ATART, pharmacien, à Prats-de-Mollù.
1835. M. Arago (Etienne), de Perpignan, homme de lettres,
à Paris.
— M. Breghotdu Lut, conseilleràlaCourlmpérialede Lyon.
membre de V Académie Impériale de la même ville.
— M. Cachelièvre. ingénieur des Mines.
— M. Calmètes, Sf,de Perpignan, conseiller à la Cour de
Cassation, à Paris.
— M. Chevrolat (Auguste), membre de la Société Enlomo-
logijue de France, à Paris.
— M. Combes, docteur-médecin, à Toulouse.
— M. Delocre, docteur-médecin, à Lyon.
— M. Denizart-Hurtzel, propriétaire, à Lille.
— .M. DuFFOURC, ^ , colonel du génie.
— M ExsELY, docteur-médecin, à Caslelnaudary.
— M. Gally-Cazal.at, professeur de physique, à Versailles.
— M. GuiNARD aîné, pharmacien, à Bordeaux.
430
1835. M. GuiïER, de Perpignan, à Chaaibéry.
— M. Gi voT DE Fère, secrétaire perpétuel île la Sociétt
d Encouragemeui. h Paris.
— M. Iritn, naturaliste, ù Moulpellier.
— M. Jllia, de Perpignan, chel" d'escadron d'artillerie.
— M. Lecoq, professeur de botanique, à Glerniont-Ferrand.
— M. Maurin (Laurent), de Perpignan, lithographe, à Paris.
— M. Merch, trésorier de la Société Linnéenne de Lyon.
— M. MuLZANT, professeur d'entomologie au Lycée et à la
Faculté des Sciences de Lyon.
— M. Péricaud, bibliothécaire de la ville de Lyon, membre
de V Académie Impériale de la même ville.
— M. RiGAUD (Esprit), de Perpignan, avocat à la Cour de
Cassation, à Paris.
— M. RouFFiA(Côme), de Perpignan, maître de pension, à
Millas.
— M. TiiURBERT, ingénieur des Mines.
— M. >Valter, ingénieur civil, professeur à l'École des Arts
et Manufactures, à Paris.
1837. M. Barrau, homme de lettres, à Toulouse.
— M. BoLVix, (le Perpignan, capitaine de frégate.
— M. Mercadier allié, lithographe, à Toulouse.
1838. M. DuROSOY, inspecteur des .Mines.
— M. Grenier, docteur-médecin, professeur d'histoire natu-
relle, à Besançon.
1838. M. Vaillant, dessinateur, attaché au Muséum d'Histoire
naturelle, à Paris.
1839. M. Brochier, capitaine du génie, à Paris,
— M. Cadilhac (Désiré), à Puisségur, près Béziers.
— M. CouDART d'Aulnay, membre de l'Athénée des Arts,
à Paris.
— M. Terrevert, naturaliste, à Lyon.
1840. M. Arago (Alfred), de Perpignan, sous-inspecteur de*
B'iaux-Arls, à Paris.
'42 î
1840. M. Monzic-Lasserre, doct. -médecin, à Coux(Dorilognc).
1841. M. François, ingonieur des Mines.
— M. FoNTAN, docteur-médecin.
— M. Moquin-Tandon, naturaliste, à Toulouse.
— .M. Vienne, bibliothécaire de la ville de Toulouse.
1842. M. Bénet de Peraud, docteur-médecin, à Paris.
— M. Gellé, professeur à l'École Vétérinaire de Toulouse.
— M. Laugier, attaché à l'Observatoire de Paris.
— M. Petit, directeur de l'Observatoire de Toulouse.
— M. PoNGY, ouvrier maçon, homme de lettres, à Toulon.
— M. Sel VA (Prosper), îrf , de Perpignan, capit. de vaisseau.
1843. M. D'O.MBRE-FiRMAS, d'Alais.
— M. Passama, ^>, de Perpignan, capitaine de frégate.
— M. Massot-Reynier, ^, de Perpignan, premier président
i\ la Cour Impériale de Rouen.
— .M. SoLLiEus (Félix), homme de lettres, à Paris.
1844. M. Bouis fils, de Perpignan, prof, de chimie, à Paris.
— M. Didier (Petil), de Lyon.
— M. Perey (Alexis), professeur de malhémaliques, à Dijon.
— M. Rori.net, membre de V Académie Impériale de Médecine.
1847. M. [vat, avocat à la Cour Impériale de Paris-.
— M. Renard de Saixt-Malo, de Perpignan, avocat à la Cour
de Cassation, à Paris.
1848. M. Laurence, pri"hcipal du Collège, à Mont-de-Marsan.
— M. Lefr.\nc (Pierre), homme de lettres, à Paris.
— M. Perris (Edouard), naturaliste, à Mont-de-Marsan
— M. Reboi'd, docteur-médecin, aide-major (Algérie).
1849. M. AuTHEMAN, économe des hospices, à Lisle-sur-Sorgu«
(Var).
— .M. PiETTA (Lucien), à Montesquieu, près Toulouse.
1853. M. Collet, principal du Collège de Castelnaudary.
— M. CoMPANVo fils, de Perpignan , docteur-médecin , en
Egypte.
— M. Fai're, docteur-médecin, en .\lg[éTie.
*2!2
1853. M. Mamel (^Jacquesj, de Per|iig!iai) , ingHnieui- un chel
des chemins de fer du Nord.
~ M. Bon:<et (Edmond), ingénieur civil.
— M. C.^RVALLO (Jules), ingénieur civil, nicmbre-fondaleor
do VInstitut archéologique et historique du Limousin.
!854. M. Denjean, de Perpignan, professeur au Collège de
Lodève.
— M. M-U'HicE, de Perpignan, agent-voyer en chef du dépar-
tement de Loir-et-Cher.
— M. Thévenin, procureur impérial, à Auch.
1855. M. Barthélémy (de), *, ancien conseiller de Préfecture.
— M. Barthélémy (de), ^, sous-préfel, à Bélbrt.
— M. Calisti, inspecteur d'Académie, à iXevers.
— M. CoRTiE, de Perpignan, professeur, à Orange.
— M. Chauraisd de Mal.\rce, homme de lettres, à Blois.
— M. Crova, de Perpignan, professeur de physique, à Mont-
pellier.
— M. GuiGON, professeur de mathématiques, à Dastia.
— M. Paris (Louis).
— M. Soubevran (Paul de), ift, préfet, à Blois.
1856. M. Mercader (Ernest), docleur-médecin , à La Magistrad
(Tarn-et-Garonne).
1857. M. Soi'BEVHAN (Léon), pharmacien, .i Paris.
1858. M. Car.\lp (Baymond), directeur dos cultures du Péni-
tencier de Marseille.
— xM. Chambeu (l'abbé), de Perpignan, dominicain
— M. LouRDOUEFx (Paul de).
— M. Dardé, avoué, à Carcassonno.
— M. Denille, directeur de la Ferme-École do l'Aude.
— M. Desalle, agonl-voyer en chef du départem' de l'Aude.
1859. M. Courrier de Fraissé, h Cabardès (Aude).
— M. Guilhaume, inspecteur-général des Ponts-et-Chaussées.
— M. GurxER, de Saint-Laurent-dc-la-Salanque. diroclonr de
la Société firtixtiqiip de r Isthme de Suez.
423
1859. M. LiispiAt (Henri), de Perpignan, docteur-médecin des
armées.
— M. BoNNEL (Stanisiiis), propriétaire, à Béziers.
— M. Lassus de S.vint-Geniès (le baron de), if, préfet.
— M. Maraval, vice-président de la Société d'Agriculture
de l'Aude.
— M. Maiiés (Henri), membre de la Société d'Agriculture de
rilérault.
— M. Peli.et (Pierre;, naturaliste, à liéziers.
— M. PoRTAL DE Moux, propHéluire, à Carcassonne.
— M. Rendu (Victor), inspecteur-général de rap:riculture.
— M. Salaman, propriétaire, à Carcassonne.
— M. Talrich (Jules), de Perpignan, artiste préparateur
d'anatomie en cire, à Paris.
— M. Valayer, propriétaire, à Avignon.
1860. M. Aragon (Victor), ift, de Perpignan., prés, de cliambro
à la Cour Impériale de Monipellier.
— M. Cazalis-Allut, propriétaire, à iMonfpellier.
— M. DouMET, maire de Cette.
— M. FoL'CHiER (de), capitaine d'infiinterie, à Melun.
— M. Martin (Jo>;eph de), docteur-médecin, à Narbonne.
— M. NoGUÈs (A.-F.), professeur d'histoire naturelle.
— M. Pagezy, maire de Monipellier.
— M. Ricard (Alphonse), avocat.
1861. M. A.MAS, employé à la Direction des Douanes, à Marseille.
— M. Bataillari), naturaliste, à Audeux (Doubs).
— M. BoNNEL (Gabriel), avocat, à Narbonne.
— M. Bonnet, ,i:ige de paix, à Aubagne (Bouches-du-Rhône).
— M. BouNiN, vice-prés, de la Société d' Agriculture de Mce.
— M. Bovis (de), propriétaire, à Avignon.
— M. Fernand-L.\garrigue, membre de Vlnstitut historique
de France.
— M. F'/ssiAUX (l'abbéV direct, du pénitencier des Boucbes-
du-Rh6np.
1861. M. Hardy, directeur de la pépinière centrale du Gouver-
iiemenl, près d'Alger.
- M. Hklzé (Giislave), prolesseur d'agriculture à l'École
iiiij'ôriale de Grignoii.
— M. Labeaume (de), président de la Société d'Agriculhirc
du Gard.
— M. Levmêric, prof, de géologie à la Faculté de Toulouse.
— M. RouGEMONT, président de la Société d'Horlicuhurc des
BoucIies-dii-Blu'me.
— M. Salles (Isidore), ^, prél'el.
— M. SiCARD , secrétaire de la Société d'Horticulture des
Bouches-du-Rliône.
1862. M. Chardon, président de la Société d'Horticulture et de
Botanique du département du Gard.
— M. Éloffe (Arthur), naturaliste, à Paris.
— M. Ville (Ludovic), '^, de Rivesaltes, ingénieur en chef
des Mines (Algérie).
1865. M, Fuix, de Perpignan, ingénieur en chef des Ponts-et-
Chaussées, à Amiens.
— M. Oliver (Paul), memhre de la Société de Botanique dr
France.
Correspondants étranger».
1833. M. Llobet, géologue, à Barcelone.
— M. Ladron de Guerrera, chanoine et curé du Rctiro, à
Madrid.
1835. )1. LoRENZo DE Redecilla, homme de lettres, à Madrid.
— M. Francisco Vera, homme de lettres, ;'i Madrid.
— M. Acevedo, homme de lettres, à Madrid.
— M. Lorenzo Abat, homme de lettres, à Madrid.
— M. Mari.\no de Sans, naturaliste, à Barcelone.
— M. Roura, professeur de chimie, à Barcelone.
— M. Bastuc, censeur royal, n Barcelone.
435
1835. M. Gauimer, membre de l'Université, à Madriil.
— M. Raull, avocat, à Barcelone.
1842. M. Luis Balaguk, membre de la Société Philomaihique,
à Darcelon'^.
1847. M. 1»^ marquis de Belpuig, duc de Savella, à Pa!ma (Iles
Baléares).
— M. Joachim Maria Boyer de Hossello, à Palma (lies
Baléares).
— M. Nicolas Brozedo y ZAFORTERA,à Palma(lles Baléares).
— M. Jules de Gabarrus, consul de France ^ Palma (Ilo«
Baléares).
— M. Basilio Sebastiano C.\stellano, bibliothécaire de la
Bibliothèque Royale, à Madrid.
— M. Luis Maria Hamirés Las Gazas Deza, prés, de V Aca-
démie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Cordoue.
— M. MoDESTO La Fuente, homme de lellres, à Madrid.
— M. Isidore Ghaussat, homme de lollres, à Barcelone.
1848. M. Martinez (Ant.), à Palma (lies Raféares).
— M. Medel (Raymond), à Palma (lies Baléares).
1840. M. Faces de Roma, inspecteur-général d'agriculture dans
la province de Girone.
i8r)l. -M. Vidal, prolesseiir d'histoire naturelle à Tlniversité
de Valence. ^
1852. M.Macdonald, président de V Académie Britamique . à
Londres.
— M. le comte de Mélaxo, secrétaire perpétuel de r.4crt-
démie Britannique, à Londres.
1853. M. REUMK(Aua'iisle de), capitaine d'artillerie en Relgique.
membre de YAcadémie Britannique.
— M. Blbio y Ors, professeur de littérature espagnole à
l'Université de Castille, à Valladolid.
— M. Fadeuille (de), membre de YAcadémie Britannique.
— M. Florencio Jaker v (Ihaim.s, hnmnif (!*> lettres, h
Madrid.
1853. M. J. Trljillo uel Pakraso, houiinc de lettres, à Madrid.
— M. Gens (Eugène), professeur d'histoire ù l'Alhénée Royal
d'Anvers.
— M. le vicomte de Kerckov-Varent, président de YAca-
déwie d'Archéologie de Belgique, grand'croix et com-
mandeur de plusieurs ordres.
-- M. le \icomle Eugène de Kerckov-Varent lils, charge
d'affaires de l'Empereur de Turquie près le Gouver-
nement Belge.
— .M. Alexandre Scoaepkem , peintre de paysages, profes-
seur de peinture, à Mai'Slrich.
— M. Léonard de Cuyper, statuaire, à Anvers.
— M. Nicolas Van-der-Hevden, généalogiste, à Anvers.
— M. Raphaël Atienza, marqués de Salvatierra, à Ronda.
— M.Thomas Aquilo. professeur universitaire, à Palma
(lies Baléares).
1859. M. Alex.vndre Schaepkens, direct, de l'École des Beaux-
Arts, chevalier de la Couronne de Chêne, à Macstrich.
1861. M. le doctenr Don Juan de Dios Montesimos y Neira.
à Cordoue (Espagne).
— M. Damaso Calvet, ingénieur, à Figuéres.
Membres résl«laM«iit dc«-éd«is depuis la publication
du dernier lïulieiin»
M. Amadis, professeur au Collège de Perpignan.
M. Batlle (Pierre), homme de lettres, à Perpignan, it'.^
M. Lloubes (Jean-Jacques), banquier, à Perpignan.
M. Méric (François), homme de lettres, à Perpignan.
M. Pagès-Roudiére, docteur-médecin, à Perpignan.
M. PicAS (Ilippolyte), avocat, à Perpignan.
M. Saléta, capitaine d'artillerie en retraite, ù Perpignan.
,M. Tastu-Jaireut, avocat, à Perpignan.
427
'Académie dos Sciences et Belles-
\isnr ) Leilres. ^c„;„r n
■*'*" j ;c>ainl-Ouciiiiii.
Sociotés corroMpondantp»
'.4f«rfemie ^/c.ç Sciences et Belles-
J Leilres.
[Comice Agricole. '
\lpes (Basses). . . Sociclé cenirale d' Agriculture et
d'acclimatation. Di!(iH>
(Société Scientifique et du Commerce.,
^"'"-' ISociélé d'Agriculture, Arts et Rel-Y^royes.
' ■ les- Lettres. )
; Société d'Agriculture. Carcassoniip
\Comice Agricole. Limoiix.
^"'''' ^Société des Arts et Sciences. Gartassonuf.
IComice Agricole de l'arrondisse-
\ ment de Aarbonne. Narbonnc.
Ariége Société Agricole et Littéraire. Foix
Avt'yrnn Société d'Agriculture. Hnrjp/
! Société d'Horticulture.
! Société de Statistique. i
Académie des Sciences. iMarseilIr.
Société de Pharmacie. i
Berne Horticole des Bouckes-du-^
\ Rhùne.
Société Vétérinaire du départemcut
du Calvados et de la Mandie. i
Société d'Aqricullure. Sciences elî^''^-''^'^
I Belles-Lettres. \
\Snciété d'Agriculture h ,ln l.,,,,,-
Calvadiis / merce.
.{rndemic des Sciencen . .Iris et'r.,,,,,
Ilelle.-Leltres. i^"^"
j Société Linnéenne de yormandie.
Société Académique, Agricole. In-
du.tlrielle et d Insirnrtion. Falaisp.
'■^•n'^' PrnpuijriT^-ur ignrole dti Ciiiffil \iirillar.
128
r.harenlf Société d Agriculture. Arts et Com-
mera Aii^oukMiii.
i Société (l'Afirinilluiy, des Sciences.
nharcnip-lntôr-e .( Arts et Belles-Lettres. Rocheforl
'Athénée de la Charente-Inférieure. La Rochelle
Cher Société Agricole du Cher. Bourges
.Académie impériale des Sciences \
\ el Arts. I
CAte-d'Or L . ..„ . , „ , , .Dijon
fSociete d HoHirullure et n Arbori-\
\ culture. .
Creuse Société des Sciences Xalurelles et
A rchéologiques . (iiiérel .
{Société d'Emulation. i
Doubs ] (Besançon.
[Société d'A()ricnlture. )
.Société de Stati.ifique, des :\rts et\
Hirtnif ] des Sciences. Walence.
Société d'Agriculture.
ture Société libre d'Agricu'Iure, Scien-
ces, Arts et Belles-Lettres. Kvreux.
! Académie des Sciences, cic. \
< .,T>\ , {^"'''^^ d'Agriculture. {^.^^^^
fComice Agriroh' de l' arrondisse-
\ ment de finies.
j Académie des Jeux-Floraux.
[Académie des Sciences et Belles-
\ Lettres.
^Société Archéologique du Midi.
Garonne ( Haute"). . (Société d'Agriculture. ,^Toulousp.
\jourmil d'Agriculture pratique eli
d'Économie rurale pour le Miili\
de la France, publié pur lcs\
Sociétés d'Agriculture de laj
Haute-Garonne et de l'Ariége. '
\Soriélé Anrirolf. )
(..•rs l ,, , (Auch.
[Renie Agricole et Horticole.
Academit Impériale dt» Science.»,
S Belles-Lettres et Artt
Société Linnéenne.
^ \Sodélé dHorticullure. ^Bordeaux
I Société d'Agriculture .
{Société de Médecine.
(Société Archéologique.
Société d'Agriculture. i
Le Messaqer Anricule du .Midi' ,, , ,..
riermm y (rédacteur). , Montpellier.
lAnnales de la Société d'Horticulture]
et de Botanique de l'Hérault.
[Société Archéologique. Béziers.
Indre Société d'Agriculture. Chàteauroux.
(Société Médicale. ^
!..),> ,1 !„;,.„ \Société d'Anriculture , Sciences Jr^
lndie-.t-Loire. . . ^^^,^^ ^^ Belles-Lettre. r"""''
[Société Archéologique de Touraine. j
.Société d'Agriculture. \
[Académie Delphinale. j
jgère.. . .■ jSociété de Statistique des Sciences' Qr(.in,[,ie
i naturelles. (
f Sud-Est. Journal agricole et hor-]
\ ticole (rédacteur). i
Jura Société d'Emulation. Lons-!e-Saulnier.
Landes. Société d'Agriculture. Mont-de-Marsan.
Loir-el-Cher ... Société d'Agriculture. Blois.
! Société d'Agriculture. Montljrison.
Société Impériale d' .Agriculture ,
Sciences, Arl» et Belles-Lettres
du département de la Loire. Saint-Etienut-.
Loire (Haute). . . . Société des Sciences et d' Agriculture Le Puy.
Loire (Inférieure). Académie de la Loire-Inférieure. Nantes.
iSociété d'A^^irieulture. ,
Loiret „ . ,, ...,,. , Orléans
ySoctete d horticulture s
430
Lot . ■ Société Affi'icole et Indu^trielU taliors.
Lot-et-Garonne. . Société d'Agriculture et Arts. Agen.
Lozère Société A qricole , Scientifiqiu et
Littéraire. Mende.
[Société d'Agriculture, Sciences et^
\ Arts. /
Maine-et-Loire . . L-.^. i,^d,^trielh. (•^"^^"■''
{Société Académique. '
Manche Société Académique Cherbourg.
'Académie Impériale. \
L, . . „ , . ,. jChàlons.
Marne 1 Société d Agniulture. ^
[Académie de Reims. Reims.
(Société des Sciences, Lettres et Arts.)
.Meurthe ■] (>ancv.
'Société centrale d'Agriculture. >
^Société d'Histoire Naturelle.
Moselle ] [iMeli!.
■Académie Impériale. '
jSociété d'Agriculture. Valenciennes.
I Société d'Agriculture , Sciences etj
Arts. fr^ „•
l Comice Agricole de f ArrondisseA
1 ment de Douai. )
hociété d'Émulation. Cambrai.
Nord VAcadémie Nationale Agricole, Ma- .
j nufacturiére, etc. i
ÎSociété des Sciences, de l'AgriculJ
I turc et des Arts. /Lille-
I Comice Agricole. \
\Comice Agricole de l'arrondisse-]
^ ment de Lille. >
.Société d'Agriculture. Compiègne.
Oise ISociélé Académique, Sciences et
' Arts du département de l'Oise. Beauvais.
i Académie des Sciences. i
Pas-de-Calais... Isocie/t- Centrale d'Agriculture duM'^^-
' Pns-de-Cnlais. ]
431
Pas-de-Calais...
Puv-de-Dùme
Rhin (Haut).
Société (les Science-> el Belles-
\ Lettrea.
jSociélé d' Atjric'iHtire de l'arron~\,
\ dissemciil de Boulogne. )
Boiilouno
Rhôue
Sarthe .
Seine .
. Académie d?s Sciences , Belles-
Lettres et Arts. Ciormont Fcrrand.
Société d'Agriculture. \
.}Société d'Histoire ?iaturelle. i
'société Industrielle de Mulhouse. .Mulhouse.
I Académie des Sciences.
[Société des Sciences PkijsiqtiesA
\ Xaturelles, d'Agriculture et d'In-1
, .' dustrie. >Lyon.
ISociété Impériale d'Agriculture et\
[ d' Horticulture pratique. ]
\ Société Littéraire.
. . Société d'Agriculture , Sciences ,
Commerce et Arts. Le Mans.
Académie Nationale, Agricole, Ma-
nufacturière cl Commerciale. !
Académie des Arts. i
Société Centrale d'Agriculture. I
Société pour l'Instruction élémen-
taire.
Société de Statistique universelle
m-iété d'Encouragement pour /'/«-
dustrie. \
Cercle Agricole.
Société de la Morale chrétienne.
lAnnules udminii^tratives et scienti
fiqucs d Agriculture française.
ICercle Historique.
\ Institut Impérial de France.
I Société Protectrice des Animaux.
i Tribune des Linguistes, Philosophie ■
du Langues.
(Paris
ia-2
^exnf
L Apiculltui , Journal des Cultiru-
teura (iAbcillts (rédacteur).
Moniteur des Comices et des Culti-
vateurs (rédacteur). ,
Cercle de la Presse scientifiquel
(rédacteur). I
La Bévue d'Economie rurale (ré-
dacteur).
Journal d'Agriculture pratique
] (rédacteur) 1
Annales du Ilihliophile. du Zi/W/o-^parjj
tliêcnire et de l Archiviste , pu-'
bliées pur Louis Lucour.
Revue des Sociétés Savantes des\
départements , publiée sous !es\
auspices du Ministre de l'instrur-\
tion publique.
Lu Ferme, Journal Agricole et
Horticole, des Comices Agricoles,
des Sociétés Savantes, des liédac-
teuri de Journaux, des Pasteurs
et des Instituteurs (rédacteur M.!
Defranoux).
Seine-Inférieure.
jSociété des Sciences, Arts et Bel- ,
les-Lettres.
[Société d Horticulture.
}Société libre d'Émulation et dei^^^^'^^^
Commerce. \
ISociété Centrale d'Agriculture.
] Société Hdvraise d'Etudes diverses.)
I Cercle pratique d'Horticulture c/lLe Havre.
de Botanique. j
Seine-et-Marne . . Société d' Agriculture et Sciences
Morales. Welun.
Seine-et-Oisc .
ilnstitut National Agronomique. ^
■'Société des Scieuces Murales, (/es, Versailles.
( Lettres et Arts. *
i33
, Société d'A(iricultur(' et <lii C.um- ^
Îmerce . i
Société (k Statistique. ; Niort,
Maître Jacijitps, Journal jHipulairc]
(l'Ai/rirulluri', publié à A'iort.
I Société des Antiquaires de Picardie
[Société d'Agriculture. i
^Société d'Horticulture. '
Soniitip < ,, . , „, ,..,.,. Miniens.
iMemoires de l Académie des Scjen-i
I ces, Helles-Lettres, Arts, Arjri-\
f culture et Commerce du dpparte-
■ ment de la Somme.
Tfirn Société Lilléniire et Sêicnlifi'jue. Caslics.
Société des Sciences.
[Société d' Agriculture et du ('.om-j
V.,,. ) '««'■''«• ' Toulmi.
^Comice Agricole de l'arrondisse-[
ment de Tou'on.
l
Société Scient ificjue et A rchcologiqur. Dratriiiiinan.
Vnucliisc Société d'.iijrirulture rt d'Horlirul-
ture. Avisnori.
Vienne.
i^Société d'Agriculture.
'Société .Acndémique de Poitiers.
n'oitiers.
I Société d'Agriculture, des Sciences \
Vienne (Haute). . . | <"' •'I''*' [Limoi^es.
'L'Agriculteur du tlenlre ;
VoSi-'es Société d'Emulation. Kpinal.
^Société Archéologique. Sens.
\„nne 'Société des Sciences Historiques et
j Naturelles du département de
l'Yonne. Aiimtic.
Alt'i'Tii' Uulletin de la Société d'Agriculture
d'Alger. Aliter.
2N
\u
SoclétéH Étrangères.
Aii!>lt'tt'iii' Académie Britannique. Londres.
I Société Arihéologique de Bru.ri'lles. Bruxelles.
l^ftlS'"?!"' ^Société de l'Union des artistes
[ Liégeois. Liège.
.El Propagador de la Libertad Barcelone.
Espagne 5 „ • , ., .
'La Grajija (ncvista). rij^nres.
Hollande Académie Royale des Sciences \mslc'nliiin
Portugal 0 Airhiri) Mural. Jorual de Agri-
cuhitrn, Arles e Sciencias. Lisbonne.
Suisse Société Vaudoise des Sci.''mes na-
turelles. Lausdiine
Bussie Société Impériale d'AgrInilhi'r Vosr^u
Fém
TAi!Li<: Diis »i\'HÈiu:s.
RébUjm'! (les travaux de la Société, depuis le niois d'octobre 1859
jusqu'au 31 décembre IS62, nar M. Fabre, secrétaire b
t'encours régional de Perpignan et expositions annexées, en i^ti'â. .'{1
La prime d'honneur des l\\Téuées-Orientales, par M. Henri Doniol,
secrétaire et rapporteur de la commission de visite -VA
Distribution des prix et médailles t>f>
Séance publique du 29 juillet 18G0 109
Séance publique du 28 juillet 1861 115
Rapport sur l'exposition florale et maraîchère du Concours régional de
Perpignan, par M. l'abbé Delhoste, secrétaire de la commission. 120
Une procession au quinzième siècle, par M. l'abbé E>elhoste 12!"")
Kin du supplément aux Éphémérides de riiôpital Saint-Jean et de
l'Hospice de la Miséricorde de Perpignan, par M. Joseph Sirven. 129
Les ruines de Cabrenç, par M. Piatheau, capitaine, chef du Génie,
à Amélie-lcs-Bains 1 5<i
Note sur un phénonième d'optique observé au sommet du Canigou,
(lar le même n-)
Votice géologique sur les Albères, par M. A. F. Noguès, professeuj-
de sciences physiques et naturelles à i.you , . i7f,
^ironique perpignanaise, par M Joseph Sirven 201
Monographie de certains sceaux autrefois en usage dans les comtés
de Uoussillon et de Cerdagne, par M. K. do Foucliicr . 20f<
Notice sur l'Isthme de Suez, par M. A Cuiler 293
exploration en Tunisie, par M. A. Guiter 298
43(>
Biographies roussillonnaises, iiar M. Tabbé J. Tolra de Bordas
I. Mf,-'- François Ximi-nez, fivèqiie d'FJno (1i')0~l il5). .
II. Mfc-r Michel Pontich, Évêque de Géroiic (1032—1699) .
III. Le R. P. Méliton de Perpii;nan, Capiuiii (iOSO— 1755)
303
303
333
355
Vigarosy, par M. Joseph Sirven 371
Analyse cliimique de la stéatite de Mosset, par M. Léon Ferrer. . . 373
Vers adressés à Mgr Gerbet , lors de sa visite au Collège de Perpignan
poiiry administrcrle sacrement de la confirmation, par M. L. Fahre. 37.")
La Charité, jiar M. Joseph Sirven 377
Les Grues d'Ibicns, par M. L. Fabre 379
Éloge du Maréchal de Mailly, par M. J. Mercadier 384
Les métamorphoses d'une graine, par M. J. Mercadier lOtJ
Le Gascon et le Banquier, par M. J. Mercadier . 413
Liste des Membres composant la Société .il 5
Liste des Sociétés correspondantes i27
FIN DE LA TABLE.
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PL..3.
FKi^IIEEE PARTIE.
SCEAUX BU CLEffi.GÉ,
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9.
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PL. +.
BErXIElUE PARTIE.
CEUX DES LAÏ9IES.
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ii)Eil"sii:me partie.
SCEM^X MES EMflliEES.
IitkJiisfin Sâiçraes. Marche Netu.Feijuc^nB.
t'd '' os Fonrhiev itl.
Lidi. Juifiu Saipiss. Mirde Neuf , PBi:,r
ps^nuui.
PL. 6.
DEUXIÈME P.IRTIE . S CE AITX DES LMOUE S .
Ed. de Fûucluer àel.
LiÛi. Jusfin 3aicpi>i5. Mai'ihé Neuf . Perju^ui
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43
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PROFIL OEÎSERAL
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