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BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ NATIONALE
D'ACCLIMATATION
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'mprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris
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BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ NATIONALE
D'ACCLIMATATION
Fondée le 10 février 1854
RECONNUE ÉTABLISSEMENT D UTILITÉ PUBLIQUE
PAR DÉCRET DU 26 FÉVRIER 1855
3« SÉRIE — TOIVI
[E X
'NÉE
SOGJ
LILLE,
1883
TRENTIÈME AN
AU
PARIS
SIÈGE DE LA
HÔTEL LAURAGUAIS, RUE DE
ÉTÉ
19
1883
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SOCIETE NATIONALE
D'AGCLIMATATION
I>E FFIAIXOE
■ ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1883
Conseil. — Délégués. — ilniiimissinns. — Bureaux des Seclions.
CONSEIL D'ADMINISTRATIOiN POUR 1888
BUFtEA.TJ
Président.
MM. H. BOULEY (C. ^), Membre de l'Instilut (Académie des sciences)
et de l'Académie de médecine, professeur au Muséum d'his-
toire naturelle, inspecteur général des Écoles vétérinaires.
Vice-présidents.
MM. Ernest COSSON(0. ^), membre de rinstitut(Académie des sciences),
ancien conseiller général, membre du conseil d'administration
de la Société botanique de France.
Le comte d'ÉPRÉMESNlL (^), propriétaire.
De QUATREKAGES (C. *), membre de l'Institut (Académie des
sciences), professeur au Muséum d'histoire naturelle.
Le marquis de SINÉTY, propriétaire.
Secrétaire général.
M. Albert GEOFFROY SAL\T-HILAIRE (^), directeur du Jardin
zoologique d'Acclimatation du Bois de Boulogne.
Secrétaires.
MM. E. DUPIN (^), Secrétaire pour l'intérieur, ancien inspecteur des
chemins de fer.
ç;^ Maurice GIRARD, Secrétaire du Conseil, docteur es sciences,
g C. RAVERET-WATTEL {Q A.), Secrétaire des séances, sous-chef
de bureau au ministère de la guerre.
<^ P.-L.-II. FLURY-HÉRARD (^), Secrétaire pour l'étranger, banquier
""" du corps dipiomaliqne.
Ou
VI SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATA.TION,
Trésorier.
M. Saint-Yves MÉNARD, sous-direcleur du Jardin zoologique d'Accli
matation du Bois de Boulogne, professeur à l'École centrale
es arts et manufactures.
ïîSftjj Archiviste-bibliothécaire.
M. Amédée BERTHOULE, avocat, docteur en droit.
IVIEINIBFIES OU OONSEIL.
MM. Camille DARESTE, docteur es sciences et en médecine, directeur
du laboratoire de tératologie à l'École pratique des hautes
études.
Aimé DUFORT (^ A.), directeur des domaines.
Alfr. GRANDIDIER (^), voyageur naturaliste.
Henri LABARRAQUE (^), docteur en médecine, propriétaire.
Alph. LA VALLÉE (0.^), membre de la Société nationale d'agri-
culture'de France, président de la Société nationale et cen-
trale d'horticulture de France.
Edouard MÈNE (^), docteur en médecine, médecin de la maison
de santé de Saint- Jean-de-Itieu.
A. MILNE EDWARDS (^), membre de l'Institut (Académie des
sciences, professeur au Muséum d'histoire naturelle.
P. -A. PICHOT, directeur de la Revue britannique.
Edgar ROGER, conseiller référendaire à la Cour des comptes.
Le marquis de SELVE (^), propriétaire.
Léon VAILLANT (^), professeur au Muséum d'histoire naturelle.
Henry de VILMORIN (^), ancien membre du tribunal de commerce
de la Seine.
Vice-présidents honoraires.
MM. le prince Marc de BEAUVAU (0. ^), propriétaire, ancien con-
seiller général.
RICHARD (du Cantal), ancien représentant du peuple, propriétaire.
Membres honoraires du Conseil.
MM. Fréd. JACQUEMART (^), manufacturier, membre de la Société
nationale d'agriculture de France.
De RUFZ de LAVISON (0. ^), membre de l'Académie de méde-
cine.
Agent général.
M. Jules GRISARD {U A.), gérant des publications de la Société.
ORGANISATION.
Y|[
OËLËGUËS DU CONSEIL EN FRANCE
Boîilogne-s.-M ,MM.Carnier-Adam.
Douai, L. Maurice.
Le Havre, Henri Dela-
ROCHE.
La Roche-sur- Yon, MM. I). Golrdix.
Poitiers, Malapert père
Saint-Quentin, Theillier-Ues-
JARD1NS.
DELEGUES DU CONSEIL A L'ÉTRANGER
Cernay{khm),mi. A. Zurcher.
Mexico, Ghassin.
Milan, Gh. Brot.
New-Orleans, Ed. Sillan.
Odessa, P. de BouRakoff.
Pesth (Hongrie), Ladislas DE Wagner.
Québec, MM. Henry Joly de ïiOT-
BIN1ÈRE.
Rio-Janeiro, De Gapanë.ma
Téhéran, Tholozan.
Wesserling, Gros-Hartmann.
COMMISSION DE PUBLICATION
MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit.
D' E. GossoN, Vice-Président.
E. DuPiN, Secrétaire pour l'intérieur.
Maurice Girard, Secrétaire du Conseil.
Raveret-Wattel, Secrétaire des séances.
Flury-Hérard, Secrétaire pour l'étranger.
Saint-Yves Ménard, Trésorier.
olctur^Ed' MÈNE, I ^''''^'''' ^^ ^^"^^^^•
COMMISSION DES CHEPTELS
MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit.
Membres pris dans le Conseil.
MM. Amedée Berthoule.
Maurice Girard.
Saint-Yves Ménard.
Docteur Ed. Mène,
H. de Vilmorin.
Membres pris dans la Société.
MM. De Barrau de Muratel
Xav. Dybowski.
Jules Fallou.
Jules Gautier.
Paillieux.
COMMISSION DES FINANCES
MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit.
MM. Amédée Berthoule.
Aimé DuFORT.
MM. Eug. DupiN.
Saint-Yves Ménard.
VIII
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
COMMISSION MÉDICALE
MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit.
MM. E. Hardy.
H. Labarraque.
Marais.
MM. Edouard 3IÈNE.
Saint-Yves Ménard.
Léon Vaillant.
COMMISSION PERMANENTE DES RÉCOMPENSES
MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit.
Délégués du Conseil.
MM. H. Labarraque.
Amédée Berthoule
MM. Raveret-Wattel.
Marquis de Sinéty
Délégués des sections.
Première section. — Mammifères. — MM
Deuxième section. — Oiseaux. —
Troisième section. — Poissons, etc. —
Quatrième section. — Ins'xtes. —
Cinquième section. — Végétaux. —
Saint- Yves Ménard.
C. Millet.
Amédée Berthoule.
Jules Fallou.
Docteur E. Mène.
BUREAUX DES SECTIONS
1'^ Section. — Maniniirèrcs.
MM. Geoffroy St-Hilaire, d. du Cons.
E. Becroix, président.
Saint- Yves Ménard, vice-président.
Gautier, secrétaire.
Xav. Dybowski, vice-secrétaire.
Z^ Section. — Oiseaux.
MM. Edgar Roger, dél. du Conseil.
C. Millet, président.
Baron d'Avène, vice-président.
Sturne, secrétaire.
Vicomte d'Esteri)o, vice- secrétaire.
5*^ Section.
3'^ Section. — Poissons, ete»
MM. L. Vaillant, délégué du Conseil
et président.
DeBarrau de Muratel ,vice-président.
Banmeyer, secrétaire.
L. Vidal, vice-secrétaire.
4* Section. — Insectes.
MM. Maurice Girard,delégué du Con-
seil et président.
Jules Fallou, vice-président.
A.-L. Clément, secrétaire.
Xav. Dybowski, vice-secrétaire.
- végétaux.
MM. Alph. LdivaWée, délégué du Conseil
Henri de Vilmorin, président.
Paillieux, vice-président.
Jules Grisard, secrétaire.
Jean Dybowski, vice-secrétaire.
YINGT-HUITIÊfflE LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES
Admissions Jii 19 mai 1882 au 25 mai 1883.
ACLOQUE (André), 53, rue de Lisbonne, à Paris.
Allard (Jules), 60, rue de Londres, à Paris.
Armet de LiSLE, industriel, à Nogent-sur-Marne (Seine).
Aron (Henri), U, rue de Grammont, à Paris.
Aron (Jules), 90, rue Lafayette, à Paris.
Aronssohn (Léon), propriétaire, à Lagny-le-Sec (Oise).
Babault de Lépine, à Douvy, près Brézé (Maine-et-Loire).
Baillet (V.), 40, rue de Laborde, à Paris.
Bailly (Louis-Joseph), chef de bataillon en retraite, 14, rue Charles Laf-
fitle, à Neuilly (Seine).
Banmeyer, 17, rue de Chateaudun, à Paris.
Baré (docteur E.), à Nort (Loire-Inférieure).
Barratt (le B. A. A.), Glenwood Thames Ditton, Surrey (Grande-Bre-
tagne).
Bass (W.-J.-M. de), notaire, à la Haye (Pays-Bas).
Beauciiaine (Gustave), à Châlellerault (Vienne).
Bellecombe (André de), homme de lettres, 43, rue Jacques Dulud, à
Neuilly (Seine).
Benoit (^Constant), avoué, 4, avenue de l'Opéra, à Paris.
Bernard (Henri), industriel, à Ambert (Puy-de-Dôme).
Bertheol, 7, rue de Poitou, à Paris.
Bertoni, rédacteur de la Revue scientifique suisse, à Loltigna, Tessin
(Suisse).
Binet, 40, rue de Prony, à Paris.
Blancherais (H. de la), conseiller municipal, à Cannes (Alpes-Maritimes).
Blignières (de), homme de lettres, 38, r. de Longchamps, à Neuilly (Seine).
Blocmann (Henri), chirurgien-dentiste, 18, rue des Pyramides, à Paris.
Blot (Alexandre), tiâ, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine).
BoTTEY (Louis), propriétaire, à Charroux (Vienne).
Boursier (Charles), aviculteur, à Houdan (Seine-et-Oise).
BoYER-ViDAL (J.-B.-A.), à Besse (Puy-de-Dôme).
BOYRON (docteur Georges), à Chatelus-Malvaleix (Creuse).
Bravard (J. -Alfred), maire de Grandrif (Puy-de-Dôme).
Broissia (comte de), au château de Neublanc, par Chaussin (Jura).
Brosse (Gustave de la), maire de Messeix (Puy-de-Dôme).
Brousset (Pierre), négociant, à Cette (Hérault).
X SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Brun (F.-Eug.), médecin vétérinaire, 9, rue Casimir Périer, à Paris.
BUHLER (A.-J.), 30, rue Vignon, à Paris.
Cantrelle, propriétaire, 10, rue de la Préfecture, à Beauvais (Oise).
Causans (Paul de), au château de Relibert, par Évaux (Creuse).
Choppin (Louis), 2, rue Mogador prolongée, à Paris.
Clerc (Hugues), inspecteur primaire de la Seine, 39, rue Saint-Ferdi-
nand, Paris.
COLLiN (A. -F.), juge de paix, à Lussac-les- Châteaux (Vienne).
CoLLiNET (Edmond), 53, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
Courteille (F.-A.), 37, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine).
Dalaut (François), 43, avenue de la Grande-Armée, à Paris.
Daux (l'abbé Emmanuel), 47, faubourg Sapiac, à Montauban (Tarn-et
Garonne).
Danne (comte Léon de), 37, rue des Arènes, à Angers (Maine-et-Loire)-
Delaquys (E.), 4, rue Favart, à Paris.
Deltour (Paul-Félix), 8, rue Labordère, à Neuilly (Seine).
Dequeker (Emile), propriétaire, à Bergues (Nord).
Uesmatte (A.), professeur des sciences naturelles au lycée Charlemagne,
13, boulevard Saint-Germain, à Paris.
Desprez (Auguste), 265, rue Saint-Honoré, à Paris.
Douladoure (J.-L.), directeur générai de la Société la Garantie fédé-
rale, 38, rue des Bourdonnais, à Paris.
DuBERT (Martial), commissaire-priseur, 20, rue de Grammont, à Paris.
DUBUISSON (Eugène), 17, rue de Presbourg, à Paris.
DuFOURG (André), au château des Moules, par Villenenve-de-Marsan
(Landes).
DuFRESNE (Ernest), greffier de la justice de paix, 25, rue Jacques Dulud,
à Neuilly (Seine).
DuJARDiN (F.), 19, rue du Marché, à Neuilly (Seine).
Dl'NAC-Pol, propriétaire, à Tarascon (Ariège).
DuVAL, horticulteur, 64, rue du Plessis, à Versailles (Seine-et-Oise).
Du VAL (Gh.), au Parc, commune du Hézo, par Theix (Morbihan).
Elmore (Georges), au château de la Remonte, au Petit-Courgain, près
Saint-Pierre-lez-Calais (Pas-de-Calais).
Favre (Philippe), 59, avenue du Houle, à Neuilly (Seine).
Feuilloy (Gédéon), à Sénarpont, par Oisemont (Somme).
Forest (Jules), 15, rue Marsollier, à Paris,
Forestier de Coubert (comte F. -Henri de), au château de laBoisnière,
Châteaurenault (Indre-et-Loire).
FoKGEOT (E.), marchand grainier, 8, quai de la Mégisserie, à Paris. ■
LISTE SUPPLEMENTAIRE. XI
FOURNIER (E.), apiculteur, à Issoire (Puy-de-Dôme).
Fuzier-Hermann (Louis), à la Houssière, par Ligueil (Indre-et-Loire).
Ganivet (A.), juge de paix, à Douvres-h-Délivrande (Calvados).
Gaspard (Félix), notaire, à' Saint-Jean de Bournay (Isère).
GÉLiOT (Adrien), propriétaire, à Plainfaing (Vosges).
Gennadius, directeur du Jardin dendrologique de l'Etat, à Athènes
(Grèce).
Gérard (Albert), 8, rue Drouot, à Paris.
GouDCHAUX (Edmond), banquier, 52, boulevard Maillot, à Neuilly (Seine).
GuiLLET (Lucien), négociant, 9, rue Laftitte, à Paris.
Hameau, médecin-inspecteur, à Arcachon (Gironde).
Hernoux (Eugène), négociant, 211, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
Heughebaert, avocat, à Pecq-lez-Tournai (Belgique).
HiRSCH (Isidore), négociant, 59, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine).
Hiver (A..), à Crouy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne). ..,
HuiMIères (F. d'), au château de Couros, par Aurillac (Cantal).
JOLY(Ch.), ancien notaire, à Marlins-Engilbert (Nièvre).
Kerambrun (Denis), notaire, à Belle-Isle-en-Terre (Côtes-du-Nord).
Kern (Edouard), banquier, 7, rue Scribe, à Paris.
Labouret, 28, boulevard Haussmann, à Paris.
Lamy (David), avoué, 6, boulevard de Strasbourg, à Paris.
Laniol (Jean), à Murât (Cantal).
Lataste (Fernand), 7, avenue des Gobelins, à Paris.
Lecaille (Jules), à Avranches (Manche).
Lecomte (Henri), 8, boulevard Saint-Denis, à Paris.
Lecoq (Joseph), au château du Hilgny-Plogastel-Saint-Germain (Finistère).
Lecoq (Louis-Ch.), fabricant d'horlogerie, 51, rue Turbigo, à Paris.
Lecoq (Th. -Auguste), 11, rue Perronnet, à Neuilly (Seine).
Legrand (le docteur Jacques), 136, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine)»
Lefèvre, (Ch. -Ernest), banquier, 15, rue Cuvier, au Cateau (Nord).
Lefèvre (Joseph), 53, avenue de Neuilly, â Neuilly (Seine).
Lelubez (Grégoire), constructeur, 59, rue Condorcet, à Paris.
Lenglé (Paul), ancien député, 29, rue Jacques Dulud, Neuilly (Seine).
Le Pargneux (Albert), propriétaire, au château de Beauregard, près
Caen (Calvados).
Lessieux (Henri), manufacturier, à Bethel (Ardennes).
Letourneur (Bené-A.), 22, rue de l'Église, à Neuilly (Seine).
Leudet (Léon), i, rue Ménars, à Paris.
Lezaud, premier président honoraire de la Cour d'appel, à Limoges
(Haute-Vienne).
XII SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
LiGNEY (Edouard), 46, boulevard Magenta, à Paris.
La Ligue du reboisement de l'Algérie, à Alger (Algérie).
LoLiGOis (Antoine), 53, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
LouRADOUR-PoNTEiL (Félix), à la Jugière, commune de Saint-Leomer,
canton de la Trimouille (Vienne).
LouvENCOURT (.Iules de), négociant, U6, faubourg Saint-Denis, à Paris.
Lugand (Marie-Joseph), 3, rue Montrosier, à Neuilly (Seine).
Lugrin (François), pisciculteur, 4-6, rue du Ithône, à Genève (Suisse).
LUTNANN (Lcopold), 78, rue Monge, à Paris.
Mahieux, Caissier à la Société de dépôts et comptes courants, 63, ave-
nue de Neuilly, Neuilly (Seine).
Maisonneuve (Charles), au Gaudinet, 34, chemin de la Tortière, à Nantes
(Loire-Inférieure).
Mallassagne (Pierre), 139, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
Maquaire (A.), négociant, 5, boulevard de Strasbourg, cà Paris.
Marly (Graux), au château des Roches, à Bièvres (Seine-et-Oise).
Marronnière (Gustave de la), au château de la Marronnière, par Aizenay
(Vendée).
Martin (Biaise), 11, rue de la Chaussée, à Nevers (Nièvre).
Massias (Gabriel), négociant, 13, rue Vivienne, à Paris.
Massurel (Paul), à Roubaix (Nord).
Mengin (Maurice), capitaine au 107^ de ligne, à Angoulême (Charente).
MÉRAT (Louis), propriétaire, à Vaudes (Aube).
MÉTRA (Claude), 22, boulevard d'Inkermann, à Neuilly (Seine).
Mollinger (Godefroij, à Godesberg, près Bonn (Allemagne).
Mousset (Pierre), 127, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
Nouvel (Georges), au château de la Ronce, commune de Fontaine-sous-
Jouy (Eure).
Ogier d'Ivry (comte), 48, rue Raynouard, à Paris.
Ornano (le comte Ludovic d'), au château de la Branchoire, par Joué-
lez-Tours (Indre-et-Loire).
Parra-Bolivar (le docteur), consul des États-Unis de Venezuela, au
Havre (Seine-Inférieure).
I'auliau (Louis-André), 9, rue Labordère, à Neuilly (Seine).
Pehacca (le comte Mario Hyacinto), via délia Rocca, à Turin (Italie).
Perrot (J.), avenue de Déols, à Châteauroux (Indre).
Pi.MONT (G. -P. -Laurent), à Vilainville, par Criquetot-d'Esneval (Seine-
Inférieure).
PiNAUD, négociant, 14, rue Magenta, à Asnières (Seine).
PoLACK (.Iules), 189, av.nuc de Neuilly, à Neuilly (Seine).
LISTE SUPPLEMENTAIRE. XIII
Porte (Etienne), direcleur des courses d'Enghien, 23, chaussée d'Antin,
à Paris.
Pugh-Desroches, château de la Bouillie, près Versailles (Seine-et-Oise).
lUuLT (Jules), 1 i, rue Demours, à Paris.
Kavenez (Louis), 91, boulevard Gouvion-Saint-Cyr, à Paris.
Regny (Georges de), à Orgeval (Seine-el-Oise).
Revillon (le D'' Eug.), 9, boulevard Richard-Wallace, à Neuilly (Seine).
RiCHET, professeur à la Faculté de médecine, 15, rue de l'Université,
à Paris.
Rihouel (Amédée), conseiller référendaire à la Cour des comptes, 55,
ruj Jouffroy, à Paris.
Rivière (.1.-15.), 95, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
RivoiRON (Emile), pisciculteur, à Servayette, commune de Miribel-les-
Echelles (Isère).
Robert (le docteur H.), à Ligny (Nord).
Rocher, 66, rue Caumartin, à Paris.
RoGERON (Gabriel), au château de l'Arceau, près Angers (Maine-et-Loire).
Romain (L. Paul), 11, avenue de Madrid, à Neuilly (Seine).
ROULINAT (Charle>), 49, rue Charles Laflîtle, à Neuilly (Seine).
Roulland (Claude), à Geste (Maine-et-Loire)*
ROUSSET (Henri), fabricant d'horlogerie, 51, rue Turbigo, à Paris.
HoussEN (Léon de), 14, boulevard de Clichy, à Paris.
RouviÈRE, ingénieur civil, à Mazamet (Tarn).
Saffers (Emile), juge au tribunal de 1"= instance de la Seine, 9, rue
Laffilte, à Paris.
Saint-Georges (vicomte de), au château de Fragne, par Montluçon (Allier),
et rue Casimir Périer, 19, à Paris.
Saint-Meleuc fils (A. de), au château de la Haute-Forêt, à Bréal-sous-
Montfort (lUe-et- Vilaine).
Sanglebceuf, à Chissay, par Montrichard (Loir-et-Cher).
ScELLiER (de), 17, rue Parmentier, à Asnières (Seine).
Sharland (Henry), propriétaire, à La Fontaine Saint-Cyr, près Sours
(Eure-et-Loir).
SiREDEY (le docteur), 66, rue Charles Laffilte, à Neuilly (Seine).
SOLLER (Charles), explorateur, 1, rue Nouvelle, à Paris.
Tainturier (Henri), boulevard de la Courterie, à Bar-sur-Aube (Aube).
Tardieu (le docteur), à Arles (Bouches-du-Rhône).
Tartenson (le docteur A.), 10, rue de Châteaudun, à Paris.
Thomas (Alcide), à Mèze (Hérault).
Trasbot (Léopold), professeur de clinique à l'Ecole vétérinaire d'Alfort
(Seine).
XIV SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
VanOgten, directeur du jardin zoologique de la Haye (Pays-Bas).
ViANELLi (Albert), artiste peintre, 84, avenue des Champs-Elysées, à Paris.
ViÉviLLE (Etienne), batteur d'or, président de la chambre syndicale,
209, rue Saint-Maur, à Paris.
ViGNAUX (Alphonse), propriétaire, à Saint-Sauvy, par Gimont (Gers).
ViGOUR (Jules), notaire, à Saint-Servan (lUe-et-Vilaine).
ViGUiER (Paul), ancien président du Conseil général de Constantine, 17,
quai Voltaire, à Paris.
Vjncendon-Dumoulin, vice-président de la Société d'agriculture de Saint-
Marcellin (Isère).
ViOT (A.), ancien notaire, 62, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine).
Walker (Georges), consul général des États-Unis d'Amérique, 3, rue
Scribe, à Paris.
Weytland, clerc de notaire, à la Haye (Pays-Bas).
YzAC (Louis), 83, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
Zammann (Félix), au château de Vasseyes, par Hannut (Belgique).
Zenk, à Wurzbourg (Bavière).
VINGT-SIXIÈME SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE
DE DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES
DE LA
SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE
PROGÈS-YERBAL
La Société nationale d'Acclimatation de France a tenu sa
vingt-sixième séance publique annuelle de distribution des
récompenses, le vendredi 25 mai 1883, dans la salle du
théâtre du Vaudeville, sous la présidence de M. H. Bouley,
membre de l'Institut, président de la Société.
Sur l'estrade avaient pris place MM. les membres du Conseil,
les membres du bureau des diverses Sections, les membres
de la Commission des récompenses, et un grand nombre de
notabilités françaises et étrangères.
Une très nombreuse et très brillante assemblée occupait la
salle.
L'orchestre du Jardin d'Acclimatation, dirigé parM.Mayeur
(de l'Opéra), prêtait son concours à cette solennité.
La séance a été ouverte par M. Bouley qui s'est exprimé en-
ces termes:
Mesdames et Messieurs,
« La Société d'Acclimatation tient aujourd'hui sa vingt-
sixième séance annuelle, mais ce chiffre ne donne pas la mesure
de son âge réel. Il y aura bientôt trente ans que M. Isidore
Geofîroy-Saint-Hilaire a eu l'heureuse idée de l'instituer, et si
la mort ne lui a pas permis de présider longtemps à son œuvre,
il a trouvé dans son fils, notre affectionné secrétaire général,
le continuateur de sa pensée. M. Alb. Geofïroy-Saint-Hiiaire
s'est consacré tout entier à la Société d'Acclimatation et il s'est
fait un pieux devoir de son succès.
XVI SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
» A-t-elle satisfait aux intentions de son illustre fondateur?
Pour répondre à cette question, elle n'a qu'à présenter les
29 volumes de ses Bulletins, pleins de mémoires scientifiques,
de faits d'observation, de résultats d'expérience sur une foule
de questions relatives à la biologie, c'est-à-dire embrassant
tout à la fois le règne animal et le règne végétal dans toutes
les parties du monde.
)) Je crois qu'au point de vue du nombre et de l'importance
de ses travaux, la Société d'Acclimatation occupe un rang élevé
parmi les sociétés qui ont pour objet la science et ses applica-
tions à la pratique.
» Ce qui la caractérise, c'est qu'elle est toujours ouverte à
toutes les bonnes volontés, à toutes les bonnes intentions, à
toutes les activités qui se proposent de contribuer aux pro-
grès de la science.
» De là son rajeunissement perpétuel. Ceux qui ont vieilli et
n'ont plus leur fécondité d'autrefois, ne ferment pas la porte
aux jeunes. Tout le monde a la liberté d'apporter ce qu'il peut
de concours.
» Les uns, leur subvention pour aider au mouvement parce
grand et indispensable ressort que l'argent constitue; les
autres, avec leur subvention, leur collaboration active, pour
l'éclaircissement et la solution de toutes les questions scien-
: tifiques et pratiques que comporte l'étude de l'acclimatation
dans ses rapports avec les deux règnes de la nature.
)^ Pour de tels résultats, on ne saurait avoir trop de res-
sources.
» Considérez, en effet, combien le programme de la Société
est étendu et vise un but élevé :
» Rechercher les espèces animales et végétales nouvelles dont
on pourrait faire bénéficier notre pays; les étudier pour con-
naître le climat auquel elles s'adaptent le mieux; les mettre
dans les conditions les plus convenables pour leur développe-
ment, leur reproduction, leur naturalisation.
» Puis cette première partie du problème résolu, les ré-
pandre en ayant soin de bien choisir les régions de la France
qui leur conviennent le mieux par leurs rapports de simili-
PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. XVII
tude avec les régions dont les espèces qu'il s'agit d'acclimater
sont originaires.
» Grave problème et difficile, pour la solution duquel tous
les concours sont nécessaires. Les plus humbles peuvent y
contribuer aussi bien que les plus illustres; si nous avons
besoin de la science du savant, le modeste campagnard peut
nous être aussi grandement utile par son esprit d'observation
appliqué aux choses de la nature, dans le cercle où nous pou-
vons le convier à faire des essais soit de semis, soit d'éle-
vage.
» Ce serait donner à cette allocution plus de longueur que
ne le comporte le temps dont je dispose, que de rappeler, même
par une simple énumération, la longue série des espèces ani-
males ou végétales de provenance exotique dont l'Europe a
bénéficié. Pour donner une idée des grands services que peut
rendre l'acclimatation d'une espèce exotique, je me conten-
terai de citer ici l'introduction récente de V Eucalyptus, cet
arbre merveilleux par l'activité de sa végétation. On peut dire
que c'est un arbre sanitaire par excellence, car la puissance
de sa faculté d'absorption est si grande, qu'il aspire, dans les
terrains humides, l'excès des liquides qui les imprègnent, et
les répand dans l'atmosphère par la vaporisation de ses feuilles;
on peut dire qu'il constitue une sorte d'appareil de drainage
par en haut et que, grâce à la perfection de son fonctionne-
ment, il peut rendre habitables pour l'homme les localités
réputées les plus fécondes en fièvres pernicieuses. Si un jour
la campagne romaine est délivrée de sa terrible malaria, c'est
«à l'assainissement dont VEucalypliis aura été l'instrument,
qu'elle le devra en grande partie. Quelques résultats déjà ob-
tenus autorisent cette espérance.
» Voilà une belle conquête de l'acclimatation et qui doit
être un encouragement à poursuivre des recherches pour en
faire de semblables.
« Mais les éventails que je vois s'agiter devant moi me pré-
viennent que déjà l'atmosphère de cette salle est bien chaude.
Je m'arrête pour ne pas trop prolonger la durée de cette
séance et je donne la parole à mon jeune confrère de l'ensei-
3° SKRIE, T. X. — Séance publique aniuielle. b
XVIII SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
gnement vétérinaire, M. Raoul Baron, professeur de zootech-
nie à l'école d'Alfort. »
Après cette allocution vivement applaudie par l'assemblée,
M. Raoul Baron a fait une conlérence fort intéressante sur
« La distribution géoi/rapliique des animaujc dans ses rap-
ports avec V acclimatation. »
Enfin M. le Secrétaire général a présenté le rapport au nom
de la Commission des récompenses.
11 a été décerné cette année :
I Une médaille d'or offerte par le Ministère de l'agricul-
ture.
2° Une grande médaille d'or de 500 francs (hors classe) à
l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-llilaire.
8° Huit grandes médailles d'argent (hors classe) également
à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.
A" Deux prix extraordinaires d'une valeur totale de mille
francs.
5° Une prime de deux cents francs.
6° Trente neuf médailles d'argent.
7" Dix médailles de bronze.
8° Sept mentions honorables.
9° Quatre récompenses pécuniaires d'une valeur de cinq
cents francs.
iO' Les deux primes de 200 et de 100 francs fondées par
feu Agron de Germigny.
II " Deux primes de 300 francs, deux de 100 francs, deux
de 50 francs et deux de 25 francs offertes par l'administration
du Jardin d'Acclimatation.
Le Secrétaire des séances,
C. Rayeret-Wattel.
PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE A DÉCERNER
GÉNÉRALITÉS
1" — 188*î. — Prix de 1000 fVaiics fondé
pai* m. BEREIVD, iiieinltre de la Société.
Un prix de 1000 francs sera décerné à l'auteur du meilleur tra-
vail faisant connaître, au point de vue historique et pratique, les
travaux relatifs à l'acclimatation et les résultats obtenus depuis 1854.
Concours ouvert jusqu'au l*^'' déceinbro 1885. — Prix : aooo francs.
2" — 1S63. — Prix pour les travaux théoriques relatifs à
l'acclimatation.
§ I. Les travaux théoriques sur des questions relatives à l'accli-
matation, publiés pendant les cinq années qui précèdent, pourront
être récompensés, chaque année, par des prix spéciaux de 500 francs
au moins.
La Société voudrait voir étudier particulièrement les causes qui
peuvent s'opposer à l'acclimatation, et les moyens qui peuvent servir
à prévenir ou à combattre leurs effets.
§11. Il pourra, en outre, être accordé dans chaque section des
primes ou des médailles aux auteurs de travaux relatifs aux ques-
tions dont s'occupe la Société.
Ces travaux devront être de nature à servir de guide dans les ap-
plications pratiques ou propres à les vulgariser.
Les ouvrages (imprimés ou manuscrits) devront être remis à la Société
avant le 1" décembre de chaque année.
3° ^ 1867. — Prix pour les travaux de zoologie pure, pouvant
servir de guide dans les applications.
La Société, voulant encourager les travaux de zoologie pure (mo-
nographies génériques, recherches d'anatomie comparée, éludes
embryogéniques, etc.), qui servent si souvent de guide dans les ap-
plications utilitaires de cette science, et rendent facile l'introduction
d'espèces nouvelles ou la multiplication ou le perfectionnement d'es-
pèces déjà importées, décernera annuellement, s'il y a lieu, un prix
de 500 francs au moins à la meilleure monographie de cet ordre
publiée pendant les cinq années précédentes.
Elle tiendra particulièrement compte, dans ses jugements, des
applications auxquelles les travaux de zoologie pure appelés à con-
(1) L(î chiffre qui précède l'énoncé des divers prix, indique l'année delà fon-
dation de ces prix. Tous les prix qui ne portent pas l'indication d'une fondation
particulière sont fondés par la Société.
XX SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
courir auraient déjà conduil, que ces applications aient été faites par
les auteurs de ces travaux ou par d'autres personnes.
Un exemplaire devra être déposé avant le 1'^'" décembre.
4.0 _ 1875. — Des primes ou médailles pourront ètreaccordées
aux personnes qui auront démontré, pratiquement ou théoriquement,
les procédés les plus favorables à la multiplication et à la conserva-
tion des animaux essentiellement protecteurs des cultures.
Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885.
50 1867. — Prix perpétuel fondé par fen
m™^ G1IÉRII\EAU , née DEL%L%I%DE.
Une grande médaille d'or, à l'efligie d'Isidore Geoffroy Saint-
Hilaire et destinée à continuer les fondations faites les années
précédentes, dans l'intention d'honorer la mémoire de l'illustre et
intrépide naturaliste voyageur, Pierre Delalande, frère de M'"^ Gué-
rineau.
Gette médaille sera décernée, en 1886, au voyageur qui, en
Afrique ou en Amérique, aura rendu depuis huit années le plus de
services dans l'ordre des travaux de la Société, principalement au
point de vue de l'alimentation de l'homme.
Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant
le 1" décembre 1885.
5<= 1861. — Primes fondées par feu
M. AGRO]\ DE GERIflIGIXY.
Deux primes, de 200 francs et de 100 francs, seront décernées,
chaque année, pour les bons soins donnés aux animaux ou aux vé-
gétaux, soit au Jardin d'acclimatation (200 francs), soit dans les
établissements d'acclimatation se rattachant ci la Société (prime de
100 francs).
Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant
le 1" décembre de chaque année.
PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES
jo — 1864. — Introduction d'espèces nouvelles.
11 pourra être accordé, dans chaque section, des primes d'une valeur
de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce
nouvelle utile ou ornementale d'un réel intérêt.
2» — 1870. — Introduction en France des belles races asines
de l'Orient.
On devra faire approuver par hi Société d'Acclimatation les Anes éta-
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXI
Ions importés, et prouver que vingt saillies au moins ont été faites dans
l'année par chacun d'eux.
Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : looo n-anc»*.
30 _ 1868. — Domestication complète, application à l'agricul-
ture ou emploi dans les villes de l'Hémioiie [Eqims Hemionus) ou
du Dauw {E. Burchellï).
La domestication suppose la reproduction en captivité.
Concours prorogé jusqu'au l""^ décembre 1885. — Prix : 100© francs.
40 _ 1S67. — Métissage de l'Hémione ou de ses congénères
(Dauw, Zèbre, Couagga) avec le Cheval.
On devra avoir obtenu un ou plusieurs métis âgés au moins d'un an.
Concours prorogé jusqu'au l"'' décembre 1885.— Prix : looorrancs.
50 — 1867. — Propagation des métis de l'Hémione ou de ses
congénères (Dauw, Zèbre, Couagga) avec l'Ane.
Ce prix sera décerné à l'éleveur qui aura produit le plus de métis. (11
devra en présenter quatre individus au moins.)
Concours prorogé jusqu'au l^' décembre 1885. — Prix : 1 000 fi-anca«.
Qo — 1867. — Élevage de rAlpaca,de l'Alpa-Lama et du Lama.
On devra présenter au concours douze sujets nés chez l'éleveur ei
âgés d'un an au moins.
Concours prorogé jusqu'au l"'" décembre 1885. — Prix : 1500 n-anci«.
70 — 1869. — Prix pcppéttiel fonde pai* feu
!ll">'Acl. DUTROIVi:, uéc GALOT.
Une somme annuelle de 100 francs sera, tous les trois ans, con-
vertie en prime de 300 francs (ou médaille d'or de cette valeur),
et décernée, par concours, au propriétaire ou au fermier qui, en
France ou en Belgique, aura le mieux contribué à la propagation de
la race bovine désarmée sarlabot, créée par feu M. le conseiller
Ad. Dutrône.
Ce prix sera décerné en 188i et 1887.
8» — 1873. — Chèvres laitières.
On devra présenter 1 Bouc et 8 Chèvres d'un type uniforme, et justifier
({ue trois mois après la parturition les Chèvres donnent 3 litres de lait
par jour et par tète.
Les concurrents devront présenter un compte des dépenses et recettes
occasionnées par l'entretien du troupeau, et faire connaître à quel usage
le lait a été employé (lait en nature, beurre, fromage).
Concours ouvert jusqu'au l"'" décembre 1885. — Prix : 500 n-ancs.
90 — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf Wapiti {Cervus
Canadensis), du Cerf d'Arislote {Cervus Arislotelis) ou d'une autre
grande espèce.
. On devra faire constater la présence de di.v individus au moins, nés à
XXII SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
l'éîat de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au l*'' décembre 1885. — Prix : i50o francs.
10^ — ISî^l. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf axis (Cerwts axis),
du Cerf des Moluques (Cermis Moluccensis) ou d'une autre espèce
de taille moyenne.
Ou devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1^'' décembre 1885. — Prix : looo n-nnes.
Il» — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf-Cochon {Cervus
porcinus) ou d'une autre espèce analogue.
On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés déplus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au !<"• décembre 1885. — Prix : soo francs.
42" — ISî-â. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf Pudu (Cen'its
Pudu) ou d'une espèce analogue.
On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
l'état de lil)erté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 50© francs.
43" — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), de l'Antilope Canna {Bos
elaphus Oreas) ou d'une autre grande espèce.
On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1*'" décembre 1885. — Prix : tso© francs.
14,0 — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), de l'Antilope Nylgau {Por-
tax picta) ou d'une autre espèce de taille moyenne.
On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1^' décembre 1885. — Prix : «ooo francs.
15» — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage
(dans un grand parc clos de murs ou en forêt), d'Antilopes de petite
taille.
On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1"" décembre 1885. — Prix : soo francs.
16" — 1878. — Introduction en France de VHydropotcs inermis
{Ke ou Cliang).
On devra avoir introduit au moins trois couples de Ke ou Chang, et
faire constater que trois mois après leur importation, ces animaux sont
dans de bonnes conditions de santé.
Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : soo francs.
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXIII
1 70 — 187». — Multiplication en France de V Hydropotes imrmis
(Ke ou Chang).
On devra faire constater la présence de dix individus au moins âgés de
plus d'un an et issus des reproducteurs importés.
Concours prorogé jusqu'au l''' décembre 1885. — Pnix : looo francs.
iS° — 1865. — Domestication en France du Castor, soit du Ca-
nada, soit des bords du Rhône.
On devra présenter au moins quatre individus mâles et femelles, nés
chez le propriétaire et âgés d'un an au moins.
Concours prorogé jusqu'au ["' décembre 1885. — Prix : soo francs.
— Le prix sera doublé si l'on présente des individus de seconde géné-
ration.
IQo — 1875. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), de Kangurous de grande
espèce.
On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
I 'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1'^'" décembre 1885. — Prix : «ooo francs.
20» — 1875. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou eu forêt), de Kangurous de uetite taille.
On devra faire constater la présence de dix individus au mouis, nés à
l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1^'" décembre 1885. — Prix : 500 francs.
21« — 1882. — Multiplication en France du Lapin géant des
Flandres, à oreilles droites.
On devra présenter 5 mâles et 5 femelles adultes, nés chez l'éleveur,
du poids moyeu de 8 kilogrammes.
Concours ouvert jusqu'au l^"'' décembre 1885. — Prix : 300 francs.
2-2" — 188*2. — Alimentation du bétail par le Téosinté {Reana
luxurians).
On devra présenter un compte établissant le rendement obtenu, en
poids, d'une plantation de Téosinté couvrant au moins 25 ares et fournir
des renseignements circonstanciés sur les avantages ou les inconvénients
que présente ce mode d'alimentation pour le bétail.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 300 francs.
23» — 1882. — Alimentation des animaux par le Soya.
On devra fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages
ou les inconvénients que présente ce mode d'alimentation pour les ani-
maux soit à l'état vert, soit à l'état sec.
Concours ouvert jusqu'au 1'='' décembre 1885. — Prix : 300 francs.
XXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
DEUXIÈME SECTION. — OISEAUX
\o — 1H<>4. — Introduction d'espèces nouvelles.
Il pourra èlre accordé, dans chaque section, des primes d'une valeur
de 200 ;"i .^00 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce
nouvelle utile ou ornementale d'un réel intérêt.
20 _ 1875. — Un prix de 500 francs sera accordé à l'inventeur
d'un genre de nourriture artificielle ou composition pouvant rem-
placer partout et à un prix modéré les œufs de fourmis (nymphes
et larves), pour l'élevage des Perdrix et des Faisans. Ou devra
justifier du plein succès du procédé et livrer ce genre de nour-
riture à un prix qui ne sera pas plus élevé que celui des œufs de
fourmis.
Concours ouvert jusqu'au \" décembre 1885. — Paix : 500 francN.
3û _ 1864. — Introduction et acclimatation d'un nouveau gibier
pris dans la classe des Oiseaux.
Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures.
On devra présenter plusieurs sujets vivants de seconde génération.
Concours prorogé jusqu'au i" décembre 1885. — Prix : soo
lOOO rrancs.
A" — 1870. — Multiplication et propagation en France ou en
Algérie du Serpentaire (Gypogeranus Serpentarins).
On devra présenter un couple de ces oiseaux de première génération ^
et justifier de la possession du couple producteur et des jeunes obtenus.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Pnix : «ooo francs.
5" — 1868. — Acclimatation du Martin triste (Acridotheres
tristis) ou d'une espèce analogue, en Algérie ou dans le midi de la
France.
On devra présenter cinq paires de ces oiseaux, adultes, de seconde
génération.
Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : soo n-uncs.
G" — 1870. — Multiplication en France, à l'état sauvage, de la
Pintade ordinaire {Numida Meleagris).
On devra faire constater l'existence, sur les terres du propriétaire,
d'au moins quatre compagnies de Pintades de six individus chacune,
vivant à l'état sauvage.
Concours prorogé jusqu'au i" décembre 1885. — Prix : «50 n-anes.
1° — 1875. — Multiplication en France, k l'état sauvage, du
Faisan vénéré.
On devra faire constater l'existence d'au moins dix jeunes sujets vivant
en liberté et provenant du couple ou des couples lâchés.
Concours prorogé jusqu'au l^décendjre 1885. — Prix : soo francs.
8" — 1870. — Création d'une race de Poules domestiques
pondant de gros œufs.
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXV
On devra présenter au moins douze Poules de 3^ génération, constituant
une race stal)le, et donnant régulièrement des œufs atteignant le poids de
75 grammes. Cette race, créée parla sélection ou par croisement, devra pré-
senter les caractères d'une variété de bonne qualité pour la consommation.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — f^iux : 500 n-ancs.
9° — 1879. — Reproduction en captivité du Lophopliore {Lo-
phophoriis refulgens) en France.
On devra présenter au moins six sujets vivants nés chez le proprié-
taire et issus d'oiseaux nés en Europe.
Concours ouvert jusqu'au l'^'' décembre 1885. — Prix : 500 francs.
10° — 1867. ^ Introduction et multiplication en France, en par-
quets, du Tétras huppecol (Tetrao Citpido) de l'Amérique du Nord.
On devra présenter au moins douze sujets, complètement adultes, nés
et élevés chez le propriétaire.
Concours prorogé jus(|u'au 1" décembre 1885. — Prix : î50 n-anc^i.
Le prix sera doublé si la multiplication du Tétras huppecol a été
obtenue en liberté.
il" — 1870. — Multiplication en France, à l'élat sauvage, de la
Perdrix de Ciiine {Galloperdix Sphenura) ou d'une autre Perdrix
percheuse.
On devra faire constater l'existence d'au moins six sujets vivant en
liberté et provenant du ou des couples lâchés.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : soo francs.
12° — 187 7. — Importation des grosses espèces de Colins (ori-
ginaires du Mexique et du Brésil) et des petites espèces de Tina-
mous de l'Amérique méridionale.
On devra avoir importé au moins six couples de ces oiseaux et justifier
que trois mois après leur importation ils sont dans de bonnes conditions
de santé.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 950 n-ancs.
13° — 187 7. — Multiplication en volière des grosses espèces de
Colins originaires du Mexique et du Brésil, ou des petites espèces de
Tinamous de l'Amérique méridionale.
On devra présenter dix sujets vivants nés des oiseaux directement im-
portés du pays d'origine.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 3«o francs.
14,0 __ f 881. — Reproduction de la grande Outarde (^Otis tarda)
à l'élat sauvage.
On devra prouver que trois couples au moins de grandes Outardes ont
couvé et élevé leurs jeunes en France, sur les terres du propriétaire.
Concours ouvert jusqu'au 1'^'" décembre 1885. — Prix : soo francs.
15° — 1870. — Domestication en France ou en Algérie de ITbis
sacré (Ibis religiosa) ou de l'Ibis falcinelle {Ibis falcinelliis), ou
d'un autre oiseau destructeur des Souris, Insectes et Mollusques nui-
sibles dans les jardins.
XXVI SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures.
On devra faire constater l'existence de quatre sujets au moins de pre-
uière vénération, vivant en liberté autour d'une habitation et nés de
parents libres eux-mêmes dans la propriété.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 5oo n-anes.
16° 186'?. — Domestication de l'Autruche d'Afrique {Strii-
thio camelus) en Europe.
On devra justifier de la possession d'au moins six Autruches nées chez
le propriétaire et âgées d'un an au moins.
Concours prorogé jusqu'au 1^' décembre 1885. — Prix : isoo n-ancs.
17» l§79. — Création en Algérie d'une ferme d'Autruches.
On devra être possesseur de dix couples, au moins, de reproducteurs,
et avoir fait naître et élever dans les trois années précédentes cent jeunes
autruchons. Les concurrents ne seront pas tenus d'entretenir chez eux
tous les jeunes produits; mais ils devront fournir des documents authen-
tiques justifiant de la destination qui leur a été donnée.
Les concurrents devront présenter un compte des dépenses et recettes
occasionnées par l'entretien du troupeau ; faire connaître la valeur des
plumes livrées au commerce; les procédés cà employer pour la multipli-
cation des jeunes (incubation naturelle ou hydro-incubateurs), et adresser
à la Société un rapport circonstancié donnant tous les détails propres à
l'éducation de l'Autruche en captivité.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : fooo n-ancs.
18" _ 1873. _ Domestication d'un nouveau Palmipède utile.
On devra présenter au moins dix sujets vivants de seconde génération
produits en captivité.
Concours prorogé jusqu'au l^"" décembre 1885. —Prix: fooo n-anes.
IQo __ 1882. — Un prix de 300 francs sera décerné à l'auteur
du meilleur travail sur les nichoirs artificiels pour la protection et
la propagation des espèces d'oiseaux qui nichent dans les creux
ou trous des arbres, des murailles ou des rochers.
L'auteur devra produire des modèles de nichoirs en indiquant leur
mode de construction et leur prix de revient, et justifier des résultats
obtenus depuis cinq ans au moins.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1890. — Prix : 300 francs.
20" — 18S*i. — Un prix de 300 francs sera accordé h. l'inven-
teur d'un genre de nourriture artificielle ou composition pouvant
remplacer les pâtées fraîches, pour les oiseaux insectivores entre-
tenus en volières.
On devra faire connaître la composition et le mode de préparation,
justifier des avantages que présente l'emploi de cette composition au
point de vue de sa conservation, de ses qualités nutritives cl de son prix
de revient.
Concours ouvert jusqu'au 1'^'' décembre 1885. — Prix : 300 n-ancs.
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXVII
TROISIÈME SECTION. — POISSONS, MOLLUSQUES, ETC.
CRUSTACÉS, ANNÉLIDES
10 — 1864. — Introduction d'espèces nouvelles.
11 pourra être accordé, dans cliaque section, des primes d'une valeur
■de 200 à .500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce
'«nouvelle utile ou ornementale d'un réel intérêt.
^0 _ 1882.^— Recherches sur les propriétés physiques et
chimiques des eaux douces au point de vue de l'aquiculture.
L'auteur devra faire ressortir, par des observations et des analyses
pratiques, les conditions favorables au développement des diverses
«spèces de Poissons, Crustacés, Mollusques et Végétaux.
Concouî-s ouvert jusqu'au !*■• décembre 1885. — Prix : 500 francs.
3» _ 1883. —Recherches sur les propriétés physiques et chi-
miques des eaux de mer et saumâtres au point de vue de l'aquicul-
ture.
L'auteur devra faire ressortir, par des observations et des analyses
pratiques, les conditions favorables au développement des diverses
^espèces de Poissons, Crustacés, Mollusques et Végétaux.
Concours ouvert jusqu'au 1^' décembre 1885. — Pkix : 500 francs.
REPTILES
4.0 — 1870. — Introduction et multiplication en France de la
Grenouille bœuf (/?awa mugiens) de rAmérique du Nord.
On devra justilier de la possession de vingt-cinq sujets nés chez le pro-
.priétaire.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885.— Prix : S50 francs.
POISSONS
5" _ 1873. — Introduction dans les eaux douces de la France
d'un nouveau Poisson alimentaire.
Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins ; on
devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d'un an.
Concours ouvert jus([u'au l""' décembre 1885. — Prix : 5oo francs.
6» — 187». — Acclimatation dans les eaux douces de la France
d'un nouveau Poisson alimentaire.
Concours ouvert jusqu'au l'"" décembre 1885. — Prix : looo n-anes.
7» — 1873. ~ Introduction dans les eaux douces de l'Algérie
d'un nouveau Poisson alimentaire.
Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins; on
devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 5oo n-ancs.
XXVIII SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Le prix sera doublé si le poisson introduit est le Gourami {Osphrome-
nus olfax).
go 1873. — Acclimatation dans les eaux douces de l'Algérie
d'un nouveau Poisson alimentaire.
Concours ouvert jusqu'au \" décembre 1885. — Pnix : looo frnnc««.
Le prix sera doublé si le poisson acclimaté est le Gourami {Osphrome-
nus olfax).
90 187S. — Introduction dans les eaux douces de la Guade-
loupe et de la Martinique d'un nouveau Poisson alimentaire.
Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins ; on
devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 500 rrancs.
Le prix sera doublé si le poisson introduit est le Gourami [Osphrome-
nus olfax ).
10° 1§73. — Acclimatation dans les eaux douces de la Gua-
deloupe et de la Martinique d'un nouveau Poisson alimentaire.
Concours ouvert jusqu'au 1^' décembre 1885. — Prix : lOOO franc».
Le prix sera doublé si le poisson acclimaté est le Gourami (Osphrome-
nus olfax).
llo_ 1874. — Introduction en France du Coregonus olsego de
l'Amérique du Nord.
Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins, et
l'on devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 500 n-anc»*.
Si des multiplications du Coregonus otsego ont été obtenues en France,
le prix sera doublé.
12° 1 8'3'9. — Multiplication en France du Saumon de Cali-
fornie {Salmo quinnat) de l'Amérique du Nord.
On devra présenter au moins 500 alevins, âgés d'un an, nés de parents
existant dans les eaux du propriétaire depuis au moins dix-buit mois.
L'état des reproducteurs devra être constaté au moment du frai par
des pièces autbentiques. On devra également faire constater l'époque de
l'éclosion des œufs et faire connaître dans un rapport circonstancié les
observations auxquelles donnerait lieu l'éducation de ces jeunes poissons.
Concours ouvert jusqu'au 1"" décembre 1885.— Prix : 5oo n-ancs.
130 — 1879.— Propagation dans les eaux douces de la France
de la grande Truite des lacs {Salmo Lemanus).
Concours ouvert jusqu'au \"' décembre 1885. — Prix : 500 n-anes.
44.0 — 1879. — Propagation dans les eaux de la France du
Corégone Lavaret.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : «oo francs.
15» — 1881. — Protection des poissons migrateurs.
Un prix de 500 francs sera décerné à l'auteur du meilleur travail indi-
({uant, au point de vue pratique, les moyens les plus propres à assurer
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXIX
la reproduction des poissons migrateurs dans les eaux douces de la
France.
L'ouvrage devra particulièrenienl faire connaître les avantages et le
mode de construction des appareils ou ftassages, dits échelles à saumons,
permettant aux poissons migrateurs de franchir les barrages, chutes
d'eau et obstacles divers, dans les cours d'eau.
Concours ouvert jusqu'au l'^"' décembre 1885. — Prix : 500 francs.
16" — I8S2. — Etablissement d'échelles pour les poissons mi-
grateurs.
Un prix de 500 francs sera décerné aux usiniers ou propriétaires qui
auront établi, dans des conditions pratiques, des échelles pour le passage
des poissons migrateurs.
Concours ouvert jusqu'au 1"' décembre 1885. — Pfux : 500 rrnncs.
17" — 1883. — Jlultiplication des Cyprinides.
Il pourra être accordé des primes ou des médailles à toute personne
qui aura obtenu, dans des eaux closes, de l'alevm de Cyprinide, notam-
ment la Carpe et la Tanche, et qui justifiera en avoir introduit en grand
nombre dans les cours d'eau de la région et aura ainsi contribué le plus
efficacement à leur repeuplement.
■ Concours ouvert jusqu'au 1^' décembre 1885. — Prix : soorrnnes.
MOLLUSQUES
18° — 1867. — Acclimatation et propagation d'un Mollusque
utile d'espèce terrestre, fluviatile ou marine, resté jusqu'à ce jour
étranger à notre pays. — Cette acclimatation devra avoir donné lieu
à une exploitation industrielle ; ses produits alimentaires ou autres
seront examinés par la Société.
Concours prorogé jusqu'au 1'='' décembre 1885. — Piux : 50« francs.
19" — 1869. — Reproduction artificielle des Huîtres. — Un prix
de 1000 francs sera décerné pour le meilleur travail indiquant, au
point de vue pratique, les méthodes les plus propres à assurer cette
reproduction artificielle. L'ouvrage devra, en outre, faire connaître
d'une manière précise les conditions à remplir pour obtenir les au-
torisations de créer des établissements luiîlriers, et énumérer les
travaux que comportent les bancs d'Huîtres naturels, aussi bien que
les caractères auxquels on peut reconnaître qu'un banc est exploi-
table; enfin quelles sont les mesures qu'il convient de prendre pour
l'enlèvement du coquillage. En un mot, ce travail devra constituer
un véritable manuel d^ ostréiculture.
Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix: tooo rranc!i.
-20» — 1879. — Culture de la Moule sur les côles méditerra-
néennes.
On devra justifier d'une superficie d'un hectare mis en culture, soit sur
XXX SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
fond horizontal, soit sur bouchots, et ayant donné des produits ahraen-^
taires au moins une année.
Les concurrents devront joindre à l'appui de leur demande un mémoire
indiquant, au point de vue pratique, les moyens les plus propres à assurer
le succès de semblable industrie, et présenter un compte des dépenses
occasionnées pour l'établissement de l'exploitation et des bénéfices qu'on,
peut en tirer.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Paix : looo francs.
CRUSTACÉS
210 — 1867. — Introduction et acclimatation d'un Crustacé-
alimentaire dans les eaux douces de la France, de l'Algérie, de la,
Martinique ou de la Guadeloupe.
Concours prorogé jusqu'au i" décembre 1885. — Prix : 5oo francs..
QUATRIÈME SECTION. — INSECTES
1° — 1864. — Introduction d'espèces nouvelles.
Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d'une valeur-
de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce
nouvelle utile ou ornementale d'un réel intérêt.
2» _ 1865. — Acclimatation et multiplication soutenue pen-
dant trois années au moins en Europe ou en Algérie d'un insecte
producteur de cire, autre que l'Abeille ou les Mélipones.
Concours prorogé jusqu'au i"" décembre 1885. — Prix: «ooo francs.
SÉRICICULTURE
30 — 1881. — Acclimatation et multiplication soutenue pen-
dant trois années au moins, en France ou en Algérie, d'une nouvelle
espèce de Ver à soie produisant de la soie bonne à dévider ou à.
carder pour employer industriellement.
Le prix ne sera accordé que sur preuve d'une production annuelle de-
trois mille cocons au moins.
Concours ouvert jusqu'au l'"" décembre 1885. — Paix : 1000 francs.
40 — 1881. — Application industrielle de la soie de l'At-
tacus Cynthia vera, Ver à soie de l'Ailante.
On devra présenter plusieurs coupes d'étoffe formant ensemble au
moins 50 mètres, et fabriquées avec la soie dévidée en fils continus de
YAttacus Cijnthia et sans aucun mélange d'autres matières. Les tissus,
de bourre de soie sont hors de concours .
Concours ouvert jusqu'au 1'''" décembre 1885. — Prix : 1000 francs.
50 — 1818. — Encouragement, en France, à un établissement
industriel pouvant livrer à la consommation, et prêtes à être tissées,.
PRIX EXTRAORDINAIRES. - XXXI
des soies grèges ou des fdoselies des cocons d'une des espèces ci-
après désignées :
Attacus Yama-maï, Pernyi, Cyntliia, Cecropia, Polyphe-
imis, Ole, espèces qui ont déjà été l'objet d'éducations en France
sur une échelle plus ou moins étendue.
Concours ouvert jusqu'au l^' décembre 1885. — Prix : looo n-ancs.
go — 187 7. — Vers à soie du Mûrier. — Études théoriques et
pratiques sur les diverses maladies qui les atteignent. Les auteurs
devront, autant que possible, étudier monographiquement une ou
plusieurs des maladies qui atteignent les Vers à soie, en préciser
les symptômes, faire connaître les altérations organi({ues qu'elles
entraînent, étudier expérimentalement les causes qui leur donnent
naissance et les meilleurs moyens k employer pour les combattre.
Concours ouvert jusqu'au 1"" décembre 1885. — Ptux : looo francs.
70 _ 1870. — Vers à soie du Mûrier, — ^Production dans le nord
de la France de la graine de Vers à soie de races européennes par
de petites éducations.
Considérant l'intérêt qu'il y aurait à encourager la production de
la graine saine des Vers k soie du Mûrier de races européennes, les
prix sont institués pour récompenser dans les bassins de la Seine,
de la Somme, de la Meuse, du Rhin, ainsi que dans la portion sep-
tentrionale du bassin de la Loire, les petites éducations qui permet-
tront de mettre au grainagedes cocons provenant d'éducations dans
lesquelles aucune maladie des Vers n'aura été constatée.
La Société n'admettra au concours du grainage que les graines de
Vers à so^e de races européennes.
Elle ne primera aucune éducation portant sur plus de 30 grammes-
de graine pour une même habitation.
Mise au grainage de plus de 50 kilogrammes de cocons :
Deux Prix de 500 francs chacun.
Mise au grainage de 25 à 50 kilogrammes de cocons :
Deux Prix de 2»0 fVaucs chacun.
Mise au grainage de 10 k ^25 kilogrammes de cocons :
Quatre Prix de 150 francs chacun.
Mise au grainage de 5 k 10 kilogrammes de cocons :
Dix Prix de 100 francs chacun.
Ces primes seront distribuées chaque année, s'il y a /<CM, jusqu'en 1885.
Les concurrents devront (cette condition est de rigueur) se faire con-
naître en temps utile, afin que la Société puisse faire suivre par ses dé-
légués la marche des éducations et en constater les résultats.
XXXII ' SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
APICULTURE
8" — 1870. — Etudes lliéoriques et pratiques sur les diverses
maladies qui atteignent les Abeilles, et principalement sur la loque
ou pourriture du couvain.
Les auteurs devront, autant que possible, en préciser les sym-
ptômes, indiquer les altérations organiques qu'elle entraîne, étudier
expérimentalement les causes qui la produisent et les meilleurs
moyens à employer pour la combattre.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Pni\ : 500 francs.
9" — 1870. — Propagation en France de l'Abeille égyptienne
[Apis fasciata).
On devra justifier de la possession de six colonies vivant cliez le pro-
priétaire depuis au moins deux ans, en bon état, sans dégénérescence ni
hybridation, et de si.\ bons essaims de l'année parfaitement purs, prove-
nant des ruches mères ci-dessus désignées.
Concours ouvert jusqu'au \" décembre 1885. — Prix : 5oo francs.
10» — 1870. — Introduction en France d'une Mélipone ou Tri-
gone (Abeille sans aiguillon) américaine, australienne ou africaine.
Présenter une colonie vivant depuis deux ans chez le propriétaire.
Concours ouvert jusqu'au 1'"'' décembre 1885. — Prix : 5oo francs.
CINQUIÈME SECTION. — VÉGÉTAUX.
1" — 1864. — Introduction d'espèces nouvelles.
Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d'u;ie valeur
de 200 à 500 francs à toute personne ayant hitroduit quelque espèce
nouvelle utile ou ornemenlale d'un réel intérêt.
'2° — 1873. — Plantes de pleine terre utiles et d'ornement, in-
troduites en Europe dans ces dix dernières années.
Les auteurs devront indiquer dans un livre, ou dans un mémoire étendu,
les usages divers de ces plantes, leur pays d'origine, la date de leur in-
troduction, la manière de les cultiver; les décrire et désigner les diffé-
rentes variétés obtenues depuis leur importation, ainsi que les différents
noms sous lesquels ces végétaux sont connus.
En d'autres termes, les ouvrages présentés au concours devront pouvoir
servir de guide pratique pour la cul ture des plantes d'importation nouvelle ;
les ouvrages (manuscrits ou imprimés) devront être remis à la Société
avant le 1" décembre.
Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 500 francs.
3" — 1806. — Introduction en France et mise en grande cul-
ture d'une plante nouvelle pouvant être utilisée pour la nourriture
des bestiaux.
Concours prorogé jusqu'au 1''' décembre 1885. — 1^'' Pnix : .ïoo francs.
— 2^ Prix : 300 francs.
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXXIII
40 _ ISSO. — Prix de 200 francs, fondé par
M. GODEFROY-LEBŒIJF.
Un prix de 200 francs sera décerné à la personne qui présentera
un double décalitre de graines û' Elœococca vernicia récoltées sur
des plantes cultivées à l'air libre, en Europe ou eu Algc^rie, sans
autres abris que les rangées d'arbres nécessaires à leur protection
dans le jeune âge (^comme au Se-tchuen).
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1890. — Prix : «o© n-ancM.
5" — 1870. — Utilisation industrielle du Lo-za {Rhamnus utllis)
qui produit le vert de Chine.
On devra fournir à la Société, sous réserve des droits de propriété, les
documents relatifs aux méthodes et procédés employés.
On devra également présenter des spécimens d'étoflés teintes en France
avec les produits du Lo-za préparés en France.
Concours ouvert jusqu'au 1'^'' décembre 1885. — Prix: 5oo francs.
6" — 1881. — Utilisation industrielle de l'Ortie de Chine, ré-
coltée en France ou en Algérie {Bœhmeria utilis, tenacissima,eic.).
On devra fournir à la Société, sous réserve des droits de propriété, les
documents relatifs aux méthodes et procédés employés.
Concours ouvert jusqu'au l'^'" décembre 1885. — Prix : 5oo francs.
7° — 1881. — Introduction et culture en France du Noyer
d'Amérique [Carya alba), connu aux États-Unis sous le nom de
Hickory (bois employé dans la construction des voilures légères).
On devra justifier de la plantation sur un demi-hectare de Noyers d'A-
mérique ou de la possession de 500 arbres hauts de 1",50 au moins.
Concours ouvert jusqu'au l*"" décembre 1885. — Prix : 5oo francs.
8° — 1881. — Introduction et culture pendant deux années
successives d'une Igname (Dioscorea) joignant à sa qualité supé-
rieure un arrachage facile.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — 1" Prix : eoo francs.
— 2^ Prix : 400 francs.
9" — 1870. — Culture du Bambou dans le centre et le nord de
la France.
Le prix sera accordé à celui qui aura :
1" Cultivé avec succès le Bambou pendant plus de cinq années, et dont
les cultures couvriront, au moins pendant les dernières années, un demi-
hectare ;
2° Exploité industriellement ses cultures de Bambou.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885.
Deux Prix de 1000 francs chacun.
10" — 1873. — Culture de V Eucalyptus en Algérie.
Le prix sera accordé à celui qui aura :
1° Cultivé avec succès VEucalyptus pendant plus de cinq années et dont
3° SÉRIE, T. X. — Séance publique annuelle. c
XXXI Y SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
les cultures couvriront au moins, pendant les dernières années, 8 hectares;
2" Exploité industriellement ses cultures d'Eticalyptus.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Paix : looo francs.
Il» _ 1873. — Culture de VEucalyptus en France et particu-
lièrement en Corse.
Le prix sera accordé à celui qui aura :
1° Cultivé avec succès l'Eucalyptus pendant plus de cinq années et dont
les cultures couvriront au moins, pendant les dernières années, 2 hectares;
2° Exploité industriellement ses cultures à'Eucalyptus.
Concours ouvert jusqu'au V décembre 1885. — Prix : looo francs.
j-)o — 1S70. — Guide théorique et pratique de la culture de
VEucalyptus.
Les auteurs devront surtout étudier, en s'appuyant sur des expériences,
et comparativement, quelles sont les espèces d Eucalyptus qui peuvent
être cultivées sous les divers climats; faire connaître la nature du sol qui
leur convient, les soins spéciaux de culture que chaque espèce exige, le
degré de froid auquel elle résiste et leur valeur relative.
Concours ouvert jusqu'au 1*"" décembre 1885. — Prix: 50© francs.
130 — 1876. — Culture du Jaborandi {Pilocarpus pinnatus)
en France ou en Algérie.
Le prix sera décerné à celui qui aura :
1» Cultivé avec succès le Jaborandi pendant plus de cinq années et
dont les cultures couvriront, au moins pendant les dernières années, un
demi-hectare ;
2" Exploité commercialement ses cultures de Jaborandi.
Concours ouvert jusqu'au l*"" décembre 1885. — Prix : 500 francs.
140 — 1879. — Reboisement des terrains en pente par
l'Ailante.
Considérant que l'Ailante s'accommode facilement de tous les sols,
que les troupeaux ne touchent ni à ses feuilles ni à son écorce, et qu'il
serait par conséquent essentiellement propre au reboisement de certains
terrains pauvres servant actuellement de pâture, la Société institue un
prix de 1000 francs, qui sera décerné à la personne ou à la commune qui,
en France, justifiera de la plantation de 5 hectares de cette essence.
Les concurrents devront établir que le reboisement est fait depuis plus
de cinq ans.
Concours ouvert jusqu'au l^"" décembre 1890. — Prix : 1000 francs.
15° — 188*J. — Alimentation du bétail par le Téosinté (Reana
luxurians).
On devra présenter un compte établissant le rendement obtenu, en
poids, d'une plantation de Téosinté couvrant au moins 25 ares et fournir
les renseignements circonstanciés sur les avantages ou les inconvénients
que présente ce mode d'alimentation pour le bétail.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 30© francs.
1G° — 1S82. — Alimentation des animaux par le Soya.
On devra fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXXV
ou les inconvénients que présente ce mode d'alimentation pour les ani-
maux, soit à l'état vert, soit à l'état sec.
Concours ouvert jusqu'au i" décembre 1885. — Prix : 3oo rranc»*.
17° — 1S82. — Jardin fruitier exotique en Algérie ou sur le
littoral méditerranéen français.
On devra faire connaître les espèces et les variétés d'arbres fruitiers
exotiques entretenues, indiquer la date des plantations, la nature du sol,
et les précautions prises pour assurer le succès de la plantation.
Ce travail devra faire connaître les variétés les plus recommandables
pour la localité oîi l'expérience aura été faite.
Concours ouvert jusqu'au 1"'' décembre 1895. — Prix : 500 francs.
18" — 1888. — Culture du Phaseolus raïUatus.
Le prix sera accordé à la personne qui aura cultivé avec succès le
Haricot radié dans un champ d'un demi-hectare au moins.
S'il se présentait plusieurs concurrents, la préférence serait donnée à
celui qui produirait les plus beaux spécimens de préparations alimen-
taires, obtenues avec les graines du Phaseolus rudiatus.
Concours ouvert jusqu'au l*"" décembre 1890. — Prix : soo rran«»»«.
DE LA
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX
Par 91. Raoul BARON
Mesdames, Messieurs,
Lorsque vous considérez les nombreuses espèces qui com-
posent le règne animal, vous ne tardez pas à reconnaître entre
elles des différences de toutes sortes: Différences dans la
couleur, dans le volume, dans la consistance, dans les odeurs
exhalées, dans les sons émis, dans les attitudes et les restes ;
différences dans la conformation externe, dans la structure
interne et le fonctionnement physiologique des organes di-
vers...
Alors une idée vous vient tout naturellement et vous vous
demandez, par exemple, si cette variété infinie ne tiendrait
pas à celle apparemment non moins infinie que présentent les
circonstances au sein desquelles se développent et se perpé-
tuent ces espèces. Puis la science vient à votre secours: elle
vous apprend (si vous ne le saviez déjà) que notre planète a
passé par une série d'évolutions laborieuses autant que mul-
tiples. A chaque époque distincte ont dû correspondre des
conditions d'existence également distinctes ; d'autre part,
comme les vestiges fossiles que nous exhumons impliquent
eux-mêmes des organisations plus ou moins éloignées des
types actuels, votre idée de tout k l'heure se fortifie et se
change bientôt en une véritable méditation que je vais essayer
de traduire.
Le globe terrestre, à l'heure qu'il est, tel qu'il est, nous
offre, dans son unification admirable et majestueuse, une di-
versité qui saute aux yeux les moins attentifs : car c'est par
abréviation que nous disons « la terre »... L'élément aqueux
n'y occupe-t-il pas (superficiellement au moins) une place
énorme ?
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. XXXVIi:
L'atmosphère n'enveloppe-t-ellc pas le tout, solides et
liquides, sous une épaisseur de plusieurs dizaines et peut-être
de plusieurs centaines de lieues ?
Ce n'est rien encore : La terre, proprement dite, n'est pas
partout la même. Que dis-je ! Il faudrait plusieurs conférences
comme celle-ci pour énumérer, même rapidement, ses conti-
nents, ses côtes, ses caps, ses presqu'îles, ses îles, ses chaînes
de montagnes, ses plateaux, ses plaines, ses vallées et ses
cavernes... Après cela, l'eau jalouse voudrait avoir son tour :
les mers grandes et petites, les manches, les détroits, les
golfes, les méditerranées, les lacs, les fleuves, les rivières et
les moindres ruisseaux ; tout cela réclamerait une mention. •
Or tout cela est peuplé et peuplé diversement, plus diverse-
ment, croyez-le bien, que ne l'exigent en somme les innom-
brables modalités géographiques que je viens de vous faire
entrevoir.
Mais sommes-nous sûrs d'avoir fidèlement examiné notre
sphère sous tous les aspects possibles ? Loin de là. La terre
est dans le ciel et entrelient avec la sublime coupole, ainsi
qu'avec la lampe d'or qui l'éclairé, des rapports merveilleux
jusqu'à la peinture desquels n'a pu encore se hausser le lan-
gage des plus grands poètes !... En attendant, les astronomes
s'efforcent d'en préciser le sens et nous savons, grâce à eux,
qu'il y a ici-bas des saisons, des climats, des événements
météorologiques, des lignes et des zones particulières : autour
de ces points singuliers qu'on nomme « les pôles », s'étendent
les zones glaciales; plus excentriquement les zones tempérées
et, sur le ventre de l'équateur, les zones intertropicales ou
torrides. Ce sont là, derechef, autant de conditions de vie qui
se superposent aux précédentes et vous voyez finalementqu'il
n'est pas besoin de remonter l'échelle des âges géologiques,
pour découvrir de quelle manière la vie se pluriformise sous
l'influence des milieux. En d'autres termes, ce que la paléon-
tologie vous montrait dans Vordre des successions, la zoo-
logie géographique va vous le montrer dans Vordre des
coexistences.
La Zoologie géographique peut donc se définir « le chapitre
XXXVIIl SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
de la philosophie nalurelle qui étudie comment, et pourquoi
les animaux sont parqués, suivant leur organisation, en telle
ou telle ou telle région, sur tel ou tel point du globe ter-
restre. »
Je dis comment et pourquoi : car en voulant aborder le
pourquoi avant le comment, nous nous exposerions à coup
sûr à une défaite. En nous bornant au problème du comment,
par élimination systématique du pourquoi, nous nous montre-
rions indignes de l'illustre fondateur de cette Société. Ecoutez
bien ses paroles: « Sans doute, dit-il, pour celui qui se ren-
ferme dans le cercle étroit de l'observation directe et de ses
conséquences immédiates, il n'y a de possible que la connais-
sance, même imparfaite, des fails matériels de l'ordre actuel
des choses; tandis que pour celui qui croit pouvoir, non
seulement observer et expérimenter, mais aussi raisonner,
mille routes nouvelles sont ouvertes : le but grandit comme
les moyens, l'espace et le temps n'ont plus de limites. »
Je suis complètement de l'école des Geoffroy Saint-Hilaire,
«t j'avoue que si la zoologie géographique ne devait être qu'un
pur et simple inventaire des animaux répandus en ce petit
coin du monde que nous habitons, je trouverais cette science
aussi aride et j'ose ajouter aussi peu féconde que la statis-
tique... Respectons certes les faits; mais permettons-nous de
les discipliner et de les généraliser, en daignant nous souvenir
que le genre humain a des ailes et qu'il aspire à s'élever tou-
jours. Il ne pourrait voler dans le vide, c'est évident; mais,
de même que l'oiseau est soutenu par l'air qui lui résiste, de
même notre esprit, quand il s'appuie sur le témoignage empi-
rique des sens, cherche par cela seul à s'élancer au delà !
Ainsi envisagée, la science est incontestablement toute
jeune et ne remonte pas au delà des années qui suivirent les
beaux travaux d'Alexandre de Humbold. Cependant le cerveau
de Buffon en couvait le précieux germe ; et nous ne pouvons
refuser à l'immortel naturaliste la gloire d'avoir fait observer
le premier que le lio7i, le tigre et \e chameau d" Amérique ne
sont pas un vrai lion, un vrai tigre, un vrai chameau. — Les
premiers conquérants du nouveau monde, trouvant sur le sol
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. XXXIX
conquis des animaux qui se l'approchaient en apparence de
ceux qu'ils connaissaient en Europe, leur donnèrent tout spon-
tanément les mêmes noms ; et fmalement il se trouva que les
noms avaient confondu les choses. — La zoologie et la bota-
nique sont du reste toutes pleines de survivances analogues,
et je ne sache pas de rhéteurs plus amis de la catachrèse que
les hommes auxquels nous devons nos nomenclatures.
Mais Flourens, qui insiste beaucoup sur le rôle joué par
Buflon, croit néanmoins devoir rappeler que Pline l'Ancien
avait eu, lui aussi, au sujet de la géographie animale, des
pressentiments fort justes.
Sur ce terrain il est toujours facile de renchérir : car un
germe, si informe qu'il soit, est constamment précédé d'un
état antérieur plus vague et plus informe encore... Je n'hésite
pas personnellement à croire que l'antiquité (même la haute
antiquité) dut être rapidement initiée aux faits les plus élé-
mentaires des grandes localisations de la nature vivante ; de
sorte que Virgile ne me semble pas prêter un langage trop
scientifique au berger Tityre, lorsqu'il le fait s'écrier:
« On verra dans les plaines de l'air, paître les cerfs légers ;
les poissons vivre à sec sur les rivages ou le Parthe venir
boire les eaux de l'Arar et le Germain celles du Tigre, plutôt
que l'image de mon maître s'effacer de mon cœur ! »
Cette touchante exclamation est, par son incohérence même,
plus remarquable encore : car elle invite à supposer que le
Parthe et le Germain sont, dans la pensée de l'humble inter-
locuteur de Mélibée, circonscrits dans leurs aires géographi-
ques respectives, au même titre que les animaux terrestres à
la surface du sol et les aquatiques au sein de l'onde. Nous y
reviendrons.
Seulement, Mesdames et Messieurs, et pour ne pas déserter
mon idée maîtresse, vous voudrez bien remarquer que ce qui
caractérise essentiellement le point de vue scientifique n'est
nullement touché ici, pas plus que dans les ouvrages de Pline,
pas plus même que dans Bulïon. Car, en définitive, le point
de vue scientifique, c'est findication des lois et le soupçon
des causes... Il v a des localisations dans la nature animée,
XL SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
soit ! le renseignement vaut son pesant d'or ; mais ne poussons
pas le fétichisme jusqu'à adorer le brillant lingot. Monnayons-
le plutôt et servons-nous-en au plus vite. Le monnayeur, ici,
vous le devinez, c'est l'intelligence qui compare et qui juge.
Comparons donc et jugeons.
To^it dans le monde, et surtout dans le monde de la vie,
est localisé ou tend à se localiser. Comme le règne animal
nous présente ses faunes, le règne végétal nous présente ses
flores ; et l'anatomiste qui se confine dans la dissection d'un
seul individu animal ou végétal découvre bientôt que l'objet
même de ses patientes et utiles recherches gît tout entier dans
la connaissance d'une série de localisations.
Montrer l'universalité d'un fait, c'est déjà l'éclairer passa-
blement, et quoique l'essence dé la pesanteur nous soit pro-
fondément inconnue, nous avons coutume de dire que ce phé-
nomène est expliqué, depuis que l'incomparable instituteur de
la mécanique céleste nous l'a fait envisager comme un cas
particulier de la gravitation universelle.
Dans la question qui nous occupe, il y a même plus : nous
pouvons trouver en effet dans les localisations des espèces
végétales, une explication directe, une cause matérielle de la
distribution géographique des animaux herbivores, frugi-
vores et granivores et, par contre-coup, une raison de la
distribution des carnivores qui s'attachent généralement à
certaines proies de prédilection.
De môme dans les localisations anatomiques des appareils,
des organes et des tissus, nous trouvons une explication
directe, une cause matérielle de la topographie des parasites.
En étendant l'idée, on arrive à dire que toutes les fois
qu'il existe, dans l'économie de la nature, une subordination
quelconque entre deux vivants, la distribution de ceux-ci en
est affectée.
Aux deux grands principes ci-dessus, savoir : que la matière
vivante est atteinte de la monomanie des localisations et
que le groupement réciproque des êtres est comme Vappa-
reil enregistreur de leurs relations économiques simples ou
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. XLI
compliquées; à ces deux grands principes s'enjoint un troi-
sième:
Il y a des rapports définis entre les propriétés géométri-
ques, mécaniques, physico - chimiques des milieux et les
attributs différentiels des espèces.
Par exemple, si l'on jette un coup d'œil d'ensemble sur les
différentes aires géographiques, on reconnaît qu'il existe une
harmonie incontestable entre les dimensions des territoires
et les dimensions des habitants. — Ce qu'on peut exprimer
sous cette autre forme :
' Aux grandes aires les types volumineux, aux petites
aires les types exigus.
D'abord on peut remarquer, ainsi que nous l'avons fait au
début, que les portions de notre planète qui sont recouvertes
d'eau l'emportent très considérablement en étendue sur les
portions terrénéennes. Eh bien, il est reconnu par tous les
zoologistes, à la suite d'Isidore Geoffroy Saint-llilaire, que
« les animaux qui habitent au sein des eaux ou qui y passent
seulement une partie de leur vie, parviennent cà une grande
taille comparativement avec les autres types du groupe au-
quel ils appartiennent ». — « Et il semble même, ajoute ce
profond penseur, que l'accroissement de leurs dimensions
soit en raison directe de la durée de leur séjour dans l'eau. »
Mais les applications se poursuivent bien au delà, car il est
reconnu également:
i° Que, parmi les espèces aquatiques, les marines sont
décidément les plus grandes, à proportion même de la gran-
deur des mers; de même pour les espèces lacustres, et ainsi
de suite, en prenant celles des tleuves, des rivières et des
ruisseaux ;
2" Que, parmi les formes vivantes terrestres, les continen-
tales, qui sont les plus grandes de toutes, déclinent comme les
continents eux-mêmes, jusqu'à rejoindre les insulaires qui
déclinent à leur tour, parallèlement à la décroissance de
rétendue de îles;
3" Enfin, que les mammifères montagnards atteignent ordi-
nairement des dimensions moins considérables que ceux des
XLII SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
plaines. L'altitude n'est-elle pas, en effet, une autre fornne du
rétrécissement de l'habitat terrénéen et ne peut-on pas dire
qu'une montagne est une île à laquelle il ne manque que
d'être entourée d'eau?
Mais, de toutes les aires géographiques, la plus petite serait
encore, bien entendu, l'organisme d'un autre animal... Eh
bien ! le principe n'est pas en défaut et les parasites pris en
masse sont évidemment les plus petits êtres de l'univers.
Encore un mot : si le format des animaux diminue avec
l'espace qu'on laisse à leur disposition, la science expérimen-
tale doit pouvoir nous offrir, à un moment donné, de gra-
cieuses récréations de physiologie amusante. C'est ce qu'a fait
Bory de Saint-Vincent. Un cyprin doré ayant été, pendanl^dix
années, renfermé dans un bocal étroit, n'y prit aucun accrois-
sement. Il se développa au contraire en très peu de temps, de
manière à doubler de volume, lorsqu'il eut été mis dans un
vase plus grand... Voilà bien, cette fois, de la zoologie géogra-
phique en chambre et sur commande. Mais voici maintenant
une autre loi analogue à la précédente, tout aussi remar-
quable qu'elle et peut-être plus scientifique, je veux dire plus
rationnellement explicable :
Au fluide le plus dense, les gros animaux ; au fluide le
plus subtil, les petits.
Nous retrouverions là, pour commencer, deux des obser-
vations précédentes, au sujet de l'océan comparé aux eaux
douces et des montagnes comparées aux plaines. Mais la pro-
position se vérifie encore lorsque nous envisageons la faible
taille des animaux qui vivent sur les arbres, entre ciel et
terre, et à plus forte raison de ceux qui sont adaptés pour le
vol.
II se pourrait. Mesdames et Messieurs, que la mécanique
eût son mot à dire sur cette question : en effet, pour voler
dans les couches légèrement rarétiées de l'atmosphère ou
même plus bas, pour vivre seulement sur les arbres, il faut
une énergie locomotrice dont les petits sujets seuls sont sus-
ceptibles, à cause du peu de surcharge que leur masse pesante
impose dans ce cas à leur puissance musculaire. Aussi les
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. XLIII
grands oiseaux ne perchent-ils déjà plus, mais descendent
jusque sur le sol, où ils finissent même par demeurer exclusi-
vement, incapables qu'ils sont alors du vol le plus rudimen-
taire. Si la Fable fut jamais malheureusement inspirée, c'est
bien dans sa création fantastique du Roc, ce colosse ailé qui
enlevait dans ses serres des rochers énormes. La paléontologie,
quoi qu'on dise, n'a point ratifié cette chimère et les épiornis
géants qu'elle a déterrés, outre qu'ils ne volaient pas, se sont
rapidement éteints devant de chétifs émules. — Au delà d'une
certaine masse, un animal terrestre deviendrait même absurde,
et le monstrueux cétacé abdiquant sa dignité de mammifère
est allé se réfugier dans les lourdes eaux du milieu salé.
Comme Archimède il aurail pu s'écrier en se plongeant dans
le bain révélateur : « Eupy]Ka ! j'ai trouvé! j'ai trouvé le moyen
de perdre de mon poids tout l'excédent qui me paralysait à la
surface du sol... »
En faisant cette digression je me montre au reste le con-
sciencieux disciple du grand zoologiste français, M. Milne
Edwards : il avait été frappé depuis longtemps de certaines
relations nécessaires qui existent sûrement entre les pressions
exercées par l'habitai liquide et l'infériorité de l'organisation.
Il est certain que l'esprit comprend avec netteté pourquoi les
animaux dont les tissus sont trop mous pour se soutenir par
eux-mêmes dans l'air, peuvent néanmoins vivre très bien au
sein des eaux, où ces mêmes tissus n'étant guère plus denses
que le fluide ambiant, n'ont besoin d'offrir qu'une bien faible
rigidité pour conserver leurs formes et pour empêcher les
diverses parties du corps de retomber sur elles-mêmes. Cha-
cun de vous peut-être a-t-il tenu ce raisonnement en visitant
nos aquariums et s'est-il plus ou moins rendu compte de la
raison qui fiiit que les espèces marines sont étagées aux diffé-
rentes profondeurs de l'Océan.
Et puis, lorsque ce n'est pas la masse tout entière du corps
qui a besoin d'être maintenue, c'est souvent encore un organe
délicat et important, comme celui de la respiration : on voit
alors les branchies en arbuscules et en panaches s'épanouir
aisément, à la façon de ces préparations anatomiques molles
XLIV . SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
et flexibles qu'il faut absolument achever dans l'eau, si l'on,
tient à les bien réussir.
- Enfin il y a la question de dessiccation qui vient à la res-
cousse et qui pourrait expliquer à elle seule pourquoi l'imper-
fection organique entraîne, ipso facto, l'aquatilité plus ou
moins complète.
Les grands agents de la nature, lumière et chaleur, ont
incontestablement, eux aussi, de l'influence sur les animaux;
et les physiologistes, avant d'avoir les ressources de l'expéri-
mentation dans leurs laboratoires, se tournaient instinctive-
ment vers la zoologie géographique, pour y puiser des dé-
monstrations provisoires de leurs théorèmes : « Aux pays
chauds et lumineux, disait-on, les animaux venimeux et colo-
rés; aux pays pauvrement ensoleillés, les animaux lanigères,
duveteux et pales. »
"i'Cela est frappant et a toujours été vérifié, notamment en ce
qui concerne la laine dont la production nous intéresse à si
juste titre. Ce poil supplémentaire tend, d'une façon générale
et régulière, à se développer sur le corps des mammifères
exposés au froid ; et c'est en vain qu'on essayerait, à l'équa-
teur, d'entretenir avec leurs fines toisons nos bêtes ovines de
Rambouillet... Par contre, nous avons vu constamment, au
Jardin d'Acclimatation, des animaux tropicaux étrenner un
costume d'hiver qui les eût fait montrer au doigt dans leur
pays natal ! N'était-ce pas là une sorte de réédition de ce qui
a dû se passer dans les temps antérieurs, quand des pachy-
dermes frileux, analogues à nos éléphants, se voyaient obligés
d'affronter les latitudes sibériennes ? Tout est relatif, du reste,
et les chèvres de Cachemire que nous avons transportées ici
se sont vues forcées, elles, de mettre au vestiaire leur par-
dessus trop lourd, pour s'adapter à notre climat comparative-
ment chaud...
En somme, c'est grâce à celte merveilleuse propriété d'ac-
commodation des quadrupèdes et des oiseaux aux basses
températures que nous possédons nos précieuses fourrures et
nos moelleux édredons ; que ces édredons et ces fourrures
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. !XLV
proviennent d'animaux sauvages ou domestiques, que noiis
les devions à l'adresse du chasseur ou à la vigilance du fer-
mier, peu importe.
On a cru longtemps que les climats tempérés, où la lumière
et la chaleur ont une intensité moyenne, étaient plus favo-
rables que les autres au grand développement de la taille.
I. Geoffroy Saint-Hilaire ajustement réagi contre celte croyance
et nous lui devons la loi suivante : « Aucun genre n'a ses plus
grandes espèces, aucune espèce n'a ses plus grands individus
dans les pays un peu chauds ou un peu froids ; résultat non
seulement différent, mais même précisément inverse de celui
qui est universellement admis. »
l^n un mot, les tailles extrêmes répondent à des tempéra-
tures extrêmes. '
Les pays chauds et lumineux auraient-ils, en outre, une
influence sur le degré d'évolution des formes vivantes? Voilà
ce qu'on soupçonne et voici, dans tous les cas, les faits indu-
bitables qui alimentent cette belle induction :
D'abord, il a été démontré expérimentalement par Milne
Edwards que les têrards privés d'air et de lumière ne peuvent
pas subir leurs métamorphoses. Chose singulière ! Ils acquiè-
rent alors un volume effrayant, mais sans dépouiller leur
forme larvale. 11 en serait de même, paraît-il, d'une foule
d'êtres inférieurs.
D'autre part, les types à physionomie plus ou moins em-
bryonnaire se rencontrent surtout chez les animaux hibernants
ou fouisseurs et plus encore dans les espèces aveugles des
cavernes.
Que l'organe de la vue, en particulier, s'atrophie et dispa-
raisse au fur et à mesure que les mœurs d'un animal devien-
nent plus souterraines, c'est, je pense, ce que personne ne
révoque en doute. Les Taupes, les Tucu-Tuco, les animaux
divers des grottes de la Garniole et de la caverne du Mam-
mouth, dans le Kentucky, sont tous plus ou moins aveugles.
Il en est de même de l'Amblyopsis, du Protée et de l'Anoph-
talmus dont le nom est si expressif. « Chez quelques Crabes,
dit Darwin, le pédoncule portant l'œil est conservé, bien que
XLVI SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
l'appareil de la vision ait disparu; c'est-à-dire que le support
du télescope existe encore, mais que le télescope lui-même et
ses verres font déiaut. »
A son insu, l'industrie minière a repris cette étude sur une
grande échelle. En effet, les mulets du Creusot que l'on des-
cend dans les galeries profondes et que, bien entendu, on ne
prend pas la peine de remonter toutes les six heures à la sur-
face du sol, comme cela a lieu pour les ouvriers humains;
les mulets du Creusot qui passent en moyenne dans la mine
cinq ou six ans, perdenttousfinalementet fatalement la vue...
Je devrais simplement dire qu'ils s'adaptent à la vie subter-
rénéenne et viennent artificiellement enrichir la faune des
cavernes d'un mammifère nouveau. Mais ne perdons pas.. . de
vue notre sujet principal : sous tel ou tel aspect, l'obscurité
est l'ennemie du développement vital ; Arimane, génie des
ténèbres, comprime l'essor créateur d'Ormuzd, le dieu bien-
faisant!...
Ouvrons maintenant le livre d'Agassiz et lisons :
« Presque toutes les classes possèdent des familles tropi-
cales, dit-il, et celles-ci ont généralement dans la classe un
rang très élevé. » Témoins les grands singes anthropomor-
phes, les grands chiroptères et les puissants digitigrades.
« Un autre rapport intéressant à signaler, c'est, dit encore
Agassiz, l'absence de types embryonnaires dans les régions
tropicales. »
Le savant américain ne commente pas ; mais on se sent, à
cette lecture, très porté à admettre que la vie, ayant d'abord
apparu aux pôles, a envahi, à partir de ces grands centres
primordiaux, la terre tout entière en ondulant de tous côtés,
à la façon du liquide troublé par la chute d'une pierre, et en
perfectionnant simultanément ses manifestations. Toujours
est-il qu'il y a cette corrélation non équivoque entre les lieux
fortement éclairés de la ligne équinoxiale et les organisations
les plus achevées de la nature, comme entre la dégradation
suprême des parasites intérieurs et les sombres cachots de
nos viscères.
Si les climats ont quelque empire sur les formes animales,
DISTUIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. XLVII
dira (|uelqu'un, il suit h priori « que les aires géographiques
» des espèces doivent affecter de préférence la forme d'une
» ellipse dont le grand axe tendra à être parallèle à l'équa-
» teur. » On a plus de chances, en effet, de rencontrer les
mêmes conditions d'existence en allant de l'est à l'ouest qu'en
allant du sud au nord, et le cercle d'extension naturelle des
êtres a dû constamment s'aplatir selon le diamètre^le plus
défavorable pour s'allonger selon le diamètre le plus favorable.
Eh bien, cette proposition quasi-mathématique a été véri-
fiée presque toujours.
Si les climats ont quelque empire sur les formes animales,
il suit encore à priori que les aires clirnatériques correspon-
dantes doivent donner lieu à des manifestations morphologi-
ques correspondantes. Or, c'est précisément ce qui s'observe
lorsqu'on rapproche nos perdrix de leurs représentants amé-
ricains les Colins, ou bien lorsque Ton compare nos Sucriers
et nos Souïmangas aux Colibris, nos Sangliers aux Pécaris, etc.
Il n'y a pas identité dans ces animaux, mais Vanalogie la
plus complète s'y fait remarquer du premier coup, au moins
autant qu'entre le Lama et le Chameau, le Puma et le Lion, le
Jaguar et le Tigre. Buffon avait bien saisi le côté négatif de la
comparaison, mais c'est Flourens qui a formulé nettement
l'idée du parallélisme entre les types de l'ancien et les types
du nouveau monde.
Un autre parallélisme bien curieux est celui qui règne éga-
lement entre les productions organiques des altitudes pro-
noncées et celles des hautes latitudes. L'expression « hautes
latitudes » fait déjà image par elle-même et nous rappelle que
depuis longtemps on avait assimilé poétiquement les deux
hémisphères terrestres, réunis et séparés par l'équateur, à
deux gigantesques montagnes accolées par la base.
Mesdames et Messieurs, il ne me semble pas encore lire sur
vos bienveillants visages la moindre trace de fatigue; mais
cela ne prouve pas suffisamment en ma faveur, et peut-être
ferai-je bien d'arrêter ici cette aride conférence. Cependant
les points qui intéressent sans doute le plus les membres
XLVIII SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. .
d'une Société telle que la vôtre, ont été à peine effleurés et,
tout compte fait, je crois de mon devoir de garder la parole
quelques minutes encore.
On s'est bien souvent posé une question :
Les animaux sont-ils distribués de façon à répondre à
Vinfinie diversité des conditions géographiques ambiantes,
à toutes les offres de vie que la planète a su et sait faire à
ses myriades de clients ?
Ne pouvant transiger avec la vérité scientifique, je répon-
drai hardiment : Non, cela n'est pas. « D'une part, dit Her-
bert Spencer, les animaux de chaque espèce ont évidemment
leurs habitats limités par des conditions extérieures ; ils sont
nécessairement réduits à des espaces dans lesquels leurs
actions vitales peuvent s'accomplir. » Mais « d'autre part,
l'existence de certaines conditions ne détermine pas récipro-
quement la présence d'organismes qui y trouveraient un
milieu convenable ».
En d'autres termes, « il y a des espaces parfaitement adap-
tés à la vie d'êtres supérieurs et dans lesquels on ne trouve
que des êtres d'ordre bien inférieur »,
Ces dernières paroles du philosophe anglais sontjudicieuses
et les personnes qui nient l'acclimatation au nom des prin-
cipes de zoologie géographique, seront bien forcées de recon-
naître finalement que la distribution des vivants s'explique
mal par la théorie du plan préconçu. Je vous citais, dans mon
historique, les réflexions enfantines d'un chevrier naïf ; per-
mettez-moi de vous dire à présent la profession de foi d'un
infortuné Maori de la Nouvelle-Zélande : « De même que le
rat des hommes blancs a expulsé notre rat indigène, que la
mouche d'Europe a fait fuir la mouche du pays et que le trèfle
a vaincu les vieilles fougères; de même devant les hommes
blancs périront les Maoris ! »
Ce Jérémie de l'hémisphère austral n'est peut-être pas aussi
célèbre que l'autre... Mais je crois qu'il est dans le vrai et que
ses lamentations sont positivement inspirées.
En définitive, il faut reconnaître l'existence d'une loi très
générale que, faute de mieux, je prendrai la liberté de dési-
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. XLIX
gner sous le titre de « Loi d'usurpation des aires géographi-
ques ». Chaque espèce, veux-je dire, loin de se trouver satis-
faite des limites de son parc, tend de toutes ses forces à élargir
sa sphère d'existence, à envahir d'autres régions , d'autres
modes de vie, d'autres milieux.
Eh quoi! me direz-vous; faut-il donc admettre que le
Parthe viendra jamais boire les eaux de l'Arar et le Germain
celles du Tigre? Ou plutôt est-il à craindre que nous trou-
vions un jour les cerfs envolés de nos forêts et les poissons
sortis en masse de nos rivières?...
L'objection contient sa propre réfutation en grande partie :
car si l'invasion des Asiatiques en Europe ou des Européens
en Asie ne constitue pas un dérèglement que vous osiez assi-
miler à l'invasion des ruminants les plus agiles dans la région
des nuages ou à celle des requins sur la place publique, c'est
que d'intuition vous déterminez approximativement les coeffi-
cients de plasticité probable des organismes considérés.
Tout est là en effet, et les espèces, quelles qu'elles soient,
doivent infailliblement trouver des bornes à leurs velléités
usurpatrices, dans la mesure môme de leurs facultés d'adap-
tation.
Or on peut faire à ce sujet trois hypothèses principales :
i" Si les facultés d'adaptation sont nulles ou presque nulles,
il suit que les types organiques, sans être absolument confinés
dans leurs districts primitifs, ne pourront jamais espérer con-
quérir que des régions du globe à peine dilïérentes des leurs,
et même à la condition de pouvoir franchir les stations inter-
médiaires. En un mot, cette alternative supprime la possibi-
lité intrinsèque de l'acclimatation, sans pouvoir toutefois sup-
primer la possibilité extrinsèque de l'extension des vivants.
La remarque est bonne à noter, et nous ne devons pas perdre
de vue que la seule conquête de la nature brute nous assure-
rait quand même la jouissance parfaite d'un monde animé
rebelle à toute modification anatomique ou physiologique.
2" Si les facultés d'adaptation sont très amplement dévelop-
pées ou quasi indéfinies, il est évident, du moins à première
vue, que les êtres pourront prétendre tôt ou tard à n'importe
3° SÉRIE, T. X. — Séance publique annuelle, </
L SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
quel habitat, et l'on est tout d'abord porté à croire que leur
spécificité, aussi fantaisiste que leur localisation, disparaîtra
sans retour, emportant dans la tombe nos convictions les plus
chères à l'endroit des lois de la nature... Mais une méditation
intelligente repousse cette interprétation et réduit simple-
ment la théorie à supposer que tous les phénomènes décrits
par les morphologues et les géographes sont fonction les uns
des autres ainsi que de la durée éternelle. Ce qui enracine
encore plus profondément dans l'esprit la conception de « loi
naturelle ».
3" Enfin si les facultés d'adaptation ont un degré moyen de
plasticité, alors sans doute il n'est plus possible qu'une race
d'êtres ait épuisé dans le passé ou doive épuiser dans l'avenir
toutes les modalités de la forme et de la résidence; mais une
prophétie quelconque condamnant à priori telle naturalisa-
tion, tel acclimatement, tel transport, devient parfaitement
outrecuidante.
Le langage le plus prudent est encore celui des évolution-
nistes : Quand une espèce change réellement d'habitat, di-
sent-ils, elle subit des altérations anatomo-physiologiques
correspondantes^ afin de s'adapter à ses nouvelles conditions ;
mais si elle est incapable de ce tour de souplesse, elle en
meurt et va grossir de la sorte la liste des fossiles.
C'est simple, c'est clair ; et l'on s'étonne de ce que cela n'ait
pas été trouvé tout de suite !
Toutefois nous ne devons pas rejeter, sans l'entendre,
l'opinion de certains zoologistes chefs d'école, opinion qui ne
laisse presque rien à la variabilité et qui vous représente vo-
lontiers les peuples de la terre localisés au même litre que
les autres productions de la nature.
Notre éminent anihropologiste, M. le professeur Quatre-
fages, s'est heureusement chargé de la difficulté et il en a fait
sortir un des plus beaux arguments que je connaisse en faveur
de la loi d'usurpation des aires géographiques et par consé-
quent de l'acclimatation.
Avec toute la délicatesse qui caractérise le vrai savant,
M. de Quatrefages commence par attribuer ouvertement à de
DISTRIBUTION GÉOGRAl'HIQUE DES ANIMAUX. LI
Candolle la paternité de l'admirable loi de géographie biolo-
gique sur laquelle il va appuyer son argumentation.
Voici cette loi : « L'aire moyenne des espèces est d'autant
plus petite que la classe à laquelle elles appartiennent a une
organisation plus complète, plus développée, autrement dit
plus parfaite. »
Pour de Candolle cependant c'est là avant tout le résultat
immédiat d'une constatation de faits et de faits relatifs au
règne végétal; aux yeux de M. de Quatrefages, le cantonne-
ment progressif domine tout l'empire organique et constitue
d'ailleurs une nécessité physiologique qui peut se déduire
ainsi : « Le perfectionnement des organismes s'accomplit par
la division du travail; or celle-ci exige la multiplication des
appareils fonctionnels. A mesure donc que les instruments
anatomiques deviennent plus nombreux et plus spéciaux, les
fonctions elles-mêmes se spécialisent. A cause de cela, les
conditions d'harmonie entre l'être vivant et le milieu qui l'en-
toure se précisent déplus en plus. Par suite enfin, l'organisme
ne trouve plus ses indispensables éléments de bien-être que
dans une aire progressivement restreinte. »
Cette déduction est irréprochable, et comme aucun animal
ne fait au reste exception à la règle, il faut bien que l'homme
et ceux de ses animaux domestiques qui sont, comme lui,
cosmopolites, aient opéré leur extension paradoxale après
coup, c'est-à-dire en s'irradiant d'un berceau primitif parfai-
tement défini.
L'objection tirée de la pluralité possible des souches hu-
maines, canines, équines, bovines, etc., s'évanouit même
complètement, en ce sens qu'elle n'atteint plus le grand prin-
cipe du cantonnement progressif, lequel s'applique aux genres
et aux familles aussi bien qu'aux espèces.
Deux autres vérités capitales achèvent de nous convaincre
de l'impuissance des conceptions philosophiques anciennes,
relativement à la prédétermination des rapports qui existent
entre les territoires et les habitants.
C'est d'abord la loi de sir Alfred Russel Wallace, savoir que
LU SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
les relations naturelles d'affinité entre les espèces, aussi bien
que leurs rapporls économiques, se traduisent dans leur voi-
sinage géographique.
La démonstration est éclatante lorsqu'on envisage , par
exemple, la distribution desBulimi, des Colibris, des Toucans,
des Goliatbi d'Afrique, des Ornithoptères des îles Malaises,
des Héliconides de l'Amérique méridionale et des Danaïdes
de l'Orient.
Mais il est bon d'ajouter qu'au fur et à mesure que l'on en-
visage des groupes plus embrassants que les espèces, c'est-
à-dire les genres, les familles, les ordres, les classes et les
embranchements, on voit s'affaiblir et disparaître toute cor-
respondance entre la morphologie et la chorologie.
Agassiz insiste beaucoup sur ce principe restrictif: « A ne
considérer, dit-il, que les sections primaires du règne animal,
on rencontre partout, à côté les uns des autres, des représen-
tants des quatre embranchements. Les classes ont déjà un
mode de distribution plus restreint. Dans quelques classes,
c'est seulement dans les ordres ou dans les familles qu'on
trouve une corrélation avec les milieux. Il y a même des grou-
pes naturels où elle ne se manifeste plus au delà des genres,
et un petit nombre de cas dans lesquels elle ne va pas plus
loin que les espèces. »
On comprend à priori qu'il doit en être ainsi ou à peu près ;
car plus un groupe a de compréhension, plus il présente de
types subordonnés et divers, capables de répondre à la diver-
sité des conditions d'existence que présente une aire géogra-
phique très étendue, plus étendue même quejie le compor-
terait rigoureusement l'augmentation numérique proportion-
nelle des individus du groupe le plus considérable...
Le même Agassiz explique facilement, au moyen de cette
loi, pourquoi les natiu'alisLes des siècles précédents ont en-
fanté de mauvaises classifications: t( C'est surtout, dit-il,
parce qu'ils ont fait de l'habitat la base de leurs divisions pri-
maires. Mais en la réduisant aux proportions qui lui convien-
nent, cette étude ne peut manquer de produire de bons ré-
sultats et, dans les limites de la classe, la seule considération
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. LUI
de l'habitat pourrait, en beaucoup de cas, conduire à une
classification rationnelle. »
Le génie de Charles Darwin ne pouvait rester étranger à
cette question intéressante, et nous devons rappeler avec lui :
i" Que les espèces qui habitent les îles sont ordinairement
parentes des espèces qui habitent les continents les plus
voisins ;
2° Que les faunes des groupes d'îles offrent entre elles des
ressemblances encore plus marquées;
S" Enfin qu'il semble y avoir, par contre, un rapport entre
l'existence, dans les îles, de Mammifères à un état plus ou
moins modifié et la profondeur de la mer qui sépare ces îles
de la terre ferme.
Spencer et Darwin enveloppent ces divers faits généraux
dans l'aphorisme suivant, lequel fait pendant à la loi de Wal-
lace et la corrige dans ce qu'elle pourrait avoir de trop
rigide :
Les affinités ou les dissemblances sont en harmonie avec
r absence on r existence des barrières, bien plutôt qu'avec
Vanalogie ou la disparité des circonstances ambiantes géolo-
logigues ou météorologiques.
Ainsi, d'une part, « il n'y a pas deux faunes plus distinctes
que celles des rivages oriental et occidental de l'Amérique du
Sud et de l'Amérique du Centre; et pourtant ces deux grandes
créations ne sont séparées que par l'isthme étroit, mais in-
franchissable de Panama. » Nous pouvons ajouter que « sur
les versants opposés des hautes chaînes de montagnes, on
trouve aussi des différences dans les formes organiques; dif-
férences moins prononcées, il est vrai, que lorsque les bar-
rières sont absolument insurmontables, mais bien plus pro-
noncées que ne l'exige la différence des actions cosmiques, p
D'autre part, les grandes surfaces qui offrent une diversité
énorme de conditions biogéniques n'en sont pas moins peu-
plées d'organismes très voisins, lorsqu'il n'existe aucun ob-
stacle à la libre migration.
'O'
Ma conclusion désormais ne peut être que simple et brève :
LIV SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGGLIMATATION.
A. Il y a une science qu'on appelle la zoologie géographi-
que el qui se propose de déterminer jusqu'à quel point la di-
versité des animaux est fonction de la diversilé des territoires,
des habitats, des locaux que les vivants occupent ici-bas à un
moment donné.
B. A un moment donné... Et pourtant il ne faudrait pas né-
gliger de s'enquérir au sujet de la distribution des animaux
aux époques antérieures, d'autant plus que la répartition ac-
tuelle doit être en grande partie la conséquence de celles qui
ont précédé. — C'est du moins l'avis de I. Geoffroy Sainl-Hi-
laire et d'Agassiz.
C. Même avec cette réserve importante, il s'en faut de
beaucoup que l'adéquation des deux ordres de diversités soit
complète, attendu que, d'un côté, il serait difficile d'expliquer
toutes les différenciations zoologiques par les différences qui
existent dans les conditions de vie, et que, d'un autre côté,
condition de vie n'est pas synonyme de condition géogra-
phique.
D. La plupart du temps une forme vivante semble présen-
ter les vestiges d'adaptation successives à des milieux absolu-
ment différents, comme si les ancêtres de cette forme n'avaient
eu rien de commun avec elle.
E. En somme, tout se passe comme si, d'une façon lente et
siÀre, les espèces animées avaient, en se modifiant au fur et à
mesure, envahi les divers départements qu'elles occupent
aujourd'hui.
Aux termes de cette hypothèse, l'homme en acclimatant des
animaux n'aurait fait que prendre en main la direction d'un^
phénomène naturel, vieux comme le monde... Et nous voyons
en effet que, môme présentement, ce phénomène s'accomplit
souvent mieux sans nous que par notre intermédiaire, à
moins qu'il ne se produise complètement malgré nous ! Mais
cela doit provenir de ce que la nature a pour elle le temps
illimité et, faut-il le dire, de ce qu'elle ne se propose vraisem-
blablement aucun but : Les choses vont avant tout comme elles
peuvent et suivent toujours ici aveuglément la ligne de moin-
dre résistance. Les organismes de tous les modules envahis-
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. LV
sent à tort et à travers tout espace brut ou vif qui peut leur
servir de milieu de culture, et le tout, sous le couvert de la
lutte pour l'existence et de la sélection fatale des plus aptes.
Au bout du compte, nous pouvons être sûrs que si une foule
d'acclimatations n'ont pas réussi, cela vient de ce que nous
connaissons mal les lois de la transformation des espèces. Ce
sont des faits négatifs ; voilà tout !
Mais la plupart des intelligences paresseuses aiment mieux
croire que les formes zoologiques sont autochtones , c'est-
à-dire nées des pierres du sol, et que, figées sur place dans
leur moule initial, elles refusent opiniâtrement de s'ajuster
à d'autres conditions d'existence.
Ce dogme poudreux de 1' « autochtonisrae » va heureuse-
ment en déclinant, de sorte que aujourd'hui beaucoup pen-
sent, s'ils n'osent encore le dire, que les mesures prises par
le Créateur pour empêcher le mélange, le déplacement et l'in-
terversion des faunes, sont ni plus ni moins efficaces que
celles mises en pratique par Lui pour empêcher l'hybridation
des types, les greffes végétales et animales, les hétérotaxies,
les luxations et les hernies de toutes sortes...
L'aulochtonisme ! mot qui déchire encore moins l'oreille
du musicien que l'idée qu'il exprime ne heurte la raison du
vrai philosophe...
L'aulochtonisme ! c'est-à-dire cette funeste croyance qui
nous persuadait si bien que les vers parasitaires et les virus
pouvaient s'engendrer spontanément dans nos corps, de façon
à nous faire ressembler, nous, à ces misérables sauvages qui
adorèrent les premiers hommes blancs qu'ils virent dans leur
île; incapables qu'ils étaient, eux, d'imaginer qu'ont pût fran-
chir ainsi la mer infinie, en venant d'une autre terre plus dif-
ficile encore à imaginer...
L'autochtonisme ! Mais savons-nous seulement si les pre-
miers microbes qui s'installèrent sur notre planète à peine
refroidie, ne venaient pas d'accomplir la formidable traversée
des océans interstellaires, accrochés à quelque épave d'un
vieux cosmos démoli'^ Non, hélas ! Et peut-être jamais ne le
saurons-nous. Mais ce soupçon solennellement étrange était à
LYI .SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
mes yeux le seul commentaire un peu digne qu'il restât à faire
des merveilleux travaux de M. Pasteur et en compagnie des
plus grands physiciens de l'Europe, William Thomson et
Helmliolz.
Après cela, je crois, la Société d'Acclimatation peut se
donner carte blanche.
RAPPORT ANiNUEL SUR LES TRAVAUX
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION
DE FRANCE EN 1882
Par M. C. RAVERET-WATTEL
Secrétaire des se'ances.
Messieurs,
Chargé par mes ibnctions de vous présenter chaque année
un résumé de vos travaux, je dois veiller à ne laisser dans
l'ombre aucun des faits par lesquels notre Société a manifesté
son activité. Or, si nombreux et si variés sont les sujets
qu'embrassent vos études, que mettre convenablement en
lumière tous les faits intéressants observés, les résultats
scientifiques obtenus, et les applications utiles qui en décou-
lent, est une tâche assurément difficile à bien remplir. En
commençant le présent compte rendu, je réclamerai donc
votre indulgence habituelle pour l'accomplissement d'un de-
voir que je ne peux ni ne veux décliner.
La Société nationale d'Acclimatation, Messieurs, n'a pas
ralenti, pendant la nouvelle péi'iode qui vient de s'accomplir,
la marche en avant qu'elle poursuit d'une façon si heureuse
depuis les premiers jours de son existence. C'est avec une
satisfaction réelle qu'en jetant les regards en arrière, nous
pouvons mesurer des yeux le chemin parcouru et compter les
progrès réalisés, les succès obtenus dans cette nouvelle étape.
Plusieurs questions depuis longtemps à l'étude ont eufin
trouvé leur solution ; d'autres ont été immédiatement abor-
dées et vous fourniront cette année d'importants et fructueux
sujets de recherche, si l'on en juge par les matériaux déjà
réunis.
De ce nombre est la question de l'élevage de la Chèvre,
dont vous avez cru devoir faire l'objet d'une véritable en-
quête. Vous avez compris la nécessité de fixer l'agriculture
sur la fécondité et les qualités respectives des dilïérentes
LXVIII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
races de Chèvres, généralement si peu étudiées que l'on en
est encore à savoir quelle est à ce jour la meilleure laitière,
la plus robuste et la plus sobre (1), On ne trouve pas d'ail-
leurs partout des races de Chèvres franchement homogènes.
La Suisse seule, peut-être, fait une heureuse exception sous
ce rapport, et les documents fournis par M. Neukom, in-
specteur des forets àShaffouse, vous ont fait connaître l'exis-
tence de races bien homogènes, telles que, par exemple, les
Chèvres dites « Schwarzhals » (cou noir), qui sont bonnes
laitières et de belles formes, et pour lesquelles on évite soi-
gneusement des croisements qui compromettraient ces qua-
lités (2). Trop généralement ailleurs, on a considéré jusqu'à
présent la Chèvre comme pouvant se contenter de peu de
chose, et, par suite, on la laisse, pour ainsi dire, chercher sa
nourriture elle-même. Mais si, comme l'a fait remarquer
M. Dybowski(.S), on s'attachait, par une sélection bien enten-
due, à faire reproduire entre eux les individus les meilleurs
et qu'on leur procurât une alimentation riche, appropriée à
leurs aptitudes, on créerait certainement au bout de quelques
années une variété bonne laitière. Un exemple nous est fourni
par les Vaches bretonnes de petite taille, qui, dans leur pays,
vivent presque à l'état sauvage dans les bruyères et donnent
très peu de lait. Transportées dans des milieux où l'on a l'ha-
bitude de mieux traiter le bétail, ces mêmes Vaches devien-
nent très bonnes laitières. Une même Vache bretonne qui,
dans son pays, ne fournissait que 3 ou 4- litres de lait peut,
étant bien soignée, en donner jusqu'à 12 après deux ou trois
vêlages.
En Angleterre, où l'on s'occupe de la réhabilitation de la
Chèvre (4), une Société s'est formée en vue de propager l'es-
pèce caprine. Il importe de ne pas rester chez nous en arrière
de ce mouvement. Nos concours régionaux ont pour but de
vulgariser les animaux utiles de toutes les espèces; l'admission
(1) Procès-verhaux (Biillelm, 1882, p. 239).
(2) Ibidem. 1882, p. 236, 573).
(3) Ibidem. 1882, p. 450)-
(4) Ibidem. 1882, p. 315). '
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LIX
de la Chèvre dans ces concours sera un moyen de la bien faire
connaître, et c'est pourquoi vous avez cru devoir faire des dé-
marches dans ce sens auprès de l'administration supérieure.
Vous vous êtes préoccupés surtout de la propagation de la
Chèvre d'Angora en Algérie. Ainsi que M. Durand vous l'a
fait connaître (i), cette race s'est parfaitement acclimatée
dans la colonie, où elle supporte, mieux que la Chèvre arabe,
les variations de température, tout en donnant, comme poil,
des produits fort satisfaisants. Il est donc à regretter que l'ad-
ministration ne croie pas devoir encourager l'élève de la
Chèvre, qu'elle considère comme de nature à porter préju-
dice aux intérêts forestiers. La population caprine est très
considérable en Algérie (elle est d'environ trois millions et
quelques centaines de mille lêtes) et, quoi qu'on fasse, elle le
sera toujours, au moins en pays arabe; il y aurait ainsi tout
avantage à substituer la race d'Angora à la race indigène,
mauvaise laitière et à toison très peu fournie.
Les observations très soignées faites au Jardin zoologique
d'Acclimatation sur la croissance des Girafes (^) ont appelé
votre attention sur l'insuffisance des renseignements recueil-
lis jusqu'à présent concernant l'accroissement des animaux (8).
Les informations enregistrées chaque jour au Jardin sur cette
question fort importante au point de vue de l'élevage, ne
sauraient être considérées comme de simples curiosités scien-
tifiques; elles présentent, au contraire, une sérieuse ulilité
pratique, leur précision très grande donnant une importance
toute particulière aux conséquences qui s'en déduisent.
On peut en dire autant des observations faites à un aulre
point de vue par M. iluet et consignées par lui dans les notes
qu'il vous a communiquées sur les reproductions d'animaux
obtenues à la ménagerie du Muséum (4). Ces notes font sur-
(1) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 713).
(2) Ibidem, p. 178.
(3, Ibidem, p. 178.
(4) Hiiet, Note sur les 7unssances, dons et ac(iuisitions du Muséum {tluUetin,
1882, p. r)52, 578). — Note sur les iiaissances de Mammifères au Muséum [Ihtl-
lelin, 1882, p. 162). — Note sur les naissances d'Oiseaux obtenues au Muséum
{Bulletin, 1882, p. 352)
LX SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
tout connaître avec précision la durée de la gestation chez un
certain nombre de Mammifères, et, comme on ne possède
que des renseignements fort incomplets sur ce sujet (1), vous
ne pouviez qu'accueillir avec faveur les travaux de M. Huet.
A côté de ces intéressantes observations, vous avez été
heureux d'enregistrer celles dues à plusieurs de nos zélés
confrères, qui s'occupent avec persévérance de la multiplica-
tion d'espèces exotiques et qui ont obtenu cette année de nom-
breuses reproductions de Mammifères et d'Oiseaux. Nous
devons une mention spéciale aux succès obtenus par M. Pays-
Mellier (2), dans la multiplication du Muntjack {Cervulus
aureus), du Cerf nain de la Chine (Cervulus Reevesii), de
l'Antilope cervicapra, etc. ; par M. Persin (3), dans celle du
Cerf-Cochon (Cervus porcinus) ; par M. Joseph Cornély (4),
dans celle de divers Oiseaux et notamment du Pucrasia ma-
crolopha, que sa rusticité remarquable paraît désigner spé-
cialement pour devenir chez nous un nouveau gibier. Rappe-
lons aussi les résultats favorables obtenus : par M. le marquis
de Chelfontaines (5), dans l'élevage des Céréopses d'Austra-
lie; par M. Barrachin (6), dans celui du Casoar en demi li-
berté; par M. le docteur J.-J. Lafon (7), dans l'éducation de
la Pintade vulturine, belle espèce qui paraît appelée à deve-
nir, dans notre zone méridionale, un véritable Oiseau de
basse-cour, comme la Pintade commune l'est devenue pour
les régions plus septentrionales.
D'autres éducateurs, eux aussi habitués depuis longtemps
à réussir, vous ont fait part de la continuation de leurs suc-
cès. Nous nommerons en particulier : M. Delaurier aîné
(d'Angoulême), qui a obtenu de nombreuses multiplications :
Perruches à ailes rouges {Aspromictm eri/tJiropterus), Perru-
ches de la Nouvelle-Zélande {Platycercus Novœa Zelandiœ),
0) Procès-verbaux {Bulletin, 188-2, p. 309).
(2) Ibidem, p. 185.
(3j Ibidem, p. 509.
(4) Joseph Cornély, Un nouveau gibier. — Le Pucrasia macrolopha {Bulletin,
1882, p. 350).
(5) Proces-verbaux {Bulletin, 1882, p. 168).
(C) Ibidem, p. 229.
(7) Ibidem, p. 701.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LXI
Colombes poit^nardées, etc. (1) ; M. Alfred Rousse, qui a
réussi cette année la multiplication de neuf espèces de Perru-
ches (ondulées, calopsittes, omnicolores, de Pennant, Pali-
ceps, à croupion rouge, Nanday, à scapulaire et de Latham
discolore) et qui vous a fourni d'utiles indications sur les
moyens de reconnaître les sexes chez ces oiseaux Ci).
Des observations intéressantes vous ont été communiquées :
par M. Robert, sur les habitudes de la Mangoiiste Mango en
captivité (3); par M. Nelson-Pautier (4) et par M. deConfé-
vron (5), sur les mœurs et l'instinct très développé du Hé-
risson, classé à bon droit par l'administration forestière au
nombre des animaux utiles, car il détruit une grande quan-
tité d'insectes et de reptiles y compris les vipères; par
M. Victor Chatel (6), sur les migrations du Pinson ; enfin par
M. Millet, sur les mœurs des Cigognes et sur les services que
rendent ces oiseaux en détruisant beaucoup d'animaux nui-
sibles, les Taupes en particulier, qu'elles font sortir de terre
d'un seul coup de bec (7).
De son côté, M. Jean Kiéner vous a signalé certains faits
qui l'ont conduit à admettre l'existence de croisements entre
le Rat et le Cobaye (8). Mais on conçoit toute la réserve que
vous apportez à vous prononcer sur des questions de cette
nature, et combien vous tenez à vous garder de conclusions
reposant uniquement sur l'observation des caractères exté-
rieurs, sur l'aspect des sujets présentés comme hybrides. Vous
ne perdez pas de vue que ce sont surtout les animaux plus ou
moins profondément modifiés par la domestication qui peu-
vent aisément donner lieu à des méprises, certains retours
vers les caractères du type primitif pouvant faire croire à des
croisements qui n'existent pas en réalité (9).
(1) Procès-verbaux {Bulletin, 188"2, p. 306).
{'2) Ibidem, p. 56^2.
(3) Ibidem, p. 22?.
(4) Ibidem, p. 167.
(5) Ibidem, p. 53.
(6) Ibidem, p. 18i.
(7) Ibidem, p. 451 .
(8) Ibidem, p. 692.
(9) Ibidem.
LXII SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
On ne saurait, toutefois, méconnaître la possibilité de croi-
sements entre espèces assez éloignées, et, comme vous l'a fait
remarquer M. Geoftroy Saint-Hilaire , l'observation révèle
chaque jour de nouveaux faits de cette nature se produisant,
soit parmi les animaux domestiques, soit, ce qui est plus sur-
prenant, tout à fait en dehors de l'intervention de l'homme,
chez des espèces absolument sauvages (1). Tel est, par exem-
ple, le croisement du Coq de bruyère et du Tétras à queue
fourchue, croisement qui est assez fréquent et qui donne nais-
sance à des produits chez lesquels la queue présente une
forme intermédiaire entre celle des deux types reproducteurs.
D'après les renseignements qui vous ont été fournis par
MM. Pichot (2), Maurice Girard (3) et le marquis deSinéty (4),
des faits analogues se constatent jusque dans la classe des
Insectes. En réalité, plus on observe, plus on voit s'étendre
le champ des rapprochements possibles entre espèces diffé-
rentes, et l'on reconnaît que ces unions fécondes se montrent
non seulement de genre à genre, mais jusqu'aux limites de
la famille. Ces faits ne semblent pas, toutefois, de nature à
modifier la notion de l'espèce, car, sauf de rares exceptions,
les croisements aboutissent toujours, soit à l'infécondité au
bout de quatre ou cinq générations au maximum, soit à un
retour vers l'un des deux types producteurs (5). Dans la pra-
tique, on tire parfois profit de l'infécondité des produits croisés.
Ainsi, en Allemagne et en Amérique, où l'on a recours au
métissage de différentes espèces de Poissons en vue d'obtenir
des pio'duits réunissant les qualités des espèces croisées entre
elles, ces métis sont généralement inféconds et doivent à leur
infécondité même l'avantage d'un plus grand et plus rapide-
développement (6).
En matière d'élevage, tout ce qui peut augmenter l'impor-
tance de la production mérite une sérieuse attention. Sous ce
(1) Procès-verbaux (Bulletin, 188!2, p. 118).
(2) Ibidem, p. 118.
(3) Ibidem, p. 1 18.
(4) Ibidem, p. 111).
(5) Ibidem, p. 11'.».
(6) Ibidem, p. 118.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXIII
rapport, la question de l'alimentaLion est une des plus sé-
rieuses à étudier. C'est pourquoi vous accueillez toujours
avec intérêt des communications ayant trait à cette question,
comme celles, par exemple, qui vous ont été faites par ]\J. l'abbé
Bétin (1) concernant la nourriture des Faisans, et par M. Van
Schmit (2), sur l'emploi d'un nouveau produit alimentaire de
son invention pour les oiseaux insectivores.
Les mêmes considérations vous ont fait suivre avec une at-
tention soutenue les expériences si importantes entreprises,
tant pra la Compagnie générale des Omnibus et celle des
Petites-Voitures de Paris, que par le Jardin zoologique d'Ac-
climatation, sur l'alimentation du Cheval (8), Au Jardin, ces
études de physiologie, appliquées à l'emploi du cheval comme
moteur, portent principalement sur les Poneys. Il y a, en
effet, un intérêt réel à s'assurer si, proportionnellement à la
force utile, les petits chevaux sont bien véritablement, comme
il est admis en général, plus économiques que les grands (4).
Vous avez, cette année, constaté avec satisfaction de nou-
veaux progrès réalisés dans l'élevage de l'Autruche (5), in-
dustrie qui doit son existence à la Société d'Acclimatation.
C'est, en effet, l'illustre fondateur de cette Société qui conçut
la pensée de la domestication de l'Autruche, et c'est par les
soins de notre Société que les premiers essais de multiplica-
tion furent faits au Jardin zoologique de Marseille, où les pre-
miers résultats furent obtenus. D'autres succès suivirent
bientôt : à Madrid, au Retiro ; à San-Donato, chez M. le prince
de Démidoff ; au Jardin des Plantes de Grenoble, où notre re-
gretté confrère, M. Bouteille, obtint des reproductions en
quantité remarquable (0).
Ce n'est qu'à la suite de ces résultats, après une période
(1) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 121.)
(2) Ibidem, p. 715.
(3) Ibidem, p. 700.
(4) Ibiilem, p. 701.
(5) M. Paul Lépervanclic, de Cliébel (île Maurice), a fait connaître à la Société
les résultats très satisfaisants qu'il a obtenus dans l'élevage de l'Autruche, et
les essais entrepris par d'autres éleveurs dans la colonie (Procés-verbaux', Bul-
ie<m, 1882, p. 237).
(6) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 188).
LXIV " SOCIÉTÉ iNATIONALE d'ACCLLMATÂTION.
toute européenne, que se sont créées les fermes à Autruches
du cap de Bonne-Espérance, établissements aujourd'hui si
prospères, et sur lesquels M. Lavenère, consul de France au
Cap, vous a fourni des renseignements des plus intéres-
sants (1). Avec les établissements déjcà nombreux créés en
Algérie et en Egypte ("2), l'industrie entre actuellement dans
une troisième phase, qui paraît pleine d'avenir, si l'on en
juge d'après les résultats déjà obtenus, tant au jardin du
Hamma que dans les établissements de M. Créput, à Misser-
ghin, de M'"' Barrière, près d'Alger, et enfin dans celui d'Aïn-
Marmora, près Coléah; ce dernierne possède pas moins de
quarante à cinquante couples reproducteurs (3). Un double
intérêt s'attache à ces résultats, car l'Autruche n'est pas seu-
lement utile par les plumes qu'elle produit; sa chair peut
ésalement rendre des services et doit faire classer cet oiseau
au nombre des espèces alimentaires. Il en est de même, du
reste, pour le Nandou, sur lequel des renseignements, à ce
point de vue, vous ont été donnés par M. 0. Camille Béren-
ger (4.), qui s'est occupé avec succès de la multiplication de
cette espèce américaine (5). Un très grand nombre de per-
sonnes, mises par notre confrère à même de goiîter la chair
du Nandou, l'ont trouvée de bonne qualité et parfaitement
susceptible d'entrer dans l'alimentation ; cette viande paraît
tenir le milieu entre la volaille et le mouton.
Votre attention a été appelée par M. Pierre Pichot (6) sur
l'intérêt qui s'attacherait à l'acquisition de plusieurs espèces
de Francolins de l'Inde, lesquels seraient probablement plus
faciles à acclimater que les Francolins du Cap, habitués à un
climat plus chaud. Deux espèces paraissent spécialement re-
commandables; ce sont celles que les Anglais nomment
(1) Procès-verbaux (DuUelin, 1882, p. 705.)
(2) M. Merlato, sous-directeur de la Société anonyme pour Félevage de l'Au-
truche en Egypte, a fait parvenir à la Société un mémoire sur la chaleur déve-
loppée par l'embryon pendant l'incubation et sur le rôle de la chambre à air
dans les œuls [Bulletin, 188^2, p. 237.)
(3) Proces-verbaux {Bulletin, 1882, p. 188).
(i) Ibidem, p. 188.
(5) Ibidem, p. 358.
(6) Ibidem, p. 229.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LXV
Painted-Partridge et Black-Parlridge. Cette dernière est le
Francolin ordinaire ou Francolin noir> oiseau de mœurs très
douces, non batailleur, qui ne dérange pas les autres gibiers,
et qui fournit de très beaux tirés dans les endroits où il se
propage. Ce Francolin se rencontre dans les plaines les plus
chaudes du Bengale comme dans les neiges de l'Hymalaya.
Parmi les envois précieux d'animaux qui nous ont été faits
cette année, nous devons mentionner particulièrement ceux
de M. Tony Conte , premier secrétaire de l'ambassade de
France au Japon (l). Le corps diplomatique français a, du
reste, constamment témoigné de l'intérêt qu'il prend aux tra-
vaux de la Société d'Acclimatation par les envois qu'il lui fait
de l'étranger. Dès l'origine de la Société, M. de Montigny
faisait parvenir en France les Yacks du Thibet et les Grues de
Mantchourie. Un peu plus tard, M. Léon Roche nous fournis-
sait les moyens d'importer du Japon de la graine de Ver à soie
de race saine. Depuis, des dons très fréquents nous ont été
faits par les divers représentants de la France à l'étranger,
notamment par M. de Montebello, qui a beaucoup contribué
à enrichir nos collections de plantes et d'animaux, et par
M. Tony Conte, dont les envois n'ont pas moins de valeur. On
doit notamment à M. Conte l'introduction en France de la
Poule Phénix, si remarquable par la beauté et le développe-
ment phénoménal de son plumage; chez les mâles, certaines
plumes de la queue ne mesurent pas moins de 1'",60 de lon-
gueur. Un des caractères de la Poule Phénix est d'avoir les
pattes bleues, alors que chez d'autres races japonaises (la
Poule de Nangasaki et la Poule de Yokohama, laquelle est
assez voisine de la Poule dite du Gange) les pattes sont de
couleur jaune. Ce caractère particulier et quelques autres
différences, notamment dans la forme de la tête, semblent in-
diquer que ces races n'ont pas une origine commune, et que
les habitants de l'extrême Orient auraient soumis à la domes-
ticité deux espèces de Poules distinctes.
La belle Monographie des races de Poules, que notre con-
(1) Proces-verbaux {Bulletin, 1882, p. 228).
3" sÉfiiE, T. X. — Séance publique annuelle.
LXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
frère M. La Perre de Roo a récemment publiée, et à laquelle
vous avez été heureux de décerner une de vos récompenses
hors classe, a attiré votre attention sur le soin qu ont pris les
éleveurs anglais d'améliorer, par la sélection, nos principales
races de Poules françaises, dont ils possèdent aujourd'hui les
types les plus parfaits (I). Les expositions d'oiseaux, très fré-
quentes en Angleterre, ont principalement contribué à ce ré-
sultat. Vous vous êtes préoccupés, par suite, de la nécessité
qu'il y aurait à créer un même stimulant en France, où la
seule exposition de ce genre qui se fasse régulièrement au-
jourd'hui est le concours général dit des animaux gras, or-
ganisé chaque année à Paris par les soins de l'administration.
Vous ne vous intéressez pas seulement, en effet, à l'acqui-
sition d'espèces exotiques; la conservation, la propagation et
l'amélioration de nos espèces indigènes vous préoccupent
également. C'est pourquoi vous avez appris avec satisfaction
le soin qu'apportent plusieurs de nos confrères à répandre
dans leur région les meilleures races domestiques. Nous rap-
pellerons particulièrement les renseignements qui vous ont
été donnés à ce sujet par M. Fabre Firmin (2) et par M. Piuinet
du Tailly (3), ainsi que par M. Masson, lequel vous a fait par-
venir une note sur la reproduction du Cobaye ou Cochon
d'Inde en demi-liberté (4).
En continuant à s'occuper avec un zèle et une générosité
méritoires (5) de propager l'excellente race de Canard du La-
brador, si féconde et si rustique, M. Garnot vous a signalé
les qualités d'une race de Poule remarquable au point de vue
de la production des œufs : la Poule de Campine argentée,
laquelle donne, bon an mal an, 240 à 260 œufs, et souvent
plus. Notre confrère n'évalue pas à moins de douze kilogram-
mes le poids total des œufs que peut donner cette Poule, et il
(1) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 2-28).
(2) Ibidem, p. 570.
(Z) Ibidem, p. 168.
(4) N. Masson, Note sur la reproduction du Cobaye en demi-liberté {Bulletin,
1882, p. 464).
(5) M. Garnot a bien voulu encore cette année mettre à la disposition de la
Société un nombre illimité d'œuls de Canards du Labrador et six couples
reproducteurs de cette belle et bonne race {Bulletin, 1882. p. 184).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXVII
estime que, eu égard à son propre poids, c'est de toutes les
races, après la race espagnole, si difficile à élever, celle qui
pond le plus. Comme il l'a déjà fait pour le Canard du La-
brador, M. Garnot a bien voulu mettre généreusement à la
disposition de la Société un nombre illimité d'œufs de Poule
de Campine (1), en vue d'aider à répandre l'une et l'autre
race, toutes deux recommandables par leur rusticité, leur
fécondité et la fixité de leurs caractères comme plumage, qui
en font, en même temps que des bêtes de rente, de véritables
oiseaux de luxe et d'agrément.
N'oublions pas de mentionner les intéressantes communi-
cations qui vous ont été faites par M. Lagrange (2) et par
M. Masson (3) sur fincubation artificielle; par M. Geoffroy
Saint-Hilaire (4-) et par M. Dareste (5), sur les œufs doubles
et sur les corps étrangers que l'on trouve parfois dans les
œufs ; enfin par M. Dareste (6), sur le développement des vé-
gétations cryptogamiques dans les œufs en incubation. Les
expériences de notre savant confrère ont fait voir qu'un nombre
considérable (près des deux tiers) des œufs qu'on met en in-
cubation doivent leur non-réussite à cet envahissement de l'al-
bumine, tant par le mycélium des moisissures que par des
quantités de spores, envahissement qui amène à court délai la
mort par asphyxie de l'embryon (7).
Les perfectionnements successifs apportés dans ces der-
nières années aux couveuses artificielles ont opéré une véri-
table révolution dans l'art de l'élevage et généralisé l'emploi
de ces appareils. Aussi avez-vous pensé qu'une exposition
spéciale de ces incubateurs présenterait un véritable intérêt
pratique (8), et qu'il y aurait utilité à ce que le Ministère de
(1) Procés-verbaux (Didlelin, 1882, p. 184).
(2) Ibidem, p. 179.
(3) Ibidem, p. 573.
(4) Ibidem, p. 128, 309.
(5) Ibidem, p. 106, 173.
(6) Ibidem, p. 118, 180.
(7) Ibidem, p. 373.
(8) M. le vicomte d'Esterno a signalé à l'attention de la Société l'intérêt qui
s'attacherait à l'organisation d'un concours entre les différents systèmes de cou-
veuses artificielles (Bulletin, 1882, p. 690).
LXVIII SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
l'agriculture organisât un concours qui aurait pour but de
mettre en relief et de signaler au public les appareils donnant
les meilleurs résultats, et réunissant au bon marché la sim-
plicité, et par conséquent la facilité de direction. Les dé-
marches que vous avez faites dans ce sens auprès de l'admi-
nistration supérieure ont été accueillies avec l'attention
qu'elles méritaient, et, d'après les bienveillantes assurances
qui vous ont été données, vous pouvez espérer que votre
demande recevra sous peu une solution satisfaisante (1).
Votre attention a été appelée de nouveau cette année sur le
tort considérable causé dans plusieurs localités à l'agriculture
et à la sylviculture par différentes espèces de Rongeurs, tels
que les Écureuils, les Mulots, les Campagnols, etc., et sur les
mesures administratives propres à y mettre un terme (2). D'un
autre côté, vous avez continué à vous préoccuper de l'inquié-
tante diminution du nombre de beaucoup de nos oiseaux indi-
gènes, si précieux par les services qu'ils rendent comme des-
tructeurs d'insectes nuisibles (3), et vous avez pris des dispo-
sitions pour ouvrir à ce sujet une vaste et sérieuse enquête [A).
Cette question se rattache intimement à celle de la chasse.
Depuis plusieurs années déjà, la diminution constante du
gibier en France inspire de légitimes inquiétudes, et l'opinion
publique réclame avec instances un prompt remède à un état
de choses qui menace des intérêts considérables. Il ne faut
pas, en effet, voir seulement dans le gibier une occasion de
plaisir; il est aussi, il est surtout une source de richesses des
plus productives pour le pays, soit au point de vue de l'ali-
mentation, soit au point de vue du Trésor public, soit enhn
au point de vue des industries nombreuses qui se rattachent
à la chasse et qui en vivent. Deux chiffres en font foi : celui
de trois millions et demi environ qu'a atteint, année moyenne,
(1) Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 707).
'-2] D'intéressantes communications sur ce sujet ont été faites à la Société par
MM. Freslon, do Confévroii, Millet, etc. {Bulletin, 1882, p. 573, 381, 450).
(3) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 316).
(4) MM. De liarrau de Muratel et Millet ont particulièrement insisté auprès
de la Société sur la nécessité de protéger les oiseaux destructeurs d'insectes, et
sur Topporlunité de recueillir des renseignemens exacts sur la diminution de
certaines espèces {Bulletin, 1882, p. 316, 317, 374).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LXIX
la vente du gibier aux Halles de Paris pendant ces dernières
années, et celui de dix millions environ auquel s'élève par an
le rendement des permis de chasse, au profit de l'État et des
communes.
Les causes de la diminution du gibier sont diverses et nom-
breuses; mais il en est une sur laquelle tout le monde est
d'accord : c'est la répression insufllsante, jusqu'à ce jour, du
braconnage. Aussi plusieurs projets de loi sur la chasse
ont-ils été élaborés dans ces derniers temps. L'un d'eux, dû
à l'initiative de M. Labitte, aujourd'hui sénateur, devant être
prochainement discuté par le Parlement, la Société d'Accli-
matation a pensé qu'elle ne pouvait ni ne devait rester indif-
férente à une réglementation d'intérêts qui lui sont chers.
Une Commission, puisée dans le sein des première et deuxième
sections, a été chargée d'examiner ce projet de loi; un rap-
port, fruit d'une sérieuse étude, vous a été présenté (i), et,
tout en vous associant, d'accord avec votre Commission, à
l'esprit général du projet, qui constitue un progrès réel sur
la loi de 1844, actuellement en vigueur, vous avez cru devoir
signaler aux pouvoirs publics l'utilité qu'il vous paraîtrait y
avoir à la suppression de certaines des dispositions contenues
dans ledit projet, et à l'adjonction de certaines autres. L'ac-
cueil qu'ont reçu vos démarches prouve la haute estime en
laquelle sont tenus partout les travaux de la Société (2).
Des rapports nombreux vous ont été adressés sur la situa-
tion de vos cheptels (3) et vous devez à l'obligeance en même
temps qu'au savoir de MM. Alfred Rousse (4), E. Leroy (5),
Emile Courtois (6) et Delaurier aîné (7) des instructions pra-
tiques résumant, à l'adresse des chepteliers, les fruits d'une
(1) J. Gautier. Rapport présenté au nom de la Commission de la chasse (Bul-
le.tm,\m% p. ?m).
(2) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 558).
(3) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 60, 109, 176, 187, 225, 308, 362, 367,
569).
(4-) Alfred Rousse, Instructions pour les chepteliers: les Perruches (Bulletin,
1882, p. 4).
(5) E. Leroy, Idem: les Colins et les Perdrix de Chine (Bulletin, 1882, p. I).
(0) Éniilc Courtois, Idem : hi Bcrnache (FAustralie (Bulletin, 1882, p. 195).
(7) Delaurier aîné, Idem: les Tragopans {Bulletin, 1882, p. 193).
LXX SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
longue expérience et les résultats d'observations précieuses
pour l'élevage d'un certain nombre d'oiseaux. Il serait gran-
dement à souhaiter de pouvoir réunir de semblables indica-
tions pour toutes les principales espèces à propager.
M. William Jamrach vous a présenté le curieux relevé des
importations si considérables d'oiseaux exotiques (1) aux-
quelles il consacre ses soins, et qui ne peuvent être réalisées
qu'au prix de grandes fatigues, souvent de sérieux dangers
et toujours de dépenses énormes. C'est ainsi que, malgré
les hauts prix obtenus des oiseaux ramenés vivants de
l'Inde par M. Jamrach, ces importations poursuivies pendant
dix-neuf années, loin de lui donner de gros bénéfices, lui
ont laissé, en ce qui concerne les Lophophores et les Tra-
gopans, une perte de 75 000 francs, heureusement couverte
par d'autres opérations relatives au commerce des animaux.
Pour se livrer, comme le fait M. Jamrach, à des voyages
incessants dans l'Inde, voyages ayant uniquement pour but de
rapporter des espèces précieuses, il faut donc autre chose que
l'espérance du bénéfice à réaliser ; il faut avant tout être ama-
teur, avoir la passion des animaux, comme c'est le cas pour
notre confi'ère.
Comme les années précédentes, la pisciculture a été l'objet
de vos préoccupations ; vous avez suivi attentivement les pro-
grès accomplis par cette industrie à l'étranger comme en
France (2). Un grand nombre de nos confrères vous ont fait
parvenir des renseignements sur leurs travaux de repeuple-
plement des eaux; nous mentionnerons particulièrement les
notes envoyées par MM. Braun (3), de Bouteyre (4), Gallais (5),
Berthoule (6), Martial (7), le vicomte de Causans (8), Ch. Re-
(1) William Jamrach, Importations de Faisans indiens {Bulletin, 1882, p. 585).
(2) L'attention de la Société a été appelée sur les résultats remarquables ob-
tenus en pisciculture dans le grand-duché de Bade, en Suède, en Allemagne, etc.
(Bulletin, 1882, p. 169. 224., 227, 370).
(3) Proces-verhaux {Bulletin, 1882, p. 5ij.
(l) Ibidem, p. 50.
(5) Ibidem, p. 57.
(6) Ibidem, p. 168.
(7) Ibidem, p. 171, 366.
(8) Ibidem, p. 171, 232.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXXI
nonard (i), de Clermont (2), P. Garbonnier et Rathelot(3).
M. Després (4-) et M. Noordoek-Hegt (5) vous ont fait con-
naître l'inslallalion de leurs établissements de pisciculture, et
un rapport vous a été présenté sur l'importante piscifacture,
véritable ferme aquicole, créée àGremat(Ain)parMM. Liigrin
et du Roveray qui, grâce à une heureuse découverte, ont su
résoudre, dans cet établissement modèle, le problème de l'ali-
mentation économique du poisson (6).
M. le docteur Maslieurat-Lagémard, membre du Conseil
général de la Creuse, vous a rendu compte des résultats très
encourageants donnés par les opérations d'empoissonnement
qui, sous son inspiration, s'effectuent depuis plusieurs années
déjà dans les principales rivières de ce département (7).
D'importants envois d'œufs de divers Salmonidés étrangers
vous ont été faits cette année encore par de généreux dona-
teurs, parmi lesquels nous avons, comme toujours, à men-
tionner en première ligne M. le professeur Spencer F. Baird,
commissaire général des pêcheries des États-Unis (8). Environ
250 000 œufs de Whilefish {Coregonus albus), expédiés de
New-York par ses ordres, vous sont arrivés en parfait état et
vous ont permis d'entreprendre une très intéressante expé-
rience d'acclimatation sur cette espèce, dont l'introduction
dans nos eaux douces constituerait une précieuse acquisition.
M. Fred. Mather, membre adjoint de la Commission des pê-
cheries, a bien voulu, comme de coutume, prêter son con-
cours à cet envoi, pour lequel nous ne saurions nous montrer
trop reconnaissants.
Plusieurs dons également très précieux nous ont été faits
aussi par l'Association allemande de pisciculture qui, sur la
proposition de son éminent président, M. de Behr, vous a gé-
(1) Procès-verbaux (Bulletin, 1882. p. 223.
(2) Ibidem, p. 367.
(3) Ibidem, p. 567.
(4) Ibidem, p. 111.
(5) Ibidem, p. 564.
(6) G. Raveret-Wattel, L'établissement de pisciculture de Gremat {Bulletin,
1882, p. 591).
(7) Proces-verbaux {Bulletin, 1882, p. 359).
(8) Ibidem, p. 55, 123.
LXXII SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
néreusement fourni la possibilité d'essais d'empoissonnement
au moyen d'espèces de choix (1) recommandables soit par la
qualité de leur chair, soit par la rapidité de leur croissance.
Rappelons, en outre, que c'est grâce aux dons déjà précédem-
ment faits à notre Société par M. de Behr (2) que vous avez
pu constater cette année toute la rusticité du Saumon de Cali-
fornie {Salmo quinnat), sur lequel MM. Rathelot (3) et de
Glermont (4) vous ont fait parvenir des détails intéressants.
Sachant que la Société d'Acclimatation s'occupe de toutes
les questions qui se rattachent au repeuplement des rivières
et à la protection des poissons migrateurs, M. le Ministre de
la guerre a fait appel à vos lumières (5), en vue de la construc-
tion d'une échelle à Saumons qui doit être établie sur la rivière
du Dourduf, au barrage de la Poudrerie du Pont-de-Buis
(Finistère). Les nombreux documents que vous tenez de la
Commission des pêcheries des États-Unis et de quelques autres
sources, concernant les échelles à Saumons, vous ont permis
de renseigner l'Administration sur les différents systèmes en
usage et sur les types les plus avantageux au point de vue de
la dépense d'établissement et d'entretien, comme à celui du
■^fonctionnement des appareils.
M. Seth-Green, de Rochester (New-York), un des vélérans
de la pisciculture américaine, vous a rendu compte de ses très
curieuses expériences d'hybridation entre différentes espèces
de Salmonidés (6). De semblables expériences méritent d'être
attentivement suivies au double point de vue de l'intérêt scien-
tifique et des résultats pratiques à en obtenir.
Rappelons enfin la note qui vous a été adressée par M. Vi-
lanovay Piera, professeur de paléontologie à Madrid, con-
cernant l'aquarium ou station zoologique de Naples(7), éta-
blissement international dans lequel les savants de tous les
(1) Procès-verbaux {Dullelin, 1882, p. 111, 186).
(2) Ibidem, p. 55, 111.
(3) Ibidem, p. 565.
(i) Ibidem, p. 367.
(5) Ibidem, p. 71U.
(6) Ibidem, 693.
(7) Vilaiiova y Piera, Note sur la station zoologique de Naples (Bulletin, 1882,
p. 649).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXXIII
pays peuvent être admis à travailler et qui, par sa situation,
son organisation, son développement, surpasse tous les éta-
blissements analogues fondés jusqu'à ce jour.
Vous avez encore reçu, pendant votre dernière session, de
nombreux rapports sur la sériciculture et sur l'élevage desdi-
^ferses espèces de Vers à soie. Nous rappellerons particulière-
ment les travaux de MM. Wailly (1), Hénon (2), Max-Cornu (3)
etHuin(4).
En rendant compte d'une éducation bivoltine de Ver à
soie du Chêne de la Chine (Attacus Pernyi) faite à Paris (5),
M. Huin vous a signalé les précautions qui lui paraissent les
plus propres à assurer la réussite de ce genre d'élevage; il
-vous a fait part, en outre, de ses nouvelles observations sur la
conservation par le froid des œufs du Ver à soie du Chêne du
Japon {Attacus Yama-maï). Les expériences auxquelles il
•s'est livré ont montré que le séjour des œufs en glacière ne
nuit en aucune façon aux éducations, et qu'en recourant à ce
procédé, on n'a plus à se préoccuper nullement, pour la nour-
riture des jeunes chenilles, du plus ou moins de précocité de
la pousse des feuilles. M. Huin a constaté, d'ailleurs, qu'un
relard se produit chaque année dans l'éclosion des Vers;
peut-être pourra-t-on, peu à peu, arriver à une concordance
•complète de celte éclosion avec la pousse des feuilles.
M. Clément, qui s'est occupé, lui aussi, de l'éducation de
ÏA. Perni/i, a constaté la possibilité d'élever cette espèce avec
■ la feuille du Prunier. Il y a là une observation utile à enre-
gistrer, au moins pour l'éducateur citadin, qui rencontre
parfois une certaine difficulté à se procurer des feuilles de
Chêne pour des essais d'élevage, tandis que la feuille du Pru-
nier se trouve dans tous les jardins (6).
Une observation du même ordre a été faite par M. Fallou,
(1) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 58, Ô'OG, 361, 57G).
(2) Ihidein, p. 186.
(3) Ibidem, p. 566.
(4) Ibidem, p. 693.
(5) Huin, Education bivoltine d'Attacus Pernyi; rusticité de TAltacus Yama-
maï {Bulletin, 1882, p. U).
(6) A.-L. Clément, i\ote sur une éducation (/'Attacus Pernyi faite sur le Pru-
nier {Bulletin, 1882, p. 84).
LXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
lequel a réussi à élever sur l'Erable plane VAttacus Ce-
cropia, et à utiliser ainsi une feuille sans valeur pour l'éduca-
tion de ce Ver à soie américain qui, dans les conditions
naturelles, vit aux dépens des arbres fruitiers (1).
M. Alfred Wailly, qui continue avec le plus grand zèle ses
importations de Bombyciens séricigènes exotiques, est par-
venu, sous le climat si peu favorable de Londres, à mener à
bien l'éducation de nombreuses espèces tirées de l'Inde, de
la Chine et de l'Amérique du Nord (2). Les croisements qu'il
a obtenus de certaines de ces espèces ne sont pas seulement
curieux, car les races hybrides ainsi formées semblent pré-
senter des avantages sous le rapport de la qualité de la soie.
M. Maurice Girard a porté à votre connaissance des aber-
rations dans la forme du contour des ailes observées chez
VAttacus Pernyi et chez VAttaciis Yama-maï (3). Ces aber-
rations, qui constituent, en somme, un défaut dans la con-
texture du contour des ailes, se sont toutes produites dans des
éducations captives, faites plus ou moins à la chambre, et
elles proviennent vraisemblablement d'une dégénérescence,
le papillon ne trouvant plus dans les tissus de la chrysalide
assez de matière pour garnir complètement ses ailes. Il est
assez probable que ces faits ne se présenteront plus quand
VAttacus Pernyi sera entièrement acclimaté en France, à la
façon du Ver à soie de l'Ailante, comme il l'est déjà dans le
nord de l'Espagne. Aussi M. Maurice Girard est-il d'avis que
nous devons porter tous nos efforts sur cette espèce, et laisser
de côté VAttactis Yama-maï du Japon, exigeant un climat
insulaire dans des conditions spéciales. Mais nous devons
fonderies plus légitimes espérances sur l'A. Pernyi^ à soie
excellente, en voyant les magnifiques cocons présentés à la
Société et provenant d'éducations en plein bois et entièrement
à l'air libre, faites par M. J.-B. Biaise, à Choloy (Meurthe-et-
(1) J. Fallou, Note pour servir à l'éducation d'un Bombycien séricigène {Bul-
letin, 1882, p. 137).
(2) Alfred Wailly, Educations de Bombyciens séricigènes. — Séricigènes exo-
tiques (Bulletin, 1882, p. 576;.
(3) Maurice Girard, Note sur le» aberrations observées cliei les Attaciens asia-
tiques (Bulletin, 1882, p. 653).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXXV
Moselle), et par M. J. Falloii, dans la forêt de Sénart (Seine-
et-Oise).
M"" veuve Simon, née de Fruisseaux, de Forest-Halle-lez-
Briixelles, a continué ses éducations d'Attaciis Pernyi; elle
paraît être aujourd'hui définitivement en possession de la
race imivoltine créée par ses soins depuis cinq ans Çl).
M. Hignet, de Varsovie, qui s'occupe avec succès de Féle-
vage du Ver à soie du Mûrier et de plusieurs Bombyciens sé-
ricigènes nouveaux, vous a fait parvenir, avec de la graine
saine provenant de sa récolte (2), des échantillons de cocons
et de soie qui donnent lieu de croire que l'industrie séricicole
trouverait en Pologne des chances de réussite.
D'autres envois de graines de choix vous ont été également
faits, notamment par M'"' Boucarut (3) et par M. le comte
Casali (4), de Milan, qui a bien voulu vous mettre à même
d'essayer l'éducation de la race milanaise dite Verdolina Ca-
sati, très répandue en Lombardie et en Vénétie, où elle est
fort estimée.
Comme les années précédentes, de nombreux rapports sur
la culture des plantes qu'ils tenaient de la Société vous ont
été adressés par plusieurs de nos confrères (5). Vous avez
surtout remarqué ceux fournis par M. Mathey (6) et par
M. Félix de la Rochemacé (7) sur l'utilisation de la Saggina
comme plante fourragère; par M. Ludovic Joffrion, sur la
culture du Soja, du Chou de Chaves, etc. (8); par M. Giuseppe
Gnecchi, de Milan, sur la possibilité de l'introduction du
Téosinlé dans l'Italie centrale et méridionale (9) ; par M. Le-
mut, sur la culture du Pht/salis Peruviana (10).
(1) Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 58, 176, 305).
(2) Ibidem, p. 123, 175.
(3) Ibidem, p. 306.
(i^ Ibidem, p. 697.
(5) Des notes très intéressantes ont été adressées notamment par MM. Nau-
din, Léo d'Ounous, Casati, Sagot et Mathey (Bulletin, 1882, p. 306, 307, 612
6tt3, 697, 698).
(6) Proces-verbaux (Bulletin, 1882, p. 697).
(7) Ibidem, p. 59.
(8) Ibidem, p. 113.
(9) Ibidem, p. 115, 170.
(10) Ibidem, p. 235.
LXXYI SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
Nous devons une mention toute particulière aux nombreux
succès obtenus dans la culture de plantes alimentaires nou-
^velles par M. Paillieux (1), auquel revient l'honneur de plu-
.sieurs acquisitions fort intéressantes.
Parmi les mémoires importants qui vous ont été soumis
concernant différents végétaux, il convient de citer spéciale-
ment aussi ceux de M. Dabry de Thiersant, sur le Caféier de
.Libéria et sur la culture de cette espèce, qui paraît appelée
à. faire avant peu une concurrence sérieuse au Café d'Arabie
et à enrichir en même temps un grand nombre de pays inter-
tropicaux (2) ; de M. Charles Rivière, sur le genre Melaleuca
au point de vue du boisement économique et pratique de
l'Algérie (3); de M. Romanet du Gaillaud, sur l'introduction
en France de deux Vignes chinoises (-4); de M. le docteur
E. Bretschneider, médecin de la légation de France à Pékin,
sur un certain nombre de plantes de la Chine, etc. (5).
M. le docteur Mène a continué le travail considérable qu'il
.a entrepris sur la flore du Japon. Cette étude, d'une haute
valeur scientifique, constitue assurément l'un des plus remar-
quables documents qu'ait jusqu'ici T^uhWés noire Bulletin (6).
De son côté, M. Auguste Pissot, inspecteur des forêts, con-
servateur du Bois de Boulogne, a complété le rapport qu'il
avait commencé l'an passé sur les conséquences du rigoureux
hiver de 1879-1880, pour les diverses essences d'arbres réu-
nies dans ce parc admirable. Ce savant et consciencieux tra-
vail fournit bien des indications utiles pour les amateurs de
cultures forestières et d'ornement (7).
M. Bouchereau, qui a été le premier, au moins en France,
à donner à l'Eucalyptus une utiUsation industrielle comme
(1) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 312, 361, 493, 636).
(2) Dabry de Tliiersant, Le Caféier de Libéria (Bulletin, 1882, p. il7).
(3) Charles Rivière, Le Niaouli et le genre Melaleuca en Algérie {Bulletin,
1882 p. 529.602).
(4) Romanet du Gaillaud, Sur deux Vignes chinoises {Bulletin, 1882, p. 384).
(5) E. Bretschneider, Plantes de Pékin (Bulletin, 1882, p. 596).
(6) Df E. iMène, Des productions végétales du Japon {Dullelin, 1882, p. 7, 142,
273, 466, 658).
(7) Auguste Pissot, Effets des gelées au bois de Boulogne {Bulletin, 1882,
p. 86. 197).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LXXVIÏ '
bois d'ébénisterie, vous a signalé l'inexactitude d'assertions
d'après lesquelles ce bois serait d'un emploi difficile. Notre
confrère a fait voir qu'en prenant les plus simples précau-
tions après Tabatage des arbres, le bois ne se crevasse pas/
reste sain et facile à travailler, et conserve toute sa partie ré-
sistante (1). '
Comme toujours, des dons généreux (2), des envois impor-'
tants de plantes, fruits et graines, aussi bien que d'animaux,^
vous ont été faits. Nous mentionnerons en particulier ceux de
MM. Ujfalvi (3), Maéda(4-), Paillieux (5), Bretschneider (6),
Heymonet(7), Jules Grandidier (8), Fréd. Romanet du Cail-
laud (9), Sanford (10), Emile Harel (11), Vavin (12), Tou-
rasse (13), et Le Myre de Villers (U).
Rappelons enfin que la bibliothèque s'est encore enrichie
d'une façon importante, grâce à la générosité de nombreux
donateurs, au nombre desquels figurent en première ligne
MM. les Ministres de l'agriculture, de la marine (15) et du
commerce (16).
(11 Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 116).
(2) Nous devons rappeler en particulier le don d'une somme de 1000 francs
fait à la Société par M. Berend, pour la fondation d'un prix à décerner à l'au-
teur du meilleur travail faisant connaître, au point de vue historique et pratique,
les travaux relatifs à l'acclimatation et les résultats obtenus depuis la création
de la Société (Bulletin, 1882, p. xvii, 227).
(3) M. Georges de Ujfalvi a ramené de Turkestan de nouveaux types de Oiiicus
lévriers très intéressants (Bulletin, 1882, p. 129).
(4.) Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 128).
(5) Ibidem, p. 128, 493, G36.
(6) Ibidem, p. 128. r
(7) Ibidem, p. 116.
(8) Ibidem, p. 116.
(9) Ibidem, p. 225, 301.
(10) Ibidem, p. 232.
(11) Ibidem, Y>. 309. >
(12) Ibidem, p. 363,494,636.
(13) Ibidem, p. 568.
(14) M. Le Myre de Villers, alors gouverneur de la Cochinchine, a fait, .au conir
mencemcnt de Tannée, un très important envoi de plantes et d'animaux, com-
prenant notamment des Bœufs trotteurs renommés par leur rapidité, de petits
Chevaux siamois, et un grand nombre d'oiseaux intéressants, entre autres des
Éperonniers de Germain (Bulletin, 1882, p. 309).
(15) Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 689).
(16) Ibidem, p. 166, 689.
11 convient de mentionner spécialement aussi M. Thomas B. Fcrguson, com-
missaire des États-Unis à TExposition universelle de 1878, à Paris, qui a bien
LXXVIII SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
Si, grâce aux notables progrès dont ce rapport vient de
vous donner un aperçu, la Société a ressenti des satisfactions
bien légitimes, elle a aussi, Messieurs, compté des jours de
tristesse et de deuil.
Nous avons eu la douleur de perdre M. Tourasse, qui ser-
vait activement la cause de l'acclimatation, et qui, possesseur
d'une grande fortune, la consacrait presque entièrement à
des œuvres philanthropiques et d'utilité générale. Amateur
distingué de plantes rares, M. Tourasse avait réuni dans le
vaste parc de sa villa, près de Pau, des collections du plus
grand intérêt; il y avait, en outre, créé un champ d'expé-
riences et une véritable école d'arboriculture, qui rendaient
de très utiles services. M. Tourasse emporte les regrets de
tous ceux qui l'ont connu.
La Société a aussi perdu deux de ses délégués à l'étranger :
M. Wilson, de Philadelphie, l'un de nos plus actifs représen-
tants, et M. le docteur Ploem, de Batavia, correspondant zélé,
auquel nous devions de nombreux envois de plantes et d'ani-
maux. La mort nous a également enlevé M. Duchesne de Bel-
lecourt, ancien ministre plénipotentiaire, qui, depuis long-
temps membre honoraire de la Société, profitait de son séjour
à l'étranger pour nous faire de précieux envois.
MM. Piver, Henri Mars, Gustave Dufeu, Eugène Gallimard,
Grubert, Chaumette, Speltz, deBellonnet, Tobias, Casamayor,
de Gouttes, F. A. Liénard, Cornalia, Bonnefons, de Faultrier,
Cadaran de Saint-Mars, de Chanteau, A. Gros, Béchu et baron
de Lintjens, ont aussi disparu de nos rangs.
La Société, Messieurs, a ressenti cruellement la perte qu'elle
a faite en la personne de ces regrettés collaborateurs, et c'é-
tait pour nous un devoir, dans cette revue de la session qui
vient de finir, de rendre un dernier hommage à leur mé-
moire.
A côté de ces vides douloureux faits dans nos rangs, nous
avons heureusement à enregistrer des adhésions nombreuses,
en même temps que la création de Sociétés qui, filles de la
voulu adresser à la Société la série complète des rapports officiels publiés sur
cette Exposition par ordre du gouvernement fédéral {Bulletin, 1882, p. 53).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXXIX
nôtre, viennent unir leurs efforts aux siens. Ces relations,
cette communauté d'efforts, contribueront certainement dans
l'avenir à faire progresser plus rapidement encore que par
le passé l'œuvre si éminemment utile de l'acclimatation.
RAPPORT
AU NOM
DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES (^>
Par M. Alb. GEOFFROY SAIIKT-HILAIRE
Secrétaire général.
Mesdames, Messieurs,
J'ai l'honneur de venir lire devant vous le rapport relatif
aux récompenses que la Société nationale d'Acclimatation dé-
cerne aujourd'hui pour la vingt-sixième fois.
Qu'il me soit permis de remercier comme il convient les
rapporteurs des cinq sections, MM. Saint-Yves Ménard, Millet^
Vidal, Fallou et le docteur Mène qui ont apporté dans leurs
délicates fonctions l'esprit le plus éclairé ; ce n'est pas d'au-
jourd'hui que nous savons apprécier ces collaborateurs.
Nos récompenses, comme vous le verrez bientôt, vont cher-
cher les lauréats dans les cinq parties du monde. C'est que
notre Société prend intérêt à tous les résultats, quel que soit
le lieu où ils sont obtenus.
L'œuvre de la Société d'Acclimatation, Mesdames et Mes-
sieurs, a fait depuis que notre association existe les progrès
les plus importants. Aujourd'hui l'esprit public est initié à
nos efforts ; nous pouvons, sous l'impulsion du chef émi-
nent que nous nous sommes donné, aborder l'étude des pro-
blèmes les plus difficiles.
Pour atteindre le but, il nous faut un état-major composé
de savants distingués : nous l'avons ; il nous faut une armée
de travailleurs; nos efforts doivent tendre à l'augmenter, car
(1) La Commission des récompenses était ainsi composée :
Membres de droit: MM. le Président et le Secrétaire général.
Membres déléijués du Conseil: MM. Berthoulc, Maurice Girard, le docteur
H. Labarraque, liaveret-Wattcl et le marquis de Sinéty,
Membres délégués des sections: MM. Saint-Yves Ménard _(!"= section), G. Millet
(2° sect.), Vidal (3= sect.), J. Fallou (4° sect.) et le docteur Mène (5° sect.).
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXXXI
nous ne serons jamais assez nombreux, assez riches, pour
tout le bien que nous avons à faire.
Mais revenons sans plus tarder à la proclamation de nos
lauréats. La liste en est longue et je réclame l'indulgence de
l'assemblée pour le rapporteur.
PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES.
Gi*nn<lo niéclaillo d'or de SOO fi-ancs (Hors classe).
.4 reffitjie d'Isidore Geolfroij Saint-HUaire.
M. William Jamrach, de Londres, se rend chaque année
aux Indes pour y réunir des animaux précieux destinés aux
divers jardins zoologiques de l'Europe.
De son trente-quatrième voyage accompli, cette année môme,
M. William Jamrach a rapporté un petit Sanglier nain, le
Porcula Salviani, gros comme un lièvre, pesant 6 kilo-
grammes. Huit de ces animaux ont été acquis par le Jardin
zoologique d'Acclimatation.
Ce petit Sanglier nain est une introduction des plus inté-
ressantes. Si cette espèce pouvait devenir domestique, nos
basses-cours se trouveraient dotées d'un Cochon-lapin qui
fournirait à notre alimentation des ressources importantes,
des produits bien supérieurs à ceux que nous obtenons du
rongeur qui peuple aujourd'hui nos clapiers.
L'importation du Porcula Salviani n'est pas la seule que
nous devions à M. William Jamrach. Deux espèces de Trago-
pans, le Tragopan de Blyth et celui de Cabot, ont été intro-
duites par notre lauréat. Ces belles espèces indiennes vien-
dront prendre leur place dans nos volières à côté des Satyres,
des Temminck et des Hasting que nous possédons déjà.
En décernant à M. AVilliam Jamrach une grande médaille
d'or à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-IIilaire, la Société est
heureuse de témoigner sa gratitude à l'infatigable importa-
teur qui, depuis tant d'années, consacre ses ressources et
toutes ses forces à la tâche qu'il s'est imposée.
3' SÉRIE, T. X. — Séance publique annuelle.
LXXXII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
,» ,
Prime de 200 francs.
Dans une monographie intéressante et exécutée avec un
soin scrupuleux, M. Fernand Lâtaste a fait connaître à la
Société d'Acclimatation un petit rongeur africain, le Dipodil-
lus Simoni, qu'il est aisé de faire produire en captivité.
Le travail de M. Lataste, par la façon dont il a été conçu,
par la précision des détails, par l'esprit d'ordre qu'on y sent,
a attiré l'attention de la Société qui lui décerne une des primes
proposées pour les travaux de zoologie pure.
Mctlaïllcs de première ciatisc.
En faisant connaître dans la presse les travaux de la Société
nationale d'Acclimatation, M. Ernest Menault, rédacteur au
Journal Officiel, est devenu un de nos plus utiles collabora-
teurs. La Société est heureuse de remercier M. Ernest Me-
nault de son gracieux concours en lui offrant une médaille de
première classe.
Une médaille de première classe est décernée à MM. Babet
frères qui ont fait à l'île de la Réunion de nombreuses intro-
ductions de Moutons mérinos.
Grâce à l'initiative de MM. Babet frères, des troupeaux de
ces bêtes à laine ont été formés.
M. Blainville et M. Ciioppy ont réuni leurs efforts pour
introduire à l'île de la Réunion des Chevaux, des Anes et des
Moutons des meilleures espèces.
Ces tentatives ont donné des résultats importants pour
lesquels la Société décerne à MM. Blainville et Ghoppy des
médailles de première classe.
L'introduction des Bœufs de charroi et de labour cà l'île de
la Réunion a été le but des efforts de M. Dolab.\ratz. Le
succès de cette tentative mérite à M. Dolabaratz une médaille
(le première classe.
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RECOMPENSES. LXXXIII
MM. de Kervéguen et de Trévise se sont préoccupés d'en-
richir la colonie de l'île de la Réunion des bêtes bovines des
races Charolaise, Garonnaise et Limousine.
Ces importations ont bien réussi. MM. de Kervegiien et de
Trévise reçoivent des médailles de première classe.
médaille «le seconde classe.
M. Boisjoly-Potier, cultivateur à la plaine des Cafres, à
l'île de la Réunion, a obtenu sur les hauts plateaux de l'île
de nombreuses reproductions de bêtes bovines de charroi et
de Moutons pour la boucherie.
M. Boisjoly-Potier reçoit une médaille de seconde classe.
deuxième section. — OISEAUX.
Médaille d''oi' offerte par le ministère de l'Agriculture.
M. La Perre de Roo, déjà plusieurs fois lauréat de la So-
ciété pour ses travaux, reçoit aujourd'hui la médaille d'or ot-
ferte à la Société nationale d'Acclimatation par le Ministre de
l'agriculture.
Le livre que nous récompensons est un traité sur les Pigeons
domestiques. 11 fait suite en quelque sorte au traité du même
auteur sur les Coqs et Poules domestiques.
Cette publication, comme sa devancière, est conçue dans le
meilleur esprit. On y trouve résumées toutes les connais-
sances que nous avons sur ces intéressantes questions, et l'au-
teur a ajouté à ce qu'on savait avant lui les développements
que sa grande expérience et sa parfaite connaissance du sujet
ont pu lui inspirer.
Le livre de La Perre de Roo est un bon livre; il sera
bientôt dans les mains de tous ceux qui s'occupent des oiseaux
de basse-cour.
Grandes médailles d'argent (Hors classe).
A l'effifjie d'Isidore Geoffroy Sainl-Hilaire.
M. de Bataciieff de Toula (Russie) se livre depuis long-
temps déjà à l'élevage des oiseaux de basse-cour. Ce lauréat,
LXXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
recommandé à notre attention par la Société impériale russe
d'Acclimatation, reçoit une grande médaille d'argent hors
classe. Ses efforts méritent les plus grands éloges, car ils ont
en vue le perfectionnement des oiseaux de basse-cour, dans
un pays où ils laissent trop à désirer.
Pendant son séjour au Japon, M. Tony Conte a fait au jar-
din zoologique d'Acclimatation plusieurs envois importants.
On peut citer entre autres choses les Faisans de Sœmmering,
les magnifiques Grues blanches de Montigny et les Coqs et
Poules de la race Phœnix à queue démesurément longue.
La Société est heureuse de témoigner sa gratitude à
M. Tony Conte en lui décernant une grande médaille d'argent
hors classe.
Plusieurs fois déjà M. Delaurier aîné a reçu les récom-
penses de la Société pour les succès qu'il a obtenus dans l'éle-
vage des animaux exotiques.
Nous offrons aujourd'hui à M. Delaurier une grande mé-
daille d'argent hors classe pour les intéressants résultats ob-
tenus en 188^2 dans l'élevage du Lophophore, de la Pintade
vulturine, etc. M. Delaurier est un éleveur de premier ordre.
Il joint au savoir, à l'expérience, la première des qualités, la
persévérance.
médailles do première classe.
M. BoucHEREAUx a tenté dans la couveuse dont il est l'in-
venteur, l'incubation de plusieurs œufs d'Emeu ou Casoar de
la Nouvelle-Hollande.
Dans cette circonstance, comme de coutume, M. Bouche-
reauK s'est montré expérimentateur soigneux et observateur
ingénieux; il reçoit une médaille de première classe.
M. le docteur Clos, directeur du Jardin des Plantes de Tou-
louse, a fait connaître àla Société que les Nandous (Autruches
d'Amérique) entretenus dans l'établissement, avaient réussi
à élever leur couvée. Les observations recueillies par M. le
PiAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXXXV
docteur Clos ont vivement intéressé la Société ; elle oflVe à
leur auteur une médaille de première classe.
M. Joseph CoRNÉLY a fait connaître le succès obtenu à la
Faisanderie de Beaujardin dans la reproduction du Pucrasia
macrolopha de Flnde. Ce beau Faisan s'est montré rustique,
facile à élever et mérite d'être multiplié, car sa chair est de
première qualité. M. Joseph Cornély reçoit une médaille de
première classe.
C'est dans une couveuse artificielle que M. Mercier a ob-
tenu l'éclosion des œufs de ses Nandous. Cette éducation a
donné de bons résultats el les notes fournies par M. Mercier
ont un réel intérêt. La Société offre à leur auteur une mé-
daille de première classe.
M. le D' MoREÂU, aux Herbiers (Vendée), a envoyé à la So-
ciété un travail important sur l'hygiène des basses-cours et
des volières. L'auteur a de l'expérience et du savoir; ses
observations, poursuivies depuis de longues années, sont
présentées avec autorité, aussi le travail de M. le D' Moreau
mérite-t-il d'être lu par tous ceux qui s'occupent d'élevage.
La Société lui décerne une médaille de première classe.
Médailles de seconde classe.
Les succès obtenus par M. le marquis de Brisay dans la
reproduction des Perruches d'espèces rares méritent l'atten-
tion. La Perruche érythroptère [Aspromictus erylliropterus) a
niché avec succès dans les volières de M. le marquis de Bri-
say ; cet amateur distingué reçoit une médaille de seconde
classe.
Dans une note très étudiée M. le comte de Montlezun a
fait connaître les faits observés pendant la ponte et l'inciiba-
lion des Canards Casarka qui ont reproduit chez lui. Ce tra-
vail très soigné a attiré l'attention de la Société, qui oifie à
M. le comte de Montlezun une médaille de seconde classe.
LXXXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
M. Gabriel Rogeron reçoit une médaille de seconde classe
pour son étude sur le Cygne de Bewick. Ce travail bien fait
présente un réel intérêt et nous remercions son auteur de
nous l'avoir adressé.
TROISIÈME SECTION. — POISSONS, CRUSTACÉS, ETC.
Prix do 500 francs
Proposé par la Sociclé pour les travaux de zoologie pure.
M. le D' P. P. C. HoEK, de Leyde, est l'auteur d'un savant
et remarquable travail sur les organes génitaux de l'Huître.
Le mémoire de M. Hœk se trouve peut-être en contradic-
tion avec celui d'autres savants d'un grand mérite, mais c'est
à des recherches de ce genre, demandant une grande précision
et une patience rare, que la science doit ses plus belles décou-
vertes. La Société, désireuse d'encourager ces études, est heu-
reuse d'offrir à M. le D' Hoek le prix de 500 francs fondé pour
les travaux de zoologie pure.
Grandet^ médailles d'argent (llors classe).
A Veffigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.
M. W. Oldham Ciiambers a fait connaître à la Société les
travaux de la Société constituée pour l'acclimatation du
Poisson dans les comtés de Suffolk et de Norfolk (Angle-
terre).
Les résultats obtenus sont d'une grande importance, car
les cours d'eau de la région, autrefois dépeuplés, sont aujour-
d'hui abondamment pourvus de poissons. L'introduction dans
les eaux anglaises de la région indiquée, de plusieurs poissons
étrangers est aujourd'hui un fait accompli. La Société récom-
pense ces efforts, ces succès, en décernant à M. Oldham Ciiam-
bers une grande médaille d'argent hors classe.
M. Lugrin fait à Gremat (Ain) de la pisciculture industrielle
avec grand succès. Ses produits sont livrés à la consommation
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RECOMPENSES. LXXXVII
par quantités importantes. De plus M. Lugrin est l'inventeur
d'un procédé pour multiplier pour ainsi dire à volonté les
proies vivantes (Daphnies), si utiles à l'éducation des jeunes
salmonidés. La Société décerne à M. Lugrin une grande mé-
daille d'argent hors classe.
M. Noordhoek-Hegt a créé à Apeldoorn (Pays-Bas) un éta-
blissement important en vue de contribuer au repeuplement
des cours d'eau de la Hollande. Plusieurs hectares ont été
consacrés à l'installation des canaux dans lesquels M. Noord-
hoèk-IIegt élève les milliers de poissons qu'il livre chaque
année au gouvernement néerlandais pour être lâchés dans
les eaux libres. Cette création fait honneur à l'intelligence du
lauréat quia montré autant de savoir que d'ingéniosité. Son
initiative mérite les plus grands éloges. La Société est heu-
reuse d'offrir à M. Noordhoek-Hegt une grande médaille
d'argent hors classe.
Mctiaillcs de prcniièro classe.
M. Brlvnd, officier abord des paquebots transatlantiques, a
été plusieurs fois déjà lauréat de la Société. Cette année il
reçoit une médaille de première classe pour avoir donné son
concours à l'importation de divers poissons de l'Amérique du
Nord et en particulier du Poisson-Soleil. Le zèle et la bonne
volonté de M. Briand sont d'un précieux secours pour aider
aux échanges d'animaux vivants qui se font entre les deux
continents.
L'étude comparative des sels constitutifs de l'eau de mer,
envisagée au point de vue de leur action sur les êtres vivant
dans l'eau salée, a été faite avec soin par M. Coutance. Son
travail contient de précieux renseignements dont la pi-alicjuo
fera son proht. Une médaille de première classe est offerte à
M. A, Coutance.
M. Piichard Cail, ingénieur civil à Newcastle-sur-la-Tyne
LXXXVIII SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
(Angleterre), est l'inventeur d'un modèle ingénieux d'échelle
à Saumons qui peut être adopté, quelle que soit la hauteur du
barrage. Ce système, qui fonctionne d'une façon très satisfai-
sante à Dinsdale, mérite l'attention et la Société décerne
M. Richard Cail une médaille de première classe.
M. le colonel Mac-Donald, inspecteur des pêcheries des
états de Virginie (États-Unis', a créé des échelles à Saumons
d'un système tout à fait nouveau qui se recommande par son
prix modique et son excellent fonctionnement. L'emploi de
ce type d'échelle est obligatoire dans plusieurs États de l'Union.
Une médaille de première classe est offerte à M. Mac-Donald.
Un élablissement a été créé par M. Alphonse Lefèvre dans
le département de la Somme en vue de faire l'élevage et la
propagation des espèces de poissons d'eau douce indigènes et
étrangers.
Les résultats obtenus ont déjà de l'intérêt et nous devons
penser que dans l'avenir M. Alphonse Lefèvre contribuera
activement au repeuplement des eaux libres aussi bien que
des eaux closes de la région.
Une médaille de première classe récompense ses efforts.
M. Ratiielot fait au Grand-Montrouge de la pisciculture
pratique.
Les procédés mis en usage, les résultats obtenus, méritent
l'attenlion. De plus, M. Rathelot s'occupe de repeuplement
sur une grande échelle des eaux closes dont il dispose dans le
département de la Gôte-d'Or.
Une médaille de première classe est offerte à M. Rathelot.
Alcduillo de seconde clU!ii»4C.
M. Byram Littlewood, d'Hudderfield (Angleterre), s'oc-
cupe avec succès de pisciculture. Dans l'établissement qu'il a
ci-éé, il fabrique industriellement du poisson pour le marché
et de l'alevin pour le repeuplement des eaux.
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RECOMPENSES. LXXXIX
• M. Byram Litllewood est l'inventeur d'appareils ingénieux
permettant d'aérer les œufs pendant l'incubation et d'en re-
tarder l'éclosion en prolongeant la durée de l'évolution em-
bryonnaire.
M. Byram Littlewood reçoit une médaille de deuxième
classe.
QUATRIÈME SECTION. — INSECTES.
Grande luédaillo d'argent (Hors classe).
A l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.
Plusieurs fois lauréat de la Société, M. Fallou reçoit au-
jourd'hui une grande médaille d'argent hors classe pour l'é-
ducation d'Anthœrea Frithii provenant des envois faits de
Cochinchine par notre collègue M. 0. Moquin-Tandon.
De plus, dans le courant de l'année 1882, M. Fallou a fait
vivre et reproduire VAttacus Pernyi delà Chine en plein bois
dans la forêt de Sénarl; le succès de ces éducations mérite
d'autant plus l'attention que pour la première fois, cette es-
pèce bivoltine s'est montrée disposée à devenir univoltine.
C'est-à-dire que les chrysalides, au lieu de se transformer en
papillons peu de temps après la terminaison du cocon, n'ac-
complissent leurs dernières transformations qu'au printemps
suivant. Créer une race de Vers à soie du Chêne (Pernyi) uni-
voltine, c'est rendre à peu près certaine la naturalisation en
France de cette très intéressante espèce.
médaille de première classe.
Proléger les cultures contre l'invasion des animaux des-
tructeurs, c'est rendre un service important. Aussi sommes-
nous heureux de pouvoir décerner une médaille de première
classe à M. Félix Durand, ancien vétérinaire principal de
l'armée, qui a inventé et propagé en Algérie un procédé
simple et pratique pour défendre les cultures contre l'invasion
des terribles criquets. Le procédé de M. Durand permet en
outre de détruire de grandes quantités de ces sauterelles qui
XC SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCHMATATION.
trop souvent portent la dévastation dans notre belle colonie
africaine.
IMédaillo do seconde classe.
M. HuiN a réussi à Paris, en 1882, l'éducation des Métis de
VAttacusPernyi avec l'A itocus Roylei, et aussi l'éducation de
VActias Sehne. Au cours de ces expériences, le lauréat a fait
d'intéressantes observations sur la polyphagie de ces espèces
qui ont accepté de se nourrir sur le Charme aussi bien que
sur le Chêne.
La Société est heureuse de récompenser le zèle de M. Iluin
en lui accordant une médaille de seconde classe.
Mentions honorables.
Une mention honorable récompense les efforts de M. Dou-
CHY, instituteur àBrumetz (Aisne), qui a élevé en 1882 un
certain nombre de Vers à soie se nourrissant de la feuille du
Chêne (Pernyi).
Nous voulons espérer que le zèle de cet instituteur pourra
lui mériter dans l'avenir de nouvelles récompenses.
' M. Nemetz, instituteur à Wiener-Neustadt (Autriche), a
réussi une éducation ù'Attams Pernyi et fait connaître dans
un rapport bien étudié les observations faites pendant la vie
des vers. La Société espère que M. Nemetz continuera ces édu-
cations et les fera dans l'avenir sur une plus grande échelle.
Elle lui décerne une mention honorable.
CINQUIÈME SECTION. — VÉGÉTAUX.
Grande médaille d'argent (Hors classe).
A l'effigie d'Isidore Geolfroij Saint-Hilaire.
Le livre sur les plantes potagères publié par notre collègue,
M. Henry de Vilmorin, est un ouvrage excellent qui rendra
les plus grands services. Quoique la part faite, dans cette
RAPPORT DK LA COMMISSION DES RECOMPENSES. XGI
importante publication, aux végétaux nouvellement introduits
ne soit pas aussi considérable que nous aurions pu le souhai-
ter, la Société est heureuse de décerner à M. Henry de Vil-
morin une grande médaille d'argent hors classe. Notre col-
lègue est de ceux qui par leurs publications, par leurs eiïorts
de toute nature, servent le plus utilement notre cause.
Prix Uc 500 rnincs
Fondé par la Sociclé pour j'inlroduclioii en France d'une espèce végétale propre à être
employée pour l'alinicnlalion de l'iiomme.
M. Paillieux reçoit aujourd'hui le prix que la Société avait
proposé en 1881 pour récompenser l'introduction en France
d'une plante alimentaire nouvelle.
Depuis quatre années le Capacho {Canna edul i s) est cullïvé
par M. Paillieux; cette plante a été examinée, dégustée parles
juges les plus compétents et mérite de prendre rang parmi
les végétaux alimentaires cultivés dans nos jardins.
La Société est heureuse de décerner ce prix à M. Paillieux
dont le zèle et la persévérance sont un exemple pour tous.
Illcclnillc»4 de prciuicro classe.
M. AuDiBERT, le créateur de l'important établissement hor-
ticole de La-Crau-d'lIyéres (Var), reçoit une médaille de pre-
mière classe pour la collection de Kakis (Diospi/ros) qu'il
cultive et qu'il répand aujourd'hui dans le public. Les fruits
de ces Kakis ont été appréciés et dès maintenant la Provence
se trouve en possession d'un fruit nouveau et méritant.
Les travaux publiés par M. Bastide sur diverses questions
agricoles algériennes, ont attiré l'attention de la Société.
En faisant bien connaître la géographie de la province qu'il
habite, M. Bastide sert utilement l'acclimalation. La Société
lui décerne une médaille de première classe.
M. le D' E. L. Bertiieuand (d'Alger), déjà lauréat de la
XCII SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
Société, a publié divers travaux se rapportant à des applica-
tions thérapeutiques ; de plus il a fait paraître une brochure
ayant pour but de signaler les végétaux dangereux de l'Algérie.
L'ensemble de ces travaux intéressants mérite à M. le D' E. L.
Bertherand une médaille de première classe.
M. le D' Bretschneider, médecin de la légation russe à
Pékin, auteur de savants travaux sur la flore de Chine, dési-
reux de seconder nos efforts, nous a fait un envoi important
de graines de divers végétaux utiles de ce pays.
La Société est heureuse de témoigner sa gratiludc à ce gé-
néreux collaborateur en lui attribuant une médaille de pre-
mière classe.
M. Le Myre de Vilers, l'un des membres honoraires de la
Société, gouverneur de la Gochinchine, et notre collègue
M. 0. Moquin-Tandon, directeur du Jardin botanique de
Saigon, ont signalé à l'attention de la Société les titres de
M. Colombier à nos récompenses.
« M. Colombier, dit le gouverneur dans sa dépêche, est un
des hommes qui ont le plus contribué à l'amélioration de la
santé des Européens en Cochinchine par l'introduction des
plantes maraîchères presque indispensables à notre alimenta-
tion. Grâce à lui, Saigon est devenu un port de production et
nous envoyons maintenant des légumes à Singapoore et même
en Chine. »
La Société nationale d'Acclimatation est heureuse d'offrir
à M. Colombier une médaille de première classe.
L'élude de la flore de l'île de la Béunion, des publications
sur les essences propres au reboisement des mornes, méritent
à M. le D' de Cordemoy, qui habite la colonie, une médaille
de première classe.
Votre Secrétaire général, Messieurs, est particulièrement
heureux d'avoir à proclamer ici le nom d'un ancien condis-
ciple, qui a laissé de ce côté des mers le souvenir de ses mé-
rites et de ses qualités.
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. XCIII
L'introduction à l'île de la Réunion des meilleures variétés
de Cannes à sucre cultivées à l'île Maurice, mérite à M. E. Cornu
une médaille de première classe. Les publications faites par
le lauréat sur les meilleurs procédés de culture de la canne
permettent de profiter comme il convient des importations
accomplies
Le Commissaire général gouverneur de l'île de la Réunion,
M. CuiNiER, avait apprécié dans ses voyages la qualité des fruits
des Antilles. Devenu gouverneur delà Réunion, il a voulu en
doter la colonie qu'il était chargé de diriger. La Société est
heureuse d'offrir à M. le gouverneur Cuinier une médaille de
première classe, en souvenir de son intelligente initiative.
M. Romuald Dejernon s'est fait l'apôtre de la culture de la
Vigne dans le département de Constanline, en Algérie. Par
ses publications, par ses conférences pratiques faites dans les
villages, il a puissamment contribué à persuader les colons,
à les décider à planter la Vigne.
Ces efforts sont récompensés par la Société nationale d'Ac-
climatation d'une médaille de première classe.
Dans une brochure très complète et très étudiée, M. Favier
(d'Avignon) a résumé avec exactitude tout ce que nous
savons sur la Ramie, la précieuse plante textile promise à
notre industrie.
Cette publication utile mérite à son auteur une médaille de
première classe.
M. Paul Fontaine (de Blidah), un des horticulteurs les plus
anciens de l'Algérie, déjà lauréat de la Société, reçoit aujour-
d'hui une médaille de première classe pour ses diverses ten-
tatives de culture des arbres à fruits exotiques qui peuvent
réussir sous le climat de la colonie.
En offrant à M. Paul Fontaine cette médaille, la Société
est heureuse de lui témoigner l'estime toute particulière
qu'elle accorde à sa persévérance, aujourd'hui vieille de
trente-cinq années.
XCIV SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Une médaille de première classe est accordée à M. Emile
Héry, qui a fait à l'île de la Réunion des plantations considé-
rables des arbres à Quinquina, et spécialement du Cinchona
succirubra. Puissent les efforts de M. Héry et de ses imita-
teurs mettre enfin la colonie en possession des précieuses
écorces dont la thérapeutique fait aujourd'hui une si colossale
consommation.
M. HoNNORATY, de Toulon (Var), reçoit une médaille de
première classe pour ses cultures de Kakis {Diospi/ros).
Ayant reçu de M. Dupont, à son retour du Japon, une collec-
tion de ces arbres fruitiers, M. Ilonnoraly a su les multiplier,
et, grâce à lui, le midi de la France est aujourd'hui en posses-
sion de ces végétaux, qui viennent apporter un nouvel élément
de richesse aux vergers de la région de l'Oranger.
Diverses introductions de végétaux propres à la grande
culture en Algérie ; des plantations de Vignes très importantes,
une exploitation prospère, méritent à M. Lamur une médaille
de première classe. La Société félicite le lauréat de son esprit
d'initiative, et reconnaît qu'il a donné un précieux exemple.
M. J. DEMAzÉRiEUxajoint ses efforts à ceux de M. E. Cornu,
que nous avons nommé tout à l'heure, pour enrichir les cul-
tures de l'île de la Réunion des meilleures variétés de Cannes
à sucre cultivées à l'île Maurice.
La Société ne pouvait séparer dans sa reconnaissance ces
deux collaborateurs ; elle décerne à M. J. de Mazérieux, comme
à M. Cornu, une médaille de première classe.
Le mémoire très intéressant de M. Arthui* Noël sur les re-
peuplements artificiels des forêts et la restauration des clai-
rières intéresse par plus d'un point la Société d'Acclimatation.
Aussi nous lui décernons une médaille de première classe,
heureux que nous sommes de pouvoir récompenser cet excel-
lent travail, qui mérite d'être dans toutes les mains.
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. XCV
Si la question du reboisement est intéressante en France,
en Algérie elle est d'une importance qui s'impose.
Pas de forêls, pas de sources, et dans les pays du soleil, on
peut ajouter pas d'eau, pas de cultures.
Les conférences faites par M. Ollive sur les causes du dé-
boisement en Algérie et sur la nécessité de reboiser, ont attiré
l'attention de la Société, qui décerne à leur auteur une mé-
daille de première classe.
M. Julien Potier a introduit à l'île de la Réunion un grand
nombre de plantes utiles. La Société est heureuse de re-
connaître ces elîorts en délivrant à M. Julien Potier une mé-
daille de première classe.
M. Reynard, sous-inspecteur des forêts en Algérie, a fait
des conférences et des publications sur le reboisement et
aussi sur la restauration des pâturages dans le sud de la pro-
vince d'Alger.
Ces utiles efforts méritent l'attention, et la Société décerne
à M. Reynard une médaille de première classe.
Le Rapport de M. Tassy, sur le service forestier en Algérie,
est un travail sérieux qui apporte à l'étude de cette impor-
tante question des documents importants. La Société décerne
à M. Tassy une médaille de première classe.
M. Humbert, instituteur à Raddon (Haute-Saône), déjà
lauréat de la Société, persévère dans ses cultures expérimen-
tales. Dans un rapport étudié, il fait connaître ses apprécia-
tions comparatives sur les avantages que présentent, pour sa
localité, les diverses variétés de céréales expérimentales.
M. Humbert reçoit une médaille de deuxième classe.
Médailles de seconde classe.
Depuis plusieurs années déjà, M. Malapert cultive \cThla-
dianlha dubia de l'Himalaya et de la Chine. Les fruits de cette
XCYI SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATiON.
cucurbilacée à la fois décoratifs et alimentaires sont suscep-
tibles d'applications diverses. La Société offre à M. Malapert
une médaille de deuxième classe.
L'an dernier, M. Romanet du Caillaud a reçu une médaille
pour avoir importé et cultivé les Vignes chinoises duChen-Si.
M. Romanet du Caillaud signale à l'attention de la Société les
droits de M^'' Pagnucci, évêque de Chen-Si , à nos récompen-
ses, car c'est à ce vénérable missionnaire que nous devons
l'importation des vignes du Céleste-Empire. Une médaille de
deuxième classe est offerte à M^"" Pagnucci.
Une brochure de M. Vérot sur l'arboriculture forestière
en Algérie mérite une médaille de deuxième classe. Cette pu-
blication peut servir de guide pratique pour la constitution de
pépinières forestières en Algérie.
montions honorables.
Une mention honorable est accordée à M. Jean Dybowski,
professeur répétiteur à l'école régionale agricole de Grignon,
dont le travail sur la Bardane comestible du Japon a attiré
l'attention de la Société.
La culture de la Vigne en Algérie prend chaque jour. plus
d'importance, et les résultats obtenus donnent à penser que
la production du vin deviendra pour la colonie la source d'une
sérieuse prospérité.
Les autorités compétentes de l'Algérie ont attiré l'attention
de la Société sur MM. Chatillon, Fontëneau, Plisson et
Sardou, qui, par leur initiative, par leur persévérance, ont
puissamment aidé à la vulgarisation de la culture de la Vigne
dans la province d'Oran.
Une mention honorable est accordée au nom de la Société
à chacun de ces viticulteurs.
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RECOMPENSES. XCVII
RÉCOMPENSES PÉCUNIAIRES
Primes ofTerte»; ptiv la •Société.
Une prime de 100 francs est accordée à M. Florimond Ber-
THiER, faisandierchezM. Pays-Mcllier, à laPataudière (Indre-
et-Loire). Notre collègue M. Pays-Mellier a trouvé dans M. Ber-
thier un collaborateur intelligent et dévoué des plus méritants.
C'est par millions que rétablissement de M. Schuster (grand-
duché de Bade) produit chaque année des alevins d'œufs de
poissons qui sont ensuite jetés dans les cours d'eau de l'Alle-
magne. M. Schuster est secondé par M. Dietricii, qui lui
donne un concours précieux. La Société lui accorde une
prime de 100 francs.
M. J. B. Blaise, cultivateur vigneron, à Choloy (Meurthe-
et-Moselle), s'occupe depuis plusieurs années d'éducation de
Vers à soie se nourrissant de la feuille du Chêne. Ses essais se
font en pleine forêt; la Société est heureuse de pouvoir en-
courager M. Biaise en lui accordant une prime de 200 francs.
M. HuiN est un de nos collaborateurs les plus zélés; il
donne son concours à la Société de plus d'une manière. Nous
saisissons avec empressement l'occasion de lui témoigner l'in-
térêt que nous prenons à ses travaux de sériciculture en lui
allouant une prime de 100 francs.
Primes fondées par feu Agron do Cicrmigny
Pour récompenser les bons soins donnés anx animaux ou aux plantes.
M. Baptiste Langel, employé à la ménagerie du Muséum
d'histoire naturelle, reçoit la prime de 200 francs pour les
bons soins qu'il donne aux animaux qui lui sont confiés et en
particulier pour avoir obtenu la reproduction de l'Antilope
Gnou. C'est la première fois que cetle intéressante espèce du
Cap de Bonnc-P^spérance naît en Europe.
ii" sÉiiiE, T. X. — bcaucc publifjuc amiuclle. g
XCVIII SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
La prime de 100 francs est accordée à M. Roy, employé au
Jardin zoologique d'Acclimatation. Le zèle de ce serviteur soi-
gneux, déjà plusieurs fois récompensé, est toujours digne
d'éloges.
Primes offertes par l'administration du Jardin zoologique
d'Acclimatation ai ses employés.
M. Hyacinthe Blondel est attaché au Jardin zoologique
d'Acclimatation depuis la fondation de l'établissement; c'est
aujourd'hui le plus ancien de nos agents, c'est aussi un des
plus dévoués; il reçoit une prime de 200 francs.
Une prime de 200 francs est accordée à M. Dudale, gardien
chef au chenil, qui, dans ses difficiles fonctions, nous donne
une entière satisfacti-on.
M. Achille Fauuue, faisandier chef, reçoit une prime de
100 francs. C'est pour nous un collaborateur soigneux et expé-
rimenté.
Une prime de 100 francs est accordée à. M. Moutard, em-
ployé à la volière, qui se montre exact et fidèle.
Le jeune Alix est déjà un vieil employé de l'établissement;
il n'a jamais cessé de mériter nos éloges par sa bonne tenue et
son zèle. Nous lui donnons une prime de 50 francs.
L'apprenti faisandier Pierre est un bon sujet, déjà connais-
seur, qui mérite, par son travail régulier et par son intelli-
gence, la prime de 50 francs que nous lui remettons.
Hallié, groom au manège, reçoit une prime de 25 francs.
AMorançais, du service du chenil, il est accordé une prime
de 25 francs.
Le Gérant: Jules Grisaud.
Imprimeries rtunlcs, A. rue Mignon, 2. Parla
BULLETIN MENSUEL
DE LA
SOCIÉTÉ NATIONALE
D'ACCLIMATATION
FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854
RECONNUE ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE
PAR DÉCRET DU 26 FÉVRIER 1855
I. TRAVAUX DES WIEWBRES DE LA SOCIÉTÉ (1)
ACCLIMATATION DU Nx\NDOU EN FRANCE
Extraits de diverses lettres adressées à M. le Secrétaire général
Par nn. BÉREIVCiER , D'^ CLO$i, PATS-MELLIER et MERCIER
Monts-sur-Guesnes (Vienne), 16 juin 1882.
Je m'empresse de vous faire connaître le résultat de l'incu-
bation de mes Nandous. Ce résultat ne pouvait être que peu
satislaisanl, puisque, ainsi que je vous le disais dans une
précédente lettre, le Nandou avait commencé à couver," n'ayani,
que six œufs dans son nid. Il est viai, comme je l'avais sup-
posé avec raison, que la ponte de la femelle n'était pas ter-
minée, mais les œufs qu'elle a continué à pondre ne pouvaient
(1) La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par
es auteurs dos articles insérés dans son JJullelin.
3° SÉRIE, T. X.. —Janvier 1883. 1
*^
2 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
plus, en les supposant bons, parvenir à l'éclosion en même
temps que les premiers.
Je n'ai eu que quatre fois pendant l'incubation l'occasion
d'observer moi-même le nombre des œufs qui se trouvaient
dans le nid, et voici le résultat de ces observations : Le 3 mai,
l'incubation commençait avec six œufs ; le 6 mai au soir, il y
en avait huit; le 15 mai, dix; le 26 mai, onze, et le 6 juin,
treize.
Je comptais que l'éclosion aurait lieu le quarante-et-unième
ou le quarante-deuxième jour comme l'année dernière. Elle
a eu lieu le dimanche soir 11 juin et le lundi 12 juin, trente-
neuvième et quarantième jours d'incubation, eLn'a donné que
quatre petits, dont un, mal venu, est mort presque immédia-
tement. Le Nandou n'a quitté le nid que le mercredi 14 juin.
11 y laissait trois œufs clairs, ou dans lesquels l'embryon était
mort à une époque peu avancée de l'incubation, et six autres
œufs qui, paraissant bons, ont été placés sous une dinde que
je tenais en réserve à cet effet. Mais je n'attends pas grand
résultat de cette mesure, à cause de l'intervalle entre la ponte
de chacun de ces œufs, d'où résulterait nécessairement un
intervalle proportionnel entre leur éclosion.
La ponte de la femelle n'était pas encore terminée, car,
immédiatement séparée du mâle et des jeunes après l'éclo-
sion, comme l'année dernière, elle a encore pondu un œuf
mercredi dernier.
Une des difficultés qu'oftre l'éducation du Nandou me
semble donc résulter de l'habitude qu'aie mâle de commenn^r
l'incubation avant que la ponte de la femelle soit complcLc.
Mais cet inconvénient peut être diminué en donnant plusieurs
femelles à un mâle et en ayant recours à l'incubation artili-
cielle pour les œufs en retard au moment de l'éclosion.
Je désire que ces détails puissent être utiles à ceux de nos
collègues qui s'occupent de l'éducation du Nandou, en les
mettant en garde contre les inconvénients que je viens de
signaler.
Veuillez, etc.
0. Camille Dérenger.
LE NANDOU EN FRANCE.
Toulouse, le 27 août 1882.
A la date du 24 novembre dernier, j'avais l'honneur de vous
informer de l'insuccès des nombreux moyens employés pour
élever déjeunes Nandous, nés vers la fin d'octobre au Jardin
des plantes de Toulouse (voy. le Bulletin de 1881, p. 76^).
Je crois devoir vous annoncer qu'une seconde couvée a- par-
faitement réussi, en l'absence de tous soins spéciaux. La
ponte a été de dix œufs, couvés cette fois, comme la précé-
dente, par le mâle seul pendant quarante-cinq jours environ.
Le 5 juin dernier, on voyait éclore six petits, et les quatre
autres œufs étaient abandonnés par le mâle. Ces animaux
n'ont pas touché à la pâtée qu'on leur avait préparée, se bor-
nant à manger de la mie de pain, de l'herbe coupée menu,
et adoptant bientôt la nourriture des deux adultes, consistant
principalement en débris de jardinage; comme ceux-ci, ils
n'entrent jamais dans la cabane ; ils grossissent et se portent
à merveille.
Si une nouvelle éclosion a lieu en automne, je n'hésiterai
pas à laisser les petits avec leurs parents, dans le parc que
ceux-ci occupent.
Veuillez, etc.
D' Clos, directeur.
La Pataudière (Indre-et-Loire), 21 juillet 1882.
Je vous écrivais que je possédais ici trois belles femelles
et un superbe mâle de Nandous.
Le samedi G mai, ce mâle Nandou s'est mis sur son nid et a
commencé à couver; il y avait alors douze œufs.
Depuis ce jour, plusieurs autres œufs ont été pondus, et
les femelles les déposaient toujours auprès du mâle, qui, sans
se lever, rapprochait les œufs avec son bec et les faisait couler
doucement sous lui.
Dans la nuit du 29 au 30 mai (^il éfait onze heures et demie),
un orage épouvantable, accompagné d'une pluie torreuliellc,
a éclaté tout à coup sur la Pataudière.
4 SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
Au lever du jour, la pluie tombait encore, et nous trouvions
le Nandou ayant quitté son nid submergé ; vite nous assé-
chons ce nid avec du sable bien sec; il était trois heures
et demie du matin et les œufs étaient refroidis, mais l'oiseau
se remit à couver.
Le 9 juin, une forte pluie recommence le soir et continue,
sans relâcher un seul instant, jusqu'au lendemain matin huit
heures.
Cette lois, il n'y avait plus rien à espérer, tous les parcs de
mes animaux étaient remplis d'eau, et le Nandou avait dû
fuir encore cette inondation ; ses œufs étaient absolument
noyés.
Malgré notre peu d'espoir, nous refîmes cependant le nid
et nous remîmes les œufs sur un fond de sable sec ; mais l'oi-
seau, découragé sans doute, n'y voulut plus revenir.
Nous avions bien essayé de faire un abri sur son nid après
le premier orage du 30 mai ; le Nandou avait alors quitté ses
œufs aussitôt et paraissait inquiet; nous dûmes donc enlever
l'abri et laisser le nid à son malheureux sort et à sa mauvaise
étoile. C'était d'ailleurs l'avis de M. Cornély, de Beaujardin,
que j'avais consulté.
Le 11 juin, ne conservant donc plus aucune espérance,
puisque le Nandou ne retournait plus sur son nid, je voulus
en avoir le cœur net, et n'ayant pas de couveuse artificielle,
je fis vider les œufs.
Jugez de mon immense contrariété, sur 15 œufs que je
trouvai dans le nid (j'eus la connaissance de 3 cassés au plus),
il y en avait 12 bons; les petits étaient complètement formés
et encore tous vermeils.
Le refroidissement des œufs dans la nuit du 30 mai n'avait
donc pas été assez long pour les perdre, et je ne devais ce
désastre qu'à la pluie diluvienne et continue du 9 juin !
Depuis cette époque, le mâle Nandou est redevenu en rui,
et dès le 17 juin je voyais un œuf déposé dans un nouveau
trou fait dans le sable. Le 23, j'avais 4 œufs.
Puis la ponte s'est arrêtée, et le mille ne se décidait point
à couver; le 30 juin, if avait cassé 3 anifs.
LE NANDOU EN FRANCE. 5
Le S juillet, une seconde femelle pond de nouveau, et le 8
celte ponte est encore terminée avec 4 œufs.
Celte fois, j'avais enlevé le premier œuf du 3 juillet, et le
1-2, ne voyant point de nouveaux œufs, je mis les quatre der-
niers, que j'avais conservés, avec le cinquième qui me restait
de la ponte du 17 juin.
Je vis le Nandou les rouler sans cesse avec son bec dans
plusieurs trous qu'il s'amusait à faire, sans vouloir s'attacher
à aucun, et il a fini par casser encore ^2 œufs sans jamais
essayer de couver.
Aujourd'hui, il est toujours en rut et fait entendre son fort
rugissement en poursuivant sans relâche ses femelles; mais
la saison est trop avancée, je n'ai plus aucune chance pour
cette année.
Agréez, etc. G. Pays-Mellier.
27 juillet 1882.
Dans une lettre précédente, je vous adressais quelques notes
sur mes Nandous.... Si ces notes ont pu vous intéresser, je
m'empresse de vous dire que ces oiseaux pondent encore une
fois en ce moment.
Aujourd'hui, j'ai trois nouveaux œufs, dont deux pondus
hier, ce qui indique le travail de deux femelles.
Le maie, toujours en rut et très ardent, ne semble pas dis-
posé à couver; il serait bon, je pense, de lui enlever ses trois
femelles.
J'ai envie d'essayer.
Agréez, etc. Pays-Mellier.
Beaurouve, par Illiors (Eure-ot-Loir), 22 juin 1882.
Je crois devoir vous informer que je viens d'obtenir des
jeunes Nandous dans les conditions suivantes :
Mon Nandou, qui était l'année dernière très agressif, s'est
beaucoup calmé lorsqu'il a été mis en présence de la femelle
que vous m'avez procurée au mois de mars dernier.
Nous avons donné au couple de .Nandous une entière liberté ;
6 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
ils vivaient dans un enclos, partie bois et partie prairie, d'une
étendue de 40 hectares. Pendant le mois d'avril, M'" Rous-
seau, qui est chargée chez' moi du soin des oiseaux grands et
petits, a vu le mâle à plusieurs reprise."'' s'approcher de la
femelle.
Le couple ne -s'éloignait guère des ouvrier." qui travaillent
au jardin, quand dans les premiers jours de mai on a cessé
de voir d'une manière assidue le mâle Nandou, qui faisait de
fréquentes absences.
Le 9 mai, ne l'ayant pas vu de la journée, tout le monde
s'est mis à sa recherche, et le 10, M'"' Rousseau l'a trouvé sous
bois, dans un endroit très touffu, où il avait nettoyé une sur-
face de 5 à 0 mètres carrés, au milieu de laquelle il avait
amoncelé des brindilles de bois et des herbes pour se faire un
nid sur lequel il s'était établi.
M"" Rousseau, sans tenir compte du bec qu'il ouvrait tout
grand, ayant tout l'air de vouloir la mordre, l'a contraint de
se lever; il s'est alors, si l'on peut s'exprimer ainsi, assis sur
ses genoux, et lui a laissé voir six œufs qu'il était en train
de couver.
A partir de ce moment, on ne l'a plus dérangé, et elle ve-
nait chaque jour lui apporter sa nourriture au bas de son nid.
Le 9 juin, le Nandou était absent de son nid lorsqu'elle est
venue lui apporter à manger ; elle a compté neuf œufs parfai-
tement rangés dans le nid.
Le 20, on a trouvé un dernier œuf de la femelle Nandou,
qu'elle avait été pondre dans le verger; ce dernier était beau-
coup plus petit que les autres ; on l'a mis sous une dinde.
Le 19 juin, M"" Rousseau s'est aperçue qu'il y avait sous le
Nandou des jeunes qui soulevaient ses plumes. Je crois que
c'est ce jour-là que les petits sont sortis de l'œuf.
Le lendemain 20, mardi dernier, nous sommes allés voirie
Nandou, qui s'est alors levé et est immédiatement parti, en-
traînant à sa suite cinq enfants qui paraissaient très vigoureux,
laissant dans le nid abandonné un petit mort, deux œufs clairs
et deux a3Uts fécondés, que nous avons mis dans la couveuse
artificielle qui se trouvait en état.
LE NANDOU EN FRANCE. /
Le Nandou, suivi de ses petits, a parcouru tout le parc, et
nous avons pu, une heure après, le faire entrer dans le verger,
où nous avons immédiatement établi un barrage, lui aban-
donnant un terrain planté d'arbres fruitiers et en luzerne
d'une contenance d'environ 5000 mètres, où nous le laissons
conduire et élever sa famille.
La femelle est entièrement séparée, et, du reste, n'a pas
l'air d'en avoir le moindre souci.
On a installé une mue sous laquelle les petits peuvent aller
manger, et fixée pour que le Nandou ne puisse aller manger
la pâtée préparée.
Les enfants n'ont pas l'air de s'occuper de cette nourriture
préparée, mais mangent beaucoup d'herbes qu'ils trouvent
sous la conduite du père, lequel les appelle en faisant un bruit
tout i»articulier avec son bec. Jusqu'à ce moment, tout ce
monde parait en parfaite santé.
J'aurai l'honneur de vous informer plus tard des événe-
ments qui se seront produits, soit en bien, soit en mal, ainsi
que du résultat obtenu sur les deux œufs délaissés qui ont été
mis dans la couveuse.
Veuillez, etc.
L. Mercier.
Beaurouve, le 1 1 oclobre 1882.
.... Je veux aussi vous faire savoir qu'il me reste deux jeunes
Nandous de la couvée que j'ai obtenue. Par suite du mauvais
temps qu'il a fait après leur naissance, il ne m'en était resté
qu'un, mais j'en ai obtenu un autre d'un œuf que la femelle
avait pondu dans le nid vers la fin de l'incubation. J'ai mis
cet œuf dans ma couveuse artificielle, et il est né un petit
quatre semaines après son aîné. Après quelques jours de soins
particuliers et avec une dinde couveuse pour le tenir chau-
dement, je l'ai donné au père, qui l'a parfaitement accueilli.
Ils sont tous deux très bien constitués.
L. Mercier.
LA VIANDE D'AUTRUCHE
AU POINT DE VUE ALIMENTAIRE
CHALEUR DÉVELOPPÉE PAR L'EMBRYON PENDANT L'INCUBATION
Par m. Lucien ÎHERLjITO
Sous-directeur de la Société anonyme pour l'élevage de l'Autruche en Egypte.
J'avais déjà eu roccasion de man,uer et faire manger de la
viande d'Autruche, et elle avait, été trouvée comparable à celle
de Bœuf, supérieure à celle de Cheval, Buffle et Chameau,
par plus de quinze personnes qui en goûtèrent. Deux de ces
personnes étaient tout à fait ignorantes de ce qu'elles man-
geaient, et ne se firent pas prier pour en demander plusieurs
fois.
Toutefois, cette expérience n'ayant pas été conduite avec le
soin nécessaire, je saisis avec empressement une occasion qui
se présenta dernièrement pour faire un nouvel essai, que je
regarde comme définitif. Je m'abstiens de citer des dates, car
elles ne sont d'aucune utilité et pourraient éveiller la suscep-
tibilité des personnes qui, à leur insu, ont concouru à juger
le produit.
La bête a été abattue à la suite d'une fracture à la jambe
gauche. C'était un jeune mâle Somali, né à Matarieh et âgé de
treize mois; les bonnes plumes comm.encaient à paraître. On
en retira 50 kilogrammes de viande de boucherie, os compris.
M. P. Gauthier, notre voisin, propriétaire du restaurant de
l'Arbre de la Vierge, voulut bien se charger de la préparation
des mets et dressa un menu ainsi composé :
1° Bouillon; 2" bouilli; 3° rôti; 4" viande en daube.
Le tout accommodé de la manière la plus simple, comme
en ménage, en évitant avec soin, sauf dans la daube, toute es-
pèce d'aromates, drogues, herbes, etc., capables de déna-
turer le goût naturel de la viande. Les mets devaient être
jugés tant par nous-même et d'autres personnes prévenues
LA VIANDE d'autruche, 9
que par des personnes complètemenl ignorantes de ce qu'on
leur servait.
J'aurais voulu joindre à cet essai le cœur et le foie ; mal-
heureusement mon gros chien de garde me prévint, et do
quelques coups de dents épargna à M. Gauthier la peine de
s'en occuper.
La viande crue présente toute l'apparence du jeune Bœuf,
avec cet avantage qu'elle est excessivement facile à découper
dans tous les sens, ce qui la rend très propre à la préparation
de plats de fantaisie.
La veille du jour de l'expérience, je dînais (comme d'ordi-
naire) chez M. Gauthier. On nous servit un consommé au
vermicelle tellement bon que j'en repris, ce qui ne m'arrive
presque jamais. Je venais à mon insu de constater délinilive-
ment la parfaite comestibilité de la viande d'Autruche. M. Gau-
thier avait anticipé l'expérience pour la rendre plus décisive.
C'était un consommé d'Autruche. 11 avait été préparé avec un
morceau de viande de l'arrière-corps et un petit morceau de
jarret. La complète cuisson avait exigé moins de cinq heures.
Le bouillon a un goût déjeune Bœ,uf; le morceau de jarret
l'avait rendu très légèrement gélatineux, comme on l'obtient
par l'addition d'un pied de veau ; il n'est ni trop gras ni trop
maigre, couleur et odeur irréprochables. Froid, il conserve
les mêmes bonnes qualités.
Le bouilli ne diffère en rien de celui de bonne viande de
Bœuf, couleur, odeur et saveur, ayant l'avantage d'être ex-
cessivement tendre. La viande est d'une cuisson très facile.
Elle a été mangée simplement au sel, sans autre apprêt. La
peau, quoique épaisse, devient très tendre et n'est pas plus
dure que celle d'une bonne Dinde,
Le filet rôti et très peu cuit a donné les mêmes bons résul-
tats.
La viande est très juteuse, tendre, couleur de Bœuf légè-
rement foncé et supérieure au filet de Cheval.
Il est presque inutile de dire que la viande préparée en
daube est exactement ce qu'est la bonne viande de boucherie.
Impossible d'y trouver une différence.
10 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
Enfin, toutes les personnes prévenues qui en ont mangé
l'ont trouvée en tout pareille, sinon supérieure, au bon Bœuf
jeune.
Quant aux personnes qui n'étaient pas prévenues, elles en
ont fait des éloges au restaurateur, et j'ajouterai même qu'une
d'entre elles s'en est nourrie exclusivement pendant deux
jours (quatre repas) sans se douter le moins du monde de ce
qu'elle mangeait.
Quant aux œufs de cet oiseau, je ne saurais me prononcer
d'une manière aussi décisive, n'ayant jamais eu l'occasion
d'en manger de très frais. Les seuls que j'aie goûtés étaient
des œufs clairs qui sortaient des incubateurs, où ils avaient
passé de cinq à six jours.
En omelette, je les ai trouvés mangeables, mais pas excel-
lents. Cuits à l'eau, le blanc (albumine) est mauvais. Il se re-
commande déjà fort peu par sa couleur de gélatine foncée,
presque couleur de la colle à bouche ; il a en outre une odeur
très prononcée, que je ne saurais pas bien définir, mais qui
n'est pas du tout engageante. Pourtant, je le répète, cela peut
être un effet de la température d'incubation. Le jaune seul,
au contraire, est exquis et d'une saveur plus délicate que le
jaune d'œuf de Poule. Je crois que ce n'est que cette supério-
rité de goût du jaune qui rend l'omelefte mangeable. Le jour
où la production permettra la vente en gros d'œufs frais d'Au-
truche, je pense qu'on emploiera avec avantage le jaune pour
la pâtisserie, etc. ; mais le blanc devra être livré aux fabricants
d'albumine. Il ne faut pas oublier qu'un œuf d'Autruche de
bonne dimension renferme 350 grammes de jaune et 1000 à
1100 grammes d'albumine liquide.
Je crois qu'il serait utile de répéter partout où cela est
possible les essais sur la viande d'Autruche comme produit
alimentaire. La réussite de l'incubation tant naturelle qu'ar-
tificielle, l'excessive facilité d'élever les poussins ainsi éclos,
et leur extrême rusticité, qui les lait pour ainsi dire vivre et
grandir malgré tout, mettront tôt ou tard les parcs à Autruches
dans la nécessité de consacrer une partie de leurs produits à
la boucherie. L'oiseau abattu à l'âge de douze et dix-huit mois
LA VIANDE d'autruche. 11
donnerait de la viande très acceptable par le consommateur
sous le rapport du prix, et assez rémunératrice pour l'éle-
veur. Mais, comme pour le Cheval, il faut détruire le préjugé,
et ce n'est qu'en multipliant les expériences qu'on obtiendra
ce résultat.
SUR LA CHALEUR DÉVELOPPÉE PAR L'EMDIUON I>ENDANT
L'INCUBATION
/ Caire, Parc de Matarieh, lo 0 mars 188'2.
Monsieur le Secrétaire général ,
Voici le résultat de quelques observations laites aux mois
d'avril et de mai dernier, pour me rendre compte, du moins
approximativemenl, de la chaleur que chaque embryon déve-
loppe pendant l'incubation.
Faute de pouvoir suivre une méthode d'expérimentation
scientifique, voici la marche suivie pour arriver au résidlat :
Deux incubateurs (hydro-couveuses) parfaitement pareils
furent installés dans des conditions tout à fait identiques.
Je fis marcher les deux concurremment à vide pendant quinze
jours, pour m'assurer que leur déperdition de chaleur était
la même. Ceci constaté, l'un continua à marcher à vide,
l'autre fut chargé de dix œufs. A partir de la mise en incuba-
tion des œufs et jusqu'au quarantième jour (veille de l'éclo-
sion),je tenais compte, à chaque renouvellement d'eau, et
pour les deux appareils, du produit de la quantité de litres
d'eau soutirée par leur température, ainsi que du produit des
litres remis par la température qu'ils avaient en entrant dans
la citerne. La différence entre ces deux quantités représentait
en calories la chaleur qu'il fallait ajouter chaque douze heures
aux appareils pour maintenir les deux à la même température.
Pendant les quarante jours, cette quantité a été :
Pour l'incubateur n" -4 marchant à vide 58723 calories
— 5 avec 10 œufs fécondés 297ÎU »
d'où une dilTérence de 28!)29 calories
i'I
SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
qu'avait demandées en moins l'appareil ïf 5, calories qui né-
cessairement avaient été fournies parla vie des dix embryons
pendant les quarante jours d'incubation.
Il faut remarquer que ce chiffre, ainsi que ceux qui sui-
vent, ne représente qu'un minimum inférieur à la vérité,
car la chaleur émise par les œufs pendant l'ouverture des
tiroirs, le mirage, etc., était perdue et n'était pas recueillie
par la machine.
Toutefois, et faute de mieux, en divisant les observations en
quatre périodes de dix jours chaque, j'ai dressé les tableaux
suivants :
Appareil n" -4 marchant à vide.
[lillei'ciice on Citlories :ijoutées|
PKIÎlDDE
Litres d'oau
Ciilories
C.'ilories
— -
-— — ■ -
du
d(l jours.
soutirés
ot remis.
de
l'caii soiiliri'e.
de
l'caii ri'nii-o.
pour
une période
do 10 jours.
par
"2i' heures.
1
320
16 824
31 080
1 5 356
1536
2
295
15 822
29 205
13 383
1338
3
314
16 130
31 086
1 4 956
1 495
A
318
16 454
41 453
15 028
1503
Totaux.
1 247
64 730
123 453
58 723
Apjmreil n" 5 avec 10 œufs fécondés
l'KRlODES
Litres d'eau
Calories
Calories
DilTéreiice ou t
aiories ajouté-es
de
soutirés
de
de
pour
10 jour-;.
et remis.
l'eau soutirée.
l'eau remise.
une période
de 10 jours.
•2i heures.
1
225
1 1 936
22 275
10339
1034
2
107.5
8 591
16 582
7 991
799
o
1 30
0 859
13 461
6 605
660
4
91.5
4199
9058
4859
48(;
Totaux.
620
31585
61379
29 791
LA VIANDE d'autruche. 13
Comparaison entre les deux tableaux qui précèdent.
Calories ajoutées toutes les 24 heui'es
Ep'iqiic.
^-^ — — .^-
- ^,i^— —
au 11" i.
au 11" 5.
1
1536
1034
2
1338
799
-3
1495
660
■ï
1503
486
DilTcrcnce ou calories fournies
cliaque 2i lieures
parlOeiiibryoïis. |iar clia(|uc embryon.
502
539
835
1017
50
54
83
102
Ur, sans dire que la respiration soit une combustion, cause
unique de la chaleur animale, je crois pouvoir admettre une
certaine relation entre la chaleur produite par l'œuf et l'air
qu'il nécessite pour sa respiration, dans ce sens que si d'un
côté la chaleur produite aua;mente en raison du développe-
ment de l'embryon, ce dernier demande plus d'air au fur et
à mesure qu'il grandit. En représentant donc par ic un volume
d'air déterminé, un œuf d'Autruche nécessitera :
50 X par jour du J ■■ au 10^ jour d'incubalioii ;
54 a; » . 1 i' 20' » »
83 X î 21» 30*^ » »
40" » »
102 X
21»
31*
J'espère un jour me renseigner complètement sur la valeur
exacte de x.
Pour le moment, l'analyse de l'air puisé dans un incuba-
teur (qui en contenait 100 litres) deux heures après sa ferme-
ture, m'a donné
Oxygène. . . . 13.60
AuU'es gaz. . . 86.40
100
Soit, en chilfres ronds, la moitié de Toxygène avait été ab-
sorbée. Ui' cet incubateur contenait 12 œufs au vingtième
jour, qui, en conséquence, ont nécessité 20 litres d'air en deux
14 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
heures, soit 600 litres en vingt-quatre heures, ou bien 50
litres par œuf et par vingt-quatre heures.
En divisant cette dernière quantité par 54- (coefficient de la
deuxième période d'incubation), on obtient 0*925 comme
valeur de x.
Il faudra donc pour chaque œuf et par vingt-quatre heures :
Pendant la !■■'= période 50 X 0,925 = il litres d'air par jour
— 2^ — 54 X 0,925 = 50 —
— 3= — 83 X 0,925 = 77 —
_ 4e _ 102 X 0,925 = 94 —
J'aurais bien voulu terminer ici ma lettre; mais un argu-
ment en amène un autre, et je me sens bien tenté de risquer
quelques mots sur ma manière de considérer la respiration
des œufs des oiseaux. Je dis risquer, car je pouri^ais parfois
heurter des idées reçues et des théories acceptées sans pou-
voir, faute de moyens, appuyer mes opinions par la preuve
indiscutable de l'expérience directe. Je vais donc me contenter
devons exposer mes idées, qui sont ma conviction jusqu'à
preuve contraire.
J'ai à discuter deux points : le rôle de la chambre à air et
la manière dont s'accomplit l'échange de gaz à travers les
membranes coquillières.
Sur le premier, l'idée généralement admise est que la
chambre à air est un réservoir destiné à fournir les premières
quantités d'oxygène au poussin avant son éclosion.
Pénétré moi aussi de cette idée, quelle ne fut pas ma sur-
prise en voyant, pendant l'hiver 1878-79, les Autruchons
bêcher leurs œufs et naître sans toucher à la chambre à air,
laissant celle-ci intacte et bêchant vers le milieu de l'œuf,
quelquefois au bout opposé. Je crus d'abord à une anomalie
dépendant d'une mauvaise incubation artificielle ; mais les
soins minutieux, les véritables volumes de notes et observa-
tions recueiUies pendant les hivers suivants, 1879-80 et
1880-81, ne me laissèrent plus aucun doute. Gela se répétait
toujours, et s'il y avait anomalie, c'était lorsque le bêchage
s'accomplissait en brisant d'abord la membrane interne tendue
LA VIANDE d'autruche. 15
qui limite la chambre à air. Plus que jamais intrigué, je mis
en incubation 60 œufs de Poule, dont 50 et quelques vinrent
a éclosion. Ce ne fut qu'une confirmation. Le poussin pro-
cède autrement que l'Aulruchon, mais la chambre à air de-
meure intacte.
L'Aulruchon frappe du bec sur un seul point (n'importe
lequel, excepté sur la chambre k air) jusqu'à ce que la coquille
se fende, et dès lors, par des mouvements convulsifs, et par-
ticulièrement en détendant ses pattes par secousses, mais sans
changer de place, il arrive à élargir les fentes et à faire sauter
la coquille par gros morceaux. Le Poulet, au contraire, tourne
dans l'œuf pendant le bêchage et suit de la pointe du bec le
cercle qui limite la chambre à air, mais en dedans de l'œuf et
non dans l'espace occupé par celte dernière. Il arrive ainsi à
percer, par des coups répétés, une série de trous très rap-
prochés, dont le résultat est de détacher d'une pièce toute la
calotte du gros bout de l'œuf. La calotte amène avec elle la
membrane tendue qui limitait la chambre à air et l'ensemble
rappelle assez bien une timbale. 11 arrive quelquefois qu'un
ou plusieurs coups de bec mal dirigés déchirent celte mem-
brane, ou bien qu'elle se déchire lorsque le Poussin n'a pas
bêché assez régulièrement; mais c'est rare. Cinquante Pou-
lets sont nés sans avoir touché à la chambre à air, plus un
même nombre d'Autruchons également. Toutes ces éclosions
étaient-elles des anomalies ou des exceptions? Je ne le pense
pas. Ce n'est pas le poussin qui perce la membrane intérieure
pour atteindre l'air. Du reste, rien ne prouve que cet espace
renferme de l'air respirable. Tout est là plutôt pour prouver
que le poussin ne respire par les poumons qu'après le bê-
chage.
Gela ne veut pas dire qu'il n'inspire et n'expire pas. En
effet, quelque temps avant l'éclosion, le sang est envoyé tou-
jouis avec plus de force et en plus grande quantité aux pou-
mons. Ceux-ci sont forcés de s'étendre et de se coniracter, et
comme dans les espaces de l'œuf qui ne sont pas remplis par
le corps du poussin il y a nécessairement des gaz, le bruit
d'une respiration se fait entendre. Ce bruit est tellement pro-
16 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
nonce, que par l'application du microphone à l'auscullalion
des u.'ufs, il m'a été permis de déterminer assez exactement
le moment du bêchage. Mais si on surprend un poussin à ce
moment-là, il sera facile de s'apercevoir que les poumons
n'ont fonctionné que mécaniquement, non physiologique-
ment. Le sang recourt encore à l'allanloïs pour s'oxyder. En
pratique, on recommande beaucoup de ne pas aider le Poulet
à sortir de l'oBuf; sans quoi, il mourrait d'hémorragie. Or
cette hémorragie provient toujours de la déchirure d'un des
nombreux vaisseaux sanguins de l'allanloïs; ce qui prouve
qu'après le bêchage le sang continue encore pour quelque
temps à s'oxyder à l'extérieur de l'être.
Chez l'Autruche, cet état entre la vie ovarique et la vie in-
dividuelle dure de trois à six heures. Au premier bêchage, à
la première inspiration de l'air ambiant, le cordon ombilical
et tous les vaisseaux allantoïdiens sont encore en pleine fonc-
tion, et ce n'est que plus tard que le sang qu'ils contiennent
reflue en grande partie à l'intérieur du corps, que le cordon
ombilical se vide, se dessèche et se déchire à l'ombilic. Je
crois pouvoir dire que la véritable respiration pulmonaire ne
peut être que celle qui anéantit la respiration allantoïdienne.
Et cette dernière n'est supprimée qu'assez longtemps après le
bêchage.
La chambre à air ne serait donc qu'un simple tampon élas-
tique destiné à maintenir les couches des différentes albu-
mines, ainsi que du vitellus, dans le même ordre et position
relatives qu'elles occupaient avant la formation de la cham-
bre. En effet, l'évaporation de l'œuf détermine une diminu-
tion dans le volume de son contenu, et si la chambre à air ne
venait pas remplacer ce vide, la cicatricule ne se trouverait
plus tenue contre sa coquille, les différentes couches d'albu-
mine, devenant de plus en plus planes au lieu de rester con-
vexes, se déplaceraient relativement au vitellus; la position
des chalazes en souffrirait aussi. Il y aurait enfin un désordre
complet et une dislance telle entre la coque et la cicatricule
que la transmission de la chaleur, pendant l'incubation,
serait rendue très problématique. Si j'ai appuyé sur l'impor-
LA VIANDE d'autruche. 17
tance qu'il y a à ce que les différentes couches d'albumine
conservent (relativement au vitellus) la place qu'elles avaient
. au moment de la ponte, c'est parce que j'ai lieu de croire que
chacune joue, pendant l'incubation, un rôle spécial. J'ai re-
marqué, sans toutefois avoir pu le constater définitivement,
que certaines parties de l'œuf, dès le début de l'incubation,
deviennent incoagulables.
La nécessité d'un certain équilibre dans la disposition des
différentes couches d'albumine pourrait bien ne pas être étran-
gère à la remarque faite par M. G. Dareste, c'est-à-dire que les
œufs qui ont subi des secousses de transport ne doivent pas
être mis en incubation immédiatement après, mais seulement
lorsqu'ils ont dem.euré en repos quelque temps. Je considère
ce repos comme indispensable pour rétablir un équilibre qui
a été dérangé par le transport.
Une autre idée généralement admise est que la respiration
allantoïdienne s'accomplit par simple filtration de l'air cà tra-
vers la coque et ses membranes, ces dernières ne jouant dans
ce cas qu'un rôle bien passif. Je me permets de penser diffé-
remment, et voici pourquoi :
Les membranes coquillières, par leurnature, laissent d'au-
tant mieux passerles gaz qu'elles sont plus sèches. Une preuve
grossière, mais concluante, est fournie par les œufs pourris,
qui incommodent d'autant plus l'odorat qu'ils se trouvent
dans un milieu plus sec. Les gaz intérieurs s'échappent alors
plus facilement, et à tel point que dans une atmosphère sèche
la pression intérieure de ces œufs n'arrive jamais à les faire
éclater, tandis qu'ils éclatent souvent dans les climats humi-
des. C'est que dans ces derniers les membranes s'opposent
tellement à la sortie des produits de la décomposition, que
ceux-ci acquièrent bientôt une tension énorme. Du reste, on
ne saurait se rendre compte de la pression intérieure qui
existe toujours dans les œufs pourris sans admettre la presque
imperméabilité des membranes.
Mais, d'un autre côté, il est prouvé qu'une condition indis-
pensable à la bonne incubation est que les œufs plongent dans
une atmosphère humide.
3* SÉRIE, T. X. — Janvier 1883. 2
18
SOCIKTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATIOJN.
Quelques praticiens prétendent que cette humidité est né-
cessaire pour faciliter l'éclosion, car les membranes sèches
sont difficilement déchirées par les poussins, s'y collent et le
gênent dans ses mouvements. Or rien de plus facile que de
constater que la membrane coquillière sèche est beaucoup
plus cassante, beaucoup plus facile à déchirer que l'humide,
qui est tenace et élastique. Quant à se coller au poussin, c'est
toujours l'effet du dessèchement de l'allantoïs et des matières
albuminoïdes qui y adhèrent, mais jamais l'elTel de la mem-
brane coquillière.
L'humidité est donc une des conditions de l'incubation.
L'œuf toutefois n'en a pas besoin, car, au contraire, il en re-
jette toujours par évaporation. Voici quelques chiffres pris au
hasard dans mes notes :
A LA NAISSANCP;.
Poids
à la mise
on
10 jours
aprijs.
20 jours
après.
30 jours
après.
te 5
« c
1 ^
3 .a
Poussin.
Coque.
^
wT
Perle
iiiciih.ilion
S
Sr-
gr.
gr.
gr-
gr.
ei-.
yr-
gr.
1630
1589
1557
1521
1470
1097
292
4(i
35
IfiiS
1504.
1611
1468
1570
1430
1533
1387
1470
1330
1112
1012
295
262
39
30
24
26
L'humidité ambiante n'est donc destinée qu'à maintenir les
membranes coquillières à un certain degré d'humidité en
empêchant une évaporation trop rapide par la coquille, éva-
poration qui ne manquerait pas de se produire trop rapide-
ment dans une atmosphère sèche.
Mais si la vie embryonnaire n'est possible qu'en tenant les
membranes coquillières dans un état qui empêche or. du
moins ralentisse beaucoup le passage libre des gaz, c'est que
ces gaz sont très probablement conduits à travers les mem-
branes en solution dan.s ic liquide qui les humecte. Le rôle
LA VIANDE d'AUTUUCHE. 19
des membranes serait donc plus compliqué qu'il ne paraît au
premier abord.
On s'imagine souvent que l'œuf des oiseaux (et d'autres
organismes aussi) nécessite une certaine quantité de chaleur
pour son développement, quantité qu'on a définie sous le nom
de somme de chaleur. Je ne comprends pas, ou du moins
j'ignore quelles sont et comment ont été conduites les expé-
riences par lesquelles on a pu constater cette assimilation de
chaleur de la part des organismes, principe qui conduit à
considérer l'être vivant comme une machine à vapeur trans-
formant la chaleur en vie plutôt qu'en force.
Ce qui .est sûr, c'est que l'animal adulte est producteur et
non consommateur de chaleur. Je ne connais pas d'oiseaux
(puisque je cause Autruches) qui fassent baisser la tempéra-
ture du local dans lequel ils sont enfermés. C'est le contraire
qui a lieu. L'analogie déjà ferait admettre le même principe
pour l'œuf en incubation, qui devrait rationnellement suivre
les mêmes lois que l'organisme plus complet dont il provient
et qu'il deviendra lui même. Mais il y a plus que l'analogie,
il y a l'expérience. Dans un incubateur industriel, c'est-cà-dire
grossièrement façonné et peu sensible, mis en pratique dans
des conditions excellentes, mais contraires à des recherches
exactes, la production de chaleur par les œufs, lorsqu'il y en
a vingt-quatre d'Autruche dans l'appareil, est sensible du
cinquième au sixième jour d'incubation. Or, si avec de tels
appareils et dans de telles conditions la chaleur produite par
les œufs se révèle au cinquième jour, peut-on croire autre
chose, sinon que l'œuf produit de la chaleur dès le commen-
cement de son développement? Des instruments scientifiques
le constateraient sans doute.
L'œuf ne consomme pas une seule calorie pendant toute
l'incubation ; au contraire, la formation de l'être futur ne se
fait qu'avec production de chaleur. Il y a, il est vrai, aux pre-
miers instants d'incubation une certaine quantité de cha-
leur qui disparaît temporairement : mais cette chaleur n'est
autre que celle nécessaire à porter la masse de l'œuf à la
température d'incubation ; en d'autres termes, c'est la resti-
20 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
tution delà chaleur que l'œuf a perdue au moment de la ponte
par le refroidissement qu'il a subi, chaleur dont l'origine est
dans les fonctions vitales de la Poule. Pas un atome de cha-
leur étranger à la vie animale ne serait absorbé si l'œuf était
mis en incubation aussitôt pondu.
L'organisme (l'œuf compris) n'est pas un consommateur,
mais un producteur de chaleur; seulement cette production,
qui est une des manifestations de la vie, n'est possible que
dans un milieu dont la température ne varie pas au delà de
certaines limites. Ces températures extrêmes, au delà des-
quelles les organismes cessent de vivre, sont d'autant plus
éloignées, elles embrassent d'autant plus de degrés de nos
échelles thermomélriques, que l'animal est plus développé,
que ses organes sont plus parfaits ; 40 degrés d'écart ne sus-
pendent pas la vitalité de l'adulte, mais 5 à G degrés suffisent
à suspendre celle de l'œuf. Si pour l'incubation on est obligé
de recourir à une source de chaleur, ce n'est pas certaine-
ment pour fournir du calorique à l'œuf, qui n'en a pas be-
soin ; c'est simplement pour le tenir dans un milieu d'une
température telle qu'elle est nécessaire pour que ses parties
constituantes, mues par une vie propre, puissent l'exercer.
Je me permettrai de dire, en concluant, que l'œuf des
oiseaux porte en lui tous les éléments nécessaires à le changer
en animal parfait, sauf l'oxygène qu'il est obligé de prendre
à l'air, et qui est la seule chose qu'il consomme, qu'il s'assi-
mile. Seulement, cette assimilation n'est possible qu'à une
température donnée et dans une atmosphère humide. Chaleur
et humidité sont des éléments qui ne contribuent que d'une
manière tout à fait passive au développement de l'œuf; ce ne
sont que des conditions de vie de l'embryon, et non des élé-
ments qui prennent part à sa formation.
CULTURE KXPÉPJMt:NTALE DE PLANTES
CHLNOISES
Par n. PAILLIEL'X
Messieurs,
Dans notre Bulletin d'octobre vous avez pu lire une lettre
très intéressante de M. le D' E. Bretsrhneider, botaniste dis-
tiniïué et médecin de la légation russe à Pékin.
Cette lettre était suivie d'une liste des graines et des tuber-
cules de cent douze plantes dont elle avisait Tenvoi.
M. A. Geoffroy Saint-Hilaire ayant bien voulu me confier la
culture expérimentale d'un certain nombre de ces plantes, je
vais avoir l'honneur de vous en rendre compte; mais je vous
demande la permission de vous présenter quelques observa-
tions en réponse à celles que contient la lettre du docteur.
Dans l'appendice au dictionnaire français-latin-chinois de
M. l'abbé Perny, je lis : AraliK edulis, en chinois Tou hô, et
l'auteur du dictionnaire a bien voulu m'écrire le nom de la
plante en caractères chinois que je mets sous vos yeux.
Le Japon et la Chine ont une flore alimentaire commune, à
peu près en tous points, et, lorsque j'ai dressé la liste de nos
desiderata, j'ai dû croire que l'Aralia comestible mentionnée
par M. l'abbé Perny n'était pas seulement cultivée en Chine
comme plante médicinale, mais aussi comme plante pota-
gère.
Siebold ne fait pas de distinction entre VAralia edulis de
Chine et celui du Japon. Selon lui, on cultive cette plante en
Chine comme sudoritique, tandis qu'au Japon on la cultive
essentiellement pour sa racine, qui est d'un goût agréable, et
pour ses jeunes tiges, qui sont uh délicieux légume. Le compte
rendu japonais de l'Exposition de 1878 s'exprime ainsi: « Udo,
Aralia cordata{\)es\. une plante dont on recouvre les racines
(1) Synonyme de A. edulis.
22 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACGLIMATATION.
en hiver d'une couche de détritus de végétaux et dont on
mange les pousses à mesure qu'elles apparaissent. Les bour-
geons de ces pousses sont employés comme épices. » Mon excel-
lent correspondant, M. le D' Hénon, m'écrivait, le 20 avril
1879 : « La seule plante potagère que je regrette de n'avoir
pas apportée, à présent que vous m'avez envoyé le Gingembre,
est une Araliacée appelée au Japon Udo. Je crois que c'est
VAralia cordata de Thunberg. On en récolte les jeunes pous-
ses au printemps à l'étal sauvage et on les mange cuites,
comme nous mangeons les céleris et les cardons. C'est très
tort et très mauvais, comme l'est du reste le céleri non blanchi ;
mais VUdo, cultivé et blanchi sous des feuilles ou delà litière,
est très bon et il s'en fait au printemps une assez grande con-
sommation. »
Je regrette infiniment que M. E. Bretschneiderne nous ait
pas envoyé la plante médicinale chinoise, disposé que je suis
à croire qu'elle n'est autre que l'f/do japonais, rendu comes-
tible par l'étiolement. Vous savez, en effet, que les plantes
acres, amères ou aromatiques à l'excès peuvent souvent être
admises sur nos tables lorsqu'on les a t'ait végéter dans l'ob-
scurité.
M. Bretschneider nous a envoyé des tubercules d'Eleo-
charis tuberosa, avec cette note : « Je vous envoie quelques
échantillons de ces tubercules qu'on cultive beaucoup dans
les marais et aux environs de Pékin. La plante ici ne fleurit
jamais; on plante toujours les tubercules. Je doute fort que
mes échantillons arrivent en bon état à Paris. »
Ils sont arrivés, en effet, dans un état de complète décom-
position. La plante se cultive dans l'eau comme le riz et n'au-
rait peut-être prospéré chez nous que dans les terrains des-
salés de la Camargue.
J'aborde maintenant le compte rendu que je vous ai an-
noncé de mes cultures expérimentales. J'ai cultivé les Cucur-
bitacées qui portent sur la liste les n''' 49, 50, 51, 52, 53, 54,
55,50,59,60,01, 02 et 03.
PLANTES CHINOISES. 2S
COURGES.
N" 49. Courge meloniforme, de moyenne grosseur et d'assez
Donne qualité.
N" 50. Bénincasa cérifère. Excellent fruit que nous possé-
dons déjà depuis longlemps.
N° 51. Courge blanche, de moyenne grosseur, farineuse et,
selon moi, de qualité tout à fait supérieure.
N" 52. Courge, petite pomme rouge, non dégustée.
N" 53. Courge toupie rouge; me semble purement orne-
mentale.
N" 54. Courge rouge, moyenne, d'excellente qualité.
N" 55. Courge demi-longue, à rubans noirs sur fond jaune ;
non dégustée.
N° 56. Courge demi-longue à rubans blancs sur fond rou-
geatre ; non dégustée.
MELONS.
Sous les n°' 61, 62, 63 j'ai trouvé trois Melons extrême-
ment intéressants, auxquels j'ai donné des noms en rapport
avec leurs caractères extérieurs.
N" 61. Melon Chayote. Fruit petit, pyi-iforme, à écorce
lisse, couleur vert-pomme; divisé en 1(1 côtes à peine indi-
quées par des lignes d'un vert plus foncé que l'écorce. Lon-
gueur, 16 centimètres; circonférence du côté du pédon-
cule, 20 centimètres; circonférence du côté de l'ombilic,
27 centimètres; poids, 370 grammes.
Ecorce très mince, chair épaisse, blanche, parfumée, très
juteuse et très fondante. Sa forme rappelle un peu celle du
Sechium edule et justifie le nom que je lui donne.
Ce Melon est l'un des meilleurs que j'aie reçus de l'extrême
Orient. Cultivé sous châssis, il m'a donné successivement une
dizaine de fruits que je vais apprécier.
Les Melons de la Chine et du Japon ont une saveur spéciale
qui ne peut en aucune façon être assimilée à celle des Melons
24 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
cultivés en Europe. On ne les accepterait pas en France après
le potage, comme les Cantaloups, les Sucrins, etc. On ne peut,
selon moi, les manger qu'au dessert.
Il faut cueillir le Melon Chayote très mûr et ne le manger
que lorsqu'il est un peu amolli par la maturité et cède sous la
pression du doigt. C'est alors qu'au dessert, après l'avoir pelé
comme une poire et coupé en deux ou en quatre parties, on
le mange, abondamment saupoudré de sucre.
Ainsi présenté, il paraît bon à beaucoup de personnes,
mais on doit le considérer comme un fruit à part, oublier
qu'il se nomme Melon et ne pas vouloir, à tout prix, comme
on le fait communément, qu'il ressemble à ce que nous pos-
sédons déjà.
N° 62. Melon Belle- Angevine. Fruit pyriforme, de cou-
.eur verte, pointillée de jaune ; marqué de raies longitudi-
nales d'un vert plus foncé que l'écorce.
Longueur, 15 centimètres.
Circonférence au point le plus développé, 29 centimètres.
Ce Melon a la forme et la couleur d'une grosse poire et
ressemble un peu au fruit dont je lui donne le nom. Son
écorce est très mince; sa chair est verte, épaisse, juteuse, fon-
dante et parfumée, mais il a le défaut de tous ses congénères;
il n'est pas sucré. 11 faut donc le cueillir bien mûr, le servir
au dessert et ne le manger qu'avec beaucoup de sucre.
Le Melon Belle- Angevine est une plante d'amateur, cu-
rieuse, estimable, mais inférieure aux variétés que nous cul-
tivons.
N" 63. Melon Zèbre. Fruit de la forme et du volume d'une
grosse orange ; écorce lisse, zébrée de dix raies d'un vert foncé
tranchant sur un fond jaune orange et descendant du pédon-
cule à l'ombilic.
Hauteur du fruit, environ 8 centimètres; circonférence,
28 centimètres ; largeur des raies variant de 1 et 1/2 à 2 cen-
timètres; poids, 310 grammes.
Le petit volume du fruit le ferait ranger parmi ces Melons
portatifs, auxquels on a donné le nom de Melons de poche ou
Melons-chasseur, s'il pouvait avoir le même emploi, mais il
PLANTES CHINOISES. 25
manque de sucre comme les précédents et ne peut être mangé
qu'au dessert.
Le Melon Zèbre est d'un aspect séduisant ; sa chair est
épaisse et blanclie, juteuse, fondante, très parfumée lorsqu'il
est bien mûr. Je propose d'en faire l'usage que voici :
Pour une table de vingt personnes on étagera en pyramide
ou l'on disposera dans une corbeille douze ou quinze fruits
qui formeront un très beau plat de milieu et charmeront les
regards des invités.
Au dessert, le maître d'hôtel enlèvera le plat, coupera les
fruits en deux, remplacera rapidement les graines par du
sucre en poudre et servira à chaque convive un demi-fruit, en
forme de coupe, qui sera mangé à la cuillère comme une
glace. Ce dessert sera très élégant et très bon. Je m'en suis
assuré.
Le Melon Zèbre ne produit que douze à quinze fruits par
panneau. Le prix en sera donc assez élevé jusqu'au jour où
les horticulteurs du Midi consentiront à le cultiver.
La chair épaisse et relativement ferme des Melons d'Oiient
se prête à la confiserie mieux que celle des nôtres, qui est trop
aqueuse et ne résiste à aucun degré de cuisson. Je n'ai pas
fait confire les variétés dont je viens de vous parler, mais
j'aurais, je crois, réussi avec elles comme j'ai réussi avec
d'autres de même origine.
Permettez-moi, Messieurs, une digression.
Je vous ai distribué l'an dernier des graines du Melon blanc
japonais {Shiro uri) dont j'ai fait faire de bons beignets et une
agréable confiserie. Autorisé par ces premiers résultats, j'ai
conseillé au célèbre confiseur, Piobineau-Boissier, d'employer
le Shiro uri et je lui ai présenté un horticulteur distingué,
M. Millet, de Bourg-la-Reine, qui a accepté, pour essai, une
commande de deux cents fruits qui ont été exactement livrés.
Vous dégusterez tout à l'heui'e les échantillons, que M. Ro-
bineau m'a gracieusement offerts, de ces fruits confits dans ■
sa maison.
Les Melons de l'extrême Orient, et le Shiro uri mieux que
tout autre, pourront être avantageusement cultivés dans le
20 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Miili et vendus aux confiseurs; mais, pour la région de Paris,
ce sont des plantes d'amateur qui exigent autant de soins que
les plus beaux Cantaloups et qui ne seront pas généralement
cultivés. Ils provoqueront toutefois des essais d'hybridation
dont on peut attendre d'heureux résultats.
CONCOMBRES.
N° 59. Gros Concombre.
N" 60. Long Concombre.
Leurs fruits sont de bonne qualité et j'en ai fait usage,
comme hors-d'œuvre, pendant l'été dernier, mais ils ne se
distinguent en rien des variétés que nous possédons déjà.
SOYA.
N"' 73, 74-, 75, 76. Ces variétés n'ont pas fleuri ou n'ont
jias formé de gousses. Elles prospéreraient à coup sûr dans le
midi de la France.
Haricot radié {Phaseolus radiatus L.).
Les graines du Haricot radié étaient accompagnées de cette
note : « Beaucoup cultivé. Aliment très important. Avec la
farine des graines on fabrique des vermicelles dont j'envoie
quelques échantillons. » Ces échantillons n'ont pas été trouvés
dans la caisse.
J'appelle toute l'attention de la section des végétaux sur
celte plante qui n'est pas moins cultivée au Japon qu'en Chine.
L'espèce comprend un grand nombre de variétés. Mes essais
ont échoué avec toutes, à la seule exception de celle qui se
nomme au Japon Natsu azuki, c'est-à-dire Azuki d'été, que
je cultive depuis 1878.
J'en ai mangé les graines à l'état sec ; c'est un bon légume
dont la saveur tient à la fois du Haricot et de la Lentille.
M. E. Bretschneider nous apprend qu'on en fait en Chine
du vermicelle. Le compte rendu japonais de l'Exposition de
PLANTES CHINOISES. 27
1878 nous dit que \eAn, matière sucrée, se fait avec VAznki
et du sucre ; que le gâteau Yo-kan, ainsi que plusieurs
autres, se fait avec VAzuki. On se sert aussi de la farine de
l'Azuki pour dégraisser les étoffes.
Grâce à l'inépuisable obligeance de M. le D^ Hénon, j'ai pu
déguster la préparation nommée Yo-kan, pâte ou confiture,
faite avec des Azuki, du sucre et une sorte de gélatine extraite
d'Algues marines. Cette gélatine, absolument sans goût, est
connue au Japon sous le nom de Kan-ten. Les Japonais en
font un grand emploi culinaire et en exportent une grande
quantité pour l'Europe (4).
J'ai eu un instant la pensée de fabriquer avec l'Azuki un
article de confiserie populaire, à très bas prix; mais le sucre
est trop cher en France et j'ai renoncé, non sans regret, à mon
projet.
Toutes les variétés du Haricot radié pourront certainement
être cultivées dans le Midi. Il est très productif. On doit le
semer très espacé, au moins à 50 ou 60 centimètres et ne
mettre que deux graines à la touffe, qui devient très forte.
En 1862, M^' Guillemin, évêque de Canton, envoyait à la
Société, parmi un grand nombre d'autres semences, des grai-
nes d'une légumineuse nommée Lou téou, dont les Chinois,
disait le donateur, font un verniicelle fin ou Lou-téou-szé et
un vin très estimé, Lou-téou-tsiéou ; puis les graines d'une
autre légumineuse servant à la confection des pâtes, vermi-
celles, etc., connus sous le nom de Pe-teou-szé.
Ces semences étaient probablement celles de deux variétés
de Phaseolus radlatus. Il est vraiment bien regrettable que
la magnifique collection de graines, reçue en 1862, ait laissé
si peu de traces, si tant est qu'elle en ait laissé aucune.
Les usages du Ph. radlatus que j'ai déjà indiqués ne sont
pas les seuls pratiqués en Chine et au Japon. M. Eugène Si-
mon, M. l'abbé David, M. le docteur Hénon m'ont signalé
celui-ci qui n'est assurément pas sans intérêt: on fait tremper
dans l'eau les graines de l'Azuki, puis on les fait germer au
(1) Colle (Ui Jupon, du commorce.
28 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
chaud et dans l'obscurité dans des vases de terre; puis, on
les lave à grande eau pour enlever les peaux et on mange les
planlules sous le nom (japonais) de Moyaschi (œil et jambes).
Il va sans dire qu'on les fait cuire d'abord dans l'eau salée,
puis dans le Shoyu. C'est assez bon et c'est un moyen iacile de
se procurer un légume frais en hiver. Si ma mémoire est
fidèle, c'est en salade que M. l'abbé David mangeait en Chine,
avec grand plaisir, les jeunes pousses étiolées du Phaseolus
radia tus.
La section des végélaux sera peut-être d'avis qu'il y*a lieu
de demander qu'un prix soit accordé à la personne qui aura
cultivé avec succès le Haricot radié dans un champ d'un derni-
heclare.
S'il se présentait plusieurs concurrents, la préférence serait
assurée à celui qui produirait les plus beaux spécimens de
préparations alimentaires, obtenues avec les graines du Pha-
seolus radialns.
La Société se mettrait en mesure de fournir ces gi'aines,
variété Natsa azuki, aux personnes qui promettraient de con-
courir pour le prix proposé.
Je me placerais personnellement hors concours et je m'ef-
forcerais de mettre à la disposition de la Société la plus grande
quantité possible de semences;
Kuzu {Pueraria Thunbergiana).
Sous le n" 39 de la liste, M. Bretschneider nous a envoyé
des graines du Pueraria Thunbergiana , sans observation
aucune. Je n'ai pas reçu ma part de ces graines, parce que
je possédais la plante depuis plusieurs années. M. Naudin en
a reçu tout ou partie, et je dirai plus loin ce qu'il en pense.
La plante se nommait autrefois Dolichos bulbosus, plus
iixvdPachyrhisus Thunbergianus. Klle se nomme aujourd'hui
Pueraria Thunbergiana. M. le D' Jlénon m'écrivait le 20 dé-
cembre 1878 : « Le Kuzu sert à faire une fécule très fine,
K'uzu-no-ko, farine de Kuzu, qui s'emploie comme matière
alimentaire et fait un empois excellent, bien préférable à celui
PLANTES CHINOISES. 29
du riz, La plante n'est pas cultivée ; on en recueille les racines
dans les bois, où elle existe partout très abondamment... »
M. le comte de Castillon {Eev. hort., 1875, p. 181) s'ex-
prime ainsi : « Cette plante est celle que Von Siebold men-
tionne, page 20 de sa brochure sur l'état de l'horticulture au
Japon, comme produisant une fécule qui se recommande par
une qualité supérieure et un bouquet agréable. Les Japonais
nomment cette fécule Kuzu-ko. Le Dotichos bulbosus, qui
tire son nom de la grosseur de ses racines, est une plante
grimpante fort commune au Japon, et qu'on pourrait, je crois,
acclimater en France. »
M. E.-A. Carrière fait suivre la note qui précède des obser-
vations que voici : « En même temps qu'il nous donnait ces
détails, M. le comte de Castillon poussait la complaisance
jusqu'à nous adresser un petit sachet de fécule, et nous faisait
connaître différents procédés [tar lesquels il convient de la
préparer et de la transformer en aliment aussi sain qu'a-
gréable y>
On lit dans le livre intitulé : Le Japon à V Exposition uni-
verselle de 1878 : « Le Kuzu {Pueraria Thunbergiana) est
une plante sauvage dont les racines donnent de l'amidon. Ses
feuilles servent à nourrir les bestiaux et ses fibres à faire des
étoffes. »
En 1879, j'ai semé contre un mur exposé au midi les graines
que j'avais reçues. Elles m'ont donné des tiges vigoureuses,
qui atteignaient bientôt le chaperon du mur. Elles n'ont pas
fleuri, et, l'hiver venu, elles ont été gelées. La souche n'a pas
souffert.
En 1880, les tiges ont été plus fortes que celles que le semis
avait produites, et 30 degrés de froid n'ont gelé que les par-
ties qui excédaient en hauteur 1™,50. Les parties inférieures,
devenues ligneuses, ont donc résisté au grand hiver. Elles
n'avaient pas fleuri.
En 1881, les tiges, dans toute leur hauteur, ont bien passé
l'hiver. La plante n'a pas fleuri. J'ai donc constaté chez les
Kuzu une rusticité relative, une végétation luxuriante; mais
en même temps, sous le climat de Paris, une complète stéri-
30 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
lité. Celte stérilité cause un double dommage; d'une pari,
on ne récolte pas de graines à employer comme aliment ;
d'autre part, on ne peut pas multiplier la plante par des
semis.
Au Muséum, où il existe quelques pieds de Kuzu, les plantes
ont, comme les miennes, résisté aux hivers, mais n^ont pas
fleuri. On a essayé de faire des boutures, on a échoué. Le
couchage des tiges a donné un meilleur résultat ; on a ob-
tenu par ce procédé un ou deux pieds nouveaux.
De mon côté, j'ai obtenu d'abord un pied par le même
moyen ; mais la plante ayant acquis une vigueur et un déve-
loppement extraordinaires, j'ai pu cette année coucher une
vingtaine de tiges, qui me donneront autant de plantes nou-
velles.
Les tiges de Kuzu émettent des jets si nombreux, si longs,
si fibreux, qu'on ne peut douter du profit que l'on tirerait de
cette plante, considérée comme textile, si l'on pouvait la na-
turaliser dans nos bois ou en obtenir par la culture d'abon-
dantes récoltes.
On n'oubliera pas non plus que, si la souche fournit une
précieuse fécule, ses feuilles sont recherchées par le bétail,
et que ses graines sont alimentaires comme le haricot. Ces
produits sont d'ailleurs secondaires, et c'est, avant tout,
comme plante textile qu'il faut considérer le Kuzu.
M. Gh. Naudin a reçu de notre Société les graines arrivées
de Chine. 11 possédait déjà la plante. On lira dans notre Bul-
letin, avec l'attention qui lui est due, le jugement que porte
sur elle le savant dn-ecteur de la Villa Thuret.
« Si le Kuzu, dit-il, peut fournir des fibres textiles, il est
très inférieur sous ce rapport au chanvre et au lin, dont la
culture est relativement très facile, et qui donneront toujours
un produit beaucoup plus élevé et à bien moindres frais.
» Pour que le Kuzu fût accepté par l'agriculture en France,
il faudrait qu'on lui découvrît quelque propriété que ne pos-
sèdent pas nos plantes d'introduction plus ancienne; or jus-
qu'ici je ne lui en reconnais aucune. Ce n'est pas cependant
une raison pour l'abandonner. Il se peut que de nouvelles
PLANTES CHINOISES. 31
reciierches nous le montrent sous un aspect plus favorable.
Jusque-là attendons. »
Je dis à mon tour : attendons, mais expérimentons. N'at-
tendons pas les bras croisés. J'ai confiance dans les renseigne-
ments que j'ai recueillis, et qui présentent comme remarqua-
blement belle la toile de Kuzu.
Cette toile ne ressemble peut-être pas plus à celle de
chanvre ou de lin que ne lui ressemble celle de la ramie. Si
la plante possède des propriétés particulières, n'attendons pas
paresseusement qu'on nous les fasse connaître ; nous atten-
drions en vain.
Faisons venir les graines pour semence, et, comme échan-
tillons, les fibres, le filé et la toile de Kuzu. Instituons un
prix pour la culture d'un demi-hectare, et la lumière sera
faite.
MOUTARDES.
Sous lesn"' 85, 86, 87, j'ai reçu trois variétés de Sinapis.
Le n°85 est désigné sur la liste comme étant cultivé pour
ses racines globuleuses, napiformes ; le n° 80, comme étant
cultivé pour ses graines (Moutarde chinoise).
Le n" 87 est inscrit sans indication de ses usages.
Ces trois Moutardes, semées au printemps, ont monté si
vite à graine, que je n'ai pu saisir, durant cette première
culture, le moment où il m'aurait été possible de les déguster ;
mais, le 1" août, j'ai semé de nouveau le n" 85, auquel j'at-
tachais une importance particulière, et j'ai obtenu en quel-
ques semaines de belles plantes, munies de ces racines globu-
leuses qui m'étaient promises, et dont je place des spécimens
sous vos yeux.
La Moutarde tubéreuse était jusqu'ici absolument inconnue
en France. C'est une acquisition intéressante, dont je ne puis
aujourd'hui apprécier le mérite, mais que nous ne devons
pas laisser tomber dans l'oubli. La plante est-elle destinée à
l'alimentation de l'homme ou à la nourriture des animaux, je
ne sais; ce que j'ai constaté dans un premier essai, c'est que.
32 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
dans l'espace de deux mois et demi, elle donne une récolte
abondante de feuilles et de racines. Il semble donc qu'elle
puisse être immédialemeni classée parmi les cultures déro-
bées les plus faciles et les plus productives. J'appelle sur elle
toute l'attention de la 5' section.
staciiys affinis.
Sous le n" 46, j'ai reçu ce Stachys, désigné sur la liste
comme étant beaucoup cultivé pour ses tubercules que man-
gent les Chinois.
Les tubercules sont arrivés en bon état pour la plupart, et
ont végété passablement en plein air. Les plantes n'ont pas
fleuri. Elles ont formé des touffes basses, pourvues d'une
multitude de racines tuberculeuses, de petit volume et de
toutes formes, extrêmement fragiles, d'un lavage difficile à
cause de leur difformité et de leur fragilité. Je vous présente
un flacon de ces tubercules conservés dans le vinaigre. La
plante était jusqu'ici tout à fait inconnue en France. On ne
nous dit pas comment les Cliinois la préparent pour la table ;
mais le Stachys affinis, comme son nom paraît l'indiquer, a
beaucoup de rapports avec le Stachys Sieboldii, que l'on
rencontre au Japon sous le nom de Choro-fji. Ses racines tu-
berculeuses, dit le compte rendu japonais déjà cité, ressem-
blent à des chenilles. Pour les manger, on les conserve dans
du vinaigre de prunes.
J'ai donc mis dans le vinaigre quelques-uns des tubercules
récoltés cette année. Je les ferai peut-être entrer dans des
PicA;^es de composition nouvelle, que j'ai l'intention de vous
présenter prochainement.
J'espère que le Stachys affinis, couvert d'un peu de litière,
n'aura pas souffert de l'hiver si clément que nous traversons.
Par précaution, j'ai conservé dans des pots mis en serre un
certain nombre de tubercules.
Le temps m'a manqué pour préparer des sachets de se-
mences d'une partie des plantes dont je viens de vous parler.
J'en ferai une distribution le 6 mars prochain aux membres
PLANTES CHINOISES. 83
présents à la réunion de la 5' section. Chaque sachet ne con-
tiendra qu'un très petit nombre de graines, ce qu'on me par-
donnera, j'espère.
Je ne terminerai pas ce compte rendu sans adresser à M. le
docteur Bretschneider l'expression de notre vive gratitude
pour la précieuse collection qu'il a bien voulu adresser à
notre Société.
PÉ-TSAÏ DE MONGOLIE.
Il y a quelque dix ans, le Muséum reçut une caisse d'ar-
bustes de Mongolie, et la terre qu'elle contenait fut jetée au
hasard dans un coin de l'École des Poiriers.
A quelque temps de là, cependant, on s'aperçut que dans
cette terre poussaient de jeunes plantes, lesquelles prospé-
rèrent, fleurirent, furent présentées à M. Decaisne, et déter-
minées par lui sous le nom de Pé-tsaï de Mongolie.
Un peu plus tard, j'en reçus des graines, et, depuis sept à
huit ans, je n'ai pas cessé de cultiver la plante. Je la consi-
dérais alors comme potagère, et je la présentais comme
telle, le 27 février 1879, à la Société d'horticulture. J'ai re-
connu mon erreur, et c'est comme plante fourragère que je
vous l'apporte aujourd'hui.
Le Pé-tsaï de Mongolie est extrêmement hâtif. Semé au
commencement d'août, il fournit dès le mois d'octobre une
abondante récolte de feuilles que le bétail mange avec avi-
dité.
Les spécimens que je vous présente sont le produit d'un
semis fait à la volée, en plein champ, le il août dernier.
L'hiver est tellement doux que les plantes montent déjà à
graine ; mais on peut compter sur une récolte de feuilles
fraîches pendant tout l'hiver.
Le Pé-tsaï ne semble pas souiïrir de la gelée. Il a supporté
sans dommage les 30 degrés de froid de 1880, et ne s'est ja-
mais montré plus vert ni mieux portant que le jour où a dis-
paru le manteau de neige qui le protégeait.
Voici en quels termes un concours a été ouvert par la
3» SÉIUK, T. X. — Janvier 188J. 3
34 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Société, en1866, pour l'introduction d'une plante fourragère :
Introduction en France et mise en grande culture d'une
plante nouvelle pouvant être utilisée pour la nourriture des
bestiaux. Concours ouvert jusqu'au l"" décembre 1885.
J'ai longtemps hésité à vous parler du Pé-tsaï de Mongolie,
Si je le mets aujourd'hui sous vos yeux, ce n'est pas que je
prétende au prix qui est ofïert. Je me borne, pour le moment,
à demander acte de la présentation d'une plante fourragère
nouvelle. Je crains bien, d'ailleurs, qu'une des conditions du
concours ne m'en interdise l'accès. En effet, je ne suis pas
agriculteur et je ne puis mettre, comme on l'exigerait, le
Pé-tsaï en grande culture.
TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ.
LE PHYLLOXÉRA EN AUSTRALIE
MOYENS EMPLOYÉS POUR LE COMBATTRE
Par n. Louis BOUTAI\I
On s'est beaucoup occupé, dans ces derniers temps, de
rechercher les moyens les plus efficaces pour préserver notre
colonie algérienne de l'invasion du Phylloxéra,
Je crois qu'il est bon de donner, à ce sujet, quelques indi-
cations sur la manière dont les Australiens ont combattu la
propagation de l'insecte dans les vignobles de la province de
Victoria.
Je me trouvais à Melbourne en 1881, délégué par le minis-
tère de l'Instruction publique, à l'occasion de l'Exposition
internationale qui avait lieu dans cette ville, lorsque la ques-
tion du Phylloxéra fut agitée, pour la première fois, en Aus-
tralie.
Le parlement de Victoria reçut une adresse alarmée des
viticulteurs de la province qui se plaignaient du dépérisse-
ment de leurs vignes et demandaient l'intervention du gouver-
nement pour rechercher et combattre la cause du mal. Une
commission fut nommée à cet effet et les renseignements qu'elle
recueillit lui firent soupçonner qu'elle se trouvait en présence
de l'ennemi qui ravageait les vignobles d'Europe, du Phyl-
loxéra.
Aucun des députés qui composaient cette commission n'a-
vait été à même d'étudier cet insecte, dont on n'avait pas
jusque-là, constaté la présence en Australie.
Le gouverneur s'adressa à M. de Montmahou, inspectcui
général, délégué du gouvernement français, sous les ordres
duquel je me trouvais et le pria de désigner un naturaliste
36 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
qui voulut bien s'occuper de la question. Je fus choisi et
adjoint à la commission dont j'ai parlé.
Les renseignements les plus contradictoires nous parve-
naient.
Certains propriétaires prétendaient que leurs vignes dépé-
rissaient sans cause apparente et niaient la présence d'aucun
insecte sur les racines. D'autres affirmaient que la maladie
était causée par un puceron qui dévorait les tiges.
D'autres enfin attribuaient le mal au Phylloxéra, mais le
définissaient de la manière la plus fantaisiste. L'un d'eux, à
qui l'on demandait quelle était la forme extérieure de l'in-
secte, répondit :
« Ceux que j'ai vus ressemblaient à un petit ver blanc, avec
une tête noire comme une mouche et de longues pattes comme
une araignée. »
Dans ces conditions, je ne pouvais évidemment me pro-
noncer avant d'avoir vu de mes propres yeux.
La commission tout entière se transporta à Geelong, ville
située sur la baie de Porl-Philip à une soixantaine de kilo-
mètres de Melbourne. Tout autour de ce point se trouvaient en
eliet d'importants vignobles dans lesquels on signalait l'exis-
tence de plusieurs centres d'infection.
Dans tout ce district, la vigne est devenue une source im-
portante de revenus et couvre une grande étendue de terres.
Elle est cultivée avec beaucoup de soin par des vignerons
suisses. Ceux-ci ont introduit de toutes pièces les pratiques
de culture en usage dans les cantons.
Malgré le bon marché des terrains, les ceps sont plantés
très près les uns des autres; et la terre est remuée à la main
à l'aide de bêches ou d'instruments analogues.
Des voitures mises gracieusement à notre disposition par la
municipalité de Geelong nous emportèrent rapidement à tra-
vers les vignobles qui bordent les deux côtés de la route. En
plusieurs endroits on apercevait les taches caractéristiques
que l'on a comparées avec raison à des taches d'huile, ce qui
me portait déjà à penser que c'était bien au Phylloxéra que
nous avions affaire .
LE PHYLLOXÉRA EN AUSTRALIE. 37
On s'arrêta bientôt; l'endroit clioisi était situé au fond d'un
vallon, et la vigne qui s'y trouvait offrait des traces manifestes
de faiblesse et d'appauvrissement. On arracha un certain
nombre de souches et, à mon grand étonnement, il ne fut
pas possible d'y découvrir un seul Phylloxéra.
Cet insuccès nous fut expliqué un peu plus tard par les vi-
ticulteurs de la contrée qui nous apprirent que, lors de la
saison des pluies, le vignoble en question avait été submergé.
J'avais ainsi sous les yeux, et sans l'avoir cherché, les bons
effets incontestables du traitement par submersion.
La commission se transporta alors sur les coteaux voisins
et là mes derniers doutes furent dissipés.
Les recherches furent, en effet, aussi concluantes que pos-
sible : les radicelles offraient çà et là les boursouflures carac-
téristiques en forme de chapelets. En plusieurs points, on
apercevait une poussière jaunâtre qui, examinée à la loupe,
permettait de reconnaître de jeunes Phylloxéras parfaitement
vivants.
Je m'étais muni de mon microscope, et, grâce à lui, je pus
montrer facilement et sous un faible grossissement aux mem-
bres de la commission les petits insectes que l'on voyait re-
muer sur le porte-objet.
Il restait cependant une question à résoudre.
Se trouvait-on bien en face du Phylloxéra vastatrix ou
avait-on aftaire à une espèce différente, indigène?
Cette question ne pouvait guère être résolue sur place. Je la
réservai pour une étude ultérieure et je rentrai à Melbourne
après m'être muni d'un assez grand nombre de spécimens qui
allaient me permettre d'étudier ce sujet à loisir.
Après les avoir dessinés soigneusement sous divers grossis-
sements, je comparai les figures obtenues à celles qu'adonnées
M. Maurice Girard dans son intéressante brochure que j'avais
précisément entre les mains. Je constatai une identité parfaite.
Aucun doute n'était plus possible. C'était bien le Phylloxéra
vastatrix qui ravageait les vignobles de Geelong. J'appris en
outre que ce ne sont pas des vignes américaines, mais des
vignes françaises déjà phylloxérées, notamment des aramons
6q SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
de l'Hérault qui ont introduit le Phylloxéra dans le district de
Geelong,
A la suite de cette excursion, le gouvernement de Victoria
me demanda de rédiger une note sur les divers modes de
traitements employés en France pour combattre l'insecte des-
tructeur et me pria d'y joindre mon opinion personnelle, pour
le cas présent. ,
Après avoir indiqué les traitements par arrachage, par sub-
mersion, par les sulfocarbonates, par le sulfate de carbone,
je préconisai la formation de syndicats, essayant d'établir que,
si l'on n'agissait pas avec ensemble, le résultat serait néces-
sairement nul ou incomplet. Je signalai, en outre, la façon
dont le gouvernement français subventionnait, dans certaines
occasions, les syndicats constitués, en ajoutant une somme
égale à la somme versée par chacun d'eux. Je terminai, en
faisant ressortir l'utilité d'une intervention administrative
pour vaincre les résistances que l'ignorance ne manque jamais
de susciter dans des circonstances analogues.
Les Australiens sont des gens fort pratiques et l'idée des
syndicats et de l'action directe du gouvernement les séduisit
beaucoup.
Un rapport rédigé dans ce sens par le président, L. Smith
esq., fut adopté par la commission; le parlement en fut saisi
et une loi fut bien vite édictée.
Les trois provinces de Victoria, de Nouvelle-Galles du Sud,
d'Adélaïde, constituées en association, devaient fournir cha-
cune 4000 livres (100 000 francs) pour subvenir aux frais
qu'allait nécessiter la destruction du Phylloxéra.
Tous les viticulteurs des districts envahis étaient tenus de
fournir 5 schellings (6 fr. 25) par acre de terre plantée en
vignes.
Ceux qui refuseraient d'enlrer dans les syndicats et dont
les vignes deviendraient des foyers d'infection seraient con-
traints d'arracher à leurs frais et ne recevraient aucune in-
demnité. Ceux qui feraient partie des syndicats recevraient le
prix de deux années de récolte et les frais de l'arrachage
seraient supportés par la caisse du syndicat.
LE PHYLLOXÉRA EN AUSTRALIE. 39
L'arrachnge, dans tous les cas, serait étendu à un mille de
distance autour de la tache et toute replantation était inter-
dite, pendant une année au moins, après l'arrachage.
Ces moyens ont-ils réussi? Je n'ai, à ce sujet, aucun ren-
seignement précis.
Tout énergiques et tout draconiens qu'ils paraissent, peut-
être n'étaient-ils pas encore assez radicaux.
Peut-être la zone protectrice d'un mille n'était-elle pas suf-
fisante, et, pour être sûr de réussir, il eût fallu l'étendre
encore davantage.
Enfin la limite de temps fixée pour une replantalion pos-
sible n'était pas assez éloignée, car j'ai pu constater, de mes
propres yeux, que le Phylloxéra vivait encore sur des racines
laissées dans le sol, après un arrachage qui remontait à deux
ans.
Ce fait a été établi dans une seconde excursion que j'ai
effectuée à Geelong en partie dans ce but.
Quoi qu'il en soit, cet essai de destruction par arrachage et
cette action coercitive d'un gouvernement plus démocratique
que le nôtre méritaient d'être signalés aux viticulteurs fran-
çais.
III. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE GÉNÉRALE DU 5 JANVIER 1883.
Présidence de M. Henri BOULEY, Président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres nouvellement
admis par le Conseil, savoir :
MM.
Rertoni (Moïse), rédacteur de la Revue scien-
tifique suisse, docteur es sciences, à Lotti-
gna, canton du Tessin (Suisse).
Rravard (Philippe-Jean-Alfred), maire et pro-
priétaire, à Grandrif, canton de Saint-An-
thème (Puy-de-Dôme).
BuHLER (A. J.), 30, rue Vignon, à Paris.
COURTEILLE (François-Auguste), rue Charles-
Laffitte, 37, à Neuilly (Seine).
Delaquys (E,), rue Favart, A, à Paris.
Rault (Jules), rentier, 14, rue Demours, à
Paris.
RiHOUET (Amédée), conseiller référendaire à (
la cour des Comptes, 55, rue Jouffroy, à |
Paris. (
PRESENTATEURS.
H. Bouley.
A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Saint-Yves Ménard.
H. Bouley.
J. Grisard.
Saint-Yves Ménard.
A. Barbey.
H. Bouley.
E. Roger,
A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Morin.
Saint-Yves Ménard.
H. Bouley.
Saint-Yves Ménard.
J. Grisard.
H. Bouley.
Chesnel.
J. Grisard.
H. Bouley.
Saint- Yves Ménard.
E. Roger.
Romain (le commandant Léon-Paul), commis- , A. Geoffroy Saint-Hilaire.
saire du gouvernement, avenue de Madrid, ] Saint-Yves Ménard.
11, à Neuilly (Seine). ( A. Porte.
La Ligue du reboisement d'Algérie, rue Babazoun, à Alger (Al-
gérie) a en outre été admise au nombre des Sociétés agrégées.
— M. le Secrétaire procède au dépouillement de la correspondance.
— La Société d'horticulture d'acclimatation et des sciences du Cantal
adresse des remerciements pour sa récente affiliation à la Société natio-
nale d'Acclimatation.
PROCÈS-VERUAUX. M
— M. F. Zeiik, Directeur de l'Association de Pisciculture de la Basse-
Franconie, adresse ses remerciements au sujet de sa récente admission.
— M. le Gouverneur de la Cochinchine écrit à M. le Président : « En
réponse à votre dépèche, en date du 10 août, par laquelle vous me de-
mandez des renseignements sur les personnes qui ont rendu en Cochin-
chine des services à l'acclimatation, je ne puis mieux faire que de vous
transmettre le rapport qui m'a été adressé à ce sujet par M. Moquin-
Tandon, Directeur du Jardin Botanique.
» Colombier, qui vous est signalé, est certainement un des hommes
qui ont le plus contribué à l'amélioration de la santé des Européens par
l'introduction des plantes maraîchères presque indispensables à notre
alimentation. Grâce à lui, Saigon est devenu un pays de production, et
nous envoyons maintenant des légumes à Singapore et même en Chine.
» Mais Colombier est un travailleur modeste, vivant de peu, ne s'oc-
cupant que de son jardin, sa véritable passion, ne demandant jamais rien,
et il n'est pas surprenant que ses services aient été vite oubliés dans un
pays oîi la population blanche se renouvelle tous les trois ou quatre ans.
» Bien peu d'Européens aujourd'hui savent que s'ils mangent des
haricots verts, des petits pois, des asperges, etc., c'est exclusivement à
Colombier qu'ils le doivent.
» La Société d'Acclimatation ne peut accorder à cet homme une ré-
compense d'un ordre trop élevé, et je considère comme un honneur et
un devoir pour moi de contribuer à la lui faire obtenir. »
— M. le Président de la Ligue de reboisement de l'Algérie adresse à
i\l. le Secrétaire général la lettre suivante :
« Je viens de prendre connaissance des statuts et règlements de la
Société nationale d'Acclimatation que vous avez eu l'obligeance de m'a-
dresser.
> Je vois figurer, au n° 2 des prix extraordinaires à décerner, le para-
graphe suivant :
« § 1 La Société voudrait voir étudier particulièrement les causes
» qui peuvent s'opposer à l'acclimatation et les moyens qui peuvent servir
» à combattre ou prévenir leurs effets. »
» Je pense que les travaux de la Ligue répondent au but indiqué,
puisque nous avons étudié particulièrement les causes qui s'opposent en
Algérie à l'acclimatation, non seulement des animaux et des végétaux,
mais encore de l'homme.
» Notre climat, jadis magnifique, et qui pouvait admettre toutes les
cultures, est transformé aujourd'hui au point que l'on doit craindre
inèine pour l'existence de la vigne, notre dernière ressource. Les races
d'animaux dégénèrent, les cultures se limitent de jour en jour, et il ne
faut plus songer à l'introduction d'aucune espèce exotique.
î La cause de tous nos malheurs a été nettement spécifiée par nous :
a'est la dévastation insensée de nos forêts !
42 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
» Tous nos efforts tendent à obtenir de l'État et des particuliers que
ces ravages soient arrêtés et que l'on repeuple les sommets dénudés de
nos montagnes.
î J'espère donc que nous aurons l'honneur de voir admis au bienveil-
lant examen de notre Société les travaux de la Ligue, qui n'ont, en défi-
nitive, pour but que de rendre possibles en Algérie l'habitabilité de
l'homme et l'acclimatation des animaux et des végétaux. »
— M. le Président du Comité central d'Exposition de l'île de la Réu-
nion écrit à M. le Président :
« M. le Gouverneur m'a transmis, pour y être répondu par le Comité
central d'Exposition, la lettre en date du 10 août dernier par laquelle
vous avez bien voulu lui demander de vous faire connaître quelles sont,
en ce moment, les questions se rattachant à vos travaux, qui intéressent
la Colonie, et les services rendus à l'acclimatation, dans le pays, pen-
dant ces dernières années.
j Le Comité, réuni à cet effet, s'est empressé, dans sa séance du
J8 courant, de préparer les notes que j'ai l'honneur de vous adresser
sous ce pli.
» En vous les transmettant, permettez-moi de me faire l'interprète
des sentiments de gratitude qu'éprouve le Comité pour l'attention dont
l'île de la Réunion a été l'objet, de la part de la Société d'Acclimatation
de Paris.
» La démarche toute bienveillante dont elle vient de prendre l'initia-
tive a produit une excellente impression dans, la Colonie qui en a été
informée par la voie des journaux ; elle ne peut manquer d'y avoir aussi
de très bons résultats, .le me joins à mes collègues pour vous prier d'en
recevoir nos bien sincères remerciements et d'en témoigner toute notre
reconnaissance à la savante Société que vous présidez. »
— M. le marquis de Pruns, Secrétaire général de la Société d'horti-
culture d'Acclimatation et des sciences du Cantal, écrit du château de
Brassac :
« Mon éloignement de Paris ne me permettant pas d'assister aux inté-
ressantes réunions de la Société d'Acclimatation , permettez-moi d'en-
voyer à nouveau un vœu, que j'avais déjà émis, et que je regarde comme
extrêmement utile pour l'avenir.
» Il faut que les animaux élevés par l'homme pour l'agriculture se con-
forment comme taille, à un moment donné, avec l'émiettement et la dispa-
rition de la grande propriété. Dans nos départements du Centre, les ani-
maux de petite taille, et d'une nourriture facile et peu coûteuse, doivent
être propagés.
» J'ai donc l'honneur de demander à la Société d'Acclimatation de
Paris, dont les avis ont une si grande autorité : 1° que, par l'intermé-
diaire de son Bureau, elle demande au ministère de l'Agriculture que
dorénavant la Chèvre soit admise, soit comme laitière, soit comme lai-
PROCÈS-VERBAUX. 43
nage, aux Concours régionaux, parce qu'elle répond à un besoin de
l'époque, qu'elle est, par excellence, la vache du pauvre, parce que les
belles espèces à soie de l'Orient peuvent enrichir l'industrie de laines
fines et donnent des pelleteries d'une grande solidité; 2" que l'État, afin
d'encourager l'élevage, leur accorde des primes. 11 en donne à des ani-
maux infiniment moins utiles.
» Je demande que mon vœu soit transmis à qui de droit et formulé
dans une des prochaines réunions. Je demanderai également que la So-
ciété encourage, dans nos provinces du Midi, les variétés très naines de
Chèvres comme chasse. »
— M. Naudin adresse la note qui lui a été demandée en vue de fournir
à M. Le Châtelier, officier aux affaires indigènes, en mission à Ouargla,
les instructions qu'il désire pour les cultures à entreprendre dans cette
oasis :
« Je serai enchanté, écrit notre savant confrère, d'entrer dans les
vues de M. Le Châtelier, autant que mes faibles moyens me le per-
mettront. Ouargla, à la latitude de 32 degrés, presque celle de la basse
Egypte, serait un magnifique endroit pour faire de l'acclimatation de
plantes et d'animaux, si l'on peut y avoir de l'eau (condition première)
et si l'accès en est facilité par une bonne route, et mieux encore par un
mauvais chemin de fer, à une seule voie, en attendant qu'on puisse faire
mieux.
» Je ne connais pas personnellement la localité; mais, dès qu'il y a
des habitants, on peut augurer qu'elle peut devenir importante, comme
point d'appel, pour les caravanes qui vont trafiquer avec le Soudan.
» Ce qu'il faut, avant tout, c'est de l'eau, qu'elle vienne de puits arté-
siens ou d'étangs et de lacs créés artificiellement par des barrages, peu
importe. Avec l'eau, on fera tout ce qu'on voudra. Si on veut y établir
des cultures, et il faudra qu'on en vienne là, la première chose à faire,
selon moi, serait de faire d'épaisses plantations d'arbres autour des
centres de culture, pour arrêter, au moins dans une certaine mesure, le
vent du désert et l'envahissement du sable apporté par ce vent ; fixer les
dunes par des plantations de plantes à racines traçantes et d'arbustes
rustiques appropriés au sol et au climat. On les ti:ouverait probable-
ment dans le pays même.
» Pour qui ne connaît l'endroit que par ouï-dire, il n'est pas facile
d'indiquer le choix à faire. On peut cependant l'essayer, sauf à corriger
les erreurs au fur et à mesure que l'expérience les ferait reconnaître.
A première vue, les arbres, arbrisseaux et plantes drageonnantcs des
parties les plus arides de l'Australie (qui peuvent, sous plus d'un rapport,
rivaliser de sécheresse et de chaleur torridc avec le Sahara algérien),
semblent devoir être recommandés en première ligne. Ce sont, par
exemple, les Eucalyptus buissonnants, les Mélaleucas, les Calothammis,
les Acacias phyllodaires, en un mot toute cette broussaille dure qui
M SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
constitue, en Australie, ce qu'on appelle les Mallee scriibs. C'est avec
cette végétation exercée à endurer la plus extrême sécheresse qu'on for-
merait la ligne de défense contre le sable et le vent du désert.
» En dedans de ce rempart, s'établiraient les cultures productives
(toujours à condition qu'il y aurait de l'eau), Dattiers, céréales appro-
priées au sol et au climat, arbres fruitiers (Pruniers, Abricotiers, Vignes,
Kakis de la Chine et du Japon, Orangers, Mandariniers, Citronniers),
aux(]uels on pourrait essayer d'ajouter le Manguier {Mangifera indica),
qui fructifie très bien à Madère et aux Canaries, l'Avocatier, le Maniméa
ou Abricotier d'Amérique, etc. Les plantes fourragères ne devraient
pas être oubliées, et ou pourrait essayer d'abord celles qui sont indi-
quées dans le pays, sauf à les améliorer par la culture, puis les fourra
gères exotiques, dont le nombre est grand. Comme arbres à produire
rapidement du bois, je n'en vois pas qui conviennent mieux que les
Eucalyptus, mais il faudrait choisir, dans le grand nombre des espèces
du genre, celles qui i)Ourraient s'accommoder du terrain. Si le terrain
est humide ou marécageux, ce sont les Swamp gums qu'il faudrait
choisir; si le terrain est sec pendant la plus grande partie de l'année, il
faudrait y mettre les espèces qui craignent l'humidité stagnante dans le
sol. Tout ceci, bien entendu, est purement théorique; il faudrait avoir
séjourné quelque temps sur les lieux pour savoir à peu près à quoi s'en
tenir sur les succès à attendre de ces diverses plantations.
» Si elles réussissaient, Ouargla serait le lieu oîi la Struthioculture
aurait toute chance de prospérer. On serait là dans le climat de l'Au-
truche. Toutes les bêtes curieuses de la Nouvelle-Hollande, mammifères,
oiseaux, reptiles, mollusques terrestres (comestibles), animaux à domes-
tiquei' [)Our la table ou le plaisir des yeux, seraient là comme dans leur
paradis terrestre. Mais je répète qu'il faut de l'eau, encore de l'eau, et
toujours de l'eau, et si M. Le Chàtelier est assez heureux pour perforer
le sol aux bons endroits, il aura rendu un service immense au pays, à la
science et à l'industrie. »
— Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Laniol et G. Lar-
rieu. — Renvoi à la Conunission spéciale.
— M. Garnot communique deux lettres par lesquelles MM. Géré et
Maurice de Muizon lui rendent compte de l'élevage des Canards du
Labrador qu'ils ont reçus. M. Géré a obtenu trois couvées du couple qu'il
tenait directement de M. Garnot; une couvée de 8 Canetons, et deux de
7 chacune.
M. Maurice de Muizon a reçu de M. Jacquemart (de Reims) un Canard
et une Cane. « Le mâle, écrit M. de Muizon, était beau; mais la Cane
était petite et tachée de blanc. En fort peu de temps, les Canetons sont
devenus plus gros que leur mère, leur plumage est magnifique; trois ou
quatre d'entre eux avaient quelques petites plumes blanches; ceux-là ont
tous été mangés et trouvés fort bons.
PROCÈS-VERBAUX. 45
) Goniine j'avais beaucoup de femelles, j'ai pu donner un mâle et
deux femelles au père Prieur de la Trappe d'Egiiey (membre de la
Société d'Acclimatation) qui m'avait été indiqué pour recevoir le lot
que je devais, selon vos instructions, donner à un membre de notre
Société.
> En résumé, la race du Labrador a fort bien réussi chez moi et j'es-
père, l'année prochaine, en avoir encore de meilleurs résultats. >
— M. Nelson-Pautier écrit de Lisie (Uordogue) : « J'ai l'honneur de
vous envoyer la relation d'une remar(iue fortuite que j'ai eu l'occasion de
faire sur la somme extraordinaire de résistance vitale présentée par le
Lapin.
» Quelle que soit l'invraisemblance apparente de mon récit, je l'assure
exact, et vous pouvez y ajouter foi. Je tiens d'ailleurs à la disposition des
incrédules, les témoignages affirnialifs des personnes, parfaitement hono-
rables, qui ont, en même temps que moi, constaté le fait:
» Le mardi 31 octobre dernier, je prêtais un superbe Lapin étalon,
de race commune mais pesant néanmoins, alors, 4*"' ,500, à un de mes
amis chez lequel je devais le reprendre le mercredi 8 novembre. Ce
jour-là, en ell'et, au moment de mon départ (neuf heures du matin), le
Lapin a été placé dans le colfre de ma voiture, et ramené chez moi. Ce
coffre, très étroit et élevé de G'" ,25 seulement, ne contenait absolument
rien, et ne permettait à l'animal presque aucun mouvement.
î En rentrant, j'ai trouvé chez moi une lettre qui exigeait, de ma
part, un voyage immédiat, et je suis parti par le premier train, oubliant
de faire délivrer la malheureuse bête. Mon absence a duré jusqu'au
13 novembre.
» A mon retour, j'avais quelques affaires à mettre au courant, et je n'ai
point songé au Lapin. Le samedi 18 novembre seulement, à deux heures
du soir, c'est-à-dire un peu plus de dix jours après son incarcération, je
me suis souvenu de la pauvre bête, et, la supposant morte depuis plu-
sieurs jours, j'ai donné l'ordre, à mon domestique, de l'extraire du
coffre, et de l'enfouir.
» Je supposais mal. Le Lapin n'était point mort, mais d'une maigreur
telle qu'il ne pesait plus que l'"',380. 11 a dû se nourrir de sa fiente,
puisqu'il ne s'en est pas trouvé un atome dans le coffre.
» J'ai placé aussitôt ce Lapin dans une boite, et je lui ai présenté une
tige de carotte qu'il a mangée très lentement. Le soir, je lui ai donné
deux ou trois grammes de son. Le lendemain et les jours suivants, il a
reçu, progressivement, une nourriture plus abondante, et, cinq jours
après sa délivrance, il se portait à merveille.
» Aujourd'hui, il a reconquis sa vigueur habituelle, il pèse 3'''',900, et
a repris, depuis huit jours, son service d'étalon, ne paraissant conserver
aucune trace de son jeune prolongé. »
— A l'occasion de cette lettre, M. le Président rappelle les expériences
46 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
faites par M. Morot, aujourd'hui vétérinaire inspecteur de la Bou-
cherie de Paris. On doit à M. Morot, qui exerçait précédemment à
Semur, de curieuses observations sur l'habitude singulière qu'a le Lapin,
placé dans certaines conditions, de faire disparaître ses excréments,
qu'on retrouve dans son estomac à l'état de pelottes stercoraires. L'exis-
tence de ces pelottes avait déjà été signalée par Aristote; mais on en
ignorait l'origine. Le fait a été soumis au contrôle d'un vétérinaire de
l'École d'Aï fort, qui en a reconnu la parfaite exactitude. Il a été constaté
en outre que l'animal ne reprend ses déjections qu'au moment même de
leur expulsion, et avant qu'elles ne soient tombées à terre.
M. le Président ajoute que les Lapines mères nettoient de la même
façon leur nid; on a observé qu'une femelle peut ainsi contracter la
tuberculose en prenant les excréments de ses petits auxquels on avait
inoculé la maladie.
— M. le Président de la Société Linnéenne du nord de la France trans-
met le rapport suivant, présenté à cette société par M. Léon Carpentier
sur l'établissement de pisciculture de M. Alphonse Lefebvre à Amiens :
« Les expériences de M. Lefebvre peuvent se diviser en deux catégories :
1" l'élevage des poissons comestibles indigènes et des espèces étrangères
susceptibles d'être acclimatées dans notre région et dont la reproduction
en liberté serait un véritable bienfait pour l'alimentation publique;
2° l'élevage des poissons d'ornement, qui n'offre qu'un intérêt de curio-
sité.
» Toute cette ménagerie aquatique consomme de la chair de bœuf ou
de cheval finement hachée; mais les alevins sont nourris de proies vi-
vantes, consistant en larves de tipules, nais, cntomostracés d'eau douce
et autres petits animaux aquatiques.
)) Les appareils d'éclosion sont disposés dans un local spécial oîi se
trouvent aussi plusieurs grands aquariums dans lesquels l'eau se renou-
velle incessamment, et où les jeunes poissons acquièrent, sous l'œil de
l'observateur, une taille suffisante pour pouvoir être lâchés dans la ri-
vière qui arrose la propriété.
» Ombles-Chevaliers. — Ce beau poisson croît assez rapidement; mais
il est assez difficile à élever jusqu'à la résorption de la vésicule ombi-
licale. Beaucoup d'alevins périssent par suite d'un gonflement anormal
de cette vésicule qui se trouve alors entourée d'une seconde enveloppe
renfermant une quantité relativement considérable d'eau albuminée.
j) M. Lefebvre a réussi à sauver d'une mort certaine une cinquantaine
d'alevins malades, en crevant avec précaution l'enveloppe extérieure de
la vésicule, d'où s'échappait un liquide séreux.
» Cette petite opération chirurgicale mérite d'être portée à la connais-
sance des pisciculteurs qui ont dû observer cette maladie dans leurs
élevages d'Ombles-Chevaliers.
j» Vn certain nombre de ces poissons, nés du 10 au 20 février 1881,
PROCÈS-VERBAUX. 47
J'œufs reçus d'Huningue, mesurent aujourd'hui de 12 à 22 centimètres
de longueur.
» Truites. — M. Lefebvre a obtenu de nombreuses éclosions de cet
excellent poisson. Dans un compartiment de la rivière, on voit 18 Truites
de 25 à 30 centimètres de longueur. Elles proviennent d'œufs fécondés
artificiellement le 15 novembre 1879, éclos en février 1880. Le reste de
cette édosion a été lâché dans le bassin de la Hotoie.
» D'autres individus, hybrides de la Truite commune et de la Truite
des lacs, longs de 15 à 20 centimètres, proviennent d'œufs fécondés le
15 novembre et éclos au commencement de janvier 1881.
» Plusieurs sujets ont atteint, dans la petite rivière, une taille de 35 à
45 centimètres de longueur, et un poids de 600 grammes à 1 kilo-
gramme.
» Sahno fontinalis. — Environ 200 individus de cette espèce pro-
viennent d'œufs envoyés par la Société d'Acclimatation. Tous ces pois-
sons, malgré leur différence de taille (5 à 16 centimètres de longueur),
sont de la même éclosion (février 1882). L'envoi se composait de 1611 œufs
dont 6 ne sont pas éclos, 17 jeunes sont morts avant la résorption de la
vésicule ombilicale, et 1588 sont arrivés à l'état d'alevins, et ont été
placés dans un grand aquarium, le 17 mars, puis dans la rivière, le
20 juillet. 11 en restait alors 1185.
» Éperlaus. — M. Lefebvre a aussi tenté d'élever l'Éperlan de Seine;
mais cette espèce, localisée dans les larges estuaires, ne pouvait trouver
en captivité les conditions nécessaires à son existence. 7 individus reçus
le 7 novembre 1881, ont vécu 5 mois dans un bassin. Au commencement
d'avril, la laitance des mâles s'échappait facilement; c'est alors qu'ils
furent attaqués par le byssus qui les fit périr avant que les œufs de la
femelle fussent tout à fait mûrs; celle-ci ne tarda pas à éprouver le
même sort. 11 est douteux que ce petit salmonide puisse s'acclimater
dans nos eaux.
» Macropodes. — Un grand nombre de ces jolis poissons provenant de
plusieurs générations, sont logés dans un large aquarium. La fécondité
de cette curieuse espèce est remarquable, et sa croissance est très rapide.
Un couple de Macropodes nés le 14 mars 1876, et mis à part le 14 août
suivant, avait des .jeunes cinq jours après. Malheureusement la tempéra-
ture assez élevée qu'exige ce poisson, nuira à sa propagation dans les
aquariums. Les amateurs lui préfèrent les espèces rustiques pouvant se
passer de bassins chauffés...
)) Un des aquariums offre un spectacle des plus intéressants : c'est la
réunion des métis de Cyprins dorés de la Chine avec sa variété mons-
trueuse, connue sous le nom de Télescope. Les individus obtenus par ce
croisement, au nombre d'environ trois cents, présentent une infinie va-
riété de formes, rappelant un ou plusieurs des caractères du type téles-
cope : ventre ballonné, yeux saillants, queue double.
48 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
» M. Lefebvre a compris le haut intérêt du repeuplement de nos rivières,
et si les effets n'ont pu s'en faire sentir jusqu'à présent qu'en de rares en-
droits, il faut en attribuer la cause à la mauvaise qualité d'une grande
partie de nos eaux courantes, empoisonnées par les égouts d'usines dans
les environs d'Amiens.
» Nous avons cependant la conviction que M. Lefebvre trouvera un
champ d'expériences assez vaste pour acclimater dans noire pays les
belles espèces de Salmonidés et en repeupler nos cours d'eau.
ï La Société d'Acclimatation, qui a déjà fait participer notre collègue
aux distributions d'œufs de poissons qu'elle envoie généreusement aux
pisciculteurs, au moment du frai, continuera, nous l'espérons, à lui
mettre en mains de nouveaux sujets d'étude, qu'il saura utiliser avec
intelligence. »
— M. Von Behr, président de la Société allemande de pisciculture,
écrit, à M. le Secrétaire des séances : « Le lac de Garde possède deux
espèces délicieuses de Truite : d'abord la vraie Trutta lacustris, qui fraye
très tard, et puis le Carpione {Farlo Carpio), curieuse espèce qui fraye
soit en juillet, soit en décembre.
î J'en ai commandé des œufs, et je vous enverrai, probablement en
janvier, 2000 Trutta lacustris et 3000 Carpioni.
» Vous recevrez aussi des œufs de petite 3Iaraene [Coregonus al-
bula). î
— M. Zenk, directeur de l'Association de pisciculture de la Basse-
Franconie, annonce l'envoi qu'il a l'intention de faire à la Société d'ale-
vins de Sandre [Lucioperea aandra).
— M. Raveret-Wattel fait ressortir l'intérêt qui s'attacherait à l'intro-
duction du Sandre dans certaines eaux closes, oîi cette belle et bonne
espèce de Percoïde, du centre et du nord de l'Europe, réussirait proba-
blement fort bien, pourvu qu'elle y trouve une eau pure, autant que
possible un fond de sable, et surtout une nourriture abondante, car elle est
extrêmement vorace. « Le Sandre ou Brochet-Perche, ajoute M. Raveret-
Wattel, rappelle, comme son nom l'indique, d'un côté le Brochet par
ses formes élancées, par sa tête allongée et par ses grandes dents ; de
l'autre, la Perche par ses écailles rugueuses, par la forme et la disposition
de ses nageoires dorsales et par les taches de ses flancs. Puissamment
armé, atteignant rapidement une forte taille, et toujours poussé par un
appétit insatiable, le Sandre exerce continuellement autour de lui de
terribles ravages. 11 est aisé de comprendre quelle énoi'me destruction
de poissons doit faire un Carnivore qui atteint, en peu de temps, une lon-
gueur de 3 à 4- pieds, avec un poids de i25 à 30 livres. Évidemment on ne
saurait songer, à cause de sa voracité, à introduire une pareille espèce
dans nos rivières déjà si dépeuplées; mais elle aurait sa place indiquée
dans des eaux closes, riches en poisson blanc. »
— A cette occasion, M. Raveret-Wattel signale un nouveau règlement
PROCÈS-VERBAUX. 49
sur la pêche, récemment mis en vigueur en Italie (i), règlement qui in-
terdit d'introduire toute nouvelle espèce de poisson dans un cours d'eau
sans avoir obtenu la permission du Préfet, lequel doit, avant de l'accor-
der, prendre l'avis du Conseil provincial et de la Chambre de commerce.
— M. Sanford, de Washington, met à la disposition de la Société des
noix de Pacanier provenant de ses propriétés. «Le Pacanier, écrit
M. Sanford, est très répandu dans les forêts du Texas et on en exporte
beaucoup de noix vers le Nord, où elles sont très goûtées comme fruits
de dessert. Mais les meilleures sont celles qui viennent des arbres cul-
tivés; elles sont plus grosses, les arbres sont aussi plus grands. J'en ai
une douzaine; ils sont superbes. .)e serai très heureux d'avoir été utile
à l'introduction de cet arbre en France.
» J'avais d'abord supposé qu'il était impossible de le faire végéter
dans un pays aussi froid que la Belgique. Mais les amis auxquels, il y a
une douzaine d'années, j'ai donné de ces noix ont obtenu des arbres
très beaux.
» Chez nous ils croissent très vite, et en Flandre il y en a qui ont pro-
duit des fruits dès l'âge de huit ans. Je suis persuadé qu'au sud de la
France, le Pacanier deviendra un grand et bel arbre.
» Je vous adresserai prochainement des noix pour semis. »
— M. Charles iNicolas, professeur d'agriculture à Oran, demande à
prendre part aux concours de la Société, et transmet un catalogue des
végétaux cultivés au champ d'études de la Lunette de la Gampana.
— M. Humbert, instituteur à Baddou (Haute-Saône), adresse un rap-
port détaillé sur les essais de culture en 1881-1882.
— M. Raoul de Cazenove écrit de Bal mont (Rhône) : « J'ai l'honneur de
vous adresser le tiers de ma récolte de Soja, provenant du cheptel de
graines qui m'avait été confié, il y a deux ans, par la Société. J'espère
étendre davantage cette culture l'an prochain. Le second semis a été
fait fin mars, à l'exposition du sud-sud-ouest, sur une terre de 7 pour 100
de déclivité, sous-sol granitique, terre argilo-calcaire, anciennement
fumée et contenant assez d'humus. La récolte de chaque pied a été
de 15 à 25 gousses, le plus ordinairement contenant deux pois, très
rarement quatre.
» Une terre plus légère que celle dont je dispose, par exemple le
terrain sablouneux, dit siz, dans les Cévennes, provenant de la désagré-
gation du granit, convient beaucoup mieux au Soja, ainsi que je m'en
suis assuré par un essai.
» En règle générale, la terre bonne pour l'asperge est bonne pour le
Soja. Mes graines de Rhubarbe du Thibet n'ont pas réussi; quant aux
(l) Ri'glcment du 13 juin 1880 concernant la pêche maritime et nuriale
(voy. Annuaire de législalion étramjàre, 1881, p. 311, 312, et bulletin des Ira-
vaux publics, août 1882, p. 148).
3" SÉltiE, T. X. — Janvier 1883. 4
50 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
fèves Agua-Dulce, elles ont réussi partiellement, mais les plantes ont été
attaquées par les limaces et nia récolte a été infime ; mon terrain est
peut-être trop sec pour cette légumitieuse des plaines marécageuses de
la Lombard ie. d
— M. Charlfes Baltet écrit de Troyes : «Je tiens à la disposition de la
Société un lot de graines (baies) de Lo-za {Rkamnus utilis), arbrisseau
rustique qui produit le vert de Chine. »
— M. le Président donne lecture d'une lettre dans laquelle M. Vavin
signale un remède contre la rage, dont l'indication aurait été donnée à
l'Académie des sciences il y a déjà plusieurs années. M. le Président veut
bien se charger de faire recherther cette communication dans les
archives de l'Académie.
— M. Raveret-Watlel appelle l'attention de la Société sur les diffi-
cultés que présente le repeuplement des cours d'eau dans l'état actuel
des choses, et il fait ressortir la nécessité, pour la pisciculture, d'entrer
dans une voie franchement industrielle par l'exploitation des eaux closes.
Il entre, à ce sujet, dans quelques détails descriptifs sur plusieurs éta-
blissements de pisciculture, qui, de création relativement récente, à
l'étranger, donnent des produits très rémunérateurs. Il mentionne éga-
lement l'établissement créé dans le département de l'Ain, par ftl. Lu-
grin, de Genève, établissement où se trouve mis en usage un procédé
très ingénieux pour fournir au poisson une nourriture animale à bon
marché. (Voy. au Bulletin.)
— M. Saint-Yves Ménard signale un fait curieux de lactation prolongée
observée au Jardin d'Acclimatation, chez une Vache de race Schwitz,
castrée d'après le procédé de M. Charlier. Cette Vache a donné en quatre
ans 12 594 litres d'un lait beaucoup plus riche que celui de certaines
Vaches normandes considérées comme très bonnes laitières.
M. Saint-Yves Ménard ajoute que la castration facilite en outre l'en-
'gfaissement. Un embonpoint considérable se manifeste dès que s'arrête
la lactation, et il est probable que la viande gagne aussi en qualité.
SÉANCE GÉNÉRALE DU 19 JANVIER 1883.
Présidence de À. Henri BoULEY, Président.
Le \)rocès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres nouvellement ad-
mis par le Conseil, savoir :
M. PRÉSENTATEURS.
, , . iwA / L. Binder.
Benoit (Constant^, avoue, 4, avenue de W- \ ^ ^^^^^^^^ Saint-Hila.re.
pera, à Pans. ( Saint- Yves Ménard.
PROCÈS-VERBAUX. 51
MM. PRÉSKNTATEUKS.
Blancherais (Henry de la), propriétaire, / A. Berthoule.
membre du Conseil municipal, à Cannes } J. Cornély.
(Alpes-Maritimes). ' Raveret-Wattel.
,., . , . ,, . , „ . l A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Cantrelle (Alexis), propriétaire, a beauvais ) . n f
\ A. t orte.
^ ^' ( Saint- Yves Ménard.
Desmatte (Alexandre-Auguste), professeur ( , ^ „ c • . n-i •
. ^ ,, ® , , ,-,, , l A. Geoffroy Saint-Hilaire.
des sciences naturelles au lycée tnarle- i ^, , ,.
.0,1 1 .. • r. • ' ( Cn. Leno-lier.
magne, 13, boulevard Saint-Germain, a/ q • . v m' .1
^^ , , f oaiut~\ves Menarcl.
Pans. V
,, /,^ . V ■■, ■ A" I ( A. Geoffroy Saint-Hilaire.
DUBUISSON (Eugène), propriétaire, 1/, rue de \ •'
•w^ 1 < r\ • S J 0 U îl II 11 0 .
Presbourg, a Pans. / a r> ■
^' [ A. Porte.
■^ • .V ./.Il 110, / L. Binder.
Lamy (David), avoue, 6, boulevard de blras- (| . ^ ^ ,. - , ,,., .
, ^ . < A. Geoffroy Saint-Hilaire.
bourg, a Pans. I c ■ , v m ■ a
^' \ baint-Yves Menard.
,r , s • . • t K. . {H. Bouley.
Leudet (Léon), propriétaire, 4, rue Menars, \ . ^ <«- c „ tii ■
.^ /> r r > » ' ) A. Geoffroy Saint-Hilaire.
( Saint- Yves Ménard.
, ^ ,„^ r. • T . A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Maisonneuve (Charles), 13"2, rue Saint-Lu- •» » p .•
zare, à Paris, et à Nantes (Loire-Inférieure). ) ^ • . v ai- j
' ' ^ \ Saint-Yves Menard.
Mahieux (E. j. a.), caissier de la Société des ^ A. Dieu.
ï)épôts et Comptes-courants, 63, avenue j Gaudinot.
de Neuilly, à Neuilly. " ( Jouenne.
»r .,.• . •. ■ .or> 1 Lesesne.
Mallassagne (Pierre), propriétaire, 139, ave- ^ .
nue de Neuilly, à Neuilly (Seine). f o • * a- a« - j
■" J V / ^ Saint-\ves Menard.
,.,,,, , . r- , , J / A. Berthoule.
Maquaire (Amedee), négociant, o, boulevard \ ,. • n- 1
," , • L ■ l Maurice Girard,
de Strasbourg, a Pans. / c • » v m - j
°' V Saint- Yves Menard.
,„ , ... ,a^-, i A. Geoffroy Saint-Hilaire.
MoussET (Pierre), propriétaire, 127, avenue \ . p '
de Neuilly, à Neuilly (Seine). ^ Saint-Yves Ménard.
RotViÈRE (Jacques-Albert), ingénieur civil, / A. Geoffroy Saint-Hilaire.
lauréat de la prime d'honneur du Tarn, à . Maurice Girard.
Mazamet (Tarn). ' A. Porte.
SnARLAND (Hubert-Henry), propriétaire, à la / A.Geoffroy Saint-Hilaire.
Fontaine-SaintrCyr, près Tours (Indre-el- | A. Porte.
Loire). ( Saint-Yves Ménard.
r. ,^. . « »T f A. Berthoule.
SOLLER (Charles), explorateur, 7, rue Nou- \ ^^^^^ Grisard
^^"^' ^ P^"^- Ravcret-Waltel.
M. PRÉSENTATEURS
A. Blot.
Gleize.
52 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
M.
VioT (Antoine-Eugène), ancien notaire, 62,
rue Charles-Lalitte, à Neuillv (Seine). i "'T"""' ,, , ,
■> ^ ^ \ Saint- Yves Menard.
— M. le docteur Bertoni adresse des remerciements au sujet de sa
récente admission.
— M. le Ministre de la Marine annonce qu'il vient d'attribuer à la
Société un exemplaire de la Flore de la Cochinchine, par M. Pierre. —
Remerciements.
— Des demandes de cheptels sont adressées par MM. le vicomte de
Bruce, Dodemont-Delloye, Fabre, Desroches, Le Pelletier, Léon Menant,
Nelsou-Pautier et le marquis de Pruns.
— M. Jourdan écrit de Voiron (Isère): « Le 17 juillet dernier, dans
une éclosion de poussins de la race pure de Langshan, j'ai obtenu un
jeune Coq revêtu de soies au lieu de plumes.
» Si j'avais eu chez moi la race nègre, j'aurais pu croire à un rappro-
chement entre les deux espèces; mais, depuis cinq ans, je n'ai plus de
volailles nègres. Les parquets où sont les Langshan leur sont spéciale-
ment affectés; d'ailleurs, c'est à ce jour la seule espèce à laquelle j'ai
accordé toute ma préférence.
» Sans que j'aie l'espoir que le Coq dont je parle obtienne la taille et
le poids de son père (5''"300 au 18 mars), il est d'une jolie force, très
fier: il porte bien la tête, qui est ornée d'une jolie crête et d'oreillons
qui sont d'un rouge des plus intenses ; tout le corps est bien fourni de
soies, qui sont d'un noir de charbon; les tarses et les pieds sont bien
garnis de ces mêmes soies,
•» Je crois qu'avec ce Coq, qui est très ardent, il serait facile de créer
et au besoin de fixer une race par des sélections bien comprises. Reste à
savoir s'il n'y a pas là simplement une bizarrerie. »
— M. Croq écrit de la Grande-Métairie (Vienne) : « Depuis deux ans,
je m'occupe de l'élevage de Perdrix rouges, surtout de la Perdrix rouge
Bartavelle. Deux couples de deux ans ont pondu cette année ; la fe-
melle de l'un a pondu vingt-sept œufs et l'autre neuf. C'est assez rare
à l'état domestique, tous les œufs étaient bons; j'en ai élevé vingt et
un, qui sont tous bien portants, et que je lâcherai après la clôture de
la chasse. »
— M. de Behr, Président de la Société allemande de pisciculture,
annonce les envois qu'il compte faire faire prochainement à la Société
d'œufs embryonnés d'Omblc-Chevalier {Salmo salveliniis) et de deux
espèces de Truite : Salmo lacustris et Salmo carpio, provenant du lac
de Garde.
— M. le Secrétaire des séances fait connaître que les œufs annoncés
par M. de Behr sont déjà arrivés; ils étaient en parfait état, et ont été
FROCÈS-VERBAUX. 53
distribués sans retard. M. Raveret-Wattel donne à cette occasion les
renseignements ci-après :
« La Truite, connue eu Italie sous le nom de Carpione, est une belle
et bonne espèce, dont la réputation était déjà établie du temps de Linné
et de Block, qui la désignent sous les noms de Salmo carpio et de
Fario carpo. Heckel est également d'avis que c'est bien une espèce
distincte (et non une simple variété locale), très voisine, d'ailleurs, delà
Truite des lacs [Salmo lacustrls). On la trouve presque dans tous les lacs
du Tyrol et de la Haute-Italie, avec une autre espèce spéciale, elle aussi,
à la même région : la Truite à joues rayées {Salmo genivittatus). Les
Carpioni du lac de Garde sont particulièrement estimés; la chair en ^
est très saumonée. Cette espèce, qui n'atteint pas une très forte taille,
a les écailles assez grandes et le corps maculé de petites taches noirâ-
tres. Elle se plait surtout dans les eaux très profondes.
» D'après M. Ganevari, Président de la Société de pisciculture du lac de
Garde, elle fraye dans le lac même, au lieu de remonter dans les cours
d'eau, comme le fait la Truite des lacs, au moment de la reproduction.
Des essais d'acclimatation de ce poisson vont être faits dans les lacs de
l'Allemagne du Nord où le Salmo lacustris n'a pas donné jusqu'à présent
des résultats très satisfaisants, malgré la nature des fonds, composés de
sable et de gravier.
» L'Omble-Chevalier {Salmo umbla, S. salvelinus), souvent désigné
en Allemagne sous le nom de Truite rouge {Rothforolle), est un poisson
moins actif, moins carnassier que la Truite. Gomme il varie beaucoup sui-
vant l'âge, le sexe et les localités, on a cru souvent devoir en distinguer
plusieurs espèces. On le trouve dans beaucoup de lacs aux eaux claires
de la Haute.-Autriche et du Tyrol, en Bavière et en Suisse. 11 se montre
aussi dans les lacs des monts Carpathes, jusqu'à une hauteur de "2000
mètres au-dessus du niveau de la mer. Sa croissance est assez rapide,
bien qu'elle n'égale pas toutefois celle de la Truite des lacs. La chair
est plus ou moins saumonée, parfois tout à fait blanche, selon la saison,
la région, et surtout la nature de l'eau; mais elle est toujours d'excel-
lente qualité. Les Salvelais du lac Fuschler, aussi bien que ceux du lac
Hinter, près de Berchtesgaden, se distinguent par leur rapide développe-
ment; parfois on en pêche qui atteignent jusqu'à 10 ou 12 kilogrammes.
La pêche se fait avec de grandes seines, manœuvrées par deux bateaux.
Beaucoup d'établissements de pisciculture de l'Allemagne élèvent des
métis d'Omble-Chevalier et de Truite, qui donnent des résultats très
satisfaisants sous le rapport de la rapidité de croissance.
» Dans la Haute-Aulriche, on ne féconde guère artificiellement les
œufs d'Omble-Ghevalier qu'avec de la laitance de Truite de ruisseau
{Salmo fario). »
— M. Louis, maire de Saint-Germain-sous-Cailly, régisseur du domaine
de Gouville (Seine-Inférieure), adresse le rapport suivant : « L'établis-
54. SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
sèment de pisciculture de Gouviile, toujours eu voie de développement,
est arrivé cette année à faire reproduire des alevins de vingt mois, ap-
partenant à diverses espèces.
)) Des Salmo fontinalis, reçus d'Amérique il y a deux ans, ont repro-
duit cette année ; six femelles ont donné oOUO œufs, dont 2750 sont par-
faitement éclos et ont donné des alevins très vigoureux.
» Il y a aussi à l'établissement des Truites de différentes espèces, dont
on recueille les œufs en ce moment.
» Nous avons obtenu, en poissons de vingt mois, plusieurs spécimens
mesurant, de l'œil à la naissance delà queue, de 33 à 38 centimètres
de longueur, et d'un poids variant de 300 à 500 grammes.
» Les espèces qui ont le mieux réussi sont : la Truite ordinaire, laTruite
dite d'Ecosse et le S. fontinalis. Ces derniers sont les plus forts sujets.
» Quant aux Saumons, Truites des lacs, métis de Saumons et de
Truites, les sujets qui nous restent sont beaux, mais plus petits que les
précédents, et ils ont éprouvé une mortalité de 80 pour iOO depuis l'é-
closion jusqu'à l'âge d'un an. L'Omble-Chevalier est à peu près impos-
sible à élever; au bout d'un an, sur cent sujets, quatre ou cinq à peine
subsistent encore.
î Nous avons remarqué que la grande quantité de nourriture, dès le
premier âge, peut, en viciant l'eau, faire un grand tort aux jeunes pois-
sons ; la nourriture doit donc être très limitée dans les trois premiers
mois.
» Nous commencerons l'année prochaine la vente des poissons éclos
en 1880 et en janvier et février 1881. »
— M. des Vallières accuse réception et remercie de l'envoi d'œufs de
Truites des lacs qui lui a été fait.
— M. Ch. Bureau, d'Arras, sollicite un lot de graines de Ver à soie du
miirier, de la variété Verdolina Casati.
— M. Hignet écrit de Varsovie : « Je viens rendre compte à la Société
d'une expérience intéressante que j'ai faite cette année à Sieltze, dans
ma magnanerie d'essai. Vous savez que depuis quelques années je me
livre à l'éducation de Vers à soie sauvages, notamment du Cynthia, du
Yama-mài et du Permji. Le Cynthia est complètement acclimaté en
Pologne par sa transformation debivoltin en univoltin. Je viens d'obtenir
le mime résultat avec le Peniyi, qui jusqu'à présent avait résisté aux
essais tentés pour empêcher la sortie du papillon à la fin de l'été. Celte
année, une partie de ma récolte a été soustraite à la loi du bivoltisme
et attend à la cave le retour de la belle saison. Les cocons que j'ai ou-
verts avaient leur chrysalide vivante et bien vivante, si bien que je puis
espérer d'avoir au printemps mes propres reproducteurs. Je ne vous en
serais pas moins très reconnaissant de vouloir bien, s'il est possible,
disposer de quelques œufs en ma faveur. 11 faut prévoir les mécomptes,
car le printemps est encore loin. Si vous pouviez m' envoyer aussi quel-
PROCÈS-VERDAUX. 55
ques œufs d'aulrcs espèces sauvages, je vous en serais fort obligé. J'ai
disposé quelques haies do pruniers, de noyers, etc. ; j'ai donc tous les
éléments nécessaires pour tenter d'aulrcs acclimatations. La graine du
Cijntliia s'est perdue chez moi, car j'en ai abandonné l'éducation; mais
on m'en demande, et je voudrais pouvoir répondre à ces demandes en
reprenant mes éducations de ce Ver.
)) Vous ai-je déjà parlé de la manière dont je conduis mes éducations
en plein air? Je place mes Vers sur des haies qui n'ont pas plus de six
pieds de hauteur, et je les protège avec des cadres mobiles munis de
filets. Cinq cadres font une maisonnette à claire-voie : quatre pour les
parois et un pour le toit. A ce premier abri s'en ajoute un second,
lorsque la feuille est à peu près mangée; on enlève la paroi du milieu
pour ne pas gêner la communication. Vingt cadres peuvent suffire à une
étendue considérable de haies, car ils se transportent au fur et à mesure
qu'ils se trouvent ne plus rien avoir à protéger. Les haies peuvent se
disposer en labyrinthe, pour en établir le plus grand nombre possible
sur un terrain donné et faciliter la surveillance. C'est un mode d'exploi-
tation facile et peu coûteux, et je me demande si la culture des Vers à soie
sauvages n'est pas la sériciculture de l'avenir. Les Vers à soie du chêne,
qui sont les plus intéressants de celle famille de séricigènes, donnent une
soie plus abondante que le Ver à soie du mûrier et sont exposés à moins
de chances contraires. La soie en est brillante, nerveuse, et, soumise à
une bonne préparation, lutterait avantageusement avec celle du mûrier.
Quant à moi, je renoncerai sans doute au Ver du mûrier (qui ne prend
pas en Pologne à cause des soins minutieux qu'il exige), pour pousser à
la culture du Yama-maï et du Permfi, — du Pernjji surtout, car le
Yama-mni éclôt trop tôt pour notre climat et ne pourrait s'élever qu'à
la condition de commencer l'éducation dans une espèce de serre froide
où l'on jtlanterait des taillis de chênes pour en hâter la végétation. Du
reste, cette condition est facile à remplir; il en coûterait moins pour éta-
blir une serre de ce geiu'e que pour construire une magnanerie avec tous
ses accessoires.
» J'appelle l'attention de la Société sur un travail très intéressant d'un
sériciculteur du midi de la France, M- Victor UoHat, de Collioure f Py-
rénées-Orientales), qui, lui aussi, se préoccupe de la guérison des ma-
ladies (lu Ver à soie, et la trouve dans le traitement qu'il fait subir à la
graine immédiatement à partir du moment delà ponte. Les théories de
^. Piollat sont exposées dans d^tix brochures qui ont paru à Perpignan
e^ 1875 et 1881, sous le litre : Mdtkode pratique contre les maladies
lies V(^i'S à soie — et Embryologie. La méthode de M. Ilollat consiste à
donnera l'œuf la |»lns gi'ande somme de chaleur atmosp|iéri([iie possibb;
pendant les mois de juin, juillet, et août; à abaisser cette température
jusqu'4 15 degrés centigrades (température de l'œuf) jusqu'au mois de
décembre, puis arriver à la température de 5 à 6 degrés, qui réveille
56 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
l'activité embryonnaire dans l'œuf. Je ne puis vous indiquer que très
succinctement le procédé: il faut lire la brochure. M. Rollat m'a envoyé
de sa graine, qui a bonne apparence et me paraît être supérieure à la
mienne. Pour M. Rollat, le corpuscule de M. Pasteur a peu d'impor-
tance. Une graine traitée d'après sa méthode donnera des Vers sains et
robustes et bons fdeurs. »
— MM. le comte de la Villebrune, P. Mathey, E. Vavin, Guillin, Guil-
laume et R. de Cazenove demandent à prendre part à la distribution des
graines annoncées dans la Chronique.
— M. Latour Marliac écrit du Temple : « Le rapport que je compte
vous adresser sur mes cultures de Rambous traitera de nombreuses es-
pèces ou variétés nouvelles et inédites, dont le tempérament n'est pas
assez dessiné et les caractères suflisamment révélés pour les classer sans
équivoque parmi les Rambous vrais cespiteux, les Phyllostachys ou les
Arundinarias.
» Afin de vous donner un petit aperçu du cadre que j'aurai à remplir,
je vous transmets la liste de ma collection actuelle de Rambusacées :
> 1. Arundinacea. — 2. aurea. — 3. Cago-zasa (inédit). — 4. fal-
cata. — 5- flexuosa. — 6. Fortunei foins argentés variegatis. —
7. gracilis. — 8. Ha-tsikou (inédit). — 9. Hobi-tsikou (inédit). —
10. Himalayensis. — H. Japonùa. — 12. metake. — 13. mitis. —
14, Mà-sà. — 15. nana. — 16. nigra. — 17. quadrangularls. — 18. Qui-
IIqI, — 19. Ragamowlskii. — 20. Rô-tsikou (inédit). — 21. scriptoria.
22. Simoni. — 23. spinosa. — 24. sulphurea. — 25. Thamnocalamus
spathiflorus. — 26. Thouarsi. — 27. violacea. — 28. violasccns. —
29. verticMata. — 30. viridi-glaucescens. — 31. viridi-striata. —
32. vittata argentea.
» Enfin, outre un assortiment d'autres nouveautés que j'attends direc-
tement du Japon au mois de mars, j'ajouterai très prochainement à ma
collection les B. macrosperma — Murasaki dake (inédit) — et Thamno-
calamus Falconeri.
» Vous voyez, d'après cette énumération sommaire, que j'ai déjà groupé
un assez grand nombre de Rambusacées, dont plusieurs sont appelées,
par leur mérite ornemental, ligneux ou comestible, à prendre une place
importante dans l'horticulture et l'agriculture, et que je contribue avec
zèle à la propagation de leur culture, que favorise et préconise à si juste
titre la Société d'Acclimatation. »
— M. le Directeur du Jardin zoologique de Marseille rend compte du
résultat obtenu des semences de Soya hispida et de Riz sec qui lui ont
été adressées. « J'ai reçu le 11 mai environ un litre de chaque graine.
Ayant fait préparer deux planches de terrain (bonne terre de jardin) de
la superficie d'environ 17 mètres carrés, l'une, consacrée au Soya, fut
tracée comme pour du Pois, c'est-à-dire à quatre rangs. J'y fis semer le
25 mai environ un demi-litre de ces graines, qui levèrent le l'^'" juin,
PROCES-VERBAUX. 57
après avoir subi une première irrigation le 28 mai. Reconnaissant que
le semis était trop épais, mais voulant voir le résultat, je ne le fis pas
éclaircir. j\laturité complète fin septembre; hauteur, 0"',60 à 0'",70;
:i litres i/2 environ. Quant au Riz, semé le 17 mai, il a levé le 26 mai.
J'ai été obligé de l'arracher le 23 septembre, sans qu'il ait donné d'épis. »
— M. le Secrétaire général dépose sur le bureau :
1° Un mémoire adressé à la Société par M. le baron de Sélys-Long-
cbamps, président du Sénat belge et membre de l'Académie royale de
Relgique, sur l'état actuel de la pisciculture en Relgiciue ;
2° Un exemplaire des nouvelles instructions publiées par M. Odile
Martin sur la conduite des couveuses artificielles ;
3" Une lettre par laquelle M. Tischomiroff, Président de la section d'or-
nithologie de la Société impériale russe d'acclimatation, transmet un
rapport sur les travaux de M. Ratacheff, de Toula, qui s'occupe avec le
plus grand succès d'élevages d'oiseaux exoti(jues et autres.
— M. Raveret-Wattel dépose sur le bureau :
1° De la part de M. Lonquéty aîné. Président de la Chambre de com-
merce de Roulogne-sur-Mer, un exemplaire du procès-verbal de la
séance tenue pour la distribution solennelle des primes instituées avec
le concours du Ministre de la Marine, en vue d'encourager la bonne
préparation en mer du hareng de la première pèche au Dogger-Rank ;
2" De la part de M. le baron Von Mueller, botaniste du gouvernement
à Melbourne, un sachet de graines à' Eucalyptus Berkianœ ;
3° De la part de M. le comte Louis Torelli, sénateur du royaume d'Italie,
un exemplaire de l'ouvrage que notre honorable confrère vient de publier
sous le titre : la Malaria d'Italia, et dans lequel il étudie les causes
du fléau et les moyens de le combattre. Comme moyen d'assainissement,
M. le comte Torelli recommande particulièrement les plantations d'ar-
bres, et surtout les plantations d'Eucalyptus. Ce très intéressant travail
est accompagné d'une carte faisant connaître la distribution géographique
de la malaria et indiquant par des teintes plus ou moins foncées le degré
d'intensilé du fléau.
M. Raveret-Waltel appelle ensuite l'attention de la Société sur une
note récemment publiée dans le Bulletin de la Société d'insectologie,
concernant VEucali/ptus rostrata, qui y est signalé comme portant des
fleurs nuisibles aux Abeilles. L'empoisonnement d'un grand nombre de
ces insectes aurait été constaté. Il paraîtrait utile de charger la cinquième
section de recueillir des renseignements sur ce fait, qui est en contra-
diction avec l'opinion généralement admise, que les fleurs des Eucalyptus
sont très favorables aux insectes mellifères. Tout récenunenl encore,
M. Ch. Naudin (1) citait précisément VEucalijptiis rustrala comme pa-
raissant appelé, eu raison de son abondante floraison, à rendre des ser-
(I) Voy. UullelinSoe. Acd. 1882., p. Cie.
58 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
vices aux éleveurs d'abeilles. Peut-être, ajoute M. Raveret-Wattel, Jes
observations n'auront-elles pas porté sur des sujets de même espèce, et
aura-t-on confondu entre eux des arbres différents. Il y a lieu de remar-
quer, en effet, qu'on est assez peu d'accord sur les noms des Eucalyptus
déjà introduits en Europe, et il importerait grandement que la cinquième
section s'occupât de mettre de l'ordre dans la détermination de ces
espèces.
Tout en reconnaissant l'utilité d'un semblable travail, et en faisant
des vœux pour qu'il soit mené à bonne lin, M. Geoffroy Saint-IIilaire ex-
prime la crainte qu'on ne rencontre dans l'exécution de cette tâche des
difficultés fort sérieuses, par suite du nombre considérable des espèces
d'Eucalyptus, des ressemblances très grandes qui existent entre beaucoup
de ces espèces, enfin des nombreux croisements qui se sont produits et
qui ont donné naissance à des types métis, lesquels viennent encore
compliquer la question.
— M. Raveret-Wattel signale à l'assemblée l'intérêt qui s'attacherait
îi l'introduction de la culture des Quinquinas dans plusieurs de nos colo-
nies. On a longtemps cru, dit-il, qu'en dehors de la question du climat,
certaines conditions d'altitude étaient absolument nécessaires à la végé-
tation des Cinchonas. Or les heureux essais de culture entrepris à l'île
de la Réunion par M. Morin, lauréat de la Société, et plus récemment
les importantes plantations créées à Java par les Hollandais et dans l'In-
doustan par les Anglais, ont prouvé que les Quinquinas peuvent être
cultivés dans une zone assez étendue. Des milliers de balles d'écorce
sont importés chaque année en Europe des Indes anglaises et néerlan-
daises. D'un autre côté, on sait que dans l'Amérique du Sud, dans les
Andes, les Quinquinas tendent à disparaître rapidement, par suite de
l'exploitation abusive faite par les casmr///ero,s ou chercheurs d'écorce,
qui détruisent tout, les arbres jeunes comme les arbres vieux. Il inipor-
terait donc de rechercher , dans nos possessions hors d'Europe , les
stations oîi des plantations de Quinquinas pourraient être faites à l'instar
de celles des Anglais et des Hollandais.
— M. Camille Dareste donne lecture d'qne note faisant connaîtra le
résultat de ses études expérimentales surl'incubation (voy. an Bulletin).
— 4 l'occasion de cette note, dans laquelle se trouvent mentionnées
des observations faisant ressortir quelques-unes des causes qui peuvent
contribuer à la fornîation des monstruosités chez les oiseaux, ftl. Millet
rappelle que des observations analogues ont été faites en ce qui concerne
les poissons. Depuis (ju'on s'occupe de l'incubation artificielle çjes œufs
de poissons, dit-i|,on a remarqué que, dans les élevages, le nombre des
monstres est parfois assez considérable, et l'on a généralement attribué
ce fait à la fécondation artificielle. En réalité, il tient surtout aux se-
cousses que les œufs ont eu à subir, soit pour leur transport, soit pour
leur manipulation. D'oii l'utilité d'un emballage très soigné pour les
PROCÈS-VERBAUX. 59
expéditions à'de'grandes distances, et la nécessité de ne faire voyager les
œufs que quand ils sont déjà embryonnés, parce qu'à celte époque de leur
développement ils supportent mieux les secousses inévitables du trans-
port.
— M. Fornet fait remarquer que quand un œuf reste plusieurs jours
ou plusieurs semaines sans être remué, il perd assez rapidement sa vi-
talité ; mais que si cet œuf est remué soit tous les jours, soit tous les
deux ou trois jours, il peut être conservé pendant deux et trois mois, et
être mis ensuite en incubation. Les Poules ont bien soin de remuer leurs
œufs de temps en temps, et c'est ainsi qu'elles- amènent à éclosion la
presque totalité des œufs qu'elles couvent. Lorsque l'on conserve des
œufs dans de l'eau de chaux, si les œufs restent sans être remués, un
certain nombre d'entre eux deviennent impropres à l'alimentation, parce
que le jaune se colle à la paroi interne de la coquille. Aussi les mar-
chands ont-ils souvent l'ecours à l'emploi de cuves où, presque journel-
lement, un appareil à aubes remue les œufs dans l'eau de chaux.
— Au sujet des monstruosités observées chez les Poissons et attribuées
à la fécondation artificielle, M. Dareste rappelle que le terme monstruo-
sité comprend deux genres bien différents : la monstruosité simple et la
monstruosité double. Les monstres simples sont ceux chez lesquels il n'y
a qu'un seul corps embryonnaire. Les monstres doubles, beaucoup plus
rares, sont dus probablement à un état particulier du germe. Les mons-
truosités simples peuvent être produites par des causes inhérentes à
l'incubation; les monstruosités doubles sont vraisemblablement déter-
minées antérieurement à l'incubation, et pourraient bien tenir, comme
tendent à je faire admettre les observations récentes de M. Hermann
Faure, à un mode particulier de fécondation. Contrairement à ce qui a
été longtemps admis par les physiologistes, pour que le germe soit
fécondé, il suffit qu'un seul spermatozoïde pénètre dans l'œuf; dans les
conditions ordinaires, dès qu'il a pénétré, le chemin est barré aux autres.
Toutefois, il peut arriver que la modification de l'ovule qui ferme ainsi
l'entrée, ne se produisant pas assez rapidement, deux ou trois sperma-
tozoïdes s'introduisent dans l'ovule, et il se pourrait qu'il y eût là une
cause modifiant la constitution du germe et le rendant apte à produire
des monstres doubles. Peu|-être les monstruosités doubles constatées en
grand nombre chez les poissons produits artificiellement ne tiennent-elles
qu'à un procédé de fécondation artificielle qui ne réalise pas ce qui se
produit dans la fécondation naturelle.
— M. Fornet estime que les monstruosités par arrêt de développeirient
proviennent surtout des variations de la température, et surtout des va-
riations en plus. Dans l'incubation naturelle, la température varie extrê-
mement comme température en moins, mais jamais en plus. Dans les
appareils d'incubation, elle varie sensiblement en plus, et ces variations
ont été une grande cause d'insuccès pendant de longues années. Les
60 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
courants d'aii" chaud qui se produisent dans des incubateurs mal établi
ou mal dirigés amènent parfois la production de monstres par atrophie ou
par développement exagéré de certaines parties.
— M. Dareste dit qu'il n'attache aucune importance à savoir si ces
phénomènes sont des monstruosités ou des arrêts de développement.
L'emploi d'une chaleur trop forte lui a servi à produire un grand nombre
de monstruosités; mais il en a obtenu par beaucoup d'autres procédés,
'foules les fois, du reste, que les conditions de la production sont modi-
fiées, on arrive à produire des monstres.
— M. Latasle donne lecture d'une note sur le Dipodillus Simoni et
sur l'élevage de ce rongeur (voy. au Bulletin).
— M. le Président fait remarquer que l'acdiniation de cette espèce
en dehors de la captivité pourrait avoir des inconvénients, mais qu'en
captivité elle sera avantageuse pour un grand nombre d'expériences.
-- Il est offert à la bibliothèque de la Société :
1" Observations aur le règne végétal au Maroc, par P. K. A. Sehous-
boe, édition française-latine avec planches, par le docteur Bertherand.
Paris, imp. liaillière et fils, 1 vol. (L'Auteur.)
2" Dus ressources que la matière médicale arabe peut offrir aux
pharni'icopées françaises en Algérie, \)av\e docteur Bertherand (Extrait
de la Gazette médicale de l'Algérie) Alger, 1879, imp. A. Bourget, 1
broch. (L'Auteur.)
3° L'Eucalyptus au point de vue de l'Hygiène en Algérie, par le
docteur Bertherand. Alger, 1876, typ. V. Aillaud et C'«, 1 broch.
(L'Auteur.)
i" Le noyau de Dattes au point de vue des propriétés alimentaires,
thérapeutiques et industrielles, de la falsification du café. Alger, 1882,
imp. Fontana et C'*", 1 broch. avec planche. (L'Auteur.)
5° Le musc de Gazelle au point de vue des applications thérapeuti-
ques, par le docteur Bertherand. Alger, 1878, imp. V. Aillaud et C'%
1 broch. (L'Auteur.)
6» L'Arenaria rubra dans la gravelle et le catarrhe vésical, par le
docteur Berlherand. Alger, 1878, imp. Victor Aillaud et G'", 1 broch.
(L'Auteur.)
1" Conseils aux Arabes sur les végétaux dangereux de l'Algérie,
parle docteur Bertherand. Alger, 1879, imp. Victor .\illaudet C'% 1 broch.)
(L'Auteur.)
8° L'Aceras Anthropophora, par le docteur Bertherand. Alger, 1806,
imp. Paysan et C'% 1 broch. (L'Auteur.)
9" Le Bambou au point de vue des dessèchements, par le docteur
Bertherand. Alger, imp. Lavagne, 1 broch. (L'Auteur.)
Le secrétaire des séances
C. Baver ET- Wattel.
IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE
Le Colin de Virginie.
Le Colin Ho-oui ou de Virginie (Ortyx Virginianus) est originaire
de l'Amérique méridionale; son aire de dispersion est comprise entre
le Canada, les montagnes Rocheuses et le Mexique, mais on le rencontre
surtout dans le centre et le sud des États-Unis.
Cette espèce tire son nom du cri que le mâle fait entendre au moment
des amours, cri que les Nalchez ont traduit par Ho-oui, et les habitants
du Massachussett par Bob-AVhite.
Sédentaire dans le sud, le Colin Ho-oui est voyageur dans le nord,
d'oïl il émigré à l'automne.
Florent Prévost, ((ui, le premier en France, a tenté son acclimatation,
dit que le (]oliii Ho-oui est d'un tiers environ plus petit que la Perdrix;
il est, sous ce rapport, intermédiaire entre elle et la Caille.
La femelle, toujours un peu plus petite que le mâle, en diffère en ce
que toutes les parties noires chez celui-ci sont rousses chez elle ; la gorge
est aussi de cette couleur, mais beaucoup plus paie.
Le Colin Ho-oui vit ordinairement dans les champs entourés de buis-
sons, de haies épaisses, oîi il peut facilement se cacher lorsqu'il est
inquiété, et ne fréquente guère les terres cultivées, si ce n'est après la
récolte.
D'un naturel peu farouche, il se prête facilement à toules les tentatives
de domestication et d'acclimatation; il ne craint pas les grandes chaleurs
ni les froids même rigoureux.
n s'éloigne peu du lieu où il s'est fixé, à moins qu'il n'y soit contraint
par la faim; il arrive alors jusque dans les cours des fermes, se mêle aux
poules et partage leurs repas. « Si alors l'homme le reçoit avec hospi-
talité, dit Brehm, il passe toute la saison au voisinage de sa demeure;
il prend plus de confiance et arrive même parfois à devenir un animal
à moitié domestique. »
Le Colin Ho-oui est monogame. L'accouplement a lieu en avril, et
au commencement de mai, la femelle construit son nid sous un épais
buisson. Après avoir creusé en terre une dépression hémisphérique,
elle garnit ce trou de feuilles et d'herbes sèches, puis le recouvre en
ramenant en dôme les plantes qui croissent naturellement autour et en
ne laissant qu'une seule ouverture de côté.
Elle y pond de 15 à !2i œufs d'un blanc pur, qui éclosent au bout do
vingt-trois jours.
Les petits quittent le nid presque aussitôt après l'éclosion.
Une nouvelle ponte a lieu en juillet; la seconde couvée ^e réunit alors
à la première, et la famille ne se disperse (|u'au printemps suivant.
0:2 SOCIÉTÉ NATIONALK D'AGCLIMATATION.
•Le màle est très attaché à sa femelle et veille sur ses jeunes avec la
plus vive sollicitude.
Le Colin Ho-oui se nourrit de toutes sortes de graines, de baies et
de jeunes pousses de végétaux herbacés ; pendant la belle saison, il re-
cherche avec avidité les insectes, surtout les coléoptères.
En septembre et octobre, il se répand en grand nombre dans le voisi-
nage des plantations pour y chercher des semences.
En captivité, on lui donne du blé, du millet, de l'avoine ; il est très
friand de chènevis et mange beaucoup de verdure.
C'est un des gibiers les plus recherchés et les plus répandus aux États-
Unis. Cet oiseau se prend au filet et le plus souvent est apporté vivant
sur les marchés.
La chasse de ces Colins exige un tireur adroit, car ils ont le vol plsn
vif et plus inégal que celui de nos Perdrix grises ; la compagnie surprise '
s'élève perpendiculairement à quinze ou vingt pieds de haut, puis se dis-
perse de tous côtés; les oiseaux qui réussissent à gagner les arbres s'y
rasent et échappent ainsi aux regards, car ils ne font aucun mouvement
et on pourrait les tuer les uns après les autres sans que ceux qui restent
abandonnent la place.
Un couple de ces oiseaux remis par M. Florent-Prévost à M. Lory de
Fontenelle (Seine-et-Marne) s'est reproduit en 1816, Chez cet amateur,
ils avaient construit leur nid dans une luzerne sur la lisière d'un bois; une
compagnie de quatorze petits en naquit, mais ils disparurent et au prin-
temps suivant on n'en retrouva plus.
En 1828, deux couples lâchés par M. Florent-Prévost dans l'ancien
clos de Chalais (haras de Meudon) ne donnèrent aucun résultat.
Mais en 1837, deux couples remis par lui à M. deCossette, multiplièrent
tellement en Bretagne que pendant plusieurs années on put chasser le
Colin sur quelques terres de cette province.
Après les résultats si concluants acquis par M. Florent-Prévost nous
ne devons pas nous étonner des succès obtenus en 1853 et années sui-
vantes chez M. Coeffier à Versailles ; le rapport qu'il a présenté à la So-
ciété d'Acclimatation à ce sujet est plein d'intérêt (1).
C'est, du reste, une acclimatation accomplie depuis longtemps en An-
gleterre, surtout dans les comtés de Norfolk et Suffolk.
Au moment où on se plaint de la disparition de la Perdrix, il serait à
désirer que les essais de repeuplement se portassent sur cette espèce
qui se reproduit facilement, ne quitte guère ses cantonnements et assu-
rerait au propriétaire une chasse productive.
Jules Grisaud.
(i) Voy. Bull, mensuel delà Soc. imp. d'Acclimat.,ï8ho, p. 143.
FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESt^bisbÀNCE. Go
La Balsamiue géante couinie plante niellifèi*e.
Lettre adressée par M. de Behr, Président de l'Association allemande
de pisciculture, à M. Raveret-Wattel, secrétaire des séances.
« Berlin, "Il novembre 1882.
» Cher Monsieur,
» La Société d'Acclimalation s'intéressant à la propagation des végétaux
utiles, peut-être croira-t-elle devoir s'occuper d'une plante qui nie paraît
appelée à rendre des services aux apiculteurs par sa belle et abondante
floraison. Cette plante, c'est la Balsamine géante {Impatiens glandidi-
gera lioyle), concernant laquelle vous trouverez ci-joint une petite note,
et dont je vous expédierai prochainement de la graine.
» Sincèrement à vous,
» De Behr. »
Note. — « La Balsamine géante (Impatiens glanduligera, Royle, s. Imp .
Botjcli VValp.), bien que connue déjà dans les jardins botaniques, ne fut
signalée pour la première fois, comme plante utile pour les Abeilles,
qu'à l'Exposition apicole de Potsdam, en septembre 1881.
« D'aspect assez grêle, l'échantillon présenté laissait quelque doute sur
l'authenticité de l'espèce qu'on savait être de taille géante, d'après les
indications données à l'Académie royale par Walper. Les renseignements
très favorables fournis sur le compte de cette plante engagèrent M. de
Behr à en essayer la culture. 11 en remit de la graine à son jardinier,
M. Donau, qui sema en septembre dans des sillons de 4 à 5 centimètres
de profondeur, et distants d'environ 9 centimètres. Bien que peu abritée,
la graine résista bien à l'hiver et germa vigoureusement au printemps.
Quand le semis eut 3 ou 4 centimètres de hauteur et que les gelées de
la nuit ne furent plus à craindre, quelques pieds furent repiqués à peu
de distance d'un rucher. Vers le milieu de juillet, les Balsamines avaient
■i",50 de hauteur; c'étaient de belles plantes, vigoureuses, bien dévelop-
pées, couvertes de jolies fleurs rouges. De nouvelles branches se déve-
loppaient constamment, et, dès le commencement de septembre, les tiges
atteignaient de 2 mètres à 2"',50 de hauteur; les rameaux étaient longs
et forts à l'avenant. Pendant le jour, ces plantes étaient littéralement
couvertes d'Abeilles. Les fleurs se comptaient par milliers, et, néanmoins,
à certaines heures, il n'y avait pas une de ces fleurs qui n'eût un insecte.
Très ornementale, d'un superbe effet décoratif, la Balsamine géante peut
aussi devenir une ressource précieuse pour les Abeilles, à une époque
de l'année où ces insectes n'ont guèfe à leur disposition que le Chanvre,
car, en septembre, le Trèfle blanc n'a que peu de miel. »
04 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Vignes de Perse.
Extrait d'une lettre adressée à M. le Directeur du J:irdin zoologiquc d'Acclimatation.
Tauris, le 19 décembre 1882.
... J'ai confié au courrier de notre légalion, parti de Tauris le 12 de
ce mois, une quarantaine de plants et un certain noiubre de boutures de
Vignes de Perse, le tout en un paquet bien conditionné, qui a dii être
remis à Poti, à l'agence des bateaux-paquets de Marseille. Mon envoi est
composé de cinq espèces de Vignes : 1" Le « Cliabany » (royal), qui pro-
duit un raisin à gros grains dont on fait spécialeinent le vin rouge dans
cette province;
2" Le « Piiclie-Baba » (barbe de papa) blanc, dont le grain est long et
gros comme le pouce ;
3" Le « Askéry » (des troupes), raisin blanc sans pépins (invisibles à
l'œil nu); la peau en est si mince qu'il est difficile de l'égrener sans
l'écraser;
4." Le Kicbmicb, raisin blanc à petit grain sucré et très alcoolique ;
5» Le Sâhéby (du iriaître), raisin rouge foncé, plus délicat que le
Cbabany pour la table. D'après ces indications, il sera aisé de recon-
naître ces différentes espèces de raisins dès que les plants produiront.
J'ai joint à mon envoi un certificat établissant que la Perse est indemne
du l'iiylloxéra. Je serai très heureux. Monsieur le Directeur, si je par-
viens à introduire en France la Vigne de Perse, car elle produit Les
meilleurs raisins connus.
Je n'ai pu vous envoyer cette fois des Pêchers, notre courrier était
trop chargé; dès que les froids auront cessé, je vous en expédierai.
Quant aux animaux que vous désirez, ils ne sont pas difficiles à trouver,
excepté la Perdrix royale (Tétraogalle). qui est plus rare ici qu'à Téhéran ;
mais je cherche en vain le moyen de vous les envoyer; nos courriers
vont trop vite, ils les tueraient : il s'agirait de découvrir un voyageur
complaisant qui voulût bien prendre une pareille peine.
Veuillez, etc.
Bernay.
Consul de France.
Le gérant : Jui.es Grisard.
MoTTEr.oz, Adm.-Dirccl. des Imprimeries rcunies, A, rue Mignon, 2. Paris
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
NOTES SUR LE CANARD GASARKA
(ANAS CASARKA, DE Linné; TADORNA GASARKA, de Macgillivray;
GASARKA RUTILA, de Ch. Bonaparte)
Par M. le comte De MOIVTLEZUIVI
D'après Brehm le Canard Gasarka est originaire de l'Asie
centrale, qui doit être regardée comme le foyer de l'aire de
dispersion de ce palmipède. On le rencontre en Grèce et dans
le sud de l'Italie. On le remarque encore sur les lacs de
l'Egypte, dans la Tunisie, en Algérie et au Maroc. Gertaines
années il paraît qu'il est commun dans les Indes.
Le Ganard Gasarka a le bec, les pieds et les tarses noirs ;
la tête et le cou roux jaunâtre ; la base du cou, le dessus et le
dessous du corps roux rougeâtre avec couleur plus accentuée
et plus foncée sur la poitrine. Ses ailes sont blancbes et noi-
res, presque entièrement recouvertes par les plumes du
manteau et des flancs qui ne laissent paraître que les grandes
l'émiges qui sont d'un beau noir et partie des rémiges secon-
daires qui sont aussi noires, mais à reflet vert foncé ; ces
dernières forment ce que l'on appelle le miroir de l'aile. Le
croupion et la queue sont noirs.
La femelle est presque semblable au mâle, mais son plu-
mage est moins coloré, le dessus de sa tête est légèrement
gris et elle a la face blanche.
J'ai depuis l'an dernier un couple de Canards Gasarka qui
vivent dans une prairie bordée d'une pièce d'eau; la pièce
d'eau et la prairie sont entourées d'une clôture de la mon-
tagne noire.
Dès leur arrivée, ces oiseaux se trouvèrent en compagnie
d'un couple d'Oies du Canada et d'un couple de Canards de
la Caroline avec lesquels ils ne purent jamais sympathiser.
Lan dernier la femelle ne pondit pas ; je crus comprendre
3' SÉuiE, T. X. — Février 1883. 5
66 SOCIÉTÉ NATIONALE d'AGCLIMATATION.
que le déplacement et les fatigues d'un long voyage étaient
la cause de mon insuccès.
Mes Gasarka passèrent l'hiver en bonne santé, ils ne paru-
rent pas plus contrariés par les jours froids que par les cha-
leurs de l'été.
En 1882, dès le mois de janvier, j'avais remarqué quelques
accouplements; toutefois, je ne comptais guère sur des
résultats plus heureux que ceux de l'an dernier. Le mâle était
tellement rageur que je doutais de sa fécondité. Sa jalousie
était si grande qu'il ne pouvait supporter ni ses compagnons
de captivité ni les poules qui se hasardaient à franchir la
clôture de son parc.
Les Oies du Canada, à cause de leur grande taille, étaient
les seules respectées. Cependant on les voyait se hérisser
à leur approche et il ne leur manquait que la force pour oser
les attaquer.
J'ai dû, pour éviter une guerre continuelle et calmer la
mauvaise humeur du mâle, établir une division dans le parc,
pour les séparer entièrement de ses congénères.
Dès les premiers jours de mars, ayant remarqué que le foin
dont j'avais garni la niche était remué, je surveillai de près
mes oiseaux et ne tardai pas à m'apercevoir que la femelle
Gasarka y était entrée.
Le 26 mars, je trouvai dans la niche un œuf à peu
près semblable à celui d'un Canard ordinaire, peut-être un
peu plus gros. 11 était blanc, à coquille lisse, très légèrement
teintée de couleur paille. La ponte avait commencé; elle
continua à jour passé et dura jusqu'au 11 avril. Dès le pre-
mier jour de la ponte la femelle arracha son duvet pour
recouvrir ses œufs. 11 me fut facile de constater que la quan-
tité de duvet augmentait en raison directe du nombre d'œufs
pondus.
Le 41 avril, tous les œufs étaient entièrement recouverts
de duvet ou de plumes. A partir de ce moment, la couveuse
ne quitta plus son nid que pour aller manger. Elle se levait
deux et trois fois par jour et restait hors du nid une heure
environ, quelquefois plus. Un jour elle ne renira dans sa
LE CANARD CASAHKA. 67
niche que deux heures après en être sortie, ce qui me faisait
craindre qu'elle ne menât pas à bien sa couvée. Cependant je
pus reconnaître que le duvet empêchait le refroidissement des
œufs.
L'incubation a duré trente jours. Le vingt-neuvième jour
tous les œufs étaient piqués et le trentième jour les neuf
petits étaient sortis de la coquille. La couveuse les tenait soi-
gneusement recouverts de ses ailes, elle les a gardés dans la
niche pendant vingt-quatre heures, après quoi elle les a con-
duits à l'eau.
C'était plaisir de voir ces petits Canards recouverts de
duvet brun et blanc plonger et s'ébattre sur l'eau à la suite
de leur mère; on n'aurait jamais cru les voyant si alertes
qu'ils étaient nés de la veille. Pendant les quatre ou cinq
premiers jours les nouveau-nés se sont contentés de picoter
quelques petits insectes qui se trouvaient parmi les lentilles
d'eau : depuis ils se sont insensiblement accoutumés à manger
quelques mies de pain, quelques grains de petit millet ou de
panis. Je les ai nourris pendant quatre semaines avec de la
mie de pain, du petit millet, du panis et des lentilles d'eau.
Je ne leur ai donné ni œufs de fourmis, ni pâtées, ni produits
alimentaires; cependant le développement s'est effectué dans
les meilleures conditions et un mois après leur naissance les
plumes ont commencé à remplacer le duvet.
A l'âge de quarante jours, mes Casarka étaient entièrement
recouverts de plumes rougeâtres et teintées de gris dans la
région des ailes et du dos.
A partir de ce moment, je leur ai donné de l'avoine, du
blé, des graines de sorgho à balai.
Les ailes des Casarka se développent rapidement. Ils peu-
vent parfaitement voler à l'âge de soixante jours ; dix jours
plus tard ils ont leurs ailes entièrement développées.
On ne peut bien distinguer le sexe de ces oiseaux que
lorsqu'ils ont leur plumage d'adulte, c'est-à-dire avant la fin
de l'automne qui suit leur naissance.
DES PRODUCTIONS VEGETALES DU JAPON
Par le docteur Edouard îflÈIVE
{Suite)
En dehors de ces Lis qui étaient au jardin du Trocadéro,
les autres Lis japonais sont :
Le Lillum concolor de Salisbury (1), que les Japonais nom-
ment Hime-yuri comme le L. callosum, indiqué par Mi-
quel (2), par Franchet et Savatier (3). On le trouve cultivé
dans les jardins japonais de l'île de Nippon, principalement
dans les villes de Tokio et de Yokosi^a.
Le L. concolor est haut de 0"',cJ5àO"\50 ; sa tige est ronde,
grêle, glabre; ses feuilles alternes, lancéolées, sont plus larges
dans la partie supérieure de la plante; ses fleurs sont réunies
par 2-5 en ombelle terminale. Suivant M. Duchartrc (4), il
existe une variété à une seule tleur, que Link regardait comme
le type de l'espèce. Les fleurs dressées sont petites, campa-
nulées, largement ouvertes, nonrévolutées, de couleur rouge
minium, ou rouge clair uniforme, suivant M. Duchartre.
D'après MM. Franchet et Savatier (5), ces fleurs sont de cou-
leur jaune rougeâtre, marquées de points bruns à la base.
Le L. concolor a été apporté de Chine en Angleterre, en
1806, par Gréville. M. Leichtlin dans sa collection l'indique
comme une espèce distincte.
Le Lilium pulchellum de Fischer (6), joli petit Lis à fleur
solitaire dans la plante spontanée. Les folioles du périanthe
sont rapprochées en cloche et non roulées en dehors ; elles
sont de couleur rouge-tomate, parsemées intérieurement de
petits points foncés. Ces fleurs sont remarquables par la briè-
veté du style (7).
(1) Salisbury, Par«d., tabl. il.
(2) Miquel (F. A. W.), Proliisio florœ Japonicœ, p. 320.
(3) Franchet et Savatier, Enum., vol. II, pars 1, p. 65, n° 1895.
(4.) Duchartre, Jour, de la Soc. centrale d'hortic. de France, t. IV, p. 342-343.
(5) Franchet et Savatier, vol. 11, pars 1, p. 65, n° 1895.
(6) Hort. berol., 1834 et Animadv. botan,, tiécembrc 1839, p. 14.
(7) Duchartre, Jour, de la Soc. centrale d'hortic. de France, l. IV, p. 282, 4870.
" PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 69
MM. Franchct et Savatier, sur l'autorité de M. Maximowicz,
font du L. pulchellum une variété du L. concolor Salisb. (i).
MM. Koch (2) et Baker (3) le désignent comme une espèce
distincte.
Le L. pulchellum, qu'on trouve aussi dans la Chine sep-
tentrionale et en Sibérie, a été introduit en Russie, en 1834-,
par Raddi et y est cultivé depuis cette époque.
Le Lilium coridion de Siebold (4), mentionné par Franchet
et Savatier (5), noté dans le Phonzo-Zoufou (G) sous le nom
Kihime yuri.
Le Kihime yuri croît dans le Japon septentrional, d'où il a
été rapporté en Europe par Siebold en 1856. C'est une plante
haute de 0'",33, sa tige grêle, unie, glabre est garnie de nom-
breuses feuilles linéaires, de couleur verl-émeraude en des-
sus, blanchâtres en dessous ; une seule tleur terminale, petite,
deO'",04. au plus, dressée, campanulée, sans odeur, decouleur
jaune-citron en dedans, jaune plus clair en dehors. Etamines
courtes.
Avec une yoxiîiiQ parthenion Sieb. et de Vr., qui a été
introduite par Siebold en 1870 ; désignée dans le Phonzo-Zou-
fou il) sous le nom de Akal hime yuri (Lis des vierges).
Suivant le D' Savatier, la fleur de VAkai hime-yuri est rose
extérieurement et intérieurement à la base, et rouge vif su-
périeurement, sans macules.
D'après M. Duchartre (8) la fleur du L. parthenion est ter-
minale, solitaire; les folioles du périanthe longues de 0"',03,
larges de O^jOl, sont rouges avec la nervure médiane verte en
dehors, maculées çà et là de rouge sombre à l'intérieur.
(1) Franchet et Savatier, vol. II, pars I, p. 65, n" 1895.
(2) Karl Koch, Das Geschieht der LiLien {Wochenschrift fur Gœrtnerei und
Pflan^.enkunde, V, 1862, p. 301).
(3) Baker (J. G.), A neiv synopsis of ail ihe knoivn Lilies {GardenefsChronide,
12 août 1871, p. 1034).
(4) Siebold et de Vriese, Tuinbouw Flora, 2* partie, p. 341, avec pi. color.,
1855.
(5) Franchet et Savatier, vol. H, pars 1, p. 64, n" 1892.
(G) Phonzo-Zoufou, vol. 51 , fol. 23 recto.
(7) Ihid., vol. 51, fol. 23 verso.
(8) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 472-473.
70 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
M. Duchartre, de même que Siebold, que MM. Leichllin,
Franchet et Savatier, considère le L. coridion comme une
espèce distincte et indique le L. parthenion comme une va- '
riété du L. coridion.
M. Baker (1) regarde le L. coridion Qi]e L. parthenion
comme deux variétés du L. concolor Salisb.
Le Lilium avenaceuni de Fischer, espèce décrite par
M. Maximowicz (2), marqué par M. Leichtlin dans sa collec-
tion comme espèce distincte et remarquable, qu'on rencontre
au Japon de même que dans les îles Kuriles et Sachalin, dans
la Mandchourie et le Kamtschatka.
Le L. avenaceum a des feuilles assez larges, lancéolées,
disposées en verticilles. Suivant M. Duchartre (3), la fleur, de
grandeur moyenne, a les folioles du périanthe peu révolutées
et plutôt réfléchies dans leur partie supérieure, elle est de
couleur rouge-ponceau, quelquefois orangée, elle est parse-
mée de macules foncées.
Le Lilium medeoloides d'Asa Gray (4), de Miquel (5), de
Franchet et Savatier (0) ; Kuruma-yuri, suivant le Somoku-
Dusets il) elle Phonzo-Z ou fou (8),
Le Kuruma-yuri croît dans les champs des régions mon-
tagneuses du Japon, et il tleurit en août. On le trouve dans
les parties centrale et septentrionale de l'île de Nippon et dans
l'île de Yeso où il a été observé, près de la ville d'Hakodate,
par Ch. Wright.
Avec une variété obovata, qui, suivant le D' Savatier (9),
fleurit de juillet à août et est cultivée dans les jardins ja-
ponais-
(1) Baker {i.G.], A new synopsis ofaLl the Knoivn Lilies {Gardener's Chronicle,
i2 août 1871, p. 1034).
(2) Garlenflora, p. 290-292, pi. 485, 1865.
(3; Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 282.
(4) Gray (Asa), On the Botany of Japan {Mémoires de l'Académie améri-
caine des arts et sciences, nouvelle série, t. VI, p. 415, 1857).
(5) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p." 320.
(6) Franchet et Savatier, vol. Il, pars 1, p. C3, n" 1891.
(7) Somoku-Diisets, vol. V, p. 51, n" 77.
(8) Phonzo-Zoufou, vol 51, fol. 18.
(9) Franchet et Savatier, vol. II, pars 1, p. 63, n" 1891.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 71
La tige du Kuriima-yuri est glabre, nue inférieurement,
garnie supérieurement de feuilles réunies en faux verlicille,
lancéolées, étroites; la fleur est souvent solitaire; quelque-
fois, il y en a 2 ou "3; elles sont petites, d'un rouge-brique
ou rouge-orange, avec des macules foncées.
Dans la variété obovata, les feuilles sont obovales et les
fleurs identiques.
M. le D' Savatiei- dit que le L. medeoloides d'Asa Gray, qui
croît dans l'île de Yeso, est semblable au L.ai'ewaceitm Fischer,
recueilli par lui et par M. Maximowicz dans les Alpes de
Niko.
D'après M. Duchartre (1), le L. medeoloides est considéré
par M. Kocli comme identique au L. maculalum.
Le Lilium alternans, importé du Japon par Siebold, en
1869, que M. Max Liechtlin indique dans sa collection comme
espèce distincte,
M. Duchartre (2) ne considère pas les caractères indiqués
par Siebold comme suffisants pour donner une certitude d'es-
pèce ou de variété. 11 décrit ce lis comme ayant des feuilles
nombreuses, linéaires, lancéolées. Les fleurs qui se montrent
dans le courant de juillet, sont nombreuses (une quinzaine
environ), dressées, non révolutées, de couleur orange foncé,
avec des taches jaunes et des stries brunes vers la base des
folioles du périanlhe (3).
Le Lilium testaceum de Lindiey (A), de Franchet et Sava-
tier (5), ou L. habellinum de Kunze (6).
Pour M. le D' Savatier, son origine est douteuse et il n'est
peut-être qu'une des nombreuses formes horticoles du L.
speciosum.
M. le D' Regel (7), directeur du Jardin botanique de Saint-
Pétersbourg, le regarde comme originaire du Japon. 11 en est
(1) Duchartre, Journal de la Société centrale lïhorticuUure de France, t. V,
p. 273.
{■!) Ibid., t. IV, p. 474.
(3) Ibid., t. IV, p. 473.
(4) Lindiey, IM. reg., 1842, n» 7 ; Mise, n" 51, 1843, tabl. II.
(5) Franchet et Savatier, voL II, p. 08, ii" VMO.
(6j Kuiizo (('•■), Botanische Zeitunij, 1843, l, p. GUO.
(7) Gartenflora, XI, 18G2, p. 2-3.
72 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
de même de M. Ducharlre(1)et deM. Leichtlin, qui l'indiquent
comme Lis japonais et comme espèce bien distincte.
Il est difficile d'affirmer s'il vient spontanément au Japon,
mais il y est certainement cultivé dans les jardins.
Le Lilium testaceum a une hauteur de 1 à "S mètres, sa tige
est arrondie, glabre, nuancée de rouge et de vert ; ses feuilles
nombreuses, alternes, sessiles, petites, sont bordées de poils
blanchâtres; plusieurs fleurs (3 à 6), grandes, pendantes à
l'extrémité d'un long pédoncule, non revolutées, de couleur
nankin, plus foncées en dedans, plus claires en dehors, ponc-
tuées; pollen rouge orangé.
Le Lilium Fortunei de Lindley (2), mentionné par Mi-
quel (3), par Franchet et Savatier (4), nommé au .lapon Ské-
yuri d'après le Phonzo-Zoufoui^).
Suivant M. Duchartre (6), ce lis est haut de 0'",50; ses
feuilles sont alternes, linéaires, étroites ; la fleur solitaire est
de couleur rouge orangé jaune, elle est maculée de brun
foncé.
D'après M. Koch (7), cette espèce est voisine du L. pul-
chellum Fischer, sinon identique avec lui.
Le Lilium Thimbergianum de Rœmer et Schultes (8), de
Miquel (9), de Franchet et Savatier (10), nommé d'abord par
Thunberg L. Philadeljjhicim{H), puis L. bulbiferum (12),
(I) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 478, 1870.
(-2) Lindley, Gardener's Chronicle, 1862, p. 212.
(3) Miquel. (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 321.
(4) Franchet et Savatier, vol. II, pars 1, p. 65, n" 1894.
(5) Phonzo-Zoufou, vol. Ll, fol. 2, verso.
(fi) ])ucharlTc, Journal delà Société centrale d'Jiorticulturede Fra7ïceM\ ,ïi.i80.
(7) C. Koch, Wochenschrifl fàr Gœrtnerei und Pflanzenkimde {Bulletin
hebdomadaire d'horticulture et de hotayiique), V, 1862, p. 301.
(8) Rœmer et Schultes, Syst. Vil, p. 415.
(9) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 319.
(10) Franchet et Savatier, vol. 11, pars 1, p. 69, n° 1902.
(II) Thunberg, Flor. Jap., p. 133.
(12) Thunberg, Transactions of Linnean Society, II, p. 33.
M. Baker, dans son ouvrage sur les Lis {A neiv Synopsis of ail the known
Lilies), publié dans le Gardener's Chronicle, 12 août 1871, p. 1034, fait du L.
Thunberg ianum, une sous-espèce du L. bulbiferum, sous le nom de L. bulbi-
ferum Thunbergianum, avec les nombreux synonymes et les formes indiquées,
par M. Duchartre {Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 353).
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 73
ensuite L. eleqans{\) désigné dans le Sàmoku-Dusets {^) sous
les noms de Natsu-sukashi-yuri, de Haru-sukashi-yuri et de
Hiratori-ynri, marqué dans le Phonzo-Zoufon (3) sous les
noms de Skachi (forme des jardins, variant de couleur) et de
Hogaku (à fleurs semi-doubles).
Le L. Thunhergianum a une tige simple, de 0"',30 de haut,
de nombreuses i'euilles alternes, lancéolées, sessiles, n'ayant
pas de bulbilles à leur aisselle ; il donne en juillet une seule
fleur, dressée, campanulée, jaune rougeâlre orangé, sans ma-
cules ou à macules peu apparentes. On le rencontre dans les
champs, principalement dans l'île Parry. 11 existe aussi dans
l'île de Nippon et est commun aux environs de la ville de Yoko-
hama, où ses bulbes comestibles sont employés dans la nour-
riture japonaise.
M. Maximowicz a décrit une forme plus robuste : leL. Thun-
hergianum venustum ou L. venustum de Kunth, qui porte au
sommet de la tige S-A fleurs en ombelle. Ces fleurs sont de
couleur abricot avec des macules noires.
Cette forme fleurit en juillet sur les collines de l'île Parry,
où elle spontanée, ainsi que dans la partie septentrionale de
Tîle de Nippon et dans l'île de Yeso.
M. Duchartre (4), à l'exemple de Siebold qui a introduit le
L. venustum de Kunth au Jardin botanique de Gand, regarde
le L. venustum comme une variété du L. Thunhergianum .
Le Lilium Thunhergianum est fréquemment cultivé dans
les jardins d'Europe, et on en a fait un certain nombre de va-
riétés, de couleur rouge, pourpre, rouge vif, jaune, jaune
d'or. Parmi ces variétés sont :
Le L. fulgens (5) de Gh. Morren, formé par plusieurs va-
riétés que Siebold avait désignées sous les noms deL. Thunh.
atro-sanguineum et L. Thunh. atro-sanguineum-macula-
(1) Thunberg, Mémoires de V Académie des sciences de Saint-Pétersbourg,
1811, p. -202, iig. 2.
(2j Sàmokii-Dusets, vol. V, p. 49, n" 66, 67, 68.
(3) l'honzo-Zoïifoti, vol. LI, fol. 14 verso et fol. 16 recto.
(4) Duchnrtrn, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 351-352, 1870.
(5) Ch. Morren, Note sur les Lis du Japon.
74 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
tum, noms sous lesquels ils sont désignés dans les catalogues
de M. Van-Houtte.
LeL. aurantiaciim (1).
Le L. forniosiim (2).
Le L. sanguineum (S).
Le L. fulgens var. staminosum (4-) à fleurs de couleur
orangé rouge, à points brun noir et plus ou moins semi-
doubles. M.Max Leiclitlin a obtenu une variété à fleurs doubles
{L. Th. flore pleno) qui est plus belle et plus double que le
L. fulgens var. staminosum.
M. Duchartre (5), à l'exemple de Siebold et de M. Koch (6),
considère qu'il n'y a pas lieu de les regarder comme des es-
pèces distinctes, mais seulement comme des variétés du L.
Thunbergianum. Siebold, dans ses catalogues, indiquait
46 variétés du L. Thunbergianum. Suivant M. Duchartre,
M. Max Leichtlin en a ajouté A.
On doit aussi, d'après M. Duchartre (7), considérer comme
des variétés du L. Thunbergiamim, les lis répandus dans le
commerce par M. Grœnewegen, d'Amsterdam, et par M. Kre-
lage, de Harlem, sous les noms de Kikak, de Kimi-gaya, de
la-Ethal, de Sy-yets, de Fiu-kwama et de Fekinata.
Le Lilium Wilsoni Ilort., belle plante japonaise, connue
sous le nom de L. Thunbergianum par dinum^ qui, d'après
M. Koch (8), a été trouvé chez un amateur anglais, M. Wilson.
M. Leichtlin, dans sa collection, l'indique comme espèce
distincte et remarquable. D'après cet amateur distingué et
d'après M. Duchartre (9), IcL. Wi^.som atteint 1 mètre à 1™, 33
(1) Paxt, Magaz. of bot.. VI, 1839, p. l27-l!28.
(2) Versch, Illust. Iiort., 1865, pi. 459.
(3) Lindley, Bot. reg., 1846, pi. 56.
(4) Ch. Lemaire, lllustr. hort., 1864, pi. 422.
(5) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 350.
(6) Karl Kocli, Woclienschrift fur Gœrtnerei und Pflanzenkunde {Bulletin
hebdomadaire d'horticulture et de botanique), 1865, p. 99.
(7) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 353.
(8) Koch, Wochenschrift fïtr Gœrtnerei und Pflamenkunde, n" 18, 1870,
p. 144.
(9) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 486.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 75
de liant; ses feuilles sont elliptiques ; ses fleurs nombreuses,
qui peuvent aller jusqu'à 20, forment une ombelle; elles sont
grandes et larges de O'^^ à 0™,14, dressées, campanulées,
de couleur rouge orangé, ou rouge brique, avec des points
brun noirâtre, très nombreux ; chaque foliole du périanthe
offre sur sa partie médiane une bande jaune.
Le Lilium tigriîium Gawler (1), qu'on trouve désigné par
Kaempfer (2), par Miquel (3), par Franchet et Savatier (4),
classé dans le Sdnioku-Dusets{5) et dans le Phonzo-Zoufou (6)
sous le nom de Oni-ijuri; très commun dans les îles de Nip-
pon et de Yeso. Il est difficile de préciser s'il y est spontané.
D'après \eSàmoku-Dusets, on le rencontre dans les montagnes.
M. le D"^ Savatier ne l'a trouvé que cultivé dans les jardins
japonais, où il a des variétés horticoles assez nombreuses ; le
Phonzo-Zotifou n'en donne qu'une, à fleurs doubles, qu'il
donne sous le nom de Yaï e tenko (7).
Le Oni-yuri est très rustique ; il a 1 à 2 mètres de haut ;
sa tige est arrondie, brunâtre, poilue ; les feuilles sont garnies
de bulbillcs noirâtres à leur aisselle vers le haut de la tige. Ces
feuilles sont alternes, sessiles, assez larges, lancéolées, elles
ont 5-7 nervures médianes. M. Duchartre (8) décrit les fleurs de
ce beau lis ; elles sont nombreuses, jusqu'à 15, en grappe ter-
minale, larges, révolutées, pendantes, sans odeur, de couleur
jaune ou d'un rouge orangé, maculées de brun rouge noirâtre.
Les bulbes comestibles du Lis tigré sont mangés par les
Japonais, cuits, bouillis et confits.
Le Oni-yuri est recherché pour l'ornement des jardins et
des habitations. 11 est fréquemment représenté sur les pein-
tures, les porcelaines, les émaux cloisonnés, les laques et les
broderies en soie.
(1) Gawler, Botanical Magazine, tabl. 1237.
(2) Kaempfer, Amœnilales exoticœ, 5e fasc, p. 871, 1712.
(3j Miquel (F. A. W.), Proludo florœ Japonicœ, p. 320.
(4) Franchet et Savatier, vol. II, pars 1, p. 60, n° 1898.
(5j Sàmohi-Dusels, vol. V, p. 49, n°» 03 et 64.
(6) Pliomo-Zoufou, vol. Ll, fol. 10 recto.
(7) Ibid., vol. Ll, 11 recto.
(8) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de france, i. IV,
p. 476.
76 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
Le Lilium tigrinum Gawl. a été introduit en Europe,
en 1804, par le capitaine anglais Kirckpatrick.
Depuis cette époque, on en a obtenu un certain nombre de
variétés. M. Leichtlin, en 1870, possédait dans sa collection:
Le L. tigrinum Gawler et ses variétés suivantes :
LU. tigr. Fortunei.
LU. tigr. erectum.
LU. tigr. foliis variegatis.
LU. tigr. flore pleno, dont les fleurs doubles sont remar-
quables.
Lit. tigr. splendens Leichtlin, plus robuste, plus florifère
que le type, à fleurs plus amples et à nuances plus vives (1).
A l'exposition de Nancy (2), M. Galle avait exposé plusieurs
sujets de L. tigrinum Gawl., ayant passé l'hiver à l'air libre.
Le Jardin d'Acclimatation du Bois de Boulogne possède le LiL
tigriîium Gawl. et le LU. tigr. flore -pleno.
Le Japon produit aussi une espèce voisine, le Lilium pseu-
do-tigrinum de Carrière (3), qui a été envoyé de Chine au
Muséum d'histoire naturelle de Paris.
D'après M. Max Leichtlin, ce lis est originaire des îles Liu-
Kiu. Il a 1 mètre de haut, ressemble au L. tigrinum Gawl. ;
sa tige est verte, légèrement tigrée, garnie de poils blancs. Il
ne produit pas de bulbillesà l'aissefle des feuilles. Ces feuilles
sont alternes, nombreuses, rapprochées. Les fleurs sont hori-
zontales à l'extrémité d'un pédoncule garni d'une longue
bractée; elles sont bien ouvertes, révolutées, d'un rouge mat
avec des points et des macules de couleur foncée à l'intérieur.
C'est une plante très rustique.
Le lis désigné dans le Sàmoku-Dusets (4) sous le nom de
Ko oni yuri est le L. Maximowiczii de Regel (5), espèce voi-
sine de L. tigrinum. Suivant MM. Franchet et Savatier (G), il
(1) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 4-76.
(2) Catalogue de l'exposition de Nancy, p. 61, n" 1658, 1880.
(3) Revue horticole, I, novembre, p. 411-412, 1867.
(4) Sàmoku-Dusets, vol. V, p. 49, n» 64.
(5) Supplem. ad ind. sem. hort. Petrop., 1866-1867, p. 26. Gartenflora, 1868,
p. 322, pi. 596.
(6) Franchet et Savatier, vol. Il, pars 1, p. 65-66, n° 1896,
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 77
s'en distingue par ses feuilles plus étroites, dépourvues de
bulbilles à leur aisselle. D'après M. Duchartre (1), ses fleurs
sont grandes, révolutées, ondulées, colorées en beau rouge
écarlate ou orangé, marquées dans leur partie inférieure de
points ovales de couleur pourpre noir.
Le Ko ont yuri, à l'état spontané, est uniflore ; la forme
cultivée dans les jardins est plus robuste et pluriflore. Il fleurit
en août dans les parties herbagées des montagnes. M. Maxi-
mowicz l'a trouvé dans l'ile de Kiusiu, aux environs de la ville
de Nagasaki. M. le D' Savatier l'a rencontré dans l'île de Nip-
pon, sur les montagnes d'Hakone et dans la province de Sa-
gami. Le Ko oni yuri a été introduit en Europe par M. Maxi-
mowicz au Jardin botanique de Saint-Pétersbourg.
Quant au Lilium Leichtlini de Hooker (2), mentionné par
MM. P'ranchet et Savatier (3) comme une espèce très voisine
des LU. tigrinum et Maximowiczii, il est indiqué dans le
Phonzo-Zoufou (4) sous le nom de Hirato-yuri.
On le trouve sur les collines herbagées de l'île de Nippon,
principalement au pied du volcan Fudzi-yama.
Le Hirato-yuri^ qui a été dédié par DallonHookeràM. Lei-
chtlin, a 1 mètre de haut ; sa tige est glabre, ses feuilles
alternes, sessiles, linéaires, lancéolées, un peu velues à la
base (5). La fleur est solitaire, il y en a quelquefois cependant
2 ou 3, pendantes, révolutées, de couleur jaune-citron, par-
semées à l'intérieur de nombreuses mouchetures pourpres ou
noirâtres.
Le Lilium tenuifolium de Fischer (6), qui croît au Japon,
de même que dans la Sibérie méridionale.
Ses feuilles sont linéaires, ses fleurs sont réfléchies, révo-
lutées, de couleur rouge, non ponctuées.
(1) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, l. IV,
p. 4S4-485.
(2) Bolanical Magazine, novembre 1867, pi. 5673.
(3) Fr.incliet et Savatier, vol. U, pars. 1, p. 65, n" 1807.
(4) Phonzo-Zoufou, vol. LI, fig. 10 verso.
^5) Durliartre, Journal de la Société centrale dlio ticuUure de France, t. IV,
p. 484-485.
(6) Fischer, Ind. pi. hort. Gorenk, p. 8, 1812.
78 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
M. Leichllin le marque dans sa collection comme une es-
pèce très nette. îH
M. Duchartre (1), de même que M. Leichllin, regarde comme
une variété de cette espèce le Lis introduit du Japon par
Siebold, en 1856, sous le nom de L. punicetim, cédé par lui
à M. Krelage (2) à Harmle. Ce lis est plus fort et ses fleurs, qui
se montrent en mai, sont plus nombreuses et peuvent aller
jusqu'à 15. ! ■'■.■n 'siii.i) i,
Le Lilium callosum : Hime-yuri (S) de Siebold' et Zucca-
rini (4), mentionné par Miquel (5), par Franchet et Savatier (6),
ou L. pomponium de Thunberg (7).
D'après Kaempfer(8) et Siebold, \e H ime-yuri est fréquent,
à l'état sauvage, dans les régions montagneuses, peu boisées
du Japon, à une altitude de 165 à 650 mètres. M. Maximo-
wicz dit qu'il est communément cultivé dans l'île de Kiusiu,
aux environs de la ville de Nagasaki.
Les Japonais utilisent dans leur nourriture les bulbes co-
mestibles du L. callosmn et les mangent cuits, bouillis et
confits. Ils retirent de ces bulbes une fécule blanche qui était
représentée dans l'Exposition par des bocaux remplis de cette
fécule en morceaux (classe 69, céréales, produits farineux et
leurs dérivés) du département d'Iwaté, province de Rikuchiu.
Le Hime-yuri (Lis mignon) que les Japonais nomment
souvent Yama-yuri (Lis de montagne) vient aussi en Chine,
où il est connu sous le nom de Santan. Il est fréquemment
cultivé dans les jardins japonais et il est alors plus vigoureux
qu'à l'état sauvage.
Sa tige simple, arrondie, s'élève jusqu'à 1 mètre; sesfeuilles
sont alternes, étroites, aiguës, de couleur vert clair.
(1) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, 1. 1\',
p. 282.
(2) Annales d'horticulture et de botanique ou Flore des Pays-Bas, p. 23,
1861.
(3) Sômoku-Dusets, vol. V, p. 49, n" 65.
(4) Siebold et Zuccarini, Flora /a/^onica, p.. 86, tabl. 41, 1835.
(5) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 320.
(6) Franchet et Savatier, vol. II, pars. 1, p. 65, n° 1893.
(7) Thunberg, Flora Japonica, p. 134.
(8) Kaempfer, Amœnitates exoticœ, fasc, 5, p. 871, 1712.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 79
Ses fleurs, au nombre de six à dix, sont disposées en grappe
terminale; elles sont légèrement pendantes, leur pédoncule
sort de l'aisselle de deux bractées inégales s'épaississantàleur
sommet en une callosité qui a fait donner à ce lis le nom de
Callosum (1). Elles sont d'un rouge vif, parsemées de
points d'un rouge foncé.
M. Geoffroy Saint-Hilaire a reçu directement du Japon pour
le Jardin d'Acclimatation du Bois de Boulogne, dans le cou-
rant de l'année 1882, un album représentant les fleurs admi-
rablement peintes de vingt-quatre lis japonais, en même
temps qu'une collection des bulbes de ces lis, se rapportant
comme numéros, aux numéros identiques de l'album.
M. Geoffroy Saint-Hilaire les a fait planter par M. Palry, jar-
dinier en chef du Jardin. D'après les renseignements qui
m'ont été donnés par M. Patry, très peu de ces lis ont réussi
en 1882.
Len"2a fleuri régulièrement et a donné, en juillet, une
belle fleur, terminale, de 10 centimètres de large, dressée,
campanulée, à divisions du périanthe plutôt pliées que révo-
lutées, d'un beau rouge pourpre uniforme, sans macules en
dedans, d'un rouge clair à l'extérieur.
Le n" 4 a donné une petite fleur campanulée, à extrémités
des folioles du périanthe pliées, d'un beau jaune à l'inté-
rieur, avec des points rouges disséminés, de couleur jaune
clair en dehors.
Le n" 9 a produit, en juillet, un grand lis blanc, lavé de
vert clair à l'extérieur dans la partie s'attachant au pédon-
cule, tubulé, médiocrement ouvert, non ré volute.
Le n" 15 a fourni une belle fleur de 10 cenlimètres de large,
campanulée, largement épanouie, révolutée, jaune, avec des
macules rouge foncé en dedans, de couleur jaune clair sur
la face externe.
Len°24 a avorté.
Les autres lis n'ont pas réussi.
Les vingt-quatre lis figurés dans l'album japonais envoyé
(1) Duchartre, Journal de la Société centrale d'Iiorticullure de France, t. IV,
p. 349.
80 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION,
au Jardin d'Acclimatalion du Bois de Boulogne, peints, dans
leur grandeur normale et avec leurs véritables nuances, sont
les suivants (1):
N" 1. Lis à tige ronde, glabre, de couleur verte, à feuilles
sessiles, alternes, allongées, d'un vert clair en dessus, d'un
vert jaunâtre en dessous. Pleur de 18 centimètres de large,
portée sur un pédoncule assez long, horizontal, largement
ouverte, ondulée, révolutée, d'un blanc légèrement rosé,
parsemée en dedans de gros et nombreux points pourpres,
avec une large bande médiane d'un jaune uniforme; étamines
à grosses anthères de couleur rouge brique , large pistil
vert clair. Le bouton de la fleur, gros, long, renflé à sa partie
moyenne, d'un blanc rosé dans le milieu et vers la pointe,
blanc lavé de vert près du pédoncule.
N° 2. Lis à tige ronde, glabre, vert jaunâtre; à feuilles
sessiles, disposées supérieurement en verticille, linéaires,
d'un beau vert en dessus, vert jaunâtre en dessous; fleur
terminale, dressée sur un pédoncule assez gros et assez court,
de 13 centimètres de large, campanulée, à divisions du
périanthe plutôt pliées que révolutées dans leur tiers supé-
rieur, d'un beau rouge pourpre foncé, en dedans avec une
nervure médiane d'un rouge plus clair, d'un rouge moins
foncé à l'extérieur. Étamines rougeâtres ; gros pistil dépas-
sant peu les étamines.
N" 3. Lis à tige ronde, glabre ; à feuilles sessiles, alternes,
étroites, linéaires, vert clair en dessus, vert jaunâtre en des-
sous; deux fleurs à l'extrémité supérieure de ia tige, dressées,
portées par un pédoncule de grosseur moyenne, campanu-
lées, révolutées, de 12 centimètres de large, de couleur rouge
orange ou rouge tomate, uniforme en dedans et en dehors,
un peu plus foncé au centre, sans macules. Anthères de cou-
leur rouge pourpre ; pistil rougeâtre.
Le bouton de la fleur, ovale, de couleur rouge clair.
N° 4. Petit lis à tige ronde, glabre ; feuilles sessiles, verti-
cillées supérieurement, linéaires, étroites, peu longues; fleur
(1) J'ai suivi dansTénumération l'ordre des numéros indiqué dans l'album.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 81
terminale de 6 centimètres de large, dressée, campanulée,
légèrement pliée à l'extrémité de chaque foliole du périantlie,
d'un jaune clair uniforme à l'extérieur, d'un jaune plus foncé
en dedans, avec des points nombreux, disséminés, de cou-
leur rouge brique ; étamincs à anthères rougeâtres assez
longues.
N° 5. Beau lis à tige jaune verdâtre, ronde, glabre, à feuilles
sessiles, alternes, linéaires, peu nombreuses; fleur de 13 cen-
timètres de long sur 15 centimètres de large, horizontale, sur
un pédoncule de 9 centimètres de long, campanulée, pliée à
l'extrémité des folioles du périanthe, d'une belle couleur rose
carmin, uniforme, sans macules, plus foncée en dedans qu'en
dehors; étamines courtes, rapprochées, à anthères de couleur
rouge brique.
N" 6. Magnifique lis, à tige ronde, glabre, ta feuilles ses-
siles, alternes, nombreuses, assez larges, obovales, réguliè-
rement espacées dans la hauteur de la tige, d'un beau vert
foncé en dessus, jaunâtres en dessous; à fleurs de il centi-
mètres de large, obliques sur im pédoncule de 6 centimètres
de long, largement ouvertes, révolutées, ondulées, d'un blanc
rose extérieurement, blanc en dedans, carminé vers le
milieu, parsemées de gros points nombreux de couleur car-
min foncé; longues étamines à anthères de couleur rouge
brique; long style verdâtre. Le bouton de la fleur, de couleur
blanc verdâtre, lavé de rose vers la partie médiane.
N" 7. Joli lis cà tige assez grosse, ronde, glabre; à feuilles
sessiles, alternes, obovales; fleurs terminales de 12 centimè-
tres de large, obliques sur un pédoncule grêle de 7 à 8 cen-
timètres de long, largement ouvertes, ondulées, révolutées,
d'un blanc pur, parsemé en dedans de gros points blancs
plus foncés ; longues étamines à anthères, de couleur rouge
brique; style dépassant de beaucoup les étamines.
Le bouton de la fleur est blanc lavé de vert clair.
'N" 8. Lis à lige ronde, glabre, à feuilles alternes, sessiles,
linéaires, allongées, les inférieures plus larges que les supé-
rieures ; à fleurs terminales, dressées, de 12 centimètres de
large, doubles, très largement épanouies, révolutées, de cou-
3' SÉRIE, T. X. — Février 1883. 0
82 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
leur jaune orangé, ou rouge tomate, parsemées en dedans
de nombreux et gros points rouge brun.
Le bouton de la fleur, presque rond, de couleur rouge
abricot, maculé de rouge brun.
N" 9. Lis à ti^e ronde glabre, feuilles peu nombreuses,
alternes, pétiolées (les pétioles plus courts dans les feuilles
supérieures que dans les inférieures), en forme de cœur, de
couleur vert clair en dessus, vert jaunâtre en dessous ; deux
fleurs terminales, allant en sens opposé, horizontales, tubu-
lées, les extrémités des folioles du périanthe légèrement
repliées sans être révolutées, médiocrement ouvertes, de
couleur blanche, légèrement lavée de vert extérieurement
dans le quart de la longueur, près du pédoncule.
N° 40. Petit lis, à feuilles sessiles étroites, linéaires, nom-
breuses, rapprochées, d'un beau vert en dessus, vert jaunâtre
en dessous, fleur terminale, dressée, de 8 centimètres de
large, campanulée, non révolutée, simplement pliée à chaque
extrémité des folioles du périanthe, assez largement ouverte,
de couleur rouge clair en dehors, de couleur rouge lie de vin
à l'intérieur, parsemée de points noirâtres.
NMl. Beau lis à tige ronde, glabre; à feuilles sessiles,
nombreuses, verticillées, assez longues, vert clair en dessus,
vert jaunâtre en dessous ; fleurs terminales semi-doubles, de
14 centimètres de large, dressées, campanulées, non révolu-
tées, pliées aux extrémités des folioles du périanthe, de cou-
leur rouge clair à l'extérieur, d'un beau rouge pourpre
uniforme en dedans, sans macules, ayant au milieu seize à
dix-huit prolongements rougeâtres bordés de blanc, et treize
filaments blancs grêles ; long style verdâtre.
N° 15. Large et beau lis à grosse tige ronde, glabre ; à
feuilles sessiles, assez nombreuses, verticillées dans la partie
supérieure de la tige ; fleur terminale de 14 centimètres de
large, dressée, campanulée, non révolutée, ayant les extré-
mités des folioles du périanthe repliées, d'une belle couleur
pourpre velouté, uniforme en dedans, sans macules, rouge
clair à l'extérieur ; étamines à grosses anthères de couleur
chocolat ; fort style rougeâtre.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 83
N" 13. Beau lis à tige arrondie, glabre; à feuilles nom-
breuses, sessiles, petites, linéaires, de couleur vert clair en
dessus, vert jaunâtre en dessous; fleurs de 10 à 12 centimè-
tres de large, obliques sur de longs pédoncules grêles, large-
ment ouvertes, révolutées, ondulées, d'une jolie couleur
abricot foncé ou jaune orangé, avec une nervure médiane
orangée, parsemées de gros points rouge pourpre, très nom-
breux, de couleur rouge orangé clair à l'extérieur; étamines
à grosses anthères de couleur rouge brique ; long style dépas-
sant de beaucoup les étamines.
Le bouton de la fleur ovale allongé, de couleur rouge
orangé, lavé de vert.
N" 14. Lis cà grosse tige ronde, glabre, vert jaunâtre, à
nombreuses feuilles alternes, sessiles, assez larges, obovales ;
fleurs de 14- à 15 centimètres de large, bien ouvertes, peu
révolutées, plutôt pliées, de couleur blanche avec une bande
jaune clair de 1 centimètre de large sur le milieu de la face
interne de chaque foliole du périanthe qui est parsemée de
gros et nombreux points jaunes de la môme nuance que la
bande ; étamines courtes, à grosses anthères de couleur
rouge brique; large style verdâtre.
Le bouton de la fleur blanc lavé de jaune dans la moitié dé
sa longueur près du pédoncule.
NMô. Lis à tige assez grosse, à feuilles alternes, sessiles,
nombreuses, étroites, allongées; à fleurs de 0,10 à 0,1 !2 de
large, obliques sur le pédoncule, campanulées, légèrement
ouvertes, d'un jaune clair à l'extérieur, d'un jaune plus foncé
sur la face interne des folioles du périanthe, qui sont parse-
mées de nombreux et gros points, de couleur rouge brique ;
longues étamines avec anthères rougeâlres ; style jaunâtre. Le
bouton de la fleur, ovale allongé, jaunâtre, est légèrement
lavé de vert près de son attache au pédoncule.
NMô. Lis à grosse tige vert jaunâtre, ronde, glabre, à
jolies feuilles alternes, sessiles, nombreuses, assez étroites,
allongées, d'un beau vert en dessus, bordées de blanc, veri
jaunâtre en dessous ; grandes fleurs terminales, horizontales,
campanulées, légèrement révolutées, un peu ondulées, blan-
8-4 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
che?, lavées de vert clair près du pédoncule et à la partie
movenne de la face inlerne des folioles du périanlhe : étamine*
cour'ips, à larges anlhères; style assez gros.
L^'. bouton de la ileur ovale allongé, blanc lavé de vert.
N° 17. Lis à tige grêle, jaunâtre, à feuilles sessiles, verti-
cillées, linéaires, allongées; trois tleurs terminales, obliques,
petites, de G centimètres, bien ouvertes, étalées, révolutées,,
d'tin jaune clair à l'extérieur, d'un jaune plus foncé en de-
dans, parsemées de nombreux points de couleur rouge bri-^
«jue ; étamines assez longues, à anthères rougeâtres ; long-
style j.'iunâtre.
Le bouton de la fleur ovale arrondi, jaunâtre, lavé de verh
vers le pédoncule.
, N" 18. Lis à grosse tige verdàtre, ronde, glabre, à feuilles-
sessiles, nombreuses, étroites, allongées, verl clair en dessus,,
bordées de jaune rosé, de couleur vert jaune en dessous;;
fleur terminale, presque horizontale, tubulée de0™,15 de long.
surO%li de large, légèrement révolutée, bien ouverte, d'un
beau blanc lavé de verl clair dans le tiers de sa longueur près^
du pédoncule, sans macules; étamines courtes, dépassant
peu le tube du périanthe, à grosses anthères, droites, jaunâ-
tres ; style assez fort.
N" 10. Lis à grosse tige verte, arrondie, glabre ; à feuilles-
alternes, sessiles, nombreuses, allongées, de couleur vert
foncé en dessus, vert clair en dessous ; magnifique fleur ter-
minale, oblique sur le pédoncule, de 0'",15 de large, campa-
nulée, largement ouverte, révolutée, ondulée, d'un blanc lavé
de vert à l'extérieur, d'un beau blanc en dedans, parsemée-
de gros et nombreux points de couleur rouge cramoisi, avec
une large bande d'un rouge cramoisi sur le milieu de la lace
interne de chaque foliole du périanlhe; longues élamiues ver-
dâtres à grosses anlhères obliques, de couleur rouge brique;,
long el gros style verdàtre.
N° 20. Charmant lis à lige mince, d'un vert jaunâtre, à.
fe\ii.les verticillées, étroites, linéaires, d'un beau vert; petite
fleur tcrmhiale, horizontale, de0™,06 de large, campnnulée,
largement ouverte, non révolulée, pliée à l'extrémité des.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 85
folioles du périanlhe, d'un beau violet foncé uniforme, sans
macules, intérieurement et extérieurement ; six minces et lon-
gues étamines à petites anthères, rondes, jaunâtres ; long et
mince style.
N" 41 . Lis à grosse tige arrondie, glabre ; à feuilles sessilos,
alternes; deux fleurs terminales, tubulées, médiocrement
ouvertes, horizontales sur un petit pédoncule, l'extrémité des
folioles du périanthe plutôt pliée que révolutée, d'un blanc
uniforme en dedans, sans macules, d'un blanc légèrement
lavé de vert à l'extérieur; grosses étamines à anthères, droites,
d'un beau jaune ; long et gros style.
Bouton de la fleur renflé dans son milieu, de couleur
blanche lavée de vert v(!rs le pédoncule.
N" 2:2, Magnifique lis à grosse tige arrondie, glabre, à
feuilles sessiles, alternes, linéaires, allongées, d'un beau vert
en dessus, d'un vert jaunâtre en dessous; fleurs de 0'",17 de
large, largement ouvertes, ondulées, révolutées, d'un blanc
uniforme, sans macules, avec une large bande médiane d'un
beau jaune sur le milieu de la face interne de chaque foliole
du périanthe; grosses étamines de couleur chocolat; pistil
gros et long de couleur vert clair.
N°23. Beau lis à tige de grosseur moyenne, ronde, vcrdàtre ;
feuilles nombreuses, sessiles, allongées, d'un beau vert en
dessus, de couleur vert jaunati'e en dessous; fleur terminale,
grande, horizontale, tubulée, médiocrement ouverte, non
révolutée, de couleur blanc jaunâtre, maculée extérieurement
de rouge et de brun, en plaques et en bandes allongées, d'un
blanc jaunâtre uniforme en dedans, sans macules; grosses
étamines droites, de couleur rouge brique ; gros et long style
verdàtre.
iV 24. Petit lis à tige mince, jaune clair, à feuilles verti-
cillées, sessiles, linéaires, d'un beau vert en dessus, vert jau-
nâtre en dessous, les feuilles inférieures plus longues que les
•feuilles supérieures; fleuis horizontales sur un long |)édon-
cule, largement ouvertes, de 5 centimètres 1/2, ondulées,
révolutées, de couleur abricot, parsemées de nombreux points
pourpres ; longues étamines à petites anthères obliques, de
86 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
couleur rouge brique; long style rose. Le bouton de la fleur
ovale, presque rond, de couleur abricot.
Erythronium grandiflorum. Katakuri. — Parmi les
autres plantes utiles de la famille des Liliacées, le Sàmoku-
Dusets (1) et le Phonzo-Zoufou (2) indiquent VErythro-
nixim grandiflorum sous les noms de Katakuri et de Ka-
tako-yuri.
V Erythronium grandiflorum, qu'on trouve marqué dans
Miquel (3), dans Francliet et Savalier (4), fleurit en mai.
D'après le Phonzo-Zoufou, les fleurs sont de couleur pourpre
violet clair ; la tige porte deux feuilles en général dissembla-
bles, l'une plus grande, plus large, plus arrondie cà la base,
presque toujours contractée en pétiole; l'autre lancéolée,
plus petite, atténuée inférieurement; la capsule est obovale,
arrondie au sommet (5). Suivant MM. Franchet et Savatier, la
plante du Japon pourrait bien n'être qu'une forme k grande
ileur de VEryt. dens canis. Le docteur Vidal (6) a commu-
niqué au docteur Savatier ununlve Erythronium, qui rappelle
VEryt. albidum Nutt. Il l'a recueilli aux environs de Niigata,
dans la partie occidentale de l'île de Nippon.
Le Katakuri se rencontre sur les coflines boisées des
provinces septentrionales de l'île de Nippon, d'après le doc-
teur Kramer et le docteur Savalier. Le botaniste japonais
Keiske l'a marqué comme existant dans l'île de Yeso.
C'est une plante qu'on rencontre à l'état sauvage, et dont
les bulbes contiennent une fécule qui est employée dans l'ali-
mentation japonaise. On remarquait dans la classe 09 (céréales,
produits farineux avec leurs dérivés) des flacons de fécule
iDlanche en poudre et en morceaux à'Erythronium grandi-
florum sous le nom de Katakuri-ko du département d'Iwaté
(province de Rikuchiu).
(1) Sàmoku-Dusetz, vol. V, p. 51, n" 84. 1856.
(-2) Phonzo-Zoufou, vol. VU, fol. 3-2. Yedo, 1828.
(3) Miquel (F. A. W.), Proliisio florœ Japonicœ, p. 322. Amsterdam, 1866-
1867.
(4) Franchet et Savatier, Enumeratio,\o\. Il, pars 1, p. ô'J, n" 1883.
(5) Ibid., vol. Il, pars 1, p. 60.
(6) Ibid., vol. 11, pars 2, p. 525, n" 2725.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 87
VOrithya ediilis de Miquel (1), de Franchet et Savatier (2),
Amana et Mugi-giitvai, d'après le Sàmoku-Dasets (3), le
Phonzo-Zoufou (A) et le Kwa-wi (5), qui est commun dans les
champs, le long des routes, près des endroits boisés, dans les
parties humides des montagnes, et qui donne, de mars à
avril, des fleurs rosées à veines violettes. Il y a des variétés à
fleurs blanches et rougeàtres.
LOrithya edulis se rencontre, d'après Oldham, dans
l'île de Kiusiu; suivant Siebold, il est fréquent dans
toutes les parties de l'île de Nippon, et d'après le doc-
teur Savatier, principalement aux environs de la ville de
Yokoska ;
Ainsi qu'une autre espèce, l'Or, oxypetala de Kunth (6) et
d'Asa Gray (7). Hiroha Amana et Hiroha-miigi-guwaï, d'a-
près le Sdmoku-Dusels (8), dont les feuilles sont plus larges
et dont les fleurs sont blanches cà l'intérieur et lavées de rose
en dehors (9).
La famille des Liliacées fournit aussi plusieurs espèces
d'HemerocalHs.
VHemerocallis fulva, Lin., indiqué par Miquel (10), Fran-
chet et Savatier (ii), marqué dans le Sômoku-Dusets (1^)
sous les noms de Yahu-Kuiuanzo et de Oni-Kuwanzo et sous-
celui de Wasuregusa (1o) (forme des jardins à fleurs doubles) ^
avec une \ariéié angustifolia de Baker(14-), désignée par Miquel
sous le nom d'Hemer longituha et classée dans le Sàmoku-
Dusets{[b) sous le nom de Zentel Kuiva, remarquable suivant
(1) Miquel (F. A. W.), Prolusio florce Japonicœ, p. 322.
(2) Franchet et Savatier, vol. 11, pars 1, p. 60, n" 1884.
(3) Somoku-Dusets, vol. V, p. 51, n» 82,
(i) Pliouw-Zoufou, vol. VII, foi. 30, verso, fig. dexlr.
(5) Kwa-wL Herb. I, p. 19, n° 22.
(6) Kunth, Enmnerat., 4, p. 227.
(7) Asa-Gray, Plant. Jap., p. 322.
(8) Sômoku-Dusets, vol V, p. 51, n» 83.
(9) Phonzo-Zoufou, vol. VII, fol. 30 verso, fig. sinist.
(10) Miquel (F. A. \V.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 316.
(11) Franchet et Savatier, vol. H, pars 1, p. 80, n° 1930.
(12) Sômoku-Dusets, vol. VI, p. 55, n" 14.
(13) Ibid.,\o\. VI, p. 55, n° 13.
(14) Baker, On Liliac in the Journ. of Ihe Linnean Society, XI, p. 358.
. (15) Sômoku-Dusets, vol. VI, p. 55, n. 17.
88 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
MM. Franche! et Savatier par la longueur de son tube péri-
gonal qui atteint jusqu'à 4 centimètres.
Cette variété qui est peut-être spontanée au Japon, y est
cultivée comme plante ornementale.
VHemerocallis Dumortieri (1) ou Hemer. graminea, var.
humilior de Maximowicz (2), et de Miquel (;:]), Yu-usuge et
Yosinho-Kisuge, d'après le Sdmoku-Dusets (4). Celle espèce
qui est cultivée dans les jardins de l'ile de Yeso, aux envi-
rons de la ville d'Hakodate, sans qu'on puisse préciser si elle
y est spontanée, est remarquable d'après le docteur Savatier (5)
par ses fleurs presque sessiles et la brièveté de son tube péri-
gonal qui n'atteint pas un centimètre.
Le Sômoku-Dusets (6) et le Phonzo-Zoufou (7) indiquent
de plus :
L'Hime-Kuwanzo, Hemer . Middenfordii qui esi cultivé dans
les jardins et dont le tube périgonal est de 10 à 15 milli-
mètres.
On trouve aussi au Japon VHemerocallis flava,Kwandzoo,
qui y est cultivé dans les jardins et qui y est peut-être spon-
tané, ainsi que VHemerocallis minor ou Hemer. graminea (8)
qui sont synonymes suivant Baker (9) et que le Sàmoku-
Dusels relate sous la dénomination do Deni-Kuwandzo (10).
Les fleurs de VHemerocallis graminea séchées sont usi-
tées quelquefois dans l'alimentation japonaise, mais c'est prin-
cipalement en Chine qu'elles sont employées dans la nourri-
ture et elles consliluent un plat favori des Chinois. On en
remarquait des échantillons dans l'exposition chinoise n" 8098
provenant des douanes chinoises de Chinkiang et au n" 2608,
des tiges (ÏHemerocallis recommandées dans la médecine
(1) Moir, Hort. Behj., II, p. 195. tabl. 43.
(2) Maximowicz, Primiliœ florœ Amurensis ( Mémoires présentés à l'Aca-
démie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, t. IX, p. 28"), 185U).
(3) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 31(5.
(4) Sànwku-Dmets, vol. VI, p. 55, n" 18.
(5; Fraiicliot et Savatier, vol. U, p. 79, n" 1929.
(6j Sômoliu-Dusels, vol. Vi, p. 55, n° 15.
(7) Phomo-Zoufou, vol. XVll, fol. U verso.
(8) Miquel, Prolusio florœ Japonicœ, p. 316.
(9) Baker, On Liliac. in the Jour», ofllie Linnean Socieltj, XI, p. 358.
(10) Sômoliu-Dusels, vol. VI, p. 55, n" 16.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 89
chinoise comme médicament stimulant et venant des douanes
chinoises de Canton.
La province du Shantung exporte une quantité considé-
rable de fleurs séchées de VHeniewcallls graminea.
On trouve au Japon plusieurs espèces de Funkia: le Fiin-
kiacordata, de Spreng (l), de Miquel (-2), de Franchet et
Savatier (3) : Funkia grandi flora, de Siebold (4), que le
Sànwku-Dusels désigne sous le nom do Tô-giboski (5) et sous
celui de Tamano-Kandsaki (G), qui est celui qu'on trouve
marqué dans le Phonzo-Zoufou (7).
Le Funkia cordata a une tige de 0'",30 à 0'",35 de haut, des
feuilles radicales en forme de cœur; des fleurs nombreuses,
odorantes, blanches, rayées légèrement de rouge, en grappes
«lunies de deux bractées dont Tune caduque et l'autre persis-
lanle, ovale et blanchâtre.
C'est une espèce élégante cultivée par les Japonais pour
l'ornement de leurs jardins ainsi qu'une autre espèce :
Le Funkia Sicboldiana, de Ilooker (8), relaté dans Mi-
quel (9), dans Franchet et Savatier (10), Hemerocallis cordata
de Thunberg (11).
Kuro-giho>ihi, suivant le Sdmoku-Dusets (12), qu'on ren-
contre aussi à l'état sauvage diins les bois des montagnes de
i'île de Nippon où il fleurit en août. Ses fleurs nombreuses
sont quelquefois réunies en verticilles; quant à ses feuilles,
elles sont ovales et plus petites de moitié, de même que les
fleurs, que dans le Funkia subcordata.
Le Funkia Sieboldiana était représenté à l'Exposition de
Nancy (13), exposé par M. Gerbeaux.
(1) Spren?y Sust. 2, p. 41.
(2) MiqiiPl 'F. A. W.), Prnlusin florœ Japonicœ. Amsterdam, 1865-1867
(3) Franchet et Savalier, Enuineralin, voi. II, pars 1, p. 80, a° i931.
(4) Siel>olil, FI. des Serr. labl. 158-159 (foiine des jardins).
(5) Sàmnkii-Dmits, vol. VI, p. 56, n" 21.
(6) Ibll., vol. VI, p. 56, n»25.
(7) Phonzo-Znufnu,\o\.\\\\\Ji\\. 13 recto.
(8) Ilooker, Hnlanical magminc, tiilil. 3 i63. 1867.
(9) Mi((iiel (F. A. W.), Proluxin flonr. Jaiionicœ, p. 317.
(10) Fran.het et Savati-r. Rnuineratio, vol. II, parsl, p. 81. n" 1932.
(11) Thnnliert?, Flora Jiipnmca, j». 143.
(12) Sônvilm-'lJusel^, vol. VI, p. 57, n° 27.
(13y Catalogue de r Exposition de Nancy, p. 61, n" 1650. 1880.
00 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Les. Japonais ciiltivenl aussi dans les jardins comme plantes
d'ornement ; le Funkia ovata de Spreng (i), relaté dans
Franchet et Savatier(2) ou Hemerocallis cœrulea de An-
drews (3), dénommé dans le Sàmoku-Dusets ('4), Gibo et
Giboshi, c'est VHemerocalle bleue, à tige de 0™,50 de haut,
à feuilles ovales, à fleurs d'un bleu violacé, qui fleurit au
Japon de juillet à août.
Le Phonzo-Zoufou (5) en indique une forme dont les
feuilles sont bordées de blanc; cette forme est notée dans le
Sànioku-Diisels ((5) sous le nom de Oba-Giboshi. C'est le
Funkia cœruJca albo-marginata.
Le Sômokii-Diisels en marque une autre forme sous le nom
deKobaGiboshi{l),qm est le Funkia ovata forma lancifolia.
Le Funkia cœrulea et le Funkia cœrulea albo-marginata
étaient exposés à Nancy par M. Gerbeaux en 1880 (8).
Le Funkia lancifolia de Spreng (9), de Franchetet Sava-
tier (10), Hemerocallis lancifolia de Thunberg (H), Midzu
(jibosld et Sagi gibosJti d'après le Sàmoku-Dusets (12) qui
fleurit en juillet et août et qui vient à l'état sauvage dans les
montagnes boisées de toute l'étendue du Japon.
Le Phonzo-Zoufou (13), suivant MM. Franchet et Sava-
tier (14), en relate plusieurs formes.
Fol. 15. Sous le nom de Gibosi : Funkia à feuilles large-
ment lancéolées et bordées de blanc, à fleurs violettes.
Fol. 16 recto. Sous le nom de Kinran: Funkia à feuilles
lancéolées, glauques en dessous, à fleurs d'un violet foncé à
l'intérieur, et d'un violet clair en dehors.
(1) Spreng, S>ist. \\, p. 210.
(2) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. II, pars 1, p. 80. n° 1933.
(3) Andrews, Dot. rep., t. VI.
(4) Sàmoku-Dusets, vol. VI, p. 56, n" 19.
(5) Phonzo-Zoufou. yo\. XXUI, fol. 15 recto.
(6) Sômoku-Dusels, vol. VI, p. 56, n" 20.
(7) md., vol. VI, p. 56, n» 21.
(8) Catalogue de l'exposition de Nanoj, p. 61, n° 1656, 1880.
(9) Spreng. Sijst. 2, p. 241.
(10) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. H, pars 1, p. 80, n" 1934.
(11) Thunberg, Transactions of the Linnean Society... 11, p. 335.
(12) Sàmoku-Dusets, vol. VI, p. 51, n" 23.
(13) Plwn:-o-Zoiifou, vol. XXIll, fol. 16 et 17.
(14) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. Il, pars 1, p. 82, n" 1934-
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 91
Fol. 16 verso, avec la dénomination de Guimrau : Funkia
à feuilles lancéolées, d'un vert foncé, à fleurs blanches lisérées
de vert.
Fol. 17 recto. Kahim-Ooshi: Funkia à feuilles lancéolées,
à teinte jaunâtre avec les bords du limbe verts, à fleurs vio-
lettes.
Fol. 17 verso. Miclzu-gibosi à feuilles lancéolées, li-
néaires, à fleurs violacées et blanches lavées de vert en
dehors.
MM. Franchet et Savatier (1) indiquent, en outre, le Funkia
longipe.'i, espèce nouvelle marquée dans le Somoku-Dusetsi^l),
sous le nom à'Iwa Giboshi, qui fleurit en juillet dans les par-
ties boisées des montagnes de l'île de Nippon, principalement
sur les montagnes d'ilakone.
On rencontre au Japon : VAnthericum Yedoensis, Keibi-
ran (8), relaté par Maximowicz et qui, d'après le docteur
Savatier (4), est cultivé, mais rarement, dans les jardins de
la ville de Tokio.
Les Japonais cultivent aussi comme plante d'ornement,
VOphiopogon spicatus de Gawlcr (5), de Franchet et Sava-
tier (6), Convallaria spicata de Thunberg (7), marqué dans
le Somoku-Dusels (8) sous le nom de Yaburan, qui, d'après
M. Maximowicz, a trois variétés : var. communis (9) ; var.
gracilis (10) et var. minor (11). Cette dernière porte le nom
de Hamani-ran.
Le Yaburan est cultivé dans les jardins; il croît aussi à
l'état sauvage dans les lieux incultes, arides, le long des che-
mins dans presque toutes les provinces du Japon, principale-
(1) Franchet et Savatier. Enumeralio, vol. II, pars 1, p. 82, n" 1935.
(2) Somoku-Dusels, vol. Vi, p. 56, n" 22.
(3) Ihid., vol. VI, p. 59, n" 46.
(4) Franchet et Savatier, vol. H, pars I.p. 83, n" 1937.
(5) Gawlcr, Botanical magazine, \.nh\. \063.
(fi) iM-aiicliet cl Savatier, vol. II, pars 1, p. 83, n° 1938.
(7) Thunberg, Flora Japonica, p. lit.
(8) Sômoliu-Dusets, vol. VI, p. 50, n° 44. ....
(9) Maximowicz, Mélanges biologiques tirés du Bulletin de l'Académie impé-
riale des Sciences de Saint-Pétersbourg, t. VU, p. 303
(10) IbUL, t. VII, p. 323.
(H) Ibid., t. Vil, p. 324.
92 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
meut dans l'île de Kiusiu et dans la partie septentrionale de
l'île de Nippon. Il est commun en Chine.
LOphiopogon spncatus était représenté à l'Exposition de
Nancy, en 1880, exposé par M. Lemoine (1).
Quant au Muguet de mai, Convallaria maïalis, il se ren-
contre au Japon, dans les bois humides des îles de Nippon et
de Yeso et se nomme Kimi-Kakeso et Sudzuran, d'après le
Sàmoku-Dusets (2).
On rencontre au Japon plusieurs espèces de Fritillana.
Le FritiUaria Thunbergii décrit par Miquel (3), par Fran-
chet et Savatier (4), Uvularia cirrhosa de Thunberg (5),
désigné dans le Sàmoku-Dusets (6), sous le nom de Baimo et
dans le Kwa-wi (7), sous celui de Hawakuri ; à tige ronde,
bleuâtre, qui donne en juin des fleurs d'un jaune clair, quel-
quefois blanchâtres.
Le FritiUaria Thunbergii est fréquemment cultivé dans
les jardins, mais, d'après le botaniste japonais Keiske et
d'après Siebold, il croît à l'état sauvage, dans plusieurs îles du
Japon, notamment dans l'île de Nippon.
ML Franchet et Savatier (8) pensent que le FritiUaria
verticillata de Wildenow, cité par Miquel (9), est identique
avec le FritiUaria Thunbergii.
Quixnl a.\i FritiUaria riUhenica, cité par Miquel, dont les
fleurs sont plus petites et plus nettement campanulées que
celles du FritUlaria Thunbergii, c'est, suivant le D'" Savatier,
une espèce peu connue et sur laquelle il est difficile de se pro-
noncer.
Le Sàmoku-Dusets mentionne aussi : le FritiUaria Kamts-
chalcensis (10) de Gawler, sous le nom de Kure Ywî'o, qui
(1) Catalogue de V Exposition de Nancy, p. 89, n" 1828, 1880.
(2) Sàmoku-Dusets, vol. VI, p. 53, n° 1.
(3) Miquel (F. A.W.), Prolusio (lorœ Japonicœ, p. 321. Amsterdam, 1865-1867.
(A) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. Il, pars 1, p. 61, n" 1888.
(5) Thiiiibern;, Flora Japonica, p. 136.
(6) Sàmoku-Dusets, vol. V, p. 51, n" 79.
(7) Kwa-iviJIerb., I, p. 10, n" 2.
(8) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. H, pars 1, p 62.
(9; Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 360. Amsterdam, 1865-1867 .
(lOj SomokU-Dusets, vol. V, p. 51, n" 78.
PRODUCTIONS VEGETALES DU JAPON. yà
donne en juillet, des fleurs d'un rouge brun avec des ponc-
tuations ibncées ; on le trouve dans les montagnes de la partie
septentrionale de l'île de Nippon et dans l'île de Yeso.
Le Frilillaria japonica (1) de Miquel (^1), sous les dé-
nominations de Ko baimo et de Tengai Ywi, qui croît
dans la province d'Owari. D'après le D' Savalier (8), celte
espèce est indiquée dans l'ouvrage du botaniste japonais
Keiske (4).
De la famille des Liliacôes, on cultive aussi au Japon: La
Tubéreuse des jardins {Polyanthes iuberosa) : Gekkako,
d'après le Somoku-Dusets (5), à fleurs blanches, lavées de
rose) odorantes, avec variétés doubles ou semi-doubles.
La Sansevière carnée {Reinekia carnea) de Kunth : Kichi-
joso, 5m\i\nl\e Sàmokii-Diisets (6), le PJionzo-Zoufou (7) et le
Kwa-wi (8), qui pousse dans les herbages, dans les massifs
de bambous, dans les bois, que les Japonais et les Chinois
plantent dans les interstices des rochers artificiels de leurs
jardins.
Le Kichijoso à rhizome tubéreux a une tige pourpre violacé,
lisse ; il donne en septembre de nombreuses fleurs en épis,
d'un blanc violacé ou rosé en dehors, blanches en dedans,
odorantes.
Le Reineckia carnea Kunth était représenté à l'Exposition
de Nancy (9), en 1880, exposé par M. Galle.
Le Rhodea japonica de Rothler(10),que le Sômoku-DuseU
désigne sous le nom de Omoto (il), qui fleurit en septembre,
dans les lieux bas et humides des îles de Nippon, de Kiusiu
et Jokasima.
(I) Sùmoku-Dusets, vol. V, p. 5i, 80.
('2j Mniiiel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 3-22.
(3j Fraiicliet cl Savatier, vol. 11, pars 1, p. 61, n" 1889.
(4) Kf'iske, Nihon nan bouto shi (Ouvrage sur les produclioiis naturelles du
Japon), vol 11, fol. 17.
(5) Sùmohi-Diisets, vol. V, p. 47-4.8, n" 55.
(6) Ibid., vol. vil, p. 6-2, 11" 11.
(7j Plioiizo-Zoïifon, vol. 39, fol. 7 recto.
(8) Kiva-wi, vol. IV, p. 53, ii" 1.
(9; C'Ualogue df. rF.xposUion de Nanci/, p. 89, u" 1829, 1880.
(10) Rollilcr, Nov. sp., 197.
(II) Somuliu-Dusets, vol. Vil, p. 6:!, n" 16.
94- SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Le Sugerokia japonica de Miquel (1), Scilla japonica de
Thunberg (2), Shojo-Bakama, suivant le Sdmoku-Dusets (3),
qui fleurit en août dans les parties humides et boisées des
montagnes de l'île de Nippon et que le D' Savatier a rencon-
tré dans les environs de la ville de Yokoska (4).
(1) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœJaponicœ,\).209. Amsterdam, 1865-1867.
(2) Thunberg, Flora Japonica, p. 137.
(3) Sàmoku-Dusets, vol. VI, p. 60, n" 48. -
(4) Franchet et Savatier, vol. H, pars 1, p. 88, n" 1947 {Melanthaceœ).
{A suivre.)
Il- TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ.
NOTE
SUR LES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS
DE LA MÉNAGERIE DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
Pendant les mois d'octobre, novembre et décembre 1882
Par m. HUET
Aide naturaliste chargé de la ménagerie.
Dans une précédente notice, j'avais annoncé la naissance
d'une femelle de Gnou, et j'avais ajouté que c'était la pre-
mière fois que cette antilope se reproduisait dans les jardins
aoologiques; je dois ajouter que peut-être un pareil fait a déjà
été observé à la ménagerie de lord Derby ; cardans l'ouvrage
descriptif qui a été publié sur les animaux du parc de Knows-
iey, se trouvent représentés les jeunes de Gnou et de Gor-
gone. Cependant il n'est pas dit dans le texte que ces anti-
lopes soient nées en Angleterre, et il est possible qu'elles aient
été figurées d'après des dépouilles rapportées d'Afrique; je
serais tenté de le croire, car les dessins ne donnent en aucune
façon une idée exacte du port et des allures de ces petits
animaux.
(juoi qu'il en soit, notre jeune femelle de Gnou née le
8 août et qui a maintenant cinq mois, s'est développée très
rapidement, elle est presque aussi grande que sa mère, toutes
deux vivent à l'air libre, au moins pendant le jour, car
depuis que la femelle a mis bas, nous avons pu la renfermer
dans la cabane, ce qui était impossible auparavant; il semble
que cette bête ait compris qu'il fallait un abri pour son jeune,
qu'il était trop faible pour supporter la température des
nuits ; chose remarquable, quand la ration du soir est servie
et que la mère hésite à rentrer, le jeune la pousse doucement
avec les cornes, la forçant à se faire renfermer, et il la suit*
alors on baisse la coulisse et chacune d'elles va trouver la
ration qui lui est destinée.
Cette jeune femelle de Gnou, en se développant, a com-
96 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
plèlement changé couleur de robe, qui, de grise qu'elle
était, est devenue marron foncé ; les cornes, au lieu d'être
contournées comme chez l'adulle, où elles se dirigent en
avant et forment un crochet vers le bas, ont chez le jeune une
direction verticale formant un angle presque droit avec la
Ijo-ne du nez. Ces prolongements frontaux se modifieront sans
doute plus tard et reproduiront ce caractère si singulier dans
cette espèce. Quant au pelage, il est exactement semblable
comme disposition à celui des parents, on trouve ces longs
poils sur le nez, sous le menton et la gorge, ainsi que ceux
de la crinière et de la queue, enfin maintenant c'est bien un
véritable Gnou, que nous considérons comme élevé, car il est
assez fort pour supporter les froids que nous pouvons avoir.
Nous avons pour terminer l'année, quelques naissances à
indiquer, ce sont :
2 mâles d'Antilope Isabelle {Eleolragus reduncm);
2 mâles et 4 femelle de Cerf cochon {Cervu^s porcinus);
4 Agouih {Dasyproda acutl);
i Guib femelle {Tra(jela}ihus scriptus) ;
1 Bison (Bos A mericamis) ;
i Muntjac hybride de Cervukis lacrymans et de C. Reevesii;
l Kob mâle {Kobus uncluosus) ;
4 Perdrix brunes {Perdix fusca).
Le jeune mâle de Kob est né le \" novembie; nous crai-
gnions pour lui les froids, mais jusqu'à ce jour il n'en paraît
pas souffrir, il grandit très rapidement ; nous prenons seule-
ment le soin de ne pas le laisser sortir trop tôt le matin, quand
il fait mauvais temps, et nous le renfermons de bonne heure
dans l'après-midi quand la température est basse.
C'est le troisième jeune de cette belle espèce que nous
avons obtenu en deux ans, du mâle et des deux femelles qui
ont été offerts au Muséum, par M. Brière de l'isle, lorsqu'il
était gouverneur du Sénégal.
Nous avons reçu en cadeau :
1 Macaque {Macaciis cynomolgus), don de M, Cochet;
2 Macaques bonnet chinois [Macaciis siniciis), don de M.
Morgan ;
NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 97
2 Callitriches {Cercopithecus griseo-viridis), don de M.
Livio ;
1 Sajou à gorge blanche {Cebus hypoleucus), don de M.
Birr ;
1 Mangouste grise {Herpestes griseus), don de M. le comte
deTurgot;
i Vison {Mus lela vison), don de M. Trouëssart;
1 Ocelot {Felis pardalis), don de M. Nantouson;
1 Gazelle {Gazella subgutlurosa), don de M. Grespin, capi-
taine de frégate;
1 Ghèvre de Madagascar, don de M. Grespin, capitaine de
frégate;
1 Aigle fauve (Aquila fulva), don de M. Lefevre;
1 Busard de marais (Circus œriiginosus) , don de M. Moi-
neau;
1 Aigle Jean le Blanc (Circaelus gallicus), don de
MM. Agard et Porthé ;
i Goéland bourgeimestre {Larus glaucus) , don de M.
Rabot ;
1 Goéland jeune {Larus argen talus), don de M. Morin ;
2 Gerbilles Simon {Gerhillus Simoni) ;
3 Papions {Cynocephalus sphinx) ;
3 Sajous {Cebus flavus) ;
\ Otarie {Otaria califurniana);
1 Lion {Felis leo);
1 Bles-Block femelle {Alcelaphus albifrons).
1 Biche Milou {Elaplmrus Davidiunus);
J'ajouterai que des expériences sur l'hybridation de divers
Ruminants et sur la formation des races chez les mammifères
et les oiseaux, se poursuivent depuis plusieurs années à la
ménagerie du Muséum, elles ont déjà fourni des résultats
intéressants, mais avant de pouvoir en rendre compte, il est
nécessaire de laisser les faits s'accumuler; il faudra encore
de nombreuses observations avant d'arriver à la solution des
problèmes biologiques dont nous poursuivons l'étude.
3e SÉHIE, T. X. — Février 1883.
ACTION BIOLOGIQUE
DES SELS DE L'EAU DE MER
AU POINT DE VUE DE L'ENTRETIEN DES ANIMAUX MARINS
Par H. A. COUTANCE
Professeur aux écoles de médecine navale
F'Iiarmacien en chef de la marine
Président de la Société académique de Brest.
Les animaux marins sont des organismes d'une excessive
sensibilité et qui subissent les influences variées du milieu
dans lequel ils vivent. La répartition des faunes de la mer a
pour facteurs la composition de l'eau salée, la nature et la
quantité des gaz dissous, la température, les pressions, et
l'action des courants. La succession des espèces de la mer
dans les couches géologiques peu différentes les unes des
autres au point de vue de la nature des sédiments, indique
bien que des influences qui nous semblent de peu d'impor-
tance, ont régi cette succession même.
J'ai voulu constater l'action que des modifications dans la
nature des sels dissous pourraient exercer sur les animaux
de la mer, et j'ai entrepris une série de recherches afin d'éta-
blir un parallèle biologique entre ces sels. Mes expériences
ont porté seulement sur les Mollusques de nos rivages, et sur
ceux qui sont une ressource alimentaire pour nos popula-
tions.
L'eau de mer contient en moyenne 35 pour 1000 de sels
divers en dissolution, parmi lesquels le chlorure de sodium
semble avoir sur la vie une action prépondérante. Sans doute
il est permis de penser que les autres substances ont un eftet
utile dans une certaine limite, ils n'ont pas au moins d'action
nuisible manifeste.
J'ai préparé huit solutions renfermant 35 grammes pour
1000 d'eau distillée des substances suivantes :
DES SELS DE L EAU DE MER.
99
Solution a"
1 :
2
3
Chlorure de sodium
Chlorure de magnésium.. .
Sulfate de magnésie
35/1000
»
—
k
Bromure de potassium
ï
5
lodure de potassium
»
—
6
7
8
Chlorure de potassium
Sulfate de soude
>
—
Sulfate de potasse
»
Voilà donc huit solutions l'éduites à un seul des éléments
naturels de l'eau de mer, dans la pi'oportion où elle contient
leur totalité. Le sulfate de soude seul n'appartient pas à pro-
prement parler à l'eau de mer, bien que ses éléments y ligu-
rent.
Trois autres solutions ont été préparées, dans lesquelles
tous les éléments se trouvent réunis, mais dans lesquelles la
prééminence quantitative, qui dans l'eau de mer appartient
au sel marin, se trouve donnée ri" au chlorure de magné-
sium, -2" au chlorure de potassium, 3" au sulfate de magnésie.
Voici la composition de ces solutions :
Solution n" 9
Solution n° 10:
Solution n" H
Chlorure de magnésium.. .
27,00
» de potassium., . .
0,75
» de sodium
3,70
Sulfate de magnésie
2,30
Sulfate de chaux
1,50
Bromure de potassium...
0,02
Eau distillée
. 1000,00
Chlorure de potassium. . . .
. 27,00
Chlorure de magnésium.. .
3,70
Chlorure de sodium
0,75
Sulfate de magnésie
2,30
Sulfate de chaux
1,50
0,02
Bromure de potassium....
Eau distillée
. 1000,00
Sulfate de magnésie
. 27,00
Chlorure de magnésium..
3,70
Chlorure de potassium....
0,75
Chlorure de sodium
2,30
Sulfate de chaux
1,50
Bromure de potassium....
0,02
Eau distillée
. 1000,00
100 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLLMâTATION.
Une dernière dissolu don fut enfin composée de la manière
suivante :
Solution n'^ 12 : Chlorure de sodium 8
» de potassium 8
» de magnésium 8
» de calcium 8
Outre ces solutions, ou milieux d'expérimentation, furent
encore employés :
Solution n° 13 : Eau de Vichy naturelle (Gélestins).
— U Eau commune (sources de Brest).
— 15 Eau de mer naturelle (rade de Brest).
— 10 Air atmosphérique.
L'eau de Vichy représentait un milieu aqueux différent de
l'eau de mer, mais riche en sels de soude. Il était en outre
nécessaire de comparer l'action des milieux artificiels avec
le milieu naturel, l'eau de [mer, et de voir si des Mollusques
bien renfermés dans leurs coquilles ne pouvaient pas vivre
quelque temps dans l'eau douce, ou même dans l'air.
MODE D EXPÉRIMENTATION
Les solutions précédentes furent versées dans des capsules
de porcelaine, placées en pleine lumière à une lempéi^ature
moyenne de 12 dêgi'és. Tous les deux jours l'eau évaporée
était remplacée par de l'eau distillée de façon à. maintenir les
solutions au même état de concentration. Chaque jour ces
solutions étaient fortement aérées et agitées, pour les main-
tenir dans des conditions analogues à celles de l'eau de mer.
Les Mollusques très récemment péchés furent placés sur le
fond des capsules à" une distance de 20 centimètres de la sur-
face du liquide. . .
DES SELS DE l'EAU DE MER. 101
SUJETS D EXPERIMENTATION.
Un très petit nombre d'espèces ont été soumises à ces expé-
riences physiologiques (1), ce sont :
■La Vénus réticulée {Venus reticulata);
La Moule commune {Mylilus edulis) ;
La Palourde commune (Venus decussata) ;
La Littorine commune (Littorina viilgaris) ;
Le Buccin de la Manche (Tritonium undalum).
Ces Mollusques ont donné en raison de leur organisation
des résultats fort diiïérents. Les bivalves, Moules et Vénus
qui peuvent se clore entre leurs valves, ont en général beau-
coup mieux résisté que les enroulés à opercules, Liltorines et
Buccins. Parmi ces derniers même, les Liltorines, dont l'oper-
cule peut clore complètement l'animal retiré prudemment
dans les derniers tours de spire, ont beaucoup mieux résisté
que les Buccins dont la porte ferme mal, et chez lesquels
l'eau peut s'introduire par le canaliculede la bouche de la
coquille.
Les bivalves qui peuvent si bien résister aux influences
extérieures entre leurs valves fermées, les bivalves ne se
comportent pas non plus de la môme façon. La Moule résiste
moins dans les milieux artificiels que les Vénus, et parmi
celles-ci la Vénus réticulée ou Clovisse, beaucoup moins que
!a Palourde (Venus decussata), qui présente une résistance
très remarquable. Dans la solution de sulfiitc de magnésie
par exemple, la Moule a succombé au bout de dix jours, la
Vénus réticulée au bout de quinze jours, tandis que la Pa-
lourde y vivait encore au bout de soixante jours. Ces propor-
tions se sont à peu près maintenues dans les autres solutions,
relativement à la durée de la vie dans ces milieux.
Voici en ce qui concerne les Palourdes (Venus decussata)
(1) Des Huîtres soumises au>: mêmes épreuves ont manifesté une variabilité
d'impressions très grande, et ont i,'éiiéralcment très rapidement succombé
dans les solutions diverses.
102 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
le résultat de ces expériences. Des lots de cinq individus de
cette espèce avaient été placés le 10 janvier 1882 dans des
conditions identiques, dans les solutions diverses indiquées
plus haut. Les mêmes soins, la même aération leur étaient
donnés chaque jour. En même temps un certain nombre de
ces Mollusques étaient placés comme témoins près des pre-
miers dans des vases contenant de l'eau de mer naturelle.
10 janvier L'expérimentalion commence pour les Palourdes.
25 — Elles ont succombé dans l'iodure de potassium.
10 février — le chlorure de potassium.
15 — — dans l'air.
18 — le sulfate de potasse.
18 — l'eau commune.
20 — — la solution n" 10.
20 — le bromure de potassium.
20 — le chlorure de magnésium.
20 — — l'eau de Vichy.
22 — le chlorure de sodium.
22 • — la solution n° 12.
24 — — la solution n" 9.
10 mars — le sulfate de magnésie.
10 — — la solution nMl.
15 — Des Palourdes vivent encore dans le sulfate de soude.
15 — Les Palourdes placées dans l'eau de mer sont vivantes.
REMARQUES SUR CES FAITS
Il résulte de ces expériences que malgi^é la possibilité de
se clore entre leurs valves, les Vénus subissent l'action des
milieux puisque leur résistance est inégale.
Les sels de potasse semblent bien moins favorables que les
sels de magnésie, et surtout que les sels de soucie. La vie a
cessé d'abord dans l'iodure, le bromure, le chlorure, le sul-
fate de potassium, et dans la solution n° 10, dont le chlorure
de potassium est l'élément dominant.
Les sels de soude et de magnésie entretiennent encore la
vie alors que les animaux ont succombé dans les sels de po-
tasse. La solution n" 9 par exemple, dont le chlorure de ma-
DES SELS DE l'EÂU DE MER. 103
gnésium est l'élément essentiel, a gardé plus longtemps ses
habitants, il en est ainsi du sulfate de magnésie seul, et dans
la solution nMI.
La résistance des Palourdes dans l'eau de Vichy accuse
l'action favorable des sels de soude sur l'entretien de la vie
des animaux marins. Pendant quarante jours les Palourdes
ont vécu dans cette eau minérale !
C'est dans le sulfate de magnésie et le sulfate de soude que
la vie s'est éteinte en dernier lieu, et le sulfate de soude l'a
emporté sur le sulfate de magnésie. Le 12 mars, j'ai dégusté
des Palourdes gardées dans le sulfate de soude pendant
soixante jours ; elles étaient excellentes et sans amertume.
Cette observation pourra trouver son utilité dans l'économie
alimentaire, les Palourdes étant un coquillage recherché, et
le sulfate de soude une substance d'un bas prix.
Un fait bien digne de remarque c'est que dans les solutions
de sulfate de soude et de sulfate de magnésie, seules, des
algues vertes avaient commencé à se montrer au bout de ces
soixante jours. Les conditions qui favorisaient la vie animale
marine se sont donc trouvées aptes à développer aussi la vie
végétale. Ce parallélisme n'a rien de surprenant, mais il
trouve dans la circonstance une confirmation originale.
Une singularité : la solution de chlorure de sodium (sel
marin impur) a moins longtemps entretenu la vie que les
solutions de sels de magnésie et de sulfate de soude, et ce-
pendant le sel est l'élément essentiel de l'eau de mer. Cela
prouve que les Mollusques sont adaptés non pas au sel pur,
mais à ce mélange particulier qui constitue l'eau de mer na-
turelle ; et que les éléments secondaires, au point de vue de
la quantité, y jouent un rôle important. Nous voyons encore
là l'occasion de penser que les modifications accidentelles des
eaux de la mer aux différentes époques géologiques, ont dû
avoir une action marquée sur les extinctions d'espèces.
Les Vénus sont demeurées fermées dans la plupart de ces
solutions dont elles avaient sans doute apprécié la nature en
entrebâillant très petitement leur coquille. Cependant elles
ont envoyé quelquefois leurs siphons au dehors, dans le sul-
404 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
fate de magnésie et dans le sulfate de soude par exemple.
Dans la solution de chlorure de sodium et dans l'eau de mer,
elles gardaient presque constamment cette situation.
Les Palourdes peuvent vivre plus d'un mois dans l'air dans
un endroit frais. Pendant vingt jours environ elles demeurent
fermées, plus tard elles entrebâillent leurs valves et font
sortir leurs siphons. Au moindre toucher elles les rentrent
et se ferment. Puis vient le moment où les muscles striés qui
ramènent les valves n'en ont plus la force, mais les muscles
lisses qui les retiennent le font encore quand on amène les
valves à fermeture. Dans toutes les solutions où ces Mollus-
ques ont vécu il en a été de même.
L'affaiblissement musculaire s'est montré d'abord sur la
partie striée des muscles adducteurs qui ramène les valves,
puis enfin sur la partie lisse de ces mêmes muscles, qui re-
tenait de moins en moins longtemps les valves artificielle-
ment rapprochées (1).
Les Venus reticulata ou Clovisses ont présenté des faits
analogues; l'ordre d'extinction de la vitalité dans les solu-
tions a été le même, mais ces Mollusques ont bien moins
longtemps vécu que les précédents. Un mois après leur mise
en expérience ils avaient succombé, dans les sels de potasse
d'abord, dans les sels de magnésie ensuite, puis dans les sels
de soude.
Les Littorines ont moins longtemps résisté que les bivalves,
et ont accusé aussi moins de répulsion pour le sulfate de
soude dans lequel elles ont vécu quarante jours.
Le gros Buccin {Trilonium undatum) succombe beaucoup
plus rapidement, ne pouvant se clore hermétiquement comme
les Littorines. Au bout de vingt-quatre heures il périt dans la
plupart des solutions employées, et surtout dans les sels de
potasse. Sa vie se prolonge au delà de quarante-huit heures
dans la solution n" 12, dans le sulfate de magnésie et le sul-
fate de soude, mais ne tarde pas à prendre fin.
Pendant toute la durée de ces expériences, du 10 janvier
(1) Voy, De l'Energie et de la structure musculaire cha les Mollusques
acéphales. J.-B. Baillière, Paris.
DES SELS DE l'eAU DE MER. 105
^u 15 mars, les Palourdes elles Litlorines ontvécu dans l'eau
de mer du laboratoire ; les Venus reticulata et les Moules
moins longtemps, les Buccins quelques jours seulement.
Il est un fait très important que nous signalons d'une façon
toute spéciale, c'est que les sels constituant l'eau de mer et
les diverses solutions que nous avons employées, communi-
quent à l'eau la propriété de dissoudre des quantités variables
d'air atmosphérique. Nous avons acquis la preuve par des
expériences directes, que les solutions des sels de soude re-
tiennent plus d'air quand elles sont agitées avec lui que les
solutions de sels de potasse. 11 en résulterait donc que la
toxicité des sels indiqués dans nos expériences, pourrait ré-
sulter, pour une part, de ce qu'ils ne permettent pas à leurs
solutions de s'aérer suffisamment : ils agiraient par asphyxie.
€eci nous permet de comprendre comment le sulfate de po-
tasse et le sulfate de soude, sels neutres auxquels les mollus-
ques ne sont nullement adaptés, agissent si différemment sur
eux, les sels de potasse les tuant rapidement, ceux de soude
les conservant quelque temps.
CONCLUSIONS
1° Les éléments salins de l'eau de mer agissent très diver-
sement chez les Mollusques,
2" Toute modification à la constitution de l'eau de mer finit
par devenir fatale à la vie de ces animaux.
3° Leur résistance plus ou moins grande tient à leur orga-
nisation. Les bivalves résistent mieux que les enroulés, et
dans ces deux groupes les résultats varient également suivant
les espèces.
4^" Les sels de potasse sont moins favorables à la vie des
Mollusques que les sels de magnésie, les sels de magnésie
que les sels de soude.
5° En dehors des sels dissous dans l'eau de mer, le sulfate
de soude semble jouir d'une neutralité conservatrice bien
accusée.
106 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
6" La mort des bivalves est due à un affaiblissement mus-
culaire général.
7° Les muscles ne pouvant plus ramener ni retenir les
valves, l'animal est livré à l'action défavorable ou toxique du
milieu (1).
(1) Ce mémoire a été lu à la dix-neuvième réunion des Sociétés savantes
de 1882, en séance générale
EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE GÉNÉRALE DU 2 FEVRIER 1883.
Présidence de M. Henri Bouley, Président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres nouvellement
admis par le Conseil, savoir :
MM. PRÉSENTATEURS.
, , ^ , , . ^^ j : Euî?. Aron.
Aron (.lu es-Lazare), négociant, 90, rue La- \ t^ . ^ •
^ . *' . Eugène Dupm.
fayette, a Pans. ( Ra.eret-Waltel.
Bailly (Louis-Joseph), chef de bataillon en /
retraite, commandant le 2* bataillon du ) . a r . i
9* territorial d'infanterie, U, rue Charles- ) ,' „' ,,' ,
. <> . ^T 11 /o • X I J--E. Caroiy.
Lafitte, à Neui y Seine). [ ■'
l 0. C. Béren^'er.
Beauchaine (Gustave), propriétaire, à Cha- \ r.' .' ^ ^ '
, ,,,. " f r Eugène Uupin.
tellerault (Vienne). ^, r- a
^ ' \ Maurice Girard.
^ .. 1 . 1 N 1 .1 i E. Dupin.
Bellecombe (André de), homme de lettres, ^ . . ^ . ,
43, rue Jacques-Dulud, à Neuilly (Seine). \ Raveret-Wattel.
,.._., . . . 1 0. C. Bérenger.
COLLIN (Antoine-Fritz), ancien notaire, juge \ . ç- \
de paix, à Lussac-les-Châteaux (Vienne). / .^ n i
^ ' ^ ' \ \ . Palyart.
_,,.,.._„ { Bourdel.
COLLINET (Edmond), négociant, 53, avenue \ . ., » „ • .u-i •
, ^, .,, , ., .,, ,o ■ ' \ A. GeoffroySamt-Hilaire.
de Neuilly, a Neuilly (Seine). j ^ p^^,^^
/ J. Cornély,
GÉRARD (Albert), rue Drouot, 8, à Paris. | A. Geoffroy Saint-Hilaire.
( Saint-Yves 3Iénard.
„ . . , „,, l k. Dubief.
Lelubez (Grégoire), constructeur, 59, rue \ „ . „ .
-, ^ f^ : \ Eugène Dupin.
Condorcet, a Pans. / i i" r • a
' V Jules Gnsard.
PiMONT (Georges-Pierre-Laurent), proprié- ( A. Geoffroy Saint-Hilaire.
taire, à Vilainville par Criquetot d'Esneval \ A. Porte.
(Seine-Inférieure). ' ( Saint-Yves Ménard.
^. , , , . ,„ ( A. Geoffroy Saint-Hilaire,
RoULiNAT (Charles), négociant, 49, rue ^
Charles-Lafitte, à Neuilly (Seine). ( Saint-Yves Ménard.
...... • r., ( Louis liesèble.
Vianelli (Albert), artiste peintre, 84, avenue ) » n .^
des Champs-Elysées, à Paris. / o • . ^ xi- i
V i ^ ( baint-Yves Ménard.
108 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
— Des remerciements pour leur récente admission sont adressés par
MM. A. de Bellecombe, Delaquys et Bravard.
— MM. A. Blanchon, Baril, Goil, Mérat, Bénardaky, vicomte de Mon-
dion et 0. Massias font parvenir des demandes de cheptels. — Renvoi à
Ja Commission spéciale.
— Des comptes rendus sur la situation de leurs cheptels sont adressés
par MM. Le Berre, comte d'Archiac, Sénéquier, Marlel-Houzet et Gorry-
Bouteau.
— M. le préfet de Constantine transmet deux rapports de MM. les
administrateurs des communes mixtes d'Oued-Marsaet de Takitount rela-
tifs aux encouragements à accorder à des cultivateurs de leurs com-
munes. — Renvoi à la Commission des récompenses.
— La Société impériale d'horticulture de Russie annonce qu'à
l'occasion du 25* anniversaire de sa fondation, elle organise, à Saint-
Pétersbourg, une Exposition internationale d'horticulture et un congrès
de botanistes et d'horticulteurs. L'ouverture en est fixée au 5/17 mai
prochain.
— M.Julien écrit de Chantenay : « Les Canards du Labrador sont
très répandus maintenant dans la Loire-Inférieure et dans les départe-
ments voisins grâce au couple que j'ai reçu de M. Garnol. J'ai distribué
à tous les demandeurs (et ils ont été nombreux), tous les œufs pondus
par ma Cane. N'en ayant élevé que cinq ou six que j'ai également don-
nés, il ne me reste plus que les deux premiers oiseaux qui m'ont été
envoyés. Je vais cette année essayer l'élevage d'une couvée pour rem-
placer les vieux dont j'ignore l'âge, d
— M. Delgrange écrit de Valenciennes : « Non seulement la femelle
de mes pigeons {Goura coronata) a pondu et couvé en juillet son œuf
(car elle n'en pond qu'un), mais elle a pondu de nouveau fin août et une
troisième fois fin septembre. Malheureusement ces œufs étaient clairs.
J'attribue le fait au mâle qui a eu le bout des pattes gelé et qui ne peut
pas bien cocher sa femelle. ^Je verrai cette année si je serai plus heureux».
— M. Ad. Jacquemart écrit de Reims : « Mes Saumons de Californie
sont beaux, mais d'une grosseur inégale. J'en ai de magnifiques et
d'autres d'une croissance lente. Je crois que la nourriture a dû être
insuffisante pour ces grands voraces, dont les plus petits sont quelquefois
la proie des gros, j'en ai été témoin. »
— M. le professeur Spencer F. Baird, commissaire des pêcheries des
États-Unis, prie la Société de vouloir' bien lui procurer les documents
publiés en France sur l'industrie ostréicole.
Par une autre lettre 31. S[)encer F. Baird fait connaître qu'il vient
de donner des ordres pour que le Bulletin de la Commission des Pêche-
ries soit, à l'avenir, adressé à la Société ; il annonce en même temps
l'envoi prochain d'œufs embryonnés de Whitefish {Coregonus albus)
et de Truite des lacs d'Amérique {Salmo namaycush).
PROCÈS-VERBAUX. 109
— M. de Behr, président de l'Associalioii allemande de pisciculture,
annonce qu'il compte faire prochainement à la Société l'envoi d'œufs
embryonnés de deux espèces de Corégones, la grande et la petite Marène
(Coregonus marœna et C. albiila).
— M. le Secrétaire des séances fait connaître que les œufs annoncés
par M. Behr sont déjà arrivés. Ces œufs, qui étaient dans un état de
parfaite conservation, malgré la longueur du voyage, ont été immé-
diatement distribués. M. Raveret-Wattel donne à celte occasion les ren-
seignements suivants :
» Le Coregonus marœna se pêche dans le lac Ladoga et le lac-
Peipus, eu Russie, et dans le lac Jladù, en Poméranie. Pendant la plus
grande partie de l'année, et surtout en été, ce poisson se tient à de
grandes profondeurs (iO ou 50 mètres), et ce n'est guère qu'à l'époque
de la reproduction que, recherchant les endroits moins profonds, il se
rapproche des bords pour venir frayer dans des eaux tranquilles. Le
frai a lieu en novembre et décembre. Une femelle peut donner de
20 à 50 000 œufs, lesquels ont 0"',0030 ou 0'",0035 de diamètre. Ces
œufs soiit libres, non adhérents, et un peu plus lourds que l'eau. Le
C. marœna vit surtout de Vers, d'Lisectes et de petits Mollusques; \\
atteint en moyenne une longueur de 0",60; mais des sujets de plus
forte taille ne sont pas rares. Ce poisson, qui paraît avoir existé autrefois
dans un assez grand nombre de lacs du nord de la Piusse , a été
propagé, depuis peu, dans différentes localités, grâce surtout à des
envois d'œufs et d'alevins faits de l'établissement de pisciculture de
Suwalki, en Pologne, oîi l'on s'occupe particulièrement de celte espèce.
La croissance paraît rapide, car les alevins d'un an, venus dans de bonnes
conditions, mesurent déjà 0"',20 de longueur. La chair blanche et ferme
de ce poisson est très recherchée, soit fraîche, soit fumée.
» Le C. albula se pêche dans presque tous les lacs des pays qui
avoisinent la Baltique. Ce poisson passe presque toute l'année dans les
eaux profondes, où il vit de iMollusques, de Vers et de petits Crustacés;
c'est seulement pour frayer qu'il gagne les endroits moins profonds, où
l'eau est calme. Le frai a lieu de novembre à décembre, à peu de dis-
tance du rivage ; il s'y effectue avec de grands ébats, au milieu d'évolu-
tions bruyantes qui attirent l'attention des pécheurs. Les œufs, plus
denses que l'eau, sont nombreux; chaque femelle en donne environ 10 000.
Le C. albula n'atteint généralement qu'une longueur de 12 à 15 centi-
mètres; mais, dans certains lacs, notamment le lac Dadey, prés de
Bischofsburg, la taille de ce poisson va jusqu'à 30 ou 35 centimètres.
C'est une excellente espèce alimentaire, dont la chair se consomme
aussi bien fumée que fraîche. On la pêche à l'aide d'immenses sennes.
» L'alevin de ces deux espèces, comme celui des autres Corégones,
ne peut guère être nourri artificiellement; en outre, ce n'est qu'avec
beaucoup de peine qu'on le tient captif dans les appareils d'incubatiou
110 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
traversés par un courant d'eau, car il s'échappe par les plus petites
ouvertures. Mieux vaut donc, très peu de jours après l'éclosion, lorsque
la vésicule vitelline est sur le point d'être résorbée, le mettre en liberté
dans les eaux qu'il est destiné à peupler. »
— Des remercîments pour les envois d'œufs embryonnés qui leur ont
été faits sont adressés par MM. des Vallières, Focet, Martial et Ber-
thoule, ainsi que par M. le Président de la Société Linnéenne du Nord de
la France, et par la direction de l'Aquarium du Trocadéro.
— M. Delgrange écrit de Valenciennes que les œufs de Salmo na-
maycush qui lui ont été adressés ont souffert de la gelée pendant le
transport, mais qu'il espère néanmoins obtenir des éclosions. Les œufs
out été mis en incubation sur une sorte de frayère artificielle au milieu
d'une large panier à claire-voie placé en eau de source. (.< Je fais faire
en ce moment, ajoute M. Delgrange, trois étangs qui auront chacun de
2 à3 hectares; ils seront finis prochainement. J'en ai déjà deux de plus
d'un demi-hectare, qui sont empoissonnés, et plusieurs réservoirs
alimentés par des sources, dans lesquels j'entretiens de la Truite. »
— En accusant réception de l'envoi d'œufs embryonnés qui lui a été
fait, le régisseur de l'établissement national de pisciculture de Bouzey
écrit : « Nous avons obtenu un beau résultat d'élevage de Saumons de
Californie; 600 alevins ont été répandus au printemps dernier dans la
Saône.»
— En remerciant des œufs de Coregonus albus qui lui ont été expé-
diés, M. Auguste Iledde fait connaître en ces termes la non réussite de
la presque totalité des œufs de Salmo fontinalis d'un précédent envoi :
c Sur un millier d'œufs, j'en ai choisi une soixantaine qui m'ont donné
cinq alevins. Ces poissons auront bientôt complété leur deuxième
année. Ils sont restés longtemps frêles et peu vigoureux, si bien que,
malgré mes soins, le choix de la nourriture et la qualité des eaux,
au bout d'un an ces poissons atteignaient à peine la taille d'un Véron.
Mais depuis six mois ces Salmo fontinalis prennent santé et vigueur
ainsi que du développement. J'espère l'année prochaine en obtenir des
œufs. Les Coregonus albus de ce même envoi étaient 'également si
endommagés, qu'à l'éclosion j'ai eu seulement deux sujets, qui ont pris
un bon développement.
» Dans le lac du Bouchet, qui appartient au département de la Haute-
Loire, et dont je me suis rendu fermier, j'ai péché il y a deux ans un
Corégoiie qui proportionnellement est le poisson le plus charnu que j'aie
jamais vu. La chair de ce poisson était légèrement parfumée comme celle
de l'Ombre commun, ferme et d'une délicatesse exquise. »
— M. Millet dépose sur le bureau plusieurs exemplaires du programme
de l'Exposition des Insectes qui doit avoir lieu au Palais de l'Industrie
du I"au 22 juillet 1S83, et qui est organisée par la Société centrale
d'apiculture et d'insectologie.
,■/'.)■ PROCÈS -VERyAUX. lil
Ms"" Perny, provicaire apostolique de Chine, écrit à M. le Secré-
taire général : « Au mois de mai de l'an dernier, la Société d'Acclimata-
tion a bien voulu me remettre environ deux cents œufs, des graines des
Vers à soie du chêne.
» J'en ai fait deux parts. L'une était destinée à M. le vicomte de
Melun, qui possède à Brumetz (Aisne) une magnifique forêt où le chêne
abonde. L'autre était réservée pour une famille aisée et intelligente de
Cerdon, dans le Loiret. J'avais donné des instructions détaillées à cha-
•cun des éducateurs.
» M. Douchy, instituteur de Brumetz, apportait les plus grands soins
à l'élevage des chenilles. Tout marchait à souhaits. Presque tous les
<Bufs avaient éclos. Les chenilles paraissaient se plaire beaucoup dans
cette forêt. Elles atteignaient déjà le maximum de leur grosseur, lors-
•qu'un jour il s'éleva dans le pays une tempête furieuse qui dévasta en
quelques instants toute la moisson du pays et hacha complètement le
feuillage des arbres. Toutes les chenilles furent broyées durant cet
ourao-an, sans qu'on en retrouvât une seule survivante. De mémoire
d'homme, on n'avait vu dans le pays un ouragan aussi terrible. Sans ce
malheur, tout faisait prévoir un succès complet dans l'éducation de ce
Ver à soie. Cette année, on fera un nouvel essai.
» Quant aux œufs confiés à mon ami de Cerdon, l'éclosion a été plus
tardive qu'à Brumetz. Elle a cependant réussi. On avait placé les œufs
dans une petite corbeille en osier, comme le font les Chinois. On a
nourri là, pendant une dizaine de jours, les jeunes chenilles, puis on les
a portées sur les chênes. Elles prospéraient admirablement. Aucune ne
paraissait malade. On les surveillait avec un soin maternel. On avait
oublié une de mes recommandations, celle de veiller au rapt par les
■oiseaux. En un jour ou deux, les mésanges s'abattirent avec ardeur sur
les chênes et firent un grand ravage. Mon ami était dans une désolation
d'autant plus vive que les chenilles étaient à la veille de faire leur pre-
mier cocon. On apporta les soins les plus minutieux à sauver la vie des
chenilles survivantes. ^Elles firent un premier cocon magnifique, dont
la soie est fort belle. Quinze jours après, environ, malgré la persistance
«xceptionnelle du mauvais temps, on obtint une nouvelle éclosion et une
nouvelle ponte d'œufs, mais, par suite du mauvais temps, cette deuxième
éclosion a mis une lenteur très grande à accomplir ses différentes phases
•de mues, et la chenille n'a pu faire qu'un deuxième cocon incomplet.
» Telle est sommairement l'histoire de cette double tentative d'élevage
de ce Ver à soie. L'insuccès tient à des causes exceptionnelles. Nous espé-
rons être plus heureux celte année, et nous sollicitons d'avance une
large portion des graines que la Société d'Acclimatation pourra prochai-
nement confier à ses membres. »
— M. Ilignet écrit de Varsovie : « J'ai reçu hier les 20 cocons de
Cynthia que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Sont-ce des cocons
112 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
de la seconde ponte ou une race univoltine comme celle que j'étais par-
venu à produire ici. Je m'attends à être dans Ja nécessité de recom-
mencer le travail commencé au début de la création de mon établisse-
ment de Siellze. Je regrette bien que la négligence de mon sériciculteur,
pendant un de mes voyages à Paris, ait laissé se perdre cette race
précieuse pour notre pays.
» J'attends le printemps avec impatience pour voir si mes Pernyi du
printemps dernier auront supporté jusqu'au bout la prolongation-
d'existence à laquelle je les ai condamnés. Les nymphes sont toujours
vivantes ; que sera-ce d'ici au mois de juin? La période à parcourir est
encore longue. Quelques Vers de la seconde ponte ont été élevés par moi
en chambre. J'ai eu de la feuille fraîche jusqu'à la fm d'octobre et
même au commencement de novembre. Cependant, un moment est
venu où elle a manqué, et mes Vers se sont résignés à manger des-
feuilles sèches. C'est sous l'influence de cette nourriture qu'ils ont iilé.
Les cocons sont assez beaux, moins fournis de soie cependant que ceux
d'été.
» Je vous remercie encore une fois pour les Cynthia, et me recom-
mande à vous pour toutes espèces d'œufs dont vous pourriez disposer
en ma faveur. J'ai planté déjeunes pruniers, pommiers, noyers, etc.,
pour répondre à toutes les exigences des espèces séricigénes que je
pourrais tenir de votre obligeance.
» Le Mûrier de l'Etna, dont je vous ai dans le temps envoyé de la
graine, a levé chez moi ; mais je n'ai pas osé le soumettre à la rigueur
de nos hivers, et j'en ai fait une plante de serre, qui entre maintenant en-
végétation. — Si vous pouviez joindre à vos envois quelques graines de
Mûrier du Japon, je vous en serais très reconnaissant. »
— MM. Carbonnier, Guillaume, Laisné, de Montrol, Dumézil, comte-
de Saint-Innocent, comte de Montlezun, R. Germain et Gorry-Bouteau,
ainsi que la Société nantaise d'horticulture, demandent à prendre part à
la distribution de graines diverses annoncée dans la Chronique.
— Des remerciements pour les envois de graines qui leur ont été faits,
sont adressés par MM. de Gazenove et Mathey.
— M. A. Masson écrit du château de Villeblevin (Yonne) : « De retour
d'un voyage au Canada, je viens vous rendre compte de mes démarches
infructueuses pour trouver l'origine du Topinambour. Tous les savants
de là-bas s'accordent à dire que la plante n'est pas originaire du
Canada. Je profite de cette occasion pour vous adresser trois bien petits
paquets de graines de Melons du Canada. Ces trois espèces sont les
meilleures, et je puis garantir que le Melo'n brodé de Skillman est tout
simplement délicieux, supérieur à mon avis à tous les autres Melons.
Voilà quatre ans de suite que j'en cultive, et outre que c'est un Melou
prolifique, hâtif et facile àpousser, il est, de l'avis de tous ceux qui l'ont
goûté, excellent.
PROCÈS-VERBAUX. H3
» Pour les deux autres espèces, je ne puis rien garantir; mais au
Canada elles sont aussi appréciées que les Skillmaii. Ces derniers se
forcent très bien; on doit les laisser bien mûrir avant de les cueillir; la
chair en est verte; ils sont très juteux et d'un goût très fin.
3) Si les graines de Melons que je vous envoie réussissent et sont
appréciées, je me ferai un plaisir de vous en envoyer d'autres. »
— A l'occasion du procès-verbal, M. Raveret-Wattel revient sur la
question de la formation des monstres dans la classe des Poissons. 11
fait remarquer que les monstruosités, causées par les manipulations de
la fécondation artificielle ou par les secousses du transport, sont toujours
des monstruosités simples, unitaires. 3Iais quand les œufs ont été
fécondés par la méthode sèche, il n'est pas très rare d'obtenir des
monstruosités doubles, et cela peut-être parce que ce mode tout artifi-
ciel de fécondation permet, plus qu'un autre, la pénétration de plusieurs
spermatozoïdes dans l'ovule.
— M. Millet fait connaître que les œufs récoltés sur des frayères na-
turelles ne lui ont jamais donné de monstres, probablement parce que
la fécondation s'est opérée dans des conditions régulières, et que chaque
ovule n'a reçu qu'un seul spermatozoïde.
— M. Decroix fait une intéressante communication sur un procédé de
destruction en Algérie des Criquets voyageurs , procédé imaginé par
M. Durand, ex-directeur de la Bergerie nationale de Ben Cliicao. Ce
procédé consiste à barrer le passage aux larves des Criquets, par de
longues bandes de zinc et de toile qui, soutenues sur des piquets, for-
ment par leur surface lisse un obstacle insurmontable pour les insectes.
Ceux-ci vont tomber dans des fossettes oîi il est facile de les recueillir.
On peut ensuite les utiliser comme engrais.
— M. Millet fait remarquer que le procédé imaginé par M. Durand est
un perfectionnement de celui dû à l'invention de Mehmed Saïd-Pacha, o-ou-
verneur de l'île de Chypre, et décrit dans le Bulletin de la Société d'Ac-
climatation (année 1871). Il ajoute que ce procédé paraît appelé à rendre
d'immenses services en Algérie, où, dans certaines années, les Criquets
occasionnent des dégâts s'élevant à 50 ou 55 millions. Récoltés et des-
séchés avec les soins voulus, ces insectes pourraient être utilisés pour la
nourriture des Faisans et d'une foule d'oiseaux qui s'en montrent très
friands. On pourrait sans doute aussi en préparer un produit de nature
à être substitué économiquement à la rogue de Morue pour la pèche de
la Sardine.
— M. Raveret-Wattel fait connaître que M. le docteur Morvan, de
Douarnenez,a, depuis longtemps, fait, avec le concours de l'administra-
tion de la Marine, des essais tendant à utiliser les Criquets de l'Alo-érie
pour la préparation d'une rogue artificielle. Ces essais n'ont pas donné
de résultats très satisfaisants. Les préparations obtenut.'s, même au
moyen de mélanges avec divers corps gras ou une certaine proportion
3' SÈHIB, T. X. — Février 1883. g
114 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
de ro""ue naUirolle, n'avaient pas la densité ni surtout l'onctuosité, le
liant nécessaire. La difficulté de la préparation et les frais de transport
auo-mentaient considérablement le prix de revient qui cessait d'être
avantageux.
M. Geoffroy Saint-IIilaire estime que les Criquets ne pourraient
être employés que dans une certaine mesure pour la nourriture des
oiseaux. On a plusieurs fois recommandé l'emploi de farine de Han-
neton; or cette nourriture, qui est très stimulante, réussit bien à
l'époque de la ponte ; mais , si l'on n'en usait pas avec modération, elle
deviendrait trop excitante et pourrait occasionner des maladies sé-
rieuses. C'est plutôt un médicament qu'un aliment.
— M. Maurice Girard dit que l'abondance des Criquets est hors de
toute proportion avec la consommation que pourraient en faire les
oiseaux. Notre confrère pense qu'il importerait surtout de détruire
les insectes arrivés à leur complet développement, les insectes ailés,
qui voyagent en légions innombrables formant des nuages de plusieurs
kilomètres d'étendue, et qui causent des ravages bien autrement graves
que ne le font les larves, seules détruites par le procédé de M. Durand.
M. Maurice Girard ajoute que ces larves sont souvent, mais à tort, seules
désignées sous le nom de Criquets par certaines personnes qui donnent
l'appellation erronée de Sauterelles à l'insecte adulte. Or VAcridium
pcregrinnm, ou Criquet de l'Algérie, est très différent des Locustiens
ou véritables Sauterelles.
— M. Millet pense que par quelques recherches on arriverait à pré-
parer avec les Criquets desséchés une rogue artificielle très satisfai-
sante, et qu'il en serait de même sans doute pour les produits destinés
à la nourriture des oiseaux. Depuis trois ans, M. Millet emploie, pour
l'élevage des Becs-fins, une pâtée composée de fécule de pommes de
terre et de farine de chrysalides de vers à soie, le tout aggloméré avec
de l'huile d'olive, et il en obtient d'excellents résultats.
— M. le Président dit que plusieurs Comices agricoles ont constaté
l'efficacité du procédé imaginé par 31. Durand, auquel des remerciements
ont été volés par le Comité de l'Algérie. La destruction des larves ne
peut avoir qu'une très grande utilité, puisqu'elle prévient la transfor-
mation de ces larves en insectes adultes, ailés.
— M. Decroix dit que les insectes ailés sont moins nuisibles que les
larves, attendu qu'ils passent rapidement. Les larves, au contraire, ne
cheminent que lentement, ravageant tout sur leur passage, ne laissant
pas, dans les cultures, un mètre de terrain intact.
— M. Maurice Girard craint que les Criquets adultes ne fassent, eux
aussi, beaucoup de mal. Le danger lui paraît être dans les migrations
de ces individus ailés qui arrivent du désert, et qui viennent pondre
dans les régions cultivées. Il pense qu'on devrait surtout s'occuper de la
destruction des œufs.
PROCÈS-VERBAUX. 115
— Sur la demande de MM. Millet et Maurice Girard, la communication
de M. Uecroix est renvoyée aux 2« et 4' sections.
— M. Fornet présente à l'assemblée un modèle d'hydro-incubateur de
son invention, appareil dont il fait ressortir les avantages. (Voy. au Bul-
letin.)
SEANCE DU 16 FÉVRIER J883.
Présidence de H. Henri Bouley, Président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après une
observation de M. Millet.
— M. le Président proclame les noms des membres nouvellement
admis par le Conseil, savoir :
MM. PRÉSENTATEURS.
Brun (François-Eugène), médecin-vétéri- ( ^"J*^"^ J^^P'"*
n n • ■ n • ' n • \ ot-ives Menard.
naire, 9, rue Casunir-Perier, a Pans. ) ... .
V Vigier.
Massjas (Gabriel), négociant, passage Mas- A. Bouts.
séna, i, à Neuilly (Seine), et 13, rue Vi- ■ Eugène Dupin.
vienne, à Paris. ( St-Yves Ménard.
Métra (Claude), propriétaire, boulevard ( f ",°^"^ ^"P'"*
d'Inkermann, 22, à Neuilly (Seine). } l"^"^ Grisard.
\ Eugène vavin.
ViNCENDON-DuMOULiN, vice-président de la ( Vicomte Brenier de Mont-
Société d'agriculture de Saint-Marcellin { i^o'<^n •
à Chevrières (Isère). ^ ^'^«"^'"'^y Saint-Hilaire.
\ Raveret-Wattel.
— M. Beauchaine adresse des remerciements au sujet de sa récente
admission.
— M. Bravard demande qu'il lui soit envoyé un exemplaire du règle-
ment sur les cheptels, ainsi que la liste des animaux et des végétaux mis
en distribution.
— Des remerciements pour les cheptels qui viennent de leur être
accordés sont adressés par MM. Bénardaky, G. de Kervénoaël, Saury,
de Fontette, Delloye-Orban, Pitard, 0. Larrieu, Le Pelletier, Chambry
et le comte de Montiezun.
— M. Charles Baltet écrit de Troyes : « M. Paul Hariot, de Méry-
sur-Oise (Aube), va rejoindre la mission française au Cap Horn, à titre
de botaniste officiel.
» Mon jeune compatriote, préparateur au Muséum d'histoire naturelle.
.116 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
serait heureux, j'en suis certain, de rencontrer des correspondants de la
Société d'Acclimatation et d'avoir leur concours bienveillant. »
— M. N. Masson écrit à M. le Président : « Je viens de recevoir de
M. Jean Kiener fils, de la Forge, près Watback (Haute-Alsace), une
réponse à la lettre que je lui ai adressée, relativement au croisement du
Cochon d'Inde avec le Rat.
» Dans une de nos premières séances, M. le Secrétaire général a bien
voulu nous donner communication d'un renseignement qu'il avait reçu
de M. Kiener, au sujet de ce croisement. Notre Société n'a pas jugé,
tout d'abord, devoir apporter une créance absolue.
» J'ai voulu m'iiiformer directement auprès de ce collègue pour con-
naître les sujets qu'il avait obtenus, et voici sa réponse :
« Monsieur et cher confrère,
> Soyez convaincu et tenez pour certain, que, dans les faits observés
j ici sur le Cochon d'Inde, il est pertinent :
» Que des individus de celte espèce sont nés de mères de pure race,
» qui ont été vues en compagnie de Rais, avec des queues d'égale lon-
» gueur à celle des Rats.
» La certitude d'une alliance du Cochon d'Inde avec le Rat, révélée
» par une ressemblance de forme, de queue et de caractères généraux du
» Raf, m'avait dégoûté de ces animaux. Le croisement a eu lieu, il peut
* se reproduire.
» La coloration du poil, je ne la considère que comme accessoire.
> Tout à votre disposition, je reste votre dévoué collègue.
» Signé : Kiener fds. »
» Je crois qu'il ne serait peut-être pas superflu de tenir compte de ces
renseignements, et même d'en prendre note, et je vais m'occuper, de
mon côté, d'acquérir quelques sujets de ces reproductions, que j'aurai
l'honneur de soumettre à l'examen de notre honorable Société, pour la
curiosité du fait, dont il est bon de s'assurer. » — (Renvoi à la t" sec-
lion.)
— M. Rogeron écrit du château d'Arceau (Maine-et-Loire) : c Comme
je vous le disais dans ma dernière lettre, je possède , depuis près de
quatre ans, un Cygne de Rewik {Cygniis minor), superbe oiseau, dont
j'ai pu, par là même, apprécier à loisir tous les mérites, et parmi les-
quels le principal est, sans contredit, la petitesse de sa taille qui lui
assignerait une place dans bien des pièces d'eau et jardins plus ou moins
restreints, dont ses congénères sont exclus à cause de leurs grandes
dimensions. Il ne le cède d'ailleurs en rien à ceux de sa race par la
grâce et la sociabilité; et sa blancheur est encore d'un plus grand éclat
que celle du Cygne domestique et du Cygne sauvage... d
— M. Deschamps sollicite une récompense de la Société pour l'intro-
FROCÈS-VERDAUX. 117
duction du Colin de Californie. — Renvoi à la Commission des récom-
penses.
— Des remerciements pour les envois d'œufs embryonnés qui leur ont
été faits, sont adressés par MM. Banmeyer, Bertlioule, Carbonnier,
Louis, Lugrin, ainsi que par le régisseur de l'établissement national de
pisciculture de Bouzey, et par la direction de l'Aquarium du Trocadéro.
— En accusant réception des œufs de Corégone qui lui ont été adressés,
M. le vicomte de Causans ajoute : « Ces œufs sont arrivés tous en parfait
état; ils sont d'une transparence irréprochable. Je suis étonné que vous
arriviez à avoir si peu de perte pour des trajets aussi longs. Le jour
même, ils ont été transportés à Saint-Joan-de-Nay, à 17 kilomètres du
Puy, dans des appareils à éclosion construits avec beaucoup de soins,
alimentés par une source abondante d'une température de 9 à 10 de-
grés.
» Aussitôt après leur éclosion, ils seront déposés à des places choisies
et très favorables, à l'embouchure d'un ruisseau d'eau vive dans une
pièce d'eau d'un demi-hectare ayant jusqu'à 5 mètres de profondeur, et
recevant les égouts du village, et d'une vaste prairie qui fournissent une
abondante nourriture. Ils y sont attendus par les With-fish de l'année
dernière, dont on a pu constater le succès depuis leur éclosion, au
printemps dernier. Je vous aviserai du succès des éclosions dès qu'elles
auront lieu. »
— M. le professeur Spencer F. Baird, commissaire des pêcheries des
Etats-Unis , annonce l'envoi qu'il compte faire prochainement à la
Société de l5 000 œufs de Saumon des lacs {Land locked Salmon).
— M. le comte G. Casati adresse à la Société 40 grammes de graine
de Ver à soie du mûrier de la race milanaise dite Brianza Verdolina
Casati. Celte graine, obtenue par le système cellulaire, est très saine.
— M. de Villette adresse une demande d'œufs ou de cocons de diffé-
rentes espèces de Vers à soie.
— M. Antonio Blasco fait parvenir une demande de graines.
— M. Gorry-Bouteau accuse réception et remercie de l'envoi de
graines qui lui a été fait.
— M. Jules Leroux annonce l'envoi des noix de Jtiglans nigra qu'il a
bien voulu mettre à la disposition de la Société.
— M, Ch. Baltet adresse des fruits et des graines de Loza {Rhamnus
utilis) employé pour la fabrication du vert de Chine.
— M. Guillaume adresse un compte rendu de ses essais de culture de
Saggina.
— M. Eug. Vavin écrit de Neuilly (Seine) : « J'ai le plaisir de vous
annoncer que je viens de recevoir de notre savant collègue, M. Masson,
commandant le Catinat, et gouverneur du Gabon, un pied de Mais, qui
a i'",C)0 de haut.
» Ces jours-ci, j'ai reçu de Santiago de Cuba, un pied d'Arracac/ja
118 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
csculenta, en pleine végétation. J'espère en recevoir d'autres d'ici à
peu de temps. »
— M. Sanford, ancien ministre des États-Unis en Belgique, annonce
qu'il va faire expédier de la Louisiane à la Société, une barrique de
Noix de Pacanier. « Ce bel arbre, ajoute M. Sanford, a bien réussi en
Belgique; je suis sûr que, dans le sud de la France, il atteindra de
grandes dimensions et sera très ornemental. Il se fait chez nous un
grand commerce de noix, qui se vendent à un prix assez élevé. »
— M. Beauchaine écrit de Chàtellerault : « Je prends la liberté de
recommander à la bienveillante attention de la Société, une variété de
Poire obtenue par M. d'Iray, et par lui nommée Poire M"'' Solange
d'iray. Cette variété, issue de la Poire Citron-des-Carmes, est un peu
plus précoce et de qualité bien supérieure. C'est la meilleure Poire pré-
coce que je connaisse, et je serais heureux d'en offrir des greffons à ceux
des membres de la Société qui auraient désir d'en essayer la culture. »
— M. le Secrétaire général dépose sur le bureau :
1° Des fruits de Zapallilo de Tronco de variété pure, offerts par
M. Berson ;
2° Un sac de graines de Soja noir, provenant des cultures du Jardin
d'Acclimatation d'Hyères ;
3° Une note dans laquelle M. Delaurier aîné, d'Angoulême, rend
compte de ses élevages d'Oiseaux exotiques, et fait connaître la situation
satisfaisante des Tragopansde Blyth qui lui ont été confiés par le Jardin
d'.\cclimatation (voy. au Bulletin) ;
4° Un ouvrage récemment publié par M. La Perre de Boo, et intitulé:
Monographie des Pigeons domestiques. Ce volume est accompagné de la
note suivante : « Jusqu'ici, les auteurs qui ont écrit sur les Pigeons, se
sont contentés de faire des descriptions banales et absolument incom-
plètes des caractères généraux et distinctifs des types purs de nos
diverses races de Pigeons d'utilité et d'agrément. La raison en est facile
à expliquer : les types purs avaient en quelque sorte cessé d'exister,
par suite des nombreux croisements que nos diverses races de Pigeons
domestiques avaient subis dans nos fermes et dans nos basses-cours.
» Or les races pures, ayant disparu de la surface du globe, les
auteurs français qui ont écrit avant moi sur les Pigeons, ne possédaient
aucune base qui pût les guider dans leurs descriptions; car les pré-
tendus types purs n'avaient de constance qu'au gré de l'éleveur ou du
caprice d'un jury.
» Voulant mettre de l'ordre dans cette confusion des races qui, dans
les concours, exposait le jury à toute sorte de désagréments, nos voisins
d'outre-Manche, en gens pratiques, ont reconstitué les races d'après
des bases convenues entre les principaux éleveurs du pays.
» Ils ont donc adopté pour chaque race un type officiel, reconnu,
approuvé et couramment admis par le jury du Palais de Cristal et par
PROCÈS-VERBAUX. 119
les exposants ; et c'est d'après ces bases que j'ai fait la description des
diverses races de Pigeons domestiques qui sont mentionnées dans mon
ouvrage.
» La vérité est que cet ouvrage manquait en France; car les Pigeons
qu'on nous met tous les ans sous les yeux au Palais de l'Industrie ,
attestent l'ignorance des éleveurs, et démontrent jusqu'à l'évidence
qu'ils ne connaissent pas les caractères généraux des races qu'ils culti-
vent. A la dernière Exposition, j'ai vu le même éleveur exposer des
Pigeons Boulants anglais rouges, ayant la queue rouge, et un couple de
Pigeons de la même variété ayant la queue blanche ! Or aucun auteur
français ne dit dans son ouvrage si la queue du Boulant rouge doit être
blanche ou rouge : c'est ce qui explique l'ignorance de l'éleveur.
» Je crois donc avoir rendu un immense service aux amateurs de
Pigeons, en écrivant un livre dans lequel ils trouveront un inventaire
complet de tous ces petits détails que les auteurs qui ont écrit avant
moi, ont cru pouvoir négliger, au grand détriment du progrès et de la
science, et sans lesquels il est impossible d'étudier les races. »
— M. le Secrétaire général appelle ensuite l'attention de l'assemblée sur
de nouveaux faits de croisement observés, entre espèces fort différentes,
<lans la classe des Oiseaux. 11 mentionne d'abord le Faisan bleu, de
€ochinchine et de Siam, qui a été allié avec le Faisan argenté, par
M. Mathias, de Bourg-la-Reine. Ce croisement présente d'autant plus
d'intérêt que les deux espèces sont assez éloignées pour que certains
naturalistes aient proposé de les classer dans des genres distincts.
Un autre croisement fort curieux, récemment obtenu, c'est celui du
<]anard Casarka et de l'Oie d'Egypte, c'est-à-dire de deux oiseaux appar-
tenant d'une façon bien précise à deux genres différents.
A l'occasion de ces faits, M. le Secrétaire général exprime l'opinion
que, plus les observations se multiplient, plus la notion de l'espèce,
telle qu'elle a été comprise autrefois, se modifie et s'altère.
« L'espèce est pour nous, ajoute M. Geoffroy Saint-Hilaire, un moyen
de classement, mais elle n'existe pas dans la nature, attendu que nous
voyons, chaque jour, des faits nouveaux venir nous démontrer qu'il y a
des groupes naturels et qu'il n'y a pas d'espèces d'une façon absolument
certaine, absolument fixe, puisque l'on passe de l'une à l'autre par des
variétés insensibles. »
M. le Secrétaire général met ensuite sous les yeux de l'assemblée
deux aquarelles, représentant, l'une un Mouton d'une variété importée
pour la première fois de l'Inde, l'autre une Corneille qui a été capturée
prèsd'Étrépagny, et qui, au lieu d'être, soit entièrement noire comme la
Corneille ordinaire, soit complètement blanche, comme le sont les sujets
albinos, présentait, avec un plumage noir, une tache blanche en forme
de cravate.
—M. de Barrau de Muratel dépose sur le bureau une note de M. Vialan,
120 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
instituteur à Blan (Tarn), qui a fondé dans son école une Société pour la
proteclion des oiseaux et la destruction des animaux nuisibles.
L'année dernière, cette Société, qui compte 70 enfants, a découvert et
protéf^é 560 nids d'oiseaux divers; elle a, en outre, détruit environ
16000 insectes nuisibles. M. de Barrau de Muratel ajoute que déjà plu-
sieurs instituteurs ont suivi l'exemple de M. Vialan, et créé dans leurs
écoles des Sociétés pour la protection des oiseaux et la destruction des
insectes.
Sur la demande de M. de Barrau de Muratel, le travail de M. Vialan
est renvoyé à la 2" section.
Tout en reconnaissant les services que peuvent rendre de sembla-
bles Sociétés, M. Maurice Girard exprime la crainte qu'elles ne détrui-
sent souvent beaucoup d'insectes utiles.
— M. de Barrau de Muratel fait remarquer qu'il importerait que des
ouvrat^es élémentaires, donnant la liste des insectes à détruire et celle
des espèces à respecter, fussent mis à la disposition des instituteurs.
— M. Maurice Girard donne lecture d'une note de M. Fallou rendant
compte d'une éducation de Ver à soie du chêne de la Chine (Attacus
Pernyi) faite en plein air, dans la forêt de Sénart. — (Voy. au Bulletin.)
— M. de Barrau de Muratel fait connaître que, d'après les journaux,
les Hirondelles auraient déjà fait leur apparition à Nevers. « Le fait,
ajoute notre confrère, aurait besoin d'être vériûé, eu égard à l'époque
de l'année; s'il est exact, c'est que l'hiver touche à sa fin. »
— M. Paillieux fait connaître le résultat de ses cultures expérimen-
tales de Plantes chinoises, et donne lecture d'une note sur le Pet-saï de
Mongolie. — (Voy. au Bulletin.)
Le travail de M. Paillieux est renvoyé à la Commission des récompenses
avec invitation d'examiner s'il n'y aurait pas lieu de créer quelques prix
pour l'introduction de certains des Végétaux chinois mis en essais par
notre confrère.
M. Raveret-Watlel fait une communication sur les échelles à
Saumons, et présente un modèle d'échelle offert à la Société par M. le
colonel Mac-Donald, inspecteur des pêcheries de l'État de Virginie.
Le secrétaire des séances,
C. Baveret-Wattel.
IV EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS
PREMIÈRE SECTION
SÉANCE DU 9 JANVIER 1883.
Présidence de M. DECROix
Il est procédé au début de la séance à l'élection du bureau pour
l'année 1883. Sont élus :
Président: M. Decroix;
Vice- Président: M. Ménard;
Secrétaire: M. Gautier;
Vice-Secrétaire : M. X. Dybowski;
Délégué dans la Commission des récompenses : M. Ménard.
11 est donné connaissance à la section d'une lettre de M. Fauvel, ofti-
cier des douanes chinoises, se mettant à la disposition de la Société d'Ac-
climatation pour lui envoyer des animaux ou des plantes du pays, et
demandant de vouloir bien lui adresser une note indiquant les espèces
qui l'intéresseraient particulièrement. La Section adresse ses remercie-
ments à M. Fauvel; une note dans le sens demandé lui sera envoyée.
M. le Président lit ensuite une lettre de M. le marquis de Pruns
appelant à nouveau l'attention de la Société sur ce que les Chèvres ne
sont pas comprises au nombre des animaux admis dans les concours
régionaux.
M. le Président et après lui M. Dybowski proposent d'adresser à brei
délai une lettre à M. le Ministre du Commerce, mais sur l'observation
de M. Gautier et de plusieurs autres membres, qu'il n'y a pas urgence
puisqne la décision ministérielle ne pourrait produire effet pour le con-
cours des animaux gras s'ouvrant le 28 janvier, et qu'il y a intérêt a
discuter la question d'une façon plus approfondie, la Section remet la
discussion à sa prochaine séance.
M. le Président donne communication d'une lettre de M. Jean Kiener
informant la Société qu'ayant mis en liberté dans une cour un couple de
Cobayes, ces animaux se sont croisés avec des Rats.
Il donne également communication d'une lettre de M. Reynal, infor-
mant la Société que des Cobayes ayant été envoyés par lui au pic du
Midi, ont été lâchés dans la montagne, s'y sont fait des abris, et y ont
reproduit. Dans cette lettre, M. Reynal informe également la Société que
des Ouistitis viennent de reproduire en France à côté de chez lui, à Péri-
gueux, et que des deux petits nés, l'un est mort, mais l'autre est arrivé
presque à grosseur. Ces différentes communications devant être repro-
duites à l'Assemblée générale, la Section se borne à adresser ses remer-
ciements à leurs auteurs.
Le Secrétaire,
Jules Gautier.
122 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
DEUXIÈME SECTION
SÉANCE DU 9 JANVIER 1883.
Présidence de M. le baron d'AvÈNE, Vice-Président.
L'ordre du jour porte la nomination du bureau.
Le dépouillement du scrutin donne le résultat suivant:
Président: M. Millet;
Vice-Président : M. le baron d'Avène;
Secrétaire: M. Gustave Sturne ;
Vice-Secrétaire: M. le vicomte d'Esterno ;
Délégué dans la Commission des récompenses: M. Millet.
M. Grisard donne lecture d'une lettre de M. le Ministre de l'Agricul-
ture, répondant à une demande faite par la Société d'ouvrir un concours
pour les Couveuses artificielles au moment du concours dit des animaux
gras à Paris.
M. le Ministre ne peut accepter cette proposition, par la raison que,
les machines agricoles ne sont admises que pour être exposées et ne
sont l'objet d'aucune récompense.
M. Xavier Dybowski trouve que cette réponse était inévitable.
M. Sturne pense qu'il est r£grettable, que M. le Ministre n'ait pas
autorisé ce concours, qui se fait sentir de jour en jour plus nécessaire,
et il rappelle que dans une de nos dernières séances générales, M. le
vicomte d'Esterno écrivait une lettre dans le même sens. Non seulement
ce concours rendrait un grand service aux éleveurs et à l'agriculture, mais
cette question s'étend encore à l'élevage des Autruches, dont nos colonies
peuvent retirer de si grands bénélices ; et, comme M. Sturne avait été le
promoteur de cette démarche, il demande que la Section veuille bien
émettre le nouveau vœu d'une seconde démarche, pour faire l'expé-
rience des Couveuses artificielles, une fois seulement, au concours de
1884, afin de reconnaître celles qui sont les meilleures.
M. le Président met la motion aux voix, qui est adoptée.
L'ordre du jour appelle l'attention de la Section sur les instructions
que demande M. Fauvel, officier des douanes chinoises, à Han-Kéou, qui
se met à la disposition de la Société d'Acclimatation, pour des questions
d'histoire naturelle, sur la faune si fiche du Céleste-Empire.
M. Sturne demande si M. Fauvel a été l'objet d'une récompense pour
les savantes communications qu'il a faites à la Société, particulièrement
lors de son dernier passage à Paris. En tous cas, M. Slurne prie la
deuxième Section d'émettre le vœu que les travaux de .M. Fauvel soient
examinés par la Commission des récompenses.
Cette proposition est adoptée.
M. Millet présente deux têtes, pattes et ailes comparatives d'une espèce
de Perdrix grise nouvelle et d'une Perdrix grise ordinaire et dit :
PROCÈS-VERBAUX.
423
« On ne connaît généralement en France, qu'une espèce de Perdrix grise ;
mais depuis deux ans, vers la fin d'octobre, dans la région du nord de la
France, et particulièrement dans les départements de l'Aisne, de l'Oise et
du Nord, on voit des passages, pendant une huitaine de jours seulement,
de cette petite espèce, se dirigeant vers le midi; ces migrations s'o-
pèrent par bandes de 25 à 35 têtes, et toujours à la même époque.
» On ne trouve, dans les ouvrages, que des indications très incomplètes
qui sont indécises pour la désigner, soit en une race ou une espèce. 11
serait intéressant de savoir si d'autres personnes ont remarqué ces
migrations de Perdrix nouvelles, tant au point de vue de l'histoire natu-
relle, que de la chasse. »
M. Millet termine en promettant un rapport détaillé à la Société.
Le Secrétaire,
Gustave Sturne.
TROISIÈME SECTION
SÉANCE DU 16 JANVIER 1883.
Dès l'ouverture de la séance, il est procédé à l'élection du bureau de
la Section pour l'exercice 1883. Sont élus:
Président: M. Vaillant;
Vice-Président : M. de Barrau de Muratel ; -
Secrétaire : M. Banmeyer ;
Vice-Secrétaire : M. Léon Vidal ;
Délégué dans la Commission des récompenses : M. Berthoule.
M. Baveret-Wattel donne lecture de diverses lettres adressées à la
Société et de nature à intéresser la Section.
Parmi ces lettres, il en est une, émanant du Ministère de la Guerre,
demandant des renseignements sur les échelles à Saumons.
En réponse à cette lettre, l'administration de la Société a communiqué
au Ministère le modèle d'échelles à Saumons imaginé par M. Mac-Donald
et employé avec un très grand succès aux États-Unis d'Amérique.
Une intéressante discussion a lieu au sujet des échelles à Saumons et
de l'importance que présente cette question, au point de vue du repeu-
plement des cours d'eau.
Il est évident que partout où il existe des échelles mal construites, les
Saumons ne peuvent remonter facilement le cours d'eau; ils sont violents
dans leurs instincts, d'où résulte l'appauvrissement des fleuves et ri-
vières. On ne saurait donc insister trop sur la nécessité de recourir
pour la construction des échelles à des types consacrés, après une longue
expérience, par de bons résultats.
M. le Président annonce la satisfaction qu'il éprouve de voir le Minis-
124 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACGLIMATATION.
1ère de la Guerre faire appel en pareil cas aux lumières des membres
de la Société d'Acclimatation.
A propos de Saumons, M. Raveret-Wattel expose que les Saumons de
Californie se sont remarquablement reproduits dans les bacs du Troca-
déro. Il y a eu toutefois une très grande mortalité parmi les sujets repro-
ducteurs, par suite sans doute de blessures.
En Améri(}ue, on a constaté une très grande mortalité des sujets qui
ont frayé, ce qui prouverait que cette mortalité, qui a surtout atteint
les mâles, tient à une cause étrangère aux entraves apportées à la lil)re
circulation des poissons par suite de barrages , ou d'échelles défectueuses.
Cette mortalité n'a pas d'ailleurs été générale, car dans le Sacra-
menlo il y a de nombreux sujets qui ont frayé plusieurs fois.
Le fait de mortalité des Saumons au moment du froid, fait signalé à la
Société par une lettre de M. Le Faute, provoque un intéressant échange
d'idées au sujet des causes de maladie ou de mortalité des poissons élevés
en stabulation.
La nourriture animale qui est donnée aux Saumons est, ainsi que cela
s'est produit à Courance, dit M. Millet, une des causes d'infection des
eaux qui amènent des maladies mortelles. D'ailleurs, les Saumons tenus
enfermés sont privés de leur migration annuelle vers la mer, ce qui est
une anomalie dont ils doivent naturellement se ressentir.
Un membre fait remarquer qu'au Trocadéro la nourriture n'est com-
posée que de poissons, ce qui n'empêche pas qu'il y ait chaque année une
grande. mortalité. Les femelles sont très souvent maculées de mousses.
Les exemples de poissons recouverts de mousses abondent. Les Carpes
du Dois de Boulogne ont été souvent les victimes de ce parasite végétal.
Des Anguilles au repos en sont souvent recouvertes. M. Vaillant explique
que le mycélium du Saprolegna envahit le dessous des écailles.
Les animaux atteints peuvent être guéris si les conditions du milieu oîi
ils vivent se trouvent modifiées. En général, ce parasite végétal se pro-
page d'autant plus facilement, que l'animal est maintenu dans une eau
plus dormante.
M. Raveret-Wattel ajoute qu'en Amérique, on emploie de l'eau salée
assez saturée pour faire disparaître la maladie.
M. Millet donne quelques intéressants détails au sujet de la maladie
des Ecrevisses.
11 n'existe presque plus de ce crustacé dans le département de l'Aisne
où il y en avait beaucoup.
11 serait intéressant de dresser une carte des localités où la maladie a
sévi. La Société d'Acclimatation possède sur celte question un ensemble
de documents qu'il serait intéressant de grouper, de façon à étudier le
mal de plus près et à présenter à la Section un travail plus complet.
M. Millet veut bien se charger de préparer ce rapport.
On dit que celte maladie est causée par la présence d'un parasite.
PROCÈS-VERBAUX. 125
mais cane semble pas, suivant M. Millet, pouvoir donner une explication
des cas foudroyants.
M. Raveret-Waltel répond que le distome de l'Écrevisse se reproduit
avec une telle rapidité que l'on pourrait bien trouver là une cause des
mortalités soudaines constatées dans diverses localités.
Il ajoute que la maladie tend à disparaître en Allemagne.
M. Millet pense que le meilleur moyen pour étudier la maladie con-
sisterait dans l'examen immédiat des sujets contaminés, il y aurait donc
lieu de prier les personnes chez qui sévit la maladie, d'envoyer à la
Société des échantillons malades.
Il est décidé que l'Administration sera invitée à écrire dans ce sens.
M. le Président trouve dans le dossier de la Section, un projet de loi
relatif à la pêche fluviale, il propose de nommer une Commission qui
s'occuperait de l'examen de ce projet.
Cette proposition étant accueillie, une Commission est nommée com-
posée de : MM. Millet, de Glaligny, Banmeyer et Raveret-Wattel.
31. Vidal fait remarquer à ce propos que les travaux de la troisième
Section lui paraissent demeurer un peu à l'état de lettre morte. L'année
dernière, aucun procès-verbal émanant de cette section, n'a été publié,
il exprime le désir que ces réunions puissent avoir une sanction
effective. Il lui semble que la Section devrait être informée des suites
qui sont données à ses propositions.
M. J. Grisard répond que les procès-verbaux n'ayant pas été remis au
Secrétariat, il n'a pu être statué sur les vœux émis par la Section.
Le Vice-Secrétaire,
Léon Vidal.
QUATRIÈME SECTION
SÉANCE DU 23 JANVIER 1883
Présidence de M. Fallou, Vice-Président.
La Section procède à la constitution de son bureau.
Sont élus par scrutin de liste :
Président :M. Maurice Girard;
Vice-Président : M. Fallou;
Secrétaire : M. Clément ;
Vice- Secrétaire : M. X. Dybowski ;
Délégué à la Commission des récompenses : M. Fallou.
M. Grisard lit: X" une lettre de M. le comte Casali, de Milan qui offre des
graines de Vers à soi(î du mûrier provenant d'une variété saine et robuste;
t° Un mémoire de M. Fallou intitulé : Observations sur «n Lvpido-
126 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
phire hétérocère séricigène, provenant d'un envoi de M. Moquin-Tandon,
de la Cochinchine ;
3» Une lettre de M. P. Nemelz, à Wiener-Neustadt (Autriche), sur une
éducation de Pernyi ;
4" Deux lettres de M^e de Bompar, relatives à la destruction du
pliylloxera par une araignée : le Trombidion, laquelle vivrait sur le
Fraisier, D'après M""" de Bompar, on détruirait le phylloxéra, en plan-
tant des Fraisiers dans les Vignes.
A ce propos, M. M. Girard dit que c'est là une erreur absolue; le
Trombidion ne mange pas le phylloxéra : peut-être en détruit-il quand
il est à l'état de larve, car alors il a un régime parasitaire sur les insec-
tes, mais, adulte, il suce les plantes. Le phylloxéra ne prend que sur les
■ sarments, — il est nionophage et ne vit que de la Vigne.
M. Fallou ajoute qu'il est bien possible que le Fraisier attire le Trom-
bidion, comme il attire beaucoup d'autres insectes, et entre autres les
altises.
Il est donné lecture de la lettre suivante de M. de Confévron, relative
- à une observation qu'il a faite sur les mœurs des Cigales et des Sphex.
a Je cède au désir de raconter à ceux de nos confrères qui s'occupent
d'entomologie et que cela pourra intéresser, une observation que j'ai
faite par hasard sur les mœurs des Cigales et des Sphex.
» C'était en Vaucluse, pendant l'été de 1881, par une de ces journées
brûlantes pendant lesquelles, dans le Midi, le soleil dardant d'aplomb
ses rayons de feu, engourdit tout, durant quelques heures du milieu du
jour. Alors, tout se taisant dans la nature, on n'entend guère que le zi zi
strident des Cigales, qui semble rendre plus accablante encore cette
fournaise où elles sont dans leur élément et qui fait leurs délices.
» J'étais assis à l'ombre d'un arbre, regardant tout près de moi les
rapides cicindelles poursuivant leur proie sur le sable embrasé.
» Mes yeux vinrent à s'arrêter sur un platane où je remarquai une
Cigale. Avec la tarière qu'au repos elles portent repliée le long de leur
abdomen et qui, comm.e on sait, remplace chez les femelles l'appareil
du chant dont les mâles seuls sont pourvus, elle avait creusé dans
l'écorce de l'arbre, un puits artésien ou elle s'abreuvait de sève.
» Tout à coup, deux Sphex arrivent, et sans hésiter, se mettent à
pousser, tirailler, harceler ma Cigale, tant et si bien qu'ils lui font
quitter la place et se mettent à se délecter à la source dont elle était
l'inventeur.
» N'est-ce pas là un exemple de plus, du parasitisme naturel qu'on
retrouve à chaque pas.
» Ce fait n'étant pas à la connaissance de tous, j'ai voulu vous le
narrer dans toute sa simplicité, car tout se tient et s'enchaîne dans
l'étude de la nature et les moindres remarques peuvent être utilisées.
)> Veuillez, etc. « De Confévron. »
PROCÈS-VERBAUX. 127
M. Millet promet une note, pour la prochaine séance, sur le dévelop-
pement de la sériciculture en Autriche qui, depuis deux ans, a pris de très
grands développements.
M. Millet tient de M. Durand des documents sur les ravages et la
destruction des criquets voyageurs. MM. Durand et Millet doivent en
parler en séance générale, mais dès à présent M. Millet dit que
M. Durand a sans doute perfectionné le mode de destruction dont se
servait le Gouverneur de Chypre.
M. Grisard rappelle que M. Fauvel, officier des douanes en Chine,
offre ses services; la Section remercie 31. Fauvel et se propose de pro-
fiter de ses offres à l'occasion.
M. Fallou se propose de donner en séance générale un compte rendu
détaillé d'une éducation de Pernyi. Mais dès maintenant il donne quel-
ques renseignements : M. Huin lui a donné des œufs. 11 a placé des
jeunes Vers sur des cépées de chêne dans la forêt de Sénart. Au moyen
de quelques abris, malgré la grêle, les Vers ont abouti complètement.
Ce qu'il y a d'important dans celte éducation, c'est l'obtention de cocons
qui n'éclosent qu'au printemps suivant. Cette espèce paraît donc dis-
posée à devenir univoltine, seule condition qui permet de conserver
l'espèce chez nous et d'en propager la culture, car restant bivoltine, les
Vers de la deuxième éclosion, qui se fait en octobre, ne trouvent pas la
nourriture fraîche qui leur est indispensable. En outre, en automne,
les jeunes chenilles sont attaquées par les araignées, qui en détruisent
une grande quantité et diminuent encore les chances de la conservation
de l'espèce.
M. Hignet, à Varsovie, et le professeur Balbiani ont obtenu un résultat
analogue.
Le Vice -sécréta ire,
X. Dybowski.
CINQUIÈME SECTION
SÉANCE DU 30 JANVIER 1883
Présidence de M. Vavin, Président, puis de M. Paillieux.
M. le Président fait connaître qu'il va être procédé au renouvellement
du bureau et à la nomination d'un délégué près la Commission des
récompenses et, à cette occasion, exprime le désir de voir les suffrages
de ses collègues se reporter sur une autre personne, son intention n'étant
pas d'accepter les fonctions de Président, s'il était renommé.
Le dépouillement du scrutin donne le résultat suivant :
Président : M. Henri de Vilmorin ;
Vice-Président : M. Paillieux;
\^2S SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Secrétaire : M. Jules Grisard ;
Vice-Secrétaire : M. X. Dybowski;
Délégué dans la Commission des récompenses : M., le D'" Ed. Mène.
M. Chappeliier, se faisant l'inlerprèle des sentiments de ses collègues,
exprime à M. Vavin les remerciements de la Section pour le zèle qu'il a
toujours montré pendant les longues années de sa présidence.
31. Paillieux prend la présidence.
M. Paillieux donne lecture d'un rapport détaillé et fort intéressant sur
ses cultures de diverses plantes chinoises.
Sur le bureau, figurent les produits dftnt parle le mémoire de notre
zélé collègue, et des fruits conlits de Shiro-uri, préparés par la maison
Robineau-Boissier. Ces derniers, dégustés par la Section, sont trouvés
exquis.
M. le D' Mène demande que, vu son importance, le travail de M. Pail-
lieux soit publié dans le corps du Bulletin et non dans le procès-verbal
de la séance ; la Section tout entière s'associe à ce vœu qui sera transmis
à la Commission de publication.
MM. Fallou et de Vroil font connaître les résultats qu'ils ont obtenus
de la culture des graines offertes par M. Paillieux à la Section, dans le
courant de l'année 1882.
M.Jules Grisard informe la section que la Société vient de recevoir
un baril de Noix fraîches de Pacanier {Carya olivœformis).
Celte intéressante espèce convient surtout au bassin méditerranéen ;
elle demande un terrain frais, même humide.
Le Pacanier supporte diflicilement la transplantation, il est donc bon
de le semer en place, trois on quatre noix par trou, en éliminant, lors
de la levée, les plants les moins vigoureux; c'est le procédé suivi aux
États-Unis.
M. Chappeliier, qui a reçu de la Société quelques tubercules de la
Pomme de terre Heymonet, dit que cette variété mérite d'être plus
répandue et qu'elle lui a donné des résultats très satisfaisants.
M. .Malhey confirme ces renseignements.
Le Secrétaire,
Jules Grisakd.
Le gérant : Jules Grisard.
Monenoz, AiJm.-Direcl <Jes Imprimeries réunies. A, rue Mignon, 2; Pari;
i. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
RAPPORT
PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION
AU NOM
DE LA COMMISSION DE LA CHASSE
[Par J. GtiillTlER.
Messieurs,
Yotre Commission de la chasse a été chargée par vous d'éla-
borei' un projet de loi sur les animaux nuisibles, destiné à
compléter le projet de loi sur la chasse que vous avez ap-
prouvé dans votre assemblée générale du 2 juin dernier. C'est
ce projet de loi que j'ai l'honneur de vous présenter aujour-
d'hui.
Voire Commission, vous vous en souvenez. Messieurs, a
dans son précédent travail suivi pas à pas le projet de loi
déposé à la Chambre des députés par M. Labitte et s'est bornée
à demander à leur ordre les modifications qui lui ont semblé
désirables. Elle a estimé, en effet, que c'était là le mode le
plus pratique de présenter ses observations sur un projet qui,
tel qu'il était, réalisait à ses yeux un progrès réel sur la loi
de 1844. Elle eût désiré de même prendre pour base de son
travail actuel le projet de loi déposé à la Chambre des dé-
putés le 41 février 1878 par M. Petitbien, député, mais elle
a dû bientôt y renoncer, ce projet se résumant en réalité à
deux mesures qu'elle considère à l'unanimité comme funestes :
la suppression de la louveterie et l'attribution aux municipa-
lités du droit de déterminer les animaux nuisibles, d'en or-
donner et d'en opérer la destruction.
Sur le premier point, les motifs donnés par l'auteur du
projet pour supprimer la louveterie sont assez vagues et ne
s'appuient sur aucun fait ni aucun document. « En résumé,
dit-il, la louveterie est un privilège qui nous vient de l'ancien
régime. S'il pouvait alors se justifier par le petit nombre des
chasseurs qui existaient eu égard à l'état des chasses avant la
3* SÉRIE, T. X. — Mars 1883. 9
i.]0 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Révolution, aucune considération ne saurait le légitimer
aujourd'hui que le nombre des chasseurs est illimité ; que
les exercices militaires rendent tous les hommes valides en
état de tenir une arme et que chaque localité possède des
moyens de destruction des animaux nuisibles ou dangereux
qui peuvent se trouver sur son territoire.
» La destruction des animaux nuisibles est d'ailleurs essen-
tiellement une mesure de police municipale et rurale qui
appartient aux maires. »
Nous nous bornerons, Messieurs, à vous faire remarquer
combien l'assertion q^e la charge de louvelier est un privilège
est inexacte aujourd'hui, alors que les louvetiers sont nommés
chaque année par les préfets, c'est-à-dire les représentants .
mêmes du gouvernement, et nous vous exposerons brièvement
les raisons qui ont déterminé votre Commission à maintenir
au contraire dans son projet de loi l'institution de la louve-
lerie.
On a souvent répété que la louveterie était inutile, et que,
loin de détruire les loups, les louvetiers en favorisaient le
repeuplement. C'est là une assertion sans fondement qui
tombe d'elle-même en présence des services des louvetiers offi-
ciellement constatés dans le présent, et de l'expérience faite
dans le passé.
Si en effet on consulte les relevés officiels de ces dernières
années (Ministère de l'agriculture), on lit qu'il a été détruit
par les louvetiers, en 1877-1878 par exemple, 555 loups,
louves ou louveteaux et 5328 sangliers, chiffre déjà bien res-
pectable; et si l'on remonte de quelques années, on trouve
des tableaux qui accusent le chiffre énorme de 5000 loups
dans une seule année. Comment en conclure que la louve-
terie favorise le repeuplement des loups? comment se refuser
à reconnaître que la louveterie faitbeaucoup encore et qu'elle
a déjà beaucoup fait pour la destruction des loups ?
D'autre part, l'expérience déjà faite sous la première Répu-
blique de la suppression de la louveterie n'est pas moins con-
cluante en faveur de son maintien actuel. En effet, cette sup-
pression qui avait paru la conséquence nécessaire de l'inter-
RAPPORT SUR LA CHASSE. 131
diction de chasser sur le terrain d'aiitriii édictée par la loi
il'avril 1790, a produit des résultats désastreux qui ont néces-
sité son rétablissement à bref délai. Malgré l'élévation des
primes fixées à 300 livres pour une louve pleine, "âSO livres
pour une louve, "^OO livres pour un loup, sommes considé-
rables pour l'époque, les loups devenus à nouveau Ibrt nom-
breux, causaient de grands ravages, et l'on a vite compris que
l'intérêt public exigeait en cette matière de sacrifier l'intérêt
particulier.
C'est que nulle chasse n'est plus difficile que la chasse du
loup. Les battues sont le plus souvent inefficaces; de plus
elles ont l'inconvénient grave non seulement de nécessiter la
réquisition de traqueiirs enlevés ainsi à leurs travaux, mais
encore de porter un préjudice véritable au propriétaire ou
possesseur des bois dans lesquels elles ont lieu.
Seule lâchasse avec des chiens produit de bons résultats et
encore faut-il des chiens spéciaux, tous les chiens ne prenant
pas sur la voie du loup, et un véritable savoir étant nécessaire
pour conduire la chasse.
Si aux considérations qui précèdent on ajoute que la charge
de louvetier est gratuite et que l'Etat trouve même une source
de revenus dans les dépenses qu'elle entraîne pour celui qui
en est investi, on ne comprend plus la raison de supprimer
une institution dont la longue existence démontre clairement
l'utilité.
Sur le deuxième point voire Commission, Messieurs, s'est
trouvée également unanime. Pour elle l'attribution aux muni-
cipalités du droit de déterminer les animaux nuisibles à l'agri-
culture locale et d'en opérer la destruction au moyen de
battues qu'elles ordonneraient, aurait les résultats les plus
fâcheux. Nul doute, en effet, que de graves abus ne tarderaient
à se produire, et que l'on verrait ranger au nombre des ani-
maux nuisibles ceux qui sont le plus inoffensifs, ceux-là
mêmes qui sont sans conteste au nombre des animaux utiles;
nul doute que l'on verrait à bref délai le gibier objet de tant
de convoitises, pourchassé de tous côtés et bientôt exterminé.
Celte disposition donnerait, eu ellet, aux municipalités un
132 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
droit général et absolu, puisqu'elle ne distingue pas entre les
animaux qui menacent l'intérêt public et ceux qui ne sont
nuisibles que dans certaines circonstances et au regard de cer-
taines personnes seulement, le lapin par exemple.
Or les battues administratives sont chose grave puisqu'elles
constituent une véritable expropriation ; expropriation que
peut seul Justifier un intérêt supérieur, un intérêt public.
Cet intérêt existerait-il si- une municipalité déclarait le la-
pin nuisible à l'agriculture locale? évidemment non. Sans
doute, comme nous venons de le dire, le lapin peut être nui-
sible à tel ou tel propriétaire ou fermier, mais l'intérêt lésé
est en ce cas un intérêt purement privé, et les questions de
dommages et de responsabilité sont du ressort des tribunaux
qui ont seuls droit de connaître des contestations s'élevant
entre les particuliers; autoriser les municipalités à faire dé-
truire les animaux qu'il leur plairait sur telle propriété qu'elles
désigneraient, serait donc non seulement leur permettre d'ex-
proprier sans même qu'il y ait en jeu un intérêt public, ce qui
est contraire au système tout entier de notre législation, mais
encore substituer en quelque sorte l'autorité administra-
tive à l'autorité judiciaire dans des questions qui, nous le
répétons, sont purement des questions d'intérêt particulier.
Loin de vouloir étendre aux municipalités le droit d'établir
la nomenclature des animaux nuisibles, votre Commission
vous propose au contraire. Messieurs, de l'enlever aux préfets
en énuméranl dans la loi môme quels sont les animaux nui-
sibles et en déterminant les conditions de leur destruction.
De cette façon l'on ne verrait plus des arrêtés préfectoraux
déclarer animaux nuisibles les alouettes, comme celui du
préfet des Deux-Sèvres, les hirondelles comme celui du préfet
des Bouches-du-Rhône, les chevreuils comme celui du préfet
de l'Oise.
A part cette modification importante et quelques modifica-
tions de détail dont l'expérience a démontré la nécessité, le
projet qui vous est soumis n'est en quelque sorte, Messieurs,
que la réunion dans un seul texte des dispositions qui régis-
sent aujourd'lnii la matière et qui se trouvent éparses dans
RAPrORT SUR LA CHASSE. 133
les lois, décrets et ordonnances de messidor et pluviôse an V,
germinal an XIII, août 1814, septembre 1830, juillet 184-4,
etc.. Il a paru, en effet, à votre Commission que ce qu'il y
avait à faire, c'était non de chercher de nouvelles règles dp
droit, tnais de rendre celles qui existent plus claires, et d'um
application plus facile.
C'est ainsi qu'en tête du projet est inscrit le droit d
défense qui figure à l'article 9 de la loi de 184-4, emprunta
déjà par elle à la loi de 1700. Il est ainsi conçu dans 1?
loi de 1844: « Tout propriétaire, possesseur ou fermier a
îc droit de repousser ou de détruire sur ses terres, même
avec les armes à feu, les animaux malfaisants ou nuisibles qui
porteraient dommage à ses propriétés. 5 Votre Commission,
Messieurs, vous propose de supprimer les mots « malfaisants
et nuisibles » pour mettre le texte en harmonie complète avec
la jurisprudence. Dans la pratique, en effet, on entend ce droit
de défense dans le sens le plus large, admettant qu'il peut
.s'exercer en tout temps, même la nuit, même en temps de
neige, par tous moyens et contre tous animaux, qu'ils soient
ou non classés parmi les animaux nuisibles, qu'ils soient
îTîême classés parmi les animaux utiles; c'est que, nous le ré-
pétons, c'est là un droit de légitime défense.
Le projet divise ensuite les animaux nuisibles en trois ca-
tégories. Dans la première sont rangés l'ours, le loup et le
sanglier, animaux essentiellement nomades, qui constituent
.un danger public et dont la destruction pourra être ordonnée
par l'administration au cas où elle le jugerait nécessaire,
comme elle peut l'être aujourd'hui.
Dans la seconde catégorie sont rangés les petits carnassiers
elles oiseaux de proie dont la destruction intéresse seulement
les propriétaires ou fermiers, lesquels auront le droit de pro-
céder ou faire procéder à cette destruction sans qu'il soit
besoin d'arrêté préfectoral les y autorisant.
Enlin, dans la troisième catégorie sont rangés les animaux
inoffensifs par eux-mêmes, mais pouvant devenir nuisibles par
excès de nombre, les cerfs, biches, daims et lapins. Pour la
destruction de ces animaux une autorisation nominale et tem-
\o^ SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
poraire continuera à être nécessaire. C'est qu'en effet ces-
animaux ne sont nuisibles qu'au regard de certaines pro-
priétés riveraines et que leurs habitudes sédentaires per-
mettent de rendre responsables des dégâts qu'ils causent les
propriétaires des bois qu'ils habitent. C'est donc à eux seuls
qu'il peut appartenir de les détruire et l'autorisation ne doil
leur en être donnée que s'ils justifient d'un intérêt, cette auto-
risation étant le seul moyen d'empêcher, sous prétexte de des-
truction, une véritable chasse en temps prohibé.
En résumé, Messieurs, nous le répétons, le projet qui vous
est soumis n'est pour ainsi dire que la réunion des règles de
droit et de jurisprudence qui régissent aujourd'hui la ma-
tière.
PROJET DE LOI SUR LA DESTRUCTION DES ANIMAUX NUISIBLES
OU MALFAISANTS.
Art. l^"".
Tout propriétaire, possesseur ou fermier, a le droit de repousser ou
détruire sur ses terres, même avec les armes à feu, les animaux qui.
porteraient dommage à ses propriétés.
Section 1". — Règles relatives aux animaux compris dans la
première catéfjorie.
Art. 2.
La première catégorie comprend les loups, les sangliers et l'ours.
Art. 3.
Les lieutenants de louveterie sont nommés par le préfet, sur la pré-
sentation du conservateur des forêts. Leur nombre est fixé par le préfet,
également sur la proposition du conservateur des forêts.
Art. 4.
La commission des lieutenants de louveterie est valable pour une
année et renouvelable.
Art. 5.
Leur fonction est gratuite.
Art. 6.
Les lieutenants de louveterie sont tenus d'avoir un équipage suffisant
pour chasser le loup dans leur circonscription; le nombre de chiens
devant comuosf'.r cet éouipage est déterminé dans l'arrêté de nomination.
RAPPORT SUR LX CHASSE. 135
Art. 7.
Les lieutenants de louveterie ont le droit de chasser Tours et le louj.
en tout temps et en tous lieux dans leur circonscription, en vertu de leur
seule commission, mais sous l'obligation de prévenir le propriétaire ou
garde du bois dans lequel ils doivent attaquer.
Akt. 8.
Ils peuvent être chargés de faire des battues, soit à l'ours, soit au
loup, soit au sanglier, par ordre du préfet ou du sous-préfet de leur
arrondissement, motivé par la plainte du maire de la commune ayant
à souHrir de la présence de ces animaux.
Art. 9.
Dans ce cas, ils conduisent la battue et désignent les tireurs qui
doivent y prendre part.
Art. 10.
Les traqueurs sont désignés et fournis par le maire de la commune
oii la battue est faite.
Art. 11.
Sera puni d'une amende de 3 à 5 francs tout habitant requis qui aura
manqué à la réunion sans excuse valable. Sera puni de la même peine
tout individu qui dans la battue aura refusé d'obéir à celui qui la
dirige.
Art. 12.
La moitié soit de la bête, soit de la prime affectée à sa destruction,
.sera distribuée aux traqueurs. L'autre motié et la peau appartiendront
au louvetier directeur de la battue.
Art. 13.
Les lieutenants de louveterie enverront chaque année au préfel^'élat
des animaux détruits par eux.
L'état général des animaux détruits sera dressé par l'administration
supérieure et sera publié au Journal officiel.
Art. 14.
Les louvetiers, pour tenir leurs chiens en haleine, pourront chasser
It; sanglier deux fois par mois dans les bois appartenant à l'État et dr-
pendant de leur circonscription, du 1" octobre au 1'^' avril.
Art. 15.
L)9S primes seront allouées par l'État à ceux qui détruiront tie» luiips
conformément à la loi du l .''.oùt 18^2.
136 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Section 2V — Règles relatives aux animaux compris dans la seconde
catégorie.
Art. 16.
La deuxième catégorie comprend :
Parmi les Mammifères : le Renard, le Blaireau, le Lynx, la Loutre,
le Lynx, le Chat sauvage, la Genete, le Putois, la Fouine, la Martre,
l'Hermine, la Belette, le Roselet, l'Écureuil, le Chat errant.
Parmi les oiseaux : tous les oiseaux de proie diurnes, tels que les
Aigles, les Vautours, les Autours, les Faucons, la Crécerelle, l'Épervier,
les Buses, les Buzards, etc.; les Corbeaux, sauf le Choucas et le Freux,
la Pie, le Geai, les Pigeons ramiers. — Parmi les oiseaux nocturnes, le
Grand-Duc.
Art. 17.
Tout propriétaire, fermier de chasse ou garde les représentant, peut
détruire en tout temps et de toute façon les animaux compris dans celte
catégorie.
Section 3*. — Règles relatives aux animaux compris dans la troisième
catégorie.
Art. 18.
La troisième catégorie comprend les Cerfs, Biches, Daims et Lapins.
Art. 19.
Les propriétaires on possesseurs de bois, les fermiers de chasse pour-
ront, lorsque les animaux compris dans la troisième catégorie devien-
dront, par excès de nombre, un danger pour les propriétés riveraines
ouïes bois qu'ils habitent, obtenir du préfet une autorisation nominale
et temporaire de les détruire ou faire détruire, même au fusil, soit en
temps de neige, soit après la clôture de la chasse.
Art. 20.
Les lois et décrets antérieurs sur la matière sont abrogés.
Ce projet a été adopté par la Société nationale d'Acclima-
tation, dans sa séance générale du 16 mars 1883.
ETUDES EXPERIMENTALES SUR L'INCUBATION.
Par n. le D' ( ASIILLE UARESTE.
On rencontre fréquemment dans l'incubation, naturelle ou
artificielle, des œufs qui n'éclosent point. Les causes de ces
insuccès sont multiples. Leur connaissance intéresse à un
haut degré la pratique de l'incubation artificielle dont l'im-
portance s'accroît tous les jours : elle intéresse également la
physiologie générale, qui n'a pas de plus grande queslion
que celle de l'origine et du mode de formation des êtres
vivants. C'est en me plaçant à ce dernier point de vue que
J'ai entrepris les études dont je vais faire connaître les ré-
sultats.
Le germe de l'œuf est un organisme vivant, dont la vie
reste latente jusqu'au moment où elle se manifeste par la for-
mation d'un nouvel être; ce qui arrive sous l'influence de la
chaleur, soit de la chaleur de la poule, soit de la chaleur qui
lui est appliquée artificiellement. Or le germe peut être frappé
de mort et plus ou moins désorganisé avant la mise en incu-
bation. Tel est le cas des œufs non fécondés, soit que la poule
ait été privée de l'influence du coq, soit que, comme cela arrive
souvent, certains œufs aient échappé à l'influence de la
fécondation. D'autre part, le germe, même fécondé, meurt
un certain temps après la ponte, lorsqu'il n'a pas été mis
en incubation. Enfin, je l'ai constaté depuis longtemps, le
germe fécondé, mais non soumis à l'incubation, commence
à se développer sous l'influence d'une température un peu
élevée (25 à 30 degrés); mais son évolution s'arrête rapide-
ment, et alors il se désorganise et meurt.
Dans l'état actuel de la science, il est absolument impossible
de constater directement la mon et la désorganisation du
germe, lorsque la coquille de l'œuf est intacte. On peut cepen-
dant dimmuer de beaucoup le nombre des non-éclosions,
en choisissant les œufs dans des poulaillers pourvus d'un
nombre suffisant de coqs, en soumettant les œufs à l'incuba-
138 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
lion peu de temps après la ponte, en conservant les œufs qui
doivent être couvés dans des locaux à température peu élevée.
Mais l'absence d'éclosion peut aussi se produire pour des
œufs dont le germe était fécondé et vivant. Il arrive fréquem-
ment que le germe commence à se développer; qu'il pro-
duise le blastoderme ou la membrane qui enveloppe le jaune ;
qu'au centre de ce blastoderme l'embryon commence à se
développer. Mais tous ces faits d'évolution s'arrêtent de très
bonne heure. Au bout de peu de jours, l'embryon meurt, se
désorganise et disparaît plus ou moins complètement, telle-
ment qu'au bout des vingt et un jours de l'incubation il n'est
plus possible de reconnaître les traces de son existence. Quelle
est la cause de cette mort précoce de l'embryon? Mes recher-
ches expérimenlales m'ont permis de la constater ; c'est la
formation des monstruosités.
L'évolution de l'embryon, lorsqu'elle suit son cours nor-
mal, aboutit toujours à la formation d'un être bien conformé.
Mais, dans beaucoup de cas, l'évolution est modifiée ; l'em-
bryon se développe d'une manière anormale et devient un
être monstrueux, atteint à la fois dans son organisation et
dans sa viabilité. Aussi sa mort est-elle très précoce. Les em-
bryons monstrueux périssent presque tous dans les quatre ou
cinq premiers jours de leur évolution.
Comment l'évolution est-elle tantôt normale et tantôt anor-
male? Quelles sont les causes qui la modifient? C'est une
question que je me suis posée depuis longtemps. Guidé par
d'anciennes expériences d'E. Geoffroy Saint-Hilaire, j'avais
pensé qu'en modifiant légèrement les conditions physiques de
l'incubation artificielle, j'arriverais à produire des monstres
et à établir, par l'observation directe, les lois de leur forma-
tion. Mes prévisions ont été pleinement justifiées. J'ai pro-
duit plusieurs milliers de monstres artificiels, qui m'oni
fourni les éléments dont j'avais besoin pour mes études.
Mais, pendant longtemps, je n'ai pu me rendre scientifique-
ment compte des procédés que je mettais en œuvre. L'imper-
fection de mes appareils d'incubation et leur fonctionnement
irrégulier s'y opposaient absolument. Aussi mes recherches
ÉTUDES SUR l'incubation. 13f>
sur les causes qui produisent les monstruosités ne me don-
naient alors que de simples indications, très utiles, sans doute,
puisque je pouvais, à leur aide, me procurer facilement les
matériaux de mes études ; mais absolument insuffisantes pour
me permettre de déterminer scientifiquement, d'une part, les
conditions de l'évolution normale, de l'autre, les conditions
de l'évolution anormale.
Il y a six ans, la création d'un laboratoire spécial que j'ai
obtenue, non sanspeine, grâce au concours d'un grand nombre
de membres de l'Académie des sciences, et l'invention toute
récente des régulateurs de la température m'ont permis d'in-
staller des appareils destinés à établir, avec la précision
la plus grande, les conditions physiques de l'incubation
artificielle. J'ai donc repris mon travail; mais j'ai ren-
contré de suite un résultat tout à fait inattendu. Je cherchais
dans mes expériences à réaliser les conditions de l'évolution
normale en me rapprochant, autant que possible, des condi-
tions de l'incubation naturelle. Si, dans certains cas, les
embryons se développaient d'une manière normale, lorsque je
recommençais l'expérience dans des conditions physiques
absolument identiques, je rencontrais souvent, en plus ou
moins grand nombre, des embryons monstrueux. J'avais beau
varier mes expériences de toutes les manières possibles, je
retrouvais toujours le même fait, la présence simultanée
d'embryons normaux et d'embryons monstrueux.
Il n'y avait qu'un moyen d'expliquer ces résultats; c'est
que l'évolution normale ne dépend pas seulement de condi-
tions physiques, mais qu'elle dépend aussi de conditions phy-
siologiques inhérentes à l'œuf lui-même et, par conséquent,
antérieures à la mise en incubation. J'ai cherché à déterminer
ces conditions, et j'y suis en grande partie parvenu. Je dis en
grande partie^ car le problème dont je recherche la solution
contient un nombre indéterminé d'inconnues. Je n'ai pas
la prétention de les faire connaître toutes ; mais je puis
dès à présent en signaler quelques-unes d'une bien grande
importance.
Il y a d'abord l'âge des œufs. Le germe de l'œuf pondu, et
iiiO SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
qui n'est point soumis à l'incubation, périt un certain temps
après la ponte. Mais, avant de mourir, sa vitalité s'affaiblit
peu à peu. Il arrive une époque où le germe ne produit plus
qu'un embryon monstrueux ; une autre époque dans laquelle
il ne produit qu'un blastoderme sans embryon. Or cet affai-
blissement de la vitalité du germe est plus ou moins prompte,
suivant diverses circonstances. Dans certains œufs ce fait se
produit plus rapidement que dans d'autres. De plus, l'éléva-
tion de la température de l'air accélère cette altération du
germe. Dans une expérience que j'ai faite au mois de juillet
dernier, les œufs que j'avais mis en incubation, neuf jours
après la ponte, m'ont tous donné des monstres. Répétant mes
expériences au mois d'octobre et de novembre, j'ai obtenu
des poulets bien conformés d'œufs mis en incubation quinze
et vingt jours après la ponte.
Une autre cause de la production des monstres provient du
transport des œufs dans les charrettes ou les chemins de fer.
J'ai déjà entretenu la Société de ces faits, et j'ai montré que
eette cause n'a généralement qu'une action passagère ; car
son intluence disparaît quand on laisse reposer les œufs
quelques jours avant la mise en incubation. Toutefois cette
influence ne disparaît pas lorsque les secousses ont eu un cer-
tain degré d'intensité. J'ai eu, en effet, la pensée de soumettre
des caisses pleines d'œufs à l'action de cette machine que l'on
désigne sous le nom de tapoteuse, et qui sert, dans les fabriques
■de chocolat, à laire pénétrer la pâte dans les moules où elle
se forme en tablettes. L'appareil que j'ai employé dans mes
expériences et qui avait été mis à ma disposition par mon
parent. M, Devinck, donne 120 coups par minute. J'ai soumis
les œufs à l'action de cette machine pendant une heure, pen-
dant une demi-heure, pendant un quart d'heure. Les œufs
ainsi secoués m'ont presque tous donné des monstres; aussi
bien ceux que j'avais laissés reposer pendant plusieurs jours,
que ceux que j'avais mis en incubation immédiatement après
les secousses.
Enfin, une troisième cause de production des monstres
■consiste dans les végétations cryptogamiques qui peuvent se
ÉTUDES SUR l'INCUDATION. 14-1
développer dans rintéiieiir de l'œuf. J'ai fait connaître à la
Société, depuis deux ans, l'existence très fréquente de germes
de moisissures dans l'intérieur des œufs. S'il arrive que ces
germes se développent avant la mise en incubation, l'albu-
mine contient, en plus ou moins grande quantité, des touffes
de mycéliums, ainsi que j'ai eu plusieurs fois occasion de le
constater. L'embryon, qui se développe dans des œufs ainsi
infectés, se développe d'une manière anormale et ne tarde
pas à périr. Je n'ai rencontré ces faits que très rarement ;
mais ils doivent être plus fréquents lorsque les œufs sont con-
servés dans des locaux humides.
ie compte d'ailleurs revenir dans une prochaine communi-
cation sur l'histoire physiologique des œufs infectés par les
germes de moisissiu^es. Mais je dois dès à présent signaler
un fait très important qui résulte de toutes mes expériences
à ce sujet : c'est que, bien que les œufs en très grande ma-
jorité contiennent en eux-mêmes, dès l'époque de la ponte,
ces causes de destruction, ces germes ne se développent
point sous l'influence seule de l'incubation. Pour qu'ils entrent
en végétation, il faut que l'incubation se fasse dans de l'air
saturé d'humidité. C'est alors que les mycéhums se produisent
en abondance dans l'albumine, que les proliférations vertes
apparaissent dans la chambre à air. Ces végétations, qui ne
sont ordinairement bien manifestes qu'après la première
semaine de l'incubation, ne peuvent évidemment pas modi-
fier sensiblement l'évolution embryonnaire ; mais elles font
périr l'embryon par asphyxie en le privant d'air respirable.
Je n'ai pas rencontré ces végétations lorsque l'air des appa-^
reils à incubation n'était pas saturé d'humidité.
En résumé, l'évolution aura un nombre d'autant plus grand
de chances de réussite que les œufs seront mis en incubation
le plus tôt possible après la ponte ; qu'ils n'auront pas été
transportés, ou du moins que les effets des transports auront
été neutralisés par le repos ; qu'ils auront été conservés dans
des locaux parfaitement secs. 11 faut encore ajouter que la
coquille de l'œuf doit être nettoyée et lavée avec soin pour
être débarrassée de toutes les impuretés qui y sont adhérentes.
liiJ SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Ces impuretés, formant des couches plus ou moins imper-
méables à l'air, diminuent souvent les échanges de gaz entre
l'extérieur et l'intérieur et gênent notablement la respiration
embryonnaire.
En tenant compte de toutes ces conditions, j'ai pu conduire
mes embryons jusqu'à l'époque de l'éclosion. J'ajouterai,
pour que cet exposé soit complet, que mes incubations ont
été faites à une température de 37 à 38 degrés dans de l'air
moyennement humide et constamment renouvelé.
Je dois dire, en terminant, que si ces expériences m'ont
donné des résultats très satisfaisants à bien des égards, elles
sont cependant encore défectueuses h un point de vue très
important. Après avoir conduit mes embryons jusqu'à l'éclo-
sion, je n'en ai vu éclore qu'un petit nombre, un tiers à peu
près. Dans les deux autres tiers, le jaune ne rentrait point
dans la cavité abdominale, et le poulet ne bêchait pas la
coquille. Les poulets qui n'avaient pu éclore étaient d'ailleurs
parfaitement conformés. Cela résulte évidemment de quelque
condition, inhérente à mes appareils, qui rend l'éclosion,
sinon impossible, du moins assez difficile ; mais cette condi-
tion m'a échappé jusqu'à présent.
II me reste maintenant, pour terminer cette étude, à dé-
terminer d'une manière scientifique les conditions physiques
de l'évolution embryonnaire. Je pense qu'aujourd'hui les faits
que je viens de faire connaître me permettront de me mettre
à l'abri de presque toutes les causes d'erreur qui ont pendant
longtemps entravé mes recherches. Mais ces expériences sont
très longues et ne pourront être achevées que dans plusieurs
mois.
REPEUPLEMENT DES COURS D'EAU
EN BELGIQUE
Par M. le Baron DR SEI.TS I.01iCiCII.%MP«i
.Moiiiljic (le l'Académio royale île Belgique, Prc.sideiit du Sénat.
La Belgique se décide enfin à tenter le repeuplement de
ses cours d'eau.
La pêche fluviale autrefois si riche, notamment par ses Sal-
monidés et ses Ecrevisses, périclite chez nous plus que partout
ailleurs.
Les causes de destruction sont multiples, et nécessitent une
grande persistance d'efforts pour être en partie conjurées.
Nos deux fleuves, la Meuse et l'Escaul, sont d'une nature
différente, et produisent des poissons en rapport avec celte
diversité.
L'Escaut, à partir d'Anvers, devient un bras de mer d'eau
saumàtre et la marée se fait encore sentir en amont de cette
ville.
Dans cette partie du fleuve l'existence du poisson ne paraît
pas atteinte par la contamination des eaux. On y pêche, selon
les saisons, l'Alose finie (A losa finla), l'Éperlan {Osmerus eper-
lanus) et le Corégone oxyrhynque (Coregonus oxyrhynchus) ;
mais ce dernier ne doit pas être très commun, car au marché
de Bruxefles je ne l'ai jamais rencontré qu'isolément et con-
fondu avec les Éperlans. L'Anguille [Anguilla vulgaris) et la
petite Pleuronecte (Pleuronectes /lesus) y sont 1res communs
en tout temps. LEsturgeon {Acipenser sturio) y i'cmont(;.
L'Escaut, dans sa partie supérieure et ses affluenrs vers la
Flandre, le llainautet le Brabant, est horriblement contaminé
par les fabriques de Roubaix, ïurcoing, Gand, Bruxelles.
Auparavant il était fort poissonneux, bien que les poissons
souffrissent beaucoup de la corruption résultant du rouissage
144- SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
du lin dans les parties de lu Flandre où cette industrie
existe (I).
La Meuse était célèbre par ses Saumons (Salmosalar) qui la
remontaient pour aller frayer dans ses affluents d'eaux vives
qui proviennent de l'Ardenne et des autres parties monta-
gneuses de la rive droite du fleuve. L'Alose {Alosa communis)
la remontait au printemps en nombre immense, mais rare-
ment plus haut que Huy. La plupart des rivières qui s'y jet-
tent, la Yesdre, l'Ourlhe, le Hoyoux, le Bocq, la Lessc, la
Semoi, et leurs tributaires étaient largement peuplées de
Truites (Salmo fario) et d'Ombres {Thymallus vexiUifer)
sans parler des autres espèces de poissons comestibles qui se
rencontrent partout dans l'Europe tempérée occidentale.
Ce paradis des pécheurs est bien avarié !
Pour les besoins du batellage et ceux de la navigation vers
la France, on a exécuté de grands travaux sur tout le cours de
la Meuse. Les barrages empêchent la plus grande partie des
Saumons d'y remonter. Ceux qui parviennent à franchir ces
obstacles ne le font guère qu'à la faveur des grandes eaux et
des inondations accidentelles.
• Quant à l'Alose, qui naguère encore donnait lieu, dans la
ville de Liège, à des pêches véritablement miraculeuses (2),
elle est arrêtée tout court aux barrages qui se trouvent en aval
et je ne crois pas qu'elle soit apte à franchir les échelles à
Saumon que l'on va établir, nous l'espérons, dans de meil-
leures conditions que celles que l'on a essayées.
Nous ne pouvons pas nous flatter de voir les eaux de la
Yesdre rétablies dans une pureté suffisante pour nourrir
encore du poisson. Elles sont empoisonnées à trop haute dose
par les lavages de laines, les teintureries et les fabriques de
draps de Verviers.
(1) Sous le tilre de Suppression totale, du rouissage putride par l'application
du système de M. Lefebvre, a paru une brochure importante, lue à la séance
du 13 juin 1881 de la Société centrale d'agriculture de Belgique (Bruxelles,
E. Guyot, 1881). Les résultats pratiques y sont donnés en détail.
(2) A la lin d'avril et au cjmmencenient de mai, je me souviens avoir vu
prendre d'un coup de filet, à Liège, jusqu'à deux cent cinquante et même trois
cents grandes aloses.
REPEUPLEMENT DES COURS d'eAU. 145
Cependant il ne serait pas impossible qu'on arrivât à une
solution satisfaisante, en conduisant les eaux corrompues de
Verviers jusqu'à la Meuse, par de larges tuyaux longeant la
Vesdre. Ce genre d'ouvrage se construit maintenant à des frais
■ assez modérés pour la conduite des jus de betteraves depuis
les râperies locales jusqu'aux sucreries, à des distances de
plusieurs lieues. Sur une plus grande échelle on peut citer
i'égout collecteur de la Sonne à Bruxelles, enfin le travail fait
en Angleterre pour conduire les eaux d'égouts de Londres
jusqu'à la mer. Ce dernier ouvrage a si bien réussi, que der-
nièrement on a poché des Truites dans la Tamise, d'où elles
avaient disparu depuis longtemps. Dans les cours d'eau de la
rive droite, où l'eau est restée pure, la Truite existe, mais le
braconnage s'exerce sur une grande échelle.
Quant aux affluents de la rive gauche de la Meuse, les indus-
tries qui y tuent le poisson sont les fabriques de produits chi-
miques, les sucreries et à un moindre degré les distilleries.
On a voté de bonnes dispositions pour la réglementation de
la pêche et pour la répression des délits ; mais comme il ne
peut être question chez nous pour rétablir la salubrité des
eaux de prendre des mesures qui auraient pour effet de ren-
dre l'industrie impossible, c'est à la science que nous devons
faire appel, pour chercher les moyens d'assainir les eaux
empoisonnées.
Lors de la vulgarisation des procédés de pisciculture, il y a
bientôt quarante ans, on crut avoir résolu le problème du
repeuplement de nos rivières. La fondation de la Société
d'Acclimatation en France, et celle de l'établissement de pis-
ciculture de Huningue avaient donné l'essor. Antérieurement
le roi des Belges, Léopold I"", avait fait pratiquer la piscicul-
ture avec succès dans son domaine d'Ardennes, d'après les
anciens procédés des forestiers allemands.
En i85o, M. Ernest van den Peereboora avait recommandé
la pisciculture à la Chambre des représentants. Des essais
tentés alors, mais dans des eaux peu convenables et avec un
outillage insuffisant, ne réussirent pas.
Peu de temps après, une société de pisciculture plus impor-
3* SÉRIE, T. X. — Mars 1883. - ' 10
iâ6 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
tante s'organisa et des efforts sérieux furent tentés. Elle ne
subsista pas toutefois bien longtemps. On avait eu tort de vou-
loir embrasser trop de branches de cette science nouvelle, et
de tenter entre autres la culture des Huîtres et des poissons de
mer à Nieuport, qui ne possédait pas toutes les conditions
voulues. Enfin, l'on aimait à croire à cette idée, alors répan-
due, que les Truites et même les Saumons pouvaient vivre
dans toutes les eaux pures du pays, jusqu'à se prêter à pros-
pérer étant renfermés et à l'état de stabulation. De là les
mécomptes, et finalement la dissolution de la société, com-
posée en grande partie de personnes dont les propriétés ne se
trouvaient pas dans la région où peuvent vivre les Salmonidés.
Depuis une vingtaine d'années on peut dire que si la ques-
tion sommeille, au point de vue pratique, du moins elle n'a
pas été enterrée, car la prescription a été plus d'une fois inter-
rompue par des discussions publiques et par diverses publi-
cations. Il est nécessaire d'esquisser rapidement l'historique
des phases par lesquelles elle a passé avant d'arriver à son.
réveil actif.
En 1-865 et 1866 le conseil provincial du Brabant charge»
une commission de s'occuper de l'assainissement des cours
d'eau, et spécialement des moyens de repeupler les ruisseaux.
Feu M. de Gronckel en fut le rapporteur, et constata qu'en
cette matière se concentrent les intérêts les plus puissants
qu'il est du devoir de l'autorité de sauvegarder, coordonner,
concilier autant que possible, et avant tout ceux de la santé et
de la sécurité au point de vue des inondations. A cela vient
se joindre, dit-il, une question d'alimentation et de richesse
nationale, celle de la conservation et de la multiplication du
poisson d'eau douce.
I.a Société libre d'émulation de Liège, sur la proposition de
mon regretté ami, feu Théodore Lacordaire, professeur de
zoologie à l'Université, avait mis au concours cette question :
« Déterminer les causes qui, depuis une vlnglainc iV années,
ont amené la dégénérescence du poisson dans les rivières de
la province de Liège, et indiquer les moyens de remédier à cet
étal de choses. »
REPEUPLEMENT DES COUPxS d'ëAU. 147
Le mémoire adressé en réponse et qui fut primé, est de feu
Charles Lehardy de Beaulieu, ingénieur et économiste très
estimé. Il attribue surtout la diminution du poisson à l'excès
de la consommation sur la production. Il recommande parti-
culièrement la pisciculture et une réglementation de la pro-
priété des cours d'eau, dont il voudrait voir remettre l'usage
dans les mains de compagnies dont l'intérêt et l'insistance fini-
raient par avoir raison des diverses causes qui troublent la
pureté des eaux. Il pense que, pressé par la nécessité, on
chercherait à tirer parti comme engrais, ou d'une autre façon,
des substances nuisibles dont on trouve plus commode de se
débarrasser en les jetant à la rivière. Il cite l'exemple de
Reims, où l'on utilise pour la fabrication du gaz, les eaux de
savon qui ont servi au dégraissage de la laine (1).
La même année (186G) je fis partie d'une commission nom-
mée par le gouvernement pour étudier sur nos côtes les ques-
tions relatives à la pêche maritime, commission qui émit le
vœu que l'on lit une enquête analogue sur la pêche d'eau
douce ; et au mois de décembre, à la séance publique de la
classe des sciences de l'Académie royale de Belgique, je pro-
nonçai un discours : « Sur la pêche fluviale en Belgique y^
accompagné de notes et de documents (2). Il est inutile de
l'analyser ici, car ce serait répéterla constatation de faits qui
sont de notoriété publique relativement aux causes du dépeu-
plement et aux moyens d'en atténuer la gravité. La part du mal
que l'on doit attribuer à la corruption des eaux s'est du reste
accrue depuis cette époque.
Le projet de loi sur la pêche, dont j'annonçais dans un
post-scriptum le dépôt fait par le gouvernement, est resté
parmi les affaires arriérées dans les cartons de la Chambre
des représentants pendant quatorze ans, avant d'être discuté
et voté.
En 1879, M. Emile Gens, docteur en sciences naturelles et
(1) Le mémoire de M. Lehardy, de Beaulieu, précédé du rapport de M. Lacor-
il.tire, a été pu))lié en 18(51), dans le tome III (nouvelle série) des Mémoires de
la Société libre d'émulation de Liège.
(i) Bulletins de PAcadémie royale de Belgique, 2' série, tome XXII, 1806.
148 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
professeur au collège de Verviers, publia une petite brochure
très substantielle : « De la 'protection du poisson d'eau douce
en Belgique. » L'auteur, après avoir esquissé à grands traits
l'état déplorable dans lequel se trouvent nos rivières au point
de vue de la pêche, résume ainsi qu'il suit les mesures pro-
pres à y remédier : 1° interdiction de la pêche pendant les
mois d'avril et de mai dans toutes les rivières et canaux;
2" interdiction de la pêche du 15 septembre au \" janvier
dans les cours d'eau de la rive droite de la Meuse (ce sont
ceux où vivent les Salmonidés) en permettant cependant la
pêche du Saumon à partir du 15 novembre, la ponte ayant eu
lieu ; 3" établissement de peines sévères pour empêcher l'em-
ploi de la dynamite et du cocculus (coque du Levant) ; orga-
nisation d'une surveillance ; 4° défense de vendre le cocculus
dans les pharmacies ; 5" interdiction de toute pêche pendant
la nuit ; 6° défense de pêcher au moyen de barrages qui met-
tent momentanément à sec une partie d'un ruisseau ; 1° déter-
mination d'une largeur de mailles suffisante pour permettre
à tout poisson d'une taille inférieure à 15 centimètres d'échap-
per aux lilets; 8" établissement réglementaire d'échelles à
Saumon le long de tous les barrages de nature à empêcher
les migrations de poissons ; 9° interdiction de la pêche à la
main, etc. ; 10° mesures destinées à empêcher autant que pos-
sible la viciation des eaux par les industries établies le long
des rivières; 11° organisation sérieuse de la pisciculture ;
12° comités de surveillance munis de pouvoirs les autorisant
à interdire localement et momentanément la pêche dans
l'intérêt du repeuplement.
L'année suivante (1880), M. Gens fut chargé par le Gouver-
nement de visiter l'Exposition de pêche et d'assister au Con-
grès de pisciculture qui s'ouvrirent à Berlin en avril. Son
rapport a été publié dans le Moniteur belge du 19 sep-
tembre 1880.
Notre honorable collègue M. Raveret-Watlel a donné dans
les Bulletins de la Société d'Acclimatation un travail si excel-
lent et si complet, que je pense superflu d'analyser dans ce
même recueil celui de M. Gens relatif au même objet. Je me
REPEUPLEMENT DES COURS d'eAU. 149
borne à relever quelques points de détail que j'y trouve. L'au-
teur mentionne le fait que divers mémoires étaient exposés rela-
tivement au problème de rendre les eaux des fabriques inof-
fensives pour le poisson des rivières où elles sont déversées.
On sait qu'un prix d'honneur était institué par le roi de Saxe
pour la meilleure réponse à faire à cette question, d'un si
haut intérêt pour nous. M. Gens cite encore un moyen bien
simple indiqué au Congrès, pour rendre inoffensives de
petites chutes d'eau, telles que celles des moulins : Lorsque
le barrage est construit sur un plan incliné, il suffit
d'établir une poutre placée obliquement en travers de ce plan,
installation peu coûteuse, qui devrait exister partout. Au cha-
pitre IV, il reprend l'exposition des principes de sa brochure
de 4879, citée plus haut, et la complète en donnant une liste
de presque tous les poissons d'eau douce de Belgique, qu'il
répartit naturellement en trois catégories : ceux qui sont com-
muns à nos deux régions ; les espèces particulières à la région
des plaines; enfin celles de la région montagneuse.
Dans un chapitre spécial, M. Gens traite des établissements
de pisciculture.
La Belgique ne possédait aucune masse d'eau à la fois
pure, froide et profonde, où l'on pût espérer d'acclimater les
Salmonidés des lacs suisses. Aujourd'hui, il n'en est plus de
même. Afin de parera la fois aux inondations temporaires de
la Vesdre et au manque d'eau dont souffrait en certaines
saisons la ville de Verviers, on a construit d'une montagne à
l'autre, près de l'embouchure de la Gileppe, à l'altitude de
2-41 mètres au-dessus de la mer, un barrage gigantesque, haut
de 47 mètres, qui emmagasine en capacité, lorsqu'il est rempli,
12 millions de mètres cubes de l'eau de cette rivière subal-
pine, qui elle-même reçoit tout ce qui s'écoule d'environ
4000 hectares de la forêt appelée Hertogenwald et des bruyè-
res marécageuses nommées les Ilautes-Fagnes, dont l'altitude
approche de 700 mètres au point culminant. Le lac de la
Gileppe, ainsi formé, s'étend sur une supcrlicie de 800 000
mètres carrés, et l'eau au barrage a, selon les moments, de
25 à 45 mètres de profondeur.
150 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Là je suis d'avis d'essayer l'introduction de la grande
Truite des lacs {Salmo lacustris), de la Truite des Alpes
{S. salvelinus), du Coregone fera et de certains Salmonidés
américains qui ne vont pas à la mer, et qui trouveraient pour
Irayer tous les niveaux possibles, depuis le barrage jusqu'à
la rivière rapide et caillouteuse qui alimente le lac.
Notre Ministre des Travaux publics avait chargé M. de
Clercq, ingénieur en chef des ponts et chaussées, de lui
adresser des propositions pour V empoissonnement des eaux
navigables. Le travail remarquable de cet habile ingénieur a
été publié en 1881.
Les propositions qu'il fait pour remédier à l'appauvrisse-
ment des eaux se classent dans l'ordre suivant :
1" Empêcher la pollution des eaux ;
2" Interdire la destruction des poissons sédentaires en
temps de frai, et réglementer la pêche des poissons migra-
teurs ;
3° Établir dans la Meuse et ses affluents des échelles à
poissons aux barrages qui sont trop élevés pour être franchis
par les Saumons ;
4" Ménager des frayères dans lesquelles les poissons l'en-
oontrent des conditions favorables à leur reproduction ;
5° Pratiquer la pisciculture pour les Salmonidés.
Ces divers points sont traités avec soin par un homme tout
à fait compétent. Je résumerai en peu de mois ce qu'il dit de
la pollution des eaux, puisque c'est, à mon avis, l'obstacle
capital au repeuplement :
« Il ne peut être question, dit-il, d'interdire les industries
dont le sort est lié à l'intérêt général; mais il importe de
n'autoriser le déversement des matières dans les cours d'eau
qu'après qu'elles ont été traitées par les moyens les plus effi-
caces pour les débarrasser de leurs principes malfaisants
pour les poissons, et qui le sont dans une proportion au moins
aussi grande pour les autres animaux qui boivent ces eaux
corrompues. On ne peut donc considérer la pollution comme
suffisamment atténuée tant qu'on ne pourra pas y faire vivre
les poissons. »
REPEUPLEMENT DES COURS d'EAU. 151
On consultera encore avec fruit le chapitre où M. de Clercq
détaille la construction des bonnes échelles à Saumon, et
énumère les défauts existant chez celles qui ne valent rien.
C'est ici le lieu de signaler, dans une sphère beaucoup plus
modeste que le régime des grandes rivières et que les intérêts
de la pêche au Saumon, l'obslacle que beaucoup de moulins
•à eau apportent au repeuplement des petites rivières. Il s'agit
de ceux qui sont placés sur les petits cours d'eau des plaines
n'ayant qu'une faible pente. Lorsque 'le moulin n'est pas
établi sur un biez dérivé et qu'il barre entièrement la rivière,
il interromptla circulation du poisson. Le niveau de l'eau varie
alors sans cesse, tantôt très élevé lorsque l'usine est en repos,
tantôt très bas au point de mettre le cours d'eau presque à
sec lorsque toute l'eau a été utilisée. Dans ces conditions, la
reproduction et même l'existence du poisson sont impossibles.
Si l'on tient compte, à un autre point de vue, du tort énorme
que cause aux propriétés riveraines le niveau presque tou-
jours trop élevé de la retenue d'eau dans les cours d'eau de
^•ette espèce, en les rendant marécageuses, les inondations
•temporaires que les moulins aggravent singulièrement, les
dommages causés à la culture, enfin l'atteinte grave que porte
cet état de choses à la salubrité et à la santé publiques, on
doit désirer que les usines à eau dont je viens de parler soient,
autant que possible, remplacées par des moulins à vent, ou
mieux qu'elles se procurent la force motrice au moyen d'une
petite machine à vapeur (1).
D'après la Loi sur la pêche fluviale, votée par nos Cham-
bres à la fin de 1881, la police et la conservation sont attri-
buées à l'administration forestière. Le droit de pèche est
«3xercé au profit de l'État dans les rivières et canaux navigables
ou flottables; mais la pêche à la ligne flottante tenue à la main
est permise à tout citoyen. Dans les autres cours d'eau, les
riverains ont le droit de pêche. Le temps où la pêche est per-
(1) Ce dernier système est préconisé récemment dans une pétition des habi-
iants des bords du Geer, rivière de la rive gauche de la Meuse, qui réclament
du gouvernement belge la suppression des moulins à eau pour cause d'utilité
luiblique.
152 SOCIÉTÉ HMIONALE d'ACCLIMATATION.
mise et les engins à autoriser sont déterminés par le gouver-
nement, ainsi que ce qui concerne le colportage. La pêche
est libre en tous temps pour les propriétaires et usagers des
étangs et réservoirs dont les eaux cessent de communiquer
naturellement avec les rivières. Il est interdit aux bateliers
d'avoir à bord aucun engin de pêche, excepté la ligne flot-
tante. Pour ce qui concerne le déversement des substances
nuisibles qui ne serait pas fait dans le but de détruire le
poisson, cette question est réglée par la loi sur les cours d'eau
votée précédemment. Malheureusement, l'exécution en étant
principalement confiée aux autorités provinciales et commu-
nales, qui sont électives, elle laisse beaucoup à désirer. A
mon avis, c'est le gouvernement qui devrait être chargé de la
surveillance.
La loi sur la pêche fluviale étant adoptée, un membre de-
la classe des sciences de l'Académie royale de Belgique pensa
que le moment était opportun pour encourager des recherches
scientifiques et pratiques propres à rendre possible le repeu-
plement des cours d'eau contaminés. Il mit à la disposition
de FAcadémie une somme de 3000 francs, prix à décerner en
4884 à l'auteur du mémoire qui aurait répondu à la question
d'une manière satisfaisante.
Je reproduis à la fin de cet article l'exposé des motifs et les
conditions du concours, tels qu'ils figurent dans les actes de
FAcadémie, afin d'attirer l'attention des savants et des pra-
ticiens qui seraient à même de concourir.
Bien que ces conditions mentionnent certaines queslions
locales concernant spécialement la Belgique, je pense que
ceux qui seraient aptes à fournir la solution des questions
principales se mettraient facilement au courant des renseigne-
ments accessoires dont l'exposé est réclamé.
Je suis persuadé, d'ailleurs, que beaucoup de contrées en
France sont dans la même position que nous sous le rapport
des rivières dont le dépeuplement est causé par la corruption
des eaux.
C'était le 1" avril 1882 (jour approprié k une discussion
sur le poisson!) que l'Académie adopta à une grande majorité
REPEUPLEMEIST i)ES COURS d'EAU. j 5o
la mise au concours de la question proposée. Ce n'était pas
une séance publique. Je ne crois pas cependant être indiscret
en indiquant d'une manière générale les principales objec-
tions que firent valoir les opposants, hommes du reste savants
et consciencieux.
L'un d'eux croit que ce serait immiscer l'Académie dans
une sphère administrative qui n'est pas son domaine, et qu'elle
aurait l'air de supposer que l'on n'exécute pas les lois, no-
tamment celle du 7 mai 1877, sur les cotirs d'eau non navi-
gables ni flottables, qui a comminé des peines contre ceux
qui y jetteront ou déposeront des matières pouvant les cor-
rompre ou les altérer. Il ajoute que les particuliers lésés peu-
vent s'adresser aux tribunaux.
Un autre fait valoir qu'il a fait beaucoup de recherches pour
arriver aune purification exécutable des eaux des fabriques,
et qu'il n'a pas abouti. Il cite l'évaporation de l'eau conta-
minée, prescrite à certaine usine, dont il résulta une fumée
d'une odeur intolérable pour les voisins. Que d'ailleurs, avec
notre système électif, peu de personnes oseraient exécuter les
mesures nécessaires. Enfin, il assure que la question est
pleine de périls, à cause des exigences qui se produiront
lorsque l'on aura étalé au grand jour l'état actuel des eaux et
que les remèdes auront été insuffisants.
Un troisième membre demande que l'on établisse la sta-
tistique des capitaux engagés dans les industries en question,
et que l'on mette en parallèle la valeur des poissons détruits
par les eaux que les usines corrompent.
L'auteur de la proposition a répondu en substance que les
solutions scientifiques réclamées sont parfaitement de la com-
pétence de l'Académie; qu'il ne s'agit nullement d'infliger un
iDlâme à l'administration, attendu que l'on veut au contraire
appeler la science à son aide pour lui fournir les moyens pra-
tiques de satisfaire au vœu de la loi, ajoutant que le pro-
gramme sollicite la recheiche de moyens de purification qui
rendent possible la vie du poisson, avec la réserve formelle
que ces remèdes ne compromettent pas Vexistence des indus-
tries. Selon lui, la valeur des usines et celle du poisson qu'elles
154 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
tuent, en même temps qu'elles rendent les eaux insalubres,
ne sont pas d'ailleurs des termes rigoureusement comparables,
parce que l'usine est une entreprise toute particulière, tandis
que le cours d'eau et les poissons sont à l'usage des liabitanls
en général sur tout le parcours de la rivière.
Peu de temps après la décision de l'Académie, nous avons
reçu le programme de la Grande exposition internationale
des produits et engins dépêche, qui s'ouvrira à Londres le
I" mai 1883. J'ai eu la satisfaction d'y trouver deux para-
graphes qui rentrent tout à fait dans ce que demande l'Aca-
démie de Belgique. A la classe IV (pisciculture), on lit (divi-
sion 39) : On réclame « un système pour la destruction des
0 effets nuisibles produits pour les poissons par les rivières
" et fictives imprégnés d'eaux de cloaques, de produits chi-
> iniques et autres, système illustré de modèles et de des-
^> sins. » On voit encore (division 40) la demande d'une solu-
tion pour une question tout à fait connexe : « Des recherches
5) physico-chimiques sur les qualités cVeau douce et d'eau
i» de mer nuisibles aux animaux aquatiques... », etc.
Le Gouvernement belge, reconnaissant que nous ne devons
pas rester en arrière du mouvement qui se manifeste partout,
vient de charger une Commission de dix membres d'étudier
les questions qui se rattachent au repeuplement des cours
•d'eau.
Elle se compose de MM.lelieutenantgénéral baron Goethaels,
président; baron de Selys Longchamps, président du Sénat,
membre de l'Académie ; Willequet, membre de la Chambre
des représentants, à Gand; Edouard van Beneden, professeur
à l'université de Liège, membre de l'Académie ; de Clercq,
inspecteur général des ponts et chaussées, à Lruxelles ; Emile
•Gens, docteur en sciences naturelles, professeur à Verviers ;
Leyder, professeur à l'Institut agricole de Gembloux ; Mousel,
inspecteur des eaux et forêts à Arlon ; Denis, négociant pisci-
culteur, à Bruxelles; et Bernard, chef de division au Départe-
ment de l'Intérieur, secrétaire.
Cette Commission, installée le 27 octobre 1882, a tenu déjà
plusieurs séances, à chacune desquelles différentes communi-
REPEUPLEMENT DES COURS d'eAU. 155
calions ont été faites et ont provoqué des discussions ayant
pour objet l'examen des mesures à prendre pour satisfaire
aux vœux du Gouvernement.
Nous avons lieu de croire que cette activité ne se ralentira
pas, et que bientôt on mettra la main à l'œuvre.
Voici le programme du concours adopté par l'Académie :
ACAL)É>UE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS
DE BELGIQUE.
Classe des sciences. — Concours extraordinaire pour 1884.
Le Gouvernement a proposé et les Clianibres ont adopté une loi qui
a pour objet la conservation du poisson et le repeuplement des rivières.
L'obstacle capital qui empêche actuellement d'atteindre ce but, c'est
la corruption des eaux dans les petites rivières non navigables ni flot-
tables, qui sont contaminées par des matières solides ou liquides déver-
sées par différentes industries, et incompatibles avec la reproduction et
l'existence des poissons.
L'Académie fait appel à la science pour faciliter l'accomplissement des
vues des pouvoirs publics.
Acceptant la proposition d'un de ses membres, qui met généreusement
à sa disposition une somme de trois mille francs, elle demande une
étude approfondie des questions suivantes, à la fois chimiques et biolo-
giques :
1" Quelles sont les matières spéciales aux principales industries qui,
en se mélangeant avec les eaux des petites rivières, les rendent incom-
l>atibles avec l'existence des poissons, et impropres à l'alimentation
publique aussi bien qu'au bétail ;
2° Une liste des rivières de Belgique qui. actuellement, sont dépeu-
plées par cet état de choses, avec l'indication dos industries spéciales à
chacune de ces rivières, et la liste des poissons comestibles qui y vivaient
avant l'établissement de ces usines;
3° La recherche et l'indication des moyens pratiques de purifier les
eaux à la sortie des fabriques pour les rendre compatibles avec la vie
du poisson sans compromettre l'industrie, en combinant les ressources
que (peuvent olfrir la construction; de bassins de décantation, le iiltrage,
enfin l'emploi des agents chimiques ;
•i" Des expériences séparées sur les matières qui, dans chaque indus-
trie spéciale, causent la mort des poissons, et sur le degré de résistance
que chaque espèce de poisson comestible peut offrir à la destruction.
15G SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Les mémoires devront être écrits lisiblement et être adressés, francs
de port, à M. Liagre, secrétaire perpétuel, au palais des Académies, avant
le 1" octobre 1884.
L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations; les au-
teurs auront soin, par conséquent, d'indiquer les éditions et les pages
des ouvrages cités. On n'admettra que des planches manuscrites.
Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage ; ils y inscri-
ront seulement une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté
renfermant leur nom et leur adresse. Faute par eux de satisfaire à cette
formalité, le prix ne pourra leur être accordé.
Les mémoires remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs
se feront connaître de quelque manière que ce soit, seront exclus du
concours.
L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les
mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont et restent déposés dans
ses archives. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies
à leurs frais, en s'adressant, à cet elfet, au secrétaire perpétuel.
SUR LE NOYER PAGANIER
(CARYA OLIV.ÏFORMIS)
ET AUTRES NOYERS AMÉRICAINS
Par M. E. DECROIX
Vétérinaire principal de l'armée, en retraite
et M. Jules GRISABD
Agent général de la Société.
{Extrait du compte rendu sténographtque.)
M. E. Decroix. — Parmi les arbres fruitiers qui croissent
sur notre globe, le Noyer est un des plus utiles, autant par le
bois qu'il fournit à la menuiserie et à l'ébénisterie, que par
ses fruits, qui sont consommés en nature ou bien encore
employés pour l'extraction d'une huile propre aux prépara-
tions culinaires et à la peinture : huile de noix.
Les Noyers appartiennent à la famille des Juglandées. 11 y
en a de différentes espèces.
En France, on cultive le Noyer féroce^ remarquable par
l'excellence de son bois, mais dont les noix sont petites et
très dures ; le Noyer mésange, qui donne beaucoup de noix
dont la coque est très tendre et beaucoup d'autres variétés.
En Amérique, on trouve plusieurs espèces de Noyer. Les
plus répandues sont : le Noyer noir (Juglans nigra), très
commun aux États-Unis et dont le fruit est de qualité infé-
rieure à celui du Noyer ordinaire; le Noyer blanc {Carya
alba) ; le Noyer Pacanier (Carya olivœformis), etc. C'est sur
ce dernier que je désire aujourd'hui appeler votre attention.
Dans la séance du 18 juin 1879, j'ai eu l'honneur de pré-
senter à l'Assemblée des fruits du Noyer Pacanier, provenant
de la récolte de 1878 et qui m'avaient été remis par une pa-
rente de M. le D' A. Bertherand. Ceux de nos collègues qui en
ont goûté ont pu se convaincre qu'ils étaient parfaitement
conservés, et qu'ils avaient un goût parfumé bien supérieur
à celui des noix récoltées en France.
A la suite de ma communication, j'ai été prié de prendre
quelques renseignements, près de la personne qui m'avait
158 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
donne ces fruits, sur les caractères botaniques de l'arbre qui
les produit, sur le climat qui lui convient, sur le mode de
culture, etc. J'ai demandé ces renseignements, mais la per-
sonne à qui je me suis adressé est morte sans me les envoyer.
Ces jours derniers, j'ai lu dans le n" 173 de la Chronique
de la Société d'Acclimatation, que M. Sanford, ministre des
États-Unis, à Bruxelles, mettait à la disposition de la Société
une certaine quantité de Noix de Pacanier. J'ai demandé de
ces noix à M. Grisard, et j'ai pu me convaincre ainsi, qu'il
s'agissait de la même espèce de fruit que celle dont j'avais
entretenu mes collègues en 1879.
J'ai eu alors la pensée de rechercher, et j'ai retrouvé,
quelques noix de la récolte de 1878, et voici, Messieurs, des
spécimens des unes et des autres. Ces noix, par leur aspect
général ressemblent plutôt à un gland très volumineux qu'à
la noix française. Le goût de l'amande en est plus fin, plus
parfumé ; la conservation en est plus facile ; ainsi celles qui
m'ont été remises en 1879 sont encore parfaitement man-
geables bien qu'ayant perdu de leurs qualités, tandis que les
noix communes se conservent à peine un an.
Je pense donc qu'il y aurait utilité à propager le Noyer
Pacanier dans le midi de la France ou dans nos colonies, en
Algérie notamment. Je me rappelle avoir vu en Kabylie de
très beaux Noyers rapportant beaucoup de fruits. Peut-être le
Pacanier y prospérerait-il également.
M. J. Grisard. — Je crains que le Pacanier ne réussisse
pas en Algérie comme le croit notre zélé confrère.
C'est un arbre qui aime les endroits frais et même très
iiumides. On le rencontre abondamment sur les bords des
rivières (Missouri, Arkansas, Illinois, etc.) Michaux cite même
un marais de 800 arpents qui est couvert de Pacaniers.
M. Raveret-Wattel. — Ces arbres réussiraient sans doute
en Cochinchine et à la Nouvelle-Calédonie.
M. Ed. Renard. — C'est aussi mon avis, mais la noix est si
dure....
M. Decroix. — Nullement.... voici des dents de soixante-
deux ansqui vont vous les briser toutes, facilement.
LE NOYER PACANIER. 159
Joignant le geste à la parole, notre confrère casse succes-
sivement cinq ou six noix.
M. Grisard. — M. Renard fait confusion. Il y a en effet
parmi les Noyers américains des espèces qui donnent des
fruits à coque excessivement épaisse et dont l'amande extrê-
mement petite ne s'extrait qu'avec la plus grande difficulté;
c'est le cas pour les Carya glabra ou porcina et tomentosa,
mais non pour la noix du C. olivœfonnis (pacane) qui se brise
très facilement et présente une amande remplissant entière-
ment la coque et qui n'est pas séparée par des cloisons li-
gneuses comme dans celle de notre Noyer commun {Juglans
regia), avantage qui est à considérer; la noix du C. alha
vient ensuite, la coque quoique mince est cependant assez
forte pour ne pas céder sous les doigts; elle renferme une
amande d'un goût délicieux et les fruits de ces deux espèces
se rencontrent communément sur les marchés des États-Unis
où ils atteignent des prix élevés, 80 à 100 francs l'hectolitre.
Les noix de C. oUvœformis s'exportent en assez grandes quan-
tités aux Antilles où elles sont très appréciées ; des envois
sont faits également en Europe et surtout en Angleterre où
on les mange à l'état naturel et où elles servent à la fabrica-
tion d'une huile estimée ; on en rencontre quelquefois dans
les rues de Paris. Ces noix se conservent fort longtemps sans
rancir, cette facilité de conservation les rend précieuses.
Il paraît qu'il existe des variétés dont les fruits sont de
dimension considérable.
Quant à la réussite de la culture de ces arbres dans la France
méridionale, elle n'est pas douteuse; notre confrère M. Léo
d'Ounous, en possède de superbes exemplaires dans l'Ariège ;
on en trouve également dans d'autres localités qui fructifient
tous les ans, à Toulouse notamment.
Un Membre. — A quel âge produit-il?
M. Grisard. — Son accroissement est lent ; il ne fructifie
que lorsqu'il est déjà fort, à 10 ou 15 ans, mais il est très
fertile et chaque arbre peut donner annuellement un hecto-
litre de Pacanes.
Sous le climat de Paris il résiste à des froids assez rigou-
160 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
reux (c'est même une des espèces qui y réussissent le mieux),
mais ne donne des fruits qu'exceptionnellement. Il exis-
tait dans l'école de botanique du Muséum un C. oUvœformis
de 60 centimètres de diamètre, au moins, qui datait du com-
mencement de ce siècle. Cet arbre a disparu après les grands
froids des hivers rigoureux de ces dernières années. Il fruc-
tifiait, mais donnait une quantilé restreinte de noix; il fallait
que les étés fussent chauds pour que la production soit assurée.
Mais on ne peut pas tirer de déduction sur le rapport ou la
croissance d'un arbre, ni même de plusieurs, quand c'est
dans une ville comme Paris et sur un sol aussi défavorable que
celui du Muséum qu'on expérimente.
Le C. oUvœformis fournit un bois compact, tenace et élas-
tique, mais son grain est grossier et il a les défauts de ses
congénères, il est facilement attaqué parles insectes.
M. Decrolx. — Si la fructification a été obtenue sous le
climat de Paris, il y a tout lieu d'espérer qu'ils s'acclimateront
bien un peu plus au sud et par conséquent dans le midi de la
France et en Algérie.
Quoi qu'il en soit, voici ma conclusion, c'est que la Société
prenne dès à présent des informations nécessaires aux Etats-
Unis, par l'intermédiaire de M. Sanford au besoin, qu'elle
fasse venir des noix de Pacanier de la prochaine récolte et
qu'elle en envoie dans le midi de la France et en Algérie,
au Sénégal même, avec prière de les planter. Tous les
commandants civils ou militaires de nos colonies se feront
un plaisir, j'en suis convaincu, de tenter la propagation du
nouvel arbre, en se conformant aux indications qui nous par-
viendront de l'Amérique.
M. Millet. — La Société ferait une bonne chose, je crois,
en proposant un prix pour la culture des Noyers d'Amérique.
M. Grisard. — La Société a déjà fondé un prix pour l'un
d'eux, le Carya alba ; peut-être n'est-il pas inutile d'en rap-
peler les dispositions en séance.
La création de ce prix remonte à 1870. Il est ainsi libellé :
Introduction et culture en France du Noyer d'Amérique
{Carya alba), connu aux États-Unis sous le nom de Hickory
LE NOYER PACANIER. 161
(bois employé dans la construction des voitures légères).
.On devra justifier de la plantation sur un demi-hectare de
?^oyers d'Amérique ou de la possession de 500 arbres hauts de
i'",50 au moins.
Concours ouvert jusqu'au l*"" décembre 1885. — Prix :
500 francs.
Le Carya olivœformis présente aussi un sérieux intérêt et
la Société devrait en encourager la culture ; la section des
végétaux d'accord avec la Commission des récompenses pour-
rait préparer, pour être soumise à l'approbation du Conseil,
une note qui concluerait à une demande de fondation deprix.
M. Decroix. — J'appuie cette proposition.
Un Membre. — Quels soins réclame le Carya alha? k
quels usages son bois est-il employé?
M. Grisard. — Le Carya alha (Shell-Bark ou Shag-Bark-
Hickory) est un grand et bel arbre à tronc droit, d'un dia-
mètre à peu près uniforme et souvent sans branches jusqu'aux
trois quarts de sa hauteur qui atteint de 25 à 30 mètres ; les
Feuilles d'un vert s ombre, unies et luisantes en dessus, ont un
arôme particulier lorsqu'on les froisse ; c'est une des espèces
les plus répandues du genre dans la culture européenne. Il
se plaît en forêt, il lui faut une terre fraîche et profonde ;
planté isolément, il est bien fourni en branches et est très
ornementaL Son bois compact, fort, pesant, est très souple et
se fend avec la plus grande facilité; il est propre à une infinité
d'usages : manches d'outils, de fouets, baguettes de fusil,
moyeux, essieux, jougs pour les bœufs, vis de pressoirs, etc.,
il est sans égal pour les cercles de tonneaux. C'est avec le
bois d'Llickory qu'on fabrique ces voitures si légères appelées
Araignées. Pour le chauffage il est supérieur à ses congénères
et donne plus de chaleur que le chêne même.
Un Membre. — Et le fruit '/
M. Grisard. — Le fruit, recouvert d'un brou presque aussi
dur que du bois et qui s'ouvre au moment de la maturité en
quatre parties, est petit, de forme arrondie mais comprimée
de manière à former plus ou moins quatre angles ; la coquille
a la dureté de l'os ; elle renferme une amande d'un bon goût ;
3« SÉRIE, T. X. — Mars 1883. 11
162 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
le fruit ne vient que sur le jeune bois, seul ou par grappe ôc
deux ou trois seulement.
Les écureuils sont très friands des noix d'Hickoryet en ca-
chent de grandes quantités en automne pour leurs provisions
d'hiver. De la sorte les fruits sont plus ou moins dispersés et
portés dans toutes les directions loin de l'arbre qui les produit.
Leur cachette favorite est dans les murs et il est très fréquent
de trouver çà et là le long de ces murs des Hickory poussant au
hasard avec de grandes variétés dans la grosseur des noix, l'é-
paisseur de leurs coquilles et la qualité de leurs amandes. La
oreffe et l'écussonnage réussissent mal elle meilleur moyen de
propagation est encore le semis en place, les Hickory suppor-
tant difticilement la transplantation ; cependant avec certaines
précautions ou par quelques procédés nouveaux, on arriverait
à atteindre le but, croyons-nous. Les noix sèches germent mal,
il faut les planter aussi fraîches que possible; dans ce but on
devra les recueillir aussitôt la maturité et les placer dans du
sable humide ; on les conservera de cette manière, dans une cave
ou un autre endroit frais, jusqu'au printemps. On les sèmera
alors au lieu môme où les arbres doivent rester en mettant Sou
4 noix par trou et en ne laissant lors de la germination que le
plant le plus vigoureux ; c'est le procédé suivi aux États-Unis.
En terminant, je vous signalerai encore le C. amara (Bit-
ternut Hickory), qui ne donne pas un fruit comestible, mais
dont le bois compact, tenace et élastique est recherché pour
les essieux de voitures, les manches d'outils, etc.; il est
moins sensible au froid que le C. alba; le Carya suicata
(Thick shell bark) des forêts humides fournit un bois, dont
le cœur d'une couleur claire est moins employé que celui des
espèces précédentes par suite de sa plus grande rareté; ses
noix quoique grosses sont de qualité inl'érieure ; enfin le C.
porcina (Pignut, Broom Hickory) donne un bois d'excellente
qualité, le fruit renferme une amande petite, sucrée ou un
peu amère.
Le bois des Cart/a résiste malheureusement mal aux
attaques des insectes.
I. EXTRAIT DES PROCÉSUERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE GÉNÉRALE DU t MARS 1883.
Présidence de M. Henri Boulev, Président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté, après une
observation de M. de Barrau de Muratel.
— M. le Président proclame les noms des membres nouvellement
admis par le Conseil, savoir :
MM- PRÉSENTATEURS.
DuFRESNE (Ernest), greffier de la justice de i Ghesnel.
paix du canton de Neuilly, rue Jacques ] J. Grisard.
Dulud, 5J5, à Neuilly (Seine). ( le niar(|uis de Sinéty.
Feuillov (Gédéon), propriétaire, à Sénar- j ^- ^«oiiVoy Saint-Hilaire.
pont, par Oisemont (Somme). ) ^' «'''"'>'e^al-
{ ^aint-Vves Ménard.
FouRNiER (E.), apiculteur, à Issoire (Puy-de- ( f^^^"^^^^ ^u-ard.
])5„^g\ i Saint-Vves Ménard.
( le marquis de Sinély.
Hameau (le docteur), médecin-inspecteur, à ( ,," "P'"*
Arcachon (Gironde). ^^'^"'"'^^ <^''"'^^^*-
( H. de Vilmorin.
Kerambrun (Denis), notaire, à Belle-IsIe-en- ( Dupin.
Terre (Gôtes-du-Nord). Raveret-Wattel.
\ le marquis de Sinéty.
LECOMTE(Henri),professeurlicenciéèslettres, ( f^'"t-Yves Ménard.
8, boulevard Saint-Denis, à Paris. / Raveret-Wattel.
\ le marquis de Sinély.
Lecoq (Théodore-Auguste), propriétaire, 11, ( '^- ^^*^"''"«y Saint-Hilaire.
rue Perronet, à Neuilly (Seine). j '}' '''''
( le marquis de Sinéty.
Legrand (Jacques-Amable), docteur en mé- J^' Geoffroy Saint-llilaire.
decine, avenue de Neuilly, 136 (Seine). ' ^- ^o'''^-
^' "^ > \ Romam.
Ligney (Edouard), 46, boulevard Magenta, à ( ?* f'y'j^^^ski.
Paris. y ^; ^^'^''
\ Maquin.
LoLiGOis (Antoine), avenue de Neuilly, 53, ù ( ^°"'^h«''*^!^ux.
Neuillv (Seine). ]■ ^'''^"^-
{ Lecene.
Martin (Biaise), horticulteur, 11, rue de la ( A.Gjeoffroy Saint-llilaire
Chaussée, à Nt» ers (Nièvre). ) °'''®-
( le marquis de Sinély.
164 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
MM. PRÉSENTATEURS
riAVENEZ (Louis), comptable expert près le / A. GeofTioy Saint-Hilaire.
tribunal de la Seine, 91, boulevard Gouvion- s A. Marotte.
Saint-Cyr, à Paris. ' Saint-Yves Ménard.
[ H. Bouley.
Rocher, 66, rue Caumartin, à Paris. | P. Pichet.
( A.Geoffroy Saint-Hilaire.
„ ,T, -s ,■ r n . ( Delahogue Moreau.
Taintdrier (Henri), rentier, 4, rue Drouol, \ ,, ^ ^ c • . ni •
, r. • i A. Geoltrov Saint-Hilan-e.
a Pans. ( „. -^
V Simon.
— M. le Président fait part à l'Assemblée du décès de M. le baron
Jules Cloquet qui, membre de la Société d'Acclimatation presque dès
l'origine, fut pendant de longues années un des membres les plus actifs
du Conseil, et s'occupait particulièrement de l'introduction de végétaux
exotiques dans le midi de la France. « La Société el la science, ajoute
M. le Président, font une perte dans la personne de iM. Cloquet, membre
<ie l'Académie des sciences et de l'Académie de médecine. Depuis long-
temps, il est vrai, M. Cloquet s'était retiré, accablé par l'âge; mais il a
laissé dans la science une trace qui sera considérable, et dans la
Société d'Acclimatation des souvenirs qui ne se perdront pas. »
— MM. A. Gérard et Pimont adressent des remerciements au sujet de
leur récente admission dans la Société.
— M. Uurousseau-Dugontier fait connaître que son cheptel de Colins
est en parfaite santé.
— Des remerciements pour les cheptels qui viennent de leur être
accordés sont adressés par MM. de Boussineau, Poinsignon, Le Guay,
Giraud-Ollivier, B. Clémot, Blandin, Burky, Ein. Baré, G. de Fays, comte
de l'Esperonnière, Zeiller, Laporte, Henri Fabre, Fremy, Léon Mérat,
Th. Lépine, Nelson-Pautier, 0. Massias, Lemut et Leroy.
— M. Albert Orban écrit de Quarreux-Ayrraille (Belgique), à la date
du 22 février : « Les Canards Casarkas, que j'ai obtenus en cheptel,
l'année dernière, ne m'ont encore donné aucun résultat. J'espère être
plus heureux cette année. Les oiseaux sont en très bonne santé et en
parfait état.
» En réponse à l'article de la Chronique du 20 de ce mois, demandant
des renseignements sur la date de l'arrivée des oiseaux de passage, je puis
dire que j'ai déjà, depuis la fin de janvier, observé des Élourneaux, qui,
d'ordinaire, ne reviennent dans ce pays qu'au mois de mars. Les Hoche-
queues gi is sont également de retour depuis plus de quinze jours. »
— MM. Guillaume d'Augy, Boudent, Delgrange et Després, ainsi que
le régisseur de l'établissement national de pisciculture de Bouzey et la
direction de l'Aquarium du Trocadéro remercient des œufs de Salmo
fontinalis qui leur ont été adressés.
PROCÈS-VERBAUX. 165
— 31. Desprcs écrit de Nanteuil-en- Vallée : « J'apprends par M. de
Thiac, Président de la Société d'Agriculture de la Charente, que la So-
ciété d'Acclimatation vient de recevoir une assez grande quantité d'œufs
de Salmo fontinalis. Je vous serais bien reconnaissant, si vous vouliez,
comme vous l'avez fait l'année dernière, me confier encore gratuitement
quelques œufs de cette espèce. La Société que je dirige est encore dans
la période d'organisation et n'est pas assez riche pour en faire l'acqui-
sition. De nouvelles améliorations importantes viennent d'être faites ;
elles rne permettront de donner des soins efficaces aux élèves que vous
voudrez bien me confier.
s Je n'ai qu'un petit nombre d'alevins sur les œufs que vous m'avez
envojés l'année dernière, environ 200. Ces sujets, quoique parqués dans
des conditions à moitié satisfaisantes, sont fort beaux ; ils atteignent, en
moyenne, 10 à 12 centimètres de longueur. Je crois qu'ils pourraient
atteindre une taille plus forte, s'ils étaient soumis à une alimentation
régulière, indépendante de celle qu'ils trouvent dans leur bassin. Je
compte les traiter ainsi à l'avenir. — La Société d'Agriculture du dépar-
tement vient de me donner une médaille d'argent et j'ai tout litu de
croire que l'État, sur une demande appuyée par la préfecture, va m'ac-
corder une subvention personnelle, »
— M. F. Galiais adresse une demande d'œufs de Salmonidés.
— En remerciant des œufs de Salmonidés qui lui ont été adressés,
M. Rathelot écrit du Grand-Montrouge : « Les Salmo quinnat que vous
ïii'avez remis en décembre 1881 vont très bien; les premiers que j'ai
mis dans un bassin en plein air sont assez forts; ils ont atteint environ
22 centimètres; ceux que j'avais laissés dans mon laboratoire et que j'ai
mis quelques mois après dans le même bassin, sont plus petits; n'ayant
pu jouir, étant jeunes, de la même nourriture que les premiers qui, en
plus de la viande de cheval que je leur donne, trouvaient dans cette eau
dormante quantité de petits vers et autres animalcules qui facilitaient leur
croissance. Ils ont supporté, pendant les chaleurs, 22 degrés centigrades.
Ils vivent, quant à présent, en très bonne intelligence avec des ablettes,
des goujons, barbillons et écrevisses.
» Vers la fin d'octobre, quantité de feuilles de peuplier et autres étant
tombées dans le bassin, l'eau était devenue très foncée; voyant que mes
poissons ne mangeaient plus, et ne voulant pas pousser l'expérience plus
loin, j'ai dû faire procéder au curage du bassin.
» Je donne ces détails pour faire remarquer que le Salmo quinnat
n'exige pas une eau spéciale. »
— M. llignet écrit de Varsovie : « Mes A ttacus Pernyi, dont le papillon
n'est pas sorti à l'automne, sont jusqu'ici en bon état, les chrysalides
sont bien vivantes, celles du moins que j'ai mises au jour par l'ouverture
du cocon, et tout fait supposer que la race univoltine que je cherche à
obtenir depuis quelques années est créée. Ce résultat important pour
IGO SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
nous, aurait aussi de l'intérêt pour la France, car il me paraît difficile
que vous puissiez faire deux récoltes satisfaisantes dans la même année.
Vous ai-je dit que, de la seconde ponte, j'ai élevé, l'année dernière, en
chambre, quelques vers qui, dans les derniers temps, ont dû se contenter
de feuilles sèches et n'avaient pas l'air d'en trop souffrir. Ils ont fait leur
cocon et la chrysalide est bien portante.
m Je vous ai accusé réception des cocons de Cynthia. Ils sont arrivés en
bon état. Je vous réitère mes remerciements et vous prie de ne pas
m'oublier dans les distributions que vous pourriez être à même de faire,
.le recevrais aussi avec grand plaisir tout envoi de graines de plantes qui
se prêteraient à des essais d'acclimatation en Pologne. »
— M. le colonel d'Arnaud-Bey écrit de Marseille: « Le souvenir d'une
séance extrêmement intéressante, presque entièrement consacrée à l'in-
dustrie de la Ramie ou China-grass, que nous avons eue, a appelé mon
attention sur la matière, lorsque en passant <à Avignon, je me suis trouvé
par hasard en contact d'hommes spéciaux de différentes nationalités ve-
nant à l'effet de voir, de visu, les grandes pépinières, mais surtout une
machine à décortiquer les tiges de la racine, de l'invention de M. P. A.
Favier, de Villefranche, opération qui a présenté jusqu'ici des difficultés
sérieuses.
» J'ai aussitôt demandé à me joindre à ces messieurs, et nous nous
sommes acheminés vers la siège de la Société, oîi nous avons été accueil-
lis avec une grande affabilité par M. P. A. Favier, directeur de la Société
française de la Piamie à Avignon, à qui revient l'honneur de la découverte
de ce procédé de décortication si longtemps cherché; là M. Favier nous
a donné toutes les explications désirables et il a fait fonctionner devant
nous sa machine, d'une très grande simplicité, exigeant en outre peu de
force, pour donner un travail parfait, au dire de ces messieurs, plus
compétents que moi dans la matière.
» Après cela on a mis sous nos yeux toutes les diverses préparations
que l'on fait subir à la Raniie pour la rendre propre aux divers usages
que réclament les nombreuses industries qui l'emploient; enfin des échan-
tillons d'étoffes variées, mélangées ou entièrement faites en Ramie.
)) La possibilité de rendre industrielle la fibre de Ramie, que nous pou-
vons parfaitement obtenir sur le littoral méditerranéen, en Algérie, au
Sénégal, à la Réunion, à la Martinique, à la Guyane, à Saint-Pierre et
dans nos établissements français de l'Inde et de l'Océanie, offre un si
grand intérêt pour notre pays que j'ai cru devoir appeler de nouveau
l'attention de la Société sur les résultats dont je viens d'être témoin.
î Afin d'éviter de plus grands détails, je vous transmets ci-joint
une brochure que vient de publier sur ce sujet M. Favier, auquel vous
pouvez vous adresser si vous aviez besoin de plus amples informations. »
— Des demandes de graines sont adressées par le Comice agricole de
Brioude, ainsi que par MM. Beaufour, J. Cocchi et d'Augy.
FROCÈS-VERBÂUX.
167
— M. Guiseppe Gnecchi écrit do Milan : « Les essais Je culture que
j'ai faits encore dernièrement, ne permettent pas de tirer de renseigne-
ments positifs et précis sur le rendement du Téosinté. 11 faut d'ailleurs
l)ien des essais pour arriver à une culture rationnelle quand on ne pro-
cède que par tâtonnement.
» Un point de la plus haute importance a été cependant éclairé. J'ai
«ultivé, à côté l'une de l'autre, deux pièces de terre de 200 mètres carrés
<;hacune ; semant dans l'une de la graine d'une provenance et dans
l'autre delà graine d'une autre provenance. La fumure, les labours, le
jour du semis ont été les mêmes pour les deux pièces. Eli bien, le
produit en fourrage vert a été en raison de cent mille kilos, nombre
rond dans l'une et presque insignifiant dans l'autre. La cause en est dans
la différence entre les sujets obtenus des deux graines. Les premiers ont
levé suffisamment bien et ont donné des tiges bien droites, à feuilles
lisses, les autres ont levé imparfaitement, et n'ont donné que des tiges
tout à fait couchées, à feuilles frisées.
» Je n'ai pu d'ailleurs trouver aucune différence extérieure entre les
graines des deux provenances. Tant qu'on ne pourra pas être siir de la
variété dont on dispose, il sera prudent de faire quelques essais avant
de s'engager dans une culture de quelque importance.
» Cette énorme différence de produit d'une variété à l'autre, à condi-
tions égales de culture, explique, au moins en 1res grande partie, les
différences d'opinion qui existent sur le Téosinté.
» Dans la Chronique du 5 avril 1882 une distribution de noix de Pa-
canier était annoncée. Peut-être la Société apprendra-t-elle avec intérêt
que cette essence est parfaitement acclimatable en Lombardie. Je pos-
sède trois de ces arbres obtenus de noix mises en terre il y a 25 ans
environ. Le plus grand a de 5 à G mètres de hauteur, mais aucun des
trois n'a jusqu'à présent donné de fruits. ))
— M. le Président annonce l'ouverture du scrutin pour l'élection du
bureau et d'une partie des membres du Conseil, et il désigne pour faire
le dépouillement des votes une Commission composée de M.\L Ménard,
le vicomte d'Esterno, P. Chappellier, X. Dybowski, Grisard et Fallou.
— M. Raveret-Wattel signale un mémoire très intéressant publié dans
le journal de la Société des Arts, de Londres, par M. Alfred Wailly, qui
rend compte de ses éducations de différents Bomhyciens Séricigènes exo-
tiques, et qui indique un procédé ingénieux pour l'emballage de cocons
vivants destinés à être expédiés au loin.
M. le Secrétaire des Séances dépose ensuite sur le Bureau, de la part
de M. de Behr, président de la Société allemande de pisciculture, un
lot important de graines de Balsamine géante (Impatiens (tranduligera).
Cet envoi est accompagné d'une note (voy. au Bulletin), qui fait connaître
que la Balsamine géante est une plante vigoureuse et très florifère, qui
fournit en août et septembre une ressource précieuse pour la nourri-
168 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
tare des abeilles. — Des remerciements seront adressés au donateur,
— M. Millet donne lecture d'un travail sur les mœurs des poissons
migrateurs et sur l'emploi des échelles à Saumon (voy. au Bulletin).
— A l'occasion de cette communication, dans laquelle M. Millet signale
la ressemblance très grande qui existe entre le jeune Saumon ou Tacon,
et la Truite, et ajoute qu'on éprouve souvent de la difficulté à distin-
guer entre eux les deux poissons, M. Uaveret-Wattel dit que le Saumon
peut toujours se reconnaître à la frange de la nageoire adipeuse, qui
est de couleur noire ou brune, tandis que chez la Truite elle est d'une
teinte plus ou moins rougetâtre. M. le Secrétaire rend compte ensuite
d'observations faites en Angleterre sur les habitudes du Saumon à l'épo-
que de la remonte.
— Au sujet des renseignements donnés dans la communication de
M. Millet, sur la montée d'anguilles, M. Hédiard fait connaître qu'on
pèche dans la rivière de Bilbao des quantités considérables de ces anguil-
lettes qui sont connues en Espagne sous le nom A'Angoules et qui don-
nent lieu à une industrie locale : on en prépare des conserves en boîtes.
Une boîte de la dimension d'une boîte de 40 sardines peut contenir jusqu'à
200 de ces petites anguilles.
— M. le Président fait connaître le résultat du scrutin. Le nombre des
votants était de 344. (Outre les billets de vote déposés par les membres
présents, beaucoup de bulletins avaient été envoyés sous pli cacheté et
contre-signe). Les votes ont été répartis de la manière suivante :
Président : MM. Henri Bouley 344
Vice-Présidents : Docteur Ern. Gosson 344
Comte d'Éprémesnil 341
De Quatrefages 344
Marquis de Sinéty 343
Secrétaire général : A. Geoffroy Saint-Hilaire 342
Secrétaires : E. Dupin 313
Maurice Girard 342.
Raveret-Wattel 34a
Flury-Hérard 34a
Archiviste-bibliothécaire : A. Berthoule 344
Membres du Conseil : Camille Dareste 343
Alfred Grandidier 33i^
Docteur Henri Labarraque 343
E. Roger 342
En outre, plusieurs des membres ci-dessus désignés ont obtenu un
certain nombre de voix pour des emplois différents de ceux que leur a
assignés la majorité des suffrages. D'autres sociétaires ont également
obtenu des voix pour diverses fonctions.
PROCÈS- VERBAUX. 169
En conséquence, sont élus pour l'année 1883_:
Président : MM. Henri Bouley.
Vice-Présidents : D' Ernest Cosson.
Comte d'Éprémesnil.
De Quatrefages.
Marquis de Sinéty.
Secrétaire général : A. Geoffroy Saint-Hilaire
Secrétaires : E. Dupin.
, D'' Maurice Girard.
Raveret-Wattel.
Flury-Hérard.
Archiviste-bihliothécaire : Amédée Berthoule.
Membres du Conseil : Cuinille Dareste.
Alfred Grandidier.
Docteur Henri Labarraque.
E. Roger.
— M. de Fiennes fait une intéressante communication sur un procédé
de destruction des Loutres (voy. au Bulletin).
— M. Grisard donne lecture d'une note de M. Louis Boutan ayant pour
titre : « Le Phylloxéra en Australie ; moyens employés pour le com-
battre. »
— M. de la Chassagne estime que les moyens indiqués dans cette
note: l'arrachage de la vigne, l'emploi du sulfure de carbone, etc.,
sont impuissants contre l'envahissement du Phylloxéra. En Suisse, en
Autriche, partout oii on les a employés, ces moyens ont échoué. Aussi
la Société des agriculteurs de France n'a-t-elle pas cru devoir appuyer la
proposition de M. le colonel Meinadier, qui en recommandait l'emploi
pour l'Algérie.
— M. Saint- Yves Ménard présente à l'Assemblée un appareil inventé
par M. Rodier, propriétaire viticulteur à Briare (Loiret), pour le soufrage
des vignes atteintes de l'oïdium. C'est une sorte de petite cassolette en
fer-blanc, dans laquelle on fait brûler du soufre et qui sert à diriger l'acide
sulfureux qui se dégage tant sur le bois que sur les jeunes pousses, les
feuilles et le raisin. Cet appareil, désigné par l'inventeur sous le nom de
lampe vigneronne sulfureuse, doit être employé immédiatement après la
taille de la vigne, puis surtout au moment de l'aoutage : son emploi
permet un soufrage plus énergique que les procédés employés jus(iu'à ce
j our, et M. Rodier déclare avoir obtenu d'excellents résultats.
Î70 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
SÉANCE GÉNÉRALE DU 16 MARS 1883.
Présidence de M. Henri Bouley, Président.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
- M. le Président proclame les noms des membres nouvellement
admis par le Conseil, savoir :
MM. . PRÉSENTATEURS.
ï3LiGNiÈRES(Géleslin de), propriétaire, homme / H. Bouley.
de lettres, rue de Longchamps, 38, à - Leclerc.
Neuilly (Seine). ( Maurice Girard.
r)OYRON (docteur Georges), secrétaire du H. Bouley.
Conseil général de la Creuse, à Chatelus- ] J. Grisard.
Malvaleix (Creuse). ; Raveret-Wattel .
Daux (l'abbé Emmanuel), fauboursr Sapiac, \ , ' ,„<, ,
,_,,,., ,T . n X le comte d Epremesnil.
47, a Montauban (rarn-et-Garonne). > p , « aa"^ f* i
\ lltlVGrGl" VV tlllGl .
Gavinet (Jean-Louis-Alfred), juge de paix du / H. Bouley.
canton de Douvres, à la Délivrande (Cal- ] Raveret-Wattel.
vados). \ le marquis de Sinély.
Gaspard (Félix), notaire, à Saint-Jean-de- l „' ,'
D /, < \ - Raveret-Wattel.
Bournav Hsere). , . , „. ,
(le marquis de Sinety.
à^^.,^ /Al- \ •'. • ' r>i • r • H. Bouley.
Geliot (Adrien), propriétaire, a Plainfaing ^ , p. ,
/\j ^ . J. Clarté.
(Vosges). i ^ ,,, ,
^ ° ^ Raveret-V/attel.
Gennadius, inspecteur de l'agriculture, direc- [ H. Bouley.
teur du Jardin dendrologique de l'État, à ] Maxime Cornu.
xVthènes (Grèce). ( Saint-Yves Ménard.
Guillet (Lucien), négociant, rue Laffitte, 9, i „ '. ^. ^\,.
, T, . "a ' ' ' ' Saint-\vesMenard.
* Pans. i „T 1
, Raveret-Wattel.
JOLY (Charles-Ovide-Plessis), ancien notaire, ( J^'^°"^^7'
rue de James, Moulins-Engilbert )Nièvre). i l grisard.
° ' ^ [ Saint-Yves Ménard.
Lecoq (Joseph), propriétaire, château du Hil- H. Bouley.
gny, commune de Plogarlel-Saint-Germain ^ Maurice Girard.
(Finistère). ( Jules Grisard.
Cbcnet.
Lutman (Léopold), 78, rue Monge, ù Paris. ^ A. Porte.
' A. Geoffroy Saint-Hilaire.
rUOCÈS-VERCAUX. 171
^IJI, PRÉSENTATEURS.
Nouvel (Georges), propriétaire, au cliàteau de ( H. Bouley.
la Ronce, commune de Fontaine-sous-Jouy, . le comte de Foy.
canton sud d'Évreux (Eure). ' le baron Gérard.
. ^ • .n, MX . , ( H. Boulev.
PiNAUD (H.), négociant, a Santiago (Ch.l.), Il, ^ g^^g-^^^ Saint-Hilaire.
rue Magenta, à Asmères (StMne). ( ^^^^^^^,^ ^^^^,^^
( DcsbrossGS.
POLACK (Jules), courtier de commerce, avenue ^ Geoffroy Saint-Hilaire.
de Neuiliy, 189, à Neuilly (Seine). ( Saint-Yves Ménard.
REViLLON(Eugène-.\natoie), négociant, 9, bou- ( H. Bouley.
levard Ricbard-Wallace, à Neuilly-Saint- j Théodore Revillon.
.lames (Seine). ( le marquis de Sinéty.
, , , , , . 1 H. Bouley.
RlCHET, professeur a la Faculté de médecine, \ j^^^^^ ^^ p^^.^
rue de l'Université, 15, à Paris. \ Raveret-Wattel.
^ ., . ., , , ., / H. Bouley.
.Saffers (Emile), juge au tribunal de première \ ^^.^^ ^^'^^ mn^'A
instance de la Seine, rue Laflitte, 9, à Paris. \ ,^ ^^^^^.^^.^ ^^^ ^.^^.^^
. „ . ^ „, A. Geoffroy Saint-Hilaire.
\1G0UR (Jules), notaire, a Saint-Sorvan (Ille- \ 5^^,^^.^,^, ^^nard.
^'-^*'^'"^)- ( A. Porte.
— M. le Ministre des travaux publics adresse la lettre suivante :
« Monsieur, vous avez bien voulu me demander d'appeler l'attention
<les Compagnies de chemins de fer sur les soins que réclame le transpori
des œufs vioants de poisson que la Société Nationale d'Acclimatation
distrihue gratuitement, chaque année, aux personnes et sociétés qui s'oc-
cupent de pisciculture.
» Je m'empresse de vous informer que je viens d'écrire aux grandes
Compagnies, ainsi qu'à TAdministration des chemins de fer de l'Etat,
pour leur demander de veiller à ce que leurs agents observent exacte-
ment les précautions indiquées pai- les étiquettes spéciales que la Société
<rAcclimatatio!i appose sur ses colis.
j Recevez, etc.
» Le Ministre des travaux publics,
» 0. Raynal. »
— M. A. Mairet, faisandierchez M. Pierre E. Rodocanachi, au château
d'Andilly (Seine-et-Oise), écrit à M. le Secrétaire général la lettre sui-
vante, en date du 8 mars : « L'année dernière, j'ai eu l'honneur de vous
informer que notre femelle de Goura Victoria avait pondu trente-cinq
jours en avance sur l'année 1881 ; l'œuf, qui a été couvé par les parents
à l'air libre, a mis trente et un jours pour éclore, à cause des nuits
172 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
froides, où le thermomètre descendait à zéro. Le jeune, né chétif, n'a
pas vécu; il est mort au bout de trois jours.
» Une deuxième ponte a eu lieu le 1" juillet, ce qui nous a donné, le
30 du même mois, un jeune fort et robuste ; élevé par les parents, il a
pris aujourd'hui sa livrée d'adulte.
> L'échec que j'ai éprouvé sur ma première ponte a fait que j'ai dû y
remédier, et je viens cette année vous annoncer que j'ai pu obtenir,
après bien des difficultés, une avance sur l'année dernière de soixante-
quatre jours, et sur l'année 1881 de cent jours, ou trois grands mois;
je pense qu'avec cette avance nous pourrons obtenir deux reproductions
dans la même année. Nos Gouras couvent à l'intérieur de la cabane, dans
une boîte semblable à celle décrite dans ma première note, et à quelques
mètres de l'appareil de chauffage.
» Les deux jeunes Gouras que nous possédons font très bon ménage
ensemble, mais je ne puis pas encore savoir si nous avons mâle et femelle.
Une seconde génération obtenue en France serait fort intéressante.
> La reproduction que j'ai obtenue de deux espèces de Faisans rares
m'oblige à vous en dire un mot.
> Faisan d'Elliot. Une poule de cette espèce nous a donné l'année
dernière vingt œufs. Sur ce nombre, j'ai élevé dix-huit jeunes.
» Faisan de Sœmmerinfj . Sur quinze œufs, j'ai élevé dix jeunes. Ces
deux espèces, qui se rapprochent beaucoup du Faisan ordinaire, ont un
grand avenir comme gibier, étant originaires du Nord, l'une de la Chine
et l'autre du Japon. Elles se recommandent aux amateurs de chasse pour
leur rusticité à supporter nos hivers et la facilité avec laquelle on peut
les élever. Ni l'une ni l'autre ne sont sujettes aux vers du larynx; elles
ont une grande valeur comme oiseaux de table, et sont remarquables par
la beauté de leur parure.
» La ponte du Faisan d'Elliot commence du 8 au 12 mars et finit au
25 avril, époque à laquelle les Faisans ordinaires commencent leur ponte.
Sur vingt œufs que j'ai recueillis et mis à couver sous des poules, j'ai
obtenu vingt jeunes; le premier éclos a été mangé en partie par la poule
couveuse; un autre étant né les pattes sur le dos, j'ai àt. l'étouffer; les
dix-huit autres ont été élevés et livrés dans différents établissements de
1 Europe, et j'ai tout lieu d'espérer que cette année les descendants de la
première paire, importée en 1879, produiront de quoi garnir une chasse
princière.
ï La ponte du Faisan de Sœmmering commence du 15 au 20 avril
pour finir au 20 mai , les jeunes s'élèvent rapidement ; à l'âge de cinq
mois ils ont revêtu le plumage adulte, et ils se reproduisent dès la pre-
mière année, s
— MM. Burky, Clémot, de Lonlay, Martial, Léon Mérat, 31athey et le
comte G. de Saint-Innocent, accusent réception et remercient descheptels
qui leur ont été accordés.
PROCÈS- VERBAUX. 178
— M. Arthur Schotsmans rend compte de la perte du mâle de son
cheptel de Canards de Bahama.
— M. Duplantier demande à faire le renvoi de son cheptel de Lépo-
rides.
— M. Clémot annonce le renvoi de son cheptel de Canards du Pa-
radis.
— M. Ferary demande des renseignements sur la nourriture à donner
aux Faisans qui lui ont été confiés.
— Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Sommier et
Egal-Tible.
— MM. Bernard-Talhandier, Delgrange et Renouard accusent réception
des œufs de Salmo fontinalls qui leur ont été expédiés.
— M. le docteur Adrien Sicard adresse une demande d'œufs de Salmo
fontinalis.
— M. Bernard-Talhandier fait parvenir une demande de Grenouilles-
Bœufs et de montée d'Anguilles.
— M. Martial fait connaître que les œufs de Corégone qu'il a reçus lui
ont donné environ quinze cents alevins très beaux et très vifs. Notre con-
frère ajoute qu'il serait heureux de recevoir un nouveau lot d'œufs, dans
le cas où la Société en ferait une seconde distribution.
— M. le professeur Spencer F. Baird annonce l'envoi qu'il compte
faire prochainement à la Société de quinze mille œufs de Saumon des
lacs {Salmo salar, var. Sebago).
— M. Raveret-Wattel rappelle à cette occasion que le Saumon des lacs
de l'Amérique du Nord, qui est un poisson non migrateur et dont les
conditions d'existence se rapprochent ainsi de celles de la Truite, serait
une espèce très intéressante à acquérir pour nos eaux douces, en raison
de l'excellente qualité de sa chair et de la rapidité de sa croissance.
— M. le Président de la Société Linnéenne du nord de la France adresse
un rapport sur les résultats donnés par les œufs de Truite des lacs et de
Salmo Xamaijcush envoyés à cette Société.
— M. Gh. Renouard fait parvenir une réponse au questionnaire relatif
à la pisciculture; il y joint les renseignements suivants : « Tous les éle-
vages déjà faits par mes soins n'ont produit que de faibles résultats dans
les eaux de deux de mes propriétés; mais le pays en a profité, car les
jeunes poissons ont dû suivre le courant des ruisseaux de trop plein qui
sortent de mes étangs et aller peupler les rivières voisines, c'est-à-dire
la Monne, la Vie et la Touques d'une part, et l'Ure et l'Orne d'autre
part. »
— M. Banmeyer adresse la lettre suivante : c Je viens de visiter les
établissements de pisciculture de Virelles et de Chaulieu, et j'ai eu le
plaisir de constater que les œufs d'Omble-Ghevalier {Salmo salvelinus)
que vous avez eu l'obligeance de m'envoyer sont parfaitement éclos; il
en est de même des Coregonus albus, des Salmo Namaycush, qui vien-
174 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
lient également fort bien ; ces jeunes alevins sont pleins de vie. Quant
aux œufs de Truite du lac de Garde, envoyés dernièrement, nous en
attendons l'éclosion d'un jour à l'autre. C'est à peine si nous avons perdu
en moyenne 3 pour 100 de ces œufs. Les soins les plus assidus sont
donnés à ces difiérentes espèces, et je suis heureux d'en communiquer
les bons résultats. Tout fait prévoir que la période d'alevinage sera aussi
heureuse que celle de l'incubation. »
— M. Max. Cornu, inspecteur général de la sériciculture , lAI. le Di-
recteur de l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon et M. le Directeur
de la station séricicole de Montpellier, accusent réception et remercient
de l'envoi qui leur a été fait de la graine de Ver à soie de la variété
dite Verdolina Casait.
— M"" veuve Simon écrit de Bruxelles : c Nous poursuivons avec
persévérance notre propagande séricicole, persuadés que l'agriculture,
dont les revers sont immenses, ne peut manquer de retrouver des jours
prospères. Nous vous ferons connaître le plus possible nos Bombyx, afin
que, lorsque des jours meilleurs viendront, l'industrie puisse prendre un
nouvel essor. Nos dispositions sont prises pour offrir à la Société quel-
ques centaines de grammes de graine à'Attacus Pernyi de seconde
récolte. Nous serions heureux de donner l'occasion d'expérimenter en
France la seconde récolte de Pernyi. »
— Des demandes de graines sont adressées par MM. Delalande, Chiffel,
Mathey, d'Augy et Gnecchi, ainsi que par la Société nantaise d'horti-
culture et par le Comice agricole de Brioude
— M. le comte de Bouchaud de Bussy écrit de Lyon : « Les Bambous
que j'ai reçus il y a quelques années delà Société d'Acclimatation sont
les B. violascens, viridi-glaucescens, Simoni, Quilloi. J'avais déjà les
Bambusa mitis, aurea, nigra, gracilis et scriptoria. Ceux qui ont pris
le plus de développement sont les B. mitis, violascens, nigra et aurea.
Us atteignent (les B. violascens et nigra) environ 6 ou 7 mètres de
hauteur et un diamètre de 0,03 à 0,035. Le Mitis atteint jusqu'à 8 et
9 mètres de hauteur sur 0,0i à 0,05 de diamètre. Ils sont de belle venue
et pourvus d'un feuillage fort abondant. Us drageonnent à d'immenses
distances, et on a toutes les peines du monde à les arrêter dans leur
travail souterrain. Le B. Quilioi, jusqu'à présent, est loin d'égaler la
vigueur même de B. aurea. Cependant, la description dont il a été l'objet
lui attribuerait une taille plus élevée que celle que je lui ai vu prendre
chez moi jusqu'à ce moment. Il ne paraît pas d'ailleurs plus délicat que
les autres, et je serais disposé à croire qu'il a été mal étiqueté. Quant
au viridi-glaucescens, il fleurit continuellement et ne donne que de très
médiocres pousses. Est-ce bien le viridi-glaucescens ?
» Le B. nigra est un des plus beaux et plus vigoureux chez moi.
» Le B. scriptoria est joli et assez vigoureux. Mais il est infiniment
plus sensible au froid que les autres. 11 pousse, du reste, beaucoup plus
PROCÈS-VERBAUX. 175
tard, et ses pousses sont encore incomplètement développées quand sur-
vient l'hiver.
» Le B. gracilis est souvent éprouvé par les hivers.
» J'ai depuis peu de temps le B. à tiges carrées. Mais il n'a pas encore
donné de tiges assez fortes pour me permettre de bien l'apprécier. Il a
commencé cet été dernier à végéter avec assez de vigueur, ce qui me
paraît d'un excellent augure pour la saison prochaine.
» Les Chamœrops exceha, qui proviennent de graines qu'a bien voulu
m'envoyer dans le temps la Société d'Acclimatation, sont au nombre
d'une trentaine. Ils ont environ l^.SO à l'",50 de hauteur et sont on ne
peut plus vigoureux. Us se distinguent entre eux, pour quelques-uns du
moins, par un port plus ou moins érigé ou étalé et des feuilles de teintes^
assez différentes. Us n'ont pas encore fleuri. Ils doivent avoir une dou-
zaine d'années de semis. Plusieurs ne tarderont pas à fleurir, car ils
sont très forts.
» 'en possède quelques pieds plus anciens, et que j'avais acquis de
divers côtés ; aussi fructifient-ils et fleurissent-ils abondamment depuis
quelques années déjà; il en est qui ont 3 mètres à A mètres de hauteur
et restent cependant assez bien garnis de feuilles. Us sont fort beaux et
sont très remarqués de mes visiteurs.
» J'ai l'honneur de vous expédier aujourd'hui une boîte desdites graines
récoltées cet hiver. Il y en a environ 3 kilogrammes, que la Société
d'Acclimatation pourra distribuer à son gré, trop heureux que je suis si
quelques-uns de nos collègues peuvent en retirer quelque profit et
quelque utilité
» Jusqu'à présent je n'ai pas trouvé à uUliser d'une façon satisfaisante
mes Bambous. Cependant j'ai cherché à les vendre, mais sans en trouver
de placement assuré. Si la Société d'Acclimatation pouvait me donner
quelques indications à ce sujet, je lui en serais profondément reconnais-
sant, désirant tout naturellement tirer parti de ces intéressantes grami-
nées, cultivées chez moi, au château de Roussan, dans les Bouches-du-
Khône.
» Si la Société avait en distribution quelques nouveaux et remarqua-
quables Bambous, je lui saurais un gré infini de m'en envoyer quelques
éclats ce printemps. De même que je me mets à sa disposition pour en
remettre à un certain nombre de membres de la Société qu'elle me dési-
gnerait.
> Si la Société avait également quelques nouveaux végétaux de plein
air, dignes d'intérêt, à répartir entre les sociétaires de bonne volonté,
je m'ofl're volontiers pour qu'il m'en soit remis quelques spécimens,
m'engageant à en faire l'objet d'un rapport annuel. »
— M. AUigné écrit de Vire : « Les Bambous que la Société a bien
voulu me confier en cheptel l'année dernière, au mois de mai, ont eu
une végétation aérienne presque insignifiante, probablement à cause de
176 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
la saison avancée dans laquelle ils ont été transplantés, quelques tiges
ne dépassant pas 59 à 60 centimètres en hauteur. Mais je me suis trouvé
fort étonné, ces jours derniers, en faisant labourer le terrain entre les
touffes qui sont espacées de 4 mètres environ, de trouver à une touffe de
violacens une racine traçante de 2 mètres de longueur et un peu plus
grosse qu'un porte-plume. J'espère que cette année ils feront de rapides
progrès, car le sol dans lequel je les ai plantés est exceptionnellement
bon ; c'est un terrain d'alluvion, situé sur le bord d'un cours d'eau, qui
est toujours frais, sans jamais être submergé. »
— M. Jules Delalande écrit de Bayeux : « Je vous demanderai la per-
mission de critiquer un peu le mode de plantation de la noix du Cary>a
olivœformis indiqué dans la Chronique.
» En règle générale, on doit planter isolément toute graine qui, une
fois levée, présente des difficultés à la transplantation. En supposant que
l'on sème trois ou quatre noix par trou, il se présente deux cas. Le pre-
mier est la germination de toutes les graines; mais, au moment où l'on
est forcé d'arracher les plants qui gêneraient la végétation du Carya
que l'on conserve, on ne peut le faire sans souvent briser le chevelu de
la jeune plante, ce qui arrête sa végétation et souvent la fait mourir.
Dans le deuxième cas, il peut se trouver des graines de gâtées, et ces
graines, entrant en décomposition, font mourir la graine qui a poussé.
Voici le mode à employer pour les graines germées ou développées et
difficilement transplantables : Planter séparément, soit en pleine terre,
soit en pot, et de préférence en pot, ce qui permet de choisir, au mo-
ment où la plante est développée, l'emplacement définitif qu'elle d'oit
occuper. Par ce système, les plants ne subissent aucun danger de trans-
plantation. »
— M. Clogenson adresse une demande de Bambous et de Vignes
nouvelles. Par une autre lettre, M. Clogenson rend compte de la situation
des végétaux qui lui ont été confiés.
— M. de Lonlay adresse un rapport sur ses cultures de végétaux exo-
tiques.
— M. Pontet écrit d'Aurillac : « Les cinq plantes qui m'ont été adres-
sées le 20 avril 1882 ont assez bien prospéré, sauf cependant VOsman-
thus illicifolius, qui est toujours fort malingre. »
— M. Dareste signale une monstruosité qu'il a récemment observée
sur un embryon de Gasoar, et qui consiste en ce qu'une partie de la tête
se trouve adhérente au jaune de l'œuf par une bride membraneuse.
Bien qu'extrêmement rare, le fait n'était pas absolument inconnu. Une
observation du même genre a été faite en 1827 par Etienne Geoffroy
Saint-Hilaire, sur un embryon de Poule, qui, de même que celui du
Casoar, s'était trouvé dans l'impossibilité d'éclore. M. Uareste ajoute que
ie sujet monstrueux qu'il met sous les yeux de l'assemblée présente une
hernie de l'encéphale; les hémisphères cérébraux forment une sorte de
PROCÈS-VERBAUX. 177
tumeur en dehors de la tête, anomalie qui n'est pas incompatible avec la
vie. Elle se produit parfois chez des Poulets, sur lesquels on voit la
tumeur se compléter extérieurement par la formation d'une peau cou-
verte de plumes, et intérieurement par l'ossification de la partie du crâne
membraneux qui se trouve au-dessous de la peau. Cette conformation
anatomique se trouve réalisée d'une manière constante dans la Poule dite
de Padoue; et, fait très singulier, c'est que, jusqu'à la fin du siècle der.
nier, cette race de Poules ne présentait ce caractère héréditaire que
dans le sexe femelle. Depuis, la même conformation s'est propagée du
sexe femelle au sexe mâle. En s'occupant d'expériences sur la formation
des monstruosités, M. Dareste a eu très souvent occasion de constater
l'apparition de cette hernie cérébrale sur des Poulets qui n'appartenaient
pas à la race de Padoue, et il estime que si l'on avait élevé ces oiseaux,
ils auraient pu devenir la souche d'une race tout à fait comparable à cellft
de Padoue. Cette tumeur céphalique, formée par une hernie de l'encé-
phale, a été observée chez d'autres oiseaux, le Canard notamment, et il
est probable que si l'on suivait les expériences sur une échelle suffisante,
on arriverait, pour toutes les espèces d'oiseaux, à produire des races
analogues à la race des Poules de Padoue.
— 31. Saint-Yves Ménard rappelle à ce sujet qu'un très grand nombre
de nos races d'animaux domestiques n'ont pas d'autre origine qu'une
anomalie quelconque devenue héréditaire, et souvent fixée par la sélec-
tion. On peut citer comme exemples les races de Lapins et de Moutons
sans oreilles, de Chiens à courte queue, de Chiens bassets, etc. Il existe
en Amérique une race de Bœufs à tête raccourcie, dite à tête de boule-
dogue; l'origine en est inconnue, mais il est facile de l'entrevoir. Toutes
les personnes qui s'occupent de monstruosités savent, en effet, qu'on voit
parfois des Veaux à tête de bouledogue naître de Vaches très bien consti-
tuées. Le fait s'est notamment produit l'année dernière au Jardin d'Ac-
climatation, où les visiteurs étaient frappés de la conformation singulière
de l'animal. H y avait là une anomalie susceptible d'être héréditaire si le
sujet eût vécu et qu'on eût voulu en tirer souche.
De semblables faits n'ont pas qu'un intérêt de curiosité, car les modi-
fications devenues héréditaires peuvent porter sur des détails très impor-
tants pour l'éleveur; par exemple, sur la laine, s'il s'agit de Moutons, ou
sur le développement des muscles chez tous les bestiaux. Les Mérinos de
Mauchamp, les Bœufs de Durham, ont pour souche un animal unique,
dont les caractères, transmis à ses descendants, ont été fixés par la sélec-
tion. Un des plus puissants moyens que nous ayons pour modifier les
animaux, c'est donc l'observation et la mise à profit des hasards de la
reproduction, (jui mettent à notre disposition certains sujets présentant
certaines particularités Sjiéciales, les unes avantageuses, les autres inté-
ressantes seulement au point de vue scientifique.
— M. Camille Dareste a vu il y a une quinzaine d'années, dans le
3« SÉRIE, T. X. — Mars 1883. 12
178 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
département du Nord, un Veau à tête de bouledogue. La pièce a été
montée; elle appartient au musée de Lille.
Des photographies, qu'il en a fait faire à celte époque, seront mises
par M. Dareste sous les yeux de la Société dans sa prochaine séance.
— M.Jules Gautier donne lecture [d'un rapport fait au nom de la
Commission de la chasse concernant un projet de loi sur les animaux
nuisibles (voy. au Bulletin).
Les conclusions de ce rapport sont mises aux voix et adoptées à l'una-
nimité. L'assemblée décide que le rapport et le projet de loi qui l'accom-
pagne seront adressés à M. le rapporteur de la Commission du projet de
loi sur la chasse, à la Chambre des députés, à MM. les Ministres de l'in-
térieur et de l'agriculture.
— A l'occasion de la lettre de M. Mairet, qui signale une monstruosité
observée chez un jeune Faisan, M. Dareste dit que les déviations des
membres sont assez fréquentes dans les monstruosités artificielles. Ce
fait se produit lorsque le corps de l'embryon est comprimé par l'amnios.
Dans ces conditions, les membres peuvent être plus ou moins gênés, et
alors tantôt ils s'atrophient plus ou moins, tantôt ils sont contournés,
renversés de différentes façons. C'est probablement d'un fait de ce genre
dont parle M. Mairet.
— M. Jean Dybowski fait une intéressante communication sur la Bar-
dane comestible du Japon (voy. au Bulletin).
En réponse à des questions qui lui sont posées par M. le Président,
ainsi que par MM. Millet et de Barrau de Muratel, M. Dybowski fait con-
naître que cette plante ne craint pas la gelée et peut être cultivée dans
tous les déparlements de la France, qu'elle ne paraît pas épuisante pour
le sol et qu'elle peut réussir dans tous les terrains oîi croît la Bardane
commune.
— M. Decroix rend compte d'expériences faites sur l'utilisation, pour
la nourriture des chevaux, du produit connu dans le commerce sous le
nom de tourteaux de Cocotier. 11 résulte de ces expériences, faites sur
des chevaux de l'armée, que les tourteaux peuvent être substitués à
l'avoine dans une certaine proportion, sans inconvénient pour la santé
et la vigueur des chevaux, et que cette substitution permettrait de réa-
liser une économie annuelle de 50 francs par tète de cheval (voy. au
Bulletin).
— M. Hédiard demande si les tourteaux n'ont pas une forte odeur de
rance. La farine de coco, fraîchement préparée, est très agréable au goût ;
la maison Siraudin en a préparé des bonbons qui ont joui d'une certaine
vogue ; mais cette farine rancit vile.
— M. Decroix répond que les tourteaux ont, en effet, une rancidilé très
accentuée; mais que néanmoins, les chevaux, qui généralement refusent
tout d'abord cette nourriture, l'acceptent sans grande difficulté quand
on les met à la diète pendant quelques heures.
PROGÈS-VERtJAUX. 179
— M. le Président fait observer que la Commission d'hygiène hippique,
chargée parle Ministre de la guerre d'étudier la question, n'a pas encore
déposé son rapport.
— M. Dybowski rappelle que les soi-disant tourteaux de Cocotier pro-
viennent en réalité de VEUm Guineensis, dont le fruit a toujours un
goût rance quand il n'est pas frais.
— M. le Président désirerait savoir si la production est abondante et
si elle pourrait subvenir aux besoins de la consommation, dans le cas où
ces tourteaux viendraient à être réellement acceptés en Europe pour
l'alimentation du cheval.
— M. Dybowski estime que la production doit être considérable, attendu
que des flottes entières de navires marchands vont chaque année sur les
côtes de Guinée (patrie de VElaïs Guineensis) y chercher un plein char-
gement des fruits, lesquels sont utilisés particulièrement à Londres et à
Marseille pour l'extraction de l'huile.
— M. de Barrau de Muratel rappelle que c'est cette huile qui est dé-
signée dans le commerce sous le nom d'huile de palme.
— M. Saint- Yves Ménard dit que les tourteaux d'Ëlaïs ont été essayés
au Jardin d'Acclimatation pour l'alimentation des Vaches laitières. Sub-
stitué dans une certaine proportion à la farine de maïs, ce produit a
déterminé dans la production du lait une augmentation d'un vingtième
environ. Aucune observation n'a été faite quant à la qualité du lait,
auquel certains tourteaux oléagineux donnent un goût désagréable. Il
en est de même des tourteaux de maïs provenant des fabriques d'amidon.
Cette nourriture, qui augmente le rendement en lait d'une fagon extraor-
dinaire, et qui amène un engraissement rapide, donne au Jait un goût
d'ail très prononcé, et, détail assez curieux, ce goût ne se manifeste
guère que vingt-quatre heures au moins après la traite.
— M. Geoffroy Saint-llilaire fait connaître que la Compagnie générale
des Omnibus a entrepris de son côté des expériences sur l'alimentation
des chevaux avec la farine de Cocotier; on peut donc espérer avoir pro-
chainement, pour apprécier la qualité de cet aliment, des renseigne-
ments circonstanciés et émanant de sources absolument distinctes.
— M. Hédiard dit qu'il existait il y a une quinzaine d'années à la
Briche, près Saint-Denis, un établissement spécial pour la préparation
de l'huile de coco. La bourre du fruit était utilisée comme crin végétal ;
les coquilles servaient à fabriquer des boutons, et la sciure était em-
ployée pour faire des fdtres. Cette exploitation, dont la cessation paraît
avoir été amenée par des causes financières, pourrait, si elle était bien
conduite, donner des résultats avantageux, attendu qu'on peut, dans
certains pays, et notamment sur les côtes de Madagascar, se procurer
des cocos en très grande quantité et au prix de 5 francs le cent, rendus
au port d'embar([uement.
— MM. Geoffroy Saint-llilaire, de Barrau de Muratel et Maurice Girard
180 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
insistent sur ce point, qu'il ne faut pas confondre le Coco, ou fruit du
Cocos nucifera, qui est volumineux, enveloppé d'une sorte de crin vé-
o-étal, avec le fruit de 1' Elais Gidneensis, qui est de la grosseur d'une
forte noix, et dont on obtient l'huile de palme.
— M. Hédiard dépose sur le bureau des échantillons d'Ignames, sur
lesquels il donne les renseignements suivants :
Dioscorea alata. — Cette grosse Igname à chair blanche est très fari-
neuse et mucilagineuse; on la cultive beaucoup aux Antilles; celles que
j'ai l'honneur de vous présenter viennent de la Martinique. La pellicule
est un peu rugueuse, de couleur gris de terre; la forme est longue, de la
grosseur et de la longueur du bras; les racines pèsent environ de 5 à
10 kil.; il y en a plusieurs variétés de cette taille, mais celle-ci est plus
estimée.
Les Ignames à chair violette se conservent beaucoup moins et ne sont
pas aussi féculentes.
On a cultivé en Algérie, il y a une dizaine d'années, l'Igname /am^es
d'Éléphant, mais cette variété est très mal faite, et offre beaucoup de
déchet à l'emploi, la qualité est aussi inférieure; il y a aussi le Diosco-
rea Batata, cultivé aux environs de Paris, mais cette espèce est très
coûteuse à cultiver à cause de l'arrachage difficile ; ses racines sont lon-
gues et épaisses; elle est, du reste, très bonne en beignets, mais ne
peut remplacer pour les amateurs des colonies la grosse Igname citée
plus haut.
Igname dite Cousscouche. — Celte espèce d'Igname que j'ai déjà pré-
sentée en décembre dernier provient également de l'île Martinique.
Le poids des tubercules est de 250 grammes à 1 kilog.; la forme en
est conique par le collet, et s'élargit à la base en forme de main; la lon-
gueur n'est guère que de 15 à 20 centimètres, ce qui en rend la culture
bien plus facile que celle de la grosse Igname, dite de Guinée. La chair
en est très blanche et fine, et elle est fort estimée des amateurs des
colonies.
La préparation varie suivant les habitudes de pays; on la fait cuire
autour de la viande, en ragoût ou dans des soupes créoles, ou bien
encore en beignets. Je crois qu'il serait possible d'en cultiver dans le
midi de la France, parce que ses tubercules germent assez facilement
pendant la traversée. Il ne m'a pas été possible d'en envoyer en Algérie,
l'entrée en étant interdite.
PROCÈS-VERBAUX. 181
SÉANCE GÉNÉRALE DU 30 MARS 1883.
Présidence de M. Camille Dareste, membre du Conseil.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté, après
quelques observations de MM. Decroix, Gautier, Millet et Saint-Yves
Ménard.
— A l'occasion du procès-verbal, M. Lespinasse dit que le produit
livré par le commerce sous le nom de farine de cocotier est bien tiré
réellement de la noix de coco, Cocos nucifera. Ces tourteaux, résidus de
la fabrication de l'huile de coco, sont plus blancs que ceux provenant de
la noix de VElaïs Guineensis, fruit qui fournit l'huile de palme et dont
l'enveloppe de couleur grise donne aux tourteaux une nuance particu-
lière. M. Lespinasse met sous les yeux de l'Assemblée des échantillons
de ces différents produits.
— M. de Rarrau de Muratel rend compte de l'essai qu'il a fait de la
Rardane du Japon présentée par M. Dybowski dans la précédente séance.
Préparée à la façon des salsifis, cette plante lui a paru très tendre et
agréable à manger, bien que les racines fussent restées toute l'année en
terre, et que, par suite," elles ne présentassent pas toutes les qualités
qu'elles auraient pu avoir si elles avaient été plus fraîches. D'ofi l'on
peut conclure qu'en saison convenable ce légume doit être réellement
très bon et qu'il y aurait une grande ulilité à en propager la culture.
— M. Millet fait remarquer que, d'après le procès-verbal, le rapport
sur la destruction des animaux nuisibles serait envoyé seulement à la
Commission de la Chambre de députés. Or notre confrère croit que, sur
sa demande et celle de M. Gautier, l'assemblée avait décidé que des
exemplaires de ce rapport seraient envoyés aux préfets et aux Conseils
généraux, lesquels ont été saisis de la question par le gouvernement.
— M. Gautier ne croit pas qu'on ait suivi cette marche lors de l'envoi
du précédent rapport concernant la loi sur la chasse. Noire confrère
ajoute qu'il s'est borné à demander qu'on procède pour le nouveau
rapport, comme on l'a fait pour le premier, et qu'il ne voit pas d'avan-
tage à adresser ce travail aux préfets pour en saisir les Conseils géné-
raux.
— M. Millet estime qu'il y a intérêt à envoyer le rapport au Ministre
de l'Agriculture, ainsi qu'au Ministre de l'Inlérieur et au Préfet de po-
lice, dans les attributions desquels la surveillance de la chasse se trouve
placée. L'envoi serait non moins utilement fait aux Conseils généraux,
qui ont été consultés par le Ministre de l'intérieur sur la proposition
Labitte.
— M. Gautier fait observer que si l'on adresse le nouveau rapport à
182 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
des personnes qui n'ont pas reçu le premier, il conviendrait de leur en-
voyer également celui-ci, car les deux questions traitées sont connexes.
— M. Saint-Yves Ménard rappelle que le rapport sur la chasse n'a
pas été tiré à un nombre suffisant d'exemplaires pour que l'envoi puisse
en être fait aux Conseils généraux.
— L'assemblée décide le renvoi au Conseil de la proposition tendant
à ce que le rapport sur la destruction des animaux nuisibles soit adressé
à MM. les préfets des départements et aux Conseils généraux.
— A l'occasion de communications faites dans la dernière séance con-
cernant les bizarreries qui peuvent se produire chez les animaux et de-
venir la souche de variétés ou races, M. llené de Sémallé rapporte avoir
vu, rue Guénégaud, un Chat de grosseur monstrueuse, dont la taille
atteint au moins trois fois celle d'un Chat ordinaire. Ce Chat, ajoute
M. de Sémallé, aurait pu servir à former une race véritablement gigan-
tesque.
— M. Lespinasse estime qu'il ne faut pas s'exagérer la facilité de mo-
difier la taille ou les autres caractères des animaux, attendu que bien
souvent les produits de sujets présentant des anomahes très prononcées,
rentrent complètement dans le type régulier. On sait, par exemple, que
le nain américain, exhibé autrefois en public sous le nom de ïom Pouce,
épousa une femme naine, elle aussi. Tous deux ensemble ne pesaient
pas plus de 30 kilogrammes. Ce couple donna toutefois naissance à des
enfants qui, devenus adultes, atteignirent la grandeur naturelle.
— M. Saint-Yves Ménard constate que les faits d'atavisme sont indé-
niables, et que toutes les anomalies ne deviennent pas forcément hérédi-
taires ; mais il insiste toutefois sur ce fait que c'est bien par suite de
l'observation et de la mise à profit de certaines anomalies qu'on est
arrivé à Jixer des caractères d'une très grande importance chez beaucoup
d'animaux.
— M. le Président met sous les yeux de l'assemblée des photographies
d'un squelette de Bœuf qui appartient au musée de Lille. Dans ce sujet
la mâchoire supérieure est très raccourcie et la tête rappelle complète-
ment celle d'un bouledogue. Cette déformation singulière, ajoute M. Da-
reste, qui n'est pas extrêmement rare dans nos races bovines, et qui se
produit en France d'une façon pour ainsi dire sporadique, se montrait à
l'état permanent chez une race de Bœufs qui a existé pendant près de
deux siècles dans l'Amérique du Sud sur les bords de la Plata. Cette
race paraît avoir disparu; mais il en existerait une autre, de même na-
ture, au Mexi(jue.
— Des remerciements au sujet de leur récente admission sont adressés
par M.M. Boyron, Fournier, Ganivet et Viéville.
— La Société Néerlandaise de Zoologie remercie de l'envoi qui lui est
fait, en échange de son journal, du Bulletin de la Société nationale
d'Acclimatation.
PROCÈS-VERBAUX. 183
— M. Raverel-Wattel signale à celte occasion un Iravail extrêmement
remarquable publié dans le recueil de la Société Néerlandaise de Zoolo-
gie, par le bibliothécaire de cette Société, M. le D"" P. P. G. Hoek, de
Leyde, concernant les organes génitaux de l'Huître.
— Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Boyron, Tarlier,
de Saint-Quentin, Vigour et Vincendon-Dumouliu.
— M. Carpentier de Juvigny renouvelle sa demande d'un cheptel de Cerf
nains de la Chine. MM. Pontet, Leprévost-Bourgerel, B. Gléraot, Jules
Dodemont, Martel-Houzet, Desroches, Zeiller, vicomte de Mondion, Poin-
signon, de Fiennes, Ferary, Nelson-Pautier, Giraud-Ollivier, comte de
l'Esperonnière, Hiver, F. Laval, Aubet, Reynal, Fubre père et Guillin
accusent réception et remercient des cheptels qui leur ont été adressés.
— M. Dautreville écrit à M. le Président : « J'ai l'honneur de présen-
ter à la Société la poudre loni-nutritive au sang de bœuf desséché, pro-
duit nouveau, et qui expérimenté a donné déjà des résultats intéressants
pour l'alimentation des Faisans, Faisandeaux et jeunes volailles. Cette
poudre granulée est composée de sang de bœuf desséché représentant
plus de cinq fois son poids de sang frais, et de farines. L'analyse que je
vous communique, vous montrera d'ailleurs quelle peut être la valeur
de ce produit, au point de vue de l'alimentation. Dans le cas où il vous
serait agréable de faire un essai, j'en mettrais volontiers un échantillon
à votre disposition ou à celle d'un des membres de la Société que ce pro-
duit pourrait intéresser.
» L'analyse de la poudre toni-nutritive granulée au sang de bœuf des-
séché a donné :
Albumine et fibrine !20,87 pour 100.
Matières amylacées 67,83 —
Eau 10,30 —
Chlorure de sodium 0,70 —
Acide phosphorique, chaux et potasse.... 1,20 —
Peroxyde de fer 0,04 — »
— M. Persin adresse les renseignements suivants sur les Cerfs-Co-
chons : « Ces animaux sont superbes, on les a vus tous les 5 ensemble
il y a quelques jours ; mais on les voit de temps en temps séparément
ou 2 ou 3 ensemble. Ils ont tout à fait le caractère du gibier, nous avons
tout l'hiver chassé les lièvres avec chiens courants dans le parc oîi ils
sont ; il est arrivé quelquefois aux chiens courants de les attaquer, chaque
animal chassé savait parfaitement prendre fuite et par ses ruses se dé-
fendre de la paire de petits chiens avec lesquels nous chassions dans ce
parc.
> Du reste, depuis que nous les avons laissés dans le grand parc, on ne
leur a plus donné aucune nourriture, et on leur en donnerait qu'ils ne
viendraient pas la manger.
184 SOCIÉTÉ NATIONALE d'AGCLIMATATION.
» Pendant 3 étés ot 2 hivers ils se sont suffi et sont magnifiques ; il
me senibli! que l'expérience est concluante. C'est du vrai gibier de chasse,
et mon parc en supporterait bien, je crois, sans inconvénient 2 ou 300
comme cela.
» C'est bien dommage que j'aie eu du retard au début par l'erreur qui
a été commise de me donner un mâle au lieu d'une femelle pleine : j'en
aurais déjà une forte bande aujourd'hui. J'aurais bien demandé à la
Société de me donner un deuxième cheptel, mais je crois que les statuts
s'y opposent. Cependant il vaudrait bien mieux, dans l'intérêt du but
qu'elle poursuit, donner 2 ou 3 cheptels à celui qui sait réussir plutôt
que d'en donner à d'autres chez lesquels l'insécurité est à peu près
certaine, .l'ai écrit, pour avoir des renseignements, à tous mes collègues
qui ont de ces animaux, presque tous m'ont répondu qu'ils n'avaient pu
réussir, tandis que je suis assuré maintenant que dans mon parc il n'en
manquait pas un. »
— M. Kiener écrit de la Forge (Haute-Alsace) : « Je m'empresse de
vous communiquer un nouveau fait relatif au croisement entre les Co-
chons d'Inde et les Hats. Un de mes voisins m'assure qu'il lui est arrivé
souvent d'épier ses Cobayes et de les voir avec des Rats, avec lesquels
ils s'accouplaient. Ici et à Wihr-au-Val (Haute-Alsace) le fait est très
connu. Les personnes qui en avaient dans des écuries à porc ou dans des
remises les ont vus disparaître un beau jour. Ce ne sont pas les Rats qui
manquent à Paris, et je suis convaincu qu'après quelques tentatives vous
serez édifié. Le fait est patent. J'en réponds. î
— M. le marquis d'Hervey de Sainl-Uenys écrit à M. le Secrétaire géné-
ral : « Depuis 18 mois, je n'ai plus qu'un Talégalle, mais il résiste depuis
quelque chose comme une dizaine d'années, je crois, ou tout au moins
sept à huit ans, ayant passé à l'état complètement sauvage, et ne s'appro-
chant même plus des habitations. 11 me paraît donc évident que sans
les deux hivers extraordinaires que nous avons eus, ces oiseaux se seraient
parfaitement acclimatés. »
— M. Leroy écrit de Fismes : « .Malgré la rigueur de la température,
mes Perdrix du Boutan ont fait un nid sous leur abri, à portée d'une
toufîe de lilas. Avant-hier, !) mars, je surpris la femelle jetant à plusieurs
reprises avec son bec des pailles par-dessus son dos, ce qui, comme vous
savez, est l'indice que la ponte a eu lieu ou va avoir lieu. Le mâle imita
ce manège. J'allai voir au nid. Rien encore. Ce nid, comme le nid de la
plupart des Perdrix percheuses. Colins, Perdrix de Chine, est creusé en
terre en forme de four et recouvert d'un amas de brindilles de paille
arrangées sans art et formant voûte. Le nid était vide.
> Hier dans l'après-midi, vers quatre heures, je surpris le mâle faisant
le guet auprès de l'entrée du nid.
» Je ne pus m'assurer de ce qui s'était passé parce que la nuit vint et
je ne voulais pas empêcher les Perdrix de se percher. .Mais ce matin, je
PROCKS-VKF{ItAUX. 185
viens (l'entrevoir un œuf au Ibnd du irou qui sert de nid. Col œuf m'a
paru très gros eu ég'ard à la taille des Perdrix du Houlaii i|ui est celle
de noire l'crdrix grise, f/œuf est di; la g^rosstiur d'un œuf d(! pigtion.
» J'espère beaucoup parce (jue les sujets sont admirables <le santé (îl
de vivacité.
» Si la Perdrix du Houtan pouvait, je ne dis pas s'acclitnatcM-, car elle
l'est, elle me paraît très dure au froid, au moins autant sinon plus que
la Perdrix de CIiIik;, mais se plaire; dans nos contrées <;t ikî pas émigrcr,
ce serait une vraie trouvaille, car la ponte étant (i(; (biux mois plus pré-
coce que celle de nos Perdrix françaises, l'éducation des jeunes serait
terminée longtemps avant la faucbaison des prairies arlilicielles, si fatale
aux couvées du gibier à plumes. »
— M. Gorry-Houteau annonce l'envoi de Léporides provtînanl de sou
cheptel.
— M. Mathey écrit de llochechouart : «...h; viens de perdre le Coq de
Dorking qui m'a été confié en cheptel et que j'ai reçu le H de ce mois.
Peu de jours après son arrivée, je remarquai que cet animal souffrait
d'un œil. Cette indisposition ne me f)araissait pas assez grave pour lui
donner l'air aussi triste et aussi abattu, et je l'examinai. Je reconnus
alors qu'il était atteint, même d'une façon très grav<!, de la diplitérite;
des fausses membranes jaunâtres avaient envahi la gorge, la langue et
les parties environnantes en étaient coinpIèl(;ment recouvertes ; à la langue
elles prenaient une teinte noirâtre. Je le traitais au frioyen de la liipieur
antidiphtérique, composée par notre confière M . lîachy, et je badi-
geonnai la gorge avec une plume imbibée d'huile de pétrole, moyen dont
je connaissais l'eflicacité. Bientôt le mal de l'œil empira, les paupières
avaient l'air de s'agrandir et le dessous était teinté de noir. Une sup|)u-
ration assez abondante s'y établit bientôt, ainsi qu'aux oreilles. Des bou-
tons apparaissaient autour du bec et au bas de la crèle ; le Coq refusa
alors toute nourriture, rejetant même celle qu'on lui introduisait dans le
bec; enfin dimanche matin la crête était devenue noire, l'animal ne se
tenait plus sur ses pattes et avait coirijdètemetit perdu la vue; cet état
dura jusqu'à hier, mardi ; à cinq heures du soir le Coq était mort. Voyant
le Coq atteint aussi gravement, je l'ai séparé des poules, qui sont égale-
ment atteintes, mais d'une façon qui, pour le moment, ne me paraît pas
devoir amener un résultat fatal, elles mangent, ont pondu quelques œufs,
je leur fais prendre chaque matin un peu de liqueur antidipbtérifjue.
J'ai répandu du phénol dans le poulailler. »
■ — .M. Lefebvre écrit à M. le Secrétaire général : <i Au printemps de
188'i, la Société a bien voulu me confier en cheptel une paire de Pigeons
boulants anglais blancs ; ces oiseaux, évidemment de la même couvée,
étaient imparfaitement déclarés et ne furent aptes à reproduire que dans
le mois d'août, même année. En septembre la femelle pondit et couva —
œufs clairs ! Une nouvelle ponte suivit bientôt, de laquelle naquit un
18(3 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
jeune qui fut laissé par les parents au bout de 12 jours et mourut malgré
tous mes soins. L'hiver vint sur ces entrefaites, la femelle pondit encore
une fois et quelques jours après je trouvai des œufs cassés. Je ne déses-
pérais pas, bien que déjà à cette époque, ma conviction fût faite. Dans
-ma famille on a toujours élevé des Pigeons ; moi-même, depuis bien des
années, je me livre à cet élevage et chaque fois nous avons constaté que
de l'union de deux Pigeons de la même couvée, le résultat est nul ; cet
avis est du reste celui de tous les marchands de Pigeons. (Deux Pigeons
de la même couvée, accouplés ensemble, ne produisent jamais rien, tandis
que deux du même père et de la même mère mais de couvées différentes
reproduiront aussi bien que si aucun lien de parenté ne les unissait.)
» Le printemps de 1882 arriva; mes Pigeons bien renfermés dans un
casier spacieux, sortant de temps en temps dans une très grande volière,
étaient établis suivant toutes les règles. Il y eut quelques œufs de pon-
dus qui tous furent écrasés ou abandonnés. Fin octobre, la femelle est
tombée malade; la mue fut très difficile et ne se lit même qu'imparfaite-
ment, depuis cette époque l'oiseau languit et dépérit chaque jour. 11
existe cependant encore, car je l'entoure de soins et cherche à vaincre son
mal par tous les moyens connus, mais sans espérance de succès. Le mâle
est aujourd'hui un oiseau magnifique et en pleine force pour reproduire.
Je viens donc prier la Société de vouloir bien me confier une nouvelle
femelle et une prolongation de cheptel afin de chercher à réparer mon
échec et, dans la mesure du possible, le préjudice causé involontairement
à la Société. »
— MM. Boudent, deClermont, Gallais et Rivoiron, ainsi que la Direc-
tion de l'Aquarium du Trocadéro accusent réception et remercient de
renvois d'œufs embryonnés de Saumon des lacs qui leur ont été faits.
— M. le Régisseur de l'Etablissement de pisciculture de Bouzey écrit
à M. l'Agent général : « J'ai la satisfaction de vous annoncer que les
Salmo Namaycush sont magnifiques, très vigoureux, nous n'avons pas
eu de pertes jusqu'à présent et pourtant la résorption de la vésicule sera
complète dans une huitaine de jours. Les œufs de Coregonus albus ont
donné un beau résultat, on peut dire presque autant d'alevins que d'œufs.
On en a mis 5000 dans le lac de Girardins, 10 000 dans le réservoir de
Bouzey, 4000 dans un bassin spécial de la pisciculture très bien appro-
prié et 1000 restent sur les tables que nous essayerons d'élever s'il y a
possibilité. Les œufs de Salmo fontinalis commencent à éclore et pro-
mettent un beau résultat. »
— M. Léon d'Halloy écrit à M. le Secrétaire des séances : « J'ai reçu
les œufs de Salmo Namaycush et de Corégone que la Société m'a expé-
diés. On a fait éclore les œufs de Corégone dans l'appareil allemand que
vous m'avez fait venir. Cet appareil a donné d'excellents résultats ; les
œufs restent toujours très propres et se nettoient très facilement, ainsi
que vous me l'aviez dit. Les alevins ont été làjchés. Ayez soin de recom-
PROCÈS-VERBAUX. 187
mander de les mettre dans des eaux profondes (au moins 3 mètres) ; sans
cela, on perd les feras à l'âge de six mois; jusqu'à cet âge, on peut les
élever dans 50 centimètres de profondeur d'eau ; les S. Namaycush
viennent bien, les alevins en sont très vigoureux.
» Tous mes poissons vont bien. J'ai eu des S. fontinalis (ceux que
vous avez vus) qui ont reproduit cette année. Les alevinssont plus vigou-
reux que ceux provenant des œufs que j'ai encore reçus cette année de
New-York. Je suis content des Truites de Lock Leven. Ce qui, dans les
premiers temps, me faisait mal juger cette espèce, c'est que, de même
que dans les S. fontinalis, le voyage des œufs dans de la glace cause la
production d'alevins peu vigoureux. »
— M. Leroy écrit à M. l'Agent général : « Je me permets de vous sou-
mettre une idée ayant trait au repeuplement des cours d'eau. 11 y a, dans
la plupart des chefs-lieux de cantons de France, des agents voyers, des
garde-rivières, cantonniers chefs, etc., dont le rôle consiste surtout à
faire des procès comme délit de pèche. Pour moi, leur rôle devrait plutôt
être celui de conservateurs que celui de gardes champêtres. Ainsi j'ai vu
chez moi le garde-rivière faire un procès, ou plutôt inquiéter de paisibles
pêcheurs à la ligne, parce qu'ils péchaient avec deux lignes ou qu'ils
avaient lancé en plein jour une ligne de fond dans la rivière. J'ai vu le
même garde faire la nuit des visites domiciliaires dans les moulins, pour
s'assurer si le meunier n'avait pas tendu des filets dans les vannes, au
moment des grandes eaux, pour prendre des anguilles, qui alors sont
entraînées par le flot et perdues pour nous. Ne pourrait-on permettre
aux meuniers d'agir ainsi, à la condition que chaque année ils lâcheront
aux yeux du garde-rivière mille petites anguilles? Pour cinquante qu'il
prendrait par an, le meunier en lâcherait mille; la rivière y gagnei-ait
encore, et les habitants pourraient profiter des anguilles qui aujourd'hui
pi'ofitent aux habitants d'aval.
» A côté de ces mesquineries, on tolère la pêche à l'épervier, aux filets,
aux nases, tambours, etc.
» Mais, pour moi, le dépeuplement des rivières ne vient pas du manque
de surveillance ni de cette pêche à deux lignes ou aux filets, mais de ce
que l'on ne s'occupe pas du repeuplement.
» Que coûtent les œufs ou les alevins, rien ! Je suis persuadé qu'un
garde-rivière, avec 100 francs par an, pourrait repeupler les rivières de
son canton sans grand travail, en lâchant chaque année, en différents
endroits de sa garderie, des milliers d'alevins qu'il aurait élevés. Je crois
ces moyens beaucoup plus efficaces que les procès- verbaux aux inoffen-
sifs pêcheurs à deux lignes.
» Si vous croyez l'idée bonne, faites-en tel usage (|u'il vous plaira, et
soumettez-la à qui de droit.
» Certes, je considère la chasse et le gibier comme très importants,
surtout que je suis chasseur et non pécheur; mais je crois que sans frais
188 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
on arriverait, pour ralimenlation, à des résultats autrement pratiques
que ceux obtenus pour la reproduction et la conservation du gibier ; car
l'un est onéreux et l'autre presque gratuit. »
— M. le vicomte de Wolbock écrit du château de Kercado (Morbihan):
« Continuant et développant les travaux ostréicoles qui valurent à mon
père la haute faveur d'une médaille d'or de la Société d'Acclimatation, je
regarde comme un devoir de vous exposer la suite de cette grande créa-
tion. J'ai donc l'honneur de vous adresser un mémoire par lequel je
sollicite le prix d'honneur au Concours régional de Vannes de celte année,
et où j'expose la situation de l'ostréiculture, en résumant les étapes par-
courues et précisant les résultats obtenus. »
— M. Fandrin, professeur d'agriculture des Bouches-du-Rhône, et
M. Galfard, sériciculteur à Oraison (Basses-Alpes), sollicitent l'envoi de
graines de Vers à soie exotiques.
— MM. de Laleu, Vanderwalle, Jules Delalande, F. Malhey, E. Duval,
le comte A. de Montlezun, Alfred Rousse et le comte G. de Saint-Inno-
cent, ainsi que la Société Nantaise d'horticulture et l'Institut national
genevois, demandent à prendre part à la distribution de graines annoncée
dans la Chronique.
— M. le Directeur du Jardin d'Acclimatation fait parvenir des graines
à'Artocarpus incisa, offertes par Mme David. — Remerciements.
— M. de Confévron écrit de Langres : « Dans la séance du 9 décembre
1881 de la Société d'Acclimatation, M. Maurice Girard, à propos de mes
appréciations relatives au phylloxéra, me déclare arriéré de vingt ans.
C'est bien possible ; mais, à ce point de vue comme à bien d'autres
encore, les derniers pourraient bien finir par être les premiers. Pensent-
ils avoir réalisé de grands progrès ceux qui, en introduisant les Vignes
américaines, ont perdu tous nos vignobles français? Pensent-ils faire
merveille ceux qui, en préconisant les Vignes américaines, ne cessent de
revivifier par des éléments jeunes et vivaces le fléau qui s'épuise et semble
en décroissance sur certains points? Est-ce une bonne chose que l'en-
gouement pour le nouveau qui,j par des croisements peu judicieux et
l'anglaisement à outrance, a perdu toutes nos bonnes races d'animaux
domestiques?
î Je ne suis point l'ennemi des améliorations, loin de là; mais je crois
que dans cette voie on ne doit s'avancer qu'avec une grande circonspec-
tion. Si j'approuve la distribution de prix pour l'introduction de Perdrix
étrangères, j'en voudrais aussi, et en première ligne, pour encourager la
conservation de nos bonnes Perdrix grises et rouges.
» Ce n'est point inconsciemment, mais en connaissance de cause, que
je suis pour partie (car rien n'est absolu) dans la doctrine du phylloxéra
effet.
» Je ne vois pas à quoi eût servi l'arrachage de nos vignes phylloxérées,
si l'on devait ramener des insectes avec de nouvelles importations de
PROCÈS-VERBAUX. 189
souches américaines. Cet arrachage a eût eu d'eflicacilé qu'à condition
de proscrire d'une façon absolue l'entrée des Vignes venant d'Amérique
et le repeuplement de nos Vignes, uniquement avec des ceps français.
» Les Vignes américaines, dit-on, ne sont pas indemnes du phylloxéra,
puisque c'est par elles qu'il a été introduit, mais elles vivent avec lui.
Elles vivent avec lui, oui, par suite de la vigueur de végétation qu'elles
doivent à leur climat et à leur sol d'origine ; mais dans notre pays, dans
nos terrains épuisés, elles perdront bientôt cette vigueur et ne résisteront
pas plus que les nôtres.
)) Ce que je constate, c'est que le traitement par les insecticides et par
le sulfate de carbone, entre autres, ne peut avoir d'efficacité (ici je suis
d'accord avec M. Maurice Girard) qu'à condition qu'il soit employé avec
beaucoup de soins, d'intelligence, en temps convenable, avec une grande
surveillance, tous moyens qui ne sont pas à la porté de tout le monde.
Or le remède, lorsqu'il n'est pas accompagné de toutes ces conditions,
est bien pis que le mal et tue son malade, ce qui l'empêche d'être
pratique.
» Quant à la submersion, on en a souvent reconnu l'insuffisance, et
elle est même généralement nuisible à la vigne.
D Pour ce qui est de la bonne fumure et des soins de culture bien ap-
propriés, ils réussissent souvent, on pourrait dire presque toujours,
surtout dans les terrains pierreux ou sablonneux du Midi, à faire lutter la
végétation contre l'insecte, dont souvent elle triomphe et Unit par se
débarrasser.
» On peut constater ce fait dans certaines contrées du Midi, spéciale-
ment en Vaucluse, où beaucoup de cultivateurs pratiques persistent à
planter, à soigner avec courage et avec raison, selon moi, nos bons plants
français.
» P. S. — Le plus ou moins de pression atmosphérique a une grande
influence sur le développement des végétaux. C'est là qu'il faut chercher
la cause qui empêche certaines plantes qui croissent au sommet des
montagnes de végéter dans la plaine ou d'y acquérir un développement
normal.
» D'une note deM.AUéon, insérée dans la Revue de zoologie de M. Gué-
rin-Méneville (janvier 18G7), il résulte que la Tourterelle à collier haldte
à Constantinople sur les arbres des jardins et dans les édifices. Elle y est
en quelque sorte acclimatée, domestiquée, comme le Ramier à Paris, et
peut donner lieu aux mêmes remarques et aux mêmes queslions. »
— M. F. Jacquemin, directeur de la Compagnie des chemins de fer de
l'Est, fait connaître que la Compagnie a procédé à des essais de haies
fruitières sur deux lignes de son réseau, savoir : en 18G8, de lîar-sur-
Seine à Chàlillon (32 kilomètres), et en 1873, de Gretz à Coulommiers
(33) 11 a été renoncé à ces plantations parce quelles ne donnaient pas
de résultats satisfaisants.
190 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
— M. Vavin adresse une note sur la culture du Physalis edulis et sur
l'ulilisalion de cette plante au point de vue de l'alimentation et de la
thérapeutique.
— M. Banmeyer donne lecture d'une note sur l'établissement de pisci-
culture deChaulieu (Manche).
— A l'occasion de grands travaux d'irrigation projetés sur différents
points de la France, M. Raveret-Waltel appelle l'attention de la Société
sur les conséquences fâcheuses qne ces travaux pourraient avoir pour la
population des rivières, dans le cas où des mesures protectrices du poisson
ne seraient pas prises ; il signale, parmi les moyens proposés pour rendre
les irrigations moins destructives du poisson, celui qui consiste à main-
tenir toujours un filet d'eau dans les fossés au moyen d'une échancrure
ménagée à la base des vannes d'alimentation.
— M. le vicomte d'Esterno ne croit pas que ce moyen puisse être très
efficace, attendu que si l'on peut maintenir de l'eau dans les canaux les
plus voisins de la rivière, il est impossible que les rigoles ne s'assèchent
pas, et c'est toujours en quantités considérables que les poissons y péris-
sent. M. le vicomte d'Esterno, qui pratique les irrigations sur une très
grande échelle dans le iMorvan, a pu constater combien cette opération
est funeste pour la population des rivières; mais il n'a pu jusqu'à ce jour
trouver un moyen réellement efficace pour éviter cet inconvénient, et le
fait est d'autant plus regrettable que dans le Morvan les rivières sont
très favorables pour la Truite.
— M. de Semallé fait remarquer qu'en général les personnes qui se
sont occupées de pisciculture n'ont guère songé qu'à propager la Truite
ou le Saumon, alors qu'il y aurait grand intérêt à propager aussi d'autres
espèces plus faciles à obtenir, telles que la Carpe, par exemple. M. de
Semallé donne, à cette occasion, la description d'un procédé qui lui
paraîtrait permettre de multiplier abondamment et à peu de frais la
Carpe dans les canaux, et d'arriver ainsi à un repeuplement rapide des
eaux (voy. au Bidletin).
— M. Millet fait remarquer que les irrigations ayant une importance
très grande pour l'agriculture, il est à désirer qu'on n'y apporte aucune
entrave. Notre confrère entre à ce sujet dans quelques détails tirés de
son livre ayant pour titre : les Merveilles des fleuves et des ruisseaux.
11 termine en émettant l'avis que « l'application dans la mesure la plus
rigoureuse des règlements en vigueur sur la police des rivières est le
moyen d'avoir dans tous les cours d'eau d'abondantes et lucratives
pêches ».
— 11 est offert à la bibliothèque de la Société :
1» Association française jwur l'avancement des sciences, compte
rendu de la 10" session. Alger, 1881. Paris, 1882, au secrétariat de l'As-
sociation, 4, rue Antoine-Dubois, 1 vol. inS°.
2'' De l'énergie et de la structure musculaire citez les Mollusques
PROCÈS-VERBAUX. 191
acéphales, par A. Coutance. Paris, 1879, J.-B. Baillière et fils, 19, rue
Haulefeuille, in-8" avec 2 planches. (L'Auteur.)
3° Relations des Champignons et des Algues dans la constitution des
Lichens, par A. Coutance. (Extrait du Bulletin de la Société acadé-
mique de Brest). Halegouet, 11, rue Kléber, à Brest, in-18. (L'Auteur.)
i" Expériences de bord, établissant que les minimum de salure sont
placés sur le trajet des courants et les maximum hors des courants
marins, par A. Coutance (Extrait du Bulletin de la Société académique
de Brest). Brest, imp. Gadreau, in-18. (L'Auteur.)
5° Analogies du climat de Brest avec celui 'de l'époque tertiaire,
par A. Coutance (Extrait du Bulletin de la Société académique de
Brest). Imp. Gadreau, in-18. (L'Auteur.)
6" Là Fontaine et la philosophie naturelle, par A. Coutance. Paris,
1882, C. Beinwald, lib.-éditeur, in-8". (L'Auteur.)
1" Le Bouleau, par A. Coutance. Paris, 1881, Berger-Levrault,
éditeurs, in-8% 2 tableaux, 1 planche. (L'Auteur.)
8° La lutte pour l'existence, par A. Coutance. Paris, 1882, C. Bein-
wald, éditeur, in-8". (L'Auteur.)
9° Souvenirs de Leyde, par A. Coutance (Extrait du Bulletin de la
Société académique de Brest). Brest, imp. Gadreau, in-18. (L'Auteur.)
10° Phénomènes de capillarité, par A. Coutance (Extrait du Bulletin
de la Société académique de Brest). Brest, imp. F. Halegouet, in-18.
(L'Auteur.)
11" Romains et Zoulous, par A. Coutance (Extrait du Bulletin de la
Société académique de Brest). Brest, imp. Halegouet, in-18. (L'Auteur.)
12° Semis d'arbres fruitiers. Expériences de M. Tourasse, proprié-
taire à Pau. Pau, imp. Veronèse, grand in-8°. (L'Auteur.)
13° Ostréiculture. Appendice à ma brochure de i87i, par le docteur
Kemmerer. Typ. V<' Mareschal et E. Martin, in-18. (L'Auteur.)
U" Note sur la iS" session de la Société pomologique américaine,
par M. Ch. Joly (Extrait du Journal de la Société nationale d'horti-
culture, 'd' série, t. IV, 1882, p. 377-380). ln-18. (L'Auteur.)
15° Description des produits du lac de Castel Gandolfo et de ses
dépendances, appartenant à M. le le marquis de Lezzani. la-i".
Marquis de Lezzani.
16» The déserts of Africa and Asia, par P. de Tchihatcheff (llead at
the Meeting of the British Association for the Advancement of science,
at Southamplhon, 23 rd, August 1882). (L'Auteur.)
17" Instructions pour MM. les officiers de la Marine ([m voudraient
faire des collections d'histoire naturelle destinées au Muséum de Paris.
Paris, 1882, Berger-Levrault et G'% in-8". Ministère de la Marine.
18" Liste générale des Mammifères sujets à l'albinisme, par Elvezio
Canloni, traduction de l'italien et addition par Henri Cadeau de Kerville.
Bouen, 1882, imp. Léon Ueshays, in-8". (Le traducteur.)
192 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
19" De l" action du Mouron rouge sur les oiseaux, par Henri Gadeau
de Kerville (Extrait du Bulletin de la Société de biologie, séance du 8
juillet 1882). Paris, imp. Ed. Roussel, in-8°. (L'Auteur.)
20° Annual Report of the Commissioners of fisheries of ihe state of
New- York for the year 1881. Albany, 1882, in-8o. M. Seth Green.
21° Rapport du Jury international sur l'Exposition universelle de
1878. ln-8°. Ministère de l'Agriculture.
22° La Globulaire Turbith, par le docteur Bertherand. Alger, 1870,
imp. Aillaud et C'% broch. in-S" (L'Auteur.)
23° Utilisation de Veau de fleurs de Citronnier, par le docteur l'.er-
tlierand (Extrait du Journal de médecine et de pharmacie de l'Algérie
(avril! 881). (L'Auteur.)
24° Études chimiques et médicales sur Vécorce de Sapotillier, par
le docteur Bertherand (Extrait du Journal de médecine et de pharmacie
de l'Algérie (juillet 1881). 1 broch. avec planche. (L'Auteur.)
Le Secrétaire des séances,
G. Raveret-Wattel.
Erratum au procès-verbal du i9 janvier 1883. — Page 59, ligne 27,
au lieu de Faure, lisez Fol.
III. EXTRAIT DES PROCÊS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS
PREMIÈRE SECTION
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1883.
Présidence de M. Saint-Yves Ménard, Vice-Président.
M. Gautier, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière
séance, lequel est adopté sans observation.
— M. le Président donne lecture d'une lettre de M. de Fiennes, qui
offre d'indiquer aux membres de la Société qui le désireront, une ma-
nière de piéger la Loutre qui lui a parfaitement réussi depuis plusieurs
années.
— M. Geoffroy Saint-Hilaire fait observer qu'il y aura lieu d'insérer
cette lettre dans la Chronique et dans le Bulletin.
— M. Grisard ajoute qu'il a vu M. de Fiennes, et que ce dernier se
propose de faire, à ce sujet, une communication spéciale à la Section de
pisciculture que le sujet intéresse particulièrement.
La 1''^ Section vote des remerciements à M. de Fiennes.
— Le Secrétaire donne lecture d'une lettre de M. Pays-Mellier ren-
dant compte des résultats obtenus par lui dans divers cheptels d'animaux,
notamment ceux de Cerfs-cochons, qui lui ont été confiés par la Société
d'Acclimatation.
A ce sujet, M. Geoffroy Saint-Hilaire ajoute qu'aujourd'hui l'expé-
rience est faite, et que la reproduction des Cerfs-cochons en liberté dans
des parcs, n'est pas un fait isolé. 11 cite les essais faits chez M. Roger,
à Cesson, dans un terrain relativement froid, et par cela même peu
favorable. La Société avait envoyé à M. Roger un lot de trois Cerfs-
cochons, un mâle et deux femelles, qui dut être reconstitué plusieurs
fois, l'un des mâles ayant été tué par un braconnier, un autre étranglé
par un lacet. Pendant quelque temps, on vit des jeunes, mais sans pou-
voir apprécier leur nombre. Enfin, en présence des dégâts qu'ils cau-
saient aux fleurs et aux arbustes, on prit la résolution de les panneauter.
Le panneautage eut lieu non sans difficultés, le Cerf-cochon ne galopant
pas comme le cerf, mais filant droit comme le sanglier, ce qui nécessita
l'emploi de filets très résistants, et douze animaux furent pris. Il y avait
six ans que les premiers animaux avaient été lâchés. Il est donc incon-
testable que le Cerf-cochon peut réussir comme gibier. Si l'on ajoute
que la chair, plus blanche que celle du Chevreuil, en est excellente, on
voit que l'importation en a été des plus utiles. Il complète en effet la
gamme, si l'on peut s'exprimer ainsi, des diverses espèces de Cerfs, du
3° SÉRIE, T. X. —Mars 1883. 13
194. SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
plus petit au plus grand, et permet aux chasseurs de peupler leurs bois
avec des animaux appropriés à leur étendue. Au-dessus du Cerf-cochon,
gros comme un chien d'arrêt, se trouve le Daim, puis le Cerf, et enfin le
Cerf du Canada, le plus grand de tous.
La Section adresse ses félicitations à M, Pays-Mellier, et renvoie sa
lettre à la Commission des récompenses.
— La Section adresse également des remerciements à M. Lataste pour
une note qu'il lui a communiquée sur la petite Gerboise, et l'offre qu'il
fait de donner des individus de cette espèce aux membres de la Société
qui voudraient l'étudier. M. Lataste fait ressortir l'avantage que présente
la Gerboise au point de vue de l'étude des effets de la domestication sur
les races. En effet, elle est petite, n'a aucune odeur, supérieure en cela
aux Rats et aux Cobayes, et donne six portées par an; les petits repro-
duisent au bout de deux mois. En un temps restreint, l'observateur aura
donc vu un nombre considérable de générations, ce qui n'est pas possible
avec la plupart des espèces de mammifères. La Section renvoie le travail
de M. Lataste à la Commission des récompenses.
— M. le Président rappelle ensuite à la Section qu'elle a pris en con-
sidération, dans une de ses dernières séances de l'année dernière, la
lettre de M. le marquis de Pruns se plaignant de ce que la Chèvre d'An-
gora n'était pas admise dans les Concours régionaux ; que celte réclama-
tion lui a paru devoir être étendue à toutes les espèces de Chèvres, et
qu'il serait urgent de décider quelle suite devait lui être donnée. Après
avoir entendu les observations de MM. Dt-croix, Roger et Geoffroy
Saint-Hilaire, la Section décide qu'il y a lieu d'envoyer à tous les mem-
bres de la Société, ainsi qu'aux Sociétés d'agriculture, un questionnaire
qu'elle rédige séance tenante. Sur l'observation de M. Decroix, elle
décide que ce questionnaire devra être retourné au Président de la
Société, ce mode de procéder ayant l'avantage d'éviter tout retard.
Enfin elle charge M. Gautier de préparer un travail sur cette ques-
tion lorsque les renseignements auront été recueillis.
Le Secrétaire,
Jules G.\utier.
DEUXIEME SECTION
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1883.
Présidence de M. Millet.
M. le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance précé-
dente.
— X ce propos, M. de Barrau de Muratel fait remarquer qu'il a vu,
dans le midi de la France, et surtout dans le Tarn, les mêmes passages
PROCÈS-VERBAUX. 195
de Perdrix grises, signalés par M. Millet comme une espèce particu-
lière, qu'on appelle la Roquette.
— M. Gautier en a vu dans le centre de la France, et même dans le
déparlement de la Seine.
Le procès-verbal est adopté.
— M. Nelson=Paulier écrit de Liste (Dordogue), sur les élevages que
la Société lui a confiés en cheptel, et insiste particulièrement sur l'es-
pace et les soins hygiéniques que l'on doit donner aux oiseaux, pour
réussir et éviter les maladies.
— M. Ed. Pfannenschmid écrit de Eniden (Frise orientale, Pays-Bas),
et annonce l'envoi d'un échantillon d'une nourriture fortifiante pour les
oiseaux, dont il est l'inventeur, et pouvant remplacer les œufs de
fourmi, et demande à être admis candidat pour le prix de 500 francs, à
décerner à la personne qui présentera une nourriture nouvelle, peu coû-
teuse et pouvant remplacer les œufs de fourmi pour la nourriture des
Faisans .
Cette préparation consiste en Crangon vulgaris (petite crevette
grise) desséchée et broyée finement, que l'on ajoute à du pain ou du lait
caillé.
— M. Ménard dit qu'il y aurait lieu d'essayer cette préparalion avant
d'envoyer cette communication à la Commission des récompenses.
— M. le Président consulte la Section, qui décide de faire l'expéri-
mentation de cette composition, et prie M. l'Agent général de vouloir
bien inviter M. Pfannenschmid à envoyer à la Société un échantillon de
oO kilogrammes au moins pour en faire l'essai.
— M. le marquis de Pruns écrit de Brassac-les-Mines, sur les ten-
dances à l'albinisme, des végétaux et animaux dans la vallée de la
Limagne d'Auvergne. 11 a observé principalement. ces effets sur les
Canards du Labrador, les Vaches de Salers, les Pigeons noirs et Faisans
dorés, qui, à la troisième génération, ont les teintes plus pâles et sur
les oiseaux des plumes blanches apparaissent; enfin, les arbres teintés
de rouge, telsque le Hêtre pourpre. Noisetiers de Byzance, etc., pâlis-
sent et deviennent presque verts.
M. le marquis de Pruns pense que ces effets sont dus au manque de
sels calcaires et de fer dans le sol.
— M. de Harrau de Muratel a observé les mêmes effets sur ses Canards
du Labrador,
— 31. Ménard dit que cet effet d'albinisme est dû à la domestication,
et que l'on trouve pour le Canard Labrador le fait analogue avec le
Dindon sauvage, qui offre, parla domestication, les variétés : blanche,
rouge, etc., et que ces transformations peuvent se rencontrer partout.
11 ajoute qu'il a peine à croire à une influence du sol.
— M. Dybowski fait observer qu'il a vu à l'école de Grignon, ce même
effet d'albinisme se reproduire sur le Lapin de garenne, qui donnait en
196 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
captivité, après plusieurs générations, des produits taclietés de blanc.
M. Sturne demande si M. le marquis de Pruns a fait faire une ana-
lyse chimique du sol.
— M. le Président pense qu'il serait utile d'écrire à l'auteur de celte
commùnicalion pour avoir une analyse exacte du sol.
La Section adopte .
— M. Millet émet le vœu que l'on publie dans le prochain numéro de
la Chronique, un questionnaire ayant trait aux dates de l'arrivée des
oiseaux de passage dans les diverses régions de la France. Il annonce
qu'il a déjà vu cette année la Fauvette à lêle noire.
— M. de Barrau de Muratel dit qu'il existe déjà une feuille analogue
dressée par le Jlinistère de l'Instruction publique.
Le Secrétaire,
Gustave Sturne.
TROISIEME SECTION
PROCÈS-VERBAL. — SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1883.
Présidence de M. Vaillant.
En l'absence de MM. les Secrétaire et Vice-Secrétaire, M. le Président
prie M. Gautier de remplir les fonctions de Secrétaire.
Lecture est donnée du procès-verbal de la dernière séance.
— M. Millet fait remarquer qu'il n'a fait, relativement aux Saumons,
que rapporter l'opinion de M. Le Paute.
Le procès-verbal est adopté sans autre observation.
— La parole est donnée à M. de Fiennes, qui a obligeamment offert de
communiquer à ses collègues les moyens employés par lui pour prendre
les Loutres au piège, moyens qui lui ont parfaitement réussi.
M. de Fiennes raconte que, propriétaire, dans les Ardennes, d'un do-
maine où se trouvent une rivière courante et quatre étangs, il n'a pu,
mal<^ré tous ses efforts et de nombreuses nuits passées à l'affût, se
débarrasser des Loutres qui les ravageaient, jusqu'à ce qu'un de ses
amis, député des Ardennes, lui eût envoyé un trappeur fort habile, qui
lui a enseigné toute une série de précautions nécessaires pour les piéger.
Depuis cette époque, il a pris di.\-huit Loutres : deux seulement se sont
enfuies avec le piège, qui n'était pas fixé assez solidement en terre.
M. de Fiennes se sert du piège allemand : il le fait fabriquer par le
serrurier du village. 11 faut seulement que ce piège soit très délicat, la
Loutre étant à la fois forte, rusée et très souple. On n'y met point
d'appât; car, à l'inverse du Renard, la Loutre ne prend aucun appât. On
le tend à la place où l'on a reconnu ses traces; ces traces sont faciles à
reconnaître, non seulement par l'empreinte de sa patte palmée sur la
PROCÈS-VERBAUX. 197
terre mouillée, mais aussi par ses laissées. En effet, la Loutre n'est pas
amphibie, et choisit en général un endroit sec et propre pour y venir
faire ses besoins.
Le piège doit être bien entretenu et ne pas avoir de rouille, car l'o-
deur de la rouille éloignerait la Loutre. Pour l'éviter, ou le met dans
de l'eau oîi l'on fait bouillir du genêt, et on l'essuie doucement ensuite.
Mais le piégeur ne doit pas sentir le tabac; aussi M. de Fiennes lui fait-
il mettre un bandeau sur la bouche. Pour éviter que la Loutre ne sente
l'homme, on place une planche sur laquelle il se tient pendant qu'il tend
le piège. Il doit également se frotter les mains et frotter le piège et sa
chaîne avec du poireau, dont l'odeur très forte dissimule ce qui pourrait
rester d'émanations humaines. On frotte de même la mousse et les feuilles
destinées à recouvrir le piège. Enfin, le piégeur jette sur le piège de la
terre qu'il a eu soin de prendre au même endroit, et qu'il arrose dou-
cement, toujours pour éviter qu'il ne reste une odeur qui suffirait pour
que la Loutre ne reparût plus au même endroit. L'heure la meilleure
pour tendre est midi, de façon à ce qu'il s'écoule un long espace de
temps avant le passage de l'animal.
M. le Président remercie M. de Fiennes de son intéressante communi-
cation, et l'engage à la renouveler en assemblée générale.
— A propos de la destruction de la Loutre, M. Millet cite un piégeur
des Ardennes qui emploie un onguent destiné, comme le poireau, à
dissimuler l'odeur de l'homme. Il cite également les moyens employés
au moment du frai des Truites pour effrayer les Loutres. C'est d'abord
de tendre une corde sur laquelle on attache des bouts de papier blanc
ou mieux des morceaux de porcelaine blanche faits exprès pour cet
usage, et ensuite de tendre des fils de fer épineux, non seulement sur le
bord de l'eau, mais dans l'eau même. Ces moyens, toutefois, ne sont pas
praticables pour les étangs. M. Millet ajoute que la Loutre s'apprivoise
facilement, et qu'il en a possédé une devenue aussi caressante qu'un
chat; certaines personnes les dressent même, paraît-il, à prendre du
poisson et à le rapporter à leur maître.
— M. Vaillant, président, étant obligé de quitter la séance, M. Maurice
Girard prend la présidence. L'ordre du jour appelle la suite de la dis-
cussion sur les échelles à Saumons.
— M. Millet ayant demandé si, dans le système présenté à la Société,
les plaquettes en bois n'ont pas l'inconvénient d'éclater par la gelée,
M. Uaveret-Wattel répond que le bois est employé parce qu'il est plus
économique; (|ue de plus, ces palettes ne présentent pas cet inconvé-
nient puisqu'elles sont employées dans le Nord et au Canada oîi il fait
froid : on his protège seulement contre le bois à flotter qui pourrait tout
briser. D'ailleurs, la congélation de l'eau est rare, car l'échelle est
placée dans un rapide. En résumé, les échelles du syslème présenté ont
l'avantage d'être facilement accessibles et faciles à franchir pour le
198 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Saumon qui préfère monter d'un seul bond plutôt que par des bonds
successifs; elles coûtent moins cher à établir (le prix de revient est au
Canada de 150 à 200 francs pour un mètre de hauteur), et sont d'un
entretien peu coûteux; enfin elles présentent l'avantage de fonctionner
sans exiger trop d'eau, ce qui aurait pour effet de diminuer la force
motrice du cours d'eau où elles sont placées, et de porter par là môme
préjudice aux usiniers voisins.
— M. Millet donne lecture des résultats obtenus; il existe en France
163 échelles, dont 23 donnent de très bons résultats, 13 des résultats
assez bons; tout le reste est mauvais. Il ajoute que les mauvais résultats
proviennent peut-être plutôt des endroits où elles sont placées que des
défectuosités du système des échelles.
— M. le Président fait remarquer que le Saumon ne se trouve pas
dans les pays chauds : il ne dépasse guère le Portugal.
Poîir le Secrétaire,
Jules Gautier.
QUATRIÈME SECTION.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1883.
Présidence de M. Jules Fallou, Vice-Président.
M. X. Dybowski, vice-secrétaire, lit le procès-verbal de la dernière
séance, qui est adopté.
— M. Grisard annonce que M. le comte G. Gasati a envoyé 40 grammes
de graine de Vers à soie du mûrier, et la Section décide de les distribuer
entre les différents membres qui s'occupent de sériciculture ainsi qu'à
l'école d'agriculture de Grignon et aux stations séricicoles.
M. Grisard lit ensuite un article àa Bulletin de Vinseciologie agricole
relatif à l'empoisonnement des Abeilles par l'Eucalyptus Red Gum, à
Palestre, province d'Alger, et demande si ce fait a déjà été observé en
Australie, patrie de Y Eucalyptus; il serait istéressant d'être renseigné
sur ce point.
— M. Fallou s'étonne que les Abeilles, et les insectes en général man-
gent des plantes qui les empoisonnent.
— M. Maurice Girard rend compte d'un mémoire (voy. au Bulletin) àe
M. Louis Boulan, délégué à l'exposition de Melbourne, il y a trois ans.
On parlait à Melbourne d'une maladie inconnue jusqu'alors attaquant la
vigne dans plusieurs provinces de l'Australie.
On forma une commission. Celle-ci fit une excursion à Geelong à
(JO kilomètres de Melbourne, où on a l'habitude de planter les vignes
très serrées. Ce sont des Suisses qui la cultivent.
PROCÈS-VERBAUX. 199
M. Boutan était le seul de la commission qui connût le phylloxéra, et
il ne tarda pas à voir, par des taches caractéristiques, que la maladie des
vignobles était le phylloxéra. Dans certains endroits, en contre-bas, le
parasite ne se trouvait pas sur les racines parce que ces endroits avaient
été inondés pendant assez longtemps.
M. Boutan affirme que ce phylloxéra, qui est le même d'ailleurs que
le nôtre, le Vastalrix, a été importé par des cépages français à Gee-
long.
Dès que cette fâcheuse découverte a été faite, la commission fit un
rapport au parlement, et celui-ci vota une loi établissant des syndicats.
Les viticulteurs de trois provinces: de Victoria, delà xNouvelle-Galies du
Sud et d'Adélaïde se sont déjà constitués en syndicats en s'imposant une
somme de 4000 livres, au moyen d'un impôt de six scheUings par acre
de vigne.
Les imposés, quand ils ont leurs vignobles atteints du phylloxéra,
reçoivent une indemnité s'élevant à la valeur de deux ans de récolte, et
leurs cépages sont arrachés aux frais du syndicat. La loi est, du reste,
très sévère, et les viticulteurs non syndiqués sont obligés d'arracher
leurs vignes à leurs frais, dès que le phylloxéra les a atteintes, et ils
ne reçoivent aucun dédommagement.
M. M. Girard dit que semblables mesures devraient être prises en
Algérie dans le cas où le phylloxéra y ferait invasion.
Les limites d'arrachage, en Australie, sont d'un mille autour des taches.
Mais celte distance est insuffisante, car le phylloxéra ailé se transporte
à des distances plus considérables.
M. M. Girard annonce ensuite qu'il va faire une conférence, le 28 fé-
vrier, sur le phylloxéra, à Soissons. Il estime que dans le Nord l'invasion
de ce parasite marche très lentement. Ainsi, aux environs d'Orléans, oîi
il existe depuis dix ans, il reste stationnaire. C'est que le climat ne lui
est pas propice; sans soins les environs de Paris seraient phylloxérés
depuis longtemps.
Le Vice-secrétaire,
Xav. Dybowski.
200 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
CINQUIÈME SECTION.
SÉANCE DU 6 MARS 1883.
Présidence de M. Paillieux, vice-président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
— M. Vavin distribue des graines de Fenouil de Florence, reçues di-
rectement d'Italie, — de Betterave d'Egypte récoltées sur une racine qui
mesurait 65 centimètres de circonférence, — de Maïs du Gabon provenant
d'un pied de 4", 50 de haut et de Zapallito de tronco.
— M. de Barrau de Muratel rend compte de ses essais de culture des
graines distribuées en séance de la Section :
Le Physalis Peruviana a parfaitement réussi, et a produit beaucoup;
la maturité a été arrêtée par un refroidissement considérable de la tem-
pérature arrivé le 12 septembre. Les fruits ont été essayés en confiture
qui a été trouvée assez bonne, mais désagréable à manger à cause des
nombreuses graines.
Le Soya d'Etampes a bien mûri et a produit beaucoup, mais n'a pas
été trouvé de bon goût pour la cuisine. Essayé dans la montagne à 630
mètres, il n'a pas mûri.
Le Soya vert du Japon donné comme hâtif s'est montré, au contraire,
plus tardif de huit à dix jours; il n'a pas été dégusté.
La Courge de Siam a mal réussi et n'a pas mûri ; quant à la'Courge
meloniforme du Japon, elle se fend avant la maturité, qui s'effectue mal
du reste ; la chair en est très sèche.
La Courge de Boston, très coureuse (certaines branches ont atteint
8 mètres de long), a une chair peu abondante, très dure et très sèche;
elle ne paniît pas propre au climat du Midi.
Le Concombre du Sikkim a bien réussi ; les fruits sont abondants et de
bonne qualité; il ne parait en rien supérieur au Concombre ordinaire.
Le Melon blanc du Japon (Shiro uri) et le Haricot cerise à rames du
Japon n'ont pas réussi.
La Chufa d'Espagne a passablement réussi malgré la sécheresse qui
a duré jusqu'en septembre.
M. de Muratel dépose sur le bureau un échantillon du produit obtenu.
L'Aubergine de New-York réussit bien, et est très belle.
La Laitue frisée de Californie monte lentement en graine, c'est là son
mérite, elle a bien résisté aux deux derniers hivers, mais ces hivers ont
été tellement doux que l'expérience n'est pas concluante.
Deux grains de café (don de M. Hédiard), le Silaus Besseri, et le Tal-
ruda d'Algérie n'ont pas levé.
Le Yage nari [Phaseolus radiatus) a réussi, le produit peu abondant
a été gardé pour être semé cette année.
PROCÈS-VERBAUX. 201
Deux graines d'une Légumineuse de la Martinique (Canavalia) don-
nées par M. Hédiard ont produit deux plantes tenues en serre chaude.
L'une d'elles est déposée sur le bureau.
La Courge qui réussit le mieux dans le Tarn, département habité par
notre collègue, est une courge cultivée depuis fort longtemps, très ana-
logue à la courge pleine de Naples, mais beaucoup plus grosse.
M. de Barrau de Miiralel présente ensuite des conlîtures de Pastèque à
graine rouge; ces confitures sont trouvées très bonnes, et cependant le
fruit cru est de très médiocre qualité.
— M. Paillieux donne lecture d'un mémoire sur divers végétaux propres
à former des pickles.
MM. Hédiard, Rieffel et de Muratel veulent bien se charger de la dé-
gustation des préparations faites par les soins de M. Paillieux et d'en
rendre compte dans la prochaine séance.
— A cette occasion M. Chappellier signale comme succédané du Corni-
chon et le remplaçant avantageusement les conserves de petits Melons.
— M. Hédiard fait observer que ces petits Melons sont en effet excel-
lents, mais qu'il faut les manger frais, car au bout de peu de temps ils se
ramollissent complètement. On les trouvait autrefois facilement aux
Halles et à bon compte, mais aujourd'hui ils sont plus recherchés et leur
valeur a décuplé.
A propos de l'Angourie dont il est question dans le mémoire de M. Pail-
lieux, M. Hédiard fait connaître qu'à Bourbon et à Maurice on cultive
un légume tout à fait semblable, mais un peu plus gros, il a la taille d'un
marron d'Inde ; ce légume, nommé Margausse, se conserve dans le sel
et par son goût amer il excite l'appétit.
— M. Vavin rappelle que l'on fait avec le Physalis edidis un excellent
sirop pour les bronchites; on peut encore confire les fruits au vinaigre
et les manger comme cornichons.
— M. Paillieux dit qu'il a fait faire avec les ivu'ils du P. Peruviana un
sirop qui rappelle le sirop de gomme et doit jouir des mêmes pro-
priétés.
— M. Millet confirme ce que vient de dire M. Vavin, il a fait lui-même
usage du sirop de Physalis et s'en est fort bien trouvé.
Notre confrère donne ensuite quelques détails sur la maladie des
Pommes de terre qui, dans l'Aisne et les Ardennes, a sévi d'une façon
désastreuse.
M. Millet a eu l'idée d'employer pour cette culture les résidus de la
combustion des cokes et charbons de terre qui, dans ces terrains com-
pacts et humides, agissant à la fois comme fertilisants et comme diviseurs,
lui ont donné d'excellents résultats; il s'est servi également avec succès
du marc de café.
— M. Manceau préconise l'emploi de la sciure de bois pour les terrains
forts
202 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
— A ce propos M. Nicard dit qu'on ne peut tirer aucun parti de la
sciure pure, dans laquelle aucune plante ne pousse.
M. Millet fait connaître qu'à la section d'horticulture de la Société
des Agriculteurs de France, M. Michelin avait fait la motion de planter
les routes en arbres fruitiers, mais qu'en présence du peu de bénéfice
qu'il était possible d'en tirer, vu les causes multiples de destruction, il
avait semblé préférable à notre confrère de proposer des plantations
d'arbres forestiers: peupliers, ormes, etc., qui au bout de quelques
années deviennent une source de revenu pour la commune.
La proposition de M. Michelin a été repoussée et celle de M. Millet
adoptée par la Société des Agriculteurs.
— A ce propos, M. J. Grisard rappelle que la Compagnie des chemins
de fer de l'Est a fait clore par des arbres fruitiers, disposés en espalier,
une certaine partie de ses lignes, et que les résultats ont été nuls.
Le Secrétaire,
Jules Grisard.
IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE
Incubation artificielle d'oeufs de Casoai*.
Lettre adressée à M. le Secrétaire général.
« J'ai l'honneur de vous envoyer les renseignements suivants sur l'in-
cubation des œufsdeCasoar que vous avez eu l'obligeance de nie confier,
incubation qui a parfaitement réussi comme je vous l'explique ci-
dessous.
» Le H janvier dernier, j'emportai du Jardin d'Acclimatation i œufs,
dont un, le premier pondu, était beaucoup plus petit que les 3 autres.
Je les laissai reposer deux jours, et le 13 au soir, je les mis dans ma
couveuse artificielle. Cet appareil, dont j'ai fait la description dans le
Bulletin de la Société, est chauffé au gaz; il est muni d'un régulateur de
température empêchant complètement les excès de chaleur.
Cette couveuse est installée dans une boutique sur la rue, à 1 mètre
de trottoir, près d'une porte dont le timbre résonne très fort; il a passé
dans la rue, pendant tout le temps de l'incubation, des voitures et des
fardiers conduisant les matériaux du chemin de fer de grande ceinture
en construction dans nos parages. Je mets tous ces détails pour montrer
que le bruit et la trépidation ne nuisent en aucune façon à la bonne
venue des élèves quand l'appareil possède toutes les chances de réussite.
J'ai remarqué souvent que plus les oiseaux sont gros, moins ils déve-
loppent de chaleur; je réglais donc ma couveuse à 2 degrés de moins
que pour les poulets.
» Je n'ai pas de regret de cette manière d'agir, car le 25 février, ayant
mis nies œufs sur le verre de la couveuse, je constatai que 3 d'entre eux
étaient animés, et que les petits remuaient déjà dans la coquille; le
quatrième œuf était clair. Je recommençai cette opération tous les trois
ou quatre jours, et les mouvements devinrent de plus en plus accentués.
Vers le 10 mars, ou entendait parfaitement le cri des petits.
» Le 12, un des œufs était bêché, mais le jeune 'ne put sortir complè-
tement, car une membrane de chair reliait le dessus de la tète avec
l'abdomen; ce phénomène, excessivement curieux, s'était complètement
développé, malgré sa monstruosité. Je l'envoyai à M. le professeur Ca-
mille Daresie, qui le présenta, quelques jours après à une séance de
notre Société.
» Le 13, un deuxième petit Casoar commençait à bêcher l'œuf vers six
heures du soir, et sortait très vigoureux à dixheures et demie. Cinq jours
après, le 18 mars, après (34 jours d'incubation, le dernier jeune bêchait
vers huit heures du malin, et sortait complètement deux heures après.
204 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
î Ces oiseaux sont très rustiques, peu farouches, mangent dans la
main, et trottent on ne peut mieux au bout de deux à trois jours.
» Mal<^ré ce qui a été dit, les poussins bêclient eux-mêmes la coquille,
absolument comme les Pintades; les parents ne doivent nullement les
aidera sortir; ils font même cette besogne avec beaucoup de facilité.
» Les œufs se trouvent bêchés, comme je vous l'ai dit, au commence-
ment de la chambre à air, qu'ils percent avant, et non à l'extrémité
comme on me l'avait affirmé. Cette chambre à air se trouve très petite,
el les œufs mis dans l'eau la veille d^ l'incubation, ne dépassaient le
niveau que de 1 centimètre.
» Je crois, du reste, que c'est la première fois que des Casoars éclo-
sent dans une couveuse, dans laquelle ils restent depuis le commence-
ment de l'incubation, c'est-à-dire de cinquante-huit à soixante-quatre
jours.
» J'ajouterai que mes charmants élèves vivent parfaitement; ils ont
une éleveuse artificielle avec parc de gazon; ils rentrent d'eux-mêmes
chercher la chaleur. Je les nourris avec de la pâtée composée d'œufs
durs avec coquille, pain rassi, salade et cœur de bœuf, le tout haché un
peu gros.
» Les premiers jours, je leur donnai des vers de terre, dont ils étaient
très friands; mais j'ai dû renoncer à cet aliment qui était trop laxatif.
» Ils ne boivent que vers le sixième jour.
» La croissance de ces animaux est prodigieuse. Aimant, du reste,
beaucoup à me rendre compte des choses, je pesai ces Casoars à leur
naissance; leur poids était, le premier jour, de 320 grammes chaque;
7 jours après, de 530 grammes; 7 jours plus tard, de 835 grammes ;
et encore, 7 jours après, de 1180 grammes.
» L'augmentation du poids était donc, le premier jour, de 15 à 16
grammes; cette augmentation est maintenant de 45 à 50 grammes par
jour. La consommation de nourriture, qui était d'environ 100 grammes
les premiers jours, par oiseau, est maintenant de 270 à 300 grammes.
)) Vers l'âge de 15 jours, l'aîné était devenu triste et ne mangeait
plus. Je lui administrai alors 1 gramme d'aloès et de semen-contra : la
santé et l'appétit lui revinrent, six heures après.
ï Ces animaux dorment les pattes repliées sous le corps, le cou tendu
et le bec perpendiculaire au sol. J'ai suspendu, dans l'éleveuse, un fort
plumeau, sur lequel ils aiment se rouler et lisser leur duvet.
» J'espère que maintenant ces animaux continueront à bien venir et
je vous tiendrai, du reste, au courant de leurs faits et gestes, si toutefois
cela peut vous intéresser.
ï Recevez, Monsieur, etc.
» A. BOUCHEREAUX. ))
FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 205
Reprodtictiou du Saiiiuon de Californie,
à raquariiini du Trocadéi'o.
Le 25 octobre i878, raquarium du Trocadéro recevait de la Société
nationale d'Acclimatation un millier d'oeufs de Saumon de Californie
(Oncorhijnchus quinnat), provenant d'un envoi fait par M. Spencer
F. Baird, commissaire des pêcheries des États-Unis. Ces œufs ne tardè-
rent pas à éclore. Les alevins étaient très vigoureux et leur développe-
ment fut assez rapide.
Abondamment nourris de chair de poisson blanc hachée, les jeunes
Saumons atteignirent, en l'espace d'une année, un poids moyen de
250 grammes. Ils supportaient parfaitement leur élevage en stabula-
tion, et les pertes étaient relativement insignifiantes.
Deux ans plus tard, les saumoneaux étaient devenus de très beaux
poissons. Quelques-uns pesaient jusqu'à ^kilogrammes. En octobre 1881,
plusieurs sujets donnaient des signes évidents de frai. Des fécondations
artificielles furent essayées; mais les œufs récoltés paraissaient mal dé-
veloppés et ne donnèrent aucun résultat. ,
L'année suivante, 1882, au mois d'octobre également, le désir de
frayer se manifesta de nouveau chez ces poissons, et, le 2i octobre, plu-
sieurs femelles donnaient environ 1500 œufs, que l'on essayait de féconder
avec de la laitance de Truite, faute de Saumons mâles mûrs à point.
L'opération ne réussit pas. Mais, peu de jours après, les sujets des deux
sexes étaient en plein frai, et l'on pouvait récolter et féconder, en
l'espace de cinq semaines, près de 30 000 œufs.
Malheureusement, le manque d'un nombre suffisant d'appareils d'éclo-
sion nécessita l'entassement des œufs pendant quelques jours dans un
espace beaucoup trop restreint. En outre, des travaux de réparation dans
les conduites d'eau qui alimentent l'aquarium ne permirent, pendant
quelque temps, que l'emploi d'eau non filtrée.
Environ 1500 alevins très vigoureux ont pu toutefois être obtenus et
sont actuellement en parfait état. Ils suffisent pour démontrer la possi-
bilité d'élever et de faire reproduire le Saumon de Californie dans des
conditions de captivité tout à fait exceptionnelles. Le fait semble d'autant
plus intéressant qu'il s'agit d'une espèce étrangère, essentiellement mi-
gratrice, qui s'est ainsi pliée, à la fois, à un nouveau climat et à un
changement complet dans les habitudes. L'acquisition de cette espèce
paraît donc facilement réalisable, et elle serait particulièrement utile au
point de vue de l'empoissonnement des cours d'eau tributaires de la
Méditerranée.
Raveret-Wattel et Bartet.
(Extrait en partie des comptes rendus des séances de l'Académie des
sciences.)
V. BIBLIOGRAPHIE
I
De raction du froid t^iir les végétaux pendant l'hiver 1879-1880,
par M. Charles Baltet, liorliculteur à Troyes. 1 vol. in-8°, 340 pages.
G. Masson, libraire, 120, boulevard Saint-Germain, 1882.
Quelle a été la cause première des grands froids de l'hiver 1879-80,
qui ont occasionné tant de désastres sur les végétaux? Il semble qu'il
faut l'attribuer à la persistance des vents du nord, du nord-est et de l'est,
en septembre, octobre, novembre, et même jusqu'au 26 décembre, ainsi
qu'à la tempête des 3, 4 et 5 décembre, pendant laquelle le vent du
nord-est se fit sentir avec une si grande violence. De plus, l'effet désas-
treux ^de ces vents fut augmenté par le rayonnement nocturne produit
par la pureté constante du ciel.
Sans doute, il n'est pas donné à l'homme d'empêcher le retour de telles
catastro[)bes; mais la science pourra peut-être un jour en atténuer les
eflets au moyen de mesures préventives, lorsque des réseaux électriques
enserreront le monde et que le signal précurseur sera donné avec une
rapidité de 45 000 lieues à la seconde, alors que les vents les plus violents
n'ont qu'une vitesse de 36 lieues à l'heure.
Quoi qu'il en soit, il est du plus grand intérêt d'étudier les conséquences
d'un froid excessif et persistant sur chacune des essences végétales de
notre pays, et plus spécialement encore sur celles nouvellement intro-
duites. Il y a dans cette enquête des données bien précieuses à recueillir,
n on seulement sur la force de résistance de chaque plante, mais encore
sur l'aptitude des différentes espèces à se plier aux conditions atmosphé-
riques de leur patrie adoptive.
M. Baltet a étudié, avec autant de zèle que d'exactitude, les effets de la
durée et de la persistance du froid sur les végétaux dans les diverses
régions de la France, et plus particulièrement dans le département de
l'Aube-, la rigueur du froid d'après l'altitude et le sol; le rôle de la
n eige pendant la gelée ; l'action du soleil sur les végétaux gelés, la dété-
rioration de leurs tissus; les effets de la gelée sur les pépinières, les
jardins, les parcs, les plantations routières, les bois, les forêts, les
plantations fruitières et la vigne. Mais la partie la plus intéressante de
son travail consiste dans une nomenclature par ordre alphabétique de
tous les arbres et arbustes naturalisés en France, indiquant ceux qui
ont été détruits et ceux qui ont été fatigués ou épargnés. Chaque végétal
fait l'objet d'une notice distincte, indiquant la famille botanique, le pays
d'origine, les habitudes et l'indication précise de la manière dont chacun
s'est comporté sous l'action du froid.
BIBLIOGRAPHIE. 207
Le mémoire de notre habile confrère a été couronné par la Société
nationale d'Acclimatation et par la Société nationale d'Agriculture (1).
E,B Chasse (Lois usuelles annotées), par Ad. Giraudeau, J.-M. Lelièvre
et G. Soudée; un volume petit in-S", 434 pages, ^^ édition, augmentée
et mise au courant de la jurisprudence. Larose et Forcel, 22, rue Soufflet,
1882.
Nous avons à signaler à nos lecteurs un nouveau commentaire de la
loi du 3 mai 1844. Les auteurs ont suivi pas à pas le texte des disposi-
tions législatives, en indiquant, à la suite de chaque article, les opinions
de la doctrine et les décisions judiciaires intervenues sur les nombreuses
questions que soulève la police de la chasse. Ces analyses sont succinctes
et précises; les discussions sont «brèves et judicieuses.
Spécialement en ce qui concerne la section 1" de la loi, relative à
l'exercice du droit de chasse, le commentaire étudie successivement la
nature de ce droit, sa cession et sa location; qui peut chasser et à qui
cette faculté appartient ; les faits qui constituent ou ne constituent pas
la chasse ; les conditions requises pour l'exercice de ce droit; la chasse
sur les propriétés de l'État, des communes et des établissements publics,
ainsi que sur les routes traversant les bois et les forêts, ou dans les ter-
rains clos ; l'ouverture et la clôture de la chasse ; la vente et le colportage
du gibier en temps prohibé, sa saisie et sa recherche pendant la même
période; les permis de chasse et les personnes à qui le permis peut ou
doit être refusé; les modes de chasse autorisés ou défendus; les attri-
butions des préfets, le droit naturel de repousser et de détruire les bêtes
fauves, etc.
Nous ne saurions évidemment entrer dans l'analyse d'un commentaire
de loi; mais on lira avec profit, dans le chapitre dont nous venons
d'indiquer les principales divisions, la partie qui se rattache à la nature
du droit de chasse. Nous croyons, avec les auteurs, que ce droit constitue
une servitude personnelle et non une servitude réelle. Nous pensons,
dès lors, que la concession ne peut en être faite valablement à perpétuité,
à titre onéreux ou gratuit, soit au profit d'une personne désignée et ses
héritiers, soit au profit des propriétaires d'un fonds. Les commentateurs
reconnaissent également avec raison qu'en matière de mutation par
décès, le montant d'un bail de chasse doit être compris dans le revenu
déclaré pour la perception du droit (Gass., 7 avril 1868; Dalloz, 1868,
J, 259), et cette proposition, ainsi formulée, est [absolument exacte:
mais nous ferons observer que s'il n'y avait pas de bail, et si le proprié-
taire avait conservé pour lui la faculté de poursuivre le gibier sur ses
terres, le droit de chasse ne saurait être considéré comme un fruit
(l) Soc. d'Acclim., 26 mai 1882 Grande médaille d'argent à l'effigie d'Isidore
Ceoffroy Saint-Hilaire. — Soc. d'Agric, 7 août 1882, médaille d'or.
208 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
susceptible d'être déclaré. C'est un point que l'arrêt cité a parfaitement
reconnu, et qui sert à bien préciser la nature de ce droit, — attribut
inhérent à la qualité même de propriétaire.
L'explication de la loi de 1844 est suivie d'une étude approfondie sur
la léo-islation et la jurisprudence concernant l'institution de la Louveterie,
le droit sur le gibier, la responsabilité des chasseurs et des propriétaires
des bois, ainsi que les gardes particuliers. Elle est accompagnée du
formulaire des quelques actes, demandes ou procès-verbaux que l'on
peut être appelé à rédiger en matière de chasse.
Aimé Dufort.
II. — Publications nouvelles
Culture de la vigne en Cbaintres par A. Vias, instituteur à
Chissay (Loir-et-Cher), 4= édition. In-8», 111 p. et portrait. Mesnil,
imp. Firmin-Didot. Paris, lib. agricole de la Maison rustique.
i,a question du vinage et les vins artificiels en 1882 par H. Mes-
sine, négociant, juge au tribunal de commerce de iMontpellier. In-8»,
36 p. Montpellier, imp. Grollier et fils.
i^'art et la science en agriculture, amélioration des races d'ani-
maux domestiques par le marquis de Virieu, président de la Société
d'agriculture de la Tour du Pin. In-12, 48 p. Lyon, imp. Albert.
Des chiens anglais de chasse et de tir et de leur dressage à la
portée de tous; setters, pointers, retrievers, cockers, etc., par Paul
Gaillard. Préface du mar((uis de Cherville. In-18 jésus. xxiv-273 p.
Mesnil, imp. Firmin-Didot. Paris, lib. Firmin-Didot et C'e.
Précis pratique de l'élevage du porc (Races, engraissement, pro-
duits, porcheries, maladies), par A. Gobin, professeur de zootechnie,
de zoologie el d'agriculture. In-I8 jésus, 309 p. avec 50 fig. Paris,
imp. Pion et C'e ; lib. Lebroc et G'». 3 fr. 50.
lies plantes fourragères, par Gustave Heuzé, inspecteur général de
l'agriculture, 4'^ édition, t. I : les plantes à racines et à tubercules. Li-18
jésus, xiv-359 p. avec 89 fig. Mesnil, imp. Firmin-Didot; Paris, lib.
agricole de la Maison rustique. 3 fr. 50.
Compte rendu des opérations de la condition des soies de Lyon
pendant l'année 1881, par A. Perret, directeur. In-S", 20 p. avec
tableaux. Lyon, imp. Pilral aîné.
Le gérant : Jules Grisard.
Imprimeries réunies, A, lue Mignon, 2, Pari:
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE
RAPPORT PRÉSENTÉ A LA PREMIÈRE SECTION
Par M. J. GitUTIER.
Messieurs,
Je viens, selon le désir exprimé par la l'« section dans sa
dernière séance, vous rendre compte des réponses faites au
questionnaire adressé par la Société d'Acclimatation au sujet
de la Chèvre.
Il a été, comme je le craignais, impossible d'étudier la
question d'une façon complète dans un espace de temps aussi
court que celui qui m'a été laissé. En effet, les réponses de-
mandées pour le 10 avril continuent à arriver encore à
l'heure actuelle et de plus doivent être reprises une à une
dans les bureaux pour établir leur origine, par suite de la
mauvaise rédaction de la première question.
Le travail que je vous présente aujourd'hui est donc non
pas une étude dans le sens du vœu exprimé par M. le mar-
quis de Pruns, mais seulement le très long résumé de toute
la correspondance échangée à son sujet.
Le nombre des réponses au questionnaire, défalcation faite
de quelques anonymes, par conséquent de nulle valeur, a été
de 136. Un certain nombre d'entre elles contiennent des
observations intéressantes; enfin il nous est également par-
venu quelques lettres dont nous vous rendrons compte.
Un seul questionnaire nous a été retourné de l'étranger :
d'Espagne. Les départements qui ont répondu à notre appel,
au comptant l'Algérie, sont au nombre de 03 et ils ont ré-
pondu dans la proportion suivante : Algérie, 1 ; Ain, i ;
Aisne, 1; Allier, 1; Alpes - Maritimes , 3; Ardennes, 2;
Ariège, 2; Aude, 1 ; Aveyron, 3; Basses-Alpes, 2; Calvados, 2;
3* SÉRIE, T. X. — Avril 188a, 14
210 SOGllÎTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Canlal, 1 ; Charente, 3; Charente-Inférieure, 2; Cher 3;
Côles-dii-Nord, 1 ; Creuse, 1 ; Deux-Sèvres, 5; Dordogne, 3;
Eure, 1 ; Gard, "i ; Ilaute-Loire, 1 ; llaule-Saône, 1 ; Haute-
Marne, l ; Ilaule-Savoie, 1 ; Haule-Vienne, 1 ; Hérault, 1 ;
Indre, 2; Indre-et-Loire, 5; Ille-ct-Vilaine, 3; Isère, 2;
Landes, l ; Loi'-et-Cher, 1 ; Loire-Inférieure, 5 ; Lot, 2 ;
Lot-et-Garonne, 1 ; Lozère, 1 ; Manche, 1 ; Maine-et-Loire, 3;
Marne, 3; Mayenne, I ; Meuse, 2 ; Morbihan, l ; Nord, 0;
Oise, I 7 Pas-de-Calais, 4; Pyrénées-Orientales, 2; Puy-de-
Dome, 5; Saône-et-Loire, 1 ; Sarthe, 3; Savoie, 2; Seine-
Inférieure, 3; Seine-et-Marne, 2; Seine-et-Oise, 1; Somme, 2;
Tarn, i ; Yaucluse, i ; Vendée, 3; Vienne, 8; Vosges, 2;
Yonne, 1.
Enfin un questionnaire nous a été retourné d'Alsace : nous
n'avons pu, hélas! le classer parmi ceux qui nous sont reve-
nus des départements français, mais nous n'avons pu nous
résoudre non plus à le classer comme venant de l'étranger.
A la l" question « Y a-t-il des Chèvres dans votre départe-
ment ? » tous nos correspondants ont répondu d'une fagon
affirmative; mais à la seconde question «Sont-elles nom-
breuses? » les réponses ont cessé d'être nettes : « assez nom-
breuses » et « pas très nombreuses » sont les locutions les
plus employées, et il faut reconnaître qu'elles sont fort élas-
tiques. Bien plus, quand plusieurs correspondants nous écri-
vent du même département, les réponses sont contradic-
toires : ce qui s'explique par ce fait qu'ils habitent évidemment
dans des arrondissement différents, arrondissements qui nous
sont inconnus; dans celte situation il est impossible de donner
un résumé, môme succinct, des réponses faites à la deuxième
question.
La 3° et la 4* question n'en font qu'une pour ainsi dire :
« Y a-t-il une race particulière, et est-ce une race du pays? >>
A cette question nos correspondants ont répondu n 'g.itive-
ment pour le plus gr.ind nombre el il paraît ressorlii- de ce
qui nous est écrit qu'à l'exception de l'Algérie, où l'on trouve
pures la race arabe et la race maltaise ; du déparlement du
Nord, où l'on trouve à Lille un troupeau de Chèvres du Thi-
."'"■ ENQUÊTE SUR LA CHÈVEE. 211
bel, admis au concours régional de 1879; des Pyrénées-
Orientales, où l'on trouve la Chèvre roussi llonnaise, noire avec
le dessous du ventre presque blanc ; enfin des Vosges, où, nou&
dit-on, il existe une race naine du pays, il n'existe pas en
France de race de pays bien fixée. 11 serait seulement permis
de conclure des renseignements qui nous sont envoyés que
dans certains déparlements les Chèvres proviennent de telle
ou telle ancienne race que l'on nous désigne comme race des
Alpes, race d'Auvergne, race du Vivarais, race des Pyrénées,
race poitevine ou limousine, sans que les individus dont il
s'agit soient purs.
Telle n'est pas cependant la réalité des choses et il existe
certainement en France des races bien fixées et détermi-
nées.
La cinquième question « Description de la Chèvre » a donné
lieu aux réponses les plus variées. Par cela même qu'il n'exis-
tait pas de race bien caractérisée dans la plupart des lieux
habiles par nos correspondants, le pelage de la Chèvre affecte
toutes les couleurs depuis le blanc jusqu'au noir en passant par
le roux, le fauve et le gris. Il est à remarquer seulement que
la couleur blanche semble partout préférée à cause de celte
croyance que le lait des Chèvres blanches est d'un goût plus
délicat. Le poil varie de longueur comme de couleur ; il sem-
ble être en général de 4 à 6 centimètres. Toutefois dans les
Côtes-du-Nord on nous cite le chiffre de 15 centimètres, de
16 dans la Dordogne, de 10 à 12 dans l'IIle-et-Vilaine, et
noUe correspondant de la Meuse nous écrit que les Chèvres
du pays onl le poil long el dur, ayant à sa base un duvet fin,
soyeux et très court.
^nEn ce qui concerne la taille, elle varie de 60 à 80 centimè-
tres. Nous signalerons seulement le chiffre de 50 centimètres
qui nous est envoyé de la Meuse et du Tarn.
il ressort des réponses faites à la 6' question relative aux
cornes, que partout en France on trouve à côté l'une de l'au-
Ire la Chèvre avecxornes et la Chèvre sans cornes, mais dans
des proportions différentes. C'est ainsi que les Chèvres à
cornes existent en grand nombre dans le Cantal, le Cher, la
212 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
Dordogne,laHaule-Marne, la Savoie et le Tarn, tandis que les
Chèvres sans cornes sont de beaucoup les plus nombreuses
dans la Haute-Loire, la Mayenne, la Meuse, le Nord, l'Oise,
le Pas-de-Calais, les Pyrénées-Orientales, la Sarthe et la
Vienne. Il convient d'ajouter que les Chèvres sans cornes
jouissent d'une faveur plus grande que leurs sœurs, non seu-
lement parce qu'avec elles les chances d'accident sont moin-
dres, mais encore parce que, à tort ou à raison, leur lait passe
pour être plus abondant et de meilleure qualité.
La septième question est ainsi conçue : « Comment sont
réparties les Chèvres du département? est-ce par troupeaux
ou par individus isolés? »
Les départements où les chèvres se trouvent réparties par
troupeaux sont fort peu nombreux. Nous trouvons d'abord
l'Algérie, où dans le Sud on rencontre des troupeaux considé-
rables de plus de 1000 têtes de race arabe et des petits trou-
peaux de 15 à 20 têtes de race maltaise aux environs des
villes.
Nous trouvons ensuite les Landes, les Basses-Alpes, les Pyré-
nées-Orientales, la Savoie et le Puy-de-Dôme, départements où
les propriétaires de quelques Chèvres les réunissent pour for-
mer des troupeaux gardés par chacun d'eux à leur tour. Les
autres départements possèdent bien quelques troupeaux, mais
exceptionnellement, si l'on peut s'exprimer de la sorte. C'est
ainsi que dans la Charente il n'en existe qu'aux environs de
Ruffec et dans l'Aveyron sur les parties montagneuses ; dans
le Cantal on en trouve seulement dans les pays de bois, et
dans l'Allier seulement à l'établissement du docteur Boudard.
Dans d'autres départements les troupeaux ne sont que de
passage : ainsi dans le Tarn, dans le Nord et dans laDordogne
où ils viennent conduits par des bergers basques. Partout
ailleurs les Chèvres se rencontrent par individus isolés. Sans
doute quelques propriétaires en possèdent plusieurs, qu'ils
envoient en général pâturer avec les moutons, mais il n'y a
pas à proprement parler de vrais troupeaux.
Le nombre des chevreaux misbas (8' question) est générale-
ment de 2. Toutefois il paraît, d'après nos correspondants,
ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE. 213
que le nombre 3 est souvent atteint. Signalons enfin les re-
marques de nos correspondants de la Sarthe, de la Vienne et
de la Vendée, qui nous disent que ce nombre s'élève ex-
ceptionnellement à 4 et même 5 Chevreaux, dans une seule
portée.
(9% 10' et 12' questions.) La durée de la lactation comme
toutes les dernières questions ont donné lieu aux réponses les
plus diverses et les plus contradictoires : ce qui est fort natu-
rel, puisque les chiffres donnés sont ceux des localités habi-
tés par nos correspondants. Il faudrait les citer ici un à un,
ce qui est évidemment impossible. Tout ce que peut faire le
rapporteur, c'est de vous dire que cette durée varie générale-
ment entre quatre et huit mois. Le chiffre de neuf à dix mois
est exceptionnel et nous est signalé dans les Ardennes, les
Deux-Sèvres, l'Indre-et-Loire, l'Isère, le Loir-et-Cher, la
Loire-Inférieure, la Lozère, les Pyrénées-Orientales, la
Saône-et-Loire, la Sarthe, la Vienne. Enfin notre correspon-
dant de Vaucluse nous écrit que la durée de la lactation est
parfois de deux ans.
Le chiffre de litres de lait donné journellement par une
chèvre n'est pas moins variable. Il est de 2 à 5 dans
presque tous les départements, le plus souvent de 2 ou
3. Certains de nos correspondants nous accusent cepen-
dant des chiffres plus élevés. Aussi dans l'Ariège le rendement
serait de 4 à 5 litres ; dans l'Ille-et-Vilaine, de 5 à 6 ; dans le
Lot, de 6 à 8 ; dans le Morbihan, de 4 à 5 ; dans la Sarthe, de
5 à 6 ; dans la Seine-Inférieure, de 5; dans la Somme, de 4
à 5; dans, l'Yonne de 6.
i : Le lait sert le plus souvent à la fabrication de fromages ;
parfois il est vendu pour les enfants ou les malades; dans ce
cas sou prix varie entre 10 et 30 centimes, mais le prix de 20
ou 25 centimes est celui qui nous a été généralement indiqué.
Dans deux départements seulement, l'Ille-et-Vilaine et l'Isère,
on nous a signalé son emploi pour la fabrication du beurre.
Dans les Alpes-Maritimes, le litre vaudrait 40 centimes ; dans
la Charente, 50 centimes; dans la Savoie, 40 centimes; dans la
Vienne, 40 centimes.
214 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
En ce qui concerne la viande de Chèvre, nous ne parlons pas
en effet ici de la viande de Chevreau, partout fort estimée, elle
«stlout à fait dédaignée dans les départements suivants: Allier,
Ardennes, Arièg.e, Basses-Alpes, Charente, Charente-Infé-
rieure, Deux-Sèvres, Haute-Saône, Ilaute-Marne , Haute-
Vienne, Hérault, Isère, Oise et Pas-de-Calais : elle est peu es-
timée dans l'Ain, le Calvados, la Creuse, la Loire-Inférieure et
le Puy-de-Dôme. Dans tous les autres départements elle paraît
être employée à l'alimentation et parfois même aussi recher-
chée que celle du mouton ; par exemple dans les Alpes-Mari-
times où son prix est de 1 fr. 40 le kilogramme, dans l'Isère où
son prix est de i fr. 20; dans le Loir-et-Cher, dans le Cantal,
dans les Pyrénées-Orientales, à peu près partout le prix du ki-
logramme est de 80 centimes, sauf dans la Sarthe, où, d'après
notre correspondant, il ne serait que de 20 centimes. Enfin
disons que dans certains déparlements la viande de Chèvre
■ est salée et même fumée, notamment dans la Haute-Loire, le
Loiret, la Lozère, la Haute-Savoie.
Il est assez difficile de résumer ce qui nous a été répondu,
louchant le prix de la peau ; en effet, un certain nombre de
1 nos correspondants ont cru qu'il s'agissait de la peau du
- Chevreau, d'autres de la peau de lu Chèvre, enfin le plus grand
nombre s'est borné à mettre un chiffre en regard de la ques-
tion, posée incomplètement du reste, sans dire s'il s'agit de
, ]a peau de Chèvre ou de la peau de Chevreau. Disons cependant
que ces chiffres varient de 1 à 5 francs et que les chiffres 2, 3
. et 4 sont les plus fréquents. Par exception nos correspondants
nous signalent 5 pour le Morbihan, 5 à 0 pour la Haute-
Savoie, 6 à 10 pour le Loir-et-Cher, 5 pour Saône-et-Loire et
la Savoie. Cette peau est d'ailleurs employée à des usages di-
vers selon les départements : c'est ainsi que nous en voyons
: faire des outres dans l'Aveyron, la Lozère et le Tarn, des
descentes de lit et des couvertures de harnais de chevaux
dans la Meuse, des vêtements en Seine-et-Oise, etc., etc.
Il ressort des réponses faites à la 11^ question « Comment
nourrit-on les Chèvres ? » que dans les pays de montagnes seu-
'. lement on les laisse vagabonder et que partout ailleurs on ne
ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE. 215
les nourrit à la crèche que pendant la mauvaise saison: pen-
dant la belle saison on les fait pâturer soit en les laissant aller
avec les troupeaux de moutons, soit en les faisant paître atta-
chées à un piquet. Par exception elles semblent toujours
vagabonder dans l'Ille-et-Yilaine et les Landes, tandis qu'au
Mont-d'Or on suit exclusivement le système de la stabulation.
La 13" et la 14' question ont trait aux prix moyens de la
Chèvre adulte et du Chevreau. Ici encore un résumé est très
difficile à faire et il faudrait citer pour ainsi dire touts les
chiffres qui nous sont envoyés. Disons pourtant que le chiffre
le plus fréquent pour la Chèvre adulte est 25 francs, et que
le prix varie entre 20 et 40 francs pour le plus grand nombre
des départements. Les chiffres les plus bas sont 10 à 20 pour
le départctement de l'Ain, 15 à 20 pour l'Allier, 10 à 15 pour
la Charente-Inférieure, 12 à 15 pour les Côtes-du-Nord, 10 à
20 pour l'Eure, 15 pour les Landes et le Pas-de-Calais, 12 à
16 pour les Pyrénées-Orientales, 9 à 8 pour la Seine-Infé-
rieure, 12 à 16 pour la Somme, et 10 à 14 pour la Vendée.
Les chiffres les plus élevés sont 50 francs pour l'Aude et la
Dordogne, 40 à 50 pour la Sari lie, 50 à 80 pour l'Yonne.
Pour les Chevreaux le prix est de 4 à 7 francs presque par-
tout, le plus ordinairement 5. H s'élève par exception de 8 à
1) francs dans le Tarn, de 7 à 8 dans la Vienne, de12 à 15 dans
les Alpes-Maritimes, de10à15dans les Ardennes etl'Ariège,
de 8 à 12 dans la Charente.
En ce qui concerne la 15' et dernière question nous n'avons
rien à dire. La question n'a pas été clairement posée. Elle est
ainsi conçue: « Que rapporte une Chèvre en moyenne? » Or
de quel rapport s'agit-il? Est-ce du rapport d'un jour ou du
rapport d'une année? Est-ce du rapport brut ou du rapport
net? Est-ce du rapport en lait ou du rapport total? ^'os cor-
respondants ont compris les uns d'une façon, les autres d'une
autre, un très grand nombre s'est abstenu de répondre.
Nous avons, Messieurs, à vous rendre compte maintenant
des deux questionnaires qui nous ont été retournés, l'un
(l'Espagne, l'autre d'Alsace.
Notre correspondant d'Espagne, M. Poileux, nous écrit
216 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
que les Chèvres sont très nombreuses dans ce pays, où il ne se
trouve que peu de vaches laitières si ce n'est aux environs des
grandes villes. Les Chèvres maltaises se rencontrent en liberté
et isolées dans le Sud seulement, car les montagnes du Nord
sont trop froides pour elles : elles sont en effet d'une nature
délicate bien que donnant plus de produits que la Chèvre du
pays.
Dans l'Andalousie il est d'habitude de donner en cheptel
des troupeaux variant de 100 à 1000 têtes. Le cheptelier paye
tous les frais et ne doit au propriétaire du troupeau que le
Chevreau ou sa représentation en argent ; la perte par morta-
lité est partagée entre les deux parties contractantes.
La couleur est grise pour les Chèvres maltaises et la taille
60 à 80 centimètres. Elle est fauve pour les races du pays, dont
le poil plus court ne mesure que de 5 à 8 centimètres au lieu
de iO à 15. Les Chèvres maltaises n'ont pas de cornes; au
contraire celles du pays ont de longues cornes.
La Chèvre du pays donne par portée un petit , rarement
deux; la race maltaise au contraire en donne généralement
deux. La quantité de lait donnée pendant 4- à 5 mois est de 3
litres environ pour la race du pays et de 6 litres pour la race
maltaise, et le litre vaut de iO à 15 centimes.
La peau des premières vaut 2 fr. 50, celle des secondes de
3 fr. 50 à -4 francs. Aussi le prix moyen d'une Chèvre du pays
n'est-il que de 12 fr. 50, alors que celui d'une Chèvre mal-
taise atteint de 25 à 30 francs.
Quant au Chevreau, il vaut de 3 à 5 francs, la peau comprise.
Enfin notre correspondant d'Alsace, M. Nardin, nous écrit
qu'il y a dans la vallée des Vosges un assez grand nombre de
Chèvres appartenant à diverses races, le plus souvent d'un pe-
lage noir et blanc, ayant pour la plupart de longues cornes.
Ces Chèvres donnentun ou deux Chevreaux, rarement trois, et
fournissent en moyenne 3 litres de lait par jour pendant quatre
mois. Ce lait se vend 20 centimes le litre. La peau vaut 75 cen-
times à 1 franc, et les propriétaires consomment eux-mêmes
la viande : ils augmentent le rendement du lait en nourrissant
la Chèvre avec les eaux grasses du ménage, auxquelles on
ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE. 217
ajoute de la farine noire, du son ou des débris de légumes, La
Chèvre adulte vaut 30 francs environ et le chevreau 3 francs
au maximum.
Le rendement moyen d'une Chèvre est de 100 francs, si on
la garde moitié du temps à l'écurie.
Nous arrivons, Messieurs, aux observations qui ont été
faites par nos correspondants. Disons d'abord que le but même
que se propose la Société d'Acclimatation, l'admission de la
race caprine dans les concours régionaux et par suite son
amélioration, a été assez vivement critiqué. Là où le terrain est
riche et divisé la Chèvre n'appartient qu'aux pauvres gens et
vit évidemment aux dépens de ceux qui possèdent. Là encore
où l'industrie beurrière est en pleine activité, l'espèce bovine
seule est en honneur. Partout enfin, dans une mesure qui
varie avec les productions du sol, la Chèvre cause des dégâts
et c'est ainsi qu'il est d'usage dans les baux d'interdire aux
fermiers d'avoir des Chèvres, dans plusieurs départements, par
exemple le Cher, la Vienne et les Deux-Sèvres. Doit-on cepen-
dant en conclure qu'il n'y ait pas lieu d'améliorer l'espèce
caprine ? Nous ne le pensons pas. De ce que l'élevage de la
Chèvre n'a pas de raison d'être dans certains départements,
il ne s'ensuit pas qu'il ne présente pas des avantages consi-
dérables dans d'autres et la question de dommage est absolu-
ment distincte de celle de l'amélioration de la race.
Parmi les observations intéressantes qui nous ont été faites
nous avons à vous signaler les suivantes : dans certains dé-
partements, le Loiret, le Lot, le Maine-et-Loire, le Nord, le
Pas-de-Calais, la Seine-Inférieure, le Tarn et la Vendée, il est
d'usage de conserver un Bouc dans les étables. 11 est destiné
à chasser le mauvais air et à garantir les troupeaux des épi-
démies.
Notre correspondant du Cantal nous signale une Chèvre
bonne laitière sans avoir jamais porté. On l'a trait pendant
un certain temps trois et quatre fois par jour et elle a fini par
donner un lait un peu moins abondant que celui d'une Chèvre
en rapport, mais très supérieur comme goût.
Notre correspondant de l'Aude nous apprend qu'un pro-
218 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
priétaire de ce département possède un troupeau d'environ
100 têtes de Chèvres d'Angora.
Un de nos correspondants du Nord nous signale un trou-
peau de Chèvres du Thibet dans ce département et nous dit
que cette Chèvre a figuré à Lille dans le concours régional
de 1879.
Dans l'Isère, les Chèvres sont, paraît-il, tout à fait dégéné-
rées, à tel point qu'il est difficile de trouver un Bquc et l'on
nous écrit que le perfectionnent de la race rendrait un grand
service aux habitants des coteaux.
Notre correspondant de Gien nous dit que, dans le Loiret,"
on a souvent une Chèvre nourrice pour les veaux. Il nous cite
une Chèvre grasse dont on retiré 50 chandelles blanches et
bonnes.
Notre correspondant de la Haute-Loire estime que la
Chèvre du Thibet s'acclimaterait bien dans le département.
Plusieurs personnes ont tenté l'expérience et cette expérience
a réussi.
Il ne nous reste plus, Messieurs, qu'à vous parler brièvement
des lettres qui nous ont été adressées. Nous voudrions pou-
voir en donner ici des extraits, qui seraient certainement fort
intéressants, mais l'étendue de ce travail , déjà fort long, nous
l'interdit. Nous nous bornerons à citer celles de M. le marquis
de Pruns. pleine de détails intéressants, celle de M. de Con-
fevron, qui signale l'utilité de la Chèvre au point de vue de
l'allaitement des nouveau-nés, de M. Rodiez (de Briare), qui
nous donne des renseignements sur la viande de Chèvre, de
M. delaRochebrochar (Deux-Sèvres), qui énumère les inconvé-
nients de l'espèce caprine, de M. Ferté (Aisne), qui nous signale
le fait d'une Chèvre élevée chez lui et ayant atteint le poids
énorme de 84 livres, de M. Vincendon-Dumoulin, de MM. les
sous-préfets d'Uzès, de Nogent-le-Rotrou, de Pont-Audemer.
Nous avons également à signaler à votre attention une
lettre de M'"' Muller(de Blois), qui nous écrit qu'en 1872 elle a
fait l'acquisition d'une Chèvre, qui, croisée avec un Bouc du
Liban, noir brillant, a donné naissance à une véritable race,
qui malheureusement s'éteint aujourd'hui. Tous les produits
ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE. 219
élaient noirs ou couleur de chevreuil. Notre correspon-
dante ajoute qu'elle pourrait exposer, si la race caprine élait
admise dans les concours, un magnifique Bouc, issu de la race
du Thibet qu'elle possède aujourd'hui. Elle nous enseigne de
plus qu'elle a fait usage du lait de Chèvre pour l'élevage si dif-
ficile des jeunes chiens de race, et s'en est fort bien trouvée,
tous ses élèves ayant évité la maladie.
Enfin nous avons encore à citer la lettre de M. Pautier, qui
nous écrit que, dans la Dordogne, la race limousine à cornes
longues, sous poil brun de 4 centimètres environ de longueur,
s'est conservée dans certains cantons, tandis que l'on rencontre
dansles autres une Chèvre à cornes plus courtes croisée de la
race limousine avec la race du Poitou, du Béarn et d'Auvergne.
Ces dernières, qui appartiennent à des pasteurs, sont rencon-
trées par troupeaux de 25 à 30 têtes; leur poil est un peu plus
long et de couleurs diverses. Les pasteurs tiennent à ces croi-
sements, parce que les sujets sont plus faciles à élever que
ceux de races pures, dont des troupeaux entiers disparaissent
emportés par le mal du genou. Ces pasteurs font aussi quel-
ques croisements des races limousine et anglaise.
Tel est, Messieurs, le résumé aussi exact et aussi complet
que possible de la correspondance échangée au sujet de la
chèvre. En terminant, votre rapporteur croit devoir vous pro-
poser de voter les remerciements les plus vifs à nos correspon-
dants, dont l'empressement à nous répondre a hautement dé-
montré l'intérêt qu'ils portaient aux travaux de la Société
d'Acclimatation.
LE CYGNE DE BEWIGK
(CYGNUS MINOR)
Par M. Gabriel ROGERON
I
Le Cygne est le plus beau, le plus noble, le plus majestueux
des oiseaux d'eau, en même temps que le plus gracieux et le
plus séduisant; depuis les temps les plus reculés, et Léda est
là pour le dire, on est d'accord sur ce point. Malheureuse-
ment, bien qu'il soit universellement apprécié, il n'est pas
toujours possible de lui fournir un séjour, un cadre digne de
lui, un lac d'azur où, comme à Genève (1), il puisse mirer
son blanc plumage, ni même un étang, une simple pièce d'eau
assez vaste pour qu'il n'y semble pas à l'étroit, soit pour lui-
même, son état de santé, de propreté, soit surtout pour l'œil
du visiteur.
Car, bien que ce bel oiseau soit sobre et frugal, qu'il
occupe consciencieusement une partie de ses journées à
pourvoir à sa subsistance, à brouter l'herbe à terre, à sarcler
la tête sous l'eau les plantes marécageuses, il a encore besoin
d'une nourriture plus substantielle, que nécessite en assez
grande quantité sa puissante corpulence. Aussi regarde-t-on
le plus souvent à une dépense vraiment appréciable, entière-
ment de luxe, et se rabat-on, bien qu'à regret, sur de sim-
ples (Canards, mieux en harmonie d'habitude avec la capacité
soit de nos pièces d'eau, soit de notre budget des dépenses
inutiles.
Le motif donc pour lequel, en général, l'on ne fait pas au
Cygne l'accueil qui lui est dû, pour lequel il est resté l'apa-
nage à peu près exclusif des résidences princières, des jardins
et établissements publics, en un mot, ce qui l'empêche d'être
répandu comme mériterait de l'être celui que Bufîon a appelé
(1) A Genève, autour de l'île Jean-Jacques Rousseau, on entretient un cer-
tain nombre de ces oiseaux.
LE CYGNE DE BEWICK. 221
le roi des oiseaux d'eau, c'est sa forte taille. Tout en conser-
"/ant le Cygne ordinaire pour les grands espaces où on le place
d'habitude, et où d'ailleurs il fait si bien, il eût donc fallu
trouver un type plus réduit, moins encombrant, mieux appro-
prié avec les modestes pièces d'eau dont nos jardins particu-
liers sont d'ordinaire pourvus.
Eh bien, ce type plus restreint existe, et dans des condi-
tions exceptionnelles de beauté, de grâce et d'élégance. Une
seule chose étonne, c'est qu'aune époque où l'on s'est le plus
particulièrement occupé d'acclimatation, où les jardins zoo-
iogiques font venir des coins du monde les plus éloignés
Faisans, Bernaches, Canards, non seulement jusqu'à ce jour
l'on n'ait pas encore acclimaté ce magnifique palmipède, dont
le besoin comme oiseau d'ornement, dans les conditions que
j'ai indiquées, se fait si vivement sentir, mais que son nom
ne soit pas même inscrit au catalogue du Jardin d'acclimata-
tion de Paris.
Ce Cygne est le Cygne de Bewick, entièrement blanc, sauf
ses pieds d'ébène et son bec de même couleur avec la base
jaune, mais d'une blancheur tellement éclatante, qu'elle fait
paraître jaune le Cygne domestique et le Cygne sauvage ordi-
naire. A l'œil, d'un tiers moins grand seulement que ces deux
derniers , il atteint en réalité à peine la moitié de leur poids ;
il pèse 7 livres environ, tandis que le poids des autres est de
12 à 15. Ce qui le fait paraître relativement plus grand, c'est
qu'il est plus svelte, plus long de cou que le Cygne sauvage
ordinaire.
Son port à terre est beaucoup moins lourd, moins embar-
rassé que cîlui de ses congénères, et dans l'eau il possède
tout autant de grâce et de majesté. A peine du poids de l'Oie
domestique, il semble le double de taille par l'épaisseur de
son plumage et sa tournure élancée. En un mot, c*est un oiseau
splendide, d'une grande élégance, possédant toutes les qua-
lités des Cygnes blancs, les seuls vraiment beaux, je dirais
même les seuls vraiment Cygnes, et les possédant à un haut
degré, car il est plus dégagé de formes, et sa blancheur a plus
d'éclat; son plumage est en outre entièrement blanc, sans
22'2 S0CIÉT15. NATIONALE D ACCLIMATATION,
excepter même la lêle, chez le Cygne ordinaire souvent for-
tement teintée de roux. 11 mériterait donc mietixqu'aucun de
ceux de sa race le nom de Ci/gne blanc par excellence. Son
chant, hien que moins fort que celui du Cygne sauva^ie, est
doux et harmonieux; en cela il l'emporte sur le Cygne do-
mestique, dont le cri presque nul est en même temps rauque
et désagréable.
Il serait donc fort utile (!t fort intéressant d'acclimater une
espèce aussi précieuse à tous égards, et l'on y parviendrait
siîreménl en faisant venir des jeunes élevés en captivité, des
pays qu'ils habitent. Nul doute que l'on réussît auSsi bien à
les faire reproduire qu'on y est facilement parvenu pour le
Cygne sauvage, avec qui le Bewick a une gi-ande aflinité : le
Cygne sauvage étant élevé en assez grand nombre en Russie,
où on le préfère, comme oiseau de luxe et d'agrément,, à
-notre espèce domestique (l). .:;!•;;. ;'•
Mais où trouver, comment se procurer, faire venir cet oi-
seau? Pour cela, je m'en rapporterais au savant directeur de
notre Jardin zoologique d'acclimatation de Paris. Du moment
que l'importance dé l'acclimatalion de cette espèce serait re-
connue, il faudrait bien faire tous les sacriticespour y par-
venir, comme on a dû le faire déjà nombre dé fois pour d'aur
:tres races d'animaux, d'oiseaux, d'un mérite recortnu.-îojnjib
Cet oiseau doit d'ailleurs habiter en certain nombre darlg
;le noyd de l'Europe, avec le Cygne chanteur, comme ses émi-
grations assez fréquentes che^ nous (en Maine-et-Loire) dans
ces derniers hivers, semblent l'indiquer. Jusqu'alors, il est
-Vrai, sa présence n'y avait jamais été certainement constatée,
et notreMusée d'ornithologie d'Angers, un des plus riches et
iies.plùs complets de France, grâce aux soins de son habile
directeur, M. Deloche, le comptait parmi les quatre espèces
d'Europe manquant à sa collection ; mais, pendant les grands
i'roids de l'hiver 1878 à 1879, il en lut remarqué chez nous
différents passages, entre autres un couple qui séjourna quel-
que temps à peu de distance d'Angers, dans les comnmnes
s
(1) lîrème, Oiseaux, V volmiie, p. 726.
LE CYGNE DE liEWICK. ^î>S
marécageuses el riveraines de la Loire, de la Dagenière et
de Labohalle. L'un fut tué, et l'on fut assez heureux pour
briser seulement l'aile au second. Un troisième, jeune de
l'année, faisant partie d'une bande plus nombreuse, fut aussi
démonté aux Ponts-de-Cé, près Angers; il n'avait également
que l'aile cassée et eût pu facilement être conservé vivant ;
mais le chasseur, peu expert en histoire naturelle, ignorant
la valeur de sa capture, l'acheva pour en faire un maigre rôti ;
ce ne fut que plus tard seulement qu'il se désola vainement,
ayant appris le proht qu'il eût pu tirer de son oiseau vivant.
L'année suivante, pendant l'hiver exceptionnellement ri-
goureux de 1879 à 1880, cette espèce lit encore son appari-
tion dans les environs d'Angers. Un jour de marché, j'en
aperçus un à un étalage d'un marchand de gibier ; j'allai vite
prévenir notre savant directeur du Musée d'histoire naturelle,
qui put par là même combler l'un des quatre vides qui, dans
sa riche collection des oiseaux d'Europe, lui tenaient tant au
cœur. M'étant informé près du marchand de la provenance
de cet oiseau, le chasseur lui avait dit avoir tiré sur une
bande de quatre Cygnes, dont l'un avait été tué et un aulie
seulement blessé.
A mon retour chez moi, quel fut mon élonnement de trou-
ver le susdit chasseur avec son animal blessé! Celait un jeune
de l'année, encore entièrement gris de plumage, et, bien que
parvenu à sa grosseur, ayant encore conservé le piaulement
des poussins. La pauvre bête semblait peu endommagée, mais
néanmoins guère solide sur ses jambes. Cette allure molle et
peu assurée était, m'assura-t-on, le résultat de la fatigue et du
froid extrême; toute la matinée il l'avait eu dans son panier,
mais il ne doutait pas que, réchauffé un peu, il ne reprît bien
vite toute la vigueur qu'il avait encore le matin au sortir de
chez lui.
Je comprenais toute l'importance de celte acquisition ;
aussi, ne demandant pas mieux que de me laisser persuader,
le marché fut vite conclu, et je me hâtai de transporter mon
malade dans un appartement chaud, où je lui ingurgitai les
cordiaux les iJusfortitiaats, telsque bouillon, viande crue, etc.
224 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
D'abord mes soins semblèrent produire d'heureux résultats ;
mais bientôt il se remit de nouveau à chanceler sur ses jambes,
et le lendemain matin il était mort. L'ayant alors pesé et ayant
constaté que son poids était de six livres et demie, je l'en-
voyai rejoindre son compagnon d'infortune à notre Musée
d'histoire naturelle.
Ainsi, pour qu'en deux années seulement il ail été abattu,
à ma connaissance, cinq Cygnes deBewick, et cela à plusieurs
reprises différentes, dans un aussi petit rayon, il faut vrai-
ment que cet oiseau ne soit pas d'une extrême rareté dans les
contrées septentrionales de l'Europe, et il semble qu'avec les
puissants moyens que possèdent nos Sociétés d'acclimatation,
il serait fort possible de répandre cette espèce comme elle
mérite de l'être.
II
Reste à savoir si cette espèce d'un physique si séduisant
posséderait en captivité les mêmes qualités morales, la même
sociabilité que ses congénères; là-dessus je demanderai la
permission de citer ma propre expérience.
.l'ai dit que les deux premiers Bewick observés en Maine-
et-Loire l'avaient été dans les deux communes limitrophes de
la Bohalle et de la Dagenière.
C'est dans les marais de cette dernière que pendant les
grands froids de l'hiver s'abattit, fuyant les régions du Nord,
un couple de cette espèce, et vraisemblablement le mâle et la
femelle, à en juger par l'attachement témoigné par l'un d'eux
à son malheureux compagnon, lorsque celui-ci eut succombé
sous le plomb d'un chasseur de canards. Au lieu de continuer
seul sa migration vers le sud, de fuir ces contrées inhospita-
lières, où sans doute d'ailleurs ils n'avaient dû faire qu'une
simple halte pour reprendre bientôt leur vol vers des régions
plus tempérées, toute la vallée de la Loire étant couverte alors
d'une épaisse couche de neige et de glace, pendant plus d'une
semaine que dura encore cette température rigoureuse, il ne
quitta point le pays témoin de son infortune; et, quand le
LE CYGNE DE BEWICK. 225
froid eut cessé, il était encore là, errant et solitaire, tantôt
naviguant seul dans ces vastes marais'débordés, tantôt faisant
d'immenses rondonnées dans les airs. Chaque matin on le
voyait s'élever à une très grande hauteur, au moins à celle
du passage des Oies sauvages lors de leurs migrations, telle-
ment haut, m'ont rapporté les gens du pays, que son cou
mince disparaissait presque ; on n'apercevait plus guère que
sa tête en avant de son corps ; on eût dit d'ailleurs une Oie
sauvage, n'était la longueur démesurée de ce cou et ses ailes
plus arrondies à leur extrémité.
Il semblait alors qu'il était parti pour toujours vers les
régions du Nord; mais quelques heures plus tard on le voyait
arriver également dans les nues, et après avoir tournoyé
quelques instants pour descendre, il s'abattait de nouveau,
ses grandes ailes étendues, superbes à voir se replier lente-
ment, et seulement après qu'il s'était reposé. Évidemment ce
sol malheureux, où il avait perdu le plus cher compagnon de
son existence, lui tenait au cœur; il eût voulu le quitter, il
ne le pouvait pas, il y cherchait quelque chose qu'il n'y re-
trouvait plus!
On se figure combien un tel oiseau, avec ses allées et ses
venues, devait exciter de convoitises, et comme tous les chas-
seurs, si nombreux dans cette contrée marécageuse, furent
sur pied pendant près de trois semaines qu'il resta ainsi dans
le pays. Il avait des raisons pour être défiant, mais il avait
affaire à trop forte partie. Déjà manqué une première fois
près de la gare de la Bohalle, une chevrotine finit par l'at-
teindre à l'aile sur cette même commune. Cependant il
n'était que démonté, et il nageait avec une telle vigueur, que
ce fut avec une difficulté extrême que le bateau à sa pour-
suite, monté cependant par plusieurs vigoureux rameurs,
finit par le gagner de vitesse.
A quelques jours de là, son possesseur arrivait chez moi,
m'apprenant qu'il m'apportait un Cygne sauvage; il l'avait
dans sa carriole à ma porte. J'allai voir; effectivement, j'a-
perçus une tête et un inrimense cou émergeant d'un panier
recouvert, sur le dessus duquel on avait ménagé un trou. H
3« SK«iE, T. X. — Avril KSSIJ. "^ ^5
g
•226 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
était sale et en mauvais état. Cet oiseau, d'ailleurs nouvelle-
ment blessé, vivrait-il? Je possédais déjà bien assez de bêtes
de toutes sortes, pour ma tranquillité, sans y joindre en-
core calle-là. Je dois ajouter que, ne voyant pas le corps et
n'ayant nullement remarqué les différences caractéristiques
du bec, j'étais loin de me figurer avoir affaire à un Bewick. Je
congédiai donc le plus poliment qu'il me fut possible ce brave
homme, lui indiquant le directeur de notre Jardin des
plantes, et à son défaut un marchand d'oiseaux de ma con-
naissance qui pourrait peut-être le lui acheter.
Cependant à peine était-il parti que j'étais tourmenté de
regrets; un simple Cygne sauvage vivant n'est point déjà
ibier tant à dédaigner. Aussi dormis-je mal, et dès le matin
['étais au Jardin des plantes, où j'appris avec plaisir que le
directeur n'avait point non plus su profiter d'une telle oc-
casion ; de là je me rendis chez le marchand d'oiseaux, où je
retrouvai ma bête, m'estimant trop heureux de l'acheter le
triple du prix qu'on me l'eût sans doute faite la veille.
Maintenant ce noble étranger chez moi survivrait-il à ses
hlessures, et surtout au chagrin d'être devenu captif? Com-
bien, hélas ! avais-je perdu de Canards blessés dans les mêmes
conditions, n'ayant également point voulu survivre à leur
liberté! Dès le lendemain, je fus rassuré à cet égard : je m'a-
perçus qu'il avait touché, bien que discrètement, à l'écuelle
de pain mouillé servie à son intention. Mais une difficulté
se présentait : pouvais-je toujours le tenir enfermé dans la
pièce où je l'avais mis sous verrous? Car je ne suis nulle-
ment enclos; si je lâche cette bête sauvage, qui souffle et
rhérisse ses plumes à mon approche, elle va s'enfuir dans la
campagne, s'y perdre ou s'y faire prendre. Pendant plusieurs
semaines, je l'attachai donc au bord de l'eau par le pied à une
longue corde, et chaque soir, à son grand déplaisir, je reti-
.rais la corde et l'animal avec, toujours persuadé que sa der-
nière heure était venue, et poussant des cris navrants, faisant
les efforts les plus désespérés pour m'échapper. Je le prenais
-dans mes bras et l'emportais dans sa chambre.
Bientôt à sa manière d'être, à son air paisible et tranquille
LE CYGNE DE BEWICK. 227
à mon approche dans la journée (car le soir, à ma vue, la
pensée de se voir attiré de force le mettait toujours hors de
lui), je vis bien que je pourrais désormais compter sur mon
prisonnier. Un jour, je cessai donc de l'attacher; il se rendit
de lui-même à ma pièce d'eau et n'en bougea pas. Restait
une difficulté ; les chiens et les voleurs m'ont appris à être
prudent : chaque soir je renferme mes oiseaux d'eau à double
tour de clef ; mon Bewick voudrait-il se conformer à cette
étroite partie de mon règlement? Chose singulière, ce Cygne,
qui, moins d'un mois avant, en pleine liberté, ne connaissait
que sa volonté, dès ce premier soir emboîtait le pas de mes
autres palmipèdes, se rendait docilement devant nous à son
local de nuit. Et il en fut de même les jours suivants. S'il
était à terre quand on venait le chercher, il n'essayait nulle-
ment de retourner à l'eau pour nous échapper; s'il était dans
ma pièce d'eau, il suffisait de frapper quelques coups de
gaule pour l'en faire sortir aussitôt.
Néanmoins, en obéissant ainsi, il prenait très fort sur lui-
même. On voyait que la chose lui coûtait infiniment, qu'il eût
mille fois préféré coucher sur l'eau, à la belle étoile.
Aussi, lui qui passait sa journée dans l'eau ou à paître, sur
les pelouses, au bord, le soir venu cherchait-il à se dissimuler
de son mieux, et, malgré l'éclat de son plumage, il fallait le
chercher souvent assez longtemps pour le découvrir ; tantôt
on le trouvait blotti et sans mouvement derrière un arbuste,
tantôt dans l'intérieur d'une touffe de jonc, dans une petite
excavation, et il était étonnant de voir le peu de place qu'il
y tenait.
Plus d'une fois je me désolai, le croyant perdu, et j'étais
presque dessus quand je le retrouvais. Certains jours, soit
que nous devançassions un peu l'heure ordinaire, soit qu'il
eût lui-même tardé à se cacher, dès qu'il nous apercevait avec
nos gaules réglementaires, on le voyait s'aplatir, marcher à
plat ventre, se dissimuler derrière les buissons jusqu'à ce
qu'il eût rencontré une cachette favorable, et il faut dire que,
dans les cas assez rares où il était ainsi pris au dépourvu, il
semblait faire assez peu de fond de noire intelligence, et il
^S SOCIÉTÉ X\TIO>'ALE d'aCCLIHATATIO'.
se tapissait derrière un objet, qui souvent lui dissimulait à
peine la moitié du corps. Quand il se croyait bien caché
ainsi, il vous attendait avec la plus ferme confiance, et il fal-
lait être dessus pour le faire déloger. Alors seulement, voyant
qu'il était bien certainement vu, il se levait de lui-même et
prenait tranquillement le chemin de son dortoir, où jamais,
en y arrivant, il ne se trompait de compartiment. Mais c'était
seulement des personnes ayant Thabilude de le faire rentrer,
et à cette heure spéciale de la journée, qu'il se cachait ainsi ;
à tout autre moment, il ne semblait faire nulle attention à
notre présence.
Il rentra ainsi six mois environ avec une extrême docilité ;
après quoi, comme les serviteurs qui, au bout d'un certain
temps, confiants dans la mansuétude de leur maître, com-
mencent à s'émanciper, il cessa de montrer la même bonne
volonté, puis un soir refusa carrément d'obéir. Comme je
croyais qu'il y allait de sa vie, tous les bras et toutes les gaules
disponibles furent mis à réquisition pour frapper l'eau : rien
n'y fit ; j'espérais que cet entêtement ue serait que momen-
tané, qu'il reviendrait à des sentiments plus conciliants ; mais
il fallut dès lors renoncer à tout espoir de le rentrer pendant
la nuit.
A part cette question de dortoir, où nous différions entiè-
rement, et pour laquelle il amis, je trouve, trop d'obstination,
mon Bewick est vraiment fort aimable. Encore jusqu'à ce
jour les événements lui ont-ils donné raison; voici plus de
quatre ans qu'il couche au milieu de ma pièce d'eau (tou-
jours au juste milieu, par prudence), et il ne lui est arrivé
aucun fâcheux accident. Sa taille en impose, paraît-il, aux
Chiens, qui s'acharnent contre mes seuls Canards, et les vo-
leurs sont persuadés avec raison que sa chair est trop coriace
pour compenser les graves inconvénients pouvant résulter de
l'essai de sa capture. Mieux que cela, il m'a rendu et peut me
rendre encore de signalés services, en m'avertissant au milieu
de la nuit de la présence de Chiens poursuivant mes Ca-
nards non rentrés par hasard.
Quand il pousse un certain cri, je puis être sûrqu'il se passe
LÉ CYGNE DE BEWICK. 229
quelque chose d'étrange sur ma pièce d'eau. En cela il diffère
complèlemenl de mes autres palmipèdes, môme les plus
loquaces, tels que les Casarkas de Paradis, qu'un vrai dan-
ger paralyse et rend absolument muets, comme ils m'en ont
donné la preuve, alors que lui ne cessait d'appeler au secours.
Môme nouvellement capturé, jamais il n'a été farouche; il
se laissait approcher à la distance ordinaire des oiseaux de
basse-cour; mais à son regard peu sympathique, à ses souffle-
ments, au hérissement de ses plumes, on pouvait voir qu'il
détestait cordialement les humains, à qui il devait, outre la
perte de son regretté conjoint, celle de la liberté et d'une de
ses ailes. Le pain qu'on lui présentait, il refusait obstinément
même de le regarder ; il fallait qu'il fût absolument seul pour
y toucher. Mais il ne tarda pas à s'apercevoir que j'étais étran-
ger à ses malheurs ; qu'au contraire, je ne cherchais qu'à le
consoler, à lui rendre la vie plus douce, et la confiance en moi
ainsi qu'en les personnes de la maison lui vint bien vite, jus-
qu'à venir à nous et à nous avertir par un petit grognement de
reproche que l'on avait tardé à remplir sonécuelle de pain, car
cet enfant gâté, à la différence de mes autres palmipèdes, ne
mange que du pain; encore, pour qu'il veuille bien l'accepter,
faut-il qu'il soit noir; le blanc lui répugne, et il aimerait
mieux brouter l'herbe vingt-quatre heures de suite à côté, que
d'y toucher. Je suis convaincu d'ailleurs que c'est par caprice,
parce que c'est la première nourriture qu'on lui a servie, à
laquelle il a pris goût, et qu'il mangerait fort bien comme les
autres Cygnes de l'avoine et toutes sortes de graines, si on le
mettait à la diète quelques jours; mais je n'ai pas eu le cou-
rage de le contrarier à ce point. Il est si sobre d'ailleurs ! Une
demi-livre de pain noir lui suffit amplement chaque jour ;
encore là-dessus mes Canards prélèvent-ils bon nombre de
bouchées, et c'est d'ailleurs l'unique occasion où il se dé-
partit un peu de sa placidité ordinaire et de sa mansuétude à
l'égard de ses compagnons de captivité. En effet, comme on
le sert sur un socle élevé, où ses compagnons plus petits ne
peuvent atteindre, quand il dîne, tout un peuple de parasites
et de mendiants font cercle autour de lui, alin de guetter les
230 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
morceaux et miettes pouvant lui échapper, et même de lui
arracher quelquefois du bec. Là-dessus sa sei,2:neurie n'en-
tend pas plaisanterie et inflige aussitôt une juste, mais, il
faut dire aussi, peu sévère correction, consistant, suivant les
cas, en un léger coup de bec, et, dans les grandes circon-
stances, à prendre l'impertinent par les plumes du dos et à le
rejeter en arrière
Il me resterait encore beaucoup à dire si je voulais faire
une énumération complète de toutes les aimables qualités du
rare et bel oiseau dont je suis l'heureux possesseur; mais, par
cet individu isolé, pris entièrement à l'état sauvage et s'étant
si parfaitement apprivoisé, il est facile de prévoir que cette
espèce, l'une des plus belles du genre, ne le céderait nulle-
ment en sociabilité à ses congénères, et que son acclimatation
comblerait un vide dans nos jardins et nos pièces d'eau.
LES IRRIGATIONS
AU POINT DE VUE DE LA CONSERVATION DU POISSON
Par M. C. BAVERET-AVATTEL ,
Secrétaire des séances.
Le départemenL de l'Agriculture, dans sa sollicitude pour
les grands intérêts qui lui sont conliés, se préoccupe en ce
moment des voies et moyens de répandre le plus possible
l'usage des irrigations. Tout en applaudissant à la propaga-
tion d'une des pratiques les plus propres à augmenter la
richesse agricole du pays, on ne peut s'empêcher d'entrevoir,
dans les travaux projetés, une nouvelle cause certaine et très
active de dépeuplement pour les rivières, si quelques me-
sures protectrices du poisson ne sont pas prises.
Assurément, l'utilisation des eaux pour les besoins de l'a-
griculture, — aussi bien que l'amélioration des voies naviga-
bles ou la création de forces motrices pour les usines, —
présente aujourd'hui une importance qui doit primer celle
de la production du poisson. Mais il est grandement à désirer
que cette dernière ne soit pas entièrement sacrifiée. Or les
irrigations ont été et sont encore tous les ioursune des causes
les plus actives de la disparition du poisson. Les irrigations,
en effet, ont lieu au printemps, avant la fenaison, et en été,-
après celte opération. Elles sont arrêtées en juin et en sep-
tembre pour permettre la rentrée des récoltes, et c'est là
qu'est le danger. Voici pourquoi :
Les tout jeunes poissons, les alevins, affluent toujours dans •
les fossés des prés au moment des irrigations. Ils y sont at-
tirés par les proies nombreuses et faciles qu'ils y trouvent, et
aussi par l'instinct de la conservation, qui les pousse à fré--
quenter des eaux courantes, dont le peu de profondeur ne
permet pas aux poissons de forte taille de s'y engager à leur
poursuite. Au printemps, ce sont les alevins des espèces qui;
232 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
frayent en hiver, comme la Truite et le Saumon; en automne,
ce sont ceux des espèces estivales, de la Carpe et des divers
poissons blancs. Or, pour faucher et faner les herbes, on ferme
les vannes d'alimentation et toutes les rigoles sont rapidement
mises à sec. Les jeunes poissons qui y ont pénétré périssent
alors sans exception, « et cela en telle abondance, que parfois
des cultivateurs enlèvent ce fretin par brouettes pour nourrir
leurs porcs, et qu'aux abords des canaux asséchés l'air est
vicié et infecté par le poisson pourri. C'est ce qui se produi-
sait notamment pendant les premières années du fonction-
nement des grands canaux d'irrigation construits dans la
vallée de la Moselle, et alors que cette rivière était encore
très poissonneuse ; aujourd'hui même que cette cause perma-
nente de destruction a fini par ruiner la Moselle, c'est encore
par milliers qu'à chaque mise à sec on peut ramasser des
Truitelles de trop] petite taille pour être consommées et qui
pourrissent dans ces canaux desséchés (1). »
D'après M. Gauckler, ingénieur en chef des^ ponts et
chaussées, < il résulte d'une expérience faite à ce sujet que,
sur un hectare de prairie irriguée, il est mort d'une seule
fois vingt mille petits poissons environ, dont beaucoup de
Truites. L'apport des eaux est, de cette façon, fertilisant pour
les prairies, mais l'irrigation de ces dernières est la destruction
de la population des rivières. Ajoutons que le poisson blanc,
la Carpe surtout, recherche, pour frayer, les eaux chaudes qui
couvrent les gazons. En juin et juillet, il fraye dans les rigoles
d'irrigation et, en septembre, sa progéniture est détruite (2) »,
quand on met les rigoles à sec (3).
L'enquête ouverte par la Commission sénatoriale du repeu-
plement des eaux a fait ressortir, du reste, les inconvénients
(1) Commission sénatoriale de repeuplement des eaux. — Rapport fait par
M. George (des Vosges), secrétaire de la Commission.
(2) Gauckler, La pisciculture et le repeuplement des cours d'eau. Épinal,
novembre 1878.
(3) Pour obvier à cet inconvénient, on a parfois songé à garnir de grillages
rentrée des rigoles. Mais celte mesure a le défaut grave d'obstruer souvent les
prises d'eau par l'amoncellement sur les grilles des herbes et des débris charriés
par les eaux. D'ailleurs, efficace en ce qui concerne les poissons d'une certaine
taille, elle est sans effet pour l'alevin, qu'il importe surtout de protéger.
LES IRRIGATIONS. 23o
graves que présentent les irrigations au point de vue de la
conservation du poisson. Parmi les dépositions recueillies,
plusieurs ont signalé différentes mesures qui permettraient
sans doute d'atténuer jusqu'à un certain point les consé-
quences désastreuses des mises à sec. Ces mesures sont les
suivantes:
4" Rendre obligatoire un aménagement des vannes et canaux
tel, que la fermeture des vannes de tête ne puisse être étanche
et qu'il reste toujours dans les canaux principaux une lame
d'eau d'une épaisseur déterminée, et en communication con-
stanle avec la rivière (1) ;
2° Prescrire que le fond des canaux soit toujours dressé en
pente régulière, de façon à ce que le poisson se trouve forcé
de suivre la nappe d'eau et ne soit pas tenté de rester dans les
flaques et les petites dépressions où on le prend;
à" Exiger qu'aucune manœuvre de vannes, de nature à
produire un abaissement considérable du plan d'eau, ne
puisse avoir lieu sans que l'administration en ait été informée
au moins deux ou trois jours à l'avance; de manière à ce
qu'on puisse envoyer sur place un agent chargé d'empêcher
les faits de pêche et faire procéder à la mise en rivière de tout
le poisson resté dans les canaux; imposer, en tout cas, qu'au-
cune manœuvre ayant pour résultat soit une mise h sec, soit
simplement un abaissement notable du plan d'eau, ne puisse
avoir lieu que lentement et par gradation, de façon à per-
mettre au poisson de s'échapper (2).
(1) M. Gauckler, ingénieur en chef des ponts et chaussées, considère ce moyen
comme très efficace, et il s'exprime ainsi sur la question : « Les vannes de prise
d'eau des rigoles d'irrigation [lourraient toutes être munies d'une échancrure à
leur partie inférieure. Elle maintiendrait la communication avec le cours d'eau,
et permettrait aux alevins répandus dans la prairie de le regagner. Un filet
d'eau, évacué par le canal de colature, devrait continuellement cire maintenu
dans la rigole d'irrigation. Cette disposition ne nuirait en rien aux travaux de la
récolte, et empêcherait des émanations insalubres, en conservant la fraîcheur
du sol. Prescrite dans les Vosges depuis deux ans, elle n'a pas suscité plus d'une
seule réclamation. » {La pisciculture et le repeuplement des cours d'eau.)
(2) Une disposition assez simple paraîtrait fournir la possibilité de supprimer,
au moins en grande partie, les inconvénients ([ui résultent des irrigations pour
la conservation du poisson. Ce serait d'empêcher, au moyen d'une cloison étanche,
toute communication directe entre la rivière et les rigoles. La prise d'eau se
234 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Si les dépositions recueillies varient dans l'indication des
mesures à prendre, toutes sont du moins d'accord sur la né-
cessité absolue, — si Ton ne veut pas assister à une destruc-
tion complète de la population déjà si réduite de nos rivières,
— de soumettre les prises d'eau à une réglementation spé-
ciale, à une surveillance toute particulière.
Il ne paraîtrait donc pas inopportun d'appeler sur cette
importante question la bienveillante attention de M. le Mi-
nistre de l'Agriculture, au moment où son département s'oc-
cupe, avec une sollicitude si éclairée, de répandre en France
la pratique des irrigations ; car il est très désirable que les
travaux projetés soient exécutés dans des conditions dénature
à sauvegarder le plus possible les intérêts de la pêche et de la
pisciculture. Celte démarche me semble rentrer complète-
ment dans les attributions de la Société nationale d'Acclima-
tation, et j'ai l'honneur de prier le Conseil de vouloir bien y
donner son assentiment.
Dans sa séance du 10 avril 1883, le Conseil a approuvé les
conclusions de cette note et décidé qu'elles seraient soumises
à M. le Ministre de l'Agriculture.
ferait à Taide d'une conduite en forme de siphon partant presque du fond de la
rivière et passant sous la cloison étanche pour venir aboutir dans la rigole.
Les poissons ne s'engageraient pas volontiers dans ces conduites, où l'eau obéi-
rait aux variations de niveau delà rivière, et dont une clef permettrait de régler
le fonctionnement à volonté.
NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES
Par M. PAILLIEL'X
S'il est fort difficile de Irouver aujourd'hui des plantes pota-
gères exotiques qui puissent être ulilement introduites dans
nos cultures et passer directement du jardin à la cuisine, il en
est quelques-unes qui peuvent constituer d'heureuses acqui-
sitions pour nos tables en sortant des mains du confiseur ou
du vinaigrier.
Le Physalis Peniviana a fourni elle année un aliment 1res
intéressant cà Ja confiserie. Peut-être estimerez-vous , après
dégustation des Pickles que je vous présente, que des res-
sources nouvelles sont offertes aux vinaigriers.
Aux colonies, les Acharts; en Angleterre, les Pickles; en
France, les Cornichons associés à d'autres légumes, sont l'ob-
jet d'un trafic important. La Société d'Acclimatation ne sorti-
rail pas de son rôle en indiquant l'emploi qui peut être fait de
plantes peu connues jusqu'ici ou même absolument incon-
nues.
Les spécimens qui sont sous vos yeux ne contiennent, ni le
Slachys, ni la Capucine tubéreuse; de l'un, je n'avais encore
rien récolté ; de l'aulre, je ne possédais pas cette année une
seule touffe dans mon jardin ; mais je me propose de confire
cet été les divers légumes dont je vais vous parler et de vous
présenter l'an prochain des bocaux, dans lesquels ils seront
tous compris.
OIGNON c.VTAWissA {AlUum fistulosiim, VSlY.)
L'Oignon Catawissa occupe le premier rang dans la compo-
sition de Pickles que j'ai l'honneur de vous proposer. Il a
été considéré jusqu'ici comme étant d'origine américaine,
mais, tout récemment, en parcourant le livre du docteur
Ilretschncider intitulé : Early european researches inlo the
236 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Flora of China, j'ai eu la satisfaction de découvrir sa véri-
table patrie.
Un Français, nommé Louis Le Comte, se joignit en 1687 aux
jésuites missionnaires en Chine et publia à Paris, en 1696,
un ouvrage en deux volumes intitulé : Nouveaux mémoires sur
VÉtat de la Chine.
L'auteur, né en 1655, mourait à Bordeaux en 1729.
Le Comte parle (1, 178) d'un Oignon chinois particulier dans
les termes suivants: « J'y ai vu une espèce d'Oignon, qui ne
vient point de graine comme ceux d'Europe, mais, à la fin de
la saison, on voit sortir de petits filaments sur la pointe ou sur
la tige des feuilles, au milieu desquelles se forme un Oignon
semblable à celui qui germe dans la terre. Ce petit Oignon
pousse avec le temps des feuilles comme celles qui le soutien-
nent, lesquelles à leur tour portent un troisième Oignon sur
leur pointe, de manière néanmoins que leur grosseur et leur
hauteur diminuent à mesure qu'ils s'éloignent de la terre. »
Cette description ne serait sans doute pas suffisamment
probante, si le docteur Bretschneider n'ajoutait pas ce qui
suit : « Cet Oignon paraît être celui qui avait été décrit sous le
nom de Lou Iz'tsung (Oignon poussant en étages) dans le Kin
huang imi ts'ao publié à la fin du quatrième siècle. On y
trouve aussi une bonne figure. La description porte qu'au
sommet des feuilles poussent de quatre à cinq petits Oignons,
et que sur ceux-ci d'autres Oignons se produisent encore, for-
mant ainsi de trois à quatre étages. Ces Oignons ne donnent
pas de graines »
MM. Yilmorin-Andrieux et C ont donné une bonne descrip-
tion de l'Oignon Catawissa, description que je transcris : «Très
grande Ciboule, vivace, prolifère, c'est-à-dire produisant de
petits bulbes au lieu de fleurs, à la manière de l'Oignon Ro-
cambole. Plantées au printemps ou à l'automne, car la plante
est parfaitement rustique sous le climat de Paris, ces bulbilles
donnent la première année des pieds à deux ou trois tiges sur-
montées de bulbilles, qui, à peine constituées, développent
elles-mêmes des tiges nouvelles couronnées de nouvelles bul-
billes,lesquelles donnentfréquemmentnaissance à un troisième
NOUVELLE COMPOSITION iJE PICKLES. 237
étage de pousses, le tout s'élevant de 75 à 80 centimètres.
» Après un ou deuxans, la végétation se modifie. Les touffes
deviennent très vigoureuses, se composant de vingt à trente
montants, dont chacun porte de dix à vingt bulbilles, mais
développant beaucoup moins souvent des tiges secondaires.
» Le goût des bulbes et des pousses est cà peu près celui de la
Ciboule commune. Les bulbilles peuvent aussi être consom-
mées après en avoir cependant enlevé la première enveloppe,
qui est très dure ». (Vilmorin-Andrieux et V\)
L'Oignon Calawissa a été importé d'Amérique par M. A. de
Lentilhac aîné, et mis en vente par M. Gagnaire lils aîné, hor-
ticulteur à Bergerac. Je l'ai cultivé dès qu'il a été introduit et
je dirai plus loin ce que j'en pense. Je donnerai d'abord la
parole à son introducteur. M. Gagnaire s'exprime ainsi dans
la Revue horticole, année 1875, p. 57 : « Personne n'ignore
que l'Oignon qui se mange en vert au printemps à Paris
comme en province, est, d'un côté, le résultat des semis que
les jardiniers exécutent dans le courant du mois d'août, tandis
que de l'autre, et notamment dans notre région, l'oignon vert
est obtenu en mettant en terre, en septembre et octobre, des
bulbes impropres à la consommation, qui', au printemps
émettent trois ou quatre tiges vertes, quelquefois plus, que
l'on détache de la souche selon les besoins de la maison ou de
la vente.
« Quels que soient les moyens employés, il n'en reste pas
moins avéré qu'il faut semer, repiquer et planter annuelle-
ment à l'automne l'Oignon qu: Ton veut consommer en vert
au printemps; et si, d'un autre côté, il s'agit d'obtenir au jar-
din du petit Oignon pour confire, je n'ai pas à dire les soins
que ce travail exige, sans compter qu'il n'est pas toujours
facile d'arriver à. des résultats salifsaisants. Or avec l'Oignon
Catawissa, ces inconvénients disparaissent puisfju'il possède
la faculté de donner à chaque printemps, et pendant trois ou
quatre ans, des Oignons verts en abondance, en été des bul-
billes en quantité pour confire, et qu'il ne demande d'autre
culture que celle que je vais signaler.
a L'Oignon Catawissa est une plante potagère, à souche vi-
238 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
vace, émetlant à la base, au printemps, de vingt à trente liges
grosses comme des poireaux, longues, tendres etexcellentes à
manger en vert ; plus précoce d'une quinzaine de jours ou
même d'un mois que les Oignons plantés à l'automne. On le
multiplie de bulbilles, que l'on met en place depuis le mois
d'octobre jusqu'en février et que l'on traite de la manière sui-
vante :
» Le terrain destiné à l'Oignon Catawissa ayant été travaillé
et copieusement amendé préalablement à l'aide d'une forte
couche de fumier ou d'engrais, on trace au cordeau plusieurs
sillons espacés de 40 à 50 centimètres chacun, dans lesquels on
place les bulbilles que l'on distance également de 40 à 50 cen-
timètres les uns des autres. Cette distance, de laquelle on
peut tirer aisément parti la première année en cultivant entre
les rangs des Chicorées, des Laitues, des Carottes, etc., est
indispensable par la suite à cause du développement que ne
manquent pas de prendre les souches à la deuxième année de
plantation. Les bulbilles mises en terre d'octobre à février
pousseront vigoureusement au printemps, mais elles ne don-
neront celte première année qu'une seule tige, que l'on main-
tiendra à l'aide d'un petit tuteur. Dans le courant de l'été, cette
tige produira au sommet un ou deux étages de bulbilles, que
l'on utilisera pour la plantation ou desquelles on lire parti en
les confisant au vinaigre à la manière des Cornichons.
» Lasecondeannéeest celle de la première récolte. Dès la fin
de février jusqu'à la fin d'avril, quelquefois même jusqu'en
mai, à la place des bulbilles que l'on a plantées l'année précé-
dente, on trouve une touffe d'Oignons verts, gros comme des
Poireaux, contenant de 20 à 80 tiges d'une saveur et d'une
qualité qui ne lecèdent enrienauxmeilleursOignonscultivés;
et comme avec cent touffes d'Oignon Catawissa un ménage or-
dinaire ne consommera pas, au printemps, les tiges vertes
qu'elles fournissent, celles qui restent aux pieds se dévelop-
pent, atteignent une hauteur de 0"',80 à 1 mètre et se cou-
ronnent au sommet, en été, de un ou deux étages de bul-
billes, que l'on utilisera comme je l'ai indiqué ci-dessus.
» A partir de ce moment, les touffes d'Oignon Catawissa pro-
NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES. 239
duiront pendant deux, trois ou même quatre ans, et à chaque
printemps, des tiges en abondance, en été des bulbillcs en
quantité, et cela sans autres soins que quelques binages appli-
qués pendant le cours de la végétation et un bon labour au
printemps, un peu avant l'apparition des tiges
» L'Oignon Catawissa est d'une rusticité sans égale puisqu'il
supporte sans altération 20 à 30 degrés au-dessous de zéro. »
La note de M, Gagnaire est suivie de quelques observations
de M. Carrière, qui a reconnu que l'Oignon Catawissa est abso-
lument distinct de l'Oignon Rocambole: ce qui était contesté.
Je n'ajouterai rien à ce qui précède relativement à la culture
de rOignon Catawissa, si ce n'est pour l'approuver. Quant à
ses usages, il en est un dont je ne puis mesurer l'importance.
Je sais qu'il se consomme une grande quantité d'Oignons verts
dans certaines parties de la France, mais je n'en ai jamais
mangé. Je ne puis dire si les tiges du Catawissa ont la saveur
de l'Oignon commun, mais je puis affirmer avec M. Gagnaire
que ses souches sont d'une grande fécondité.
Je me bornerai à apprécier le mérite et l'utilité de ses bul-
billes. Le Catawissa s'appelle Oignon dans le commerce,
Ciboule en botanique et peut-être Echalote en cuisine. 11 serait
plus vrai de dire que VAlliuni chinois a une saveur qui lui est
propre et qui n'est précisément ni celle de l'Oignon, ni celle
de la Ciboule, ni celle de l'Echalote. C'est ce qui m'en fait
conseiller la culture. En effet, les bulbilles du Catawissa, con-
fites dans le vinaigre, sont excellentes et diffèrent de toute
préparation analogue.
De plus, la plante est très curieuse. On en trouvera une
figure, très exacte, accompagnant une noie de M. Carrière,
dans la Revue horticole, année 4875, p. 453.
coNCO.MBRE ANGOURiE {Cucumis Atiguria Linné)
Le petit volume de ce Concombre et les épines molles dont
il est hérissé lui donnent l'apparence d'un marron d'Inde. La
plante figure depuis longtemps dans les catalogues sous le
nom de Concombre Arada, qui ne lui appartient pas.
240 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Le Concombre Arada, décrit par Descourtilz, lire son nom
d'une conformation particulière, qui le fait ressembler, en
un certain point, aux femmes de la tribu des nègres Aradas.
Je n'ai pas réussi jusqu'ici à me le procurer. C'est le Cucumis
compressus de Linné.
Le Concombre Angourie croît partout naturellement aux
Antilles et principalement dans les savanes sèches et près des
rivières dont les bords offrent une riche végétation. On le ren-
contre dans la Nouvelle-Grenade, au Brésil, près de Bahia,
dans toute l'Amérique du Sud, principalement dans sa partie
orientale, où il est fréquemment cultivé dans les potagers.
La culture de l'Angourie ne présente aucune difticulté. Cinq
mois s'écoulent entre la date du semis et celle de la récolte.
On sème sous châssis en mars; on met la plante en pots en
avril; on la met en place, sous cloche du 15 au 25 mai. On ré-
colte du 10 au 15 août.
La fructification est d'une abondance extraordinaire. On
peut compter sur une centaine de fruits par pied; mais, si les
plantes reçoivent la pluie pendant plusieurs jours, la récolte
est entièrement détruite. On n'est assuré de récolter qu'autant
qu'on préserve la plantation de l'eau du ciel au moyen de châs-
sis vitrés. L'Angourie n'exige pas de couche neuve ou vieille.
Il suffit de la planter en poquets, garnis d'un peu de fumier
consommé.
Le 10 août 1876, j'ai présenté à la Société centrale d'horti-
culture des Angouries admirablement bien venues, semées le
16 mars et chargées d'une multitude de fruits, à point pour la
récolte. Sous le climat de Paris, c'est une plante d'amateur
que j'ai pris grand plaisir à cultiver.
Dans le Midi, sa culture serait certainement rémunératrice
comme on en pourra juger par ses usages.
Les fruits de l'Angourie se mangent en salade.
A la Basse-Terre. (Guadeloupe), nos soldats d'infanterie de
marine les recueillent dans leurs promenades autour de la
ville et les ajoutent à leur ordinaire. On prépare de diverses
manières ce joli petit Concombre, en sauce, en conserves
au vinaigre, notamment dans celles qui portent aux colonies
NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES. 241
le nom à'Acharts. Selon Descourtilz, {Flore des Anlilles),
pour le préparer, on le coupe par le milieu et on enlève les
graines qu'il contient en nombre infini ; puis, on le fait cuire
seul, ou avec du jambon, ou des crabes, ou des tomates, ou
bien encore avec de la morue. Pour le confire au vinaigre,
selon Fauteur que je cite, il faut le dépouiller de ses graines
et ajouter des tiges, des pampres et des fruits verts de piment.
M. le docteur Sagot, dans notre Bulletin, 1872, p. 550, nous
dit que le jeune fruil cuit du Cuciimis Anguria est tendre et
très agréable. La plante, dans un bon terrain, fructifie beau-
coup. C'est le Pepinhodo mato des colonies portugaises. M. Nau-
din, dans les Annales des sciences naturelles, a publié sur le
C. Anguria une note instructive et intéressante, à laquelle
nous renvoyons le lecteur. Selon lui, la plante est bien d'ori-
gine américaine, ce dont il avait douté d'abord ; elle est consi-
dérée comme potagère et cultivée comme telle dans une grande
partie de l'Amérique. Il semble que sous ce rapport on en ait
tiré quelque parti en Italie, dans le siècle dernier, comme
nous l'apprennent, dit-il, Gilii elXuarés dans un opuscule au-
jourd'hui fort rare {Osservatione fitologice, etc.), qui fait partie
de la bibliothèque de M. Delessert et de celle de l'Institut.
Je conserve dans du vinaigre, préparé avec fleurs de sureau,
piments, etc., les fruits du C. Anguria sans leur enlever
leurs graines. Je considère cette opération comme inutile et
j'emploie les fruits entiers saus les couper.
Cette conserve est très jolie, très bonne. Il ne faut pas con-
fondre l'Angourie avec tous ces légumes insipides et mous,
véritables éponges à vinaigre, qu'on a l'habitude d'associer aux
Cornichons. On devra cueillir les fruits avant leur entier déve-
loppement; leur peau durcit assez vite.
Pour conclure, je recommande vivement la culture de l'An-
gourie aux amateurs de la région de Paris et aux horticulteurs
ou maraîchers du midi de la France. La vente de ses fruits me
semble assurée.
3* SÉRiK. T. X. — Avril 18S:{. Ki
242 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
MiÔGA {Amomum Miôga Thunb.)
(Fam. des Zingibéracées.)
Le Miôga est originaire du Japon. Il a été décrit par Kaem-
pfer dans son ouvrage intitulé : Amœnitatuni exoticarum...^
p. 826.
Il a été recueilli par Thunberg, Siebold et autres botanistes
près de Nangasaki. Il croît spontanément-, mais il est généra-
lement cultivé.
Dans le livre intitulé : le Japon à VExposition imiverselle
de 4878, je lis : « Le Miôga est une plante dont on mange les
jeunes tiges et les fleurs. Les fibres de ses tiges peuvent aussi
servir à faire des cordes. »
M. le docteur Hénon m'écrivait, le 11 avril 1879 : « Je vous
envoie une petite racine d'une espèce de Gingembre appelée
au Japon Miôga et par Thunberg Amomum Miôga. On en
mange les inflorescences avant l'épanouissement des fleurs ;
c'est assez bon,
» Bien que toutes les Zingibéracées soient considérées ici
comme de serre chaude, cette plante passe parfaitement les
hivers chez moi depuis trois ans en pleine terre, plantée à
10 centimètres de profondeur et recouverte en hiver d'un peu
de feuilles sèches. Elle a bien fleuri l'été dernier ; si le mor-
ceau que je vous envoie est un peu petit, c'est que je ne l'ai
encore guère multipliée ; s'il ne reprenait pas, je vous en en-
verrais de nouveau en automne. »
Le docteur m'écrivait encore le 7 juin de la même année :
« Mes pieds de Miôga ont parfaitement passé l'hiver en pleine
terre et poussent de tous côtés. Si le trop petit pied que je vous
ai envoyé ne poussait pas, je pourrais vous en envoyer autant
que vous le désireriez, l'hiver prochain. »
Je n'ai pas demandé un second envoi à mon obligeant cor-
respondant, le tronçon qu'il m'avait donné avait si bien végété
que je pourrai, cette année, faire une plantation de 400 pieds.
Mon Miôga, on le voit par la date à laquelle je l'ai reçu, a
supporté le grand hiver. Il était, il faut le dire, protégé par
NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES. 243
une épaisse couverture de neige; mais en 1880-81 et en
1881-82, 1882-83, rien ne le défendait contre lelVoid. Je suis
donc arrivé sans échec à ma cinquième année de culture.
11 n'existe pas, je crois, de plante plus rustique que le Miôga,
ni qui se multiplie plus rapidement. Je ne l'ai vu atteint d'au-
cune maladie, attaqué par aucun insecte.
Je plante les tronçons de rhizome dans une planche de jar-
din large de 1"\30, sur deux lignes parallèles distantes de
50 centimètres. Il reste donc un espace de 40 centimètres
entre les lignes et les sentiers, ce qui n'empêche pas les plantes
de porter sous ceux-ci leurs tiges et leurs inflorescences.
Il ne se montre dans la planche que fort peu de mauvaises
herbes, dont un binage ou deux font justice. Arrosage facultatif.
Il ne faut pas biner après le 31 juillet. On risquerait de couper
des turions et des inflorescences. On peut sarcler à la main.
Vers le 15 août, commence la récolte, on surveille la plan-
tation comme celle de l'Asperge ; comme les turions de l'As-
perge, on coupe tout près de la racine dès que l'inflorescence
laisse voir sa pointe aiguë à la surface du sol.
Je n'ai jamais récolté les turions, sauf quelques-uns seule-
ment pour les déguster, de peur d'amoindrir la multiplication
On les récolte comme les inflorescences et je n'ai pas trouvé
de différence appréciable entre la saveur des uns et celle des;
autres. . '
Je suppose qu'il convient d'attendre deux ans avant de ré-
colter les turions d'une plantation et de ne les couper qu'au
printemps, bien qu'il s'en produise aussi pendant l'automne.
On aurait donc régulièrement, ce me semble, une récolte d'in-
florescences d'août à septembre, et une récolte de turions pen-
dant tout le mois d'avril. Il ne serait sans doute pas prudent
de prolonger la coupe au delà de ce mois.
Je n'insisterai pas sur la rusticité du iMiôga et sur sa rapide
multiplication. Je parlerai de l'usage qu'on peut faire de. ses
turions et de ses inflorescences.
J'ai dégusté ces dernières préparées au gratin comme le
macaroni en couches alternantes de légume et de Pai:mesan
râpé; c'est assez bon. i .. .. .
244 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
Je les ai mangées en salade après les avoir simplement blan-
chies à l'eau bouillante. Je lésai trouvées excellentes. Un léger
goût de résine disparaît à la deuxième ou troisième bouchée
et la saveur légèrement piquante du légume se marie on ne
peut mieux avec celle de l'huile.
Enfin j'ai associé, pour faire des Pickles, les inilorescences
de Miôga aux Angouries des Antilles, aux bulbes de l'Oignon
Galawissa, etc.
Le résultat m'a pleinement satisfait et les spécimens que je
vous présente seront dégustés et appréciés par vous.
J'espère qu'on essayera, avec un peu de persévérance,
diverses préparations culinaires de ce légume absolument
nouveau. Il reste beaucoup à faire.
A ceux qui me demanderont si le Miôga ressemble à telle ou
telle autre plante potagère de nos jardins, je répondrai : non,
il n'a le goût, ni du Chou, ni du Gardon, ni de la Tomate, ni
d'aucun de nos légumes... il a le goût du Miôga.
CAPUCINE TUBÉREUSE (Tropœohim tuberosiim Ruiz et Pavon).
Plante vivace de l'Amérique méridionale. Ses graines mû-
rissent très rarement sous notre climat. La multiplication a
lieu par les tubercules.
Dans l'ouvrage intitulé les Plantes potagères, que MM. Vil-
morin-Andrieux et G'" viennent de publier, la culture et les
usages de la Gapucine tubéreuse sont ainsi décrits : « Les-
tubercules de la Gapucine tubéreuse se plantent en avril ou
mai, en pleine terre, à 50 centimètres en tous sens; il con-
vient de donner quelques binages, jusqu'au moment où les
tiges, en s'étendant sur la terre, l'ont couverte entièrement ;
l'arrachage ne doit se faire qu'assez avant dans l'automne^
après les premières gelées, les tubercules ne se formant sur
les racines que tard dans la saison, et ne craignant pas les-
effets du froid tant qu'ils sont en terre.
» Guites dans l'eau, comme les Garottes ou les Pommes de
terre, les racines de la Gapucine tubéreuse sont aqueuses et
ont un goût assez désagréable, quoique parfumé. En Bolivie,
NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES. 245
OÙ la plante est très cultivée dans les districts montagneux
élevés, on en fait geler les tubercules après les avoir cuits.
Dans cet état, ils sont regardés comme une friandise et très
recherchés. Ailleurs, on les expose au grand air dans des sacs
de toile, et on les mange à demi desséchés. 11 ne faut donc
pas s'étonner que le tubercule frais ne nous paraisse pas ex-
cellent, puisque, même dans le pays d'origine, on ne le mange
que préparé. »
Dans une note du docteur Weddell sur quelques tubercules
comestibles {Revue horticole, 1852, p. 448), se trouvent des
détails intéressants sur l'usage de la Capucine tubéreuse ou
Ysano : « C'est donc cuits et gelés que l'on doit manger les
tubercules du Tropœolum, et encore faut-il les manger avant
qu'ils ne dégèlent, c'est-à-dire croquants. A cet état, je puis
affirmer, car j'en ai fait l'essai maintes fois, qu'ils constituent
un mets assez agréable.
» Il n'y a guère de jour qu'on ne voie sur le marché de
La Paz une ou deux rangées de marchandes, qui ne vendent
autre chose que ces Ysanos gelés, qu'elles profègent contre
l'action du soleil en les enveloppant d'une étoffe de laine ou
de paille. Les femmes de La Paz en sont toutes extrêmement
friandes, et elles ont rhabitud(3 de les prendre comme rafraî-
chissement, pendant la chaleur du jour, en les trempant dans
de la mélasse. »
Comme on le voit parles extraits qui précèdent, la Capucine
tubéreuse ne pourrait guère être utilisée chez nous, s'il fal-
lait, pour manger ses tubercules, les dessécher à demi, ou
bien les cuire, les faire geler ensuite, puis enfin les tremper
dans de la mélasse ; il était donc très désirable de lui trouver
un emploi autre que celui qu'elle reçoit dans son pays natal.
Lorsqu'en 1875 la pensée m'est venue de la confire dans le
vinaigre, je croyais être le premier à le tenter ; mais mon ami,
M. Bois, a trouvé et m'a communiqué une note, publiée dans
la Revue horticole de 1845-46, p. 17, par M. Neumann, qui
m'a prouvé que j'avais été devancé, .l'en extrais ces quelques
lignes : « J'ai essayé de mariner ces tubercules au vinaigre,
comme les cornichons, mais sans avoir été satisfait du résultat.
*24G SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Un abonné de la Revue horticole a eu la même idée et en a
apprécié aiUremenl le produit Que faut-il en conclure?
C'est encore apparemment qu'il ne faut pas disputer des
goûts, ou bien que mon terrain ne convenait pas à la plante.
Notre abonné a laissé mariner ses tubercules pendant trois
mois, n'a ajouté aucun assaisonnement et a trouvé que « dans
cet état ils offraient une espèce de Cornichons beaucoup plus
agréables au goût que les véritables, outre que le vinaigre a
acquis un parfum convenable pour servir dans les sauces et
dans les salades. »
Je n'hésite pas à dire que c'est Y abonné qui a raison. Lors-
que j'ai confit la Capucine tubéreuse dans le vinaigre, je l'ai
associée à tous les condiments d'usage; elle a cependant con-
servé son goût propre, simplement atténué. J'ai dégusté celle
préparation en famille, et je l'ai soumise à l'appréciation de
diverses personnes, qui en ont fait l'éloge ; je ne suis donc nul-
lement surpris que, selon le dire de V abonné, les tubercules
de la Capucine tubéreuse communiquent au vinaigre, sans
addition aucune, un parfum des plus agréables.
STACHYS AFFINIS
Je vous ai dit, le 30 janvier dernier, tout ce que je savais
sur celte plante.
M. le docteur E. Bretschneider nous a appris que les Chi-
nois mangeaient ses tubercules. Ceux qu'il nous a envoyés, et
que j'ai plantés, paraissent devoir se multiplier rapidement.
Ils ont bien passé l'hiver en pleine terre.
Je ne sais pas comment les Chinois les préparent pour la
table, mais les Japonais mangent le Stachys Sieboldii, très
voisin du S. af/înis, après l'avoir confit dans du vinaigre de
prunes.
Je crois donc pouvoir introduire ce dernier dans la compo-
sition de mes Pickles.
II. EXTRAIT DES PROCÈS VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE GÉNÉRALE DU 13 AVRIL 1883.
Présidence de M. E. GossoN, vice-président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
— A l'occasion du procès-verbal, M. le Président signale l'utilité qu'il
y aurait à ce que les documents publiés par la Société, concernant la
destruction des animaux nuisibles et la conservation des oiseaux, soient
adressés au ministère de l'Instruction publique, qui saisirait de cette
question les instituteurs, et leur ferait connaître les lois et arrêtés en
visfueur. A leur tour les instituteurs les feraient connaître aux élèves des
écoles et leur en inspireraient le respect.
Des dispositions dans ce sens seront prises par le Conseil.
- 31. le Président proclame les noms des membres nouvellemeni
admis par le Conseil, savoir:
MM. PRÉSENTATEURS.
,.. . .r. , T^ -j , f A. Berthoule.
Blocman (Henri), 18, rue des Pyramides, a ^ . „ . ,
^^"^- ( Raveret-Watte .
Rrousset (Pierre), négociant, 15, rue de la { A. Berthoule.
République, à Cette (Hérault), et à Tunis, ! Maurice Girard
rue Szazaia. ( i- Grisard.
. ,„ , , ^ , ( Saint- Yves Ménard
Dalaut (François), 43, avenue de la Grande- ) j^^veret-Wattel
Armée, à Paris. ( L.' Vaillant.
. „,,. ^ , , ,, . ,' A.Geoffroy Saint-Hilaire
Deltour (Paul-Feli.v), 8, rue Labordere, a \ „ „
Neuilly (Seine). ( j^,^^^^^i^ j^ g^,^.^
r. , . . • s r. • w I ' . ^ Leblond. v
Dujardin (Frédéric), 19, rue du Marche, a gaint-Yves Ménanl.
. ^"^«"'"y (Seine). ( L. Vaillant.
_ ., , ( A. Berthoule.
Kern (Edouard), banquier, 7, rue Scribe, a ) , p^- „,..
L. Vaillant.
Berson
Le Pargneux (Albert), propriétaire, au châ- \ a. Geoffroy Saint-Hilairc.
teau de Beauregard, près Caen (Calvados). / g^i^j.y.g, Renard.
,,.,,,,,. , , ,. ^ [ A.Geoffroy Saint-Hi lai re.
Pauliau (Louis-Andre), y, rue Labordere, a V „ j,
V II /c • \ 1 *' • ' 3SS\.
Neuilly (Seine). / ., • . o^i.,^
j ^ ' [ Marquis de Se ve.
24-8 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
MM. PRÉSENTATEURS.
Ornano (comte Ludovic d'), au château de J. Cornély.
la Brauchoire-sous-Ghambray, par Joue- | Comte d'Epremesnil.
les-Tours (Indre-et-Loire). ( Marquis de Selve.
Rivière (J.-B.), négociant, 95, avenue de ( ^^l^^^ ^ . „.. .
Neuilly, à Neuilly (Seine). } A- GeoffroySa.nt-H.laire.
•' J V / [ Saint-\vesMénard.
RivoiRON (Emile), pisciculteur, à Sewayette, ^ / p ■ ",
commune de Miribel-les-Échelles (Isère), i *
^ \ Raveret-Wattel.
Robert (Hippolyte), docteur en médecine, ai ,' . ,
I ■ \\i i^ S J- Grisard.
Ligny (Nord). f „ -.,- .
" "^ ^ ^ V Raveret-^Valtel.
RouLLAND (Claude), principal clerc de notaire, \ „' . ^i, ,. i
' r .' /m • \ i • > Raveret-Waltel.
a Geste (Maine-et-Loire). f . ,, .,,
c /. X ,- T^ . . •. [ Saint-Yves Ménard.
OCELLIER (de), il, rue Parmentier, a Asnieres \ <.,
,£, • V l Sturne.
(seine). f , ., ...
^ ' V L. Vaillant.
ViEViLLE (Etienne), batteur d'or, président' A.GeoffroySaint-Hilaire.
de la chambre syndicale, 209, rue Saint- ? Saint-Yves Ménard. '
Maur, à Paris. ' A. Porte.
\T ,j • \ c^r, , ,, -i. . XT -11 , A. Gaudinot.
YzAC(Louis), 83, avenue de Neuilly, a Neuilly \ », ..
(Seine).
\. Lacroix.
— M. le Président fait part à l'assemblée de la perte regrettable que
la Société vient de faire de deux de ses membres : M. le prince Marc de
Beauveau, vice-président honoraire, qui dès l'origine de la Société, lui
avait apporté un concours des plus actifs et des plus utiles, et M. Pierre
Carbonnier, qui s'occupait avec tant de zèle et de succès de l'introductio
et de racclimatation de poissons exotiques.
-- M. Camille Dareste adresse la lettre suivante : « Je ne sais s'il sera
possible de faire une rectification au procès-verbal de la séance du 19
janvier. Je n'avais pu malheureusement assister à la séance et, par
conséquent, demander moi-même cette rectification au Secrétaire. Mais
tel qu'il est rédigé, le procès-verbal, en ce qui concerne mes paroles,
est absolument incompréhensible. J'avais parlé, dans ma lecture, de
l'apparition des monstruosités comme étant le signe d'une modification
nuisible, dans les conditions de l'incubation.
» M. Fornet, dans sa seconde réponse, dit que les faits que je prenais
pour des monstruosités n'étaient que des altérations pathologiques, et
qu'il n'y avait de monstruosité véritable que lorsqu'il y avait fusion de
deux embryons primitivement distincts.
PROCÈS-VERBAUX. 249
> J'ai répondu à M. Fornet, que tout en considérant les monstruosités
simples comme de véritables monstruosités, et non comme des déforma-
tions pathologiques, dans la discussion actuelle, cette distiaclion n'a-
vait point d'importance. En effet, quel que soit leur mode de formation,
pathologique ou tératologique, l'apparition des monstruosités simples
est pour moi l'indice de toute modification dans les conditions de l'incu-
bation, et non seulement, comme le disait M. Fornet, d'élévation insolite
de la température. »
— MM. Brousset et Feuilloy adressent des remerciements au sujet de
leur récente admission.
— M. le U"^ Adrien Sicard fait parvenir deux exemplaires de ses études
sur l'huile antiphylloxérique Roux.
— M. Marins Galfard, d'Oraison (Basses-Alpes), prie la Société de
vouloir bien lui procurer le traité sur l'élevage de VAttacus Yama-maï
par M. Personnat et de lui adresser, en même temps, le programme des
prix encore à décerner.
— Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Blancheton,
Derré et Emile Riom.
— M. Henri Fabre remercie du cheptel de Cygnes noirs qui vient de lui
être accordé, et demande à recevoir des Grenouilles-Bœufs.
— M. E. de Laubépine, de Marcigny-sur Loire (Saône-et-Loire), prie
la Société de vouloir bien lui fournir des renseignements sur l'installa-
tion des pêcheries de Saumon dans les fleuves.
— Le Comité central d'exposition de l'île de la Réunion adresse
Ja note suivante, relative à différentes questions se rattachant aux
travaux de la Société nationale d'Acclimatation et intéressant la colonie,
savoir :
« [''Maladie du Café. — La colonie est très préoccupée des conséquences
que peut avoir dans un avenir plus ou moins prochain, une maladie qui a
fait son apparition, l'année dernière, sur les feuilles des Caféiers. Aussitôt
qu'elles sont adultes, elles se marquent de taches circulaires d'un brun
jaunâtre, qui finissent par les envahir presque totalement; elles se des-
sèchent et tombent ; en peu de jours les sujets atteints sont tout à fait dé-
pouillés et beaucoup de fruits n'arrivent pas à maturité. Celte maladie est
attribuée concurremment à un ver, VElachista cofj'eela, et à un cham-
pignon, l'Hemî/e/avastainaî. Jusqu'ici on n'a pu y opposer que quelques
palliatifs, tels que la taille des arbusies malades et l'incinération des
feuilles et des branches; il s'agirait de trouver un remède efficace.
Dans la session actuelle, le Conseil général a voté une somme de
1000 francs pour aider aux expériences.
» 2° Extraction des fibres des plantes textiles. — Nous possédons
un grand nombre de textiles ; mais depuis quelques années, il a été intro-
duit et l'on commence à cultiver sur une grande échelle difiérentes
Orties; la variété préférée de beaucoup est celle dite Bœhmeria utilis.
250 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
Malheureusement il nous manque une machine à décortiquer les tiges à
l'état vert, au moment même de la coupe, parce que cette plante prospère
surtout dans les régions élevées de l'intérieur, dont le climat pluvieux et
l'humidité presque permanente sont un obstacle insurmontable à sa
dessiccation. Il est beaucoup question dans le moment d'une machine,
dite de Berthet, du nom de son inventeur, laquelle, parail-il, rempli-
rait ce but. Un des députés de la Réunion, M. Bureau de Vaulcomle,
s'occupe très activement de cette question d'un grand intérêt pour le
pays.
» Tout récemment noire service des Eaux et Forêts, dirigé par
M. Echernier, directeur des Domaines, à qui la colonie est redevable de
la reconstitution en très bonne voie déjà de son couvert forestier, a
introduit et s'applique à propager le Sanceviera Ciibana (famille des
Liliacées). Cette plante, originaire des Antilles, donne des fibres plus
fines, plus soyeuses et aussi résistantes que celles de l'Aloès. Le Comité
central de l'Exposition serait très reconnaissant à la Société d'Acclima-
tation de lui faire connaître, si possible, d'autres textiles de qualité su-
périeure.
ï> Nous devons lui signaler ici, d'une manière toute particulière, les
efforts tentés dans ces derniers temps par M. Eugène Veyrières pour
l'extraction des fibres d'un grand nombre de textiles indigènes.
» 3" Introduction et propagation des arbres et lianes à caout-
chouc. — L'introduction de la meilleure variété que nous possédions
actuellement, VHevea Gîiyanensis, est due à M. Julien Potier, directeur
du Jardin colonial. Du reste, à notre Exposition intercoloniale de 1881,
M. Julien Potier a obtenu une médaille d'or pour introduction du plus
grand nombre de plantes utiles pendant les années 1879-1880 et 1881.
La colonie trouverait dans la préparation du caoutchouc un produit
important ; elle recevrait avec reconnaissance des semences des espèces
préférées.
» i" Fabrication des chapeaux de paille. — C'est encore là une
industrie qui tend à se développer ici en se perfectionnant. Un grand
nombre de familles pauvres y trouvent depuis longtemps des moyens
d'existence. Mais les chapeaux, fabriqués avec les feuilles du latanier,
sont grossiers et peu recherchés. On doit au D' Eugène Jacob de Corde-
moy et à M. Julien Potier l'introduction du Carludovica palmata (fa-
mille des Pandanées), avec lequel, dit-on, se fabriquent les vrais panamas.
Le D-^ E. Jacob de Cordemoy a le mérite d'avoir le premier indiqué et
introduit cette plante dans la colonie ; mais sa tentative n'a pas réussi ;
M. Julien Potier en a introduit d'autres plants, les a cultivés avec le plus
grand soin et en a distribué déjà un grand nombre dans plusieurs de nos
localités. Toutefois des doutes se sont élevés sur le point de savoir si
c'est bien avec les feuilles du Carludovica palmata que se fabriquent
les panamas. C'est un point qu'il nous importe d'éclaircir et, à cet eflet,
PROCÈS-VERBAUX. 251
nous faisons appel aux lumières de la Société. » — Renvoi à la seclioii
des Vésrétaux.
— A l'occasion de cette communication, M. Vavin demande si l'on ne
pourrait pas essayer, contre la maladie du Caféier, l'emploi de la lleur
de soufre, qui donne de si bons résultats dans le traitement des Vignes
atteintes de l'Oïdium.
— M. Millet fait connaître que ce mode de traitement a été signalé à
la réunion de la section des Végétaux.
— M. Lucien Jlerlato écrit d'Aïn-Marmora à M. le Secrétaire général :
« C'est avec une vive et légitime satisfaction que je m'empresse de vous
annoncer le bon résultat du commencement de l'incubation artificielle
des œufs d'Autruche au parc de la Société française pour l'élevage de
l'Autruche en Algérie. Vous n'ignorez pas que cette Société a bien voulu
me confier la direction de son exploitation.
» Les premiers flés, au nombre de trois, sont éclos d'eux-mêmes, sans
aide; sont d'une conformation parfaite et mangent et courent depuis leur
quatrième jour d'âge; ils ne présentent, jusqu'à présent du moins, au-
cune des difficultés qui ont été signalées dans l'élevage de l'Autruche
couvée artificiellement en Algérie.
» Considérant que, au dire des plus vieux habitants du pays, l'hiver
que nous venons de traverser a été un des plus durement éprouvés depuis
au moins vingt-cinq ans, j'espère acquérir bientôt la ferme conviction
que, à quelques modifications près, l'élevage industriel de cet oiseau est
tout aussi pratique dans cette colonie que sous d'autres latitudes.
» Je me ferai un devoir de vous tenir au courant des progrès que la
Société française est appelée à faire faire à cette industrie en Algérie. »
— M. E. Leroy écrit de Fismes (Marne) : « Les Perdrix du Boutan ne
m'ont donné jusqu'ici que deux œufs, puis à la suite des grands froids
elles ont interrompu leur ponte et défait le nid. Les deux œufs sont en
incubation sous une Poule. Depuis quelques jours, le nid est refait et
hier la Poule Boutan jetait des pailles avec son bec par-dessus son dos.
Il n'y avait pas d'œuf cependant, mais la ponte est imminente, je crois.
Ce qui a arrêté les oiseaux, ce n'est pas le froid, c'est, à mon avis, le
manque de vers. Ces oiseaux sont avides de lombrics et bouleversent le
sol de leur volière pour en trouver. Je vais leur en distribuer, ainsi que
j'ai déjà commencé à le faire, et le Coq les ramasse, appelle sa femelle
et les lui offre. Je vous tiendrai au courant.
» . ..Il y a ce matin, 3 avril, deux œufs au nid. J'avais mal vu hier,
mais c'est si profond, et j'ai eu peur d'être indiscret. »
— M. A. Delaurier aîné, d'Angoulème, écrit en date du 5 avril à M. le
Directeur du Jardin zoologique d'acclimatation : « J'ai la satisfaction de
vous annoncer que les deux Poules Tragopans de Blylh ont commencé
leur ponte, l'une hier, l'autre aujourd'hui. Les œufs seront bien fécondés,
je n'en doute pas. Le Coq très excité fait entendre assez fréquennnent
252 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
des appels ressemblant assez aux miaulements d'un chat sur une note
plus forte et plus grave; les Poules y répondent sur un ton plus sourd et
moins fort. Les deux oeufs pondus sont de la grosseur des œufs de Lopho-
phores. Je crois que la ponte sera abondante. Ils absorbent en ce moment
des quantités de verdure et de lentilles d'eau. Une des paires Tragopans
de Hastings est en amour, la Poule va pondre incessamment. Je ne suppose
pas la fécondité de cette espèce semblable à celle des Blyth. Jusqu'à pré-
sent, ceux-ci me paraissent des oiseaux d'avenir, après l'élevage je serai
fixé et je vous dirai mon sentiment. La paire Faisans d'Elliotest en par-
fait état, mais rien encore ne me fait supposer une ponte imminente.
» Toutes mes Perruches de la Nouvelle-Zélande à front pourpre, auri-
ceps et alpinus couvent ou élèvent. J'ai déjà obtenu depuis décembre
dernier 31 jeunes des trois paires de la première espèce. Les Perruches
Erylhroptères s'accouplent. Les Colombes poignardées et Lophotès ont
leurs premiers jeunes. P.ien encore des deux paires Colins de Sonnini,
dont une paire a passé l'hiver dehors et paraît avoir moins souffert que
celle que j'ai rentrée en appartement. »
— M. le Directeur du Jardin d'acclimatation communique la lettre sui-
vante, qui lui est adressée par M. le D^ Rabé, de Maligny (Yonne) : « Je
pense vous intéresser en vous annonçant les résultats que j'ai obtenus
avec les Oies d'Egypte que vous m'avez envoyées il y a deux ans.
» L'année dernière, la femelle n'a pas pondu ; cette année, malgré un
froid de 4 degrés en moyenne qui un jour est descendu à 10 degrés, mal-
gré la neige sur le dos, la femelle a couvé bien régulièrement, et quatre
petits sont éclos, sur six œufs; des deux autres, l'un était clair, l'autre
contenait un oisillon mort à terme dans la coquille.
» Aujourd'hui mes quatre oisillons ont dix jours, courent sur les pe-
louses avec les parents, qui ne les quittent pas, et se mettent à l'eau très
volontiers.
» Je suis moins heureux avec les Oies du Canada. Le mâle, qui m'est
parvenu en 1881, par le même envoi que les Oies d'Egypte, pour une
raison que j'ignore (sa trop grande jeunesse probablement), n'est pas
supporté par la femelle que j'ai depuis six ans et qui depuis trois ans
pond sans résultat (depuis la venue de ce mâle). Avant lui, d'autres
mâles l'avaient fécondée et tous deux sont morts phtisiques (tuber-
cules dans les os, cavernes dans les poumons); j'en avais fait l'autopsie.
» Cependant je ne désespère pas complètement ; j'ai vu ce mâle s'ac-
coupler avec une Oie de basse-cour.
ï Pour celte année je n'ai rien encore à attendre ; la femelle couve des
œufs inféconds. »
— M. de Confévron écrit de Langres : « Je viens de lire avec la plus
grande attention le projet de loi sur la chasse, qui a été présenté le
12 mai 188"2 à la Société nationale d'Acclimatation par la Commission y
relative.
FROCÈS-VERBAUX. ^ÔS
» Les dispositions de cette loi sage et bien conçue, auraient certaine-
ment, appliquées avec vigilance, discernement et fermeté, donné d'excel-
lents résultats il y a quinze ans, alors que le mal n'avait pas atteint le
degré auquel il est arrivé. Mais je doute qu'elles soient suffisantes, main-
tenant que le mal est à son comble.
» A une situation désespérée il faut un remède héroïque et j'eslime
que la suppression absolue de toute chasse pendant plusieurs années ne
serait pas de trop.
» Dans les environs de Paris, où l'on a des chasses gardées avec des
réserves, on ne peut se faire une idée de l'état de choses en province,
où les rares couples de Perdrix existants pourront à peine suffire au
repeuplement. Non seulement il faudrait ne plus tuer un seul de ces
oiseaux, mais encore il conviendrait d'en mettre et de les défendre.
» Une vérité, dont il serait désirable qu'on fût bien pénétré, c'est que
les exceptions introduites dans une loi comme celle dont nous nous occu-
pons, sont des portes largement ouvertes aux abus et aux infractions.
C'est pourquoi je voudrais que la chasse, une fois fermée, fût absolument
interdite, sans distinction du gibier de passage ou autre. Cette distinc-
tion, très délicate à établir du reste, rend la surveillance et la répression
presque impossiïjles. En effet, sous prétexte de chasser des oiseaux d'eau
ou de passage, on s'écarte un peu, on est tenté, l'occasion fait le larron
et on détruit toutes espèces d'autres gibiers. Les Ramiers payent pour
les Bécasses absentes.
» La latitude laissée aux préfets (art. 3) d'ouvrir et de fermer la
chasse, sur leur seule initiative, me paraît trop large et je crois qu'il
serait sage de demander que ces décisions ne fussent prises qu'après
consultation d'une commission recrutée parmi des personnes compétentes
dans les questions d'histoire naturelle.
ï Les dispositions du paragraphe 5 de l'article 4 me semblent aussi
beaucoup trop élastiques. 11 est nécessaire de prohiber d'une façon gé-
nérale et absolue la destruction de tous les nids.
» Les gardes champêtres ou autres agents ne peuvent, en eff'et, distin-
guer à quelles espèces appartiennent les nids trouvés entre les mains des
maraudeurs. Il faudrait leur supposer des connaissances assez avancées
en ornithologie et qu'ils n'ont certainement pas, pour croire qu'ils pour-
ront reconnaître la nature du nid, des œufs ou même des petits oiseaux
non encore emplumés. L'interdiction complète présente moins de dan-
gers que la latitude laissée.
» Les constatations prescrites par le paragraphe 4 de l'article 5 de la
loi primitive sont très difficiles et ne recevront certainement pas sou-
vent une sanction efficace. La nouvelle rédaction vaut beaucoup mieux.
» A mon humble avis, toute condamnation pour contravention aux lois
sur la chasse devrait entraîner, pour celui qui l'aurait encourue, la pri-
vation d'un permis.
254 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
» Toutes chasses de nuit ou avec nappes, filets, raquettes ou engins
quelconques devraient être interdites, la chasse au fusil étant seule
permise.
» La nouvelle loi manque aussi d'une disposition interdisant sur le
territoire français le transport de Cailles vivantes, prises au départ ou à
l'arrivée sur les côtes et s'expédiant par milliers en Angleterre ou en
Belgique. Ces agissements doivent nécessairement amener dans un temps
limité une destruction absolue de ces charmants oiseaux.
» Quant aux oiseaux migrateurs, très improprement appelés de pas-
sage, il ne faut pas perdre de vue qu'ils ne sont à l'état de passants que
pour se rendre là oîi ils nichent. Or, s'ils sont détruits pendant la route,
la reproduction ne peut avoir lieu. Je ne pense donc pas que cette dis-
tinction entre les oiseaux de passage et ceux qui ne sont pas considérés
comme tels, doive avoir lieu. D'ailleurs la chasse de beaucoup d'entre
eux s'effectue au moment des nichées. C'est ainsi que lâchasse à la passe
de la Bécasse est, fort à tort, permise pendant les mois de mars et
d'avril, qui sont ceux pendant lesquels les oiseaux entrent dans leur
saison d'amour, se recherchent, s'accouplent et nichent dans nos con-
trées, étant des plus précoces. Ils voltigent alors en se poursuivant au-
dessus des taillis et c'est là ce qu'on appelle la passe. Tuer une Bécasse
en mars produit donc, au point de vue de la destruction, le même effet
que tuer une Perdrix en mai.
s Le paragraphe 5 de l'article 9 est un de ceux que j'ai voulu désigner
comme ouvrant la porte aux abus. Le paragraphe 7 du même article
laisse aussi une bien grande latitude aux préfets, ainsi qu'aux Conseils
généraux dont les membres ne sont pas tous ornithologistes.
-» Le paragraphe 9 abandonne les oiseaux d'eau qui fréquentent les
bords de la mer à une destruction complète. Ils méritent cependant bien
une protection quelconque et ont aussi leur époque de reproduction, qui
s'effectue non loin des rivages.
» Article 12. A partir de la fermeture de la chasse, tout chien ren-
contré faisant acte de chasse et accompagné ou non, devrait être mis en
fourrière et donner lieu à un procès-verbal contre son propriétaire.
» Les savants non chasseurs, ou les personnes notoirement connues
pour s'occuper de questions scientifiques, devraient seules pouvoir bé-
néficier des dispositions additionnelles de l'article 11.
» Maintenant permettez-moi une digression.
j On cherche, dans les écoles primaires, à inspirer aux enfants
l'amour des oiseaux et à réagir contre leur penchant naturel à la des-
truction des nids. On ne peut trop appaludir à ces bonnes dispositions,
dont les oiseaux et les enfants ne peuvent que tirer profit. Mais on doit,
dit-on, faire une distinction entre les oiseaux utiles et les oiseaux nui-
sibles. Là est le danger. Outre que cette distinction subtile ne peut guère
être que relative, qui l'établira? Comment les agents ou fonctionnaires
PROCÈS-VERBAUX. 255
reconnaîtront-ils l'espèce des nids saisis entre les mains des délinquants,
à quels oiseaux ils appartiennent ? Qui dira, ce nid est de Tourterelle,
ce", autre d'Émérillon? puisque, selon le cas, ils constitueront un corps
de délit, ou seront le témoignage d'une bonne action. Enfin, qui peut
déclarer d'une façon certaine que tel oiseau est nuisible ? Dans cette
catégorie on range le Corbeau, or celui-ci détruit les vers blancs en
grande quantité. A ce point de vue donc il est utile et je ne vois pas
que d'un autre côté il commette beaucoup de méfaits. Les Pies-griècbes,
qui mangent les peiits oiseaux, mangent aussi des vers blancs, des in-
sectes, et d'autres oiseaux déclarés nuisibles détruisent bon nombre de
rongeurs. Comment donc déterminer d'une façon certaine si le bien
qu'ils font d'une part ne balance pas le mal dont ils sont coupables d'autre
part et si, somme toute, il n'y a pas compensation. Les rongeurs eux-
mêmes n'ont-ils pas leur bon côté? Les Loirs détruisent un nombre
incalculable de Hannetons. Faut-il donc, me direz-vous, ménager ces ani-
maux? Non, je ne vais pas jusque-là, car ils font plus de mal que de bien,
par les déprédations auxquelles ils se livrent sur les nids des oiseaux,
sur ceux des Lapins même et par les pertes qu'ils occasionnent en atta-
quant les plus beaux fruits.
» Quant aux oiseaux, je ne pourrais guère parmi eux désigner, à coup
sur, comme nuisible que la Pie, et encore !
i Beaucoup d'oiseaux, sans doute, sont coupables de méfaits au point
de vue des récoltes, des fruits ou même des autres oiseaux. Mais ils
racbètent cela en aidant au repeuplement de nos forêts, dont ils dissé-
minent les graines, ou par d'autres services.
■» Je trouve donc très dangereux de dresser une liste des proscription;s
et de dire aux enfants : Ceux-ci sont utiles, ceux-là nuisibles, allez,
épargnez les uns, massacrez les autres sans merci! On peut parfaite-
ment ainsi faire fausse route, sans compter que la distinction des nids
n'est pas toujours facile pour des enfants inexpérimentés. Rien des inno-
cents seraient, de bonne foi ou non, sacrifiés pour les coupables.
■ ï Avant tout il faut se bien pénétrer de cette vérité : que, dans l'élat
de nature, tout se trouve dans une harmonie parfaite et dans d'admi-
rables proportions, qu'aucune espèce animale ou végétale n'est envahis-
sante au détriment des autres. Les animaux se faisant récipro(iuemenl
la guerre pour l'existence et se nourrissant aussi des plantes, il en ré-
sulte que tout se maintient dans un équilibre constant, que l'homme,
avec sa civilisation, ses besoins, sa vie en agglomération vient seul
déranger.
» Loin de moi la pensée que, pour son plus grand bien, l'homme
devrait vivre à l'état de nature, dans la barbarie et la sauvagerie, res-
pectant les animaux fauves ou se laissant manger par eux. Nul ne goûte
plus que moi les bienfaits de la civilisation et n'est plus partisan de ses
progrès. Mais, lorsqu'il s'agit de conservation ou de propagation des
256 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
animaux, on ne saurait tenir trop grand compte de leurs conditions na-
turelles d'existence, pour s'en rapprocher le plus possible et pour com-
battre les perturbations qui y sont apportées par l'humanité, jetant
nécessairement un trouble dans la pondération primitive. Ceci bien
compris, il ne faut pas une abstraction intellectuelle bien grande pour
se rendre compte qu'en détruisant une espèce animale quelconque, fût-
ce la plus infime, on apporte à l'ordre naturel une modification dont ou
ne peut deviner les eftets et mesurer les conséquences.
» Ainsi donc ne détruisons qu'avec une extrême circonspection el
beaucoup de réserve les oiseaux, même ceux qui nous semblent nuisi-
bles, car nous ne savons pas bien ce que nous faisons, ni la répercussion
infinie que la suppression d'une espèce peut avoir dans la nature.
» Mais efforçons-nous, au contraire, de conserver et de propager les
espèces qui nous sont utiles ou agréables, par tous les moyens à notre
disposition, et pour cela ne dédaignons pas les enseignements que nous
donne l'observation de l'état naturel de choses.
» En ce qui concerne la chasse et la conservation du gibier, ayons
une loi bien nette, bien précise, bien compréhensible, disposant d'une
façon générale, n'ouvrant pas la porte aux exceptions, ne se prêtant pas
aux interprétations ni aux distinctions subtiles. Surtout, faisons-la ob-
server.
» Telles sont les réflexions [qui m'ont été suggérées par le projet de
loi sur la chasse et par mon désir de voir prendre des mesures pratiques
pour la conservation du gibier et des oiseaux. »
— M. Léo d'Ounous demande à prendre part aux distributions d'œufs
de Salmonidés faites par la Société.-
— M. Henneguy adresse plusieurs exemplaires d'une note qu'il vient
de publier sur une épidémie qui a détruit, cette année, tous les jeunes
alevins de Truite du laboratoire du Collège de France.
— M. Rivoiron accuse réception el remercie des œufs de Saumon des
lacs qui lui ont été adressés.
— M. Rathelot écrit du Grand-Montrouge: « l^es œufs de Saumon des
lacs que vous avez bien voulu me faire remettre, sont tous éclos dans les
journées des 10 et il avril ; je n'ai éprouvé qu'une perle de 7 œufs sur
les 800 que vous m'avez donnés. Les œufs de Truite que j'avais mis en
incubation le 19 décembre ont mis de 95 à 107 jours pour éclore, à la
température moyenne de + 5 degrés. »
— M. Cloquet écrit de Sèvres : « J'ai reçu de la Société, à la fin
d'avril 1882, 600 el quelques œufs d'Attacus Pernyi. Comme je vous
l'avais annoncé dans mon accusé de réception, j'avais partagé mon édu-
cation en deux parties, une en chambre, l'autre à air libre. Le 1" mai,
vers huit heures du' malin, l'éclosion commençait et durait ainsi tous
les jours suivants de huit à onze heures du matin. L'éclosion a été en
augmentant de jour en jour. Le premier jour, apparaissaient 7 larves,
PROCÈS-VERBAUX. 257
le lendemain, 9, et ainsi de suite en augmentant. Le 20 mai, l'éclosion
était de 30, elle se maintenait ainsi dans une moyenne de 30 à 35 pendant
trois ou quatre jours et redescendait ensuite à une moyenne de 15 jus-
qu'au 26 mai. A partir de ce jour il n'y avait plus aucune éclosion ; il
était né 371 vers, quelques-uns étaient morts à la sortie de l'œuf. Les
œufs restant se déprimèrent rapidement. Je fus étonné de la grande
quantité d'œufs mauvais (environ 250). Je ne sais à quoi attribuer cela,
L'éclosion avait lieu dans une pièce au midi (20 à 22 degrés). Les vers
ne mangeaient pas tout de suite, ils ne commençaient guère que dans
la nuit suivante.
ï. Au bout de quatre ou cinq jours, vers le 1« juin, lorsque je jugeai
la température suffisante, je plaçai dans mon jardin exposé au soleil,
dans une cage vitrée et grillée, la partie que je me proposais d'éle-
ver à air libre (200 environ). Les autres furent laissés dans la pièce
d'éclosion. Le 3 juin, les premiers nés entraient dans leur premier som-
meil et les autres successivement. Malheureusement pendant le premier
sommeil, une nuit, un violent orage s'abattait sur le pays, la cage mal
consolidée fut renversée par le vent, et l'eau entrant dans la cage, dé-
truisait les trois quarts de mes chenilles. Le lendemain je n'en retrouvais
qu'une trentaine qui avaient échappé au désastre. Je les transportai
aussitôt dans la chambre d'éclosion avec les autres et je renonçai pour
cette année-là à l'éducation à air libre.
» Les variations de température pendant l'année 1882, comme vous
le savez, ont été assez brusques et le thermomètre a peu monté. Le so-
leil a été assez rare. Quoique l'éducation ait marché assez régulièrement,
les sommeils ayant lieu à espaces réguliers de neuf à dix jours et durant
de quatre à six jours en moyenne, avant le quatrième, pour une cause
que je ne m'explique pas et que je n'ai pu trouver, j'ai perdu une grande
(juantité de chenilles. Je leur ai toujours autant que possible fourni les
feuilles les plus fraîches possible. J'avais choisi dans le parc de Saint-
Cloud un petit taillis de chênes, où j'allais faire ma récolte de feuilles,
ne choisissant ni les jeunes ni les trop vieilles feuilles et ne voulant pas
changer d'arbres. Aucun oiseau, aucun insecte n'a pu m'en détruire.
Les chenilles mouraient ou disparaissaient par grandes quantités. Enfin,
vers les premiers jours d'août, les quelques vers qui avaient échappé
commençaient leur cocon. J'en ai obtenu une quinzaine et j'ai pu éviter
l'éclosion des papillons et aussi une seconde éducation. Je compte re-
commencer cette année, si mes papillons viennent bien et s'accouplent,
mais je doute de ce fait ; il ne s'est encore rien produit dans les cocons.
11 me semble pourtant que le moment serait arrivé.
» Si la Société peut encore cette année disposer de graines, je deman-
derai la faveur d'être compris dans cette distribution pour une toute
petite quantité, espérant n)ieux réussir celte année que la précédente.
» J'ai semé cette année du Soya liispida. Placé dans un terrain sec,
3' SÉRIE, T. X.— Avril 1883. 17
258 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aGCLIMATATION.
crayeux, il a parfaitement réussi et a été d'un rapport très considérable.
)i J'avais aussi obtenu de la Société une petite quantité de graines de
Sagyina (Sorgbo). Semé en ligne comme du Maïs, il a parfaitement
réussi. Les épis sont très bien venus, le grain était très beau et très
bien formé, mais il n'est pas arrivé à complète maturité. J'attribue cela
au peu de soleil et aux mauvais temps que nous avons eu l'été dernier.
Les tiges sont d'une liauteur de 2 mètres à peu près, bien fournies, et
donnent une très bonne paille qui peut remplacer la paille de Mais.
La croissance est assez rapide et la maturité a eu lieu vers la fin de
septembre.
» J'avais donné une petite quantité de graines de Soya et de Saggina
à une personne habitant Montgeron, chez laquelle elles ont aussi très
bien réussi.
» Une personne habitant Juvisy m'a appris hier qu'il y a quelques
jours on avait capturé dans la Seine un Saumon pesant 23 livres et me-
surant environ 80 centimètres de long. Je crois être utile à la Société
en lui signalant ce fait, qui n'est pas rare, à ce qu'il paraît, dans ce
pays. »
— M. Alfred Wailly adresse de Tudor Villa, Norbiton (Angleterre),
un rapport sur ses éducations de Bombyciens séricigènes pendant l'an-
née 1882. 11 y joint un article sur les Lépidoptères anglais et européens,
extrait du Land and Watei-. « J'attends, écrit M. Wailly, une caisse de
Cocons Mylitta (grande race de l'Himalaya), la seule que j'ai réussi à
élever en ltS79. Ils me sont expédiés de Calcutta et le navire est à Lon-
dres depuis vendredi dernier. Si les Cocons sont tous bien vivants, j'en
aurai bon nombre, car j'en attends d'autres de Ceyian et de Bombay ;
mais on ne peut compter que sur ce que l'on tient eu bon état. »
— M. Pontet, président de la Société d'Horticulture et d'Acclimatation
du Cantal, adresse une demande d'oeufs de Vers à soie du chêne.
— M. Mollinger adresse de Godesberg, près Bonn (Allemagne), un
petit lot de cocons de différentes espèces de Vers à soie : Telea Poly-
phemus, Attacus cynthia, Samia cecropia et Samia Promethea, tous
de provenance américaine. — Uemerciements.
— M. Charles Baltet prie la Société de vouloir bien lui faire parvenir
des œufs de plusieurs espèces de Vers à soie.
— MM. Fabre père, Le Guay, Jean Burky, Duplantier, V. Fleury,
Guy aîné, Lecointre, Mathey, Emile Meunier et Mollinger demandent à
orendre part à la distribution de graines annoncée dans la Chronique.
— MM. Mathey, Gnecchi et Mollinger remercient des envois de graines
qui leur ont été faits.
-- M. Fréd. Bomanet du Gaillaud prie la Société de vouloir bien lui
procurer, s'il est possible, du plant de Tradescantia erecla.
— M. Fréd. Palmer demande si la Société possède des renseigne-
ments sur une nouvelle variété de Pommes de terre dite du Brésil.
PROCÈS-VERBAUX. 259
— M. A. Derré de Sablé (Sarlhe)' rend compte des résultats donnés
par différentes graines et plantes provenant de la Société.
— M. de Saint-Quentin écrit de Cette : « Le Cytisus proliferiis, dont on
a distribué récemment des graines et dont j'avais reçu quelques se-
mences il y a cinq ou six ans, sous le nom de Tagasaste, je crois, vient
parfaitement dans la région de Cette. J'avais partagé mes graines avec
quelques propriétaires, qui n'ont pas su ou voulu s'en occuper. Sur cinq
que j'avais gardées et qui ont levé, j'ai perdu, par accident, quatre
plants. Un seul existe encore ; il a 2 mètres de haut, il est très étalé
et a toujours résisté aux tentatives que j'ai faites pour le faire monter,
en lui formant un tronc central. La tige que l'on dresse contre un tu-
teur ne se développe plus et les branches latérales deviennent plus
vigoureuses. Il n'a jamais fleuri. Cette année, je viens de le tailler dans
l'espérance que cette opération provoquera des fleurs au printemps.
» J'avais reçu à la même époque des graines d'un Psoralea peu dif-
férent de ceux du pays, et qui vient aussi assez bien à Celte. Il portait le
nom de Tédéras dans l'envoi. Cette plante résiste moins bien à la sé-
cheresse de nos régions que le Cytise prolifère. Elle paraît avoir les
feuilles plus serrées et plus abondantes que la Psoralée commune ; elle
est aussi d'un vert plus gai. Peut-être n'est-ce qu'une race de la vul-
gaire. Je ne crois pas qu'ici elle puisse être d'une grande utilité.
» J'avais encore reçu des graines de Mclaleuca parviflora à peu près
en même temps, sinon antérieurement. Cette plante résiste ici en pleine
terre. J'en ai même un pied assez grand, puisqu'il a 1m,80 environ;
mais l'aspect de ce végétal est misérable et désordonné. Les branches
retombent sans grâce dans tous les sens, et le feuillage est maigre et
ténu. En outre, depuis plusieurs années que je le soigne, il ne m'a ja-
mais donné une fleur. »
— M. Romanet du Caillaud écrit à M. le Secrétaire général : « J'ai
bien reçu la lettre par laquelle vous avez eu l'obligeance de m'accuser
réception des graines de Spinovitis Davidi à raisins blancs et à rai-
sins rouges, vignes originaires du Chen-Si (Chine). La variété à raisins
blancs est cette année introduite en Europe pour la première fois.
» J'ai offert ces graines de Vignes chinoises à la Société d'.Vcclimata-
lion de la part de S. G. M'J"" Pagnucci, l'évêque coadjuteur du vicariat
apostolique du Chen-Si.
î Depuis trois ans M'J' Pagnucci m'envoie des graines de vignes de
sa province.
> Cette année, il m'avait en outre adressé des graines d'un Chêne à bois
très dur et d'autres graines fort utiles ; mais, sans doute par suite d'un
accident dans le transport par voie de terre sur un parcours de 800 à
1000 kilomètres, cet envoi ne m'est pas encore parvenu.
> La Société a bien voulu, l'année dernière, récompenser ma bonne
volonté par une médaille de bronze. Peut-être cette année jugera-t-elle
260 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
convenable de récompenser également le zèle de M'J' Pagnucci, auquel
j'attribue tout le succès de mes tentatives d'acclimatation. »
M. de Gonfévron écrit de Langres: « Il est reconnu et admis que
le o^reffage, le bouturage et autres procédés par lesquels on multiplie
les différentes variétés d'arbres fruitiers, ne constituent pas des sujets
nouveaux ayant une existence propre. Les arbres ainsi obtenus ne font
que continuer, en quelque sorte, la vie du sujet principal d'où ils éma-
nent et dont ils ne peuvent être considérés que comme des membres sé-
parés à l'infini, comme des enfants nés vieux de l'âge de leur père, pour
ainsi dire, et ne pouvant arriver à un âge bien plus avancé que lui. Il
y a bien un petit regain de force, mais momentané et résultant d'une
sève un peu rajeunie par le bouturage ou par la vigueur du sujet nour-
ricier auquel on confie la greffe.
» De cette théorie il résulte qu'une espèce obtenue par graine, puis
multipliée par greffe, par écusson ou par bouturage, ne peut avoir beau-
coup plus de longévité que le sujet primitif.
î Ceci explique la disparition ou la dégénérescence par vétusté ou ané-
mie sénile, d'une grande quantité d'excellentes espèces de fruits, dont
l'obtention par graine remonte à 100 ou 200 ans.
» Ce fait est surtout remarquable pour les espèces de Poires dont les
unes ont disparu, d'autres deviennent rares, d'autres sont presque
introuvables, d'autres enfin encore existantes ne sont plus représentées
que par des arbres chélifs, vieux, rabougris et ne donnent que des fruits
en petit nombre et de qualité inférieure.
3) Ces bonnes espèces, qui n'ont point été remplacées, ne peuvent être
retrouvées et rajeunies que par l'obtention d'arbres nouveaux, c'est-à-dire
obtenus par graine.
» On n'arrivera pas à ce résultat sans difficultés, dont la patience et
la persistance peuvent seules triompher.
» Il est, en effet, presque aussi difficile de retrouver par semis une
espèce perdue, que de la produire pour la première fois.
» Il me semble cependant qu'avec un peu de soin et d'entente on peut
arriver à un bon résultat : en utilisant, par exemple, les semences des
variétés dont on a encore des échantillons et en employant la fécon-
dation artificielle par des espèces analogues. Quant aux espèces entière-
ment perdues, on tâcherait de les retrouver par celles s'en rapprochant
le plus.
» Citons quelques-unes des Poires disparues ou en train de disparaître
et qu'il y aurait intérêt à retrouver : les Saint-Germain, Cressane, Beurré
gris. Bon chrétien d'hiver, Doyenné blanc. Doyenné de la Pentecôte,
Rousselet fin, Bezy Chaumontel, Martin sec, Messire Jean, etc.
j Le travail auquel il faudrait se livrer pour arriver à bonne fin, se-
rait intéressant et fort utile, mais peu productif. C'est pourquoi il me
semble que cette recherche devrait être encouragée par l'attribution
PROCÈS-VERBAUX. 261
d'une récompense de la Société d'Acclimatation à celui qui aurait ob-
tenu par graine les espèces les plus recommandables de fruits en train
de disparaître ou entièrement disparus.
» Ce que j'ai dit des Poires peut, bien entendu, s'appliquer à d'autres
fruits, à tous les arbres et surtout aux fleurs doubles qui ne se renou-
vellent pas par graine. »
€beittcN. — M. de Fays écrit de Templeure : « J'ai perdu cette nuit,
de la diphtérite, la femelle du couple d'Éperonniers chinquis qui m'a été
envoyé en cheptel le 6 courant. J'ai écrit, il y a quelques jours, au Jardin
d'acclimatation pour lui signaler l'état des oiseaux. Ceux-ci m'avaient
paru tristes dès leur arrivée, mais comme ils avaient été près de trois jours
en route, je mettais leur bouderie sur le compte des fatigues du voyage.
Néanmoins, je les ai soumis à un régime préventif, qui n'a pu empêcher
Je développement du mal. »
— M. V. Fleury écrit de La Drouetière : «Mon cheptel de Poules de
Dorking, pris de diphtérite à peine arrivé, me semble aller mieux. Une
Poule est complètement guérie; le Coq est mieux; mais l'autre Poule est
encore assez malade. Nous les soignons assidiàment et leur faisons prendre
d'énergiques reconstituants et antidiphtéritiques. Ces oiseaux devaient
avoir le germe de la maladie en arrivant ; car je les ai trouves au dé-
ballage fort tristes et sans activité et depuis un an, nous n'avons pas
perdu une seule Poule de cette maladie, qui est toujours fort rare dans
notre basse-cour. Cette basse-cour est fort spacieuse, 1200 mètres carrés
environ ; 4 jeunes poulets de février étaient seuls avec eux et l'un d'eux à
leur contact a pris la diphtérite et est mort. Nous n'avonssauvè les autres
qu'en les enlevant immédiatement et en les mettant en liberté dans le parc.»
— M. Mathey annonce le renvoi des oiseaux survivants de son cheptel
de Poules de Uorking.
— M. Coignard écrit de Sablé (Sarthe) : « J'avais eu l'honneur de vous
annoncer dans une lettre précédente que la femelle Ccréopse avait couvé
six œufs qui étaient mauvais. Aujourd'hui je suis heureux de vous an-
noncer qu'une seconde Poule a mieux réussi. Sur cinq œufs j'ai cinq
petits, qui me paraissent très vigoureux. Je les nourris avec des œufs
durs, de la laitue hachée, du son et du pain.
» Mes Cygnes noirs me paraissent devoir être encore improductifs
cette année, les accouplements sont cependant fréquents. »
— M. Martel-Houzet, de Tatinghem (Pas-de-Calais), rend compte de
la perte accidentelle de la femelle de son cheptel de Canards Casarkas.
— M. Le Guay fait connaître que son cheptel de Canards mandarins est
en bon état et que ses deux Chèvres naines lui ont donné chacune une
chevrette.
— M. Maisonneuve écrit de Challans (Vendée): « Mes Paddas n'étant
pas parfaitement blancs, m'ont donné des produits mélangés, et des gris
très purs, ainsi, du reste, que j'en avais la conviction. L'an dernier, les
262 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
couvées n'ont pas réussi, et aujourd'hui parents et enfants ont des œufs,
mais ne couvent pas régulièrement. Enfin j'ai perdu la rnère au mois
d'octobre dernier. Quant au père, je ne saurais le distinguer de ses
enfants. Je renonce à l'élevage des Paddas blancs, et dans quelques mois
je retournerai 7 à 8 oiseau.x à la Société. »
— M. Jules Grisard donne lecture d'une lettre adressée à M. le Secré-
taire général par M. Bouchereaux, qui rend compte des résultats inté-
ressants obtenus par l'emploi d'une couveuse artificielle pour l'incubation
d'œufs de Casoar (voy. au Bulletin).
— M. Saint-Yves Ménard désirerait savoir s'il existe des observations
antérieurement faites et déjà connues, concordant avec l'opinion émise
dans cette lettre par M. Bouchereaux, à savoir: que, pour des oiseaux du
volume du Casoar, la température de la couveuse doit être inférieure à
celle qui convient pour des œufs d'oiseaux de plus petite taille.
— M. Dareste ne croit pas que des observations de ce genre aient été
faites jusqu'à ce jour. Pour les œufs de Poule il faut une température
de 35 à 40 degrés. Un fait très intéressant, mais non encore étudié d'une
manière convenable, c'est que, dans l'œuf delà Poule, il y a vers le 8*^ ou
le 10* jour de Tincubalion, apparition de la respiration embryonnaire et,
par suite, production de chaleur. Pendant les deux dernières semaines
de l'incubation, l'œuf développe de la chaleur. Aussi, quand on opère
avec une étuve contenant un certain nombre d'œufs, peut-on diminuer
la chaleur fournie par l'appareil. L'expérience apprendra si le fait peut
s'appliquer à des œufs plus gros que les œufs de Poule.
— M. Saint- Yves Ménai'd fait remarquer que l'observation de M. Bouche-
reaux constate une durée variable de l'incubation pour des œufs qui parais-
sent avoir été placés dans des conditions identiques; une éclosion s'est
produite au bout de 56 jours, une autre au bout de 64, soit 8 jours de
différence. 11 serait intéressant de savoir si d'autres observations ont
jiermis de constater des durées d'incubation aussi variables. Pour les
œufs de Poule, dont l'incubation ne dure, il est vrai, que "21 jours, les
différences qui se produisent ne s'étendent guère au delà d'une journée,
• et ne sont même, en général, que de quelques heures.
— M. Dareste pense que les différences constatées tiennent à ce que
les œufs ne sont pas tous exposés à une même température dans la cou-
veuse artificielle, où certains points peuvent être moins chauffés que
d'autres.
— Telle est également l'opinion de M. Saint-Yves Ménard, qui rappelle
toutefois que sur des œufs de Casoar soumis à l'incubation naturelle au
Jardm d'acclimatation, on a également constaté des différences de 6 à
8 jours dans la durée de l'incubation; l'explication du fait est encore
à trouver.
— M. Camille Dareste dit avoir constaté sur des œufs soumis seule-
ment à un commencement d'incubation que, chez quelques-uns, le déve-
PROCÈS-VERBAUX. 563
loppement initial se fait avec une rapidité très grande, alors qu'il est
d'une extrême lenteur chez d'autres placés exactement dans les mêmes
conditions. L'évolution embryonnaire est aussi avancée pour les uns, au
bout de vingt-quatre heures, que pour les autres au bout de trois jours.
Il y aurait intérêt à rechercher si cette inégalité de développement au
début entraîne des différences dans l'époque de l'éclosion.
— L'assemblée décide le renvoi de la lettre de M. Bouchereaux à la
Commission des récompenses.
— A l'occasion d'une note de iM. Merlato, publiée dans le numéro de
janvier du Bulletin, sur l'élevage de l'Autruche, M. Camille Dareste dit
qu'il ne saurait partager l'opinion émise dans ce travail, à savoir : que,
dans l'œnf, l'autruchon ne perce pas la chambre à air avant d'éclore.
a. Toutes les personnes qui s'occupent d'incubation artificielle, ajoute
M. Dareste, savent que, le plus ordinairement, lorsque le poulet a la tète
tournée vers le gros bout de l'œuf, il ne peut éclore qu'après avoir percé
la chambre à air et commencé à respirer dans l'intérieur de la coquille.
Les observations de M. Bouchereaux montrent que le Casoar ne fait pas
exception à cette règle d'éclosion, et que cet oiseau perce la chambre à
air et commence à respirer par les poumons avant de briser la coquille.
11 est donc permis de supposer, par la très grande ressemblance de l'Au-
truche avec le Casoar, qu'il y a quelque erreur d'observation dans les
faits qui nous ont été indiqués par M. Merlato. »
— M. A. Leroy donne lecture d'une note sur le dépeuplement et le
repeuplement des rivières de France (voy. au Bulletin).
— M. Baveret-Wattel signale, à l'occasion de celle communication,
le tort considérable causé aux rivières par l'insuffisance de certaines
dispositions de la législation sur la pêche; par le braconnage; enfin par
la souillure des eaux, qu'empoisonnent les matières résiduaires d'iui grand
nombre d'usines.
— M. le Président dit qu'indépendamment de ces différentes causes de
destruction du poisson, il en est une autre sur laquelle on ne saurait trop
appeler l'attention : c'est le curage à franc bord prescrit par l'admi-
nistration pour tous les petits cours d'eau. Les rives deviennent des pa-
rois absolument verticales; toutes les plantes sur lesquelles frayent le
poisson disparaissent. Or c'est précisément dans les petits cours d"eau,
affluents des rivières principales, que se développent surtout les alevins.
Aussi le curage à franc bord, quand il n'est pas absolument nécessaire
pour faciliter l'écoulement de l'eau et assurer l'alimentation des usines,
devrait-il être proscrit comme une des causes profondément regret-
tables de la disparition du poisson. Cependant, loin d'être une exce|>tion,
ce curage est actuellement une pratique absolue et obligatoire. Ile là
une destruction effrayante du poisson.
— M. Millet rappelle que la question du dépeuplement et du repeuple-
ment des cours d'eau a été fréquemment l'objet d'une attention toute par-
264 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
ticulière de la part de la Société d'Acclimatation, qui a vu plusieurs des
mesures qu'elle proposait pour remédier au mal, adoptées par l'admi-
nistralion (1). Parmi ces mesures ligure la création de réserves de pêche,
dont on a obtenu d'excellents résultats. Plus de 820 kilomètres de
rivières flotlables ou navigables sont actuellement constitués en réserves,
dans lesquelles toute pêche, même celle à la ligne flottante, est interdite
pendant cinq années consécutives.
— Tout en reconnaissant les bons effets des réserves, au moins sur
certains points, M. Raveret-Wattel estime qu'il convient de ne pas s'exa-
gérer l'efficacité de cette mesure. En effet, les réserves protègent aussi
bien les espèces carnassières et destructives que celles qui ne le sont
pas; or la pullulation de la Perche et du Brochet a beaucoup contribué
dans ces dernières années à la disparition des autres espèces.
— M. Millet ne croit pas que le Brochet fraye dans les réserves. Quant
à la Perche, il est facile de détruire les chapelets d'œufs qu'elle attache
aux herbes aquatiques.
— L'assemblée prononce le renvoi à la S" section de la communica-
tion de M. Leroy.
Le secrétaire des séances,
C. Raveret-Wattel,
SÉANCE GÉNÉRALE DU 27 AVRIL 1883.
Présidence de M. A. Geoffroy Satnt-Hilaire, secrétaire général,
puis de M. le marquis de Sinétv, vice-président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après une
observation de M. Millet.
— M. le Président proclame les noms des membres récemment admis
par le Conseil :
MM. PRÉSENTATEURS.
. , , „ , , A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Boursier, Charles, aviculteur a Houdan \ ^ ^^^^^^
(Seine-et-Oise). ( le marquis de Sinéty.
DOULADOURE (J.-L.), directeur général de la / ^ Geoffroy Saint-Hilaire
Société la € Garantie fédérale ., assurance \ ,^ ^^^^^.^^.^ ^^ ^.^^.^^,
contre la mortahlé des bestiaux, 38, rue ^^^^^^^^^ j^j^^^rd.
des Bourdonnais, à Paris. \
^ , ,. ' Maurice Girard.
Lataste, Fernand, 7, avenue des Gobehns, \ j Grisard.
^ P^ris. ^ ]g n^arquis de Sinéty.
(1) Rapport sur les mesures relatives à la conservation et à la police de la
pêche, par M. Millet (Bulletin, 1865, p. 2G3).
PROCÈS-VERBAUX. 265
MM. PRÉSENTATEURS.
I • r. 11 .• eo ^ E. Dupin.
Le;fevre, François-Joseph, rentier, 53, avenue \ . r. «■ c • . ui •
1 AT M .' -VT 11 /r^ • X 1 A. Geoffroy Saint-Hilaire.
de Neuillv, a Neuilly (Seine). / , ■ j o- -.
■' ' V le marquis de Sinety.
I n ^ 1 ^ ' ■ . i fo c [ MuSSOn.
LOUVENCOURT (Jules de), négociant, 146, fau- \ ,, ,, . ,
. c ■ . n • ' n ^ \ Yves-Menard.
bourff Saint-Denis, a Pans. / , . , _. ,
° [le marquis de Sinety.
,, ., , .,, . . n • . ( A.Geoffroy Saint-Hilaire.
ViGNAUT, Alphonse, propriétaire, a Saint- \ , , j „, ,
_ ,^- ,n . 'i Ifc comte de Montlezun.
Sauvy, par Ginioiit (Gers). / ,. ... ,
•" ^ ^ ' ( \ves Menard.
— M. le Secrétaire procède au dépouillement delacorrespondance.
M. Bouley, président, et M. Raveret-Wattel, secrétaire des séances,
s'excusent de ne pouvoir assister à la séance.
— Des comptes rendus de leurs cheptels sont adressés par MM. Dode-
mont-Delloye, Claude Lefèvre, Leprévost-Bourgerel, Em. Baré, Ed. Vil-
ley et Jean Kiener, ainsi que par la Société d'agriculture de la i.ozère.
— M. Ludovic Joffrion adresse une demande de graines de Vignes chi-
noises.
— M. Pays-Mellier écrit de la Pataudière (Indre-et-Loire) :
« Je lis dans le Bulletin mensuel de la Société, de décembre dernier,
qu'un tapissier de Périgueux, M. Briand, a obtenu la reproduction du
petit Singe ouistiti.
» J'ai eu, moi aussi, il y a quelques années, un couple de ces animaux,
qui ont eu deux jeunes, mâle et femelle, qu'ils ont parfaitement élevés.
Le père surtout en prenait grand soin et les portait sur son dos avec la
sollicitude la plus touchante.
» En ce moment, j'ai à la Pataudière un fait assez rare, je crois, lin
couple de Grands-ducs a fait son nid par terre, en creusant un trou dans
le sable, et la femelle seule couve ses trois œufs depuis le 29 mars.
» J'ai aussi obtenu la reproduction des Porcs-épics : ces animaux ont un
jeune mâle, âgé déjà d'un mois et demi. »
— M. Maisonneuve, pharmacien, à Challans (Vendée), écrit à M. le
Président :
< Quiconque s'est livré à l'élevage des oiseaux dits de luxe, et des Fai-
sans, Colins en particulier, est unanime à reconnaître combien il est
difficile, pénible môme, de se procurer en temps voulu, ou en quantité
suffisante, des œufs de fourmi. Voilà pourquoi, de divers côtés, des
tentatives ont été faites par les éleveurs, afin de se soustraire à cette
obligation. La Société, du reste, a parfaitement compris qu'il y avait là
une question intéressante au premier chef; aussi, dans le but de stimuler
les recherches des éleveurs, offre-t-elle une prime à l'inventeur d'un
genre de nourriture artificielle, économique, destinée à remplacer les
œufs de fourmi. Je ne sais si la question est complètement résolue
266 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATÂTION.
aujourd'hui ; dans tous les cas, permettez-moi au moment oîi le commerce
commence à fabriquer des compositions spéciales, permettez-moi, dis-je,
de revendiquer en faveur d'un aviculteur bien connu de la Société d'Ac-
climatation, la priorité d'une formule de nourriture essentiellement
pratique, économique, à base de sang. Sous ce rapport, mon confrère
M. Dauleville n'a rien innové.
» En effet, depuis plusieurs années déjà, M. l'abbé Bertin, curé de Mo-
chelles (Maine-et-Loire), réussit parfaitement, à l'aide d'une nourriture
animale dont il est l'inventeur, l'élevage des Faisans, Perdreaux, sans le
concours des œufs de fourmi, ainsi du reste que la Société d'Acclimata-
tion pourra s'en convaincre par une enquête si elle le juge à propos.
» Je vous signale ce fait et je laisse à votre impartialité bien connue
le soin de le communiquer, si vous le jugez utile, à la Commission des
récompenses. »
— M. Merlato écrit d'Aïn-Marmora (Algérie) à M. le Secrétaire général:
« Comme suiteà ma lettre du 25 mars, je me fais un devoir de vous an-
noncer que le nombre des naissances d'Autruches à ce jour, est de seize,
toutes vivantes et bien portantes. — Les premiers-nés, dont je vous
entretenais dans ma précédente lettre, ont un mois d'âge. — Tous pro-
viennent d'éclosions artificielles, car la saison ne permet pas encore de
faire couver les animaux. >
— M. l'ingénieur ordinaire des ponts et chaussées, à Guéret, écrit à
iM. l'Agent général :
« Les œufs fécondés de Salmo-Namaijcush ne sont pas arrivés en très
bon état; l'emballage formé par une simple couche de mousse a été in-
suffisant pour proléger les œufs contre la gelée, et 852 œufs blancs ont
été trouvés gelés. Les autres ont été déposés dans les bassins de Sainte-
Feyre, oîi leur éclosion a parfaitement réussi. »
— M. le Chef de l'exploitation des chemins de fer de l'État adresse deux
exemplaires de l'ordre de service par lequel il a appelé l'attention du
personnel du réseau de l'État sur les précautions à prendre pour le trans-
port des œufs vivants de poissons expédiés par la Société.
— MM. Louis et Delorange font connaître les résultats des éclosions
d'œufs de Salmonidés américains qu'ils ont reçus de la Société.
— M. Abel Leroy adresse une note en réponse aux objections faites à sa
communication lue dans la séance du 13 avril.
— M. Jules Fallou écrit à M. le Président :
« Je suis heureux de vous informer que, par décision du 29 mars 1883,
U. le conservateur des forêts de l'État a bien voulu m'autoriser à pla-
cer dans la forêt de Sénart mes nouveaux abris pour l'éducation en pleine
forêt de VAttacus Pernyi.
» M. Uich, inspecteur de cette même forêt, est venu me témoigner Fin.
térêt qu'il prenait à mes tentatives d'acclimatation de ce précieux pro-
ducteur de soie, et m'a mis aussitôt en rapport avec un garde de l'État.
PROCÈS-VERBAUX. :267
5) Le moment venu, je serai en mesure de commencer une nouvelle édu-
cation; mes efforts tendront à la meilleure réussite possible, et je serai
des plus satisfaits si je puis vous rendre compte d'un heureux résultat. »
— M. 3Ioïse Bertoni, de Lotligna (Suisse), appelle l'attention de la So-
ciété sur l'intérêt que présente la culture du Noisetier (voy. au Bulletin).
— M. de la Rochemacé écrit de Couffé (Loire-Inférieure) :
« Je ne me suis jamais occupé de Vers à soie, je crois pourtant savoir
que certaine espèce élevée sur le chêne de nos pays manque d'aliments
au premier printemps, en raison de la pousse tardive de nos Chênes.
» Or il se trouve que je possède un Chêne devançant tous les ans les
autres d'au moins trois semaines dans l'épanouissement de ses feuilles;
par ce même courrier, je vous en envoie un échantillon, adressé rue de
Lille.
B A cet échantillon j'ai joint celui du Chêne contigu, même exposition,
pour faire mieux apprécier la différence.
» Le plus précoce est en pleine floraison; il emplit l'air de pollen dès
qu'on le touche.
» S'il y avait intérêt à multiplier ce Chêne, qui est d'une belle végétation,
je pourrais en recueillir les glands à l'automne et les envoyer à la Société.
» J'ai trouvé moyen de faire supporter à mes Eucalyptus en plein vent
7 degrés sans arrêt de la végétation ; si le sujet vous intéresse, je pour-
rais vous adresser une notice ad hoc. »
— M. Brierre écrit de Sainl-Hilaire-de-Biez (Vendée) :
« Depuis deux ans, j'ai acheté ici les excédents des chemins de fer pour
y" faire des essais sur toutes les façons de plantation de Vignes que j'ai eu
lieu de remarquer dans les diverses contrées que j'ai habitées et les-
quels essais j'aurai l'honneur de vous détailler le plus tôt possible. »
— M. de Confévron écrit de Langres à iM. l'Agent général :
< Je crois devoir appeler l'attention de notre Société sur la pourriture
des Pommes de terre, qui est une question d'acclimatation au premier
chef. Toute espèce nouvelle importée donne d'abord de très bons ré-
sultais, puis au bout d'un certain nombre d'années les tubercules pour-
rissent un peu d'abord, beaucoup ensuite; on change, et les mêmes cir-
constances se produisent avec l'espèce suivante. En plantant avec les
tubercules de même espèce récoltés dans un village voisin et changeant
aussi fréquemment la semence, la pourriture se produit moins vite. Je
suis porté à croire que la pourriture provient de la dégénérescence et
qu'il y aurait lieu de prendre fréquemment les semences au pays de
production naturelle et à rectifier la culture d'après les conditions cli-
matériques de ce pays. Quant à l'humidité et à l'excès d'engrais, je pense
qu'ils ne sont ([ue des causes accessoires de pourriture.
> A cette observation relative aux Pommes de terre, je veux en ajouter
une autre analogue, concernant les Luzernes ;
» Les Luzernes provenant de graines récoltées dans la Haute-Marne,
268 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
durent de moins en moins longtemps; quelques cultivateurs commen-
cent à acheter leurs semences à Paris et disent s'en bien trouver.
)>0n a d'abord attribué la diminution de durée à ce que les Luzernes
succédaient dans la même terre, après un certain nombre d'années, à
une première Luzerne, qui avait diminué la richesse du sol pour cette
culture. Mais il a fallu constater que les Luzernes, semées avec les
graines du pays, dans les terrains les plus favorables, n'Rymt jamais
produit de récoltes de cette nature, ne donnaient pas de meilleurs ré-
sultats. Je crois qu'il faudrait songer à revenir à la graine de production
spontanée. Notez bien que dans l'Est il est difficile d'obtenir la graine
de Luzerne, on échoue souvent.
«Autre remarque, relative aux forêts. J'ai maintes fois constaté que
des arbres provenant de plantation ne font le plus souvent que végé-
ter là où leurs semis donnent des résultats surprenants. Un arbre réus-
sira, sur dix plantés : son semis sera admirable et on le disposera facile-
ment. Sous ce rapport, en fait d'acclimatation, nous devons encore être
à tâtonner: c'est pourquoi, à tous les éléments de comparaison, il ne
serait pas inutile d'ajouter la nature dex sous-sols. »
— M. A. Geoflroy Saint-Hilaire fait une communication sur les importa-
tions d'animaux faites de l'Inde par M. William Jamrach, qui vient d'opé-
rer son 37"= voyage depuis 17 ans.
De ce voyage, M. Jamrach a rapporté : deux espèces de Perdrix fort
intéressantes : l'une est la Perdrix du Boutan {Perdrix albogularis),
des montagnes neigeuses de l'Lide, dont il a déjà été parlé dans le Bul-
letin: l'autre la Perdrix d'Hoogson {Bambusicola longirostris), importée
pour la première fois, qui habite les mêmes zones. L'éducation et la mul-
tiplication de ces oiseaux présentent un intérêt sérieux, car ils seront
probablement d'une rusticité parfaite ; — puis des Lophophores, des
Tragopans de Hasting et de I5lyth,des Pucrasia, etc. Mais l'intérêt prin-
cipal de l'iniportalion de cette année est celle du Sanglier des jungles,
Forcida Salviani.
Le Jardin zoologique d'acclimatation a acquis huit exemplaires de
cette espèce, dont la taille n'excède pas celle d'un gros lapin bélier.
Les Sangliers nains adultes pèsent environ 6 kilogrammes ; ils me-
surent du bout du nez à la naissance de la queue 0™,725 leur hauteur au
garrot est de 0™,"25.
Cette espèce a été importée vivante en Europe pour la première fois
en 1882. Le Jardin zoologique de Londres en a acquis plusieurs exem-
plaires.
Les Porcula Salviani ont été capturés dans les jungles du Boutan
(Inde anglaise).
A l'état sauvage ces petits animaux ne se montrent pas dans le jour ;
ils vivent dans les broussailles et vont la nuit au gagnage dans les ri-
zières et les autres cultures.
PROCÈS -VERBAUX. 269
Pour les capturer, on forme des sillons profonds sur le sol, dans les-
quels sont teodus des lacets, puis on fait grand bruit ; en fuyant, les
animaux se prennent.
Les Indiens prétendent que les Sangliers nains sont très querelleurs
et s'attaquent volontiers à des animaux beaucoup plus forts qu'eux.
Cette introduction nous met en possession d'une espèce qui mérite
d'être étudiée. Si elle reproduit en captivité, comme nous devons l'espé-
rer, elle pourra donner à nos basses-cours un animal intéressant par
la qualité de sa chair, qui est bonne, et qui, vu sa petite taille, ne tiendra
pas plus de place que le lapin.
M. le Secrétaire général a eu outre appris de M. Jamrach un fait cu-
rieux d'acclimatation : les Perruches ondulées d'Australie sont aujour-
d'hui tout à fait naturalisées à Calcutta ; elles habitent la ville même,
où elles peuplent beaucoup de grands arbres et oîi elles paraissent se
trouver à merveille du climat.
M. Geoffroy Saint-Hilaire donne ensuite connaissance à la Société d'une
lettre du Père Gauthier, missionnaire au Kouang-Si, annonçant l'envoi
de deux variétés de Riz de montagne, sur lesquelles ce missionnaire entre
dans des détails intéressants (voy. au Bulletin) .
— A l'occasion de cette communication, M. le marquis de Sinéty rappelle
qu'il avait reçu de la Société, il y a fort longtemps, un échantillon de riz
sec, qui, semé dans les meilleures conditions, avait parfaitement végété,
mais n'avait pas donné de graines.
— M. Ed. Pienard rappelle qu'à son retour de Chine il avait été chargé
par le Ministre du Commerce de faire des essais de culture de cette
plante à Arcachon. Le Piiz venait bien, mais des coups de veut déraci-
nèrent complètement les plants, et la tentative échoua. Notre confrère ne
croit pas, du reste, qu'en présence de la cherté de la main-d'œuvre il
soit possible de lutter en France avec les Hiz de Cochinchine.qui sont les
meilleurs et les moins chers du monde entier.
— M. Carvallo cultive le Riz en Espagne sur une très vaste échelle ; il a
pu faire des observations fort exactes sur la somme de chaleur nécessaire
pour mûrir les récoltes.
Les semailles se font au commencement d'avril et la récolte a lieu dans
les derniers jours d'août ; pendant celte période la température moyenne
est de 23 à 21 degrés. Notre confrère en conclut que partout où l'on ne
peut atteindre cette température, la culture du Riz est impossible: il
monte en herbe et ne mûrit pas.
— M. Maurice Girard donne lecture, au nom de M. Wailly (de Lon-
dres), d'un mémoire sur les éducations de liombyciens séricigènes eu
1882 (voy. au Bulletin).
— M. de Barrau de Muratel donne connaissance à l'Assemblée du pro-
cédé, suivi dans le Tarn, pour l'élevage des Poulets et la conduite des
jeunes Canards (voy. au Bulletin).
270 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
— A propos de la reproduction du Ouistiti, M. Maurice Girard dit que
ce fait n'est pas nouveau ; au Muséum, les Ouistitis d'Audouin, qui ont
donné lieu à beaucoup d'observations intéressantes, y ont reproduit.
— A l'occasion de la lettre de M. de la Rochemacé, M. de Carrau de
Muratel fait remarquer que, dans tous les bois de Chênes, il y a toujours
des sujets plus précoces que d'autres.
— M. Maurice Girard cite le Marronnier du 20 marsaux Tuileries, qui est
souvent lui-même dépassé par d'autres de la même espèce.
— M. Vavin recommande comme moyen propre à éviter la maladie des
Pommes de terre le séchage après la récolte; on place ensuite les tu-
bercules dans une pièce exposée au soleil et où il ne gèle pas l'hiver. La
pousse est à peu près nulle et les Pommes déterre se conservent saines.
— Il est offert à la bibliothèque de la Société :
l^La Forêt, conseils aux indigènes (extraits du Code forestier). Alger,
imp. Fontana et G'', 1883, 1 brocli. in-8". Ligue du reboisement.
2" Etude de l'écorcedu Sapotillier, par Bernou, pharmacien aide-
major de 1"^' classe à l'hôpital du Dey {Journal de médecine et de phar-
macie de l'Algérie, 1881). D"- Berlherand.
3" Lu Question forestière en Algérie, conférence faite au théâtre na-
tional d'Alger, par J. Reynard, sous-inspecteur des [forêts. Alger, imp.
Casablanca, 1882, 1 broch. in.8°. Ligue du reboisement.
à° L'Arboriculture forestière mise à la portée de tous, par Vérot-
Félix, pépiniériste-colon, à Hammam-Righa. Alger, docks de l'Impri-
merie, 1882, 1 broch. in-8'. Ligue du reboisement.
5" L'Agriculture dans le département d'Oran. Rapport sur le con-
cours des exploitations pour la prime d'honneur en 1877, par L. Bastide.
Oran, imp. J. Gérard, 1878, 1 vol. in-8°. (L'Auteur.)
6" Courte description de l'Algérie, du département d'Oran et de
Sidi-Bel-Abbès, par L. Bastide. Oran, typographie Ad. Perrier, 1878,
1 broch. in-8«. (L'Auteur.)
7° Chemin de fer de Tlemcen (Comparaison entre la ligne directe et
la ligne par Bel-Abbès), par L. Bastide. Oran, typographie Ad. Perrier,
1878, 1 broch. in-8°. (L'Auteur.)
8° Etablissements agricoles de L. Bastide, propriétaire cultivateur
à Sidi-Bel-Abbès. Oran, 1878, 1 broch. in-8». (L'Auteur.)
9" Précis de l'histoire et de la géographie de Bel-Abbès et de so.i
arrondissement, par L. Bastide. Oran, typographie Ad. Perrier, 1881,
1 vol. in-8''. (L'Auteur.)
10^ Nouvelli' industrie de la Ramie, par P. A. Favier. 2" édition,
Avignon, imp. A. Gros, 1882, 1 vol. in-8° M. d'Arnaud-Bey.
11" Service forestier de l'Algérie. Rapport adressé à M. le gouver-
neur de l'Algérie, par Tassy, conservateur des forêts. Paris, typographie
A. Hennuyer, 1 broch. in-S". Ligue du reboisement.
12° Rapport de M. Tisserand, membre de la Commission technique
PROCÈS-VERBAUX. 271
sur la brochure de M. Vérot, Arboriculture forestière mise à la portée
de tous, in-8°. I>igue du reboisement.
13» Restauration des forêts et des pâturages du sud de l'Ak/érie
(province d'Alger), par J. Uaynard, sous-inspecteur des l'orèts, avec une
carte. Alger, 1880, typographie Adolphe Jourdan,! broch. in-8°.
(L'Auteur.)
1-4" Etudes sur les causes du déboisement en Algérie et les moyens
d'y remédier, par A. Chitier, inspecteur des forêts de Miliana. 1882,
imp. Legendre, éditeur, 1 broch. in-12. Ligue du reboisement.
15° Notes sur la vigne en chaintres en Algérie, par Romulus De-
jernon. Constantine, imp. et lib. J. Beaumont, 1880, 1 broch. in-12.
(L'Auteur.)
16° Bêtes à cornes et fourrages de Constantine, par Romulus Dejer-
non. Constantine, typographie L. Arnolet, Ad. Braham, successeur, 1881,
1 broch. in-12. (L'Auteur.)
17" Rapport à M. le préfet de Constantine (sur la Vigne) par M. De-
jernon. Bône, imp. typographique Alexandre Carie, 1878, 1 broch. in-S"..
(L'Auteur.)
18° Note sur la destruction du Puceron lanigère et par extension du
Phylloxéra vastatrix, par le docteur Cramoisy (communication faite à
1 Académie des sciences le 23 janvier 1883). Union générale de la librairie,
Ch. Bayle, Paris, etc., 10 et 11 , rue de l'Abbaye, 1 broch. in-S". (L'Auteur.)
19° Visite à la villa Touiasse, à Pau (Basses-Pyrénées), le 3 no-
vembre 1880, par M. Charles Baltet, horticulteur à Troyes. Troyes,
imp. et lithographie Dufour-Bouquot, 1881, 1 broch. in-8''. (L'Auteur.)
20" Semis d'arbres fruitiers pour la recherche de nouvelles variétés,
par Ernest Baltet, horticulteur à Troyes. Troyes, imp. et lithographie
Dufour-Bouquot, 1883, 1 broch. in-8''. (L'Auteur.)
21" Les roses du \i\^ siècle. Catalogue annoté des roses horticoles
mises en culture pendant les cinquante dernières années, par M. Shirley
Hibberd, membre de la Société royale de Londres (extrait du Bulletin
de la fédération des sociétés dliorticulture de Belgique, 1881). Liège,
Boverie, n° 1, 1882, 1 broch. in-8\
22' Les produits du Tong-King et des pays limitrophes, par F. Ho-
manet du Caillaud (extrait du Bulletin de Géographie commerciale de
Paris). Challamel aîné, lib. -éditeur, Paris, 1882, I broch. in-8°.
(L'auteur.)
23° Etudes sur l'huile antiphylloxérique Alexis Roux., par le docteur
A. Sicard. Marseille, 1883, chez Camoin, lihraire, 1 vol. avec dix photo-
gravures. (L'Auteur.)
240 Note sur l'horticulture en Espagne et en Portugal, par Ch. Joly
(extrait du Journal de la Société nationale et centrale d'horticulture,
3^ série, i. V, 1883, p. 119-132). Paris, imp. de l'Etoile, rue Cassette, 1,
1 broch. in-8°. (L'Auteur.V
272 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION,
25° Travaux de submersion, par M. de Leybardie (extrait du compte
rendu général du Congrès inlernational phylloxérique). Bordeaux, 1882,
Ferat et fils, éditeurs, 15, cours de l'inlendance, 1 broch. in-8".
26^ Considérations sur la forme et la coloration des oiseaux, par
F. Lescuyer. Reims, imp. Coopérative, 1883, 1 broch. in-8°. (L'Auteur.)
'2.1" Pisciculture. Rapport lu au Conseil général de la Creuse à la séance
du 17 août 1880, par le docteur Maslieurat-Lagémard. Paris, imp. Edm.
Roussel, 26, rue Cadet, 1880, 1 broch. in-8°. (L'Auteur.)
28° Fondation de la Société de statistique de Marseille, 55* année.
Compte rendu 1882, Rapport sur les concours. Marseille, typographie et
lithograpiiie Cayer et C'% 1883, broch. in-8». D' Ad. Sicard.
29" Compte rendu de la deuxième Exposition nationale de la Fédéra-
tion horticole italienne à Turin, par M. Ch. Joly (extrait du Journal de
la Société nationale d'horticulture, 3° série, t. IV, 1882, p. 730-736),
1 broch. in-8°. (L'Auteur.)
30" L'Horticulture elles engrais chimiques, expériences faites àSaint-
Ouen-l'Aumône (Seine-et-Oise), par Alfred Dudoùy, rapport présenté à
l'assemblée générale des agriculteurs de France le 31 janvier 1883, par
M. Ch. Joly. Paris, à l'Agence centrale des agriculteurs de France, 38,
rue Nolre-Dame-des- Victoires, Paris, 1 broch. in-8". (L'Auteur.)
'Si° De Danskehav-fiskerier ai k.Feddersen. Copenhague,! 883, in-4".
(L'Auteur.)
32" Aménagement cultural des eaux pluviales. Réductibililé agri-
cole des inondations, par M. de la Rochemacé. Nantes, imp. Bourgeon,
1882, 1 broch. grand in-8". (L'Auteur.)
33" Des effets du drainage breton, par M. de la Rochemacé. Nantes,
imp. Bourgeois, 1881, 1 broch. in-8°. (L'Auteur.)
34" Sur la reproduction du Saumon de Californie à l'aquarium du
Trocadéro, par iM. Raveret-Wattel, mars 1883 (extrait des Comptes ren-
dus de l'Académie des sciences), 1 broch. grand in-8". (Les Auteurs.)
35° Sur un infusoire flagelléci ectoparasite des poissons, par M. L.
F. Henneguy (extrait des Comptes rendus de l'Académie des sciences),
] broch. grand in-8°. (L'Auteur.)
36" British versus european lepdopitera, — What is a British sub-
ject? by A. Wailly, reprinted form « Land and Water », march 10,
1883. (L'Auteur.)
— Remerciements aux donateurs.
Pour le secrétaire des séances,
Jules Gris\rd,
Agent général.
III. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS
PREMIERE SECTION
SÉANCE DU 13 MARS 1883.
Présidence de M. de Barrau de Muratel.
M. Gautier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière
séance, lequel est adopté sans observation. Le Secrétaire présente à la
section un volume offert à la Société par son auteur, M. Gadeau de
Kerville, intitulé : Liste des Mammifères sujets à Valbinisme. La
section vote des remerciements à 31. Gadeau de Kerville, et charge M. le
vicomte d'Esferno de lui faire un rapport sur cet ouvrage.
Le Secrétaire présente ensuite un article intéressant du journal V Al-
gérie agricole, sur l'espèce Caprine ; cet article est renvoyé à M. Gautiei-,
qui s'est chargé de présenter à la section un travail sur la question.
M. le Président annonce à la section que le questionnaire fait par elle
dans sa dernière séance sur la Chèvre va être incessamment envoyé.
Le Secrétaire,
Jules Gautier.
TROISIÈME SECTION
SÉANCE DU 21 MARS 1883.
Présidence de M. Vaillant, Président.
Lecture est donnée du procès-verbal de la dernière séance, qui est
adopté sans observation.
M. le Secrétaire donne lecture : 1" d'une lettre adressée par M. Leroy,
sur le dépeuplement des cours d'eau: 2° d'une lettre de M. Menant, no-
taire àConches-les-Mines, sur la maladie des Écrevisses.
A la suite de cette conununication, .M. Hédiard parle d'une Écrevisse
à longue queue, de grande dimension, qui se rencontre parliculièrement
aux environs de Bône (Algérie), qui pourrait être mise en conserve et
expédiée comme colis postal; ce serait, dit-il, un bon aliment dont on
pourrait utilement faire usage.
M. de Barrau de Muratel approuve le dire de M. Hédiard, et il propose
d'en faire venir un échantillon pour l'année prochaine.
M. le Secrétaire donne ensuite lecture d'un rapport fait par .M. Char-
pentier sur la pisciculture de M. A. Lofèvre, établissement situé aux
3"" SÉRIE, T. X. — Avril 1883. 18
27'/ SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCUMATATION.
environs d'Amiens, où il y élève les Salmonidés et les poissons de luxe.
M. le Président fait remarquer que le plus souvent les alevins manquent
de nourriture naturelle, et que ce défaut est un empêchement à la mul-
tiplication des Salmonidés.
M. Raveret-Watlel appuie l'opinion de M. le Président, et il ajoute que
la quantité considérable d'écluses et de barrages non pourvus d'échelles
à Saumons nuisent beaucoup à la propagation du poisson ; ce manque
d'échelles empêche les poissons voyageurs de remonter vers les sources
qu'ils recherchent à l'époque du frai pour déposer leur progéniture.
Us se trouvent arrêtés par des obstacles que l'industrie a multipliés dans
les eaux; et ne pouvant les franchir, ils accomplissent leur reproduction
dans des conditions tout à fait défavorables, et très peu d'alevins voient
le jour. l<es échelles à Saumons mamiuent dans la 'j)Iupart des cours
d'eau, et il serait peu coûteux d'en établir davantage; on obtiendrait
ainsi des résultats très appréciables.
M. Millet exprime l'avis qu'une surveillance plus complète des rivières
favoriserait beaucoup le repeuplement des cours d'eau, et qu'il serait
utile de favoriser ou d'augmenter les réserves dans certains endroits. 11
a pu constater, sur certains points où ces réserves ont été établies, des
résultats surprenants. 11 signale également le préjudice causé au repeu-
plement des eaux par les nombreuses usines et industries qui fonction-
nent sur leur cours; ces établissements y déversent leurs dépotoirs et
des résidus empoisonnés. L'industrie tient une place trop importante
dans notre pays pour la sacrifier aux besoins de la pisciculture ; mais,
néanmoins, la question du repeuplement des eaux est assez considérable
pour prendre en considération les efforts (pii seront tentés pour le favo-
riser.
M. Millet appelle ensuite l'attention sur le déversement des égouts dans
es rivières, surtout dans le voisinage des grands centres, et qui est en-
core funeste à la reproduction.
M. Haveret-Waltel rappelle qu'au congrès d'Edimbourg la question de
la purification des eaux près des usines a été soigneusement étudiée; il
a été fait emploi d'un sel dont il ne connaît pas exactement la compo-
sition.
M. Millet dit qu'au dernier congrès d'hygiène qui s'est réuni à Bruxelles,
on s'est beaucoup occupé des procédés à employer pour le filtrage des
eaux; la plupart des moyens proposés entraînent malheureusement à de
fortes dépenses. Cette importante question esta l'élude, spécialement eu
Belgique et en Angleterre.
M. le Président ajoute qu'il faut s'appli(|UL'r à lier les deux intérêts de
l'industrie <;l de l'empoissonnement, et qu'il espère que les études faites
à ce sujet finitoiil |)ar les concilier.
M. Raverel-WallLd constate que les irrigations sont ealièrement con-
traires à la inii! i .l:c;ition du poisson, et lorsqu'elles ontl ieu, celui-ci.
PROCÈS-VERBAUX. 27
i)
poussé par son instinct, suit le courant des eaux détournées; il en résulte
que des quantités quelquefois considérables de poissons se répandent
dans les prairies; il est impossible de remédier à cet inconvénient au
moyen de grilles placées à cet effet, attendu qu'elles se trouvent facile-
ment bouchées par les herbes qui finissent par s'amonceler. M. Raveret-
Wallel indique un moyen assez pratique, qui consiste à ménager à la
base des vannes une entaille qui laisse toujours couler un filet d'eau assez
volumineux pour permettre au poisson de rejoindre le cours d'eau dès
qu'il s'aperçoit qu'il s'est fourvoyé. Ce moyen est pratiqué d'une manière
très efficace dans les Vosges.
M . le Président approuve cette mesure.
M. Hédiard demande que la pisciculture soit enseignée dans les écoles ;
il exprime l'avis que ce ne serait pas une mesure fort coûteuse, et il se-
rait facile de propager ainsi en France les connaissances piscicoles.
M. Raveret-Wattel fait remarquer qu'en Saxe les cours de pisciculture
sont ti'ès suivis et beaucoup plus répandus qu'en France.
iM. iMillel dit (jue dans le nord de la France la pisciculture a fait dos
progrès; il a pu constater que dans certaines localités où on a établi de
petits étangs pour abreuver le bétail, on a mis une certaine quantité
de Carpes et de Tanches en stabulation. .\ujourd'hui, on peut y remar-
quer la présence d'une grande quantité d'alevins, qu'on pourrait utiliser
pour l'empoissonnement des localités avoisinantes. M. Millet ajoute que
jusqu'ici on ne s'est guère occupé que de la reproduction des Salmo-
nidés, et qu'à tort on a beaucoup négligé celle des Cyprins et autres
poissons.
M. Raveret-Wattel entretient l'assemblée des avantages de la nourri-
turc naturelle à donner aux jeunes alevins. H développe le système em-
ployé avec succès par M. Lugrin, qui possède un établissement de pisci-
culture à Gremat. Celte nourriture a un double but : d'abord d'être peu
coûteuse, et ensuite d'éviter la mortalité des jeunes élèves, qui ont ;\
souffrir de l'emploi de la nourriture artificielle. 11 ajoute qu'il n'est pas
partisan de créer des obstacles dans les bassins ou canaux destinés à
l'élevage des Salmonidés. Ces obstacles ou refuges constituent un danger
pour les sujets peuplant ces bassins, qui se livrent parfois des combats
qui peuvent devenir mortels.
M. Millet cite à l'appui l'avis de M'. Rico, qui s'est prononcé dans le
môme sens.
M. le Secrétaire demande la parole à M. le Président pour donner lec-
ture d'un rapport qui a été fait sur les établissements de pisciculture
de Virelles (Belgique) et de Cliaulieu (Manche). A la suite de celte lec-
ture, M. Millet demande s'il n'y a pas erreur au sujet de la température
des eaux de Cbaulieu, dont il est parlé dans ce rapport; il observe que
4 degrés centigrades constituent une' température très basse, de beau-
coup au-dessous de la moyenne,
276 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
M. le Secrétaire répond qu'il prendrca de nouvelles informations, et
qu'à la prochaine séance il sera en mesure de donner des renseigne-
ments très précis.
M. le Président exprime le désir que le Rapport fait sur la pisciculture
de Chaulieu soit lu en séance générale. Cette proposition est adoptée.
Le Secrétaire,
Banmeyeu.
QUATRIÈME SECTION.
SÉANCE DU 3 AVRIL 1883.
Présidence de M. Jules Fallou, Vice-Président.
M. X. Dybowski, vice-secrétaire, lit le procès-verbal de la dernière
séance. Le procès- verbal, mis aux voix, est adopté.
M. M. Girard rend compte de la conférence qu'il a faite sur le Phil-
loxera, le 23 février dernier, à Soissons.
Il V avait plus de trois cents auditeurs. Les projections étaient de
M. Duboscq; c'étaient, du reste, celles qui avaient servi à la conférence
de M. Barrai.
Les conférences avec projections ont été inaugurées cette année dans
le déparlement de l'Aisne. L'année prochaine on les reprendra dans le
département de l'Aisne, et on en fera d'autres, en outre, dans Seine-et-
Oise, Seine-et-Marne et l'Oise.
On peut avoir, au Ministère de l'Instruction publique, la liste de tous
les sujets dont on a fait faire les clichés pour les projections en vue des
conférences.
M. de Barrau de Muratel dit que, dans le département du Tarn, le
Phylloxéra a paru, il y a quatre ans, en divers endroits, surtout aux
environs des chemins de fer, et malgré la température assez élevée il y
fait des progrès très lents. Ces progrès sont encore moins sensibles dans
les vignobles situés sur des hauteurs où la température est plus basse,
M. Maurice Girard constate qu'en effet ce sont les chemins de fer qui
sont les propagateurs les plus actifs du Phylloxéra. Les femelles ailées
se collent aux wagons et sont projetées ensuite dans les vignes.
Le Tarn n'est pas un département très ciiaud, aussi le parasite n'y
fait-il pas de grands progrès; mais au contraire les vignobles des dépar-
tements des Pyrénées-Orientales, de l'Hérault, etc., ont été détruits en
deux ans, parce que la température y est très élevée.
M. Fallou, à propos des chemins de fer considérés comme véhicules
pouvant importer des insectes d'une façon spontanée, rappelle qu'à
Fontainebleau il a pris à la station du chemin de fer un coléoplère, le
PROCÈS-VERBAUX. 277
Noinhis Grœciis, qui ne se trouve qu'au Mexique. Cet insecte a été
transporté par un navire quelconque et est venu jusqu'à Fontainebleau
par chemin de fer.
M. Grisard dépose sur le bureau, de la part de M. Adrien Sicard, une
brochure sur une huile antiphylloxérique.
M. M. Girard demande si cette huile est un remède secret, car dans
ce cas il n'y aurait pas lit-u d'en récompenser l'inventeur. M. Girard se
charge d'ailleurs d'examiner l'ouvrage et d'en rendre compte.
M. Fallou annonce qu'il a reçu l'autorisation du conservateur des forêts
d'installer des abris dans la forêt de Sénart, destinés à protéger une
éducation en plein air d'Attacus Pernyi qu'il a l'intention de faire en-
core cette année.
Le Vice-Secrétaire,
Xav. Dybowski.
CINQUIEME SECTION.
SÉANCE DU 10 AVRIL 1883.
Présidence de M. Paillieux, Vice-Président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans obser-
vation.
M. le Secrétaire donne lecture de diverses notes émanant du Comité
central d'exposition de la Réunion (voy. au Bulletin, p. 249), savoir :
1° Sur la maladie du Caféier.
M. Millet pense que l'on pourrait recommander au Comité l'emploi de
la fleur de soufre.
2» Sur l'extraction de diverses fibres textiles.
Un membre signale comme intéressantes à propager VAbromn an-
gusta et l'Hibiscus esculentus; ce dernier végétal, appelé Lalo à Mau-
rice, en même temps qu'il donne un produit textile, fournit encore un
légume estimé dans les colonies sous le nom de Gombo.
M. Grisard pense que le Comité de la Réunion pourrait puiser d'utiles
renseignements dans la Nomenclature des fibres textiles de 31. Bernar-
din, du Musée de Melle (Belgique); cinq cent cinquante espèces y sont
énumérées.
A ce propos M. Paillieux donne lecture d'une lettre de M. Perret, di-
recteur du Pénitencier agricoledelaDumbéa (Nouvelle-Calédonie), faisant
connaître l'appréciation d'un Chinois sur la Ramie qu'il trouve mieux
blanchie, mais aussi moins solide que celle employée dans son pays.
3° Sur les arbres à Caoutchouc.
M. Grisard signale l'excellent ouvrage publié par M. James Collins,
intitulé : Report on the Caoutchouc of commerce, qui renferme les ren
278 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACGLIMATATION.
seignements les plus complets sur cette intéressante question : distribu-
lion géographique, espèces, culture, etc.
Un membre fait observer que les arbres à Caoutchouc poussent natu-
rellement dans plusieurs de nos colonies, notamment au Congo et sur les
bords du Niger, et qu'il est peut-être superllu de s'occuper de leur pro-
pagation.
M. le Secrétaire fait remarquer que l'exploitation abusive que l'on a
faite de ces arbres en a fait baisser considérablement le nombre et qu'au-
jourd'hui l'exportation de cette gomme a subi une baisse sensible, il y a
donc un réel intérêt à propager les arbres qui la produisent.
Ce que les Anglais ont fait pour le Quinquina, ils le font en ce moment
pour le Caoutchouc et la Gutla-percha, c'est un bon exemple à suivre.
M. Cbappellier dit qu'on ne saurait trop étendre cette culture en rai-
son des nombreux emplois auxquels ces produits donnent lieu dans l'in-
dustrie, notamment pour la fabrication des câbles sous-marins.
M. Hédiard cite comme source de renseignements l'Exposition perma-
nente des colonies, et M. de la Chassagne les Chambres de commerce
ainsi (pie les Sociétés de géographie commerciale de Paris, Bordeaux,
Marseille, etc.
4° Sur la fabrication des chapeaux dits de Panama.
M. Grisard fournit à ce sujet les explications suivantes :
C'est avec la feuille du Carludovica palmata que se fabriquent les
chapeaux appelés improprement Panamas. Le principal centre de fabri-
cation est dans l'Equateur. On emploie pour cet usage la feuille jeune,
celle qui n'est pas encore ouverte et conserve encore sa forme d'éventail
fermé. On la coupe au ras du pétiole et à l'aide de l'ongle du pouce on
la divise en lanières plus ou moins larges, suivant la linesse du tissu
qu'on veut obtenir; la partie épaisse composant la nervure centrale est
rejetée. Ces lanières sont successivement trempées dans l'eau bouillante,
l'eau tiède acidulée avec du jus de citron et l'eau froide; on fait sécher
après ces diverses opérations et en dernier lieu on expose au soleil;
sans perdre de sa souplesse, la paille acquiert ainsi une force plus
grande.
Un chapeau bien fait doit être d'une seule feuille et demande plusieurs
mois pour sa confection. Les prix varient entre 1 fr. 50 et 150 francs cl
même 200 francs la pièce.
M. Vavi'.i communique la note suivante :
«M. Balcarce, ministre plénipotentiaire de la République Argentine, a
eu l'heureuse idée d'introduire en France l'Alkekenge Physalis cdulis,
qui vient parfaitement en pleine terre, sous notre climat.
» Je vais en quelques lignes en signaler la culture pour ceux de nos
collègues qui pourraient l'ignorer, ainsi que la recette pour faire un
sirop excellent pour guérir les maladies des voies respiratoires.
» A la fin de mars ou au commencement d'avril, on sème les graines
PROCÈS-VERBAUX. 279
sur couche cliaude, sous châssis, puis ou repique le plant à bonne expo-
sition, aussitôt que les gelées ne sont plus à craindre. Ch.ique pied doit
être espacé de 60 centimètres; il faut avoir soin, aussitôt que les tiges
ont atteint une certaine hauteur, de les attacher à des tuteurs, ou mieux
de tendre des fils de fer pour les soutenir, car ces tiges sont très
tlexibles et vigoureuses et forment un vérilahle buisson de 1"',30 de
haut; il faut couvrir la terre d'un fort paillis qui conserve l'humidité
convenable à cette plante. Lorsque les tiges ont atteint tout leur déve-
loppement, il faut en pincer l'extrémité ; après la floraison, succèdent
les fruits qui sont portés sur des pédoncules minces et flexibles, lais-
sant pendre les baies ou fruits. Le calice violacé, jusqu'à la moitié en-
viron de son développement, couvre presque entièrement le fruit et il
ne se déchire que lorsque celui-ci arrive à maturité. Le fruit qui est rond
est d'un jaune très pâle et verdùtre, lisse, couvert d'une matière un peu
visqueuse, dégageant faiblement l'odeur de la tomate; la peau qui re-
couvre le fruit est extrêmement fine; elle contient une partie grasse et
mucilagineuse, très serrée, qui renferme de nombreuses graines plates,
lisses, jaune pâle. La faiblesse du pédoncule et le poids des baies les
font détacher spontanément de la plante, si on ne les récolte pas assez
vite; il est donc important de les surveiller, si on ne veut pas les
perdre ; il faut beaucoup arroser pendant la végétation et donner les
mêmes soins qu'aux tomates.
» Ces petites tomates sont très apéritives et diurétiques.
» Mais, ce qui fait surtout le mérite de ces tomates, c'est qu'elles ser-
vent à faire un sirop qui est en grand usage au Mexique, dans les mala-
dies des voies respiratoires et des bronchites.
j Voici la recette du sirop de Physalis edulis : Prendre 210 grammes
de fruits bien mûrs, coupés en plusieurs morceaux ; faire bouillir dans
un litre d'eau jusqu'à réduction de moitié; presser dans un linge fin,
bien blanc, en serrant un peu ; joindre à ce jus 500 grammes de sucre
et faire cuire à consistance de sirop.
» Les fruits qui ne sont pas arrivés à maluriié peuvent se préparer au
vinaigre, comme les cornichons; beaucoup de personnes les préfèrent à
ces derniers. »
MM. de Barrau de Muratel et Hédiard rendent compte de la dégusta-
tion qu'ils ont faite des Pickles présentés par M. Paillieux dans la der-
nière séance. L'Angourie a été trouvée bonne, les Oignons Calawissa
parfaits; le Miôga a un goût particulier, qui le distingue des conserves
ordinaires; il est à regretter que le vinaigre employé ait été trop fort.
Le Stacfii/s a f finis est agréablement croquant, mais sans goût spé-
cial.
M. Paillieux distribue une notice sur le Daikon, qu'il regrette ne pou-
voir accompagner d'un sachet de graines, les dernières gelées ayant
€omplètement compromis sa récolte. Cette espèce demande à être semée
280 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
au commencement d'août, plus tard les pieds montent à graines et les
racines ne donnent aucun produit.
M. le Président distribue ensuite des flacons de sirop de Physalh
Peruriana ; c'est un bon succédané du sirop de gomme, qui a au moins
le mérite de varier la boisson des malades.
M. de la Chassagne fait une intéressante communication sur le vin de
Sorgho et, sur la demande de M. le Président, veut bien promettre unt-
note qui sera lue en séance générale.
A ce propos, M. le Président dit qu'on rapporte une curieuse remarque
faite par les Anglais à l'île de Chypre; les vignes cultivées par les habi-
tants étaient infestées de mauvaises herbes et notamment de Sauge
qu'on s'empressa de détruire ; depuis, le phylloxéra a envahi ces vignes
ainsi nettoyées, tandis que les anciennes cultures en sont indemnes.
M. Hédiard distribue des graines de divers végétaux sur lesquels il
donne les renseignements suivants :
Concombre turc, variété qui lui a été très recommandée par un ama-
teur du pays, mais dont il ignore au juste la qualité.
Margosse, petit concombre amer de l'île de la Réunion, dont le fru.t
vert ressemble à un gros marron d'Inde ; il est très apprécié des créoles
des Indes ; par son principe amer et agréable, il est digestif et stoma-
chique.
Cette espèce paraît être le Momordica operculata.
Letchis de la Réunion. M. Hédiard en a fait venir les graines sur la
demande du Jardin d'essai d'Alger.
C'est une culture à essayer dans le Midi ou en Algérie; le Letchis est
un arbuste qui a besoin d'être greffé pour s'améliorer.
Mimosa scandens de la Guadeloupe. C'est une liane qui pousse dans
les grandes forêts des Antilles; la gousse de couleur brune est divisée
par cellule contenant chacune une graine en forme de cœur; cette graine
peut germer ici en la plantant au mois de mai en pleine terre, mais il
vaut mieux la faire germer en serre. Notre confrère en a donné au jardin
lu Luxembourg, où il y en a un pied qui a déjà plus de 1"',50 de liau
leur ; il serait très intéressant d'obtenir ici les fleurs et peut-être les
fruits en serre.
Ces gousses atteignent la longueur de 1 mètre à i"',50. Leur ba-
lancement dans les grandes forêts fait un grand bruit; delà le nom vul-
gaire donné de "NYouawoua. Ces graines sont très dures et contiennent
une amande que l'on peut vider; on fait avec ces graines diverses fan
taisies que l'industrie parisienne pourrait très bien utiliser.
Carabassette du Pérou, de la famille des Cucurbitacées. Le fruit a la
forme d'un cornet à bouquin. On peut cultiver cette espèce dans les en-
virons de Paris. La chair en est jaune et très parfumée ; on la prépare
soit en soupe, beignets ou confiture.
Melon vanille dit de Tunis. Celte variété se cultive aux environs de
PROCÈS-VERBAUX. 281
Marseille ; la chair en est très fondante, sucrée et a beaucoup de parfum ;
forme concombre.
Melon de Cavaillon. Espèce à couleur verte un peu brodée ; la chair
est blanche, légèrement rosée au milieu ; c'est la variété que notre con-
frère a trouvée la meilleure dans les Melons dits de Valence ou de Ca-
vaillon.
Piment doux gros carré d'Espagne. Cette graine est prise sur de
gros piments reçus de Valence. La chair de ces piments est très épaisse
et savoureuse.
Le Piment doux est employé en Espagne dans toute espèce de prépa-
ration culinaire.
M. de Muratel oifre des graines d'une Courge ayant la forme de celle
dite de Naples, mais dont le volume est trois fois plus fort.
Le Secrétaire,
Jules Grisard.
IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE
Le Hoiseticp
{Corylus Avellana).
Recherchons les espèces étrangères, mais n'oublions pas les indigènes
dont la culture et l'amélioration peut nous donner de bons résultats.
Parmi celles-ci je place le Noisetier ; je crois que sa culture aura un
jour une grande importance.
Les auteurs disent qu'il ne mtîrit pas ses fruits dans le nord de la
France. 11 s'agit ici à coup sûr de la variété grosse ronde de l'Italie et
<le l'Espagne qu'on trouve ordinairement dans le commerce. Mais cette
variété n'est pas la seule, ni peut-être la meilleure. Dans notre région,
(jui embrasse, sur le versant sud des Alpes, des climats très différents,
elle est cultivée dans les parties plus chaudes, et je ne l'ai jamais vue au
nord de l'isotherme de 12" de moyenne annuelle.
Une autre variété mérite de fixer notre attention. Son fruit est un peu
plus petit que celui de la précédente, et de forme oblongue finissant
presque en pointe. Elle est cultivée. Sous le rapport du gotit elle est su-
périeure à la précédente, son produit est très abondant, et ses fruits
mûrissent plus au nord. Je donnerai sur ce dernier point quelques dé-
tails. La température moyenne est à Lottigna de 10o,3 cenlig. Or voici
les résultats donnés par les Noisetiers de cette variété cultivés tout près
de l'observatoire météorologique (660 m.):
Année. Date de la rtoraison. Date de la maturité. Clialeur totale.
188-2 5 janvier 21 août 2645»
1881 9déc.l880 7 août 2532»
1880 29 janvier 15 août 2387»
187!» 28 janvier l"sept. 2i69»
1877 29déc. 1876 15 août 2181°
Moy. Sjanvier 18 août 2503"
Ainsi donc cette culture peut être faite partout où, avant les fortes
gelées, on peut avoir 2.503» de chaleur totale, ce chiffre étant obtenu en
additionnant toutes les températures moyennes journalières supérieures
à 0» centig. En calculant d'après ces résultats, dans un pays qui aurait
une moyenne annuelle de 9»,3 centig., la maturité arriverait ordinaire-
ment lel" septembre ; par une température moyenne de 8»,3, elle arri-
verait le 19 septembre ; enfin, là où la moyenne ne serait que de 7»,3, la
maturité n'arriverait pas avant le 17 octobre. On ne peut aller plus
loin ; c'est bien là la limite de la culture, et je crois que même seulement
à 7'',0 on n'aurait plus des résultats salisfaisanls que dans les meilleures
années. Mais, comme on le voit, la rusticité de celte variété est plus que
suffisante pour qu'on puisse la cultiver dans tout le nord de la France.
Observons cependant que pour faire ces calculs il faut se méfier des
FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 283
résultats donnés par les observateurs placés au centre des villes, et des
grandes villes principalement. Ainsi, pour Paris, tandis que les observa-
lions faites à l'île Saint-Louis ont donné 11°, I pour moyenne de cette
ville, et que même à l'Observatoire, pourtant très bien placé par rapport
aux vents, on a obtenu 10°,5, la campagne environnante n'a qu'une
moyenne d'environ 9", 9.
La culture des Noisetiers s'est peu généralisée dans notre région, et
cela à raison des immenses étendues couvertes par les Noisetiers sau-
vages et de l'état ex(;essivement peu avancé de notre agriculture. Ces
derniers s'étendent depuis la région de l'Oranger jusqu'à environ
3000 mètres d'altitude. Nous avons ici une autre donnée pour la recherche
de la limite extrême de la culture de cet arbuste. Sur le mont Siman,
qui surplombe directement l'observatoire de Lottigna, en 1882 les Noise-
tiers ne donnèrent des fruits mûrs que jusqu'à IMO mètres. Or, étant
donné que la température moyenne de Lottigna pour 1882 a été de 9", 8,
et que 180 mètres d'élévation correspondent à 1" d'abaissement, on a
7", 3 comme température moyenne à 1110 mètres. Ce résultat confirme
le précéilent. Un autre calcul. Les derniers arbustes croissent à 1350 mè-
tres ; là ils ne peuvent mûrir leurs fruits que dans les années plus chaudes ;
ces années ont à Lottigna 11°, 1 (3 sur 10 ont cette moyenne); dansée
cas on a 7», 2 comme moyenne à 1350 mètres. Je suis entré dans ces dé-
tails non seulement pour prouver l'existence de variétés absolument
rustiques dans tout le nord, de la France, mais aussi pour montrer l'exac-
titude à laquelle ces calculs peuvent arriver quand ils reposent sur des
observations exactes et faites dans les conditions voulues.
Un fait curieux est que, non seulement ces variétés sauvages sont tout
à fait rustiques, mais que l'abondance de leur produit croit directement
avec l'altitude, pour rejoindre son maximum à leur frontière même la
plus élevée. Vers 200 à 300 mètres leur production est pres(|ue nulle ;
elle est insuffisante de 300 à 500; ce n'est qu'au-dessus de GOO «ju'ellc
devient importante à mesure qu'on s'élève. Le développement ligneux est
au contraire à son maximum vers GOO mètres ; aux deux extrêmes de
leur royaume les Noisetiers ne sont que des arbustes de petite taille.
Les Noisetiers sauvages appartiennent à plusieurs variétés. Parmi les
principales il y en a deux qui se distinguent particulièrement. La pre-
mière est distinguée par un grand calice charnu plus long que la noisette
et à lobes presque foliacés, et par une noisette allongée et plus large en haut
qu'en bas, toujours petite. On la rencontre dans tonte la région. Dans
l'autre au contraire le calice est mince, court et ne rejoint souvent pas
la moitié de la noisette ; celle-ci est toujours ovale et assez grosse ; on
en trouve d'aussi grosses que les plus belles avelines cultivées ; celle
variété se divise en outre en deux variations, l'une à coque très dure,
l'autre à coque mince. Cette variété quoique croissant dans toute la
région, est surtout commune dans les montagnes élevées. Une troisième
284 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
variété, la plus commune, porte des noisettes ovales plus ou moins acu-
minées. Enfin une quatrième en donne de presque parfaitement sphé-
riques. Ces variétés sauvages — que je propose d'appeler longisepala,
alpina, communis et sphœrica, en appelant hispanica et acuminata
les deux espèces cultivées, car il vaut mieux créer des noms que répéter
des phrases —se croisant jusqu'à l'infini, ont donné lieu à des variations
et à des formes si nombreuses, qu'il serait impossible de les décrire
toutes. Tout ça à l'état sauvage : qu'on juge ce qu'aurait pu en tirer la
culture et la sélection attentive qui a transformé des espèces telles que
nos Poiriers et nos Pommiers ! Si on compare les Noisetiers sauvages à
ces dernières dans les mêmes conditions, l'avantage est tout aux premiers,
sous le rapport de la qualité du produit, du nombre des variétés, etc.
Comme aliment les noisettes ont leur importance. Sur la table leur
place est indiquée. Mais elles sont susceptibles d'un emploi bien plus
utile. Finement broyées et délayées dans l'eau sucrée, elles donnent un
aliment qui se rapproche du lait par sa composition, d'un goût très
agréable, d'une digestion facile et d'un pouvoir nutritif supérieur, et
par conséquent très utile pour les enfants principalement. Il est facile
du reste d'en faire l'expérience en petit. Il faut observer que si les
noisettes sont difficiles à digérer et que conséquemment leur pouvoir
nutritif est diminué, tout cela vient du broyage imparfait auquel elles
sont soumises, nos dents ne pouvant pratiquement suffire. J'ai dit que
cet aliment se rapproche du lait. Il peut même lui être supérieur dans
certains cas ; car il joue le rôle de l'huile de foie de morue, avec l'avan-
tage sur cette dernière d'un goût beaucoup plus agréable et d'une double
alimentation, étant un aliment de calorification par la grande quantité
d'huile qu'il contient, et un aliment direct par les autres substances
nutritives qui font défaut dans l'huile de foie de morue.
Mais le produit principal est naturellement l'huile, i 00 kilogrammes
d'amandes séparées de leurs coques, donnent aisément 55 kilogrammes
d'huile. Ce résultat, qui est déjà satisfaisant, peut être dépassé. En effet
on l'obtient chez nous par les procédés les plus primitifs. D'abord le
broyage et le pressage sont imparfaits. 31ais ce qui est plus important,
on ne fait aucune sélection. Les Noisetiers cultivés, étant en petit nombre,
n'y entrent pour rien. Les paysans vont dans les montagnes chercher les
noisettes sauvages. Or celles-ci, au point de vue de la précocité, sont aussi
variables que sous le rapport de la forme. On en récolte donc à tous les
degrés de maturité, et il n'y en a souvent pas la moitié qui soient dans
l'état le plus convenable pour l'extraction de l'huile.
L'huile de noisette est fine, douce et parfumée ; son goût rappelle
franchement son origine; elle a été toujours considérée comme une huile
supérieure, et son prix est assez élevé. Dans le pays on l'utilise pour la
table, pour l'éclairage et pour la médecine. Pour la table elle est excel-
lente. 11 est ici du reste question de goût et d'habitude. On sait qu'il y a
FAJTS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 285
des pays qui préfèrent les plus mauvaises huiles à l'huile vierge d'olive.
Quant à la culture, n'ayant pas fait des expériences spéciales, je dois
me borner à signaler dans quelles conditions la plante se montre et se
développe spontanément. J'ai lu quelque part que le Noisetier aime
l'exposition du nord. C'est tout à fait inexact, et il suffit de dire que sa
patrie favorite est le côté sud des Alpes. La vérité est que, pourvu que le
sol lui soit favorable, il vient à toutes les expositions. A cause de la di-
rection des vallées, les expositions les plus communes sont l'est et l'ouest ;
mais on le voit prospérer sur des coteaux arides et exposés en plein midi
aux ardeurs du soleil ; et il est même probable que, dans cette dernière
condition, les fruits sont plus huileux.
Le Noisetier ne vient jamais spontanément dans la plaine, ni dans les
endroits sablonneux le long des fleuves. Cependant les Noisetiers cultivés
dans la plaine paraissent s'y trouver assez bien. Il se plaît surtout dans
les terrains légers, secs et pierreux qui couvrent les flancs des coteaux,
des collines et des montagnes. 11 parait craindre l'humidité; en revanche
il supporte les sécheresses les plus prolongées.
Sa culture ne demande presque aucun soin. Ou se borne à supprimer
les branches trop vieilles et qui ne portent presque plus de fruits. Une
plantation de Noisetiers donnera toujours une certaine quantité de bois
à briller, qui est de qualité excellente. Un produit secondaire plus im-
portant est donné par les feuilles sèches, qui sont la meilleure litière du
pays et qui se ven(^ent de 3 à 4 francs les 100 kilogrammes. Un grand
nombre de propriétaires qui possèdent des étendues couvertes de Noise-
tiers sauvages et qui ne s'occupent pas des fruits, se contentent de ce pro-
duit seul, et il leur serait impossible de s'en passer utilement.
En résumé, rusticité parfaite, produit abondant et de qualité excellente
culture facile et dépense minime. Le Noisetier sera peut-être un jour
l'Olivier du nord.
Pour établir une plantation de Noisetiers un peu en grand, il faut avoir
recours aux semis. Ceux de la variété cultivée acuminaia, donneront
un résultat probablement plus sûr et plus régulier. Les variétés sau-
vages ont de leur côté l'avantage de présenter plusieurs sous-variétés
ce qui permettrait de choisir celles qui s'adapteraient mieux ;ila contrée.
En tout cas il n'est pas prudent de s'adresser à une seule vai-iété ; il
faut être à même de faire son choix. Ensuite on remplace par la grefl'e
les individus qui ne donnent pas de bons résultats.
On donne les variétés de Noisetiers comme se reproduisant toujours
de graines. Si quelques-uns des membres veulent en faire l'essai, je serai
heureux de mettre à leur disposition une partie de la prochaine ré-
colle. -
Moïse Bertoni.
à Loltigna (Lombardie).
286 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
Culture des Enealyptns en Californie.
D'après les calculs les plus approximatifs, huit ou dix millions de pieds
d'Eucalyptus ont été jusqu'ici plantés en Californie, et les neuf dixièmes
appartiennent à la variété Globulus.
On préfère cette espèce à cause de sa croissance rapide et de la
résistance avec laquelle elle supporte la sécheresse.
Les semis d'Eucalyptus se fout en pépinière, et l'on repique g-éiié-
ralemeiit entre trois et dix mois. On continue d'ailleurs à cultiver le
sol pendant deux ou trois ans après cette dernière opération.
C'est dans une très faible proportion seulement que ces arbres ont
été employés pour créer des massifs forestiers ; la plus grande partie a
été disposée le long des routes ou avenues pour briser la force des vents
ou pour obtenir de l'ombre.
La surface de massifs compacts couverte d'Eucalyptus n'excède pas
certainement 2500 acres et la raison en est que la culture forestière n'est
pas encore regardée comme une entreprise sérieuse et rémunératrice,
grâce aux ressources encore à peu près suflisantes des produits luilu-
rels des forêts.
Les plus larges plantations ont été faites, à titre d'essai, par des pro-
priétaires fonciers et des compagnies de chemins de fer. La plus grande
partie, pour ne pas dire le tout, se trouve dans les limites du climat de
la (ôte, oîi les brouillards d'été fournissent une certaine quantité d'hu-
midité et où l'hiver est tel, qu'il n'y a, en réalité, aucun dommage à
craindre des gelées.
Cependant l'Eucalyptus peut être cultivé, avec plus ou moins de suc-
cès, jusqu'à 60 ou 70 milles plus au nord, mais ici VEucalyptus globu-
lus se trouve être trop délicat, car â/i-" Fahrenheit (4^.5 centigrades)
constituent l'extrême limite que peuvent supporter ses pousses sans cesse
croissantes. C'est pourquoi on lui préfère les espèces viminatis et
rostrata, lesquelles sont connues sous le nom vulgaire de « lied Gum »,
Gommier rouge.
Ces deux dernières variétés sont très branchues et leurs sommets
s'étendent assez loin, tandis que le Globulus, au contraire, se termine
par une tige unique, longue et très élancée. Ils atteignent, dans un sol
fertile, une moyenne de 80 pieds, vers leur dixième année. Près de Santa
Barbara, certains pieds isolés ont, dans le même espace de temps, pu
dépasser 100 pieds d'élévation, avec six pieds de circonférence, à une
hauteur de huit pieds au dessus du sol.
Sur la baie de San-Francisco, VEucalyptus globulus n'atteint, après
dix ans, qu'une grandeur variant de 40 à 70 pieds, selon les conditions
du sol et de l'exposition. On doit dire que lorsqu'on s'en est servi pour
créer des massifs de (|uelque importance, on a placé les arbres trop près
FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 287
les uns des autres, c'est-à-dire à une distance de 8 à 10 pieds seule-
ment, ce qui leur donne une tendance à s'élever plus haut que s'ils
étaient plus espacés.
Avec l'expérience acquise, l'on étudie les meilleures et les plus
productives méthodes de culture des Eucalyptus en forêts ; toutefois,
très peu de bois ont encore été abattus en masse. La plupart du temps,
on en coupe pour les éclaircir, et ceux ainsi sacriOés sont employés
comme bois de chauffage, au fur et à mesure que le besoin s'en fait
sentir, beaucoup de familles au milieu des plaines dénudées de la vallée
du San-Joaquin n'ayant aucun autre moyen de s'en procurer.
V Eucalyptus globulus, quoique tendre et spongieux lorsqu'il est
encore vert, conséquence de sa croissance rapide, fait cependant un
excellent bois de chauffage lorsqu'il est séché, mais on le brûle souvent
vert et sans difficulté.
Quand on comprendra mieux les bénéfices que l'on peut retirer de la
culture de l'Eucalyptus pour bois de chauffage, on s'y livrera certaine-
ment sur une large échelle, car les ressources de ce genre diminuent de
plus en plus rapidement.
En ce qui concerne les profits que l'on peut retirer de la culture de
l'Eucalyptus, d'un rapport lu ù la Société d'horticulture de l'État de Ca-
lifornie, il ressort qu'à Alameda, près de San-Francisco, un fermier a
planté, en 1869-1870, vingt acres en Eucalyptus, à raison de 082 arbres
à l'acre et à une dislance de huit pieds les uns des autres. Il n'a donné
des soins à cette plantation que la première année. Ces vingt acres, au
bout de onze ans, lui ont rapporté un profit net de $ 3806, soit environ
$ 20 par acre, pour chaque année. 11 a calculé que la même terre, cul-
tivée en grain, ne lui aurait rapporté que $ 5 par acre.
Dans le comté de Santa-Barbara, un fermier qui a planté des Euca-
lyptus dit que les terres qu'ils occupent ne valaient que de g 10 à $ 25
l'acre et qu'aujourd'hui elles valent g 400 l'acre.
En ce qui touche à leur emploi, c'est à peine si l'on a cherché à adap-
ter le bois d'Eucalyptus à un usage autre que celui du combustible, car,
généralement, on s'en était servi avant qu'il ne fût parfaitement sec et
l'on n'a encore fait aucun choix entre les ditférentcs variétés. Comme
traverses de chemins de fer, Y Eucalyptus globulus n'a pas donné de
satisfaction parce que son bois ne peut retenir les chevilletles ; il se fend
et se déjette, mais il paraît durer dans le sol, lorsqu'on l'emploie parfai-
tement sec, et, dans cet état, retiendrait probablement ces clieviilettes.
Beaucoup de ces arbres ont été plantés le long de la voie du « Sou-
thern Pacilic Railroad » dans le sud de la Californie.
Lorsqu'on cultive l'Eucalyptus comme arbre d'ornement ou pour
briser la force du vont, on remarque que les racines s'en éiendcnt fort
loin de tous côléi, de 25 à 35 pieds de distance, et absorbent toute l'hu-
midité ainsi que les principes fertiiisanis du sol au grand détriment de
288 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
toute autre végétation. C'est pourquoi on les remplace par des arbres
pour ainsi dire moins voraces. D'un autre côté, dans les districts maré-
cageux ou infectés par la Malaria, ses qualités pour rétablir la salubrité
ont été aussi manifestes en Californie que dans toute autre partie du
monde et il deviendra sans doute en faveur dans toutes les contrées ainsi
affligées, aussi bien que dans celles où une irrigation constante doit
certainement développer les effluves fatals de la Malaria.
Il est probable que la côte, aux alentours et vers le sud de la baie de
San-Francisco, sera le centre de la culture de l'Eucalyptus, pour de là
s'étendre vers la vallée du San-Joaquin.
D'après les tenlatives déjà faites, il paraît que cet arbre peut réussir
jusqu'à près de 1500 pieds au-dessus du niveau de la mer sous la lati-
tude de San-Francisco et sans doute à une plus grande hauteur dans le
Sud.
Aujourd'hui une grande partie des collines qui avoisinent la côte sont
dépourvues de toute espèce de bois, et le terrain, quoique très fertile,
est trop tourmenté pour pouvoir être mis en culture, dans les conditions
présentes, mais, si l'on y plantait les différentes variétés d'Eucalyptus
que l'on sait pouvoir s'adapter à cette latitude, le changement de ce sol
dénudé en un sol couvert de forêts ne pourrait manquer d'exercer une
heureuse influence sur Je climat et sur la formation des pluies, mainte-
nant si rares et si incertaines.
Les ressources naturelles des forêts de chênes et de « Red woods »,
((. Séquoia Sempervirens » s'épuisent rapidement et le Séquoia est d'une
croissance trop lente au gré des désirs impatients d'une population si
imprévoyante, aussi l'Eucalyptus paraît-il s'adapter exactement à son
tempérament.
On a tout dernièrement planté, à titre d'essai, dans l'enclos de l'Uni-
versité de Californie, quelques pieds de l'Eucalyptus marçiinata ou
Jarrah, mais il s'est montré trop tendre pour supporter les hivers, même
si tempérés de ce pays. Il pourrait, sans doute, réussir dans les parties
plus au sud de l'État et serait d'une grande valeur pour son bois si l'on
parvenait à l'y acclimater.
La majeure partie des renseignements qui précèdent sont extraits de
notes communiquées au Consulat par M. Hilgard, professeur d'agricul-
ture à l'université de Berkeley, État de Californie.
Le Consul de France à San-Francisco,
A. Vauvert de Méan.
Le gérant : Jules Grisard.
Imin-imcries rcuiucs. A, luc Mijjnon, 2-, Paris
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
RAPPORT
SUR LA
SITUATION DE LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER
d'après les documents recueillis à l'Exposition internationale
de produits et engins de pêche de Berlin
EN 1880
Par M. C. BIVERET-MTATTEL
Secrétaire des séances.
(Suite.)
MATÉRIEL DE LA PISCICULTURE
APPAREILS d'ÉCLOSION
Les appareils d'éclosion dits du « système Coste » (augettes
en terre cuite ou en métal, avec claies en baguettes de verre
pour recevoir les œufs) furent à peu près partout les seuls
employés tout d'abord. Mais si, en France, ces appareils sont
encore aujourd'hui d'un usage presque exclusif, à l'étranger
on a beaucoup renoncé à leur emploi, qui ne répond qu'im-
parfaitement aux besoins d'exploitations importantes, et au-
quel on reproche d'ailleurs certains inconvénients,notamment :
la fragilité des claies; l'écartement incommode des baguettes
de verre, entre lesquelles les alevins courent le risque de
rester engagés quand ils éclosent ; enfin la nécessité de n'em-
ployer dans les appareils qu'un faible courant d'eau, qui ne
fournil pas toujours aux œufs une quantité suffisante d'oxy-
gène, si l'on se sert d'eau de source, et qui laisse fréquem-
ment déposer des sédiments nuisibles, si l'on emploie de
l'eau de rivière.
En Angleterre, en Suisse, en Allemagne, et surtout en Amé-
rique, où l'on a souvent plusieurs millions d'œufs à mettre en
incubation à la fois, on a, depuis longtemps, substitué aux
'd' SÉRIE, T. X. — Juin 1883. 19
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
aiigettes Coste, de dimensions beaucoup trop exiguës, des
rigoles en bois ou en ciment, formant de véritables ruisseaux
artificiels, dans lesquels les œufs sont généralement placés
sur des claies en toile métallique.
Les rigoles en bois s'établissent à peu de frais ; mais elles
facilitent le développement des conferves, qui couvrent les
parois d'une végétation exigeant de fréquents nettoyages. Les
rigoles en ciment sont plus coûteuses, mais très saines et
faciles à entretenir dans un état de propreté parfaite. A ce
point de vue, elles méritent donc la préférence.
Les unes et les autres s'installent, soit sur le sol même du
laboratoire (fig. 2), soit (ce qui est toujours préférable, quand
le niveau de la prise d'eau qui alimente l'établissement le
permet) sur des tréteaux (fig. 3) ou supports à hauteur
d'appui (1). Avec cette dernière disposition, la surveillance
et le nettoyage des œufs n'obligent pas l'opérateur à se tenir
courbé dans une position fatigante.
On donne généralement aux rigoles 4-0 à 50 centimètres de
largeur sur 30 centimètres de profondeur, et 4 ou 5 mètres
de longueur. Il est bon de ne pas dépasser beaucoup cette
dernière dimension, cà moins de disposer d'un fort courant
d'eau; car si le nombre des œufs mis en incubation est consi-
dérable, l'eau abandonne rapidement son oxygène aux œufs
qu'elle rencontre les premiers sur son passage en entrant dans
la rigole, et elle n'en fournit plus suffisamment à ceux qui se
trouvent placés à l'extrémité opposée.
Pour économiser l'espace, on peut superposer dans la
rigole deux ou trois couches ou rangées de claies chargées
d'œufs. Des clous galvanisés, à tète, plantés dans le cadre des
claies (fig. 4), remplissent l'office de pieds ou de supports,
et maintiennent entre chaque rangée un intervalle de 2 à
3 centimètres (fig. 5), suffisant pour livrer passage à un
ourant d'eau convenable.
On dispose les claies à côté les unes des autres, en ne lais-
(1) La figure 3 représente le laboratoire de iVîlabllssement de pisciculture dit
Si'wny Pishery, situé près Dumfiies (Ecosse), établissement que nous avons
d jà mentionné plus haut, et sur lequel nous aurons à revenir.
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
293
sant entre elles que juste l'espace voulu pour pouvoir les saisir
sans difficulté.
Quelques pisciculteurs ont l'habitude de placer sous les
claies de la rangée inférieure des taquets mobiles, qu'ils sup-
FiG. 4.
priment quand les alevins commençant à éclore viennem
s'accumuler dans le fond de la rigole. Ces taquets servent à
FiG. 5.
empêcher le passage sous les claies d'une certaine quantité
d'eau qui ne serait pas utilisée. Dans le même but, lorsque
les claies n'ont pas exactement la largeur de la rigole et lais-
seraient passer l'eau sur les côtés, il convient de les placer
obliquement (fig. 6), pour que les œufs profitent de toute la
largeur du courant.
Les claies sont formées de cadres en bois d une épaisseur
294
SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
de 15 à 20 millimèlres, sur lesquels on fixe, à l'aide de clous
galvanisés, de la toile métallique également galyanisée (1).
Si les mailles de celte toile sont carrées, il est bon que leur
largeur ne dépasse pas 2 millimètres et demi ; car, au moment
FiG. e.
de leur éclosion, es embryons courraient le risque de s'y en-
gager et de rester pris entre les fils. Aussi préfère-l-on, en
général, donner aux mailles une forme rectangulaire : 5 mil-
limètres de largeur sur 15 à 18 millimètres de longueur. Cet
FiG. 7.
écartement des fils convient parfaitement pour les œufs de
Saumon et, quand l'éclosion se produit, les alevins passent
sans difficulté à travers les mailles et tombent dans l'auge ou
rigole d'incubation.
(1) En Améri'iue, au lifu d'employer la toile galvanisée, qui n'évitt" pas tou-
jours la roi ille, on prélère enduire la claie de trois couches successives d'un
vernis à l'asphalte. Ce même vernis est aussi emploj*^ en Allemagne pour beau-
coup d'appareils d'incubation, notamment pour l'auge californienne, dont nous
parlerons plus loin.
LA PISCICULTURE A l'ÉTRANGER. 295
M. Charles G. Alkins, directeur de l'important établissement
de pisciculture de Grand Lake Stream (État du iMaine) cl
membre adjoint de la Commission des pêcheries des États-
Unis, a, depuis 1875, adopté une disposition particulière pour
les claies, disposition qui permet de taire opérer l'incubation
aussi bien en pleine rivière que dans les auges ou rigoles
d'un laboratoire. Les claies (fig. 7, />) superposées au nombre
de sept ou huit, sont maintenues dans une sorte de châssis
mobile a, à charnières. Toutes les claies sont garnies d'œufs,
sauf celle du dessus, qui sert de couvercle, et l'intervalle entre
chaque claie, suffisant pour le libre passage de l'eau, est trop
étroit pour que les œufs puissent s'échapper.
Chaque claie ne reçoit qu'une seule couche d'œufs.
En tenant compte de l'espacement des claies, une rigole de
3 mètres de longueur, avec la largeur indiquée ci-dessus,
peut recevoir environ quinze mille œufs, si l'on ne met qu'une
seule rangée de claies. Ce nombre est naturellement doublé
ou triplé si Ton en superpose deux ou trois rangées ; mais, à
moins d'employer une eau très aérée et de ne conserver les
alevins dans les rigoles que juste le temps nécessaire pour la
résorption de la vésicule ombilicale, il est prudent de limiter
à deux le nombre des rangées, car les alevins seraient trop
nombreux pour l'espace qui leur serait attribué, et s'y trou-
veraient promptement à l'étroit. Les tout jeunes poissons ont
d'ailleurs l'habitude de se masser en foule compacte sur cer-
tains points, et ils pourraient s'étouffer mutuellement, ce qui
doit encore engager à ne pas les laisser en nombre trop con-
sidérable dans un même bac. La nourriture serait aussi plus
difficile à leur distribuer. Pour éviter, du reste, les trop
grandes agglomérations, on a généralement soin de diviser
les rigoles en plusieurs compartiments, au moyen de cloisons
transversales mobiles, lesquelles sont de petits cadres en bois
garnis de toile métallique, que l'on fixe à l'endroit voulu
à l'aide de minces coins en bois exerçant une pression contre
les parois de la rigole. On doit espacer ces cloisons de 60 cen-
timètres au moins et de l'",50 au plus.
Pendant la durée de l'incubation, ces séparations ne pour-
296 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
raient être que nuisibles. Mais, après l'éclosion, elles son. très
utiles. Il est même souvent avantageux de couper les rigoles
de distance en distance par des cloisons pleines ou barrages,
qui servent à l'aération du courant en déterminant de petites
chutes d'eau. Ces cloisons pleines, soutenues par des tasseaux
verticaux, comme on le voit dans une des rigoles de la
figure 2, doivent toujours être précédées, en amont, d'une
cloison à claire-voie en toile métallique, qui empêche les ale-
vins de franchir le barrage en suivant le courant. Quand ce
couran. est un peu fort, il convient même de remplacer la
cloison à claire-voie par un petit appareil bien simple yfig. 8),
FiG. 8.
qui évite la perte de beaucoup d'alevins. En effet, quand la
toile métallique est placée verticalement, les tout jeunes pois-
sons vont souvent s'y heurter, entraînés par le courant, et ils
s'y font des blessures généralement mortelles. Quand, au con-
traire, la toile métallique est disposée horizontalement, comme
le représente la figure 8, les alevins, alourdis par leur vési-
cule ombilicale, ne s'en approchent guère. Cette toile métal-
lique doit être placée à 3 ou 4 centimètres au-dessous de la
crête de la cloison pleine formant barrage.
Lorsque les œufs sont tous éclos, il faut enlever les claies
et veiller à ce que les alevins ne s'entassent pas sur certains
points, comme ils sont toujours enclins à le faire. C'est alors
que les cloisons mobiles rendent des services. Quand on veut
déplacer les jeunes poissons, disperser quelque attroupement
trop considérable ou faire évacuer une partie de la rigole qu'il
s'agit de nettoyer, par exemple, on peut le faire aisément à
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER.
297
l'aide d'une palette (fig. 9) qui rend souvent de grands ser-
vices. C'est une mince planchette un peu plus courte que la
rigole n'est large, avec une entaille à chaque extrémité, comme
on le voit dans la figure, pour empêcher tout froltementcontre
la paroi intérieure de la rigole, et éviter de blesser ou d'é-
FiG. 9.
craser l'alevin contre cette paroi. La palette étant plongée
verticalement dans l'eau, si on la déplace dans un sens, il se
produit aussitôt dans le fond de la rigole un courant en sens
inverse qui entraîne les alevins. Quand on veut enlever ceux-ci
de la rigole, soit pour leur donner un autre gîte, soit pour
tout autre motif, on peut les pêcher rapidement en grand
Fig 10.
nombre, à l'aide d'une sorte de filet ou plutôt de poche peu
profonde en canevas ou en toile d'emballage, montée sur un
cadre (fig. 10) un peu plus étroit que l'intérieur de la rigole.
Pendant la durée de l'incubation, il importe découvrir les
rigoles pour protéger les œufs contre l'action nuisible de la
lumière et contre toute chance d'accident. Les alevins nouvel-
lement éclos ont également besoin d'obscurité. On se sert gé-
néralement de couvercles en bois fixés par des charnières ou
tout simplement posés sur les rigoles.
D'une installation peu coûteuse, les rigoles d'incubation
économisent l'espace et permettent d'y laisser grandir les aie-
298 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
vins pendant quelque temps. Mais elles participent à l'un des
inconvénients reprochés aux aiigettes Coste, comme d'ail-
leurs à tous les appareils à courant d'eau horizontal, à sa-
voir, que le mouvement de l'eau ne doit pas y être très
rapide, car il roulerait les œufs et les entraînerait en les accu-
mulant vers l'orifice de sortie. Or, si l'eau est un peu trouble
(et l'eau de rivière l'est presque toujours plus ou moins, sur-
tout en hiver et au printemps, les filtrages rapides qu'on lui fait
subir ne lui donnant qu'une limpidité relative), cette eau laisse
déposer sur les œufs des sédiments nuisibles, qui néces-
sitent de fréquents nettoyages et occasionnent des frais de
main-d'œuvre.
Ces' pour obvier à cet inconvénient qu'ont été imaginés les
appareils à courant vertical, ascendant ou descendant, dans
lesquels l'eau, traversant de bas en haut ou de haul en bas les
claies chargées d'œiifs, tend moins, dans son mouvement, à
déplacer ceux-ci. On peut donc donner une rapidité plus
grande à l'eau qui, par cette raison, et surtout à cause de son
mouvement dans le sens vertical, laisse déposer infiniment
moins de sédiments. Si d'ailleurs une légère couche vient à
se former, elle ne séjourne pas; car les œufs, oscillant, tour-
nant, pour ainsi dire, sur eux-mêmes, au milieu du courant,
se débarrassent immédiatement des particules terreuses qui
viennent à se déposer à leur surface.
Les avantages incontestables des appareils à courant ver-
tical en ont promptement fait généraliser l'emploi en Amé-
rique, où ils sont aujourd'hui pres(|ue exclusivement employés.
Dans plusieurs parties de l'Allemagne, on les a également
adoptés. Certains de ces appareils, qui atteignent de grandes
dimensions, sont établis à demeure et conviennent surtout
aux exploitations très importantes ; les autres, mobiles, se
prêtent à toutes les combinaisons et peuvent être employés,
même lorsqu'on n'a que quelques centaines d'œ-ufs à faire
éclore.
Le plus simple de tous ces appareils est celui qu'en Alle-
magne, — où l'usage s'en est très répandu depuis quelques
années, — on désigne sous le nom d'auge californienne,
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
299
parce que le modèle en a été envoyé de San Francisco par le
consul i^énéral d'Allemagne.
Cet appareil, employé pour l'éclosion de toute espèce d'oeufs
non adhérents, présente différents avantages. Il est solide,
économique et d'un usage commode, tient peu de place et
permet d'éviter les inconvénients qui résultent, avec les autres
appareils, de l'emploi d'une eau insuffisamment filtrée.
La figure 11, A, représente cette auge perfectionnée par
M. Max von dem Borne, de Berneuclien. L'appareil, soit en
FlG. il.
zinc, soit en tôle émaillée ou vernie, se compose d'une caisse c
de0"',25de longeursur 0'",30 de largeur et 0",15 de hauteur,
pourvue d'un goulot ou ajutage e et d'un fond en toile métal-
lique (1) formant tamis, sur lequel se placent les œufs. La
caisse extérieure h est de 10 centimètres plus longue et plus
haute ; elle est munie, elle aussi, d'un goulot dans lequel s'a-
dapte exactement celui de la caisse c. Cette dernière est garnie
dans le haut d'un l'ehord horizontal qui dépasse le bord su-
périeur de la caisse extérieure, quand on les place l'une dans
l'autre. Pour que les deux goulots se joignent bien herméti-
quement, sans laisser pénétrer l'eau, on place entre eux un
morceau de frise de laine ; néanmoins, la caisse c doit avoir
(1) Ce fond peut aussi être fait d'une feuille de zinc percée d'une multitude
de petits trous, comme une passoire.
300 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
assez de jeu pour pouvoir être facilement mise en place ou
retirée de la caisse b.
Il importe que la toile métallique du fond soit d'un tissu
suffisamment serré pour que ni les œuls, ni les embryons au
moment de l'éclosion, ne puissent passer au travers; six fils
par centimètre donnent la grandeur voulue aux mailles du
tissu, lequel est soigneusement verni ou galvanisé pour éviter
toute oxydation.
L'eau qui alimente l'appareil est amenée par un robinet
a (1) dans la caisse b ; elle traverse en remontant d'abord la
caisse c, ainsi que la couche d'œufs qui repose sur le fond de
la toile métallique, puis la caissette d, également à fond de
toile métallique, dont il sera question plus loin, et va sortir
par le goulot e.
Un couvercle placé sur la boîte protège les œufs contre la
lumière et contre toute chance d'accident. Afin de laisser pé-
nétrer l'eau, ce couvercle n'a que la longueur de la boîte in-
térieure c.
Une auge des dimensions indiquées ci-dessus peut recevoir
à la fois jusqu'à dix mille œufs de Truite ou de Saumon et
quinze mille œufs de Gorégone (2). Mais ces chiffres sont des
maxima en deçà desquels il est toujours préférable de se
tenir, l'appareil n'en fonctionnant que mieux avec des quan-
tités moindres, et pouvant aussi bien servir pour quelques
centaines d'œufs seulement. Il importe d'insister toutefois sur
ce fait, que l'on peut sans inconvénient garnir la boîte de plu-
sieurs couches d'œufs superposées, ce qui économise beau-
coup la place. Le courant ascendant qui traverse les couches
d'œufs, et auquel on donne une force suffisante, soulève légè-
(1) Pour des œufs de Truite ou de Saumon, le débit de ce robinet doit être,
au minimum, de 2 l/2 à 3 litres par minute. Pour des œufs de Gorégone, il
peut être réduit à un demi-litre environ par mmuie.
(2) Le nombre des œufs doit toujoui s être subordonné, du reste, à la tempé-
rature de l'eau qui alimente l'appareil. Avec une tau Je -|- 8 ou 9 degrés cent.,
il ne serait pas prudent de mettre des quaniilés d'œufs aussi considérables que
celles indiquées ci-dessus. L'inventeur de l'appareil, qui est un îles pisciculteurs
les plus distingués de l'Allemagne, dit toutefois avoir mis sans inconvénient 30 000
œufs, soil de Saumon soit de Truite, ou 10 000 alevins, dans une seule auge
qu'alimentait de l'eau à 0" Reaumur. A 8 degrés, il a dû réduire le nombre des
alevins à 500. (Max von dem Borne, Die Fisckzuchi),
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 301
rement les œufs el les empêche de s'entasser. La seule pré-
caution à prendre, c'est de répartir les œufs uniformément,
pour qu'il y en ait partout une égale épaisseur.
Tant que les œufs ne sont pas embryonnés, (c'est-à-dire
tant qu'on n'aperçoit pas les yeux de l'embryon à travers la
coque de l'œuf), il faut éviter de les remuer. Mais, après
celte première période, il faut les visiter chaque jour et en-
lever tous ceux qui deviennent blancs ou opaques, signe cer-
tain de la mort de l'embryon. Pour examiner ceux des cou-
ches inférieures, on saisit la caisse au-dessus du point c et on
la soulève avec précaution pour la laisser redescendre vive-
ment. Tous les œufs sont alors déplacés par l'eau montant
avec force, et il devient facile d'enlever ceux qui blanchis-
sent.
Si, malgré la direction ascendante du courant, les œufs,
par suite d'un filtrage tout à fait insuffisant de l'eau, venaient
à se couvrir de sédiments, on pourrait, après les avoir mis à
sec (en fermant momentanément le robinet et en vidant la
caisse avec un siphon), les laver par un copieux arrosage en
pluie fine. Mais il faut éviter de recourir à cette opération
tant que les yeux de l'embryon ne sont pas visibles.
Quand les éclosions commencent à se produire, il est pru-
dent, pour éviter que les alevins ne soient entraînés par le
courant, de mettre en place le tamis ou caissette à fond de
toile métnllique d, dont le goulot s'engage dans ceux des
caisses b et c. Toutefois, comme ce tamis arrête au passage
les coques vides des œufs éclos qu'entraîne le courant de
l'eau, on préfère souvent se dispenser de son emploi en pla-
çant sous le goulot e un second appareil B, dont la disposition
générale est la même que celle de l'appareil A. La caisse f
reçoit les alevins qui s'échappent de la caisse c, et le tamis g
les retient captifs, fluand il s'agit d'alevins de Corégone, qui
commencent à nager rapidement très peu de temps après leur
éclosion, et qui se tiennent de préférence à la surface de
l'eau, il convient de leur donner le plus d'espace possible en
les laissant dans la caisse f, qu'on choisit d'ailleurs d'un grand
modèle, comme nous l'indiquerons i)lus loin. Il en est de
:]0'i SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
même pour les alevins d'Ombre {Thymallus). Mais quand il
s'agit d'alevins de Truite ou de Saumon, il est préférable de
les conserver dans la caisse c, où ils se trouvent dans de meil-
leures conditions hygiéniques, à cause du courant ascendant
qui traverse l'appareil. Pour les retenir dans cette caisse c,
on laisse en permanence la caissette ou tamis gf, dès que toutes
les coques des œufs éclos ont été enlevées. Le tamis propre-
ment dit, c'est-à-dire le fond de toile métallique, doit présenter
une surface de 250 centimètres carrés, pour que la violence
du courant n'entraîne pas les alevins contre ce grillage.
Un des avantages qui, dans l'emploi de l'auge californienne,
résultent de la direction ascendante et verticale du courant
(lequel est d'ailleurs divisé par la toile métallique et réparti
sur toute l'étendue du fond de laboîtec), c'est qu'après l'éclo-
sion, les alevins ne se réunissent pas en masses compactes,
comme ils le font dans les appareils à courant horizontal, où
ils se portent presque constamment vers le point d'arrivée de
l'eau, s'entassant les uns sur les autres au point de se nuire
mutuellement d'une façon très réelle.
M. Robert Eckardt, de Liibbinchen, avait exposé à Berlin
un appareil de son invention, qui se rapproche beaucoup de
l'auge californienne. Cet appareil (fig. 12) consiste en une ou
FiG. 12.
plusieurs augettes a, b, c, dans lesquelles les œufs sont mis
en incubation sur un tamis ou double fond entoile métallique.
L'eau entre par un des côtés de la boîte, passe sous le tamis,
traverse la couche d'œufs par un courant ascendant et va
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
SOS
sortir par le côté opposé de la boîte, où des ouvertures sont
ménagées à une hauteur convenable pour maintenir constam-
ment le niveau de l'eau à 3 ou 4 centimètres au-dessus des
œufs. Un fin grillage qui règne dans toute la largeur de l'au-
gette empêche les alevins de s'échapper par les ouvertures.
Comme on le voit dans la figure, les augettes peuvent être
disposées en gradins, à l'imitation de celles du système Coste ;
de sorte que l'eau passe successivement des unes dans les
autres. On économise ainsi l'eau et l'espace.
L'auge californienne peut, avec une petite modification bien
simple, être employée pour l'éclosion des œufs en pleine eau.
Elle dispense ainsi de toute installation, et peut être utilisée
partout. Il suffit d'avoir à sa disposition une source ou un
ruisse^iu d'eau bien courante. La paroi b de la caisse exté-
rieure A (tig. 13) présente, dans toute sa largeur et une partie
de sa hauteur, une ouverture qui est garnie d'une toile mé-
FiG. 13.
tallique et qui se ferme à volonté au moyen d'un panneau à
couHsse. L'appareil est plongé suffisamment dans l'eau pour
que le goulot e soit immergé, et l'on place l'ouverture grillée
h face au courant. L'eau entre dans la caisse A par cette ou-
verture, traveise le fond en toile métallique de la caisse c, où
se placent les œufs, et va sortir par le goulot e, en passant à
travers le tamis rf, qui clôt l'appareil et s'oppose aussi bien à
la fuite des alevins qu'à l'entrée d'animaux nuisibles. Le pan-
neau à coulisse, que l'on baisse plus ou moins, permet de
régler le débit de l'eau suivant la vitesse du courant. Dans le
304 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
nord de la Prusse, on utilise cet appareil en l'installant en
pleine eau, au milieu d'un cadre servant de flotteur et formé
de quatre planches reposant à plat sur l'eau. Dans ce cas, on
n'immerge généralement que la moitié du goulot e. Un petit
toit en chaume, dans le genre de ceux employés pour les
ruches, recouvre l'appareil, qu'il protège contre la lumière,
la poussière, etc. Bien que solidement fixé, de manière à ré-
sister au vent, ce toit doit pouvoir s'enlever facilement pour
permettre une visite fréquente des œufs.
Les quantités considérables d'reufs sur lesquelles ils opèrent
en général ont amené les pisciculteurs américains à rechercher
des appareils d'éclosion occupant le moins d'espace possible
dans les laboratoires.
M. Marcellus G. Holton, attaché à l'établissement de pisci-
culture de Calédonia, à Rochester (New-York), est l'inventeur
d'un des premiers appareils construits dans cet ordre d'idées.
C'est une caisse ou boîte rectangulaire en bois, ayant un fond
concave, au centre duquel débouche le tuyau qui amène l'eau.
Celle-ci entre donc par le fond pour s'échapper dans le haut,
par un bec ou goulot latéral. Dans la boite se trouvent super-
posés (selon les dimensions plus ou moins grandes que l'on
donne à l'appareil) de sept à dix-huit tamis rectangulaires en
toile métallique, portant chacun une couche d'œufs. Ces œufs,
que baigne un courant abondant, rapide et ascendant, peu-
vent absorber une grande quantité d'oxygène et ne se cou-
vrent que très peu de sédiments, car les particules terreuses
que charrie l'eau vont s'amasser dans le fond de la caisse, où
un petit tuyau de sortie ménagé à cet effet, et qu'on débouche
de temps en temps, permet un nettoyage facile par le simple
écoulement de l'eau. Deux poignées ou tiges métalliques ver-
ticales, de même hauteur que la boîte et fixées au tamis infé-
rieur, sur lequel se superposent les autres, permettent d'en-
lever le tout en bloc quand il s'agit de visiter les œufs.
Les cadies en bois des tamis, d'une épaisseur de 2 à 3 cen-
timètres, ont, le plus ordmairement, de 30 à 35 centimètres
de côté, dimensions qui permettent d'étaler sur chaque tamis
environ un millier d'œul's de Saumon, quinze cents à dix-huit
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
305
cents œufs de Truite, et un nombre plus considérable encore
d'œiifs de Corégone, l'appareil pouvant également servir à
réclosion des œufs de cette dernière espèce de poisson.
L'appareil Holton, breveté en Amérique, est d'un emploi
courant dans plusieurs établissements importants, notamment
dans celui de Calédonia, appartenant à M. Selh Green, qui
apprécie beaucoup ce système et en recommande tout parti-
culièrement l'emploi.
M. John Williamson, secrétaire de la Société d'acclimata-
tion de Californie, a combiné l'emploi des rigoles avec celui
des boîtes à éclosion. Dans une rigole longue de 5 mètres
environ, large de 0'",50 et profonde de 0™,52, il place, cà la
suite les unes des autres, des boîtes rectangulaires, à fond à
claire-voie, dans chacune desquelles sont superposés de 4 à
5 claies ou tamis en toile métallique portant les œufs.
Les figures U et 15 ci-contre font connaître la disposition
FiG. li.
FiG. 15.
des tamis dans les boîtes, et celle des boîtes dans la riqole.
Les flèches indiquent la direction de Tenu, qui, formant un
courant alternativement descendant et ascendant, entre par
le fond des boîtes pour en sortir par le haut. Ce mouve-
3e SÉRIE, T. X. — Juin 1883. 20
306 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
ment est déterminé par la hauteur différente des bords à
l'avant et à l'arrière des boîtes.
L'appareil Williamson est spécialement employé par la
Société d'acclimatation de Californie, dans son établissement
de Point Pedro (comté de San-Mateo),
M. Nelson W. Clark, de Clarkston (Michigan), est l'inven-
teur d'un appareil également à courant vertical, mais dans
equel l'eau traverse les boîtes de haut en bas, au lieu de bas
en haut. Du reste, au point de vue du nettoyage automatique
des œufs, le résultat est absolument le même.
Les boîtes, garnies d'un fond en toile métallique, sont
fermées par un couvercle perforé d'une multitude de trous
qui servent à diviser le courant comme le ferait une pomme
d'arrosoir, et qui permettent à l'eau de s'aérer copieuse-
ment. Le courant s'échappe par le fond de la boîte ; mais,
arrêté dans la rigole par une cloison transversale, il se relève
pour franchir cet obstacle, se déverse alors dans la boîte sui-
vante, qu'il traverse comme la première, et ainsi de suite
jusqu'à l'extrémité de la rigole.
Comme ceux qui précèdent, cet appareil permet, avec peu
d'eau, de faire éclore des quantités considérables d'œufs ;
comme eux, il économise beaucoup d'espace et ne présente
aucune difficulté pour le nettoyage des œufs.
En général, pour visiter ceux-ci, on retire les tamis des
boîtes et on les place momentanément dans une petite rigole
ad hoc, de peu de profondeur comme on le voit à la droite de
la figure 2. Cette rigole, où il n'y a que 2 ou 3 centimètres
d'eau, est toujours placée dans un endroit bien éclairé du la-
boratoire, afin de rendre facile le nettoyage et l'enlèvement
des œufs gâtés.
L'appareil Clark est employé aussi bien pour les œufs de
Corégone que pour ceux de Truite et de Saumon.
En raison de la quantité très considérable d'œufs (de 10 à
14 millions) que l'on a souvent à mettre en incubation à la
fois dans l'établissement créé par la Commission des pêche-
ries des États-Unis, sur les bords de la rivière Mac-Cioud,
pour la propagation du Saumon de Californie, on s'est vu
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
307
dans la nécessité de simplifier le plus possible les appareils,
et l'on a recours, depuis 1874-, à un système imaginé par
M. VVoodbury, collaborateur de M. Livingston Stone. Précé-
demment, on employait l'appareil Williamson, décrit plus
haut; mais l'usage des claies nécessitait ti'op de travail pour
la quantité d'œufs à manipuler. Au lieu donc de répartir
ceux-ci sur des claies, qui ne peuvent en recevoir qu'une
seule coucbe, M. Woodbury essaya de les mettre tout simple-
ment, en bloc, dans des cages ou paniers en toile métallique
:V|'ïi'i;!||'''|:';!:!!'i|if;]'iiii:t:|nr|Vi:M.[M|i'j
FiG. 16.
(fig. 16) de 0'",60 de long, sur O^j^S de large. Ces paniers
peuvent contenir 9 litres d'œuts qui, bien que superposés sur
12 ou 15 couches d'épaisseur, réussissent parfaitement si le
courant d'eau qui alimente l'appareil est suffisant. M. Livings-
ton Stone se montre très satisfait de ce système un peu pri-
mitif en apparence. Mais il convient de rappeler que dans
l'établissement on se borne seulement à embri/onner les œufs.
Quand on veut amener révolution embryonnaire jusqu'à féclo-
sion, il est indispensable de ne pas entasser les œufs en aussi
grand nombre.
Un appareil très élégant et qui fonctionne fort bien est celui
inventé par M. Thomas B. Ferguson, commissaire des pêche-
ries du Maryland et membi'e de la Commission des pêche-
ries des Étals-Unis. C'est un seau en verre de 0'",20 de dia-
mètre environ (fig. 17), muni de deux tubulures opposées
l'une à l'autie, l'une au fond pour l'introduction de l'eau
l'autre près du bord pour la sortie. Le seau est garni d'une
pile de 9 à 10 tamis circulaires en toile métallique sur les-
quels on étale les œufs. L'appareil est traversé par une co-
lonne d'eau ascendante qui lave les œufs et tend à enlever
toutes les impuretés pour les emporter au dehors. Générale-
ment on relie plusieurs seaux au moyen de tubes en caout-
308
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
chouc, comme le montre la figure, et le même courant ali
mente la série entière.
Si l'eau est trouble, on peut employer le premier seau
comme appareil de filtrage, en le remplissant de gravier ou
d'épongés, qui arrêtent les matières terreuses en suspension
dans l'eau.
Il est bon de recouvrir les seaux de chapes en fort papier
ou en carton, dans lesquelles on ménage des échancrures pour
filMMillIllllllllllllililllli!!!!»^
"l.i.ij.i.i ii.ilii \~.ntfu I I iiiiiil.iiimliiii nul |.i I ^ ^ZZZ
ij.|Hi|i;pfiiiiiiiiMMMiiMuiii8iEuuHmiitii«iiMUHii^inumma!iiiiiHl^ii:ii'i5âia^
F]G. 17.
le passage des conduits en caoutchouc. Ces chapes ont pour
but de maintenir les œufs dans l'obscurité.
Les appareils de M. Ferguson ont l'avantage de faciliter la
surveillance des œufs. Un coup d'œil suffit pour voir si tout
marche bien : Quelque dépôt s'est-il formé dans le fond ; des
alevins sont-ils nés? En enlevant un instant le conduit de
caoutchouc fixé à la tubulure inférieure, on vide l'appa-
reil qui se nettoie complètement sans qu'on ait besoin de
déranger les tamis. M. Ferguson est si satisfait du fonction-
nement de ces appareils, qu'il n'en emploie plus d'autres au
laboratoire de Druid-Hill Park (Baltimore), dont les rigoles
d'éclosion ne servent plus que de bacs d'alevinage.
Pratiquée aujourd'hui en Amérique sur une échelle consi-
dérable, la multiplication artificielle de l'Alose a présenté au
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
309
début les plus grandes difficultés, l'éclosion des œufs ne pou-
vant avoir lieu dans les appareils employés pour les Salmo-
nidés. Toutes les tentatives échouaientou ne donnaient que des
résultats insuffisants. C'est à M. Seth Green que revient l'hon-
neur d'avoir résolu le problème par l'invention de boîtes flot-
tantes inclinées, qu'on place en rivière au milieu du courant.
Ces boîtes, longues de 2 pieds, sur 18 pouces de largeur
et 15 pouces de hauteur, sont munis d'un fond en toile métal-
lique et maintenues flottantes au moyen de deux planches
latérales. Chaque boîte peut recevoir de cinquante mille à
cent mille œufs.
Dans un premier essai, M. Seth Green s'était servi de boîtes
flottant horizontalement comme celles de Jacobi ou de M. Ban-
nister (fig. 18). Mais la force du courant accumulait tous les
FiG. 18.
œufs vers une des extrémités de la boîte et gênait leur évolu-
tion. L'habile pisciculteur eut alors l'heureuse idée de fixer
Fie. ly.
obliquement les deux flotteurs, ce qui, en maintenant la boîte
dans une position inclinée (fig. 19 et 20), détermine à fin-
MO
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
térieur une circulation suffisante pour empêcher les œufs de
rester dans une immobilité qui leur serait funeste.
Moins le courant de la rivière est rapide, plus l'inclinaison
FiG. 20.
de la boîte doit être prononcée. M. Seth Green a constaté
qu'avec un courant de deux milles (un peu plus de 3 kilom.)
à l'heure Tinclinaison convenable est de 60 degrés.
Les mailles de la toile métallique qui forme la paroi infé-
rieure des boîtes ne doivent guère avoir plus d'un millimètre
FiG. 21.
de largeur, car elles pourraient laisser échapper les alevins
nouvellement éclos, lesquels sont extrêmement petits, l'œuf
d'Alose n'ayant que deux millimètres et demi de diamètre
environ .
Généralement, on attache les boîtes à la file les unes des
autres le long d'un petit câble solidement assujetti au moyen
d'une ancre dans le milieu du courant, c'est-à-dire dans l'en-
droit où l'eau est le moins exposée à des variations de tem-
pérature extrêmement nuisibles aux éclosions. Chaque cilble
peut servir à fixer au moins cinq ou six boîtes.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. Mi
Un autre modèle de boîle flottante a été imaginé par M. E.
Slilwell, commissaire des pèciies du Maine, et M. Charles
Atkins, de l'établissement de pisciculture de Buksport. Les
ligures 21 et 12 représentent cette boîte dans la position
qu'elle prend lorsqu'elle est mise en rivière. Dans la figure 19,
FiG. 25.
un des côtés de la boîte a été enlevé en partie afin d'en laisser
voir l'intérieur. L'eau suit la direction indiquée par les flèches
et procure aux œufs le mouvement qui leur est nécessaire.
11 est à remarquer que l'angle formé avec la suiface de l'eau
par le fond de cet appareil est précisément inverse de celui
que forme la boîte Seth Green.
On doit à MM. Frederick Mather et Charles Bell l'invention
d'un appareil qui dispense de mettre les œufs d'Alose en pleine
rivière, et qui permet d'obtenir l'éclosion de ces œufs en la-
boratoire. Cet appareil que nous avons déjà mentionné plus
haut, se compose d'un entonnoir en métal (fig.23), de 0'",30
de haut, sur O^'j^ô de diamètre (1) auquel est soudée une bor-
dure en toile métallique de0"',03 de hauteur. A l'extérieur un
large rebord forme une rigole circulaire qui porte un ajutage
latéral pour la sortie de l'eau.
(1) La dimension importe peu ; on se sert souvent d'appareils beaucoup plus
grands ; Timportant c'est que les proportions relatives soient conservées.
31 î2 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Vers le fond de renlonnoir, à l'endroit où le diamètre n'est
plus que de 0™,05, se trouve une cloison horizontale en fine
toile métallique (de préférence en laiton), sur laquelle on
place les œufs, et qui sert à tamiser le courant d'eau qu'amène
FiG. 23.
dans l'appareil un tube en caoutchouc fixé au bas de l'enton-
noir. Ce courant entraîne les œufs de bas en haut et dans une
direction excentrique, vers la bordure de toile métallique, à
travers laquelle l'eau s'échappe en nappe circulaire. Mais
comme, en s'élargissant, le courant perd de sa force, il n'est
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
313
plus suffisant, lorsqu'il arrive près du bord (si l'on a réglé
convenablement le débil), pour continuera soutenir les œufs.
Ceux-ci retombent sur la paroi oblique de l'entonnoir; ils
roulent vers le fond, et sont repris de nouveau par le courant
pour retomber encore, et ainsi de suite. Cette agitation con-
tinuelle les entretient en parfait état de propreté, et l'évo-
lution embryonnaire s'accomplit dans d'excellentes condi-
tions.
Ce système qui est aujourd'hui très généralement adopté et
riG. 21.
qui rend les plus grands services, a été, dès le début, appliqué
sur une grande échelle par M. le major Thomas B. Ferguson,
commissaire des pêcheries du Maryland.
Tout en apportant à l'appareil quelques légères modifica-
tions, M. Ferguson eut l'heureuse idée d'utiliser ce système à
bord d'un petit steamer (le Lookout), en créant ainsi un
établissement de pisciculture mobile, qui peut se rendre d'a-
bord sur les lieux dépêche, pour recueillir les œufs à mettre
en incubation, puis sur les divers points où les alevins obtenus
doivent être distribués.
314 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Les appareils sont installés sur le pont. Ce sont, comme
l'appareil de MM. Fred. Matlier et Gh. Bell, de grands cônes
renversés (fig. 2-4) ou entonnoirs en métal (généralement en
cuivre étamé) qu'on peut fermer à volonté dans le bas et em-
ployer, après l'éclosion, comme appareils de transport pour
les alevins.
Afin que ces cônes restent toujours dans une position bien
verticale et qu'ils puissent fonctionner sans interruption,
malgré les mouvements de roulis ou de tangage du navire,
ils sont à suspension de Cardan, c'est-à-dire qu'ils sont sou-
tenus, à la manière des boussoles marines, par deux cercles
horizontaux et concentriques, mobiles sur des axes perpendi-
culaires l'un à l'autre.
Les cônes Ferguson ont une hauteur de 0"\68 et un dia-
mètre de0'",50. L'eau y pénètre en traversant, comme dans
l'appareil Mather,une sorte de lamis a, qui divise le courant,
et elle en sort parla gouttière d, à laquelle s'adapte un tuyau
en caoutchouc de 0"',0â de diamètre, semblable au tuyau
d'amenée. L'anneau, ou garniture intérieure b, f, de 0"", 10 de
hauteur, est destiné à retenir les œufs et les alevins ; la par-
tie inférieure / est en fer-blanc, tandis que la partie supé-
rieure b est en toile métallique. C'est à travers cette toile
métallique que s'échappe l'eau pour sortir par l'ouverture d.
Un tampon porté à l'extrémité d'un long manche (voy. à droite
de la figure 24) sert ta boucher plus ou moins le tamis a et à
régler la force du courant. Les œufs morts devenant presque
immédiatement plus volumineux et par cela même plus légers
que les autres, se rassemblent dans l'appareil à la surface de
l'eau ; on les enlève à l'aide d'une truble ou mieux d'une
sorte d'écumoire à trous d'un diamètre tel, que les œufs sains
y passent sans difficulté tandis que les œufs gâtés, plus gros,
restent pris. Le fonctionnement de l'appareil a du reste été
amélioré encore par F. A. Clark qui, à l'aide d'une grille c
placée devant la gouttière d, a trouvé le moyen de régler par-
faitement le débit de celle gouttière. En donnant par à-coup
un courant plus fort, on expulse tous les œufs gâtés qui sont
immédiatement entraînés.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 315
A bord du Lookout, une petite pompe à vapeur puise
l'eau un peu au-dessous de la ligne de flottaison du navire et
remplit constamment un réservoir, d'où partent les tuyaux
de distribution qui vont s'adapter à la partie inférieure de
chaque entonnoir. Au sortir des appareils, qui sont ainsi tra-
versés par un courant continu, l'eau est rejetée par-dessus
bord.
Dés la première année de sa mise en service (1878), le
Lookout servit à recueillir et à mettre en incubation
-21502 000 œufs d'alose qui donnèrent 15 546 500 ale-
vins.
Des résultats aussi satisfaisants ont engagé la Commission
des pêcheries des États-Unis à adopter ce système et k l'ap-
pliquer sur une échelle encore plus importante. Un navire à
vapeur, le Fish-Hawk, a été construit tout exprès poui'
servir de laboratoire d'études et d'établissement mobile de
pisciculture. C'est un steamer à hélice de 485 tonneaux, de
45 mètres de longueur sur 9 mètres de largeur, avec un tirant
d'eau de 2"", 20. Son outillage lui permet de mettre à la fois
en incubation près d'un milliard d'œufs d'Alose, de Morue,
de Hareng ou de Maquereau.
Les appareils du Fish-Hawk sont de deux modèles diffé-
rents, savoir : les cônes ou entonnoirs ci-dessus mentionnés
du système Ferguson, et les tonnes immergées ou à bascule,
dues au même inventeur.
Ces tonnes sont des cylindres, ordinairement en fer battu,
étamé ou galvanisé, de 0'",50 de diamètre sur 0"',00 de hau-
teur, qu'on peut porter par une anse comme des seaux. Elles
sont fermées à la partie inférieure par un disque en toile mé-
tallique bordé d'un cercle de cuivre qui se fixe au cylindre au
moyen d'écrous.
Les tonnes, garnies des œufs à faire éclore, sont suspendues
sur chaque flanc du navire à un mât horizontal (fig. 25) et
plongent à moitié dans l'eau. Ce mât qui est actionné par une
machine à vapeur dont l'arbre de couche porte un excentri-
que, imprime constamment à l'ensemble des tonnes un mou-
vement alternatif de haut en bas et de bas en haut, lequel
316 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
procure aux œufs l'agilation nécessaire à leur développe-
ment.
Un fond étanche, fixé par des écrous, peut être substitué
au disque de toile métallique qui ferme le bas de chaque cy-
lindre. On transforme ainsi l'appareil d'éclosion en bac de
transport pour les alevins. Sur le pont du navire se trouvent
FiG. 25.
installées quatre séries de cônes Ferguson auxquels l'eau né-
cessaire est fournie |iar une pompe qui alimente un réservoir
muni d'un appareil de filtrage. Après avoir traversé les cônes,
l'eau peut être soit écoulée hors du navire, soit recueillie par
des conduites spéciales, puis renvoyée, à l'aide de la pompe,
dans le réservoir d'alimentation en formant ainsi un courant
continu. Cette disposition permet d'opérer l'incubation des
œufs d'Alose aussi bien quand le navire est en marche que
LA PISCICULTURE A l'ÉTRâNGER. 317
quand il est stationnaire, et soit qu'il navigue en eau douce
ou en eau salée.
L'aménagement du Fish-Haivk permet, en outre, d'utiliser
ce navire pour la propagation de différents poissons de mer.
La dépense d'installation s'est élevée à 50 000 dollars
(250 000 francs).
(A suivre.)
OBSERVATIONS
SUR
UN LÉPIDOPTÈRE IIÉTÉROCÈRE SÉRICIGÈNE
L'AyTUER.£A FRITHII (Moore)
FAITES EiN 1882 A CHAMPROSAY (Seine-et-Oise)
Par n. J. FALLOU
Le 2 mai de cette année 1882, M. Geoffroy Saint-Hilaire a
bien voulu me confier, pour en observer l'éclosion, quaranle-
huit cocons et un certain nombre d'œufs provenant d'un envoi
fait par M. Moquin-Tandon, de la Gochinchine.
Ces cocons ont beaucoup d'analogie avec ceux des Attacus
Yama-maï, Pernyi et Mylilta; ils sont fermés, de forme
ellipsoïdale, allongés aux deux extrémités. Ils sont constitués
par une soie d'un blanc jaunâtre, dont la couche supérieure
est très résistante.
Ces cocons ne sont pas entourés d'une soie lâche et vague
comme celui de VAtlacus Pernyi; k certains d'entre eux sont
encore adhérents des débris de feuilles des végétaux qui ont
servi à la nourriture des chenilles, ce qui, peut-être, pourra
servir à faire connaître leur plante nourricière.
Dès le 9 mai, ces cocons ont été suspendus dans une cage
spacieuse, déposée dans une vaste pièce non habitée, située
au deuxième étage, prenant jour et lumière aux expositions
sud-ouest et nord-est; les fenêtres n'ont été fermées que la
nuit.
Jusqu'à la fin de juillet, tous les papillons éclos, mâles et
femelles, ne sont pas sortis de la boîte où je les surveillais,
alin de voir s'il y avait accouplement ; mais mâles et femelles
ont été sacrifiés pour n'obtenir que des œufs non fécondés, ce
qui se reconnaît facilement huit ou dix jours après les pontes.
Dans les premiers jours du mois d'août, j'ouvris les portes
de la cage contenant les cocons, afin que les nouveaux venus
pussent prendre leur essor dans la chambre même ; du 2 au
UN LÉPIDOPTÈRE HÉTÉROCÈRE SÉRICIGÈNE. 319
4 aoLit sont cclos un maie et une femelle ; je les trouvai le
matin près l'un de l'autre, sur les rideaux en mousseline de
la fenêtre nord-est; mais je m'aperçus plus tard que la femelle
n'avait pas été fécondée. Enfin, du 15 au 16 du même mois,
un nouveau couple est éclos, et l'accouplement eut lieu du 16
au 17 et a duré environ quinze heures. La ponte de deux cent
vingt œufs se fit sur les rideaux de la même fenêtre que la
précédente.
Un fait digne de remarque^ c'est que tous les papillons qui
se sont échappés de la cage ont toujours été se poser à la fe-
nêtre du nord-est; pas un au sud-ouest.
Les papillons sont éclos à des intervalles très espacés, et
en quelque sorte par périodes.
A l'ouverture de la caisse d'envoi, 2 mai, je trouvai six
papillons, trois mâles et autant de femelles, mais tous avortés
ou avec les ailes mal développées, ce qui sans doute a tenu au
manque d'espace, aucun cas semblable ne s'étant reproduit
aux éclosions qui eurent lieu successivement après celle-ci.
Du 9 au 19 mai sont éclos 1 mâle, 9 femelles.
Deuxième période ;du 12 au 15 juillet, 1 mâle, 4 femelles ;
du 29 au 31^ 2 mâles, 5 femelles; du 1" au 18 août, 5 mâles,
3 femelles.
Troisième période : du 5 au 7 septembre, 2 mâles ; indiqué
plus haut du 2 mai, 3 mâles, 3 femelles.
Total : 38 papillons, 1 i mâles, 24 f(;melles.
Ainsi le nombre des femelles est donc presque double de
celui des mâles.
Il reste dix cocons qui, par leur légèreté, me font supposer
qu'ils ne donneront pas leurs papillons. Cependant je les
observerai; il est possible qu'il en vienne encore l'an pro-
chain. Il en est peut-être de ces Attaciens comme de bien
d'autres Lépidoptères, c'est-à-dire que les Chenilles provenant
de la même ponte ne donnent pas toujours l'insecte parfait à
la même époque; nous avons des exemples de cette particu-
larité chez bon nombre de nos Lépidoptères indigènes, il y
en a qui restent à l'état léthargique une et quelquefois plu-
sieurs années.
320 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
D'après le résultat des éclosions de l'espèce qui nous oc-
cupe, il est difficile de se former une idée juste de l'époqne à
laquelle a lieu l'éclosion de VAntherœa Frilhii dans son pays
natal. On pourrait supposer qu'une température plus ou moins
élevée puisse avoir de l'influence sur les éclosions ; mais ce
n'est certainement pas la chaleur des mois de juillet et d'août
que nou? avons eue sous le climat de Paris, mois qui ont été
relativement froids et humides, qui a fait que les éclosions
ont été plus nombreuses pendant ces deux mois, ni que les
sujets nés durant cette période ont leurs couleurs plus vives
et sont d'un ton plus chaud que ceux éclos au printemps ; de
là je serai porté à conclure que le milieu de l'été est la prin-
cipale époque d'éclosion de VAnthœrea Frithii.
Un seul accouplement obtenu sur un si grand nombre de
sujets peut étonner, mais c'est certainement la seule fois que
l'éclosion d'un mâle et d'une femelle ait eu lieu dans la même
nuit. Or on a observé que chez les espèces demi-sauvages des
Anthœrea asiatiques, il faut, pour la fécondation, une éclosion
presque simultanée des mâles et des femelles ; les individus
de sexe différent se repoussent s'ils sont nés à quelques jours
de distance. C'est peut-être le motif qui fait que je n'ai con-
staté qu'un seul accouplement.
Les papillons de A. Frii/^u offrent, ainsi que leur congé-
nère A . Mylitta, de fréquentes variations pour le fond de la
couleur des ailes; le mâle les a généralement rougeâtres; il
y en a qui ont le fond jaune. Les femelles sont beaucoup plus
variables que les mâles ; leurs ailes sont grises, passant de
cette couleur à celle rosée, souvent jusqu'au jaune.
La vitalité chez cette espèce est de quatre à cinq jours pour
les mâles et cinq à sept pour les femelles. Les œufs sont du
type de A. Mijlitta, et comme ceux-ci entourés de deux lignes
noires, un peu comprimés et d'une couleur blanchâtre.
De ceux pondus le 19 août sont sortis, du A au 6 septembre,
des chenilles d'une couleur jaune d'ocre annelées de noir, la
tête et le collier de cette même couleur, les pattes grisâtres.
Jusqu'à ces temps derniers, j'avais cru reconnaître que les
papillons qui avaient donné naissance à ces chenilles appar-
UN LÉPIL^OPTÈRE HÉTÉROCÈRE SÉRICIGÈNE. 321
tenaient à A. Mylitla. C'est pourquoi je me suis abstenu de
prendre la description plus complète de celles qui venaient
de naître, sachant que celles du Mylitta avaient été décrites
à fond par M. A. Wailly, description reproduite dans le Traité
élémentaire d'entomologie de M. Girard (tome III, fasc. 1,
J.-B. Baillièreetfds, 1882).
Je regrette donc de ne pas avoir examiné avec plus d'at-
tenlion nos nouvelles venues, et de ne pouvoir en donner ici
qu'une description trop succincte.
Ce n'est que dernièrement que nous avons appris que l'es-
pèce intéressante qui nous occupe n'était pas A. Mylitta ni
A. Felderi (Boisduval), mais bien VA nthœrea Frithii Moore,
espèce décrite dans lesProceeding Zool. Soc, 28 juin 1859, et
dont le maie seul est figuré. Le sujet représenté provient du
voisinage de Darjeeling.
A la naissance des chenilles, vu la saison avancée, je leur
offris, outre le chêne, comme plantes nourricières, des végé-
taux à feuilles persistantes :
Evonymus (Fusain) Japonicus,
Ligustnim (Troène) Californicum et Japoniciun,
Viburnum (Laurier-tin) Tinus.
Les chenilles que j'ai persisté à laisser sur ces végétaux
sont toutes mortes sans en attaquer aucun ; le contraire a eu
lieu pour le chêne, qu'elles ont aussitôt mangé.
Leur première mue eut lieu avec peine du 17 septembre au
4 octobre, et la moitié environ sont mortes en l'opérant. Celles
qui ont pu l'accomplir n'ont vécu que jusqu'au i6 octobre.
Pendant l'inlervalle de temps qu'a duré la surveillance de
mes pensionnaires, j'ai été à même de faire quelques remar-
ques intéressantes, dont voici la plus importante :
En 1881, j'ai récolté sur mes Poiriers plusieurs chenilles
àeVAttacus Pyri, qui ont formé leurs cocons dans une ca^e
disposée à cet effet.
Du 10 au 15 mai sont écloses plusieurs femelles, et, à la
même épo([ue, deux femelles de A. Frithii. Le temps étant
beau, j'avais laissé ouvertes la nuit les fenêtres de la pièce où
étaient ces dernières. Le 15, au matin, je fus étonné de voir
3» SÉRIK, T. X. — Juin 1883. il
322 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
sur les parois extérieures de la boîte cinq mâles de A. Pyri
qui avaient fait infidélité aux femelles de leur espèce, quoique
pourtant ils fussent très proches d'elles. J'invitai ces amou-
reux à entrer dans la cage, où ils sont restés, ainsi que les
femelles, dans un état de torpeur complet, dont ils ne sont
sortis qu'à l'entrée de la nuit ; à ce moment, tous ont pris leur
vol. Le lendemain matin, je ne trouvai que des êtres complè-
tement détériorés, sans observer d'accouplement; les femelles
n'ont pondu que des œufs clairs. Ainsi, malgré l'attrait de ces
femelles, qui avaient attiré les mâles peut-être d'une grande
distance, à ma connaissance il n'y avait pas eu rapproche-
ment.
J'ai déjà été à même d'observer un cas à peu près analogue
vers le 10 ou le 12 juin 1879. A cette époque, j'avais provoqué
les deux sexes en présentant un mâle de A . Pyri à une fe-
melle de A . Pernyi, puis, à l'inverse, un mâle Pernyi à une
femelle A. Pyri, sans qu'il y ait eu acte de copulation, ces
femelles n'ayant pondu que des œufs non fécondés. Les
exemples de cette année ne font que confirmer ce que j'ai déjà
fait remarquer dans une note sur diverses espèces de Lépi-
doptères, insérée au Bulletin de la Société cV Acclimatation,
année 1880, page 717, c'est-à-dire que les tentatives de croi-
sement entre espèces paraissant très rapprochées, mais pro-
venant de pays tout différent, ne se réalisent pas aussi aisé-
ment qu'on peut le supposer tout d'abord.
II. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ.
NOTE
SUR LES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS
DE LA MÉNAGERIE DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
Pendant les mois de janvier, février, mars et avril] 1883.
Par M. nUET
Aide-naturaliste chargé de la ménagerie.
Quoique les premiers mois de l'année ne soient pas très
favorables pour les naissances, nous avons cependant à enre-
gistrer celle d'une femelle de N)'\Qixu]i (Portax picta).
Née le l" janvier, nous pensions, à cause de la mauvaise
saison, que cette éducation ne réussirait pas; mais, malgré
les longues nuits d'hiver et la température humide que nous
avons eue, cette jeune bête s'est parfaitement développée, et
maintenant nous n'avons plus de craintes pour sa santé.
Le 10 janvier est née une femelle d'Eleotrague, ou Anti-
lope Isabelle (Eleotragus reduncus); ce qui porte à huit le
nombre de ces charmants animaux, obtenus d'un mâle et de
deux femelles, données au Muséum par M. Brière de l'Isle, en
1878 et 1880 : la mère a mis bas à la Rotonde, où elle a
passé l'hiver avec son jeune; quant aux six autres, ils sont
restés dehors et ils n'étaient renfermés que pendant la nuit,
dans une cabane rustique, dont les parois sont construites
en terre soutenue par des branches.
Le 11 janvier et le 19 mars, nous avons eu aussi la nais-
sance de deux Guibs {Tragelaphas scriptus), mais ils sont
morts à l'âge de cinq semaines. Voici la seconde année que
nous essayons d'élever ces jeunes animaux en plein air; mais
il faut y renoncer, car, lorsque la température descend vers
5 degrés au-dessous de zéro, ils s'engourdissent, n'ayant plus
la lorce de se relever pour tcter, ils meurent en deux ou trois
324 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
jours; il est donc indispensable, lorsque l'on a des femelles
pleines à la fin de décembre, de les renfermer dans un en-
droit où l'on puisse entretenir une chaleur de 8 à 10 degrés;
dans ces conditions, on est certain d'élever les jeunes, qui,
une fois qu'ils mangent seuls, deviennent tout de suite plus
vigoureux et peuvent alors supporter, sans en souffrir beau-
coup, des températures plus basses.
Nous n'avons jamais eu d'accidents provoqués par le froid,
jiarmi les adultes que nous tenons dans une cabane à l'air, et
il suffit de les renfermer pour la nuit, ou bien lorsque le
froid devient trop vif, pour les conserver en bonne santé.
Enfin, il est né aussi un Zébu de Madagascar, trois Chèvres
d'Islande, deux Chèvres d'Angora et une Chèvre mélisse,
issue d'un Bouc et d'une Chèvre, hybrides d'un Bouquetin et
d'une Chèvre ordinaire.
DONS FAITS A LA MÉNAGERIE
1 Sanglier commun (Sus scrofa), don de M. Symon.
1 Raton laveur (Procyon lotor), don de lAI. Bigiion.
1 Snjou capucin {Cebiis capiiciniis), don de M. Abadie.
1 Macaque (Macacus cynomolgus), don de M. Pressa.
2 Tatous de Pentagonie (Dasi/pus minutus), don de M. Hatt.
1 Cerf des champs {Cervus campestris), Brésil, don de M. Collot.
t Paradoxures soyeux (Paradoxurus setosus), don de M. Harmand,
consul de France à Siam.
1 Civette Zibetli (Vivorra zlbclha), - id.
2 Mélogales {Melogale orientalis), id.
1 Callitriche {Callitrichus rufo-viridis), don de M. Miston
ACQUISITIONS
1 Coati brun {Nasua fmca).
3 Cercocèbes enfumés (Cercocebus fuUginosus).
1 Sajou Capucin [Cebus capucinus).
1 Sajou à gorge blanche (Cebus hypoleucas).
X Ratel du Cap (Mellirora Capcnsis).
1 Éléphant d'Afrique (Elepluis Africanus).
NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 325
OISEAUX
Dans l'ordre des Palmipèdes, nous avons à signaler
l'éclosion, le 15 février et le 18 mars, de six Cygnes noirs
(Cygnus atratus).
Le 26 mars, celle de six Oies de Magellan (Bernicla Ma-
gellanica) .
Le 16 mars et le 15 avril, nous avons eu deux couvées
•d'Oies des Sandwich {Bernicla Sandwicensis) , quatre jeunes
de la première et deux de la seconde.
Ces oiseaux, comme ceux que nous avons élevés l'année
dernière, se sont développés rapidement, et à condition de
manger de la verdure, quelle qu'elle soit, et en grande quan-
tité, en six semaines, ces jeunes oiseaux atteignent la taille
des parents, sans que l'on ait besoin de leur donner des soins
particuliers.
Les Oies des Sandwich doivent attirer l'attention des ama-
teurs, et nous ne doutons pas que, dans un avenir prochain,
nous ne comptions ce charmant palmipède au nombre des
oiseaux acquis à la domesticité. Son caractère, relativement
doux, en fera un habitant de nos basses-cours, dans les-
quelles il pourra vivre au milieu des autres volailles, sans
aucun danger pour elles.
Les Oies de Magellan sont aussi des oiseaux dont l'éduca-
tion est facile, mais il faut les tenir séparées des autres vola-
tiles, surtout au moment où la femelle couve et lorsque les
Jeunes sont éclos, l'amour du mfde pour sa famille est poussé
â un tel point, que, si un indiscret s'en approche de trop près,
il le pourchasse avec fureur, et, s'il en a la force, il le tue.
DONS
1 Buse variété blanche {Falco biiteo), don de M. Bienné.
2 Caracaras {Polijborus BrasiUensis), don de M. Lebrun.
I IMgeon Polonais noir, don de M"« llusterhollz.
3 Colombes à collier, don de M'«ei)esmonneret.
MQ SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
1 Colombe blanche, don de M"»* Desmonneret.
\ Aigle Bonelli {Nisaëtus fasciatus), don de M. l'abbé Cappy.
1 Chouette Effraie {Strix flammea), don de M. Dugenest.
ACQUISITIONS
i Busard des Marais {Circus œruginosiis), de l'Inde.
1 Faisan de Mongolie {Phasianus Mongoliens).
i Canard de la Caroline [Aix sponsa).
8 Cacatoès nasiques {Licmetis tcnuirostris), de la Nouvelle-Hollande.
200 Sénégalis de différentes espèces.
1 Autruche d'Amérique {Rhea Amcricana).
2 Grues de Paradis {Tetrapteryx Paradisea).
LA RAMIE
ORTIE DE CHINE (CHINA-GRASS)
COMMUNICATION FAITE EN SÉANCE GÉNÉRALE
Par nn. REXAUT, BERTII^ et BOSCHI
Extrait du compte rendu sténographique.
M. Renaut: Messieurs, dès l'année 1857, la Société d'Accli-
matation s'était préoccupée de la Ramie et avait fait venir de
Chine des graines et des plants qu'elle avait répandus autant
qu'elle avait pu dans l'agriculture.
11 y a deux ans, à pareille époque, je ne connaissais même
pas la Ramie de nom. J'ai appris à la connaître depuis et j'ai
su par des savants comme M. Vétillart, que ce textile était
déjà employé il y a plusieurs milliers d'années, puisque
l'analyse lui a démontré que les fines bandelettes qui entou-
rent les momies égyptiennes étaient en fibres de Ramie.
Si cette plante était connue il y a des milliers d'années
des F]gyptiens, il est très certain également que les Chinois
l'utilisent depuis des temps immémoriaux, j'en ai eu l'affir-
mation parles ambassadeurs chinois qui sont venus voir fonc-
tionner nos machines à décortiquer, et qui en ont été très
satisfaits, ils ont parfaitement reconnu la plante dont la culture,
nous ont-ils dit, est générale en Chine.
Notre correspondant de Shang-Haï nous a envoyé les échan-
tillons que j'ai l'honneur de vous soumettre ; ces différents
tissus servent à la confection de vêtements du peuple, et leur
solidité est telle que les blouses en fil de Ramie se transmet-
tent de père en fils.
Depuis 1845, je crois, M. Decaisne a fait cultiver au Jardin
des Plantes trois espèces de Ramie dont les fibres ont une
égale force; il a nommé l'une d'elles utilis, parce qu'il l'a
trouvée plus propre que les autres à la culture ou qu'il l'a
regardée comme devant donner des résultats meilleurs. En
effet l'espèce ainsi dénommée et dont voici des échantillons^
328 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
croît beaucoup plus vite que les deux autres, cette raison
suffit pour la préconiser plutôt que ses deux sœurs.
Dès que M. Decaisne eut constaté la solidité incomparable
des fibres de cette plante, il fit tous ses efforts pour en vul-
gariser la culture ; plusieurs cultivateurs du Midi répondirent
à son appel et la culture des trois espèces de Ramie a parfai-
tement réussi dans nos départements méridionaux, mais
les cultivateurs n'ont pas trouvé d'acquéreur pour leur ré-
colte. On croyait pouvoir utiliser facilement ce textile qui
exige un traitement tout spécial, comme le chanvre et comme le
lin; tout naturellement on n'a obtenu aucun résultat, et au lieu
de chercher on s'est, comme à l'ordinaire, découra[>é aux pre-
mières difficultés, les agriculteurs ont alors abandonné la cul-
ture de cette plante, bien à regret, car ils la trouvaient facile.
Après ces essais infructueux, la question de la Ramie resta
à peu près stationnaire jusqu'en 1878. A cette époque, deux
Français, MM. Labérie et Berthet, ont heureusement produit à
l'Exposition universelle une machine à décortiquer la Ramie,
qui a fonctionné devant tout le monde et qui a obtenu la seule
médaille décernée à ce genre.
La Société dont je suis le secrétaire général s'est formée
précisément pour l'exploitation de cette machine qui rendait
possible la culture de la Ramie, et aussi dans le but d'aider à
la création de l'industrie nouvelle et très importante à laquelle
ce textile donnerait certainement naissance.
Depuis sa création, c'est-à-dire depuis le 9 juillet 4879, tous
les efforts de ma Compagnie ont tendu à répandre le plus pos-
sible la culture de la Ramie. Mais pour vulgariser cette culture
il fallait avoir des plants à offrir aux cultivateurs et les plants
manquaient.
Nous avons alors établi trois pépinières dans les terrains les
plus propres à la culture : la première au Jardin du Ilamma,
à Alger, sous l'habile direction de M. Charles Rivière; la
deuxième à Sauveterrc (Gironde), dans la propriété de M. de
Latour, administrateur de la Compagnie, et la troisième à
Montfavet-lez-Avignon (Vaucluse), confiée aux soins de
M. Tramier, horticulteur.
LA RAMIE.
329
Sur ces trois points dillérenls nous avons obtenu un résultat
<îes plus satisfaisants.
A l'heure qu'il est, nous possédons 2 500 000 plants, et, avec
la rapidité merveilleuse avec laquelle cette plante se reproduit,
on peut compter sur 50 millions de plants l'année prochaine.
Nous pourrons alors répondre facilement aux demandes
des agriculteurs qui désirent essayer la culture de la Ramie,
•et leur nombre est déjà grand aujourd'hui.
Quand nous avons eu constaté les excellents résultats obtenus
en Algérie, enVaucluse, en Gironde, et même au Jardin d'Ac-
climatation, où nous avons eu la preuve que la Ramie poussait
très bien, pour nous, la question était résolue, ce n'était plus
qu'une affaire de temps. Nous nous sommes alors préoccupés
■de faire apprécier par nos industriels les qualités exception-
nelles du nouveau textile que notre sol pouvait produire, car
la consommation assurée force la production. Eh bien !
Messieurs, j'ai usé en pure perte et ma plume et ma langue,
tous les industriels français auxquels nous nous sommes
adressés nous ont invariablement répondu : (( Qu'est-ce que
vous voulez que nous fassions de cela ? ce n'est pas employa-
ble. » Aucun n'a voulu se donner la peine de chercher, ils se
sont tous arrêtés à la première difficulté.
Nous avons alors résolu de forcer l'attention de nos indus-
triels en faisant fabriquer différentes étoffes avec le textile
que nous préconisions. Nous étions bien sûrs d'atteindre
notre but, car nous avions la certitude que depuis plusieurs
années déjà les Anglais employaient la Ramie, appelée chez
-eux China-grass, soit seule, soit en la mélangeant avec la
laine, la soie, le coton ou le lin, et obtenaient ainsi des tissus
qui avaient une supériorité incontestable sur les produits
français. Nous avons choisi un homme intelligent, M. Boski,
qui nous a aidé à atteindre le but auquel nous tendions : c'est
lui qui a fait fabriquer les différentes étoffes que vous voyez sur
cette table avec des filés anglais; aujourd'hui, Messieurs, pour
fabriquer des tissus semblables il n'est pas besoin d'acheter
le fil en Angleterre, M. Boski a monté une filatureàMontreuil-
sous-Bois; le fil qu'il produit n'a rien à envier comme beauté
330 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
à celui des Anglais, et dès maintenant il roffre au tissage à
40 pour 100 meilleur marché que nos voisins. Mais, Messieurs,
M. Boski est ici, il va vous présenter lui-même les étoffes
qu'il a fait fabriquer et traitera bien mieux que moi la ques-
tion industrielle.
Après avoir entendu les explications qu'il va vous donner
et quand vous aurez admiré les étoffes qu'il va vous soumettre,
vous jugerez, je pense, que celte question est complètement
résolue.
En commençant, Messieurs, je vous ai parlé de la culture
et des excellents résultats que nous avions obtenus tant en
Algérie que dans la Gironde et en Vaucluse, mais M. Bertin,
un horticulteur distingué, est ici pour vous dire les résultats
non moins bons qu'il a obtenus chez lui à Maisons-Laffitte, et
vous donner sur la culture de la Ramie, à laquelle il s'est
adonné avec ardeur, tous les renseignements que vous pourrez
désirer, car il a noté avec le plus grand soin les observations
multiples qu'il a faites, et il vous fera comprendre sans peine
combien cette culture est facile.
Après avoir entendu M. Bertin et M. Boski vous serez con-
vaincus, je l'espère, de l'importance de la question delà Ramie
comme culture et comme industrie et vous cultiverez ce pré-
cieux textile. Je vous l'ai dit. Messieurs, dès l'année pro-
chaine nous pourrons répondre aux demandes de plants qui
nous seront adressées ; si les agriculteurs français ne veulent
pas marcher, cequeje ne peux pas croire, nous aurons recours
aux agriculteurs étrangers, mais ce serait bien malheureux.
La filasse que voici. Messieurs, est bien française, elle est
le produit de tiges qui ont poussé à Avignon et qui ont été
décortiquées, il y a dix-sept jours déjà, par notre machine
qui est montée chez M. Boski, 152, rue de Paris, à Montreuil-
sous-Bois où l'on peut la voir; elle fonctionnera dans quelques
jours et comme les plants que M. Boski a plantés dans son
jardin poussent vigoureusement, on coupera des tiges devant
les intéressés, qui pourront facilement se convaincre de la
simplicité de l'opération de la décortication par notre machine.
M. Berlin vous prouvera, Messieurs, que la culture de la
LA RAMIE. 331
Ramie est des plus faciles, et je suis en mesure de pouvoir
affirmer qu'elle sera une culture des plus rémunératrices ;
dans les régions où cette plante se plaît, par exemple en
Guyane, dans les terrains irrigables de notre Algérie, dans
notre Provence même, le produit de l'hectare planté en
Ramie sera plus considérable que le rapport moyen des
vignobles (je ne parle pas bien entendu des grands crus). En
Egypte, aux environs du Caire, la Ramie pousse d'une façon
merveilleuse, ainsi des plants envoyés d'Alger et plantés
le 7 mars de cette année avaient le 80 avril suivant l'",95 de
hauteur; on peut compter d'une manière certaine que la
Ramie donne par année : au Caire et en Guyane six récoltes,
cinq en Algérie, trois en Provence et deux à Paris; nos culti-
vateurs algériens doivent donc planter résolument s'ils ne
veulent pas se laisser distancer par les Egyptiens. (Applau-
dissements.)
M. cVArnaud-Bey : M. Renaut, vous avez dit tout à l'heure
que l'on employait la Ramie dans les bandages de momies...
Je ne sache pas que cette plante ait été connue des
Egyptiens. La Ramie est d'importation nouvelle dans ce pays.
Il y avait le chanvre et le lin : le chanvre pour les étoffes
grossières et le lin pour les étoffes fines.
M. Renaut : M. Yétillart le dit, je m'incline, je ne traite-
pas la question scientifique. Je ne parle pas des bandages
faits maintenant, je dis que les momies égyptiennes, il y a
des milliers d'années, étaient entourées de bandelettes de
Ramie ; voilà ce que M. Yétillart a constaté.
Il a voulu connaître le textile qui avait résisté un aussi grand
nombre d'années ; il a fait la décomposition des fibres, et il
a reconnu qu'elles appartenaient à la Ramie.
M. le Président : ie crois. Messieurs, que toutes les discus-
sions qui pourraient avoir lieu à l'occasion de la Ramie se
produiraient plus utilement quand ces messieurs auront fini
leurs communications.
La parole est à M. Berlin.
M. Berlin : Messieurs, j'ai été chargé par M. Renaut, vers le
mois d'octobre, de semer des graines de Ramie; à ce moment
332 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
nous attendions déjà des plants d'Alger qui ne sont arrivés
que le 28 avril.
J'avais reçu les graines dans le courant de janvier. Comment
faire, je l'ignorais, puisque c'était nouveau pour moi ? J'ai
semé sur couche chaude le 29 et j'ai obtenu des levées le 15
février c'est-à-dire en seize jours, la chaleur ayant été de 15 à
25 degrés ; nous avons été contents de ce résultat. Mais le soleil
est arrivé et il ne plaît pas aux jeunes plants, en sorte qu'il
n'en resta pas un seul pied, et qu'il fallut recommencer en les
mettant à l'ombre. J'ai continué ces semis, de toutes les fa-
çons, au nord, au midi, couverts, arrosés, etc., et j'ai, en ce
moment-ci, dans mon jardin des plants de 4 et 5 centimètres
de hauteur que je regrette de ne pas avoir apportés. Je compte
que je pourrai les repiquer et enfin voir et avoir de belles
plantes; si je réussis, il n'y a pas de raison pour que je n'en
fasse pas autant qu'on en voudra. Voilà, Messieurs, à peu près
tout ce que je puis vous dire pour les semis.
Parlons maintenant des plants arrivés le 28 avril. Il y avait
dans l'envoi des plants enracinés et des semis ; les semis avaient
au moins une année, je ne sais pas exactement leur âge,
mais je vais vous montrer les tiges qui ont poussé depuis la
plantation faite le 3 mai; le résultat de la plantation des éclats
est peut-être un peu moins bon, mais l'expérience nous manque
pour trancher définitivement la question.
Ces plants avaient supporté vingt-sept jours de route.
Vous savez que toutes les Urticées se reproduisent de
racines; la multiplication en est donc très facile, non seule-
ment par éclats qu'on détache des pieds, mais encore par les
boutures herbacées qui développent de nouvelles tiges aus-
sitôt l'extrémité coupée. Voici un pied divisé en quatre, voyez
sa belle végétation ! il a onze tiges et bien vigoureuses !
Maintenant voilà des boutures que j'ai faites, il y a quatre
jours ; je les ai montrées ce matin au jardinier en chef du Jar-
din d'Acclimatation, il a été enchanté de voir que ces petites
boutures, faites depuis lundi, avaient des talons; c'est vous
dire qu'il ne faut plus que quelques jours pour qu'elles aient
des racines ; vous voyez combien cela est facile !
LA RAMIE. 333
Il y avait une cloche dessus, c'est à peine si le bout des
feuilles était brûlé.
Quand j'ai vidé les mannes qui nous ont été envoyées d'Al-
ger, je n'ai rien perdu, pas un seul petit morceau; j'ai fait
un petit fossé dans lequel j'ai étalé tout cela en bloc, allez !
Je me suis dit: il ne faut pas perdre de temps, nous verrons
ce que ça fera. Eh bien, partout, des racines tracèrent, en
travers, en long, de tous les côtés ; il y a très peu de liges
qui ne prennent pas, ceux qui n'avaient pas encore d'yeux s'en
préparent ; vous voyez combien la Ramie est facile à repro-
duire, et j'en ai planté comme ça mille pieds. Voilà les ré-
sultats; on peut dire que ces racines peuvent faire le tour
du monde, tellement elles sont rustiques puisqu'elles avaient
vingt-sept jours de voyage quand nous les avons plantées, et
plus de mille d'entre elles n'ont été plantées que dix jours
après; tout a réussi!
J'ai semé trois ou quatre fois sur couche chaude ; deux fois
successivement le soleil m'a brûlé mes semis. J'avais cependant
mis du blanc sur mes carreaux, mais ce n'était pas suffisant,
puisqu'ils étaient brûlés, il fallait décidément les mettre à l'a-
bri du soleil. J'ai resemé et j'ai mis sur mes couches des
toiles que j'ai entretenues humides.
Il faut vous dire que j'ai beaucoup de notes; j'en ai recueilli
de tous ceux qui s'intéressent à la culture de la Ramie, et cela
m'a beaucoup servi; quand on m'indiquait quelque chose je le
faisais tout de suite.
J'avais commencé mes semis le29 janvier, j'ai continué, et
maintenant ils sont magnifiques, c'est un gazon ; ils ont levé
au nord et n'ont pas vu le soleil. Je n'ai pas voulu y apporter
beaucoup de soins, convaincu que si je réussissais, tout le
monde pourrait en faire autant que moi.
Un Membre : Quelle est l'époque convenable ?
M. Berlin: Maintenant (juin), je le crois, c'est la meilleure
époque. Il faut de la chaleur pour ces semis ; si vous semez en
hiver sur couche chaude, vous obtiendrez facilement une belle
levée, parce que vous savez que la chaleur des couches entre-
tient toujours un peu d'humidité ; c'est ce que la plante de-
mai;de.
334 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATÂTION.
Je viens de semer dans des pots que j'ai mis dans l'eau ; je
ne connais pas encore le résultai, mais je compte qu'il sera
bon. La moitié de mes plants ont été semés les premiers jours
de mai, il y a vingt-cinq jours, et les cotylédons sont parfaite-
ment développés.
La reproduction peut encore se faire en couchant les tiges;
elles prennent facilement des racines en dix ou quinze jours,
selon la chaleur. Mais avant les tiges on a les racines et toutes
peuvent se diviser, puisque vous voyez là un pied coupé en
quatre ; il y a dix ou douze yeux développés et il en a d'autres
qui sont latents.
Un Membre : Je demande la permission déposer une ques-
tion à M. Bertin. Jusqu'à présent on croyait que la levée de
la graine de la Ramie était très difficile; je lui demanderai
d'où vient celle qu'il a semée avec tant de succès cette année
et où elle a été récollée ?
M. Bertin : Elle vient d'Alger et d'Avignon, nous l'avons
examinée au compte-fils et nous avons trouvé que la graine
d'Avignon était la plus belle; j'ai fait des semis exprès côte à
côte : ayant donné les mêmes soins, je n'ai cependant pas
remarqué de différence.
Un Membre : Une seconde question. Dans quelle sorte de
terrain ?
M. Berlin : Dans un terrain léger.
Un Membre : Très léger, dans du terreau ?
M. Berlin: Non, non, il ne faut pas semer dans un terrain
trop léger ; il faut battre serré le terrain, mais recouvrir les
graines avec du terreau léger, et surtout ne pas avoir peur d'en
mettre un demi-centimètre; ce sont les graines ainsi recou-
vertes qui lèvent le mieux. On m'avait dit : après avoir semé,
remuez un peu la surface de la terre ; ce n'est pas mon avis.
La graine est si petite, que dans un dé il y en a assez pour
semer un espace comme toute cette salle ; alors il n'y a donc
pas de crainte d'en mettre un peu plus, et il y a plus de
chance delà recouvrir d'un demi-centimètre que de la mettre
trop à la surface de la terre, parce qu'il y a toujours plus
d'ennemis à la surface que dans le sol.
LA RAMIE. 335
Maintenant pour arroser il m'avait été recommandé de le
faire avec une pompe pulvérisatrice parce qu'il faut peu d'eau;
eh bien! moi, j'arrose en plein! j'élève l'arrosoir pour que
l'eau se divise et ça me réussit bien ! Pour pouvoir faire
arroser par un ouvrier, j'ai fait construire un grand arrosoir
exprès, garni d'une petite pomme bien ronde, l'eau est écartée
et l'ait pluie, Yoikà le moyen que j'ai employé, que j'ai enseigné
et qui me donne un bon résultat. Malgré les précautions il
tombe toujours à la fin de l'arrosoir un peu d'eau en grosses
gouttes; eh bien! les semis de Ramie ont résisté; ceux qui
étaient déracinés, je les enfonçais avec le doigt et ils repre-
naient on ne peut mieux. Je crois donc que les semis sont bons,
et j'admets qu'ils sont préférables aux autres moyens de mul-
tiplication. Applaudissements.)
M. le Président : La parole est h M. Boski.
M. Boski: En ce qui concerne l'industrie, l'affaire est cer-
taine. Voilà de la Ramie cultivée à Avignon et décortiquée par
la machine Labéric.
Celle-ci est seulement décortiquée, cette autre est dégom-
mée. Je ne peux donner de détails sur cette opération qui
est toute spéciale. Il y a des filateurs qui ont essayé de faire
la filature de ce textile ; des essais ont été entrepris avec l'ou-
lillage du lin, de la laine et de la soie : ces outillages ne con-
viennent pas, il a fallu en créer un spécial. C'est ce que j'ai fait
à Montreuil-sous-Bois où j'ai monté une filature de Ramie et
où je fais du iil qui peut lutter avec le fil anglais comme
aspect, mais cela ne suffit pas; ce qu'il faut, c'est produire au
meilleur marché possible, car les prix anglais sont trop élevés
pour que ce fil puisse entrer dans la consommation. J'ai donc
porté mes efforts vers ce but, et dès à présent je peux pro-
duire à environ 50 pour 100 au-dessous de leurs prix.
Avec mes fils j'ai fait ces fichus, qui ressemblent à de la
soie. La grosse difficulté était dans la transformation de la
matière, c'est-à-dire que la matière étant prise chez le culti-
vateur et étant décortiquée (cela étant donné par la machine
Labérie: vous avez vu ce qu'elle produisait), il faut la dégom-
mer, j'y suis arrivé complètement ; d'autres pourront le faire;
336 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
c'est une question de travail, et il ne faudrait pas s'en effrayer,
parce qu'il y a des difficultés à vaincre; j'en ai eu, d'autres-
en auront, mais on y arrivera.
il/. Geoffroy Saint-Hilaire : Est-ce que, dans le passé, diffé-.
rents fabricants n'ont pas tenté de faire des tissus? J'ai vu de-
la passementerie et diverses autres choses; qu'est-ce qui
manquait à ces produits ?
M. Boski: Les produits que vous avez vus étaient fabriqués-
avec des fils anglais ; Roubaix, Lyon, Rouen, ont tour à tour
fait des essais qui sont restés infructeux, en raison du prix
du fil.
Le 4-0 anglais coûte 3 schellings 6 la livre. Ce qui fait, droits,
transports, etc., 10 fr. 60 en France.
Ce même 40, je peux le vendre 8 fr., comme vous le voyez:
la différence est sensible, et je pourrai encore diminuer ce
prix.
Le fil deRamie a sa place toute indiquée dans la fabrication
des tissus d'ameublement, par ses qualités de souplesse et
de brillant, et aussi par son extrême solidité.
Pour m'en rendre compte, j'ai fabriqué l'étoffe d'ameuble-
ments que vous voyez là, vous pouvez juger par vous-mêmes-
que je ne m'avançais pas trop en vous vantant les qualités de
la Ramie.
On parle de tissu d'ameublements faits avec le jute et quel-
ques-uns prétendent que l'on peut obtenir les mêmes résul-
tats avec ce textile. Cela, jele nie, et si nous prenons l'étoffe qui
nous occupe comme type, il m'est facile de démontrer que la
chose est impossible. Ce tissu est fait avec du 40 millimètres-
et 50 millimètres; or les numéros les plus fins obtenus avec le
jute ne dépassent pas 15 millimètres. Autre chose, les tentures-
de jute ne peuvent résister à l'humidité, le soleil les dé-
truit, sans compter la mauvaise odeur que dégage cette ma-
tière à chaque changement de température. Je ne crois pas
que l'on puisse adresser aucun de ces reproches b. la Ramie.
A mon avis, il y a pour les fabricants de tissus d'ameuble-
ments un genre nouveau à créer qui prendra place immédia-
tement après la soie.
LA RAMIE. 337
D'autres genres de tissu ont été faits : linge de table, coutils
pour costumes, etc. Je prétends que les meilleurs lins, à
diamètre égal du fil, ne peuvent lutter de solidité avec cette
matière. J'ai lu des rapports qui ont été laits par une chambre
syndicale, ou par un correspondant d'une chambre syndicale
du Nord. Ce rapport plaçait comme solidité laRamie après le
Chanvre ; c'est une erreur formelle. Je n'ai pas l'honneur de
connaître la personne qui a avancé ce fait, mais je la mets
au défi de me démontrer qu'à diamètre et à nombre de tours
égaux, au pouce (c'est l'expression du Nord) le fil de Ramie
n'est pas 30 pour 100 plus fort que le Chanvre. Quant à la
beauté il ne peut exister aucune comparaison. Le lin, en ce
moment, est dans une mauvaise situation; les filatures ne
donnent pas de bénéfices ^rémunérateurs, les filateurs se
plaignent beaucoup, et si on établissait une comparaison entre
les deux textiles Ramie et Lin on trouverait un écart mais dans
les basses qualités etdans les gros numéros seulement. Prenons
un exemple: notre fil de Ramie 40 millimètres correspond au
70 lin, or ce numéro en lin de Courtrai, vaut aujourd'hui en
belle filature vers 0 fr. le kilogramme, tandis que je vends
Sfr.ot mon fil est blanc. Or le prix de 9 francs que j'indique est
pour du 111 écru qui devra perdre au blanchiment de 18 à
:20pour 100 sans compter la façon, et puis pourrait-on faire
avec le lin les tissus qui se feront avec laRamie? Non.
Si vous avez quelque chose de particulier à me demander, je
vous répondrai avec plaisir.
M. Michon : L'intérêt avec lequel vous avez entendu la
communication de M. Roski, vous fera excuser les qnchpir.-.
questions très précises que je vais lui poser, d'autant plu>
qu'elles auront pour but de faire ressortir le grand service
qu'il a rendu en montant l'usine à la tète de laquelle il est. Si
j'ai bien compris ce que nous a dit M. Roski tout à l'Iieure, la
Ramie passe chez lui par toutes les transformations, pour
arriver depuis l'étal où la donne la machine jusqu'à ces étoiles
que nous voyons?
M. Boslii: l'arfaileuient ; mais ces étotïes je ne les ai faites
que coumie démonsliation.
3" sF.uiE, T. X. — .filin 1883 . -•'
338 SOCIÉTÉ NATIONALE d'AGCLIMATATION.
M. Michon: Je crois que, sans manquer à la discrétion
qu'on doit à un inventeur, je puis lui demander, dans ses dif-
férentes opérations, quelles sont celles qu'il obtient par des
procédés particuliers, et quelles sont celles qui sont du do-
maine commun. Ainsi voici la Ramie qui contient encore une
certaine quantité de gomme. M. Boski nous a présenté un
écheveau dégommé; voilà une première opération; est-ce
une opération particulière à l'industrie qu'il a montée ou
est-ce un dégommage dans le domaine commun que les agri-
culteurs pourraient effectuer?
M. Boski : Non, ceci est du domaine de la chose qui m'ap-
partient. J'ai trouvé le dégommage delà matière. La machine
Labérie décortique, mais ne dégomme pas. Lorsqu'on a la
matière décortiquée, il reste encore 30 à 35 pour 1 00 de gomme,
que je retire à l'état solide, et dont je pourrai, si cela pouvait
faire plaisir au bureau, envoyer des échantillons. Cela me
serait même très agréable.
Un Membre : El jusqu'à présent l'a-t-on utilisée ?
M. Boski: Non, mais je la crois utilisable; il est incontes-
table que, dans cette gomme, il y a des principes utiles; ne
serait-elle utile qu'à l'agriculture comme engrais, elle ren-
terme une quantité notable de matières organiques ; du reste
il vous sera facile d'en faire l'analyse.
M. Michon : Puisque M. Boski veut bien répondre aux ques-
tions que je précise, je vais continuer mes interrogations très
sympathiques du reste. Voici l'écheveau dégommé par un pro-
cédé dû aux recherches de M. Boski. Le filage ne s'obtient,
n'est-ce pas (je crois l'avoir entendu dans la communication
qui a été faite), que par un certain outillage particulier égale-
ment à l'usine de M. Boski ?
M. /ioi/ii; Oui, Monsieur.
M. Michon : Et une fois le fil obtenu, le tissage peut se
faire facilement ?
M. Boski: Tous les métiers à tisser peuvent tisser ce fil.
M. Michon: M. Boski a bien voulu nous donner quelques
détails sur le marché anglais où on emploie des quantités très
considérables de Ramie qui arrive des Indes. Je lui deman-
LA RAMIE.
deraisi la Raniie, telle qu'elle sort de la machine, serait mar-
chande sur le marché anglais ?
M. Boski : Non, mais moi je m'en servirai; je n'ai pas em-
prunté mes moyens aux Anglais, et je ne crois pas que devant
une industrie qui doit devenir nationale on ait à se préoc-
cuper de l'étranger.
M. Michon: Je suis d'autant plus heureux déposer cette
question qu'elle a une grande importance.Je demanderai alors
à M. Boski s'il a essayé de traiter des tiges de Ramie décorti-
quées à sec, et quelle machine il a employée pour décortiquer
à sec; je lui demanderai si l'écheveau produit par la machine
qui décortique à sec a besoin de cette opération intermédiaire
avant le dégommage, ou si cette opération est rendue néces-
saire par la machine Labérie qui décortique en vert.
M. Boski : Je n'ai jamais utilisé de Ramie décortiquée à sec ;
celle que j'ai vue était décortiquée par la machine Roland et
possédait aussi cette peau brune.
M. Michon : Je remercie M. Boski des renseignements qu'd
a bien voulu donner, et je crois qu'en le remerciant en mou
nom, je suis l'interprète de toute la société.
M. Président : A-t-on quelques observations à faire au
sujet de cette communication?
Un Membre :]q demanderai quelques renseignements au
point de vue du cultivateur de la Ramie. Il ;me semble que
M. Boski disait qu'il employait la Ramie venant de Chine.
M. Boski : Je n'en ai pas d'autre.
M. le Président: Le but de la Société serait de multiplier
la Ramie en France.
Un Membre : Je désirerais savoir quels sont les climats et
les terrains les plus convenables?
M. Boski : Le midi de la France ; il laut de la chaleur.
Un Membre: Faut-il beaucoup de chaleur ? faut-il de l'eau?
M. Boski: Oui, il faut de l'eau, de l'arrosage. Nous avons
pris ces trois points qui forment le triangle : Alger, Avignon,
la Gironde; la pointe de ce triangle est Alger. EnVaucluse on a
obtenu des résultats meilleurs que dans la Gironde, mais les
résultats obtenus en Gironde sont très satisfaisants.
340 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Un Membre : En Gironde, les terrains sont très légers.
M. Geoffrou Saini-Hilaire : Il serait bien plus simple, à
toutes ces questions, de répondre ceci : l'ortie de Chine pros-
père jusque sous le climat de Paris, de l'Aisne; seulement
vousaurez, dans l'Aisne, une coupe, peut-être deux, et M. Adès,
dans les terrains cultivés en Egypte (on vous montrait tout à
l'heure un échantillon de ses tiges) fera 7 coupes pendant que
nous en ferons une. Vous pouvez faire de la Ramie à Paris,
seulement elle ne sera pas lucrative.
Un Membre : Dans quelles conditions le cultivateur pourrait-
il livrer sa Ramie?
M. Renaut : Quand elle est arrivée à un certain degré de
pousse. Voilà encore une expérience que nous avons faite cette
année ; vous avez à prendre la Ramie au Caire où, dans sept
semaines, elle acquiert une pousse de 1"", 95 de hauteur. Il est
certain que, dans ces pays-là on doit couper la Ramie à une
hauteur un peu plus grande que chez nous, qu'ici par
exemple.
Le Membre: Ce n'est pas ce que je voulais dire. Comment
le cultivateur doit-il préparer la Ramie?
M. Renaut: Il la décortiquera lui-même ou il l'enverra en
tiees à la Société.
Le Membre: S'il faut avoir une machine spéciale, les cul-
tivateurs ne s'amuseiont pas à cela.
M. Renaut : Eh bien, la Société aura, dans les centres de
production sérieuse, dans le Midi, des dépôts de ma-
chines, elle aura ses moteurs et elle dira aux cultivateurs :
apportez-moi vos tiges; on déterminera le prix d'achat, on
saura qu'une lige qui a tant de hauteur contient tant de
niasse ; on l'achètera tant les 100 kilos.
Le Membre: Le cultivateur peut la vendre brute?
M. Renaut : Parfaitement. Maintenant le cultivateur qui a
une grande exploitation, et à qui il ne conviendra pas de
donner à la Société le bénéhce de la décorticalion, achètera
sa machine.
i/îî il/em/'H'; Cela vient-il dans les régions où il y a delà
sécheresse ?
LA RAMIE. 341
M. Renaut : C'est suivant les terrains. Dans les pays où il y
a trois mois sans eau, par exemple, ce qui arrive même dans
le midi à Nice, trois mois sans une goutte d'eau, évidemment
la terre se crevasse, elle est dans de mauvaises conditions
pour la Ramie, mais, par exemple, dans la région parisienne
il n'y a pas besoin d'eau.
M.Michon : Je demande pardon à la Société d'user si sou-
vent de la parole, mais la question qui s'agite est tellement
importante que les réponses faites tout à l'heure par M, Boski
et les éclaircisssements donnés par M. Renaut exigent que la
question soit bien précisée.
A l'heurequ'ilest, on ne peut, nous dit-on, obtenir la décor-
lication de la Ramie qu'en vert. Il y a Là non pas une difficulté
absolue, mais il y aune difficulté qui était parfaitement soule-
vée tout à l'heure par notre honorable collègue, c'est que,
quand on n'a pas la machine chez soi, et qu'on est à une cer-
taine distance des usines, il y a une grande difficulté à tirer
parti de sa récolte, d'abord parce qu'il y a la masse à transpor-
ter, ce qui fait perdre une grande partie des bénéfices, ensuite
parce que (ici je vais me permettre de poser une question à
M. Renaut) parce que le décorticage en vert n'est possible que
pendant un temps plus ou moins court après la coupe,
temps qu'il faudrait préciser, si les expériences déjà faites
permettent à M. Renaut de nous le dire? Ainsi avec le décor-
tiquage en vert, il faut absolument que l'agriculteur qui fait
delà Ramie d'une façon productrice ait une machine chez lui;
j'ajouterai, d'après les renseignements que M. Renaut m'a
déjà tant de fois donnés fort obligeamment, que, pour peu
qu'on ait ^ ou 5 hectares de Ramie, on a de quoi employer à
plein travail une machine. Mais je reviens à la question que
je posais tout à l'heure : pendant combien de temps ou de
jours (car certains auteurs ont presque parlé d'heures), pen-
dant combien de jours la Ramie coupée est-elle susceptible
d'être décortiquée par la machine Labérie?
M. Renaul, .-Je peux vous répondre d'une manière très pré-
cise. Le 11 août, l'année dernière, nous sommes allés faire un
essai de décortication chez M. de Latour, dans la Gironde,
342 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
près de la Réole où nous avions été convoqués. M. de Lalour
ne voulait pas couper toutes ses tiges parce qu'il voulait faire
des boutures; il en a coupé une certaine quantité seule-
ment; la machine a marché depuis le lever du soleil jusqu'au
soir; il lui fallait à manger, et alors nous avions fait venir
d'Algerdes caisses contenant des tiges de Ramiedéteuillées,des
baguettes; ces baguettes sont arrivées un peu pressées d'Alger^
ayant 8 ou 9 jours, enfermées en caisses dans de très mau-
vaises conditions parce que c'était en vert. Par conséquent il
Y avait fermentation, et, effectivement, quand elles sont arri-
vées, on a eu soin d'ouvrir les caisses (c'étaient des caisses à
savon), on a vidé les tiges sur le pré et on les a laissées passer
la nuit près d'une mare. Eh bien ces tiges étaient en parfait
état et pouvaient être décortiquées en vert. Donc on peut ad-
mettre une période de dix ou quinze jours si vous voulez,
pour être précis, pour être sûr. Dans cet intervalle, on a de^
quoi envoyer n'importe quoi en France.
Un Membre : Et on a le temps de fournir sa machine si des-
circonstances atmosphériques interrompent la récolte.
M. Renaut : Vous voyez que cette expérience est concluante.
M. Couly : Pour compléter les explications de M. Renaut,.
je vous demande la permission de dire encore quelque chose
à ce sujet. La machine Labérie décortique à l'état vert c'est
certain, mais ce n'est pas sa spécialité. Elle peut décor-
tiquer à l'état sec tout aussi bien qu'à l'état vert ; entendons-
nous bien, c'est un point qu'il faut bien fixer. Nous disons
que nous décortiquons à l'état vert, pour les besoins de
la machine Labérie, pour les besoins delà bonne matière,,
c'est parce que la Ramie, pour être présentée à l'mdustrie-
dans de bonnes conditions, a besoin d'être décortiquée à
l'état vert ; voilà la question ; mais si un cultivateur se
trouve dans une situation telle, qu'après tout, par force
majeure, il ne puisse faire décortiquer la Ramie à l'état vert,
eh bien, la machine Labérie et Berthet la lui décortique par-
faitement à l'état sec ; les deux problèmes sont donc résolus.
Un Membre illd.h si la Ramie ne vaut plus rien après !
M. Cow^y ; Gela regarde le cultivateur; moi, je parle au
L\ RAMIE. 343
point de vue de la machine Labérie et Bcrthet. Mais la Ramie
ne devient pas mauvaise.
II y a encore un point que je demande la permission de
traitei-. Ceci m'ouvre un nouvel horizon : lorsque la filasse
est décortiquée à l'état sec, elle reste encore dans un état de
parallélisme suffisant; alors le pcignage peut se faire. C'est
au cultivateur à prendre ses mesures pour décortiquer cette
Ramie à l'état vert, parce que çà lui donne des résultats meil-
leurs, parce que très probablement il la vendra dans de meil-
leures conditions, c'est son métier.
M. Michon : Les dernières observations que vient de nous
faire notre honorable collègue appellent lattention sur une
autre utilisation de la Ramie, qui, du reste, a déjà été indi-
quée ; si pour des raisons que nous ne pouvons pas ou que
nous ne voulons pas prévoir, nous ne trouvions pas une usine
qui emploie le produit de la Ramie, cette plante peut encore
servir pour fabriquer des cordages, des fils. La Ramie décor-
tiquée et n'ayant pas passé par les procédés de dégommage et
de filage que nous n'avons pas sous la main, peut présenter
encore une étoupe qui servirait à faire de bons cordages. De
celte façon la Ramie peut donner une récolte très rémunéra-
trice pour le cultivateur.
M. /?o,s7i/; Parfaitement,
M. Geoffroy Saint-Hilaire : Messieurs, voulez-vous me
permettre, maintenant que les questions pratiques ont été
agitées, de poser à ces Messieurs une question? Voilà la culture
de l'Ortie de Chine assurée en Egypte, en France, dans une
zone, comme vous le voyez, extrêmement étendue. Voilà cette
Ramie décortiquée, en vert de préférence, à la rigueur en sec,
et voilà un filateur qui peut employer celte filasse. Mais à qui
moi, cultivateur, vais-je vendre cette filasse? Suis-je obligé,
(je vous demande pardon de vous accuser de monopoliser)
dans ce cas, suis-je obligé de passer sous les fourches caudines
de la Société de la Ramie ou de M. Boski, le filateur, que per-
sonne du reste n'estime plus que moi ?
M . ]ioski : Vous êtes cultivateur, vous êtes libre de vous
arranger.
3-44 SOCIÉTÉ iNAïlONALE d' ACCLIMATATION.
M. Geoffroy Saint-Hilaire : Si cela est, la Société delà
Ramie ou M. Boski sont-ils en mesure de passer avec moi un
forfait, forfait qui m'obligera à fournir une quantité de
illasse donnée ; mais trouverai-je quelque part la contre-partie
de l'engagement que je prendrai? Voilà la question que je
vous pose, elle est capitale. Je connais nombre de gens qui
ne demandent pas mieux que de faire de la Ramie, qui ont
des terrains tout préparéspour cette culture, mais qui disent:
qui m'achètei'ama Ramie? Si je n'ai pas un contrat par avance,
comme il n'y a pas de concurrence pour l'achat de mon pro-
duit, on va m'imposer des prix dérisoires, et, par conséquent
je ne plante pas; j'emploie ma terre à autre chose. Qu'avez-
vous à répondre à celte objection-là?
M . Boski : C'est très juste, j'y répondrai par la contre-
partie de ce que vous dites. Il y a des filateurs qui ont été dis-
posés, à une certaine époque, à faire tous les frais, à chercher
et à dépenser beaucoup pour créer ces filatures, mais qui
n'ont pas osé s'aventurer, parce qu'on leur a dit : Vous ne trou-
verez pas de matières premières pour alimenter vos machines.
M. le Président : C'est un cercle vicieux.
M. Boski: A l'heure qu'il est, si vous aviez un million de
broches pour la Ramie, vous n'auriez pas de cultivateurs pour
vous fournir la quantité de kilogrammes de matière pour ali-
menter et pour faire tourner ces broches. Or, il faut pour que
les choses soient à l'état pratique que les deux marchent de
pair. Moi, je suis prêt, à l'heure qu'il est, à absorber une
quantité de Ramie que je ne trouverai pas en France, que je
ne trouverai pas en Algérie, en Egypte, que je ne trouverai
qu'en Chine ; je peux me suffire là. Mais si j'augmentais ma
tabrication (je peux aller jusqu'à 30, 40 000 broches, et je
trouverai de quoi me suffire) ; mais si je voulais monter un
établissement de l'importance de 100000 broches, eh bien,
ces 100000 broches ne pourraient pas tourner. Il faut donc
que les cultivateurs commencent par faire de la culture, parce
qu'on aura plus vite fait de monter des broches que vous
n'aurez vite fait de donner des produits. Maintenant, il faut
que le cultivateur, comme vous le dites, s'assure de l'écoulé-
LA UAMIE. 345
mejit de son produit, mais il faut que l'industriel soit, lui
aussi, certain d'alimenter ses machines.
M. Geoffroy Sainl-Hilaire : Nous sommes parfaitement
d'accord, et je voulais vous faire dire cela; l'industriel est plus
courageux, et il avance un chiffre bien supérieur à celui du
propriétaire foncier, du cultivateur. Eh bien, je connais
quelqu'un qui se préoccupe de la Ramie, qui veut en faire,
en assez grande quantité, dans un pays extrêmement favo-
rable : il y a une certaine mise de fonds à faire, des terrains
à désoccuper, des terrams à préparer, il demande : Quand
j'aurai dix hectares de Ramie trouverai-je à la placer? Vous
me répondez : Oui.
Or, je pose de nouveau ma question : la Société de la Ramie
ou M. Boski sont-ils, dès aujourd'hui, en position de passer
un contrat ferme avec un producteur?
M. Boski : Oui, J'ai des broches, il faut les alimenter; j'ai
en magasin pour cent jours de travail ; cent jours de travail ce
n'est presque rien, car l'établissement que j'ai, ce n'est pas
une filature, c'est un type de filature, voilà tout. Je ne consi-
dère pas que la tilature que j'ai auiourd'hui restera danscet étal;
j'espère qu'elle se développera, qu'elle prendi-a l'importance
que le produitcomporte, et je pourrai passer avec un cultiva-
teur un marché pour ce que je consomme aujourd'hui; mais
quel est le cultivateur qui pourra venir, qui pourra s'avancer?
Je suis dans l'ordre d'idées que vous indiquez en disant que
les industriels sont plus disposés à marcher vite que les culti-
vateurs, c'est la vérité : je me suis mis en avant d'une industrie
qui, endéfintive, a rencontré beaucoup de difficultés; il y a eu
peu de gens qui ont osé ou qui ont pu le faire ; eh bien, moi,
jesuis toutprèt à marcher; il ne me faut plus qu'une chose,
c'est d'arriver à donner un produit à un prix qui permette à
la fabrication de prendre mon produit et de le faire entrer
couramment dans la fabrication. Je dis ceci : si aujourd'hui
mon produit est cher, c'est parce que je paye la matière
chère. J'achète la matière en Chine ; les transports que je
paye, les assurances, tous les frais qui sont autour du trans-
port me l'augmentent de 50 pour 100; retirez ces 50 pour
346 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
100 sur le prix (lu produit, vous le diminuerez d'autant, et
moije le diminuerai dans la même proportion; j'arriverai donc
à faire un équilibre, c'est-cà-dire à me rapprocher du prix delà
consommation. Aujourd'hui le produit chinois (on ne pourrait
pas compter sur ce prix) me coûte, rendu chez moi, me ve-
nant directement de Chine, 1 franc 38 centimes le kilo-
gramme, net exactement. Eh bien, je consentirais à payer
50 centimes le kilogr. cette marchandise si elle était faite en
France; je crois qu'à 50 centimes le kilogramme, le cultivateur
trouverait encore une culture comme il n'en existe pas. Et, si
au lieu de payer i franc 38 centimes, je ne payais que 50 cen-
times, je pourrais diminuer mon prix de la différence, et cette
différence faite me rapprocherait encore du prix des hlaments
qui sont couramment dans les affaires.
M. Geoffroy Saint-Hilaire : Je pose encore ma question:
la Société ou M. Boski veulent-ils passer avec moi un contrat
pour que je leur livre tant de milliers de kilogrammes de
Ramie, dans tel ou tel délai?
M. Couty : Je vais répondre àl'honorable M. Geoffroy Saint-
liilaire par une question défait. Je rentre d'Alger; j'ai été
chargé par la Compagnie, en qualité d'administrateur, de m'en-
tendre avec des cultivateurs pour la culture de la Ramie. Je
ne sais pas encore au juste comment nous agirons en France,
mais, très probablement, ce sera dans les mêmes conditions.
En Algérie nous disons aux cultivateurs: plantez, vous nous
fournirez votre terrain purement et simplement ; quant à nous,
nous vous fournirons les plants et les machines et nous par-
tagerons par moitié : très bien, dit le cultivateur, cela fait mon
affaire parce que, de celte façon, au moins s'il y a un échec,
je n'aurai pas acheté de plants, je n'aurai pas fait de dé-
penses, j'aurai purement et simplement fourni mes terrains,
çà n'est pas mortel.
Voilà une première observation que fait le cultivateur ; il
a parfaitement raison ; mais il nous en fait une deuxième dans
un autre sens. Il nous dit : C'est très bien, vous allez partager ;
vous, vous allez faire de votre moitié l'usage qui vous con-
viendra, vous savez l'usage que vous devez en faire ; mais moi,
LA RÂMIE. 347
cultivateur, qu'est-ce que je vais faire de ma moitié ? A cela
nous répondons: Eh bien! nous nous engageons à acheter votre
moitié quand elle sera arrivée à l'état de filasse, et c'est nous
qui la décortiquerons avec notre machine. Cela fait assez bien
mon affaire, répond le cultivateur. Cependant, il y a encore
quelque chose qui m'inquiète. Vous me dites que vous m'achè-
terez ma filasse, mais à quel prix? C'est ici que vient se pla-
cer le point de fait dont j'ai parlé. C'est une réponse précise
aux questions que veut bien nous jioser M. Geoffroy Saint-
Ililaire. Pour cette année, mais pour cette année seulement,
car nous ne voulons pas prendre d'engagement indéfini, et
afin d'encourager la culture, j'ai été autorisé par le Conseil
d'administration de la Ramie, à écrire aux cultivateurs une
lettre qui peut être considérée comme annexe au contrat, par
laquelle je leur dis que le conseil s'engage à acheter cette
année la filasse de Ramie sur le pied de 50 centimes le kilo-
gramme pesée à l'état sec et rendue à bord. Dans ces condi-
tions nous avons trouvé des cultivateurs qui se sont engagés
à cultiver et qui cultivent ; nous en avons une bonne dizaine
à l'heure qu'il est, et nous nous arrangerons de manière à les
grouper, de façon qu'il y ait au moins cinq hectares au-
tour d'une machine. Que cette culture soit faite par un seul
ou par plusieurs propriétaires, cela nous importe peu, pourvu,
je le répète, qu'autour d'une machine, il y ait au moins cinq
à six hectares, voilà la question. Je crois avoir répondu à
l'observation de M. Geoffroy Saint-IIilaire.
M. Geoffroy Saint-Hilaire : Mais pas de façon à exciter
beaucoup les planteurs de Ramie qui ne vont pas se trouver
en face d'un acheteur. Je comprends très bien que la Société
de la Ramie ne puisse pas acheter les produits d'une quantité
de terrains indéfinie: tout a une limite; mais je vois (c'est
pour moi une petite déception) que la Société n'est pas en me-
sure de dire dans ce moment: je suis preneur ferme. Je no
discute pas le prix, pourvu qu'il y en ait un : payez la Ramie
20, 30, 40 et 50 centimes, peu importe; ce n'est pas li\ le
point qui m'inquiète, il n'y a qu'un taux fixé : cette année
le taux est de 50 centimes, l'année prochaine il sera de tant.
348 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
M. Coniy : Nous ne pouvons pas répondre des conditous
des marches.
M. Geoffroy Saint-Hilaire : Dans ce momenl-ci vous ne
pouvez pas faire d'autres contrats que ceux qui sont excel-
lents pour la Société de la Ramie, par lesquels vous vous en-
gagez à prendre la moitié qui ne vous aura coûté que la four-
niture des plants.
M. Couty : Et la machine !
M . Geoffroy Saint-Hilaire : Et l'obligation d'acheter la
Ramie à 50 centimes.
M. Couty : Pardon, nous nous obligeons toujours à ache-
ter, mais, nous n'avons encore pu fixer le prix que pour cette
année, soit 50 centimes. L'année prochaine ^i\ se peut qu'il
soit le même, mais nous ne pouvons pas en répondre.
M. Geoffroy Saint-Hilaire: Ensuite, ce serait à un taux que
vous fixeriez vous mêmes.
M. Couty : C'est fixé pour cette année, 50 centimes.
M. Renaut : Nous fixerons un prix d'achat chaque an-
née jusqu'au moment où la Ramie aura, comme tous les
autres textiles, une halle, un marché où se fixent les cours. Notez
que parles contrats que nous passons, la Compagnie s'oblige à
acheter au prix fixé par elle, mais que lescultivateurs peuvent
vendre à d'autres si bon leur semble.
M. le Président Cosson : Je demande à dire quelques mois:
l'industrie, la culture de la Ramie est une industrie nouvelle qui
ne peut se propager qu'au moyen d'encouragements et d'en-
couragements importants que lui donnera la Société et au be-
soin que le gouvernement peut fournir à la Société.
Cette culture de la Ramie doit prendre le développement que
nous désirons, que la Société d'Acclimatation désire vivement,
il faut évidemment employer les moyens qui ont été employés
pour la propagation de la culture des betteraves et des bonnes
variétés de betteraves. Ainsi, dans le Loiret que j'habite, la
culture de la betterave n'existait pas. 11 s'est formé, sur plu-
sieurs points, des sociétés qui ont distribué les graines de
betteraves qu'elles voulaient voir cultiver, qui surveillaient la
-culture, pour être sûres que la betterave était cultivée dans
LA RAMIE. 349
les conditions d'un bon rendement en sucre ; et maintenant,
elles n'acceptaient que les produits de bonne qualité, mais
elles fixaient pour l'année le prix auquel elles prendraient
les 100 kilogrammes de betteraves. Eh bien! je crois que la
Société de la Ramie cédant, distribuant les graines, au besoin
donnant des drageons dans les pays humides où la terre est un
peu forte, où les drageons réussiraient mieux que ne réussi-
raient les graines ; la Société prenant l'engagement de trans-
porter une machine lorsque les cultivateurs se seront groupés
dans un pays en assez grand nombre pour pouvoir occuper
cette machine utilement, sans qu'il en résulte une perte sèche
pour la Société, je crois que quand tout cela sera fait, la Ra-
mie se trouvera dans des conditions absolument commerciales;
mais je crois que ce qui a été fait pour la betterave est ce qui
peut amener à réussir dans celte opération.
M. Renaut : C'est bien par analogie à ce qui s'est fait pour
la betterave que nous avons opéré dans ces conditions.
M. Michon : Je demande la permission de répondre à la
question de M. GeoflVoy Saint-Hilaire. Personne n'est plus en-
thousiaste de la Ramie que moi, mais, en elïet, il y a un point
sur lequel les explications si hanches, si précises que nous
avons entendues, ne donnent pas complète satisfaction : c'est
que la Ramie n'est marchande que vis-à-vis d'un monopole.
La Société de la Ramie a seule, nous dit-on, les machines qui
décortiquent. Eh bien! la Ramie décortiquée par les machines
n'est marchande que si elle a passé par les procédés qui sont
la proyiriélé de M. Doski ; c'est une difficulté pour l'extension
de la culture; ce n'est pas une raison du tout pour y renoncer,
et c'est pour cela que tout à l'heure j'ai élé très heureux d'être
confirmé par notre honorable collègue dans cette pensée. Les
agriculteurs, quelque confiance qu'ils aient dans les industries
créées, sont bien aises de savoir qu'à côté il va un autre dé-
bouché même moins avantageux, et c'est pour cela que j'indi-
quais la corderie, parce que sans cela, la culture de la Ramie à
l'heure qu'il est, serait à la merci de la Société de la Ramie et
de Va lilature de M. Boski. Je crois, par cela même que la So-
ciété de la Ramie et M. Boski ont des monopoles, qu'ils rendront
350 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
de grands services à l'agriculture, que c'est à eux que l'agricul-
ture devra être reconnaissante; mais au point de vue commer-
cial, la situation est comme je l'indique.
M. le Président : La question n'est pas aussi absolue que
M. Miclion l'a posée, car j'ai remarqué que M. Boski nous a
dit qu'il tirait parti de la Ramie envoyée de Chine, des filasses
envoyées de Chine; par conséquent on n'a pas besoin d'un pro-
cédé si spécial pour décortiquer la Ramie, puisque les pro-
duits chinois sont de nature à être utilisés. C'est ce qui m'a
frappé dans la discussion.
M. Boski : Ils sont plus chers.
M. le Président : Je demande comme botaniste plutôt que
comme président, non pas la nature de terrain (la Ramie est
assez indifférente à la nature du terrain), mais quelles sont
les appropriations que doit présenter le terrain pour que la
Ramie pousse bien? Sont-ce des terrains à chénevière, sont-ce
des terrains à prairies défoncées, sont-ce des terrains qui ré-
sultent du voisinage des eaux, sont-ce des marais tourbeux
dont la tourbe est consommée, sont-ce des terrains de jardins?
Il y a là une question importante.
M. Berlin : Pour moi je crois que ce sont des terrains tour-
beux qui seront les terrains par excellence.
M. le Président ;Dont la tourbe est déjà consommée ?
M. Berlin : Dont la tourbe a été exposée aux alternatives de
sécheresse et d'humidité.
M. le Président : Elle demande alors les mêmes conditions
que la culture maraîchère, que le chanvre et les cultures de
choux.
M. Geoffroy Saïnt-Hilaire : Messieurs, l'heure s'avance,
la séance va être levée ; nous devons de vifs remerciements à
MM. Renaut, Boski et Bertin. Nous sommes en face d'inven-
teurs qui voni doter la France d'une industrie absolument
nouvelle et pour laquelle des efforts ont été faits à bien des
reprises différentes et avec un insuccès constant. Nous avons,
M. Michon et moi, fait la guerre à ce que nous appelons le
monopole. Nous savons très bien que ce monopole est absolu-
ment passager et qu'un jour viendra qui n'est pas loin, où le
LA RAMIE. 35!
produit sera abondant, où le monopole cessera et où la chose
rentrera dans le domaine public ; à ces Messieurs restera
l'honneur d'avoir créé une industrie qui sera un bienfait
sur les deux rives de la Méditerranée, qui enrichira le pays
et qui rendra la prospérité aux terres appauvries par le phyl-
loxéra
III EXTRAITS DES PROCËS-UERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIETE
SÉANCE GÉNÉRALE DU 11 MAI 188;!
Présidence de M. Bouley, président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres récemment admis
par le Conseil.
MM. PRÉSENTATEURS.
Ai.LARD (.Jules), président de la chambre Domère.
syndicale des ébénistes, 60, rue de Lon- Merceron.
dres, à Paris. \ le marquis de Selvc.
„ , , , . ,, , Henri Karclier.
riiN'ET, proiesseur de mathématiques au Col- ^ , r. n c ■ . ni •
,, î., , ,r> , r. . r. • A . Geollrov Sai nt-Hilaifc .
legre Chaptal, 40, rue de Pronv, a Pans. 1 ,, -.ci
° ^ ' ' ■" [ Marquis de Selve.
A. Uufort.
i>L'NAC(Paul), propriétaire, àTarascon(Ariège) A.Geoffroy Saint-Hilaire.
/
Marquis de Selve.
FoRESTiKR DE CouBERT (comte F. Henry), f A. Geoffroy Saint-Hilaire.
ancien officier de cavalerie, au château de la . Saint-Yves Ménard.
l!oisnnière,Chàteaurenault(Indre-et-Loire). ( A. Porte.
TV • . . . , /' Frémy.
Fuzier-Herman (Louis), propriétaire a la \ . „ „. q ■ , ,,i •
„ .. .. ,, , , . ^ A. Geoffroy Saint-lliiaire.
Houssaye, par Ligueil (Indre-el-Loire). / ., • j c i
•' ' ^ ® ^ ^ \ Marquis de Selve.
., ,r. . r... , i A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Hernoux (Eug.) négociant, 211, avenue de ^^-^^^^^.^^ ^-^^^^
Neuilly, a Nemlly ,Seine). j ^^^^^^^.^ ^,^ ^^,^.^ _
Kirsch (Isidore), négociant, 59, rue Charles \ ^' j^||.;^^^, ^^ ,^ ^^jj^
Laflite, à Neuillv (Seine). / i a • m .
^ ^ ^ [ i. \ leillot.
, , .-.-,.. 1 f H. Bouley.
Iardieu (le docteur \. Isidore), a Arles \ ,,, ; ^
. , M, » •> Arnaud Dey.
(Bouches-du-llhone). ■ ^ n ,f c ■ «ui^-.^
^ ■ ' [ A. Geoffroy Saint-Hilaire.
— M. le Secrétaire procède au dépouillement de la correspondance.
— Des remerciements au sujet de leur récente admission sont adres-
sés par MM. F. Latasto, Fuzier-Herman et le docteur Tardieu.
— M. le Ministre de l'agriculture informe la Société (\u'ï\ vient de lui
accorder une médaille d'or pour être décernée dans sa prochaine distri-
bution des récompenses. — Remerciements.
— M. N. Masson dépose sur le bureau une noie relative à la nourri-
ture et au.v soins à donner aux Gallinacés.
PROCÈS-VERBAUX. 353
— M. de Confévrou adresse la note suivante sur l'arrivée des Oiseaux
à Langres (Haute-Marne) :
« L'hiver ayant été exceptionnellement doux, dès le 20 février lePm-
ion se fait entendre pour la première fois.
» V Alouette a déjà repris son chant depuis quelque temps, ainsi que
d'autres petits Oiseaux.
» Les Hautes-Grives entrent dans la saison des amours et se poursui-
vent sur les grands arbres des promenades.
» Les Grives commencent à chanter ainsi que les Étourneaux , les
Merles, les Roitelets, les Grimpereaux, les Rouges-gorges.
» Les Moineaux nichent et les Mésanges commencent leurs nids.
» Le "2i février, nous remarquons beaucoup de Becs-fins de muraille
et de Bouvreuils.
» A la même époque, c'est-à-dire dès le 24- février, les Bécasses com-
mencent à passer ou à se j^owrsMÙ'reswr /es taillis, ce qui est synonyme.
» Alors un refroidissement très sensible, un retour d'hiver avec des
perturbations atmosphériques , arrêtent complètement le mouvement
qui ne reprend que le \'"^ avril.
» Ce jour-là, le Pinson, qui s'était tu, se fait entendre de nouveau,
ainsi que les Draines. Nous voyons beaucoup[de Bruants, de Verdiers,
des Traquets, des Tarins.
» Le 2 avril, vu dans la campagne et non en ville où elles ne vien-
nent pas, une Hirondelle de cheminée.
D Le 4 avril, les Fauvettes à tète noire arrivent dans les jardins de
la ville et s'annoncent par leur chant si gracieux.
» Puis, un nouveau refroidissement suspend encore leur passage.
» Le9ai/77, nous voyons de nouveau beaucoup d'Oiseaux, Grives, Ber-
geronnettes, Verdiers, Chardonnerets, etc.
» Le 15, apparaissent les Hirondelles de fenêtre, mais encore en très
petit nombre.
» Le 18 a»r<7 seulement, se montrent les Rossignols, qui se trouvent,
tout de suite, en assez nombreuse compagnie.
» Le 28, les Hirondelles de fenêtre sont moins rares et le Traquet
motteur est arrivé, ainsi que le Traquet rieur.
» Le 30 avril, les Griffons ou Martinets de muraille font leur appa-
rition.
> Enfin le 3 »m/, le Coucou gris se fait entendre pour la première fois.
» La troupe est au complet, du moins en ce qu'il nous a été donné
d'observer. Laissons donc tomber le rideau et respectons le mystère de
leurs amours et de leurs nichées en faisant des vœux pour que les chats,
les enfants et tous les ennemis de nos chanteurs fassent de même. »
— En répondant au questionnaire sur la pisciculture qui lui a été
adressé, M. Julien, de Ghantcnay (Loire-Inférieure) ajoute les renseigne-
ments suivants :
3« SÉRIE, T. X. — .luin 1883. 23
354 SOCIÉTÉ NATIONALE d'âCCLIMATATION.
a Les rivières de Quimperlé, comme toutes celles de Bretagne, ont été
très peuplées autrefois de Saunions et de Truites, disparus presque en-
tièrement, par suite du braconnage fait par les pécheurs qui exercent
leur industrie la nuit surtout en établissant des barrages avec leurs filets.
» Chez mon ami M. de Mauduit, propriétaire de deux fabriques de papier
à cigarettes, distantes l'une de l'autre de 2 kilomètres et à qui appar-
tient le terrain de chaque côté de la rivière, il est difficile aux bracon-
niers, et même impossible, vu la surveillance exercée, de tendre des
filets de nuit. Dans ces 2 kilomètres, un environ forme un réservoir
naturel ayant 2, 3 et 4 mètres de profondeur dans certaines parties. Le
jeune poisson qui y est placé se trouve admirablement sous tous les
rapports et peut attendre les crues, qui lui permettent de remonter ou
de descendre l'Isole, pour se répandre dans l'Ellé, autre rivière sembla-
ble en tous points à l'Isole, ou bien de demeurer dans la Lœta, rivière
formée par l'Isole et l'Ellé, et navigable depuis Quimperlé jusqu'à la mer,
3 lieues de longueur, ayant de profondeur 4 à 5 mètres à marée haute,
les eaux douces étant refoulées, et ne devenant saumàtre qu'à environ
une lieue de l'embouchure de la rivière. L'eau dans la Lœta est moins
claire que dans les deux autres rivières, oîi il est facile d'apercevoir sur
les bords quelques-uns des Saumons qui les peuplent, quand on veut re-
garder avec l'intention de bien voir.
> Je serais heureux d'avoir quelques renseignements précis sur le
« withe fish », s'il était reconnu par la Société d'Acclimatation que les ri-
vières de Quimperlé sont propices pour l'élevage de ce poisson qui y
est inconnu. Nous n'y avons retrouvé aucun des jeunes nés, des œufs
parfaitement éclos envoyés l'année dernière par la Société d'Acclimata-
tion. »
— M. Brierre écrit de Saint-Hilaire-de-Riez (Vendée) :
« En feuilletant mes vieilles notes de la Saintonge et du Poitou lors de
mes transformations de marais salants ici en prairies douves, etc., je
vois qu'à Marennes, ainsi qu'aux Sables, il m'était assuré qu'il était
possible de faire reproduire les Chevrettes dans les douves. Et comme
je n'en avais mis qu'un kilogramme au plus dans les miennes et qu'elles
en sont remplies malgré la masse de Meuils et de Loubines, il est évi-
dent qu'elles se reproduisent très bien, mais leur taille atteint à peine les
deux tiers de celle des Chevrettes de rocher. »
— L'Institut national genevois et 3IM. Duplantier, Saint-Léon-Boyer-
Fonfrède, Lud. Joffrion, Guy aîné, V. Fleury, F. Mathey, le comte de
Montlezun et Giraud-Oilivier accusent réception et remercient des grai-
nes qui leur ont été adressées.
M. le Directeur du Jardin zoologique d'Acclimatation donne com-
munication à la Société des lettres suivantes qui lui sont adressées
l» Par M. le Gouverneur de la Nouvelle-Calédonie :
« Préoccupé de l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, je désire enrichir
PROCÈS-VERBAUX. 855
la Faune et la Flore de ce pays, et tenter tous les essais d'acclimatation
que vous jugerez possibles.
» Dans ce but, je viens vous demander de vouloir bien m'envoyer les
Plantes et Oiseaux ou Animaux que vous jugerez utiles. Je vous deman-
derai en particulier, l'envoi d'une paire de Chiens de berger, race dite
de la Brie.
» L'expédition pourrait en être faite soit par le Courrier des Message-
ries, soit par un transport.
» J'ai pensé aussi, Monsieur le directeur, qu'il vous serait agréable
de recevoir des graines et des plantes de la Nouvelle-Calédonie, et j'a i
donné les ordres nécessaires pour qu'on vous expédie des graines et
plants de Ketitia, Araucaria, Dammara, Cycas, etc.
» Si ces envois vous sont agréables, je les renouvellerai chaque fois
que vous le désirerez. »
2" Par M. le comte de Lorgeril, château du Colombier par Moncon-
tour (Côtes-du-Nord):
« Je serais heureux de pouvoir offrir au Jardin d'Acclimatation un
jeune Araucaria iiabricata de plus d'un mètre d'élévation et très régu-
lièrement conformé.
» Ce petit arbre provient d'un semis fait par moi, il y a neuf ans ; la
graine avait été récoltée sur un Araucaria que je possède sur ma pro-
priété, et le seul je crois qui ait jusqu'ici donné des graines fertiles dans
le pays. 11 mesure dans ce moment plus de 1^ mètres d'élévation et sa
circonférence est de 2 mètres à sa base ; il a résisté depuis trente ans
aux hivers les plus rigoureux.
» Je sais. Monsieur, que le climat de la Bretagne, où j'habite, est plus
tempéré que celui de Paris, mais il est plus froid que l'Araucanio, où
se trouve l'Araucaria, et où il fournit des graines comestibles dont se
nourrissent les habitants ; par le fuit même de la résistance de mon
arbre et de sa fructification, il y a déjà commencement d'acclimatation.
Peut-être ses enfants seront-ils encore plus robustes, et si vous croyez
devoir en faire l'essai, je vous en offre un dans les meilleures conditions
de végétation : l'époque de la plantation des résineux n'est pas encore
passée.
» J'ai sur mon habitation des Cèdres que j'ai vu planter il y a cinquante
ans ; leur circonférence est de 9"',20 àl mètre du sol et leurs billes sont
droites et régulières.
» Un Séquoia giganiea, planté par moi il y a quinze ans et ayant au
moment de sa plantation trois ans de semis, mesure ù sa base 3"", 29 de
circonférence, dimensions que je n'ai jamais vues à un arbre âgé de
dix-huit ans. t
L'Araucaria offert par M. le comte de Lorgeril au Jardin zoologique
d'Acclimatation est arrivé à bon port et vient heureusement remplacer
les spécimens de même espèce détruits par le grand hiver de 187 9-80.
.■]56 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
3" Par le Révérend Père Evrard, de Yokohama :
'( Je viens de confier à M. Dagron, un de nos compatriotes qui rentre
en France à bord du Volga, une caisse contenant en triple vingt et
une variétés d'érables, demandées par M. Tony Conte.
« Obligé de partir pour un poste éloigné, il m'est impossible de donner
suite aux autres commissions et achats demandés par M. Conte. Après
mon retour, vers le mois de juin, je pourrai peut-être préparer l'envoi
es Poules. Je regrette beaucoup de ne pouvoir le faire maintenant,
car la saison est très bonne, mais les bêtes ne sont pas prêtes. »
— M. le docteur Tardieu écrit d'Arles à M. le Président :
« En ma qualité de président du conseil d'administration de la Société
La Ramie française, j'inviterai notre directeur, M. Favier, inventeur
d'une machine à décortiquer la Ramie, à vous adresser tous les docu-
ments et échantillons nécessaires pour concourir au prix fondé par la
Société nationale d'Acclimatation, relativement à l'utilisation industrielle
de l'Ortie de Chine. »
— M. Huin écrit à 31. le Président : «Depuis longues années, les
vignerons voient leurs récoltes perdues par l'effet des gelées du prin-
temps, qui, à cette saison, sont désastreuses pour eux.
» Permettez-moi, Monsieur le Président, de vous indiquer un remède
infaillible là où l'on peut l'appliquer.
;) C'est ordinairement dans les bas que la Vigne est le plus sujette à
creler et c'est là que le remède se trouve près du mal : je veux dire l'eau.
s Quand, par une belle nuit, le temps est froid et que l'on est sûr
ou presque sûr qu'il gèlera, il faut arroser avec n'importe quel instru-
ment ad hoc, avant le lever du soleil, les ceps qui sont blanchis par la
o-elée : pas un de ceux traités de la sorte n'auront à souffrir de l'effet
désastreux de la gelée blanche.
» Aujourd'hui que l'industrie dispose de si grands moyens ne pourrait-
elle pas faire des instruments qui, dans un temps relativement court,
déc'èleraient une certaine surface ? 11 ne faut guère compter qu'un temps
très restreint avant les premiers rayons du soleil, car sitôt qu'ils ont
fait fondre la gelée, les feuilles et tiges sur lesquelles elle était devien-
nent noires et sont perdues, tandis que celles qui ont été dégelées par
l'arrosage restent comme si elles n'avaient eu que de la rosée.
» Étant colon en Algérie, je ne traitais pas autrement mes plants de
tabac qui toujours ont bien réussi ; la Vigne, elle aussi, étant dégelée
iiar l'arrosage, jouira de la même faveur que les couches de tabac.
3 Je vous livre mon procédé, avec prière de le faire connaître par la
voie de votre publicité, et si mes faibles idées ont pu sauver quelques
oeps, c'est autant que l'on aura ravi à ce terrible ennemi des vignerons. .ï>
Des comptes rendus de leurs cheptels sont adressés par Mi\I. le
vicomte de iMondion, Em. Baré, Bourjuge, d'imbleval, Carpentier, 0. de
Boussineau, Burky et de Barrau de Muratel.
PROCÈS-VERBAUX. 357
- - A propos de la lettre de M. Huiii, M. Méaard signale un essai, qui
se fait actuellement, pour préserver les Vignes des gelées printanières.
Ce procédé consiste à abriter les ceps au moyen d'un petit toit de car-
ton bitumé qu'on fixe au moyen de ficelles à 50 ou 60 centimètres au-
dessus du sol ; ce moyen est simple et peu coûteux et il a paru bon ii
notre confrère de le signaler.
— M. le Président offre à la Société de la part de M. Cbamberland, an-
cien élève de l'École normale, docteur es sciences, directeur du labora-
toire de ftl. Pasteur, un volume qui a pour titre : Le charbon et la vacci-
nation charbonneuse. « Cet ouvrage, dit M. Bouley, intéressera tous
ceux que les grandes découvertes de M. Pasleur émeuvent à si juste
titre.
« On peut dire que M. Pasteur en est le grand collaborateur, car
M. Cbamberland a eu l'Iieureuse idée de mettre en tête de son volume
toutes les communications qu'a faites M. Pasteur à l'Académie des
sciences et à l'Académie de médecine au fur et à mesure qu'évoluaient
les découvertes et qu'un fait nouveau expérimentalement démontré
s'ajoutait aux faits anciens. C'est ainsi que l'histoire de la vaccination se
trouve écrite par le maître lui-même.
» Et puis, après cet exposé, vient une succession de rapports, de
comptes rendus, de procès-verbaux de toutes les expériences qui ont
été faites et de tous les résultats pratiques qui ont été donnés par la
vaccination. Tout le monde s'intéressera à un pareil livre qui écrit
l'histoire de cette si intéressante et si glorieuse découverte.
» Je puis ajouter maintenant, pour édifier la Société, quelques renseigne-
ments qui l'intéresseront. M. Pasteur annonçait dernièrement au Comité
de l'épizootie, dont il est membre, qu'il était tout prêt à faire bénéficier
maintenant de la vaccination l'espèce porcine et les oiseaux de basse-
cour.
» Jusqu'à présent la découverte de la vaccination du choléra des poules
était restée, je ne dirai pas théorique, mais enfin elle était restée à l'état
de découverte sans application encore. M. Pasteur a fait préparer le
vaccin de la volaille, et dans les localités oîi règne ce fléau terrible qui
fait disparaître toutes les volailles, on pourra, avec un grand avantage,
pratiquer la vaccination avec le virus du choléra transformé en virus
vaccinant. En faisant la vaccination à l'extrémité de l'aileron, on n'a pas
à redouter les conséquences qui peuvent se produire lorsqu'on la pra-
tique au poitrail.
» M. Pasteur a fait préparer aussi le vaccin propre au rouget du porc.
» Vous savez combien cette maladie est terrible et le tort qu'elle fait
aux éleveurs en France et surtout aux États-Unis, où chaque année des
milliers et des milliers de porcs sont enlevés par ce fléau. Le vaccin en
est trouvé et il est à la disposition de ceux qui voudraient enJbénéfiL'ier
pour leurs animaux.
358 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
» Enfui j'ajouterai comme complément de cette communication de ces
faits extrêmement intéressants, que l'on a signalé quelques accidents
après la grande expérience de Pouilly-le-Fort. Les premiers essais qui
ont été faits de vaccination pratique ont été tous heureux et puis, le pro-
cédé se généralisant, quelques insuccès se sont produits, provenant d'une
part de la manière dont on vaccinait, d'autre part aussi, il faut bien le
dire, de ce que le virus n'était pas préparé dans des conditions assez
parfaites.
» L'étude qu'a faite M. Pasteur de ces conditions d'imperfection, qui
ne produisaient toutefois que d'assez rares insuccès, suffisants cependant
pour que les détracteurs de la découverte en prolltassent pour la décrier
et tâcher de la réduire à une mince valeur, l'étude qu'a faite W. Pasteur,
dis-je, a permis de constater quelles étaient les conditions en vertu
desquelles ces insuccès s'étaient produits, et aujourd'hui il ne sort plus
du laboratoire que du virus qui est préparé d'une façon telle que ces
insuccès ne sont plus à craindre.
» De fait, ce n'est pas là une assertion en l'air. Depuis le mois de no-
vembre, je crois, que M. Pasteur rendait compte de ces faits, il y a plus
de 200 000 animaux qui ont été vaccinés en France, et pas un insuccès,
pas un. 3Iessieurs, ceci annonce la solidité du perfectionnement apporté
à la méthode, et cela prouve aussi combien la sagacité de l'expérimen-
tateur est toujours sur le qui-vive. Ouand il y a lieu de résoudre un
problème, c'est par l'expérience qu'il en trouve la solution, et celte
solution cherchée, la plupart du temps elle est trouvée.
» J'ai pensé. Messieurs, que cette communication vous intéresserait et
c'est pour cela que je me suis permis de la faire. »
— M. iVlénard donne lecture d'un mémoire de M. le baron de Selys-
Longchamps, président du Sénat lielge, sur le repeuplement des cours
d'eau de la Belgique.
M. Millet demande le renvoi de ce travail à la troisième section et
présente à ce sujet diverses observations.
— M. Millet rappelle que l'époque de la récolte de la montée d'An-
guilles est arrivée. Cette année le temps est malheureusement très défa-
vorable. Toutes les fois que le vent est froid et qu'il pleut, la montée au
lieu de se tenir à la surface rampe au fond des rivières où il n'est guère
possible de la récolter.
Lorsque l'Anguille arrive à une certaine taille, elle est très avide du
fretin de la Truite et du Saumon et il y a des exemples do cours d'eau
dépeuplés par ce vorace poisson qu'on avait introduit en trop grande
quantité; il y a donc de graves inconvénients à trop le propager dans
les rivières où se trouvent des Salmonidés.
— M. Millet entretient ensuite l'Assemblée de l'appareil imaginé par
M. Çloux, exploité et perfectionné par M. Voitellier pour la destruction
des Hannetons qui sont nombreux cette année. En mai; les oiseaux dé-
PROCÈS-VERBAUX. 359
misent un grand nombre de ces insectes pour nourrir leurs couvées ;
ceux qu'on ramasse peuvent également servir à l'alimentation de la
volaille et triturés, ils sont parfaitement acceptés par les insectivores.
Associés aux chrysalides de Vers à soie, ils donneraient peut-être une
bonne pâtée pour les Faisandeaux et les Perdreaux.
— M. Maurice Girard dit qu'il y a longtemps que les entomologistes em-
ploient les appareils lumineux pour capturer des insectes et les amateurs
des lépidoptères leur font la chasse avec des lanternes à réOecteurs. En
ce qui concerne les Hannetons, l'époque la plus convenable pour les dé-
truire est au début de leur apparition, c'est-à-dire avant que les femelles
aient pondu.
Suivant notre confrère, le seul moyen, non pas de les détruire, ce qui
€St impossible, mais d'en diminuer considérablement le nombre, serait
<le pratiquer le hannetonnage à l'époque qu'il indique, le rendre obli-
gatoire et employer des mesures de contrainte au besoin.
— M. A. Geoffroy Saint-Hilaire fait connaître qu'il vient de demander
un appareil cà M. Voitellier pour l'expérimenter au Jardin d'Aceliraa-
lation.
— M. Ménard rappelle que le Jardin d'Acclimatation a récemment
fait l'acquisition de plusieurs Porcula Salviani, de l'Inde, sur lesquels
du reste une note a été lue dans la dernière séance. Ces animaux sont
arrivés porteur de la gale et notre confrère présente un sarcopte recueilli
sur l'un d'eux.
Il appartient sans doute à une espèce nouvelle et le Jardin pourra
d'ailleurs mettre à la disposition des savants spéciaux des croûtes de
cette gale qui permettront de l'étudier plus complètement.
Une note sur ce sujet présenterait un certain intérêt au point de vue
scientifique.
Ces animaux sont en traitement et M. Ménard pense qu'à l'aide de la
pommade sulfureuse on parviendra à les débarrasser de ces sarcoptes ;
ils sont du reste tous bien portants malgré les fatigues de leur long
voyage.
— M. A. Geoffroy Saint-Hilaire signale à cette occasion le fait suivant
qui se produit fréquemment. Les animaux envoyés de contrées lointaines
arrivent en général dans un état satisfaisant de santé, mais au bout de
quelques jours de repos ils refusent leur nourriture et meurent souvent
sans cause apparente. L'excitation du voyage ne subsistant plus, ils suc-
combent sans doute aux suites des fatigues et des privations endurées
pendant leur transport.
Pour le Secrétaire des séances,
Jules Grisa.rd,
Agent général.
IV. EXTRAIT DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DES E TIONS
PREMIÈRE SECTION
SÉANCE DU 17 AVRIL 1883.
Présidence de M. Decroix, Président.
M. Gautier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance-
précédente, lequel est adopté sans observation. Il est ensuite procédé au
dépouillement de la correspondance.
M. Pays Mellier écrit que deux jeunes Ouistitis sont nés cliez lui et
ont été élevés par leurs parents.
M. Ménard fait remarquer que, bien que fort intéressant, le cas n'est
pas très rare.
La section adresse des remerciements à M. Pays iMellier pour son in-
téressante communication.
M. Masson envoie une lettre de M. Kiener, relative au croisement du
Cochon d'Inde avec le Rat, lui affirmant à nouveau que ce croisement
n'est pas un fait accidentel, et qu'il a eu entre les mains des produits qui
l'attestent d'une façon certaine. Notre honorable collègue M. Masson
ajoute qu'il se propose de se procurer ces produits et de les présenter à
la section.
La section adresse à M. Masson ses remerciements tout spéciaux, car
cette manière de procéder permettra d'élucider une question des plus^
intéressantes en histoire naturelle.
M. A. de Confévron envoie à la section une longue lettre contenant les
observations que lui a suggérées le projet de loi sur la chasse présenté
par la Commission de la chasse, et publié dans un des derniers Bulle-
tins. La section entend avec intérêt cette communication et adresse ses
remerciements à son auteur, mais décide qu'il n'y a aucune suite à lui
donner, la question n'étant plus à l'ordre du jour.
M. Gautier annonce à la section qu'un grand nombre d'exemplaires^
cent vingt environ, du questionnaire sur les (chèvres, lui est parvenu.
Sur la proposition de MM. Ed. Roger et Ménard, la section décide
qu'un rapport sommaire lui sera présenté dans sa prochaine séance, au
cas oîi M. Gautier ne pourrait, comme il le pense, apporter sur la questioa
un travail complet.
M. le vicomte d'Esterno, au nom de plusieurs des uîembrcs de la
Société, expose l'inconvénient qu'il y a à insérer sur la première page
de la Chronique certaines annonces qui intéressent la Société d'une façon
directe, par exemple l'offre de saillies par un étalon de race.
M. Grisard répond que l'intérieur de la Chronique est essentiellemeni
PROCÈS-VERBAUX. 861
réservé aux annonces gratuites et faites par des membres de la Société.
Sur l'observation de iM. Geoffroy Saint-Hilaire, que la question relève
non de la section, mais du Conseil, M. d'Esterno relire son observation,
qu'il se propose de soumettre directement au Conseil.
Le Secrétaire,
Jules Gautier.
DEUXIÈME SECTION
SÉANCE DU 13 MARS 1883
Présidence de M. Millet.
M. de Barrau de Muratel lit une communication fort intéressante el
tout à fait nouvelle pour la plupart des membres de la section, sur l'éle-
vage et la conduite des Poulets dans le département du Tarn.
M. de Barrau de lAIuratel voudra bien répéter en séance générale cette
communication, qui sera insérée dans le Bulletin.
Dans le même ordre d'idées, M. Geoffroy Saint-Hilaire dit qu'on arrive
assez facilement à faire conduire des Perdreaux par un Coq.
M. de Barrau de Muratel montre des modèles de collets dont on se
sert chez lui pour prendre les Alouettes en grande quantité. Ces collets
sont tendus dans les sillons oîi sont attirées les Alouetttes au moyen d'un
appelant.
M. Grisard donne lecture d'une lettre de M. Bouchereaux, donnant des
détails sur l'incubation des Casoars en couveuse artificielle.
A propos de cette lettre, M. Geoffroy Saint-Hilaire fait part des obser-
vations personnelles qu'il a été à même de faire dans l'incubation arti-
ficielle. 11 a pu, sans inconvénients, faire des interruptions dans le cours
d'une opération. On pourrait diviser l'incubation en trois parties : la
première, qui pourrait supporter une certaine irrégularité ; lajleuxième,
qui en demanderait au contraire une très grande, et enfin la troisième,
qui en exigerait un peu moins. Ces remarques sont faciles à observer sur
des couvées de Pigeons.
M. Saint-Yves Ménard fait observer, à l'appui des interruptions dans
une incubation, que lorsqu'on prend un nid dans les champs, on peut
facilement et sans inconvénients conserver les œufs douze ou vingt-quatre
heures avant de les faire couver.
M. Geoffroy Saint-Hilaire rappelle les œufs de Perdrix rapportés d'A-
frique en 185i), et qui avaient cinquante ou soixante jours. La date de
leur incubation a atteint soixante-dix jours.
M. Millet rapporte ce fait bien connu, c'est que, à l'état sauvage et au
362 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
début de riiicubation, la femelle quitte son nid au moindre bruit, tandis
qu'au milieu on pourrait presque la prendre à la main.
M. Saint-Yves Ménard croit que dans une incubation les naissances
n'ont pas toujours lieu en même temps, et que l'intervalle entre les nais-
sances augmente à mesure qu'augmente la taille de l'oiseau.
M. Millet a remarqué que parfois, dans les nids de Mésanges, par
exemple, des petits naissaient assez longtemps avant les autres, et ser-
vaient en quelque sorte à couver les œufs non éclos.
M. Geoffroy Saint-Hilaire, à propos de la ponte des Casoars, dit que ces
oiseaux, acclimatés sous beaucoup de rapports, n'ont point encore mo-
difié l'époque de leur ponte, fort peu favorable à l'incubation sous nos
climats. D'ici peu, M. Geofl'roy Saint-Hilaire pourra nous donner des ren
seignements complets sur l'incubation artificielle des Autruches. L'expé-
rience est faite sur une assez grande échelle, puisqu'il y a quarante ou
quarante-cinq couples reproducteurs. L'industrie des plumes d'Autruche
est assez considérable, et M. Geoffroy Saint-Hilaire cite un marchand
ayant vendu deux cent vingt raille pièces à l'industrie plumassière. A la
vérité, celte industrie n'est point à l'abri de la fraude, et M. Millet cons-
tate qu'on fait parfaitement de la plume d'Autruche avec des Dindons
blancs.
Les oiseaux même les mieux acclimatés ne peuvent supporter sans
danger au delà d'une certaine température. M. Millet a observé la grande
mortalité des oiseaux pendant l'hiver de 1880 ou i879; aussi cherchent-
ils, pour éviter ces dangers, une température plus clémente. Lorsque
l'hiver est trop rigoureux, ils se déplacent et vont ailleurs chercher un
climat plus doux. Ce n'est pas une émigration, mais un simple déplace-
ment.
On peut facilement contrôler cette observation sur le Pinson des Ar-
dennes. On pourrait donc dire qu'il n'y a pas de date, h proprement
parler, pour l'émigration, mais que, chez les oiseaux, les départs et les
arrivées sont dictés uniquement par la température.
Le Vice-Secrétaire,
Vicomte d'Esterno.
QUATRIÈME SECTION
SÉANCE DU !"'■ MAI 1883.
Présidence de M. Girard, Président.
M. X. Dybowski lit le procès-verbal de la dernière séance, qui, mis
aux voix, est adopté.
La section reçoit un catalogue d'oeufs fécondés de Lépidoptères, mis
en vente par M. Emile Deschamps, à Longuyon (Meurthe-et-Moselle).
PROCÈS-VERBAUX. 363
Parmi ces œufs, il en est des espèces qui produisent de la soie, mais
beaucoup d'autres sont des Lépidoptères hétérocères variés européens,
et ne peuvent servir qu'aux amateurs qui font des éducations de Che-
nilles.
M. le D'' Manier offre à la Société des œufs du Ver à soie du mûrier.
Malheureusement, c'est à une époque où il est difficile de les cultiver;
car ils éclosent même dans les glacières, et, en outre, les éducations tar-
dives du Ver à soie du mûrier sont plus sujettes aux maladies que les
précoces .
La section apprend avec intérêt que la Commission des récompenses
a jugé dignes d'encouragement les tentatives de M. Durand pour re-
cueillir et détruire les larves du Criquet pèlerin {Acrydlum pelegrinum
Olivier), espèce qui, en certaines années, produit de grands désastres
en Algérie.
M. Maurice Girard donne lecture de la fin du mémoire de M. Wailly
sur les Attaciens séricigènes exotiques, dont la lecture n'avait pu être
terminée à la dernière séance générale (voy. au Bulletin).
M. M. Girard, qui s'était chargé de rendre compte de l'opuscule de
M. Sicard, dit que la Commission des récompenses a passé à l'ordre du
jour relativement à l'huile antiphylloxérique de M. Sicard, attendu que
c'est un remède secret.
M. Fallou rappelle qu'il a laissé quatre cocons de Pernyi passer l'hiver
dans la forêt sous une cloche métallique. 11 croit qu'il y en a trois vi-
vants, autant qu'il peut en juger par leur poids.
Les cocons peuvent donc passer l'hiver dehors.
Il compte élever de beaux cocons, obtenus par M. Biaise (Meurthe-et-
Moselle), et les croiser avec les siens.
Le Vice-Secrétaire,
X. Dybowski.
CINQUIÈME SECTION
SÉANCE DU 8 MAI 1883.
Présidence de M. Paillieux, Vice-Président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans obser-
vation.
M. le Secrétaire donne lecture : 1' d'une lettre adressée à M. le Direc-
teur du Jardin d'Acclimatation par le Gouverneur de la Nouvelle-Calédonie,
annonçant l'envoi de divers végétaux d'ornement, et se mettant à la dis-
position de la Compagnie pour les plantes qu'elle jugerait utile de
demander; 2'' d'un article de M. l'abbé Durand sur l'intérêt que pré-
364 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
senterait la culture des arbres à caoutchouc dans la Guyane et en Co-
chinchine.
A l'occasion de celte communication, M. Grisard demande à la section
d'émettre le vœu, auprès du ministère des colonies, que des graines des^
meilleures espèces soient recueillies par les soins de nos ministres et
consuls, pour les répandre non seulement dans les deux colonies citées
plus haut, mais encore au Sénégal et à la Réunion, oîi les conditions-
de climat conviennent perticulièrement à la culture de ces arbres pré-
cieux.
M. le Secrétaire propose également d'émettre auprès de la Commis-
sion des récompenses le vœu de la création d'un prix pour cet objet.
La section adopte.
M. Vavin distribue des graines de la petite Tomate de New-York
exempte de maladie.
M. le Président rappelle qu'il a distribué dans la dernière séance des
flacons de sirop de Physalis Peniviana et demande l'appréciation des
membres qui l'ont dégusté.
La section se prononce à l'unanimité en faveur de ce nouveau
produit.
M. Paillieux donne lecture de la note suivante :
« Vous vous rappelez peut-être un spécimen de Liane-lorchon qui nous
a été présenté l'an dernier.
» Je vous distribuerai aujourd'hui quelques graines de cette plante, ex-
traites d'un fruit qui m'a été envoyé du Transwaal par la Mission prêtes
tante du canton de Vaud. Les fruits de la Liane-torchon rendent de grands
services dans l'Afrique méridionale, comme à la Réunion, aux Antil-
les, etc.
» 11 est douteux que nous puissions en obtenir des fruits mûrs sous le
climat de Paris, mais cependant sa culture me semble devoir être es-
sayée. Elle ne présentera d'ailleurs aucune difficulté dans le midi de la
France.
» Le climat du Transwaal n'est pas excessif et peut même être consi-
déré comme tempéré sur les plateaux qui en forment la plus grande
partie.
» Je vous remettrai aussi tout à l'heure des graines d'une autre Cucur-
bitacée, le Bcnincasa cérifère, dont les fruits sont un bon légume. Dans
une de nos précédentes réunions, je vous ai donné une note imprimée
relative à cette plante. Je n'ai rien à y ajouter aujourd'hui et j'ai apporté
encore quelques exemplaires de ma note, que pourront réclamer ceux
d'entre vous qui ne l'auraient pas reçue.
» Vous recevrez en même temps des graines de Pé-tsaï de Mongolie.
Je ne vous dirai rien aujourd'hui de ce chou fourrager dont je vous ai
parlé en même temps que de mes cultures expérimentales de plantes
chinoises. Mon rapport a paru dans notre Bulletin de janvier dernier.
PROCÈS-YERBAUX. 305
» Vous savez que je vous propose une nouvelle composition de P«cA7f s,
comprenant les légumes dont voici la liste :
» Piment carré, doux, d'Espagne ;
» Oignon Catawissa;
■» Angourie des Antilles ;
» Stachijs a f finis;
» Capucine tubéreuse ;
j> Amomum Miôga.
» Je vous conseille d'essayer la confection de ces Pickles dès que vous
aurez cultivé les plantes que j'ai indiquées. Vous pouvez celte année
même en récoller ou en acheter plusieurs.
» Le Piment d'Espagne est dans le commerce pendant l'été, notamment
dans la maison de notre collègue, M. llédiard.
» Je vous ai distribué au mois de mars des bulbes d'Oignon Catavvissa.
î Je vous présente aujourd'hui et je vous invite à emporter le Stachy.'^
affinis en godets que vous voyez sur la table. La multiplication de la
plante est telle, qu'une seule touffe fournit au bout d'un an le plant né-
cessaire pour une planche entière de jardin.
» La Capucine tubéreuse se trouve dans le commerce. Nous sommes
précisément arrivés au moment favorable pour la planter. Elle donne
une excellente conserve au vinaigre. Je regrette infiniment de ne pouvoir
vous en distribuer des tubercules. J'en ai négligé la culture que je vais
reprendre cette année.
» Quant au Miôga, il n'est pas dans le commerce et je n'en ai pas encore
assez pour en faire une distribution, mais je promets de vous le donner
en mars prochain.
» Quelques-uns de nos collègues ont dégusté les Pickles que je leur ai
remis dans une précédente séance. Ils ont approuvé sans réserve la com-
position tout à fait nouvelle que je propose, mais deux d'entre eux oui
trouvé mauvais le vinaigre que j'ai employé. Je ne m'y connais guère et
je ne discuterai pas ce point. Je n'absous ni ne condamne mon vinaigre
que d'autres personnes ont trouvé bon. Chacun de vous emploiera le
meilleur vinaigre qu'il pourra se procurer. »
iM. Paillieux distribue ensuite des plants en godets de Stachys affinis,
sur lequel une note a été récemment publiée au Bulletin.
M. le Président fait en outre connaître qu'il vient de recevoir divers
envois de plantes du Transwaal, de la Cochincliine et du Japon.
M. Millet rappelle que M. Voitellier (de Mantes) est l'inventeur d'un
appareil pour la destruction des Hannetons qui donne d'excellents résul-
tats; notre confrère entre dans (iuel(|ues détails descriptifs qui se trou-
vent du reste consignés dans diverses publications périodiques agrico-
les, notamment dans le Journal d'agriculture pratique.
M. Millet signale un autre appareil facile à construire à peu de frais
et qui donne également de bons résultats. Il consiste en un tonneau
366 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
rempli d'eau et de goudron; sur les bords de ce tonneau, on pose une
croix en bois destinée à supporter une lampe ou une lanterne. Les in-
sectes attirés par la lumière se précipitent sur le verre de la lampe et
tombent en grand nombre dans le tonneau oix ils se noient.
M. de la Chassagne dit que les feux de nuit attirent non seulement les
insectes, mais même des oiseaux de grande taille et qu'il n'est pas rare
de recueillir autour des phares des Canards sauvages et autres volatiles
qui viennent s'y briser contre les parois de la lanterne.
Notre confrère demande s'il est vrai que les Vers blancs quittent les
Géraniums s'ils trouvent des Fraisiers à leur portée.
M. Paillieux pense que le fait est possible et que les Vers blancs lais-
seront également les Fraisiers s'ils ont de la salade; mais, s'ils sont
abondants, ils mangeront parfaitement les deux plantes.
M. Chappellier dit qu'il ne suffit pas de cultiver des salades près de
ses Fraisiers pour en éloigner les Vers blancs; dès que les plants se
fanent, on peut être certain qu'il y a un Ver au pied, il faut alors le
chercher et le détruire, puis replanter une nouvelle salade; c'est un
appât presque infaillible, et on peut de la sorte détruire un(3 très grande
quantité de larves.
M. Vavin dit que ses Fraisiers ne sont jamais attaqués par les Vers
blancs parce qu'il a le soin de mélanger de la fleur de soufre à son
terrain.
M. Paillieux pense que le meilleur moyen de se débarrasser du Ver
blanc est encore de planter ses Fraisiers sur un épais paillis recouvert
de terre que le Man ne peut traverser. 11 faut par exemple avoir bien
soin de visiter sa paille et son terrain avant de faire sa plantation et ne
pas introduire soi-même l'ennemi dans la place.
M. Millet recommande l'emploi de la tannée qui éloigne le Ver blanc
des semis de Chêne.
Le Secrétaire,
Jules Grisard.
U. BIBLIOGRAPHIE.
1
liC Itaroinctce appliqué à la prévision du temps, par J. R. Plumandon,
météorologiste adjoint à l'Observatoire du Puy-de-Dôme. Broch. in-18,
62 pages avec 16 caries ou planches hors texte; 2* édit. Michelet,
25, quai des Grands-Augustins. 1883.
« M. Plumandon, dit M. H. de Parville dans sa Revue des sciences au
Journal officiel, a très bien indiqué, en langage clair et rapide, les lois
des changements de temps; il a, en un mot, révélé les secrets du baro-
mètre, en sorte que, son petit livre en mains, on peut rapidement devenir
prophète, même en son pays.»
Nous souscrivons volontiers à cette appréciation, et nous ne nous
demanderons pas s'il n'est pas trop tôt pour parier de lois en matière de
météorologie, alors que les mystères de cette science s'envolent encore
devant nous. Aussi, comme les études de nos lecteurs les ont familiarisés
avec la connaissance des mouvements généraux de l'atmosphère, avec ce
qu'il faut entendre par les dépressions atmosphériques et les aires de
basses ou de fortes pressions, nous arriverons directement à ce que l'au-
teur qualifie plus modestement de Prévisions.
Le vent est produit par la rotation de l'air atmosphérique autour des
centres de pression minima. Or cette rotation s'opère toujours dans le
même sens, inverse de celui du mouvement des aiguilles d'une montre.
Il est donc évident que lorsque l'on verra les nuayes marcher dans
une certaine direction, on pourra en déduire qu'un centre de dépres-
sion existe sur la gauche du courant nuageux, dans une direction à
peu près perpendiculaire à ce courant. Si, par exemple, les nuages
marchent de l'ouest à l'est, un centre de perturbation se trouvera dans
le nord; il se trouvera dans le sud-est si les nuages viennent du nord-
est; dans l'ouest s'ils viennent du sud, etc.
En général, la dépression est d'autant plus importante, et son centre
d'autant plus près du lieu d'observation, que la vitesse des nuages est
plus grande et le baromètre plus bas. Si la baisse barométrique a été
lente et considérable, l'aire des basses pressions a une vaste étendue;
cette étendue est restreinte si le baromètre a baissé peu et vite. La dé-
pression se rapproche ou se creuse si le baromètre baisse ; elle s'éloigne
ou se comble pendant qu'il remonte, et son centre est au plus près au
moment du minimum barométrique (p. 36).
Ces prémisses posées, M. Plumandon examine les sept principaux cas
qui peuvent se présenter. Voici les deux premiers :
1° Si le baromètre baisse d'une manière lente et régulière et ne des-
cend guère au-dessous de 760 millimètres; si le ciel se charge de quel-
;368 SOCIÉTÉ nationale d'acclimatation.
<|ues nuages qui marchent lentement de l'ouest à l'est : une dépression
fuisse dans le nord de l'Europe, sur V Angleterre et la mer du Nord.
11 en résulte une température douce et uniforme, un ciel nuageux, quel-
quefois un peu de vent; en somme, un temps beau, ou au moins assez
Jjeau.
2" Si le baromètre baisse assez rapidement et descend jusqu'à 750
ou 745 millimètres ; si la température s'élève ; si les nuages augmentent,
deviennent plus noirs et chassent du sud-ouest : une dépression aborde
l'Europe par V Angleterre ou par la Manche... La pluie, qui commence
•lorsque le baromètre cesse de descendre, ou au moins lorsqu'il com-
mence à remonter, tombe jusqu'à ce que le vent ait atteint le nord-ouest,
m diminuant rapidement d'intensité. Alors à la pluie continue succèdent
4es ondées ou des averses plus ou moins fréquentes ; puis le ciel s'é-
claircit et la température s'abaisse.
En ce qui concerne les orages, l'auteur constate que l'approche d'une
période orageuse est annoncée par une baisse barométrique, par des
rosées d'une abondance extraordinaire, par des minima et des maxima
de température très accentués.
Viennent ensuite quelques observations intéressantes sur la pluie,
neige, les brouillards, la chaleur, le froid et les gelées.
Aimé Dufort
Le gérant : Jules Grisard.
Imprimeries réunies, A, luc Mignon, 2.. Parie
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
SUR L'ACCLIMATATION ET LA DOMESTICATION
D'UN PETIT RONGEUR ORIGINAIRE DES HAUTS-PLATEAUX ALGÉRIENS
(DIPODILLUS SIMONI Lat.)
Par M. FERNAIVD LATASTE
PRELIMINAIRE.
L'espèce nouvelle que je cherche à acclimater dans nos
cages présente sur la Souris, dont elle a à peu près la taille
et les conditions d'existence, plusieurs avantages. Je n'en
citerai que deux.
Le premier sera certainement apprécié dans les labora-
toires. Les fonctions reproductrices de Dipodillus Simoni
s'accomplissent avec une telle régularité, que, si l'on a observé
la date d'un accouplement ou d'une parturition, on peut, à
l'aide de ce point de repère, fixer, avec la certitude de s'écarter
fort peu de la réalité, la série de ses accouplements et de ses
parturitions successifs pendant six mois et plus. Chez la
Souris ces actes se succèdent à des intervalles beaucoup
moins réguliers, et il survient tout à coup, quand on s'y
attend le moins, des périodes d'infécondité fort gênantes
pour l'observateur.
Le deuxième avantage aura son prix aux yeux des amateurs.
Tandis que la Souris communique à sa cage et même aux
objets qu'elle touche une odeur très désagréable et fort
tenace, Dipodillus Simoni est absolument inodore.
Ces avantages positifs suffiraient, je crois, à justifier mon
entreprise.
Mais, comme je l'écrivais à M. le Directeur du Jardin d'ac-
climatation, en le priant de vouloir bien accepter le couple
reproducteur qui est ici sous les yeux de la Société, et contri-
3e SÉRIE, T. X. — Juillet 1883. 24
;J70 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
ouer, par la difîusion des produits qui en naîtront, au succès
de mes efforts, mon but n'est pas seulement de fournir une
espèce animale de plus à l'agrément des amateurs et à la
consommation des laboratoires ; c'est surtout de jeter quelque
lumière sur les problèmes si intéressants et encore si obscurs
des origines des espèces et des races domestiques. La pre-
mière méthode à employer, dans l'étude d'un phénomène,
.n'est-elle pas de le faire reproduire, quand cela est possible,
et de l'observer alors soigneusement dans tous ses détails?
Je me propose d'acclimater et de domestiquer une espèce
pour étudier notamment la rapidité et l'intensité des varia-
tions d'une espèce soumise, à une époque déterminée, à l'in-
fluence de la domestication. En pareil cas le choix de l'espèce
n'est pas indifférent. On a besoin du concours d'un grand
nombre de collaborateurs, la plupart inconscients et étrangers
aux spéculations scientifiques ; il faut donc que l'espèce choi-
sie exige le moins de frais possible d'installation et de nour-
riture ; et, comme on ne peut guère espérer que l'élevage
d'une espèce qui ne coûte rien puisse rapporter des béné-
fices, il faut qu'elle soit assez agréable pour qu'on ait plaisir
à la posséder et à la faire multiplier. Enfin, pour parer aux
chances de mortalité, il faut qu'elle soit très féconde ; et, pour
•que l'observation du phénomène ne prenne pas des siècles,
il faut que ses générations se succèdent avec une grande ra-
pidité. Ce dernier point surtout me paraît important. Soient
•deux espèces dont les générations se succèdent tous les vingt
ans chez l'une et tous les quatre mois chez l'autre : une mo-
dification qui exigerait soixante générations pour se produire
n'apparaîtra qu'au bout de douze cents ans chez la première,
tandis qu'elle se montrera dès la vingtième année chez la se-
conde.
Dipodillus Simoni remplit fort bien ces diverses condi-
tions.
DIPODILLUS SIMONI. 371
I. — Dipoclillus Simoni lat. (I) : son origine, sa description,
SES MŒURS.
Origine. —Le 1" juin 1881, à l'oued Magra (près de
M'sila, au nord du chott du Hodna, dans les Ilauts-Plateaux
algériens), les Arabes m'ont apporté de nombreux individus
de cette espèce, dont plusieurs étaient des femelles pleines ou
nourrices. J'en conservai vivants une dizaine de sujets, que
j'expédiai plus tard à Paris. A mon retour, quelques-uns
d'entre eux furent sacrifiés pour l'étude ; les autres, trois fe-
melles et un mâle, devinrent la souche de la colonie qui vit et
se multiplie aujourd'hui en captivité (Chacun de ceux-ci est
désigné dans mes noies et ici par une lettre d'alphabet tou-
jours la même). Il est à remarquer que nulle part ailleurs,
dans mes deux voyages à travers l'Algérie, je n'ai recueilli
cette espèce, si commune à l'oued Magia.
Description. — Dipodillus Simoni Lat. est un petit Ron-
geur de la même famille que nos Rats et nos Souris, la famille
des Muridés. Sa denture le place dans le genre Gerbillus
Desmarets, et le nombre des tubercules de ses pieds dans le
sous-genre Dipodillus Lat., dont il est le type.
Il a à peu près la taille et les allures de notre Souris com-
mune. De grands yeux noirs, des moustaches nombreuses,
fines, divergentes, des oreilles délicates, régulièrement ovales,
d'un développement moyen, lui donnent une physionomie
agréable. Sa queue, plus courte que le corps, a une forme
assez caractéristique: elle est épaissie au centre et atténuée
aux extrémités, en fuseau; grâce à son écaillure plus petite, à
sa peau plus souple, aux poils plus fins et moins rares qui la
revêtent, elle n'a pas l'aspect repoussant de celle du Rat. La
toison du Dipodille est fine, soyeuse, assez longue, bien
fournie. Ses couleurs sont celles des espèces du désert : en
dessus, un joli fauve ou Isabelle, tirant plus ou moins, siii-
(1) L'espèce a été décrite et nommée dans le Naturaliste, 1881, ii. -i9y
et 500.
372 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
vant l'individu, vers le roux, le jaune ou le brun; en dessous,
un blanc pur. La queue est, sur ses deux faces, d'un jaunâtre
clair un peu rosé, brunissant légèrement vers la pointe.
La femelle a huit mamelles, quatre pectorales et quatre in-
guinales. Toutes les espèces de Gerbillines chez lesquelles on
a compté ces organes en ont le même nombre.
Amours. — J'ai décrit, dans un mémoire qui paraîtra pro-
chainement (1), l'accouplement de cette espèce et quelques
particularités peu connues de la reproduction des Rongeurs.
Je ne m'arrêterai pas à les décrire ici de nouveau. Je rappor-
terai seulement, avant de passer outre, une petite observation
qui me paraît avoir sa place ici.
Dans leurs rapports sexuels, ces petits animaux éprouvent
l'un pour l'autre des sympathies ou des antipathies indivi-
duelles, qu'il est aisé de constater, mais dont il me paraît bien
difficile d'apprécier les motifs. Ainsi une femelle (Ç A), mise
en présence d'un mâle (c/ B), était toujours fort maltraitée
par lui; plusieurs fois j'ai dû la soustraire à la fureur de ce
Ijrulal qui la mordait et la mettait en sang ; et, quand je la rem-
plaçais auprès de lui par une autre femelle ($ D), ses manières
changeaient aussitôt du tout au tout ; il comblait celle-ci de
caresses et la couvrait de baisers (l'expression est assez exacte).
Dans d'autres cas, c'est la femelle qui maltraite le maie. 2 e
était certainement le plus doux de tous mes Dipodilles ; cepen-
dant, quand je mettais celte femelle en présence du mâle {çf B,
le même que précédemment), elle entrait aussitôt en fureur,
le poursuivait et le mordait cruellement ; celui-ci, quoique
plus gros qu'elle et plus fort, s'enfuyait, comme affolé de
terreur; et si je remplaçais auprès de cette rageuse femelle
le mâle de son espèce par un mâle de Souris albinos, elle vi-
vait dans les meilleurs termes avec ce dernier.
Époques du rut. — Le Dipodille de Simon, comme la plu-
part des Muridés, reproduit toute l'année, sans distinction de
saisons.
Si la femelle et le mâle cohabitent, ils s'accouplent aussitôt
(I) « Sur lebouclioii vaginal des Rongeurs »,dans le Journal de Vanatomie et
de la physiologie de Robin et Pouchet.
DIPODILLUS SIMONI. 373
après le part (1). Dans le cas contraire, et si la femelle élève
des petits, on peut lui présenter le mâle chaque jour, elle ne
l'accepte que du dix-huitième au vingt-quatrième jour après
sa délivrance. Exemples :
Q D ayant mis bas le2G janvier, est en rut le 13 février; intervalle 18 jours.
Q D — 13 mai — 1" juin — 18 —
9 D — 5 mars — 25 mars — 20 —
9 "D — 21 juin — 12 juillet — 21 —
9 s — 22 août — 15 septembre — 21 —
Mais si toute la portée a péri aussitôt après la naissance, la
femelle s'accouple une dizaine de jours environ après sa déli-
vrance. Exemple : $ D, ayant mis bas le 15 avril ;et ses petits
n'ayant pas vécu, s'accouple le 23 du même mois ; intervalle,
huit jours.
De même, quand la femelle en rut a été empêchée de s'ac-
coupler, elle entre de nouveau en rut une dizaine de jours
après. En voici trois exemples: je présentais à la femelle le
mâle de son espèce que je retirais avant l'accouplement, mais
après que j'avais acquis la certitude que cet acte allait avoir
lieu; or:
en rut et empêchée .- septembre, entre en ». septembre ; .
de s'accoupler le rut de nouveau le intervalle, J*'"''^-
9D — 12 juillet — 22 juillet — 10 —
9 D — 22 juillet — 5 août — U —
Le rut ne dure jamais que quelques heures; même quand
il n'est pas satisfait (cas de $ D, 12 et 22 juillet), il a toujours
disparu le lendemain.
Durée de la gestation. — La durée de la gestation est nor-
malement de vingt jours. La durée est la même chez tous les
Muridés que j'ai observés sous ce rapport : 3/ns decumanus
Pallas elMus miisculas L. parmi les Murincs, Pachi/uromi/s
(1) C'est dans ce cas qu'il peut s'écouler une trentaine de jours entre l'ac-
couplement et la délivrance ultérieure. Voyez à ce sujet mon mémoire précité
« Sur le bouchon vaginal des Rongeurs » dans le Journal de Vanatomle et de la
physiologie.
374 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
Duprasi Lat. et Dipodilliis Simoni Lat. chez les Gerbillines.
Exemples :
9 D, fécondée le 13 février, met bas le 5 mars;
CD — 23 avril — 13 mai;
CD — l"juin — 21 juin;
ç y — 1" aoiit — 21 août.
Quelquefois cependant elle est de 21 jours. Exemples:
Ç D, fécondée le 25 mars, met bas le 15 avril ;
CD — 5 août — 26 août;
Q £ — 1" août — 22 août.
Parfois même, exceptionnellement, il s'écoule une tren-
taine de jours entre l'accouplement fécondateur et la déli-
vrance (1).
Remarque. — On voit qu'il y a avantage, au point de vue
de la multiplication de l'espèce, à laisser le mâle cohabiter
avec sa femelle. Dans ce cas en effet la femelle, s'accouplant
aussitôt après sa délivrance et mettant bas de nouveau une
trentaine de jours après, fournit environ une portée par mois ;
tandis que, quand elle est séparée du mâle, elle ne porte que
vingt jours, il est vrai, mais elle ne s'accouple aussi qu'une
vingtaine de jours après sa délivrance; ses portées ne se suc-
cèdent par conséquent qu'à quarante jours d'intervalle envi-
ron. Sans compter le cas où l'on négligerait de réunir les deux
sexes au moment précis du rut, négligence qui occasionnerait,
chaque fois qu'elle se renouvellerait, un retard de dix jours
environ.
Instinct paternel. — Cette cohabitation du mâle avec la
femelle ne présente d'ailleurs aucun inconvénient pour la pro-
géniture. On a singulièrement calomnié les mœurs des Ron-
geurs ; on a dépeint ces animaux comme des êtres féroces,
cherchant sans cesse à se dévorer entre eux et n'épargnant
même pas leurs propres enfants ! La vérité est que deux Ron-
geurs qui se voient pour la première fois, qui sont étrangers
(1) Voyez la note précédente.
DIPODILLUS SIMONl. JT/lî3 "^ 375
l'un à l'autre, se considèrent comme ennemis, lussent-ils de
la même espèce, et se livrent bataille. L'homme n'agit-il pas
souvent de même? et le même mot latin, liostis, ne signifie-
t-il pas indifféremment étranger ou ewwewir^ Ajoutons que
bien souvent nous ne savons pas fournir à nos petits pri-
sonniers les aliments qui leur conviennent, et que nous les
plaçons dans la triste situation des naufragés de la Méduse.
Quand deux Rongeurs, même d'espèce différente, ne se sont
pas grièvement blessés à la première entrevue, ils devien-
nent bientôt d'ordinaire bons camarades, et, s'ils sont con-
venablement logés et nourris, ils continuent par la suite à
vivre en parfaite intelligence. C'est ainsi que je conserve dans
une même cage un superbe Arvicola Musiniani et un Mus
decumanus albinos $ jeune encore ; ils couchent dans le
même nid; et, depuis qu'ils ont lié connaissance, après les
difficultés du début, je n'ai pas vu s'élever entre eux la plus
petite querelle. Quant au sentiment paternel, il existe, quoique
assez peu développé, chez les Rongeurs, je suis en mesure de
l'affirmer. J'ai vu \m Rat domestique mâle {Mus decumanus
Pallas, var. albine), en l'absence de sa femelle, prendre à la
bouche, comme fait d'ordinaire celle-ci, ses petits qui s'éga-
raient et les rapporter délicatement au nid. D'ordinaire, il
est vrai, il se débarrasse sur la mère des soins de la progé-
niture commune; il couche en dehors et à une certaine dis-
tance du nid; mais, dans ses mouvements les plus impétueux,
je l'ai toujours vu prendre des précautions pour ne pas bles-
ser les petits, soit quand ils étaient encore au nid, soit quand
ils commençaient à prendre-leurs ébats.
Quant au mâle Dipodillus Simoni, je l'ai toujours vu s'é-
tablir dans le nid même, à côté de la mère et au milieu des
petits, qui ne m'ont jamais paru avoir à souffrir de sa pré-
sence.
JSid, — Quelques jours avant de mettre bas, la femelle, ai-
dée par le mâle si on l'a laissé avec elle, travaille à son nid.
Avec sa bouche et ses pattes elle ramasse en petites pelotes
l'étoupc hachée qu'on a eu soin de lui fournir, et elle trans-
porte celle-ci dans sa bouche à la place qu'elle a adoptée :
376 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
c'est plaisir de voir ractivité qu'elle déploie dans cette besogne.
iwLe plancher des cages dans lesquelles je tiens mes Rongeurs
est garni d'une couche de sable mélangé de craie pulvérisée
(on verra plus loin l'utilité de la craie) : la petite bête ra-
masse tous ces matériaux et les entasse sur le nid. Elle gratte
fiévreusement le sol de ses pattes antérieures, le dos tourné
au nid, vers lequel, de temps à autre, elle repousse les déblais
avec son dos et à l'aide de coups vigoureux de ses membres
postérieurs. Le monticule ainsi formé et légèrement consolidé
par l'étoiipe du nid qui en occupe le centre, est percé à son
sommet d'un terrier, qui descend jusqu'au plancher de la
cage. C'est là que sont déposés les petits. Constamment,
même après sa délivrance, la femelle travaille à réparer les
dégâts survenus au fragile édifice et à en augmenter la hau-
teur.
Remarque. — Parfois l'étoupe du nid ne suffit pas à main-
tenir en place ces matériaux sans adhérence, et le monticule
s'éboule sur les petits qui sont enterrés et asphyxiés. J'ai
perdu ainsi une portée de six petits {9 D, portée du 45 avril).
Il suffit, pour éviter un semblable accident, de mettre dans
la cage une petite boîte en bois, perforée à sa partie supé-
rieure. La femelle met bas dans cet abri et le nid se trouve
ainsi protégé contre tous les travaux de terrassement qu'elle
peut faire.
Parhirition. — La femelle met bas d'ordinaire vers le
milieu du jour, le plus souvent avant midi. A mesure que
les petits viennent au monde, elle dévore les placentas et les
cordons ombilicaux, qui forment une masse considérable.
Quelquefois même elle dépasse le but et entame fortement le
nouveau-né. Aussi, pendant et après la parturition, son esto-
mac se remplissant comme ses utérus se vident, son ventre
apparaît presque aussi volumineux qu'avant; et, de toute la
journée, elle ne touche pas à ses aliments habituels. En de-
hors de ce cas, je n'ai jamais vu mes Dipodilles prendre une
nourriture animale, bien que je leur en aie souvent offert de
différente nature.
Développement des jeunes. — Les petits viennent au monde
DIPODILLUS SIMONI. 377
nus ; seules de tous les poils, les vibrisses font exception,
pointant déjà chacune au sommet d'un petit tubercule. Le
poil apparaît d'abord sur le dos, puis sous le ventre ; quand
il commence à pousser à l'extérieur, et même un peu avant,
les faces supérieures du jeune, qui étaient dépourvues de
pigment et roses à la naissance, deviennent brunes ; elles de-
meurent brunes quelque temps, jusqu'à ce que le poil, dont
l'extrême pointe est brune, ayant acquis une certaine crois-
sance, sa partie rousse se soit suffisamment dégagée de la
peau. Pendant ce temps, les faces inférieures passent du rose
au blanc. Dès le septième jour à la loupe et de profil, au
huilièmeouneuvièmejour seulement à l'œil nu, on commence
à distinguer le poil du dos; au dixième jour, la couleur du
dos passe du brun au roux; au treizième jour, les jeunes ont
le même système de coloration que les adultes.
Le pavillon de l'oreille, informe à la naissance, se déve-
loppe peu à peu; d'abord imperforé, son trou de communi-
cation avec l'oreille interne ne s'établit que du quinzième au
dix-septième jour.
Les paupières s'ouvrent quelquefois dès le dix-septième,
mais d'ordinaire seulement au dix-buitième jour.
On voit manger les petits dès le dix-huitième ou le dix-
neuvième jour; et presque aussitôt ils peuvent se passer de
leur mère.
Remarque. — A cette époque, et même plus tôt, quand ils
n'ont pas encore ouvert les yeux, on les voit fréquemment
sortir du nid. La mère leur court après, les saisit avec la
bouche par la peau du dos et les rapporte à la maison. Parfois
elle a fort à faire, tous les petits sortant ensemble et ceux
qu'elle a rapportés s'échappant de nouveau quand elle est
occupée après les autres.
Dans la nature, ces petits imprudents doivent bien des fois
être ainsi sauvés par leur mère de la serre des oiseaux de
proie ou de la dent des "mammifères carnassiers et des rep-
tiles ; mais quelquefois aussi cette sollicitude maternelle dé-
passe le but à atteindre. J'ai vu souvent la mère s'acharner à
rapporter au nid des petits qu'elle n'allaitait plus et qu'elle
378 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
aurait ainsi fait périr de faim, s'ils n'avaient mis autant de
persévérance à s'enfuir de nouveau vers les aliments, qu'elle
mettait d'acharnement à les en éloigner. Il m'a même paru
que, dans ce cas, l'amour maternel venait se perdre et se
noyer dans un sentiment tout égoïste, celui de la gourman-
dise : car c'était surtout quand elle mangeait elle-même qu'elle
empêchait ses petits de partager son repas, les laissant s'ébat-
tre et se nourrir à leur aise quand elle était repue.
Aussi me semble-t-il convenable d'enlever les petits à leur
mère avant le trentième jour de leur existence. En les affran-
chissant de la tutelle maternelle, on laisse ainsi la place libre
à la portée suivante.
A cet âge ils sont d'ailleurs depuis longtemps en état de se
passer des soins maternels. Voici à quels âges j'ai donné ceux
qui sont nés chez moi ; et quelques-uns ont eu à supporter
alors un voyage à l'étranger. 2 ont été donnés au 22' jour,
3 au 25% 4- au 27% 8 au 28% 4- au 29% 3 au 30% 5 au 32%
6 au 33% 2 au 34% 3 au 35% 5 au 36% 1 au 39% i au W ;
total, 47.
Les jeunes Dipodilles sont beaucoup plus remuants et plus
vifs que leurs parents ; ils se déplacent presque toujours par
sauts et par bonds, tandis que les adultes ne sautent que ra-
rement et jamais sans nécessité.
Puberté. — Vers la fin de leur deuxième mois, les jeunes
ont à peu près atteint leur taille définitive et ils ont tout à
fait l'aspect des adultes; mais ils ne sont pas encore en état de
se reproduire. A quel âge minimum ou moyen acquièrent-
ils cette faculté ? Je ne puis le dire, ayant donné fort jeunes
tous les sujets qui sont nés ohez moi et n'ayant eu ensuite que
peu ou point de leurs nouvelles. Voici les seules indications
précises que je puis fournir à ce sujet :
1" La première portée obtenue par M. Feuz a eu lieu le
4 août 1882, ce qui fait remonter la fécondation de la femelle
au 14 ou 15 juillet précédent. Or le père de la portée était né
le 27 octobre 1881, et la femelle le 5 mars 1882 ; celui-là était
donc âgé de près de 9 mois, celle-ci de près de 4 mois et demi,
quand a eu lieu leur accouplement fécond ;
DIPODILLUS SIMONI. 379
2" Les femelles y et e ont été fécondées pour la première
ibis le 1" août 1882; elles étaient nées l'une et l'autre le
26 janvier 1882, et se trouvaient par conséquent âgées à cette
époque de 6 mois environ.
Fécondité. —Du 27 octobre 1881 au 19 décembre 1882,
cinq femelles et un mâle m'ont donné 14 portées, soit 73 petits,
dont 26 n'ont pu être élevés et 47 ont été élevés et distribués.
Une seule femelle, 9 D (1), a fait, du 14 décembre 1881 au
19 décembre 1882, c'est-à-dire en une seule année, 10 portées,
soit 52 petits, dont 17 sont morts à la naissance et 35 ont été
distribués. Et ce n'est qu'en dernier lieu seulement que je
l'ai constamment laissée avec le mâle !
Voici les dates de ces portées. Les femelles A, D, E, comme
le mâle B, étaient nées en liberté, sous le climat algérien,
tandis que les femelles e et y sont nées à Paris, le 26 janvier,
de 5 D et (/ B.
Q A, 1 portée : 27 octobre 1881 ;
Q D, 10 portées : 14 décembre 1881 ; 26 janvier, 5 mars, 15 avril,
13 mai, 21 juin, 26 août, 16 octobre, 15 novembre, 19 décem-
bre 1882 ;
9 E, 1 portée : 21 décembre 1881 ;
Ç> Y, 1 portée: 21 août 1882;
Ç e, 1 portée : 22 août 1882.
Voici, d'autre part, le nombre des petits composant chaque
portée :
16 petits pro- \ '^ E, 21 décembre 1881 ;
viennent de 4 portéesde 4 petits chacune. ) ^ D. 26 janvier, 13 mai,
^ ^ [ 15 novembre 1882 ;
iÇ Y. 21 août 1882;
Ç e, 22 août 1882;
g D, 26 août, 16 octobre,
19 décembre 1882;
^g „ „ ( Ç D, 14 décembre 1881;
5 mars, 15 avril 1882;
^^ ^) _ 7 _ ^ 9 A, 27 octobre 1881 ;
( Q D, 21 juin 1882.
73 14
(1) C'est celte femelle, de nouveau près de mettre bas, et avec elle le màlc
(cf B) père de toute la colonie, que j'ai l'honneur de présenter aux membres
de la Société et d'offrir au Jardin d'acclimatation.
880 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Il résulte de ce relevé que le nombre moyen des petits d'une
portée est supérieur à cinq :
ri=^'^-
Jamais 7 petits n'ont pu être élevés à la lois par la mère .
Mais deux fois 6, deux fois 5, cinq fois 4, une fois 3, une fois
2 petits ont été amenés à bien ; trois portées ont entièrement
péri par accident aussitôt après la naissance. La moyenne des
petits qu'une femelle peut élever par portée est donc supé-
rieure à quatre :
6X2 + 5x^2 + 4x5 + 3 + 2^ 47 _
-2 + 2 + 5+ 1 + 1 11 ~ '" ■
Une femelle adulte, laissée constamment avec son mâle,
faisant normalement une portée par mois, doit donc faire et
élever, sauf déduction des accidents, plus de 4 x 12 ^ 48
petits par an.
État actuel de lacolonie Dipodillus Simoni. — Voici la liste
des établissements et des personnes auxquels j'ai donné les
Dipodillus Simoni rapportés par moi d'Algérie ou nés chez
moi jusqu'à ce jour. La publication de cette liste a beaucoup
moins pour but de montrer ce que j'ai fait pour la diffusion
de l'espèce, que de faciliter encore cette diffusion, en per-
mettant aux possesseurs des Dipodillus, qui se connaîtront
ainsi, de se communiquer au besoin leurs sujets, et en indi-
quant aux autres où ils doivent s'adresser pour se procurer
des représentants de l'espèce.
Les sujets dontj'ai appris la mort sont précédés du signe +;
les femelles qui, à ma connaissance, se sont reproduites chez
leurs propriétaires, sont précédées du signe x .
DIPODILLUS SIMON!.
381
ÉTAT DE LA COLONIE DIPODILLUS SIMON!
AU 19 JANVIER 1883.
NOMS ET ADRESSES DES POSSESSEURS. DATES DES NAISSANCES.
PARIS. FEMELLES MALES
1 Jardia d'acclimatation adulte ( g D) adulte (cT B)
2 Muséum (laboratoire de niamma- C adulte (Q A) + -1 juin 1882
logie) I 27 octobre 1881
3 Collège de France (laboratoire
d'histologie) + 26 janvier 1882 +21 juin 1882
4 L. Bedel, entomologiste, 20, rue
de rOdéon 15 novembre 1882 19 décembre 1882
5 Carbonnier, pisciculteur, 20,qiiai
du Louvre 26 janvier 1882 21 juin 1882
6 Clément, dessinateur, 34, rue
Lacépède 16 octobre 1882
7 Desguez, commis à la ménage-
rie des reptiles du Muséum... 27 octolire 1881 13 mai 1882
8 Feuz, marchand d'animaux, 49, l + adulte 27 octobre 1881
boulevard Saint - Jacques (1) ( X 5 mars 1882
9 Héron-Royer, cartonnier, 22,
rue de Cléry X27 octobre 1881 21 décembre 1881
10 Juillerat, dessinateur, 13, rue
Ducouëdic 5 mars 1882
11 Ch. Mailles, 84, rue Saint-
Honoré 13 mai 1882 13 mai 1882
12 Sauvinet, taxidermiste, 73, rue
des Gravilliers + 21 décembre 1881 -f- 21 décembre 1881
13 Sédillot, propriétaire, 20, rue
de rOdéon 19 décembre 1882 19 décembre 1882
PROVINCE.
14 P"^ A. Giard (faculté des sciences
de Lille) 27 octobre 1881 21 décembre 1881
JK ^. ,. u- /in „ 1 i> „ l + adulte (Q E) adulte
15 D' Souverbie (Muséum de Bor- \ > * '
i + 13 mai 1882
^^^"^^ ( 16 octobre 1882
16 Perboyre, pharmacien a Ca-
dillac, Gironde 26 août 1882 + 15 novembre 1882
17 Dubalen, propriétaire à Saint-
Sever, Landes 19 décembre 1882 19 décembre 1 882
18 G. Olive, 14, rue Montgrand,
Marseille 5 mars 1882 + 5 mars 1882 .
(1) M. Feuz, ayant obtenu et obtenant encore une reproduction suffisante de
l'espèce, met ces animaux dans le commerce.
38-2
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
ALGÉRIE.
l'J D' Hagenmùller, 5, rue de
l'Arsenal, Bône
5 mars 1882
5 mars 1882
ITALIE.
a.v «u T. • /M . • • A ( + 26 août 1882
20 M'* Doria (Musée civique de ) ' ^ . .„„^
, ; 26 août 1882
^^^^^' ( 16 octobre 1882
21 D^ Canierano(Musée zoologique
de Turin) 15 novembre 1882
HOLLANDE.
22 I>''Jentink (Musée de Leyde)..
ALLEMAGNE.
23 D' Nitsclie, Tharant
22 août 1882
22 août 1882
16 octobre 1882
15 novembre 1882
26 août 1882
26 août 1882
En tout 29 femelles, dont 4 adultes et 25 jeunes, et 21 mâles,
dont 2 adultes etl9 jeunes; soit 6 adultes et4l jeunes des deux
sexes. Trois autres jeunes, qui m'ont été rendus adultes par
leurs possesseurs, et que j'ai sacrifiés ou qui sont morts entre
mes mains, ne figurent pas sur ce tableau.
Mœurs. — Le Dipodille de Simon est d'un caractère très
doux. Jamais, sauf le cas où il s'agit d'une femelle élevant ses
petits, il ne cherche à mordre la main qui veut le saisir.
Il est très sociable. Quand on réunit pour la première fois
deux individus étrangers l'un à l'autre, ils commencent d'or-
dinaire par se battre, comme je l'ai dit ailleurs, et cela quels
que soient leurs sexes ; une seule exception a lieu dans le
cas où, l'un des deux étant mâle, l'autre se trouve une femelle
en rut. Mais, si les deux sujets sont adultes, la bataille, d'or-
dinaire, n'a pas de conséquences graves. La fatigue finit par
arrêter les combattants. Chacun se retire dans un coin pour
réparer les désordres de sa toilette et lécher ses blessures ;
puis on fait la paix et l'on vit désormais en bons camarades.
Les dix sujets que j'ai transportés avec moi de l'oued Magra
à Batna, à Gonstantine, à Bône, et que j'ai de là expédiés à
Paris, étaient tous réunis dans une seule et fort petite cage, et
ils y ont vécu tout ce temps en bonne intelligence. Mais il est
bonde ne jamais réunir un jeune à un sujet étranger adulte,
le premier, trop faible, étant le plus souvent tué à la première
rencontre.
Dll'ODILLUS SIMONI. 383
Périodes de sommeil et d'activité. — Les jeunes sortent
pour manger à toute heure du jour et de la nuit ; mais les
adultes se montrent essentiellement nocturnes. On ne les voit
guère le jour hors de leur cachette, sauf, quelquefois, vers
l'heure de midi. Du reste, comme la plupart des espèces noc-
turnes, celle-ci n'est pas en activité toute la durée de la nuit.
Elle sort une première fois vers la chute du jour, se vide,
mange, procède à sa toilette, remue le sol, aménage son nid ;
puis, après un temps variable, d'une demi-heure à deux heures
environ, elle rentre et se repose. Elle se montre de nouveau
vers le milieu de la nuit et reste alors plus longtemps éveillée
que la première fois. Sa troisième et dernière sortie, plus
courte que les précédentes, a lieu le matin, après le lever du
jour.
Qri. — Les jeunes, jusqu'à ce qu'ils aient ouvert les yeux,
sont très bavards ; ils produisent très souvent une sorte de
vagissement répété et persistant, qui ressemble beaucoup à
celui des autres Rongeurs de la même famille, des Rats et des
Souris par exemple. Les adultes, quand ils se disputent, font
aussi entendre un petit cri plus faible et moins prodigué que
celui des Souris.
Propreté. — Dipodillus Simoni est un petit animal fort
propre, qui fait souvent sa toilette. Quand ils sont encore au
nid et avant qu'ils aient ouvert les yeux, on peut voir les
jeunes se livrer déjà à cette occupation. Tous les Muridés
m'ont d'ailleurs paru procéder à cette opération de la môme
manière. Avec la bouche ils nettoient directement les mem-
bres, la partie postérieure du corps, la queue ; ils prennent
cette dernière entre leurs mains et la ramènent vers la bouche;
quant à la tète, que la bouche ne peut atteindre, ils la nettoient
avec l'un ou l'autre de leurs membres, cardant et lissant leurs
poils avec ses ongles, et portant fréquemment à la bouche ce
peigne improvisé, soit pour l'humecter, soit pour le débar-
rasser des saletés qu'il a recueillies.
Du reste ces animaux n'ont guère occasion de se salir. Ils
urinent fort peu et toujours loin du nid, dans un angle de la
cage. Leur crottin est si petit, qu'il fautle chercher pour l'aper-
384 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
cevoir. Si ron a soin, comme je fais toujours, de garnir la cage
d'une couche de sable et de craie, il est plus que suffisant de
renouveler cette couche tous les mois.
Ni l'animal ni la cage qu'il habite ne répandent aucune
odeur.
Nourriture. — Les différentes sortes de graines que I'od
donne aux oiseaux en cage, millet, chènevis, alpiste, etc.,
sont l'aliment qui convient le mieux au Dipodille de Simon;
mais il mange aussi du pain, des noix, des amandes, etc. Si
on lui donne de l'eau (et il taut alors employer des vases dans
lesquels il ne puisse pas se noyer), il boit volontiers quand
il a appris à connaître ce liquide ; mais il vil également bien
sans boire ; seulement, dans ce cas, il faut avoir soin d'ajouter
à ses aliments quelques feuilles de salade renouvelées chaque
jour.
II. RACHITISME ET OSTÉOMALACIE DES RONGEURS EN CAPTIVITÉ :
TENTATIVE INFRUCTUEUSE d'acglimatation DE Pachyuronfiys-
Duprasi lat.
Je ne crois pas inutile de faire connaître les efforts, de-
meurés infructueux, que j'avais faits précédemment pour
acclimater chez nous un autre Rongeur provenant aussi des
Hauts-Plateaux algériens, le Boubieda {Pachyuromys Duprasi
Lat.) ; en effet, en perdant, les uns après les autres, tous me&
Pachyuromys , j'ai pu observer la maladie qui me les enle-
vait, en trouver le traitement et préserver ensuite de ses at-
teintes ma colonie de Dipodillus Simoni.
Origine. — A Laghouat, fin avril 1880, un Arabe m'apporta
une femelle, et trois petits qu'elle allaitait, de cette jolie et
nouvelle espèce. J'expédiai la petite famille, par Alger et Mar-
seille, à Paris, à mon ami le regretté H. Dupras, qui en prit soin
et en obtint la première reproduction en captivité. L'année
suivante, en mai 1881, à M'sila, je recueillis un nouvel indi-
vidu de la même espèce, qui m'échappa pendant que je lui
faisais construire une cage. Enfin, dans le courant de l'année
1882, M. Darricarrère, pharmacien militaire, que j'avais prié
DIPODILLUS SIMONI. 385
de recherclier l'espèce à Bou-Sàada, réussit à s'en procurer
deux individus. Ces trois localités indiquentque l'espèce, sans
être commune nulle part, a une certaine extension dans les
Hauts-Plateaux alt^ériens.
Description et mœurs. — Je me dispenserai de décrire ici
le Pachf/uromys et de raconter ses mœurs, renvoyant à mes
publicalions antérieures le lecteur qui désirerait être renseigné
à ce sujet (1).
Histoire de la colonie. — Dans ce qui suit, comme dans
mes notes, chaque individu est désigné par une lettre de
l'alphabet.
En automne 1880, quand j'arrivai à Paris après mon pre-
mier voyage en Algérie, la petite colonie se composait de la
mère ($ A), de trois mâles, les petits qu'elle allaitait à l'époque
de sa capture {cf B, cf C, ç^ D), et de deux femelles, nées à
Paris chez M. Dupras 9 E, 5 F). Sa reproduction fut alors
interrompue, sans doute par l'hiver, et je sacrifiai l'un des
mâles {cf B) pour l'étude. Au printemps 1881, je partis pour
un nouveau voyage d'exploration en Algérie, laissant chez
M. Dupras, que je ne devais plus revoir, un couple (cfD, $ E),
et confiant à M. lléron-Royer mes trois autres sujets (cT G,
2 A, $ F). Pendant mon absence, M. Dupras obtint de son
couple deux portées, l'une de quatre petits, le 26 mai, et l'autre
de trois petits, le 1" juillet; mais aucun des sept jeunes ne put
être élevé. De son côté, M. ïléron-Royer obtint aussi deux
portées : Tune, née le 7 juin, de (/ G et $ F, était de quatre
petits, dont un seul, cT G, put être élevé (Bien qu'atteint
comme les autres parla maladie etdéformépar elle, celui-ci se
trouve aujourd'hui le seul survivant de toute la colonie ; il est
au Muséum, chez M. le professeur A. Milne Edwards) ; l'autre,
née le ^{0 juin, de cT G et de i A, se composait de trois petits ;
de ceux-ci l'un paraît être mort d'indigestion, au moment du
sevrage; le deuxième, cf I, est mort rachitique et difforme,
(1) Le Naturaliste, iô novembre 1880, p. 313: description; La Nature,
22 juillet 1882, p. 113: description et mœurs, avec une figure assez impar-
faite; Zoologischer Arueiger, IT) mai 1882, p. 325: « Sur le bouchon vaginal du
Pacliijuromijs Duprasi I,;U. «
3" SÉRIE, T. X. — Juill<-t 1883. 25
886 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
à l'âge de quatre-vingt-dix-huit jours ; et le troisième, (/ H,
quoique déformé aussi par le rachitisme, a vécu néanmoins
jusqu'en ces derniers temps; c'est ce sujet qui a posé pour
le dessin du journal la Nature (1).
De retour à Paris, et de nouveau en possession de mes
petits Rongeurs, j'en obtins à mon tour quatre portées ; mais
tous les nouveaux venus périrent en bas âge, et la maladie ne
tarda pas àm'enlever aussi leurs frères aînés et leurs parents.
Je résume et je complète cet aride exposé dans le tableau
suivant.
ÉTAT DES NAISSANCES ET DES DÉCÈS DE MES PACHYUROMYS DUPRASl.
Date de Désignation des
Désigna
Date du
Age au L
Causes de la mort.
la naissance. parents.
tion du
sujet.
décès.
décès.
V ?
Aç
24 juin. 1881
';
Ostéomalacie.
i C d*
1" oct. 1880
5 mois.
Sacrifié pour
Fin avril 1880 ? d' et A Ç
27 janv. 1882
21 mois.
l'étude.
Ostéomalacie.
l D d'
déc. 1881
20 mois.
Ostéomalacie.
18 juillet 1880 B o" et A Ç
{ E Q
^F g
30 oct. 1881
2 déc. 1881
15 mois.
16 mois 1/
Ostéomalacie.
2. Ostéomalacie.
26 mai 1881 D o" et E g
7 juin 1881 C d' et F Ç
4 petits qui ne survécurent pas.
0 d' seul survivant actuellement ;
difforme.
Sautres petits qui ne survécurent pas.
H d* rtiort récemment; avait été
déformé par le rachitisme.
30 juin 1881 Cd'etAgsi^. 6 oct. 1881 98 jours. Rachitisme.
l"juill. 1881 D d'etE g
2 août 1881 Co^ctFg
9 août 1881 D d'etE g
8 sept. 1881 D d* etF g
24 sept. 1881 C d' et E
un troisièmemortaumoment du sevrage.
3 petits qui ne survécurent pas.
3 petits qui ne survécurent pas.
J g 30 sept. 1881 52 jours.
K o" 22 sept. 1881 44 jours.
un troisième qui ne survécut pas.
.f.->
L g 30 nov. 1881 i)'i jours.
]VI O' id. id.
N o' id. id.
un quatrième qui ne survécut pas.
0 g 16 nov. 1881 53 jours.
P d id. id.
^ autres qui ne survécurent pas.
Uachitisine.
Rachitisme.
Rachitisme.
Rachitisme.
Rachitisme.
Rachitisme.
Rachitisme.
(1) Loc. cil.
DIPODILLUS SIMONI. 387
Résumé. — Ainsi mes Pachyuromys ont donné naissance, à
Paris, à 9 portées comprenant ensemble 32 petits. De ceux-
ci, 19, morts aussitôt après la naissance, et 1 , mort au moment
du sevrage, ont échappé, par cette fin précoce, à la maladie
qui a atteint tous les autres et en a fait périr 10 : là l'âge de
44- jours, 4 à l'âge de 52 jours, 2 à l'âge de 53 jours, i à l'âge
de 98 jours, et deux à l'âge de 15 et 16 mois. Les deux autres
ont échappé à la terminaison fatale et en ont été quittes pour
quelques difformités permanentes; comme je l'ai dit déjà, un
de ceux-ci est encore vivant, et l'autre a récemment péri, par
accident, paraît-il.
Inlensilé croissante de la maladie. — Un fait qui ressort
bien nettement de l'examen du tableau ci-dessus, c'est que la
maladie agit plus rapidement et plus énergiquement sur les
différents sujets, à mesure qu'ils proviennent de parents de-
puis plus longtemps captifs. Bien loin de s'acclimater peu à
peu à ses nouvelles conditions d'existence, la petite colonie
en souffre d'autant plus, qu'elles durent depuis plus longtemps.
Ainsi les produits des dernières portées de 1881 périssent
tous au cinquante-deuxième jour environ; tandis que ceux
des premières portées de la même année vivent trois mois ou
se sauvent au prix de quelques déformations squelettiques;
que ceux des portées de l'année précédente semblent long-
temps indemnes et ne succombent qu'à l'âge de quinze et seize
mois, et que les sujets nés dans le désert ne périssent qu'à
l'âge de deux ans.
Deux aspects de la maladie. — La maladie n'a pas le même
aspect, suivant qu'elle se montre chez les sujets en voie de
développement ou chez les adultes.
Rachitisme. — « Les petits J et K, K surtout, sont rachi-
tiques. J'avais cru qu'un de ceux-ci avait été maltraité et avait
eu les reins cassés par sa mère (il marche en effet comme s'il
avait les reins cassés) ; mais l'autre, isolé depuis plusieurs
jours, présente aussi, quoique à un moindre degré, les
mêmes symptômes. Du reste H et I ont été également malades,
mais ils perdaient le poil et marchaient droit. Ds avaient alors
quarante jours; I et K en ont quarante-deux, et en voilà plu-
388 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
sieurs qu'ils sont malades. J'examine K: il a bien mauvaise
mine; il a du sang et du pusautourdes narines, etilouvre dif-
ficilement les yeux. J est plus développé et moins malade. »
Telle est la première observation sur ce sujet que je trouve
consignée dans mes notes, à la date du 20 septembre 1881.
On peut voir, en consultant le tableau, que K mourut deux
jours et J six jours après cette observation.
La maladie débute du trente-cinquième au quarantième
jour. Le sujet s'affaiblit; il prend mauvais poil; ses os, ceux
des extrémités comme ceux de la colonne vertébrale, se dé-
forment sous la traction des muscles et le poids du corps ; ses
mâchoires et ses dents ne présentent plus une résistance suf-
fisante et ne remplissent que difficilement leur fonction; le
malade cesse bientôt de se nourrir, il se meut de moins en
moins, se refroidit et meurt. Les petits d'une même portée
(j^ K; — L, M, N; — 0, P) meurent à quelques jours ou
même à quelques heures d'intervalle l'un de l'autre, vers le
cinquante-deuxième jour. Quand le mal ne présente pas cette
gravité, et si le sujet se remet (G, H), celui-ci ii'en demeure
pas moins difforme.
Ces symptômes et cette allure me paraissent bien apparte-
nir à la maladie désignée sous le nom de rachitisme.
Ostéomalacie. — Chez les adultes, la maladie a une tout
autre allure. Le sujet a très beau poil; il semble, au premier
coup d'œil, jouir de la santé la plus florissanle ; souvent
même, si ce n'est pas une femelle en état de lactation, il a
pris un embonpoint exagéré. Un beau matin, il boite et on
s'aperçoit qu'il a une jambe cassée; quelques jours après, il
est immobilisé, les os des bras et des jambes brisés en petits
morceaux. Son œil est encore plein de vie, et il fait de vains
efforts pour se déplacer. A l'autopsie, les os, surtout ceux du
crâne, ont un aspect de gélatine sèche; ils sont jaunâtres, et
souvent se laissent couper au scalpel sans crier, comme s'ils
ne contenaient plus trace de calcaire.
Ces symptômes et ces lésions me semblent ceux de ïostéo-
malacie.
Deux formes cVune seule maladie. — 11 s'ensuivrait que
DIPODILLUS SIMONI. 389
mchitismeei OS teomalacieseY Aient i\c\i)i formes d'une seule
maladie, l'ostéomalacie n'étant que le rachitisme des adultes,
et le rachitisme l'ostéomalacie des jeunes. Mais je laisse aux
médecins la tâche d'étudier plus à fond cette question, et je
tiens à cet effet des matériaux en alcool à leur disposition.
Essence de la maladie. — Quel que soit le résultat de cette
étude, il me paraît bien certain, dès à présent, que, dans les
deux cas, le caractère essentiel de la maladie est le ramollisse-
ment et la fragilité du système osseux, ramollissement et fra-
gilité dus l'un et l'autre à une assimilation insuffisante ou à
une désassimilation trop grande de la matière calcaire
des os.
Parmi les adultes, les femelles ont succombé les premières ;
on en conçoit aisément la raison : normalement, à l'époque du
sevrage, les jeunes ont leur squelette ossifié; tout le calcaire
de leurs os, ils l'ont reçu de leur mère; or celle-ci doit en
fournir une certaine dose dans une année pour confectionner
les squelettes de trois ou quatre portées de quatre ou cinq
petits chacune!
Ses causes. — Quelle est la cause de cette maladie? Je ne
crois pas qu'il faille la chercher dans la nourriture : je don-
nais âmes petits captifs à discrétion des grains, du pain, de
la salade, et je ne suppose pas que les plantes dont ils se nour-
rissent dans les Hauts-Plateaux algériens soient tout particu-
lièrement chargées de sels calcaires. Je ne crois pas davantage
pouvoir incriminer le changement de climat, car j'ai observé
la même maladie chez nos Rongeurs indigènes : un Muscar-
dinus avellanarius L., né chez moi d'une mère capturée en
état de gestation, est actuellement sous mes yeux, manifeste-
menl rachitique ; et nos Souris, nos Cobayes, nos Lapins sont
souvent atteints de rachitisme oud'ostéomalacie. Il me paraît
que c'est bien plutôt le continement lui-même, le défaut
d'exercice, l'absence des excitations nerveuses, morales et
physiques, dues aux incidents de la vie en liberté, aux varia-
tions de la température, etc., qui altèrent les fonctions de
nutrition de nos Rongeurs en captivité, au point de produire,
dans certains cas, les désordres que nous avons constatés.
390 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Conlagion. — Cette maladie est-elle contagieuse ou para-
sitaire? La mort simultanée de toute une portée (L, M, N,
morts le 30 novembre), suivie à deux jours près de la mort de
la mère (Ç F, morte le 2 décembre) ; et aussi le cas des
deux sujets (cf G, cf H) que j'ai donnés malades et qui se
sont rétablis, alors que mes vieux individus, encore sains à
cette époque, ont été ensuite atleints par le mal et ont tous
péri chez moi les uns après les autres, — m'ont fait songer
à cette hypothèse. Je ne crois pas cependant qu'elle soit exacte.
Quelles que soient les causes de la maladie, elles ont di\ agir
de même sur tous les individus conservés chez moi et placés
dans les mêmes conditions, tandis que les individus trans-
portés hors de chez moi, dans un autre milieu, ont pu échap-
per à leur influence. Il n'est donc pas nécessaire de recourir
à la contagion ou au parasitisme pour expliquer la mort des
uns et la guérison des autres. Cependant j'ai livré à M. Mé-
gnin un des jeunes morts rachitiques ((/ K), pour qu'il en fît
l'examen au point de vue parasitaire.
Traitement. — Mais laissons là les hypothèses sur les
causes plus ou moins éloignées de la maladie. Nous savons
qu'elle consiste essentiellement en une réduction des sels cal-
caires contenus dans les os. D'après cette indication, j'ai
cherché le remède et je l'ai trouvé, je crois. Il consiste à four-
nir en abondance et constamment aux prisonniers, même avant
qu'ils aient montré les premiers symptômes du mal, du car-
bonate et du phosphate de chaux, présentant ces sels, à chaque
espèce que l'on traite, sous la forme la plus convenable pour
qu'elle les introduise dans son tube digestif.
Un premier procédé, certainement très insuffisant, mais
en revanche très facile, et qui s'applique également bien à
toutes les espèces, consiste à mêler du blanc de Meudon pul-
vérisé au sable dont, par propreté, il est bon de recouvrir le
plancher des cages. On plonge ainsi leurs habitants dans un
milieu calcaire dont les poussières voltigent sur eux et leurs
aliments, et finissent par pénétrer en plus ou moins grande
abondance dans leur organisme. Je suspends aussi dans les
€ages de mes Rongeurs, comme on fait dans celle des Serins,
DIPOBILLUS SIMOM. ^91
des coquilles de Seiche, sur lesquelles mes animaux exercent
de temps à autre leurs incisives. Pour le reste, mon traitement
varie d'une espèce à l'autre.
Résultats. — J'ai essayé tardivement cette médication sur
mes Pachijuromijs ; le mal avait déjà lait des progrès consi-
dérables, et elle est demeurée infructueuse; mais, sur d'au-
tres espèces, elle a parfaitement réussi.
Dipodillus Simoni. — Ainsi aucun de mes Dipodillus Si-
moni n'est devenu racliitique chez moi ; et cependant une
seule femelle, celle que j'offre aujourd'hui parfaitement saine
au Jardin d'acclimatation (V D), a produit, comme on l'a vu,
dans une seule année, cinquante-deux petits et en a allaité
trente-cinq. On conçoit quelle quantité de sels calcaires elle
a eu à leur fournir. Mais plusieurs de mes correspondants,
qui n'ont pas pris les mêmes précautions que moi, ont vu
périr d'ostéomalacie les individus que je leur avais donnés
bien portants, et il est à remarquer que, à l'inverse de ce que
nous avons observé pour les Pachijiivomys, ce sont les adultes
qui ont péri les premiers ; c'est qu'en effet les adultes que j'ai
donnés n'avaient pas subi le traitement auquel j'ai soumis le
couple resté -chez moi (c/ B, +' D) et les petits que j'ai élevés
et distribués.
L'ostéomalacie ne débute pas chez Dipodillus Simoni,
comme cliez Pachyiiromys, par des fractures des membres,
mais elle ne se manifeste pas moins nettement dès l'origine
par un affaissement du train postérieur et une sorte de dislo-
cation de la colonne vertébrale.
Voici comment je procède avec cette espèce : une fois par
jour je saupoudre de phosphate de chaux réduit en poudre
impalpable les petits au nid, à partir du jour de leur nais-
sance et jusqu'à ce qu'ils ne tètent plus; le traitement n'est
donc interrompu que quelques jours entre chaque portée,
celles-ci se succédant rapidement l'une à Tautre. La mère en
léchant ses petits, ceux-ci en procédant à leur propre toilette,
absorbent le sel en quantité suffisante ; le mâle lui-même, qui
cohabite avec sa famille, est forcé d'en prendre sa part.
Meriones Shawi. — La preuve la plus décisive de l'effica-
\
39"i SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
cité de mon traitement m'est fournie par un couple d'une
autre espèce de Gerbilline, également originaire de Barbarie»
Meriones Shawi Duvernoy.
Le mâle de ce couple est le seul survivant actuel de quatre
sujets, une femelle et ses trois petils, que j'ai reçus de M. le
marquis Doria, directeur du musée de Gênes, et 'qui prove-
naient des environs de Tunis. Ses deux frères et sa mère sont
morts, les deux premiers de rachitisme, la deuxième d'ostéo-
malacie. Lui-même, à peu près adulte et malade quand j'ai
commencé à le traiter, vers le milieu de novembre dernier,
est aujourd'hui lourd et bien portant; mais il est demeuré dif-
forme ; ses fémurs sont déformés, ses reins semblent brisés,^
et, quand il marche, on dirait qu'il traîne son arrière-train.
C'est plutôt par analogie, je dois le reconnaître, que par
l'observation directe que j'attribue à l'ostéomalacie la fin de
la femelle. Je n'ai pas examiné son squelette, et la cause im-
médiate de sa mort a été l'inanition, ses incisives supérieures
ayant pris un développement considérable en s'enroulant sur
elles-mêmes et l'ayant mise ainsi dans l'impossibilité de se
nomTÎr; mais elle était malade depuis quelque temps; en
outre ses petits étaient bien manifestement rachitiques, et
nous avons constaté ailleurs les rapports qui existent entre le
rachitisme des petits et l'ostéomalacie des parents. Voici du
reste comment j'explique cette terminaison particulière de la
maladie. Les incisives, ramollies, s'usent avec une rapidité
anormale, et les inférieures se trouvent bientôt rasées au ni-
veau de la gencive ; cependant les incisives supérieures, qui
sont toujours plus robustes, débordent encore la gencive ; ne
venant plus buter que contre des parois molles, elles s'ac-
croissent plus vite que d'habitude ; et, comme elles se déve-
loppent toujours en arc de cercle, par le fait même de leur
croissance elles s'enroulent sur elles-mêmes, de telle sorte
que, quand les incisives inférieures se présentent de nouveau-
en dehors de la gencive, celles-ci ne rencontrent plus que la
face antérieure convexe des premières ; elles continuent à
s'user elles-mêmes par la pointe, mais elles sont désormais-
/
DIPODILLUS sniONi. 393
incapables de s'opposer à rallongement indéfini de leurs an-
tagonistes.
Nos Lapins et nos Cobayes captils meurent souvent victimes
d'un semblable développement exagéré des incisives supé-
rieures : je crois que la plupart de ces cas doivent être éga-
lement attribués à l'ostéomalacie, et j'appelle sur eux l'atten-
tion des éleveurs. Mais je reviens à mon couple de Meriones
Shawi.
Nous connaissons le mâle. La femelle est née au Muséum
de Paris, de parents provenant de Gonslantine. Quand elle
m'a été donnée par M. le professeur A. Milne Edwards, elle
avait assez mauvais poil, et présentait quelques symptômes
de maladie ; mais elle était encore jeune, elle a été traitée
aussitôt, et elle se montre aujourd'hui bien portante et bien
conformée. Seulement sa taille est demeurée inférieure à la
taille moyenne de l'espèce.
Ainsi, grâce au traitement, le mâle a été guéri du rachi-
tisme, le mâle et la femelle ont été préservés de l'ostéomala-
cie. Ce n'est pas tout. Ce couple a reproduit. J'ai déjà distri-
bué trois petits, 6i'e/i portants et parfaitement bien conformés,
d'une première portée, et cinq autres sont actuellement élevés
par la mère, que leur allaitement ne semble pas fatiguer le
moins du monde. Et cependant M. le marquis Doria m'a fait
savoir que sa nombreuse colonie de Meriones Shawi, de la-
quelle provenaient les sujets qu'il m'a expédiés, a presque
entièrement péri.
Cette espèce, d'ailleurs, est une des plus faciles à traiter.
Elle vit surtout de pain et de salade, et elle a une préférence
marquée pour le pain mouillé : je saupoudre ce pain humide
de phosphate de chaux, et elle s'applique à en manger la sur-
face, comme un enfant gourmand mange une tartine de confi-
tures. Je lui donne aussi des coquilles d'œufs, qu'elle dévore
avec avidité.
Conclusion. — Des observations précédentes, il résulte :
1" Que les Rongeurs en captivité sont exposés à une maladie
dont la gravité s'accroît avec le temps; qui, sous deux aspects
différents, rachitisme chez les jeunes, ostéomalacie chez les
V
o9-i SOCIÉTÉ ISATIONALE d'ACCLIMATATION.
adultes, consiste essentiellement en une altération du système
osseux par absence d'assimilation ou par désassimilation des
sels calcaires, et qui, tibandonnée à elle-même, est une cause
d'insuccès parfois absolu dans l'élevage de ces animaux ;
2° Que cette maladie est avantageusement combattue par un
traitement au carbonate et au phosphate de chaux, le mode
d'administration de ces sels devant vaiier suivant les mœurs
et la nourriture de ces animaux.
POST-SCRIPTUM.
Quand un couple de Dipodillus Srmowi s'est reproduit une
ibis, on a la perspective à peu près certaine que ce couple,
convenablement traité, donnera naissance à une très nom-
breuse postérité ; — à condition toutefois de ne pas inter-
rompre trop longtemps le fonctionnement des facultés géné-
ratrices de la femelle. Ainsi la femelle qui m'a donné à Paris
la première reproduction de l'espèce (9 A, portée du 27 oc-
tobre 1881), privée de mâle depuis sa fécondation jusqu'au
mois de mars de l'année suivante, n'a plus ensuite voulu s'ac-
coupler. Le mieux, comme je l'ai déjà conseillé, est de laisser
constamment le mâle avec la femelle.
Mais l'expérience m'a malheureusement démontré qu'il n'é-
tait pas aussi facile que je l'avais supposé à priori d'obtenir
cette première reproduction. MM. Héron-Roycr, Emm. Feuz
et G. Perboyre sont, à ma connaissance, les seuls qui y aient
réwssi jusqu'à ce jour. Moi-même je n'ai pu encore remplacer
le couple reproducteur ((/ B, $ D) que j'ai donné au Jardin
d'acclimatation.
Dans la perspective d'un voyage d'exploration qui a du être
remis à l'année prochaine, je m'étais précédemment défait de
tous mes autres sujets. Depuis, le 30 avril 188o, M. Feuz me
donnait deux femelles, nées chez lui (deuxième génération en
captivité) le 2 octobre 1882 et par conséquent âgées de six
mois environ ; et, le 4 mai, M. Gh. Mailles me prêtait son mâle,
né chez moi (première génération) le 13 mai 1882 et âgé d'en-
A'iron un an. Mes femelles étaient couvertes parce mâle, l'une
DJPODILLUS SIMONf. 395
le 6, Taulre le 8 mai. Plein d'espoir dans ce double accouple-
iTieni, je voulus faire bénéficier démon succès MM. Ch. Mailles
et Ch. Desguez, qui possédaient et soignaient depuis longtemps
chacun uncouple infécond. J'échangeai mes femelles contre les
leurs. Malheureusement celle que je donnai à M. Mailles eut,
le ^6 mai, une parturition très pénible et fit seulement deux
petits : un mort-né, un autre qui ne vécut qu'un jour ; et celle
que je donnai à M. Desguez ne mit rien au monde. Quant à
celles que j'avais reçues en échange, celle de M. Mailles, née
(îhez M. Iléron-Royer (deuxième génération) et très adulte,
malgré sa grande taille et sa belle venue, n'a jamais voulu
s'accoupler (1); je m'en suis défait ces jours-ci; et celle de
M. Desguez, née chez moi (première génération) le 27 octobre
1881 et âgée d'un an et demi, s'est accouplée le 20 mai; mais
elle n'a mis bas qu'un seul petit, mort-né, le 10 juin. Elle
s'est accouplée de nouveau le 11 juin, et j'attends le résultat
de cet accouplement.
Quelle est la cause de ces insuccès? Quand des Rongeurs de
sexes différents se sont développés ensemble dans la même
cage, d'ordinaire ils ne s'accouplent pas l'un avec l'autre; il
semble qu'ils n'éprouvent plus l'un pour l'autre d'attrait sexuel.
Otte règle, que je ne donne pas comme absolument démon-
trée, car je ne l'ai pas établie sur des observations précises,
et qui d'ailleurs supporte des exceptions, peut expliquer en
partie le petit nombre de couples reproducteurs obtenus jus-
qu'à ce jour; car beaucoup des couples que j'ai distribués
étaient composés de deux jeunes sujets qui ont grandi et sont
devenus adultes côte àcôte; mais elle n'explique pastouslescas.
Le mâle et la femelle de M. Mailles ont été rapprochés
adultes, et celle-ci a récemment, sans plus de succès, été pré-
sentée au mâle de M. Desguez; quelquefois, comme nous l'a-
vons vu, l'accouplement n'a pas été suivi de gestation; d'au-
tres fois la femelle fécondée n'a fait ([u'un nombre minime
de petits, et ceux-ci sont venus morts ou non viables. Peut-
( i) J'ai à iilusicurs reprises cunsliilc la présence de pellicules ilaiis son va,uiii :
ce qui, chez ceUe espèce, est un indice de stérilité. Voyez à ce sujet ma note
(I Sur le houclioii vaginal des lîongcurs », (loc. cit., U\, E, tioI(> !).
306 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
être, dans ces divers exemples, les parents étaient-ils trop
longtemps restés vierges, et leur puissance génératrice avait-
elle été afTaiblie par le défaut d'exercice? Mais c'est bien plutôt,
je crois, la consanguinité qu'il faut accuser de cette stérilité
absolue ou relative.
Noire petite colonie de Dipodillus Simoni est-elle donc me-
nacée d'une extinction prochaine? Son existence est certaine-
ment compromise, mais tout espoir de la sauver ne me paraît
pas encore perdu. Tous les produits ne se montrent pas éga-
lement stériles. Que ceux qui ont la bonne fortune déposséder
un couple reproducteur en prennent grand soin; qu'ils le
laissent reproduire à volonté et élèvent le plus grand nombre
possible de leurs produits ; qu'ils échangent entre eux (1) de&
mâles, et, les présentant successivement à plusieurs femelles
adultes, qu'ils choisissent les plus fécondes parmi celles-ci et
forment avec elles de nouveaux couples bons reproducteurs;
qu'ils distribuent ceux-ci à des personnes qu'ils connaîtront
soigneuses, et qu'ils en tiennent toujours quelqu'un en réserve
pour eux-mêmes en cas d'accident. Avec toutes ces précau-
tions, j'espère que nous traverserons heureusement la période
critique actuelle. Qu'une fois il existe seulement quinze à
vingt couples reproducteurs en différentes mains, l'origine
commune des divers membres de la colonie sera tellement
éloignée, que ses effets fâcheux ne seront sans doute plus à
redouter; et la reproduction de l'espèce sera si abondante, que
sa conservation dans nç^cages sera désormais assurée.
30 juin 1883.
(I) « M. Balance, qui élève des (poulets) malais depuis plus de trente ans,
et qui a déjà, avec ses oiseaux, remporté plus de prix qu'aucun autre éleveur en
Angleterre, soutient que Taccouplcment iii and in n'est pas une cause absolue de
dégénérescence, mais que tout dépend de la manière de le taire. J'ai, dit-il,
adopté le système d'établir, en autant de localités, cinq à six familles distinctes,
d'élever chaque année environ trois cents poulets, de ciioisir dans chaque famille
les meilleurs oiseaux pour les croisements, et dem'assurer ainsi un mélange de
sang suffisant pour empêcher toute détérioration. ) (Darwin, De la variation des
animaux et de^ plantes à l'clat domestique, Paris, Reinwahi, 1880, 11, p. 111.)
« On a des raisons pour croire, et c'est l'opinion d'un de nos observateurs les
plus expérimentés, sir J. Sebright, que les effets nuisibles des unions consan-
guines peuvent être amoiiuiris ou même détruits complètement on séparant
pendant quelques générations, et en exposant à des conditions d'existence diffé-
rentes, les individus ayant une parenté trop rapprochée. » (Id., ibid., p, y9.)
ÉDUCATION DE PERRUCHES ÉRYTHROPTÈRES
Extrait d'une lettre adressée à M. le Secrétaire général
I*ar M. le luarquifs de RRISAY.
J'espérais être le premier amateur en Europe qui pût pro-
duire un exemplaire de Perruche éryplhroptère née en volière,
mais je viens d'apprendre que M. Delaurier a obtenu le même
cas de reproduction cette année; je partage donc ce succès
avec notre confrère ; toutefois je tiens à faire l'cmarquer qu'il
possédait cette Perruche depuis quatre ans, tandis que mon
couple reproducteur n'est chez moi que depuis Tannée der-
nière.
C'est en juin 1881 que je l'acquis de M. Abraham's, im-
portateur d'animaux étrangers à Londres; ces oiseaux arri-
vaient directement d'Australie, et je dois convenir qu'ils
avaient été l'objet de soins particuliers, car ils élaient dans
un état de santé et de plumage irréprochable : le maie écla-
tant de splendeur dans sa tunique du plus beau vert éme-
raude, recouvert du manteau noir et bleu sur lequel tranche
le rouge écarlate qui colore les ailes; la femelle d'un vert
plus terne avec du bleu sur le dos et une ligne rouge aux
ailes. Ils furent installés dans une habitation grillagée, mesu-
rant 5 mètres de long sur 2 de large, avec abri couvert, per-
choirs, terrain sablé et arbre brut au milieu.
L'exposition laissait à désirer, car là volière faisait face à
l'ouest; mais elle est située dans un jardin entouré de grands
murs, où la chaleur du soleil se conserve mieux. Les per-
choirs des angles furent d'ailleurs garantis du vent et des
pluies par des châssis vitrés et de larges plaques de zinc.
Quant à la nourriture, je m'aperçus dès le début que mes
nouveaux pensionnaires ne mangeaient exclusivement que de
Talpiste et du millet blanc; je les maintins à ce régime sec,
auquel j'apportai comme émollientdu maïs cuit, dont ils de-
398 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
vinrent très friands, du millet en grappe, du pain trempé au
lait bouillant, et, en verdure fraîche, une assez grande abon-
dance de séneçon. Ces Perruches ainsi traitées n'ont jamais
eu un instant d'indisposition ; il est à remarquer cependant
que, malgré la tendance qu'ont les Psittacidés en général à
rechercher les aliments rafraîchissants, elles ne touchent pas
aux fruits ni aux baies, point par lequel elles diffèrent essen-
tiellement de leurs congénères, les Perruches à scapulaire,
qui en consomment une grande quantité.
Au commencement du printemps, je remarquai chez le
mâle une grande activité : il s'agitait plus qu'à son ordinaire
et faisait entendre de fréquents appels, sa voix était stridente
et son vol précipité. Je ne le vis cependant pas s'approcher
de la femelle, et je ne surpris pas un seul accouplement; ce
bel oiseau enveloppait ses amours de mystère. Pour parer à
toute éventualité, je plaçai en un coin obscur un tronc d'arbre
creux d'assez grande dimension, et j'attendis, peu confiant,
je l'avoue, dans un bon résultat.
Des Faisans dorés habitaient la même volière. Les Poules
pondaient dans une boîte de bois garnie de foin et posée à
terre, dans l'abri couvert, derrière une cache en planches.
C'est là que le 24 avril au matin, je trouvai, avec quelle sur-
prise! un œuf blanc, oblong, relativement petit, mélangé aux
œufs des faisanes. Je doutais de la fécondation; mais com-
prenant que la couvée de l'Érythroplère serait perdue dans
tous les cas, si je la laissais pondre avec les Poules, je retirai
les Faisans dorés, et les plaçai dans un autre compartiment,
me gardant bien toutefois de rien déranger à la disposition
du nid. Le 26, je trouvai dans la boîte un second œuf et le
28 un troisième, tous deux de forme plus arrondie que le
premier, mais également blancs comme tous les œufs des
Perroquets.
Dès le 26, la Perruche couvait. Ainsi donc ces oiseaux
avaient négligé la bûche creuse ordinairement pratiquée pour
la nidification par tous leurs semblables et préféraient
installer leur nichée sur le sol. Le même fait a été d'ailleurs
signalé par M. Delaurier, chez qui les Perruches érythro-
PERRUCHES ÉRYTIIROPTÈRES. 39!>
plères ont niché à terre, sous une touffe d'arbustes, où leurs
œufs ont été détruits par des Lophopliores. S'il est dans leur
usage d'agir ainsi, ce qui est probable, même en libellé, cette
tendance périlleuse expliquerait la rareté de ces oiseaux, dont
la progéniture est trop souvent exposée à être détruite par
les animaux nuisibles.
A partir du vingt-troisième jour d'incubation, c'est-à-dire
du 18 au 24- mai, les petits vinrent au monde. Ils étaient ba-
billes de duvet blanc. Leur croissance est lente; la mère les
couvre pendant un mois; au bout de ce temps, ils sont déjà
gros, couverts de plumes,- la queue poussée aux deux tiers,
mais ils ne sortent pas encore du nid. Le père, qui a laissé
jusqu'à ce moment à la femelle le soin de la nourriture,
commence à gaver ses enfants ; il le fait avec une attention
et une persévérance admirables, pendant que la mère se re-
pose à son tour. L'alimentation est la même que pour les
adultes : millet, alpiste, froment, un peu de chènevis, du
maïs cuit, et surtout abondance de millet en grappe; cette
petite graine tendre, d'une digestion aisée, est presque l'u-
nique nourriture des commencements : peu de verdure, pas
de fruits, et lorsque les petits grandii-ent* je remplaçai le chè-
nevis trop échauffant par du gruau d'avoine, leur mainte-
nant toujours la pâtée au lait bouilli, dont la consommation
était grande.
Le 8 juillet seulement, cinquante-deux jours après leur
naissance, les jeunes sortent du nid et marchent en titubant;
ils circulent comme ils peuvent, en s'aidant du bec et des
coudes, ne volent pas, ne mangent pas seuls et rentrent le
soir au berceau. Le 15, ils se décident à étendre les ailes, se
perchent lourdement, tourmentent leurs parents pour en
obtenir la becquée, mais ceux-ci leur montrent le chemin de
la mangeoire, et les oiselets s'efforcent de se régaler eux-
mêmes.
A ce moment de leur âge, les jeunes Érythroptères sont aux
deux tiers de la grosseur des parents, et leur plumage est en
tout semblable à celui de la mère, mais les mâles se distin-
guent déjà à la tète un peu plus grosse, colorée d'une teinte
400 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMâTATION.
plus claire sur le fronl, et à la raie rouge plus étendue sur le
pli de l'aile.
Actuellement (septembre 1882), mes élèves sont d'une
venue superbe; leur gaîté est inaltérable, leur appétit digne
d'éloges; ils ont trois mois et demi, et leur croissance n'est
pas achevée, mais ils font leur première mue et paraissent
la supporter sans fatigue.
Certainement cette Perruche robuste et au plumage splen-
dide est appelée à faire prochainement l'un des plus beaux
ornements des volières d'amateurs, sa reproduction parais-
sant, d'après une si facile expérience, et avec des soins ana-
logues, aussi assurée que possible.
Je ne veux pas terminer ce compte rendu sans vous faire
part d'un autre cas de reproduction fort extraordinaire obtenu
cette année pour la première fois dans mes volières.
J'avais installé dans deux compartiments juxtaposés un
couple de Perruches omnicolores et un couple de Perruches
palliceps; chez les premières, une femelle ardente et un
mâle excessivement froid, qui ne répondait pas aux avances
de sa compagne. Celle-ci chercha donc une union moins sté-
rile auprès du mâle Palliceps, qui, de son côté, était fort
galant pour sa femelle, mais jugea à propos de l'être aussi
pour sa voisine, malgré le grillage à mailles serrées qui les
séparait.
Il n'en résulta rien de bon; chez l'Omnicolore une couvée
d'œufs clairs, et, chez les Palliceps, de l'aigreur entre les
époux, des coups de bec, une bouderie obstinée de la part de
la femelle, qui, dans sa jalousie et malgré les accouplements
les plus féconds, refusa de pondre.
Je la vendis; et, ayant enlevé le mâle Omnicolore dont
l'impassibilité élait révoltante, je livrai la femelle infidèle à
Palliceps-pacha.
Le résultat ne se fit pas attendre, et quel résultat! au bout
d'une semaine il y avait au nid six œufs, qui produisirent au
vingt et unième jour d'incubation cinq petits oiseaux su-
perbes. La croissance de ceux-ci est rapide; dix jours après
leur naissance la mère ne les couvre plus. Les parents les
PERRUCHES ÉRYTHROPTÈRES. 401
nourrissent assidûment de toutes les graines composant leurs
aliments ordinaires, millet, alpisle, chènevis, maïs, froment,
gruau, baies de genièvre et de thuya, pâtée de pain au lait,
séneçon et autres graminées fraîches. Au trentième jour, ils
sortaient du nid de plein vol, et je pus alors contempler Fheu-
reux mélange des nuances disparates des parents.
Le métis de l'Omnicolore et du Palliceps a le défaut de
ressembler un peu trop à la mère, dont il reproduit les cou-
leurs criardes, quelque peu mitigées seulement par les teintes
douces du père. Ainsi la tète est rouge et le cou s'enveloppe
d'une cravate de la même couleur, les joues sont bleu pâle,
la poitrine, jaune d'abord, passe au vert d'eau et le ventre est
du même vert, tandis que les mêmes parties sont jaunes chez
la mère et bleues chez le père, le dessous de la queue est rouge
à la naissance, puis bleu clair comme chez l'un et l'autre des
parents, le dessus vert sombre, ainsi que le dos, qui est par-
semé de taches noires bordées de jaune; les ailes sont mar-
quées de noir, de vert et de bleu. Les femelles présentent des
nuances plus pâles et leur taille est moins forte que chez les
mâles.
Ces jolis oiseaux s'élèvent facilement, grandissent à vue
d'œil et se nourrissent fort bien; ils mangent seuls avant l'âge
de deux mois.
Si vous jugez que ces quelques détails d'élevage peuvent
intéresser nos collègues, je ne vois aucun inconvénient à ce
que vous leur en fassiez part par la voie du Bulletin de la
Société.
3" SÉRIK, T. X. — Juillet 1883. "26
DES PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON
Par le docteur Edouard iHÈ^'E
(Suite)
MAGNOLIACEES.
Parmi les arbres importants aux points de vue industriel et
ornemental, qui avaient été rassemblés dans le jardin du Tro-
cadéro, on distinguait :
Le Magnolia hypoleuca:Honoki, à larges fleurs blanches,
dont le parfum rappelle celui de l'Ananas.
Le talDleau des productions utiles relatait, au n° 25, le Ho
noki {Magnolia hypoleuca Sieb. et Zuc.) avec une plaque de
bois grisâtre à taches claires; bois très beau.
La collection des bois de la galerie des machines renfermait
un spécimen de Ho noki de O^jSS de large avec 0'",005 d'é-
paisseur d'écorce blanchâtre ; bois léger, homogène, à fibres
régulières, longitudinales, de couleur gris verdâtre, plus foncé
au centre.
La série des tableaux d'arbres avec partie de tige, de bran-
ches et de feuilles contenait le Magnolia hypoleuca, verni
par la moitié.
Le Magnolia hypoleuca de Siebold et Zuccarini (1), de
Franchet et Savatier (2), Magnolia glauca de Thunberg (3)
et de Miquel (4), est désigné dans le Phonzo-Zoufou (5) sous
le nom de Ho noki, et dans le Kwa-wi (6) sous celui de
Fô noki.
(1) Siebold et Zuccarini, Familm nalurales, n° 349.
(2) Franchet et Savatier, Enumeratio,\o\. I, p. 17, n° 73.
(3) Tliunberg, Flora Japonica, p. 273.
(4) Miijuel, Prolusio florœ Japonicœ, p. U(J.
(5) Phonzo-Zoufuu (lion iocUiifu, suivant M. E. Bretschneider, M. ïf., Jour-
nal of tlie North-China branch of the Royal Asialic Society, vol. II, p. 100.
1880), vol. LXXXII, fol. 8 recto.
(0) Kwa-i(/i, Arb., vol. il, p. 87, n" 2.
.PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. ^03
Il fleurit en juin dans les forêts montagneuses des îles de
Kiusiu, de Nippon, de Sikok, et dans la partie méridionale de
l'île, de Yeso, jusqu'à 4-2" lat. N. 11 est surtout plus abondant
dans les provinces de Sinano, de Hitachi, de Rikuzen, de Ri-
kuchiu, de Mutsu et de Iwaki. On le rencontre mélangé avec
les Chênes verts, les Laurinées et les Ternstrcemiacées.
Suivant M. Dupont (1), cet arbre, qui a jusqu'à 3 mètres de
circonférence au pied, à des feuilles nombreuses de O^j^O à
0'°,25 de long, au milieu desquelles se montrent de jolies
fleurs blanches à parfum d'Ananas. Outre son usage orne-
mental, il est très employé dans la menuiserie et l'ébénisterie
pour son bois léger, de couleur brun clair, souvent irisé; il
est usité pour les fourreaux de sabre et pour les planches de
tailleurs. On en lait aussi du charbon, qui sert à polir les
laques et les métaux.
Les Japonais reconnaissent au Magnolia hypoleuca, de
même qu'aux autres espèces de Magnolia, des propriétés sti-
mulantes, et ils le prescrivent comme médicament, de même
que les Chinois, qui le classent parmi les remèdes qui réchauf-
fent le corps, qui enlèvent les obstructions, qui corrigent
l'haleine et régularisent la respiration (2).
Suivant M. Dupont, l'écorce du Magnolia hypoleuca est
usitée contre les rhumatismes, les fièvres intermittentes et
les maladies de l'estomac.
Le Honoki est recherché par les Japonais pour l'ornement
de leurs jardins, et ils en mettent souvent les fleurs dans des
vases qu'ils placent dans l'intérieur des appartements.
Le Magnolia Kobus de Blume, relaté par Miquel (3), par
Franchet et Savatier (4), Magnolia gracilis de Salisbury (5),
Yamakobusi et Hakou mokouren, d'après le Kwa-wi (6),
(t) Dupont, Les essences forestières du Japon, p. 57-58, 1879.
(2) Pen ts' ao Kangmu (Matière médicale chinoise de l'empereur Slien-Nung,
écrite par un auteur connu sous le nom do Li shi cheu), Journal of the Nortli-
China brandi of the Royal Asiatic Society, par M. E. Bretschrieider, M. D.,
vol. II, p. 30, 1880.
(3) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 146.
(4) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. 1, p. 16, n» li.
(5) Salisbury, The Paradisiis Londivensis, labl. 87.
(6) Kwa-wi, Arh., vol. Il, p. 96, n" 22.
MA SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
qu'on rencontre à l'état sauvage dans les montagnes, où il
donne, au mois de mai, des fleurs blanches, odorantes, plus
^eliles que celles du Magnolia hi/poleucai ■ oii'i
- 11 y en a une variété à fleurs violettes. ' j
Les fleurs se montrent avant les feuilles. . -.'ïi ,i>ii'i. >yrA
Le Magnolia Kobus croît dans la plus grande partie dé l'île
de Nippon, mais principalement, suivant M. le D' Savatier,
entre les villes de Tokio et de Ohosaka. Il se trouve aussi dans
la partie méridionale de l'île de Yeso.
M. Lavallée possède dans son parc de Segrez le Magnolia
Kobus, avec une variété unicolore.
Une espèce voisine, le Magnolia conspicua de SalishuYy{[),
noté par MM. Franchet et Savatier (2), Magnolia Kobus de
Siebold et Zuccarini (3), désigné au Japon sous le nom de
Hakourenge, d'après M. Maximowicz, fleurit en mars et est
'réquemment cultivé dans les jardins japonais, mais n'est pas
spontané.
Le Magnolia stellata de Maximowicz (4'), de Franchet et
Savatier (5), Buergeria s^ei/a/a de Siebold et Zuccarini (6),
connu aussi sous le nom de Magnolia Halleana (du nom du
D' Hall, son introducteur en Europe), nommé au Japon Mu-
saraki Kobus, d'après le botaniste japonais Keiske, qui croît
spontanément dans les forêts des îles de Kiusiu et de Nippon,
et qui est très fréquemment cultivé dans les jardins. On le
trouve constamment reproduit sur les laques, les émaux cloi-
sonnés et les remarquables broderies en soie.
Le Magnolia stellata produit, de mars à avril, de belles
fleurs de 8 à 9 centimètres de diamètre, d'un beau blanc lai-
teux, avec une ligne médiane rouge violacé; l'extrémité des
pétales est rosée quand la fleur est en bouton ; quand elle est
épanouie, elle conserve souvent cette teinte rosée sur la face
(1) Salisbury, The Paradisus Londinensis, tabl. 38.
(2) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I,p. 16, n° 71.
(3) Siebold et Zuccarini, Familiœ naturales, n° 350.
(4) Maximowicz (G. J.), Mélanges biologiques tirés du Bullelin de l'Académie
impériale des sciences de Saint-Pétersbourg , t. VIII, p. 509.
(5) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. 1, p. 15-16, n° 67.
(6) Siebold et Zuccarini, Familiœ naturales, n° 346, tabl. 2, f. a.
. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 405
externe des pétales ; après répanouissement complet, les
pétales se recourbent en dehors, de telle sorte que leur face
interne est seule visible et devient extérieure. C'est une jolie
espèce, très rustique, de pleine terre, très llorifère. Les
fleurs viennent avant les feuilles.
Au Japon, de même qu'en Chine, les fleurs et les boutons
du Magnolia Stella ta sont employés par les médecins comme
remède carminatif, stimulant et diaphorétique.
Le Magnolia stellata a été introduit en 1862 par M. le
D' Hall, cédé par lui à M. Parsons, de Ilusting, exposé en 1877
à Gand par M. Veitch, puis en 1880 à Nancy par M. Galle (1).
Il en a été fait mention à plusieurs reprises dans la Revue
horticole (2). A la séance du 23 mars 1882 de la Société cen-
trale d'horticulture de France, M. Paillet, horticulteur à Cha-
tenay-les-Sceaux, a présenté un magnifique pied de Magnolia
stellata ; puis, au mois d'avril 1882, à l'exposition printanière
de la Société centrale d'horticulture de France, il a exposé
un Magnolia stellata couvert de fleurs, pour lequel il a
obtenu une médaille d'argent.
Le Magnolia stellata est cultivé au Jardin d'acclimatation
du Bois de Boulogne.
Une autre espèce de Magnolia qui n'est pas spontané au
Japon, mais y est fréquemment cultivé, est le Magnolia ob-
ovata de Thunberg (3), Simokou ran, d'après le botaniste
japonais Keiske. 11 provient de la Chine, où il se nomme
Mu lien.
Ce Magnolia, qui fleurit d'avril à juin, existe dans le ma-
gnifique parc de Segrez, chez M. A. Lavallée (4), avec variétés
discoloi\ liliiflora, floribus roseis, atro-purpureis et Len-
nei.
On rencontre aussi au Japon le Magtiolia parviflora de
Siebold et Zuccarini (5), relaté aussi par Miquel ((1), par
(1) Catalogue de l'Exposition de Nanctj, n» 1561, p. 45, 1880.
(-2) Revue horticole, p. 270, 1878, et n" 8, 16 avril, p. 180, 1882.
(3) Thunberg, Transactions of tlie Linnean Societij, H, p. 336.
(4) Lavallée {A.}, Arboretum Segreàianum,p. 8, 1877.
(5) Sii'bold et Zuccarini, Fnmiliœ naiurales, n" 351.
(6) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 146.
406 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Francliet et Savatier (1), que le Phonzo Zoufou (2) et le
Kwa-wi (3) désignent sous le nom de Oho yama rengué, qui
donne en mai de grandes fleurs blanches, odorantes, portées
par de longs pédoncules; cette espèce est souvent cultivée,
mais on la rencontre aussi à l'état sauvage, suivant M. le
D' Savatier, dans les montagnes d'Hakone (île de Nippon).
Dans les jardins dé la ville de Tokio, M. le D' Savatier (4) a
vu aussi le Magnolia compressa de Maximowicz (5) : Uba
tama, qui est spontané dans certaines provinces de l'île de
Kiusiu et au pied du volcan Fudzi-Yama, dans l'île de Nippon.
MM. Franchet et Savatier (6) citent, de plus, le Magnolia
salicifolia de Maximowicz (7), que le botaniste japonais
Keiske donne sous le nom de Tamisiba, qui croît dans les
forêts montagneuses des îles de Kiusiu et de Nippon.
La famille des Magnoliacées, au Japon, fournit aussi le
Cercidiphyllum japonicum, connu au Japon sous le nom de
Kadzura, d'après le botaniste japonais Tanaka, que Siebold,
Miquel (8), Maximowicz (9), MM. Franchet et Savatier (10),
Dupont (il), relatent comme croissant dans presque toute
l'étendue du Japon, sur les montagnes, à une altitude de 700
à 900 mètres, et qui, d'après la commission japonaise (12), se
rencontre principalement dans les provinces de Suruga,
d'Iwashiro, de Sinano, de Rikuzen, de Rikuchiu, de Mutsu et
d'Iwaki, et dans les forêts de l'île de Yeso.
D'après MM. Maximowicz (13) et Franchet et Savatier (14),
une espèce voisine, le Cercidiphyllum ovale, croît sur les
(i) Franchet et Savatier, Eniimeralio, vol. f , p. 16, n° 70.
(2) Phonw-Zoufou ou Homo-diu-fu, vol. LXXXII, fol. 10 recto. ♦
(3) Kwa-ivi, Arb., vol. IH, p. 102, n" 8.
(4) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 15, n°66.
(5) Maximowicz (G. J.), Mélanges biologiques tirés du Bulletin de VAcadémie
impériale des sciences de Saint-Péleisbourg, vol. VIII, p. 506.
(6) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 16, ii" 68.
(7) Maximowicz, Mélanges biologiques, vol. VIII, p. 509.
(8) Miquel (F. A. W.), Prolusio jlorœ Japonicœ, p. 304.
(9) Maximowicz, Mélanges biologiques, t. VIII, p. 369.
(10) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 18-19, n° 79.
(11) Dupont (E.], Des essences forestières du Japon, p. 57, 1879.
(12) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. II, p. lU-1 15, n" 51.
(13) Maximowicz, Mélanges biologiques, t. VIII, p. 369.
(14) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 19, n° 80.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 407
hautes montagnes de la partie centrale de l'île de Nippon.
Suivant M. Dupont, le Cercidiphyllum japonicum a sou-
vent 4 mètres de circonférence au pied et 35 mètres de hau-
teur totale.
Son bois, dont on trouvait dans la collection de la galerie
des machines deux échantillons, l'un de 0'",-27 de large avec
0'",010 d'épaisseur d'écorce, l'autre de 0'",44 de large avec
0^,010 d'épaisseur d'écorce, est très résistant, à fibres régu-
lières, longitudinales, de couleur rougeatre, plus foncé au
centre.
Au Japon, le Kadzum est employé en menuiserie pour la
construction des maisons, et en ébénisterie dans la fabrication
des meubles. C'est, de plus, un arbre à feuillage ornemental.
Le Cercidiphyllum japonicum était représenté à l'Exposi-
tion de Nancy (1), exposé par M. A. Lavallée.
Quant au Kadzura japonica de Kœmpfer, donné sous ce
nom par MM. Franchet etSavatier (2), désigné par Thunberg (3)
et par Miquel (4) sous celui d'Uvaria japonica, il croît dans
les îles de Kiusiu et de Nippon, et est connu sous les noms de
Sane Kadzoura, selon le Phonzo-Zoufou (5) et le Kwa-wi (6),
et sous celui de Binan Kadzura d'après le tableau des pro-
ductions utiles de l'Exposition, où il était marqué au n° 112,
avec des spécimens de tiges grisâtres et un échantillon d'é-
corce.
On prépare avec le Kadzura japonica un mucilage pour la
chevelure.
Les livres Kwa-wi attribuent au Kadzura japonica plu-
sieurs variétés, dont Tune, Mina mi gomichi, est commune
sur les montagnes et est utilisée pour former les haies et les
clôtures des jardins ; ses feuilles persistantes sont épaisses,
luisantes, d'un beau vert en dessus et d'un vert violacé en
dessous ; ses fleurs jaunâtres se montrent en juillet.
(1) Catalogue de VExposition deNanaj, p. 57, n» 1626, 1880.
(2) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 18, n" 77.
(3) Thunberg, Flora Japonica, p. 237.
(4) Miquel (F. A. W.), Prolusio (lorœ Japonicœ, p. 255.
(5) Phonzo-Zoufou, vol. XXV, fol. 6.
(6) Kiva-ivi, Arb., vol. Il, p. 96-97, n" 23.
408 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Une autre variété de Kadzura japonica est le Kita gomichi
ou Matsou fouça, originaire de Corée. Les feuilles ne sont
pas violacées en dessous ; cette variété existe dans les pro-
vinces de Idzumi, de Rikuzen et de Tchikoumo.
Le Kadzura japonica Kaempf. var. aureo-maculata était
représenté à l'Exposition de Nancy (1), exposé par M. Le-
moine.
On trouve aussi au Japon : VlUicium anisatum Lin., men-
tionné par MM. Franchet et Savatier (3), IlUcium religiosum
de Siebold et Zuccarini (3) et de Miquel (4), que le botaniste
japonais Keiske dit se nommer Iririsi ja mu dans les îles de
Kiusiu et de Nippon, et qui, dans le Kiva-wi (5), est désigné
sous la dénomination de Sikimi. M. Dupont, dans son très
intéressant ouvrage sur les essences forestières du Japon, le
donne sous le nom de Tsikibi. C'est la badiane sacrée, qui
fournit l'anis étoile répandu dans le commerce, et qui sert à
fabriquer l'anisette. Les Hollandais en font une grande con-
sommation pour la préparation de cette liqueur.
Le fruit exhale, de même que le bois, cette odeur d'anis
qui est due à une huile essentielle répandue dans toute la
plante. La majeure partie de l'anis étoile provient delà Chine,
principalement de Canton, où il est désigné sous le nom de
Pa co huei hiam; il en arrive aussi beaucoup du Japon et des
îles Philippines, d'où il a été apporté pour la première fois
en Europe, en 1588 (6).
Les Chinois mélangent souvent l'anis étoile au thé ; ils l'em-
ploient, ainsi que les Japonais, soit en le mâchant, soit en
infusion, comme remède tonique et'slimalant dans les affec-
tions de l'estomac, surtout dans les gastralgies et contre les
mauvaises digestions.
Les Japonais et les Chinois considèrent VlUicium religio-
(1) Catalogue de VExposilion de Nancy, p. 45, n" 1562, 1880.
(2) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 15, n° 65.
(3) Siebold et Zuccarini, F/ora Japonica. I, p. 5, tab. 1.
(4) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 145.
(5) Kwa-wi, Arb., vol. II, p. 87, n° 4.
(6) Bretschneider (E.), Journal of the North-Cliina brandi of tlte Roijal Asia-
tic Society, vol. I, p. 92, n" 2, 1880.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 409
sum comme un arbre sacré, et ils le plantent autour des pa-
godes et des temples. Ils pilent l'écorce, qu'ils font brûler
comme parfum. Quant aux branches, ils les coupent pour les
placer sur les tombes de leurs parents et de leurs amis.
Vlllicium religiosum était représenté à l'Exposition de
Nancy (1), exposé par M. Lavallée, qui le possède à Segrez (2).
On rencontre, de plus, dans les parties centrale et septen-
trionale de l'île de Nippon, et jusque dans l'île de Yeso
(42' lat. N.), XtTrochodendron aralioides de SieboldetZucca-
rini (3), Matsi noki, d'après le botaniste japonais Keiske.
MALVACEES.
Une des plantes les plus utiles et les plus anciennement
connues delà famille des Malvacées, au Japon, est le Coton-
nier {Gossypmm Indicum), relaté par Thunberg (4), par Mi-
quel (5), par Franchet et Savatier (0), désigné au Japon sous
le nom de Wata et de Kiivata, d'après le Sômoku-Dusets (7),
et que le Phonzo-Zoufou (8) donne sous le nom de Sômé (9) .
Suivant M. LéondeRosny, l'éminent professeur de japonais
à l'École des langues orientales, le Cotonnier est cultivé de-
puis longtemps au Japon. A l'époque de l'empereur Tsiou-aï
ten-ô, qui régna de 192 à 200 de notre ère, et sous le règne
du mikado 0-ziu ten-ô, qui vivait de 270 à 312 de notre ère,
les Japonais se servaient du coton tiré du Cotonnier, arbre
(mo-men) dont les semences provenaient des San-kan (Etats
de la péninsule Coréenne).
Le Cotonnier, arbre qui donnait un duvet très court, dis-
(1) Catalogue de l'Exposition de Nancy, p. 49, n" 1583, 1880.
(2j Lavallée (A.), Arboretuin Segrezianum, p. 6, 1877.
(3) Siebold et Zuccarini, Flora Japonica, I, p. 63, tabl. 3910.
(4) Thunberg (G. P.), Flora Japonica, p. 271.
(5j Miquel (F. A. \V.), Prolusio floroe Japonicœ, p. 207.
(6) Franchet et Savatier, Enurneratio, vol. I, p. 65, n" 266.
(7) Sùmoku-Dusets, vol. XII, p. 123, n° 58.
(8) Phomo-Zoufou, ou Ilon-w-dzu-fu, vol. XGXII, fol. 1-3 recto.
(9; Léon de Rosny, traduction du Traité de l'éducation des Vers d soie au
^apon, de Slra-Kawa, de Sondai (Osyou), p. 79-80, 1868.
410 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
parut peu à peu et ne se rencontre plus au Japon. Il a été
remplace parle Cotonnier herbacé (Sô-men), qui fut introduit
dans l'île de Nippon par les Espagnols, à la fin du gouverne-
ment des Syogouns Asi-Kaga, qui cessèrent de régner en 1572
de notre ère ou au commencement du règne des 0-da, qui
succédèrent aux Asi-Kaga en 1573 de notre ère. Peu de temps
après, la culture du Cotonnier herbacé fut substituée dans
tout le Japon à celle du Cotonnier arbre.
Le tableau des produits utiles, exposé dans la section japo-
naise de l'Exposition, contenail, au n" 129, le Gossypium
Indicum Wata, avec des spécimens de coton blanc.
Près de là, on distinguait une vitrine destinée aux produits
du Cotonnier, avec des parties de tige avec branches, feuilles
et capsules laissant saillir le coton.
La collection des produits végétaux renfermait, au n° 96,
des bocaux remplis de capsules mûres de Cotonnier blanc.
Dans la classe 21 (Tapis, tapisseries et autres tissus d'ameu-
blement), on remarquait plusieurs échantillons de tapis en
coton pluché du département de Sakai (province d'Idsumi);
Des tapis de Tokio ;
Des tapis de cotondu département d'Aichi (province d'Owari),
et du département de Nagasaki (province de Hizen).
Dans la classe 30 (Fils et tissus de coton) :
Une vitrine à plusieurs compartiments remplis de coton
brut blanc et de lils de coton de diverses sortes ;
Des tissus de colon de Tokio ;
Des spécimens d'Onion-pa-ori (sorte de tissu) du déparle-
ment de Wakayama (province de Kii) et du département de
Sakai (province d'Idsumi).
Le Cotonnier est surtout cultivé sur le littoral, dans les
provinces du Sud. Suivant M. de Geofroy (1), ancien ministre
de France au Japon, on trouve dans les provinces septentrio-
nales deux sortes de Cotonnier précoce, dont il a envoyé les
graines à la Société d'Acclimatation : 1" graines dites Aoki
tchôsen dané, de Cotonnier à grandes fleurs de couleur jaune-
(1) Bulletin de la Société d'Acclimatation, 3" série, t. VI, n"8, p. 452453, 1879,
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. A\\
soufre, avec cinq macules pourpres à la base interne des pé-
tales ; 2" graines dites Tosa men hô clané, de Cotonnier à fleurs
blanches, d'un quart moins grandes que les précédentes et
moins ouvertes, avec les mêmes macules pourpres.
D'après les renseignements de la Commission japonaise de
l'Exposition (1), on sème les graines de Cotonnier dans les
premiers jours de mai ; on avance de quelques jours dans les
provinces chaudes ; on retarde de cinq à huit jours dans les
provinces septentrionales. Les graines, avant d'être semées,
sont laissées dans l'eau pendant un jour, puis elles sont mé-
langées à de la cendre de paille de riz ; on les sème dans des
sillons de 3 à 4 centimètres de large, distants de O'j^O; on
recouvre avec un peu de terre, qu'on tasse légèrement. On voit
sortir de terre la plante au bout de cinq à huit jours ; on tume
alors avec les entrailles d'un poisson nommé Nishin (sorte
<ile hareng) ou avec des sardines (Lwashiwo) séchées et réduites
en poudre, ou avec des tourteaux secs nommés Abum Kasu
(résidu de la fabrication d'huile de choux), ou avec des tour-
teaux de graines de Cotonnier (résidu de la fabrication d'huile
de coton) ; quelquefois avec de la lie de Saké (vin de riz).
Au commencement de juillet, on arrache une partie des
pieds de Cotonnier; on n'en laisse qu'une certaine quantité,
dont on coupe le haut des tiges, et on fait un nouveau fumage.
■Quand les fleurs apparaissent, on coupe l'extrémité de chaque
branche et on supprime toutes celles qui poussent ensuite ;
on arrose, soit une fois par jour, soit tous les deux jours. Les
plantations sont toujours très proprement tenues et sont dé-
barrassées des mauvaises herbes et des insectes. Les fleurs
s'épanouissent au mois d'août; les capsules apparaissent en
septembre, et elles s'ouvrent d'elles-même en octobre, pour
laisser saillir le coton, qu'on récolte alors à la main, en plu-
sieurs fois, au fur et à mesure de la maturité des capsules. Ce
sont les femmes qui sont chargées de cette récolte; elles pas-
sent entre les ranimées de Cotonniers et cueillent le coton des
capsules mûres.
(1) Le Japon à iExposition universelle (le 1878, vol. II, p. 150-151.
412 SOCIÉTÉ NATIONALE d'acclimatation.
On fait sécher le coton au soleil sur des nattes ; on l'égrène
au moyen de deux rouleaux ; on le bat et on le file pour le
rendre propre à la fabrication des tissus qui servent à l'habil-
lement d'une grande partie de la population. Les Japonais
qui habitent les îles Liu-Kiu font souvent usage d'une étoffe
qu'ils nomment Liu-Kiu-no-tsoumougi (tissu de Liu-Kiu).
C'est un tissu de coton mélangé de soie, très solide et très ré-
sistant à la lessive.
Le Cotonnier est aussi employé au Japon pour faire du papier.
Suivant M. de Geofroy, une bonne récolte donne par 300
tsoutos (1072 mètres carrés) 60 kan me de coton (250 livres
japonaises) ; une récolte inférieure ne produit que 100 livres
environ.
En France, la Société d'Acclimatation s'occupe activement
de l'acclimatation et de la propagation du Cotonnier précoce
cultivé dans les provinces septentrionales du Japon, et elle a
distribué à un certain nombre de ses membres les graines en-
voyées par M. de Geofroy. MM. A. Roux, J. Leroux, Sinner,
Laban, Roy, Yves Michel, Goulon, Burky, A. Preilles, Julien,
Eug. Barrault, de la Brosse-Flavigny, ont reçu les graines de
Cotonnier précoce du Japon, et ils font des essais de cette
culture (1).
Il en est de même de l'instituto provincial de Pampelune.
M. Naudin (2), de l'Institut, a rendu compte à la Société d'Ac-
climatation de la réussite de sa culture du Cotonnier précoce
du Japon, à la villa Thuret, à Antibes. Les tleurs, aussi bien
dans la variété blanche que dans la jaune, ont noué leurs
fruits, dont une bonne partie est arrivée à maturité, produi-
sant, outre de bonnes graines, un coton d'une parfaite blan-
cheur.
Suivant M. Naudin, les deux sortes de graines qu'il a reçues
rentrent dans l'espèce généralement cultivée, le G. Darha-
dense de Todaro ou G. vitifolium de quelques auteurs.
M. Naudin, qui a complètement réussi dans sa culture du
Cotonnier précoce du Japon, a, en outre, distribué une cer-
(1) Bulletin de la Société d'Acclimatation, n" 8, août, p. 420, 1879.
(2) Ibid., n" 12, décembre, p. 702-705,1879.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. -413
taine quantité de graines à divers agriculteurs du Roussillon
et de la Provence. Il en a expédié jusqu'en Sicile, à M. le
professeur Todaro, le savant monographe des Cotonniers.
Pour M. Naudin (4), la difficulté est d'obtenir les capsules
mûres avant les pluies de l'automne ; il craint que, par suite du
refroidissement qui en est la conséquence, les capsules soient
pénétrées d'humidité, et que le coton soit promptement al-
téré : ce qui peut compromettre la récolte et la rendre trop
faible pour couvrir les frais. C'est, dit M. Naudin, l'obstacle
qui peut s'opposer à la culture industrielle du coton dans les
départements du Midi.
En Chine, le Cotonnier fut importé de l'Inde et cultivé seu-
lement au début comme plante d'ornement, sous la dynastie
des Han, 200 ans avant Jésus-Christ. Le premier tissu qu'on
en tira servit à confectionner une robe pour un empereur
nommé Vou ti. Vers le onzième siècle, la culture du Cotonnier
et la fabrication des tissus de coton furent introduites de Tar-
tarie, mais rencontrèrent de sérieux obstacles, car la nation
chinoise ayant déjcà, à cette époque, l'horreur de toute impor-
tation étrangère, s'opposa systématiquement à l'adoption des
nouveaux tissus.
Cependant, en l'an 1300, les environs de la ville de Shan-
ghaï devinrent un des grands centres de la culture du Coton-
nier. Le premier des empereurs Ming, qui régna vers 1368,
favorisa le développement de la fabrication des tissus de coton,
et, à la fin du quatorzième siècle, l'usage des vêtements de
coton devint général dans tout l'empire.
Les provinces où se trouvent les plantations les plus im-
portantes sont, d'après M. leD' E. Bretschneider (2), médecin
de la légation russe à Péking : la province du Kiang-nan
(Kiangsu et Anhui), renommée par ses manufactures de tissus
de coton, principalement les villes de Chinkiang et de Shan-
ghaï. Puis aussi, suivant M. Auguste Ilausmann (3), les pro-
(1) Bullelin de la Société (C acclimatation, p. 4.04, 1879.
(2) loumal of the Norlk-China brandi of tlie Royal Asiaiic Society, t. I,
p. 13, n» 24, 1880.
(3) Haussmann(Aug.), Voyage en Chine, 1818.
414 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
vinces du Shanlung, du Chêkkiang , du Ngan-ouai, du Yûnan,
du Kwantung, et les îles de Hainan et de Chusan. Canton et
les autres ports du Sud importent les cotons de l'Inde et de la
Cochinchine. Les provinces du Nord consomment le coton
qu'elles produisent.
On rencontre en Chine le Cotonnier arborescent {Gossypium
arhorescens), haut de 5 à 6 mètres, à fleurs axillaires, soli-
taires, purpurines, qui donne un coton de bonne qualité.
Le Cotonnier herbacé {Gossypium herbaceum), à fleurs
jaunes tachetées de pourpre au centre, et le Cotonnier reli-
gieux {Gossypium religiosum), petit arbuste de 1 mètre en-
viron, à fleurs blanches, puis rougeâtres.
Le Cotonnier est cultivé sur une immense échelle ; le pro-
duit qu'on en retire est employé en nature, ou bien filé et
lissé. La plupart des chaumières possèdent un ou deux métiers,
sur lesquels les femmes lissent, pendant leurs heures de loisir,
le coton récolté dans les plantations situées autour des habi-
tations.
Les tissus de coton constituent l'habillement de la plus
grande partie de la population, et sont usités pour les panta-
lons, les casaques à larges manches des hommes et des fem-
mes, les sous-vestes et les robes.
Le coton mélangé à la soie forme un tissu qui ressemble au
crêpe, et qui, à Canton, se nomme Luk-tchao.
Les vêlements de deuil sont en tissu de colon blanc.
Les étoffes de coton sont souvent teintes en bleu, qui est la
couleur généralement adoptée dans le Céleste-Empire, au
moyen du bleu de Prusse ou de l'indigo, fourni soit par Vln-
digofera tinctoria (lan tsao) cultivé surtout près de Ning-po
et dans le Kiangsi, soit par te Polygonum tinctorium Lour.
(Siao lan), dans les provinces du Nord, surtout à Péking, dans
le Shêngking, le Chihili et le Shantung.
On les colore aussi en rouge ou en rose avec le carthame
(hum lan boa) ; mais cette couleur est peu solide, car elle est
obtenue sans passer préalablement le tissu dans aucun mor-
dant. On les leint aussi en noir avec la noix de galles et le
sulfate de fer.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 415
Quant au coton jaune, sa couleur ne provient pas d'une
teinture ; elle est naturelle. Celte variété dite de Nanking se
trouve même dans le Shanlung occidental. Elle domine sur
les rives du fleuve Yang-lze-Kiang et dans les environs de
Nankinet. La couleur jaune de ce coton est due, paraît-il, à
une certaine quantité d'oxyde de fer contenue dans les terrains
où on cultive les Cotonniers; ce qui semble donner raison à
cette idée, c'est que le Cotonnier jaune, transplanté dans un
sol qui n'en renferme pas, finit par donner du coton blanc,
de même que le Cotonnier rougeâtre, désigné sous le nom de
Coyote, qui croît aux îles Philippines, produit du coton blanc
quand il est cultivé dans un autre terrain. '<
Le coton sert aussi à ouater les vêtements d'hiver, les
chaussettes d'hiver, les couvertures et les coussins.
Les voiles carrées des jonques de la Chine sont en tissu de
coton de couleur sombre.
Quand la récolte du coton est faite, on l'expose au soleil
sur des nattes pour le faire sécher, puis on le sépare des
graines au moyen d'une machine constituée par deux rou-
leaux, l'un en bois, ayant deux pouces et demi de diamètre,
l'autre en fer, d'un pouce de diamètre. Ces deux rouleaux
sont mis en mouvement, l'un par le pied, l'autre par la main
de l'ouvrier. Avec cette machine primitive, où les graines
tombent d'un côté et où le coton passe de l'autre, on peut
nettoyer 60 kilogrammes de colon par jour.
Le coton est empilé dans des sacs en toile grossière et est
exporté par balles. Le coton de Canton est d'une qualité ordi-
naire; celui de Shanghaï est d'une qualité supérieure.
Les graines servent à préparer, par expression, surtout
dans l'ouest du Shantung et dans les endroits où on cultive le
Cotonnier, une huile de couleur blanc foncé, assez abondante,
qui est surtout usitée pour l'éclairage. On en trouvait des
échantillons dans l'Exposition chinoise, classe 46 (Produils
agricoles non alimentaires), n" 4704, provenant des douanes
de Ning-Po.
D'après M. Frémy (1), l'huile de colon ne se résinifie que
(1) Bulletin de la Société d'Acclimatation, t. Il, p. 383-38-i, 1855.
416 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
lentement quand on la soumet à l'action de l'oxygène; une
température de zéro la solidifie complètement. Cette huile
peut convenir au travail des peaux et à la fabrication des
savons. Suivant le rapport de la Commission de l'Exposition
universelle de 1855 sur les huiles (1), l'huile de coton est em-
ployée en Amérique pour l'éclairage, le graissage des ma-
chines et la fabrication du savon.
Un fabricant français, M. Leblanc, delaVillette, a exposé
à cette époque des savons d'huile de colon, qui conviennent
très bien pour le blanchiment des laines.
Quant au résidu de la fabrication de l'huile, il constitue un
excellent engrais, qui est d'une grande utilité pour les plan-
tations de Cotonniers. Les graines sont bonnes pour engraisser
les volailles et les bestiaux.
Quant à l'écorce du Cotonnier, les Chinois l'utilisent pour
faire du papier, dont on remarquait des spécimens dans l'Ex-
position (classe 10, Papeterie, n" 17). Papier de coton pour
fenêtres, provenant des douanes de Chefoo (province du
Shantung).
L'Exposition contenait, du reste, dans la classe 30 (Fils et
tissus de coton), toutes les sortes de fils et de tissus de coton :
Douanes de Newchang (province du Shêngking) : Coton-
nades imprimées, teintes et écrues.
Douanes de Tien-tsin (province du Chihli) : Sacs de voyage,
sacs à sapèques, rubans.
Douanes de Chefoo (province du Shantung) : Coton cardé,
fils, cordons, rubans, jarretières, serviettes, sacs, toiles, co-
tonnades blanches, bleues, vertes et rouges.
Douanes de Ilankovv (province du Hupeh) : Cotonnades de
couleur bleue, rouge, pourpre, verte, noire, blanche, grise,
jaune.
Douanes de Chin-Kiang (province du Kiangsu) : Cotonnades
de Nanking, blanche, jaune, verte, pêcher, vert clair.
Douanes de Shanghaï (province du Kiangsu) : Couvertures,
draps, serviettes, cordonnet, fils, rubans violets, blancs,
rouges.
(2) Bulletin de la Société d'Acclimatation, t. III, p. 239,, 1856.
PRODUCTIONS VEGETALES DU JAPON. 417
Douanes de Ning-Po (province du Chôh-Kiang) : Colonnades.
Douanes de Wênchow (province du Ghêh-Kiang) : Coton-
nades de Nanking.
Douanes de Canton (province du Kwantung) : Cotonnades
de couleur.
Dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires)
avaient été exposés :
Douanes chinoises de Tientsin (province du Chihli) :
N" 1625. Coton brut pour cotonnades et pour ouater les vê-
tements d'hiver.
Douanes de Wuhu (province de Anhwei) :
N" 1693. Coton brut pour cotonnades.
Douanes de Shanghaï (province du Kiangsu) :
N" 1697. Coton brut.
Douanes de Ning-Po (province du Chêh-Kiang) :
N' 1698. Coton brut blanc.
N''1699. Colon brut jaune.
N" 1703. Graines de coton blanc et jaune.
Douanes de Wênchow (province du Chêh-Kiang; :
N" 1708. Colon brut.
N" 1709. Colon brut.
La famille des Malvacées, au Japon, fournit aussi :
VAbutilon avicennœ Gaerln., relaté par Miquel (1), par
Franchet et Savatier (-2), classé dans le Sômokn-Dmels (S)
sous les noms de Ichlbl et de Kiri-asa, et dans le Phonzo-
Zoufou (4), sous celui de Isibi, qui fleurit en octobre sur les
bords des champs, dans la partie centrale de l'île de Nippon,
aux environs de la ville de Yokoska et entre Fuzisava et Oda-
wara, d'après M. le D' Savatier.
L'A butilon avicennœ était indiqué au n" 125 du tableau des
productions utiles sous le nom de Dehibi-gara, avec un mor-
ceau de tige analogue cà celle du Sureau, et avec un paquet de
fibres blanches et soyeuses.
(1) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 208.
(2) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. I, p. G;], n" 257.
{3) Sômoku-Dusels, vol. XII, p. 123, n° .'.9.
(i) Plionzo-Zotifou, vul. XV, fol. 30 recto.
3» SÉRIE, T. X. — Juillet 1883. 27
MS SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
La Rose trémière, A /cm rosa, T achi-aoi {\) etSoko-beni (2),
mentionnée par Tlmnberg (3), par Miquel (4), par Franchet et
Savatier(5), à grandes fleurs, avec variétés blanche, jaune,
abricot, brun violacé, violet, pourpre, uniformes ou pana-
chées, simples, semi-doubles et doubles, qu'on trouve fré-
quemment cultivée comme plante ornementale.
Deux espèces de Mauve, d'après le Sômoku-Dusets (6) et
MM. Franchet et Savalier (7) : le Malva pulchella, Fuyuaoi,
et le Malva sylvestris. Zeni-aoi, qui fleurissent en août, à
l'état sauvage, le long des chemins, et qui sont souvent cul-
tivés, principalement dans l'île de Kiusiu, dans la province
de Hizen, près de Nagasaki et dans la partie centrale de l'île
de Nippon,
Plusieurs espèces d'Hibiscus :
V Hibiscus M anihot Lin., Tororo elTororo-aoi (8), qui est
relaté par Thunberg (9), par Miquel (10), par Franchet et Sa-
vatier (11), qui donne en août de belles et larges fleurs d'un
rouge foncé, et qu'on trouve sur le littoral de l'île de Kiusiu.
V Hibiscus Manihot était marqué aux n"' 110 et 111 du
tableau des productions utiles par des échantillons de racines
de couleur gris jaunâtre. Les racines du Tororo servent, au
Japon, à préparer avec de l'eau chaude une décoction muci-
lagineuse usitée pour coller le papier. Suivant M. le consul
Lowder, dans son travail sur les végétaux employés au Japon
pour la fabrication du papier {Bulletin de la Société cV Accli-
matation, t. IX, p. 290, 1874), les racines broyées du Tororo
servent à préparer le papier appelé Kidsouki, utilisé dans
l'impression des livres. Il n'est pas attaqué par les vers.
L'Hibiscus Syriacus Lin., Miikuge d'après le botaniste
(1) Sômoku-Dusets, vol. XII, p. 122, n» 55.
(2) Plionzo-Zoufou, vol. XVII, fol. 17 verso.
(3) Thunberg, Flor. Japon., p. 271.
(4) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 207.
(5) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. I, p. G2, n° 252.
(6) Sàmoku-Dusels, vol. XIl, p. 122, W' 53 et 5i.
(7) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 62, n°' 255 et 253.
(8) Sômoku-Dusets, vol. XII, p. 122, n" 56.
(9) Thunberg. Flora Japonica, p. 272.
(10) Miquel (F. -A. -W), Prolusio ftorœ Japonicœ , p. 207.
(11) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. I, p. 64, n" 260.
TRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. -419
japonais Tanaka, M otihougue suïvsinl les livres Kiiua-wi ([),
observé par Thunberg (2), par Miquel (3), par Franchet et
iSavalier (4).
Le Mukuge était représenté au n" 134 du tableau des pro-
ductions utiles par un paquet de larges libres blanchâtres.
D'après les renseignements de la Commission japonaise (5),
les libres de l'écorce du Mukuge sont réservées à la fabrica-
tion d'étoffes et d'un papier blanc très dense.
L'Hibiscus Syriacus, ou Ketmie des jardins, à fleurs blan-
ches, à onglet rouge, avec variétés simples ou doubles, est
fréquemment cultivé comme plante ornementale dans un
grand nombre de provinces du Japon, de même qu'en Chine,
où il croît principalement dans les environs de la ville de
('anton.
Ses fleurs servent, surtout en Chine, à préparer des sortes
de cataplasmes qu'on applique sur les furoncles elles anthrax,
comme remède émollient.
M. Lavallée possède à Segrez V Hibiscus Syriacus avec ses
jiombreuses variétés des jardins, ainsi que l'espèce suivante :
UHibiscus Hamabô, désigné dans le Phonzo-Zoufou (G)
(3t le Kwa-wi (7) sous le nom de Hamabô, observé par Sie-
bold (8), par Miquel (9), par Franchet et Savatier (10).
UHibiscus Hamabô, à feuilles épaisses, dentées, tomen-
leuses à leur partie inférieure, à fleurs de couleur jaune clair
tachetées de violet à l'intérieur, est commun sur les bords de
la mer et dans toute la région du littoral de l'île de Kiusiu.
L'Hibiscus mutabilis, Fugô, d'après le botaniste japonais
Iveiske, marqué dans le Kwa-wi (14) sous le nom de Fouyao,
(1) Kwa-wi, Arl)., vol. IV, p. 12-2, n" 24.
(2) Tliuiibcrg, Flora Japonica, p. 272.
(3) Miquel, Prolusio (lorœ Japonicœ, p. 207.
(4) Franchet et Savatier, Enuineratio, vol. I, p. 64, n" 263.
(5) Le Japon à VExposilion universelle de 1878, vol. Il, p. 156, 1878.
(6) PhouiO-Zoufou {Ilon-io-ilzu-fu), vol. XC, fol. U verso.
(7) Kwa-ivi, Arb., vol. IV, p. 122-123, n" 24.
(8) Sicbold ctZuccarini, Flor. Japon., p. 176, tabl. 93.
(9) Miquel (F.-A.-W.), Prolusio jlorœ Japonicœ, p. 207.
(10) Franchet et Savatier, Enuineratio, vol. I, p. 63, no 259.
(11) Kwa-wi, Arb., vol. Il, p. U4, n" 19.
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
noté par Thunberg (1), par Miquel (2), par Franchet et Sava-
tier (3).
UHibiscusmutabilis, à fleurs variant de couleur et passant
du pourpre au blanc, fleurit en octobre, sur le littoral de l'île
de Kiusiu et dans la partie centrale de l'île de Nippon, où il
est fréquemment cultivé comme plante ornementale, de même
qu'en Chine, surtout dans la province du Kwantung, aux en-
virons de Canton.
Les fleurs de VHibiscus mutahilis sont usitées pour pré-
parer des infusions adoucissantes dans les inflammations ca-
tarrhalcs des bronches. Avec les feuilles on fait des applica-
tions émollientes sur les contusions.
VHibiscus rosa sinensis Lin., nommé dans le Phonzo-
Zoufou (-4) F^tsoutsou sd ha, et dans le Kiua-ivi (5) Otoké
non ha no hana, qui est mentionné par Miquel (6) et par
Franchet et Savatier (7), donne en automne des fleurs axil-
laires portées par de longs pédoncules, grandes et d'un beau
rouge ; une de ses variétés est à fleurs doubles.
VHibiscus rosa sinensis est cultivé dans la région du lit-
toral des îles de Kiusiu et de Nippon; on le rencontre fré-
quemment comme plante ornementale dans les jardins, et les
Japonais le placent dans des vases pour garnir l'intérieur de
leurs appartements.
En Chine, VHibiscus rosa sinensis est spontané et est très
fréquemment cultivé dans la partie méridionale de l'empire.
MM. Franchet et Savatier (8) indiquent de plus :
VHibiscus ternatus, Ginsehwa et Chôrosô, d'après le
Sômoku-Dusets (9), qu'on rencontre cultivé dans la partie
centrale de l'île de Nippon, et VHibiscus Japonicus, que Sie-
bold et Miquel ont observé, sans désigner les endroits où il croît.
(1) Tliuiiberg, Flora Japonica, p. 272.
(2) Miquel, Prohislo (lorœ Japonicœ, p. 207.
(3j Franchel et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 54., n" 261.
(i) Ilon-z-o-dm-fu, vol. XC, toi. 1 1-U.
(5) Kiva-ivi, Arb., vol. I, p. 82, n" 23.
(6) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 207.
(7) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. G4, n" 262.
(8j Ihicl, vol. I, p. 64, n° 26 i, et p. 65, n" 265.
(9) Sùmohi-Dusets, vol. XII, p. 122, n" 52.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 421
D'après MM. Franchet et Savatier (1), tous les Hibiscu
signalés au Japon, à l'exception peut-être de V Hibiscus Ha-
mabd, paraissent n'y croître qu'à l'état subspontané, mais y
sont surtout cultivés.
MELIACEES.
On trouve au .lapon :
Le MeliaJaponica, Sendan, d'après la Commission japo-
naise (2) et M. Dupont (3), désigné dans le Phonzo-Zoufou (4)
sous le nom de Oori, rencontré dans î'île de Nippon, près de
Yokohama, par M. Maximowicz, et près de Yokoska par le
D' Savatier (5).
Le Sendan donne, d'avril à mai, de jolies fleurs odorantes,
qui se rapprochent de celles du Lilas.
La collection des bois de la galerie des machines renfermait
un échantillon de Sendan de 0™,iO avec 0'%003 d'épaisseur
d'écorce ; bois de couleur rouge marron, tendre, léger, peu
résistant.
Le Sendan est employé en menuiserie, surtout dans la pro-
vince de Tango et dans plusieurs provinces centrales. Dans le
sud de l'île de Kiusiu, où il atteint de grandes dimensions, il
sert, d'après M. Dupont, à fabriquer les caisses des tambours.
Le Japon renferme aussi : le Melia Azedarach Lin., classé
dans les livres Kwa-wi (6) sous le nom de Senn-dan, ob-
servé au Japon par Siebold, Miquel (7), le botaniste japonais
Keiske et M. le D^ Savatier (8).
Le Meiia Azedarach, Lilas des Indes, arbre saint, faux
Sycomore, atteint 5 à 10 mètres; il donne des fleurs lilacées,
odorantes, en panicules axillaires.
(1) Franclict et Savatier, Enumeratio, vol. [, p. G5, n" 2fi5.
r2] Le Japon a l'ExposUion universelle de 1878, vol. II. p. 19, n° 82, 1878.
(3) hw[>onl{E.), Les essences forestières ilu Japon, i>. G3, 1879,
(4) Ilon-zo-dzu-fa, vol. LXXXIII, fol. 10 recto.
(5) rranchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 75, n^SOG.
(6) Kwa-ivi,Arb., vol. IV, p. 122, n° 23.
^7) Miquel, Prolusin florin Japonicœ, p. 212.
(8) Fraacliet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 75, n' 307.
4^2 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
11 esl employé au Japon en ébénisterie et comme arbre
d'ornement.
D'après M. le D' Bretschneider (1), le Melia Azedarach,
qu'on trouve aussi en Chine, où il est connu sous le nom de
Shen-lien, est commun aux environs de la ville de Canton,
où il est utilisé en ébénisterie.
Les Japonais se servent en médecine du M. Azedarach sous
le nom de Sen-yoo-si, sans indications précises.
Le Melia Toosendan de Siebold et Zuccaiini (2), de Mi-
quel (o), de Franchet et Savatier (4), que les Japonais nom-
ment To-sendan, qui fleurit en mai dans l'île de Kiusiu, sur-
tout dans la province de Hizen et dans l'île de Nippon, sur les
montagnes d'Hakone.
La famille des Méliacées fournit de plus :
Le Cedrela Sinensis A. Juss. (5), Ailanthus flavescens de
Carrière (6), Chianchin, que MM. Franchet et Savatier (7)
donnent avec doute comme spontané, et que M. Maximowicz
a observé dans les environs de la ville de Tokio.
Le Cedrela Sinensis, ou Acajou de Chine, dont le bois est
usité en ébénisterie, était représenté dans l'exposition chi-
noise par deux spécimens dans la classe 44 (Produits des ex-
ploitations et des industries forestières) :
N" 1444, provenant des douanes chinoises de Chefoo ;
N" 1460, provenant des douanes chinoises de Hankow.
(1) Bretschneider (E.), Journal ofthe North-China brandi of the Royal Asia-
tic Societij, vol. I, p. 143, n° 106, 188U.
(2) Siebold et Zuccarini, Familiœ naturales, n° 186.
(3) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 21 1.
(i) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. I, p. 75, n" 305.
(5) A. de Jussieu, Mém. Mus. hist.nat., vol. XIX, p. 255-291.
(6) Revue horticole, p. 36i, cwm icon., 1865.
(7) Fraiicliet et Savatier, Enumeralio, vol. I, p. 76, n" 308.
[A suivre ^1
EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIETE
SÉANCE GÉNÉRALE DU 8 JUIN 4883
Présidence de M. Bouley, président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans obser-
vation.
— M. le Président proclame les noms des membres admis dans la
dernière séance du Conseil.
JUiVJ, PRÉSENTATRURS.
(' Alexandre Adam.
Adam fils (Achille), banquier, à Boulogne- g^^.,^ Carmier-Adam.
sur-Mer (Pas-de-Calais). ( 3^,^^ (.j,jg3,.j_
[ }\. Bouley.
Beauchamp (Louis de), propriétaire, 1, ave- ^ j^i^g Grisard.
nue d'Antin, à Paris. ) Paillieux.
, ^. ,. f Comte d'Arcbiac.
Broisia (comte de), au château de Neublanc, ^.^^^^^ d'Esterno.
par Chaussin (Jura). ( p^ Quatrefages.
Callot (Ernest), directeur de la Garantie ( H. Bouley.
générale, société d'Assurances sur la vie, j Maurice Girard.
rue de Vintimille, 19, à Paris. ( H. de Vilmorin.
( Alexandre Adam.
Carmier (Etienne), banquier, a Boulogne- ^_^^.,^ Carmier-Adam.
sur-Mer (Pas-de-Calais). ( j^l^^ q,i^^,,,i
[ Comte de Uorlan.
Danne (comte Léon de), à Angers et au ^.^^^^^^ d'Esterno.
château de Charency (Saône-et-Loire). ( ^^ Quatrefages.
; Bouchereaux.
Dautreville, pharmacien de 1" classe, 34, \ ^Q^^çi^.^^ Saint-Hilaire.
rue Saint-Paul, à Pans. ( Saint-Yves Ménard.
, ( H. Boulev.
JuMEL(Alherl-Eug.), avocat a la cour d appel, ) ^ d'Halloy.
à Amiens (Somme). j Raveret-Wattel.
,„ , ( Aimé Dufort.
Lecoq (Louis-Philippe), fabricant d horloge- ^ Geoffroy Saint-Hilaire
rie, 51, rue Turbigo, à Pans. ( j^,^^ ^.^.j^^^.^^
LOURADOUR-PONTEIL (Léon-Ernest-Félix), à I C. Bérenger.
la Jiigière, commune de Saint-Léoiner, \ CoUin.
canton de la Trimouille (Vienne). V de Quatrefages.
. , , , ( }l. Bouley.
NocAUD (Edmond), professeur a 1 Ecole vête- \ ^j^^pj^g Girard.
rinaire d'AHorl (Seine). ( U ^,,. Vilmorin.
424 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
MM.
PRESENTATEURS.
RoussET (Henri-Victor), fabricant d'horloç^e- ( ^^'^^ '!,^''^°''^' . „., .
rie, 51, rue Tarbigo, à Paris. / A- Geoflroy Sainl-Hilaire.
[ Jules Gnsartl.
SiREDEY (le docteur François), médecin des S. Blocli.
hôpitaux de Paris, 66, rue Charles Laf- ■ G. Desbrosses,
litte, à Neuilly (Seine). ( Saint-Yves Ménard.
rp. „,, ,, , . » X ,A j r.1 . f A. GeoirrovSaint-Hilaire.
Tartenson (le docteur A.), 10, rue de Ghà- \ , , ^ . ,
, , ,, . /' ' ) Jules Grisard.
teaudun, a Pans. f , ^
\ de Qualrerages.
rn /ni l K n, . r. 1 < . Il- BOUleV.
Thierot (Charles), 61, avenue du Roule, à \ j. r
euilly (Sein / , , n • j
■ "^ ^ \ Jules Grisard.
,r ,111 ^ • , • i Bouchereaux.
VEYRASSAT (Jules-Jacques) , artiste peintre, \ , n «■ o • ni •
T , , ] 1 PI- i . r, ■ A. GeotiroySaint-Hilaire.
7, boulevard de Clichy, a Pans. i ^ . ,r ,i .
•" V •Saint-Yves Menard.
E. Mahieux.
Yzac.
— Des remerciements pour les récompenses qui leur ont été attribuées
sont adressés par MM. W. Jamrach, Oldham Cliambers, Richard Cail,
Sardou, D"" Clos, Delaurier aîné, Lataste, comte de Montlezun, Nemetz,
Noordhoek-Hegt, Rogeron, de Vilmorin, Mercier, Lefebvre, Biaise, Fallou,
Lancelle, V. La Perre de Roo, D"" H. Moreau, Noël, Rathelot, Bastide,
D' Bertberand, Chatillon, inar({uis de Brisay, Dietrich, Coûta nce, Douchy,
Favier, Fontaine, IIonnoraty,Lamur, Lugrin, Menault, .Malapert, Beynard,
Vérot, Dejernon, Litllewood, Briand et Huin.
— MM. les Ministres des Travaux publics, de la Guerre, des Postes et
Télégraphes, de la Marine et des Colonies, le Préfet de la Seine, les 3Ii-
nistres de Portugal, de la République argentine et de Suisse, expriment
leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance publique annuelle.
— M. Brierre, de Sainl-Hilaire de Riez (Vendée), envoie une copie
des Notes qu'il a adressées aux concours régionaux de Bochefort et de
Blois.
— M. le marquis de Pruns envoie des échantillons de ses terres de la
Limagne d'Auvergne, et offre des minéraux et plantes pour les collec-
tions de la Société.
— 31. Gabriel Rogeron adresse une note sur les croisements qu'il a
obtenus de diverses espèces de Canards (voy. au Bulletin).
— M. Leroy (de Fismes) écrit à M. le Secrétaire général : « J'ai quel-
ques nouvelles à vous donner de mes Perdrix du Boutan. J'ai en ce
moment trois élèves de cette variété, dont un âgé de plus de trois se-
maines. C'est le produit de six œufs, qui ont donné trois naissances. La
PROCÈS-VERBAUX. 425
Poule qui les élève est chargée en outre de six Fciisandeaux Swinhoë.
€es oisillons vivent ensemble et en bon accord. Je remarque que la
«ourriture préférée des Perdreaux du Doutan consiste en vers de terre ;
ils mangent aussi de la pâtée à faisans, des vers de farine et des œufs
•de fourmis, asticots, etc. ; mais ils ont une préférence marquée pour les
petits vers de terre. Celte espèce est familière, et je crois que, comme
îa Perdrix de Chine, elle est susceptible d'élever plusieurs couvées dans
Ja même saison.
» Ce qui me porte à le croire, c'est que j'ai surpris l'aîné de mes
élèves Routan offrant des Vers à ses deux frères plus jeunes. Je dois
ajouter qu'avant de faire de ces sortes d'offres, il s'est préalablement
gavé lui-même.
» En ce moment, la Perdrix du Boutan couve elle-même une nouvelle
série de six œufs. Je la laisse faire et ne lui aurais pas enlevé les pontes
précédentes, si elle n'avait pas défait son nid à deux reprises. Cette es-
pèce est très ombrageuse, et j'attribue ces deux symptômes de dépit à
ce que des travaux de gazonnement avaient été faits dans les comparti-
ments avoisinant le leur.
» Cette fois, elles sont tranquilles, et leur réduit est absolument res-
pecté. Le nid est en forme de corridor long de 30 à 35 centimètres,
moitié creusé en terre, moitié voûté avec des brins de paille et formant
cul-de-sac. Les œufs sont au fond, et je n'ai pu les apercevoir qu'à la
condition de me coucher à plat ventre. Celle fois, il s'agil du troisième
nid recommencé, et, chose digne de remarque, ce troisième nid a été
construit invariablement à la même place, dans une encoignure de la
partie couverte du compartiment.
» Je ne crois pas que cette espèce ponde plus de six œufs à la fois, car
ces œufs sont de la grosseur d'œufs de faisan de Mongolie, et c'est tout
«ce qu'elle peut embrasser.
» Reste à savoir si, la ponte commençant de bonne heure, vers le 10
mars, il n'y aurait pas trois ou quatre couvées successives par saison
chez cette espèce, ainsi (|uc je serais porté à le croire. Attendons! »
— M. Théodore Pavie écrit de Chazé-sur-Argos (Maine-et-Loire) : « J'ai
l'honneur de vous adresser les renseignements que vous demandez aux
membres de la Société sur l'arrivée des oiseaux migrateurs. Voici la
date de leur apparition dans l'arrondissement de Segré (Maine-et-
Loire) :
D L'Hirondelle, le 1'^'" avril; la Fauvette à tête noire, le ',]; la Fauvette
babillarde, le 4; le Rossignol, le 4 ; le Coucou, le 6; le Rossignol de
muraille, le 7 ; le Torcol, le 20; la Tourterelle, le 26; le Martinet, le 27;
le Loriot, le 30.
> Les Martinets sont toujours très abondants dans les édifices des
villes et dans les clochers des campagnes; mais j'ai remarqué depuis
{•lus de dix ans une diminution très sensible dans le nombre des Hiron-
426 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
délies de fenêtre et de cheminée. A quoi cela peut-il tenir ? Ne serait-ce
pas, pour la première de ces deux espèces, aux stores placés devant les
ouvertures, et pour la seconde, aux tuyaux de tôle posés sur les cheminées
des maisons neuves? On a tant bâti depuis un quart de siècle!
» Passons, si vous le permettez, à d'autres animaux. A-t-on des don-
nées sur la durée de la vie des Tortues? J'en connais une, de l'espèce
dés Tortues de Terre de la Louisiane, — que l'on vend quelquefois à
Paris dans les rues, — qui, toute jeune, fut placée dans un jardin, oii
elle demeure depuis vingt-deux ans. On a soin de la rentrer dans les
grands froids, quand on peut découvrir l'endroit où elle se blottit. »
— M. Abel Leroy, de Roussainvilie (Eure-et-Loir) écrit: « Voici ce
que je viens de trouver dans un journal de la localité :
» Un arrêté de M. le préfet d'Eure-et-Loir, en date du 10 mai 1S83,
» fixe les dates suivantes pour le faucardement des cours d'eau dans le
» déparlement :
» Du l""^ au 10 juin pour les cours d'eau d'une largeur moyenne infé-
» rieure à quatre mètres ;
» Du 1" au 5 juin pour la rive gauche, et du 20 au 25 juin pour la
» rive droite, des cours d'eau d'une largeur moyenne supérieure à quatre
» mètres. » / ., .^
» Or, la plupart des rivières de ce département étant très froides, il y
a bien des chances pour qu'à cette époque les neuf dixièmes des œufs
ne soient pas éclos (j'ai vu des Gardons frayer dans le Loir vers le 15
juillet). Nos cours d'eau sont dépeuplés ; avec des mesures administra-
tives comme celle-ci, il est probable qu'ils resteront longtemps déserts.
J'ai pensé un instant à ne pas me soumettre à cet arrêté, mais j'ai ré-
fléchi que si je ne m'y soumettais pas, j'aurais un procès, et qu'en plus
on ferait faire le faucardement à mes frais.
» J'ai commencé dans mon vivier la récolte des œufs de Cyprins, que
j'ai mis en incubation pour être lâchés dans le Loir et la Thironne, dès
que les alevins auront la vésicule résorbée.
» Donnez- vous donc du mal pour peupler des cours d'eau, quand un
simple arrêté préfectoral suffit pour anéantir des milliers d'œufs !
» On ne pense toujours qu'aux canaux et aux rivières flottables ou
navigables, quisontseuls protégés, et jamais aux petits cours d'eau, qui,
à cause de leur développement de berges, nourrissent bien plus de pois-
sons ; remarquez, de plus, que les premiers comptent à peine 12 000 ki-
lomètres, et qu'il y a en France environ 130 000 kilomètres de cours
d'eau ni flottables ni navigables, répartis un peu partout, et qui seraient
la source d'une grande richesse si l'on se donnait la peine de les peupler
de Cyprins et de protéger les alevins. »
— jM. des Vallières, de Meaux, rend compte des résultats qu'il a obte-
nus des œufs embryonnés de la grande Truite des lacs et du Salmo
Namaycush : « Le premier de ces envois, qui contenait un petit lot d'œufs
PROCÈS-VERBAUX. 427
fécondés, m'est parvenu dans des conditions très satisfaisantes. Ces oiufs
o.it produit des alevins dans la proportion de 95 pour 100.
» Les œufs du Salmo Namaycush, qui m'ont été envoyés en grande
quantité, me sont parvenus pour la plupart altérés. J'estime à 50 pour 100
au moins le nombre des embryons qui ont dû être rejetés à leur arrivée,
et pendant la période d'éclosion, on peut encore évaluer à 15 pour 100
les sujets morts dans l'œuf ou qui ont péri en naissant, .l'attribue ces
nombreux décbets à la congélation qui s'est opérée pendant le trajet
d'Amérique, et qui a produit des effets morbides plus ou moins actifs.
Aussitôt après la résorption de leur vésicule, ces deux espèces ont été
mises dans un petit canal dérivé du Brasset, ruisseau qui se jette dans la
Marne à quelques centaines de mètres de là.
» Ce petit canal, bien disposé et rempli d'une eau vive et courante, est
favorable à ces poissons, qui croissent d'une façon normale, et qui seront
livrés plus tard à eux-mêmes dans le Hrasset, d'où ils pourront se ré-
pandre dans la Marne et remonter ses afiluents.
» Il y a lieu de faire observer que les eaux de la Marne conviennent
au genre salmone, car on a péché cet hiver, à Meaux même, des Truites
pesant une et deux livres.
» Dans l'élevage dont j'ai l'honneur de rendre compte, j'ai remarqué
que le Salmo Namaycush croissait avec une rapidité telle, qu'il avait
dépassé en deux mois la grande Truite éclose trois semaines avant lui.
Il parait plus robuste et d'une acclimatation plus facile. »
— '31. Rivoiron écrit des Échelles (Isère) : « Dans ma dernière lettre, je
vous disais qu'il restait encore deux tiers d'œufs embryonnés de vos Sau-
mons Land Locked à éclore; l'éclosion s'est faite dans les meilleures con-
ditions possibles; je n'ai eu sur toute la quantité que fort peu d'œufs gâtés,
devenus blancs de suite après l'éclosion. Par suite d'un auget exposé un
peu trop au soleil, nous en avons perdu une cinquantaine. J'ai donné
de l'ombre, et maintenant j'estime que nous n'en avons perdu en tout
qu'une centaine; ils sont très jolis, bien gros et mangent depuis une
quinzaine de jours; ils sont nourris avec des insectes, larves de Cousin
et Daplinis ; nous pouvons produire avec nos six bassins environ un
kilogramme par jour d'insectes.
» Cette année, une épidémie, connue sous le nom de Champignon mous-
seux, s'est déclarée chez nos jeunes alevins. Truites, Saumons métis
venus de Bàle, et a fait beaucoup de mal; nous avons arrêté le mal en
mettant dans les bassins beaucoup de charbon de bois, et en séparant
les malades des autres; on peut ajouter à l'eau des Lymnés (Escargots
d'eau); il suffit de quelques alevins malades pour communiquer le mal
aux autres. Dans cette maladie, les alevins prennent les nageoires blan-
ches, et sur le corps il se forme une mousse qui, airivée vers les ouïes,
les étouffe rapidement. C'est la même maladie qui cette année a fait tant
de mal au Collège de l'Vance, à Paris; elle n'a pu sans doute être arrêtée,
428 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
car l'eau venant par des conduits de toute espèce, il fallait supprimer les
conduits pour détruire le Champignon, qui se forme surtout au passage
de l'eau, et cela chaque année en avril et mai.
» S'il vous était possible de ni'expédier de nouveaux alevins, vous
m'obligeriez beaucoup; mais je crains que la distance qui nous sépare
ne soit un peu trop grande. Je suis complètement à votre disposition
pour les renseignements et observations sur la pisciculture. »
— M. Noordoek-Hegt, de Apeldoorn (Pays-Bas), écrit : « Mon établis-
sement de pisciculture ne va pas mal. La semaine passée, j'ai mis en
liberté dans la rivière l'Yssel plus de 200 000 alevins et 5300 jeunes
Saumons d'un an, sous le contrôle de la Commission nommée par le gou-
vernement, MM. les professeurs Hubrecht et Hoffman.
» J'ai conservé plus de 100000 alevins, dont probablement une par-
tie sera lâchée encore et une partie restera dans mes bassins jusqu'à
l'âge d'un an. J'ai une centaine de Saumons de Californie {Salmo
(julnnat), nés dans mes bassins, et qui ont maintenant quatre ans. Ces
poissons n'ont jamais été à la mer, et cependant ils sont en excellente
santé ; ils ont 50 centimètres de longueur en moyenne. En octobre,
nous sommes parvenus à féconder une quantité d'œufs, et maintenant les
alevins se portent à merveille. Ce poisson est beaucoup plus hardi que
le Saumon du Rhin. Mes essais avec le Salîiio fontiiiaUs^ Truite de
l'Amérique (un très joli poisson), ont aussi très bien réussi. J'avais
fait venir des œufs de l'Amérique pendant deux campagnes successives.
Presque tous ces œufs ont succombé. Cependant des deux envois nous
avons sauvé quelques centaines d'alevins. En octobre dernier, ceux du
premier envoi avaient dix-huit ou dix-neuf mois, et déjà nous sommes
parvenus à féconder artificiellement quelques centaines d'œufs, qui nous
ont donné le même nombre d'alevins, et le tout est dans le meilleur état.
Je suis sûr que s'il n'arrive pas de désastres, nous aurons des pro-
duits par milliers de Salmo quinnat et de Sahno fontinalis. De Truites
communes ou des fleuves et de Truites des lacs, j'ai eu cette année plus
de 60 000 alevins, tous venus de poissons nés dans mon établissement.
Ainsi il y a de quoi être content, et je serais heureux si je pouvais vous
faire voir les résultats de mon travail. A l'Exposition universelle de
Londres (maritime^ j'ai envoyé un modèle de mon hangar (pourréclo-
sion), un plan de l'établissement et une vingtaine de bouteilles contenant
des poissons, tous nés, sans une seule exception, dans mon établisse-
ment. »
— M. le comte de Lorgeril, château du Colombier (Côtes-du-Nord),
écrit : « J'ai envoyé l'autre jour au directeur du Journal des cultiva-
teurs un exposé de la méthode dont je me sers pour détruire dans mes
pépinières, sur mes pêchers et dans mes serres, les Pucerons lanigères et
autres. Ce moyen est simple et peu coûteux : c'est le jus de tabac prove-
nant des manufactures, et que l'administration délivre aux propriétaires
PROCÈS-VERBAUX. -429
sur le vu d'un certificat du maire de leur commune. Je ne connais aucune
espèce de Pucerons résistant à un mélange d'une partie de jus de tabac
sur dix parties d'eau.
» Ne serait-il pas temps d'essayer ce poison végétal pour combattre le
Phylloxéra de la Vigne? La dose du jus de labac pourrait être augmentée
sans inconvénient, et, d'après ce que j'ai expérimenté moi-même, tout
Puceron périt par un lavage des quatre cinquièmes de la plante et arro-
sage des racines. J'ajoute, de plus, que tout insecte est éloigné par l'o-
deur acre de la substance.
» Le jus de tabac coûte en ce moment 75 centimes le litre ; je ne puis
croire que l'administration ne fit un rabais considérable pour une expé-
rience en grand et utile à l'agriculture.
» Je n'habite pas un pays vignoble ; je ne sais si ce moyen a été tenté,
mais cette idée me poursuit depuis quelque temps, et j'ai voulu vous la
soumettre.
» Le gouvernement, tout en se conservant le monopole des tabacs,
pourrait livrer à bas prix, en employant les tiges et les matières défec-
tueuses, en favorisant de plus la culture du tabac dans les pays où elle
est pratiquée, cette substance, si elle pouvait être utile aux viticulteurs.
» iMon procédé est-il bon? Dieu le sait. »
— MM. Fallou, Clément et Zeiller remercient des graines ou cocons
de Vers à soie qui leur ont été adressés.
— MM. Cornu et Nagel adressent le compte rendu du résultat qu'ils
ont obtenu des graines de Sericaria mori (race Verdolina Casati).
— Des comptes rendus de leurs cheptels sont adressés par MM. le mar-
quis de Pruns, d'Alidaii, Matliey, Dubard, Laporte, Em. Baré, Durous-
seau-Dugontier, L. Ileynal, Octave Coignard et A. lîravard.
— M. Maisonneuve, de Challans (Vendée), demande à recevoir des
graines de Phaseolus radiatus.
— Des remerciements pour les graines qui leur ont été envoyées par
la Société sont adressés par MM. Bertoni, E. Meunier, Le Guay et
Trouetle.
— M. Th. Pavie écrit de Chazé (Maine-et-Loire): « A propos du très
intéressant article sur le Pacanier, publié dans le numéro de mars, je
ferai les remarques suivantes : La Pacane est assurément un fruit excel-
lent, bien supérieur à la noix, et qui se conserve bien pendant deux
ans. Il en existe d'assez beaux spécimens en Maine-et-Loire, à moins
que l'hiver 1879-80 ne les ait fait périr. Mais sa croissance est d'une
lenteur à décourager les moins impatients; il ne donne pas de fruits
avant vingt-cinq ou trente ans. Quand j'étais en Louisiane — il y a
longtemps! — les Indiens, nombreux à cette époque dans l'espace
compris entre la rivière Rouge, la Sabine, le Missouri et l'Arkansas,
abattaient les plus beaux arbres pour en cueillir les noix, qu'ils vendaient
sur les plantations ; de celte façon d'agir, il résultait une véritable dé-
i."30 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
vastalion, qui rendait les Pacaniers assez rares. La récolte d'un vieux
pied peut être d'un hectolitre, comme le dit notre confrère M. Gri-
sard. Je crois que cet arbre demande pour réussir la zone de l'Olivier
ou au moins celle du Maïs.
» Il existe une espèce de Noyer d'Amérique que je ne vois pas signalée
dans l'article en question, et que j'ai entendu nommer Noyev de VOhio,
parce qu'il était abondant sur les bords de cette rivière. 11 poussait vi-
goureusement près d'Angers, dans un terrain d'argile compacte; il pro-
duisait des fruits mauvais, mais d'une grosseur extraordinaire et par
paquets de trois ou quatre. Sa feuille était très grande et sa croissance
assez prompte .
» Quant au Carija alba, qui commence à se répandre dans notre dé-
partement, on en voit une belle avenue plantée par les soins de M. André
Leroy, sur le terrain enlevé de ses pépinières par la route neuve d'Angers
aux Ponts-de-Cé. »
— M. Godefroy-Mollinger fait don à la Société de diverses graines
qu'il vient de recevoir des États-Unis. — Remerciements.
— M. François Sarazin adresse de Tokio (Japon) une petite quantité
de semences de Rhus vemicifera. — Remerciements.
— A propos de la lettre de AI. le comte de Lorgeril, M. Vavin dit que
depuis longtemps il fait usage du jus de tabac contre les insectes et
qu'il s'en est toujours bien trouvé.
— M. le président fait également observer que le tabac est utilement
employé pour combattre certains parasites qui se trouvent sur les ani-
maux.
— M. Millet fait une communication sur l'intérêt que présentent les
réserves à poissons au point du vue de repeuplement des rivières.
— M. le D' Camille Dareste présente diverses observations, complétant
ses précédentes communications: de Vinfluence des secousses sur le
développement de l'embryon et sur les végétations cnjptogamiques
qui se développent à Vintérieur des œufs.
Pour le Secrétaire des séances,
Jules Grisard,
Agent général.
I. FAITS OIUERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE
Chèvres et Boiiquetiu«.
Lettre adressée à M. le Directeur du Jardin zoologique d'acclimatation.
Monsieur,
l'ai l'honneur de vous remettre, par ces lignes, les réponses aux
demandes que vous avez bien voulu m'adresser.
1" Les Clièvres domestiques, en Suisse, sont les races d'Appenzell et
deToggenburg ; ce pays possède en outre une race singulière et remar-
quable : — c'est la Chèvre du haut Valais, qui porte le nom de « Schwarz-
hais » (cou noir). Cette Chèvre, comme son nom le dit, est moitié noire,
moitié blanche; de belle forme, de race constante et très recommandable
à cause de l'abondance de son lait.
Gomme j'entretiens des relations avec mes collègues, MM. les inspec-
teurs du Valais, je pourrais, si vous le désirez. Monsieur le Directeur,
vous procurer des informations ultérieures sur ces Chèvres.
La littérature traitant de ce point est très restreinte. Un ouvrage spé-
cial n'existe pas; cependant vous trouverez des renseignements dans
les livres suivantes : V. Tschudi, Thierleben der Alpenwalt (dont vous
possédez probablement l'édition française); J. R. Steinmûller, Die Schweiz
Alp. et Landirertschaft.
2" Quant aux liouquetins, je dois vous avouer, Monsieur, qu'ils
n'existent plus en Suisse à l'état sauvage et en race pure.
Vous trouverez alinéa i de l'article 15 de la loi fédérale sur la chasse,
une disposition qui fait entrevoir, qu'en 1876 les Bouquetins avaient
besoin iréire acclimatés dans notre pays pour rentrer dans l'ordre du
gibier de chasse.
Il est connu que le roi Victor-Emmanuel a réussi, au moyen d'énor-
mes dépenses, à conserver et multiplier le Bouquetin dans ses districts
de chasse privée de la vallée d'AosIe et de Cogne, en Piémont. Mais, à
l'exception de quelques rares véritables Bouquetins, toute la coloniecon-
sistait en bâtards du Bouquetin avec la Chèvre domestique, et ils avaient,
pour la plupart, trois quarts de sang. — Les femelles bâtardes du pre-
mier croisement, se montrant fécondes, furent de nouveau croisées avec
<les pur sang, et, de cette manière, avec exclusion de tout Bouc bâtard,
on réussit à se rapprocher du type pur du Bouquetin des Alpes.
Fjors de la mort du roi Victor-Emmanuel, son fils, le roi liumbert,
n'étant pas chasseur, fit mettre en vente cinquante têtes de Bou(iuetins
de la colonie nommée ci-dessus, pour le prix de 2000 francs.
La Confédération Suisse, en conformité de l'article 15 de la loi fédérale
432 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
sur la chasse, appela aussitôt une commission spéciale pour discuter
l'achat de ce troupeau.
Soit que l'affaire se soit traitée trop superficiellement, soit que quelque-
intérêt particulier s'y soit mêlé, l'achat de ces Bouquetins fut refusé,
avec l'observation : que l'acclimatation des bâtards Bouquetin-Chèvre ne
serait pas recommandable, ces bâtards n'étant pas en état de se nourrir
eux-mêmes pendant l'hiver dans nos montagnes.
Néanmoins, la section Khâtia, du Club alpin suisse, achetait quinze
exemplaires de tout genre et de tout âge de ces Bouquetins mis en vente,
le reste fut acquis par le prince de Pless (Silésie), qui les mettait dans
ses chasses des montagnes du Salzbourg.
La colonie de Bouquetins de la section Rhâtia se trouve dans le Kel-
schlobel, canton des Grisons, aux environs de Davos, et prospère bien,
sans avoir besoin de soins quelconques pendant l'hiver. Le seul inconvé-
nient qui s'est montré, c'est qu'il y avait relativement trop de Boucs, et,
l'année passée, le comité spécial de la section Rhâtia se vit obligé de
vendre deux Boucs trois quarts sang, qui furent embarqués pour l'Amé-
rique.
Le prince de Pless, d'après la lettre de son grand veneur, M. le baron
Heinze, était également obligé de faire tuer cinq à six Boucs pour débar-
rasser la colonie de ces brouillons.
Mais, pour le moment, ni la section Rhâtia, ni le prince de Pless, ne
mettent en vente d'individus de leurs colonies de Bouquetins. Je n'aurais
donc d'autre ressource que vous recommander Sa Majesté le roi Humberl,
qui dispose peut-être encore d'une quinzaine de sujets.
S"* Je vous expédie aujourd'hui l'édition française de la loi fédérale
sur la chasse, ainsi que les règlements d'exécution et de la délimitation
des districts francs pour la chasse au gibier de montagne.
Si vous trouvez. Monsieur le Directeur, que je puisse vous procurer
autres informations, je serai toujours à votre disposition.
Agréez, etc.
Neukomm ,
Inspecteur des forêts, à Schaffouse.
Le gérant : Jules Grisard.
Imprimeries rc-unics, A, l'uc Mignon, 2,. Pari;
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIËTË.
NOTE
SUR LA DESTRUCTION DES LOUTRES
Extrait du compte rendu slénographique
Par M. de FIE^1\ES.
Après avoir pris plusieurs loutres, j'ai écrit à M. l'Agent
général de la Société pour lui dire que je me tenais à la dispo-
sition de nos associés, afin de leur donner communication
des moyens dont je m'étais servi. M. l'Agent général m'a fait
comparaître devant la commission de pisciculture. J'ai fait
humblement mon rapport et le président de la commission
m'a engagé, m'a ordonné de paraître devant vous. (Applau-
dissements.) J'ai obéi, mais je vous avoue que je suis très
embarrassé, parce que je crois que ce que j'ai à vous dire n'a
vraiment pas beaucoup d'intérêt. Enfin je m'exécute et je
sollicite toute votre indulgence.
Je vais vous raconter mon histoire. J'ai chez moi une
rivière et des étangs, et, tous les jours, j'apercevais des
détritus de poisson, de belles carpes dont il ne restait que
des fragments. J'étais furieux. (Rires.)
J'ai commencé par tendre des pièges... Je n'ai rien pris.
Alors je me suis mis en sentinelle avec mon domestique.
Nous avons passé huit nuits sur des arbres, guettant la
loutre... elle ne venait pas. A cinq heures du matin je m'en
allais, et puis, en revenant à midi, après mon déjeuner,
j'apercevais la trace très positive de son passage. De là la
colère que vous pouvez supposer. (Rires.) On prétendait que
je perdais la raison. Je ne sais pas si je perdais la raison, mais
je perdais la patience.
Alors un de mes amis m'envoya un trappeur de la rivière
d'Aisne, qui a passé chez moi quinze jours, et c'est l'histoire
de ses communications que je vais vous faire; si vous le
permettez même, je prendrai son langage.
La première leçon a été celle-ci : « Monsieur, on raconte que
le renard est l'animal le plus fin de la création. Eh bien, sui-
3° SÉRIE, T. X. —Août 1883. 28
434 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
vant moi le renard est un imbécile à côté de la loutre. (Rires.)
» Le renard, en effet, se laisse prendre de toutes les
manières, ainsi par un appât : la loutre ne se laisse prendre
par aucun appât ; le renard se laisse empoisonner : la loutre
ne peut pas être empoisonnée ; le renard se fait chasser toute
la journée : la loutre ne sort que la nuit et ne peut être
chassée que très accidentellement; le renard se laisse
enfermer dans son terrier : la loutre habite un petit tronc
d'arbre, et à la première alerte elle se jette à l'eau. Donc le
renard est un imbécile. )> (Rires.)
Voilà les prémisses de son instruction, je continue, et ici je
vous demande la permission de vous donner son texte même.
Il est un peu raide, mais enlin c'est le sien. « Monsieur (il
ajoute), l'homme est, de tous les animaux de la création, celui
qui pue le plus (Rires) ; car le chien va chercher l'homme à
quatre et cinq lieues, et l'homme ne peut pas aller chercher
le chien.
» Le renard sent l'homme à des distances énormes : la loutre
encore bien davantage. Donc il faut arriver à dissimuler
l'odeur de l'homme par tous les moyens possibles. Sans cela
on ne prendra pas de loutres. »
Nous allons, si vous le voulez bien, passer à la troisième partie
de ses instructions, qui consistera à aller tendre un piège et à
prendre toutes les précautions indispensables. Je vous dirai
d'abord que la première chose à faire c'est de bien étudier
son terrain. La loutre est palmée, vous savez tous cela; elle
monte et descend la rivière. Examinez et vous voyez la trace
de son passage; une fois cette trace trouvée, je vais vous dire
ce qui vous reste à faire. La loutre a pour habitude de ne pas
empoisonner son séjour; ainsi, pour obéir aux lois de la
nature, elle sort toujours de l'eau, et elle sort de l'eau dans
l'endroit qu'elle considère comme le plus propre, comme le
plus sain, comme le plus joli, le plus lumineux enfin.
Il faut donc, quand on a trouvé la place où la loutre a l'ha-
bitude de sortir de l'eau, mettre une pierre blanche. C'est là
aussi qu'elle s'arrêtera pour d'antres exercices, c'est-à-dire
que la loutre ne reste pas dans l'eau. Le mâle et la femelle
SUR LA DESTRUCTION DES LOUTRES. AS5
sortent toujours et vont dans les endroits les plus propres
pour accomplir l'acte de la génération.
Ceci donné, nous partons pour notre expédition.
Nous emportons dans une brouette nos pièges, une bécho-
toire pour faire le trou, de la mousse, quelques feuilles, à
leur défaut du papier, un arrosoir, un petit instrument en
forme de vis pour abattre et fixer le piège.
La loutre est venue la nuit dernière, elle a déposé sa fiente.
Vous savez comment elle est cette fiente : c'est une matjère
qui ressemble beaucoup à de l'ardoise. Vous la décomposez
et vous y trouvez des arêtes de poisson. Donc elle est
venue, elle viendra la nuit prochaine ; pour nous emparer
d'elle, nous allons prendre une foule de précautions.
J'établis trois pièges autour de ma pierre, c'est-à-dire un
piège à l'endroit où la loutre monte, un piège où elle descend
et puis un troisième par derrière, une véritable batterie
enfin. 11 importe de bien surveiller rétablissement du trou :
il faut que le piège soit d'aplomb, que la planchette fonc-
tionne aisément; il faut mettre une gouttelette d'huile au
ressort; il faut que le piège soit d'une excessive sensibilité;
n'oubliez jamais que la loutre est une espèce de félin, j'ai
pris à mes pièges des rats et même des oiseaux. 11 faut dissi-
muler la présence de l'homme. Pour la dissimuler, on doit
commencer par mettre une planche sous ses pieds, « attendu,
me disait mon trappeur, que les pieds de l'homme ne sont pas
toujours des plus intacts ». (Rires.) Maintenant il faut dissi-
muler fhaleine : pour mon instituteur, il n'y a pas d'homme
qui ne fume, prise ou chique. Voilà son opinion. Par consé-
quent, le tabac est l'accessoire obligé de l'homme, et la loutre
se dit : « Il y a du tabac, donc un homme a passé par ici. » Il
faut placer un bandeau sur la bouche du manœuvre qui
opère, une planche sous ses pieds. Il faut se servir du poi-
reau. «Le poireau, ajoutait mon instructeur, sent beaucoup
plus mauvais que l'homme » : telle est f idée de ce brave insti-
tuteur. La loutre se dira : « Voilà une odeur naturelle. » Elle
ne se déliera plus. L'opérateur devra avoir les mains impré-
gnées de poireau; la mousse que vous mettez sur votre
430 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
piège, votre piège, la feuille, tout est imprégné de poireau.
J'ai oublié un détail : il faut que le piège n'ait pas de
rouille; la rouille est quelque chose que l'animal sent d'une
manière extraordinaire : il faut faire bouillir votre piège
avant de partir, le placer dans de l'eau bouillante, avec du
genêt, qui a la propriété de bien nettoyer le piège, puis
essuyer avec un linge propre.
Ealin vous garnissez votre piège. Votre ouvrier a les
mains saturées de poireau; la mousse que vous mettez
dedans est garnie de poireau; la feuille que vous mettez sur
la lumière et la chaîne qui tient votre piège, tout cela est
garni de poireau toujours, et une fois votre piège bien tendu,
vous mettez de la terre veule, de la terre semblable à celle du
lorrain qui est autour, qui l'avoisine, et puis vous prenez un
arrosoir et vous arrosez le terrain qui a été occupé par vous
et par votre manœuvre, pour faire disparaître tout indice du
passage de l'homme ; bien entendu la chaîne doit être cachée,
elle doit être couverte de terre.
Enfoncez bien le pieu qui retiendra la chaîne du piège;
la loutre a une force considérable et j'en ai trouvé une un
jour qui était partie avec mon piège. Par bonheur, la chaîne
s'était accrochée à un buisson, et j'ai pu ce jour-là contem-
pler à mon aise mon ennemie, mais il n'y a pas toujours là
un buisson pour vous venir en aide.
Vous avez. Messieurs, écouté cette improvisation avec une
telle bienveillance, que je veux finir par une petite histoire.
Au seuil de cette communication, je vous ai dit que les lou-
tres obéissaient à la loi d'amour dans l'endroit qu'elles trou-
vaient le plus net, le plus lumineux. Un jour je faisais ma
ronde dans le parc à cinq heures du matin, je trouve deux
loutres prises (Cupidon avait été mon complice); je m'assure
que les pattes sont bien serrées dans les pièges, je m'empare
des deux chaînes et me voilà parti tenant les rênes et fouail-
lant mes loutres comme des chiens. Je fais sonner la cloche
du château : tout le monde se met aux fenêtres. J'avais chez
moi alors un command.-mt d'artillerie de Mézières, qui avait
quelque peu tourné en ridicule ma passion de trappeur. Sa
SUR LA DESTRUCTION DES LOUTRES. 437
femme, sa fille et sa sœur, tous et toutes étaient effarés de ce
réveil si matinal. J'arrive sous leurs fenêtres avec mon atte-
lage aquatique, jugez de mon succès. « Je ne suis plus fou,
n'est-ce pas ? » m'écriai-je. Je l'étais cependant, mais c'était
de joie.
En finissant, Messieurs, permettez-moi de vous donner un
conseil : j'aperçois que parmi ceux-là qui me font l'honneur
de m'écouter, il y en a beaucoup qui ne sont plus de la pre-
mière jeunesse. Quand on est trop vieux pour chasser, il faut
se faire trappeur, il y a là des jouissances réelles, et puis on a
la satisfaction de se dire qu'on est utile à ses semblables.
J'ai pris plus de 75 putois (après ce chiffre je n'ai plus
compté), j'ai pris belettes, fouines, hermines, renards, mais
j'ai pris surtout, et ce sont là mes vrais litres pour occuper votre
bienveillante attention, j'ai pris 18 loutres en peu d'années;
on vous dira peut-être que toutes ces précautions sont pué-'
riles, mais toutes les fois que j'ai laissé les pièges entre les
mains de mon jardinier ou des aides, ils n'ont rien pris;
toutes les fois que j'ai agi moi-même, j'ai pris des loutres; je
vous ai dit le chiffre. J'espère que vous ferez tous comme moi
et je vous abandonne le fruit de mon expérience. (Applau-
dissements.)
M. le Président. — Eh bien, monsieur de Fiennes, nous ne
sommes pas de votre avis. Vous nous avez beaucoup intéressés
parce fragment d'histoire naturelle débité par ce trappeur, et
je crois que tout le monde tirera son profit de ce que vous avez
"dit.
M. de Fiennes. — Je remercie M. le Président des paroles
aimables qu'il veut bien m'adresser et je voudrais ajouter un
mot à ma communication. Un de mes collègues me demande
quelle est la nature du piège que j'ai pris. En général les
pièges français ne sont pas très bons. J'ai acheté à mon trap-
peur un piège que l'on dit, je crois, allemand. J'en ai fait fabri-
quer plusieurs, sous mes yeux, par mon serrurier, et j'en ai fait
exécuter l'année dernière un semblable aux miens pour notre
collègue, M. Fontaine, dont la propriété est situéeprèsde Paris.
OUSERVATIONS ET RÉFLEXIONS
SUR L'HYGIÈNE DES BASSES-COURS
ET DES VOLIÈRES SPÉCIALEMENT DESTINÉES AUX FAISANS
Par Se docteur II. MOREAU^
Depuis cinq ans l'élevage des Faisans a été contrarié par
unesuccession inouïe deprintemps et d'étés mouillés et froids,
je parle de la région que j'habite (Vendée), et probablement mon
observation s'étend à une grande partie de la France. Aussi les
lamentations des éleveurs ont-elles été presque générales, si
bien que plusieurs ont été envahis par le découragement.
Malgré toute forte volonté et toutes précautions il ne dépend
pas de rhomme de vaincre complètement les difticultés d'éle-
vage résultant de l'inclémence des saisons. Cependant un
esprit ferme et doué de persévérance ne doit pas céder abso-
lument devant les difficultés. Comme tous les éleveurs j'ai
beaucoup souffert, mais en même temps j'ai observé, j'ai
étudié et je lutte.
L'invasion presque générale delà diphtérie dans nos basses-
cours et volières n'est-elle point la conséquence de Thumidité
exceptionnelle de ces cinq dernières années? Je veux dire par
là que cette humidité a été, non l'unique, mais un des prin-
cipaux agents qui ont engendré cette elfrayante maladie, ainsi
que d'autres affections moins graves dans leur aspect, mais
qui exercent des ravages considérables : je citerai particuliè-
rement encore le ver ou strongie du larynx qui a été jusqu'ici
mon grand ennemi. Je l'ai signalé il y a déjà longtemps, et
contre lui j'ai réclamé et cherché remède. Mes connaissances
entomologiques ne me permettent pas de donner de ce para-
site une description scientifique sur son origine, son évolu-
tion et sa reproduction. Je ne saurais mieux faire que de rap-
peler l'article de M. Périer, Bulletin n" 10, 1875, p. 586.
J'ai eu tant de revers occasionnés par le Si/nyamus trachea-
lis, que j'ai constamment dirigé mon attention sur lui, et j'ai
SUR l'hygiène des basses-cours. 439
la conviction que de bien nombreux éleveurs qui ne s'en sont
pas rendu compte comme moi, ont dû leur insuccès à ce
terrible ver que les Anglais désignent sous le nom de gapes,
parce que les oiseaux qui en sont atteints bâillent et toussent.
Mais je n'ai jamais eu connaissance d'une description par les
éleveurs anglais des vers qui produisent cette toux et ces bâil-
lements, ni d'un remède efficace pour en guérir ou préserver
les oiseaux. L'Angleterre étant un pays plus humide que le
nôtre, j'y trouve, à l'appui de ma thèse, une preuve que l'hu-
midité, surtout quand elle est jointe à la chaleur, joue un
rôle prépondérant dans la production des strongles. Dans les
saisons et pays très secs ce ver ne fait pas son apparition :
l'hiver, la température froide ne se prête pas à son éclosion:
ce n'est qu'au printemps et dans l'été que Thumidité et la
chaleur réunies lui donnent naissance dans les milieux où il
trouve à s'évoluer.
D'après mes remarques, qui embrassent une dizaine d'an-
nées, je suis aujourd'hui persuadé que les déjections des
oiseaux constituent le milieu apte à recevoir les germes des
syngames, et que, lorsqu'un terrain est souillé et surtout saturé
de ces déjections, il devient farci de semence de strongles, qui
y pulluleilt promptement, et, si une humidité chaude inter-
vient, il V a une multiplication incalculable de ces insectes. J'ai
souvent manié de la terre de mes volières et j'y ai trouvé de
tout petits vers d'un blanc sale, mais isolés et jamais accou-
plés comme dans le larynx des oiseaux, et d'une ressemblance
frappante avec les vers retirés du larynx. J'ignore le mode de
formation et de reproduction de ces insectes; mais j'ai l'in-
time conviction que le fait est conforme à mon explication.
Les oiseaux vivant dans leur volière piochent le sol, juste-
ment peut-être pour rechercher ces vers qu'ils mangent, et
c'est dans ce travail que le ver ou sa larve se glisse dans le
larynx, où il élit domicile et vit du sang de l'oiseau, car, lors-
qu'on le retire de cet organe, il est rouge etgorgé de sang;
c'est là qu'il prépare peut-être de nouvelles générations en
provoquant la mort lente par asphyxie ou épuisement de l'a-
nimal qui le nourrit de sa substance.
440 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Suis-je dans le vrai? Je le crois. Mon opinion est le résul-
tat de mes observations d'un fait naturel souvent vérifié. Je
laisse aux observateurs micrographes le soin du contrôle
scientifique de mes assertions, qui reposent sur des faits po-
sitifs.
Aussi qu'en est-il résulté pour moi praticien, après avoir
constaté l'impossibilité de réussir l'élevage sur un terrain
dont la fécondité en vers atteignant le larynx de tous mes
Faisans me condamnait à y renoncer? Voulant pourtant éle-
ver, il fallait rigoureusement trouver un remède. J'essayai l'ail
et autres vermifuges dans les aliments; rien n'y fit. J'eus
l'idée d'introduire des huiles insecticides dans le larynx;
j'obtins des succès, mais incomplets. Enfin je fis usage d'un
écouvillon de cheveux, dont j'ai fait la description dans le
Bulletin n" 1, p. 1, 1880. J'ai ainsi parfaitement réussi à
enlever les parasites, et ce procédé curalif est demeuré pour
moi souverain sur les oiseaux malades. Mais en présence de
la nécessité d'en faire constamment usage sur tous mes sujets,
la pratique devenait fastidieuse et pénible. Je dus chercher
un moyen préventif.
Pour moi, j'établis en principe que tout sol habité depuis
quelque temps par de nombreuses générations d'oiseaux, et
saturé de leurs déjections, se transforme en une source iné-
puisable de strongles et de leurs larves, et d'autres insectes
microscopiques, et devient par conséquent impropre au suc-
cès d'élevages ultérieurs, si les oiseaux surtout sont de nature
à fouiller le sol avec le bec.
Avec une telle conviction, que je possède fortement, que
devais-je faire et tenter? Anéantir dans le sol de mes volières
par des liquides insecticides toutes les larves; mais c'était
assez dispendieux, et il aurait fallu une main-d'œuvre consi-
dérable pour remuer le sol et l'imbiber, et il eût fallu sans
doute renouveler souvent cette pratique. Un autre pro-
cédé était de renouveler le sol lui-même; mais j'y voyais les
mêmes inconvénients. Ou bien transporter chaque année ses
volières sur un terrain neuf : tout le monde ne peut pas le
faire, et la pratique en est impossible avec des volières fixes
SUR l'hygiène des p.asses-couhs. M\
comme les miennes. Un autre moyen, mais encore inconnu
pour moi, sérail d'empêcher sûrement toute fermentation des
produits excrémentitielset des débris alimentaires qui souil-
lent le plancher des comparlimenls. J'avais cru d'abord y
réussir en bêchant le sol des volières et en enterrant les détri-
tus de tout genre, qui devenaient un engrais pour la végétation
que j'y cultivais. J'ai promptement reconnu l'insuffisance ou
l'inutilité de ce travail. J'ai bien tenté les arrosages d'acide phé-
nique, de sulfate de fer, de chlorure de sodium, le badigeon-
nage à la chaux, tout cela, bon en principe et pouvant être très
utile en certaines occasions, ne peut devenir d'une efficacité
générale, constante et continue : l'oubli, la négligence, le
manque de temps venant souvent en rendre l'application in-
complète ou inopportune, on ne peut compter sur une garan-
tie positive. Tout en adoptant et pratiquant ce qu'il y a de
bon dans les diverses ressources hygiéniques que nous trou-
vons dans les ingesta, les circumfusa et les applicata, j'ai
donc imaginé un procédé plus radical et d'un fonctionnement
sûr et automatique malgré son inertie.
Bien qu'il m'en coulât, il s'agissait de sacrifier la culture
de mes volières et de remplacer la verdure et les graines que
j'y cultivais pour l'alimentation de mes Faisans, par des ver-
dures croissant en dehors et distribuées aux oiseaux chaque
jour. J'ai durci la surface de tous mes parquets de manière à
empêcher le sol de s'imprégner du produit des déjections et
à priver les oiseaux de le fouiller. J'ai donc fait enlever 12 à
i5 centimètres d'épaisseur de terre dans toute l'étendue de
mes volières, et j'ai remplacé cette épaisseur par une couche
égale de béton. J'ai eu soin de respecter toutes les plantations
d'arbres et d'arbrisseaux pour réserver de l'ombrage aux habi-
tants. Depuis deux ans que j'ai exécuté ce travail, je n'ai eu
qu'à m'en féliciter. D'abord mes plantations d'arbres que je
craignais de voir périr n'ont nullement souffert. La surface
entière de mes volières est unie et propre, et d'autant plus
propre que, s'il survient une forte ondée, l'eau, en s' écoulant,
lave au mieux toutes les malpropretés qu'elle entraîne à la
partie déclive, car une pente de 5 centimètres par mètre ne
442 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
laisse pas subsister la moindre humidité, la moindre flaque
d'eau sur toute la surface de mes compartiments. Chaque
semaine, du reste, et plus souvent s'il le faut, un coup de
balai nettoie toutes les fientes et autres débris, ce qui me
fournit dans le cours de l'année une étonnante quantité d'ex-
cellent engrais. Mes Faisans n'ont jamais les pattes et le plu-
mage salis.
Depuis deux ans cette amélioration m'a donc préservé de
l'existence du ver laryngien chez mes Faisans. Cependant je
dois avouer que l'an dernier et celte année j'ai eu trois ou
quatre Faisans qui ont contracté des strongles. En voici l'ex-
plication. Autour de chaque plantation j'ai laissé quelques
centimètres de surface de terre ancienne pour la végétation
des plantes. Les Faisans, ayant la rage de fouiller le terrain,
ont remué avec le bec ce peu de terre qui recelait évidem-
ment des syngames ou leurs larves. Dès que j'ai vu ces quel-
ques Faisans tousser et languir, je les ai immédiatement et
radicalement guéris en leur retirant du larynx, à l'aide de
mon écouvillonen cheveux, les vers rouges dont ils souffraient.
De sorte que je n'ai eu depuis deux ans aucun décès impu-
table à ces parasites.
Pour moi ce résultat est décisif et fortifie mon opinion.
Gomme preuve à l'appui, je puis encore ajouter l'observation
suivante. Chaque année, en ce moment, par exemple, j'élève
des familles de Poulets sur des tas de fumier. Ceux qui picorent
sur le fumier de mes chevaux sont indemnes. Ceux qui sont
parqués sur l'emplacement des fumiers de basse-cour et de
volières sont tous atteints de vers laryngiens. Je viens à l'instant
de les guérir en leur écouvillonnant le larynx, dont j'ai retiré,
chez quelques sujets, jusqu'à 30 strongles de différentes gran-
deurs.
Comme résultat pratique, depuis deux ans, malgré le temps
leplus contraire que nous ayons jamais subi, j'ai réussi à élever
plusieurs centaines de Faisans, alors que les années précéden-
tes, je n'en avais pu réussir un cent sur le même terrain ; en-
core ne parvenais-je à conserver ce petit nombre qu'à force d'é-
couvillonnements répétés sur tous mes sujets, besogne pénible
sur» l'hygiène des basses-cours. 443
et qui devenait dangereuse quand il fallait la renouveler tous
les jours au milieu d'une population rendue de plus en plus
sauvage par l'emploi du filet destiné à prendre les malades.
Ces faits concourent donc lousàral'tirmation de ma théorie.
En étendant cette théorie à d'autres affections, la diphtérie
surtout, serait-il téméraire de dire que prohablement les
mêmes causes engendrent d'autres effets qui ne sont peut-être
pas sans analogie, si surtout, comme le décrit M. Bachy (Bull.,
n" 9, p. 520, 1881), on admet, dans cette affreuse maladie,
l'existence de microzoaires infectants, trouvant leur élément
d'origine dans les déjections des oiseaux de volières et basses-
cours, et se développant par la fermentation qui.s'y produit
sous l'influence de l'humidité et de la chaleur. Toujours est-
il que cette etfrayante affection dont j'ai été un moment me-
nacé par l'introduction dans mes parquets d'oiseaux conta-
gionnés, n'a pas pris de développement et a disparu totalement
depuis que j'ai fait bétonner ma basse-cour comme mes com-
partiments de volières. De celte façon, en effet, la propreté la
plus complète et la plus permanente est facile à obtenir. La pluie
elle-même, surtout quand elle est abondante, au lieu d'être
une cause efficiente de propagation morbide, devient un mode
parfait de nettoyage. S'il fait chaud et sec, les excréments des
oiseaux se concrètent et aucune fermentation ne peut s'y pro-
duire. Je crois donc que le bétonnement est le moyen jusqu'ici
le plus efficace contre toutes les maladies infectieuses ou para-
sitaires qui menacent nos volières et nous préparent les décep-
tions que chacun de nous accuse depuis plusieurs années.
Quand je parle de béton, je ne prétends pas qu'il n'y ait rien
autre chose pour durcir le sol des volières et basses-cours ;
mais je l'ai adopté comme étant plus économique pour moi,
d'autant mieux que la chaux qui constitue une de ses parties
ne se prête, ni physiquement, ni chimiquement, à former re-
paire ou aliment aux divers parasites ou à leurs larves, aux
microbes ou autres germes infectieux pouvant se développer
dans les produits organiques par leur fermentation.
Ma conclusion, qui découle de mon opinion basée sur mes
observations, est donc que, pour continuer d'élever des Fai-
^M SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
sans ou autres oiseaux analogues dans une volière, sans s'ex-
poser aux parasites quelconques, microscopiques ou saisis-
sables à l'œil, qui ruinent l'éle-vage, le mieux est de durcir le
sol des parquets avec pente suffisante; néanmoins ne pas ou-
blier d'y conserver des plantations résistantes et ne pas omettre
d'installer une partie abritée toujours sèche et sablée, où les
oiseaux peuvent à l'aise se poudrer et où les vers ne se déve-
loppent jamais à cause de l'absence d'humidité; il est du reste
toujours facile de nettoyer et de rafraîchir cette surface sèche
et sablée. En outre il n'y a pas lieu d'abandonner ou de négli-
ger les autres moyens de salubrité déjà connus et mis en pra-
tique. Si, malgré toutes précautions des vers, viennent au
larynx des oiseaux, il reste la ressource de les guérir par l'em-
ploi de mon écouvillon. Si la diphtérie envahit quand même
les habitants des parquets, et dans ce cas elle a bien chance
d'avoir été introduite par des oiseaux contagionnés venus d'ail-
leurs, alors s'offre l'occasion de pratiquer le traitement, que
je crois très recommandable, de M. liachy (voy. Bulletin,
n^O, p. 520, 1881).
Je serai heureux si quelque jour, à la suite de recherches
plus approfondies et plus compétentes que les miennes, les
faits que je relate et l'opinion que j'émets reçoivent leur con-
firmation scientifique conformément aux découvertes de l'é-
cole de M. Pasteur, et si les principes que son génie a révélés
pour le plus grand bien des races animales, et finalement de
l'homme, trouvent leur application dans l'élevage et la multi-
plication des hôtes ailés qui passionnent et charment notre
existence.
LA BARDANE DU JAPON
Par M. Jean DYBOWSKl
Maître de Conférences d'horticulture à l'École d'agriculture de Grignon.,
Ce n'est pas d'aujourd'hui que le besoin, d'introduction de
plantes nouvelles, pouvant entrer dans l'alimentation quoti-
dienne, se fait sentir. Les légumes, en
effet, dont nous disposons, sont d'un
nombre fort restreint, surtout parmi
les plantes de culture facile, et d'ail-
leurs ce nombre serait-il encore bien
plus considérable, qu'il y aurait tou-
jours place pour des plantes présen-
tant de véritables qualités organolep-
tiques et une grande facilité de culture.
Dans cet ordre d'idées, ce que l'on
doit d'abord demander à un légume
nouveau, c'est de contenir en abon-
dance des substances assimilables et
nutritives, et aussi de ne pas posséder
de saveur trop prononcée. Ce goût, en
effet, serait-il des plus agréables, qu'il
empêcherait néanmoins la plante qui
le possède de se répandre et de tomber
dans l'alimentation courante, par la
raison que cette saveur, agréable pour
certaines personnes, ne le serait pas
pour d'autres. C'est pour ces raisons
que la pomme de terre est devenue et
restera une plante universellement
cultivée, tandis que les Céleris bul-
beux, par exemple, ou bien encore les
Topinambours, ces plantes de culture
si facile, ne seront jamais que d'un usage restreint. Se plaçant
à ce point de vue, ce seront toujours les légumes racines ren-
446 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
fermant de la fécule ouderinuline sans mélange de principes
aromatiques trop accentués, qui auront le plus de chance
d'être accueillis a^ec faveur par le public.
Enfin une dernière considération déterminante, dont il y
a lieu de tenir compte, c'est la facilité et aussi la rapidité de
culture. Si la plante est exigeante au point de vue de la cha-
leur ou seulement de l'eau, sa culture se trouvera destinée
exclusivement aux cultivateurs de profession. Or rien n'est
plus difficile que de faire sortir un jardinier des cultures qu'il
est habitué de faire pour en adopter de nouvelles ; cela se
comprend, jusqu'à un certain point, car pour qu'un légume
se vende bien sur le marché, et c'est le seul point qui inté-
resse le producteur marchand, il faut qu'il ait déjà obtenu
ses lettres de crédit auprès du public. Chacun connaît à ce
propos l'histoire de l'introduction de la pomme de terre qu'il
est inutile de rappeler ici.
Je le répète donc, il faut que le légume nouveau soit de cul-
ture facile, afin que l'amateur puisse le cultiver lui-même, le
répandre, et habituer peu à peu le public à s'en servir. Ce
n'est qu'à ce moment-là que le cultivateur pourra s'en empa-
rer et le cultiver en grand.
La Bardane comestible me semble réunir bon nombre des
qualités dont je viens de parler.
La Bardane comestible est originaire du Japon. Importée
par von Siebold, puis par plusieurs autres voyageurs, sa cul-
ture fut essayée à plusieurs reprises en France ; mais, soit que
les essais culturaux aient été mal conduits, soit plutôt que les
graines importées provinssent de variétés peu perfectionnées,
ces essais n'ont abouti à aucun résultat satisfaisant; si bien
que quand en automne 1881 j'en présentai des spécimens à
à la Société centrale d'Horticulture, ce légume fut déclaré
inconnu et remis à une commission chargée de le déguster
et de dresser un rapport de ses appréciations.
La Bardane comestible, connue chez les Japonais sous le
nom de Gô-bô, a été successivement désignée sous le nom de
Lappamajor, L. edulls, L. tomentosa; mais, sans rentrer dans
des discussions qui ne sauraient trouver place ici, il est permis
LA BARDANE DU JAPON. 447
d'affirmer que, suivant toute probabilité, c'est à lapremière
de ces espèces que doit se relier le Gô-bô dont il n'est qn\me
variété, et ce serait donc à tort que l'on a essayé d'en faire
une espèce à part. Tous les caractères végétatifs, ainsi que ceux
tirés de la fleur et du fruit, sont identiques à ceux du Lappa
major, à la couleur et la dimension près, ce qui, comme on
le sait, ne constitue que des caractères de peu d'importance.
11 est probable que des Lappa major pris dans nos champs, où
ils croissent avec abondance, et soumis à une culture et à une
sélection intelligente, arriveraient à fournir des racines comes-
tibles semblables à celles du Gô-bô des Japonais. Quoi qu'il
en soit, la plante dont je viens vous parler, est caractérisée
par des feuilles de très grande dimension, mais en petit
nombre, cinq à sept au maximum. Chacune de ces feuilles
mesure environ 30 à 35 centimètres de long sur 20 de large.
Le pétiole, ainsi que la partie inférieure des feuilles, est cou-
vert d'un abondant tomentum blanc, que l'on trouve même
répandu sur tous les organes aériens à l'état jeune. La forme
de ces feuilles est celle de toutes les Bardanes, c'est-à-dire sa-
gittée et cordiforme à la base.
La racine, qui constitue la partie comestible de la plante,
est pivotante et fusiforme, d'une longueur moyenne de 20 à
25 centimètres sur 0 à 7 centimètres de circonférence à la
partie médiane. (Voy. la figure p. 445). Pour ce qui est
des tiges, des fleurs et des fruits qui n'apparaissent que la
deuxième année, ils ressemblent en tout point aux autres
Lappa avec des dimensions amplifiées.
Telle est la plante que j'ai obtenue d'un semis de graines
qui m'a été envoyé du Japon en i(S81, par M. J. Dautremer,
attaché à la légation de France à Tokio.
Dès la réception de ces graines, qui eut lieu dans les pre-
miers jours de juin, je les fis semer dans une terre profondé-
ment défoncée et riche en engrais décomposé. Quelques jours
après le semis j'eus la satisfaction de voir que les graines
germaient très bien, ce qui n'est pas toujours le cas de
celles venant de si loin. Les seuls soins cvdturaux que je fis
donner au plant furent quelques arrosages et une éclaircic
MS SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
destinée à laisser entre chaque plante une distance de 10 cen-
timètres environ.
Trois mois après le semis ces racines avaient acquis un
développement tel, que je jugeai le moment venu de les livrer
à la consommation. Ce premier essai tut assez satisliiisant
pour que je n'hésite pas à venir présenter la Bardane comes-
tible comme une plante d'avenir assuré.
Au demeurant, voici en quoi consiste sa culture et aussi
quelles sont les qualités qu'elle me semble présenter.
L'époque la plus favorable pour le semis, bien que celui-ci
puisse sans inconvénient être fait toute l'année, est la fin du
printemps et le commencement de l'été. La plante est peu exi-
geante sur le choix du sol, pourvu que celui-ci soit bien
ameubli ; néanmoins les terres riches et un peu compactes
sont celles qui lui conviennent le mieux. Les semis doivent être
faits soit à la volée, soit en rayons, puis éclaircis un mois
environ après. C'est dans le troisième et le quatrième mois
après la semaille que la récolte des racines peut être faite. A
l'arrachage il n'est pas rare que, comme chez les salsifis et les
scorsonères, les racines soient bifurquées, mais chacune des
ramifications acquiert habituellement un volume suffisant pour
être utilisée.
On peut encore cultiver le Gô-bô en semant en pépinière,
puis en faisant un repiquage, mais alors la bifurcation est
de règle, ce qui d'ailleurs ne fait qu'augmenter le produit
tout en le rendant de moins belle qualité. Le Gô-bô résiste
bien au froid et il peut, sans inconvénient, hiverner dans le
sol ; il se ramifie alors beaucoup et chaque touffe donne une
douzaine de fortes racines comestibles. Dans le cas où l'on
désire laisser les Bardanes longtemps dans la terre, il convient
de les espacer davantage, soit en moyenne de 30 à 35 centi-
mètres en tous sens,, chacune des touffes développant un
feuillage abondant. Enfin, comme chez les salsifis, il n'y a pas
lieu de s'inquiéter de la montée à fleur, le pied n'en reste
pas moins producteur de racines parfaitement tendres.
D'où il résulte que la culture peut être de deux sortes :
1» semis en juin-juillet et récolte après trois mois;
LA BARDANE DU .lAPON. M9
2" semis, repiquage après un mois, récolte en hiver ou au
pi'intemps suivant.
Les racines de Bardane Sfî consomment exactement de la
même façon que celles des salsilis et des scorsonères, c'est-à-
dire qu'après les avoir grattées, on les fait cuire dans de l'eau
salée pendant environ une demi-heure, puis on les accom-
mode suivant son goût comme les autres légumes.
Le goût ressemble un peu à celui des salsifis, tout en étant
moiûs accentué, mais pour ce qui est du rendement et surtout
pour la rapidité de la culture, ces deux plantes ne sont pas
comparables. Chacun sait en effet que le salsifis exige une
année de culture; la Bardane ne demande que trois mois. Je
viens donc aujourd'hui offrir cette plante au public avec toute
la confiance que m'ont donnée deux années d'essais les plus
fructueux. C'est maintenant aux Sociétés, aux amateurs aussi,
qu'incombe la tâche d'en répandre partout la culture, con-
vaincu que je suis que cette plante est appelée à rendre les
plus grands services, notamment pour l'alimentation des classes
laborieuses.
On a dit que les feuilles de la Bardane pourraient être
blanchies et consommée soit cuites, soit crues en salade; je
n'ai pas fait d'essai dans ce sens, mais je me propose de les
commencer dès cette année. Ce serait une récolte de plus four-
nie par cette plante précieuse, qui trouvera désormais, j'en
ai la conviction, place dans la culture de tous les potagers.
3" SÉRIK, T. X. — Août 1883. 29
Il- TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ.
NOTES SUR L'ÉLEVAGE, LE TRAlTEMEiNT, etc.
DES AUTRUCHES DANS L'AFRIQUE AUSTRALE
Par M. L.AVi:iVÈRE,
consul de France au Cap.
La première préoccupation du propriétaire qui entreprend
l'élevage de l'Autruche doit être de choisir avec soin la partie
du terrain qu'il destine à ces oiseaux : un sol sablonneux et
alcalin, sans toutefois être aride, leur convient très bien. La
dimension des enclos doit être aussi étendue que possible, et,
en effet, plus l'espace est grand, plus il y a de facilité pour
l'Autruche de trouver une nourriture suffisante ; il faut que
ces parcs soient bien clos, et, comme cette question de clôture
est une des plus importantes, il me semble utile de donner
quelques détails sur l'inslallation usitée au Cap. Pour les oi-
seaux âgés d'environ trois ans, la hauteur des palissades varie
entre 4 et 6 pieds ; on se sert généralement de poteaux en fer
ou en bois fixés solidement en terre, à 4 mètres de distance,
et supportant trois rangées de fils de l'er assez gros, placés
respectivement à environ un pied ou un pied et demi ; au-
dessus de ces poteaux de soutènement, il est bon de poser sur
toute la longueur de la clôture une traverse en bois, de façon
à ce que les oiseaux puissent ainsi apercevoir les obstacles et
ne viennent pas se jeter contre les fils de fer. Il est bon d'en-
trelacer cette clôture de branches de feuillage pour rendre la
séparation plus apparente; cette observation s'aj)plique plutôt
aux oiseaux reproducteurs, les propriétaires du Gap laissant,
en général, les Autruchons courir presque en liberté dans les
champs jusqu'à l'âge de près de trois ans.
L'étendue des parcs varie suivant les ressources des éle-
veurs; ceux qui possèdent de vastes fermes disposent quel-
quefois de dix à vingt hectares par paire ; d'autres, au con-
DES AUTRUCHES DANS l'aFRIQUE AUSTRALE. 451
traire, ne peuvent sacrifier qu'un hectare, et même moins;
mais alors surtout on est obligé de substituer une nourriture
végétale et artificielle à celle des champs. Dans l'un comme
dans l'autre cas, les résultats obtenus sous le point de vue de
la reproduction et du plumage sont identiques. Je dois dire,
à ce sujet, que les oiseaux accouplés ou reproducteurs doivent
être mis dans des enclos séparés, à moins toutefois que ces
enceintes soient de dimensions telles, que les Autruches puis-
sent fîicilement s'isoler les unes des autres et s'accoupler.
On doit éviter de laisser approcher les Chiens des enclos
où se tiennent les Autruches, car celles-ci en sont très ef-
frayées; elles se jettent alors contre les clôtures, et on peut
attribuer à cette cause une grande partie des accidents qui
surviennent.
Il est très difficile de pouvoir disliniiuer le mâle de la fe-
melle chez les Autruchons; ce n'est que lorsqu'ils atteignent
l'âge de douze mois que les plumes du mâle commencent à
devenir noires, tandis que les femelles conservent leur cou-
leur grisâtre, bien que chez l'un comme chez l'autre les
plumes du dessous des ailes soient blanches ; elles sont d'ail-
leurs assez appréciées sur les marchés européens.
J'indique ci-après les principales classifications des plu-
mes, eu suivant l'ordre de la valeur qu'elles peuvent repré-
senter :
Plumes des ailes (blanches).
id (id. , provenant des femelles).
Plumes de fantaisie. . . (blanches et noires).
id. noires (longues, moyennes et courtes).
id. grises id. id. id.
11 y a, pour les éleveurs, certaines précautions à prendre,
selon qu'il s'agit d'Autruches accouplées ou d'Autruchons ;
les premières nécessitent peu de soins, tandis que les seconds
exigent une attention continuelle. Pour les Autruches, il
suffit, en effet, de veiller à ce qu'elles soient pourvues d'une
nourriture abondante et saine, à ce que l'eau ne leur manque
pas, et enfin à les soigner en cas de maladie. Pour les Autru-
452 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
chons, [lu contraire, de plus grandes précautions sont néces-
saires ; dès le lendemain de leur naissance, on peut, si le
temps est beau, les lâcher dans les enclos, mais, autant que
possible, il faut choisir un endroit abrité du vent et où se
trouve du gravier; le troisième jour, ils commencent à bec-
queter les jeunes herbages et le gravier. Ils peuvent alors
mangei', et il est bon de couper pour eux, en petits morceaux,
du fourrage vert, de la luzerne, par exemple, etdeleur donner
des os concassés. On doit avoir soin aussi de leur verser de
l'eau claire dans un baquet et de la renouveler toutes les
vingt-quatre heures, non pas autant pour satisfaire la soif de
l'oiseau, qui, jeune ou vieux, boit très peu, mais plutôt pour
l'encourager à s'abreuver, ce qu'il ne ferait pas si l'eau n'était
pas limpide. On doit rentrer lesAutruchons tous les soirs pour
les renfermer dans une remise assez chaude, en ayant soin
de leur faire une bonne litière ; après le troisième ou le qua-
trième jour, on les voit souvent manger les excréments des
Autruches, et même ceux des Vaches, s'ils passent près des
étables. Il ne faut pas les laisser sortir si le temps est pluvieux
ou si le froid est intense ; en un mot, on doit éviter de les
exposer à l'intempérie des saisons, La situation atmosphé-
rique de ce pays permet aux éleveurs de laisser les oiseaux
nuit et jour dans leurs enclos dès qu'ils sont âgés de plus de
six mois, et si parfois on les rentre, ce n'est que pendant
l'hiver ou dans la saison des pluies. Il est à remarquer que
les Autruches supportent bien mieux les privations en vieillis-
sant. Pour les jeunes oiseaux comme pour les vieux, on doit
veiller à ce qu'ils aient suffisamment à manger; les Autru-
chons notamment demandent une nourriture saine, de l'herbe
coupée, des os broyés et du grain (blé, orge ou mais), dans la
proportion d'une livre par oiseau et par jour.
Les Autruches pondent généralement lorsqu'elles ont en-
viron quatre ans; le nid se compose d'un trou légèrement
creusé dans le sable, et c'est ordinairement le mâle qui le
prépare. La femelle ne pond pas toujours dans son nid, sur-
tout dans les premiers temps; mais alors le mâle y ramène
l'œuf peu à peu. Pendant l'époque de la ponte et de l'incu-
DES AUTRUCHES DANS l' AFRIQUE AUSTRALE. 453
bation, celui-ci se montre très irritable ; les jambes, sur la
partie inférieure de devant, et le bec deviennent rougeâtres,
et il serait alors dangereux d'entrer dans l'enclos. On sait, en
effet, que la seule défense de l'Autruche consiste dans les
coups de patte qu'elle peut donner, et qui suffisent pour casser
une jambe ou un bras; plusieurs personnes ont même été
tuées par eux. Ce que l'on a de mieux à faire pour éviter le
danger, si l'on est poursuivi par eux, c'est de se jeter à terre,
à moins toutefois qu'on ne puisse parvenir à les saisir et
maintenir parle cou, les rendant ainsi hors d'état de pouvoir
faire du mal ; si on se trouve muni d'une branche de verdure,
en la brandissant dans l'air on arrive presque toujours à
mettre l'Autruche en fuite. Il ne faut pas, du reste, entrer
dans les enclos sans nécessité; on doit, en effet, y laisser les
œufs, et, dans le cas où on voudrait en retirer, on peut prendre
de préférence les premiers pondus, lesquels, précédant quel-
quefois les autres de huit ou quinze jours, n'offrent pas toutes
les garanties nécessaires pour l'incubation; en thèse générale,
chaque oiseau pond de douze à dix-huit œufs; l'œuf pèse en-
viron trois livres, et on estime qu'il représente une valeur
nutritive égale à vingt-quatre œufs de poule.
Lorsqu'on veut faire couver par les oiseaux, ceux-ci doivent
être séparés par paire; si au contraire on a recours à l'incu-
bation artificielle, on peut placer deux femelles avec un mâle;
mais il faut, dans l'un et l'autre cas, s'abstenir de plumer les
oiseaux pendant la période correspondante. Les Autruches
pondent habituellement toutes les quarante-huit heures, et la
période d'incubation dure environ quarante-deux jours. Cette
question d'incubation artificielle a été vivement discutée par
un certain nombre d'éleveurs, qui prétendent que les pous-
sins ne présentent pas les mêmes caractères de force et de
santé que ceux couvés par le père et la mère ; on sait, en effet,
que le mâle se substitue à. la femelle lorsque celle-ci quitte le
nid pour aller manger, et il s'acquitte de celte mission avec
autant de soin que sa compagne ; mais ce procédé a pour con-
séquence de retarder la ponte et d'occasionner la perte de
beaucoup de plumes, qui se détériorent, chez le mâle aussi
454 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
bien que chez la femelle, par leur contact presque continuel
avec la terre.
L'opinion du chirurgien-vétérinaire de la colonie du Gap
est que les poussins couvés au moyen d'incubateurs artificiels
peuvent devenir aussi sains et vigoureux que ceux couvés par
les procédés naturels, pourvu toutefois que l'appareil soit
disposé et réglé de façon à remplir toutes les conditions es-
sentiellement requises pour l'incubation naturelle. Parmi les
incubateurs en usage pour couver des œufs d'Autruche, ceux
{( à lampe » sont considérés comme préférables à ceux qui
fonctionnent par le système d'eau bouillante, laquelle, versée
dans un réservoir ad hoc, maintient le degré de température
nécessaire. Ces deux espèces d'appareils se rencontrent aussi
bien pour les couveuses artificielles destinées aux œufs de
poule que pour celles en usage pour les œufs d'Autruche ; le
principe est le même, la seule différence consistant dans les
proportions requises et pour la grandeur de la machine et
pour la chaleur atmosphérique correspondante. La tempéra-
ture des incubateurs ne doit pas être trop élevée, et, en règle
générale, ne pas dépasser 96 degrés Fahrenheit, bien que la
température normale de l'Autruche soit de 102 degrés ; mais
celle des œufs, dans les nids, ne peut jamais atteindre ce
chiffre, car il y a lieu de tenir compte de quelques degrés en
moins pour la radiation et la dispersion de la chaleur.
Il y a chez les Autruches des organes excessivement délicats.
Si ces oiseaux peuvent digérer aisément, s'il est facile de les
nourrir, si, arrivés à un certain âge surtout, ils peuvent sup-
porter de grandes privations, ils n'en sont pas moins exposés
à des maladies sérieuses d'origine et de provenances diverses ;
il est reconnu que le cou et la tête sont les points les plus
sensibles et les plus difficiles à soigner. Ces animaux se bles-
sent, soit en venant se heurter contre les palissades, soit au-
trement; si la lésion est interne, on peut laisser agir la na-
ture ; et si, au contraire, la blessure est visible, c'est-à-dire si
elle présente le caractère d'une plaie (que la partie malade
soit la tète, le cou ou le restant du corps), il convient d'abord
de laver délicatement avec de l'eau chaude la blessure, de
DES AUTRUCHES DANS l'AFRIQUE AUSTRALE. 455
façon à enlever la saleté qui a pu y pénétrer; on doit ensuite
dégager les plumes environnantes et réunir les points opposés
de la plaie par des ligatures séparées, cette opération se fai-
sant au moyen d'aiguilles chirurgicales. On frictionne alors le
tout avec de l'huile phéniquée, afin d'empêcher les mouches
de s'en approcher; mais cette préparation doit être mélangée
d'huile d'olive dans la proportion de 1 à 20. Si les blessures
sont profondes, on peut les entourer de cette même prépara-
tion, jusqu'à ce qu'une nouvelle chair vienne à se former.
Les éleveurs d'Autruches dans cette colonie considèrent
comme perdue toute Autruche qui a une jambe cassée, bien
que dans quelques cas exceptionnels on soit arrivé à un ré-
sultat assez satisfaisant par la chirurgie.
A la suite d'un accident, les oiseaux laissent quelquefois
pendre leurs ailes, les extrémités étant endolories ; on les rat-
tache alors en les plaçant dans leur position normale au moyen
d'un bandage fixé sur les reins ; cette opération simple et
fi\cile constitue une des manières les plus expéditives et les
plus assurées de guérison.
La plus grande mortalité parmi les Autruchonsa lieu entre
l'âge d'un à trois ans ; ils sont alors atteints d'une maladie
désignée sous le nom de « yellow liver », sorte d'affection ou
engorgement du foie. Les principaux symptômes se manifes-
tent parle passage subit d'un état plantureux à un état d'af-
faiblissement et d'abattement; l'oiseau replie son cou, pousse
des cris plaintifs, se traîne derrière les autres, et on peut
remarquer que la paupière est cernée d'une légère teinte
blanchâtre; les jambes prennent une couleur rosée et maigris-
sent sensiblement ; pendant la nuit, le malade se tient couché,
tombe facilement, se relève avec peine, et parfois même
on observe des signes de constipation. Les Autriichons
ainsi attaqués sont très difficiles à soigner, et, s'ils guérissent,
ils conservent durant longtemps une apparence débile. On
n'a pas encore découvert les causes de cette maladie; aussi
les remèdes sont-ils extrêmement vagues; cei)endant l'expé-
rience croit avoir reconnu que les soins à donner dans ce cas
doivent être de varier la nourriture en changeant presque
456 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
entièrement le système de nutrition, de placer les oiseaux
dans des enclos présentant un aspect différent de celui qu'ils
occupaient avant leur maladie, et d'éviter de leur donner à
manger quelque chose de cuit ; un peu de blé ou de maïs leur
est très avantageux, et si on leur distribue du fourrage, il
doit être en plein état de maturité. On recommande surtout
de ne pas les laisser exposés à l'ardeur du soleil ou à l'humi-
dité de la nuit.
Les jeunes oiseaux souffrent souvent de douleurs dans les
muscles des jambes ; plusieurs personnes croient y découvrir
tous les symptômes du rhumatisme, mais généralement on
en attribue la cause à l'absorption d'herbages vénéneux. Les
oiseaux marchent alors avec difficulté, se frappent les jambes
l'une contre l'autre, et, s'ils ne guérissent pas promptement,
si surtout en grandissant le corps devient trop lourd, une
conséquence fatale est à craindre.
Plusieurs éleveurs du Cap pensent que la mortalité chez les
Aulruchons doit principalement être attribuée à une espèce
particulière de poux au corps bleuâtre et aux pattes rosées,
qui s'attache plus spécialement aux oreilles des jeunes oi-
seaux; certains fermiers croient même qu'un ou deux de ces
insectes peuvent suffire pour empoisonner le sang d'un Au-
truchon ; il faut alors, d'après eux, veiller à ce que la plus
grande propreté règne dans les enclos où ils sont placés et les
frictionner avec une préparation composée d'un peu de soufre
mélangé de poudre phéniquée.
La maladie qui, depuis quelque temps déjà, fait dans la
colonie du Cap d'assez grands ravages parmi les Autruches,
est occasionnée par la présence de parasites internes ; ceux
qu'on trouve généralement chez ces oiseaux, et dont les effets
sont les plus destructifs, sont de petits vers découverts par un
éleveur de cette colonie du nom de Douglas, et de là pro-
vient la désignation de Strongijlus Douglasii qui leur est
donnée ; on rencontre aussi différentes espèces de Ténias
dans les petits intestins, ainsi qu'une autre variété de Stron-
gylus dans les grands intestins, plus particulièrement dans
le cœcum.
DES AUTRUCHES DANS l' AFRIQUE AUSTRALE. 457
Presque toutes les Autruches à Tétat domestique sont at-
teintes du Tape-îvonn (Ténia), qu'elles conservent jusqu'à
ce qu'elles arrivent à l'âge adulte, et alors, sauf de rares ex-
ceptions, elles le rejettent naturellement. Dans le cas cepen-
dant où les conséquences deviendraient inquiétantes, le re-
mède reconnu comme le plus efficace jusqu'à ce jour pour
l'expulsion du Ténia consiste dans l'emploi de VOiL of maie
fern (extrait élhéré de fougère mâle) et de la térébenthine.
On assure, à ce sujet, que ces vers se communiquent facile-
ment d'un oiseau à l'autre.
Voici d'ailleurs quelle est, suivant l'âge des Autruches, la
proportion prescrite pour ces deux médicaments :
Térébenthine liquide. Extrait de fougère mâle.
Oiseaux âgés de 4 mois 1/2 once. 1/2 cuill. à café.
id. id. de 6 » 3/4 — 2 —
id. id. de 9 » 1 — 2 1/2 —
id. id. de 12 » 111 — 3 1/2 —
id. id. de 18 » 1 i;2 — 4 —
id. id. de un an et au-dessus. 2 — 6 —
Quelques personnes emploient ces préparations en les com-
binant avec un purgatif composé d'huile ou d'aloës; d'autres
préfèrent donner le vermifuge d'abord et le purgatif ensuite,
tandis qu'il y en a qui mettent du sulfate de fer et du sel
commun dans l'un ou l'autre de ces médicaments; on peut
ajouter à ce mélange un peu de farine, en le présentant sous
forme de pilules, afin d'en rendre l'absorption plus facile.
La présence des parasites internes, du Strongylus Doii-
glasii en particulier, cause une assez grande mortalité
parmi ces oiseaux, et l'opinion de personnes compétentes,
entre autres celle du chirurgien-vétérinaire de la colonie, est
que la cause première peut en être attribuée à l'état d'affai-
blissement de la constitution en général, et surtout à la con-
dition maladive des membranes muqueuses, qui est le résultat
d'un système défectueux d'alimentation; aussi, bien que l'ex-
pulsion de ces parasites puisse s'effectuer facilement au moyen
d'anthelminthiques, l'état de la membrane muqueuse qui
favorise leur développement n'étant pas modiiié par le chan-
458 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
gement de nourriture, les parasites reparaissent alors presque
aussi rapidement qu'ils sont expulsés.
Dans quelques districts de la colonie, on a donné à des
Autruches souffrant des effets du Strongylus Douglasii de
petites doses de teinture de muriate de fer, qui ont produit
d'assez bons résultats; les doses, dans ce cas, sont d'une
demi-cuillerée à café dans environ 23 centilitres d'eau pour
un oiseau de trois mois, et d'une cuillerée entière pour un
oiseau de six mois et au-dessus. Quelques légères doses d'aloès
peuvent agir comme laxatif, de même que la feuille de cette
plante, si on peut parvenir à la faire manger à l'oiseau.
Il est prescrit, et c'est là un point très important, de ne
médicamenter dans aucun cas les Autruches que lorsqu'elles
sont à jeun, ou du moins lorsqu'il s'est écoulé un certain
temps après leurs repas ; et, si la nourriture qu'elles mangent
est humide, on peut la saupoudrer de sel commun et de sul-
fate de fer mélangés.
Les vers qui se logent principalement dans le cœcum sont
d'une longueur variant entre un et deux pouces; presque
toutes les Autruches en sont atteintes, mais on a rarement
observé des conséquences fatales en dérivant. De fortes doses
de santonine, administrées chaque jour pendant une semaine,
ont produit des effets satisfaisants.
Certaines maladies, peu dangereuses du reste, proviennent
des herbages vénéneux que les Autruches mangent parfois,
ou bien encore des plantes trop jeunes dont elles se nourris-
sent ; mais ces maladies ne sont pas sérieuses et ne présentent
pas des caractères dont il y a lieu de s'inquiéter; il en est
de même pour l'inflammation des poumons, qui souvent est
la conséquence de l'humidité. Dans le premier cas, on donne
aux Autruches du sel d'Epsom, et dans le second, on se con-
tente de mêler dans leur nourriture un peu de café ou de
chicorée.
Lorsque les oiseaux sont constipés, on peut faire usage
d'injections d'eau chaude, dans laquelle on a fait dissoudre
du savon; il est encore bon de jeter dans leur manger un peu
d'aloès et de leur donner du fourrage vert doux.
DES AUTRUCHES DANS l'aFRIQUE AUSTRALE. 459
A certaines époques de l'année, les Autruches manquent
souvent d'appétit ; on leur donne alors chaque jour un peu de
sulfate de fer. Quelquefois, et surtout au printemps, les urines
de ces oiseaux prenneut une teinte rougeâtre pendant plu-
sieurs jours ; il n'y a pas lieu de s'en préoccuper, cette parti-
cularité s'observant aussi bien parmi les oiseaux vigoureux
que chez ceux d'un aspect maladif; on en attribue l'origine
au changement des saisons et à l'influence atmosphérique.
Il résulte des explications qui précèdent qu'on peut diviser
en deux catégories bien distinctes les maladies auxquelles
sont sujettes les Autruches, à savoir : celles qui présentent
des caractères simples et celles d'une nature compliquée. Les
premières, comme on l'a vu, se reconnaissent facilement et
proviennent soit de la nourriture, soit de l'inflammation des
poumons ou de blessures ; les secondes, au contraire, sont
plus difficiles à distinguer, et on en découvre rarement l'ori-
gine, comme, par exemple, pour les parasites internes. Dans
l'un comme dans l'autre cas, les remèdes sont très incertains ;
et en effet l'époque relativement récente de la domestication
de l'Autruche explique jusqu'à une certaine mesure le peu de
connaissances théoriques que possèdent les éleveurs. Ce n'est
que par la pratique, par des essais constants, par des compa-
raisons intelligentes, qu'on est parvenu à pouvoir recom-
mander les remèdes indiqués plus haut.
Il existe deux manières d'enlever les plumes aux Autruches :
l'une consiste à les arracher et l'autre à les couper ; ces deux
systèmes olTrenl chacun leurs avantages. Sous le point de vue
commercial, il est certain que celles arrachées gagnent en
poids ; cependant on s'accorde à reconnaître aujourd'hui que
le second moyen est préférable au premier, bien qu'il exige,
six semaines après la coupe des plumes, l'extraction des ra-
cines, qui sont alors desséchées; et en effet l'oiseau, souffrant
beaucoup moins par ce dernier procédé, se laisse plumer
assez facilement, tandis que chaque plume arrachée occa-
sionne une nouvelle douleur, quelquefois même une plaie, ce
qui rend l'Autruqhe très excitée et conduit souvent à de graves
accidents. Lorsqu'un fermier veut procéder à cette opéra-
460 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
tien, il doit s'assurer d'abord que le plumage est arrivé en
bon état de maturité, placer ensuite chaque oiseau séparément
dans un compartiment disposé à cet effet et presque similaire
aux casiers qui servent pour faire voyager les chevaux sur
nos chemins de fer. On peut également faire maintenir l'Au-
truche par des hommes vigoureux, mais ce système a l'incon-
vénient de faire courir des dangers aux hommes ainsi qu'à
l'oiseau, qui fait des efforts continuels pour tâcher de recon-
quérir sa liberté.
L'exportation des plumes d'Aulruche du Cap prend chaque
année plus d'importance ; elle a atteint, en 1881, le chiffre de
87 706 kilogrammes, représentant une valeur de 22 356 025
francs. Autrefois les produits de cette colonie étaient classés
en sixième ordre; les plumes d'Alep, de Barbarie, de Saint-
Louis (Sénégal), d'Egypte et de Mogador, se cotaient à des
prix plus élevés sur les marchés de Londres, et elles se ven-
daient aussi plus facilement. Aujourd'hui, cette classification
semble modifiée, et le Cap a pris un rang de beaucoup supé-
rieur à celui qu'il occupait antérieurement ; pour arriver à
ce résultat, plusieurs éleveurs ont même fait venir à grands
frais des oiseaux de l'Afrique du Nord ; mais les produits de
cet accouplement sont encore peu répandus, et cependant les
plumes du Cap sont plus favorablement appréciées en Europe.
On peut dire actuellement que, sous le point de vue de la
valeur et de la qualité, elles ne le cèdent guère à aucun pro-
duit similaire d'une autre provenance.
Il n'y avait au Cap, en 1865, que 80 de ces animaux réduits
à l'état domestique ; en 1875, leur nombre atteignait 21 751,
et on estime aujourd'hui que les possessions anglaises de
l'Afrique australe doivent compter près de 100 000 Autru-
ches.
Les grands marchés pour les plumes sont l'Angleterre, la
France, etc. ; presque tous ces produits sont, sauf de très
rares exceptions, expédiés à Londres d'abord, et on les dirige
ensuite sur les principales capitales de l'Europe. L'Amérique
du Nord constitue un nouveau débouché, et New-York notam-
ment en fait un commerce relativement considérable.
DES AUTRUCHES DAiNS l'AFRIQUE AUSTRALE. 461
Il y a un an ou quinze mois, les plumes se vendaient ici à
des prix beaucoup plus élevés qu'aujourd'hui, el on est una-
nime à reconnaître que la diminution n'est pas moindre de
33 pour 100, tandis que le prix des Autruches est descendu
d'environ 80 pour 100; c'est ainsi qu'en ce moment il est
facile de se procurer des oiseaux reproducteurs (Breeding
birds) d'excellente qualité et en bon élat pour 40 ou 50 livres
sterling (1000 à 1250 francs la paire), lesquels, il y a dix-huit
mois, se vendaient jusqu'à 250 livres sterling (6250 francs).
La mortalité chez les Autruches a peut-être été la cause prin-
cipale de cette dépression; cependant je dois dire que la
crise commerciale que traverse depuis assez longtemps déjà
la colonie du Cap n'a pas peu contribué à ce résultat. Pendant
une certaine période aussi, l'agriculture a beaucoup souffert
de cette industrie, tous les fermiers ne songeant qu'à se livrer
à l'élevage des Autruches. Une sorte de fièvre de spéculation
régnait dans le pays ; les propriétaires voyaient dans l'exploi-
tation de ces oiseaux un moyen plus simple et plus facile
d'obtenir un rendement avantageux, en présence surtout des
ennuis occasionnés par le travail manuel devenu d'une rareté,
d'une difficulté et d'une cherté excessives; ils abandonnaient,
pour ainsi dire, la culture des champs pour se lancer dans
cette entreprise, laquelle n'exigeait pas une main-d'œuvre
considérable. La réaction s'étant opérée à la suite des causes
indiquées plus haut, et peut-être aussi en raison de la trop
grande production, une crise s'en est suivie; beaucoup de
fermiers ont dû se déclarer en faillite, et nous venons de voir
quelle en avait été la conséquence.
Quelques expéditions d'Autruches du Cap ont été faites, en
1881, à destination de Buenos-Ayres et de Montevideo, et les
prix réalisés ont été, paraît-il, assez rémunérateurs. On pense
que le meilleur moment pour embarquer ces oiseaux est lors-
qu'ils atteignent la grosseur d'un Dindon de forte dimension.
Pour prévenir les accidents qui peuvent survenir dans de forts
coups de mer, il est recommandé de placer séparément les
Autruches dans des compartiments spécialement disposés,
afin qu'avec le roulis elles ne puissent tomber aussi facilement
. 6^ SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMÂTATION.
et évitent surtout de se blesser. On calcule néanmoins que,
dans une traversée de Table-bay ou de Port-Élizabeth, en
Amérique, les pertes occasionnées par la mortalité sont d'en-
viron 15 pour 100.
Les Autruches sauvages devenant de plus en plus rares, le
gouvernement du Cap s'en est ému, et, il y a quelques années,
un arrêté a été pris par l'autorité coloniale pour empêcher
la destruction de ces oiseaux, et des peines très sévères sont
appliquées aux personnes qui contreviennent aux disposi-
tions de cet arrêté.
En présence des résultats obtenus au Cap, si l'on considère
surtout la baisse survenue sur les Autruches, on se demande
quel est l'avenir de cette exploitation? Au prix actuel de ces
oiseaux, il est permis de supposer que leur rendement doit
être rémunérateur; une Autruche, dans de bonnes conditions,
donne en moyenne pour près de 10 livres sterling de plumes
par an ; il y a lieu d'ajouter à ce chiffre la valeur des œufs et
des poussins qu'elle peut produire; aussi l'opinion publique
dans cette colonie semble-t-elle portée à croire que, si les
goûts de luxe ne diminuent pas en Europe, si la consomma-
tion se maintient même au point qu'elle a atteint aujourd'hui,
malgré les maladies qui déciment ces oiseaux, malgré la con-
currence créée dans plusieurs parties du monde, le colon de
l'Afrique australe peut réaliser de grands bénéfices et doit
persister dans cette exploitation.
ÉDUCATIONS DE L'HYBRIDE
DES ATTACUS ROYLEI ET PERNYI
ET D'ACTIAS SELENE
FAITES EN 1882
Par M. J.-B. HUIIK
La Société nationale d'Acclimatation de France ayant reçu
de M. Alfred Wailly (de Londres) une certaine quantité de
graines de l'hybride des Attacus Roylei et Pernyi, elles me
furent confiées pour en faire l'éducation. Les premiers œufs,
qui portaient la date de la ponte, 6 mai, sont éclos le 27 mai,
et j'eus sept jeunes Chenilles très vives que je mis de suite
sur des branches de chênes placées dans des bouteilles rem-
plies d'eau.
Les jours suivants les naissances eurent lieu le matin, mais
très inégalement; les jeunes vers me semblèrent plus petits
que ceux du Pernyi et mangèrent très diflicilement les jeunes
bourgeons que je leur donnais. Ils furent toujours très cou-
reurs; chaque fois que je les visitais, j'en trouvais errant de
toutes parts; je m'elforçais de les remettre sur leurs branches,
mais plusieurs moururent sans avoir voulu mordre à la
feuille.
Des sept premiers éclos le 4 juin, après le premier som-
meil, trois disparurent, et le jour suivant je n'en retrouvais
plus qu'un.
Les pontes des 11 et 12 mai sont écloses les 5 juin et jours
suivants, toujours très inégalement. Plusieurs crufs aplatis,
que j'ouvris, n'étaient pas fécondés, car ils renfermaient seu-
lement un liquide verdâtre. Le 13, j'eus les dernières éclo-
sions par une température très basse. Les mues se firent
péniblement, le sommeil dura deux à trois jours, ce que j'at-
tribue au manque de feuilles fraîches. Le 10 juillet, un ver
meurt, un deuxième le 20 et un troisième le 22, sans que je
puisse en savoir la cause; fun deux porte une tache noire;
de suite je le jette crainte de contagion : c'est le seul qui ait
^Ô-i SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
péri de la sorte. Après la troisième mue j'ai eu six chenilles,
dont j'attribue la mort soit à des morsures que d'autres vers
leur avaient faites, ou à d'autres causes que j'ignore : dix
sont morts-flats ; l'éducation est très inégale par suite des
différences de pontes et de naissances; je n'ai pu savoir exac-
tement le temps que chaque ver a mis depuis sa naissance
jusqu'au coconnage ; un mélange d'œufs et de vers rendait
l'observation difficile, sinon impossible; le 19 juillet, je vis
avec satisfaction un premier ver faire son cocon, d'autres se
firent quelques jours après; les derniers vers sont très vigou-
reux et mangent avidement toutes les feuilles que j e leur donne,
ce que j'attribue à la température redevenue chaude.
Le 30 juillet, je faisais photographier une bouteille garnie
de branches sur lesquelles vivaient les chenilles, c'était plaisir
aies voir, toutes étaient très vives et en santé florissante, les
personnes qui les ont vues en étaient émerveillées. La fin de
l'éducation n'a pas été aussi heureuse que le commencement;
le local de la Société ayant dû subir des réparations, je me
suis vu, avec regret, obligé de négliger mes pauvres élèves,
qui ne demandaient qu'à bien vivre, et plusieurs fois ils ont
souffert la faim, n'ayant pu leur donner la feuille aussi fraîche
que je l'aurais désiré.
En résumé, l'éducation des hybrides Roylei-Pernyi est
très facile, et les vers viennent aussi bien, si ce n'est mieux,
que ceux du Pernyi, puis j'en ai pesé qui m'ont donné un
poids de 24 grammes et qui mesuraient 12 centimètres de
longueur.
La couleur des vers ne diffère pas beaucoup de celle des
Pernyi, sinon qu'au quatrième et au cinquième âge le nombre
des points métalliques sur chaque bande latérale est de cinq
ou six ou sept, et que l'on en trouve rarement six sur les
Pernyi; le tonvert des chenilles est aussi plus prononcé chez les
hybrides que sur les Pernyi; je ne puis dire si les Roylei ont
ce faciès, n'ayant jamais fait l'éducation de cette espèce.
J'ai remarqué que leurs têtes étaient d'un brun foncé et les
points moins visibles que sur les Pernyi ; il y en avait qui
portaient un point noir sur le derrière de la tète; les tuber-
ATTACUS ROYLEl ET PERNYI ET ACTIAS SELENE. 465
cules du dos sont garnis d'une espèce de poil ou duvet tirant
sur l'orange, ainsi que plusieurs autres poils longs et noirs;
les trois paires de pattes, celles de derrière en forme de pinces,
sont de la couleur des lignes latérales et comme gonflées
d'uD liquide transparent ; celles qui ont un point noir derrière
la tête est plus foncée marron que les autres ; j'ai cru recon-
naître là les trois quarts de sang Roylei (i), par cette différence
et les points noirs moins visibles et moins nombreux que sur
les autres qui ressemble aux Pernyi.
Enfin les cocons diffèrent de ceux des Pernyi par la bourre,
qui est en plus grande quantité et de couleur plus blanche.
Le coconnage terminé, je suspendis les cocons dehors, au
nord. La température ayant été pendant quelques jours plus
élevée, quelle ne fut pas ma surprise de voir, un matin, le
plus gros cocon vide de son papillon, qui avait pris la clef des
champs; je m'empressai de les porter dans une cave voûtée et
là encore j'eus plusieurs éclosions, toutes de mâles, dont quatre
très bien formés et cinq autres dont les ailes ne se sont pas
développées.
Le 25 juillet, pendant l'éducation, je voulus me rendre
compte si mes vers ne voudraient pas manger de charmille •
trois l'acceptèrent, mais deux seulement y firent leur cocon
après y avoir séjourné et vécu le quatrième et le cinquième
âge, et de l'un de ceux-là est sorti un papillon que je n'ai pu
distinguer de deux autres qui étaient éclos en même temps (2).
Sans les souris, qui sont assez nombreuses (trop malheu-
reusement), j'aurais eu un résultat beaucoup plus satisfaisant
car je n'ai eu que cinquante cocons environ, tandis que j'au-
rais pu en récolter plusieurs centaines.
(1) Une des petites boîtes reçue de M. A. Wailly portait cette inscription:
<- hyi)ride ÎJ/i Roylei J/i Pernyi, » une autre portait: « nicàle hybride, accouplé
le 20 avec Pernyi i'emelle (premier accouplement), » une autre boîte portait : « hy-
bride mâle accouplé pour la troisième lois avec femelle l>ernyi, » enfin plusieurs
autres petites boîtes portaient la mention « hybride, » avec date de ponte et le nu-
méro des accouplements, ce qui me paraîfexpliquer la différence dans la nuance
des vers.
(2) Les deux cocons sont plus blancs et la soie très brillante, un rst moins
fourni que l'autre, c'est le plus faible, duquel est sorti le papillon. Je me propose
de surveiller la sortie de celui qui reste, afin de savoir s'il ne .différera pas des
autres.
3" SERIE, T. X. — Août 1883. 30
460 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATÂTION.
Un jour, voyant disparaître mes vers, je me décidai à les
porter dans mon logement, où rarement ces rongeurs élisent
domicile; mais là encore je lus déçu : une souris, attirée par
les vers à soie, y lit un véritable carnage ! Je voyais bien qu'il
me manquait des chenilles, mais je ne croyais pas que c'était
cette infâme gent trotte-menu qui me pillait. Elle paya cher
son audace, car un jour je la pris sur le fait et la fis passer
de vie à trépas. A partir de ce jour je n'eus plus de mortalité
chez mes élèves, que comme je l'ai indiqué plus haut.
En somme l'éducation que j'ai faite est très concluante, en
ce sens que l'éducation de l'hybride est aussi facile que celle
du Pernyi, et qu'elle peut se faire dans de bonnes conditions ;
j'espère avoir des accouplements pour l'année prochaine et en
tenter encore l'élevage; quant au rendement en soie des co-
cons, je le crois tout aussi bon que celui du Pernyi ; mais
n'étant pas apte à en faire la différence par un dévidage, je
m'abstiens de toute démonstration qui dépasse ma compé-
tence; l'avenir éclairera ceux qui voudront en tenter l'éduca-
tion sur une grande échelle.
actias selene fab.
Les œufs de cette espèce reçus de M. Alfred Waiily, m'ont
été confiés par la Société pour en faire l'éducation. Ils éclosent
les 29, 80 et 31 juillet et 1" août. Le premier sommeil a lieu
le 5 au matin, et le réveil le 6 au soir. Les jeunes vers sont
beaucoup plus petits que ceux des autres espèces, telles que
Yama-Maï et Pernyi, et sont à peu près comme ceux de l'Al-
lante {Attacus Cynthia), mais beaucoup plus vigoureux que
les premiers; ils marchent très vite et changent de branches
plus facilement que les autres espèces; à leur naissance ils
ont la tête noire et brillante comme du jais, une bande de
la même couleur entoure le corps d'environ un tiers de leur
longueur, et le reste du corps est d'un jaune-ocre ou orange
foncé. Pour le reste des détails de forme et couleur des che-
nilles, M. Clément les a très bien donnés dans le compte
rendu de son éducation {Bulletin de la Société cfAcclima-
s
ATTACUS ROYLEI ET PERNYI ET ACTIAS SELENE 467
talion, 3' série, l. YII, novembre 1880). J'ai lait l'éducation
en chambre, sur branches coupées, dans des bouteilles, jus-
qu'au quatrième Age, et pendant ce temps elle a bien marché;
mais ayant eu les ouvriers peintres et menuisiers, je me suis
vu obligé, à grand regret, de les mettre dans le jardin, sur des
poiriers. Les vers ont très bien mangé les feuilles sans s'aper-
cevoir du changement de nourriture, ceux des trois premiers
âges ayant été nourris de feuilles de chêne et de charmille (1).
Tous les jours je visitais mes chenilles, et par suite du mau-
vais temps de cette année, je constatais que l'éducation ne
faisait pas beaucoup de progrès. Les moineaux, très nombreux
dans cet endroit, ne m'ont pas mangé un seul ver. Ainsi, de-
puis le i'' août jusqu'au 10 octobre, époque où un seul ver
a fait son cocon, c'est-à-dire soixante-dix jours, mes chenilles
ont presque toujours eu du mauvais temps; les jours où le
soleil les réchauffait elles mangeaient très vite et semblaient
beaucoup plus belles; on les voyait pour ainsi dire croître,
mais ces vers étaient fatalement voués à mourir de faim et
de froid l'un après l'autre, car les feuilles des arbres étaient
devenues très dures et presque sèches ; ils en entamaient sou-
vent qu'il leur était impossible de manger : mes pauvres che-
nilles, par ces temps de froid et de pluie, étaient immobiles,
abritées sous une feuille, attendant en vain un rayon de soleil
absent pour pouvoir faire leur cocon. Un jour, après une rafale
de grêle, j'en trouvai plusieurs tombées sous l'arbre, qui mou-
rurent de cet accident. Les quinze qui restaient succombèrent
l'une après l'autre jusqu'à la dernière, qui mourut le 1" no-
vembre. Ainsi Unit cette laborieuse et malheureuse éducation
qui, au début, me donnait les plus belles espérances.
(I) Les éclosionsaviiient eu lieu à plusieurs reprises et par conséquent les vers
étaient de (litTéreiits âges, ce qui oxpli(|ue que lus derniers éclos ont été presque
nourris oxclusivcmcnt sur le poirier et les premiers venus jusqu'au troisième âge-
sur le chêne cl la charmille.
III. EXTRAITS DES PROCÊS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ
SÉANCE DU CONSEIL DU 20 JUILLET 1883
Présidence de M. Bouley, président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans obser-
vation.
— M. le Président proclame les noms des membres présentés dans la
dernière séance et leur admission est prononcée.
MM. PRÉSENTATEURS.
^ , I X r^n «T I • ■ f le comte d'Éprémesnil.
Beaumont (comte de), 20, rue Washington, . ^ „ c • , u-, •
. ^ /» » ^ K, Geoffroy Saint-Hilaire.
^ ^^"^- ( Raveret-Wattel.
., . ., ,,.., . / A.Geofïrov Saint-Hilaire.
Cahuzac (H.), propriétaire, 12, rue d Athènes, \ . „ ■'
( Saint-Yves Ménard.
., , , o /' H. Boulev.
Chouet, lUge au tribunal de commerce, 8, i . ,, ™ " c • . ui •
, , ,,^ . . r. ■ \ A. Geoffrov Saint-Hilaire.
place de 1 Opéra, a Pans. j Terrillon.
Glottes (Gustave-André), ancien payeur du i Delaloge.
Trésor, 5 bis, passage Masséna, à Neuilly | Gaudinot.
(Seine). ( Mallassagne.
Crépeau (Symphorien), ancien élève de l'In- ( A. Geoffroy Saint-Hilaire.
stitut agronomique de Beauvais, 6, rue \ Jules Grisard.
Labié, à Paris. ^ Saint-Yves Ménard.
... f J. Cornély.
FiNAZ DE BÉNÉVENT (Henry), propriétaire, a. Geoffroy Saint-Hilaire.
21 , place Bellecour, à Lyon (Rhône). ( Saint-Yves Ménard.
, „ . l Delaloge.
FÉCHOZ (F.-J., libraire), 5, rue des Saints- \ a. Geoffroy Saint-Hilaire.
Pères, à, Paris. ' Jules Grisard.
GOMBAULT (Charles), éleveur, à la Ferme de ( A. Geotlroy Saint-Hilaire.
la Touche, par Saint-Denis-sur-Sarton j A. Porte.
(Orne). ( Saint- Yves Ménard.
[ A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Le Duc (Arthur-Jacques), statuaire, 66, rue \ j^j^^ Grisard
d'Assas,àParis. | Saint-Yves Ménard.
. , . ,^„ j 1 f Bouchereaux.
Maillard (E.), propriétaire, 29, rue de ia\ ^ Masson
Couronne, à Chartres (Eure-et-Loir). | Saint-Yves' Ménard.
. , ^, „ . [ A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Mailles (Charles), horticulteur, 84, rue Saint- \ j^j^^ Grisard
Honoré, à Paris. | ^ataste.
PROCÈS-VERBAUX. /M^
MM. PRÉSENTATEURS.
. Cil. Debrosse.
Martin (Albert), 62, rue de Richelieu, à Paris. ] A. Porte.
\ Saint- Yves Ménard.
MoNTÈs(Edouard),journaliste, 90, rue Charles i . ^ ^^ ., . ■„ ., .
Laffite, à NeuiUy (Seine). ) A. Geoffroy Samt-Hilaire.
"^ ^ ^ V Saint-Yves Menard.
PoNCET (Paul), 9, boulevard des Italiens, i '^
• r, ■ A. Porte,
a Pans. f o ,r
\ Saint-Yves Menard.
n.„„ /i , • 1 A 1 • \ or> u [ A. Geoffroy Saint-Hilaire.
RiEUNER (le contre-amiral Adrien), 29, bou- ^ . ^ ^
•^ ' ' A. Porte.
levard Malesherbes, à Paris. )
Saint-Yves Ménard.
Saint (François-Xavier), propriétaire, 8, rue l . ^ «> o • ,.-, •
, / , n • \ A. Geoffroy Saint-Hilaire.
du Louvre, a Pans. le.- ^t \, ,
[ Saint-Yves Menard. 1
SuDROT, iuge au tribunal de commerce, 389, \ . ',^ <v. o • .... .
T f .. , n • i A. Geoffroy Samt-Hilaire.
rue Laïayette, a Pans. / „ ,„ .,/
■' ' ( E. Ternilon.
Surmont (Félix de), propriétaire, à Tour- l .' .^ «. ^ • ,.-. ■
,,, ]^ l A. Geoffroy Saint-HiIaire.
coin» (Psord). / „ . ,, ,, ,
^ ^ ^ [ Samt-Yves Ménard.
— MM. Thierot, Dautreville, Ch. Mailles et Crépeau adressent des
remerciements au sujet de leur récente admission.
— M. F. de la Rochemacé adresse à M. le Président une note sur la
destruction des Mulots et donne les détails suivants sur une race de Chè-
vres des îles Wallis : « Je viens de lire dans le Bulletin d'avril 1883 le
rapport de M. J. Gautier sur la Chèvre.
» Je n'avais pas répondu au questionnaire parce qu'au triple point de
vue de l'agriculture, de la sylviculture et du reboisement des montagnes,
je regarde la chèvre libre comme presque aussi vastatrix que le phyl-
loxéra; mais puisque la Société recherche une question de race, en
dehors de l'admission aux concours régionaux, contre laquelle je voterai
toujours comme délégué de notre arrondissement, j'ai. Monsieur le Pré-
sident, l'honneur de vous transmettre les informations ci-après :
» L'équipage naufragé du Lhermitte avait reçu de la reine des îles
Wallis une Chèvre du pays à laquelle il s'attacha, refusant, soit de la
manger, soit de la laisser manger : à son arrivée en France il pria l'un
de ses officiers de placer, dans ces conditions, la Chèvre et le Chevreau
qui en était né à bord du navire chargé de rapatrier les naufragés.
» Ce fut à moi qu'elle échut en partage : son Chevreau mourut de
phtisie pulmonaire pour avoir été mouillé, ces Chèvres craignant beau-
coup Teau.
MO SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
» Ce qui distingue celle variété, c'est une robe singulière et très voyante,
toujours mi-partie blanche, mi-partie fauve et noire, l'avant-main,
dirait-on pour un cheval, d'une couleur et l'arrière-niain de l'autre, en
sorte que, sur une pelouse, au piquet, l'animal est visible à 400 ou
500 mètres. En second lieu, l'animal a des formes bien plus pleines
que ses congénères d'Europe, se rapprochant assez de celles de l'isard ou
chamois, avec lequel un croisement paraît indiqué.
îJ.a hauteur au garrot est de 0'",70, la largeur des hanches 0",1G; le
poil, épais et lustré, a environ 0",05 de longueur.
» Faute d'un mâle sortable (les nôtres sont hideux), ma Chèvre demeure
stérile.
» .l'oubliais de dire que ses cornes, moyennes, recourbées en arrière,
rappellent assez celles du chamois.
» Si la Société désirait tirer parti de cet animal en vue d'un croise-
ment — avec la race maltaise, par exemple — je le mettrais à la dis-
position de la Société aux mêmes conditions que je l'ai reçu de l'équipage
du Lhermitte ; mais il serait temps de l'utiliser, car la bêle doit avoir
une dizaine d'années et je la crois uniijue en Europe. »
D'après les renseignements fournis par notre confrère, cette Chèvre,
de petite taille, doit appartenir à la race qu'on rencontre à Java et qui
est remarquable par ses formes pleines.
Le croisement avec la Chèvre ordinaire en a été fait avec succès en
.Hollande et a donné lieu à une race très caractéristique.
— M. André Théry écrit de Lille à M. le Secrétaire général : « J'ai été
voir aujourd'hui le directeur des travaux municipaux pour avoir de lui
les renseignements que vous me demandez sur les Chèvres du Thibel
que possède la ville de Lille.
» 11 y a quatre ans que M. Rameau a fait don à la ville du troupeau
quia été exposé. Il avait importé lui-même du Liban, depuis un temps
que je n'ai pu connaître, un Bouc et deux Chèvres. La ville a fait cons-
truire au jardin Vauban un chalet où ces animaux sont logés et où l'on
vend le lait aux promeneurs, moyennant 10 centimes le Verre. C'est là le
seul produit que la ville en retire et encore est-il minime.
» La ville possède maintenant seize Chèvres productives, quatre im-
productives, trois Chevrettes et trois Boucs. Elles donnent peu de lait,
sont assez délicates au point de vue de la nourriture, et les jeunes sont
surtout des Boucs; l'année dernière il n'y avait qu'une Chèvre. La ville
n'a vendu que des animaux devenus improductifs, au prix de '25 francs.
Je crois que l'on ne peut juger par là de ce que seraient ces animaux
soumis au régime ordinaire des antres Chèvres vivant dans les cam-
pagnes.
» M. le directeur des travaux me disait qu'il aurait préféré une autre
race plus rustique et plus productive; mais M. Rameau a fait don de
sa fortune à la ville sous la condition expresse que ses Chèvres seraient
PROCÈS-VERBAUX. Ali
conservées à perpétuité. Je crois que ce monsieur n'estiniait cette i-ace
qu'au point de vue de la jjeauté. Je n'ai pas songé à vous parler dans
mes réponses au questionnaire d'un troupeau de Glièvres des Pyrénées
qui vient tous les ans pendant l'été parcourir les rues de la ville, et dont
on vend le lait au public. Ces Chèvres paraissent vigoureuses et sem-
blent donner beaucoup de lait.
» On emploie aussi ici les Chèvres pour l'aniusement des enfants dans
les promenades publiques. Il me semble qu'il y a parmi ces animaux
plusieurs Chèvres naines du Sénégal, bien que le propriétaire les appelle
Chèvres hollandaises; il est cependant possible que je me trompe. »
— M. J. Gornély écrit du château de Ijeaujardin, à Tours, au sujet des
Porciila Salviani, récemment arrivés au Jardin zoologique d'acclima-
tation : « C'est à Al. lîryon H. Hodgson que nous devons les premiers ren-
seignements sur cette forme naine de Sanglier. Quand il était résident à
la cour du Népaul, il décrivit cette espèce (1847) dans un article publié
dans le journal de la Société asiatique du Bengale.
» Les trois femelles et le mâle reçus en 1882 par le Jardin zoologi(juc
de Londres ont été rapportés par M. Carew, qui les céda à cet établisse-
ment. Ces spécimens avaient été capturés dans l'ouest du Bhootan par
les chasseurs de M. Carew, qui pour s'emparer des Sangliers nains avaient
placé des centaines de lacets dans les fourrés.
» Dans les premières semaines de leur introduction les Potcala Sal-
viani étaient très sauvages; mais ils se sont peu à peu apprivoisés et
ils ont notablement modifié leur manière de vivre. En effet, au début,
ils se montraient seulement la nuit ; maintenant on les voit pendant le
jour. A l'état sauvage ils sont surtout nocturnes.
» Ces animaux se nourrissent de racines, de bulbes; ils sont friands
d'œufs et d'oiseaux vivants quand ils peuvent s'en saisir, ils mangent
également très volontiers des reptiles (serpents et sauriens).
» Un chasseur renommé a dit à M. Hodgson que pendant cinquante
ans de chasse dans les forêts de Saul, il avait pu se procurer seulement
quatre de ces Sangliers nains. Us sont en effet bien difficiles avoir; leur
petite taille, la rapidité de leurs mouvements expliquent qu'on ne puisse
les apercevoir. Les femelles font environ (|uatre petits. En mai 1883 une
des mères de Porcida Salciani a donné quatre jeunes au Jui'din zoolo-
gique de Londres.
» Ce résultat permet d'espérer que cette intéressante espèce pourra
se multiplier dans l'avenir dans nos basses-cours. Les exemplaires reçus
au Jardin zoologi(pie d'acclimatation au printemps de 1881] paraissent
se bien trouver du régime auquel ils sont soumis. »
— M. de Confévron écrit de Langres : « Voici les observations que me
suggère la lecture du rapport présenté à la Société d'.\cclimatation par
sa conunission de la chasse, rapport adopté dans la séance du Ki mars
dernier. i
472 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
» Le nouveau projet de loi sur la destruction des animaux nuisibles
laisse subsister l'institution des lieutenants de louveterie, dont par son
article 3 elle règle le mode de nomination.
» Je ne sais si à une époque la louveterie a rendu des services, mais
de nos jours elle me semble absolument inutile. Elle crée, comme on
l'a fait observer, au profit de certaines personnes, un privilège de chasse
qui n'a pas de raison d'être.
» Le moment, pour critiquer la louveterie, semblera peut-être mal
choisi, alors qu'on se plaint du nombre et de l'audace des Loups dans le
Périgord. Mais nous pouvons dire que, si les Loups pullulent en Périgord
et s'ils y semblent à l'aise, c'est, dans tous les cas, que les louvetiers ne
les ont pas détruits et qu'ils ne les gênent pas beaucoup.
» L'objection, que les louvetiers sont nommés par les préfets, c'est-à-
dire par les représentants du gouvernement, n'enlève rien à l'assertion.
Le privilège peut être déplacé, mais il n'en existe pas moins.
» Les droits des louvetiers constituent une vraie atteinte à la pro-
priété. Ils sont une source de gêne et d'ennui pour les propriétaires de
bois et les fermiers des chasses.
» Les agents forestiers pourraient avec avantage être substitués aux
louvetiers en cas de besoin et, sur la demande des autorités locales, or-
ganiser, avec l'autorisation des Préfets, des battues, bien moins effrayantes
pour le gibier que les chasses avec chiens, cors, cris, en un mot avec
tout l'attirail des louvetiers, bien plus efficaces au point de vue de la
destruction des Loups et bien moins désagréables pour les propriétaires
ou détenteurs.
» Les nichées de Louveteaux ne sont pas très difficiles à découvrir,
surtout dans les petits bois où elles se trouvent souvent, et une bonne
prime suffira pour encourager bien des gens à leur recherche.
» Enfin le meilleur moyen de se débarrasser sûrement et rapidement
des animaux vraiment nuisibles est le poison. Or les forestiers sont
encore très bien placés pour l'employer avec toutes les précautions né-
cessaires.
» Quant à donner aux municipalités le droit de déterminer les ani-
maux nuisibles et de leur faire la guerre, il n'y faut pas songer. Ce serait
ouvrir la porte à toutes les confusions, à tous les abus et aux plus grands
désordres. Ce serait, à bref délai, la destruction de toutes espèces de
gibier.
» La liste des animaux nuisibles ne peut, selon moi, être établie que
dans la loi. Elle doit être invariable, dressée avec beaucoup de soin et
sur l'avis d'une commission compétente.
» Ne perdons pas de vue que, si les Loups commettent des déprédations,
ils évitent aussi de graves accidents, en faisant disparaître les bêtes
mortes, encore souvent laissées à l'abandon.
» Parmi les animaux nuisibles, je vois figurer l'innocent Écureuil, si
PROCÈS-VERBAUX. 473
léger, si gracieux, ne se nourrissant que de graines sans valeur. iMalgré
toit le mal qu'on en dit et que je n'en pense pas, je demande grâce pour
lui.
» Quant au Chat, c'est différent; voilà un fripon qu'il ne faut pas man-
quer.
ï Pour ce qui est des animaux qui, comme les Lapins, peuvent sur
certains points se multiplier plus que de raison, ces faits sont de nature
à donner lieu à des demandes en dommages et intérêts contre les pro-
priétaires ou délenteurs de chasses. S'il en était besoin même, les Préfets,
sur des plaintes spéciales et formelles, pourraient prendre telles mesures
indiquées par les circonstances ; mais il ne faut pas édicter des lois gé-
nérales pour les cas particuliers.
î Le droit de défense laissé au propriétaire sur son terrain est incon-
testable et il doit figurer en tête du projet, comme il y figure en effet.
» Je trouve les dispositions de l'article 11 absolument vexatoires et pou-
vant donner lieu à des taquineries misérables. Que chacun se doive à
la défense de son pays, rien de mieux, mais que tout individu puisse,
contre sa volonté, être requis par un maire pour faire un service de
chasse, et, placé sous les ordres d'un lieutenant de louveterie, être obligé
de fouler pendant tout le jour la boue ou la neige, à la poursuite d'un
Loup ou d'un Sanglier, comme s'il s'agissait du salut public, qu'on puisse,
dis-je, arracher ainsi toute personne à des occupations très importantes,
j'avoue que je trouve la chose exorbitante. »
— M. le D"" Clos, directeur du Jardin des plantes de la ville de Tou-
louse, écrit à M. le Secrétaire général : « Décidément nos Nandous font
merveille et ne se comporteraient pas mieux dans les savanes du Brésil.
.Nous en sommes à la troisième éclosion, qui a parfaitement réussi : neuf
petits vivants sur onze œufs pondus sont venus se joindre à leurs sept
frères de la précédente couvée, et tout cela croit sans autre nourriture
que des débris de jardinage et un peu d'avoine. Point de pâtée, ni
d'œufs, ni de légumes bouillis, aucun apprêt.
ï Le premier œuf pondu le 3 mai au milieu du parc occupé par ces
animaux a été porté dans la cabane, oîi le mâle s'est mis aussitôt à
couver; puis la femelle a donné un œuf à peu près tous les deux jours,
déposant chacun d'eux non loin des précédents, et le mâle les poussant
pour les réunir. Le l'^'^inai, on constatait l'existence de huit œufs et quel-
ques jours après de onze.
j Le 27 juin au matin, on voyait un petit Nandou sortir de sa coque,
qu'il traînait après lui; et le soir, un second. Le lendemain nous avions
neuf petits et un œuf clair abandonné par le mâle; le onzième œuf avait
été mangé par ce dernier.
ï Par précaution, on a cru devoir séparer provisoirement les petits et
le mâle des adultes et de la femelle en divisant le parc en deux.
» Nous voilà donc très riches en Nandous et forcés de recourir à un
4.74 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
système d'échanges; nous possédons trois Biches, dont deux nées au Jar-
din, mais sans mâle, le Cerf ayant été empoisonné par l'ingestion d'un
cigare : on désirerait pouvoir le remplacer, et l'établissement accueil-
lerait aussi avec plaisir et reconnaissance tout animal intéressant dont
vous croiriez bon d'essayer la naturalisation à Toulouse.
» Permettez-moi de vous demander si l'on a déjà essayé le croisement
du Nandou et de l'Autruche africaine. Il y aurait là, s'il était possible et
comme l'indiquait déjà en 1860 le D"^ Martin de Moussy {Ballet. Soc.
d'Acclim., p. 182), un moyen d'améliorer les plumes du Nandou.
» Je me mets pleinement à la disposition de la Société pour toutes
les expériences qu'elle croirait utile de tenter sous notre ciel toulou-
sain. »
— M. Camille Bérenger écritde Monts-sur-Guesnes(Vienne)àM. l'Agent
général: « En vous rendant compte, l'année dernière, du résultat de
l'incubation de mes Nandous, je vous disais qu'une des difficultés qu'offre
l'élevage de ces oiseaux me semblait résulter de l'habitude qu'a le mâle
de commencer à couver avant que la femelle ait terminé sa ponte. J'ajou-
tais qu'on pouvait y remédier en donnant plusieurs femelles au mâle et
en ayant recours à l'incubation artificielle pour les œufs en relard au
moment de l'éclosion. L'expérience de cette année me prouve que je
m'étais trompé sur l'efficacité du premier de ces moyens. J'avais, en
effet, ajouté à mon couple reproducteur une belle femelle provenant de
ma première éducation, celle de 1881. Parfaitement accueillie par ses
parents, c'est elle qui donnait, le 19 mai dernier, le signal de la ponte.
Depuis ce moment la mère et la fille pondaient tous les deux jours et
j'avais lieu d'espérer que, grâce à cette régularité, il y aurait un assez
grand nombre d'œufs dans le nid quand le mâle se déciderait à couver.
Mais, à mon grand regret, le 28 mai le Nandou commençait l'incubation
sur cinq œufs seulement après en avoir cassé plusieurs dans les premiers
jours de la ponte. A la vérité les femelles ayant pondu le lendemain
29 mai, la couvée se composait de sept œufs qui pouvaient éclore en-
semble, mais il y avait loin de là au résultat que j'avais espéré.
» Comme les années précédentes, la ponte a continué pendant l'incu-
bation et est arrivée, malgré quelques œufs cassés, au chiffre de vingt-
deux œufs que le Nandou avait bien de la peine à couvrir.
s En 1881, l'incubation avait duré quarante et un jours. En 1882, l'éclo-
sion avait lieu le trente-neuvième et le quarantième jour. Cette année,
l'éclosion a commencé le i juillet au soir, trente-septième jour d'incuba-
tion, et le lendemain 5 juillet, vers midi, le mâle quittait le nid avec
douze petits dont trois infirmes suivant péniblement les autres.
» Cette abréviation de quelques jours dans la durée de l'incubation
peut s'expliquer par la remarquable assiduité du mâle et par une tempé-
rature presque toujours favorable; mais ce qui me paraît plus étonnant,
c'est le nombre des éclosions comparé à celui des œufs au commence-
PROCÈS-YERBAUX. 475
ment de l'incubation. Ainsi que je l'ai dit, il n'y avait que cinq œufs le
premier jour et sept le second. En supposant, ce que du reste je crois
vrai, que la ponte a continué régulièrement tous les deux jours, il y avait
neuf œufs le quatrième jour, onze le sixième, et le douzième œuf n'a
été pondu que le huitième jour. La durée. de l'incubation n'a donc pu
être pour cet œuf que d'une trentaine de jours, et ce fait me paraît assez
extraordinaire pour que je croie devoir vous le signaler.
» Dans la prévision qu'il resterait un assez grand nombre d'œufs en
retard au moment de l'éclosion, j'avais acheté une couveuse Bouchereaux,
appropriée aux œufs d'Autruche. Malheureusement cette couveuse, expé-
diée un peu trop tard, n'est arrivée que le G juillet. On l'a immédiate-
ment installée et chauffée. Sur dix œufs qui restaient ou en a écarté
deux reconnus clairs et les huit autres, dont on avait tâché d'empêcher
le refroidissement, ont été placés dans la couveuse. Si j'obtiens un bon
résultat, je m'empresserai de vous en informer ; mais, dans le cas con-
traire, il n'y aurait rien à en conclure contre la couveuse, puisque l'in-
succès serait probablement dû à son arrivée trop tardive. »
— Dans une autre lettre notre confrère ajoute: «Puisque vous désirez
connaître les faits relatifs à mon élevage de Nandous qui ont suivi ma
lettre du 7 courant, je m'empresse de vous en transmettre le détail.
» Les trois petits inllrmes, qui se traînaient péniblement à la suite du
père, ont succombé au bout de quelques jours. Cette mort était prévue
et ne pouvait me causer de bien vifs regrets ; mais un quatrième a été
trouvé mourant le IG juillet au matin, à la place où le père avait passé
la nuit. Comme ce petit était bien conformé, et n'avait laissé remarquer
aucun symptôme de souffrance ou de maladie, j'ai pensé qu'il avait été
écrasé par le père, malgré les précautions que prend ce pauvre animal
quand il s'accroupit pour réchauffer sa couvée.
» Cette perte avait toutefois été compensée d'avance par une éclosion
obtenue le 13 juillet au matin. Le nouveau-né, laissé dans la couveuse
artificielle jusqu'au lendemain matinl4, a été alors porté près du père,
qui l'a accueilli sans difficulté.
» Le 15, un œuf reconnu clair a été écarté.
» Le 17, deux autres éclosions ont eu lieu, et les jeunes, laissés vingt-
quatre heures dans la couveuse, ont été, le IN, réunis à la famille, qui n'a
même pas semblé s'apercevoir de cette augmentation.
» Le même jour, deux œufs reconnus mauvais ont été cassés. Ils con-
tenaient deux petits morts, l'un à peu près à moitié terme et l'autre
presque arrivé au moment de l'éclosion.
)) Aujourd'hui i20 juillet, il reste deux œufs dans la couveuse. Je ne
compte pas sur leur éclosion ; mais, quelque modeste que soit le succès
de cette incubation artificielle, il me semble que, si l'on lient compte des
circonstances défavorables dans lesquelles elle a eu lieu, ce succès suffit
pour prouver qu'on peut tirer bon parti des couveuses pour l'élevage
476 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
des Nandous, et qu'elles peuvent remédier dans une certaine mesure à
l'inconvénient résultant d'une incubation prématurée de la part de ces
oiseaux.
» Je ne terminerai pas sans vous avouer que j'ai quelque inquiétude
sur le sort de mes derniers aés. ils paraissent vigoureux et alertes, mais
ils ont douze ou treize jours de moins que l'ensemble de la famille ; or
le mâle, qui modifie sa conduite selon l'âge de ses enfants, ne se couche
plus aussitôt et ne se lève plus aussi tard qu'il le faisait les premiers
jours qui ont suivi l'éclosion naturelle. Si le temps était favorable, il n'y
aurait probablement pas à cela grand inconvénient; mais nous avons
de violentes et fréquentes averses nuit et jour, et, quoique le père soit
très attentif à préserver ses enfants, peut-être n'aura-t-il pas l'instinct
de se préoccuper des jeunes un peu plus que des aînés. La différence de
force, qui est très sensible à cet âge, pourrait faire craindre aussi que
les plus gros n'empêchassent les petits de prendre une nourriture suffi-
sante; mais je ne crois pas qu'il y ait lieu de s'inquiéter à ce sujet,
parce que, la nourriture étant toujours abondante, les élèves, d'ailleurs
très pacifiques, viennent souvent en prendre sans se la disputer jamais. »
— M. A. Weil, directeur du Jardin zoologique de Marseille, nous écrit
sur la reproduction des Eiiplocomus Erythrophtalmus au Jardin de
Marseille.
« Nous possédions au Jardin un couple à'Euplocomus Erythroph-
talmus, importé le S février 1882.
» Ces oiseaux, d'un caractère farouche, furent mis en parquet, mais
pendant presque toute l'année J882 ils ne se montrèrent qu'à la tombée
de la nuit.
» Fin janvier 1883 ils commencèrent à sortir dans la journée et à se
familiariser avec le public, et en mars le mâle parut faire la cour à sa
femelle. Notre faisandier, s'en étant aperçu, isola lejparquet des compar-
timents voisins et nous eûmes bientôt la satisfaction de voir la femelle
à son tour répondre d'une manière favorable aux avances de son
mâle.
» Pendant avril ces Gallinacés restèrent en amour, mais il n'y eut pas
de ponte. Nous commencions à désespérer, lorsque le 8 mai on trouva à
l'intérieur du parquet, enfoui dans la paille, un premier œuf; le lende-
main rien, le surlendemain nouvel œuf. Mais la femelle, au lieu de
chercher à en prendre soin, commença aies faire rouler extérieurement,
nous enlevant par là tout espoir de lavoir couver elle-même; notre
faisandier les retira immédiatement et de deux jours en deux jours nous
eûmes un nouvel œuf, jusqu'à concurrence de 9.
y> Nous étions arrivés au 24 mai, ce jour-là le faisandier mit les neuf
œufs d'Erythrophtalmus en incubation sous une poule et le 16 juin dans
la matinée, c'est-à-dire après vingt-trois jours d'incubation, sept jeunes
étaient éclos, deux œufs étaient clairs, sans doute les deux premiers.
PROCÈS-VERBAUX. 4-77
» Comme dans nos pays on ne peut guère se procurer des œufs de
fourmi, notre faisandier donne à ces jeunes Faisandeaux de la pâtée
composée d'œufs durs, chicorée amère, cœur de bœuf et coquilles
d'huîtres pilées.
» Il joint à cela des asticots (larves de mouche) dont ils sont friands.
» Nos jeunes ont actuellement dix-huit jours, ils sont d'une bonne
venue et nous espérons bien pouvoir les élever. »
— Il est déposé sur le bureau, de la part de M. Elle Pajot, des graines
d'une Mimosa hétérophylle récoltées à l'île Bourbon. — Remerciements.
— M. Leroy (de Fismes) fait hommage à la Société de la seconde
édition de son ouvrage : La Perruche ondulée, et demande qu'il soit
soumis à l'examen de la Commission des récompenses.
— M. Jules Delannoy écrit de Calais: « Je m'occupe beaucoup de la
race Langshan et du Rouen anglais. En gibier je peux élever par an
1000 à 2000 Faisans et autant de Perdrix grises. Cette année j'ai expédié
3000 œufs de Perdrix grises, le tout en France.
» Pour les Langshan, par les soins et la sélection je suis arrivé près
de la perfection. L'an dernier, mes sujets obtinrent le premier prix à
Paris et à Lausanne. Cette année encore mes efforts furent couronnés de
succès et j'espère l'année prochaine exposer un lot superbe de Langshan
el de Rouen anglais de mon élevage de 1883.
y> J'ai un Coquelet du 2 janvier qui pèse 3 kilogrammes; il est admi-
rable de formes et surpassera certainement en beauté tous les sujets
exposés par moi à Paris. »
— M. N. 3Iasson adresse diverses notes sur les maladies des Galli-
nacés. — Renvoi à la Commission de publication.
— M. de Confévron écrit à M. l'Agent général: « La réflexion que je
vous soumets est si simple, que je ne puis croire qu'elle n'ait pas déjà
été faite et utilisée.
» Cependant, comme souvent les choses les plus visibles sont celles
dont on s'aperçoit le moins, je vous la livre, avec liberté de la prendre
pour ce qu'elle vaut et d'en faire ce que bon vous semblera.
» Tout le monde sait combien l'eau de mer est peu potable, détestable
et nauséabonde, à tel point qu'une faible quantité ne peut être absorbée
et supportée.
» Cependant l'eau renfermée dans toutes les coquilles en général et
dans l'huître en particulier, non seulement se boit, mais même se boit
fort agréablement.
T> Cette eau n'est cependant que de l'eau de mer ; seulement elle a subi
à l'intérieur delà coquille une modification, une transformation. Certaines
de ses parties ont sans doute été absorbées, tandis que des sécrétions
spéciales ont été ajoutées au liquide.
» Si donc on analysait de l'eau de mer, on en aurait la composition,
puis faisant la même opération pour l'eau contenue dans une huilre par
478 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
exemple, on saurait quels éléments contenus dans la première manquent
à la seconde et quels principes se trouvent en plus.
» A part le phénomène chimique curieux à étudier, il serait d'un
grand intérêt de connaître les principes qui, contenus dans l'eau de mer,
disparaissent dans les coquilles. On serait, en effet, iixé sur la nourriture
naturelle des huîtres, ce qui pourrait beaucoup en faciliter la culture. »
— M. L. Reynal écrit de Plancheix (par Périgueux) à M. le Pré-
sident : « Permettez-moi d'appeler l'attention de la Société sur un
procédé pour combattre l'oïdium, découvert par M. de Chasseloup-Lau-
bat. Des expériences faites en 1882 et dont vous trouverez les procès-
veibaux dans la brochure ci-jointe vous mettront à même de juger les
résultats obtenus.
» Cette année M. de Chasseloup-Laubat continue et porte ses expé-
riences sur l'Antrachnose et le Mildew.
» Nous serions heureux si la Société voulait bien désigner une com-
mission chargée de suivre les expériences et d'en faire connaître les ré-
sultats à nos collègues. »
— Des comptes rendus de leurs cheptels sont adressés par MM. Martel-
Houzet, Zeiller, Laval, J.-J. Lafon, liagrange, Sénéquier, Th. Lépuie,
comte de Montlezun, Durousseau-Dugontier, vicomte de Mondion, Bour-
juge, Godard, Derré, A. d'Alidan, Delloye-Orban, Guillin, Ed. Baré,
vicomte de Poli et Ed. Villey.
— M. Léo d'Ounous envoie de Saverdun (Ariège) diverses notes sur
ses naturalisations de végétaux exotiques. — Renvoi à la Section des
végétaux et à la Commission de publication.
— Il est fait don à la bibliothèque de la Société des ouvrages sui-
vants :
Proccedings ofthe American forestnj Congress, for the year 1882.
Washington, 1883. 1 broch. in-8°.
Rapport au Ministre de la Marine sur la génération et la féconda-
tion artificielle des huîtres portugaises, par M. Bouchon-Brandely. Paris,
1882, iin|trimerie du Journal officiel. 1 broch. in-18. (L'Auteur.)
Analyse d'un Mémoire de M. A. Conil, intitulé Études sur IWcri-
diuni Paranense. Burm, par Henri Gadeau de Kerville. Rouen, 1883,
inip. Léon Deshayes. 1 broch. in-18. (L'Auteur.)
De Vaction du Persil sur les Psittacidés, par Henri Gadeau de Ker-
ville (extrait du Conptc rendu de la Société de biologie, séance du
20 janvier 1883), in-8'. (L'Auteur.)
Quelques mots sur le Macropode de Chine, par Alphonse Lefebvre
(extrait des Mémoires de la Société Linnéenne du nord de la France),
Amiens, 1877. Imp. Delaltre-Lenoël. 1 broch. in-8". (L'Auteur.)
Contributions à la faune locale, par M. A. Lefebvre {Bulletin de la
Société Linnéenne du nord de la France, n'IQ, i" octobre 1878).
(L'Auteur.)
PROCÈS-VERBAUX. 4.79
Température maxima que peuvent supporter les poissons rouges,
par M. A. Lefebvre {Bulletin de la Société Linnéenne du nord de la
France, a" 10, i" avril 1873). (L'Auteur.)
Hybrides du Télescope et du poisson roufje, par M. A. Lefebvre
{BHlletia de la Société Linnéenne du nord de laFranceyWdS, l'^-'aoùt
1880). (L'Auteur.)
Études de Pisciculture, par M. A. Lefebvre {Bulletin de la Société
Linnéenne du nord de la France, n" 108, 1" juin 1880). (L'Auteur.)
Le Quinquina cuprea, par M. Triana (extrait du Journal de phar-
macie et de chimie). 1882. 1 brocb. in-8°. (L'Auteur.)
Quelques mots sur le peuplement végétal des îles de l'Océanie, par
M. Henri Jouan. Caen, 1883. Imp. Le Blanc-Hardel. 1 broch. in-8°.
Note sur le Lièvre alpin, par H. Goll. Lausanne, 1883. Imp. Havard
Guilloud et C'^ 1 brocb. in-8". (L'Auteur.)
Conférence de Th. Szretter sur la culture des eaux en Pologne,
Résumé analytique {Bulletin littéraire scientifique de l'Association
des anciens élèves de l'École polonaise, n" 16, 1883). (M. Girdwoyn.)
Les Gerboises, par Fernand Lataste (extrait du journal le NaturnlisU',
15 mars-le"" mai 1883). 1 brocb. iu-18. (L'Auteur.)
Note sur les Souris d'Algérie et description d'une espèce nouvelle
{Mus sprctus), par Fernand Lataste (extrait des Actes de la Société
Linnéenne de Bordeaux, t. XXXVll). Bordeaux, 1883. Imp. J. Durand.
1 broch. in-8°. (L'Auteur.)
Sur un Rongeur nouveau du Sahara algérieniCtenodacti/lus Mzabi
n. sp.), par Fernand Lataste (extrait du Bulletin de la Société zoolo-
gique de France, t. VI, 1881). 1 brocb. in-S". (L'Auteur.)
Sur l'habitat du Triton Vittatus, Gray, et sur l'identification de cette
espèce avec le Triton opbrylicus, Dertbold, par Fernand Lataste (extrait
diiBulletin de la Société zoologique de France, iSll). 1 brocb. in-8°.
(L'Auteur.)
Baie de Quiberon. Établisseinonts ostréicoles de Kercado-Carnac.
Mémoire adressé à la Commission d'ostréiculture et au jury du concours
régional de Vannes (mai 1883), par M. le vicomte de Wolbock. Lorient,
1883. Imp. Louis Chamaillard. 1 brocb. in-8". (L'Auteur.)
Comité des travaux historiques et scientifiques. Rapport au Minis-
tre et arrêtés, Paris, 1883. Imprimerie Nationale. 1 brocb. 'grand in-8'\
Systematic census of Australian plants, by Baron Ferdinand Von
Mueller. Melbourne, 1882. 1 vol. grand in-8". (L'Auteur.)
Warszawskie Muséum rybactwa przez karola Kozlowskiego Bu-
budowniczego, par M. Girdwoyn. Warszawa, 1881. 1 brocb. in-i", pi.
(L'Auteur.)
0 Hodowli ryb j Przyrzadzie Wylegowym Wlasnego pomyslu. Na-
pisal .Micbal Girdwoyn. Warszawa, 1881. 1 broch. in-i°, |tl. (L'Auteur.)
Projekt gospodarstwa rybnego Wyrozumowanego (Sztucznego) Sta-
4-80 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
wowego j wegorzarni \v Dobrach zlotym Potoku J WW. hr. Raczynskich, w
krolestwie Polskiem przez MichalaGirdwoynia, Warszawa, 1881. 1 broch.
in-l", planches. (L'Auteur.)
Lodzie Rybackie fila Naszych Jezlor j Statvoiv, przez Michala
Girdvvoynia. Warszawa, 1883. 1 broch. in-4°, planches. (L'Auteur.)
Projekt (jospodarstiva Rybnefjo Jeziorowego, W. Dobrach Dukszly
.JWW. Bieganskich W. Gubernji Kowienskiej przez Michala Girdvvoy-
nia. Warszawa, 1883. 1 broch. m-i", planches. (L'Auteur.)
Pasozyty ryb naszych, przez Michala Girdwoynia, W'arszawa, 1883.
1 broch. in- 8°, planches. (L'Auteur.)
Le. baromètre appliqué à la prévision du temps en France et spé-
cialement dans la France centrale, par M. J. R. Plumandon,2' édition.
Paris, 1883, librairie J. Michelet et chez l'auteur, à Clermont-Ferrand.
1 vol. in-18. (L'Auteur.)
Die Brieftaube, par Paul Schomaiin-Rostock. 1883, 1 vol. in-8%
figures. (La Perre de Roo.)
La pêche à toutes lignes, théorique, pratique et raisonnée, déduite
de la connaissance de l'histoire naturelle, des mœurs et habitudes des
poissons d'eau douce, etc., par John Fisher. Paris, 1881. Gaston Sam-
son, libraire-éditeur, 1 vol. in-18. '(L'Éditeur.)
Primitive industry, by Charles G. Abbott. Salem -Massachusetts,
George A. Rates, 1881, 1 vol. in-8°, nombreuses figures.
Des aquariums, construction, peuplement, entretien, par A. Lefebvre.
Amiens, 1872. Impr. de Lenoël-Hérouart. 1 vol. in-8\ (L'Auteur.)
Annual Report ofthe Trustées of Ihe New-York State library, pour
1880, 1881 et 1882, 3 vol. in-8».
— Remerciements aux donateurs.
Pour le Secrétaire des séances,
Jules Grisard,
' Agent général.
lU FAITS OIUERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE
Floraison du « Das^Iirion loiigifoliiim ».
Cette plante très belle, si orneineulale, avec ses feuilles si longues et
si élégamment retombantes, est encore très rare à cette heure. Nous ne
savons pourquoi les explorateurs ne nous en envoient plus de semences.
N'en rencontreal-ils plus? En Europe, sur le littoral méditerranéen,
nous avons vu, dans les cincf ou six dernières années, plusieurs sujets
fleuris; mais, sauf une exception remarquée il y a trois ans chez un grand
propriétaire amateur, à Balaguier, près de Toulon, 31. Michel, tous les
Dasyliiion longifolium que nous avons vus fleurir n'ont développé que
des inflorescences unisexuées et mâles.
A cette heure, nous connaissons et nous venons de visiter avec beau-
coup d'intérêt, et en compagnie d'un horticulteur amateur de notre ville,
M. Hyp. Dellor, de très nombreuses plantes de Dasylirion longifoliuvi
développant chacune une inflorescence. Nous devons, nous le croyons
cette abondance extraordinaire de floraison, de tendance à la reproduc-
tion chez celte plante sous notre climat, aux suites des souffrances impo-
sées aux plantes par la si rude et si longue sécheresse de l'année der-
nière. Nos Dasylirion longifolium sonl, sans doute, devenus plus tôt
adultes.
iM. Hyp. Dellor, que nous venons de nommer, possède les plus beaux
Dasylirion longifolium que nous connaissions; ils appartiennent à celles
de ces plantes (est-ce une race ou une simple variété?) qui ont les feuilles
les plus larges et les plus longues. \]n des Dasylirion longifolium si
beaux de M. Hyp. Dellor développe une très forte inflorescence. Nous
croyons qu'elle sera malheureusement mâle.
Au Jardin d'acclimatation d'IIyères, on a réuni un assez grand nombre
de Dasylirion longifolium, achetés un peu partout. Des lignes de forts
sujets de cette plante, cultivée en pleine terre, bordent deux allées du
Jardin d'acclimatation. Tous les sujets, à moins que nous ne nous abu-
sions, appartiennent à une race à feuilles longues et toutes très éléo-am-
ment retombantes, mais variant dans leur longueur et largeur; il n'v a
pas, chez ces plantes et entre elles, l'uniformité que présentent entre
elles les plantes du Dasylirion longifolium, que nous appellerons à lar'>-es
feuilles, de M. Hyp. Dellor, et que nous connaissons en maints jardms
ailleurs. Le Jardin d'acclimatation d'Hyères en possède lui-même, au
reste, un certain nombre de jeunes sujets. Nous nous rappelons avoir
remarqué jadis une bien belle plante de celte race, ou variété à larges
feuilles, dans le si riche jardin de la villa Thuret, à Antibes.
Nous avons compté, jeudi 3 mai, dans les lignes de Dasylirion longi-
folium qijenous signalons, au Jardin d'acclimatation d'Hyères, vingt-deux
3' sÉBiE, T. X. — Août 1883. 31
48:2 SOCIÉTÉ nationale d'acclimatation.
plantes ayant, à celte heure, une belle inflorescence développée. Chez
plusieurs sujets, la tige, qui a presque atteint son entier développement
en hauteur, mesure déjà, chez quelques plantes, plus de 1"',50. Sur une
douzaine de ces inflorescences, des fleurs étaient déjà ouvertes lors de
notre visite, et nous avons pu, soit sur ces fleurs, soit en ouvrant des
])Outons avancés sur d'autres inflorescences, trouver que, sur vingt de ces
plantes, dont nous avons pu examiner utilement les fleurs et leurs organes
sexuels, treize ont des fleurs mâles et sept des fleurs femelles. La com-
paraison attentive entre les inflorescences des sexes reconnus, nous a
montré, d'autre part, de palpables difl"érences entre les inflorescences de
l'un ou de l'autre sexe.
L'inflorescence mâle, sans être plus développée en hauteur, est plus
forte, plus étofl'ée, plus garnie. Celle femelle est plus grêle et très sensi-
blement moins fournie. De plus, elle est, dans toute sa longueur et en
toutes ses parties, teintée en violet, ce qui n'est pas pour l'inflorescence
mâle, qui est colorée en vert blafard.
Les fleurs, chez les deux sexes, sont blanches, d'un l)lanc nacré chez
les femelles ; dans les deux sexes, les organes reproducteurs nous ont
semblé très bien constitués.
Nous croyons donc pouvoir espérer que l'horticulture d'ornement sera
enrichie cette année d'une sérieuse récolte de semences de Dasilyrion
longifoUum, l'une de nos plus belles et plus élégantes plantes exotiques,
et nous ajoutons des plus rustiques, parmi celles qui sont si bien accli-
matées en plein air dans les cultures et dans les jardins de la région de
Nardy.
(Extrait du journal la Méditerranée, de MarseiUe.)
V. BIBLIOGRAPHIE
Éléments de zoologie, par M. le D'' Henri Sicard, professeur à la Fa
cullé des sciences de Lyon. Paris, 1883, J.-B. Baillière et fils, 1 vol.
in-8" de 842 pages, avec 761 figures.
La plupart des ouvrages élémentaires de zoologie publiés en France
depuis prés d'un denii-siécle sont rédigés sous l'empire d'une préoccu-
pation trop exclusive, liée à l'existence de travaux éminents, mais qui
sont presque entièrement consacrés aux généralités de la physiologie et
de l'anatomie. Aussi ces ouvrages sont peu à la portée des gens du
monde, même instruits, et s'égarent trop dans les théories du transfor-
misme, masquant parfois, sous des phrases pompeuses ou à demi incom-
préhensibles par l'étalage d'une érudition scientifique compliquée, Tigno-
rance à peu près complète où sont leurs auteurs de l'histoire des
animaux, qui offre au public un intérêt considérable, une utilité conti-
nuelle, en même temps qu'une simplicité attrayante. C'est ce qui rend
compte de la prédilection de tant de lecteurs pour les ouvrages des
Réaumur, des Buffon, des Lacépède, des Valenciennes, des Constant
Duméril, etc.
Les Éléments de zoologie de M. IL Sicard sont un retour à celte voie
de vulgarisation descriptive de la nature et sont destinés à combler une
lacune des ouvrages de l'enseignement zoologique actuel. L'auteur com-
mence naturellement par les généralités relatives à l'anatomie et à la
physiologie de l'homme; car nous devons chercher à nous connaître nous-
mêmes avant d'aborder l'étude des autres animaux; au sens purement
physique, en laissant de côté l'ordre moral qui lui est exclusif, l'homme
fait partie des animaux, comme le représentant organique le plus parfait
de l'embranchement des Vertébrés.
M. Sicard, après mention faite des travaux de iMM. Haëckel, (iegeii-
baur, Claus et Giard, ne s'arrête pas à discuter leurs groupes, et, avec
une addition qui établit les incertitudes zoologiques, il s'arrête presque
exclusivement aux embranchements de Cuvier et de Baër. Il admet cinq
embranchements primordiaux : les Protozaires, les Zoophytes ou Ba-
diaires, les Annelés ou Entomozoaires,les Mollusques ou Malacozoaires,
les Vertébrés ou Ostéozoaires. Nous aurions préféré l'ordre Inverse et les
Annelés placés aussitôt après les Vertébrés, car les Annelés sont très
élevés au point de vue de la sensibilité, c'est-à-dire du caractère essen-
tiellement animal, dans la classe des Insectes ; mais nous n'avons pas à
refaire l'ouvrage de l'auteur. Notre rôle est d'en présenter un résumé
sommaire et fidèle, en nous attachant seulement aux types zoologi(iues
4-84
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
les plus curieux pour les gens du monde, et en offrant aux lecteurs de
noire Bulletin des spécimens des gravures dont les éditeurs ont enrichi
l'ouvrage. Leur belle publication de l'œuvre de Brehni les rend coutu-
iniers du fait et constitue un engagement qu'ils sauront remplir pour les
autres ouvrages.
Rien ne surpasse dans les Insectes l'intérêt qui s'attache aux espèces
séricigènes, principalement au Ver à soie du mûrier, Sericaria mon'
FiG. 1. — Vers à soie du mûrier. — 1. Clieiiille à toute sa taille. — "2. Chrysa-
lide femelle. — 3. Chrysalide mâle. — 4. Cocou. — 5. Papillon femelle. —
(i. l'apilloii mâle.
Linn., qui en est le type et l'objet d'une industrie de premier ordre, dont
le chillre d'affaires atteint annuellement un milliard dans le monde en-
tier. L'histoire de cet insecte peut servir de type pour l'ordre des Lépi-
iloptères ou Papillons. Le Ver à soie provient d'œufs qui portent dans le
commerce le nom de graine. Après leur mise en incubation artificielle,
au moment où la léaille du mûrier esl sortie des bourgeons, on élève
les jeunes chenilles ou magnans qui en proviennent dans des établisse-
ments qui portent le nom de magnaneries dans le midi de la Franceg
BIBLIOGRAPHIE. 485
L'éducation de ces chenilles, d'une durée variable suivant la température,
se partage en ui» certain nombre de phases ou âges séparés par des mues
ou changements de peau, le plus ordinairement au nombre de quatre,
et à des époques inégales, accélérées ou retardées on raison directe de
la température (fig. 1). Chaque mue est précédée par une période d'en-
gourdissement pendant laquelle les Vers cessent de manger; elle est
suivie, par contre, d'une période de voracité qu'on appelle frèze. Arrivé
ù la fin du cinquième âge, le Ver commence à jeter autour de lui des fils
de soie destinés à servir de supports au cocon dont il s'enveloppe. Celte
soie est sécrétée par une paire de glandes salivaires modifiées, en forme
de tubes enroulés sur eux-mêmes et occupant presque toute la longueur
du corps, de chaque côté de l'appareil digestif. Les deux canaux défé-
rents très fins, en lesquels se termine antérieurement chaque glande, se
réunissent en un canal commun, dans lequel les deux fils de soie sont
tordus ensemble de manière à n'en faire plus qu'un, et ce canal aboulii
à un petit orifice ou filière percé dans la lèvre inférieure. Le Ver à soie
met trois ou quatre jours à filer son cocon, puis il subit une cinquième
mue et se transforme en chrysalide. Il reste en cet état pendant un temps
qui varie de (juinze à vingt jours. Alors, après une dernière mue, le pa-
pillon, sortant du cocon, se montre sous sa forme ailée. C'est le moment
de la reproduction ; l'accouplement a lieu, et les femelles fécondées pon-
dent des œufs destinés, pour les races de nos climats, à passer l'hiver et
à éclore au printemps suivant. On a observé quelques cas de parlliéiio-
génèse, qui sont, du reste, e.xceplionnels chez les Insectes, et n'ont été
constatés pour les papillons principalement que chez certaines espèces de
la grande tribu des Bombyciens, à laquelle appartient le Ver à soie du
mûrier.
Dans les autres Lépidoptères, nous citerons, dans le sous-ordre des
Diurnes ou Rhopalocères, ou Achalinoptères, un groupe de papillons, les
-\ymphalidcs, présentant beaucoup de grandes et belles espèces ayant
ce caractère commun, que les adultes ne marchent que sur quatre pattes,
la paire antérieure atrophiée entourant le cou du papillon comme une
roilerelle (pattes palatines). Telle est l'espèce (lig. l>) commune en juillet
dans les bois de toute l'Europe, VArgijnnis paphia, qu'on appelle vul-
gairement le Tabac d'Espagne, à cause du fond d'un fauve vif du dessus
des ailes, tandis que les ailes inférieures ont en dessous de larires bandes
nacrées. Ces taches nacrées des ailes inférieures sont le caractère d'où
est tiré le nom du genre Argynne.
Dans les Coléoptères est figuré ce Scarabée sacré (fig. 3) ou Atcitclnts
sacer, entouré de la vénération des Égyptiens, parce que la feiuellc
roule entre ses pattes postérieures courbées la boule de fiente, emblème
du monde, où elle a déposé un œuf. Nous possédons ce remanpialilf
insecte sur quelques plages sablonneuses do la Méditerranée, ainsi
près de .Marseille, de Toulon, à l'alavas, le bain de mer de Mont-
486 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
pellier, etc. Dans le même groupe des Lamellicornes, et encore plus
K.L.ClémtnL
FiG. 2. — Tabac d'Espagne (Argijnnis Paphia), sur fleurs de Ronce.
FiG. 3. — Scarabée sacré. Fig. 4. — Cétoine dorée, éclosant.
BIBLIOGRAPHIE.
487
près du funeste Hanneton, nous rencontrons la Cétoine dorée (11g. /i.),
d'un riche vert métallique, butinant sur les fleurs des arbres fruitiers.
FiG. 5. -- Nymphe et larve de la Cétoine dorée.
des liias, allant dormir sur le sein parfumé de la rose ; sa larve, voisine
du Ver blanc, vit dans le bois pourri, etsa nymphe est entourée d'une
coque ovoïde de débris ligneux (fig. 5). Les Hyménoptères terminent les
FiG. G. — Guêpe frelon (Vespa crabro).
Insectes, dont ils représentent l'ordre le plus élevé, manifestant chez
ceux qui construisent des nids ces accommodations de l'instinct, qui sont
des lueurs d'une véritable intelligence. Dans cet ordre se rangent les
488 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Guêpes sociales, construisant des nids où la fonction de reproduction est
partagée entre les mâles, les femelles fécondes et les femelles neutres,
nourrices des petits de leurs sœurs fécondes et architectes des nids où
les trois groupes associés vivent dans une paix profonde, sans subordi-
nation d'aucune sorte, chacun à sa fonction prédestinée. Ainsi les Fre-
lons (fig. 6j, à l'aiguillon terrible, faisant leurs guêpiers dans les vieux
arbres creux, au moyen d'un carton très friable de fibres végétales agglu-
tinées.
Quelques types, curieux par leurs formes ou par leurs mœurs, nous
serviront à caractériser les Vertébrés inférieurs de la classe des Pois-
sons. Les Lophobranches sont des petits Poissons fort singuliers, manis
Fig. 7. — Hippocampe mâle avec les œufs.
de branchies en forme de houppes, et dont l'ouverture des ouïes est ré-
duite à un étroit orifice supérieur. Leur corps est cuirassé et de forme
plus ou moins polyédrique; la tète se prolonge en un museau lubulaire,
qui se termine par une bouche très petite dépourvue de dents. Une par-
ticularité curieuse, que l'on retrouve chez un Batracien, le Crapaud
accoucheur (Alytcs obstetricans), c'est que les mâles sont chargés du
soin des œufs jusqu'au moment de leur éclosion; tantôt ils sont fixés sur
le thorax ou sur l'abdomen, tantôt ils sont reçus dans une sorte de poche
formée par deux replis de la peau et placée sous la queue. Ainsi chez
l'Hippocampe (fig. 7), nommé Cheval marin d'après la figure qu'il prend
après dessiccation, qu'on trouve notamment sur les côtes du nord de la
P)retagne, au milieu des prairies de zostères des îles Chausey. On voit
quelquefois ces animaux bizarres à l'aquarium du jardin d'acclimata-
tion, faisant vibrer avec rapidité leurs petites nageoires pectorales, et
BIBLIOGRAPHIE.
489
fixés par leur queue prenante et enroulable à quelque tige de plante
marine. Dans ces Poissons à nageoires dorsales à rayons épineux, qui
forment les anciens Acantlioptérygiens de Cuvier, se placent les Rlennies
•ou Baveuses, dont la peau nue est enduite de mucosités. Une espèce,
iluviatile par exception, est la Blennie cagnelte (fig. 8), qui se plaît dans
FiG. 8. — Blennie cagnette.
les eaux torrentielles. Fort étranges sont ces Poissons labyrinthiformes
de Cuvier, dont les os pharyngiens supérieurs ont une siruclure feuil-
letée, formant au-dessus des branchies des cellules compliquées servant
à emmagasiner de l'eau, de sorte que ces poissons peuvent vivre un
certain temps dans l'air et même se transporter à terre à d'assez grandes
distances. Tels sont les Anabas (fig. 9) de l'Inde, qui habitent des cours
d'eau à débordements violents qui peuvent compromettre leur existence.
.\ ces époques ces Poissons savent sortir de l'eau et même grimper aux
Jjranches des arbres, respirant, au moyen de l'air libre, par leurs bran-
chies maintenues toujours mouillées. A côté se placent des Poissons dont
490 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
les nageoires sont portées sur des sortes de bras formés par l'allonge
/ / /
l'iG. y. — Anabas, de l'Inde.
ment des os du carpe. Telle est la hideuse Baudroie (fig. 10), qu'on pêche
sur nos côtes et qu'on nomme Raie pécheresse, bien qu'elle soit d'un
Fig. JU. — Baudroie ou Haie pécheresse {Lophius piscalorius).
groupe fort différent des vraies Raies. Enfouie dans le sable, elle laisse
flotter au-dessus d'elle de longs filaments charnus, qui simulent des vers
succulents. Les petits Poissons mordent ces appâts trompeurs et sont
saisis par la terrible armature dentaire de la Daudroie.
L'ouvrage du D"' Sicard réunit les types anciens aux types actuels, afin
d'offrir le tableau complet des groupes zoologiques. Ainsi, dans les Rep-
tiles Sauriens figurent les Ptérodactyles (fig. 11), liant les Reptiles aux
plus anciens Oiseaux à. bec denté. Ces Reptiles, de l'époque jurassique,
munis de dents, sont une forme ailée du type Reptile. Au lieu des longs
doigts (sauf le pouce) des Çhauves-Souris, le petit doigt seul, très déve-
BIBLIOGRAPHIE.
4-9 î
loppé, soutenait une membrane reliée aux flancs et aux membres posté-
rieurs. S'il n'y avait pas là une aile complète, il s'y trouvait au moins un
Fit;. 11. — Ptérodactyle (restauration) {Pterodactylus spectabilis.)
large parachute, à la façon des Galéopithèques et des Polatouches. per-
mettant des sauts très étendus entre les rochers ou d'un arbre à l'autre.
Avec les Oiseaux commencent les Vertébrés supérieurs, à double cœur,
à sang chaud, ou, plus exactement, à température sensiblement con-
stante. Comme exemple des belles ligui'es d'anatomie comparée du livre,
nous donnerons (fig. 12) celle qui groupe les diverses formes du pied
postérieur des Oiseaux, en remarquant les quatre doigts en avant du
Martinet, type de voilier exceptionnel, qui partage avec les Oiseaux-
Mouches le caractère de n'avoir aucune échancrure au sternum. L'Oiseau,
cette merveille de la nature pour la locomotion rapide, est Reptile par
les pieds, couverts de ces sentes qui sont l'apanage des Vertébrés infé-
rieurs. Aux Oiseaux gallinacés, de groupes apparentés aux Poules, se
rattache le genre monogame des Hoccos (fig. 13), nichant sur les arbres
dans les forêts de la Guyane et du Brésil, dont l'acclimatation, tentée
depuis longtemps, n'a qu'un succès médiocre, ces oiseaux étant de cli-
mats trop chauds, tandis ([ue celle des Gallinacés du groupe des Faisans
est un des beaux résultats dont notre Société ait le droit de se glorilier.
492
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
Les Gallinacés, à vol faible, conduisent assez naturellement aux Coureurs,
à plumes souvent transformées en poils sur le corps, à pennes des ailes
FiG. 12. — Différentes formes de pattes d'oiseaux : a, pied de Cigogne (échas-
sier); — b, pied île Grive (Passereau); — o, pied de Faisan (Gallinacé); —
(/.pied de Faucon (Rapace diurne); — e, pied de Martinet (Passereau); — f, pied
d'Autruche (Coureur); — g, pied de Pic (Grimpeur); — /(, pied de Grèbe
(Palmipède); — i, pied de Foulque (Écliassier); — le, pied de Canard (Palmi-
pède) ; — /, pied de Phaéton (Palmipède totipalme).
impropres au vol, à sternum aplati et sans bréchet, à pattes postérieures
très robustes. Ainsi l'Autruche, déliant à la course les plus rapides che-
vaux, spéciale à l'Afrique et n'ayant que deux doigts (fig. 15); ainsi
l'Aptérix ou Kivi-kivi (d'après son cri), genre presque anéanti aujour-
d'hui (fig. 14), courant le soir dans les broussailles à la façon des Raies,
fouillant la terre humide pour chercher des vers, n'existant plus que dans
ijuelques petites îles voisines de la Nouvelle-Zélande, à long bec d'Échas-
sier longirostre, sans queue, offrant les ailes les plus rudimentaires
qu'on connaisse, en forme de petits moignons perdus dans des poils,
ces poils analogues à ceux des poussins de beaucoup d'oiseaux qui pren-
nent ensuite des plumes.
Les Mammifères, qui sont le chef-d'œuvre de la nature sous le rapport
BIBLIOGRAPHIE.
/m
delà sensibilité, se partagent en deux grands types. Les Didelphes (deux
fois frères) sont propres à l'Australie, à la Tasnianie, un peu à la Nou-
FiG. 13. — Hocco rou.K.
velle-Guinée et à l'Amérique méridionale, presque exclusivement pour le
type dos Sarigues. Ils naissent à l'état de véritables avortons, à membres
Fie. U. — Aptéryx austral.
à peine formés, que la mère avec ses lèvres place dans une poche ou
dans un repli de peau qui entoure ses mamelles en nombre impair; là
chaque petit subit une seconde incubation, greffé d'une manière continue
à une tétine qui s'allonge et pénètre jusque dans son estomac. Ace groupe
494.
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
se rattacherait, parallèlement aux ordres des Mammifères ordinaires,
et d'après une belle idée du fondateur de notre Société d'Acclimatation,
FiG. 15. — Autruche mâle.
Isidore Geolfroy Saint-Hilaire, une subdivision de ces animaux à poche
mammaire ou Marsupiaux en carnassiers de grandes proies vivantes,
en insectivores et mangeurs d'œufs et de poussins d'Oiseaux, en ron-
deurs de racines et d'écorces, enfin en herbivores, auxquels appar-
tiennent les Kangurous (fig. 16), propres à l'Australie, à membres pos-
térieurs disproportionnés et servant à U!i saut énergique. Les Mammi-
fères ordinaires ou Monodelpiies (une seule fois frères) offrent des petits
ne subissant qu'une seule incubation interne dans l'utérus. 11 en
est d'herbivores, comme les Clievaux, dont les steppes de la Tartarie
présentent dans les Tarpans (lig. 17) la forme actuelle la plus voisine
BIBLIOGRAPHIE. 4-95
de l'état sauvage primitif, et revenant difficilement à la domesticité.
z/^
FiG. 16. — Kangurou (Halmaturus Tlietis).
Fie. 17. — Tarpaii ou Cheval des steppes.
49b
SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Un second type de Mammifères, à trois sortes de dents, est constitué
parles espèces carnivores et insectivores, où nous citerons le si utile-
Fie. 18. — Ilcrisson d'Europe, dévorant un Mulot.
Hérisson d'Europe (fig. 18), que tous nos instituteurs doivent recoin
mander de respecter dans les campagnes.
iMaurice Girard.
Le gérant : Jules Grisard.
Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Pariç
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
ÉTUDE
SUR LA PERDRIX PERGHEUSE DU ROUTAN
(PERDIX HODGSONI.E)
Par m. E. LEROY
Monsieur le Président,
Je viens d'obtenir la reproduction, en volière, d'une i^er-
drix percheuse nouvellement introduite, qui me paraît apte
à devenir par la suite une précieuse recrue pour nos chasses.
J'ai l'honneur de vous transmettre le résultat de mon élude
relative à cette espèce étrangère.
La Pe'"i'rix percheuse du Boutan {Perdix Hodgsoniœ),
dont je vous demande la permission de vous entretenir, est
originaire, comme on sait, du versant méridional de l'Hima-
laya. Il paraît qu'elle y habite des sommets couverts de neige,
ce qui la rend apte à supporter nos températures les plus
froides et semblait la désigner à priori comme très suscep-
tible de s'acclimater chez nous.
Nous allons voir comment elle vajustilier ces présomptions.
Le couple que j'ai en volière me vient du Jardin zoologique
du Bois de Boulogne, où, sur le conseil de M. A. Geoffroy
Saint-Hilaire, j'en fis l'acquisition le 25 avril 1882. C'est un
couple importé.
L'oiseau du Boutan a les formes trapues et arrondies : à ce
pointde vue, c'est bien une P(;rdrix. Mais ses tarses très hauts,
comme ceux de l'échassier, ses doigts allongés et pourvus
d'ongles droits et acérés, sa queue rabattue et dépourvue de
plumes rectrices, son bec pointu rappelant celui du râle,
révèlent, chez cette espèce, des aptitudes particulières.
La Perdrix du Boutan est de la taille d'une forte perdrix
rouge; elle a le bec noir; les parties supérieures d'un gris
3« SÉRIE, T. X. — Septembre 1883. 32
498 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
cendré zébré de marron ; les ailes tigrées de larges taches
marron foncé disposées en forme de V ; les flancs bleu cendré
semés de points blancs ; les pieds et les tarses jaune foncé.
La livrée de la femelle rappelle un peu, comme dessin,
celle de la bécasse. Le mâle en diffère par la couleur de sa
tête, qui est jaune-roux, par la nuance de sa poitrine, qui est
bleu cendré, et par son collier noir doublé d'un collier blanc.
Le cri, ou le chant, de cette espèce est entièrement diffé-
rent, plus prolongé et plus compliqué que celui de nos per-
drix françaises. Les premières notes rappellent un peu le cri
du colin Houï. Ce chant peut se traduire à peu près ainsi :
« Ho-ho-ho! Ho-ho-ho! Ho-ho-ho! Uû-là! Où-là! Ko-kott!
Ko-kolt! Ko-kott! »
Dès le printemps, et même dans les jours d'hiver lorsque
la température est adoucie, le mâle, à certaines heures de la
journée, entonne sa chanson étrangère ; mais, dès que la
ponte est commencée, et tant que dure l'éducation des jeunes,
toute modulation cesse de se faire entendre. Sa prudence
d'oiseau sauvage, d'oiseau gibiei-, le veut ainsi.
Le coq du Boutan se montre plein d'attentions pour sa
compagne ; passe les nuits branché près d'elle ; l'appelle dès
qu'il a trouvé un insecte, pour le lui oftVir, et veille à sa
portée lorsqu'elle est au nid.
Le couple fut installé dans une volière mesurant 12 mètres
de surface, dont 4 mètres de hangar et 8 mètres à ciel ouvert;
cette dernière partie plantée d'arbustes, gazonnée et sablée.
La première année de son séjour chez moi demeura sans
résultat, au point de vue de la reproduction: j'ai eu l'honneur
de vous faire remarquer, Monsieur le Président, que ce couple
était un couple d'importés, et les oiseaux d'importation,
comme on sait, ne reproduisent pas toujours dès la première
année. Quelques-uns même ne s'y décident qu'au bout de
quatre ou cinq ans et quelquefois pas du tout.
Je dois dire, d'ailleurs, que l'ordinaire auquel j'avais assu-
jetti mes pensionnaires, et que, faute de savoir, j'avais cru
devoir calquer sur celui des colins, des perdrix françaises et
des perdrix de Chine, consistait uniquement en graines diver-
PERDRIX PERCHEUSE DU BOUTAN. 499
ses : millet, alpiste, blé, millet, sarrasin, avoine, et en mie de
pain.
Or cette nourriture, dont ils se contentaient à la rigueur
n'était pas tout à fait celle indiquée par leur tempérament
particulier. Nous venons de voir que la structure de la Per-
drix du Boutan se rapproche, par certains côtés, de celle du
râle, un petit échassier mangeur d'insectes. Ses habitudes,
d'ailleurs, ne laissent aucun doute au sujet du genre de nour-
riture qu'elle préfère à tout. Constamment elle gratte la terre
pour y trouver des racines, des graines germées et surtout
des vers et vermisseaux. Chez elle le tarse est très fort, ce qui
lui ôte de l'élégance, mais ce tarse est la pièce principale de
son outillage de fouilleuse. C'est le levier dont elle se sert pour
soulever des mondes... de lombrics et de plantes germées, dont
elle se montre particulièrement avide. On la voit passer des
heures entières à gratter la terre avec ses grands ongles, à la
piocher avec son bec pointu, bouleversant les allées, retour-
nant les mottes, déracinant les gazons, creusant, pour peu
que le sol soit h'iable, des trous suffisants pour l'ensevelir.
L'année 1882 s'écoula, comme je viens de le dire, sans
donner de reproduction: soit par suite de ce que les oiseaux
fort sauvages à leur arrivée, n'étaient pas suffisamment habi-
tués à leur nouveau milieu, soit peut-être parce que l'ali-
mentation que je leur donnais était trop différente de celle
demandée par leur tempérament particulier.
Aussi ,dès le printemps de celte année (1 883), je m'arrangeai
de façon à procurer à mes pensionnaires le plus possible de
leur nourriture favorite. Je lis mettre de côté les vers obtenus
lors du bêchage du jardin, et, de temps en temps, je leur
jetais de ces vers par-dessus les grillages. Le raâle, moins
sauvage que la femelle, s'emparait des lombrics, appelait sa
compagne par un cri particulier, les lui offrait avec insistance,
et ne ramassait pour son propre compte que lorsque celle-ci
était repue.
Mais cette aubaine de lombrics provenant du labour des
plates-bandes ne pouvait être que passagère, et il me fallut
songer à modifier l'installation, de telle manière que les
500 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
oiseaux pussent trouver d'eux-mêmes, à leur moment et sui-
vant leurs besoins, couramment et sans interruption, le prin-
cipal élément de leurs repas.
Pour cela, je pris modèle sur Faménagement de la volière
aux faisans destinés à la chasse, aménagement qui avait attiré
mon attention dans mes promenades au Jardin zoologique du
Bois de Boulogne. Cette volière, comme chacun a pu le remar-
quer, est jonchée d'une épaisse couche de feuilles mortes,
que les faisans retournent presque constamment, pour y trou-
ver les vers qui s'y attachent.
Je me mis à calquer de mon mieux cet agencement ; seule-
ment je le modifiai en ce sens qu'au lieu de feuilles tombées,
je me servis de menues pailles et de poussières provenant de
battage. J'en comblai les allées à une hauteur d'au moins
20 centimètres, et j'y répandis tous les jours les grains des-
tinés à l'alimentation. La pluie et les arrosages, on imprégnant
cette menue paille, les oiseaux en la grattant et la mélangeant
avec la terre et le sable de leur volière, en firent un compost
qui,, comme garde-manger sui generis, ne laissa bientôt rien
à désirer.
Ce qu'il germe de menues graines, ce qu'il pullule de vers
et de vermisseaux dans un pareil milieu, est quelque chose
d'incalculable.
Le couple Perdrix du Boutan se mit de suite à l'œuvre,
s'escrimant de son mieux des pieds et du bec; à toute heure
de la journée on peut le surprendre sur la couche de menue
paille, grattant et piochant.
Le résultat de ce nouveau régime ne se fit pas attendre, et,
le 9 mars, dansl'après-midi, je surprenais la poule du Boutan
jetant avec son bec des brins de paille par-dessus son dos, ce
qui, comme chacun sait, est l'indice d'une ponte récente ou
imminente. Le coq imitait ce manège. J'allai voir au nid:
rien encore. Je dois ajouter que, ce jour-là, la température
était très froide.
Le lendemain 10, vers quatre heures du soir, j'aperçus le
coq faisant le guet près de l'entrée du nid. Evidemment la
ponte avait lieu en ce moment, mais je ne pus m'en assurer
PERDRIX PERCHEUSE DU BOUTAN. 501
que le 11 au matin, parce que la nuit vint et je ne voulais pas
déranger les oiseaux à l'heure de la perchée.
Le nid de la Perdrix du Boutan, comme celui du colin et
de la perdrix de Chine, ces autres perdrix percheuses, a la
forme d'un four un peu creusé en terre et voûté. Ce nid avait
été construit sous l'abri, dans une encoignure masquée par
une toulYe de lilas. C'était une sorte de voûte, longue de 30 à
35 centimètres, terminée par une cuvette, dans laquelle a lieu
la ponte, et revêtue d'un énorme amas de brins de paille. A
l'entrée se trouve fichée par le travers une tige de paille ou de
foin sec, sorte de précaution suggérée par l'instinct po ur
s'assurer que le réduit n'a pas été violé.
Je dus me coucher à plat ventre pour voir l'œuf qui éta it
au fond de ce réduit. Cet œuf me parut relativement énorme.
L'œuf de la Perdrix du Boutan, ainsi que j'ai pu le vérifier
plus tard, est entièrement blanc, de forme conique, très
pointu d'un bout, et de la grosseur d'un œuf de faisan versi-
colore. Ceci me parut regrettable, parce que je ne crois pas
que l'oiseau puisse embrasser, dans son travail d'incubation,
plus de cinq ou six de ses propres œufs, ce qui est d'ailleurs
la moyenne des pontes que j'ai obtenues en dernier lieu ; mais
nous allons voir que ce défaut est racheté par la rapidité de
la croissance des jeunes, qui s'accomplit presque en six se-
maines et par la multiplicité des pontes ; j'en ai obtenu quatre
cette année.
Le premier œuf fut donc pondu le 10 mars. Mais la repro-
duction fut contrariée par la température inaccoutumée du
printemps de 1883. Il gelait à glace et il faisait un froid in-
tense.
Le 12 mars, vers quatre heures du soir, l'œuf était enterré,
la paille affaissée, le four rétréci. Il neigeait. Peut-être la
pondeuse voulait-elle garantir à sa manière son trésor contre
les atteintes de la gelée.
Le 14 mars dans l'après-midi, l'œuf était déterré et la cu-
vette du réduit préparée comme pour une nouvelle ponte.
Durant quelques jours je résolus de suspendre mes visites
pour ne pas dépiter les oiseaux, qui sont très ombrageux.
502 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Le 19 mars, dans la malinée, je trouvai le nid modifié,
l'entrée changée de direction. Donc il n'était pas abandonné.
Malheureusement, ayant tait apporter du gazon dans un com-
partiment voisin, les allées et venues du jardinier eurent un
résultat regrettable, et le 20 mars le nid était défait, les œufs,
au nombre de deux, épars sur le sable de l'abri. Force me fut
de confier ces deux œufs à une petite poule couveuse.
La première portée n'avait donc été que de deux œufs,
pondus à plusieurs jours d'intervalle. Mais il faisait une tem-
pérature hivernale, et, bien que les oiseaux supportassent
vaillamment ce contre-temps, comme ils ne pouvaient gratter
la terre gelée, il s'ensuivit que leur menu se trouvait appauvri
de ses meilleurs éléments : insectes et graines germées.
Le 25 mars, le nid était refait à la même place que précé-
demment, la paille disposée en voûte, et comme recouvert
d'un toit de chaume.
Le 4 avril vers midi, la poule Perdrix couvait. Le mâle
veillait à peu de distance du nid. Le soir il était seul au per-
choir.
Le 5 avril, à six heures du matin, je trouvai la poule levée et
piochant les gazons. Le passage d'un chat, d'un oiseau de proie
ou quelque cause de panique dont je ne pus me rendre
compte, lit qu'elle ne reprit pas le nid. Vers dix heures et
demie, les œufs, au nombre de quatre, étant refroidis, je les
confiai à une petite poule de Nangasaki, dont je complétai la
couvée avec six œufs de faisan houppifère de Swinhoë. Le nid
fut défait, les pailles éparpillées.
Le 44 avril, l'un des deux premiers œufs de Perdrix du
Boutan, confiés aune petite poule, donnait une éclosion,
après vingt-quatre jours d'incubation. Le second œuf, pro-
bablement le premier pondu, ayant eu trop à souffrir des
atteintes de la gelée, ne contenait qu'un liquide gâté. L'em-
bryon ne s'y était même pas développé.
Le 47 avril, le nid des Perdrix du Boutan était reconstruit
pour la troisième fois, et, chose remarquable, toujours au
même anole du hangar masqué par la touffe de lilas. La ponte,
commencée le 20 avril au soir, ne fut complétée que le lOmai
PERDPxIX PERCHEUSE DU BOUTAN. 503
au malin; à celte date elle était de six œufs, que la mère se
mit à couver, veillée par le mâle, qui se tenait à portée du nid
le jour, perché au-dessus la nuit.
Cependant le petit Perdreau du Boulan né le U avril se
développait ; durant les premiers jours il parut dédaigner les
larves de fourmi, les ténébrions, la pâtée à faisans et il pré-
férait à tout les petits vers de terre, dont il fit sa nourriture
exclusive. Le ^0 avril, à l'âge de six jours, il se mit à gratter
une motte de gazon disposée dans son parquet, suivant les
instincts de son espèce; le 24 avril, il mangeait des vers de
farine qu'il avalait sans prendre la peine de les tuer.
Le 29 avril, éclosaient deux nouveaux Perdreaux du Boutan
et six poussins de Swinhoë couvés par une poule naine de-
puis le 5; c'est-à-dire après vingt-quatre jours d'incubation.
Cette couvée était de dix œufs, dont quatre de Perdrix du Bou-
tan ; malheureusement l'un de ces œufs fut écrasé par la cou-
veuse peu avant l'éclosion ; un autre, ayant glissé à travers la
paille du nid, se trouva refroidi au point d'amener la mort de
l'embryon. Tous les œufs étaient fécondés.
Je réunis à ce petit troupeau le premier Perdreau éclos
le \A, c'est-à-dire âgé de quinze jours et que la poule voulut
bien accepter. Ce jeune sujet montrait aux poussins à manger
des œufs de fourmi, qu'il avait fini par accepter, et leur pré-
sentait cette nourriture, que ses petits frères lui cueillaient au
bec. Dès le 3 mai il était presque aussi gros qu'une caille,
commençait à voler et venait se percher familièiement sur
mon épaule.
Le 13 mai, le premier des trois élèves Perdreaux du Bou-
tan se trouvait en pleine mue. II paraissait souffrir de cette
crise, qui lui fut fatale ainsi qu'à l'un des deux autres plus
jeunes élèves, car il périt le 25 mai et son frère peu de jours
après.
J'attribuai cet accident, qui ne s'est plus renouvelé, à ce
que l'état de la température m'avait mis dans la nécessité
d'élever en chambre de jeunes sujets dont le besoin le plus
impérieux est de trouver, en grattant le sol, des proies d'une
nature particulière, auxquelles je ne pouvais suppléer qu'im-
504- SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION,
parfaitement avec mes larves de fourmi, mes vers de farine,,
mes lombrics et ma pâtée à faisans.
Le troisième Perdreau du Boutan vint à bien avec les six.
élèves faisans Swinhoë, et est depuis longtemps parvenu à son
entier développement. C'est une femelle.
Cependant la poule Perdrix du Boutan continuait avec assi-
duité son travail d'incubation, et je ne la voyais que par
échappée, le matin, lorsqu'elle grattait, en quête de sa
nourriture. De temps en temps, je renouvelais la litière de
menue paille.
Le 6 juin, j'aperçus deux poussins suivant leur mère à tra-
vers la volière ; les arbustes et les obstacles de toutes sortes
m'empêchaient de voir suffisamment. Il restait au nid deux.
œufs refroidis, sur six qui avaient été couvés, et je ne tardai
pas à m'assurer que le couple traînait à sa suite quatre jeunes
paraissant très vifs.
Dès le 7 juin ces jeunes vagabondaient de tous côtés, sans
trop suivre leurs parents, grattant et cherchant leur vie chacun
pour son compte. Ils se montrent très sauvages. L'un d'eux
s'étant pris dans les grillages, je m'en fus le délivrer, mais à
son cri le mâle accourut sur moi, les ailes tendues, comme
pour le défendre.
Le 17 juin, ces quatre derniers élèves, gros comme des noix,,
commençaient à voleter; le 21, ils étaient gros comme des
cailles et poussaient à vue d'œil, malgré l'humidité et le temps
froid, si fatals aux autres Perdreaux,
Le 21 juin, toujours dans le même nid, je trouvais un nou-
vel œuf chez les Perdrix du Boutan. La femelle avait commencé
une nouvelle ponte: la quatrième et la dernière de cette
année.
Le 29 juin, les quatre derniers Perdreaux, âgés de trois
semaines, commençaient à passer les nuits au dehors, perchés
et cachés dans les branches du iilas qui masquait le nid de leur
mère.
Le 24 juin, deuxième œuf; le 27, troisième œuf; le 30,.
quatrième œuf ; le 1" juillet, cinquième œuf et commence-
ment d'incubation par la Perdrix.
PERDRIX PERCHEUSE DU BOUTAN. 505
Le 4 juillet, j'eus à constater une panique dont je n'eus
l'explication que quelques jours après. Les jeunes paraissaient
affolés, poussaient des cris de terreur, couraient dans tous
les sens et se cachaient sous les arbustes; puis, en ma pré-
sence, le calme revint et la petite famille reprit ses allures
habituelles, sous la protection du père. Puis, le 17, il se fit
chez les Perdrix du Boutan un bruit inusité et je surpris la
mère, qui avait quitté son nid, pourchassant ses jeunes, qui
ne savaient, cette fois, où se fourrer. — Alors je compris tout.
La Perdrix du Boutan venait de m'enseignerque, différente
en ceci de la Perdrix percheuse de la Chine, qui, elle, élève
ses diverses portées successivement et pour ainsi dire couche
par couche, les derniers venus pêle-mêle avec leurs aînés, elle
chasse impitoyablement ses jeunes à mesure qu'elle entre-
prend une nouvelle couvée.
Il faut reconnaître aussi que chez la Perdrix du Boutan, la
croissance des petits s'effectue très rapidement, à ce point que,
dès l'âge de six semaines, ces derniers sont aptes à se suffire et
ont déjà revêtu leur livrée au point de permettre de distinguer
les sexes. Cette particularité est à noter pour l'époque où
nous voudrons essayer de naturaliser dans nos chasses l'oiseau
du Boutan à l'état de gibier libre.
Je dus donc pénétrer dans le compartiment pour reprendre
les quatre élèves, déjà presque à leur grosseur et bien en
plumes. Il y avait deux mâles et deux femelles.
Ils furent installés avec leur aînée, que les faisandeaux de
Swinlioë coamiençaient à molester, dans un compartiment
séparé, amplement pourvu de menue paille.
Mais la capture de ces jeunes ne put s'effectuer sans un
certain brouhaha, dont le résultat fut que les cinq œufs qui
étaient au nid et dont l'incubation était commencée, furent
abandonnés momentanément jusqu'à refroidissement presque
complet.
Force me fut de retirer du nid ces cinq œufs pour les con-
fier à une poule naine de Java noire. Puis, par une sorte
d'ironie du sort, à peine ces œufs étaient-ils enlevés, que la
Perdrix reprenait sa place au nid. Trop lard.
506 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMÂTATION.
Je regrettai ce contre-temps, mais, en somme, je savais ce
qu'il importait de savoir : la Perdrix du Boutan m'avait
montré qu'elle ne supporte plus ses jeunes dès qu'elle en-
treprend un nouvel élevage.
Le 24 juillet, les cinq derniers œufs, dont l'incubation in-
terrompue avait été reprise en sous-œuvre par la poule de
Java, me donnaient quatre éclosions: le cinquième œuf, qui
avait été refroidi, était bêché, mais la coquille tellement brisée
et friable, qu'il y avait danger à le laisser à la poule ; l'em-
bryon eût été infailliblement étouffé ou écrasé. Je le plaçai
dans le tiroir d'un incubateur Lagrange où il vécut deux jours,
puis, finalement, il succomba. Le poussin n'avait pu résorber
le jaune ou vitellus.
Restaient donc quatre poussins vivants, qui, dès le 2 août,
furent installés, avec leur poule captive, dans la partie cou-
verte d'un compartiment de volière, et nourris de vers de
terre, de sauterelles, de larves de fourmi et de pâtée à fai-
sans (1).
Le 26 août, j'ouvris la boîte et la poule fut laissée libre de
circuler avec ses élèves. Les premiers moments de cette
réunion ne furent pas sans me donner quelque souci: les
petits prirent peur. Tant que la poule fut dans sa boîte ob-
scure, à l'état d'édredon vivant, tout alla bien; mais dès que
cette bête aux grandes proportions, à la livrée étrangère, fut
lâchée au dehors, les appelant à grands cris dans une langue
qu'ils ne comprenaient pas, se livrant à des battements d'aile
et à des mouvements désordonnés, alors la panique s'em-
para du jeune troupeau qui ne savait où se cacher. La poule,
de son côté, s'évertuait à les chercher et à les appeler à
grands cris, et plus elle appelait, plus ils avaient peur. Enfin
je la réintégrai dans sa boîte, où ses petits la rallièrent peu
à peu ; je recommençai l'expérience à deux ou trois reprises
et la bonne intelligence finit par s'établir entre l'éleveuse et
ses élèves.
Le 7 août, elle les promenait dans la volière, grattant dans
(1) Voyez, pour la composition de la pâtée à faisans, l'Aviculture, 3* édition,
illustrée, p. 155 et 156. Firmin-Didol, éditeurs.
PERDRIX PERCIIEUSE DU BOUTAN. 507
la menue paille pour leur montrer à y chercher des friandises,
jouant de son mieux des pieds el du bec, mais bientôt elle ne
fut pas de force à ce jeu, el ses petits, creusant de véritables
trous, lui rendaient des points.
Le 14 août, ils commençaient à voleter et avaient leurs pre-
mières plumes et leur première livrée; les flancs pointillés de
blanc, les plumes des ailes mouchetées de marron, en forme
deV.
Le 16 août au soir, ils perchaient, et leur poule, peu habi-
tuée à voir percher des poussins à cet Age, et qui les attendait
dans sa boîte pour y passer la nuit, dut les rejoindre.
Depuis cette époque, ils grossissent à vue d'œil, sont très
vifs et je considère leur éducation comme assurée.
En résumé, j'ai obtenu, pour cette année, une reproduction
de neuf jeunes, quatre mâles et cinq femelles, actuellement
vivants, qui eût pu être plus abondante sans les fautes com-
mises et sans la température hivernale que nous avons subie
cette année, durant les mois de mars et d'avril.
La Perdrix percheuse du Boutan s'est révélée à nous comme
un oiseau d'une acclimatation facile, très apte à supporter
l'humidité, qui, depuis quelques années, tend à devenir la
température dominante de notre pays.
J'ai été assez heureux pour trouver, dans mes rapports avec
cette espèce rustique, le régime qui lui convient le mieux,
régime dont, en ma qualité de membre de la Société d'Accli-
matation, je n'ai pas voulu faire un secret. Je suis porté à
croire que l'emploi de mon système de compost conviendrait
pour assurer la réussite de l'éducation d'autres espèces fouis-
seuses, telles que le lophophore, par exemple.
Je suis persuadé que la Perdrix du Boulan se plairait dans
les terres légères el humides, boisées, puisqu'elle est per-
cheuse, et, dès que cet oiseau se sera suffisamment répandu
par l'éducation en volière au point de nous permettre de
faire des essais multipliés, peut-être nous sera-t-il donné de
voir nos chasses s'enrichir d'un gibier nouveau.
RAPPORT
SUR LA
SITUATION DE LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER
d'après les documents recueillis à l'Exposition internationale
de produits et engins de pêche de Berlin
EN 1880
Par I»I. C. R If ERET-WATTEL
Secrétaire des séances.
(Suite)
Les appareils coniques perfectionnés de M. Fergnson,
comme ceux de MM. Fred. Mather et Ch. Bell, rentrent dans
la catégorie de ceux que l'on désigne en Amérique sous le
nom de self-pickers et en Allemagne sous celui de selbsl-
auslesande Bruttrôge, c'est-à-dire appareils à triage auto-
matique, opérant un nettoyage continuel des œufs en incu-
bation et rejetant ceux de ces œufs qui viennent à se gâter,
pour ne conserver que les bons.
Dans tous ces appareils, les œufs se trouvent placés dans un
courant ascendant, dont la force est réglée de telle sorte que
les œufs sains restent tenus en suspension, tandis que les
œufs gâtés, plus légers que les autres, sont entraînés et s'é-
chappent avec l'eau.
Un des modèles les plus employés est celui inventé en 1875
par M. Oren M. Chase, surintendant du laboratoire de pisci-
culture de la Commission des pêcheries du Michigan, à Détroit.
Cet appareil consiste en une sorte de seau ou jarre en verre
(fig. 26, A), de O^sSO de hautsur 0",I5 de diamètre. L'eau,
amenée par un tuyau en caoutchouc, qu'on ouvre ou ferme à
volonté au moyen d'une cannelle en bois, entre par le tube en
verre a, pour aller sortir, en suivant la direction qu'indiquent
les flèches, par l'orifice b, ménagé dans le col ou garniture en
fer-blanc qui forme la partie supérieure de l'appareil. A cet
orifice s'adapte intérieurement un grillage mobile en fine
toile métallique. Comme on le voit dans la figure, le tube ver-
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER.
509
tical a est légèrement renflé à sa base pour présenter plus de
solidité et aussi pour donner une direction convenable au
courant, qui s'échappe par toute la circonférence, en passant
dans un intervalle de \ à 5 millimètres ménagé entre le fond
du seau et l'extrémité inférieure du tube, au moyen de trois
petits pieds ou boutons, sur lesquels repose ce dernier.
Chaque jarre peut recevoir de 150 000 à 175 000 œufs de
Corégone, voire même, au besoin, '200000.
FiG. 26.
Soulevés et tenus en suspension par le courant, au milieu
duquel ils roulent constamment sur eux-mêmes, ces œufs,
demi-transparents, forment dans l'eau un nuage blanchâtre,
mouvant, assez comparable, pour l'aspect, à de la fécule de
tapioca agitée par un liquide en ébullition.
A l'établissement de Détroit (Michigan), -205 de ces jarres
peuvent fonctionner à la fois et suffisent pour la mise en in-
cubation de -40000000 d'œuts. Les jarres, placées en séries
parallèles sur de solides rayons, reçoivent l'eau d'alimenta-
tion par des conduites fixées aux murs du laboratoire. Les
becs h (v. fig. 26) déversent cette eau dans des rigoles qui
courent le long des rayons et vont aboutir à un réservoir
commun. Pendant la durée de l'incubation ces becs sont
garnis du lin grillage entoile métallique mentionné plus haut,
510 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
afin de retenir les œufs que le courant pourrait entraîner
intempestivement. Mais, quand les éclosions commencent à se
produire, ces grillages sont enlevés pour laisser libre passage
aux alevins. Ceux-ci s'échappent des appareils avec le filet
d'eau qui en sort, tombent dans les rigoles longitudinales et
vont se réunir dans le réservoir où aboutissent ces rigoles.
Dès que les éclosions se manifestent, elles ont lieu en nom-
bre considérable, si considérable, qu'il serait impossible de
compter les alevins qui s'échappent d'un appareil. Le réservoir
en est bientôt rempli. Au furet à mesure, on les recueille avec
un filet en mousseline, pour les mettre dans des appareils de
transport, grands bidons en fer-blanc qui peuvent en contenir
des milliers, et on les expédie sans retard à destination, c'est-
à-dire dans les localités où se trouvent les eaux à repeupler.
A Madison (^Yisconsin), dans l'établissement de pisciculture
de la Commission des pêcheries, les appareils Chase sont
également employés sur une grande échelle. On les a déjà
presque complètement substitués aux boîtes Holton (voy. ci-
dessus) précédemment employées pour la mise en incubation
des œufs de Corégone et de Wall-eyed-pike {Lucîoperca ame-
ricana). Une centaine de ces jarres fonctionnent habituelle-
ment et servent à l'éclosion de 20 000 000 d'œufs. Cette mo-
dification dans l'outillage permet à la Commission des
pêcheries de réaliser annuellement une économie de 5 000 dol-
lars (25000 francs) dans les frais de main-d'œuvre. Un seul
homme suffit, en effet, pour surveiller l'incubation de cette
quantité d'œufs, tandis qu'avec les boîtes Holton il faudrait,
pendant toute la durée de l'incubation (soit environ du 1'' dé-
cembre au i" avril) un personnel nombreux constamment
employé à visiter les œufs et à rejeter avec les barbes d'une
plume tous ceux qui viennent à se gâter. On évite du même
coup une forte dépense et un travail fastidieux (1).
Il en est de même au grand établissement de Northville
(Michigan) déjà mentionné ci-dessus. Nous devons à Tobli-
geance du surintendant de cet établissement modèle, M. Frank
(1) Le salaire des femmes que Ton emploie dans les établissements au triage
des œufs est, en moyenne, de 75 cents (3 fr. 75) par jour.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 511
Nelson Glark, des renseignements intéressants que nous
croyons devoir donner ici pour compléter ceux qui précèdent
concernant les appareils self-pickers en général, et les a\ppa-
reils Chase en particulier.
« Tous les appareils dits self-pickers fonctionnent d'une
même manière, c'est-à-dire en tenant les œufs constamment
en suspension dans l'eau par la force du courant, et tous re-
posent sur un même principe, à savoir : que les œufs gâtés et
envahis par des végétations cryptogamiques, étant générale-
ment plus légers que les œufs sains, peuvent être isolés de
ceux-ci, puis entraînés, éliminés par le courant.
» Il ne faut pas perdre de vue toutefois que la différence
de densité entre les œufs sains et les œufs gâtés n'est pas très
sensible et que, par suite, un courant qui serait assez fort
pour entraîner tous ces derniers hors des appareils d'éclosion
suflirait pour emporter aussi une partie des premiers. On ne
peut donc espérer obtenir un appareil faisant un triage abso-
lument complet des œufs. Mais, en somme, les résultais donnés
par les divers modèles en usage sont très suffisants, puisqu'ils
réduisent à un travail insignifiant la besogne du triage à la
main, et l'on peut dire qu'ils sont, par cela même, de beau-
coup supérieurs à tout autre système d'appareils d'éclosion.
» Il est bien entendu toutefois qu'ils ne sauraient être uti-
lement employés que pour telles espèces de poissons dont les
alevins, aussitôt éclos, nagent librement, au lieu d'être alour-
dis par un volumineux sac ombilical (comme le sont, par
exemple, ceux de Truite ou de Saumon), et sont assez légers
pour que le courant puisse les entraîner. Ces appareils se
trouvent donc tout indiqués pour l'éclosion des œufs d'Alose,
de Corégone, etc.
» Des divers modèles proposés jusqu'à ce jour pour faire
éclore les œufs en les tenant en suspension, les plus remar-
quables et les meilleurs assurément sont les appareils coni-
ques de MM. Malher et Bell, perfectionnés par M. Ferguson,
et les jarres de M. Chase.
» Les cônes sont employés exclusivement pour l'Alose,
tandis que les jarres n'ont encore été utilisées que pour le
512 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Wliitefish {Coregonus albus), sauf dans une seule expérience,
qui a fait constater que les œufs d'Alose y réussissaient égale-
ment bien. L'essai aurait besoin néanmoins d'être renouvelé
pour devenir tout à fait concluant.
» Bien que d'invention récente, les jarres du système Chase
sont déjà, sur beaucoup de points, substituées aux autres ap-
pareils antérieurement imaginés pour l'éclosion des œufs de
Whitefish, et j'estime qu'elles les remplaceront partout quand
leurs avantages seront mieux connus et appréciés. Avec ces
jarres un seul homme suffit pour surveiller l'incbation de
vingt millions d'œuifs. L'économie de main-d'œuvre est donc
facile à apercevoir. Ce résultat est obtenu grâce au mode de
fonctionnement de l'appareil, lequel rassemble la plus grande
partie des a:'ufs gâtés vers la partie supérieure de la masse,
d'où ils peuvent être facilement enlevés.
» En réalité, il n'y a qu'un triage partiel et non un nettoyage
complet. Mais ce simple triage fournit le moyen d'enlever
rapidement presque tous les œufs gâtés, et le peu qui en reste
ne saurait porter préjudice aux œufs sains, car l'agitation
imprimée à toute la masse par le courant empêche les bons
d'être contaminés par les mauvais. Il est établi que quand
la température de l'eau ne dépasse pas + 4 ou 5 degrés
-centigrades (conditions dans lesquelles le développement des
végétations cryptogamiques est relativement peu rapide), on
peut laisser sans grand inconvénient une proportion assez
forte d'œufs gâtés avec les bons. Néanmoins l'enlèvement de
tous ceux, plus ou moins suspects, qui viennent se rassembler
à la surface de l'eau est toujours une précaution utile.
» La méthode employée par M. Chase, inventeur de l'appa-
reil, pour enlever ces œufs est de donner un courant d'eau juste
suffisant, pour que la partie supérieure de la masse des œufs
en incubation soit de niveau avec l'orifice de l'appareil, orifice
par lequel sont entraînés les œufs qui flottent à la surface.
» Mais, quelque précaution que l'on prenne, on n'empêchera
jamais par ce procédé que beaucoup de bons œufs ne soient
entraînés avec les mauvais, la ligne de séparation entre les
uns et les autres n'étant pas très distincte.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 513
.))Je me suis assuré qu'on peut éviter une grande perte de
temps et d'œufs en se servant d'un siphon en verre pour enle-
ver les œufs de la surface. Le même moyen m'a d'ailleurs
réussi pour les œufs d'Alose en incubation dans des appareils
coniques.
» Aucun soin particulier n'est à prendre dans cette opéra-
tion, attendu que les œufs ainsi enlevés peuvent être mis à
part dans une jarre, où tous ceux qui sont gâtés viennent,
quelques instants après, former près de la surface une couche
compacte facile à enlever sans toucher aux œufs sains.
» D'autres moyens ont été essayés pour seconder l'élimina-
tion automatique des œufs dans les appareils ; mais il m'est
resté démontré que l'emploi du siphon est, de tous les procé-
dés, le plus expéditif et celui qui entraîne le moins de perte.
» Avec tout appareil d'éclosion dans lequel les œufs restent
immobiles, ceux-ci, quelle que soit la pureté de l'eau, se cou-
vrent promptement de sédiments vaseux qui exigent des
lavages fréquents. L'appareil a lui-même souvent besoin
d'être netloyé. Puis, quand les éclosions se produisent, les
tamis qui supportent les œufs doivent être visités chaque jour
pour l'enlèvement des coques d'œufs qui restent engagées
dans les mailles de la toile métallique. Or rien de tout cela
avec l'emploi des jarres. L'agitation continuelle imprimée
aux œufs les entretient constamment propres, et, au mo-
ment des éclosions, le courant ascendant entraîne à la fois
les alevins et les débris d'œufs hors de l'appareil (par l'orifice
dont on a enlevé le grillage) et les amène dans un petit réser-
voir préparé pour les recueillir.
« Les précautions suivantes sont toutefois utiles à observer
dans le maniement de la jarre Chase : L'appareil doit être
installé avec tous ses accessoires, rempli d'eau, et mis en
marche avant l'introduction des œufs. Mais, pendant qu'on
place ceux-ci, il convient d'arrêter le courant qui pourrait les
entraîner et les accumuler contre le grillage fermant l'orifice.
» Le tuyau d'amenée en caoutchouc doit descendre dans le
tube en verre au-dessous du niveau de l'eau dans l'appareil,
pour éviter toute introduction de bulles d'air.
3" SÉRIE, T. X.— Seplcmbie 1883. 33
514 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
f> Les œufs qu'on reçoit de loin sont quelquefois, au débal-
lage, réunis en pelotes plus ou moins grosses. Ces pelotes •
doivent être divisées avant l'introduction des œufs dans la'
jarre, où le courant serait insuffisant pour amener l'isolement
des œufs ainsi collés ensemble.
» Les pieds ou petits renflements qui se trouvent à l'extré-
mité inférieure du tube de verre doivent être bien égaux, pour
qu'un courant uniforme s'échappe par toute la circonférence
du tube.
» Au moment où j'écris ces lignes, j'ai sous les yeux une
jarre contenant 40000 œufs, qui éclosent en grand nombre à
la fois. Ces œufs sont les plus anciennement récoltés de la sai-
son. Leur rapide éclosion est la conséquence d'un accident.
Une avarie étant survenue dans le tuyau d'alimentation, le cou-
rant d'eau fut interrompu pendant quelques instants seule-
ment dans la jarre. Aussitôt qu'on l'eut rétabli, les œufs com-
mencèrent à éclore par milliers. Ceci prouve que, quand les
œufs sont dans un état d'incubation avancé, leur mouvement
gyratoire dans les jarres ne doit subir aucune espèce d'arrêt
si l'on admet qu'il est utile de maintenir l'embryon le plus-
longtemps possible dans la coque de l'œuf. »
M. Max von dem Borne, de Berneuchen, est l'inventeur
d'appareils d'éclosion à triage automatique (selbstauslesande
Bruttrôge) dont il obtient de très bons résultats. Considé-
rant que, par suite de la disposition du tube d'amenée de
l'eau dans l'appareil Chase, le courant, beaucoup plus rapide
dans la partie inférieure de l'appareil que dans le haut, y
détermine une forte agitation des œufs, et que, de plus, quel-
ques précautions sont nécessaires pour empêcher l'introduc-
tion de bulles d'air par le tuyau en caoutchouc, M. Max von
dem Borne a eu l'idée d'établir un appareil self-picker d'a-
près la même disposition générale que son auge californienne
perfectionnée ci-dessus décrite.
Cet appareil (fig. 27, A) se compose d'une caisse extérieure
b et du tuyau ou cylindre c, qui, bien que formant deux pièces
dclachées, peuvent être reliées ensemble par la douille d, à
LA PISCICULTURE A L ÉTRANGER.
515
jointure parfaitement étanche. La caisse b est large de 0'",15,
longue de O^^O et haute de 0'",50. Le cylindre c, où se pla-
cent les œufs, mesure 0'",iO de diamètre et 0"\40de hauteur.
11 est fermé à son extrémité inférieure par un disque de toile
métallique formant une sorte de tamis.
FiG. 27.
L'appareil peut recevoir environ 50 000 œufs de Fera ou
de quelque espèce de Corégone que ce soit. L'incubation s'y
fait très bien, et ne donne pas un déchet de plus de 3 à 4
pour 100, quand elle est bien conduite. Mais ce système ne
peut être employé pour les œufs de Saumon, d'Ombre ou de
Truite; ces espèces y réussissent mal.
Quand on donne plus de O^jlO de diamètre au cylindre c,
le courant d'eau qui le traverse présente moins de régularité
dans son mouvement ascendant comme à sa sortie par la
douille d. Les remous qui se produisent sont nuisibles aux
œufs. Pour obvier à cet inconvénient, M. Max von dem Borne
garnit le bord supérieur du cylindre d'une rigole circulaire
ayant O^jOS de profondeur et autant de largeur (fig.
516
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
dans laquelle l'eau se déverse d'une façon bien égale, en dé-
bordant sur toute la circonférence de l'appareil, pour s'échap-
per par la douille e. Mais il n'y a pas avantage, au moins pen-
dant la dernière période de l'incubation, à ce que le tamis d
présente plus de O^jlO de diamètre, attendu que la toile mé-
FiG. 28.
lallique est alors plus exposée k se couvrir d'un dépôt vaseux.
En résumé, on peut employer des cylindres ayant de 0'",i2 à
{^\\h de diamètre; mais ceux deO'",10 sont de beaucoup les
meilleurs, quand on n'a pas des quantités considérables d'œufs
à faire éclore. Aussi M. Max von dem Borne donne-t-il aujour-
d'hui à l'appareil d une forme légèrement conique, pour que le
diamètre n'en soit pas de plus de 0™,10 à la partie inférieure.
Presque aussitôt après leur éclosion les alevins de Coré-
gone commencent à nager en se tenant de préférence à la
surface de l'eau. Il convient, par suite, de les laisser suivre
le courant et passer du cylindre d'éclosion dans l'apitareil B
(fig. 28), où la caisse g, à fond de toile métallique, les retient
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 517
captifs, et où il est bon d'ailleurs de ne pas les laisser séjour-
ner longtemps en trop grand nombre.
D'après l'expérience qu'il en a faite, M. Max von dem Borne
considère son appareil comme donnant les meilleurs résultats
possibles pour l'éclosion des œufs de Corégone, attendu que :
l^La séparation des œufs gâtés des œufs sains devient facile ;
2» Le développement des_ végétations cryptogamiques est
enrayé ; 3" L'eau ne dépose aucun sédiment nuisible sur les
œufs; 4" Les pertes sont insignifiantes, grâce aux bonnes
conditions dans lesquelles se fait l'incubation.
M. Max von dem Borne fait laquer ses appareils en couleur
rouge ; les œufs s'y distinguent mieux que sur un fond noir.
La quantité d'eau fournie couramment par le robinet a doit
être telle que les œufs soient très légèrement remués. Une fois
par jour, on donne un peu plus d'eau pour chasser les œufs
morts, devenus opaques et plus légers que les autres.
Pendant la première période de l'incubation, c'est-à-dire
pendant que les œufs s'embnjonnent, la mortalité est parfois
un peu forte. On augmente alors un peu le courant, qui en-
traîne, il est vrai, quelques œufs sainsavecles mauvais; mais
il est aisé de recueillir le tout dans une cuvette, où le triage
se fait rapidement, et l'on élimine seulement les œufs gâtés
pour remettre les bons dans l'appareil. Plus tard, on peut se
servir d'un petit filet de gaze ou de mousseline, à long
manche, pour enlever du cylindre les œnifs opaques qui vien-
nent surnager.
Avec un cylindre de O^jlO de diamètre, la quantité d'eau
nécessaire au fonctionnement de l'appareil est d'environ
80 centimètres cubes d'eau par seconde. Une précaution à
prendre, c'est qu'aucune bulle d'air ne s'introduise avec l'eau
dans le cylindre. Si un peu de vase vient à se déposer au fond
de la caisse et que le tamis en toile métallique d se trouve
légèrement obstrué, il est utile de vider l'appareil au moyen
d'un siphon et de procéder à un rapide nettoyage. On doit
toutefois s'en abstenir pendant la période d'éclosion.
M. Max von dem Borne a imaginé également un autre
appareil pour l'incubation des œnifs de Corégone. C'est une
518
SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
combinaison de son auge californienne perfectionnée, — dont
les principales dispositions se trouvent reproduites figure 29,
— et des appareils coniques américains. La figure ci-dessous
FiG. 29.
suffit pour faire comprendre le jeu de l'appareil. L'eau du
robinet a tombe en h dans la caisse A, pénètre dans le cône c
par l'ouverture inférieure, qui est garnie d'un disque de toile
métallique, et va sortir par la douille /", en traversant le tamis
mobile e (lequel est aussi figuré isolément au-dessus de l'ap-
pareil), servant à retenir au besoin les œufs ou les alevins. A
la partie inférieure, le diamètre du cône mesure 0"VlO, il est
de O'jSO au niveau du rebord d. Gomme pour tous les systè-
mes analogues, le courant qui traverse l'appareil soulève les
œufs au milieu du cône et les laisse retomber près des bords,
sur la paroi inclinée. En raison de leur légèreté plus grande,
les œufs morts surnagent et peuvent être facilement recueillis.
Avec cet appareil, — qui peut aussi bien servir pour emfcryow-
wer simplement les œufs que pour les amener jusqu'à éclosion,
— le triage des œufs gâtés est particulièrement facile, le dé-
veloppement des végétations cryptogamiques peu à craindre
et le déchet moindre qu'avec d'autres systèmes. L'alevin de
Corégone ne pouvant être, sans inconvénient, gardé captif
dans le cône, on retire après l'éclosion le tamis e pour laisser
passer les jeunes poissons, qui, suivant le courant, tombent
L.\ PISCICULTURE A L ETRANGER.
519
d;ms la caisse B, où ils sont, retenus en g par le tamis h. Les
alevins de Saumon et de Truite (l'appareil étant aussi employé
pour ces deux espèces) peuvent, au contraire, faire un assez
long- séjour dans le cône, à la condition d'y trouver un cou-
rant suffisant. M. Max von dem Borne a même constaté que
ce séjour était particulièrement profitable à des alevins ma-
ladifs, et surtout à ceux atteints d'une dilatation de la vésicule
ombilicale, maladie qui s'observe assez fréquemment et qui
amène parfois une mortalité sérieuse dans les établisse-
ments de pisciculture. L'observation a conduit M. Max von
dem Borne à employer un appareil spécial pour le traitement
des alevins soulïrant de cette singulière affection encore mal
étudiée. C'est une boîte conique (fig. 30, A) dans laquelle l'eau
entre par la partie inférieure, sans être tamisée par une toile
métallique comme dans l'appareil delà figure 49. On y main-
tient un fort courant, contre lequel les alevins ont constam-
ment à lutter, en prenant un exercice qui l<!ur est salutaire.
Le tamis d s'oppose à leur sortie de l'appareil; une caissette
est d'ailleurs disposée, comme dans l'appareil californien,
pour recevoir et retenir captifs ceux qui parviendraient à
s'écbapper du cône A.
Les différents appareils mobiles que nous venons de décrire
peuvent être soit placés chacun sous un robinet d'alimentation
520
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
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LA PISCICULTURE A L'ETRANGER.
521
pour l'onclionner isolément, soit disposés par séries, à la suite
les uns des autres, dans des rigoles à demeure, comme on le
voit dans la figure 31 , représentant l'intérieur du laboratoire
de pisciculture de M. Max von dem Borne, à Berneuchen, près
Guben. Après la résorption de la vésicule ombilicale, les alevins
peuvent être retirés des appareils mobiles. On enlève ces
derniers des rigoles ou auges à demeure m (fig. 31), dans
lesquelles on met en liberté les jeunes poissons, qui doivent
y trouver une profondeur d'eau et un courant suffisants. Pour
les empêcher de s'échapper par les tuyaux d'écoulement l,
fixés à 0"',05 environ du fond des rigoles, on adapte intérieu-
rement à chaque orifice un bout de tuyau formant coude
(fig. M), et coiffé d'une caissette en toile métallique. En
disposant ce petit appareil plus ou moins obliquement, on
règle le niveau de l'eau dans la rigole. Du reste, quand on ne
veut avoir que 0"\05 d'eau dans celle-ci, on emploie simple-
ment un tuyau horizontal, avec la même garniture en toile
métallique (fig. 33). Le dessus de la caissette peut au besoin
Fig. 32.
être en forme de couvercle à charnière pour faciliter le net-
toyage du tissu métallique. Outre le tuyau de sortie l, il doit
toujours exister dans le fond même de l'auge, pour permettre
de vider complètement celle-ci quand il est nécessaire, une
ouverture ou bonde, qui est habituellement fermée par un
bouchon de liège.
532 SOCIÉTÉ ISATIONÂLE d'aCCLIMATATION.
APPAREILS DE FILTRAGE, d'aÉRATION DE l'eAU, ETC.
La qualité de l'eau employée, son degré de pureté, d'aéra-
tion, etc., sont des points très importants dans la question de
l'incubation des œufs. L'eau de rivière manque presque tou-
jours de pureté et la température en est fréquemment très
variable; l'eau de source est plus pure et d'une température
assez égale ; mais elle manque souvent d'air et ne fournit pas
aux œufs une quantité d'oxygène suffisante. Elle est, en outre,
relativement un peu chaude en hiver : ce qui produit des
éclosions trop précoces (1). C'est pour obvier à ces divers
inconvénients que, dans certains établissements de piscicul-
ture, disposant à la fois d'eau de source et d'eau de rivière,
comme, par exemple, à Selzenhof (grand-duché de Bade), on
a l'habitude de mélanger ces deux eaux en proportion conve-
nable pour l'alimentation des appareils d'éclosion. L'eau de
rivière fournit au mélange la fraîcheur et l'oxygène qui man-
queraient à l'eau de source employée seule, et cette dernière
donne une pureté plus grande à la masse liquide.
Comme on n'a pas toujours le choix de l'eau, il faut cher-
cher à donner à celle dont on dispose les qualités qui peuvent
lui manquer. En hiver on fait refroidir l'eau de source en la
laissant courir un peu à l'air libre avant de l'employer; ce
qui lui permet, en outre, de s'aérer, surtout si l'on a la pos-
sibihté de ménager quelques petites chutes ou cascatelles,
qui produisent une agitation très favorable.
Du reste, quelle que soit l'eau que l'on emploie, il est tou-
jours indispensable de l'aérer le plus possible. Pendant la
(i) Avec une eau à + 10 degrés centigrades, la durée de rincutation des
œufs de Truite ou de Saumon e-^t environ de cinquante jours, et, par chaque
degré en plus de cette température, le laps de temps nécessaire à l'évolution
«mbryonnaire est réduit de cinq jours, comme il est au contraire augmenté dans
la même proportion par chaque degré de chaleur en moins de l'eau. Autrefois,
à Huningue, les éclosions s'obtenaient généralement au bout de soixante jours.
A Stormontfleld (Ecosse), où l'eau des ruisseaux d'incubation est très froide,
elles ne se produisent guère qu'après cent vingt-huit ou cent trente jours d'm-
«ubation ; cent vingt jours est la période la plus courte que Ton ait observée dans
l'établissement.
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
5-23
durée de l'incubation les œufs absorbent une quantité consi-
dérable d'oxygène, et l'eau qui les baigne ne saurait jamais
contenir trop d'air en dissolution. C'est pour cette raison que,
quand le niveau de la prise d'eau le permet, il convient de
laisser tomber l'eau d'une certaine hauteur dans le labora-
toire avant de l'introduire dans les appareils (1). Dans sa
chute, elle peut s'aérer copieusement si l'on a le soin de la
faire tomber par des tubes verticaux portant à leur extrémité
supérieure un ou plusieurs petits trous d'admission de l'air.
En réglant convenablement le débit de l'eau dans chaque tube,
celle-ci entraîne de l'air avec elle, comme dans la trompe
soufflante des forges catalanes, et elle en est saturée quand
elle arrive dans les appareils.
A l'Exposition de pisciculture de Berlin, où l'eau fournie
par la Ville pour l'alimentation de l'aquarium et des nom-
breux appareils exposés, ne renfermait pas une quantité suf-
fisante d'air, on se servait d'appareils d'aération (Luftinjek-
tor), d'un modèle extrêmement simple, inventé par M. Emile
Weeger, de Briinn, qui l'avait déjà employé avec avantage à
Taquarium de Vienne. L'eau, arrivant sous une forte pres-
sion, était introduite dans un tube en fer-blanc de 0°',01 de
diamètre (fig. S^, I, II), qui, se terminant en cône, ne pré-
FiG. 34.
sentait plus, à son extrémité inférieure, qu'une ouverture de
1 millimètre de diamètre environ. Ce tube entrait à frotte-
ment serré dans un autre tube III, où il pénétrait jusqu'à
l'anneau de fer a servant d'arrêt. L'extrémité II se trouvait
(1) Afin d'avoir plus de chute, on peut, au besoin, établir ie laboratoire en
sous-sol. Cette installation est même fréquemment assez avantageuse en ce que
la température y est plus égale, et qu'en hiver, à moins de très grands froids,
on peut, sans craindre la gelée, se dispenser de l'usage d'un poêle ou autre
moyen de chauffage, surtout si les appareils d'éclosiou sont alimentés par de
l'eau de source, qui entretient dans la salle une chaleur relative.
524 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
ainsi à un demi-centimètre environ des quatre trous h. Ces
derniers, de 3 millimètres de diamètre, servaient à l'intro-
duction de l'air, que l'eau entraînait avec force et qu'elle dis-
solvait pendant son parcours dans les conduites (l).
Dans certains cas et lorsqu'on opère sur de très faibles
quantités d'œufs, on peut, à l'aide d'une pompe et d'un
réservoir, suppléer jusqu'à un certain point à l'insuffisance
de hauteur dans le niveau de la prise d'eau. Au petit labora-
toire de pisciculture de Waplitz (Prusse orientale), sur la
Marause, deux « auges californiennes » et deux appareils
coniques des modèles représentés ligures il et 29, ont pu être
alimentés à l'aide de deux grandes tonnes d'une contenance
totale de 2 hectolitres, portées sur un bâti et formant réser-
voirs. Trois cuves recevaient l'eau à sa sortie des appareils
d'éclosion et servaient de déversoir. Complètement pleines
d'eau, les deux tonnes suffisaient au fonctionnement des ap-
pareils pendant une durée de six heures. Au bout de ce temps,
à l'aide d'une petite pompe à bras, qu'un enfant manœuvrait
aisément, on pouvait, en moins d'une demi-heure, remplir de
nouveau les tonnes, soit en puisant l'eau dans les cuves, soit
en en prenant d'autre n'ayant pas encore servi, et il arrivait
fréquemment qu'on ne la renouvelait que tous les deux ou
trois jours. Cette installation a pu suffire pour mettre annuel-
lement en incubation et amener à éclosion de dix à vingt mille
œufs de Truite ou de Saumon.
Dans les rigoles d'incubation, on peut très utilement aérer
l'eau en ménageant de petites chutes, où l'on veille à ce que
la veine liquide soit d'ailleurs aussi large et aussi mince que
possible. En outre, au lieu de laisser l'eau tomber le long
d'une paroi verticale, on l'oblige, à l'aide d'une planchette
•
(1) Chez M. Oscar Micha, qui fait, à Berlin et à Cologne, le commerce des
Écrevisses sur une échelle considérable, nous avons vu employer un robinet aéra-
teur d'un modèle très simple et assez satisfaisant. Presque immédiatement après
la clef, se trouve accolé longitudinalement sur le robinet un petit tube de même
métal que ce dernier et environ du diamètre d'un tuyau de plume. Ce petit tube,
dont l'extrémité supérieure est ouverte, pénètre, après quelques centimètres de
parcours, dans l'épaisseur du robinet, à l'intérieur duquel il va déboucher en y
introduisant de l'air. Lorsque le robinet est ouvert, l'eau qui tombe entraîne cet
air et s'en sature.
LA nSCICULTURE A L ETRANGER.
5-25
horizontale (fig. 35), à se déverser de telle sorte que la nappe
tombante soit, en dessons comme en dessus, en contact avec
l'air : ce qui double l'effet obtenu.
Quand on emploie de l'eau de rivière, toujours plus ou
moins chargée de matières terreuses en suspension, qui for-
meraient des dépôts très nuisibles pour les œufs, un liltrage
préalable est ordinairement nécessaire (1). Dans les grandes
exploitations, on se sert généralement de filtres en gravier et
Fig. 35.
de filtres en flanelle, dits « filtres américains». Les figures 36
et 37 représentent l'appareil de filtrage employé dans l'éta-
blissement de pisciculture de Berneuchen et permettent de
comprendre d'un coup d'œil le fonctionnement de ce genre
de filtres (2).
L'eau est d'abord reçue dans le réservoir d'alimentation S,
où elle laisse déjcà déposer une partie des matières vaseuses
qu'elle charrie. Ce réservoir, construit en briques et ciment,
(1) Souvent une eau très claire en apparence n'en laisse pas moins dé, oser à
la longue, pendant les huit ou dix semaines que dure l'incubation des œufs de
Truite ou de Saumon, des sédiments fort nuisibles. La vase est aussi préjudi-
ciable que les végétations cryptogamiques; c'est l'ennemi le plus terrible de^
œufs de poisson. Du reste, le filtrage n'a pas seulement pour but de purifier
l'eau, mais aussi d'arrêter les larves d'insectes qui détruisent beaucoup d'œufs.
A l'établissement de Stormontfield (Ecosse), on a perdu, de ce cbef, en une
seule saison, plus de 70 000 œufs de Saumon.
(2) L'eau de la Mietzel, qui alimente l'établissement de Berneuchen, dépose
presque toujours beaucoup de vase, dont rapparcil de filtrage employé la dé-
barrasse parfaitement.
526 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
mesure 2"\50 de long, sur l'",25 de large, et l'",^,") de haut.
La bonde ou soupape Wi, d'environ 0™,10 de diamètre, sert
à le vider complètement quand un nettoyage est nécessaire.
FiG. 36. — Plan.
Du réservoir S, où le niveau du liquide doit toujours se main-
tenir entre les points h, h et n, n, Teau, passant par l'ouver-
n
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'/4
S'
W/m^^mmmm-tÉmmmmmmmmmsmmm'^^
FiG. 37. — Coupe.
—j;
ture«, traverse d'abord, dans le compartiment F, la couche
de gravier Ki, épaisse de 0'",6U, qui repose sur une grille en
bois Gi ; par l'espace libre U, L', l'eau gagne ensuite le com-
partiment F», qu'elle traverse en remontant pour passer, par
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
527
l'ouverlure b, dans les compartiments F3 et F4, en tout sem-
blables aux deux premiers. Chacun d'eux, construit en ci-
ment, présente une surface carrée de i",25 de côté. Le gra-
vier doit être au moins du volume de belles noix ; moins gros,
il ne donnerait pas un filtrage sensiblement meilleur, et l'ap-
pareil s'obstruerait plus vite. Quand, après un certain temps
de service, le filtre commence à s'engorger par les dépôts qui
s'y forment, le nettoyage en est facile. On ouvre les soupapes
W. et W:), qui fonctionnent comme la soupape d'une baignoire;
l'eau s'échappe rapidement et le fort courant descendant qui
se produit dans l'appareil lave le gravier et le nettoie com-
plètement en quelques instants.
Du filtre de gravier, l'eau passe dans le « filtre américain »
0, 0 (fig. 36), bac en ciment, de 0"',50 de large, coupé par
dix diaphragmes de flanelle ou de molleton blanc. Chaque
diaphragme est formé d'un morceau d'étoffe tendu sur un
double cadre ou, plus exactement, sur deux cadres, entrant
l'un dans l'autre à frottement serré (fig. 38), de manière à
Fig. 38.
pincer fortement l'étoffe et à la maintenir bien en place, tout
en permettant, au besoin, de l'enlever et de la remplacer
facilement et rapidement. Le morceau d'étoffe doit déborder
de chaque côté du châssis, d'abord pour être plus aisé à ten-
dre, ensuite pour servir aboucher tout interstice entre le
châssis et les côtés ainsi que le fond du bac. Chacun des dia-
phragmes ou filtres est maintenu en place au moyen d'une
rainure ménagée dans la paroi du bac et dans laquelle il entre
à coulisse. Les filtres peuvent être espacés plus ou moins; si
la place manque, un intervalle de 2 ou 3 centimètres entre
528 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
chacun peut suffire. L'important, c'est qu'ils puissent être
enlevés et replacés aisément, pour la facilité des nettoyages.
Quand la flanelle ou le molleton sont salis et ne laissent plus
aisément filtrer l'eau, on les lave à plusieurs fois, ou bien on
les fait sécher, pour les brosser ensuite énergiquement.
En Amérique, les filtres de ce système — qui se recom-
mandent du reste par leur simplicité et leur bon fonction-
nement — sont à peu près les seuls en usage; il est très rare
que l'on se serve de filtres de gravier. Aussi emploie-t-on
plusieurs natures de flanelle ou de molleton : une étoffe d'un
tissu très lâche pour les premiers diaphragmes, qui, sans cette
précaution, s'obstrueraient très vite; puis des tissus de plus
en plus serrés pour les autres diaphragmes, qui n'ont plus à
retenir que des particules terreuses excessivement ténues.
APPAREILS DE TRANSPORT
Transport des œufs. — Avec quelques soins et un bon em-
ballage, le transport des œufs, même à de grandes distances,
est relativement facile, quand on choisit bien le moment.
L'embryon doit être assez développé pour que les yeux
soient bien visibles à travers la coque de l'œuf; mais il ne faut
pas trop attendre, car, vers la fin de l'incubation, la coque
s'amincit et l'on s'exposerait avoir l'éclosion se produire pen-
dant le transport. Les fortes secousses et la chaleur sont à
éviter avec soin ; la gelée tuerait également les œufs, mais
une température aussi fraîche que possible est toujours favo-
rable. Comme matériaux d'emballage on peut recommander
la ouate non gommée, la mousse et surtout la sphaigne {Spha-
gnum) ou mousse d'eau. La sciure de bois, autrefois assez
employée, doit être rigoureusement proscrite, car elle s'é-
chaufte facilement, surtout quand elle est neuve, et peut faire
périr tous les œufs. Les premiers envois d'œufs d'Amé-
rique en Europe échouèrent presque tous par cette cause.
La mousse que l'on emploie doit être préalablement lavée à
plusieurs eaux et soigneusement purgée de toute matière
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
549
étrangère ; on la presse ensuite fortement afin de la bien es-
sorer, puis on la secoue pour lui rendre de l'élasticité.
Afin d'éviter que les œufs ne s'éparpillent dans la mousse et
de pouvoir les enlever facilement au moment du déballage, on
les dispose en couches minces, entre deux linges lins, tels que
de la gaze ou de la mousseline préalablement mouillée et sans
apprêt.
Lorsque la quantité d'œufs à expédier est assez considé-
rable, on se sert généralement, depuis quelques années, de
châssis en forme de tamis, composés d'un cadre en bois léger,
sur lequel est clouée, soit une forte mousseline, soit de la
fulaine. Ces tamis, qui reçoivent chacun une ou plusieurs
couches d'œufs (selon l'espèce des œufs à transporter), sont
superposés les uns sur les autres, puis emballés, avec de la
mousse humide, dans une caisse où ils sont fortement assu-
jettis, afin d'éviter tout dérangement en cours de route. Il est
toujours prudent (et la précaution devient indispensable
quand la chaleur ou la gelée sont à craindre) de renfermer la
caisse dans une plus grande et de remplir l'intervalle entre
les deux enveloppes avec une couche isolante de balles d'a-
voine, de très menue paille ou de mousse sèche, qui protège
le contenu contre l'influence de la température extérieure.
Les châssis d'emballage peuvent aftecter diverses formes.
Ceux du modèle représenté ci-contre (fig. 39 et 40), qui se
FiG. 39.
})lient et se ferment comme un livre, sont d'un emploi paili-
culièrement commode. La futaine clouée sur les cadres sert de
charnière. M. Fréd. Matlicr, membre adjoint de la Commis-
sion des pêcheries des États-Unis, surintendant de l'élablisse-
3« stKiE, T. X. — Scpluiiiljic 188J. oi
530 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
ment de pisciculture de Coldspring (Long Island) a été le
premier à s'en servir.
L'emploi de la glace dans l'emballage peut rendre de très
grands services, surtout quand il s'agit d'un voyage de longue
Fie. 40.
durée, pendant lequel on pourrait craindre de voir les œufs
arriver à éclosion. La basse température à laquelle la glace
entretient les œufs ralentit considérablement l'évolution em-
bryonnaire. Nous n'avons pas à rappeler que c'est grâce à
cette ressource que des œufs embryonnés de Truite et de
Saumon ont pu être expédiés d'Angleterre jusqu'en Australie,
en Tasmanie ainsi qu'à la Nouvelle-Zélande, sans un déchet
considérable (1).
C'est par l'emploi du même procédé qu'ont lieu les envois
d'œufs de Salmonidés faits à la Société d'Acclimatation par la
Commission des pêcheries des Etats-Unis. Les œufs sont rangés
sur des tamis qu'on supei'pose et qu'on maintient, à l'aide de
tasseaux, dans une caisse ouvrant en forme d'armoire. Dans
la partie supérieure de la caisse, un espace libre est réservé
pour emmagasiner de la glace, qu'on renouvelle pendant le
voyage autant de fois qu'il est nécessaire, et qui entretient les
œufs à une température voisine de zéro, très favorable à leur
conservation.
Les bons résultats donnés par ce système d'emballage ont
amené plusieurs pisciculteurs à utiliser des appareils analo-
gues pour conserver eu laboratoire les œufs de Salmonidés et
en retarder l'éclosion. Dans beaucoup d'établissements, les
(1) A défaut de glace, la neige bien tassée iicutctre employée pour entretenir
la fraîclieur dans les caisses d'emballage. M. Robert Eckart, de Liibbinchen,
dit s'être servi avec avantage de cet expédient, et, de son côté, M. Max von
detn Borne, de Berneuchen, a plusieurs fois envoyé en Amérique, sans déchet
sérieux, des œufs d'Omblc-Clievalier, également emballés dans de la neige.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. Ool
appareils d'incubaiion doivent être uniquement alimentés
par de l'eau de source, soit faute d'eau de rivière, soit parce
que cette dernière eau serait trop limoneuse et difficile à
filtrer, soit enfin, comme dans toutes les contrées septentrio-
nales, parce qu'en raison de la rigueur des hivers, les eaux
de source sont les seules qui ne gèlent pas et dont on puisse,
en conséquence, se servir. Mais, surtout pour ces régions
froides, les eaux de source, relativement tièdes, donnent des
éclosions trop précoces. Les alevins sont arrivés déjà au degré
de développement voulu pour être mis en liberté, quand les
lacs et rivières sont encore entièrement gelés, ou quand, tout
au moins, les jeunes poissons ne peuvent encore y trouver les
larves, les insectes, les crustacés microscopiques, etc., qui
constituent leur nourriture habituelle (1). L'embarras est
déjà grand avec les alevins de Truite et de Saumon, si diffi-
ciles à garder captifs quand ils se comptent par milliers, et à
nourrir arliliciellement en si grand nombre, d'une manière
à la fois saine et vraiment économique, réellement indus-
trielle. Mais, avec les alevins de Corégone, c'est plus qu'une
difficulté avec laquelle l'éieveur se trouve aux prises ; il y
a pour lui impossibilité à tirer parti des jeunes poissons,
(1)11 est aujourd'hui hors de doute que telle a été une des principales causes
de l'insuccès de beaucoup de tentatives d'empoisonnement. Mis artificiellement
en incubation dans une eau beaucoup moins froide que celle où ils eussent été
placés dans les conditions naturelles, les œufs éclosent prématurément; les
embryons, qui se sont développés trop vite, donnent des alevins délicats, inca-
pables de résister à une foule de maladies, de causes de mortalité qui les assail-
lent pendant la première période de leur existence et surtout dès les premiers
jours de leur mise en liberté, quand ils se trouvent ainsi transportés subitement
dans un milieu tout différent de celui où ils ont jusqu'alors vécu. De là des
pertes énormes, qui expliquent comment il arrive souvent i|ue moins d'une
semaine après leur mise en rivière on ne retrouve plus guère que quelques-uns
des alevins distribués. En outre, à la fin de l'hiver, les <!aux ne renferment pas
encore ces myriades d'animalcules qu'on y trouve plus tard et (jui constituent
une nourriture toute préparée pour les jeunes poissons venus dans les conditions
naturelles et éclos en bonne saison.
Il résulte d'ailleurs des observations faites par plusieurs pisciculteurs distin-
gués, notauimentpar M. Nelson W. Clark, surintendnnt de rél;d)lissemcnt de Norlh-
ville (Michiijan) et par M. Hermann Haack, directeur à liuningue, que plus les
œufs sont mis en incubation à une basse température, c'est-à-dire plus j'évolu-
lio.) eni!ir\i)nuair(! est lente, plus les alevins obtenus sont vigoureux et doués
d'un robuste appétit : ce qui est toujours un signe de santé et une garantie de
réussite.
532
SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
qui, commençant à manger très peu de jours après leur nais-
sance et refusant toute alimentation artificielle, ne peuvent
être conservés dans les appareils au delà du temps, très court,
nécessaire à la résorption de la vésicule ombilicale.
Ces considérations ont amené M. Haack, directeur de l'éta-
blissement de Huningue, à établir un appareil qui peut aussi
bien servir au transport des œufs à de grandes distances et
dans des régions chaudes, qu'à leur conservation prolongée
en laboratoire. C'est une sorte de glacière (fig. M), ouvrant
FiG. 41.
comme une 'armoire et revêtue d'une chape de même forme,
dont la double paroi renferme dans son épaisseur une couche
isolante d'air. Des tamis en forme de tiroirs servent à emma-
gasiner les œufs; chaque tamis n'en reçoit qu'une seule
couche, qui y est étalée, entre deux mousselines humides,
sur de la ouate mouillée elle aussi, mais non tassée et bien
cardée. Au-dessus des tamis se trouve une caissette pour
loger la glace; elle est de même forme que les tamis, mais
plus haute, et le fond en est percé de nombreux trous. Tout
l'appareil est en bois, sauf un plateau, fait de zinc ou de fer-
blanc, qu'on place sous les tamis pour recevoir l'eau prove-
nant de la fusion de la glace. En fondant peu à peu, la glace
emmagasinée laisse, en effet, tomber goutte à goutte sur les
LA PISCICULTURE A l'ÉTRANCER. 5P».'î
œufs une eau excessivement froide (presque à zéro), sous
l'mfluence de laquelle l'évolution embryonnaire ne marche
qu'avec une extrême lenteur. IJien que simplement arrosés
par cette eau, qui ne les baigne pas et ne fait que les entre-
tenir dans une humidité constante, les œufs se développent
remarquablement bien, absorbant une quantité considérable
d'oxygène, attendu que les fdaments de la ouate divisent à
l'infini les gouttelettes d'eau et leur permettent de s'aérer co-
pieusement. Sous ce rapport, les œufs se trouvent donc dans
d'excellentes conditions. D'un autre côté, la froide tempéra-
ture et la complète obscurité qui régnent à l'intérieur de la
glacière ne permettent guère le développement des végéta-
tions cryptogamiques qui, dans les appareils d'incubation,
envahissent toujours les œufs morts et qui nécessitent de si fré-
quents triages. Les seules précautions à prendre consistent :
1° à changer chaque jour l'ordre de superposition des tamis,
pour que les œufs se trouvent tous placés successivement
dans les mêmes conditions de température et d'humidité,
ceux des tamis inférieurs étant moins exposés au froid et re-
cevant moins d'eau que ceux voisins de la provision de glace ;
2" h renouveler de temps en temps la ouate, qui finit par se
feutrer et qui ne diviserait plus aussi bien l'eau.
Les œ,ufs peuvent être placés dans l'appareil aussitôt après
leur fécondation (1) et y rester presque jusqu'au moment de
l'éclosion (2). A l'Exposition de Berlin, des œufs de Saumon
du Fihin, fécondés en décembre, furent conservés par ce pro-
cédé jusqu'à la clôture de l'Exposition (à la fin de juin), c'est-
à-dire pendant plus de six mois. Ces œufs, que nous vîmes
dans la première quinzaine du mois de juin, étaient dans un
magnifique état de conservation. L'évolution embryonnaire
était extrêmement avancée, et quelques éclosions commen-
(1)M. Fréd. Mather estime toutefois qu'il est préférable d'attendre qu'ils soient
embryonnés.
(2) Quand on enlève les œufs, il faut naturellement avoir le soin de les placer
dans une eau où ils trouvent tout d'abord une température à peu près aussi froide
que celle de la glacière. Ils doivent être, en outre, inaiiiés avec une certaine
précaution, la coque présentant moins d'èlaslicité et pouvant se briser plus faci-
ement que celle des œufs dont toute l'incubation s'est ellecluee dans l'eau.
534 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
çaient à se produire, donnant des alevins très vigoureux. Le
fait est d'autant plus remarquable, qu'à l'Exposition ces œufs
se trouvaient dans des conditions extrêmement désavanta-
geuses. Souvent l'appareil était ouvert quarante ou cinquante
fois par jour pour en montrer le fonctionnement aux visiteurs,
et l'introduction dans la glacière de l'air extérieur, parfois
extrêmement chaud, ne pouvait être que très défavorable aux
œufs.
En permettant de prolonger pendant environ six mois la
durée de l'incubation, l'appareil imaginé par M. Haack fournit
la possibilité d'expédier des œufs de Salmonidés à telle dis-
tance que l'on voudra, car, même pour les localités les plus
lointaines, il n'est pas aujourd'hui de voyage qui exige un
pareil laps de temps. Dans la pratique, il ne serait donc jamais
nécessaire de laisser les œufs en glacière aussi longtemps
qu'on l'a fait dans l'expérience que nous venons de rapporter.
Différents essais ont prouvé que les œufs de Truite et de
Corégone supportent aussi bien que ceux de Saumon le sé-
jour en glacière, et qu'ils peuvent être avantageusement traités
de cette façon en vue d'obtenir des éclosions tardives (1). A l'é-
tablissementdepisciculture deNorthville (Michigan), M. Nelson
W. Clark s'est fort bien trouvé de retarder, par une réfrigé-
ration prolongée, l'éclosion des œufs de Whitefish (Coregonus
albus), ahn de n'obtenir les alevins que vers la fin de mai
ou le commencement de juin, au moment où les eaux sont
riches en nourriture de toute espèce pour les jeunes pois-
sons (2). L'appareil réfrigérant employé par M. Clark ne dif-
fère, dans aucun détail important, de celui de M. Haack; les
(1) D'une manière générale, on peut dire qu'il importe de ne pas avoir d'ale-
vins à mettre en liberté avant la fin de mars. Par suite, quand l'eau qu'on doit
employer pour les appareils d'éclosion marque plus de 10 degrés centigrades en
moyenne, ce qui donnerait des éclosions trop précoces, il peut y avoir utilité à
placer les œufs pendant quelque temps dans un appareil réfrigérant.
(2) Dans la région qu'il habite, M. Clark préfère, du reste, de beaucoup pour
l'incubation des oeufs de Corégone l'eau de rivière à Teau de source, qui lui
donnerait des éclosions trop précoces; son attention s'est toujours portée sur le
moyen de ralentir le plus possible révolution embryonnaire. Selon la température
de l'eau, la durée de l'incubation peut varier de deux à cinq mois.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 535
œufs y sont cgalemeni soumis à une température très peu su-
périeure à zéro.
M. Joseph Schwarz, de Saint-Polten (basse Autriche), qui
avait exposé à Berhn des appareils de pisciculture établis avec
beaucoup de soin et vendus cependant à très bas prix, est
l'invenlear, pour le transport des œufs, d'un appareil qui rap-
pelle beaucoup, par la disposition générale, ceux que nous
venons de mentionner ; mais il est plus petit, facilement ma-
niable et paraît très pratique. Nous ne ferions quelque réserve
que pour le choix de la matière employée dans sa construc-
tion. p]tabli tout en zinc, cet appareil semble, malgré sa
double paroi, être plus exposé qu'un appareil en bois à subir
l'influence de la température extérieure.
Transport du jjoisson vivant. — Les poissons respirant
l'air en dissolution dans l'eau, tout l'art de faire voyager le
poisson vivant consiste à savoir toujours entretenir dans l'eau
des appareils de transport une quantité d'air correspondant
aux besoins des sujets à transporter. Or le problème qu'il s'agit
de résoudre ne laisse pas que de présenter une certaine diffi-
culté, attendu que moins est froide l'eau dans laquelle se
trouve le poisson, plus celui-ci a besoin d'oxygène, et que,
d'un autre côté, moins une eau, est froide, moins elle contient
d'air respirable. En outre, il résulte des observations laites
que, toutes choses égales d'ailleurs, les jeunes animaux con-
somment relativement plus d'oxygène que les sujets adultes,
et les petits plus que les gros.
Quand on prend un poisson, même avec précaution, il est
rare qu'en se débattant il ne trouble pas plus ou moins l'eau,
dont le manque de pureté peut agir d'une manière nuisible
sur ses organes respiratoires. Il est donc prudent, au lieu de
le faire voyager immédiatement, de le placer pendant une
bonne heure ou plus dans un bac traversé par un courant
d'eau fraîche et très claire, où les branchies sont soumises à
un véritable lavage.
En général, on estime que le transport est toujours de
réussite certaine sans soins préalables et sans surveillance en
route, pourvu que l;i quantité d'eau soit suffisante. Cette
530
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
quantité se calcule d'après la durée du voyage et le poids des
sujets (1). La température de l'eau ne doit pas dépasser
4- '12 degrés centigrades, limite extrême, et plus elle est
fraîche, meilleure elle est. Le printemps et l'automne sont les
saisons les plus favorables, les grands froids et les fortes
chaleurs n'étant pas alors à craindre.
En Amérique, on se sert de bidons de transport en zinc
d'une contenance de 8 litres pour mille alevins de Truite
ou de Saumon. Les alevins qui ont encore leur vésicule ombi-
licale ont besoin d'une moindre quantité d'eau que quand ils
sont plus âgés : on peut en mettre un millier, pourvu que
l'eau soit très froide (presque à zéro centigrade), dans un vase
de 4 litres; tandis quç la même quantité d'eau serait à
peine suffisante pour deux cents alevins de trois mois. Plus
l'eau est froide, moins on court de risques de perte; d'où
l'utilité pendant les temps chauds de recourir à l'emploi de
la glace, afin d'abaisser la température de l'eau. Sauf pour
un très long voyage, il est rarement avantageux, à cause des
différences de température, de renouveler l'eau pendant la
route; mieux vaut se contenter d'introduire, au moins toutes
les demi-heures, une grande quantité d'air dans l'eau, au
moyen d'un soufflet auquel est adapté un tuyau en caoutchouc
se terminant par une pomme d'arrosoir (2). Les changements
(1) D'après un observateur allemand, on obtiendrait le chiffre (en poids) de
l'eau nécessaire pour une quantité donnée de poissons, en multipliant le poids
du poisson par un des nombres ou coefficients inscrits dans la table ci-aprcs,
lesquels vont en augmentant avec la durée du voyage :
DURÉE DU VOYAGE
10'»
20''
30"
40''
50"
60"
Truites de deux ans
Saumons de deux ans ....
Corégones de deux ans. . . .
Carpes de trois ans
15
18
20
9
20
24
27
12
25
30
34
15
30
36
40
18
»
))
»
(2) On peut aussi, fort utilement, projeter dans le récipient de l'eau très
froide, que l'on envoie avec beaucoup de force et en pluie serrée à l'aide d'une
seringue d'arrosage semblable à celles dont on se sert dans le jardinage . Par ce
moyen, on rafraîchit et on aère l'eau tout à la fois.
LA PISCICULTUUE A L ETRANGER.
537
brusques de température, et surtout le passage du froid au
chaud, sont très funestes au poisson. Des alevins qui ont fait
un séjour plus ou moins prolongé dans l'eau d'un appareil de
transport refroidie à l'aide de la glace, ne sauraient sans
danger passer subitement dans un milieu plus chaud; l'eau
dans laquelle ils se trouvent doit être amenée peu à peu à la
température de celle où ils vont être versés. On s'exposerait,
sans cette précaution, à déterminer chez ces jeunes poissons
une inflammation des branchies presque toujours mortelle.
M. Eckardt, de Lûbbinchen, dont nous avons déjà mentionné
les appareils de pisculture, se sert, pour les envois d'alevins,
de bidons en fer-blanc de forme cylindrique (fig. 4-2), em-
FiG. 42.
balles chacun dans un panier assez grand pour qu'il y ait un
espace de S ou 10 centimètres entre la vannerie et le bidon.
Cet espace est rempli, près du panier, par du papier d'em-
ballage, et, près du bidon, par de la mousse sèche mélangée
de morceaux de glace. Le couvercle, en forme de gobelet, est
percé de trous dans le fond et reçoit aussi de la glace. Les ale-
vins ne sont placés dans l'appareil qu'au moment du départ;
il en est de même de la glace d'emballage, qui, ne rafraîchis-
sant l'eau que peu à peu, laisse aux jeunes poissons le temps de
s'habituer progressivement à rabaissement de la température.
M. Cari Schusler, de Fribourg en Brisgau, emploie pour le
transport du poisson vivant, et en particulier de l'alevin, un
excellent appareil. C'est un grand bidon ovale (fig. 4:]) de 0" ,50
538 SOCIÉTÉ NATIONALE d'âCCLIMATATION.
de hauleiu-, avec un diamètre de 0"',60 dans son plus grand
axe et de 0",40 dans son plus petit. Ce bidon est suspendu,
au milieu d'un support en bois, à deux solides ressorts à
boudin qui, dans le voyage, évitent à l'appareil toute secousse
trop forte. A l'une des extrémités du bidon est adaptée une
petite pompe, qui sert à injecter de l'air dans l'eau du réci-
pient (1). Pour que cet air se répartisse uniformément, le
tuyau court horizontalement le long de la paroi à l'intérieur
du bidon, et, dans toute sa longueur, ce tuyau est percé de
nombreux trous par lesquels s'échappent les bulles d'air. On
a d'ailleurs eu le soin de le placer cà une certaine hauteur dans
(1) Cette pompe est souvent remplacée, dans un but d'économie, par une
boule creuse en caoutchouc, que l'on comprime avec la main et qui remplit l'of-
fice d'un soufflet.
LA nSCICULTURE A L'ÉTRANGER. 539
l'appareil, afin que l'air qui en sort et qui fait bouillonner
l'eau n'agite pas celte dernière dans le fond du bidon, où s'a-
massent les déjections des poissons, les sédiments que l'eau
peut laisser déposer, etc. Gomme on le voit dans la figure, le
bidon plonge dans un bac en fer-blanc qui repose sur le sup-
port en bois, et dans lequel se trouve de la glace entourée
de ouate. Le couvercle à double fond reçoit aussi de la a;lace.
Ce modèle, qui a été très remarqué à l'Exposition de Berlin,
est certainement un des meilleurs appareils de transport ima-
FiG, 44.
ginés jusqu'à ce jour. Trois bidons semblables nous ont servi
à rapporter de Fribourg à Paris (1), sans perte aucune, quatre
mille alevins de Saumon de Californie, âgés de six semaines.
Mais ce fait n'est rien à côté du transport des Saumons de
même espèce, d'un an et de deux ans, envoyés de l'établisse-
ment de Selzenliof, près Fribourg, et de Radolfzell, près
Constance, à l'Exposition de Berlin, par M. Schuster, Aucun
de ces poissons (dont quelques-uns pesaient près d'un kilo-
gramme) nesuccombapendant la route nia la suite du voyage.
Une Ombre {Thi/mallus vexillifer), âgée de trois ans, lit
également bien le trajet de Fribourg à Berlin. Ces résultats
parlent suffisamment en faveur de l'appareil.
M. Schuster se sert souvent aussi d'un simple tonneau
(fig. 4"4), auquel on adapte une pompe à air A. Une ou-
verture a sert à introduire le poisson^ et une autre ouver-
■^ (1) C'est un voyage de 600 kilomètres, d'une durée de dix-huit heures.
540
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
ture B est ménagée pour l'installation d'un récipient à glace.
M. Otto Hammerle, de Dornbirn (Autriche), a imaginé un
appareil analogue, où le jeu de soufflets d'aération est obtenu
automatiquement, d'une manière simple et pratique. Le
moyen employé n'a certainement pas le mérite de la nouveauté,
car ce n'est en réalité qu'un perfectionnement apporté à la
petite voiture dont M. Vançon se servait, dès 1878, dans le
département des Vosges, pour le transport de toute espèce de
poissons ; mais nous n'en devons pas moins signaler cet appa-
reil, dont l'emploi donne des résultats très satisfaisants et sur
lequel des expériences concluantes ont été faites dans les dis-
tricts montagneux du Yoralberg. ^
L'appareil se compose (fig. -45): 1° d'un tonneau de grande
FiG. 45.
dimension, monté sur des roues ou simplement fixé sur une
charrette ordinaire; 2" des pièces accessoires suivantes : B,
soufflets; G, goujons en fer ou en bois, attachés aux raies de la
cuve par une fourchette ouverte, maintenue au moyen d'une
frette; D, ressorts à boudin qui ouvrent les soufflets dès que
l'air en a été chassé; E, branche de communication entre F et
G, se terminant par un ressort ; F, levier de fer ou de bois ;
G, poignée pour faire marcher les soufflets, dans le cas où l'ap-
pareil resterait trop longtemps stationnaire ; H, chevilles de
1er fixant les soufflets au bâti de la voiture; .1, coude ou siphon
LA PISCICULTURE A L ÉTRAftGÉa.
541
entre les soufflets et le baril, soit en métal avec des viroles de
cuivre, soit en caoutchouc, ce qui vaut beaucoup mieux ; L,
réservoir à glace ou réfrigérant de fer-blanc, remplissant
exactement une ouverture faite au tonneau. Ce réservoir est
muni de poignées pour l'enlever, et d'un grand nombre de
petits trous près du haut pour donner passage à l'air; M, cou-
vercle percé du réfrigérant ; N, robinetpour enlever les impu-
retés; 0, tube à air en fer-blanc, percé pour donner issue à
l'air envoyé parles soufflets; P, filtre en métal. Lorsque les
roues du chariot tournent, les goujons rencontrent et mettent
en mouvement le levier F, et le bras de fer attaché au levier
fait travailler les soufflets. Si l'on veut actionner ces derniers
plus fréquemment, et par conséquent aérer plus fortement
l'eau du baril sans accélérer la marche du véhicule, on obtient
très facilement ce résultat en augmentant le nombre des gou-
jons. On obtient ainsi économie de travail et, grâce au ressort,
la voiture peut rouler (le bras de communication étant attaché
d'un côté) tandis que les goujons omettent le levier; de sorte
que le mécanisme est protégé contre les chocs des mauvais
chemins. Un autre avantage de cet appareil, c'est qu'il peut
être construit partout à peu de frais, avec le premier baril
venu comme réceptacle ; enfin, que toute charrette peut être
employée définitivement ou temporairement à cet usage. En
cas de transport par chemin de fer, le levier F, les chevilles II
sont enlevés, et le baril peut être détaché du bâti sur lequel
il était monté.
FiG. 4G.
Lu ligure 4(j représente une vue de côté d'un a])pareil por-
542
SOCIÉTÉ NATIOiNALE d'ACGLIMATATION.
tatif également construit par M. Otto Hannmcrle; mais cet
appareil n'offre pour ainsi dire aucune différence avec la boîte
à dos que M. Marion" fit breveter il y a vingt ou vingt-cinq ans
pour le même usage.
M. Frederik Mather, de la Commission des pêcheries des
États-Unis, a employé avec avantage, dans la traversée de
l'Atlantique, pour apporter des poissons vivants à l'Exposition
de Berlin, un appareil très simple, qui mérite d'être recom-
FiG. 47.
mandé pour les voyages siu* mer. C'est un bac en tôle galva-
nisée, de la contenance de 150 litres environ, dans lequel
l'eau s'aère automatiquement de la manière suivante. Des
éponges sont attachées à l'intérieur du bac, à quelques centi-
mètres au-dessus du niveau normal de l'eau ; mais ce niveau
oscillant constamment par suite des mouvements de roulis et
de tangage du navire, les éponges, tour à tour, plongent dans
l'eau ou en émergent, aspirent ou abandonnent alternative-
ment le liquide, et lui impriment une agitation qui lui permet
de s'aérer.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. Mo
La simple agitation imprimée à l'eau, dans les appareils,
par le mouvement des véhicules de transport est parfois uti-
lisée pour l'aération de cette eau. Nous mentionnerons notam-
ment l'appareil d'un système tout à fait neuf et original inventé,
pour le transport du poisson vivant, par M. Joseph Schwarz,
de Saint-Pôlten (basse Autriche), dont nous avons déjà men-
tionné l'appareil pour le transport des œufs. C'est un bidon
en zinc (fig. 47) ou en tout autre métal, dont la partie inférieure
est disposée en forme de cloche. Ce bidon est inclus dans un
seau à moitié rempli d'eau, où il se trouve supporté par un
ressort très solide, qui cède néanmoins et se laisse comprimer
parle poids, quand le bidon est plein d'eau. En s'abaissant,
le bidon emprisonne et comprime une certaine quantité d'air
sous la cloche dont il est muni, le bord inférieur de cette
cloche plongeant alors dans l'eau du seau. Les cahots de la
voiture de transport, ou, en chemin de fer, les trépidations du
wagon, impriment à l'appareil des secousses qui font osciller
le bidon sur son ressort. Quand le bidon s'abaisse, il com-
prime plus fortement l'air contenu sous la cloche. La pression
fait céder une soupape ménagée dans le fond du bidon ; une
certaine quantité d'air s'échappe par cette issue et, se subdi-
visant en une multitude de bulles, traverse l'eau du récipient.
Quand, au contraire, le bidon remonte, une autre soupape,
ouvrant de dehors en dedans, laisse rentrer de l'air dans la
cloche pour reconstituer l'approvisionnement. Le couvercle
du bidon est à double paroi et disposé de façon à recevoir une
provision de glace.
En vue de faciliter l'agitation de l'eau, lAL Max von dcm
Borne se sert de bidons de forme conique (fig. 48) qu'il faut
avoir le soin de ne pas remplir complètement. Le couvercle
sert à mettre de la glace, et en a se trouve un tuyau par le-
quel on introduit un tube de caoutchouc ajusté à un soufflet
et servant à faire pénétrer de l'air.
Pour les alevins deGorégone,lo bidon cylindrique (fig. 42)
est préférable au bidon conique, parce que ces alevins se
tenant à la surface de l'eau auraient à souffrir du clapotage
du liquide et doivent toujours être transportés dans des réci-
544.
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
pients entièrement pleins (1). Guidé par l'observation, un pis-
ciculteur russe, M. Constantin Muszynski, s'est trouvé conduit à
adopter, comme appareils de transport, de grandes bonbonnes
de verre, d'une contenance de 25 litres environ. Ces bonbonnes
FiG. 48.
sont remplies d'eau presque jusqu'à la naissance du col ou
goulot, de façon à rendre presque impossible l'agitation du
FiG. 49.
(1) Quand on se sert de l'appareil Eckardt, pour des alevins de Corégone, il
convient d'envelopper le couvercle d'une gaze ou d'une fine mousseline, pour
éviter que ces minuscules alevins ne passent par les trous. Un de ces bidons
peut recevoir 10 000 alevins.
L.V l'ISCICULTURE A l'ÉTRANGER. 545
liquide, quelles que soient les secousses imprimées au réci-
pient pendant le transport. Le goulot est fermé par un bou-
chon de liège, que traverse toutefois un tube de verre
destiné à laisser passage à l'air; l'extrémité inférieure de ce
tube ne doit par conséquent pas descendre assez bas pour
pénéti-er sous l'eau dans la bonbonne. Celle-ci est revêtue
d'une chape solide en bois (fig. ^49), doublée d'une garniture
intérieure de crin et de feutre, analogue à celle des appareils
connus sous le nom de « marmites norvégiennes ». Cette car-
niture n'a pas seulement pour but de garantir la bonbonne
contre tout choc dangereux; elle est surtout destinée h la pro-
téger contre le froid ou la chaleur et à entretenir l'eau conte-
nue dans l'appareil, à une température aussi égale que possible.
Ce résultat est parfaitement atteint, et l'on peut affirmer que
l'appareil de transport imaginé par M. Muszynski est le meil-
leur qui puisse être employé pour l'alevin de Corégone. Ce
pisciculteur avait envoyé de Saint-Pétersbourg à Berlin, dans
une semblable bonbonne, cinq mille alevins de Corégone de
Baër, qui arrivèrent en parfait état. Depuis, M. Muszynski a
effectué, avec non moins de succès, d'autres envois plus re-
marquables encore: à Edimbourg, à Londres et à Paris (i).
Pour le transport du poisson destiné à l'aquarium de Berlin,
le directeur de cet établissement, M. le D' Otto Hernies, a fait
construire un appareil qui peut servir pour de longs voyages, et
dans l'agencement duquel on a eu surtout en vue: I" d'aérer
copieusement l'eau; 2° de garder l'eau exempte de vase et de
toute impureté ; 3" de maintenir cette eau à une température
convenable ; i" d'éviter les secousses et une trop grande agita-
tion de l'eau, qui peuvent être très préjudiciables au poisson.
Ce résultat est obtenu de la manière suivante, par la réu-
nion de trois récipients. Du bac de transport proprement
dit 1 (fig. 50 et 51), lequel est toujours entièrement rempli ,
l'eau qui vient du réservoir 3passedans la tonne de décharge ^ ;
(1) On se rappelle qu'au mois de mai 1881, la Société d'Acclimatation reçut de
M. Muszynski un envoi d'alevins de Corégone de Baër. Un seul appareil suffît
pour apporter de plus de 600 lieues, sans perte aucune, 10 000 de ces petits
poissons, qui y resièrenl pendant huit jours environ, sans qu'on renouvelât une
seule goutte de Teau dans laquelle ils se trouvaient.'
3" SÉRIE, T. X. — Septembre 1883. 35
546 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCGLIMATATION.
elle sort par la cannelle d et s'écoule par un tube en caout-
IMC. 50
clîouc qui la déverse en F presque au fond du bacl , et le plus
FiG. 51.
loin possible du déversoir. Au point D de la cannelle d, de
LA PISCICULTURE A L ÉTRANGER. 547
petits tubes servent à l'introductioa d'une certaine quantité
d'air que l'eau entraîne dans son courant, et qui s'échappe par
le tube en caoutchouc sous la forme de nombreuses bulles. Plus
le courant est rapide, c'est-à-dire plus est grande la hauteur
de l'eau dans le réservoir 3, plus est considérable la quantité
d'air ainsi entraînée dans le tube d'alimentation et introduite
dans le bac 1. Comme il a été dit ci-dessus, l'eau s'échappe de
ce bac par un petit conduit ajusté à la partie supérieure, et
elle tombe dans la tonne 2 en traversant le compartiment E,
dont la paroi est perforée d'une multitude de trous, et qui
renferme un filtre de gravier. Elle arrive, par suite, complè-
tement purifiée. Au moyen du tube B et de la pompe aspirante
et foulante A, on puise l'eau de la tonne 2 pour l'envoyer par
le conduit c dans le réservoir 3, où un flotteur c, muni d'un
contrepoids b, permet d'observer le niveau de l'eau. Les
couvercles a servent à remplir les bacs et à constater la tem-
pérature de l'eau, température qu'on peut abaisser quand il
est nécessaire, en mettant de la glace dans la tonne 2.
Grâce aux dispositions adoptées, le transport du poisson
peut s'effectuer dans des conditions excellentes. L'agitation
trop violente de l'eau est rendue impossible par la situation
du tuyau de sortie, qui maintient le bac toujours entièrement
plein, bien que suffisamment aéré. Par l'introduction dans le
fond du bac d'une eau fortement aérée, on expulse l'acide
carbonique, tout en renouvelant le liquide. Enfin, tandis qu'à
l'aide de la pompe A le réservoir 3 peut être rempli en quinze
minutes, ce réservoir met plusieurs heures à se vider.
Cet ap])ai-eil a été employé avec succès par M. Hermès pour
le transport de poissons vivants de Trieste à Berlin, c'est-à-
dire pour un voyage dont la durée est au minimum de soixante-
douze heures. Le bac 1 contient 1000 litres d'eau, soit autant
à lui seul que la tonne 2 et le réservoir 3.'En chemin de fer,
l'appareil occupe un wagon entier. Quand on dispose d'un
personnel suffisant, on peut se dispenser de l'emploi du ré-
servoir 3, en envoyant directement l'eau de la tonne 2 dans
le bac i par le conduit c, qui doit être alors pourvu de prises
d'air (comme l'est la cannelle d), et qui doit être assez lono-
54-8 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
pour atteindre le fond du bac. Cette méthode est même pré-
férable, attendu que la pression plus forte que l'on obtient au
moyen de la pompe introduit dans l'eau une plus grande quan-
tité d'eau. On peut, du reste, aérer la masse liquide sur dif-
férents points, en introduisant de l'eau avec la pompe par plu-
sieurs conduits étroits, pourvus de prises d'air (1).
On s'est peu occupé jusqu'à présent d'un matériel spécial
pour le transport du poisson vivant par le chemin de fer. En
dehors de ce qui a été fait dans ce sens en Russie, où, comme
nous l'avons déjà fait connaître, la Compagnie des chemins
de fer Griazi-Tzaritzine transporte le poisson vivant du Volga
jusqu'à Moscou dans des wagons-aquariums pouvant recevoir
chacun 1 300 livres de poisson, presque nulle part on n'a su
arriver à un résultat vraiment sérieux et pratique. Un chemin
de fer autrichien a bien, il y a quelque temps, pris un brevet
pour l'emploi d'un modèle spécial de wagon destiné au trans-
port du poisson vivant et du poisson conservé dans de la
glace; mais cette prise de brevet n'a pas, que nous sachions,
été suivie d'application. M. Fritz Kretsclimer avait exposé à
Berlin un modèle (au 1 /20) de wagon pour le transport du pois-
son de mer et du poisson d'eau douce à l'état vivant; mais les
dispositions n'en paraissaient guère applicables. Nous n'avons
donc à mentionner, en réalité, que les wagons qu'a faitcon-
(1) Dans un projet de wagon-aquarium qu'étudie en ce moment M. le docteur
Hernies, ce moyen d'aération de Vean sera largement utilisé. M. Hermès, qui a
acquis une grande expérience dans le transport du poisson vivant, considère
comme indispensable : 1° de ne faire voyager que des sujets aussi bien portants
que possible ; 2° de tenir le poisson pendant plusieurs jours dans un espace d'eau
limité avant de le mettre en roule; 3" de le priver en même temps de toute
nourriture, pour éviter qu'il ne souille l'eau par ses déjections pendant le voyage.
Il peut être utile de changer reau en route, ce qui est naturellement beaucoup
plus aisé quand il s'agit d'eau douce que d'eau de mer; il est rare, en effet, que
l'on ne puisse trouver sur son passage quelque bonne eau de fontaine. Mais, s'il
est plus difficile, il n'est pas toutefois impossible de renouveler également l'eau
de mer pendant le voyage. On peut employer, comme on le fait à l'aquarium de
Berlin, de l'eau de mer concentrée, qu'il suffit pour s'en servir d'étendre dans
six fois son poids de bonne eau de fontaine. Dans les voyages de Triesteà Berlin,
M. le docteur Hernies a plusieurs fois renouvelé à Vienne l'eau de mer de son
appareil. L'expérience lui a démontré que pour le transport des animaux marins,
l'eau de mer artificielle est préférable à l'eau de mer naturelle. Cette dernière
renferme beaucoup de matière organique, particulièrement une grande quantité
d'animalcules, d'infusoires, de copépodes, etc., qui meurent promplcment et
vicient l'eau. Avec Teau de mer artificielle, cet inconvénient est écarté.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 549
struire la Commission supérieure des pêcheries des États-Unis,
pour ses travaux d'empoissonnement et ses distributions d'ale-
vins, service spécial confié àM. J. F. EUis. Ces wagons, établis
par les soins de la compagnie de chemin de fer d'Ohio àBuffalo,
sont de même dimension que les wagons-lits ordinaires (s/ee-
/)ers)etreviennent chacun à 10 000dollars(50 000 francs). La
décoration intérieure, en bois de frêne verni^ est d'une élé-
gante simplicité. A l'une des extrémités se trouve un cabinet à
usage de cuisine, pour le personnel attaché au service du wagon,
personnel qui y est employé d'une façon permanente et pen-
dant toute l'année. De chaque côté du wagon se trouve une
série de casiers dans lesquels sont rangés les grands bidons
de fer-blanc contenant les alevins. L'eau de ces bidons est re-
nouvelée plusieurs fois par jour. Les bacs, placés aux deux
extrémités du wagon, contiennent l'approvisionnement d'eau
nécessaire ; ils sont eux-mêmes alimentés par un grand réser-
voir logé à la partie inférieure du véhicule et dans lequel l'eau
est puisé au moyen de pompes mises en action par les roues
du wagon. A côté delà cuisine sont installées les cabines pour
les agents, lesquels sont au nombre de quatre, plus un cui-
sinier. A l'extrémité opposée se trouvent une chambre à cou-
cher, une office et un cabinet de bain pour M. Ellis. Tout l'es-
pace est utilisé de la façon la plus ingénieuse et la plus pra-
tique. Deux wagons sont actuellement en service ; chacun d'eux
peut transporter plusieurs millions d'alevins à la fois.
Les distances parcourues sont parfois considérables, car des
voyages s'effectuent des côtes de l'Atlantique à celles du Paci-
fique, ou des États du Nord dans ceux du Sud et vice versa.
Au printemps, c'est à la distribution des alevins de Whitelish
{Coregonus albus) que le matériel est employé; un peu plus
tard, il sert pour l'alevin d'Alose, et ainsi de suite, au fur et à
mesure des opérations de la Commission. Sur beaucoup de
lignes de chemins de ferles compagnies accordent la circula-
tion gratuite des wagons distributeurs d'alevins. Par suite de
l'extension, chaque jour plus gi-ande, donnée aux ti'avaux
d'empoissonnement, un troisième wagon doit être prochai-
nement construit. M. Frank Nelson Clark, de la Commission
des pêcheries des États-Unis s'occupe en ce moment de faire
550 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
établir ce wagon sur un modèle nouveau, afin d'y placer, à
côté des appareils de transport, une installation complète
pour la mise en incubation des œufs pendant le voyage. Ce la-
boratoire ambulant est appelé à rendre de grands services
pour la distribution rapide et économique des alevins.
L'importance du poisson, et surtout du poisson de mer, au
point de vue de l'alimentation publique, rendrait certainement
fort précieuse la solution du problème du transport écono-
mique du poisson vivant par chemin de fer. Mais les difficultés
à surmonter sont très sérieuses à cause du poids de l'eau dans
laquelle il faudrait faire voyager le poisson et qui, surtout avec
les tarifs en vigueur, entraînerait des frais énormes. Chaque
kilogramme de poisson nécessiterait, en effet, au minimum,
9 kilogrammes d'eau (1), poids auquel viendrait encore s'ajou-
ter celui, souvent assez considérable, de l'appareil de trans-
port. On sera donc sans doute obligé de s'en tenir, pendant
longtemps encore, à de simples transports d'alevins, destinés
aux travaux de repeuplement.
Dans les transports par eau, les viviers flottants, générale-
ment en forme de bateaux, que l'on remorque dans les ca-
naux et rivières, ne peuvent voyager que lentement et ne sau-
raient guère être employés sur mer. Aussi, depuis un certain
nombre d'années, s'est-on occupé d'établir des bateaux à
vapeur d'une construction spéciale pour le transport, soit du
poisson, soit des crustacés à l'état vivant. En Amérique, en
Angleterre, en Allemagne, ce genre de transport constitue une
véritable industrie, très lucrative lorsqu'elle est conduite avec
intelligence. La maison Russe et C'°, de Berlin, qui pratique,
sur une large échelle, le commerce du poisson vivant, a établi
un service régulier de bateaux à vapeur, qui vont, sur les côtes
du Danemark et de la Suède, chercher les produits surabon-
dants de la pêche (notamment des Anguilles) pour les amener
(1) Cette proportion serait insuffisanle dans la plupart des cas, beaucoup de
poissons exigeant une eau abondante ou fréquemment renouvelée. M. le docteur
Hermès, directeur de l'Aquarium de Berlin, nous a fait connaître que pour cer-
tains envois, qui lui sont adressés de ports de mer éloignés, i! n'est guère pos-
sible de mettre dans les appareils plus de 1 kilogramme de poisson pour
100 kilogrammes d'eau.
LA PISCICULTURE A L HTRANGEIl.
551
à Slettin, d'où ils sont ensuite transportés par eau, dans des
viviers flottants, jusqu'à Berlin. La durée du voyage est de
soixante heures. Grâce à ce genre d'importation, Berlin est
devenu un marché important pour la vente des Anguilles, et
ce commerce prend chaque jour une extension plus considé-
rable. La seule maison citée plus haut vend annuellement
plus de 1000 quintaux d'Anguilles. Les bateaux qu'elle emploie
FiG. 52.
(fig. 52) emmagasinent le poissondans la cale, où se trouve un
compartiment qui, formé par des cloisons transversales bien
étanches, reçoit l'eau de l'extérieur par des ouvertures laté-
rales ménagées dans la coque du navire. Les Anguilles, qui
sont très robustes et qui jjassent alternativement leur exis-
tence dans la mer et dans les cours d'eau, résistent très bien
au voyage comme à la captivité, et supportent impunément le
passage brusque de l'eau douce dans l'eau salée et vice versa.
{A suivre.)
SUR UNE EDUCATION DE L'ATTAGUS PERNYI
■<CUÉRIN-MÉNEVILLE)
VERS A SOIE DU CHÊNE DE LA. CHINE
FAITE DANS LA FORÊT DE SÉNART (Seine-et-Oise)
Par M. J. FALI.OL'
Dans un de mes précédents rapports, année 1880 (1),
j'émettais l'idée qu'avec certaines précautions, et au moyen
d'abris, on pourrait arriver à l'élevage en pleine forêt de
['Aitacus Pernyi, intéressante espèce sous le rapport de la
production de la soie, et que, si je pouvais obtenir de l'admi-
nistration des forêts de l'État l'autorisation de placer des abris
dans les taillis clos de la forêt de Sénart, je tenterais de nou-
veaux essais.
Dans les premiers jours de mai de cette année, j'ai pu ob-
tenir de l'obligeance de M. Huin une centaine d'œufs de VAt-
tacus Pernyi (Guérin M.), du sous-genre Antherœa, prove-
nant des éducations de M"' Simon; le don de celte graine me
décida à faire les démarches nécessaires près de l'administra-
tion des forêts pour obtenir de M. le conservateur l'autorisation
d'y placer des abris pour l'élevage des Chenilles.
Grâce à la lettre si bienveillante de M. Geoffroy Saint-Hi-
laire, j'obtins l'autorisation, mais elle ne me parvint que le
14 juin 1882.
Les Chenilles étaient écloses et en étaient à leur deuxième
mue ; je les élevais en attendant dans une pièce constamment
ouverte.
Le 15 juin, M. Rich, sous-inspecteur de la forêt de Sénart,
me recommanda au brigadier forestier, qui m'assigna plu-
sieurs enclos; je choisis de préférence le plus près de chez
moi.
Là il fallut m'entendre avec le garde de cette partie de la
(I) Inséré au Bulletin de la Société d'Acclimatation, n° 4, avril 1881, p. 250.
l'attacus pernyi. 553
forêt, qui venait chaque jour pour donner les soins néces-
saires au gibier.
Je préparai trois cépées dans un taillis de quatre ans, en
les dégageant des plantes qui se trouvaient au-dessous. J'en-
tourai une de ces cépées d'un cylindre en toile métallique,
que je recouvris d'un canevas au moyen d'attaches mobiles.
Une deuxième était également entourée de toile métallique,
mais d'un tissu plus fin, auquel je donnai la forme d'un
cône; je fus obligé, pour placer celui-ci, de taillerie haut
de la cépée, dont les branches, trop serrées au centre, au-
raient pu intercepter l'air et la lumière. Je laissai la troisième
cépée libre, sans aucun abri.
Ayant donné une trentaine d'œufs à M. Dognin, entomolo-
giste très zélé (1), il me restait le 15 juin soixante-deux Che-
nilles. J'en plaçai quinze sur chaque cépée et laissai les dix-
sept autres dans l'endroit où j'avais commencé l'éducation.
Ayant des chênes à ma disposition, elles ont toujours eu une
nourriture saine et abondante.
J'avais donc quatre endroits différents à surveiller.
Pendant un mois, toutes les Chenilles ont grandi à peu près
régulièrement; elles ont aussi passé leurs dernières mues
sans mortalité, sauf trois, sur le buisson sans abri de la forêt,
et cinq seulement avaient disparu ; toutes celles qui restaient
avaient atteint la plus grande taille jusqu'alors désignée, soit
de 15 à 20 centimètres de longueur ; diamètre, 15 à 20 milli-
mètres; leur poids était de 18 à 20 grammes. Mes édu-
cations allaient au delà de mes espérances, lorsque le
15 juillet, vers cinq heures du soir, une épouvantable grêle
vint tout à coup tuer en quelques minutes une partie de
mes élèves.
Des grêlons, dont les moyens atteignirent la grosseur d'une
noix, et tous de forme ronde, s'abattirent sur notre contrée,
brisant tout sur leur passage, faisant voler toutes les vitres en
éclats; celles de la pièce où j'élevais les Chenilles à la maison
furent brisées; cinq Chenilles furent tuées et plusieurs bles-
(l) M. Dognin en a fait l'éducation à Auleuil dans une serre froide, sur
liranclios coupées; il a parfaitement réussi.
554 SOCIÉTÉ NATIONALIÎ D' ACCLIMATATION.
sées, soit parles grêlons, soit par les éclats de verre. A partir
de ce jour, fait remarquable, les Chenilles qui restaient ces-
sèrent de manger; quatre seulement filèrent leur cocon, les
autres restèrent dans un état de torpeur complet ; puis un
cercle noir apparut autour des stigmates ; cette même couleur
noire s'étendit sur toute la surface de leur corps, et elles
moururent quelques jours après.
Le 16 juillet, je fis une visite dans la forêt; elle était jon-
chée partout de débris de feuilles. Arrivé à l'endroit où étaient
placées mes élèves, je vis avec déception la cépée sans abri
presque dépouillée de ses feuilles, et les Chenilles, si belles
la veille, complètement disparues, sans que je pusse me
rendre compte de ce qu'elles étaient devenues, toutes mes
recherches étant restées sans résultat.
La partie de la cépée entourée de toile métallique était in-
tacte ; seul le recouvrement en canevas était percé par la grêle ;
je trouvai dessous trois Chenilles tuées et une blessée; la troi-
sième cépée, abritée sous la forme conique, avait été com-
plètement protégée, et les Chenilles y étaient en bonne santé.
Du 18 au 30 juillet, toutes celles qui restaient filèrent leur
cocon; leur poids est de 7 cà 10 grammes. Les papillons sont
éclos la nuit, à de grands intervalles : le premier du 24 au
25 août, le dernier du 5 au 6 octobre.
Ils sont de grande taille; les mâles mesurent de 12 à 13 cen-
timètres d'envergure, les femelles de 12 à 16 centimètres.
Vu la saison avancée, je n'ai laissé faire qu'un seul accou-
plement, afin de conserver les autres en bon état. Cet accou-
plement a eu lieu du 28 au 29 août; la femelle a pondu en-
viron deux cent quarante œufs ; les Chenilles sont sorties du
12 au 14 septembre; je les laissai dans le même endroit où
elles étaient nées et où avaient vécu leurs père et mère ; la
première mue s'est opérée de la fin de septembre au 4 oc-
tobre.
A cette époque de l'année, les feuilles des chênes sont co-
riaces et peu nutritives; les Chenilles mangeaient à peine;
j'en transportai alors sur des chênes voisins, d'où étaient sor-
ties déjeunes pousses de l'année ; cette nourriture parut mieux
l'attacus pernyi. 555
leur convenir. Mais si, au mois d'octobre, il n'y a plus à re-
douter les oiseaux à bec fin, d'autres ennemis de nos pré-
cieuses Chenilles arrivent en grand nombre ; ce sont les Arai-
gnées coureuses, qui envahissent les buissons et y cherchent
leur nourriture; aussi nos jeunes Chenilles leur en servirent-
elles en grande partie.
Vers la fin d'octobre, il en restait encore ; elles essayaient
d'attaquer des feuilles mortes, faute d'en avoir de vertes, puis
les quittaient pour descendre aux aisselles des branches.
Sachant par expérience qu'il était jusqu'alors impossible
d'élever en plein air, sous le climat de Paris, cette deuxième
génération, je les abandonnai et m'occupai de la récolte des
cocons. J'en laissai quatre sous l'abri qui les avait si bien pro-
tégées pour tacher de leur y faire passer l'hiver; l'avenir
nous apprendra s'ils ont pu y vivre.
D'après les résultats de cette éducation, on pourrait con-
clure, et c'est là mon avis, que désormais il est possible d'é-
lever dans nos forêts de France ce précieux producteur de
soie.
Les Vers épargnés par la grêle (l) se sont parfaitement
développés dans toutes leurs phases dans la forêt ; aucune
maladie ne les a atteint ; ils ont filé de très beaux cocons, le
■poids indiqué plus haut le prouve.
Les Papillons ont acquis les plus grandes dimensions, sans
avortement ni échancrures aux ailes, aberration qui s'est pro-
duite accidentellement dans diverses éducations précédentes,
et qui a été le sujet de plusieurs notes.
Ils s'y sont accouplés ; la femelle a pondu ses œufs par petits
groupes, sur les branches où les Chenilles avaient vécu. Des
faits comme ceux-ci me paraissent concluants.
Mais voici celui qui est le plus important : ce n'est que
d'une petite partie des cocons que sont sortis les Papillons ;
la plus grande reste à éclore pour l'an prochain ; cette heu-
(1) L'accident de la grêlft ne peut pas être considéré comme empêchement
à la réussite des éducations, attendu que ces sortes de phénomènes ne se pro-
duisent heureusement qu'à de rares intervalles, les habitants les plus anciens
du pays n'ayant jamais vu de catastrophe semblable.
556 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
reuse modificalion, jointe à l'irrégularité des éclosions chez
cette intéressante espèce, m'a été aussi signalée par plusieurs
de nos confrères et par MM. le professeur Balbiani, Dognin
et Huin.
Cette tendance marquée d'une espèce bivolline à devenir
univoltine sous notre climat est un grand pas fait vers l'accli-
matation de cet Attacien; sans cela, il était permis de
désespérer de sa reproduction dans notre pays, les éducations
faites en automne aboutissant rarement à donner des sujets
assez vigoureux pour une reproduction durable.
Nous formons donc des vœux pour que des éducations de
l'A tlacus Pernyi soient faites en France au point de vue
industriel, telles qu'en a créées M. Ferez de Nueros en Biscaye,
dans le Guipuzcoa, près de la frontière française.
Ce serait doter notre pays d'une nouvelle richesse dont il
pourrait tirer un profit des plus avantageux.
Pour ma faible part, je me propose, pour l'an prochain, de
profiter des éclosions des Papillons de mes élèves de cette
année pour en faire l'éducation dans la même forêt, sous des
abris d'une plus grande dimension et d'un modèle très mo-
difié, facile à transporter d'une cépée à l'autre (1).
Comme par le passé, je me ferai un devoir de porter cà la
connaissance de la Société d'Acclimatation les résultats ob-
tenus.
Je ne puis terminer cette note sans adresser publiquement
mes remerciements à M. le conservateur des forêts de l'Etat,
pour l'autorisation qui m'a permis de placer sûrement mes
élèves dans la forêt de Sénart; à M. Rich, sous-inspecteur; au
brigadier forestier Gouinbault et au garde Guiard, pour son
active surveillance pour la conservation de mes abris.
(1) Des abris deviendraient inutiles pour des éducateurs qui feraient Télevage
de ces Vers sauvages sur une assez grande échelle pour occuper un gardien
qui pourrait être largement rémunéré, car le profit que ron tirerait des cocons
dépasserait certainement de beaucoup la somme dépensée pour lui.
II. FAITS OIUERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE
IVote sur la présence de la Gréiuille coiuiuuue
{Acerima cernua Sieb.) dans la Sarlhe
Par M. Amb. Gentil, professeur de sciences physiques et naturelles au lycée du
Mans, président de l.i Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarlhe.
On connaît la Perche. Tout le monde sait que c'est un poisson bossu,
marqué sur le dos de barres transversales noirâtres et pourvu de deux
nageoires dorsales bien distinctes : la première à rayons épineux très
piquants, la seconde à rayons mous, séparée de l'autre par un pelit
intervalle.
A la même famille appartient la Grémille, qu'on nomme aussi plus
communément Perche goujonnière ou goujonnée. C'est qu'en effet sa co-
loration d'un brun olivâtre sur le dos, avec des tons dorés sur les flancs
et des mouchetures noires, ses nageoires dorsales et caudale piquetées
de noir, son corps plus épais et plus allongé que dans l'espèce précédente,
la rapprochent du Goujon ; tandis que, par ailleurs, elle ressemble à la
Perche, surtout par sa première dorsale à rayons épineux, à laquelle
toutefois la seconde se trouve tout à fait contiguë.
Cette espèce n'a pas été connue des naturalistes manceaux qui nous
ont précédé. Malgré ses recherches, Aujubault déclare ne l'avoir jamais
vue.
Cependant on la prend de temps en temps aux environs de Noyen.
Le 1'^'' avril 1883, un exemplaire, provenant de cette localité, nous a été
remis par M. Hugo, opticien au Mans, qui nous avait antérieurement si-
gnalé sa présence dans nos cours d'eau. Le 2 septembre 1883, quatre autres
individus m'ont été envoyés de Sablé, pris également dans laSarthe.
Ce fait, intéressant par lui-même, prend encore une plus grande im-
portance en venant à l'appui de cette opinion que l'habitat de certaines
espèces s'étend progressivement avec une extrême lenteur.
La Grémille n'existait pas en France du temps de Belon, qui, du reste,
la connaissait assez pour en indiquer nettement les principaux carac-
tères, bien qu'il paraisse avoir commis une erreur en l'assimilant à
l'Acérine de Pline : Pato Acerinam Plinli medicl reccntiorum Cer-
nuam esse. D'après le docteur Moreau, rien n'est moins vraisemblable.
Plus de deux siècles après, Valmont de Bomare, dans son Diction-
naire d'histoire naturelle (1775), n'en fait pas encore mention.
Mais on la connaissait depuis longtemps en Russie, en Allemagne et
même en Angleterre, où l'on croit qu'elle fut observée dès 14-60.
Duhamel est le premier naturaliste qui l'ait signalée parmi les poissons
de France, en 1777.
Elle est aujourd'hui commune dans les départements du Nord-Est,
assez commune dans le Nord; on la prend fré(iuemnient dans la Meuse,
558 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
la Moselle, l'Aube, l'Yonne, la Seine. Mais, d'après Vallot, elle ne se
trouve dans le fleuve, au-dessous de Troyes, que depuis le commence-
ment du siècle.
Le Midi ne paraît la posséder que depuis très peu de temps. Elle a été
prise en 1875, pour la première fois, à Saint-Gilles, dans le canal de
Beaucaire àAigues-Mortes. Cependant en 1866, Blanchard écrivait: « Je
l'ai vue sur le marché de Lyon, et 31. Fabre m'en a envoyé un individu
pris dans le Rhône, à Avignon, en me faisant la remarque que ce poisson
n'y est connu que depuis peu d'années. »
Blanchard ajoute : «iNous ne la voyons mentionnée dans aucun cata-
logue des animaux qui habitent nos départements de l'Ouest. » Enfin
le docteur Moreau, dans son récent travail sur les Poissons de la France
(1881), dit qu'elle paraît manquer dans le bassin de la Loire, et qu'elle
n'a été trouvée ni en Auvergne, ni en Anjou, ni dans le Poitou.
Dans un ouvrage encore plus récent {Essai sur l'Histoire naturelle
des Vertébrés de la Provence, 1882), le docteur Kéguis confirme les
indications données par Blanchard. « Cette espèce, dit-il, est peu com-
mune chez nous... Il semblerait qu'elle descend peu à peu vers le sud
et se montre dans des régions où on ne la voyait pas auparavant. »
Au surplus, la Grémille n'a pas été signalée dans la Dordogne, dans
la Garonne, ni dans leurs aftluents. 11 paraît aussi positif qu'elle n'existe
plus en Italie, ni en Espagne.
Maintenant il est incontestable que nous la possédons dans la Sartiie,
où sans doute elle est encore rare. Deviendra-t-elle commune, comme
dans le Nord et l'Est? Les pécheurs ne négligent-ils pas trop souvent de
distinguer cette espèce, généralement plus petite, mais aussi bonne,
sinon plus délicate que la Perche ordinaire? De nouvelles recherches
pourront nous éclairer sur ce point.
Huv le Riz de niontagiie.
Extrait d'une lettre adressée à M. le Président de la Société.
Kcit-j'ong (Mi-sioii ilc Canton), lu 5 février 1883.
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous adresser, par l'entremise de M. le Supérieur du
séminaire des Missions étrangères, des semences de Riz appartenant à
deux variétés de l'espèce dite Riz de montagne.
Dans les plaines et les vallées nivelées par la nature ou par le travail
de l'homme, et bien irriguées, on trouve avantage à semer d'autres
espèces qui donnent un produit plus considérable. Celle-ci pourtant, bien
que cultivée, comme l'indique son nom, sur des pentes trop raides pour
FAItS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 559
pouvoir être aplanies, et d'un sol généralement pauvre, est encore d'un
boa rendement.
' Les produits qu'elle fournit ne sont pas inférieurs en qualité à ceux
des espèces de la plaine, et ils donnent le meilleur arrak que préparent
les Chinois pour suppléer au manque de vin. Enfin sa culture ne pré-
sente aucun des dangers qu'entraîne en France celle du Riz ordinaire.
L'introduction du Riz de montagne a dû sans doute être tentée à diffé-
rentes reprises. Au moins je me souviens d'avoir lu qu'à une époque,
lointaine déjà, des semences de Riz noir, importées, furent essayées au
Jardin des plantes. Une partie, confiée à la terre alors que la saison était
encore trop froide, ne leva pas. Une autre ne fut semée qu'en mai et
germa, mais les jeunes tiges ne tardèrent pas à se flétrir par suite du
manque de pluie. Ce résultat, comme on le faisait remarquer, ne devait
surprendre personne; car, sous un climat où la pluie tombe sans cesse
et par torrents, comme dans l'île Luçon, telle plante pourra croître fort
bien, qui, tout autre désavantage à part, ne saurait s'accommoder du
climat relativement très sec de la France. — J'ajouterai qu'originaire
d'un pays tropical, cette espèce a pu aussi ne pas trouver à Paris la
somme de chaleur nécessaire à sa végétation.
Celle que je vous offre aujourd'hui. Monsieur le Président, croît à des
altitudes oîi la température, pendant l'été, est fort modérée, quoique en
somme elle surpasse encore notablement celle de la plaine en France.
Toutefois il ne me paraît pas que cette circonstance puisse inspirer la
moindre inquiétude. 11 n'en est pas de même de la sécheresse du climat,
certaines années surtout. — Il ne faudrait pas pourtant exagérer cet
inconvénient. En Chine, au moins dans les provinces méridionales, il
pleut, il est vrai, beaucoup plus qu'en France, mais parfois aussi, et ce
n'est pas très rare, il survient des sécheresses de plus ou moins longue
durée, sécheresses auxquelles le Riz de montagne résiste assez vaillam-
ment, quoique, remarquez-le bien, il croisse en des terrains qui, par
leur inclinaison et ù cause de la pauvreté de leur nature, ne sauraient
retenir longtemps l'humidité.
Admettons, connue je pense qu'il le faut faire, qu'en France celte cul-
ture soit à peu près impossible sur les sols friables et secs, il reste
assez de terrains humides où il est à présumer qu'elle se trouverait par-
faitement à sa place. — Combien de terrains marécageux, qui ne sont
propres qu'à fournir au bétail une maigre, chétive, très insuffisante nour-
riture, et où peut-être le Riz donnerait d'abondantes moissons! Qui sait
si ce ne serait pas là un moyen de convertir en une source de richesses
de vastes espaces d'une valeur presque nulle? Je ne suis pas homme à
me l)crcer d'illusions ni à vouloir en inspirer aux autres. Je ne réponds
certes pas du succès, mais ce succès, je le crois possible.
Aussi j'ai la confiance, Monsieur, que vous, et quelques-uns des mem-
bres de l'honorable Société que vous présidez, voudrez en faire la preuve.
560 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
— Si, par nos communs efforts, nous parvenions à acclimater en France
cette précieuse graminée, quel bienfait pournotre agriculture! La chose
ne vaut-elle pas la peine d'être tentée sérieusement? Nous échouerons
peut-être , mais, si nous n'obtenons pas l'honneur du succès, nous aurons
du moins le mérite de notre bonne intention.
11 me reste à vous communiquer, iMonsieur le Président, quelques
détails sur les divers modes de culture en usage chez les Chinois.
Ils ont trois manières d'établir leurs rizières.
La première méthode consiste à semer le Riz à la volée, comme on
fait en France pour le blé; la seconde, à déposer dans des sillons très
superficiels huit ou dix grains, puis, à une distance d'environ 15 centi-
mètres, huit ou dix autres, et ainsi de suite, comme pour une foule de
plantes potagères. On recouvre d'une légère couche de terre.
La troisième, à faire un semis sur un petit espace de terre bien pré-
parée, et à transplanter en petites touffes de huit à dix brins dans les
rizières les jeunes tiges, lorsqu'elles ont atteint une hauteur de 25 à
30 centimètres.
La première méthode, de beaucoup la plus simple, la plus prompte
aussi, est usitée en certains pays pour le Riz de montagne, mais presque
nulle part pour les espèces cultivées dans les rizières irriguées. L'expé-
rience aurait démontré que les produits ainsi obtenus sont très inférieurs
en quantité et qualité.
La seconde est plus généralement employée pour le Riz de montagne.
On comprend que la troisième ne lui soit pas applicable dans la grande
culture; mais c'est la meilleure, et presque partout elle est en usage
pour le Riz ordinaire, malgré le temps qu'elle demande et le surcroît de
fatigue qu'elle impose. Pour les essais dont nous parlons, elle serait par-
faitement applicable.
Veuillez agréer, etc.
Gauthier.
J'allais clore cette trop longue lettre, oubliant de dire que les Chinois
sèment le Riz de montagne en avril et en mai. Pour la France, avril
serait, je crois, une saison prématurée.
Le gérant : Jules Grisard.
Erratum au Procès-verbal de la séance du '2 mars 1883: Page 167,
ligne 4-1, au lieu de granduligera, Visez: glanduligcra.
Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION
DE FRANGE
REGF.EMENT ET LISTE DES ANIMAUX ET DES PLANTES
QUI POURRONT ÊTRE DONNÉS
EN CHEPTEL AUX MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
EN 1884
REGLEMENT
Dans le but de multiplier plus rapidement les espèces utiles
ou simplement d'ornement, la Société distribue chaque année
des cheptels d'animaux et de plantes. Une Commission nom-
mée par le Conseil est chargée de la répartition de ces chep-
tels entre les membres qui se sont fait inscrire.
Pour assurer le succès de ces expériences, un inspecteur
spécial sera chargé, s'il y a lieu, de les suivre et d'en rendre
compte à la Société.
C'est en multipliant les essais dans les différentes zones de
notre pays, que nous pourrons hâter les conquêtes que nous
poursuivons, et la vulgarisation des espèces déjà conquises
que nous voulons répandre.
Pour obtenir des cheptels, il faut :
i" Être membre de la Société;
2" Justifier qu'on est en mesure de loger et de soigner con-
venablement les animaux, et de cultiver les plantes avec dis-
cernement.
Les membres auront soin d'indiquer les conditions favo-
rables et les avantages particuliers qui les mettent en mesure
de contribuer utilement à l'acclimatation et à la propagation
des espèces dont ils demandent le dépôt.
Les demandes qui ne seraient pas accompagnées de rensei-
gnements suffisants ne pourraient être prises en considération
par la Commission ;
3« SÉRIE, T. X. — Octobre 1883. ^G
562 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
3° S'engager à rendre compte, deux fois par an, au moins,
des résultats bons ou mauvais obtenus.
On devra donner tous les détails pouvant servir à l'éduca-
tion et à la multiplication des animaux à l'état domestique ou
sauvage (mœurs, nourriture, reproduction, soins donnés aux
jeunes, etc.; pour les oiseaux : époque de la ponte et de l'éclo-
sion, durée de l'incubation, etc.);
4-" S'engager à partager avec la Société les produits obtenus.
Les conditions du partage et la durée des baux à cheptel
ne sauraient être les mêmes pour toutes les espèces d'animaux
et de plantes. Aussi chacun des engagements passés avec les
chepteliers stipulera-t-il quelle sera la part de la Société dans
les produits et la durée des baux.
L'âge auquel les jeunes devront être renvoyés à la Société
sera également indiqué dans les baux.
Le bail part du jour de la réception des animaux.
5° Si les chepteliers ne se conformaient pas aux conditions
ci-dessus proposées, ou si leur négligence compromettait le suc-
cès des expériences qui leur auraient été confiées, les animaux
ou les végétaux pourraient être retirés par la Société, sur la
décision du Conseil.
6" Les membres de la Société qui solliciteront une remise
de plantes ou d'animaux, devront adresser leur demande par
lettre à M. le Président.
Ces demandes seront soumises à la Commission des cheptels,
qui statuera sur la suite qui pourrait y être donnée.
7° Le port des objets envoyés par la Société à ses chepte-
liers sera à la charge desdits chepteliers, ainsi que les frais de
nourriture, de soins, de culture, etc.
Réciproquement, le port des objets expédiés par les chep-
teliers à la Société sera à la charge de la Société. Toutefois la
remise en gare devra être faite franco.
Les frais d'emballage resteront à la charge de celle des par-
ties qui fera l'expédition.
Pour le partage des produits ou le renvoi des jeunes, les
frais de capture des animaux seront à la charge du cheptelier.
8° La Société se réserve le droit de faire visiter, chez
CHEPTELS. 563
les chepteliers, les animaux et les plantes remis en cheptel.
9" Les chepteliers ne pourront disposer des étalons à eux
confiés ou faire des croisements sans en avoir obtenu préala-
blement l'autorisation du Conseil.
10' Le Conseil pourra également autoriser les chepteliers
à exposer les animaux de la Société dans les concours ré-
gionaux ou autres, à leurs risques et périls.
11" Le cheptelier devra employer tous les moyens en son
pouvoir et prendre toutes les précautions nécessaires pour
éviter les croisements et assurer ainsi la pureté de la race des
animaux qui lui sont confiés , la Société ne pouvant accepter
comme produit que des espèces absolument pures.
-H° Un même cheptelier ne pourra être détenteur de plus
de deux espèces d'animaux en même temps.
13" Pour éviter les difficultés de partage, il ne sera pas
confié à un sociétaire des animaux qu'il posséderait déjà.
14° Les chepteliers pourront recevoir, en même temps que
les animaux qui leur seront confiés, un programme d'obser-
vations à faire, qu'ils seront tenus de remplir et d'annexer à
leur compte rendu semestriel.
15° En cas de mort d'un animal confié à un membre, ce
membre en informe sur-le-champ le Conseil en donnant, autant
que possible, les détails sur les causes qui ont amené la mort.
16" Tout cheptel décomplété devra être restitué.
Le cheptelier ne sera déclaré non responsable en cas de
perte des animaux à lui confiés que s'il y a eu maladie con-
statée ou cas de force majeure.
17" Le Conseil décide, s'il y a lieu, de la destination à
donner auxresles des animaux morts appartenant à la Société.
Nota. — Les Sociétaires qui auraient des raisons particu-
hères pour s'occuper de l'acclimatation de certaines espèces
non portées sur la liste insérée chaque année au Bulletin,
pourront faire connaître leurs desiderata, en les appuyant des
motifs qui les engagent à persévérer dans leurs essais.
ANIMAUX ET VÉGÉTAUX
QUI POURRONT ÊTRE DONNÉS EN CHEPTEL
EN 1884
1" SECTIOM. — ll;%ilMlFÉRES.
Agoutis.
I couple Agoutis du Brésil {Dasyprocta aguti).
Cerfs.
1 mâle et 1 femelle Cerfs d'Aristote (Cervus Aristotelis).
1 — 2 — — cochons {Cerviisporcinus).
i — 1 — — nains de la Chine (Cermdus Reevesii).
Uoucs et Chèvres.
1 mâle et 2 femelles Chèvres naines du Sénégal {Capra depressa).
1 — 2 — Moutons chinois prolifiques (0«</-ft/ ou r?/-an^).
1 — 2 — Chèvres d'Egypte.
Chiens de prairie.
2 couples Chiens de prairie, Marmottes {Arctomys Ludoviciana).
Cochons.
2 couples Cochons Siamois, jeunes.
Kangiirous.
1 mâle et 2 femelles Kangurous de Bennett {Halmaturus Bennettii).
l.npins.
2 couples Lapins géants des Flandres.
2 — — béliers gris.
2 — — angoras blancs.
5 — — argentés.
T) — — de Sibérie.
liéporitles.
5 couples Léporidos.
>■?
CHEPTELS. 565
«" SECTIOX. — OISEAVX^.
B(M-nacbes.
I couple Bernaclies des îles Sandwich {Bernicla Sandwicensis).
) — — mariée (Bernicla jubata).
— — (grandes) du Magellan {Chloephaga Magellanica).
Canardt^.
I couple Canards bec de lait (Anas pœcilorhijncha).
I — — spinicaudes {Dafila spinicauda).
— — casarkas ordinaires {Casarka rutila).
— — de Paradis {Casarka vartegata).
— ^ de Bahama (Dafila Baliamensis).
0 — — Carolins (Aix sponsa).
5 ■ — — mandarins (il î^^a/mc»/a^a).
3 — — de Rouen (domestiques).
;> — — d'Aylesbury —
5 — — du Labrador —
"-J — — siffleurs du Chili (Mareca chilocnsis).
1 — — siffleurs du Chili (Mareca Pénélope).
i — — Sarcelles du Brésil {Querquedula Brasiliemis).
Céréopscs.
! couple Céréopses d'Australie {Cereopsis Novœ-Hollandiœ).
Colins.
5 couples Colins de Californie {CalUpcpla Californica).
Colombes.
5 couples Colombes Longhups {Ocyphaphs lophotes).
i — — poignardées (Phlogœnas cruentata).
-J — — grivelées (Leucosarcia picata).
I — — de l'Himalaya (Columba leuconota).
— — lumachelles {Phaps Chalcoptera).
Coq.» et Poules.
3 lots de 1 coq et 2 poules. Volailles de Houdan.
û)
<^
— de Crèvecœur.
1 - — — — de Bréda, bleus.
566 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
1 lot de 1 coq et 2 poules. Volailles de Bréda, coucous.
i — — — — — noirs.
2 — — — — de Campine.
2 — — — — espagnoles.
2 — — — — de Dorking.
2 — — — — nègres.
2 — — — — de Nangasaki.
rygnes.
2 couples Cygnes noirs, jeunes {Cygnus atratus).
2 — — blancs, nés bhmcs [Cygnus olor).
1 — — à co\ noir {Cygnus nigricoUis).
Faisans.
3 couples Faisans de Mongolie {Phasianus torquatus).
5 — — versicolores {Phasianus versicolor).
5 — — vénérés, nés en 1883 {Phasianus Reevesii).
5 — — dorés en couleur {Thaumalea picta).
5 — — hdy Amhersl, nés en 1883 {Thaumalea Amherstiœ).
5 — — de Swinhoë, nés en 1883 {Euplocomus Sivinhoei).
5 — — argentés, en couleur {Euplocomus nyclhemerus).
1 — Tragopans Temminck, nés en 1883 {Ceriornis Temminckii).
1 — — satyres, nés en 1883 {Ceriornis satyra).
1 — — de Cabot {Ceriornis Cuboti).
1 — Éperonniers cbinquis {Polyplectron chinquis).
E.opbopliore8.
1 couple Lopbopbores resplendissants, nés en 1883 {Lophophorus im-
peyanus).
Oies.
3 couples Oies de Toulouse (domestiques).
1 — — du Danube —
3 — — de Guinée {Anser cygnoides).
2 — — du Canada (Aîiser 6'rt/mf/ens/s).
1 — — barrées de l'Inde {Anser Indiens).
2 — — d'Egypte {Anser JEgypiiacus).
Perruches.
5 couples Perrucbes calopsittes {Calopsitta Novœ-Hollandiœ).
5 — — ondulées {Melopsitlacus undulatas).
\ — — omnicolores {Platycercus eximius).
CHEPTELS.
567
1 couple Perruches de Peanant {Platycercus Pennanti).
l — — palliceps [Platycercus palliceps),
1 — — Jendaya {Conurus jeadaya).
1 — — à front pourpre {Platycercus Nooœ-Zelandiœ).
Pigeons.
\ coupl
e romains, bleus.
1 couple
Montauban, blancs.
i -
— chamois.
—
— noirs.
2 —
— fauves.
— -
grands Boulants.
2 —
— noirs.
—
Boulants lillois.
1 —
— rouges.
—
tambours de Boukharie
1 —
brésiliens.
—
pies.
I -
bouvreuils.
—
queue de paon.
1 —
cravatés à manteau.
—
polonais.
1 —
frisés.
—
russes.
1 -
hirondelles.
—
sapajous.
1 —
hongrois.
"■^
salins.
3«
SECriOV. — POI!!$^4
^.Hi,
CRIJ'^TACKS, etc.
Montée d'Anguilles.
Toi
■tues communes.
Axolotls
du Mexique.
Œu
fs et alevins de Saumon.
Grenoui
Iles-bœufs.
—
— de Truite.
4' SECTIOM. — l.^SECTES.
Vers à soie de l'Ailanie.
— du Mûrier.
Vers à soie du Chêne de Chine.
— — du Japon.
Vers à soie des États-Unis et de l'Inde.
5' SECTIO.U. — VÉGÉTAUX.
Plantes alimentaires.
Betteraves, Carottes, Choux, Chicorées et Pissenlits améliorés, Fève
d'Agua dulce à très longue cosse, Haricots, Ignames, Navets, Panais de
Jersey, Pommes de terre, Vignes (Baisin de table et de fantaisie), Zapal-
lito de tronco, etc., etc.
568 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
* Plantes fourragères.
Betteraves, Carottes, Choux, Maïs, Navets, Panais de Bretagne, Pommes
de terre, Téosinlé, etc., etc.
Plantes industrielles.
Bambous, Betteraves à sucre, Bœhmeria candicans, nivea et utilis,
Eucalyptus, Pins, Phormium tenax (Lin de la Nouvelle-Zélande),
Vignes, etc., etc.
Plantes ornementales.
Acacias australiens. Azalées variées, Bambous, Bégonias, Bonapartea
gracilis, Cephalotaxus drupacea et Koraiana, Dracœna congesta et
indivisa, Fuchsias, Grevillœa robusta, Ligustrum Quihoui, Lilium Ion-
giflorum et tigrinum, Pelargoniums, Rdinosporapisifera, Thuya Lohbii,
Thuiopsis dolobrata et lœtevirens, etc., etc.
TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
CROISEMENTS DE CANARDS
Extrait d'une lettre adressée à M. le Secrétaire général
Par M. Gabriel ROGERON
J'ai pensé qu'il serait peut-être agréable à notre Société
d'avoir quelques détails sur d'assez singuliers croisements de
Canards qui ont eu lieu chez moi ces dernières années.
Je viens vous les communiquer dans l'ordre et les circon-
stances où ils se sont produits.
Il y a trois ans un mâle Chipeau, que je possédais sans fe-
melle de son espèce, rechercha une de mes Canes sauvages et
devint pour elle un mari aussi assidu et jaloux que s'il eût été
de sa race. L'union néanmoins ne fut pas bien féconde : sur
huit œufs dont la plupart étaient clairs, un seul petit naquit
et s'éleva, encore fut-ce avec regret que je pus constater au
bout d'un certain temps que ce jeune Canard était une fe-
melle. Celle-ci tenait des deux espèces, mais surtout du père ;
ainsi la forme générale du corps, le miroir blanc et noir de
l'aile, l'ensemble du plumage étaient plutôt d'une femelle
Chipeau, tandis que le chant au contraire était absolument
celui d'une Cane sauvage ordinaire. Malheureusement les
femelles ayant toutes, quelle que soit leur espèce, une robe peu
variée, plus ou moins brune et terne, la différence de plu-
mage entre elles est beaucoup moins sensible, appréciable que
chez les mâles, et je regreltai vivement l'original et singulier
barbouillage qu'eût sans doute produit le mélange de couleurs
vives et tranchées du Canard sauvage avec celles du Chipeau.
Quant au côté moral, à l'instinct, elle sembla avoir tout pris
du côté paternel. Tandis que les Canards sauvages ordinaires
paraissent voués dès le principe à la domesticité et à la dé-
pendance, que capturés même adultes ils deviennent bientôt
tellement sociables et soumis, qu'on peut les habituer au
bout de cinq ou six mois à rentrer comme les autres au pou-
lailler, elle, au contraire, bien qu'élevée d'abord en basse-
cour et faisant partie d'une couvée d'autres jeunes Canards
570 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
parfaitement dociles qui, dès le premier âge, lui avaient été
adjoints, aussitôt qu'elle se sentit maîtresse d'elle-même par
ses ailes, il fallut renoncer à toute contrainte, à tout espoir
de la lamener le soir, et l'abandonner à l'état libre sur ma
pièce d'eau. Là elle passait la nuit avec quelques autres
Canards récalcitrants. Cependant malgré sa puissance de vol
plus rapide que celui du Canard sauvage et les immenses
randonnées qu'elle décrivait chaque jour dans les airs,
jamais elle ne s'abattit au loin, bien rarement dans quelques
douves du voisinage, et elle resta ainsi à peu près fidèle à
ma pièce d'eau, jusqu'à ce qu'une singulière liaison qu'elle
y contracta l'y fixa plus complètement encore.
Parmi mes palmipèdes, en effet, se trouve un vieux Milouin,
un des doyens de mes Canards ; il y a huit ou neuf ans, un
chasseur lui brisa l'aile et depuis il est sur mes douves sans
que j'aie jamais pris la peine ni même songé à lui donner une
femelle; ce qui n'empêche pas qu'il soit fort amoureux, et je
ne crois pas qu'il y ait eu chez moi une Cane, quelle que soit
son espèce, à qui il n'ait fait des avances les plus réitérées,
avances, il faut le dire, absolument inutiles, aucune ne sem-
blant se soucier de cet épais Canard. Trop éloigné d'ailleurs de
leur race, il n'avait jusque-là éprouvé que mécomptes et re-
buffades, heureux encore quand il ne se trouvait pas de mari
sur son chemin pour lui intliger une correction méritée. Mais
après ces longs et nombreux déboires on ne se fût pas imaginé
qu'il dût en être unjour tout autrement des sentiments de ma
|<iune métisse Chipeau, légère d'allures et fort bien tournée ; les
démonstrations qu'il lui prodigua furent parfaitement accueil-
lies, et il était fort amusant de voir ce gros plongeur aban-
donnant son élément naturel, ses habitudes presque exclu-
sivement aquatiques pour suivre d'un pas pesant sa jeune
compagne à travers carrés et plates-bandes, quelquefois fort
loin de l'eau, en quête de vers et de limaces.
. Quant à un résultat pratique, il semblait qu'il n'y avait
pas à y compter, et cela pour deux causes. Cette femelle,
comme la plupart des métis, ne devait pas être féconde, et en
supposant que par hasard elle le fût, que pouvait-on espérer
CHOISEMENTS DE CANARDS. 571
«
de l'union d'une Cane eL à' un Fuli gule ou Canard plongeur,
deux palmipèdes de races fort distinctes? Aussi ma surprise
fut grande quand, après quelques jours de disparition qui me
firent appréhender un malheur, on finit par la découvrir
dans une luzerne, couvant neuf œufs, et surtout quand je
pus me convaincre qu'ils étaient tous fécondés.
Gomme la couveuse était fort en danger ainsi en plein air,
surtout la nuit, je lui enlevai ses œufs, qu'elle couvait néan-
moins avec beaucoup d'assiduité, pour les confier à une mère
adoptive ayant un nid en lieu sûr. Par des accidents divers qu'il
serait trop long d'énumérer ici, six œufs seulement sont éclos.
Ces petits étaient fort singuliers et portaient surtout le
cachet paternel, tête énorme, corps trapu, absence de queue,
ce qui les faisait différer complètement des Canards sau-
vages ordinaires, grand appétit comme leur père Milouin et
beaucoup de vivacité, de brusquerie dans les mouvements.
Ils ne paraissaient pas délicats; néanmoins deux périrent de
mort subite demi-venus, un autre atteint de rachitisme ; je
fus obligé de m'en défaire, et les trois autres, bien que tou-
jours frais et paraissant jouir d'une excellente santé, mirent
beaucoup de temps à atteindre leur grosseur, qui devait à
peine égaler celle du Milouin. Malheureusement cette fois
encore, et à mon grand regret, je n'avais pu obtenir que des
femelles ; car en même temps que j'eusse été fort désireux de
connaître les couleurs du mâle dans ce singulier mélange de
trois espèces (Canard sauvage, Chipeau et Milouin), il eût été
également intéressant de posséder le couple afin d'essayer de
perpétuer cette nouvelle race.
Néanmoins ces trois femelles telles que je les possédais ne
manquaient pas d'intérêt et auraient mis l'esprit à la torture,
non seulement pour déterminer une espèce qui n'existait pas,
mais un genre indécis, tenant également des Canar^ls ordi-
naires et des Fuligules ou Canards plongeurs. En effet, ces
Canards étaient épais, lourds d'apparence, mais leur corps,
non oblique comme chez le Milouin, était, à cause des jambes
placées moins en arrière, entièrement horizontal ainsi que
chez le Chipeau et le Canard sauvage. Us marchaient avec la
574 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMÂTATION.
même facilité que ces derniers, bien qu'en boulottant davan-
tage ; ils avaient également les pattes et leurs palmures plus
petites, plus légères que celles des Fuligules.
Quant à la couleur, elle était à peu près celle de la fe-
melle Milouin, d'un gris de suie un peu cendré et uniforme,
teinté de rougeâtre et tirant sur le blanc dans les parties in-
férieures. Malgré leur apparence lourde, leur vol était léger
et rapide, et dans les premiers temps que je les possédais,
leurs randonnées en volant autour de chez moi étaient in-
terminables. Malheureusement ils finirent par prendre la
mauvaise habitude de tomber de côté et d'autre, là où ils
trouvaient de l'eau, si bien qu'un soir l'un d'eux manqua : il
avait vraisemblablement été tué. Je pris alors, bien qu'à re-
gret, la détermination de couper les ailes aux deux autres,
que je possède encore en ce moment.
Leurs mœurs et habitudes sont entièrement celles des
Canards ordinaires; ils sont plus souvent à terre qu'à l'eau et
ne craignent nullement leurs pas, courant de tous côtés en
quête de nourriture. Jamais ils ne plongent, si ce n'est par
hasard pour se baigner et prendre leurs ébats, mais ils ont
de plus que les trois espèces d'où ils descendent une extrême
familiarité, ils viennent sans façon et sans la moindre crainte
manger dans la main. Avant qu'ils eussent les ailes coupées,
je prenais même plaisir à leur tendre une bouchée de pain à
trois ou quatre pieds de terre et ils venaient la saisir avec une
légèreté surprenante eu égard à leur lourde tournure. D'une
patience à toute épreuve, ils restent indéfiniment à vos pieds
sans bouger, espérant bien que tôt ou tard leur persistance
sera récompensée. Familiers avec le monde de la maison ils
sont aimés de tous et ils ne perdent pas d'ailleurs à être ainsi
aimables : leur sac, leur jabot est toujours plein, ce qui ne
contribue guère néanmoins à rendre leur taille élégante...
Quant au père et à la mère, ils sont ainsi que l'année der-
nière dans les meilleurs termes et j'espère bien qu'au moins
cette fois il se trouvera des mâles parmi leur nouvelle pro-
géniture.
NOTE SUR LA FARINE DE COCOTIER
Par M. DECROIX
Vétérinaire principal de l'armée, en retraite.
Dans une Note ayant pour titre : Influence de V alimenta-
lion sur les produits animaux,] ai eu l'honneur d'appeler
l'attention de la Société (voy. Bulletin, 1880, p. 404) sur
la farine et le tourteau de cocotier, qu'une Société agri-
cole cherchait à faire entrer dans la ration des animaux.
J'avais à cette époque peu de données sur le nouvel aliment,
aussi en ai-je parlé avec réserve. Je disais, au sujet de la
valeur nutritive de la farine de cocotier, qui élait classée
par la chimie comme étant de beaucoup supérieure à l'avoine,
que j'avais « peine à croire à une telle supériorité... »; que
« les farines ou tourteaux dont il s'agit me paraissaient plus
propres à produire de la graisse qu'à produire de la chair ;
mieux appropriés pour les animaux de boucherie que pour
les animaux de travail... » ; mais qu'en définitive, s'ils étaient
seulement aussi nutritifs que les fourrages ordinaires, « ce
serait déjà une précieuse ressource »...
Aujourd'hui, qu'il me soit permis de revenir sur cette ques-
tion, à l'occasion d'expériences officielles qui viennent d'être
faites sur les chevaux de l'armée, et dont le résultat est
consigné dans le numéro du 21 février 1883 du Bulletin
hebdomadaire de la Société agricole.
Sur la proposition de la Commission d'hygiène hippique,
le Ministre de la guerre a ordonné que des expériences
fussent faites sur quinze chevaux du 7^ de cuirassiers.
Dix chevaux recevaient par jour et par cheval :
Avoine • 3 k. »
Farine île cocolier • ". '■^ »
Foin ..* 2 »
Paille 4 »
574- SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Cinq chevaux témoins recevaient :
Avoine 5 k. 550
Foin 3 »
Paille l »
La farine de cocotier était réservée pour le repas du
soir.
Les quinze chevaux étaient placés dans les mêmes condi-
tions sous le rapport des soins, du service, des exercices, etc.
Au début des expériences, le 12 janvier 1883, les quinze
chevaux ont été pesés. Les dix chevaux d'expérience pesaient
4370 kilogrammes, moyenne 437 kilogrammes, et les cinq
témoins, 2260 kilogrammes; moyenne 452 kilogrammes.
Jusqu'au 31 janvier, ces animaux faisaient 13 à 14 kilo-
mètres par jour. A cette date, ils ont été pesés de nouveau,
et l'on a constaté une augmentation moyenne de poids de
6''^,400 par cheval en expérience et une diminution moyenne
de 1''=,600 par cheval témoin.
Du 1'' au 12 février, date de la fin des expériences, le tra-
vail a été porté à 25 kilomètres environ par jour (soit une
forte étape), la ration restant la même. Après ces douze
jours, le poids moyen du lot de dix chevaux avait encore aug-
menté de 34 kilogrammes ; tandis que le lot de cinq chevaux
avait perdu 30 kilogrammes, soit une augmentation pour les
premiers de 3''^,400 en moyenne par cheval, et pour les
seconds, une perte moyenne de G kilogrammes.
Je dois dire que cette moyenne pourrait induire en erreur,
si l'on supposait que tous les chevaux de l'un ou l'autre loi
ont gagné ou perdu également ; il y a eu au contraire, sous
ce rapport, des écarts assez considérables. Mais cela ne dé-
truit pas cette conclusion générale, à savoir :
V Que la farine de cocotier, substituée à l'avoine dans la
proportion de 2''^',500 de celle-ci à 2 kilogrammes de celle-
là, a permis aux chevaux soumis à la ration d'expérience de
faire le même service que ceux recevant la ration ordinaire ;
2° Que pendant les expériences, le lot qui a reçu la farine
FARINE DE COCOTIER. 575
de cocotier a gagné en poids, tandis que le lot témoin a
perdu.
Je me suis donc trompé lorsque, dans ma première Note,
j'écrivais que le nouvel aliment « était mieux approprié pour
les animaux de boucherie que pour les animaux de travail ».
Voici, au contraire, l'opinion exprimée par un correspondant
du Bulletin de la Société agricole, ancien officier supérieur
des remontes :
« Rien ne doit plus s'opposer à ce que votre forine de co-
cotier soit prescrite dans l'armée. Car la deuxième partie de
l'expérience est encore plus avantageusement concluante que
la première ; sans doute parce que les dix chevaux n'avaient
plus à s habituer au régime, et l'on ne pourra pas dé-
sormais objecter que ce n'est pas là une nourriture de
travail.
» En effet, en supposant l'expérience comparative faite
avec dix chevaux de chaque côté, vous avez du vôtre, non
seulement les 34 kilogrammes de gain, mais il y aurait lieu
d'ajouter à ce gain les 60 kilogrammes perdus de l'autre
côté, soit 94- kilogrammes d'écart, représentant, pour dix
chevaux et en douze jours, un avantage, par cheval et par
jour, de 700 grammes. C'est énorme. »
Ajoutons que, au prix courant de la farine et de l'avoine,
la substitution, si elle était adoptée dans toute l'armée, per-
mettrait de réaliser une économie de 50 francs par cheval et
par an, soit, pour cent vingt mille chevaux ou mulets, une
somme de 0 millions. C'est là, vu l'état de nos finances, une
considération (\m a aussi une grande valeur.
Voici comment on obtient la farine de cocotier :
Les noix de coco mûres sont vidées de leur eau, décorti-
quées, brisées en morceaux. La pulpe (chair de la noix) est
conduite aux huileries, qui les pressent pour extraire l'huile;
les tourteaux friables qui résultent de cette opération sont
grossièrement moulus et mis en sacs : c'est la farine de co-
cotier.
Lorsque, après M. Isidore GcoflVoy Saint-IIilaire, je pro-
pageais, avec des amis, l'usage alimentaire de la viande
576 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
de cheval, propagation pour laquelle la Société d'Acclimata-
lion m'a donné 500 francs, on nous faisait une foule d'ob-
jections plus ou moins mal fondées. En ce qui concerne la
farine de cocotier, les objections ne manquent pas non plus ;
en voici quelques-unes :
1" Les chevaux n'en voudront pas (comme on disait au-
trefois que les pauvres ne voudraient pas de viande de cheval).
. — Lorsque les chevaux ne sont pas encore habitués au co-
cotier, rôdeur caractéristique répugne d'abord à quelques-
uns. Pour vaincre cette répugnance, il ne faut pas craindre
de les laisser un peu à la diète. D'autre part, le meilleur mode
de préparation consiste à mouiller la farine de cocotier
quarante-huit heures avant de s'en servir. L'odeur disparaît
presque totalement. — Quand les animaux sont accoutumés
à cette nourriture, ils ne tardent pas à en devenir très friands.
Les chevaux les plus rebelles mettent cinq jours à s'y habi-
tuer ; la plupart mangent la farine en barbottage dès les pre-
miers jours.
On ne peut donner la farine sèche, parce qu'elle est avide
d'humidité et fatiguerait l'estomac, en l'obligeant à sécréter
trop de suc gastrique.
^2° La farine de cocotier est facilement falsi fiable. — Moins
que celle de tout autre produit de même nature : sa mouture
est grosse et il ne serait pas possible de moudre plus fin à
cause de sa richesse en matière grasse et des difficultés de
fiibrication. Une fine mouture coûterait plus que ne rappor-
terait la fraude rendue un peu plus praticable peut-être,
mais qui se reconnaîtrait immédiatement par l'expérience
de l'eau.
De plus, la Société agricole vend ses produits en sacs
plombés et marqués, sous le contrôle des Stations agrono-
miques de l'État, et une fourniture déloyale la priverait de
ce contrôle, qui est le principal élément de son succès et de
son crédit.
3" La farine de cocotier a un goût de rance. — C'est le
goût de l'huile de coco. Sans doute ce goût répugne à
quelques animaux; mais les plus rebelles s'y habituent en
FARINE DE COCOTIER. 577
quelques jours et ne tardent pas à devenir friands d'une nour-
riture dont ils ressentent très bien les bons effets.
Il faut vouloir faire manger le cocotier; le résultat obtenu
récompense largement de la peine qu'il a fallu prendre.
Le goût de rance ne provient pas de la fermentation pu-
tride ; ce que prouve surabondamment la recommandation
que fait la Société agricole à ses clients, de mettre le cocotier
à fermenter avec la paille hachée et les betteraves qu'on
donne à l'espèce bovine. En effet, s'il y avait un commence-
ment de fermentation butyrique, cette pratique gâterait toute
la provende La fermentation alcoolique se produit seule.
4" La farine de cocotier peut engraisser les chevaux et
leur donner de l'apparence, mais elle doit les rendre mous.
— L'expérience faite au 7' de cuirassiers prouve le contraire.
La farine de cocotier est un aliment concentré, qui donne des
muscles aux chevaux et qui fournit les matières minérales
nécessaires à la confection du squelette des jeunes animaux.
Les cultivateurs qui donnent du cocotier à leurs chevaux en
augmentent la quantité dans la ration à l'époque des grands
travaux, et ils déclarent obtenir des résultats qu'aucun autre
aliment ne leur a procurés jusqu'ici.
5° La farine de cocotier peut arriver à manquer, en cas
de guerre par exemple. — Non, tant qu'un port restera ouvert.
De plus, même en admettant un blocus général ce qui paraît
impraticable, la Société agricole a toujours des réserves et
elle est organisée de telle façon qu'elle peut sans crainte s'en-
gager à répondre en tout temps à tous les besoins.
La farine de cocotier ne supprime pas l'avoine ; elle lui
vient en aide. Elle ajoute à la ration, dont elle diminue le
poids total dans la mesure du possible ; c'est un aliment con-
centré, facile à transporter, à emmagasiner, à conserver, à dis-
tribuer. Elle ne laisse à l'avoine que son rôle vrai d'excitant
du système nerveux du cheval ; elle rend l'alimentation plus
rationnelle et plus économique. Nous remarquons, en effet,
que la ration au cocotier, tout en permettant une économie de
50 francs environ par cheval et par an, fournirait au cheval
de cavalerie légère, par exemple, un travail disponible égal
'r SÉRIE, T. X. — Octobre 1883. 37
578 SOCIÉTÉ NATIONALE DACCLIMATATION.
à celui que reçoivent aujourd'liui les chevaux de cuirassiers.
L'effort total disponible de notre cavalerie serait donc accru
d'un nombre considérable de kilogrammètres.
Telles sont, croyons-nous, les principales objections que
l'on peut adresser à l'usage alimentaire de la farine de coco-
tier. De même que l'introduction de la viande de cheval dans
l'alimentation de l'homme n'a pas supprimé complètement les
ventres affamés, la farine de cocotier ne fera pas disparaître
tous les chevaux maigres de la voie publique. Mais plus
on en introduira en France, comme supplément des fourrages
récoltés chaque année, plus la production de la viande et du
travail pourra être augmentée.
DES PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON
Par le docteur Edouard 91ÈIME
(Suite)
MENISPERMEES.
De la famille des Ménispermées, le tableau des productions
utiles de l'Exposition japonaise indiquait :
N" 144. Le Cocculus Thunbergii, Isa dzura-fugi, avec des
échantillons de petites tiges brunâtres, ressemblant à celles
du Lilas, tressées en rond.
Le Cocculus Thunbergii de de Candolle (i), de Franchet
et Savatier (2), Menispermum orhicalatum de Thunberg (3)
et de Miquel (4), fleurit en août sur les lisières des forêts,
dans l'île de Kiusiu et dans l'île de Nippon, principalement
dans les environs des villes d'Amagaki, de Yokohama et de
Yokoska, d'après M. le D' Savatier.
Le Cocculus Thunbergii sert, au Japon, à fabriquer des
paniers, des corbeilles et des plateaux. On l'emploie aussi
pour préparer un papier blanc très dense, très fort, dont
l'Exposition japonaise contenait plusieurs échantillons.
Les botanistes japonais Keiske et Tanaka ont observé, dans
l'île de Nippon, une autre espèce, le Cocculus laurifolius,
désigné par M. Tanaka sous le nom de Kosin ni/aku, et men-
tionné par M. le D'' Savatier (5), ainsi qu'une autre espèce,
le Cocculus diversifolius, qui est marqué dans l'ouvrage de
Miquel (6), et que le Phonzo-Zoufou (7) note sous le nom de
(1) De Candolle, Prodromiis, I, p. 100.
(2) Francliet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 10, n" 83.
(3j Thunberg, Flor. Japon., p. 194.
(4) Miquel, Prolusio florœ Jnponicœ, p. 198.
(5) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 19, n" 82.
(6) Miquel, Prolusio florœ Japonicœ, p. 198.
(7) Phonzo-Zoufou ou Ilon-zo-chu-fu, vol. XXX, fol. 7 recto.
580 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Oho tsou dzoura fongi. Celle espèce a élé rencontrée dans la
province d'Owari par Siebold et par le botaniste japonais
Keiske.
La racine du Cocculus laurifolius est recommandée par
les médecins japonais et chinois contre les fièvres inflamma-
toires et les maladies de l'appareil circulatoire.
MORÉES.
Motus alha. Kuwa.
Le jardin du Trocadéro renfermait deux pieds de Morus
alha.
Le tableau des productions utiles de l'Exposition indiquait,
au n" 199, le Kuwa, avec un échantillon de beau bois de cou-
leur jaune foncé.
La collection des bois de la galerie des machines contenait
un spécimen de Kuwa de couleur jaune-rougeâtre, de O^'j^O
de diamètre avec O^jOOS d'épaisseur d'écorce.
Dans une des salles de l'Exposition, on remarquait un tableau
rempli de feuilles de Mûrier ordinaire, de feuilles de Mûrier
hâtif et de feuilles de Mûrier tardif, très belles et très larges.
On observait aussi un tableau d'écorces et de bois des diffé-
rentes sortes de Mûriers japonais.
Près de là étaient étalées plusieurs peintures indiquant tous
les détails de la culture du Mûrier, de l'éducation des Vers à
soie et de Tindustrie de la soie, ainsi qu'une collection de
cocons blancs et jaunes.
Sur des tables étaient exposés des modèles en bois des mé-
tiers pour le tissage de la soie.
Aux murs étaient appendus des tableaux des essais de soies
filées dans les établissements du Kai ta kushi (ministère des
colonies).
L'Exposition contenait le matériel complet de l'industrie
de la soie, ainsi qu'une série de photographies des principaux
centres de la manufacture de la soie au Japon.
Dans la classe 81 (Insectes utiles et nuisibles) étaient expo-
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 581
sées des graines de Vers à soie et des cartons du département
de Tochigi (province de Shimotsiike) ;
des cocons, ainsi que le matériel et les procédés de l'élevage
des Vers à soie ;
des graines de Vers à soie et des cartons du département de .
Miye (province de Ise).
Dans la classe 34 (Soies et tissus de soie), on remarquait :
des séries de fils de soie grège du département de Nagano
(province de Sinano) ; du département de Tochigi (province
de Sliimotsuke) ; du département d'Ishikawa (province de
Kaga); du département de Yamagata (province d'Uzen); du
département do Gunba (province de Kodzuke) ; du département
de Yamaguchi (province de Suwo) ; du département de Miye
(province d'Ise);
des cocons et des fils de soie grège du département d'Ishi-
kawa (province de Kaga) ;
des cocons et des fils de soie grège des départements de
Hukushima (province d'Iwashiro) et d'Akita (province de
Dewa), et du département de Yamanashi (province de Kaï).
Dans celte classe 34 étaient exposés :
des échantillons de crêpe de soie de Kioto ;
des spécimens de Mon aya (sorte de tissu de soie) de
Kioto ;
de Hattcm ori (tissu de soie) de Kanagawa (province de
Musashi) ;
de Kaïkiori (sorte de foulard) ;
de Siro aya ori (sorte de tissu pour doublures et parapluies)
du département de Yamanashi (province de Kaï) ;
des soies moulinées du département d'Ishikawa (province
de Kaga) ;
de Kinoutsizimi (sorte de crêpe) de Kioto ;
des étoffes pour parapluies du département de Nagano
(province de Sinano);
Des échantillons :
de Nanako (sorte de faille) et de Keupon (sorte de tissu)
du département d'Ishikawa ;
de Den sou (damas) ; de Shucou (satin) ; de Soiujuiori (ar-
582 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
mure de soie); de Kohakou ori (satin léger); de Hakala
(reps) ; de Koyanaguiori (broché) ; de Cha (sorte de canevas) ;
de Riou-mou-ori (sorte de reps) ; de Sen-dai-hira (popeline) ;
de Hatizio (sorte de popeline) ; de Itoori (popeline) ; de Tou-
mon-ori (sorte de foulard) ; de Sizira (sorte de moire) ;
Des spécimens de Siocé-haboutaï (sorte de foulard) ; de
Kabé-ori-mozi (satin broché); de Kôbaï-guinou (sorte de
foulard rouge), du département de Gihu (province de Mino);
de Soko-kin-biro-do (velours à fond d'or), de Kiolo ;
de Sokoito-biro-do (velours), de Kioto ;
de Niziou-birodo (velours), de Kioto;
de Azeori (sorte de reps de soie), du département de To-
chigi (province de Shimotsuke) ;
de Soukiia-ori (sorte de canevas), du département de Ya-
magata (province d'Uzen) ;
de Ken-pou (sorte de foulard), du département d'Ishikawa
(province de Kaga) ;
de Sihou-aritsi-rimen (sorte de crêpe de Chine) et de Rioii-
mon-ori (reps de soie), du département de Miyagi (province
de Plikuzen).
Dans la classe 35 (Châles) :
des châles en soie de Tokio.
Dans la classe 36 (Dentelles, broderies, passementeries) :
des satins brodés et des tableaux en satin brodé du dépar-
tement de Kanagawa (province de Musashi).
Le iMorus alba Lin. relaté par Thunberg (1), par Siehold,
par Miquel (2), par Franchet et Savatier (3), est désigné
au Japon sous le nom de Kiva, d'après le botaniste japo-
nais Tanaka, et de Magiva suivant le naturaliste japonais
Sirakawa (4);
avec var. Indica Bureau (5), à petites feuilles à pétioles
grêles ;
(1) Thunhcvg, Flora Japonicn, p. 71.
(-2) Miquel (F.-A.-W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 129.
(S) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. I, p. 4.32, n" 15-49.
(4j Léon de Rosny, traduction du Traité de l'éducation des Vers à soie au
Japon (Yo-san-sin-sets), par Sira-Kawa, de Sendaï, 1864. Paris, 1868-
(5) De CandoUe (A.-P.), Prodromus, XVII, p. 243.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 583
avec var. latifolia Bureau (1), que Miquel (2) donne sous
les noms de Marka-kiva et de Tonkiva.
Les différentes sortes de Mûrier, au Japon, sont :
Le Ma-giva (vrai Mûrier) ou Sira-giva (Mûrier blanc) à
grandes feuilles, larges comme la main, rondes, épaisses,
très nombreuses, brillantes, qui servent à la nourriture des
Vers à soie;
Le No-gwa (Mûrier sauvage);
Le Yama-giva (Mûrier de montagne), à feuilles petites,
longues, profondément dentelées ; c'est le Mûrier sauvage de
l'espèce du Ma-gtva ;
{.'Oha-kwa (Mûrier à grandes feuilles). D'après M. Du-
pont (3), ce Mûrier a 2", 50 à 3 mètres de circonférence; il
est commun dans les forêts des provinces d'Hiuga, de Tango,
dans l'île Osima et près de la ville de Tokio ; son bois jaune
clair, à reflets irisés, est très employé en ébénisterie.
D'après la Commission japonaise (4), celui qui vient des îles
de la province d'Idzu s'appelle Shima-gnwa (Ile mûrier).
On le trouve aussi dans l'île d'Atidjo. C'est un Mûrier sauvage
dont les feuilles sont petites, ainsi que les fruits, et dont le
bois dur à veines noirâtres est usité en ébénisterie pour les
coffrets, les boîtes, les petits meubles ornés de dessins laqués.
M. Léon de Rosny, dans sa traduction du Traité japonais
de Véducalion des Vers à soie, par le naturaliste Sira-Kawa (5),
indique de pkis, comme Mûriers japonais décrits dans la
grande encyclopédie japonaise Wa-kan-san-saï-dzou-yé (6)
et dans le traité d'histoire naturelle Hon-zô-kô-mok :
Le Ko-gwa ou Mi-giva, à fïeurs venant avant les feuilles;
Le Kei-sô, à feuilles minces, rares, dentelées, à veines rou-
geâtres, produisant beaucoup de fruits;
Le 0-gwa, Mûrier mâle, ne donnant pas de fruits;
(1) DcCandoUe (A.-P.), Prodromus, XVII, p. 24i.
(2) Mifinel (F.-A.-W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 130.
(3; Dupont, Les essences forestières du Japon, p. 58-59, 1879.
(4) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. II, p. 113, n° 142.
(5) Léon de Rosny, traduction du Traité de réducation des Vers d soie au
Japon {Yo-san-sin-sets), par Sira-Kawa, de Sendaï, p. 8 et p. 83-84, 1864.
Paris, 1868.
(6) Wa-kan-sa7i-s(ii-dzou-yé, Section de botanique, livre LXXXIV, fol. 1.
584 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Le Niwatori-gwa (Mûrier des poules), à feuilles et à fleurs
légères ;
Le 0>«/îa-f/i^a (Mûrier desfemmes),petit,à longues branches.
Le Mûrier est très anciennement cultivé au Japon. D'après
M. Léon de Rosny, l'éminent professeur de japonais à l'École
des lanouos orientales, dans sa très intéressante introduction
la traduction du Traité de Véducalion des Yers à toie
au Japon, par Sira-Kawa, de Sendaï (1), les tissus de soie
étaient connus sous le règne du mikado Ko-reï-ten-o, de
290 à 218 avant notre ère. En 462, on planta des Mûriers
dans presque toutes les provinces du Japon (2), principale-
ment dans l'île de Nippon, où cette culture prit une extension
si considérable, que les autres branches de l'agriculture furent
délaissées et que les princes souverains (Daî-myÔ) durent
prendre des mesures pour la limiter; aussi, pendant long-
temps, dans certaines principautés, surtout dans la princi-
pauté de Satsuma, dans l'ilede Kiusiu, l'usage des vêlements
de soie était interdit sous peine d'amende aux gens non titrés
et sans fondions publiques (3).
Suivant le naturaliste Sira-Kawa (4), les principaux centres
de culture du Mûiier sont :
La province de Mutsu (5), dans la partie N. E. de l'île de
Nippon, principalement aux environs de la ville de Sendaï ;
dans le département de Daté, près des villes deNihon-matsu et
de Shinobu (dans la province d'Iwashiro), ainsi que près des
villes de Sirafiawa et d'Aidzu. La partie de la province de
Mutsu qui touche à celle de Nambu, et cette province, sont,
d'après M. Léon de Rosny, impropres cà la sériciculture;
La province de Deva, autour des villes d'Akita et de Yoné-
Zawa ;
La province de Ko-dzuké, dans les départements de Nou-
mata, de Maé-basi, de Foudzi-oka et de Shimamura ;
(1) Léon de Rosny, loc. cit., p. 44 de l'inlroduclion.
("2) Ibld., p. 47 de l'introduction.
(3) Ihid., p. 48 de rintroduction.
(4) Ibid., p. 17 et 163.
(5) Au Japon on dit Moulsou ainsi que Nihon-matsou, Siiimobou, Aidzou et
Nambou (les u se prononçant ou).
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 585
La province de Miisasi, dans le canton de Tsitsi-bou ;
La province de Sinano, dans les départements d'Ouëda, de
Matsu-moto, d'Iida et de Zen-ho-zi ;
La province de Kaï ;
Les environs des villes de Yonesawa et de Yamagata, dans
la province d'Uzen ;
La province de Tsiku-zen, dans l'île de Kiusiu.
Suivant M. de Rosny (1), les tentatives d'éducation des Vers
à soie faites dans la partie sud de l'île de Yeso, près de Matsu-
maa, non loin du détroit de Sangar, n'ont pas réussi à cause
des intempéries du climat.
Dans les îles Liu-kiu, la température est presque toujours
trop élevée pour obtenir un bon résultat; cependant, dans
certaines parties de ces îles, on cultive le Mûrier et on y fa-
brique une étoffe mélangée de soie et de coton nommée Liou-
kiou-no-tsoumoiigi (tissu de Liu-kiu).
Les Japonais multiplient le Mûrier, quelquefois par semis,
mais le plus souvent par marcottage ; quand ils veulent faire
des semis de graines de Mûrier, ils prennent non les fruits
qui se montrent les premiers, mais ceux qui apparaissent
ensuite. Us lavent les graines et les mélangent à des cendres,
puis ils les sèment dans de la terre bien sèche, labourée et
nivelée, et les recouvrent d'un peu de terre. Les pourettes
sortent de terre au bout de vingt-cinq jours. Ils arrachent les
premières et ne laissent que celles qui viennent en second
lieu. Ils fument le terrain à plusieurs reprises. L'année sui-
vante, au printemps, ils étêtent les jeunes tiges à 5 ou 6 pouces
au-dessus du sol, et ils les transportent dans un bon terrain.
En général, les Japonais multiplient le Mûrier par le mar-
cottage. D'après les renseignements de la Commission japo-
naise (2), on rase au mois de février les jeunes Mûriers de
quatre à cinq ans, un peu au-dessus du sol ; on fume alors
avec de l'engrais humain. Les rejetons poussent; alors, vers
la lîn de l'année, on les effeuille en laissant seulement le der-
(1) Léon de Rosny, traduction du Traité de iéducation des Vers d soie au
Japon, p. 4'J de rintroduction.
Ci) LeJaponà VExposition universelle rfe1878, vol II, p. 171, 1878.
586 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
nier bourgeon, on les courbe et on les maintient sous terre,
en laissant saillir le dernier bourgeon. L'année suivante, on
sépare ces rejetons et on les replante à une profondeur de
1 shaku (0"',30), en ayant soin de fumer le terrain, soit avec
des cosses ou des graines de Soja de qualité inférieure mélan-
gées à de la cendre, soit avec des feuilles pourries, soit avec
de la lie de Sake ou de Shoyu, soit avec des débris de Sardines,
qui sont très communes dans les mers du Japon. Avec cette
Sardine, désignée au Japon sous le nom d'Iwashiwo, on fa-
brique une huile employée pour réclairage, et dont on trou-
vait des échantillons dans l'Exposition (classe 45, Produits de
la chasse et de la pêche), sous le nom d' Iivaslivwo-abra. Les
résidus de cette fabrication sont utilisés comme engrais dans
la culture du Mûrier.
Les Japonais plantent les Mûriers autour de leurs habita-
tions, sur les versants des collines, dans les champs, où la
terre franche est mêlée à du sable et est un peu humide, sur
les bords des ruisseaux, où l'eau a un écoulement facile, dans
les terrains caillouteux.
Ils laissent les arbres se développer naturellement ; dans
certaines provinces, ils taillent le Mûrier pour le rendre plus
bas et plus touffu. Dans les provinces froides, ils garantissent
les tiges du froid pendant la première année, en les garnis-
sant de paille. Ils utilisent le Mûrier après deux à cinq années.
La meilleure période est entre dix et quarante ans. Certains
Mûriers sont utilisés jusqu'à soixante-dix ans. Ils cultivent
presque toujours dans les espaces compris entre les Mûriers
l'Orge (Mugi), le Soja (Marné), la Fève (Som-mame), le Millet
[Kibi) et principalement la Patate (Imo).
Au Japon, les feuilles du Mûrier servent à la nourriture des
Vers à soie ; mais on n'emploie pas à cet usage toutes les es-
pèces de Mûrier : on réserve surtout pour les Vers à soie les
feuilles du Sira-kwa ou Ma-gwa.
Les feuilles du Mûrier sauvage, qui est commun dans les
montagnes, ne valent rien pour les Vers ; aussi on ne les donne
que faute de mieux.
Les feuilles du Mûrier tardif sont plus épaisses et plus nu-
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 587
trilives; mais comme elles se montrent plus tard, on com-
mence par nourrir les jeunes Vers avec des feuilles de Mûrier
hâtif. Dans les provinces septentrionales, au printemps, quand
les feuilles n'ont pas encore paru, on donne à manger aux
Vers, trois fois par jour, des jeunes bourgeons de Mûrier non
humectés de rosée, bien séchés, coupés finement, passés au
crible et vannés (1). Dès qu'il y a des feuilles, on cesse de leur
faire prendre les jeimes bourgeons.
Les Japonais cueillent les feuilles dans le quatrième mois,
quand elles sont dans leur complet développement. Ils cou-
pent les branches garnies de feuilles. Cette opération se fait
en tranchant d'un seul coup les branches, au moyen d'un
couteau spécial en fer; ils n'arrachent pas les feuilles sur
l'arbre; ils effeuillent les branches une fois coupées.
Les feuilles des Mûriers jeunes sont excellentes pour la
nourriture des Vers, depuis leur éclosion jusqu'au dixième
ou quinzième jour; plus tard, les Japonais leur donnent des
feuilles de Mûrier de trois à cinq ans, et ensuite de Mûrier
plus vieux.
Ils ont soin de ne pas donner aux Vers des feuilles sales ou
entachées d'excréments d'oiseaux. Ces feuilles sont coupées
avec soin (2) avec un couteau en fer non oxydé, n'ayant au-
cune trace de sel, ni d'huile, ni d'aucune odeur. Les feuilles
sont coupées par parties de plus en plus grandes, suivant
i'age des Vers, et on finit par les donner entières et toujours
fraîches; on les étend sur des filets à mailles plus ou moins
larges (S), qu'on place sur les Vers à soie.
Suivant M. de Rosny (4), les feuilles de Mûrier se vendent
sur les marchés japonais par brassées, qui coûtent de 1 à 8
Tem-po (12 centimes 1/2 à I franc). D'après M. Dupont (5),
dans son très intéressant ouvrage sur les Essences forestières
(1) Dr P. Mourier, Étude complète de l'éducation des Vers à soie, par M. Shi-
midzen Kinzaimon, traduit du japonais, p. 10, extrait du Bulletin de la Société
d'Acclimatation, n" de janvier 18G8.
(2) Léon de Rosny, traduction du Traité de l'éducation des Vers à soie au
Japon, p. 06.
(3) Ihtd., p. 63.
(4) Ibid., p. 33.
(5) E. Dupont, Les essences forestières du Japon, p. 59, 1879.
588 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
du Japon, un hectare de bonne terre planté de 2000 pieds de
Mûrier produit, dès la deuxième année, 4800 kilogrammes de
feuilles de printemps et 1500 kilogrammes de feuilles d'été
(en y comprenant les ramilles dans le poids).
Plusieurs espèces de Mûrier sont employées dans l'industrie
pour leur bois.
On remarquait dans l'Exposition (classe 17, Meubles de luxe
et à bon marché) :
N" 7. Des commodes en bois de Mûrier ;
N" 10. Des étagères à livres en Mûrier,
provenant de la ville de Tokio.
D'après M. Dupont (1), le Mûrier à grandes feuilles, nommé
Obakwa, qu'on rencontre dans les provinces d'iïiuga, de Tango
et dans l'île Osima, a un bois jaune clair, homogène, à jolis
reflets irisés, se vernissant très bien, et qui est recherché en
menuiserie et en ébénisterie.
Quant au Chima-kiva (Mûrier petit) à feuilles et à fruits
plus petits, son bois est plus dur et est sillonné de veines
noires ; on le trouve surtout dans l'île d'Atidjo, sur le littoral
de la province d'idsu. Ces deux variétés de Mûrier sont usi-
tées pour les petits meubles, les coffrets, les objets sculptés,
les baguettes à manger et une foule d'objets qui sont laqués
et qui laissent voir le fond jaune du bois.
Au Japon, les fruits du Morus alba sont préconisés contre
la scrofule et dans les cas d'hydropisie; les graines passent
pour rafraîchissantes et toniques ; les feuilles sont données en
infusion stimulante, et pour combattre le rhumatisme, la
goutte, la bronchite et les tubercules pulmonaires. Suivant
M. de Rosny (2), d'après le livre intitulé Ko-kon-i-td, les
feuilles qui restent sur les Mûriers après les gelées blanches
du dixième mois se nomment Sin-sen-yÔ (feuilles des génies) ;
on les cueille, on les fait sécher, on les réduit en poudre,
qu'on prend en décoction ou sous forme de pilules, pour cal-
mer la toux.
(1) E. Dupont, Les essences forestières du Japon, p. 59.
(2) Léon de Rosny, traduction du Traité de Védiication des Vers a soie au
Japon, p. 85-86,1868.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 589
L'écorce du tronc est employée en décoction contre les ma-
ladies pulmonaires. L'écorce de la racine est ordonnée dans
les cas d'hémoptysie, d'hémorragie utérine, pour combattre
les convulsions des enfants et dans les crises nerveuses.
D'après M. Dupont (i), le liber de l'écorce du Mûrier sau-
vage, Yama-liuwa, sert pour calmer les douleurs d'entrailles
des femmes. Les Japonais en fabriquent des fils pour recoudre
les plaies.
En Chine, le Mûrier est cultivé depuis la plus haute anti-
quité. Les historiens chinois disent que l'impératrice Si-ling-
chi, femme de l'empereur Iloang-ti (2602 ans avant notre
ère), s'adonnait à l'éducation des Vers à soie et à la culture
du Mûrier. D'après M. de ftosny (2), il est question de la cul-
ture du Mûrier et de l'éducation des Vers à soie dans le cha-
pitre Yù-Koung du livre sacré de l'Histoire {Chou-King),com-
posé 2205 ans avant notre ère. Le chapitre Pin-foung du livre
sacré des Vers {Chi-King), d'une antiquité aussi respectable,
dit qu'on recueillait les feuilles du Mûrier dans le quatrième
mois pour la nourriture des Vers. Suivant le livre sacré des
Annales {Chou-king) , le berceau de la sériciculture en Chine (3)
aurait été le pays de Yen, au sud-ouest de la province du Shan-
tung ; le pays de Ts'ing qui est la partie nord-ouest de cette
province, et le pays de Siu, qui est la partie sud du Shantung.
La culture du Mûrier aurait été aussi en honneur à cette époque
dans la partie septentrionale de la province du Kiang-su et
dans la province du JIou-Kouang.
Dans les environs de la ville de Chinkiang, dans la province
du Kiang-su, où presque tous les Mûriers furent détruits pen-
dant l'occupation du pays par les rebelles Taipings, le gou-
vernement fit distribuer gratuitement aux habitants des pieds
de Mûrier venus de Huchow, pays renommé pour l'excellence
de ses soies (4).
(1) E. Dupont, Les essences forestières du Jipon, p. 113, 1879.
(2) Léon de Rosny, traduction du Traité de l'éducation des Vers à soie au
Japon, p. l de rinlroduclion.
(;]) llnd., p. 7 (le l'introduction.
(1) Catalogue de l'Exposition chinoise à l'Exposition universelle de 1878, p. 27,
1878.
590 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
La province du Kiang-su, surtout les environs de Shanghaï
et de Foochow, renferme de grandes plantations de Morus
alba.
L'Exposition chinoise, dans la classe 44 (Produits des ex-
ploitations et industries forestières), contenait :
N" 1485. Des échantillons de bois de Morus alba, employé
en menuiserie et en ébénisterie, provenant des douanes chi-
noises de Foochow.
Dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires) :
N" 1656. Des cocons blancs de Vers à soie du Mûrier ;
N° 1657, Des cocons jaunes de Vers à soie du Mûrier,
provenant des douanes de Chefoo.
Les médecins chinois reconnaissent au Mûrier les mêmes
propriétés que les Japonais.
La classe 47 (Produits chimiques et pharmaceutiques) ren-
fermait:
N° 1902. Des graines de Morus alba réputées toniques et
restaurantes, provenant des douanes de Chefoo ainsi que
n" 1966, écorce de la racine du Morus alba, usitée contre les
hémorragies utérines et les convulsions des enfants ;
N" 2306. Des fruits de Morus alba provenant des douanes
de Shanghaï préconisés contre les affections strumeuses et
l'hydropisie ;
N° 2324. Des branches de M. alba dont on fait une tisane
pour dissiper les courbatures.
Comme provenance des douanes de Ningpo et de Wen-
chow :
N° 2407. Liber de M. alba employé comme styptique ;
N° 2482. Feuilles de Mûrier pour tisane dépurative.
La Chine produit une quantité considérable de soie, qui
sert à fabriquer les vêtements des mandarins et de la classe
riche, les robes, les sous-vestes, les pantalons, les rideaux,
les portières, les écrans, les coussins, les tapis, les couvre-
pieds, les garnitures de fauteuils, recouverts de magnifiques
broderies en couleur.
L'Exposition chinoise dans la classe 34 (Soie et tissus de
soie) renfermait tous les spécimens de l'industrie de la soie :
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 591
Provenant: des douanes deChefoo:
N" 878. Soie écrue jaune ;
N" 879. Soie écrue blanche.
Des douanes de Ilankow :
Des satins, des tissus de soie, des soies mélangées de coton,
de différentes couleurs, blanche, bleue, noire, jaune, olive,
cramoisie, rouge ;
De la soie noire de Honan;
De la soie blanche du Szechwan.
Des douanes de Wuhu :
N" 899. Soie blanche grège ;
N° 900. Soie jaune grège.
Des douanes de Ghinkiang:
Des soies jaune, blanche, bleu-foncé ; des soies brochée
de couleur bleu de ciel, fleur de pêcher, écarlate, paille, vert
foncé, bleu-ardoise ;
Des satins rose, brun, gris, cendré, vert d'eau ;
Des soies pour doublures.
Des douanes de Shanghaï :
Des soies brochées, verte, bleu clair, rouge, jaune, rose
clair, chocolat, violette ;
Du crêpe de soie, de différentes couleurs ;
De la gaze de soie brochée, jaune, mauve, rose, noire ;
Une collection de soies floches de nuances variées ;
Une série de fils de soie ;
Un assortiment de glands, de boutons et d'ornements en
soie;
Une collection de rubans de soie, brodés et de nuances
variées ;
Des mouchoirs de soie et des mouchoirs brodés en soie.
Des douanes de Wenchow :
N" 1021. Cinquante échantillons de soies de couleurs diver-
ses, rose, rouge, rouge de pêche, vert-pomme, blanc d'ar-
gent, bianc-verdàtre, jaune, jaune pâle, bleu-verdâtre, bleu
pale, bleu foncé, bleu, fleur de pêcher, bleu-rose, bleu-noir,
or et argent.
Des douanes do Foochow :
592 SOCIÉTIÎ NATIONALE D ACCLIMATATION.
N°' 1024 el 1025. Vingt-cinq pièces de gaze de soie.
Des douanes de Canton :
N" 1026. Soie tissée avec du clinquant;
N° 1027. Velours de soie ;
Une collection de soie grège, jaune et blanche ;
De la bourre de soie ;
Des mouchoirs el des cravates de soie;
Des portières en crêpe brodé;
Des rideaux de porte en satin brodé.
Des douanes de Kiungchow :
N" 1086. Soie grège jaune;
N° 1087. Différentes pièces de soie.
Dans la classe 35 (Châles) :
N" 1088. Châles en soie brodée provenant de Canton;
N" 1090. Châles en crêpe brodé.
Dans la classe 36 (Broderies et passementeries) :
Des canevas, des coussins, des lambrequins, des tapis de
table, des rideaux, des couvre-pieds, en soie, en satin, bro-
dés en couleur et en qi\ provenant des douanes de Ningpo,
de Foochovv, de Canton el de Kiungchow.
Dans la classe 37 (Objets accessoires de vêlement) :
Des éventails en bambou, en santal, en ivoire, en écaille,
en bois laqué, garnis de soie brodée ;
Des écrans de Tsiman-fu au Shanlung en gaze de soie collée
sur un assemblage de nervures de bambou ; des parapluies en
soie, provenant des douanes de Swatow et de Canton.
En France on s'est occupé depuis longtemps de la culture
du Mûrier du Japon. M. Emile Nourrigat a entrepris en grand
la plantation du Morus japonica ; en 1868 (1) il a présenté à
une des séances de la Société d'Acclimatation des spécimens
de Mûrier du Japon dont il recommande l'emploi pour l'édu-
cation des Vers à soie. Plus tard, en 1873, il fil paraître dans
le Bulletin de la Société un travail sur la culture, la repro-
duction et les avantages du Mûrier du Japon. Ce Mûrier, dit-
il, est très hâtif, il devance de trente à quarante jours lavé-
(1) Bulletin de la Société d'Acclimatation, p. 143, séance du 24 janvier 1808J
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 5
gétation des autres Mûriers; les qualités éminement nutritives
de son luxuriant feuillage le font utiliser dès l'année qui suit
sa plantation (1). Il est d'une reproduction des plus faciles
par graines, marcottes et boutures (2).
M. Ghatin fit remarquer, à cette occasion, que les dimen-
sions des feuilles ne sont pas toujours une preuve de l'excel-
lence du Mûrier : « aussi, suivant lui , le Mûrier multicaule
est une mauvaise espèce, bien qu'à larges feuilles, parce que
la proportion des parties ligneuses e st trop grande, ce qui
n'exisie pas dans le Mûrier du Japon, » M. Ghatin (3) professe
que le Mûrier du Japon doit être cultivé en tige, ou mieux en
demi-tige et en taillis. Les tiges doivent être groupées en
quinconces ou placées en bordures; les taillis doivent être
disposés en massifs, quelquefois en haies. Les tiges doivent
être placées de 4 à 8 mètres de distance ; les pourettes pour
taillis à 1 mètre ou 1 '",50, les pourettes pour haies à 0'",20.
M. Ghatin ajoute que, la végétation active de l'extrémité des
rameaux du Mûrier du Japon se prolongeant tout l'été, on dis-
pose toujours de jeunes et tendres feuilles.
En 1869 parut dans le Bulletin de la Société d'Acclimata-
tion (4) un extrait d'un travail sur l'analyse des feuilles du
Mûrier par le baron Liebig. Dans ce mémoire présenté à l'Aca-
démie des sciences de Munich le baron Liebig a conclu que la
détermination de la quantité plus ou moins grande d'azote
contenue dans les feuilles devait servir à fixer leur degré de
valeur nutritive.
De ses analyses, il a reconnu que la feuille du Mûrier du
Japon est plus riche en azote que celle des Mûriers des autres
pays. Les feuilles du Mûrier du Piémont et d'Alais ont une
quantité d'azote moindre d'un tiers.
Dans le courant de l'année 1869 M. Ghatin (5) publia dans
le Bulletin de la Société une note sur la distribution des vé-
(1) Emile Nourrigat, Le Mûrier du Japon, p. 3 (Extrait du Bulletin de la So-
ciété d'Accliuiatation, n° de juin 1873) ,
(2) Ihid., p. 8.
(3) Bulletin de la Société d'Acclimatation, p. 450-152, 1870,
(4) Ibid., p. 400, 1869.
(5) Ibid., p. UH, 1869.
3» SÉRIE, T. X. — Octobre 1883, 38
594 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
gétaux uliles, et, en parlant de la culture du Mûrier du Japon
par M. Nourrigal, il rappela que iM. A. Leroy s'occupait acti-
vement de cette même culture.
M. Lavallée (1) dans son magnifique parc de Segrez possède
le Monts alha-'iokwa ; le Monis alba, var. Kaki et e Morus
alba, var. latifolia.
Broussonetia papyrifera.
On trouvait dans une des plates-bandes du jardin du Tro-
cadéro un pied de Broussoneliapapyrifera désigné au Japon
sous le nom de Kadsi noki et de Ko zoo d'après le Phonzo-
Zoufoii (2) et les livres Kwa-wi (8).
Le tableau des productions utiles relatait au n" 130 le Kadsi
noki avec un échantillon de fibres blanchâtres et un spécimen
de beau et solide papier blanc.
La collection des différents papiers (classe 10 : Papeterie)
contenait des rouleaux de papier blanc très fort auxquels
étaient joints des paquets de fibres blanches de Broussonetia
papyrifera. On remarquait dans cette même classe des rou-
leaux de papier-cuir fabriqué avec le Broussonetia papyri-
fera, très souple, à odeur résineuse, de couleur noirâtre ou
brune, uni ou grenu ou à relief; plusieurs rouleaux de papier-
cuir imitant le cuir de Russie ;
Un rouleau de joli papier verdâtre à fleurs et ornements
dorés en relief;
Parmi les différentes espèces de papier du département de
Kochi (province de Tosa), des spécimens de papier de Brous-
sonetia papyrifera ;
Dans la classe 29 (Maroquinerie), des rouleaux de papier-
cuir ; des portefeuilles, des blagues à tabac, des plateaux et
des bonbonnières en papier-cuir de Tokio ;
Dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires), des
écorces de Broussonetia papyrifera pour faire du papier,
(J) A. Lavallée, Arboretiim Segrezianuui, p. 24.0-2il, 1877.
(-2) Phonz-o-Zoufnu, vol. LXXXVII, I'ipI. 3 et 4- verso.
(3) Kwa-wi, Arb., II, p. lOf), n" 13.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 595
provenantdu département deTochigi (province de Shimotsuké).
On rencontre au Japon plusieurs espèces de Broussonetia :
Le Broussonetia papyrifera, Vent. (1), mentionné par
MM. Francliet et Savatier (2) : Morus papi/rifera Lin., décrit
par Thunberg(3), Ka3mprer(4), Miquel(5), Bureau (6), intro-
duit de Chine au Japon et cultivé dans presque toutes les pro-
vinces, avec var. Japonica, que Blume (7), Miquel (8) ont
relatée comme souvent cultivée avec la plante type.
MM. Franchet et Savatier (9) indiquent de plus : le Brous-
sonetia Kasinoki : Kasi nokl de Siebold (10), de Miquel (11),
de M. Bureau (12), qui fleurit en avril dans plusieurs provinces
du Japon, principalement dans la partie centrale de l'ile de
Nippon, où il est cultivé et où il est spontané ;
Le Broussonetia Kœmpferi (13) : Kadsi noki itsigo de
Siebold (1-4); Papyrus spuria de Kœmpfer (15) et de Mi-
quel (16), qui fleurit en avril dans les régions montagneuses
des îles de Kiusiu et de Nippon.
Le Broussonetia papyrifera, que les Japonais reproduisent
par marcottes et boutures, est souvent planté pour former des
haies, sur les flancs des collines, près des vallées où on cultive
le Riz, mais jamais dans le voisinage du Millet, ni du Sorgho.
Il sert surtout pour la fabrication du papier.
Vers le milieu du deuxième mois de la quatrième ou de la
cinquième année de la plantation, on coupe les tiges un peu
au-dessus du sol; on les fait sécher au soleil, puis, suivant
(!) Ventenat, Tabl., lU, p. 547.
(2) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, \>. A'i'i, n° 1550.
(3) Tliuiiberg, Flora Japonica, p. 7:2.
(4.) Kaîriipfer, Aniœnitutum exoticarum, p. 471-472, fig. sinistr.
(5) Miquel (E.-A.-W.), Prolusio jlorœ .laponicœ, p. 130.
(6j De Can(lolle,P/'Oc//'0/)iMs sijsteinalis naluralls regni vegetabilis, XVII, p. bi.
(7) Mus. bot., vol. II, p. 86.
(8)iMiquel (F.-A.-W.), Prolusio florœ Japoniae, p. 130.
(9) Kraticliet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 433, a» 1551.
(10) Siebuld et '/aicciuuù,' Fainiliœ naturales, n» 774.
(11) Miquel (F.-A.-W.), Prolusio ftorœ Japonicœ, p. 130.
(12) De CamloUe, Prodromus, XVII, p. 2-21.
(13) Francliet et Savatier, vdl. I, p. 433, n" 1552.
(11) Siebold et Zuccariui, Familice naturales, n" 773.
(15) Kœmpfer, Amœnilalum, p. 474 et 472, lig. de.Mr.
(16) Miquel (F.-A.-W.), Prolusio jlorœ Japonicœ, p. 130
596 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
M. Dupont (1), on les laisse séjourner dans l'eau courante pen-
dant quinze jours; l'écorce extérieure se détache et est entraî-
née par l'eau; la couche intérieure de l'écorce reste adhé-
rente ; on la ratisse ; les raclures extérieures servent à préparer
un papier de qualité inférieure ; on lève alors l'écorce inté-
rieure par lanières, on la lave, on la sèche, on l'emmagasine.
Pour faire le papier, on soumet cette écorce à l'action de la
vapeur d'eau bouillante pendant trois à quatre heures ; puis on
la divise en frappant avec des bâtons ; on obtient ainsi une pâte
qu'on malaxe avec de l'eau dans une cuve en bois. D'après
la Commission japonaise (2) les fibres sont bouillies dans de
l'eau à laquelle on ajoute des cendres de sarrasin; les fibres
sont transformées en pâte, qu'on mélange à de l'eau addition-
née de fleur de riz et de décoction de Nori noki {Hydmngea
paniculata) ou de racine de P^ororo (Hibiscus manihot).
Le papier de Kozo, qui a une grande résistance, est utilisé
au .lapon à bien des usages. M. Dupont (3) le donne comme
usité pour le vitrage des maisons, pour les mouchoirs de poche,
pour confectionner des chapeaux et une foule de petits objets.
D'après M. Yétillart (4), suivant la notice de M.Maurel sur
la fabrication du papier au Japon, on foit avec l'écorce du B.
papyrifera un papier-gaze gaufré pour robes de femmes, soit
blanc, soit en couleur, avec dessins. Ce papier s'emploie aussi
pour les rideaux et les cravates ; une bande de ce papier roulé
avec les doigts forme une ficelle très résistante.
On fabrique aussi un papier de Kozo plus résistant, qui a
trois ou quatre couches superposées. Avec ce papier se font les
couvertures des parapluies et des voitures, les manteaux pour
se garantir de la pluie, les bâches pour les marchandises, les
enveloppes de ballots. Ce papier est rendu imperméable au
mojen de VAbiiragni (huile d'Elœoccocca verrucosa).
Ce papier très solide sert à fabriquer le papier-cuii'
avec ou sans relief, avec lequel se font les tentures d'appartc-
(1) Dupont (E.), Les essences forestières du Japon, p. 103, 1879.
('2j Le Japon à V Exposition luiirerselle de 1878, t. Il, p. 8:2-83.
(3) Dupont (E.), Les essences forestières du Japon, p. 103-104, 1879.
(4) Vétillart, Études sur les fibres végétales textiles emidoyées dans l'indus-
trie, [>. \\A, [81Q.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 597
ments, les porte-cigares, les blagues à tabac, les bonbonnières
et des séries de plateaux de différentes grandeurs.
En Chine, le Brotissonetia papi/rifem, que les Chinois dé-
signent sous le nom de Ku shu et de CJiu{;\), sert à fabriquer
un papier très fort, connu sous le nom de papier coréen, et
une sorte de carton. De même qu'au Japon, ce papier sert à
garnir, en guise de vitres, les châssis des fenêtres, à former
les couvertures des parapluies, à envelopper les marchan-
dises,
L'Exposition cbinoise renfermait plusieuis spécimens de ce
papier dans la classe 10 (Papeterie) :
N" 12. Papier coréen pour parapluies et fenêti'es;
N" 18. Papier coréen pour emballages;
N" 22. Papier coréen ordinaire, provenant des douanes de
Newchang.
Comme usage médicinal, les Japonais et les Chinois regar-
dent les graines de Brou^soneiia papi/rifera comme remède
tonique pour relever les forces et donner du ton à l'estomac.
Suivant une annotation d'un article de M. le consul Lowder,
traduit par M. Jules de Gaulle et inséré dans le Bulletin de
la SociélécVAcclimatalio)} (2), l'écorce est précosniée comme
fébrifuge et contre l'hydropisie. Le fruit est ordonné comme
laxatif.
Le Broussonetia pcqvjrifera est introduit en France depuis
un certain nombre d'années.
M. Lavallée possède à Segrez (3) :
Le Broussonetia papyrifera avec var. nana ou Brousso-
netia nana Ilort. ;
Et les var. cucullata, ficifolia, laciniata, macrophi/lla
{integrifolia) et variegata;
Le Br. Kœmpferi Sieb. ;
Le Br. Kasinoki.
M. Baltet possède à Troyes:
(1) D' Brotsclineider, I, p. 30, p. 126, n" 27, et p. 173, n» 521.
(2) Bulletin de la Société il' Acclimatation, Végétaux employés au Japon pour
la fabricalion du papier, t. IX, p. 288, 1872.
(2) Lavallée (A.), Arboretum Segreùanum, p. 241 et p. i2.
598 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Le Broussonetia papi/rifera avec var. cuctUlata, flcifolia,
macrophylla, nana et variegata;
Les Dr. Kœmpferi et Kasinoki.
A l'Exposilion de Nancy (1) le Broussonetia Kasinohi^ieh.
était représenté, exposé par M. Galle.
MUSACÉES.
Musa paradisiaca. Basho.
Dans la classe 73 (Légumes et fruits) était exposé un flacon
de Bananes longues de O^/lSàO^/U, conservées dans l'alcool.
Le tableau des productions utiles relatait au n" 127 le
Basho {Musa paracUsiaca) avec un échantillon de gros fil
blanc-rosé et brillant.
Dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires) on
remarquait un paquet de fibres blanc-jaunàtre de Basho,
ainsi qu'un spécimen d'étoffe désignée sous le nom de Bas-
liofu, fabriquée avec ces fibres.
Une vitrine spéciale renfermait des échantillons de belles
et longues fibres de Basho, très résistantes, ainsi que deux
pièces de jolies étoffes de couleur jaune-rose, ressemblant à
la gaze.
Le Musa Basjoo de Siebold, de Franchet et Savatier (2),
noté dans le Somoku-Dusets (3) sous le nom de Bashiyo el
dans le Kiua-wi (A) sous celui de Bîzin soo, est une espèce de
Bananier vivace, originaire des îles Liu-Kiu, où on le cultive
sur une grande échelle, ainsi que dans l'île de Kiusiu, prin-
cipalement dans la province de Satsuma (5).
Les fruits du Bananier sont usités dans la nourriture japo-
naise. Tantôt coupés avant la maturité, quand ils contiennent
beaucoup de matière amylacée, ils sont dépouillés de leur
(1) Catalogue de VExposllion de Nancij, p. 61, n° 165i.
(2) Fraachct et Savatier, Enumeratio, vol. II, p. 21, n° 1578. Observ.
(3) Somolai-Dusels, vol III, p. 20, nM.
(l) Kwa-iL'i, Ilerb., vol. I, p. 11, n° 4-
(5) Au Japon, on dit Satsoiima, de même que Lou-Kiou et Kiousiou (les u se
prononçant ou).
TRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 599
enveloppe coriace, puis divisés par tranches et sécliés au
soleil; d'autres fois on les cueille à la maturité quand ils jau-
nissent et se ramollissent, et on les mange frais; souvent on
en extrait le suc, qu'on fait fermenter et qui donne le vin de
Bananes.
D'après la Commission japonaise (i), le Bananier est fré-
quemment utilisé dans l'industrie japonaise. On rencontre
dans les îles Liu-Kiu trois sortes de Bananier.
La première variété atteint 10 shaku (2) de hauteur (3 mè-
tres) avec O^jSO de large. Les feuilles sont épaisses, les libres
peu résistantes ne sont pas employées, on ne cultive ce Bana-
nier que pour ses fruits comestibles.
La deuxième variété s'élève à peu près à la mêm3 hauteur,
le diamètre de la tige est moindre; les fibres sont plus résis-
tantes et peuvent servira la fabrication des étoffes.
La troisième variété qu'on cultive principalement est à peu
près semblable. Les fleurs sont d'un rouge violacé, les fibres
sont plus fortes; c'est cette variété qui s'emploie surtout pour
les Bashcfu.
La troisième année de la plantation, on coupe les Bana-
niers; on sépare les gaines des feuilles au nombre de six; la
plus extérieure est trop grossière pour être utilisée; la
deuxième et la troisième servent à faire des cordages et des
cordes; la quatrième est employée pour les filets de pêche;
avec la ciuquième se fabriquent les étoffes communes. La
sixième, qui est la plus intérieure, est réservée pour les étoffes
fines. Le rendement ordinaire d'un Bananier est d'environ
2 kilogrammes de fibres (3).
On fait bouiUir les gaines dans l'eau et on sépare les fibres
au moyen d'une spatule en bambou, puis on les fait sécher au
soleil; ces fibres sont ensuite plongées dans l'eau, séparées à
la main, puis dévidées.
Les fils de chaîne des Bashofu ordinaires sont des fils dé-
(1) Le Japon d VExposHion universelle de 1878, vol. Il, p. 153.
(2) Le skaku équivaut à O^.SO.
(3) Vétillart, Études sur les fibres végétales textiles employées dam l'industrie,
p. W, 1870.
600 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
vidés et tordus ; les fils de trame sont simplement dévidés. Le
métier à lisser est entièrement composé en bambou.
D'après la même Commission (1), les étoffes fabriquées avec
les fils de Bananier se divisent :
en Ner'i Bashofu (neri veut dire cuil)^ étoffes ressemblant
à des tissus cuits;
en Kinu Bashofu {kinu veut dire soie), étoffes ayant de
l'analogie avec la soie;
en Yori Bashofu {yoru veut dire tordre), étoffes faites avec
des fils tordus.
M. de Rosny, dans son intéressant ouvrage sur la civilisa-
tion japonaise (p. 339, 1883), indique de plus le ha-seo-
nuno, toile solide, qui prend très bien la teinture; cette belle
toile, fabriquée avec les fibres du Bananier, vient des îles
Liu-Kiu.
En faisant une incision à la partie inférieure de la tige for-
mée par l'assemblage des parties engainantes des feuilles qui
se recouvrent les unes sur les autres, les Japonais extraient
du Bananier la sève, qui est riche en acide gallique; ils l'em-
ploient comme astringent pour donner de la solidité aux
objets qui en sont enduits.
Dans les jardins des îles Liu-Kiu et dans l'île de Kiusiu, le
Bananier est souvent cultivé comme plante ornementale pour
ses longues et larges feuilles.
En Chine, le Bananier désigné sous le nom de Tseu ou
tsiu (2) est commun dans les provinces méridionales.
Il abonde dans la province du Kwantung, principalement
le long de la route qui mène deWhampou à Canton, ainsi
que dans l'île de Formose, où se trouvent de grandes planta-
lions de Bananiers et on y rencontre, dit-on, vingt variétés de
Bananier (3).
C'est de la Chine que fut introduit en Europe, en 1792, le
Musa coccinea.
(1) Le Japon à VExposition universeUe de 1878, vol. II, p. 154.
(2) D' E. Bretsclineider, Journal of the North-China brandi of Ihe RoyOi
Asiatic Society, vol. I, p. 109, n° 237.
(3) Catalogue de VExposHion chinoise, p. 44.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 601
MYRICÉES.
Myrica ruhra. Yama momo.
Le tableau des productions utiles enregistrait au n" 178 le
Yama momo {Myrica ruhra S. et Ziic.), avec un échantillon
d'écorce grisâtre de moyenne grosseur.
La vitrine des matières premières pour teinture contenait
un spécimen d'écorce de Yama momo.
Le Myrica ruhra de Siebold et Zuccarini (1), de Franchet
et Savatier (^), est désigné dans le Phonzo-Zoufou (3) et dans
les livres Kwa-wi (4) sous le nom de Yama momo. Il-'vient
à l'état sauvage dans une grande partie des provinces des îles
de Nippon et de Kiusiu ; on le trouve surtout sur les flancs
des collines. Il fleurit en juin et donne de petits fruits comes-
tibles, qui rougissent en mûrissant, ressemblant extérieure-
ment à l'arbouse, ayant un noyau dur et une saveur aigrelette.
D'après la Commission japonaise (5), l'écorce du Yama
momo porte le nom de Shihuki ; elle sert à préparer une dé-
coction brun-rougeâtre, astringente, qui est usitée pour teindre
les filets de pèche et les étoffes, principalement les étoffes de
soie. Quand les Japonais veulent teindre les soies en noir, ils
mélangent l'écorce du Yama momo à de l'eau ferrugineuse, à
de la noix de galle, à de l'écorce de grenade et à du sulfate
de fer.
Dans la teinture brun-verdâlie, qu'ils nomment Chairo, ils
prennent l'écorce du Myrica ruhra, qu'ils mélangent à du
safran, à de l'alun, à de l'eau ferrugineuse et à du bois rouge
du Brésil.
Dans la teinture châtain, appelée Kuri kaivacha, ils se ser-
vent d'écorce du Myrica ruhra, d'eau feirugineuse, de bois
rouge du Brésil et d'alun.
(i) Siebold et Zuccarini, Familiœ nalurales, n" 805.
(2) Fruiichet et ^^\i\l\cr, Emimeralio, vol. I, p. 45i455, n" 1G28.
(3) PhoniO-Zoufou, vol. LWI, fol. .i, verso et recto.
f.4; Kwa-wi, Arh., vol. IV, p. 18, n° 16.
(5) Le Japon d l'Exposition univer'ielle de 1878, vol. U, p. 46.
602 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Dans la teinture gris-souris, ils emploient la noix de galle,
l'eau ferrugineuse, l'écorce du Myrica ruhra et une dissolu-
lion d'indigo.
Les tanneurs utilisent l'écorce du Yama momo dans la pré-
paration des peaux, pour donner de la souplesse au cuir.
Suivant M. Dupont (I), l'écorce du Yama momo, qui con-
tient une grande proportion de tannin, est employée dans la
médecine japonaise. On en fait une décoction'préconisée pour
laver les blessures, et on cicatrise les plaies avec les cendres
de l'écorce. Us ordonnent aussi cette décoction contre les
maux de dents.
MYRSINÉES.
Parmi les plantes intéressantes, la famille des Myrsinées,
au Japon, fournit :
h'Ardisia japonica de Miquel (2), de de CandoUe (3), de
Francliet et Savatier (4): Bladhia japonica de Thunberg (5),
marqué dans le Phonzo-Zoufou (6) sous le nom de Tsourou
kori, et que Miquel donne sous le nom de Tatsabana.
VArdisia japonica fleurit en octobre dans les bois des îles
de Kiusiu, de Nippon et de Yeso, principalement dans les en-
virons des villes de Nagasaki, de Yokobama, de Yokoska et
d'Hakodate.
A l'Exposition de Nancy (7) était représenté VArdisia japo-
nica ou Bladhia japonica Tbunb., exposé par M. Lavallée,
qui, dans son magnifique parc de Segrez (8), possède VAr-
disia japonica, avec variétés Belgoriwi, latemaculata et
picta.
(1) Dupont (E.), Les ef.sences forestières du Japon, p. 113.
(2) Miquel (F. A. W.), Prolusio jlorœ Japonicœ, p. 150.
(3) De Candolle, Prodromus, vol. Vlll, p. 135.
(4) Franchet et Savatier, Entuneratio, vol. 1, p. 304, n» 115.
(5j Thunberg, Flora Japonica, p. 95, tab. 18.
(6j Plio7Uo-Zoitfou, vol. VIII, fol. 23, verso.
(7) Catalogue de VExposilion de Nancy, p. 54, n° IGll, 1880.
(8j Lavallée (A.j, Arboreium Segrezianum, p. 160.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 60,1
MYRTACEES,
Pnnka granalum. Zakouro. Ktvasé kiriou, d'après les livres
Kiua-wi (1).
Dans le jardin du Trocadéro, sous l'auvent de la petite
maison japonaise, étaient placés dans des pots de couleur ver-
dâtre deux pieds de Grenadier à fleurs rouges simples.
Le Punica granalum (Granalées) du Japon est d'origine
chinoise. Suivant M. Dupont (il), il est cultivé comme plante
d'ornement, principalement les variétés nommées Tiosen-
sakouro et Ichizakouro. Une des variétés est à fleurs jau-
nâtres doubles.
Une autre variété, appelée Hama Zakouro, est cultivée
pour ses fruits comestibles.
Le bois du Grenadier est usité dans l'ébénisterie japonaise
pour les petits meubles à incrustations, les boîtes et les cof-
frets ; on en fait des cachets et des instruments de musique,
principalement les flûtes.
L'enveloppe du fruit est employée dans la teinture des
soies en noir; on la mélange à l'écorce du Yama momo {My-
rica rubra), à la noix de galle et au sulfate de fer dissous
dans l'eau.
Les médecins japonais recommandent les fruits du Grena-
dier pour combattre les maladies de la gorge. L'écorce de
la racine est ordonnée, de même qu'en Europe, contre le ver
solitaire.
Au Japon, de même qu'en Chine, le Grenadier est une des
plantes ornementales des jardins, qu'alîectionnent les habi-
tants de l'extrême Orient.
De la famille des Myrtacées, on rencontre aussi dans les
jardins japonais :
Le Myrtus totnentosa Ait. (3), originaire de la Chine et de
(1) Kiua-wi, Arb., vol. IV, p. 116, n" 12.
(2) Dupont (E.), Les essences forestières du Jcpon, p. 109, 1879.
(3) Xiion, FI. Hglc, 121.
(3 04 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
l'Inde (1) ; c'est le Myrtus canescens de Loureiro (2), qui est
mentionné par M. le D"" Bretsclineider (3).
NYMPILEACÉES.
■Nelumbo nucifera. Hasu.
Le tableau des productions utiles indiquait au n" 77 le
Nelumbo nucifera, sous la dénomination de Hasu no mi,
avec un spécimen de réceptacle de la plante et avec un certain
nombre de graines ovales, de couleur brune et de la grosseur
de petites noisettes.
Dans la classe 69 (Céréales, produits farineux avec leurs
dérivés), avait été exposé un flacon de fécule rosée de Lotus,
en poudre et en morceaux, sous le nom de Hasu noho.
Le Nelumbo nucifera de Gœrlner (4-), de Franchet et Sa-
vatier (5) {Nymphœa nelumbo de Thunberg (6), Nelumbium
speciosum de Wilidenow), est marqué dans \e Somoku-Du-
sels (7) et dans le Phonzo-Zoufou (8) sous les noms de Hasu
et de Hachisu.
Ses rhizomes sont longs de 4 mètre à i mètre et demi ; ils
sont traçants, articulés, spongieux, blanchâtres. Ses feuilles,
larges de 0"\40 à 0"',50, émergent à la surface de l'eau. Ses
belles fleurs, solitaires, grandes de 0"\20 à O"',^^, sont d'un
joli rose, à odeur agréable. Le réceptacle tronqué ressemble
à une pomme d'arrosoir. 11 contient un assez grand nombre
de graines ovoïdes, de la grosseur d'une noisette.
11 y a au Japon, de même qu'en Chine, plusieurs variétés
de Lotus, les unes à fleurs jaunes, d'autres à fleurs jaunâtres
avec des taches blanches ; il y en a de rose-carmin, mais les
plus communs sont les roses et les blancs. Quant aux Lotus
(1) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 165.
(2j Loureiro, Flora Cochinoisis, 381.
(3) Dr Bretsclineider, Journal of Ihe North-China branch of the Royal Asia
lie Society, t. I, p. 151, n°213, 1881.
(4) Gœriacr, De frticlibus et semi7iibus plantarum, I, p. 75.
(5) Franchet et SavaLier, Enumeratio, vol. I, p. '26, n° 109.
[6} TliunberiT, Flora Japonica, p. 223.
(7) Somoku-Dmets, vol. X, p. 94., n° 9.
(8) Phonzo-Zovfou, vol. XXXIV, fol. 9 recto et fol. 8 verso.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 605
ronges et aux violets, ils exisLenL peut-être, car ils sont figurés
sur les peintures chinoises, de même que le Lotus bleu dont
parlent les écrits chinois et le rituel des Lamas (La-ma-kin),
sans qu'on l'ait rencontré jusqu'ici, à moins que ce ne soit le
Nymphœa cœrulea, car le Nénuphar bleu se rencontre au
Japon et surtout en Chine.
Le Nelunibo nucifera est très commun au Japon, dans les
eaux stagnantes, les fossés, les marais, les étangs, les rivières,
les rizières submergées, les terrains inondés, dans les îles de
Kiusiu et de Nippon,
Le Nehimho nucifera est très employé dans la cuisine ja-
ponaise ; on mange ses rhizomes et ses graines.
On trouve sur les marchés du Japon, de même qu'en Chine,
en Cochinchine et dans le royaume de Siam, des monceaux de
rhizomes de Lotus, désignés sous le nom de Hasu none. Le
goût de ces rhizomes, quand ils sont cuits, rappelle celui de
la rave, du cardon et du céleri ; on les mange crus, cuits, à
l'eau ou sous la cendre, bouillis ou frits comme les salsifis ;
on les réduit aussi en poudre qu'on fait sécher, et dont on se
sert surtout pour les soupes ; on en retire cette fécule de cou-
leur blanc-rosé, qu'on remarquait dans l'Exposition japonaise,
et qui est consommée dans les potages.
Quant aux graines, qui ont un peu le goût de la noisette et
de l'amande douce, elles sont alimentaires, et les Japonais les
mangent à leurs repas commemets sucré; on en fait des gâ-
teaux et des praisseries.
D'après M. Dupont (1), les fleurs et la racine du Nelumbo,
surtout celles de la variété à fleurs blanches, sont usitées dans
la médecine japonaise pour combattre la dysenterie, les hé-
morragies intestinales, celles qui proviennent des hémor-
roïdes et contre les hémorragies en général.
Les Japonais recherchent le Lotus comme fleur ornemen-
tale, et ils le cultivent souvent dans leurs petits lacs et dans
les cours d'eau qui serpentent dans leurs jardins. Des bandes
de canards mandarins et d'oies au plumage moiré se glissent
(I) Dupont (E), Les essences forestières du Japon, p. 113.
00 G SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
en nageant au milieu des larges feuilles et des fleurs roses du
Lotus. Ils en placent souvent les fleurs dans des vases qui
ornent l'intérieur de leurs appartements. Ils reproduisent sou-
vent les fleurs et les feuilles du Lotus sur leurs peintures, sur
leurs laques, leurs porcelaines, leurs broderies, leurs émaux
cloisonnés, leurs jades, et sur leurs fines sculptures en bambou.
En Chine, le Nelumbo nucifera est aussi commun qu'au
Japon; c'est la fleur la plus goûtée des Chinois. D'après les
renseignements que M. Maurice Jametel, qui a fait un long
séjour en Chine, a bien voulu me donner, le lac du Pont de
marbre, dans les jardins du palais impérial de Pékin, disparaît
au mois de septembre sous les larges feuilles et sous les mil-
liers de fleurs des Lotus blancs et roses. On rencontre le Ne-
lumbo, auquel les Chinois donnent le nom de Lien hoa (l),
dans leurs pièces d'eau, dans leurs étangs, où il est mélangé
aux Nénuphars blancs, jaunes et bleus. Il est fréquent surtout
dans la Chine septentrionale ; on le trouve en quantité consi-
dérable dans les terrains marécageux qui bordent le grand
canal entre le fleuve Jaune (Hoang-ho) et le Yang-tze-Kiang.
L'Exposition chinoise, dans la classe 09 (Céréales et produits
farineux), contenait :
N° 2842. Fécule de Lotus, faite avec les rhizomes du Ne-
lumbo mtcifera, provenant des douanes de Tien-tsin ;
N" 2934. Fécule de Lotus, provenant des douanes de Canton.
Dans la classe 73 (Légumes et fruits) :
N" 3078. Graines de Lotus, des douanes de Hankow;
N° 3113. Graines de Lotus, des douanes de Ning-po.
Dans la classe 47 (Produits chimiques et pharmaceutiques),
on remarquait, comme provenant des douanes de Wuhu, des
graines de Lolus, employées en médecine contre les mauvaises
digestions et pour relever les forces des malades ;
Des racines de Lotus, qui se donnent en décoction contre
les maladies des intestins ;
Des étamines de Lotus du Honan, usitées comme remède
astringent et dans les soins de la toilette.
(I) D" Brelschiieider, Journal of tlie Norlh-Ch'ma branch of Ihe Royal Asia-
tic Societij, t. I, p. 12, ii° 16.
PRODUCTIOiNS VÉGÉTALES DU JAPON, 607
Dans la province du Sliensi, on en fait un collyre pour lo-
lionner les yeux dans les cas de faiblesse de la vue.
Dans la ville de Shanghaï, le pédoncule élargi du Lotus est
ordonné pour combattre les crachements de sang.
Suivant M. le D' Bretschneider (1), la racine du Nelumbo
est citée, d'après le Pe/î /s'ao Kang mu, dans la première
classe des médicaments considérés en Chine comme facilitant
les fonctions des organes, et comme souverain pour relever
les forces.
Dans la matière médicale de l'empereur Shen nung {Shen
nung Peu tsUio), le Nelumbo est marqué au nombre des
trois cent soixante-cinq médicaments véritablement utiles.
Les racines fraîches du Nelumbo laissent suinter un liquide
consistant, qui est souvent employé pour arrêter les vomisse-
ments et la diarrhée.
Dans plusieurs provinces de l'empire chinois, au Tong-king,
dans l'Annam et en Cochinchine, les Chinois et les Annamites
le prennent en infusion pour calmer les maux de cœur causés
par l'abus de l'opium fumé.
Les graines écrasées et mélangées à du sucre servent à faire
une pâte usitée contre la diarrhée et le marasme.
Le Lotus a été, de toute antiquité, une fleur sacrée dans
plusieurs pays.
Les anciens Égyptiens, ayant remarqué que la fleur du
Lotus, comme celle du Nénuphar, s'ouvre au lever du soleil
et se ferme le soir, pensèrent qu'il y avait sympathie entre
cette fleur et l'astre du jour, et ils consacrèrent la fleur du
Lotus au soleil. Dans leurs dessins, ils représentaient souvent
l'image du soleil placée au-dessus de la fleur du Lotus. Osiris
était figuré avec une fleur de Lotus sur le front. Cette plante
était aussi consacrée à Isis; on lui offrait en présent des épis
de blé mêlés à des fleurs et à des fruits de Lotus, dont les
graines servaient aux Égyptiens à faire du pain. Le dieu llorus
sortant d'une fleur de Lotus symbolisait le lever du soleil. Ils
(1) D' Brelscluieidcr, Journal of Ihe Norlli-Cliina branch of llie Iloyal Asin-
lic Society, t. F, ji. 2'J-oO.
608 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
représenlaient aussi la déesse Haket sous la forme d'une gre-
nouille posée sur une fleur de Lotus et supportant le dieu Bes.
Le Lotus était empreint sur les chapiteaux des colonnes, les
obélisques, et était peint parmi les ornements qui embellis-
saient rintérieur des cercueils où reposent les momies.
Le Nénuphar bleu {Nymphœa cœridea) était aussi pour les
Égyptiens une plante sacrée comme le Lotus.
Dans la religion de Bouddha, la fleur du Lotus est aussi
une fleur sacrée; elle symbolise la fertilité. Bouddha est
toujours représenté sur une fleur de Lotus presque toujours
rose, quelquefois bleu. M. Maurice Jametel, qui a longtemps
séjourné en Chine et au Japon, possède un Bouddha aux cent
mains (en Chine, cette expression veut dire un grand nom-
bre, car le nombre des mains n'est que de quarante-deux);
chacune de ces mains tient un attribut, et parmi ces attributs
sont figurées plusieurs fleurs de Lotus. La main qui tient la
fleur du Lotus blanc est appelée au Thibet Kii mong ; elle
donne la vertu à ceux qui s'adressent à elle. La main qui a le
Lotus rose fait renaître dans le palais céleste. La main qui
soutient le Lotus violet fait revivre dans la terre des dix
Bouddha. La main qui garde le Lotus bleu a le pouvoir de
fiiire renaître dans la terre des Rabhûtaratna (1).
Au Japon, en Chine et dans l'île de Ceylan, le dieu Châkia
mouni, de même que dans le royaume de Siam et dans le
Cambodge le Gaudama, sont toujours placés au-dessus d'une
fleur de Lotus.
La déesse Kouanine, une des divinités les plus vénérées des
Chinois, à qui les mères recommandent leurs enfants, à qui
se consacrent les jeunes filles qui veulent fuir le monde, est
toujours représentée sur une fleur de Lotus.
Dans l'Inde, le Lotus est aussi une plante sacrée, et Brahma
est figuré sur un trône en fleur de Lotus rose.
(A suivre.)
(1) Ces différentes vertus que la ivligion boiulilliiiiue attribue à la fleur de
Lotus sont indiquées dans le La-ma-lcin (rituel des Lamas) que M. Maurice Ja-
metel a traduit du chinois, et dont il a bien voulu me montrer les dessins ori -
giiiaux et la traduction.
II. TRAVAUX ADRESSÉS ET COiVIIVlUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ.
NOTE
SUR LES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS
DE LA MÉNAGERIE DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
Pendant les mois de mai, juin, juillet et août 1883.
Par M. nUET
Aide-naturaliste chargé de la ménagerie.
MAMMIFERES
Nous avons plusieurs naissances à enregistrer pendant ces
quatre mois de l'année, ce sont :
2 Cerfs et 1 Biche sika (Cervus sika), Japon ;
1 Guib {Tragelaphus scriptus), du Sénégal, né des indi-
vidus donnés par M. Brière de l'Isle en 1880 ;
3 Biches et 1 Cerf cochon (Cerviisporcinus), de l'Inde ;
2 Chèvres naines ;
1 Antilope de l'Inde (Antelope cervicapra) ;
2 Hybrides de Cervulus lacnjmans mâle et de Cervulus
Reevesii femelle;
1 Kob femelle (Kobus unctuosiis), du Sénégal. C'est le
quatrième jeune que nous obtenons des individus
offerts en cadeau au Muséum d'histoire naturelle, par
M. le colonel Brière de l'Isle en i880 et 1881 ;
i Cerf et 1 Biche Wapiti {Cervus Canadensis) ;
2 Biches mélisses de cerf Maral et d'une biche hybride, de
cerf de Mandchouric et de biche ordinaire ;
1 Ane né d'un âne blanc et d'une ânesse noire ;
1 Bless-bok {Alcelaplius albifrons), sud Afrique;
1 Antilope Isabelle {Eleotragus reduncus), quatrième pro-
duit obtenu des individus envoyés du Sénégal par
M. Brière de l'Isle en 1878 et 1881.
1 Buffle du Cap, femelle {Bubalus Cafer).
3e SÉRIE, T. X. — Octobre 1883. 39
610 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
DONS
1 Renard {Canis vulpes), don de M. Fournier.
1 Palas {Cercopithecus ruber) , Sénégambie, don de M . Maho.
1 Bouc à trois pattes, don de M. J. Freret.
1 Lori grêle {Loris gracilis), de Ceylan, don de M""' Char-
tray de Menetreux.
i Civette {Viverra civetta), du Sénégal, don de M. Lizard.
iCsàUtnche {Cercopithecus callitrichiis), don de M. Mattéi,
capitaine d'infanterie.
1 Mône [^Cercopithecus mona), don de M. Mattéi, capitaine
d'infanterie.
1 Marmotte {Arctomys Alpinus), don de M. Cazin.
1 Macaque {Macacus cijnomolgus), de l'Inde, don de
M. Duhoux.
1 Macaque Rhésus {Macacus erythrœus), de l'Inde, don de
M. Bioro.
1 Callitriche {Cercopithecus callitrichus), don de M. Si-
biliat.
M. Harmand, commissaire de la République au Tonkin,
vient de faire un envoi très important de Mammifères prove-
nant de Siam, qu'il offre en cadeau à notre établissement. Ce
sont :
1 Semnopithèque à lunettes {Semnopithecus cucuïlatus) ;
1 Porc-épic à longue queue {Hystrix longicauda) ;
1 Paradoxure à moustaches {Paradoxurus mystacea) ;
1 Paradoxure de Gray {Paradoxurus Grayi);
\ Paradoxure type {Paradoxurus typicus) ;
1 Genette de l'Inde {Genetta Malaccensis) ;
i Civette zibeth {Civetta zibetha) ;
1 Civette tangaleungue {Civetta tangaleunga);
1 Mangouste rouge {Herpestes Smithii);
1 Écureuil titlet {Sciurus titleri) ;
1 Macaque du Thibet {Macacus Thibetanus).
C'est, nous croyons, le premier individu vivant qui vient
en Europe. M. l'abbé David en avait rapporté des dépouilles,
NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 611
qui ont servi de type à M. le professeur A. Milne-Edwards,
pour établir cette magnifique espèce, si remarquable par sa
force et par sa fourrure.
OISEAUX
Nous avons eu, dans ces derniers mois, l'éclosion des oiseaux
suivants :
10 Cygnes blancs {Cygnus olor);
2 Gasarcas ordinaires {Casarca rutila), Europe;
7 Gasarcas variés {Casarca variegata) ,No\iwe\[e-Zéhmde ;
3 Gigognes {Ciconia alba);
15 Faisans Amherst {Thamnalea Amhersliœ);
10 Faisans argentés {Nycthemerus argenteus);
11 Eiiplocomes du Népaiil {Euplocamus leucomelatius);
10 Faisans à collier {Phasianus Mongoliens);
6 Hybrides de Faisan Amherst mâle et de Faisan doré fe-
melle ;
6 Hybrides de Faisan argenté mâle et d'Euplocome du
Népaul femelle.
Par le croisement de ces deux oiseaux, nous avons obtenu
un produit qui présente beaucoup des caractères de V Euplo-
camus linealus ; cette espèce, qui jusqu'à ce jour a été consi-
dérée comme typique, pourrait bien n'être que le résultat
d'une hybridation.
Si les deux mâles et les quatre femelles que nous avons
obtenus cette année arrivent à l'état adulte, et que nous
ayons la reproduction de ces oiseaux, nous serons sans doute
fixé sur la valeur spécifique de VEuplocamus linealus, qui
vient très rarement vivant en Europe et qui a toujours soulevé
des doutes dans l'esprit des ornithologistes.
4 Talégalles de Latham {Talegalla Lalhami).
Ces quatre Talégalles, que nous avons vus au sortir du nid,
se mettaient aussitôt à courir, cherchant à s'échapper de l'en-
clos où le tumulus était installé; l'un deux a été trouvé à
50 mètres de là, perché sur une branche, à 3 mètres du
sol.
612 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Nous croyons pouvoir dire que l'incubalion des œufs dure
trente jours, car nous avons été témoin de la ponte d'un œuf
le 14 juillet et nous avons recueilli dans le parc un jeune
Talégalle sortant du nid le 15 août; or, comme depuis cette
date nous n'en avons pas vu d'autres, nous sommes en droit
de croire que c'est bien ce dernier œuf qui a donné naissance
à ce dernier jeune, d'autant plus qu'ayant remué le nid, nous
n'avons pas trouvé d'autres œufs.
Il est assez facile de constater le moment de la ponte, car le
mâle de Talégalle ne laisse venir la femelle sur le nid que pour
deux raisons, celle de l'accouplement et celle de la ponte ;
dans ce dernier cas, on voit la femelle faire un trou au milieu
du tas de fumier, trou assez grand pour y disparaître presque
complètement. Ce trou fait, elle s'accroupit en étendant les
ailes, elle y reste quelques instants et y pond son œuf; alors
le mâle vient, regarde attentivement, bat des ailes, se rengorge
et caresse la femelle, puis, ces témoignages de satisfaction ter-
terminés, pourchasse sa compagne pour s'occuper de l'en-
fouissement de l'œuf, ouvrage auquel il apporte le plus grand
soin.
Deux jours avant l'éclosion du jeune, le mâle, toujours aux
écoutes, travaille au nid, avec une activité fébrile, faisant des
trous, au-dessus et sur les côtés du nid, dans lesquels il dis-
paraît ; sans aucun doute, il prépare et facilite par ce travail
la sortie du jeune, qu'il entend probablement crier dans l'œuf.
En surveillant les allures du mâle, on est donc averti et il est
facile de trouver le jeune, qui sort toujours un peu avant la
nuit, ordinairement vers huit heures.
Un mois après l'éclosion, les jeunes Talégalles, sans avoir
atteint leur développement entier, ont toutes leurs plumes, et
l'on peut déjà, à cet âge, reconnaître les mâles à une tache
jaunâtre qui entoure le cou, à la partie inférieure de la por-
tion dénudée. L'année prochaine, nous nous proposons de
faire de nouvelles observations, afin d'arriver à connaître
exactement la durée de l'incubation chez ce singulier oiseau
qui est le premier inventeur de la couveuse artificielle.
NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 613
DONS
2 Cresserelles (Falco tinniŒculns), don de M. Delimoges.
4 Chevêche {S tr ix passer ina), don de M. Gilquin,
2 Chouettes moyens Ducs {Slrix otus), don de M. Du-
genesl.
2 Chouettes hulottes {Strix aluco), don de M. Dugenest.
1 Buse blanche {Falco buteo), don de M. Dugenest.
1 Perruche de Patagonie (Conurus Patagonicus), don de
M. Voydis.
2 Casoars à casque (Casuaî'ms _ga/ea/ws), don de M. Riedel,
résident à Amboine.
i Pygargue de Macé {Haliœtus Macei), don de M. Riedel.
4 Pigeons Nicobar {Calœnas Nicobarica) , don de M. Riedel.
1 Cariama huppé (Cariama cristata), don de M. Garceix,
Brésil.
i Percnoptère {Neophron percnoptenis), don de M. Me-
nabréa.
1 Buse bondrée {Falco apivorus), don de M. Liégois.
2 Paons {Pavo cristata), don de M. Doré.
i Busard des marais {Circus œrugitiosus), don de M. Poi-
rault.
1 Corbeau freux {Corvus friujilegiis), don de M. le baron
de Neucheze.
1 Colombe {Columba turtur), don de M"' Gattelier.
1 Chouette effraie {Strix flammea), don de M. Achard.
ACQUIS
2 Aigles bateleurs {Helotanus ecaudatiis), Afrique.
2 Pintades vulturines {Numida vtUturina), Côte orientale
d'Afrique.
2 Casoars émeu {Dromœus Novœ Hollandiœ).
II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ
SEA^iCE DU CONSEIL DU 7 SEPTEMBRE 1883
Présidence de M. Raveret-Wattel, secrétaire des séances.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans obser-
vation.
— M. le Président proclame les noms des membres nouvellement
présentés. Ce sont :
MM. PRÉSENTATEURS.
A. Berthoule.
DiDiON (Eugène-Emile), rue Legendre, 25,
Paris.
Bouchereaux.
Jules Grisard.
A. Berthoule.
DuPOUET, notaire, à Mauves (Loire-lnfé- \ .j „,
' ' ^ •; V. Fleury.
rieure). / , , „ . .
^ \ Jules Grisard.
_ . ._, , , . . ,^, , ni- [ A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Fremont (Ch.), mécanicien, 124, rue de Cli- ) v, iif
-^ . 'i il . ivi3.sson •
gnancourt, Pans. ( Saint-Yves Ménard.
n ■ /T^ . N o, J r. J. f A. Berthoule.
GREGOiRE(Eugene), avocat, 24, rue de Conde, ^ p, „
^^^"^- ( Raveret-Wattel.
,. • r • . , ■ ^ . .:., «. • i Blanchon.
Hugues (Mane-Louis-Adneii), a 1 lie Maurice, ^ „ „ ,
3, rue de Cluny, à Paris et à Étoile (Drôme). | ^; ^'^^^H^ Saint-Hilaire.
T. . .,.,», /A. Berthoule.
JOLY (Eugène), propriétaire, a Montrouge \ gou^hei-eaux
(^^'"^)- ( Jules Grisard.
Lezaud (Georges), ancien magistrat, avocat / A. Berthoule.
à Chamhon (Creuse) et au château de La- \ A. Geollroy Saint-Hilaire.
courcelle, par Préveranges (Cher). ( Lezaud père.
.. T, .,-,,•■. rr, (A. Berthoule.
ROBARDEY (J. -Eug.-Nicolas), huissier, a Troyes \ j^j^^ Qrisard.
^'^"'^^^- ( Saint-Yves Ménard.
Simon -Legrand (Camille), maire d'Auchy f Chesnel.
(Nord), et au château de Madrid, à Neuilly j A. Porte.
(Seine). ( Saint- Yves Ménard.
— Des demandes de graines ou de cheptels sont adressées par MM. Ber-
toni, Sabaté, l'abbé E. Daux et le marquis de Pruns.
— M. Lagrange écrit de La Croix-Verte-lez-Autun à M. le Président:
« J'ai lu à différentes fois dans le Bulletin de la Société des communica-
PROCES-VERBAUX.
615
lions relatives à des femelles de Faisan doré qui avaient couvé et
même élevé leurs petits, qu'elles avaient amenés à bien ; ce fait n'est pas
rare; chez moi, en général, toutes les femelles de mes Faisans dorés et
autres demandent à couver après leur ponte. Mais je n'avais jamais vu
un Faisan mâle couver les œufs de sa femelle ; c'est pourtant le fait qui
s'est passé ici. *
» Je vous soumets mes notes concernant mon parquet de dorés.
» Le 29 avril, n'apercevant pas le mâle faire sa cour à ses femelles,
connue cela avait lieu ordinairement, je craignis un accident et entrai
dans le parquet pour le rechercher.
» Je le trouvai bientôt accroupi sur un nid placé sous la partie cou-
verte de la volière. Je crus à une indisposition ; mais voulant le prendre,
il se sauva très vif et très gaillard.
» J'avais relevé les œufs deux jours avant; il y en avait trois dans le
nid, bien chauds et bien arrangés, comme quand la poule couve ; cela
m'intrigua. Je revins trois heures après et retrouvai toujours mon doré
sur le nid, les plumes ébouriffées : il n'y avait plus à s'y méprendre,
mon mâle couvait.
» Le lendemain, je le trouvai à son poste ; il était tellement assidu,
qu'il se laissait passer la main sur le dos sans qu'il fit mine de se sau-
ver; ce n'est qu'en voulant le prendre, qu'il s'envola très bruyamment.
ï 11 y avait quatre œufs, la femelle en avait donc pondu un depuis la
veille. Je préparai un nid dans un autre coin, y mis quatre œufs de dorés
et la femelle ne pondit plus dans celui occupé par le mâle.
» Les 19 et 20 mai, trois Faisandeaux sont éclos bien vifs.
» De gros rats s'étant introduits la veille dans la volière, en faisant
un trou sous terre, je jugeai qu'il n'était pas prudent de laisser ces Fai-
sandeaux aux soins du père. Je les joignis à d'autres éclos quelques heures
avant et les confiai à une de mes petites éleveuses à lampe.
» Le mâle, lorsque je lui ai enlevé ses petits, gloussait, écartait les
ailes et donnait des coups de bec, exactement comme une poule.
» Je cassai le quatrième œuf; il était clair. Ces trois Faisans dorés sont
venus à bien ; ce sont, du reste, les seuls que j'aie élevés de cette race,
ne m'occupant maintenant que de Faisans plus rares et dont l'acclimata-
tion n'est pas aussi achevée.
» Oael(]ues jours après, je retrouvai mon mâle doré sur le deuxième
nid, où la femelle avait pondu, le recouvant à nouveau ; craignant que cette
incubation aussi prolongée ne lui fût préjudiciable, je le chassai, relevai
les œufs et fermai la partie couverte. 11 en prit alors son parti et ne
recouva plus. Aujourd'hui il a fait sa mue et est superbe et resplendis-
sant de santé.
» Un fait à signaler :
» Je craignais, que les œufs pondus par les femelles pendant son incu-
bation ne fussent clairs ; j'en donnai à quelques amis, et je reconnus,
616 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
d'après les résultats d'éclosions qu'ils m'ont annoncés, que la proportion
d'œufs clairs n'était pas plus grande qu'ordinairement. »
— M . Audap fait connaître que depuis trois ans il met tous ses soins à
transformer la Poule nègre en blanche, à l'aide de croisements et de la
sélection, en lui conservant plumage et mérite. .
« Je possède aujourd'hui, dit notre confrère, une variété de Poule soie
blanche, peau rose, de troisième génération, se reproduisant très bien ;
aussi bonne couveuse, aussi bonne mère que la nègre, plus rustique et
surtout plus agréable lorsqu'on est force de la mettre au pot.
i Si vous croyez que celte variété soit de quelque utilité et que ma
création ail un certain mérite, je vous expédierai au mois d'octobre un
lot de deux poulettes et un coq des Poules couveuses soie blanche, peau
rose de la Boulaie. »
— MiM. les Ministres de l'agriculture et des travaux publics accusent
réception et remercient du Rapport sur les opérations de pisciculture
entreprises parla Société pendant l'année 1882.
— M. Noordhoeck-Hegt écrit d'Apeldorn (Pays-Bas): « La pisciculture
va très bien. J'ai mis en liberté, dans le mois de mai, 250 OOO alevins
Salmo salar ainsi que cinq à six mille petits Saumons ayant à peu près
quatorze mois. Les reproductions de Salmo qttinnat ainsi que de Salmo
^ontmalis \onl également bien; en somme, je suis satisfait des résultats
btenus. »
— M. le D'' Maslieurat-Lagémard, membre du Conseil général de la
Creuse, écrit à M. le Secrétaire des séances :
« Dans sa séance d'hier, le Conseil général de la Creuse m'a chargé
d'une mission bien agréable à remplir : c'est de vous dire qu'à l'unani-
mité il vous a voté des remerciements pour l'intérêt que vous portez à
noire petit établissement de pisciculture et les envois d'œufs de Truite
que vous avez l'amabilité de nous faire chaque année. En vous dé-
signant d'une manière toute spéciale, le Conseil général témoigne en
même temps toute sa reconnaissance à la Société d'Acclimatation dont
vous êtes le si habile interprète.
> Les œufs que nous avons reçus cette année de la Société ont presque
tous réussi. Ajoutés à ceux que nous avons achetés au printemps dernier,
nous avons déposé dans nos rivières cinquante mille alevins.
)) Sur ma proposition, le Conseil général a augmenté de 500 francs
noire petit crédit, ce qui met à noire disposition 1000 francs.
L'État nous accorde la même somme , de sorte qu'au printemps pro-
chain ce sera une centaine de mille d'alevins que nous déposerons dans
nos rivières.
î> Tous nos efforts n'ont pas été perdus. Cette année, on a pris une
grande quantité de Truites, ce qu'on ne faisait pas avant nos empoisson-
nements.
j> Par suite de l'interdiction de la pêche sous les barrages de la Haye-
PROCÈS-VERBAUX. 017
Descartes et de la Guerche et la modification des échelles, les Saumons
peuvent remonter et, cette année, ils sont très abondants. Dans de pe-
tites rivières on en prend huit ou dix par pêche et qui, en moyenne,
pèsent 8 à dO kilogrammes. Sur le marché de Guéret ils valent 2 fr. 50
le kilogramme. Jugez de la joie de nos populations qui trouvent là un
revenu et une abondante et bonne alimentation. Les chaleurs et le
défaut de moyens de transport ne permettent pas de les exporter. Mais
ces résultats sont un grand bienfait pour notre pays.
> On a pris quelques Truites d'Amérique, et tout fait espérer que cette
variété si précieuse s'acclimatera dans nos rivières... »
— M. André Mondehare, attaché au Consulat général de France à
Londres, et chargé de l'organisation de la section française à l'Exposi-
tion de produits et engins de pêche qui a lieu dans cette ville, prie la
Société de vouloir bien lui fournir quelques renseignements sur les pê-
cheries françaises.
— M. Raveret-Wattel fait connaître que, d'après une note communi-
quée à la Société d'acclimatation de Canterbury (Nouvelle-Zélande), deux
Saumons (un mâle de 19 livres et une femelle de 15 livres) ont été cap-
turés dans rOpihi. Ces Saumons appartiennent très certainement à
l'espèce américaine connue sous le nom de Saumon de Californie (S«/mo
quinnat) ; les caractères tirés de la nageoire anale ne peuvent laisser
aucun doute à cet égard. L'acclimatation du Saumon de Californie dans
la Nouvelle-Zélande paraît donc être un fait accompli. On sait qu'il y a
quelques années, environ 10 000 alevins de S. quinnat ont été placés
dans les eaux de l'Opihi.
— M. Uaveret-Wattel conmiunique l'extrait suivant d'une lettre qui
lui est adressée par M. le D'' L. iMoreau: « ...Le Saumon commun se
trouve dans les provinces septentrionales du Portugal, vers le 41'^ degré
de latitude; par conséquent il pourrait vivre dans nos fleuves tributaires
de la Méditerranée qui sont plus au nord; j'ajoute même, il y vit; je
crois utile de vous en donner la preuve incontestable.
> L'année dernière, les U, 17, 18 mai 1882, trois Saumonneaux ont été
péchés dans la Méditerranée, aux environs de Cette ; ils sont de même
taille, ou à peu de chose près; deux d'entre eux mesurent 218 milli-
mètres, le troisième a 243 millimètres. D'oîi viennent ces jeunes pois-
sons ? Sont-ils issus des Saumons que le professeur Gervais a tenté
d'introduire dans les eaux de l'Hérault, avec plus de succès qu'on ne
l'avait soupçonné jusqu'à présent? Sont-ils nés des Saumons placés dans
le Lez par M. Valéry-Mayet ? Je ne saurais le dire ; d'ailleurs le point
important est de constater la présence du Saimo salar dans la Médi-
terranée.
j Les Saumonneaux péchés à Cette ne peuvent être confondus avec
les Saunions de Californie jetés dans le Lez par M. Valéry-iMayet en
1881.
618 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
î Pour dissiper toute espèce de doute à cet égard, je vais indiquer
la iormule des rayons branchiostèges et celle des rayons des nageoires,
chez les trois spéciniens que j'ai étudiés :
» Br. 11 ou 12. — D. 13-0; A. 11 ; P. 14 ou 15; V.8ou9.
» D'après Gûntheron trouve dans VOiicorhynchusquinnat :(voy. Cat.
Fish. Brit. Mur., t. VI, p. 158).
» Br. 17. — D. U; A. 16. î
— Des comptes r»ndus de leurs cheptels sont adressés par MM. 0. de
Doussineau, 0. Massias, Bravard, M. Périn, Turquand, Goubie, Ch.
Gourraud, Hiver, Bourjuge, marquis de Pruns, Claude Lefèvre, Ponté,
Burky et de la Brosse. »
— M. Maurice Le Pelletier écrit du château de Salvert, près Saumur:
« Possédant un cheptel de Cerfs-cochons {Cemis porcinus) depuis le
6 mars, je viens vous rendre compte de mes obesrvations.
» Le mâle nous est arrivé les bois sciés, en mauvais état, le poil dur; il
est maintenant complètement transformé, extrêmement gras, beau poil,
bien lisse et armé de magnifiques bois. Malheureusement il est toujours
resté très, et je pourrais dire trop familier, car, à diverses reprises, il a
essayé de se jeter sur des personnes se promenant dans le parc, aussi
je comprends le motif qui vous avait fait couper ses bois. U devait être
• méchant. Dans les premiers temps il ne recherchait nullement ses
femelles, ne s'en occupait même pas, ne quittant pas la porte du parc,
où on lui portait les détritus de la cuisine. Au bout de deux mois il s'est
écarté peu à peu et la raison était, je crois, qu'une de ses femelles
entrait en chaleur, car au commencement de juillet, le 9 el le 10, on
l'a vu saillir plusieurs fois de suite cette femelle.
» Les femelles, au contraire, dès le début ont été sauvages, on ne les
apercevait que rarement, se tenant sous bois, mais depuis un mois
environ elles se sont bien apprivoisées, venant près de la maison tous
les soirs.
» L'une d'elles, la plus grosse, est pleine, je pense, d'après ce que
les domestiques m'ont rapporté.
î L'autre, la plus jaune de pelage, nous a amené un petit le 25 juil-
let. La première fois que l'on a aperçu ce produit, il devait être âgé
d'environ quinze jours. A chaque instant de la journée, les uns ou les
autres l'aperçoivent et je puis vous assurer qu'il se porte à merveille;
mon garde, qui l'a vu de très près, prétend que c'est une femelle. Je
n'assure rien.
î En somme, je suis enchanté de mon cheptel et, d'après ce qui vient
de se passer, je pense réussir.
j Les animaux, en tout cas, ont bonne nourriture, grand espace
(100 hectares) et sont en bonne santé. »
i — M. V. Fleury, à Mauves (Loire-Inférieure), écrit :
« Nos graines de Spinovitls Davidi blanc et noir n'ont donné, jus-
PROCÈS-VERBAUX. 619
qu'à présent, qu'un assez petit nombre de plants; mais la levée ne
semble pas terminée et, si l'été se prolonge dans le commencement de
l'autonme, il est à supposer que d'autres plants apparaîtront.
» Les graines de Chamœrops excelsa\èvenl en assez grand nombre au
contraire. Je crois que j'aurai un grand nombre de sujets eu égard à la
quantité de graine reçue. »
— M. Matliey, de Rocliechouart (Haute-Vienne), adresse le résultat
de ses observations relativement à la culture de diverses plantes dont la
semence lui a été fournie par la Société d'Acclimatation.
« Pommes de terre Heymonet- — Je vous faisais connaître, l'année
dernière, les résultats que j'avais obtenus dans la culture des Pommes
de terre Heymonet, j'ai continué à cultiver cette année ces Pommes
de terre.
» Je les ai semées à des époques différentes les 16 février et 22 mars.
» Les premières commencèrent à pousser le 8 avril et les secondes le
16 du même mois ; la floraison a eu lieu à la fm de mai, toutes étaient
parfaitement mûres, et je les faisais arracher le 17 août. Elles ont été
plantées dans un terrain fort et de très bonne qualité ; le sol est légère-
ment en pente, incliné au sud-ouest.
» Les premières furent plantées dans un terrain plus élevé, plus
découvert et plus sec que les dernières, chez lesquelles j'observai que
plusieurs tubercules étaient gâtés, fait que je ne remarquai chez les
premières, que pour quelques pieds qui se trouvaient abrités par des
autres.
» Cette excellente Pomme de terre, qui se recommande par sa qualité
et son rendement (il existait jusqu'à 30 tubercules à un seul pi^^d), doit
être cultivée, d'après mes observations, dans un terrain sec ; j"ai égale-
ment remarqué que l'excès d'engrais n'est pas favorable à cette
culture.
» Radis du Japon. — Semées ie 16 février dans un terrain fort et de
bonne qualité exposé au soleil, convenablement fumé, les graines com-
mencèrent à lever le 5 mars. Peu de jours après il survint de la neige qui
recouvrit la terre pendant huit jours ; malgré cela et le froid intense
qui lui succéda, les jeunes plants ne souffrirent nullement et presque
toutes les graines étaient poussées le 20 mars. Les plants venaient
bien et je croyais à une réussite, lorsque le 9 mai je m'aperçus que les
tiges montaient, en effet, le 17 mai; un certain nombre de pieds étaient
en fleurs. J'ai commencé à récolter de la graine le 7 août, il y en a
encore sur pied qui ne sera pas mûre avant une quinzaine de jours.
Les gousses, bien qu'assez nombreuses, sont vides pour la plupart et
celles qui contiennent de la graine n'en renferment qu'une très petite
quantité.
j) Pour ce qui est du radis, il ne s'en est pas formé un seul; je crois
pouvoir attribuer cet échec au moment inopportun auquel j'ai semé ces
620 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
graines. Les plants résistant parfaitement au froid, la semence devrait,
je crois, être mise dans la terre à l'automne.
î Juglans nigra. — J'ai semé mes noix le 9 avril, dans un terrain
fort et de bonne qualité, un peu ombragé.
» A la fin de mai, plusieurs petits Noyers sortaient de terre et depuis
cette époque une certaine quantité a continué à naître. Je possède ac-
tuellement dix-neuf Noyers, la tige des plus grands mesure 25 centi-
mètres de hauteur.
» Tous les sujets sont très vigoureux, le sol et le climat paraissent
parfaitement convenir à cette culture.
» Fèves d'agiia dulce et do Perpignan. — Les Fèves d'agua dulce et
de Perpignan ont parfaitement réussi ; cette culture donne, du reste, de
bons résultats dans cette partie du Limousin.
» Semées les unes et les autres dans un bon terrain, les premières le
18 février, les secondes le 4. avril, les Fèves d'agua dulce ont poussé le
1" avril, fleuri le 15 mai et ont été récoltées le 26 juillet.
» A part quelques graines déterrées et enlevées par les rats que j'ai
réussi à prendre au piège, aucun parasite n'a nui à ma récolte.
B Les Fèves de Perpignan ont commencé à pousser le 28 avril ; le
12 juillet, les voyant parfaitement mûres, je les récoltai.
» La seconde espèce, plus grosse que la première, présente encore
l'avantage de venir beaucoup plus rapidement.
» J'adresserai très prochainement à la Société :
■» 1" Des Pommes de terre Heymonet ; 2" des Fèves d'agua dulce et de
Perpignan ; '6° un spécimen de graines de Radis du Japon. »
— 31. le docteur Jeannel, de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes),
adresse le compte rendu suivant sur les plantes qu'il a reçues de la So-
ciété. « Les Eucalyptus Stuartiana, resinifera, tereticornis, gompJio-
cephalajongifolla elpolganthemos n'ont pas souffert de la neige tombée
en abondance le 10 mars 1883, ni de l'abaissement de température
qui s'en est suivi le lendemain ( — 2°), ni des pluies froides qui se sont
succédé jusqu'à la fin d'avril et qui ont empêché la floraison des
orangers.
» Le développement des sujets d'espèces diverses est naturellement
très inégal, mais le sol de mon jardin en pente sur des rochers cal-
caires est lui-même d'une profondeur très inégale. Je ne saurais donc
rien conclure quant à présent relativement aux mérites comparatifs des
espèces qui m'ont été confiées.
» A cette occasion je signale le développement vraiment prodigieux
d'un Eucalyptus donné par M. Naudin,sous le nom douteux d'£. amyg-
dalina : planté il y a trente mois, il atteint aujourd'hui la hauteur de
7 mètres; la circonférence du tronc à 1 mètre au-dessus du sol n'a pas
moins de 35 centimètres.
ï Un autre sujet du même âge, donné par M. Naudin, sous le nom
PROCÈS-VERBAUX. 621
à'E. colossea. atteint la hauteur de 4 mètres. Ses feuilles, obovales, de
5 ou 6 centimètres de longueur, presque régulières et étalées horizon-
talement, sont d'un vert clair, sur des rameaux d'un rouge-brun. L'arbre
est (les plus élégants.
» Les Acacia {Miesmcri, resinoides, petiolaris, binervia, IhiifoUa,
spcctabilis et excelsa) n'ont pas souffert du printemps exceptionnel-
lement froid et humide de 1883, il en est de même du Dasylirion glau-
cum et du Grevillea robusta.
» Les Bambusa ont bien résisté, ce sont B. viridi-glaucescens,
Himalayense, nigra, graciUs, Quilioi, metake et scriptoria. Le B.
Quilïoi paraît prendre le plus grand développement ; il a donné en juin
des pousses de 3 à 4 mètres de haut. »
— Les ouvrages suivants sont offerts pour la bibliothèque de la Société :
Simples notions sur les engrais chimiques, leur préparation et
leur emploi, suivies de la fabrication à la ferme du superphosphate de
chaux, par M. Pios-Fayet. Versailles, 1883, imp. E. Aubert. Brocb. in-S".
Pommiers microcarpes ou Pommiers d'ornement, par'E. A. Car-
rière. Paris, lib. agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob. 1 vol.
in-18, fig. (L'Auteur.)
Congrès national des Sociétés françaises de Géographie, h^ session,
Bocdeaux, sept. 1882. Compte rendu des ti'avaux du Congrès. 1 vol. in-S°.
Catalogue de la collection des semences suédoises à l'Exposition
internationale d'Amsterdam, par L.-S. Wahlstedt. Luud, 1883, imp.
F. Berling, 1 vol. in-8''. (L'Auteur.)
Les Vignes et les Vins de l'Algérie, par Romuald Dejernon. Paris, 1883,
librairie agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob, 1 vol. in-8°.
(L'Auteur.)
De l'évolution biologique des Pucerons en général et du Phylloxéra
en particulier , par J. Liclitenstein. Paris-Bordeaux, à la librairie viui-
cole et viticole, 1883. 1 broch. in-18. (L'Auteur.)
Botanicon sinicum. Notes on chinese botany from native and west-
ern sources, by E. Bretschneider, M. D. London, 1882, Trubner and C",
57 et 59, Ludgate-Hill, 1 vol. in-8'\ (L'Auteur.)
Pour le Secrétaire des séances,
Jules Grisard,
Agent général.
lU. BIBLIOGRAPHIE
I
Culture et exploitation des arbres, par Antoniii Rousset, inspecteur
des forêts. Un vol. in-S", 4i5 pages. Librairie agricole, 26, rue Jacob.
L'auteur part de ce point que les travaux du reboisement, ainsi que
l'introduction des végétaux exotiques, posent actuellement aux arbori-
culteurs et aux forestiers deux problèmes aussi sérieux qu'intéressants.
1° Un terrain étant donné, indiquer d'une façon précise les essences
qui peuvent y prospérer, les pratiques culturales à employer à cet effet,
et enfin le genre d'exploitation à appliquer à ces végétaux ligneux, sui-
vant leur situation et leur distribution.
2° Un arbre étant donné, faire connaître ses conditions d'existence
normale, son mode rationnel de culture et le traitement auquel il doit
être soumis à l'état isolé ou en massif.
M. Antonin Rousset pense que ces questions n'ont été traitées jusqu'à
ce jour que d'une façon approximative ou empirique, et qu'elles pour-
raient aujourd'hui être résolues d'une manière scientifique et positive.
Par suite, il s'est efforcé d'examiner chacun des phénomènes de la végé-
tation, en les isolant les uns des autres ; il a essayé d'étudier divisément
chacune des lois naturelles, afin d'en déduire, suivant les différents cas,
les lois secondaires ou les règles précises pour la meilleure exécution
possible des diverses opérations culturales.
Ainsi que l'indique le sous-litre de ce livre, il s'agit donc d'Études
sur les relations et l'application des lois naturelles de la création, des
conditions climatériques et des principes de la physiologie végétale, com-
parée avec les conditions normales d'existence, de propagation, de culture
et d'exploitation des arbres isolés ou en massif.
C'est un travail d'ensemble, que les forestiers liront avec intérêt.
M. Rousset examine d'abord les lois naturelles relatives aux végétaux,
les conséquences de l'harmonie de la création, la perfectibilité des for-
mes suivant les conditions d'existence, la marche de la végétation pon-
dant les périodes géologiques, et les conditions générales d'existence des
végétaux.
11 passe ensuite à leur activité vitale, aux organes de nutrition, de
reproduction et de support ;
Puis aux terrains, leur nature et leurs qualités, leur productivité,
leur relief extérieur et leur humidité par les eaux superficielles ou sou-
terraines ; aux phénomènes atmosphériques, climat, lumière, tempé-
rature, eau, vapeurs, électricité.
La cinquième partie est consacrée aux déductions et à l'application
BIBLIOGRAPHIE.
6^3
des principes de la physiologie végétale au traitement des arbres isolés
ou en massif, savoir : composition, création et plantation des massifs ;
c.cclimatation, naturalisation et propagation des essences ; développement
et production ligneuse d'un massif boisé; exploitations et aménagements.
En ce qui touche la propagation des essences exotiques utiles, l'auteur
pose en principe que la naturalisation est possible et que l'acclimatation
ne l'est pas. Empruntant une citation de M. Ch. Martins, le végétal,
dit-il, vit tant que le thermomètre et l'hygromètre se maintiennent dans
les limites qu'il peut supporter. Celte limite dépassée, il périt. Cela ex-
plique les causes d'insuccès des tentatives d'acclimatation des végétaux;
mais il n'en est pas de même de la naturalisation, et, dans les limites de
chaleur et d'humidité qui leur sont nécessaires, les plantes subissent en
réalité des modifications parfois assez importantes.... M. Tisserand a re-
marqué que diverses plantes subissent, jusqu'à un certain point, une
espèce d'acclimatation ou d'adaptation. En effet, si on importe à Chris-
tiania des semences d'orge, tirées des latitudes tempérées, la première
année elles arrivent à maturité beaucoup plus tard que les plantes nor-
végiennes; mais, si on sème successivement l'orge récoltée, on constate
que le retard observé diminue graduellement et qu'il disparaît après la
quatrième ou la cinquième génération.... La culture du blé à Sierra-
Leone n'a pu s'établir qu'après plusieurs années ou récoltes ; l'influence
du milieu a détruit d'abord les pieds trop faibles, et ceux qui ont pu
résister se sont en quelque sorte plies aux exigences du climat... La
Chrysanthème des Lides ou d'automne, originaire de la Chine, introduite
en France en 1790, n'a commencé à donner des graines fertiles qu'en 1852,
c'est-à-dire après soixante-deux générations ou récoltes annuelles... Pour
des arbres forestiers, chaque génération de sujet susceptible de donner
des graines fertiles embrasse une période de vingt à trente ans au moins,
et soixante générations représenteraient donc un laps de temps de quinze
cents ans en moyenne.
Nous avons tenu à emprunter ces quelques lignes à M. Antonin Roussel ;
mais nous sommes surpris qu'un esprit aussi investigateur que le sien
ne se soit pas demandé si les expressions dont il se servait, après d'au-
tres, étaient conformes aux données scientifiques actuelles, et si les faits
qu'il rapportait lui-même ne contredisaient pas ses prémisses. Ce qu'il
appelle naturalisation, tout le monde aujourd'hui le nomme acclima-
tation; la naturalisation, au contraire, est le fait accidentel, imprévu de
l'apparition d'une plante étrangère, se propageant d'elle-même sans au-
cune culture (1).
Nous comprenons, d'autre part, qu'un manuel de jardinage dise que
telle ou telle plante n'est pas susceptible d'acclimatation ; cela se com-
(i) Voy. à ce sujet le compte rendu de l'Essai t,ur les repeuplements arlifi-
ciels, par M. Arthur Noël {Bull, de la Soc. d'Acdiin., Bibliogr., décembre 1882,
p. 721).
624' SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
prend. L'horticulteur ne voit et ne doit envisager que le résultat possible
à atteindre par l'amateur, et réalisable à bref délai. Mais, pour un livre
de science, le point de vue doit être tout autre ; qu'importe que le phé-
nomène de l'acclimatation mette soixante ans ou quinze cents ans même
à se produire! Le fait en lui-même n'en existe pas moins, et la conquête
réalisée sur la nature n'en est pas moins un bénéfice acquis pour l'hu-
manité !
Aimé DuFORT.
II. — Publications nouvelles.
H'oticc sur les plantations de résineux faites à Mussy-sur-Seine,
par M. R. de Bantel, in-S", 13 pag. Troyes, imp. Maillard De Broys.
Manuel île la culture et de l'ensilage des luaïs et autres fourrages
verts, par Auguste Goffart, vice-président du Comité central agricole de
la Sologne. 4' édition, corrigée et augmentée, in-18 jésus, xii-260
pag. avec 4 planch. et 7 fig. Paris, imp. P. Dupont; lib. G. Masson.
L.a perfection dans l'art do soigner et de cultiver les abeilles
ou mouches à miel, à l'usage des écoles et des habitants des campagnes,
par J. Donot, curé de Vouillers (Marne). 2' édition, revue, augmentée,
in--i6, 197 pag. avec fig. Chàlons-sur-Marne , imp. et lib. Martin;
l'auteur.
Chasse de la piuuie au chien d'arrêt dans l'Afrique du Nord, par
le commandant P. Garnier, conseiller général de la Gôte-d'Or, in-8%
43 pag. Auxonne, imp. Charreau; Paris, lib. Martin.
Traite d'ostréiculture, par P. Brocchi, docteur ès sciences naturelles,
in-18 Jésus; 303 pag. Mesnil, imp. Firmin-Didot. Paris, lib. agricole de
la Maison rustique.
Le gérant : Jules Ckisaru.
Imprimeries riuiiics, A, rue Mignon, 2, l'aric
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTË.
ÉDUCATIONS DE BOMBYCIENS SERICIGENES
FAITES A LONDRES EN 1882
Par Alfred WAILLY.
J'ai l'honneur de vous envoyer mon rapport sur les éduca-
tions de Bombyciens séricigènes, que j'ai faites à Londres
en\SS±
Pendant riiiver 1881-82, je reçus une grande quantité de
cocons d'AUacus Mylitla et Atlas de l'île de Ceyian; au prin-
temps, j'en reçus d'autres. Le résultat obtenu avec ces espèces
fut tout à fait nul, pour plusieurs causes : éclosions de papil-
lons pendant le voyage, mort de cocons après leur arrivée, etc.
Presque tous les cocons de Mylitla périrent, mais il me reste
une cinquantaine de cocons (ï Allas en bon état, et qui ont
chance d'éclore l'été prochain (1883).
Outre ces deux espèces de l'Inde, je reçus en janvier 1882,
d'un correspondant d'Angleterre, un grand nombre de ma-
gnifiques cocons à'Actias Selene et d'Antherœa Roylei de
rilimalaya, dont j'obtins un résultat assez satisfaisant. Quel-
ques cocons d'Atlas (race de l'Himalaya), qui avaient hiverné
deux fois, me donnèrent trois papillons mâles.
Il résulte des faits que j'ai observés que les cocons de l'Hi-
malaya et du nord de l'Inde courent moins de risques d'éclore
en voyage que ceux de l'île de Ceyian et du midi de l'Inde,
quoique le trajet soit plus long. J'ai aussi remarqué que les
cocons Roylei et Selene de l'Himalaya éclosent l'été qui suit
leur arrivée ; ils n'ont jamais hiverné une seconde fois, mais
il n'en a pas été de même des cocons d'Atlas.
Quelques cocons Selene, qui m'ont été envoyés de Madras
au printemps de 1882, ne m'ont donné qu'un seul papillon le
3 octobre; les autres cocons me restent, après avoir passé
l'hiver 1882-83, et les chrysalides sont bien vivantes.
Par suite de Texlrême douceur de la température pendant
3° SÉRIE, T. X. —Novembre 1883. 40
626 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
l'hiver 1881-82, j'eus des éclosions de papillons Atlas, My-.
litta, Selene et Roylei, pendant toute la durée des mois de
janvier et de février ; j'eus même l'éclosion de deux papillons
Cecropia, de l'Amérique du Nord, au mois de mars.
La température, douce d'abord, chaude ensuite, ayant ainsi
continué sans interruption, je crois, jusqu'au commencement
de juin, il en résulta que l'éclosion des papillons fut hâtée de
deux ou trois semaines.
Ces éclosions précoces sont favorables aux espèces univol-
tines dans les pays du Nord, ou à celles dont les larves vivent
longtemps avant de se transformer ; au contraire, ces éclo-
sions précoces sont funestes à d'autres, telles que Pernyi et
mon h\jbr\de Roy lei-Pernyi, en produisant deux générations
au lieu d'une.
Je n'ai pas eu, à Londres, à souffrir de ces éclosions pré-
maturées, parce que les larves de mon hybride et autres ont
été élevées en plein air et dans les circonstances les plus dé-
favorables à leur croissance et à leur bonne venue ; mais
M. Huin, qui a si bien réussi à élever les larves de mon hybride
au siège de la Société d'Acclimatation, et plusieurs de mes
correspondants, ont obtenu les papillons de l'hybride et ceux
de Pernyi pendant l'automne, et il ne leur est resté que quel-
ques cocons pour les éducations de 1883. Heureusement,
grâce à l'obligeance de M. Iluin et à celle de deux de mes cor-
respondants, qui m'ont remis les cocons qui leur restaient, si
tout va bien, j'en ai assez pour la reproduction et l'éducation
de ma nouvelle espèce de Ver à soie du Chêne.
Le temps, ai-je dit, qui avait été très favorable, trop favo-
rable même pour les éclosions de certaines espèces, changea
complètement à ])artir du 3 juin. Nous n'eûmes alors que des
pluies froides et incessantes, qui durèrent, selon leur mau-
vaise habitude, pendant six semaines à peu près. Si les pluies
n'arrivent pas en juin, on les a en juillet; si on ne les a pas
en juillet, on est sûr de les trouver au mois d'août; elles ne
font jamais défaut. Malheureusement cet affreux temps acte
assez général, et d'autres que moi ont eu à s'en plaindre.
Mes pauvres petites chenilles d'hybride, sans aucun abri
BOMBYCIENS SÉRICIGÈNES. 627
sur de petits Chênes à feuillage d'une maigreur etTrayanle,
étaient littéralement noyées dans des torrents de pluie et
entraînées dans la fange, où il ne restait aucune trace de leur
existence. Celles qui ont résisté à une aussi terrible épreuve
devaient être amphibies. Combien de victimes ont succombé,
je ne saurais le dire; mais le nombre des gaillardes qui ont
survécu au supplice a été facile à compter : douze à peu près,
qui ont traîné leur misérable existence pendant trois mois au
moins avant de pouvoir se décider à former leur cocon.
Mon hybride a été un succès, un succès remarquable, si
l'on considère dans quelles circonstances son éducation a été
faite. Espérons que nous n'aurons plus l'été en hiver et l'hiver
en été, et que nous verrons une année avec ses quatre vraies
saisons.
En fin mai et jusqu'au 3 juin j'eus un petit nombre de pa-
pillons Mylitla et Allas, c/ et Ç en même temps. Je croyais
alors que les éclosions allaient continuer et que j'obtiendrais
une grande quantité d'œufs fécondés. Illusion! vaine illusion!
Les papillons Mylilta refusèrent obstinément de s'accoupler,
et les autres cocons Mylilla ne produisirent plus aucun pa-
pillon; tous périrent les uns après les autres.
Le 30 mai, deux Allas s'accouplèrent, mais les œufs ne
produisirent aucune larve : elles périrent dans l'œuf, proba-
blement par suile d'un manque de chaleur suffisante.
Les éclosions de papillons Allas eurent lieu comme suit :
le 24 mai, 2 femelles; le 26,1 femelle; le 27, 1 femelle; le
28, 1 mâle; le 29, 4 femelles et 1 mfde; le 30, 1 mâle ; le
3 juin, 1 mâle ; le 1 1 août, 1 mâle ; le 8 septembre, 1 femelle ;
le 29 septembre, 1 mâle ; le 7 oclobre, 1 femelle.
Aclias Selene. — Les éclosions de papillons de cetle ma-
gnifique espèce, dont j'avais une grande quantité de cocons
de la race de l'Himalaya, commencèrent le 30 mai et se ter-
minèrent le 29 août.
.l'obtinssix ou sept accouplements, et, par suite, un nombre
assez considéral)le d'œufs fécondés. Une femelle de forte taille
peut pondre de 350 à près de 400 œufs.
Les premières larves, nées le 21 juillet, provenaient d'une
628 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
ponte mise de côté comme incertaine (n'ayant pas été témoin
de l'accouplement), et qui avait eu lieu le 1" et le 2 juillet.
Le !"■ juillet, un mfde Selene, placé dans une cage contenant
une femelle Selene et une femelle à^Actias luna, s'accoupla
avec cette dernière, mais les œufs ne produisirent aucune
larve.
L'éclosion des œufs provenant d'un accouplement du 4 juillet
-se fit le 23 juillet. En me reportant à la date de chaque accou-
plement et à celle de l'éclosion des chenilles, il en résulte
que l'éclosion des chenilles eut lieu une vingtaine de jours
après la ponte des œufs.
Les chenilles de Selene furent, comme l'année précédente,
élevées à l'air libre. J'en mis un nombre considérable sur un
Noisetier de forte taille et deux douzaines à peu près sur un
groupe de petits arbres croissant l'un près de l'autre et dont
les branches se touchaient : deux Cerisiers, deux Pommiers,
un Poirier et un petit Chêne. Mes Selene mangèrent indiffé-
remment le feuillage de ces petits arbres, même le Chêne,
allant d'un arbre à l'autre. Sur ce groupe de petits arbres frui-
tiers, j'avais aussi quelques chenilles d'Attacus Pyri, que
j'élevai cette année pour la première fois à l'air libre, jusqu'à
leur transformation, ne les ayant mises dans une boite qu'au
moment où elles commencèrent à filer.
Sur le petit Chêne appartenant à ce groupe, j'élevai des
larves de Roi/lei, dont je parlerai plus loin.
Les six petits arbres furent entourés d'un châssis sur lequel
ie fis mettre un double filet, afin de protéger les larves contre
les Moineaux, qui, cette année, ne purent y toucher. Le Noi-
setier et le groupe de petits Chênes servant à l'éducation de
mon hybiide Roylei-Pernyi et à celle de Telea Poli/phemm,
furent également recouverts d'un double filet. J'avais ainsi
trois châssis au lieu de deux, comme en 1881.
Revenant à mes Selene, je regrette d'avoir encore à relater
un désastre. Toutes les larves dont le gros Noisetier était cou-
vert périrent les unes après les autres, aux divers âges, quel-
ques-unes ayant atteint le cinquième. Au contraire, celles qui
avaient été déposées sur les petits arbres fruitiers, Poirier,
nO.MBYCIENS SÉRICIGÈNES. (329
Pommier el Cerisier, profitèrent admirablement bien et réus-
sirent à former leurs cocons. Les larves provenaient d'énormes
et magnifiques Papillons, et étaient toutes très vigoureuses.
Est-ce que le feuillage du Noisetier ne convient pas à la nour-
riture du Sekne? Un de mes correspondants d'Ecosse a élevé
ses larves sur cet arbuste et a obtenu de beaux cocons. J'at-
tribue la perle de mes larves de Selene à la mauvaise qualité
du feuillage. Le tronc de ce Noisetier avait été coupé à moitié
de sa bauteur à peu près; les grosses brancbes avaient été
taillées aussi, afin de rendre le tout plus compact et plus
facile à recouvrir du cbassis avec son filet. Le résultat naturel
de cette coupe du tronc et des grosses brancbes fut de donner
naissance à une immense quantité de petites brancbes, dont
le feuillage mouetaqueux ne contenait probablement pas assez
de substance nutritive.
Atlacus (Antherœa) Roylei, Ver à soie du Gliêne de l'Hi-
malaya. — L'éducation de cette espèce, malgré le mauvais
temps, a parfaitement bien réussi. Les deux années précé-
dentes, j'avais cru l'accouplement de cette espèce en captivité
sinon impossible, du moins très difficile à obtenir.
En 1882, les papillons /?oy^et, tous remarquablement beaux,
se sont accouplés avec la plus grande facilité, ,1e n'obtins ce-
pendant, avec une grande quantité de cocons, que quatre
accouplements ; mais cela tient à une cause accidentelle : l'é-
closion des papillons par groupes de mâles ou de femelles, ce
qui arrive assez souvent. Ainsi, du 2 au 10 juin, je n'eus que
des papillons maies ; du 10 au 13 juin, une femelle seulement
et dix mâles; du 21 juin au 4 juillet, il n'y eut que des pa-
pillons femelles. L'éclosion des papillons eut lieu du 11 mai
au 4 juillet; les quatre accouplements, le 28 mai, le 2, le 13
et le 18 juin.
Le 24 mai, un mâle Pernyi s'accoupla avec une femelle
Pernyl, et le 29 mai, un mâle Roylei avec une kmeWe Peniyi ;
tous les œufs étaient bien fécondés.
Les œufs provenant du second accouplement, qui eut lieu
le 2 juin, que j'avais conservés pour l'éducation, commen-
cèrent à éclore le 27 juin, el j'obtins les premiers cocons le
630 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
2 septembre. Ainsi que je Tai dit dans mes précédents rap-
ports, les larves de Roylei, de Pernyi et de mon hybride
Roylei-Permji se ressemblent beaucoup. Cependant j'ai re-
marqué qu'au cinquième Age (je n'ai pas eu le temps de les
examiner aux premiers Ages), les larves de Roylei sont d'un
vert plus foncé que celles de Pernyi et de l'hybride ; en outre,
le nombre des grandes taches métalliques sur les côtés sont
de cinq à sept, au lieu de deux ou trois, comme ?,\\v\q Permji
ou l'hybride. Le nombre des taches métalliques sur la bande
latérale de chaque côté du corps de la larve varie selon les
individus dans les trois espèces.
Les larves, comme je l'ai dit, furent élevées à l'air libre
sur un petit Chêne; mais aux quatrième |et cinquième Ages,
le feuillage ayant été entièrement détruit, l'éducation fut ter-
minée sur des branches coupées.
Circula trifenestrata. — En 1882, je reçus pour la pre-
mière fois des cocons de cette curieuse espèce, qui me furent
expédiés de Madras. Malheureusement il me fut impossible
d'en tenter l'éducation, les chrysalides ayant toutes péri pen-
dant le trajet ou après leur arrivée à Londres, à l'exception
de quelques-unes, qui me donnèrent : le 4 juillet, un papillon
femelle ; le 9, une femelle ; le 13, une femelle ; le 15 juillet,
une autre femelle, et le 26 juillet, un mAle. C. trifenestrata
est le Bombycien dont le cocon d'un jaune d'or a la forme d'un
réseau qui permet de voir la chrysalide au travers.
Ces cocons sont assujettis les uns aux autres en masses qui
sont souvent très considérables.
Le dernier tas de cocons que je reçus, le 3 août 1882, beau-
coup trop tard pour qu'ils eussent chance d'arriver vivants,
se composait de trois à quatre cents cocons, que j'ai eu un
mal infini à détacher les uns des autres, afin de m'assurer s'il
restait quelques chrysalides vivantes. Tout était mort, et la
boîte en fer-blanc qui les contenait était pleine de toutes pe-
tites mouches vivantes.
C. trifenestrata se trouve sur la liste des Bombyciens de
l'Inde, à la page 6 de ma Notice qui a paru dans le Rulleiin
de la Société iV Acclimatation du mois de novembre 1881 .
BOMBYCIENS SÉRICIGÈNES. 631
Ayant dans mes rapports précédenis donné des détails sur
les Bombyciens séricigènes et autres du nord de l'Amérique,
je me bornerai cette fois-ci à parler de la manière extraordi-
naire dont les papillons de deux espèces sont éclos eni88"2 et
je terminerai en parlant de nouveau de mon hybride Roylei-
Pernyi.
Telea Polyphenms. — Avec quatre oucinqdouzainesde co-
cons, je n'obtins que trois accouplements. Les papillons com-
mencèrent à éclore du 23 mai ; jusqu'au 27 il n'y eut que des
femelles. Les papillons continuèrent ainsi jusqu'à la fm à
éclore le plus souvent par groupes de mâles ou de femelles.
Comme je l'ai déjà dit, cette espèce s'accouple assez diffi-
cilement en captivité ; les accouplements sont généralement
de courte durée et terminés de bonne heure le matin. De là
la difficulté desavoir si les œufs obtenus sont fécondés ou non.
Si les papillons sont tant soit peu dérangés, si même l'on
touche légèrement la cage où ils sont renfermés, ils tombent
comme un trait au fond de la cage et ne restent tranquilles
qu'après avoir fait une demi-douzaine de pirouettes. Il sera
donc toujours, je crois, assez difficile d'obtenir en captivité
une grande quantité de graine fécondée de celte espèce.
J'eus une quantité de larves écloses de graine mise de côté
comme incertaine; d'un autre côté, je n'obtins aucune larve
d'une ponte provenant d'une femelle bien accouplée. Les
larves de Poli/phemits furent élevées sur les petits Chênes de
moujardin en compagnie de celles de mon hybride, mais vers
la fm de septembre il ne restait plus de feuillage et je fus
obligé de les retirer alors qu'elles n'étaient encore qu'au troi-
sième ou au quatrième âge.
Actias lima. — De cette espèce je m'étais réservé environ
quatre douzaines de cocons dont j'obtins de forts et magni-
fiques papillons. Cependant le résultat définitif (la reproduc-
tion de l'espèce) a été pire qu'avec le Polypkème. Je n'obtins
qu'un seul accouplement, par suite encore de la manière
extraordinaire dont les éclosions de papillons ont eu lieu.
Il n'y a, que je sache, aucune cause connue encore, qui lasse
éclore les papillons de diverses espèces par groupes de mâles
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
OU de femelles ; cependanl tous les ans le même phénomène
se représente. Est-ce simplement un effet du hasard, comme
je l'ai cru jusqu'à présent, ou bien y a-l-il une cause qui nous
est encore inconnue ?
Comme pour les diverses autres espèces, j'ai pris des notes
et marqué les dates des éclosions de tous les papillons Luna,
et voici comment elles ont eu lieu. Du 10 au 13 mai, papillons
mâles; intervalle de cinq jours ; du 18 au 27, tous papillons
femelles. Après un intervalle de trois jours j'eus encore des
papillons tous mâles jusqu'au 4 juin ; ensuite, du 7 juin au 19,
rien que des femelles. Le 21 juin, j'obtins une femelleet, le24»
un mâle ; le 25, ces deux papillons s'accouplèrent. Après cette
date je n'eus que des papillons femelles. Ainsi, avec quaranle-
huit papillons, car tous les cocons sont parfaitement bien éclos,
je n'eus qu'une seule fois chance d'obtenir un accouplement
— encore la femelle était-elle éclose trois jours avant le mâle,
ce qui peut rendre l'accouplement impossible ou inutile. —
Le 28 juin, j'obtins l'accouplement d'un mâle Selene avec une
femelle Luwa, dont j'ai, je crois, parlé: les œufs ne furent
point fécondés. Les larves Litwa furent élevées en captivité sur
des branches de Noyer jusqu'en mi-septembre; quelques-unes
s'étaient chrysalidées. N'ayant plus le temps de m'en occuper,
mes vacances étant terminées, j'envoyai le reste à un corres-
pondant pour terminer l'éducation.
Hybride Roi/lei-Peruf/i. — Les divers articles ayant trait à
mon hybride de Roylel-Pernyi ont paru dans mon Rapport
de mars 1882 d\i Bulletin de la Société d'Acclimatation el
autres bulletins que je n'ai pas en ce moment sous les yeux.
Mention en est faite aussi dans The Entomologisl de novembre
1881 et plusieurs numéros du Journal of Ihe Society o farts de
Londres, les 10 et 31 mars et le 7 avril 1882. Mon dernier Rap-
port anglais sur les éducations de 1882 est inséré dans
quatre numéros de ce dernier journal : 10 et 20 janvier ; 2 et
23 février 1883. Aussitôt après la réimpression de ce dernier
Rapport, je me ferai un plaisir d'en envoyer plusieurs exem-
plaires à la Société d'Acclimatation. En se reportant à mes
divers articles on verra que, du 21 mai au 6 juin 1882, j'obtins
BOMBYCIENS SÉRICIGÈNES. 633
l'accouplement de six femelles Roylei (Ver à soie du Chêne de
l'Himalaya) avec six nulles Perwî/i (Ver à soieduChênedunord
de la Chine). De là date la création de mon nouveau Ver à soie
du Chêne. La grande question alors était de savoir si les papil-
lons provenant des cocons obtenus seraient bien conformés et
susceptibles de reproduire cette nouvelle espèce en 1882. La
reproduction eut lieu, comme je lavais prévu, en voyant la
grosseur et la beauté des cocons. Les larves avaient été élevées
en 1881 avec le plus grand succès en Europe et en Amérique.
Ce succès, qui a de beaucoup dépassé mes plus belles espé-
rances, est dû à l'étroite parenté des types reproducteurs.
Avec un petit nombre de ces magnifiques cocons d'hybride,
vingt-sept ou vingt-huit, j'obtins un nombre considérable
d'oHifs fécondés. Les papillons ne manquèrent jamais de s'ac-
coupler, les mâles pouvant s'accoupler trois fois. Lorsque je
n'avais pas de femelles de l'hybride, les mâles s'accouplaient
avec d'autres espèces. Les larves obtenues en 1882, comme
celles de l'année précédente, furent des plus robustes et des
plus faciles à élever à l'air libre. Si les éducations avaient
toutes été faites à l'air libre, comme je le conseille pour l'an-
née 1883, le nombre de cocons obtenus pour la reproduction
de cette année aurait été assez considérable, et il aurait permis
les éducations sur une plus grande échelle. Élevé en chambre,
mon hybride, comme les types reproducteurs, a une tendance
à devenir bivoltin, et la majeure partie des cocons est perdue
pendant l'automne par l'éclosion des papillons. A l'air libre,
l'hybride, comme lePerni/i, deviendra univoltin dans les pays
du Nord.
Le premier papillon hybride obtenu de mon petit lot de
cocons fut une femelle que j'envoyai au Musée britannique
avec le cocon, afin queM. W. F. Kirbyen fît la description et le
soumît à la Société enlomologique de Londres. Quelques jours
après j'envoyai d'autres spécimens ainsi que les types repro-
ducteurs et leurs cocons afin que les trois espèces pussent
être comparées.
A une réunion qui eut lieu le 3 mai 1882 au siège de la
Société entomologique, sous la présidence de M. H. T. Sla n-
634 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMÂTATION.
ton, M. W. F. Kirby lut sonarlicle sur mon hybride, donnant
une description des plus détaillées sur le papillon et le co-
con. Le titre de l'article inséré dans les Annales de la Société
entomologique est comme suit :
« Notes on a hybrid between Antherœa Pernyi Guér., and
A . Roylei Moore. »
M. Kirby termine son article par cette comparaison des
cocons: « Le cocon de l'hybride est tout aussi gros que celui
de Roylei. Mais au lieu de l'espace considérable qui existe
entre l'enveloppe et le vrai cocon de Roylei , il n'y a pour
ainsi dire aucun espace entre les deux et le cocon Pernyi est
plus petit; d'où il résulte que celui de l'hybride serait d'une
valeur commerciale supérieure. »
M. F. Moore, conservateur du Muséum de Bethnal-green à
l'est de Londres, a, lui aussi, donné une description des pa-
pillons, mâle et femelle démon hybride, qui se trouve insérée,
comme celle de M. Kirby, dans mon Rapport à la Société des
arts de Londres.
M. Moore vint voir mes élèves au mois d'août, alors qu'ils
avaient atteint, pour la plupart, toute leur taille, et étaient
revêtus de leurs brillantes parures. M. Henry B. Wheatley,
rédacteur du journal de la Société des arts, était aussi venu
me rendre visite quelques jours auparavant. Ces messieurs
furent surpris de voir dans Londres même, sur de petits
arbres à feuillage rabougri ou maladif, surtout celui des
Chênes qui était tout piqué de jaune, d'énormes chenilles qui
semblaient, comme le dit M. Moore dans la lettre qui accom-
pagne son Rapport, tout aussi bien portantes que si elles
eussent été dans leur propre pays. Comme l'année précédente,
M. Moore emporta des larves de mon hybride et autres ainsi
que des spécimens de papillons pour le Rethnal-green
Muséum.
L'éclosion des papillons de mon hybride commença le
23 avril et se termina le 5 juin. Il y eut quinze femelles et
douze mâles. Ces cocons, à l'exception des miens, provenaient
d'éducations fuites en Allemagne, en Autriche, en Ecosse et
aux États-Unis de l'Amérique du Nord,
BOMBYCIENS SÉRICIGÈNES. 635
Je ne reçus que deux cocons de l'Amérique, dont un mou-
rut; l'autre produisit un petit papillon mâle. Tous les autres
cocons étaient énormes. J'obtins, je crois, douze accouple-
ments avec vingt-sept papillons, succès extraordinaire, surtout
si l'on considère que les mâles et les femelles n'éclosent pas
toujours simultanément et que quelques papillons furent con-
servés pour spécimens. Au nombre de ces accouplements je
ne compte pas ceux des mâles hybrides avec d'autres espèces.
Je vais maintenant reproduire mes notes sur l'hybride, ce
qui ne sera pas, je crois, fort intéressant, mais « devoir
oblige ». Ceux de mes lecteurs, si toutefois j'en ai, qui n'au-
ront pas la patience de lire mes notes, peuvent sauter par-des-
sus, ils n'y perdront pas beaucoup. J'y ai trouvé quelques
passages obscurs, mais je dois dire qu'ils ont été écrits de nuit
et à la hâte : c'est pourquoi je demande l'indulgence de ceux
qui voudront bien me lire.
Aotes. — Le 23 avril, éclosion d'une femelle papillon hy-
bride, portée au British Muséum avec spécimens de Pernyi
et Roylei; le 26, une femelle. Dans l'après-midi du 28 avril,
un mâle du cocon d'Amérique, qui s'accoupla dans la soirée
avec une femelle Pernyi. Le 3 mai, éclosion de deux femel-
les; le 4 mai, un mâle et une femelle qui s'accouplèrent après
une heure du matin le 6 mai; la femelle pondit deux cent
soixante-six œufs. Le 6 mai, éclosion d'une femelle ; le 7, une
autre femelle et, le 8, un mâle. Le deuxième accouplement eut
lieu dans la soirée du 9 mai. Le 10 mai, dans l'après-midi
avant 4 heures, il y eut éclosion de trois papillons femelles;
le il, avant une heure de l'après-midi, éclosion d'un mâle
hybride. Le troisième accouplement eut lieu le 10 avec le
mâle qui s'était déjà accouplé le 9; l'accouplement dura du
10 au soir jusqu'à huit heures et demie dans la soirée du
\\ mai.
Le 11, quatrième accouplement avec une femelle éclose le
lOct unmâle éclos dans l'après-midi du même jour, le M mai.
Dans la soirée du li , avant trois heures, il y eut éclosion d'un
mâle, qui s'accoupla plus tard le môme soir; c<! fut le cin-
quième [accouplement de l'hybride pur. — Le 13 mai, éclo-
QSQ SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
sion d'une femelle avant quatre heures du soir ; le 14, éclosion
d'une autre femelle vers les deux heures de l'après-midi. Le
i^, à nenf heures du soir, un accouplement eut lieu entre
l'hybride femelle né le '13 et un petit mâle éclosd'un des deux
€ocons qui m'avaient été envoyés de Paris, comme étant l'hy-
bride. Mais ces deux cocons ressemblaient tellement à ceux de
Pernyi, que je crois qu'il y a eu erreur à leur sujet : c'est
pourquoi je ne les ai pas comptés comme étant des cocons "de
l'hybride. — Le 15, le même mâle, envoyé comme hybride,
s'accoupla avec la femelle hybride née le 14.
Le 16 mai, il y eut éclosion d'un mâle hybride qui s'ac-
coupla le même jour, dans la soirée, avec la femelle hybride
qui s'était déjà accouplée avec le petit mâle mentionné ci-
dessus, dont l'accouplement n'avait évidemment produit aucun
effet. Cet accouplement du 16 mai est compté comme étant le
sixième. — Le 18 mai, vers les sept heures du soir, éclosicn
d'un mâle hybride, et le soir du 19, éclosion d'un autre mâle.
Un de ces deux mâles fut conservé comme spécimen, l'autre
s'accoupla avec une femelle Pernyi.
Le 21 , dans la soirée, le même papillon hybride mâle s'ac-
coupla avec une autre femelle Pernyi. — Le 22 mai, il y eut
éclosion de deux femelles d'hybride et l'une d'elles s'accoupla
le même jour, dans la soirée, avec le mâle hybride qui s'était
déjà accouplé avec deux femelles Pernyi.
Le 23, éclosion d'un mâle hybride, qui s'accoupla dans la
soirée du même jour avec la seconde femelle hybride née le
22 mai. Ce fut, je crois, le huitième accouplement d'hybride
avec hybride.
Le 24 mai, un mâle et une femelle éclosent et s'accouplent
le jour même. Ici mes notes sont incomplètes au sujet des
naissances de papillons, car je trouve que le neuvième et le
dixième accouplement eurent lieu le 24 et le onzième le 25 mai ,
le mâle s'étant accouplé pour la deuxième fois. Le 26 mai, le
mâle hybride, qui s'était accouplé déjà deux fois, s'accouple
une troisième fois avec une femelle Mylitta, de la race de
Oeylan, mais les œufs ont été stériles.
Le 25 mai, il y eut éclosion d'un mâle hybride et le 5 juin
BOMBYCIENS SERICIGENES. 637
j'eus un autre mâle qui lut le dernier papillon. Les œufs pro-
venant de l'accouplement du 6 mai commencèrent à éclore
le 31 mai, et le 5 juin il y eut des éclosions d'autres pontes.
Comme je l'ai dit, par suite de l'affreux temps du mois de juin
et partie du mois de juillet, ce n'est que vers la fin du mois
d'août que j'obtins les deux premiers cocons et les autres au
commencement de septembre.
Par suite des pertes de cocons qui m'ont été envoyés des
pays tropicaux, j'ai conseillé à mes correspondants d'adopter
un nouveau plan d'envoi, qui du reste est bien connu de la
Société d'Acclimatation.
Au lieu d'entasser les cocons, comme cela a toujours été
fait, c'est de les mettre en chapelets de six ou douze selon la
grosseur et de les attacher à une corde solidement assujettie
au milieu d'une caisse d'un pied ou plus de hauteur, perforée
d'un certain nombre de trous aux quatre côtés verticaux,
afin de donner de l'air. De cette manière les papillons qui
éclosenl pendant le voyage peuvent se développer, s'accou-
pler et pondre soit sur les cocons, soit sur les parois de la
caisse.
En adoptant ce nouveau système, les cocons pourraient être
envoyés des tropiques même à une époque avancée de l'an-
née, sans courir aucun risque pendant le voyage.
HAPPOUT
SL'K LA
SITUATION DE LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER
d'après les documents recueillis à l'Exposition internationale
de produits et engins de pêclie de Berlin
EN 1880
Par n. C. BA.TERET-AVATTEL
Secrétaire des séances.
(Fin.)
APPAREILS POUR LA RECOLTE DU FRAI
Un bon choix des sujets reproducteurs est absolument in-
dispensable pour obtenir des alevins robustes et de croissance
rapide. Les femelles trop jeunes donnent de petits œufs, dont
le faible volume influe nécessairement sur la grosseur de
l'embryon. D'un autre côté, l'influence du mâle sur le pro-
duit ne se fait pas moins sentir que celle de la femelle. Des
œufs fécondés avec de la laitance provenant de mâles de petite
taille donnent toujours des alevins beaucoup moins beaux
que si la laitance avait été prise sur de plus forts sujets. Or
les différences de développement qui se manifestent ainsi dès
l'éclosion persistent en ij;énéral chez les individus, et ne ten-
dent même souvent qu'à s'accentuer davantage pendant la
croissance. Il importe donc, quand on procède à des fécon-
dations artificielles, d'avoir sous la main un assez grand nombre
de mâles et de femelles, afin de pouvoir choisir et de n'utiliser
que les plus beaux sujets.
Pour attirer les poissons reproducteurs, on peut se servir
de rigoles- frayères, petits canaux en forme de ruisseaux d'eau
vive, que l'on établit à l'amont d'un étang peuplé de Truites,
ou que l'on fait déboucher dans un cours d'eau dont on a la
libre jouissance. Ces ruisseaux arlificiels attirent les sujets
prêts à frayer, parles facilités qu'ils leur offrent pour la ponte.
LA PISCICULTURE A l'ÉTRâNGER. 639
Une simple rigole creusée dans le sol peut suffire ; mais il est
toujours préférable d'en revêtir les parois, soit avec des
planches ou des pierres, soit, mieux encore, avec de la ma-
çonnerie : ciment, briques, etc. La rigole doit avoir de O^jôO
à 1"\50 de largeur et 4- à 5 mètres de longueur au minimum.
Pour obtenir un courant d'une rapidité suffisante, il convient
de donner une pente de 0™,02 à 0'",03 par mètre. Le fond est
entièrement garni d'une couche de gravier de 0™,10 à 0"\15
d'épaisseur. Quant à la profondeur du courant, elle peut varier
de 0'", 15 à O^j^O, suivant les ressources en eau dont on dis-
pose.
De semblables rigoles servent, soit de frayères artificielles,
pour les Truites qu'on peut y laisser effectuer leur ponte dans
des conditions de sécurité très avantageuses, soit tout sim-
plement de piège pour prendre les poissons prêts à frayer qui
s'y engagent. Dans ce dernier cas, on doit pouvoir retenir les
poissons captifs au moyen de grilles mobiles, installées à
chaque extrémité de la rigole et pouvant se fermer et s'ouvrir
très rapidement à la façon d'un vannage. Pour s'emparer des
poissons, on les oblige, — en mettant la rigole à sec après la
fermeture des grilles, — à se réunir dans une petite fosse mé-
nagée en dedans et tout près de la grille d'aval ; là on les
puise à l'aide d'une truble.
On peut aussi placer dans la rigole un piège semblable à
celui qui figurait à l'Exposition de Berlin sous le nom (ï écluse-
piège (Fangschleuse), et dont nous donnons ci-après (fig. 53)
le plan et une coupe verticale. C'est une caisse rectangulaire,
qui occupe toute la largeur de la rigole et qui est ainsi tra-
versée par le courant. En a, une grille laisse entrer l'eau,
mais arrête le poisson qui, cherchant h remonter le courant,
s'introduit dans la caisse en passant par-dessus la grille in-
clinée b, complètement noyée sous l'eau. Une fois dans la
caisse, le poisson, qui ne peut pas aller plus loin, cherche
peu à retourner en arrière, comme il lui serait facile en re-
franchissant la grille b, et il reste presque toujours pris dans
cette sorte de souricière, où la frayeur le fait se tenir dans le
fond. Il est bon de lui ménager un abri contre le courant c.
640
SOCIETE NATIONALE D ACCLLMATATION.
qui lui sert en même temps de cachette. L'intérieur de la caisse
est d'ailleurs tenu dans l'obscurité au moyen d'un couvercle
mobile e, qu'on enlève au moment de s'emparer des poissons,
hnlv
i . 2 J '/■ ."i 6 7 no
FiG. 53.
auxquels on coupe préalablement la retraite en abaissant le
niveau de l'eau au-dessous du sommet de la grille h.
Pour que le piège remplisse son objet, il est indispensable
que les poissons reproducteurs ne rencontrent pas d'abord
sur leur passage quelque endroit favorable pour la ponte ; car
ils ne manqueraient pas de s'y arrêter. 11 faut donc que la ri-
gole où l'on installe la caisse ne présente pas un fond de sable
ou de gravier qui puisse engager les Truites à y frayer. Un
des avantages de ce piège, c'est qu'on y prend en général plus
de femelles que de maies (dans la proportion 67 : 56 envi-
ron) ; point très important pour l'éleveur, qui a souvent
quelque difficulté à se procurer des œufs en nombre suflisant,
attendu que, dans les rivières, on prend au contraire toujours
beaucoup plus de mâles (souvent six ou huit fois plus) que
de femelles.
Au Canada, on se sert souvent, pour capturer les Saumons
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 641
reproducteurs, d'engins fixes, barrant toute la largeur de
petits cours d'eau et formant comme de grandes nasses, ou,
plus exactement, une sorte de bordigue dont les poissons, qui
y pénètrent sans s'en apercevoir, ne peuvent plus ensuite re-
trouver l'issue. Presque chaque établissement de pisciculture
possède un semblable piège, installé dans un petit bras de ri-
vière qui traverse les bâtiments mêmes du laboratoire, et il
n'est pas rare d'y capturer, en une seule nuit, trente ou qua-
rante Saumons. On sépare les mâles des femelles, et tous
sont mis en réserve pour servir aux fécondations artificielles.
De très petits bassins, où on peut les prendre presque à la
main, servent à conserver ces poissons ; m.ais l'eau doit y être
très vive (l).
M. Seth Green, surintendant de l'établissement de pisci-
culture de Caledonia (État de New- York), est l'inventeur d'un
piège à Truites très simple et d'un emploi facile. C'est une
manche, c'est-à-dire une sorte de filet ou plutôt de long sac
(de 2™,30 à 3 mètres de longueur) en grosse toile d'emballage
d'un tissu très lâche, dont l'entrée est montée sur un cadre en
bois, exactement de la largeur de la rigole- Irayère. A l'autre
extrémité, la manche n'est pas cousue, mais simplement liée
comme un sac, avec une cordelette. Près de son embouchure
dans l'étang, la rigole-frayère présente, de chaque côté, une
rainure verticale ménagée dans la paroi, rainure dans laquelle
le cadre du sac entre à coulisse et doit pouvoir être placé ra-
pidement. A l'époque du frai, tout est disposé dans la rigole
pour attirer les poissons prêts à pondre : fond de sable enga-
(1) Nous avons déjà fait connaître qu'à la grande saumnnerie de Bucksport
(État du Maine) on parque, bien avant l'époque du frai, les Saumons destinés à
la reproduction. Quand on s'occupe de fécondation artificielle, il est à peu près
indispensable d'avoir de petits viviers à eau bien courante, où l'on conserve le<
sujets reproducteurs, en isolant les sexes. Tous les trois ou quatre jours au plus,
on procède à un examen de ces poissons, pour débarrasser de leurs œufs ou de
leur laitance ceux prêts à frayer immédiatement. Le fond des bassins ne doit
pas être garni d'une couche de sable, qui engagerait les femelles à y pondre. De
semblables viviers, très commodes pour la Truite, ne sauraient servir pour toute
espèce de poissons. L'Ombre {Tlnjmnllus vexillifer), les Corégones, ne suppor-
tent pas ce genre de captivité. Il en esta peu près de même de l'Omble cheva-
lier {Salmo umbln). Aussi tous les œufs de Corégone et d'Omble-chevalier que
l'on se procure dans le commerce ont-ils été recueillis et fécondés au moment
de la pêche dans les lacs.
3' SÉRIE, T. X. —Novembre 1883. -il
642 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
géant, courant favorable, calme et obscurité propices. On a
eu le soin, en effet, de recouvrir la rigole de planches ou vo-
lets mobiles, à l'ombre desquels les Truites se croient en sû-
reté. Quami, par'un regard lancé à la dérobée sous les volets,
on a constaté la présence d'un certain nombre de poissons
dans la frayère, on s'empresse d'agir. Tenant d'une main le
sac replié sur lui-même, de l'autre le cadre en bois, on va
droit à la rainure, |sans bruit, en marchant le plus légèrement
possible, et évitant surtout de longer la rigole dans le sens du
courant. On glisse discrètement le cadre dans la rainure et
l'on déroule horizontalement le sac, que le courant ne tarde
pas, d'ailleurs, à gonfler et à maintenir grand ouvert dans
toute sa longueur. Alors on enlève les volets et, frappant l'eau
avec une badine, on rabat le poisson vers le sac, où, dans sa
frayeur, il hésite d'autant moins à s'engager que la demi-
obscurité qui y règne en fait pour lui une cachette. Au bon
moment, on retire lestement le cadre de ta rainure, et tous les
poissons restent pris dans la manche. Un baquet plein d'eau
est apporté, on y met le sac dont on dénoue l'extrémité, et
les poissonsfse trouvent libres dans le baquet. Une manche de
toile vaut mieux qu'un|fllet: elle s'attache plus facilement au
cadre et reste mieux ouverte sous l'etfet du courant qui la
traverse. Le poisson ne voyant pas à travers le tissu, s'effa-
rouche moins que dans un fdet, cherche moins à s'échapper
par un brusque recul, et tend plutôt au contraire à se tenir
coi au fond du sac, comme dans un refuge ; enfin le contact
de la toile risque [moins de le blesser que celui des mailles
d'un filet, et c'est là un point très important, car toute écaille
arrachée,"toute|écorchure de la peau constitue pour la Truite
une blessure qui, dix-neuf fois sur vingt, peut entraîner la
mort. Au bout de quelques jours, cette écorchure se couvre
d'une mousse blanchâtre, végétation parasite qui envahit
promplement presque toute la surface du corps et fait périr
le poisson. Règle générale, une Truite résiste bien mieux à
une blessure profonde, mais nette, qu'aux conséquences d'une
simple déchirure de la peau.
Dès que les Truites sont dans le baquet, il faut les porter
LA PISCICULTURE A LETRANGER.
643
au laboratoire, afin de procéder sans relard aux fécondations
artificielles avec les individus prêts à frayer immédiatement,
et pouvoir remettre en liberté ceux dont la laitance ou les
œufs ne sont pas encore arrivés au point de maturité voulu.
Dans tous les cas, les uns et les autres doivent être laissés le
moins longtemps possible réunis en grand nombre dans une
petite quantité d'eau non renouvelée, dont ils auraient bientôt
épuisé tout l'air respirable. Tant que les poissons se tiennent
tranquilles au fond du récipient, c'est qu'ils ne souffrent pas ;
mais quand on les voit venir à la surface de l'eau, comme
pour humer l'air extérieur, et surtout quand ils cherchent à
sauter hors du baquet, c'est qu'ils commencent à s'asphyxier:
le renouvellement de l'eau est urgent.
Pour recevoir les œufs et en opérer la fécondation artifi-
cielle, on peut se servir de la première terrine venue. Toute-
fois, en Allemagne, on donne généralement la préférence aux
capsules en porcelaine avec bec (fig. 54), en usage dans les
FiG. 54.
laboratoires de chimie. Les œufs et la laitance s'y mélangent
aisément, et la fécondation s'effectue avec régularité. Qua-
rante centimètres de diamètre, telle est la dimension le plus or-
dinairement employée. On a de même adopté en Allemagne,
dans beaucoup d'établissements, les pinces en bois avec cuil-
lerons en cuivre du modèle américain (fig. 55), pour le triage
Fig. 55.
des œufs. Ces pinces en bois sont d'un usage beaucoup plus
644 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
commode que celui des bruxelles en métal. En Angleterre, au
lieu de pinces, on se sert parfois d'une sorte de petit crochet
(fig. 56) inventé par M. Francis Francis, de Twickenham. Un
FiG. 55.
bout de fil de fer que l'on emmanche dans un bouchon, et
dont on contourne l'autre extrémité en forme d'anneau ou-
vert, répond parfaitement au but. Un œuf de Saumon se loge
facilement dans la boucle, et ce petit instrument permet de
l'enlever sans craindre de blesser les autres œufs.
L'opération delà fécondation artificielle réclamant toujours
certains soins et présentant naturellement quelque difficulté
pour le pisciculteur novice, qui risque fort au début de blesser
plus ou moins grièvement les sujets reproducteurs, en les ma-
nipulant avec maladresse, M. Stephen H. Ainsworth, le pion-
nier de la pisciculture en Amérique, a imaginé un appareil
qui permet de récolter les œufs tout fécondés. C'est une rigole-
frayère toute spéciale, dont le croquis ci-contre (fig. 57) donne
une coupe transversale et fait connaître l'ingénieuse disposi-
tion. La rigole, à parois latérales verticales, est garnie sur les
côtés de taquets qui servent de supports à deux rangées super-
posées de claies 6 et c, c'est-à-dire de cadres garnis de toile
métallique galvanisée. La toile métallique des cadres infé-
rieurs c est d'un tissu assez serré (5 à 6 tils au centimètre)
pour que des œufs de Truite ne puissent pas passer à travers
les mailles; celle des cadres b, au contraire, présente un ré-
seau beaucoup plus lâche et juste suffisant pour retenir le
oTos oravier, de la grosseur de belles noisettes environ, sous
lequel on la cache complètement. Ce gravier doit former une
couche de 4 à 5 centimètres d'épaisseur. Ainsi garnie dans
toute sa longueur, la rigole présente toutes les apparences du
LA PISCICULTURE A L ÉTRANGER.
045
lit d'un ruisseau à Tond de gravier, très favorable poui- la
ponte. On a soin, d'ailleurs, d'entretenir un courant de nature
à attirer les Truites. Le grillage a, par lequel entre l'eau, ne
permet pas au poisson de remontei' plus loin; une cloison
verticale ou quelques pierres et un peu de gravier Ibrment
un obstacle qui l'empêche aussi de s'introduire dans l'espace
vide de 10 à 12 centimètres de hauteur qui existe entre les
deux rangées de claies. Quand un couple reproducteur s'est
engagé dans la rigole, l'aspect trompeur du fond l'incite
bientôt à y déposer son frai. Comme d'habitude, la femelle
FiG. 57.
s'occupe alors de préparer un nid, en creusant une fossette
dans le gravier, qu'elle écarte avec sa queue; mais cette opé-
ration préliminaire a pour résultat de mettre la toile métal-
lique à peu près à nu à l'endroit même où la ponte va s'elTec-
tuer. Aussi, quand peu après, les œufs étant pondus et fécon-
dés, le rnale et la femelle cherchent, comme ils le font toujours,
à recouvrir ces œufs de gravier pour les cacher et les mettre
en sûreté, ils ne réussissent qu'à les faire passer tous à travers
les mailles de la grosse toile métallique, et à les faire ainsi
tomber dans le compartiment inférieur, où ils sont reçus par
la seconde toile métallique à tissu serré. Sa ponte terminée,
le couple reproducteur s'éloigne; mais si les eaux voisines
sont poissonneuses, il est bientôt remplacé par un autre, qui
procède absolument comme le premier, et dont le frai va re-
joindre celui qui se trouve déjà dans le double fond de la
64:id SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
rigole, et ainsi de suite. Pour recueillir les œufs, on se munit
d'une terrine pleine d'eau ; on enlève la claie supérieure h
chargée de sable, et inclinant légèrement l'inférieure c, on
pousse les œufs vers une des extrémités avec les barbes d'une
plume, et on les fait tomber dans la ^en-ine en les maintenant
constamment sous l'eau. Les avantages de la rigole-frayère
Ainsworth sont : 1" de dispenser de l'opération de la fécon-
dation artificielle, opération délicate pour des mains inhabiles,
pour le pisciculteur novice, qui ne réussit parfois qu'à blesser
plus ou moins grièvement les sujets dont il cherche à recueillir
le frai; 2" de mettre en sûreté les produits de la ponte, qui
souvent, dans les conditions ordinaires, deviennent promp-
tement la proie des autres couples reproducteurs, quand
ceux-ci viennent à leur tour frayer au même endroit.
Les rigoles Ainsworth, qui sont de véritables frayères, doi-
vent être plus larges que les rigoles destinées simplement
à attirer le poisson pour faciliter la capture de sujets repro-
ducteurs. Il faut, en effet, que les couples puissent s'y livrer à
leurs évolutions, à leurs ébats habituels, que l'endroit leur
paraisse favorable pour la ponte et l'incubation des œufs
qu'ils soient, en un mot, engagés à y frayer. Il convient donc
de donner autant que possible à ces rigoles une largeur d'au
moins l^jSO ou l'"30. Avec de pareilles dimensions, les claies
chargées de sable deviendraient trop lourdes et difficiles à
manier; il est préférable, par suite, de les faire plus étroites
et d'en mettre deux sur la largeur.
On doit, du reste, à M. A. S. Gollins un perfectionnement
de la rigole, qui permet de recueillir les œufs sans déranger
les claies recouvertes de sable. Les claies inférieures c sont
remplacées par une toile métallique sans fin, qui tourne sur
deux rouleaux placés à chaque extrémité de la rigole et faciles
à mettre en mouvement au moyen d'une manivelle. De place
en place, la toile métallique porte des baguettes transversales
en bois, qui l'empêchent de se gauchir, et qui ont en outre
pour but de retenir les œufs et d'éviter qu'ils ne soient en-
traînés par le courant. Quand on a vu des poissons pondre
dans la rigole, on met en mouvement la toile sans fin au moyen
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 647
de la manivelle, et les œufs qui sont tombés sur cette toile
sont transportés à. une des extrémités de la rigole et déversés
dans une augette mobile destinée à les recevoir, La récolte
peut ainsi se faire sans qu'on ait à déplacer l'appareil, sans
qu'on dérange les poissons qui pourraient être en train de
frayer ; on n'a pas même à se mouiller les doigts.
Dans l'important établissement de Newcastle (province
d'Ontario), M. Samuel Wilmot, surintendant de la pisciculture
au Canada, utilise, depuis 1869, pour la récolte des œufs de
Saumon, l'appareil inventé par M. Collins pour les œufs de
Truite. Les dimensions de l'appareil ont dû nécessairement
être proportionnées à la taille du poisson. Au lieu d'une simple
caisse grillée, M. Wilmot a fait établir un bassin couvert, de
2^ mètres de long sur 5 mètres de large. Ce bassin est ali-
menté par une saignée faite à la rivière qui longe l'établisse-
ment. Le fond en est revêtu d'un plancher, à 10 centimètres
duquel se trouve une sorte de treillage en fortes barres de
bois, espacées entre elles de 40 centimètres dans le sens de la
largeur du bassin, et de l mètre dans le sens de la longueur.
Sur ce treillage est cloué un fort réseau de toile métallique
galvanisée, dont les mailles ont 0'",0:2 de largeur. Cette toile
métallique disparaît complètement sous une couche de gravier
et constitue la frayère artificielle, qui mesure 10 mètres de
long sur 5 mètres de large, et qui offre toute l'apparence du
lit naturel d'un ruisseau. Elle est recouverte de 0'",30 à 0'",35
d'eau, et l'on y maintient un courant très vif. Dans l'espace
resté libre entre le plancher et le grillage chargé de gravier,
un tablier sans fin, en grosse toile de chanvre ou de coton,
est porté, comme la toile métallique de l'appareil Collins, par
deux rouleaux, sur lesquels on le fait courir en actionnant
ces rouleaux au moyen d'une manivelle. Le fonctionnement
des deux appareils est donc absolument le même ; les dimen-
sions seules ont été changées, de manière à permettre à plu-
sieurs coiiples de Saumons d'y frayer à la fois, ce qui se i)ro-
duit très néqucmment. Quand le moment du frai est passé,
on enlève la toile sans fin, pour ne la remettre en place qu'à
l'automne suivant ; mais on ne dérange en rien le reste de
648
SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
l'appareil, qui, une fois installé, peut durer fort longtemps
sans exiger de réparations.
La récolte et la fécondation artificielle des œufs adhérents
— comme le sont, par exemple, ceux de la Carpe et de plu-
sieurs'autres Cyprins — exigent certains soins dont on préfère
généralement se dispenser par l'emploi de frayères artifi-
cielles. Ces frayères sont des touffes d'herbes aquatiques que
l'on ménage dans des endroits favorables pour que les pois-
sons viennent y déposer leurs œufs. On se sert également de
fascines, de balais de bouleau, de bruyères, etc., qui remplis-
sent le même objet. Mais, avec ce genre de frayères, la ré-
colte des œufs est toujours plus ou moins aléatoire. Aussi, en
Suède et en Norvège, se sert-on fréquemment de l'appareil
très simple imaginé, il y a déjà plus d'un siècle (en 1761), par
le conseiller Lund, de Linkôping. C'est une grande caisse
flottante en bois, à parois percées de nombreux trous (fig. 58)
FiG. 58.
pour le passage de l'eau, et garnie intérieurement de rameaux
d'arbres verts (Pin, Sapin, Genévrier, etc.). Cette caisse, —
dont un ou plusieurs panneaux sont mobiles et s'ouvrent à
charnière, — est mise à l'ancre dans un endroit où le courant
est peu rapide. Au moment du frai, on y place quelques couples
reproducteurs, qui ne tardent pas à déposer leurs œufs fécon-
dés sur les brindilles d'arbres. Dès que la ponte est terminée,
on met les poissons en liberté, ou on les livre à la consom-
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
649
malion, et les œufs, abrités dans la caisse, échappent à une
Joule de causes de destruction qui font toujours disparaître
un grand nombre de ceux que les poissons déposent sur les
IVayères naturelles : trop grande agitation de l'eau, variations
dans le niveau de la rivière, attaques des animaux destruc-
teurs, etc. Pour plus de sécurité, on garnit fréquemment les
ouvertures de la caisse d'une toile métallique en fil de laiton,
qui s'oppose au passage des insectes carnassiers et de leurs
larves. Quand les alevins sont éclos et assez développés pour
savoir fuir le danger, on ouvre la caisse et on les laisse s'épar-
piller à leur guise. Cet appareil est employé avantageusement
pour la ponte de la Carpe, de la Tanche, du Gardon, de la
Brème, etc.
Aux États-Unis, une caisse absolument semblable a été uti-
lisée avec succès par M. Georges Ricardo, d'Hackensack (New-
Jersey), pour recueillir le frai de l'Ëperlan {Osmerus mor-
dax), qui est du nombre des poissons dont les œufs sont
adhérents.
Poui" la récolte des œufs de Perche on se sert en Suède
d'une sorte de bordigue (fig. 59), qui est à la fois un engin
FiG. 59.
de pêche et une frayère artificielle. Attirés par la haie de brin-
dilles qu'on leur a préparée et qui leur offre toute facilité pour
déposer leurs œufs, les Perches viennent au moment du frai
650 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
s'engager, souvent en grand nombre, dans le labyrinthe en
clayonnage, auquel on donne le plus de largeur possible. On
s'empare ainsi et des sujets adultes et des produits de la
ponte. Ce système peut rendre des services quand on veut
détruire les Perches, ou tout au moins en réduire le nombre,
dans les eaux où Ton désire élever de la Truite.
APPAREILS POUR LA DISTRIRUTION DE LA NOURRITURE
L'alimentation des alevins réclame une attention toute spé-
ciale. Un bon choix dans la nourriture ne suffît pas; il faut
encore veiller à la façon dont celte nourriture est distribuée.
Malgré l'avidité qui leur est naturelle, les alevins de Salmo-
nidés ne prennent la viande hachée ou râpée qu'on leur jette
qu'autant que les parcelles de cette viande flottent, ou sont
encore en suspension dans l'eau ; dès qu'elles ont atteint le
fond, les petits poissons n'y touchent plus, il importe donc de
distribuer les rations avec méthode ; d'abord pour qu'il n'y
ait pas de nourriture perdue, ensuite pour éviter que la
viande, en s'accumulant au fond des bacs ou des rigoles d'ale-
vinage, ne vienne à corrompre l'eau (1). Divers expédients
ont été imaginés. M. Otto Hàmmerle, de Dornbirn (Haute-
Autriche) est l'inventeur d'un appareil à fonctionnement auto-
matique, permettant de distribuer la nourriture aux alevins
par très petite quantité à la fois et, pour ainsi dire, au fur et
à mesure de la consommation. Cet appareil (fig. 60) est actionné
par une roue hydraulique en miniature placée sous un ro-
binet d'eau. Au moyen d'un engrenage, l'arbre de cette roue
imprime un mouvement de rotation à un agitateur, sorte
d'hélice qui, en tournant avec une grande rapidité dans une
auge pleine d'eau où l'on a mis de la viande hachée, remue
fortement l'eau en y maintenant en suspension les particules de
(1) Même en petite quantité, cette viande non consommée séjournant au fond
de l'eau peut être très nuisible, car elle favorise le développement de ces algues
microscopiques {Saprulegai< ferax, Achlyi prolift-ru, etc.), qui envahissent si
facilement les œufs en incubation, les alevins chétifs ou les poissons atteints de
blessure, et qui en amènent fatalement la perte.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 651
viande. Une vis sans fin, montée à l'extrémité de l'arbre de la
roue hydraulique, fait tourner une roue dentée dont un des
rayons porte un boulon en saillie. A chaque tour de roue, ce
bouton rencontre un levier sur lequel il pèse et qui, en s'abais-
sant sous cette pression, fait ouvrir une soupape placée à la
partie inférieure de l'auge. Cette soupape laisse ainsi couler,
à intervalles réguliers, une certaine quantité d'eau chargée de
FiG. 60.
viande, qui tombe dans le bassin d'alevinage, où chaque par-
celle de nourritureestimniédiatementsaisie par les jeunes pois-
sons. Le fonctionnement plus ou moins actif de la soupape dé-
pend naturellement du nombre de dents que porte la roue den-
tée etde la vitesse imprimée à la roue hydraulique, dont on règle
d'ailleurs le mouvement par la quantité d'eau que débite le ro-
binet. A Dornbirn, un pouce d'eau suffit pour faire marcher
l'appareil à la vitesse convenable , la soupape s'ouvre à chaque
seizième tour de la roue hydraulique. Deux petits tuyaux,
paitant d'un auget placé sous le robinet d'alimentation,
servent, l'un, à amener de l'eau dans l'auge pour remplacer
652 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
celle qui s'écliappe par la soupape ; Faulre, à diriger un filet
d'eau sur cette soupape, pour l'entretenir constamment propre,
et empêcher que des parcelles de viande s'y arrêtent et en
•mènent le fonctionnement. L'eau devant être maintenue dans
l'auge à un niveau constant, il importe que la quantité de
liquide amenée par le tuyau corresponde exactement à celle
que laisse sortir la soupape. Autant que le permet la configu-
ration des lieux, il convient de placer l'apparil au-dessus du
bassin d'alevinage, à 30 centimètres environ de la surface de
l'eau.
L'emploi de l'appareil Hammerle fournit le moyen de dis-
tribuer régulièrement et à intervalles égaux de petites quantités
de nourriture qui sont entièrement consommées; il empêche
les poissons de se gorger à l'excès, sauf à rester ensuite long-
temps sans prendre de nourriture, comme ils le font souvent
quand les rations sont distribuées à la main ; il donne aux
sujets chétifs et mal venants la possibilité de prendre, comme
les autres, leur part des distributions, et de cette meilleure
répartition de la nourriture résultent à la fois une rapidité
et une uniformité plus grandes dans le développement de
tous les individus. Avec une économie de nourriture et de
main-d'œuvre, on trouve aussi cet avantage que, presque au-
cune parcelle de viande n'étant perdue et n'allant salir le fond
du bassin d'alevinage, les nettoyages sont bien moins fré-
quemment nécessaires. Ajoutons que l'eau qui fait marcher
la roue s'aère copieusement dans sa chute avant d'arriver au
l)assin, et c'est un avantage fort appréciable quand on ne dis-
pose que d'eau de source pauvre en oxygène. A Dornbirn
l'appareil n'a guère été établi qu'en vue de nourrir les alevins
destinés au repeuplement des rivières; mais il pourrait tout
aussi bien servir pour les distributions à faire à des poissons
de plus forte taille.
Dans les élevages faits sur une très petite échelle, ou pour
les alevins maladifs qu'il est utile d'isoler afin de leur don-
ner des soins spéciaux, on peut employer un appareil ima-
giné par M. Thomas Winaus, de Baltimore. C'est un aqua-
rium, conique, sorte de grand entonnoir en verre ou en
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 653
métal (fig. 01), dans lequel on place les alevins. L'eau ar-
rive dans cet aquarium par la partie inférieure, au moyen
d'un tuyeau d'amenée en caoutchouc a, et elle en sort par
l'ouverture b, qui est garnie d'un fin grillage ou d'une plaque
de fer-blanc percée de trous, pour retenir les alevins. Le cou-
rant ascendant qui se produit dans l'appareil et auquel on a
i i^-
FiG. 61.
soin de donner beaucoup de force, soulève constamment
les petits morceaux de viande que l'on distribue aux jeunes
poissons. Ces parcelles de nourriture sont tenues en suspen-
sion, de la même façon que le sont les œufs de Corégone ou
d'Alose dans les appareils d'éclosion décrits plus baut, et
aucune ne se perd ; toutes sont saisies au passage par les ale-
vins. On met généralement, pour ceux-ci, dans l'appareil un
plateau c, sur lequel ils peuvent venir se reposer ; c'est un
disque de fer-blanc, maintenu en place au moyen de quatre
bouts de fil de fer portant contre la paroi du récipient.
ÉCHELLES A SAUMONS
La partie de l'Exposition réservée aux échelles à sau-
mons ne pouvait manquer de fixer notre attention d'une
manière spéciale. Nous n'avons pas à rappeler ici l'impor-
tance de ces appareils au point de vue du repeuplement des
eaux. On sait que la pèche a surtout été ruinée en France par
les travaux hydrauliques établis en travers des cours d'eau.
654 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
En effet, la plupart des barrages créés pour les besoins de l'in-
dustrie, de la navigation ou de l'agriculture, sont infranchissa-
bles pour les poissons migrateurs (Saumons, Truites de mer,
Aloses, etc.), qui ne peuvent plus aller frayer dans des en-
droits convenables. La reproduction de ces poissons devient
insuftisanle, et, par suite, le dépeuplement des eaux se pro-
duit rapidement. C'est pour concilier les intérêts de l'indus-
trie et de la navigation avec ceux de la reproduction naturelle
du poisson dans les rivières qu'ont été imaginées les échelles
permettant au poisson de franchir les barrages, aussi bien,
du reste, que les obstacles naturels (cascades, chutes, etc.)
qui s'opposeraient à leur passage. Les échelles ne servent pas,
d'ailleurs, que pour les seules espèces vraiment migratrices;
elles contribuent aussi à la propagation des poissons séden-
taires. Ceux-ci, en effet, ne rencontrent pas toujours, dans
le cantonnement même où ils se trouvent, des conditions
favorables pour frayer, et ils savent très bien, eux aussi, pro-
fiter des échelles pour changer de station à l'époque du frai
et se rendre dans les endroits les mieux appropriés au dépôt
de leurs œufs.
Depuis la première invention des échelles à saumons, en
\SîQ (i), par le propriétaire des importantes usines de
Deanston (Ecosse), M. James Smith (2), une infinité de sys-
tèmes différents ont été proposés pour la construction de ces
appareils, dont un grand nombre de modèles figuraient à
l'Exposition de Berlin. Tous ces systèmes peuvent être répar-
tis en deux grandes classes, savoir :
i" Échelles simples, ou passes en plan incliné;
2° Échelles à gradins.
(1) Et non pas en 1834, comme on l'a fréquemment imprimé.
(2) Déjà à celte époque, la loi en Ecosse obligeait les usiniers à ouvrir, à
certains jours, les vannes de leurs barrages afin de permettre la remonte des Sau-
mons. Pour s'affranchir de la grande déperdition d'eau que causait cette ma-
nœuvre des vannes, M.Smilh imagina d'établir sur son barrage une passe en plan
incliné avec cloisons transversales à oriQces alternatifs. Grâce à cette disposition,
la mince veine liquide qui se déverse par le plan inclin, éforcée de décrire^ un
lacet, est ralentie dans sa course et ne cause qu'une faible dépense d'eau. L'ap-
pareil ainsi construit forme une sorte d'escalier ou d'échelle qui établit une com-
munication entre les deux biefs.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 655
Dans les échelles simples, l'inclinaison du plan est réglée
de façon que, la vitesse du courant ne dépassant pas une
certaine limite, le poisson puisse remonter facilement.
Dans les échelles à gradins, l'appareil se compose d'une
série de bassins disposés comme les marches d'un escalier;
l'eau tombe en cascade, d'un bassin dans un autre, soit en se
déversant en nappe par-dessus les cloisons qui forment les
bassins, soit en passant par des ouvertures ménagées dans
ces cloisons.
Quel que soit le dispositif adopté, la largeur du passage
est subordonnée à l'abondance du courant. Elle peut varier
de 70 centimètres (avec une profondeur d'eau de 50 ou 60
centimètres) à 2™, 50 et plus. Avec une pareille largeur, la
profondeur peut aller jusqu'à 75 centimètres et même plus.
Quant aux bassins, qui peuvent avoir de 1'",50 à 3 mètres de
superficie, la différence de niveau entre chacun d'eux ne doit
pas dépasser 25 ou 30 centimètres.
Du reste, la question capitale dans la construction d'une
échelle, c'est le choix de l'emplacement, et non la condition
de forme ou de dimensions. Presque toutes les échelles qui
fonctionnent mal le doivent assurément bien moins à des
proportions mal combinées, qu'à de mauvaises dispositions
locales. L'emplacement du pied doit surtout être étudié
avec le plus grand soin. Il est de toute importance que le
poisson puisse facilement trouver le passage qui lui est mé-
nagé. Aussi l'entrée de l'échelle doil-elle être placée aussi
près que possible du barrage, à l'endroit où la nappe d'eau
est tout à la fois la plus abondante et la plus vive. C'est tou-
jours là, en effet, que se porte le poisson ; c'est là qu'il
cherche à franchir la chute, ou qu'il attend le moment op-
portun. Guidé par son instinct, il sent que là s'opère l'évacua-
tion du bief supérieur en cas de crue, et il se tient à proximité
jusqu'à ce qu'une quantité d'eau suffisante lui permette d'ef-
fectuer son ascension.
Les Etals-Unis avaient exposé une collection nombreuse
d'échelles à saumons. Fiien que très variés, presque tous ces
modèles se rapportaient à un seul des deux types ci-dessus
056 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
mentionnés : celui de l'échelle en plan incliné (1). Dans ces
appareils, les divers moyens ci-après sont employés pour
ralentir la vitesse du courant :
1° Pente aussi faible que possible (de i/20 à \/'\0), selon
la longueur de la passe et la quantité d'eau à débiter;
2" Fond irrégulier, dont les aspérités entravent l'écoule-
ment de l'eau ;
o" Demi-cloisons, sous diverses inclinaisons, en saillie le
long des bajoyers, et contribuant, elles aussi, à rendre l'écou-
lement moins rapide;
A" Cloisons transversales à ouvertures contrariées, qui font
serpenter la veine liquide en nombreux zigzags et modèrent
la rapidité de sa chute ;
5° Enfm cloisons sans orifices alternatifs, mais légèrement
échancrées dans le milieu, où l'eau se déverse, tandis que
leurs extrémités, s'élevant au-dessus du niveau de l'eau, oppo-
sent au courant une suite d'obstacles suffisants pour per-
mettre au poisson d'opérer son ascension successive de
bassin en bassin. Cette disposition fait, en quelque sorte, la
transition avec le système des échelles à gradins.
Dans la pratique, on combine généralement l'emploi de
plusieurs de ces procédés.
Parmi les modèles exposés, les plus remarquables étaient
ceux présentés par M. Charles G. Atkins , de Bucksport
(Maine). L'un d'entre eux attirait surtout l'attention; c'était
le modèle de l'importante échelle établie près de Bangor, sur
la rivière Penobscot. Dans cette échelle, la pente varie de
1/15 à 1/20. Les aspérités du fond sont obtenues au moyen de
pierres et de gros cailloux semés sur toute la longueur de la
passe. Celle-ci décrit un lacet, dont les nombreux zigzags sont
garnis de cloisons transversales à orifices alternatifs, qui
atténuent considérablement la vitesse du courant. Plusieurs
vannes, placées au sommet de l'échelle, permettent d'en
réder facilement le débit.
"O*
(1) C'est du reste le type qui réunit le plus d'avantages, ainsi que nous le
ferons connaître dans le travail que nous terminons en ce moment sur les échelles
a saumons.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 657
M. le colonel Marshall Mac Donald, de Levington (Virgi-
nie), avait exposé un système d'échelle dans lequel le ralen-
tissement du courant est obtenu uniquement au moyen des
remous et contre-courants que détermine la disposition du
fond et des bajoyers, lesquels sont formés de lames imbri-
quées à peu près à la façon des feuillets d'une persienne. Ce
procédé est si efficace, qu'il permet de donner à l'échelle
une inclinaison considérable sans que la vitesse du courant
soit excessive. Ce très ing'énieux svstème, d'une construction
en apparence assez compliquée, est, en réalité, facile à éta-
blir et peu coûteux; il a donné, partout où il a été appliqué
jusqu'à présent, les résultats les plus satisfaisants, et il paraît
appelé à se répandre beaucoup, quand les avantages en
auront été bien appréciés.
Un modèle présenté par M. B. F. Shaw, d'Anamosa (État
d'iovva), était la seule échelle américaine du système à bas-
sins en gradins. Cette échelle ne différait en aucun détail
important de celles du même genre employées en Europe.
L'Allemagne avait envoyé différents modèles, parmi les-
quels on remarquai! surtout celui de l'échelle du barrage
d'Haneken, sur l'Ems. Cette échelle est composée d'une série
de bassins superposés, de 75 centimètres de profondeur, dans
les cloisons desquels sont ménagées des ouvertures pour le
passage de l'eau et la remonte du poisson. Ces orifices, qui
ont de 25 à 35 centimètres de large, ne suffisent pas à l'écou-
lement de la veine liquide, en temps de crue. L'eau se
déverse alors en nappe par-dessus les bords des bassins.
Un vannage permet, du reste, de régler le débit de l'échelle.
D'un bassin au suivant, la différence du niveau n'est que de
6 à 10 centimètres; la chute est donc très faible. Aussi,
quand l'eau est un peu abondante et qu'elle fournit une
tranche liquide d'une certaine épaisseur, le poisson remonte-
t-il en nageant et non pas en sautant de bassin en bassin.
Dans la section anglaise figuraient une vingtaine de mo-
dèles ou plans d'échelles à saumons, la plupart exposés par
M. Frank Buckland et faisant partie de ses intéressantes col-
lections du Musée de South-Kensinglon. On remarquait no-
3" SÉRIE, T. X. — Novembre 1883. 42
658 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
tamment le modèle de la première échelle qui ait été con-
struite, c'est-à-dire celle du barrage de Deanston sur le
Teith (comté de Perth), établie en 1826 par M. James Smith.
Les échelles anglaises présentent une assez grande variété
de formes, depuis la simple passe en plan incliné et rectili-
gne, jusqu'aux dispositions les plus compliquées. Le système
à gradins est rarement employé. Il y avait, toutefois, un mo-
dèle très curieux exposé par M. Richard Gail, ingénieur civil
à Newscatle. Cette échelle consiste en une série de bacs, dis-
posés en escaliers, mais beaucoup plus profonds que ceux
des autres échelles à gradins. L'eau s'y déverse en cascades,
en passant par-dessus les cloisons transversales des bassins.
Mais ceux-ci communiquent, en outre, de l'un à l'autre, par
des ouvertures pratiquées dans les cloisons au-dessous du
niveau de l'eau. C'est par ces ouvertures que remonte le
poisson, qui effectue toujours son ascension, de bassin en
bassin, uniquement en nageant. Ce système qui donne d'ex-
cellents résultats, présente l'avantage de pouvoir être établi
à peu près partout, quelles que soient la configuration des
lieux et la différence de niveau entre les deux biefs, en amont
et en aval du barrage.
M. Anton Lôvstadt, ingénieur à Christiania (Norvège),
avait envoyé un très joli modèle de l'échelle de Sarpfoss,
construite en 1875. C'est une échelle à gradins, dont la dis-
position des bassins présente une certaine analogie avec celle
de l'échelle Cail.
CULTURES SPECIALES
ÉLÈVE DES SALMONIDES EN EAU SAUMATRE, EN NORVÈGE
Sur presque tous les points des côtes où le rivage présente
une faible pente, il y a presque toujours une zone très éten-
due où la mer ne fournit que des poissons de peu de valeur,
bien qu'elle fourmille de menu fretin, de petits crustacés et
de mollusques. En Norvège, d'intéressants essais ont été faits
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
659
en vue d'utiliser pour l'élevage industriel du poisson cer-
taines parties de ces eaux peu profondes.
On sait que la croissance de la Truite est singulièrement
activée quand ce poisson tire sa nourriture des eaux salées.
De même le Saumon qui, au moment où il gagne la mer à
l'état de smolt, ne pèse que quelques onces, atteint trois ou
quatre livres quand il en revient à l'état de grilse. Le Brook-
Trout d'Amérique (Salmo fontinalis), qui ne devient pas
beaucoup plus long que le doigt, tant qu'il reste confiné dans
certains ruisseaux de montagnes où il ne trouve pour nourri-
ture que de rares insectes, peut, si on lui donne accès dans
l'eau salée vers la fin de l'hiver et au printemps, acquérir avec
une rapidité surprenante un poids d'une ou deux livres, tout
en revotant une belle livrée argentée. La Carpe elle-même,
tenue en eau salée ou saumâtre, prend un développement
tout à fait exceptionnel.
Les expériences de M. le professeur H. Rasch, de Christiania,
ont fait voir que les mêmes phénomènes peuvent se produire
sans que le poisson soit en liberté dans la mer. Pour la Truite,
il suffit de ménager un certain espace d'eau salée ou saumâLre;
FlG.
on utilise comme bassin l'embouchure d'un ruisseau qui se jette
dans la mer en y formant une petite anse ou crique. Si cette
crique est presque fermée et ne présente qu'un étroit goulet,
tout est pour le mieux, car le barrage ou plutôt la digue à éta-
blir aura moins de longueur. Celte digue ne doit pas avoir
partout la même hauteur, car l'eau resterait presque stagnante
dans le fond du bassin, où viendrait en outre s'accumuler la
vase charriée par le ruisseau. Afin d'éviter cet inconvénient
et de pouvoir produire un courant de fond, une coupure est
660 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
ménagée dans la digue (fig. 62, a). La largeur de celte coupure
doit être d'ailleurs calculée de façon à permettre l'écoulement
de toute l'eau que déverse le ruisseau ; autrement le bassin
déborderait et l'eau passant par-dessus la digue permettrait
au poisson de s'échapper. Il convient, d'ailleurs, de parer à
toute éventualité et de laisser en outre libre passage au flux
et au reflux, en faisant à la crête de la digue une échancrure h,
à côté de la coupure a. Partout ailleurs la digue est d'une hau-
teur qui dépasse le niveau des plus fortes marées; elle est
solidement conslruite, avec tels matériaux que comporte la
situation. L'échancrure h doit être aussi large que possible,
non seulement pour écarter toute crainte de débordement en
cas de crue du ruisseau, mais aussi pour permettre un afflux
copieux lors de la marée montante, qui apporte dans le bassin
une nourriture abondante. Cette échancrure et l'ouverture
plus profonde a sont garnies de grillages disposés de telle sorte
qu'ils ne puissent s'obstruer quand l'eau charrie des herbes
des feuilles mortes, etc. Par l'écarlement diflérent de leurs
barreaux, ils forment comme une série de cribles de plus en
plus fins. Du côté de l'étang et bien en avant de l'échancrure,
se trouve une première grille faite de barres solides espacées
entre elles de 42 centimètres (fig. 63 et 64, c, c) ; après
FiG. 63.
cette grille en vient une seconde, dont les barreaux ne pré-
sentent plus qu'un écartement de 5 centimètres (fig. 63 et
64-, d, d). Enfin une troisième grille, la plus importante,
sert à retenir le poisson (fig. 63 0164, e, e). Établie avec beai»-
coup de soin, elle est formée de tringles verticales de 7 mil-
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
661
limètres de diamètre, espacées entre elles de 12 milli-
mètres environ, solidement fixées dans un fort madrier et re-
ïPf'"f^"':iiiii ^
■s
FiG. 6i.
liées horizontalement par des fils de fer (fig. 65, grandeur
ûaturelle). Du côté de la mer, une grille (fig. 63 et 64, f) sera-
FiG. 05.
blable à celle placée en d est suffisante; la barrière solide c
peut même être supprimée quand on n'a pas à craindre que de
grosses branches d'arbres ou autres objets flottants viennent
battre contre la grille d.
De même que la crête de la digue doit dépasser le niveau
des plus hautes marées, le radier de l'échancrure h (fig. 62)
662
SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
doil être au-dessous du niveau des plus basses, afin de per-
mettre l'entrée de l'eau de mer dans le bassin chaque fois que
le flot monte. Les modifications de niveau obtenues dans le bas-
sin au moyen de cette digue sont faciles à saisir par l'inspection
de la figure 66. La partie ombrée du dessin représente le fond
du bassin, où la dépression centrale marque la place de l'ancien
lit du ruisseau. Dans les conditions naturelles, le niveau du
ruisseau atteindrait seulement la ligne AB, à marée basse, tout
en s'élevant jusqu'à ligne EF, à marée haute, le courant se trou-
vant refoulé par le flux. Par suite de l'existence de la digue,
l'eau, à marée basse, ne descend pas au-dessous de CD, parce
que l'ouverture a est plus étroite que n'était le lit naturel du
ruisseau. A marée haute, le niveau s'élève comme dans le
premier cas, c'est-à-dire en EF. Les variations sont donc bien
moins considérables et la profondeur d'eau reste toujours suffi-
S^^m^^^i^^SSk^Mî^^^^^^^l^É^M^^^^i^^^^^^^^^
FiG. 66.
santé. Dans un semblable étang, il y a une partie E (fig. 67)
où l'eau, sans profondeur, est complètement douce, par suite
l'iG. G7,
de l'apport du ruisseau G qui s'y déverse, tandis qu'elle est
profonde et plus ou moins salée à la partie inférieure F. Plus
il y a de profondeur, meilleur est le bassin, car le poisson y
prend beaucoup de développement.
LA nSCICULTURE A L'ÉTRANGER. 663
M. le professeur Rasch a établi deux étangs d'après ce sys-
tème : l'un, de 30 hectares, à Sandvigen près Christiania;
l'autre, de 109 hectares et d'une profondeur maximum
de 13 mètres, près de Frederickstad. Le mouvement de la
marée dans les dernières ramifications des fiords norvégiens
est très peu sensible; à peine atteint-il 30 ou 40 centi-
mètres. Aussi la digue à construire est-elle peu élevée et
par suite peu coûteuse. Ces étangs sont peuplés de Saumons et
de Truites. Un petit laboratoire, très primitif comme installa-
lion, sert à produire les alevins qu'on verse dans les eaux du
ruisseau d'alimentation dès qu'ils ont résorbé la vésicule om-
bilicale. Les Saumons y séjournent ou tout au moins res-
tent dans la partie supérieure de l'étang, tant qu'ils sont à
l'état deparrs; mais, quand ils revêtent la livrée de smolts, ils
descendent vers la partie profonde, cherchant l'eau salée et se
frayant même parfois un chemin à travers les grilles pour ga-
gner la mer. Ceux qui restent continuent à grossir rapidement
malgré leur captivité. Les Truites élevées de la même façon
se répandent dans le bassin, mais ne cherchent pas à s'échap-
per. Elles se développent avec une rapidité étonnante et attei-
gnent une très forte taille.
Pour peupler l'étang, on peut, soit laisser se multiplier les
poissons qui existent naturellement dansle ruisseau, soit placer
dans celui-ci quelques sujets adultes, soit enfin y verser de
l'alevin. Lorsque l'étang présente une certaine étendue, plu-
sieurs espèces différentes peuvent y vivre ensemble sans se
nuire mutuellement. En Norvège, le Saumon ordinaire, le
Saumon des lacs et la grande Truite des lacs sont les espères
ou variétés les plus appropriées à ce mode spécial de cul-
ture. M. le professeur Rasch recommande aussi l'élevage
d'hybrides qui, étant inféconds, profitent mieux que des sujets
de race pure, grossissent plus vite et sont, à toute époque de
l'année, en état d'être livrés à la consommation. M. Hanson,
de Stavanger (côte ouest de la Norvège), s'est également fort
bien trouvé du croisement de la Truite ordinaire {Salmo fario)
et de rOmble-Chevalier {Salmo umbla).
664 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
CULTURE DE LA TRUITE EN AUTRICHE
Dans certaines parties derAutriclie(le Tyrol, le Vorarlbcrg,
la Haute-Autriche, etc.), la Truite est l'objet d'une culture
tout à fait industrielle. L'élevage se fait dans des étangs où les
poissons peuvent être parqués facilement par âge. Un premier
bassin (ou une première série de bassins) est affecté aux ale-
vins, qui y restent environ un an, soit depuis leur éclosion
jusqu'au printemps suivant. Ils y reçoivent une alimentation
le moins artificielle possible, c'est-cà-dire qu'on s'attache à
leur procurer en abondance des insectes (larves de toute
espèce), des mollusques (jeunes Lymnées, Planorbes, etc.),
et de petits crustacés (Daphnies, Gyclopes, etc.), par la
plantation, dans les bassins ou étangs, d'herbes aquatiques
favorables à la pullulation de ces animaux inférieurs ; la
viande hachée n'est employée absolument que comme ad-
juvant. Au bout d'un an, les jeunes poissons passent dans
d'autres bassins, où ils reçoivent une nourriture plus substan-
tielle; on augmente les distributions de viande, mais on y
ajoute, autant que possible, du poisson vivant, soit des ablettes
et des brochetons tout nouvellement éclos. Une troisième série
de bassins reçoit les Truites de deux ans, qui y accomplissent
leur troisième année, et passent enfin dans une quatrième
division pour être livrées à la vente. Elles pèsent alors, en
moyenne, 750 grammes. Dans les troisième et quatrième
divisions, leur nourriture consiste surtout en ablettes qu'on
élève en quantités considérables dans des bassins spéciaux. La
viande hachée continue à être employée quand le prix n'en
est pas trop élevé et ne dépasse pas le prix de revient, d'ail-
leurs modique, du poisson blanc élevé pour l'alimentation des
Truites. Le passage des poissons d'une division dans une
autre se fait dans le courant de mars.
La Truite de ruisseau {Salmo fario) est la plus générale-
ment cultivée dans les régions montagneuses, où on la ren-
contre jusqu'à une hauteur de 1700 mètres environ. Très
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. G65
variable de couleur et de taille suivant l'altitude, la nature des
eaux, etc., elle présente un grand nombre de variétés dites:
blancbe, noire, argentée, alpine, etc.; la Trotta et \a.Pastrova
sont deux variétés dalmates particulièrement estimées.
Abondamment nourries dans de grandes étendues d'eau,
plusieurs de ces variétés peuvent atteindre un poids de 8 à
9 kilogrammes. On leur préfère toutefois, dans beaucoup de
localités, la grande Truite des lacs, qui grossit considérable-
ment plus vite et qui, par suite, atteint bien plus tôt une belle
taille marchande. Elle porte différents noms, suivant les lieux
dépêche: Truite saumonée (lac de Chiem), Truite de fond
(lac de Constance), etc. Les individus stériles, fréquemment
considérés comme des hybrides, ne sont pas rares ; les pécheurs
du lacdeConstance les nomment Truites llottantes (Schvvebfo-
rellen) et ceux des lacs d'Aulriche, Truites de mai.
Il se fait, depuis quelque temps, un grand commerce d'œufs
de Truite des lacs. Ces œufs, considérablement plus gros que
ceux de la Truite commune, et presque du volume de ceux du
Saumon, sont fort recherchés par les éleveurs, qui n'hésitent
pas à les payer souvent un prix assez élevé, attendu qu'ils en
obtiennent des alevins qui, au moment de leur éclosion, sont
déjà presque de la taille de ceux de la Truite commune à l'âge
d'un mois. On gagne ainsi, sous le rapport du développement,
une avance de quelques semaines, qui n'est pas sans impor-
tance pour le producteur. La croissance des alevins est, d'ail-
leurs, comme nous venons de le dire, extrêmement rapide
chez la Truite des lacs, qui supporte parfaitement l'élevage
en complète stabulation et qui justifie à tous égards la laveur
dont elle jouit auprès des éleveurs. Ce poisson peut atteindre
un poids considérable : nous avons vu des sujets de 14-, 15 et
1G kilogrammes, péchés dans le lac de Genève et dans le lac
de Constance; on en cite qui dépassaient, paraît-il, 30 et 31 ki-
logrammes.
Dans les conditions naturelles, la Truite des lacs passe la
plus grande partie de l'année dans les eaux profondes et vient
seulement à certains moments de température lavorable cher-
cher les insectes à la surface. Elle remonte quelquefois assez
666 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
loin dans les ruisseaux pour y frayer; ce n'est que très excep-
tionnellement qu'elle fraye dans les lacs; il faut, pour l'y
engager, qu'aucun affluent ne lui offre de frayère commode et
que, d'un autre côté, elle trouve au bord du lac quelque fond
sablonneux et véritablement propice. Le mâle de cette espèce
ou variété intéressante change considérablement de nuances
à l'époque du frai et, chez les sujets d'un certain âge, la peau
prend, en outre, un aspect tout particulier pendant tout le
séjour que le poisson fait en eau courante.
MÉTHODE RUDOLF HESSEL POUR LA FÉCONDATION ARTIFICIELLE
DES ŒUFS ADHÉRENTS
Les soins particuliers que nécessite la fécondation artifi-
cielle des œufs adhérents ont amené M. Rudolf Hessel, pisci-
culteur distingué d'Offenbourg, à se servir d'appareils qui
facilitent l'opération et servent, en outre, à protéger les œufs
pendant l'incubation. Ce sont de minces cadres en bois, de
1 mètre de longueur et de 30 centimètres de largeur environ,
sur lesquels on tend de la gaze ou de la mousseline (fig. 68).
-1
l'iG. 08.
Ces légers tamis servent à recevoir les œufs, qui y adhèrent
immédiatement. Après la fécondation, dont nous allons indi-
quer le înodus operandi, les cadres sont placés dans une boîte
flottante (fig. 69), qui est recouverte sur les côtés, le fotid et
le couvercle d'une toile ou canevas à tissu assez lâche pour
laisser facilement passage à l'eau, tout en empêchant de s'en-
fuir les alevins nouvellement éclos.
La boîte peut recevoir trois cadres ou tamis et, comme cha-
cun de ces tamis peut être garni, sur ses deux faces, de vingt
mille œufs environ, le contenu total de la boîte est d'une
soixantaine de mille œufs. L'étoffe qui sert à garnir les cadres
doit être préalablement plongée pendant plusieurs jours dans
LA PISCICULTURE A L ETRANGER.
667
de l'eau de rivière, et complètement débarrassée de toute
trace d'apprêt ou de matière colorante ; mais il importe que
dans ce lavage le savon ne soit pas employé.
Fécondation. — Les sujets reproducteurs doivent être
choisis avec soin. Des œufs arrivés depuis trop longtemps à
maturité reçoivent mal le zoosperme, et de la laitance égale-
Fic. G9.
ment trop avancée reste inactive, môme sur de bons œufs, sa
vitalité étant compromise par un commencement de décom-
position. Récoltés au contraire trop tôt, les œufs et la laitance
ne donnent, de même, que de fort mauvais résultats. En gé-
néral, il est bon de garder pendant quelques jours les sujets
reproducteurs captifs dans une eau bien courante avant de les
utiliser.
Pour effectuer la fécondation, deux personnes sont néces-
saires : l'opérateur et un aide.
Le premier tamis, qui a été, comme les autres, nettoyé de
nouveau, au moment même, avec beaucoup de soin, est posé
sur un plateau à rebords peu élevés (fig. 70). Deux plateaux
FiG. 70.
semblables sont nécessaires ; ils doivent être un peu plus grands
que les cadres, pour faciliter les manipulations, mais il est
668 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Utile que les rebords n'aient pas plus de 4 à 5 centimètres de
hauteur. Ces deux plateaux seront toujours minutieusement
nettovés. L'un sert à la récolte des œufs, l'autre à leur fécon-
dation.
Le premier plateau étant rempli d'eau à la même tempéra-
ture que celle où l'incubation doit avoir lieu (soit de 22 à 27
degrés centigrades), on y place un tamis, sur lequel on répand
des œufs, qu'on expulse du corps delà femelle en pressant sur
le ventre du poisson, et qu'on répartit en les faisant tomber
le plus également possible. Aussitôt que les œufs adhèrent
au tissu, on retourne le tamis, dont on recouvre également
l'autre face d'une même couche d'œufs. Au bout de dix ou
vingt secondes, le tamis chargé d'œufs est mis dans le se-
cond plateau, contenant de l'eau sur 2 ou 3 centimètres
d'épaisseur, et la laitance est aussitôt que possible versée
sur les œufs. On pourrait aussi la recueillir dans le second
plateau pendant qu'on dispose la seconde couche d'œufs;
mais, dans ce cas, les deux opérations doivent se faire très
rapidement, car les zoospermes des Cyprinides ne conservent
que fort peu de temps leur vitalité; chez la Carpe, leur exis-
tence est à peine de deux minutes.
Le second tamis est traité de la même façon que le premier,
pendant qu'un aide va placer celui-ci dans la boîte d'éclosion,
qui doit être, autant que possible, installée déjà à l'endroit
où se fera l'incubation. Quand les trois tamis, garnis d'œufs
fécondés, sont mis en place, on les assujettit avec soin dans
la boîte, pour laquelle on a choisi un endroit de la rivière
où l'eau ne mesure pas plus de 30 à 35 centimètres de
profondeur, et ne présente qu'un courant à peine percep-
tible. Un mouvement de 2 à 3 centimètres par minute
est le maximum de vitesse admissible pour le renouvellement
de l'air et de l'eau. L'appareil peut même être aussi bien
plongé dans une eau tout à fait stagnante. Le couvercle en toile
n'est posé sur la boîte que quand le soleil donne en plein et
que la chaleur est intense (par exemple, de midi à quatre
heures) ; trop de soleil nuit au développement des œufs
autant que trop d'obscurité.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 669
Chaque jour la boîte doit être visitée, et tous les œufs morts
ou stériles sont enlevés à l'aide de pinces en fil de fer que cha-
cun peut faire soi-même. Au bout de trois semaines, les œufs
éclosent et les jeunes alevins peuvent être immédiatement
lâchés dans les eaux qu'on se propose de repeupler. Après
que leur vésicule ombilicale est résorbée, on ne doit pas les
garder plus de quelques jours dans la boîte, à moins de les
nourrir avec de la cervelle de mouton délayée ; encore est-on
exposé à en perdre beaucoup. M. Rudolph Hessel se déclare
très satisfait de sa méthode, qui donne d'excellents résultats
quand elle est pratiquée avec les soins convenables. « Il ne
faudrait pas, dit-il, se laisser décourager par la non-réussite
d'un premier essai ; le défaut d'habitude ou quelque manque
de soins peuvent causer un insuccès : tout d'abord, j'ai moi-
même échoué cinq ou six fois, mais, aujourd'hui, jamais il ne
m'arrivc le moindre accident. » Il faut veiller : à ce que le bord
supérieur de la boîte dépasse toujours d'un bon centimètre
hors de l'eau; à ce que les œufs morts ne séjournent pas dans
la boîte ; enfin à ce que celle-ci ne touche pas le fond de l'eau,
et qu'elle en soit au moins à 15 ou 20 centimètres. Dans une
eau peu profonde, on réduit en conséquence la hauteur de la
boîte et la largeur des tamis (1).
Aux personnes qui désireraient s'éviter les soins que né-
cessite l'opération de la fécondation artificielle, M. Rudolph
Hessel recommande l'emploi de boîtes flottantes ou plutôt de
frayères analogues à celles que nous avons déjà signalées plus
haut et qui sont d'un usage courant en Suède et en Norvège.
Mais le modèle peut être simplifié, et se réduire à l'appareil
tout primitif que l'on voit assez souvent employé sur le Da-
nube et dans quelques parties de l'Allemagne du Nord. C'est
un assemblage de branches et de morceaux de bois non
(1) Pour (les opérations sur une plus petite échelle, des boîtes analogues peuvent
servir à l'incubation d'œufs non adhérents de Cyprinides. Ces boites, hautes
de O^.IO environ et longues de 0'",40 à 0'",50, ont un solide fond de bois recou-
vert de sable lin et bien propre, et sont soutenues sur l'eau par des morceaux
de bois servant de flotteurs. Les œufs, déposés sur le sable, sont recouverts de
quelques centimètres d'eau et n'ont pas besoin d'abri, quelle que soit l'ardeur du
soleil.
670
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
dégrossis (fig. 71), assiijeltis à l'aide de clous ou de liens
d'osier. Cette carcasse rustique, longue de l'",50, large de
Fig. 71.
1 mètre et haute de O^'jSO, est recouverte d'un treillis en ra-
meaux de Sapin ou de Genévrier, qui en fait une sorte de
grand panier non couvert (fig. 72) qu'on fait flotter au milieu
Fig, 72.
de l'eau et dans lequel on place, pour qu'ils y déposent leurs
œufs, quelques poissons prêts à frayer. Des brindilles de Ge-
névrier ordinaire ou de Genévrier de Virginie sont préférables
à celles de Sapin, parce qu'elles sont plus enchevêtrées et gar-
nies de piquants; il est même utile d'en mettre quelques
branches dans le panier, où le contact de leurs feuilles poin-
tues semble stimuler les sujets reproducteurs. M. Hessel a
fréquemment constaté que dans des paniers en osier les pois-
sons restent mous et inactifs, tandis qu'ils montrent beaucoup
de vivacité et d'ardeur dans les paniers en Genévrier tout hé-
rissés de piquants. On met, en général, dans chaque panier
deux femelles et un mâle. Une toile tendue par-dessus en forme
de couvercle les empêche de s'échapper en sautant par-dessus
les bords. Le panier doif-être amarré dans un endroit tran-
quille et chaud.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 671
AMBRE ET MOULES PERLIERÉS
Bien que se rattachant plutôt à l'industrie des pêches qu'à
celle de la culture des eaux, la seule que je fusse chargé
d'étudier à Berlin, il est deux branches de l'Exposition dont
je ne puis me dispenser de dire quelques mots, car elles pré-
sentaient un intérêt tout particulier. Il s'agit de deux exploi-
tations tout allemandes : celles de l'ambre et celle des perles
de la Moule d'eau douce.
Ambre. — L'Allemagne est le véritable pays de l'ambre ;
on en trouve des gisements considérables sur les côtes de la
Baltique, où les vagues l'arrachent aux terrains qui le recèlent,
terrains que les révolutions géologiques ont fait envahir par les
eaux de la mer. L'ambre, que les Allemands nomment bern-
stein (pierre ardente), est, comme chacun le sait, une résine
fossile, qui est infiniment plus dure que n'importe quelle
résine actuelle, et que l'on croit avoir été produite par le
Piniles succinifer. Gœppert estime que plusieurs arbres dif-
férents ont dû concourir à la formation de l'ambre, qui serait
le produit du mélange de leurs résines.
Au fond de la mer, mélangés à la vase, au sable, aux
dépôts de toute sorte, se trouvent les blocs d'ambre, produits
de nombreuses générations d'arbres qui se succédèrent jadis
sur ces terrains aujourd'hui recouverts par les eaux. Le
temps a fait disparaître toute trace de matière ligneuse, et
les dépôts de résine sont les seuls vestiges qui restent de ces
forêts ensevelies sous les flots depuis des milliers d'années.
Longtemps on se borna à recueillir les morceaux d'ambre
que la mer, par les gros temps, rejetait sur le rivage. Plus
tard on apprit à profiter de certains vents favorables qui, re-
muant les fonds, enlèvent les morceaux d'ambre, lesquels sont
soulevés et entraînés ensuite avec les algues au milieu des-
quelles ils ilottent. Des hommes, appostés pour guetter l'in-
stant propice, préviennent les travailleurs qui, se jetant à la
672 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
mer armés de crocs et de filets, dirigent et attirent sur le
rivage les masses de goémons, où les femmes et les enfants
recherchent l'ambre que les touffes d'herbes marines ont pu
charrier. L'emploi de filets traînants, manœuvres sur les
gisements et raclant le fond de l'eau, permet aussi parfois
une meilleure récolte. Ces deux systèmes, encore aujourd'hui
pratiqués sur beaucoup de points, furent les seuls connus
jusque vers le milieu du seizième siècle, où le médecin du
margrave Albrecht eut fidée de faire creuser le sable et la
vase, pensant avec raison qu'au moyen de fouilles la récolte
pourrait être plus abondante. En 1585, sous le règne de Geor-
ges-Frédéric, on en recueillit ainsi beaucoup. Ces recherches
toutefois ne furent pas poursuivies, et les travaux ne repri-
rent un nouvel essor qu'en 1781 , époque où le ministre d'État
Heinilz autorisa l'ouverture d'une mine importante, qui fut
exploitée avec grand succès pendant environ vingt-quatre
ans. Mais cette entreprise périclita, par suite delà découverte
de nombreux gisements situés à peu de profondeur et faciles
à exploiter. A partir de 1811, des fouilles eurent lieu sur
divers points ; plusieurs établissements se créèrent et prirent
peu à peu un développement qui augmente encore chaque
jour. Parmi ces établissements il convient de mentionner l'im-
portante maison Stantien et Becker, de Kœnigsberg, qui em-
ploie à la récolte de l'ambre une flottille à vapeur de quinze
bateaux dragueurs.
L'exposition de MM. Stantien et Becker présentait le plus
grand intérêt, non seulement au point de vue industriel, mais
encore et surtout au point de vue scientifique. On y voyait
depuis les simples grains, variant de la grosseur d'un pois à
celle d'une noix, et employés dans l'industrie de la laque,
jusqu'aux blocs les plus gros (il y en avait un pesant
5 kilogrammes) et les plus rares. Quelques spécimens
étaient taillés et polis pour en montrer la beauté du grain
et de la nuance. Les morceaux de teinte verte, violette ou
rouge sont très rares, les verts surtout; aussi atteignent-ils
un prix fort élevé; on en voyait exposés de magnifiques et très
nombreux échantillons pour collections. Mais les morceaux
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 673
les plus curieux et de plus de valeur, pour le naturaliste,
étaient ceux qui renfermaient, enveloppés et admirablement
conservés dans la matière résineuse, des restes d'une faune et
d'une flore aujourd'hui éteintes. Ces fossiles végétaux ou
animaux (feuilles, écorces, insectes, larves, etc.) étaient très
nombreux. Dans cette riche collection, figuraient des insectes
extrêmement délicats, restés néanmoins absoluments intacts.
Bien que renfermés depuis des milliers d'années dans leur
tombeau de résine, ils semblaient, par leur état de conser-
vation, ne s'y trouver que depuis la veille, et la nature
transparente de l'ambre permettait d'en étudier tous les
caractères. On y trouvait, soit à l'état d'insecte parfait, soit à
l'état de larve, des représentants de presque tous les ordres
de la classe des insectes : Coléoptères, Diptères, Hyméno-
ptères, Lépidoptères, Orthoptères, Névroptères. Plusieurs
Arachnides y figuraient également.
A côté de cette collection, dont nous n'avons pas à faire res-
sortir l'intérêt scientifique, étaient exposés, avec les appareils
de dragage servant à recueillir l'ambre, des modèles de ba-
teaux, de filets et d'habitations des pêcheurs employés à cette
industrie. Enfin des vitrines très ingénieusement disposées
mettaient sous les yeux des visiteurs plusieurs coupes des
terrains renfermant les bancs ou gisements d'ambre, et per-
mettaient de voir comment les blocs se trouvent mêlés au
sable, aux algues, etc.
Moules perlières. — La récolte et l'utilisation des perles
que fournissent les Moules d'eau douce, ou Mulettes, consti-
tuent dans quelques parties de TAllemagne et surtout en
Saxe une industrie assez importante. Ces perles sont géné-
ralement inférieures à celles que produisent les Huîtres per-
lières; néanmoins on en trouve parfois d'un très bel orient.
Quand elles sont d'un beau choix, elles atteignent un prix
élevé, et la joaillerie sait en tirer un excellent parti. Plu-
sieurs négociants de Dresde et de quelques -autres villes
de la Saxe avaient envoyé à l'Exposition de Berlin des collec-
tions de perles magnifiques, au milieu desquelles tiguraient
3" SÉRIE, T. X. — Novembre I880. 43
674 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
des parures montées remarquablement belles. Un collier
exposé par M. Th. Sachwall, bijoutier à Dresde, ne valait pas
moins de 9000 marks (il 250 francs) et l'on estimait à
environ 4 millions de marks (5 millions de francs), la va-
leur totale des différentes collections de perles qui figuraient
dans les vitrines de l'exposition saxonne. Nous devons à l'obli-
geance de M. le docteur Hinrich Nitsche, professeur de
zoologie à l'Académie forestière de Tharand (Saxe), les
renseignements ci-après sur cette industrie locale .
La Moule à perles (1) ou Mulette margaritifère {Unio mar-
garitifera Drap.), en allemand Die Flussperlmuschel, qui
se rencontre dans la plupart des cours d'eau du centre et du
nord de l'Europe, entre le 43* et le 70° degré de latitude, est
surtout abondante dans quelques régions de l'Allemagne, et
spécialement dans les parties hautes et boisées de la Bavière,
qu'arrosent de nombreux petits cours d'eau tributaires du
Danube. On en trouve aussi beaucoup dans les affluents supé-
rieurs du Mein et de la Saale. Ce mollusque se développe par-
ticulièrement bien dans les rivières de la Saxe, surtout dans
le bassin supérieur de l'Elster, en amont d'Elsterberg et dans
plusieurs cours d'eau voisins.
Au moyen âge, les Vénitiens, grands amateurs de pierres
fines et de toute espèce de bijoux, ne laissèrent pas échapper
les ressources que leur offraient ces rivières, et, pendant une
longue période, ils accaparèrent à peu près complètement
le commerce des perles récoltées par les habitants du « Voigt-
land ». Ils étaient encore maîtres de ce commerce quand, en
1621, l'Électeur Jean-Georges 1", à la suggestion d'un drapier
d'Oelsnitz, Moritz Schmirler, monopolisa à son profit l'ex-
ploitation des perles et créa la charge de Premier-Pécheur
(1) Cette espèce est aussi nommée Muletle du Rhin ou Mulette sinuée {Unio
sinu'ita Lam.); Linné la désignait sous le nom de Mya mnrgaritifera. Elle est
très voisine de la Mulette des \>f'\n{re%[U ido pictorum) et de la Mulette idlongée
{Unio elongûta) Ce coquillage affecte une forme à peu près ovale. Quelques-uns
atteignent 8 centimètres de longueur sur 30 de largeur. Les perles ne se
trouvent en général ni dans les très petites, ni dans les très grandes coquilles,
mais plutôt dans les moyennes et principalement dans celles qui ont subi quelque
compression ou fracture.
LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 675
de perles {Erst Perlfischer) en faveur de celui qui lui avait
indiqué cette nouvelle source de revenus.
A sa mort, survenue en 164S, ce Moritz Schmirler fut rem-
placé par son frère Abraham, et depuis lors les Schmirler se
succédèrent de père en fils dans la charge de Premier-Pêcheur,
jusque vers la fin du dix-septième siècle, époque où ces fonc-
tions passèrent aux mains du beau-père du dernier membre
de cette famille, Herr Schmerler, dont les descendants sont
encore aujourd'hui à la tète de l'exploitation des perles. Le
Premier-Pêcheur de perles actuel est le maître drapier Moritz
Schmerler aîné, que secondent dans ses fonctions deux de ses
neveux, Moritz et Julius Schmerler.
A leur création, les pêcheries royales de perles furent pla-
cées, quant à la haute surveillance des travaux, dans les attri-
butions de l'administration supérieure des forêts, à Auerbach,
qui avait déjà dans ses attributions le service des eaux de la
région. Cette organisation subsiste encore aujourd'hui. L'in-
spection des eaux, c'est-à-dire la recherche des perles, se fait
au printemps. Dès que la température est assez douce pour
permettre aux pêcheurs de se mettre à l'eau et d'y travailler
pendant des heures entières, tous les bancs de Moules sont
successivement passés en revue, ei chaque Moule est entr'ou-
verte à l'aide d'un fer spécial, qui permet d'en visiter rapide-
ment l'intérieur sans blesser le mollusque. Celles qui ren-
ferment une ou plusieurs perles sont seules sacrifiées, c'est-à-
dire complètement ouvertes. Les autres sont immédiatement
remises à l'eau. Il en est de même de celles où l'on ne trouve
que de très petites perles jugées susceptibles de prendre ul-
térieurement plus de développement. Dans ce cas, on grave
extérieurement sur la coquille l'année de la visite. Il arrive
qu'on retrouve plus tard de très belles perles dans des Moules
ainsi marquées. Jamais on ne visite tous les ans un même
banc; on laisse même parfois écouler une assez longue pé-
riode — dix, douze et même quinze ans — avant de revenir
aux mêmes endroits.
Les produits de la pêche, centi-alisés par l'administration
forestière à Aner])acii, étaient autrefois remis à la Direction
676 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
des Collections royales. Aujourd'hui ils sont versés au minis-
tère des finances et la vente s'en fait annuellement, tandis
qu'elle n'avait lieu primitivement que par périodes de plu-
sieurs années, au moins pour les produits de nature à être
employés par la bijouterie de luxe (i). Le magnifique collier
mentionné ci-dessus a été fait avec les plus beaux spécimens
de la pêche de 1879.
Quelques expériences faites dans l'ElsLer, en vue de la pro-
duction artificielle des perles, n'ont pas donné de résultats (2).
Mais, en 1851, M. Moritz Schmeiier essaya la fabrication d'ob-
jets de fantaisie en nacre de Moule, et cette tentative eut un
plein succès. La mode s'empara si bien de cette nouveauté,
qu'une industrie importante s'est créée rapidement à Adorf.
Elle est exploitée non par les pêcheurs de perles titulaires,
mais par différents négociants, et elle a pris une telle exten-
sion, que les Moules des rivières saxonnes ne suffisent plus;
on en tire des pays voisins, et notamment de certaines parties
de la Bavière et de la Bohême, où quelques couis d'eau sont
même déjà presque complètement dépeuplés. Depuis quelque
(1) Le service royal des pêcheries de perles de Saxe avait exposé un tableau
donnant le relevé des ventes faites depuis 1719. Parmi les plus belles perles ré-
coltées pendant ceUe période, il y en avait 9 du poids de 35 carats et d'une
valeur de 85 thalers (331 fr. 50) chacune.
(2) On sait que toute blessure faite au mollusque peut amener la formation de
perles. Qu'une lésion se produise dans le manteau de la Moule, c'est-à-dire dans
la membrane charnue qui revêt l'intérieur de la coquille, et presque toujours un
développement abondant de matière calcaire qui se produit à l'endroit malade,
formera à la partie interne de la coquille, après la guérison, une excroissance
plus ou moins prononcée, qui est une perle soudée à la coquille. Qu'un giain de
sable pénètre dans les chairs, et le mollusque, pour rendre inoflfensif ce corps
étranger qui le blesse, manque rarement de le couvrir de nacre, en le transfor-
mant ainsi en perle. La connaissance de ce fait a donné l'idée de déterminer la
production artificielle des perles. Les Hollandais ont usé du procédé pour les
Huîtres perlières, dans les colonies o\x se pratique la pèche. La coquille est
entr'ouverte et Ton y insinue un petit fragment quelconque que le mollusque ne
puisse pas facilement expulser ; puis on dépose le coquillage ainsi préparé dans
un fond de mer convenable. Après deux ou trois ans, on pêche ces coquilles qui
renferment de très belles perles. Chez la Moule perlière, si la matière calcaire
qu'emploie le mollusque pour recouvrir le grain de sable qui le gêne, est celle
qui forme la couche extérieure, jaune ou brunâtre, de sa coquille, la perle est
terne et sans valeur aucune; mais si, au contraire, il se sert de la matière qui
constitue la partie interne de la coquille, la perle présente les rellets nacrés qui
lui donnent sa beauté, et plus la matière est pure, plus la perle est blanche, plus
elle a cet aspect chatoyant auquel elle doit son prix.
LA PISCICULTURE A l'ÉTRANGER. 677
temps, du reste, on travaille également à Adorf la nacre de
toutes sortes de coquillages exotiques, et beaucoup de maisons
importantes, telles que celles de MM. G. -W. Lots, Louis Nicolaï,
Leonhard Bang, etc., occupent chacune plusieurs centaines
d'ouvriers.
Il TRAVAUX ADRESSÉS ET COMNIUNiCATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ.
QUELQUES MOTS
AU SUJET
DES CHÉNOPODÉES D'AUSTRALIE
Par m. Ch. KAUDIN
De l'institut
Les Chénopodées, que M. Moquin-T.indon, leur mono-
graphe, appelait tacélieusemenl les crapauds du règne végé-
tal, ne brillent assurément pas par la beauté, et jamais Thor-
ticulture d'agrément n'en fera grande consommation; en
revanche il en est quelques-unes qui jouent un rôle considé-
rable dans la culture d'utilité ; il suffit de rappeler la
Betterave, la Poirée et l'Kpinard, pour montrer que cette
vaste famille de plantes, si modestement douée sous d'autres
rapports, mérite bien qu'on lui témoigne quelque intérêt.
A ces espèces classiques il faudra peut-être ajouter un
jour une demi-douzaine de Chénopodées de l'Australie, qui
rendent, dans ce pays de chaleurs torrides et de sécheresse,
de signalés services aux éleveurs de bestiaux, dont elles
sont la providence quand le soleil a roussi et détruit toute
autre végétation herbacée. Toutes ^ont des plantes de marais
salants, qui ont cet inappréciable avanlage de ne rien coûter
et d'être une excellente pâture pour les bœufs et les moutons,
quand il n'y a plus rien autre chose à leur donner. Si elles
venaient à disparaître, la principale industrie de ce pays en
serait piofondément atteinte.
Par plus d'un côté la région saharienne de l'Algérie res-
semble à ces déserts australiens : c'est la même chaleur et la
même sécheresse pendant des mois et des mois, le môme
sirocco brûlant et aussi les mêmes terrains imprégnés d'eau
saumâlie partout où il y a quelque dépression du sol. C'est,
suivant l'expression arabe, le pays de la soif, qui se couvre
, DES CHÉNOPODÉES D'AUSTRALIE. 679
d'herbe après les pluies de l'automne et de l'hiver, mais leste
absolument improductif et inhabitable dans les autres saisons,
exception faite des oasis, qui ne vivent que par les sources
jaillissantes que l'industrie des hommes a fait sortir du solde
temps immémorial.
Ce vaste pays est parcouru en hiver par de maigres trou-
peaux; mais, quand toute l'herbe en a été broutée et que les
chaleuis arrivent, il faut, sous peine de voir périr les bêtes,
les conduire sur les points élevés où il y a encore de la ver-
dure. Or c'est là le grand obstacle au reboisement de ces
hauts-plateaux qu'il y aurait tant d'intérêt pour la colonie en-
tière à voir se couvrir de forêts.
Y aurait-il moyen de retenir les troupeaux dans les plaines
du Sud et de les y faire vivre, même en été, sans recourir à
cette fâcheuse transhumance? Pcut-êlie, et, dans tous les cas,
il serait bon de tenter l'aventure en y introduisant ces utiles
Chénopodées australiennes. Puisqu'elles rendent tant de ser-
vices là-bas, pourquoi n'en rendraient-elles pas chez nous?
Si l'expérience réussissait, les avantages en seraient considé-
rables. Ce serait d'abord une meilleure utilisation de la plaine
saharienne, puis, chose plus importante, une abondante pro-
duction de bois dans une région à peu près stérile aujour-
d'hui ; ce serait, surtout, une notable amélioration du climat
algérien : des pluies plus fréquentes, plus abondantes et bien
mieux emmagasinées dans le sol montagneux, d'où elles res-
sortiraienten sources également bienfaisantes pour les plaines
-du iNord et pour celles du Sud. Au surplus, d'où viennent les
eaux qui font vivre les oasis, si ce n'est de la pluie tombée
sur les hauteurs et qui circule en nappes souterraines? Il est
de toute évidence que plus ces eaux seront abondantes, plus
florissantes et plus larges seront les cultures de cette région
du Sud, si peu favorable actuellement à la colonisation euro-
péenne. S'il est possible de faire reculer le désert, ce ne
sera qu'en rétablissant les forêts sur tous les points élevés du
pays.
Voilà, m'objectera-t-on, une belle perspective, ou plutôt
.une belle utopie, mais qui a le malheur d'être tout à fait hors
680 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
de proportion avec les moyens que vous proposez pour en
faire une réalité. Est-ce avec cinq ou six misérables Chéno-
podées qu'on peut espérer une si heureuse révolution? Je
répondrai d'abord qu'il ne s'agit, pour commencer, que
d'une simple expérience, et que, jusqu'à ce qu'elle ait été
faite sérieusement, on n'a pas le droit d'en dire du mal;
j'ajouterai ensuite que, bien souvent, des petits moyens,
jugés défavorablement, ont produit de grands résultats, et
que des plantes de peu d'apparence ont fait la fortune de pays
entiers. Où en serait aujourd'hui l'agriculture de l'Europe
sans la pomme de terre et la betterave ? Ces deux modestes
plantes n'ont pas manqué de dénigreurs à leur début, et cela
ne les a pas empêchées de faire glorieusement leur chemin.
Mais revenons à nos fameuses Chénopodées.
Le 2 mai 1882 j'ai reçu de M. Prillieux, professeur à
l'Institut agronomique, une bonne provision de graines de
trois Chénopodées australiennes, le Kochia villosa, nommé
dans le pays Blue sait bush et Cotton bush ; VAtriplex vesi-
caria, ou Small sait bush; et le Chenopodium nitrariaceum
ou Swamp sali bush. Ces noms vulgaires indiquent que ces
trois plantes croissent dans les lieux bas, plus ou moins ma-
récageux et imprégnés de sel.
J'ai partagé ces graines avec divers horticulteurs, qui, je le
crains, n'en ont pas fait grand cas, et j'ai semé le reste. Le
Ch. nitrariaceum a eu tout le succès qu'on pouvait en
attendre ; le Kochia villosa n'a levé qu'en partie, mais les
sujets obtenus sont florissants ; quant aux graines de l'A. vesi-
caria, elles avaient été probablement récoltées avant matu-
rité, car sur plusieurs centaines qui ont été semées je n'ai
obtenu que trois ou quatre plantes débiles, qui ont péri
malgré tous les soins. Il en a été de même pour celle espèce
chez M. Huber, horticulteur à Hyères, qui a parfaitement
réussi pour les deux autres. En ce moment le Ch. nitraria-
ceum et le Kochia villosa sont en pleine floraison à Hyères et
à la villa Thuret. Nous pourrons donc obtenir une seconde
génération de graines récoltées chez nous et peut-être déjà un
peu mieux acclimatées que celles qui nous sont venues directe-
DES CHÉNOPODÉES d'aUSTRALIE. 681
ment d'Australie. Ces deux plantes sont de petits buissons de
O^jSO à 0'°,60 de hauteur, ramifiés et à feuilles menues. Le
Kochia, dont le port est éricoïde et qui est tout enveloppé de
poils blancs, ne déparerait pas les planches d'un parterre.
Son nom de Cotlon hush lui vient, suivant M. F. Mûller, de
petites excroissances couvertes de duvet blanc, dues proba-
blement à la piqûre de quelque iii.sccle {Cijnips?) particulier
à l'Australie. Rien de semblable ne se présente sur nos
plantes.
Les trois Chénopodées que je viens de citer ne sont pas les
seules, ni même les meilleures des déserts australiens. Au-
dessus d'elles il faut, je crois, placer les Alriplex halimoides
et nummularia, véritables sous-arbrisseaux, très ramifiés,
très feuillus, et avidement recherchés par le bétail, le dernier
surtout, dont on commence à craindre la disparition dans les
lieux les plus fréquentés par les troupeaux, et qu'il faudra
peut-être cultiver pour ne pas perdre cette ressource. Nous
possédons, à la villa Thuret, un grand Atriplex, presque ar-
borescent, qui est probablement l'une ou l'autre de ces deux
espèces, mais je ne saurais dire laquelle des deux. Dans tous
les cas, elle est de celles qu'il faudrait essayer de propager
dans le Sahara algérien. La difficulté est de trouver l'homme
qui pourrait s'en charger, car ici, comme ailleurs, tant vaut
l'homme, tant vaut l'expérience. Il est à regretter que nous
n'ayons pas, dans le Sud algérien, à Touggourth ou à Ouargla,
un jardin d'expériences, grand ou petit, avec un homme
sur lequel on puisse compter. Cela viendra peut-être un
jour (1).
(1) Ce qui ne serait pas moins utile ce serait la création, sur quelque point de
TAlgérie convenablement choisi, d'un Arborelum, ou Jardin-école, spécialement
réservé à la culture d'arbres exotiques, comme celui que M. Alph. Lavallée a
fondé à S'-grez. Les services qu'il rendrait à la colonie sont trop évidents pour
qu'il soit nécessaire de les faire ressortir.
FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE
Eucalyptus et Cytisus*.
Extrait d'une lettre adressée à M. le Secrétaire général.
...J'ai suivi votre conseil : je viens de passer un mois en Algérie (février
et commencement de mars) pour visiter les colleclions d'Eucalyptus de
MM. Cordier et Trottier, que j'ai trouvées supérieures aux éloges qu'on
en a faits à différentes reprises dans les publications agricoles et horti-
coles. Il y a ià d'importants matériaux pour l'étude de ces arbres, des
expériences décisives pour leur naturalisation, et bientôt une riche pro-
duction de graines mise au service des cultivateurs et de l'admmistra-
tion forestière.
J'ai parcouru les deux provinces d'Alger etd'Oran, m'arrêtant en divers
endroits pour me rendre compte des progrés de la colonisation, qui au
total, est satisfaisante. iMa précédente visite à l'Algérie datait de trente
ans (en 1852); bien du chemin a été fait depuis, et j'ai revu florissantes
et peuplées beaucoup de localités qui n'étaient alors qu'un désert.
Au milieu de celle prospérité, il y a toutefois un point noir, auquel
on n'a pas fait grande attention dans le principe, mais sur lequel tous
les agricultt'urs algériens ouvrent aujourd'hui les yeux : c'est l'insuffi-
sance des forêts, insuffisance qui s'aggrave à mesure que les défriche-
ments s'accroissent. Entre Alger et Oran, dans la vaste plaine du Chéliff
surtout, on fait des lieues et des lieues sans voir un seul arbre. Les fu-
nestes conséquences d'un déboisement exagéré sont trop connues pour
qu'il soit nécessaire de les rappeler. La pénurie île bois de construction,
la rareté des pluies, les inondations quand, après de longues sécheresses,
la pluie finit par arriver, toutes les souffrances de l'agriculture, en un
mot, ce sont là autant de lieux communs cent fois ressassés, et néan-
moins toujours oubliés dans la pratique. 11 serait grand temps qu'on
s'occupât sérieusement de remédier à un mal qui menace l'Algérie, et
peut-être dans un avenir plus rapproché qu'on ne le croit. Il faudrait
non seulement reboiser les montagnes, mais obliger tout concession-
naire, et même tout acquéreur de terre, de planter un nombre d'arbres
proportionné à l'étendue de son exploitation. Il y aurait bien d'autres
choses à dire sur ce point, mais ce n'est pas dans une simple lettre qu'on
peut en ex|)Oser le détail.
Dans un des derniers numéros du Bulletin de la Société d'Acclimata-
tion, il a été reparlé du Cytisus proUfcrus, grand arbrisseau .les Cana-
ries, introduit en France par M. le docteur Sagot (|ui nous a fait con-
naître sa valeur fourragère. Plus d'une fois aussi les journaux agricoles
FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 683
anglais en ont parlé avec éloge. J'ai cultivé cet arbre assez longtemps et
avec assez de succès dans mon jardin d'expériences de Collioure pour
pouvoir témoigner en sa faveur. C'est un excellent fourrage pour les
bêtes bovines et pour les moutons; il est rustique eu Roussillon et en
Provence, et, par sa nature arborescente, il résiste à la sécheresse infi-
niment mieux que tous les fourrages herbacés. Taillé en têtard, à quel-
ques centimètres du sol, il repousse énergiquement une multitude de
branches qu'on peut faire brouter directement par les animaux, ou
couper à la faucille pour leur être distribuées. Abandonné à lui-même,
ce Cytise forme un arbre de 4 à 5 mètres, dont les longues branches
inclinées se couvrent d'une incroyable quantité de fleurs blanches, dès
la fin et même avant la fin de l'hiver. Il y aurait là encore une impor-
tante ressource pour les Abeilles. J'ajoute à ces détails que son bois
est excessivement dur et qu'il peut fournir d'excellents manches d'outils.
Pour ces diverses raisons, il me paraît que le Cytisus proliferus
devrait être propagé en Algérie, surtout comme plante fourragère.
Débarqué à Port-Vendres au commencement de mars, je n'ai eu garde
de traverser Collioure sans revoir mon ancien jardin qui m'a rappelé
bien des souvenirs. J'ai vu, avec plaisir, que mon successeur, un ancien
militaire, ami des plantes, a soigneusement conservé celles dont j'avais
peuplé ce jardin. En somme, il a continué les expériences que j'avais
commencées. J'ai donc retrouvé, notablement grandies, quantité de
plantes intéressantes dont j'aurai peut-être à parler dans une autre occa-
sion. Pour aujourd'hui, je me borne à dire que les cinq ou six Cytisus
proliferus adultes qui subsistent encore, étaient couverts de fleurs au
moment de mon passage, il y aura, par conséquent, une grande quan-
tité de graines à récolter, que le professeur actuel tiendra à la disposi-
tion des agriculteurs et amateurs.
Je lis également dans le dernier numéro du Bulletin de la Société
d'Acclimatation, p. 57, que l'Eucalyptus rostrata a été accusé d'em-
poisonner les Abeilles. Ce n'est pas impossible, mais cela m'étoimerait.
Ici toutes les Abeilles, d'une lieue à la ronde, ont activement butiné
l'été dernier sur les Eucalyptus rostrata et autres espèces qui fleuris-
sent dans nos alentours sans que personne ail remarqué rien de sem-
blable. Ne serait-il pas possible que les Abeilles qu'on dit avoir été
empoisonnées l'aient été par tout autre chose que des Eucalyptus?
Cela mériterait d'être vérifié.
Agréez, etc.
Ch. Naudin.
684 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
]Katni*alisation de Tégétanx en ]\ouTelle-Calédonie.
Extrait d'une lettre adressée à M. Geoffroy Saint-Hilaire, directeur du
Jardin Zoologique d'acclimatation, à Paris.
Cayenne, 3 juin 1883.
J'ai passé si peu de jours en France à mon retour de la Nouvelle-Calé-
donie, qu'il m'a été impossible d'aller vous remercier de l'envoi que vous
m'aviez fait à Nouméa par le transport le Fontenoy. Tous les Figuiers
étaient en pleine végétation et il m'a été facile de les faire transplanter
sans en perdre un seul. Dans quelques années, je l'espère, le Figuier
sera acclimaté en Galédonie comme l'est, aujourd'hui, le Pêcher, qui donne
des fruits savoureux et s'est multiplié au point qu'il envahit toutes les
propriétés. Je désirerais que le Jardin d'acclimatation d'Hyères voulût
bien me faire un envoi du même genre par le transport de l'État qui
relèvera pour Cayenne dans le courant du mois d'août prochain.
Cet envoi pourrait comprendre: des Figuiers et quelques plants d'une
Vigne que l'on désigne dans le département des Alpes-Maritimes sous le
nom de raisin framboise. Le grain est noir, recouvert d'un duvet blan-
châtre comme la Prune de Monsieur, la feuille est très large et presque
ronde, elle est d'un vert très foncé d'un côté et blanchâtre de l'autre; ce
dernier côté est recouvert d'un duvet assez long.
J'en ai emporté d'Antibes quelques plants en Galédonie et j'ai obtenu
des résultats tellement surprenants, que je serais bien aise de faire un
essai à la Guyane. J'avais, à Nouméa, deux récoltes par an, et une treille
de 6 pieds de Vigne m'a donné, au bout de trois ans de mise en terre, plus
de sept cents raisins, qui sont devenus très gros et ont mûri en même
temps. La vigueur de cette Vigne était telle, qu'une bouture mise en terre
en août m'a donné huit grappes de raisin qui étaient arrivés à maturité
le mois de décembre suivant. Le même fait s'est reproduit pour plusieurs
milliers de boutures, mais avec un rapport moindre.
Il y a certainement à Hyères l'espèce de raisin dont il s'agit, le tout
est desavoir si elle y porte le nom de raisin framboise.
J'avais également réussi à avoir, en Nouvelle-Calédonie, d'excellentes
Fraises en multipliant une espèce qui se vendait à Sydney chez Anderson
et G'% sous le nom de Victoria Trolloppes. Si cette espèce existait en
France, on pourrait joindre quelques plants à l'envoi.
Cette demande faite, Monsieur le Directeur, il me reste à faire savoir
à la Société d'Acclimatation que je me mets entièrement à sa disposition
pour lui expédier de la Guyane les animaux ou les plantes qu'elle voudra
bien me désigner. Ma qualité de chef de l'administration pénitentiaire
me permettant d'exercer mon action sur un grand nombre de points de
FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 685
la colonie où se trouvent des pénitenciers, il me sera facile de me pro-
curer, en peu de temps, tout ce que la Société d'Acclimatation aura le
désir de posséder.
Si en dehors d'un envoi par serre, la Société voulait bien me faire
l'envoi de quelques graines comprenant les différentes espèces de maïs,
les melons, les pastèques, les graines fourragères, en un mot tout ce
qu'elle aurait de disponible pouvant avoir quelque chance de s'acclimater
dans un pays chaud et humide, je lui en serais particulièrement recon-
naissant et lui offre en échange tout le concours de l'administration pé-
nitentiaire pour lui faire parvenir tout ce qui dans le pays pourra faire
plaisir à la Société.
Veuillez, etc.
Le Directeur de l'Administration pénitentiaire y
L. Armand.
Colonibes Toyag^enses.
On nous écrit d'Amérique : Les Colombes voyageuses {Ectopistes
migratorius) ont choisi cette année comme lieu de migration l'Ozark
County, à Missouri.
Des millions de ces oiseaux ont été tués et envoyés à Saint-Louis,
Chicago, Kanzas City et autres villes. En outre, une grande quantité
ont été pris et mis dans des cages, grossièrement construites, pour y
être engraissés et vendus ainsi plus avantageusement.
Beaucoup de familles des environs ont quitté leurs fermes, négligeant
leurs propriétés pour venir s'installer sur les lieux et s'y livrer à la
chasse et à l'élève de ces Colombes; quelques-unes ont gagné jusqu'tà
30 dollars par jour.
Précédemment ces oiseaux avaient niché à Oregon County et les
fermiers de cet endroit en avaient vendu pour envion 150 000 dollars.
IV. BIBLIOGRAPHIE.
1
I>a pêche à toutes lignes de Poissons d'eau douce, par John Ficher,
1 vol. in-8% 336 p., Samson, 84, boulevard de Magenta.
Les pêcheurs à la ligne sont les victimes résignées de cinq ou six plai-
santeries peu méchantes, constamment les mêmes, qu'on trouve toujours
spirituelles, et devant lesquelles ils courbent la tête, ce qui ne les em-
pêche pas le lendemain, de recommencer comme par le passé à manquer
tous les Gardons et à attraper de nouveaux rhumes de cerveau !
C'est que, d'après ses adeptes, la pèche à la ligne est véritablement
un art, qui demande la persistance dans la volonté, le calme dans les
idées, la patience dans le caractère, l'habileté de la main et la sûreté du
coup d'oeil. Elle exige la connaissance des habitudes des Poissons, l'es-
prit d'observation, la surveillance attentive des circonstances les plus
indifférentes en apparence; l'ombre d'un oiseau, le bruit des pas.
Le moindre vent qui, d'aventure,
Fait rider la face de l'eau....
Comme le dit Alphonse Karr, un des avantages de la pêche à la ligne
est celui-ci : quand la pièce ne réussit pas, elle se sauve néanmoins par
les décors. Elle se joue au bord d'une rivière ou sur un bateau, entre
les deux rives, à l'ombre des saules, et l'eau qui coule, par son mur-
mure et son aspect, vous jette dans de douces et profondes rêveries.
Le publiciste de valeur qui se cache sous le pseudonyme de John
Ficher est incontestablement un apôtre convaincu et un pratiquant. 11
a écrit un ouvrage intéressant, complet, qu'on lit avec plaisir, et que
nous recommandons aux amateurs. Cet excellent manuel a été édité avec
beaucoup de goût parla maison Samson; il est orné de 40 gravures
exécutées d'après nature, au Muséum d'histoire naturelle, et de i planches
comprenant 60 figures techniques.
Ce livre démontre fort bien qu'il ne suffit pas de lancer une hgne à
l'eau pour la retirer avec un poisson au bout; les instruments les
plus perfectionnés et les meilleures amorces ne servent à rien, si l'on ne
possède la connaissance exacte des endroits où habite la victime choisie
et de ceux où elle doit aller et venir selon les circonstances changeantes
de la rivière et de l'atmosphère.
Après avoir jeté un coup d'œil sur l'organisation des Poissons, l'auteur
décrit très soigneusement le matériel nécessaire au pêcheur, les divers
appâts, la manière de sonder, de toucher et de ferrer; il passe ensuite
BIBLIOGRAPHIE. 687
successivement en revue les diverses sortes de pêches : à la ligne flot
tante, sans flotte, de surface, au vif, de fond, ainsi que les petites pêches
à la houteille, à la main, au lacet, au fusil, etc.
Puis il donne la description des différentes espèces de Poissons d'eau
douce, avec une étude approfondie de leurs mœurs, les règles spéciales
pour la pêche de chaque espèce, et même quelques indications culi-
naires.
Un dernier chapitre est consacré au calendrier du pêcheur, et un
appendice contient les textes de la législation relatifs à la pêche fluviale.
Dans une préface spirituelle, John Ficher cherche à justifier sa pas-
sion, et il nous donne quelques extraits d'un petit chef-d'œuvre d'humour,
Sabnonia, écrit par sir Humphry Davy, l'une des gloires philosophiques
de l'Angleterre. C'est l'apologie de la pêche à la ligne et la démonstration
la plus complète que ce plaisir peut et doit s'allier à l'amour des sciences
naturelles et à la contemplation de la nature. licite les principaux amateurs
connus : Walter Scott, de Salvandy, Jules Sandeau, Emile Augier, Am-
broise Thomas, iMeissonnier, Victor Hugo et bien d'autres.
Nous sommes surpris cependant que l'écrivain n'ait pas cherché à
remonter plus haut et qu'il ait oublié parmi les grands pêcheurs, Antoine,
le meurtrier de Cicéron, le cruel Tibère et le grand empereur Trajan,
lequel préférait la pêche à la chasse, parce que la lutte de ruse et d'a-
dresse entre le pêcheur et le poisson est plus réelle que celle entre le
chasseur et le gibier.
Pourtant c'était un bien beau cadre pour sa plume que de nous repré-
senter, d'après Plutarque, le puissant Marc Antoine, vêtu de sa robe
consulaire, penché sur le liane d'un navire « dont la poupe était d'or, les
voiles de pourpre, les avirons d'argent et dont le mouvement des rames
se cadençait au son des flûtes, se mariant à celui des lyres et des chalu-
meaux». Auprès d'Antoine se tient Dellius, son confident, qui rit des
saillies plus que risquées du général, et subit sans sourciller ses moque-
ries et ses coups de boutoir; en arrière sont les favoris du moment,
Anaxénor, le joueur de cithare, Xulus, le joueur de flùle, le comédien
Métrodore, et l'habile cuisinier d'Antoine, celui-là même auquel il a
donné naguère la maison d'un habitant de Magnésie, parce qu'il lui avait
préparé un excellent repas ! « A côté, sous un pavillon brodé d'or, la reine
Cléopàtre, dans tout l'éclat de sa beauté, sourit au vainqueur; déjeunes
enfants habillés en Amours agitent des éventails; des femmes, parfaite-
ment belles, vêtues en Néréides et en Grâces, sont les unes au gouver-
nail et les autres aux cordages. » Antoine prend sa ligne, les chants se
taisent, et après un moment d'attente, le terrible proconsul sent un pois-
son mordre à l'hameçon ; il ferre avec adresse et il amène triomphale-
ment une sardine sèche que la malicieuse reine a fait attacher par un
plongeur. «Général, lui dit-elle, laissez-nous la ligne, à nous autres?
votre pèche, à vous, est de prendre les villes, les rois et les continents. »
688 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Comment se fâcher après une flatterie si délicate ? Antoine éclate de son
gros rire, jette un long regard sur l'enchanteresse, dépose sa ligne, fait
donner l'ordre aux troupes de marcher contre les Parihes et se rend
immédiatement en Phénicie, d'oia il rentre bientôt à Rome pour récla-
mer à César et à Lépide sa part dans l'empire du monde...
Quelles conséquences, en vérité, pour une partie de pêche à la ligne
flottante!
Aussi, pêcheurs, laissez dire les railleurs, inspirez-vous des conseils
de John Ficher, respectez les alevins, faites une guerre à outrance aux
braconniers, et lorsque les saisons et la loi le permettront, allez... à
vos lignes !
Aimé DuFORT.
II. — Publications nouvelles
Guide pour bouturer, greffer, marcotter et semer, par Lemaire,
Lequien et le vicomte Du Buysson, suivi du nouveau mode de boutu-
rage, par Ypert. 3^ édition, revue et corrigée, in-18 jésus, 108 pag.
avec figures. Tours, impr. Rouillé-Ladevèze ; Paris, lib. Gouin.
i.e chêne-liège, sa culture, sa maladie dans le Var, par le docteur
Gustave Davin, in-8°, 32 pag. Toulon, imp. Isnard et C*^
i,es origines de la soie, son histoire chez les peuples de l'Orient,
par J. Fi. Giraud, conservateur des musées archéologiques de Lyon,
in-8", 76 pag. Lyon, imp. Perrin.
Guide du naturaliste préparateur et du voyageur scientifique
ou Instructions pour la recherche, la préparation, le transport et la con-
servation des animaux, végétaux, etc., par G. Capus. 2' édition, en-
tièrement refondue par le D'' A. T. de Rocliebrune, aide-naturaliste au
Muséum ; avec une introduction, par Edmond Perrier, professeur admi-
nistrateur au Muséum; in-18, xii-324 pag., avec 223 ^i^. Corbeil,
imp. Crété. Paris, lib. J.-B. Baillière et fils.
Traité de pisciculture pratique OU des procédés de multiplication
et d'incubation naturelle et artificielle des poissons d'eau douce, p;ir
M. J. P. J. Koltz, de l'Institut, i*' édition, revue et augmentée; avec une
préface, par M. Chabot-Karlen, de la Société nationale d'agriculture ;
in-i8 Jésus, viii-186 pag., avec fig. Corbeil, imp. Crété; Paris, lib.
G. Masson.
Le Gérant : Jules Grisard.
îirpiiiiioric- réunies, A, lue Mignon, 2, Paris
TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
ÉDUCATIONS D'OISEAUX EXOTIQUES
Lettre adressée à JÎonsieur le Secrétaire géaéral.
Par M. DELAURIER aîné.
Angoulême, février 1883.
Cher Monsieur,
Je ne vous ai pas envoyé la note de mes élevages de 1881 ;
je vous la remets aujourd'hui avec celle de la dernière saison
et un tableau comparatif des résultats que j'ai obtenus.
LoPHOPiioRES RESPLENDISSANTS (Lophophorus iïïipeijanus).
— Dans une précédente notice j'ai donné le mode d'élevage
détaillé que j'applique à cette espèce, il est donc inutile d'y
revenir. L'éducation des jeunes Lophophores exige de l'es-
pace et de la verdure de toute sorte ; depuis deux ans ils
reçoivent chez moi des soins moins assidus qu'autrefois et ils
réussissent mieux. Les asticots sont supprimés, les distribu-
tions d'œufs de fourmi et de vers de farine moins abondantes,
ils mangent des vers de terre et sont friands de flan quand il
est bien préparé et qu'ils le connaissent. Ce dernier mets leur
est salutaire. Vers l'âge de trois mois, le parquet de 25 mètres
carrés consacré à cinq ou six jeunes Lophophores, est insuf-
fisant: les oiseaux deviennent tristes, perdent l'appétit et il
me faut leur doubler l'espace ; malheureusement ces infati-
gables piocheurs détruisent en quelques jours les pelouses de
gazon tendre utiles à l'élevage des jeunes Tragopans; aussi
dois-je cette année supprimer mon parquet de Lophophores
pour tenter avec plus de succès l'éducation des nouvelles es-
pèces de Tragopans que je possède. En résumé, le Lopho-
phore vit et s'élève bien sous notre latitude, et la réussite sera
certaine, lorsqu'on fera cet élevage à la campagne, sur un ler-
3« SÉRIE, T. X. — Décembre 1883. 44
690 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
rain sec et dans un clos suifisamment vaste poui' donner aux
jeunes élèves éjointés l'espace et la liberté dont ils ont besoin.
Pintades vuUurines. — La femelle, qui avait eu douze œufs
en octobre et novembre 1880, n a fait aucune ponte en 1881.
Les œufs mis sous une poule ont donné huit naissances. Six
jeunes sont morts successivement vers l'âge de un mois; tous
étaient atteints de faiblesses aux jambes, produites certaine-
ment par le froid : pendant cette maladie, qui durait de huit
jours à un mois, suivant la rigueur de la température, la
marche devenait de plus en plus difficile aux pauvres oiseaux,
qui finissaient par se traîner péniblement sur le sol jusqu'à
leur mort. La difficulté de celte éducation me semble provenir
uniquement de la saison. La première génération paraissait
moins sensible au froid et à l'humidité que les parents im-
portés. La Pintade vulturine, encore délicate à conserver, est
un oiseau familier; son beau plumage et son port d'échassier
en feront un magnifique ornement pour nos basses-cours
lorsque, à la sui'te de plusieurs générations, elle résistera bien
à nos hivers et qu'elle pondra en bonne saison.
Tragopans satyres (Cmoriiù' salyra). — Une paire, dont
la poule seulement m'appartenait, a donné dix œufs. Les cinq
premiers, envoyés au propriétaire du coq, étaient tous bons ;
sur les cinq derniers j'ai obtenu quatre jeunes mâles, qui se
sont bien élevés malgré l'humidité de la saison : ils vivaient
dans le même parquet que les Lophophores et ont reçu les
mêmes soins, leur élevage a été plus facile. Les œufs de fourmi
ne sont pas nécessaires aux jeunes Tragopans ; ils en mangent
peu, mais absorbent beaucoup d'herbe tendre, de lentilles
d'eau, de mouron frais ; ils mangeaient également avec plaisir
le flan coupé en petits morceaux qu'on mélangeait à leur pâtée.
Tragopans de Hasting. {Ceriornis Hastingii. — Les deux
paires que j'ai reçues en mai étaient en mauvais état de plu-
mage, mais en bonne santé, et d'une sauvagerie excessive
qu'une captivité de sept mois a à peine adoucie. Cependant,
trois semaines après leur arrivée, l'une des poules pondait
deux œufs sous un arbuste, desquels j'ai obtenu un jeune né
pendant les pluies d'août et mort de diarrhée huitjours après
ÉDUCATIONS d'oiseaux EXOTIQUES. G91
sa naissance. Notre climat paraît bien convenir à ce superbe
et robuste oiseau ; ceux que j'ai reçus, entretenus au sarrasin,
blé, herbes variées et flan, se sont refaits rapidement; je n'ai
pas eu avec eux un seul jour d'inquiétude et actuellement ils
sont en excellent état de reproduction.
Trâgopans beBlyth {Ceriornis Blylhii). — Un coq etdeux
poules reçus en août dernier. — Charmants oiseaux, grands
mangeurs de verdure, de lentilles d'eau, de flan. Le coq, avec
son masque jaune, son cou et son plastron rouge-orange, est
fort beau, plus beau peut-être que le coq Hasting. Celui que
je possède n'a pris son plumage complet d'adulte qu'en dé-
cembre dernier; il est déjà plein de prévenance pour ses deux
poules, qui lui prennent au bec le ver de farine qu'il vient
chercher dans la main. Tous vivent ensemble en parfaite in-
telligence; l'une des deux femelles, à son arrivée, a été atteinte
de diarrhée ; elle s'est rapidement rétablie et ce parquet me
donne les plus belles espérances.
Faisans d'Elliot {Phasianus Elliot). — Une paire arrivée
en septembre. Ces Faisans sont en parfaite santé, mais farou-
ches ; j'espère qu'ils s'humaniseront lors de la ponte.
Perrruches a ailes POURPRES {Aprosmictus erythropte-
Tus). — Ces Perruches vivent chez moi depuis quatre ans. En
1880, elles ont fait une ponte de cinq œufs, par terre, sur un
sol bouleversé par les Lophophores; les œufs, cassés les uns
après les autres, ont été couvés très assidûment par la femelle,
qui ne les a abandonnés qu'après la destruction du dernier.
L'année suivante, en avril 1881, le couple a fréquenté les
boîtes et troncs d'arbre creux de toute sorte que j'avais mis
à sa disposition, et la femelle s'est décidée à pondre à terre,
derrière des fagots placés en encoignure, et abritant le nid de
la poule Lophophore.
Le mâle Erythroptère ne permettait plus à celle-ci l'accès
de son nid, dans lequel sa femelle pondit cinq nnifset en brisa
quatre ; elle couva très bien ce dernier, le perruchon sortit
du nid dix à douze jours a})rès sa naissance, tout en duvet et
escorté de ses parents qui éloignaient de lui les autres oi-
seaux de la volière, même les plus gros; il était couvert de
692 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
vermine, dont la poudre insecticide eut vite raison ; sa crois-
sance fut assez lenle, c'était une jeune femelle. La saison der-
nière, 1882, la même paire nicha au même endroit, la femelle
couva avec la même assiduité les quatre œufs qu'elle pondit ,
nourrie par le mâle qui, comme l'année précédente, faisait
bonne garde devant son nid. Après trois semaines d'incuba-
tion environ, il y eut deux éclosions à trois jours d'intervalle
et une autre huit jours après; le dernier né mourut écrasé
par ses aînés, qui restèrent plus d'un mois au nid et en sor-
tirent presque aussi gros que leurs parents. Pendant que la
vieille femelle couvait, la jeune de l'année précédente s'ac-
coupla fréquemment avec son père, mais elle ne pondit pas.
Ces nouvelles amours n'empêchèrent pas celui-ci de remplir
avec conscience ses devoirs de père de famille, les jeunes
furent nourris par lui longtemps après leur sortie du nid ; en
août ils le poursuivaient encore de leurs sollicitations. Les
deux jeunes Perruches nées en mai dernier ont tout à fait le
plumage de la mère dont elles ne se distinguent plus. Je
croyais n'avoir encore que des femelles; cependant l'une des
deux a le cri du père : il est donc probable que cette espèce
n'est adulte que la seconde ou même la troisième année.
L'Erythroptère est très rustique : elle ne craint ni la cha-
leur, ni les froids les plus rigoureux; elle est peu ou point
destructive pour les arbres verts qui meublent sa volière. La
livrée du mâle est splendide; je ne connais guère de Perru-
ches possédant des couleurs plus franches et plus vives.
Perruches a front pourpre {Cyanoramphus Novœ-Ze-
landiœ). — Cette Perruche couve et élève bien en toute saison ;
ses couvées ne sont interrompues que par ses mues, et les
nichées sont, depuis quelques années, chez moi, de cinq, six,
sept, huit et même neuf jeunes. Elle est parfaitement accli-
matée ici , peu ou pas de mortalité ; mon premier mâle im-
porté en 1874, je crois, vit encore. Une jeune paire, née en
mai, a fait sa première couvée de cinq jeunes en septembre.
La fécondité et la rusticité des Cyanoramphus m'ont engagé
à acquérir les deux autres espèces très voisines de plus petite
taille et ayant toutes les allures et la vivacité de la première
ÉDUCATIONS d'oiseaux EXOTIQUES. 693
(Aiu'iceps et Alpinus). J'ai perdu plusieurs couples de ces oi-
seaux qui m'arrivaient malades et déplumés ; j'ai enfin
réussi à refaire et conserver deux paires d'Auriceps et une
paire d'Alpinus. Ces deux nouvelles variétés paraissent avoir
toutes les qualités de leur congénère ; malgré leur plumage
modeste, ce sont de charmants oiseaux de volière, lestes, vifs
et gais. Un des couples d'Auriceps commence à se recher-
cher.
Colombes poignardées {Phlogœnascruentata). — Ces jolies
Colombes, fortement nourries de grains divers, pain trempé,
asticots, vers de farine, répètent leur ponte de deux œufs
tous les huit à dix jours. Établies dans une volière suffisam-
ment vaste, munie de nids placés dans les endroits sombres
et entretenus modérément, elles couvent et amènent à bien
elles-mêmes leurs jeunes.
Les trois petites espèces de Colombes suivantes dont j'avais
peuplé mes grands compartiments d'élevage ont très bien
réussi: elles sont inoffensives pour les autres oiseaux; elles
élèvent elles-mêmes leurs jeunes et ne demandent aucun soin
particulier. La plupart ne se sont pas servies des petits nids
installés à leur intention, presque toutes les ont confection-
nés elles-mêmes dans les arbustes des volières.
Chalcopelia chalcospilos. — Petite espèce active, prolifique,
résistantbien au froid. La dernière couvée d'octobre n'a pas
réussi. Le mâle et la femelle doivent être séparés l'hiver afin
de les empêcher de s'épuiser inutilement.
Colombe a lxrge qveve {Geopetia M alaccensis). — Cette
Colombe est frileuse et doit être rentrée aux premières gelées.
Les couvées d'avril, de même que celles de septembre, ne
réussissent pas; la fraîcheur des nuits tue les jeunes à leur
soitic du nid.
Colombe Passebine, — Plus délicate que les précédentes et
moins ieconde ; aussi frileuse que la Colombe de Malacca.
Colomble a yeux nus {Columba (jymnopthalma). — Belle
Colombe du Brésil, de la taille d'un pigeon ; espèce robuste
qui, chez moi, est restée l'hiver dehors. Le niàle et la femelle
sont semblables. J'ai passé une partie de l'été à en reconnaître
694
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
un couple parmi plusieurs. Cette paire m'a enfin donné deux
jeunes en août.
REPRODUCTEURS.
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A.r«flVJÊE 1881
1 paire Lophophores resplendissants.
— Pintades vulturines
— Canards mandarins
— Perruches érythroptères
— Nouvelle-Zélande
— Perruches Palliceps
— — Paradis
Colombes poignardées
— Chalcospilos
— Malaccensis
— Passerines
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1 —
A.lV]VIi:E 1883
Lophophores
Pintades vulturines.
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1 —
Tragopans satyres ' 10
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Tragopans de Hasting * 2
Perruches Nouvelle-Zélande. .
— érythroptère
Colombes poignardées
— Chalcospilos
— Malaccensis
— Gymnopthalmos. ..
Perruches paradis
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Nées en octobre 1881,
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Les satyres étaient
à mi-fruit; 5 œufs
ont été envoyés au
propriétaire du coq ;
les cinq étaient bons;
Arrivés en juillet;
une des poules a
pondu deux œufs fin
juillet.
L'ÉTABLISSEMENT
DE
PISCICULTURE D'ETTELBRUCK
(GKAND-DUCHÉ de LUXEMBOURG)
Par n. C. e^lERET-WATTEL
Secrétaire des séances.
J'ai déjà eu plusieurs fois l'honneur d'appeler l'attention
de la Société nationale d'Acclimatation sur certains établis-
sements de pisciculture offrant un intérêt spécial par leur
grand développement, par leur outillage modèle, ou bien
encore par le caractère tout à fait industriel de leur exploi-
tation. Aujourd'hui, ce n'est pas d'une vaste installation,
"^ d'une exploitation commerciale lucrative, dont je demande à
dire quelques mots ; c'est, au contraire, d'un tout petit
établissement, d'un laboratoire extrêmement modeste, mais
qui n'en a pas moins donné des résultats fort remarquables
et qui, par la simplicité même de son installation, par son
outillage économique et par son mode d'administration à bon
marché, me semble réaliser le type idéal de l'établissement
de pisciculture régional, le véritable modèle à adopter par
l'administration pour les laboratoires à établir en vue du
repeuplement de nos cours d'eau.
Dans les Ardennes néei'landaises, dans ce pittoresque petit
pays qui a pour nom le grand-duché de Luxembourg, plu-
sieurs rivières à truites et à saumons, tributaires de la
Moselle, avaient été complètement dépeuplées par les causes
qui ont amené partout la disparilion du poisson, à savoir:
une pèche à outrance, un braconnage continuel. H y a dix
ans, le service forestier (qui a aussi dans ses attributions
l'administration des cours d'eau et la surveillance de la
pèche) se décida à tenter le repeuplement de ces rivières à
l'aide des procédés de multiplication artificielle du poisson,
et la petite ville d'Ettelbriick, au confluent de la Warke et de
l'Alzette, parut toute désignée, par sa position centrale, pour
696 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
l'installation d'un laboratoire de pisciculture. Les crédits
dont on pouvait disposer étaient fort restreints ; aussi dut-on
faire les choses le plus économiquement possible. Les ré-
sultats obtenus n'en furent pas moins importants, comme j'ai
pu m'en assurer tout dernièrement.
J'avais, eu effet, entendu parler de l'établissement d'Ettel-
brûck, et j'étais désireux de vérifier l'exactitude des rensei-
gnements qui m'étaient donnés. J'ai donc profité d'une
excursion dans les Ardennes pour franchir la frontière et
pousser jusqu'à Ettelbriick. Là, grâce à l'obligeance du
bourgmestre de la ville, j'ai pu visiter l'établissement et re-
cueillir tous les renseignements que je désirais.
Le laboratoire est installé dans le sous-sol d'une petite
scierie mécanique, dans une pièce de 6 mètres de long sur
4 mètres de large, louée par l'administration au propriétaire
de la scierie pour 150 francs par an. L'eau qui alimente le
laboratoire est tirée d'un petit étang à truites situé à
200 mètres de la maison, et elle est amenée par une rigole à
ciel découvert. Grâce à la situation en sous-sol du laboratoire,
l'eau y arrive à peu près au niveau du plafond, et elle
tombe ainsi, par des tuyaux verticaux, d'une hauteur de
3 mètres à peu près, dans les appareils d'incubation, en
s'aérant copieusement dans cette chute. Tout d'abord, les
appareils employés consistaient en six bacs ou rigoles en
ciment, dans lesquelles les œufs étaient mis en incubation
sur des claies en baguettes de verre ou en toile métallique.
Depuis deux ans, on a remplacé ces rigoles par des appareils
allemands, du modèle inventé par M. Max von dem Borne et
connu sous le nom d' « auge californienne profonde »
(Tiefer californischer Bruttrog) (1). Je ne reviendrai pas sur
la description de cet appareil, dont j'ai déjà parlé dans un
précédent travail (2) ; je rappellerai seulement que les prin-
cipaux avantages de l'auge californienne sont : de ne pas
(t) En Prusse, en Saxe, en Bavière, etc., le prix de cet appareil varie de 8
à 9 marks (de 10 à 11 fr. 25). Ceux employés à Ettelbruck sont en zinc; ils
sont fabriqués dans la localité et reviennent à une dizaine de francs.
(2) Raveret-Wattel, Rapport sur la situation de la pisciculture à Vétranger
{Bull. Soc. nat. d'Accl., 1883.
LA PISCICULTURE A ETTELBRUCK. 697
exiger un fiUrage aussi énergique de l'eau que le nécessitent
les appareils Coste ; de permettre un facile nettoyage des
œufs en incubation; enfin, de fournir aux œufs beaucoup
d'oxygène, ce qui donne des alevins plus vigoureux.
J'ai vu, avec plaisir, qu'on apprécie et qu'on adopte de
-plus en plus partout un appareil dont j'ai été le premier, en
France, à recommander l'emploi. Le petit laboratoire d'Et-
telbriick possède une quarantaine de ces boîtes, dont chacune
peut recevoir environ 5000 œufs ; c'est donc environ
200 000 œufs, au minimum, qui peuvent être mis en incu-
bation à la fois. Les soins nécessaires aux œufs sont donnés
par un garde forestier, qui reçoit une allocation annuelle de
200 francs pour ce service spécial, lequel ne l'occupe que
deux heures par jour, pendant quatre ou cinq mois (de
novembre à mars). Ajoutons à ces frais de loyer et de main-
d'œuvre, 700 ou 800 francs pour achat d'œufs, entretien et
réparation du matériel, distribution d'alevins, etc., et nous
arrivons au chifîre de 1000 à 1200 francs, au maximum,
comme budget annuel de l'établissement. Quant aux frais de
première installation, ils n'ont pas atteint ce chiffre si
minime de 1200 francs. Voilà le côté de la dépense ; voyons
maintenant celui des recettes, c'est-à-dire celui des résultats
obtenus.
Les œufs mis en incubation donnent chaque année environ
150 000 alevins, dont l'administration distribue une certaine
quantité, gratuitement ou à très bon marché, aux particuliers,
aux propriétaires d'étangs qui lui adressent des demandes;
mais la plus grande partie est naturellement réservée pour
le repeuplement des cours d'eau. Les alevins sont versés
aussi près que possible de la source des rivières, et l'empois-
sonnement est fait largement, c'est-à-dire qu'au lieu d'épar-
piller les alevins dans un grand nombre de cours d'eau à la
fois, on en met la presque totalité dans une seule rivière.
L'année suivante, une autre rivière est empoissonnée, et
ainsi de suite. Cette manière de procéder a donné les meil-
leurs résultats, ainsi que l'établissent les quelques chiffres
suivants : Il y a dix ans, le produit de la pêche était tombé
698 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
presque à néant. Aujourd'hui l'aiTondissement d'EUelbriïck
livre, à lui seul, à la consommation 25 000 kilogrammes de
truites en moyenne, par an. Tel cantonnement de pêche de
la Sure (rivière que l'on s'est particulièrement attaché à re-
peupler et qui se prêtait le mieux aux essais), qui se louait
20 ou 30 francs en 1873, vaut aujourd'hui 200 ou 300 francs.
Presque partout le produit a décuplé. L'administration est
donc plus que couverte de ses dépenses, et l'alimentation
publique trouve une précieuse ressource dans le produit des
rivières. Voilà ce que, dans ce petit pays, à peu près de la
superficie d'un département français, voilà ce que le service
des eaux et forêts a su faire avec une dépense de 4000 à
1200 francs par an! Quel est, chez nous, le département qui
ne pourrait s'imposer une pareille dépense pour obtenir un
pareil résultat?
Mais ici une question se présente à l'esprit. Gomment,
dira-t-on, la pisciculture réussit-elle si bien là-bas, quand
chez nous elle ne donne que de si pauvres résultats? La
France, en effet, a été l'initiatrice de la pisciculture ; à
l'époque où l'établissement de Huningue nous appartenait,
des millions d'alevins ont été versés dans les eaux sur tous les
points du territoire ; et cependant aucune amélioration ne
s'est produite ; les rivières sont toujours aussi pauvres, plus
pauvres même que par le passé; il ne reste plus rien. Com-
ment les mêmes travaux, si infructueux chez nous, pro-
duisent-ils de si bons effets chez nos voisins? La raison, la
voici. D'abord, c'est qu'à l'étranger on prend soin de mettre
les œufs en incubation dans une eau très froide, qui donne
des éclosions tardives ; les alevins ne sont bons à mettre en
rivière qu'à une époque de l'année où ils trouvent dans les
cours d'eau les insectes, les larves, tous les animaux infé-
rieurs presque microscopiques dont ils vivent. Chez nous, au
contraire, les œufs généralement placés dans des eaux de
source trop douces donnent des alevins précoces, délicats
parce que le développement embryonnaire s'est effectué trop
rapidement, et fatalement condamnés à périr par milliers,
car il faut, ou les conserver captifs pendant quelque temps, en
LA PISCICULTURE A ETTELBRUCK. 699
es nourrissant artificiellement au prix de difficultés sans
nombre, ou les mettre en liberté dans des cours d'eau où ils
ne trouvent, en cette saison, aucune espèce de nourriture;
huit jours après il n'en reste plus un seul : tout est mort.
Une autre précaution, très importante, qu'on a presque tou-
jours négligée chez nous, c'est de ne verser les alevins qu'aux
têtes des ruisseaux, c'est-à-dire, autant que possible, dans
les endroits où ils écloraient naturellement. Les verser,
comme on l'a presque toujours fait en France, très loin des
cantonnements que les sujets adultes recherchent pour frayer,
c'est exposer tous ces jeunes poissons à une perte presque
certaine. Toutes sortes de chances de destruction les attendent
dans la grande eau, où ils deviennent d'ailleurs une proie
facile pour de nombreux ennemis.
Du reste, l'administration luxembourgeoise ne se fait pas
illusion. Elle sait très bien que, quelque soin qu'elle prenne,
beaucoup des alevins mis en rivière sont perdus; que les plus
petits, les moins bien venants, sont souvent mangés par les
plus gros ; mais elle en fait à l'avance le sacrifice et, sur la
quantité, il y en a toujours un nombre suffisant qui reste,
quand on empoissonne aussi copieusement. Chez nous, on a
distribué beaucoup d'alevins, il est vrai ; mais que sont
cependant les quantités distribuées (eu égard à l'étendue du
pays) à côté des empoissonnements faits dans le Luxembourg,
où un simple ruisseau reçoit 50 000 ou 60 000 alevins! Il ne
faut pas se le dissimuler, tous les pays où la pisciculture
donne des résultats vraiment sérieux sont ceux où l'empois-
sonnement se pratique sur une échelle dont nous n'avons,
en somme, jamais approché. S'y impose-t-on pour cela de
lourds sacrifices? Nullement ; mais on sait y produire l'alevin
à bon marché, alors que chez nous on s'est peu attaché à
résoudre ce problème. Avec ce que nous coûtait autrefois
[luningue, on aiiiait pu doter plus de la moitié de nos dé-
partements de laboratoires comme celui d'Etlelbruck, dont
l'action eut été autrement efficace que celle d'un seul grand
établissement, si considérable, si important qu'on le sup-
pose. Un grand établissement nécessite un personnel nom-
700 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
breiix, entraînant une dépense généralement hors de pro-
portion avec les résultats obtenus. A l'étranger, on procède
plus économiquement. En Suisse, par exemple, à l'établisse-
ment de Meilen, sur le lac de Zurich, à Glattefelden, sur le
Rhin, à Neuhausen, près Schaffouse, le millier d'alevins de
truite ou de saumon, prêts à être jetés en rivière, revient à
1 fr. 50. En Amérique, aux États-Unis, il en est de même.
Les œufs de saumon de Californie que la Commission supé-
rieure des pêcheries fait chaque année recueillir en plein
territoire indien, ces œufs qu'on ne s'est parfois procurés
qu'en échangeant des coups de fusil avec lesPeaux-Ronges,ces
œufs ne reviennent pas à plus d'un dollar (5 francs) le mille.
Or il s'agit ici d'une espèce particulière, d'une espèce qui,
en raison de son habitat, présente pour sa multiplication
des difficultés toutes spéciales. Si nous prenons, comme
exemple, des espèces plus répandues, les prix se réduisent à
des chiffres insignifiants. Ainsi, à l'établissement national de
Northville, dans le Michigan, l'alevin de Coregonus albus
(sorte de Fera), prêt à être mis en rivière, ne revient qu'à
8 cents (40 c.) le mille (1). Dans ces conditions, il est possible
de semer abondamment; les semailles ne sont pas ruineuses.
Maintenant, quelles sont les conclusions à tirer de ce qui
précède? C'est que, si en France on désire travailler sérieu-
sement au repeuplement des cours d'eau, il faut renoncer
d'une manière complète au système qui a été tout d'abord
adopté. Au lieu d'un ou deux grands établissements luxueux,
grandioses, ruineux comme celui d'Huningue, il faut créer
un très grand nombre de laboratoires régionaux ; non pas,
comme on l'a parfois proposé, un établissement pour cha-
cun des grands bassins de la Seine, de la Loire, du Rhin
et de la Gironde, mais un établissement pour chaque bassin
secondaire, pour chaque cours d'eau d'une certaine impor-
tance, laboratoires où l'on s'occuperait uniquement de la
(1) Ce prix est d'autant [ilus faible, qu'aux Etats-Unis l'argent a beaucoup moins
de valeur qu'en France, et que le prix ite la main-d'œuvre y est considérable-
ment plus élevé. Les femmes employées au triage des œufs dans les laboratoires
de pisciculture gagnent 75 cents par jour (3 fr. 75); à Huningue, elles n'en
gagnent pas la moitié.
LA PISCICULTURE A ETTELBRUCK. 701
mulliplication des espèces appropriées à chacun de ces cours
d'eau (1), ce qui revient à peu près à dire que le meilleur
serait d'avoir des établissements départementaux, et, je le
répète, quel est le département qui ne pourrait faire une
dépense annuelle de 1200 francs pour un but aussi utile?
Déjà dans ia Creuse cette idée d'un laboratoire départe-
mental a été mise en pratique d'une lacon très heureuse. Un
petit établissement a été organisé à Saint-Feyre par les soins
de l'ingénieur en chef du département ; chaque année, le
conseil général vote un crédit de 500 francs pour achat d'œufs
et frais d'entretien; le gouvernement accorde une subvention
du même chiffre, et, avec cette dépense annuelle de mille
francs, les résultats les plus satisfaisants ont déjà été obtenus.
Voici ce que m'écrivait dernièrement à ce sujet le président
de la commission départementale, M. le docteur Maslieurat-
Lagémard, aux efforts duquel est due surtout la création du
laboratoire, et qui continue à s'occuper, avec le plus louable
zèle, du développement de la pisciculture dans la région :
« Les œufs que nous avons reçus cette année de la Société
ont bien réussi ; ajoutés à ceux que nous avons achetés au
printemps dernier, ils nous ont permis de déposer dans nos
rivières 50 000 alevins. L'année prochaine ce sera une cen-
taine de mille alevins que nous pourrons distribuer... Nos
efforts ne sont pas perdus : cette année on a pris une grande
quantité de truites, ce qu'on ne faisait plus avant nos travaux
d'empoissonnement.
» Par suite de l'interdiction de la pêche sous les barrages
de la Haye-Descartesel delaGuerche,etdela modification des
échelles, les saumons peuvent remonter. Cette année ils sont
très abondants. Dans de petites rivières on en prend 8 ou 10
par pèche, et ces poissons pèsent de 8 à 10 kilogrammes. Sur le
marché de Guéret, ils valent 2 fr. 50 le kilogramme. Jugez de
(1) Il existe d'ailleurs déjà sur quelques points des établissements appartenant
à l'industrie privée, qui pourraient fournir des alevins en quantités importantes
et à des prix modérés. L'administration trouverait pour le plus souvent économie à
s'adresser à ces établissements, au lieu d'avoir elle-même des laboratoires d'éle-
vage et elle encouragerait du même coup une industrie au développement de la-
quelle s'attache le plus sérieux intérêt.
702 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
la joie de nos populations, qui trouvent là un revenu ainsi
qu'une abondante et bonne alimentation. Le défaut de moyens
de transport ne permet pas de les exporter; mais ces résultats
sont un grand bienfait pour le pays.
» On a pris quelques truites d'Amérique provenant des
œufs envoyés parla Société; tout fait espérer, que cette variété
si précieuse s'acclimatera dans nos rivières. »
La Société nationale d'Acclimatation peut d'autant mieux
applaudir à ces résultats satisfaisants que, comme nous venons
de le voir, elle n'y est pas absolument étrangère. C'est, en
effet, grâce à ses envois d'œufs que les distributions d'alevins
du petit laboratoire de Saint-Feyre ont pu quelquefois être
un peu plus al)onclantes qu'elles ne l'auraient été. Il lui re-
vient donc une petite part du succès obtenu. Aussi le con-
seil général du département, reconnaissant du concours qui
lui a été prêté, a-t-il, dans sa session du mois d'août dernier,
voté des remercîments à la Société. Ce vote flatteur, cette
constatation officielle des services rendus par elle, ne saurait
être pour notre Société qu'un nouvel encouragement à persé-
vérer dans la voie qu'elle s'est tracée, tenant à prouver qu'elle
n'est pas seulement de nom, mais bien aussi de fait, un éta-
blissement d'utilité publique. »
Il- TRAVAUX ADRESSÉS ET COIVIMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ.
ESSAI D'ACCLIMATATION
DE h'ATTACUS PERNYI Guéhin-Mrneville
Par r»l. DOUCIIY,
Instituteiu', à Brumetz (Aisne).
Le dimanche 7 mai 1882, j'ai reçu par la poste, de M. le
vicomte de Melim, membre de la Société d'agriculture de la
Gôte-d'Or, une petite boîte contenant une soixantaine d'œufs
du Bombyx chinois ou ver à soie du chêne, avec mission de
faire éclore cette graine et de surveiller l'éducation des vers
qui en pourraient provenir.
La lettre d'avis m'informait que ces œufs avaient été rap-
portés directement de la Mandchourie par un missionnaire
français. Celte partie de la Chine étant à peu près à la même
latitude que la France, je me mis cà l'œuvre avec un peu
d'espoir.
J'avais placé les œufs dans une boîte en carton sur le man-
teau de la cheminée de la cuisine, endroit qui me semblait
réunir les conditions de chaleur les plus propices à mes
insectes.
Dès le lendemain 8 mai, il y avait une éclosion; j'en con-'
statais trois le 9, plus de dix le jour suivant et plus de vingt
le 11, jour où, par exception, le temps a été chaud.
Au fur et cà mesure que les vers sortaient des œufs, ma
femme les plaçait dans une corbeille d'osier bien propre et
bien sèche, toujours à la meilleure place relativement à la
chaleur. Elle avait soin de renouveler plusieurs lois par jour
les rameaux de chêne dont les feuilles leur servaient de
pâture. Ces branches étaient cassées sur la touffe et non cou-
pées, de crainte que le contact du métal, lame de couteau ou
autre, ne nuisît à la santé des nourrissons, lesquels étaient
704 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
alors de pauvres petites chenilles, dont la tête, d'un jaune de
chrome, était à proportion plus grosse que le corps velu, d'un
noir de suie.
A partir du 12, le temps devint très froid et les éclosionsse
ralentirent pour ne se terminer que vers le 21 mai. Un quart
des œufs ne valaient rien. Le 22, nous nous sommes aperçus
que les premiers vers avaient mué et avaient pris une cou-
leur vert tendre. Bien que les feuilles fussent fréquemment
changées, nous constations que certaines chenilles avaient peu
d'appétit. Il faut dire aussi que notre cuisine, quoique étant
la pièce la mieux chauffée de la maison à cette époque, ne
présente pas toutes les conditions hygiéniques que nos petits
Chinois étaient en droit d'attendre. En effet, la cheminée
fume, la porte est souvent ouverte et, au mois de mai, on ne
fait guère de feu que pour faire cuire les aliments. Il y avait
encore autre chose de plus dangereux : un jour que nous
avions été obligés de nous absenter, les fourmis s'étaient
introduites dans notre minuscule magnanerie et y avaient
dévoré plusieurs de nos précieux sujets. Toutefois, la tem-
pérature se maintenant au froid, il fallait se contenter de ce
milieu.
D'ailleurs, les instructions que j'avais reçues me prescri-
vaient d'attendre une douzaine de jours après l'éclosion pour
porter les vers sur une touffe de chêne au milieu du bois. Le
dimanche 28 mai, le thermomètre marquant 24 degrés, nous
avons cru le moment propice pour mettre nos élèves au grand
air, d'autant plus que, par les raisons que nous avons expo-
sées plus haut, les rangs s'éclaircissaient de jour en jour.
Le choix de l'emplacement ne se fit pas sans difficultés. Nous
avions bien une garenne à 500 mètres du village, mais outre
que les oiseaux y abondent, nous avions encore à redouter
les grosses fourmis rouges, tellement nombreuses en cet
endroit que l'insecte pris comme le symbole de la prévoyance
semble en avoir fait son Paris. D'un autre côté, la simple
prudence commandait de ne pas placer tous ses œufs dans le
même panier.
Nous avions dans un enclos, en exposition de plein soleil,
ACCLIMATATION DU BOMBYX CHINOIS. 705
une jolie touffe de chêne, aux feuilles tendres, à la végétation
luxuriante. Nous y avons déposé quatre vers qui ont pros-
péré pendant huit jours, puis ils ont disparu successivement
sans qu'on pût se douter comment : une nichée de pinsons,
de mésanges ou autres insectivores s'était probablement éta-
blie près de là.
Quatre autres vers ont été conservés à la maison, et malgré
les soins qu'on en a pris ils n'ont pas résisté plus de quatre
jours. L'internat serait donc aussi défavorable au ver à soie
du chêne qu'il est avantageux à son congénère du mûrier.
Enfin le gros de la troupe, environ une trentaine, a été
porté dans un bosquet distant du village d'environ 1 kilo-
mètre et demi. Si le bois avait eu plus d'étendue, j'aurais
choisi l'intérieur, parce que les oiseaux préfèrent les bor-
dures. J'ai pensé que les feuilles qui sont exposées à l'air et
au soleil sont plusnutritives, et je me suis arrêté à une large
et belle jachée de S mètres de hauteur environ, à l'abri des
coups de vent et cachée aux regards des curieux.
Quelques-uns de nos vers étaient encore bien petits et bien
jeunes; la plupart n'avaient pas encore mué. Cependant, dans
une visite que je leur ai faite le lendemain, j'ai vu que tous
ou à peu près tous s'étaient attachés aux feuilles et se faisaient
vivre.
Le 30 mai, surlendemain du dépôt, une grêle aussi grosse
qu'abondante faisait de grands vides dans notre colonie.
Quoi qu'il en soit, huit sujets nous restaient encore. Nous
les voyions souvent, car il était facile de les retrouver, les
échancrures fraîchement faites aux feuilles servant de point
de repère, et d'ailleurs ils ne voyageaient guère. Tout allait
assez bien et nous étions satisfaits de leur développement- les
derniers semblaient même lutter contre la température qui
se maintenait froide au point que nous avons constaté de la
gelée le samedi 17 juin. Au P' juillet nos chenilles étaient
superbes; leurs proportions étaient plus grandes que celles
des plus grosses de nos contrées, leur corps était transparent,
de couleur vert tendie avec des taches d'or : la tête était
énorme.
3" SÉRIE, T. X. — Décembre 1883. 45
706 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Nous nous croyions déjà riches d'une certaine quantité
d'œufs éclos chez nous, sous l'influence climatérique du pays,
n'ayant pas été transportés à des milliers de lieues, n'ayant
point subi tous les changements de température, depuis la
chaleur torride de Pointe de Galles jusqu'à la latitude déjà
froide du nord de la France. Nous restituions alors au cen-
tuple le petit dépôt qui nous avait été confié, nous partagions
généreusement le reste de notre trésor.
Nous pensions le problème de l'acclimatation résolu, et
nous supputions les avantages immenses qui pourraient en
résulter : nos bois transformés pour ainsi dire en mines d'ar-
gent, nos mauvaises terres plantées et utilisées, nos ouvriers
trouvant l'ouvrage au village et s'y fixant davantage, la soie à
la portée du pauvre, la Fi-ance enrichie, gardant chez elle
une partie de l'or qu'elle envoie en Amérique et aux Indes
pour se procurer le coton... Tout cela, hélas! devait finir
comme le pot au lait de Perrette !
Le 15 juillet, à six heures du soir, quelques jours à peine
avant le temps qui m'avait été indiqué comme l'époque où les
vers devaient filer, une trombe accompagnée de grêle plus
terrible encore que celle du 30 mai, ravageait tout le terri-
toire, réduisant la récolte des blés au quart et celle des avoines
à néant. En voyant les légumes hachés, les arbres dépouillés
de leurs feuilles, les amas de glaçons qui avaient passé la nuit,
nous ne nous sommes fait aucune illusion au sujet de notre
essai. Le lendemain, dès que les chemins ont été un peu pra-
ticables, nous avons été voir nos vers; mais, comme nous
nous y étions attendus, nous n'avons plus trouvé que des
débris informes.
Je sais parfaitement que lors même que nous aurions réussi
la chose n'aurait pas eu toutes les conséquences que j'ai entre-
vues plus haut; quoi qu'il en soit, je pense que l'acclimata-
tion du ver à soie du chêne serait un bienfait pour la France
et surtout pour les contrées où il y a du terrain médiocre.
Si mon opinion pouvait avoir quelque poids, je dirais, en
forme de conclusion, que selon moi cette acclimatation n'est
pas chose impossible. En effet, nous n'avons eu cette année que
ACCLIMATATION DU BOMBYX CHINOIS. 707
très peu de jours de beau soleil en mai et juin; pourtant sans
les orages des 30 mai et 15 juillet, il est présumable que nous
aurions recueilli des œufs et que nous aurions pu (ma femme
et moi) recommencer l'épreuve avec nos propres ressources.
C'est dire que notre insuccès ne nous décourage pas et que
nous tenterions volontiers une nouvelle expérience s'il nous
était possible de nous procurer un peu de graine du Bombyx
chinois.
III. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ
SÉANCE DU CONSEIL DU 30 NOVEMBRE 1883
Présidence de M. Bouley, président.
Le procès-verbal de h séance précédente est lu et adopté sans obser-
vation.
— M. le Président proclame les noms des membres nouveaux.
MM. PRÉSENTATEURS.
Colette, chef des travaux aux usines du ( H. Bouley.
Creusot, propriétaire à Marmagne, par | Maurice Girard.
Montcenis (Saône-et-Loire).
Jules Grisard.
( U. Bouley.
Conte (Tony), ministre plénipotentiaire, rue \ a. Geoffroy Saint-Hilaire.
de Naples, 4, à Pans. ( p^ ^ pj^^^ot
, - . f H. Bouley.
Gauthier -Faugères, négociant, a Issoire | ^ Berthoule.
(Puy-de-Dôme). | g^^j
• , r>o 3 (" H. Bouley.
Godefroy-Lebeuf, horticulteur, 26, route de a. Geoffroy Saint-Hilaire.
Sannois, à Argenleuil (Seine-et-Oise). '
Lehec (Claude) aviculteur, 30, rue du Sen-
tier, à Bois-Colombes (Seine).
Saint-Yves Ménard.
Didion.
A. Dubief.
Jules Grisard.
, T^ o/^ ' /' H. Bouley.
Leroux (Th.), négociant, Grande-Rue, 39, a i ^ Dufort.
La Flèche (Sarthe)
Lucas-Championnière (le docteur, Just), chi-
rurgien des hôpitaux, 50, rue du Faubourg-
Poissonnière, à Paris.
Meinadier (le docteur Gabriel), à Etoile
(Drome).
Jules Grisard.
H. Bouley.
A.Geoff~roySaint-Hilaire.
Saint-Yves Ménard.
Blanchon.
H. Bouley.
Hugues.
., ■ .T. jt ( H. Bouley.
Salmon-Coubard (B.), propriétaire, a Baugé \ j^^^^ Grisard.
'" ^ne-et-Loire). | Raveret-Wattel.
A. Geoffroy Saint-Hilaire.
0. Leroy,
A. Porte.
H. Bouley.
A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Comte de Montlezun.
Sens (Laurent), propriétaire, 19, place Dau-
phine, à Bordeaux (Gironde).
Sevin de Ségongnac (de), propriétaire, au
château de Larroque, par Gimont (Gers).
PROCÈS-VERBAUX. 709
MM. PRÉSENTATEURS.
Wauthier (Frédéric-Eugène), bibliothécaire ( i i^ f
honoraire de la Société nationale d'hor- ) tV • i
ticulture de France, 30, rue d HauteviUe, i Raveret-Wattel.
Paris. \
— Des remerciements, au sujet de leur récente admission, sont adressés
par MM. H. de la Blanchetais et Hugues.
— Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Louis d'Eichthal,
Maisonneuve, Th. Lépine, Boyron, Desroches, Feuilloy, E. Riom et
Durousseau-Dugontier.
— M, Brierre (Vendée) adresse à la Société quelques échantillons de
sels blancs naturels de la rivière la Vie et se met à sa disposition pour
fournir les renseignements qui lui seraient demandés. — Remerciements.
— M. Albin Humbert demande à prendre part aux concours de la
Société. — Renvoi à la Commission spéciale.
— M. Patard-Chatelain, à La Ferté-Macé (Aisne), écrit :
« Ayant obtenu dans l'élevage du Lapin angora, en partie, le résultat
qne je cherchais, et certain à présent de réussir complètement (puisque
j'ai 2000 lapins et que je compte en avoir 3000 à la fin de l'année), que
de plus je file ce poil mécaniquement, et qu'on en obtient un tissu plus
beau que ceux connus jusqu'à ce jour, j'ai l'intention d'essayer égale-
ment en grand l'élevage des chèvres fournissant les plus belles toisons.
« J'essayerai probablement la Chèvre cachemire ou du Thibet, et si
TOUS aviez des données sur le genre de travail que je me propose, je
serais heureux que vous voulussiez bien m'en donner connaissance. »
— M. Gorry-Bouteau écrit de Belleville (Deux-Sèvres) :
« Je viens de lire dans le Bulletin de la Société les renseignements
qui vous ont été donnés sur l'arrivée des oiseaux migrateurs dans l'ar-
rondissement de Segré (Maine-et-Loire).
» L'époque de l'apparition de ces oiseaux dans le canton de Thouars
(Deux-Sèvres) difl"ère peu de celle de Segré, excepté pour la Tourterelle
qui n'apparaît ici que dans le mois de mai.
» Voici cette date pour chaque espèce : 25 mars, le Rossignol couronné
ou de muraille ; 29 mars, Hirondelles et Fauvettes ; 31 mars, la Canepe-
tière ou petite Outarde; 5 avril, la Huppe; 15 avril, le Coucou; 18 avril,
la Pie-grièche; 20 avril, la Caille; 8 mai, la Tourterelle. «Ces dates ne
sont pas absolument fixes, elles varient selon que la température est
plus ou moins douce. »
— M. de la Blanchetais écrit de Cannes :
« J'ai l'honneur de vous annoncer que mon Casarka et Oie d'Egypte
viennent de me donner une nouvelle couvée composée de sept petits
produits âgés aujourd'hui de cinq jours et qui prennent leurs ébats et
sont en parfaite santé. »
710 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
— M. Blanchon annonce l'envoi prochain d'un rapport sur l'acclima-
tation des Hoccos.
— M. Vigour, notaire, à Saint-Servan (lUe-et-Vilaine), adresse diverses
attestations pour concourir au prix fondé pour la multiplication du Lo-
phophore.
— M. F. Zenk, président de la Société de pisciculture de la Basse-
Franconie, à Wurzbourg, annonce qu'il espère pouvoir faire cette année,
à la Société, un envoi d'alevins de Sandre {Lucloperca Sandra).
— M. André Mondehare, attaché au Consulat général de France à
Londres, commissaire de la section française à l'Exposition internationale
des Pêcheries, transmet une demande formée par M. le D^ Wallem,.
commissaire du royaume de Norvège, cà l'effet d'obtenir, pour son gou-
vernement : 1" la cession d'une copie de la carte ichtyologique de la
France exposée à Londres par M. Raveret-Wattel, et des cartes ayant
pour titre : Indication des lieux de pêche du Hareng et du Maquereau
pendant la campagne de 1877; 2° des renseignements sur les travaux
d'exploration exécutés par le navire le Travailleur pendant l'année 1882.
— M. Raveret-Wattel communique la lettre suivante de M. le pro-
fesseur G. Brown Goode, commissaire des États-Unis à l'Exposition in-
ternationale de produits et engins de pêche de Londres :
« Je reçois de M. le professeur Baird, commissaire des Pêcheries des
États-Unis, un télégramme qui offrira, j'en suis sûr, un grand intérêt
pour les pisciculteurs européens. Il m'apprend que M. John A. Ryder,
embryogéniste de la Commission des Pêcheries, qui, depuis deux ou
trois ans, s'occupe de recherches sur les Huîtres, vient de réussir à
obtenir la propagation artificielle de ces mollusques. Le 4 septembre
courant, il y avait dans les étangs de la Commission, à Stockton Mary-
land, d'innombrables quantités de jeunes Huîtres de 3/4 de pouce de
diamètre, qui provenaient d'œufs fécondés artificiellement, quarante-six
jours auparavant. Les étangs renferment une grande abondance de
nourriture pour les jeunes Huîtres, qui se développaient rapidement.
» Je n'ai pas besoin de dire que c'est là un succès qui va marquer une
nouvelle époque dans l'histoire de la pisciculture. »
— M. Rivoiron écrit de Servagette, commune de Miribel-les-Échclles
(Isère), à M. le Secrétaire :
« Je regrette vivement que vous ne puissiez pas m'honorer d'une
visite, car je désirerais beaucoup avoir votre appréciation, j'ai fait des
études et travaux assez intéressants. Je puis chaque saison faire éclore
200 à 250000 œufs embryonnés. Je suis arrivé à produire des Daphnies
et larves de Cousin, à l'aide de nombreux bassins disposés à cet effet, et
cela en quantité illimitée, sans cependant connaître le procédé dont par-
lent beaucoup vos comptes rendus. J'espère en plus livrer chaque année
au commerce une quantité très importante de Truites marchandes.
» Les Saumons que vous m'avez adressés à l'état d'œufs sont aussi
PROCÈS-VERBAUX. 711
bien que possible, leur grosseur dépasse de beaucoup celle d'autres
Saunions venant de Bàle, qui ne conviennent pas bien à nos eaux ; ils
sont très réguliers et sont du reste dans un bassin spécial, rempli
d'insectes de tous genres. En ce moment c'est la petite Crevette d'eau
qu'ils préfèrent, tout en absorbant cliaque jour environ de 300 à
400 grammes de Daplinies. J'en ai perdu environ 120 sur toute la quan-
tité envoyée, cette espèce n'étant certes pas celle du Californien, qui
grossirait encore plus vite. A ce propos, je vous serais bien reconnais-
sant si cette année vous pouviez me procurer des œufs de ces derniers. »
— M. le maire de Nice annonce que lAI. llaveret-Wattel, secrétaire des
séances, a été nommé membre du Comité de patronage (section d'aqui-
culture) de l'exposition de Nice.
— La Société d'borticulture de l'arrondissement d'Étampes sollicite
l'envoi de graines de Riz de montagne.
— M. le docteur Moïse Certoni demande comment on pourrait utiliser les
feuilles et les fruits du Phytolacca esculenta. — Renvoi à la5« section.
— M. Brierre adresse un sac de diverses variétés de Haricots qu'il
cultive dans la Vendée. — Remerciements.
— M. Romanet du Caillaud écrit de Limoges :
« J'ai l'honneur de vous adresser quelques graines récoltées en Chine
en 1882 :
» \° Vitis Pagnucci, Vigne sauvage de Ho-Chen-Miao (Chen-Si), raisin
acide, mûrissant en octobre (espèce nouvelle);
» 2" Vitis Romaneti, Vigne sauvage de Ilo-Chen-Miao (Chen-Si), raisin
doux et sucré, mûrissant eu septembre.
» Ces deux vignes croissant dans la même localité, dans les mêmes
broussailles, il est certain que beaucoup de ces graines doivent être
liybridées. C'est la raison pour laquelle les premiers semis de Vitis Ro-
maneti ont présenté des caractères si différents.
» 3° Thé à feuilles blanches. J'ai de grandes craintes relativement à
ces graines; je les crois trop desséchées et privées de leur qualité ger-
minative.
» J'avais aussi reçu des glands de Chêne à feuilles de houx; mais ces
glands sont desséchés et n'ont plus de germe. »
— La Direction des forêts adresse la demande d'un exemplaire du
mémoire de M. Rivière sur le genre Melaleuca. — Envoyé.
— M. Mackensie rend compte de ses cultures de Canja olivœformis.
— M. Léo d'Ounous, de Saverdun (Ariège), adresse la note suivante :
« Nous n'avons eu que de rares fruits de nos Figuiers de primeur de
grosseur et de qualité supérieures ; mais des pluies chaudes et suffi-
santes nous donneront en octobre et novembre des fruits très nombreux
possédant leurs précieuses qualités. J'ai déjà vu arriver en parfaite ma-
turité les Figues grasses de Marseille, les Figues Reine, Goureau et les
Saint-Dominique. Je regrette d'avoir perdu la belle Figue espagnole Col
712 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Je Signora, qui demande la plus chaude exposition et un terrain frais et
fertile. La Figue blanche d'Agen, qui a quelques rapports avec la Figue du
même nom d'Argenteuil, va bientôt paraître sur nos tables. Quoique
moins favorisée que notre région du Sud-Ouest, celle de Paris et de ses
environs peut avec chance de réussite essayer leur culture avec quelques
abris de murs et d'exposition. Un de nos collègues de la Société d'hor-
ticulture de Toulouse, M. Barrai, spécialiste, en cultive de vingt-cinq à
trente variétés de premier mérite. M. Marouch, un de nos plus habiles
amateurs de Chrysanthèmes japonais, est parvenu à obtenir des fruits
de ses Figuiers pendant plus de six mois. A l'aide de petits tuyaux en
zinc et de robinets il arrose à volonté ses nombreux Figuiers, soigneuse-
ment palissés et à exposition choisie. Il a bien voulu me céder ses plus
précieuses variétés, que l'on peut du reste trouver chez nos meilleurs
pépiniéristes de Toulouse, MM. Hailleret-Bonamy. »
— M. Raveret-Wattel communique l'extrait suivant d'une lettre qui
lui est adressée par M. le docteur A. Gilbert, de Givet : « Dans une note
parue dans le numéro de janvier de 1883 du Bulletin, M. de Behr
signalait la grande utilité pour les apiculteurs, des propriétés mellifères
et de la floraison tardive de la Balsamine géante. Ajoutons que la graine
de cette belle plante a également son utilité. Cette graine très abondante
est enfermée dans des gousses latériques qui la projettent de tous côtés
et amènent ainsi une multiplication rapidement encombrante. Heureuse-
ment que les Poules, très friandes de cette graine, la recherchent avec
avidité, et, quand elles peuvent la trouver en quantité suffisante, elles
s'en engraissent parfaitement et pondent plus abondamment et pendant
une bonne partie de l'hiver. »
Des comptes-rendus de leurs cheptels sont adressés par MM. Ferrary,
Le Berre, de Chambry, A. Tetrais, B. Glemot, docteur J.-J. Lafon,
,). Kiener, Bourjuge, Fiévet-Périnet, Mathey, Henri Fabre, G. Laverne,
L. Reyual, Leprevosl-Bourgerel, Loydreau, Nelson-Pautier, Durousseau-
Dugontier, A. Hiver, Edm. Villey, X. Dybowsky, Burky, P. Baril, Laval,
L. Mérat, Leblan, Blaauw, Albert Orban, A. Marre, Desroches, G. de
Kervénoael, Fremy ainsi que par le Jardin Zoologique de Bâle.
~ M. Xambeu écrit de Montélimar : « Des observations qu'il m'a élé
donné de faire au sujet de la Poule Campine, il résulte :
« 1° Comme avantages, que les œufs ont éclos un jour avant ceux des
races ordinaires ;
« Que les poussins se développent plus rapidement ;
« Que les coquelets n'attendent pas trois mois pour cocher ;
<( Que les poulettes nées en mars sont sujettes à pondre à la fin du
sixième mois.
« 2" Gomme inconvénients, je signalerai la quantité considérable de
mâles sur le nombre si réduit de femelles ; c'est peut-être un cas par-
ticulier. »
PROCÈS-VERBAUX. 713
— M. Malliey écrit de Rochechouart (Haute-Vienne) à M. le Secrétaire
général : « Sur les trois espèces de Melons dont la semence m'a été
fournie par la Société d'Acclimatation, Melon grimpant, petit Melon
orange. Ananas brodé, une seule espèce, la dernière, a réussi.
» Tous semés le 23 mars sur couche et sous cloche, abrités des
vents du Nord, quelques graines du petit Melon orange ont levé le
12 avril. Bientôt attaqués par des Limaçons et des Fourmis, je ne pus
sauver un seul plant, malgré le phénol que j'employai, en répandant
quelques gouttes de ce liquide sur la terre recouverte de la cloche,
moyen qui me parut cependant éloigner les parasites.
î Je fus plus heureux pour l'Ananas brodé, dont quelques plants sor-
tirent de terre le 15 avril ; plusieurs cependant périrent; le 9 juin, je
transplantai le sujet qui me restait dans un terrain préparé à cet effet,
exposé au grand air et au soleil ; le 5 juillet, les premières fleurs paru-
rent ; enfin le 10 août, je récoltai un petit Melon arrivé à parfaite matu-
rité et d'excellente qualité. Très parfumé, quoique ayant la chair un peu
sèche, ce Melon a un goût excellent et est bien supérieur à ceux qui
viennent généralement dans le pays.
j> J'adresse de la graine, qui est parfaitement mûre, à M. l'Agent
général.
» 11 reste encore deux Melons après l'unique pied que j'ai cultivé,
j'estime qu'ils ne seront pas mûrs avant une dizaine de jours.
» Pour ce qui est du Melon grimpant, aucune graine n'a levé, la
semence a dû pourrir dans la terre.
ï Je semai ma graine de Zapallito le 28 mars, sur couche et sous
cloche, aucune n'a germé, j'ai trouvé la semence pourrie dans la terre,
.l'attribue cet échec à l'excès d'humidité.
î J'ai semé dans un terrain de bonne qualité et bien préparé les Ha-
ricots nains de Bonnac et les Haricots nains suisses les 3 et i avril.
ï Les premiers poussent le 19 avril et les seconds le 25.
» Bientôt envahis par les Limaçons, dont l'humidité de cette époque de
l'année favorisait le développement, tous mes jeunes plants furent dé-
vorés jusqu'à la tige, et il me fut impossible d'en sauver un seul.
» Le 9 avril, je semai dans un terrain fort, de bonne qualité, conve-
nablement préparé et un peu ombragé, des graines de Chamœropsexcelsa.
Le 8 août, je m'aperçus que la plus grande partie de la semence était
poussée.
» Les petits plants sont assez vigoureux et paraissent devoir bien
venir.
j 11 y a deux ans, je vous rendais compte de mes essais de culture de
l'Haé-Téou (Soya noir). Cette année, j'ai encore semé ce Haricot ; les
résultats obtenus, bien qu'ils ne soient pas complètement satisfaisants,
sont cependant beaucoup meilleurs que la première fois, ayant obtenu
quelques graines qui ont [tu ariiver à maturité.
l\i SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
» Les premiers Haé-Téou furent semés le 2 avril, le terrain qui devait
recevoir la semence, de bonne qualité par lui-même, avait été bien pré-
paré ; le 19, la plupart des Haricots étaient sortis de terre. Les Limaçons
ne m'en laissèrent pas un seul, aussitôt qu'une feuille paraissait, elle
était dévorée. Je semai alors de nouveau le 24 mai ; à la fin d'août, la
floraison a commencé et bientôt de nombreuses gousses se sont for-
mées. Si le mois de septembre n'avait pas été aussi pluvieux, je crois
que la plus grande partie des gousses aurait pu mûrir.
> J'ai semé à deux reprises différentes mes graines de Courge de
Turquie, le 28 mars et le 25 mai.
)> Les premières, semées sur couche dans un très bon terrain, exposé
au soleil, préservé des vents du nord, poussent le 12 avril ; les secondes,
semées également sur couche, dans un terrain de moins bonne qualité,
un peu ombragé, mais non abrité, commencent à pousser le 2 juin.
» Je ne conservai qu'un pied des premières et deux pieds des se-
condes, plusieurs petits plants ayant été détruits, soit par les Limaçons,
soit par des insectes qui coupaient la racine.
» Bien que les graines aient été mises en terre à près de deux mois
d'intervalle, la floraison eut lieu presque en même temps, le 10 juillet
pour les premières, le 17 juillet pour les secondes.
» Le 17 octobre, j'ai recueilli sur le pied semé le plus tôt deux courges
très mûres ; je dois ajouter que pour hâter la maturité elles avaient été
mises sous cloche.
y> Les deux pieds semés en mai ont produit six Courges, quelques-unes
sont assez belles, mais aucune ne mûrira, la saison étant beaucoup trop
avancée.
» J'ai adressé le 22 octobre dernier, à M. l'Agent général, des pieds
d'Haé-Téou et une Courge de Turquie.
» J'ai l'honneur de vous informer que j'expédie aujourd'hui à votre
adresse :
» 1° Des Pommes de terre Heymonet;
•» 2» Des Fèves d'Agua dulce et de Perpignan ;
» 3° Des graines de Radis du Japon. »
— Il est fait hommage à la biliothèque de la Société des ouvrages
suivants :
Silk producing bombycesreared in 1882, by A. Wailly, reprinted
from the « Journal of the Society of arts ». 1 broch. in-8°. (L'Auteur).
Separat-Abdruck ans « Gartenflora », par von H. Hoffmann.
(L'Auteur).
The regulative action of birds upon insect oscillations by. S. A.
Forbes. ln-8°. (L'Auteur.)
Chambre de commerce de Boulogne-sur-Mer. Primes d'encoura-
gement à la bonne préparation du hareng de la 1" pêche au Dogger-Bank.
Distribution solennelle de ces primes, le 27 décembre 1882. Procès-
PROCÈS- VERBAUX. .715
verbal, par M. E. Lonquety aîné, président. Boulogne-sur-Mer, typo-
graphie N. Berr, 1883, 1 broch. in-8«. (L'Auteur.)
Théorie des nombres parfaits, par M. Jules Carvallo. Paris, 1883,
chez l'Auteur, 19, Villa Saïd, et chez les principaux libraires. Broch.
in-S". (L'Auteur.)
Les vignes de Longleat, traité pratique de la culture des vignes en
serre, par M. William Taylor, traduit en français par M. H. Fonsny
(extrait du Bulletin de la Fédération des Sociétés d'horticulture de
Belgique, pour 1881). Liège, Boverie, 1, 1883, in-S". (M. Morreo.)
Une excursion aux montagnes du Brésil, esquisse de voyage, par le
professeur Eugène Warming (de Copenhague). Liège, Boverie, 1, 1883.
Broch. in-8''. (M. Morren.)
Note sur le potager royal de Frogmore, par M. Ch. Joly (extrait du
Journal de la Société nationale d'horticulture, 3« série, t. V, 1883,
p. 329-334). Broch. in-8'\ (L'Auteur.)
Note sur la XP Exposition internationale de Gand, par Ch. Joly
(extrait du Journal de la Société nationale d'horticulture, 3« série,
t. V, 1883, p. 470- i75). Broch. in-8°, fig. (L'Auteur.)
Report on the progress and condition of the botanic garden and
government plantations, during the year 1882, par R. Schomburgk.
Adélaïde, 1883, Broch. in-4", planch, (L'Auteur.)
Die fremdlàndischcn Stubenvôgel ihre Naturgeschichte, Pflege und
Zucht, par le D"" Karl Buss. Magdeburg, 1883. In-8". (L'Auteur.)
Résultats statistiques du dénombrement de 1881. France et Algérie.
Paris, Imprimerie nationale, 1 vol. grand in-8".
(Ministère du Commerce.)
Annuaire statistique de la France. Sixième année, 1883. Paris, Im-
piimerie nationale. (Ministère du Commerce.)
— Remerciements aux donateurs.
Pour le Secrétaire du Conseil,
Jules Grisard,
Agent général.
716 • SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
SÉANCE GÉNÉRALE DU 7 DÉCEMBRE 1883
Présidence de -M. Henri Bouley, Président.
Le procès-verbal de la dernière séance générale ayant été adopté par
ie Conseil, conformément au règlement, il n'y a pas lieu d'en donner
lecture.
— En déclarant ouverte la session de 4883-1884, M. le Président
prononce l'allocution suivante :
« Messieurs,
Nous allons ouvrir aujourd'hui la vingt-neuvième session. C'est l'usage,
comme vous le savez, d'ouvrir la session de nos travaux par un discours
présidentiel.
Il m'est venu une idée, mais trop tardivement pour que je puisse
la mettre celte année à exécution : je la communiquerai au président
l'année prochaine. Au fait, la voici. Ne serail-il pas très intéressant,
Messieurs, qu'à chaque ouverture des sessions le président fît un ta-
bleau récapitulatif, sommaire, de l'ensemble des travaux accomplis dans
l'année écoulée.
Il y aurait là un thème dont le développement ne laisserait pas de
présenter un assez grand intérêt, car, en définitive, la Société d'Acclima-
tation a un stock important de travaux soit scientifiques, soit pratiques,
qui doivent être signalés à l'attention par leurs traits principaux, alin
d'en bien faire sentir tout l'intérêt.
Ce résumé serait goûlé par le public et ce serait probablement aussi
une condition pour qu'il y eût vers nous un courant plus actif.
La Société d'Acclimatation mériterait qu'un très grand nombre de
collaborateurs vinssent s'associer à elle. Elle a ce grand avantage d'être
librement ouverte, et beaucoup de personnes qui aiment la science, qui
veulent occuper leurs loisirs, qui veulent donner un but à l'activité de
leur esprit, trouveraient là une occasion d'étude en écoutant, et une
occasion aussi de faire participer les autres à ce qu'ils pourraient avoir
de science personnelle, d'acquis de pratique.
Dans cet ordre d'idées, il serait bien intéressant que nous fussions un
peu plus expansifs au point de vue de la publicité, que nous fissions un
effort plus grand pour être mieux connus. Je vois des sociétés qui sont
beaucoup moins importantes et qui ont une renommée plus grande dans
le monde. Je dis que la Société d'.\cclimatation, par le concours de tant
d'efforts, d'intelligences, de science, de pratique, réunit les conditions
excellentes pour que le public vienne à elle. 11 faudrait aussi. Messieurs,
que nous fissions de plus grands elforis chacun individuellement pour
PROCÈS-VERBAUX. 717
appeler à nous un plus grand nombre d'associés. Compelle intrare,
dirai-je à chacun de vous, Messieurs. Poussez vers nous tous ceux qui à
un titre ou à un autre peuvent nous donner leur concours et agrandir
les moyens d'action de notre Société.
A cet égard, les uns et les autres, — je m'enveloppe dans la critique
— nous ne montrons pas assez d'activité. Si chacun de nous se doublait
seulement, voyez quel rapide accroissement.
Réunissons donc nos efforts, Messieurs, pour qu'il nous vienne le plus
grand nombre de membres possible, ayant les conditions pour prêter à
la Société leur concours. Dans l'ensemble des moyens de ce concours, il
ne faut pas oublier la cotisation, car l'argent n'est pas seulement le nerf
de la guerre, il est aussi l'instrument nécessaire de tous les travaux de
la paix.
Eh bien, Messieurs, voilà pour cette année mon discours d'inaugura-
tion de la session.
L'année prochaine, j'engage le président qui sera nommé, quel qu'il
doive être, à suivre le conseil que je viens d'émettre, et si c'était sur
moi que les suffrages vinssent encore se réunir, ce qui me ferait un grand
honneur, je vous promets de vous présenter un tableau récapitulatif des
travaux qui vont se faire dans l'année qui s'ouvre aujourd'hui. »
— M. le Ministre de l'Agriculture accuse réception et remercie de
l'envoi qui lui a été fait de deux exemplaires de la note de M. Joseph
Crepin sur la maladie des Ecrevisses.
— M. William Jamrach écrit, en date du 20 octobre, à iM. Geoffroy
Saint-Hilaire : i Vous apprendrez sans doute avec intérêt que je me mets
aujourd'hui en route pour les Indes pour la trente-neuvième fois. J'em-
porte une collection importante d'animaux que je destine à l'Exposition
universelle qui va prochainement s'ouvrir à Calcutta. Ma collection est
embarquée sur trois navires différents. Son transport à destination
représente une dépense de 50000 francs environ.
j Les animaux embarqués sont les suivants :
> 1 paire de Girafes, 13 Autruches du pays des Somaiis, 3 couples de
Lions adultes, 2 couples de Cougoirs (Pumas), 2 Jaguars (Léopards),
2 Zèbres, 22 Paons blancs, 1 Paon panaché, 47 Perroquets Aras Rauna
et Canga, 1 Perroquet Ara vert, 1 Perroquet Ara bleu, 1 Calao
d'Abyssinie, 2 Grues de Paradis, 4 Grues couronnées du Cap de Bonne-
Espérance, 40 Geais bleus d'Amérique, 100 Faisans divers, 1 Bison mâle,
1 Ours de Russie, G Daims blancs, 20 Hoccos, 60 Chiens divers.
» La nourriture embarquée pour quarante jours de route représente
une valeur de 10 000 francs. »
— Al. Rogeron écrit du château de l'Arceau : « Quand vers la fin de ce
printemps je vous ai fait part du triple croisement de Canards (Canards
Sauvage-Chipeau-Milouiii) obtenu chez moi en 1881 et 1882, bien que je
718 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
visse régner la même bonne intelligence entre ma métises Sauvage-Chipeau
et mon vieux Milouin de l'année précédente, j'étais, à vrai dire, un peu
inquiet du succès pour cette fois. La saison commnçait déjà à s'avancer,
et je n'avais pas encore vu d'œufs.
» Cette femelle avait bien disparu quelques jours, mais malgré mes
recherches les plus laborieuses dans ma luzerne où elle avait pondu
l'année dernière, ainsi que dans le voisinage de mon habitation, il
m'avait été impossible de trouver son nid. Elle était d'ailleurs devenue
beaucoup plus vagabonde depuis quelque temps; au lieu de rester
comme autrefois presque constamment dans une pièce d'eau avec son
gros époux, elle fréquentait seule toutes les douves et fossés des envi-
rons, dans les directions les plus opposées, et elle pouvait bien avoir ses
œufs par là, ce qui en rendait la recherche fort difficile.
» Enfin elle disparut de nouveau, ne se laissant plus voir qu'à de très
rares intervalles ; il n'y avait plus de doute, elle devait couver. Plus
heureux cette fois, je parvins à rencontrer, outre son premier nid
abandonné sur le bord d'une douve dans lequel les œufs avaient sans
doute été mangés par quelque bête carnassière, la Cane elle-même ;
mon chien d'arrêt qui m'aidait dans mes recherches était tombé dessus.
Elle était sur un nouveau nid assez artistement construit-à la façon des
Canes sauvages — de feuilles, d'herbes sèches et d'une épaisse et
moelleuse couchette de duvet à l'intérieur, surtout fort habilement dissi-
mulée dans le plus fourré d'une haie bordant une prairie à un demi-quart
de lieue de chez moi ; il contenait onze œufs. Comme je trouvais que la
Cane et les œufs étaient loin d'être en lieu sûr dans cet endroit, qu'il
y avait danger, et de la part des bêtes et de celle des flâneurs de la ville,
je m'empressai de les enlever et de les placer sous une autre Cane.
y> De ces onze œufs, neuf petits sont éclos et, comme l'année précé-
dente, extrêmement vigoureux et pétulants ; ils se montrèrent toujours
très forts et bien portants, quoique d'une venue un peu lente. Un seul de
ces métis, aussi beau et aussi bien portant que les autres, périt tout gros
et subitement sans cause apparente, vraisemblablement d'un coup de
sang occasionné par excès de santé. Quant aux huit autres, ils ont
atteints sans encombre leur entier développement.
s Plus heureux que l'année dernière, j'ai pu constater avec plaisir que
le nombre était également partagé de mâles et de femelles. Je vais donc
pouvoir me rendre compte de la couleur du plumage chez les mâles,
dans ce nouveau mélange de trois races différentes. Les formes géné-
rales paraissent se rapprocher surtout de celles des Fuligules ; ils sont
comme eux gros et lourds, bien qu'un peu moins massifs ; cependant,
malgré leur pesanteur apparente, ils marchent avec bien plus de facilité ;
leur corps est absolument horizontal comme chez les canards ordinaires,
il n'a pas l'obliquité de celui des plongeurs, les pattes sont placées beau-
coup moins en arrière, et, s'ils&o?</oW6'nifortement en marchant, la cause
PROCÈS-VERliAUX. 719
en est surtout que leurs jambes sont extrêmement courtes. Les yeux
des mâles sont bruns comme chez le Chipeau et le Canard sauvage,
ils n'ont pas la couleur rouge de ceux du Milouin J'avais déjà con-
staté pour les femelles de cette race obtenues par moi l'année der-
nière, que leur chant est à peu près le même que celui de la Cane
sauvage, bien que la voix de mes mâles ne soit pas entièrement formée
en ce momeni; jusqu'à présent c'est bien celle du jeune Canard sauvage
du même âge. Enfin, pour que vous puissiez vous rendre un compte bien
plus exact de ces oiseaux, que toute description pourrait vous donner,
je viens d'en adresser un couple à M. le Directeur du Jardin d'Accli-
matation.
» Ce qu'il y a d'assez singulier chez ces oiseaux issus de trois espèces,
qui eussent dû, par là même, varier plus ou moins dans chacun des douze
individus que j'ai obtenus cette année et l'année dernière, les uns devant
tenir davantage du père, les autres de la mère appartenant elle-même
à deux espèces, c'est leur entière similitude entre eux, de formes, de
voix et jusqu'à présent de plumage. La fusion est complète, on dirait
déjà une race établie chez ces douze individus. Ce serait vraiment
curieux si ces oiseaux étaient féconds et si l'on pouvait former une nou-
velle race de ce triple mélange! Le Jardin d'Acclimatation ferait bien de
conserver le couple que je lui ai adressé, afin d'essayer de le faire repro-
duire, tandis que moi, de mon côté, je tenterais la même expérience sur
les deux couples que je vais conserver. »
— M. Vigour écrit de Saint-Servan : « J'ai un couple de Lophophores
qui me parait dans les conditions voulues pour concourir au prix qu
sera décerné l'année prochaine par- la Société. Il est né à Tours l'année
dernière, je l'ai acheté de M. Cornély au mois de novembre l'année der-
nière.
» Si l'année prochaine j'obtiens six jeunes, condition imposée pour
le prix, j'aurai l'honneur de vous en informer. S'il y a quelques forma-
lités à remplir, je vous serai obligé de bien vouloir me le dire.
» Je serais désireux d'avoir un couple de Tragopansj ou de Faisans
rares. J'ai une volière bien aspectée et dans de bonnes conditions, je
crois, pour réussir l'élevage. J'ai élevé celte année 70 Faisans vénérés de
Lady Amherst et sur ce nombre je n'en ai perdu que deux, morts
d'accident.
» Je pourrais prendre encore en cheptel un couple de Colombes ou un
couple de Boulants anglais, mon installation étant agencée pour
cela. »
— M. Courtois adresse une note sur ses éducations d'oiseaux pendant
l'année 1883.
— M. J. Delannoy fait parvenir des renseignements sur ses élevages
de Pigeons voyageurs et de Faisans.
— M. de Behr, président de l'Association allemande de pisciculture,
7-20 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
annonce son intention de faire encore cette année à la Société des envois
d'œufs enibryonnés de différentes espèces de Salmonidés. — Kemer-
cîmenls.
— M. le colonel Marshall iMac Donald, membre de la Commission des
pêcheries des États-Unis, adresse deux exemplaires d'une note sur l'ap-
pareil d'éclosion dont il est l'inventeur; il annonce, en même temps,
l'envoi d'un travail sur les échelles à Saumons.
— M. U. Edward Earll, commissaire des États-Unis à l'Exposition de
Londres, annonce que, d'après la proposition de M. Mac Donald, il met à
la disposition de la Société un modèle d'échelle cà Saumons qui a figuré à
cette Exposition.
— M. le docteur Adrien Sicard écrit de Marseille : « L'an passé, j'ai
demandé à la Société des œufs de Salmo fontinalis, Salmo quinnat et
autres, pour les faire éclore et acclimater ces espèces dans nos eaux
marseillaises, mais il était trop tard.
ï Je viens aujourd'hui vous prier de me comprendre dans la distri-
bution pour un millier de chaque espèce.
)) Il y a trois ans, nous avons introduit chez M. de Lombardon, aux
Aygalades, des alevins de Truite, qui ont parfaitement réussi, ont
donné des Truitons l'an passé «t sont œuvés dans ce moment ; car, un
malheur étant arrivé à une des Truites, nous l'avons trouvée pleine
d'œufs prête à pondre, puisque nous les avons obtenus par simple pres-
sion avant d'ouvrir l'animal.
» Mes appareils à éclosion permettent de faire éclore plusieurs mil-
liers d'œufs, et la position des sources d'eau vive de la propriété de
M. de Lombardon sise aux Aygalades, nous fait espérer des éclosions en
plein air.
j> Plusieurs bassins donnent de l'eau à une petite rivière ayant
120 mètres de développement et allant se jeter dans un grand bassin
terminus.
» Indépendamment de la propriété de M. de Lombardon, nous avons
à notre disposition d'immenses surfaces d'eau appartenant à divers pro-
priétaires; c'est vous dire que nous sommes dans les meilleures con-
ditions pour faire des essais. Vous savez que je m'occupe de ces questions
depuis fort longtenaps et les résultats obtenus dans un temps oîi nous
recevions des œufs d'Hunningue, qui ont permis de manger à Mar-
seille des Saumons et Truites saumonées éclos chez nous, sont un sûr
garant des soins que nous apporterons à ces études.
» Les Vignes américaines de notre champ d'expérience du Comité
central d'études et de vigilance du phylloxéra du département des
Bouches-du-Rhône, section de Marseille, sont très belles et, si la Société
en recevait quelques-unes d'étrangères, nous serions heureux de les
recevoir ; il en est de même de diverses variétés de végétaux utiles à
acclimater. »
PROCÈS-VERBAUX. 721
— M. A. Tank adresse du lac des Settons, près Monlsauche (Nièvre),
une demande d'œufs de Truite ou d'autres Salmonidés.
— iVl. des Vallières renouvelle sa demande d'œufs de Saumon de
Californie.
— M. Barras, conducteur de travaux à la Compagnie du chemin de fer
de Clermont-Ferrand à Tulle, adresse une brochure ayant pour titre :
Projet de pisciculture industrielle. « Bien que conçu pour être exécuté
dans des proportions assez étendues, écrit M. Barras, ce projet d établis-
sement de pisciculture pratique est susceptible de plusieurs modifications
selon les lieux et l'importance que peut acquérir une exploitation ; aussi
est-il de nature à fournir d'utiles indications à plus d'un propriétaire
riverain de cours d'eau, pour tirer, de la situation de sa propriété, un
parti avantageux.
— M. Baveret-Wattel communique l'extrait suivant d'une lettre qui lui
est adressée par M. Ambroise Gentil, professeur de sciences physiques
et naturelles au Lycée du Mans, président de la Société d'Agriculture,
Sciences et Arts de la' Sarthe : « .... La question de l'acclimatation du
Saumon de Californie m'a paru depuis longtemps extrêmement intéres-
sante. Aussi me suis-je préoccupé d'obtenir, par les pêcheurs ou les
amateurs, des renseignements précis. Jusqu'ici j'ai tout lieu de croire
que l'essai fait, en 1878, dans la Sarthe, par M. Carbonnier n'a malheu-
reusement pas réussi. La capture des quelques individus que j'ai men-
tionnée m'a été signalée par M. Bernard, conducteur des ponts et chaus-
sées, attaché au service hydraulique depuis plus de vingt ans, homme
instruit, officier d'Académie, assez compétent dans l'espèce pour qu'il ne
me fût pas permis de ne point tenir compte de son témoignage. Mais je
n'ai pas vu moi-même les sujets capturés, on les avait mangés comme
de vulgaires poissons, et c'est pour cette raison que ma note n'est pas
plus affirmative. Je me suis contenté de dire : on croit en avoir retrouvé
quelques-uns.
» Depuis cette époque, malgré mes recommandations et celles de
M. Bernard, nous n'avons pu mettre la main sur aucun autre sujet.
» Votre lettre m'engage à faire de nouvelles recherches. Je vous pro-
mets de m'en occuper sérieusement, et si j'arrive à quelque résultat, je
m'empresserai de vous en informer.
î Dans mon modeste travail sur les poissons de la Sarthe, j'ai signalé
pour la première fois la capture de la Grémille commune {Acerina
cerniia, Sieb.) dans la Sarthe, à Noyen.
» J'ai eu le plaisir de la voir confirmer par une autre plus récente. Le
i novembre courant, quatre exemplaires m'ont été envoyés de Sablé, pris
également dans la Sarthe »
— M. le Secrétaire des séances communii|ue les renseignements
suivants, fournis par M. Gustave Perrin, qui a fait un long séjour dans
l'Extrême-Orient : « En Chine, le poisson est vendu vivant sur les mar-
3° SÉRIE, T. X. — Décembre 1883. 46
IIL'Z
SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
chés. Dans tous les porls de mer, il existe des viviers, mais c'est dans
l'inlérieur oîi l'on peut voir à quel haut degré de perfection est portée
la pisciculture. Tous les Ileuves et rivières sont canalisés profondément, ce
(|ui rend très rares et peu désastreuses les inondations. Ces travaux
sont faits, pour le fond comme pour les berges, en béton hydraulique.
Jusqu'à l'étiage des basses eaux, les berges sont construites sur caves
voûtées remplies de blocs de pierres de toutes dimensions, superposés
irrégulièrement et produisant des cavités de toutes tailles, où le fretin,
fraîchement éclos, trouve un abri contre la rapacité des poissons carnas-
siers.
» Ces dispositions, et la rigueur des lois appliquées contre les délin-
quants, quand la pêche est prohibée, procurent des ressources alimen-
taires immenses à la nombreuse population du Céleste Empire.
» Dans l'Indo-Cliine, bien moins peuplée, le poisson est à vil prix, et
la pisciculture n'existe pas. Le poisson y est également apporté vivant
dans des baquets sur les marchés, les pécheurs laissant au public la
responsabilité de 1' « assassinat » des animaux qu'ils n'ont fait que
capturer.
» A dix heures et demie du matin, le marché clos, le jtôisson non
vendu est remis en vivier, ou dans de vieux bateaux à demi coulés, ou
bien encore vendu aux propriétaires d'abattoirs. Ces établissements
sont construits sur pilotis au-dessus des cours d'eau, entourés d'une
estacade serrée qui ne permet pas aux poissons de sortir. — Ils sont là
parqués par espèces, ou à peu près, afin qu'ils ne se dévorent pas; ils
sont nourris avec les issues des animaux abattus et les balayures.
» Les chalands viennent là acheter le poisson tout vivant péché devant
eux. Les pêcheurs construisent des canaux ou criques, qui se ferment
avec des claies, et dans lesquels ils attirent les poissons avec des tri-
pailles et autres appâts.
î Dans rindo-Chine, le poisson étant une mine inépuisable, il n'existe
aucune loi prohibitive sur la pêche ni sur les engins. î
— 31. Alph. Lefebvre écrit d'Amiens : « J'ai l'honneur de vous adresser
une boîte contenant un Omble-Chevalier provenant d'œufs que j'ai reçus
d'Huningue. Ce poisson contient de la laitance entre ses deux grappes
d'œufs ; c'est pourquoi j'ai pensé qu'il vous serait peut-être agréable de
constater ce cas d'hermaphrodisme. Remerciements. — (Le poisson
envoyé par M. Lefebvre a été transmis au laboratoire d'ichtyologie du
Muséum d'histoire naturelle).
— M. Bernard-Talhaiidier écrit d'Ambert : « Je prends la liberté de
vous rappeler les demandes que j'ai eu l'honneur de vous adresser pour
des œufs de Saumon et de Truite des lacs. Malgré l'accident qui est
arrivé pour les alevins provenant des œufs que la Société avait bien
voulu me confier, je reviens à la charge dans l'espoir d'un succès pres-
que assuré.
PROCÈS-VERBAUX. 733
» Voici les faits dans toute leur exactitude. A la réception des œufs
qui paraissaient généralemeot en parfait état, il a fallu en retirer KiO
sur 7U0. Pendant l'incubation qui s'est faite dans une eau courante d'une
limpidité parfaite, on en a retiré environ le même nombre. Le surplus a
donné une éclosion remarauable par la vigueur des jeunes alevins.
» ils net été soigneusement conservés pendant la résorption de la
vésicule ombilicale, mais après cette époque, ils ont été lâchés dans les
bassins d'alevinage où ils faisaient de véritables prodiges de natation et
même de gentillesse pour venir cueillir la nourriture (|u'on leur appro-
chait. Malheureusement deux Truites d'un an se trouvaient cachées dans
lo réservoir qui n'avait pas été mis à sec; elles ont tout dévoré en peu de
jours. Le même oubli ne pourra plus se reproduire ni le mal se renou
vêler, si la Société veut bien m'accorder encore sa confiance. »
— M. Valéry-Mayet, professeur à l'École nationale d'Agriculture de
Montpellier, écrit à M. l'Agent général: «Je crois utile de porter à votre
connaissance quelques détails sur les suites de l'acclimatation de Sau-
mons de Californie dont vous m'avez confié le soin pendant trois années
de suite: 1879, 1880 et 1881.
» Gomme vous vous en souvenez, j'ai jeté le premier et le troisième
envoi près de la source de notre petit fleuve le Lez, le second a été jeté
dans l'Hérault aux environs de la ville de Ganges, en pleines Cévennes
» Les captures dont je vous ai entretenu avaient consisté en poissons
d'un an et de deux ans de grosseur normale péchés, les uns aux environs
mêmes de Ganges, à quelques kilomètres au-dessus de la ville et de tous
les barrages, les autres à Montpellier au-dessous du dernier grand bar-
rage du Lez. En 1883, je n'ai eu connaissance d'aucune capture ni dans le
Lez ni dans l'Hérault; mais, fait intéressant, on a péché à trois reprises
différentes dans la rivière d'Aude qui a son embouchure près de Nar-
bonne, des Saumons ayant de 45 à oO centimètres de longueur.
» H est donc probable que les Saumons du Lez ou de l'Hérault, éprou-
vant de grandes difficultés à franchir les nombreux barrages qui coupent
ces rivières, ont pris le parti de remonter en certain nombre le petit
fleuve de l'Aude qui a la moitié de son cours dans la région des mon-
tagnes des Gorbières et qui n'est pas cou|)é d'autant de barrages. Mal-
heureusement je n'ai pu obtenir un seul individu de ces poissons si
intéressants. Hs ont été mangés par les pêcheurs eux-mêmes qui, n'ayant
jamais vu leurs pareils, ont voulu les goûter. J'ai offert 20 fr. pour le
premier qui sera prix ; mais tombera-t-il dans les mêmes filets ? c'est
douteux.
» Ne jugeriez-vous pas utile de tenter une nouvelle acclimatation
dans le haut de la rivière d'Aude, à Quillan par exemple? Je me mets
pour cela à votre entière disposition. »
— M. le Directeur de l'École nationale d'Agriculture de Grignon écrit
à M. l'Agent général: «Vous m'avez expédié, en mars dernier, une boite
724 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
contenant des graines de Ver à soie du mûrier, et par une lettre du 5 du
même mois, vous m'avez prié de faire l'éducation de cette graine et de
vous en rendre compte. J'ai l'honneur de vous informer que, par suite
du développement tardif des feuilles de mûrier et du retard apporté à la
mise à éclosion de la graine, cette expérience a peu réussi. Il n'est éclos
que quarante cocons, qui, d'ailleurs, sont tous arrivés à bonne fin. C'est
vers la fin du mois de mai seulement que nous avons eu de la feuille de
mûrier. Les vers ont été sans doute étouffés dans la boite de fer-blanc
où ils étaient contenus. Telle est, du moins, l'explication que me donne
M. Pion, répétiteur de zootechnie, que j'avais chargé de cette expé-
rience. »
— M. CoUenot signale l'intérêt qu'il lui paraîtrait y avoir à faire des
recherches sur l'emploi de l'électricité comme moyen de destruction du
phylloxéra. (Renvoi à la 4^ section.)
— M. le Directeur de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon
et à la Méditerranée adresse dix exemplaires du rapport qu'a publié
cette Compagnie sur les travaux effectués pendant la campagne de 1882
par le service spécial qu'elle a institué à Marseille pour comballre le
phylloxéra. — Remerciements.
— M. Zeiller adresse de Lunéville un rapport sur une éducation
à'Attacus cecropia, en y joignant 24 cocons de cette espèce provenant
de son élevage.
— M. Victor Rollat, de Collioure (Pyrénées-Orientales), adresse, pour
être soumise à la Commission des récompenses, une étude sur les mala-
dies des Vers à soie.
— M. Raillon adresse les renseignements ci-après sur le pied de Rhu-
barbe qui lui a été remis par la Société, et qui provenait d'un envoi
fait par M. de Rehr (1) : « La plante est encore très petite. Autant qu'on
peut en juger à cet âge, c'est une des formes si nombreuses de Rheum
/?!/6r2(/Mm dont on en connaît tant dans l'Asie orientale tempérée. Veuillez
nous renseigner sur l'origine de cette plante, qui sera bien rustique
chez nous. »
— D'un autre côté, M. le Directeur du Jardin d'Acclimatation qui a reçu
un des deux pieds de Rhubarbe envoyés par M. de Behr, fait connaître,
sous la date du 9 octobre dernier, que î cette plante, qui a été mise en
pleine terre, est en très bon état et ne semble pas différer du Rheum
décrit par M. Bâillon». (D'après les indications adressées par M. de Behr,
les deux pieds proviennent d'une même souche.)
— M. Bazin, propriétaire aux Amouchas, près Sétif, écrit à M. le Pré-
sident: « J'ai l'honneur de vous informer que j'ai fondé ici une pépinière
dans le but de venir en aide à tous les colons, et en même temps d'as-
sainir notre nouveau village, complètement dépourvu de plantations.
(1) Voy. Bulletin, 1882 , p. 368, 497-499.
PROCÈS-VERBAUX. 725
» Je vous adresse ci-après le détail des résultats (succès et insuccès)
^ue j'ai obtenus jusqu'à ce jour. Soixante-dix planches ont été ense-
mencées de plusieurs essences, sortant de la maison Vilmorin-Andrieux.
» J'ai échoué pour les quarante-quatre planches suivantes :
» 12 planches de Mûriers, 3 planches d'Eucalyptus, 17 planches de
Pins, 8 planches de Guasarinas, 4 planches de Cyprès pyramidal.
» J'ai, au contraire, réussi pour les suivantes :
» 2 planches de Caroubiers contenant environ 1000 pieds, 5 planches
de Pins de plusieurs espèces contenant environ 2000 pieds, 2 planches de
faux Vernis du Japon contenant environ 1000 pieds, 3 planches d'Acacias
contenant environ 2000 pieds, 3 d'Eucalyptus contenant environ 1000
pieds, 5 de Pommiers contenant environ 1000 pieds, 3 de Poiriers con-
tenant environ 100 pieds, 2 de Pêchers contenant environ 100 pieds,
1 d'Abricotier contenant environ 100 pieds.
» Cette pépinière, commencée le 22 janvier 1883, est aujourd'hui en
très bonne voie. Toutes mes planches pour les semis de l'année sont
prêtes. Je n'attends que l'époque pour les semis et vous tiendrai au
courant des travaux que je ferai celle année.
» Je serais heureux que la Société voulût bien me comprendre dans
ses distributions de végétaux. »
— M. Reynal, vice-président de la Société d'Horticulture de la Dor-
vlogne, adresse de Plancheix, près Périgueux, un rapport sur le procédé
de M. de Chasseloup-Laubat pour le traitement de l'Oïdium, de l'An-
thracnose et du Mildew.
— M. Joly écrit de Québec à M. le Secrétaire général : « J'ai com-
mencé, dans la province de Québec, la culture d'un arbre précieux, le
Noyer noir {Juglans nigra), qui croît à l'état sauvage dans l'ouest de
notre continent.
» Malgré nos grands froids, cet arbre réussit très bien; depuis neuf
ans que j'ai commencé à le cultiver, je n'en ai pas perdu un seul pendant
l'hiver. 11 pousse rapidement dans des conditions favorables; sa crois-
sance est d'un demi-pouce de diamètre par année.
La valeur du bois est considérable : une piastre (environ 5 francs) le
pied cube à Québec; il est préféré à l'acajou pour les meubles.
» Sans doute vous cultivez déjà cet arbre au Jardin d'Acclimatation;
mais, si vous ne l'avez pas encore, je pourrais vous en envoyer, cet au-
tomne, des échantillons et des noix, et en même temps (juelques détails
sur le mode de culture. Ici, je sème généralement les noix à la lin d'oc-
tobre ou au commencement de novembre. Dans le cas où vous aimeriez à
en avoir, je vous en enverrais deux'paquets, un pour votre Société et un
pour la Ligue du reboisement de l'Algérie, avec laquelle nous sommes en
communication au sujet de notre Fête des arbres.
— ^^M. le IJ' Henri Moreau écrit des Herbiers (Vendée), à la date du
13 septembre : « Bien que j'emploie surtout mes loisirs à la direction de
726 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
mes volières, j'ai joint quelques cultures utiles à mon usage dans mon
petit enclos. Par exemple, j'ai planté environ 10 ares de vigne en mus-
cadet breton. Depuis quelques années j'avais fait la remarque qu'en pin-
çant de bonne heure les tiges il partait de nouveaux bourgeons qui, en
se développant, donnaient de nouvelles formes ; ces formes, il est vrai,
ne mûrissaient pas, et, dans notre pays, ne peuvent pas mûrir habituel-
lement, à cause de la précocité des gelées. Cette année j'ai moi-même
pratiqué le pincement en saison convenable pour obtenir le résultat que
m'avait fait entrevoir mon observation antérieure. J'ai agi méthodique-
ment et scrupuleusement, et en ce moment je possède ma petite vigne
garnie de raisins de deux âges, ayant la plus belle apparence : ceux de
deuxième âge sont même plus nombreux que ceux du premier; ils sont
moins gros, moins avancés; mais en pays plus chauds que le nôtre, ou
bien avec une température exceptionnellement chaude en automne, ils
mûriraient, j'en suis convaincu. D'ici la fin de ce mois les raisins formés
en mai seront mûrs et je les vendangerai. Ceux formés en tin de juin et
commencement de juillet mûriront si la température le permet. Mais en
tous cas j'ai cru logique de conclure que le résultat que j'ai obtenu
pourrait devenir fructueux dans des contrées plus chaudes que la mienne,
dans le Midi surtout, et que peut-être mon observation pouvait conduire
à une production plus abondante de vin, aujourd'liui qu'elle est diminuée
sensiblement par les maladies des vignes, et que la consommation ten-
drait au contraire à augmenter. J'ignore si la même expérience et la
même remarque ont été faites par d'autres avant moi, si des résultats
négatifs ou pratiques ont répondu à l'espérance conçue; je ne me suis
jamais occupé de viticulture; mais, dans mon ignorance des observations
scientifiques de ce genre, j'ai pensé qu'il pouvait peut-être être utile et
profitable à notre Société et à l'humanité de connaître le fait que je
relate. Si vous pensiez qu'il y eût utilité, je vous propose de faire offi-
ciellement constater le fait actuel avant les vendanges, par conséquent
d'ici la fin dii mois, par une commission arf hoc que je serais heureux et
llatté de recevoir. Ce serait en même temps une occasion pour cette
même commission de connaître mes volières et leur installation que je
ne crois pas être à l'instar de la plupart des autres établissements de ce
genre. »
— M. Tardieu écrit d'Arles : « Je viens de lire dans le Bulletin du
mois de juin la communication sur la llamie faite par MM. Renaud,
Berlin et Boski. J'y trouve des inexactitudes, tant au point de vue de la
culture, que l'on croit, à tort, possible dans le nord de la France, qu'au
point de vue du traitement industriel de la plante, et notamment de sa
décortication ; mais mon intention n'est pas de les réfuter ici.
» Ce que je tiens à signaler, c'est que, aux questions si précises, si
logiques, plusieurs fois répétées de M. Geoffroy Saint-Hilaire, demandant
si MM. Renaud, Berlin et Boski, ou la Société de la Ramie de Paris,
PROCÈS-VERBAUX.
727
étaient en mesure de passer des contrats garantissant aux producteurs
J'acliat de leurs récoltes ; il n'a rien été répondu de précis.
» La petite déception de U. Geoffroy Saint-Hilaire est bien naturelle,
car celle garantie d'achat donnée par avance à l'agriculteur est la condi-
tion nécessaire pour arriver à la vulgarisation de la culture.
» y\ussi. pour tîxer les agriculteurs, je crois devoir répondre au nom
dune Société dont je suis le président, aux questions de garantie posées
par M. Geoffroy Saint-Hilaire.
» La Société la Ramië française, aujourd'hui au capital de
3 "2.60 000 francs, dont le siège est à Avignon, traite par avance avec les
agriculteurs l'achat des récoltes de Ramie (ci-joint un modèle de ses
(Contrats).
y> Les conditions sont les suivantes :
» Fourniture des plants à 15 francs le mille, payables en récoltes et à
retenir sur trois années, un tiers chaque année. Le prix des tiges sèches
est fixé à 12 francs les 100 kilos pour la France, 10 francs pour l'Algérie,
l'Italie, l'Espagne, rendues aux usines de la Société, ou en un point
n'excédant pas 25 kilomètres ; les engagements sont faits pour une
période de cinq années et renouvelables.
)> La Société la Ramie française possède quarante-trois pépinières
dans les départements de Vaucluse, Bouches-du-ilhône, Var, Alpes-Mari-
times et Pyrénées-Orientales.
» A la suite de contrats signés celte année, trente-deux plantations
ont été faites par les agriculteurs des Pyrénées-Orientales, et trente en
Espagne dans la province de Gerone; la Société a créé une agence à
Amibes, une à Perpignan, une en Espagne, une en Italie; elle va en créer
deux en Algérie d'ici à la lin de l'année, une en Tunisie, une en Egypte.
Dans quelques mois les contrats signés s'élèveront à trois ou quatre
cents.
)> Les agriculteurs qui désirent se livrer à la culture de la Ramie trou-
vent au siège delà Société dirigée par M. P. A. Favier, le promoteur de
cette vaste entreprise, les renseignements les plus précis et les plus
consciencieux sur les exigences de cette culture, les conditions climaté-
riques indispensables, le rendement de la plante, etc. »
— M. Paillieux fait connaître dans une note intéressante (voy. au Bul-
letin) les résultats satisfaisants qu'iJ a obtenus de la culture de plusieurs
végétaux alimentaires exotiques, et il met sous les yeux de l'assemblée
de beaux spécimens de ces plantes nouvelles.
— En faisant remarquer qu'il y aurait intérêt cà se rendre exactement
compte des qualités de ces légumes d'importation récente, M. le Prési-
dent émet l'idée qu'il conviendrait d'en faire l'essai dans un banquet
organisé par la Société, banquet dont le menu comprendrait naturelle,
ment aussi les animaux nouvellement acclimatés.
— M. Camille Dareste rend compte de ses recherches sur les conditions
728 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
physiques de l'incubation et présente le résumé des observations qu'il a
faites concernant le rôle de la température, de la ventilation et de l'état
hygrométrique de l'air sur le développement de l'embryon. (Voy. au
Bulletin.)
— M. Millet fait connaître que d'après les recherches auxquelles il a
procédé, en France, concernant la maladie des Écrevisses, sur quatre-
vingt-six départements, soixante-treize sont peuplés de ces Crustacés;
or, sur soixante-treize départements, quatorze se trouvent légèrement
atteints parla maladie, et cinquante-neuf le sont très gravement; les
Écrevisses y ont déjà presque complètement disparu. L'épidémie pré-
sente donc un caractère d'extrême gravité, et il importe de l'étudier avec
beaucoup de soin. Aussi M. Millet exprime-t-il le désir que les membres
de la Société qui seraient en mesure de recueillir des renseignements
sur cette question veuillent bien en donner communication. A celte occa-
sion, M. Millet met sous les yeux de l'assemblée un spécimen du Distome
considéré comme étant la cause de la maladie des Écrevisses.
Le Secrétaire des séances,
C. Raveret-Wattel.
JARDIN D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE
RAPPORT
PRÉSENTÉ AU NOM DU CONSEIL D'ADMINISTRATION
Par M. A. GEOFFROY SAITVT-HILAIRE
DIRECTEUR DU JARDIN
A rAssenibléc Kcnérale ordinaire dcsAciionnaircs du 21 avril 1885.
PRESIDENCE DE M. JACQUEMART.
M. le Président expose que l'Assemblée ordinaire est régulièrement
constituée, attendu qu'elle se compose de 54 personnes et de 1398 ac-
tions présentes ou représentées, soit un capital de 349,500 fr., tandis que
l'article 29 des Statuts exige seulement la présence de quarante Action-
naires représentant le dixième du capital social, soit 100,000 fr.
M. le Président expose ensufte que, conformément à l'article 33 des
Statuts, la convocation des actioimaires a été faite par des lettres indi-
viduelles el par un avis inséré le 20 mars dans le Journal officiel, le
Droit et les Petites Affiches. — Ces trois journaux sont déposés sur le
bureau à la disposition des scrutateurs.
Conformément aux dispositions de l'article 35 des Statuts, les deux
plus forts actionnaires présents, MM. Jouas et Bertot, sont appelés au
bureau et y pi'ennent place en qualité de scrutateurs.
Le Bureau, ainsi constitué, cboisit pour secrétaire M. Ménard.
M. le Président expose que l'Assemblée générale ordinaire a spéciale-
ment pour objet d'entendre et d'approuver les comptes de l'année 1882,
dont un tableau a été remis à cliaque actionnaire au moment de son
entrée en séance, et il invite M. Geoffroy Saint-Hilaire, directeur du
Jardin zoologique d'Acclim.ilation, à donner lecture du rapport présenté
à MM. les actionnaires au nom du Conseil d'administration.
Ce rapport est ainsi conçu :
Messieurs les actionnaires ,
Nous avons l'iioniieur de présenter à l'Assemblée générale, au nom du
Conseil d'administration, les comptes de l'année 1882.
Cet exercice, comme vous le verrez, a donné des résultats satisHii-
sants, qui sont venus confirmer les espérances dont nous avions cru pou-
730 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
voir vous entretenir l'an dernier. Vous trouverez ci-dessous les chiffres
du bilan arrêté le 31 décembre 1882.
Bilan au 31 décembre tSS« .
ACTIF.
Valeurs immobilisées.
Création du Jardin, immeubles, constructions, serres. 1,623,550 83
Valeurs l'éalisables.
Animaux 366,763 15 \
Approvisionnements 173,938 40/ 7^p 77* on
Cautionnement 5,000 » l '
Mobilier 1 71,073 25 )
Valeiu's disponibles.
Caisse 487 05 \
Effets à recevoir » » | 73,426 10
Débiteurs divers 72,939 05 )
Total 2,413,751 73
PASSIF.
Engagements sociaux.
Capital-Actions (4000 actions émises à 250 fr.) 1,000,000 »
Engagements envers les tiers {à terme).
Dette consolidée : 845 obligations à 470 fr. (Solde des
1060 oblig' émises sur l'emprunt autorisé de 1200.) 397,150 »
[Exigibles.)
Service de l'emprunt : obligations sorties \
aux tirages et intérêts des coupons. 24,300 » > 387,422 25
Créanciers divers 363,122 25 )
1,784,572 25
Solde du compte profits et pertes employé en con-
structions nouvelles (pour balance) 629,179 48
Total 2,413,751 73
Passif.
Nous trouvons au passif du bilan ci-dessus :
1° Le capital fourni initialement par les actionnaires, soit un million
de francs ;
2° Ce qui reste dii sur l'emprnnt émis en 1876, déduction faite des
obligations amorties jusqu'au tirage du 15 décembre dernier (1882), soit
397,150 francs. Au 1^"^ janvier 1883, deux cent quinze obligations avaient
été extraites de la roue et successivement remboursées.
SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. 731
3" Dans le passif que nous soumettons à voire examen, les engage-
ments exigibles comptent pour 387,42:2 fr. 25, c'est-à-dire que l'impor-
tance de notre dette exigibie s'est amoindrie dans le courant de l'exercice
1882. C'est une amélioration sur laquelle nous aimons, Messieurs, à
attirer votre attention.
\etit.
L'actif porté au bilan qui vous est présenté comprend :
1" Les valeurs immobilisées, c'est-à-dire les sommes employées pour
la création et le développement du Jardin zoologique d'Acclimatation
depuis sa fondation.
En outre du million initialement reçu des actionnaires, les bénéfices
de l'entreprise ont été successivement employés, jusqu'à concurrence de
623,550 fr. 83 (1), en améliorations et en constructions nouvelles, ce qui
porte à 1,623,550 fr. 83 ce que coiite à ce jour l'établissement que vous
avez fondé sur la concession reçue de la Ville de Paris.
Dans le courant de l'exercice 1882, le compte qui nous occupe s'est
(1) Résultats annuels de l'exploitation du Jardin Zoologique d'Acclimatation
de 1860 à 1881.
Insuffisance Excédent
(les Receltes des Recettes
1860 (3 mois) 4.,982 40
1861 39,341 54
1862 90,186 17
1863 77,461 52
1864 52,967 88
1865 15,053 05 » .,
1866 25,217 65
1867 45,243 70
1868 40,148 64 » »
1869 19,608 .)
1870 51,799 35
1871 41,551 16 .1 »
1872 22,356 ).
1873 27,250 »
1874 40,382 40
1875 27,757 60
1876 17,004 75
1877 83,852 05
1878 96,049 90
1879 91,734 88
1880 46,829 80 » «
1881 102.746 20
1882 146,225 65
Total 314,871 98 901,872 86
Le total des insiiflisances de recettes, les années 1870 et 1871 (gucrro franco-
allemande et comuHine) comprises, est de 314,871 fr. 98. Le total'des excédents
de recettes réalisés, de 901,872 fr. 86.
Depuis son commencement jusqu'au 1" janvier 1882, l'exploitation a donc
produit 587,000 fr. 88 de plus qu'elle n'a coûté.
78*2 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
sérieusement augmenté. La construction des parquets de commerce, que
nous avions attendus si longtemps, l'amortissement du bâtiment du ma-
nège et divers travaux de moindre importance représentent ensemble
une dépense de /i2,432 fr. 75, qui est venue s'ajouter au chiffre des va-
leurs immobilisées figurant dans l'actif.
Constructions nouvelles faites en 1882 :
Parquets de commerce 25,212 90
Mur (iu chenil 3,500 »
Amortissement du manège 11,445 85
Divers 2,274. »
Total 42,432 75
2° Les valeurs réalisables comptent pour 716,774 fr. «0 dans le bilan
que nous vous présentons.
Le tableau suivant vous fera connaître les éléments constituant ce
chiffre important :
1879 1880 1881 U
A. Collection des animaux. 363,835 35 368,591 85 341,878 65 366,763 15
B. Plantes diverses disponi-
bles 34,504 40 55,385 55 96,fil4 .. 116,458 35
C. Mobilier et outillage.... 77,012 10 91,402 90 99,0:8 90 102,937 15
b. Approvisionnements di-
vers, chauffage , nour-
riture, librairie, etc. . . 32,923 45 41,84175 40,870 10 50,093 05
E. Tramway extérieur, voie
et matériel » » >> « 65,062 80 69,922 10
F. Cautionnement déposé
dans les caisses de la
Ville de Paris 5,000 » 5,000 » 5,000 » 5,000 »
C Outillage et matériel à
Meulan 579 25 1,408 90 1,578 » 5,601 »
Total 710,774 80
Comme vous le voyez dans ce tableau, la valeur de la collection des
animaux, qui avait notablement diminué à la fin de l'année 1881, a re-
pris son importance ordinaire. Les collections zoologiques, principale
attraction de rétablissement, doivent être soigneusement entretenues; il
faut qu'elles soient abondantes et variées.
Le cbiff're représentant la valeur des plantes disponibles est devenu
.onsidérable. Pour approvisionner comme il convient nos serres, pour
pouvoir répondre aux besoins croissants de notre commerce de végétaux,
nous avons dû faire des achats nombreux. Aujourd'hui nous sommes en
possession d'approvisionnements suffisants.
L'outillage existant à notre petite succursale de Meulan a pris, dans
SITUATION FINANCIERE DU JARDIN.
733
le courant de cette année, une certaine importance; aussi voyez-vous
figurer la valeur de ce matériel pour une somme supérieure de 4,000 fr.
au chiffre de l'an passé.
Cette succursale nous rend, comme dépôt, les plus grands services;
elle nous permet de conserver dans de bonnes conditions certains ani-
maux qui, faute de locaux suffisants, réussiraient mal au bois de Boulogne.
3° Les valeurs disponibles figuî-ant à l'actif représentent 73,4*26 fr. 10.
Des chiffres que nous vous avons présentés, il résulte que pendant
l'exercice 1882, la situation sociale s'est améliorée de 146,225 fr. 65.
Dans le compte d'exploitation que nous vous présentons ici, vous
verrez les éléments de recettes auxquels nous devons ce résultat.
Compte d exploitation de i'excreice 18S3.
Recettes.
Subvention du Ministère de
l'Agriculture
Participation sur cotisations
des membres de la Société
d'Acclimatation
Entrées du Jardin
Abonnements
Promenades
Location des chaises
Exposition permanente ....
Loyer du buffet
Manège
Dons d'animaux ....
Bénéfice du compt^ animaux,
mortalité déduite
Saillies
Ventes des œufs
Bénéfice du compte graines
et plantes
Librairie
Pré-Catelan
Succursale de Meulan
Tramways
6,000 »
5,165 »
534,874 60
13,925 »
46,896 75
14,567 »
6,626 55
22,620 40
18,460 10
560 ).
42,074 55
3,938 1.
12,772 05
23,756 »
5,341 75
10,888 35
373 75
43,168 80
\
812,008 65
Dépenses.
Personnel
Uniformes
Nourriture des animaux.,
Aquarium
Entretien des bâtiments.
Entretien des clôtures. . .
Entretien du Jardin
Abonnement des eaux. . .
Chauffage et éclairage. . . .
Mobilier industriel et outil-
lage.
Outils de jardinage
Concerts
Omnibus
Frais de bureaux
Frais de correspondance. .
Publicité
Loyers
Assurances
Impositions
Timbre et impôt des ac-
tions et obligations
Assemblée générale
Frais généraux
Rucher
Galibis
Intérêts des obligations.. . .
165,087 10
12,562 55
179,250 75
3,092 25
32,513 20
11,722 65
5,804 20
3,251 50
12,804 15
38,238 80
314 30
33,012 05
2,297 95
7,056 05
6,457 70
10,569 40
4,631 25
1,313 95
4,754 90
2,317 50
772 75
24,646 65
1,337 50
80,073 90
21,900 ..
Total des dépenses de
l'exercice 1882 665,783 «
Excédent des recettes de
l'exercice 1882(1) 146,225 65
Total 812,008 65
(l) Le compte profits et pertes présentait, au 31 décembre 1881,
un solde créditeur de 482,953 83
A ajouter le bénéfice de l'exercice 1882 146.225 65
Total égal au chiffre porté au bilan 629,179 48
1:U SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Uc penses.
Le lotal des dépenses pour l'année 1882 s'est élevé à 665,783 francs.
Le personnel et Ja nourriture constituent, comme toujours, la plus lourde
charge dans le budget; mais, dans l'exercice qui nous occupe, malgré
l'activité croissante de l'entreprise, les divers chapitres de dépenses
sont restés dans les limites normales.
Nous aurons donc à attirer votre attention seulement sur les frais
résultant de l'exposition ethnographique fuite cette année. Ils se sont
élevés à 80,073 fr. 90. En nous occupant des recettes, nous vous montre-
rons que cette dépense n'a pas été improductive.
C'est de r.\mérique du Sud que nous sont venus cette fois les hommes,
les femmes et les enfants qui ont vécu pendant les mois d'août et sep-
tembre sur la pelouse du Jardin zoologique d'Acclimatation.
Les Galibis que nous avons présentés au public appartiennent à la
race des Caraïbes, autrefois maîtresse des Antilles et de la plus grande
partie de l'Amérique centrale. .\ujourd'hui déchus de leur ancienne
prépondérance, ces Indiens se rencontrent dans les Guyanes, groupés
en petites tribus sur le bord des lleuves, vivant de chasse, de pèche et
cultivant le manioc, le maïs et la banane dans des ahatis pratiqués dans
la forêt, auprès de la résidence choisie.
Le public du Jardin zoologique d'Acclimatation a fait le meilleur ac-
cueil à cette nouvelle exhibition ethnographique.
Recettes.
Les recettes des entrées ont donné, en 1882, 534,874 fr. 60. Bien que
ce résultat soit inférieur de 10,000 francs environ à celui de 1881, il est
absolume.it satisfaisant. En effet, à un printemps très favorable a succédé
un été absolument déplorable ; la pluie pendant les mois d'août et sep-
tembre a contrarié très sensiblement nos recettes.
La présence des Galibis a amené au Jardin un nombreux public. Pen-
dant le séjour de ces Indiens dans l'établissement, nous n'avons pas reçu
moins de quatre cent raille visiteurs, qui ont produit une recette de plus
de 200,000 francs.
Le bénéfice donné par le compte des animaux est plus considérable
que l'an dernier, puisque de 25,000 francs il s'est élevé à 42,000 francs.
Aujourd'hui, en possession des parquets de commerce dont le Conseil
d'administration a autorisé la construction, nous povuvons espérer
mieux encore.
Le bénéfice du compte graines et plantes mérite également de fixer
votre attention.
En 1880, le commerce des végétaux nous avait donné un profit de
9,105 fr. 30; en 1881, 16,408 fr. 60; en 1882, nous avons un profit de
23,756 francs. Ce résultat est satisfaisant.
SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. 735
Enfin, en terminant, nous devons vous signaler le produit de l'exploi-
tation du tramway miniature qui fait le service entre la porte Maillot et
le Jardin zoologi(|ue d'Acclimatation.
L'établissement de la voie ferrée, la création du matériel ont été,
vous le savez, très onéreux; les frais quotidiens de ce service, dont vous
connaissez l'activité, nous imposent de lourdes charges, et cependant
nous ne saurions nous féliciter assez de la création de ce tramway, car
il donne à nos visiteurs un inappréciable moyen de transport. En nous
autorisant à établir ce chemin de fer, l'administration supérieure s'est
acquise des titres sérieux à la reconnaissance de notre nombreux public.
En résumé les recettes de toutes natures se sont élevées en
1882 à 812,008 fr. 65
Les dépenses à 665,783 fr. >i
D'où il résulte que l'excédent des recettes est de 14'6,225 fr. 65
Cet excédent de recettes a été employé de la façon suivante :
1° Travaux neufs ; valeurs immobilisées 42,4'32 fr. 75
2" Augmentation des valeurs réalisables portées à l'actif.
(Animaux, plantes, etc.) 66,712 35
3' Diminution du passif et remboursement d'obligations, etc. 37,080 55
Total U6,225 fr. 65
De ces explications il résulte que les bénéfices réalisés en 1882 ne
nous permettent pas encore de constituer les réserves prescrites par nos
Statuts. Avant peu nous y parviendrons, car les collections de l'établis-
sement, le matériel et l'outillage sont aujourd'hui au complet, et, par
conséquent, les excédents des recettes seront disponibles dans un pro-
chain avenir.
IN'ous avons en terminant, Messieurs, à vous demander l'approbation
des comptes présentés et le renouvellement du mandat des administra-
teurs sortants.
Après avoir consulté l'assemblée, M. le ['résident met aux voix l'ap.
probation des comptes de 1882, tels qu'ils ont été présentés dans le rap-
port de M. le Directeur. Ces comptes sont approuvés à l'unanimité,
moins une voix.
Il est ensuite procédé au renouvellement des membres du Conseil
l'administration sortants.
MM. F. JACOUEiMART,
Comte d'ÉPREMESNIL,
Duc DK FITZ-JAMES,
Alfred CUANDIDIER,
Maurice dk SAlM-l'AlL,
Vicomte de SAlNT-l'lERIlE,
Raron Paul TlIÉNARD,
administrateurs sortants, sont réélus à l'unanimité.
736 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
PIÈCES ai\ivexi<:es
CONSEIL MUNICIPAL DE LA VILLE DE PARIS
RAPPORT
Présenté par M. de Routeiller, au nom de la b^ Commission, sur une demande
formée par la « Société du Jardin d'Acclimatation », à l'effet d'obtenir la
prolongation de son bail au bois de Boulogne pour une période de quarante
an7iées. (Annexe du procès-verbal de la séance du 16 juin 1882.)
Messieurs, l'objet du présent rapport est simplement d'introduire devant vous
une demande de prolongation de concession, présentée par la Société du Jardin
zoologique d' Acclimatation.
Cette Société occupe, au bois de fioulogne, un terrain de vingt hectares en-
viron qui lui a été concédé pour une période de quarante années, à partir du
1" janvier 1859. Dans une lettre reproduite à la fin de ces pages (1), son direc-
teur, M. Ceoffroy Saint-Hilaire, expose que pour améliorer les conditions jus-
qu'ici difficiles dans lesquelles se poursuit l'exploitation du Jardin, il faut :
1° que les recettes de la saison d'hiver puissent être augmentées; 2" que l'en-
treprise possède un fonds de roulement. Ces deux résultats exigeant, pour être
atteints, l'emploi d'une somme de deux millions qui servira à constituer une
encaisse disponible et surtout à élever des constructions nouvelles, propres à
devenir autant de centres d'attraction pour le public, M. Geoffroy Saint-Hilaire
sollicite du Conseil une prorogation de bail de quarante ans, nécessaire à l'amor-
tissement du capital consacré aux améliorations détaillées dans son mémoire. Des
plans indiquant les constructions futures sont joints à la pétition.
L'Administration a émis un avis favorable à la requête ici analysée. La 5» Com-
mission a conclu dans le même sens. Un projet de délibération conforme à la
demande de la Société du Jardin d'Acclimatation figure donc plus loin, sous le
bénéfice des conclusions qui vont suivre.
Un mot, d'abord, sur l'origine du Jardin et sur le caractère de ses relations
avec la Ville de Paris.
Comme il est dit plus haut, son existence date du 1" janvier 1859. A cette
époque, cinq membres du bureau de la Société d'Acclimatation, parmi lesquels
fi'^uraitM. Isidore-Geoffroy Saint-Hilaire, le distingué savant, père du directeur
actuel de la Société, obtinrent une concession de vingt hectares de terrain au
bois de Roulogne, en vue d'y établir un jardin zoologique destiné à l'acclima-
tation, à la multiplication et à la diffusion de toutes les espèces animales ou
végétales, dignes d'intérêt par leur utilité ou par leur agrément. Certaines clauses,
énumérées dans un cahier des charges, garantissaient les droits de la Ville. Il
était stipulé, notamment, que les concessionnaires payeraient chaque année à la
caisse municipale une redevance de mille francs, « pour constater les droits de
propriété de la Ville » ; que les bâtiments élevés sur l'emplacement concédé
(1) Cette lettre a été reproduite dans le Bulletin de 1881. Voyez 3° série, tome
VIII, page cxxxiv et suivantes.
SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. 7:^7
resteraient, après l'expiration du bail, « la propriété de la Ville » ; que, « dans
le cas où les concessionnaires répartiraient, à litre de bénéfices, une somme
quelconque entre leurs actionnaires, une somme égale devrait être versée par
eux dans la caisse municipale, à titre d'indemnité pour l'occupation des lieux. »
Les travaux commencèremt en juillet 1859. Dirigés successivement par M. Mit-
ciiel, directeur du Jardin de la Société royale zoologique de Londres, \ydr M. Rufz
de Lavison, puis par MM. Davioud et Barillet-Desclianips, l'un architecte,
l'autre jardinier en chef de la Ville, ils furent terminés en quinze mois, sous
la surveillance de M. Alphand, alors ingénieur en chef des promenades et plan- '
talions. Le 6 octobre 1860, le nouvel établissement était inauguré officiellement.
Le l'J juin 1865, M. Albert-Geoffroy Saint-Hilaire, qui avait collaboré active-
ment à la création du Jardin, était appelé aux fonctions dont il est, depuis lors,
demeuré investi.
Il serait long et inutile de suivre ici, dans ses phases successives, le! dévelop-
pement du Jardin d'Acclimatation ; mais il est un incident de son histoire qui
demande à être rappelé, parce qu'il caractérise la sollicitude dont la Ville s'est
toujours montrée animée à l'égard de cet établissement. Eu 1871, à la suite des
deux sièges qui avaient ébranlé l'entreprise, au point qu'on pût douter qu'elle se
relevât jamais de cette double épreuve, le Conseil municipal vint au secours de
la Société en détresse, en lui accordant une subvention annuelle de 60,000 francs
payable trois années durant. « Le Jardin d'Acclimatation, disait alors notre
ancien collègue, M. Dubief, n'est pas seulement une charmante promenade qui
attire les Parisiens et les étrangers, non sans profit pour les communes voi-
sines et pour Paris lui-même; c'est en outre et surtout un établissement indus-
triel dont la création a comblé chez nous une véritable lacune, d'autant plus sen-
sible 'qu'elle n'existait pas chez nos voisins. Comment consentirions-nous à
priver la première ville d'Europe, la capitale d'une contrée agricole, d'une insti-
tution qui intéresse l'agriculture et le développement de la richesse du pays? »
Le rapport concluait au vote de la subvention ci-dessus chiffrée. Évidemment
ce souvenir aussi bien que celui des conditions quasi gratuites dans lesquelles
la Ville s'est prêtée à la fondation du Jardin, constituent une tradition, toute
de protection et de bienveillance, dont la Commission devait s'inspirer dans
l'examen de la requête ici étudiée.
Cela dit, Messieurs, il y a lieu de se demander: 1" si les constructions pro-
jetées par la Société du Jardin zoologique d'Acclimatation sont d'une importance
proportionnée à la durée de la prorogation sollicitée; 2° si la Société a justifié,
parla rigoureuse exécution de ses précédents engagements, la nouvelle faveur
qu'elle réclame aujourd'hui du bon vouloir de la Ville.
Sur le premier point, une note de M. Huet, ingénieur en chef des promenades,'
édifiera le Conseil. « Il résulte, dit ce document, du rapport de M. l'arcliitecle
des promenades, que les constructions que se propose de faire la Société du
Jardin zoologique d'Acclimatation, en \\ie spécialement d'accroître les recettes
de la saison d'hiver, saison toujours onéreuse pour l'exploitation, n'augmente-
ront pas de moins de 1,100,000 francs la valeur de la propriété.qui,^ en fin de
concession, doit faire retour à la Ville. Nous sommes donc d'avis que l'Admi-
nistration municipale a tout intérêt à accorder la prolongation demandée.' »
Relativement au second point, la Commission n'a cru pouvoir mieux faire pour
s'éclairer, que d'inviter l'Aduiinislration à la renseigner, par voie d'enquête
sur la gestion du Jardin d'acclimatation. Cette enquête, qui rentre dans les droits
3' SÉRIE, T. X. — Décembre 1883. 47
•V
738 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
de la Ville, n'avait pas été faite depuis 1873, époque où le Conseil accorda au
Jardin la subvention précédemment rappelée. Confiée à M, Martinet, inspecteur
des caisses et comptabilités municipales, exécutée avec un soin qu'a d'ailleurs
secondé l'empressement de la Société à lournir toutes les indications qui lui
étaient demandées, elle a porté sur la période comprise entre 1874 et 1880 et
donné lieu aux conclusions que voici :
« De l'examen des bilans, des livres et des rapports présentés à l'assemblée
générale des actionnaires, écrit M. Martinet, il résulte que la Société du Jardin
a changé son mode d'opération, et qu'elle s'est écartée du but en vue duquel
elle avait été fondée. Elle n'a pu, faute des moyens nécessaires, rester dans les
limites qu'elle avait cru pouvoir assigner à son activité, c'est-à-dire s'adonner
exclusivement à l'acclimatation, à la multiplication et à la propagation des es-
pèces animales et végétales (1). Elle a dû étendre, pour vivre, ses moyens
d'action, en groupant autour d'elle des exploitations multiples qui, par un
rendement journalier, permettent, dans une certaine mesure, de diminuer des
charges que les seules recettes des jours fériés ne lui auraient pas permis de
supporter. C'est ainsi qu'à l'aide du traité passé avec la Société du Pré Cate-
laa (2), elle utilise pendant la semaine la plus grande partie des poneys qu'elle
emploie le dimanche pour les promenades et le service des tramways. C'est
ainsi également que le manège occupe pendant la semaine un certain nombre
de chevaux, dont la location vient diminuer les frais généraux.
En résumé, les recettes n'ont cessé de s'accroître ; les diverses innovations
introduites par la Société ont donc été assez heureuses, et il n'est que vrai de
reconnaître que le Jardin d'Acclimatation, devenu comme une sorte d'établisse-
ment d'utilité publique, est aujourd'hui Fun des agréments et l'une des attrac-
tions les plus marquées de la capitale. Il semble, à ce point de vue, avoir droit
à la sympathie et aux encouragements de l'Administration municipale. Mais en
présence de^cet accroissement soutenu dans les recettes, où faut-il donc cher-
cher les causes de cette situation précaire qui n'a permis, à aucune époque, de
distribuer un intérêt quelconque au.x. actionnaires et moins encore un dividende?
Ce n'est pas dans les livres, dont l'examen n'a donné lieu à aucune observation
— au contraire ; mais dans les frais généraux de toutes sortes (jui sont les côtés
ruineux de l'exploitation, dans le prix très élevé des fourrages et des grains,
surtout dans la mortalité excessive des animaux, mortalité accrue dans une no-
table proportion par les hivers rigoureux qui se sont succédé sans interruption
depuis plusieurs années et par l'insuffisance des locaux occupés par ces ani-
maux ; aussi, dans le manque de moyens de communication que le tramway-
miniature n'a qu'en partie atténué ; enfin dans l'absence du seul élément qui
permette de mener à bonne fin les grandes entreprises : les capitaux. »
Voilà, Messieurs, les considérations et les extraits que le Rapporteur a cru
utile de vous soumettre, soit en guise de préface à la requête détaillée de
M. Geoffroy Saint-Hilaire, soit à l'appui de l'avis de la 5° Commission. Celle-
(1) M. Geoifroy Saint-Hilaire a fait observer au rapporteur qu'il serait plus
exact de dire que, pour subvenir à des besoins sans cesse croissants, la Société,
sans abandonner en rien l'objet en vue duquel l'établissement a été créé, a ad-
joint à son exploitation diverses branches collatérales, qu'on peut d'ailleurs con-
sidérer comme le développement naturel de l'institution.
(2) Des explications de M. Geoffroy Saint-Hilaire il résulte qu'en réalité il n'y
a pas eu de société.
SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. 789
ci s'est, (railleurs, préoccupée de diverses ([uestions iiiciuentes, que soulevait
la demande dont vous êtes saisis (1). Elle a fait consacrer, comme un droit, la très
large hospitalité offerte par le Jardin aux élèves des écoles communales, hospi-
talité qui, du 1°^ janvier au 30 octobre 1881, a dépassé le chiffre de quatorze
mille admissions. Elle a signalé au directeur du Jardin l'intérêt scientifique
ou'il y a à ce que l'établissement allie, dans la mesure compatible avec les né-
cessités de son existence, racclimatation proprement dite des plantes et des
animaux, aux transactions commerciales qui ne laissent pas, au surplus, d'être,
dans de nombreux cas, un instrument puissant de vulgarisation. Elle a invité la
Direction à adresser tous les trois ans au Conseil municipal un rapport détaillé
de ses opérations. Des leltrcs publiées parmi les pièces afmexées constatent les
réponses faites et les engagements pris. « Nous serons toujours heureux, dit
l'une d'elles, de mettre le public et le Conseil municipal de la Ville de Paris au
courant des efforts que nous faisons pour mener à bien l'entreprise qui, mise
enfin en possession de moyens d'action suflisants, va pouvoir prendre un nou-
vel essor et répondre d'une façon plus complète au but que nous poursui-
vons. )i
La Commission esjière qu'en effet la nouvelle libéralité de la Ville à l'égard
du Jardin d' Acclimatât io)t portera ses fruits au profit du public de la capitale ;
au profit aussi du développement d'une œuvre qui semble ne plus attendre que
d'être lécondéc par le capital, pour produire des résultais proporlionnés à l'iiu-
porLaiice de son but et à la sollicitude désintéressée de ses collaborateurs.
De là lo projet de délibération suivant.
Paris, le 16 juin 1882.
Le Rapporteur,
De BOUTEILLER.
CONSEIL iMUNIGIPAL DE LA VILLE DE PARIS
{Séance du 31 juillet 18S2).
Le Conseil, vu la lettre de M. Geoffroy Saint-Ililaire, par laquelle il demande,
au nom de la Société du Jardin d'Acclimatation, l'autorisation défaire des tra-
vaux dans ce jardin, et une prorogation de quarante ans de la concession pri-
mitive, ensemble les plans à f appui;
Vu le rapport de M fingénieur en chef des promenades;
Vu le mémoire, en date du 13 octobre 1881, par lequel M. le Sénateur, Préfet
de la Seine, soumet au Conseil la demande de ladite Société;
DÉLIBÈRE : Il y a lieu de proroger, pour une durée de quarante ans, à partir
du 1" janvier 18'JD, la concession faite d'un terrain au bois de Boulogne, à la
Société dite le Jardin d' Acclimalalion, et à autoriser cette Société à élever les
constructions conformes aux plans joints à la présente délibération.
(1) La 5° Commission (Architecture et Benux-Arls) est composée de
MM. Ilattat, Président; Holl, Secrétaire; de Bouteiller, Gernesson, Collin, Del-
homme, Dubois, Jobbé-Duval.
740 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
ARRETE PREFECTORAL
Le Préfet de la Seine, Vu la délibération prise par le Conseil municipal de
Paris, en date de 31 juillet 1882, portant:
« Qu'il y a lieu de proroger, pour une durée de quarante ans, à partir du
Il 1" janvier 1809, la concession faite d'un terrain au bois de Boulogne, à la
Il Société dite le Jardin d'Acclimatation, conformément au cahier des charges
Il rectifié, et d'autoriser cette Société à élever des constructions conformes aux
u plans joints à ladite délibération. »
Vu l'arrêté approbatif de cette délibération, en date du 30 août suivant; en-
semble le cahier des charges précité :
Arrête : Article 1". — La jouissance des terrains concédés par actes admi-
nistratifs des 2G mars 1858 et 25 aoiit 1859, à la Société du Jardin zoologique
d'Acclimatation est prorogée de quarante ans, à partir du 1" janvier 1899, sous
les clauses et conditions relatées dans le cahier des charges annexé à la déli-
bération susvisée.
Les charges annuelles sont évaluées pour la perception des droits d'enregis-
trement, à la somme de deux mille francs.
Article 2. — Ampliation du présent arrêté sera adressé :
1°A la Société concessionnaire;
2° A la Direction des finances, en double;
3° A M. le Directeur des travaux.
Fait à Paris le 2 décembre 1882.
Pour le Préfet et par délégation
Le Secrétaire général de la Préfecture
Signé.: J. G. Vergniaud.
ÉTAT DES DONS
FAITS A LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION DE FRANCE
du l^"" janvier au 31 décembre 1883.
Baird (le professeur Spencer
F.), commissaire des pêche-
ries des Etats-Unis.
Baltet (Charles).
BaRRAU DE MURATEL (de).
Behr (de), président de l'As-
sociation allemande de pis-
ciculture.
,»'!»- ■■■'
Casati (le comte Gahrio).
Cazenove (Raoul de).
David (M"'^).
Gauthier.
iiédiard.
Jardin d'acclimatation
Ll'UVKRES.
Leroux (Jules).
Mac-Donald (le colonel).
Masson (A.).
Matiiey.
Mollinger (Godefroy).
Munier.
OBJETS DONNES.
Œufs oudiryonnés de Salmo fontinnlis
ei Namayciish, de Coregomis albus
et de Salmo salar, var. Sebago.
Graines de Lo-za (Rhamnus utilis).
Graines diverses.
Coulitures de Pastèque à graine rouge.
Œufs einbryonnés de Salmo carpio et
salvelinus, de Corcgonus Marœna
et albula et de Truite des lacs.
Graines de Balsamine géante (Impa-
tiens glanduligera).
Quarante grammes de graines de Se-
ricaria mori.
Graines de Soya.
Graines à'Artocarpm incisa.
Graines de Riz de montagne.
Graines diverses.
Semence de Soya noir.
Noix de Juglans nigra.
Un modèle d'échelle à Saumons.
Graines de trois variétés de Melons
des Etats-Unis.
Souchet comestible. Graines diverses.
Cocons vivants de divers séricigènes.
(îraines diverses des Etats-Unis.
Graines de Sericaria mon.
im
SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
DONATEURS.
OBJETS DONNÉS.
OUNOUS (Léo (]').
Graines diverses.
Paillieux (Aug.).
Graines diverses.
Sirop de Pliysalis Peruviana.
Flacons de Pickles.
Plants de Stachys affinis.
Pruns (le marquis de).
Echantillons de terres de la Limagne
RODIER, viticulteur, à Briaro.
ROMANET DU CAILLAUD.
Saint-Quentin (de).
Sarazin (François).
Vavin (Eugène).
Wailly (Alfred).
Un appareil pour le soufrage des vignes.
Graines de Vignes chinoises.
Graines de Citriis ladaniferus et de
Nicotiana glauca.
Semences de Rhns vernicifera.
Graines diverses.
Séricigènes exotiques.
OUVRAGES OFFERTS
A LA RIBLIOTHÈQUE DE LA.SOCIBTÉ.
AniiOTT (Charles C). — Primitive industry. Salem-Massachusetts. George A,
Butes, 1881, 1 vol. in-8, nombreuses figures.
Annuaire statistique de la France, sixième année 1883. Paris. Imprim, Nationale.
Ministère du commerce.
Annual Report of tlie commissioners of fislieries of the State of New-York Tor
the year 1881. Aibany, 1882. SethGreen.
Annual Report of the Trustées of the New-York State Library, 1880, 1881
et 1882, 3 vol. in-8.
Association française pour l'avancement des sciences, compte rendu de la
10^ session. Alger, 1881, au Secrétariat de l'Association, à, rue Antoine-
Dubois, 1 vol. in-8.
Baltet (Charles). — Visite à la villa Tourasse,'^à Pau (Basses-Pyrénées), le 3 no-
vembre 1880. Troyes, imp. et lilh. Dufour-Bouquot, 1881, 1 broch. in-8.
L'auteur.
Baltet (Ernest). — Semis d'arbres fruitiers pour la recherche de nouvelles va-
riétés. Troyes, imp. etlitli. Dufour-Bouquot, 1883, 1 broch. in-8.
i< auteur
Bastide (L.). — Précis de l'iiistoire et de la géographie de Bel-Abbès et de son
arrondissement. Oran, typ. Ad. Perrier, 1881, 1 vol. in-8. L'auteur.
— Établissements agricoles de L. Bastide. Orau, 1878, 1 broch. in-8.
L'auteur.
— Chemin de fer de Tlemcen. Comparaison entre la ligne directe et la ligne
par Bel-Abbès. Oran, typ. Ad. Perrier, 1878. 1 broch. in-8. L'auteur.
— Courte description de l'Algérie, du département d'Oran et de Sidi-Bel-
Abbès. Oran, typ. Ad. Perrier, 1878, 1 broch. in-8. L'auteur.
— L'Agriculture dans le département d'Oran. Rapport sur le concours des
exploitations pour la prime d'honneur eu 1877, Oran, imp. J. Gérard,
1878. 1 vol. iu-8. L'auteur.
Bernou, pharmacien. — Étude de l'écorcedu Sapotillicr [Journal de médecine et
de pharmacie de l'Algérie, 1881). Docteur Bertherand.
Beiitiierand (le docteur). — La globulaire turbith, Alger, 1870, imp. Aillaud
et G'«, broch. in-8. L'auteur.
— Utilisation de l'eau de fleur du Citronnier (extrait du Journal de Médecine
et de Pharmacie de l'Algérie, avril 1881). L'auleur.
— Études chimiques et médicales sur l'écorcede Sapotillicr (extrait du Journal
de médecine et de pharmacie de l'Algérie, juillet, 1881), 1 broch. avec
planche. L'auteur.
— L'Arcnaria rubra dans la gravelle et le catarrhe vésical. Alger, 1878, imp.
Victor Aillaud et C , 1 broch. L'auteur.
— Conseils aux Arabes sur les végétaux dangereux de l'Algérie. Alger, 1879,
imp. V. Aillaud et C'^, 1 broch. L'auleur.
TM SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Berthera>d (le D''). — L'Aceras Anthropophora. Alger, 1866, imp. Paysan
et G'% 1 broch. L'auteur.
— Observations sur le règne végétal au Maroc, par P. K. A. Scliousboe, édi-
dition française-latine avec planches. Paris, imp. Baillière et fils, 1 vol.
L'auteur.
— Des ressources que la matière médicale arabe peut offrir aux pharmacies
françaises en Algérie (extrait de la Gazette médicale de l'Algérie). Alger,
1879. imp. A. Bourget, 1 broch. L'auteur.
— L'Eucalyptus au point de vue de l'hygièneen Algérie. Alger, 1876. Typogr.
V. Aillaud et C'% 1 broch. L'auteur.
— Le noyau de dattes au point de vue des propriétés alimentaires thérapeu-
tiques et industrielles de la fasiflcation du cale. Alger, 1882, impr. Fon-
tana et C'*^, 1 broch. avec planclie. L'auteur.
— Le Bambou au point de vue des dessèchements. Alger, imp. Lavagne.
1 broch. L'auteur.
— Le musc de Gazelle au point de vue des applications thérapeutiques. Alger,
1878, imp. V. Aillaud et G , 1 broch. L'auteur.
Bodchon-Brandely. — Rapport au ministre de la marine sur la génération et
la fécondation artificielle des huîtres portugaises. Paris, 1882, imp. du Jom^-
nal officiel, 1 broch. in-18. L'fiutcur.
Bretschneidër (M. -P.). — Botanicum sinicum. Notes on Ghinese botany
frora native and Western sources. London, 1882, 1 vol. in-8. L'auteur.
Gantoni (Elvezio). — Liste générale des Mammifères sujets à l'albumine, tra-
duction de l'italien et addition par Henri Gadeau de Kerville. Rouen, 1883,
imp. Léon Deshayes, in-8. Le traducteur.
Garrière (E.). — Pommiers microcarpes ou Pommiers d'ornement. Paris,
librairie agricole de la maison Rustique, 26, rue Jacob, 1 vol. in-18, fig.
L'auteur.
Carvallo (Jules). — Théorie des nombres parfaits. Paris, 1883, chez l'auteur.
19, villa Saïd et chez les principaux libraires, broch. in-8. L'auteur.
Ghamberland. — Le charbon et la vaccination charbonneuse. L'auteur.
Ghitier (A.). — Etudes sur les causes du déboisement de l'Algérie et les moyens
d'y remédier. Imp. Legendre, éditeur, 1 broch. in-12.
Ligue du reboisement.
Comité des travaux historiques et scientifiques. Rapports au ministre et
arrêtés. Paris, 1883, Imp. Nationale, 1 broch. grand in~8.
Congrès national des Sociétés françaises de géographie, 5^ session. Bordeaux,
sept. 1882, Comptes rendus des travaux du Congrès, 1 vol. in-8.
CouTANCE (A.). — Expériences de bord, établissant que les minimum de salure
sont placés, sur le. trajet des courants et les maximum hors des courants
marins. Extrait du Bulletin de la Société académique de Brest, imp. Gadreau,
iii-18. , L'auteur.
— De l'énergie et de la structure musculaire chez les Mollusques acéphales.
Paris, 1879, J.-B. Baillière et fils, in-8, avec planches. L'auteur.
— Romains et Zoulous. Extrait du Bulletin de la Société académique de Brest.
Brest, imp. Halegouet, in-18. L'auteur.
— Relations des Ciiampignons et des Algues dans la constitution des Lichens,
Extrait du Bulletin de la Société académique de l'.rest. Imp. Halegouet, 11.
rue Kléber, à Brest', in-18. L'auteur.
— La lutte pour l'existence. Paris, 1882, C. Reinwald, éditeur, in-8.'L'auteur.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 745
CoNSTAiHCE (A.). — Souvenirs de Leyde. Extrait du Bulletin de la SociHé ncn-
démique de Bfest, Brest, imp. Gadreaii, in-18. L'auteur.
— Phénomènes de capillarité. Extrait du Bulletin de la Société académique de
Brest. Brest, imp. F. Halegouet, in-18. L'auteur.
— Analogie du climat de Brest avec celui de l'époque tertiaire. Extrait du
Bulletin de là Société académique de Brésil. Imp. Gadreau, in-18.
L'auteur.
— Le Bouleau. Paris, 1881. Berger-Levrault, éditeur, in-8, 2 tableaux,
1 planche. L'auteur.
— La Fonlaine et la philosophie naturelle. Paris, 1882, G. Reinwald, lib.-
édteur, in-8. L'auteur.
Cramoisy (le docteur). — Note sur la destruction du Puceron lanigère et par
extension du Phylloxéra vastatrix. Communication faite à l'Académie des
sciences le 23 janvier 1883. Union générale de la librairie, Ch. Bayle.
Paris, etc., 10 et 11, rue de l'Abbaye, 1 broch. in-8. L'auteur.
Dejernon (Romuald). — Les vignes et les vins de l'Algérie. Paris, 1883, libr.
agricole de la maison Rustique, 1 vol. in-8. L'auteur.
— Rapport à M. le préfet de Constantine (sur la vigne). Bone, imp. typ.
Alexandre Carie, 1878, 1 broch. in-8. L'auteur.
Favier) p. A.). — Nouvelle industrie de la Ramie, 2" édition. Avignon, imp.
A. Groi, 1882, 1 vol. in-8. D'Arnaud Bey.
Feddersen (A.). De Danske hav-fiskeries. Copenhague, 1883, in-û.
L'auteur.
FisHER (,lohn). — La pèche à toutes lignes, théorique, pratique et raisonnée,
déduite de la connaissance de l'histoire naturelle des mœurs et des habi-
tudes des poissons d'eau douce, etc. Paris, 1881, Gaston Samson, libraire-
éditeur, 1 vol. in-18. L'auteur.
Fondation de la Société statistique de Marseille, 55^ année. Compte rendu 1882.
Rapport sur les concours. Marseille, typ. et litb. Cayer et C'*^, 1883, broch.
in-8. Docteur A. Sicard.
FoRBES (S.-A.). — The regulative action of birds upon insect oscillations.
1 broch. in-8. L^auteur.
Gadead de Kerville (Henri). — De l'action du Mouron rouge sur les oiseaux.
Extrait du Bull, de la Société de biologie, séance du 8 juillet 1882. Paris,
imp. Ed. Roussel, in-8. L'auteur.
— De l'action du Persil sur les Psittacidés. Extrait du Camte rendu de la
Société fie biologie, séance du 20 janvier 1883, in-8. L'auteur.
— Analyse d'un mémoire de M. A. Conil, intitulé : Etudes sur rAcridium
Paranense. Rouen, 1883, imp. Léon Deshayes, 1 broch. in-8.
L'auteur.
GiRnwoYN — 0 Hodowli ryb j Przyrzadzie Wylegowym Wlasnego pomyslu.
Warszawa, 1881, 1 broch. in-/i, pi. L'auteur.
— Warszaskie Muséum rybactwa przez Karola Kozlowskiego. Biîbudowni-
czcgo, 1^81, 1 broch. in-4, pi. L'auteur.
— Projekt gospodarstwa rybnego Wyrozumowancgo (Szlucznego) stawowegoj
vvegorzarni Dobrach zlolym Potoku .1. W. \\ . hr. Raczyuskich w krolestwie
Polskiem 1881, 1 broch. in-/i, planches. L'auteur.
— Pasozyty ryb naszyck. Warszawa, 1883,1 broch. in-8., planches. L'auteur.
746 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
GiRDWOYN. — Projekt gospodarstwa Rybnego jeziozrowego W Dobrach
Dukszty J. W. W. Bieganskich W. Gubernji Kowienskiej. Warszawa, 1883,
1 broch. h\-à, plunches. L'auteur.
— Lodzie Rybackie dlaNaszych jezior j Stawow. Warszawa, 1883, 1 brocb. in-4,
planches. L'auteur.
GoLL (H.). - Note sur le Lièvre alpin. Lausanne, 1883, imp. Havard, Guilloud,
et C'^, 1 broch. in-8. L'auteur.
Henneguy (V.-P.). — Sur un infusoire flagellée ectoporasite des poissons.
Extrait des Comptes re?idus de l'Académie des sciences, 1 broch. grand in-8.
L'auteur,
HoFFMAN (von H.). — Separat-Abdruck aus « Gartenflora», L'auteur.
JoLY (Ch.). — Note sur le potager royal de Frogmore. Extrait An.lournnl de la
Société nntio7iale d'iioi^ticulture, 3^ série, t. V, 1883, p. 329-33/i, broch.
in-8. L'auteur.
— Note sur la 11* exposition nationale de Gand. Extrait du Journal de la
Société natioimle d'horticulture, Z" série, t. V, 1883, p. liKi-lxlb, broch.
L'auteur.
— Note sur la 18^ session de la Société pomologique américaine. Journ. de la
Soc. nat. d'horticulf., 3« série, t. IV, 1882, p. 379-380, in-18. L'auteur.
— Note sur l'horticulture en Espagne et en Portugal. Extrait du Journal de
la Société nationale et centrale d'horticulture, 3^ sério, t. V, 1883, p. 119-
132. Paris, imp. de l'Etoile, rue Cassette, 1, 1 broch. in-8. L'auteur.
— Compte rendu de la 2^ exposition nationale de la fédération horticole à Turin.
Y.xiraii àw Journal de la Société nationale d'horticulture, 3* série, t. IV, 1882,
p. 730-736, 1 broch. in-8. L'auteur.
— L'horticulture et les engrais chimiques. Expériences faites à Saint-Ouen.
L'aumône (Seine-et-Oise), par Alfred Dudoiiy. Rapport présenté à l'assem-
blée générale des agriculteurs de France, le 31 janvier 1883. Paris, à
l'Agence centrale des ngriculteurs de France, 38, rue Notre-Dame-des-
Victoires, 1 broch. in-8. L'auteur.
JouAN (Henri). — Quelques mots sur le peuplement végétal des îles de l'Océanie.
Caen, 1883, imp. Le Blanc-Hardel, 1 broch. in-8. L'auteur.
Kemmerer (le docteur). — ! Ostréiculture. Appendice à ma brochure de 1874.
Typ. veuve Maréchal et E. Martin, in-18. L'auteur.
Lataste (Fernand). — Les Gerboises (extrait du journal Le Naturaliste,
15 mars - 1" mai 1883). 1 broch. in-8. L'auteur.
— Note sur les Souris d'Algérie ets description d'une espèce nouvelle (extrait
Aè?, Actes delà Société linnéemie de Bordeaux, t. XXXVIl, Bordeaux, 1883),
imp. J. Durand, 1 broch. in-8. L'auteur.
— Sur un rongeur nouveau du Sahara algérien (extrait du 6î<//eùVi f/e /a Société
zoologique de France, t, VI, 1881) 1 broch. in-8. L'auteur.
— Sur l'habitat du Triton vittatus et sur l'identification de cette espèce avec
le Triton ophryticus, (extrait du Bulletin de la Société zoologique de
France, 1877), 1 broch. iu-8. L'auteur.
La Perre de Roo. — Monographies des Pigeons domestiques. L'auteur.
La Forêt, conseils aux indigènes (extraits du Code forestier). Alger, imp. Fon-
tana et & 1883, 1 broch. in-8. Ligue du reboisement.
Lefèvre (A.). Des aquariums, construction, peuplement, entretien. Amiens,
1872, imp. Lenoël-Herouart, 1 vol. in-8. L'auteur.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 747
Lefèvre (A.). — Quelques mots sur le Macropode de Chine (extrait des Mémoires
fie In Société linnéennc du Nord de In Frnnre). Amiens, 1877, imp. Del-
lattre-Lenoël, 1 broch. in-8. L'auteur.
Contribution à la faune locale {Bulletin de In Société linnéenne du nord do
la France, n" 76, 1" octobre 1878). L'auteur.
Température maxima que peuvent supporter les poissons rouges {Bulletin
de la Société linnéenne du nord de la France, n° 10, l*^'' avril 1873).
L'auteur.
Etudes de pisciculture {Bulletin de la Société linnéemie du nord de la
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Ciiallamelaîné, lib. éditeur. Paris, 1882, 1 broch. in-8. L'auteur.
RoMLiLiTS Dezernon. — Notes sur la vigne en chaintres, en Algérie. Conslan-
tine, imp. et lib. Beaumont, 1880, 1 broch. in-l2. ',L'auteur.
— Bctes à cornes et fourrages de Gonstantine. Gonstantine, typ. L. Arnolet,
Ad. Braham, successeur, 1881, 1 broch. in-12. L'auteur.
Russ (docteur Karl). — Die fremdlilndischen Stubenvôgel, ihrc Naturgeschichte,
Pflege und Zucht. Magdeburg, 1883, in-8. L'auteur
ScHOMANN-RosTOCK. — Die Brieftaube. 1883, 1 vol. in-8, figures.
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ScHOMBURGK (R.). — Rcport on the progress and condition of the botanic
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broch. in-4, planche. L'auteur.
Shtrley Hibbekd. — Les Roses du xix^ siècle, catalogue annoté des Roses hor-
ticoles mises en culture pendant les cinquante dernières années (extrait
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Liège, Boverie, n" 1, 1882, 1 broch. in-8.
SiCARD (le docteur A.). — Etudes sur l'huile antiphylloxérique Alexis Roux.
Marseille, 1883, chez Camoin, libraire, 1 vol. avec dix photogravures.
L'auteur.
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l'Ecole polojiaise, n" m, IS83. M. Girdwoyn.
Tassy. — Service forestier de l'Algérie. Rapport adressé à M. le gouverneur
de l'Algérie. Paris, typ. A. Hennuyer, 1 broch. in-8.
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des vignes en serr^. Traduit en français par M. H. Fonsny (extrait du Bul-
letin de la Fédération des Sociétés d horticulture de Belgique, 1881). Liège,
Boverie. 1, 1883, in-8. M. Morren,
Tisserand. — Rapport sur la brochure de M. Vérot : Arboriculture forestière
mise à la portée de tous, in-8. Ligue du reboisement.
Torelli (le comte Louis). — La Malaria d'Itulia. L'auteur.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. T^O
TcHiHATCHEFF (P. de). — TliG descrts of Africa and Asia, Read at the Meeting
of the Rritish Association for the advancement of science at Southampthon,
23 rd, August., 1882. L'auteur,
TouRASSE. — Serais d'arbres fruitiers. Pau, imp. Veronèse, grand in-8.
L'auteur.
Triana. — Le Quinquina cuprca (extrait du Journal de pJiarmacie et de chi-
mie, 1882, 1 brocli. in-8. L'auleur.
VÉROT (Félix). — L'arboriculture forestière mise à la portée de tous. Alger
docks de l'imprimerie, 1882, 1 broch. in-8. Ligue du reboisement.
Wailly. — Rritish versus europan kpiiloptera. Wliatis a Rritish suliject?
(reprintcd forin « Land and Water » march. 10, 1883). L^auteur.
— Silk producing bombyces reared in 1882 (reprintcd froui the « Journal of
the Society of arts » , 1 broch. ia-8). L'auteur,
Waulstedt (L.-S.). — Catalogue de la collection des semences suédoises, à
l'Exposition internationale d'Amsterdam. Lund, 1883, imp. F, Rerling,
1 vol. in-8. L'auteur.
Warming (Eugène). — Une excursion aux montagnes du Rrésil, esquisse de
voyage. Liège, Roverie 1, 1883, broch. in-8. M. Morren,
WoLBOCK (vicomte de). — Raie de Quiberon. Etablissements ostréicoles de
Kerc.ido-Carnac. Mémoire adressé à la commission d'ostréiculture et au
jury du concours régional de Vannes (mai 1883). Lorient, 1883, imp.
Louis Chamaillard, 1 broch. ia-8. L'auteur.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS
MENTIONNÉS DANS CE VOLUME,
Alligné. Bambous, 175.
Anonyme. Colombes voyageuses, 685.
Armand (L.). Naturalisation de végé-
taux en Nouvelle-Calédonie, 684.
Arnaud-Bey (le colonel d'). Sur la
Raniie, 166.
Auuap. Poule nègre, 616.
Bâillon. Rhubarbe hybride, 724.
Baird (Spencer F.). Pisciculture, 108.
Baltet (Charles). Rhamnus utilis,bO.
— Mission française au capHorn, 115.
Banmever. Pisciculture, 173.
— Sectioits. Procès-verbaux : Séance
du 21 mars 1883, 273.
Baron (Raoul). Dislributinn géogra-
phique des animaux, xxxvu.
Barras. Pisciculture, 721.
Barrau de Muratel (de). Société pro-
tectrice de Blan, 119 .
— Bardane du Japon, 181.
— Cultures, 200.
— Pickles, 279.
— Elevage des Poulets, 361.
Bartet et Raveret-Wattel. Repro-
duction du Saumon de Californie à
l'Aquarium du Trocadéro, 205.
Barzin. Cultures en Algérie, 724.
Beauchaine. Poire Mademoiselle So-
lange d'iray, 118.
Behr (de). La Balsamine géante comme
plante mellifère, 63.
— Pisciculture, 48, 52, 109.
Bérenger. Acclimatation du Nandou
en France, 1, 474.
Bernard-Talhandier. Pisciculture ,
722.
Bernay. Vignes de Perse, 64.
Bertin. La Ramie, 327.
Bertoni (Moïse). Le Noisetier {Corylus
Avellana), 282.
BoMPAR (M""= de). Destruction du
Phylloxéra, 126.
BoscHi. La Ramie, 327.
BoucHAUD DE BussY (comtc de). Bam-
bous et Charnœrops excehu, 174.
BoucHEREAUx. lucubaliou artificielle
d'œufs de Casoar, 203.
BouLEY (Henri). Discours d'ouverture,
XV, 716.
BoULEY (H.). — Pelotlcs stercoraires
du Lapin, 45.
— Destruction des Criquets voya-
geurs, 114,
— Décès de M. le baron Jules Glo-
quet, 164.
— Farine de Coco\ier, 179.
— CliarbL)n et vaccination, 357.
EoriAN (Louis). Le Phylloxéra en
Austr.ilie, moyens employés pour le
combattre, 35.
BiîiERRE. Siu- les Chevrctics, 354.
Brisay (marquis de). Éducation de
Perruches érytbroptères, 397.
Carpentier (Léon). Établissement de
pisciculture de M. Alph. Lefèvre,
46.
Carvallo. Culture du Riz, 269.
Causans (vicomte de). Pisciculture,
117.
Cazenove (Raoul de). Cultures di-
verses, 49.
Chappellier. Destruction des Vers
blancs, 366.
CiiASSAGNH (de la). Pliylloxcra, 169.
Cloquet. Attacus Perniji, 256.
— ■ Soija Idspida, 257.
Clos (le D"'). Acclimatation du Nandou
en France, 3, 473.
CoiGNARi». Céréop^es, 261.
Colombier. Acclimatation en Gochin-
chine, 41.
Comité central d'exposition de la
RÉUNION. Accliaialation dans la co-
lonie, 42.
— • Maladie du Café, 249.
— Extraction des fibres textiles, 249.
— Arbres à Caoutchouc, 250.
— Chapeaux de Panama, 250.
CoNFÉVRON (de). Mœurs des Cigales et
des Sphcx, 126.
— Vigne et Phylloxéra, 188.
— Loi sur lâchasse, 252,471.
— Arbres fruitiers, 260.
— Pourriture des Pommes de terre,
267.
— Sur les Luzernes, 267.
— Arrivée des Oiseaux de passage,
353.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES xVUTEURS.
751
CoRFÉvRox(De). Surl'eaude mer, 477.
CoRNÉLY (J.)- Sur le Porcula Salviani,
471.
CossoN (D''). Sur le curage à franc
bord, 263.
— Riimie, 348.
CouTASCE (A.). Action biologique des
sels do l'cMU de mer, 98.
Croq. Perdrix rouye, 52.
Dareste. Monstruosités, 59, 60, 176,
178, 182, 248.
— Eludes expérimentales sur l'incu-
bation, 137.
— Sur l'incubation d'œufs de Casoar,
262.
Daitreville. Poudre toni-nutritive,
183.
Decroix. Destruction des Sauterelles,
113, 114.
— ei Grisard (Jules). Sur le Noyer
Pacanier et autres Noyers améri-
cains, 751.
— Sur la farine de Cocotier, 178,
573.
Delalasde (Jules). Canja olivwformis,
176.
Delannoy (Jules). Perdrix grises et vo-
lailles de Langslian, 477.
Delaurier aîné. ÉduLations d'Oiseaux
exotiques, 251, 689.
Delgrange. Goura coronatn^ 108.
— Piïciculture, 110.
Després. Piscicul ure, 165.
Directeur de l'École d'Agriculture
de Grignox. Sériciculture, 723.
Directeur du Jardin Zoologique de
Marseille. Cultures de Soya et de
Riz sec, 56.
— Reproduction des Euplocomus eryp-
throphtalmus , 476.
DoucHY. Essai d'acclimatation del'..!^-
tacus Pernyi, 703.
Dufort (Aimé). Bibliographie. — A'o-
tices et analyses.
— De l'action du froid sur- les végé-
taux, par M. Cb. Baltet, 206.
— La Cbasse par Giraudeau, Lelièvre
et Soudée, 207.
— Culture et exploitatiou des arbres,
par Antonio Roussel, 622.
— Le Baromètre appliqué à la pré\i-
sioa du temps, parJ.-R. Plumandon,
367.
— La Pèclie à toutes les ligues, pur
Jobn Fiscber, 686.
Dufort. Publications nouvelles, 208,
(324, 688.
Dyrowski (Jean). Sur la Bardane du
Japon, 178, 445.
■ — Eldïs Guiueensis, 179.
Dybowski (Xav.). Albinisme, 195.
— Sections. Procès-verban.x :
Séance du 23 janvier 1883, 125.
— 27 février, 198.
3 avril, 276.
— l^i' mai, 362.
EsTERNO (vicomte d'). Irrigations, 190.
— Sections. Procès-verbaux:
Séance du 13 mars 1883, 361.
Evrard (le R. P.). Envoi d'Érables du
Japon, 356.
Fallou. Attacus Pernyi, 127, 266,
363.
— Observations sur un Lépidoptère
hétérocère séricigène, 318.
— Sur une éducation de V Attacus
Pernyi faite dans la forêt de Sénart,
552.
Favs (de). Épcronniers chinquis, 261.
Fiennes (d ■). Destruction des Loutres,
196, 433.
Fleury. Cultures, 618.
— Volailles Dorking, 261.
FoRNtT. Incubation, 59.
— Monstruosités, 59.
Garnot. Canard du Labrador, 44.
Gauthier. Sur !■ Ki/ de montagne,
558.
Gautier (Jules). Rapport au nom de
la Commission de la chasse, 129.
— Enquête sur la Chèvre, 209, 360.
— Sections. Prorès-verbaux :
Séance du 13 février 1833, 193.
— 21 — 196.
— 13 mars, 273.
— 17 avrU, 360.
Gentil (Amb.). Note sur la présence
de la Grémille commune dans la
Sartlie, 557.
— Saumon de Californie, 721.
Geoffroy Saint - Hilaire. Dépôt de
documents, 57, 118.
— Dépôt de graines, 118.
— Eucalyptus, 58.
— Criquets et Hanneton.% 114.
— Croisements, 119.
— Farine de Cocotier, 179.
— Cerfs-Cochons et autres, 193.
— Sur les importations d'animaux de
M. Jamracli, 268.
752
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
Geoffroy Sai>'T-Hilaire. Sur le Por-
cula Salviani, 268.
— Observations sur l'incubation arti-
ficielle, 361.
— Raniie, 343, 348.
— Rhubarbe hybride, 72/i.
— Situation tinancière du Jardin
zoolo^iqiie d'Acclimatation, 729.
Gilbert (A.). Balsamine géante, 712.
Girard (Maurice). Criquet voyageur,
lU.
— Phylloxéra, 126, 198, 276.
— Trombidion, 126.
— Reproduciioii du Ouistiti, 270.
— Conférences sur le Phylloxéra, 276.
— Appareils lumineux pour capturer
les insectes, 359.
— Éléments de Zoologie, par le doc-
teur Henri Sicard, Notice biblio-
grapJdque, 483.
uNECCHi (Giuseppe). Sur la Téosiulé,
167.
GooDE (G. Brown). Sur la reproduc-
tion artificielle des Huîtres, 710.
GoBRV-BouTEAU. Oiscaux migrateurs,
709.
Gouverneur de la Gochinchine. Accli-
niatation dans la colonie, 41.
Gouverneur de la Nouvelle-Calédonie.
Acclimatation dans la colonie, 354.
Grisard (Jules). Le Colin de Virginie, 61.
— et Decroix. Sur le Noyer Pacanier
et autres Noyers américains, 157.
— Arbres à Caoutchouc, 277, 304.
— Curludovica palmata, 21%.
— Séances générales. Procès-verbaux :
Séance du 27 avril 1883, 264.
— 11 mai, 352.
— 8 juin, 423.
— Conseils. Procès-verbaux :
Séance du 20 juillet 1883, 468.
— 7 septembre, 614,
— 30 novembre, 708.
— Sections. Procès-verbaux :
Séance du 30 janvier 1883, 127.
— 6 mars, 200.
— 10 avril, 277.
— 8 mai, 363.
Halloy (Léon d'). Pisciculture, 186,
Hedde (Auguste), Pisciculture, 110.
HÉDiARD. Montée d'Anguilles, 168.
— Farine et autres produits tirés
du Cocotier, 178, 179.
— Ignames, 180.
— Végétaux divers, 201, 280.
HÉDIARD. Écrevisse, 273.
— Pisciculture, 275.
Hervey de Saint-Denvs (marquis d').
Talégalie, 184.
Hignet. Sériciculture, 54, IH, 165.
Hlet. Note sur les naissances, dons
et acquisitions du Muséum, 95,
323, 609.
Hlin. Gelées printanièrcs, 356.
— Éducation de l'hybride dcuAttacus
Rojjlei elPernijij et d'Actias selene,
463.
Ingénieur des ponts et chaussées à
Guéret. Salmo namaycusJi, 266.
Jacquemart (Ad.). Saumon de Cali-
fornie, 108.
Jacquemix (F.). Haies fruitières, 189.
Jamracu (William). Animaux exoti-
ques, 717.
Jeanxel (le D--). Cultures 020, 621.
JoLY. Jugluns nigra, 725.
JouRDAN. Volailles de Langshan, 52.
Julien. Canard du Labrador, 108.
— Pisciculture, 353.
Kiexer. Cobaye, 116, 184.
La Perre de Roo. Monographie des
Pigeons domestiques, 118.
Lagraxge. Faisan doré, 614.
Lataste. Sur l'acclimatation et la do-
mestication du Dipodillus Simoni
Lat., 369.
Latour-Marliac. Bambous, 56.
Lavenère. Notes sur l'élevage des Au-
truches dans l'Afrique australe, 450.
Lefebvre (Alph.). Omble hermaphro-
dite, 722.
Lefebvre. Cheptel de Pigeons bou-
lants, 185.
Le Pelletier. Cerfs-Cochons, 618.
Leroy (Abel). Repeuplement des cours
d'eau, 187, 426.
Leroy (Ernest). Sur la Perdrix per-
cheuseduBoutan,184,251,424,497.
Lespinasse. Farine de Cocotier, 181.
— Monstruosités, 182.
Ligue du reboisement en Algérie. Sur
ses travaux, 42.
Lorgeril (comte de). Araucaria et
Séquoia^ 355.
— Destruction du Puceron lanigère et
du Phylloxéra, 428.
Louis. Établissement de pisciculture
de Gouville, 53.
Mairet (A.). Aviculture, 171.
Maisonseuve. Paddas, 261.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
753
Maisonnecve. Nourriture artificielle
pour oiseaux de luxe, 265.
Martial. Pisciculture, 173.
Maslieurat - Lagé MARD. Pisciculturc,
616.
MASSON(A.).V'égétaux du Canada, 11 2.
Masson (N.). Cobaye, 116, 360.
Mathey. Cheptel de volailles Dorking,
185.
— Cultures, 619, 713.
MÉNAHD (Saint-Yves). Fait curieux de
lactation prolongée, 50.
— Appareil pour le soufrage des Vi-
gnes, 169.
— Origine de certaines races, 177,
182.
— Tourteaux de Cocotier, 179.
— Enquête sur la Chèvre, 19^.
— Albinisme, 195.
— Incubation d'œufs de Casoar, 262.
— Gelées printanières, 357.
— Sur le Porcula Salvia/ii, 359.
Mène (le D'' Edouard). Des productions
végétales du Japon, 68, û02, 579.
Mercier (L. ). Acclimatation du Nan-
dou en France, 5.
Merlato (Lucien). La viande d'Autru-
che au point de vue alimentaire, 8.
— Chaleur développée par l'embryon
pendant l'incubation, 11.
— Incubation artificielle des œufs
d'Autruche, 251, 266.
MiCHON. Raniie, 337, 343, 349.
Millet. Monstruosités, 58, 113.
— Destruction des Sauterelles, 113.
— Rogne de Criquets, 114.
— Nourriture des Becs-Fins, 114.
— Sur une nouvelle Perdrix grise,
122.
— Maladies des Écrevissts, 124,728.
— Happort de la Commission de la
Chasse, 181.
— Irrigations, 190.
^ Des riiction de la Loutre, 197.
— Échelles à Saumons, 198.
— Mcdidie des Pommes déterre, 201.
— PlantutidU des routes, 202.
— Réserves à Poissons, 263.
— Surveillance des rivières, 274.
— Montée d'Anguilles, 358.
— Desiruction des Hannetons, 358,
365.
Ministre d^s Tfasanx pui)lics. Envois
d'œufs de Poisson laits par la So-
ciété, 171.
MoNTLEzux (comte de). Notes sur le
Canard Casarka, 65.
MoREAU (D"^ H.). Observations sur
l'hygiène des basses-cours et des
volières, 438.
— Viticulture, 725.
MuizoN (Maurice de). Canard du La-
brador, 44.
Nardy. Floraison du Dasylirion Ion-
gifolium^ 4'81.
Naudin. Cultures à essayer à Ouargla,
43.
— Quelques mots au sujet des Chéno-
podées d'Australie, 678.
— Eucalyptus et Cytisus, 682.
Nelson-Pautier, Résistance vitale du
Lapin, 45.
Neukomm. Chèvres et Bouquetins, 431.
Noordhoeck-Hegt. Pisciculture, 428,
616.
Orban (Albert). Arrivée des Oiseaux
de passage, 164.
OuNOus (Léo d'). Cultures, 711.
Paillieux. Culture expérimentale de
plantes chinoises, 21.
— Nouvelle composition de Pickles.
235, 279.
— Sur le Daikon, 279.
— Plantes diverses, 364.
— Vers blancs, 366.
Patard-Chatelain. Lapin angora, 709.
Pavie (Théodore). Sur les Oiseaux mi-
grateurs, 425.
— Tortue terrestre, 426.
— Remarques sur le Pacanier et le
Caiya, 429.
Pays-Mellier. Acclimatation du Nan-
dou en France, 3.
— Reproduction du Singe Ouistiti et
du Porc-Épic, 265.
Perny (M9''). Vers à soie du Chêne,
111.
Pebrin (Gustave). Pisciculture en
Chine, 721.
Persin. Cerfs-Cochons, 183.
Pkan\enschmid. Nourriture artificielle
pour les Oiseaux, 195.
Prlns (>e marqi.is de). Admission de
la Clièvre dans les concours, 42.
— Albinisme, 195.
Rabé (DM. Oies d'Egyp'é, 252.
Rathelot. Pisciculture, 165.
Raveret- Wattel. Pisciculture, 48,
50, 168, 173.
— Sur le Sandre, 48.
3" SÉRIE, t. N. — Décembre 1883.
-18
754
SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
Raveret-Wattel. Sur le Salmo Car-
pio et rOmble-Chevalier, 53.
— Dépôt de documents, 57, 167.
— Eucalyptus, 57.
— Cirichona, 58.
— Sur les Coregonus marœna et al-
bula, 109.
— Monstruosilés, 113.
— Utilisation des Criquets voyageurs,
113.
— Saumon de Californie, 124.
— Maladie des Ecrevisses, 125.
— et Bartet. Reproduction du Sau-
mon de Californie à l'Aquarium du
Trocadéro, 205.
— Les irrigations au point de vue de
la conservation du Poisson, 231.
— Echelles à Saumons, 197,274.
— L'Etablissement de pisciculture
d'Ettelbruck, 695.
— Nourriture pour jeunesalevins, 275.
— Saumon, 617.
— Rapport sur la situation de la pis-
ciculture à l'étranger, 289, 508,
638.
— Séances générales.
Procès-verbaux :
Séance du 5 janvier, 40.
— • 19 — 50.
— 2 février, 107,
— 16 115.
— 2 mars, 163.
— 16 — 170.
— 30 — 181.
— 13 avril, 247.
— 25 mai xv-xviii.
— 7 décembre, 716.
Régisseur de l'Etablissement de pisci-
culture de Bouzey, 110, 186.
Renard (Ed.). Essais de culture du
Riz, 269.
Renaut. La Ramie, 327.
Renouahd (Ch.). Pisciculture, 173.
Reynal (L.). Sur l'Oïdium, 478.
RivoiRON. Pisciculture, 427, 710.
Rochemacé (de la). Chêne à feuillaison
précoce, 267.
— Chèvre des iles Wallis, 469.
Rogeron. Sur le Cygne de Bewick,
116, 220.
— Croisements de Canards, 569, 717.
RoMANET DU Caillaud. Vigues chi-
noises, 259, 711.
Saint-Quentin (de). Cultures, 259.
Sanford. Sur le Pacanier, 49, 118.
Selys-Longchamps (baron de). Repeu-
plenipnt des cours d'eau en Bel-
gique, 143.
Sémallé (René de). Chat monstrueux,
182.
— Pisciculture, 190.
SicARD (le D"" A.). Pisciculture, 720.
Simon (M""^ veuve). Attacus Pernyi,
174.
Société Linnéenne du Nord de la
France. Pisciculture, 46.
Sturne (Gustave). Couveuses artifi-
cielles, 122.
— Sections. Procès-verbaux :
Séance du 9 janvier 1883, 122.
— du 13 février, 194.
Tardieu (D"-). Ramie, 356, 726.
Théry (André). Sur la Chèvre du
Thibet, 470.
Valéry-Mayet. Saumon de Californie,
723.
Vallières (des). Pisciculture, 426.
Vauvert de Méan (A.). Culture des
Eucalyptus en Californie, 286.
Vavin (Eug.). Sur la rage, 50.
— Végétaux divers, 117.
— Maladie des Pommes de terre, 270.
— • Sur le Pliy salis edulis, 278.
Vidal (Léon). Sections. Procès-verbal
du 16 janvier, 123.
Vigour. Lophophores, 719.
Wailly (Alf ). Vers à soie, 258.
— Educations de Bombyciens sérici-
gènes faites à Londres en 1882,
625.
Weil. Euplocomui erythrophtalmus,
476.
WoLBOCK (vicomte de). Ostréiculture,
188.
Xambeu. Volailles de la Campine, 712.
fin de L\ TARLE ALPHABKTIyUE DES AUTEURS.
INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX
MENTIONNES DANS CE VOLUME.
Actias luna, 631-632.
— selene, 466.
Anguille, 168, 358.
Animaux, xxxvilvi, 95-97, 176-178,
268-269, 323-326, 359, 472-473,
483-496, 609-613, 717.
Antherœa Frithii, 318-322.
Antilope, 323.
Attacus Cynthia, voy. Ver à soie de
l'Ailanie.
— Pernyi, voy. Ver à soie du Chêne
de Chine.
— Roylei, 463-466, 629-630, 632-
637.
Autruche, 8-20, 251, 263, 362, 450-
462.
Bœuf, 182.
Bouquetin, 431-432.
Canard, 44-45, 65-67, 108, 119,
569-572, 717-719.
Carpe, 190.
Casoar, 176, 203-204, 262, 362.
Géréopse, 261.
Gerf-Cochou, 183-184, 193-194,
618.
Chèvre, 42-43, 194, 209-219, 360,
431-432,469-471.
Chevrette, 354.
Cigale, 126.
Circula trifenestratcl^ 630.
Cobaye, 116, 121, 184.
Cochon d'Inde, voy. Cobaye.
Colin de Virginie, 61.
Colombe, 685, 693.
Co7-eyonus, 109-110, 117.
Criquet voyageur, 113-114.
Cygne de Bewick, 116, 220-230.
Dipodillus Simnni, 369-396.
Ecrevisse, 124-125, 273, 728.
Epcrlan, 47.
Eperonnier, 261 .
Euploconms, 476-477,611.
Faisan, 172, 438-444, 615-616, 691.
Gerboise, 194.
Gnou, 95-96.
Goura, 108, 171-172.
Grémille, 557-558.
Hanneton, 114, 358-359, 365-366,
Huître, 710.
Insectes, 359.
Kob, 96.
Lapin, 45-46, 709.
Lophophore, 689-690, 719.
Loup, 472.
Loutre, 196-197, 433-437.
Macropode, 47.
Mollusques, 101-105.
Nandou, 1-7, 473-476.
Oies, 252, 325.
Oiseaux, 120, 122, 137-142, 164, 195,
248, 251-252, 262-263, 265-266,
268, 325-326, 353, 361-362, 425-
426, 438-444, 611-613, 694, 709.
Omble-Chevalier, 46-47, 53, 54, 722.
Padda, 261-262.
l'alourde, 101-105.
Perdrix, 52, 122-123, 184-185, 251,
268, 424-425, 477, 497-507.
Perruche, 397-401, 691-693.
Phylloxéra, 35-39, 126, 169, 188-
189, 198-199, 276-277, 429.
Pigeon, 118-119, 185-186.
Pintade vulturine, 690.
Poissons (Pisciculture), 46, 48, 50 52
54, 58-59, 108, 109, ll'o 113'
117,143-156, 165, 168,l7l', 173-
174, 186-188, 190, 231-234, 263-
264, 273-276, 289-317, 353, 354,
426-428, 508-551, 616-618, 638-^
677, 686-688, 695-702, 710-711
720-721, 721-722.
Porc-cpic, 265.
Porcula Salviani, 268-269, 359, 471 .
Poule, voy. Volailles.
Poule nègre, 616.
Puceron lanigère, 428.
Rat, 116, 184, 360.
Sandre, 48-49.
756
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
Saumon, 47, 54, 108, 123124, 165,
168, 197-198,205, 266, 274, 426-
428, 616-618, 721, 723.
Sauterelle, 113, 114.
Singe Ouistiti, 265, 270, 360.
Sphex, 126.
Talégalle, 184, 611-612.
Telea polyphemus, 631.
Tortues, 426.
Tragopan, 690-691.
Trombidion, 126.
Truite, 47, 53, 54.
Vache, 50,
Venus, 101-105.
Vers à soie, 55-50, 258, 625-637.
Ver à soie de l'Allante, 54-55, 111-
112.
Ver à soie du Chêne de Chine, 54-55,
111, 112, 127, 165-166,174,256-
257, 266-267, 363, 463-466, 552-
556, 632-637, 703-707.
Ver à soie du Mûrier, 723.
Vers blancs, 366.
Volailles{Coqs et Poules), 52, 59, 185,
261, 361, 477, 616,712.
FIN DE l'index alphabétique DES ANIMAUX.
INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX
MENTIONNÉS DANS CE VOLUME.
Acacia, 621.
Amomum, 242-244.
Aralia, 21-22.
Araucaria imbricata, 355.
Arbres à Caoutchouc, 250, 277-278,
364.
Arracacha esculenta, 117-118.
Balsamine géante, 63, 167, 712.
Banabou, 56, 174-175,175-176, 621.
Bardane du Japon, 178, 181, 445-
449.
Benincasa cérifère, 364.
Broussonetia, 594-598.
Café, 249.
Capucine tubéreuse, 244-246.
Carabassette, 280.
Carya olivœfoiinis , voy. Pacanier.
Carludovica palmata, 250, 278.
Chamœrops, 175.
Chêne, 267, 270.
China grass, voy. Ramie.
Chénopodées, 678-681.
Cinchona, 58.
Cocotier, 178-180, 181, 573-578.
Concombre, 26, 239-241, 280.
Courge, 23.
Cytisus proliferus, 259, 682-683.
Daikon, 279-280.
Dasylirion longifolium, 481-482.
Dioscorea, voy. Igname.
Etais Guineensis, 179.
Eleocharis, 22.
Eiable, 356.
Erylhronium, 86.
Euralyptus, 57, 58, 286-288, 620-
621, 682.
— rostrata, 57-58.
Fève, 620.
Figuier, 711-712.
Fritillaria, 92-93.
Funkia, 89-91.
Hae-Téou, 713-714.
Haricot radié, 26-28.
Hemerocallis, 87-89.
Hibiscus esculentus, 211 .
Igname, 180.
Impatiens, 63.
Jugians nigra, 620, 725.
Kuzu, 28-31.
Liane-torchon, 364.
Lis, 68-94.
Loza, 50.
Luzerne, 267-268.
Magnoliacées, 402-408.
Malvacées, 409-421.
Melateuca, 259.
Menacées, 421-422.
Ménispermées, 579-580.
Melon, 23-26, 112-113, 280-281,
713.
Mimosa scandent, 280.
Miôga, 242-244, 365.
Morées, 580-598.
Moutarde, 31-32.
Musacées, 598-600.
Myricées, 601-602.
Myrsinées, 602.
Myrtacées, 603-604.
Noisetier, 282-285.
Noyer, 157-162.
Nymphaeacées, 604-608.
Oïdium, 478.
Oignon Catawissa, 235-239, 365.
Orithya,^!.
Ortie de Chine, voy. Ramie.
Pacanier, 49, 118, 128, 157-162, 176,
429-430.
Pé-tsiiï de Mongolie, 33-34, 364.
Phaseolus 7'a(liatus, 26-28.
Pliysnlis edulis, 278-279.
— Peruviana, 280, 364.
Piment, 281.
Poire, 118.
Pommes de terre, 20) , 267,270,619.
l'suralea, 259.
Pueraria, 28-31.
758
SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
Radis du Japon, 619-620.
Ramie, 166, 327-351, 356, 726-727.
Rhamnus utilis, 50.
Rhubarbe, 724.
Riz, 56, 269, 558-560.
Séquoia giguntea, 355.
Soya, 26, 49, 56-57, 257-258, 713-
714.
Spinovitis, 618-619.
Stachys affinis, 32-33, 246, 279, 365.
Téosinté, 167.
Topinambour, 112.
Végétaux, 41, 43-44, 49-50, 68-94,
128, 189, 200-202, 206, 249-250,
260-261,279, 280, 365, 622-624,
684-685.
Vigne, 64, 169, 188-189, 198-199,
259-260, 280, 356-357, 711, 724-
725, 726.
FIN DE LA TABLE ALPHABETIQUE DES VÉGÉTAUX.
TABLE DES MATIÈRES
DOCUMENTS RELATIFS A LA SOCIETE.
Or$;aiiisation pour l'année tSAS.
Conseil d'administration
Délégués de la Société en France et à l'étranger vu
Commission de publication vu
— des cheptels vu
— des finances vu
— médicale viu
— permanente des récompenses vui
Bureaux des sections vni
Vingt-huitième liste supplémentaire des Membres ix
VINGT-SIXIÈME SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
Procès-verbal de la vingt-sixième séance publique annuelle, tenue le
25 mai 1883, dans la salle du théâtre du Vaudeville xv
Prix extraordinaires encore à. décerner.
Généralités xix-xx
Prix de 1000 francs fondé par M. Bérend xix
— perpétuel fondé par feu M""" Guérineatj, née Delalande.. . . xx
— fondé par feu Agron de Germigny xx
Première sectton. — Mammifères xx-xxiii
Prix perpétuel fondé par feu M™* Ad. Dutrone, née Galot.. . . xxi
Deuxième section. — Oiseaux xxiv-xxvi
Troisième section xxvii-xxx
Reptiles xxvii
Poissons XXVII
Mollusques xxix
Crustacés xxx
Quatrième section. — Insectes xxx-xxxii
Sériciculture xxx
Apiculture xxxii
Cinquième section. — Végétaux xxxii-xxxv
Prix fondé par M. Godefrov-Lebeuf xxxiii
760 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Discours prononcés à la séance.
Raoul Baron. — Sur la distribution géograpliique des animaux xxxvi
G. Raveret-Wattel. — Rapport sur les travaux de la Société en 1882. lvii
A. Geoffroy Saint-Hilaire. — Rapport sur les récompenses lxxx
GÉNÉRALITÉS.
Cheptels delà Société nationale d'Acclimatation. — Règlement et liste
des animaux et plantes qui pourront être donnés en 1884 561
HuET. — Note sur les naissances, dons et acquisitions du Muséum
d'histoire naturelle 95, 323, 609
A. GouTANCE. — Action biologique des sels de l'eau de mer 98
J. Gautier. — Rapport présenté à la Société nationale d'Acclimatation
au nom de la Commission de la chasse 129
A. Geoffroy Saint-Hilaire. — Situation financière du Jardin zoolo-
gique d'Acclimatation 729
PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES.
J. Gautier. — Enquête sur la Chèvre 209
Fernand Lataste. — Sur l'acclimatation et la domestication d'un petit
Rongeur originaire des Hauts-Plateaux algériens 369
Neukomm. — Chèvres et Bouquetins 431
De FiENNES. — Note sur la destruction des Loutres 433
DEUXIÈME SECTION. — OISEAUX.
Bérenger, D' Clos, Pays-Mellier et Mercier. — Acclimatation du
Nandou en France 1
Lucien Merlato. — La viande d'Autruche au point de vue alimentaire 8
Jules Grisard. — Le Colin de Virginie 61
Le comte de Montlezun. — Notes sur le Canard Casarka. 65
D^ Camille Dareste. — Études expérimentales sur l'incubation 137
Bouchereauï. — Incubation artificielle d'œufs de Casoar 203
Gabriel Rogeron. — Le Cygne de Bewick 220
Le marquis de Brisay. — Éducation de Perruches érythroptères 397
D' H. Moreau. — Observations et réflexions sur l'hygiène des basses-
cours et des volières spécialement destinées aux Faisans 438
La VENERE. — Notes sur Télevage, le traitement, etc., des Autruches
dans l'Afrique australe 450
E. Leroy. — Etude sur la Perdrix percheuse du Boutan {Perdix Hod-
gsoniœ) 497
Gabriel Rogeron. — Croisements de Canards 569
Colombes voyageuses 684
Delaurier aîné. — Éducations d'Oiseaux exotiques 689
TABLE DES MATIÈRES. 761
TROISIÈME SECTION. — POISSONS, CRUSTACÉS, ETC.
Baron de Selts de Longchamps. — Repeuplement des cours d'eau en
Belgique 143
Raveret-Wattel et Bartet. — Reproduction du Saumon de Califor-
nie à l'Aquarium du Trocadéro 205
C. Raveret-Wattel. — Les irrigations au point de vue de la conser-
vation du poisson 231
Rapport sur la situation de la pisciculture à l'étranger. . 289, 508, 638
Amb. Gestil. — Note sur la présence de la Grémille commune
(Acerina cernua, Sieb.) dans la Sarthe 557
Raveret-Wattel. — L'établissement de pisciculture d'Ettelbruck. . . . 695
QUATRIÈME SECTION. — INSECTES.
Louis Boctan. — Le Phylloxéra en Australie 35
J. Falloc. — Observations sur un Lépidoptère hétérocène séricigène. 318
S.-B. Hcis. — Éducations de l'hybride des Attacus Roijlei et Pernyi
et A'Adias Selene, faites en 1882 463
J. Fallou.— Sur une éducation deT^^acMî Pernyi {Guérin-Ménevillé)
faite dans la forêt de Sénart 552
Alfred Wailly. — Éducations des Bombyciens séricigènes faites à
Londres, en 1882 625
DoucHY. — Essai d'acclimalation de VAltacus Pernyi 703
CINQUIÈME SECTION. - VÉGÉTAUX.
Paillieux. — Culture expérimentale de plantes chinoises 21
De Behr. — La Balsamine géante comme plante mellifère . 63
Bernât. — Vignes de Perse 64
Edouard Mène. — Des productions végétales du Japon 68, 402, 579
E. Décrois et Jules Grisard. — Sur le noyer Pacanier (Carya olivœ-
formis) et autres noyers américains 1^ '
Paillieix. — Nouvelle composition de Pickles 235
Moïse Bertosi. — Le Noisetier -°^
Vauvert de MÉAN. — Culture des Eucalyptus en Californie 286
Renaut, Behtin et Boscni. — La Raniie 327
Jean Dybowski. — La Bardane du Japon 445
NardT. — Floraison du Dasylxrion longifoHum 481
Gavtuier. — Sur le Riz de montagne ^^^
Decrolx. — Note sur la farine de cocotier ^'3
Ch. Naudis. — Quelques mots au sujet des Chénopodées d'Australie. . 678
— Eucalyptus et Cytisus ^^^
L. Armand. — Naturalisation de végétaux en Nouvelle-Calédonie 684
762 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ.
Séance du 5 janvier 1883 ,
— 19 — — .
— 2 février — ,
— 16 — — ,
— 2 mars — ,
— 16 — — .
40
50
107
115
163
170
Séance du 30 mars 1883 181
— 13 avril — 247
— 27 — — 264
— 11 mai — 352
— 8 juin — 423
— 7 décembre— 716
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIETE.
Séance du 20 juillet 1883 468
— du 7 septembre 614
— du 30 novembre 708
PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Séance du 9 janvier 1883. 121,122
— 16 — — 123
— 23 — — 125
— 30 — — 127
— 13 février — 193, 194
— 21 — — 196
— 27 — — 198
Séancedu 6 mars 1883.
200
13 mars
—
273,
361
21 —
— .
• * • •
273
3 avril
— .
276
10 —
—
. • . .
277
17 —
—
• • • •
360
1 mai
—
• • • •
362
8 —
364
BIBLIOGRAPHIE.
Aimé Dufort. — Notices et analyses :
— De l'action du froid sur les végétaux pendant l'hiver 1879-1880,
par M. Charles Baltet 206
— La chasse, par Giraudeau, J. M. Lelièvre et G. Soudée 207
— Le baromètre appliqué à la prévision du temps, par M. J. R. Phi-
mandon 367
— Culture et exploitation des arbres, par Antonin Rousset 622
— La pêche à toutes lignes de Poissons d'eau douce, par John Fischer. 686
— Publications nouvelles 208, 624, 688
Maurice Girard. — Éléments de zoologie, par M. le D. Henri Sicard.. 483
fin DE LA TABLE DES MATIÈRES.
Le Gérant : Jules Grisard.
Imprimeries réunies. A, rue Mii;'>on, 2, Paris
m:
imm
PPiRPIIP
New York Botanical Garden Librai
3 5185 00259 9213
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