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Full text of "Bulletin de la Socit nationale d'acclimatation de France"

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BULLETIN 

DE    LA 

SOCIÉTÉ   NATIONALE 

D'ACCLIMATATION 


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'mprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris 

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BULLETIN 

DE    LA 

SOCIÉTÉ   NATIONALE 


D'ACCLIMATATION 

Fondée  le  10  février  1854 

RECONNUE  ÉTABLISSEMENT  D  UTILITÉ  PUBLIQUE 

PAR   DÉCRET   DU   26   FÉVRIER    1855 


3«     SÉRIE  —  TOIVI 

[E    X 

'NÉE 

SOGJ 

LILLE, 

1883 

TRENTIÈME     AN 

AU 

PARIS 

SIÈGE    DE    LA 

HÔTEL  LAURAGUAIS,    RUE   DE 

ÉTÉ 

19 

1883 


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SOCIETE   NATIONALE 

D'AGCLIMATATION 


I>E     FFIAIXOE 


■  ORGANISATION  POUR  L'ANNÉE  1883 

Conseil.  —  Délégués.  —  ilniiimissinns.  —  Bureaux  des  Seclions. 


CONSEIL  D'ADMINISTRATIOiN  POUR  1888 


BUFtEA.TJ 

Président. 

MM.  H.  BOULEY  (C.  ^),  Membre  de  l'Instilut  (Académie  des  sciences) 
et  de  l'Académie  de  médecine,  professeur  au  Muséum  d'his- 
toire naturelle,  inspecteur  général  des  Écoles  vétérinaires. 

Vice-présidents. 

MM.  Ernest  COSSON(0.  ^),  membre  de  rinstitut(Académie  des  sciences), 
ancien  conseiller  général,  membre  du  conseil  d'administration 
de  la  Société  botanique  de  France. 

Le  comte  d'ÉPRÉMESNlL  (^),  propriétaire. 

De  QUATREKAGES  (C.  *),  membre  de  l'Institut  (Académie  des 
sciences),  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 

Le  marquis  de  SINÉTY,  propriétaire. 

Secrétaire  général. 

M.  Albert  GEOFFROY  SAL\T-HILAIRE  (^),  directeur  du  Jardin 
zoologique  d'Acclimatation  du  Bois  de  Boulogne. 

Secrétaires. 

MM.  E.  DUPIN  (^),  Secrétaire  pour  l'intérieur,  ancien  inspecteur  des 
chemins  de  fer. 
ç;^  Maurice  GIRARD,  Secrétaire  du  Conseil,  docteur  es  sciences, 

g  C.   RAVERET-WATTEL  {Q  A.),  Secrétaire  des  séances,  sous-chef 


de  bureau  au  ministère  de  la  guerre. 
<^  P.-L.-II.  FLURY-HÉRARD  (^),  Secrétaire  pour  l'étranger,  banquier 

"""  du  corps  dipiomaliqne. 

Ou 


VI  SOCIETE   NATIONALE  D  ACCLIMATA.TION, 

Trésorier. 

M.  Saint-Yves  MÉNARD,  sous-direcleur  du  Jardin  zoologique  d'Accli 
matation  du  Bois  de  Boulogne,  professeur  à  l'École  centrale 
es  arts  et  manufactures. 

ïîSftjj  Archiviste-bibliothécaire. 

M.  Amédée  BERTHOULE,  avocat,  docteur  en  droit. 

IVIEINIBFIES    OU    OONSEIL. 

MM.  Camille  DARESTE,  docteur  es  sciences  et  en  médecine,  directeur 
du  laboratoire  de  tératologie  à  l'École  pratique  des  hautes 
études. 

Aimé  DUFORT  (^  A.),  directeur  des  domaines. 

Alfr.  GRANDIDIER  (^),  voyageur  naturaliste. 

Henri  LABARRAQUE  (^),  docteur  en  médecine,  propriétaire. 

Alph.  LA  VALLÉE  (0.^),  membre  de  la  Société  nationale  d'agri- 
culture'de  France,  président  de  la  Société  nationale  et  cen- 
trale d'horticulture  de  France. 

Edouard  MÈNE  (^),  docteur  en  médecine,  médecin  de  la  maison 
de  santé  de  Saint- Jean-de-Itieu. 

A.  MILNE  EDWARDS  (^),  membre  de  l'Institut  (Académie  des 
sciences,   professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 

P. -A.  PICHOT,  directeur  de  la  Revue  britannique. 

Edgar  ROGER,  conseiller  référendaire  à  la  Cour  des  comptes. 

Le  marquis  de  SELVE  (^),  propriétaire. 

Léon  VAILLANT  (^),  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 

Henry  de  VILMORIN  (^),  ancien  membre  du  tribunal  de  commerce 
de  la  Seine. 

Vice-présidents  honoraires. 

MM.  le  prince  Marc  de  BEAUVAU  (0.  ^),  propriétaire,  ancien  con- 
seiller général. 
RICHARD  (du  Cantal),  ancien  représentant  du  peuple,  propriétaire. 

Membres  honoraires  du  Conseil. 

MM.  Fréd.   JACQUEMART  (^),  manufacturier,  membre  de  la  Société 
nationale  d'agriculture  de  France. 
De  RUFZ  de  LAVISON  (0.  ^),  membre  de  l'Académie  de  méde- 
cine. 


Agent  général. 
M.  Jules  GRISARD  {U  A.),  gérant  des  publications  de  la  Société. 


ORGANISATION. 


Y|[ 


OËLËGUËS  DU  CONSEIL  EN  FRANCE 


Boîilogne-s.-M  ,MM.Carnier-Adam. 
Douai,  L.  Maurice. 

Le  Havre,  Henri  Dela- 

ROCHE. 


La  Roche-sur- Yon,  MM.  I).  Golrdix. 
Poitiers,  Malapert  père 

Saint-Quentin,        Theillier-Ues- 

JARD1NS. 


DELEGUES  DU  CONSEIL  A  L'ÉTRANGER 


Cernay{khm),mi.  A.  Zurcher. 
Mexico,  Ghassin. 

Milan,  Gh.  Brot. 

New-Orleans,  Ed.  Sillan. 
Odessa,  P.  de  BouRakoff. 

Pesth  (Hongrie),  Ladislas  DE  Wagner. 


Québec,  MM.  Henry  Joly   de  ïiOT- 

BIN1ÈRE. 

Rio-Janeiro,  De  Gapanë.ma 

Téhéran,  Tholozan. 

Wesserling,  Gros-Hartmann. 


COMMISSION    DE    PUBLICATION 

MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 
D'  E.  GossoN,  Vice-Président. 
E.  DuPiN,  Secrétaire  pour  l'intérieur. 
Maurice  Girard,  Secrétaire  du  Conseil. 
Raveret-Wattel,  Secrétaire  des  séances. 
Flury-Hérard,  Secrétaire  pour  l'étranger. 
Saint-Yves  Ménard,  Trésorier. 

olctur^Ed' MÈNE,  I  ^''''^''''  ^^  ^^"^^^^• 

COMMISSION  DES  CHEPTELS 

MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 


Membres  pris  dans  le  Conseil. 

MM.  Amedée  Berthoule. 
Maurice  Girard. 
Saint-Yves  Ménard. 
Docteur  Ed.  Mène, 
H.  de  Vilmorin. 


Membres  pris  dans  la  Société. 

MM.  De  Barrau  de  Muratel 
Xav.  Dybowski. 
Jules  Fallou. 
Jules  Gautier. 
Paillieux. 


COMMISSION  DES  FINANCES 
MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 


MM.  Amédée  Berthoule. 
Aimé  DuFORT. 


MM.   Eug.  DupiN. 

Saint-Yves  Ménard. 


VIII 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


COMMISSION  MÉDICALE 
MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 


MM.  E.  Hardy. 

H.  Labarraque. 
Marais. 


MM.  Edouard  3IÈNE. 

Saint-Yves  Ménard. 
Léon  Vaillant. 


COMMISSION  PERMANENTE  DES  RÉCOMPENSES 

MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 
Délégués  du  Conseil. 


MM.  H.  Labarraque. 
Amédée  Berthoule 


MM.  Raveret-Wattel. 
Marquis  de  Sinéty 

Délégués  des  sections. 

Première  section.   —  Mammifères.   —  MM 
Deuxième  section.  —  Oiseaux.  — 

Troisième  section.  —  Poissons,  etc.  — 
Quatrième  section. —  Ins'xtes.  — 

Cinquième  section. —  Végétaux.       — 


Saint- Yves  Ménard. 
C.  Millet. 
Amédée  Berthoule. 
Jules  Fallou. 
Docteur  E.  Mène. 


BUREAUX  DES  SECTIONS 


1'^  Section.  —  Maniniirèrcs. 

MM.  Geoffroy  St-Hilaire,  d.  du  Cons. 

E.  Becroix,  président. 

Saint- Yves  Ménard,  vice-président. 

Gautier,  secrétaire. 

Xav.  Dybowski,  vice-secrétaire. 

Z^  Section.  —  Oiseaux. 
MM.  Edgar  Roger,  dél.  du  Conseil. 
C.  Millet,  président. 
Baron  d'Avène,  vice-président. 
Sturne,  secrétaire. 
Vicomte  d'Esteri)o,  vice- secrétaire. 

5*^  Section. 


3'^   Section.  —  Poissons,  ete» 

MM.  L.  Vaillant,  délégué  du  Conseil 

et  président. 
DeBarrau  de  Muratel  ,vice-président. 
Banmeyer,  secrétaire. 
L.  Vidal,  vice-secrétaire. 

4*  Section.  —  Insectes. 
MM.  Maurice  Girard,delégué  du  Con- 
seil et  président. 
Jules  Fallou,  vice-président. 
A.-L.  Clément,  secrétaire. 
Xav.  Dybowski,  vice-secrétaire. 

-  végétaux. 


MM.  Alph.  LdivaWée,  délégué  du  Conseil 
Henri  de  Vilmorin,  président. 
Paillieux,  vice-président. 
Jules  Grisard,  secrétaire. 
Jean  Dybowski,  vice-secrétaire. 


YINGT-HUITIÊfflE  LISTE  SUPPLÉMENTAIRE  DES  MEMBRES 


Admissions  Jii  19  mai  1882  au  25  mai  1883. 


ACLOQUE  (André),  53,  rue  de  Lisbonne,  à  Paris. 

Allard  (Jules),  60,  rue  de  Londres,  à  Paris. 

Armet  de  LiSLE,  industriel,  à  Nogent-sur-Marne  (Seine). 

Aron  (Henri),  U,  rue  de  Grammont,  à  Paris. 

Aron  (Jules),  90,  rue  Lafayette,  à  Paris. 

Aronssohn  (Léon),  propriétaire,  à  Lagny-le-Sec  (Oise). 

Babault  de  Lépine,  à  Douvy,  près  Brézé  (Maine-et-Loire). 

Baillet  (V.),  40,  rue  de  Laborde,  à  Paris. 

Bailly  (Louis-Joseph),  chef  de  bataillon  en  retraite,  14,  rue  Charles  Laf- 

fitle,  à  Neuilly  (Seine). 
Banmeyer,  17,  rue  de  Chateaudun,  à  Paris. 
Baré  (docteur  E.),  à  Nort  (Loire-Inférieure). 

Barratt  (le  B.  A.  A.),  Glenwood  Thames  Ditton,  Surrey  (Grande-Bre- 
tagne). 
Bass  (W.-J.-M.  de),  notaire,  à  la  Haye  (Pays-Bas). 
Beauciiaine  (Gustave),  à  Châlellerault  (Vienne). 

Bellecombe  (André  de),   homme  de   lettres,  43,  rue  Jacques  Dulud,  à 
Neuilly  (Seine). 

Benoit  (^Constant),  avoué,  4,  avenue  de  l'Opéra,  à  Paris. 

Bernard  (Henri),  industriel,  à  Ambert  (Puy-de-Dôme). 

Bertheol,  7,  rue  de  Poitou,  à  Paris. 

Bertoni,  rédacteur  de  la  Revue  scientifique  suisse,  à  Loltigna,  Tessin 
(Suisse). 

Binet,  40,  rue  de  Prony,  à  Paris. 

Blancherais  (H.  de  la),  conseiller  municipal,  à  Cannes  (Alpes-Maritimes). 

Blignières  (de),  homme  de  lettres,  38,  r.  de  Longchamps,  à  Neuilly  (Seine). 

Blocmann  (Henri),  chirurgien-dentiste,  18,  rue  des  Pyramides,  à  Paris. 

Blot  (Alexandre),  tiâ,  rue  Charles  Laffitte,  à  Neuilly  (Seine). 

BoTTEY  (Louis),  propriétaire,  à  Charroux  (Vienne). 

Boursier  (Charles),  aviculteur,  à  Houdan  (Seine-et-Oise). 

BoYER-ViDAL  (J.-B.-A.),  à  Besse  (Puy-de-Dôme). 

BOYRON  (docteur  Georges),  à  Chatelus-Malvaleix  (Creuse). 

Bravard  (J. -Alfred),  maire  de  Grandrif  (Puy-de-Dôme). 

Broissia  (comte  de),  au  château  de  Neublanc,  par  Chaussin  (Jura). 

Brosse  (Gustave  de  la),  maire  de  Messeix  (Puy-de-Dôme). 

Brousset  (Pierre),  négociant,  à  Cette  (Hérault). 


X  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 


Brun  (F.-Eug.),  médecin  vétérinaire,  9,  rue  Casimir  Périer,  à  Paris. 
BUHLER  (A.-J.),  30,  rue  Vignon,  à  Paris. 

Cantrelle,  propriétaire,  10,  rue  de  la  Préfecture,  à  Beauvais  (Oise). 
Causans  (Paul  de),  au  château  de  Relibert,  par  Évaux  (Creuse). 
Choppin  (Louis),  2,  rue  Mogador  prolongée,  à  Paris. 
Clerc  (Hugues),  inspecteur  primaire  de  la  Seine,  39,  rue  Saint-Ferdi- 
nand, Paris. 
COLLiN  (A. -F.),  juge  de  paix,  à  Lussac-les- Châteaux  (Vienne). 
CoLLiNET  (Edmond),  53,  avenue  de  Neuilly,  à  Neuilly  (Seine). 
Courteille  (F.-A.),  37,  rue  Charles  Laffitte,  à  Neuilly  (Seine). 

Dalaut  (François),  43,  avenue  de  la  Grande-Armée,  à  Paris. 

Daux  (l'abbé  Emmanuel),  47,  faubourg  Sapiac,   à  Montauban  (Tarn-et 
Garonne). 

Danne  (comte  Léon  de),  37,  rue  des  Arènes,  à  Angers  (Maine-et-Loire)- 

Delaquys  (E.),  4,  rue  Favart,  à  Paris. 

Deltour  (Paul-Félix),  8,  rue  Labordère,  à  Neuilly  (Seine). 

Dequeker  (Emile),  propriétaire,  à  Bergues  (Nord). 

Uesmatte  (A.),  professeur  des  sciences  naturelles  au  lycée  Charlemagne, 
13,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris. 

Desprez  (Auguste),  265,  rue  Saint-Honoré,  à  Paris. 

Douladoure  (J.-L.),  directeur  générai  de  la  Société  la  Garantie  fédé- 
rale, 38,  rue  des  Bourdonnais,  à  Paris. 

DuBERT  (Martial),  commissaire-priseur,  20,  rue  de  Grammont,  à  Paris. 

DUBUISSON  (Eugène),  17,  rue  de  Presbourg,  à  Paris. 

DuFOURG    (André),  au  château  des  Moules,   par   Villenenve-de-Marsan 
(Landes). 

DuFRESNE  (Ernest),  greffier  de  la  justice  de  paix,  25,  rue  Jacques  Dulud, 
à  Neuilly  (Seine). 

DuJARDiN  (F.),  19,  rue  du  Marché,  à  Neuilly  (Seine). 

Dl'NAC-Pol,  propriétaire,  à  Tarascon  (Ariège). 

DuVAL,  horticulteur,  64,  rue  du  Plessis,  à  Versailles  (Seine-et-Oise). 

Du  VAL  (Gh.),  au  Parc,  commune  du  Hézo,  par  Theix  (Morbihan). 

Elmore  (Georges),  au  château  de  la  Remonte,  au  Petit-Courgain,  près 
Saint-Pierre-lez-Calais  (Pas-de-Calais). 

Favre  (Philippe),  59,  avenue  du  Houle,  à  Neuilly  (Seine). 

Feuilloy  (Gédéon),  à  Sénarpont,  par  Oisemont  (Somme). 

Forest  (Jules),  15,  rue  Marsollier,  à  Paris, 

Forestier  de  Coubert  (comte  F. -Henri  de),  au  château  de  laBoisnière, 

Châteaurenault  (Indre-et-Loire). 
FoKGEOT  (E.),  marchand  grainier,  8,  quai  de  la  Mégisserie,  à  Paris.    ■ 


LISTE   SUPPLEMENTAIRE.  XI 

FOURNIER  (E.),  apiculteur,  à  Issoire  (Puy-de-Dôme). 
Fuzier-Hermann  (Louis),  à  la  Houssière,  par  Ligueil  (Indre-et-Loire). 

Ganivet  (A.),  juge  de  paix,  à  Douvres-h-Délivrande  (Calvados). 

Gaspard  (Félix),  notaire,  à' Saint-Jean  de  Bournay  (Isère). 

GÉLiOT  (Adrien),  propriétaire,  à  Plainfaing  (Vosges). 

Gennadius,  directeur   du  Jardin  dendrologique  de  l'Etat,   à   Athènes 

(Grèce). 
Gérard  (Albert),  8,  rue  Drouot,  à  Paris. 

GouDCHAUX  (Edmond),  banquier,  52,  boulevard  Maillot,  à  Neuilly  (Seine). 
GuiLLET  (Lucien),  négociant,  9,  rue  Laftitte,  à  Paris. 

Hameau,  médecin-inspecteur,  à  Arcachon  (Gironde). 

Hernoux  (Eugène),  négociant,  211,  avenue  de  Neuilly,  à  Neuilly  (Seine). 

Heughebaert,  avocat,  à  Pecq-lez-Tournai  (Belgique). 

HiRSCH  (Isidore),  négociant,  59,  rue  Charles  Laffitte,  à  Neuilly  (Seine). 

Hiver  (A..),  à  Crouy-sur-Ourcq  (Seine-et-Marne).  .., 

HuiMIères  (F.  d'),  au  château  de  Couros,  par  Aurillac  (Cantal). 

JOLY(Ch.),  ancien  notaire,  à  Marlins-Engilbert  (Nièvre). 

Kerambrun  (Denis),  notaire,  à  Belle-Isle-en-Terre  (Côtes-du-Nord). 
Kern  (Edouard),  banquier,  7,  rue  Scribe,  à  Paris. 

Labouret,  28,  boulevard  Haussmann,  à  Paris. 

Lamy  (David),  avoué,  6,  boulevard  de  Strasbourg,  à  Paris. 

Laniol  (Jean),  à  Murât  (Cantal). 

Lataste  (Fernand),  7,  avenue  des  Gobelins,  à  Paris. 

Lecaille  (Jules),  à  Avranches  (Manche). 

Lecomte  (Henri),  8,  boulevard  Saint-Denis,  à  Paris. 

Lecoq  (Joseph),  au  château  du  Hilgny-Plogastel-Saint-Germain  (Finistère). 

Lecoq  (Louis-Ch.),  fabricant  d'horlogerie,  51,  rue  Turbigo,  à  Paris. 

Lecoq  (Th. -Auguste),  11,  rue  Perronnet,  à  Neuilly  (Seine). 

Legrand  (le  docteur  Jacques),  136,  avenue  de  Neuilly,  à  Neuilly  (Seine)» 

Lefèvre,  (Ch. -Ernest),  banquier,  15,  rue  Cuvier,  au  Cateau  (Nord). 

Lefèvre  (Joseph),  53,  avenue  de  Neuilly,  â  Neuilly  (Seine). 

Lelubez  (Grégoire),  constructeur,  59,  rue  Condorcet,  à  Paris. 

Lenglé  (Paul),  ancien  député,  29,  rue  Jacques  Dulud,  Neuilly  (Seine). 

Le  Pargneux  (Albert),   propriétaire,  au  château  de  Beauregard,  près 

Caen  (Calvados). 
Lessieux  (Henri),  manufacturier,  à  Bethel  (Ardennes). 
Letourneur  (Bené-A.),  22,  rue  de  l'Église,  à  Neuilly  (Seine). 
Leudet  (Léon),  i,  rue  Ménars,  à  Paris. 
Lezaud,  premier  président  honoraire  de  la  Cour  d'appel,  à  Limoges 

(Haute-Vienne). 


XII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

LiGNEY  (Edouard),  46,  boulevard  Magenta,  à  Paris. 
La  Ligue  du  reboisement  de  l'Algérie,  à  Alger  (Algérie). 
LoLiGOis  (Antoine),  53,  avenue  de  Neuilly,  à  Neuilly  (Seine). 
LouRADOUR-PoNTEiL  (Félix),  à  la  Jugière,  commune  de  Saint-Leomer, 

canton  de  la  Trimouille  (Vienne). 
LouvENCOURT  (.Iules  de),  négociant,  U6,  faubourg  Saint-Denis,  à  Paris. 
Lugand  (Marie-Joseph),  3,  rue  Montrosier,  à  Neuilly  (Seine). 
Lugrin  (François),  pisciculteur,  4-6,  rue  du  Ithône,  à  Genève  (Suisse). 
LUTNANN  (Lcopold),  78,  rue  Monge,  à  Paris. 

Mahieux,  Caissier  à  la  Société  de  dépôts  et  comptes  courants,  63,  ave- 
nue de  Neuilly,  Neuilly  (Seine). 

Maisonneuve  (Charles),  au  Gaudinet,  34,  chemin  de  la  Tortière,  à  Nantes 
(Loire-Inférieure). 

Mallassagne  (Pierre),  139,  avenue  de  Neuilly,  à  Neuilly  (Seine). 

Maquaire  (A.),  négociant,  5,  boulevard  de  Strasbourg,  cà  Paris. 

Marly  (Graux),  au  château  des  Roches,  à  Bièvres  (Seine-et-Oise). 

Marronnière  (Gustave  de  la),  au  château  de  la  Marronnière,  par  Aizenay 
(Vendée). 

Martin  (Biaise),  11,  rue  de  la  Chaussée,  à  Nevers  (Nièvre). 

Massias  (Gabriel),  négociant,  13,  rue  Vivienne,  à  Paris. 

Massurel  (Paul),  à  Roubaix  (Nord). 

Mengin  (Maurice),  capitaine  au  107^  de  ligne,  à  Angoulême  (Charente). 

MÉRAT  (Louis),  propriétaire,  à  Vaudes  (Aube). 

MÉTRA  (Claude),  22,  boulevard  d'Inkermann,  à  Neuilly  (Seine). 

Mollinger  (Godefroij,  à  Godesberg,  près  Bonn  (Allemagne). 

Mousset  (Pierre),  127,  avenue  de  Neuilly,  à  Neuilly  (Seine). 

Nouvel  (Georges),  au  château  de  la  Ronce,  commune  de  Fontaine-sous- 
Jouy  (Eure). 

Ogier  d'Ivry  (comte),  48,  rue  Raynouard,  à  Paris. 
Ornano  (le  comte  Ludovic  d'),  au  château  de  la  Branchoire,  par  Joué- 
lez-Tours  (Indre-et-Loire). 

Parra-Bolivar  (le  docteur),  consul  des  États-Unis  de  Venezuela,  au 
Havre  (Seine-Inférieure). 

I'auliau  (Louis-André),  9,  rue  Labordère,  à  Neuilly  (Seine). 

Pehacca  (le  comte  Mario  Hyacinto),  via  délia  Rocca,  à  Turin  (Italie). 

Perrot  (J.),  avenue  de  Déols,  à  Châteauroux  (Indre). 

Pi.MONT  (G. -P. -Laurent),  à  Vilainville,  par  Criquetot-d'Esneval  (Seine- 
Inférieure). 

PiNAUD,  négociant,  14,  rue  Magenta,  à  Asnières  (Seine). 

PoLACK  (.Iules),  189,  av.nuc  de  Neuilly,  à  Neuilly  (Seine). 


LISTE    SUPPLEMENTAIRE.  XIII 

Porte  (Etienne),  direcleur  des  courses  d'Enghien,  23,  chaussée  d'Antin, 

à  Paris. 
Pugh-Desroches,  château  de  la  Bouillie,  près  Versailles  (Seine-et-Oise). 

lUuLT  (Jules),  1  i,  rue  Demours,  à  Paris. 

Kavenez  (Louis),  91,  boulevard  Gouvion-Saint-Cyr,  à  Paris. 

Regny  (Georges  de),  à  Orgeval  (Seine-el-Oise). 

Revillon  (le  D''  Eug.),  9,  boulevard  Richard-Wallace,  à  Neuilly  (Seine). 

RiCHET,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,   15,  rue  de  l'Université, 

à  Paris. 
Rihouel  (Amédée),  conseiller  référendaire  à  la  Cour  des  comptes,  55, 

ruj  Jouffroy,  à  Paris. 
Rivière  (.1.-15.),  95,  avenue  de  Neuilly,  à  Neuilly  (Seine). 
RivoiRON  (Emile),    pisciculteur,  à  Servayette,  commune  de  Miribel-les- 

Echelles  (Isère). 
Robert  (le  docteur  H.),  à  Ligny  (Nord). 
Rocher,  66,  rue  Caumartin,  à  Paris. 

RoGERON  (Gabriel),  au  château  de  l'Arceau,  près  Angers  (Maine-et-Loire). 
Romain  (L.  Paul),  11,  avenue  de  Madrid,  à  Neuilly  (Seine). 
ROULINAT  (Charle>),  49,  rue  Charles  Laflîtle,  à  Neuilly  (Seine). 
Roulland  (Claude),  à  Geste  (Maine-et-Loire)* 
ROUSSET  (Henri),  fabricant  d'horlogerie,  51,  rue  Turbigo,  à  Paris. 
HoussEN  (Léon  de),  14,  boulevard  de  Clichy,  à  Paris. 
RouviÈRE,  ingénieur  civil,  à  Mazamet  (Tarn). 

Saffers  (Emile),  juge  au  tribunal  de  1"=  instance  de  la  Seine,  9,  rue 

Laffilte,  à  Paris. 
Saint-Georges  (vicomte  de),  au  château  de  Fragne,  par  Montluçon  (Allier), 

et  rue  Casimir  Périer,  19,  à  Paris. 
Saint-Meleuc  fils  (A.  de),  au  château  de  la  Haute-Forêt,  à  Bréal-sous- 

Montfort  (lUe-et- Vilaine). 
Sanglebceuf,  à  Chissay,  par  Montrichard  (Loir-et-Cher). 
ScELLiER  (de),  17,  rue  Parmentier,  à  Asnières  (Seine). 
Sharland  (Henry),  propriétaire,  à  La  Fontaine  Saint-Cyr,  près  Sours 

(Eure-et-Loir). 
SiREDEY  (le  docteur),  66,  rue  Charles  Laffilte,  à  Neuilly  (Seine). 
SOLLER  (Charles),  explorateur,  1,  rue  Nouvelle,  à  Paris. 

Tainturier  (Henri),  boulevard  de  la  Courterie,  à  Bar-sur-Aube  (Aube). 
Tardieu  (le  docteur),  à  Arles  (Bouches-du-Rhône). 
Tartenson  (le  docteur  A.),  10,  rue  de  Châteaudun,  à  Paris. 
Thomas  (Alcide),  à  Mèze  (Hérault). 

Trasbot  (Léopold),  professeur  de  clinique  à  l'Ecole  vétérinaire  d'Alfort 
(Seine). 


XIV  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

VanOgten,  directeur  du  jardin  zoologique  de  la  Haye  (Pays-Bas). 
ViANELLi  (Albert),  artiste  peintre,  84,  avenue  des  Champs-Elysées,  à  Paris. 
ViÉviLLE  (Etienne),  batteur  d'or,  président  de   la  chambre  syndicale, 

209,  rue  Saint-Maur,  à  Paris. 
ViGNAUX  (Alphonse),  propriétaire,  à  Saint-Sauvy,  par  Gimont  (Gers). 
ViGOUR  (Jules),  notaire,  à  Saint-Servan  (lUe-et-Vilaine). 
ViGUiER  (Paul),  ancien  président  du  Conseil  général  de  Constantine,  17, 

quai  Voltaire,  à  Paris. 
Vjncendon-Dumoulin,  vice-président  de  la  Société  d'agriculture  de  Saint- 

Marcellin  (Isère). 
ViOT  (A.),  ancien  notaire,  62,  rue  Charles  Laffitte,  à  Neuilly  (Seine). 

Walker  (Georges),  consul  général  des  États-Unis  d'Amérique,  3,  rue 

Scribe,  à  Paris. 
Weytland,  clerc  de  notaire,  à  la  Haye  (Pays-Bas). 

YzAC  (Louis),  83,  avenue  de  Neuilly,  à  Neuilly  (Seine). 

Zammann  (Félix),  au  château  de  Vasseyes,  par  Hannut  (Belgique). 
Zenk,  à  Wurzbourg  (Bavière). 


VINGT-SIXIÈME  SÉANCE  PUBLIQUE  ANNUELLE 

DE  DISTRIBUTION  DES  RÉCOMPENSES 

DE  LA 

SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'ACCLIMATATION  DE    FRANCE 


PROGÈS-YERBAL 

La  Société  nationale  d'Acclimatation  de  France  a  tenu  sa 
vingt-sixième  séance  publique  annuelle  de  distribution  des 
récompenses,  le  vendredi  25  mai  1883,  dans  la  salle  du 
théâtre  du  Vaudeville,  sous  la  présidence  de  M.  H.  Bouley, 
membre  de  l'Institut,  président  de  la  Société. 

Sur  l'estrade  avaient  pris  place  MM.  les  membres  du  Conseil, 
les  membres  du  bureau  des  diverses  Sections,  les  membres 
de  la  Commission  des  récompenses,  et  un  grand  nombre  de 
notabilités  françaises  et  étrangères. 

Une  très  nombreuse  et  très  brillante  assemblée  occupait  la 
salle. 

L'orchestre  du  Jardin  d'Acclimatation,  dirigé  parM.Mayeur 
(de  l'Opéra),  prêtait  son  concours  à  cette  solennité. 

La  séance  a  été  ouverte  par  M.  Bouley  qui  s'est  exprimé  en- 
ces  termes: 

Mesdames  et  Messieurs, 

«  La  Société  d'Acclimatation  tient  aujourd'hui  sa  vingt- 
sixième  séance  annuelle,  mais  ce  chiffre  ne  donne  pas  la  mesure 
de  son  âge  réel.  Il  y  aura  bientôt  trente  ans  que  M.  Isidore 
Geofîroy-Saint-Hilaire  a  eu  l'heureuse  idée  de  l'instituer,  et  si 
la  mort  ne  lui  a  pas  permis  de  présider  longtemps  à  son  œuvre, 
il  a  trouvé  dans  son  fils,  notre  affectionné  secrétaire  général, 
le  continuateur  de  sa  pensée.  M.  Alb.  Geofïroy-Saint-Hiiaire 
s'est  consacré  tout  entier  à  la  Société  d'Acclimatation  et  il  s'est 
fait  un  pieux  devoir  de  son  succès. 


XVI  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

»  A-t-elle  satisfait  aux  intentions  de  son  illustre  fondateur? 
Pour  répondre  à  cette  question,  elle  n'a  qu'à  présenter  les 
29  volumes  de  ses  Bulletins,  pleins  de  mémoires  scientifiques, 
de  faits  d'observation,  de  résultats  d'expérience  sur  une  foule 
de  questions  relatives  à  la  biologie,  c'est-à-dire  embrassant 
tout  à  la  fois  le  règne  animal  et  le  règne  végétal  dans  toutes 
les  parties  du  monde. 

))  Je  crois  qu'au  point  de  vue  du  nombre  et  de  l'importance 
de  ses  travaux,  la  Société  d'Acclimatation  occupe  un  rang  élevé 
parmi  les  sociétés  qui  ont  pour  objet  la  science  et  ses  applica- 
tions à  la  pratique. 

»  Ce  qui  la  caractérise,  c'est  qu'elle  est  toujours  ouverte  à 
toutes  les  bonnes  volontés,  à  toutes  les  bonnes  intentions,  à 
toutes  les  activités  qui  se  proposent  de  contribuer  aux  pro- 
grès de  la  science. 

»  De  là  son  rajeunissement  perpétuel.  Ceux  qui  ont  vieilli  et 
n'ont  plus  leur  fécondité  d'autrefois,  ne  ferment  pas  la  porte 
aux  jeunes.  Tout  le  monde  a  la  liberté  d'apporter  ce  qu'il  peut 

de  concours. 

»  Les  uns,  leur  subvention  pour  aider  au  mouvement  parce 
grand  et  indispensable  ressort  que  l'argent  constitue;  les 
autres,  avec  leur  subvention,  leur  collaboration  active,  pour 
l'éclaircissement  et  la  solution  de  toutes  les  questions  scien- 
:  tifiques  et  pratiques  que  comporte  l'étude  de  l'acclimatation 
dans  ses  rapports  avec  les  deux  règnes  de  la  nature. 

)^  Pour  de  tels  résultats,  on  ne  saurait  avoir  trop  de  res- 
sources. 

»  Considérez,  en  effet,  combien  le  programme  de  la  Société 

est  étendu  et  vise  un  but  élevé  : 

»  Rechercher  les  espèces  animales  et  végétales  nouvelles  dont 

on  pourrait  faire  bénéficier  notre  pays;  les  étudier  pour  con- 
naître le  climat  auquel  elles  s'adaptent  le  mieux;  les  mettre 
dans  les  conditions  les  plus  convenables  pour  leur  développe- 
ment, leur  reproduction,  leur  naturalisation. 

»  Puis  cette  première  partie  du  problème  résolu,  les  ré- 
pandre en  ayant  soin  de  bien  choisir  les  régions  de  la  France 
qui  leur  conviennent  le  mieux  par  leurs  rapports  de  simili- 


PROCÈS-VERBAL    DE    LA    SÉANCE  PUBLIQUE   ANNUELLE.       XVII 

tude  avec  les  régions  dont  les  espèces  qu'il  s'agit  d'acclimater 
sont  originaires. 

»  Grave  problème  et  difficile,  pour  la  solution  duquel  tous 
les  concours  sont  nécessaires.  Les  plus  humbles  peuvent  y 
contribuer  aussi  bien  que  les  plus  illustres;  si  nous  avons 
besoin  de  la  science  du  savant,  le  modeste  campagnard  peut 
nous  être  aussi  grandement  utile  par  son  esprit  d'observation 
appliqué  aux  choses  de  la  nature,  dans  le  cercle  où  nous  pou- 
vons le  convier  à  faire  des  essais  soit  de  semis,  soit  d'éle- 
vage. 

»  Ce  serait  donner  à  cette  allocution  plus  de  longueur  que 
ne  le  comporte  le  temps  dont  je  dispose,  que  de  rappeler,  même 
par  une  simple  énumération,  la  longue  série  des  espèces  ani- 
males ou  végétales  de  provenance  exotique  dont  l'Europe  a 
bénéficié.  Pour  donner  une  idée  des  grands  services  que  peut 
rendre  l'acclimatation  d'une  espèce  exotique,  je  me  conten- 
terai de  citer  ici  l'introduction  récente  de  V Eucalyptus,  cet 
arbre  merveilleux  par  l'activité  de  sa  végétation.  On  peut  dire 
que  c'est  un  arbre  sanitaire  par  excellence,  car  la  puissance 
de  sa  faculté  d'absorption  est  si  grande,  qu'il  aspire,  dans  les 
terrains  humides,  l'excès  des  liquides  qui  les  imprègnent,  et 
les  répand  dans  l'atmosphère  par  la  vaporisation  de  ses  feuilles; 
on  peut  dire  qu'il  constitue  une  sorte  d'appareil  de  drainage 
par  en  haut  et  que,  grâce  à  la  perfection  de  son  fonctionne- 
ment, il  peut  rendre  habitables  pour  l'homme  les  localités 
réputées  les  plus  fécondes  en  fièvres  pernicieuses.  Si  un  jour 
la  campagne  romaine  est  délivrée  de  sa  terrible  malaria,  c'est 
«à  l'assainissement  dont  VEucalypliis  aura  été  l'instrument, 
qu'elle  le  devra  en  grande  partie.  Quelques  résultats  déjà  ob- 
tenus autorisent  cette  espérance. 

»  Voilà  une  belle  conquête  de  l'acclimatation  et  qui  doit 
être  un  encouragement  à  poursuivre  des  recherches  pour  en 
faire  de  semblables. 

«  Mais  les  éventails  que  je  vois  s'agiter  devant  moi  me  pré- 
viennent que  déjà  l'atmosphère  de  cette  salle  est  bien  chaude. 
Je  m'arrête  pour  ne  pas  trop  prolonger  la  durée  de  cette 
séance  et  je  donne  la  parole  à  mon  jeune  confrère  de  l'ensei- 

3°  SKRIE,  T.  X.  —  Séance  publique  aniuielle.  b 


XVIII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

gnement  vétérinaire,  M.  Raoul  Baron,  professeur  de  zootech- 
nie à  l'école  d'Alfort.  » 


Après  cette  allocution  vivement  applaudie  par  l'assemblée, 
M.  Raoul  Baron  a  fait  une  conlérence  fort  intéressante  sur 
«  La  distribution  géoi/rapliique  des  animaujc  dans  ses  rap- 
ports avec  V acclimatation.  » 

Enfin  M.  le  Secrétaire  général  a  présenté  le  rapport  au  nom 
de  la  Commission  des  récompenses. 

11  a  été  décerné  cette  année  : 

I  Une  médaille  d'or  offerte  par  le  Ministère  de  l'agricul- 
ture. 

2°  Une  grande  médaille  d'or  de  500  francs  (hors  classe)  à 
l'effigie  d'Isidore  Geoffroy  Saint-llilaire. 

8°  Huit  grandes  médailles  d'argent  (hors  classe)  également 
à  l'effigie  d'Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

A"  Deux  prix  extraordinaires  d'une  valeur  totale  de  mille 
francs. 

5°    Une  prime  de  deux  cents  francs. 

6°  Trente  neuf  médailles  d'argent. 

7"  Dix  médailles  de  bronze. 

8°  Sept  mentions  honorables. 

9°  Quatre  récompenses  pécuniaires  d'une  valeur  de  cinq 
cents  francs. 

iO'  Les  deux  primes  de  200  et  de  100  francs  fondées  par 
feu  Agron  de  Germigny. 

II  "  Deux  primes  de  300  francs,  deux  de  100  francs,  deux 
de  50  francs  et  deux  de  25  francs  offertes  par  l'administration 
du  Jardin  d'Acclimatation. 

Le  Secrétaire  des  séances, 
C.  Rayeret-Wattel. 


PRIX  EXTRAORDINAIRES  ENCORE  A  DÉCERNER 


GÉNÉRALITÉS 

1"  —  188*î.  —  Prix  de   1000  fVaiics  fondé 
pai*  m.  BEREIVD,  iiieinltre  de  la  Société. 

Un  prix  de  1000  francs  sera  décerné  à  l'auteur  du  meilleur  tra- 
vail faisant  connaître,  au  point  de  vue  historique  et  pratique,  les 
travaux  relatifs  à  l'acclimatation  et  les  résultats  obtenus  depuis  1854. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l*^''  déceinbro  1885. —  Prix  :  aooo  francs. 

2"  —  1S63.  —  Prix  pour  les  travaux  théoriques  relatifs  à 
l'acclimatation. 

§  I.  Les  travaux  théoriques  sur  des  questions  relatives  à  l'accli- 
matation, publiés  pendant  les  cinq  années  qui  précèdent,  pourront 
être  récompensés,  chaque  année,  par  des  prix  spéciaux  de  500  francs 
au  moins. 

La  Société  voudrait  voir  étudier  particulièrement  les  causes  qui 
peuvent  s'opposer  à  l'acclimatation,  et  les  moyens  qui  peuvent  servir 
à  prévenir  ou  à  combattre  leurs  effets. 

§11.  Il  pourra,  en  outre,  être  accordé  dans  chaque  section  des 
primes  ou  des  médailles  aux  auteurs  de  travaux  relatifs  aux  ques- 
tions dont  s'occupe  la  Société. 

Ces  travaux  devront  être  de  nature  à  servir  de  guide  dans  les  ap- 
plications pratiques  ou  propres  à  les  vulgariser. 

Les  ouvrages  (imprimés  ou  manuscrits)  devront  être  remis  à  la  Société 
avant  le  1"  décembre  de  chaque  année. 

3°  ^  1867.  —  Prix  pour  les  travaux  de  zoologie  pure,  pouvant 
servir  de  guide  dans  les  applications. 

La  Société,  voulant  encourager  les  travaux  de  zoologie  pure  (mo- 
nographies génériques,  recherches  d'anatomie  comparée,  éludes 
embryogéniques,  etc.),  qui  servent  si  souvent  de  guide  dans  les  ap- 
plications utilitaires  de  cette  science,  et  rendent  facile  l'introduction 
d'espèces  nouvelles  ou  la  multiplication  ou  le  perfectionnement  d'es- 
pèces déjà  importées,  décernera  annuellement,  s'il  y  a  lieu,  un  prix 
de  500  francs  au  moins  à  la  meilleure  monographie  de  cet  ordre 
publiée  pendant  les  cinq  années  précédentes. 

Elle  tiendra  particulièrement  compte,  dans  ses  jugements,  des 
applications  auxquelles  les  travaux  de  zoologie  pure  appelés  à  con- 

(1)  L(î  chiffre  qui  précède  l'énoncé  des  divers  prix,  indique  l'année  delà  fon- 
dation de  ces  prix.  Tous  les  prix  qui  ne  portent  pas  l'indication  d'une  fondation 
particulière  sont  fondés  par  la  Société. 


XX  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

courir  auraient  déjà  conduil,  que  ces  applications  aient  été  faites  par 
les  auteurs  de  ces  travaux  ou  par  d'autres  personnes. 

Un  exemplaire  devra  être  déposé  avant  le  1'^'"  décembre. 

4.0  _  1875.  — Des  primes  ou  médailles  pourront  ètreaccordées 
aux  personnes  qui  auront  démontré,  pratiquement  ou  théoriquement, 
les  procédés  les  plus  favorables  à  la  multiplication  et  à  la  conserva- 
tion des  animaux  essentiellement  protecteurs  des  cultures. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1885. 

50 1867.  —  Prix  perpétuel  fondé  par  fen 

m™^  G1IÉRII\EAU ,  née  DEL%L%I%DE. 

Une  grande  médaille  d'or,  à  l'efligie  d'Isidore  Geoffroy  Saint- 
Hilaire  et  destinée  à  continuer  les  fondations  faites  les  années 
précédentes,  dans  l'intention  d'honorer  la  mémoire  de  l'illustre  et 
intrépide  naturaliste  voyageur,  Pierre  Delalande,  frère  de  M'"^  Gué- 

rineau. 

Gette  médaille  sera  décernée,  en  1886,  au  voyageur  qui,  en 
Afrique  ou  en  Amérique,  aura  rendu  depuis  huit  années  le  plus  de 
services  dans  l'ordre  des  travaux  de  la  Société,  principalement  au 
point  de  vue  de  l'alimentation  de  l'homme. 

Les  pièces  relatives  à  ce  concours  devront  parvenir  à  la  Société  avant 
le  1"  décembre  1885. 

5<=  1861.  —   Primes  fondées  par  feu 

M.  AGRO]\  DE  GERIflIGIXY. 

Deux  primes,  de  200  francs  et  de  100  francs,  seront  décernées, 
chaque  année,  pour  les  bons  soins  donnés  aux  animaux  ou  aux  vé- 
gétaux, soit  au  Jardin  d'acclimatation  (200  francs),  soit  dans  les 
établissements  d'acclimatation  se  rattachant  ci  la  Société  (prime  de 
100  francs). 

Les  pièces  relatives  à  ce  concours  devront  parvenir  à  la  Société  avant 
le  1"  décembre  de  chaque  année. 

PREMIÈRE  SECTION.  —  MAMMIFÈRES 

jo  —  1864.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

11  pourra  être  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'une  valeur 
de  200  à  500  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
nouvelle  utile  ou  ornementale  d'un  réel  intérêt. 

2»  —  1870.  —  Introduction  en  France  des  belles  races  asines 
de  l'Orient. 

On  devra  faire  approuver  par  hi  Société  d'Acclimatation  les  Anes  éta- 


PRIX    EXTRAORDINAIRES.  XXI 

Ions  importés,  et  prouver  que  vingt  saillies  au  moins  ont  été  faites  dans 
l'année  par  chacun  d'eux. 
Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  looo  n-anc»*. 

30  _  1868. —  Domestication  complète,  application  à  l'agricul- 
ture ou  emploi  dans  les  villes  de  l'Hémioiie  [Eqims  Hemionus)  ou 
du  Dauw  {E.  Burchellï). 

La  domestication  suppose  la  reproduction  en  captivité. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l""^  décembre  1885.  —  Prix  :  100©  francs. 

40  _  1S67.  —  Métissage  de  l'Hémione  ou  de  ses  congénères 
(Dauw,  Zèbre,  Couagga)  avec  le  Cheval. 

On  devra  avoir  obtenu  un  ou  plusieurs  métis  âgés  au  moins  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l"''  décembre  1885.—  Prix  :  looorrancs. 

50  —  1867.  —  Propagation  des  métis  de  l'Hémione  ou  de  ses 
congénères  (Dauw,  Zèbre,  Couagga)  avec  l'Ane. 

Ce  prix  sera  décerné  à  l'éleveur  qui  aura  produit  le  plus  de  métis.  (11 
devra  en  présenter  quatre  individus  au  moins.) 

Concours  prorogé  jusqu'au  l^'  décembre  1885.  —  Prix  :  1 000  fi-anca«. 

Qo  —  1867.  — Élevage  de  rAlpaca,de  l'Alpa-Lama  et  du  Lama. 
On  devra  présenter  au   concours  douze   sujets  nés  chez  l'éleveur  ei 
âgés  d'un  an  au  moins. 
Concours  prorogé  jusqu'au  l"'"  décembre  1885.  —  Prix  :  1500  n-anci«. 

70  —  1869.  —  Prix  pcppéttiel  fonde  pai*  feu 
!ll">'Acl.  DUTROIVi:,  uéc  GALOT. 

Une  somme  annuelle  de  100  francs  sera,  tous  les  trois  ans,  con- 
vertie en  prime  de  300  francs  (ou  médaille  d'or  de  cette  valeur), 
et  décernée,  par  concours,  au  propriétaire  ou  au  fermier  qui,  en 
France  ou  en  Belgique,  aura  le  mieux  contribué  à  la  propagation  de 
la  race  bovine  désarmée  sarlabot,  créée  par  feu  M.  le  conseiller 
Ad.  Dutrône. 

Ce  prix  sera  décerné  en  188i  et  1887. 

8»  —  1873.  —  Chèvres  laitières. 

On  devra  présenter  1  Bouc  et  8  Chèvres  d'un  type  uniforme,  et  justifier 
({ue  trois  mois  après  la  parturition  les  Chèvres  donnent  3  litres  de  lait 
par  jour  et  par  tète. 

Les  concurrents  devront  présenter  un  compte  des  dépenses  et  recettes 
occasionnées  par  l'entretien  du  troupeau,  et  faire  connaître  à  quel  usage 
le  lait  a  été  employé  (lait  en  nature,  beurre,  fromage). 

Concours  ouvert  jusqu'au  l"'"  décembre  1885.  —  Prix  :  500  n-ancs. 

90 —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  du  Cerf  Wapiti  {Cervus 
Canadensis),  du  Cerf  d'Arislote  {Cervus  Arislotelis)  ou  d'une  autre 
grande  espèce. 
.    On  devra  faire  constater  la  présence  de  di.v  individus  au  moins,  nés  à 


XXII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

l'éîat  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l*''  décembre  1885.  —  Prix  :  i50o  francs. 

10^  —  ISî^l.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  du  Cerf  axis  (Cerwts  axis), 
du  Cerf  des  Moluques  (Cermis  Moluccensis)  ou  d'une  autre  espèce 
de  taille  moyenne. 

Ou  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1^''  décembre  1885. —  Prix  :  looo  n-nnes. 

Il»  —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  du  Cerf-Cochon  {Cervus 
porcinus)  ou  d'une  autre  espèce  analogue. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  déplus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  !<"•  décembre  1885. —  Prix  :  soo  francs. 

42"  —  ISî-â.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  du  Cerf  Pudu  (Cen'its 
Pudu)  ou  d'une  espèce  analogue. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  lil)erté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  50©  francs. 

43"  —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  de  l'Antilope  Canna  {Bos 
elaphus  Oreas)  ou  d'une  autre  grande  espèce. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1*'"  décembre  1885. —  Prix  :  tso©  francs. 

14,0  —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  de  l'Antilope  Nylgau  {Por- 
tax  picta)  ou  d'une  autre  espèce  de  taille  moyenne. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1^'  décembre  1885. —  Prix  :  «ooo  francs. 

15»  —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage 
(dans  un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  d'Antilopes  de  petite 
taille. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1""  décembre  1885.  —  Prix  :  soo  francs. 

16"  — 1878.  —  Introduction  en  France  de  VHydropotcs  inermis 
{Ke  ou  Cliang). 

On  devra  avoir  introduit  au  moins  trois  couples  de  Ke  ou  Chang,  et 
faire  constater  que  trois  mois  après  leur  importation,  ces  animaux  sont 
dans  de  bonnes  conditions  de  santé. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  soo  francs. 


PRIX   EXTRAORDINAIRES.  XXIII 

1 70 — 187».  —  Multiplication  en  France  de  V Hydropotes  imrmis 

(Ke  ou  Chang). 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins  âgés  de 
plus  d'un  an  et  issus  des  reproducteurs  importés. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l'''  décembre  1885.  —  Pnix  :  looo  francs. 

iS°  —  1865.  —  Domestication  en  France  du  Castor, soit  du  Ca- 
nada, soit  des  bords  du  Rhône. 

On  devra  présenter  au  moins  quatre  individus  mâles  et  femelles,  nés 
chez  le  propriétaire  et  âgés  d'un  an  au  moins. 

Concours  prorogé  jusqu'au  ["'  décembre  1885.  —  Prix  :  soo  francs. 
—  Le  prix  sera  doublé  si  l'on  présente  des  individus  de  seconde  géné- 
ration. 

IQo —  1875.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  de  Kangurous  de  grande 
espèce. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
I  'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1'^'"  décembre  1885.  —  Prix  :  «ooo  francs. 

20»  —  1875.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  eu  forêt),  de  Kangurous  de  uetite  taille. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  mouis,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1^'"  décembre  1885.  —  Prix  :  500  francs. 

21«  —  1882.  —  Multiplication  en  France  du  Lapin  géant  des 
Flandres,  à  oreilles  droites. 

On  devra  présenter  5  mâles  et  5  femelles  adultes,  nés  chez  l'éleveur, 
du  poids  moyeu  de  8  kilogrammes. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l^"''  décembre  1885.  —  Prix  :  300  francs. 

2-2"  —  188*2.  —  Alimentation  du  bétail  par  le  Téosinté  {Reana 

luxurians). 

On  devra  présenter  un  compte  établissant  le  rendement  obtenu,  en 
poids,  d'une  plantation  de  Téosinté  couvrant  au  moins  25  ares  et  fournir 
des  renseignements  circonstanciés  sur  les  avantages  ou  les  inconvénients 
que  présente  ce  mode  d'alimentation  pour  le  bétail. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  300  francs. 

23»  —  1882.  —  Alimentation  des  animaux  par  le  Soya. 

On  devra  fournir  des  renseignements  circonstanciés  sur  les  avantages 
ou  les  inconvénients  que  présente  ce  mode  d'alimentation  pour  les  ani- 
maux soit  à  l'état  vert,  soit  à  l'état  sec. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1'=''  décembre  1885.  —  Prix  :  300  francs. 


XXIV  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

DEUXIÈME  SECTION.  —  OISEAUX 

\o  —  1H<>4.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

Il  pourra  èlre  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'une  valeur 
de  200  ;"i  .^00  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
nouvelle  utile  ou  ornementale  d'un  réel  intérêt. 

20  _  1875.  —  Un  prix  de  500  francs  sera  accordé  à  l'inventeur 
d'un  genre  de  nourriture  artificielle  ou  composition  pouvant  rem- 
placer partout  et  à  un  prix  modéré  les  œufs  de  fourmis  (nymphes 
et  larves),  pour  l'élevage  des  Perdrix  et  des  Faisans.  Ou  devra 
justifier  du  plein  succès  du  procédé  et  livrer  ce  genre  de  nour- 
riture à   un  prix  qui  ne  sera  pas  plus  élevé  que  celui  des  œufs  de 

fourmis. 

Concours  ouvert  jusqu'au  \"  décembre  1885. —  Paix  :  500  francN. 

3û  _  1864.  —  Introduction  et  acclimatation  d'un  nouveau  gibier 
pris  dans  la  classe  des  Oiseaux. 
Sont  exceptées  les  espèces  qui  pourraient  ravager  les  cultures. 
On  devra  présenter  plusieurs  sujets  vivants  de  seconde  génération. 
Concours    prorogé  jusqu'au    i"  décembre   1885.  —   Prix  :   soo 

lOOO  rrancs. 

A"  —  1870.  —  Multiplication  et  propagation  en  France  ou  en 
Algérie  du  Serpentaire  (Gypogeranus  Serpentarins). 

On  devra  présenter  un  couple  de  ces  oiseaux  de  première  génération  ^ 
et  justifier  de  la  possession  du  couple  producteur  et  des  jeunes  obtenus. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Pnix  :  «ooo  francs. 

5"  —  1868.  —  Acclimatation  du  Martin  triste  (Acridotheres 
tristis)  ou  d'une  espèce  analogue,  en  Algérie  ou  dans  le  midi  de  la 
France. 

On  devra  présenter  cinq  paires  de  ces  oiseaux,  adultes,  de  seconde 
génération. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  soo  n-uncs. 

G"  —  1870.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage,  de  la 
Pintade  ordinaire  {Numida  Meleagris). 

On  devra  faire  constater  l'existence,  sur  les  terres  du  propriétaire, 
d'au  moins  quatre  compagnies  de  Pintades  de  six  individus  chacune, 
vivant  à  l'état  sauvage. 

Concours  prorogé  jusqu'au  i"  décembre  1885.  —  Prix  :  «50  n-anes. 

1° — 1875. —  Multiplication  en  France,  k  l'état  sauvage,  du 
Faisan  vénéré. 

On  devra  faire  constater  l'existence  d'au  moins  dix  jeunes  sujets  vivant 
en  liberté  et  provenant  du  couple  ou  des  couples  lâchés. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l^décendjre  1885.  —  Prix  :  soo  francs. 

8"  —  1870.  —  Création  d'une  race  de  Poules  domestiques 
pondant  de  gros  œufs. 


PRIX    EXTRAORDINAIRES.  XXV 

On  devra  présenter  au  moins  douze  Poules  de  3^  génération,  constituant 
une  race  stal)le,  et  donnant  régulièrement  des  œufs  atteignant  le  poids  de 
75  grammes.  Cette  race,  créée  parla  sélection  ou  par  croisement,  devra  pré- 
senter les  caractères  d'une  variété  de  bonne  qualité  pour  la  consommation. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  f^iux  :  500  n-ancs. 

9° —  1879.  —  Reproduction  en  captivité  du  Lophopliore  {Lo- 
phophoriis  refulgens)  en  France. 

On  devra  présenter  au  moins  six  sujets  vivants  nés  chez  le  proprié- 
taire et  issus  d'oiseaux  nés  en  Europe. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l'^''  décembre  1885.  —  Prix  :  500  francs. 

10°  —  1867.  ^  Introduction  et  multiplication  en  France,  en  par- 
quets, du  Tétras  huppecol  (Tetrao  Citpido)  de  l'Amérique  du  Nord. 

On  devra  présenter  au  moins  douze  sujets,  complètement  adultes,  nés 
et  élevés  chez  le  propriétaire. 

Concours  prorogé  jus(|u'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  î50  n-anc^i. 

Le  prix  sera  doublé  si  la  multiplication  du  Tétras  huppecol  a  été 
obtenue  en  liberté. 

il" —  1870.  —  Multiplication  en  France,  à  l'élat  sauvage,  de  la 
Perdrix  de  Ciiine  {Galloperdix  Sphenura)  ou  d'une  autre  Perdrix 
percheuse. 

On  devra  faire  constater  l'existence  d'au  moins  six  sujets  vivant  en 
liberté  et  provenant  du  ou  des  couples  lâchés. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  soo  francs. 

12°  —  187  7.  —  Importation  des  grosses  espèces  de  Colins  (ori- 
ginaires du  Mexique  et  du  Brésil)  et  des  petites  espèces  de  Tina- 
mous  de  l'Amérique  méridionale. 

On  devra  avoir  importé  au  moins  six  couples  de  ces  oiseaux  et  justifier 
que  trois  mois  après  leur  importation  ils  sont  dans  de  bonnes  conditions 
de  santé. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  — Prix  :  950  n-ancs. 

13°  —  187  7.  —  Multiplication  en  volière  des  grosses  espèces  de 
Colins  originaires  du  Mexique  et  du  Brésil,  ou  des  petites  espèces  de 
Tinamous  de  l'Amérique  méridionale. 

On  devra  présenter  dix  sujets  vivants  nés  des  oiseaux  directement  im- 
portés du  pays  d'origine. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  3«o  francs. 

14,0  __  f  881.  —  Reproduction  de  la  grande  Outarde  (^Otis  tarda) 
à  l'élat  sauvage. 

On  devra  prouver  que  trois  couples  au  moins  de  grandes  Outardes  ont 
couvé  et  élevé  leurs  jeunes  en  France,  sur  les  terres  du  propriétaire. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1'^'"  décembre  1885.  —  Prix  :  soo  francs. 

15°  —  1870.  —  Domestication  en  France  ou  en  Algérie  de  ITbis 
sacré  (Ibis  religiosa)  ou  de  l'Ibis  falcinelle  {Ibis  falcinelliis),  ou 
d'un  autre  oiseau  destructeur  des  Souris,  Insectes  et  Mollusques  nui- 
sibles dans  les  jardins. 


XXVI  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Sont  exceptées  les  espèces  qui  pourraient  ravager  les  cultures. 

On  devra  faire  constater  l'existence  de  quatre  sujets  au  moins  de  pre- 
uière  vénération,  vivant  en  liberté  autour  d'une  habitation  et  nés  de 
parents  libres  eux-mêmes  dans  la  propriété. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  5oo  n-anes. 

16° 186'?.  —  Domestication  de  l'Autruche  d'Afrique  {Strii- 

thio  camelus)  en  Europe. 

On  devra  justifier  de  la  possession  d'au  moins  six  Autruches  nées  chez 
le  propriétaire  et  âgées  d'un  an  au  moins. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1^'  décembre  1885. —  Prix  :  isoo  n-ancs. 

17» l§79.  —  Création  en  Algérie  d'une  ferme  d'Autruches. 

On  devra  être  possesseur  de  dix  couples,  au  moins,  de  reproducteurs, 
et  avoir  fait  naître  et  élever  dans  les  trois  années  précédentes  cent  jeunes 
autruchons.  Les  concurrents  ne  seront  pas  tenus  d'entretenir  chez  eux 
tous  les  jeunes  produits;  mais  ils  devront  fournir  des  documents  authen- 
tiques justifiant  de  la  destination  qui  leur  a  été  donnée. 

Les  concurrents  devront  présenter  un  compte  des  dépenses  et  recettes 
occasionnées  par  l'entretien  du  troupeau  ;  faire  connaître  la  valeur  des 
plumes  livrées  au  commerce;  les  procédés  cà  employer  pour  la  multipli- 
cation des  jeunes  (incubation  naturelle  ou  hydro-incubateurs),  et  adresser 
à  la  Société  un  rapport  circonstancié  donnant  tous  les  détails  propres  à 
l'éducation  de  l'Autruche  en  captivité. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  fooo  n-ancs. 

18"  _  1873.  _  Domestication  d'un  nouveau  Palmipède  utile. 
On  devra  présenter  au  moins  dix  sujets  vivants  de  seconde  génération 
produits  en  captivité. 
Concours  prorogé  jusqu'au  l^""  décembre  1885.  —Prix:  fooo  n-anes. 

IQo  __  1882.  —  Un  prix  de  300  francs  sera  décerné  à  l'auteur 
du  meilleur  travail  sur  les  nichoirs  artificiels  pour  la  protection  et 
la  propagation  des  espèces  d'oiseaux  qui  nichent  dans  les  creux 
ou  trous  des  arbres,  des  murailles  ou  des  rochers. 

L'auteur  devra  produire  des  modèles  de  nichoirs  en  indiquant  leur 
mode  de  construction  et  leur  prix  de  revient,  et  justifier  des  résultats 
obtenus  depuis  cinq  ans  au  moins. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  300  francs. 

20"  —  18S*i.  —  Un  prix  de  300  francs  sera  accordé  h.  l'inven- 
teur d'un  genre  de  nourriture  artificielle  ou  composition  pouvant 
remplacer  les  pâtées  fraîches,  pour  les  oiseaux  insectivores  entre- 
tenus en  volières. 

On  devra  faire  connaître  la  composition  et  le  mode  de  préparation, 
justifier  des  avantages  que  présente  l'emploi  de  cette  composition  au 
point  de  vue  de  sa  conservation,  de  ses  qualités  nutritives  cl  de  son  prix 
de  revient. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1'^''  décembre  1885.  —  Prix  :  300  n-ancs. 


PRIX    EXTRAORDINAIRES.  XXVII 

TROISIÈME  SECTION.  —  POISSONS,  MOLLUSQUES,  ETC. 
CRUSTACÉS,  ANNÉLIDES 

10  —  1864.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

11  pourra  être  accordé,  dans  cliaque  section,  des  primes  d'une  valeur 
■de  200  à  .500  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
'«nouvelle  utile  ou  ornementale  d'un  réel  intérêt. 

^0  _  1882.^—  Recherches  sur  les  propriétés  physiques  et 
chimiques  des  eaux  douces  au  point  de  vue  de  l'aquiculture. 

L'auteur  devra  faire  ressortir,  par  des  observations  et  des  analyses 
pratiques,  les  conditions  favorables  au  développement  des  diverses 
«spèces  de  Poissons,  Crustacés,  Mollusques  et  Végétaux. 

Concouî-s  ouvert  jusqu'au  !*■•  décembre  1885.  —  Prix  :  500  francs. 

3»  _  1883.  —Recherches  sur  les  propriétés  physiques  et  chi- 
miques des  eaux  de  mer  et  saumâtres  au  point  de  vue  de  l'aquicul- 
ture. 

L'auteur  devra  faire  ressortir,  par  des  observations  et  des  analyses 
pratiques,  les  conditions  favorables  au  développement  des  diverses 
^espèces  de  Poissons,  Crustacés,  Mollusques  et  Végétaux. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1^'  décembre  1885.  —  Pkix  :  500  francs. 

REPTILES 

4.0  —  1870.  — Introduction  et  multiplication  en  France  de  la 
Grenouille  bœuf  (/?awa  mugiens)  de  rAmérique  du  Nord. 

On  devra  justilier  de  la  possession  de  vingt-cinq  sujets  nés  chez  le  pro- 
.priétaire. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.—  Prix  :  S50  francs. 

POISSONS 

5"  _  1873.  —  Introduction  dans  les  eaux  douces  de  la  France 
d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Les  poissons  introduits  devront  être  au  nombre  de  vingt  au  moins  ;  on 
devra  justifier  qu'ils  ont  été  importés  depuis  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jus([u'au  l""'  décembre  1885.  —  Prix  :  5oo  francs. 

6»  —  187».  —  Acclimatation  dans  les  eaux  douces  de  la  France 
d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l'""  décembre  1885. —  Prix  :  looo  n-anes. 

7»  —  1873.  ~  Introduction  dans  les  eaux  douces  de  l'Algérie 
d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Les  poissons  introduits  devront  être  au  nombre  de  vingt  au  moins;  on 
devra  justifier  qu'ils  ont  été  importés  depuis  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  5oo  n-ancs. 


XXVIII  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

Le  prix  sera  doublé  si  le  poisson  introduit  est  le  Gourami  {Osphrome- 
nus  olfax). 

go 1873.  —  Acclimatation  dans  les  eaux  douces  de  l'Algérie 

d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Concours  ouvert  jusqu'au  \"  décembre  1885.  —  Pnix  :  looo  frnnc««. 

Le  prix  sera  doublé  si  le  poisson  acclimaté  est  le  Gourami  {Osphrome- 
nus  olfax). 

90 187S.  —  Introduction  dans  les  eaux  douces  de  la  Guade- 
loupe et  de  la  Martinique  d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Les  poissons  introduits  devront  être  au  nombre  de  vingt  au  moins  ;  on 
devra  justifier  qu'ils  ont  été  importés  depuis  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  500  rrancs. 

Le  prix  sera  doublé  si  le  poisson  introduit  est  le  Gourami [Osphrome- 
nus  olfax ). 

10° 1§73.  —  Acclimatation  dans  les  eaux  douces  de  la  Gua- 
deloupe et  de  la  Martinique  d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1^'  décembre  1885.  —  Prix  :  lOOO  franc». 

Le  prix  sera  doublé  si  le  poisson  acclimaté  est  le  Gourami  (Osphrome- 
nus  olfax). 

llo_  1874.  —  Introduction  en  France  du  Coregonus  olsego  de 
l'Amérique  du  Nord. 

Les  poissons  introduits  devront  être  au  nombre  de  vingt  au  moins,  et 
l'on  devra  justifier  qu'ils  ont  été  importés  depuis  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  500  n-anc»*. 

Si  des  multiplications  du  Coregonus  otsego  ont  été  obtenues  en  France, 
le  prix  sera  doublé. 

12°  1 8'3'9.  —  Multiplication  en  France  du  Saumon  de  Cali- 
fornie {Salmo  quinnat)  de  l'Amérique  du  Nord. 

On  devra  présenter  au  moins  500  alevins,  âgés  d'un  an,  nés  de  parents 
existant  dans  les  eaux  du  propriétaire  depuis  au  moins  dix-buit  mois. 
L'état  des  reproducteurs  devra  être  constaté  au  moment  du  frai  par 
des  pièces  autbentiques.  On  devra  également  faire  constater  l'époque  de 
l'éclosion  des  œufs  et  faire  connaître  dans  un  rapport  circonstancié  les 
observations  auxquelles  donnerait  lieu  l'éducation  de  ces  jeunes  poissons. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1""  décembre  1885.—  Prix  :  5oo  n-ancs. 

130  —  1879.— Propagation  dans  les  eaux  douces  de  la  France 
de  la  grande  Truite  des  lacs  {Salmo  Lemanus). 

Concours  ouvert  jusqu'au  \"'  décembre  1885.  —  Prix  :  500  n-anes. 

44.0 —  1879.  — Propagation  dans  les  eaux  de  la  France  du 
Corégone  Lavaret. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  «oo  francs. 
15»  —  1881.  —  Protection  des  poissons  migrateurs. 

Un  prix  de  500  francs  sera  décerné  à  l'auteur  du  meilleur  travail  indi- 
({uant,  au  point  de  vue  pratique,  les  moyens  les  plus  propres  à  assurer 


PRIX    EXTRAORDINAIRES.  XXIX 

la  reproduction  des  poissons  migrateurs  dans  les  eaux  douces  de  la 
France. 

L'ouvrage  devra  particulièrenienl  faire  connaître  les  avantages  et  le 
mode  de  construction  des  appareils  ou  ftassages,  dits  échelles  à  saumons, 
permettant  aux  poissons  migrateurs  de  franchir  les  barrages,  chutes 
d'eau  et  obstacles  divers,  dans  les  cours  d'eau. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l'^"'  décembre  1885.  —  Prix  :  500  francs. 

16"  —  I8S2.  —  Etablissement  d'échelles  pour  les  poissons  mi- 
grateurs. 

Un  prix  de  500  francs  sera  décerné  aux  usiniers  ou  propriétaires  qui 
auront  établi,  dans  des  conditions  pratiques,  des  échelles  pour  le  passage 
des  poissons  migrateurs. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"'  décembre  1885.  —  Pfux  :  500  rrnncs. 

17"  —  1883.  —  Jlultiplication  des  Cyprinides. 

Il  pourra  être  accordé  des  primes  ou  des  médailles  à  toute  personne 
qui  aura  obtenu,  dans  des  eaux  closes,  de  l'alevm  de  Cyprinide,  notam- 
ment la  Carpe  et  la  Tanche,  et  qui  justifiera  en  avoir  introduit  en  grand 
nombre  dans  les  cours  d'eau  de  la  région  et  aura  ainsi  contribué  le  plus 
efficacement  à  leur  repeuplement. 
■     Concours  ouvert  jusqu'au  1^'  décembre  1885.  —  Prix  :  soorrnnes. 


MOLLUSQUES 

18°  —  1867.  —  Acclimatation  et  propagation  d'un  Mollusque 
utile  d'espèce  terrestre,  fluviatile  ou  marine,  resté  jusqu'à  ce  jour 
étranger  à  notre  pays. —  Cette  acclimatation  devra  avoir  donné  lieu 
à  une  exploitation  industrielle  ;  ses  produits  alimentaires  ou  autres 
seront  examinés  par  la  Société. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1'='' décembre  1885.  —  Piux  :  50«  francs. 

19"  —  1869.  —  Reproduction  artificielle  des  Huîtres.  —  Un  prix 
de  1000  francs  sera  décerné  pour  le  meilleur  travail  indiquant,  au 
point  de  vue  pratique,  les  méthodes  les  plus  propres  à  assurer  cette 
reproduction  artificielle.  L'ouvrage  devra,  en  outre,  faire  connaître 
d'une  manière  précise  les  conditions  à  remplir  pour  obtenir  les  au- 
torisations de  créer  des  établissements  luiîlriers,  et  énumérer  les 
travaux  que  comportent  les  bancs  d'Huîtres  naturels,  aussi  bien  que 
les  caractères  auxquels  on  peut  reconnaître  qu'un  banc  est  exploi- 
table; enfin  quelles  sont  les  mesures  qu'il  convient  de  prendre  pour 
l'enlèvement  du  coquillage.  En  un  mot,  ce  travail  devra  constituer 
un  véritable  manuel  d^ ostréiculture. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix:  tooo  rranc!i. 

-20»  —  1879.  —  Culture  de  la  Moule  sur  les  côles  méditerra- 
néennes. 
On  devra  justifier  d'une  superficie  d'un  hectare  mis  en  culture,  soit  sur 


XXX  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

fond  horizontal,  soit  sur  bouchots,  et  ayant  donné  des  produits  ahraen-^ 
taires  au  moins  une  année. 

Les  concurrents  devront  joindre  à  l'appui  de  leur  demande  un  mémoire 
indiquant,  au  point  de  vue  pratique,  les  moyens  les  plus  propres  à  assurer 
le  succès  de  semblable  industrie,  et  présenter  un  compte  des  dépenses 
occasionnées  pour  l'établissement  de  l'exploitation  et  des  bénéfices  qu'on, 
peut  en  tirer. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Paix  :  looo  francs. 

CRUSTACÉS 

210  —  1867.  —  Introduction  et  acclimatation  d'un  Crustacé- 
alimentaire  dans  les  eaux  douces  de  la  France,  de  l'Algérie,  de  la, 
Martinique  ou  de  la  Guadeloupe. 

Concours  prorogé  jusqu'au  i"  décembre  1885.  —  Prix  :  5oo  francs.. 


QUATRIÈME  SECTION.  —  INSECTES 

1°  —  1864.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

Il  pourra  être  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'une  valeur- 
de  200  à  500  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
nouvelle  utile  ou  ornementale  d'un  réel  intérêt. 

2»  _  1865.  —  Acclimatation  et  multiplication  soutenue  pen- 
dant trois  années  au  moins  en  Europe  ou  en  Algérie  d'un  insecte 
producteur  de  cire,  autre  que  l'Abeille  ou  les  Mélipones. 

Concours  prorogé  jusqu'au  i""  décembre  1885.  —  Prix:  «ooo francs. 

SÉRICICULTURE 

30  —  1881. —  Acclimatation  et  multiplication  soutenue  pen- 
dant trois  années  au  moins,  en  France  ou  en  Algérie,  d'une  nouvelle 
espèce  de  Ver  à  soie  produisant  de  la  soie  bonne  à  dévider  ou  à. 
carder  pour  employer  industriellement. 

Le  prix  ne  sera  accordé  que  sur  preuve  d'une  production  annuelle  de- 
trois  mille  cocons  au  moins. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l'""  décembre  1885.  —  Paix  :  1000  francs. 

40  —  1881.  —  Application  industrielle  de  la  soie  de  l'At- 
tacus  Cynthia  vera,  Ver  à  soie  de  l'Ailante. 

On  devra  présenter  plusieurs  coupes  d'étoffe  formant  ensemble  au 
moins  50  mètres,  et  fabriquées  avec  la  soie  dévidée  en  fils  continus  de 
YAttacus  Cijnthia  et  sans  aucun  mélange  d'autres  matières.  Les  tissus, 
de  bourre  de  soie  sont  hors  de  concours . 

Concours  ouvert  jusqu'au  1'''"  décembre  1885.  —  Prix  :  1000  francs. 

50  — 1818.  —  Encouragement,  en  France,  à  un  établissement 
industriel  pouvant  livrer  à  la  consommation,  et  prêtes  à  être  tissées,. 


PRIX    EXTRAORDINAIRES.  -  XXXI 

des  soies  grèges  ou  des  fdoselies  des  cocons  d'une  des  espèces  ci- 
après  désignées  : 

Attacus  Yama-maï,  Pernyi,  Cyntliia,  Cecropia,  Polyphe- 
imis,  Ole,  espèces  qui  ont  déjà  été  l'objet  d'éducations  en  France 
sur  une  échelle  plus  ou  moins  étendue. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l^'  décembre  1885.  —  Prix  :  looo  n-ancs. 
go  —  187  7.  —  Vers  à  soie  du  Mûrier.  —  Études  théoriques  et 
pratiques  sur  les  diverses  maladies  qui  les  atteignent.  Les  auteurs 
devront,  autant  que  possible,  étudier  monographiquement  une  ou 
plusieurs  des  maladies  qui  atteignent  les  Vers  à  soie,  en  préciser 
les  symptômes,  faire  connaître  les  altérations  organi({ues  qu'elles 
entraînent,  étudier  expérimentalement  les  causes  qui  leur  donnent 
naissance  et  les  meilleurs  moyens  k  employer  pour  les  combattre. 
Concours  ouvert  jusqu'au  1""  décembre  1885.  —  Ptux  :  looo  francs. 
70  _  1870.  —  Vers  à  soie  du  Mûrier, — ^Production  dans  le  nord 
de  la  France  de  la  graine  de  Vers  à  soie  de  races  européennes  par 
de  petites  éducations. 

Considérant  l'intérêt  qu'il  y  aurait  à  encourager  la  production  de 
la  graine  saine  des  Vers  k  soie  du  Mûrier  de  races  européennes,  les 
prix  sont  institués  pour  récompenser  dans  les  bassins  de  la  Seine, 
de  la  Somme,  de  la  Meuse,  du  Rhin,  ainsi  que  dans  la  portion  sep- 
tentrionale du  bassin  de  la  Loire,  les  petites  éducations  qui  permet- 
tront de  mettre  au  grainagedes  cocons  provenant  d'éducations  dans 
lesquelles  aucune  maladie  des  Vers  n'aura  été  constatée. 

La  Société  n'admettra  au  concours  du  grainage  que  les  graines  de 
Vers  à  so^e  de  races  européennes. 

Elle  ne  primera  aucune  éducation  portant  sur  plus  de  30  grammes- 
de  graine  pour  une  même  habitation. 

Mise  au  grainage  de  plus  de  50  kilogrammes  de  cocons  : 
Deux  Prix  de  500  francs  chacun. 
Mise  au  grainage  de  25  à  50  kilogrammes  de  cocons  : 
Deux  Prix  de  2»0  fVaucs  chacun. 
Mise  au  grainage  de  10  k  ^25  kilogrammes  de  cocons  : 
Quatre  Prix  de  150  francs  chacun. 
Mise  au  grainage  de  5  k  10  kilogrammes  de  cocons  : 
Dix  Prix  de  100  francs  chacun. 

Ces  primes  seront  distribuées  chaque  année,  s'il  y  a  /<CM,  jusqu'en  1885. 
Les  concurrents  devront  (cette  condition  est  de  rigueur)  se  faire  con- 
naître en  temps  utile,  afin  que  la  Société  puisse  faire  suivre  par  ses  dé- 
légués la  marche  des  éducations  et  en  constater  les  résultats. 


XXXII  '  SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

APICULTURE 

8"  —  1870. —  Etudes  lliéoriques  et  pratiques  sur  les  diverses 
maladies  qui  atteignent  les  Abeilles,  et  principalement  sur  la  loque 
ou  pourriture  du  couvain. 

Les  auteurs  devront,  autant  que  possible,  en  préciser  les  sym- 
ptômes, indiquer  les  altérations  organiques  qu'elle  entraîne,  étudier 
expérimentalement  les  causes  qui  la  produisent  et  les  meilleurs 
moyens  à  employer  pour  la  combattre. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Pni\  :  500  francs. 

9" — 1870.  —  Propagation  en  France  de  l'Abeille  égyptienne 
[Apis  fasciata). 

On  devra  justifier  de  la  possession  de  six  colonies  vivant  cliez  le  pro- 
priétaire depuis  au  moins  deux  ans,  en  bon  état,  sans  dégénérescence  ni 
hybridation,  et  de  si.\  bons  essaims  de  l'année  parfaitement  purs,  prove- 
nant des  ruches  mères  ci-dessus  désignées. 

Concours  ouvert  jusqu'au  \"  décembre  1885.  — Prix  :  5oo  francs. 

10»  —  1870.  —  Introduction  en  France  d'une  Mélipone  ou  Tri- 
gone  (Abeille  sans  aiguillon)  américaine,  australienne  ou  africaine. 

Présenter  une  colonie  vivant  depuis  deux  ans  chez  le  propriétaire. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1'"''  décembre  1885.  — Prix  :  5oo  francs. 

CINQUIÈME  SECTION.  —  VÉGÉTAUX. 

1"  —  1864.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

Il  pourra  être  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'u;ie  valeur 
de  200  à  500  francs  à  toute  personne  ayant  hitroduit  quelque  espèce 
nouvelle  utile  ou  ornemenlale  d'un  réel  intérêt. 

'2°  —  1873.  —  Plantes  de  pleine  terre  utiles  et  d'ornement,  in- 
troduites en  Europe  dans  ces  dix  dernières  années. 

Les  auteurs  devront  indiquer  dans  un  livre,  ou  dans  un  mémoire  étendu, 
les  usages  divers  de  ces  plantes,  leur  pays  d'origine,  la  date  de  leur  in- 
troduction, la  manière  de  les  cultiver;  les  décrire  et  désigner  les  diffé- 
rentes variétés  obtenues  depuis  leur  importation,  ainsi  que  les  différents 
noms  sous  lesquels  ces  végétaux  sont  connus. 

En  d'autres  termes,  les  ouvrages  présentés  au  concours  devront  pouvoir 
servir  de  guide  pratique  pour  la  cul  ture  des  plantes  d'importation  nouvelle  ; 
les  ouvrages  (manuscrits  ou  imprimés)  devront  être  remis  à  la  Société 
avant  le  1"  décembre. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  Prix  :  500  francs. 

3" — 1806.  —  Introduction  en  France  et  mise  en  grande  cul- 
ture  d'une  plante  nouvelle  pouvant  être  utilisée  pour  la  nourriture 
des  bestiaux. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1'''  décembre  1885. —  1^''  Pnix  :  .ïoo  francs. 
—  2^  Prix  :  300  francs. 


PRIX   EXTRAORDINAIRES.  XXXIII 

40  _  ISSO.  —  Prix  de  200  francs,  fondé  par 
M.  GODEFROY-LEBŒIJF. 

Un  prix  de  200  francs  sera  décerné  à  la  personne  qui  présentera 
un  double  décalitre  de  graines  û' Elœococca  vernicia  récoltées  sur 
des  plantes  cultivées  à  l'air  libre,  en  Europe  ou  eu  Algc^rie,  sans 
autres  abris  que  les  rangées  d'arbres  nécessaires  à  leur  protection 
dans  le  jeune  âge  (^comme  au  Se-tchuen). 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  «o©  n-ancM. 

5"  — 1870.  —  Utilisation  industrielle  du  Lo-za  {Rhamnus  utllis) 
qui  produit  le  vert  de  Chine. 

On  devra  fournir  à  la  Société,  sous  réserve  des  droits  de  propriété,  les 
documents  relatifs  aux  méthodes  et  procédés  employés. 

On  devra  également  présenter  des  spécimens  d'étoflés  teintes  en  France 
avec  les  produits  du  Lo-za  préparés  en  France. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1'^''  décembre  1885.  —  Prix:  5oo  francs. 

6"  —  1881. — Utilisation  industrielle  de  l'Ortie  de  Chine,  ré- 
coltée en  France  ou  en  Algérie  {Bœhmeria  utilis,  tenacissima,eic.). 

On  devra  fournir  à  la  Société,  sous  réserve  des  droits  de  propriété,  les 
documents  relatifs  aux  méthodes  et  procédés  employés. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l'^'"  décembre  1885.  — Prix  :  5oo  francs. 

7°  —  1881.  —  Introduction  et  culture  en  France  du  Noyer 
d'Amérique  [Carya  alba),  connu  aux  États-Unis  sous  le  nom  de 
Hickory  (bois  employé  dans  la  construction  des  voilures  légères). 

On  devra  justifier  de  la  plantation  sur  un  demi-hectare  de  Noyers  d'A- 
mérique ou  de  la  possession  de  500  arbres  hauts  de  1",50  au  moins. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l*""  décembre  1885.  —  Prix  :  5oo  francs. 

8°  —  1881.  —  Introduction  et  culture  pendant  deux  années 
successives  d'une  Igname  (Dioscorea)  joignant  à  sa  qualité  supé- 
rieure un  arrachage  facile. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885.  —  1"  Prix  :  eoo  francs. 
—  2^  Prix  :  400  francs. 

9"  —  1870.  —  Culture  du  Bambou  dans  le  centre  et  le  nord  de 
la  France. 

Le  prix  sera  accordé  à  celui  qui  aura  : 

1"  Cultivé  avec  succès  le  Bambou  pendant  plus  de  cinq  années,  et  dont 
les  cultures  couvriront,  au  moins  pendant  les  dernières  années,  un  demi- 
hectare  ; 

2°  Exploité  industriellement  ses  cultures  de  Bambou. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885. 

Deux  Prix  de  1000  francs  chacun. 

10"  —  1873.  —  Culture  de  V Eucalyptus  en  Algérie. 
Le  prix  sera  accordé  à  celui  qui  aura  : 

1°  Cultivé  avec  succès  VEucalyptus  pendant  plus  de  cinq  années  et  dont 
3°  SÉRIE,  T.  X.  — Séance  publique  annuelle.  c 


XXXI Y  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

les  cultures  couvriront  au  moins,  pendant  les  dernières  années,  8  hectares; 
2"  Exploité  industriellement  ses  cultures  d'Eticalyptus. 
Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885. —  Paix  :  looo  francs. 

Il»  _  1873.  —  Culture  de  VEucalyptus  en  France  et  particu- 
lièrement en  Corse. 

Le  prix  sera  accordé  à  celui  qui  aura  : 

1°  Cultivé  avec  succès  l'Eucalyptus  pendant  plus  de  cinq  années  et  dont 
les  cultures  couvriront  au  moins,  pendant  les  dernières  années,  2  hectares; 

2°  Exploité  industriellement  ses  cultures  à'Eucalyptus. 

Concours  ouvert  jusqu'au  V  décembre  1885.  —  Prix  :  looo  francs. 

j-)o  —  1S70.  —  Guide  théorique  et  pratique  de  la  culture  de 
VEucalyptus. 

Les  auteurs  devront  surtout  étudier,  en  s'appuyant  sur  des  expériences, 
et  comparativement,  quelles  sont  les  espèces  d  Eucalyptus  qui  peuvent 
être  cultivées  sous  les  divers  climats;  faire  connaître  la  nature  du  sol  qui 
leur  convient,  les  soins  spéciaux  de  culture  que  chaque  espèce  exige,  le 
degré  de  froid  auquel  elle  résiste  et  leur  valeur  relative. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1*""  décembre  1885. —  Prix:  50©  francs. 

130  — 1876.  —  Culture  du  Jaborandi  {Pilocarpus  pinnatus) 
en  France  ou  en  Algérie. 

Le  prix  sera  décerné  à  celui  qui  aura  : 

1»  Cultivé  avec  succès  le  Jaborandi  pendant  plus  de  cinq  années  et 
dont  les  cultures  couvriront,  au  moins  pendant  les  dernières  années,  un 
demi-hectare  ; 

2"  Exploité  commercialement  ses  cultures  de  Jaborandi. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l*""  décembre  1885.  —  Prix  :  500  francs. 

140  —  1879.  —  Reboisement  des  terrains  en  pente  par 
l'Ailante. 

Considérant  que  l'Ailante  s'accommode  facilement  de  tous  les  sols, 
que  les  troupeaux  ne  touchent  ni  à  ses  feuilles  ni  à  son  écorce,  et  qu'il 
serait  par  conséquent  essentiellement  propre  au  reboisement  de  certains 
terrains  pauvres  servant  actuellement  de  pâture,  la  Société  institue  un 
prix  de  1000  francs,  qui  sera  décerné  à  la  personne  ou  à  la  commune  qui, 
en  France,  justifiera  de  la  plantation  de  5  hectares  de  cette  essence. 

Les  concurrents  devront  établir  que  le  reboisement  est  fait  depuis  plus 
de  cinq  ans. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l^""  décembre  1890.  —  Prix  :  1000  francs. 

15°  —  188*J.  —  Alimentation  du  bétail  par  le  Téosinté  (Reana 
luxurians). 

On  devra  présenter  un  compte  établissant  le  rendement  obtenu,  en 
poids,  d'une  plantation  de  Téosinté  couvrant  au  moins  25  ares  et  fournir 
les  renseignements  circonstanciés  sur  les  avantages  ou  les  inconvénients 
que  présente  ce  mode  d'alimentation  pour  le  bétail. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1885. —  Prix  :  30©  francs. 

1G°  —  1S82.  —  Alimentation  des  animaux  par  le  Soya. 

On  devra  fournir  des  renseignements  circonstanciés  sur  les  avantages 


PRIX   EXTRAORDINAIRES.  XXXV 

ou  les  inconvénients  que  présente  ce  mode  d'alimentation  pour  les  ani- 
maux, soit  à  l'état  vert,  soit  à  l'état  sec. 
Concours  ouvert  jusqu'au  i"  décembre  1885.  —  Prix  :  3oo  rranc»*. 

17° — 1S82.  —  Jardin  fruitier  exotique  en  Algérie  ou  sur  le 
littoral  méditerranéen  français. 

On  devra  faire  connaître  les  espèces  et  les  variétés  d'arbres  fruitiers 
exotiques  entretenues,  indiquer  la  date  des  plantations,  la  nature  du  sol, 
et  les  précautions  prises  pour  assurer  le  succès  de  la  plantation. 

Ce  travail  devra  faire  connaître  les  variétés  les  plus  recommandables 
pour  la  localité  oîi  l'expérience  aura  été  faite. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"''  décembre  1895.  —  Prix  :  500  francs. 

18"  —  1888.  —  Culture  du  Phaseolus  raïUatus. 

Le  prix  sera  accordé  à  la  personne  qui  aura  cultivé  avec  succès  le 
Haricot  radié  dans  un  champ  d'un  demi-hectare  au  moins. 

S'il  se  présentait  plusieurs  concurrents,  la  préférence  serait  donnée  à 
celui  qui  produirait  les  plus  beaux  spécimens  de  préparations  alimen- 
taires, obtenues  avec  les  graines  du  Phaseolus  rudiatus. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l*""  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  rran«»»«. 


DE  LA 

DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE  DES  ANIMAUX 

Par   91.    Raoul   BARON 


Mesdames,  Messieurs, 

Lorsque  vous  considérez  les  nombreuses  espèces  qui  com- 
posent le  règne  animal,  vous  ne  tardez  pas  à  reconnaître  entre 
elles  des  différences  de  toutes  sortes:  Différences  dans  la 
couleur,  dans  le  volume,  dans  la  consistance,  dans  les  odeurs 
exhalées,  dans  les  sons  émis,  dans  les  attitudes  et  les  restes  ; 
différences  dans  la  conformation  externe,  dans  la  structure 
interne  et  le  fonctionnement  physiologique  des  organes  di- 
vers... 

Alors  une  idée  vous  vient  tout  naturellement  et  vous  vous 
demandez,  par  exemple,  si  cette  variété  infinie  ne  tiendrait 
pas  à  celle  apparemment  non  moins  infinie  que  présentent  les 
circonstances  au  sein  desquelles  se  développent  et  se  perpé- 
tuent ces  espèces.  Puis  la  science  vient  à  votre  secours:  elle 
vous  apprend  (si  vous  ne  le  saviez  déjà)  que  notre  planète  a 
passé  par  une  série  d'évolutions  laborieuses  autant  que  mul- 
tiples. A  chaque  époque  distincte  ont  dû  correspondre  des 
conditions  d'existence  également   distinctes  ;    d'autre  part, 
comme  les  vestiges  fossiles  que  nous  exhumons  impliquent 
eux-mêmes  des  organisations  plus  ou  moins  éloignées  des 
types  actuels,  votre  idée  de  tout  k  l'heure  se  fortifie  et  se 
change  bientôt  en  une  véritable  méditation  que  je  vais  essayer 
de  traduire. 

Le  globe  terrestre,  à  l'heure  qu'il  est,  tel  qu'il  est,  nous 
offre,  dans  son  unification  admirable  et  majestueuse,  une  di- 
versité qui  saute  aux  yeux  les  moins  attentifs  :  car  c'est  par 
abréviation  que  nous  disons  «  la  terre  »...  L'élément  aqueux 
n'y  occupe-t-il  pas  (superficiellement  au  moins)  une  place 
énorme  ? 


DISTRIBUTION    GÉOGRAPHIQUE   DES   ANIMAUX.        XXXVIi: 

L'atmosphère  n'enveloppe-t-ellc  pas  le  tout,  solides  et 
liquides,  sous  une  épaisseur  de  plusieurs  dizaines  et  peut-être 
de  plusieurs  centaines  de  lieues  ? 

Ce  n'est  rien  encore  :  La  terre,  proprement  dite,  n'est  pas 
partout  la  même.  Que  dis-je  !  Il  faudrait  plusieurs  conférences 
comme  celle-ci  pour  énumérer,  même  rapidement,  ses  conti- 
nents, ses  côtes,  ses  caps,  ses  presqu'îles,  ses  îles,  ses  chaînes 
de  montagnes,  ses  plateaux,  ses  plaines,  ses  vallées  et  ses 
cavernes...  Après  cela,  l'eau  jalouse  voudrait  avoir  son  tour  : 
les  mers  grandes  et  petites,  les  manches,  les  détroits,  les 
golfes,  les  méditerranées,  les  lacs,  les  fleuves,  les  rivières  et 
les  moindres  ruisseaux  ;  tout  cela  réclamerait  une  mention.    • 

Or  tout  cela  est  peuplé  et  peuplé  diversement,  plus  diverse- 
ment, croyez-le  bien,  que  ne  l'exigent  en  somme  les  innom- 
brables modalités  géographiques  que  je  viens  de  vous  faire 
entrevoir. 

Mais  sommes-nous  sûrs  d'avoir  fidèlement  examiné  notre 
sphère  sous  tous  les  aspects  possibles  ?  Loin  de  là.  La  terre 
est  dans  le  ciel  et  entrelient  avec  la  sublime  coupole,  ainsi 
qu'avec  la  lampe  d'or  qui  l'éclairé,  des  rapports  merveilleux 
jusqu'à  la  peinture  desquels  n'a  pu  encore  se  hausser  le  lan- 
gage des  plus  grands  poètes  !...  En  attendant,  les  astronomes 
s'efforcent  d'en  préciser  le  sens  et  nous  savons,  grâce  à  eux, 
qu'il  y  a  ici-bas  des  saisons,  des  climats,  des  événements 
météorologiques,  des  lignes  et  des  zones  particulières  :  autour 
de  ces  points  singuliers  qu'on  nomme  «  les  pôles  »,  s'étendent 
les  zones  glaciales;  plus  excentriquement  les  zones  tempérées 
et,  sur  le  ventre  de  l'équateur,  les  zones  intertropicales  ou 
torrides.  Ce  sont  là,  derechef,  autant  de  conditions  de  vie  qui 
se  superposent  aux  précédentes  et  vous  voyez  finalementqu'il 
n'est  pas  besoin  de  remonter  l'échelle  des  âges  géologiques, 
pour  découvrir  de  quelle  manière  la  vie  se  pluriformise  sous 
l'influence  des  milieux.  En  d'autres  termes,  ce  que  la  paléon- 
tologie vous  montrait  dans  Vordre  des  successions,  la  zoo- 
logie géographique  va  vous  le  montrer  dans  Vordre  des 
coexistences. 

La  Zoologie  géographique  peut  donc  se  définir  «  le  chapitre 


XXXVIIl  SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

de  la  philosophie  nalurelle  qui  étudie  comment,  et  pourquoi 
les  animaux  sont  parqués,  suivant  leur  organisation,  en  telle 
ou  telle  ou  telle  région,  sur  tel  ou  tel  point  du  globe  ter- 
restre. » 

Je  dis  comment  et  pourquoi  :  car  en  voulant  aborder  le 
pourquoi  avant  le  comment,  nous  nous  exposerions  à  coup 
sûr  à  une  défaite.  En  nous  bornant  au  problème  du  comment, 
par  élimination  systématique  du  pourquoi,  nous  nous  montre- 
rions indignes  de  l'illustre  fondateur  de  cette  Société.  Ecoutez 
bien  ses  paroles:  «  Sans  doute,  dit-il,  pour  celui  qui  se  ren- 
ferme dans  le  cercle  étroit  de  l'observation  directe  et  de  ses 
conséquences  immédiates,  il  n'y  a  de  possible  que  la  connais- 
sance, même  imparfaite,  des  fails  matériels  de  l'ordre  actuel 
des  choses;  tandis  que  pour  celui  qui  croit  pouvoir,  non 
seulement  observer  et  expérimenter,  mais  aussi  raisonner, 
mille  routes  nouvelles  sont  ouvertes  :  le  but  grandit  comme 
les  moyens,  l'espace  et  le  temps  n'ont  plus  de  limites.  » 

Je  suis  complètement  de  l'école  des  Geoffroy  Saint-Hilaire, 
«t  j'avoue  que  si  la  zoologie  géographique  ne  devait  être  qu'un 
pur  et  simple  inventaire  des  animaux  répandus  en  ce  petit 
coin  du  monde  que  nous  habitons,  je  trouverais  cette  science 
aussi  aride  et  j'ose  ajouter  aussi  peu  féconde  que  la  statis- 
tique... Respectons  certes  les  faits;  mais  permettons-nous  de 
les  discipliner  et  de  les  généraliser,  en  daignant  nous  souvenir 
que  le  genre  humain  a  des  ailes  et  qu'il  aspire  à  s'élever  tou- 
jours. Il  ne  pourrait  voler  dans  le  vide,  c'est  évident;  mais, 
de  même  que  l'oiseau  est  soutenu  par  l'air  qui  lui  résiste,  de 
même  notre  esprit,  quand  il  s'appuie  sur  le  témoignage  empi- 
rique des  sens,  cherche  par  cela  seul  à  s'élancer  au  delà  ! 

Ainsi  envisagée,  la  science  est  incontestablement  toute 
jeune  et  ne  remonte  pas  au  delà  des  années  qui  suivirent  les 
beaux  travaux  d'Alexandre  de  Humbold.  Cependant  le  cerveau 
de  Buffon  en  couvait  le  précieux  germe  ;  et  nous  ne  pouvons 
refuser  à  l'immortel  naturaliste  la  gloire  d'avoir  fait  observer 
le  premier  que  le  lio7i,  le  tigre  et  \e  chameau  d" Amérique  ne 
sont  pas  un  vrai  lion,  un  vrai  tigre,  un  vrai  chameau.  —  Les 
premiers  conquérants  du  nouveau  monde,  trouvant  sur  le  sol 


DISTRIBUTION    GEOGRAPHIQUE    DES   ANIMAUX.         XXXIX 

conquis  des  animaux  qui  se  l'approchaient  en  apparence  de 
ceux  qu'ils  connaissaient  en  Europe,  leur  donnèrent  tout  spon- 
tanément les  mêmes  noms  ;  et  fmalement  il  se  trouva  que  les 
noms  avaient  confondu  les  choses.  —  La  zoologie  et  la  bota- 
nique sont  du  reste  toutes  pleines  de  survivances  analogues, 
et  je  ne  sache  pas  de  rhéteurs  plus  amis  de  la  catachrèse  que 
les  hommes  auxquels  nous  devons  nos  nomenclatures. 

Mais  Flourens,  qui  insiste  beaucoup  sur  le  rôle  joué  par 
Buflon,  croit  néanmoins  devoir  rappeler  que  Pline  l'Ancien 
avait  eu,  lui  aussi,  au  sujet  de  la  géographie  animale,  des 
pressentiments  fort  justes. 

Sur  ce  terrain  il  est  toujours  facile  de  renchérir  :  car  un 
germe,  si  informe  qu'il  soit,  est  constamment  précédé  d'un 
état  antérieur  plus  vague  et  plus  informe  encore...  Je  n'hésite 
pas  personnellement  à  croire  que  l'antiquité  (même  la  haute 
antiquité)  dut  être  rapidement  initiée  aux  faits  les  plus  élé- 
mentaires des  grandes  localisations  de  la  nature  vivante  ;  de 
sorte  que  Virgile  ne  me  semble  pas  prêter  un  langage  trop 
scientifique  au  berger  Tityre,  lorsqu'il  le  fait  s'écrier: 

«  On  verra  dans  les  plaines  de  l'air,  paître  les  cerfs  légers  ; 
les  poissons  vivre  à  sec  sur  les  rivages  ou  le  Parthe  venir 
boire  les  eaux  de  l'Arar  et  le  Germain  celles  du  Tigre,  plutôt 
que  l'image  de  mon  maître  s'effacer  de  mon  cœur  !  » 

Cette  touchante  exclamation  est,  par  son  incohérence  même, 
plus  remarquable  encore  :  car  elle  invite  à  supposer  que  le 
Parthe  et  le  Germain  sont,  dans  la  pensée  de  l'humble  inter- 
locuteur de  Mélibée,  circonscrits  dans  leurs  aires  géographi- 
ques respectives,  au  même  titre  que  les  animaux  terrestres  à 
la  surface  du  sol  et  les  aquatiques  au  sein  de  l'onde.  Nous  y 
reviendrons. 

Seulement,  Mesdames  et  Messieurs,  et  pour  ne  pas  déserter 
mon  idée  maîtresse,  vous  voudrez  bien  remarquer  que  ce  qui 
caractérise  essentiellement  le  point  de  vue  scientifique  n'est 
nullement  touché  ici,  pas  plus  que  dans  les  ouvrages  de  Pline, 
pas  plus  même  que  dans  Bulïon.  Car,  en  définitive,  le  point 
de  vue  scientifique,  c'est  findication  des  lois  et  le  soupçon 
des  causes...  Il  v  a  des  localisations  dans  la  nature  animée, 


XL  SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

soit  !  le  renseignement  vaut  son  pesant  d'or  ;  mais  ne  poussons 
pas  le  fétichisme  jusqu'à  adorer  le  brillant  lingot.  Monnayons- 
le  plutôt  et  servons-nous-en  au  plus  vite.  Le  monnayeur,  ici, 
vous  le  devinez,  c'est  l'intelligence  qui  compare  et  qui  juge. 
Comparons  donc  et  jugeons. 

To^it  dans  le  monde,  et  surtout  dans  le  monde  de  la  vie, 
est  localisé  ou  tend  à  se  localiser.  Comme  le  règne  animal 
nous  présente  ses  faunes,  le  règne  végétal  nous  présente  ses 
flores  ;  et  l'anatomiste  qui  se  confine  dans  la  dissection  d'un 
seul  individu  animal  ou  végétal  découvre  bientôt  que  l'objet 
même  de  ses  patientes  et  utiles  recherches  gît  tout  entier  dans 
la  connaissance  d'une  série  de  localisations. 

Montrer  l'universalité  d'un  fait,  c'est  déjà  l'éclairer  passa- 
blement, et  quoique  l'essence  dé  la  pesanteur  nous  soit  pro- 
fondément inconnue,  nous  avons  coutume  de  dire  que  ce  phé- 
nomène est  expliqué,  depuis  que  l'incomparable  instituteur  de 
la  mécanique  céleste  nous  l'a  fait  envisager  comme  un  cas 
particulier  de  la  gravitation  universelle. 

Dans  la  question  qui  nous  occupe,  il  y  a  même  plus  :  nous 
pouvons  trouver  en  effet  dans  les  localisations  des  espèces 
végétales,  une  explication  directe,  une  cause  matérielle  de  la 
distribution  géographique  des  animaux  herbivores,  frugi- 
vores et  granivores  et,  par  contre-coup,  une  raison  de  la 
distribution  des  carnivores  qui  s'attachent  généralement  à 
certaines  proies  de  prédilection. 

De  môme  dans  les  localisations  anatomiques  des  appareils, 
des  organes  et  des  tissus,  nous  trouvons  une  explication 
directe,  une  cause  matérielle  de  la  topographie  des  parasites. 

En  étendant  l'idée,  on  arrive  à  dire  que  toutes  les  fois 
qu'il  existe,  dans  l'économie  de  la  nature,  une  subordination 
quelconque  entre  deux  vivants,  la  distribution  de  ceux-ci  en 
est  affectée. 

Aux  deux  grands  principes  ci-dessus,  savoir  :  que  la  matière 
vivante  est  atteinte  de  la  monomanie  des  localisations  et 
que  le  groupement  réciproque  des  êtres  est  comme  Vappa- 
reil  enregistreur  de  leurs  relations  économiques  simples  ou 


DISTRIBUTION    GÉOGRAPHIQUE   DES   ANIMAUX.  XLI 

compliquées;  à  ces  deux  grands  principes  s'enjoint  un  troi- 
sième: 

Il  y  a  des  rapports  définis  entre  les  propriétés  géométri- 
ques, mécaniques,  physico  -  chimiques  des  milieux  et  les 
attributs  différentiels  des  espèces. 

Par  exemple,  si  l'on  jette  un  coup  d'œil  d'ensemble  sur  les 
différentes  aires  géographiques,  on  reconnaît  qu'il  existe  une 
harmonie  incontestable  entre  les  dimensions  des  territoires 
et  les  dimensions  des  habitants.  —  Ce  qu'on  peut  exprimer 
sous  cette  autre  forme  : 

'    Aux  grandes  aires  les   types  volumineux,  aux  petites 
aires  les  types  exigus. 

D'abord  on  peut  remarquer,  ainsi  que  nous  l'avons  fait  au 
début,  que  les  portions  de  notre  planète  qui  sont  recouvertes 
d'eau  l'emportent  très  considérablement  en  étendue  sur  les 
portions  terrénéennes.  Eh  bien,  il  est  reconnu  par  tous  les 
zoologistes,  à  la  suite  d'Isidore  Geoffroy  Saint-llilaire,  que 
«  les  animaux  qui  habitent  au  sein  des  eaux  ou  qui  y  passent 
seulement  une  partie  de  leur  vie,  parviennent  cà  une  grande 
taille  comparativement  avec  les  autres  types  du  groupe  au- 
quel ils  appartiennent  ».  —  «  Et  il  semble  même,  ajoute  ce 
profond  penseur,  que  l'accroissement  de  leurs  dimensions 
soit  en  raison  directe  de  la  durée  de  leur  séjour  dans  l'eau.  » 

Mais  les  applications  se  poursuivent  bien  au  delà,  car  il  est 
reconnu  également: 

i°  Que,  parmi  les  espèces  aquatiques,  les  marines  sont 
décidément  les  plus  grandes,  à  proportion  même  de  la  gran- 
deur des  mers;  de  même  pour  les  espèces  lacustres,  et  ainsi 
de  suite,  en  prenant  celles  des  tleuves,  des  rivières  et  des 

ruisseaux  ; 

2"  Que,  parmi  les  formes  vivantes  terrestres,  les  continen- 
tales, qui  sont  les  plus  grandes  de  toutes,  déclinent  comme  les 
continents  eux-mêmes,  jusqu'à  rejoindre  les  insulaires  qui 
déclinent  à  leur  tour,  parallèlement  à  la  décroissance  de 
rétendue  de  îles; 

3"  Enfin,  que  les  mammifères  montagnards  atteignent  ordi- 
nairement des  dimensions  moins  considérables  que  ceux  des 


XLII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

plaines.  L'altitude  n'est-elle  pas,  en  effet,  une  autre  fornne  du 
rétrécissement  de  l'habitat  terrénéen  et  ne  peut-on  pas  dire 
qu'une  montagne  est  une  île  à  laquelle  il  ne  manque  que 
d'être  entourée  d'eau? 

Mais,  de  toutes  les  aires  géographiques,  la  plus  petite  serait 
encore,  bien  entendu,  l'organisme  d'un  autre  animal...  Eh 
bien  !  le  principe  n'est  pas  en  défaut  et  les  parasites  pris  en 
masse  sont  évidemment  les  plus  petits  êtres  de  l'univers. 

Encore  un  mot  :  si  le  format  des  animaux  diminue  avec 
l'espace  qu'on  laisse  à  leur  disposition,  la  science  expérimen- 
tale doit  pouvoir  nous  offrir,  à  un  moment  donné,  de  gra- 
cieuses récréations  de  physiologie  amusante.  C'est  ce  qu'a  fait 
Bory  de  Saint-Vincent.  Un  cyprin  doré  ayant  été,  pendanl^dix 
années,  renfermé  dans  un  bocal  étroit,  n'y  prit  aucun  accrois- 
sement. Il  se  développa  au  contraire  en  très  peu  de  temps,  de 
manière  à  doubler  de  volume,  lorsqu'il  eut  été  mis  dans  un 
vase  plus  grand...  Voilà  bien,  cette  fois,  de  la  zoologie  géogra- 
phique en  chambre  et  sur  commande.  Mais  voici  maintenant 
une  autre  loi  analogue  à  la  précédente,  tout  aussi  remar- 
quable qu'elle  et  peut-être  plus  scientifique,  je  veux  dire  plus 
rationnellement  explicable  : 

Au  fluide  le  plus  dense,  les  gros  animaux  ;  au  fluide  le 
plus  subtil,  les  petits. 

Nous  retrouverions  là,  pour  commencer,  deux  des  obser- 
vations précédentes,  au  sujet  de  l'océan  comparé  aux  eaux 
douces  et  des  montagnes  comparées  aux  plaines.  Mais  la  pro- 
position se  vérifie  encore  lorsque  nous  envisageons  la  faible 
taille  des  animaux  qui  vivent  sur  les  arbres,  entre  ciel  et 
terre,  et  à  plus  forte  raison  de  ceux  qui  sont  adaptés  pour  le 

vol. 

II  se  pourrait.  Mesdames  et  Messieurs,  que  la  mécanique 
eût  son  mot  à  dire  sur  cette  question  :  en  effet,  pour  voler 
dans  les  couches  légèrement  rarétiées  de  l'atmosphère  ou 
même  plus  bas,  pour  vivre  seulement  sur  les  arbres,  il  faut 
une  énergie  locomotrice  dont  les  petits  sujets  seuls  sont  sus- 
ceptibles, à  cause  du  peu  de  surcharge  que  leur  masse  pesante 
impose  dans  ce  cas  à  leur  puissance  musculaire.  Aussi  les 


DISTRIBUTION    GÉOGRAPHIQUE   DES   ANIMAUX.  XLIII 

grands  oiseaux  ne  perchent-ils  déjà  plus,  mais  descendent 
jusque  sur  le  sol,  où  ils  finissent  même  par  demeurer  exclusi- 
vement, incapables  qu'ils  sont  alors  du  vol  le  plus  rudimen- 
taire.  Si  la  Fable  fut  jamais  malheureusement  inspirée,  c'est 
bien  dans  sa  création  fantastique  du  Roc,  ce  colosse  ailé  qui 
enlevait  dans  ses  serres  des  rochers  énormes.  La  paléontologie, 
quoi  qu'on  dise,  n'a  point  ratifié  cette  chimère  et  les  épiornis 
géants  qu'elle  a  déterrés,  outre  qu'ils  ne  volaient  pas,  se  sont 
rapidement  éteints  devant  de  chétifs  émules. — Au  delà  d'une 
certaine  masse,  un  animal  terrestre  deviendrait  même  absurde, 
et  le  monstrueux  cétacé  abdiquant  sa  dignité  de  mammifère 
est  allé  se  réfugier  dans  les  lourdes  eaux  du  milieu  salé. 
Comme  Archimède  il  aurail  pu  s'écrier  en  se  plongeant  dans 
le  bain  révélateur  :  «  Eupy]Ka  !  j'ai  trouvé!  j'ai  trouvé  le  moyen 
de  perdre  de  mon  poids  tout  l'excédent  qui  me  paralysait  à  la 
surface  du  sol...  » 

En  faisant  cette  digression  je  me  montre  au  reste  le  con- 
sciencieux disciple  du  grand  zoologiste  français,  M.  Milne 
Edwards  :  il  avait  été  frappé  depuis  longtemps  de  certaines 
relations  nécessaires  qui  existent  sûrement  entre  les  pressions 
exercées  par  l'habitai  liquide  et  l'infériorité  de  l'organisation. 
Il  est  certain  que  l'esprit  comprend  avec  netteté  pourquoi  les 
animaux  dont  les  tissus  sont  trop  mous  pour  se  soutenir  par 
eux-mêmes  dans  l'air,  peuvent  néanmoins  vivre  très  bien  au 
sein  des  eaux,  où  ces  mêmes  tissus  n'étant  guère  plus  denses 
que  le  fluide  ambiant,  n'ont  besoin  d'offrir  qu'une  bien  faible 
rigidité  pour  conserver  leurs  formes  et  pour  empêcher  les 
diverses  parties  du  corps  de  retomber  sur  elles-mêmes.  Cha- 
cun de  vous  peut-être  a-t-il  tenu  ce  raisonnement  en  visitant 
nos  aquariums  et  s'est-il  plus  ou  moins  rendu  compte  de  la 
raison  qui  fiiit  que  les  espèces  marines  sont  étagées  aux  diffé- 
rentes profondeurs  de  l'Océan. 

Et  puis,  lorsque  ce  n'est  pas  la  masse  tout  entière  du  corps 
qui  a  besoin  d'être  maintenue,  c'est  souvent  encore  un  organe 
délicat  et  important,  comme  celui  de  la  respiration  :  on  voit 
alors  les  branchies  en  arbuscules  et  en  panaches  s'épanouir 
aisément,  à  la  façon  de  ces  préparations  anatomiques  molles 


XLIV  .    SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

et  flexibles  qu'il  faut  absolument  achever  dans  l'eau,  si  l'on, 
tient  à  les  bien  réussir. 

-  Enfin  il  y  a  la  question  de  dessiccation  qui  vient  à  la  res- 
cousse et  qui  pourrait  expliquer  à  elle  seule  pourquoi  l'imper- 
fection organique  entraîne,  ipso  facto,  l'aquatilité  plus  ou 
moins  complète. 

Les  grands  agents  de  la  nature,  lumière  et  chaleur,  ont 
incontestablement,  eux  aussi,  de  l'influence  sur  les  animaux; 
et  les  physiologistes,  avant  d'avoir  les  ressources  de  l'expéri- 
mentation dans  leurs  laboratoires,  se  tournaient  instinctive- 
ment vers  la  zoologie  géographique,  pour  y  puiser  des  dé- 
monstrations provisoires  de  leurs  théorèmes  :  «  Aux  pays 
chauds  et  lumineux,  disait-on,  les  animaux  venimeux  et  colo- 
rés; aux  pays  pauvrement  ensoleillés,  les  animaux  lanigères, 
duveteux  et  pales.  » 

"i'Cela  est  frappant  et  a  toujours  été  vérifié,  notamment  en  ce 
qui  concerne  la  laine  dont  la  production  nous  intéresse  à  si 
juste  titre.  Ce  poil  supplémentaire  tend,  d'une  façon  générale 
et  régulière,  à  se  développer  sur  le  corps  des  mammifères 
exposés  au  froid  ;  et  c'est  en  vain  qu'on  essayerait,  à  l'équa- 
teur,  d'entretenir  avec  leurs  fines  toisons  nos  bêtes  ovines  de 
Rambouillet...  Par  contre,  nous  avons  vu  constamment,  au 
Jardin  d'Acclimatation,  des  animaux  tropicaux  étrenner  un 
costume  d'hiver  qui  les  eût  fait  montrer  au  doigt  dans  leur 
pays  natal  !  N'était-ce  pas  là  une  sorte  de  réédition  de  ce  qui 
a  dû  se  passer  dans  les  temps  antérieurs,  quand  des  pachy- 
dermes frileux,  analogues  à  nos  éléphants,  se  voyaient  obligés 
d'affronter  les  latitudes  sibériennes  ?  Tout  est  relatif,  du  reste, 
et  les  chèvres  de  Cachemire  que  nous  avons  transportées  ici 
se  sont  vues  forcées,  elles,  de  mettre  au  vestiaire  leur  par- 
dessus trop  lourd,  pour  s'adapter  à  notre  climat  comparative- 
ment chaud... 

En  somme,  c'est  grâce  à  celte  merveilleuse  propriété  d'ac- 
commodation des  quadrupèdes  et  des  oiseaux  aux  basses 
températures  que  nous  possédons  nos  précieuses  fourrures  et 
nos  moelleux  édredons  ;  que  ces  édredons  et  ces  fourrures 


DISTRIBUTION    GÉOGRAPHIQUE    DES    ANIMAUX.  !XLV 

proviennent  d'animaux  sauvages  ou  domestiques,  que  noiis 
les  devions  à  l'adresse  du  chasseur  ou  à  la  vigilance  du  fer- 
mier, peu  importe. 

On  a  cru  longtemps  que  les  climats  tempérés,  où  la  lumière 
et  la  chaleur  ont  une  intensité  moyenne,  étaient  plus  favo- 
rables que  les  autres  au  grand  développement  de  la  taille. 
I.  Geoffroy  Saint-Hilaire  ajustement  réagi  contre  celte  croyance 
et  nous  lui  devons  la  loi  suivante  :  «  Aucun  genre  n'a  ses  plus 
grandes  espèces,  aucune  espèce  n'a  ses  plus  grands  individus 
dans  les  pays  un  peu  chauds  ou  un  peu  froids  ;  résultat  non 
seulement  différent,  mais  même  précisément  inverse  de  celui 
qui  est  universellement  admis.  » 

l^n  un  mot,  les  tailles  extrêmes  répondent  à  des  tempéra- 
tures extrêmes.  ' 
Les  pays  chauds  et  lumineux  auraient-ils,  en  outre,  une 
influence  sur  le  degré  d'évolution  des  formes  vivantes?  Voilà 
ce  qu'on  soupçonne  et  voici,  dans  tous  les  cas,  les  faits  indu- 
bitables qui  alimentent  cette  belle  induction  : 

D'abord,  il  a  été  démontré  expérimentalement  par  Milne 
Edwards  que  les  têrards  privés  d'air  et  de  lumière  ne  peuvent 
pas  subir  leurs  métamorphoses.  Chose  singulière  !  Ils  acquiè- 
rent alors  un  volume  effrayant,  mais  sans  dépouiller  leur 
forme  larvale.  11  en  serait  de  même,  paraît-il,  d'une  foule 
d'êtres  inférieurs. 

D'autre  part,  les  types  à  physionomie  plus  ou  moins  em- 
bryonnaire se  rencontrent  surtout  chez  les  animaux  hibernants 
ou  fouisseurs  et  plus  encore  dans  les  espèces  aveugles  des 
cavernes. 

Que  l'organe  de  la  vue,  en  particulier,  s'atrophie  et  dispa- 
raisse au  fur  et  à  mesure  que  les  mœurs  d'un  animal  devien- 
nent plus  souterraines,  c'est,  je  pense,  ce  que  personne  ne 
révoque  en  doute.  Les  Taupes,  les  Tucu-Tuco,  les  animaux 
divers  des  grottes  de  la  Garniole  et  de  la  caverne  du  Mam- 
mouth, dans  le  Kentucky,  sont  tous  plus  ou  moins  aveugles. 
Il  en  est  de  même  de  l'Amblyopsis,  du  Protée  et  de  l'Anoph- 
talmus  dont  le  nom  est  si  expressif.  «  Chez  quelques  Crabes, 
dit  Darwin,  le  pédoncule  portant  l'œil  est  conservé,  bien  que 


XLVI  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

l'appareil  de  la  vision  ait  disparu;  c'est-à-dire  que  le  support 
du  télescope  existe  encore,  mais  que  le  télescope  lui-même  et 
ses  verres  font  déiaut.  » 

A  son  insu,  l'industrie  minière  a  repris  cette  étude  sur  une 
grande  échelle.  En  effet,  les  mulets  du  Creusot  que  l'on  des- 
cend dans  les  galeries  profondes  et  que,  bien  entendu,  on  ne 
prend  pas  la  peine  de  remonter  toutes  les  six  heures  à  la  sur- 
face du  sol,  comme  cela  a  lieu  pour  les  ouvriers  humains; 
les  mulets  du  Creusot  qui  passent  en  moyenne  dans  la  mine 
cinq  ou  six  ans,  perdenttousfinalementet  fatalement  la  vue... 
Je  devrais  simplement  dire  qu'ils  s'adaptent  à  la  vie  subter- 
rénéenne  et  viennent  artificiellement  enrichir  la  faune  des 
cavernes  d'un  mammifère  nouveau.  Mais  ne  perdons  pas.. .  de 
vue  notre  sujet  principal  :  sous  tel  ou  tel  aspect,  l'obscurité 
est  l'ennemie  du  développement  vital  ;  Arimane,  génie  des 
ténèbres,  comprime  l'essor  créateur  d'Ormuzd,  le  dieu  bien- 
faisant!... 

Ouvrons  maintenant  le  livre  d'Agassiz  et  lisons  : 

«  Presque  toutes  les  classes  possèdent  des  familles  tropi- 
cales, dit-il,  et  celles-ci  ont  généralement  dans  la  classe  un 
rang  très  élevé.  »  Témoins  les  grands  singes  anthropomor- 
phes, les  grands  chiroptères  et  les  puissants  digitigrades. 
«  Un  autre  rapport  intéressant  à  signaler,  c'est,  dit  encore 
Agassiz,  l'absence  de  types  embryonnaires  dans  les  régions 
tropicales.  » 

Le  savant  américain  ne  commente  pas  ;  mais  on  se  sent,  à 
cette  lecture,  très  porté  à  admettre  que  la  vie,  ayant  d'abord 
apparu  aux  pôles,  a  envahi,  à  partir  de  ces  grands  centres 
primordiaux,  la  terre  tout  entière  en  ondulant  de  tous  côtés, 
à  la  façon  du  liquide  troublé  par  la  chute  d'une  pierre,  et  en 
perfectionnant  simultanément  ses  manifestations.  Toujours 
est-il  qu'il  y  a  cette  corrélation  non  équivoque  entre  les  lieux 
fortement  éclairés  de  la  ligne  équinoxiale  et  les  organisations 
les  plus  achevées  de  la  nature,  comme  entre  la  dégradation 
suprême  des  parasites  intérieurs  et  les  sombres  cachots  de 
nos  viscères. 

Si  les  climats  ont  quelque  empire  sur  les  formes  animales, 


DISTUIBUTION    GÉOGRAPHIQUE   DES   ANIMAUX.  XLVII 

dira  (|uelqu'un,  il  suit  h  priori  «  que  les  aires  géographiques 
»  des  espèces  doivent  affecter  de  préférence  la  forme  d'une 
»  ellipse  dont  le  grand  axe  tendra  à  être  parallèle  à  l'équa- 
»  teur.  »  On  a  plus  de  chances,  en  effet,  de  rencontrer  les 
mêmes  conditions  d'existence  en  allant  de  l'est  à  l'ouest  qu'en 
allant  du  sud  au  nord,  et  le  cercle  d'extension  naturelle  des 
êtres  a  dû  constamment  s'aplatir  selon  le  diamètre^le  plus 
défavorable  pour  s'allonger  selon  le  diamètre  le  plus  favorable. 
Eh  bien,  cette  proposition  quasi-mathématique  a  été  véri- 
fiée presque  toujours. 

Si  les  climats  ont  quelque  empire  sur  les  formes  animales, 
il  suit  encore  à  priori  que  les  aires  clirnatériques  correspon- 
dantes doivent  donner  lieu  à  des  manifestations  morphologi- 
ques correspondantes.  Or,  c'est  précisément  ce  qui  s'observe 
lorsqu'on  rapproche  nos  perdrix  de  leurs  représentants  amé- 
ricains les  Colins,  ou  bien  lorsque  Ton  compare  nos  Sucriers 
et  nos  Souïmangas  aux  Colibris,  nos  Sangliers  aux  Pécaris,  etc. 
Il  n'y  a  pas  identité  dans  ces  animaux,  mais  Vanalogie  la 
plus  complète  s'y  fait  remarquer  du  premier  coup,  au  moins 
autant  qu'entre  le  Lama  et  le  Chameau,  le  Puma  et  le  Lion,  le 
Jaguar  et  le  Tigre.  Buffon  avait  bien  saisi  le  côté  négatif  de  la 
comparaison,  mais  c'est  Flourens  qui  a  formulé  nettement 
l'idée  du  parallélisme  entre  les  types  de  l'ancien  et  les  types 
du  nouveau  monde. 

Un  autre  parallélisme  bien  curieux  est  celui  qui  règne  éga- 
lement entre  les  productions  organiques  des  altitudes  pro- 
noncées et  celles  des  hautes  latitudes.  L'expression  «  hautes 
latitudes  »  fait  déjà  image  par  elle-même  et  nous  rappelle  que 
depuis  longtemps  on  avait  assimilé  poétiquement  les  deux 
hémisphères  terrestres,  réunis  et  séparés  par  l'équateur,  à 
deux  gigantesques  montagnes  accolées  par  la  base. 

Mesdames  et  Messieurs,  il  ne  me  semble  pas  encore  lire  sur 
vos  bienveillants  visages  la  moindre  trace  de  fatigue;  mais 
cela  ne  prouve  pas  suffisamment  en  ma  faveur,  et  peut-être 
ferai-je  bien  d'arrêter  ici  cette  aride  conférence.  Cependant 
les  points  qui  intéressent  sans  doute  le  plus  les  membres 


XLVIII  SOCIETE    NATIONALE   D  ACCLIMATATION.       . 

d'une  Société  telle  que  la  vôtre,  ont  été  à  peine  effleurés  et, 
tout  compte  fait,  je  crois  de  mon  devoir  de  garder  la  parole 
quelques  minutes  encore. 

On  s'est  bien  souvent  posé  une  question  : 

Les  animaux  sont-ils  distribués  de  façon  à  répondre  à 
Vinfinie  diversité  des  conditions  géographiques  ambiantes, 
à  toutes  les  offres  de  vie  que  la  planète  a  su  et  sait  faire  à 
ses  myriades  de  clients  ? 

Ne  pouvant  transiger  avec  la  vérité  scientifique,  je  répon- 
drai hardiment  :  Non,  cela  n'est  pas.  «  D'une  part,  dit  Her- 
bert Spencer,  les  animaux  de  chaque  espèce  ont  évidemment 
leurs  habitats  limités  par  des  conditions  extérieures  ;  ils  sont 
nécessairement  réduits  à  des  espaces  dans  lesquels  leurs 
actions  vitales  peuvent  s'accomplir.  »  Mais  «  d'autre  part, 
l'existence  de  certaines  conditions  ne  détermine  pas  récipro- 
quement la  présence  d'organismes  qui  y  trouveraient  un 
milieu  convenable  ». 

En  d'autres  termes,  «  il  y  a  des  espaces  parfaitement  adap- 
tés à  la  vie  d'êtres  supérieurs  et  dans  lesquels  on  ne  trouve 
que  des  êtres  d'ordre  bien  inférieur  », 

Ces  dernières  paroles  du  philosophe  anglais  sontjudicieuses 
et  les  personnes  qui  nient  l'acclimatation  au  nom  des  prin- 
cipes de  zoologie  géographique,  seront  bien  forcées  de  recon- 
naître finalement  que  la  distribution  des  vivants  s'explique 
mal  par  la  théorie  du  plan  préconçu.  Je  vous  citais,  dans  mon 
historique,  les  réflexions  enfantines  d'un  chevrier  naïf  ;  per- 
mettez-moi de  vous  dire  à  présent  la  profession  de  foi  d'un 
infortuné  Maori  de  la  Nouvelle-Zélande  :  «  De  même  que  le 
rat  des  hommes  blancs  a  expulsé  notre  rat  indigène,  que  la 
mouche  d'Europe  a  fait  fuir  la  mouche  du  pays  et  que  le  trèfle 
a  vaincu  les  vieilles  fougères;  de  même  devant  les  hommes 
blancs  périront  les  Maoris  !  » 

Ce  Jérémie  de  l'hémisphère  austral  n'est  peut-être  pas  aussi 
célèbre  que  l'autre...  Mais  je  crois  qu'il  est  dans  le  vrai  et  que 
ses  lamentations  sont  positivement  inspirées. 

En  définitive,  il  faut  reconnaître  l'existence  d'une  loi  très 
générale  que,  faute  de  mieux,  je  prendrai  la  liberté  de  dési- 


DISTRIBUTION    GÉOGRAPHIQUE   DES   ANIMAUX.  XLIX 

gner  sous  le  titre  de  «  Loi  d'usurpation  des  aires  géographi- 
ques ».  Chaque  espèce,  veux-je  dire,  loin  de  se  trouver  satis- 
faite des  limites  de  son  parc,  tend  de  toutes  ses  forces  à  élargir 
sa  sphère  d'existence,  à  envahir  d'autres  régions ,  d'autres 
modes  de  vie,  d'autres  milieux. 

Eh  quoi!  me  direz-vous;  faut-il  donc  admettre  que  le 
Parthe  viendra  jamais  boire  les  eaux  de  l'Arar  et  le  Germain 
celles  du  Tigre?  Ou  plutôt  est-il  à  craindre  que  nous  trou- 
vions un  jour  les  cerfs  envolés  de  nos  forêts  et  les  poissons 
sortis  en  masse  de  nos  rivières?... 

L'objection  contient  sa  propre  réfutation  en  grande  partie  : 
car  si  l'invasion  des  Asiatiques  en  Europe  ou  des  Européens 
en  Asie  ne  constitue  pas  un  dérèglement  que  vous  osiez  assi- 
miler à  l'invasion  des  ruminants  les  plus  agiles  dans  la  région 
des  nuages  ou  à  celle  des  requins  sur  la  place  publique,  c'est 
que  d'intuition  vous  déterminez  approximativement  les  coeffi- 
cients de  plasticité  probable  des  organismes  considérés. 

Tout  est  là  en  effet,  et  les  espèces,  quelles  qu'elles  soient, 
doivent  infailliblement  trouver  des  bornes  à  leurs  velléités 
usurpatrices,  dans  la  mesure  môme  de  leurs  facultés  d'adap- 
tation. 
Or  on  peut  faire  à  ce  sujet  trois  hypothèses  principales  : 
i"  Si  les  facultés  d'adaptation  sont  nulles  ou  presque  nulles, 
il  suit  que  les  types  organiques,  sans  être  absolument  confinés 
dans  leurs  districts  primitifs,  ne  pourront  jamais  espérer  con- 
quérir que  des  régions  du  globe  à  peine  dilïérentes  des  leurs, 
et  même  à  la  condition  de  pouvoir  franchir  les  stations  inter- 
médiaires. En  un  mot,  cette  alternative  supprime  la  possibi- 
lité intrinsèque  de  l'acclimatation,  sans  pouvoir  toutefois  sup- 
primer la  possibilité  extrinsèque  de  l'extension  des  vivants. 
La  remarque  est  bonne  à  noter,  et  nous  ne  devons  pas  perdre 
de  vue  que  la  seule  conquête  de  la  nature  brute  nous  assure- 
rait quand  même  la  jouissance  parfaite  d'un  monde  animé 
rebelle  à  toute  modification  anatomique  ou  physiologique. 
2"  Si  les  facultés  d'adaptation  sont  très  amplement  dévelop- 
pées ou  quasi  indéfinies,  il  est  évident,  du  moins  à  première 
vue,  que  les  êtres  pourront  prétendre  tôt  ou  tard  à  n'importe 

3°  SÉRIE,  T.  X.  —  Séance  publique  annuelle,  </ 


L  SOCIETE   NATIONALE  D  ACCLIMATATION. 

quel  habitat,  et  l'on  est  tout  d'abord  porté  à  croire  que  leur 
spécificité,  aussi  fantaisiste  que  leur  localisation,  disparaîtra 
sans  retour,  emportant  dans  la  tombe  nos  convictions  les  plus 
chères  à  l'endroit  des  lois  de  la  nature...  Mais  une  méditation 
intelligente  repousse  cette  interprétation  et  réduit  simple- 
ment la  théorie  à  supposer  que  tous  les  phénomènes  décrits 
par  les  morphologues  et  les  géographes  sont  fonction  les  uns 
des  autres  ainsi  que  de  la  durée  éternelle.  Ce  qui  enracine 
encore  plus  profondément  dans  l'esprit  la  conception  de  «  loi 
naturelle  ». 

3"  Enfin  si  les  facultés  d'adaptation  ont  un  degré  moyen  de 
plasticité,  alors  sans  doute  il  n'est  plus  possible  qu'une  race 
d'êtres  ait  épuisé  dans  le  passé  ou  doive  épuiser  dans  l'avenir 
toutes  les  modalités  de  la  forme  et  de  la  résidence;  mais  une 
prophétie  quelconque  condamnant  à  priori  telle  naturalisa- 
tion, tel  acclimatement,  tel  transport,  devient  parfaitement 
outrecuidante. 

Le  langage  le  plus  prudent  est  encore  celui  des  évolution- 
nistes  :  Quand  une  espèce  change  réellement  d'habitat,  di- 
sent-ils, elle  subit  des  altérations  anatomo-physiologiques 
correspondantes^  afin  de  s'adapter  à  ses  nouvelles  conditions  ; 
mais  si  elle  est  incapable  de  ce  tour  de  souplesse,  elle  en 
meurt  et  va  grossir  de  la  sorte  la  liste  des  fossiles. 

C'est  simple,  c'est  clair  ;  et  l'on  s'étonne  de  ce  que  cela  n'ait 
pas  été  trouvé  tout  de  suite  ! 

Toutefois  nous  ne  devons  pas  rejeter,  sans  l'entendre, 
l'opinion  de  certains  zoologistes  chefs  d'école,  opinion  qui  ne 
laisse  presque  rien  à  la  variabilité  et  qui  vous  représente  vo- 
lontiers les  peuples  de  la  terre  localisés  au  même  litre  que 
les  autres  productions  de  la  nature. 

Notre  éminent  anihropologiste,  M.  le  professeur  Quatre- 
fages,  s'est  heureusement  chargé  de  la  difficulté  et  il  en  a  fait 
sortir  un  des  plus  beaux  arguments  que  je  connaisse  en  faveur 
de  la  loi  d'usurpation  des  aires  géographiques  et  par  consé- 
quent de  l'acclimatation. 

Avec  toute  la  délicatesse  qui  caractérise  le  vrai  savant, 
M.  de  Quatrefages  commence  par  attribuer  ouvertement  à  de 


DISTRIBUTION    GÉOGRAl'HIQUE    DES    ANIMAUX.  LI 

Candolle  la  paternité  de  l'admirable  loi  de  géographie  biolo- 
gique sur  laquelle  il  va  appuyer  son  argumentation. 

Voici  cette  loi  :  «  L'aire  moyenne  des  espèces  est  d'autant 
plus  petite  que  la  classe  à  laquelle  elles  appartiennent  a  une 
organisation  plus  complète,  plus  développée,  autrement  dit 
plus  parfaite.  » 

Pour  de  Candolle  cependant  c'est  là  avant  tout  le  résultat 
immédiat  d'une  constatation  de  faits  et  de  faits  relatifs  au 
règne  végétal;  aux  yeux  de  M.  de  Quatrefages,  le  cantonne- 
ment progressif  domine  tout  l'empire  organique  et  constitue 
d'ailleurs  une  nécessité  physiologique  qui  peut  se  déduire 
ainsi  :  «  Le  perfectionnement  des  organismes  s'accomplit  par 
la  division  du  travail;  or  celle-ci  exige  la  multiplication  des 
appareils  fonctionnels.  A  mesure  donc  que  les  instruments 
anatomiques  deviennent  plus  nombreux  et  plus  spéciaux,  les 
fonctions  elles-mêmes  se  spécialisent.  A  cause  de  cela,  les 
conditions  d'harmonie  entre  l'être  vivant  et  le  milieu  qui  l'en- 
toure se  précisent  déplus  en  plus.  Par  suite  enfin,  l'organisme 
ne  trouve  plus  ses  indispensables  éléments  de  bien-être  que 
dans  une  aire  progressivement  restreinte.  » 

Cette  déduction  est  irréprochable,  et  comme  aucun  animal 
ne  fait  au  reste  exception  à  la  règle,  il  faut  bien  que  l'homme 
et  ceux  de  ses  animaux  domestiques  qui  sont,  comme  lui, 
cosmopolites,  aient  opéré  leur  extension  paradoxale  après 
coup,  c'est-à-dire  en  s'irradiant  d'un  berceau  primitif  parfai- 
tement défini. 

L'objection  tirée  de  la  pluralité  possible  des  souches  hu- 
maines, canines,  équines,  bovines,  etc.,  s'évanouit  même 
complètement,  en  ce  sens  qu'elle  n'atteint  plus  le  grand  prin- 
cipe du  cantonnement  progressif,  lequel  s'applique  aux  genres 
et  aux  familles  aussi  bien  qu'aux  espèces. 

Deux  autres  vérités  capitales  achèvent  de  nous  convaincre 
de  l'impuissance  des  conceptions  philosophiques  anciennes, 
relativement  à  la  prédétermination  des  rapports  qui  existent 
entre  les  territoires  et  les  habitants. 

C'est  d'abord  la  loi  de  sir  Alfred  Russel  Wallace,  savoir  que 


LU  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

les  relations  naturelles  d'affinité  entre  les  espèces,  aussi  bien 
que  leurs  rapporls  économiques,  se  traduisent  dans  leur  voi- 
sinage géographique. 

La  démonstration  est  éclatante  lorsqu'on  envisage ,  par 
exemple,  la  distribution  desBulimi,  des  Colibris,  des  Toucans, 
des  Goliatbi  d'Afrique,  des  Ornithoptères  des  îles  Malaises, 
des  Héliconides  de  l'Amérique  méridionale  et  des  Danaïdes 
de  l'Orient. 

Mais  il  est  bon  d'ajouter  qu'au  fur  et  à  mesure  que  l'on  en- 
visage des  groupes  plus  embrassants  que  les  espèces,  c'est- 
à-dire  les  genres,  les  familles,  les  ordres,  les  classes  et  les 
embranchements,  on  voit  s'affaiblir  et  disparaître  toute  cor- 
respondance entre  la  morphologie  et  la  chorologie. 

Agassiz  insiste  beaucoup  sur  ce  principe  restrictif:  «  A  ne 
considérer,  dit-il,  que  les  sections  primaires  du  règne  animal, 
on  rencontre  partout,  à  côté  les  uns  des  autres,  des  représen- 
tants des  quatre  embranchements.  Les  classes  ont  déjà  un 
mode  de  distribution  plus  restreint.  Dans  quelques  classes, 
c'est  seulement  dans  les  ordres  ou  dans  les  familles  qu'on 
trouve  une  corrélation  avec  les  milieux.  Il  y  a  même  des  grou- 
pes naturels  où  elle  ne  se  manifeste  plus  au  delà  des  genres, 
et  un  petit  nombre  de  cas  dans  lesquels  elle  ne  va  pas  plus 
loin  que  les  espèces.  » 

On  comprend  à  priori  qu'il  doit  en  être  ainsi  ou  à  peu  près  ; 
car  plus  un  groupe  a  de  compréhension,  plus  il  présente  de 
types  subordonnés  et  divers,  capables  de  répondre  à  la  diver- 
sité des  conditions  d'existence  que  présente  une  aire  géogra- 
phique très  étendue,  plus  étendue  même  quejie  le  compor- 
terait rigoureusement  l'augmentation  numérique  proportion- 
nelle des  individus  du  groupe  le  plus  considérable... 

Le  même  Agassiz  explique  facilement,  au  moyen  de  cette 
loi,  pourquoi  les  natiu'alisLes  des  siècles  précédents  ont  en- 
fanté de  mauvaises  classifications:  t(  C'est  surtout,  dit-il, 
parce  qu'ils  ont  fait  de  l'habitat  la  base  de  leurs  divisions  pri- 
maires. Mais  en  la  réduisant  aux  proportions  qui  lui  convien- 
nent, cette  étude  ne  peut  manquer  de  produire  de  bons  ré- 
sultats et,  dans  les  limites  de  la  classe,  la  seule  considération 


DISTRIBUTION    GEOGRAPHIQUE   DES   ANIMAUX.  LUI 

de  l'habitat  pourrait,  en  beaucoup  de  cas,  conduire  à  une 
classification  rationnelle.  » 

Le  génie  de  Charles  Darwin  ne  pouvait  rester  étranger  à 
cette  question  intéressante,  et  nous  devons  rappeler  avec  lui  : 

i"  Que  les  espèces  qui  habitent  les  îles  sont  ordinairement 
parentes  des  espèces  qui  habitent  les  continents  les  plus 
voisins  ; 

2°  Que  les  faunes  des  groupes  d'îles  offrent  entre  elles  des 
ressemblances  encore  plus  marquées; 

S"  Enfin  qu'il  semble  y  avoir,  par  contre,  un  rapport  entre 
l'existence,  dans  les  îles,  de  Mammifères  à  un  état  plus  ou 
moins  modifié  et  la  profondeur  de  la  mer  qui  sépare  ces  îles 
de  la  terre  ferme. 

Spencer  et  Darwin  enveloppent  ces  divers  faits  généraux 
dans  l'aphorisme  suivant,  lequel  fait  pendant  à  la  loi  de  Wal- 
lace  et  la  corrige  dans  ce  qu'elle  pourrait  avoir  de  trop 
rigide  : 

Les  affinités  ou  les  dissemblances  sont  en  harmonie  avec 
r absence  on  r existence  des  barrières,  bien  plutôt  qu'avec 
Vanalogie  ou  la  disparité  des  circonstances  ambiantes  géolo- 
logigues  ou  météorologiques. 

Ainsi,  d'une  part,  «  il  n'y  a  pas  deux  faunes  plus  distinctes 
que  celles  des  rivages  oriental  et  occidental  de  l'Amérique  du 
Sud  et  de  l'Amérique  du  Centre;  et  pourtant  ces  deux  grandes 
créations  ne  sont  séparées  que  par  l'isthme  étroit,  mais  in- 
franchissable de  Panama.  »  Nous  pouvons  ajouter  que  «  sur 
les  versants  opposés  des  hautes  chaînes  de  montagnes,  on 
trouve  aussi  des  différences  dans  les  formes  organiques;  dif- 
férences moins  prononcées,  il  est  vrai,  que  lorsque  les  bar- 
rières sont  absolument  insurmontables,  mais  bien  plus  pro- 
noncées que  ne  l'exige  la  différence  des  actions  cosmiques,  p 

D'autre  part,  les  grandes  surfaces  qui  offrent  une  diversité 
énorme  de  conditions  biogéniques  n'en  sont  pas  moins  peu- 
plées d'organismes  très  voisins,  lorsqu'il  n'existe  aucun  ob- 
stacle à  la  libre  migration. 


'O' 


Ma  conclusion  désormais  ne  peut  être  que  simple  et  brève  : 


LIV  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'AGGLIMATATION. 

A.  Il  y  a  une  science  qu'on  appelle  la  zoologie  géographi- 
que el  qui  se  propose  de  déterminer  jusqu'à  quel  point  la  di- 
versité des  animaux  est  fonction  de  la  diversilé  des  territoires, 
des  habitats,  des  locaux  que  les  vivants  occupent  ici-bas  à  un 
moment  donné. 

B.  A  un  moment  donné...  Et  pourtant  il  ne  faudrait  pas  né- 
gliger de  s'enquérir  au  sujet  de  la  distribution  des  animaux 
aux  époques  antérieures,  d'autant  plus  que  la  répartition  ac- 
tuelle doit  être  en  grande  partie  la  conséquence  de  celles  qui 
ont  précédé.  —  C'est  du  moins  l'avis  de  I.  Geoffroy  Sainl-Hi- 
laire  et  d'Agassiz. 

C.  Même  avec  cette  réserve  importante,  il  s'en  faut  de 
beaucoup  que  l'adéquation  des  deux  ordres  de  diversités  soit 
complète,  attendu  que,  d'un  côté,  il  serait  difficile  d'expliquer 
toutes  les  différenciations  zoologiques  par  les  différences  qui 
existent  dans  les  conditions  de  vie,  et  que,  d'un  autre  côté, 
condition  de  vie  n'est  pas  synonyme  de  condition  géogra- 
phique. 

D.  La  plupart  du  temps  une  forme  vivante  semble  présen- 
ter les  vestiges  d'adaptation  successives  à  des  milieux  absolu- 
ment différents,  comme  si  les  ancêtres  de  cette  forme  n'avaient 
eu  rien  de  commun  avec  elle. 

E.  En  somme,  tout  se  passe  comme  si,  d'une  façon  lente  et 
siÀre,  les  espèces  animées  avaient,  en  se  modifiant  au  fur  et  à 
mesure,  envahi  les  divers  départements  qu'elles  occupent 
aujourd'hui. 

Aux  termes  de  cette  hypothèse,  l'homme  en  acclimatant  des 
animaux  n'aurait  fait  que  prendre  en  main  la  direction  d'un^ 
phénomène  naturel,  vieux  comme  le  monde...  Et  nous  voyons 
en  effet  que,  môme  présentement,  ce  phénomène  s'accomplit 
souvent  mieux  sans  nous  que  par  notre  intermédiaire,  à 
moins  qu'il  ne  se  produise  complètement  malgré  nous  !  Mais 
cela  doit  provenir  de  ce  que  la  nature  a  pour  elle  le  temps 
illimité  et,  faut-il  le  dire,  de  ce  qu'elle  ne  se  propose  vraisem- 
blablement aucun  but  :  Les  choses  vont  avant  tout  comme  elles 
peuvent  et  suivent  toujours  ici  aveuglément  la  ligne  de  moin- 
dre résistance.  Les  organismes  de  tous  les  modules  envahis- 


DISTRIBUTION    GEOGRAPHIQUE   DES   ANIMAUX.  LV 

sent  à  tort  et  à  travers  tout  espace  brut  ou  vif  qui  peut  leur 
servir  de  milieu  de  culture,  et  le  tout,  sous  le  couvert  de  la 
lutte  pour  l'existence  et  de  la  sélection  fatale  des  plus  aptes. 

Au  bout  du  compte,  nous  pouvons  être  sûrs  que  si  une  foule 
d'acclimatations  n'ont  pas  réussi,  cela  vient  de  ce  que  nous 
connaissons  mal  les  lois  de  la  transformation  des  espèces.  Ce 
sont  des  faits  négatifs  ;  voilà  tout  ! 

Mais  la  plupart  des  intelligences  paresseuses  aiment  mieux 
croire  que  les  formes  zoologiques  sont  autochtones ,  c'est- 
à-dire  nées  des  pierres  du  sol,  et  que,  figées  sur  place  dans 
leur  moule  initial,  elles  refusent  opiniâtrement  de  s'ajuster 
à  d'autres  conditions  d'existence. 

Ce  dogme  poudreux  de  1'  «  autochtonisrae  »  va  heureuse- 
ment en  déclinant,  de  sorte  que  aujourd'hui  beaucoup  pen- 
sent, s'ils  n'osent  encore  le  dire,  que  les  mesures  prises  par 
le  Créateur  pour  empêcher  le  mélange,  le  déplacement  et  l'in- 
terversion des  faunes,  sont  ni  plus  ni  moins  efficaces  que 
celles  mises  en  pratique  par  Lui  pour  empêcher  l'hybridation 
des  types,  les  greffes  végétales  et  animales,  les  hétérotaxies, 
les  luxations  et  les  hernies  de  toutes  sortes... 

L'aulochtonisme  !  mot  qui  déchire  encore  moins  l'oreille 
du  musicien  que  l'idée  qu'il  exprime  ne  heurte  la  raison  du 
vrai  philosophe... 

L'aulochtonisme  !  c'est-à-dire  cette  funeste  croyance  qui 
nous  persuadait  si  bien  que  les  vers  parasitaires  et  les  virus 
pouvaient  s'engendrer  spontanément  dans  nos  corps,  de  façon 
à  nous  faire  ressembler,  nous,  à  ces  misérables  sauvages  qui 
adorèrent  les  premiers  hommes  blancs  qu'ils  virent  dans  leur 
île;  incapables  qu'ils  étaient,  eux,  d'imaginer  qu'ont  pût  fran- 
chir ainsi  la  mer  infinie,  en  venant  d'une  autre  terre  plus  dif- 
ficile encore  à  imaginer... 

L'autochtonisme  !  Mais  savons-nous  seulement  si  les  pre- 
miers microbes  qui  s'installèrent  sur  notre  planète  à  peine 
refroidie,  ne  venaient  pas  d'accomplir  la  formidable  traversée 
des  océans  interstellaires,  accrochés  à  quelque  épave  d'un 
vieux  cosmos  démoli'^  Non,  hélas  !  Et  peut-être  jamais  ne  le 
saurons-nous.  Mais  ce  soupçon  solennellement  étrange  était  à 


LYI  .SOCIETE    NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

mes  yeux  le  seul  commentaire  un  peu  digne  qu'il  restât  à  faire 
des  merveilleux  travaux  de  M.  Pasteur  et  en  compagnie  des 
plus  grands  physiciens  de  l'Europe,  William  Thomson  et 
Helmliolz. 

Après  cela,  je  crois,  la  Société  d'Acclimatation  peut  se 
donner  carte  blanche. 


RAPPORT  ANiNUEL  SUR  LES  TRAVAUX 
DE  LA  SOCIÉTÉ   NATIONALE  D'ACCLIMATATION 

DE  FRANCE  EN  1882 

Par  M.  C.  RAVERET-WATTEL 

Secrétaire  des  se'ances. 


Messieurs, 

Chargé  par  mes  ibnctions  de  vous  présenter  chaque  année 
un  résumé  de  vos  travaux,  je  dois  veiller  à  ne  laisser  dans 
l'ombre  aucun  des  faits  par  lesquels  notre  Société  a  manifesté 
son  activité.  Or,  si  nombreux  et  si  variés  sont  les  sujets 
qu'embrassent  vos  études,  que  mettre  convenablement  en 
lumière  tous  les  faits  intéressants  observés,  les  résultats 
scientifiques  obtenus,  et  les  applications  utiles  qui  en  décou- 
lent, est  une  tâche  assurément  difficile  à  bien  remplir.  En 
commençant  le  présent  compte  rendu,  je  réclamerai  donc 
votre  indulgence  habituelle  pour  l'accomplissement  d'un  de- 
voir que  je  ne  peux  ni  ne  veux  décliner. 

La  Société  nationale  d'Acclimatation,  Messieurs,  n'a  pas 
ralenti,  pendant  la  nouvelle  péi'iode  qui  vient  de  s'accomplir, 
la  marche  en  avant  qu'elle  poursuit  d'une  façon  si  heureuse 
depuis  les  premiers  jours  de  son  existence.  C'est  avec  une 
satisfaction  réelle  qu'en  jetant  les  regards  en  arrière,  nous 
pouvons  mesurer  des  yeux  le  chemin  parcouru  et  compter  les 
progrès  réalisés,  les  succès  obtenus  dans  cette  nouvelle  étape. 
Plusieurs  questions  depuis  longtemps  à  l'étude  ont  eufin 
trouvé  leur  solution  ;  d'autres  ont  été  immédiatement  abor- 
dées et  vous  fourniront  cette  année  d'importants  et  fructueux 
sujets  de  recherche,  si  l'on  en  juge  par  les  matériaux  déjà 
réunis. 

De  ce  nombre  est  la  question  de  l'élevage  de  la  Chèvre, 
dont  vous  avez  cru  devoir  faire  l'objet  d'une  véritable  en- 
quête. Vous  avez  compris  la  nécessité  de  fixer  l'agriculture 
sur  la  fécondité  et  les  qualités  respectives  des  dilïérentes 


LXVIII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

races  de  Chèvres,  généralement  si  peu  étudiées  que  l'on  en 
est  encore  à  savoir  quelle  est  à  ce  jour  la  meilleure  laitière, 
la  plus  robuste  et  la  plus  sobre  (1),  On  ne  trouve  pas  d'ail- 
leurs partout  des  races  de  Chèvres  franchement  homogènes. 
La  Suisse  seule,  peut-être,  fait  une  heureuse  exception  sous 
ce  rapport,  et  les  documents  fournis  par  M.  Neukom,  in- 
specteur des  forets  àShaffouse,  vous  ont  fait  connaître  l'exis- 
tence de  races  bien  homogènes,  telles  que,  par  exemple,  les 
Chèvres  dites  «  Schwarzhals  »  (cou  noir),  qui  sont  bonnes 
laitières  et  de  belles  formes,  et  pour  lesquelles  on  évite  soi- 
gneusement des  croisements  qui  compromettraient  ces  qua- 
lités (2).  Trop  généralement  ailleurs,  on  a  considéré  jusqu'à 
présent  la  Chèvre  comme  pouvant  se  contenter  de  peu  de 
chose,  et,  par  suite,  on  la  laisse,  pour  ainsi  dire,  chercher  sa 
nourriture  elle-même.  Mais  si,  comme  l'a  fait  remarquer 
M.  Dybowski(.S),  on  s'attachait,  par  une  sélection  bien  enten- 
due, à  faire  reproduire  entre  eux  les  individus  les  meilleurs 
et  qu'on  leur  procurât  une  alimentation  riche,  appropriée  à 
leurs  aptitudes,  on  créerait  certainement  au  bout  de  quelques 
années  une  variété  bonne  laitière.  Un  exemple  nous  est  fourni 
par  les  Vaches  bretonnes  de  petite  taille,  qui,  dans  leur  pays, 
vivent  presque  à  l'état  sauvage  dans  les  bruyères  et  donnent 
très  peu  de  lait.  Transportées  dans  des  milieux  où  l'on  a  l'ha- 
bitude de  mieux  traiter  le  bétail,  ces  mêmes  Vaches  devien- 
nent très  bonnes  laitières.  Une  même  Vache  bretonne  qui, 
dans  son  pays,  ne  fournissait  que  3  ou  4-  litres  de  lait  peut, 
étant  bien  soignée,  en  donner  jusqu'à  12  après  deux  ou  trois 
vêlages. 

En  Angleterre,  où  l'on  s'occupe  de  la  réhabilitation  de  la 
Chèvre  (4),  une  Société  s'est  formée  en  vue  de  propager  l'es- 
pèce caprine.  Il  importe  de  ne  pas  rester  chez  nous  en  arrière 
de  ce  mouvement.  Nos  concours  régionaux  ont  pour  but  de 
vulgariser  les  animaux  utiles  de  toutes  les  espèces;  l'admission 


(1)  Procès-verhaux  (Biillelm,  1882,  p.  239). 

(2)  Ibidem.  1882,  p.  236,  573). 

(3)  Ibidem.  1882,  p.  450)- 

(4)  Ibidem.  1882,  p.  315).  ' 


RAPPORT   SUR   LES   TRAVAUX   DE    LA   SOCIETE.  LIX 

de  la  Chèvre  dans  ces  concours  sera  un  moyen  de  la  bien  faire 
connaître,  et  c'est  pourquoi  vous  avez  cru  devoir  faire  des  dé- 
marches dans  ce  sens  auprès  de  l'administration  supérieure. 
Vous  vous  êtes  préoccupés  surtout  de  la  propagation  de  la 
Chèvre  d'Angora  en  Algérie.  Ainsi  que  M.  Durand  vous  l'a 
fait  connaître  (i),  cette  race  s'est  parfaitement  acclimatée 
dans  la  colonie,  où  elle  supporte,  mieux  que  la  Chèvre  arabe, 
les  variations  de  température,  tout  en  donnant,  comme  poil, 
des  produits  fort  satisfaisants.  Il  est  donc  à  regretter  que  l'ad- 
ministration ne  croie  pas  devoir  encourager  l'élève  de  la 
Chèvre,  qu'elle  considère  comme  de  nature  à  porter  préju- 
dice aux  intérêts  forestiers.  La  population  caprine  est  très 
considérable  en  Algérie  (elle  est  d'environ  trois  millions  et 
quelques  centaines  de  mille  lêtes)  et,  quoi  qu'on  fasse,  elle  le 
sera  toujours,  au  moins  en  pays  arabe;  il  y  aurait  ainsi  tout 
avantage  à  substituer  la  race  d'Angora  à  la  race  indigène, 
mauvaise  laitière  et  à  toison  très  peu  fournie. 

Les  observations  très  soignées  faites  au  Jardin  zoologique 
d'Acclimatation  sur  la  croissance  des  Girafes  (^)  ont  appelé 
votre  attention  sur  l'insuffisance  des  renseignements  recueil- 
lis jusqu'à  présent  concernant  l'accroissement  des  animaux  (8). 
Les  informations  enregistrées  chaque  jour  au  Jardin  sur  cette 
question  fort  importante  au  point  de  vue  de  l'élevage,  ne 
sauraient  être  considérées  comme  de  simples  curiosités  scien- 
tifiques; elles  présentent,  au  contraire,  une  sérieuse  ulilité 
pratique,  leur  précision  très  grande  donnant  une  importance 
toute  particulière  aux  conséquences  qui  s'en  déduisent. 

On  peut  en  dire  autant  des  observations  faites  à  un  aulre 
point  de  vue  par  M.  iluet  et  consignées  par  lui  dans  les  notes 
qu'il  vous  a  communiquées  sur  les  reproductions  d'animaux 
obtenues  à  la  ménagerie  du  Muséum  (4).  Ces  notes  font  sur- 


(1)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1882,  p.  713). 

(2)  Ibidem,  p.  178. 
(3,  Ibidem,  p.  178. 

(4)  Hiiet,  Note  sur  les  7unssances,  dons  et  ac(iuisitions  du  Muséum  {tluUetin, 
1882,  p.  r)52,  578).  —  Note  sur  les  iiaissances  de  Mammifères  au  Muséum  [Ihtl- 
lelin,  1882,  p.  162).  —  Note  sur  les  naissances  d'Oiseaux  obtenues  au  Muséum 
{Bulletin,  1882,  p.  352) 


LX  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

tout  connaître  avec  précision  la  durée  de  la  gestation  chez  un 
certain  nombre  de  Mammifères,  et,  comme  on  ne  possède 
que  des  renseignements  fort  incomplets  sur  ce  sujet  (1),  vous 
ne  pouviez  qu'accueillir  avec  faveur  les  travaux  de  M.  Huet. 

A  côté  de  ces  intéressantes  observations,  vous  avez  été 
heureux  d'enregistrer  celles  dues  à  plusieurs  de  nos  zélés 
confrères,  qui  s'occupent  avec  persévérance  de  la  multiplica- 
tion d'espèces  exotiques  et  qui  ont  obtenu  cette  année  de  nom- 
breuses reproductions  de  Mammifères  et  d'Oiseaux.  Nous 
devons  une  mention  spéciale  aux  succès  obtenus  par  M.  Pays- 
Mellier  (2),  dans  la  multiplication  du  Muntjack  {Cervulus 
aureus),  du  Cerf  nain  de  la  Chine  (Cervulus  Reevesii),  de 
l'Antilope  cervicapra,  etc.  ;  par  M.  Persin  (3),  dans  celle  du 
Cerf-Cochon  (Cervus  porcinus)  ;  par  M.  Joseph  Cornély  (4), 
dans  celle  de  divers  Oiseaux  et  notamment  du  Pucrasia  ma- 
crolopha,  que  sa  rusticité  remarquable  paraît  désigner  spé- 
cialement pour  devenir  chez  nous  un  nouveau  gibier.  Rappe- 
lons aussi  les  résultats  favorables  obtenus  :  par  M.  le  marquis 
de  Chelfontaines  (5),  dans  l'élevage  des  Céréopses  d'Austra- 
lie; par  M.  Barrachin  (6),  dans  celui  du  Casoar  en  demi  li- 
berté; par  M.  le  docteur  J.-J.  Lafon  (7),  dans  l'éducation  de 
la  Pintade  vulturine,  belle  espèce  qui  paraît  appelée  à  deve- 
nir, dans  notre  zone  méridionale,  un  véritable  Oiseau  de 
basse-cour,  comme  la  Pintade  commune  l'est  devenue  pour 
les  régions  plus  septentrionales. 

D'autres  éducateurs,  eux  aussi  habitués  depuis  longtemps 
à  réussir,  vous  ont  fait  part  de  la  continuation  de  leurs  suc- 
cès. Nous  nommerons  en  particulier  :  M.  Delaurier  aîné 
(d'Angoulême),  qui  a  obtenu  de  nombreuses  multiplications  : 
Perruches  à  ailes  rouges  {Aspromictm  eri/tJiropterus),  Perru- 
ches de  la  Nouvelle-Zélande  {Platycercus  Novœa  Zelandiœ), 

0)  Procès-verbaux  {Bulletin,  188-2,  p.  309). 
(2)  Ibidem,  p.  185. 
(3j  Ibidem,  p.  509. 

(4)  Joseph  Cornély,  Un  nouveau  gibier.  —  Le  Pucrasia  macrolopha  {Bulletin, 
1882,  p.  350). 

(5)  Proces-verbaux  {Bulletin,  1882,  p.  168). 
(C)  Ibidem,  p.  229. 

(7)  Ibidem,  p.  701. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIETE.      LXI 

Colombes  poit^nardées,  etc.  (1)  ;  M.  Alfred  Rousse,  qui  a 
réussi  cette  année  la  multiplication  de  neuf  espèces  de  Perru- 
ches (ondulées,  calopsittes,  omnicolores,  de  Pennant,  Pali- 
ceps,  à  croupion  rouge,  Nanday,  à  scapulaire  et  de  Latham 
discolore)  et  qui  vous  a  fourni  d'utiles  indications  sur  les 
moyens  de  reconnaître  les  sexes  chez  ces  oiseaux  Ci). 

Des  observations  intéressantes  vous  ont  été  communiquées  : 
par  M.  Robert,  sur  les  habitudes  de  la  Mangoiiste  Mango  en 
captivité  (3);  par  M.  Nelson-Pautier  (4)  et  par  M.  deConfé- 
vron  (5),  sur  les  mœurs  et  l'instinct  très  développé  du  Hé- 
risson, classé  à  bon  droit  par  l'administration  forestière  au 
nombre  des  animaux  utiles,  car  il  détruit  une  grande  quan- 
tité d'insectes  et  de  reptiles  y  compris  les  vipères;  par 
M.  Victor  Chatel  (6),  sur  les  migrations  du  Pinson  ;  enfin  par 
M.  Millet,  sur  les  mœurs  des  Cigognes  et  sur  les  services  que 
rendent  ces  oiseaux  en  détruisant  beaucoup  d'animaux  nui- 
sibles, les  Taupes  en  particulier,  qu'elles  font  sortir  de  terre 
d'un  seul  coup  de  bec  (7). 

De  son  côté,  M.  Jean  Kiéner  vous  a  signalé  certains  faits 
qui  l'ont  conduit  à  admettre  l'existence  de  croisements  entre 
le  Rat  et  le  Cobaye  (8).  Mais  on  conçoit  toute  la  réserve  que 
vous  apportez  à  vous  prononcer  sur  des  questions  de  cette 
nature,  et  combien  vous  tenez  à  vous  garder  de  conclusions 
reposant  uniquement  sur  l'observation  des  caractères  exté- 
rieurs, sur  l'aspect  des  sujets  présentés  comme  hybrides.  Vous 
ne  perdez  pas  de  vue  que  ce  sont  surtout  les  animaux  plus  ou 
moins  profondément  modifiés  par  la  domestication  qui  peu- 
vent aisément  donner  lieu  à  des  méprises,  certains  retours 
vers  les  caractères  du  type  primitif  pouvant  faire  croire  à  des 
croisements  qui  n'existent  pas  en  réalité  (9). 

(1)  Procès-verbaux  {Bulletin,  188"2,  p.  306). 
{'2)  Ibidem,  p.  56^2. 

(3)  Ibidem,  p.  22?. 

(4)  Ibidem,  p.  167. 

(5)  Ibidem,  p.  53. 

(6)  Ibidem,  p.  18i. 

(7)  Ibidem,  p.  451 . 

(8)  Ibidem,  p.  692. 

(9)  Ibidem. 


LXII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

On  ne  saurait,  toutefois,  méconnaître  la  possibilité  de  croi- 
sements entre  espèces  assez  éloignées,  et,  comme  vous  l'a  fait 
remarquer   M.  Geoftroy  Saint-Hilaire ,  l'observation  révèle 
chaque  jour  de  nouveaux  faits  de  cette  nature  se  produisant, 
soit  parmi  les  animaux  domestiques,  soit,  ce  qui  est  plus  sur- 
prenant, tout  à  fait  en  dehors  de  l'intervention  de  l'homme, 
chez  des  espèces  absolument  sauvages  (1).  Tel  est,  par  exem- 
ple, le  croisement  du  Coq  de  bruyère  et  du  Tétras  à  queue 
fourchue,  croisement  qui  est  assez  fréquent  et  qui  donne  nais- 
sance à  des  produits  chez  lesquels  la  queue  présente  une 
forme  intermédiaire  entre  celle  des  deux  types  reproducteurs. 
D'après  les  renseignements  qui   vous  ont  été  fournis   par 
MM.  Pichot  (2),  Maurice  Girard  (3)  et  le  marquis  deSinéty  (4), 
des  faits  analogues  se  constatent  jusque  dans  la  classe  des 
Insectes.  En  réalité,  plus  on  observe,  plus  on  voit  s'étendre 
le  champ  des  rapprochements  possibles  entre  espèces  diffé- 
rentes, et  l'on  reconnaît  que  ces  unions  fécondes  se  montrent 
non  seulement  de  genre  à  genre,  mais  jusqu'aux  limites  de 
la  famille.  Ces  faits  ne  semblent  pas,  toutefois,  de  nature  à 
modifier  la  notion  de  l'espèce,  car,  sauf  de  rares  exceptions, 
les  croisements  aboutissent  toujours,  soit  à  l'infécondité  au 
bout  de  quatre  ou  cinq  générations  au  maximum,  soit  à  un 
retour  vers  l'un  des  deux  types  producteurs  (5).  Dans  la  pra- 
tique, on  tire  parfois  profit  de  l'infécondité  des  produits  croisés. 
Ainsi,  en  Allemagne  et  en  Amérique,  où  l'on  a  recours  au 
métissage  de  différentes  espèces  de  Poissons  en  vue  d'obtenir 
des  pio'duits  réunissant  les  qualités  des  espèces  croisées  entre 
elles,  ces  métis  sont  généralement  inféconds  et  doivent  à  leur 
infécondité  même  l'avantage  d'un  plus  grand  et  plus  rapide- 
développement  (6). 

En  matière  d'élevage,  tout  ce  qui  peut  augmenter  l'impor- 
tance de  la  production  mérite  une  sérieuse  attention.  Sous  ce 

(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  188!2,  p.  118). 

(2)  Ibidem,  p.  118. 

(3)  Ibidem,  p.  1 18. 

(4)  Ibidem,  p.  111). 

(5)  Ibidem,  p.  11'.». 

(6)  Ibidem,  p.  118. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.    LXIII 

rapport,  la  question  de  l'alimentaLion  est  une  des  plus  sé- 
rieuses à  étudier.  C'est  pourquoi  vous  accueillez  toujours 
avec  intérêt  des  communications  ayant  trait  à  cette  question, 
comme  celles,  par  exemple,  qui  vous  ont  été  faites  par  ]\J.  l'abbé 
Bétin  (1)  concernant  la  nourriture  des  Faisans,  et  par  M.  Van 
Schmit  (2),  sur  l'emploi  d'un  nouveau  produit  alimentaire  de 
son  invention  pour  les  oiseaux  insectivores. 

Les  mêmes  considérations  vous  ont  fait  suivre  avec  une  at- 
tention soutenue  les  expériences  si  importantes  entreprises, 
tant  pra  la  Compagnie  générale  des  Omnibus  et  celle  des 
Petites-Voitures  de  Paris,  que  par  le  Jardin  zoologique  d'Ac- 
climatation, sur  l'alimentation  du  Cheval  (8),  Au  Jardin,  ces 
études  de  physiologie,  appliquées  à  l'emploi  du  cheval  comme 
moteur,  portent  principalement  sur  les  Poneys.  Il  y  a,  en 
effet,  un  intérêt  réel  à  s'assurer  si,  proportionnellement  à  la 
force  utile,  les  petits  chevaux  sont  bien  véritablement,  comme 
il  est  admis  en  général,  plus  économiques  que  les  grands  (4). 

Vous  avez,  cette  année,  constaté  avec  satisfaction  de  nou- 
veaux progrès  réalisés  dans  l'élevage  de  l'Autruche  (5),  in- 
dustrie qui  doit  son  existence  à  la  Société  d'Acclimatation. 
C'est,  en  effet,  l'illustre  fondateur  de  cette  Société  qui  conçut 
la  pensée  de  la  domestication  de  l'Autruche,  et  c'est  par  les 
soins  de  notre  Société  que  les  premiers  essais  de  multiplica- 
tion furent  faits  au  Jardin  zoologique  de  Marseille,  où  les  pre- 
miers résultats  furent  obtenus.  D'autres  succès  suivirent 
bientôt  :  à  Madrid,  au  Retiro  ;  à  San-Donato,  chez  M.  le  prince 
de  Démidoff  ;  au  Jardin  des  Plantes  de  Grenoble,  où  notre  re- 
gretté confrère,  M.  Bouteille,  obtint  des  reproductions  en 
quantité  remarquable  (0). 

Ce  n'est  qu'à  la  suite  de  ces  résultats,  après  une  période 

(1)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1882,  p.  121.) 

(2)  Ibidem,  p.  715. 

(3)  Ibidem,  p.  700. 

(4)  Ibiilem,  p.  701. 

(5)  M.  Paul  Lépervanclic,  de  Cliébel  (île  Maurice),  a  fait  connaître  à  la  Société 
les  résultats  très  satisfaisants  qu'il  a  obtenus  dans  l'élevage  de  l'Autruche,  et 
les  essais  entrepris  par  d'autres  éleveurs  dans  la  colonie  (Procés-verbaux',  Bul- 
ie<m,  1882,  p.  237). 

(6)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1882,  p.  188). 


LXIV  "      SOCIÉTÉ   iNATIONALE   d'ACCLLMATÂTION. 

toute  européenne,  que  se  sont  créées  les  fermes  à  Autruches 
du  cap  de  Bonne-Espérance,  établissements  aujourd'hui  si 
prospères,  et  sur  lesquels  M.  Lavenère,  consul  de  France  au 
Cap,  vous  a  fourni  des   renseignements  des  plus  intéres- 
sants (1).  Avec  les  établissements  déjcà  nombreux  créés  en 
Algérie  et  en  Egypte  ("2),  l'industrie  entre  actuellement  dans 
une  troisième  phase,  qui  paraît  pleine  d'avenir,  si  l'on  en 
juge  d'après  les  résultats  déjà  obtenus,  tant  au  jardin  du 
Hamma  que  dans  les  établissements  de  M.  Créput,  à  Misser- 
ghin,  de  M'"'  Barrière,  près  d'Alger,  et  enfin  dans  celui  d'Aïn- 
Marmora,  près  Coléah;  ce  dernierne  possède  pas  moins  de 
quarante  à  cinquante  couples  reproducteurs  (3).  Un  double 
intérêt  s'attache  à  ces  résultats,  car  l'Autruche  n'est  pas  seu- 
lement utile  par  les  plumes  qu'elle  produit;  sa  chair  peut 
ésalement  rendre  des  services  et  doit  faire  classer  cet  oiseau 
au  nombre  des  espèces  alimentaires.  Il  en  est  de  même,  du 
reste,  pour  le  Nandou,  sur  lequel  des  renseignements,  à  ce 
point  de  vue,  vous  ont  été  donnés  par  M.  0.  Camille  Béren- 
ger  (4.),  qui  s'est  occupé  avec  succès  de  la  multiplication  de 
cette  espèce  américaine  (5).  Un  très  grand  nombre  de  per- 
sonnes, mises  par  notre  confrère  à  même  de  goiîter  la  chair 
du  Nandou,  l'ont  trouvée  de  bonne  qualité  et  parfaitement 
susceptible  d'entrer  dans  l'alimentation  ;  cette  viande  paraît 
tenir  le  milieu  entre  la  volaille  et  le  mouton. 

Votre  attention  a  été  appelée  par  M.  Pierre  Pichot  (6)  sur 
l'intérêt  qui  s'attacherait  à  l'acquisition  de  plusieurs  espèces 
de  Francolins  de  l'Inde,  lesquels  seraient  probablement  plus 
faciles  à  acclimater  que  les  Francolins  du  Cap,  habitués  à  un 
climat  plus  chaud.  Deux  espèces  paraissent  spécialement  re- 
commandables;   ce  sont  celles  que    les  Anglais   nomment 

(1)  Procès-verbaux  (DuUelin,  1882,  p.  705.) 

(2)  M.  Merlato,  sous-directeur  de  la  Société  anonyme  pour  Félevage  de  l'Au- 
truche en  Egypte,  a  fait  parvenir  à  la  Société  un  mémoire  sur  la  chaleur  déve- 
loppée par  l'embryon  pendant  l'incubation  et  sur  le  rôle  de  la  chambre  à  air 
dans  les  œuls  [Bulletin,  188^2,  p.  237.) 

(3)  Proces-verbaux  {Bulletin,  1882,  p.  188). 
(i)  Ibidem,  p.  188. 

(5)  Ibidem,  p.  358. 

(6)  Ibidem,  p.  229. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIETE.     LXV 

Painted-Partridge  et  Black-Parlridge.  Cette  dernière  est  le 
Francolin  ordinaire  ou  Francolin  noir>  oiseau  de  mœurs  très 
douces,  non  batailleur,  qui  ne  dérange  pas  les  autres  gibiers, 
et  qui  fournit  de  très  beaux  tirés  dans  les  endroits  où  il  se 
propage.  Ce  Francolin  se  rencontre  dans  les  plaines  les  plus 
chaudes  du  Bengale  comme  dans  les  neiges  de  l'Hymalaya. 

Parmi  les  envois  précieux  d'animaux  qui  nous  ont  été  faits 
cette  année,  nous  devons  mentionner  particulièrement  ceux 
de  M.  Tony  Conte ,  premier  secrétaire  de  l'ambassade  de 
France  au  Japon  (l).  Le  corps  diplomatique  français  a,  du 
reste,  constamment  témoigné  de  l'intérêt  qu'il  prend  aux  tra- 
vaux de  la  Société  d'Acclimatation  par  les  envois  qu'il  lui  fait 
de  l'étranger.  Dès  l'origine  de  la  Société,  M.  de  Montigny 
faisait  parvenir  en  France  les  Yacks  du  Thibet  et  les  Grues  de 
Mantchourie.  Un  peu  plus  tard,  M.  Léon  Roche  nous  fournis- 
sait les  moyens  d'importer  du  Japon  de  la  graine  de  Ver  à  soie 
de  race  saine.  Depuis,  des  dons  très  fréquents  nous  ont  été 
faits  par  les  divers  représentants  de  la  France  à  l'étranger, 
notamment  par  M.  de  Montebello,  qui  a  beaucoup  contribué 
à  enrichir  nos  collections  de  plantes  et  d'animaux,  et  par 
M.  Tony  Conte,  dont  les  envois  n'ont  pas  moins  de  valeur.  On 
doit  notamment  à  M.  Conte  l'introduction  en  France  de  la 
Poule  Phénix,  si  remarquable  par  la  beauté  et  le  développe- 
ment phénoménal  de  son  plumage;  chez  les  mâles,  certaines 
plumes  de  la  queue  ne  mesurent  pas  moins  de  1'",60  de  lon- 
gueur. Un  des  caractères  de  la  Poule  Phénix  est  d'avoir  les 
pattes  bleues,  alors  que  chez  d'autres  races  japonaises  (la 
Poule  de  Nangasaki  et  la  Poule  de  Yokohama,  laquelle  est 
assez  voisine  de  la  Poule  dite  du  Gange)  les  pattes  sont  de 
couleur  jaune.  Ce  caractère  particulier  et  quelques  autres 
différences,  notamment  dans  la  forme  de  la  tête,  semblent  in- 
diquer que  ces  races  n'ont  pas  une  origine  commune,  et  que 
les  habitants  de  l'extrême  Orient  auraient  soumis  à  la  domes- 
ticité deux  espèces  de  Poules  distinctes. 

La  belle  Monographie  des  races  de  Poules,  que  notre  con- 


(1)  Proces-verbaux  {Bulletin,  1882,  p.  228). 
3"  sÉfiiE,  T.  X.  —  Séance  publique  annuelle. 


LXVI  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

frère  M.  La  Perre  de  Roo  a  récemment  publiée,  et  à  laquelle 
vous  avez  été  heureux  de  décerner  une  de  vos  récompenses 
hors  classe,  a  attiré  votre  attention  sur  le  soin  qu  ont  pris  les 
éleveurs  anglais  d'améliorer,  par  la  sélection,  nos  principales 
races  de  Poules  françaises,  dont  ils  possèdent  aujourd'hui  les 
types  les  plus  parfaits  (I).  Les  expositions  d'oiseaux,  très  fré- 
quentes en  Angleterre,  ont  principalement  contribué  à  ce  ré- 
sultat. Vous  vous  êtes  préoccupés,  par  suite,  de  la  nécessité 
qu'il  y  aurait  à  créer  un  même  stimulant  en  France,  où  la 
seule  exposition  de  ce  genre  qui  se  fasse  régulièrement  au- 
jourd'hui est  le  concours  général  dit  des  animaux  gras,  or- 
ganisé chaque  année  à  Paris  par  les  soins  de  l'administration. 

Vous  ne  vous  intéressez  pas  seulement,  en  effet,  à  l'acqui- 
sition d'espèces  exotiques;  la  conservation,  la  propagation  et 
l'amélioration  de  nos  espèces  indigènes  vous  préoccupent 
également.  C'est  pourquoi  vous  avez  appris  avec  satisfaction 
le  soin  qu'apportent  plusieurs  de  nos  confrères  à  répandre 
dans  leur  région  les  meilleures  races  domestiques.  Nous  rap- 
pellerons particulièrement  les  renseignements  qui  vous  ont 
été  donnés  à  ce  sujet  par  M.  Fabre  Firmin  (2)  et  par  M.  Piuinet 
du  Tailly  (3),  ainsi  que  par  M.  Masson,  lequel  vous  a  fait  par- 
venir une  note  sur  la  reproduction  du  Cobaye  ou  Cochon 
d'Inde  en  demi-liberté  (4). 

En  continuant  à  s'occuper  avec  un  zèle  et  une  générosité 
méritoires  (5)  de  propager  l'excellente  race  de  Canard  du  La- 
brador, si  féconde  et  si  rustique,  M.  Garnot  vous  a  signalé 
les  qualités  d'une  race  de  Poule  remarquable  au  point  de  vue 
de  la  production  des  œufs  :  la  Poule  de  Campine  argentée, 
laquelle  donne,  bon  an  mal  an,  240  à  260  œufs,  et  souvent 
plus.  Notre  confrère  n'évalue  pas  à  moins  de  douze  kilogram- 
mes le  poids  total  des  œufs  que  peut  donner  cette  Poule,  et  il 

(1)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1882,  p.  2-28). 

(2)  Ibidem,  p.  570. 
(Z)  Ibidem,  p.  168. 

(4)  N.  Masson,  Note  sur  la  reproduction  du  Cobaye  en  demi-liberté  {Bulletin, 
1882,  p.  464). 

(5)  M.  Garnot  a  bien  voulu  encore  cette  année  mettre  à  la  disposition  de  la 
Société  un  nombre  illimité  d'œuls  de  Canards  du  Labrador  et  six  couples 
reproducteurs  de  cette  belle  et  bonne  race  {Bulletin,  1882.  p.  184). 


RAPPORT   SUR   LES   TRAVAUX   DE    LA   SOCIÉTÉ.  LXVII 

estime  que,  eu  égard  à  son  propre  poids,  c'est  de  toutes  les 
races,  après  la  race  espagnole,  si  difficile  à  élever,  celle  qui 
pond  le  plus.  Comme  il  l'a  déjà  fait  pour  le  Canard  du  La- 
brador, M.  Garnot  a  bien  voulu  mettre  généreusement  à  la 
disposition  de  la  Société  un  nombre  illimité  d'œufs  de  Poule 
de  Campine  (1),  en  vue  d'aider  à  répandre  l'une  et  l'autre 
race,  toutes  deux  recommandables  par  leur  rusticité,  leur 
fécondité  et  la  fixité  de  leurs  caractères  comme  plumage,  qui 
en  font,  en  même  temps  que  des  bêtes  de  rente,  de  véritables 
oiseaux  de  luxe  et  d'agrément. 

N'oublions  pas  de  mentionner  les  intéressantes  communi- 
cations qui  vous  ont  été  faites  par  M.  Lagrange  (2)  et  par 
M.  Masson  (3)  sur  fincubation  artificielle;  par  M.  Geoffroy 
Saint-Hilaire  (4-)  et  par  M.  Dareste  (5),  sur  les  œufs  doubles 
et  sur  les  corps  étrangers  que  l'on  trouve  parfois  dans  les 
œufs  ;  enfin  par  M.  Dareste  (6),  sur  le  développement  des  vé- 
gétations cryptogamiques  dans  les  œufs  en  incubation.  Les 
expériences  de  notre  savant  confrère  ont  fait  voir  qu'un  nombre 
considérable  (près  des  deux  tiers)  des  œufs  qu'on  met  en  in- 
cubation doivent  leur  non-réussite  à  cet  envahissement  de  l'al- 
bumine, tant  par  le  mycélium  des  moisissures  que  par  des 
quantités  de  spores,  envahissement  qui  amène  à  court  délai  la 
mort  par  asphyxie  de  l'embryon  (7). 

Les  perfectionnements  successifs  apportés  dans  ces  der- 
nières années  aux  couveuses  artificielles  ont  opéré  une  véri- 
table révolution  dans  l'art  de  l'élevage  et  généralisé  l'emploi 
de  ces  appareils.  Aussi  avez-vous  pensé  qu'une  exposition 
spéciale  de  ces  incubateurs  présenterait  un  véritable  intérêt 
pratique  (8),  et  qu'il  y  aurait  utilité  à  ce  que  le  Ministère  de 


(1)  Procés-verbaux  (Didlelin,  1882,  p.  184). 

(2)  Ibidem,  p.  179. 

(3)  Ibidem,  p.  573. 

(4)  Ibidem,  p.  128,  309. 

(5)  Ibidem,  p.  106,  173. 

(6)  Ibidem,  p.  118,  180. 

(7)  Ibidem,  p.  373. 

(8)  M.  le  vicomte  d'Esterno  a  signalé  à  l'attention  de  la  Société  l'intérêt  qui 
s'attacherait  à  l'organisation  d'un  concours  entre  les  différents  systèmes  de  cou- 
veuses artificielles  (Bulletin,  1882,  p.  690). 


LXVIII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

l'agriculture  organisât  un  concours  qui  aurait  pour  but  de 
mettre  en  relief  et  de  signaler  au  public  les  appareils  donnant 
les  meilleurs  résultats,  et  réunissant  au  bon  marché  la  sim- 
plicité, et  par  conséquent  la  facilité  de  direction.  Les  dé- 
marches que  vous  avez  faites  dans  ce  sens  auprès  de  l'admi- 
nistration supérieure  ont  été  accueillies  avec  l'attention 
qu'elles  méritaient,  et,  d'après  les  bienveillantes  assurances 
qui  vous  ont  été  données,  vous  pouvez  espérer  que  votre 
demande  recevra  sous  peu  une  solution  satisfaisante  (1). 

Votre  attention  a  été  appelée  de  nouveau  cette  année  sur  le 
tort  considérable  causé  dans  plusieurs  localités  à  l'agriculture 
et  à  la  sylviculture  par  différentes  espèces  de  Rongeurs,  tels 
que  les  Écureuils,  les  Mulots,  les  Campagnols,  etc.,  et  sur  les 
mesures  administratives  propres  à  y  mettre  un  terme  (2).  D'un 
autre  côté,  vous  avez  continué  à  vous  préoccuper  de  l'inquié- 
tante diminution  du  nombre  de  beaucoup  de  nos  oiseaux  indi- 
gènes, si  précieux  par  les  services  qu'ils  rendent  comme  des- 
tructeurs d'insectes  nuisibles  (3),  et  vous  avez  pris  des  dispo- 
sitions pour  ouvrir  à  ce  sujet  une  vaste  et  sérieuse  enquête  [A). 

Cette  question  se  rattache  intimement  à  celle  de  la  chasse. 
Depuis  plusieurs  années  déjà,  la  diminution  constante  du 
gibier  en  France  inspire  de  légitimes  inquiétudes,  et  l'opinion 
publique  réclame  avec  instances  un  prompt  remède  à  un  état 
de  choses  qui  menace  des  intérêts  considérables.  Il  ne  faut 
pas,  en  effet,  voir  seulement  dans  le  gibier  une  occasion  de 
plaisir;  il  est  aussi,  il  est  surtout  une  source  de  richesses  des 
plus  productives  pour  le  pays,  soit  au  point  de  vue  de  l'ali- 
mentation, soit  au  point  de  vue  du  Trésor  public,  soit  enhn 
au  point  de  vue  des  industries  nombreuses  qui  se  rattachent 
à  la  chasse  et  qui  en  vivent.  Deux  chiffres  en  font  foi  :  celui 
de  trois  millions  et  demi  environ  qu'a  atteint,  année  moyenne, 

(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1882,  p.  707). 

'-2]  D'intéressantes  communications  sur  ce  sujet  ont  été  faites  à  la  Société  par 
MM.  Freslon,  do  Confévroii,  Millet,  etc.  {Bulletin,  1882,  p.  573,  381,  450). 

(3)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1882,  p.  316). 

(4)  MM.  De  liarrau  de  Muratel  et  Millet  ont  particulièrement  insisté  auprès 
de  la  Société  sur  la  nécessité  de  protéger  les  oiseaux  destructeurs  d'insectes,  et 
sur  Topporlunité  de  recueillir  des  renseignemens  exacts  sur  la  diminution  de 
certaines  espèces  {Bulletin,  1882,  p.  316,  317,  374). 


RAPPORT   SUR   LES   TRAVAUX   DE   LA   SOCIETE.  LXIX 

la  vente  du  gibier  aux  Halles  de  Paris  pendant  ces  dernières 
années,  et  celui  de  dix  millions  environ  auquel  s'élève  par  an 
le  rendement  des  permis  de  chasse,  au  profit  de  l'État  et  des 
communes. 

Les  causes  de  la  diminution  du  gibier  sont  diverses  et  nom- 
breuses; mais  il  en  est  une  sur  laquelle  tout  le  monde  est 
d'accord  :  c'est  la  répression  insufllsante,  jusqu'à  ce  jour,  du 
braconnage.  Aussi  plusieurs  projets  de  loi  sur  la  chasse 
ont-ils  été  élaborés  dans  ces  derniers  temps.  L'un  d'eux,  dû 
à  l'initiative  de  M.  Labitte,  aujourd'hui  sénateur,  devant  être 
prochainement  discuté  par  le  Parlement,  la  Société  d'Accli- 
matation a  pensé  qu'elle  ne  pouvait  ni  ne  devait  rester  indif- 
férente à  une  réglementation  d'intérêts  qui  lui  sont  chers. 
Une  Commission,  puisée  dans  le  sein  des  première  et  deuxième 
sections,  a  été  chargée  d'examiner  ce  projet  de  loi;  un  rap- 
port, fruit  d'une  sérieuse  étude,  vous  a  été  présenté  (i),  et, 
tout  en  vous  associant,  d'accord  avec  votre  Commission,  à 
l'esprit  général  du  projet,  qui  constitue  un  progrès  réel  sur 
la  loi  de  1844,  actuellement  en  vigueur,  vous  avez  cru  devoir 
signaler  aux  pouvoirs  publics  l'utilité  qu'il  vous  paraîtrait  y 
avoir  à  la  suppression  de  certaines  des  dispositions  contenues 
dans  ledit  projet,  et  à  l'adjonction  de  certaines  autres.  L'ac- 
cueil qu'ont  reçu  vos  démarches  prouve  la  haute  estime  en 
laquelle  sont  tenus  partout  les  travaux  de  la  Société  (2). 

Des  rapports  nombreux  vous  ont  été  adressés  sur  la  situa- 
tion de  vos  cheptels  (3)  et  vous  devez  à  l'obligeance  en  même 
temps  qu'au  savoir  de  MM.  Alfred  Rousse  (4),  E.  Leroy  (5), 
Emile  Courtois  (6)  et  Delaurier  aîné  (7)  des  instructions  pra- 
tiques résumant,  à  l'adresse  des  chepteliers,  les  fruits  d'une 


(1)  J.  Gautier.  Rapport  présenté  au  nom  de  la  Commission  de  la  chasse  (Bul- 
le.tm,\m%  p.  ?m). 

(2)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1882,  p.  558). 

(3)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1882,  p.  60,  109,  176,  187,  225,  308,  362,  367, 
569). 

(4-)  Alfred  Rousse,  Instructions  pour  les  chepteliers:  les  Perruches  (Bulletin, 
1882,  p.  4). 
(5)  E.  Leroy,  Idem:  les  Colins  et  les  Perdrix  de  Chine  (Bulletin,  1882,  p.  I). 
(0)  Éniilc  Courtois,  Idem  :  hi  Bcrnache  (FAustralie  (Bulletin,  1882,  p.  195). 
(7)  Delaurier  aîné,  Idem:  les  Tragopans  {Bulletin,  1882,  p.  193). 


LXX  SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

longue  expérience  et  les  résultats  d'observations  précieuses 
pour  l'élevage  d'un  certain  nombre  d'oiseaux.  Il  serait  gran- 
dement à  souhaiter  de  pouvoir  réunir  de  semblables  indica- 
tions pour  toutes  les  principales  espèces  à  propager. 

M.  William  Jamrach  vous  a  présenté  le  curieux  relevé  des 
importations  si  considérables  d'oiseaux  exotiques  (1)  aux- 
quelles il  consacre  ses  soins,  et  qui  ne  peuvent  être  réalisées 
qu'au  prix  de  grandes  fatigues,  souvent  de  sérieux  dangers 
et  toujours  de  dépenses  énormes.  C'est  ainsi  que,  malgré 
les  hauts  prix  obtenus  des  oiseaux  ramenés  vivants  de 
l'Inde  par  M.  Jamrach,  ces  importations  poursuivies  pendant 
dix-neuf  années,  loin  de  lui  donner  de  gros  bénéfices,  lui 
ont  laissé,  en  ce  qui  concerne  les  Lophophores  et  les  Tra- 
gopans,  une  perte  de  75  000  francs,  heureusement  couverte 
par  d'autres  opérations  relatives  au  commerce  des  animaux. 
Pour  se  livrer,  comme  le  fait  M.  Jamrach,  à  des  voyages 
incessants  dans  l'Inde,  voyages  ayant  uniquement  pour  but  de 
rapporter  des  espèces  précieuses,  il  faut  donc  autre  chose  que 
l'espérance  du  bénéfice  à  réaliser  ;  il  faut  avant  tout  être  ama- 
teur, avoir  la  passion  des  animaux,  comme  c'est  le  cas  pour 
notre  confi'ère. 

Comme  les  années  précédentes,  la  pisciculture  a  été  l'objet 
de  vos  préoccupations  ;  vous  avez  suivi  attentivement  les  pro- 
grès accomplis  par  cette  industrie  à  l'étranger  comme  en 
France  (2).  Un  grand  nombre  de  nos  confrères  vous  ont  fait 
parvenir  des  renseignements  sur  leurs  travaux  de  repeuple- 
plement  des  eaux;  nous  mentionnerons  particulièrement  les 
notes  envoyées  par  MM.  Braun  (3),  de  Bouteyre  (4),  Gallais  (5), 
Berthoule  (6),  Martial  (7),  le  vicomte  de  Causans  (8),  Ch.  Re- 

(1)  William  Jamrach,  Importations  de  Faisans  indiens  {Bulletin,  1882,  p.  585). 

(2)  L'attention  de  la  Société  a  été  appelée  sur  les  résultats  remarquables  ob- 
tenus en  pisciculture  dans  le  grand-duché  de  Bade,  en  Suède,  en  Allemagne,  etc. 
(Bulletin,  1882,  p.  169.  224.,  227,  370). 

(3)  Proces-verhaux  {Bulletin,  1882,  p.  5ij. 
(l)  Ibidem,  p.  50. 

(5)  Ibidem,  p.  57. 

(6)  Ibidem,  p.  168. 

(7)  Ibidem,  p.  171,  366. 

(8)  Ibidem,  p.  171,  232. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.     LXXI 

nonard  (i),  de  Clermont  (2),  P.  Garbonnier  et  Rathelot(3). 

M.  Després  (4-)  et  M.  Noordoek-Hegt  (5)  vous  ont  fait  con- 
naître l'inslallalion  de  leurs  établissements  de  pisciculture,  et 
un  rapport  vous  a  été  présenté  sur  l'importante  piscifacture, 
véritable  ferme  aquicole,  créée  àGremat(Ain)parMM.  Liigrin 
et  du  Roveray  qui,  grâce  à  une  heureuse  découverte,  ont  su 
résoudre,  dans  cet  établissement  modèle,  le  problème  de  l'ali- 
mentation économique  du  poisson  (6). 

M.  le  docteur  Maslieurat-Lagémard,  membre  du  Conseil 
général  de  la  Creuse,  vous  a  rendu  compte  des  résultats  très 
encourageants  donnés  par  les  opérations  d'empoissonnement 
qui,  sous  son  inspiration,  s'effectuent  depuis  plusieurs  années 
déjà  dans  les  principales  rivières  de  ce  département  (7). 

D'importants  envois  d'œufs  de  divers  Salmonidés  étrangers 
vous  ont  été  faits  cette  année  encore  par  de  généreux  dona- 
teurs, parmi  lesquels  nous  avons,  comme  toujours,  à  men- 
tionner en  première  ligne  M.  le  professeur  Spencer  F.  Baird, 
commissaire  général  des  pêcheries  des  États-Unis  (8).  Environ 
250  000  œufs  de  Whilefish  {Coregonus  albus),  expédiés  de 
New-York  par  ses  ordres,  vous  sont  arrivés  en  parfait  état  et 
vous  ont  permis  d'entreprendre  une  très  intéressante  expé- 
rience d'acclimatation  sur  cette  espèce,  dont  l'introduction 
dans  nos  eaux  douces  constituerait  une  précieuse  acquisition. 
M.  Fred.  Mather,  membre  adjoint  de  la  Commission  des  pê- 
cheries, a  bien  voulu,  comme  de  coutume,  prêter  son  con- 
cours à  cet  envoi,  pour  lequel  nous  ne  saurions  nous  montrer 
trop  reconnaissants. 

Plusieurs  dons  également  très  précieux  nous  ont  été  faits 
aussi  par  l'Association  allemande  de  pisciculture  qui,  sur  la 
proposition  de  son  éminent  président,  M.  de  Behr,  vous  a  gé- 

(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1882.  p.  223. 

(2)  Ibidem,  p.  367. 

(3)  Ibidem,  p.  567. 

(4)  Ibidem,  p.  111. 

(5)  Ibidem,  p.  564. 

(6)  G.  Raveret-Wattel,  L'établissement  de  pisciculture  de  Gremat  {Bulletin, 

1882,  p.  591). 

(7)  Proces-verbaux  {Bulletin,  1882,  p.  359). 

(8)  Ibidem,  p.  55,  123. 


LXXII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

néreusement  fourni  la  possibilité  d'essais  d'empoissonnement 
au  moyen  d'espèces  de  choix  (1)  recommandables  soit  par  la 
qualité  de  leur  chair,  soit  par  la  rapidité  de  leur  croissance. 
Rappelons,  en  outre,  que  c'est  grâce  aux  dons  déjà  précédem- 
ment faits  à  notre  Société  par  M.  de  Behr  (2)  que  vous  avez 
pu  constater  cette  année  toute  la  rusticité  du  Saumon  de  Cali- 
fornie {Salmo  quinnat),  sur  lequel  MM.  Rathelot  (3)  et  de 
Glermont  (4)  vous  ont  fait  parvenir  des  détails  intéressants. 

Sachant  que  la  Société  d'Acclimatation  s'occupe  de  toutes 
les  questions  qui  se  rattachent  au  repeuplement  des  rivières 
et  à  la  protection  des  poissons  migrateurs,  M.  le  Ministre  de 
la  guerre  a  fait  appel  à  vos  lumières  (5),  en  vue  de  la  construc- 
tion d'une  échelle  à  Saumons  qui  doit  être  établie  sur  la  rivière 
du  Dourduf,  au  barrage  de  la  Poudrerie  du  Pont-de-Buis 
(Finistère).  Les  nombreux  documents  que  vous  tenez  de  la 
Commission  des  pêcheries  des  États-Unis  et  de  quelques  autres 
sources,  concernant  les  échelles  à  Saumons,  vous  ont  permis 
de  renseigner  l'Administration  sur  les  différents  systèmes  en 
usage  et  sur  les  types  les  plus  avantageux  au  point  de  vue  de 
la  dépense  d'établissement  et  d'entretien,  comme  à  celui  du 
■^fonctionnement  des  appareils. 

M.  Seth-Green,  de  Rochester  (New-York),  un  des  vélérans 
de  la  pisciculture  américaine,  vous  a  rendu  compte  de  ses  très 
curieuses  expériences  d'hybridation  entre  différentes  espèces 
de  Salmonidés  (6).  De  semblables  expériences  méritent  d'être 
attentivement  suivies  au  double  point  de  vue  de  l'intérêt  scien- 
tifique et  des  résultats  pratiques  à  en  obtenir. 

Rappelons  enfin  la  note  qui  vous  a  été  adressée  par  M.  Vi- 
lanovay  Piera,  professeur  de  paléontologie  à  Madrid,  con- 
cernant l'aquarium  ou  station  zoologique  de  Naples(7),  éta- 
blissement international  dans  lequel  les  savants  de  tous  les 

(1)  Procès-verbaux  {Dullelin,  1882,  p.  111,  186). 

(2)  Ibidem,  p.  55,  111. 

(3)  Ibidem,  p.  565. 
(i)  Ibidem,  p.  367. 

(5)  Ibidem,  p.  71U. 

(6)  Ibidem,  693. 

(7)  Vilaiiova  y  Piera,  Note  sur  la  station  zoologique  de  Naples  (Bulletin,  1882, 
p.  649). 


RAPPORT   SUR    LES    TRAVAUX   DE   LA   SOCIÉTÉ.        LXXIII 

pays  peuvent  être  admis  à  travailler  et  qui,  par  sa  situation, 
son  organisation,  son  développement,  surpasse  tous  les  éta- 
blissements analogues  fondés  jusqu'à  ce  jour. 

Vous  avez  encore  reçu,  pendant  votre  dernière  session,  de 
nombreux  rapports  sur  la  sériciculture  et  sur  l'élevage  desdi- 
^ferses  espèces  de  Vers  à  soie.  Nous  rappellerons  particulière- 
ment les  travaux  de  MM.  Wailly  (1),  Hénon  (2),  Max-Cornu  (3) 
etHuin(4). 

En  rendant  compte  d'une  éducation  bivoltine  de  Ver  à 
soie  du  Chêne  de  la  Chine  (Attacus  Pernyi)  faite  à  Paris  (5), 
M.  Huin  vous  a  signalé  les  précautions  qui  lui  paraissent  les 
plus  propres  à  assurer  la  réussite  de  ce  genre  d'élevage;  il 
-vous  a  fait  part,  en  outre,  de  ses  nouvelles  observations  sur  la 
conservation  par  le  froid  des  œufs  du  Ver  à  soie  du  Chêne  du 
Japon  {Attacus  Yama-maï).  Les  expériences  auxquelles  il 
•s'est  livré  ont  montré  que  le  séjour  des  œufs  en  glacière  ne 
nuit  en  aucune  façon  aux  éducations,  et  qu'en  recourant  à  ce 
procédé,  on  n'a  plus  à  se  préoccuper  nullement,  pour  la  nour- 
riture des  jeunes  chenilles,  du  plus  ou  moins  de  précocité  de 
la  pousse  des  feuilles.  M.  Huin  a  constaté,  d'ailleurs,  qu'un 
relard  se  produit  chaque  année  dans  l'éclosion  des  Vers; 
peut-être  pourra-t-on,  peu  à  peu,  arriver  à  une  concordance 
•complète  de  celte  éclosion  avec  la  pousse  des  feuilles. 

M.  Clément,  qui  s'est  occupé,  lui  aussi,  de  l'éducation  de 
ÏA.  Perni/i,  a  constaté  la  possibilité  d'élever  cette  espèce  avec 
■  la  feuille  du  Prunier.  Il  y  a  là  une  observation  utile  à  enre- 
gistrer, au  moins  pour  l'éducateur  citadin,  qui  rencontre 
parfois  une  certaine  difficulté  à  se  procurer  des  feuilles  de 
Chêne  pour  des  essais  d'élevage,  tandis  que  la  feuille  du  Pru- 
nier se  trouve  dans  tous  les  jardins  (6). 

Une  observation  du  même  ordre  a  été  faite  par  M.  Fallou, 

(1)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1882,  p.  58,  Ô'OG,  361,  57G). 

(2)  Ihidein,  p.  186. 

(3)  Ibidem,  p.  566. 

(4)  Ibidem,  p.  693. 

(5)  Huin,  Education  bivoltine  d'Attacus  Pernyi;  rusticité  de  TAltacus  Yama- 
maï  {Bulletin,  1882,  p.  U). 

(6)  A.-L.  Clément,  i\ote  sur  une  éducation  (/'Attacus  Pernyi  faite  sur  le  Pru- 
nier {Bulletin,  1882,  p.  84). 


LXXIV  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

lequel  a  réussi  à  élever  sur  l'Erable  plane  VAttacus  Ce- 
cropia,  et  à  utiliser  ainsi  une  feuille  sans  valeur  pour  l'éduca- 
tion de  ce  Ver  à  soie  américain  qui,  dans  les  conditions 
naturelles,  vit  aux  dépens  des  arbres  fruitiers  (1). 

M.  Alfred  Wailly,  qui  continue  avec  le  plus  grand  zèle  ses 
importations  de  Bombyciens  séricigènes  exotiques,  est  par- 
venu, sous  le  climat  si  peu  favorable  de  Londres,  à  mener  à 
bien  l'éducation  de  nombreuses  espèces  tirées  de  l'Inde,  de 
la  Chine  et  de  l'Amérique  du  Nord  (2).  Les  croisements  qu'il 
a  obtenus  de  certaines  de  ces  espèces  ne  sont  pas  seulement 
curieux,  car  les  races  hybrides  ainsi  formées  semblent  pré- 
senter des  avantages  sous  le  rapport  de  la  qualité  de  la  soie. 

M.  Maurice  Girard  a  porté  à  votre  connaissance  des  aber- 
rations dans  la  forme  du  contour  des  ailes  observées  chez 
VAttacus  Pernyi  et  chez  VAttaciis  Yama-maï  (3).  Ces  aber- 
rations, qui  constituent,  en  somme,  un  défaut  dans  la  con- 
texture  du  contour  des  ailes,  se  sont  toutes  produites  dans  des 
éducations  captives,  faites  plus  ou  moins  à  la  chambre,  et 
elles  proviennent  vraisemblablement  d'une  dégénérescence, 
le  papillon  ne  trouvant  plus  dans  les  tissus  de  la  chrysalide 
assez  de  matière  pour  garnir  complètement  ses  ailes.  Il  est 
assez  probable  que  ces  faits  ne  se  présenteront  plus  quand 
VAttacus  Pernyi  sera  entièrement  acclimaté  en  France,  à  la 
façon  du  Ver  à  soie  de  l'Ailante,  comme  il  l'est  déjà  dans  le 
nord  de  l'Espagne.  Aussi  M.  Maurice  Girard  est-il  d'avis  que 
nous  devons  porter  tous  nos  efforts  sur  cette  espèce,  et  laisser 
de  côté  VAttactis  Yama-maï  du  Japon,  exigeant  un  climat 
insulaire  dans  des  conditions  spéciales.  Mais  nous  devons 
fonderies  plus  légitimes  espérances  sur  l'A.  Pernyi^  à  soie 
excellente,  en  voyant  les  magnifiques  cocons  présentés  à  la 
Société  et  provenant  d'éducations  en  plein  bois  et  entièrement 
à  l'air  libre,  faites  par  M.  J.-B.  Biaise,  à  Choloy  (Meurthe-et- 

(1)  J.  Fallou,  Note  pour  servir  à  l'éducation  d'un  Bombycien  séricigène  {Bul- 
letin, 1882,  p.  137). 

(2)  Alfred  Wailly,  Educations  de  Bombyciens  séricigènes. —  Séricigènes  exo- 
tiques (Bulletin,  1882,  p.  576;. 

(3)  Maurice  Girard,  Note  sur  le»  aberrations  observées  cliei  les  Attaciens  asia- 
tiques (Bulletin,  1882,  p.  653). 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.    LXXV 

Moselle),  et  par  M.  J.  Falloii,  dans  la  forêt  de  Sénart  (Seine- 
et-Oise). 

M""  veuve  Simon,  née  de  Fruisseaux,  de  Forest-Halle-lez- 
Briixelles,  a  continué  ses  éducations  d'Attaciis  Pernyi;  elle 
paraît  être  aujourd'hui  définitivement  en  possession  de  la 
race  imivoltine  créée  par  ses  soins  depuis  cinq  ans  Çl). 

M.  Hignet,  de  Varsovie,  qui  s'occupe  avec  succès  de  Féle- 
vage  du  Ver  à  soie  du  Mûrier  et  de  plusieurs  Bombyciens  sé- 
ricigènes  nouveaux,  vous  a  fait  parvenir,  avec  de  la  graine 
saine  provenant  de  sa  récolte  (2),  des  échantillons  de  cocons 
et  de  soie  qui  donnent  lieu  de  croire  que  l'industrie  séricicole 
trouverait  en  Pologne  des  chances  de  réussite. 

D'autres  envois  de  graines  de  choix  vous  ont  été  également 
faits,  notamment  par  M'"'  Boucarut  (3)  et  par  M.  le  comte 
Casali  (4),  de  Milan,  qui  a  bien  voulu  vous  mettre  à  même 
d'essayer  l'éducation  de  la  race  milanaise  dite  Verdolina  Ca- 
sati,  très  répandue  en  Lombardie  et  en  Vénétie,  où  elle  est 
fort  estimée. 

Comme  les  années  précédentes,  de  nombreux  rapports  sur 
la  culture  des  plantes  qu'ils  tenaient  de  la  Société  vous  ont 
été  adressés  par  plusieurs  de  nos  confrères  (5).  Vous  avez 
surtout  remarqué  ceux  fournis  par  M.  Mathey  (6)  et  par 
M.  Félix  de  la  Rochemacé  (7)  sur  l'utilisation  de  la  Saggina 
comme  plante  fourragère;  par  M.  Ludovic  Joffrion,  sur  la 
culture  du  Soja,  du  Chou  de  Chaves,  etc.  (8);  par  M.  Giuseppe 
Gnecchi,  de  Milan,  sur  la  possibilité  de  l'introduction  du 
Téosinlé  dans  l'Italie  centrale  et  méridionale  (9)  ;  par  M.  Le- 
mut,  sur  la  culture  du  Pht/salis  Peruviana  (10). 

(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1882,  p.  58,  176,  305). 

(2)  Ibidem,  p.  123,  175. 

(3)  Ibidem,  p.  306. 
(i^  Ibidem,  p.  697. 

(5)  Des  notes  très  intéressantes  ont  été  adressées  notamment  par  MM.  Nau- 
din,  Léo  d'Ounous,  Casati,  Sagot  et  Mathey  (Bulletin,  1882,  p.  306,  307,  612 
6tt3,  697,  698). 

(6)  Proces-verbaux  (Bulletin,  1882,  p.  697). 

(7)  Ibidem,  p.  59. 

(8)  Ibidem,  p.  113. 

(9)  Ibidem,  p.  115,  170. 

(10)  Ibidem,  p.  235. 


LXXYI  SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

Nous  devons  une  mention  toute  particulière  aux  nombreux 
succès  obtenus  dans  la  culture  de  plantes  alimentaires  nou- 
^velles  par  M.  Paillieux  (1),  auquel  revient  l'honneur  de  plu- 
.sieurs  acquisitions  fort  intéressantes. 

Parmi  les  mémoires  importants  qui  vous  ont  été  soumis 
concernant  différents  végétaux,  il  convient  de  citer  spéciale- 
ment aussi  ceux  de  M.  Dabry  de  Thiersant,  sur  le  Caféier  de 
.Libéria  et  sur  la  culture  de  cette  espèce,  qui  paraît  appelée 
à.  faire  avant  peu  une  concurrence  sérieuse  au  Café  d'Arabie 
et  à  enrichir  en  même  temps  un  grand  nombre  de  pays  inter- 
tropicaux (2)  ;  de  M.  Charles  Rivière,  sur  le  genre  Melaleuca 
au  point  de  vue  du  boisement  économique  et  pratique  de 
l'Algérie  (3);  de  M.  Romanet  du  Gaillaud,  sur  l'introduction 
en  France  de  deux  Vignes  chinoises  (-4);  de  M.  le  docteur 
E.  Bretschneider,  médecin  de  la  légation  de  France  à  Pékin, 
sur  un  certain  nombre  de  plantes  de  la  Chine,  etc.  (5). 

M.  le  docteur  Mène  a  continué  le  travail  considérable  qu'il 
.a  entrepris  sur  la  flore  du  Japon.  Cette  étude,  d'une  haute 
valeur  scientifique,  constitue  assurément  l'un  des  plus  remar- 
quables documents  qu'ait  jusqu'ici  T^uhWés  noire  Bulletin  (6). 

De  son  côté,  M.  Auguste  Pissot,  inspecteur  des  forêts,  con- 
servateur du  Bois  de  Boulogne,  a  complété  le  rapport  qu'il 
avait  commencé  l'an  passé  sur  les  conséquences  du  rigoureux 
hiver  de  1879-1880,  pour  les  diverses  essences  d'arbres  réu- 
nies dans  ce  parc  admirable.  Ce  savant  et  consciencieux  tra- 
vail fournit  bien  des  indications  utiles  pour  les  amateurs  de 
cultures  forestières  et  d'ornement  (7). 

M.  Bouchereau,  qui  a  été  le  premier,  au  moins  en  France, 
à  donner  à  l'Eucalyptus  une  utiUsation  industrielle  comme 


(1)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1882,  p.  312,  361,  493,  636). 

(2)  Dabry  de  Tliiersant,  Le  Caféier  de  Libéria  (Bulletin,  1882,  p.  il7). 

(3)  Charles  Rivière,  Le  Niaouli  et  le  genre  Melaleuca  en  Algérie  {Bulletin, 
1882   p.  529.602). 

(4)  Romanet  du  Gaillaud,  Sur  deux  Vignes  chinoises  {Bulletin,  1882,  p.  384). 

(5)  E.  Bretschneider,  Plantes  de  Pékin  (Bulletin,  1882,  p.  596). 

(6)  Df  E.  iMène,  Des  productions  végétales  du  Japon  {Dullelin,  1882,  p.  7,  142, 
273,  466,  658). 

(7)  Auguste  Pissot,  Effets  des  gelées  au  bois  de   Boulogne  {Bulletin,  1882, 
p.  86.  197). 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIETE.    LXXVIÏ  ' 

bois  d'ébénisterie,  vous  a  signalé  l'inexactitude  d'assertions 
d'après  lesquelles  ce  bois  serait  d'un  emploi  difficile.  Notre 
confrère  a  fait  voir  qu'en  prenant  les  plus  simples  précau- 
tions après  Tabatage  des  arbres,  le  bois  ne  se  crevasse  pas/ 
reste  sain  et  facile  à  travailler,  et  conserve  toute  sa  partie  ré- 
sistante (1).  ' 

Comme  toujours,  des  dons  généreux  (2),  des  envois  impor-' 
tants  de  plantes,  fruits  et  graines,  aussi  bien  que  d'animaux,^ 
vous  ont  été  faits.  Nous  mentionnerons  en  particulier  ceux  de 
MM.  Ujfalvi  (3),  Maéda(4-),  Paillieux  (5),  Bretschneider  (6), 
Heymonet(7),  Jules  Grandidier  (8),  Fréd.  Romanet  du  Cail- 
laud  (9),  Sanford  (10),  Emile  Harel  (11),  Vavin  (12),  Tou- 
rasse  (13), et  Le  Myre  de  Villers  (U). 

Rappelons  enfin  que  la  bibliothèque  s'est  encore  enrichie 
d'une  façon  importante,  grâce  à  la  générosité  de  nombreux 
donateurs,  au  nombre  desquels  figurent  en  première  ligne 
MM.  les  Ministres  de  l'agriculture,  de  la  marine  (15)  et  du 
commerce  (16). 

(11  Procès-verbaux  (Bulletin,  1882,  p.  116). 

(2)  Nous  devons  rappeler  en  particulier  le  don  d'une  somme  de  1000  francs 
fait  à  la  Société  par  M.  Berend,  pour  la  fondation  d'un  prix  à  décerner  à  l'au- 
teur du  meilleur  travail  faisant  connaître,  au  point  de  vue  historique  et  pratique, 
les  travaux  relatifs  à  l'acclimatation  et  les  résultats  obtenus  depuis  la  création 
de  la  Société  (Bulletin,  1882,  p.  xvii,  227). 

(3)  M.  Georges  de  Ujfalvi  a  ramené  de  Turkestan  de  nouveaux  types  de  Oiiicus 
lévriers  très  intéressants  (Bulletin,  1882,  p.  129). 

(4.)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1882,  p.  128). 

(5)  Ibidem,  p.  128,  493,  G36. 

(6)  Ibidem,  p.  128.  r 

(7)  Ibidem,  p.  116. 

(8)  Ibidem,  p.  116. 

(9)  Ibidem,  p.  225,  301. 

(10)  Ibidem,  p.  232. 

(11)  Ibidem,  Y>.  309.  > 

(12)  Ibidem,  p.  363,494,636. 

(13)  Ibidem,  p.  568. 

(14)  M.  Le  Myre  de  Villers,  alors  gouverneur  de  la  Cochinchine,  a  fait, .au  conir 
mencemcnt  de  Tannée,  un  très  important  envoi  de  plantes  et  d'animaux,  com- 
prenant notamment  des  Bœufs  trotteurs  renommés  par  leur  rapidité,  de  petits 
Chevaux  siamois,  et  un  grand  nombre  d'oiseaux  intéressants,  entre  autres  des 
Éperonniers  de  Germain  (Bulletin,  1882,  p.  309). 

(15)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1882,  p.  689). 

(16)  Ibidem,  p.  166,  689. 

11  convient  de  mentionner  spécialement  aussi  M.  Thomas  B.  Fcrguson,  com- 
missaire des  États-Unis  à  TExposition  universelle  de  1878,  à  Paris,  qui  a  bien 


LXXVIII  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

Si,  grâce  aux  notables  progrès  dont  ce  rapport  vient  de 
vous  donner  un  aperçu,  la  Société  a  ressenti  des  satisfactions 
bien  légitimes,  elle  a  aussi,  Messieurs,  compté  des  jours  de 
tristesse  et  de  deuil. 

Nous  avons  eu  la  douleur  de  perdre  M.  Tourasse,  qui  ser- 
vait activement  la  cause  de  l'acclimatation,  et  qui,  possesseur 
d'une  grande  fortune,  la  consacrait  presque  entièrement  à 
des  œuvres  philanthropiques  et  d'utilité  générale.  Amateur 
distingué  de  plantes  rares,  M.  Tourasse  avait  réuni  dans  le 
vaste  parc  de  sa  villa,  près  de  Pau,  des  collections  du  plus 
grand  intérêt;  il  y  avait,  en  outre,  créé  un  champ  d'expé- 
riences et  une  véritable  école  d'arboriculture,  qui  rendaient 
de  très  utiles  services.  M.  Tourasse  emporte  les  regrets  de 
tous  ceux  qui  l'ont  connu. 

La  Société  a  aussi  perdu  deux  de  ses  délégués  à  l'étranger  : 
M.  Wilson,  de  Philadelphie,  l'un  de  nos  plus  actifs  représen- 
tants, et  M.  le  docteur  Ploem,  de  Batavia,  correspondant  zélé, 
auquel  nous  devions  de  nombreux  envois  de  plantes  et  d'ani- 
maux. La  mort  nous  a  également  enlevé  M.  Duchesne  de  Bel- 
lecourt,  ancien  ministre  plénipotentiaire,  qui,  depuis  long- 
temps membre  honoraire  de  la  Société,  profitait  de  son  séjour 
à  l'étranger  pour  nous  faire  de  précieux  envois. 

MM.  Piver,  Henri  Mars,  Gustave  Dufeu,  Eugène  Gallimard, 
Grubert,  Chaumette,  Speltz,  deBellonnet,  Tobias,  Casamayor, 
de  Gouttes,  F.  A.  Liénard,  Cornalia,  Bonnefons,  de  Faultrier, 
Cadaran  de  Saint-Mars,  de  Chanteau,  A.  Gros,  Béchu  et  baron 
de  Lintjens,  ont  aussi  disparu  de  nos  rangs. 

La  Société,  Messieurs,  a  ressenti  cruellement  la  perte  qu'elle 
a  faite  en  la  personne  de  ces  regrettés  collaborateurs,  et  c'é- 
tait pour  nous  un  devoir,  dans  cette  revue  de  la  session  qui 
vient  de  finir,  de  rendre  un  dernier  hommage  à  leur  mé- 
moire. 

A  côté  de  ces  vides  douloureux  faits  dans  nos  rangs,  nous 
avons  heureusement  à  enregistrer  des  adhésions  nombreuses, 
en  même  temps  que  la  création  de  Sociétés  qui,  filles  de  la 

voulu  adresser  à  la  Société  la  série  complète  des  rapports  officiels  publiés  sur 
cette  Exposition  par  ordre  du  gouvernement  fédéral  {Bulletin,  1882,  p.  53). 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.     LXXIX 

nôtre,  viennent  unir  leurs  efforts  aux  siens.  Ces  relations, 
cette  communauté  d'efforts,  contribueront  certainement  dans 
l'avenir  à  faire  progresser  plus  rapidement  encore  que  par 
le  passé  l'œuvre  si  éminemment  utile  de  l'acclimatation. 


RAPPORT 

AU  NOM 

DE  LA  COMMISSION  DES  RÉCOMPENSES  (^> 

Par  M.  Alb.  GEOFFROY   SAIIKT-HILAIRE 

Secrétaire  général. 


Mesdames,  Messieurs, 

J'ai  l'honneur  de  venir  lire  devant  vous  le  rapport  relatif 
aux  récompenses  que  la  Société  nationale  d'Acclimatation  dé- 
cerne aujourd'hui  pour  la  vingt-sixième  fois. 

Qu'il  me  soit  permis  de  remercier  comme  il  convient  les 
rapporteurs  des  cinq  sections,  MM.  Saint-Yves  Ménard,  Millet^ 
Vidal,  Fallou  et  le  docteur  Mène  qui  ont  apporté  dans  leurs 
délicates  fonctions  l'esprit  le  plus  éclairé  ;  ce  n'est  pas  d'au- 
jourd'hui que  nous  savons  apprécier  ces  collaborateurs. 

Nos  récompenses,  comme  vous  le  verrez  bientôt,  vont  cher- 
cher les  lauréats  dans  les  cinq  parties  du  monde.  C'est  que 
notre  Société  prend  intérêt  à  tous  les  résultats,  quel  que  soit 
le  lieu  où  ils  sont  obtenus. 

L'œuvre  de  la  Société  d'Acclimatation,  Mesdames  et  Mes- 
sieurs, a  fait  depuis  que  notre  association  existe  les  progrès 
les  plus  importants.  Aujourd'hui  l'esprit  public  est  initié  à 
nos  efforts  ;  nous  pouvons,  sous  l'impulsion  du  chef  émi- 
nent  que  nous  nous  sommes  donné,  aborder  l'étude  des  pro- 
blèmes les  plus  difficiles. 

Pour  atteindre  le  but,  il  nous  faut  un  état-major  composé 
de  savants  distingués  :  nous  l'avons  ;  il  nous  faut  une  armée 
de  travailleurs;  nos  efforts  doivent  tendre  à  l'augmenter,  car 

(1)  La  Commission  des  récompenses  était  ainsi  composée  : 

Membres  de  droit:  MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général. 

Membres  déléijués  du  Conseil:  MM.  Berthoulc,  Maurice  Girard,  le  docteur 
H.  Labarraque,  liaveret-Wattcl  et  le  marquis  de  Sinéty, 

Membres  délégués  des  sections:  MM.  Saint-Yves  Ménard  _(!"=  section),  G.  Millet 
(2°  sect.),  Vidal  (3=  sect.),  J.  Fallou  (4°  sect.)  et  le  docteur  Mène  (5°  sect.). 


RAPPORT    DE   LA    COMMISSION   DES   RÉCOMPENSES.      LXXXI 

nous  ne  serons  jamais  assez  nombreux,   assez  riches,  pour 
tout  le  bien  que  nous  avons  à  faire. 

Mais  revenons  sans  plus  tarder  à  la  proclamation  de  nos 
lauréats.  La  liste  en  est  longue  et  je  réclame  l'indulgence  de 
l'assemblée  pour  le  rapporteur. 

PREMIÈRE    SECTION.   —    MAMMIFÈRES. 

Gi*nn<lo    niéclaillo    d'or   de    SOO    fi-ancs    (Hors  classe). 
.4  reffitjie  d'Isidore  Geolfroij  Saint-HUaire. 

M.  William  Jamrach,  de  Londres,  se  rend  chaque  année 
aux  Indes  pour  y  réunir  des  animaux  précieux  destinés  aux 
divers  jardins  zoologiques  de  l'Europe. 

De  son  trente-quatrième  voyage  accompli,  cette  année  môme, 
M.  William  Jamrach  a  rapporté  un  petit  Sanglier  nain,  le 
Porcula  Salviani,  gros  comme  un  lièvre,  pesant  6  kilo- 
grammes. Huit  de  ces  animaux  ont  été  acquis  par  le  Jardin 
zoologique  d'Acclimatation. 

Ce  petit  Sanglier  nain  est  une  introduction  des  plus  inté- 
ressantes. Si  cette  espèce  pouvait  devenir  domestique,  nos 
basses-cours  se  trouveraient  dotées  d'un  Cochon-lapin  qui 
fournirait  à  notre  alimentation  des  ressources  importantes, 
des  produits  bien  supérieurs  à  ceux  que  nous  obtenons  du 
rongeur  qui  peuple  aujourd'hui  nos  clapiers. 

L'importation  du  Porcula  Salviani  n'est  pas  la  seule  que 
nous  devions  à  M.  William  Jamrach.  Deux  espèces  de  Trago- 
pans,  le  Tragopan  de  Blyth  et  celui  de  Cabot,  ont  été  intro- 
duites par  notre  lauréat.  Ces  belles  espèces  indiennes  vien- 
dront prendre  leur  place  dans  nos  volières  à  côté  des  Satyres, 
des  Temminck  et  des  Hasting  que  nous  possédons  déjà. 

En  décernant  à  M.  AVilliam  Jamrach  une  grande  médaille 
d'or  à  l'effigie  d'Isidore  Geoffroy  Saint-IIilaire,  la  Société  est 
heureuse  de  témoigner  sa  gratitude  à  l'infatigable  importa- 
teur qui,  depuis  tant  d'années,  consacre  ses  ressources  et 
toutes  ses  forces  à  la  tâche  qu'il  s'est  imposée. 


3'  SÉRIE,  T.  X.  —  Séance  publique  annuelle. 


LXXXII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 


,» , 


Prime  de  200  francs. 


Dans  une  monographie  intéressante  et  exécutée  avec  un 
soin  scrupuleux,  M.  Fernand  Lâtaste  a  fait  connaître  à  la 
Société  d'Acclimatation  un  petit  rongeur  africain,  le  Dipodil- 
lus  Simoni,  qu'il  est  aisé  de  faire  produire  en  captivité. 

Le  travail  de  M.  Lataste,  par  la  façon  dont  il  a  été  conçu, 
par  la  précision  des  détails,  par  l'esprit  d'ordre  qu'on  y  sent, 
a  attiré  l'attention  de  la  Société  qui  lui  décerne  une  des  primes 
proposées  pour  les  travaux  de  zoologie  pure. 

Mctlaïllcs   de    première  ciatisc. 

En  faisant  connaître  dans  la  presse  les  travaux  de  la  Société 
nationale  d'Acclimatation,  M.  Ernest  Menault,  rédacteur  au 
Journal  Officiel,  est  devenu  un  de  nos  plus  utiles  collabora- 
teurs. La  Société  est  heureuse  de  remercier  M.  Ernest  Me- 
nault de  son  gracieux  concours  en  lui  offrant  une  médaille  de 
première  classe. 

Une  médaille  de  première  classe  est  décernée  à  MM.  Babet 
frères  qui  ont  fait  à  l'île  de  la  Réunion  de  nombreuses  intro- 
ductions de  Moutons  mérinos. 

Grâce  à  l'initiative  de  MM.  Babet  frères,  des  troupeaux  de 
ces  bêtes  à  laine  ont  été  formés. 

M.  Blainville  et  M.  Ciioppy  ont  réuni  leurs  efforts  pour 
introduire  à  l'île  de  la  Réunion  des  Chevaux,  des  Anes  et  des 
Moutons  des  meilleures  espèces. 

Ces  tentatives  ont  donné  des  résultats  importants  pour 
lesquels  la  Société  décerne  à  MM.  Blainville  et  Ghoppy  des 
médailles  de  première  classe. 

L'introduction  des  Bœufs  de  charroi  et  de  labour  cà  l'île  de 
la  Réunion  a  été  le  but  des  efforts  de  M.  Dolab.\ratz.  Le 
succès  de  cette  tentative  mérite  à  M.  Dolabaratz  une  médaille 
(le  première  classe. 


RAPPORT   DE   LA   COMMISSION   DES   RECOMPENSES.       LXXXIII 

MM.  de  Kervéguen  et  de  Trévise  se  sont  préoccupés  d'en- 
richir la  colonie  de  l'île  de  la  Réunion  des  bêtes  bovines  des 
races  Charolaise,  Garonnaise  et  Limousine. 

Ces  importations  ont  bien  réussi.  MM.  de  Kervegiien  et  de 
Trévise  reçoivent  des  médailles  de  première  classe. 

médaille    «le    seconde  classe. 

M.  Boisjoly-Potier,  cultivateur  à  la  plaine  des  Cafres,  à 
l'île  de  la  Réunion,  a  obtenu  sur  les  hauts  plateaux  de  l'île 
de  nombreuses  reproductions  de  bêtes  bovines  de  charroi  et 
de  Moutons  pour  la  boucherie. 

M.  Boisjoly-Potier  reçoit  une  médaille  de  seconde  classe. 

deuxième    section.   —    OISEAUX. 
Médaille  d''oi'  offerte  par  le  ministère  de  l'Agriculture. 

M.  La  Perre  de  Roo,  déjà  plusieurs  fois  lauréat  de  la  So- 
ciété pour  ses  travaux,  reçoit  aujourd'hui  la  médaille  d'or  ot- 
ferte  à  la  Société  nationale  d'Acclimatation  par  le  Ministre  de 
l'agriculture. 

Le  livre  que  nous  récompensons  est  un  traité  sur  les  Pigeons 
domestiques.  11  fait  suite  en  quelque  sorte  au  traité  du  même 
auteur  sur  les  Coqs  et  Poules  domestiques. 

Cette  publication,  comme  sa  devancière,  est  conçue  dans  le 
meilleur  esprit.  On  y  trouve  résumées  toutes  les  connais- 
sances que  nous  avons  sur  ces  intéressantes  questions,  et  l'au- 
teur a  ajouté  à  ce  qu'on  savait  avant  lui  les  développements 
que  sa  grande  expérience  et  sa  parfaite  connaissance  du  sujet 
ont  pu  lui  inspirer. 

Le  livre  de  La  Perre  de  Roo  est  un  bon  livre;  il  sera 
bientôt  dans  les  mains  de  tous  ceux  qui  s'occupent  des  oiseaux 
de  basse-cour. 

Grandes    médailles    d'argent  (Hors    classe). 
A  l'effifjie  d'Isidore  Geoffroy  Sainl-Hilaire. 

M.  de  Bataciieff  de  Toula  (Russie)  se  livre  depuis  long- 
temps déjà  à  l'élevage  des  oiseaux  de  basse-cour.  Ce  lauréat, 


LXXXIV  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

recommandé  à  notre  attention  par  la  Société  impériale  russe 
d'Acclimatation,  reçoit  une  grande  médaille  d'argent  hors 
classe.  Ses  efforts  méritent  les  plus  grands  éloges,  car  ils  ont 
en  vue  le  perfectionnement  des  oiseaux  de  basse-cour,  dans 
un  pays  où  ils  laissent  trop  à  désirer. 

Pendant  son  séjour  au  Japon,  M.  Tony  Conte  a  fait  au  jar- 
din zoologique  d'Acclimatation  plusieurs  envois  importants. 
On  peut  citer  entre  autres  choses  les  Faisans  de  Sœmmering, 
les  magnifiques  Grues  blanches  de  Montigny  et  les  Coqs  et 
Poules  de  la  race  Phœnix  à  queue  démesurément  longue. 

La  Société  est  heureuse  de  témoigner  sa  gratitude  à 
M.  Tony  Conte  en  lui  décernant  une  grande  médaille  d'argent 
hors  classe. 

Plusieurs  fois  déjà  M.  Delaurier  aîné  a  reçu  les  récom- 
penses de  la  Société  pour  les  succès  qu'il  a  obtenus  dans  l'éle- 
vage des  animaux  exotiques. 

Nous  offrons  aujourd'hui  à  M.  Delaurier  une  grande  mé- 
daille d'argent  hors  classe  pour  les  intéressants  résultats  ob- 
tenus en  188^2  dans  l'élevage  du  Lophophore,  de  la  Pintade 
vulturine,  etc.  M.  Delaurier  est  un  éleveur  de  premier  ordre. 
Il  joint  au  savoir,  à  l'expérience,  la  première  des  qualités,  la 
persévérance. 

médailles  do  première  classe. 

M.  BoucHEREAUx  a  tenté  dans  la  couveuse  dont  il  est  l'in- 
venteur, l'incubation  de  plusieurs  œufs  d'Emeu  ou  Casoar  de 
la  Nouvelle-Hollande. 

Dans  cette  circonstance,  comme  de  coutume,  M.  Bouche- 
reauK  s'est  montré  expérimentateur  soigneux  et  observateur 
ingénieux;  il  reçoit  une  médaille  de  première  classe. 

M.  le  docteur  Clos,  directeur  du  Jardin  des  Plantes  de  Tou- 
louse, a  fait  connaître  àla  Société  que  les  Nandous  (Autruches 
d'Amérique)  entretenus  dans  l'établissement,  avaient  réussi 
à  élever  leur  couvée.  Les  observations  recueillies  par  M.  le 


PiAPPORT   DE    LA    COMMISSION   DES   RÉCOMPENSES.       LXXXV 

docteur  Clos  ont  vivement  intéressé  la  Société  ;  elle  oflVe  à 
leur  auteur  une  médaille  de  première  classe. 

M.  Joseph  CoRNÉLY  a  fait  connaître  le  succès  obtenu  à  la 
Faisanderie  de  Beaujardin  dans  la  reproduction  du  Pucrasia 
macrolopha  de  Flnde.  Ce  beau  Faisan  s'est  montré  rustique, 
facile  à  élever  et  mérite  d'être  multiplié,  car  sa  chair  est  de 
première  qualité.  M.  Joseph  Cornély  reçoit  une  médaille  de 
première  classe. 

C'est  dans  une  couveuse  artificielle  que  M.  Mercier  a  ob- 
tenu l'éclosion  des  œufs  de  ses  Nandous.  Cette  éducation  a 
donné  de  bons  résultats  el  les  notes  fournies  par  M.  Mercier 
ont  un  réel  intérêt.  La  Société  offre  à  leur  auteur  une  mé- 
daille de  première  classe. 

M.  le  D'  MoREÂU,  aux  Herbiers  (Vendée),  a  envoyé  à  la  So- 
ciété un  travail  important  sur  l'hygiène  des  basses-cours  et 
des  volières.  L'auteur  a  de  l'expérience  et  du  savoir;  ses 
observations,  poursuivies  depuis  de  longues  années,  sont 
présentées  avec  autorité,  aussi  le  travail  de  M.  le  D'  Moreau 
mérite-t-il  d'être  lu  par  tous  ceux  qui  s'occupent  d'élevage. 
La  Société  lui  décerne  une  médaille  de  première  classe. 

Médailles  de  seconde  classe. 

Les  succès  obtenus  par  M.  le  marquis  de  Brisay  dans  la 
reproduction  des  Perruches  d'espèces  rares  méritent  l'atten- 
tion. La  Perruche  érythroptère  [Aspromictus  erylliropterus)  a 
niché  avec  succès  dans  les  volières  de  M.  le  marquis  de  Bri- 
say ;  cet  amateur  distingué  reçoit  une  médaille  de  seconde 
classe. 

Dans  une  note  très  étudiée  M.  le  comte  de  Montlezun  a 
fait  connaître  les  faits  observés  pendant  la  ponte  et  l'inciiba- 
lion  des  Canards  Casarka  qui  ont  reproduit  chez  lui.  Ce  tra- 
vail très  soigné  a  attiré  l'attention  de  la  Société,  qui  oifie  à 
M.  le  comte  de  Montlezun  une  médaille  de  seconde  classe. 


LXXXVI  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

M.  Gabriel  Rogeron  reçoit  une  médaille  de  seconde  classe 
pour  son  étude  sur  le  Cygne  de  Bewick.  Ce  travail  bien  fait 
présente  un  réel  intérêt  et  nous  remercions  son  auteur  de 
nous  l'avoir  adressé. 

TROISIÈME   SECTION.  —   POISSONS,  CRUSTACÉS,  ETC. 
Prix  do  500  francs 

Proposé  par  la  Sociclé  pour  les  travaux  de  zoologie  pure. 

M.  le  D' P.  P.  C.  HoEK,  de  Leyde,  est  l'auteur  d'un  savant 
et  remarquable  travail  sur  les  organes  génitaux  de  l'Huître. 

Le  mémoire  de  M.  Hœk  se  trouve  peut-être  en  contradic- 
tion avec  celui  d'autres  savants  d'un  grand  mérite,  mais  c'est 
à  des  recherches  de  ce  genre,  demandant  une  grande  précision 
et  une  patience  rare,  que  la  science  doit  ses  plus  belles  décou- 
vertes. La  Société,  désireuse  d'encourager  ces  études,  est  heu- 
reuse d'offrir  à  M.  le  D' Hoek  le  prix  de  500  francs  fondé  pour 
les  travaux  de  zoologie  pure. 

Grandet^    médailles     d'argent    (llors    classe). 
A  Veffigie  d'Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

M.  W.  Oldham  Ciiambers  a  fait  connaître  à  la  Société  les 
travaux  de  la  Société  constituée  pour  l'acclimatation  du 
Poisson  dans  les  comtés  de  Suffolk  et  de  Norfolk  (Angle- 
terre). 

Les  résultats  obtenus  sont  d'une  grande  importance,  car 
les  cours  d'eau  de  la  région,  autrefois  dépeuplés,  sont  aujour- 
d'hui abondamment  pourvus  de  poissons.  L'introduction  dans 
les  eaux  anglaises  de  la  région  indiquée,  de  plusieurs  poissons 
étrangers  est  aujourd'hui  un  fait  accompli.  La  Société  récom- 
pense ces  efforts,  ces  succès,  en  décernant  à  M.  Oldham  Ciiam- 
bers une  grande  médaille  d'argent  hors  classe. 

M.  Lugrin  fait  à  Gremat  (Ain)  de  la  pisciculture  industrielle 
avec  grand  succès.  Ses  produits  sont  livrés  à  la  consommation 


RAPPORT   DE   LA   COMMISSION   DES   RECOMPENSES.      LXXXVII 

par  quantités  importantes.  De  plus  M.  Lugrin  est  l'inventeur 
d'un  procédé  pour  multiplier  pour  ainsi  dire  à  volonté  les 
proies  vivantes  (Daphnies),  si  utiles  à  l'éducation  des  jeunes 
salmonidés.  La  Société  décerne  à  M.  Lugrin  une  grande  mé- 
daille d'argent  hors  classe. 

M.  Noordhoek-Hegt  a  créé  à  Apeldoorn  (Pays-Bas)  un  éta- 
blissement important  en  vue  de  contribuer  au  repeuplement 
des  cours  d'eau  de  la  Hollande.  Plusieurs  hectares  ont  été 
consacrés  à  l'installation  des  canaux  dans  lesquels  M.  Noord- 
hoèk-IIegt  élève  les  milliers  de  poissons  qu'il  livre  chaque 
année  au  gouvernement  néerlandais  pour  être  lâchés  dans 
les  eaux  libres.  Cette  création  fait  honneur  à  l'intelligence  du 
lauréat  quia  montré  autant  de  savoir  que  d'ingéniosité.  Son 
initiative  mérite  les  plus  grands  éloges.  La  Société  est  heu- 
reuse d'offrir  à  M.  Noordhoek-Hegt  une  grande  médaille 
d'argent  hors  classe. 


Mctiaillcs  de  prcniièro  classe. 

M.  Brlvnd,  officier  abord  des  paquebots  transatlantiques,  a 
été  plusieurs  fois  déjà  lauréat  de  la  Société.  Cette  année  il 
reçoit  une  médaille  de  première  classe  pour  avoir  donné  son 
concours  à  l'importation  de  divers  poissons  de  l'Amérique  du 
Nord  et  en  particulier  du  Poisson-Soleil.  Le  zèle  et  la  bonne 
volonté  de  M.  Briand  sont  d'un  précieux  secours  pour  aider 
aux  échanges  d'animaux  vivants  qui  se  font  entre  les  deux 
continents. 

L'étude  comparative  des  sels  constitutifs  de  l'eau  de  mer, 
envisagée  au  point  de  vue  de  leur  action  sur  les  êtres  vivant 
dans  l'eau  salée,  a  été  faite  avec  soin  par  M.  Coutance.  Son 
travail  contient  de  précieux  renseignements  dont  la  pi-alicjuo 
fera  son  proht.  Une  médaille  de  première  classe  est  offerte  à 
M.  A,  Coutance. 

M.  Piichard  Cail,  ingénieur  civil  à  Newcastle-sur-la-Tyne 


LXXXVIII  SOCIETE   NATIONALE  D  ACCLIMATATION. 

(Angleterre),  est  l'inventeur  d'un  modèle  ingénieux  d'échelle 
à  Saumons  qui  peut  être  adopté,  quelle  que  soit  la  hauteur  du 
barrage.  Ce  système,  qui  fonctionne  d'une  façon  très  satisfai- 
sante à  Dinsdale,  mérite  l'attention  et  la  Société  décerne 
M.  Richard  Cail  une  médaille  de  première  classe. 

M.  le  colonel  Mac-Donald,  inspecteur  des  pêcheries  des 
états  de  Virginie  (États-Unis',  a  créé  des  échelles  à  Saumons 
d'un  système  tout  à  fait  nouveau  qui  se  recommande  par  son 
prix  modique  et  son  excellent  fonctionnement.  L'emploi  de 
ce  type  d'échelle  est  obligatoire  dans  plusieurs  États  de  l'Union. 
Une  médaille  de  première  classe  est  offerte  à  M.  Mac-Donald. 

Un  élablissement  a  été  créé  par  M.  Alphonse  Lefèvre  dans 
le  département  de  la  Somme  en  vue  de  faire  l'élevage  et  la 
propagation  des  espèces  de  poissons  d'eau  douce  indigènes  et 
étrangers. 

Les  résultats  obtenus  ont  déjà  de  l'intérêt  et  nous  devons 
penser  que  dans  l'avenir  M.  Alphonse  Lefèvre  contribuera 
activement  au  repeuplement  des  eaux  libres  aussi  bien  que 
des  eaux  closes  de  la  région. 

Une  médaille  de  première  classe  récompense  ses  efforts. 

M.  Ratiielot  fait  au  Grand-Montrouge  de  la  pisciculture 
pratique. 

Les  procédés  mis  en  usage,  les  résultats  obtenus,  méritent 
l'attenlion.  De  plus,  M.  Rathelot  s'occupe  de  repeuplement 
sur  une  grande  échelle  des  eaux  closes  dont  il  dispose  dans  le 
département  de  la  Gôte-d'Or. 

Une  médaille  de  première  classe  est  offerte  à  M.  Rathelot. 

Alcduillo   de  seconde  clU!ii»4C. 

M.  Byram  Littlewood,  d'Hudderfield  (Angleterre),  s'oc- 
cupe avec  succès  de  pisciculture.  Dans  l'établissement  qu'il  a 
ci-éé,  il  fabrique  industriellement  du  poisson  pour  le  marché 
et  de  l'alevin  pour  le  repeuplement  des  eaux. 


RAPPORT   DE   LA   COMMISSION   DES   RECOMPENSES.      LXXXIX 

•  M.  Byram  Litllewood  est  l'inventeur  d'appareils  ingénieux 
permettant  d'aérer  les  œufs  pendant  l'incubation  et  d'en  re- 
tarder l'éclosion  en  prolongeant  la  durée  de  l'évolution  em- 
bryonnaire. 

M.    Byram  Littlewood  reçoit  une  médaille  de  deuxième 
classe. 


QUATRIÈME    SECTION.   —   INSECTES. 

Grande     luédaillo    d'argent    (Hors    classe). 
A  l'effigie  d'Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Plusieurs  fois  lauréat  de  la  Société,  M.  Fallou  reçoit  au- 
jourd'hui une  grande  médaille  d'argent  hors  classe  pour  l'é- 
ducation d'Anthœrea  Frithii  provenant  des  envois  faits  de 
Cochinchine  par  notre  collègue  M.  0.  Moquin-Tandon. 

De  plus,  dans  le  courant  de  l'année  1882,  M.  Fallou  a  fait 
vivre  et  reproduire  VAttacus  Pernyi  delà  Chine  en  plein  bois 
dans  la  forêt  de  Sénarl;  le  succès  de  ces  éducations  mérite 
d'autant  plus  l'attention  que  pour  la  première  fois,  cette  es- 
pèce bivoltine  s'est  montrée  disposée  à  devenir  univoltine. 
C'est-à-dire  que  les  chrysalides,  au  lieu  de  se  transformer  en 
papillons  peu  de  temps  après  la  terminaison  du  cocon,  n'ac- 
complissent leurs  dernières  transformations  qu'au  printemps 
suivant.  Créer  une  race  de  Vers  à  soie  du  Chêne  (Pernyi)  uni- 
voltine, c'est  rendre  à  peu  près  certaine  la  naturalisation  en 
France  de  cette  très  intéressante  espèce. 

médaille  de  première  classe. 

Proléger  les  cultures  contre  l'invasion  des  animaux  des- 
tructeurs, c'est  rendre  un  service  important.  Aussi  sommes- 
nous  heureux  de  pouvoir  décerner  une  médaille  de  première 
classe  à  M.  Félix  Durand,  ancien  vétérinaire  principal  de 
l'armée,  qui  a  inventé  et  propagé  en  Algérie  un  procédé 
simple  et  pratique  pour  défendre  les  cultures  contre  l'invasion 
des  terribles  criquets.  Le  procédé  de  M.  Durand  permet  en 
outre  de  détruire  de  grandes  quantités  de  ces  sauterelles  qui 


XC  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'aCCHMATATION. 

trop  souvent  portent  la  dévastation  dans  notre  belle  colonie 
africaine. 


IMédaillo   do  seconde  classe. 

M.  HuiN  a  réussi  à  Paris,  en  1882,  l'éducation  des  Métis  de 
VAttacusPernyi  avec  l'A  itocus  Roylei,  et  aussi  l'éducation  de 
VActias  Sehne.  Au  cours  de  ces  expériences,  le  lauréat  a  fait 
d'intéressantes  observations  sur  la  polyphagie  de  ces  espèces 
qui  ont  accepté  de  se  nourrir  sur  le  Charme  aussi  bien  que 
sur  le  Chêne. 

La  Société  est  heureuse  de  récompenser  le  zèle  de  M.  Iluin 
en  lui  accordant  une  médaille  de  seconde  classe. 

Mentions  honorables. 

Une  mention  honorable  récompense  les  efforts  de  M.  Dou- 
CHY,  instituteur  àBrumetz  (Aisne),  qui  a  élevé  en  1882  un 
certain  nombre  de  Vers  à  soie  se  nourrissant  de  la  feuille  du 
Chêne  (Pernyi). 

Nous  voulons  espérer  que  le  zèle  de  cet  instituteur  pourra 
lui  mériter  dans  l'avenir  de  nouvelles  récompenses. 

'  M.  Nemetz,  instituteur  à  Wiener-Neustadt  (Autriche),  a 
réussi  une  éducation  ù'Attams  Pernyi  et  fait  connaître  dans 
un  rapport  bien  étudié  les  observations  faites  pendant  la  vie 
des  vers.  La  Société  espère  que  M.  Nemetz  continuera  ces  édu- 
cations et  les  fera  dans  l'avenir  sur  une  plus  grande  échelle. 
Elle  lui  décerne  une  mention  honorable. 


CINQUIÈME    SECTION.  —    VÉGÉTAUX. 

Grande     médaille    d'argent    (Hors    classe). 
A  l'effigie  d'Isidore  Geolfroij  Saint-Hilaire. 

Le  livre  sur  les  plantes  potagères  publié  par  notre  collègue, 
M.  Henry  de  Vilmorin,  est  un  ouvrage  excellent  qui  rendra 
les  plus  grands  services.  Quoique  la  part  faite,   dans  cette 


RAPPORT   DK    LA   COMMISSION    DES    RECOMPENSES.  XGI 

importante  publication,  aux  végétaux  nouvellement  introduits 
ne  soit  pas  aussi  considérable  que  nous  aurions  pu  le  souhai- 
ter, la  Société  est  heureuse  de  décerner  à  M.  Henry  de  Vil- 
morin une  grande  médaille  d'argent  hors  classe.  Notre  col- 
lègue est  de  ceux  qui  par  leurs  publications,  par  leurs  eiïorts 
de  toute  nature,  servent  le  plus  utilement  notre  cause. 

Prix  Uc   500  rnincs 

Fondé  par  la  Sociclé  pour  j'inlroduclioii  en  France  d'une  espèce  végétale  propre  à  être 
employée  pour  l'alinicnlalion  de  l'iiomme. 

M.  Paillieux  reçoit  aujourd'hui  le  prix  que  la  Société  avait 
proposé  en  1881  pour  récompenser  l'introduction  en  France 
d'une  plante  alimentaire  nouvelle. 

Depuis  quatre  années  le  Capacho  {Canna  edul i s)  est  cullïvé 
par  M.  Paillieux;  cette  plante  a  été  examinée,  dégustée  parles 
juges  les  plus  compétents  et  mérite  de  prendre  rang  parmi 
les  végétaux  alimentaires  cultivés  dans  nos  jardins. 

La  Société  est  heureuse  de  décerner  ce  prix  à  M.  Paillieux 
dont  le  zèle  et  la  persévérance  sont  un  exemple  pour  tous. 


Illcclnillc»4   de    prciuicro   classe. 

M.  AuDiBERT,  le  créateur  de  l'important  établissement  hor- 
ticole de  La-Crau-d'lIyéres  (Var),  reçoit  une  médaille  de  pre- 
mière classe  pour  la  collection  de  Kakis  (Diospi/ros)  qu'il 
cultive  et  qu'il  répand  aujourd'hui  dans  le  public.  Les  fruits 
de  ces  Kakis  ont  été  appréciés  et  dès  maintenant  la  Provence 
se  trouve  en  possession  d'un  fruit  nouveau  et  méritant. 

Les  travaux  publiés  par  M.  Bastide  sur  diverses  questions 
agricoles  algériennes,  ont  attiré  l'attention  de  la  Société. 

En  faisant  bien  connaître  la  géographie  de  la  province  qu'il 
habite,  M.  Bastide  sert  utilement  l'acclimalation.  La  Société 
lui  décerne  une  médaille  de  première  classe. 

M.  le  D'  E.  L.  Bertiieuand  (d'Alger),  déjà  lauréat  de  la 


XCII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

Société,  a  publié  divers  travaux  se  rapportant  à  des  applica- 
tions thérapeutiques  ;  de  plus  il  a  fait  paraître  une  brochure 
ayant  pour  but  de  signaler  les  végétaux  dangereux  de  l'Algérie. 
L'ensemble  de  ces  travaux  intéressants  mérite  à  M.  le  D'  E.  L. 
Bertherand  une  médaille  de  première  classe. 

M.  le  D'  Bretschneider,  médecin  de  la  légation  russe  à 
Pékin,  auteur  de  savants  travaux  sur  la  flore  de  Chine,  dési- 
reux de  seconder  nos  efforts,  nous  a  fait  un  envoi  important 
de  graines  de  divers  végétaux  utiles  de  ce  pays. 

La  Société  est  heureuse  de  témoigner  sa  gratiludc  à  ce  gé- 
néreux collaborateur  en  lui  attribuant  une  médaille  de  pre- 
mière classe. 

M.  Le  Myre  de  Vilers,  l'un  des  membres  honoraires  de  la 
Société,  gouverneur  de  la  Gochinchine,  et  notre  collègue 
M.  0.  Moquin-Tandon,  directeur  du  Jardin  botanique  de 
Saigon,  ont  signalé  à  l'attention  de  la  Société  les  titres  de 
M.  Colombier  à  nos  récompenses. 

«  M.  Colombier,  dit  le  gouverneur  dans  sa  dépêche,  est  un 
des  hommes  qui  ont  le  plus  contribué  à  l'amélioration  de  la 
santé  des  Européens  en  Cochinchine  par  l'introduction  des 
plantes  maraîchères  presque  indispensables  à  notre  alimenta- 
tion. Grâce  à  lui,  Saigon  est  devenu  un  port  de  production  et 
nous  envoyons  maintenant  des  légumes  à  Singapoore  et  même 
en  Chine.  » 

La  Société  nationale  d'Acclimatation  est  heureuse  d'offrir 
à  M.  Colombier  une  médaille  de  première  classe. 

L'élude  de  la  flore  de  l'île  de  la  Béunion,  des  publications 
sur  les  essences  propres  au  reboisement  des  mornes,  méritent 
à  M.  le  D'  de  Cordemoy,  qui  habite  la  colonie,  une  médaille 
de  première  classe. 

Votre  Secrétaire  général,  Messieurs,  est  particulièrement 
heureux  d'avoir  à  proclamer  ici  le  nom  d'un  ancien  condis- 
ciple, qui  a  laissé  de  ce  côté  des  mers  le  souvenir  de  ses  mé- 
rites et  de  ses  qualités. 


RAPPORT   DE    LA   COMMISSION   DES   RÉCOMPENSES.  XCIII 

L'introduction  à  l'île  de  la  Réunion  des  meilleures  variétés 
de  Cannes  à  sucre  cultivées  à  l'île  Maurice,  mérite  à  M.  E.  Cornu 
une  médaille  de  première  classe.  Les  publications  faites  par 
le  lauréat  sur  les  meilleurs  procédés  de  culture  de  la  canne 
permettent  de  profiter  comme  il  convient  des  importations 
accomplies 

Le  Commissaire  général  gouverneur  de  l'île  de  la  Réunion, 
M.  CuiNiER,  avait  apprécié  dans  ses  voyages  la  qualité  des  fruits 
des  Antilles.  Devenu  gouverneur  delà  Réunion,  il  a  voulu  en 
doter  la  colonie  qu'il  était  chargé  de  diriger.  La  Société  est 
heureuse  d'offrir  à  M.  le  gouverneur  Cuinier  une  médaille  de 
première  classe,  en  souvenir  de  son  intelligente  initiative. 

M.  Romuald  Dejernon  s'est  fait  l'apôtre  de  la  culture  de  la 
Vigne  dans  le  département  de  Constanline,  en  Algérie.  Par 
ses  publications,  par  ses  conférences  pratiques  faites  dans  les 
villages,  il  a  puissamment  contribué  à  persuader  les  colons, 
à  les  décider  à  planter  la  Vigne. 

Ces  efforts  sont  récompensés  par  la  Société  nationale  d'Ac- 
climatation d'une  médaille  de  première  classe. 

Dans  une  brochure  très  complète  et  très  étudiée,  M.  Favier 
(d'Avignon)  a  résumé  avec  exactitude  tout  ce  que  nous 
savons  sur  la  Ramie,  la  précieuse  plante  textile  promise  à 
notre  industrie. 

Cette  publication  utile  mérite  à  son  auteur  une  médaille  de 
première  classe. 

M.  Paul  Fontaine  (de  Blidah),  un  des  horticulteurs  les  plus 
anciens  de  l'Algérie,  déjà  lauréat  de  la  Société,  reçoit  aujour- 
d'hui une  médaille  de  première  classe  pour  ses  diverses  ten- 
tatives de  culture  des  arbres  à  fruits  exotiques  qui  peuvent 
réussir  sous  le  climat  de  la  colonie. 

En  offrant  à  M.  Paul  Fontaine  cette  médaille,  la  Société 
est  heureuse  de  lui  témoigner  l'estime  toute  particulière 
qu'elle  accorde  à  sa  persévérance,  aujourd'hui  vieille  de 
trente-cinq  années. 


XCIV  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Une  médaille  de  première  classe  est  accordée  à  M.  Emile 
Héry,  qui  a  fait  à  l'île  de  la  Réunion  des  plantations  considé- 
rables des  arbres  à  Quinquina,  et  spécialement  du  Cinchona 
succirubra.  Puissent  les  efforts  de  M.  Héry  et  de  ses  imita- 
teurs mettre  enfin  la  colonie  en  possession  des  précieuses 
écorces  dont  la  thérapeutique  fait  aujourd'hui  une  si  colossale 
consommation. 

M.  HoNNORATY,  de  Toulon  (Var),  reçoit  une  médaille  de 
première  classe  pour  ses  cultures  de  Kakis  {Diospi/ros). 
Ayant  reçu  de  M.  Dupont,  à  son  retour  du  Japon,  une  collec- 
tion de  ces  arbres  fruitiers,  M.  Ilonnoraly  a  su  les  multiplier, 
et,  grâce  à  lui,  le  midi  de  la  France  est  aujourd'hui  en  posses- 
sion de  ces  végétaux,  qui  viennent  apporter  un  nouvel  élément 
de  richesse  aux  vergers  de  la  région  de  l'Oranger. 

Diverses  introductions  de  végétaux  propres  à  la  grande 
culture  en  Algérie  ;  des  plantations  de  Vignes  très  importantes, 
une  exploitation  prospère,  méritent  à  M.  Lamur  une  médaille 
de  première  classe.  La  Société  félicite  le  lauréat  de  son  esprit 
d'initiative,  et  reconnaît  qu'il  a  donné  un  précieux  exemple. 

M.  J.  DEMAzÉRiEUxajoint  ses  efforts  à  ceux  de  M.  E.  Cornu, 
que  nous  avons  nommé  tout  à  l'heure,  pour  enrichir  les  cul- 
tures de  l'île  de  la  Réunion  des  meilleures  variétés  de  Cannes 
à  sucre  cultivées  à  l'île  Maurice. 

La  Société  ne  pouvait  séparer  dans  sa  reconnaissance  ces 
deux  collaborateurs  ;  elle  décerne  à  M.  J.  de  Mazérieux,  comme 
à  M.  Cornu,  une  médaille  de  première  classe. 

Le  mémoire  très  intéressant  de  M.  Arthui*  Noël  sur  les  re- 
peuplements artificiels  des  forêts  et  la  restauration  des  clai- 
rières intéresse  par  plus  d'un  point  la  Société  d'Acclimatation. 
Aussi  nous  lui  décernons  une  médaille  de  première  classe, 
heureux  que  nous  sommes  de  pouvoir  récompenser  cet  excel- 
lent travail,  qui  mérite  d'être  dans  toutes  les  mains. 


RAPPORT   DE   LA   COMMISSION   DES   RÉCOMPENSES.  XCV 

Si  la  question  du  reboisement  est  intéressante  en  France, 
en  Algérie  elle  est  d'une  importance  qui  s'impose. 

Pas  de  forêls,  pas  de  sources,  et  dans  les  pays  du  soleil,  on 
peut  ajouter  pas  d'eau,  pas  de  cultures. 

Les  conférences  faites  par  M.  Ollive  sur  les  causes  du  dé- 
boisement en  Algérie  et  sur  la  nécessité  de  reboiser,  ont  attiré 
l'attention  de  la  Société,  qui  décerne  à  leur  auteur  une  mé- 
daille de  première  classe. 


M.  Julien  Potier  a  introduit  à  l'île  de  la  Réunion  un  grand 
nombre  de  plantes  utiles.  La  Société  est  heureuse  de  re- 
connaître ces  elîorts  en  délivrant  à  M.  Julien  Potier  une  mé- 
daille de  première  classe. 

M.  Reynard,  sous-inspecteur  des  forêts  en  Algérie,  a  fait 
des  conférences  et  des  publications  sur  le  reboisement  et 
aussi  sur  la  restauration  des  pâturages  dans  le  sud  de  la  pro- 
vince d'Alger. 

Ces  utiles  efforts  méritent  l'attention,  et  la  Société  décerne 
à  M.  Reynard  une  médaille  de  première  classe. 

Le  Rapport  de  M.  Tassy,  sur  le  service  forestier  en  Algérie, 
est  un  travail  sérieux  qui  apporte  à  l'étude  de  cette  impor- 
tante question  des  documents  importants.  La  Société  décerne 
à  M.  Tassy  une  médaille  de  première  classe. 

M.  Humbert,  instituteur  à  Raddon  (Haute-Saône),  déjà 
lauréat  de  la  Société,  persévère  dans  ses  cultures  expérimen- 
tales. Dans  un  rapport  étudié,  il  fait  connaître  ses  apprécia- 
tions comparatives  sur  les  avantages  que  présentent,  pour  sa 
localité,  les  diverses  variétés  de  céréales  expérimentales. 
M.  Humbert  reçoit  une  médaille  de  deuxième  classe. 


Médailles  de   seconde  classe. 

Depuis  plusieurs  années  déjà,  M.  Malapert  cultive  \cThla- 
dianlha  dubia  de  l'Himalaya  et  de  la  Chine.  Les  fruits  de  cette 


XCYI  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATiON. 

cucurbilacée  à  la  fois  décoratifs  et  alimentaires  sont  suscep- 
tibles d'applications  diverses.  La  Société  offre  à  M.  Malapert 
une  médaille  de  deuxième  classe. 

L'an  dernier,  M.  Romanet  du  Caillaud  a  reçu  une  médaille 
pour  avoir  importé  et  cultivé  les  Vignes  chinoises  duChen-Si. 
M.  Romanet  du  Caillaud  signale  à  l'attention  de  la  Société  les 
droits  de  M^''  Pagnucci,  évêque  de  Chen-Si ,  à  nos  récompen- 
ses, car  c'est  à  ce  vénérable  missionnaire  que  nous  devons 
l'importation  des  vignes  du  Céleste-Empire.  Une  médaille  de 
deuxième  classe  est  offerte  à  M^""  Pagnucci. 

Une  brochure  de  M.  Vérot  sur  l'arboriculture  forestière 
en  Algérie  mérite  une  médaille  de  deuxième  classe.  Cette  pu- 
blication peut  servir  de  guide  pratique  pour  la  constitution  de 
pépinières  forestières  en  Algérie. 

montions  honorables. 

Une  mention  honorable  est  accordée  à  M.  Jean  Dybowski, 
professeur  répétiteur  à  l'école  régionale  agricole  de  Grignon, 
dont  le  travail  sur  la  Bardane  comestible  du  Japon  a  attiré 
l'attention  de  la  Société. 

La  culture  de  la  Vigne  en  Algérie  prend  chaque  jour. plus 
d'importance,  et  les  résultats  obtenus  donnent  à  penser  que 
la  production  du  vin  deviendra  pour  la  colonie  la  source  d'une 
sérieuse  prospérité. 

Les  autorités  compétentes  de  l'Algérie  ont  attiré  l'attention 
de  la  Société  sur  MM.  Chatillon,  Fontëneau,  Plisson  et 
Sardou,  qui,  par  leur  initiative,  par  leur  persévérance,  ont 
puissamment  aidé  à  la  vulgarisation  de  la  culture  de  la  Vigne 
dans  la  province  d'Oran. 

Une  mention  honorable  est  accordée  au  nom  de  la  Société 
à  chacun  de  ces  viticulteurs. 


RAPPORT    DE    LA   COMMISSION    DES    RECOMPENSES.        XCVII 

RÉCOMPENSES  PÉCUNIAIRES 

Primes  ofTerte»;  ptiv  la  •Société. 

Une  prime  de  100  francs  est  accordée  à  M.  Florimond  Ber- 
THiER,  faisandierchezM.  Pays-Mcllier,  à  laPataudière  (Indre- 
et-Loire).  Notre  collègue  M.  Pays-Mellier  a  trouvé  dans  M.  Ber- 
thier  un  collaborateur  intelligent  et  dévoué  des  plus  méritants. 

C'est  par  millions  que  rétablissement  de  M.  Schuster  (grand- 
duché  de  Bade)  produit  chaque  année  des  alevins  d'œufs  de 
poissons  qui  sont  ensuite  jetés  dans  les  cours  d'eau  de  l'Alle- 
magne. M.  Schuster  est  secondé  par  M.  Dietricii,  qui  lui 
donne  un  concours  précieux.  La  Société  lui  accorde  une 
prime  de  100  francs. 

M.  J.  B.  Blaise,  cultivateur  vigneron,  à  Choloy  (Meurthe- 
et-Moselle),  s'occupe  depuis  plusieurs  années  d'éducation  de 
Vers  à  soie  se  nourrissant  de  la  feuille  du  Chêne.  Ses  essais  se 
font  en  pleine  forêt;  la  Société  est  heureuse  de  pouvoir  en- 
courager M.  Biaise  en  lui  accordant  une  prime  de  200  francs. 

M.  HuiN  est  un  de  nos  collaborateurs  les  plus  zélés;  il 
donne  son  concours  à  la  Société  de  plus  d'une  manière.  Nous 
saisissons  avec  empressement  l'occasion  de  lui  témoigner  l'in- 
térêt que  nous  prenons  à  ses  travaux  de  sériciculture  en  lui 
allouant  une  prime  de  100  francs. 

Primes  fondées  par  feu   Agron  do  Cicrmigny 

Pour  récompenser  les  bons  soins  donnés  anx  animaux  ou  aux  plantes. 

M.  Baptiste  Langel,  employé  à  la  ménagerie  du  Muséum 
d'histoire  naturelle,  reçoit  la  prime  de  200  francs  pour  les 
bons  soins  qu'il  donne  aux  animaux  qui  lui  sont  confiés  et  en 
particulier  pour  avoir  obtenu  la  reproduction  de  l'Antilope 
Gnou.  C'est  la  première  fois  que  cetle  intéressante  espèce  du 
Cap  de  Bonnc-P^spérance  naît  en  Europe. 

ii"  sÉiiiE,  T.  X.  —  bcaucc  publifjuc  amiuclle.  g 


XCVIII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

La  prime  de  100  francs  est  accordée  à  M.  Roy,  employé  au 
Jardin  zoologique  d'Acclimatation.  Le  zèle  de  ce  serviteur  soi- 
gneux, déjà  plusieurs  fois  récompensé,  est  toujours  digne 
d'éloges. 

Primes  offertes  par  l'administration  du  Jardin  zoologique 
d'Acclimatation  ai  ses  employés. 

M.  Hyacinthe  Blondel  est  attaché  au  Jardin  zoologique 
d'Acclimatation  depuis  la  fondation  de  l'établissement;  c'est 
aujourd'hui  le  plus  ancien  de  nos  agents,  c'est  aussi  un  des 
plus  dévoués;  il  reçoit  une  prime  de  200  francs. 

Une  prime  de  200  francs  est  accordée  à  M.  Dudale,  gardien 
chef  au  chenil,  qui,  dans  ses  difficiles  fonctions,  nous  donne 
une  entière  satisfacti-on. 

M.  Achille  Fauuue,  faisandier  chef,  reçoit  une  prime  de 
100  francs.  C'est  pour  nous  un  collaborateur  soigneux  et  expé- 
rimenté. 

Une  prime  de  100  francs  est  accordée  à.  M.  Moutard,  em- 
ployé à  la  volière,  qui  se  montre  exact  et  fidèle. 

Le  jeune  Alix  est  déjà  un  vieil  employé  de  l'établissement; 
il  n'a  jamais  cessé  de  mériter  nos  éloges  par  sa  bonne  tenue  et 
son  zèle.  Nous  lui  donnons  une  prime  de  50  francs. 

L'apprenti  faisandier  Pierre  est  un  bon  sujet,  déjà  connais- 
seur, qui  mérite,  par  son  travail  régulier  et  par  son  intelli- 
gence, la  prime  de  50  francs  que  nous  lui  remettons. 

Hallié,  groom  au  manège,  reçoit  une  prime  de  25  francs. 

AMorançais,  du  service  du  chenil,  il  est  accordé  une  prime 
de  25  francs. 


Le  Gérant:  Jules  Grisaud. 


Imprimeries  rtunlcs,  A.  rue  Mignon,  2.  Parla 


BULLETIN    MENSUEL 

DE     LA 

SOCIÉTÉ    NATIONALE 

D'ACCLIMATATION 

FONDÉE   LE    10    FÉVRIER    1854 
RECONNUE    ÉTABLISSEMENT    D'UTILITÉ    PUBLIQUE 

PAR  DÉCRET  DU  26  FÉVRIER  1855 


I.  TRAVAUX  DES  WIEWBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ  (1) 


ACCLIMATATION  DU  Nx\NDOU  EN   FRANCE 

Extraits  de  diverses  lettres  adressées  à  M.  le  Secrétaire  général 
Par  nn.  BÉREIVCiER ,   D'^  CLO$i,   PATS-MELLIER  et  MERCIER 


Monts-sur-Guesnes  (Vienne),  16  juin  1882. 

Je  m'empresse  de  vous  faire  connaître  le  résultat  de  l'incu- 
bation de  mes  Nandous.  Ce  résultat  ne  pouvait  être  que  peu 
satislaisanl,  puisque,  ainsi  que  je  vous  le  disais  dans  une 
précédente  lettre,  le  Nandou  avait  commencé  à  couver,"  n'ayani, 
que  six  œufs  dans  son  nid.  Il  est  viai,  comme  je  l'avais  sup- 
posé avec  raison,  que  la  ponte  de  la  femelle  n'était  pas  ter- 
minée, mais  les  œufs  qu'elle  a  continué  à  pondre  ne  pouvaient 


(1)  La  Société  ne  prend  sous  sa  responsabilité  aucune  des  opinions  émises  par 
es  auteurs  dos  articles  insérés  dans  son  JJullelin. 

3°  SÉRIE,  T.  X..  —Janvier  1883.  1 


*^ 


2  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

plus,  en  les  supposant  bons,  parvenir  à  l'éclosion  en  même 
temps  que  les  premiers. 

Je  n'ai  eu  que  quatre  fois  pendant  l'incubation  l'occasion 
d'observer  moi-même  le  nombre  des  œufs  qui  se  trouvaient 
dans  le  nid,  et  voici  le  résultat  de  ces  observations  :  Le  3  mai, 
l'incubation  commençait  avec  six  œufs  ;  le  6  mai  au  soir,  il  y 
en  avait  huit;  le  15  mai,  dix;  le  26  mai,  onze,  et  le  6  juin, 
treize. 

Je  comptais  que  l'éclosion  aurait  lieu  le  quarante-et-unième 
ou  le  quarante-deuxième  jour  comme  l'année  dernière.  Elle 
a  eu  lieu  le  dimanche  soir  11  juin  et  le  lundi  12  juin,  trente- 
neuvième  et  quarantième  jours  d'incubation,  eLn'a  donné  que 
quatre  petits,  dont  un,  mal  venu,  est  mort  presque  immédia- 
tement. Le  Nandou  n'a  quitté  le  nid  que  le  mercredi  14  juin. 
11  y  laissait  trois  œufs  clairs,  ou  dans  lesquels  l'embryon  était 
mort  à  une  époque  peu  avancée  de  l'incubation,  et  six  autres 
œufs  qui,  paraissant  bons,  ont  été  placés  sous  une  dinde  que 
je  tenais  en  réserve  à  cet  effet.  Mais  je  n'attends  pas  grand 
résultat  de  cette  mesure,  à  cause  de  l'intervalle  entre  la  ponte 
de  chacun  de  ces  œufs,  d'où  résulterait  nécessairement  un 
intervalle  proportionnel  entre  leur  éclosion. 

La  ponte  de  la  femelle  n'était  pas  encore  terminée,  car, 
immédiatement  séparée  du  mâle  et  des  jeunes  après  l'éclo- 
sion, comme  l'année  dernière,  elle  a  encore  pondu  un  œuf 
mercredi  dernier. 

Une  des  difficultés  qu'oftre  l'éducation  du  Nandou  me 
semble  donc  résulter  de  l'habitude  qu'aie  mâle  de  commenn^r 
l'incubation  avant  que  la  ponte  de  la  femelle  soit  complcLc. 
Mais  cet  inconvénient  peut  être  diminué  en  donnant  plusieurs 
femelles  à  un  mâle  et  en  ayant  recours  à  l'incubation  artili- 
cielle  pour  les  œufs  en  retard  au  moment  de  l'éclosion. 

Je  désire  que  ces  détails  puissent  être  utiles  à  ceux  de  nos 
collègues  qui  s'occupent  de  l'éducation  du  Nandou,  en  les 
mettant  en  garde  contre  les  inconvénients  que  je  viens  de 
signaler. 

Veuillez,  etc. 

0.  Camille  Dérenger. 


LE   NANDOU   EN    FRANCE. 


Toulouse,  le  27  août  1882. 

A  la  date  du  24  novembre  dernier,  j'avais  l'honneur  de  vous 
informer  de  l'insuccès  des  nombreux  moyens  employés  pour 
élever  déjeunes  Nandous,  nés  vers  la  fin  d'octobre  au  Jardin 
des  plantes  de  Toulouse  (voy.  le  Bulletin  de  1881,  p.  76^). 
Je  crois  devoir  vous  annoncer  qu'une  seconde  couvée  a- par- 
faitement réussi,  en  l'absence  de  tous  soins  spéciaux.  La 
ponte  a  été  de  dix  œufs,  couvés  cette  fois,  comme  la  précé- 
dente, par  le  mâle  seul  pendant  quarante-cinq  jours  environ. 
Le  5  juin  dernier,  on  voyait  éclore  six  petits,  et  les  quatre 
autres  œufs  étaient  abandonnés  par  le  mâle.  Ces  animaux 
n'ont  pas  touché  à  la  pâtée  qu'on  leur  avait  préparée,  se  bor- 
nant à  manger  de  la  mie  de  pain,  de  l'herbe  coupée  menu, 
et  adoptant  bientôt  la  nourriture  des  deux  adultes,  consistant 
principalement  en  débris  de  jardinage;  comme  ceux-ci,  ils 
n'entrent  jamais  dans  la  cabane  ;  ils  grossissent  et  se  portent 
à  merveille. 

Si  une  nouvelle  éclosion  a  lieu  en  automne,  je  n'hésiterai 
pas  à  laisser  les  petits  avec  leurs  parents,  dans  le  parc  que 
ceux-ci  occupent. 

Veuillez,  etc. 

D'  Clos,  directeur. 

La  Pataudière  (Indre-et-Loire),  21  juillet  1882. 

Je  vous  écrivais  que  je  possédais  ici  trois  belles  femelles 
et  un  superbe  mâle  de  Nandous. 

Le  samedi  G  mai,  ce  mâle  Nandou  s'est  mis  sur  son  nid  et  a 
commencé  à  couver;  il  y  avait  alors  douze  œufs. 

Depuis  ce  jour,  plusieurs  autres  œufs  ont  été  pondus,  et 
les  femelles  les  déposaient  toujours  auprès  du  mâle,  qui,  sans 
se  lever,  rapprochait  les  œufs  avec  son  bec  et  les  faisait  couler 
doucement  sous  lui. 

Dans  la  nuit  du  29  au  30  mai  (^il  éfait  onze  heures  et  demie), 
un  orage  épouvantable,  accompagné  d'une  pluie  torreuliellc, 
a  éclaté  tout  à  coup  sur  la  Pataudière. 


4  SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

Au  lever  du  jour,  la  pluie  tombait  encore,  et  nous  trouvions 
le  Nandou  ayant  quitté  son  nid  submergé  ;  vite  nous  assé- 
chons ce  nid  avec  du  sable  bien  sec;  il  était  trois  heures 
et  demie  du  matin  et  les  œufs  étaient  refroidis,  mais  l'oiseau 
se  remit  à  couver. 

Le  9  juin,  une  forte  pluie  recommence  le  soir  et  continue, 
sans  relâcher  un  seul  instant,  jusqu'au  lendemain  matin  huit 
heures. 

Cette  lois,  il  n'y  avait  plus  rien  à  espérer,  tous  les  parcs  de 
mes  animaux  étaient  remplis  d'eau,  et  le  Nandou  avait  dû 
fuir  encore  cette  inondation  ;  ses  œufs  étaient  absolument 
noyés. 

Malgré  notre  peu  d'espoir,  nous  refîmes  cependant  le  nid 
et  nous  remîmes  les  œufs  sur  un  fond  de  sable  sec  ;  mais  l'oi- 
seau, découragé  sans  doute,  n'y  voulut  plus  revenir. 

Nous  avions  bien  essayé  de  faire  un  abri  sur  son  nid  après 
le  premier  orage  du  30  mai  ;  le  Nandou  avait  alors  quitté  ses 
œufs  aussitôt  et  paraissait  inquiet;  nous  dûmes  donc  enlever 
l'abri  et  laisser  le  nid  à  son  malheureux  sort  et  à  sa  mauvaise 
étoile.  C'était  d'ailleurs  l'avis  de  M.  Cornély,  de  Beaujardin, 
que  j'avais  consulté. 

Le  11  juin,  ne  conservant  donc  plus  aucune  espérance, 
puisque  le  Nandou  ne  retournait  plus  sur  son  nid,  je  voulus 
en  avoir  le  cœur  net,  et  n'ayant  pas  de  couveuse  artificielle, 
je  fis  vider  les  œufs. 

Jugez  de  mon  immense  contrariété,  sur  15  œufs  que  je 
trouvai  dans  le  nid  (j'eus  la  connaissance  de  3  cassés  au  plus), 
il  y  en  avait  12  bons;  les  petits  étaient  complètement  formés 
et  encore  tous  vermeils. 

Le  refroidissement  des  œufs  dans  la  nuit  du  30  mai  n'avait 
donc  pas  été  assez  long  pour  les  perdre,  et  je  ne  devais  ce 
désastre  qu'à  la  pluie  diluvienne  et  continue  du  9  juin  ! 

Depuis  cette  époque,  le  mâle  Nandou  est  redevenu  en  rui, 
et  dès  le  17  juin  je  voyais  un  œuf  déposé  dans  un  nouveau 
trou  fait  dans  le  sable.  Le  23,  j'avais  4  œufs. 

Puis  la  ponte  s'est  arrêtée,  et  le  mille  ne  se  décidait  point 
à  couver;  le  30  juin,  if  avait  cassé  3  anifs. 


LE   NANDOU    EN   FRANCE.  5 

Le  S  juillet,  une  seconde  femelle  pond  de  nouveau,  et  le  8 
celte  ponte  est  encore  terminée  avec  4  œufs. 

Celte  fois,  j'avais  enlevé  le  premier  œuf  du  3  juillet,  et  le 
1-2,  ne  voyant  point  de  nouveaux  œufs,  je  mis  les  quatre  der- 
niers, que  j'avais  conservés,  avec  le  cinquième  qui  me  restait 
de  la  ponte  du  17  juin. 

Je  vis  le  Nandou  les  rouler  sans  cesse  avec  son  bec  dans 
plusieurs  trous  qu'il  s'amusait  à  faire,  sans  vouloir  s'attacher 
à  aucun,  et  il  a  fini  par  casser  encore  ^2  œufs  sans  jamais 
essayer  de  couver. 

Aujourd'hui,  il  est  toujours  en  rut  et  fait  entendre  son  fort 
rugissement  en  poursuivant  sans  relâche  ses  femelles;  mais 
la  saison  est  trop  avancée,  je  n'ai  plus  aucune  chance  pour 
cette  année. 

Agréez,  etc.  G.  Pays-Mellier. 

27  juillet  1882. 

Dans  une  lettre  précédente,  je  vous  adressais  quelques  notes 
sur  mes  Nandous....  Si  ces  notes  ont  pu  vous  intéresser,  je 
m'empresse  de  vous  dire  que  ces  oiseaux  pondent  encore  une 
fois  en  ce  moment. 

Aujourd'hui,  j'ai  trois  nouveaux  œufs,  dont  deux  pondus 
hier,  ce  qui  indique  le  travail  de  deux  femelles. 

Le  maie,  toujours  en  rut  et  très  ardent,  ne  semble  pas  dis- 
posé à  couver;  il  serait  bon,  je  pense,  de  lui  enlever  ses  trois 
femelles. 

J'ai  envie  d'essayer. 

Agréez,  etc.  Pays-Mellier. 

Beaurouve,  par  Illiors  (Eure-ot-Loir),  22  juin  1882. 

Je  crois  devoir  vous  informer  que  je  viens  d'obtenir  des 
jeunes  Nandous  dans  les  conditions  suivantes  : 

Mon  Nandou,  qui  était  l'année  dernière  très  agressif,  s'est 
beaucoup  calmé  lorsqu'il  a  été  mis  en  présence  de  la  femelle 
que  vous  m'avez  procurée  au  mois  de  mars  dernier. 

Nous  avons  donné  au  couple  de  .Nandous  une  entière  liberté  ; 


6  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

ils  vivaient  dans  un  enclos,  partie  bois  et  partie  prairie,  d'une 
étendue  de  40  hectares.  Pendant  le  mois  d'avril,  M'"  Rous- 
seau, qui  est  chargée  chez' moi  du  soin  des  oiseaux  grands  et 
petits,  a  vu  le  mâle  à  plusieurs  reprise."''  s'approcher  de  la 
femelle. 

Le  couple  ne  -s'éloignait  guère  des  ouvrier."  qui  travaillent 
au  jardin,  quand  dans  les  premiers  jours  de  mai  on  a  cessé 
de  voir  d'une  manière  assidue  le  mâle  Nandou,  qui  faisait  de 
fréquentes  absences. 

Le  9  mai,  ne  l'ayant  pas  vu  de  la  journée,  tout  le  monde 
s'est  mis  à  sa  recherche,  et  le  10,  M'"'  Rousseau  l'a  trouvé  sous 
bois,  dans  un  endroit  très  touffu,  où  il  avait  nettoyé  une  sur- 
face de  5  à  0  mètres  carrés,  au  milieu  de  laquelle  il  avait 
amoncelé  des  brindilles  de  bois  et  des  herbes  pour  se  faire  un 
nid  sur  lequel  il  s'était  établi. 

M""  Rousseau,  sans  tenir  compte  du  bec  qu'il  ouvrait  tout 
grand,  ayant  tout  l'air  de  vouloir  la  mordre,  l'a  contraint  de 
se  lever;  il  s'est  alors,  si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi,  assis  sur 
ses  genoux,  et  lui  a  laissé  voir  six  œufs  qu'il  était  en  train 
de  couver. 

A  partir  de  ce  moment,  on  ne  l'a  plus  dérangé,  et  elle  ve- 
nait chaque  jour  lui  apporter  sa  nourriture  au  bas  de  son  nid. 
Le  9  juin,  le  Nandou  était  absent  de  son  nid  lorsqu'elle  est 
venue  lui  apporter  à  manger  ;  elle  a  compté  neuf  œufs  parfai- 
tement rangés  dans  le  nid. 

Le  20,  on  a  trouvé  un  dernier  œuf  de  la  femelle  Nandou, 
qu'elle  avait  été  pondre  dans  le  verger;  ce  dernier  était  beau- 
coup plus  petit  que  les  autres  ;  on  l'a  mis  sous  une  dinde. 

Le  19  juin,  M""  Rousseau  s'est  aperçue  qu'il  y  avait  sous  le 
Nandou  des  jeunes  qui  soulevaient  ses  plumes.  Je  crois  que 
c'est  ce  jour-là  que  les  petits  sont  sortis  de  l'œuf. 

Le  lendemain  20,  mardi  dernier,  nous  sommes  allés  voirie 
Nandou,  qui  s'est  alors  levé  et  est  immédiatement  parti,  en- 
traînant à  sa  suite  cinq  enfants  qui  paraissaient  très  vigoureux, 
laissant  dans  le  nid  abandonné  un  petit  mort,  deux  œufs  clairs 
et  deux  a3Uts  fécondés,  que  nous  avons  mis  dans  la  couveuse 
artificielle  qui  se  trouvait  en  état. 


LE    NANDOU    EN    FRANCE.  / 

Le  Nandou,  suivi  de  ses  petits,  a  parcouru  tout  le  parc,  et 
nous  avons  pu,  une  heure  après,  le  faire  entrer  dans  le  verger, 
où  nous  avons  immédiatement  établi  un  barrage,  lui  aban- 
donnant un  terrain  planté  d'arbres  fruitiers  et  en  luzerne 
d'une  contenance  d'environ  5000  mètres,  où  nous  le  laissons 
conduire  et  élever  sa  famille. 

La  femelle  est  entièrement  séparée,  et,  du  reste,  n'a  pas 
l'air  d'en  avoir  le  moindre  souci. 

On  a  installé  une  mue  sous  laquelle  les  petits  peuvent  aller 
manger,  et  fixée  pour  que  le  Nandou  ne  puisse  aller  manger 
la  pâtée  préparée. 

Les  enfants  n'ont  pas  l'air  de  s'occuper  de  cette  nourriture 
préparée,  mais  mangent  beaucoup  d'herbes  qu'ils  trouvent 
sous  la  conduite  du  père,  lequel  les  appelle  en  faisant  un  bruit 
tout  i»articulier  avec  son  bec.  Jusqu'à  ce  moment,  tout  ce 
monde  parait  en  parfaite  santé. 

J'aurai  l'honneur  de  vous  informer  plus  tard  des  événe- 
ments qui  se  seront  produits,  soit  en  bien,  soit  en  mal,  ainsi 
que  du  résultat  obtenu  sur  les  deux  œufs  délaissés  qui  ont  été 
mis  dans  la  couveuse. 

Veuillez,  etc. 

L.  Mercier. 

Beaurouve,  le  1 1  oclobre  1882. 

....  Je  veux  aussi  vous  faire  savoir  qu'il  me  reste  deux  jeunes 
Nandous  de  la  couvée  que  j'ai  obtenue.  Par  suite  du  mauvais 
temps  qu'il  a  fait  après  leur  naissance,  il  ne  m'en  était  resté 
qu'un,  mais  j'en  ai  obtenu  un  autre  d'un  œuf  que  la  femelle 
avait  pondu  dans  le  nid  vers  la  fin  de  l'incubation.  J'ai  mis 
cet  œuf  dans  ma  couveuse  artificielle,  et  il  est  né  un  petit 
quatre  semaines  après  son  aîné.  Après  quelques  jours  de  soins 
particuliers  et  avec  une  dinde  couveuse  pour  le  tenir  chau- 
dement, je  l'ai  donné  au  père,  qui  l'a  parfaitement  accueilli. 

Ils  sont  tous  deux  très  bien  constitués. 

L.  Mercier. 


LA  VIANDE  D'AUTRUCHE 

AU  POINT  DE  VUE   ALIMENTAIRE 
CHALEUR  DÉVELOPPÉE  PAR  L'EMBRYON  PENDANT   L'INCUBATION 

Par  m.    Lucien  ÎHERLjITO 

Sous-directeur  de  la  Société  anonyme  pour  l'élevage  de  l'Autruche  en  Egypte. 


J'avais  déjà  eu  roccasion  de  man,uer  et  faire  manger  de  la 
viande  d'Autruche,  et  elle  avait,  été  trouvée  comparable  à  celle 
de  Bœuf,  supérieure  à  celle  de  Cheval,  Buffle  et  Chameau, 
par  plus  de  quinze  personnes  qui  en  goûtèrent.  Deux  de  ces 
personnes  étaient  tout  à  fait  ignorantes  de  ce  qu'elles  man- 
geaient, et  ne  se  firent  pas  prier  pour  en  demander  plusieurs 
fois. 

Toutefois,  cette  expérience  n'ayant  pas  été  conduite  avec  le 
soin  nécessaire,  je  saisis  avec  empressement  une  occasion  qui 
se  présenta  dernièrement  pour  faire  un  nouvel  essai,  que  je 
regarde  comme  définitif.  Je  m'abstiens  de  citer  des  dates,  car 
elles  ne  sont  d'aucune  utilité  et  pourraient  éveiller  la  suscep- 
tibilité des  personnes  qui,  à  leur  insu,  ont  concouru  à  juger 
le  produit. 

La  bête  a  été  abattue  à  la  suite  d'une  fracture  à  la  jambe 
gauche.  C'était  un  jeune  mâle  Somali,  né  à  Matarieh  et  âgé  de 
treize  mois;  les  bonnes  plumes  comm.encaient  à  paraître.  On 
en  retira  50  kilogrammes  de  viande  de  boucherie,  os  compris. 

M.  P.  Gauthier,  notre  voisin,  propriétaire  du  restaurant  de 
l'Arbre  de  la  Vierge,  voulut  bien  se  charger  de  la  préparation 
des  mets  et  dressa  un  menu  ainsi  composé  : 

1°  Bouillon;  2"  bouilli;  3°  rôti;  4"  viande  en  daube. 

Le  tout  accommodé  de  la  manière  la  plus  simple,  comme 
en  ménage,  en  évitant  avec  soin,  sauf  dans  la  daube,  toute  es- 
pèce d'aromates,  drogues,  herbes,  etc.,  capables  de  déna- 
turer le  goût  naturel  de  la  viande.  Les  mets  devaient  être 
jugés  tant  par  nous-même  et  d'autres  personnes  prévenues 


LA    VIANDE    d'autruche,  9 

que  par  des  personnes  complètemenl  ignorantes  de  ce  qu'on 
leur  servait. 

J'aurais  voulu  joindre  à  cet  essai  le  cœur  et  le  foie  ;  mal- 
heureusement mon  gros  chien  de  garde  me  prévint,  et  do 
quelques  coups  de  dents  épargna  à  M.  Gauthier  la  peine  de 
s'en  occuper. 

La  viande  crue  présente  toute  l'apparence  du  jeune  Bœuf, 
avec  cet  avantage  qu'elle  est  excessivement  facile  à  découper 
dans  tous  les  sens,  ce  qui  la  rend  très  propre  à  la  préparation 
de  plats  de  fantaisie. 

La  veille  du  jour  de  l'expérience,  je  dînais  (comme  d'ordi- 
naire) chez  M.  Gauthier.  On  nous  servit  un  consommé  au 
vermicelle  tellement  bon  que  j'en  repris,  ce  qui  ne  m'arrive 
presque  jamais.  Je  venais  à  mon  insu  de  constater  délinilive- 
ment  la  parfaite  comestibilité  de  la  viande  d'Autruche.  M.  Gau- 
thier avait  anticipé  l'expérience  pour  la  rendre  plus  décisive. 
C'était  un  consommé  d'Autruche.  11  avait  été  préparé  avec  un 
morceau  de  viande  de  l'arrière-corps  et  un  petit  morceau  de 
jarret.  La  complète  cuisson  avait  exigé  moins  de  cinq  heures. 
Le  bouillon  a  un  goût  déjeune  Bœ,uf;  le  morceau  de  jarret 
l'avait  rendu  très  légèrement  gélatineux,  comme  on  l'obtient 
par  l'addition  d'un  pied  de  veau  ;  il  n'est  ni  trop  gras  ni  trop 
maigre,  couleur  et  odeur  irréprochables.  Froid,  il  conserve 
les  mêmes  bonnes  qualités. 

Le  bouilli  ne  diffère  en  rien  de  celui  de  bonne  viande  de 
Bœuf,  couleur,  odeur  et  saveur,  ayant  l'avantage  d'être  ex- 
cessivement tendre.  La  viande  est  d'une  cuisson  très  facile. 
Elle  a  été  mangée  simplement  au  sel,  sans  autre  apprêt.  La 
peau,  quoique  épaisse,  devient  très  tendre  et  n'est  pas  plus 
dure  que  celle  d'une  bonne  Dinde, 

Le  filet  rôti  et  très  peu  cuit  a  donné  les  mêmes  bons  résul- 
tats. 

La  viande  est  très  juteuse,  tendre,  couleur  de  Bœuf  légè- 
rement foncé  et  supérieure  au  filet  de  Cheval. 

Il  est  presque  inutile  de  dire  que  la  viande  préparée  en 
daube  est  exactement  ce  qu'est  la  bonne  viande  de  boucherie. 
Impossible  d'y  trouver  une  différence. 


10  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

Enfin,  toutes  les  personnes  prévenues  qui  en  ont  mangé 
l'ont  trouvée  en  tout  pareille,  sinon  supérieure,  au  bon  Bœuf 
jeune. 

Quant  aux  personnes  qui  n'étaient  pas  prévenues,  elles  en 
ont  fait  des  éloges  au  restaurateur,  et  j'ajouterai  même  qu'une 
d'entre  elles  s'en  est  nourrie  exclusivement  pendant  deux 
jours  (quatre  repas)  sans  se  douter  le  moins  du  monde  de  ce 
qu'elle  mangeait. 

Quant  aux  œufs  de  cet  oiseau,  je  ne  saurais  me  prononcer 
d'une  manière  aussi  décisive,  n'ayant  jamais  eu  l'occasion 
d'en  manger  de  très  frais.  Les  seuls  que  j'aie  goûtés  étaient 
des  œufs  clairs  qui  sortaient  des  incubateurs,  où  ils  avaient 
passé  de  cinq  à  six  jours. 

En  omelette,  je  les  ai  trouvés  mangeables,  mais  pas  excel- 
lents. Cuits  à  l'eau,  le  blanc  (albumine)  est  mauvais.  Il  se  re- 
commande déjà  fort  peu  par  sa  couleur  de  gélatine  foncée, 
presque  couleur  de  la  colle  à  bouche  ;  il  a  en  outre  une  odeur 
très  prononcée,  que  je  ne  saurais  pas  bien  définir,  mais  qui 
n'est  pas  du  tout  engageante.  Pourtant,  je  le  répète,  cela  peut 
être  un  effet  de  la  température  d'incubation.  Le  jaune  seul, 
au  contraire,  est  exquis  et  d'une  saveur  plus  délicate  que  le 
jaune  d'œuf  de  Poule.  Je  crois  que  ce  n'est  que  cette  supério- 
rité de  goût  du  jaune  qui  rend  l'omelefte  mangeable.  Le  jour 
où  la  production  permettra  la  vente  en  gros  d'œufs  frais  d'Au- 
truche, je  pense  qu'on  emploiera  avec  avantage  le  jaune  pour 
la  pâtisserie,  etc.  ;  mais  le  blanc  devra  être  livré  aux  fabricants 
d'albumine.  Il  ne  faut  pas  oublier  qu'un  œuf  d'Autruche  de 
bonne  dimension  renferme  350  grammes  de  jaune  et  1000  à 
1100  grammes  d'albumine  liquide. 

Je  crois  qu'il  serait  utile  de  répéter  partout  où  cela  est 
possible  les  essais  sur  la  viande  d'Autruche  comme  produit 
alimentaire.  La  réussite  de  l'incubation  tant  naturelle  qu'ar- 
tificielle, l'excessive  facilité  d'élever  les  poussins  ainsi  éclos, 
et  leur  extrême  rusticité,  qui  les  lait  pour  ainsi  dire  vivre  et 
grandir  malgré  tout,  mettront  tôt  ou  tard  les  parcs  à  Autruches 
dans  la  nécessité  de  consacrer  une  partie  de  leurs  produits  à 
la  boucherie.  L'oiseau  abattu  à  l'âge  de  douze  et  dix-huit  mois 


LA   VIANDE   d'autruche.  11 

donnerait  de  la  viande  très  acceptable  par  le  consommateur 
sous  le  rapport  du  prix,  et  assez  rémunératrice  pour  l'éle- 
veur. Mais,  comme  pour  le  Cheval,  il  faut  détruire  le  préjugé, 
et  ce  n'est  qu'en  multipliant  les  expériences  qu'on  obtiendra 
ce  résultat. 


SUR  LA  CHALEUR  DÉVELOPPÉE  PAR  L'EMDIUON  I>ENDANT 

L'INCUBATION 

/         Caire,  Parc  de  Matarieh,  lo  0  mars  188'2. 

Monsieur  le  Secrétaire  général  , 

Voici  le  résultat  de  quelques  observations  laites  aux  mois 
d'avril  et  de  mai  dernier,  pour  me  rendre  compte,  du  moins 
approximativemenl,  de  la  chaleur  que  chaque  embryon  déve- 
loppe pendant  l'incubation. 

Faute  de  pouvoir  suivre  une  méthode  d'expérimentation 
scientifique,  voici  la  marche  suivie  pour  arriver  au  résidlat  : 

Deux  incubateurs  (hydro-couveuses)  parfaitement  pareils 
furent  installés  dans  des  conditions  tout  à  fait  identiques. 
Je  fis  marcher  les  deux  concurremment  à  vide  pendant  quinze 
jours,  pour  m'assurer  que  leur  déperdition  de  chaleur  était 
la  même.  Ceci  constaté,  l'un  continua  à  marcher  à  vide, 
l'autre  fut  chargé  de  dix  œufs.  A  partir  de  la  mise  en  incuba- 
tion des  œufs  et  jusqu'au  quarantième  jour  (veille  de  l'éclo- 
sion),je  tenais  compte,  à  chaque  renouvellement  d'eau,  et 
pour  les  deux  appareils,  du  produit  de  la  quantité  de  litres 
d'eau  soutirée  par  leur  température,  ainsi  que  du  produit  des 
litres  remis  par  la  température  qu'ils  avaient  en  entrant  dans 
la  citerne.  La  différence  entre  ces  deux  quantités  représentait 
en  calories  la  chaleur  qu'il  fallait  ajouter  chaque  douze  heures 
aux  appareils  pour  maintenir  les  deux  à  la  même  température. 

Pendant  les  quarante  jours,  cette  quantité  a  été  : 
Pour  l'incubateur  n"  -4  marchant  à  vide  58723  calories 

—  5  avec  10  œufs  fécondés  297ÎU        » 


d'où  une  dilTérence  de     28!)29   calories 


i'I 


SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 


qu'avait  demandées  en  moins  l'appareil  ïf  5,  calories  qui  né- 
cessairement avaient  été  fournies  parla  vie  des  dix  embryons 
pendant  les  quarante  jours  d'incubation. 

Il  faut  remarquer  que  ce  chiffre,  ainsi  que  ceux  qui  sui- 
vent, ne  représente  qu'un  minimum  inférieur  à  la  vérité, 
car  la  chaleur  émise  par  les  œufs  pendant  l'ouverture  des 
tiroirs,  le  mirage,  etc.,  était  perdue  et  n'était  pas  recueillie 
par  la  machine. 

Toutefois,  et  faute  de  mieux,  en  divisant  les  observations  en 
quatre  périodes  de  dix  jours  chaque,  j'ai  dressé  les  tableaux 
suivants  : 

Appareil  n"  -4  marchant  à  vide. 


[lillei'ciice  on  Citlories  :ijoutées| 

PKIÎlDDE 

Litres  d'oau 

Ciilories 

C.'ilories 

—    - 

-— — ■ - 

du 
d(l  jours. 

soutirés 
ot  remis. 

de 
l'caii  soiiliri'e. 

de 
l'caii   ri'nii-o. 

pour 
une    période 
do   10  jours. 

par 
"2i'  heures. 

1 

320 

16  824 

31  080 

1 5  356 

1536 

2 

295 

15  822 

29  205 

13  383 

1338 

3 

314 

16  130 

31  086 

1 4  956 

1 495 

A 

318 

16  454 

41  453 

15  028 

1503 

Totaux. 

1  247 

64  730 

123  453 

58  723 

Apjmreil  n"  5  avec  10  œufs  fécondés 


l'KRlODES 

Litres  d'eau 

Calories 

Calories 

DilTéreiice  ou  t 

aiories  ajouté-es 

de 

soutirés 

de 

de 

pour 

10  jour-;. 

et  remis. 

l'eau  soutirée. 

l'eau  remise. 

une    période 
de  10  jours. 

•2i  heures. 

1 

225 

1 1  936 

22  275 

10339 

1034 

2 

107.5 

8  591 

16  582 

7  991 

799 

o 

1 30 

0  859 

13  461 

6  605 

660 

4 

91.5 

4199 

9058 

4859 

48(; 

Totaux. 

620 

31585 

61379 

29  791 

LA    VIANDE    d'autruche.  13 

Comparaison  entre  les  deux  tableaux  qui  précèdent. 


Calories  ajoutées  toutes  les  24  heui'es 

Ep'iqiic. 

^-^ — — .^- 

-  ^,i^— — 

au  11"   i. 

au  11"  5. 

1 

1536 

1034 

2 

1338 

799 

-3 

1495 

660 

■ï 

1503 

486 

DilTcrcnce  ou  calories   fournies 
cliaque  2i  lieures 

parlOeiiibryoïis.  |iar  clia(|uc  embryon. 


502 

539 

835 

1017 


50 

54 

83 

102 


Ur,  sans  dire  que  la  respiration  soit  une  combustion,  cause 
unique  de  la  chaleur  animale,  je  crois  pouvoir  admettre  une 
certaine  relation  entre  la  chaleur  produite  par  l'œuf  et  l'air 
qu'il  nécessite  pour  sa  respiration,  dans  ce  sens  que  si  d'un 
côté  la  chaleur  produite  aua;mente  en  raison  du  développe- 
ment de  l'embryon,  ce  dernier  demande  plus  d'air  au  fur  et 
à  mesure  qu'il  grandit.  En  représentant  donc  par  ic  un  volume 
d'air  déterminé,  un  œuf  d'Autruche  nécessitera  : 

50  X  par  jour  du  J  ■■  au  10^  jour  d'incubalioii  ; 
54  a;  »        .  1  i'        20'    »  » 

83  X  î  21»        30*^     »  » 

40"    »  » 


102  X 


21» 
31* 


J'espère  un  jour  me  renseigner  complètement  sur  la  valeur 
exacte  de  x. 

Pour  le  moment,  l'analyse  de  l'air  puisé  dans  un  incuba- 
teur (qui  en  contenait  100  litres)  deux  heures  après  sa  ferme- 
ture, m'a  donné 

Oxygène.   .  .  .     13.60 
AuU'es  gaz.  .  .     86.40 


100 


Soit,  en  chilfres  ronds,  la  moitié  de  Toxygène  avait  été  ab- 
sorbée. Ui'  cet  incubateur  contenait  12  œufs  au  vingtième 
jour,  qui,  en  conséquence,  ont  nécessité  20  litres  d'air  en  deux 


14  SOCIÉTÉ  NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

heures,  soit  600  litres  en  vingt-quatre  heures,  ou  bien  50 
litres  par  œuf  et  par  vingt-quatre  heures. 

En  divisant  cette  dernière  quantité  par  54-  (coefficient  de  la 
deuxième  période  d'incubation),  on  obtient  0*925  comme 
valeur  de  x. 

Il  faudra  donc  pour  chaque  œuf  et  par  vingt-quatre  heures  : 

Pendant  la  !■■'=  période  50  X  0,925  =  il  litres  d'air  par  jour 

—  2^       —  54  X  0,925  =  50  — 

—  3=   —  83  X  0,925  =  77      — 
_   4e   _  102  X  0,925  =  94      — 

J'aurais  bien  voulu  terminer  ici  ma  lettre;  mais  un  argu- 
ment en  amène  un  autre,  et  je  me  sens  bien  tenté  de  risquer 
quelques  mots  sur  ma  manière  de  considérer  la  respiration 
des  œufs  des  oiseaux.  Je  dis  risquer,  car  je  pouri^ais  parfois 
heurter  des  idées  reçues  et  des  théories  acceptées  sans  pou- 
voir, faute  de  moyens,  appuyer  mes  opinions  par  la  preuve 
indiscutable  de  l'expérience  directe.  Je  vais  donc  me  contenter 
devons  exposer  mes  idées,  qui  sont  ma  conviction  jusqu'à 
preuve  contraire. 

J'ai  à  discuter  deux  points  :  le  rôle  de  la  chambre  à  air  et 
la  manière  dont  s'accomplit  l'échange  de  gaz  à  travers  les 
membranes  coquillières. 

Sur  le  premier,  l'idée  généralement  admise  est  que  la 
chambre  à  air  est  un  réservoir  destiné  à  fournir  les  premières 
quantités  d'oxygène  au  poussin  avant  son  éclosion. 

Pénétré  moi  aussi  de  cette  idée,  quelle  ne  fut  pas  ma  sur- 
prise en  voyant,  pendant  l'hiver  1878-79,  les  Autruchons 
bêcher  leurs  œufs  et  naître  sans  toucher  à  la  chambre  à  air, 
laissant  celle-ci  intacte  et  bêchant  vers  le  milieu  de  l'œuf, 
quelquefois  au  bout  opposé.  Je  crus  d'abord  à  une  anomalie 
dépendant  d'une  mauvaise  incubation  artificielle  ;  mais  les 
soins  minutieux,  les  véritables  volumes  de  notes  et  observa- 
tions recueiUies  pendant  les  hivers  suivants,  1879-80  et 
1880-81,  ne  me  laissèrent  plus  aucun  doute.  Gela  se  répétait 
toujours,  et  s'il  y  avait  anomalie,  c'était  lorsque  le  bêchage 
s'accomplissait  en  brisant  d'abord  la  membrane  interne  tendue 


LA   VIANDE    d'autruche.  15 

qui  limite  la  chambre  à  air.  Plus  que  jamais  intrigué,  je  mis 
en  incubation  60  œufs  de  Poule,  dont  50  et  quelques  vinrent 
a  éclosion.  Ce  ne  fut  qu'une  confirmation.  Le  poussin  pro- 
cède autrement  que  l'Aulruchon,  mais  la  chambre  à  air  de- 
meure intacte. 

L'Aulruchon  frappe  du  bec  sur  un  seul  point  (n'importe 
lequel,  excepté  sur  la  chambre  k  air)  jusqu'à  ce  que  la  coquille 
se  fende,  et  dès  lors,  par  des  mouvements  convulsifs,  et  par- 
ticulièrement en  détendant  ses  pattes  par  secousses,  mais  sans 
changer  de  place,  il  arrive  à  élargir  les  fentes  et  à  faire  sauter 
la  coquille  par  gros  morceaux.  Le  Poulet,  au  contraire,  tourne 
dans  l'œuf  pendant  le  bêchage  et  suit  de  la  pointe  du  bec  le 
cercle  qui  limite  la  chambre  à  air,  mais  en  dedans  de  l'œuf  et 
non  dans  l'espace  occupé  par  celte  dernière.  Il  arrive  ainsi  à 
percer,  par  des  coups  répétés,  une  série  de  trous  très  rap- 
prochés, dont  le  résultat  est  de  détacher  d'une  pièce  toute  la 
calotte  du  gros  bout  de  l'œuf.  La  calotte  amène  avec  elle  la 
membrane  tendue  qui  limitait  la  chambre  à  air  et  l'ensemble 
rappelle  assez  bien  une  timbale.  11  arrive  quelquefois  qu'un 
ou  plusieurs  coups  de  bec  mal  dirigés  déchirent  celte  mem- 
brane, ou  bien  qu'elle  se  déchire  lorsque  le  Poussin  n'a  pas 
bêché  assez  régulièrement;  mais  c'est  rare.  Cinquante  Pou- 
lets sont  nés  sans  avoir  touché  à  la  chambre  à  air,  plus  un 
même  nombre  d'Autruchons  également.  Toutes  ces  éclosions 
étaient-elles  des  anomalies  ou  des  exceptions?  Je  ne  le  pense 
pas.  Ce  n'est  pas  le  poussin  qui  perce  la  membrane  intérieure 
pour  atteindre  l'air.  Du  reste,  rien  ne  prouve  que  cet  espace 
renferme  de  l'air  respirable.  Tout  est  là  plutôt  pour  prouver 
que  le  poussin  ne  respire  par  les  poumons  qu'après  le  bê- 
chage. 

Gela  ne  veut  pas  dire  qu'il  n'inspire  et  n'expire  pas.  En 
effet,  quelque  temps  avant  l'éclosion,  le  sang  est  envoyé  tou- 
jouis  avec  plus  de  force  et  en  plus  grande  quantité  aux  pou- 
mons. Ceux-ci  sont  forcés  de  s'étendre  et  de  se  coniracter,  et 
comme  dans  les  espaces  de  l'œuf  qui  ne  sont  pas  remplis  par 
le  corps  du  poussin  il  y  a  nécessairement  des  gaz,  le  bruit 
d'une  respiration  se  fait  entendre.  Ce  bruit  est  tellement  pro- 


16  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

nonce,  que  par  l'application  du  microphone  à  l'auscullalion 
des  u.'ufs,  il  m'a  été  permis  de  déterminer  assez  exactement 
le  moment  du  bêchage.  Mais  si  on  surprend  un  poussin  à  ce 
moment-là,  il  sera  facile  de  s'apercevoir  que  les  poumons 
n'ont  fonctionné  que  mécaniquement,  non  physiologique- 
ment.  Le  sang  recourt  encore  à  l'allanloïs  pour  s'oxyder.  En 
pratique,  on  recommande  beaucoup  de  ne  pas  aider  le  Poulet 
à  sortir  de  l'oBuf;  sans  quoi,  il  mourrait  d'hémorragie.  Or 
cette  hémorragie  provient  toujours  de  la  déchirure  d'un  des 
nombreux  vaisseaux  sanguins  de  l'allanloïs;  ce  qui  prouve 
qu'après  le  bêchage  le  sang  continue  encore  pour  quelque 
temps  à  s'oxyder  à  l'extérieur  de  l'être. 

Chez  l'Autruche,  cet  état  entre  la  vie  ovarique  et  la  vie  in- 
dividuelle dure  de  trois  à  six  heures.  Au  premier  bêchage,  à 
la  première  inspiration  de  l'air  ambiant,  le  cordon  ombilical 
et  tous  les  vaisseaux  allantoïdiens  sont  encore  en  pleine  fonc- 
tion, et  ce  n'est  que  plus  tard  que  le  sang  qu'ils  contiennent 
reflue  en  grande  partie  à  l'intérieur  du  corps,  que  le  cordon 
ombilical  se  vide,  se  dessèche  et  se  déchire  à  l'ombilic.  Je 
crois  pouvoir  dire  que  la  véritable  respiration  pulmonaire  ne 
peut  être  que  celle  qui  anéantit  la  respiration  allantoïdienne. 
Et  cette  dernière  n'est  supprimée  qu'assez  longtemps  après  le 
bêchage. 

La  chambre  à  air  ne  serait  donc  qu'un  simple  tampon  élas- 
tique destiné  à  maintenir  les  couches  des  différentes  albu- 
mines, ainsi  que  du  vitellus,  dans  le  même  ordre  et  position 
relatives  qu'elles  occupaient  avant  la  formation  de  la  cham- 
bre. En  effet,  l'évaporation  de  l'œuf  détermine  une  diminu- 
tion dans  le  volume  de  son  contenu,  et  si  la  chambre  à  air  ne 
venait  pas  remplacer  ce  vide,  la  cicatricule  ne  se  trouverait 
plus  tenue  contre  sa  coquille,  les  différentes  couches  d'albu- 
mine, devenant  de  plus  en  plus  planes  au  lieu  de  rester  con- 
vexes, se  déplaceraient  relativement  au  vitellus;  la  position 
des  chalazes  en  souffrirait  aussi.  Il  y  aurait  enfin  un  désordre 
complet  et  une  dislance  telle  entre  la  coque  et  la  cicatricule 
que  la  transmission  de  la  chaleur,  pendant  l'incubation, 
serait  rendue  très  problématique.  Si  j'ai  appuyé  sur  l'impor- 


LA   VIANDE   d'autruche.  17 

tance  qu'il  y  a  à  ce  que  les  différentes  couches  d'albumine 
conservent  (relativement  au  vitellus)  la  place  qu'elles  avaient 
.  au  moment  de  la  ponte,  c'est  parce  que  j'ai  lieu  de  croire  que 
chacune  joue,  pendant  l'incubation,  un  rôle  spécial.  J'ai  re- 
marqué, sans  toutefois  avoir  pu  le  constater  définitivement, 
que  certaines  parties  de  l'œuf,  dès  le  début  de  l'incubation, 
deviennent  incoagulables. 

La  nécessité  d'un  certain  équilibre  dans  la  disposition  des 
différentes  couches  d'albumine  pourrait  bien  ne  pas  être  étran- 
gère à  la  remarque  faite  par  M.  G.  Dareste,  c'est-à-dire  que  les 
œufs  qui  ont  subi  des  secousses  de  transport  ne  doivent  pas 
être  mis  en  incubation  immédiatement  après,  mais  seulement 
lorsqu'ils  ont  dem.euré  en  repos  quelque  temps.  Je  considère 
ce  repos  comme  indispensable  pour  rétablir  un  équilibre  qui 
a  été  dérangé  par  le  transport. 

Une  autre  idée  généralement  admise  est  que  la  respiration 
allantoïdienne  s'accomplit  par  simple  filtration  de  l'air  cà  tra- 
vers la  coque  et  ses  membranes,  ces  dernières  ne  jouant  dans 
ce  cas  qu'un  rôle  bien  passif.  Je  me  permets  de  penser  diffé- 
remment, et  voici  pourquoi  : 

Les  membranes coquillières,  par  leurnature,  laissent  d'au- 
tant mieux  passerles  gaz  qu'elles  sont  plus  sèches.  Une  preuve 
grossière,  mais  concluante,  est  fournie  par  les  œufs  pourris, 
qui  incommodent  d'autant  plus  l'odorat  qu'ils  se  trouvent 
dans  un  milieu  plus  sec.  Les  gaz  intérieurs  s'échappent  alors 
plus  facilement,  et  à  tel  point  que  dans  une  atmosphère  sèche 
la  pression  intérieure  de  ces  œufs  n'arrive  jamais  à  les  faire 
éclater,  tandis  qu'ils  éclatent  souvent  dans  les  climats  humi- 
des. C'est  que  dans  ces  derniers  les  membranes  s'opposent 
tellement  à  la  sortie  des  produits  de  la  décomposition,  que 
ceux-ci  acquièrent  bientôt  une  tension  énorme.  Du  reste,  on 
ne  saurait  se  rendre  compte  de  la  pression  intérieure  qui 
existe  toujours  dans  les  œufs  pourris  sans  admettre  la  presque 
imperméabilité  des  membranes. 

Mais,  d'un  autre  côté,  il  est  prouvé  qu'une  condition  indis- 
pensable à  la  bonne  incubation  est  que  les  œufs  plongent  dans 
une  atmosphère  humide. 

3*  SÉRIE,  T.  X.  —  Janvier  1883.  2 


18 


SOCIKTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATIOJN. 


Quelques  praticiens  prétendent  que  cette  humidité  est  né- 
cessaire pour  faciliter  l'éclosion,  car  les  membranes  sèches 
sont  difficilement  déchirées  par  les  poussins,  s'y  collent  et  le 
gênent  dans  ses  mouvements.  Or  rien  de  plus  facile  que  de 
constater  que  la  membrane  coquillière  sèche  est  beaucoup 
plus  cassante,  beaucoup  plus  facile  à  déchirer  que  l'humide, 
qui  est  tenace  et  élastique.  Quant  à  se  coller  au  poussin,  c'est 
toujours  l'effet  du  dessèchement  de  l'allantoïs  et  des  matières 
albuminoïdes  qui  y  adhèrent,  mais  jamais  l'elTel  de  la  mem- 
brane coquillière. 

L'humidité  est  donc  une  des  conditions  de  l'incubation. 
L'œuf  toutefois  n'en  a  pas  besoin,  car,  au  contraire,  il  en  re- 
jette toujours  par  évaporation.  Voici  quelques  chiffres  pris  au 
hasard  dans  mes  notes  : 


A    LA    NAISSANCP;. 

Poids 

à  la  mise 

on 

10  jours 
aprijs. 

20  jours 

après. 

30  jours 
après. 

te   5 

«     c 

1  ^ 

3    .a 

Poussin. 

Coque. 

^ 
wT 

Perle 

iiiciih.ilion 

S 

Sr- 

gr. 

gr. 

gr- 

gr. 

ei-. 

yr- 

gr. 

1630 

1589 

1557 

1521 

1470 

1097 

292 

4(i 

35 

IfiiS 
1504. 

1611 

1468 

1570 
1430 

1533 

1387 

1470 
1330 

1112 
1012 

295 
262 

39 
30 

24 
26 

L'humidité  ambiante  n'est  donc  destinée  qu'à  maintenir  les 
membranes  coquillières  à  un  certain  degré  d'humidité  en 
empêchant  une  évaporation  trop  rapide  par  la  coquille,  éva- 
poration qui  ne  manquerait  pas  de  se  produire  trop  rapide- 
ment dans  une  atmosphère  sèche. 

Mais  si  la  vie  embryonnaire  n'est  possible  qu'en  tenant  les 
membranes  coquillières  dans  un  état  qui  empêche  or.  du 
moins  ralentisse  beaucoup  le  passage  libre  des  gaz,  c'est  que 
ces  gaz  sont  très  probablement  conduits  à  travers  les  mem- 
branes en  solution  dan.s  ic  liquide  qui  les  humecte.  Le  rôle 


LA    VIANDE   d'AUTUUCHE.  19 

des  membranes  serait  donc  plus  compliqué  qu'il  ne  paraît  au 
premier  abord. 

On  s'imagine  souvent  que  l'œuf  des  oiseaux  (et  d'autres 
organismes  aussi)  nécessite  une  certaine  quantité  de  chaleur 
pour  son  développement,  quantité  qu'on  a  définie  sous  le  nom 
de  somme  de  chaleur.  Je  ne  comprends  pas,  ou  du  moins 
j'ignore  quelles  sont  et  comment  ont  été  conduites  les  expé- 
riences par  lesquelles  on  a  pu  constater  cette  assimilation  de 
chaleur  de  la  part  des  organismes,  principe  qui  conduit  à 
considérer  l'être  vivant  comme  une  machine  à  vapeur  trans- 
formant la  chaleur  en  vie  plutôt  qu'en  force. 

Ce  qui  .est  sûr,  c'est  que  l'animal  adulte  est  producteur  et 
non  consommateur  de  chaleur.  Je  ne  connais  pas  d'oiseaux 
(puisque  je  cause  Autruches)  qui  fassent  baisser  la  tempéra- 
ture du  local  dans  lequel  ils  sont  enfermés.  C'est  le  contraire 
qui  a  lieu.  L'analogie  déjà  ferait  admettre  le  même  principe 
pour  l'œuf  en  incubation,  qui  devrait  rationnellement  suivre 
les  mêmes  lois  que  l'organisme  plus  complet  dont  il  provient 
et  qu'il  deviendra  lui  même.  Mais  il  y  a  plus  que  l'analogie, 
il  y  a  l'expérience.  Dans  un  incubateur  industriel,  c'est-cà-dire 
grossièrement  façonné  et  peu  sensible,  mis  en  pratique  dans 
des  conditions  excellentes,  mais  contraires  à  des  recherches 
exactes,  la  production  de  chaleur  par  les  œufs,  lorsqu'il  y  en 
a  vingt-quatre  d'Autruche  dans  l'appareil,  est  sensible  du 
cinquième  au  sixième  jour  d'incubation.  Or,  si  avec  de  tels 
appareils  et  dans  de  telles  conditions  la  chaleur  produite  par 
les  œufs  se  révèle  au  cinquième  jour,  peut-on  croire  autre 
chose,  sinon  que  l'œuf  produit  de  la  chaleur  dès  le  commen- 
cement de  son  développement?  Des  instruments  scientifiques 
le  constateraient  sans  doute. 

L'œuf  ne  consomme  pas  une  seule  calorie  pendant  toute 
l'incubation  ;  au  contraire,  la  formation  de  l'être  futur  ne  se 
fait  qu'avec  production  de  chaleur.  Il  y  a,  il  est  vrai,  aux  pre- 
miers instants  d'incubation  une  certaine  quantité  de  cha- 
leur qui  disparaît  temporairement  :  mais  cette  chaleur  n'est 
autre  que  celle  nécessaire  à  porter  la  masse  de  l'œuf  à  la 
température  d'incubation  ;  en  d'autres  termes,  c'est  la  resti- 


20  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

tution  delà  chaleur  que  l'œuf  a  perdue  au  moment  de  la  ponte 
par  le  refroidissement  qu'il  a  subi,  chaleur  dont  l'origine  est 
dans  les  fonctions  vitales  de  la  Poule.  Pas  un  atome  de  cha- 
leur étranger  à  la  vie  animale  ne  serait  absorbé  si  l'œuf  était 
mis  en  incubation  aussitôt  pondu. 

L'organisme  (l'œuf  compris)  n'est  pas  un  consommateur, 
mais  un  producteur  de  chaleur;  seulement  cette  production, 
qui  est  une  des  manifestations  de  la  vie,  n'est  possible  que 
dans  un  milieu  dont  la  température  ne  varie  pas  au  delà  de 
certaines  limites.  Ces  températures  extrêmes,  au  delà  des- 
quelles les  organismes  cessent  de  vivre,  sont  d'autant  plus 
éloignées,  elles  embrassent  d'autant  plus  de  degrés  de  nos 
échelles  thermomélriques,  que  l'animal  est  plus  développé, 
que  ses  organes  sont  plus  parfaits  ;  40  degrés  d'écart  ne  sus- 
pendent pas  la  vitalité  de  l'adulte,  mais  5  à  G  degrés  suffisent 
à  suspendre  celle  de  l'œuf.  Si  pour  l'incubation  on  est  obligé 
de  recourir  à  une  source  de  chaleur,  ce  n'est  pas  certaine- 
ment pour  fournir  du  calorique  à  l'œuf,  qui  n'en  a  pas  be- 
soin ;  c'est  simplement  pour  le  tenir  dans  un  milieu  d'une 
température  telle  qu'elle  est  nécessaire  pour  que  ses  parties 
constituantes,  mues  par  une  vie  propre,  puissent  l'exercer. 

Je  me  permettrai  de  dire,  en  concluant,  que  l'œuf  des 
oiseaux  porte  en  lui  tous  les  éléments  nécessaires  à  le  changer 
en  animal  parfait,  sauf  l'oxygène  qu'il  est  obligé  de  prendre 
à  l'air,  et  qui  est  la  seule  chose  qu'il  consomme,  qu'il  s'assi- 
mile. Seulement,  cette  assimilation  n'est  possible  qu'à  une 
température  donnée  et  dans  une  atmosphère  humide.  Chaleur 
et  humidité  sont  des  éléments  qui  ne  contribuent  que  d'une 
manière  tout  à  fait  passive  au  développement  de  l'œuf;  ce  ne 
sont  que  des  conditions  de  vie  de  l'embryon,  et  non  des  élé- 
ments qui  prennent  part  à  sa  formation. 


CULTURE  KXPÉPJMt:NTALE  DE  PLANTES 

CHLNOISES 


Par    n.    PAILLIEL'X 


Messieurs, 

Dans  notre  Bulletin  d'octobre  vous  avez  pu  lire  une  lettre 
très  intéressante  de  M.  le  D'  E.  Bretsrhneider,  botaniste  dis- 
tiniïué  et  médecin  de  la  légation  russe  à  Pékin. 

Cette  lettre  était  suivie  d'une  liste  des  graines  et  des  tuber- 
cules de  cent  douze  plantes  dont  elle  avisait  Tenvoi. 

M.  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire  ayant  bien  voulu  me  confier  la 
culture  expérimentale  d'un  certain  nombre  de  ces  plantes,  je 
vais  avoir  l'honneur  de  vous  en  rendre  compte;  mais  je  vous 
demande  la  permission  de  vous  présenter  quelques  observa- 
tions en  réponse  à  celles  que  contient  la  lettre  du  docteur. 

Dans  l'appendice  au  dictionnaire  français-latin-chinois  de 
M.  l'abbé  Perny,  je  lis  :  AraliK  edulis,  en  chinois  Tou  hô,  et 
l'auteur  du  dictionnaire  a  bien  voulu  m'écrire  le  nom  de  la 
plante  en  caractères  chinois  que  je  mets  sous  vos  yeux. 

Le  Japon  et  la  Chine  ont  une  flore  alimentaire  commune,  à 
peu  près  en  tous  points,  et,  lorsque  j'ai  dressé  la  liste  de  nos 
desiderata,  j'ai  dû  croire  que  l'Aralia  comestible  mentionnée 
par  M.  l'abbé  Perny  n'était  pas  seulement  cultivée  en  Chine 
comme  plante  médicinale,  mais  aussi  comme  plante  pota- 
gère. 

Siebold  ne  fait  pas  de  distinction  entre  VAralia  edulis  de 
Chine  et  celui  du  Japon.  Selon  lui,  on  cultive  cette  plante  en 
Chine  comme  sudoritique,  tandis  qu'au  Japon  on  la  cultive 
essentiellement  pour  sa  racine,  qui  est  d'un  goût  agréable,  et 
pour  ses  jeunes  tiges,  qui  sont  uh  délicieux  légume.  Le  compte 
rendu  japonais  de  l'Exposition  de  1878  s'exprime  ainsi:  «  Udo, 
Aralia  cordata{\)es\.  une  plante  dont  on  recouvre  les  racines 

(1)  Synonyme  de  A.  edulis. 


22  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACGLIMATATION. 

en  hiver  d'une  couche  de  détritus  de  végétaux  et  dont  on 
mange  les  pousses  à  mesure  qu'elles  apparaissent.  Les  bour- 
geons de  ces  pousses  sont  employés  comme  épices.  »  Mon  excel- 
lent correspondant,  M.  le  D'  Hénon,  m'écrivait,  le  20  avril 
1879  :  «  La  seule  plante  potagère  que  je  regrette  de  n'avoir 
pas  apportée,  à  présent  que  vous  m'avez  envoyé  le  Gingembre, 
est  une  Araliacée  appelée  au  Japon  Udo.  Je  crois  que  c'est 
VAralia  cordata  de  Thunberg.  On  en  récolte  les  jeunes  pous- 
ses au  printemps  à  l'étal  sauvage  et  on  les  mange  cuites, 
comme  nous  mangeons  les  céleris  et  les  cardons.  C'est  très 
tort  et  très  mauvais,  comme  l'est  du  reste  le  céleri  non  blanchi  ; 
mais  VUdo,  cultivé  et  blanchi  sous  des  feuilles  ou  delà  litière, 
est  très  bon  et  il  s'en  fait  au  printemps  une  assez  grande  con- 
sommation. » 

Je  regrette  infiniment  que  M.  E.  Bretschneiderne  nous  ait 
pas  envoyé  la  plante  médicinale  chinoise,  disposé  que  je  suis 
à  croire  qu'elle  n'est  autre  que  l'f/do  japonais,  rendu  comes- 
tible par  l'étiolement.  Vous  savez,  en  effet,  que  les  plantes 
acres,  amères  ou  aromatiques  à  l'excès  peuvent  souvent  être 
admises  sur  nos  tables  lorsqu'on  les  a  t'ait  végéter  dans  l'ob- 
scurité. 

M.  Bretschneider  nous  a  envoyé  des  tubercules  d'Eleo- 
charis  tuberosa,  avec  cette  note  :  «  Je  vous  envoie  quelques 
échantillons  de  ces  tubercules  qu'on  cultive  beaucoup  dans 
les  marais  et  aux  environs  de  Pékin.  La  plante  ici  ne  fleurit 
jamais;  on  plante  toujours  les  tubercules.  Je  doute  fort  que 
mes  échantillons  arrivent  en  bon  état  à  Paris.  » 

Ils  sont  arrivés,  en  effet,  dans  un  état  de  complète  décom- 
position. La  plante  se  cultive  dans  l'eau  comme  le  riz  et  n'au- 
rait peut-être  prospéré  chez  nous  que  dans  les  terrains  des- 
salés de  la  Camargue. 

J'aborde  maintenant  le  compte  rendu  que  je  vous  ai  an- 
noncé de  mes  cultures  expérimentales.  J'ai  cultivé  les  Cucur- 
bitacées  qui  portent  sur  la  liste  les  n'''  49,  50,  51,  52,  53,  54, 
55,50,59,60,01,  02  et  03. 


PLANTES   CHINOISES.  2S 


COURGES. 

N"  49.  Courge  meloniforme,  de  moyenne  grosseur  et  d'assez 
Donne  qualité. 

N"  50.  Bénincasa  cérifère.  Excellent  fruit  que  nous  possé- 
dons déjà  depuis  longlemps. 

N°  51.  Courge  blanche,  de  moyenne  grosseur,  farineuse  et, 
selon  moi,  de  qualité  tout  à  fait  supérieure. 

N"  52.  Courge,  petite  pomme  rouge,  non  dégustée. 

N"  53.  Courge  toupie  rouge;  me  semble  purement  orne- 
mentale. 

N"  54.  Courge  rouge,  moyenne,  d'excellente  qualité. 

N"  55.  Courge  demi-longue,  à  rubans  noirs  sur  fond  jaune  ; 
non  dégustée. 

N°  56.  Courge  demi-longue  à  rubans  blancs  sur  fond  rou- 
geatre  ;  non  dégustée. 

MELONS. 

Sous  les  n°'  61,  62,  63  j'ai  trouvé  trois  Melons  extrême- 
ment intéressants,  auxquels  j'ai  donné  des  noms  en  rapport 
avec  leurs  caractères  extérieurs. 

N"  61.  Melon  Chayote.  Fruit  petit,  pyi-iforme,  à  écorce 
lisse,  couleur  vert-pomme;  divisé  en  1(1  côtes  à  peine  indi- 
quées par  des  lignes  d'un  vert  plus  foncé  que  l'écorce.  Lon- 
gueur, 16  centimètres;  circonférence  du  côté  du  pédon- 
cule, 20  centimètres;  circonférence  du  côté  de  l'ombilic, 
27  centimètres;  poids,  370 grammes. 

Ecorce  très  mince,  chair  épaisse,  blanche,  parfumée,  très 
juteuse  et  très  fondante.  Sa  forme  rappelle  un  peu  celle  du 
Sechium  edule  et  justifie  le  nom  que  je  lui  donne. 

Ce  Melon  est  l'un  des  meilleurs  que  j'aie  reçus  de  l'extrême 
Orient.  Cultivé  sous  châssis,  il  m'a  donné  successivement  une 
dizaine  de  fruits  que  je  vais  apprécier. 

Les  Melons  de  la  Chine  et  du  Japon  ont  une  saveur  spéciale 
qui  ne  peut  en  aucune  façon  être  assimilée  à  celle  des  Melons 


24  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

cultivés  en  Europe.  On  ne  les  accepterait  pas  en  France  après 
le  potage,  comme  les  Cantaloups,  les  Sucrins,  etc.  On  ne  peut, 
selon  moi,  les  manger  qu'au  dessert. 

Il  faut  cueillir  le  Melon  Chayote  très  mûr  et  ne  le  manger 
que  lorsqu'il  est  un  peu  amolli  par  la  maturité  et  cède  sous  la 
pression  du  doigt.  C'est  alors  qu'au  dessert,  après  l'avoir  pelé 
comme  une  poire  et  coupé  en  deux  ou  en  quatre  parties,  on 
le  mange,  abondamment  saupoudré  de  sucre. 

Ainsi  présenté,  il  paraît  bon  à  beaucoup  de  personnes, 
mais  on  doit  le  considérer  comme  un  fruit  à  part,  oublier 
qu'il  se  nomme  Melon  et  ne  pas  vouloir,  à  tout  prix,  comme 
on  le  fait  communément,  qu'il  ressemble  à  ce  que  nous  pos- 
sédons déjà. 

N°  62.  Melon  Belle- Angevine.  Fruit  pyriforme,  de  cou- 
.eur  verte,  pointillée  de  jaune  ;  marqué  de  raies  longitudi- 
nales d'un  vert  plus  foncé  que  l'écorce. 
Longueur,  15  centimètres. 

Circonférence  au  point  le  plus  développé,  29  centimètres. 
Ce  Melon  a  la  forme  et  la  couleur  d'une  grosse  poire  et 
ressemble  un  peu  au  fruit  dont  je  lui  donne  le  nom.  Son 
écorce  est  très  mince;  sa  chair  est  verte,  épaisse,  juteuse,  fon- 
dante et  parfumée,  mais  il  a  le  défaut  de  tous  ses  congénères; 
il  n'est  pas  sucré.  11  faut  donc  le  cueillir  bien  mûr,  le  servir 
au  dessert  et  ne  le  manger  qu'avec  beaucoup  de  sucre. 

Le  Melon  Belle- Angevine  est  une  plante  d'amateur,  cu- 
rieuse, estimable,  mais  inférieure  aux  variétés  que  nous  cul- 
tivons. 

N"  63.  Melon  Zèbre.  Fruit  de  la  forme  et  du  volume  d'une 
grosse  orange  ;  écorce  lisse,  zébrée  de  dix  raies  d'un  vert  foncé 
tranchant  sur  un  fond  jaune  orange  et  descendant  du  pédon- 
cule à  l'ombilic. 

Hauteur  du  fruit,  environ  8  centimètres;  circonférence, 
28  centimètres  ;  largeur  des  raies  variant  de  1  et  1/2  à  2  cen- 
timètres; poids,  310  grammes. 

Le  petit  volume  du  fruit  le  ferait  ranger  parmi  ces  Melons 
portatifs,  auxquels  on  a  donné  le  nom  de  Melons  de  poche  ou 
Melons-chasseur,  s'il  pouvait  avoir  le  même  emploi,  mais  il 


PLANTES   CHINOISES.  25 

manque  de  sucre  comme  les  précédents  et  ne  peut  être  mangé 
qu'au  dessert. 

Le  Melon  Zèbre  est  d'un  aspect  séduisant  ;  sa  chair  est 
épaisse  et  blanclie,  juteuse,  fondante,  très  parfumée  lorsqu'il 
est  bien  mûr.  Je  propose  d'en  faire  l'usage  que  voici  : 

Pour  une  table  de  vingt  personnes  on  étagera  en  pyramide 
ou  l'on  disposera  dans  une  corbeille  douze  ou  quinze  fruits 
qui  formeront  un  très  beau  plat  de  milieu  et  charmeront  les 
regards  des  invités. 

Au  dessert,  le  maître  d'hôtel  enlèvera  le  plat,  coupera  les 
fruits  en  deux,  remplacera  rapidement  les  graines  par  du 
sucre  en  poudre  et  servira  à  chaque  convive  un  demi-fruit,  en 
forme  de  coupe,  qui  sera  mangé  à  la  cuillère  comme  une 
glace.  Ce  dessert  sera  très  élégant  et  très  bon.  Je  m'en  suis 
assuré. 

Le  Melon  Zèbre  ne  produit  que  douze  à  quinze  fruits  par 
panneau.  Le  prix  en  sera  donc  assez  élevé  jusqu'au  jour  où 
les  horticulteurs  du  Midi  consentiront  à  le  cultiver. 

La  chair  épaisse  et  relativement  ferme  des  Melons  d'Oiient 
se  prête  à  la  confiserie  mieux  que  celle  des  nôtres,  qui  est  trop 
aqueuse  et  ne  résiste  à  aucun  degré  de  cuisson.  Je  n'ai  pas 
fait  confire  les  variétés  dont  je  viens  de  vous  parler,  mais 
j'aurais,  je  crois,  réussi  avec  elles  comme  j'ai  réussi  avec 
d'autres  de  même  origine. 
Permettez-moi,  Messieurs,  une  digression. 
Je  vous  ai  distribué  l'an  dernier  des  graines  du  Melon  blanc 
japonais  {Shiro  uri)  dont  j'ai  fait  faire  de  bons  beignets  et  une 
agréable  confiserie.  Autorisé  par  ces  premiers  résultats,  j'ai 
conseillé  au  célèbre  confiseur,  Piobineau-Boissier,  d'employer 
le  Shiro  uri  et  je  lui  ai  présenté  un  horticulteur  distingué, 
M.  Millet,  de  Bourg-la-Reine,  qui  a  accepté,  pour  essai,  une 
commande  de  deux  cents  fruits  qui  ont  été  exactement  livrés. 
Vous  dégusterez  tout  à  l'heui'e  les  échantillons,  que  M.  Ro- 
bineau  m'a  gracieusement  offerts,  de  ces  fruits  confits  dans  ■ 
sa  maison. 

Les  Melons  de  l'extrême  Orient,  et  le  Shiro  uri  mieux  que 
tout  autre,  pourront  être  avantageusement  cultivés  dans  le 


20  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Miili  et  vendus  aux  confiseurs;  mais,  pour  la  région  de  Paris, 
ce  sont  des  plantes  d'amateur  qui  exigent  autant  de  soins  que 
les  plus  beaux  Cantaloups  et  qui  ne  seront  pas  généralement 
cultivés.  Ils  provoqueront  toutefois  des  essais  d'hybridation 
dont  on  peut  attendre  d'heureux  résultats. 

CONCOMBRES. 

N°  59.  Gros  Concombre. 

N"  60.  Long  Concombre. 

Leurs  fruits  sont  de  bonne  qualité  et  j'en  ai  fait  usage, 
comme  hors-d'œuvre,  pendant  l'été  dernier,  mais  ils  ne  se 
distinguent  en  rien  des  variétés  que  nous  possédons  déjà. 

SOYA. 

N"'  73,  74-,  75,  76.  Ces  variétés  n'ont  pas  fleuri  ou  n'ont 
jias  formé  de  gousses.  Elles  prospéreraient  à  coup  sûr  dans  le 
midi  de  la  France. 

Haricot  radié  {Phaseolus  radiatus  L.). 

Les  graines  du  Haricot  radié  étaient  accompagnées  de  cette 
note  :  «  Beaucoup  cultivé.  Aliment  très  important.  Avec  la 
farine  des  graines  on  fabrique  des  vermicelles  dont  j'envoie 
quelques  échantillons.  »  Ces  échantillons  n'ont  pas  été  trouvés 
dans  la  caisse. 

J'appelle  toute  l'attention  de  la  section  des  végétaux  sur 
celte  plante  qui  n'est  pas  moins  cultivée  au  Japon  qu'en  Chine. 
L'espèce  comprend  un  grand  nombre  de  variétés.  Mes  essais 
ont  échoué  avec  toutes,  à  la  seule  exception  de  celle  qui  se 
nomme  au  Japon  Natsu  azuki,  c'est-à-dire  Azuki  d'été,  que 
je  cultive  depuis  1878. 

J'en  ai  mangé  les  graines  à  l'état  sec  ;  c'est  un  bon  légume 
dont  la  saveur  tient  à  la  fois  du  Haricot  et  de  la  Lentille. 

M.  E.  Bretschneider  nous  apprend  qu'on  en  fait  en  Chine 
du  vermicelle.  Le  compte  rendu  japonais  de  l'Exposition  de 


PLANTES   CHINOISES.  27 

1878  nous  dit  que  \eAn,  matière  sucrée,  se  fait  avec  VAznki 
et  du  sucre  ;  que  le  gâteau  Yo-kan,  ainsi  que  plusieurs 
autres,  se  fait  avec  VAzuki.  On  se  sert  aussi  de  la  farine  de 
l'Azuki  pour  dégraisser  les  étoffes. 

Grâce  à  l'inépuisable  obligeance  de  M.  le  D^  Hénon,  j'ai  pu 
déguster  la  préparation  nommée  Yo-kan,  pâte  ou  confiture, 
faite  avec  des  Azuki,  du  sucre  et  une  sorte  de  gélatine  extraite 
d'Algues  marines.  Cette  gélatine,  absolument  sans  goût,  est 
connue  au  Japon  sous  le  nom  de  Kan-ten.  Les  Japonais  en 
font  un  grand  emploi  culinaire  et  en  exportent  une  grande 
quantité  pour  l'Europe  (4). 

J'ai  eu  un  instant  la  pensée  de  fabriquer  avec  l'Azuki  un 
article  de  confiserie  populaire,  à  très  bas  prix;  mais  le  sucre 
est  trop  cher  en  France  et  j'ai  renoncé,  non  sans  regret,  à  mon 

projet. 

Toutes  les  variétés  du  Haricot  radié  pourront  certainement 
être  cultivées  dans  le  Midi.  Il  est  très  productif.  On  doit  le 
semer  très  espacé,  au  moins  à  50  ou  60  centimètres  et  ne 
mettre  que  deux  graines  à  la  touffe,  qui  devient  très  forte. 

En  1862,  M^'  Guillemin,  évêque  de  Canton,  envoyait  à  la 
Société,  parmi  un  grand  nombre  d'autres  semences,  des  grai- 
nes d'une  légumineuse  nommée  Lou  téou,  dont  les  Chinois, 
disait  le  donateur,  font  un  verniicelle  fin  ou  Lou-téou-szé  et 
un  vin  très  estimé,  Lou-téou-tsiéou ;  puis  les  graines  d'une 
autre  légumineuse  servant  à  la  confection  des  pâtes,  vermi- 
celles, etc.,  connus  sous  le  nom  de  Pe-teou-szé. 

Ces  semences  étaient  probablement  celles  de  deux  variétés 
de  Phaseolus  radlatus.  Il  est  vraiment  bien  regrettable  que 
la  magnifique  collection  de  graines,  reçue  en  1862,  ait  laissé 
si  peu  de  traces,  si  tant  est  qu'elle  en  ait  laissé  aucune. 

Les  usages  du  Ph.  radlatus  que  j'ai  déjà  indiqués  ne  sont 
pas  les  seuls  pratiqués  en  Chine  et  au  Japon.  M.  Eugène  Si- 
mon, M.  l'abbé  David,  M.  le  docteur  Hénon  m'ont  signalé 
celui-ci  qui  n'est  assurément  pas  sans  intérêt:  on  fait  tremper 
dans  l'eau  les  graines  de  l'Azuki,  puis  on  les  fait  germer  au 

(1)  Colle  (Ui  Jupon,  du  commorce. 


28  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

chaud  et  dans  l'obscurité  dans  des  vases  de  terre;  puis,  on 
les  lave  à  grande  eau  pour  enlever  les  peaux  et  on  mange  les 
planlules  sous  le  nom  (japonais)  de  Moyaschi  (œil  et  jambes). 
Il  va  sans  dire  qu'on  les  fait  cuire  d'abord  dans  l'eau  salée, 
puis  dans  le  Shoyu.  C'est  assez  bon  et  c'est  un  moyen  iacile  de 
se  procurer  un  légume  frais  en  hiver.  Si  ma  mémoire  est 
fidèle,  c'est  en  salade  que  M.  l'abbé  David  mangeait  en  Chine, 
avec  grand  plaisir,  les  jeunes  pousses  étiolées  du  Phaseolus 
radia  tus. 

La  section  des  végélaux  sera  peut-être  d'avis  qu'il  y*a  lieu 
de  demander  qu'un  prix  soit  accordé  à  la  personne  qui  aura 
cultivé  avec  succès  le  Haricot  radié  dans  un  champ  d'un  derni- 
heclare. 

S'il  se  présentait  plusieurs  concurrents,  la  préférence  serait 
assurée  à  celui  qui  produirait  les  plus  beaux  spécimens  de 
préparations  alimentaires,  obtenues  avec  les  graines  du  Pha- 
seolus radialns. 

La  Société  se  mettrait  en  mesure  de  fournir  ces  gi'aines, 
variété  Natsa  azuki,  aux  personnes  qui  promettraient  de  con- 
courir pour  le  prix  proposé. 

Je  me  placerais  personnellement  hors  concours  et  je  m'ef- 
forcerais de  mettre  à  la  disposition  de  la  Société  la  plus  grande 
quantité  possible  de  semences; 

Kuzu  {Pueraria  Thunbergiana). 

Sous  le  n"  39  de  la  liste,  M.  Bretschneider  nous  a  envoyé 
des  graines  du  Pueraria  Thunbergiana  ,  sans  observation 
aucune.  Je  n'ai  pas  reçu  ma  part  de  ces  graines,  parce  que 
je  possédais  la  plante  depuis  plusieurs  années.  M.  Naudin  en 
a  reçu  tout  ou  partie,  et  je  dirai  plus  loin  ce  qu'il  en  pense. 

La  plante  se  nommait  autrefois  Dolichos  bulbosus,  plus 
iixvdPachyrhisus  Thunbergianus.  Klle  se  nomme  aujourd'hui 
Pueraria  Thunbergiana.  M.  le  D'  Jlénon  m'écrivait  le 20  dé- 
cembre 1878  :  «  Le  Kuzu  sert  à  faire  une  fécule  très  fine, 
K'uzu-no-ko,  farine  de  Kuzu,  qui  s'emploie  comme  matière 
alimentaire  et  fait  un  empois  excellent,  bien  préférable  à  celui 


PLANTES    CHINOISES.  29 

du  riz,  La  plante  n'est  pas  cultivée  ;  on  en  recueille  les  racines 
dans  les  bois,  où  elle  existe  partout  très  abondamment...  » 

M.  le  comte  de  Castillon  {Eev.  hort.,  1875,  p.  181)  s'ex- 
prime ainsi  :  «  Cette  plante  est  celle  que  Von  Siebold  men- 
tionne, page  20  de  sa  brochure  sur  l'état  de  l'horticulture  au 
Japon,  comme  produisant  une  fécule  qui  se  recommande  par 
une  qualité  supérieure  et  un  bouquet  agréable.  Les  Japonais 
nomment  cette  fécule  Kuzu-ko.  Le  Dotichos  bulbosus,  qui 
tire  son  nom  de  la  grosseur  de  ses  racines,  est  une  plante 
grimpante  fort  commune  au  Japon,  et  qu'on  pourrait,  je  crois, 
acclimater  en  France.  » 

M.  E.-A.  Carrière  fait  suivre  la  note  qui  précède  des  obser- 
vations que  voici  :  «  En  même  temps  qu'il  nous  donnait  ces 
détails,  M.  le  comte  de  Castillon  poussait  la  complaisance 
jusqu'à  nous  adresser  un  petit  sachet  de  fécule,  et  nous  faisait 
connaître  différents  procédés  [tar  lesquels  il  convient  de  la 
préparer  et  de  la  transformer  en  aliment  aussi  sain  qu'a- 
gréable   y> 

On  lit  dans  le  livre  intitulé  :  Le  Japon  à  V Exposition  uni- 
verselle de  1878  :  «  Le  Kuzu  {Pueraria  Thunbergiana)  est 
une  plante  sauvage  dont  les  racines  donnent  de  l'amidon.  Ses 
feuilles  servent  à  nourrir  les  bestiaux  et  ses  fibres  à  faire  des 
étoffes.  » 

En  1879,  j'ai  semé  contre  un  mur  exposé  au  midi  les  graines 
que  j'avais  reçues.  Elles  m'ont  donné  des  tiges  vigoureuses, 
qui  atteignaient  bientôt  le  chaperon  du  mur.  Elles  n'ont  pas 
fleuri,  et,  l'hiver  venu,  elles  ont  été  gelées.  La  souche  n'a  pas 
souffert. 

En  1880,  les  tiges  ont  été  plus  fortes  que  celles  que  le  semis 
avait  produites,  et  30  degrés  de  froid  n'ont  gelé  que  les  par- 
ties qui  excédaient  en  hauteur  1™,50.  Les  parties  inférieures, 
devenues  ligneuses,  ont  donc  résisté  au  grand  hiver.  Elles 
n'avaient  pas  fleuri. 

En  1881,  les  tiges,  dans  toute  leur  hauteur,  ont  bien  passé 
l'hiver.  La  plante  n'a  pas  fleuri.  J'ai  donc  constaté  chez  les 
Kuzu  une  rusticité  relative,  une  végétation  luxuriante;  mais 
en  même  temps,  sous  le  climat  de  Paris,  une  complète  stéri- 


30  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

lité.  Celte  stérilité  cause  un  double  dommage;  d'une  pari, 
on  ne  récolte  pas  de  graines  à  employer  comme  aliment  ; 
d'autre  part,  on  ne  peut  pas  multiplier  la  plante  par  des 
semis. 

Au  Muséum,  où  il  existe  quelques  pieds  de  Kuzu,  les  plantes 
ont,  comme  les  miennes,  résisté  aux  hivers,  mais  n^ont  pas 
fleuri.  On  a  essayé  de  faire  des  boutures,  on  a  échoué.  Le 
couchage  des  tiges  a  donné  un  meilleur  résultat  ;  on  a  ob- 
tenu par  ce  procédé  un  ou  deux  pieds  nouveaux. 

De  mon  côté,  j'ai  obtenu  d'abord  un  pied  par  le  même 
moyen  ;  mais  la  plante  ayant  acquis  une  vigueur  et  un  déve- 
loppement  extraordinaires,  j'ai  pu  cette  année  coucher  une 
vingtaine  de  tiges,  qui  me  donneront  autant  de  plantes  nou- 
velles. 

Les  tiges  de  Kuzu  émettent  des  jets  si  nombreux,  si  longs, 
si  fibreux,  qu'on  ne  peut  douter  du  profit  que  l'on  tirerait  de 
cette  plante,  considérée  comme  textile,  si  l'on  pouvait  la  na- 
turaliser dans  nos  bois  ou  en  obtenir  par  la  culture  d'abon- 
dantes récoltes. 

On  n'oubliera  pas  non  plus  que,  si  la  souche  fournit  une 
précieuse  fécule,  ses  feuilles  sont  recherchées  par  le  bétail, 
et  que  ses  graines  sont  alimentaires  comme  le  haricot.  Ces 
produits  sont  d'ailleurs  secondaires,  et  c'est,  avant  tout, 
comme  plante  textile  qu'il  faut  considérer  le  Kuzu. 

M.  Gh.  Naudin  a  reçu  de  notre  Société  les  graines  arrivées 
de  Chine.  11  possédait  déjà  la  plante.  On  lira  dans  notre  Bul- 
letin, avec  l'attention  qui  lui  est  due,  le  jugement  que  porte 
sur  elle  le  savant  dn-ecteur  de  la  Villa  Thuret. 

«  Si  le  Kuzu,  dit-il,  peut  fournir  des  fibres  textiles,  il  est 
très  inférieur  sous  ce  rapport  au  chanvre  et  au  lin,  dont  la 
culture  est  relativement  très  facile,  et  qui  donneront  toujours 
un  produit  beaucoup  plus  élevé  et  à  bien  moindres  frais. 

»  Pour  que  le  Kuzu  fût  accepté  par  l'agriculture  en  France, 
il  faudrait  qu'on  lui  découvrît  quelque  propriété  que  ne  pos- 
sèdent pas  nos  plantes  d'introduction  plus  ancienne;  or  jus- 
qu'ici je  ne  lui  en  reconnais  aucune.  Ce  n'est  pas  cependant 
une  raison  pour  l'abandonner.  Il  se  peut  que  de  nouvelles 


PLANTES  CHINOISES.  31 

reciierches  nous  le  montrent  sous  un  aspect  plus  favorable. 
Jusque-là  attendons.  » 

Je  dis  à  mon  tour  :  attendons,  mais  expérimentons.  N'at- 
tendons pas  les  bras  croisés.  J'ai  confiance  dans  les  renseigne- 
ments que  j'ai  recueillis,  et  qui  présentent  comme  remarqua- 
blement belle  la  toile  de  Kuzu. 

Cette  toile  ne  ressemble  peut-être  pas  plus  à  celle  de 
chanvre  ou  de  lin  que  ne  lui  ressemble  celle  de  la  ramie.  Si 
la  plante  possède  des  propriétés  particulières,  n'attendons  pas 
paresseusement  qu'on  nous  les  fasse  connaître  ;  nous  atten- 
drions en  vain. 

Faisons  venir  les  graines  pour  semence,  et,  comme  échan- 
tillons, les  fibres,  le  filé  et  la  toile  de  Kuzu.  Instituons  un 
prix  pour  la  culture  d'un  demi-hectare,  et  la  lumière  sera 
faite. 

MOUTARDES. 

Sous  lesn"'  85,  86,  87,  j'ai  reçu  trois  variétés  de  Sinapis. 

Le  n°85  est  désigné  sur  la  liste  comme  étant  cultivé  pour 
ses  racines  globuleuses,  napiformes  ;  le  n°  80,  comme  étant 
cultivé  pour  ses  graines  (Moutarde  chinoise). 

Le  n"  87  est  inscrit  sans  indication  de  ses  usages. 

Ces  trois  Moutardes,  semées  au  printemps,  ont  monté  si 
vite  à  graine,  que  je  n'ai  pu  saisir,  durant  cette  première 
culture,  le  moment  où  il  m'aurait  été  possible  de  les  déguster  ; 
mais,  le  1"  août,  j'ai  semé  de  nouveau  le  n"  85,  auquel  j'at- 
tachais une  importance  particulière,  et  j'ai  obtenu  en  quel- 
ques semaines  de  belles  plantes,  munies  de  ces  racines  globu- 
leuses qui  m'étaient  promises,  et  dont  je  place  des  spécimens 
sous  vos  yeux. 

La  Moutarde  tubéreuse  était  jusqu'ici  absolument  inconnue 
en  France.  C'est  une  acquisition  intéressante,  dont  je  ne  puis 
aujourd'hui  apprécier  le  mérite,  mais  que  nous  ne  devons 
pas  laisser  tomber  dans  l'oubli.  La  plante  est-elle  destinée  à 
l'alimentation  de  l'homme  ou  à  la  nourriture  des  animaux,  je 
ne  sais;  ce  que  j'ai  constaté  dans  un  premier  essai,  c'est  que. 


32  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

dans  l'espace  de  deux  mois  et  demi,  elle  donne  une  récolte 
abondante  de  feuilles  et  de  racines.  Il  semble  donc  qu'elle 
puisse  être  immédialemeni  classée  parmi  les  cultures  déro- 
bées les  plus  faciles  et  les  plus  productives.  J'appelle  sur  elle 
toute  l'attention  de  la  5'  section. 


staciiys  affinis. 

Sous  le  n"  46,  j'ai  reçu  ce  Stachys,  désigné  sur  la  liste 
comme  étant  beaucoup  cultivé  pour  ses  tubercules  que  man- 
gent les  Chinois. 

Les  tubercules  sont  arrivés  en  bon  état  pour  la  plupart,  et 
ont  végété  passablement  en  plein  air.  Les  plantes  n'ont  pas 
fleuri.  Elles  ont  formé  des  touffes  basses,  pourvues  d'une 
multitude  de  racines  tuberculeuses,  de  petit  volume  et  de 
toutes  formes,  extrêmement  fragiles,  d'un  lavage  difficile  à 
cause  de  leur  difformité  et  de  leur  fragilité.  Je  vous  présente 
un  flacon  de  ces  tubercules  conservés  dans  le  vinaigre.  La 
plante  était  jusqu'ici  tout  à  fait  inconnue  en  France.  On  ne 
nous  dit  pas  comment  les  Cliinois  la  préparent  pour  la  table  ; 
mais  le  Stachys  affinis,  comme  son  nom  paraît  l'indiquer,  a 
beaucoup  de  rapports  avec  le  Stachys  Sieboldii,  que  l'on 
rencontre  au  Japon  sous  le  nom  de  Choro-fji.  Ses  racines  tu- 
berculeuses, dit  le  compte  rendu  japonais  déjà  cité,  ressem- 
blent à  des  chenilles.  Pour  les  manger,  on  les  conserve  dans 
du  vinaigre  de  prunes. 

J'ai  donc  mis  dans  le  vinaigre  quelques-uns  des  tubercules 
récoltés  cette  année.  Je  les  ferai  peut-être  entrer  dans  des 
PicA;^es  de  composition  nouvelle,  que  j'ai  l'intention  de  vous 
présenter  prochainement. 

J'espère  que  le  Stachys  affinis,  couvert  d'un  peu  de  litière, 
n'aura  pas  souffert  de  l'hiver  si  clément  que  nous  traversons. 
Par  précaution,  j'ai  conservé  dans  des  pots  mis  en  serre  un 
certain  nombre  de  tubercules. 

Le  temps  m'a  manqué  pour  préparer  des  sachets  de  se- 
mences d'une  partie  des  plantes  dont  je  viens  de  vous  parler. 
J'en  ferai  une  distribution  le  6  mars  prochain  aux  membres 


PLANTES   CHINOISES.  83 

présents  à  la  réunion  de  la  5'  section.  Chaque  sachet  ne  con- 
tiendra qu'un  très  petit  nombre  de  graines,  ce  qu'on  me  par- 
donnera, j'espère. 

Je  ne  terminerai  pas  ce  compte  rendu  sans  adresser  à  M.  le 
docteur  Bretschneider  l'expression  de  notre  vive  gratitude 
pour  la  précieuse  collection  qu'il  a  bien  voulu  adresser  à 
notre  Société. 

PÉ-TSAÏ   DE   MONGOLIE. 

Il  y  a  quelque  dix  ans,  le  Muséum  reçut  une  caisse  d'ar- 
bustes de  Mongolie,  et  la  terre  qu'elle  contenait  fut  jetée  au 
hasard  dans  un  coin  de  l'École  des  Poiriers. 

A  quelque  temps  de  là,  cependant,  on  s'aperçut  que  dans 
cette  terre  poussaient  de  jeunes  plantes,  lesquelles  prospé- 
rèrent, fleurirent,  furent  présentées  à  M.  Decaisne,  et  déter- 
minées par  lui  sous  le  nom  de  Pé-tsaï  de  Mongolie. 

Un  peu  plus  tard,  j'en  reçus  des  graines,  et,  depuis  sept  à 
huit  ans,  je  n'ai  pas  cessé  de  cultiver  la  plante.  Je  la  consi- 
dérais alors  comme  potagère,  et  je  la  présentais  comme 
telle,  le  27  février  1879,  à  la  Société  d'horticulture.  J'ai  re- 
connu mon  erreur,  et  c'est  comme  plante  fourragère  que  je 
vous  l'apporte  aujourd'hui. 

Le  Pé-tsaï  de  Mongolie  est  extrêmement  hâtif.  Semé  au 
commencement  d'août,  il  fournit  dès  le  mois  d'octobre  une 
abondante  récolte  de  feuilles  que  le  bétail  mange  avec  avi- 
dité. 

Les  spécimens  que  je  vous  présente  sont  le  produit  d'un 
semis  fait  à  la  volée,  en  plein  champ,  le  il  août  dernier. 
L'hiver  est  tellement  doux  que  les  plantes  montent  déjà  à 
graine  ;  mais  on  peut  compter  sur  une  récolte  de  feuilles 
fraîches  pendant  tout  l'hiver. 

Le  Pé-tsaï  ne  semble  pas  souiïrir  de  la  gelée.  Il  a  supporté 
sans  dommage  les  30  degrés  de  froid  de  1880,  et  ne  s'est  ja- 
mais montré  plus  vert  ni  mieux  portant  que  le  jour  où  a  dis- 
paru le  manteau  de  neige  qui  le  protégeait. 

Voici  en  quels  termes  un  concours  a  été  ouvert  par  la 

3»  SÉIUK,  T.  X.  —  Janvier  188J.  3 


34  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Société,  en1866,  pour  l'introduction  d'une  plante  fourragère  : 
Introduction  en  France  et  mise  en  grande  culture  d'une 
plante  nouvelle  pouvant  être  utilisée  pour  la  nourriture  des 
bestiaux.  Concours  ouvert  jusqu'au  l""  décembre  1885. 

J'ai  longtemps  hésité  à  vous  parler  du  Pé-tsaï  de  Mongolie, 
Si  je  le  mets  aujourd'hui  sous  vos  yeux,  ce  n'est  pas  que  je 
prétende  au  prix  qui  est  ofïert.  Je  me  borne,  pour  le  moment, 
à  demander  acte  de  la  présentation  d'une  plante  fourragère 
nouvelle.  Je  crains  bien,  d'ailleurs,  qu'une  des  conditions  du 
concours  ne  m'en  interdise  l'accès.  En  effet,  je  ne  suis  pas 
agriculteur  et  je  ne  puis  mettre,  comme  on  l'exigerait,  le 
Pé-tsaï  en  grande  culture. 


TRAVAUX  ADRESSÉS  ET  COMMUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ. 


LE  PHYLLOXÉRA  EN  AUSTRALIE 

MOYENS    EMPLOYÉS   POUR   LE   COMBATTRE 
Par  n.   Louis  BOUTAI\I 


On  s'est  beaucoup  occupé,  dans  ces  derniers  temps,  de 
rechercher  les  moyens  les  plus  efficaces  pour  préserver  notre 
colonie  algérienne  de  l'invasion  du  Phylloxéra, 

Je  crois  qu'il  est  bon  de  donner,  à  ce  sujet,  quelques  indi- 
cations sur  la  manière  dont  les  Australiens  ont  combattu  la 
propagation  de  l'insecte  dans  les  vignobles  de  la  province  de 
Victoria. 

Je  me  trouvais  à  Melbourne  en  1881,  délégué  par  le  minis- 
tère de  l'Instruction  publique,  à  l'occasion  de  l'Exposition 
internationale  qui  avait  lieu  dans  cette  ville,  lorsque  la  ques- 
tion du  Phylloxéra  fut  agitée,  pour  la  première  fois,  en  Aus- 
tralie. 

Le  parlement  de  Victoria  reçut  une  adresse  alarmée  des 
viticulteurs  de  la  province  qui  se  plaignaient  du  dépérisse- 
ment de  leurs  vignes  et  demandaient  l'intervention  du  gouver- 
nement pour  rechercher  et  combattre  la  cause  du  mal.  Une 
commission  fut  nommée  à  cet  effet  et  les  renseignements  qu'elle 
recueillit  lui  firent  soupçonner  qu'elle  se  trouvait  en  présence 
de  l'ennemi  qui  ravageait  les  vignobles  d'Europe,  du  Phyl- 
loxéra. 

Aucun  des  députés  qui  composaient  cette  commission  n'a- 
vait été  à  même  d'étudier  cet  insecte,  dont  on  n'avait  pas 
jusque-là,  constaté  la  présence  en  Australie. 

Le  gouverneur  s'adressa  à  M.  de  Montmahou,  inspectcui 
général,  délégué  du  gouvernement  français,  sous  les  ordres 
duquel  je  me  trouvais  et  le  pria  de  désigner  un  naturaliste 


36  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

qui  voulut  bien  s'occuper  de  la  question.  Je  fus  choisi  et 
adjoint  à  la  commission  dont  j'ai  parlé. 

Les  renseignements  les  plus  contradictoires  nous  parve- 
naient. 

Certains  propriétaires  prétendaient  que  leurs  vignes  dépé- 
rissaient sans  cause  apparente  et  niaient  la  présence  d'aucun 
insecte  sur  les  racines.  D'autres  affirmaient  que  la  maladie 
était  causée  par  un  puceron  qui  dévorait  les  tiges. 

D'autres  enfin  attribuaient  le  mal  au  Phylloxéra,  mais  le 
définissaient  de  la  manière  la  plus  fantaisiste.  L'un  d'eux,  à 
qui  l'on  demandait  quelle  était  la  forme  extérieure  de  l'in- 
secte, répondit  : 

«  Ceux  que  j'ai  vus  ressemblaient  à  un  petit  ver  blanc,  avec 
une  tête  noire  comme  une  mouche  et  de  longues  pattes  comme 
une  araignée.  » 

Dans  ces  conditions,  je  ne  pouvais  évidemment  me  pro- 
noncer avant  d'avoir  vu  de  mes  propres  yeux. 

La  commission  tout  entière  se  transporta  à  Geelong,  ville 
située  sur  la  baie  de  Porl-Philip  à  une  soixantaine  de  kilo- 
mètres de  Melbourne.  Tout  autour  de  ce  point  se  trouvaient  en 
eliet  d'importants  vignobles  dans  lesquels  on  signalait  l'exis- 
tence de  plusieurs  centres  d'infection. 

Dans  tout  ce  district,  la  vigne  est  devenue  une  source  im- 
portante de  revenus  et  couvre  une  grande  étendue  de  terres. 
Elle  est  cultivée  avec  beaucoup  de  soin  par  des  vignerons 
suisses.  Ceux-ci  ont  introduit  de  toutes  pièces  les  pratiques 
de  culture  en  usage  dans  les  cantons. 

Malgré  le  bon  marché  des  terrains,  les  ceps  sont  plantés 
très  près  les  uns  des  autres;  et  la  terre  est  remuée  à  la  main 
à  l'aide  de  bêches  ou  d'instruments  analogues. 

Des  voitures  mises  gracieusement  à  notre  disposition  par  la 
municipalité  de  Geelong  nous  emportèrent  rapidement  à  tra- 
vers les  vignobles  qui  bordent  les  deux  côtés  de  la  route.  En 
plusieurs  endroits  on  apercevait  les  taches  caractéristiques 
que  l'on  a  comparées  avec  raison  à  des  taches  d'huile,  ce  qui 
me  portait  déjà  à  penser  que  c'était  bien  au  Phylloxéra  que 
nous  avions  affaire . 


LE    PHYLLOXÉRA   EN    AUSTRALIE.  37 

On  s'arrêta  bientôt;  l'endroit  clioisi  était  situé  au  fond  d'un 
vallon,  et  la  vigne  qui  s'y  trouvait  offrait  des  traces  manifestes 
de  faiblesse  et  d'appauvrissement.  On  arracha  un  certain 
nombre  de  souches  et,  à  mon  grand  étonnement,  il  ne  fut 
pas  possible  d'y  découvrir  un  seul  Phylloxéra. 

Cet  insuccès  nous  fut  expliqué  un  peu  plus  tard  par  les  vi- 
ticulteurs de  la  contrée  qui  nous  apprirent  que,  lors  de  la 
saison  des  pluies,  le  vignoble  en  question  avait  été  submergé. 
J'avais  ainsi  sous  les  yeux,  et  sans  l'avoir  cherché,  les  bons 
effets  incontestables  du  traitement  par  submersion. 

La  commission  se  transporta  alors  sur  les  coteaux  voisins 
et  là  mes  derniers  doutes  furent  dissipés. 

Les  recherches  furent,  en  effet,  aussi  concluantes  que  pos- 
sible :  les  radicelles  offraient  çà  et  là  les  boursouflures  carac- 
téristiques en  forme  de  chapelets.  En  plusieurs  points,  on 
apercevait  une  poussière  jaunâtre  qui,  examinée  à  la  loupe, 
permettait  de  reconnaître  de  jeunes  Phylloxéras  parfaitement 
vivants. 

Je  m'étais  muni  de  mon  microscope,  et,  grâce  à  lui,  je  pus 
montrer  facilement  et  sous  un  faible  grossissement  aux  mem- 
bres de  la  commission  les  petits  insectes  que  l'on  voyait  re- 
muer sur  le  porte-objet. 

Il  restait  cependant  une  question  à  résoudre. 

Se  trouvait-on  bien  en  face  du  Phylloxéra  vastatrix  ou 
avait-on  aftaire  à  une  espèce  différente,  indigène? 

Cette  question  ne  pouvait  guère  être  résolue  sur  place.  Je  la 
réservai  pour  une  étude  ultérieure  et  je  rentrai  à  Melbourne 
après  m'être  muni  d'un  assez  grand  nombre  de  spécimens  qui 
allaient  me  permettre  d'étudier  ce  sujet  à  loisir. 

Après  les  avoir  dessinés  soigneusement  sous  divers  grossis- 
sements, je  comparai  les  figures  obtenues  à  celles  qu'adonnées 
M.  Maurice  Girard  dans  son  intéressante  brochure  que  j'avais 
précisément  entre  les  mains.  Je  constatai  une  identité  parfaite. 

Aucun  doute  n'était  plus  possible.  C'était  bien  le  Phylloxéra 
vastatrix  qui  ravageait  les  vignobles  de  Geelong.  J'appris  en 
outre  que  ce  ne  sont  pas  des  vignes  américaines,  mais  des 
vignes  françaises  déjà  phylloxérées,  notamment  des  aramons 


6q  SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

de  l'Hérault  qui  ont  introduit  le  Phylloxéra  dans  le  district  de 
Geelong, 

A  la  suite  de  cette  excursion,  le  gouvernement  de  Victoria 
me  demanda  de  rédiger  une  note  sur  les  divers  modes  de 
traitements  employés  en  France  pour  combattre  l'insecte  des- 
tructeur et  me  pria  d'y  joindre  mon  opinion  personnelle,  pour 
le  cas  présent.  , 

Après  avoir  indiqué  les  traitements  par  arrachage,  par  sub- 
mersion, par  les  sulfocarbonates,  par  le  sulfate  de  carbone, 
je  préconisai  la  formation  de  syndicats,  essayant  d'établir  que, 
si  l'on  n'agissait  pas  avec  ensemble,  le  résultat  serait  néces- 
sairement nul  ou  incomplet.  Je  signalai,  en  outre,  la  façon 
dont  le  gouvernement  français  subventionnait,  dans  certaines 
occasions,  les  syndicats  constitués,  en  ajoutant  une  somme 
égale  à  la  somme  versée  par  chacun  d'eux.  Je  terminai,  en 
faisant  ressortir  l'utilité  d'une  intervention  administrative 
pour  vaincre  les  résistances  que  l'ignorance  ne  manque  jamais 
de  susciter  dans  des  circonstances  analogues. 

Les  Australiens  sont  des  gens  fort  pratiques  et  l'idée  des 
syndicats  et  de  l'action  directe  du  gouvernement  les  séduisit 
beaucoup. 

Un  rapport  rédigé  dans  ce  sens  par  le  président,  L.  Smith 
esq.,  fut  adopté  par  la  commission;  le  parlement  en  fut  saisi 
et  une  loi  fut  bien  vite  édictée. 

Les  trois  provinces  de  Victoria,  de  Nouvelle-Galles  du  Sud, 
d'Adélaïde,  constituées  en  association,  devaient  fournir  cha- 
cune 4000  livres  (100 000  francs)  pour  subvenir  aux  frais 
qu'allait  nécessiter  la  destruction  du  Phylloxéra. 

Tous  les  viticulteurs  des  districts  envahis  étaient  tenus  de 
fournir  5  schellings  (6  fr.  25)  par  acre  de  terre  plantée  en 
vignes. 

Ceux  qui  refuseraient  d'enlrer  dans  les  syndicats  et  dont 
les  vignes  deviendraient  des  foyers  d'infection  seraient  con- 
traints d'arracher  à  leurs  frais  et  ne  recevraient  aucune  in- 
demnité. Ceux  qui  feraient  partie  des  syndicats  recevraient  le 
prix  de  deux  années  de  récolte  et  les  frais  de  l'arrachage 
seraient  supportés  par  la  caisse  du  syndicat. 


LE  PHYLLOXÉRA  EN  AUSTRALIE.  39 

L'arrachnge,  dans  tous  les  cas,  serait  étendu  à  un  mille  de 
distance  autour  de  la  tache  et  toute  replantation  était  inter- 
dite, pendant  une  année  au  moins,  après  l'arrachage. 

Ces  moyens  ont-ils  réussi?  Je  n'ai,  à  ce  sujet,  aucun  ren- 
seignement précis. 

Tout  énergiques  et  tout  draconiens  qu'ils  paraissent,  peut- 
être  n'étaient-ils  pas  encore  assez  radicaux. 

Peut-être  la  zone  protectrice  d'un  mille  n'était-elle  pas  suf- 
fisante, et,  pour  être  sûr  de  réussir,  il  eût  fallu  l'étendre 
encore  davantage. 

Enfin  la  limite  de  temps  fixée  pour  une  replantalion  pos- 
sible n'était  pas  assez  éloignée,  car  j'ai  pu  constater,  de  mes 
propres  yeux,  que  le  Phylloxéra  vivait  encore  sur  des  racines 
laissées  dans  le  sol,  après  un  arrachage  qui  remontait  à  deux 
ans. 

Ce  fait  a  été  établi  dans  une  seconde  excursion  que  j'ai 
effectuée  à  Geelong  en  partie  dans  ce  but. 

Quoi  qu'il  en  soit,  cet  essai  de  destruction  par  arrachage  et 
cette  action  coercitive  d'un  gouvernement  plus  démocratique 
que  le  nôtre  méritaient  d'être  signalés  aux  viticulteurs  fran- 
çais. 


III.  EXTRAIT  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  5  JANVIER  1883. 
Présidence  de  M.  Henri  BOULEY,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvellement 
admis  par  le  Conseil,  savoir  : 


MM. 

Rertoni  (Moïse),  rédacteur  de  la  Revue  scien- 
tifique suisse,  docteur  es  sciences,  à  Lotti- 
gna,  canton  du  Tessin  (Suisse). 

Rravard  (Philippe-Jean-Alfred),  maire  et  pro- 
priétaire, à  Grandrif,  canton  de  Saint-An- 
thème  (Puy-de-Dôme). 

BuHLER  (A.  J.),  30,  rue  Vignon,  à  Paris. 

COURTEILLE  (François-Auguste),  rue  Charles- 
Laffitte,  37,  à  Neuilly  (Seine). 

Delaquys  (E,),  rue  Favart,  A,  à  Paris. 

Rault  (Jules),  rentier,  14,  rue  Demours,  à 
Paris. 

RiHOUET  (Amédée),  conseiller  référendaire  à  ( 
la  cour  des  Comptes,  55,  rue  Jouffroy,  à  | 
Paris.  ( 


PRESENTATEURS. 

H.  Bouley. 

A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Saint-Yves  Ménard. 

H.  Bouley. 

J.  Grisard. 

Saint-Yves  Ménard. 

A.  Barbey. 

H.  Bouley. 

E.  Roger, 

A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Morin. 

Saint-Yves  Ménard. 

H.  Bouley. 

Saint-Yves  Ménard. 

J.  Grisard. 

H.  Bouley. 

Chesnel. 

J.  Grisard. 

H.  Bouley. 

Saint- Yves  Ménard. 

E.  Roger. 


Romain  (le  commandant  Léon-Paul),  commis-  ,  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

saire  du  gouvernement,  avenue  de  Madrid,  ]  Saint-Yves  Ménard. 

11,  à  Neuilly  (Seine).  (  A.  Porte. 

La  Ligue  du  reboisement  d'Algérie,  rue    Babazoun,   à  Alger  (Al- 
gérie) a  en  outre  été  admise  au  nombre  des  Sociétés  agrégées. 

—  M.  le  Secrétaire  procède  au  dépouillement  de  la  correspondance. 

—  La  Société  d'horticulture  d'acclimatation  et  des  sciences  du  Cantal 
adresse  des  remerciements  pour  sa  récente  affiliation  à  la  Société  natio- 
nale d'Acclimatation. 


PROCÈS-VERUAUX.  M 

—  M.  F.  Zeiik,  Directeur  de  l'Association  de  Pisciculture  de  la  Basse- 
Franconie,  adresse  ses  remerciements  au  sujet  de  sa  récente  admission. 

—  M.  le  Gouverneur  de  la  Cochinchine  écrit  à  M.  le  Président  :  «  En 
réponse  à  votre  dépèche,  en  date  du  10  août,  par  laquelle  vous  me  de- 
mandez des  renseignements  sur  les  personnes  qui  ont  rendu  en  Cochin- 
chine des  services  à  l'acclimatation,  je  ne  puis  mieux  faire  que  de  vous 
transmettre  le  rapport  qui  m'a  été  adressé  à  ce  sujet  par  M.  Moquin- 
Tandon,  Directeur  du  Jardin  Botanique. 

»  Colombier,  qui  vous  est  signalé,  est  certainement  un  des  hommes 
qui  ont  le  plus  contribué  à  l'amélioration  de  la  santé  des  Européens  par 
l'introduction  des  plantes  maraîchères  presque  indispensables  à  notre 
alimentation.  Grâce  à  lui,  Saigon  est  devenu  un  pays  de  production,  et 
nous  envoyons  maintenant  des  légumes  à  Singapore  et  même  en  Chine. 

»  Mais  Colombier  est  un  travailleur  modeste,  vivant  de  peu,  ne  s'oc- 
cupant  que  de  son  jardin,  sa  véritable  passion,  ne  demandant  jamais  rien, 
et  il  n'est  pas  surprenant  que  ses  services  aient  été  vite  oubliés  dans  un 
pays  oîi  la  population  blanche  se  renouvelle  tous  les  trois  ou  quatre  ans. 

»  Bien  peu  d'Européens  aujourd'hui  savent  que  s'ils  mangent  des 
haricots  verts,  des  petits  pois,  des  asperges,  etc.,  c'est  exclusivement  à 
Colombier  qu'ils  le  doivent. 

»  La  Société  d'Acclimatation  ne  peut  accorder  à  cet  homme  une  ré- 
compense d'un  ordre  trop  élevé,  et  je  considère  comme  un  honneur  et 
un  devoir  pour  moi  de  contribuer  à  la  lui  faire  obtenir.  » 

—  M.  le  Président  de  la  Ligue  de  reboisement  de  l'Algérie  adresse  à 
i\l.  le  Secrétaire  général  la  lettre  suivante  : 

«  Je  viens  de  prendre  connaissance  des  statuts  et  règlements  de  la 
Société  nationale  d'Acclimatation  que  vous  avez  eu  l'obligeance  de  m'a- 
dresser. 

>  Je  vois  figurer,  au  n°  2  des  prix  extraordinaires  à  décerner,  le  para- 
graphe suivant  : 

«  §  1 La  Société  voudrait  voir  étudier  particulièrement  les  causes 

»  qui  peuvent  s'opposer  à  l'acclimatation  et  les  moyens  qui  peuvent  servir 
»  à  combattre  ou  prévenir  leurs  effets.  » 

»  Je  pense  que  les  travaux  de  la  Ligue  répondent  au  but  indiqué, 
puisque  nous  avons  étudié  particulièrement  les  causes  qui  s'opposent  en 
Algérie  à  l'acclimatation,  non  seulement  des  animaux  et  des  végétaux, 
mais  encore  de  l'homme. 

»  Notre  climat,  jadis  magnifique,  et  qui  pouvait  admettre  toutes  les 
cultures,  est  transformé  aujourd'hui  au  point  que  l'on  doit  craindre 
inèine  pour  l'existence  de  la  vigne,  notre  dernière  ressource.  Les  races 
d'animaux  dégénèrent,  les  cultures  se  limitent  de  jour  en  jour,  et  il  ne 
faut  plus  songer  à  l'introduction  d'aucune  espèce  exotique. 

î  La  cause  de  tous  nos  malheurs  a  été  nettement  spécifiée  par  nous  : 
a'est  la  dévastation  insensée  de  nos  forêts  ! 


42  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

»  Tous  nos  efforts  tendent  à  obtenir  de  l'État  et  des  particuliers  que 
ces  ravages  soient  arrêtés  et  que  l'on  repeuple  les  sommets  dénudés  de 
nos  montagnes. 

î  J'espère  donc  que  nous  aurons  l'honneur  de  voir  admis  au  bienveil- 
lant examen  de  notre  Société  les  travaux  de  la  Ligue,  qui  n'ont,  en  défi- 
nitive, pour  but  que  de  rendre  possibles  en  Algérie  l'habitabilité  de 
l'homme  et  l'acclimatation  des  animaux  et  des  végétaux.  » 

—  M.  le  Président  du  Comité  central  d'Exposition  de  l'île  de  la  Réu- 
nion écrit  à  M.  le  Président  : 

«  M.  le  Gouverneur  m'a  transmis,  pour  y  être  répondu  par  le  Comité 
central  d'Exposition,  la  lettre  en  date  du  10  août  dernier  par  laquelle 
vous  avez  bien  voulu  lui  demander  de  vous  faire  connaître  quelles  sont, 
en  ce  moment,  les  questions  se  rattachant  à  vos  travaux,  qui  intéressent 
la  Colonie,  et  les  services  rendus  à  l'acclimatation,  dans  le  pays,  pen- 
dant ces  dernières  années. 

j  Le  Comité,  réuni  à  cet  effet,  s'est  empressé,  dans  sa  séance  du 
J8  courant,  de  préparer  les  notes  que  j'ai  l'honneur  de  vous  adresser 
sous  ce  pli. 

»  En  vous  les  transmettant,  permettez-moi  de  me  faire  l'interprète 
des  sentiments  de  gratitude  qu'éprouve  le  Comité  pour  l'attention  dont 
l'île  de  la  Réunion  a  été  l'objet,  de  la  part  de  la  Société  d'Acclimatation 
de  Paris. 

»  La  démarche  toute  bienveillante  dont  elle  vient  de  prendre  l'initia- 
tive a  produit  une  excellente  impression  dans,  la  Colonie  qui  en  a  été 
informée  par  la  voie  des  journaux  ;  elle  ne  peut  manquer  d'y  avoir  aussi 
de  très  bons  résultats,  .le  me  joins  à  mes  collègues  pour  vous  prier  d'en 
recevoir  nos  bien  sincères  remerciements  et  d'en  témoigner  toute  notre 
reconnaissance  à  la  savante  Société  que  vous  présidez.  » 

—  M.  le  marquis  de  Pruns,  Secrétaire  général  de  la  Société  d'horti- 
culture d'Acclimatation  et  des  sciences  du  Cantal,  écrit  du  château  de 
Brassac  : 

«  Mon  éloignement  de  Paris  ne  me  permettant  pas  d'assister  aux  inté- 
ressantes réunions  de  la  Société  d'Acclimatation ,  permettez-moi  d'en- 
voyer à  nouveau  un  vœu,  que  j'avais  déjà  émis,  et  que  je  regarde  comme 
extrêmement  utile  pour  l'avenir. 

»  Il  faut  que  les  animaux  élevés  par  l'homme  pour  l'agriculture  se  con- 
forment comme  taille,  à  un  moment  donné,  avec  l'émiettement  et  la  dispa- 
rition de  la  grande  propriété.  Dans  nos  départements  du  Centre,  les  ani- 
maux de  petite  taille,  et  d'une  nourriture  facile  et  peu  coûteuse,  doivent 
être  propagés. 

»  J'ai  donc  l'honneur  de  demander  à  la  Société  d'Acclimatation  de 
Paris,  dont  les  avis  ont  une  si  grande  autorité  :  1°  que,  par  l'intermé- 
diaire de  son  Bureau,  elle  demande  au  ministère  de  l'Agriculture  que 
dorénavant  la  Chèvre  soit  admise,  soit  comme  laitière,  soit  comme  lai- 


PROCÈS-VERBAUX.  43 

nage,  aux  Concours  régionaux,  parce  qu'elle  répond  à  un  besoin  de 
l'époque,  qu'elle  est,  par  excellence,  la  vache  du  pauvre,  parce  que  les 
belles  espèces  à  soie  de  l'Orient  peuvent  enrichir  l'industrie  de  laines 
fines  et  donnent  des  pelleteries  d'une  grande  solidité;  2"  que  l'État,  afin 
d'encourager  l'élevage,  leur  accorde  des  primes.  11  en  donne  à  des  ani- 
maux infiniment  moins  utiles. 

»  Je  demande  que  mon  vœu  soit  transmis  à  qui  de  droit  et  formulé 
dans  une  des  prochaines  réunions.  Je  demanderai  également  que  la  So- 
ciété encourage,  dans  nos  provinces  du  Midi,  les  variétés  très  naines  de 
Chèvres  comme  chasse.  » 

—  M.  Naudin  adresse  la  note  qui  lui  a  été  demandée  en  vue  de  fournir 
à  M.  Le  Châtelier,  officier  aux  affaires  indigènes,  en  mission  à  Ouargla, 
les  instructions  qu'il  désire  pour  les  cultures  à  entreprendre  dans  cette 
oasis  : 

«  Je  serai  enchanté,  écrit  notre  savant  confrère,  d'entrer  dans  les 
vues  de  M.  Le  Châtelier,  autant  que  mes  faibles  moyens  me  le  per- 
mettront. Ouargla,  à  la  latitude  de  32  degrés,  presque  celle  de  la  basse 
Egypte,  serait  un  magnifique  endroit  pour  faire  de  l'acclimatation  de 
plantes  et  d'animaux,  si  l'on  peut  y  avoir  de  l'eau  (condition  première) 
et  si  l'accès  en  est  facilité  par  une  bonne  route,  et  mieux  encore  par  un 
mauvais  chemin  de  fer,  à  une  seule  voie,  en  attendant  qu'on  puisse  faire 
mieux. 

»  Je  ne  connais  pas  personnellement  la  localité;  mais,  dès  qu'il  y  a 
des  habitants,  on  peut  augurer  qu'elle  peut  devenir  importante,  comme 
point  d'appel,  pour  les  caravanes  qui  vont  trafiquer  avec  le  Soudan. 

»  Ce  qu'il  faut,  avant  tout,  c'est  de  l'eau,  qu'elle  vienne  de  puits  arté- 
siens ou  d'étangs  et  de  lacs  créés  artificiellement  par  des  barrages,  peu 
importe.  Avec  l'eau,  on  fera  tout  ce  qu'on  voudra.  Si  on  veut  y  établir 
des  cultures,  et  il  faudra  qu'on  en  vienne  là,  la  première  chose  à  faire, 
selon  moi,  serait  de  faire  d'épaisses  plantations  d'arbres  autour  des 
centres  de  culture,  pour  arrêter,  au  moins  dans  une  certaine  mesure,  le 
vent  du  désert  et  l'envahissement  du  sable  apporté  par  ce  vent  ;  fixer  les 
dunes  par  des  plantations  de  plantes  à  racines  traçantes  et  d'arbustes 
rustiques  appropriés  au  sol  et  au  climat.  On  les  ti:ouverait  probable- 
ment dans  le  pays  même. 

»  Pour  qui  ne  connaît  l'endroit  que  par  ouï-dire,  il  n'est  pas  facile 
d'indiquer  le  choix  à  faire.  On  peut  cependant  l'essayer,  sauf  à  corriger 
les  erreurs  au  fur  et  à  mesure  que  l'expérience  les  ferait  reconnaître. 
A  première  vue,  les  arbres,  arbrisseaux  et  plantes  drageonnantcs  des 
parties  les  plus  arides  de  l'Australie  (qui  peuvent,  sous  plus  d'un  rapport, 
rivaliser  de  sécheresse  et  de  chaleur  torridc  avec  le  Sahara  algérien), 
semblent  devoir  être  recommandés  en  première  ligne.  Ce  sont,  par 
exemple,  les  Eucalyptus  buissonnants,  les  Mélaleucas,  les  Calothammis, 
les  Acacias  phyllodaires,  en  un  mot  toute   cette  broussaille  dure  qui 


M  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

constitue,  en  Australie,  ce  qu'on  appelle  les  Mallee  scriibs.  C'est  avec 
cette  végétation  exercée  à  endurer  la  plus  extrême  sécheresse  qu'on  for- 
merait la  ligne  de  défense  contre  le  sable  et  le  vent  du  désert. 

»  En  dedans  de  ce  rempart,  s'établiraient  les  cultures  productives 
(toujours  à  condition  qu'il  y  aurait  de  l'eau),  Dattiers,  céréales  appro- 
priées au  sol  et  au  climat,  arbres  fruitiers  (Pruniers,  Abricotiers,  Vignes, 
Kakis  de  la  Chine  et  du  Japon,  Orangers,  Mandariniers,  Citronniers), 
aux(]uels  on  pourrait  essayer  d'ajouter  le  Manguier  {Mangifera  indica), 
qui  fructifie  très  bien  à  Madère  et  aux  Canaries,  l'Avocatier,  le  Maniméa 
ou  Abricotier  d'Amérique,  etc.  Les  plantes  fourragères  ne  devraient 
pas  être  oubliées,  et  ou  pourrait  essayer  d'abord  celles  qui  sont  indi- 
quées dans  le  pays,  sauf  à  les  améliorer  par  la  culture,  puis  les  fourra 
gères  exotiques,  dont  le  nombre  est  grand.  Comme  arbres  à  produire 
rapidement  du  bois,  je  n'en  vois  pas  qui  conviennent  mieux  que  les 
Eucalyptus,  mais  il  faudrait  choisir,  dans  le  grand  nombre  des  espèces 
du  genre,  celles  qui  i)Ourraient  s'accommoder  du  terrain.  Si  le  terrain 
est  humide  ou  marécageux,  ce  sont  les  Swamp  gums  qu'il  faudrait 
choisir;  si  le  terrain  est  sec  pendant  la  plus  grande  partie  de  l'année,  il 
faudrait  y  mettre  les  espèces  qui  craignent  l'humidité  stagnante  dans  le 
sol.  Tout  ceci,  bien  entendu,  est  purement  théorique;  il  faudrait  avoir 
séjourné  quelque  temps  sur  les  lieux  pour  savoir  à  peu  près  à  quoi  s'en 
tenir  sur  les  succès  à  attendre  de  ces  diverses  plantations. 

»  Si  elles  réussissaient,  Ouargla  serait  le  lieu  oîi  la  Struthioculture 
aurait  toute  chance  de  prospérer.  On  serait  là  dans  le  climat  de  l'Au- 
truche. Toutes  les  bêtes  curieuses  de  la  Nouvelle-Hollande,  mammifères, 
oiseaux,  reptiles,  mollusques  terrestres  (comestibles),  animaux  à  domes- 
tiquei'  [)Our  la  table  ou  le  plaisir  des  yeux,  seraient  là  comme  dans  leur 
paradis  terrestre.  Mais  je  répète  qu'il  faut  de  l'eau,  encore  de  l'eau,  et 
toujours  de  l'eau,  et  si  M.  Le  Chàtelier  est  assez  heureux  pour  perforer 
le  sol  aux  bons  endroits,  il  aura  rendu  un  service  immense  au  pays,  à  la 
science  et  à  l'industrie.  » 

—  Des  demandes  de  cheptels  sont  adressées  par  MM.  Laniol  et  G.  Lar- 
rieu.  —  Renvoi  à  la  Conunission  spéciale. 

—  M.  Garnot  communique  deux  lettres  par  lesquelles  MM.  Géré  et 
Maurice  de  Muizon  lui  rendent  compte  de  l'élevage  des  Canards  du 
Labrador  qu'ils  ont  reçus.  M.  Géré  a  obtenu  trois  couvées  du  couple  qu'il 
tenait  directement  de  M.  Garnot;  une  couvée  de  8  Canetons,  et  deux  de 
7  chacune. 

M.  Maurice  de  Muizon  a  reçu  de  M.  Jacquemart  (de  Reims)  un  Canard 
et  une  Cane.  «  Le  mâle,  écrit  M.  de  Muizon,  était  beau;  mais  la  Cane 
était  petite  et  tachée  de  blanc.  En  fort  peu  de  temps,  les  Canetons  sont 
devenus  plus  gros  que  leur  mère,  leur  plumage  est  magnifique;  trois  ou 
quatre  d'entre  eux  avaient  quelques  petites  plumes  blanches;  ceux-là  ont 
tous  été  mangés  et  trouvés  fort  bons. 


PROCÈS-VERBAUX.  45 

)  Goniine  j'avais  beaucoup  de  femelles,  j'ai  pu  donner  un  mâle  et 
deux  femelles  au  père  Prieur  de  la  Trappe  d'Egiiey  (membre  de  la 
Société  d'Acclimatation)  qui  m'avait  été  indiqué  pour  recevoir  le  lot 
que  je  devais,  selon  vos  instructions,  donner  à  un  membre  de  notre 
Société. 

>  En  résumé,  la  race  du  Labrador  a  fort  bien  réussi  chez  moi  et  j'es- 
père, l'année  prochaine,  en  avoir  encore  de  meilleurs  résultats.  > 

—  M.  Nelson-Pautier  écrit  de  Lisie  (Uordogue)  :  «  J'ai  l'honneur  de 
vous  envoyer  la  relation  d'une  remar(iue  fortuite  que  j'ai  eu  l'occasion  de 
faire  sur  la  somme  extraordinaire  de  résistance  vitale  présentée  par  le 
Lapin. 

»  Quelle  que  soit  l'invraisemblance  apparente  de  mon  récit,  je  l'assure 
exact,  et  vous  pouvez  y  ajouter  foi.  Je  tiens  d'ailleurs  à  la  disposition  des 
incrédules,  les  témoignages  affirnialifs  des  personnes,  parfaitement  hono- 
rables, qui  ont,  en  même  temps  que  moi,  constaté  le  fait: 

»  Le  mardi  31  octobre  dernier,  je  prêtais  un  superbe  Lapin  étalon, 
de  race  commune  mais  pesant  néanmoins,  alors,  4*"' ,500,  à  un  de  mes 
amis  chez  lequel  je  devais  le  reprendre  le  mercredi  8  novembre.  Ce 
jour-là,  en  ell'et,  au  moment  de  mon  départ  (neuf  heures  du  matin),  le 
Lapin  a  été  placé  dans  le  colfre  de  ma  voiture,  et  ramené  chez  moi.  Ce 
coffre,  très  étroit  et  élevé  de  G'" ,25  seulement,  ne  contenait  absolument 
rien,  et  ne  permettait  à  l'animal  presque  aucun  mouvement. 

î  En  rentrant, j'ai  trouvé  chez  moi  une  lettre  qui  exigeait,  de  ma 
part,  un  voyage  immédiat,  et  je  suis  parti  par  le  premier  train,  oubliant 
de  faire  délivrer  la  malheureuse  bête.  Mon  absence  a  duré  jusqu'au 
13  novembre. 

»  A  mon  retour,  j'avais  quelques  affaires  à  mettre  au  courant,  et  je  n'ai 
point  songé  au  Lapin.  Le  samedi  18  novembre  seulement,  à  deux  heures 
du  soir,  c'est-à-dire  un  peu  plus  de  dix  jours  après  son  incarcération,  je 
me  suis  souvenu  de  la  pauvre  bête,  et,  la  supposant  morte  depuis  plu- 
sieurs jours,  j'ai  donné  l'ordre,  à  mon  domestique,  de  l'extraire  du 
coffre,  et  de  l'enfouir. 

»  Je  supposais  mal.  Le  Lapin  n'était  point  mort,  mais  d'une  maigreur 
telle  qu'il  ne  pesait  plus  que  l'"',380.  11  a  dû  se  nourrir  de  sa  fiente, 
puisqu'il  ne  s'en  est  pas  trouvé  un  atome  dans  le  coffre. 

»  J'ai  placé  aussitôt  ce  Lapin  dans  une  boite,  et  je  lui  ai  présenté  une 
tige  de  carotte  qu'il  a  mangée  très  lentement.  Le  soir,  je  lui  ai  donné 
deux  ou  trois  grammes  de  son.  Le  lendemain  et  les  jours  suivants,  il  a 
reçu,  progressivement,  une  nourriture  plus  abondante,  et,  cinq  jours 
après  sa  délivrance,  il  se  portait  à  merveille. 

»  Aujourd'hui,  il  a  reconquis  sa  vigueur  habituelle,  il  pèse  3'''',900,  et 
a  repris,  depuis  huit  jours,  son  service  d'étalon,  ne  paraissant  conserver 
aucune  trace  de  son  jeune  prolongé.  » 

—  A  l'occasion  de  cette  lettre,  M.  le  Président  rappelle  les  expériences 


46  SOCIÉTÉ  NATIONALE  d'aCCLIMATATION. 

faites  par  M.  Morot,  aujourd'hui  vétérinaire  inspecteur  de  la  Bou- 
cherie de  Paris.  On  doit  à  M.  Morot,  qui  exerçait  précédemment  à 
Semur,  de  curieuses  observations  sur  l'habitude  singulière  qu'a  le  Lapin, 
placé  dans  certaines  conditions,  de  faire  disparaître  ses  excréments, 
qu'on  retrouve  dans  son  estomac  à  l'état  de  pelottes  stercoraires.  L'exis- 
tence de  ces  pelottes  avait  déjà  été  signalée  par  Aristote;  mais  on  en 
ignorait  l'origine.  Le  fait  a  été  soumis  au  contrôle  d'un  vétérinaire  de 
l'École  d'Aï  fort,  qui  en  a  reconnu  la  parfaite  exactitude.  Il  a  été  constaté 
en  outre  que  l'animal  ne  reprend  ses  déjections  qu'au  moment  même  de 
leur  expulsion,  et  avant  qu'elles  ne  soient  tombées  à  terre. 

M.  le  Président  ajoute  que  les  Lapines  mères  nettoient  de  la  même 
façon  leur  nid;  on  a  observé  qu'une  femelle  peut  ainsi  contracter  la 
tuberculose  en  prenant  les  excréments  de  ses  petits  auxquels  on  avait 
inoculé  la  maladie. 

—  M.  le  Président  de  la  Société  Linnéenne  du  nord  de  la  France  trans- 
met le  rapport  suivant,  présenté  à  cette  société  par  M.  Léon  Carpentier 
sur  l'établissement  de  pisciculture  de  M.  Alphonse  Lefebvre  à  Amiens  : 
«  Les  expériences  de  M.  Lefebvre  peuvent  se  diviser  en  deux  catégories  : 
1"  l'élevage  des  poissons  comestibles  indigènes  et  des  espèces  étrangères 
susceptibles  d'être  acclimatées  dans  notre  région  et  dont  la  reproduction 
en  liberté  serait  un  véritable  bienfait  pour  l'alimentation  publique; 
2°  l'élevage  des  poissons  d'ornement,  qui  n'offre  qu'un  intérêt  de  curio- 
sité. 

»  Toute  cette  ménagerie  aquatique  consomme  de  la  chair  de  bœuf  ou 
de  cheval  finement  hachée;  mais  les  alevins  sont  nourris  de  proies  vi- 
vantes, consistant  en  larves  de  tipules,  nais,  cntomostracés  d'eau  douce 
et  autres  petits  animaux  aquatiques. 

))  Les  appareils  d'éclosion  sont  disposés  dans  un  local  spécial  oîi  se 
trouvent  aussi  plusieurs  grands  aquariums  dans  lesquels  l'eau  se  renou- 
velle incessamment,  et  où  les  jeunes  poissons  acquièrent,  sous  l'œil  de 
l'observateur,  une  taille  suffisante  pour  pouvoir  être  lâchés  dans  la  ri- 
vière qui  arrose  la  propriété. 

»  Ombles-Chevaliers.  —  Ce  beau  poisson  croît  assez  rapidement;  mais 
il  est  assez  difficile  à  élever  jusqu'à  la  résorption  de  la  vésicule  ombi- 
licale. Beaucoup  d'alevins  périssent  par  suite  d'un  gonflement  anormal 
de  cette  vésicule  qui  se  trouve  alors  entourée  d'une  seconde  enveloppe 
renfermant  une  quantité  relativement  considérable  d'eau  albuminée. 

j)  M.  Lefebvre  a  réussi  à  sauver  d'une  mort  certaine  une  cinquantaine 
d'alevins  malades,  en  crevant  avec  précaution  l'enveloppe  extérieure  de 
la  vésicule,  d'où  s'échappait  un  liquide  séreux. 

»  Cette  petite  opération  chirurgicale  mérite  d'être  portée  à  la  connais- 
sance des  pisciculteurs  qui  ont  dû  observer  cette  maladie  dans  leurs 
élevages  d'Ombles-Chevaliers. 

j»  Vn  certain  nombre  de  ces  poissons,  nés  du  10  au  20  février  1881, 


PROCÈS-VERBAUX.  47 

J'œufs  reçus  d'Huningue,  mesurent  aujourd'hui  de  12  à  22  centimètres 
de  longueur. 

»  Truites.  —  M.  Lefebvre  a  obtenu  de  nombreuses  éclosions  de  cet 
excellent  poisson.  Dans  un  compartiment  de  la  rivière,  on  voit  18  Truites 
de  25  à  30  centimètres  de  longueur.  Elles  proviennent  d'œufs  fécondés 
artificiellement  le  15  novembre  1879,  éclos  en  février  1880.  Le  reste  de 
cette  édosion  a  été  lâché  dans  le  bassin  de  la  Hotoie. 

»  D'autres  individus,  hybrides  de  la  Truite  commune  et  de  la  Truite 
des  lacs,  longs  de  15  à  20  centimètres,  proviennent  d'œufs  fécondés  le 
15  novembre  et  éclos  au  commencement  de  janvier  1881. 

»  Plusieurs  sujets  ont  atteint,  dans  la  petite  rivière,  une  taille  de  35  à 
45  centimètres  de  longueur,  et  un  poids  de  600  grammes  à  1  kilo- 
gramme. 

»  Sahno  fontinalis.  —  Environ  200  individus  de  cette  espèce  pro- 
viennent d'œufs  envoyés  par  la  Société  d'Acclimatation.  Tous  ces  pois- 
sons, malgré  leur  différence  de  taille  (5  à  16  centimètres  de  longueur), 
sont  de  la  même  éclosion  (février  1882).  L'envoi  se  composait  de  1611  œufs 
dont  6  ne  sont  pas  éclos,  17  jeunes  sont  morts  avant  la  résorption  de  la 
vésicule  ombilicale,  et  1588  sont  arrivés  à  l'état  d'alevins,  et  ont  été 
placés  dans  un  grand  aquarium,  le  17  mars,  puis  dans  la  rivière,  le 
20  juillet.  11  en  restait  alors  1185. 

»  Éperlaus.  —  M.  Lefebvre  a  aussi  tenté  d'élever  l'Éperlan  de  Seine; 
mais  cette  espèce,  localisée  dans  les  larges  estuaires,  ne  pouvait  trouver 
en  captivité  les  conditions  nécessaires  à  son  existence.  7  individus  reçus 
le  7  novembre  1881,  ont  vécu  5  mois  dans  un  bassin.  Au  commencement 
d'avril,  la  laitance  des  mâles  s'échappait  facilement;  c'est  alors  qu'ils 
furent  attaqués  par  le  byssus  qui  les  fit  périr  avant  que  les  œufs  de  la 
femelle  fussent  tout  à  fait  mûrs;  celle-ci  ne  tarda  pas  à  éprouver  le 
même  sort.  11  est  douteux  que  ce  petit  salmonide  puisse  s'acclimater 
dans  nos  eaux. 

»  Macropodes.  —  Un  grand  nombre  de  ces  jolis  poissons  provenant  de 
plusieurs  générations,  sont  logés  dans  un  large  aquarium.  La  fécondité 
de  cette  curieuse  espèce  est  remarquable,  et  sa  croissance  est  très  rapide. 
Un  couple  de  Macropodes  nés  le  14  mars  1876,  et  mis  à  part  le  14  août 
suivant,  avait  des  .jeunes  cinq  jours  après.  Malheureusement  la  tempéra- 
ture assez  élevée  qu'exige  ce  poisson,  nuira  à  sa  propagation  dans  les 
aquariums.  Les  amateurs  lui  préfèrent  les  espèces  rustiques  pouvant  se 
passer  de  bassins  chauffés... 

))  Un  des  aquariums  offre  un  spectacle  des  plus  intéressants  :  c'est  la 
réunion  des  métis  de  Cyprins  dorés  de  la  Chine  avec  sa  variété  mons- 
trueuse, connue  sous  le  nom  de  Télescope.  Les  individus  obtenus  par  ce 
croisement,  au  nombre  d'environ  trois  cents,  présentent  une  infinie  va- 
riété de  formes,  rappelant  un  ou  plusieurs  des  caractères  du  type  téles- 
cope :  ventre  ballonné,  yeux  saillants,  queue  double. 


48  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

»  M.  Lefebvre  a  compris  le  haut  intérêt  du  repeuplement  de  nos  rivières, 
et  si  les  effets  n'ont  pu  s'en  faire  sentir  jusqu'à  présent  qu'en  de  rares  en- 
droits, il  faut  en  attribuer  la  cause  à  la  mauvaise  qualité  d'une  grande 
partie  de  nos  eaux  courantes,  empoisonnées  par  les  égouts  d'usines  dans 
les  environs  d'Amiens. 

»  Nous  avons  cependant  la  conviction  que  M.  Lefebvre  trouvera  un 
champ  d'expériences  assez  vaste  pour  acclimater  dans  noire  pays  les 
belles  espèces  de  Salmonidés  et  en  repeupler  nos  cours  d'eau. 

ï  La  Société  d'Acclimatation,  qui  a  déjà  fait  participer  notre  collègue 
aux  distributions  d'œufs  de  poissons  qu'elle  envoie  généreusement  aux 
pisciculteurs,  au  moment  du  frai,  continuera,  nous  l'espérons,  à  lui 
mettre  en  mains  de  nouveaux  sujets  d'étude,  qu'il  saura  utiliser  avec 
intelligence.  » 

—  M.  Von  Behr,  président  de  la  Société  allemande  de  pisciculture, 
écrit,  à  M.  le  Secrétaire  des  séances  :  «  Le  lac  de  Garde  possède  deux 
espèces  délicieuses  de  Truite  :  d'abord  la  vraie  Trutta  lacustris,  qui  fraye 
très  tard,  et  puis  le  Carpione  {Farlo  Carpio),  curieuse  espèce  qui  fraye 
soit  en  juillet,  soit  en  décembre. 

î  J'en  ai  commandé  des  œufs,  et  je  vous  enverrai,  probablement  en 
janvier,  2000  Trutta  lacustris  et  3000  Carpioni. 

»  Vous  recevrez  aussi  des  œufs  de  petite  3Iaraene  [Coregonus  al- 
bula).  î 

—  M.  Zenk,  directeur  de  l'Association  de  pisciculture  de  la  Basse- 
Franconie,  annonce  l'envoi  qu'il  a  l'intention  de  faire  à  la  Société  d'ale- 
vins de  Sandre  [Lucioperea  aandra). 

—  M.  Raveret-Wattel  fait  ressortir  l'intérêt  qui  s'attacherait  à  l'intro- 
duction du  Sandre  dans  certaines  eaux  closes,  oîi  cette  belle  et  bonne 
espèce  de  Percoïde,  du  centre  et  du  nord  de  l'Europe,  réussirait  proba- 
blement fort  bien,  pourvu  qu'elle  y  trouve  une  eau  pure,  autant  que 
possible  un  fond  de  sable,  et  surtout  une  nourriture  abondante,  car  elle  est 
extrêmement  vorace.  «  Le  Sandre  ou  Brochet-Perche,  ajoute  M.  Raveret- 
Wattel,  rappelle,  comme  son  nom  l'indique,  d'un  côté  le  Brochet  par 
ses  formes  élancées,  par  sa  tête  allongée  et  par  ses  grandes  dents  ;  de 
l'autre,  la  Perche  par  ses  écailles  rugueuses,  par  la  forme  et  la  disposition 
de  ses  nageoires  dorsales  et  par  les  taches  de  ses  flancs.  Puissamment 
armé,  atteignant  rapidement  une  forte  taille,  et  toujours  poussé  par  un 
appétit  insatiable,  le  Sandre  exerce  continuellement  autour  de  lui  de 
terribles  ravages.  11  est  aisé  de  comprendre  quelle  énoi'me  destruction 
de  poissons  doit  faire  un  Carnivore  qui  atteint,  en  peu  de  temps,  une  lon- 
gueur de  3  à  4-  pieds,  avec  un  poids  de  i25  à  30  livres.  Évidemment  on  ne 
saurait  songer,  à  cause  de  sa  voracité,  à  introduire  une  pareille  espèce 
dans  nos  rivières  déjà  si  dépeuplées;  mais  elle  aurait  sa  place  indiquée 
dans  des  eaux  closes,  riches  en  poisson  blanc.  » 

—  A  cette  occasion,  M.  Raveret-Wattel  signale  un  nouveau  règlement 


PROCÈS-VERBAUX.  49 

sur  la  pêche,  récemment  mis  en  vigueur  en  Italie  (i),  règlement  qui  in- 
terdit d'introduire  toute  nouvelle  espèce  de  poisson  dans  un  cours  d'eau 
sans  avoir  obtenu  la  permission  du  Préfet,  lequel  doit,  avant  de  l'accor- 
der, prendre  l'avis  du  Conseil  provincial  et  de  la  Chambre  de  commerce. 

—  M.  Sanford,  de  Washington,  met  à  la  disposition  de  la  Société  des 
noix  de  Pacanier  provenant  de  ses  propriétés.  «Le  Pacanier,  écrit 
M.  Sanford,  est  très  répandu  dans  les  forêts  du  Texas  et  on  en  exporte 
beaucoup  de  noix  vers  le  Nord,  où  elles  sont  très  goûtées  comme  fruits 
de  dessert.  Mais  les  meilleures  sont  celles  qui  viennent  des  arbres  cul- 
tivés; elles  sont  plus  grosses,  les  arbres  sont  aussi  plus  grands.  J'en  ai 
une  douzaine;  ils  sont  superbes.  .)e  serai  très  heureux  d'avoir  été  utile 
à  l'introduction  de  cet  arbre  en  France. 

»  J'avais  d'abord  supposé  qu'il  était  impossible  de  le  faire  végéter 
dans  un  pays  aussi  froid  que  la  Belgique.  Mais  les  amis  auxquels,  il  y  a 
une  douzaine  d'années,  j'ai  donné  de  ces  noix  ont  obtenu  des  arbres 
très  beaux. 

»  Chez  nous  ils  croissent  très  vite,  et  en  Flandre  il  y  en  a  qui  ont  pro- 
duit des  fruits  dès  l'âge  de  huit  ans.  Je  suis  persuadé  qu'au  sud  de  la 
France,  le  Pacanier  deviendra  un  grand  et  bel  arbre. 

»  Je  vous  adresserai  prochainement  des  noix  pour  semis.  » 

—  M.  Charles  iNicolas,  professeur  d'agriculture  à  Oran,  demande  à 
prendre  part  aux  concours  de  la  Société,  et  transmet  un  catalogue  des 
végétaux  cultivés  au  champ  d'études  de  la  Lunette  de  la  Gampana. 

—  M.  Humbert,  instituteur  à  Baddou  (Haute-Saône),  adresse  un  rap- 
port détaillé  sur  les  essais  de  culture  en  1881-1882. 

—  M.  Raoul  de  Cazenove  écrit  de  Bal  mont  (Rhône)  :  «  J'ai  l'honneur  de 
vous  adresser  le  tiers  de  ma  récolte  de  Soja,  provenant  du  cheptel  de 
graines  qui  m'avait  été  confié,  il  y  a  deux  ans,  par  la  Société.  J'espère 
étendre  davantage  cette  culture  l'an  prochain.  Le  second  semis  a  été 
fait  fin  mars,  à  l'exposition  du  sud-sud-ouest,  sur  une  terre  de  7  pour  100 
de  déclivité,  sous-sol  granitique,  terre  argilo-calcaire,  anciennement 
fumée  et  contenant  assez  d'humus.  La  récolte  de  chaque  pied  a  été 
de  15  à  25  gousses,  le  plus  ordinairement  contenant  deux  pois,  très 
rarement  quatre. 

»  Une  terre  plus  légère  que  celle  dont  je  dispose,  par  exemple  le 
terrain  sablouneux,  dit  siz,  dans  les  Cévennes,  provenant  de  la  désagré- 
gation du  granit,  convient  beaucoup  mieux  au  Soja,  ainsi  que  je  m'en 
suis  assuré  par  un  essai. 

»  En  règle  générale,  la  terre  bonne  pour  l'asperge  est  bonne  pour  le 
Soja.  Mes  graines  de  Rhubarbe  du  Thibet  n'ont  pas  réussi;  quant  aux 

(l)  Ri'glcment  du  13  juin  1880  concernant  la  pêche  maritime  et  nuriale 
(voy.  Annuaire  de  législalion  étramjàre,  1881,  p.  311,  312,  et  bulletin  des  Ira- 
vaux  publics,  août  1882,  p.  148). 

3"  SÉltiE,  T.  X.  —  Janvier  1883.  4 


50  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

fèves  Agua-Dulce,  elles  ont  réussi  partiellement,  mais  les  plantes  ont  été 
attaquées  par  les  limaces  et  nia  récolte  a  été  infime  ;  mon  terrain  est 
peut-être  trop  sec  pour  cette  légumitieuse  des  plaines  marécageuses  de 
la  Lombard ie.  d 

—  M.  Charlfes  Baltet  écrit  de  Troyes  :  «Je  tiens  à  la  disposition  de  la 
Société  un  lot  de  graines  (baies)  de  Lo-za  {Rkamnus  utilis),  arbrisseau 
rustique  qui  produit  le  vert  de  Chine.  » 

—  M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  dans  laquelle  M.  Vavin 
signale  un  remède  contre  la  rage,  dont  l'indication  aurait  été  donnée  à 
l'Académie  des  sciences  il  y  a  déjà  plusieurs  années.  M.  le  Président  veut 
bien  se  charger  de  faire  recherther  cette  communication  dans  les 
archives  de  l'Académie. 

—  M.  Raveret-Watlel  appelle  l'attention  de  la  Société  sur  les  diffi- 
cultés que  présente  le  repeuplement  des  cours  d'eau  dans  l'état  actuel 
des  choses,  et  il  fait  ressortir  la  nécessité,  pour  la  pisciculture,  d'entrer 
dans  une  voie  franchement  industrielle  par  l'exploitation  des  eaux  closes. 
Il  entre,  à  ce  sujet,  dans  quelques  détails  descriptifs  sur  plusieurs  éta- 
blissements de  pisciculture,  qui,  de  création  relativement  récente,  à 
l'étranger,  donnent  des  produits  très  rémunérateurs.  Il  mentionne  éga- 
lement l'établissement  créé  dans  le  département  de  l'Ain,  par  ftl.  Lu- 
grin,  de  Genève,  établissement  où  se  trouve  mis  en  usage  un  procédé 
très  ingénieux  pour  fournir  au  poisson  une  nourriture  animale  à  bon 
marché.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Saint-Yves  Ménard  signale  un  fait  curieux  de  lactation  prolongée 
observée  au  Jardin  d'Acclimatation,  chez  une  Vache  de  race  Schwitz, 
castrée  d'après  le  procédé  de  M.  Charlier.  Cette  Vache  a  donné  en  quatre 
ans  12  594  litres  d'un  lait  beaucoup  plus  riche  que  celui  de  certaines 
Vaches  normandes  considérées  comme  très  bonnes  laitières. 

M.  Saint-Yves  Ménard  ajoute  que  la  castration  facilite  en  outre  l'en- 
'gfaissement.  Un  embonpoint  considérable  se  manifeste  dès  que  s'arrête 
la  lactation,  et  il  est  probable  que  la  viande  gagne  aussi  en  qualité. 

SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  19  JANVIER  1883. 
Présidence  de  À.  Henri  BoULEY,  Président. 

Le  \)rocès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvellement  ad- 
mis par  le  Conseil,  savoir  : 

M.  PRÉSENTATEURS. 

,     ,  .     iwA   /  L.  Binder. 

Benoit  (Constant^,  avoue,  4,  avenue  de  W-  \  ^  ^^^^^^^^  Saint-Hila.re. 

pera,  à  Pans.  (  Saint- Yves  Ménard. 


PROCÈS-VERBAUX.  51 

MM.  PRÉSKNTATEUKS. 

Blancherais   (Henry    de   la),    propriétaire,  /  A.  Berthoule. 

membre   du  Conseil  municipal,  à  Cannes  }  J.  Cornély. 

(Alpes-Maritimes).  '  Raveret-Wattel. 

,.,     .  ,  . ,,  .       ,  „  .    l  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Cantrelle  (Alexis),  propriétaire,  a  beauvais  )   .    n    f 

\  A.  t  orte. 

^        ^'  (  Saint- Yves  Ménard. 

Desmatte    (Alexandre-Auguste),    professeur  (  ,   ^     „      c  •  .  n-i  • 

.     ^  ,,    ®        ,     ,     ,-,,     ,      l  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

des  sciences  naturelles    au  lycée  tnarle-  i  ^,    ,       ,. 

.0,1         1    ..  •      r.         •       '  (  Cn.  Leno-lier. 

magne,    13,   boulevard    Saint-Germain,   a/  q  •   .  v       m'      .1 

^^     ,  ,  f  oaiut~\ves  Menarcl. 

Pans.  V 

,,  /,^     .     V  ■■,  ■       A"  I    (  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

DUBUISSON  (Eugène),  propriétaire,  1/,  rue  de  \  •' 

•w^  1  <     r\        •  S     J  0  U  îl  II  11  0 . 

Presbourg,  a  Pans.  /    a    r>     ■ 

^'  [  A.  Porte. 

■^     •  .V  ./.Il         110,         /  L.  Binder. 

Lamy  (David),  avoue,  6,  boulevard  de  blras-  (|  .    ^     ^      ,.  -  ,  ,,.,  . 

,  ^    .  <  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

bourg,  a  Pans.  I  c  ■  ,  v       m  ■      a 

^'  \  baint-Yves  Menard. 

,r  ,     s  • .    •        t  K. .  {H.  Bouley. 

Leudet  (Léon),  propriétaire,  4,  rue  Menars,  \    .    ^     <«-      c      „  tii  ■ 

.^        />  r    r  >    »  '  )  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

(  Saint- Yves  Ménard. 

,    ^     ,„^  r.  •     T       .   A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Maisonneuve  (Charles),  13"2,  rue  Saint-Lu-  •»   »    p   .• 

zare,  à  Paris,  et  à  Nantes  (Loire-Inférieure).  )  ^  •  .  v       ai-      j 
'  '  ^  \  Saint-Yves  Menard. 

Mahieux  (E.  j.  a.),  caissier  de  la  Société  des  ^  A.  Dieu. 

ï)épôts  et  Comptes-courants,  63,   avenue  j  Gaudinot. 

de  Neuilly,  à  Neuilly.        "  (  Jouenne. 

»r  .,.•       .  •.    ■      .or>  1    Lesesne. 

Mallassagne  (Pierre),  propriétaire,  139,  ave- ^   . 

nue  de  Neuilly,  à  Neuilly  (Seine).  f  o  •  *  a-       a«  -       j 

■"  J  V         /  ^  Saint-\ves  Menard. 

,.,,,,      ,       .        r-   ,     ,        J  /  A.  Berthoule. 
Maquaire  (Amedee),  négociant,  o,  boulevard  \  ,.      •      n-       1 
,"  ,  •  L    ■  l  Maurice  Girard, 

de  Strasbourg,  a  Pans.  /  c  •  »  v       m  -       j 

°'  V  Saint- Yves  Menard. 

,„        ,  ...        ,a^-,  i  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

MoussET  (Pierre),  propriétaire,  127,  avenue  \   .    p         ' 

de  Neuilly,  à  Neuilly  (Seine).  ^  Saint-Yves  Ménard. 

RotViÈRE   (Jacques-Albert),  ingénieur  civil,  /  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

lauréat  de  la  prime  d'honneur  du  Tarn,  à  .  Maurice  Girard. 

Mazamet  (Tarn).  '  A.  Porte. 

SnARLAND  (Hubert-Henry),  propriétaire,  à  la  /  A.Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Fontaine-SaintrCyr,  près  Tours  (Indre-el-  |  A.  Porte. 

Loire).  (  Saint-Yves  Ménard. 

r.  ,^.  .  «  »T        f  A.  Berthoule. 

SOLLER  (Charles),  explorateur,  7,  rue  Nou-  \  ^^^^^  Grisard 

^^"^'  ^  P^"^-  Ravcret-Waltel. 


M.  PRÉSENTATEURS 

A.  Blot. 
Gleize. 


52  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

M. 

VioT  (Antoine-Eugène),  ancien   notaire,  62, 

rue  Charles-Lalitte,  à  Neuillv  (Seine).  i  "'T"""'         ,, ,       , 

■>  ^         ^  \  Saint- Yves  Menard. 

—  M.  le  docteur  Bertoni  adresse  des  remerciements  au  sujet  de  sa 
récente  admission. 

—  M.  le  Ministre  de  la  Marine  annonce  qu'il  vient  d'attribuer  à  la 
Société  un  exemplaire  de  la  Flore  de  la  Cochinchine,  par  M.  Pierre.  — 
Remerciements. 

—  Des  demandes  de  cheptels  sont  adressées  par  MM.  le  vicomte  de 
Bruce,  Dodemont-Delloye,  Fabre,  Desroches,  Le  Pelletier,  Léon  Menant, 
Nelsou-Pautier  et  le  marquis  de  Pruns. 

—  M.  Jourdan  écrit  de  Voiron  (Isère):  «  Le  17  juillet  dernier,  dans 
une  éclosion  de  poussins  de  la  race  pure  de  Langshan,  j'ai  obtenu  un 
jeune  Coq  revêtu  de  soies  au  lieu  de  plumes. 

»  Si  j'avais  eu  chez  moi  la  race  nègre,  j'aurais  pu  croire  à  un  rappro- 
chement entre  les  deux  espèces;  mais,  depuis  cinq  ans,  je  n'ai  plus  de 
volailles  nègres.  Les  parquets  où  sont  les  Langshan  leur  sont  spéciale- 
ment affectés;  d'ailleurs,  c'est  à  ce  jour  la  seule  espèce  à  laquelle  j'ai 
accordé  toute  ma  préférence. 

»  Sans  que  j'aie  l'espoir  que  le  Coq  dont  je  parle  obtienne  la  taille  et 
le  poids  de  son  père  (5''"300  au  18  mars),  il  est  d'une  jolie  force,  très 
fier:  il  porte  bien  la  tête,  qui  est  ornée  d'une  jolie  crête  et  d'oreillons 
qui  sont  d'un  rouge  des  plus  intenses  ;  tout  le  corps  est  bien  fourni  de 
soies,  qui  sont  d'un  noir  de  charbon;  les  tarses  et  les  pieds  sont  bien 
garnis  de  ces  mêmes  soies, 

•»  Je  crois  qu'avec  ce  Coq,  qui  est  très  ardent,  il  serait  facile  de  créer 
et  au  besoin  de  fixer  une  race  par  des  sélections  bien  comprises.  Reste  à 
savoir  s'il  n'y  a  pas  là  simplement  une  bizarrerie.  » 

—  M.  Croq  écrit  de  la  Grande-Métairie  (Vienne)  :  «  Depuis  deux  ans, 
je  m'occupe  de  l'élevage  de  Perdrix  rouges,  surtout  de  la  Perdrix  rouge 
Bartavelle.  Deux  couples  de  deux  ans  ont  pondu  cette  année  ;  la  fe- 
melle de  l'un  a  pondu  vingt-sept  œufs  et  l'autre  neuf.  C'est  assez  rare 
à  l'état  domestique,  tous  les  œufs  étaient  bons;  j'en  ai  élevé  vingt  et 
un,  qui  sont  tous  bien  portants,  et  que  je  lâcherai  après  la  clôture  de 
la  chasse.  » 

—  M.  de  Behr,  Président  de  la  Société  allemande  de  pisciculture, 
annonce  les  envois  qu'il  compte  faire  faire  prochainement  à  la  Société 
d'œufs  embryonnés  d'Omblc-Chevalier  {Salmo  salveliniis)  et  de  deux 
espèces  de  Truite  :  Salmo  lacustris  et  Salmo  carpio,  provenant  du  lac 
de  Garde. 

—  M.  le  Secrétaire  des  séances  fait  connaître  que  les  œufs  annoncés 
par  M.  de  Behr  sont  déjà  arrivés;  ils  étaient  en  parfait  état,   et  ont  été 


FROCÈS-VERBAUX.  53 

distribués  sans  retard.  M.  Raveret-Wattel  donne  à  cette  occasion  les 
renseignements  ci-après  : 

«  La  Truite,  connue  eu  Italie  sous  le  nom  de  Carpione,  est  une  belle 
et  bonne  espèce,  dont  la  réputation  était  déjà  établie  du  temps  de  Linné 
et  de  Block,  qui  la  désignent  sous  les  noms  de  Salmo  carpio  et  de 
Fario  carpo.  Heckel  est  également  d'avis  que  c'est  bien  une  espèce 
distincte  (et  non  une  simple  variété  locale),  très  voisine,  d'ailleurs,  delà 
Truite  des  lacs  [Salmo  lacustrls).  On  la  trouve  presque  dans  tous  les  lacs 
du  Tyrol  et  de  la  Haute-Italie,  avec  une  autre  espèce  spéciale,  elle  aussi, 
à  la  même  région  :  la  Truite  à  joues  rayées  {Salmo  genivittatus).  Les 
Carpioni  du  lac  de  Garde  sont  particulièrement  estimés;  la  chair  en ^ 
est  très  saumonée.  Cette  espèce,  qui  n'atteint  pas  une  très  forte  taille, 
a  les  écailles  assez  grandes  et  le  corps  maculé  de  petites  taches  noirâ- 
tres. Elle  se  plait  surtout  dans  les  eaux  très  profondes. 

»  D'après  M.  Ganevari,  Président  de  la  Société  de  pisciculture  du  lac  de 
Garde,  elle  fraye  dans  le  lac  même,  au  lieu  de  remonter  dans  les  cours 
d'eau,  comme  le  fait  la  Truite  des  lacs,  au  moment  de  la  reproduction. 
Des  essais  d'acclimatation  de  ce  poisson  vont  être  faits  dans  les  lacs  de 
l'Allemagne  du  Nord  où  le  Salmo  lacustris  n'a  pas  donné  jusqu'à  présent 
des  résultats  très  satisfaisants,  malgré  la  nature  des  fonds,  composés  de 
sable  et  de  gravier. 

»  L'Omble-Chevalier  {Salmo  umbla,  S.  salvelinus),  souvent  désigné 
en  Allemagne  sous  le  nom  de  Truite  rouge  {Rothforolle),  est  un  poisson 
moins  actif,  moins  carnassier  que  la  Truite.  Gomme  il  varie  beaucoup  sui- 
vant l'âge,  le  sexe  et  les  localités,  on  a  cru  souvent  devoir  en  distinguer 
plusieurs  espèces.  On  le  trouve  dans  beaucoup  de  lacs  aux  eaux  claires 
de  la  Haute.-Autriche  et  du  Tyrol,  en  Bavière  et  en  Suisse.  11  se  montre 
aussi  dans  les  lacs  des  monts  Carpathes,  jusqu'à  une  hauteur  de  "2000 
mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Sa  croissance  est  assez  rapide, 
bien  qu'elle  n'égale  pas  toutefois  celle  de  la  Truite  des  lacs.  La  chair 
est  plus  ou  moins  saumonée,  parfois  tout  à  fait  blanche,  selon  la  saison, 
la  région,  et  surtout  la  nature  de  l'eau;  mais  elle  est  toujours  d'excel- 
lente qualité.  Les  Salvelais  du  lac  Fuschler,  aussi  bien  que  ceux  du  lac 
Hinter,  près  de  Berchtesgaden,  se  distinguent  par  leur  rapide  développe- 
ment; parfois  on  en  pêche  qui  atteignent  jusqu'à  10  ou  12  kilogrammes. 
La  pêche  se  fait  avec  de  grandes  seines,  manœuvrées  par  deux  bateaux. 
Beaucoup  d'établissements  de  pisciculture  de  l'Allemagne  élèvent  des 
métis  d'Omble-Chevalier  et  de  Truite,  qui  donnent  des  résultats  très 
satisfaisants  sous  le  rapport  de  la  rapidité  de  croissance. 

»  Dans  la  Haute-Aulriche,  on  ne  féconde  guère  artificiellement  les 
œufs  d'Omble-Ghevalier  qu'avec  de  la  laitance  de  Truite  de  ruisseau 
{Salmo  fario).  » 

—  M.  Louis,  maire  de  Saint-Germain-sous-Cailly,  régisseur  du  domaine 
de  Gouville  (Seine-Inférieure),  adresse  le  rapport  suivant  :  «  L'établis- 


54.  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

sèment  de  pisciculture  de  Gouviile,  toujours  eu  voie  de  développement, 
est  arrivé  cette  année  à  faire  reproduire  des  alevins  de  vingt  mois,  ap- 
partenant à  diverses  espèces. 

))  Des  Salmo  fontinalis,  reçus  d'Amérique  il  y  a  deux  ans,  ont  repro- 
duit cette  année  ;  six  femelles  ont  donné  oOUO  œufs,  dont  2750  sont  par- 
faitement éclos  et  ont  donné  des  alevins  très  vigoureux. 

»  Il  y  a  aussi  à  l'établissement  des  Truites  de  différentes  espèces,  dont 
on  recueille  les  œufs  en  ce  moment. 

»  Nous  avons  obtenu,  en  poissons  de  vingt  mois,  plusieurs  spécimens 
mesurant,  de  l'œil  à  la  naissance  delà  queue,  de  33  à  38  centimètres 
de  longueur,  et  d'un  poids  variant  de  300  à  500  grammes. 

»  Les  espèces  qui  ont  le  mieux  réussi  sont  :  la  Truite  ordinaire,  laTruite 
dite  d'Ecosse  et  le  S.  fontinalis.  Ces  derniers  sont  les  plus  forts  sujets. 

»  Quant  aux  Saumons,  Truites  des  lacs,  métis  de  Saumons  et  de 
Truites,  les  sujets  qui  nous  restent  sont  beaux,  mais  plus  petits  que  les 
précédents,  et  ils  ont  éprouvé  une  mortalité  de  80  pour  iOO  depuis  l'é- 
closion  jusqu'à  l'âge  d'un  an.  L'Omble-Chevalier  est  à  peu  près  impos- 
sible à  élever;  au  bout  d'un  an,  sur  cent  sujets,  quatre  ou  cinq  à  peine 
subsistent  encore. 

î  Nous  avons  remarqué  que  la  grande  quantité  de  nourriture,  dès  le 
premier  âge,  peut,  en  viciant  l'eau,  faire  un  grand  tort  aux  jeunes  pois- 
sons ;  la  nourriture  doit  donc  être  très  limitée  dans  les  trois  premiers 


mois. 


»  Nous  commencerons  l'année  prochaine  la  vente  des  poissons  éclos 
en  1880  et  en  janvier  et  février  1881.  » 

—  M.  des  Vallières  accuse  réception  et  remercie  de  l'envoi  d'œufs  de 
Truites  des  lacs  qui  lui  a  été  fait. 

—  M.  Ch.  Bureau,  d'Arras,  sollicite  un  lot  de  graines  de  Ver  à  soie  du 
miirier,  de  la  variété  Verdolina  Casati. 

—  M.  Hignet  écrit  de  Varsovie  :  «  Je  viens  rendre  compte  à  la  Société 
d'une  expérience  intéressante  que  j'ai  faite  cette  année  à  Sieltze,  dans 
ma  magnanerie  d'essai.  Vous  savez  que  depuis  quelques  années  je  me 
livre  à  l'éducation  de  Vers  à  soie  sauvages,  notamment  du  Cynthia,  du 
Yama-mài  et  du  Permji.  Le  Cynthia  est  complètement  acclimaté  en 
Pologne  par  sa  transformation  debivoltin  en  univoltin.  Je  viens  d'obtenir 
le  mime  résultat  avec  le  Peniyi,  qui  jusqu'à  présent  avait  résisté  aux 
essais  tentés  pour  empêcher  la  sortie  du  papillon  à  la  fin  de  l'été.  Celte 
année,  une  partie  de  ma  récolte  a  été  soustraite  à  la  loi  du  bivoltisme 
et  attend  à  la  cave  le  retour  de  la  belle  saison.  Les  cocons  que  j'ai  ou- 
verts avaient  leur  chrysalide  vivante  et  bien  vivante,  si  bien  que  je  puis 
espérer  d'avoir  au  printemps  mes  propres  reproducteurs.  Je  ne  vous  en 
serais  pas  moins  très  reconnaissant  de  vouloir  bien,  s'il  est  possible, 
disposer  de  quelques  œufs  en  ma  faveur.  11  faut  prévoir  les  mécomptes, 
car  le  printemps  est  encore  loin.  Si  vous  pouviez  m' envoyer  aussi  quel- 


PROCÈS-VERDAUX.  55 

ques  œufs  d'aulrcs  espèces  sauvages,  je  vous  en  serais  fort  obligé.  J'ai 
disposé  quelques  haies  do  pruniers,  de  noyers,  etc.  ;  j'ai  donc  tous  les 
éléments  nécessaires  pour  tenter  d'aulrcs  acclimatations.  La  graine  du 
Cijntliia  s'est  perdue  chez  moi,  car  j'en  ai  abandonné  l'éducation;  mais 
on  m'en  demande,  et  je  voudrais  pouvoir  répondre  à  ces  demandes  en 
reprenant  mes  éducations  de  ce  Ver. 

))  Vous  ai-je  déjà  parlé  de  la  manière  dont  je  conduis  mes  éducations 
en  plein  air?  Je  place  mes  Vers  sur  des  haies  qui  n'ont  pas  plus  de  six 
pieds  de  hauteur,  et  je  les  protège  avec  des  cadres  mobiles  munis  de 
filets.  Cinq  cadres  font  une  maisonnette  à  claire-voie  :  quatre  pour  les 
parois  et  un  pour  le  toit.  A  ce  premier  abri  s'en  ajoute  un  second, 
lorsque  la  feuille  est  à  peu  près  mangée;  on  enlève  la  paroi  du  milieu 
pour  ne  pas  gêner  la  communication.  Vingt  cadres  peuvent  suffire  à  une 
étendue  considérable  de  haies,  car  ils  se  transportent  au  fur  et  à  mesure 
qu'ils  se  trouvent  ne  plus  rien  avoir  à  protéger.  Les  haies  peuvent  se 
disposer  en  labyrinthe,  pour  en  établir  le  plus  grand  nombre  possible 
sur  un  terrain  donné  et  faciliter  la  surveillance.  C'est  un  mode  d'exploi- 
tation facile  et  peu  coûteux,  et  je  me  demande  si  la  culture  des  Vers  à  soie 
sauvages  n'est  pas  la  sériciculture  de  l'avenir.  Les  Vers  à  soie  du  chêne, 
qui  sont  les  plus  intéressants  de  celle  famille  de  séricigènes,  donnent  une 
soie  plus  abondante  que  le  Ver  à  soie  du  mûrier  et  sont  exposés  à  moins 
de  chances  contraires.  La  soie  en  est  brillante,  nerveuse,  et,  soumise  à 
une  bonne  préparation,  lutterait  avantageusement  avec  celle  du  mûrier. 
Quant  à  moi,  je  renoncerai  sans  doute  au  Ver  du  mûrier  (qui  ne  prend 
pas  en  Pologne  à  cause  des  soins  minutieux  qu'il  exige),  pour  pousser  à 
la  culture  du  Yama-maï  et  du  Permfi,  —  du  Pernjji  surtout,  car  le 
Yama-mni  éclôt  trop  tôt  pour  notre  climat  et  ne  pourrait  s'élever  qu'à 
la  condition  de  commencer  l'éducation  dans  une  espèce  de  serre  froide 
où  l'on  jtlanterait  des  taillis  de  chênes  pour  en  hâter  la  végétation.  Du 
reste,  cette  condition  est  facile  à  remplir;  il  en  coûterait  moins  pour  éta- 
blir une  serre  de  ce  geiu'e  que  pour  construire  une  magnanerie  avec  tous 
ses  accessoires. 

»  J'appelle  l'attention  de  la  Société  sur  un  travail  très  intéressant  d'un 
sériciculteur  du  midi  de  la  France,  M-  Victor  UoHat,  de  Collioure  f  Py- 
rénées-Orientales), qui,  lui  aussi,  se  préoccupe  de  la  guérison  des  ma- 
ladies (lu  Ver  à  soie,  et  la  trouve  dans  le  traitement  qu'il  fait  subir  à  la 
graine  immédiatement  à  partir  du  moment  delà  ponte.  Les  théories  de 
^.  Piollat  sont  exposées  dans  d^tix  brochures  qui  ont  paru  à  Perpignan 
e^  1875  et  1881,  sous  le  litre  :  Mdtkode  pratique  contre  les  maladies 
lies  V(^i'S  à  soie  —  et  Embryologie.  La  méthode  de  M.  Ilollat  consiste  à 
donnera  l'œuf  la  |»lns  gi'ande  somme  de  chaleur  atmosp|iéri([iie  possibb; 
pendant  les  mois  de  juin,  juillet,  et  août;  à  abaisser  cette  température 
jusqu'4  15  degrés  centigrades  (température  de  l'œuf)  jusqu'au  mois  de 
décembre,   puis  arriver  à  la  température  de  5  à  6  degrés,  qui  réveille 


56  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

l'activité  embryonnaire  dans  l'œuf.  Je  ne  puis  vous  indiquer  que  très 
succinctement  le  procédé:  il  faut  lire  la  brochure.  M.  Rollat  m'a  envoyé 
de  sa  graine,  qui  a  bonne  apparence  et  me  paraît  être  supérieure  à  la 
mienne.  Pour  M.  Rollat,  le  corpuscule  de  M.  Pasteur  a  peu  d'impor- 
tance. Une  graine  traitée  d'après  sa  méthode  donnera  des  Vers  sains  et 
robustes  et  bons  fdeurs.  » 

—  MM.  le  comte  de  la  Villebrune,  P.  Mathey,  E.  Vavin,  Guillin,  Guil- 
laume et  R.  de  Cazenove  demandent  à  prendre  part  à  la  distribution  des 
graines  annoncées  dans  la  Chronique. 

—  M.  Latour  Marliac  écrit  du  Temple  :  «  Le  rapport  que  je  compte 
vous  adresser  sur  mes  cultures  de  Rambous  traitera  de  nombreuses  es- 
pèces ou  variétés  nouvelles  et  inédites,  dont  le  tempérament  n'est  pas 
assez  dessiné  et  les  caractères  suflisamment  révélés  pour  les  classer  sans 
équivoque  parmi  les  Rambous  vrais  cespiteux,  les  Phyllostachys  ou  les 
Arundinarias. 

»  Afin  de  vous  donner  un  petit  aperçu  du  cadre  que  j'aurai  à  remplir, 
je  vous  transmets  la  liste  de  ma  collection  actuelle  de  Rambusacées  : 

>  1.  Arundinacea.  —  2.  aurea.  —  3.  Cago-zasa  (inédit).  —  4.  fal- 
cata.  —  5-  flexuosa.  —  6.  Fortunei  foins  argentés  variegatis.  — 
7.  gracilis.  —  8.  Ha-tsikou  (inédit).  —  9.  Hobi-tsikou  (inédit).  — 
10.  Himalayensis.  —  H.  Japonùa.  —  12.  metake.  —  13.  mitis.  — 
14,  Mà-sà. — 15.  nana.  —  16.  nigra.  —  17.  quadrangularls.  — 18.  Qui- 
IIqI,  —  19.  Ragamowlskii.  —  20.  Rô-tsikou  (inédit).  —  21.  scriptoria. 

22.  Simoni.  — 23.  spinosa.  — 24.  sulphurea.  —  25.  Thamnocalamus 

spathiflorus.  —  26.  Thouarsi.  —  27.  violacea.  —  28.  violasccns.  — 
29.  verticMata.  —  30.  viridi-glaucescens.  —  31.  viridi-striata.  — 
32.  vittata  argentea. 

»  Enfin,  outre  un  assortiment  d'autres  nouveautés  que  j'attends  direc- 
tement du  Japon  au  mois  de  mars,  j'ajouterai  très  prochainement  à  ma 
collection  les  B.  macrosperma  —  Murasaki  dake  (inédit) — et  Thamno- 
calamus Falconeri. 

»  Vous  voyez,  d'après  cette  énumération  sommaire,  que  j'ai  déjà  groupé 
un  assez  grand  nombre  de  Rambusacées,  dont  plusieurs  sont  appelées, 
par  leur  mérite  ornemental,  ligneux  ou  comestible,  à  prendre  une  place 
importante  dans  l'horticulture  et  l'agriculture,  et  que  je  contribue  avec 
zèle  à  la  propagation  de  leur  culture,  que  favorise  et  préconise  à  si  juste 
titre  la  Société  d'Acclimatation.  » 

—  M.  le  Directeur  du  Jardin  zoologique  de  Marseille  rend  compte  du 
résultat  obtenu  des  semences  de  Soya  hispida  et  de  Riz  sec  qui  lui  ont 
été  adressées.  «  J'ai  reçu  le  11  mai  environ  un  litre  de  chaque  graine. 
Ayant  fait  préparer  deux  planches  de  terrain  (bonne  terre  de  jardin)  de 
la  superficie  d'environ  17  mètres  carrés,  l'une,  consacrée  au  Soya,  fut 
tracée  comme  pour  du  Pois,  c'est-à-dire  à  quatre  rangs.  J'y  fis  semer  le 
25  mai  environ  un  demi-litre  de  ces  graines,  qui  levèrent  le  l'^'"  juin, 


PROCES-VERBAUX.  57 

après  avoir  subi  une  première  irrigation  le  28  mai.  Reconnaissant  que 
le  semis  était  trop  épais,  mais  voulant  voir  le  résultat,  je  ne  le  fis  pas 
éclaircir.  j\laturité  complète  fin  septembre;  hauteur,  0"',60  à  0'",70; 
:i  litres  i/2  environ.  Quant  au  Riz,  semé  le  17  mai,  il  a  levé  le  26  mai. 
J'ai  été  obligé  de  l'arracher  le  23  septembre,  sans  qu'il  ait  donné  d'épis.  » 

—  M.  le  Secrétaire  général  dépose  sur  le  bureau  : 

1°  Un  mémoire  adressé  à  la  Société  par  M.  le  baron  de  Sélys-Long- 
cbamps,  président  du  Sénat  belge  et  membre  de  l'Académie  royale  de 
Relgique,  sur  l'état  actuel  de  la  pisciculture  en  Relgiciue  ; 

2°  Un  exemplaire  des  nouvelles  instructions  publiées  par  M.  Odile 
Martin  sur  la  conduite  des  couveuses  artificielles  ; 

3"  Une  lettre  par  laquelle  M.  Tischomiroff,  Président  de  la  section  d'or- 
nithologie de  la  Société  impériale  russe  d'acclimatation,  transmet  un 
rapport  sur  les  travaux  de  M.  Ratacheff,  de  Toula,  qui  s'occupe  avec  le 
plus  grand  succès  d'élevages  d'oiseaux  exoti(jues  et  autres. 

—  M.  Raveret-Wattel  dépose  sur  le  bureau  : 

1°  De  la  part  de  M.  Lonquéty  aîné.  Président  de  la  Chambre  de  com- 
merce de  Roulogne-sur-Mer,  un  exemplaire  du  procès-verbal  de  la 
séance  tenue  pour  la  distribution  solennelle  des  primes  instituées  avec 
le  concours  du  Ministre  de  la  Marine,  en  vue  d'encourager  la  bonne 
préparation  en  mer  du  hareng  de  la  première  pèche  au  Dogger-Rank  ; 

2"  De  la  part  de  M.  le  baron  Von  Mueller,  botaniste  du  gouvernement 
à  Melbourne,  un  sachet  de  graines  à' Eucalyptus  Berkianœ ; 

3°  De  la  part  de  M.  le  comte  Louis  Torelli,  sénateur  du  royaume  d'Italie, 
un  exemplaire  de  l'ouvrage  que  notre  honorable  confrère  vient  de  publier 
sous  le  titre  :  la  Malaria  d'Italia,  et  dans  lequel  il  étudie  les  causes 
du  fléau  et  les  moyens  de  le  combattre.  Comme  moyen  d'assainissement, 
M.  le  comte  Torelli  recommande  particulièrement  les  plantations  d'ar- 
bres, et  surtout  les  plantations  d'Eucalyptus.  Ce  très  intéressant  travail 
est  accompagné  d'une  carte  faisant  connaître  la  distribution  géographique 
de  la  malaria  et  indiquant  par  des  teintes  plus  ou  moins  foncées  le  degré 
d'intensilé  du  fléau. 

M.  Raveret-Waltel  appelle  ensuite  l'attention  de  la  Société  sur  une 
note  récemment  publiée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'insectologie, 
concernant  VEucali/ptus  rostrata,  qui  y  est  signalé  comme  portant  des 
fleurs  nuisibles  aux  Abeilles.  L'empoisonnement  d'un  grand  nombre  de 
ces  insectes  aurait  été  constaté.  Il  paraîtrait  utile  de  charger  la  cinquième 
section  de  recueillir  des  renseignements  sur  ce  fait,  qui  est  en  contra- 
diction avec  l'opinion  généralement  admise,  que  les  fleurs  des  Eucalyptus 
sont  très  favorables  aux  insectes  mellifères.  Tout  récenunenl  encore, 
M.  Ch.  Naudin  (1)  citait  précisément  VEucalijptiis  rustrala  comme  pa- 
raissant appelé,  eu  raison  de  son  abondante  floraison,  à  rendre  des  ser- 

(I)  Voy.  UullelinSoe.  Acd.  1882.,  p.  Cie. 


58  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

vices  aux  éleveurs  d'abeilles.  Peut-être,  ajoute  M.  Raveret-Wattel,  Jes 
observations  n'auront-elles  pas  porté  sur  des  sujets  de  même  espèce,  et 
aura-t-on  confondu  entre  eux  des  arbres  différents.  Il  y  a  lieu  de  remar- 
quer, en  effet,  qu'on  est  assez  peu  d'accord  sur  les  noms  des  Eucalyptus 
déjà  introduits  en  Europe,  et  il  importerait  grandement  que  la  cinquième 
section  s'occupât  de  mettre  de  l'ordre  dans  la  détermination  de  ces 

espèces. 

Tout  en  reconnaissant  l'utilité  d'un  semblable  travail,  et  en  faisant 

des  vœux  pour  qu'il  soit  mené  à  bonne  lin,  M.  Geoffroy  Saint-IIilaire  ex- 
prime la  crainte  qu'on  ne  rencontre  dans  l'exécution  de  cette  tâche  des 
difficultés  fort  sérieuses,  par  suite  du  nombre  considérable  des  espèces 
d'Eucalyptus,  des  ressemblances  très  grandes  qui  existent  entre  beaucoup 
de  ces  espèces,  enfin  des  nombreux  croisements  qui  se  sont  produits  et 
qui  ont  donné  naissance  à  des  types  métis,  lesquels  viennent  encore 
compliquer  la  question. 

—  M.  Raveret-Wattel  signale  à  l'assemblée  l'intérêt  qui  s'attacherait 
îi  l'introduction  de  la  culture  des  Quinquinas  dans  plusieurs  de  nos  colo- 
nies. On  a  longtemps  cru,  dit-il,  qu'en  dehors  de  la  question  du  climat, 
certaines  conditions  d'altitude  étaient  absolument  nécessaires  à  la  végé- 
tation des  Cinchonas.  Or  les  heureux  essais  de  culture  entrepris  à  l'île 
de  la  Réunion  par  M.  Morin,  lauréat  de  la  Société,  et  plus  récemment 
les  importantes  plantations  créées  à  Java  par  les  Hollandais  et  dans  l'In- 
doustan  par  les  Anglais,  ont  prouvé  que  les  Quinquinas  peuvent  être 
cultivés  dans  une  zone  assez  étendue.  Des  milliers  de  balles  d'écorce 
sont  importés  chaque  année  en  Europe  des  Indes  anglaises  et  néerlan- 
daises. D'un  autre  côté,  on  sait  que  dans  l'Amérique  du  Sud,  dans  les 
Andes,  les  Quinquinas  tendent  à  disparaître  rapidement,  par  suite  de 
l'exploitation  abusive  faite  par  les  casmr///ero,s  ou  chercheurs  d'écorce, 
qui  détruisent  tout,  les  arbres  jeunes  comme  les  arbres  vieux.  Il  inipor- 
terait  donc  de  rechercher ,  dans  nos  possessions  hors  d'Europe  ,  les 
stations  oîi  des  plantations  de  Quinquinas  pourraient  être  faites  à  l'instar 
de  celles  des  Anglais  et  des  Hollandais. 

—  M.  Camille  Dareste  donne  lecture  d'qne  note  faisant  connaîtra  le 
résultat  de  ses  études  expérimentales  surl'incubation  (voy.  an  Bulletin). 

—  4  l'occasion  de  cette  note,  dans  laquelle  se  trouvent  mentionnées 
des  observations  faisant  ressortir  quelques-unes  des  causes  qui  peuvent 
contribuer  à  la  fornîation  des  monstruosités  chez  les  oiseaux,  ftl.  Millet 
rappelle  que  des  observations  analogues  ont  été  faites  en  ce  qui  concerne 
les  poissons.  Depuis  (ju'on  s'occupe  de  l'incubation  artificielle  çjes  œufs 
de  poissons,  dit-i|,on  a  remarqué  que,  dans  les  élevages,  le  nombre  des 
monstres  est  parfois  assez  considérable,  et  l'on  a  généralement  attribué 
ce  fait  à  la  fécondation  artificielle.  En  réalité,  il  tient  surtout  aux  se- 
cousses que  les  œufs  ont  eu  à  subir,  soit  pour  leur  transport,  soit  pour 
leur  manipulation.  D'oii  l'utilité  d'un  emballage  très  soigné   pour  les 


PROCÈS-VERBAUX.  59 

expéditions  à'de'grandes  distances,  et  la  nécessité  de  ne  faire  voyager  les 
œufs  que  quand  ils  sont  déjà  embryonnés,  parce  qu'à  celte  époque  de  leur 
développement  ils  supportent  mieux  les  secousses  inévitables  du  trans- 
port. 

—  M.  Fornet  fait  remarquer  que  quand  un  œuf  reste  plusieurs  jours 
ou  plusieurs  semaines  sans  être  remué,  il  perd  assez  rapidement  sa  vi- 
talité ;  mais  que  si  cet  œuf  est  remué  soit  tous  les  jours,  soit  tous  les 
deux  ou  trois  jours,  il  peut  être  conservé  pendant  deux  et  trois  mois,  et 
être  mis  ensuite  en  incubation.  Les  Poules  ont  bien  soin  de  remuer  leurs 
œufs  de  temps  en  temps,  et  c'est  ainsi  qu'elles- amènent  à  éclosion  la 
presque  totalité  des  œufs  qu'elles  couvent.  Lorsque  l'on  conserve  des 
œufs  dans  de  l'eau  de  chaux,  si  les  œufs  restent  sans  être  remués,  un 
certain  nombre  d'entre  eux  deviennent  impropres  à  l'alimentation,  parce 
que  le  jaune  se  colle  à  la  paroi  interne  de  la  coquille.  Aussi  les  mar- 
chands ont-ils  souvent  l'ecours  à  l'emploi  de  cuves  où,  presque  journel- 
lement, un  appareil  à  aubes  remue  les  œufs  dans  l'eau  de  chaux. 

—  Au  sujet  des  monstruosités  observées  chez  les  Poissons  et  attribuées 
à  la  fécondation  artificielle,  M.  Dareste  rappelle  que  le  terme  monstruo- 
sité comprend  deux  genres  bien  différents  :  la  monstruosité  simple  et  la 
monstruosité  double.  Les  monstres  simples  sont  ceux  chez  lesquels  il  n'y 
a  qu'un  seul  corps  embryonnaire.  Les  monstres  doubles,  beaucoup  plus 
rares,  sont  dus  probablement  à  un  état  particulier  du  germe.  Les  mons- 
truosités simples  peuvent  être  produites  par  des  causes  inhérentes  à 
l'incubation;  les  monstruosités  doubles  sont  vraisemblablement  déter- 
minées antérieurement  à  l'incubation,  et  pourraient  bien  tenir,  comme 
tendent  à  je  faire  admettre  les  observations  récentes  de  M.  Hermann 
Faure,  à  un  mode  particulier  de  fécondation.  Contrairement  à  ce  qui  a 
été  longtemps  admis  par  les  physiologistes,  pour  que  le  germe  soit 
fécondé,  il  suffit  qu'un  seul  spermatozoïde  pénètre  dans  l'œuf;  dans  les 
conditions  ordinaires,  dès  qu'il  a  pénétré,  le  chemin  est  barré  aux  autres. 
Toutefois,  il  peut  arriver  que  la  modification  de  l'ovule  qui  ferme  ainsi 
l'entrée,  ne  se  produisant  pas  assez  rapidement,  deux  ou  trois  sperma- 
tozoïdes s'introduisent  dans  l'ovule,  et  il  se  pourrait  qu'il  y  eût  là  une 
cause  modifiant  la  constitution  du  germe  et  le  rendant  apte  à  produire 
des  monstres  doubles.  Peu|-être  les  monstruosités  doubles  constatées  en 
grand  nombre  chez  les  poissons  produits  artificiellement  ne  tiennent-elles 
qu'à  un  procédé  de  fécondation  artificielle  qui  ne  réalise  pas  ce  qui  se 
produit  dans  la  fécondation  naturelle. 

—  M.  Fornet  estime  que  les  monstruosités  par  arrêt  de  développeirient 
proviennent  surtout  des  variations  de  la  température,  et  surtout  des  va- 
riations en  plus.  Dans  l'incubation  naturelle,  la  température  varie  extrê- 
mement comme  température  en  moins,  mais  jamais  en  plus.  Dans  les 
appareils  d'incubation,  elle  varie  sensiblement  en  plus,  et  ces  variations 
ont  été  une  grande  cause  d'insuccès  pendant  de  longues  années.  Les 


60  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D'ACCLIMATATION. 

courants  d'aii"  chaud  qui  se  produisent  dans  des  incubateurs  mal  établi 
ou  mal  dirigés  amènent  parfois  la  production  de  monstres  par  atrophie  ou 
par  développement  exagéré  de  certaines  parties. 

—  M.  Dareste  dit  qu'il  n'attache  aucune  importance  à  savoir  si  ces 
phénomènes  sont  des  monstruosités  ou  des  arrêts  de  développement. 
L'emploi  d'une  chaleur  trop  forte  lui  a  servi  à  produire  un  grand  nombre 
de  monstruosités;  mais  il  en  a  obtenu  par  beaucoup  d'autres  procédés, 
'foules  les  fois,  du  reste,  que  les  conditions  de  la  production  sont  modi- 
fiées, on  arrive  à  produire  des  monstres. 

—  M.  Latasle  donne  lecture  d'une  note  sur  le  Dipodillus  Simoni  et 
sur  l'élevage  de  ce  rongeur  (voy.  au  Bulletin). 

—  M.  le  Président  fait  remarquer  que  l'acdiniation  de  cette  espèce 
en  dehors  de  la  captivité  pourrait  avoir  des  inconvénients,  mais  qu'en 
captivité  elle  sera  avantageuse  pour  un  grand  nombre  d'expériences. 

--  Il  est  offert  à  la  bibliothèque  de  la  Société  : 

1"  Observations  aur  le  règne  végétal  au  Maroc,  par  P.  K.  A.  Sehous- 
boe,  édition  française-latine  avec  planches,  par  le  docteur  Bertherand. 
Paris,  imp.  liaillière  et  fils,  1  vol.  (L'Auteur.) 

2"  Dus  ressources  que  la  matière  médicale  arabe  peut  offrir  aux 
pharni'icopées  françaises  en  Algérie,  \)av\e  docteur  Bertherand  (Extrait 
de  la  Gazette  médicale  de  l'Algérie)  Alger,  1879,  imp.  A.  Bourget,  1 
broch.  (L'Auteur.) 

3°  L'Eucalyptus  au  point  de  vue  de  l'Hygiène  en  Algérie,  par  le 
docteur    Bertherand.    Alger,    1876,    typ.    V.    Aillaud   et   C'«,  1  broch. 

(L'Auteur.) 

i"  Le  noyau  de  Dattes  au  point  de  vue  des  propriétés  alimentaires, 
thérapeutiques  et  industrielles,  de  la  falsification  du  café.  Alger,  1882, 
imp.  Fontana  et  C'*",  1    broch.  avec  planche.  (L'Auteur.) 

5°  Le  musc  de  Gazelle  au  point  de  vue  des  applications  thérapeuti- 
ques, par  le  docteur  Bertherand.  Alger,  1878,  imp.  V.  Aillaud  et  C'% 
1   broch.  (L'Auteur.) 

6»  L'Arenaria  rubra  dans  la  gravelle  et  le  catarrhe  vésical,  par  le 
docteur  Berlherand.  Alger,  1878,  imp.  Victor  Aillaud  et  G'",  1  broch. 

(L'Auteur.) 

1"  Conseils  aux  Arabes  sur  les  végétaux  dangereux  de  l'Algérie, 
parle  docteur  Bertherand.  Alger,  1879,  imp.  Victor  .\illaudet  C'%  1  broch.) 

(L'Auteur.) 

8°  L'Aceras  Anthropophora,  par  le  docteur  Bertherand.  Alger,  1806, 
imp.  Paysan  et  C'%  1  broch.  (L'Auteur.) 

9"  Le  Bambou  au  point  de  vue  des  dessèchements,  par  le  docteur 
Bertherand.  Alger,  imp.  Lavagne,  1  broch.  (L'Auteur.) 

Le  secrétaire  des  séances 

C.  Baver  ET- Wattel. 


IV.  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE 


Le  Colin  de  Virginie. 

Le  Colin  Ho-oui  ou  de  Virginie  (Ortyx  Virginianus)  est  originaire 
de  l'Amérique  méridionale;  son  aire  de  dispersion  est  comprise  entre 
le  Canada,  les  montagnes  Rocheuses  et  le  Mexique,  mais  on  le  rencontre 
surtout  dans  le  centre  et  le  sud  des  États-Unis. 

Cette  espèce  tire  son  nom  du  cri  que  le  mâle  fait  entendre  au  moment 
des  amours,  cri  que  les  Nalchez  ont  traduit  par  Ho-oui,  et  les  habitants 
du  Massachussett  par  Bob-AVhite. 

Sédentaire  dans  le  sud,  le  Colin  Ho-oui  est  voyageur  dans  le  nord, 
d'oïl  il  émigré  à  l'automne. 

Florent  Prévost,  ((ui,  le  premier  en  France,  a  tenté  son  acclimatation, 
dit  que  le  (]oliii  Ho-oui  est  d'un  tiers  environ  plus  petit  que  la  Perdrix; 
il  est,  sous  ce  rapport,  intermédiaire  entre  elle  et  la  Caille. 

La  femelle,  toujours  un  peu  plus  petite  que  le  mâle,  en  diffère  en  ce 
que  toutes  les  parties  noires  chez  celui-ci  sont  rousses  chez  elle  ;  la  gorge 
est  aussi  de  cette  couleur,  mais  beaucoup  plus  paie. 

Le  Colin  Ho-oui  vit  ordinairement  dans  les  champs  entourés  de  buis- 
sons, de  haies  épaisses,  oîi  il  peut  facilement  se  cacher  lorsqu'il  est 
inquiété,  et  ne  fréquente  guère  les  terres  cultivées,  si  ce  n'est  après  la 
récolte. 

D'un  naturel  peu  farouche,  il  se  prête  facilement  à  toules  les  tentatives 
de  domestication  et  d'acclimatation;  il  ne  craint  pas  les  grandes  chaleurs 
ni  les  froids  même  rigoureux. 

n  s'éloigne  peu  du  lieu  où  il  s'est  fixé,  à  moins  qu'il  n'y  soit  contraint 
par  la  faim;  il  arrive  alors  jusque  dans  les  cours  des  fermes,  se  mêle  aux 
poules  et  partage  leurs  repas.  «  Si  alors  l'homme  le  reçoit  avec  hospi- 
talité, dit  Brehm,  il  passe  toute  la  saison  au  voisinage  de  sa  demeure; 
il  prend  plus  de  confiance  et  arrive  même  parfois  à  devenir  un  animal 
à  moitié  domestique.  » 

Le  Colin  Ho-oui  est  monogame.  L'accouplement  a  lieu  en  avril,  et 
au  commencement  de  mai,  la  femelle  construit  son  nid  sous  un  épais 
buisson.  Après  avoir  creusé  en  terre  une  dépression  hémisphérique, 
elle  garnit  ce  trou  de  feuilles  et  d'herbes  sèches,  puis  le  recouvre  en 
ramenant  en  dôme  les  plantes  qui  croissent  naturellement  autour  et  en 
ne  laissant  qu'une  seule  ouverture  de  côté. 

Elle  y  pond  de  15  à  !2i  œufs  d'un  blanc  pur,  qui  éclosent  au  bout  do 
vingt-trois  jours. 

Les  petits  quittent  le  nid  presque  aussitôt  après  l'éclosion. 

Une  nouvelle  ponte  a  lieu  en  juillet;  la  seconde  couvée  ^e  réunit  alors 
à  la  première,  et  la  famille  ne  se  disperse  (|u'au  printemps  suivant. 


0:2  SOCIÉTÉ   NATIONALK   D'AGCLIMATATION. 

•Le  màle  est  très  attaché  à  sa  femelle  et  veille  sur  ses  jeunes  avec  la 
plus  vive  sollicitude. 

Le  Colin  Ho-oui  se  nourrit  de  toutes  sortes  de  graines,  de  baies  et 
de  jeunes  pousses  de  végétaux  herbacés  ;  pendant  la  belle  saison,  il  re- 
cherche avec  avidité  les  insectes,  surtout  les  coléoptères. 

En  septembre  et  octobre,  il  se  répand  en  grand  nombre  dans  le  voisi- 
nage des  plantations  pour  y  chercher  des  semences. 

En  captivité,  on  lui  donne  du  blé,  du  millet,  de  l'avoine  ;  il  est  très 
friand  de  chènevis  et  mange  beaucoup  de  verdure. 

C'est  un  des  gibiers  les  plus  recherchés  et  les  plus  répandus  aux  États- 
Unis.  Cet  oiseau  se  prend  au  filet  et  le  plus  souvent  est  apporté  vivant 
sur  les  marchés. 

La  chasse  de  ces  Colins  exige  un  tireur  adroit,  car  ils  ont  le  vol  plsn 
vif  et  plus  inégal  que  celui  de  nos  Perdrix  grises  ;  la  compagnie  surprise  ' 
s'élève  perpendiculairement  à  quinze  ou  vingt  pieds  de  haut,  puis  se  dis- 
perse de  tous  côtés;  les  oiseaux  qui  réussissent  à  gagner  les  arbres  s'y 
rasent  et  échappent  ainsi  aux  regards,  car  ils  ne  font  aucun  mouvement 
et  on  pourrait  les  tuer  les  uns  après  les  autres  sans  que  ceux  qui  restent 
abandonnent  la  place. 

Un  couple  de  ces  oiseaux  remis  par  M.  Florent-Prévost  à  M.  Lory  de 
Fontenelle  (Seine-et-Marne)  s'est  reproduit  en  1816,  Chez  cet  amateur, 
ils  avaient  construit  leur  nid  dans  une  luzerne  sur  la  lisière  d'un  bois;  une 
compagnie  de  quatorze  petits  en  naquit,  mais  ils  disparurent  et  au  prin- 
temps suivant  on  n'en  retrouva  plus. 

En  1828,  deux  couples  lâchés  par  M.  Florent-Prévost  dans  l'ancien 
clos  de  Chalais  (haras  de  Meudon)  ne  donnèrent  aucun  résultat. 

Mais  en  1837,  deux  couples  remis  par  lui  à  M.  deCossette,  multiplièrent 
tellement  en  Bretagne  que  pendant  plusieurs  années  on  put  chasser  le 
Colin  sur  quelques  terres  de  cette  province. 

Après  les  résultats  si  concluants  acquis  par  M.  Florent-Prévost  nous 
ne  devons  pas  nous  étonner  des  succès  obtenus  en  1853  et  années  sui- 
vantes chez  M.  Coeffier  à  Versailles  ;  le  rapport  qu'il  a  présenté  à  la  So- 
ciété d'Acclimatation  à  ce  sujet  est  plein  d'intérêt  (1). 

C'est,  du  reste,  une  acclimatation  accomplie  depuis  longtemps  en  An- 
gleterre, surtout  dans  les  comtés  de  Norfolk  et  Suffolk. 

Au  moment  où  on  se  plaint  de  la  disparition  de  la  Perdrix,  il  serait  à 
désirer  que  les  essais  de  repeuplement  se  portassent  sur  cette  espèce 
qui  se  reproduit  facilement,  ne  quitte  guère  ses  cantonnements  et  assu- 
rerait au  propriétaire  une  chasse  productive. 

Jules  Grisaud. 


(i)  Voy.  Bull,  mensuel  delà  Soc.  imp.  d'Acclimat.,ï8ho,  p.  143. 


FAITS   DIVERS   ET   EXTRAITS   DE   CORRESt^bisbÀNCE.  Go 

La  Balsamiue  géante  couinie  plante  niellifèi*e. 

Lettre  adressée  par  M.  de  Behr,  Président  de  l'Association  allemande 
de  pisciculture,  à  M.  Raveret-Wattel,  secrétaire  des  séances. 

«  Berlin,  "Il  novembre  1882. 

»  Cher  Monsieur, 

»  La  Société  d'Acclimalation  s'intéressant  à  la  propagation  des  végétaux 
utiles,  peut-être  croira-t-elle  devoir  s'occuper  d'une  plante  qui  nie  paraît 
appelée  à  rendre  des  services  aux  apiculteurs  par  sa  belle  et  abondante 
floraison.  Cette  plante,  c'est  la  Balsamine  géante  {Impatiens  glandidi- 
gera  lioyle),  concernant  laquelle  vous  trouverez  ci-joint  une  petite  note, 
et  dont  je  vous  expédierai  prochainement  de  la  graine. 

»  Sincèrement  à  vous, 

»  De  Behr.  » 

Note.  —  «  La  Balsamine  géante  (Impatiens  glanduligera,  Royle,  s.  Imp . 
Botjcli  VValp.),  bien  que  connue  déjà  dans  les  jardins  botaniques,  ne  fut 
signalée  pour  la  première  fois,  comme  plante  utile  pour  les  Abeilles, 
qu'à  l'Exposition  apicole  de  Potsdam,  en  septembre  1881. 

«  D'aspect  assez  grêle,  l'échantillon  présenté  laissait  quelque  doute  sur 
l'authenticité  de  l'espèce  qu'on  savait  être  de  taille  géante,  d'après  les 
indications  données  à  l'Académie  royale  par  Walper.  Les  renseignements 
très  favorables  fournis  sur  le  compte  de  cette  plante  engagèrent  M.  de 
Behr  à  en  essayer  la  culture.  11  en  remit  de  la  graine  à  son  jardinier, 
M.  Donau,  qui  sema  en  septembre  dans  des  sillons  de  4  à  5  centimètres 
de  profondeur,  et  distants  d'environ  9  centimètres.  Bien  que  peu  abritée, 
la  graine  résista  bien  à  l'hiver  et  germa  vigoureusement  au  printemps. 
Quand  le  semis  eut  3  ou  4  centimètres  de  hauteur  et  que  les  gelées  de 
la  nuit  ne  furent  plus  à  craindre,  quelques  pieds  furent  repiqués  à  peu 
de  distance  d'un  rucher.  Vers  le  milieu  de  juillet,  les  Balsamines  avaient 
■i",50  de  hauteur;  c'étaient  de  belles  plantes,  vigoureuses,  bien  dévelop- 
pées, couvertes  de  jolies  fleurs  rouges.  De  nouvelles  branches  se  déve- 
loppaient constamment,  et,  dès  le  commencement  de  septembre,  les  tiges 
atteignaient  de  2  mètres  à  2"',50  de  hauteur;  les  rameaux  étaient  longs 
et  forts  à  l'avenant.   Pendant  le  jour,  ces  plantes  étaient  littéralement 
couvertes  d'Abeilles.  Les  fleurs  se  comptaient  par  milliers,  et,  néanmoins, 
à  certaines  heures,  il  n'y  avait  pas  une  de  ces  fleurs  qui  n'eût  un  insecte. 
Très  ornementale,  d'un  superbe  effet  décoratif,  la  Balsamine  géante  peut 
aussi  devenir  une  ressource  précieuse  pour  les  Abeilles,  à  une  époque 
de  l'année  où  ces  insectes  n'ont  guèfe  à  leur  disposition  que  le  Chanvre, 
car,  en  septembre,  le  Trèfle  blanc  n'a  que  peu  de  miel.  » 


04  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Vignes  de  Perse. 

Extrait  d'une  lettre  adressée  à  M.  le  Directeur  du  J:irdin  zoologiquc  d'Acclimatation. 

Tauris,  le  19  décembre  1882. 

...  J'ai  confié  au  courrier  de  notre  légalion,  parti  de  Tauris  le  12  de 
ce  mois,  une  quarantaine  de  plants  et  un  certain  noiubre  de  boutures  de 
Vignes  de  Perse,  le  tout  en  un  paquet  bien  conditionné,  qui  a  dii  être 
remis  à  Poti,  à  l'agence  des  bateaux-paquets  de  Marseille.  Mon  envoi  est 
composé  de  cinq  espèces  de  Vignes  :  1"  Le  «  Cliabany  »  (royal),  qui  pro- 
duit un  raisin  à  gros  grains  dont  on  fait  spécialeinent  le  vin  rouge  dans 
cette  province; 

2"  Le  «  Piiclie-Baba  »  (barbe  de  papa)  blanc,  dont  le  grain  est  long  et 
gros  comme  le  pouce  ; 

3"  Le  «  Askéry  »  (des  troupes),  raisin  blanc  sans  pépins  (invisibles  à 
l'œil  nu);  la  peau  en  est  si  mince  qu'il  est  difficile  de  l'égrener  sans 
l'écraser; 

4."  Le  Kicbmicb,  raisin  blanc  à  petit  grain  sucré  et  très  alcoolique  ; 
5»  Le  Sâhéby  (du  iriaître),  raisin  rouge  foncé,  plus  délicat  que  le 
Cbabany  pour  la  table.  D'après  ces  indications,  il  sera  aisé  de  recon- 
naître ces  différentes  espèces  de  raisins  dès  que  les  plants  produiront. 
J'ai  joint  à  mon  envoi  un  certificat  établissant  que  la  Perse  est  indemne 
du  l'iiylloxéra.  Je  serai  très  heureux.  Monsieur  le  Directeur,  si  je  par- 
viens à  introduire  en  France  la  Vigne  de  Perse,  car  elle  produit  Les 
meilleurs  raisins  connus. 

Je  n'ai  pu  vous  envoyer  cette  fois  des  Pêchers,  notre  courrier  était 
trop  chargé;  dès  que  les  froids  auront  cessé,  je  vous  en  expédierai. 
Quant  aux  animaux  que  vous  désirez,  ils  ne  sont  pas  difficiles  à  trouver, 
excepté  la  Perdrix  royale  (Tétraogalle).  qui  est  plus  rare  ici  qu'à  Téhéran  ; 
mais  je  cherche  en  vain  le  moyen  de  vous  les  envoyer;  nos  courriers 
vont  trop  vite,  ils  les  tueraient  :  il  s'agirait  de  découvrir  un  voyageur 
complaisant  qui  voulût  bien  prendre  une  pareille  peine. 
Veuillez,  etc. 

Bernay. 
Consul  de  France. 


Le  gérant  :  Jui.es  Grisard. 


MoTTEr.oz,  Adm.-Dirccl.  des  Imprimeries  rcunies,  A,  rue  Mignon,  2.  Paris 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


NOTES  SUR  LE  CANARD  GASARKA 

(ANAS  CASARKA,  DE  Linné;  TADORNA  GASARKA,  de  Macgillivray; 
GASARKA  RUTILA,  de  Ch.  Bonaparte) 

Par  M.  le  comte   De   MOIVTLEZUIVI 


D'après  Brehm  le  Canard  Gasarka  est  originaire  de  l'Asie 
centrale,  qui  doit  être  regardée  comme  le  foyer  de  l'aire  de 
dispersion  de  ce  palmipède.  On  le  rencontre  en  Grèce  et  dans 
le  sud  de  l'Italie.  On  le  remarque  encore  sur  les  lacs  de 
l'Egypte,  dans  la  Tunisie,  en  Algérie  et  au  Maroc.  Gertaines 
années  il  paraît  qu'il  est  commun  dans  les  Indes. 

Le  Ganard  Gasarka  a  le  bec,  les  pieds  et  les  tarses  noirs  ; 
la  tête  et  le  cou  roux  jaunâtre  ;  la  base  du  cou,  le  dessus  et  le 
dessous  du  corps  roux  rougeâtre  avec  couleur  plus  accentuée 
et  plus  foncée  sur  la  poitrine.  Ses  ailes  sont  blancbes  et  noi- 
res, presque  entièrement  recouvertes  par  les  plumes  du 
manteau  et  des  flancs  qui  ne  laissent  paraître  que  les  grandes 
l'émiges  qui  sont  d'un  beau  noir  et  partie  des  rémiges  secon- 
daires qui  sont  aussi  noires,  mais  à  reflet  vert  foncé  ;  ces 
dernières  forment  ce  que  l'on  appelle  le  miroir  de  l'aile.  Le 
croupion  et  la  queue  sont  noirs. 

La  femelle  est  presque  semblable  au  mâle,  mais  son  plu- 
mage est  moins  coloré,  le  dessus  de  sa  tête  est  légèrement 
gris  et  elle  a  la  face  blanche. 

J'ai  depuis  l'an  dernier  un  couple  de  Canards  Gasarka  qui 
vivent  dans  une  prairie  bordée  d'une  pièce  d'eau;  la  pièce 
d'eau  et  la  prairie  sont  entourées  d'une  clôture  de  la  mon- 
tagne noire. 

Dès  leur  arrivée,  ces  oiseaux  se  trouvèrent  en  compagnie 
d'un  couple  d'Oies  du  Canada  et  d'un  couple  de  Canards  de 
la  Caroline  avec  lesquels  ils  ne  purent  jamais  sympathiser. 

Lan  dernier  la  femelle  ne  pondit  pas  ;  je  crus  comprendre 

3'  SÉuiE,  T.  X.  —  Février  1883.  5 


66  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'AGCLIMATATION. 

que  le  déplacement  et  les  fatigues  d'un  long  voyage  étaient 
la  cause  de  mon  insuccès. 

Mes  Gasarka  passèrent  l'hiver  en  bonne  santé,  ils  ne  paru- 
rent pas  plus  contrariés  par  les  jours  froids  que  par  les  cha- 
leurs de  l'été. 

En  1882,  dès  le  mois  de  janvier,  j'avais  remarqué  quelques 
accouplements;  toutefois,  je  ne  comptais  guère  sur  des 
résultats  plus  heureux  que  ceux  de  l'an  dernier.  Le  mâle  était 
tellement  rageur  que  je  doutais  de  sa  fécondité.  Sa  jalousie 
était  si  grande  qu'il  ne  pouvait  supporter  ni  ses  compagnons 
de  captivité  ni  les  poules  qui  se  hasardaient  à  franchir  la 
clôture  de  son  parc. 

Les  Oies  du  Canada,  à  cause  de  leur  grande  taille,  étaient 
les  seules  respectées.  Cependant  on  les  voyait  se  hérisser 
à  leur  approche  et  il  ne  leur  manquait  que  la  force  pour  oser 
les  attaquer. 

J'ai  dû,  pour  éviter  une  guerre  continuelle  et  calmer  la 
mauvaise  humeur  du  mâle,  établir  une  division  dans  le  parc, 
pour  les  séparer  entièrement  de  ses  congénères. 

Dès  les  premiers  jours  de  mars,  ayant  remarqué  que  le  foin 
dont  j'avais  garni  la  niche  était  remué,  je  surveillai  de  près 
mes  oiseaux  et  ne  tardai  pas  à  m'apercevoir  que  la  femelle 
Gasarka  y  était  entrée. 

Le  26  mars,  je  trouvai  dans  la  niche  un  œuf  à  peu 
près  semblable  à  celui  d'un  Canard  ordinaire,  peut-être  un 
peu  plus  gros.  11  était  blanc,  à  coquille  lisse,  très  légèrement 
teintée  de  couleur  paille.  La  ponte  avait  commencé;  elle 
continua  à  jour  passé  et  dura  jusqu'au  11  avril.  Dès  le  pre- 
mier jour  de  la  ponte  la  femelle  arracha  son  duvet  pour 
recouvrir  ses  œufs.  11  me  fut  facile  de  constater  que  la  quan- 
tité de  duvet  augmentait  en  raison  directe  du  nombre  d'œufs 

pondus. 

Le  41  avril,  tous  les  œufs  étaient  entièrement  recouverts 
de  duvet  ou  de  plumes.  A  partir  de  ce  moment,  la  couveuse 
ne  quitta  plus  son  nid  que  pour  aller  manger.  Elle  se  levait 
deux  et  trois  fois  par  jour  et  restait  hors  du  nid  une  heure 
environ,  quelquefois  plus.  Un  jour  elle  ne  renira  dans  sa 


LE    CANARD    CASAHKA.  67 

niche  que  deux  heures  après  en  être  sortie,  ce  qui  me  faisait 
craindre  qu'elle  ne  menât  pas  à  bien  sa  couvée.  Cependant  je 
pus  reconnaître  que  le  duvet  empêchait  le  refroidissement  des 
œufs. 

L'incubation  a  duré  trente  jours.  Le  vingt-neuvième  jour 
tous  les  œufs  étaient  piqués  et  le  trentième  jour  les  neuf 
petits  étaient  sortis  de  la  coquille.  La  couveuse  les  tenait  soi- 
gneusement recouverts  de  ses  ailes,  elle  les  a  gardés  dans  la 
niche  pendant  vingt-quatre  heures,  après  quoi  elle  les  a  con- 
duits à  l'eau. 

C'était  plaisir  de  voir  ces  petits  Canards  recouverts  de 
duvet  brun  et  blanc  plonger  et  s'ébattre  sur  l'eau  à  la  suite 
de  leur  mère;  on  n'aurait  jamais  cru  les  voyant  si  alertes 
qu'ils  étaient  nés  de  la  veille.  Pendant  les  quatre  ou  cinq 
premiers  jours  les  nouveau-nés  se  sont  contentés  de  picoter 
quelques  petits  insectes  qui  se  trouvaient  parmi  les  lentilles 
d'eau  :  depuis  ils  se  sont  insensiblement  accoutumés  à  manger 
quelques  mies  de  pain,  quelques  grains  de  petit  millet  ou  de 
panis.  Je  les  ai  nourris  pendant  quatre  semaines  avec  de  la 
mie  de  pain,  du  petit  millet,  du  panis  et  des  lentilles  d'eau. 
Je  ne  leur  ai  donné  ni  œufs  de  fourmis,  ni  pâtées,  ni  produits 
alimentaires;  cependant  le  développement  s'est  effectué  dans 
les  meilleures  conditions  et  un  mois  après  leur  naissance  les 
plumes  ont  commencé  à  remplacer  le  duvet. 

A  l'âge  de  quarante  jours,  mes  Casarka  étaient  entièrement 
recouverts  de  plumes  rougeâtres  et  teintées  de  gris  dans  la 
région  des  ailes  et  du  dos. 

A  partir  de  ce  moment,  je  leur  ai  donné  de  l'avoine,  du 
blé,  des  graines  de  sorgho  à  balai. 

Les  ailes  des  Casarka  se  développent  rapidement.  Ils  peu- 
vent parfaitement  voler  à  l'âge  de  soixante  jours  ;  dix  jours 
plus  tard  ils  ont  leurs  ailes  entièrement  développées. 

On  ne  peut  bien  distinguer  le  sexe  de  ces  oiseaux  que 
lorsqu'ils  ont  leur  plumage  d'adulte,  c'est-à-dire  avant  la  fin 
de  l'automne  qui  suit  leur  naissance. 


DES  PRODUCTIONS  VEGETALES  DU  JAPON 

Par    le  docteur     Edouard    îflÈIVE 

{Suite) 


En  dehors  de  ces  Lis  qui  étaient  au  jardin  du  Trocadéro, 
les  autres  Lis  japonais  sont  : 

Le  Lillum  concolor  de  Salisbury  (1),  que  les  Japonais  nom- 
ment Hime-yuri  comme  le  L.  callosum,  indiqué  par  Mi- 
quel  (2),  par  Franchet  et  Savatier  (3).  On  le  trouve  cultivé 
dans  les  jardins  japonais  de  l'île  de  Nippon,  principalement 
dans  les  villes  de  Tokio  et  de  Yokosi^a. 

Le  L.  concolor  est  haut  de  0"',cJ5àO"\50  ;  sa  tige  est  ronde, 
grêle,  glabre;  ses  feuilles  alternes,  lancéolées,  sont  plus  larges 
dans  la  partie  supérieure  de  la  plante;  ses  fleurs  sont  réunies 
par  2-5  en  ombelle  terminale.  Suivant  M.  Duchartrc  (4),  il 
existe  une  variété  à  une  seule  tleur,  que  Link  regardait  comme 
le  type  de  l'espèce.  Les  fleurs  dressées  sont  petites,  campa- 
nulées,  largement  ouvertes,  nonrévolutées,  de  couleur  rouge 
minium,  ou  rouge  clair  uniforme,  suivant  M.  Duchartre. 
D'après  MM.  Franchet  et  Savatier  (5),  ces  fleurs  sont  de  cou- 
leur jaune  rougeâtre,  marquées  de  points  bruns  à  la  base. 

Le  L.  concolor  a  été  apporté  de  Chine  en  Angleterre,  en 
1806,  par  Gréville.  M.  Leichtlin  dans  sa  collection  l'indique 
comme  une  espèce  distincte. 

Le  Lilium  pulchellum  de  Fischer  (6),  joli  petit  Lis  à  fleur 
solitaire  dans  la  plante  spontanée.  Les  folioles  du  périanthe 
sont  rapprochées  en  cloche  et  non  roulées  en  dehors  ;  elles 
sont  de  couleur  rouge-tomate,  parsemées  intérieurement  de 
petits  points  foncés.  Ces  fleurs  sont  remarquables  par  la  briè- 
veté du  style  (7). 

(1)  Salisbury,  Par«d.,  tabl.  il. 

(2)  Miquel  (F.  A.  W.),  Proliisio  florœ  Japonicœ,  p.  320. 

(3)  Franchet  et  Savatier,  Enum.,  vol.  II,  pars  1,  p.  65,  n°  1895. 

(4.)  Duchartre,  Jour,  de  la  Soc.  centrale  d'hortic.  de  France,  t.  IV,  p.  342-343. 

(5)  Franchet  et  Savatier,  vol.  11,  pars  1,  p.  65,  n°  1895. 

(6)  Hort.  berol.,  1834  et  Animadv.  botan,,  tiécembrc  1839,  p.  14. 

(7)  Duchartre,  Jour,  de  la  Soc.  centrale  d'hortic.  de  France,  l.  IV, p.  282, 4870. 


"   PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.  69 

MM.  Franchct  et  Savatier,  sur  l'autorité  de  M.  Maximowicz, 
font  du  L.  pulchellum  une  variété  du  L.  concolor  Salisb.  (i). 
MM.  Koch  (2)  et  Baker  (3)  le  désignent  comme  une  espèce 
distincte. 

Le  L.  pulchellum,  qu'on  trouve  aussi  dans  la  Chine  sep- 
tentrionale et  en  Sibérie,  a  été  introduit  en  Russie,  en  1834-, 
par  Raddi  et  y  est  cultivé  depuis  cette  époque. 

Le  Lilium  coridion  de  Siebold  (4),  mentionné  par  Franchet 
et  Savatier  (5),  noté  dans  le  Phonzo-Zoufou  (G)  sous  le  nom 
Kihime  yuri. 

Le  Kihime  yuri  croît  dans  le  Japon  septentrional,  d'où  il  a 
été  rapporté  en  Europe  par  Siebold  en  1856.  C'est  une  plante 
haute  de  0'",33,  sa  tige  grêle,  unie,  glabre  est  garnie  de  nom- 
breuses feuilles  linéaires,  de  couleur  verl-émeraude  en  des- 
sus, blanchâtres  en  dessous  ;  une  seule  tleur  terminale,  petite, 
deO'",04.  au  plus,  dressée,  campanulée,  sans  odeur,  decouleur 
jaune-citron  en  dedans,  jaune  plus  clair  en  dehors.  Etamines 
courtes. 

Avec  une  yoxiîiiQ  parthenion  Sieb.  et  de  Vr.,  qui  a  été 
introduite  par  Siebold  en  1870  ;  désignée  dans  le  Phonzo-Zou- 
fou il)  sous  le  nom  de  Akal  hime  yuri  (Lis  des  vierges). 

Suivant  le  D'  Savatier,  la  fleur  de  VAkai  hime-yuri  est  rose 
extérieurement  et  intérieurement  à  la  base,  et  rouge  vif  su- 
périeurement, sans  macules. 

D'après  M.  Duchartre  (8)  la  fleur  du  L.  parthenion  est  ter- 
minale, solitaire;  les  folioles  du  périanthe  longues  de  0"',03, 
larges  de  O^jOl,  sont  rouges  avec  la  nervure  médiane  verte  en 
dehors,  maculées  çà  et  là  de  rouge  sombre  à  l'intérieur. 

(1)  Franchet  et  Savatier,  vol.  II,  pars  I,  p.  65,  n"  1895. 

(2)  Karl  Koch,  Das  Geschieht   der  LiLien  {Wochenschrift  fur  Gœrtnerei  und 
Pflan^.enkunde,  V,  1862,  p.  301). 

(3)  Baker  (J.  G.),  A  neiv synopsis  of  ail  ihe  knoivn  Lilies  {GardenefsChronide, 
12  août  1871,  p.  1034). 

(4)  Siebold  et  de  Vriese,   Tuinbouw  Flora,  2*  partie,  p.  341,  avec  pi.  color., 
1855. 

(5)  Franchet  et  Savatier,  vol.  H,  pars  1,  p.  64,  n"  1892. 
(G)  Phonzo-Zoufou,  vol.  51 ,  fol.  23  recto. 

(7)  Ihid.,  vol.  51,  fol.  23  verso. 

(8)  Duchartre,  Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France,  t.  IV, 
p.  472-473. 


70  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

M.  Duchartre,  de  même  que  Siebold,  que  MM.  Leichllin, 
Franchet  et  Savatier,  considère  le  L.  coridion  comme  une 
espèce  distincte  et  indique  le  L.  parthenion  comme  une  va- ' 
riété  du  L.  coridion. 

M.  Baker  (1)  regarde  le  L.  coridion  Qi]e  L.  parthenion 
comme  deux  variétés  du  L.  concolor  Salisb. 

Le  Lilium  avenaceuni  de  Fischer,  espèce  décrite  par 
M.  Maximowicz  (2),  marqué  par  M.  Leichtlin  dans  sa  collec- 
tion comme  espèce  distincte  et  remarquable,  qu'on  rencontre 
au  Japon  de  même  que  dans  les  îles  Kuriles  et  Sachalin,  dans 
la  Mandchourie  et  le  Kamtschatka. 

Le  L.  avenaceum  a  des  feuilles  assez  larges,  lancéolées, 
disposées  en  verticilles.  Suivant  M.  Duchartre  (3),  la  fleur,  de 
grandeur  moyenne,  a  les  folioles  du  périanthe  peu  révolutées 
et  plutôt  réfléchies  dans  leur  partie  supérieure,  elle  est  de 
couleur  rouge-ponceau,  quelquefois  orangée,  elle  est  parse- 
mée de  macules  foncées. 

Le  Lilium  medeoloides  d'Asa  Gray  (4),  de  Miquel  (5),  de 
Franchet  et  Savatier  (0)  ;  Kuruma-yuri,  suivant  le  Somoku- 
Dusets  il)  elle  Phonzo-Z  ou  fou  (8), 

Le  Kuruma-yuri  croît  dans  les  champs  des  régions  mon- 
tagneuses du  Japon,  et  il  tleurit  en  août.  On  le  trouve  dans 
les  parties  centrale  et  septentrionale  de  l'île  de  Nippon  et  dans 
l'île  de  Yeso  où  il  a  été  observé,  près  de  la  ville  d'Hakodate, 
par  Ch.  Wright. 

Avec  une  variété  obovata,  qui,  suivant  le  D' Savatier  (9), 
fleurit  de  juillet  à  août  et  est  cultivée  dans  les  jardins  ja- 
ponais- 

(1)  Baker  {i.G.],  A  new  synopsis  ofaLl  the  Knoivn  Lilies  {Gardener's  Chronicle, 
i2  août  1871,  p.  1034). 

(2)  Garlenflora,  p.  290-292,  pi.  485,  1865. 

(3;  Duchartre,  Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France,  t.  IV, 
p.  282. 

(4)  Gray  (Asa),  On  the  Botany  of  Japan  {Mémoires  de  l'Académie  améri- 
caine des  arts  et  sciences,  nouvelle  série,  t.  VI,  p.  415,  1857). 

(5)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p."  320. 

(6)  Franchet  et  Savatier,  vol.  Il,  pars  1,  p.  C3,  n"  1891. 

(7)  Somoku-Diisets,  vol.  V,  p.  51,  n"  77. 

(8)  Phonzo-Zoufou,  vol  51,  fol.  18. 

(9)  Franchet  et  Savatier,  vol.  II,  pars  1,  p.  63,  n"  1891. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         71 

La  tige  du  Kuriima-yuri  est  glabre,  nue  inférieurement, 
garnie  supérieurement  de  feuilles  réunies  en  faux  verlicille, 
lancéolées,  étroites;  la  fleur  est  souvent  solitaire;  quelque- 
fois, il  y  en  a  2  ou  "3;  elles  sont  petites,  d'un  rouge-brique 
ou  rouge-orange,  avec  des  macules  foncées. 

Dans  la  variété  obovata,  les  feuilles  sont  obovales  et  les 
fleurs  identiques. 

M.  le  D'  Savatiei-  dit  que  le  L.  medeoloides  d'Asa  Gray,  qui 
croît  dans  l'île  de  Yeso,  est  semblable  au  L.ai'ewaceitm  Fischer, 
recueilli  par  lui  et  par  M.  Maximowicz  dans  les  Alpes  de 
Niko. 

D'après  M.  Duchartre  (1),  le  L.  medeoloides  est  considéré 
par  M.  Kocli  comme  identique  au  L.  maculalum. 

Le  Lilium  alternans,  importé  du  Japon  par  Siebold,  en 
1869,  que  M.  Max  Liechtlin  indique  dans  sa  collection  comme 
espèce  distincte, 

M.  Duchartre  (2)  ne  considère  pas  les  caractères  indiqués 
par  Siebold  comme  suffisants  pour  donner  une  certitude  d'es- 
pèce ou  de  variété.  11  décrit  ce  lis  comme  ayant  des  feuilles 
nombreuses,  linéaires,  lancéolées.  Les  fleurs  qui  se  montrent 
dans  le  courant  de  juillet,  sont  nombreuses  (une  quinzaine 
environ),  dressées,  non  révolutées,  de  couleur  orange  foncé, 
avec  des  taches  jaunes  et  des  stries  brunes  vers  la  base  des 
folioles  du  périanlhe  (3). 

Le  Lilium  testaceum  de  Lindiey  (A),  de  Franchet  et  Sava- 
tier  (5),  ou  L.  habellinum  de  Kunze  (6). 

Pour  M.  le  D'  Savatier,  son  origine  est  douteuse  et  il  n'est 
peut-être  qu'une  des  nombreuses  formes  horticoles  du  L. 
speciosum. 

M.  le  D'  Regel  (7),  directeur  du  Jardin  botanique  de  Saint- 
Pétersbourg,  le  regarde  comme  originaire  du  Japon.  11  en  est 

(1)  Duchartre,  Journal  de  la  Société  centrale  lïhorticuUure  de  France,  t.  V, 
p.  273. 
{■!)  Ibid.,  t.  IV,  p.  474. 

(3)  Ibid.,  t.  IV,  p.  473. 

(4)  Lindiey,  IM.  reg.,  1842,  n»  7  ;  Mise,  n"  51,  1843,  tabl.  II. 

(5)  Franchet  et  Savatier,  voL  II,  p.  08,  ii"  VMO. 

(6j  Kuiizo  (('•■),  Botanische  Zeitunij,  1843,  l,  p.  GUO. 
(7)  Gartenflora,  XI,  18G2,  p.  2-3. 


72  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

de  même  de  M.  Ducharlre(1)et  deM.  Leichtlin,  qui  l'indiquent 
comme  Lis  japonais  et  comme  espèce  bien  distincte. 

Il  est  difficile  d'affirmer  s'il  vient  spontanément  au  Japon, 
mais  il  y  est  certainement  cultivé  dans  les  jardins. 

Le  Lilium  testaceum  a  une  hauteur  de  1  à  "S  mètres,  sa  tige 
est  arrondie,  glabre,  nuancée  de  rouge  et  de  vert  ;  ses  feuilles 
nombreuses,  alternes,  sessiles,  petites,  sont  bordées  de  poils 
blanchâtres;  plusieurs  fleurs  (3  à  6),  grandes,  pendantes  à 
l'extrémité  d'un  long  pédoncule,  non  revolutées,  de  couleur 
nankin,  plus  foncées  en  dedans,  plus  claires  en  dehors,  ponc- 
tuées; pollen  rouge  orangé. 

Le  Lilium  Fortunei  de  Lindley  (2),  mentionné  par  Mi- 
quel  (3),  par  Franchet  et  Savatier  (4),  nommé  au  .lapon  Ské- 
yuri  d'après  le  Phonzo-Zoufoui^). 

Suivant  M.  Duchartre  (6),  ce  lis  est  haut  de  0'",50;  ses 
feuilles  sont  alternes,  linéaires,  étroites  ;  la  fleur  solitaire  est 
de  couleur  rouge  orangé  jaune,  elle  est  maculée  de  brun 
foncé. 

D'après  M.  Koch  (7),  cette  espèce  est  voisine  du  L.  pul- 
chellum  Fischer,  sinon  identique  avec  lui. 

Le  Lilium  Thimbergianum  de  Rœmer  et  Schultes  (8),  de 
Miquel  (9),  de  Franchet  et  Savatier  (10),  nommé  d'abord  par 
Thunberg  L.  Philadeljjhicim{H),  puis  L.  bulbiferum  (12), 

(I)  Duchartre,  Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France,  t.  IV, 
p.  478,  1870. 

(-2)  Lindley,  Gardener's  Chronicle,  1862,  p.  212. 

(3)  Miquel.  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  321. 

(4)  Franchet  et  Savatier,  vol.  II,  pars  1,  p.  65,  n"   1894. 

(5)  Phonzo-Zoufou,  vol.  Ll,  fol.  2,  verso. 

(fi)  ])ucharlTc,  Journal  delà  Société  centrale  d'Jiorticulturede  Fra7ïceM\  ,ïi.i80. 

(7)  C.  Koch,  Wochenschrifl  fàr  Gœrtnerei  und  Pflanzenkimde  {Bulletin 
hebdomadaire  d'horticulture  et  de  hotayiique),  V,  1862,  p.  301. 

(8)  Rœmer  et  Schultes,  Syst.  Vil,  p.  415. 

(9)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  319. 

(10)  Franchet  et  Savatier,  vol.  11,  pars  1,  p.  69,  n°  1902. 

(II)  Thunberg,  Flor.  Jap.,  p.  133. 

(12)  Thunberg,  Transactions  of  Linnean  Society,  II,  p.  33. 

M.  Baker,  dans  son  ouvrage  sur  les  Lis  {A  neiv  Synopsis  of  ail  the  known 
Lilies),  publié  dans  le  Gardener's  Chronicle,  12  août  1871,  p.  1034,  fait  du  L. 
Thunberg ianum,  une  sous-espèce  du  L.  bulbiferum,  sous  le  nom  de  L.  bulbi- 
ferum Thunbergianum,  avec  les  nombreux  synonymes  et  les  formes  indiquées, 
par  M.  Duchartre  {Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France,  t.  IV, 
p.  353). 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.  73 

ensuite  L.  eleqans{\)  désigné  dans  le  Sàmoku-Dusets  {^)  sous 
les  noms  de  Natsu-sukashi-yuri,  de  Haru-sukashi-yuri  et  de 
Hiratori-ynri,  marqué  dans  le  Phonzo-Zoufon  (3)  sous  les 
noms  de  Skachi  (forme  des  jardins,  variant  de  couleur)  et  de 
Hogaku  (à  fleurs  semi-doubles). 

Le  L.  Thunhergianum  a  une  tige  simple,  de  0"',30  de  haut, 
de  nombreuses  i'euilles  alternes,  lancéolées,  sessiles,  n'ayant 
pas  de  bulbilles  à  leur  aisselle  ;  il  donne  en  juillet  une  seule 
fleur,  dressée,  campanulée,  jaune  rougeâlre  orangé,  sans  ma- 
cules ou  à  macules  peu  apparentes.  On  le  rencontre  dans  les 
champs,  principalement  dans  l'île  Parry.  11  existe  aussi  dans 
l'île  de  Nippon  et  est  commun  aux  environs  de  la  ville  de  Yoko- 
hama, où  ses  bulbes  comestibles  sont  employés  dans  la  nour- 
riture japonaise. 

M.  Maximowicz  a  décrit  une  forme  plus  robuste  :  leL.  Thun- 
hergianum venustum  ou  L.  venustum  de  Kunth,  qui  porte  au 
sommet  de  la  tige  S-A  fleurs  en  ombelle.  Ces  fleurs  sont  de 
couleur  abricot  avec  des  macules  noires. 

Cette  forme  fleurit  en  juillet  sur  les  collines  de  l'île  Parry, 
où  elle  spontanée,  ainsi  que  dans  la  partie  septentrionale  de 
Tîle  de  Nippon  et  dans  l'île  de  Yeso. 

M.  Duchartre  (4),  à  l'exemple  de  Siebold  qui  a  introduit  le 
L.  venustum  de  Kunth  au  Jardin  botanique  de  Gand,  regarde 
le  L.  venustum  comme  une  variété  du  L.  Thunhergianum . 

Le  Lilium  Thunhergianum  est  fréquemment  cultivé  dans 
les  jardins  d'Europe,  et  on  en  a  fait  un  certain  nombre  de  va- 
riétés, de  couleur  rouge,  pourpre,  rouge  vif,  jaune,  jaune 
d'or.  Parmi  ces  variétés  sont  : 

Le  L.  fulgens  (5)  de  Gh.  Morren,  formé  par  plusieurs  va- 
riétés que  Siebold  avait  désignées  sous  les  noms  deL.  Thunh. 
atro-sanguineum  et  L.  Thunh.  atro-sanguineum-macula- 


(1)  Thunberg,  Mémoires    de  V Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg, 
1811,  p.  -202,  iig.  2. 

(2j  Sàmokii-Dusets,  vol.  V,  p.  49,  n"  66,  67,  68. 

(3)  l'honzo-Zoïifoti,  vol.  LI,  fol.  14  verso  et  fol.  16  recto. 

(4)  Duchnrtrn,  Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France,  t.  IV, 
p.  351-352,  1870. 

(5)  Ch.  Morren,  Note  sur  les  Lis  du  Japon. 


74  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

tum,  noms  sous  lesquels  ils  sont  désignés  dans  les  catalogues 
de  M.  Van-Houtte. 

LeL.  aurantiaciim  (1). 

Le  L.  forniosiim  (2). 

Le  L.  sanguineum  (S). 

Le  L.  fulgens  var.  staminosum  (4-)  à  fleurs  de  couleur 
orangé  rouge,  à  points  brun  noir  et  plus  ou  moins  semi- 
doubles.  M.Max  Leiclitlin  a  obtenu  une  variété  à  fleurs  doubles 
{L.  Th.  flore  pleno)  qui  est  plus  belle  et  plus  double  que  le 
L.  fulgens  var.  staminosum. 

M.  Duchartre  (5),  à  l'exemple  de  Siebold  et  de  M.  Koch  (6), 
considère  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  les  regarder  comme  des  es- 
pèces distinctes,  mais  seulement  comme  des  variétés  du  L. 
Thunbergianum.  Siebold,  dans  ses  catalogues,  indiquait 
46  variétés  du  L.  Thunbergianum.  Suivant  M.  Duchartre, 
M.  Max  Leichtlin  en  a  ajouté  A. 

On  doit  aussi,  d'après  M.  Duchartre  (7),  considérer  comme 
des  variétés  du  L.  Thunbergiamim,  les  lis  répandus  dans  le 
commerce  par  M.  Grœnewegen,  d'Amsterdam,  et  par  M.  Kre- 
lage,  de  Harlem,  sous  les  noms  de  Kikak,  de  Kimi-gaya,  de 
la-Ethal,  de  Sy-yets,  de  Fiu-kwama  et  de  Fekinata. 

Le  Lilium  Wilsoni  Ilort.,  belle  plante  japonaise,  connue 
sous  le  nom  de  L.  Thunbergianum  par dinum^  qui,  d'après 
M.  Koch (8),  a  été  trouvé  chez  un  amateur  anglais,  M.  Wilson. 
M.  Leichtlin,  dans  sa  collection,  l'indique  comme  espèce 
distincte  et  remarquable.  D'après  cet  amateur  distingué  et 
d'après  M.  Duchartre  (9),  IcL.  Wi^.som  atteint  1  mètre  à  1™, 33 

(1)  Paxt,  Magaz.  of  bot..  VI,  1839,  p.  l27-l!28. 

(2)  Versch,  Illust.  Iiort.,  1865,  pi.  459. 

(3)  Lindley,  Bot.  reg.,  1846,  pi.  56. 

(4)  Ch.  Lemaire,  lllustr.  hort.,  1864,  pi.  422. 

(5)  Duchartre,  Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France,  t.  IV, 
p.  350. 

(6)  Karl  Kocli,  Woclienschrift  fur  Gœrtnerei  und  Pflanzenkunde  {Bulletin 
hebdomadaire  d'horticulture  et  de  botanique),  1865,  p.  99. 

(7)  Duchartre,  Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France,  t.  IV, 
p.  353. 

(8)  Koch,  Wochenschrift  fïtr  Gœrtnerei  und  Pflamenkunde,  n"  18,  1870, 
p.  144. 

(9)  Duchartre,  Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France,  t.  IV, 
p.  486. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.  75 

de  liant;  ses  feuilles  sont  elliptiques  ;  ses  fleurs  nombreuses, 
qui  peuvent  aller  jusqu'à  20,  forment  une  ombelle;  elles  sont 
grandes  et  larges  de  O'^^  à  0™,14,  dressées,  campanulées, 
de  couleur  rouge  orangé,  ou  rouge  brique,  avec  des  points 
brun  noirâtre,  très  nombreux  ;  chaque  foliole  du  périanthe 
offre  sur  sa  partie  médiane  une  bande  jaune. 

Le  Lilium  tigriîium  Gawler  (1),  qu'on  trouve  désigné  par 
Kaempfer  (2),  par  Miquel  (3),  par  Franchet  et  Savatier  (4), 
classé  dans  le  Sdnioku-Dusets{5)  et  dans  le  Phonzo-Zoufou  (6) 
sous  le  nom  de  Oni-ijuri;  très  commun  dans  les  îles  de  Nip- 
pon et  de  Yeso.  Il  est  difficile  de  préciser  s'il  y  est  spontané. 
D'après  \eSàmoku-Dusets,  on  le  rencontre  dans  les  montagnes. 
M.  le  D"^  Savatier  ne  l'a  trouvé  que  cultivé  dans  les  jardins 
japonais,  où  il  a  des  variétés  horticoles  assez  nombreuses  ;  le 
Phonzo-Zotifou  n'en  donne  qu'une,  à  fleurs  doubles,  qu'il 
donne  sous  le  nom  de  Yaï  e  tenko  (7). 

Le  Oni-yuri  est  très  rustique  ;  il  a  1  à  2  mètres  de  haut  ; 
sa  tige  est  arrondie,  brunâtre,  poilue  ;  les  feuilles  sont  garnies 
de  bulbillcs  noirâtres  à  leur  aisselle  vers  le  haut  de  la  tige.  Ces 
feuilles  sont  alternes,  sessiles,  assez  larges,  lancéolées,  elles 
ont  5-7  nervures  médianes.  M.  Duchartre  (8)  décrit  les  fleurs  de 
ce  beau  lis  ;  elles  sont  nombreuses,  jusqu'à  15,  en  grappe  ter- 
minale, larges,  révolutées,  pendantes,  sans  odeur,  de  couleur 
jaune  ou  d'un  rouge  orangé,  maculées  de  brun  rouge  noirâtre. 

Les  bulbes  comestibles  du  Lis  tigré  sont  mangés  par  les 
Japonais,  cuits,  bouillis  et  confits. 

Le  Oni-yuri  est  recherché  pour  l'ornement  des  jardins  et 
des  habitations.  11  est  fréquemment  représenté  sur  les  pein- 
tures, les  porcelaines,  les  émaux  cloisonnés,  les  laques  et  les 
broderies  en  soie. 

(1)  Gawler,  Botanical  Magazine,  tabl.  1237. 

(2)  Kaempfer,  Amœnilales  exoticœ,  5e  fasc,  p.  871,  1712. 
(3j  Miquel  (F.  A.  W.),  Proludo  florœ  Japonicœ,  p.  320. 

(4)  Franchet  et  Savatier,  vol.  II,  pars  1,  p.  60,  n°  1898. 
(5j  Sàmohi-Dusels,  vol.  V,  p.  49,  n°»  03  et  64. 

(6)  Pliomo-Zoufou,  vol.  Ll,  fol.  10  recto. 

(7)  Ibid.,  vol.  Ll,  11  recto. 

(8)  Duchartre,  Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  france,  i.  IV, 
p.  476. 


76  SOCIÉTÉ  NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

Le  Lilium  tigrinum  Gawl.  a  été  introduit  en  Europe, 
en  1804,  par  le  capitaine  anglais  Kirckpatrick. 

Depuis  cette  époque,  on  en  a  obtenu  un  certain  nombre  de 
variétés.  M.  Leichtlin,  en  1870,  possédait  dans  sa  collection: 

Le  L.  tigrinum  Gawler  et  ses  variétés  suivantes  : 

LU.  tigr.  Fortunei. 

LU.  tigr.  erectum. 

LU.  tigr.  foliis  variegatis. 

LU.  tigr.  flore pleno,  dont  les  fleurs  doubles  sont  remar- 
quables. 

Lit.  tigr.  splendens  Leichtlin,  plus  robuste,  plus  florifère 
que  le  type,  à  fleurs  plus  amples  et  à  nuances  plus  vives  (1). 

A  l'exposition  de  Nancy  (2),  M.  Galle  avait  exposé  plusieurs 
sujets  de  L.  tigrinum  Gawl.,  ayant  passé  l'hiver  à  l'air  libre. 
Le  Jardin  d'Acclimatation  du  Bois  de  Boulogne  possède  le  LiL 
tigriîium  Gawl.  et  le  LU.  tigr.  flore  -pleno. 

Le  Japon  produit  aussi  une  espèce  voisine,  le  Lilium pseu- 
do-tigrinum  de  Carrière  (3),  qui  a  été  envoyé  de  Chine  au 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris. 

D'après  M.  Max  Leichtlin,  ce  lis  est  originaire  des  îles  Liu- 
Kiu.  Il  a  1  mètre  de  haut,  ressemble  au  L.  tigrinum  Gawl.  ; 
sa  tige  est  verte,  légèrement  tigrée,  garnie  de  poils  blancs.  Il 
ne  produit  pas  de  bulbillesà  l'aissefle  des  feuilles.  Ces  feuilles 
sont  alternes,  nombreuses,  rapprochées.  Les  fleurs  sont  hori- 
zontales à  l'extrémité  d'un  pédoncule  garni  d'une  longue 
bractée;  elles  sont  bien  ouvertes,  révolutées,  d'un  rouge  mat 
avec  des  points  et  des  macules  de  couleur  foncée  à  l'intérieur. 

C'est  une  plante  très  rustique. 

Le  lis  désigné  dans  le  Sàmoku-Dusets  (4)  sous  le  nom  de 
Ko  oni  yuri  est  le  L.  Maximowiczii  de  Regel  (5),  espèce  voi- 
sine de  L.  tigrinum.  Suivant  MM.  Franchet  et  Savatier  (G),  il 

(1)  Duchartre,  Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France,  t.  IV, 
p.  4-76. 

(2)  Catalogue  de  l'exposition  de  Nancy,  p.  61,  n"  1658,  1880. 

(3)  Revue  horticole,  I,  novembre,  p.  411-412,  1867. 

(4)  Sàmoku-Dusets,  vol.  V,  p.  49,  n»  64. 

(5)  Supplem.  ad  ind.  sem.  hort.  Petrop.,  1866-1867,  p.  26.  Gartenflora,  1868, 
p.  322,  pi.  596. 

(6)  Franchet  et  Savatier,  vol.  Il,  pars  1,  p.  65-66,  n°  1896, 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.  77 

s'en  distingue  par  ses  feuilles  plus  étroites,  dépourvues  de 
bulbilles  à  leur  aisselle.  D'après  M.  Duchartre  (1),  ses  fleurs 
sont  grandes,  révolutées,  ondulées,  colorées  en  beau  rouge 
écarlate  ou  orangé,  marquées  dans  leur  partie  inférieure  de 
points  ovales  de  couleur  pourpre  noir. 

Le  Ko  ont  yuri,  à  l'état  spontané,  est  uniflore  ;  la  forme 
cultivée  dans  les  jardins  est  plus  robuste  et  pluriflore.  Il  fleurit 
en  août  dans  les  parties  herbagées  des  montagnes.  M.  Maxi- 
mowicz  l'a  trouvé  dans  l'ile  de  Kiusiu,  aux  environs  de  la  ville 
de  Nagasaki.  M.  le  D'  Savatier  l'a  rencontré  dans  l'île  de  Nip- 
pon, sur  les  montagnes  d'Hakone  et  dans  la  province  de  Sa- 
gami.  Le  Ko  oni  yuri  a  été  introduit  en  Europe  par  M.  Maxi- 
mowicz  au  Jardin  botanique  de  Saint-Pétersbourg. 

Quant  au  Lilium  Leichtlini  de  Hooker  (2),  mentionné  par 
MM.  P'ranchet  et  Savatier  (3)  comme  une  espèce  très  voisine 
des  LU.  tigrinum  et  Maximowiczii,  il  est  indiqué  dans  le 
Phonzo-Zoufou  (4)  sous  le  nom  de  Hirato-yuri. 

On  le  trouve  sur  les  collines  herbagées  de  l'île  de  Nippon, 
principalement  au  pied  du  volcan  Fudzi-yama. 

Le  Hirato-yuri^  qui  a  été  dédié  par  DallonHookeràM.  Lei- 
chtlin,  a  1  mètre  de  haut  ;  sa  tige  est  glabre,  ses  feuilles 
alternes,  sessiles,  linéaires,  lancéolées,  un  peu  velues  à  la 
base  (5).  La  fleur  est  solitaire,  il  y  en  a  quelquefois  cependant 
2  ou  3,  pendantes,  révolutées,  de  couleur  jaune-citron,  par- 
semées à  l'intérieur  de  nombreuses  mouchetures  pourpres  ou 
noirâtres. 

Le  Lilium  tenuifolium  de  Fischer  (6),  qui  croît  au  Japon, 
de  même  que  dans  la  Sibérie  méridionale. 

Ses  feuilles  sont  linéaires,  ses  fleurs  sont  réfléchies,  révo- 
lutées, de  couleur  rouge,  non  ponctuées. 


(1)  Duchartre,  Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France,  l.  IV, 
p.  4S4-485. 

(2)  Bolanical  Magazine,  novembre  1867,  pi.  5673. 

(3)  Fr.incliet  et  Savatier,  vol.  U,  pars.  1,  p.  65,  n"  1807. 

(4)  Phonzo-Zoufou,  vol.  LI,  fig.  10  verso. 

^5)  Durliartre,  Journal  de  la  Société  centrale  dlio  ticuUure  de  France,  t.  IV, 
p.  484-485. 
(6)  Fischer,  Ind.  pi.  hort.  Gorenk,  p.  8, 1812. 


78  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

M.  Leichllin  le  marque  dans  sa  collection  comme  une  es- 
pèce très  nette.  îH 

M.  Duchartre  (1),  de  même  que  M.  Leichllin,  regarde  comme 
une  variété  de  cette  espèce  le  Lis  introduit  du  Japon  par 
Siebold,  en  1856,  sous  le  nom  de  L.  punicetim,  cédé  par  lui 
à  M.  Krelage  (2)  à  Harmle.  Ce  lis  est  plus  fort  et  ses  fleurs,  qui 
se  montrent  en  mai,  sont  plus  nombreuses  et  peuvent  aller 

jusqu'à  15.  !    ■'■.■n  'siii.i)  i, 

Le  Lilium  callosum  :  Hime-yuri  (S)  de  Siebold' et  Zucca- 
rini  (4),  mentionné  par  Miquel  (5),  par  Franchet  et  Savatier  (6), 
ou  L.  pomponium  de  Thunberg  (7). 

D'après  Kaempfer(8)  et  Siebold,  \e H ime-yuri  est  fréquent, 
à  l'état  sauvage,  dans  les  régions  montagneuses,  peu  boisées 
du  Japon,  à  une  altitude  de  165  à  650  mètres.  M.  Maximo- 
wicz  dit  qu'il  est  communément  cultivé  dans  l'île  de  Kiusiu, 
aux  environs  de  la  ville  de  Nagasaki. 

Les  Japonais  utilisent  dans  leur  nourriture  les  bulbes  co- 
mestibles du  L.  callosmn  et  les  mangent  cuits,  bouillis  et 
confits.  Ils  retirent  de  ces  bulbes  une  fécule  blanche  qui  était 
représentée  dans  l'Exposition  par  des  bocaux  remplis  de  cette 
fécule  en  morceaux  (classe  69,  céréales,  produits  farineux  et 
leurs  dérivés)  du  département  d'Iwaté,  province  de  Rikuchiu. 

Le  Hime-yuri  (Lis  mignon)  que  les  Japonais  nomment 
souvent  Yama-yuri  (Lis  de  montagne)  vient  aussi  en  Chine, 
où  il  est  connu  sous  le  nom  de  Santan.  Il  est  fréquemment 
cultivé  dans  les  jardins  japonais  et  il  est  alors  plus  vigoureux 
qu'à  l'état  sauvage. 

Sa  tige  simple,  arrondie,  s'élève  jusqu'à  1  mètre;  sesfeuilles 
sont  alternes,  étroites,  aiguës,  de  couleur  vert  clair. 


(1)  Duchartre,  Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France,  1. 1\', 
p.  282. 

(2)  Annales  d'horticulture  et   de  botanique  ou  Flore  des   Pays-Bas,   p.  23, 
1861. 

(3)  Sômoku-Dusets,  vol.  V,  p.  49,  n"  65. 

(4)  Siebold  et  Zuccarini,   Flora   /a/^onica,  p..  86,  tabl.  41,  1835. 

(5)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  320. 

(6)  Franchet  et  Savatier,  vol.  II,  pars.  1,  p.  65,  n°  1893. 

(7)  Thunberg,  Flora  Japonica,  p.  134. 

(8)  Kaempfer,  Amœnitates  exoticœ,  fasc,  5,  p.  871,  1712. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.  79 

Ses  fleurs,  au  nombre  de  six  à  dix,  sont  disposées  en  grappe 
terminale;  elles  sont  légèrement  pendantes,  leur  pédoncule 
sort  de  l'aisselle  de  deux  bractées  inégales  s'épaississantàleur 
sommet  en  une  callosité  qui  a  fait  donner  à  ce  lis  le  nom  de 
Callosum  (1).  Elles  sont  d'un  rouge  vif,  parsemées  de 
points  d'un  rouge  foncé. 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  reçu  directement  du  Japon  pour 
le  Jardin  d'Acclimatation  du  Bois  de  Boulogne,  dans  le  cou- 
rant de  l'année  1882,  un  album  représentant  les  fleurs  admi- 
rablement peintes  de  vingt-quatre  lis  japonais,  en  même 
temps  qu'une  collection  des  bulbes  de  ces  lis,  se  rapportant 
comme  numéros,  aux  numéros  identiques  de  l'album. 
M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  les  a  fait  planter  par  M.  Palry,  jar- 
dinier en  chef  du  Jardin.  D'après  les  renseignements  qui 
m'ont  été  donnés  par  M.  Patry,  très  peu  de  ces  lis  ont  réussi 
en  1882. 

Len"2a  fleuri  régulièrement  et  a  donné,  en  juillet,  une 
belle  fleur,  terminale,  de  10  centimètres  de  large,  dressée, 
campanulée,  à  divisions  du  périanthe  plutôt  pliées  que  révo- 
lutées,  d'un  beau  rouge  pourpre  uniforme,  sans  macules  en 
dedans,  d'un  rouge  clair  à  l'extérieur. 

Le  n"  4  a  donné  une  petite  fleur  campanulée,  à  extrémités 
des  folioles  du  périanthe  pliées,  d'un  beau  jaune  à  l'inté- 
rieur, avec  des  points  rouges  disséminés,  de  couleur  jaune 
clair  en  dehors. 

Le  n"  9  a  produit,  en  juillet,  un  grand  lis  blanc,  lavé  de 
vert  clair  à  l'extérieur  dans  la  partie  s'attachant  au  pédon- 
cule, tubulé,  médiocrement  ouvert,  non  ré  volute. 

Le  n"  15  a  fourni  une  belle  fleur  de  10  cenlimètres  de  large, 
campanulée,  largement  épanouie,  révolutée,  jaune,  avec  des 
macules  rouge  foncé  en  dedans,  de  couleur  jaune  clair  sur 
la  face  externe. 

Len°24  a  avorté. 

Les  autres  lis  n'ont  pas  réussi. 

Les  vingt-quatre  lis  figurés  dans  l'album  japonais  envoyé 

(1)  Duchartre,  Journal  de  la  Société  centrale  d'Iiorticullure  de  France,  t.  IV, 
p.  349. 


80  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION, 

au  Jardin  d'Acclimatalion  du  Bois  de  Boulogne,  peints,  dans 
leur  grandeur  normale  et  avec  leurs  véritables  nuances,  sont 
les  suivants  (1): 

N"  1.  Lis  à  tige  ronde,  glabre,  de  couleur  verte,  à  feuilles 
sessiles,  alternes,  allongées,  d'un  vert  clair  en  dessus,  d'un 
vert  jaunâtre  en  dessous.  Pleur  de  18  centimètres  de  large, 
portée  sur  un  pédoncule  assez  long,  horizontal,  largement 
ouverte,  ondulée,  révolutée,  d'un  blanc  légèrement  rosé, 
parsemée  en  dedans  de  gros  et  nombreux  points  pourpres, 
avec  une  large  bande  médiane  d'un  jaune  uniforme;  étamines 
à  grosses  anthères  de  couleur  rouge  brique ,  large  pistil 
vert  clair.  Le  bouton  de  la  fleur,  gros,  long,  renflé  à  sa  partie 
moyenne,  d'un  blanc  rosé  dans  le  milieu  et  vers  la  pointe, 
blanc  lavé  de  vert  près  du  pédoncule. 

N°  2.  Lis  à  tige  ronde,  glabre,  vert  jaunâtre;  à  feuilles 
sessiles,  disposées  supérieurement  en  verticille,  linéaires, 
d'un  beau  vert  en  dessus,  vert  jaunâtre  en  dessous;  fleur 
terminale,  dressée  sur  un  pédoncule  assez  gros  et  assez  court, 
de  13  centimètres  de  large,  campanulée,  à  divisions  du 
périanthe  plutôt  pliées  que  révolutées  dans  leur  tiers  supé- 
rieur, d'un  beau  rouge  pourpre  foncé,  en  dedans  avec  une 
nervure  médiane  d'un  rouge  plus  clair,  d'un  rouge  moins 
foncé  à  l'extérieur.  Étamines  rougeâtres  ;  gros  pistil  dépas- 
sant peu  les  étamines. 

N"  3.  Lis  à  tige  ronde,  glabre  ;  à  feuilles  sessiles,  alternes, 
étroites,  linéaires,  vert  clair  en  dessus,  vert  jaunâtre  en  des- 
sous; deux  fleurs  à  l'extrémité  supérieure  de  ia  tige,  dressées, 
portées  par  un  pédoncule  de  grosseur  moyenne,  campanu- 
lées,  révolutées,  de  12  centimètres  de  large,  de  couleur  rouge 
orange  ou  rouge  tomate,  uniforme  en  dedans  et  en  dehors, 
un  peu  plus  foncé  au  centre,  sans  macules.  Anthères  de  cou- 
leur rouge  pourpre  ;  pistil  rougeâtre. 

Le  bouton  de  la  fleur,  ovale,  de  couleur  rouge  clair. 
N°  4.  Petit  lis  à  tige  ronde,  glabre  ;  feuilles  sessiles,  verti- 
cillées  supérieurement,  linéaires,  étroites,  peu  longues;  fleur 

(1)  J'ai  suivi  dansTénumération  l'ordre  des  numéros  indiqué  dans  l'album. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.  81 

terminale  de  6  centimètres  de  large,  dressée,  campanulée, 
légèrement  pliée  à  l'extrémité  de  chaque  foliole  du  périantlie, 
d'un  jaune  clair  uniforme  à  l'extérieur,  d'un  jaune  plus  foncé 
en  dedans,  avec  des  points  nombreux,  disséminés,  de  cou- 
leur rouge  brique  ;  étamincs  à  anthères  rougeâtres  assez 
longues. 

N°  5.  Beau  lis  à  tige  jaune  verdâtre,  ronde,  glabre,  à  feuilles 
sessiles,  alternes,  linéaires,  peu  nombreuses;  fleur  de  13 cen- 
timètres de  long  sur  15  centimètres  de  large,  horizontale,  sur 
un  pédoncule  de  9  centimètres  de  long,  campanulée,  pliée  à 
l'extrémité  des  folioles  du  périanthe,  d'une  belle  couleur  rose 
carmin,  uniforme,  sans  macules,  plus  foncée  en  dedans  qu'en 
dehors;  étamines courtes,  rapprochées,  à  anthères  de  couleur 
rouge  brique. 

N"  6.  Magnifique  lis,  à  tige  ronde,  glabre,  ta  feuilles  ses- 
siles, alternes,  nombreuses,  assez  larges,  obovales,  réguliè- 
rement espacées  dans  la  hauteur  de  la  tige,  d'un  beau  vert 
foncé  en  dessus,  jaunâtres  en  dessous;  à  fleurs  de  il  centi- 
mètres de  large,  obliques  sur  im  pédoncule  de  6  centimètres 
de  long,  largement  ouvertes,  révolutées,  ondulées,  d'un  blanc 
rose  extérieurement,  blanc  en  dedans,  carminé  vers  le 
milieu,  parsemées  de  gros  points  nombreux  de  couleur  car- 
min foncé;  longues  étamines  à  anthères  de  couleur  rouge 
brique;  long  style  verdâtre.  Le  bouton  de  la  fleur,  de  couleur 
blanc  verdâtre,  lavé  de  rose  vers  la  partie  médiane. 

N"  7.  Joli  lis  cà  tige  assez  grosse,  ronde,  glabre;  à  feuilles 
sessiles,  alternes,  obovales;  fleurs  terminales  de  12  centimè- 
tres de  large,  obliques  sur  un  pédoncule  grêle  de  7  à  8  cen- 
timètres de  long,  largement  ouvertes,  ondulées,  révolutées, 
d'un  blanc  pur,  parsemé  en  dedans  de  gros  points  blancs 
plus  foncés  ;  longues  étamines  à  anthères,  de  couleur  rouge 
brique;  style  dépassant  de  beaucoup  les  étamines. 

Le  bouton  de  la  fleur  est  blanc  lavé  de  vert  clair. 

'N"  8.  Lis  à  lige  ronde,  glabre,  à  feuilles  alternes,  sessiles, 
linéaires,  allongées,  les  inférieures  plus  larges  que  les  supé- 
rieures ;  à  fleurs  terminales,  dressées,  de  12  centimètres  de 
large,  doubles,  très  largement  épanouies,  révolutées,  de  cou- 

3'  SÉRIE,  T.  X.  — Février  1883.  0 


82  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

leur  jaune   orangé,  ou  rouge  tomate,  parsemées  en  dedans 
de  nombreux  et  gros  points  rouge  brun. 

Le  bouton  de  la  fleur,  presque  rond,  de  couleur  rouge 
abricot,  maculé  de  rouge  brun. 

N"  9.  Lis  à  ti^e  ronde  glabre,  feuilles  peu  nombreuses, 
alternes,  pétiolées  (les  pétioles  plus  courts  dans  les  feuilles 
supérieures  que  dans  les  inférieures),  en  forme  de  cœur,  de 
couleur  vert  clair  en  dessus,  vert  jaunâtre  en  dessous  ;  deux 
fleurs  terminales,  allant  en  sens  opposé,  horizontales,  tubu- 
lées,  les  extrémités  des  folioles  du  périanthe  légèrement 
repliées  sans  être  révolutées,  médiocrement  ouvertes,  de 
couleur  blanche,  légèrement  lavée  de  vert  extérieurement 
dans  le  quart  de  la  longueur,  près  du  pédoncule. 

N°  40.  Petit  lis,  à  feuilles  sessiles  étroites,  linéaires,  nom- 
breuses, rapprochées,  d'un  beau  vert  en  dessus,  vert  jaunâtre 
en  dessous,  fleur  terminale,  dressée,  de  8  centimètres  de 
large,  campanulée,  non  révolutée,  simplement  pliée  à  chaque 
extrémité  des  folioles  du  périanthe,  assez  largement  ouverte, 
de  couleur  rouge  clair  en  dehors,  de  couleur  rouge  lie  de  vin 
à  l'intérieur,  parsemée  de  points  noirâtres. 

NMl.  Beau  lis  à  tige  ronde,  glabre;  à  feuilles  sessiles, 
nombreuses,  verticillées,  assez  longues,  vert  clair  en  dessus, 
vert  jaunâtre  en  dessous  ;  fleurs  terminales  semi-doubles,  de 
14  centimètres  de  large,  dressées,  campanulées,  non  révolu- 
tées, pliées  aux  extrémités  des  folioles  du  périanthe,  de  cou- 
leur rouge  clair  à  l'extérieur,  d'un  beau  rouge  pourpre 
uniforme  en  dedans,  sans  macules,  ayant  au  milieu  seize  à 
dix-huit  prolongements  rougeâtres  bordés  de  blanc,  et  treize 
filaments  blancs  grêles  ;  long  style  verdâtre. 

N°  15.  Large  et  beau  lis  à  grosse  tige  ronde,  glabre  ;  à 
feuilles  sessiles,  assez  nombreuses,  verticillées  dans  la  partie 
supérieure  de  la  tige  ;  fleur  terminale  de  14  centimètres  de 
large,  dressée,  campanulée,  non  révolutée,  ayant  les  extré- 
mités des  folioles  du  périanthe  repliées,  d'une  belle  couleur 
pourpre  velouté,  uniforme  en  dedans,  sans  macules,  rouge 
clair  à  l'extérieur  ;  étamines  à  grosses  anthères  de  couleur 
chocolat  ;  fort  style  rougeâtre. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.  83 

N"  13.  Beau  lis  à  tige  arrondie,  glabre;  à  feuilles  nom- 
breuses, sessiles,  petites,  linéaires,  de  couleur  vert  clair  en 
dessus,  vert  jaunâtre  en  dessous;  fleurs  de  10  à  12  centimè- 
tres de  large,  obliques  sur  de  longs  pédoncules  grêles,  large- 
ment ouvertes,  révolutées,  ondulées,  d'une  jolie  couleur 
abricot  foncé  ou  jaune  orangé,  avec  une  nervure  médiane 
orangée,  parsemées  de  gros  points  rouge  pourpre,  très  nom- 
breux, de  couleur  rouge  orangé  clair  à  l'extérieur;  étamines 
à  grosses  anthères  de  couleur  rouge  brique  ;  long  style  dépas- 
sant de  beaucoup  les  étamines. 

Le  bouton  de  la  fleur  ovale  allongé,  de  couleur  rouge 
orangé,  lavé  de  vert. 

N"  14.  Lis  cà  grosse  tige  ronde,  glabre,  vert  jaunâtre,  à 
nombreuses  feuilles  alternes,  sessiles,  assez  larges,  obovales  ; 
fleurs  de  14-  à  15  centimètres  de  large,  bien  ouvertes,  peu 
révolutées,  plutôt  pliées,  de  couleur  blanche  avec  une  bande 
jaune  clair  de  1  centimètre  de  large  sur  le  milieu  de  la  face 
interne  de  chaque  foliole  du  périanthe  qui  est  parsemée  de 
gros  et  nombreux  points  jaunes  de  la  môme  nuance  que  la 
bande  ;  étamines  courtes,  à  grosses  anthères  de  couleur 
rouge  brique;  large  style  verdâtre. 

Le  bouton  de  la  fleur  blanc  lavé  de  jaune  dans  la  moitié  dé 
sa  longueur  près  du  pédoncule. 

NMô.  Lis  à  tige  assez  grosse,  à  feuilles  alternes,  sessiles, 
nombreuses,  étroites,  allongées;  à  fleurs  de  0,10  à 0,1  !2  de 
large,  obliques  sur  le  pédoncule,  campanulées,  légèrement 
ouvertes,  d'un  jaune  clair  à  l'extérieur,  d'un  jaune  plus  foncé 
sur  la  face  interne  des  folioles  du  périanthe,  qui  sont  parse- 
mées de  nombreux  et  gros  points,  de  couleur  rouge  brique  ; 
longues  étamines  avec  anthères  rougeâlres  ;  style  jaunâtre.  Le 
bouton  de  la  fleur,  ovale  allongé,  jaunâtre,  est  légèrement 
lavé  de  vert  près  de  son  attache  au  pédoncule. 

NMô.  Lis  à  grosse  tige  vert  jaunâtre,  ronde,  glabre,  à 
jolies  feuilles  alternes,  sessiles,  nombreuses,  assez  étroites, 
allongées,  d'un  beau  vert  en  dessus,  bordées  de  blanc,  veri 
jaunâtre  en  dessous  ;  grandes  fleurs  terminales,  horizontales, 
campanulées,  légèrement  révolutées,  un  peu  ondulées,  blan- 


8-4  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

che?,  lavées  de  vert  clair  près  du  pédoncule  et  à  la  partie 
movenne  de  la  face  inlerne  des  folioles  du  périanlhe  :  étamine* 
cour'ips,  à  larges  anlhères;  style  assez  gros. 

L^'.  bouton  de  la  ileur  ovale  allongé,  blanc  lavé  de  vert. 

N°  17.  Lis  à  tige  grêle,  jaunâtre,  à  feuilles  sessiles,  verti- 
cillées,  linéaires,  allongées;  trois  tleurs  terminales,  obliques, 
petites,  de  G  centimètres,  bien  ouvertes,  étalées,  révolutées,, 
d'tin  jaune  clair  à  l'extérieur,  d'un  jaune  plus  foncé  en  de- 
dans, parsemées  de  nombreux  points  de  couleur  rouge  bri-^ 
«jue  ;  étamines  assez  longues,  à  anthères  rougeâtres  ;  long- 
style  j.'iunâtre. 

Le  bouton  de  la  fleur  ovale  arrondi,  jaunâtre,  lavé  de  verh 
vers  le  pédoncule. 

,  N"  18.  Lis  à  grosse  tige  verdàtre,  ronde,  glabre,  à  feuilles- 
sessiles,  nombreuses,  étroites,  allongées,  verl  clair  en  dessus,, 
bordées  de  jaune  rosé,  de  couleur  vert  jaune  en  dessous;; 
fleur  terminale,  presque  horizontale, tubulée  de0™,15  de  long. 
surO%li  de  large,  légèrement  révolutée,  bien  ouverte,  d'un 
beau  blanc  lavé  de  verl  clair  dans  le  tiers  de  sa  longueur  près^ 
du  pédoncule,  sans  macules;  étamines  courtes,  dépassant 
peu  le  tube  du  périanthe,  à  grosses  anthères,  droites,  jaunâ- 
tres ;  style  assez  fort. 

N"  10.  Lis  à  grosse  tige  verte,  arrondie,  glabre  ;  à  feuilles- 
alternes,  sessiles,  nombreuses,  allongées,  de  couleur  vert 
foncé  en  dessus,  vert  clair  en  dessous  ;  magnifique  fleur  ter- 
minale, oblique  sur  le  pédoncule,  de  0'",15  de  large,  campa- 
nulée,  largement  ouverte,  révolutée,  ondulée,  d'un  blanc  lavé 
de  vert  à  l'extérieur,  d'un  beau  blanc  en  dedans,  parsemée- 
de  gros  et  nombreux  points  de  couleur  rouge  cramoisi,  avec 
une  large  bande  d'un  rouge  cramoisi  sur  le  milieu  de  la  lace 
interne  de  chaque  foliole  du  périanlhe;  longues  élamiues  ver- 
dâtres  à  grosses  anlhères  obliques,  de  couleur  rouge  brique;, 
long  el  gros  style  verdàtre. 

N°  20.  Charmant  lis  à  lige  mince,  d'un  vert  jaunâtre,  à. 
fe\ii.les  verticillées,  étroites,  linéaires,  d'un  beau  vert;  petite 
fleur  tcrmhiale,  horizontale,  de0™,06  de  large,  campnnulée, 
largement  ouverte,  non  révolulée,  pliée  à  l'extrémité  des. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         85 

folioles  du  périanlhe,  d'un  beau  violet  foncé  uniforme,  sans 
macules,  intérieurement  et  extérieurement  ;  six  minces  et  lon- 
gues étamines  à  petites  anthères,  rondes,  jaunâtres  ;  long  et 
mince  style. 

N"  41 .  Lis  à  grosse  tige  arrondie,  glabre  ;  à  feuilles  sessilos, 
alternes;  deux  fleurs  terminales,  tubulées,  médiocrement 
ouvertes,  horizontales  sur  un  petit  pédoncule,  l'extrémité  des 
folioles  du  périanthe  plutôt  pliée  que  révolutée,  d'un  blanc 
uniforme  en  dedans,  sans  macules,  d'un  blanc  légèrement 
lavé  de  vert  à  l'extérieur;  grosses  étamines  à  anthères,  droites, 
d'un  beau  jaune  ;  long  et  gros  style. 

Bouton  de  la  fleur  renflé  dans  son  milieu,  de  couleur 
blanche  lavée  de  vert  v(!rs  le  pédoncule. 

N"  2:2,  Magnifique  lis  à  grosse  tige  arrondie,  glabre,  à 
feuilles  sessiles,  alternes,  linéaires,  allongées,  d'un  beau  vert 
en  dessus,  d'un  vert  jaunâtre  en  dessous;  fleurs  de  0'",17  de 
large,  largement  ouvertes,  ondulées,  révolutées,  d'un  blanc 
uniforme,  sans  macules,  avec  une  large  bande  médiane  d'un 
beau  jaune  sur  le  milieu  de  la  face  interne  de  chaque  foliole 
du  périanthe;  grosses  étamines  de  couleur  chocolat;  pistil 
gros  et  long  de  couleur  vert  clair. 

N°23.  Beau  lis  à  tige  de  grosseur  moyenne,  ronde,  vcrdàtre  ; 
feuilles  nombreuses,  sessiles,  allongées,  d'un  beau  vert  en 
dessus,  de  couleur  vert  jaunati'e  en  dessous;  fleur  terminale, 
grande,  horizontale,  tubulée,  médiocrement  ouverte,  non 
révolutée,  de  couleur  blanc  jaunâtre,  maculée  extérieurement 
de  rouge  et  de  brun,  en  plaques  et  en  bandes  allongées,  d'un 
blanc  jaunâtre  uniforme  en  dedans,  sans  macules;  grosses 
étamines  droites,  de  couleur  rouge  brique  ;  gros  et  long  style 
verdàtre. 

iV  24.  Petit  lis  à  tige  mince,  jaune  clair,  à  feuilles  verti- 
cillées,  sessiles,  linéaires,  d'un  beau  vert  en  dessus,  vert  jau- 
nâtre en  dessous,  les  feuilles  inférieures  plus  longues  que  les 
•feuilles  supérieures;  fleuis  horizontales  sur  un  long  |)édon- 
cule,  largement  ouvertes,  de  5  centimètres  1/2,  ondulées, 
révolutées,  de  couleur  abricot,  parsemées  de  nombreux  points 
pourpres  ;  longues  étamines  à  petites  anthères  obliques,  de 


86  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

couleur  rouge  brique;  long  style  rose.  Le  bouton  de  la  fleur 
ovale,  presque   rond,   de   couleur  abricot. 

Erythronium  grandiflorum.  Katakuri.  —  Parmi  les 
autres  plantes  utiles  de  la  famille  des  Liliacées,  le  Sàmoku- 
Dusets  (1)  et  le  Phonzo-Zoufou  (2)  indiquent  VErythro- 
nixim  grandiflorum  sous  les  noms  de  Katakuri  et  de  Ka- 
tako-yuri. 

V Erythronium  grandiflorum,  qu'on  trouve  marqué  dans 
Miquel  (3),  dans  Francliet  et  Savalier  (4),  fleurit  en  mai. 
D'après  le  Phonzo-Zoufou,  les  fleurs  sont  de  couleur  pourpre 
violet  clair  ;  la  tige  porte  deux  feuilles  en  général  dissembla- 
bles, l'une  plus  grande,  plus  large,  plus  arrondie  cà  la  base, 
presque  toujours  contractée  en  pétiole;  l'autre  lancéolée, 
plus  petite,  atténuée  inférieurement;  la  capsule  est  obovale, 
arrondie  au  sommet  (5).  Suivant  MM.  Franchet  et  Savatier,  la 
plante  du  Japon  pourrait  bien  n'être  qu'une  forme  k  grande 
ileur  de  VEryt.  dens  canis.  Le  docteur  Vidal  (6)  a  commu- 
niqué au  docteur  Savatier  ununlve Erythronium,  qui  rappelle 
VEryt.  albidum  Nutt.  Il  l'a  recueilli  aux  environs  de  Niigata, 
dans  la  partie  occidentale  de  l'île  de  Nippon. 

Le  Katakuri  se  rencontre  sur  les  coflines  boisées  des 
provinces  septentrionales  de  l'île  de  Nippon,  d'après  le  doc- 
teur Kramer  et  le  docteur  Savalier.  Le  botaniste  japonais 
Keiske  l'a  marqué  comme  existant  dans  l'île  de  Yeso. 

C'est  une  plante  qu'on  rencontre  à  l'état  sauvage,  et  dont 
les  bulbes  contiennent  une  fécule  qui  est  employée  dans  l'ali- 
mentation japonaise.  On  remarquait  dans  la  classe  09  (céréales, 
produits  farineux  avec  leurs  dérivés)  des  flacons  de  fécule 
iDlanche  en  poudre  et  en  morceaux  à'Erythronium  grandi- 
florum sous  le  nom  de  Katakuri-ko  du  département  d'Iwaté 
(province  de  Rikuchiu). 

(1)  Sàmoku-Dusetz,  vol.  V,  p.  51,  n"  84.  1856. 

(-2)  Phonzo-Zoufou,  vol.  VU,  fol.  3-2.  Yedo,  1828. 

(3)  Miquel  (F.  A.  W.),   Proliisio  florœ  Japonicœ,  p.   322.   Amsterdam,   1866- 
1867. 

(4)  Franchet  et  Savatier,   Enumeratio,\o\.  Il,  pars  1,  p.  ô'J,  n"  1883. 

(5)  Ibid.,  vol.  Il,  pars  1,  p.  60. 

(6)  Ibid.,  vol.  11,  pars  2,  p.  525,  n"  2725. 


PRODUCTIONS   VÉGÉTALES   DU   JAPON.  87 

VOrithya  ediilis  de  Miquel  (1),  de  Franchet  et  Savatier  (2), 
Amana  et  Mugi-giitvai,  d'après  le  Sàmoku-Dasets  (3),  le 
Phonzo-Zoufou  (A)  et  le  Kwa-wi  (5),  qui  est  commun  dans  les 
champs,  le  long  des  routes,  près  des  endroits  boisés,  dans  les 
parties  humides  des  montagnes,  et  qui  donne,  de  mars  à 
avril,  des  fleurs  rosées  à  veines  violettes.  Il  y  a  des  variétés  à 
fleurs  blanches  et  rougeàtres. 

LOrithya  edulis  se  rencontre,  d'après  Oldham,  dans 
l'île  de  Kiusiu;  suivant  Siebold,  il  est  fréquent  dans 
toutes  les  parties  de  l'île  de  Nippon,  et  d'après  le  doc- 
teur Savatier,  principalement  aux  environs  de  la  ville  de 

Yokoska ; 

Ainsi  qu'une  autre  espèce,  l'Or,  oxypetala  de  Kunth  (6)  et 
d'Asa  Gray  (7).  Hiroha  Amana  et  Hiroha-miigi-guwaï,  d'a- 
près le  Sdmoku-Dusels  (8),  dont  les  feuilles  sont  plus  larges 
et  dont  les  fleurs  sont  blanches  cà  l'intérieur  et  lavées  de  rose 
en  dehors  (9). 

La  famille  des  Liliacées  fournit  aussi  plusieurs  espèces 
d'HemerocalHs. 

VHemerocallis  fulva,  Lin.,  indiqué  par  Miquel  (10),  Fran- 
chet et  Savatier  (ii),  marqué  dans  le  Sômoku-Dusets  (1^) 
sous  les  noms  de  Yahu-Kuiuanzo  et  de  Oni-Kuwanzo  et  sous- 
celui  de  Wasuregusa  (1o)  (forme  des  jardins  à  fleurs  doubles)  ^ 
avec  une  \ariéié angustifolia  de  Baker(14-), désignée  par  Miquel 
sous  le  nom  d'Hemer  longituha  et  classée  dans  le  Sàmoku- 
Dusets{[b)  sous  le  nom  de  Zentel  Kuiva,  remarquable  suivant 

(1)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florce  Japonicœ,  p.  322. 

(2)  Franchet  et  Savatier,  vol.  11,  pars  1,  p.  60,  n"  1884. 

(3)  Somoku-Dusets,  vol.  V,  p.  51,  n»  82, 

(i)  Pliouw-Zoufou,  vol.  VII,  foi.  30,  verso,  fig.  dexlr. 

(5)  Kwa-wL  Herb.  I,  p.  19,  n°  22. 

(6)  Kunth,  Enmnerat.,  4,  p.  227. 

(7)  Asa-Gray,  Plant.  Jap.,  p.  322. 

(8)  Sômoku-Dusets,  vol  V,  p.  51,  n»  83. 

(9)  Phonzo-Zoufou,  vol.  VII,  fol.  30  verso,  fig.  sinist. 

(10)  Miquel  (F.  A.  \V.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  316. 

(11)  Franchet  et  Savatier,  vol.  H,  pars  1,  p.  80,  n°  1930. 

(12)  Sômoku-Dusets,  vol.  VI,  p.  55,  n"  14. 

(13)  Ibid.,\o\.  VI,  p.  55,  n°  13. 

(14)  Baker,  On  Liliac  in  the  Journ.  of  Ihe  Linnean  Society,  XI,  p.  358. 
.   (15)  Sômoku-Dusets,  vol.  VI,  p.  55,  n.  17. 


88  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

MM.  Franche!  et  Savatier  par  la  longueur  de  son  tube  péri- 
gonal  qui  atteint  jusqu'à  4  centimètres. 

Cette  variété  qui  est  peut-être  spontanée  au  Japon,  y  est 
cultivée  comme  plante  ornementale. 

VHemerocallis  Dumortieri  (1)  ou  Hemer.  graminea,  var. 
humilior  de  Maximowicz  (2),  et  de  Miquel  (;:]),  Yu-usuge  et 
Yosinho-Kisuge,  d'après  le  Sdmoku-Dusets  (4).  Celle  espèce 
qui  est  cultivée  dans  les  jardins  de  l'ile  de  Yeso,  aux  envi- 
rons de  la  ville  d'Hakodate,  sans  qu'on  puisse  préciser  si  elle 
y  est  spontanée,  est  remarquable  d'après  le  docteur  Savatier  (5) 
par  ses  fleurs  presque  sessiles  et  la  brièveté  de  son  tube  péri- 
gonal  qui  n'atteint  pas  un  centimètre. 

Le  Sômoku-Dusets  (6)  et  le  Phonzo-Zoufou  (7)  indiquent 

de  plus  : 

L'Hime-Kuwanzo,  Hemer .  Middenfordii  qui  esi  cultivé  dans 
les  jardins  et  dont  le  tube  périgonal  est  de  10  à  15  milli- 
mètres. 

On  trouve  aussi  au  Japon  VHemerocallis  flava,Kwandzoo, 
qui  y  est  cultivé  dans  les  jardins  et  qui  y  est  peut-être  spon- 
tané, ainsi  que  VHemerocallis  minor  ou  Hemer.  graminea  (8) 
qui  sont  synonymes  suivant  Baker  (9)  et  que  le  Sàmoku- 
Dusels  relate  sous  la  dénomination  do  Deni-Kuwandzo  (10). 

Les  fleurs  de  VHemerocallis  graminea  séchées  sont  usi- 
tées quelquefois  dans  l'alimentation  japonaise,  mais  c'est  prin- 
cipalement en  Chine  qu'elles  sont  employées  dans  la  nourri- 
ture et  elles  consliluent  un  plat  favori  des  Chinois.  On  en 
remarquait  des  échantillons  dans  l'exposition  chinoise  n"  8098 
provenant  des  douanes  chinoises  de  Chinkiang  et  au  n"  2608, 
des   tiges  (ÏHemerocallis  recommandées  dans  la  médecine 

(1)  Moir,  Hort.  Behj.,  II,  p.  195.  tabl.  43. 

(2)  Maximowicz,  Primiliœ   florœ    Amurensis  (  Mémoires  présentés  à  l'Aca- 
démie impériale  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg,  t.  IX,  p.  28"),  185U). 

(3)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  31(5. 

(4)  Sànwku-Dmets,  vol.  VI,  p.  55,  n"  18. 

(5;  Fraiicliot  et  Savatier,  vol.  U,  p.  79,  n"  1929. 
(6j  Sômoliu-Dusels,  vol.  Vi,  p.  55,  n°  15. 

(7)  Phomo-Zoufou,  vol.  XVll,  fol.  U  verso. 

(8)  Miquel,  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  316. 

(9)  Baker,  On  Liliac.  in  the  Jour»,  ofllie  Linnean  Socieltj,  XI,  p.  358. 

(10)  Sômoliu-Dusels,  vol.  VI,  p.  55,  n"  16. 


PRODUCTIONS    VÉGÉTALES   DU    JAPON.  89 

chinoise  comme  médicament  stimulant  et  venant  des  douanes 
chinoises  de  Canton. 

La  province  du  Shantung  exporte  une  quantité  considé- 
rable de  fleurs  séchées  de  VHeniewcallls  graminea. 

On  trouve  au  Japon  plusieurs  espèces  de  Funkia:  le  Fiin- 
kiacordata,  de  Spreng  (l),  de  Miquel  (-2),  de  Franchet  et 
Savatier  (3)  :  Funkia  grandi flora,  de  Siebold  (4),  que  le 
Sànwku-Dusels  désigne  sous  le  nom  do  Tô-giboski  (5)  et  sous 
celui  de  Tamano-Kandsaki  (G),  qui  est  celui  qu'on  trouve 
marqué  dans  le  Phonzo-Zoufou  (7). 

Le  Funkia  cordata  a  une  tige  de  0'",30  à  0'",35  de  haut,  des 
feuilles  radicales  en  forme  de  cœur;  des  fleurs  nombreuses, 
odorantes,  blanches,  rayées  légèrement  de  rouge,  en  grappes 
«lunies  de  deux  bractées  dont  Tune  caduque  et  l'autre  persis- 
lanle,  ovale  et  blanchâtre. 

C'est  une  espèce  élégante  cultivée  par  les  Japonais  pour 
l'ornement  de  leurs  jardins  ainsi  qu'une  autre  espèce  : 

Le  Funkia  Sicboldiana,  de  Ilooker  (8),  relaté  dans  Mi- 
quel  (9),  dans  Franchet  et  Savatier  (10),  Hemerocallis  cordata 
de  Thunberg  (11). 

Kuro-giho>ihi,  suivant  le  Sdmoku-Dusets  (12),  qu'on  ren- 
contre aussi  à  l'état  sauvage  diins  les  bois  des  montagnes  de 
i'île  de  Nippon  où  il  fleurit  en  août.  Ses  fleurs  nombreuses 
sont  quelquefois  réunies  en  verticilles;  quant  à  ses  feuilles, 
elles  sont  ovales  et  plus  petites  de  moitié,  de  même  que  les 
fleurs,  que  dans  le  Funkia  subcordata. 

Le  Funkia  Sieboldiana  était  représenté  à  l'Exposition  de 
Nancy  (13),  exposé  par  M.  Gerbeaux. 

(1)  Spren?y  Sust.  2,  p.  41. 

(2)  MiqiiPl  'F.  A.  W.),  Prnlusin  florœ  Japonicœ.  Amsterdam,  1865-1867 

(3)  Franchet  et  Savalier,  Enuineralin,  voi.  II,  pars  1,  p.  80,  a°  i931. 

(4)  Siel>olil,  FI.  des  Serr.  labl.  158-159  (foiine  des  jardins). 

(5)  Sàmnkii-Dmits,  vol.  VI,  p.  56,  n"  21. 

(6)  Ibll.,  vol.  VI,  p.  56,  n»25. 

(7)  Phonzo-Znufnu,\o\.\\\\\Ji\\.   13  recto. 

(8)  Ilooker,  Hnlanical  magminc,  tiilil.  3  i63.  1867. 

(9)  Mi((iiel  (F.  A.  W.),  Proluxin  flonr.  Jaiionicœ,  p.  317. 

(10)  Fran.het  et  Savati-r.  Rnuineratio,  vol.  II,  parsl,  p.  81.  n"  1932. 

(11)  Thnnliert?,  Flora  Jiipnmca,  j».  143. 

(12)  Sônvilm-'lJusel^,  vol.  VI,  p.  57,  n°  27. 

(13y  Catalogue  de  r Exposition  de  Nancy,  p.  61,  n"  1650.  1880. 


00  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

Les. Japonais  ciiltivenl  aussi  dans  les  jardins  comme  plantes 
d'ornement  ;  le  Funkia  ovata  de  Spreng  (i),  relaté  dans 
Franchet  et  Savatier(2)  ou  Hemerocallis  cœrulea  de  An- 
drews (3),  dénommé  dans  le  Sàmoku-Dusets  ('4),  Gibo  et 
Giboshi,  c'est  VHemerocalle  bleue,  à  tige  de  0™,50  de  haut, 
à  feuilles  ovales,  à  fleurs  d'un  bleu  violacé,  qui  fleurit  au 
Japon  de  juillet  à  août. 

Le  Phonzo-Zoufou  (5)  en  indique  une  forme  dont  les 
feuilles  sont  bordées  de  blanc;  cette  forme  est  notée  dans  le 
Sànioku-Diisels  ((5)  sous  le  nom  de  Oba-Giboshi.  C'est  le 
Funkia  cœruJca  albo-marginata. 

Le  Sômokii-Diisels  en  marque  une  autre  forme  sous  le  nom 
deKobaGiboshi{l),qm  est  le  Funkia  ovata  forma  lancifolia. 

Le  Funkia  cœrulea  et  le  Funkia  cœrulea  albo-marginata 
étaient  exposés  à  Nancy  par  M.  Gerbeaux  en  1880  (8). 

Le  Funkia  lancifolia  de  Spreng  (9),  de  Franchetet  Sava- 
tier  (10),  Hemerocallis  lancifolia  de  Thunberg  (H),  Midzu 
(jibosld  et  Sagi  gibosJti  d'après  le  Sàmoku-Dusets  (12)  qui 
fleurit  en  juillet  et  août  et  qui  vient  à  l'état  sauvage  dans  les 
montagnes  boisées  de  toute  l'étendue  du  Japon. 

Le  Phonzo-Zoufou  (13),  suivant  MM.  Franchet  et  Sava- 
tier  (14),  en  relate  plusieurs  formes. 

Fol.  15.  Sous  le  nom  de  Gibosi  :  Funkia  à  feuilles  large- 
ment lancéolées  et  bordées  de  blanc,  à  fleurs  violettes. 

Fol.  16  recto.  Sous  le  nom  de  Kinran:  Funkia  à  feuilles 
lancéolées,  glauques  en  dessous,  à  fleurs  d'un  violet  foncé  à 
l'intérieur,  et  d'un  violet  clair  en  dehors. 

(1)  Spreng,  S>ist.  \\,  p.  210. 

(2)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  II,  pars  1,  p.  80.  n°  1933. 

(3)  Andrews,  Dot.  rep.,  t.  VI. 

(4)  Sàmoku-Dusets,  vol.  VI,  p.  56,  n"  19. 

(5)  Phonzo-Zoufou.  yo\.   XXUI,  fol.  15  recto. 

(6)  Sômoku-Dusels,  vol.  VI,  p.  56,  n"  20. 

(7)  md.,  vol.  VI,  p.  56,  n»  21. 

(8)  Catalogue  de  l'exposition  de  Nanoj,  p.  61,  n°  1656,  1880. 

(9)  Spreng.  Sijst.  2,  p.  241. 

(10)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  H,  pars  1,  p.  80,  n"  1934. 

(11)  Thunberg,  Transactions  of  the  Linnean  Society...  11,  p.  335. 

(12)  Sàmoku-Dusets,  vol.  VI,  p.  51,  n"  23. 

(13)  Plwn:-o-Zoiifou,  vol.  XXIll,  fol.  16  et  17. 

(14)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  Il,   pars  1,  p.  82,  n"  1934- 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         91 

Fol.  16  verso,  avec  la  dénomination  de  Guimrau  :  Funkia 
à  feuilles  lancéolées,  d'un  vert  foncé,  à  fleurs  blanches  lisérées 
de  vert. 

Fol.  17  recto.  Kahim-Ooshi:  Funkia  à  feuilles  lancéolées, 
à  teinte  jaunâtre  avec  les  bords  du  limbe  verts,  à  fleurs  vio- 
lettes. 

Fol.  17  verso.  Miclzu-gibosi  à  feuilles  lancéolées,  li- 
néaires, à  fleurs  violacées  et  blanches  lavées  de  vert  en 
dehors. 

MM.  Franchet  et  Savatier  (1)  indiquent,  en  outre,  le  Funkia 
longipe.'i,  espèce  nouvelle  marquée  dans  le  Somoku-Dusetsi^l), 
sous  le  nom  à'Iwa  Giboshi,  qui  fleurit  en  juillet  dans  les  par- 
ties boisées  des  montagnes  de  l'île  de  Nippon,  principalement 
sur  les  montagnes  d'ilakone. 

On  rencontre  au  Japon  :  VAnthericum  Yedoensis,  Keibi- 
ran  (8),  relaté  par  Maximowicz  et  qui,  d'après  le  docteur 
Savatier  (4),  est  cultivé,  mais  rarement,  dans  les  jardins  de 
la  ville  de  Tokio. 

Les  Japonais  cultivent  aussi  comme  plante  d'ornement, 
VOphiopogon  spicatus  de  Gawlcr  (5),  de  Franchet  et  Sava- 
tier (6),  Convallaria  spicata  de  Thunberg  (7),  marqué  dans 
le  Somoku-Dusels  (8)  sous  le  nom  de  Yaburan,  qui, d'après 
M.  Maximowicz,  a  trois  variétés  :  var.  communis  (9)  ;  var. 
gracilis  (10)  et  var.  minor  (11).  Cette  dernière  porte  le  nom 
de  Hamani-ran. 

Le  Yaburan  est  cultivé  dans  les  jardins;  il  croît  aussi  à 
l'état  sauvage  dans  les  lieux  incultes,  arides,  le  long  des  che- 
mins dans  presque  toutes  les  provinces  du  Japon,  principale- 

(1)  Franchet  et  Savatier.  Enumeralio,  vol.  II,  pars  1,  p.  82,  n"  1935. 

(2)  Somoku-Dusels,  vol.  Vi,  p.  56,  n"  22. 

(3)  Ihid.,  vol.  VI,  p.  59,  n"  46. 

(4)  Franchet  et  Savatier,  vol.  H,  pars  I.p.  83,  n"  1937. 

(5)  Gawlcr,  Botanical  magazine,  \.nh\.  \063. 

(fi)  iM-aiicliet  cl  Savatier,  vol.  II,  pars  1,  p.  83,  n°  1938. 

(7)  Thunberg,  Flora  Japonica,  p.  lit. 

(8)  Sômoliu-Dusets,  vol.  VI,  p.  50,  n°  44.  .... 

(9)  Maximowicz,  Mélanges  biologiques  tirés  du  Bulletin  de  l'Académie  impé- 
riale des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg,  t.  VU,  p.  303 

(10)  IbUL,  t.  VII,  p.  323. 
(H)  Ibid.,  t.  Vil,  p.  324. 


92  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

meut  dans  l'île  de  Kiusiu  et  dans  la  partie  septentrionale  de 
l'île  de  Nippon.  Il  est  commun  en  Chine. 

LOphiopogon  spncatus  était  représenté  à  l'Exposition  de 
Nancy,  en  1880,  exposé  par  M.  Lemoine  (1). 

Quant  au  Muguet  de  mai,  Convallaria  maïalis,  il  se  ren- 
contre au  Japon,  dans  les  bois  humides  des  îles  de  Nippon  et 
de  Yeso  et  se  nomme  Kimi-Kakeso  et  Sudzuran,  d'après  le 
Sàmoku-Dusets  (2). 

On  rencontre  au  Japon  plusieurs  espèces  de  Fritillana. 
Le  FritiUaria  Thunbergii  décrit  par  Miquel  (3),  par  Fran- 
chet  et  Savatier  (4),  Uvularia  cirrhosa  de  Thunberg  (5), 
désigné  dans  le  Sàmoku-Dusets  (6),  sous  le  nom  de  Baimo  et 
dans  le  Kwa-wi  (7),  sous  celui  de  Hawakuri  ;  à  tige  ronde, 
bleuâtre,  qui  donne  en  juin  des  fleurs  d'un  jaune  clair,  quel- 
quefois blanchâtres. 

Le  FritiUaria  Thunbergii  est  fréquemment  cultivé  dans 
les  jardins,  mais,  d'après  le  botaniste  japonais  Keiske  et 
d'après  Siebold,  il  croît  à  l'état  sauvage,  dans  plusieurs  îles  du 
Japon,  notamment  dans  l'île  de  Nippon. 

ML  Franchet  et  Savatier  (8)  pensent  que  le  FritiUaria 
verticillata  de  Wildenow,  cité  par  Miquel  (9),  est  identique 
avec  le  FritiUaria  Thunbergii. 

Quixnl  a.\i  FritiUaria  riUhenica,  cité  par  Miquel,  dont  les 
fleurs  sont  plus  petites  et  plus  nettement  campanulées  que 
celles  du  FritUlaria  Thunbergii,  c'est,  suivant  le  D'"  Savatier, 
une  espèce  peu  connue  et  sur  laquelle  il  est  difficile  de  se  pro- 
noncer. 

Le  Sàmoku-Dusets  mentionne  aussi  :  le  FritiUaria  Kamts- 
chalcensis  (10)  de  Gawler,  sous  le  nom  de  Kure  Ywî'o,  qui 

(1)  Catalogue  de  V Exposition  de  Nancy,  p.  89,  n"  1828,  1880. 

(2)  Sàmoku-Dusets,  vol.  VI,  p.  53,  n°  1. 

(3)  Miquel  (F.  A.W.),  Prolusio  (lorœ  Japonicœ,  p.  321.  Amsterdam,  1865-1867. 
(A)  Franchet  et  Savatier,  Enumeralio,  vol.  Il,  pars  1,  p.  61,  n"  1888. 

(5)  Thiiiibern;,  Flora  Japonica,  p.  136. 

(6)  Sàmoku-Dusets,  vol.  V,  p.  51,  n"  79. 

(7)  Kwa-iviJIerb.,  I,  p.  10,  n"  2. 

(8)  Franchet  et  Savatier,  Enumeralio,  vol.  H,  pars  1,  p    62. 

(9;  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  360.  Amsterdam,  1865-1867  . 
(lOj  SomokU-Dusets,  vol.  V,  p.  51,  n"  78. 


PRODUCTIONS  VEGETALES  DU  JAPON.  yà 

donne  en  juillet,  des  fleurs  d'un  rouge  brun  avec  des  ponc- 
tuations ibncées  ;  on  le  trouve  dans  les  montagnes  de  la  partie 
septentrionale  de  l'île  de  Nippon  et  dans  l'île  de  Yeso. 

Le  Frilillaria  japonica  (1)  de  Miquel  (^1),  sous  les  dé- 
nominations de  Ko  baimo  et  de  Tengai  Ywi,  qui  croît 
dans  la  province  d'Owari.  D'après  le  D'  Savalier  (8),  celte 
espèce  est  indiquée  dans  l'ouvrage  du  botaniste  japonais 
Keiske  (4). 

De  la  famille  des  Liliacôes,  on  cultive  aussi  au  Japon:  La 
Tubéreuse  des  jardins  {Polyanthes  iuberosa)  :  Gekkako, 
d'après  le  Somoku-Dusets  (5),  à  fleurs  blanches,  lavées  de 
rose)  odorantes,  avec  variétés  doubles  ou  semi-doubles. 

La  Sansevière  carnée  {Reinekia  carnea)  de  Kunth  :  Kichi- 
joso,  5m\i\nl\e  Sàmokii-Diisets  (6),  le  PJionzo-Zoufou  (7)  et  le 
Kwa-wi  (8),  qui  pousse  dans  les  herbages,  dans  les  massifs 
de  bambous,  dans  les  bois,  que  les  Japonais  et  les  Chinois 
plantent  dans  les  interstices  des  rochers  artificiels  de  leurs 
jardins. 

Le  Kichijoso  à  rhizome  tubéreux  a  une  tige  pourpre  violacé, 
lisse  ;  il  donne  en  septembre  de  nombreuses  fleurs  en  épis, 
d'un  blanc  violacé  ou  rosé  en  dehors,  blanches  en  dedans, 
odorantes. 

Le  Reineckia  carnea  Kunth  était  représenté  à  l'Exposition 
de  Nancy  (9),  en  1880,  exposé  par  M.  Galle. 

Le  Rhodea  japonica  de  Rothler(10),que  le  Sômoku-DuseU 
désigne  sous  le  nom  de  Omoto  (il),  qui  fleurit  en  septembre, 
dans  les  lieux  bas  et  humides  des  îles  de  Nippon,  de  Kiusiu 
et  Jokasima. 

(I)  Sùmoku-Dusets,  vol.  V,  p.  5i,  80. 

('2j  Mniiiel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  3-22. 
(3j  Fraiicliet  cl  Savatier,  vol.  11,  pars  1,  p.  61,  n"  1889. 

(4)  Kf'iske,  Nihon  nan  bouto  shi  (Ouvrage  sur  les  produclioiis  naturelles  du 
Japon),  vol    11,  fol.  17. 

(5)  Sùmohi-Diisets,  vol.  V,  p.  47-4.8,  n"  55. 

(6)  Ibid.,  vol.  vil,  p.  6-2,  11"  11. 

(7j  Plioiizo-Zoïifon,  vol.  39,  fol.  7  recto. 

(8)  Kiva-wi,  vol.   IV,  p.  53,  ii"  1. 

(9;  C'Ualogue  df.  rF.xposUion  de  Nanci/,  p.  89,  u"  1829,  1880. 

(10)  Rollilcr,  Nov.  sp.,  197. 

(II)  Somuliu-Dusets,  vol.  Vil,  p.  6:!,  n"  16. 


94-  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Le  Sugerokia  japonica  de  Miquel  (1),  Scilla  japonica  de 
Thunberg  (2),  Shojo-Bakama,  suivant  le  Sdmoku-Dusets  (3), 
qui  fleurit  en  août  dans  les  parties  humides  et  boisées  des 
montagnes  de  l'île  de  Nippon  et  que  le  D'  Savatier  a  rencon- 
tré dans  les  environs  de  la  ville  de  Yokoska  (4). 

(1)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœJaponicœ,\).209.  Amsterdam,  1865-1867. 

(2)  Thunberg,  Flora  Japonica,  p.  137. 

(3)  Sàmoku-Dusets,  vol.  VI,  p.  60,  n"  48.    - 

(4)  Franchet  et  Savatier,  vol.  H,  pars  1,  p.  88,  n"  1947  {Melanthaceœ). 

{A  suivre.) 


Il-  TRAVAUX  ADRESSÉS  ET  COMMUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ. 


NOTE 

SUR  LES  NAISSANCES,   DONS  ET  ACQUISITIONS 

DE  LA  MÉNAGERIE  DU  MUSÉUM  D'HISTOIRE  NATURELLE 
Pendant  les  mois  d'octobre,  novembre  et  décembre  1882 

Par   m.    HUET 

Aide  naturaliste  chargé  de  la  ménagerie. 


Dans  une  précédente  notice,  j'avais  annoncé  la  naissance 
d'une  femelle  de  Gnou,  et  j'avais  ajouté  que  c'était  la  pre- 
mière fois  que  cette  antilope  se  reproduisait  dans  les  jardins 
aoologiques;  je  dois  ajouter  que  peut-être  un  pareil  fait  a  déjà 
été  observé  à  la  ménagerie  de  lord  Derby  ;  cardans  l'ouvrage 
descriptif  qui  a  été  publié  sur  les  animaux  du  parc  de  Knows- 
iey,  se  trouvent  représentés  les  jeunes  de  Gnou  et  de  Gor- 
gone. Cependant  il  n'est  pas  dit  dans  le  texte  que  ces  anti- 
lopes soient  nées  en  Angleterre,  et  il  est  possible  qu'elles  aient 
été  figurées  d'après  des  dépouilles  rapportées  d'Afrique;  je 
serais  tenté  de  le  croire,  car  les  dessins  ne  donnent  en  aucune 
façon  une  idée  exacte  du  port  et  des  allures  de  ces  petits 
animaux. 

(juoi  qu'il  en  soit,  notre  jeune  femelle  de  Gnou  née  le 
8  août  et  qui  a  maintenant  cinq  mois,  s'est  développée  très 
rapidement,  elle  est  presque  aussi  grande  que  sa  mère,  toutes 
deux  vivent  à  l'air  libre,  au  moins  pendant  le  jour,  car 
depuis  que  la  femelle  a  mis  bas,  nous  avons  pu  la  renfermer 
dans  la  cabane,  ce  qui  était  impossible  auparavant;  il  semble 
que  cette  bête  ait  compris  qu'il  fallait  un  abri  pour  son  jeune, 
qu'il  était  trop  faible  pour  supporter  la  température  des 
nuits  ;  chose  remarquable,  quand  la  ration  du  soir  est  servie 
et  que  la  mère  hésite  à  rentrer,  le  jeune  la  pousse  doucement 
avec  les  cornes,  la  forçant  à  se  faire  renfermer,  et  il  la  suit* 
alors  on  baisse  la  coulisse  et  chacune  d'elles  va  trouver  la 
ration  qui  lui  est  destinée. 

Cette  jeune  femelle  de  Gnou,  en  se  développant,  a  com- 


96  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

plèlement  changé  couleur  de  robe,  qui,  de  grise  qu'elle 
était,  est  devenue  marron  foncé  ;  les  cornes,  au  lieu  d'être 
contournées  comme  chez  l'adulle,  où  elles  se  dirigent  en 
avant  et  forment  un  crochet  vers  le  bas,  ont  chez  le  jeune  une 
direction  verticale  formant  un  angle  presque  droit  avec  la 
Ijo-ne  du  nez.  Ces  prolongements  frontaux  se  modifieront  sans 
doute  plus  tard  et  reproduiront  ce  caractère  si  singulier  dans 
cette  espèce.  Quant  au  pelage,  il  est  exactement  semblable 
comme  disposition  à  celui  des  parents,  on  trouve  ces  longs 
poils  sur  le  nez,  sous  le  menton  et  la  gorge,  ainsi  que  ceux 
de  la  crinière  et  de  la  queue,  enfin  maintenant  c'est  bien  un 
véritable  Gnou,  que  nous  considérons  comme  élevé,  car  il  est 
assez  fort  pour  supporter  les  froids  que  nous  pouvons  avoir. 

Nous  avons  pour  terminer  l'année,  quelques  naissances  à 
indiquer,  ce  sont  : 

2  mâles  d'Antilope  Isabelle  {Eleolragus  reduncm); 

2  mâles  et  4  femelle  de  Cerf  cochon  {Cervu^s  porcinus); 

4  Agouih  {Dasyproda  acutl); 

i  Guib  femelle  {Tra(jela}ihus  scriptus)  ; 

1  Bison  (Bos  A  mericamis)  ; 

i  Muntjac  hybride  de  Cervukis  lacrymans  et  de  C.  Reevesii; 

l  Kob  mâle  {Kobus  uncluosus)  ; 

4  Perdrix  brunes  {Perdix  fusca). 

Le  jeune  mâle  de  Kob  est  né  le  \"  novembie;  nous  crai- 
gnions pour  lui  les  froids,  mais  jusqu'à  ce  jour  il  n'en  paraît 
pas  souffrir,  il  grandit  très  rapidement  ;  nous  prenons  seule- 
ment le  soin  de  ne  pas  le  laisser  sortir  trop  tôt  le  matin,  quand 
il  fait  mauvais  temps,  et  nous  le  renfermons  de  bonne  heure 
dans  l'après-midi  quand  la  température  est  basse. 

C'est  le  troisième  jeune  de  cette  belle  espèce  que  nous 
avons  obtenu  en  deux  ans,  du  mâle  et  des  deux  femelles  qui 
ont  été  offerts  au  Muséum,  par  M.  Brière  de  l'isle,  lorsqu'il 
était  gouverneur  du  Sénégal. 

Nous  avons  reçu  en  cadeau  : 

1  Macaque  {Macaciis  cynomolgus),  don  de  M,  Cochet; 

2  Macaques  bonnet  chinois  [Macaciis  siniciis),  don  de  M. 

Morgan  ; 


NAISSANCES,    DONS   ET   ACQUISITIONS   DU    MUSÉUM.  97 

2  Callitriches  {Cercopithecus  griseo-viridis),  don  de  M. 
Livio  ; 

1  Sajou  à  gorge  blanche  {Cebus  hypoleucus),  don  de  M. 
Birr  ; 

1  Mangouste  grise  {Herpestes  griseus),  don  de  M.  le  comte 
deTurgot; 

i  Vison  {Mus lela  vison),  don  de  M.  Trouëssart; 

1  Ocelot  {Felis  pardalis),  don  de  M.  Nantouson; 

1  Gazelle  {Gazella  subgutlurosa),  don  de  M.  Grespin,  capi- 
taine de  frégate; 

1  Ghèvre  de  Madagascar,  don  de  M.  Grespin,  capitaine  de 
frégate; 

1  Aigle  fauve  (Aquila  fulva),  don  de  M.  Lefevre; 

1  Busard  de  marais  (Circus  œriiginosus) ,  don  de  M.  Moi- 
neau; 

1  Aigle    Jean    le    Blanc    (Circaelus    gallicus),    don   de 
MM.  Agard  et  Porthé  ; 

i  Goéland  bourgeimestre  {Larus  glaucus) ,  don  de  M. 
Rabot  ; 

1  Goéland  jeune  {Larus  argen talus),  don  de  M.  Morin  ; 

2  Gerbilles  Simon  {Gerhillus  Simoni)  ; 

3  Papions  {Cynocephalus  sphinx)  ; 
3  Sajous  {Cebus  flavus)  ; 

\  Otarie  {Otaria  califurniana); 

1   Lion  {Felis  leo); 

1   Bles-Block  femelle  {Alcelaphus  albifrons). 

1   Biche  Milou  {Elaplmrus  Davidiunus); 

J'ajouterai  que  des  expériences  sur  l'hybridation  de  divers 
Ruminants  et  sur  la  formation  des  races  chez  les  mammifères 
et  les  oiseaux,  se  poursuivent  depuis  plusieurs  années  à  la 
ménagerie  du  Muséum,  elles  ont  déjà  fourni  des  résultats 
intéressants,  mais  avant  de  pouvoir  en  rendre  compte,  il  est 
nécessaire  de  laisser  les  faits  s'accumuler;  il  faudra  encore 
de  nombreuses  observations  avant  d'arriver  à  la  solution  des 
problèmes  biologiques  dont  nous  poursuivons  l'étude. 


3e  SÉHIE,  T.  X.  —  Février  1883. 


ACTION  BIOLOGIQUE 
DES  SELS   DE  L'EAU  DE   MER 

AU  POINT  DE  VUE  DE  L'ENTRETIEN  DES  ANIMAUX  MARINS 

Par  H.    A.   COUTANCE 

Professeur  aux  écoles  de  médecine  navale 

F'Iiarmacien  en  chef  de  la  marine 
Président  de  la  Société  académique  de  Brest. 


Les  animaux  marins  sont  des  organismes  d'une  excessive 
sensibilité  et  qui  subissent  les  influences  variées  du  milieu 
dans  lequel  ils  vivent.  La  répartition  des  faunes  de  la  mer  a 
pour  facteurs  la  composition  de  l'eau  salée,  la  nature  et  la 
quantité  des  gaz  dissous,  la  température,  les  pressions,  et 
l'action  des  courants.  La  succession  des  espèces  de  la  mer 
dans  les  couches  géologiques  peu  différentes  les  unes  des 
autres  au  point  de  vue  de  la  nature  des  sédiments,  indique 
bien  que  des  influences  qui  nous  semblent  de  peu  d'impor- 
tance, ont  régi  cette  succession  même. 

J'ai  voulu  constater  l'action  que  des  modifications  dans  la 
nature  des  sels  dissous  pourraient  exercer  sur  les  animaux 
de  la  mer,  et  j'ai  entrepris  une  série  de  recherches  afin  d'éta- 
blir un  parallèle  biologique  entre  ces  sels.  Mes  expériences 
ont  porté  seulement  sur  les  Mollusques  de  nos  rivages,  et  sur 
ceux  qui  sont  une  ressource  alimentaire  pour  nos  popula- 
tions. 

L'eau  de  mer  contient  en  moyenne  35  pour  1000  de  sels 
divers  en  dissolution,  parmi  lesquels  le  chlorure  de  sodium 
semble  avoir  sur  la  vie  une  action  prépondérante.  Sans  doute 
il  est  permis  de  penser  que  les  autres  substances  ont  un  eftet 
utile  dans  une  certaine  limite,  ils  n'ont  pas  au  moins  d'action 
nuisible  manifeste. 

J'ai  préparé  huit  solutions  renfermant  35  grammes  pour 
1000  d'eau  distillée  des  substances  suivantes  : 


DES   SELS   DE    L  EAU    DE   MER. 


99 


Solution  a" 

1  : 

2 

3 

Chlorure  de  sodium 

Chlorure  de  magnésium.. . 
Sulfate    de  magnésie 

35/1000 
» 

— 

k 

Bromure  de   potassium 

ï 

5 

lodure  de  potassium 

» 

— 

6 
7 
8 

Chlorure  de  potassium 

Sulfate  de  soude 

> 

— 

Sulfate  de  potasse 

» 

Voilà  donc  huit  solutions  l'éduites  à  un  seul  des  éléments 
naturels  de  l'eau  de  mer,  dans  la  pi'oportion  où  elle  contient 
leur  totalité.  Le  sulfate  de  soude  seul  n'appartient  pas  à  pro- 
prement parler  à  l'eau  de  mer,  bien  que  ses  éléments  y  ligu- 
rent. 

Trois  autres  solutions  ont  été  préparées,  dans  lesquelles 
tous  les  éléments  se  trouvent  réunis,  mais  dans  lesquelles  la 
prééminence  quantitative,  qui  dans  l'eau  de  mer  appartient 
au  sel  marin,  se  trouve  donnée  ri"  au  chlorure  de  magné- 
sium, -2"  au  chlorure  de  potassium,  3"  au  sulfate  de  magnésie. 
Voici  la  composition  de  ces  solutions  : 


Solution  n"  9 


Solution  n°  10: 


Solution  n"  H 


Chlorure  de  magnésium.. . 

27,00 

»         de  potassium., . . 

0,75 

»         de    sodium 

3,70 

Sulfate  de  magnésie 

2,30 

Sulfate  de  chaux 

1,50 

Bromure  de   potassium... 

0,02 

Eau  distillée 

.   1000,00 

Chlorure  de  potassium. . . . 

.       27,00 

Chlorure  de  magnésium.. . 

3,70 

Chlorure  de  sodium 

0,75 

Sulfate  de  magnésie 

2,30 

Sulfate  de  chaux 

1,50 
0,02 

Bromure  de  potassium.... 

Eau  distillée 

.   1000,00 

Sulfate  de  magnésie 

.      27,00 

Chlorure  de   magnésium.. 

3,70 

Chlorure  de  potassium.... 

0,75 

Chlorure  de  sodium 

2,30 

Sulfate  de  chaux 

1,50 

Bromure  de  potassium.... 

0,02 

Eau   distillée 

.   1000,00 

100  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLLMâTATION. 

Une  dernière  dissolu  don  fut  enfin  composée  de  la  manière 
suivante  : 

Solution  n'^  12  :     Chlorure  de  sodium 8 

»        de  potassium 8 

»        de  magnésium 8 

»        de  calcium 8 

Outre  ces  solutions,  ou  milieux  d'expérimentation,  furent 
encore  employés  : 

Solution  n°  13  :  Eau  de  Vichy  naturelle  (Gélestins). 

—  U  Eau  commune  (sources  de  Brest). 

—  15  Eau  de  mer  naturelle  (rade  de  Brest). 

—  10  Air  atmosphérique. 

L'eau  de  Vichy  représentait  un  milieu  aqueux  différent  de 
l'eau  de  mer,  mais  riche  en  sels  de  soude.  Il  était  en  outre 
nécessaire  de  comparer  l'action  des  milieux  artificiels  avec 
le  milieu  naturel,  l'eau  de  [mer,  et  de  voir  si  des  Mollusques 
bien  renfermés  dans  leurs  coquilles  ne  pouvaient  pas  vivre 
quelque  temps  dans  l'eau  douce,  ou  même  dans  l'air. 


MODE   D  EXPÉRIMENTATION 

Les  solutions  précédentes  furent  versées  dans  des  capsules 
de  porcelaine,  placées  en  pleine  lumière  à  une  lempéi^ature 
moyenne  de  12  dêgi'és.  Tous  les  deux  jours  l'eau  évaporée 
était  remplacée  par  de  l'eau  distillée  de  façon  à.  maintenir  les 
solutions  au  même  état  de  concentration.  Chaque  jour  ces 
solutions  étaient  fortement  aérées  et  agitées,  pour  les  main- 
tenir dans  des  conditions  analogues  à  celles  de  l'eau  de  mer. 
Les  Mollusques  très  récemment  péchés  furent  placés  sur  le 
fond  des  capsules  à" une  distance  de  20  centimètres  de  la  sur- 
face du  liquide.     . . 


DES   SELS   DE    l'EAU   DE   MER.  101 


SUJETS   D  EXPERIMENTATION. 

Un  très  petit  nombre  d'espèces  ont  été  soumises  à  ces  expé- 
riences physiologiques  (1),  ce  sont  : 

■La  Vénus  réticulée  {Venus  reticulata); 

La  Moule  commune  {Mylilus  edulis)  ; 

La  Palourde  commune  (Venus  decussata)  ; 

La  Littorine  commune  (Littorina  viilgaris)  ; 

Le  Buccin  de  la  Manche  (Tritonium  undalum). 

Ces  Mollusques  ont  donné  en  raison  de  leur  organisation 
des  résultats  fort  diiïérents.  Les  bivalves,  Moules  et  Vénus 
qui  peuvent  se  clore  entre  leurs  valves,  ont  en  général  beau- 
coup mieux  résisté  que  les  enroulés  à  opercules,  Liltorines  et 
Buccins.  Parmi  ces  derniers  même,  les  Liltorines,  dont  l'oper- 
cule peut  clore  complètement  l'animal  retiré  prudemment 
dans  les  derniers  tours  de  spire,  ont  beaucoup  mieux  résisté 
que  les  Buccins  dont  la  porte  ferme  mal,  et  chez  lesquels 
l'eau  peut  s'introduire  par  le  canaliculede  la  bouche  de  la 
coquille. 

Les  bivalves  qui  peuvent  si  bien  résister  aux  influences 
extérieures  entre  leurs  valves  fermées,  les  bivalves  ne  se 
comportent  pas  non  plus  de  la  môme  façon.  La  Moule  résiste 
moins  dans  les  milieux  artificiels  que  les  Vénus,  et  parmi 
celles-ci  la  Vénus  réticulée  ou  Clovisse,  beaucoup  moins  que 
!a  Palourde  (Venus  decussata),  qui  présente  une  résistance 
très  remarquable.  Dans  la  solution  de  sulfiitc  de  magnésie 
par  exemple,  la  Moule  a  succombé  au  bout  de  dix  jours,  la 
Vénus  réticulée  au  bout  de  quinze  jours,  tandis  que  la  Pa- 
lourde y  vivait  encore  au  bout  de  soixante  jours.  Ces  propor- 
tions se  sont  à  peu  près  maintenues  dans  les  autres  solutions, 
relativement  à  la  durée  de  la  vie  dans  ces  milieux. 

Voici  en  ce  qui  concerne  les  Palourdes  (Venus  decussata) 

(1)  Des  Huîtres  soumises  au>:  mêmes  épreuves  ont  manifesté  une  variabilité 
d'impressions  très  grande,  et  ont  i,'éiiéralcment  très  rapidement  succombé 
dans  les  solutions  diverses. 


102  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

le  résultat  de  ces  expériences.  Des  lots  de  cinq  individus  de 
cette  espèce  avaient  été  placés  le  10  janvier  1882  dans  des 
conditions  identiques,  dans  les  solutions  diverses  indiquées 
plus  haut.  Les  mêmes  soins,  la  même  aération  leur  étaient 
donnés  chaque  jour.  En  même  temps  un  certain  nombre  de 
ces  Mollusques  étaient  placés  comme  témoins  près  des  pre- 
miers dans  des  vases  contenant  de  l'eau  de  mer  naturelle. 

10  janvier  L'expérimentalion  commence  pour  les  Palourdes. 

25  —  Elles  ont  succombé  dans  l'iodure  de  potassium. 
10  février  —  le  chlorure  de  potassium. 

15  —  —  dans  l'air. 

18  —  le  sulfate  de  potasse. 

18  —  l'eau  commune. 

20  —  —  la  solution  n"  10. 

20  —  le  bromure  de  potassium. 

20  —  le  chlorure  de  magnésium. 

20  —  —  l'eau  de  Vichy. 

22  —  le  chlorure  de  sodium. 

22  •        —  la  solution  n°  12. 

24  —  —  la  solution  n"  9. 

10  mars  —  le  sulfate  de  magnésie. 

10  —  —  la  solution  nMl. 

15  —  Des  Palourdes  vivent  encore  dans  le  sulfate  de  soude. 

15  —  Les  Palourdes  placées  dans  l'eau  de  mer  sont  vivantes. 


REMARQUES   SUR   CES   FAITS 

Il  résulte  de  ces  expériences  que  malgi^é  la  possibilité  de 
se  clore  entre  leurs  valves,  les  Vénus  subissent  l'action  des 
milieux  puisque  leur  résistance  est  inégale. 

Les  sels  de  potasse  semblent  bien  moins  favorables  que  les 
sels  de  magnésie,  et  surtout  que  les  sels  de  soucie.  La  vie  a 
cessé  d'abord  dans  l'iodure,  le  bromure,  le  chlorure,  le  sul- 
fate de  potassium,  et  dans  la  solution  n°  10,  dont  le  chlorure 
de  potassium  est  l'élément  dominant. 

Les  sels  de  soude  et  de  magnésie  entretiennent  encore  la 
vie  alors  que  les  animaux  ont  succombé  dans  les  sels  de  po- 
tasse. La  solution  n"  9  par  exemple,  dont  le  chlorure  de  ma- 


DES   SELS   DE   l'EÂU    DE   MER.  103 

gnésium  est  l'élément  essentiel,  a  gardé  plus  longtemps  ses 
habitants,  il  en  est  ainsi  du  sulfate  de  magnésie  seul,  et  dans 
la  solution  nMI. 

La  résistance  des  Palourdes  dans  l'eau  de  Vichy  accuse 
l'action  favorable  des  sels  de  soude  sur  l'entretien  de  la  vie 
des  animaux  marins.  Pendant  quarante  jours  les  Palourdes 
ont  vécu  dans  cette  eau  minérale  ! 

C'est  dans  le  sulfate  de  magnésie  et  le  sulfate  de  soude  que 
la  vie  s'est  éteinte  en  dernier  lieu,  et  le  sulfate  de  soude  l'a 
emporté  sur  le  sulfate  de  magnésie.  Le  12  mars,  j'ai  dégusté 
des  Palourdes  gardées  dans  le  sulfate  de  soude  pendant 
soixante  jours  ;  elles  étaient  excellentes  et  sans  amertume. 
Cette  observation  pourra  trouver  son  utilité  dans  l'économie 
alimentaire,  les  Palourdes  étant  un  coquillage  recherché,  et 
le  sulfate  de  soude  une  substance  d'un  bas  prix. 

Un  fait  bien  digne  de  remarque  c'est  que  dans  les  solutions 
de  sulfate  de  soude  et  de  sulfate  de  magnésie,  seules,  des 
algues  vertes  avaient  commencé  à  se  montrer  au  bout  de  ces 
soixante  jours.  Les  conditions  qui  favorisaient  la  vie  animale 
marine  se  sont  donc  trouvées  aptes  à  développer  aussi  la  vie 
végétale.  Ce  parallélisme  n'a  rien  de  surprenant,  mais  il 
trouve  dans  la  circonstance  une  confirmation  originale. 

Une  singularité  :  la  solution  de  chlorure  de  sodium  (sel 
marin  impur)  a  moins  longtemps  entretenu  la  vie  que  les 
solutions  de  sels  de  magnésie  et  de  sulfate  de  soude,  et  ce- 
pendant le  sel  est  l'élément  essentiel  de  l'eau  de  mer.  Cela 
prouve  que  les  Mollusques  sont  adaptés  non  pas  au  sel  pur, 
mais  à  ce  mélange  particulier  qui  constitue  l'eau  de  mer  na- 
turelle ;  et  que  les  éléments  secondaires,  au  point  de  vue  de 
la  quantité,  y  jouent  un  rôle  important.  Nous  voyons  encore 
là  l'occasion  de  penser  que  les  modifications  accidentelles  des 
eaux  de  la  mer  aux  différentes  époques  géologiques,  ont  dû 
avoir  une  action  marquée  sur  les  extinctions  d'espèces. 

Les  Vénus  sont  demeurées  fermées  dans  la  plupart  de  ces 
solutions  dont  elles  avaient  sans  doute  apprécié  la  nature  en 
entrebâillant  très  petitement  leur  coquille.  Cependant  elles 
ont  envoyé  quelquefois  leurs  siphons  au  dehors,  dans  le  sul- 


404  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

fate  de  magnésie  et  dans  le  sulfate  de  soude  par  exemple. 
Dans  la  solution  de  chlorure  de  sodium  et  dans  l'eau  de  mer, 
elles  gardaient  presque  constamment  cette  situation. 

Les  Palourdes  peuvent  vivre  plus  d'un  mois  dans  l'air  dans 
un  endroit  frais.  Pendant  vingt  jours  environ  elles  demeurent 
fermées,  plus  tard  elles  entrebâillent  leurs  valves  et  font 
sortir  leurs  siphons.  Au  moindre  toucher  elles  les  rentrent 
et  se  ferment.  Puis  vient  le  moment  où  les  muscles  striés  qui 
ramènent  les  valves  n'en  ont  plus  la  force,  mais  les  muscles 
lisses  qui  les  retiennent  le  font  encore  quand  on  amène  les 
valves  à  fermeture.  Dans  toutes  les  solutions  où  ces  Mollus- 
ques ont  vécu  il  en  a  été  de  même. 

L'affaiblissement  musculaire  s'est  montré  d'abord  sur  la 
partie  striée  des  muscles  adducteurs  qui  ramène  les  valves, 
puis  enfin  sur  la  partie  lisse  de  ces  mêmes  muscles,  qui  re- 
tenait de  moins  en  moins  longtemps  les  valves  artificielle- 
ment rapprochées  (1). 

Les  Venus  reticulata  ou  Clovisses  ont  présenté  des  faits 
analogues;  l'ordre  d'extinction  de  la  vitalité  dans  les  solu- 
tions a  été  le  même,  mais  ces  Mollusques  ont  bien  moins 
longtemps  vécu  que  les  précédents.  Un  mois  après  leur  mise 
en  expérience  ils  avaient  succombé,  dans  les  sels  de  potasse 
d'abord,  dans  les  sels  de  magnésie  ensuite,  puis  dans  les  sels 
de  soude. 

Les  Littorines  ont  moins  longtemps  résisté  que  les  bivalves, 
et  ont  accusé  aussi  moins  de  répulsion  pour  le  sulfate  de 
soude  dans  lequel  elles  ont  vécu  quarante  jours. 

Le  gros  Buccin  {Trilonium  undatum)  succombe  beaucoup 
plus  rapidement,  ne  pouvant  se  clore  hermétiquement  comme 
les  Littorines.  Au  bout  de  vingt-quatre  heures  il  périt  dans  la 
plupart  des  solutions  employées,  et  surtout  dans  les  sels  de 
potasse.  Sa  vie  se  prolonge  au  delà  de  quarante-huit  heures 
dans  la  solution  n"  12,  dans  le  sulfate  de  magnésie  et  le  sul- 
fate de  soude,  mais  ne  tarde  pas  à  prendre  fin. 

Pendant  toute  la  durée  de  ces  expériences,  du  10  janvier 

(1)  Voy,  De   l'Energie  et  de    la   structure  musculaire   cha  les  Mollusques 
acéphales.  J.-B.  Baillière,  Paris. 


DES    SELS   DE   l'eAU    DE   MER.  105 

^u  15  mars,  les  Palourdes  elles  Litlorines  ontvécu  dans  l'eau 
de  mer  du  laboratoire  ;  les  Venus  reticulata  et  les  Moules 
moins  longtemps,  les  Buccins  quelques  jours  seulement. 

Il  est  un  fait  très  important  que  nous  signalons  d'une  façon 
toute  spéciale,  c'est  que  les  sels  constituant  l'eau  de  mer  et 
les  diverses  solutions  que  nous  avons  employées,  communi- 
quent à  l'eau  la  propriété  de  dissoudre  des  quantités  variables 
d'air  atmosphérique.  Nous  avons  acquis  la  preuve  par  des 
expériences  directes,  que  les  solutions  des  sels  de  soude  re- 
tiennent plus  d'air  quand  elles  sont  agitées  avec  lui  que  les 
solutions  de  sels  de  potasse.  11  en  résulterait  donc  que  la 
toxicité  des  sels  indiqués  dans  nos  expériences,  pourrait  ré- 
sulter, pour  une  part,  de  ce  qu'ils  ne  permettent  pas  à  leurs 
solutions  de  s'aérer  suffisamment  :  ils  agiraient  par  asphyxie. 
€eci  nous  permet  de  comprendre  comment  le  sulfate  de  po- 
tasse et  le  sulfate  de  soude,  sels  neutres  auxquels  les  mollus- 
ques ne  sont  nullement  adaptés,  agissent  si  différemment  sur 
eux,  les  sels  de  potasse  les  tuant  rapidement,  ceux  de  soude 
les  conservant  quelque  temps. 


CONCLUSIONS 

1°  Les  éléments  salins  de  l'eau  de  mer  agissent  très  diver- 
sement chez  les  Mollusques, 

2"  Toute  modification  à  la  constitution  de  l'eau  de  mer  finit 
par  devenir  fatale  à  la  vie  de  ces  animaux. 

3°  Leur  résistance  plus  ou  moins  grande  tient  à  leur  orga- 
nisation. Les  bivalves  résistent  mieux  que  les  enroulés,  et 
dans  ces  deux  groupes  les  résultats  varient  également  suivant 
les  espèces. 

4^"  Les  sels  de  potasse  sont  moins  favorables  à  la  vie  des 
Mollusques  que  les  sels  de  magnésie,  les  sels  de  magnésie 
que  les  sels  de  soude. 

5°  En  dehors  des  sels  dissous  dans  l'eau  de  mer,  le  sulfate 
de  soude  semble  jouir  d'une  neutralité  conservatrice  bien 
accusée. 


106  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

6"  La  mort  des  bivalves  est  due  à  un  affaiblissement  mus- 
culaire général. 

7°  Les  muscles  ne  pouvant  plus  ramener  ni  retenir  les 
valves,  l'animal  est  livré  à  l'action  défavorable  ou  toxique  du 
milieu  (1). 

(1)  Ce  mémoire  a  été  lu  à  la  dix-neuvième  réunion  des  Sociétés    savantes 
de  1882,  en  séance  générale 


EXTRAIT  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  2  FEVRIER  1883. 
Présidence  de  M.   Henri  Bouley,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvellement 
admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

,  ,      ^  ,       ,       .         ^^  j       :  Euî?.  Aron. 

Aron  (.lu  es-Lazare),  négociant,  90,  rue  La-  \  t^     .      ^     • 
^  .  *'  .  Eugène  Dupm. 

fayette,  a  Pans.  (  Ra.eret-Waltel. 

Bailly  (Louis-Joseph),  chef  de  bataillon  en  / 
retraite,  commandant  le  2*  bataillon  du  )  .    a    r   .  i 

9*  territorial  d'infanterie,  U,  rue  Charles-  )  ,'  „'  ,,'     , 
.    <>         .  ^T      11     /o  •     X  I    J--E.  Caroiy. 

Lafitte,  à  Neui  y    Seine).  [  ■' 


l  0.  C.  Béren^'er. 

Beauchaine  (Gustave),  propriétaire,  à  Cha-  \  r.'    .'      ^    ^    ' 

,   ,,,.  "  f    r  Eugène  Uupin. 

tellerault  (Vienne).  ^,  r-      a 

^  '  \  Maurice  Girard. 

^  ..     1  .    1  N    1  .1  i   E.  Dupin. 

Bellecombe  (André  de),  homme  de  lettres,  ^  .  .     ^  .       , 

43,  rue  Jacques-Dulud,  à  Neuilly  (Seine).    \  Raveret-Wattel. 

,.._.,         .  .       .        1  0.  C.  Bérenger. 

COLLIN  (Antoine-Fritz),  ancien  notaire,  juge  \  .      ç-       \ 

de  paix,  à  Lussac-les-Châteaux  (Vienne).      /   .^    n  i 
^     '  ^  '       \  \ .  Palyart. 

_,,.,.._„  {  Bourdel. 

COLLINET  (Edmond),  négociant,  53,  avenue  \  .    .,     »      „  •  .u-i  • 

,    ^,     .,,     ,  .,     .,,    ,o  ■        '  \  A.  GeoffroySamt-Hilaire. 

de  Neuilly,  a  Neuilly  (Seine).  j  ^    p^^,^^ 

/  J.  Cornély, 

GÉRARD  (Albert),  rue  Drouot,  8,  à  Paris.         |  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

(  Saint-Yves  3Iénard. 

„  .     .    ,  „,,  l  k.  Dubief. 

Lelubez  (Grégoire),   constructeur,  59,   rue  \  „     .      „     . 
-,           ^      f^    :  \  Eugène  Dupin. 

Condorcet,  a  Pans.  /   i  i"     r  •      a 

'  V  Jules  Gnsard. 

PiMONT  (Georges-Pierre-Laurent),   proprié- (  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

taire,  à  Vilainville  par  Criquetot  d'Esneval  \  A.  Porte. 

(Seine-Inférieure).  '  (  Saint-Yves  Ménard. 

^.     ,    ,        ,      .  ,„  (  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire, 

RoULiNAT     (Charles),     négociant,     49,     rue  ^ 

Charles-Lafitte,  à  Neuilly  (Seine).  (  Saint-Yves  Ménard. 

......  •         r.,  (  Louis  liesèble. 

Vianelli  (Albert),  artiste  peintre,  84,  avenue  )   »    n    .^ 

des  Champs-Elysées,  à  Paris.  /  o  •  .  ^       xi-       i 

V       i        ^  (  baint-Yves  Ménard. 


108  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

—  Des  remerciements  pour  leur  récente  admission  sont  adressés  par 
MM.  A.  de  Bellecombe,  Delaquys  et  Bravard. 

—  MM.  A.  Blanchon,  Baril,  Goil,  Mérat,  Bénardaky,  vicomte  de  Mon- 
dion  et  0.  Massias  font  parvenir  des  demandes  de  cheptels.  —  Renvoi  à 
Ja  Commission  spéciale. 

—  Des  comptes  rendus  sur  la  situation  de  leurs  cheptels  sont  adressés 
par  MM.  Le  Berre,  comte  d'Archiac,  Sénéquier,  Marlel-Houzet  et  Gorry- 
Bouteau. 

—  M.  le  préfet  de  Constantine  transmet  deux  rapports  de  MM.  les 
administrateurs  des  communes  mixtes  d'Oued-Marsaet  de  Takitount  rela- 
tifs aux  encouragements  à  accorder  à  des  cultivateurs  de  leurs  com- 
munes. —  Renvoi  à  la  Commission  des  récompenses. 

—  La  Société  impériale  d'horticulture  de  Russie  annonce  qu'à 
l'occasion  du  25*  anniversaire  de  sa  fondation,  elle  organise,  à  Saint- 
Pétersbourg,  une  Exposition  internationale  d'horticulture  et  un  congrès 
de  botanistes  et  d'horticulteurs.  L'ouverture  en  est  fixée  au  5/17  mai 
prochain. 

—  M.Julien  écrit  de  Chantenay :  «  Les  Canards  du  Labrador  sont 
très  répandus  maintenant  dans  la  Loire-Inférieure  et  dans  les  départe- 
ments voisins  grâce  au  couple  que  j'ai  reçu  de  M.  Garnol.  J'ai  distribué 
à  tous  les  demandeurs  (et  ils  ont  été  nombreux),  tous  les  œufs  pondus 
par  ma  Cane.  N'en  ayant  élevé  que  cinq  ou  six  que  j'ai  également  don- 
nés, il  ne  me  reste  plus  que  les  deux  premiers  oiseaux  qui  m'ont  été 
envoyés.  Je  vais  cette  année  essayer  l'élevage  d'une  couvée  pour  rem- 
placer les  vieux  dont  j'ignore  l'âge,  d 

—  M.  Delgrange  écrit  de  Valenciennes  :  «  Non  seulement  la  femelle 
de  mes  pigeons  {Goura  coronata)  a  pondu  et  couvé  en  juillet  son  œuf 
(car  elle  n'en  pond  qu'un),  mais  elle  a  pondu  de  nouveau  fin  août  et  une 
troisième  fois  fin  septembre.  Malheureusement  ces  œufs  étaient  clairs. 
J'attribue  le  fait  au  mâle  qui  a  eu  le  bout  des  pattes  gelé  et  qui  ne  peut 
pas  bien  cocher  sa  femelle. ^Je  verrai  cette  année  si  je  serai  plus  heureux». 

—  M.  Ad.  Jacquemart  écrit  de  Reims  :  «  Mes  Saumons  de  Californie 
sont  beaux,  mais  d'une  grosseur  inégale.  J'en  ai  de  magnifiques  et 
d'autres  d'une  croissance  lente.  Je  crois  que  la  nourriture  a  dû  être 
insuffisante  pour  ces  grands  voraces,  dont  les  plus  petits  sont  quelquefois 
la  proie  des  gros,  j'en  ai  été  témoin.  » 

—  M.  le  professeur  Spencer  F.  Baird,  commissaire  des  pêcheries  des 
États-Unis,  prie  la  Société  de  vouloir'  bien  lui  procurer  les  documents 
publiés  en  France  sur  l'industrie  ostréicole. 

Par  une  autre  lettre  31.  S[)encer  F.  Baird  fait  connaître  qu'il  vient 
de  donner  des  ordres  pour  que  le  Bulletin  de  la  Commission  des  Pêche- 
ries soit,  à  l'avenir,  adressé  à  la  Société  ;  il  annonce  en  même  temps 
l'envoi  prochain  d'œufs  embryonnés  de  Whitefish  {Coregonus  albus) 
et  de  Truite  des  lacs  d'Amérique  {Salmo  namaycush). 


PROCÈS-VERBAUX.  109 

—  M.  de  Behr,  président  de  l'Associalioii  allemande  de  pisciculture, 
annonce  qu'il  compte  faire  prochainement  à  la  Société  l'envoi  d'œufs 
embryonnés  de  deux  espèces  de  Corégones,  la  grande  et  la  petite  Marène 
(Coregonus  marœna  et  C.  albiila). 

—  M.  le  Secrétaire  des  séances  fait  connaître  que  les  œufs  annoncés 
par  M.  Behr  sont  déjà  arrivés.  Ces  œufs,  qui  étaient  dans  un  état  de 
parfaite  conservation,  malgré  la  longueur  du  voyage,  ont  été  immé- 
diatement distribués.  M.  Raveret-Wattel  donne  à  celte  occasion  les  ren- 
seignements suivants  : 

»  Le  Coregonus  marœna  se  pêche  dans  le  lac  Ladoga  et  le  lac- 
Peipus,  eu  Russie,  et  dans  le  lac  Jladù,  en  Poméranie.  Pendant  la  plus 
grande  partie  de  l'année,  et  surtout  en  été,  ce  poisson  se  tient  à  de 
grandes  profondeurs  (iO  ou  50  mètres),  et  ce  n'est  guère  qu'à  l'époque 
de  la  reproduction  que,  recherchant  les  endroits  moins  profonds,  il  se 
rapproche  des  bords  pour  venir  frayer  dans  des  eaux  tranquilles.  Le 
frai  a  lieu  en  novembre  et  décembre.  Une  femelle  peut  donner  de 
20  à  50  000  œufs,  lesquels  ont  0"',0030  ou  0'",0035  de  diamètre.  Ces 
œufs  soiit  libres,  non  adhérents,  et  un  peu  plus  lourds  que  l'eau.  Le 
C.  marœna  vit  surtout  de  Vers,  d'Lisectes  et  de  petits  Mollusques;  \\ 
atteint  en  moyenne  une  longueur  de  0",60;  mais  des  sujets  de  plus 
forte  taille  ne  sont  pas  rares.  Ce  poisson,  qui  paraît  avoir  existé  autrefois 
dans  un  assez  grand  nombre  de  lacs  du  nord  de  la  Piusse ,  a  été 
propagé,  depuis  peu,  dans  différentes  localités,  grâce  surtout  à  des 
envois  d'œufs  et  d'alevins  faits  de  l'établissement  de  pisciculture  de 
Suwalki,  en  Pologne,  oîi  l'on  s'occupe  particulièrement  de  celte  espèce. 
La  croissance  paraît  rapide,  car  les  alevins  d'un  an,  venus  dans  de  bonnes 
conditions,  mesurent  déjà  0"',20  de  longueur.  La  chair  blanche  et  ferme 
de  ce  poisson  est  très  recherchée,  soit  fraîche,  soit  fumée. 

»  Le  C.  albula  se  pêche  dans  presque  tous  les  lacs  des  pays  qui 
avoisinent  la  Baltique.  Ce  poisson  passe  presque  toute  l'année  dans  les 
eaux  profondes,  où  il  vit  de  iMollusques,  de  Vers  et  de  petits  Crustacés; 
c'est  seulement  pour  frayer  qu'il  gagne  les  endroits  moins  profonds,  où 
l'eau  est  calme.  Le  frai  a  lieu  de  novembre  à  décembre,  à  peu  de  dis- 
tance du  rivage  ;  il  s'y  effectue  avec  de  grands  ébats,  au  milieu  d'évolu- 
tions bruyantes  qui  attirent  l'attention  des  pécheurs.  Les  œufs,  plus 
denses  que  l'eau,  sont  nombreux;  chaque  femelle  en  donne  environ  10  000. 
Le  C.  albula  n'atteint  généralement  qu'une  longueur  de  12  à  15  centi- 
mètres; mais,  dans  certains  lacs,  notamment  le  lac  Dadey,  prés  de 
Bischofsburg,  la  taille  de  ce  poisson  va  jusqu'à  30  ou  35  centimètres. 
C'est  une  excellente  espèce  alimentaire,  dont  la  chair  se  consomme 
aussi  bien  fumée  que  fraîche.  On  la  pêche  à  l'aide  d'immenses  sennes. 
»  L'alevin  de  ces  deux  espèces,  comme  celui  des  autres  Corégones, 
ne  peut  guère  être  nourri  artificiellement;  en  outre,  ce  n'est  qu'avec 
beaucoup  de  peine  qu'on  le  tient  captif  dans  les  appareils  d'incubatiou 


110  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

traversés  par  un  courant  d'eau,  car  il  s'échappe  par  les  plus  petites 
ouvertures.  Mieux  vaut  donc,  très  peu  de  jours  après  l'éclosion,  lorsque 
la  vésicule  vitelline  est  sur  le  point  d'être  résorbée,  le  mettre  en  liberté 
dans  les  eaux  qu'il  est  destiné  à  peupler.  » 

—  Des  remercîments  pour  les  envois  d'œufs  embryonnés  qui  leur  ont 
été  faits  sont  adressés  par  MM.  des  Vallières,  Focet,  Martial  et  Ber- 
thoule,  ainsi  que  par  M.  le  Président  de  la  Société  Linnéenne  du  Nord  de 
la  France,  et  par  la  direction  de  l'Aquarium  du  Trocadéro. 

—  M.  Delgrange  écrit  de  Valenciennes  que  les  œufs  de  Salmo  na- 
maycush  qui  lui  ont  été  adressés  ont  souffert  de  la  gelée  pendant  le 
transport,  mais  qu'il  espère  néanmoins  obtenir  des  éclosions.  Les  œufs 
out  été  mis  en  incubation  sur  une  sorte  de  frayère  artificielle  au  milieu 
d'une  large  panier  à  claire-voie  placé  en  eau  de  source.  (.<  Je  fais  faire 
en  ce  moment,  ajoute  M.  Delgrange,  trois  étangs  qui  auront  chacun  de 
2  à3  hectares;  ils  seront  finis  prochainement.  J'en  ai  déjà  deux  de  plus 
d'un  demi-hectare,  qui  sont  empoissonnés,  et  plusieurs  réservoirs 
alimentés  par  des  sources,  dans  lesquels  j'entretiens  de  la  Truite.  » 

—  En  accusant  réception  de  l'envoi  d'œufs  embryonnés  qui  lui  a  été 
fait,  le  régisseur  de  l'établissement  national  de  pisciculture  de  Bouzey 
écrit  :  «  Nous  avons  obtenu  un  beau  résultat  d'élevage  de  Saumons  de 
Californie;  600  alevins  ont  été  répandus  au  printemps  dernier  dans  la 
Saône.» 

—  En  remerciant  des  œufs  de  Coregonus  albus  qui  lui  ont  été  expé- 
diés, M.  Auguste  Iledde  fait  connaître  en  ces  termes  la  non  réussite  de 
la  presque  totalité  des  œufs  de  Salmo  fontinalis  d'un  précédent  envoi  : 
c  Sur  un  millier  d'œufs,  j'en  ai  choisi  une  soixantaine  qui  m'ont  donné 
cinq  alevins.  Ces  poissons  auront  bientôt  complété  leur  deuxième 
année.  Ils  sont  restés  longtemps  frêles  et  peu  vigoureux,  si  bien  que, 
malgré  mes  soins,  le  choix  de  la  nourriture  et  la  qualité  des  eaux, 
au  bout  d'un  an  ces  poissons  atteignaient  à  peine  la  taille  d'un  Véron. 
Mais  depuis  six  mois  ces  Salmo  fontinalis  prennent  santé  et  vigueur 
ainsi  que  du  développement.  J'espère  l'année  prochaine  en  obtenir  des 
œufs.  Les  Coregonus  albus  de  ce  même  envoi  étaient  'également  si 
endommagés,  qu'à  l'éclosion  j'ai  eu  seulement  deux  sujets,  qui  ont  pris 
un  bon  développement. 

»  Dans  le  lac  du  Bouchet,  qui  appartient  au  département  de  la  Haute- 
Loire,  et  dont  je  me  suis  rendu  fermier,  j'ai  péché  il  y  a  deux  ans  un 
Corégoiie  qui  proportionnellement  est  le  poisson  le  plus  charnu  que  j'aie 
jamais  vu.  La  chair  de  ce  poisson  était  légèrement  parfumée  comme  celle 
de  l'Ombre  commun,  ferme  et  d'une  délicatesse  exquise.  » 

—  M.  Millet  dépose  sur  le  bureau  plusieurs  exemplaires  du  programme 
de  l'Exposition  des  Insectes  qui  doit  avoir  lieu  au  Palais  de  l'Industrie 
du  I"au  22  juillet  1S83,  et  qui  est  organisée  par  la  Société  centrale 
d'apiculture  et  d'insectologie. 


,■/'.)■  PROCÈS -VERyAUX.  lil 

Ms""  Perny,  provicaire  apostolique  de  Chine,  écrit  à  M.  le  Secré- 
taire général  :  «  Au  mois  de  mai  de  l'an  dernier,  la  Société  d'Acclimata- 
tion a  bien  voulu  me  remettre  environ  deux  cents  œufs,  des  graines  des 
Vers  à  soie  du  chêne. 

»  J'en  ai  fait  deux  parts.  L'une  était  destinée  à  M.  le  vicomte  de 
Melun,  qui  possède  à  Brumetz  (Aisne)  une  magnifique  forêt  où  le  chêne 
abonde.  L'autre  était  réservée  pour  une  famille  aisée  et  intelligente  de 
Cerdon,  dans  le  Loiret.  J'avais  donné  des  instructions  détaillées  à  cha- 
•cun  des  éducateurs. 

»  M.  Douchy,  instituteur  de  Brumetz,  apportait  les  plus  grands  soins 
à  l'élevage  des  chenilles.  Tout  marchait  à  souhaits.  Presque  tous  les 
<Bufs  avaient  éclos.  Les  chenilles  paraissaient  se  plaire  beaucoup  dans 
cette  forêt.  Elles  atteignaient  déjà  le  maximum  de  leur  grosseur,  lors- 
•qu'un  jour  il  s'éleva  dans  le  pays  une  tempête  furieuse  qui  dévasta  en 
quelques  instants  toute  la  moisson  du  pays  et  hacha  complètement  le 
feuillage  des  arbres.  Toutes  les  chenilles  furent  broyées  durant  cet 
ourao-an,  sans  qu'on  en  retrouvât  une  seule  survivante.  De  mémoire 
d'homme,  on  n'avait  vu  dans  le  pays  un  ouragan  aussi  terrible.  Sans  ce 
malheur,  tout  faisait  prévoir  un  succès  complet  dans  l'éducation  de  ce 
Ver  à  soie.  Cette  année,  on  fera  un  nouvel  essai. 

»  Quant  aux  œufs  confiés  à  mon  ami  de  Cerdon,  l'éclosion  a  été  plus 
tardive  qu'à  Brumetz.  Elle  a  cependant  réussi.  On  avait  placé  les  œufs 
dans  une  petite  corbeille  en  osier,  comme  le  font  les  Chinois.  On  a 
nourri  là,  pendant  une  dizaine  de  jours,  les  jeunes  chenilles,  puis  on  les 
a  portées  sur  les  chênes.  Elles  prospéraient  admirablement.  Aucune  ne 
paraissait  malade.  On  les  surveillait  avec  un  soin  maternel.  On  avait 
oublié  une  de  mes  recommandations,  celle  de  veiller  au  rapt  par  les 
■oiseaux.  En  un  jour  ou  deux,  les  mésanges  s'abattirent  avec  ardeur  sur 
les  chênes  et  firent  un  grand  ravage.  Mon  ami  était  dans  une  désolation 
d'autant  plus  vive  que  les  chenilles  étaient  à  la  veille  de  faire  leur  pre- 
mier cocon.  On  apporta  les  soins  les  plus  minutieux  à  sauver  la  vie  des 
chenilles  survivantes.  ^Elles  firent  un  premier  cocon  magnifique,  dont 
la  soie  est  fort  belle.  Quinze  jours  après,  environ,  malgré  la  persistance 
«xceptionnelle  du  mauvais  temps,  on  obtint  une  nouvelle  éclosion  et  une 
nouvelle  ponte  d'œufs,  mais,  par  suite  du  mauvais  temps,  cette  deuxième 
éclosion  a  mis  une  lenteur  très  grande  à  accomplir  ses  différentes  phases 
•de  mues,  et  la  chenille  n'a  pu  faire  qu'un   deuxième  cocon  incomplet. 

»  Telle  est  sommairement  l'histoire  de  cette  double  tentative  d'élevage 
de  ce  Ver  à  soie.  L'insuccès  tient  à  des  causes  exceptionnelles.  Nous  espé- 
rons être  plus  heureux  celte  année,  et  nous  sollicitons  d'avance  une 
large  portion  des  graines  que  la  Société  d'Acclimatation  pourra  prochai- 
nement confier  à  ses  membres.  » 

—  M.  Ilignet  écrit  de  Varsovie  :  «  J'ai  reçu  hier  les  20  cocons  de 
Cynthia  que  vous  avez  eu  la  bonté  de  m'envoyer.  Sont-ce  des  cocons 


112  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

de  la  seconde  ponte  ou  une  race  univoltine  comme  celle  que  j'étais  par- 
venu à  produire  ici.  Je  m'attends  à  être  dans  Ja  nécessité  de  recom- 
mencer le  travail  commencé  au  début  de  la  création  de  mon  établisse- 
ment de  Siellze.  Je  regrette  bien  que  la  négligence  de  mon  sériciculteur, 
pendant  un  de  mes  voyages  à  Paris,  ait  laissé  se  perdre  cette  race 
précieuse  pour  notre  pays. 

»  J'attends  le  printemps  avec  impatience  pour  voir  si  mes  Pernyi  du 
printemps  dernier  auront  supporté  jusqu'au  bout  la  prolongation- 
d'existence  à  laquelle  je  les  ai  condamnés.  Les  nymphes  sont  toujours 
vivantes  ;  que  sera-ce  d'ici  au  mois  de  juin?  La  période  à  parcourir  est 
encore  longue.  Quelques  Vers  de  la  seconde  ponte  ont  été  élevés  par  moi 
en  chambre.  J'ai  eu  de  la  feuille  fraîche  jusqu'à  la  fm  d'octobre  et 
même  au  commencement  de  novembre.  Cependant,  un  moment  est 
venu  où  elle  a  manqué,  et  mes  Vers  se  sont  résignés  à  manger  des- 
feuilles sèches.  C'est  sous  l'influence  de  cette  nourriture  qu'ils  ont  iilé. 
Les  cocons  sont  assez  beaux,  moins  fournis  de  soie  cependant  que  ceux 
d'été. 

»  Je  vous  remercie  encore  une  fois  pour  les  Cynthia,  et  me  recom- 
mande à  vous  pour  toutes  espèces  d'œufs  dont  vous  pourriez  disposer 
en  ma  faveur.  J'ai  planté  déjeunes  pruniers,  pommiers,  noyers,  etc., 
pour  répondre  à  toutes  les  exigences  des  espèces  séricigénes  que  je 
pourrais  tenir  de  votre  obligeance. 

»  Le  Mûrier  de  l'Etna,  dont  je  vous  ai  dans  le  temps  envoyé  de  la 
graine,  a  levé  chez  moi  ;  mais  je  n'ai  pas  osé  le  soumettre  à  la  rigueur 
de  nos  hivers,  et  j'en  ai  fait  une  plante  de  serre,  qui  entre  maintenant  en- 
végétation.  —  Si  vous  pouviez  joindre  à  vos  envois  quelques  graines  de 
Mûrier  du  Japon,  je  vous  en  serais  très  reconnaissant.  » 

—  MM.  Carbonnier,  Guillaume,  Laisné,  de  Montrol,  Dumézil,  comte- 
de  Saint-Innocent,  comte  de  Montlezun,  R.  Germain  et  Gorry-Bouteau, 
ainsi  que  la  Société  nantaise  d'horticulture,  demandent  à  prendre  part  à 
la  distribution  de  graines  diverses  annoncée  dans  la  Chronique. 

—  Des  remerciements  pour  les  envois  de  graines  qui  leur  ont  été  faits, 
sont  adressés  par  MM.  de  Gazenove  et  Mathey. 

—  M.  A.  Masson  écrit  du  château  de  Villeblevin  (Yonne)  :  «  De  retour 
d'un  voyage  au  Canada,  je  viens  vous  rendre  compte  de  mes  démarches 
infructueuses  pour  trouver  l'origine  du  Topinambour.  Tous  les  savants 
de  là-bas  s'accordent  à  dire  que  la  plante  n'est  pas  originaire  du 
Canada.  Je  profite  de  cette  occasion  pour  vous  adresser  trois  bien  petits 
paquets  de  graines  de  Melons  du  Canada.  Ces  trois  espèces  sont  les 
meilleures,  et  je  puis  garantir  que  le  Melo'n  brodé  de  Skillman  est  tout 
simplement  délicieux,  supérieur  à  mon  avis  à  tous  les  autres  Melons. 
Voilà  quatre  ans  de  suite  que  j'en  cultive,  et  outre  que  c'est  un  Melou 
prolifique,  hâtif  et  facile  àpousser,  il  est,  de  l'avis  de  tous  ceux  qui  l'ont 
goûté,  excellent. 


PROCÈS-VERBAUX.  H3 

»  Pour  les  deux  autres  espèces,  je  ne  puis  rien  garantir;  mais  au 
Canada  elles  sont  aussi  appréciées  que  les  Skillmaii.  Ces  derniers  se 
forcent  très  bien;  on  doit  les  laisser  bien  mûrir  avant  de  les  cueillir;  la 
chair  en  est  verte;  ils  sont  très  juteux  et  d'un  goût  très  fin. 

3)  Si  les  graines  de  Melons  que  je  vous  envoie  réussissent  et  sont 
appréciées,  je  me  ferai  un  plaisir  de  vous  en  envoyer  d'autres.  » 

—  A  l'occasion  du  procès-verbal,  M.  Raveret-Wattel  revient  sur  la 
question  de  la  formation  des  monstres  dans  la  classe  des  Poissons.  11 
fait  remarquer  que  les  monstruosités,  causées  par  les  manipulations  de 
la  fécondation  artificielle  ou  par  les  secousses  du  transport,  sont  toujours 
des  monstruosités  simples,  unitaires.  3Iais  quand  les  œufs  ont  été 
fécondés  par  la  méthode  sèche,  il  n'est  pas  très  rare  d'obtenir  des 
monstruosités  doubles,  et  cela  peut-être  parce  que  ce  mode  tout  artifi- 
ciel de  fécondation  permet,  plus  qu'un  autre,  la  pénétration  de  plusieurs 
spermatozoïdes  dans  l'ovule. 

—  M.  Millet  fait  connaître  que  les  œufs  récoltés  sur  des  frayères  na- 
turelles ne  lui  ont  jamais  donné  de  monstres,  probablement  parce  que 
la  fécondation  s'est  opérée  dans  des  conditions  régulières,  et  que  chaque 
ovule  n'a  reçu  qu'un  seul  spermatozoïde. 

—  M.  Decroix  fait  une  intéressante  communication  sur  un  procédé  de 
destruction  en  Algérie  des  Criquets  voyageurs ,  procédé  imaginé  par 
M.  Durand,  ex-directeur  de  la  Bergerie  nationale  de  Ben  Cliicao.  Ce 
procédé  consiste  à  barrer  le  passage  aux  larves  des  Criquets,  par  de 
longues  bandes  de  zinc  et  de  toile  qui,  soutenues  sur  des  piquets,  for- 
ment par  leur  surface  lisse  un  obstacle  insurmontable  pour  les  insectes. 
Ceux-ci  vont  tomber  dans  des  fossettes  oîi  il  est  facile  de  les  recueillir. 
On  peut  ensuite  les  utiliser  comme  engrais. 

—  M.  Millet  fait  remarquer  que  le  procédé  imaginé  par  M.  Durand  est 
un  perfectionnement  de  celui  dû  à  l'invention  de  Mehmed  Saïd-Pacha,  o-ou- 
verneur  de  l'île  de  Chypre,  et  décrit  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'Ac- 
climatation (année  1871).  Il  ajoute  que  ce  procédé  paraît  appelé  à  rendre 
d'immenses  services  en  Algérie,  où,  dans  certaines  années,  les  Criquets 
occasionnent  des  dégâts  s'élevant  à  50  ou  55  millions.  Récoltés  et  des- 
séchés avec  les  soins  voulus,  ces  insectes  pourraient  être  utilisés  pour  la 
nourriture  des  Faisans  et  d'une  foule  d'oiseaux  qui  s'en  montrent  très 
friands.  On  pourrait  sans  doute  aussi  en  préparer  un  produit  de  nature 
à  être  substitué  économiquement  à  la  rogue  de  Morue  pour  la  pèche  de 
la  Sardine. 

—  M.  Raveret-Wattel  fait  connaître  que  M.  le  docteur  Morvan,  de 
Douarnenez,a,  depuis  longtemps,  fait,  avec  le  concours  de  l'administra- 
tion de  la  Marine,  des  essais  tendant  à  utiliser  les  Criquets  de  l'Alo-érie 
pour  la  préparation  d'une  rogue  artificielle.  Ces  essais  n'ont  pas  donné 
de  résultats  très  satisfaisants.  Les  préparations  obtenut.'s,  même  au 
moyen  de  mélanges  avec  divers  corps  gras  ou    une  certaine  proportion 

3'  SÈHIB,  T.  X.  —  Février  1883.  g 


114  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'aCCLIMATATION. 

de  ro""ue  naUirolle,  n'avaient  pas  la  densité  ni  surtout  l'onctuosité,  le 
liant  nécessaire.  La  difficulté  de  la  préparation  et  les  frais  de  transport 
auo-mentaient  considérablement  le  prix  de  revient  qui  cessait  d'être 
avantageux. 

M.    Geoffroy  Saint-IIilaire  estime  que  les  Criquets   ne   pourraient 

être  employés  que  dans  une  certaine  mesure  pour  la  nourriture  des 
oiseaux.  On  a  plusieurs  fois  recommandé  l'emploi  de  farine  de  Han- 
neton; or  cette  nourriture,  qui  est  très  stimulante,  réussit  bien  à 
l'époque  de  la  ponte  ;  mais ,  si  l'on  n'en  usait  pas  avec  modération,  elle 
deviendrait  trop  excitante  et  pourrait  occasionner  des  maladies  sé- 
rieuses. C'est  plutôt  un  médicament  qu'un  aliment. 

—  M.  Maurice  Girard  dit  que  l'abondance  des  Criquets  est  hors  de 
toute  proportion  avec  la  consommation  que  pourraient  en  faire  les 
oiseaux.  Notre  confrère  pense  qu'il  importerait  surtout  de  détruire 
les  insectes  arrivés  à  leur  complet  développement,  les  insectes  ailés, 
qui  voyagent  en  légions  innombrables  formant  des  nuages  de  plusieurs 
kilomètres  d'étendue,  et  qui  causent  des  ravages  bien  autrement  graves 
que  ne  le  font  les  larves,  seules  détruites  par  le  procédé  de  M.  Durand. 
M.  Maurice  Girard  ajoute  que  ces  larves  sont  souvent,  mais  à  tort,  seules 
désignées  sous  le  nom  de  Criquets  par  certaines  personnes  qui  donnent 
l'appellation  erronée  de  Sauterelles  à  l'insecte  adulte.  Or  VAcridium 
pcregrinnm,  ou  Criquet  de  l'Algérie,  est  très  différent  des  Locustiens 
ou  véritables  Sauterelles. 

—  M.  Millet  pense  que  par  quelques  recherches  on  arriverait  à  pré- 
parer avec  les  Criquets  desséchés  une  rogue  artificielle  très  satisfai- 
sante, et  qu'il  en  serait  de  même  sans  doute  pour  les  produits  destinés 
à  la  nourriture  des  oiseaux.  Depuis  trois  ans,  M.  Millet  emploie,  pour 
l'élevage  des  Becs-fins,  une  pâtée  composée  de  fécule  de  pommes  de 
terre  et  de  farine  de  chrysalides  de  vers  à  soie,  le  tout  aggloméré  avec 
de  l'huile  d'olive,  et  il  en  obtient  d'excellents  résultats. 

—  M.  le  Président  dit  que  plusieurs  Comices  agricoles  ont  constaté 
l'efficacité  du  procédé  imaginé  par  31.  Durand,  auquel  des  remerciements 
ont  été  volés  par  le  Comité  de  l'Algérie.  La  destruction  des  larves  ne 
peut  avoir  qu'une  très  grande  utilité,  puisqu'elle  prévient  la  transfor- 
mation de  ces  larves  en  insectes  adultes,  ailés. 

—  M.  Decroix  dit  que  les  insectes  ailés  sont  moins  nuisibles  que  les 
larves,  attendu  qu'ils  passent  rapidement.  Les  larves,  au  contraire,  ne 
cheminent  que  lentement,  ravageant  tout  sur  leur  passage,  ne  laissant 
pas,  dans  les  cultures,  un  mètre  de  terrain  intact. 

—  M.  Maurice  Girard  craint  que  les  Criquets  adultes  ne  fassent,  eux 
aussi,  beaucoup  de  mal.  Le  danger  lui  paraît  être  dans  les  migrations 
de  ces  individus  ailés  qui  arrivent  du  désert,  et  qui  viennent  pondre 
dans  les  régions  cultivées.  Il  pense  qu'on  devrait  surtout  s'occuper  de  la 
destruction  des  œufs. 


PROCÈS-VERBAUX.  115 

—  Sur  la  demande  de  MM.  Millet  et  Maurice  Girard,  la  communication 
de  M.  Uecroix  est  renvoyée  aux  2«  et  4'  sections. 

—  M.  Fornet  présente  à  l'assemblée  un  modèle  d'hydro-incubateur  de 
son  invention,  appareil  dont  il  fait  ressortir  les  avantages.  (Voy.  au  Bul- 
letin.) 


SEANCE  DU  16  FÉVRIER  J883. 
Présidence  de  H.  Henri  Bouley,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté  après  une 
observation  de  M.  Millet. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvellement 
admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

Brun     (François-Eugène),   médecin-vétéri- (  ^"J*^"^  J^^P'"* 

n  n    •    ■    n    •       '  n    •  \  ot-ives  Menard. 

naire,  9,  rue  Casunir-Perier,  a  Pans.  )  ...  . 

V  Vigier. 

Massjas  (Gabriel),  négociant,  passage  Mas-     A.  Bouts. 

séna,  i,  à  Neuilly  (Seine),  et  13,  rue  Vi-  ■   Eugène  Dupin. 

vienne,  à  Paris.  (  St-Yves  Ménard. 

Métra     (Claude),     propriétaire,    boulevard  (  f  ",°^"^  ^"P'"* 
d'Inkermann,  22,  à  Neuilly  (Seine).  }  l"^"^  Grisard. 

\  Eugène  vavin. 

ViNCENDON-DuMOULiN,  vice-président    de    la  (  Vicomte  Brenier  de  Mont- 


Société    d'agriculture    de   Saint-Marcellin  {      i^o'<^n  • 
à  Chevrières  (Isère).  ^  ^'^«"^'"'^y  Saint-Hilaire. 

\  Raveret-Wattel. 

—  M.  Beauchaine  adresse  des  remerciements  au  sujet  de  sa  récente 
admission. 

—  M.  Bravard  demande  qu'il  lui  soit  envoyé  un  exemplaire  du  règle- 
ment sur  les  cheptels,  ainsi  que  la  liste  des  animaux  et  des  végétaux  mis 
en  distribution. 

—  Des  remerciements  pour  les  cheptels  qui  viennent  de  leur  être 
accordés  sont  adressés  par  MM.  Bénardaky,  G.  de  Kervénoaël,  Saury, 
de  Fontette,  Delloye-Orban,  Pitard,  0.  Larrieu,  Le  Pelletier,  Chambry 
et  le  comte  de  Montiezun. 

—  M.  Charles  Baltet  écrit  de  Troyes  :  «  M.  Paul  Hariot,  de  Méry- 
sur-Oise  (Aube),  va  rejoindre  la  mission  française  au  Cap  Horn,  à  titre 
de  botaniste  officiel. 

»  Mon  jeune  compatriote,  préparateur  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 


.116  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

serait  heureux,  j'en  suis  certain,  de  rencontrer  des  correspondants  de  la 
Société  d'Acclimatation  et  d'avoir  leur  concours  bienveillant.  » 

—  M.  N.  Masson  écrit  à  M.  le  Président  :  «  Je  viens  de  recevoir  de 
M.  Jean  Kiener  fils,  de  la  Forge,  près  Watback  (Haute-Alsace),  une 
réponse  à  la  lettre  que  je  lui  ai  adressée,  relativement  au  croisement  du 
Cochon  d'Inde  avec  le  Rat. 

»  Dans  une  de  nos  premières  séances,  M.  le  Secrétaire  général  a  bien 
voulu  nous  donner  communication  d'un  renseignement  qu'il  avait  reçu 
de  M.  Kiener,  au  sujet  de  ce  croisement.  Notre  Société  n'a  pas  jugé, 
tout  d'abord,  devoir  apporter  une  créance  absolue. 

»  J'ai  voulu  m'iiiformer  directement  auprès  de  ce  collègue  pour  con- 
naître les  sujets  qu'il  avait  obtenus,  et  voici  sa  réponse  : 

«  Monsieur  et  cher  confrère, 

>  Soyez  convaincu  et  tenez  pour  certain,  que,  dans  les  faits  observés 
j  ici  sur  le  Cochon  d'Inde,  il  est  pertinent  : 

»  Que  des  individus  de  celte  espèce  sont  nés  de  mères  de  pure  race, 
»  qui  ont  été  vues  en  compagnie  de  Rais,  avec  des  queues  d'égale  lon- 
»  gueur  à  celle  des  Rats. 

»  La  certitude  d'une  alliance  du  Cochon  d'Inde  avec  le  Rat,  révélée 
»  par  une  ressemblance  de  forme,  de  queue  et  de  caractères  généraux  du 
»  Raf, m'avait  dégoûté  de  ces  animaux.  Le  croisement  a  eu  lieu,  il  peut 
*  se  reproduire. 

»  La  coloration  du  poil,  je  ne  la  considère  que  comme  accessoire. 

>  Tout  à  votre  disposition,  je  reste  votre  dévoué  collègue. 

»  Signé  :  Kiener  fds.  » 

»  Je  crois  qu'il  ne  serait  peut-être  pas  superflu  de  tenir  compte  de  ces 
renseignements,  et  même  d'en  prendre  note,  et  je  vais  m'occuper,  de 
mon  côté,  d'acquérir  quelques  sujets  de  ces  reproductions,  que  j'aurai 
l'honneur  de  soumettre  à  l'examen  de  notre  honorable  Société,  pour  la 
curiosité  du  fait,  dont  il  est  bon  de  s'assurer.  »  —  (Renvoi  à  la  t"  sec- 
lion.) 

—  M.  Rogeron  écrit  du  château  d'Arceau  (Maine-et-Loire)  :  c  Comme 
je  vous  le  disais  dans  ma  dernière  lettre,  je  possède ,  depuis  près  de 
quatre  ans,  un  Cygne  de  Rewik  {Cygniis  minor),  superbe  oiseau,  dont 
j'ai  pu,  par  là  même,  apprécier  à  loisir  tous  les  mérites,  et  parmi  les- 
quels le  principal  est,  sans  contredit,  la  petitesse  de  sa  taille  qui  lui 
assignerait  une  place  dans  bien  des  pièces  d'eau  et  jardins  plus  ou  moins 
restreints,  dont  ses  congénères  sont  exclus  à  cause  de  leurs  grandes 
dimensions.  Il  ne  le  cède  d'ailleurs  en  rien  à  ceux  de  sa  race  par  la 
grâce  et  la  sociabilité;  et  sa  blancheur  est  encore  d'un  plus  grand  éclat 
que  celle  du  Cygne  domestique  et  du  Cygne  sauvage...  d 

—  M.  Deschamps  sollicite  une  récompense  de  la  Société  pour  l'intro- 


FROCÈS-VERDAUX.  117 

duction  du  Colin  de  Californie.  —  Renvoi  à  la  Commission  des  récom- 
penses. 

—  Des  remerciements  pour  les  envois  d'œufs  embryonnés  qui  leur  ont 
été  faits,  sont  adressés  par  MM.  Banmeyer,  Bertlioule,  Carbonnier, 
Louis,  Lugrin,  ainsi  que  par  le  régisseur  de  l'établissement  national  de 
pisciculture  de  Bouzey,  et  par  la  direction  de  l'Aquarium  du  Trocadéro. 

— En  accusant  réception  des  œufs  de  Corégone  qui  lui  ont  été  adressés, 
M.  le  vicomte  de  Causans  ajoute  :  «  Ces  œufs  sont  arrivés  tous  en  parfait 
état;  ils  sont  d'une  transparence  irréprochable.  Je  suis  étonné  que  vous 
arriviez  à  avoir  si  peu  de  perte  pour  des  trajets  aussi  longs.  Le  jour 
même,  ils  ont  été  transportés  à  Saint-Joan-de-Nay,  à  17  kilomètres  du 
Puy,  dans  des  appareils  à  éclosion  construits  avec  beaucoup  de  soins, 
alimentés  par  une  source  abondante  d'une  température  de  9  à  10  de- 
grés. 

»  Aussitôt  après  leur  éclosion,  ils  seront  déposés  à  des  places  choisies 
et  très  favorables,  à  l'embouchure  d'un  ruisseau  d'eau  vive  dans  une 
pièce  d'eau  d'un  demi-hectare  ayant  jusqu'à  5  mètres  de  profondeur,  et 
recevant  les  égouts  du  village,  et  d'une  vaste  prairie  qui  fournissent  une 
abondante  nourriture.  Ils  y  sont  attendus  par  les  With-fish  de  l'année 
dernière,  dont  on  a  pu  constater  le  succès  depuis  leur  éclosion,  au 
printemps  dernier.  Je  vous  aviserai  du  succès  des  éclosions  dès  qu'elles 
auront  lieu.  » 

—  M.  le  professeur  Spencer  F.  Baird,  commissaire  des  pêcheries  des 
Etats-Unis ,  annonce  l'envoi  qu'il  compte  faire  prochainement  à  la 
Société  de  l5  000  œufs  de  Saumon  des  lacs  {Land  locked  Salmon). 

—  M.  le  comte  G.  Casati  adresse  à  la  Société  40  grammes  de  graine 
de  Ver  à  soie  du  mûrier  de  la  race  milanaise  dite  Brianza  Verdolina 
Casati.  Celte  graine,  obtenue  par  le  système  cellulaire,  est  très  saine. 

—  M.  de  Villette  adresse  une  demande  d'œufs  ou  de  cocons  de  diffé- 
rentes espèces  de  Vers  à  soie. 

—  M.  Antonio  Blasco  fait  parvenir  une  demande  de  graines. 

—  M.  Gorry-Bouteau  accuse  réception  et  remercie  de  l'envoi  de 
graines  qui  lui  a  été  fait. 

—  M.  Jules  Leroux  annonce  l'envoi  des  noix  de  Jtiglans  nigra  qu'il  a 
bien  voulu  mettre  à  la  disposition  de  la  Société. 

—  M,  Ch.  Baltet  adresse  des  fruits  et  des  graines  de  Loza  {Rhamnus 
utilis)  employé  pour  la  fabrication  du  vert  de  Chine. 

—  M.  Guillaume  adresse  un  compte  rendu  de  ses  essais  de  culture  de 
Saggina. 

—  M.  Eug.  Vavin  écrit  de  Neuilly  (Seine)  :  «  J'ai  le  plaisir  de  vous 
annoncer  que  je  viens  de  recevoir  de  notre  savant  collègue,  M.  Masson, 
commandant  le  Catinat,  et  gouverneur  du  Gabon,  un  pied  de  Mais,  qui 
a  i'",C)0  de  haut. 

»  Ces  jours-ci,  j'ai  reçu  de  Santiago  de  Cuba,  un  pied  d'Arracac/ja 


118  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

csculenta,  en  pleine  végétation.  J'espère  en   recevoir  d'autres  d'ici  à 
peu  de  temps.  » 

—  M.  Sanford,  ancien  ministre  des  États-Unis  en  Belgique,  annonce 
qu'il  va  faire  expédier  de  la  Louisiane  à  la  Société,  une  barrique  de 
Noix  de  Pacanier.  «  Ce  bel  arbre,  ajoute  M.  Sanford,  a  bien  réussi  en 
Belgique;  je  suis  sûr  que,  dans  le  sud  de  la  France,  il  atteindra  de 
grandes  dimensions  et  sera  très  ornemental.  Il  se  fait  chez  nous  un 
grand  commerce  de  noix,  qui  se  vendent  à  un  prix  assez  élevé.  » 

—  M.  Beauchaine  écrit  de  Chàtellerault  :  «  Je  prends  la  liberté  de 
recommander  à  la  bienveillante  attention  de  la  Société,  une  variété  de 
Poire  obtenue  par  M.  d'Iray,  et  par  lui  nommée  Poire  M"''  Solange 
d'iray.  Cette  variété,  issue  de  la  Poire  Citron-des-Carmes,  est  un  peu 
plus  précoce  et  de  qualité  bien  supérieure.  C'est  la  meilleure  Poire  pré- 
coce que  je  connaisse,  et  je  serais  heureux  d'en  offrir  des  greffons  à  ceux 
des  membres  de  la  Société  qui  auraient  désir  d'en  essayer  la  culture.  » 

—  M.  le  Secrétaire  général  dépose  sur  le  bureau  : 

1°  Des  fruits  de  Zapallilo  de  Tronco  de  variété  pure,  offerts  par 
M.  Berson  ; 

2°  Un  sac  de  graines  de  Soja  noir,  provenant  des  cultures  du  Jardin 
d'Acclimatation  d'Hyères  ; 

3°  Une  note  dans  laquelle  M.  Delaurier  aîné,  d'Angoulême,  rend 
compte  de  ses  élevages  d'Oiseaux  exotiques,  et  fait  connaître  la  situation 
satisfaisante  des  Tragopansde  Blyth  qui  lui  ont  été  confiés  par  le  Jardin 
d'.\cclimatation  (voy.  au  Bulletin)  ; 

4°  Un  ouvrage  récemment  publié  par  M.  La  Perre  de  Boo,  et  intitulé: 
Monographie  des  Pigeons  domestiques.  Ce  volume  est  accompagné  de  la 
note  suivante  :  «  Jusqu'ici,  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  les  Pigeons,  se 
sont  contentés  de  faire  des  descriptions  banales  et  absolument  incom- 
plètes des  caractères  généraux  et  distinctifs  des  types  purs  de  nos 
diverses  races  de  Pigeons  d'utilité  et  d'agrément.  La  raison  en  est  facile 
à  expliquer  :  les  types  purs  avaient  en  quelque  sorte  cessé  d'exister, 
par  suite  des  nombreux  croisements  que  nos  diverses  races  de  Pigeons 
domestiques  avaient  subis  dans  nos  fermes  et  dans  nos  basses-cours. 

»  Or  les  races  pures,  ayant  disparu  de  la  surface  du  globe,  les 
auteurs  français  qui  ont  écrit  avant  moi  sur  les  Pigeons,  ne  possédaient 
aucune  base  qui  pût  les  guider  dans  leurs  descriptions;  car  les  pré- 
tendus types  purs  n'avaient  de  constance  qu'au  gré  de  l'éleveur  ou  du 
caprice  d'un  jury. 

»  Voulant  mettre  de  l'ordre  dans  cette  confusion  des  races  qui,  dans 
les  concours,  exposait  le  jury  à  toute  sorte  de  désagréments,  nos  voisins 
d'outre-Manche,  en  gens  pratiques,  ont  reconstitué  les  races  d'après 
des  bases  convenues  entre  les  principaux  éleveurs  du  pays. 

»  Ils  ont  donc  adopté  pour  chaque  race  un  type  officiel,  reconnu, 
approuvé  et  couramment  admis  par  le  jury  du  Palais  de  Cristal  et  par 


PROCÈS-VERBAUX.  119 

les  exposants  ;  et  c'est  d'après  ces  bases  que  j'ai  fait  la  description  des 
diverses  races  de  Pigeons  domestiques  qui  sont  mentionnées  dans  mon 
ouvrage. 

»  La  vérité  est  que  cet  ouvrage  manquait  en  France;  car  les  Pigeons 
qu'on  nous  met  tous  les  ans  sous  les  yeux  au  Palais  de  l'Industrie  , 
attestent  l'ignorance  des  éleveurs,  et  démontrent  jusqu'à  l'évidence 
qu'ils  ne  connaissent  pas  les  caractères  généraux  des  races  qu'ils  culti- 
vent. A  la  dernière  Exposition,  j'ai  vu  le  même  éleveur  exposer  des 
Pigeons  Boulants  anglais  rouges,  ayant  la  queue  rouge,  et  un  couple  de 
Pigeons  de  la  même  variété  ayant  la  queue  blanche  !  Or  aucun  auteur 
français  ne  dit  dans  son  ouvrage  si  la  queue  du  Boulant  rouge  doit  être 
blanche  ou  rouge  :  c'est  ce  qui  explique  l'ignorance  de  l'éleveur. 

»  Je  crois  donc  avoir  rendu  un  immense  service  aux  amateurs  de 
Pigeons,  en  écrivant  un  livre  dans  lequel  ils  trouveront  un  inventaire 
complet  de  tous  ces  petits  détails  que  les  auteurs  qui  ont  écrit  avant 
moi,  ont  cru  pouvoir  négliger,  au  grand  détriment  du  progrès  et  de  la 
science,  et  sans  lesquels  il  est  impossible  d'étudier  les  races.  » 

—  M.  le  Secrétaire  général  appelle  ensuite  l'attention  de  l'assemblée  sur 
de  nouveaux  faits  de  croisement  observés,  entre  espèces  fort  différentes, 
<lans  la  classe  des  Oiseaux.  11  mentionne  d'abord  le  Faisan  bleu,  de 
€ochinchine  et  de  Siam,  qui  a  été  allié  avec  le  Faisan  argenté,  par 
M.  Mathias,  de  Bourg-la-Reine.  Ce  croisement  présente  d'autant  plus 
d'intérêt  que  les  deux  espèces  sont  assez  éloignées  pour  que  certains 
naturalistes  aient  proposé  de  les  classer  dans  des  genres  distincts. 

Un  autre  croisement  fort  curieux,  récemment  obtenu,  c'est  celui  du 
<]anard  Casarka  et  de  l'Oie  d'Egypte,  c'est-à-dire  de  deux  oiseaux  appar- 
tenant d'une  façon  bien  précise  à  deux  genres  différents. 

A  l'occasion  de  ces  faits,  M.  le  Secrétaire  général  exprime  l'opinion 
que,  plus  les  observations  se  multiplient,  plus  la  notion  de  l'espèce, 
telle  qu'elle  a  été  comprise  autrefois,  se  modifie  et  s'altère. 

«  L'espèce  est  pour  nous,  ajoute  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  un  moyen 
de  classement,  mais  elle  n'existe  pas  dans  la  nature,  attendu  que  nous 
voyons,  chaque  jour,  des  faits  nouveaux  venir  nous  démontrer  qu'il  y  a 
des  groupes  naturels  et  qu'il  n'y  a  pas  d'espèces  d'une  façon  absolument 
certaine,  absolument  fixe,  puisque  l'on  passe  de  l'une  à  l'autre  par  des 
variétés  insensibles.  » 

M.  le  Secrétaire  général  met  ensuite  sous  les  yeux  de  l'assemblée 
deux  aquarelles,  représentant,  l'une  un  Mouton  d'une  variété  importée 
pour  la  première  fois  de  l'Inde,  l'autre  une  Corneille  qui  a  été  capturée 
prèsd'Étrépagny,  et  qui,  au  lieu  d'être,  soit  entièrement  noire  comme  la 
Corneille  ordinaire,  soit  complètement  blanche,  comme  le  sont  les  sujets 
albinos,  présentait,  avec  un  plumage  noir,  une  tache  blanche  en  forme 
de  cravate. 

—M.  de  Barrau  de  Muratel  dépose  sur  le  bureau  une  note  de  M.  Vialan, 


120  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

instituteur  à  Blan  (Tarn),  qui  a  fondé  dans  son  école  une  Société  pour  la 
proteclion  des  oiseaux  et  la  destruction  des  animaux  nuisibles. 

L'année  dernière,  cette  Société,  qui  compte  70  enfants,  a  découvert  et 
protéf^é  560  nids  d'oiseaux  divers;  elle  a,  en  outre,  détruit  environ 
16000  insectes  nuisibles.  M.  de  Barrau  de  Muratel  ajoute  que  déjà  plu- 
sieurs instituteurs  ont  suivi  l'exemple  de  M.  Vialan,  et  créé  dans  leurs 
écoles  des  Sociétés  pour  la  protection  des  oiseaux  et  la  destruction  des 

insectes. 

Sur  la  demande  de  M.  de  Barrau  de  Muratel,  le  travail  de  M.  Vialan 

est  renvoyé  à  la  2"  section. 

Tout  en  reconnaissant  les  services  que  peuvent  rendre  de  sembla- 
bles Sociétés,  M.  Maurice  Girard  exprime  la  crainte  qu'elles  ne  détrui- 
sent souvent  beaucoup  d'insectes  utiles. 

—  M.  de  Barrau  de  Muratel  fait  remarquer  qu'il  importerait  que  des 
ouvrat^es  élémentaires,  donnant  la  liste  des  insectes  à  détruire  et  celle 
des  espèces  à  respecter,  fussent  mis  à  la  disposition  des  instituteurs. 

—  M.  Maurice  Girard  donne  lecture  d'une  note  de  M.  Fallou  rendant 
compte  d'une  éducation  de  Ver  à  soie  du  chêne  de  la  Chine  (Attacus 
Pernyi)  faite  en  plein  air,  dans  la  forêt  de  Sénart.  —  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  de  Barrau  de  Muratel  fait  connaître  que,  d'après  les  journaux, 
les  Hirondelles  auraient  déjà  fait  leur  apparition  à  Nevers.  «  Le  fait, 
ajoute  notre  confrère,  aurait  besoin  d'être  vériûé,  eu  égard  à  l'époque 
de  l'année;  s'il  est  exact,  c'est  que  l'hiver  touche  à  sa  fin.  » 

—  M.  Paillieux  fait  connaître  le  résultat  de  ses  cultures  expérimen- 
tales de  Plantes  chinoises,  et  donne  lecture  d'une  note  sur  le  Pet-saï  de 
Mongolie.  —  (Voy.  au  Bulletin.) 

Le  travail  de  M.  Paillieux  est  renvoyé  à  la  Commission  des  récompenses 
avec  invitation  d'examiner  s'il  n'y  aurait  pas  lieu  de  créer  quelques  prix 
pour  l'introduction  de  certains  des  Végétaux  chinois  mis  en  essais  par 
notre  confrère. 

M.    Raveret-Watlel    fait   une    communication   sur   les    échelles  à 

Saumons,  et  présente  un  modèle  d'échelle  offert  à  la  Société  par  M.  le 
colonel  Mac-Donald,  inspecteur  des  pêcheries  de  l'État  de  Virginie. 

Le  secrétaire  des  séances, 
C.  Baveret-Wattel. 


IV    EXTRAIT  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES  SECTIONS 


PREMIÈRE  SECTION 

SÉANCE  DU  9  JANVIER  1883. 

Présidence  de  M.  DECROix 

Il  est  procédé  au  début  de  la   séance  à   l'élection  du  bureau  pour 
l'année  1883.  Sont  élus  : 
Président:  M.  Decroix; 
Vice- Président:  M.  Ménard; 
Secrétaire:  M.  Gautier; 
Vice-Secrétaire  :  M.  X.  Dybowski; 

Délégué  dans  la  Commission  des  récompenses  :  M.  Ménard. 
11  est  donné  connaissance  à  la  section  d'une  lettre  de  M.  Fauvel,  ofti- 
cier  des  douanes  chinoises,  se  mettant  à  la  disposition  de  la  Société  d'Ac- 
climatation pour  lui  envoyer  des  animaux  ou  des  plantes  du  pays,  et 
demandant  de  vouloir  bien  lui  adresser  une  note  indiquant  les  espèces 
qui  l'intéresseraient  particulièrement.  La  Section  adresse  ses  remercie- 
ments à  M.  Fauvel;  une  note  dans  le  sens  demandé  lui  sera  envoyée. 

M.  le  Président  lit  ensuite  une  lettre  de  M.  le  marquis  de  Pruns 
appelant  à  nouveau  l'attention  de  la  Société  sur  ce  que  les  Chèvres  ne 
sont  pas  comprises  au  nombre  des  animaux  admis  dans  les  concours 
régionaux. 

M.  le  Président  et  après  lui  M.  Dybowski  proposent  d'adresser  à  brei 
délai  une  lettre  à  M.  le  Ministre  du  Commerce,  mais  sur  l'observation 
de  M.  Gautier  et  de  plusieurs  autres  membres,  qu'il  n'y  a  pas  urgence 
puisqne  la  décision  ministérielle  ne  pourrait  produire  effet  pour  le  con- 
cours des  animaux  gras  s'ouvrant  le  28  janvier,  et  qu'il  y  a  intérêt  a 
discuter  la  question  d'une  façon  plus  approfondie,  la  Section  remet  la 
discussion  à  sa  prochaine  séance. 

M.  le  Président  donne  communication  d'une  lettre  de  M.  Jean  Kiener 
informant  la  Société  qu'ayant  mis  en  liberté  dans  une  cour  un  couple  de 
Cobayes,  ces  animaux  se  sont  croisés  avec  des  Rats. 

Il  donne  également  communication  d'une  lettre  de  M.  Reynal,  infor- 
mant la  Société  que  des  Cobayes  ayant  été  envoyés  par  lui  au  pic  du 
Midi,  ont  été  lâchés  dans  la  montagne,  s'y  sont  fait  des  abris,  et  y  ont 
reproduit.  Dans  cette  lettre,  M.  Reynal  informe  également  la  Société  que 
des  Ouistitis  viennent  de  reproduire  en  France  à  côté  de  chez  lui,  à  Péri- 
gueux,  et  que  des  deux  petits  nés,  l'un  est  mort,  mais  l'autre  est  arrivé 
presque  à  grosseur.  Ces  différentes  communications  devant  être  repro- 
duites à  l'Assemblée  générale,  la  Section  se  borne  à  adresser  ses  remer- 
ciements à  leurs  auteurs. 

Le  Secrétaire, 
Jules  Gautier. 


122  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

DEUXIÈME  SECTION 

SÉANCE   DU  9  JANVIER   1883. 
Présidence  de  M.  le  baron  d'AvÈNE,  Vice-Président. 

L'ordre  du  jour  porte  la  nomination  du  bureau. 

Le  dépouillement  du  scrutin  donne  le  résultat  suivant: 

Président:  M.  Millet; 

Vice-Président  :  M.  le  baron  d'Avène; 

Secrétaire:  M.  Gustave  Sturne  ; 

Vice-Secrétaire:  M.  le  vicomte  d'Esterno  ; 

Délégué  dans  la  Commission  des  récompenses:  M.  Millet. 

M.  Grisard  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  le  Ministre  de  l'Agricul- 
ture, répondant  à  une  demande  faite  par  la  Société  d'ouvrir  un  concours 
pour  les  Couveuses  artificielles  au  moment  du  concours  dit  des  animaux 
gras  à  Paris. 

M.  le  Ministre  ne  peut  accepter  cette  proposition,  par  la  raison  que, 
les  machines  agricoles  ne  sont  admises  que  pour  être  exposées  et  ne 
sont  l'objet  d'aucune  récompense. 

M.  Xavier  Dybowski  trouve  que  cette  réponse  était  inévitable. 

M.  Sturne  pense  qu'il  est  r£grettable,  que  M.  le  Ministre  n'ait  pas 
autorisé  ce  concours,  qui  se  fait  sentir  de  jour  en  jour  plus  nécessaire, 
et  il  rappelle  que  dans  une  de  nos  dernières  séances  générales,  M.  le 
vicomte  d'Esterno  écrivait  une  lettre  dans  le  même  sens.  Non  seulement 
ce  concours  rendrait  un  grand  service  aux  éleveurs  et  à  l'agriculture,  mais 
cette  question  s'étend  encore  à  l'élevage  des  Autruches,  dont  nos  colonies 
peuvent  retirer  de  si  grands  bénélices  ;  et,  comme  M.  Sturne  avait  été  le 
promoteur  de  cette  démarche,  il  demande  que  la  Section  veuille  bien 
émettre  le  nouveau  vœu  d'une  seconde  démarche,  pour  faire  l'expé- 
rience des  Couveuses  artificielles,  une  fois  seulement,  au  concours  de 
1884,  afin  de  reconnaître  celles  qui  sont  les  meilleures. 

M.  le  Président  met  la  motion  aux  voix,  qui  est  adoptée. 

L'ordre  du  jour  appelle  l'attention  de  la  Section  sur  les  instructions 
que  demande  M.  Fauvel,  officier  des  douanes  chinoises,  à  Han-Kéou,  qui 
se  met  à  la  disposition  de  la  Société  d'Acclimatation,  pour  des  questions 
d'histoire  naturelle,  sur  la  faune  si  fiche  du  Céleste-Empire. 

M.  Sturne  demande  si  M.  Fauvel  a  été  l'objet  d'une  récompense  pour 
les  savantes  communications  qu'il  a  faites  à  la  Société,  particulièrement 
lors  de  son  dernier  passage  à  Paris.  En  tous  cas,  M.  Slurne  prie  la 
deuxième  Section  d'émettre  le  vœu  que  les  travaux  de  .M.  Fauvel  soient 
examinés  par  la  Commission  des  récompenses. 

Cette  proposition  est  adoptée. 

M.  Millet  présente  deux  têtes,  pattes  et  ailes  comparatives  d'une  espèce 
de  Perdrix  grise  nouvelle  et  d'une  Perdrix  grise  ordinaire  et  dit  : 


PROCÈS-VERBAUX. 


423 


«  On  ne  connaît  généralement  en  France,  qu'une  espèce  de  Perdrix  grise  ; 
mais  depuis  deux  ans,  vers  la  fin  d'octobre,  dans  la  région  du  nord  de  la 
France,  et  particulièrement  dans  les  départements  de  l'Aisne,  de  l'Oise  et 
du  Nord,  on  voit  des  passages,  pendant  une  huitaine  de  jours  seulement, 
de  cette  petite  espèce,  se  dirigeant  vers  le  midi;  ces  migrations  s'o- 
pèrent par  bandes  de  25  à  35  têtes,  et  toujours  à  la  même  époque. 

»  On  ne  trouve,  dans  les  ouvrages,  que  des  indications  très  incomplètes 
qui  sont  indécises  pour  la  désigner,  soit  en  une  race  ou  une  espèce.  11 
serait  intéressant  de  savoir  si  d'autres  personnes  ont  remarqué  ces 
migrations  de  Perdrix  nouvelles,  tant  au  point  de  vue  de  l'histoire  natu- 
relle, que  de  la  chasse.  » 

M.  Millet  termine  en  promettant  un  rapport  détaillé  à  la  Société. 

Le  Secrétaire, 
Gustave    Sturne. 


TROISIÈME  SECTION 

SÉANCE   DU    16  JANVIER   1883. 

Dès  l'ouverture  de  la  séance,  il  est  procédé  à  l'élection  du  bureau  de 
la  Section  pour  l'exercice  1883.  Sont  élus: 

Président:  M.  Vaillant; 

Vice-Président  :  M.  de  Barrau  de  Muratel  ;     - 

Secrétaire  :  M.  Banmeyer  ; 

Vice-Secrétaire  :  M.  Léon  Vidal  ; 

Délégué  dans  la  Commission  des  récompenses  :  M.  Berthoule. 

M.  Baveret-Wattel  donne  lecture  de  diverses  lettres  adressées  à  la 
Société  et  de  nature  à  intéresser  la  Section. 

Parmi  ces  lettres,  il  en  est  une,  émanant  du  Ministère  de  la  Guerre, 
demandant  des  renseignements  sur  les  échelles  à  Saumons. 

En  réponse  à  cette  lettre,  l'administration  de  la  Société  a  communiqué 
au  Ministère  le  modèle  d'échelles  à  Saumons  imaginé  par  M.  Mac-Donald 
et  employé  avec  un  très  grand  succès  aux  États-Unis  d'Amérique. 

Une  intéressante  discussion  a  lieu  au  sujet  des  échelles  à  Saumons  et 
de  l'importance  que  présente  cette  question,  au  point  de  vue  du  repeu- 
plement des  cours  d'eau. 

Il  est  évident  que  partout  où  il  existe  des  échelles  mal  construites,  les 
Saumons  ne  peuvent  remonter  facilement  le  cours  d'eau;  ils  sont  violents 
dans  leurs  instincts,  d'où  résulte  l'appauvrissement  des  fleuves  et  ri- 
vières. On  ne  saurait  donc  insister  trop  sur  la  nécessité  de  recourir 
pour  la  construction  des  échelles  à  des  types  consacrés,  après  une  longue 
expérience,  par  de  bons  résultats. 

M.  le  Président  annonce  la  satisfaction  qu'il  éprouve  de  voir  le  Minis- 


124  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACGLIMATATION. 

1ère  de  la  Guerre  faire  appel  en  pareil  cas  aux  lumières  des  membres 
de  la  Société  d'Acclimatation. 

A  propos  de  Saumons,  M.  Raveret-Wattel  expose  que  les  Saumons  de 
Californie  se  sont  remarquablement  reproduits  dans  les  bacs  du  Troca- 
déro.  Il  y  a  eu  toutefois  une  très  grande  mortalité  parmi  les  sujets  repro- 
ducteurs, par  suite  sans  doute  de  blessures. 

En  Améri(}ue,  on  a  constaté  une  très  grande  mortalité  des  sujets  qui 
ont  frayé,  ce  qui  prouverait  que  cette  mortalité,  qui  a  surtout  atteint 
les  mâles,  tient  à  une  cause  étrangère  aux  entraves  apportées  à  la  lil)re 
circulation  des  poissons  par  suite  de  barrages ,  ou  d'échelles  défectueuses. 
Cette  mortalité  n'a  pas  d'ailleurs  été  générale,  car  dans  le  Sacra- 
menlo  il  y  a  de  nombreux  sujets  qui  ont  frayé  plusieurs  fois. 

Le  fait  de  mortalité  des  Saumons  au  moment  du  froid,  fait  signalé  à  la 
Société  par  une  lettre  de  M.  Le  Faute,  provoque  un  intéressant  échange 
d'idées  au  sujet  des  causes  de  maladie  ou  de  mortalité  des  poissons  élevés 
en  stabulation. 

La  nourriture  animale  qui  est  donnée  aux  Saumons  est,  ainsi  que  cela 
s'est  produit  à  Courance,  dit  M.  Millet,  une  des  causes  d'infection  des 
eaux  qui  amènent  des  maladies  mortelles.  D'ailleurs,  les  Saumons  tenus 
enfermés  sont  privés  de  leur  migration  annuelle  vers  la  mer,  ce  qui  est 
une  anomalie  dont  ils  doivent  naturellement  se  ressentir. 

Un  membre  fait  remarquer  qu'au  Trocadéro  la  nourriture  n'est  com- 
posée que  de  poissons,  ce  qui  n'empêche  pas  qu'il  y  ait  chaque  année  une 
grande. mortalité.  Les  femelles  sont  très  souvent  maculées  de  mousses. 
Les  exemples  de  poissons  recouverts  de  mousses  abondent.  Les  Carpes 
du  Dois  de  Boulogne  ont  été  souvent  les  victimes  de  ce  parasite  végétal. 
Des  Anguilles  au  repos  en  sont  souvent  recouvertes.  M.  Vaillant  explique 
que  le  mycélium  du  Saprolegna  envahit  le  dessous  des  écailles. 

Les  animaux  atteints  peuvent  être  guéris  si  les  conditions  du  milieu  oîi 
ils  vivent  se  trouvent  modifiées.  En  général,  ce  parasite  végétal  se  pro- 
page d'autant  plus  facilement,  que  l'animal  est  maintenu  dans  une  eau 
plus  dormante. 

M.  Raveret-Wattel  ajoute  qu'en  Amérique,  on  emploie  de  l'eau  salée 
assez  saturée  pour  faire  disparaître  la  maladie. 

M.  Millet  donne  quelques  intéressants  détails  au  sujet  de  la  maladie 
des  Ecrevisses. 

11  n'existe  presque  plus  de  ce  crustacé  dans  le  département  de  l'Aisne 
où  il  y  en  avait  beaucoup. 

11  serait  intéressant  de  dresser  une  carte  des  localités  où  la  maladie  a 

sévi.  La  Société  d'Acclimatation  possède  sur  celte  question  un  ensemble 

de  documents  qu'il  serait  intéressant  de  grouper,  de  façon  à  étudier  le 

mal  de  plus  près  et  à  présenter  à  la  Section  un  travail  plus  complet. 

M.  Millet  veut  bien  se  charger  de  préparer  ce  rapport. 

On  dit  que  celte  maladie  est  causée  par  la   présence  d'un  parasite. 


PROCÈS-VERBAUX.  125 

mais  cane  semble  pas,  suivant  M.  Millet,  pouvoir  donner  une  explication 
des  cas  foudroyants. 

M.  Raveret-Waltel  répond  que  le  distome  de  l'Écrevisse  se  reproduit 
avec  une  telle  rapidité  que  l'on  pourrait  bien  trouver  là  une  cause  des 
mortalités  soudaines  constatées  dans  diverses  localités. 

Il  ajoute  que  la  maladie  tend  à  disparaître  en  Allemagne. 

M.  Millet  pense  que  le  meilleur  moyen  pour  étudier  la  maladie  con- 
sisterait dans  l'examen  immédiat  des  sujets  contaminés,  il  y  aurait  donc 
lieu  de  prier  les  personnes  chez  qui  sévit  la  maladie,  d'envoyer  à  la 
Société  des  échantillons  malades. 

Il  est  décidé  que  l'Administration   sera   invitée  à  écrire  dans  ce  sens. 

M.  le  Président  trouve  dans  le  dossier  de  la  Section,  un  projet  de  loi 
relatif  à  la  pêche  fluviale,  il  propose  de  nommer  une  Commission  qui 
s'occuperait  de  l'examen  de  ce  projet. 

Cette  proposition  étant  accueillie,  une  Commission  est  nommée  com- 
posée de  :  MM.  Millet,  de  Glaligny,  Banmeyer  et  Raveret-Wattel. 

31.  Vidal  fait  remarquer  à  ce  propos  que  les  travaux  de  la  troisième 
Section  lui  paraissent  demeurer  un  peu  à  l'état  de  lettre  morte.  L'année 
dernière,  aucun  procès-verbal  émanant  de  cette  section,  n'a  été  publié, 
il  exprime  le  désir  que  ces  réunions  puissent  avoir  une  sanction 
effective.  Il  lui  semble  que  la  Section  devrait  être  informée  des  suites 
qui  sont  données  à  ses  propositions. 

M.  J.  Grisard  répond  que  les  procès-verbaux  n'ayant  pas  été  remis  au 
Secrétariat,  il  n'a  pu  être  statué  sur  les  vœux  émis  par  la  Section. 

Le  Vice-Secrétaire, 
Léon  Vidal. 


QUATRIÈME  SECTION 

SÉANCE  DU   23  JANVIER   1883 
Présidence   de   M.    Fallou,    Vice-Président. 

La  Section  procède  à  la  constitution  de  son  bureau. 
Sont  élus  par  scrutin  de  liste  : 
Président  :M.  Maurice  Girard; 
Vice-Président  :  M.  Fallou; 
Secrétaire  :  M.  Clément  ; 
Vice- Secrétaire  :  M.  X.  Dybowski  ; 
Délégué  à  la  Commission  des  récompenses  :  M.  Fallou. 
M.  Grisard  lit:  X"  une  lettre  de  M.  le  comte  Casali,  de  Milan  qui  offre  des 
graines  de  Vers  à  soi(î  du  mûrier  provenant  d'une  variété  saine  et  robuste; 
t°  Un  mémoire  de  M.  Fallou  intitulé  :  Observations  sur  «n  Lvpido- 


126  SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

phire  hétérocère  séricigène,  provenant  d'un  envoi  de  M.  Moquin-Tandon, 
de  la  Cochinchine  ; 

3»  Une  lettre  de  M.  P.  Nemelz,  à  Wiener-Neustadt  (Autriche),  sur  une 
éducation  de  Pernyi  ; 

4"  Deux  lettres  de  M^e  de  Bompar,  relatives  à  la  destruction  du 
pliylloxera  par  une  araignée  :  le  Trombidion,  laquelle  vivrait  sur  le 
Fraisier,  D'après  M"""  de  Bompar,  on  détruirait  le  phylloxéra,  en  plan- 
tant des  Fraisiers  dans  les  Vignes. 

A  ce  propos,  M.  M.  Girard  dit  que  c'est  là  une  erreur  absolue;  le 
Trombidion  ne  mange  pas  le  phylloxéra  :  peut-être  en  détruit-il  quand 
il  est  à  l'état  de  larve,  car  alors  il  a  un  régime  parasitaire  sur  les  insec- 
tes, mais,  adulte,  il  suce  les  plantes.  Le  phylloxéra  ne  prend  que  sur  les 
■  sarments,  —  il  est  nionophage  et  ne  vit  que  de  la  Vigne. 

M.  Fallou  ajoute  qu'il  est  bien  possible  que  le  Fraisier  attire  le  Trom- 
bidion, comme  il  attire  beaucoup  d'autres  insectes,  et  entre  autres  les 

altises. 

Il  est  donné  lecture  de  la  lettre  suivante  de  M.  de  Confévron,  relative 
-  à  une  observation  qu'il  a  faite  sur  les  mœurs  des  Cigales  et  des  Sphex. 

a  Je  cède  au  désir  de  raconter  à  ceux  de  nos  confrères  qui  s'occupent 
d'entomologie  et  que  cela  pourra  intéresser,  une  observation  que  j'ai 
faite  par  hasard  sur  les  mœurs  des  Cigales  et  des  Sphex. 

»  C'était  en  Vaucluse,  pendant  l'été  de  1881,  par  une  de  ces  journées 
brûlantes  pendant  lesquelles,  dans  le  Midi,  le  soleil  dardant  d'aplomb 
ses  rayons  de  feu,  engourdit  tout,  durant  quelques  heures  du  milieu  du 
jour.  Alors,  tout  se  taisant  dans  la  nature,  on  n'entend  guère  que  le  zi  zi 
strident  des  Cigales,  qui  semble  rendre  plus  accablante  encore  cette 
fournaise  où  elles  sont  dans  leur  élément  et  qui  fait  leurs  délices. 

»  J'étais  assis  à  l'ombre  d'un  arbre,  regardant  tout  près  de  moi  les 
rapides  cicindelles  poursuivant  leur  proie  sur  le  sable  embrasé. 

»  Mes  yeux  vinrent  à  s'arrêter  sur  un  platane  où  je  remarquai  une 
Cigale.  Avec  la  tarière  qu'au  repos  elles  portent  repliée  le  long  de  leur 
abdomen  et  qui,  comm.e  on  sait,  remplace  chez  les  femelles  l'appareil 
du  chant  dont  les  mâles  seuls  sont  pourvus,  elle  avait  creusé  dans 
l'écorce  de  l'arbre,  un  puits  artésien  ou  elle  s'abreuvait  de  sève. 

»  Tout  à  coup,  deux  Sphex  arrivent,  et  sans  hésiter,  se  mettent  à 
pousser,  tirailler,  harceler  ma  Cigale,  tant  et  si  bien  qu'ils  lui  font 
quitter  la  place  et  se  mettent  à  se  délecter  à  la  source  dont  elle  était 
l'inventeur. 

»  N'est-ce  pas  là  un  exemple  de  plus,  du  parasitisme  naturel  qu'on 
retrouve  à  chaque  pas. 

»  Ce  fait  n'étant  pas  à  la  connaissance  de  tous,  j'ai  voulu  vous  le 
narrer  dans  toute  sa  simplicité,  car  tout  se  tient  et  s'enchaîne  dans 
l'étude  de  la  nature  et  les  moindres  remarques  peuvent  être  utilisées. 

)>  Veuillez,  etc.  «  De  Confévron.  » 


PROCÈS-VERBAUX.  127 

M.  Millet  promet  une  note,  pour  la  prochaine  séance,  sur  le  dévelop- 
pement de  la  sériciculture  en  Autriche  qui,  depuis  deux  ans,  a  pris  de  très 
grands  développements. 

M.  Millet  tient  de  M.  Durand  des  documents  sur  les  ravages  et  la 
destruction  des  criquets  voyageurs.  MM.  Durand  et  Millet  doivent  en 
parler  en  séance  générale,  mais  dès  à  présent  M.  Millet  dit  que 
M.  Durand  a  sans  doute  perfectionné  le  mode  de  destruction  dont  se 
servait  le  Gouverneur  de  Chypre. 

M.  Grisard  rappelle  que  M.  Fauvel,  officier  des  douanes  en  Chine, 
offre  ses  services;  la  Section  remercie  31.  Fauvel  et  se  propose  de  pro- 
fiter de  ses  offres  à  l'occasion. 

M.  Fallou  se  propose  de  donner  en  séance  générale  un  compte  rendu 
détaillé  d'une  éducation  de  Pernyi.  Mais  dès  maintenant  il  donne  quel- 
ques renseignements  :  M.  Huin  lui  a  donné  des  œufs.  11  a  placé  des 
jeunes  Vers  sur  des  cépées  de  chêne  dans  la  forêt  de  Sénart.  Au  moyen 
de  quelques  abris,  malgré  la  grêle,  les  Vers  ont  abouti  complètement. 

Ce  qu'il  y  a  d'important  dans  celte  éducation,  c'est  l'obtention  de  cocons 
qui  n'éclosent  qu'au  printemps  suivant.  Cette  espèce  paraît  donc  dis- 
posée à  devenir  univoltine,  seule  condition  qui  permet  de  conserver 
l'espèce  chez  nous  et  d'en  propager  la  culture,  car  restant  bivoltine,  les 
Vers  de  la  deuxième  éclosion,  qui  se  fait  en  octobre,  ne  trouvent  pas  la 
nourriture  fraîche  qui  leur  est  indispensable.  En  outre,  en  automne, 
les  jeunes  chenilles  sont  attaquées  par  les  araignées,  qui  en  détruisent 
une  grande  quantité  et  diminuent  encore  les  chances  de  la  conservation 
de  l'espèce. 

M.  Hignet,  à  Varsovie,  et  le  professeur  Balbiani  ont  obtenu  un  résultat 
analogue. 

Le  Vice -sécréta  ire, 
X.  Dybowski. 

CINQUIÈME  SECTION 

SÉANCE   DU  30  JANVIER   1883 
Présidence  de  M.  Vavin,  Président,  puis  de  M.  Paillieux. 

M.  le  Président  fait  connaître  qu'il  va  être  procédé  au  renouvellement 
du  bureau  et  à  la  nomination  d'un  délégué  près  la  Commission  des 
récompenses  et,  à  cette  occasion,  exprime  le  désir  de  voir  les  suffrages 
de  ses  collègues  se  reporter  sur  une  autre  personne,  son  intention  n'étant 
pas  d'accepter  les  fonctions  de  Président,  s'il  était  renommé. 

Le  dépouillement  du  scrutin  donne  le  résultat  suivant  : 

Président  :  M.  Henri  de  Vilmorin  ; 

Vice-Président  :  M.  Paillieux; 


\^2S  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Secrétaire  :  M.  Jules  Grisard  ; 

Vice-Secrétaire  :  M.  X.  Dybowski; 

Délégué  dans  la  Commission  des  récompenses  :  M.,  le  D'"  Ed.  Mène. 

M.  Chappeliier,  se  faisant  l'inlerprèle  des  sentiments  de  ses  collègues, 
exprime  à  M.  Vavin  les  remerciements  de  la  Section  pour  le  zèle  qu'il  a 
toujours  montré  pendant  les  longues  années  de  sa  présidence. 

31.  Paillieux  prend  la  présidence. 

M.  Paillieux  donne  lecture  d'un  rapport  détaillé  et  fort  intéressant  sur 
ses  cultures  de  diverses  plantes  chinoises. 

Sur  le  bureau,  figurent  les  produits  dftnt  parle  le  mémoire  de  notre 
zélé  collègue,  et  des  fruits  conlits  de  Shiro-uri,  préparés  par  la  maison 
Robineau-Boissier.  Ces  derniers,  dégustés  par  la  Section,  sont  trouvés 
exquis. 

M.  le  D'  Mène  demande  que,  vu  son  importance,  le  travail  de  M.  Pail- 
lieux soit  publié  dans  le  corps  du  Bulletin  et  non  dans  le  procès-verbal 
de  la  séance  ;  la  Section  tout  entière  s'associe  à  ce  vœu  qui  sera  transmis 
à  la  Commission  de  publication. 

MM.  Fallou  et  de  Vroil  font  connaître  les  résultats  qu'ils  ont  obtenus 
de  la  culture  des  graines  offertes  par  M.  Paillieux  à  la  Section,  dans  le 
courant  de  l'année  1882. 

M.Jules  Grisard  informe  la  section  que  la  Société  vient  de  recevoir 
un  baril  de  Noix  fraîches  de  Pacanier  {Carya  olivœformis). 

Celte  intéressante  espèce  convient  surtout  au  bassin  méditerranéen  ; 
elle  demande  un  terrain  frais,  même  humide. 

Le  Pacanier  supporte  diflicilement  la  transplantation,  il  est  donc  bon 
de  le  semer  en  place,  trois  on  quatre  noix  par  trou,  en  éliminant,  lors 
de  la  levée,  les  plants  les  moins  vigoureux;  c'est  le  procédé  suivi  aux 
États-Unis. 

M.  Chappeliier,  qui  a  reçu  de  la  Société  quelques  tubercules  de  la 
Pomme  de  terre  Heymonet,  dit  que  cette  variété  mérite  d'être  plus 
répandue  et  qu'elle  lui  a  donné  des  résultats  très  satisfaisants. 

M.  .Malhey  confirme  ces  renseignements. 

Le  Secrétaire, 
Jules  Grisakd. 


Le  gérant  :  Jules  Grisard. 


Monenoz,  AiJm.-Direcl   <Jes  Imprimeries  réunies.  A,  rue  Mignon,  2;  Pari; 


i.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


RAPPORT 
PRÉSENTÉ  A  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'ACCLIMATATION 

AU  NOM 

DE  LA  COMMISSION  DE  LA  CHASSE 
[Par  J.   GtiillTlER. 


Messieurs, 

Yotre  Commission  de  la  chasse  a  été  chargée  par  vous  d'éla- 
borei'  un  projet  de  loi  sur  les  animaux  nuisibles,  destiné  à 
compléter  le  projet  de  loi  sur  la  chasse  que  vous  avez  ap- 
prouvé dans  votre  assemblée  générale  du  2  juin  dernier.  C'est 
ce  projet  de  loi  que  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter  aujour- 
d'hui. 

Voire  Commission,  vous  vous  en  souvenez.  Messieurs,  a 
dans  son  précédent  travail  suivi  pas  à  pas  le  projet  de  loi 
déposé  à  la  Chambre  des  députés  par  M.  Labitte  et  s'est  bornée 
à  demander  à  leur  ordre  les  modifications  qui  lui  ont  semblé 
désirables.  Elle  a  estimé,  en  effet,  que  c'était  là  le  mode  le 
plus  pratique  de  présenter  ses  observations  sur  un  projet  qui, 
tel  qu'il  était,  réalisait  à  ses  yeux  un  progrès  réel  sur  la  loi 
de  1844.  Elle  eût  désiré  de  même  prendre  pour  base  de  son 
travail  actuel  le  projet  de  loi  déposé  à  la  Chambre  des  dé- 
putés le  41  février  1878  par  M.  Petitbien,  député,  mais  elle 
a  dû  bientôt  y  renoncer,  ce  projet  se  résumant  en  réalité  à 
deux  mesures  qu'elle  considère  à  l'unanimité  comme  funestes  : 
la  suppression  de  la  louveterie  et  l'attribution  aux  municipa- 
lités du  droit  de  déterminer  les  animaux  nuisibles,  d'en  or- 
donner et  d'en  opérer  la  destruction. 

Sur  le  premier  point,  les  motifs  donnés  par  l'auteur  du 
projet  pour  supprimer  la  louveterie  sont  assez  vagues  et  ne 
s'appuient  sur  aucun  fait  ni  aucun  document.  «  En  résumé, 
dit-il,  la  louveterie  est  un  privilège  qui  nous  vient  de  l'ancien 
régime.  S'il  pouvait  alors  se  justifier  par  le  petit  nombre  des 
chasseurs  qui  existaient  eu  égard  à  l'état  des  chasses  avant  la 

3*  SÉRIE,  T.  X.  —  Mars  1883.  9 


i.]0  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Révolution,  aucune  considération  ne  saurait  le  légitimer 
aujourd'hui  que  le  nombre  des  chasseurs  est  illimité  ;  que 
les  exercices  militaires  rendent  tous  les  hommes  valides  en 
état  de  tenir  une  arme  et  que  chaque  localité  possède  des 
moyens  de  destruction  des  animaux  nuisibles  ou  dangereux 
qui  peuvent  se  trouver  sur  son  territoire. 

»  La  destruction  des  animaux  nuisibles  est  d'ailleurs  essen- 
tiellement une  mesure  de  police  municipale  et  rurale  qui 
appartient  aux  maires.  » 

Nous  nous  bornerons,  Messieurs,  à  vous  faire  remarquer 
combien  l'assertion  q^e  la  charge  de  louvelier  est  un  privilège 
est  inexacte  aujourd'hui,  alors  que  les  louvetiers  sont  nommés 
chaque  année  par  les  préfets,  c'est-à-dire  les  représentants . 
mêmes  du  gouvernement,  et  nous  vous  exposerons  brièvement 
les  raisons  qui  ont  déterminé  votre  Commission  à  maintenir 
au  contraire  dans  son  projet  de  loi  l'institution  de  la  louve- 

lerie. 

On  a  souvent  répété  que  la  louveterie  était  inutile,  et  que, 
loin  de  détruire  les  loups,  les  louvetiers  en  favorisaient  le 
repeuplement.  C'est  là  une  assertion  sans  fondement  qui 
tombe  d'elle-même  en  présence  des  services  des  louvetiers  offi- 
ciellement  constatés  dans  le  présent,  et  de  l'expérience  faite 
dans  le  passé. 

Si  en  effet  on  consulte  les  relevés  officiels  de  ces  dernières 
années  (Ministère  de  l'agriculture),  on  lit  qu'il  a  été  détruit 
par  les  louvetiers,  en  1877-1878  par  exemple,  555  loups, 
louves  ou  louveteaux  et  5328  sangliers,  chiffre  déjà  bien  res- 
pectable; et  si  l'on  remonte  de  quelques  années,  on  trouve 
des  tableaux  qui  accusent  le  chiffre  énorme  de  5000  loups 
dans  une  seule  année.  Comment  en  conclure  que  la  louve- 
terie favorise  le  repeuplement  des  loups?  comment  se  refuser 
à  reconnaître  que  la  louveterie  faitbeaucoup  encore  et  qu'elle 
a  déjà  beaucoup  fait  pour  la  destruction  des  loups  ? 

D'autre  part,  l'expérience  déjà  faite  sous  la  première  Répu- 
blique de  la  suppression  de  la  louveterie  n'est  pas  moins  con- 
cluante en  faveur  de  son  maintien  actuel.  En  effet,  cette  sup- 
pression qui  avait  paru  la  conséquence  nécessaire  de  l'inter- 


RAPPORT   SUR   LA   CHASSE.  131 

diction  de  chasser  sur  le  terrain  d'aiitriii  édictée  par  la  loi 
il'avril  1790,  a  produit  des  résultats  désastreux  qui  ont  néces- 
sité son  rétablissement  à  bref  délai.  Malgré  l'élévation  des 
primes  fixées  à  300  livres  pour  une  louve  pleine,  "âSO  livres 
pour  une  louve,  "^OO  livres  pour  un  loup,  sommes  considé- 
rables pour  l'époque,  les  loups  devenus  à  nouveau  Ibrt  nom- 
breux, causaient  de  grands  ravages,  et  l'on  a  vite  compris  que 
l'intérêt  public  exigeait  en  cette  matière  de  sacrifier  l'intérêt 
particulier. 

C'est  que  nulle  chasse  n'est  plus  difficile  que  la  chasse  du 
loup.  Les  battues  sont  le  plus  souvent  inefficaces;  de  plus 
elles  ont  l'inconvénient  grave  non  seulement  de  nécessiter  la 
réquisition  de  traqueiirs  enlevés  ainsi  à  leurs  travaux,  mais 
encore  de  porter  un  préjudice  véritable  au  propriétaire  ou 
possesseur  des  bois  dans  lesquels  elles  ont  lieu. 

Seule  lâchasse  avec  des  chiens  produit  de  bons  résultats  et 
encore  faut-il  des  chiens  spéciaux,  tous  les  chiens  ne  prenant 
pas  sur  la  voie  du  loup,  et  un  véritable  savoir  étant  nécessaire 
pour  conduire  la  chasse. 

Si  aux  considérations  qui  précèdent  on  ajoute  que  la  charge 
de  louvetier  est  gratuite  et  que  l'Etat  trouve  même  une  source 
de  revenus  dans  les  dépenses  qu'elle  entraîne  pour  celui  qui 
en  est  investi,  on  ne  comprend  plus  la  raison  de  supprimer 
une  institution  dont  la  longue  existence  démontre  clairement 
l'utilité. 

Sur  le  deuxième  point  voire  Commission,  Messieurs,  s'est 
trouvée  également  unanime.  Pour  elle  l'attribution  aux  muni- 
cipalités du  droit  de  déterminer  les  animaux  nuisibles  à  l'agri- 
culture locale  et  d'en  opérer  la  destruction  au  moyen  de 
battues  qu'elles  ordonneraient,  aurait  les  résultats  les  plus 
fâcheux.  Nul  doute,  en  effet,  que  de  graves  abus  ne  tarderaient 
à  se  produire,  et  que  l'on  verrait  ranger  au  nombre  des  ani- 
maux nuisibles  ceux  qui  sont  le  plus  inoffensifs,  ceux-là 
mêmes  qui  sont  sans  conteste  au  nombre  des  animaux  utiles; 
nul  doute  que  l'on  verrait  à  bref  délai  le  gibier  objet  de  tant 
de  convoitises,  pourchassé  de  tous  côtés  et  bientôt  exterminé. 
Celte  disposition  donnerait,  eu  ellet,  aux  municipalités  un 


132  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

droit  général  et  absolu,  puisqu'elle  ne  distingue  pas  entre  les 
animaux  qui  menacent  l'intérêt  public  et  ceux  qui  ne  sont 
nuisibles  que  dans  certaines  circonstances  et  au  regard  de  cer- 
taines personnes  seulement,  le  lapin  par  exemple. 

Or  les  battues  administratives  sont  chose  grave  puisqu'elles 
constituent  une  véritable  expropriation  ;  expropriation  que 
peut  seul  Justifier  un  intérêt  supérieur,  un  intérêt  public. 

Cet  intérêt  existerait-il  si-  une  municipalité  déclarait  le  la- 
pin nuisible  à  l'agriculture  locale?  évidemment  non.  Sans 
doute,  comme  nous  venons  de  le  dire,  le  lapin  peut  être  nui- 
sible à  tel  ou  tel  propriétaire  ou  fermier,  mais  l'intérêt  lésé 
est  en  ce  cas  un  intérêt  purement  privé,  et  les  questions  de 
dommages  et  de  responsabilité  sont  du  ressort  des  tribunaux 
qui  ont  seuls  droit  de  connaître  des  contestations  s'élevant 
entre  les  particuliers;  autoriser  les  municipalités  à  faire  dé- 
truire les  animaux  qu'il  leur  plairait  sur  telle  propriété  qu'elles 
désigneraient,  serait  donc  non  seulement  leur  permettre  d'ex- 
proprier sans  même  qu'il  y  ait  en  jeu  un  intérêt  public,  ce  qui 
est  contraire  au  système  tout  entier  de  notre  législation,  mais 
encore  substituer  en  quelque  sorte  l'autorité  administra- 
tive à  l'autorité  judiciaire  dans  des  questions  qui,  nous  le 
répétons,  sont  purement  des  questions  d'intérêt  particulier. 

Loin  de  vouloir  étendre  aux  municipalités  le  droit  d'établir 
la  nomenclature  des  animaux  nuisibles,  votre  Commission 
vous  propose  au  contraire.  Messieurs,  de  l'enlever  aux  préfets 
en  énuméranl  dans  la  loi  môme  quels  sont  les  animaux  nui- 
sibles et  en  déterminant  les  conditions  de  leur  destruction. 
De  cette  façon  l'on  ne  verrait  plus  des  arrêtés  préfectoraux 
déclarer  animaux  nuisibles  les  alouettes,  comme  celui  du 
préfet  des  Deux-Sèvres,  les  hirondelles  comme  celui  du  préfet 
des  Bouches-du-Rhône,  les  chevreuils  comme  celui  du  préfet 
de  l'Oise. 

A  part  cette  modification  importante  et  quelques  modifica- 
tions de  détail  dont  l'expérience  a  démontré  la  nécessité,  le 
projet  qui  vous  est  soumis  n'est  en  quelque  sorte,  Messieurs, 
que  la  réunion  dans  un  seul  texte  des  dispositions  qui  régis- 
sent aujourd'lnii  la  matière  et  qui  se  trouvent  éparses  dans 


RAPrORT    SUR    LA    CHASSE.  133 

les  lois,  décrets  et  ordonnances  de  messidor  et  pluviôse  an  V, 
germinal  an  XIII,  août  1814,  septembre  1830,  juillet  184-4, 
etc..  Il  a  paru,  en  effet,  à  votre  Commission  que  ce  qu'il  y 
avait  à  faire,  c'était  non  de  chercher  de  nouvelles  règles  dp 
droit,  tnais  de  rendre  celles  qui  existent  plus  claires,  et  d'um 
application  plus  facile. 

C'est  ainsi  qu'en  tête  du  projet  est  inscrit  le  droit  d 
défense  qui  figure  à  l'article  9  de  la  loi  de  184-4,  emprunta 
déjà  par  elle  à  la  loi  de  1700.  Il  est  ainsi  conçu  dans  1? 
loi  de  1844:  «  Tout  propriétaire,  possesseur  ou  fermier  a 
îc  droit  de  repousser  ou  de  détruire  sur  ses  terres,  même 
avec  les  armes  à  feu,  les  animaux  malfaisants  ou  nuisibles  qui 
porteraient  dommage  à  ses  propriétés.  5  Votre  Commission, 
Messieurs,  vous  propose  de  supprimer  les  mots  «  malfaisants 
et  nuisibles  »  pour  mettre  le  texte  en  harmonie  complète  avec 
la  jurisprudence.  Dans  la  pratique,  en  effet,  on  entend  ce  droit 
de  défense  dans  le  sens  le  plus  large,  admettant  qu'il  peut 
.s'exercer  en  tout  temps,  même  la  nuit,  même  en  temps  de 
neige,  par  tous  moyens  et  contre  tous  animaux,  qu'ils  soient 
ou  non  classés  parmi  les  animaux  nuisibles,  qu'ils  soient 
îTîême  classés  parmi  les  animaux  utiles;  c'est  que,  nous  le  ré- 
pétons, c'est  là  un  droit  de  légitime  défense. 

Le  projet  divise  ensuite  les  animaux  nuisibles  en  trois  ca- 
tégories. Dans  la  première  sont  rangés  l'ours,  le  loup  et  le 
sanglier,  animaux  essentiellement  nomades,  qui  constituent 
.un  danger  public  et  dont  la  destruction  pourra  être  ordonnée 
par  l'administration  au  cas  où  elle  le  jugerait  nécessaire, 
comme  elle  peut  l'être  aujourd'hui. 

Dans  la  seconde  catégorie  sont  rangés  les  petits  carnassiers 
elles  oiseaux  de  proie  dont  la  destruction  intéresse  seulement 
les  propriétaires  ou  fermiers,  lesquels  auront  le  droit  de  pro- 
céder ou  faire  procéder  à  cette  destruction  sans  qu'il  soit 
besoin  d'arrêté  préfectoral  les  y  autorisant. 

Enlin,  dans  la  troisième  catégorie  sont  rangés  les  animaux 
inoffensifs  par  eux-mêmes,  mais  pouvant  devenir  nuisibles  par 
excès  de  nombre,  les  cerfs,  biches,  daims  et  lapins.  Pour  la 
destruction  de  ces  animaux  une  autorisation  nominale  et  tem- 


\o^  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

poraire  continuera  à  être  nécessaire.  C'est  qu'en  effet  ces- 
animaux  ne  sont  nuisibles  qu'au  regard  de  certaines  pro- 
priétés riveraines  et  que  leurs  habitudes  sédentaires  per- 
mettent de  rendre  responsables  des  dégâts  qu'ils  causent  les 
propriétaires  des  bois  qu'ils  habitent.  C'est  donc  à  eux  seuls 
qu'il  peut  appartenir  de  les  détruire  et  l'autorisation  ne  doil 
leur  en  être  donnée  que  s'ils  justifient  d'un  intérêt,  cette  auto- 
risation étant  le  seul  moyen  d'empêcher,  sous  prétexte  de  des- 
truction, une  véritable  chasse  en  temps  prohibé. 

En  résumé,  Messieurs,  nous  le  répétons,  le  projet  qui  vous 
est  soumis  n'est  pour  ainsi  dire  que  la  réunion  des  règles  de 
droit  et  de  jurisprudence  qui  régissent  aujourd'hui  la  ma- 
tière. 

PROJET  DE  LOI  SUR  LA  DESTRUCTION  DES  ANIMAUX  NUISIBLES 

OU  MALFAISANTS. 

Art.  l^"". 
Tout  propriétaire,  possesseur  ou  fermier,  a  le  droit  de  repousser  ou 
détruire  sur  ses  terres,  même  avec  les  armes  à  feu,  les  animaux  qui. 
porteraient  dommage  à  ses  propriétés. 

Section  1".  —  Règles  relatives  aux  animaux  compris  dans  la 

première  catéfjorie. 

Art.  2. 
La  première  catégorie  comprend  les  loups,  les  sangliers  et  l'ours. 

Art.  3. 
Les  lieutenants  de  louveterie  sont  nommés  par  le  préfet,  sur  la  pré- 
sentation du  conservateur  des  forêts.  Leur  nombre  est  fixé  par  le  préfet, 
également  sur  la  proposition  du  conservateur  des  forêts. 

Art.  4. 
La  commission  des  lieutenants  de  louveterie  est  valable  pour  une 
année  et  renouvelable. 

Art.  5. 
Leur  fonction  est  gratuite. 

Art.  6. 

Les  lieutenants  de  louveterie  sont  tenus  d'avoir  un  équipage  suffisant 
pour  chasser  le  loup  dans  leur  circonscription;  le  nombre  de  chiens 
devant  comuosf'.r  cet  éouipage  est  déterminé  dans  l'arrêté  de  nomination. 


RAPPORT    SUR   LX   CHASSE.  135 

Art.  7. 

Les  lieutenants  de  louveterie  ont  le  droit  de  chasser  Tours  et  le  louj. 
en  tout  temps  et  en  tous  lieux  dans  leur  circonscription,  en  vertu  de  leur 
seule  commission,  mais  sous  l'obligation  de  prévenir  le  propriétaire  ou 
garde  du  bois  dans  lequel  ils  doivent  attaquer. 

Akt.  8. 

Ils  peuvent  être  chargés  de  faire  des  battues,  soit  à  l'ours,  soit  au 
loup,  soit  au  sanglier,  par  ordre  du  préfet  ou  du  sous-préfet  de  leur 
arrondissement,  motivé  par  la  plainte  du  maire  de  la  commune  ayant 
à  souHrir  de  la  présence  de  ces  animaux. 

Art.  9. 

Dans  ce  cas,  ils  conduisent  la  battue  et  désignent  les  tireurs  qui 
doivent  y  prendre  part. 

Art.  10. 
Les  traqueurs  sont  désignés  et  fournis  par  le  maire  de  la  commune 
oii  la  battue  est  faite. 

Art.  11. 

Sera  puni  d'une  amende  de  3  à  5  francs  tout  habitant  requis  qui  aura 
manqué  à  la  réunion  sans  excuse  valable.  Sera  puni  de  la  même  peine 
tout  individu  qui  dans  la  battue  aura  refusé  d'obéir  à  celui  qui  la 
dirige. 

Art.  12. 

La  moitié  soit  de  la  bête,  soit  de  la  prime  affectée  à  sa  destruction, 
.sera  distribuée  aux  traqueurs.  L'autre  motié  et  la  peau  appartiendront 
au  louvetier  directeur  de  la  battue. 

Art.  13. 

Les  lieutenants  de  louveterie  enverront  chaque  année  au  préfel^'élat 
des  animaux  détruits  par  eux. 

L'état  général  des  animaux  détruits  sera  dressé  par  l'administration 
supérieure  et  sera  publié  au  Journal  officiel. 

Art.  14. 

Les  louvetiers,  pour  tenir  leurs  chiens  en  haleine,  pourront  chasser 
It;  sanglier  deux  fois  par  mois  dans  les  bois  appartenant  à  l'État  et  dr- 
pendant  de  leur  circonscription,  du  1"  octobre  au  1'^'  avril. 

Art.  15. 

L)9S  primes  seront  allouées  par  l'État  à  ceux  qui  détruiront  tie»  luiips 
conformément  à  la  loi  du  l  .''.oùt  18^2. 


136  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Section  2V  —  Règles  relatives  aux  animaux  compris  dans  la  seconde 

catégorie. 

Art.  16. 

La  deuxième  catégorie  comprend  : 

Parmi  les  Mammifères  :  le  Renard,  le  Blaireau,  le  Lynx,  la  Loutre, 
le  Lynx,  le  Chat  sauvage,  la  Genete,  le  Putois,  la  Fouine,  la  Martre, 
l'Hermine,  la  Belette,  le  Roselet,  l'Écureuil,  le  Chat  errant. 

Parmi  les  oiseaux  :  tous  les  oiseaux  de  proie  diurnes,  tels  que  les 
Aigles,  les  Vautours,  les  Autours,  les  Faucons,  la  Crécerelle,  l'Épervier, 
les  Buses,  les  Buzards,  etc.;  les  Corbeaux,  sauf  le  Choucas  et  le  Freux, 
la  Pie,  le  Geai,  les  Pigeons  ramiers.  —  Parmi  les  oiseaux  nocturnes,  le 
Grand-Duc. 

Art.  17. 

Tout  propriétaire,  fermier  de  chasse  ou  garde  les  représentant,  peut 
détruire  en  tout  temps  et  de  toute  façon  les  animaux  compris  dans  celte 
catégorie. 

Section  3*.  —  Règles  relatives  aux  animaux  compris  dans  la  troisième 

catégorie. 

Art.  18. 
La  troisième  catégorie  comprend  les  Cerfs,  Biches,  Daims  et  Lapins. 

Art.  19. 
Les  propriétaires  on  possesseurs  de  bois,  les  fermiers  de  chasse  pour- 
ront, lorsque  les  animaux  compris  dans  la  troisième  catégorie  devien- 
dront, par  excès  de  nombre,  un  danger  pour  les  propriétés  riveraines 
ouïes  bois  qu'ils  habitent,  obtenir  du  préfet  une  autorisation  nominale 
et  temporaire  de  les  détruire  ou  faire  détruire,  même  au  fusil,  soit  en 
temps  de  neige,  soit  après  la  clôture  de  la  chasse. 

Art.  20. 
Les  lois  et  décrets  antérieurs  sur  la  matière  sont  abrogés. 

Ce  projet  a  été  adopté  par  la  Société  nationale  d'Acclima- 
tation, dans  sa  séance  générale  du  16  mars  1883. 


ETUDES  EXPERIMENTALES  SUR  L'INCUBATION. 

Par  n.  le  D'  (  ASIILLE    UARESTE. 


On  rencontre  fréquemment  dans  l'incubation,  naturelle  ou 
artificielle,  des  œufs  qui  n'éclosent  point.  Les  causes  de  ces 
insuccès  sont  multiples.  Leur  connaissance  intéresse  à  un 
haut  degré  la  pratique  de  l'incubation  artificielle  dont  l'im- 
portance s'accroît  tous  les  jours  :  elle  intéresse  également  la 
physiologie  générale,  qui  n'a  pas  de  plus  grande  queslion 
que  celle  de  l'origine  et  du  mode  de  formation  des  êtres 
vivants.  C'est  en  me  plaçant  à  ce  dernier  point  de  vue  que 
J'ai  entrepris  les  études  dont  je  vais  faire  connaître  les  ré- 
sultats. 

Le  germe  de  l'œuf  est  un  organisme  vivant,  dont  la  vie 
reste  latente  jusqu'au  moment  où  elle  se  manifeste  par  la  for- 
mation d'un  nouvel  être;  ce  qui  arrive  sous  l'influence  de  la 
chaleur,  soit  de  la  chaleur  de  la  poule,  soit  de  la  chaleur  qui 
lui  est  appliquée  artificiellement.  Or  le  germe  peut  être  frappé 
de  mort  et  plus  ou  moins  désorganisé  avant  la  mise  en  incu- 
bation. Tel  est  le  cas  des  œufs  non  fécondés,  soit  que  la  poule 
ait  été  privée  de  l'influence  du  coq,  soit  que,  comme  cela  arrive 
souvent,  certains  œufs  aient  échappé  à  l'influence  de  la 
fécondation.  D'autre  part,  le  germe,  même  fécondé,  meurt 
un  certain  temps  après  la  ponte,  lorsqu'il  n'a  pas  été  mis 
en  incubation.  Enfin,  je  l'ai  constaté  depuis  longtemps,  le 
germe  fécondé,  mais  non  soumis  à  l'incubation,  commence 
à  se  développer  sous  l'influence  d'une  température  un  peu 
élevée  (25  à  30  degrés);  mais  son  évolution  s'arrête  rapide- 
ment, et  alors  il  se  désorganise  et  meurt. 

Dans  l'état  actuel  de  la  science,  il  est  absolument  impossible 
de  constater  directement  la  mon  et  la  désorganisation  du 
germe,  lorsque  la  coquille  de  l'œuf  est  intacte.  On  peut  cepen- 
dant dimmuer  de  beaucoup  le  nombre  des  non-éclosions, 
en  choisissant  les  œufs  dans  des  poulaillers  pourvus  d'un 
nombre  suffisant  de  coqs,  en  soumettant  les  œufs  à  l'incuba- 


138  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

lion  peu  de  temps  après  la  ponte,  en  conservant  les  œufs  qui 
doivent  être  couvés  dans  des  locaux  à  température  peu  élevée. 

Mais  l'absence  d'éclosion  peut  aussi  se  produire  pour  des 
œufs  dont  le  germe  était  fécondé  et  vivant.  Il  arrive  fréquem- 
ment que  le  germe  commence  à  se  développer;  qu'il  pro- 
duise le  blastoderme  ou  la  membrane  qui  enveloppe  le  jaune  ; 
qu'au  centre  de  ce  blastoderme  l'embryon  commence  à  se 
développer.  Mais  tous  ces  faits  d'évolution  s'arrêtent  de  très 
bonne  heure.  Au  bout  de  peu  de  jours,  l'embryon  meurt,  se 
désorganise  et  disparaît  plus  ou  moins  complètement,  telle- 
ment qu'au  bout  des  vingt  et  un  jours  de  l'incubation  il  n'est 
plus  possible  de  reconnaître  les  traces  de  son  existence.  Quelle 
est  la  cause  de  cette  mort  précoce  de  l'embryon?  Mes  recher- 
ches expérimenlales  m'ont  permis  de  la  constater  ;  c'est  la 
formation  des  monstruosités. 

L'évolution  de  l'embryon,  lorsqu'elle  suit  son  cours  nor- 
mal, aboutit  toujours  à  la  formation  d'un  être  bien  conformé. 
Mais,  dans  beaucoup  de  cas,  l'évolution  est  modifiée  ;  l'em- 
bryon se  développe  d'une  manière  anormale  et  devient  un 
être  monstrueux,  atteint  à  la  fois  dans  son  organisation  et 
dans  sa  viabilité.  Aussi  sa  mort  est-elle  très  précoce.  Les  em- 
bryons monstrueux  périssent  presque  tous  dans  les  quatre  ou 
cinq  premiers  jours  de  leur  évolution. 

Comment  l'évolution  est-elle  tantôt  normale  et  tantôt  anor- 
male? Quelles  sont  les  causes  qui  la  modifient?  C'est  une 
question  que  je  me  suis  posée  depuis  longtemps.  Guidé  par 
d'anciennes  expériences  d'E.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  j'avais 
pensé  qu'en  modifiant  légèrement  les  conditions  physiques  de 
l'incubation  artificielle,  j'arriverais  à  produire  des  monstres 
et  à  établir,  par  l'observation  directe,  les  lois  de  leur  forma- 
tion. Mes  prévisions  ont  été  pleinement  justifiées.  J'ai  pro- 
duit plusieurs  milliers  de  monstres  artificiels,  qui  m'oni 
fourni  les  éléments  dont  j'avais  besoin  pour  mes  études. 

Mais,  pendant  longtemps,  je  n'ai  pu  me  rendre  scientifique- 
ment compte  des  procédés  que  je  mettais  en  œuvre.  L'imper- 
fection de  mes  appareils  d'incubation  et  leur  fonctionnement 
irrégulier  s'y  opposaient  absolument.  Aussi  mes  recherches 


ÉTUDES   SUR   l'incubation.  13f> 

sur  les  causes  qui  produisent  les  monstruosités  ne  me  don- 
naient alors  que  de  simples  indications,  très  utiles,  sans  doute, 
puisque  je  pouvais,  à  leur  aide,  me  procurer  facilement  les 
matériaux  de  mes  études  ;  mais  absolument  insuffisantes  pour 
me  permettre  de  déterminer  scientifiquement,  d'une  part,  les 
conditions  de  l'évolution  normale,  de  l'autre,  les  conditions 
de  l'évolution  anormale. 

Il  y  a  six  ans,  la  création  d'un  laboratoire  spécial  que  j'ai 
obtenue, non  sanspeine,  grâce  au  concours  d'un  grand  nombre 
de  membres  de  l'Académie  des  sciences,  et  l'invention  toute 
récente  des  régulateurs  de  la  température  m'ont  permis  d'in- 
staller des  appareils  destinés  à  établir,  avec  la  précision 
la  plus  grande,  les  conditions  physiques  de  l'incubation 
artificielle.  J'ai  donc  repris  mon  travail;  mais  j'ai  ren- 
contré de  suite  un  résultat  tout  à  fait  inattendu.  Je  cherchais 
dans  mes  expériences  à  réaliser  les  conditions  de  l'évolution 
normale  en  me  rapprochant,  autant  que  possible,  des  condi- 
tions de  l'incubation  naturelle.  Si,  dans  certains  cas,  les 
embryons  se  développaient  d'une  manière  normale,  lorsque  je 
recommençais  l'expérience  dans  des  conditions  physiques 
absolument  identiques,  je  rencontrais  souvent,  en  plus  ou 
moins  grand  nombre,  des  embryons  monstrueux.  J'avais  beau 
varier  mes  expériences  de  toutes  les  manières  possibles,  je 
retrouvais  toujours  le  même  fait,  la  présence  simultanée 
d'embryons  normaux  et  d'embryons  monstrueux. 

Il  n'y  avait  qu'un  moyen  d'expliquer  ces  résultats;  c'est 
que  l'évolution  normale  ne  dépend  pas  seulement  de  condi- 
tions physiques,  mais  qu'elle  dépend  aussi  de  conditions  phy- 
siologiques inhérentes  à  l'œuf  lui-même  et,  par  conséquent, 
antérieures  à  la  mise  en  incubation.  J'ai  cherché  à  déterminer 
ces  conditions,  et  j'y  suis  en  grande  partie  parvenu.  Je  dis  en 
grande  partie^  car  le  problème  dont  je  recherche  la  solution 
contient  un  nombre  indéterminé  d'inconnues.  Je  n'ai  pas 
la  prétention  de  les  faire  connaître  toutes  ;  mais  je  puis 
dès  à  présent  en  signaler  quelques-unes  d'une  bien  grande 
importance. 

Il  y  a  d'abord  l'âge  des  œufs.  Le  germe  de  l'œuf  pondu,  et 


iiiO  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

qui  n'est  point  soumis  à  l'incubation,  périt  un  certain  temps 
après  la  ponte.  Mais,  avant  de  mourir,  sa  vitalité  s'affaiblit 
peu  à  peu.  Il  arrive  une  époque  où  le  germe  ne  produit  plus 
qu'un  embryon  monstrueux  ;  une  autre  époque  dans  laquelle 
il  ne  produit  qu'un  blastoderme  sans  embryon.  Or  cet  affai- 
blissement de  la  vitalité  du  germe  est  plus  ou  moins  prompte, 
suivant  diverses  circonstances.  Dans  certains  œufs  ce  fait  se 
produit  plus  rapidement  que  dans  d'autres.  De  plus,  l'éléva- 
tion de  la  température  de  l'air  accélère  cette  altération  du 
germe.  Dans  une  expérience  que  j'ai  faite  au  mois  de  juillet 
dernier,  les  œufs  que  j'avais  mis  en  incubation,  neuf  jours 
après  la  ponte,  m'ont  tous  donné  des  monstres.  Répétant  mes 
expériences  au  mois  d'octobre  et  de  novembre,  j'ai  obtenu 
des  poulets  bien  conformés  d'œufs  mis  en  incubation  quinze 
et  vingt  jours  après  la  ponte. 

Une  autre  cause  de  la  production  des  monstres  provient  du 
transport  des  œufs  dans  les  charrettes  ou  les  chemins  de  fer. 
J'ai  déjà  entretenu  la  Société  de  ces  faits,  et  j'ai  montré  que 
eette  cause  n'a  généralement  qu'une  action  passagère  ;  car 
son  intluence  disparaît  quand  on  laisse  reposer  les  œufs 
quelques  jours  avant  la  mise  en  incubation.  Toutefois  cette 
influence  ne  disparaît  pas  lorsque  les  secousses  ont  eu  un  cer- 
tain degré  d'intensité.  J'ai  eu,  en  effet,  la  pensée  de  soumettre 
des  caisses  pleines  d'œufs  à  l'action  de  cette  machine  que  l'on 
désigne  sous  le  nom  de  tapoteuse,  et  qui  sert,  dans  les  fabriques 
■de  chocolat,  à  laire  pénétrer  la  pâte  dans  les  moules  où  elle 
se  forme  en  tablettes.  L'appareil  que  j'ai  employé  dans  mes 
expériences  et  qui  avait  été  mis  à  ma  disposition  par  mon 
parent.  M,  Devinck,  donne  120  coups  par  minute.  J'ai  soumis 
les  œufs  à  l'action  de  cette  machine  pendant  une  heure,  pen- 
dant une  demi-heure,  pendant  un  quart  d'heure.  Les  œufs 
ainsi  secoués  m'ont  presque  tous  donné  des  monstres;  aussi 
bien  ceux  que  j'avais  laissés  reposer  pendant  plusieurs  jours, 
que  ceux  que  j'avais  mis  en  incubation  immédiatement  après 
les  secousses. 

Enfin,  une  troisième  cause  de  production  des  monstres 
■consiste  dans  les  végétations  cryptogamiques  qui  peuvent  se 


ÉTUDES    SUR    l'INCUDATION.  14-1 

développer  dans  rintéiieiir  de  l'œuf.  J'ai  fait  connaître  à  la 
Société,  depuis  deux  ans,  l'existence  très  fréquente  de  germes 
de  moisissures  dans  l'intérieur  des  œufs.  S'il  arrive  que  ces 
germes  se  développent  avant  la  mise  en  incubation,  l'albu- 
mine contient,  en  plus  ou  moins  grande  quantité,  des  touffes 
de  mycéliums,  ainsi  que  j'ai  eu  plusieurs  fois  occasion  de  le 
constater.  L'embryon,  qui  se  développe  dans  des  œufs  ainsi 
infectés,  se  développe  d'une  manière  anormale  et  ne  tarde 
pas  à  périr.  Je  n'ai  rencontré  ces  faits  que  très  rarement  ; 
mais  ils  doivent  être  plus  fréquents  lorsque  les  œufs  sont  con- 
servés dans  des  locaux  humides. 

ie  compte  d'ailleurs  revenir  dans  une  prochaine  communi- 
cation sur  l'histoire  physiologique  des  œufs  infectés  par  les 
germes  de  moisissiu^es.  Mais  je  dois  dès  à  présent  signaler 
un  fait  très  important  qui  résulte  de  toutes  mes  expériences 
à  ce  sujet  :  c'est  que,  bien  que  les  œufs  en  très  grande  ma- 
jorité contiennent  en  eux-mêmes,  dès  l'époque  de  la  ponte, 
ces  causes  de  destruction,  ces  germes  ne  se  développent 
point  sous  l'influence  seule  de  l'incubation.  Pour  qu'ils  entrent 
en  végétation,  il  faut  que  l'incubation  se  fasse  dans  de  l'air 
saturé  d'humidité.  C'est  alors  que  les  mycéhums  se  produisent 
en  abondance  dans  l'albumine,  que  les  proliférations  vertes 
apparaissent  dans  la  chambre  à  air.  Ces  végétations,  qui  ne 
sont  ordinairement  bien  manifestes  qu'après  la  première 
semaine  de  l'incubation,  ne  peuvent  évidemment  pas  modi- 
fier sensiblement  l'évolution  embryonnaire  ;  mais  elles  font 
périr  l'embryon  par  asphyxie  en  le  privant  d'air  respirable. 
Je  n'ai  pas  rencontré  ces  végétations  lorsque  l'air  des  appa-^ 
reils  à  incubation  n'était  pas  saturé  d'humidité. 

En  résumé,  l'évolution  aura  un  nombre  d'autant  plus  grand 
de  chances  de  réussite  que  les  œufs  seront  mis  en  incubation 
le  plus  tôt  possible  après  la  ponte  ;  qu'ils  n'auront  pas  été 
transportés,  ou  du  moins  que  les  effets  des  transports  auront 
été  neutralisés  par  le  repos  ;  qu'ils  auront  été  conservés  dans 
des  locaux  parfaitement  secs.  11  faut  encore  ajouter  que  la 
coquille  de  l'œuf  doit  être  nettoyée  et  lavée  avec  soin  pour 
être  débarrassée  de  toutes  les  impuretés  qui  y  sont  adhérentes. 


liiJ  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Ces  impuretés,  formant  des  couches  plus  ou  moins  imper- 
méables à  l'air,  diminuent  souvent  les  échanges  de  gaz  entre 
l'extérieur  et  l'intérieur  et  gênent  notablement  la  respiration 
embryonnaire. 

En  tenant  compte  de  toutes  ces  conditions,  j'ai  pu  conduire 
mes  embryons  jusqu'à  l'époque  de  l'éclosion.  J'ajouterai, 
pour  que  cet  exposé  soit  complet,  que  mes  incubations  ont 
été  faites  à  une  température  de  37  à  38  degrés  dans  de  l'air 
moyennement  humide  et  constamment  renouvelé. 

Je  dois  dire,  en  terminant,  que  si  ces  expériences  m'ont 
donné  des  résultats  très  satisfaisants  à  bien  des  égards,  elles 
sont  cependant  encore  défectueuses  h  un  point  de  vue  très 
important.  Après  avoir  conduit  mes  embryons  jusqu'à  l'éclo- 
sion, je  n'en  ai  vu  éclore  qu'un  petit  nombre,  un  tiers  à  peu 
près.  Dans  les  deux  autres  tiers,  le  jaune  ne  rentrait  point 
dans  la  cavité  abdominale,  et  le  poulet  ne  bêchait  pas  la 
coquille.  Les  poulets  qui  n'avaient  pu  éclore  étaient  d'ailleurs 
parfaitement  conformés.  Cela  résulte  évidemment  de  quelque 
condition,  inhérente  à  mes  appareils,  qui  rend  l'éclosion, 
sinon  impossible,  du  moins  assez  difficile  ;  mais  cette  condi- 
tion m'a  échappé  jusqu'à  présent. 

II  me  reste  maintenant,  pour  terminer  cette  étude,  à  dé- 
terminer d'une  manière  scientifique  les  conditions  physiques 
de  l'évolution  embryonnaire.  Je  pense  qu'aujourd'hui  les  faits 
que  je  viens  de  faire  connaître  me  permettront  de  me  mettre 
à  l'abri  de  presque  toutes  les  causes  d'erreur  qui  ont  pendant 
longtemps  entravé  mes  recherches.  Mais  ces  expériences  sont 
très  longues  et  ne  pourront  être  achevées  que  dans  plusieurs 
mois. 


REPEUPLEMENT  DES  COURS  D'EAU 

EN   BELGIQUE 

Par  M.   le  Baron  DR  SEI.TS  I.01iCiCII.%MP«i 

.Moiiiljic  (le  l'Académio  royale  île  Belgique,  Prc.sideiit  du  Sénat. 


La  Belgique  se  décide  enfin  à  tenter  le  repeuplement  de 
ses  cours  d'eau. 

La  pêche  fluviale  autrefois  si  riche,  notamment  par  ses  Sal- 
monidés et  ses  Ecrevisses,  périclite  chez  nous  plus  que  partout 
ailleurs. 

Les  causes  de  destruction  sont  multiples,  et  nécessitent  une 
grande  persistance  d'efforts  pour  être  en  partie  conjurées. 

Nos  deux  fleuves,  la  Meuse  et  l'Escaul,  sont  d'une  nature 
différente,  et  produisent  des  poissons  en  rapport  avec  celte 
diversité. 

L'Escaut,  à  partir  d'Anvers,  devient  un  bras  de  mer  d'eau 
saumàtre  et  la  marée  se  fait  encore  sentir  en  amont  de  cette 
ville. 

Dans  cette  partie  du  fleuve  l'existence  du  poisson  ne  paraît 
pas  atteinte  par  la  contamination  des  eaux.  On  y  pêche,  selon 
les  saisons,  l'Alose  finie  (A  losa  finla),  l'Éperlan  {Osmerus  eper- 
lanus)  et  le  Corégone  oxyrhynque  (Coregonus  oxyrhynchus)  ; 
mais  ce  dernier  ne  doit  pas  être  très  commun,  car  au  marché 
de  Bruxefles  je  ne  l'ai  jamais  rencontré  qu'isolément  et  con- 
fondu avec  les  Éperlans.  L'Anguille  [Anguilla  vulgaris)  et  la 
petite  Pleuronecte  (Pleuronectes  /lesus)  y  sont  1res  communs 
en  tout  temps.  LEsturgeon  {Acipenser  sturio)  y  i'cmont(;. 
L'Escaut,  dans  sa  partie  supérieure  et  ses  affluenrs  vers  la 
Flandre,  le  llainautet  le  Brabant,  est  horriblement  contaminé 
par  les  fabriques  de  Roubaix,  ïurcoing,  Gand,  Bruxelles. 
Auparavant  il  était  fort  poissonneux,  bien  que  les  poissons 
souffrissent  beaucoup  de  la  corruption  résultant  du  rouissage 


144-  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

du  lin  dans  les  parties  de  lu  Flandre  où  cette  industrie 
existe  (I). 

La  Meuse  était  célèbre  par  ses  Saumons  (Salmosalar)  qui  la 
remontaient  pour  aller  frayer  dans  ses  affluents  d'eaux  vives 
qui  proviennent  de  l'Ardenne  et  des  autres  parties  monta- 
gneuses de  la  rive  droite  du  fleuve.  L'Alose  {Alosa  communis) 
la  remontait  au  printemps  en  nombre  immense,  mais  rare- 
ment plus  haut  que  Huy.  La  plupart  des  rivières  qui  s'y  jet- 
tent, la  Yesdre,  l'Ourlhe,  le  Hoyoux,  le  Bocq,  la  Lessc,  la 
Semoi,  et  leurs  tributaires  étaient  largement  peuplées  de 
Truites  (Salmo  fario)  et  d'Ombres  {Thymallus  vexiUifer) 
sans  parler  des  autres  espèces  de  poissons  comestibles  qui  se 
rencontrent  partout  dans  l'Europe  tempérée  occidentale. 

Ce  paradis  des  pécheurs  est  bien  avarié  ! 

Pour  les  besoins  du  batellage  et  ceux  de  la  navigation  vers 
la  France,  on  a  exécuté  de  grands  travaux  sur  tout  le  cours  de 
la  Meuse.  Les  barrages  empêchent  la  plus  grande  partie  des 
Saumons  d'y  remonter.  Ceux  qui  parviennent  à  franchir  ces 
obstacles  ne  le  font  guère  qu'à  la  faveur  des  grandes  eaux  et 
des  inondations  accidentelles. 

•  Quant  à  l'Alose,  qui  naguère  encore  donnait  lieu,  dans  la 
ville  de  Liège,  à  des  pêches  véritablement  miraculeuses  (2), 
elle  est  arrêtée  tout  court  aux  barrages  qui  se  trouvent  en  aval 
et  je  ne  crois  pas  qu'elle  soit  apte  à  franchir  les  échelles  à 
Saumon  que  l'on  va  établir,  nous  l'espérons,  dans  de  meil- 
leures conditions  que  celles  que  l'on  a  essayées. 

Nous  ne  pouvons  pas  nous  flatter  de  voir  les  eaux  de  la 
Yesdre  rétablies  dans  une  pureté  suffisante  pour  nourrir 
encore  du  poisson.  Elles  sont  empoisonnées  à  trop  haute  dose 
par  les  lavages  de  laines,  les  teintureries  et  les  fabriques  de 
draps  de  Verviers. 


(1)  Sous  le  tilre  de  Suppression  totale,  du  rouissage  putride  par  l'application 
du  système  de  M.  Lefebvre,  a  paru  une  brochure  importante,  lue  à  la  séance 
du  13  juin  1881  de  la  Société  centrale  d'agriculture  de  Belgique  (Bruxelles, 
E.  Guyot,  1881).  Les  résultats  pratiques  y  sont  donnés  en  détail. 

(2)  A  la  lin  d'avril  et  au  cjmmencenient  de  mai,  je  me  souviens  avoir  vu 
prendre  d'un  coup  de  filet,  à  Liège,  jusqu'à  deux  cent  cinquante  et  même  trois 
cents  grandes  aloses. 


REPEUPLEMENT   DES    COURS    d'eAU.  145 

Cependant  il  ne  serait  pas  impossible  qu'on  arrivât  à  une 
solution  satisfaisante,  en  conduisant  les  eaux  corrompues  de 
Verviers  jusqu'à  la  Meuse,  par  de  larges  tuyaux  longeant  la 
Vesdre.  Ce  genre  d'ouvrage  se  construit  maintenant  à  des  frais 
■  assez  modérés  pour  la  conduite  des  jus  de  betteraves  depuis 
les  râperies  locales  jusqu'aux  sucreries,  à  des  distances  de 
plusieurs  lieues.  Sur  une  plus  grande  échelle  on  peut  citer 
i'égout  collecteur  de  la  Sonne  à  Bruxelles,  enfin  le  travail  fait 
en  Angleterre  pour  conduire  les  eaux  d'égouts  de  Londres 
jusqu'à  la  mer.  Ce  dernier  ouvrage  a  si  bien  réussi,  que  der- 
nièrement on  a  poché  des  Truites  dans  la  Tamise,  d'où  elles 
avaient  disparu  depuis  longtemps.  Dans  les  cours  d'eau  de  la 
rive  droite,  où  l'eau  est  restée  pure,  la  Truite  existe,  mais  le 
braconnage  s'exerce  sur  une  grande  échelle. 

Quant  aux  affluents  de  la  rive  gauche  de  la  Meuse,  les  indus- 
tries qui  y  tuent  le  poisson  sont  les  fabriques  de  produits  chi- 
miques, les  sucreries  et  à  un  moindre  degré  les  distilleries. 
On  a  voté  de  bonnes  dispositions  pour  la  réglementation  de 
la  pêche  et  pour  la  répression  des  délits  ;  mais  comme  il  ne 
peut  être  question  chez  nous  pour  rétablir  la  salubrité  des 
eaux  de  prendre  des  mesures  qui  auraient  pour  effet  de  ren- 
dre l'industrie  impossible,  c'est  à  la  science  que  nous  devons 
faire  appel,  pour  chercher  les  moyens  d'assainir  les  eaux 
empoisonnées. 

Lors  de  la  vulgarisation  des  procédés  de  pisciculture,  il  y  a 
bientôt  quarante  ans,  on  crut  avoir  résolu  le  problème  du 
repeuplement  de  nos  rivières.  La  fondation  de  la  Société 
d'Acclimatation  en  France,  et  celle  de  l'établissement  de  pis- 
ciculture de  Huningue  avaient  donné  l'essor.  Antérieurement 
le  roi  des  Belges,  Léopold  I"",  avait  fait  pratiquer  la  piscicul- 
ture avec  succès  dans  son  domaine  d'Ardennes,  d'après  les 
anciens  procédés  des  forestiers  allemands. 

En  i85o,  M.  Ernest  van  den  Peereboora  avait  recommandé 

la  pisciculture  à  la  Chambre  des  représentants.  Des  essais 

tentés  alors,  mais  dans  des  eaux  peu  convenables  et  avec  un 

outillage  insuffisant,  ne  réussirent  pas. 

Peu  de  temps  après,  une  société  de  pisciculture  plus  impor- 

3*  SÉRIE,  T.  X.  —  Mars  1883.  -  '      10 


iâ6  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

tante  s'organisa  et  des  efforts  sérieux  furent  tentés.  Elle  ne 
subsista  pas  toutefois  bien  longtemps.  On  avait  eu  tort  de  vou- 
loir embrasser  trop  de  branches  de  cette  science  nouvelle,  et 
de  tenter  entre  autres  la  culture  des  Huîtres  et  des  poissons  de 
mer  à  Nieuport,  qui  ne  possédait  pas  toutes  les  conditions 
voulues.  Enfin,  l'on  aimait  à  croire  à  cette  idée,  alors  répan- 
due, que  les  Truites  et  même  les  Saumons  pouvaient  vivre 
dans  toutes  les  eaux  pures  du  pays,  jusqu'à  se  prêter  à  pros- 
pérer étant  renfermés  et  à  l'état  de  stabulation.  De  là  les 
mécomptes,  et  finalement  la  dissolution  de  la  société,  com- 
posée en  grande  partie  de  personnes  dont  les  propriétés  ne  se 
trouvaient  pas  dans  la  région  où  peuvent  vivre  les  Salmonidés. 

Depuis  une  vingtaine  d'années  on  peut  dire  que  si  la  ques- 
tion sommeille,  au  point  de  vue  pratique,  du  moins  elle  n'a 
pas  été  enterrée,  car  la  prescription  a  été  plus  d'une  fois  inter- 
rompue par  des  discussions  publiques  et  par  diverses  publi- 
cations. Il  est  nécessaire  d'esquisser  rapidement  l'historique 
des  phases  par  lesquelles  elle  a  passé  avant  d'arriver  à  son. 
réveil  actif. 

En  1-865  et  1866  le  conseil  provincial  du  Brabant  charge» 
une  commission  de  s'occuper  de  l'assainissement  des  cours 
d'eau,  et  spécialement  des  moyens  de  repeupler  les  ruisseaux. 
Feu  M.  de  Gronckel  en  fut  le  rapporteur,  et  constata  qu'en 
cette  matière  se  concentrent  les  intérêts  les  plus  puissants 
qu'il  est  du  devoir  de  l'autorité  de  sauvegarder,  coordonner, 
concilier  autant  que  possible,  et  avant  tout  ceux  de  la  santé  et 
de  la  sécurité  au  point  de  vue  des  inondations.  A  cela  vient 
se  joindre,  dit-il,  une  question  d'alimentation  et  de  richesse 
nationale,  celle  de  la  conservation  et  de  la  multiplication  du 
poisson  d'eau  douce. 

I.a  Société  libre  d'émulation  de  Liège,  sur  la  proposition  de 
mon  regretté  ami,  feu  Théodore  Lacordaire,  professeur  de 
zoologie  à  l'Université,  avait  mis  au  concours  cette  question  : 
«  Déterminer  les  causes  qui,  depuis  une  vlnglainc  iV années, 
ont  amené  la  dégénérescence  du  poisson  dans  les  rivières  de 
la  province  de  Liège,  et  indiquer  les  moyens  de  remédier  à  cet 
étal  de  choses.  » 


REPEUPLEMENT  DES    COUPxS   d'ëAU.  147 

Le  mémoire  adressé  en  réponse  et  qui  fut  primé,  est  de  feu 
Charles  Lehardy  de  Beaulieu,  ingénieur  et  économiste  très 
estimé.  Il  attribue  surtout  la  diminution  du  poisson  à  l'excès 
de  la  consommation  sur  la  production.  Il  recommande  parti- 
culièrement la  pisciculture  et  une  réglementation  de  la  pro- 
priété des  cours  d'eau,  dont  il  voudrait  voir  remettre  l'usage 
dans  les  mains  de  compagnies  dont  l'intérêt  et  l'insistance  fini- 
raient par  avoir  raison  des  diverses  causes  qui  troublent  la 
pureté  des  eaux.  Il  pense  que,  pressé  par  la  nécessité,  on 
chercherait  à  tirer  parti  comme  engrais,  ou  d'une  autre  façon, 
des  substances  nuisibles  dont  on  trouve  plus  commode  de  se 
débarrasser  en  les  jetant  à  la  rivière.  Il  cite  l'exemple  de 
Reims,  où  l'on  utilise  pour  la  fabrication  du  gaz,  les  eaux  de 
savon  qui  ont  servi  au  dégraissage  de  la  laine  (1). 

La  même  année  (186G)  je  fis  partie  d'une  commission  nom- 
mée par  le  gouvernement  pour  étudier  sur  nos  côtes  les  ques- 
tions relatives  à  la  pêche  maritime,  commission  qui  émit  le 
vœu  que  l'on  lit  une  enquête  analogue  sur  la  pêche  d'eau 
douce  ;  et  au  mois  de  décembre,  à  la  séance  publique  de  la 
classe  des  sciences  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  je  pro- 
nonçai un  discours  :  «  Sur  la  pêche  fluviale  en  Belgique  y^ 
accompagné  de  notes  et  de  documents  (2).  Il  est  inutile  de 
l'analyser  ici,  car  ce  serait  répéterla  constatation  de  faits  qui 
sont  de  notoriété  publique  relativement  aux  causes  du  dépeu- 
plement et  aux  moyens  d'en  atténuer  la  gravité.  La  part  du  mal 
que  l'on  doit  attribuer  à  la  corruption  des  eaux  s'est  du  reste 
accrue  depuis  cette  époque. 

Le  projet  de  loi  sur  la  pêche,  dont  j'annonçais  dans  un 
post-scriptum  le  dépôt  fait  par  le  gouvernement,  est  resté 
parmi  les  affaires  arriérées  dans  les  cartons  de  la  Chambre 
des  représentants  pendant  quatorze  ans,  avant  d'être  discuté 
et  voté. 

En  1879,  M.  Emile  Gens,  docteur  en  sciences  naturelles  et 


(1)  Le  mémoire  de  M.  Lehardy,  de  Beaulieu,  précédé  du  rapport  de  M.  Lacor- 
il.tire,  a  été  pu))lié  en  18(51),  dans  le  tome  III  (nouvelle  série)  des  Mémoires  de 
la  Société  libre  d'émulation  de  Liège. 

(i)  Bulletins  de  PAcadémie  royale  de  Belgique,  2' série,  tome  XXII,  1806. 


148  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

professeur  au  collège  de  Verviers,  publia  une  petite  brochure 
très  substantielle  :  «  De  la  'protection  du  poisson  d'eau  douce 
en  Belgique.  »  L'auteur,  après  avoir  esquissé  à  grands  traits 
l'état  déplorable  dans  lequel  se  trouvent  nos  rivières  au  point 
de  vue  de  la  pêche,  résume  ainsi  qu'il  suit  les  mesures  pro- 
pres à  y  remédier  :  1°  interdiction  de  la  pêche  pendant  les 
mois  d'avril  et  de  mai  dans  toutes  les  rivières  et  canaux; 
2"  interdiction  de  la  pêche  du  15  septembre  au  \"  janvier 
dans  les  cours  d'eau  de  la  rive  droite  de  la  Meuse  (ce  sont 
ceux  où  vivent  les  Salmonidés)  en  permettant  cependant  la 
pêche  du  Saumon  à  partir  du  15  novembre,  la  ponte  ayant  eu 
lieu  ;  3"  établissement  de  peines  sévères  pour  empêcher  l'em- 
ploi de  la  dynamite  et  du  cocculus  (coque  du  Levant)  ;  orga- 
nisation d'une  surveillance  ;  4°  défense  de  vendre  le  cocculus 
dans  les  pharmacies  ;  5"  interdiction  de  toute  pêche  pendant 
la  nuit  ;  6°  défense  de  pêcher  au  moyen  de  barrages  qui  met- 
tent momentanément  à  sec  une  partie  d'un  ruisseau  ;  1°  déter- 
mination d'une  largeur  de  mailles  suffisante  pour  permettre 
à  tout  poisson  d'une  taille  inférieure  à  15  centimètres  d'échap- 
per aux  lilets;  8"  établissement  réglementaire  d'échelles  à 
Saumon  le  long  de  tous  les  barrages  de  nature  à  empêcher 
les  migrations  de  poissons  ;   9°  interdiction  de  la  pêche  à  la 
main,  etc.  ;  10°  mesures  destinées  à  empêcher  autant  que  pos- 
sible la  viciation  des  eaux  par  les  industries  établies  le  long 
des  rivières;   11°  organisation  sérieuse  de  la  pisciculture  ; 
12°  comités  de  surveillance  munis  de  pouvoirs  les  autorisant 
à  interdire  localement  et  momentanément  la  pêche  dans 
l'intérêt  du  repeuplement. 

L'année  suivante  (1880),  M.  Gens  fut  chargé  par  le  Gouver- 
nement de  visiter  l'Exposition  de  pêche  et  d'assister  au  Con- 
grès de  pisciculture  qui  s'ouvrirent  à  Berlin  en  avril.  Son 
rapport  a  été  publié  dans  le  Moniteur  belge  du  19  sep- 
tembre 1880. 

Notre  honorable  collègue  M.  Raveret-Watlel  a  donné  dans 
les  Bulletins  de  la  Société  d'Acclimatation  un  travail  si  excel- 
lent et  si  complet,  que  je  pense  superflu  d'analyser  dans  ce 
même  recueil  celui  de  M.  Gens  relatif  au  même  objet.  Je  me 


REPEUPLEMENT   DES   COURS  d'eAU.  149 

borne  à  relever  quelques  points  de  détail  que  j'y  trouve.  L'au- 
teur mentionne  le  fait  que  divers  mémoires  étaient  exposés  rela- 
tivement au  problème  de  rendre  les  eaux  des  fabriques  inof- 
fensives pour  le  poisson  des  rivières  où  elles  sont  déversées. 
On  sait  qu'un  prix  d'honneur  était  institué  par  le  roi  de  Saxe 
pour  la  meilleure  réponse  à  faire  à  cette  question,  d'un  si 
haut  intérêt  pour  nous.  M.  Gens  cite  encore  un  moyen  bien 
simple  indiqué  au  Congrès,  pour  rendre  inoffensives  de 
petites  chutes  d'eau,  telles  que  celles  des  moulins  :  Lorsque 
le  barrage  est  construit  sur  un  plan  incliné,  il  suffit 
d'établir  une  poutre  placée  obliquement  en  travers  de  ce  plan, 
installation  peu  coûteuse,  qui  devrait  exister  partout.  Au  cha- 
pitre IV,  il  reprend  l'exposition  des  principes  de  sa  brochure 
de  4879,  citée  plus  haut,  et  la  complète  en  donnant  une  liste 
de  presque  tous  les  poissons  d'eau  douce  de  Belgique,  qu'il 
répartit  naturellement  en  trois  catégories  :  ceux  qui  sont  com- 
muns à  nos  deux  régions  ;  les  espèces  particulières  à  la  région 
des  plaines;  enfin  celles  de  la  région  montagneuse. 

Dans  un  chapitre  spécial,  M.  Gens  traite  des  établissements 
de  pisciculture. 

La  Belgique  ne  possédait  aucune  masse  d'eau  à  la  fois 
pure,  froide  et  profonde,  où  l'on  pût  espérer  d'acclimater  les 
Salmonidés  des  lacs  suisses.  Aujourd'hui,  il  n'en  est  plus  de 
même.  Afin  de  parera  la  fois  aux  inondations  temporaires  de 
la  Vesdre  et  au  manque  d'eau  dont  souffrait  en  certaines 
saisons  la  ville  de  Verviers,  on  a  construit  d'une  montagne  à 
l'autre,  près  de  l'embouchure  de  la  Gileppe,  à  l'altitude  de 
2-41  mètres  au-dessus  de  la  mer,  un  barrage  gigantesque,  haut 
de  47  mètres,  qui  emmagasine  en  capacité,  lorsqu'il  est  rempli, 
12  millions  de  mètres  cubes  de  l'eau  de  cette  rivière  subal- 
pine, qui  elle-même  reçoit  tout  ce  qui  s'écoule  d'environ 
4000  hectares  de  la  forêt  appelée  Hertogenwald  et  des  bruyè- 
res marécageuses  nommées  les  Ilautes-Fagnes,  dont  l'altitude 
approche  de  700  mètres  au  point  culminant.  Le  lac  de  la 
Gileppe,  ainsi  formé,  s'étend  sur  une  supcrlicie  de  800  000 
mètres  carrés,  et  l'eau  au  barrage  a,  selon  les  moments,  de 
25  à  45  mètres  de  profondeur. 


150  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Là  je  suis  d'avis  d'essayer  l'introduction  de  la  grande 
Truite  des  lacs  {Salmo  lacustris),  de  la  Truite  des  Alpes 
{S.  salvelinus),  du  Coregone  fera  et  de  certains  Salmonidés 
américains  qui  ne  vont  pas  à  la  mer,  et  qui  trouveraient  pour 
Irayer  tous  les  niveaux  possibles,  depuis  le  barrage  jusqu'à 
la  rivière  rapide  et  caillouteuse  qui  alimente  le  lac. 

Notre  Ministre  des  Travaux  publics  avait  chargé  M.  de 
Clercq,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées,  de  lui 
adresser  des  propositions  pour  V empoissonnement  des  eaux 
navigables.  Le  travail  remarquable  de  cet  habile  ingénieur  a 
été  publié  en  1881. 

Les  propositions  qu'il  fait  pour  remédier  à  l'appauvrisse- 
ment des  eaux  se  classent  dans  l'ordre  suivant  : 
1"  Empêcher  la  pollution  des  eaux  ; 
2"  Interdire  la  destruction  des  poissons    sédentaires  en 
temps  de  frai,  et  réglementer  la  pêche  des  poissons  migra- 
teurs ; 

3°  Établir  dans  la  Meuse  et  ses  affluents  des  échelles  à 
poissons  aux  barrages  qui  sont  trop  élevés  pour  être  franchis 
par  les  Saumons  ; 

4"  Ménager  des  frayères  dans  lesquelles  les  poissons  l'en- 
oontrent  des  conditions  favorables  à  leur  reproduction  ; 
5°  Pratiquer  la  pisciculture  pour  les  Salmonidés. 
Ces  divers  points  sont  traités  avec  soin  par  un  homme  tout 
à  fait  compétent.  Je  résumerai  en  peu  de  mois  ce  qu'il  dit  de 
la  pollution  des  eaux,  puisque  c'est,  à  mon  avis,  l'obstacle 
capital  au  repeuplement  : 

«  Il  ne  peut  être  question,  dit-il,  d'interdire  les  industries 
dont  le  sort  est  lié  à  l'intérêt  général;  mais  il  importe  de 
n'autoriser  le  déversement  des  matières  dans  les  cours  d'eau 
qu'après  qu'elles  ont  été  traitées  par  les  moyens  les  plus  effi- 
caces pour  les  débarrasser  de  leurs  principes  malfaisants 
pour  les  poissons,  et  qui  le  sont  dans  une  proportion  au  moins 
aussi  grande  pour  les  autres  animaux  qui  boivent  ces  eaux 
corrompues.  On  ne  peut  donc  considérer  la  pollution  comme 
suffisamment  atténuée  tant  qu'on  ne  pourra  pas  y  faire  vivre 
les  poissons.  » 


REPEUPLEMENT   DES   COURS   d'EAU.  151 

On  consultera  encore  avec  fruit  le  chapitre  où  M.  de  Clercq 
détaille  la  construction  des  bonnes  échelles  à  Saumon,  et 
énumère  les  défauts  existant  chez  celles  qui  ne  valent  rien. 

C'est  ici  le  lieu  de  signaler,  dans  une  sphère  beaucoup  plus 
modeste  que  le  régime  des  grandes  rivières  et  que  les  intérêts 
de  la  pêche  au  Saumon,  l'obslacle  que  beaucoup  de  moulins 
•à  eau  apportent  au  repeuplement  des  petites  rivières.  Il  s'agit 
de  ceux  qui  sont  placés  sur  les  petits  cours  d'eau  des  plaines 
n'ayant  qu'une  faible  pente.  Lorsque 'le  moulin  n'est  pas 
établi  sur  un  biez  dérivé  et  qu'il  barre  entièrement  la  rivière, 
il  interromptla  circulation  du  poisson.  Le  niveau  de  l'eau  varie 
alors  sans  cesse,  tantôt  très  élevé  lorsque  l'usine  est  en  repos, 
tantôt  très  bas  au  point  de  mettre  le  cours  d'eau  presque  à 
sec  lorsque  toute  l'eau  a  été  utilisée.  Dans  ces  conditions,  la 
reproduction  et  même  l'existence  du  poisson  sont  impossibles. 
Si  l'on  tient  compte,  à  un  autre  point  de  vue,  du  tort  énorme 
que  cause  aux  propriétés  riveraines  le  niveau  presque  tou- 
jours trop  élevé  de  la  retenue  d'eau  dans  les  cours  d'eau  de 
^•ette  espèce,  en  les  rendant  marécageuses,  les  inondations 
•temporaires  que  les  moulins  aggravent  singulièrement,  les 
dommages  causés  à  la  culture,  enfin  l'atteinte  grave  que  porte 
cet  état  de  choses  à  la  salubrité  et  à  la  santé  publiques,  on 
doit  désirer  que  les  usines  à  eau  dont  je  viens  de  parler  soient, 
autant  que  possible,  remplacées  par  des  moulins  à  vent,  ou 
mieux  qu'elles  se  procurent  la  force  motrice  au  moyen  d'une 
petite  machine  à  vapeur  (1). 

D'après  la  Loi  sur  la  pêche  fluviale,  votée  par  nos  Cham- 
bres à  la  fin  de  1881,  la  police  et  la  conservation  sont  attri- 
buées à  l'administration  forestière.  Le  droit  de  pèche  est 
«3xercé  au  profit  de  l'État  dans  les  rivières  et  canaux  navigables 
ou  flottables;  mais  la  pêche  à  la  ligne  flottante  tenue  à  la  main 
est  permise  à  tout  citoyen.  Dans  les  autres  cours  d'eau,  les 
riverains  ont  le  droit  de  pêche.  Le  temps  où  la  pêche  est  per- 


(1)  Ce  dernier  système  est  préconisé  récemment  dans  une  pétition  des  habi- 
iants  des  bords  du  Geer,  rivière  de  la  rive  gauche  de  la  Meuse,  qui  réclament 
du  gouvernement  belge  la  suppression  des  moulins  à  eau  pour  cause  d'utilité 


luiblique. 


152  SOCIÉTÉ  HMIONALE   d'ACCLIMATATION. 

mise  et  les  engins  à  autoriser  sont  déterminés  par  le  gouver- 
nement, ainsi  que  ce  qui  concerne  le  colportage.  La  pêche 
est  libre  en  tous  temps  pour  les  propriétaires  et  usagers  des 
étangs  et  réservoirs  dont  les  eaux  cessent  de  communiquer 
naturellement  avec  les  rivières.  Il  est  interdit  aux  bateliers 
d'avoir  à  bord  aucun  engin  de  pêche,  excepté  la  ligne  flot- 
tante. Pour  ce  qui  concerne  le  déversement  des  substances 
nuisibles  qui  ne  serait  pas  fait  dans  le  but  de  détruire  le 
poisson,  cette  question  est  réglée  par  la  loi  sur  les  cours  d'eau 
votée  précédemment.  Malheureusement,  l'exécution  en  étant 
principalement  confiée  aux  autorités  provinciales  et  commu- 
nales, qui  sont  électives,  elle  laisse  beaucoup  à  désirer.  A 
mon  avis,  c'est  le  gouvernement  qui  devrait  être  chargé  de  la 
surveillance. 

La  loi  sur  la  pêche  fluviale  étant  adoptée,  un  membre  de- 
la  classe  des  sciences  de  l'Académie  royale  de  Belgique  pensa 
que  le  moment  était  opportun  pour  encourager  des  recherches 
scientifiques  et  pratiques  propres  à  rendre  possible  le  repeu- 
plement des  cours  d'eau  contaminés.  Il  mit  à  la  disposition 
de  FAcadémie  une  somme  de  3000  francs,  prix  à  décerner  en 
4884  à  l'auteur  du  mémoire  qui  aurait  répondu  à  la  question 
d'une  manière  satisfaisante. 

Je  reproduis  à  la  fin  de  cet  article  l'exposé  des  motifs  et  les 
conditions  du  concours,  tels  qu'ils  figurent  dans  les  actes  de 
FAcadémie,  afin  d'attirer  l'attention  des  savants  et  des  pra- 
ticiens qui  seraient  à  même  de  concourir. 

Bien  que  ces  conditions  mentionnent  certaines  queslions 
locales  concernant  spécialement  la  Belgique,  je  pense  que 
ceux  qui  seraient  aptes  à  fournir  la  solution  des  questions 
principales  se  mettraient  facilement  au  courant  des  renseigne- 
ments accessoires  dont  l'exposé  est  réclamé. 

Je  suis  persuadé,  d'ailleurs,  que  beaucoup  de  contrées  en 
France  sont  dans  la  même  position  que  nous  sous  le  rapport 
des  rivières  dont  le  dépeuplement  est  causé  par  la  corruption 
des  eaux. 

C'était  le  1"  avril  1882  (jour  approprié  k  une  discussion 
sur  le  poisson!)  que  l'Académie  adopta  à  une  grande  majorité 


REPEUPLEMEIST   i)ES   COURS   d'EAU.  j  5o 

la  mise  au  concours  de  la  question  proposée.  Ce  n'était  pas 
une  séance  publique.  Je  ne  crois  pas  cependant  être  indiscret 
en  indiquant  d'une  manière  générale  les  principales  objec- 
tions que  firent  valoir  les  opposants,  hommes  du  reste  savants 
et  consciencieux. 

L'un  d'eux  croit  que  ce  serait  immiscer  l'Académie  dans 
une  sphère  administrative  qui  n'est  pas  son  domaine,  et  qu'elle 
aurait  l'air  de  supposer  que  l'on  n'exécute  pas  les  lois,  no- 
tamment celle  du  7  mai  1877,  sur  les  cotirs  d'eau  non  navi- 
gables ni  flottables,  qui  a  comminé  des  peines  contre  ceux 
qui  y  jetteront  ou  déposeront  des  matières  pouvant  les  cor- 
rompre ou  les  altérer.  Il  ajoute  que  les  particuliers  lésés  peu- 
vent s'adresser  aux  tribunaux. 

Un  autre  fait  valoir  qu'il  a  fait  beaucoup  de  recherches  pour 
arriver  aune  purification  exécutable  des  eaux  des  fabriques, 
et  qu'il  n'a  pas  abouti.  Il  cite  l'évaporation  de  l'eau  conta- 
minée, prescrite  à  certaine  usine,  dont  il  résulta  une  fumée 
d'une  odeur  intolérable  pour  les  voisins.  Que  d'ailleurs,  avec 
notre  système  électif,  peu  de  personnes  oseraient  exécuter  les 
mesures  nécessaires.  Enfin,  il  assure  que  la  question  est 
pleine  de  périls,  à  cause  des  exigences  qui  se  produiront 
lorsque  l'on  aura  étalé  au  grand  jour  l'état  actuel  des  eaux  et 
que  les  remèdes  auront  été  insuffisants. 

Un  troisième  membre  demande  que  l'on  établisse  la  sta- 
tistique des  capitaux  engagés  dans  les  industries  en  question, 
et  que  l'on  mette  en  parallèle  la  valeur  des  poissons  détruits 
par  les  eaux  que  les  usines  corrompent. 

L'auteur  de  la  proposition  a  répondu  en  substance  que  les 
solutions  scientifiques  réclamées  sont  parfaitement  de  la  com- 
pétence de  l'Académie;  qu'il  ne  s'agit  nullement  d'infliger  un 
iDlâme  à  l'administration,  attendu  que  l'on  veut  au  contraire 
appeler  la  science  à  son  aide  pour  lui  fournir  les  moyens  pra- 
tiques de  satisfaire  au  vœu  de  la  loi,  ajoutant  que  le  pro- 
gramme sollicite  la  recheiche  de  moyens  de  purification  qui 
rendent  possible  la  vie  du  poisson,  avec  la  réserve  formelle 
que  ces  remèdes  ne  compromettent  pas  Vexistence  des  indus- 
tries. Selon  lui,  la  valeur  des  usines  et  celle  du  poisson  qu'elles 


154  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

tuent,  en  même  temps  qu'elles  rendent  les  eaux  insalubres, 
ne  sont  pas  d'ailleurs  des  termes  rigoureusement  comparables, 
parce  que  l'usine  est  une  entreprise  toute  particulière,  tandis 
que  le  cours  d'eau  et  les  poissons  sont  à  l'usage  des  liabitanls 
en  général  sur  tout  le  parcours  de  la  rivière. 

Peu  de  temps  après  la  décision  de  l'Académie,  nous  avons 
reçu  le  programme  de  la  Grande  exposition  internationale 
des  produits  et  engins  dépêche,  qui  s'ouvrira  à  Londres  le 
I"  mai  1883.  J'ai  eu  la  satisfaction  d'y  trouver  deux  para- 
graphes qui  rentrent  tout  à  fait  dans  ce  que  demande  l'Aca- 
démie de  Belgique.  A  la  classe  IV  (pisciculture),  on  lit  (divi- 
sion 39)  :  On  réclame  «  un  système  pour  la  destruction  des 
0  effets  nuisibles  produits  pour  les  poissons  par  les  rivières 
"  et  fictives  imprégnés  d'eaux  de  cloaques,  de  produits  chi- 
>  iniques  et  autres,  système  illustré  de  modèles  et  de  des- 
^>  sins.  »  On  voit  encore  (division  40)  la  demande  d'une  solu- 
tion pour  une  question  tout  à  fait  connexe  :  «  Des  recherches 
5)  physico-chimiques  sur  les  qualités  cVeau  douce  et  d'eau 
i»  de  mer  nuisibles  aux  animaux  aquatiques...  »,  etc. 

Le  Gouvernement  belge,  reconnaissant  que  nous  ne  devons 
pas  rester  en  arrière  du  mouvement  qui  se  manifeste  partout, 
vient  de  charger  une  Commission  de  dix  membres  d'étudier 
les  questions  qui  se  rattachent  au  repeuplement  des  cours 
•d'eau. 

Elle  se  compose  de MM.lelieutenantgénéral  baron Goethaels, 
président;  baron  de  Selys  Longchamps,  président  du  Sénat, 
membre  de  l'Académie  ;  Willequet,  membre  de  la  Chambre 
des  représentants,  à  Gand;  Edouard  van  Beneden,  professeur 
à  l'université  de  Liège,  membre  de  l'Académie  ;  de  Clercq, 
inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées,  à  Lruxelles  ;  Emile 
•Gens,  docteur  en  sciences  naturelles,  professeur  à  Verviers  ; 
Leyder,  professeur  à  l'Institut  agricole  de  Gembloux  ;  Mousel, 
inspecteur  des  eaux  et  forêts  à  Arlon  ;  Denis,  négociant  pisci- 
culteur, à  Bruxelles;  et  Bernard,  chef  de  division  au  Départe- 
ment de  l'Intérieur,  secrétaire. 

Cette  Commission,  installée  le  27  octobre  1882,  a  tenu  déjà 
plusieurs  séances,  à  chacune  desquelles  différentes  communi- 


REPEUPLEMENT   DES   COURS   d'eAU.  155 

calions  ont  été  faites  et  ont  provoqué  des  discussions  ayant 
pour  objet  l'examen  des  mesures  à  prendre  pour  satisfaire 
aux  vœux  du  Gouvernement. 

Nous  avons  lieu  de  croire  que  cette  activité  ne  se  ralentira 
pas,  et  que  bientôt  on  mettra  la  main  à  l'œuvre. 

Voici  le  programme  du  concours  adopté  par  l'Académie  : 


ACAL)É>UE  ROYALE   DES    SCIENCES,  DES  LETTRES  ET    DES  BEAUX-ARTS 

DE    BELGIQUE. 

Classe  des  sciences.  —  Concours  extraordinaire  pour  1884. 

Le  Gouvernement  a  proposé  et  les  Clianibres  ont  adopté  une  loi  qui 
a  pour  objet  la  conservation  du  poisson  et  le  repeuplement  des  rivières. 

L'obstacle  capital  qui  empêche  actuellement  d'atteindre  ce  but,  c'est 
la  corruption  des  eaux  dans  les  petites  rivières  non  navigables  ni  flot- 
tables, qui  sont  contaminées  par  des  matières  solides  ou  liquides  déver- 
sées par  différentes  industries,  et  incompatibles  avec  la  reproduction  et 
l'existence  des  poissons. 

L'Académie  fait  appel  à  la  science  pour  faciliter  l'accomplissement  des 
vues  des  pouvoirs  publics. 

Acceptant  la  proposition  d'un  de  ses  membres,  qui  met  généreusement 
à  sa  disposition  une  somme  de  trois  mille  francs,  elle  demande  une 
étude  approfondie  des  questions  suivantes,  à  la  fois  chimiques  et  biolo- 
giques : 

1"  Quelles  sont  les  matières  spéciales  aux  principales  industries  qui, 
en  se  mélangeant  avec  les  eaux  des  petites  rivières,  les  rendent  incom- 
l>atibles  avec  l'existence  des  poissons,  et  impropres  à  l'alimentation 
publique  aussi  bien  qu'au  bétail  ; 

2°  Une  liste  des  rivières  de  Belgique  qui.  actuellement,  sont  dépeu- 
plées par  cet  état  de  choses,  avec  l'indication  dos  industries  spéciales  à 
chacune  de  ces  rivières,  et  la  liste  des  poissons  comestibles  qui  y  vivaient 
avant  l'établissement  de  ces  usines; 

3°  La  recherche  et  l'indication  des  moyens  pratiques  de  purifier  les 
eaux  à  la  sortie  des  fabriques  pour  les  rendre  compatibles  avec  la  vie 
du  poisson  sans  compromettre  l'industrie,  en  combinant  les  ressources 
que  (peuvent  olfrir  la  construction;  de  bassins  de  décantation,  le  iiltrage, 
enfin  l'emploi  des  agents  chimiques  ; 

•i"  Des  expériences  séparées  sur  les  matières  qui,  dans  chaque  indus- 
trie spéciale,  causent  la  mort  des  poissons,  et  sur  le  degré  de  résistance 
que  chaque  espèce  de  poisson  comestible  peut  offrir  à  la  destruction. 


15G  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Les  mémoires  devront  être  écrits  lisiblement  et  être  adressés,  francs 
de  port,  à  M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel,  au  palais  des  Académies,  avant 
le  1"  octobre  1884. 

L'Académie  exige  la  plus  grande  exactitude  dans  les  citations;  les  au- 
teurs auront  soin,  par  conséquent,  d'indiquer  les  éditions  et  les  pages 
des  ouvrages  cités.  On  n'admettra  que  des   planches  manuscrites. 

Les  auteurs  ne  mettront  point  leur  nom  à  leur  ouvrage  ;  ils  y  inscri- 
ront seulement  une  devise,  qu'ils  reproduiront  dans  un  billet  cacheté 
renfermant  leur  nom  et  leur  adresse.  Faute  par  eux  de  satisfaire  à  cette 
formalité,  le  prix  ne  pourra  leur  être  accordé. 

Les  mémoires  remis  après  le  terme  prescrit,  ou  ceux  dont  les  auteurs 
se  feront  connaître  de  quelque  manière  que  ce  soit,  seront  exclus  du 
concours. 

L'Académie  croit  devoir  rappeler  aux  concurrents  que,  dès  que  les 
mémoires  ont  été  soumis  à  son  jugement,  ils  sont  et  restent  déposés  dans 
ses  archives.  Toutefois,  les  auteurs  peuvent  en  faire  prendre  des  copies 
à  leurs  frais,  en  s'adressant,  à  cet  elfet,  au  secrétaire  perpétuel. 


SUR  LE  NOYER  PAGANIER 

(CARYA  OLIV.ÏFORMIS) 

ET  AUTRES  NOYERS  AMÉRICAINS 

Par   M.    E.    DECROIX 

Vétérinaire  principal  de  l'armée,  en  retraite 

et  M.   Jules  GRISABD 

Agent  général  de  la  Société. 

{Extrait  du  compte  rendu  sténographtque.) 


M.  E.  Decroix.  —  Parmi  les  arbres  fruitiers  qui  croissent 
sur  notre  globe,  le  Noyer  est  un  des  plus  utiles,  autant  par  le 
bois  qu'il  fournit  à  la  menuiserie  et  à  l'ébénisterie,  que  par 
ses  fruits,  qui  sont  consommés  en  nature  ou  bien  encore 
employés  pour  l'extraction  d'une  huile  propre  aux  prépara- 
tions culinaires  et  à  la  peinture  :  huile  de  noix. 

Les  Noyers  appartiennent  à  la  famille  des  Juglandées.  11  y 
en  a  de  différentes  espèces. 

En  France,  on  cultive  le  Noyer  féroce^  remarquable  par 
l'excellence  de  son  bois,  mais  dont  les  noix  sont  petites  et 
très  dures  ;  le  Noyer  mésange,  qui  donne  beaucoup  de  noix 
dont  la  coque  est  très  tendre  et  beaucoup  d'autres  variétés. 

En  Amérique,  on  trouve  plusieurs  espèces  de  Noyer.  Les 
plus  répandues  sont  :  le  Noyer  noir  (Juglans  nigra),  très 
commun  aux  États-Unis  et  dont  le  fruit  est  de  qualité  infé- 
rieure à  celui  du  Noyer  ordinaire;  le  Noyer  blanc  {Carya 
alba)  ;  le  Noyer  Pacanier  (Carya  olivœformis),  etc.  C'est  sur 
ce  dernier  que  je  désire  aujourd'hui  appeler  votre  attention. 

Dans  la  séance  du  18  juin  1879,  j'ai  eu  l'honneur  de  pré- 
senter à  l'Assemblée  des  fruits  du  Noyer  Pacanier,  provenant 
de  la  récolte  de  1878  et  qui  m'avaient  été  remis  par  une  pa- 
rente de  M.  le  D'  A.  Bertherand.  Ceux  de  nos  collègues  qui  en 
ont  goûté  ont  pu  se  convaincre  qu'ils  étaient  parfaitement 
conservés,  et  qu'ils  avaient  un  goût  parfumé  bien  supérieur 
à  celui  des  noix  récoltées  en  France. 

A  la  suite  de  ma  communication,  j'ai  été  prié  de  prendre 
quelques  renseignements,  près  de  la  personne  qui  m'avait 


158  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

donne  ces  fruits,  sur  les  caractères  botaniques  de  l'arbre  qui 
les  produit,  sur  le  climat  qui  lui  convient,  sur  le  mode  de 
culture,  etc.  J'ai  demandé  ces  renseignements,  mais  la  per- 
sonne à  qui  je  me  suis  adressé  est  morte  sans  me  les  envoyer. 

Ces  jours  derniers,  j'ai  lu  dans  le  n"  173  de  la  Chronique 
de  la  Société  d'Acclimatation,  que  M.  Sanford,  ministre  des 
États-Unis,  à  Bruxelles,  mettait  à  la  disposition  de  la  Société 
une  certaine  quantité  de  Noix  de  Pacanier.  J'ai  demandé  de 
ces  noix  à  M.  Grisard,  et  j'ai  pu  me  convaincre  ainsi,  qu'il 
s'agissait  de  la  même  espèce  de  fruit  que  celle  dont  j'avais 
entretenu  mes  collègues  en  1879. 

J'ai  eu  alors  la  pensée  de  rechercher,  et  j'ai  retrouvé, 
quelques  noix  de  la  récolte  de  1878,  et  voici,  Messieurs,  des 
spécimens  des  unes  et  des  autres.  Ces  noix,  par  leur  aspect 
général  ressemblent  plutôt  à  un  gland  très  volumineux  qu'à 
la  noix  française.  Le  goût  de  l'amande  en  est  plus  fin,  plus 
parfumé  ;  la  conservation  en  est  plus  facile  ;  ainsi  celles  qui 
m'ont  été  remises  en  1879  sont  encore  parfaitement  man- 
geables bien  qu'ayant  perdu  de  leurs  qualités,  tandis  que  les 
noix  communes  se  conservent  à  peine  un  an. 

Je  pense  donc  qu'il  y  aurait  utilité  à  propager  le  Noyer 
Pacanier  dans  le  midi  de  la  France  ou  dans  nos  colonies,  en 
Algérie  notamment.  Je  me  rappelle  avoir  vu  en  Kabylie  de 
très  beaux  Noyers  rapportant  beaucoup  de  fruits.  Peut-être  le 
Pacanier  y  prospérerait-il  également. 

M.  J.  Grisard.  —  Je  crains  que  le  Pacanier  ne  réussisse 
pas  en  Algérie  comme  le  croit  notre  zélé  confrère. 

C'est  un  arbre  qui  aime  les  endroits  frais  et  même  très 
iiumides.  On  le  rencontre  abondamment  sur  les  bords  des 
rivières  (Missouri,  Arkansas,  Illinois,  etc.)  Michaux  cite  même 
un  marais  de  800  arpents  qui  est  couvert  de  Pacaniers. 

M.  Raveret-Wattel.  —  Ces  arbres  réussiraient  sans  doute 
en  Cochinchine  et  à  la  Nouvelle-Calédonie. 

M.  Ed.  Renard.  —  C'est  aussi  mon  avis,  mais  la  noix  est  si 

dure.... 

M.  Decroix.  —  Nullement....  voici  des  dents  de  soixante- 
deux  ansqui  vont  vous  les  briser  toutes,  facilement. 


LE    NOYER    PACANIER.  159 

Joignant  le  geste  à  la  parole,  notre  confrère  casse  succes- 
sivement cinq  ou  six  noix. 

M.  Grisard.  —  M.  Renard  fait  confusion.  Il  y  a  en  effet 
parmi  les  Noyers  américains  des  espèces  qui  donnent  des 
fruits  à  coque  excessivement  épaisse  et  dont  l'amande  extrê- 
mement petite  ne  s'extrait  qu'avec  la  plus  grande  difficulté; 
c'est  le  cas  pour  les  Carya  glabra  ou  porcina  et  tomentosa, 
mais  non  pour  la  noix  du  C.  olivœfonnis  (pacane)  qui  se  brise 
très  facilement  et  présente  une  amande  remplissant  entière- 
ment la  coque  et  qui  n'est  pas  séparée  par  des  cloisons  li- 
gneuses comme  dans  celle  de  notre  Noyer  commun  {Juglans 
regia),  avantage  qui  est  à  considérer;  la  noix  du  C.  alha 
vient  ensuite,  la  coque  quoique  mince  est  cependant  assez 
forte  pour  ne  pas  céder  sous  les  doigts;  elle  renferme  une 
amande  d'un  goût  délicieux  et  les  fruits  de  ces  deux  espèces 
se  rencontrent  communément  sur  les  marchés  des  États-Unis 
où  ils  atteignent  des  prix  élevés,  80  à  100  francs  l'hectolitre. 
Les  noix  de  C.  oUvœformis  s'exportent  en  assez  grandes  quan- 
tités aux  Antilles  où  elles  sont  très  appréciées  ;  des  envois 
sont  faits  également  en  Europe  et  surtout  en  Angleterre  où 
on  les  mange  à  l'état  naturel  et  où  elles  servent  à  la  fabrica- 
tion d'une  huile  estimée  ;  on  en  rencontre  quelquefois  dans 
les  rues  de  Paris.  Ces  noix  se  conservent  fort  longtemps  sans 
rancir,  cette  facilité  de  conservation  les  rend  précieuses. 

Il  paraît  qu'il  existe  des  variétés  dont  les  fruits  sont  de 
dimension  considérable. 

Quant  à  la  réussite  de  la  culture  de  ces  arbres  dans  la  France 
méridionale,  elle  n'est  pas  douteuse;  notre  confrère  M.  Léo 
d'Ounous,  en  possède  de  superbes  exemplaires  dans  l'Ariège  ; 
on  en  trouve  également  dans  d'autres  localités  qui  fructifient 
tous  les  ans,  à  Toulouse  notamment. 

Un  Membre.  —  A  quel  âge  produit-il? 

M.  Grisard.  —  Son  accroissement  est  lent  ;  il  ne  fructifie 
que  lorsqu'il  est  déjà  fort,  à  10  ou  15  ans,  mais  il  est  très 
fertile  et  chaque  arbre  peut  donner  annuellement  un  hecto- 
litre de  Pacanes. 

Sous  le  climat  de  Paris  il  résiste  à  des  froids  assez  rigou- 


160  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

reux  (c'est  même  une  des  espèces  qui  y  réussissent  le  mieux), 
mais  ne  donne  des  fruits  qu'exceptionnellement.  Il  exis- 
tait dans  l'école  de  botanique  du  Muséum  un  C.  oUvœformis 
de  60  centimètres  de  diamètre,  au  moins,  qui  datait  du  com- 
mencement de  ce  siècle.  Cet  arbre  a  disparu  après  les  grands 
froids  des  hivers  rigoureux  de  ces  dernières  années.  Il  fruc- 
tifiait, mais  donnait  une  quantilé  restreinte  de  noix;  il  fallait 
que  les  étés  fussent  chauds  pour  que  la  production  soit  assurée. 
Mais  on  ne  peut  pas  tirer  de  déduction  sur  le  rapport  ou  la 
croissance  d'un  arbre,  ni  même  de  plusieurs,  quand  c'est 
dans  une  ville  comme  Paris  et  sur  un  sol  aussi  défavorable  que 
celui  du  Muséum  qu'on  expérimente. 

Le  C.  oUvœformis  fournit  un  bois  compact,  tenace  et  élas- 
tique, mais  son  grain  est  grossier  et  il  a  les  défauts  de  ses 
congénères,  il  est  facilement  attaqué  parles  insectes. 

M.  Decrolx.  —  Si  la  fructification  a  été  obtenue  sous  le 
climat  de  Paris,  il  y  a  tout  lieu  d'espérer  qu'ils  s'acclimateront 
bien  un  peu  plus  au  sud  et  par  conséquent  dans  le  midi  de  la 
France  et  en  Algérie. 

Quoi  qu'il  en  soit,  voici  ma  conclusion,  c'est  que  la  Société 
prenne  dès  à  présent  des  informations  nécessaires  aux  Etats- 
Unis,  par  l'intermédiaire  de  M.  Sanford  au  besoin,  qu'elle 
fasse  venir  des  noix  de  Pacanier  de  la  prochaine  récolte  et 
qu'elle  en  envoie  dans  le  midi  de  la  France  et  en  Algérie, 
au  Sénégal  même,  avec  prière  de  les  planter.  Tous  les 
commandants  civils  ou  militaires  de  nos  colonies  se  feront 
un  plaisir,  j'en  suis  convaincu,  de  tenter  la  propagation  du 
nouvel  arbre,  en  se  conformant  aux  indications  qui  nous  par- 
viendront de  l'Amérique. 

M.  Millet.  —  La  Société  ferait  une  bonne  chose,  je  crois, 
en  proposant  un  prix  pour  la  culture  des  Noyers  d'Amérique. 
M.  Grisard.  —  La  Société  a  déjà  fondé  un  prix  pour  l'un 
d'eux,  le  Carya  alba ;  peut-être  n'est-il  pas  inutile  d'en  rap- 
peler les  dispositions  en  séance. 

La  création  de  ce  prix  remonte  à  1870.  Il  est  ainsi  libellé  : 

Introduction  et  culture  en  France   du  Noyer  d'Amérique 

{Carya  alba),  connu  aux  États-Unis  sous  le  nom  de  Hickory 


LE   NOYER    PACANIER.  161 

(bois  employé  dans  la  construction  des  voitures   légères). 
.On  devra  justifier  de  la  plantation  sur  un  demi-hectare  de 
?^oyers  d'Amérique  ou  de  la  possession  de  500  arbres  hauts  de 
i'",50  au  moins. 

Concours  ouvert  jusqu'au   l*""  décembre  1885.  —  Prix  : 
500  francs. 

Le  Carya  olivœformis  présente  aussi  un  sérieux  intérêt  et 
la  Société  devrait  en  encourager  la  culture  ;  la  section  des 
végétaux  d'accord  avec  la  Commission  des  récompenses  pour- 
rait préparer,  pour  être  soumise  à  l'approbation  du  Conseil, 
une  note  qui  concluerait  à  une  demande  de  fondation  deprix. 
M.  Decroix.  —  J'appuie  cette  proposition. 
Un  Membre.  —  Quels  soins  réclame  le  Carya  alha?  k 
quels  usages  son  bois  est-il  employé? 

M.  Grisard.  —  Le  Carya  alha  (Shell-Bark  ou  Shag-Bark- 
Hickory)  est  un  grand  et  bel  arbre  à  tronc  droit,  d'un  dia- 
mètre à  peu  près  uniforme  et  souvent  sans  branches  jusqu'aux 
trois  quarts  de  sa  hauteur  qui  atteint  de  25  à  30  mètres  ;  les 
Feuilles  d'un  vert  s  ombre,  unies  et  luisantes  en  dessus,  ont  un 
arôme  particulier  lorsqu'on  les  froisse  ;  c'est  une  des  espèces 
les  plus  répandues  du  genre  dans  la  culture  européenne.  Il 
se  plaît  en  forêt,  il  lui  faut  une  terre  fraîche  et  profonde  ; 
planté  isolément,  il  est  bien  fourni  en  branches  et  est  très 
ornementaL  Son  bois  compact,  fort,  pesant,  est  très  souple  et 
se  fend  avec  la  plus  grande  facilité;  il  est  propre  à  une  infinité 
d'usages  :  manches  d'outils,  de  fouets,  baguettes  de  fusil, 
moyeux,  essieux,  jougs  pour  les  bœufs,  vis  de  pressoirs,  etc., 
il  est  sans  égal  pour  les  cercles  de  tonneaux.  C'est  avec  le 
bois  d'Llickory  qu'on  fabrique  ces  voitures  si  légères  appelées 
Araignées.  Pour  le  chauffage  il  est  supérieur  à  ses  congénères 
et  donne  plus  de  chaleur  que  le  chêne  même. 
Un  Membre.  —  Et  le  fruit  '/ 

M.  Grisard.  —  Le  fruit,  recouvert  d'un  brou  presque  aussi 
dur  que  du  bois  et  qui  s'ouvre  au  moment  de  la  maturité  en 
quatre  parties,  est  petit,  de  forme  arrondie  mais  comprimée 
de  manière  à  former  plus  ou  moins  quatre  angles  ;  la  coquille 
a  la  dureté  de  l'os  ;  elle  renferme  une  amande  d'un  bon  goût  ; 

3«  SÉRIE,  T.  X.  —  Mars  1883.  11 


162  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

le  fruit  ne  vient  que  sur  le  jeune  bois,  seul  ou  par  grappe  ôc 
deux  ou  trois  seulement. 

Les  écureuils  sont  très  friands  des  noix  d'Hickoryet  en  ca- 
chent de  grandes  quantités  en  automne  pour  leurs  provisions 
d'hiver.  De  la  sorte  les  fruits  sont  plus  ou  moins  dispersés  et 
portés  dans  toutes  les  directions  loin  de  l'arbre  qui  les  produit. 
Leur  cachette  favorite  est  dans  les  murs  et  il  est  très  fréquent 
de  trouver  çà  et  là  le  long  de  ces  murs  des  Hickory  poussant  au 
hasard  avec  de  grandes  variétés  dans  la  grosseur  des  noix,  l'é- 
paisseur de  leurs  coquilles  et  la  qualité  de  leurs  amandes.  La 
oreffe  et  l'écussonnage  réussissent  mal  elle  meilleur  moyen  de 
propagation  est  encore  le  semis  en  place,  les  Hickory  suppor- 
tant difticilement  la  transplantation  ;  cependant  avec  certaines 
précautions  ou  par  quelques  procédés  nouveaux,  on  arriverait 
à  atteindre  le  but,  croyons-nous.  Les  noix  sèches  germent  mal, 
il  faut  les  planter  aussi  fraîches  que  possible;  dans  ce  but  on 
devra  les  recueillir  aussitôt  la  maturité  et  les  placer  dans  du 
sable  humide  ;  on  les  conservera  de  cette  manière,  dans  une  cave 
ou  un  autre  endroit  frais,  jusqu'au  printemps.  On  les  sèmera 
alors  au  lieu  môme  où  les  arbres  doivent  rester  en  mettant  Sou 
4  noix  par  trou  et  en  ne  laissant  lors  de  la  germination  que  le 
plant  le  plus  vigoureux  ;  c'est  le  procédé  suivi  aux  États-Unis. 

En  terminant,  je  vous  signalerai  encore  le  C.  amara  (Bit- 
ternut  Hickory),  qui  ne  donne  pas  un  fruit  comestible,  mais 
dont  le  bois  compact,  tenace  et  élastique  est  recherché  pour 
les  essieux  de  voitures,  les  manches  d'outils,  etc.;  il  est 
moins  sensible  au  froid  que  le  C.  alba;  le  Carya  suicata 
(Thick  shell  bark)  des  forêts  humides  fournit  un  bois,  dont 
le  cœur  d'une  couleur  claire  est  moins  employé  que  celui  des 
espèces  précédentes  par  suite  de  sa  plus  grande  rareté;  ses 
noix  quoique  grosses  sont  de  qualité  inl'érieure  ;  enfin  le  C. 
porcina  (Pignut,  Broom  Hickory)  donne  un  bois  d'excellente 
qualité,  le  fruit  renferme  une  amande  petite,  sucrée  ou  un 
peu  amère. 

Le    bois    des  Cart/a    résiste  malheureusement  mal   aux 
attaques  des  insectes. 


I.  EXTRAIT  DES  PROCÉSUERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  t  MARS  1883. 
Présidence  de  M.  Henri  Boulev,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté,  après  une 
observation  de  M.  de  Barrau  de  Muratel. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvellement 
admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

MM-  PRÉSENTATEURS. 

DuFRESNE  (Ernest),  greffier  de  la  justice  de  i  Ghesnel. 

paix  du  canton   de  Neuilly,    rue   Jacques  ]  J.  Grisard. 

Dulud,  5J5,  à  Neuilly  (Seine).  (  le  niar(|uis  de  Sinéty. 

Feuillov  (Gédéon),   propriétaire,    à  Sénar- j  ^- ^«oiiVoy  Saint-Hilaire. 

pont,  par  Oisemont  (Somme).  )  ^'  «'''"'>'e^al- 

{  ^aint-Vves  Ménard. 

FouRNiER  (E.),  apiculteur,  à  Issoire  (Puy-de-  (  f^^^"^^^^  ^u-ard. 
])5„^g\  i  Saint-Vves  Ménard. 

(  le  marquis  de  Sinély. 

Hameau  (le  docteur),  médecin-inspecteur,  à  (  ,,"     "P'"* 

Arcachon  (Gironde).  ^^'^"'"'^^  <^''"'^^^*- 

(  H.  de  Vilmorin. 

Kerambrun  (Denis),  notaire,  à  Belle-IsIe-en-  (        Dupin. 
Terre  (Gôtes-du-Nord).  Raveret-Wattel. 

\  le  marquis  de  Sinéty. 

LECOMTE(Henri),professeurlicenciéèslettres,  (  f^'"t-Yves  Ménard. 
8,  boulevard  Saint-Denis,  à  Paris.  /  Raveret-Wattel. 

\  le  marquis  de  Sinély. 

Lecoq  (Théodore-Auguste),  propriétaire,  11,  (  '^-  ^^*^"''"«y  Saint-Hilaire. 

rue  Perronet,  à  Neuilly  (Seine).  j  '}'        ''''' 

(  le  marquis  de  Sinéty. 

Legrand  (Jacques-Amable),  docteur  en  mé-  J^'  Geoffroy  Saint-llilaire. 

decine,  avenue  de  Neuilly,  136  (Seine).    '     ^-  ^o'''^- 

^'         "^         >  \  Romam. 

Ligney  (Edouard),  46,  boulevard  Magenta,  à  (  ?*  f'y'j^^^ski. 

Paris.  y  ^;  ^^'^'' 

\  Maquin. 

LoLiGOis  (Antoine),  avenue  de  Neuilly,  53,  ù  (  ^°"'^h«''*^!^ux. 

Neuillv  (Seine).  ]■  ^'''^"^- 

{  Lecene. 

Martin  (Biaise),  horticulteur,  11,  rue  de  la  (  A.Gjeoffroy  Saint-llilaire 

Chaussée,  à  Nt»  ers  (Nièvre).  )  °'''®- 

(  le  marquis  de  Sinély. 


164  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

MM.  PRÉSENTATEURS 

riAVENEZ  (Louis),  comptable  expert   près  le  /  A.  GeofTioy  Saint-Hilaire. 

tribunal  de  la  Seine,  91,  boulevard  Gouvion- s  A.  Marotte. 

Saint-Cyr,  à  Paris.  '  Saint-Yves  Ménard. 

[  H.  Bouley. 

Rocher,  66,  rue  Caumartin,  à  Paris.  |  P.  Pichet. 

(  A.Geoffroy  Saint-Hilaire. 

„  ,T,      -s         ,■        r  n         .    (  Delahogue  Moreau. 

Taintdrier  (Henri),  rentier,  4,  rue  Drouol,  \  ,,   ^     ^      c  •  .  ni  • 

,  r.    •  i  A.  Geoltrov  Saint-Hilan-e. 

a  Pans.  (  „.  -^ 

V  Simon. 

—  M.  le  Président  fait  part  à  l'Assemblée  du  décès  de  M.  le  baron 
Jules  Cloquet  qui,  membre  de  la  Société  d'Acclimatation  presque  dès 
l'origine,  fut  pendant  de  longues  années  un  des  membres  les  plus  actifs 
du  Conseil,  et  s'occupait  particulièrement  de  l'introduction  de  végétaux 
exotiques  dans  le  midi  de  la  France.  «  La  Société  el  la  science,  ajoute 
M.  le  Président,  font  une  perte  dans  la  personne  de  iM.  Cloquet,  membre 
<ie  l'Académie  des  sciences  et  de  l'Académie  de  médecine.  Depuis  long- 
temps, il  est  vrai,  M.  Cloquet  s'était  retiré,  accablé  par  l'âge;  mais  il  a 
laissé  dans  la  science  une  trace  qui  sera  considérable,  et  dans  la 
Société  d'Acclimatation  des  souvenirs  qui  ne  se  perdront  pas.  » 

—  MM.  A.  Gérard  et  Pimont  adressent  des  remerciements  au  sujet  de 
leur  récente  admission  dans  la  Société. 

—  M.  Uurousseau-Dugontier  fait  connaître  que  son  cheptel  de  Colins 
est  en  parfaite  santé. 

—  Des  remerciements  pour  les  cheptels  qui  viennent  de  leur  être 
accordés  sont  adressés  par  MM.  de  Boussineau,  Poinsignon,  Le  Guay, 
Giraud-Ollivier,  B.  Clémot,  Blandin,  Burky,  Ein.  Baré,  G.  de  Fays,  comte 
de  l'Esperonnière,  Zeiller,  Laporte,  Henri  Fabre,  Fremy,  Léon  Mérat, 
Th.  Lépine,  Nelson-Pautier,  0.  Massias,  Lemut  et  Leroy. 

—  M.  Albert  Orban  écrit  de  Quarreux-Ayrraille  (Belgique),  à  la  date 
du  22  février  :  «  Les  Canards  Casarkas,  que  j'ai  obtenus  en  cheptel, 
l'année  dernière,  ne  m'ont  encore  donné  aucun  résultat.  J'espère  être 
plus  heureux  cette  année.  Les  oiseaux  sont  en  très  bonne  santé  et  en 
parfait  état. 

»  En  réponse  à  l'article  de  la  Chronique  du  20  de  ce  mois,  demandant 
des  renseignements  sur  la  date  de  l'arrivée  des  oiseaux  de  passage,  je  puis 
dire  que  j'ai  déjà,  depuis  la  fin  de  janvier,  observé  des  Élourneaux,  qui, 
d'ordinaire,  ne  reviennent  dans  ce  pays  qu'au  mois  de  mars.  Les  Hoche- 
queues gi  is  sont  également  de  retour  depuis  plus  de  quinze  jours.  » 

—  MM.  Guillaume  d'Augy,  Boudent,  Delgrange  et  Després,  ainsi  que 
le  régisseur  de  l'établissement  national  de  pisciculture  de  Bouzey  et  la 
direction  de  l'Aquarium  du  Trocadéro  remercient  des  œufs  de  Salmo 
fontinalis  qui  leur  ont  été  adressés. 


PROCÈS-VERBAUX.  165 

—  31.  Desprcs  écrit  de  Nanteuil-en- Vallée  :  «  J'apprends  par  M.  de 
Thiac,  Président  de  la  Société  d'Agriculture  de  la  Charente,  que  la  So- 
ciété d'Acclimatation  vient  de  recevoir  une  assez  grande  quantité  d'œufs 
de  Salmo  fontinalis.  Je  vous  serais  bien  reconnaissant,  si  vous  vouliez, 
comme  vous  l'avez  fait  l'année  dernière,  me  confier  encore  gratuitement 
quelques  œufs  de  cette  espèce.  La  Société  que  je  dirige  est  encore  dans 
la  période  d'organisation  et  n'est  pas  assez  riche  pour  en  faire  l'acqui- 
sition. De  nouvelles  améliorations  importantes  viennent  d'être  faites  ; 
elles  rne  permettront  de  donner  des  soins  efficaces  aux  élèves  que  vous 
voudrez  bien  me  confier. 

s  Je  n'ai  qu'un  petit  nombre  d'alevins  sur  les  œufs  que  vous  m'avez 
envojés  l'année  dernière,  environ  200.  Ces  sujets,  quoique  parqués  dans 
des  conditions  à  moitié  satisfaisantes,  sont  fort  beaux  ;  ils  atteignent,  en 
moyenne,  10  à  12  centimètres  de  longueur.  Je  crois  qu'ils  pourraient 
atteindre  une  taille  plus  forte,  s'ils  étaient  soumis  à  une  alimentation 
régulière,  indépendante  de  celle  qu'ils  trouvent  dans  leur  bassin.  Je 
compte  les  traiter  ainsi  à  l'avenir.  —  La  Société  d'Agriculture  du  dépar- 
tement vient  de  me  donner  une  médaille  d'argent  et  j'ai  tout  litu  de 
croire  que  l'État,  sur  une  demande  appuyée  par  la  préfecture,  va  m'ac- 
corder  une  subvention  personnelle,  » 

—  M.  F.  Galiais  adresse  une  demande  d'œufs  de  Salmonidés. 

—  En  remerciant  des  œufs  de  Salmonidés  qui  lui  ont  été  adressés, 
M.  Rathelot  écrit  du  Grand-Montrouge  :  «  Les  Salmo  quinnat  que  vous 
ïii'avez  remis  en  décembre  1881  vont  très  bien;  les  premiers  que  j'ai 
mis  dans  un  bassin  en  plein  air  sont  assez  forts;  ils  ont  atteint  environ 
22  centimètres;  ceux  que  j'avais  laissés  dans  mon  laboratoire  et  que  j'ai 
mis  quelques  mois  après  dans  le  même  bassin,  sont  plus  petits;  n'ayant 
pu  jouir,  étant  jeunes,  de  la  même  nourriture  que  les  premiers  qui,  en 
plus  de  la  viande  de  cheval  que  je  leur  donne,  trouvaient  dans  cette  eau 
dormante  quantité  de  petits  vers  et  autres  animalcules  qui  facilitaient  leur 
croissance.  Ils  ont  supporté,  pendant  les  chaleurs, 22 degrés  centigrades. 
Ils  vivent,  quant  à  présent,  en  très  bonne  intelligence  avec  des  ablettes, 
des  goujons,  barbillons  et  écrevisses. 

»  Vers  la  fin  d'octobre,  quantité  de  feuilles  de  peuplier  et  autres  étant 
tombées  dans  le  bassin,  l'eau  était  devenue  très  foncée;  voyant  que  mes 
poissons  ne  mangeaient  plus,  et  ne  voulant  pas  pousser  l'expérience  plus 
loin,  j'ai  dû  faire  procéder  au  curage  du  bassin. 

»  Je  donne  ces  détails  pour  faire  remarquer  que  le  Salmo  quinnat 
n'exige  pas  une  eau  spéciale.  » 

—  M.  llignet  écrit  de  Varsovie  :  «  Mes  A ttacus  Pernyi,  dont  le  papillon 
n'est  pas  sorti  à  l'automne,  sont  jusqu'ici  en  bon  état,  les  chrysalides 
sont  bien  vivantes,  celles  du  moins  que  j'ai  mises  au  jour  par  l'ouverture 
du  cocon,  et  tout  fait  supposer  que  la  race  univoltine  que  je  cherche  à 
obtenir  depuis  quelques  années  est  créée.  Ce  résultat  important  pour 


IGO  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

nous,  aurait  aussi  de  l'intérêt  pour  la  France,  car  il  me  paraît  difficile 
que  vous  puissiez  faire  deux  récoltes  satisfaisantes  dans  la  même  année. 
Vous  ai-je  dit  que,  de  la  seconde  ponte,  j'ai  élevé,  l'année  dernière,  en 
chambre,  quelques  vers  qui,  dans  les  derniers  temps,  ont  dû  se  contenter 
de  feuilles  sèches  et  n'avaient  pas  l'air  d'en  trop  souffrir.  Ils  ont  fait  leur 
cocon  et  la  chrysalide  est  bien  portante. 

m  Je  vous  ai  accusé  réception  des  cocons  de  Cynthia.  Ils  sont  arrivés  en 
bon  état.  Je  vous  réitère  mes  remerciements  et  vous  prie  de  ne  pas 
m'oublier  dans  les  distributions  que  vous  pourriez  être  à  même  de  faire, 
.le  recevrais  aussi  avec  grand  plaisir  tout  envoi  de  graines  de  plantes  qui 
se  prêteraient  à  des  essais  d'acclimatation  en  Pologne.  » 

—  M.  le  colonel  d'Arnaud-Bey  écrit  de  Marseille:  «  Le  souvenir  d'une 
séance  extrêmement  intéressante,  presque  entièrement  consacrée  à  l'in- 
dustrie de  la  Ramie  ou  China-grass,  que  nous  avons  eue,  a  appelé  mon 
attention  sur  la  matière,  lorsque  en  passant  <à  Avignon,  je  me  suis  trouvé 
par  hasard  en  contact  d'hommes  spéciaux  de  différentes  nationalités  ve- 
nant à  l'effet  de  voir,  de  visu,  les  grandes  pépinières,  mais  surtout  une 
machine  à  décortiquer  les  tiges  de  la  racine,  de  l'invention  de  M.  P.  A. 
Favier,  de  Villefranche,  opération  qui  a  présenté  jusqu'ici  des  difficultés 
sérieuses. 

»  J'ai  aussitôt  demandé  à  me  joindre  à  ces  messieurs,  et  nous  nous 
sommes  acheminés  vers  la  siège  de  la  Société,  oîi  nous  avons  été  accueil- 
lis avec  une  grande  affabilité  par  M.  P.  A.  Favier,  directeur  de  la  Société 
française  de  la  Piamie  à  Avignon,  à  qui  revient  l'honneur  de  la  découverte 
de  ce  procédé  de  décortication  si  longtemps  cherché;  là  M.  Favier  nous 
a  donné  toutes  les  explications  désirables  et  il  a  fait  fonctionner  devant 
nous  sa  machine,  d'une  très  grande  simplicité,  exigeant  en  outre  peu  de 
force,  pour  donner  un  travail  parfait,  au  dire  de  ces  messieurs,  plus 
compétents  que  moi  dans  la  matière. 

»  Après  cela  on  a  mis  sous  nos  yeux  toutes  les  diverses  préparations 
que  l'on  fait  subir  à  la  Raniie  pour  la  rendre  propre  aux  divers  usages 
que  réclament  les  nombreuses  industries  qui  l'emploient;  enfin  des  échan- 
tillons d'étoffes  variées,  mélangées  ou  entièrement  faites  en  Ramie. 

))  La  possibilité  de  rendre  industrielle  la  fibre  de  Ramie,  que  nous  pou- 
vons parfaitement  obtenir  sur  le  littoral  méditerranéen,  en  Algérie,  au 
Sénégal,  à  la  Réunion,  à  la  Martinique,  à  la  Guyane,  à  Saint-Pierre  et 
dans  nos  établissements  français  de  l'Inde  et  de  l'Océanie,  offre  un  si 
grand  intérêt  pour  notre  pays  que  j'ai  cru  devoir  appeler  de  nouveau 
l'attention  de  la  Société  sur  les  résultats  dont  je  viens  d'être  témoin. 

î  Afin  d'éviter    de  plus  grands  détails,  je   vous    transmets  ci-joint 

une  brochure  que  vient  de  publier  sur  ce  sujet  M.  Favier,  auquel  vous 

pouvez  vous  adresser  si  vous  aviez  besoin  de  plus  amples  informations.  » 

—  Des  demandes  de  graines  sont  adressées  par  le  Comice  agricole  de 

Brioude,  ainsi  que  par  MM.  Beaufour,  J.  Cocchi  et  d'Augy. 


FROCÈS-VERBÂUX. 


167 


—  M.  Guiseppe  Gnecchi  écrit  do  Milan  :  «  Les  essais  Je  culture  que 
j'ai  faits  encore  dernièrement,  ne  permettent  pas  de  tirer  de  renseigne- 
ments positifs  et  précis  sur  le  rendement  du  Téosinté.  11  faut  d'ailleurs 
l)ien  des  essais  pour  arriver  à  une  culture  rationnelle  quand  on  ne  pro- 
cède que  par  tâtonnement. 

»  Un  point  de  la  plus  haute  importance  a  été  cependant  éclairé.  J'ai 
«ultivé,  à  côté  l'une  de  l'autre,  deux  pièces  de  terre  de  200  mètres  carrés 
<;hacune  ;  semant  dans  l'une  de  la  graine  d'une  provenance  et  dans 
l'autre  delà  graine  d'une  autre  provenance.  La  fumure,  les  labours,  le 
jour  du  semis  ont  été  les  mêmes  pour  les  deux  pièces.  Eli  bien,  le 
produit  en  fourrage  vert  a  été  en  raison  de  cent  mille  kilos,  nombre 
rond  dans  l'une  et  presque  insignifiant  dans  l'autre.  La  cause  en  est  dans 
la  différence  entre  les  sujets  obtenus  des  deux  graines.  Les  premiers  ont 
levé  suffisamment  bien  et  ont  donné  des  tiges  bien  droites,  à  feuilles 
lisses,  les  autres  ont  levé  imparfaitement,  et  n'ont  donné  que  des  tiges 
tout  à  fait  couchées,  à  feuilles  frisées. 

»  Je  n'ai  pu  d'ailleurs  trouver  aucune  différence  extérieure  entre  les 
graines  des  deux  provenances.  Tant  qu'on  ne  pourra  pas  être  siir  de  la 
variété  dont  on  dispose,  il  sera  prudent  de  faire  quelques  essais  avant 
de  s'engager  dans  une  culture  de  quelque  importance. 

»  Cette  énorme  différence  de  produit  d'une  variété  à  l'autre,  à  condi- 
tions égales  de  culture,  explique,  au  moins  en  1res  grande  partie,  les 
différences  d'opinion  qui  existent  sur  le  Téosinté. 

»  Dans  la  Chronique  du  5  avril  1882  une  distribution  de  noix  de  Pa- 
canier  était  annoncée.  Peut-être  la  Société  apprendra-t-elle  avec  intérêt 
que  cette  essence  est  parfaitement  acclimatable  en  Lombardie.  Je  pos- 
sède trois  de  ces  arbres  obtenus  de  noix  mises  en  terre  il  y  a  25  ans 
environ.  Le  plus  grand  a  de  5  à  G  mètres  de  hauteur,  mais  aucun  des 
trois  n'a  jusqu'à  présent  donné  de  fruits.  )) 

—  M.  le  Président  annonce  l'ouverture  du  scrutin  pour  l'élection  du 
bureau  et  d'une  partie  des  membres  du  Conseil,  et  il  désigne  pour  faire 
le  dépouillement  des  votes  une  Commission  composée  de  M.\L  Ménard, 
le  vicomte  d'Esterno,  P.  Chappellier,  X.  Dybowski,  Grisard  et  Fallou. 

—  M.  Raveret-Wattel  signale  un  mémoire  très  intéressant  publié  dans 
le  journal  de  la  Société  des  Arts,  de  Londres,  par  M.  Alfred  Wailly,  qui 
rend  compte  de  ses  éducations  de  différents  Bomhyciens  Séricigènes  exo- 
tiques, et  qui  indique  un  procédé  ingénieux  pour  l'emballage  de  cocons 
vivants  destinés  à  être  expédiés  au  loin. 

M.  le  Secrétaire  des  Séances  dépose  ensuite  sur  le  Bureau,  de  la  part 
de  M.  de  Behr,  président  de  la  Société  allemande  de  pisciculture,  un 
lot  important  de  graines  de  Balsamine  géante  (Impatiens  (tranduligera). 
Cet  envoi  est  accompagné  d'une  note  (voy.  au  Bulletin),  qui  fait  connaître 
que  la  Balsamine  géante  est  une  plante  vigoureuse  et  très  florifère,  qui 
fournit  en  août  et  septembre  une  ressource  précieuse  pour  la  nourri- 


168  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

tare  des  abeilles.  —  Des  remerciements  seront  adressés  au  donateur, 

—  M.  Millet  donne  lecture  d'un  travail  sur  les  mœurs  des  poissons 
migrateurs  et  sur  l'emploi  des  échelles  à  Saumon  (voy.  au  Bulletin). 

—  A  l'occasion  de  cette  communication,  dans  laquelle  M.  Millet  signale 
la  ressemblance  très  grande  qui  existe  entre  le  jeune  Saumon  ou  Tacon, 
et  la  Truite,  et  ajoute  qu'on  éprouve  souvent  de  la  difficulté  à  distin- 
guer entre  eux  les  deux  poissons,  M.  Uaveret-Wattel  dit  que  le  Saumon 
peut  toujours  se  reconnaître  à  la  frange  de  la  nageoire  adipeuse,  qui 
est  de  couleur  noire  ou  brune,  tandis  que  chez  la  Truite  elle  est  d'une 
teinte  plus  ou  moins  rougetâtre.  M.  le  Secrétaire  rend  compte  ensuite 
d'observations  faites  en  Angleterre  sur  les  habitudes  du  Saumon  à  l'épo- 
que de  la  remonte. 

—  Au  sujet  des  renseignements  donnés  dans  la  communication  de 
M.  Millet,  sur  la  montée  d'anguilles,  M.  Hédiard  fait  connaître  qu'on 
pèche  dans  la  rivière  de  Bilbao  des  quantités  considérables  de  ces  anguil- 
lettes  qui  sont  connues  en  Espagne  sous  le  nom  A'Angoules  et  qui  don- 
nent lieu  à  une  industrie  locale  :  on  en  prépare  des  conserves  en  boîtes. 
Une  boîte  de  la  dimension  d'une  boîte  de  40  sardines  peut  contenir  jusqu'à 
200  de  ces  petites  anguilles. 

—  M.  le  Président  fait  connaître  le  résultat  du  scrutin.  Le  nombre  des 
votants  était  de  344.  (Outre  les  billets  de  vote  déposés  par  les  membres 
présents,  beaucoup  de  bulletins  avaient  été  envoyés  sous  pli  cacheté  et 
contre-signe).  Les  votes  ont  été  répartis  de  la  manière  suivante  : 

Président  :  MM.  Henri  Bouley 344 

Vice-Présidents  :  Docteur  Ern.  Gosson 344 

Comte  d'Éprémesnil 341 

De  Quatrefages 344 

Marquis  de  Sinéty 343 

Secrétaire  général  :  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire 342 

Secrétaires  :  E.  Dupin 313 

Maurice  Girard 342. 

Raveret-Wattel 34a 

Flury-Hérard 34a 

Archiviste-bibliothécaire  :  A.  Berthoule 344 

Membres  du  Conseil  :  Camille  Dareste 343 

Alfred  Grandidier 33i^ 

Docteur  Henri  Labarraque 343 

E.  Roger 342 

En  outre,  plusieurs  des  membres  ci-dessus  désignés  ont  obtenu  un 
certain  nombre  de  voix  pour  des  emplois  différents  de  ceux  que  leur  a 
assignés  la  majorité  des  suffrages.  D'autres  sociétaires  ont  également 
obtenu  des  voix  pour  diverses  fonctions. 


PROCÈS- VERBAUX.  169 

En  conséquence,  sont  élus  pour  l'année  1883_: 

Président  :  MM.  Henri  Bouley. 

Vice-Présidents  :  D'  Ernest  Cosson. 

Comte  d'Éprémesnil. 

De  Quatrefages. 

Marquis  de  Sinéty. 
Secrétaire  général  :  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire 

Secrétaires  :  E.  Dupin. 

,  D''  Maurice  Girard. 

Raveret-Wattel. 

Flury-Hérard. 
Archiviste-bihliothécaire  :  Amédée  Berthoule. 
Membres  du  Conseil  :  Cuinille  Dareste. 

Alfred  Grandidier. 

Docteur  Henri  Labarraque. 

E.  Roger. 

—  M.  de  Fiennes  fait  une  intéressante  communication  sur  un  procédé 
de  destruction  des  Loutres  (voy.  au  Bulletin). 

—  M.  Grisard  donne  lecture  d'une  note  de  M.  Louis  Boutan  ayant  pour 
titre  :  «  Le  Phylloxéra  en  Australie  ;  moyens  employés  pour  le  com- 
battre. » 

—  M.  de  la  Chassagne  estime  que  les  moyens  indiqués  dans  cette 
note:  l'arrachage  de  la  vigne,  l'emploi  du  sulfure  de  carbone,  etc., 
sont  impuissants  contre  l'envahissement  du  Phylloxéra.  En  Suisse,  en 
Autriche,  partout  oii  on  les  a  employés,  ces  moyens  ont  échoué.  Aussi 
la  Société  des  agriculteurs  de  France  n'a-t-elle  pas  cru  devoir  appuyer  la 
proposition  de  M.  le  colonel  Meinadier,  qui  en  recommandait  l'emploi 
pour  l'Algérie. 

—  M.  Saint- Yves  Ménard  présente  à  l'Assemblée  un  appareil  inventé 
par  M.  Rodier,  propriétaire  viticulteur  à  Briare  (Loiret),  pour  le  soufrage 
des  vignes  atteintes  de  l'oïdium.  C'est  une  sorte  de  petite  cassolette  en 
fer-blanc,  dans  laquelle  on  fait  brûler  du  soufre  et  qui  sert  à  diriger  l'acide 
sulfureux  qui  se  dégage  tant  sur  le  bois  que  sur  les  jeunes  pousses,  les 
feuilles  et  le  raisin.  Cet  appareil,  désigné  par  l'inventeur  sous  le  nom  de 
lampe  vigneronne  sulfureuse,  doit  être  employé  immédiatement  après  la 
taille  de  la  vigne,  puis  surtout  au  moment  de  l'aoutage  :  son  emploi 
permet  un  soufrage  plus  énergique  que  les  procédés  employés  jus(iu'à  ce 
j  our,  et  M.  Rodier  déclare  avoir  obtenu  d'excellents  résultats. 


Î70  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  16  MARS  1883. 
Présidence  de  M.  Henri  Bouley,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 
-  M.  le  Président   proclame  les   noms  des  membres   nouvellement 
admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

MM.  .  PRÉSENTATEURS. 

ï3LiGNiÈRES(Géleslin  de),  propriétaire,  homme  /  H.  Bouley. 

de  lettres,    rue   de   Longchamps,    38,    à  -  Leclerc. 

Neuilly  (Seine).  (  Maurice  Girard. 

r)OYRON   (docteur    Georges),     secrétaire   du  H.  Bouley. 

Conseil  général    de  la  Creuse,  à  Chatelus-  ]  J.  Grisard. 

Malvaleix  (Creuse).  ;  Raveret-Wattel . 

Daux  (l'abbé  Emmanuel),  fauboursr  Sapiac,  \  ,  '  ,„<,     , 

,_,,,.,       ,T  .  n  X  le  comte  d  Epremesnil. 

47,  a  Montauban  (rarn-et-Garonne).  >  p       ,  «  aa"^  f*  i 

\      lltlVGrGl"  VV  tlllGl . 

Gavinet  (Jean-Louis-Alfred),  juge  de  paix  du  /  H.  Bouley. 
canton  de  Douvres,  à  la  Délivrande  (Cal-  ]  Raveret-Wattel. 
vados).  \  le  marquis  de  Sinély. 

Gaspard  (Félix),   notaire,   à    Saint-Jean-de- l  „'  ,' 

D  /,  <    \  -  Raveret-Wattel. 

Bournav  Hsere).  ,  .     ,    „.    , 

(le  marquis  de  Sinety. 

à^^.,^     /Al-     \  •'.  •        '    r>i  •  r  •         H.  Bouley. 

Geliot  (Adrien),  propriétaire,  a  Plainfaing  ^   ,    p.      , 
/\j         ^  .  J.  Clarté. 

(Vosges).  i  ^  ,,,       , 

^      °    ^  Raveret-V/attel. 

Gennadius,  inspecteur  de  l'agriculture,  direc-  [  H.  Bouley. 

teur  du  Jardin  dendrologique  de  l'État,  à  ]  Maxime  Cornu. 

xVthènes  (Grèce).  (  Saint-Yves  Ménard. 

Guillet  (Lucien),  négociant,  rue  Laffitte,  9,  i  „ '.     ^.   ^\,. 

,  T,    .  "a  '  '     '  '  Saint-\vesMenard. 

*  Pans.  i  „T       1 

,  Raveret-Wattel. 

JOLY  (Charles-Ovide-Plessis),  ancien  notaire,  (  J^'^°"^^7' 
rue  de  James,  Moulins-Engilbert  )Nièvre).  i  l        grisard. 

°  '  ^    [  Saint-Yves  Ménard. 

Lecoq  (Joseph),  propriétaire,  château  du  Hil-     H.  Bouley. 
gny,  commune  de  Plogarlel-Saint-Germain  ^  Maurice  Girard. 
(Finistère).  (  Jules  Grisard. 

Cbcnet. 
Lutman  (Léopold),  78,  rue  Monge,  ù  Paris.      ^  A.  Porte. 

'  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 


rUOCÈS-VERCAUX.  171 

^IJI,  PRÉSENTATEURS. 

Nouvel  (Georges),  propriétaire,  au  cliàteau  de  (  H.  Bouley. 

la  Ronce,  commune  de  Fontaine-sous-Jouy,  .  le  comte  de  Foy. 

canton  sud  d'Évreux  (Eure).  '  le  baron  Gérard. 

.  ^      •        .n,  MX   . ,    (  H.  Boulev. 
PiNAUD  (H.),  négociant,  a  Santiago  (Ch.l.),  Il,      ^  g^^g-^^^  Saint-Hilaire. 

rue  Magenta,  à  Asmères  (StMne).  (  ^^^^^^^,^  ^^^^,^^ 

(  DcsbrossGS. 
POLACK  (Jules),  courtier  de  commerce,  avenue      ^  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

de  Neuiliy,  189,  à  Neuilly  (Seine).  (  Saint-Yves  Ménard. 

REViLLON(Eugène-.\natoie),  négociant,  9,  bou-  (  H.  Bouley. 

levard   Ricbard-Wallace,    à  Neuilly-Saint-  j  Théodore  Revillon. 

.lames  (Seine).  (  le  marquis  de  Sinéty. 

,  ,   ,        , ,    .       1   H.  Bouley. 
RlCHET,  professeur  a  la  Faculté  de  médecine,  \  j^^^^^  ^^  p^^.^ 

rue  de  l'Université,  15,  à  Paris.  \  Raveret-Wattel. 

^    .,      .  .,       ,  ,  .,      /  H.  Bouley. 

.Saffers  (Emile),  juge  au  tribunal  de  première  \  ^^.^^  ^^'^^  mn^'A 

instance  de  la  Seine,  rue  Laflitte,  9,  à  Paris.  \  ,^  ^^^^^.^^.^  ^^^  ^.^^.^^ 

.  „  .      ^  „,        A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

\1G0UR  (Jules),  notaire,  a  Saint-Sorvan  (Ille-  \  5^^,^^.^,^,  ^^nard. 

^'-^*'^'"^)-  (  A.  Porte. 

—  M.  le  Ministre  des  travaux  publics  adresse  la  lettre  suivante  : 

«  Monsieur,  vous  avez  bien  voulu  me  demander  d'appeler  l'attention 
<les  Compagnies  de  chemins  de  fer  sur  les  soins  que  réclame  le  transpori 
des  œufs  vioants  de  poisson  que  la  Société  Nationale  d'Acclimatation 
distrihue  gratuitement,  chaque  année,  aux  personnes  et  sociétés  qui  s'oc- 
cupent de  pisciculture. 

»  Je  m'empresse  de  vous  informer  que  je  viens  d'écrire  aux  grandes 
Compagnies,  ainsi  qu'à  TAdministration  des  chemins  de  fer  de  l'Etat, 
pour  leur  demander  de  veiller  à  ce  que  leurs  agents  observent  exacte- 
ment les  précautions  indiquées  pai-  les  étiquettes  spéciales  que  la  Société 
<rAcclimatatio!i  appose  sur  ses  colis. 

j  Recevez,  etc. 

»  Le  Ministre  des  travaux  publics, 
»  0.  Raynal.  » 

—  M.  A.  Mairet,  faisandierchez  M.  Pierre  E.  Rodocanachi,  au  château 
d'Andilly  (Seine-et-Oise),  écrit  à  M.  le  Secrétaire  général  la  lettre  sui- 
vante, en  date  du  8  mars  :  «  L'année  dernière,  j'ai  eu  l'honneur  de  vous 
informer  que  notre  femelle  de  Goura  Victoria  avait  pondu  trente-cinq 
jours  en  avance  sur  l'année  1881  ;  l'œuf,  qui  a  été  couvé  par  les  parents 
à  l'air  libre,  a  mis  trente  et  un  jours  pour  éclore,  à  cause  des  nuits 


172  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

froides,  où  le  thermomètre  descendait  à  zéro.  Le  jeune,  né  chétif,  n'a 
pas  vécu;  il  est  mort  au  bout  de  trois  jours. 

»  Une  deuxième  ponte  a  eu  lieu  le  1"  juillet,  ce  qui  nous  a  donné,  le 
30  du  même  mois,  un  jeune  fort  et  robuste  ;  élevé  par  les  parents,  il  a 
pris  aujourd'hui  sa  livrée  d'adulte. 

>  L'échec  que  j'ai  éprouvé  sur  ma  première  ponte  a  fait  que  j'ai  dû  y 
remédier,  et  je  viens  cette  année  vous  annoncer  que  j'ai  pu  obtenir, 
après  bien  des  difficultés,  une  avance  sur  l'année  dernière  de  soixante- 
quatre  jours,  et  sur  l'année  1881  de  cent  jours,  ou  trois  grands  mois; 
je  pense  qu'avec  cette  avance  nous  pourrons  obtenir  deux  reproductions 
dans  la  même  année.  Nos  Gouras  couvent  à  l'intérieur  de  la  cabane,  dans 
une  boîte  semblable  à  celle  décrite  dans  ma  première  note,  et  à  quelques 
mètres  de  l'appareil  de  chauffage. 

»  Les  deux  jeunes  Gouras  que  nous  possédons  font  très  bon  ménage 
ensemble,  mais  je  ne  puis  pas  encore  savoir  si  nous  avons  mâle  et  femelle. 
Une  seconde  génération  obtenue  en  France  serait  fort  intéressante. 

>  La  reproduction  que  j'ai  obtenue  de  deux  espèces  de  Faisans  rares 
m'oblige  à  vous  en  dire  un  mot. 

>  Faisan  d'Elliot.  Une  poule  de  cette  espèce  nous  a  donné  l'année 
dernière  vingt  œufs.  Sur  ce  nombre,  j'ai  élevé  dix-huit  jeunes. 

»  Faisan  de  Sœmmerinfj .  Sur  quinze  œufs,  j'ai  élevé  dix  jeunes.  Ces 
deux  espèces,  qui  se  rapprochent  beaucoup  du  Faisan  ordinaire,  ont  un 
grand  avenir  comme  gibier,  étant  originaires  du  Nord,  l'une  de  la  Chine 
et  l'autre  du  Japon.  Elles  se  recommandent  aux  amateurs  de  chasse  pour 
leur  rusticité  à  supporter  nos  hivers  et  la  facilité  avec  laquelle  on  peut 
les  élever.  Ni  l'une  ni  l'autre  ne  sont  sujettes  aux  vers  du  larynx;  elles 
ont  une  grande  valeur  comme  oiseaux  de  table,  et  sont  remarquables  par 
la  beauté  de  leur  parure. 

»  La  ponte  du  Faisan  d'Elliot  commence  du  8  au  12  mars  et  finit  au 
25  avril,  époque  à  laquelle  les  Faisans  ordinaires  commencent  leur  ponte. 
Sur  vingt  œufs  que  j'ai  recueillis  et  mis  à  couver  sous  des  poules,  j'ai 
obtenu  vingt  jeunes;  le  premier  éclos  a  été  mangé  en  partie  par  la  poule 
couveuse;  un  autre  étant  né  les  pattes  sur  le  dos,  j'ai  àt.  l'étouffer;  les 
dix-huit  autres  ont  été  élevés  et  livrés  dans  différents  établissements  de 
1  Europe,  et  j'ai  tout  lieu  d'espérer  que  cette  année  les  descendants  de  la 
première  paire,  importée  en  1879,  produiront  de  quoi  garnir  une  chasse 
princière. 

ï  La  ponte  du  Faisan  de  Sœmmering  commence  du  15  au  20  avril 
pour  finir  au  20  mai ,  les  jeunes  s'élèvent  rapidement  ;  à  l'âge  de  cinq 
mois  ils  ont  revêtu  le  plumage  adulte,  et  ils  se  reproduisent  dès  la  pre- 
mière année,  s 

—  MM.  Burky,  Clémot,  de  Lonlay,  Martial,  Léon  Mérat,  31athey  et  le 
comte  G.  de  Saint-Innocent,  accusent  réception  et  remercient  descheptels 
qui  leur  ont  été  accordés. 


PROCÈS- VERBAUX.  178 

—  M.  Arthur  Schotsmans  rend  compte  de  la  perte  du  mâle  de  son 
cheptel  de  Canards  de  Bahama. 

—  M.  Duplantier  demande  à  faire  le  renvoi  de  son  cheptel  de  Lépo- 
rides. 

—  M.  Clémot  annonce  le  renvoi  de  son  cheptel  de  Canards  du  Pa- 
radis. 

—  M.  Ferary  demande  des  renseignements  sur  la  nourriture  à  donner 
aux  Faisans  qui  lui  ont  été  confiés. 

—  Des  demandes  de  cheptels  sont  adressées  par  MM.  Sommier  et 
Egal-Tible. 

—  MM.  Bernard-Talhandier,  Delgrange  et  Renouard  accusent  réception 
des  œufs  de  Salmo  fontinalls  qui  leur  ont  été  expédiés. 

—  M.  le  docteur  Adrien  Sicard  adresse  une  demande  d'œufs  de  Salmo 
fontinalis. 

—  M.  Bernard-Talhandier  fait  parvenir  une  demande  de  Grenouilles- 
Bœufs  et  de  montée  d'Anguilles. 

—  M.  Martial  fait  connaître  que  les  œufs  de  Corégone  qu'il  a  reçus  lui 
ont  donné  environ  quinze  cents  alevins  très  beaux  et  très  vifs.  Notre  con- 
frère ajoute  qu'il  serait  heureux  de  recevoir  un  nouveau  lot  d'œufs,  dans 
le  cas  où  la  Société  en  ferait  une  seconde  distribution. 

—  M.  le  professeur  Spencer  F.  Baird  annonce  l'envoi  qu'il  compte 
faire  prochainement  à  la  Société  de  quinze  mille  œufs  de  Saumon  des 
lacs  {Salmo  salar,  var.  Sebago). 

—  M.  Raveret-Wattel  rappelle  à  cette  occasion  que  le  Saumon  des  lacs 
de  l'Amérique  du  Nord,  qui  est  un  poisson  non  migrateur  et  dont  les 
conditions  d'existence  se  rapprochent  ainsi  de  celles  de  la  Truite,  serait 
une  espèce  très  intéressante  à  acquérir  pour  nos  eaux  douces,  en  raison 
de  l'excellente  qualité  de  sa  chair  et  de  la  rapidité  de  sa  croissance. 

—  M.  le  Président  de  la  Société  Linnéenne  du  nord  de  la  France  adresse 
un  rapport  sur  les  résultats  donnés  par  les  œufs  de  Truite  des  lacs  et  de 
Salmo  Xamaijcush  envoyés  à  cette  Société. 

—  M.  Gh.  Renouard  fait  parvenir  une  réponse  au  questionnaire  relatif 
à  la  pisciculture;  il  y  joint  les  renseignements  suivants  :  «  Tous  les  éle- 
vages déjà  faits  par  mes  soins  n'ont  produit  que  de  faibles  résultats  dans 
les  eaux  de  deux  de  mes  propriétés;  mais  le  pays  en  a  profité,  car  les 
jeunes  poissons  ont  dû  suivre  le  courant  des  ruisseaux  de  trop  plein  qui 
sortent  de  mes  étangs  et  aller  peupler  les  rivières  voisines,  c'est-à-dire 
la  Monne,  la  Vie  et  la  Touques  d'une  part,  et  l'Ure  et  l'Orne  d'autre 
part.  » 

—  M.  Banmeyer  adresse  la  lettre  suivante  :  c  Je  viens  de  visiter  les 
établissements  de  pisciculture  de  Virelles  et  de  Chaulieu,  et  j'ai  eu  le 
plaisir  de  constater  que  les  œufs  d'Omble-Ghevalier  {Salmo  salvelinus) 
que  vous  avez  eu  l'obligeance  de  m'envoyer  sont  parfaitement  éclos;  il 
en  est  de  même  des  Coregonus  albus,  des  Salmo  Namaycush,  qui  vien- 


174  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

lient  également  fort  bien  ;  ces  jeunes  alevins  sont  pleins  de  vie.  Quant 
aux  œufs  de  Truite  du  lac  de  Garde,  envoyés  dernièrement,  nous  en 
attendons  l'éclosion  d'un  jour  à  l'autre.  C'est  à  peine  si  nous  avons  perdu 
en  moyenne  3  pour  100  de  ces  œufs.  Les  soins  les  plus  assidus  sont 
donnés  à  ces  difiérentes  espèces,  et  je  suis  heureux  d'en  communiquer 
les  bons  résultats.  Tout  fait  prévoir  que  la  période  d'alevinage  sera  aussi 
heureuse  que  celle  de  l'incubation.  » 

—  M.  Max.  Cornu,  inspecteur  général  de  la  sériciculture ,  lAI.  le  Di- 
recteur de  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grignon  et  M.  le  Directeur 
de  la  station  séricicole  de  Montpellier,  accusent  réception  et  remercient 
de  l'envoi  qui  leur  a  été  fait  de  la  graine  de  Ver  à  soie  de  la  variété 
dite  Verdolina  Casait. 

—  M""  veuve  Simon  écrit  de  Bruxelles  :  c  Nous  poursuivons  avec 
persévérance  notre  propagande  séricicole,  persuadés  que  l'agriculture, 
dont  les  revers  sont  immenses,  ne  peut  manquer  de  retrouver  des  jours 
prospères.  Nous  vous  ferons  connaître  le  plus  possible  nos  Bombyx,  afin 
que,  lorsque  des  jours  meilleurs  viendront,  l'industrie  puisse  prendre  un 
nouvel  essor.  Nos  dispositions  sont  prises  pour  offrir  à  la  Société  quel- 
ques centaines  de  grammes  de  graine  à'Attacus  Pernyi  de  seconde 
récolte.  Nous  serions  heureux  de  donner  l'occasion  d'expérimenter  en 
France  la  seconde  récolte  de  Pernyi.  » 

—  Des  demandes  de  graines  sont  adressées  par  MM.  Delalande,  Chiffel, 
Mathey,  d'Augy  et  Gnecchi,  ainsi  que  par  la  Société  nantaise  d'horti- 
culture et  par  le  Comice  agricole  de  Brioude 

—  M.  le  comte  de  Bouchaud  de  Bussy  écrit  de  Lyon  :  «  Les  Bambous 
que  j'ai  reçus  il  y  a  quelques  années  delà  Société  d'Acclimatation  sont 
les  B.  violascens,  viridi-glaucescens,  Simoni,  Quilloi.  J'avais  déjà  les 
Bambusa  mitis,  aurea,  nigra,  gracilis  et  scriptoria.  Ceux  qui  ont  pris 
le  plus  de  développement  sont  les  B.  mitis,  violascens,  nigra  et  aurea. 
Us  atteignent  (les  B.  violascens  et  nigra)  environ  6  ou  7  mètres  de 
hauteur  et  un  diamètre  de  0,03  à  0,035.  Le  Mitis  atteint  jusqu'à  8  et 
9  mètres  de  hauteur  sur  0,0i  à  0,05  de  diamètre.  Ils  sont  de  belle  venue 
et  pourvus  d'un  feuillage  fort  abondant.  Us  drageonnent  à  d'immenses 
distances,  et  on  a  toutes  les  peines  du  monde  à  les  arrêter  dans  leur 
travail  souterrain.  Le  B.  Quilioi,  jusqu'à  présent,  est  loin  d'égaler  la 
vigueur  même  de  B.  aurea.  Cependant,  la  description  dont  il  a  été  l'objet 
lui  attribuerait  une  taille  plus  élevée  que  celle  que  je  lui  ai  vu  prendre 
chez  moi  jusqu'à  ce  moment.  Il  ne  paraît  pas  d'ailleurs  plus  délicat  que 
les  autres,  et  je  serais  disposé  à  croire  qu'il  a  été  mal  étiqueté.  Quant 
au  viridi-glaucescens,  il  fleurit  continuellement  et  ne  donne  que  de  très 
médiocres  pousses.  Est-ce  bien  le  viridi-glaucescens  ? 

»  Le  B.  nigra  est  un  des  plus  beaux  et  plus  vigoureux  chez  moi. 
»  Le  B.  scriptoria  est  joli  et  assez  vigoureux.  Mais  il  est  infiniment 
plus  sensible  au  froid  que  les  autres.  11  pousse,  du  reste,  beaucoup  plus 


PROCÈS-VERBAUX.  175 

tard,  et  ses  pousses  sont  encore  incomplètement  développées  quand  sur- 
vient l'hiver. 

»  Le  B.  gracilis  est  souvent  éprouvé  par  les  hivers. 

»  J'ai  depuis  peu  de  temps  le  B.  à  tiges  carrées.  Mais  il  n'a  pas  encore 
donné  de  tiges  assez  fortes  pour  me  permettre  de  bien  l'apprécier.  Il  a 
commencé  cet  été  dernier  à  végéter  avec  assez  de  vigueur,  ce  qui  me 
paraît  d'un  excellent  augure  pour  la  saison  prochaine. 

»  Les  Chamœrops  exceha,  qui  proviennent  de  graines  qu'a  bien  voulu 
m'envoyer  dans  le  temps  la  Société  d'Acclimatation,  sont  au  nombre 
d'une  trentaine.  Ils  ont  environ  l^.SO  à  l'",50  de  hauteur  et  sont  on  ne 
peut  plus  vigoureux.  Us  se  distinguent  entre  eux,  pour  quelques-uns  du 
moins,  par  un  port  plus  ou  moins  érigé  ou  étalé  et  des  feuilles  de  teintes^ 
assez  différentes.  Us  n'ont  pas  encore  fleuri.  Ils  doivent  avoir  une  dou- 
zaine d'années  de  semis.  Plusieurs  ne  tarderont  pas  à  fleurir,  car  ils 
sont  très  forts. 

»  'en  possède  quelques  pieds  plus  anciens,  et  que  j'avais  acquis  de 
divers  côtés  ;  aussi  fructifient-ils  et  fleurissent-ils  abondamment  depuis 
quelques  années  déjà;  il  en  est  qui  ont  3  mètres  à  A  mètres  de  hauteur 
et  restent  cependant  assez  bien  garnis  de  feuilles.  Us  sont  fort  beaux  et 
sont  très  remarqués  de  mes  visiteurs. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  expédier  aujourd'hui  une  boîte  desdites  graines 
récoltées  cet  hiver.  Il  y  en  a  environ  3  kilogrammes,  que  la  Société 
d'Acclimatation  pourra  distribuer  à  son  gré,  trop  heureux  que  je  suis  si 
quelques-uns  de  nos  collègues  peuvent  en  retirer  quelque  profit  et 
quelque  utilité 

»  Jusqu'à  présent  je  n'ai  pas  trouvé  à  uUliser  d'une  façon  satisfaisante 
mes  Bambous.  Cependant  j'ai  cherché  à  les  vendre,  mais  sans  en  trouver 
de  placement  assuré.  Si  la  Société  d'Acclimatation  pouvait  me  donner 
quelques  indications  à  ce  sujet,  je  lui  en  serais  profondément  reconnais- 
sant, désirant  tout  naturellement  tirer  parti  de  ces  intéressantes  grami- 
nées, cultivées  chez  moi,   au  château  de  Roussan,  dans  les  Bouches-du- 

Khône. 

»  Si  la  Société  avait  en  distribution  quelques  nouveaux  et  remarqua- 
quables  Bambous,  je  lui  saurais  un  gré  infini  de  m'en  envoyer  quelques 
éclats  ce  printemps.  De  même  que  je  me  mets  à  sa  disposition  pour  en 
remettre  à  un  certain  nombre  de  membres  de  la  Société  qu'elle  me  dési- 
gnerait. 

>  Si  la  Société  avait  également  quelques  nouveaux  végétaux  de  plein 
air,  dignes  d'intérêt,  à  répartir  entre  les  sociétaires  de  bonne  volonté, 
je  m'ofl're  volontiers  pour  qu'il  m'en  soit  remis  quelques  spécimens, 
m'engageant  à  en  faire  l'objet  d'un  rapport  annuel.  » 

—  M.  AUigné  écrit  de  Vire  :  «  Les  Bambous  que  la  Société  a  bien 
voulu  me  confier  en  cheptel  l'année  dernière,  au  mois  de  mai,  ont  eu 
une  végétation  aérienne  presque  insignifiante,  probablement  à  cause  de 


176  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

la  saison  avancée  dans  laquelle  ils  ont  été  transplantés,  quelques  tiges 
ne  dépassant  pas  59  à  60  centimètres  en  hauteur.  Mais  je  me  suis  trouvé 
fort  étonné,  ces  jours  derniers,  en  faisant  labourer  le  terrain  entre  les 
touffes  qui  sont  espacées  de  4  mètres  environ,  de  trouver  à  une  touffe  de 
violacens  une  racine  traçante  de  2  mètres  de  longueur  et  un  peu  plus 
grosse  qu'un  porte-plume.  J'espère  que  cette  année  ils  feront  de  rapides 
progrès,  car  le  sol  dans  lequel  je  les  ai  plantés  est  exceptionnellement 
bon  ;  c'est  un  terrain  d'alluvion,  situé  sur  le  bord  d'un  cours  d'eau,  qui 
est  toujours  frais,  sans  jamais  être  submergé.  » 

—  M.  Jules  Delalande  écrit  de  Bayeux  :  «  Je  vous  demanderai  la  per- 
mission de  critiquer  un  peu  le  mode  de  plantation  de  la  noix  du  Cary>a 
olivœformis  indiqué  dans  la  Chronique. 

»  En  règle  générale,  on  doit  planter  isolément  toute  graine  qui,  une 
fois  levée,  présente  des  difficultés  à  la  transplantation.  En  supposant  que 
l'on  sème  trois  ou  quatre  noix  par  trou,  il  se  présente  deux  cas.  Le  pre- 
mier est  la  germination  de  toutes  les  graines;  mais,  au  moment  où  l'on 
est  forcé  d'arracher  les  plants  qui  gêneraient  la  végétation  du  Carya 
que  l'on  conserve,  on  ne  peut  le  faire  sans  souvent  briser  le  chevelu  de 
la  jeune  plante,  ce  qui  arrête  sa  végétation  et  souvent  la  fait  mourir. 
Dans  le  deuxième  cas,  il  peut  se  trouver  des  graines  de  gâtées,  et  ces 
graines,  entrant  en  décomposition,  font  mourir  la  graine  qui  a  poussé. 
Voici  le  mode  à  employer  pour  les  graines  germées  ou  développées  et 
difficilement  transplantables  :  Planter  séparément,  soit  en  pleine  terre, 
soit  en  pot,  et  de  préférence  en  pot,  ce  qui  permet  de  choisir,  au  mo- 
ment où  la  plante  est  développée,  l'emplacement  définitif  qu'elle  d'oit 
occuper.  Par  ce  système,  les  plants  ne  subissent  aucun  danger  de  trans- 
plantation. » 

—  M.  Clogenson  adresse  une  demande  de  Bambous  et  de  Vignes 
nouvelles.  Par  une  autre  lettre,  M.  Clogenson  rend  compte  de  la  situation 
des  végétaux  qui  lui  ont  été  confiés. 

—  M.  de  Lonlay  adresse  un  rapport  sur  ses  cultures  de  végétaux  exo- 
tiques. 

—  M.  Pontet  écrit  d'Aurillac  :  «  Les  cinq  plantes  qui  m'ont  été  adres- 
sées le  20  avril  1882  ont  assez  bien  prospéré,  sauf  cependant  VOsman- 
thus  illicifolius,  qui  est  toujours  fort  malingre.  » 

—  M.  Dareste  signale  une  monstruosité  qu'il  a  récemment  observée 
sur  un  embryon  de  Gasoar,  et  qui  consiste  en  ce  qu'une  partie  de  la  tête 
se  trouve  adhérente  au  jaune  de  l'œuf  par  une  bride  membraneuse. 
Bien  qu'extrêmement  rare,  le  fait  n'était  pas  absolument  inconnu.  Une 
observation  du  même  genre  a  été  faite  en  1827  par  Etienne  Geoffroy 
Saint-Hilaire,  sur  un  embryon  de  Poule,  qui,  de  même  que  celui  du 
Casoar,  s'était  trouvé  dans  l'impossibilité  d'éclore.  M.  Uareste  ajoute  que 
ie  sujet  monstrueux  qu'il  met  sous  les  yeux  de  l'assemblée  présente  une 
hernie  de  l'encéphale;  les  hémisphères  cérébraux  forment  une  sorte  de 


PROCÈS-VERBAUX.  177 

tumeur  en  dehors  de  la  tête,  anomalie  qui  n'est  pas  incompatible  avec  la 
vie.  Elle  se  produit  parfois  chez  des  Poulets,  sur  lesquels  on  voit  la 
tumeur  se  compléter  extérieurement  par  la  formation  d'une  peau  cou- 
verte de  plumes,  et  intérieurement  par  l'ossification  de  la  partie  du  crâne 
membraneux  qui  se  trouve  au-dessous  de  la  peau.  Cette  conformation 
anatomique  se  trouve  réalisée  d'une  manière  constante  dans  la  Poule  dite 
de  Padoue;  et,  fait  très  singulier,  c'est  que,  jusqu'à  la  fin  du  siècle  der. 
nier,  cette  race  de  Poules  ne  présentait  ce  caractère  héréditaire  que 
dans  le  sexe  femelle.  Depuis,  la  même  conformation  s'est  propagée  du 
sexe  femelle  au  sexe  mâle.  En  s'occupant  d'expériences  sur  la  formation 
des  monstruosités,  M.  Dareste  a  eu  très  souvent  occasion  de  constater 
l'apparition  de  cette  hernie  cérébrale  sur  des  Poulets  qui  n'appartenaient 
pas  à  la  race  de  Padoue,  et  il  estime  que  si  l'on  avait  élevé  ces  oiseaux, 
ils  auraient  pu  devenir  la  souche  d'une  race  tout  à  fait  comparable  à  cellft 
de  Padoue.  Cette  tumeur  céphalique,  formée  par  une  hernie  de  l'encé- 
phale, a  été  observée  chez  d'autres  oiseaux,  le  Canard  notamment,  et  il 
est  probable  que  si  l'on  suivait  les  expériences  sur  une  échelle  suffisante, 
on  arriverait,  pour  toutes  les  espèces  d'oiseaux,  à  produire  des  races 
analogues  à  la  race  des  Poules  de  Padoue. 

—  31.  Saint-Yves  Ménard  rappelle  à  ce  sujet  qu'un  très  grand  nombre 
de  nos  races  d'animaux  domestiques  n'ont  pas  d'autre  origine  qu'une 
anomalie  quelconque  devenue  héréditaire,  et  souvent  fixée  par  la  sélec- 
tion. On  peut  citer  comme  exemples  les  races  de  Lapins  et  de  Moutons 
sans  oreilles,  de  Chiens  à  courte  queue,  de  Chiens  bassets,  etc.  Il  existe 
en  Amérique  une  race  de  Bœufs  à  tête  raccourcie,  dite  à  tête  de  boule- 
dogue; l'origine  en  est  inconnue,  mais  il  est  facile  de  l'entrevoir.  Toutes 
les  personnes  qui  s'occupent  de  monstruosités  savent,  en  effet,  qu'on  voit 
parfois  des  Veaux  à  tête  de  bouledogue  naître  de  Vaches  très  bien  consti- 
tuées. Le  fait  s'est  notamment  produit  l'année  dernière  au  Jardin  d'Ac- 
climatation, où  les  visiteurs  étaient  frappés  de  la  conformation  singulière 
de  l'animal.  H  y  avait  là  une  anomalie  susceptible  d'être  héréditaire  si  le 
sujet  eût  vécu  et  qu'on  eût  voulu  en  tirer  souche. 

De  semblables  faits  n'ont  pas  qu'un  intérêt  de  curiosité,  car  les  modi- 
fications devenues  héréditaires  peuvent  porter  sur  des  détails  très  impor- 
tants pour  l'éleveur;  par  exemple,  sur  la  laine,  s'il  s'agit  de  Moutons,  ou 
sur  le  développement  des  muscles  chez  tous  les  bestiaux.  Les  Mérinos  de 
Mauchamp,  les  Bœufs  de  Durham,  ont  pour  souche  un  animal  unique, 
dont  les  caractères,  transmis  à  ses  descendants,  ont  été  fixés  par  la  sélec- 
tion. Un  des  plus  puissants  moyens  que  nous  ayons  pour  modifier  les 
animaux,  c'est  donc  l'observation  et  la  mise  à  profit  des  hasards  de  la 
reproduction,  (jui  mettent  à  notre  disposition  certains  sujets  présentant 
certaines  particularités  Sjiéciales,  les  unes  avantageuses,  les  autres  inté- 
ressantes seulement  au  point  de  vue  scientifique. 

—  M.  Camille  Dareste  a  vu  il  y  a  une  quinzaine  d'années,  dans  le 

3«  SÉRIE,  T.  X.  —  Mars  1883.  12 


178  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'aCCLIMATATION. 

département  du  Nord,  un  Veau  à  tête  de  bouledogue.  La  pièce  a  été 
montée;  elle  appartient  au  musée  de  Lille. 

Des  photographies,  qu'il  en  a  fait  faire  à  celte  époque,  seront  mises 
par  M.  Dareste  sous  les  yeux  de  la  Société  dans  sa  prochaine  séance. 

—  M.Jules  Gautier  donne  lecture  [d'un  rapport  fait  au  nom  de  la 
Commission  de  la  chasse  concernant  un  projet  de  loi  sur  les  animaux 
nuisibles  (voy.  au  Bulletin). 

Les  conclusions  de  ce  rapport  sont  mises  aux  voix  et  adoptées  à  l'una- 
nimité. L'assemblée  décide  que  le  rapport  et  le  projet  de  loi  qui  l'accom- 
pagne seront  adressés  à  M.  le  rapporteur  de  la  Commission  du  projet  de 
loi  sur  la  chasse,  à  la  Chambre  des  députés,  à  MM.  les  Ministres  de  l'in- 
térieur et  de  l'agriculture. 

—  A  l'occasion  de  la  lettre  de  M.  Mairet,  qui  signale  une  monstruosité 
observée  chez  un  jeune  Faisan,  M.  Dareste  dit  que  les  déviations  des 
membres  sont  assez  fréquentes  dans  les  monstruosités  artificielles.  Ce 
fait  se  produit  lorsque  le  corps  de  l'embryon  est  comprimé  par  l'amnios. 
Dans  ces  conditions,  les  membres  peuvent  être  plus  ou  moins  gênés,  et 
alors  tantôt  ils  s'atrophient  plus  ou  moins,  tantôt  ils  sont  contournés, 
renversés  de  différentes  façons.  C'est  probablement  d'un  fait  de  ce  genre 
dont  parle  M.  Mairet. 

—  M.  Jean  Dybowski  fait  une  intéressante  communication  sur  la  Bar- 
dane  comestible  du  Japon  (voy.  au  Bulletin). 

En  réponse  à  des  questions  qui  lui  sont  posées  par  M.  le  Président, 
ainsi  que  par  MM.  Millet  et  de  Barrau  de  Muratel,  M.  Dybowski  fait  con- 
naître que  cette  plante  ne  craint  pas  la  gelée  et  peut  être  cultivée  dans 
tous  les  déparlements  de  la  France,  qu'elle  ne  paraît  pas  épuisante  pour 
le  sol  et  qu'elle  peut  réussir  dans  tous  les  terrains  oîi  croît  la  Bardane 
commune. 

—  M.  Decroix  rend  compte  d'expériences  faites  sur  l'utilisation,  pour 
la  nourriture  des  chevaux,  du  produit  connu  dans  le  commerce  sous  le 
nom  de  tourteaux  de  Cocotier.  11  résulte  de  ces  expériences,  faites  sur 
des  chevaux  de  l'armée,  que  les  tourteaux  peuvent  être  substitués  à 
l'avoine  dans  une  certaine  proportion,  sans  inconvénient  pour  la  santé 
et  la  vigueur  des  chevaux,  et  que  cette  substitution  permettrait  de  réa- 
liser une  économie  annuelle  de  50  francs  par  tète  de  cheval  (voy.  au 
Bulletin). 

—  M.  Hédiard  demande  si  les  tourteaux  n'ont  pas  une  forte  odeur  de 
rance.  La  farine  de  coco,  fraîchement  préparée,  est  très  agréable  au  goût  ; 
la  maison  Siraudin  en  a  préparé  des  bonbons  qui  ont  joui  d'une  certaine 
vogue  ;  mais  cette  farine  rancit  vile. 

—  M.  Decroix  répond  que  les  tourteaux  ont,  en  effet,  une  rancidilé  très 
accentuée;  mais  que  néanmoins,  les  chevaux,  qui  généralement  refusent 
tout  d'abord  cette  nourriture,  l'acceptent  sans  grande  difficulté  quand 
on  les  met  à  la  diète  pendant  quelques  heures. 


PROGÈS-VERtJAUX.  179 

—  M.  le  Président  fait  observer  que  la  Commission  d'hygiène  hippique, 
chargée  parle  Ministre  de  la  guerre  d'étudier  la  question,  n'a  pas  encore 
déposé  son  rapport. 

—  M.  Dybowski  rappelle  que  les  soi-disant  tourteaux  de  Cocotier  pro- 
viennent en  réalité  de  VEUm  Guineensis,  dont  le  fruit  a  toujours  un 
goût  rance  quand  il  n'est  pas  frais. 

—  M.  le  Président  désirerait  savoir  si  la  production  est  abondante  et 
si  elle  pourrait  subvenir  aux  besoins  de  la  consommation,  dans  le  cas  où 
ces  tourteaux  viendraient  à  être  réellement  acceptés  en  Europe  pour 
l'alimentation  du  cheval. 

—  M.  Dybowski  estime  que  la  production  doit  être  considérable,  attendu 
que  des  flottes  entières  de  navires  marchands  vont  chaque  année  sur  les 
côtes  de  Guinée  (patrie  de  VElaïs  Guineensis)  y  chercher  un  plein  char- 
gement des  fruits,  lesquels  sont  utilisés  particulièrement  à  Londres  et  à 
Marseille  pour  l'extraction  de  l'huile. 

—  M.  de  Barrau  de  Muratel  rappelle  que  c'est  cette  huile  qui  est  dé- 
signée dans  le  commerce  sous  le  nom  d'huile  de  palme. 

—  M.  Saint- Yves  Ménard  dit  que  les  tourteaux  d'Ëlaïs  ont  été  essayés 
au  Jardin  d'Acclimatation  pour  l'alimentation  des  Vaches  laitières.  Sub- 
stitué dans  une  certaine  proportion  à  la  farine  de  maïs,  ce  produit  a 
déterminé  dans  la  production  du  lait  une  augmentation  d'un  vingtième 
environ.  Aucune  observation  n'a  été  faite  quant  à  la  qualité  du  lait, 
auquel  certains  tourteaux  oléagineux  donnent  un  goût  désagréable.  Il 
en  est  de  même  des  tourteaux  de  maïs  provenant  des  fabriques  d'amidon. 
Cette  nourriture,  qui  augmente  le  rendement  en  lait  d'une  fagon  extraor- 
dinaire, et  qui  amène  un  engraissement  rapide,  donne  au  Jait  un  goût 
d'ail  très  prononcé,  et,  détail  assez  curieux,  ce  goût  ne  se  manifeste 
guère  que  vingt-quatre  heures  au  moins  après  la  traite. 

—  M.  Geoffroy  Saint-llilaire  fait  connaître  que  la  Compagnie  générale 
des  Omnibus  a  entrepris  de  son  côté  des  expériences  sur  l'alimentation 
des  chevaux  avec  la  farine  de  Cocotier;  on  peut  donc  espérer  avoir  pro- 
chainement, pour  apprécier  la  qualité  de  cet  aliment,  des  renseigne- 
ments circonstanciés  et  émanant  de  sources  absolument  distinctes. 

—  M.  Hédiard  dit  qu'il  existait  il  y  a  une  quinzaine  d'années  à  la 
Briche,  près  Saint-Denis,  un  établissement  spécial  pour  la  préparation 
de  l'huile  de  coco.  La  bourre  du  fruit  était  utilisée  comme  crin  végétal  ; 
les  coquilles  servaient  à  fabriquer  des  boutons,  et  la  sciure  était  em- 
ployée pour  faire  des  fdtres.  Cette  exploitation,  dont  la  cessation  paraît 
avoir  été  amenée  par  des  causes  financières,  pourrait,  si  elle  était  bien 
conduite,  donner  des  résultats  avantageux,  attendu  qu'on  peut,  dans 
certains  pays,  et  notamment  sur  les  côtes  de  Madagascar,  se  procurer 
des  cocos  en  très  grande  quantité  et  au  prix  de  5  francs  le  cent,  rendus 
au  port  d'embar([uement. 

—  MM.  Geoffroy  Saint-llilaire,  de  Barrau  de  Muratel  et  Maurice  Girard 


180  SOCIÉTÉ  NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

insistent  sur  ce  point,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  le  Coco,  ou  fruit  du 
Cocos  nucifera,  qui  est  volumineux,  enveloppé  d'une  sorte  de  crin  vé- 
o-étal,  avec  le  fruit  de  1'  Elais  Gidneensis,  qui  est  de  la  grosseur  d'une 
forte  noix,  et  dont  on  obtient  l'huile  de  palme. 

—  M.  Hédiard  dépose  sur  le  bureau  des  échantillons  d'Ignames,  sur 
lesquels  il  donne  les  renseignements  suivants  : 

Dioscorea  alata.  —  Cette  grosse  Igname  à  chair  blanche  est  très  fari- 
neuse et  mucilagineuse;  on  la  cultive  beaucoup  aux  Antilles;  celles  que 
j'ai  l'honneur  de  vous  présenter  viennent  de  la  Martinique.  La  pellicule 
est  un  peu  rugueuse,  de  couleur  gris  de  terre;  la  forme  est  longue,  de  la 
grosseur  et  de  la  longueur  du  bras;  les  racines  pèsent  environ  de  5  à 
10  kil.;  il  y  en  a  plusieurs  variétés  de  cette  taille,  mais  celle-ci  est  plus 
estimée. 

Les  Ignames  à  chair  violette  se  conservent  beaucoup  moins  et  ne  sont 
pas  aussi  féculentes. 

On  a  cultivé  en  Algérie,  il  y  a  une  dizaine  d'années,  l'Igname /am^es 
d'Éléphant,  mais  cette  variété  est  très  mal  faite,  et  offre  beaucoup  de 
déchet  à  l'emploi,  la  qualité  est  aussi  inférieure;  il  y  a  aussi  le  Diosco- 
rea Batata,  cultivé  aux  environs  de  Paris,  mais  cette  espèce  est  très 
coûteuse  à  cultiver  à  cause  de  l'arrachage  difficile  ;  ses  racines  sont  lon- 
gues et  épaisses;  elle  est,  du  reste,  très  bonne  en  beignets,  mais  ne 
peut  remplacer  pour  les  amateurs  des  colonies  la  grosse  Igname  citée 
plus  haut. 

Igname  dite  Cousscouche.  — Celte  espèce  d'Igname  que  j'ai  déjà  pré- 
sentée en  décembre  dernier  provient  également  de  l'île  Martinique. 

Le  poids  des  tubercules  est  de  250  grammes  à  1  kilog.;  la  forme  en 
est  conique  par  le  collet,  et  s'élargit  à  la  base  en  forme  de  main;  la  lon- 
gueur n'est  guère  que  de  15  à  20  centimètres,  ce  qui  en  rend  la  culture 
bien  plus  facile  que  celle  de  la  grosse  Igname,  dite  de  Guinée.  La  chair 
en  est  très  blanche  et  fine,  et  elle  est  fort  estimée  des  amateurs  des 
colonies. 

La  préparation  varie  suivant  les  habitudes  de  pays;  on  la  fait  cuire 
autour  de  la  viande,  en  ragoût  ou  dans  des  soupes  créoles,  ou  bien 
encore  en  beignets.  Je  crois  qu'il  serait  possible  d'en  cultiver  dans  le 
midi  de  la  France,  parce  que  ses  tubercules  germent  assez  facilement 
pendant  la  traversée.  Il  ne  m'a  pas  été  possible  d'en  envoyer  en  Algérie, 
l'entrée  en  étant  interdite. 


PROCÈS-VERBAUX.  181 

SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  30  MARS  1883. 
Présidence  de  M.  Camille  Dareste,  membre  du  Conseil. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté,  après 
quelques  observations  de  MM.  Decroix,  Gautier,  Millet  et  Saint-Yves 
Ménard. 

—  A  l'occasion  du  procès-verbal,  M.  Lespinasse  dit  que  le  produit 
livré  par  le  commerce  sous  le  nom  de  farine  de  cocotier  est  bien  tiré 
réellement  de  la  noix  de  coco,  Cocos  nucifera.  Ces  tourteaux,  résidus  de 
la  fabrication  de  l'huile  de  coco,  sont  plus  blancs  que  ceux  provenant  de 
la  noix  de  VElaïs  Guineensis,  fruit  qui  fournit  l'huile  de  palme  et  dont 
l'enveloppe  de  couleur  grise  donne  aux  tourteaux  une  nuance  particu- 
lière. M.  Lespinasse  met  sous  les  yeux  de  l'Assemblée  des  échantillons 
de  ces  différents  produits. 

—  M.  de  Rarrau  de  Muratel  rend  compte  de  l'essai  qu'il  a  fait  de  la 
Rardane  du  Japon  présentée  par  M.  Dybowski  dans  la  précédente  séance. 
Préparée  à  la  façon  des  salsifis,  cette  plante  lui  a  paru  très  tendre  et 
agréable  à  manger,  bien  que  les  racines  fussent  restées  toute  l'année  en 
terre,  et  que,  par  suite,"  elles  ne  présentassent  pas  toutes  les  qualités 
qu'elles  auraient  pu  avoir  si  elles  avaient  été  plus  fraîches.  D'ofi  l'on 
peut  conclure  qu'en  saison  convenable  ce  légume  doit  être  réellement 
très  bon  et  qu'il  y  aurait  une  grande  ulilité  à  en  propager  la  culture. 

—  M.  Millet  fait  remarquer  que,  d'après  le  procès-verbal,  le  rapport 
sur  la  destruction  des  animaux  nuisibles  serait  envoyé  seulement  à  la 
Commission  de  la  Chambre  de  députés.  Or  notre  confrère  croit  que,  sur 
sa  demande  et  celle  de  M.  Gautier,  l'assemblée  avait  décidé  que  des 
exemplaires  de  ce  rapport  seraient  envoyés  aux  préfets  et  aux  Conseils 
généraux,  lesquels  ont  été  saisis  de  la  question  par  le  gouvernement. 

—  M.  Gautier  ne  croit  pas  qu'on  ait  suivi  cette  marche  lors  de  l'envoi 
du  précédent  rapport  concernant  la  loi  sur  la  chasse.  Noire  confrère 
ajoute  qu'il  s'est  borné  à  demander  qu'on  procède  pour  le  nouveau 
rapport,  comme  on  l'a  fait  pour  le  premier,  et  qu'il  ne  voit  pas  d'avan- 
tage à  adresser  ce  travail  aux  préfets  pour  en  saisir  les  Conseils  géné- 
raux. 

—  M.  Millet  estime  qu'il  y  a  intérêt  à  envoyer  le  rapport  au  Ministre 
de  l'Agriculture,  ainsi  qu'au  Ministre  de  l'Inlérieur  et  au  Préfet  de  po- 
lice, dans  les  attributions  desquels  la  surveillance  de  la  chasse  se  trouve 
placée.  L'envoi  serait  non  moins  utilement  fait  aux  Conseils  généraux, 
qui  ont  été  consultés  par  le  Ministre  de  l'intérieur  sur  la  proposition 
Labitte. 

—  M.  Gautier  fait  observer  que  si  l'on  adresse  le  nouveau  rapport  à 


182  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

des  personnes  qui  n'ont  pas  reçu  le  premier,  il  conviendrait  de  leur  en- 
voyer également  celui-ci,  car  les  deux  questions  traitées  sont  connexes. 

—  M.  Saint-Yves  Ménard  rappelle  que  le  rapport  sur  la  chasse  n'a 
pas  été  tiré  à  un  nombre  suffisant  d'exemplaires  pour  que  l'envoi  puisse 
en  être  fait  aux  Conseils  généraux. 

—  L'assemblée  décide  le  renvoi  au  Conseil  de  la  proposition  tendant 
à  ce  que  le  rapport  sur  la  destruction  des  animaux  nuisibles  soit  adressé 
à  MM.  les  préfets  des  départements  et  aux  Conseils  généraux. 

—  A  l'occasion  de  communications  faites  dans  la  dernière  séance  con- 
cernant les  bizarreries  qui  peuvent  se  produire  chez  les  animaux  et  de- 
venir la  souche  de  variétés  ou  races,  M.  llené  de  Sémallé  rapporte  avoir 
vu,  rue  Guénégaud,  un  Chat  de  grosseur  monstrueuse,  dont  la  taille 
atteint  au  moins  trois  fois  celle  d'un  Chat  ordinaire.  Ce  Chat,  ajoute 
M.  de  Sémallé,  aurait  pu  servir  à  former  une  race  véritablement  gigan- 
tesque. 

—  M.  Lespinasse  estime  qu'il  ne  faut  pas  s'exagérer  la  facilité  de  mo- 
difier la  taille  ou  les  autres  caractères  des  animaux,  attendu  que  bien 
souvent  les  produits  de  sujets  présentant  des  anomahes  très  prononcées, 
rentrent  complètement  dans  le  type  régulier.  On  sait,  par  exemple,  que 
le  nain  américain,  exhibé  autrefois  en  public  sous  le  nom  de  ïom  Pouce, 
épousa  une  femme  naine,  elle  aussi.  Tous  deux  ensemble  ne  pesaient 
pas  plus  de  30  kilogrammes.  Ce  couple  donna  toutefois  naissance  à  des 
enfants  qui,  devenus  adultes,  atteignirent  la  grandeur  naturelle. 

—  M.  Saint-Yves  Ménard  constate  que  les  faits  d'atavisme  sont  indé- 
niables, et  que  toutes  les  anomalies  ne  deviennent  pas  forcément  hérédi- 
taires ;  mais  il  insiste  toutefois  sur  ce  fait  que  c'est  bien  par  suite  de 
l'observation  et  de  la  mise  à  profit  de  certaines  anomalies  qu'on  est 
arrivé  à  Jixer  des  caractères  d'une  très  grande  importance  chez  beaucoup 
d'animaux. 

—  M.  le  Président  met  sous  les  yeux  de  l'assemblée  des  photographies 
d'un  squelette  de  Bœuf  qui  appartient  au  musée  de  Lille.  Dans  ce  sujet 
la  mâchoire  supérieure  est  très  raccourcie  et  la  tête  rappelle  complète- 
ment celle  d'un  bouledogue.  Cette  déformation  singulière,  ajoute  M.  Da- 
reste,  qui  n'est  pas  extrêmement  rare  dans  nos  races  bovines,  et  qui  se 
produit  en  France  d'une  façon  pour  ainsi  dire  sporadique,  se  montrait  à 
l'état  permanent  chez  une  race  de  Bœufs  qui  a  existé  pendant  près  de 
deux  siècles  dans  l'Amérique  du  Sud  sur  les  bords  de  la  Plata.  Cette 
race  paraît  avoir  disparu;  mais  il  en  existerait  une  autre,  de  même  na- 
ture, au  Mexi(jue. 

—  Des  remerciements  au  sujet  de  leur  récente  admission  sont  adressés 
par  M.M.  Boyron,  Fournier,  Ganivet  et  Viéville. 

—  La  Société  Néerlandaise  de  Zoologie  remercie  de  l'envoi  qui  lui  est 
fait,  en  échange  de  son  journal,  du  Bulletin  de  la  Société  nationale 
d'Acclimatation. 


PROCÈS-VERBAUX.  183 

—  M.  Raverel-Wattel  signale  à  celte  occasion  un  Iravail  extrêmement 
remarquable  publié  dans  le  recueil  de  la  Société  Néerlandaise  de  Zoolo- 
gie, par  le  bibliothécaire  de  cette  Société,  M.  le  D""  P.  P.  G.  Hoek,  de 
Leyde,  concernant  les  organes  génitaux  de  l'Huître. 

—  Des  demandes  de  cheptels  sont  adressées  par  MM.  Boyron,  Tarlier, 
de  Saint-Quentin,  Vigour  et  Vincendon-Dumouliu. 

—  M.  Carpentier  de  Juvigny  renouvelle  sa  demande  d'un  cheptel  de  Cerf 
nains  de  la  Chine.  MM.  Pontet,  Leprévost-Bourgerel,  B.  Gléraot,  Jules 
Dodemont,  Martel-Houzet,  Desroches,  Zeiller,  vicomte  de  Mondion,  Poin- 
signon,  de  Fiennes,  Ferary,  Nelson-Pautier,  Giraud-Ollivier,  comte  de 
l'Esperonnière,  Hiver,  F.  Laval,  Aubet,  Reynal,  Fubre  père  et  Guillin 
accusent  réception  et  remercient  des  cheptels  qui  leur  ont  été  adressés. 

—  M.  Dautreville  écrit  à  M.  le  Président  :  «  J'ai  l'honneur  de  présen- 
ter à  la  Société  la  poudre  loni-nutritive  au  sang  de  bœuf  desséché,  pro- 
duit nouveau,  et  qui  expérimenté  a  donné  déjà  des  résultats  intéressants 
pour  l'alimentation  des  Faisans,  Faisandeaux  et  jeunes  volailles.  Cette 
poudre  granulée  est  composée  de  sang  de  bœuf  desséché  représentant 
plus  de  cinq  fois  son  poids  de  sang  frais,  et  de  farines.  L'analyse  que  je 
vous  communique,  vous  montrera  d'ailleurs  quelle  peut  être  la  valeur 
de  ce  produit,  au  point  de  vue  de  l'alimentation.  Dans  le  cas  où  il  vous 
serait  agréable  de  faire  un  essai,  j'en  mettrais  volontiers  un  échantillon 
à  votre  disposition  ou  à  celle  d'un  des  membres  de  la  Société  que  ce  pro- 
duit pourrait  intéresser. 

»  L'analyse  de  la  poudre  toni-nutritive  granulée  au  sang  de  bœuf  des- 
séché a  donné  : 

Albumine  et  fibrine !20,87  pour  100. 

Matières  amylacées 67,83  — 

Eau 10,30  — 

Chlorure  de  sodium 0,70  — 

Acide  phosphorique,  chaux  et  potasse....     1,20  — 

Peroxyde  de  fer 0,04  —  » 

—  M.  Persin  adresse  les  renseignements  suivants  sur  les  Cerfs-Co- 
chons :  «  Ces  animaux  sont  superbes,  on  les  a  vus  tous  les  5  ensemble 
il  y  a  quelques  jours  ;  mais  on  les  voit  de  temps  en  temps  séparément 
ou  2  ou  3  ensemble.  Ils  ont  tout  à  fait  le  caractère  du  gibier,  nous  avons 
tout  l'hiver  chassé  les  lièvres  avec  chiens  courants  dans  le  parc  oîi  ils 
sont  ;  il  est  arrivé  quelquefois  aux  chiens  courants  de  les  attaquer,  chaque 
animal  chassé  savait  parfaitement  prendre  fuite  et  par  ses  ruses  se  dé- 
fendre de  la  paire  de  petits  chiens  avec  lesquels  nous  chassions  dans  ce 
parc. 

>  Du  reste,  depuis  que  nous  les  avons  laissés  dans  le  grand  parc,  on  ne 
leur  a  plus  donné  aucune  nourriture,  et  on  leur  en  donnerait  qu'ils  ne 
viendraient  pas  la  manger. 


184  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'AGCLIMATATION. 

»  Pendant  3  étés  ot  2  hivers  ils  se  sont  suffi  et  sont  magnifiques  ;  il 
me  senibli!  que  l'expérience  est  concluante.  C'est  du  vrai  gibier  de  chasse, 
et  mon  parc  en  supporterait  bien,  je  crois,  sans  inconvénient  2  ou  300 
comme  cela. 

»  C'est  bien  dommage  que  j'aie  eu  du  retard  au  début  par  l'erreur  qui 
a  été  commise  de  me  donner  un  mâle  au  lieu  d'une  femelle  pleine  :  j'en 
aurais  déjà  une  forte  bande  aujourd'hui.  J'aurais  bien  demandé  à  la 
Société  de  me  donner  un  deuxième  cheptel,  mais  je  crois  que  les  statuts 
s'y  opposent.  Cependant  il  vaudrait  bien  mieux,  dans  l'intérêt  du  but 
qu'elle  poursuit,  donner  2  ou  3  cheptels  à  celui  qui  sait  réussir  plutôt 
que  d'en  donner  à  d'autres  chez  lesquels  l'insécurité  est  à  peu  près 
certaine,  .l'ai  écrit,  pour  avoir  des  renseignements,  à  tous  mes  collègues 
qui  ont  de  ces  animaux,  presque  tous  m'ont  répondu  qu'ils  n'avaient  pu 
réussir,  tandis  que  je  suis  assuré  maintenant  que  dans  mon  parc  il  n'en 
manquait  pas  un.  » 

—  M.  Kiener  écrit  de  la  Forge  (Haute-Alsace)  :  «  Je  m'empresse  de 
vous  communiquer  un  nouveau  fait  relatif  au  croisement  entre  les  Co- 
chons d'Inde  et  les  Hats.  Un  de  mes  voisins  m'assure  qu'il  lui  est  arrivé 
souvent  d'épier  ses  Cobayes  et  de  les  voir  avec  des  Rats,  avec  lesquels 
ils  s'accouplaient.  Ici  et  à  Wihr-au-Val  (Haute-Alsace)  le  fait  est  très 
connu.  Les  personnes  qui  en  avaient  dans  des  écuries  à  porc  ou  dans  des 
remises  les  ont  vus  disparaître  un  beau  jour.  Ce  ne  sont  pas  les  Rats  qui 
manquent  à  Paris,  et  je  suis  convaincu  qu'après  quelques  tentatives  vous 
serez  édifié.  Le  fait  est  patent.  J'en  réponds.  î 

—  M.  le  marquis  d'Hervey  de  Sainl-Uenys  écrit  à  M.  le  Secrétaire  géné- 
ral :  «  Depuis  18  mois,  je  n'ai  plus  qu'un  Talégalle,  mais  il  résiste  depuis 
quelque  chose  comme  une  dizaine  d'années,  je  crois,  ou  tout  au  moins 
sept  à  huit  ans,  ayant  passé  à  l'état  complètement  sauvage,  et  ne  s'appro- 
chant  même  plus  des  habitations.  11  me  paraît  donc  évident  que  sans 
les  deux  hivers  extraordinaires  que  nous  avons  eus,  ces  oiseaux  se  seraient 
parfaitement  acclimatés.  » 

—  M.  Leroy  écrit  de  Fismes  :  «  .Malgré  la  rigueur  de  la  température, 
mes  Perdrix  du  Boutan  ont  fait  un  nid  sous  leur  abri,  à  portée  d'une 
toufîe  de  lilas.  Avant-hier,  !)  mars,  je  surpris  la  femelle  jetant  à  plusieurs 
reprises  avec  son  bec  des  pailles  par-dessus  son  dos,  ce  qui,  comme  vous 
savez,  est  l'indice  que  la  ponte  a  eu  lieu  ou  va  avoir  lieu.  Le  mâle  imita 
ce  manège.  J'allai  voir  au  nid.  Rien  encore.  Ce  nid,  comme  le  nid  de  la 
plupart  des  Perdrix  percheuses.  Colins,  Perdrix  de  Chine,  est  creusé  en 
terre  en  forme  de  four  et  recouvert  d'un  amas  de  brindilles  de  paille 
arrangées  sans  art  et  formant  voûte.  Le  nid  était  vide. 

>  Hier  dans  l'après-midi,  vers  quatre  heures,  je  surpris  le  mâle  faisant 
le  guet  auprès  de  l'entrée  du  nid. 

»  Je  ne  pus  m'assurer  de  ce  qui  s'était  passé  parce  que  la  nuit  vint  et 
je  ne  voulais  pas  empêcher  les  Perdrix  de  se  percher.  .Mais  ce  matin,  je 


PROCKS-VKF{ItAUX.  185 

viens  (l'entrevoir  un  œuf  au  Ibnd  du  irou  qui  sert  de  nid.  Col  œuf  m'a 
paru  très  gros  eu  ég'ard  à  la  taille  des  Perdrix  du  Houlaii  i|ui  est  celle 
de  noire  l'crdrix  grise,  f/œuf  est  di;  la  g^rosstiur  d'un  œuf  d(!  pigtion. 

»  J'espère  beaucoup  parce  (jue  les  sujets  sont  admirables  <le  santé  (îl 
de  vivacité. 

»  Si  la  Perdrix  du  Houtan  pouvait,  je  ne  dis  pas  s'acclitnatcM-,  car  elle 
l'est,  elle  me  paraît  très  dure  au  froid,  au  moins  autant  sinon  plus  que 
la  Perdrix  de  CIiIik;,  mais  se  plaire;  dans  nos  contrées  <;t  ikî  pas  émigrcr, 
ce  serait  une  vraie  trouvaille,  car  la  ponte  étant  (i(;  (biux  mois  plus  pré- 
coce que  celle  de  nos  Perdrix  françaises,  l'éducation  des  jeunes  serait 
terminée  longtemps  avant  la  faucbaison  des  prairies  arlilicielles,  si  fatale 
aux  couvées  du  gibier  à  plumes.  » 

—  M.  Gorry-Houteau  annonce  l'envoi  de  Léporides  provtînanl  de  sou 
cheptel. 

—  M.  Mathey  écrit  de  llochechouart  :  «...h;  viens  de  perdre  le  Coq  de 
Dorking  qui  m'a  été  confié  en  cheptel  et  que  j'ai  reçu  le  H  de  ce  mois. 
Peu  de  jours  après  son  arrivée,  je  remarquai  que  cet  animal  souffrait 
d'un  œil.  Cette  indisposition  ne  me  f)araissait  pas  assez  grave  pour  lui 
donner  l'air  aussi  triste  et  aussi  abattu,  et  je  l'examinai.  Je  reconnus 
alors  qu'il  était  atteint,  même  d'une  façon  très  grav<!,  de  la  diplitérite; 
des  fausses  membranes  jaunâtres  avaient  envahi  la  gorge,  la  langue  et 
les  parties  environnantes  en  étaient  coinpIèl(;ment  recouvertes  ;  à  la  langue 
elles  prenaient  une  teinte  noirâtre.  Je  le  traitais  au  frioyen  de  la  liipieur 
antidiphtérique,  composée  par  notre  confière  M  .  lîachy,  et  je  badi- 
geonnai la  gorge  avec  une  plume  imbibée  d'huile  de  pétrole,  moyen  dont 
je  connaissais  l'eflicacité.  Bientôt  le  mal  de  l'œil  empira,  les  paupières 
avaient  l'air  de  s'agrandir  et  le  dessous  était  teinté  de  noir.  Une  sup|)u- 
ration  assez  abondante  s'y  établit  bientôt,  ainsi  qu'aux  oreilles.  Des  bou- 
tons apparaissaient  autour  du  bec  et  au  bas  de  la  crèle  ;  le  Coq  refusa 
alors  toute  nourriture,  rejetant  même  celle  qu'on  lui  introduisait  dans  le 
bec;  enfin  dimanche  matin  la  crête  était  devenue  noire,  l'animal  ne  se 
tenait  plus  sur  ses  pattes  et  avait  coirijdètemetit  perdu  la  vue;  cet  état 
dura  jusqu'à  hier,  mardi  ;  à  cinq  heures  du  soir  le  Coq  était  mort.  Voyant 
le  Coq  atteint  aussi  gravement,  je  l'ai  séparé  des  poules,  qui  sont  égale- 
ment atteintes,  mais  d'une  façon  qui,  pour  le  moment,  ne  me  paraît  pas 
devoir  amener  un  résultat  fatal,  elles  mangent,  ont  pondu  quelques  œufs, 
je  leur  fais  prendre  chaque  matin  un  peu  de  liqueur  antidipbtérifjue. 
J'ai  répandu  du  phénol  dans  le  poulailler.  » 

■  —  .M.  Lefebvre  écrit  à  M.  le  Secrétaire  général  :  <i  Au  printemps  de 
188'i,  la  Société  a  bien  voulu  me  confier  en  cheptel  une  paire  de  Pigeons 
boulants  anglais  blancs  ;  ces  oiseaux,  évidemment  de  la  même  couvée, 
étaient  imparfaitement  déclarés  et  ne  furent  aptes  à  reproduire  que  dans 
le  mois  d'août,  même  année.  En  septembre  la  femelle  pondit  et  couva  — 
œufs  clairs  !  Une  nouvelle  ponte  suivit  bientôt,   de  laquelle  naquit  un 


18(3  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

jeune  qui  fut  laissé  par  les  parents  au  bout  de  12  jours  et  mourut  malgré 
tous  mes  soins.  L'hiver  vint  sur  ces  entrefaites,  la  femelle  pondit  encore 
une  fois  et  quelques  jours  après  je  trouvai  des  œufs  cassés.  Je  ne  déses- 
pérais pas,  bien  que  déjà  à  cette  époque,  ma  conviction  fût  faite.  Dans 
-ma  famille  on  a  toujours  élevé  des  Pigeons  ;  moi-même,  depuis  bien  des 
années,  je  me  livre  à  cet  élevage  et  chaque  fois  nous  avons  constaté  que 
de  l'union  de  deux  Pigeons  de  la  même  couvée,  le  résultat  est  nul  ;  cet 
avis  est  du  reste  celui  de  tous  les  marchands  de  Pigeons.  (Deux  Pigeons 
de  la  même  couvée,  accouplés  ensemble,  ne  produisent  jamais  rien,  tandis 
que  deux  du  même  père  et  de  la  même  mère  mais  de  couvées  différentes 
reproduiront  aussi  bien  que  si  aucun  lien  de  parenté  ne  les  unissait.) 

»  Le  printemps  de  1882  arriva;  mes  Pigeons  bien  renfermés  dans  un 
casier  spacieux,  sortant  de  temps  en  temps  dans  une  très  grande  volière, 
étaient  établis  suivant  toutes  les  règles.  Il  y  eut  quelques  œufs  de  pon- 
dus qui  tous  furent  écrasés  ou  abandonnés.  Fin  octobre,  la  femelle  est 
tombée  malade;  la  mue  fut  très  difficile  et  ne  se  lit  même  qu'imparfaite- 
ment, depuis  cette  époque  l'oiseau  languit  et  dépérit  chaque  jour.  11 
existe  cependant  encore,  car  je  l'entoure  de  soins  et  cherche  à  vaincre  son 
mal  par  tous  les  moyens  connus,  mais  sans  espérance  de  succès.  Le  mâle 
est  aujourd'hui  un  oiseau  magnifique  et  en  pleine  force  pour  reproduire. 
Je  viens  donc  prier  la  Société  de  vouloir  bien  me  confier  une  nouvelle 
femelle  et  une  prolongation  de  cheptel  afin  de  chercher  à  réparer  mon 
échec  et,  dans  la  mesure  du  possible,  le  préjudice  causé  involontairement 
à  la  Société.  » 

—  MM.  Boudent,  deClermont,  Gallais  et  Rivoiron,  ainsi  que  la  Direc- 
tion de  l'Aquarium  du  Trocadéro  accusent  réception  et  remercient  de 
renvois  d'œufs  embryonnés  de  Saumon  des  lacs  qui  leur  ont  été  faits. 

—  M.  le  Régisseur  de  l'Etablissement  de  pisciculture  de  Bouzey  écrit 
à  M.  l'Agent  général  :  «  J'ai  la  satisfaction  de  vous  annoncer  que  les 
Salmo  Namaycush  sont  magnifiques,  très  vigoureux,  nous  n'avons  pas 
eu  de  pertes  jusqu'à  présent  et  pourtant  la  résorption  de  la  vésicule  sera 
complète  dans  une  huitaine  de  jours.  Les  œufs  de  Coregonus  albus  ont 
donné  un  beau  résultat,  on  peut  dire  presque  autant  d'alevins  que  d'œufs. 
On  en  a  mis  5000  dans  le  lac  de  Girardins,  10  000  dans  le  réservoir  de 
Bouzey,  4000  dans  un  bassin  spécial  de  la  pisciculture  très  bien  appro- 
prié et  1000  restent  sur  les  tables  que  nous  essayerons  d'élever  s'il  y  a 
possibilité.  Les  œufs  de  Salmo  fontinalis  commencent  à  éclore  et  pro- 
mettent un  beau  résultat.  » 

—  M.  Léon  d'Halloy  écrit  à  M.  le  Secrétaire  des  séances  :  «  J'ai  reçu 
les  œufs  de  Salmo  Namaycush  et  de  Corégone  que  la  Société  m'a  expé- 
diés. On  a  fait  éclore  les  œufs  de  Corégone  dans  l'appareil  allemand  que 
vous  m'avez  fait  venir.  Cet  appareil  a  donné  d'excellents  résultats  ;  les 
œufs  restent  toujours  très  propres  et  se  nettoient  très  facilement,  ainsi 
que  vous  me  l'aviez  dit.  Les  alevins  ont  été  làjchés.  Ayez  soin  de  recom- 


PROCÈS-VERBAUX.  187 

mander  de  les  mettre  dans  des  eaux  profondes  (au  moins  3  mètres)  ;  sans 
cela,  on  perd  les  feras  à  l'âge  de  six  mois;  jusqu'à  cet  âge,  on  peut  les 
élever  dans  50  centimètres  de  profondeur  d'eau  ;  les  S.  Namaycush 
viennent  bien,  les  alevins  en  sont  très  vigoureux. 

»  Tous  mes  poissons  vont  bien.  J'ai  eu  des  S.  fontinalis  (ceux  que 
vous  avez  vus)  qui  ont  reproduit  cette  année.  Les  alevinssont  plus  vigou- 
reux que  ceux  provenant  des  œufs  que  j'ai  encore  reçus  cette  année  de 
New-York.  Je  suis  content  des  Truites  de  Lock  Leven.  Ce  qui,  dans  les 
premiers  temps,  me  faisait  mal  juger  cette  espèce,  c'est  que,  de  même 
que  dans  les  S.  fontinalis,  le  voyage  des  œufs  dans  de  la  glace  cause  la 
production  d'alevins  peu  vigoureux.  » 

—  M.  Leroy  écrit  à  M.  l'Agent  général  :  «  Je  me  permets  de  vous  sou- 
mettre une  idée  ayant  trait  au  repeuplement  des  cours  d'eau.  11  y  a,  dans 
la  plupart  des  chefs-lieux  de  cantons  de  France,  des  agents  voyers,  des 
garde-rivières,  cantonniers  chefs,  etc.,  dont  le  rôle  consiste  surtout  à 
faire  des  procès  comme  délit  de  pèche.  Pour  moi,  leur  rôle  devrait  plutôt 
être  celui  de  conservateurs  que  celui  de  gardes  champêtres.  Ainsi  j'ai  vu 
chez  moi  le  garde-rivière  faire  un  procès,  ou  plutôt  inquiéter  de  paisibles 
pêcheurs  à  la  ligne,  parce  qu'ils  péchaient  avec  deux  lignes  ou  qu'ils 
avaient  lancé  en  plein  jour  une  ligne  de  fond  dans  la  rivière.  J'ai  vu  le 
même  garde  faire  la  nuit  des  visites  domiciliaires  dans  les  moulins,  pour 
s'assurer  si  le  meunier  n'avait  pas  tendu  des  filets  dans  les  vannes,  au 
moment  des  grandes  eaux,  pour  prendre  des  anguilles,  qui  alors  sont 
entraînées  par  le  flot  et  perdues  pour  nous.  Ne  pourrait-on  permettre 
aux  meuniers  d'agir  ainsi,  à  la  condition  que  chaque  année  ils  lâcheront 
aux  yeux  du  garde-rivière  mille  petites  anguilles?  Pour  cinquante  qu'il 
prendrait  par  an,  le  meunier  en  lâcherait  mille;  la  rivière  y  gagnei-ait 
encore,  et  les  habitants  pourraient  profiter  des  anguilles  qui  aujourd'hui 
pi'ofitent  aux  habitants  d'aval. 

»  A  côté  de  ces  mesquineries,  on  tolère  la  pêche  à  l'épervier,  aux  filets, 
aux  nases,  tambours,  etc. 

»  Mais,  pour  moi,  le  dépeuplement  des  rivières  ne  vient  pas  du  manque 
de  surveillance  ni  de  cette  pêche  à  deux  lignes  ou  aux  filets,  mais  de  ce 
que  l'on  ne  s'occupe  pas  du  repeuplement. 

»  Que  coûtent  les  œufs  ou  les  alevins,  rien  !  Je  suis  persuadé  qu'un 
garde-rivière,  avec  100  francs  par  an,  pourrait  repeupler  les  rivières  de 
son  canton  sans  grand  travail,  en  lâchant  chaque  année,  en  différents 
endroits  de  sa  garderie,  des  milliers  d'alevins  qu'il  aurait  élevés.  Je  crois 
ces  moyens  beaucoup  plus  efficaces  que  les  procès- verbaux  aux  inoffen- 
sifs pêcheurs  à  deux  lignes. 

»  Si  vous  croyez  l'idée  bonne,  faites-en  tel  usage  (|u'il  vous  plaira,  et 
soumettez-la  à  qui  de  droit. 

»  Certes,  je  considère  la  chasse  et  le  gibier  comme  très  importants, 
surtout  que  je  suis  chasseur  et  non  pécheur;  mais  je  crois  que  sans  frais 


188  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

on  arriverait,  pour  ralimenlation,  à  des  résultats  autrement  pratiques 
que  ceux  obtenus  pour  la  reproduction  et  la  conservation  du  gibier  ;  car 
l'un  est  onéreux  et  l'autre  presque  gratuit.  » 

—  M.  le  vicomte  de  Wolbock  écrit  du  château  de  Kercado  (Morbihan): 
«  Continuant  et  développant  les  travaux  ostréicoles  qui  valurent  à  mon 
père  la  haute  faveur  d'une  médaille  d'or  de  la  Société  d'Acclimatation,  je 
regarde  comme  un  devoir  de  vous  exposer  la  suite  de  cette  grande  créa- 
tion. J'ai  donc  l'honneur  de  vous  adresser  un  mémoire  par  lequel  je 
sollicite  le  prix  d'honneur  au  Concours  régional  de  Vannes  de  celte  année, 
et  où  j'expose  la  situation  de  l'ostréiculture,  en  résumant  les  étapes  par- 
courues et  précisant  les  résultats  obtenus.  » 

—  M.  Fandrin,  professeur  d'agriculture  des  Bouches-du-Rhône,  et 
M.  Galfard,  sériciculteur  à  Oraison  (Basses-Alpes),  sollicitent  l'envoi  de 
graines  de  Vers  à  soie  exotiques. 

—  MM.  de  Laleu,  Vanderwalle,  Jules  Delalande,  F.  Malhey,  E.  Duval, 
le  comte  A.  de  Montlezun,  Alfred  Rousse  et  le  comte  G.  de  Saint-Inno- 
cent, ainsi  que  la  Société  Nantaise  d'horticulture  et  l'Institut  national 
genevois,  demandent  à  prendre  part  à  la  distribution  de  graines  annoncée 
dans  la  Chronique. 

—  M.  le  Directeur  du  Jardin  d'Acclimatation  fait  parvenir  des  graines 
à'Artocarpus  incisa,  offertes  par  Mme  David.  —  Remerciements. 

—  M.  de  Confévron  écrit  de  Langres  :  «  Dans  la  séance  du  9  décembre 
1881  de  la  Société  d'Acclimatation,  M.  Maurice  Girard,  à  propos  de  mes 
appréciations  relatives  au  phylloxéra,  me  déclare  arriéré  de  vingt  ans. 
C'est  bien  possible  ;  mais,  à  ce  point  de  vue  comme  à  bien  d'autres 
encore,  les  derniers  pourraient  bien  finir  par  être  les  premiers.  Pensent- 
ils  avoir  réalisé  de  grands  progrès  ceux  qui,  en  introduisant  les  Vignes 
américaines,  ont  perdu  tous  nos  vignobles  français?  Pensent-ils  faire 
merveille  ceux  qui,  en  préconisant  les  Vignes  américaines,  ne  cessent  de 
revivifier  par  des  éléments  jeunes  et  vivaces  le  fléau  qui  s'épuise  et  semble 
en  décroissance  sur  certains  points?  Est-ce  une  bonne  chose  que  l'en- 
gouement pour  le  nouveau  qui,j  par  des  croisements  peu  judicieux  et 
l'anglaisement  à  outrance,  a  perdu  toutes  nos  bonnes  races  d'animaux 
domestiques? 

î  Je  ne  suis  point  l'ennemi  des  améliorations,  loin  de  là;  mais  je  crois 
que  dans  cette  voie  on  ne  doit  s'avancer  qu'avec  une  grande  circonspec- 
tion. Si  j'approuve  la  distribution  de  prix  pour  l'introduction  de  Perdrix 
étrangères,  j'en  voudrais  aussi,  et  en  première  ligne,  pour  encourager  la 
conservation  de  nos  bonnes  Perdrix  grises  et  rouges. 

»  Ce  n'est  point  inconsciemment,  mais  en  connaissance  de  cause,  que 
je  suis  pour  partie  (car  rien  n'est  absolu)  dans  la  doctrine  du  phylloxéra 
effet. 

»  Je  ne  vois  pas  à  quoi  eût  servi  l'arrachage  de  nos  vignes  phylloxérées, 
si  l'on  devait  ramener  des  insectes  avec  de  nouvelles  importations  de 


PROCÈS-VERBAUX.  189 

souches  américaines.  Cet  arrachage  a  eût  eu  d'eflicacilé  qu'à  condition 
de  proscrire  d'une  façon  absolue  l'entrée  des  Vignes  venant  d'Amérique 
et  le  repeuplement  de  nos  Vignes,  uniquement  avec  des  ceps  français. 

»  Les  Vignes  américaines,  dit-on,  ne  sont  pas  indemnes  du  phylloxéra, 
puisque  c'est  par  elles  qu'il  a  été  introduit,  mais  elles  vivent  avec  lui. 
Elles  vivent  avec  lui,  oui,  par  suite  de  la  vigueur  de  végétation  qu'elles 
doivent  à  leur  climat  et  à  leur  sol  d'origine  ;  mais  dans  notre  pays,  dans 
nos  terrains  épuisés,  elles  perdront  bientôt  cette  vigueur  et  ne  résisteront 
pas  plus  que  les  nôtres. 

))  Ce  que  je  constate,  c'est  que  le  traitement  par  les  insecticides  et  par 
le  sulfate  de  carbone,  entre  autres,  ne  peut  avoir  d'efficacité  (ici  je  suis 
d'accord  avec  M.  Maurice  Girard)  qu'à  condition  qu'il  soit  employé  avec 
beaucoup  de  soins,  d'intelligence,  en  temps  convenable,  avec  une  grande 
surveillance,  tous  moyens  qui  ne  sont  pas  à  la  porté  de  tout  le  monde. 
Or  le  remède,  lorsqu'il  n'est  pas  accompagné  de  toutes  ces  conditions, 
est  bien  pis  que  le  mal  et  tue  son  malade,  ce  qui  l'empêche  d'être 
pratique. 

»  Quant  à  la  submersion,  on  en  a  souvent  reconnu  l'insuffisance,  et 
elle  est  même  généralement  nuisible  à  la  vigne. 

D  Pour  ce  qui  est  de  la  bonne  fumure  et  des  soins  de  culture  bien  ap- 
propriés, ils  réussissent  souvent,  on  pourrait  dire  presque  toujours, 
surtout  dans  les  terrains  pierreux  ou  sablonneux  du  Midi,  à  faire  lutter  la 
végétation  contre  l'insecte,  dont  souvent  elle  triomphe  et  Unit  par  se 
débarrasser. 

»  On  peut  constater  ce  fait  dans  certaines  contrées  du  Midi,  spéciale- 
ment en  Vaucluse,  où  beaucoup  de  cultivateurs  pratiques  persistent  à 
planter,  à  soigner  avec  courage  et  avec  raison,  selon  moi,  nos  bons  plants 
français. 

»  P.  S.  —  Le  plus  ou  moins  de  pression  atmosphérique  a  une  grande 
influence  sur  le  développement  des  végétaux.  C'est  là  qu'il  faut  chercher 
la  cause  qui  empêche  certaines  plantes  qui  croissent  au  sommet  des 
montagnes  de  végéter  dans  la  plaine  ou  d'y  acquérir  un  développement 
normal. 

»  D'une  note  deM.AUéon,  insérée  dans  la  Revue  de  zoologie  de  M.  Gué- 
rin-Méneville  (janvier  18G7),  il  résulte  que  la  Tourterelle  à  collier  haldte 
à  Constantinople  sur  les  arbres  des  jardins  et  dans  les  édifices.  Elle  y  est 
en  quelque  sorte  acclimatée,  domestiquée,  comme  le  Ramier  à  Paris,  et 
peut  donner  lieu  aux  mêmes  remarques  et  aux  mêmes  queslions.  » 

—  M.  F.  Jacquemin,  directeur  de  la  Compagnie  des  chemins  de  fer  de 
l'Est,  fait  connaître  que  la  Compagnie  a  procédé  à  des  essais  de  haies 
fruitières  sur  deux  lignes  de  son  réseau,  savoir  :  en  18G8,  de  lîar-sur- 
Seine  à  Chàlillon  (32  kilomètres),  et  en  1873,  de  Gretz  à  Coulommiers 
(33)  11  a  été  renoncé  à  ces  plantations  parce  quelles  ne  donnaient  pas 
de  résultats  satisfaisants. 


190  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

—  M.  Vavin  adresse  une  note  sur  la  culture  du  Physalis  edulis  et  sur 
l'ulilisalion  de  cette  plante  au  point  de  vue  de  l'alimentation  et  de  la 
thérapeutique. 

—  M.  Banmeyer  donne  lecture  d'une  note  sur  l'établissement  de  pisci- 
culture deChaulieu  (Manche). 

—  A  l'occasion  de  grands  travaux  d'irrigation  projetés  sur  différents 
points  de  la  France,  M.  Raveret-Waltel  appelle  l'attention  de  la  Société 
sur  les  conséquences  fâcheuses  qne  ces  travaux  pourraient  avoir  pour  la 
population  des  rivières,  dans  le  cas  où  des  mesures  protectrices  du  poisson 
ne  seraient  pas  prises  ;  il  signale,  parmi  les  moyens  proposés  pour  rendre 
les  irrigations  moins  destructives  du  poisson,  celui  qui  consiste  à  main- 
tenir toujours  un  filet  d'eau  dans  les  fossés  au  moyen  d'une  échancrure 
ménagée  à  la  base  des  vannes  d'alimentation. 

—  M.  le  vicomte  d'Esterno  ne  croit  pas  que  ce  moyen  puisse  être  très 
efficace,  attendu  que  si  l'on  peut  maintenir  de  l'eau  dans  les  canaux  les 
plus  voisins  de  la  rivière,  il  est  impossible  que  les  rigoles  ne  s'assèchent 
pas,  et  c'est  toujours  en  quantités  considérables  que  les  poissons  y  péris- 
sent. M.  le  vicomte  d'Esterno,  qui  pratique  les  irrigations  sur  une  très 
grande  échelle  dans  le  iMorvan,  a  pu  constater  combien  cette  opération 
est  funeste  pour  la  population  des  rivières;  mais  il  n'a  pu  jusqu'à  ce  jour 
trouver  un  moyen  réellement  efficace  pour  éviter  cet  inconvénient,  et  le 
fait  est  d'autant  plus  regrettable  que  dans  le  Morvan  les  rivières  sont 
très  favorables  pour  la  Truite. 

—  M.  de  Semallé  fait  remarquer  qu'en  général  les  personnes  qui  se 
sont  occupées  de  pisciculture  n'ont  guère  songé  qu'à  propager  la  Truite 
ou  le  Saumon,  alors  qu'il  y  aurait  grand  intérêt  à  propager  aussi  d'autres 
espèces  plus  faciles  à  obtenir,  telles  que  la  Carpe,  par  exemple.  M.  de 
Semallé  donne,  à  cette  occasion,  la  description  d'un  procédé  qui  lui 
paraîtrait  permettre  de  multiplier  abondamment  et  à  peu  de  frais  la 
Carpe  dans  les  canaux,  et  d'arriver  ainsi  à  un  repeuplement  rapide  des 
eaux  (voy.  au  Bidletin). 

—  M.  Millet  fait  remarquer  que  les  irrigations  ayant  une  importance 
très  grande  pour  l'agriculture,  il  est  à  désirer  qu'on  n'y  apporte  aucune 
entrave.  Notre  confrère  entre  à  ce  sujet  dans  quelques  détails  tirés  de 
son  livre  ayant  pour  titre  :  les  Merveilles  des  fleuves  et  des  ruisseaux. 
11  termine  en  émettant  l'avis  que  «  l'application  dans  la  mesure  la  plus 
rigoureuse  des  règlements  en  vigueur  sur  la  police  des  rivières  est  le 
moyen  d'avoir  dans  tous  les  cours  d'eau  d'abondantes  et  lucratives 
pêches  ». 

—  11  est  offert  à  la  bibliothèque  de  la  Société  : 

1»  Association  française  jwur  l'avancement  des  sciences,  compte 
rendu  de  la  10"  session.  Alger,  1881.  Paris,  1882,  au  secrétariat  de  l'As- 
sociation, 4,  rue  Antoine-Dubois,  1  vol.  inS°. 

2''  De  l'énergie  et  de  la  structure  musculaire  citez  les  Mollusques 


PROCÈS-VERBAUX.  191 

acéphales,  par  A.  Coutance.  Paris,  1879,  J.-B.  Baillière  et  fils,   19,  rue 
Haulefeuille,  in-8"  avec  2  planches.  (L'Auteur.) 

3°  Relations  des  Champignons  et  des  Algues  dans  la  constitution  des 
Lichens,  par  A.  Coutance.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  acadé- 
mique de  Brest).  Halegouet,  11,  rue  Kléber,  à  Brest,  in-18.  (L'Auteur.) 

i"  Expériences  de  bord,  établissant  que  les  minimum  de  salure  sont 
placés  sur  le  trajet  des  courants  et  les  maximum  hors  des  courants 
marins,  par  A.  Coutance  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  académique 
de  Brest).  Brest,  imp.  Gadreau,  in-18.  (L'Auteur.) 

5°  Analogies  du  climat  de  Brest  avec  celui  'de  l'époque  tertiaire, 
par  A.  Coutance  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  académique  de 
Brest).  Imp.  Gadreau,  in-18.  (L'Auteur.) 

6"  Là  Fontaine  et  la  philosophie  naturelle,  par  A.  Coutance.  Paris, 
1882,  C.  Beinwald,  lib.-éditeur,  in-8".  (L'Auteur.) 

1"  Le  Bouleau,  par  A.  Coutance.  Paris,  1881,  Berger-Levrault, 
éditeurs,  in-8%  2  tableaux,  1  planche.  (L'Auteur.) 

8°  La  lutte  pour  l'existence,  par  A.  Coutance.  Paris,  1882,  C.  Bein- 
wald, éditeur,  in-8".  (L'Auteur.) 

9°  Souvenirs  de  Leyde,  par  A.  Coutance  (Extrait  du  Bulletin  de  la 
Société  académique  de  Brest).  Brest,  imp.  Gadreau,  in-18.     (L'Auteur.) 

10°  Phénomènes  de  capillarité,  par  A.  Coutance  (Extrait  du  Bulletin 
de  la  Société  académique  de  Brest).  Brest,  imp.  F.  Halegouet,  in-18. 

(L'Auteur.) 

11"  Romains  et  Zoulous,  par  A.  Coutance  (Extrait  du  Bulletin  de  la 
Société  académique  de  Brest).  Brest,  imp.  Halegouet,  in-18.  (L'Auteur.) 

12°  Semis  d'arbres  fruitiers.  Expériences  de  M.  Tourasse,  proprié- 
taire à  Pau.  Pau,  imp.  Veronèse,  grand  in-8°.  (L'Auteur.) 

13°  Ostréiculture.  Appendice  à  ma  brochure  de  i87i,  par  le  docteur 
Kemmerer.  Typ.  V<'  Mareschal  et  E.  Martin,  in-18.  (L'Auteur.) 

U"  Note  sur  la  iS"  session  de  la  Société  pomologique  américaine, 
par  M.  Ch.  Joly  (Extrait  du  Journal  de  la  Société  nationale  d'horti- 
culture, 'd'  série,  t.  IV,  1882,  p.  377-380).  ln-18.  (L'Auteur.) 

15°  Description  des  produits  du  lac  de  Castel  Gandolfo  et  de  ses 
dépendances,  appartenant  à  M.  le  le  marquis  de  Lezzani.  la-i". 

Marquis  de  Lezzani. 

16»  The  déserts  of  Africa  and  Asia,  par  P.  de  Tchihatcheff  (llead  at 
the  Meeting  of  the  British  Association  for  the  Advancement  of  science, 
at  Southamplhon,  23  rd,  August  1882).  (L'Auteur.) 

17"  Instructions  pour  MM.  les  officiers  de  la  Marine  ([m  voudraient 
faire  des  collections  d'histoire  naturelle  destinées  au  Muséum  de  Paris. 
Paris,  1882,  Berger-Levrault  et  G'%  in-8".  Ministère  de  la  Marine. 

18"  Liste  générale  des  Mammifères  sujets  à  l'albinisme,  par  Elvezio 
Canloni,  traduction  de  l'italien  et  addition  par  Henri  Cadeau  de  Kerville. 
Bouen,  1882,  imp.  Léon  Ueshays,  in-8".  (Le  traducteur.) 


192  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

19"  De  l" action  du  Mouron  rouge  sur  les  oiseaux,  par  Henri  Gadeau 
de  Kerville  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  de  biologie,  séance  du  8 
juillet  1882).  Paris,  imp.  Ed.  Roussel,  in-8°.  (L'Auteur.) 

20°  Annual  Report  of  the  Commissioners  of  fisheries  of  ihe  state  of 
New- York  for  the  year  1881.  Albany,  1882,  in-8o.  M.  Seth  Green. 

21°  Rapport  du  Jury  international  sur  l'Exposition  universelle  de 
1878.  ln-8°.  Ministère  de  l'Agriculture. 

22°  La  Globulaire  Turbith,  par  le  docteur  Bertherand.  Alger,  1870, 
imp.  Aillaud  et  C'%  broch.  in-S"  (L'Auteur.) 

23°  Utilisation  de  Veau  de  fleurs  de  Citronnier,  par  le  docteur  l'.er- 
tlierand  (Extrait  du  Journal  de  médecine  et  de  pharmacie  de  l'Algérie 
(avril!  881).  (L'Auteur.) 

24°  Études  chimiques  et  médicales  sur  Vécorce  de  Sapotillier,  par 
le  docteur  Bertherand  (Extrait  du  Journal  de  médecine  et  de  pharmacie 
de  l'Algérie  (juillet  1881).  1  broch.  avec  planche.  (L'Auteur.) 


Le  Secrétaire  des  séances, 
G.  Raveret-Wattel. 


Erratum  au  procès-verbal  du  i9  janvier  1883.  —  Page  59,  ligne  27, 
au  lieu  de  Faure,  lisez  Fol. 


III.  EXTRAIT  DES  PROCÊS-VERBAUX  DES  SEANCES  DES  SECTIONS 


PREMIÈRE  SECTION 

SÉANCE   DU   13   FÉVRIER    1883. 
Présidence  de  M.  Saint-Yves  Ménard,  Vice-Président. 

M.  Gautier,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance,  lequel  est  adopté  sans  observation. 

—  M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  de  Fiennes,  qui 
offre  d'indiquer  aux  membres  de  la  Société  qui  le  désireront,  une  ma- 
nière de  piéger  la  Loutre  qui  lui  a  parfaitement  réussi  depuis  plusieurs 
années. 

—  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  fait  observer  qu'il  y  aura  lieu  d'insérer 
cette  lettre  dans  la  Chronique  et  dans  le  Bulletin. 

—  M.  Grisard  ajoute  qu'il  a  vu  M.  de  Fiennes,  et  que  ce  dernier  se 
propose  de  faire,  à  ce  sujet,  une  communication  spéciale  à  la  Section  de 
pisciculture  que  le  sujet  intéresse  particulièrement. 

La  1''^  Section  vote  des  remerciements  à  M.  de  Fiennes. 

—  Le  Secrétaire  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Pays-Mellier  ren- 
dant compte  des  résultats  obtenus  par  lui  dans  divers  cheptels  d'animaux, 
notamment  ceux  de  Cerfs-cochons,  qui  lui  ont  été  confiés  par  la  Société 
d'Acclimatation. 

A  ce  sujet,  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  ajoute  qu'aujourd'hui  l'expé- 
rience est  faite,  et  que  la  reproduction  des  Cerfs-cochons  en  liberté  dans 
des  parcs,  n'est  pas  un  fait  isolé.  11  cite  les  essais  faits  chez  M.  Roger, 
à  Cesson,  dans  un  terrain  relativement  froid,  et  par  cela  même  peu 
favorable.  La  Société  avait  envoyé  à  M.  Roger  un  lot  de  trois  Cerfs- 
cochons,  un  mâle  et  deux  femelles,  qui  dut  être  reconstitué  plusieurs 
fois,  l'un  des  mâles  ayant  été  tué  par  un  braconnier,  un  autre  étranglé 
par  un  lacet.  Pendant  quelque  temps,  on  vit  des  jeunes,  mais  sans  pou- 
voir apprécier  leur  nombre.  Enfin,  en  présence  des  dégâts  qu'ils  cau- 
saient aux  fleurs  et  aux  arbustes,  on  prit  la  résolution  de  les  panneauter. 
Le  panneautage  eut  lieu  non  sans  difficultés,  le  Cerf-cochon  ne  galopant 
pas  comme  le  cerf,  mais  filant  droit  comme  le  sanglier,  ce  qui  nécessita 
l'emploi  de  filets  très  résistants,  et  douze  animaux  furent  pris.  Il  y  avait 
six  ans  que  les  premiers  animaux  avaient  été  lâchés.  Il  est  donc  incon- 
testable que  le  Cerf-cochon  peut  réussir  comme  gibier.  Si  l'on  ajoute 
que  la  chair,  plus  blanche  que  celle  du  Chevreuil,  en  est  excellente,  on 
voit  que  l'importation  en  a  été  des  plus  utiles.  Il  complète  en  effet  la 
gamme,  si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi,  des  diverses  espèces  de  Cerfs,  du 

3°  SÉRIE,  T.  X.  —Mars  1883.  13 


194.  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

plus  petit  au  plus  grand,  et  permet  aux  chasseurs  de  peupler  leurs  bois 
avec  des  animaux  appropriés  à  leur  étendue.  Au-dessus  du  Cerf-cochon, 
gros  comme  un  chien  d'arrêt,  se  trouve  le  Daim,  puis  le  Cerf,  et  enfin  le 
Cerf  du  Canada,  le  plus  grand  de  tous. 

La  Section  adresse  ses  félicitations  à  M,  Pays-Mellier,  et  renvoie  sa 
lettre  à  la  Commission  des  récompenses. 

—  La  Section  adresse  également  des  remerciements  à  M.  Lataste  pour 
une  note  qu'il  lui  a  communiquée  sur  la  petite  Gerboise,  et  l'offre  qu'il 
fait  de  donner  des  individus  de  cette  espèce  aux  membres  de  la  Société 
qui  voudraient  l'étudier.  M.  Lataste  fait  ressortir  l'avantage  que  présente 
la  Gerboise  au  point  de  vue  de  l'étude  des  effets  de  la  domestication  sur 
les  races.  En  effet,  elle  est  petite,  n'a  aucune  odeur,  supérieure  en  cela 
aux  Rats  et  aux  Cobayes,  et  donne  six  portées  par  an;  les  petits  repro- 
duisent au  bout  de  deux  mois.  En  un  temps  restreint,  l'observateur  aura 
donc  vu  un  nombre  considérable  de  générations,  ce  qui  n'est  pas  possible 
avec  la  plupart  des  espèces  de  mammifères.  La  Section  renvoie  le  travail 
de  M.  Lataste  à  la  Commission  des  récompenses. 

—  M.  le  Président  rappelle  ensuite  à  la  Section  qu'elle  a  pris  en  con- 
sidération, dans  une  de  ses  dernières  séances  de  l'année  dernière,  la 
lettre  de  M.  le  marquis  de  Pruns  se  plaignant  de  ce  que  la  Chèvre  d'An- 
gora n'était  pas  admise  dans  les  Concours  régionaux  ;  que  celte  réclama- 
tion lui  a  paru  devoir  être  étendue  à  toutes  les  espèces  de  Chèvres,  et 
qu'il  serait  urgent  de  décider  quelle  suite  devait  lui  être  donnée.  Après 
avoir  entendu  les  observations  de  MM.  Dt-croix,  Roger  et  Geoffroy 
Saint-Hilaire,  la  Section  décide  qu'il  y  a  lieu  d'envoyer  à  tous  les  mem- 
bres de  la  Société,  ainsi  qu'aux  Sociétés  d'agriculture,  un  questionnaire 
qu'elle  rédige  séance  tenante.  Sur  l'observation  de  M.  Decroix,  elle 
décide  que  ce  questionnaire  devra  être  retourné  au  Président  de  la 
Société,  ce  mode  de  procéder  ayant  l'avantage  d'éviter  tout  retard. 

Enfin  elle  charge  M.  Gautier  de  préparer  un  travail  sur  cette  ques- 
tion lorsque  les  renseignements  auront  été  recueillis. 

Le  Secrétaire, 
Jules  G.\utier. 


DEUXIEME  SECTION 

SÉANCE    DU    13   FÉVRIER    1883. 
Présidence  de  M.  Millet. 

M.  le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  précé- 
dente. 

—  X  ce  propos,  M.  de  Barrau  de  Muratel  fait  remarquer  qu'il  a  vu, 
dans  le  midi  de  la  France,  et  surtout  dans  le  Tarn,  les  mêmes  passages 


PROCÈS-VERBAUX.  195 

de  Perdrix  grises,  signalés  par  M.  Millet  comme  une  espèce  particu- 
lière, qu'on  appelle  la  Roquette. 

—  M.  Gautier  en  a  vu  dans  le  centre  de  la  France,  et  même  dans  le 
déparlement  de  la  Seine. 

Le  procès-verbal  est  adopté. 

—  M.  Nelson=Paulier  écrit  de  Liste  (Dordogue),  sur  les  élevages  que 
la  Société  lui  a  confiés  en  cheptel,  et  insiste  particulièrement  sur  l'es- 
pace et  les  soins  hygiéniques  que  l'on  doit  donner  aux  oiseaux,  pour 
réussir  et  éviter  les  maladies. 

—  M.  Ed.  Pfannenschmid  écrit  de  Eniden  (Frise  orientale,  Pays-Bas), 
et  annonce  l'envoi  d'un  échantillon  d'une  nourriture  fortifiante  pour  les 

oiseaux,    dont    il   est  l'inventeur,   et  pouvant  remplacer  les  œufs  de 

fourmi,  et  demande  à  être  admis  candidat  pour  le  prix  de  500  francs,  à 
décerner  à  la  personne  qui  présentera  une  nourriture  nouvelle,  peu  coû- 
teuse et  pouvant  remplacer  les  œufs  de  fourmi  pour  la  nourriture  des 

Faisans . 
Cette     préparation   consiste   en    Crangon    vulgaris  (petite  crevette 

grise)  desséchée  et  broyée  finement,  que  l'on  ajoute  à  du  pain  ou  du  lait 
caillé. 

—  M.  Ménard  dit  qu'il  y  aurait  lieu  d'essayer  cette  préparalion  avant 
d'envoyer  cette  communication  à  la  Commission  des  récompenses. 

—  M.  le  Président  consulte  la  Section,  qui  décide  de  faire  l'expéri- 
mentation de  cette  composition,  et  prie  M.  l'Agent  général  de  vouloir 
bien  inviter  M.  Pfannenschmid  à  envoyer  à  la  Société  un  échantillon  de 
oO  kilogrammes  au  moins  pour  en  faire  l'essai. 

—  M.  le  marquis  de  Pruns  écrit  de  Brassac-les-Mines,  sur  les  ten- 
dances à  l'albinisme,  des  végétaux  et  animaux  dans  la  vallée  de  la 
Limagne  d'Auvergne.  11  a  observé  principalement. ces  effets  sur  les 
Canards  du  Labrador,  les  Vaches  de  Salers,  les  Pigeons  noirs  et  Faisans 
dorés,  qui,  à  la  troisième  génération,  ont  les  teintes  plus  pâles  et  sur 
les  oiseaux  des  plumes  blanches  apparaissent;  enfin,  les  arbres  teintés 
de  rouge,  telsque  le  Hêtre  pourpre.  Noisetiers  de  Byzance,  etc.,  pâlis- 
sent et  deviennent  presque  verts. 

M.  le  marquis  de  Pruns  pense  que  ces  effets  sont  dus  au  manque  de 
sels  calcaires  et  de  fer  dans  le  sol. 

—  M.  de  Harrau  de  Muratel  a  observé  les  mêmes  effets  sur  ses  Canards 
du  Labrador, 

—  31.  Ménard  dit  que  cet  effet  d'albinisme  est  dû  à  la  domestication, 
et  que  l'on  trouve  pour  le  Canard  Labrador  le  fait  analogue  avec  le 
Dindon  sauvage,  qui  offre,  parla  domestication,  les  variétés  :  blanche, 
rouge,  etc.,  et  que  ces  transformations  peuvent  se  rencontrer  partout. 
11  ajoute  qu'il  a  peine  à  croire  à  une  influence  du  sol. 

—  M.  Dybowski  fait  observer  qu'il  a  vu  à  l'école  de  Grignon,  ce  même 
effet  d'albinisme  se  reproduire  sur  le  Lapin  de  garenne,  qui  donnait  en 


196  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

captivité,  après  plusieurs  générations,  des  produits  taclietés  de  blanc. 
M.  Sturne  demande  si  M.  le  marquis  de  Pruns  a  fait  faire  une  ana- 
lyse chimique  du  sol. 

—  M.  le  Président  pense  qu'il  serait  utile  d'écrire  à  l'auteur  de  celte 
commùnicalion  pour  avoir  une  analyse  exacte  du  sol. 

La  Section  adopte . 

—  M.  Millet  émet  le  vœu  que  l'on  publie  dans  le  prochain  numéro  de 
la  Chronique,  un  questionnaire  ayant  trait  aux  dates  de  l'arrivée  des 
oiseaux  de  passage  dans  les  diverses  régions  de  la  France.  Il  annonce 
qu'il  a  déjà  vu  cette  année  la  Fauvette  à  lêle  noire. 

—  M.  de  Barrau  de  Muratel  dit  qu'il  existe  déjà  une  feuille  analogue 
dressée  par  le  Jlinistère  de  l'Instruction  publique. 

Le  Secrétaire, 

Gustave  Sturne. 


TROISIEME  SECTION 

PROCÈS-VERBAL.  —  SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  1883. 

Présidence  de  M.  Vaillant. 

En  l'absence  de  MM.  les  Secrétaire  et  Vice-Secrétaire,  M.  le  Président 
prie  M.  Gautier  de  remplir  les  fonctions  de  Secrétaire. 
Lecture  est  donnée  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance. 

—  M.  Millet  fait  remarquer  qu'il  n'a  fait,  relativement  aux  Saumons, 
que  rapporter  l'opinion  de  M.  Le  Paute. 

Le  procès-verbal  est  adopté  sans  autre  observation. 

—  La  parole  est  donnée  à  M.  de  Fiennes,  qui  a  obligeamment  offert  de 
communiquer  à  ses  collègues  les  moyens  employés  par  lui  pour  prendre 
les  Loutres  au  piège,  moyens  qui  lui  ont  parfaitement  réussi. 

M.  de  Fiennes  raconte  que,  propriétaire,  dans  les  Ardennes,  d'un  do- 
maine où  se  trouvent  une  rivière  courante  et  quatre  étangs,  il  n'a  pu, 
mal<^ré  tous  ses  efforts  et  de  nombreuses  nuits  passées  à  l'affût,  se 
débarrasser  des  Loutres  qui  les  ravageaient,  jusqu'à  ce  qu'un  de  ses 
amis,  député  des  Ardennes,  lui  eût  envoyé  un  trappeur  fort  habile,  qui 
lui  a  enseigné  toute  une  série  de  précautions  nécessaires  pour  les  piéger. 
Depuis  cette  époque,  il  a  pris  di.\-huit  Loutres  :  deux  seulement  se  sont 
enfuies  avec  le  piège,  qui  n'était  pas  fixé  assez  solidement  en  terre. 

M.  de  Fiennes  se  sert  du  piège  allemand  :  il  le  fait  fabriquer  par  le 
serrurier  du  village.  11  faut  seulement  que  ce  piège  soit  très  délicat,  la 
Loutre  étant  à  la  fois  forte,  rusée  et  très  souple.  On  n'y  met  point 
d'appât;  car,  à  l'inverse  du  Renard,  la  Loutre  ne  prend  aucun  appât.  On 
le  tend  à  la  place  où  l'on  a  reconnu  ses  traces;  ces  traces  sont  faciles  à 
reconnaître,  non  seulement  par  l'empreinte  de  sa  patte  palmée  sur  la 


PROCÈS-VERBAUX.  197 

terre  mouillée,  mais  aussi  par  ses  laissées.  En  effet,  la  Loutre  n'est  pas 
amphibie,  et  choisit  en  général  un  endroit  sec  et  propre  pour  y  venir 
faire  ses  besoins. 

Le  piège  doit  être  bien  entretenu  et  ne  pas  avoir  de  rouille,  car  l'o- 
deur de  la  rouille  éloignerait  la  Loutre.  Pour  l'éviter,  ou  le  met  dans 
de  l'eau  oîi  l'on  fait  bouillir  du  genêt,  et  on  l'essuie  doucement  ensuite. 
Mais  le  piégeur  ne  doit  pas  sentir  le  tabac;  aussi  M.  de  Fiennes  lui  fait- 
il  mettre  un  bandeau  sur  la  bouche.  Pour  éviter  que  la  Loutre  ne  sente 
l'homme,  on  place  une  planche  sur  laquelle  il  se  tient  pendant  qu'il  tend 
le  piège.  Il  doit  également  se  frotter  les  mains  et  frotter  le  piège  et  sa 
chaîne  avec  du  poireau,  dont  l'odeur  très  forte  dissimule  ce  qui  pourrait 
rester  d'émanations  humaines.  On  frotte  de  même  la  mousse  et  les  feuilles 
destinées  à  recouvrir  le  piège.  Enfin,  le  piégeur  jette  sur  le  piège  de  la 
terre  qu'il  a  eu  soin  de  prendre  au  même  endroit,  et  qu'il  arrose  dou- 
cement, toujours  pour  éviter  qu'il  ne  reste  une  odeur  qui  suffirait  pour 
que  la  Loutre  ne  reparût  plus  au  même  endroit.  L'heure  la  meilleure 
pour  tendre  est  midi,  de  façon  à  ce  qu'il  s'écoule  un  long  espace  de 
temps  avant  le  passage  de  l'animal. 

M.  le  Président  remercie  M.  de  Fiennes  de  son  intéressante  communi- 
cation, et  l'engage  à  la  renouveler  en  assemblée  générale. 

—  A  propos  de  la  destruction  de  la  Loutre,  M.  Millet  cite  un  piégeur 
des  Ardennes  qui  emploie  un  onguent  destiné,  comme  le  poireau,  à 
dissimuler  l'odeur  de  l'homme.  Il  cite  également  les  moyens  employés 
au  moment  du  frai  des  Truites  pour  effrayer  les  Loutres.  C'est  d'abord 
de  tendre  une  corde  sur  laquelle  on  attache  des  bouts  de  papier  blanc 
ou  mieux  des  morceaux  de  porcelaine  blanche  faits  exprès  pour  cet 
usage,  et  ensuite  de  tendre  des  fils  de  fer  épineux,  non  seulement  sur  le 
bord  de  l'eau,  mais  dans  l'eau  même.  Ces  moyens,  toutefois,  ne  sont  pas 
praticables  pour  les  étangs.  M.  Millet  ajoute  que  la  Loutre  s'apprivoise 
facilement,  et  qu'il  en  a  possédé  une  devenue  aussi  caressante  qu'un 
chat;  certaines  personnes  les  dressent  même,  paraît-il,  à  prendre  du 
poisson  et  à  le  rapporter  à  leur  maître. 

—  M.  Vaillant,  président,  étant  obligé  de  quitter  la  séance,  M.  Maurice 
Girard  prend  la  présidence.  L'ordre  du  jour  appelle  la  suite  de  la  dis- 
cussion sur  les  échelles  à  Saumons. 

—  M.  Millet  ayant  demandé  si,  dans  le  système  présenté  à  la  Société, 
les  plaquettes  en  bois  n'ont  pas  l'inconvénient  d'éclater  par  la  gelée, 
M.  Uaveret-Wattel  répond  que  le  bois  est  employé  parce  qu'il  est  plus 
économique;  (|ue  de  plus,  ces  palettes  ne  présentent  pas  cet  inconvé- 
nient puisqu'elles  sont  employées  dans  le  Nord  et  au  Canada  oîi  il  fait 
froid  :  on  his  protège  seulement  contre  le  bois  à  flotter  qui  pourrait  tout 
briser.  D'ailleurs,  la  congélation  de  l'eau  est  rare,  car  l'échelle  est 
placée  dans  un  rapide.  En  résumé,  les  échelles  du  syslème  présenté  ont 

l'avantage  d'être   facilement    accessibles    et   faciles  à  franchir  pour  le 


198  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Saumon  qui  préfère  monter  d'un  seul  bond  plutôt  que  par  des  bonds 
successifs;  elles  coûtent  moins  cher  à  établir  (le  prix  de  revient  est  au 
Canada  de  150  à  200  francs  pour  un  mètre  de  hauteur),  et  sont  d'un 
entretien  peu  coûteux;  enfin  elles  présentent  l'avantage  de  fonctionner 
sans  exiger  trop  d'eau,  ce  qui  aurait  pour  effet  de  diminuer  la  force 
motrice  du  cours  d'eau  où  elles  sont  placées,  et  de  porter  par  là  môme 
préjudice  aux  usiniers  voisins. 

—  M.  Millet  donne  lecture  des  résultats  obtenus;  il  existe  en  France 
163  échelles,  dont  23  donnent  de  très  bons  résultats,  13  des  résultats 
assez  bons;  tout  le  reste  est  mauvais.  Il  ajoute  que  les  mauvais  résultats 
proviennent  peut-être  plutôt  des  endroits  où  elles  sont  placées  que  des 
défectuosités  du  système  des  échelles. 

—  M.  le  Président  fait  remarquer  que  le  Saumon  ne   se  trouve  pas 
dans  les  pays  chauds  :  il  ne  dépasse  guère  le  Portugal. 

Poîir  le  Secrétaire, 

Jules  Gautier. 


QUATRIÈME  SECTION. 

SÉANCE  DU  27  FÉVRIER  1883. 

Présidence  de  M.  Jules  Fallou,  Vice-Président. 

M.  X.  Dybowski,  vice-secrétaire,  lit  le  procès-verbal  de  la  dernière 
séance,  qui  est  adopté. 

—  M.  Grisard  annonce  que  M.  le  comte  G.  Gasati  a  envoyé  40 grammes 
de  graine  de  Vers  à  soie  du  mûrier,  et  la  Section  décide  de  les  distribuer 
entre  les  différents  membres  qui  s'occupent  de  sériciculture  ainsi  qu'à 
l'école  d'agriculture  de  Grignon  et  aux  stations  séricicoles. 

M.  Grisard  lit  ensuite  un  article  àa  Bulletin  de  Vinseciologie  agricole 
relatif  à  l'empoisonnement  des  Abeilles  par  l'Eucalyptus  Red  Gum,  à 
Palestre,  province  d'Alger,  et  demande  si  ce  fait  a  déjà  été  observé  en 
Australie,  patrie  de  Y  Eucalyptus;  il  serait  istéressant  d'être  renseigné 
sur  ce  point. 

—  M.  Fallou  s'étonne  que  les  Abeilles,  et  les  insectes  en  général  man- 
gent des  plantes  qui  les  empoisonnent. 

—  M.  Maurice  Girard  rend  compte  d'un  mémoire  (voy.  au  Bulletin)  àe 
M.  Louis  Boulan,  délégué  à  l'exposition  de  Melbourne,  il  y  a  trois  ans. 
On  parlait  à  Melbourne  d'une  maladie  inconnue  jusqu'alors  attaquant  la 
vigne  dans  plusieurs  provinces  de  l'Australie. 

On  forma  une  commission.  Celle-ci  fit  une  excursion  à  Geelong  à 
(JO  kilomètres  de  Melbourne,  où  on  a  l'habitude  de  planter  les  vignes 
très  serrées.  Ce  sont  des  Suisses  qui  la  cultivent. 


PROCÈS-VERBAUX.  199 

M.  Boutan  était  le  seul  de  la  commission  qui  connût  le  phylloxéra,  et 
il  ne  tarda  pas  à  voir,  par  des  taches  caractéristiques,  que  la  maladie  des 
vignobles  était  le  phylloxéra.  Dans  certains  endroits,  en  contre-bas,  le 
parasite  ne  se  trouvait  pas  sur  les  racines  parce  que  ces  endroits  avaient 
été  inondés  pendant  assez  longtemps. 

M.  Boutan  affirme  que  ce  phylloxéra,  qui  est  le  même  d'ailleurs  que 
le  nôtre,  le  Vastalrix,  a  été  importé  par  des  cépages  français  à  Gee- 
long. 

Dès  que  cette  fâcheuse  découverte  a  été  faite,  la  commission  fit  un 
rapport  au  parlement,  et  celui-ci  vota  une  loi  établissant  des  syndicats. 
Les  viticulteurs  de  trois  provinces:  de  Victoria,  delà  xNouvelle-Galies  du 
Sud  et  d'Adélaïde  se  sont  déjà  constitués  en  syndicats  en  s'imposant  une 
somme  de  4000  livres,  au  moyen  d'un  impôt  de  six  scheUings  par  acre 
de  vigne. 

Les  imposés,  quand  ils  ont  leurs  vignobles  atteints  du  phylloxéra, 
reçoivent  une  indemnité  s'élevant  à  la  valeur  de  deux  ans  de  récolte,  et 
leurs  cépages  sont  arrachés  aux  frais  du  syndicat.  La  loi  est,  du  reste, 
très  sévère,  et  les  viticulteurs  non  syndiqués  sont  obligés  d'arracher 
leurs  vignes  à  leurs  frais,  dès  que  le  phylloxéra  les  a  atteintes,  et  ils 
ne  reçoivent  aucun  dédommagement. 

M.  M.  Girard  dit  que  semblables  mesures  devraient  être  prises  en 
Algérie  dans  le  cas  où  le  phylloxéra  y  ferait  invasion. 

Les  limites  d'arrachage,  en  Australie,  sont  d'un  mille  autour  des  taches. 
Mais  celte  distance  est  insuffisante,  car  le  phylloxéra  ailé  se  transporte 
à  des  distances  plus  considérables. 

M.  M.  Girard  annonce  ensuite  qu'il  va  faire  une  conférence,  le  28  fé- 
vrier, sur  le  phylloxéra,  à  Soissons.  Il  estime  que  dans  le  Nord  l'invasion 
de  ce  parasite  marche  très  lentement.  Ainsi,  aux  environs  d'Orléans,  oîi 
il  existe  depuis  dix  ans,  il  reste  stationnaire.  C'est  que  le  climat  ne  lui 
est  pas  propice;  sans  soins  les  environs  de  Paris  seraient  phylloxérés 
depuis  longtemps. 

Le  Vice-secrétaire, 
Xav.  Dybowski. 


200  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

CINQUIÈME   SECTION. 

SÉANCE    DU    6    MARS    1883. 
Présidence  de  M.  Paillieux,  vice-président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

—  M.  Vavin  distribue  des  graines  de  Fenouil  de  Florence,  reçues  di- 
rectement d'Italie,  —  de  Betterave  d'Egypte  récoltées  sur  une  racine  qui 
mesurait  65  centimètres  de  circonférence,  —  de  Maïs  du  Gabon  provenant 
d'un  pied  de  4", 50  de  haut  et  de  Zapallito  de  tronco. 

—  M.  de  Barrau  de  Muratel  rend  compte  de  ses  essais  de  culture  des 
graines  distribuées  en  séance  de  la  Section  : 

Le  Physalis  Peruviana  a  parfaitement  réussi,  et  a  produit  beaucoup; 
la  maturité  a  été  arrêtée  par  un  refroidissement  considérable  de  la  tem- 
pérature arrivé  le  12  septembre.  Les  fruits  ont  été  essayés  en  confiture 
qui  a  été  trouvée  assez  bonne,  mais  désagréable  à  manger  à  cause  des 
nombreuses  graines. 

Le  Soya  d'Etampes  a  bien  mûri  et  a  produit  beaucoup,  mais  n'a  pas 
été  trouvé  de  bon  goût  pour  la  cuisine.  Essayé  dans  la  montagne  à  630 
mètres,  il  n'a  pas  mûri. 

Le  Soya  vert  du  Japon  donné  comme  hâtif  s'est  montré,  au  contraire, 
plus  tardif  de  huit  à  dix  jours;  il  n'a  pas  été  dégusté. 

La  Courge  de  Siam  a  mal  réussi  et  n'a  pas  mûri  ;  quant  à  la'Courge 
meloniforme  du  Japon,  elle  se  fend  avant  la  maturité,  qui  s'effectue  mal 
du  reste  ;  la  chair  en  est  très  sèche. 

La  Courge  de  Boston,  très  coureuse  (certaines  branches  ont  atteint 
8  mètres  de  long),  a  une  chair  peu  abondante,  très  dure  et  très  sèche; 
elle  ne  paniît  pas  propre  au  climat  du  Midi. 

Le  Concombre  du  Sikkim  a  bien  réussi  ;  les  fruits  sont  abondants  et  de 
bonne  qualité;  il  ne  parait  en  rien  supérieur  au  Concombre  ordinaire. 

Le  Melon  blanc  du  Japon  (Shiro  uri)  et  le  Haricot  cerise  à  rames  du 
Japon  n'ont  pas  réussi. 

La  Chufa  d'Espagne  a  passablement  réussi  malgré  la  sécheresse  qui 
a  duré  jusqu'en  septembre. 

M.  de  Muratel  dépose  sur  le  bureau  un  échantillon  du  produit  obtenu. 

L'Aubergine  de  New-York  réussit  bien,  et  est  très  belle. 

La  Laitue  frisée  de  Californie  monte  lentement  en  graine,  c'est  là  son 
mérite,  elle  a  bien  résisté  aux  deux  derniers  hivers,  mais  ces  hivers  ont 
été  tellement  doux  que  l'expérience  n'est  pas  concluante. 

Deux  grains  de  café  (don  de  M.  Hédiard),  le  Silaus  Besseri,  et  le  Tal- 
ruda  d'Algérie  n'ont  pas  levé. 

Le  Yage  nari  [Phaseolus  radiatus)  a  réussi,  le  produit  peu  abondant 
a  été  gardé  pour  être  semé  cette  année. 


PROCÈS-VERBAUX.  201 

Deux  graines  d'une  Légumineuse  de  la  Martinique  (Canavalia)  don- 
nées par  M.  Hédiard  ont  produit  deux  plantes  tenues  en  serre  chaude. 
L'une  d'elles  est  déposée  sur  le  bureau. 

La  Courge  qui  réussit  le  mieux  dans  le  Tarn,  département  habité  par 
notre  collègue,  est  une  courge  cultivée  depuis  fort  longtemps,  très  ana- 
logue à  la  courge  pleine  de  Naples,  mais  beaucoup  plus  grosse. 

M.  de  Barrau  de  Miiralel  présente  ensuite  des  conlîtures  de  Pastèque  à 
graine  rouge;  ces  confitures  sont  trouvées  très  bonnes,  et  cependant  le 
fruit  cru  est  de  très  médiocre  qualité. 

—  M.  Paillieux  donne  lecture  d'un  mémoire  sur  divers  végétaux  propres 
à  former  des  pickles. 

MM.  Hédiard,  Rieffel  et  de  Muratel  veulent  bien  se  charger  de  la  dé- 
gustation des  préparations  faites  par  les  soins  de  M.  Paillieux  et  d'en 
rendre  compte  dans  la  prochaine  séance. 

—  A  cette  occasion  M.  Chappellier  signale  comme  succédané  du  Corni- 
chon et  le  remplaçant  avantageusement  les  conserves  de  petits  Melons. 

—  M.  Hédiard  fait  observer  que  ces  petits  Melons  sont  en  effet  excel- 
lents, mais  qu'il  faut  les  manger  frais,  car  au  bout  de  peu  de  temps  ils  se 
ramollissent  complètement.  On  les  trouvait  autrefois  facilement  aux 
Halles  et  à  bon  compte,  mais  aujourd'hui  ils  sont  plus  recherchés  et  leur 
valeur  a  décuplé. 

A  propos  de  l'Angourie  dont  il  est  question  dans  le  mémoire  de  M.  Pail- 
lieux, M.  Hédiard  fait  connaître  qu'à  Bourbon  et  à  Maurice  on  cultive 
un  légume  tout  à  fait  semblable,  mais  un  peu  plus  gros,  il  a  la  taille  d'un 
marron  d'Inde  ;  ce  légume,  nommé  Margausse,  se  conserve  dans  le  sel 
et  par  son  goût  amer  il  excite  l'appétit. 

—  M.  Vavin  rappelle  que  l'on  fait  avec  le  Physalis  edidis  un  excellent 
sirop  pour  les  bronchites;  on  peut  encore  confire  les  fruits  au  vinaigre 
et  les  manger  comme  cornichons. 

—  M.  Paillieux  dit  qu'il  a  fait  faire  avec  les  ivu'ils  du  P.  Peruviana  un 
sirop  qui  rappelle  le  sirop  de  gomme  et  doit  jouir  des  mêmes  pro- 
priétés. 

—  M.  Millet  confirme  ce  que  vient  de  dire  M.  Vavin,  il  a  fait  lui-même 
usage  du  sirop  de  Physalis  et  s'en  est  fort  bien  trouvé. 

Notre  confrère  donne  ensuite  quelques  détails  sur  la  maladie  des 
Pommes  de  terre  qui,  dans  l'Aisne  et  les  Ardennes,  a  sévi  d'une  façon 
désastreuse. 

M.  Millet  a  eu  l'idée  d'employer  pour  cette  culture  les  résidus  de  la 
combustion  des  cokes  et  charbons  de  terre  qui,  dans  ces  terrains  com- 
pacts et  humides,  agissant  à  la  fois  comme  fertilisants  et  comme  diviseurs, 
lui  ont  donné  d'excellents  résultats;  il  s'est  servi  également  avec  succès 
du  marc  de  café. 

—  M.  Manceau  préconise  l'emploi  de  la  sciure  de  bois  pour  les  terrains 
forts 


202  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

—  A  ce  propos  M.  Nicard  dit  qu'on  ne  peut  tirer  aucun  parti  de  la 
sciure  pure,  dans  laquelle  aucune  plante  ne  pousse. 

M.  Millet  fait  connaître  qu'à  la  section  d'horticulture  de  la  Société 

des  Agriculteurs  de  France,  M.  Michelin  avait  fait  la  motion  de  planter 
les  routes  en  arbres  fruitiers,  mais  qu'en  présence  du  peu  de  bénéfice 
qu'il  était  possible  d'en  tirer,  vu  les  causes  multiples  de  destruction,  il 
avait  semblé  préférable  à  notre  confrère  de  proposer  des  plantations 
d'arbres  forestiers:  peupliers,  ormes,  etc.,  qui  au  bout  de  quelques 
années  deviennent  une  source  de  revenu  pour  la  commune. 

La  proposition  de  M.  Michelin  a  été  repoussée  et  celle  de  M.  Millet 
adoptée  par  la  Société  des  Agriculteurs. 

—  A  ce  propos,  M.  J.  Grisard  rappelle  que  la  Compagnie  des  chemins 
de  fer  de  l'Est  a  fait  clore  par  des  arbres  fruitiers,  disposés  en  espalier, 
une  certaine  partie  de  ses  lignes,  et  que  les  résultats  ont  été  nuls. 

Le  Secrétaire, 

Jules  Grisard. 


IV.  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE 


Incubation  artificielle  d'oeufs  de  Casoai*. 

Lettre  adressée  à  M.  le  Secrétaire  général. 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  envoyer  les  renseignements  suivants  sur  l'in- 
cubation des  œufsdeCasoar  que  vous  avez  eu  l'obligeance  de  nie  confier, 
incubation  qui  a  parfaitement  réussi  comme  je  vous  l'explique  ci- 
dessous. 

»  Le  H  janvier  dernier,  j'emportai  du  Jardin  d'Acclimatation  i  œufs, 
dont  un,  le  premier  pondu,  était  beaucoup  plus  petit  que  les  3  autres. 
Je  les  laissai  reposer  deux  jours,  et  le  13  au  soir,  je  les  mis  dans  ma 
couveuse  artificielle.  Cet  appareil,  dont  j'ai  fait  la  description  dans  le 
Bulletin  de  la  Société,  est  chauffé  au  gaz;  il  est  muni  d'un  régulateur  de 
température  empêchant  complètement  les  excès  de  chaleur. 

Cette  couveuse  est  installée  dans  une  boutique  sur  la  rue,  à  1  mètre 
de  trottoir,  près  d'une  porte  dont  le  timbre  résonne  très  fort;  il  a  passé 
dans  la  rue,  pendant  tout  le  temps  de  l'incubation,  des  voitures  et  des 
fardiers  conduisant  les  matériaux  du  chemin  de  fer  de  grande  ceinture 
en  construction  dans  nos  parages.  Je  mets  tous  ces  détails  pour  montrer 
que  le  bruit  et  la  trépidation  ne  nuisent  en  aucune  façon  à  la  bonne 
venue  des  élèves  quand  l'appareil  possède  toutes  les  chances  de  réussite. 

J'ai  remarqué  souvent  que  plus  les  oiseaux  sont  gros,  moins  ils  déve- 
loppent de  chaleur;  je  réglais  donc  ma  couveuse  à  2  degrés  de  moins 
que  pour  les  poulets. 

»  Je  n'ai  pas  de  regret  de  cette  manière  d'agir,  car  le  25  février,  ayant 
mis  nies  œufs  sur  le  verre  de  la  couveuse,  je  constatai  que  3  d'entre  eux 
étaient  animés,  et  que  les  petits  remuaient  déjà  dans  la  coquille;  le 
quatrième  œuf  était  clair.  Je  recommençai  cette  opération  tous  les  trois 
ou  quatre  jours,  et  les  mouvements  devinrent  de  plus  en  plus  accentués. 
Vers  le  10  mars,  ou  entendait  parfaitement  le  cri  des  petits. 

»  Le  12,  un  des  œufs  était  bêché,  mais  le  jeune  'ne  put  sortir  complè- 
tement, car  une  membrane  de  chair  reliait  le  dessus  de  la  tète  avec 
l'abdomen;  ce  phénomène,  excessivement  curieux,  s'était  complètement 
développé,  malgré  sa  monstruosité.  Je  l'envoyai  à  M.  le  professeur  Ca- 
mille Daresie,  qui  le  présenta,  quelques  jours  après  à  une  séance  de 
notre  Société. 

»  Le  13,  un  deuxième  petit  Casoar  commençait  à  bêcher  l'œuf  vers  six 
heures  du  soir,  et  sortait  très  vigoureux  à  dixheures  et  demie.  Cinq  jours 
après,  le  18  mars,  après  (34  jours  d'incubation,  le  dernier  jeune  bêchait 
vers  huit  heures  du  malin,  et  sortait  complètement  deux  heures  après. 


204  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

î  Ces  oiseaux  sont  très  rustiques,  peu  farouches,  mangent  dans  la 
main,  et  trottent  on  ne  peut  mieux  au  bout  de  deux  à  trois  jours. 

»  Mal<^ré  ce  qui  a  été  dit,  les  poussins  bêclient  eux-mêmes  la  coquille, 
absolument  comme  les  Pintades;  les  parents  ne  doivent  nullement  les 
aidera  sortir;  ils  font    même  cette   besogne  avec  beaucoup  de  facilité. 

»  Les  œufs  se  trouvent  bêchés,  comme  je  vous  l'ai  dit,  au  commence- 
ment de  la  chambre  à  air,  qu'ils  percent  avant,  et  non  à  l'extrémité 
comme  on  me  l'avait  affirmé.  Cette  chambre  à  air  se  trouve  très  petite, 
el  les  œufs  mis  dans  l'eau  la  veille  d^  l'incubation,  ne  dépassaient  le 
niveau  que  de  1  centimètre. 

»  Je  crois,  du  reste,  que  c'est  la  première  fois  que  des  Casoars  éclo- 
sent  dans  une  couveuse,  dans  laquelle  ils  restent  depuis  le  commence- 
ment de  l'incubation,  c'est-à-dire  de  cinquante-huit  à  soixante-quatre 
jours. 

»  J'ajouterai  que  mes  charmants  élèves  vivent  parfaitement;  ils  ont 
une  éleveuse  artificielle  avec  parc  de  gazon;  ils  rentrent  d'eux-mêmes 
chercher  la  chaleur.  Je  les  nourris  avec  de  la  pâtée  composée  d'œufs 
durs  avec  coquille,  pain  rassi,  salade  et  cœur  de  bœuf,  le  tout  haché  un 
peu  gros. 

»  Les  premiers  jours,  je  leur  donnai  des  vers  de  terre,  dont  ils  étaient 
très  friands;  mais  j'ai  dû  renoncer  à  cet  aliment  qui  était  trop  laxatif. 

»  Ils  ne  boivent  que  vers  le  sixième  jour. 

»  La  croissance  de  ces  animaux  est  prodigieuse.  Aimant,  du  reste, 
beaucoup  à  me  rendre  compte  des  choses,  je  pesai  ces  Casoars  à  leur 
naissance;  leur  poids  était,  le  premier  jour,  de  320  grammes  chaque; 
7  jours  après,  de  530  grammes;  7  jours  plus  tard,  de  835  grammes  ; 
et  encore,  7  jours  après,  de  1180  grammes. 

»  L'augmentation  du  poids  était  donc,  le  premier  jour,  de  15  à  16 

grammes;  cette  augmentation  est  maintenant  de  45  à  50  grammes  par 

jour.  La  consommation  de  nourriture,  qui  était  d'environ  100  grammes 

les  premiers  jours,  par  oiseau,  est  maintenant  de  270  à  300  grammes. 

))  Vers  l'âge  de  15  jours,  l'aîné  était  devenu  triste  et  ne  mangeait 
plus.  Je  lui  administrai  alors  1  gramme  d'aloès  et  de  semen-contra  :  la 
santé  et  l'appétit  lui  revinrent,  six  heures  après. 

ï  Ces  animaux  dorment  les  pattes  repliées  sous  le  corps,  le  cou  tendu 
et  le  bec  perpendiculaire  au  sol.  J'ai  suspendu,  dans  l'éleveuse,  un  fort 
plumeau,  sur  lequel  ils  aiment  se  rouler  et  lisser  leur  duvet. 

»  J'espère  que  maintenant  ces  animaux  continueront  à  bien  venir  et 
je  vous  tiendrai,  du  reste,  au  courant  de  leurs  faits  et  gestes,  si  toutefois 
cela  peut  vous  intéresser. 

ï  Recevez,  Monsieur,  etc. 

»   A.  BOUCHEREAUX.  )) 


FAITS   DIVERS   ET   EXTRAITS   DE    CORRESPONDANCE.        205 


Reprodtictiou  du  Saiiiuon  de  Californie, 
à  raquariiini  du  Trocadéi'o. 

Le  25  octobre  i878,  raquarium  du  Trocadéro  recevait  de  la  Société 
nationale  d'Acclimatation  un  millier  d'oeufs  de  Saumon  de  Californie 
(Oncorhijnchus  quinnat),  provenant  d'un  envoi  fait  par  M.  Spencer 
F.  Baird,  commissaire  des  pêcheries  des  États-Unis.  Ces  œufs  ne  tardè- 
rent pas  à  éclore.  Les  alevins  étaient  très  vigoureux  et  leur  développe- 
ment fut  assez  rapide. 

Abondamment  nourris  de  chair  de  poisson  blanc  hachée,  les  jeunes 
Saumons  atteignirent,  en  l'espace  d'une  année,  un  poids  moyen  de 
250  grammes.  Ils  supportaient  parfaitement  leur  élevage  en  stabula- 
tion,  et  les  pertes  étaient  relativement  insignifiantes. 

Deux  ans  plus  tard,  les  saumoneaux  étaient  devenus  de  très  beaux 
poissons.  Quelques-uns  pesaient  jusqu'à  ^kilogrammes.  En  octobre  1881, 
plusieurs  sujets  donnaient  des  signes  évidents  de  frai.  Des  fécondations 
artificielles  furent  essayées;  mais  les  œufs  récoltés  paraissaient  mal  dé- 
veloppés et  ne  donnèrent  aucun  résultat.        , 

L'année  suivante,  1882,  au  mois  d'octobre  également,  le  désir  de 
frayer  se  manifesta  de  nouveau  chez  ces  poissons,  et,  le  2i  octobre,  plu- 
sieurs femelles  donnaient  environ  1500  œufs,  que  l'on  essayait  de  féconder 
avec  de  la  laitance  de  Truite,  faute  de  Saumons  mâles  mûrs  à  point. 
L'opération  ne  réussit  pas.  Mais,  peu  de  jours  après,  les  sujets  des  deux 
sexes  étaient  en  plein  frai,  et  l'on  pouvait  récolter  et  féconder,  en 
l'espace  de  cinq  semaines,  près  de  30  000  œufs. 

Malheureusement,  le  manque  d'un  nombre  suffisant  d'appareils  d'éclo- 
sion  nécessita  l'entassement  des  œufs  pendant  quelques  jours  dans  un 
espace  beaucoup  trop  restreint.  En  outre,  des  travaux  de  réparation  dans 
les  conduites  d'eau  qui  alimentent  l'aquarium  ne  permirent,  pendant 
quelque  temps,  que  l'emploi  d'eau  non  filtrée. 

Environ  1500  alevins  très  vigoureux  ont  pu  toutefois  être  obtenus  et 
sont  actuellement  en  parfait  état.  Ils  suffisent  pour  démontrer  la  possi- 
bilité d'élever  et  de  faire  reproduire  le  Saumon  de  Californie  dans  des 
conditions  de  captivité  tout  à  fait  exceptionnelles.  Le  fait  semble  d'autant 
plus  intéressant  qu'il  s'agit  d'une  espèce  étrangère,  essentiellement  mi- 
gratrice, qui  s'est  ainsi  pliée,  à  la  fois,  à  un  nouveau  climat  et  à  un 
changement  complet  dans  les  habitudes.  L'acquisition  de  cette  espèce 
paraît  donc  facilement  réalisable,  et  elle  serait  particulièrement  utile  au 
point  de  vue  de  l'empoissonnement  des  cours  d'eau  tributaires  de  la 
Méditerranée. 

Raveret-Wattel  et  Bartet. 
(Extrait  en  partie  des  comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  des 
sciences.) 


V.  BIBLIOGRAPHIE 


I 

De  raction  du  froid  t^iir  les  végétaux  pendant  l'hiver  1879-1880, 
par  M.  Charles  Baltet,  liorliculteur  à  Troyes.  1  vol.  in-8°,  340  pages. 
G.  Masson,  libraire,  120,  boulevard  Saint-Germain,  1882. 

Quelle  a  été  la  cause  première  des  grands  froids  de  l'hiver  1879-80, 
qui  ont  occasionné  tant  de  désastres  sur  les  végétaux?  Il  semble  qu'il 
faut  l'attribuer  à  la  persistance  des  vents  du  nord,  du  nord-est  et  de  l'est, 
en  septembre,  octobre,  novembre,  et  même  jusqu'au  26  décembre,  ainsi 
qu'à  la  tempête  des  3,  4  et  5  décembre,  pendant  laquelle  le  vent  du 
nord-est  se  fit  sentir  avec  une  si  grande  violence.  De  plus,  l'effet  désas- 
treux ^de  ces  vents  fut  augmenté  par  le  rayonnement  nocturne  produit 
par  la  pureté  constante  du  ciel. 

Sans  doute,  il  n'est  pas  donné  à  l'homme  d'empêcher  le  retour  de  telles 
catastro[)bes;  mais  la  science  pourra  peut-être  un  jour  en  atténuer  les 
eflets  au  moyen  de  mesures  préventives,  lorsque  des  réseaux  électriques 
enserreront  le  monde  et  que  le  signal  précurseur  sera  donné  avec  une 
rapidité  de  45  000  lieues  à  la  seconde,  alors  que  les  vents  les  plus  violents 
n'ont  qu'une  vitesse  de  36  lieues  à  l'heure. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  du  plus  grand  intérêt  d'étudier  les  conséquences 
d'un  froid  excessif  et  persistant  sur  chacune  des  essences  végétales  de 
notre  pays,  et  plus  spécialement  encore  sur  celles  nouvellement  intro- 
duites. Il  y  a  dans  cette  enquête  des  données  bien  précieuses  à  recueillir, 
n  on  seulement  sur  la  force  de  résistance  de  chaque  plante,  mais  encore 
sur  l'aptitude  des  différentes  espèces  à  se  plier  aux  conditions  atmosphé- 
riques de  leur  patrie  adoptive. 

M.  Baltet  a  étudié,  avec  autant  de  zèle  que  d'exactitude,  les  effets  de  la 
durée  et  de  la  persistance  du  froid  sur  les  végétaux  dans  les  diverses 
régions  de  la  France,  et  plus  particulièrement  dans  le  département  de 
l'Aube-,  la  rigueur  du  froid  d'après  l'altitude  et  le  sol;  le  rôle  de  la 
n  eige  pendant  la  gelée  ;  l'action  du  soleil  sur  les  végétaux  gelés,  la  dété- 
rioration de  leurs  tissus;  les  effets  de  la  gelée  sur  les  pépinières,  les 
jardins,  les  parcs,  les  plantations  routières,  les  bois,  les  forêts,  les 
plantations  fruitières  et  la  vigne.  Mais  la  partie  la  plus  intéressante  de 
son  travail  consiste  dans  une  nomenclature  par  ordre  alphabétique  de 
tous  les  arbres  et  arbustes  naturalisés  en  France,  indiquant  ceux  qui 
ont  été  détruits  et  ceux  qui  ont  été  fatigués  ou  épargnés.  Chaque  végétal 
fait  l'objet  d'une  notice  distincte,  indiquant  la  famille  botanique,  le  pays 
d'origine,  les  habitudes  et  l'indication  précise  de  la  manière  dont  chacun 
s'est  comporté  sous  l'action  du  froid. 


BIBLIOGRAPHIE.  207 

Le  mémoire  de  notre  habile  confrère  a  été  couronné  par  la  Société 
nationale  d'Acclimatation  et  par  la   Société  nationale  d'Agriculture  (1). 

E,B  Chasse  (Lois  usuelles  annotées),  par  Ad.  Giraudeau,  J.-M.  Lelièvre 
et  G.  Soudée;  un  volume  petit  in-S",  434  pages,  ^^  édition,  augmentée 
et  mise  au  courant  de  la  jurisprudence.  Larose  et  Forcel,  22,  rue  Soufflet, 

1882. 

Nous  avons  à  signaler  à  nos  lecteurs  un  nouveau  commentaire  de  la 
loi  du  3  mai  1844.  Les  auteurs  ont  suivi  pas  à  pas  le  texte  des  disposi- 
tions législatives,  en  indiquant,  à  la  suite  de  chaque  article,  les  opinions 
de  la  doctrine  et  les  décisions  judiciaires  intervenues  sur  les  nombreuses 
questions  que  soulève  la  police  de  la  chasse.  Ces  analyses  sont  succinctes 
et  précises;  les  discussions  sont  «brèves  et  judicieuses. 

Spécialement  en  ce  qui  concerne  la  section  1"  de  la  loi,  relative  à 
l'exercice  du  droit  de  chasse,  le  commentaire  étudie  successivement  la 
nature  de  ce  droit,  sa  cession  et  sa  location;  qui  peut  chasser  et  à  qui 
cette  faculté  appartient  ;  les  faits  qui  constituent  ou  ne  constituent  pas 
la  chasse  ;  les  conditions  requises  pour  l'exercice  de  ce  droit;  la  chasse 
sur  les  propriétés  de  l'État,  des  communes  et  des  établissements  publics, 
ainsi  que  sur  les  routes  traversant  les  bois  et  les  forêts,  ou  dans  les  ter- 
rains clos  ;  l'ouverture  et  la  clôture  de  la  chasse  ;  la  vente  et  le  colportage 
du  gibier  en  temps  prohibé,  sa  saisie  et  sa  recherche  pendant  la  même 
période; les  permis  de  chasse  et  les  personnes  à  qui  le  permis  peut  ou 
doit  être  refusé;  les  modes  de  chasse  autorisés  ou  défendus;  les  attri- 
butions des  préfets,  le  droit  naturel  de  repousser  et  de  détruire  les  bêtes 
fauves,  etc. 

Nous  ne  saurions  évidemment  entrer  dans  l'analyse  d'un  commentaire 
de  loi;  mais  on  lira  avec  profit,  dans  le  chapitre  dont  nous  venons 
d'indiquer  les  principales  divisions,  la  partie  qui  se  rattache  à  la  nature 
du  droit  de  chasse.  Nous  croyons,  avec  les  auteurs,  que  ce  droit  constitue 
une  servitude  personnelle  et  non  une  servitude  réelle.  Nous  pensons, 
dès  lors,  que  la  concession  ne  peut  en  être  faite  valablement  à  perpétuité, 
à  titre  onéreux  ou  gratuit,  soit  au  profit  d'une  personne  désignée  et  ses 
héritiers,  soit  au  profit  des  propriétaires  d'un  fonds.  Les  commentateurs 
reconnaissent  également  avec  raison  qu'en  matière  de  mutation  par 
décès,  le  montant  d'un  bail  de  chasse  doit  être  compris  dans  le  revenu 
déclaré  pour  la  perception  du  droit  (Gass.,  7  avril  1868;  Dalloz,  1868, 
J,  259),  et  cette  proposition,  ainsi  formulée,  est  [absolument  exacte: 
mais  nous  ferons  observer  que  s'il  n'y  avait  pas  de  bail,  et  si  le  proprié- 
taire avait  conservé  pour  lui  la  faculté  de  poursuivre  le  gibier  sur  ses 
terres,  le  droit  de  chasse  ne  saurait  être  considéré  comme  un  fruit 

(l)  Soc.  d'Acclim.,  26  mai  1882  Grande  médaille  d'argent  à  l'effigie  d'Isidore 
Ceoffroy  Saint-Hilaire.  —  Soc.  d'Agric,  7  août  1882,  médaille  d'or. 


208  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

susceptible  d'être  déclaré.  C'est  un  point  que  l'arrêt  cité  a  parfaitement 
reconnu,  et  qui  sert  à  bien  préciser  la  nature  de  ce  droit,  —  attribut 
inhérent  à  la  qualité  même  de  propriétaire. 

L'explication  de  la  loi  de  1844  est  suivie  d'une  étude  approfondie  sur 
la  léo-islation  et  la  jurisprudence  concernant  l'institution  de  la  Louveterie, 
le  droit  sur  le  gibier,  la  responsabilité  des  chasseurs  et  des  propriétaires 
des  bois,  ainsi  que  les  gardes  particuliers.  Elle  est  accompagnée  du 
formulaire  des  quelques  actes,  demandes  ou  procès-verbaux  que  l'on 
peut  être  appelé  à  rédiger  en  matière  de  chasse. 

Aimé  Dufort. 


II.  — Publications  nouvelles 

Culture  de  la  vigne  en  Cbaintres  par  A.  Vias,  instituteur  à 
Chissay  (Loir-et-Cher),  4=  édition.  In-8»,  111  p.  et  portrait.  Mesnil, 
imp.  Firmin-Didot.  Paris,  lib.  agricole  de  la  Maison  rustique. 

i,a  question  du  vinage  et  les  vins  artificiels  en  1882  par  H.  Mes- 
sine, négociant,  juge  au  tribunal  de  commerce  de  iMontpellier.  In-8», 
36  p.  Montpellier,  imp.  Grollier  et  fils. 

i^'art  et  la  science  en  agriculture,  amélioration  des  races  d'ani- 
maux domestiques  par  le  marquis  de  Virieu,  président  de  la  Société 
d'agriculture  de  la  Tour  du   Pin.  In-12,  48  p.  Lyon,  imp.  Albert. 

Des  chiens  anglais  de  chasse  et  de  tir  et  de  leur  dressage  à  la 
portée  de  tous;  setters,  pointers,  retrievers,  cockers,  etc.,  par  Paul 
Gaillard.  Préface  du  mar((uis  de  Cherville.  In-18  jésus.  xxiv-273  p. 
Mesnil,  imp.  Firmin-Didot.  Paris,  lib.  Firmin-Didot  et  C'e. 

Précis  pratique  de  l'élevage  du  porc  (Races,  engraissement,  pro- 
duits, porcheries,  maladies),  par  A.  Gobin,  professeur  de  zootechnie, 
de  zoologie  el  d'agriculture.  In-I8  jésus,  309  p.  avec  50  fig.  Paris, 
imp.  Pion  et  C'e  ;  lib.  Lebroc  et  G'».  3  fr.  50. 

lies  plantes  fourragères,  par  Gustave  Heuzé,  inspecteur  général  de 
l'agriculture,  4'^  édition,  t.  I  :  les  plantes  à  racines  et  à  tubercules.  Li-18 
jésus,  xiv-359  p.  avec  89  fig.  Mesnil,  imp.  Firmin-Didot;  Paris,  lib. 
agricole  de  la  Maison  rustique.  3  fr.  50. 

Compte  rendu  des  opérations  de  la  condition  des  soies  de  Lyon 

pendant  l'année    1881,     par  A.    Perret,   directeur.  In-S",  20    p.    avec 
tableaux.  Lyon,  imp.  Pilral  aîné. 


Le  gérant  :  Jules  Grisard. 


Imprimeries  réunies,  A,  lue  Mignon,  2,  Pari: 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


ENQUÊTE  SUR  LA  CHÈVRE 

RAPPORT  PRÉSENTÉ  A  LA  PREMIÈRE  SECTION 
Par  M.   J.   GitUTIER. 


Messieurs, 

Je  viens,  selon  le  désir  exprimé  par  la  l'«  section  dans  sa 
dernière  séance,  vous  rendre  compte  des  réponses  faites  au 
questionnaire  adressé  par  la  Société  d'Acclimatation  au  sujet 
de  la  Chèvre. 

Il  a  été,  comme  je  le  craignais,  impossible  d'étudier  la 
question  d'une  façon  complète  dans  un  espace  de  temps  aussi 
court  que  celui  qui  m'a  été  laissé.  En  effet,  les  réponses  de- 
mandées pour  le  10  avril  continuent  à  arriver  encore  à 
l'heure  actuelle  et  de  plus  doivent  être  reprises  une  à  une 
dans  les  bureaux  pour  établir  leur  origine,  par  suite  de  la 
mauvaise  rédaction  de  la  première  question. 

Le  travail  que  je  vous  présente  aujourd'hui  est  donc  non 
pas  une  étude  dans  le  sens  du  vœu  exprimé  par  M.  le  mar- 
quis de  Pruns,  mais  seulement  le  très  long  résumé  de  toute 
la  correspondance  échangée  à  son  sujet. 

Le  nombre  des  réponses  au  questionnaire,  défalcation  faite 
de  quelques  anonymes,  par  conséquent  de  nulle  valeur,  a  été 
de  136.  Un  certain  nombre  d'entre  elles  contiennent  des 
observations  intéressantes;  enfin  il  nous  est  également  par- 
venu quelques  lettres  dont  nous  vous  rendrons  compte. 

Un  seul  questionnaire  nous  a  été  retourné  de  l'étranger  : 
d'Espagne.  Les  départements  qui  ont  répondu  à  notre  appel, 
au  comptant  l'Algérie,  sont  au  nombre  de  03  et  ils  ont  ré- 
pondu dans  la  proportion  suivante  :  Algérie,  1  ;  Ain,  i  ; 
Aisne,  1;  Allier,  1;  Alpes  -  Maritimes ,  3;  Ardennes,  2; 
Ariège,  2;  Aude,  1  ;  Aveyron,  3;  Basses-Alpes,  2;  Calvados,  2; 

3*  SÉRIE,  T.  X.  —  Avril  188a,  14 


210  SOGllÎTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

Canlal,  1  ;  Charente,  3;  Charente-Inférieure,  2;  Cher  3; 
Côles-dii-Nord,  1  ;  Creuse,  1  ;  Deux-Sèvres,  5;  Dordogne,  3; 
Eure,  1  ;  Gard,  "i  ;  Ilaute-Loire,  1  ;  llaule-Saône,  1  ;  Haute- 
Marne,  l  ;  Ilaule-Savoie,  1  ;  Haule-Vienne,  1  ;  Hérault,  1  ; 
Indre,  2;  Indre-et-Loire,  5;  Ille-ct-Vilaine,  3;  Isère,  2; 
Landes,  l  ;  Loi'-et-Cher,  1  ;  Loire-Inférieure,  5  ;  Lot,  2  ; 
Lot-et-Garonne,  1  ;  Lozère,  1  ;  Manche,  1  ;  Maine-et-Loire,  3; 
Marne,  3;  Mayenne,  I  ;  Meuse,  2  ;  Morbihan,  l  ;  Nord,  0; 
Oise,  I  7  Pas-de-Calais,  4;  Pyrénées-Orientales,  2;  Puy-de- 
Dome,  5;  Saône-et-Loire,  1  ;  Sarthe,  3;  Savoie,  2;  Seine- 
Inférieure,  3;  Seine-et-Marne,  2;  Seine-et-Oise,  1;  Somme,  2; 
Tarn,  i  ;  Yaucluse,  i  ;  Vendée,  3;  Vienne,  8;  Vosges,  2; 
Yonne,  1. 

Enfin  un  questionnaire  nous  a  été  retourné  d'Alsace  :  nous 
n'avons  pu,  hélas!  le  classer  parmi  ceux  qui  nous  sont  reve- 
nus des  départements  français,  mais  nous  n'avons  pu  nous 
résoudre  non  plus  à  le  classer  comme  venant  de  l'étranger. 

A  la  l"  question  «  Y  a-t-il  des  Chèvres  dans  votre  départe- 
ment ?  »  tous  nos  correspondants  ont  répondu  d'une  fagon 
affirmative;  mais  à  la  seconde  question  «Sont-elles  nom- 
breuses? »  les  réponses  ont  cessé  d'être  nettes  :  «  assez  nom- 
breuses »  et  «  pas  très  nombreuses  »  sont  les  locutions  les 
plus  employées,  et  il  faut  reconnaître  qu'elles  sont  fort  élas- 
tiques. Bien  plus,  quand  plusieurs  correspondants  nous  écri- 
vent du  même  département,  les  réponses  sont  contradic- 
toires :  ce  qui  s'explique  par  ce  fait  qu'ils  habitent  évidemment 
dans  des  arrondissement  différents,  arrondissements  qui  nous 
sont  inconnus;  dans  celte  situation  il  est  impossible  de  donner 
un  résumé,  môme  succinct,  des  réponses  faites  à  la  deuxième 
question. 

La  3°  et  la  4*  question  n'en  font  qu'une  pour  ainsi  dire  : 
«  Y  a-t-il  une  race  particulière,  et  est-ce  une  race  du  pays?  >> 
A  cette  question  nos  correspondants  ont  répondu  n  'g.itive- 
ment  pour  le  plus  gr.ind  nombre  el  il  paraît  ressorlii-  de  ce 
qui  nous  est  écrit  qu'à  l'exception  de  l'Algérie,  où  l'on  trouve 
pures  la  race  arabe  et  la  race  maltaise  ;  du  déparlement  du 
Nord,  où  l'on  trouve  à  Lille  un  troupeau  de  Chèvres  du  Thi- 


."'"■      ENQUÊTE  SUR  LA  CHÈVEE.  211 

bel,  admis  au  concours  régional  de  1879;  des  Pyrénées- 
Orientales,  où  l'on  trouve  la  Chèvre  roussi  llonnaise,  noire  avec 
le  dessous  du  ventre  presque  blanc  ;  enfin  des  Vosges,  où,  nou& 
dit-on,  il  existe  une  race  naine  du  pays,  il  n'existe  pas  en 
France  de  race  de  pays  bien  fixée.  11  serait  seulement  permis 
de  conclure  des  renseignements  qui  nous  sont  envoyés  que 
dans  certains  déparlements  les  Chèvres  proviennent  de  telle 
ou  telle  ancienne  race  que  l'on  nous  désigne  comme  race  des 
Alpes,  race  d'Auvergne,  race  du  Vivarais,  race  des  Pyrénées, 
race  poitevine  ou  limousine,  sans  que  les  individus  dont  il 
s'agit  soient  purs. 

Telle  n'est  pas  cependant  la  réalité  des  choses  et  il  existe 
certainement  en  France  des  races  bien  fixées  et  détermi- 
nées. 

La  cinquième  question  «  Description  de  la  Chèvre  »  a  donné 
lieu  aux  réponses  les  plus  variées.  Par  cela  même  qu'il  n'exis- 
tait pas  de  race  bien  caractérisée  dans  la  plupart  des  lieux 
habiles  par  nos  correspondants,  le  pelage  de  la  Chèvre  affecte 
toutes  les  couleurs  depuis  le  blanc  jusqu'au  noir  en  passant  par 
le  roux,  le  fauve  et  le  gris.  Il  est  à  remarquer  seulement  que 
la  couleur  blanche  semble  partout  préférée  à  cause  de  celte 
croyance  que  le  lait  des  Chèvres  blanches  est  d'un  goût  plus 
délicat.  Le  poil  varie  de  longueur  comme  de  couleur  ;  il  sem- 
ble être  en  général  de  4  à  6  centimètres.  Toutefois  dans  les 
Côtes-du-Nord  on  nous  cite  le  chiffre  de  15  centimètres,  de 
16  dans  la  Dordogne,  de  10  à  12  dans  l'IIle-et-Vilaine,  et 
noUe  correspondant  de  la  Meuse  nous  écrit  que  les  Chèvres 
du  pays  onl  le  poil  long  el  dur,  ayant  à  sa  base  un  duvet  fin, 
soyeux  et  très  court. 

^nEn  ce  qui  concerne  la  taille,  elle  varie  de  60  à  80  centimè- 
tres. Nous  signalerons  seulement  le  chiffre  de  50  centimètres 
qui  nous  est  envoyé  de  la  Meuse  et  du  Tarn. 

il  ressort  des  réponses  faites  à  la  6'  question  relative  aux 
cornes,  que  partout  en  France  on  trouve  à  côté  l'une  de  l'au- 
Ire  la  Chèvre  avecxornes  et  la  Chèvre  sans  cornes,  mais  dans 
des  proportions  différentes.  C'est  ainsi  que  les  Chèvres  à 
cornes  existent  en  grand  nombre  dans  le  Cantal,  le  Cher,  la 


212  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

Dordogne,laHaule-Marne,  la  Savoie  et  le  Tarn,  tandis  que  les 
Chèvres  sans  cornes  sont  de  beaucoup  les  plus  nombreuses 
dans  la  Haute-Loire,  la  Mayenne,  la  Meuse,  le  Nord,  l'Oise, 
le  Pas-de-Calais,  les  Pyrénées-Orientales,  la  Sarthe  et  la 
Vienne.  Il  convient  d'ajouter  que  les  Chèvres  sans  cornes 
jouissent  d'une  faveur  plus  grande  que  leurs  sœurs,  non  seu- 
lement parce  qu'avec  elles  les  chances  d'accident  sont  moin- 
dres, mais  encore  parce  que,  à  tort  ou  à  raison,  leur  lait  passe 
pour  être  plus  abondant  et  de  meilleure  qualité. 

La  septième  question  est  ainsi  conçue  :  «  Comment  sont 
réparties  les  Chèvres  du  département?  est-ce  par  troupeaux 
ou  par  individus  isolés?  » 

Les  départements  où  les  chèvres  se  trouvent  réparties  par 
troupeaux  sont  fort  peu  nombreux.  Nous  trouvons  d'abord 
l'Algérie,  où  dans  le  Sud  on  rencontre  des  troupeaux  considé- 
rables de  plus  de  1000  têtes  de  race  arabe  et  des  petits  trou- 
peaux de  15  à  20  têtes  de  race  maltaise  aux  environs  des 
villes. 

Nous  trouvons  ensuite  les  Landes,  les  Basses-Alpes,  les  Pyré- 
nées-Orientales, la  Savoie  et  le  Puy-de-Dôme,  départements  où 
les  propriétaires  de  quelques  Chèvres  les  réunissent  pour  for- 
mer des  troupeaux  gardés  par  chacun  d'eux  à  leur  tour.  Les 
autres  départements  possèdent  bien  quelques  troupeaux,  mais 
exceptionnellement,  si  l'on  peut  s'exprimer  de  la  sorte.  C'est 
ainsi  que  dans  la  Charente  il  n'en  existe  qu'aux  environs  de 
Ruffec  et  dans  l'Aveyron  sur  les  parties  montagneuses  ;  dans 
le  Cantal  on  en  trouve  seulement  dans  les  pays  de  bois,  et 
dans  l'Allier  seulement  à  l'établissement  du  docteur  Boudard. 
Dans  d'autres  départements  les  troupeaux  ne  sont  que  de 
passage  :  ainsi  dans  le  Tarn,  dans  le  Nord  et  dans  laDordogne 
où  ils  viennent  conduits  par  des  bergers  basques.  Partout 
ailleurs  les  Chèvres  se  rencontrent  par  individus  isolés.  Sans 
doute  quelques  propriétaires  en  possèdent  plusieurs,  qu'ils 
envoient  en  général  pâturer  avec  les  moutons,  mais  il  n'y  a 
pas  à  proprement  parler  de  vrais  troupeaux. 

Le  nombre  des  chevreaux  misbas  (8'  question) est  générale- 
ment de  2.  Toutefois  il  paraît,  d'après  nos  correspondants, 


ENQUÊTE  SUR  LA  CHÈVRE.  213 

que  le  nombre  3  est  souvent  atteint.  Signalons  enfin  les  re- 
marques de  nos  correspondants  de  la  Sarthe,  de  la  Vienne  et 
de  la  Vendée,  qui  nous  disent  que  ce  nombre  s'élève  ex- 
ceptionnellement à  4  et  même  5  Chevreaux,  dans  une  seule 
portée. 

(9%  10'  et  12'  questions.)  La  durée  de  la  lactation  comme 
toutes  les  dernières  questions  ont  donné  lieu  aux  réponses  les 
plus  diverses  et  les  plus  contradictoires  :  ce  qui  est  fort  natu- 
rel, puisque  les  chiffres  donnés  sont  ceux  des  localités  habi- 
tés par  nos  correspondants.  Il  faudrait  les  citer  ici  un  à  un, 
ce  qui  est  évidemment  impossible.  Tout  ce  que  peut  faire  le 
rapporteur,  c'est  de  vous  dire  que  cette  durée  varie  générale- 
ment entre  quatre  et  huit  mois.  Le  chiffre  de  neuf  à  dix  mois 
est  exceptionnel  et  nous  est  signalé  dans  les  Ardennes,  les 
Deux-Sèvres,  l'Indre-et-Loire,  l'Isère,  le  Loir-et-Cher,  la 
Loire-Inférieure,  la  Lozère,  les  Pyrénées-Orientales,  la 
Saône-et-Loire,  la  Sarthe,  la  Vienne.  Enfin  notre  correspon- 
dant de  Vaucluse  nous  écrit  que  la  durée  de  la  lactation  est 
parfois  de  deux  ans. 

Le  chiffre  de  litres  de  lait  donné  journellement  par  une 
chèvre  n'est  pas  moins  variable.  Il  est  de  2  à  5  dans 
presque  tous  les  départements,  le  plus  souvent  de  2  ou 
3.  Certains  de  nos  correspondants  nous  accusent  cepen- 
dant des  chiffres  plus  élevés.  Aussi  dans  l'Ariège  le  rendement 
serait  de  4  à  5  litres  ;  dans  l'Ille-et-Vilaine,  de  5  à  6  ;  dans  le 
Lot,  de  6  à  8  ;  dans  le  Morbihan,  de  4  à  5  ;  dans  la  Sarthe,  de 
5  à  6  ;  dans  la  Seine-Inférieure,  de  5;  dans  la  Somme,  de  4 
à  5;  dans, l'Yonne  de  6. 

i  :  Le  lait  sert  le  plus  souvent  à  la  fabrication  de  fromages  ; 
parfois  il  est  vendu  pour  les  enfants  ou  les  malades;  dans  ce 
cas  sou  prix  varie  entre  10  et  30  centimes,  mais  le  prix  de  20 
ou  25  centimes  est  celui  qui  nous  a  été  généralement  indiqué. 
Dans  deux  départements  seulement,  l'Ille-et-Vilaine  et  l'Isère, 
on  nous  a  signalé  son  emploi  pour  la  fabrication  du  beurre. 
Dans  les  Alpes-Maritimes,  le  litre  vaudrait  40  centimes  ;  dans 
la  Charente,  50  centimes;  dans  la  Savoie,  40  centimes;  dans  la 
Vienne,  40  centimes. 


214  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

En  ce  qui  concerne  la  viande  de  Chèvre,  nous  ne  parlons  pas 
en  effet  ici  de  la  viande  de  Chevreau,  partout  fort  estimée,  elle 
«stlout  à  fait  dédaignée  dans  les  départements  suivants:  Allier, 
Ardennes,  Arièg.e,  Basses-Alpes,  Charente,  Charente-Infé- 
rieure, Deux-Sèvres,  Haute-Saône,  Ilaute-Marne ,  Haute- 
Vienne,  Hérault,  Isère,  Oise  et  Pas-de-Calais  :  elle  est  peu  es- 
timée dans  l'Ain,  le  Calvados,  la  Creuse,  la  Loire-Inférieure  et 
le  Puy-de-Dôme.  Dans  tous  les  autres  départements  elle  paraît 
être  employée  à  l'alimentation  et  parfois  même  aussi  recher- 
chée que  celle  du  mouton  ;  par  exemple  dans  les  Alpes-Mari- 
times  où  son  prix  est  de  1  fr.  40  le  kilogramme,  dans  l'Isère  où 
son  prix  est  de  i  fr.  20;  dans  le  Loir-et-Cher,  dans  le  Cantal, 
dans  les  Pyrénées-Orientales,  à  peu  près  partout  le  prix  du  ki- 
logramme est  de  80  centimes,  sauf  dans  la  Sarthe,  où,  d'après 
notre  correspondant,  il  ne  serait  que  de  20  centimes.  Enfin 
disons  que  dans  certains  déparlements  la  viande  de  Chèvre 

■  est  salée  et  même  fumée,  notamment  dans  la  Haute-Loire,  le 
Loiret,  la  Lozère,  la  Haute-Savoie. 

Il  est  assez  difficile  de  résumer  ce  qui  nous  a  été  répondu, 
louchant  le  prix  de  la  peau  ;  en  effet,  un  certain  nombre  de 

1  nos  correspondants  ont  cru  qu'il  s'agissait  de  la  peau  du 

-  Chevreau,  d'autres  de  la  peau  de  lu  Chèvre,  enfin  le  plus  grand 
nombre  s'est  borné  à  mettre  un  chiffre  en  regard  de  la  ques- 
tion, posée  incomplètement  du  reste,  sans  dire  s'il  s'agit  de 

,  ]a  peau  de  Chèvre  ou  de  la  peau  de  Chevreau.  Disons  cependant 
que  ces  chiffres  varient  de  1  à  5  francs  et  que  les  chiffres  2,  3 

.  et  4  sont  les  plus  fréquents.  Par  exception  nos  correspondants 
nous  signalent  5  pour  le  Morbihan,  5  à  0  pour  la  Haute- 
Savoie,  6  à  10  pour  le  Loir-et-Cher,  5  pour  Saône-et-Loire  et 
la  Savoie.  Cette  peau  est  d'ailleurs  employée  à  des  usages  di- 
vers selon  les  départements  :  c'est  ainsi  que  nous  en  voyons 

:  faire  des  outres  dans  l'Aveyron,  la  Lozère  et  le  Tarn,  des 
descentes  de  lit  et  des  couvertures  de  harnais  de  chevaux 
dans  la  Meuse,  des  vêtements  en  Seine-et-Oise,  etc.,  etc. 

Il  ressort  des  réponses  faites  à  la  11^  question  «  Comment 
nourrit-on  les  Chèvres  ?  »  que  dans  les  pays  de  montagnes  seu- 

'.  lement  on  les  laisse  vagabonder  et  que  partout  ailleurs  on  ne 


ENQUÊTE  SUR  LA  CHÈVRE.  215 

les  nourrit  à  la  crèche  que  pendant  la  mauvaise  saison:  pen- 
dant la  belle  saison  on  les  fait  pâturer  soit  en  les  laissant  aller 
avec  les  troupeaux  de  moutons,  soit  en  les  faisant  paître  atta- 
chées à  un  piquet.  Par  exception  elles  semblent  toujours 
vagabonder  dans  l'Ille-et-Yilaine  et  les  Landes,  tandis  qu'au 
Mont-d'Or  on  suit  exclusivement  le  système  de  la  stabulation. 

La  13"  et  la  14'  question  ont  trait  aux  prix  moyens  de  la 
Chèvre  adulte  et  du  Chevreau.  Ici  encore  un  résumé  est  très 
difficile  à  faire  et  il  faudrait  citer  pour  ainsi  dire  touts  les 
chiffres  qui  nous  sont  envoyés.  Disons  pourtant  que  le  chiffre 
le  plus  fréquent  pour  la  Chèvre  adulte  est  25  francs,  et  que 
le  prix  varie  entre  20  et  40  francs  pour  le  plus  grand  nombre 
des  départements.  Les  chiffres  les  plus  bas  sont  10  à  20  pour 
le  départctement  de  l'Ain,  15  à  20  pour  l'Allier,  10  à  15  pour 
la  Charente-Inférieure,  12  à  15  pour  les  Côtes-du-Nord,  10  à 
20  pour  l'Eure,  15  pour  les  Landes  et  le  Pas-de-Calais,  12  à 
16  pour  les  Pyrénées-Orientales,  9  à  8  pour  la  Seine-Infé- 
rieure, 12  à  16  pour  la  Somme,  et  10  à  14  pour  la  Vendée. 
Les  chiffres  les  plus  élevés  sont  50  francs  pour  l'Aude  et  la 
Dordogne,  40  à  50  pour  la  Sari  lie,  50  à  80  pour  l'Yonne. 

Pour  les  Chevreaux  le  prix  est  de  4  à  7  francs  presque  par- 
tout, le  plus  ordinairement  5.  H  s'élève  par  exception  de  8  à 
1)  francs  dans  le  Tarn,  de  7  à  8  dans  la  Vienne,  de12  à  15  dans 
les  Alpes-Maritimes,  de10à15dans  les  Ardennes  etl'Ariège, 
de  8  à  12  dans  la  Charente. 

En  ce  qui  concerne  la  15'  et  dernière  question  nous  n'avons 
rien  à  dire.  La  question  n'a  pas  été  clairement  posée.  Elle  est 
ainsi  conçue:  «  Que  rapporte  une  Chèvre  en  moyenne?  »  Or 
de  quel  rapport  s'agit-il?  Est-ce  du  rapport  d'un  jour  ou  du 
rapport  d'une  année?  Est-ce  du  rapport  brut  ou  du  rapport 
net?  Est-ce  du  rapport  en  lait  ou  du  rapport  total?  ^'os  cor- 
respondants ont  compris  les  uns  d'une  façon,  les  autres  d'une 
autre,  un  très  grand  nombre  s'est  abstenu  de  répondre. 

Nous  avons,  Messieurs,  à  vous  rendre  compte  maintenant 
des  deux  questionnaires  qui  nous  ont  été  retournés,  l'un 
(l'Espagne,  l'autre  d'Alsace. 

Notre  correspondant  d'Espagne,  M.  Poileux,  nous  écrit 


216  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

que  les  Chèvres  sont  très  nombreuses  dans  ce  pays,  où  il  ne  se 
trouve  que  peu  de  vaches  laitières  si  ce  n'est  aux  environs  des 
grandes  villes.  Les  Chèvres  maltaises  se  rencontrent  en  liberté 
et  isolées  dans  le  Sud  seulement,  car  les  montagnes  du  Nord 
sont  trop  froides  pour  elles  :  elles  sont  en  effet  d'une  nature 
délicate  bien  que  donnant  plus  de  produits  que  la  Chèvre  du 
pays. 

Dans  l'Andalousie  il  est  d'habitude  de  donner  en  cheptel 
des  troupeaux  variant  de  100  à  1000  têtes.  Le  cheptelier  paye 
tous  les  frais  et  ne  doit  au  propriétaire  du  troupeau  que  le 
Chevreau  ou  sa  représentation  en  argent  ;  la  perte  par  morta- 
lité est  partagée  entre  les  deux  parties  contractantes. 

La  couleur  est  grise  pour  les  Chèvres  maltaises  et  la  taille 
60  à  80  centimètres.  Elle  est  fauve  pour  les  races  du  pays,  dont 
le  poil  plus  court  ne  mesure  que  de  5  à  8  centimètres  au  lieu 
de  iO  à  15.  Les  Chèvres  maltaises  n'ont  pas  de  cornes;  au 
contraire  celles  du  pays  ont  de  longues  cornes. 

La  Chèvre  du  pays  donne  par  portée  un  petit ,  rarement 
deux;  la  race  maltaise  au  contraire  en  donne  généralement 
deux.  La  quantité  de  lait  donnée  pendant  4-  à  5  mois  est  de  3 
litres  environ  pour  la  race  du  pays  et  de  6  litres  pour  la  race 
maltaise,  et  le  litre  vaut  de  iO  à  15  centimes. 

La  peau  des  premières  vaut  2  fr.  50,  celle  des  secondes  de 
3  fr.  50  à -4  francs.  Aussi  le  prix  moyen  d'une  Chèvre  du  pays 
n'est-il  que  de  12  fr.  50,  alors  que  celui  d'une  Chèvre  mal- 
taise atteint  de  25  à  30  francs. 

Quant  au  Chevreau,  il  vaut  de  3  à  5  francs,  la  peau  comprise. 
Enfin  notre  correspondant  d'Alsace,  M.  Nardin,  nous  écrit 
qu'il  y  a  dans  la  vallée  des  Vosges  un  assez  grand  nombre  de 
Chèvres  appartenant  à  diverses  races,  le  plus  souvent  d'un  pe- 
lage noir  et  blanc,  ayant  pour  la  plupart  de  longues  cornes. 
Ces  Chèvres  donnentun  ou  deux  Chevreaux,  rarement  trois,  et 
fournissent  en  moyenne  3  litres  de  lait  par  jour  pendant  quatre 
mois.  Ce  lait  se  vend  20  centimes  le  litre.  La  peau  vaut 75  cen- 
times à  1  franc,  et  les  propriétaires  consomment  eux-mêmes 
la  viande  :  ils  augmentent  le  rendement  du  lait  en  nourrissant 
la  Chèvre  avec  les  eaux  grasses  du  ménage,  auxquelles  on 


ENQUÊTE  SUR  LA  CHÈVRE.  217 

ajoute  de  la  farine  noire,  du  son  ou  des  débris  de  légumes,  La 
Chèvre  adulte  vaut  30  francs  environ  et  le  chevreau  3  francs 
au  maximum. 

Le  rendement  moyen  d'une  Chèvre  est  de  100  francs,  si  on 
la  garde  moitié  du  temps  à  l'écurie. 

Nous  arrivons,  Messieurs,  aux  observations  qui  ont  été 
faites  par  nos  correspondants.  Disons  d'abord  que  le  but  même 
que  se  propose  la  Société  d'Acclimatation,  l'admission  de  la 
race  caprine  dans  les  concours  régionaux  et  par  suite  son 
amélioration,  a  été  assez  vivement  critiqué.  Là  où  le  terrain  est 
riche  et  divisé  la  Chèvre  n'appartient  qu'aux  pauvres  gens  et 
vit  évidemment  aux  dépens  de  ceux  qui  possèdent.  Là  encore 
où  l'industrie  beurrière  est  en  pleine  activité,  l'espèce  bovine 
seule  est  en  honneur.  Partout  enfin,  dans  une  mesure  qui 
varie  avec  les  productions  du  sol,  la  Chèvre  cause  des  dégâts 
et  c'est  ainsi  qu'il  est  d'usage  dans  les  baux  d'interdire  aux 
fermiers  d'avoir  des  Chèvres,  dans  plusieurs  départements,  par 
exemple  le  Cher,  la  Vienne  et  les  Deux-Sèvres.  Doit-on  cepen- 
dant en  conclure  qu'il  n'y  ait  pas  lieu  d'améliorer  l'espèce 
caprine  ?  Nous  ne  le  pensons  pas.  De  ce  que  l'élevage  de  la 
Chèvre  n'a  pas  de  raison  d'être  dans  certains  départements, 
il  ne  s'ensuit  pas  qu'il  ne  présente  pas  des  avantages  consi- 
dérables dans  d'autres  et  la  question  de  dommage  est  absolu- 
ment distincte  de  celle  de  l'amélioration  de  la  race. 

Parmi  les  observations  intéressantes  qui  nous  ont  été  faites 
nous  avons  à  vous  signaler  les  suivantes  :  dans  certains  dé- 
partements, le  Loiret,  le  Lot,  le  Maine-et-Loire,  le  Nord,  le 
Pas-de-Calais,  la  Seine-Inférieure,  le  Tarn  et  la  Vendée,  il  est 
d'usage  de  conserver  un  Bouc  dans  les  étables.  11  est  destiné 
à  chasser  le  mauvais  air  et  à  garantir  les  troupeaux  des  épi- 
démies. 

Notre  correspondant  du  Cantal  nous  signale  une  Chèvre 
bonne  laitière  sans  avoir  jamais  porté.  On  l'a  trait  pendant 
un  certain  temps  trois  et  quatre  fois  par  jour  et  elle  a  fini  par 
donner  un  lait  un  peu  moins  abondant  que  celui  d'une  Chèvre 
en  rapport,  mais  très  supérieur  comme  goût. 

Notre  correspondant  de  l'Aude  nous  apprend  qu'un  pro- 


218  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D'aCCLIMATATION. 

priétaire  de  ce  département  possède  un  troupeau  d'environ 
100  têtes  de  Chèvres  d'Angora. 

Un  de  nos  correspondants  du  Nord  nous  signale  un  trou- 
peau de  Chèvres  du  Thibet  dans  ce  département  et  nous  dit 
que  cette  Chèvre  a  figuré  à  Lille  dans  le  concours  régional 
de  1879. 

Dans  l'Isère,  les  Chèvres  sont,  paraît-il,  tout  à  fait  dégéné- 
rées, à  tel  point  qu'il  est  difficile  de  trouver  un  Bquc  et  l'on 
nous  écrit  que  le  perfectionnent  de  la  race  rendrait  un  grand 
service  aux  habitants  des  coteaux. 

Notre  correspondant  de  Gien  nous  dit  que,  dans  le  Loiret," 
on  a  souvent  une  Chèvre  nourrice  pour  les  veaux.  Il  nous  cite 
une  Chèvre  grasse  dont  on  retiré  50  chandelles  blanches  et 
bonnes. 

Notre  correspondant  de  la  Haute-Loire  estime  que  la 
Chèvre  du  Thibet  s'acclimaterait  bien  dans  le  département. 
Plusieurs  personnes  ont  tenté  l'expérience  et  cette  expérience 
a  réussi. 

Il  ne  nous  reste  plus,  Messieurs,  qu'à  vous  parler  brièvement 
des  lettres  qui  nous  ont  été  adressées.  Nous  voudrions  pou- 
voir en  donner  ici  des  extraits,  qui  seraient  certainement  fort 
intéressants,  mais  l'étendue  de  ce  travail ,  déjà  fort  long,  nous 
l'interdit.  Nous  nous  bornerons  à  citer  celles  de  M.  le  marquis 
de  Pruns.  pleine  de  détails  intéressants,  celle  de  M.  de  Con- 
fevron,  qui  signale  l'utilité  de  la  Chèvre  au  point  de  vue  de 
l'allaitement  des  nouveau-nés,  de  M.  Rodiez  (de  Briare),  qui 
nous  donne  des  renseignements  sur  la  viande  de  Chèvre,  de 
M.  delaRochebrochar  (Deux-Sèvres),  qui  énumère  les  inconvé- 
nients de  l'espèce  caprine,  de  M.  Ferté  (Aisne),  qui  nous  signale 
le  fait  d'une  Chèvre  élevée  chez  lui  et  ayant  atteint  le  poids 
énorme  de  84  livres,  de  M.  Vincendon-Dumoulin,  de  MM.  les 
sous-préfets  d'Uzès,  de  Nogent-le-Rotrou,  de  Pont-Audemer. 

Nous  avons  également  à  signaler  à  votre  attention  une 
lettre  de  M'"'  Muller(de  Blois),  qui  nous  écrit  qu'en  1872  elle  a 
fait  l'acquisition  d'une  Chèvre,  qui,  croisée  avec  un  Bouc  du 
Liban,  noir  brillant,  a  donné  naissance  à  une  véritable  race, 
qui  malheureusement  s'éteint  aujourd'hui.  Tous  les  produits 


ENQUÊTE  SUR  LA  CHÈVRE.  219 

élaient  noirs  ou  couleur  de  chevreuil.  Notre  correspon- 
dante ajoute  qu'elle  pourrait  exposer,  si  la  race  caprine  élait 
admise  dans  les  concours,  un  magnifique  Bouc,  issu  de  la  race 
du  Thibet  qu'elle  possède  aujourd'hui.  Elle  nous  enseigne  de 
plus  qu'elle  a  fait  usage  du  lait  de  Chèvre  pour  l'élevage  si  dif- 
ficile des  jeunes  chiens  de  race,  et  s'en  est  fort  bien  trouvée, 
tous  ses  élèves  ayant  évité  la  maladie. 

Enfin  nous  avons  encore  à  citer  la  lettre  de  M.  Pautier,  qui 
nous  écrit  que,  dans  la  Dordogne,  la  race  limousine  à  cornes 
longues,  sous  poil  brun  de  4  centimètres  environ  de  longueur, 
s'est  conservée  dans  certains  cantons,  tandis  que  l'on  rencontre 
dansles  autres  une  Chèvre  à  cornes  plus  courtes  croisée  de  la 
race  limousine  avec  la  race  du  Poitou,  du  Béarn  et  d'Auvergne. 
Ces  dernières,  qui  appartiennent  à  des  pasteurs,  sont  rencon- 
trées par  troupeaux  de  25  à  30  têtes;  leur  poil  est  un  peu  plus 
long  et  de  couleurs  diverses.  Les  pasteurs  tiennent  à  ces  croi- 
sements, parce  que  les  sujets  sont  plus  faciles  à  élever  que 
ceux  de  races  pures,  dont  des  troupeaux  entiers  disparaissent 
emportés  par  le  mal  du  genou.  Ces  pasteurs  font  aussi  quel- 
ques croisements  des  races  limousine  et  anglaise. 

Tel  est,  Messieurs,  le  résumé  aussi  exact  et  aussi  complet 
que  possible  de  la  correspondance  échangée  au  sujet  de  la 
chèvre.  En  terminant,  votre  rapporteur  croit  devoir  vous  pro- 
poser de  voter  les  remerciements  les  plus  vifs  à  nos  correspon- 
dants, dont  l'empressement  à  nous  répondre  a  hautement  dé- 
montré l'intérêt  qu'ils  portaient  aux  travaux  de  la  Société 
d'Acclimatation. 


LE   CYGNE  DE  BEWIGK 

(CYGNUS  MINOR) 
Par  M.    Gabriel   ROGERON 


I 

Le  Cygne  est  le  plus  beau,  le  plus  noble,  le  plus  majestueux 
des  oiseaux  d'eau,  en  même  temps  que  le  plus  gracieux  et  le 
plus  séduisant;  depuis  les  temps  les  plus  reculés,  et  Léda  est 
là  pour  le  dire,  on  est  d'accord  sur  ce  point.  Malheureuse- 
ment, bien  qu'il  soit  universellement  apprécié,  il  n'est  pas 
toujours  possible  de  lui  fournir  un  séjour,  un  cadre  digne  de 
lui,  un  lac  d'azur  où,  comme  à  Genève  (1),  il  puisse  mirer 
son  blanc  plumage,  ni  même  un  étang,  une  simple  pièce  d'eau 
assez  vaste  pour  qu'il  n'y  semble  pas  à  l'étroit,  soit  pour  lui- 
même,  son  état  de  santé,  de  propreté,  soit  surtout  pour  l'œil 
du  visiteur. 

Car,  bien  que  ce  bel  oiseau  soit  sobre  et  frugal,  qu'il 
occupe  consciencieusement  une  partie  de  ses  journées  à 
pourvoir  à  sa  subsistance,  à  brouter  l'herbe  à  terre,  à  sarcler 
la  tête  sous  l'eau  les  plantes  marécageuses,  il  a  encore  besoin 
d'une  nourriture  plus  substantielle,  que  nécessite  en  assez 
grande  quantité  sa  puissante  corpulence.  Aussi  regarde-t-on 
le  plus  souvent  à  une  dépense  vraiment  appréciable,  entière- 
ment de  luxe,  et  se  rabat-on,  bien  qu'à  regret,  sur  de  sim- 
ples (Canards,  mieux  en  harmonie  d'habitude  avec  la  capacité 
soit  de  nos  pièces  d'eau,  soit  de  notre  budget  des  dépenses 
inutiles. 

Le  motif  donc  pour  lequel,  en  général,  l'on  ne  fait  pas  au 
Cygne  l'accueil  qui  lui  est  dû,  pour  lequel  il  est  resté  l'apa- 
nage à  peu  près  exclusif  des  résidences  princières,  des  jardins 
et  établissements  publics,  en  un  mot,  ce  qui  l'empêche  d'être 
répandu  comme  mériterait  de  l'être  celui  que  Bufîon  a  appelé 

(1)  A  Genève,  autour  de  l'île  Jean-Jacques  Rousseau,  on  entretient  un  cer- 
tain nombre  de  ces  oiseaux. 


LE   CYGNE   DE   BEWICK.  221 

le  roi  des  oiseaux  d'eau,  c'est  sa  forte  taille.  Tout  en  conser- 
"/ant  le  Cygne  ordinaire  pour  les  grands  espaces  où  on  le  place 
d'habitude,  et  où  d'ailleurs  il  fait  si  bien,  il  eût  donc  fallu 
trouver  un  type  plus  réduit,  moins  encombrant,  mieux  appro- 
prié avec  les  modestes  pièces  d'eau  dont  nos  jardins  particu- 
liers sont  d'ordinaire  pourvus. 

Eh  bien,  ce  type  plus  restreint  existe,  et  dans  des  condi- 
tions exceptionnelles  de  beauté,  de  grâce  et  d'élégance.  Une 
seule  chose  étonne,  c'est  qu'aune  époque  où  l'on  s'est  le  plus 
particulièrement  occupé  d'acclimatation,  où  les  jardins  zoo- 
iogiques  font  venir  des  coins  du  monde  les  plus  éloignés 
Faisans,  Bernaches,  Canards,  non  seulement  jusqu'à  ce  jour 
l'on  n'ait  pas  encore  acclimaté  ce  magnifique  palmipède,  dont 
le  besoin  comme  oiseau  d'ornement,  dans  les  conditions  que 
j'ai  indiquées,  se  fait  si  vivement  sentir,  mais  que  son  nom 
ne  soit  pas  même  inscrit  au  catalogue  du  Jardin  d'acclimata- 
tion de  Paris. 

Ce  Cygne  est  le  Cygne  de  Bewick,  entièrement  blanc,  sauf 
ses  pieds  d'ébène  et  son  bec  de  même  couleur  avec  la  base 
jaune,  mais  d'une  blancheur  tellement  éclatante,  qu'elle  fait 
paraître  jaune  le  Cygne  domestique  et  le  Cygne  sauvage  ordi- 
naire. A  l'œil,  d'un  tiers  moins  grand  seulement  que  ces  deux 
derniers ,  il  atteint  en  réalité  à  peine  la  moitié  de  leur  poids  ; 
il  pèse  7  livres  environ,  tandis  que  le  poids  des  autres  est  de 
12  à  15.  Ce  qui  le  fait  paraître  relativement  plus  grand,  c'est 
qu'il  est  plus  svelte,  plus  long  de  cou  que  le  Cygne  sauvage 
ordinaire. 

Son  port  à  terre  est  beaucoup  moins  lourd,  moins  embar- 
rassé que  cîlui  de  ses  congénères,  et  dans  l'eau  il  possède 
tout  autant  de  grâce  et  de  majesté.  A  peine  du  poids  de  l'Oie 
domestique,  il  semble  le  double  de  taille  par  l'épaisseur  de 
son  plumage  et  sa  tournure  élancée.  En  un  mot,  c*est  un  oiseau 
splendide,  d'une  grande  élégance,  possédant  toutes  les  qua- 
lités des  Cygnes  blancs,  les  seuls  vraiment  beaux,  je  dirais 
même  les  seuls  vraiment  Cygnes,  et  les  possédant  à  un  haut 
degré,  car  il  est  plus  dégagé  de  formes,  et  sa  blancheur  a  plus 
d'éclat;  son  plumage  est  en  outre  entièrement  blanc,  sans 


22'2  S0CIÉT15.  NATIONALE   D  ACCLIMATATION, 

excepter  même  la  lêle,  chez  le  Cygne  ordinaire  souvent  for- 
tement teintée  de  roux.  11  mériterait  donc  mietixqu'aucun  de 
ceux  de  sa  race  le  nom  de  Ci/gne  blanc  par  excellence.  Son 
chant,  hien  que  moins  fort  que  celui  du  Cygne  sauva^ie,  est 
doux  et  harmonieux;  en  cela  il  l'emporte  sur  le  Cygne  do- 
mestique, dont  le  cri  presque  nul  est  en  même  temps  rauque 
et  désagréable. 

Il  serait  donc  fort  utile  (!t  fort  intéressant  d'acclimater  une 
espèce  aussi  précieuse  à  tous  égards,  et  l'on  y  parviendrait 
siîreménl  en  faisant  venir  des  jeunes  élevés  en  captivité,  des 
pays  qu'ils  habitent.  Nul  doute  que  l'on  réussît  auSsi  bien  à 
les  faire  reproduire  qu'on  y  est  facilement  parvenu  pour  le 
Cygne  sauvage,  avec  qui  le  Bewick  a  une  gi-ande  aflinité  :  le 
Cygne  sauvage  étant  élevé  en  assez  grand  nombre  en  Russie, 
où  on  le  préfère,  comme  oiseau  de  luxe  et  d'agrément,,  à 
-notre  espèce  domestique  (l).  .:;!•;;.  ;'• 

Mais  où  trouver,  comment  se  procurer,  faire  venir  cet  oi- 
seau? Pour  cela,  je  m'en  rapporterais  au  savant  directeur  de 
notre  Jardin  zoologique  d'acclimatation  de  Paris.  Du  moment 
que  l'importance  dé  l'acclimatalion  de  cette  espèce  serait  re- 
connue, il  faudrait  bien  faire  tous  les  sacriticespour  y  par- 
venir, comme  on  a  dû  le  faire  déjà  nombre  dé  fois  pour  d'aur 
:tres  races  d'animaux,  d'oiseaux,  d'un  mérite  recortnu.-îojnjib 

Cet  oiseau  doit  d'ailleurs  habiter  en  certain  nombre  darlg 
;le  noyd  de  l'Europe,  avec  le  Cygne  chanteur,  comme  ses  émi- 
grations assez  fréquentes  che^  nous  (en  Maine-et-Loire)  dans 
ces  derniers  hivers,  semblent  l'indiquer.  Jusqu'alors,  il  est 
-Vrai,  sa  présence  n'y  avait  jamais  été  certainement  constatée, 
et  notreMusée  d'ornithologie  d'Angers,  un  des  plus  riches  et 
iies.plùs  complets  de  France,  grâce  aux  soins  de  son  habile 
directeur,  M.  Deloche,  le  comptait  parmi  les  quatre  espèces 
d'Europe  manquant  à  sa  collection  ;  mais,  pendant  les  grands 
i'roids  de  l'hiver  1878  à  1879,  il  en  lut  remarqué  chez  nous 
différents  passages,  entre  autres  un  couple  qui  séjourna  quel- 
que temps  à  peu  de  distance  d'Angers,  dans  les  comnmnes 

s 

(1)  lîrème,  Oiseaux,  V  volmiie,  p.  726. 


LE    CYGNE    DE    liEWICK.  ^î>S 

marécageuses  el  riveraines  de  la  Loire,  de  la  Dagenière  et 
de  Labohalle.  L'un  fut  tué,  et  l'on  fut  assez  heureux  pour 
briser  seulement  l'aile  au  second.  Un  troisième,  jeune  de 
l'année,  faisant  partie  d'une  bande  plus  nombreuse,  fut  aussi 
démonté  aux  Ponts-de-Cé,  près  Angers;  il  n'avait  également 
que  l'aile  cassée  et  eût  pu  facilement  être  conservé  vivant  ; 
mais  le  chasseur,  peu  expert  en  histoire  naturelle,  ignorant 
la  valeur  de  sa  capture,  l'acheva  pour  en  faire  un  maigre  rôti  ; 
ce  ne  fut  que  plus  tard  seulement  qu'il  se  désola  vainement, 
ayant  appris  le  proht  qu'il  eût  pu  tirer  de  son  oiseau  vivant. 

L'année  suivante,  pendant  l'hiver  exceptionnellement  ri- 
goureux de  1879  à  1880,  cette  espèce  lit  encore  son  appari- 
tion dans  les  environs  d'Angers.  Un  jour  de  marché,  j'en 
aperçus  un  à  un  étalage  d'un  marchand  de  gibier  ;  j'allai  vite 
prévenir  notre  savant  directeur  du  Musée  d'histoire  naturelle, 
qui  put  par  là  même  combler  l'un  des  quatre  vides  qui,  dans 
sa  riche  collection  des  oiseaux  d'Europe,  lui  tenaient  tant  au 
cœur.  M'étant  informé  près  du  marchand  de  la  provenance 
de  cet  oiseau,  le  chasseur  lui  avait  dit  avoir  tiré  sur  une 
bande  de  quatre  Cygnes,  dont  l'un  avait  été  tué  et  un  aulie 
seulement  blessé. 

A  mon  retour  chez  moi,  quel  fut  mon  élonnement  de  trou- 
ver le  susdit  chasseur  avec  son  animal  blessé!  Celait  un  jeune 
de  l'année,  encore  entièrement  gris  de  plumage,  et,  bien  que 
parvenu  à  sa  grosseur,  ayant  encore  conservé  le  piaulement 
des  poussins.  La  pauvre  bête  semblait  peu  endommagée,  mais 
néanmoins  guère  solide  sur  ses  jambes.  Cette  allure  molle  et 
peu  assurée  était,  m'assura-t-on,  le  résultat  de  la  fatigue  et  du 
froid  extrême;  toute  la  matinée  il  l'avait  eu  dans  son  panier, 
mais  il  ne  doutait  pas  que,  réchauffé  un  peu,  il  ne  reprît  bien 
vite  toute  la  vigueur  qu'il  avait  encore  le  matin  au  sortir  de 
chez  lui. 

Je  comprenais  toute  l'importance  de  celte  acquisition  ; 
aussi,  ne  demandant  pas  mieux  que  de  me  laisser  persuader, 
le  marché  fut  vite  conclu,  et  je  me  hâtai  de  transporter  mon 
malade  dans  un  appartement  chaud,  où  je  lui  ingurgitai  les 
cordiaux  les  iJusfortitiaats,  telsque  bouillon,  viande  crue,  etc. 


224  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

D'abord  mes  soins  semblèrent  produire  d'heureux  résultats  ; 
mais  bientôt  il  se  remit  de  nouveau  à  chanceler  sur  ses  jambes, 
et  le  lendemain  matin  il  était  mort.  L'ayant  alors  pesé  et  ayant 
constaté  que  son  poids  était  de  six  livres  et  demie,  je  l'en- 
voyai rejoindre  son  compagnon  d'infortune  à  notre  Musée 
d'histoire  naturelle. 

Ainsi,  pour  qu'en  deux  années  seulement  il  ail  été  abattu, 
à  ma  connaissance,  cinq  Cygnes  deBewick,  et  cela  à  plusieurs 
reprises  différentes,  dans  un  aussi  petit  rayon,  il  faut  vrai- 
ment que  cet  oiseau  ne  soit  pas  d'une  extrême  rareté  dans  les 
contrées  septentrionales  de  l'Europe,  et  il  semble  qu'avec  les 
puissants  moyens  que  possèdent  nos  Sociétés  d'acclimatation, 
il  serait  fort  possible  de  répandre  cette  espèce  comme  elle 
mérite  de  l'être. 

II 

Reste  à  savoir  si  cette  espèce  d'un  physique  si  séduisant 
posséderait  en  captivité  les  mêmes  qualités  morales,  la  même 
sociabilité  que  ses  congénères;  là-dessus  je  demanderai  la 
permission  de  citer  ma  propre  expérience. 

.l'ai  dit  que  les  deux  premiers  Bewick  observés  en  Maine- 
et-Loire  l'avaient  été  dans  les  deux  communes  limitrophes  de 
la  Bohalle  et  de  la  Dagenière. 

C'est  dans  les  marais  de  cette  dernière  que  pendant  les 
grands  froids  de  l'hiver  s'abattit,  fuyant  les  régions  du  Nord, 
un  couple  de  cette  espèce,  et  vraisemblablement  le  mâle  et  la 
femelle,  à  en  juger  par  l'attachement  témoigné  par  l'un  d'eux 
à  son  malheureux  compagnon,  lorsque  celui-ci  eut  succombé 
sous  le  plomb  d'un  chasseur  de  canards.  Au  lieu  de  continuer 
seul  sa  migration  vers  le  sud,  de  fuir  ces  contrées  inhospita- 
lières, où  sans  doute  d'ailleurs  ils  n'avaient  dû  faire  qu'une 
simple  halte  pour  reprendre  bientôt  leur  vol  vers  des  régions 
plus  tempérées,  toute  la  vallée  de  la  Loire  étant  couverte  alors 
d'une  épaisse  couche  de  neige  et  de  glace,  pendant  plus  d'une 
semaine  que  dura  encore  cette  température  rigoureuse,  il  ne 
quitta  point  le  pays  témoin  de  son  infortune;  et,  quand  le 


LE   CYGNE   DE   BEWICK.  225 

froid  eut  cessé,  il  était  encore  là,  errant  et  solitaire,  tantôt 
naviguant  seul  dans  ces  vastes  marais'débordés,  tantôt  faisant 
d'immenses  rondonnées  dans  les  airs.  Chaque  matin  on  le 
voyait  s'élever  à  une  très  grande  hauteur,  au  moins  à  celle 
du  passage  des  Oies  sauvages  lors  de  leurs  migrations,  telle- 
ment haut,  m'ont  rapporté  les  gens  du  pays,  que  son  cou 
mince  disparaissait  presque  ;  on  n'apercevait  plus  guère  que 
sa  tête  en  avant  de  son  corps  ;  on  eût  dit  d'ailleurs  une  Oie 
sauvage,  n'était  la  longueur  démesurée  de  ce  cou  et  ses  ailes 
plus  arrondies  à  leur  extrémité. 

Il  semblait  alors  qu'il  était  parti  pour  toujours  vers  les 
régions  du  Nord;  mais  quelques  heures  plus  tard  on  le  voyait 
arriver  également  dans  les  nues,  et  après  avoir  tournoyé 
quelques  instants  pour  descendre,  il  s'abattait  de  nouveau, 
ses  grandes  ailes  étendues,  superbes  à  voir  se  replier  lente- 
ment, et  seulement  après  qu'il  s'était  reposé.  Évidemment  ce 
sol  malheureux,  où  il  avait  perdu  le  plus  cher  compagnon  de 
son  existence,  lui  tenait  au  cœur;  il  eût  voulu  le  quitter,  il 
ne  le  pouvait  pas,  il  y  cherchait  quelque  chose  qu'il  n'y  re- 
trouvait plus! 

On  se  figure  combien  un  tel  oiseau,  avec  ses  allées  et  ses 
venues,  devait  exciter  de  convoitises,  et  comme  tous  les  chas- 
seurs, si  nombreux  dans  cette  contrée  marécageuse,  furent 
sur  pied  pendant  près  de  trois  semaines  qu'il  resta  ainsi  dans 
le  pays.  Il  avait  des  raisons  pour  être  défiant,  mais  il  avait 
affaire  à  trop  forte  partie.  Déjà  manqué  une  première  fois 
près  de  la  gare  de  la  Bohalle,  une  chevrotine  finit  par  l'at- 
teindre à  l'aile  sur  cette  même  commune.  Cependant  il 
n'était  que  démonté,  et  il  nageait  avec  une  telle  vigueur,  que 
ce  fut  avec  une  difficulté  extrême  que  le  bateau  à  sa  pour- 
suite, monté  cependant  par  plusieurs  vigoureux  rameurs, 
finit  par  le  gagner  de  vitesse. 

A  quelques  jours  de  là,  son  possesseur  arrivait  chez  moi, 
m'apprenant  qu'il  m'apportait  un  Cygne  sauvage;  il  l'avait 
dans  sa  carriole  à  ma  porte.  J'allai  voir;  effectivement,  j'a- 
perçus une  tête  et  un  inrimense  cou  émergeant  d'un  panier 
recouvert,  sur  le  dessus  duquel  on  avait  ménagé  un  trou.  H 

3«  SK«iE,  T.  X.  —  Avril  KSSIJ.  "^  ^5 


g 


•226  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

était  sale  et  en  mauvais  état.  Cet  oiseau,  d'ailleurs  nouvelle- 
ment blessé,  vivrait-il?  Je  possédais  déjà  bien  assez  de  bêtes 
de  toutes  sortes,  pour  ma  tranquillité,  sans  y  joindre  en- 
core calle-là.  Je  dois  ajouter  que,  ne  voyant  pas  le  corps  et 
n'ayant  nullement  remarqué  les  différences  caractéristiques 
du  bec,  j'étais  loin  de  me  figurer  avoir  affaire  à  un  Bewick.  Je 
congédiai  donc  le  plus  poliment  qu'il  me  fut  possible  ce  brave 
homme,  lui  indiquant  le  directeur  de  notre  Jardin  des 
plantes,  et  à  son  défaut  un  marchand  d'oiseaux  de  ma  con- 
naissance qui  pourrait  peut-être  le  lui  acheter. 

Cependant  à  peine  était-il  parti  que  j'étais  tourmenté  de 
regrets;  un  simple  Cygne  sauvage  vivant  n'est  point  déjà 
ibier  tant  à  dédaigner.  Aussi  dormis-je  mal,  et  dès  le  matin 
['étais  au  Jardin  des  plantes,  où  j'appris  avec  plaisir  que  le 
directeur  n'avait  point  non  plus  su  profiter  d'une  telle  oc- 
casion ;  de  là  je  me  rendis  chez  le  marchand  d'oiseaux,  où  je 
retrouvai  ma  bête,  m'estimant  trop  heureux  de  l'acheter  le 
triple  du  prix  qu'on  me  l'eût  sans  doute  faite  la  veille. 

Maintenant  ce  noble  étranger  chez  moi  survivrait-il  à  ses 
hlessures,  et  surtout  au  chagrin  d'être  devenu  captif?  Com- 
bien, hélas  !  avais-je  perdu  de  Canards  blessés  dans  les  mêmes 
conditions,  n'ayant  également  point  voulu  survivre  à  leur 
liberté!  Dès  le  lendemain,  je  fus  rassuré  à  cet  égard  :  je  m'a- 
perçus qu'il  avait  touché,  bien  que  discrètement,  à  l'écuelle 
de  pain  mouillé  servie  à  son  intention.  Mais  une  difficulté 
se  présentait  :  pouvais-je  toujours  le  tenir  enfermé  dans  la 
pièce  où  je  l'avais  mis  sous  verrous?  Car  je  ne  suis  nulle- 
ment enclos;  si  je  lâche  cette  bête  sauvage,  qui  souffle  et 
rhérisse  ses  plumes  à  mon  approche,  elle  va  s'enfuir  dans  la 
campagne,  s'y  perdre  ou  s'y  faire  prendre.  Pendant  plusieurs 
semaines,  je  l'attachai  donc  au  bord  de  l'eau  par  le  pied  à  une 
longue  corde,  et  chaque  soir,  à  son  grand  déplaisir,  je  reti- 
.rais  la  corde  et  l'animal  avec,  toujours  persuadé  que  sa  der- 
nière heure  était  venue,  et  poussant  des  cris  navrants,  faisant 
les  efforts  les  plus  désespérés  pour  m'échapper.  Je  le  prenais 
-dans  mes  bras  et  l'emportais  dans  sa  chambre. 

Bientôt  à  sa  manière  d'être,  à  son  air  paisible  et  tranquille 


LE   CYGNE   DE   BEWICK.  227 

à  mon  approche  dans  la  journée  (car  le  soir,  à  ma  vue,  la 
pensée  de  se  voir  attiré  de  force  le  mettait  toujours  hors  de 
lui),  je  vis  bien  que  je  pourrais  désormais  compter  sur  mon 
prisonnier.  Un  jour,  je  cessai  donc  de  l'attacher;  il  se  rendit 
de  lui-même  à  ma  pièce  d'eau  et  n'en  bougea  pas.  Restait 
une  difficulté  ;  les  chiens  et  les  voleurs  m'ont  appris  à  être 
prudent  :  chaque  soir  je  renferme  mes  oiseaux  d'eau  à  double 
tour  de  clef  ;  mon  Bewick  voudrait-il  se  conformer  à  cette 
étroite  partie  de  mon  règlement?  Chose  singulière,  ce  Cygne, 
qui,  moins  d'un  mois  avant,  en  pleine  liberté,  ne  connaissait 
que  sa  volonté,  dès  ce  premier  soir  emboîtait  le  pas  de  mes 
autres  palmipèdes,  se  rendait  docilement  devant  nous  à  son 
local  de  nuit.  Et  il  en  fut  de  même  les  jours  suivants.  S'il 
était  à  terre  quand  on  venait  le  chercher,  il  n'essayait  nulle- 
ment de  retourner  à  l'eau  pour  nous  échapper;  s'il  était  dans 
ma  pièce  d'eau,  il  suffisait  de  frapper  quelques  coups  de 
gaule  pour  l'en  faire  sortir  aussitôt. 

Néanmoins,  en  obéissant  ainsi,  il  prenait  très  fort  sur  lui- 
même.  On  voyait  que  la  chose  lui  coûtait  infiniment,  qu'il  eût 
mille  fois  préféré  coucher  sur  l'eau,  à  la  belle  étoile. 

Aussi,  lui  qui  passait  sa  journée  dans  l'eau  ou  à  paître,  sur 
les  pelouses,  au  bord,  le  soir  venu  cherchait-il  à  se  dissimuler 
de  son  mieux,  et,  malgré  l'éclat  de  son  plumage,  il  fallait  le 
chercher  souvent  assez  longtemps  pour  le  découvrir  ;  tantôt 
on  le  trouvait  blotti  et  sans  mouvement  derrière  un  arbuste, 
tantôt  dans  l'intérieur  d'une  touffe  de  jonc,  dans  une  petite 
excavation,  et  il  était  étonnant  de  voir  le  peu  de  place  qu'il 
y  tenait. 

Plus  d'une  fois  je  me  désolai,  le  croyant  perdu,  et  j'étais 
presque  dessus  quand  je  le  retrouvais.  Certains  jours,  soit 
que  nous  devançassions  un  peu  l'heure  ordinaire,  soit  qu'il 
eût  lui-même  tardé  à  se  cacher,  dès  qu'il  nous  apercevait  avec 
nos  gaules  réglementaires,  on  le  voyait  s'aplatir,  marcher  à 
plat  ventre,  se  dissimuler  derrière  les  buissons  jusqu'à  ce 
qu'il  eût  rencontré  une  cachette  favorable,  et  il  faut  dire  que, 
dans  les  cas  assez  rares  où  il  était  ainsi  pris  au  dépourvu,  il 
semblait  faire  assez  peu  de  fond  de  noire  intelligence,  et  il 


^S  SOCIÉTÉ   X\TIO>'ALE   d'aCCLIHATATIO'. 

se  tapissait  derrière  un  objet,  qui  souvent  lui  dissimulait  à 
peine  la  moitié  du  corps.  Quand  il  se  croyait  bien  caché 
ainsi,  il  vous  attendait  avec  la  plus  ferme  confiance,  et  il  fal- 
lait être  dessus  pour  le  faire  déloger.  Alors  seulement,  voyant 
qu'il  était  bien  certainement  vu,  il  se  levait  de  lui-même  et 
prenait  tranquillement  le  chemin  de  son  dortoir,  où  jamais, 
en  y  arrivant,  il  ne  se  trompait  de  compartiment.  Mais  c'était 
seulement  des  personnes  ayant  Thabilude  de  le  faire  rentrer, 
et  à  cette  heure  spéciale  de  la  journée,  qu'il  se  cachait  ainsi  ; 
à  tout  autre  moment,  il  ne  semblait  faire  nulle  attention  à 
notre  présence. 

Il  rentra  ainsi  six  mois  environ  avec  une  extrême  docilité  ; 
après  quoi,  comme  les  serviteurs  qui,  au  bout  d'un  certain 
temps,  confiants  dans  la  mansuétude  de  leur  maître,  com- 
mencent à  s'émanciper,  il  cessa  de  montrer  la  même  bonne 
volonté,  puis  un  soir  refusa  carrément  d'obéir.  Comme  je 
croyais  qu'il  y  allait  de  sa  vie,  tous  les  bras  et  toutes  les  gaules 
disponibles  furent  mis  à  réquisition  pour  frapper  l'eau  :  rien 
n'y  fit  ;  j'espérais  que  cet  entêtement  ue  serait  que  momen- 
tané, qu'il  reviendrait  à  des  sentiments  plus  conciliants  ;  mais 
il  fallut  dès  lors  renoncer  à  tout  espoir  de  le  rentrer  pendant 
la  nuit. 

A  part  cette  question  de  dortoir,  où  nous  différions  entiè- 
rement, et  pour  laquelle  il  amis,  je  trouve,  trop  d'obstination, 
mon  Bewick  est  vraiment  fort  aimable.  Encore  jusqu'à  ce 
jour  les  événements  lui  ont-ils  donné  raison;  voici  plus  de 
quatre  ans  qu'il  couche  au  milieu  de  ma  pièce  d'eau  (tou- 
jours au  juste  milieu,  par  prudence),  et  il  ne  lui  est  arrivé 
aucun  fâcheux  accident.  Sa  taille  en  impose,  paraît-il,  aux 
Chiens,  qui  s'acharnent  contre  mes  seuls  Canards,  et  les  vo- 
leurs sont  persuadés  avec  raison  que  sa  chair  est  trop  coriace 
pour  compenser  les  graves  inconvénients  pouvant  résulter  de 
l'essai  de  sa  capture.  Mieux  que  cela,  il  m'a  rendu  et  peut  me 
rendre  encore  de  signalés  services,  en  m'avertissant  au  milieu 
de  la  nuit  de  la  présence  de  Chiens  poursuivant  mes  Ca- 
nards non  rentrés  par  hasard. 
Quand  il  pousse  un  certain  cri,  je  puis  être  sûrqu'il  se  passe 


LÉ   CYGNE   DE   BEWICK.  229 

quelque  chose  d'étrange  sur  ma  pièce  d'eau.  En  cela  il  diffère 
complèlemenl  de  mes  autres  palmipèdes,  môme  les  plus 
loquaces,  tels  que  les  Casarkas  de  Paradis,  qu'un  vrai  dan- 
ger paralyse  et  rend  absolument  muets,  comme  ils  m'en  ont 
donné  la  preuve,  alors  que  lui  ne  cessait  d'appeler  au  secours. 
Môme  nouvellement  capturé,  jamais  il  n'a  été  farouche;  il 
se  laissait  approcher  à  la  distance  ordinaire  des  oiseaux  de 
basse-cour;  mais  à  son  regard  peu  sympathique,  à  ses  souffle- 
ments,  au  hérissement  de  ses  plumes,  on  pouvait  voir  qu'il 
détestait  cordialement  les  humains,  à  qui  il  devait,  outre  la 
perte  de  son  regretté  conjoint,  celle  de  la  liberté  et  d'une  de 
ses  ailes.  Le  pain  qu'on  lui  présentait,  il  refusait  obstinément 
même  de  le  regarder  ;  il  fallait  qu'il  fût  absolument  seul  pour 
y  toucher.  Mais  il  ne  tarda  pas  à  s'apercevoir  que  j'étais  étran- 
ger à  ses  malheurs  ;  qu'au  contraire,  je  ne  cherchais  qu'à  le 
consoler,  à  lui  rendre  la  vie  plus  douce,  et  la  confiance  en  moi 
ainsi  qu'en  les  personnes  de  la  maison  lui  vint  bien  vite,  jus- 
qu'à venir  à  nous  et  à  nous  avertir  par  un  petit  grognement  de 
reproche  que  l'on  avait  tardé  à  remplir  sonécuelle  de  pain,  car 
cet  enfant  gâté,  à  la  différence  de  mes  autres  palmipèdes,  ne 
mange  que  du  pain;  encore,  pour  qu'il  veuille  bien  l'accepter, 
faut-il  qu'il  soit  noir;  le  blanc  lui  répugne,  et  il  aimerait 
mieux  brouter  l'herbe  vingt-quatre  heures  de  suite  à  côté,  que 
d'y  toucher.  Je  suis  convaincu  d'ailleurs  que  c'est  par  caprice, 
parce  que  c'est  la  première  nourriture  qu'on  lui  a  servie,  à 
laquelle  il  a  pris  goût,  et  qu'il  mangerait  fort  bien  comme  les 
autres  Cygnes  de  l'avoine  et  toutes  sortes  de  graines,  si  on  le 
mettait  à  la  diète  quelques  jours;  mais  je  n'ai  pas  eu  le  cou- 
rage de  le  contrarier  à  ce  point.  Il  est  si  sobre  d'ailleurs  !  Une 
demi-livre  de  pain  noir  lui  suffit  amplement  chaque  jour  ; 
encore  là-dessus  mes  Canards  prélèvent-ils  bon  nombre  de 
bouchées,  et  c'est  d'ailleurs  l'unique  occasion  où  il  se  dé- 
partit un  peu  de  sa  placidité  ordinaire  et  de  sa  mansuétude  à 
l'égard  de  ses  compagnons  de  captivité.  En  effet,  comme  on 
le  sert  sur  un  socle  élevé,  où  ses  compagnons  plus  petits  ne 
peuvent  atteindre,  quand  il  dîne,  tout  un  peuple  de  parasites 
et  de  mendiants  font  cercle  autour  de  lui,  alin  de  guetter  les 


230  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D'aCCLIMATATION. 

morceaux  et  miettes  pouvant  lui  échapper,  et  même  de  lui 
arracher  quelquefois  du  bec.  Là-dessus  sa  sei,2:neurie  n'en- 
tend pas  plaisanterie  et  inflige  aussitôt  une  juste,  mais,  il 
faut  dire  aussi,  peu  sévère  correction,  consistant,  suivant  les 
cas,  en  un  léger  coup  de  bec,  et,  dans  les  grandes  circon- 
stances, à  prendre  l'impertinent  par  les  plumes  du  dos  et  à  le 

rejeter  en  arrière 

Il  me  resterait  encore  beaucoup  à  dire  si  je  voulais  faire 
une  énumération  complète  de  toutes  les  aimables  qualités  du 
rare  et  bel  oiseau  dont  je  suis  l'heureux  possesseur;  mais,  par 
cet  individu  isolé,  pris  entièrement  à  l'état  sauvage  et  s'étant 
si  parfaitement  apprivoisé,  il  est  facile  de  prévoir  que  cette 
espèce,  l'une  des  plus  belles  du  genre,  ne  le  céderait  nulle- 
ment en  sociabilité  à  ses  congénères,  et  que  son  acclimatation 
comblerait  un  vide  dans  nos  jardins  et  nos  pièces  d'eau. 


LES   IRRIGATIONS 

AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  CONSERVATION  DU  POISSON 

Par   M.    C.   BAVERET-AVATTEL  , 

Secrétaire  des  séances. 


Le  départemenL  de  l'Agriculture,  dans  sa  sollicitude  pour 
les  grands  intérêts  qui  lui  sont  conliés,  se  préoccupe  en  ce 
moment  des  voies  et  moyens  de  répandre  le  plus  possible 
l'usage  des  irrigations.  Tout  en  applaudissant  à  la  propaga- 
tion d'une  des  pratiques  les  plus  propres  à  augmenter  la 
richesse  agricole  du  pays,  on  ne  peut  s'empêcher  d'entrevoir, 
dans  les  travaux  projetés,  une  nouvelle  cause  certaine  et  très 
active  de  dépeuplement  pour  les  rivières,  si  quelques  me- 
sures protectrices  du  poisson  ne  sont  pas  prises. 

Assurément,  l'utilisation  des  eaux  pour  les  besoins  de  l'a- 
griculture, —  aussi  bien  que  l'amélioration  des  voies  naviga- 
bles ou  la  création  de  forces  motrices  pour  les  usines,  — 
présente  aujourd'hui  une  importance  qui  doit  primer  celle 
de  la  production  du  poisson.  Mais  il  est  grandement  à  désirer 
que  cette  dernière  ne  soit  pas  entièrement  sacrifiée.  Or  les 
irrigations  ont  été  et  sont  encore  tous  les  ioursune  des  causes 
les  plus  actives  de  la  disparition  du  poisson.  Les  irrigations, 
en  effet,  ont  lieu  au  printemps,  avant  la  fenaison,  et  en  été,- 
après  celte  opération.  Elles  sont  arrêtées  en  juin  et  en  sep- 
tembre pour  permettre  la  rentrée  des  récoltes,  et  c'est  là 
qu'est  le  danger.  Voici  pourquoi  : 

Les  tout  jeunes  poissons,  les  alevins,  affluent  toujours  dans  • 
les  fossés  des  prés  au  moment  des  irrigations.  Ils  y  sont  at- 
tirés par  les  proies  nombreuses  et  faciles  qu'ils  y  trouvent,  et 
aussi  par  l'instinct  de  la  conservation,  qui  les  pousse  à  fré-- 
quenter  des  eaux  courantes,  dont  le  peu  de  profondeur  ne 
permet  pas  aux  poissons  de  forte  taille  de  s'y  engager  à  leur 
poursuite.  Au  printemps,  ce  sont  les  alevins  des  espèces  qui; 


232  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

frayent  en  hiver,  comme  la  Truite  et  le  Saumon;  en  automne, 
ce  sont  ceux  des  espèces  estivales,  de  la  Carpe  et  des  divers 
poissons  blancs.  Or,  pour  faucher  et  faner  les  herbes,  on  ferme 
les  vannes  d'alimentation  et  toutes  les  rigoles  sont  rapidement 
mises  à  sec.  Les  jeunes  poissons  qui  y  ont  pénétré  périssent 
alors  sans  exception,  «  et  cela  en  telle  abondance,  que  parfois 
des  cultivateurs  enlèvent  ce  fretin  par  brouettes  pour  nourrir 
leurs  porcs,  et  qu'aux  abords  des  canaux  asséchés  l'air  est 
vicié  et  infecté  par  le  poisson  pourri.  C'est  ce  qui  se  produi- 
sait notamment  pendant  les  premières  années  du  fonction- 
nement des  grands  canaux  d'irrigation  construits  dans  la 
vallée  de  la  Moselle,  et  alors  que  cette  rivière  était  encore 
très  poissonneuse  ;  aujourd'hui  même  que  cette  cause  perma- 
nente de  destruction  a  fini  par  ruiner  la  Moselle,  c'est  encore 
par  milliers  qu'à  chaque  mise  à  sec  on  peut  ramasser  des 
Truitelles  de  trop]  petite  taille  pour  être  consommées  et  qui 
pourrissent  dans  ces  canaux  desséchés  (1).  » 

D'après  M.  Gauckler,  ingénieur  en  chef  des^  ponts  et 
chaussées,  <  il  résulte  d'une  expérience  faite  à  ce  sujet  que, 
sur  un  hectare  de  prairie  irriguée,  il  est  mort  d'une  seule 
fois  vingt  mille  petits  poissons  environ,  dont  beaucoup  de 
Truites.  L'apport  des  eaux  est,  de  cette  façon,  fertilisant  pour 
les  prairies,  mais  l'irrigation  de  ces  dernières  est  la  destruction 
de  la  population  des  rivières.  Ajoutons  que  le  poisson  blanc, 
la  Carpe  surtout,  recherche,  pour  frayer,  les  eaux  chaudes  qui 
couvrent  les  gazons.  En  juin  et  juillet,  il  fraye  dans  les  rigoles 
d'irrigation  et,  en  septembre,  sa  progéniture  est  détruite (2)  », 
quand  on  met  les  rigoles  à  sec  (3). 

L'enquête  ouverte  par  la  Commission  sénatoriale  du  repeu- 
plement des  eaux  a  fait  ressortir,  du  reste,  les  inconvénients 

(1)  Commission  sénatoriale  de  repeuplement  des  eaux.  —  Rapport  fait  par 
M.  George  (des  Vosges),  secrétaire  de  la  Commission. 

(2)  Gauckler,  La  pisciculture  et  le  repeuplement  des  cours  d'eau.  Épinal, 
novembre  1878. 

(3)  Pour  obvier  à  cet  inconvénient,  on  a  parfois  songé  à  garnir  de  grillages 
rentrée  des  rigoles.  Mais  celte  mesure  a  le  défaut  grave  d'obstruer  souvent  les 
prises  d'eau  par  l'amoncellement  sur  les  grilles  des  herbes  et  des  débris  charriés 
par  les  eaux.  D'ailleurs,  efficace  en  ce  qui  concerne  les  poissons  d'une  certaine 
taille,  elle  est  sans  effet  pour  l'alevin,  qu'il  importe  surtout  de  protéger. 


LES   IRRIGATIONS.  23o 

graves  que  présentent  les  irrigations  au  point  de  vue  de  la 
conservation  du  poisson.  Parmi  les  dépositions  recueillies, 
plusieurs  ont  signalé  différentes  mesures  qui  permettraient 
sans  doute  d'atténuer  jusqu'à  un  certain  point  les  consé- 
quences désastreuses  des  mises  à  sec.  Ces  mesures  sont  les 
suivantes: 

4"  Rendre  obligatoire  un  aménagement  des  vannes  et  canaux 
tel,  que  la  fermeture  des  vannes  de  tête  ne  puisse  être  étanche 
et  qu'il  reste  toujours  dans  les  canaux  principaux  une  lame 
d'eau  d'une  épaisseur  déterminée,  et  en  communication  con- 
stanle  avec  la  rivière  (1)  ; 

2°  Prescrire  que  le  fond  des  canaux  soit  toujours  dressé  en 
pente  régulière,  de  façon  à  ce  que  le  poisson  se  trouve  forcé 
de  suivre  la  nappe  d'eau  et  ne  soit  pas  tenté  de  rester  dans  les 
flaques  et  les  petites  dépressions  où  on  le  prend; 

à"  Exiger  qu'aucune  manœuvre  de  vannes,  de  nature  à 
produire  un  abaissement  considérable  du  plan  d'eau,  ne 
puisse  avoir  lieu  sans  que  l'administration  en  ait  été  informée 
au  moins  deux  ou  trois  jours  à  l'avance;  de  manière  à  ce 
qu'on  puisse  envoyer  sur  place  un  agent  chargé  d'empêcher 
les  faits  de  pêche  et  faire  procéder  à  la  mise  en  rivière  de  tout 
le  poisson  resté  dans  les  canaux;  imposer,  en  tout  cas,  qu'au- 
cune manœuvre  ayant  pour  résultat  soit  une  mise  h  sec,  soit 
simplement  un  abaissement  notable  du  plan  d'eau,  ne  puisse 
avoir  lieu  que  lentement  et  par  gradation,  de  façon  à  per- 
mettre au  poisson  de  s'échapper  (2). 


(1)  M.  Gauckler,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées,  considère  ce  moyen 
comme  très  efficace,  et  il  s'exprime  ainsi  sur  la  question  :  «  Les  vannes  de  prise 
d'eau  des  rigoles  d'irrigation  [lourraient  toutes  être  munies  d'une  échancrure  à 
leur  partie  inférieure.  Elle  maintiendrait  la  communication  avec  le  cours  d'eau, 
et  permettrait  aux  alevins  répandus  dans  la  prairie  de  le  regagner.  Un  filet 
d'eau,  évacué  par  le  canal  de  colature,  devrait  continuellement  cire  maintenu 
dans  la  rigole  d'irrigation.  Cette  disposition  ne  nuirait  en  rien  aux  travaux  de  la 
récolte,  et  empêcherait  des  émanations  insalubres,  en  conservant  la  fraîcheur 
du  sol.  Prescrite  dans  les  Vosges  depuis  deux  ans,  elle  n'a  pas  suscité  plus  d'une 
seule  réclamation.  »  {La  pisciculture  et  le  repeuplement  des  cours  d'eau.) 

(2)  Une  disposition  assez  simple  paraîtrait  fournir  la  possibilité  de  supprimer, 
au  moins  en  grande  partie,  les  inconvénients  ([ui  résultent  des  irrigations  pour 
la  conservation  du  poisson.  Ce  serait  d'empêcher,  au  moyen  d'une  cloison  étanche, 
toute  communication  directe  entre  la  rivière  et  les  rigoles.    La  prise  d'eau  se 


234  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Si  les  dépositions  recueillies  varient  dans  l'indication  des 
mesures  à  prendre,  toutes  sont  du  moins  d'accord  sur  la  né- 
cessité absolue,  — si  Ton  ne  veut  pas  assister  à  une  destruc- 
tion complète  de  la  population  déjà  si  réduite  de  nos  rivières, 
—  de  soumettre  les  prises  d'eau  à  une  réglementation  spé- 
ciale, à  une  surveillance  toute  particulière. 

Il  ne  paraîtrait  donc  pas  inopportun  d'appeler  sur  cette 
importante  question  la  bienveillante  attention  de  M.  le  Mi- 
nistre de  l'Agriculture,  au  moment  où  son  département  s'oc- 
cupe, avec  une  sollicitude  si  éclairée,  de  répandre  en  France 
la  pratique  des  irrigations  ;  car  il  est  très  désirable  que  les 
travaux  projetés  soient  exécutés  dans  des  conditions  dénature 
à  sauvegarder  le  plus  possible  les  intérêts  de  la  pêche  et  de  la 
pisciculture.  Celte  démarche  me  semble  rentrer  complète- 
ment dans  les  attributions  de  la  Société  nationale  d'Acclima- 
tation, et  j'ai  l'honneur  de  prier  le  Conseil  de  vouloir  bien  y 
donner  son  assentiment. 

Dans  sa  séance  du  10  avril  1883,  le  Conseil  a  approuvé  les 
conclusions  de  cette  note  et  décidé  qu'elles  seraient  soumises 
à  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture. 

ferait  à  Taide  d'une  conduite  en  forme  de  siphon  partant  presque  du  fond  de  la 
rivière  et  passant  sous  la  cloison  étanche  pour  venir  aboutir  dans  la  rigole. 
Les  poissons  ne  s'engageraient  pas  volontiers  dans  ces  conduites,  où  l'eau  obéi- 
rait aux  variations  de  niveau  delà  rivière,  et  dont  une  clef  permettrait  de  régler 
le  fonctionnement  à  volonté. 


NOUVELLE  COMPOSITION  DE  PICKLES 

Par    M.    PAILLIEL'X 


S'il  est  fort  difficile  de  Irouver  aujourd'hui  des  plantes  pota- 
gères exotiques  qui  puissent  être  ulilement  introduites  dans 
nos  cultures  et  passer  directement  du  jardin  à  la  cuisine,  il  en 
est  quelques-unes  qui  peuvent  constituer  d'heureuses  acqui- 
sitions pour  nos  tables  en  sortant  des  mains  du  confiseur  ou 
du  vinaigrier. 

Le  Physalis  Peniviana  a  fourni  elle  année  un  aliment  1res 
intéressant  cà  Ja  confiserie.  Peut-être  estimerez-vous ,  après 
dégustation  des  Pickles  que  je  vous  présente,  que  des  res- 
sources nouvelles  sont  offertes  aux  vinaigriers. 

Aux  colonies,  les  Acharts;  en  Angleterre,  les  Pickles;  en 
France,  les  Cornichons  associés  à  d'autres  légumes,  sont  l'ob- 
jet d'un  trafic  important.  La  Société  d'Acclimatation  ne  sorti- 
rail  pas  de  son  rôle  en  indiquant  l'emploi  qui  peut  être  fait  de 
plantes  peu  connues  jusqu'ici  ou  même  absolument  incon- 
nues. 

Les  spécimens  qui  sont  sous  vos  yeux  ne  contiennent,  ni  le 
Slachys,  ni  la  Capucine  tubéreuse;  de  l'un,  je  n'avais  encore 
rien  récolté  ;  de  l'aulre,  je  ne  possédais  pas  cette  année  une 
seule  touffe  dans  mon  jardin  ;  mais  je  me  propose  de  confire 
cet  été  les  divers  légumes  dont  je  vais  vous  parler  et  de  vous 
présenter  l'an  prochain  des  bocaux,  dans  lesquels  ils  seront 
tous  compris. 

OIGNON  c.VTAWissA  {AlUum  fistulosiim,  VSlY.) 

L'Oignon  Catawissa  occupe  le  premier  rang  dans  la  compo- 
sition de  Pickles  que  j'ai  l'honneur  de  vous  proposer.  Il  a 
été  considéré  jusqu'ici  comme  étant  d'origine  américaine, 
mais,  tout  récemment,  en  parcourant  le  livre  du  docteur 
Ilretschncider  intitulé  :  Early  european  researches  inlo  the 


236  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Flora  of  China,  j'ai  eu  la  satisfaction  de  découvrir  sa  véri- 
table patrie. 

Un  Français,  nommé  Louis  Le  Comte,  se  joignit  en  1687  aux 
jésuites  missionnaires  en  Chine  et  publia  à  Paris,  en  1696, 
un  ouvrage  en  deux  volumes  intitulé  :  Nouveaux  mémoires  sur 
VÉtat  de  la  Chine. 
L'auteur,  né  en  1655,  mourait  à  Bordeaux  en  1729. 
Le  Comte  parle  (1, 178)  d'un  Oignon  chinois  particulier  dans 
les  termes  suivants:  «  J'y  ai  vu  une  espèce  d'Oignon,  qui  ne 
vient  point  de  graine  comme  ceux  d'Europe,  mais,  à  la  fin  de 
la  saison,  on  voit  sortir  de  petits  filaments  sur  la  pointe  ou  sur 
la  tige  des  feuilles,  au  milieu  desquelles  se  forme  un  Oignon 
semblable  à  celui  qui  germe  dans  la  terre.  Ce  petit  Oignon 
pousse  avec  le  temps  des  feuilles  comme  celles  qui  le  soutien- 
nent, lesquelles  à  leur  tour  portent  un  troisième  Oignon  sur 
leur  pointe,  de  manière  néanmoins  que  leur  grosseur  et  leur 
hauteur  diminuent  à  mesure  qu'ils  s'éloignent  de  la  terre.  » 
Cette  description  ne  serait  sans  doute  pas  suffisamment 
probante,  si  le  docteur  Bretschneider  n'ajoutait  pas  ce  qui 
suit  :  «  Cet  Oignon  paraît  être  celui  qui  avait  été  décrit  sous  le 
nom  de  Lou  Iz'tsung  (Oignon  poussant  en  étages)  dans  le  Kin 
huang  imi  ts'ao  publié  à  la  fin  du  quatrième  siècle.  On  y 
trouve  aussi  une  bonne  figure.  La  description  porte  qu'au 
sommet  des  feuilles  poussent  de  quatre  à  cinq  petits  Oignons, 
et  que  sur  ceux-ci  d'autres  Oignons  se  produisent  encore,  for- 
mant ainsi  de  trois  à  quatre  étages.  Ces  Oignons  ne  donnent 

pas  de  graines » 

MM.  Yilmorin-Andrieux  et  C  ont  donné  une  bonne  descrip- 
tion de  l'Oignon  Catawissa,  description  que  je  transcris  :  «Très 
grande  Ciboule,  vivace,  prolifère,  c'est-à-dire  produisant  de 
petits  bulbes  au  lieu  de  fleurs,  à  la  manière  de  l'Oignon  Ro- 
cambole.  Plantées  au  printemps  ou  à  l'automne,  car  la  plante 
est  parfaitement  rustique  sous  le  climat  de  Paris,  ces  bulbilles 
donnent  la  première  année  des  pieds  à  deux  ou  trois  tiges  sur- 
montées de  bulbilles,  qui,  à  peine  constituées,  développent 
elles-mêmes  des  tiges  nouvelles  couronnées  de  nouvelles  bul- 
billes,lesquelles  donnentfréquemmentnaissance  à  un  troisième 


NOUVELLE   COMPOSITION   iJE   PICKLES.  237 

étage  de  pousses,  le  tout  s'élevant  de  75  à  80  centimètres. 

»  Après  un  ou  deuxans,  la  végétation  se  modifie.  Les  touffes 
deviennent  très  vigoureuses,  se  composant  de  vingt  à  trente 
montants,  dont  chacun  porte  de  dix  à  vingt  bulbilles,  mais 
développant  beaucoup  moins  souvent  des  tiges  secondaires. 

»  Le  goût  des  bulbes  et  des  pousses  est  cà  peu  près  celui  de  la 
Ciboule  commune.  Les  bulbilles  peuvent  aussi  être  consom- 
mées après  en  avoir  cependant  enlevé  la  première  enveloppe, 
qui  est  très  dure  ».  (Vilmorin-Andrieux  et  V\) 

L'Oignon  Calawissa  a  été  importé  d'Amérique  par  M.  A.  de 
Lentilhac  aîné,  et  mis  en  vente  par  M.  Gagnaire  lils  aîné,  hor- 
ticulteur à  Bergerac.  Je  l'ai  cultivé  dès  qu'il  a  été  introduit  et 
je  dirai  plus  loin  ce  que  j'en  pense.  Je  donnerai  d'abord  la 
parole  à  son  introducteur.  M.  Gagnaire  s'exprime  ainsi  dans 
la  Revue  horticole,  année  1875,  p.  57  :  «  Personne  n'ignore 
que  l'Oignon  qui  se  mange  en  vert  au  printemps  à  Paris 
comme  en  province,  est,  d'un  côté,  le  résultat  des  semis  que 
les  jardiniers  exécutent  dans  le  courant  du  mois  d'août,  tandis 
que  de  l'autre,  et  notamment  dans  notre  région,  l'oignon  vert 
est  obtenu  en  mettant  en  terre,  en  septembre  et  octobre,  des 
bulbes  impropres  à  la  consommation,  qui',  au  printemps 
émettent  trois  ou  quatre  tiges  vertes,  quelquefois  plus,  que 
l'on  détache  de  la  souche  selon  les  besoins  de  la  maison  ou  de 
la  vente. 

«  Quels  que  soient  les  moyens  employés,  il  n'en  reste  pas 
moins  avéré  qu'il  faut  semer,  repiquer  et  planter  annuelle- 
ment à  l'automne  l'Oignon  qu:  Ton  veut  consommer  en  vert 
au  printemps;  et  si,  d'un  autre  côté,  il  s'agit  d'obtenir  au  jar- 
din du  petit  Oignon  pour  confire,  je  n'ai  pas  à  dire  les  soins 
que  ce  travail  exige,  sans  compter  qu'il  n'est  pas  toujours 
facile  d'arriver  à.  des  résultats  salifsaisants.  Or  avec  l'Oignon 
Catawissa,  ces  inconvénients  disparaissent  puisfju'il  possède 
la  faculté  de  donner  à  chaque  printemps,  et  pendant  trois  ou 
quatre  ans,  des  Oignons  verts  en  abondance,  en  été  des  bul- 
billes en  quantité  pour  confire,  et  qu'il  ne  demande  d'autre 
culture  que  celle  que  je  vais  signaler. 

a  L'Oignon  Catawissa  est  une  plante  potagère,  à  souche  vi- 


238  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

vace,  émetlant  à  la  base,  au  printemps,  de  vingt  à  trente  liges 
grosses  comme  des  poireaux,  longues,  tendres  etexcellentes  à 
manger  en  vert  ;  plus  précoce  d'une  quinzaine  de  jours  ou 
même  d'un  mois  que  les  Oignons  plantés  à  l'automne.  On  le 
multiplie  de  bulbilles,  que  l'on  met  en  place  depuis  le  mois 
d'octobre  jusqu'en  février  et  que  l'on  traite  de  la  manière  sui- 
vante : 

»  Le  terrain  destiné  à  l'Oignon  Catawissa  ayant  été  travaillé 
et  copieusement  amendé  préalablement  à  l'aide  d'une  forte 
couche  de  fumier  ou  d'engrais,  on  trace  au  cordeau  plusieurs 
sillons  espacés  de  40  à  50  centimètres  chacun,  dans  lesquels  on 
place  les  bulbilles  que  l'on  distance  également  de  40  à  50  cen- 
timètres les  uns  des  autres.  Cette  distance,  de  laquelle  on 
peut  tirer  aisément  parti  la  première  année  en  cultivant  entre 
les  rangs  des  Chicorées,  des  Laitues,  des  Carottes,  etc.,  est 
indispensable  par  la  suite  à  cause  du  développement  que  ne 
manquent  pas  de  prendre  les  souches  à  la  deuxième  année  de 
plantation.  Les  bulbilles  mises  en  terre  d'octobre  à  février 
pousseront  vigoureusement  au  printemps,  mais  elles  ne  don- 
neront celte  première  année  qu'une  seule  tige,  que  l'on  main- 
tiendra à  l'aide  d'un  petit  tuteur.  Dans  le  courant  de  l'été,  cette 
tige  produira  au  sommet  un  ou  deux  étages  de  bulbilles,  que 
l'on  utilisera  pour  la  plantation  ou  desquelles  on  lire  parti  en 
les  confisant  au  vinaigre  à  la  manière  des  Cornichons. 

»  Lasecondeannéeest  celle  de  la  première  récolte.  Dès  la  fin 
de  février  jusqu'à  la  fin  d'avril,  quelquefois  même  jusqu'en 
mai,  à  la  place  des  bulbilles  que  l'on  a  plantées  l'année  précé- 
dente, on  trouve  une  touffe  d'Oignons  verts,  gros  comme  des 
Poireaux,  contenant  de  20  à  80  tiges  d'une  saveur  et  d'une 
qualité  qui  ne  lecèdent  enrienauxmeilleursOignonscultivés; 
et  comme  avec  cent  touffes  d'Oignon  Catawissa  un  ménage  or- 
dinaire ne  consommera  pas,  au  printemps,  les  tiges  vertes 
qu'elles  fournissent,  celles  qui  restent  aux  pieds  se  dévelop- 
pent, atteignent  une  hauteur  de  0"',80  à  1  mètre  et  se  cou- 
ronnent au  sommet,  en  été,  de  un  ou  deux  étages  de  bul- 
billes, que  l'on  utilisera  comme  je  l'ai  indiqué  ci-dessus. 

»  A  partir  de  ce  moment,  les  touffes  d'Oignon  Catawissa  pro- 


NOUVELLE    COMPOSITION    DE   PICKLES.  239 

duiront  pendant  deux,  trois  ou  même  quatre  ans,  et  à  chaque 
printemps,  des  tiges  en  abondance,  en  été  des  bulbillcs  en 
quantité,  et  cela  sans  autres  soins  que  quelques  binages  appli- 
qués pendant  le  cours  de  la  végétation  et  un  bon  labour  au 
printemps,  un  peu  avant  l'apparition  des  tiges 

»  L'Oignon  Catawissa  est  d'une  rusticité  sans  égale  puisqu'il 
supporte  sans  altération  20  à  30  degrés  au-dessous  de  zéro.  » 

La  note  de  M,  Gagnaire  est  suivie  de  quelques  observations 
de  M.  Carrière,  qui  a  reconnu  que  l'Oignon  Catawissa  est  abso- 
lument distinct  de  l'Oignon  Rocambole:  ce  qui  était  contesté. 

Je  n'ajouterai  rien  à  ce  qui  précède  relativement  à  la  culture 
de  rOignon  Catawissa,  si  ce  n'est  pour  l'approuver.  Quant  à 
ses  usages,  il  en  est  un  dont  je  ne  puis  mesurer  l'importance. 
Je  sais  qu'il  se  consomme  une  grande  quantité  d'Oignons  verts 
dans  certaines  parties  de  la  France,  mais  je  n'en  ai  jamais 
mangé.  Je  ne  puis  dire  si  les  tiges  du  Catawissa  ont  la  saveur 
de  l'Oignon  commun,  mais  je  puis  affirmer  avec  M.  Gagnaire 
que  ses  souches  sont  d'une  grande  fécondité. 

Je  me  bornerai  à  apprécier  le  mérite  et  l'utilité  de  ses  bul- 
billes.  Le  Catawissa  s'appelle  Oignon  dans  le  commerce, 
Ciboule  en  botanique  et  peut-être  Echalote  en  cuisine.  11  serait 
plus  vrai  de  dire  que  VAlliuni  chinois  a  une  saveur  qui  lui  est 
propre  et  qui  n'est  précisément  ni  celle  de  l'Oignon,  ni  celle 
de  la  Ciboule,  ni  celle  de  l'Echalote.  C'est  ce  qui  m'en  fait 
conseiller  la  culture.  En  effet,  les  bulbilles  du  Catawissa,  con- 
fites dans  le  vinaigre,  sont  excellentes  et  diffèrent  de  toute 
préparation  analogue. 

De  plus,  la  plante  est  très  curieuse.  On  en  trouvera  une 
figure,  très  exacte,  accompagnant  une  noie  de  M.  Carrière, 
dans  la  Revue  horticole,  année  4875,  p.  453. 

coNCO.MBRE  ANGOURiE  {Cucumis  Atiguria  Linné) 

Le  petit  volume  de  ce  Concombre  et  les  épines  molles  dont 
il  est  hérissé  lui  donnent  l'apparence  d'un  marron  d'Inde.  La 
plante  figure  depuis  longtemps  dans  les  catalogues  sous  le 
nom  de  Concombre  Arada,  qui  ne  lui  appartient  pas. 


240  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Le  Concombre  Arada,  décrit  par  Descourtilz,  lire  son  nom 
d'une  conformation  particulière,  qui  le  fait  ressembler,  en 
un  certain  point,  aux  femmes  de  la  tribu  des  nègres  Aradas. 
Je  n'ai  pas  réussi  jusqu'ici  à  me  le  procurer.  C'est  le  Cucumis 
compressus  de  Linné. 

Le  Concombre  Angourie  croît  partout  naturellement  aux 
Antilles  et  principalement  dans  les  savanes  sèches  et  près  des 
rivières  dont  les  bords  offrent  une  riche  végétation.  On  le  ren- 
contre dans  la  Nouvelle-Grenade,  au  Brésil,  près  de  Bahia, 
dans  toute  l'Amérique  du  Sud,  principalement  dans  sa  partie 
orientale,  où  il  est  fréquemment  cultivé  dans  les  potagers. 

La  culture  de  l'Angourie  ne  présente  aucune  difticulté.  Cinq 
mois  s'écoulent  entre  la  date  du  semis  et  celle  de  la  récolte. 
On  sème  sous  châssis  en  mars;  on  met  la  plante  en  pots  en 
avril;  on  la  met  en  place,  sous  cloche  du  15  au  25  mai.  On  ré- 
colte du  10  au  15  août. 

La  fructification  est  d'une  abondance  extraordinaire.  On 
peut  compter  sur  une  centaine  de  fruits  par  pied;  mais,  si  les 
plantes  reçoivent  la  pluie  pendant  plusieurs  jours,  la  récolte 
est  entièrement  détruite.  On  n'est  assuré  de  récolter  qu'autant 
qu'on  préserve  la  plantation  de  l'eau  du  ciel  au  moyen  de  châs- 
sis vitrés.  L'Angourie  n'exige  pas  de  couche  neuve  ou  vieille. 
Il  suffit  de  la  planter  en  poquets,  garnis  d'un  peu  de  fumier 
consommé. 

Le  10  août  1876,  j'ai  présenté  à  la  Société  centrale  d'horti- 
culture des  Angouries  admirablement  bien  venues,  semées  le 
16  mars  et  chargées  d'une  multitude  de  fruits,  à  point  pour  la 
récolte.  Sous  le  climat  de  Paris,  c'est  une  plante  d'amateur 
que  j'ai  pris  grand  plaisir  à  cultiver. 

Dans  le  Midi,  sa  culture  serait  certainement  rémunératrice 
comme  on  en  pourra  juger  par  ses  usages. 

Les  fruits  de  l'Angourie  se  mangent  en  salade. 

A  la  Basse-Terre.  (Guadeloupe),  nos  soldats  d'infanterie  de 
marine  les  recueillent  dans  leurs  promenades  autour  de  la 
ville  et  les  ajoutent  à  leur  ordinaire.  On  prépare  de  diverses 
manières  ce  joli  petit  Concombre,  en  sauce,  en  conserves 
au  vinaigre,  notamment  dans  celles  qui  portent  aux  colonies 


NOUVELLE   COMPOSITION   DE    PICKLES.  241 

le  nom  à'Acharts.  Selon  Descourtilz,  {Flore  des  Anlilles), 
pour  le  préparer,  on  le  coupe  par  le  milieu  et  on  enlève  les 
graines  qu'il  contient  en  nombre  infini  ;  puis,  on  le  fait  cuire 
seul,  ou  avec  du  jambon,  ou  des  crabes,  ou  des  tomates,  ou 
bien  encore  avec  de  la  morue.  Pour  le  confire  au  vinaigre, 
selon  Fauteur  que  je  cite,  il  faut  le  dépouiller  de  ses  graines 
et  ajouter  des  tiges,  des  pampres  et  des  fruits  verts  de  piment. 

M.  le  docteur  Sagot,  dans  notre  Bulletin,  1872,  p.  550,  nous 
dit  que  le  jeune  fruil  cuit  du  Cuciimis  Anguria  est  tendre  et 
très  agréable.  La  plante,  dans  un  bon  terrain,  fructifie  beau- 
coup. C'est  le  Pepinhodo  mato  des  colonies  portugaises.  M.  Nau- 
din,  dans  les  Annales  des  sciences  naturelles,  a  publié  sur  le 
C.  Anguria  une  note  instructive  et  intéressante,  à  laquelle 
nous  renvoyons  le  lecteur.  Selon  lui,  la  plante  est  bien  d'ori- 
gine américaine,  ce  dont  il  avait  douté  d'abord  ;  elle  est  consi- 
dérée comme  potagère  et  cultivée  comme  telle  dans  une  grande 
partie  de  l'Amérique.  Il  semble  que  sous  ce  rapport  on  en  ait 
tiré  quelque  parti  en  Italie,  dans  le  siècle  dernier,  comme 
nous  l'apprennent,  dit-il,  Gilii  elXuarés  dans  un  opuscule  au- 
jourd'hui fort  rare  {Osservatione  fitologice,  etc.),  qui  fait  partie 
de  la  bibliothèque  de  M.  Delessert  et  de  celle  de  l'Institut. 

Je  conserve  dans  du  vinaigre,  préparé  avec  fleurs  de  sureau, 
piments,  etc.,  les  fruits  du  C.  Anguria  sans  leur  enlever 
leurs  graines.  Je  considère  cette  opération  comme  inutile  et 
j'emploie  les  fruits  entiers  saus  les  couper. 

Cette  conserve  est  très  jolie,  très  bonne.  Il  ne  faut  pas  con- 
fondre l'Angourie  avec  tous  ces  légumes  insipides  et  mous, 
véritables  éponges  à  vinaigre,  qu'on  a  l'habitude  d'associer  aux 
Cornichons.  On  devra  cueillir  les  fruits  avant  leur  entier  déve- 
loppement; leur  peau  durcit  assez  vite. 

Pour  conclure,  je  recommande  vivement  la  culture  de  l'An- 
gourie aux  amateurs  de  la  région  de  Paris  et  aux  horticulteurs 
ou  maraîchers  du  midi  de  la  France.  La  vente  de  ses  fruits  me 
semble  assurée. 


3*  SÉRiK.  T.  X.  —  Avril  18S:{.  Ki 


242  SOCIÉTÉ  NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

MiÔGA  {Amomum  Miôga  Thunb.) 

(Fam.  des  Zingibéracées.) 

Le  Miôga  est  originaire  du  Japon.  Il  a  été  décrit  par  Kaem- 
pfer  dans  son  ouvrage  intitulé  :  Amœnitatuni  exoticarum...^ 
p.  826. 

Il  a  été  recueilli  par  Thunberg,  Siebold  et  autres  botanistes 
près  de  Nangasaki.  Il  croît  spontanément-,  mais  il  est  généra- 
lement cultivé. 

Dans  le  livre  intitulé  :  le  Japon  à  VExposition  imiverselle 
de  4878,  je  lis  :  «  Le  Miôga  est  une  plante  dont  on  mange  les 
jeunes  tiges  et  les  fleurs.  Les  fibres  de  ses  tiges  peuvent  aussi 
servir  à  faire  des  cordes.  » 

M.  le  docteur  Hénon  m'écrivait,  le  11  avril  1879  :  «  Je  vous 
envoie  une  petite  racine  d'une  espèce  de  Gingembre  appelée 
au  Japon  Miôga  et  par  Thunberg  Amomum  Miôga.  On  en 
mange  les  inflorescences  avant  l'épanouissement  des  fleurs  ; 
c'est  assez  bon, 

»  Bien  que  toutes  les  Zingibéracées  soient  considérées  ici 
comme  de  serre  chaude,  cette  plante  passe  parfaitement  les 
hivers  chez  moi  depuis  trois  ans  en  pleine  terre,  plantée  à 
10  centimètres  de  profondeur  et  recouverte  en  hiver  d'un  peu 
de  feuilles  sèches.  Elle  a  bien  fleuri  l'été  dernier  ;  si  le  mor- 
ceau que  je  vous  envoie  est  un  peu  petit,  c'est  que  je  ne  l'ai 
encore  guère  multipliée  ;  s'il  ne  reprenait  pas,  je  vous  en  en- 
verrais de  nouveau  en  automne.  » 

Le  docteur  m'écrivait  encore  le  7  juin  de  la  même  année  : 
«  Mes  pieds  de  Miôga  ont  parfaitement  passé  l'hiver  en  pleine 
terre  et  poussent  de  tous  côtés.  Si  le  trop  petit  pied  que  je  vous 
ai  envoyé  ne  poussait  pas,  je  pourrais  vous  en  envoyer  autant 
que  vous  le  désireriez,  l'hiver  prochain.  » 

Je  n'ai  pas  demandé  un  second  envoi  à  mon  obligeant  cor- 
respondant, le  tronçon  qu'il  m'avait  donné  avait  si  bien  végété 
que  je  pourrai,  cette  année,  faire  une  plantation  de  400  pieds. 

Mon  Miôga,  on  le  voit  par  la  date  à  laquelle  je  l'ai  reçu,  a 
supporté  le  grand  hiver.  Il  était,  il  faut  le  dire,  protégé  par 


NOUVELLE   COMPOSITION   DE   PICKLES.  243 

une  épaisse  couverture  de  neige;  mais  en  1880-81  et  en 
1881-82,  1882-83,  rien  ne  le  défendait  contre  lelVoid.  Je  suis 
donc  arrivé  sans  échec  à  ma  cinquième  année  de  culture. 

11  n'existe  pas,  je  crois,  de  plante  plus  rustique  que  le  Miôga, 
ni  qui  se  multiplie  plus  rapidement.  Je  ne  l'ai  vu  atteint  d'au- 
cune maladie,  attaqué  par  aucun  insecte. 

Je  plante  les  tronçons  de  rhizome  dans  une  planche  de  jar- 
din large  de  1"\30,  sur  deux  lignes  parallèles  distantes  de 
50  centimètres.  Il  reste  donc  un  espace  de  40  centimètres 
entre  les  lignes  et  les  sentiers,  ce  qui  n'empêche  pas  les  plantes 
de  porter  sous  ceux-ci  leurs  tiges  et  leurs  inflorescences. 

Il  ne  se  montre  dans  la  planche  que  fort  peu  de  mauvaises 
herbes,  dont  un  binage  ou  deux  font  justice.  Arrosage  facultatif. 
Il  ne  faut  pas  biner  après  le  31  juillet.  On  risquerait  de  couper 
des  turions  et  des  inflorescences.  On  peut  sarcler  à  la  main. 

Vers  le  15  août,  commence  la  récolte,  on  surveille  la  plan- 
tation comme  celle  de  l'Asperge  ;  comme  les  turions  de  l'As- 
perge, on  coupe  tout  près  de  la  racine  dès  que  l'inflorescence 
laisse  voir  sa  pointe  aiguë  à  la  surface  du  sol. 

Je  n'ai  jamais  récolté  les  turions,  sauf  quelques-uns  seule- 
ment pour  les  déguster,  de  peur  d'amoindrir  la  multiplication 
On  les  récolte  comme  les  inflorescences  et  je  n'ai  pas  trouvé 
de  différence  appréciable  entre  la  saveur  des  uns  et  celle  des; 
autres.  .      ' 

Je  suppose  qu'il  convient  d'attendre  deux  ans  avant  de  ré- 
colter les  turions  d'une  plantation  et  de  ne  les  couper  qu'au 
printemps,  bien  qu'il  s'en  produise  aussi  pendant  l'automne. 
On  aurait  donc  régulièrement,  ce  me  semble,  une  récolte  d'in- 
florescences d'août  à  septembre,  et  une  récolte  de  turions  pen- 
dant tout  le  mois  d'avril.  Il  ne  serait  sans  doute  pas  prudent 
de  prolonger  la  coupe  au  delà  de  ce  mois. 

Je  n'insisterai  pas  sur  la  rusticité  du  iMiôga  et  sur  sa  rapide 
multiplication.  Je  parlerai  de  l'usage  qu'on  peut  faire  de.  ses 
turions  et  de  ses  inflorescences. 

J'ai  dégusté  ces  dernières  préparées  au  gratin  comme  le 
macaroni  en  couches  alternantes  de  légume  et  de  Pai:mesan 
râpé;  c'est  assez  bon.  i  ..   ..  . 


244  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

Je  les  ai  mangées  en  salade  après  les  avoir  simplement  blan- 
chies à  l'eau  bouillante.  Je  lésai  trouvées  excellentes.  Un  léger 
goût  de  résine  disparaît  à  la  deuxième  ou  troisième  bouchée 
et  la  saveur  légèrement  piquante  du  légume  se  marie  on  ne 
peut  mieux  avec  celle  de  l'huile. 

Enfin  j'ai  associé,  pour  faire  des  Pickles,  les  inilorescences 
de  Miôga  aux  Angouries  des  Antilles,  aux  bulbes  de  l'Oignon 
Galawissa,  etc. 

Le  résultat  m'a  pleinement  satisfait  et  les  spécimens  que  je 
vous  présente  seront  dégustés  et  appréciés  par  vous. 

J'espère  qu'on  essayera,  avec  un  peu  de  persévérance, 
diverses  préparations  culinaires  de  ce  légume  absolument 
nouveau.  Il  reste  beaucoup  à  faire. 

A  ceux  qui  me  demanderont  si  le  Miôga  ressemble  à  telle  ou 
telle  autre  plante  potagère  de  nos  jardins,  je  répondrai  :  non, 
il  n'a  le  goût,  ni  du  Chou,  ni  du  Gardon,  ni  de  la  Tomate,  ni 
d'aucun  de  nos  légumes...  il  a  le  goût  du  Miôga. 

CAPUCINE  TUBÉREUSE  (Tropœohim  tuberosiim  Ruiz  et  Pavon). 

Plante  vivace  de  l'Amérique  méridionale.  Ses  graines  mû- 
rissent très  rarement  sous  notre  climat.  La  multiplication  a 
lieu  par  les  tubercules. 

Dans  l'ouvrage  intitulé  les  Plantes  potagères,  que  MM.  Vil- 
morin-Andrieux  et  G'"  viennent  de  publier,  la  culture  et  les 
usages  de  la  Gapucine  tubéreuse  sont  ainsi  décrits  :  «  Les- 
tubercules  de  la  Gapucine  tubéreuse  se  plantent  en  avril  ou 
mai,  en  pleine  terre,  à  50  centimètres  en  tous  sens;  il  con- 
vient de  donner  quelques  binages,  jusqu'au  moment  où  les 
tiges,  en  s'étendant  sur  la  terre,  l'ont  couverte  entièrement  ; 
l'arrachage  ne  doit  se  faire  qu'assez  avant  dans  l'automne^ 
après  les  premières  gelées,  les  tubercules  ne  se  formant  sur 
les  racines  que  tard  dans  la  saison,  et  ne  craignant  pas  les- 
effets  du  froid  tant  qu'ils  sont  en  terre. 

»  Guites  dans  l'eau,  comme  les  Garottes  ou  les  Pommes  de 
terre,  les  racines  de  la  Gapucine  tubéreuse  sont  aqueuses  et 
ont  un  goût  assez  désagréable,  quoique  parfumé.  En  Bolivie, 


NOUVELLE    COMPOSITION    DE   PICKLES.  245 

OÙ  la  plante  est  très  cultivée  dans  les  districts  montagneux 
élevés,  on  en  fait  geler  les  tubercules  après  les  avoir  cuits. 
Dans  cet  état,  ils  sont  regardés  comme  une  friandise  et  très 
recherchés.  Ailleurs,  on  les  expose  au  grand  air  dans  des  sacs 
de  toile,  et  on  les  mange  à  demi  desséchés.  11  ne  faut  donc 
pas  s'étonner  que  le  tubercule  frais  ne  nous  paraisse  pas  ex- 
cellent, puisque,  même  dans  le  pays  d'origine,  on  ne  le  mange 
que  préparé.  » 

Dans  une  note  du  docteur  Weddell  sur  quelques  tubercules 
comestibles  {Revue  horticole,  1852,  p.  448),  se  trouvent  des 
détails  intéressants  sur  l'usage  de  la  Capucine  tubéreuse  ou 
Ysano  :  «  C'est  donc  cuits  et  gelés  que  l'on  doit  manger  les 
tubercules  du  Tropœolum,  et  encore  faut-il  les  manger  avant 
qu'ils  ne  dégèlent,  c'est-à-dire  croquants.  A  cet  état,  je  puis 
affirmer,  car  j'en  ai  fait  l'essai  maintes  fois,  qu'ils  constituent 
un  mets  assez  agréable. 

»  Il  n'y  a  guère  de  jour  qu'on  ne  voie  sur  le  marché  de 
La  Paz  une  ou  deux  rangées  de  marchandes,  qui  ne  vendent 
autre  chose  que  ces  Ysanos  gelés,  qu'elles  profègent  contre 
l'action  du  soleil  en  les  enveloppant  d'une  étoffe  de  laine  ou 
de  paille.  Les  femmes  de  La  Paz  en  sont  toutes  extrêmement 
friandes,  et  elles  ont  rhabitud(3  de  les  prendre  comme  rafraî- 
chissement, pendant  la  chaleur  du  jour,  en  les  trempant  dans 
de  la  mélasse.  » 

Comme  on  le  voit  parles  extraits  qui  précèdent,  la  Capucine 
tubéreuse  ne  pourrait  guère  être  utilisée  chez  nous,  s'il  fal- 
lait, pour  manger  ses  tubercules,  les  dessécher  à  demi,  ou 
bien  les  cuire,  les  faire  geler  ensuite,  puis  enfin  les  tremper 
dans  de  la  mélasse  ;  il  était  donc  très  désirable  de  lui  trouver 
un  emploi  autre  que  celui  qu'elle  reçoit  dans  son  pays  natal. 

Lorsqu'en  1875  la  pensée  m'est  venue  de  la  confire  dans  le 
vinaigre,  je  croyais  être  le  premier  à  le  tenter  ;  mais  mon  ami, 
M.  Bois,  a  trouvé  et  m'a  communiqué  une  note,  publiée  dans 
la  Revue  horticole  de  1845-46,  p.  17,  par  M.  Neumann,  qui 
m'a  prouvé  que  j'avais  été  devancé,  .l'en  extrais  ces  quelques 
lignes  :  «  J'ai  essayé  de  mariner  ces  tubercules  au  vinaigre, 
comme  les  cornichons,  mais  sans  avoir  été  satisfait  du  résultat. 


*24G  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Un  abonné  de  la  Revue  horticole  a  eu  la  même  idée  et  en  a 

apprécié  aiUremenl  le  produit Que  faut-il  en  conclure? 

C'est  encore  apparemment  qu'il  ne  faut  pas  disputer  des 
goûts,  ou  bien  que  mon  terrain  ne  convenait  pas  à  la  plante. 
Notre  abonné  a  laissé  mariner  ses  tubercules  pendant  trois 
mois,  n'a  ajouté  aucun  assaisonnement  et  a  trouvé  que  «  dans 
cet  état  ils  offraient  une  espèce  de  Cornichons  beaucoup  plus 
agréables  au  goût  que  les  véritables,  outre  que  le  vinaigre  a 
acquis  un  parfum  convenable  pour  servir  dans  les  sauces  et 
dans  les  salades.  » 

Je  n'hésite  pas  à  dire  que  c'est  Y  abonné  qui  a  raison.  Lors- 
que j'ai  confit  la  Capucine  tubéreuse  dans  le  vinaigre,  je  l'ai 
associée  à  tous  les  condiments  d'usage;  elle  a  cependant  con- 
servé son  goût  propre,  simplement  atténué.  J'ai  dégusté  celle 
préparation  en  famille,  et  je  l'ai  soumise  à  l'appréciation  de 
diverses  personnes,  qui  en  ont  fait  l'éloge  ;  je  ne  suis  donc  nul- 
lement surpris  que,  selon  le  dire  de  V abonné,  les  tubercules 
de  la  Capucine  tubéreuse  communiquent  au  vinaigre,  sans 
addition  aucune,  un  parfum  des  plus  agréables. 

STACHYS   AFFINIS 

Je  vous  ai  dit,  le  30  janvier  dernier,  tout  ce  que  je  savais 
sur  celte  plante. 

M.  le  docteur  E.  Bretschneider  nous  a  appris  que  les  Chi- 
nois mangeaient  ses  tubercules.  Ceux  qu'il  nous  a  envoyés,  et 
que  j'ai  plantés,  paraissent  devoir  se  multiplier  rapidement. 
Ils  ont  bien  passé  l'hiver  en  pleine  terre. 

Je  ne  sais  pas  comment  les  Chinois  les  préparent  pour  la 
table,  mais  les  Japonais  mangent  le  Stachys  Sieboldii,  très 
voisin  du  S.  af/înis,  après  l'avoir  confit  dans  du  vinaigre  de 
prunes. 

Je  crois  donc  pouvoir  introduire  ce  dernier  dans  la  compo- 
sition de  mes  Pickles. 


II.  EXTRAIT  DES  PROCÈS  VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  13  AVRIL  1883. 
Présidence  de  M.  E.  GossoN,  vice-président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

—  A  l'occasion  du  procès-verbal,  M.  le  Président  signale  l'utilité  qu'il 
y  aurait  à  ce  que  les  documents  publiés  par  la  Société,  concernant  la 
destruction  des  animaux  nuisibles  et  la  conservation  des  oiseaux,  soient 
adressés  au  ministère  de  l'Instruction  publique,  qui  saisirait  de  cette 
question  les  instituteurs,  et  leur  ferait  connaître  les  lois  et  arrêtés  en 
visfueur.  A  leur  tour  les  instituteurs  les  feraient  connaître  aux  élèves  des 
écoles  et  leur  en  inspireraient  le  respect. 

Des  dispositions  dans  ce  sens  seront  prises  par  le  Conseil. 

-  31.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvellemeni 
admis  par  le  Conseil,  savoir: 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

,..      .     .r.  ,      T^         -j        ,  f  A.  Berthoule. 

Blocman  (Henri),  18,   rue  des  Pyramides,  a  ^  .    „  .      , 

^^"^-  (  Raveret-Watte  . 

Rrousset  (Pierre),  négociant,  15,   rue  de  la  {  A.  Berthoule. 

République,  à  Cette  (Hérault),  et  à  Tunis,  !  Maurice  Girard 

rue  Szazaia.  (  i-  Grisard. 

.       ,„  ,    ,    ^       ,      (  Saint- Yves  Ménard 

Dalaut  (François),  43,  avenue  de  la  Grande-  )  j^^veret-Wattel 

Armée,  à  Paris.  (  L.'  Vaillant. 

.  „,,.       ^  ,    ,      ,,        .  ,'  A.Geoffroy  Saint-Hilaire 

Deltour  (Paul-Feli.v),  8,  rue   Labordere,  a  \  „    „ 

Neuilly  (Seine).  (  j^,^^^^^i^  j^  g^,^.^ 

r.  ,  . .  •  s      r.  •     w      I  '     .  ^  Leblond.  v 

Dujardin  (Frédéric),  19,  rue  du  Marche,  a     gaint-Yves  Ménanl. 

.  ^"^«"'"y  (Seine).  (  L.  Vaillant. 

_    .,       ,  (  A.  Berthoule. 
Kern  (Edouard),  banquier,  7,  rue  Scribe,  a  )  ,   p^-  „,.. 

L.  Vaillant. 

Berson 
Le  Pargneux  (Albert),  propriétaire,  au  châ-  \  a.  Geoffroy  Saint-Hilairc. 
teau  de  Beauregard,  près  Caen  (Calvados).  /  g^i^j.y.g,  Renard. 

,,.,,,,,.  ,    ,      ,.        ^  [  A.Geoffroy  Saint-Hi lai re. 

Pauliau  (Louis-Andre),  y,  rue  Labordere,  a  V  „   j, 

V       II     /c    •      \  1    *'  •  '  3SS\. 

Neuilly  (Seine).  /  .,        •    .    o^i.,^ 

j  ^         '  [  Marquis  de  Se  ve. 


24-8  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

Ornano  (comte  Ludovic  d'),  au  château  de     J.  Cornély. 
la   Brauchoire-sous-Ghambray,  par  Joue-  |  Comte  d'Epremesnil. 
les-Tours  (Indre-et-Loire).  (  Marquis  de  Selve. 

Rivière  (J.-B.),    négociant,    95,  avenue  de  (  ^^l^^^      ^  .     „..  . 
Neuilly,  à  Neuilly  (Seine).  }  A-  GeoffroySa.nt-H.laire. 

•'  J  V         /  [  Saint-\vesMénard. 

RivoiRON  (Emile),  pisciculteur,  à  Sewayette,  ^  /  p  ■      ", 

commune  de  Miribel-les-Échelles  (Isère),  i    * 

^    \  Raveret-Wattel. 

Robert  (Hippolyte),  docteur  en  médecine,  ai  ,'     .      , 
I  ■       \\i     i^  S  J-  Grisard. 

Ligny  (Nord).  f  „  -.,-       . 

"  "^  ^         ^  V  Raveret-^Valtel. 

RouLLAND  (Claude),  principal  clerc  de  notaire,  \  „'         .  ^i,  ,.  i 
'  r    .'  /m  •       \  i    •    >  Raveret-Waltel. 

a  Geste  (Maine-et-Loire).  f  .    ,,  .,, 

c  /.  X    ,-         T^  .  .     •.       [  Saint-Yves  Ménard. 

OCELLIER  (de),  il,  rue  Parmentier,  a  Asnieres  \  <., 

,£,  •     V  l  Sturne. 

(seine).  f  ,    .,  ... 

^         '  V  L.  Vaillant. 

ViEViLLE  (Etienne),  batteur  d'or,  président'   A.GeoffroySaint-Hilaire. 

de  la  chambre  syndicale,  209,  rue  Saint-  ?  Saint-Yves  Ménard.   ' 

Maur,  à  Paris.  '  A.  Porte. 

\T       ,j      •  \  c^r,  ,    ,,     -i.     .  XT     -11    ,   A.  Gaudinot. 

YzAC(Louis),  83,  avenue  de  Neuilly,  a  Neuilly  \  »,  .. 

(Seine). 

\.  Lacroix. 

—  M.  le  Président  fait  part  à  l'assemblée  de  la  perte  regrettable  que 
la  Société  vient  de  faire  de  deux  de  ses  membres  :  M.  le  prince  Marc  de 
Beauveau,  vice-président  honoraire,  qui  dès  l'origine  de  la  Société,  lui 
avait  apporté  un  concours  des  plus  actifs  et  des  plus  utiles,  et  M.  Pierre 
Carbonnier,  qui  s'occupait  avec  tant  de  zèle  et  de  succès  de  l'introductio 
et  de  racclimatation  de  poissons  exotiques. 

--  M.  Camille  Dareste  adresse  la  lettre  suivante  :  «  Je  ne  sais  s'il  sera 
possible  de  faire  une  rectification  au  procès-verbal  de  la  séance  du  19 
janvier.  Je  n'avais  pu  malheureusement  assister  à  la  séance  et,  par 
conséquent,  demander  moi-même  cette  rectification  au  Secrétaire.  Mais 
tel  qu'il  est  rédigé,  le  procès-verbal,  en  ce  qui  concerne  mes  paroles, 
est  absolument  incompréhensible.  J'avais  parlé,  dans  ma  lecture,  de 
l'apparition  des  monstruosités  comme  étant  le  signe  d'une  modification 
nuisible,  dans  les  conditions  de  l'incubation. 

»  M.  Fornet,  dans  sa  seconde  réponse,  dit  que  les  faits  que  je  prenais 
pour  des  monstruosités  n'étaient  que  des  altérations  pathologiques,  et 
qu'il  n'y  avait  de  monstruosité  véritable  que  lorsqu'il  y  avait  fusion  de 
deux  embryons  primitivement  distincts. 


PROCÈS-VERBAUX.  249 

>  J'ai  répondu  à  M.  Fornet,  que  tout  en  considérant  les  monstruosités 
simples  comme  de  véritables  monstruosités,  et  non  comme  des  déforma- 
tions pathologiques,  dans  la  discussion  actuelle,  cette  distiaclion  n'a- 
vait point  d'importance.  En  effet,  quel  que  soit  leur  mode  de  formation, 
pathologique  ou  tératologique,  l'apparition  des  monstruosités  simples 
est  pour  moi  l'indice  de  toute  modification  dans  les  conditions  de  l'incu- 
bation, et  non  seulement,  comme  le  disait  M.  Fornet,  d'élévation  insolite 
de  la  température.  » 

—  MM.  Brousset  et  Feuilloy  adressent  des  remerciements  au  sujet  de 
leur  récente  admission. 

—  M.  le  U"^  Adrien  Sicard  fait  parvenir  deux  exemplaires  de  ses  études 
sur  l'huile  antiphylloxérique  Roux. 

—  M.  Marins  Galfard,  d'Oraison  (Basses-Alpes),  prie  la  Société  de 
vouloir  bien  lui  procurer  le  traité  sur  l'élevage  de  VAttacus  Yama-maï 
par  M.  Personnat  et  de  lui  adresser,  en  même  temps,  le  programme  des 
prix  encore  à  décerner. 

—  Des  demandes  de  cheptels  sont  adressées  par  MM.  Blancheton, 
Derré  et  Emile  Riom. 

—  M.  Henri  Fabre  remercie  du  cheptel  de  Cygnes  noirs  qui  vient  de  lui 
être  accordé,  et  demande  à  recevoir  des  Grenouilles-Bœufs. 

—  M.  E.  de  Laubépine,  de  Marcigny-sur  Loire  (Saône-et-Loire),  prie 
la  Société  de  vouloir  bien  lui  fournir  des  renseignements  sur  l'installa- 
tion des  pêcheries  de  Saumon  dans  les  fleuves. 

—  Le  Comité  central  d'exposition  de  l'île  de  la  Réunion  adresse 
Ja  note  suivante,  relative  à  différentes  questions  se  rattachant  aux 
travaux  de  la  Société  nationale  d'Acclimatation  et  intéressant  la  colonie, 
savoir  : 

«  [''Maladie  du  Café. —  La  colonie  est  très  préoccupée  des  conséquences 
que  peut  avoir  dans  un  avenir  plus  ou  moins  prochain,  une  maladie  qui  a 
fait  son  apparition,  l'année  dernière,  sur  les  feuilles  des  Caféiers.  Aussitôt 
qu'elles  sont  adultes,  elles  se  marquent  de  taches  circulaires  d'un  brun 
jaunâtre,  qui  finissent  par  les  envahir  presque  totalement;  elles  se  des- 
sèchent et  tombent  ;  en  peu  de  jours  les  sujets  atteints  sont  tout  à  fait  dé- 
pouillés et  beaucoup  de  fruits  n'arrivent  pas  à  maturité.  Celte  maladie  est 
attribuée  concurremment  à  un  ver,  VElachista  cofj'eela,  et  à  un  cham- 
pignon, l'Hemî/e/avastainaî.  Jusqu'ici  on  n'a  pu  y  opposer  que  quelques 
palliatifs,  tels  que  la  taille  des  arbusies  malades  et  l'incinération  des 
feuilles  et  des  branches;  il  s'agirait  de  trouver  un  remède  efficace. 
Dans  la  session  actuelle,  le  Conseil  général  a  voté  une  somme  de 
1000  francs  pour  aider  aux  expériences. 

»  2°  Extraction  des  fibres  des  plantes  textiles.  —  Nous  possédons 
un  grand  nombre  de  textiles  ;  mais  depuis  quelques  années,  il  a  été  intro- 
duit et  l'on  commence  à  cultiver  sur  une  grande  échelle  difiérentes 
Orties;  la  variété  préférée  de  beaucoup  est  celle  dite  Bœhmeria  utilis. 


250  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

Malheureusement  il  nous  manque  une  machine  à  décortiquer  les  tiges  à 
l'état  vert,  au  moment  même  de  la  coupe,  parce  que  cette  plante  prospère 
surtout  dans  les  régions  élevées  de  l'intérieur,  dont  le  climat  pluvieux  et 
l'humidité  presque  permanente  sont  un  obstacle  insurmontable  à  sa 
dessiccation.  Il  est  beaucoup  question  dans  le  moment  d'une  machine, 
dite  de  Berthet,  du  nom  de  son  inventeur,  laquelle,  parail-il,  rempli- 
rait ce  but.  Un  des  députés  de  la  Réunion,  M.  Bureau  de  Vaulcomle, 
s'occupe  très  activement  de  cette  question  d'un  grand  intérêt  pour  le 
pays. 

»  Tout  récemment  noire  service  des  Eaux  et  Forêts,  dirigé  par 
M.  Echernier,  directeur  des  Domaines,  à  qui  la  colonie  est  redevable  de 
la  reconstitution  en  très  bonne  voie  déjà  de  son  couvert  forestier,  a 
introduit  et  s'applique  à  propager  le  Sanceviera  Ciibana  (famille  des 
Liliacées).  Cette  plante,  originaire  des  Antilles,  donne  des  fibres  plus 
fines,  plus  soyeuses  et  aussi  résistantes  que  celles  de  l'Aloès.  Le  Comité 
central  de  l'Exposition  serait  très  reconnaissant  à  la  Société  d'Acclima- 
tation de  lui  faire  connaître,  si  possible,  d'autres  textiles  de  qualité  su- 
périeure. 

ï>  Nous  devons  lui  signaler  ici,  d'une  manière  toute  particulière,  les 
efforts  tentés  dans  ces  derniers  temps  par  M.  Eugène  Veyrières  pour 
l'extraction  des  fibres  d'un  grand  nombre  de  textiles  indigènes. 

»  3"  Introduction  et  propagation  des  arbres  et  lianes  à  caout- 
chouc. —  L'introduction  de  la  meilleure  variété  que  nous  possédions 
actuellement,  VHevea  Gîiyanensis,  est  due  à  M.  Julien  Potier,  directeur 
du  Jardin  colonial.  Du  reste,  à  notre  Exposition  intercoloniale  de  1881, 
M.  Julien  Potier  a  obtenu  une  médaille  d'or  pour  introduction  du  plus 
grand  nombre  de  plantes  utiles  pendant  les  années  1879-1880  et  1881. 
La  colonie  trouverait  dans  la  préparation  du  caoutchouc  un  produit 
important  ;  elle  recevrait  avec  reconnaissance  des  semences  des  espèces 
préférées. 

»  i"  Fabrication  des  chapeaux  de  paille.  —  C'est  encore  là  une 
industrie  qui  tend  à  se  développer  ici  en  se  perfectionnant.  Un  grand 
nombre  de  familles  pauvres  y  trouvent  depuis  longtemps  des  moyens 
d'existence.  Mais  les  chapeaux,  fabriqués  avec  les  feuilles  du  latanier, 
sont  grossiers  et  peu  recherchés.  On  doit  au  D'  Eugène  Jacob  de  Corde- 
moy  et  à  M.  Julien  Potier  l'introduction  du  Carludovica  palmata  (fa- 
mille des  Pandanées),  avec  lequel,  dit-on,  se  fabriquent  les  vrais  panamas. 
Le  D-^  E.  Jacob  de  Cordemoy  a  le  mérite  d'avoir  le  premier  indiqué  et 
introduit  cette  plante  dans  la  colonie  ;  mais  sa  tentative  n'a  pas  réussi  ; 
M.  Julien  Potier  en  a  introduit  d'autres  plants,  les  a  cultivés  avec  le  plus 
grand  soin  et  en  a  distribué  déjà  un  grand  nombre  dans  plusieurs  de  nos 
localités.  Toutefois  des  doutes  se  sont  élevés  sur  le  point  de  savoir  si 
c'est  bien  avec  les  feuilles  du  Carludovica  palmata  que  se  fabriquent 
les  panamas.  C'est  un  point  qu'il  nous  importe  d'éclaircir  et,  à  cet  eflet, 


PROCÈS-VERBAUX.  251 

nous  faisons  appel  aux  lumières  de  la  Société.  »  —  Renvoi  à  la  seclioii 
des  Vésrétaux. 

—  A  l'occasion  de  cette  communication,  M.  Vavin  demande  si  l'on  ne 
pourrait  pas  essayer,  contre  la  maladie  du  Caféier,  l'emploi  de  la  lleur 
de  soufre,  qui  donne  de  si  bons  résultats  dans  le  traitement  des  Vignes 
atteintes  de  l'Oïdium. 

—  M.  Millet  fait  connaître  que  ce  mode  de  traitement  a  été  signalé  à 
la  réunion  de  la  section  des  Végétaux. 

—  M.  Lucien  Jlerlato  écrit  d'Aïn-Marmora  à  M.  le  Secrétaire  général  : 
«  C'est  avec  une  vive  et  légitime  satisfaction  que  je  m'empresse  de  vous 
annoncer  le  bon  résultat  du  commencement  de  l'incubation  artificielle 
des  œufs  d'Autruche  au  parc  de  la  Société  française  pour  l'élevage  de 
l'Autruche  en  Algérie.  Vous  n'ignorez  pas  que  cette  Société  a  bien  voulu 
me  confier  la  direction  de  son  exploitation. 

»  Les  premiers  flés,  au  nombre  de  trois,  sont  éclos  d'eux-mêmes,  sans 
aide;  sont  d'une  conformation  parfaite  et  mangent  et  courent  depuis  leur 
quatrième  jour  d'âge;  ils  ne  présentent,  jusqu'à  présent  du  moins,  au- 
cune des  difficultés  qui  ont  été  signalées  dans  l'élevage  de  l'Autruche 
couvée  artificiellement  en  Algérie. 

»  Considérant  que,  au  dire  des  plus  vieux  habitants  du  pays,  l'hiver 
que  nous  venons  de  traverser  a  été  un  des  plus  durement  éprouvés  depuis 
au  moins  vingt-cinq  ans,  j'espère  acquérir  bientôt  la  ferme  conviction 
que,  à  quelques  modifications  près,  l'élevage  industriel  de  cet  oiseau  est 
tout  aussi  pratique  dans  cette  colonie  que  sous  d'autres  latitudes. 

»  Je  me  ferai  un  devoir  de  vous  tenir  au  courant  des  progrès  que  la 
Société  française  est  appelée  à  faire  faire  à  cette  industrie  en  Algérie.  » 

—  M.  E.  Leroy  écrit  de  Fismes  (Marne)  :  «  Les  Perdrix  du  Boutan  ne 
m'ont  donné  jusqu'ici  que  deux  œufs,  puis  à  la  suite  des  grands  froids 
elles  ont  interrompu  leur  ponte  et  défait  le  nid.  Les  deux  œufs  sont  en 
incubation  sous  une  Poule.  Depuis  quelques  jours,  le  nid  est  refait  et 
hier  la  Poule  Boutan  jetait  des  pailles  avec  son  bec  par-dessus  son  dos. 
Il  n'y  avait  pas  d'œuf  cependant,  mais  la  ponte  est  imminente,  je  crois. 
Ce  qui  a  arrêté  les  oiseaux,  ce  n'est  pas  le  froid,  c'est,  à  mon  avis,  le 
manque  de  vers.  Ces  oiseaux  sont  avides  de  lombrics  et  bouleversent  le 
sol  de  leur  volière  pour  en  trouver.  Je  vais  leur  en  distribuer,  ainsi  que 
j'ai  déjà  commencé  à  le  faire,  et  le  Coq  les  ramasse,  appelle  sa  femelle 
et  les  lui  offre.  Je  vous  tiendrai  au  courant. 

»  .  ..Il  y  a  ce  matin,  3  avril,  deux  œufs  au  nid.  J'avais  mal  vu  hier, 
mais  c'est  si  profond,  et  j'ai  eu  peur  d'être  indiscret.  » 

—  M.  A.  Delaurier  aîné,  d'Angoulème,  écrit  en  date  du  5  avril  à  M.  le 
Directeur  du  Jardin  zoologique  d'acclimatation  :  «  J'ai  la  satisfaction  de 
vous  annoncer  que  les  deux  Poules  Tragopans  de  Blylh  ont  commencé 
leur  ponte,  l'une  hier,  l'autre  aujourd'hui.  Les  œufs  seront  bien  fécondés, 
je   n'en  doute  pas.   Le  Coq  très  excité  fait  entendre  assez  fréquennnent 


252  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

des  appels  ressemblant  assez  aux  miaulements  d'un  chat  sur  une  note 
plus  forte  et  plus  grave;  les  Poules  y  répondent  sur  un  ton  plus  sourd  et 
moins  fort.  Les  deux  oeufs  pondus  sont  de  la  grosseur  des  œufs  de  Lopho- 
phores.  Je  crois  que  la  ponte  sera  abondante.  Ils  absorbent  en  ce  moment 
des  quantités  de  verdure  et  de  lentilles  d'eau.  Une  des  paires  Tragopans 
de  Hastings  est  en  amour,  la  Poule  va  pondre  incessamment.  Je  ne  suppose 
pas  la  fécondité  de  cette  espèce  semblable  à  celle  des  Blyth.  Jusqu'à  pré- 
sent, ceux-ci  me  paraissent  des  oiseaux  d'avenir,  après  l'élevage  je  serai 
fixé  et  je  vous  dirai  mon  sentiment.  La  paire  Faisans  d'Elliotest  en  par- 
fait état,  mais  rien  encore  ne  me  fait  supposer  une  ponte  imminente. 

»  Toutes  mes  Perruches  de  la  Nouvelle-Zélande  à  front  pourpre,  auri- 
ceps  et  alpinus  couvent  ou  élèvent.  J'ai  déjà  obtenu  depuis  décembre 
dernier  31  jeunes  des  trois  paires  de  la  première  espèce.  Les  Perruches 
Erylhroptères  s'accouplent.  Les  Colombes  poignardées  et  Lophotès  ont 
leurs  premiers  jeunes.  P.ien  encore  des  deux  paires  Colins  de  Sonnini, 
dont  une  paire  a  passé  l'hiver  dehors  et  paraît  avoir  moins  souffert  que 
celle  que  j'ai  rentrée  en  appartement.  » 

—  M.  le  Directeur  du  Jardin  d'acclimatation  communique  la  lettre  sui- 
vante, qui  lui  est  adressée  par  M.  le  D^  Rabé,  de  Maligny  (Yonne)  :  «  Je 
pense  vous  intéresser  en  vous  annonçant  les  résultats  que  j'ai  obtenus 
avec  les  Oies  d'Egypte  que  vous  m'avez  envoyées  il  y  a  deux  ans. 

»  L'année  dernière,  la  femelle  n'a  pas  pondu  ;  cette  année,  malgré  un 
froid  de  4  degrés  en  moyenne  qui  un  jour  est  descendu  à  10  degrés,  mal- 
gré la  neige  sur  le  dos,  la  femelle  a  couvé  bien  régulièrement,  et  quatre 
petits  sont  éclos,  sur  six  œufs;  des  deux  autres,  l'un  était  clair,  l'autre 
contenait  un  oisillon  mort  à  terme  dans  la  coquille. 

»  Aujourd'hui  mes  quatre  oisillons  ont  dix  jours,  courent  sur  les  pe- 
louses avec  les  parents,  qui  ne  les  quittent  pas,  et  se  mettent  à  l'eau  très 
volontiers. 

»  Je  suis  moins  heureux  avec  les  Oies  du  Canada.  Le  mâle,  qui  m'est 
parvenu  en  1881,  par  le  même  envoi  que  les  Oies  d'Egypte,  pour  une 
raison  que  j'ignore  (sa  trop  grande  jeunesse  probablement),  n'est  pas 
supporté  par  la  femelle  que  j'ai  depuis  six  ans  et  qui  depuis  trois  ans 
pond  sans  résultat  (depuis  la  venue  de  ce  mâle).  Avant  lui,  d'autres 
mâles  l'avaient  fécondée  et  tous  deux  sont  morts  phtisiques  (tuber- 
cules dans  les  os,  cavernes  dans  les  poumons);  j'en  avais  fait  l'autopsie. 

»  Cependant  je  ne  désespère  pas  complètement  ;  j'ai  vu  ce  mâle  s'ac- 
coupler avec  une  Oie  de  basse-cour. 

ï  Pour  celte  année  je  n'ai  rien  encore  à  attendre  ;  la  femelle  couve  des 
œufs  inféconds.  » 

—  M.  de  Confévron  écrit  de  Langres  :  «  Je  viens  de  lire  avec  la  plus 
grande  attention  le  projet  de  loi  sur  la  chasse,  qui  a  été  présenté  le 
12  mai  188"2  à  la  Société  nationale  d'Acclimatation  par  la  Commission  y 
relative. 


FROCÈS-VERBAUX.  ^ÔS 

»  Les  dispositions  de  cette  loi  sage  et  bien  conçue,  auraient  certaine- 
ment, appliquées  avec  vigilance,  discernement  et  fermeté,  donné  d'excel- 
lents résultats  il  y  a  quinze  ans,  alors  que  le  mal  n'avait  pas  atteint  le 
degré  auquel  il  est  arrivé.  Mais  je  doute  qu'elles  soient  suffisantes,  main- 
tenant que  le  mal  est  à  son  comble. 

»  A  une  situation  désespérée  il  faut  un  remède  héroïque  et  j'eslime 
que  la  suppression  absolue  de  toute  chasse  pendant  plusieurs  années  ne 
serait  pas  de  trop. 

»  Dans  les  environs  de  Paris,  où  l'on  a  des  chasses  gardées  avec  des 
réserves,  on  ne  peut  se  faire  une  idée  de  l'état  de  choses  en  province, 
où  les  rares  couples  de  Perdrix  existants  pourront  à  peine  suffire  au 
repeuplement.  Non  seulement  il  faudrait  ne  plus  tuer  un  seul  de  ces 
oiseaux,  mais  encore  il  conviendrait  d'en  mettre  et  de  les  défendre. 

»  Une  vérité,  dont  il  serait  désirable  qu'on  fût  bien  pénétré,  c'est  que 
les  exceptions  introduites  dans  une  loi  comme  celle  dont  nous  nous  occu- 
pons, sont  des  portes  largement  ouvertes  aux  abus  et  aux  infractions. 
C'est  pourquoi  je  voudrais  que  la  chasse,  une  fois  fermée,  fût  absolument 
interdite,  sans  distinction  du  gibier  de  passage  ou  autre.  Cette  distinc- 
tion, très  délicate  à  établir  du  reste,  rend  la  surveillance  et  la  répression 
presque  impossiïjles.  En  effet,  sous  prétexte  de  chasser  des  oiseaux  d'eau 
ou  de  passage,  on  s'écarte  un  peu,  on  est  tenté,  l'occasion  fait  le  larron 
et  on  détruit  toutes  espèces  d'autres  gibiers.  Les  Ramiers  payent  pour 
les  Bécasses  absentes. 

»  La  latitude  laissée  aux  préfets  (art.  3)  d'ouvrir  et  de  fermer  la 
chasse,  sur  leur  seule  initiative,  me  paraît  trop  large  et  je  crois  qu'il 
serait  sage  de  demander  que  ces  décisions  ne  fussent  prises  qu'après 
consultation  d'une  commission  recrutée  parmi  des  personnes  compétentes 
dans  les  questions  d'histoire  naturelle. 

ï  Les  dispositions  du  paragraphe  5  de  l'article  4  me  semblent  aussi 
beaucoup  trop  élastiques.  11  est  nécessaire  de  prohiber  d'une  façon  gé- 
nérale et  absolue  la  destruction  de  tous  les  nids. 

»  Les  gardes  champêtres  ou  autres  agents  ne  peuvent,  en  eff'et,  distin- 
guer à  quelles  espèces  appartiennent  les  nids  trouvés  entre  les  mains  des 
maraudeurs.  Il  faudrait  leur  supposer  des  connaissances  assez  avancées 
en  ornithologie  et  qu'ils  n'ont  certainement  pas,  pour  croire  qu'ils  pour- 
ront reconnaître  la  nature  du  nid,  des  œufs  ou  même  des  petits  oiseaux 
non  encore  emplumés.  L'interdiction  complète  présente  moins  de  dan- 
gers que  la  latitude  laissée. 

»  Les  constatations  prescrites  par  le  paragraphe  4  de  l'article  5  de  la 
loi  primitive  sont  très  difficiles  et  ne  recevront  certainement  pas  sou- 
vent une  sanction  efficace.  La  nouvelle  rédaction  vaut  beaucoup  mieux. 
»  A  mon  humble  avis,  toute  condamnation  pour  contravention  aux  lois 
sur  la  chasse  devrait  entraîner,  pour  celui  qui  l'aurait  encourue,  la  pri- 
vation d'un  permis. 


254  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

»  Toutes  chasses  de  nuit  ou  avec  nappes,  filets,  raquettes  ou  engins 
quelconques  devraient  être  interdites,  la  chasse  au  fusil  étant  seule 
permise. 

»  La  nouvelle  loi  manque  aussi  d'une  disposition  interdisant  sur  le 
territoire  français  le  transport  de  Cailles  vivantes,  prises  au  départ  ou  à 
l'arrivée  sur  les  côtes  et  s'expédiant  par  milliers  en  Angleterre  ou  en 
Belgique.  Ces  agissements  doivent  nécessairement  amener  dans  un  temps 
limité  une  destruction  absolue  de  ces  charmants  oiseaux. 

»  Quant  aux  oiseaux  migrateurs,  très  improprement  appelés  de  pas- 
sage, il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  qu'ils  ne  sont  à  l'état  de  passants  que 
pour  se  rendre  là  oîi  ils  nichent.  Or,  s'ils  sont  détruits  pendant  la  route, 
la  reproduction  ne  peut  avoir  lieu.  Je  ne  pense  donc  pas  que  cette  dis- 
tinction entre  les  oiseaux  de  passage  et  ceux  qui  ne  sont  pas  considérés 
comme  tels,  doive  avoir  lieu.  D'ailleurs  la  chasse  de  beaucoup  d'entre 
eux  s'effectue  au  moment  des  nichées.  C'est  ainsi  que  lâchasse  à  la  passe 
de  la  Bécasse  est,  fort  à  tort,  permise  pendant  les  mois  de  mars  et 
d'avril,  qui  sont  ceux  pendant  lesquels  les  oiseaux  entrent  dans  leur 
saison  d'amour,  se  recherchent,  s'accouplent  et  nichent  dans  nos  con- 
trées, étant  des  plus  précoces.  Ils  voltigent  alors  en  se  poursuivant  au- 
dessus  des  taillis  et  c'est  là  ce  qu'on  appelle  la  passe.  Tuer  une  Bécasse 
en  mars  produit  donc,  au  point  de  vue  de  la  destruction,  le  même  effet 
que  tuer  une  Perdrix  en  mai. 

s  Le  paragraphe  5  de  l'article  9  est  un  de  ceux  que  j'ai  voulu  désigner 
comme  ouvrant  la  porte  aux  abus.  Le  paragraphe  7  du  même  article 
laisse  aussi  une  bien  grande  latitude  aux  préfets,  ainsi  qu'aux  Conseils 
généraux  dont  les  membres  ne  sont  pas  tous  ornithologistes. 

-»  Le  paragraphe  9  abandonne  les  oiseaux  d'eau  qui  fréquentent  les 
bords  de  la  mer  à  une  destruction  complète.  Ils  méritent  cependant  bien 
une  protection  quelconque  et  ont  aussi  leur  époque  de  reproduction,  qui 
s'effectue  non  loin  des  rivages. 

»  Article  12.  A  partir  de  la  fermeture  de  la  chasse,  tout  chien  ren- 
contré faisant  acte  de  chasse  et  accompagné  ou  non,  devrait  être  mis  en 
fourrière  et  donner  lieu  à  un  procès-verbal  contre  son  propriétaire. 

»  Les  savants  non  chasseurs,  ou  les  personnes  notoirement  connues 
pour  s'occuper  de  questions  scientifiques,  devraient  seules  pouvoir  bé- 
néficier des  dispositions  additionnelles  de  l'article  11. 

»  Maintenant  permettez-moi  une  digression. 

j  On  cherche,  dans  les  écoles  primaires,  à  inspirer  aux  enfants 
l'amour  des  oiseaux  et  à  réagir  contre  leur  penchant  naturel  à  la  des- 
truction des  nids.  On  ne  peut  trop  appaludir  à  ces  bonnes  dispositions, 
dont  les  oiseaux  et  les  enfants  ne  peuvent  que  tirer  profit.  Mais  on  doit, 
dit-on,  faire  une  distinction  entre  les  oiseaux  utiles  et  les  oiseaux  nui- 
sibles. Là  est  le  danger.  Outre  que  cette  distinction  subtile  ne  peut  guère 
être  que  relative,  qui  l'établira?  Comment  les  agents  ou  fonctionnaires 


PROCÈS-VERBAUX.  255 

reconnaîtront-ils  l'espèce  des  nids  saisis  entre  les  mains  des  délinquants, 
à  quels  oiseaux  ils  appartiennent  ?  Qui  dira,  ce  nid  est  de  Tourterelle, 
ce",  autre  d'Émérillon?  puisque,  selon  le  cas,  ils  constitueront  un  corps 
de  délit,  ou  seront  le  témoignage  d'une  bonne  action.  Enfin,  qui  peut 
déclarer  d'une  façon  certaine  que  tel  oiseau  est  nuisible  ?  Dans  cette 
catégorie  on  range  le  Corbeau,  or  celui-ci  détruit  les  vers  blancs  en 
grande  quantité.  A  ce  point  de  vue  donc  il  est  utile  et  je  ne  vois  pas 
que  d'un  autre  côté  il  commette  beaucoup  de  méfaits.  Les  Pies-griècbes, 
qui  mangent  les  peiits  oiseaux,  mangent  aussi  des  vers  blancs,  des  in- 
sectes, et  d'autres  oiseaux  déclarés  nuisibles  détruisent  bon  nombre  de 
rongeurs.  Comment  donc  déterminer  d'une  façon  certaine  si  le  bien 
qu'ils  font  d'une  part  ne  balance  pas  le  mal  dont  ils  sont  coupables  d'autre 
part  et  si,  somme  toute,  il  n'y  a  pas  compensation.  Les  rongeurs  eux- 
mêmes  n'ont-ils  pas  leur  bon  côté?  Les  Loirs  détruisent  un  nombre 
incalculable  de  Hannetons.  Faut-il  donc,  me  direz-vous,  ménager  ces  ani- 
maux? Non,  je  ne  vais  pas  jusque-là,  car  ils  font  plus  de  mal  que  de  bien, 
par  les  déprédations  auxquelles  ils  se  livrent  sur  les  nids  des  oiseaux, 
sur  ceux  des  Lapins  même  et  par  les  pertes  qu'ils  occasionnent  en  atta- 
quant les  plus  beaux  fruits. 

»  Quant  aux  oiseaux,  je  ne  pourrais  guère  parmi  eux  désigner,  à  coup 
sur,  comme  nuisible  que  la  Pie,  et  encore  ! 

i  Beaucoup  d'oiseaux,  sans  doute,  sont  coupables  de  méfaits  au  point 
de  vue  des  récoltes,  des  fruits  ou  même  des  autres  oiseaux.  Mais  ils 
racbètent  cela  en  aidant  au  repeuplement  de  nos  forêts,  dont  ils  dissé- 
minent les  graines,  ou  par  d'autres  services. 

■»  Je  trouve  donc  très  dangereux  de  dresser  une  liste  des  proscription;s 
et  de  dire  aux  enfants  :  Ceux-ci  sont  utiles,  ceux-là  nuisibles,  allez, 
épargnez  les  uns,  massacrez  les  autres  sans  merci!  On  peut  parfaite- 
ment ainsi  faire  fausse  route,  sans  compter  que  la  distinction  des  nids 
n'est  pas  toujours  facile  pour  des  enfants  inexpérimentés.  Rien  des  inno- 
cents seraient,  de  bonne  foi  ou  non,  sacrifiés  pour  les  coupables. 
■  ï  Avant  tout  il  faut  se  bien  pénétrer  de  cette  vérité  :  que,  dans  l'élat 
de  nature,  tout  se  trouve  dans  une  harmonie  parfaite  et  dans  d'admi- 
rables proportions,  qu'aucune  espèce  animale  ou  végétale  n'est  envahis- 
sante au  détriment  des  autres.  Les  animaux  se  faisant  récipro(iuemenl 
la  guerre  pour  l'existence  et  se  nourrissant  aussi  des  plantes,  il  en  ré- 
sulte que  tout  se  maintient  dans  un  équilibre  constant,  que  l'homme, 
avec  sa  civilisation,  ses  besoins,  sa  vie  en  agglomération  vient  seul 
déranger. 

»  Loin  de  moi  la  pensée  que,  pour  son  plus  grand  bien,  l'homme 
devrait  vivre  à  l'état  de  nature,  dans  la  barbarie  et  la  sauvagerie,  res- 
pectant les  animaux  fauves  ou  se  laissant  manger  par  eux.  Nul  ne  goûte 
plus  que  moi  les  bienfaits  de  la  civilisation  et  n'est  plus  partisan  de  ses 
progrès.   Mais,  lorsqu'il  s'agit  de  conservation  ou  de  propagation  des 


256  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

animaux,  on  ne  saurait  tenir  trop  grand  compte  de  leurs  conditions  na- 
turelles d'existence,  pour  s'en  rapprocher  le  plus  possible  et  pour  com- 
battre les  perturbations  qui  y  sont  apportées  par  l'humanité,  jetant 
nécessairement  un  trouble  dans  la  pondération  primitive.  Ceci  bien 
compris,  il  ne  faut  pas  une  abstraction  intellectuelle  bien  grande  pour 
se  rendre  compte  qu'en  détruisant  une  espèce  animale  quelconque,  fût- 
ce  la  plus  infime,  on  apporte  à  l'ordre  naturel  une  modification  dont  ou 
ne  peut  deviner  les  eftets  et  mesurer  les  conséquences. 

»  Ainsi  donc  ne  détruisons  qu'avec  une  extrême  circonspection  el 
beaucoup  de  réserve  les  oiseaux,  même  ceux  qui  nous  semblent  nuisi- 
bles, car  nous  ne  savons  pas  bien  ce  que  nous  faisons,  ni  la  répercussion 
infinie  que  la  suppression  d'une  espèce  peut  avoir  dans  la  nature. 

»  Mais  efforçons-nous,  au  contraire,  de  conserver  et  de  propager  les 
espèces  qui  nous  sont  utiles  ou  agréables,  par  tous  les  moyens  à  notre 
disposition,  et  pour  cela  ne  dédaignons  pas  les  enseignements  que  nous 
donne  l'observation  de  l'état  naturel  de  choses. 

»  En  ce  qui  concerne  la  chasse  et  la  conservation  du  gibier,  ayons 
une  loi  bien  nette,  bien  précise,  bien  compréhensible,  disposant  d'une 
façon  générale,  n'ouvrant  pas  la  porte  aux  exceptions,  ne  se  prêtant  pas 
aux  interprétations  ni  aux  distinctions  subtiles.  Surtout,  faisons-la  ob- 
server. 

»  Telles  sont  les  réflexions  [qui  m'ont  été  suggérées  par  le  projet  de 
loi  sur  la  chasse  et  par  mon  désir  de  voir  prendre  des  mesures  pratiques 
pour  la  conservation  du  gibier  et  des  oiseaux.  » 

—  M.  Léo  d'Ounous  demande  à  prendre  part  aux  distributions  d'œufs 
de  Salmonidés  faites  par  la  Société.- 

—  M.  Henneguy  adresse  plusieurs  exemplaires  d'une  note  qu'il  vient 
de  publier  sur  une  épidémie  qui  a  détruit,  cette  année,  tous  les  jeunes 
alevins  de  Truite  du  laboratoire  du  Collège  de  France. 

—  M.  Rivoiron  accuse  réception  el  remercie  des  œufs  de  Saumon  des 
lacs  qui  lui  ont  été  adressés. 

—  M.  Rathelot  écrit  du  Grand-Montrouge:  «  l^es  œufs  de  Saumon  des 
lacs  que  vous  avez  bien  voulu  me  faire  remettre,  sont  tous  éclos  dans  les 
journées  des  10  et  il  avril  ;  je  n'ai  éprouvé  qu'une  perle  de  7  œufs  sur 
les  800  que  vous  m'avez  donnés.  Les  œufs  de  Truite  que  j'avais  mis  en 
incubation  le  19  décembre  ont  mis  de  95  à  107  jours  pour  éclore,  à  la 
température  moyenne  de  +  5  degrés.  » 

—  M.  Cloquet  écrit  de  Sèvres  :  «  J'ai  reçu  de  la  Société,  à  la  fin 
d'avril  1882,  600  el  quelques  œufs  d'Attacus  Pernyi.  Comme  je  vous 
l'avais  annoncé  dans  mon  accusé  de  réception,  j'avais  partagé  mon  édu- 
cation en  deux  parties,  une  en  chambre,  l'autre  à  air  libre.  Le  1"  mai, 
vers  huit  heures  du'  malin,  l'éclosion  commençait  et  durait  ainsi  tous 
les  jours  suivants  de  huit  à  onze  heures  du  matin.  L'éclosion  a  été  en 
augmentant  de  jour  en  jour.  Le  premier  jour,  apparaissaient  7  larves, 


PROCÈS-VERBAUX.  257 

le  lendemain,  9,  et  ainsi  de  suite  en  augmentant.  Le  20  mai,  l'éclosion 
était  de  30,  elle  se  maintenait  ainsi  dans  une  moyenne  de  30  à  35  pendant 
trois  ou  quatre  jours  et  redescendait  ensuite  à  une  moyenne  de  15  jus- 
qu'au 26  mai.  A  partir  de  ce  jour  il  n'y  avait  plus  aucune  éclosion  ;  il 
était  né  371  vers,  quelques-uns  étaient  morts  à  la  sortie  de  l'œuf.  Les 
œufs  restant  se  déprimèrent  rapidement.  Je  fus  étonné  de  la  grande 
quantité  d'œufs  mauvais  (environ  250).  Je  ne  sais  à  quoi  attribuer  cela, 
L'éclosion  avait  lieu  dans  une  pièce  au  midi  (20  à  22  degrés).  Les  vers 
ne  mangeaient  pas  tout  de  suite,  ils  ne  commençaient  guère  que  dans 
la  nuit  suivante. 

ï.  Au  bout  de  quatre  ou  cinq  jours,  vers  le  1«  juin,   lorsque  je  jugeai 
la  température  suffisante,  je  plaçai  dans  mon  jardin  exposé  au  soleil, 
dans  une  cage  vitrée  et  grillée,  la  partie  que  je  me  proposais  d'éle- 
ver à  air  libre  (200  environ).  Les  autres  furent  laissés  dans  la  pièce 
d'éclosion.  Le  3  juin,  les  premiers  nés  entraient  dans  leur  premier  som- 
meil et  les  autres  successivement.  Malheureusement  pendant  le  premier 
sommeil,  une  nuit,  un  violent  orage  s'abattait  sur  le  pays,  la  cage  mal 
consolidée  fut  renversée  par  le  vent,  et  l'eau  entrant  dans  la  cage,  dé- 
truisait les  trois  quarts  de  mes  chenilles.  Le  lendemain  je  n'en  retrouvais 
qu'une  trentaine  qui  avaient  échappé  au  désastre.  Je  les  transportai 
aussitôt  dans  la  chambre  d'éclosion  avec  les  autres  et  je  renonçai  pour 
cette  année-là  à  l'éducation  à  air  libre. 

»  Les  variations  de  température  pendant  l'année  1882,  comme  vous 
le  savez,  ont  été  assez  brusques  et  le  thermomètre  a  peu  monté.  Le  so- 
leil a  été  assez  rare.  Quoique  l'éducation  ait  marché  assez  régulièrement, 
les  sommeils  ayant  lieu  à  espaces  réguliers  de  neuf  à  dix  jours  et  durant 
de  quatre  à  six  jours  en  moyenne,  avant  le  quatrième,  pour  une  cause 
que  je  ne  m'explique  pas  et  que  je  n'ai  pu  trouver,  j'ai  perdu  une  grande 
(juantité  de  chenilles.  Je  leur  ai  toujours  autant  que  possible  fourni  les 
feuilles  les  plus  fraîches  possible.  J'avais  choisi  dans  le  parc  de  Saint- 
Cloud  un  petit  taillis  de  chênes,  où  j'allais  faire  ma  récolte  de  feuilles, 
ne  choisissant  ni  les  jeunes  ni  les  trop  vieilles  feuilles  et  ne  voulant  pas 
changer  d'arbres.  Aucun  oiseau,  aucun  insecte  n'a  pu  m'en  détruire. 
Les  chenilles  mouraient  ou  disparaissaient  par  grandes  quantités.  Enfin, 
vers  les  premiers  jours  d'août,  les  quelques  vers  qui  avaient  échappé 
commençaient  leur  cocon.  J'en  ai  obtenu  une  quinzaine  et  j'ai  pu  éviter 
l'éclosion  des  papillons  et  aussi  une  seconde  éducation.  Je  compte  re- 
commencer cette  année,  si  mes  papillons  viennent  bien  et  s'accouplent, 
mais  je  doute  de  ce  fait  ;  il  ne  s'est  encore  rien  produit  dans  les  cocons. 
11  me  semble  pourtant  que  le  moment  serait  arrivé. 

»  Si  la  Société  peut  encore  cette  année  disposer  de  graines,  je  deman- 
derai la  faveur  d'être  compris  dans  cette  distribution  pour  une  toute 
petite  quantité,  espérant  n)ieux  réussir  celte  année  que  la  précédente. 
»  J'ai  semé  cette  année  du  Soya  liispida.  Placé  dans  un  terrain  sec, 

3' SÉRIE,  T.  X.— Avril  1883.  17 


258  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aGCLIMATATION. 

crayeux,  il  a  parfaitement  réussi  et  a  été  d'un  rapport  très  considérable. 

)i  J'avais  aussi  obtenu  de  la  Société  une  petite  quantité  de  graines  de 
Sagyina  (Sorgbo).  Semé  en  ligne  comme  du  Maïs,  il  a  parfaitement 
réussi.  Les  épis  sont  très  bien  venus,  le  grain  était  très  beau  et  très 
bien  formé,  mais  il  n'est  pas  arrivé  à  complète  maturité.  J'attribue  cela 
au  peu  de  soleil  et  aux  mauvais  temps  que  nous  avons  eu  l'été  dernier. 
Les  tiges  sont  d'une  liauteur  de  2  mètres  à  peu  près,  bien  fournies,  et 
donnent  une  très  bonne  paille  qui  peut  remplacer  la  paille  de  Mais. 
La  croissance  est  assez  rapide  et  la  maturité  a  eu  lieu  vers  la  fin  de 
septembre. 

»  J'avais  donné  une  petite  quantité  de  graines  de  Soya  et  de  Saggina 
à  une  personne  habitant  Montgeron,  chez  laquelle  elles  ont  aussi  très 
bien  réussi. 

»  Une  personne  habitant  Juvisy  m'a  appris  hier  qu'il  y  a  quelques 
jours  on  avait  capturé  dans  la  Seine  un  Saumon  pesant  23  livres  et  me- 
surant environ  80  centimètres  de  long.  Je  crois  être  utile  à  la  Société 
en  lui  signalant  ce  fait,  qui  n'est  pas  rare,  à  ce  qu'il  paraît,  dans  ce 
pays.  » 

—  M.  Alfred  Wailly  adresse  de  Tudor  Villa,  Norbiton  (Angleterre), 
un  rapport  sur  ses  éducations  de  Bombyciens  séricigènes  pendant  l'an- 
née 1882.  11  y  joint  un  article  sur  les  Lépidoptères  anglais  et  européens, 
extrait  du  Land  and  Watei-.  «  J'attends,  écrit  M.  Wailly,  une  caisse  de 
Cocons  Mylitta  (grande  race  de  l'Himalaya),  la  seule  que  j'ai  réussi  à 
élever  en  ltS79.  Ils  me  sont  expédiés  de  Calcutta  et  le  navire  est  à  Lon- 
dres depuis  vendredi  dernier.  Si  les  Cocons  sont  tous  bien  vivants,  j'en 
aurai  bon  nombre,  car  j'en  attends  d'autres  de  Ceyian  et  de  Bombay  ; 
mais  on  ne  peut  compter  que  sur  ce  que  l'on  tient  eu  bon  état.  » 

—  M.  Pontet,  président  de  la  Société  d'Horticulture  et  d'Acclimatation 
du  Cantal,  adresse  une  demande  d'oeufs  de  Vers  à  soie  du  chêne. 

—  M.  Mollinger  adresse  de  Godesberg,  près  Bonn  (Allemagne),  un 
petit  lot  de  cocons  de  différentes  espèces  de  Vers  à  soie  :  Telea  Poly- 
phemus,  Attacus  cynthia,  Samia  cecropia  et  Samia  Promethea,  tous 
de  provenance  américaine.  —  Uemerciements. 

—  M.  Charles  Baltet  prie  la  Société  de  vouloir  bien  lui  faire  parvenir 
des  œufs  de  plusieurs  espèces  de  Vers  à  soie. 

—  MM.  Fabre  père,  Le  Guay,  Jean  Burky,  Duplantier,  V.  Fleury, 
Guy  aîné,  Lecointre,  Mathey,  Emile  Meunier  et  Mollinger  demandent  à 
orendre  part  à  la  distribution  de  graines  annoncée  dans  la  Chronique. 

—  MM.  Mathey, Gnecchi  et  Mollinger  remercient  des  envois  de  graines 
qui  leur  ont  été  faits. 

--  M.  Fréd.  Bomanet  du  Gaillaud  prie  la  Société  de  vouloir  bien  lui 
procurer,  s'il  est  possible,  du  plant  de  Tradescantia  erecla. 

—  M.  Fréd.  Palmer  demande  si  la  Société  possède  des  renseigne- 
ments sur  une  nouvelle  variété  de  Pommes  de  terre  dite  du  Brésil. 


PROCÈS-VERBAUX.  259 

—  M.  A.  Derré  de  Sablé  (Sarlhe)'  rend  compte  des  résultats  donnés 
par  différentes  graines  et  plantes  provenant  de  la  Société. 

—  M.  de  Saint-Quentin  écrit  de  Cette  :  «  Le  Cytisus  proliferiis,  dont  on 
a  distribué  récemment  des  graines  et  dont  j'avais  reçu  quelques  se- 
mences il  y  a  cinq  ou  six  ans,  sous  le  nom  de  Tagasaste,  je  crois,  vient 
parfaitement  dans  la  région  de  Cette.  J'avais  partagé  mes  graines  avec 
quelques  propriétaires,  qui  n'ont  pas  su  ou  voulu  s'en  occuper.  Sur  cinq 
que  j'avais  gardées  et  qui  ont  levé,  j'ai  perdu,  par  accident,  quatre 
plants.  Un  seul  existe  encore  ;  il  a  2  mètres  de  haut,  il  est  très  étalé 
et  a  toujours  résisté  aux  tentatives  que  j'ai  faites  pour  le  faire  monter, 
en  lui  formant  un  tronc  central.  La  tige  que  l'on  dresse  contre  un  tu- 
teur ne  se  développe  plus  et  les  branches  latérales  deviennent  plus 
vigoureuses.  Il  n'a  jamais  fleuri.  Cette  année,  je  viens  de  le  tailler  dans 
l'espérance  que  cette  opération  provoquera  des  fleurs  au  printemps. 

»  J'avais  reçu  à  la  même  époque  des  graines  d'un  Psoralea  peu  dif- 
férent de  ceux  du  pays,  et  qui  vient  aussi  assez  bien  à  Celte.  Il  portait  le 
nom  de  Tédéras  dans  l'envoi.  Cette  plante  résiste  moins  bien  à  la  sé- 
cheresse de  nos  régions  que  le  Cytise  prolifère.  Elle  paraît  avoir  les 
feuilles  plus  serrées  et  plus  abondantes  que  la  Psoralée  commune  ;  elle 
est  aussi  d'un  vert  plus  gai.  Peut-être  n'est-ce  qu'une  race  de  la  vul- 
gaire. Je  ne  crois  pas  qu'ici  elle  puisse  être  d'une  grande  utilité. 

»  J'avais  encore  reçu  des  graines  de  Mclaleuca  parviflora  à  peu  près 
en  même  temps,  sinon  antérieurement.  Cette  plante  résiste  ici  en  pleine 
terre.  J'en  ai  même  un  pied  assez  grand,  puisqu'il  a  1m,80  environ; 
mais  l'aspect  de  ce  végétal  est  misérable  et  désordonné.  Les  branches 
retombent  sans  grâce  dans  tous  les  sens,  et  le  feuillage  est  maigre  et 
ténu.  En  outre,  depuis  plusieurs  années  que  je  le  soigne,  il  ne  m'a  ja- 
mais donné  une  fleur.  » 

—  M.  Romanet  du  Caillaud  écrit  à  M.  le  Secrétaire  général  :  «  J'ai 
bien  reçu  la  lettre  par  laquelle  vous  avez  eu  l'obligeance  de  m'accuser 
réception  des  graines  de  Spinovitis  Davidi  à  raisins  blancs  et  à  rai- 
sins rouges,  vignes  originaires  du  Chen-Si  (Chine).  La  variété  à  raisins 
blancs  est  cette  année  introduite  en  Europe  pour  la  première  fois. 

»  J'ai  offert  ces  graines  de  Vignes  chinoises  à  la  Société  d'.Vcclimata- 
lion  de  la  part  de  S.  G.  M'J""  Pagnucci,  l'évêque  coadjuteur  du  vicariat 
apostolique  du  Chen-Si. 

î  Depuis  trois  ans  M'J'  Pagnucci  m'envoie  des  graines  de  vignes  de 
sa  province. 

>  Cette  année,  il  m'avait  en  outre  adressé  des  graines  d'un  Chêne  à  bois 
très  dur  et  d'autres  graines  fort  utiles  ;  mais,  sans  doute  par  suite  d'un 
accident  dans  le  transport  par  voie  de  terre  sur  un  parcours  de  800  à 
1000  kilomètres,  cet  envoi  ne  m'est  pas  encore  parvenu. 

>  La  Société  a  bien  voulu,  l'année  dernière,  récompenser  ma  bonne 
volonté  par  une  médaille  de  bronze.  Peut-être  cette  année  jugera-t-elle 


260  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

convenable  de  récompenser  également  le  zèle  de  M'J'  Pagnucci,  auquel 
j'attribue  tout  le  succès  de  mes  tentatives  d'acclimatation.  » 

M.  de  Gonfévron  écrit  de  Langres:  «  Il  est  reconnu  et  admis  que 

le  o^reffage,  le  bouturage  et  autres  procédés  par  lesquels  on  multiplie 
les  différentes  variétés  d'arbres  fruitiers,  ne  constituent  pas  des  sujets 
nouveaux  ayant  une  existence  propre.  Les  arbres  ainsi  obtenus  ne  font 
que  continuer,  en  quelque  sorte,  la  vie  du  sujet  principal  d'où  ils  éma- 
nent et  dont  ils  ne  peuvent  être  considérés  que  comme  des  membres  sé- 
parés à  l'infini,  comme  des  enfants  nés  vieux  de  l'âge  de  leur  père,  pour 
ainsi  dire,  et  ne  pouvant  arriver  à  un  âge  bien  plus  avancé  que  lui.  Il 
y  a  bien  un  petit  regain  de  force,  mais  momentané  et  résultant  d'une 
sève  un  peu  rajeunie  par  le  bouturage  ou  par  la  vigueur  du  sujet  nour- 
ricier auquel  on  confie  la  greffe. 

»  De  cette  théorie  il  résulte  qu'une  espèce  obtenue  par  graine,  puis 
multipliée  par  greffe,  par  écusson  ou  par  bouturage,  ne  peut  avoir  beau- 
coup plus  de  longévité  que  le  sujet  primitif. 

î  Ceci  explique  la  disparition  ou  la  dégénérescence  par  vétusté  ou  ané- 
mie sénile,  d'une  grande  quantité  d'excellentes  espèces  de  fruits,  dont 
l'obtention  par  graine  remonte  à  100  ou  200  ans. 

»  Ce  fait  est  surtout  remarquable  pour  les  espèces  de  Poires  dont  les 
unes  ont  disparu,  d'autres  deviennent  rares,  d'autres  sont  presque 
introuvables,  d'autres  enfin  encore  existantes  ne  sont  plus  représentées 
que  par  des  arbres  chélifs,  vieux,  rabougris  et  ne  donnent  que  des  fruits 
en  petit  nombre  et  de  qualité  inférieure. 

3)  Ces  bonnes  espèces,  qui  n'ont  point  été  remplacées,  ne  peuvent  être 
retrouvées  et  rajeunies  que  par  l'obtention  d'arbres  nouveaux,  c'est-à-dire 
obtenus  par  graine. 

»  On  n'arrivera  pas  à  ce  résultat  sans  difficultés,  dont  la  patience  et 
la  persistance  peuvent  seules  triompher. 

»  Il  est,  en  effet,  presque  aussi  difficile  de  retrouver  par  semis  une 
espèce  perdue,  que  de  la  produire  pour  la  première  fois. 

»  Il  me  semble  cependant  qu'avec  un  peu  de  soin  et  d'entente  on  peut 
arriver  à  un  bon  résultat  :  en  utilisant,  par  exemple,  les  semences  des 
variétés  dont  on  a  encore  des  échantillons  et  en  employant  la  fécon- 
dation artificielle  par  des  espèces  analogues.  Quant  aux  espèces  entière- 
ment perdues,  on  tâcherait  de  les  retrouver  par  celles  s'en  rapprochant 

le  plus. 

»  Citons  quelques-unes  des  Poires  disparues  ou  en  train  de  disparaître 
et  qu'il  y  aurait  intérêt  à  retrouver  :  les  Saint-Germain,  Cressane,  Beurré 
gris.  Bon  chrétien  d'hiver,  Doyenné  blanc.  Doyenné  de  la  Pentecôte, 
Rousselet  fin,  Bezy  Chaumontel,  Martin  sec,  Messire  Jean,  etc. 

j  Le  travail  auquel  il  faudrait  se  livrer  pour  arriver  à  bonne  fin,  se- 
rait intéressant  et  fort  utile,  mais  peu  productif.  C'est  pourquoi  il  me 
semble  que  cette  recherche  devrait  être  encouragée  par  l'attribution 


PROCÈS-VERBAUX.  261 

d'une  récompense  de  la  Société  d'Acclimatation  à  celui  qui  aurait  ob- 
tenu par  graine  les  espèces  les  plus  recommandables  de  fruits  en  train 
de  disparaître  ou  entièrement  disparus. 

»  Ce  que  j'ai  dit  des  Poires  peut,  bien  entendu,  s'appliquer  à  d'autres 
fruits,  à  tous  les  arbres  et  surtout  aux  fleurs  doubles  qui  ne  se  renou- 
vellent pas  par  graine.  » 

€beittcN.  —  M.  de  Fays  écrit  de  Templeure  :  «  J'ai  perdu  cette  nuit, 
de  la  diphtérite,  la  femelle  du  couple  d'Éperonniers  chinquis  qui  m'a  été 
envoyé  en  cheptel  le  6  courant.  J'ai  écrit,  il  y  a  quelques  jours,  au  Jardin 
d'acclimatation  pour  lui  signaler  l'état  des  oiseaux.  Ceux-ci  m'avaient 
paru  tristes  dès  leur  arrivée,  mais  comme  ils  avaient  été  près  de  trois  jours 
en  route,  je  mettais  leur  bouderie  sur  le  compte  des  fatigues  du  voyage. 
Néanmoins,  je  les  ai  soumis  à  un  régime  préventif,  qui  n'a  pu  empêcher 
Je  développement  du  mal.  » 

—  M.  V.  Fleury  écrit  de  La  Drouetière  :  «Mon  cheptel  de  Poules  de 
Dorking,  pris  de  diphtérite  à  peine  arrivé,  me  semble  aller  mieux.  Une 
Poule  est  complètement  guérie;  le  Coq  est  mieux;  mais  l'autre  Poule  est 
encore  assez  malade.  Nous  les  soignons  assidiàment  et  leur  faisons  prendre 
d'énergiques  reconstituants  et  antidiphtéritiques.  Ces  oiseaux  devaient 
avoir  le  germe  de  la  maladie  en  arrivant  ;  car  je  les  ai  trouves  au  dé- 
ballage fort  tristes  et  sans  activité  et  depuis  un  an,  nous  n'avons  pas 
perdu  une  seule  Poule  de  cette  maladie,  qui  est  toujours  fort  rare  dans 
notre  basse-cour.  Cette  basse-cour  est  fort  spacieuse,  1200  mètres  carrés 
environ  ;  4  jeunes  poulets  de  février  étaient  seuls  avec  eux  et  l'un  d'eux  à 
leur  contact  a  pris  la  diphtérite  et  est  mort.  Nous  n'avonssauvè  les  autres 
qu'en  les  enlevant  immédiatement  et  en  les  mettant  en  liberté  dans  le  parc.» 

—  M.  Mathey  annonce  le  renvoi  des  oiseaux  survivants  de  son  cheptel 
de  Poules  de  Uorking. 

—  M.  Coignard  écrit  de  Sablé  (Sarthe)  :  «  J'avais  eu  l'honneur  de  vous 
annoncer  dans  une  lettre  précédente  que  la  femelle  Ccréopse  avait  couvé 
six  œufs  qui  étaient  mauvais.  Aujourd'hui  je  suis  heureux  de  vous  an- 
noncer qu'une  seconde  Poule  a  mieux  réussi.  Sur  cinq  œufs  j'ai  cinq 
petits,  qui  me  paraissent  très  vigoureux.  Je  les  nourris  avec  des  œufs 
durs,  de  la  laitue  hachée,  du  son  et  du  pain. 

»  Mes  Cygnes  noirs  me  paraissent  devoir  être  encore  improductifs 
cette  année,  les  accouplements  sont  cependant  fréquents.  » 

—  M.  Martel-Houzet,  de  Tatinghem  (Pas-de-Calais),  rend  compte  de 
la  perte  accidentelle  de  la  femelle  de  son  cheptel  de  Canards  Casarkas. 

—  M.  Le  Guay  fait  connaître  que  son  cheptel  de  Canards  mandarins  est 
en  bon  état  et  que  ses  deux  Chèvres  naines  lui  ont  donné  chacune  une 
chevrette. 

—  M.  Maisonneuve  écrit  de  Challans  (Vendée):  «  Mes  Paddas  n'étant 
pas  parfaitement  blancs,  m'ont  donné  des  produits  mélangés,  et  des  gris 
très  purs,  ainsi,  du  reste,  que  j'en  avais  la  conviction.  L'an  dernier,  les 


262  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

couvées  n'ont  pas  réussi,  et  aujourd'hui  parents  et  enfants  ont  des  œufs, 
mais  ne  couvent  pas  régulièrement.  Enfin  j'ai  perdu  la  rnère  au  mois 
d'octobre  dernier.  Quant  au  père,  je  ne  saurais  le  distinguer  de  ses 
enfants.  Je  renonce  à  l'élevage  des  Paddas  blancs,  et  dans  quelques  mois 
je  retournerai  7  à  8  oiseau.x  à  la  Société.  » 

—  M.  Jules  Grisard  donne  lecture  d'une  lettre  adressée  à  M.  le  Secré- 
taire général  par  M.  Bouchereaux,  qui  rend  compte  des  résultats  inté- 
ressants obtenus  par  l'emploi  d'une  couveuse  artificielle  pour  l'incubation 
d'œufs  de  Casoar  (voy.  au  Bulletin). 

—  M.  Saint-Yves  Ménard  désirerait  savoir  s'il  existe  des  observations 
antérieurement  faites  et  déjà  connues,  concordant  avec  l'opinion  émise 
dans  cette  lettre  par  M.  Bouchereaux,  à  savoir:  que,  pour  des  oiseaux  du 
volume  du  Casoar,  la  température  de  la  couveuse  doit  être  inférieure  à 
celle  qui  convient  pour  des  œufs  d'oiseaux  de  plus  petite  taille. 

—  M.  Dareste  ne  croit  pas  que  des  observations  de  ce  genre  aient  été 
faites  jusqu'à  ce  jour.  Pour  les  œufs  de  Poule  il  faut  une  température 
de  35  à  40  degrés.  Un  fait  très  intéressant,  mais  non  encore  étudié  d'une 
manière  convenable,  c'est  que,  dans  l'œuf  delà  Poule,  il  y  a  vers  le  8*^  ou 
le  10*  jour  de  Tincubalion,  apparition  de  la  respiration  embryonnaire  et, 
par  suite,  production  de  chaleur.  Pendant  les  deux  dernières  semaines 
de  l'incubation,  l'œuf  développe  de  la  chaleur.  Aussi,  quand  on  opère 
avec  une  étuve  contenant  un  certain  nombre  d'œufs,  peut-on  diminuer 
la  chaleur  fournie  par  l'appareil.  L'expérience  apprendra  si  le  fait  peut 
s'appliquer  à  des  œufs  plus  gros  que  les  œufs  de  Poule. 

—  M.  Saint- Yves  Ménai'd  fait  remarquer  que  l'observation  de  M.  Bouche- 
reaux constate  une  durée  variable  de  l'incubation  pour  des  œufs  qui  parais- 
sent avoir  été  placés  dans  des  conditions  identiques;  une  éclosion  s'est 
produite  au  bout  de  56  jours,  une  autre  au  bout  de  64,  soit  8  jours  de 
différence.  11  serait  intéressant  de  savoir  si  d'autres  observations  ont 
jiermis  de  constater  des  durées  d'incubation  aussi  variables.  Pour  les 
œufs  de  Poule,  dont  l'incubation  ne  dure,  il  est  vrai,  que  "21  jours,  les 
différences  qui  se  produisent  ne  s'étendent  guère  au  delà  d'une  journée, 

•  et  ne  sont  même,  en  général,  que  de  quelques  heures. 

—  M.  Dareste  pense  que  les  différences  constatées  tiennent  à  ce  que 
les  œufs  ne  sont  pas  tous  exposés  à  une  même  température  dans  la  cou- 
veuse artificielle,  où  certains  points  peuvent  être  moins  chauffés  que 
d'autres. 

—  Telle  est  également  l'opinion  de  M.  Saint-Yves  Ménard,  qui  rappelle 
toutefois  que  sur  des  œufs  de  Casoar  soumis  à  l'incubation  naturelle  au 
Jardm  d'acclimatation,  on  a  également  constaté  des  différences  de  6  à 
8  jours  dans  la  durée  de  l'incubation;  l'explication  du  fait  est  encore 
à  trouver. 

—  M.  Camille  Dareste  dit  avoir  constaté  sur  des  œufs  soumis  seule- 
ment à  un  commencement  d'incubation  que,  chez  quelques-uns,  le  déve- 


PROCÈS-VERBAUX.  563 

loppement  initial  se  fait  avec  une  rapidité  très  grande,  alors  qu'il  est 
d'une  extrême  lenteur  chez  d'autres  placés  exactement  dans  les  mêmes 
conditions.  L'évolution  embryonnaire  est  aussi  avancée  pour  les  uns,  au 
bout  de  vingt-quatre  heures,  que  pour  les  autres  au  bout  de  trois  jours. 
Il  y  aurait  intérêt  à  rechercher  si  cette  inégalité  de  développement  au 
début  entraîne  des  différences  dans  l'époque  de  l'éclosion. 

—  L'assemblée  décide  le  renvoi  de  la  lettre  de  M.  Bouchereaux  à  la 
Commission  des  récompenses. 

—  A  l'occasion  d'une  note  de  iM.  Merlato,  publiée  dans  le  numéro  de 
janvier  du  Bulletin,  sur  l'élevage  de  l'Autruche,  M.  Camille  Dareste  dit 
qu'il  ne  saurait  partager  l'opinion  émise  dans  ce  travail,  à  savoir  :  que, 
dans  l'œnf,  l'autruchon  ne  perce  pas  la  chambre  à  air  avant  d'éclore. 
a.  Toutes  les  personnes  qui  s'occupent  d'incubation  artificielle,  ajoute 
M.  Dareste,  savent  que,  le  plus  ordinairement,  lorsque  le  poulet  a  la  tète 
tournée  vers  le  gros  bout  de  l'œuf,  il  ne  peut  éclore  qu'après  avoir  percé 
la  chambre  à  air  et  commencé  à  respirer  dans  l'intérieur  de  la  coquille. 
Les  observations  de  M.  Bouchereaux  montrent  que  le  Casoar  ne  fait  pas 
exception  à  cette  règle  d'éclosion,  et  que  cet  oiseau  perce  la  chambre  à 
air  et  commence  à  respirer  par  les  poumons  avant  de  briser  la  coquille. 
11  est  donc  permis  de  supposer,  par  la  très  grande  ressemblance  de  l'Au- 
truche avec  le  Casoar,  qu'il  y  a  quelque  erreur  d'observation  dans  les 
faits  qui  nous  ont  été  indiqués  par  M.  Merlato.  » 

—  M.  A.  Leroy  donne  lecture  d'une  note  sur  le  dépeuplement  et  le 
repeuplement  des  rivières  de  France  (voy.  au  Bulletin). 

—  M.  Baveret-Wattel  signale,  à  l'occasion  de  celle  communication, 
le  tort  considérable  causé  aux  rivières  par  l'insuffisance  de  certaines 
dispositions  de  la  législation  sur  la  pêche;  par  le  braconnage;  enfin  par 
la  souillure  des  eaux,  qu'empoisonnent  les  matières  résiduaires  d'iui  grand 
nombre  d'usines. 

—  M.  le  Président  dit  qu'indépendamment  de  ces  différentes  causes  de 
destruction  du  poisson,  il  en  est  une  autre  sur  laquelle  on  ne  saurait  trop 
appeler  l'attention  :  c'est  le  curage  à  franc  bord  prescrit  par  l'admi- 
nistration pour  tous  les  petits  cours  d'eau.  Les  rives  deviennent  des  pa- 
rois absolument  verticales;  toutes  les  plantes  sur  lesquelles  frayent  le 
poisson  disparaissent.  Or  c'est  précisément  dans  les  petits  cours  d"eau, 
affluents  des  rivières  principales,  que  se  développent  surtout  les  alevins. 
Aussi  le  curage  à  franc  bord,  quand  il  n'est  pas  absolument  nécessaire 
pour  faciliter  l'écoulement  de  l'eau  et  assurer  l'alimentation  des  usines, 
devrait-il  être  proscrit  comme  une  des  causes  profondément  regret- 
tables de  la  disparition  du  poisson.  Cependant,  loin  d'être  une  exce|>tion, 
ce  curage  est  actuellement  une  pratique  absolue  et  obligatoire.  Ile  là 
une  destruction  effrayante  du  poisson. 

—  M.  Millet  rappelle  que  la  question  du  dépeuplement  et  du  repeuple- 
ment des  cours  d'eau  a  été  fréquemment  l'objet  d'une  attention  toute  par- 


264  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

ticulière  de  la  part  de  la  Société  d'Acclimatation,  qui  a  vu  plusieurs  des 
mesures  qu'elle  proposait  pour  remédier  au  mal,  adoptées  par  l'admi- 
nistralion  (1).  Parmi  ces  mesures  ligure  la  création  de  réserves  de  pêche, 
dont  on  a  obtenu  d'excellents  résultats.  Plus  de  820  kilomètres  de 
rivières  flotlables  ou  navigables  sont  actuellement  constitués  en  réserves, 
dans  lesquelles  toute  pêche,  même  celle  à  la  ligne  flottante,  est  interdite 
pendant  cinq  années  consécutives. 

—  Tout  en  reconnaissant  les  bons  effets  des  réserves,  au  moins  sur 
certains  points,  M.  Raveret-Wattel  estime  qu'il  convient  de  ne  pas  s'exa- 
gérer l'efficacité  de  cette  mesure.  En  effet,  les  réserves  protègent  aussi 
bien  les  espèces  carnassières  et  destructives  que  celles  qui  ne  le  sont 
pas;  or  la  pullulation  de  la  Perche  et  du  Brochet  a  beaucoup  contribué 
dans  ces  dernières  années  à  la  disparition  des  autres  espèces. 

—  M.  Millet  ne  croit  pas  que  le  Brochet  fraye  dans  les  réserves.  Quant 
à  la  Perche,  il  est  facile  de  détruire  les  chapelets  d'œufs  qu'elle  attache 
aux  herbes  aquatiques. 

—  L'assemblée  prononce  le  renvoi  à  la  S"  section  de  la  communica- 
tion de  M.  Leroy. 

Le  secrétaire  des  séances, 

C.  Raveret-Wattel, 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  27  AVRIL  1883. 

Présidence  de  M.  A.  Geoffroy  Satnt-Hilaire,  secrétaire  général, 
puis  de  M.  le  marquis  de  Sinétv,  vice-président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté  après  une 
observation  de  M.  Millet. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  récemment  admis 
par  le  Conseil  : 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

.     ,  ,     „      ,      ,   A.  Geoffroy Saint-Hilaire. 

Boursier,    Charles,    aviculteur    a    Houdan  \  ^   ^^^^^^ 

(Seine-et-Oise).  (  le  marquis  de  Sinéty. 

DOULADOURE  (J.-L.),  directeur  général  de  la  /  ^  Geoffroy  Saint-Hilaire 
Société  la  €  Garantie  fédérale  .,  assurance  \  ,^  ^^^^^.^^.^  ^^  ^.^^.^^, 
contre  la  mortahlé  des  bestiaux,  38,  rue     ^^^^^^^^^  j^j^^^rd. 
des  Bourdonnais,  à  Paris.  \ 

^  ,    ,.        '  Maurice  Girard. 

Lataste,  Fernand,  7,  avenue  des  Gobehns,  \  j    Grisard. 

^  P^ris.  ^  ]g  n^arquis  de  Sinéty. 

(1)  Rapport  sur  les  mesures  relatives  à  la  conservation  et  à  la  police  de  la 
pêche,  par  M.  Millet  (Bulletin,  1865,  p.  2G3). 


PROCÈS-VERBAUX.  265 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

I      •         r.  11         .•      eo  ^  E.  Dupin. 

Le;fevre,  François-Joseph,  rentier,  53,  avenue  \  .    r.     «■      c  •  .  ui  • 

1    AT     M      .' -VT      11    /r^  •    X  1  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

de  Neuillv,  a  Neuilly  (Seine).  /  ,  ■    j     o-    -. 

■'  '  V  le  marquis  de  Sinety. 

I  n    ^         1    ^        '         ■       .     i  fo    c  [    MuSSOn. 

LOUVENCOURT  (Jules  de),  négociant,  146,  fau-  \  ,,        ,, .       , 
.           c  ■  .  n     •      '  n    ^  \  Yves-Menard. 

bourff  Saint-Denis,  a  Pans.  /  ,  .    ,    _.    , 

°  [le  marquis  de  Sinety. 

,,  .,   ,  .,,  .  .   n  •  .    (  A.Geoffroy Saint-Hilaire. 

ViGNAUT,   Alphonse,    propriétaire,  a  Saint-  \  ,  ,    j    „,      , 

_  ,^-  ,n      .  'i  Ifc  comte  de  Montlezun. 

Sauvy,  par  Ginioiit  (Gers).  /  ,.       ...       , 

•"  ^  ^        '  (  \ves  Menard. 

—  M.  le  Secrétaire  procède  au  dépouillement  delacorrespondance. 

M.  Bouley,  président,  et  M.  Raveret-Wattel,  secrétaire  des  séances, 
s'excusent  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

—  Des  comptes  rendus  de  leurs  cheptels  sont  adressés  par  MM.  Dode- 
mont-Delloye,  Claude  Lefèvre,  Leprévost-Bourgerel,  Em.  Baré,  Ed.  Vil- 
ley  et  Jean  Kiener,  ainsi  que  par  la  Société  d'agriculture  de  la  i.ozère. 

—  M.  Ludovic  Joffrion  adresse  une  demande  de  graines  de  Vignes  chi- 
noises. 

—  M.  Pays-Mellier  écrit  de  la  Pataudière  (Indre-et-Loire)  : 

«  Je  lis  dans  le  Bulletin  mensuel  de  la  Société,  de  décembre  dernier, 
qu'un  tapissier  de  Périgueux,  M.  Briand,  a  obtenu  la  reproduction  du 
petit  Singe  ouistiti. 

»  J'ai  eu,  moi  aussi,  il  y  a  quelques  années,  un  couple  de  ces  animaux, 
qui  ont  eu  deux  jeunes,  mâle  et  femelle,  qu'ils  ont  parfaitement  élevés. 
Le  père  surtout  en  prenait  grand  soin  et  les  portait  sur  son  dos  avec  la 
sollicitude  la  plus  touchante. 

»  En  ce  moment,  j'ai  à  la  Pataudière  un  fait  assez  rare,  je  crois,  lin 
couple  de  Grands-ducs  a  fait  son  nid  par  terre,  en  creusant  un  trou  dans 
le  sable,  et  la  femelle  seule  couve  ses  trois  œufs  depuis  le  29  mars. 

»  J'ai  aussi  obtenu  la  reproduction  des  Porcs-épics  :  ces  animaux  ont  un 
jeune  mâle,  âgé  déjà  d'un  mois  et  demi.  » 

—  M.  Maisonneuve,  pharmacien,  à  Challans  (Vendée),  écrit  à  M.  le 
Président  : 

<  Quiconque  s'est  livré  à  l'élevage  des  oiseaux  dits  de  luxe,  et  des  Fai- 
sans, Colins  en  particulier,  est  unanime  à  reconnaître  combien  il  est 
difficile,  pénible  môme,  de  se  procurer  en  temps  voulu,  ou  en  quantité 
suffisante,  des  œufs  de  fourmi.  Voilà  pourquoi,  de  divers  côtés,  des 
tentatives  ont  été  faites  par  les  éleveurs,  afin  de  se  soustraire  à  cette 
obligation.  La  Société,  du  reste,  a  parfaitement  compris  qu'il  y  avait  là 
une  question  intéressante  au  premier  chef;  aussi,  dans  le  but  de  stimuler 
les  recherches  des  éleveurs,  offre-t-elle  une  prime  à  l'inventeur  d'un 
genre  de  nourriture  artificielle,  économique,  destinée  à  remplacer  les 
œufs  de   fourmi.  Je  ne   sais  si  la  question   est  complètement  résolue 


266  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'aCCLIMATÂTION. 

aujourd'hui  ;  dans  tous  les  cas,  permettez-moi  au  moment  oîi  le  commerce 
commence  à  fabriquer  des  compositions  spéciales,  permettez-moi,  dis-je, 
de  revendiquer  en  faveur  d'un  aviculteur  bien  connu  de  la  Société  d'Ac- 
climatation, la  priorité  d'une  formule  de  nourriture  essentiellement 
pratique,  économique,  à  base  de  sang.  Sous  ce  rapport,  mon  confrère 
M.  Dauleville  n'a  rien  innové. 

»  En  effet,  depuis  plusieurs  années  déjà,  M.  l'abbé  Bertin,  curé  de  Mo- 
chelles  (Maine-et-Loire),  réussit  parfaitement,  à  l'aide  d'une  nourriture 
animale  dont  il  est  l'inventeur,  l'élevage  des  Faisans,  Perdreaux,  sans  le 
concours  des  œufs  de  fourmi,  ainsi  du  reste  que  la  Société  d'Acclimata- 
tion pourra  s'en  convaincre  par  une  enquête  si  elle  le  juge  à  propos. 

»  Je  vous  signale  ce  fait  et  je  laisse  à  votre  impartialité  bien  connue 
le  soin  de  le  communiquer,  si  vous  le  jugez  utile,  à  la  Commission  des 
récompenses.  » 

—  M.  Merlato  écrit  d'Aïn-Marmora  (Algérie)  à  M.  le  Secrétaire  général: 
«  Comme  suiteà  ma  lettre  du  25  mars,  je  me  fais  un  devoir  de  vous  an- 
noncer que  le  nombre  des  naissances  d'Autruches  à  ce  jour,  est  de  seize, 
toutes  vivantes  et  bien  portantes.  —  Les  premiers-nés,  dont  je  vous 
entretenais  dans  ma  précédente  lettre,  ont  un  mois  d'âge.  —  Tous  pro- 
viennent d'éclosions  artificielles,  car  la  saison  ne  permet  pas  encore  de 
faire  couver  les  animaux.  > 

—  M.  l'ingénieur  ordinaire  des  ponts  et  chaussées,  à  Guéret,  écrit  à 
iM.  l'Agent  général  : 

«  Les  œufs  fécondés  de  Salmo-Namaijcush  ne  sont  pas  arrivés  en  très 
bon  état;  l'emballage  formé  par  une  simple  couche  de  mousse  a  été  in- 
suffisant pour  proléger  les  œufs  contre  la  gelée,  et  852  œufs  blancs  ont 
été  trouvés  gelés.  Les  autres  ont  été  déposés  dans  les  bassins  de  Sainte- 
Feyre,  oîi  leur  éclosion  a  parfaitement  réussi.  » 

—  M.  le  Chef  de  l'exploitation  des  chemins  de  fer  de  l'État  adresse  deux 
exemplaires  de  l'ordre  de  service  par  lequel  il  a  appelé  l'attention  du 
personnel  du  réseau  de  l'État  sur  les  précautions  à  prendre  pour  le  trans- 
port des  œufs  vivants  de  poissons  expédiés  par  la  Société. 

—  MM.  Louis  et  Delorange  font  connaître  les  résultats  des  éclosions 
d'œufs  de  Salmonidés  américains  qu'ils  ont  reçus  de  la  Société. 

—  M.  Abel  Leroy  adresse  une  note  en  réponse  aux  objections  faites  à  sa 
communication  lue  dans  la  séance  du  13  avril. 

—  M.  Jules  Fallou  écrit  à  M.  le  Président  : 

«  Je  suis  heureux  de  vous  informer  que,  par  décision  du  29  mars  1883, 
U.  le  conservateur  des  forêts  de  l'État  a  bien  voulu  m'autoriser  à  pla- 
cer dans  la  forêt  de  Sénart  mes  nouveaux  abris  pour  l'éducation  en  pleine 
forêt  de  VAttacus  Pernyi. 

»  M.  Uich,  inspecteur  de  cette  même  forêt,  est  venu  me  témoigner  Fin. 
térêt  qu'il  prenait  à  mes  tentatives  d'acclimatation  de  ce  précieux  pro- 
ducteur de  soie,  et  m'a  mis  aussitôt  en  rapport  avec  un  garde  de  l'État. 


PROCÈS-VERBAUX.  :267 

5)  Le  moment  venu,  je  serai  en  mesure  de  commencer  une  nouvelle  édu- 
cation; mes  efforts  tendront  à  la  meilleure  réussite  possible,  et  je  serai 
des  plus  satisfaits  si  je  puis  vous  rendre  compte  d'un  heureux  résultat.  » 

—  M.  3Ioïse  Bertoni,  de  Lotligna  (Suisse),  appelle  l'attention  de  la  So- 
ciété sur  l'intérêt  que  présente  la  culture  du  Noisetier  (voy.  au  Bulletin). 

—  M.  de  la  Rochemacé  écrit  de  Couffé  (Loire-Inférieure)  : 

«  Je  ne  me  suis  jamais  occupé  de  Vers  à  soie,  je  crois  pourtant  savoir 
que  certaine  espèce  élevée  sur  le  chêne  de  nos  pays  manque  d'aliments 
au  premier  printemps,  en  raison  de  la  pousse  tardive  de  nos  Chênes. 

»  Or  il  se  trouve  que  je  possède  un  Chêne  devançant  tous  les  ans  les 
autres  d'au  moins  trois  semaines  dans  l'épanouissement  de  ses  feuilles; 
par  ce  même  courrier,  je  vous  en  envoie  un  échantillon,  adressé  rue  de 
Lille. 

B  A  cet  échantillon  j'ai  joint  celui  du  Chêne  contigu,  même  exposition, 
pour  faire  mieux  apprécier  la  différence. 

»  Le  plus  précoce  est  en  pleine  floraison;  il  emplit  l'air  de  pollen  dès 
qu'on  le  touche. 

»  S'il  y  avait  intérêt  à  multiplier  ce  Chêne,  qui  est  d'une  belle  végétation, 
je  pourrais  en  recueillir  les  glands  à  l'automne  et  les  envoyer  à  la  Société. 

»  J'ai  trouvé  moyen  de  faire  supporter  à  mes  Eucalyptus  en  plein  vent 
7  degrés  sans  arrêt  de  la  végétation  ;  si  le  sujet  vous  intéresse,  je  pour- 
rais vous  adresser  une  notice  ad  hoc.  » 

—  M.  Brierre  écrit  de  Sainl-Hilaire-de-Biez  (Vendée)  : 

«  Depuis  deux  ans,  j'ai  acheté  ici  les  excédents  des  chemins  de  fer  pour 
y"  faire  des  essais  sur  toutes  les  façons  de  plantation  de  Vignes  que  j'ai  eu 
lieu  de  remarquer  dans  les  diverses  contrées  que  j'ai  habitées  et  les- 
quels essais  j'aurai  l'honneur  de  vous  détailler  le  plus  tôt  possible.  » 

—  M.  de  Confévron  écrit  de  Langres  à  iM.  l'Agent  général  : 

<  Je  crois  devoir  appeler  l'attention  de  notre  Société  sur  la  pourriture 
des  Pommes  de  terre,  qui  est  une  question  d'acclimatation  au  premier 
chef.  Toute  espèce  nouvelle  importée  donne  d'abord  de  très  bons  ré- 
sultais, puis  au  bout  d'un  certain  nombre  d'années  les  tubercules  pour- 
rissent un  peu  d'abord,  beaucoup  ensuite;  on  change,  et  les  mêmes  cir- 
constances se  produisent  avec  l'espèce  suivante.  En  plantant  avec  les 
tubercules  de  même  espèce  récoltés  dans  un  village  voisin  et  changeant 
aussi  fréquemment  la  semence,  la  pourriture  se  produit  moins  vite.  Je 
suis  porté  à  croire  que  la  pourriture  provient  de  la  dégénérescence  et 
qu'il  y  aurait  lieu  de  prendre  fréquemment  les  semences  au  pays  de 
production  naturelle  et  à  rectifier  la  culture  d'après  les  conditions  cli- 
matériques  de  ce  pays.  Quant  à  l'humidité  et  à  l'excès  d'engrais,  je  pense 
qu'ils  ne  sont  ([ue  des  causes  accessoires  de  pourriture. 

>  A  cette  observation  relative  aux  Pommes  de  terre,  je  veux  en  ajouter 
une  autre  analogue,  concernant  les  Luzernes  ; 

»  Les  Luzernes  provenant  de  graines  récoltées  dans   la   Haute-Marne, 


268  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

durent  de    moins  en  moins  longtemps;  quelques  cultivateurs   commen- 
cent à  acheter  leurs  semences  à  Paris  et  disent  s'en  bien  trouver. 

)>0n  a  d'abord  attribué  la  diminution  de  durée  à  ce  que  les  Luzernes 
succédaient  dans  la  même  terre,  après  un  certain  nombre  d'années,  à 
une  première  Luzerne,  qui  avait  diminué  la  richesse  du  sol  pour  cette 
culture.  Mais  il  a  fallu  constater  que  les  Luzernes,  semées  avec  les 
graines  du  pays,  dans  les  terrains  les  plus  favorables,  n'Rymt  jamais 
produit  de  récoltes  de  cette  nature,  ne  donnaient  pas  de  meilleurs  ré- 
sultats. Je  crois  qu'il  faudrait  songer  à  revenir  à  la  graine  de  production 
spontanée.  Notez  bien  que  dans  l'Est  il  est  difficile  d'obtenir  la  graine 
de  Luzerne,  on  échoue  souvent. 

«Autre  remarque,  relative  aux  forêts.  J'ai  maintes  fois  constaté  que 
des  arbres  provenant  de  plantation  ne  font  le  plus  souvent  que  végé- 
ter là  où  leurs  semis  donnent  des  résultats  surprenants.  Un  arbre  réus- 
sira, sur  dix  plantés  :  son  semis  sera  admirable  et  on  le  disposera  facile- 
ment. Sous  ce  rapport,  en  fait  d'acclimatation,  nous  devons  encore  être 
à  tâtonner:  c'est  pourquoi,  à  tous  les  éléments  de  comparaison,  il  ne 
serait  pas  inutile  d'ajouter  la  nature  dex  sous-sols.  » 

—  M.  A.  Geoflroy  Saint-Hilaire  fait  une  communication  sur  les  importa- 
tions d'animaux  faites  de  l'Inde  par  M.  William  Jamrach,  qui  vient  d'opé- 
rer son  37"=  voyage  depuis  17  ans. 

De  ce  voyage,  M.  Jamrach  a  rapporté  :  deux  espèces  de  Perdrix  fort 
intéressantes  :  l'une  est  la  Perdrix  du  Boutan  {Perdrix  albogularis), 
des  montagnes  neigeuses  de  l'Lide,  dont  il  a  déjà  été  parlé  dans  le  Bul- 
letin: l'autre  la  Perdrix  d'Hoogson  {Bambusicola  longirostris),  importée 
pour  la  première  fois,  qui  habite  les  mêmes  zones.  L'éducation  et  la  mul- 
tiplication de  ces  oiseaux  présentent  un  intérêt  sérieux,  car  ils  seront 
probablement  d'une  rusticité  parfaite  ;  —  puis  des  Lophophores,  des 
Tragopans  de  Hasting  et  de  I5lyth,des  Pucrasia,  etc.  Mais  l'intérêt  prin- 
cipal de  l'iniportalion  de  cette  année  est  celle  du  Sanglier  des  jungles, 
Forcida  Salviani. 

Le  Jardin  zoologique  d'acclimatation  a  acquis  huit  exemplaires  de 
cette  espèce,  dont  la  taille  n'excède  pas  celle  d'un  gros  lapin  bélier. 

Les  Sangliers  nains  adultes  pèsent  environ  6  kilogrammes  ;  ils  me- 
surent du  bout  du  nez  à  la  naissance  de  la  queue  0™,725  leur  hauteur  au 
garrot  est  de  0™,"25. 

Cette  espèce  a  été  importée  vivante  en  Europe  pour  la  première  fois 
en  1882.  Le  Jardin  zoologique  de  Londres  en  a  acquis  plusieurs  exem- 
plaires. 

Les  Porcula  Salviani  ont  été  capturés  dans  les  jungles  du  Boutan 
(Inde  anglaise). 

A  l'état  sauvage  ces  petits  animaux  ne  se  montrent  pas  dans  le  jour  ; 
ils  vivent  dans  les  broussailles  et  vont  la  nuit  au  gagnage  dans  les  ri- 
zières et  les  autres  cultures. 


PROCÈS -VERBAUX.  269 

Pour  les  capturer,  on  forme  des  sillons  profonds  sur  le  sol,  dans  les- 
quels sont  teodus  des  lacets,  puis  on  fait  grand  bruit  ;  en  fuyant,  les 
animaux  se  prennent. 

Les  Indiens  prétendent  que  les  Sangliers  nains  sont  très  querelleurs 
et  s'attaquent  volontiers  à  des  animaux  beaucoup  plus  forts  qu'eux. 

Cette  introduction  nous  met  en  possession  d'une  espèce  qui  mérite 
d'être  étudiée.  Si  elle  reproduit  en  captivité,  comme  nous  devons  l'espé- 
rer, elle  pourra  donner  à  nos  basses-cours  un  animal  intéressant  par 
la  qualité  de  sa  chair,  qui  est  bonne,  et  qui,  vu  sa  petite  taille,  ne  tiendra 
pas  plus  de  place  que  le  lapin. 

M.  le  Secrétaire  général  a  eu  outre  appris  de  M.  Jamrach  un  fait  cu- 
rieux d'acclimatation  :  les  Perruches  ondulées  d'Australie  sont  aujour- 
d'hui tout  à  fait  naturalisées  à  Calcutta  ;  elles  habitent  la  ville  même, 
où  elles  peuplent  beaucoup  de  grands  arbres  et  oîi  elles  paraissent  se 
trouver  à  merveille  du  climat. 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  donne  ensuite  connaissance  à  la  Société  d'une 
lettre  du  Père  Gauthier,  missionnaire  au  Kouang-Si,  annonçant  l'envoi 
de  deux  variétés  de  Riz  de  montagne,  sur  lesquelles  ce  missionnaire  entre 
dans  des  détails  intéressants  (voy.  au  Bulletin) . 

—  A  l'occasion  de  cette  communication,  M.  le  marquis  de  Sinéty  rappelle 
qu'il  avait  reçu  de  la  Société,  il  y  a  fort  longtemps,  un  échantillon  de  riz 
sec,  qui,  semé  dans  les  meilleures  conditions,  avait  parfaitement  végété, 
mais  n'avait  pas  donné  de  graines. 

—  M.  Ed.  Pienard  rappelle  qu'à  son  retour  de  Chine  il  avait  été  chargé 
par  le  Ministre  du  Commerce  de  faire  des  essais  de  culture  de  cette 
plante  à  Arcachon.  Le  Piiz  venait  bien,  mais  des  coups  de  veut  déraci- 
nèrent complètement  les  plants,  et  la  tentative  échoua.  Notre  confrère  ne 
croit  pas,  du  reste,  qu'en  présence  de  la  cherté  de  la  main-d'œuvre  il 
soit  possible  de  lutter  en  France  avec  les  Hiz  de  Cochinchine.qui  sont  les 
meilleurs  et  les  moins  chers  du  monde  entier. 

—  M.  Carvallo  cultive  le  Riz  en  Espagne  sur  une  très  vaste  échelle  ;  il  a 
pu  faire  des  observations  fort  exactes  sur  la  somme  de  chaleur  nécessaire 
pour  mûrir  les  récoltes. 

Les  semailles  se  font  au  commencement  d'avril  et  la  récolte  a  lieu  dans 
les  derniers  jours  d'août  ;  pendant  celte  période  la  température  moyenne 
est  de  23  à  21  degrés.  Notre  confrère  en  conclut  que  partout  où  l'on  ne 
peut  atteindre  cette  température,  la  culture  du  Riz  est  impossible:  il 
monte  en  herbe  et  ne  mûrit  pas. 

—  M.  Maurice  Girard  donne  lecture,  au  nom  de  M.  Wailly  (de  Lon- 
dres), d'un  mémoire  sur  les  éducations  de  liombyciens  séricigènes  eu 
1882  (voy.  au  Bulletin). 

—  M.  de  Barrau  de  Muratel  donne  connaissance  à  l'Assemblée  du  pro- 
cédé, suivi  dans  le  Tarn,  pour  l'élevage  des  Poulets  et  la  conduite  des 
jeunes  Canards  (voy.  au  Bulletin). 


270  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

—  A  propos  de  la  reproduction  du  Ouistiti,  M.  Maurice  Girard  dit  que 
ce  fait  n'est  pas  nouveau  ;  au  Muséum,  les  Ouistitis  d'Audouin,  qui  ont 
donné  lieu  à  beaucoup  d'observations  intéressantes,  y  ont  reproduit. 

—  A  l'occasion  de  la  lettre  de  M.  de  la  Rochemacé,  M.  de  Carrau  de 
Muratel  fait  remarquer  que,  dans  tous  les  bois  de  Chênes,  il  y  a  toujours 
des  sujets  plus  précoces  que  d'autres. 

—  M.  Maurice  Girard  cite  le  Marronnier  du  20  marsaux Tuileries,  qui  est 
souvent  lui-même  dépassé  par  d'autres  de  la  même  espèce. 

—  M.  Vavin  recommande  comme  moyen  propre  à  éviter  la  maladie  des 
Pommes  de  terre  le  séchage  après  la  récolte;  on  place  ensuite  les  tu- 
bercules dans  une  pièce  exposée  au  soleil  et  où  il  ne  gèle  pas  l'hiver.  La 
pousse  est  à  peu  près  nulle  et  les  Pommes  déterre  se  conservent  saines. 

—  Il  est  offert  à  la  bibliothèque  de  la  Société  : 

l^La  Forêt,  conseils  aux  indigènes  (extraits  du  Code  forestier).  Alger, 
imp.  Fontana  et  G'',  1883,  1  brocli.  in-8".  Ligue  du  reboisement. 

2"  Etude  de  l'écorcedu  Sapotillier,  par  Bernou,  pharmacien  aide- 
major  de  1"^'  classe  à  l'hôpital  du  Dey  {Journal  de  médecine  et  de  phar- 
macie de  l'Algérie,  1881).  D"-  Berlherand. 

3"  Lu  Question  forestière  en  Algérie,  conférence  faite  au  théâtre  na- 
tional d'Alger,  par  J.  Reynard,  sous-inspecteur  des  [forêts.  Alger,  imp. 
Casablanca,  1882,  1  broch.  in.8°.  Ligue  du  reboisement. 

à°  L'Arboriculture  forestière  mise  à  la  portée  de  tous,  par  Vérot- 
Félix,  pépiniériste-colon,  à    Hammam-Righa.  Alger,   docks   de  l'Impri- 
merie, 1882,  1  broch.  in-8'.  Ligue  du  reboisement. 

5"  L'Agriculture  dans  le  département  d'Oran.  Rapport  sur  le  con- 
cours des  exploitations  pour  la  prime  d'honneur  en  1877,  par  L.  Bastide. 
Oran,  imp.  J.  Gérard,  1878,  1  vol.  in-8°.  (L'Auteur.) 

6"  Courte  description  de  l'Algérie,  du  département  d'Oran  et  de 
Sidi-Bel-Abbès,  par  L.  Bastide.  Oran,  typographie  Ad.  Perrier,  1878, 
1  broch.  in-8«.  (L'Auteur.) 

7°  Chemin  de  fer  de  Tlemcen  (Comparaison  entre  la  ligne  directe  et 
la  ligne  par  Bel-Abbès),  par  L.  Bastide.  Oran,  typographie  Ad.  Perrier, 
1878,  1  broch.  in-8°.  (L'Auteur.) 

8°  Etablissements  agricoles  de  L.  Bastide,  propriétaire  cultivateur 
à  Sidi-Bel-Abbès.  Oran,  1878,  1  broch.  in-8».  (L'Auteur.) 

9"  Précis  de  l'histoire  et  de  la  géographie  de  Bel-Abbès  et  de  so.i 
arrondissement,  par  L.  Bastide.  Oran,  typographie  Ad.  Perrier,  1881, 
1  vol.  in-8''.  (L'Auteur.) 

10^  Nouvelli'  industrie  de  la  Ramie,  par  P.  A.  Favier.  2"  édition, 
Avignon,  imp.  A.  Gros,  1882,  1  vol.  in-8°  M.  d'Arnaud-Bey. 

11"  Service  forestier  de  l'Algérie.  Rapport  adressé  à  M.  le  gouver- 
neur de  l'Algérie,  par  Tassy,  conservateur  des  forêts.  Paris,  typographie 
A.  Hennuyer,  1  broch.  in-S".  Ligue  du  reboisement. 

12°  Rapport  de  M.  Tisserand,  membre  de  la  Commission  technique 


PROCÈS-VERBAUX.  271 

sur  la  brochure  de  M.  Vérot,  Arboriculture  forestière  mise  à  la  portée 
de  tous,  in-8°.  I>igue  du  reboisement. 

13»  Restauration  des  forêts  et  des  pâturages  du  sud  de  l'Ak/érie 
(province  d'Alger),  par  J.  Uaynard,  sous-inspecteur  des  l'orèts,  avec  une 
carte.  Alger,  1880,  typographie  Adolphe  Jourdan,!  broch.  in-8°. 

(L'Auteur.) 

1-4"  Etudes  sur  les  causes  du  déboisement  en  Algérie  et  les  moyens 

d'y  remédier,  par  A.   Chitier,  inspecteur  des  forêts  de  Miliana.  1882, 

imp.  Legendre,  éditeur,  1  broch.  in-12.  Ligue  du  reboisement. 

15°  Notes  sur  la  vigne  en  chaintres  en  Algérie,  par  Romulus  De- 

jernon.  Constantine,  imp.  et  lib.  J.  Beaumont,  1880,  1  broch.  in-12. 

(L'Auteur.) 

16°  Bêtes  à  cornes  et  fourrages  de  Constantine,  par  Romulus  Dejer- 

non.  Constantine,  typographie  L.  Arnolet,  Ad.  Braham,  successeur,  1881, 

1  broch.  in-12.  (L'Auteur.) 

17"  Rapport  à  M.  le  préfet  de  Constantine  (sur  la  Vigne)  par  M.  De- 

jernon.  Bône,  imp.  typographique  Alexandre  Carie,  1878, 1  broch.  in-S".. 

(L'Auteur.) 
18°  Note  sur  la  destruction  du  Puceron  lanigère  et  par  extension  du 
Phylloxéra   vastatrix,  par    le  docteur  Cramoisy  (communication  faite  à 
1  Académie  des  sciences  le  23  janvier  1883).  Union  générale  de  la  librairie, 
Ch.  Bayle,  Paris,  etc.,  10  et  11 ,  rue  de  l'Abbaye,  1  broch.  in-S".  (L'Auteur.) 
19°  Visite  à   la  villa   Touiasse,  à   Pau  (Basses-Pyrénées),  le  3  no- 
vembre 1880,  par  M.   Charles  Baltet,   horticulteur  à  Troyes.    Troyes, 
imp.  et  lithographie  Dufour-Bouquot,  1881,  1  broch.  in-8''.      (L'Auteur.) 
20"  Semis  d'arbres  fruitiers  pour  la  recherche  de  nouvelles  variétés, 
par  Ernest  Baltet,  horticulteur  à  Troyes.  Troyes,  imp.   et  lithographie 
Dufour-Bouquot,  1883,  1  broch.  in-8''.  (L'Auteur.) 

21"  Les  roses  du  \i\^  siècle.  Catalogue  annoté  des  roses  horticoles 
mises  en  culture  pendant  les  cinquante  dernières  années,  par  M.  Shirley 
Hibberd,  membre  de  la  Société  royale  de  Londres  (extrait  du  Bulletin 
de  la  fédération  des  sociétés  dliorticulture  de  Belgique,  1881).  Liège, 
Boverie,  n°  1,  1882,  1  broch.  in-8\ 

22'  Les  produits  du  Tong-King  et  des  pays  limitrophes,  par  F.  Ho- 
manet  du  Caillaud  (extrait  du  Bulletin  de  Géographie  commerciale  de 
Paris).  Challamel  aîné,  lib. -éditeur,  Paris,  1882,  I  broch.  in-8°. 

(L'auteur.) 
23°  Etudes  sur  l'huile  antiphylloxérique  Alexis  Roux.,  par  le  docteur 
A.  Sicard.  Marseille,  1883,  chez  Camoin,  lihraire,  1  vol.  avec  dix  photo- 
gravures. (L'Auteur.) 
240  Note  sur  l'horticulture  en  Espagne  et  en  Portugal,  par  Ch.  Joly 
(extrait  du  Journal  de  la  Société  nationale  et  centrale  d'horticulture, 
3^  série,  i.  V,  1883,  p.  119-132).  Paris,  imp.  de  l'Etoile,  rue  Cassette,  1, 
1  broch.  in-8°.  (L'Auteur.V 


272  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION, 

25°  Travaux  de  submersion,  par  M.  de  Leybardie  (extrait  du  compte 
rendu  général  du  Congrès  inlernational  phylloxérique).  Bordeaux,  1882, 
Ferat  et  fils,  éditeurs,  15,  cours  de  l'inlendance,  1  broch.  in-8". 

26^  Considérations  sur  la  forme  et  la  coloration  des  oiseaux,  par 
F.  Lescuyer.  Reims,  imp.  Coopérative,  1883,  1  broch.  in-8°.  (L'Auteur.) 

'2.1"  Pisciculture.  Rapport  lu  au  Conseil  général  de  la  Creuse  à  la  séance 
du  17  août  1880,  par  le  docteur  Maslieurat-Lagémard.  Paris,  imp.  Edm. 
Roussel,  26,  rue  Cadet,  1880,  1  broch.  in-8°.  (L'Auteur.) 

28°  Fondation  de  la  Société  de  statistique  de  Marseille,  55*  année. 
Compte  rendu  1882,  Rapport  sur  les  concours.  Marseille,  typographie  et 
lithograpiiie  Cayer  et  C'%  1883,  broch.  in-8».  D'  Ad.  Sicard. 

29"  Compte  rendu  de  la  deuxième  Exposition  nationale  de  la  Fédéra- 
tion horticole  italienne  à  Turin,  par  M.  Ch.  Joly  (extrait  du  Journal  de 
la  Société  nationale  d'horticulture,  3°  série,  t.  IV,  1882,  p.  730-736), 
1  broch.  in-8°.  (L'Auteur.) 

30"  L'Horticulture  elles  engrais  chimiques,  expériences  faites  àSaint- 
Ouen-l'Aumône  (Seine-et-Oise),  par  Alfred  Dudoùy,  rapport  présenté  à 
l'assemblée  générale  des  agriculteurs  de  France  le  31  janvier  1883,  par 
M.  Ch.  Joly.  Paris,  à  l'Agence  centrale  des  agriculteurs  de  France,  38, 
rue  Nolre-Dame-des- Victoires,  Paris,  1  broch.  in-8".  (L'Auteur.) 

'Si°  De  Danskehav-fiskerier  ai k.Feddersen.  Copenhague,! 883, in-4". 

(L'Auteur.) 

32"  Aménagement  cultural  des  eaux  pluviales.  Réductibililé  agri- 
cole des  inondations,  par  M.  de  la  Rochemacé.  Nantes,  imp.  Bourgeon, 
1882, 1  broch.  grand  in-8".  (L'Auteur.) 

33"  Des  effets  du  drainage  breton,  par  M.  de  la  Rochemacé.  Nantes, 
imp.  Bourgeois,  1881,  1  broch.  in-8°.  (L'Auteur.) 

34"  Sur  la  reproduction  du  Saumon  de  Californie  à  l'aquarium  du 
Trocadéro,  par  iM.  Raveret-Wattel,  mars  1883  (extrait  des  Comptes  ren- 
dus de  l'Académie  des  sciences),  1  broch.  grand  in-8".      (Les  Auteurs.) 

35°  Sur  un  infusoire  flagelléci  ectoparasite  des  poissons,  par  M.  L. 
F.  Henneguy  (extrait  des  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences), 
]  broch.  grand  in-8°.  (L'Auteur.) 

36"  British  versus  european  lepdopitera,  —  What  is  a  British  sub- 
ject?  by  A.  Wailly,  reprinted  form  «  Land  and  Water  »,  march  10, 
1883.  (L'Auteur.) 

—  Remerciements  aux  donateurs. 

Pour  le  secrétaire  des  séances, 
Jules  Gris\rd, 

Agent  général. 


III.  EXTRAIT  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES  SECTIONS 


PREMIERE  SECTION 

SÉANCE   DU   13   MARS    1883. 
Présidence  de  M.  de  Barrau  de  Muratel. 

M.  Gautier,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance,  lequel  est  adopté  sans  observation.  Le  Secrétaire  présente  à  la 
section  un  volume  offert  à  la  Société  par  son  auteur,  M.  Gadeau  de 
Kerville,  intitulé  :  Liste  des  Mammifères  sujets  à  Valbinisme.  La 
section  vote  des  remerciements  à  31.  Gadeau  de  Kerville,  et  charge  M.  le 
vicomte  d'Esferno  de  lui  faire  un  rapport  sur  cet  ouvrage. 

Le  Secrétaire  présente  ensuite  un  article  intéressant  du  journal  V Al- 
gérie agricole,  sur  l'espèce  Caprine  ;  cet  article  est  renvoyé  à  M.  Gautiei-, 
qui  s'est  chargé  de  présenter  à  la  section  un  travail  sur  la  question. 

M.  le  Président  annonce  à  la  section  que  le  questionnaire  fait  par  elle 
dans  sa  dernière  séance  sur  la  Chèvre  va  être  incessamment  envoyé. 

Le  Secrétaire, 
Jules  Gautier. 

TROISIÈME  SECTION 

SÉANCE   DU   21    MARS    1883. 
Présidence  de  M.  Vaillant,  Président. 

Lecture  est  donnée  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance,  qui  est 
adopté  sans  observation. 

M.  le  Secrétaire  donne  lecture  :  1"  d'une  lettre  adressée  par  M.  Leroy, 
sur  le  dépeuplement  des  cours  d'eau:  2°  d'une  lettre  de  M.  Menant,  no- 
taire àConches-les-Mines,  sur  la  maladie  des  Écrevisses. 

A  la  suite  de  cette  conununication,  .M.  Hédiard  parle  d'une  Écrevisse 
à  longue  queue,  de  grande  dimension,  qui  se  rencontre  parliculièrement 
aux  environs  de  Bône  (Algérie),  qui  pourrait  être  mise  en  conserve  et 
expédiée  comme  colis  postal;  ce  serait,  dit-il,  un  bon  aliment  dont  on 
pourrait  utilement  faire  usage. 

M.  de  Barrau  de  Muratel  approuve  le  dire  de  M.  Hédiard,  et  il  propose 
d'en  faire  venir  un  échantillon  pour  l'année  prochaine. 

M.  le  Secrétaire  donne  ensuite  lecture  d'un  rapport  fait  par  .M.  Char- 
pentier sur  la  pisciculture  de  M.  A.  Lofèvre,  établissement  situé  aux 
3""  SÉRIE,  T.  X.  —  Avril  1883.  18 


27'/  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCUMATATION. 

environs  d'Amiens,  où  il  y  élève  les  Salmonidés  et  les  poissons  de  luxe. 

M.  le  Président  fait  remarquer  que  le  plus  souvent  les  alevins  manquent 
de  nourriture  naturelle,  et  que  ce  défaut  est  un  empêchement  à  la  mul- 
tiplication des  Salmonidés. 

M.  Raveret-Watlel  appuie  l'opinion  de  M.  le  Président,  et  il  ajoute  que 
la  quantité  considérable  d'écluses  et  de  barrages  non  pourvus  d'échelles 
à  Saumons  nuisent  beaucoup  à  la  propagation  du  poisson  ;  ce  manque 
d'échelles  empêche  les  poissons  voyageurs  de  remonter  vers  les  sources 
qu'ils  recherchent  à  l'époque  du  frai  pour  déposer  leur  progéniture. 
Us  se  trouvent  arrêtés  par  des  obstacles  que  l'industrie  a  multipliés  dans 
les  eaux;  et  ne  pouvant  les  franchir,  ils  accomplissent  leur  reproduction 
dans  des  conditions  tout  à  fait  défavorables,  et  très  peu  d'alevins  voient 
le  jour.  l<es  échelles  à  Saumons  mamiuent  dans  la  'j)Iupart  des  cours 
d'eau,  et  il  serait  peu  coûteux  d'en  établir  davantage;  on  obtiendrait 
ainsi  des  résultats  très  appréciables. 

M.  Millet  exprime  l'avis  qu'une  surveillance  plus  complète  des  rivières 
favoriserait  beaucoup  le  repeuplement  des  cours  d'eau,  et  qu'il  serait 
utile  de  favoriser  ou  d'augmenter  les  réserves  dans  certains  endroits.  11 
a  pu  constater,  sur  certains  points  où  ces  réserves  ont  été  établies,  des 
résultats  surprenants.  11  signale  également  le  préjudice  causé  au  repeu- 
plement des  eaux  par  les  nombreuses  usines  et  industries  qui  fonction- 
nent sur  leur  cours;  ces  établissements  y  déversent  leurs  dépotoirs  et 
des  résidus  empoisonnés.  L'industrie  tient  une  place  trop  importante 
dans  notre  pays  pour  la  sacrifier  aux  besoins  de  la  pisciculture  ;  mais, 
néanmoins,  la  question  du  repeuplement  des  eaux  est  assez  considérable 
pour  prendre  en  considération  les  efforts  (pii  seront  tentés  pour  le  favo- 
riser. 

M.  Millet  appelle  ensuite  l'attention  sur  le  déversement  des  égouts  dans 
es  rivières,  surtout  dans  le  voisinage  des  grands  centres,  et  qui  est  en- 
core funeste  à  la  reproduction. 

M.  Haveret-Waltel  rappelle  qu'au  congrès  d'Edimbourg  la  question  de 
la  purification  des  eaux  près  des  usines  a  été  soigneusement  étudiée;  il 
a  été  fait  emploi  d'un  sel  dont  il  ne  connaît  pas  exactement  la  compo- 
sition. 

M.  Millet  dit  qu'au  dernier  congrès  d'hygiène  qui  s'est  réuni  à  Bruxelles, 
on  s'est  beaucoup  occupé  des  procédés  à  employer  pour  le  filtrage  des 
eaux;  la  plupart  des  moyens  proposés  entraînent  malheureusement  à  de 
fortes  dépenses.  Cette  importante  question  esta  l'élude,  spécialement  eu 
Belgique  et  en  Angleterre. 

M.  le  Président  ajoute  qu'il  faut  s'appli(|UL'r  à  lier  les  deux  intérêts  de 
l'industrie  <;l  de  l'empoissonnement,  et  qu'il  espère  que  les  études  faites 
à  ce  sujet  finitoiil  |)ar  les  concilier. 

M.  Raverel-WallLd  constate  que  les  irrigations  sont  ealièrement  con- 
traires à  la  inii!  i  .l:c;ition  du  poisson,  et  lorsqu'elles  ontl  ieu,  celui-ci. 


PROCÈS-VERBAUX.  27 


i) 


poussé  par  son  instinct,  suit  le  courant  des  eaux  détournées;  il  en  résulte 
que  des  quantités  quelquefois  considérables  de  poissons  se  répandent 
dans  les  prairies;  il  est  impossible  de  remédier  à  cet  inconvénient  au 
moyen  de  grilles  placées  à  cet  effet,  attendu  qu'elles  se  trouvent  facile- 
ment bouchées  par  les  herbes  qui  finissent  par  s'amonceler.  M.  Raveret- 
Wallel  indique  un  moyen  assez  pratique,  qui  consiste  à  ménager  à  la 
base  des  vannes  une  entaille  qui  laisse  toujours  couler  un  filet  d'eau  assez 
volumineux  pour  permettre  au  poisson  de  rejoindre  le  cours  d'eau  dès 
qu'il  s'aperçoit  qu'il  s'est  fourvoyé.  Ce  moyen  est  pratiqué  d'une  manière 
très  efficace  dans  les  Vosges. 

M .  le  Président  approuve  cette  mesure. 

M.  Hédiard  demande  que  la  pisciculture  soit  enseignée  dans  les  écoles  ; 
il  exprime  l'avis  que  ce  ne  serait  pas  une  mesure  fort  coûteuse,  et  il  se- 
rait facile  de  propager  ainsi  en  France  les  connaissances  piscicoles. 

M.  Raveret-Wattel  fait  remarquer  qu'en  Saxe  les  cours  de  pisciculture 
sont  ti'ès  suivis  et  beaucoup  plus  répandus  qu'en  France. 

iM.  iMillel  dit  (jue  dans  le  nord  de  la  France  la  pisciculture  a  fait  dos 
progrès;  il  a  pu  constater  que  dans  certaines  localités  où  on  a  établi  de 
petits  étangs  pour  abreuver  le  bétail,  on  a  mis  une  certaine  quantité 
de  Carpes  et  de  Tanches  en  stabulation.  .\ujourd'hui,  on  peut  y  remar- 
quer la  présence  d'une  grande  quantité  d'alevins,  qu'on  pourrait  utiliser 
pour  l'empoissonnement  des  localités  avoisinantes.  M.  Millet  ajoute  que 
jusqu'ici  on  ne  s'est  guère  occupé  que  de  la  reproduction  des  Salmo- 
nidés, et  qu'à  tort  on  a  beaucoup  négligé  celle  des  Cyprins  et  autres 
poissons. 

M.  Raveret-Wattel  entretient  l'assemblée  des  avantages  de  la  nourri- 
turc  naturelle  à  donner  aux  jeunes  alevins.  H  développe  le  système  em- 
ployé avec  succès  par  M.  Lugrin,  qui  possède  un  établissement  de  pisci- 
culture à  Gremat.  Celte  nourriture  a  un  double  but  :  d'abord  d'être  peu 
coûteuse,  et  ensuite  d'éviter  la  mortalité  des  jeunes  élèves,  qui  ont  ;\ 
souffrir  de  l'emploi  de  la  nourriture  artificielle.  11  ajoute  qu'il  n'est  pas 
partisan  de  créer  des  obstacles  dans  les  bassins  ou  canaux  destinés  à 
l'élevage  des  Salmonidés.  Ces  obstacles  ou  refuges  constituent  un  danger 
pour  les  sujets  peuplant  ces  bassins,  qui  se  livrent  parfois  des  combats 
qui  peuvent  devenir  mortels. 

M.  Millet  cite  à  l'appui  l'avis  de  M'.  Rico,  qui  s'est  prononcé  dans  le 
môme  sens. 

M.  le  Secrétaire  demande  la  parole  à  M.  le  Président  pour  donner  lec- 
ture d'un  rapport  qui  a  été  fait  sur  les  établissements  de  pisciculture 
de  Virelles  (Belgique)  et  de  Cliaulieu  (Manche).  A  la  suite  de  celte  lec- 
ture, M.  Millet  demande  s'il  n'y  a  pas  erreur  au  sujet  de  la  température 
des  eaux  de  Cbaulieu,  dont  il  est  parlé  dans  ce  rapport;  il  observe  que 
4  degrés  centigrades  constituent  une'  température  très  basse,  de  beau- 
coup au-dessous  de  la  moyenne, 


276  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

M.  le  Secrétaire  répond  qu'il  prendrca  de  nouvelles  informations,  et 
qu'à  la  prochaine  séance  il  sera  en  mesure  de  donner  des  renseigne- 
ments très  précis. 

M.  le  Président  exprime  le  désir  que  le  Rapport  fait  sur  la  pisciculture 
de  Chaulieu  soit  lu  en  séance  générale.  Cette  proposition  est  adoptée. 


Le  Secrétaire, 

Banmeyeu. 


QUATRIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU    3    AVRIL    1883. 
Présidence  de  M.  Jules  Fallou,  Vice-Président. 

M.  X.  Dybowski,  vice-secrétaire,  lit  le  procès-verbal  de  la  dernière 
séance.  Le  procès- verbal,  mis  aux  voix,  est  adopté. 

M.  M.  Girard  rend  compte  de  la  conférence  qu'il  a  faite  sur  le  Phil- 
loxera,  le  23  février  dernier,  à  Soissons. 

Il  V  avait  plus  de  trois  cents  auditeurs.  Les  projections  étaient  de 
M.  Duboscq;  c'étaient,  du  reste,  celles  qui  avaient  servi  à  la  conférence 

de  M.  Barrai. 

Les  conférences  avec  projections  ont  été  inaugurées  cette  année  dans 
le  déparlement  de  l'Aisne.  L'année  prochaine  on  les  reprendra  dans  le 
département  de  l'Aisne,  et  on  en  fera  d'autres,  en  outre,  dans  Seine-et- 
Oise,  Seine-et-Marne  et  l'Oise. 

On  peut  avoir,  au  Ministère  de  l'Instruction  publique,  la  liste  de  tous 
les  sujets  dont  on  a  fait  faire  les  clichés  pour  les  projections  en  vue  des 
conférences. 

M.  de  Barrau  de  Muratel  dit  que,  dans  le  département  du  Tarn,  le 
Phylloxéra  a  paru,  il  y  a  quatre  ans,  en  divers  endroits,  surtout  aux 
environs  des  chemins  de  fer,  et  malgré  la  température  assez  élevée  il  y 
fait  des  progrès  très  lents.  Ces  progrès  sont  encore  moins  sensibles  dans 
les  vignobles  situés  sur  des  hauteurs  où  la  température  est  plus  basse, 

M.  Maurice  Girard  constate  qu'en  effet  ce  sont  les  chemins  de  fer  qui 
sont  les  propagateurs  les  plus  actifs  du  Phylloxéra.  Les  femelles  ailées 
se  collent  aux  wagons  et  sont  projetées  ensuite  dans  les  vignes. 

Le  Tarn  n'est  pas  un  département  très  ciiaud,  aussi  le  parasite  n'y 
fait-il  pas  de  grands  progrès;  mais  au  contraire  les  vignobles  des  dépar- 
tements des  Pyrénées-Orientales,  de  l'Hérault,  etc.,  ont  été  détruits  en 
deux  ans,  parce  que  la  température  y  est  très  élevée. 

M.  Fallou,  à  propos  des  chemins  de  fer  considérés  comme  véhicules 
pouvant  importer  des  insectes  d'une  façon  spontanée,  rappelle  qu'à 
Fontainebleau  il  a  pris  à  la  station  du  chemin  de  fer  un  coléoplère,  le 


PROCÈS-VERBAUX.  277 

Noinhis  Grœciis,  qui  ne  se  trouve  qu'au  Mexique.  Cet  insecte  a  été 
transporté  par  un  navire  quelconque  et  est  venu  jusqu'à  Fontainebleau 
par  chemin  de  fer. 

M.  Grisard  dépose  sur  le  bureau,  de  la  part  de  M.  Adrien  Sicard,  une 
brochure  sur  une  huile  antiphylloxérique. 

M.  M.  Girard  demande  si  cette  huile  est  un  remède  secret,  car  dans 
ce  cas  il  n'y  aurait  pas  lit-u  d'en  récompenser  l'inventeur.  M.  Girard  se 
charge  d'ailleurs  d'examiner  l'ouvrage  et  d'en  rendre  compte. 

M.  Fallou  annonce  qu'il  a  reçu  l'autorisation  du  conservateur  des  forêts 
d'installer  des  abris  dans  la  forêt  de  Sénart,  destinés  à  protéger  une 
éducation  en  plein  air  d'Attacus  Pernyi  qu'il  a  l'intention  de  faire  en- 
core cette  année. 

Le  Vice-Secrétaire, 
Xav.  Dybowski. 


CINQUIEME  SECTION. 

SÉANCE    DU     10    AVRIL    1883. 
Présidence  de  M.  Paillieux,  Vice-Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté  sans  obser- 
vation. 

M.  le  Secrétaire  donne  lecture  de  diverses  notes  émanant  du  Comité 
central  d'exposition  de  la  Réunion  (voy.  au  Bulletin,  p.  249),  savoir  : 

1°  Sur  la  maladie  du  Caféier. 

M.  Millet  pense  que  l'on  pourrait  recommander  au  Comité  l'emploi  de 
la  fleur  de  soufre. 

2»  Sur  l'extraction  de  diverses  fibres  textiles. 

Un  membre  signale  comme  intéressantes  à  propager  VAbromn  an- 
gusta  et  l'Hibiscus  esculentus;  ce  dernier  végétal,  appelé  Lalo  à  Mau- 
rice, en  même  temps  qu'il  donne  un  produit  textile,  fournit  encore  un 
légume  estimé  dans  les  colonies  sous  le  nom  de  Gombo. 

M.  Grisard  pense  que  le  Comité  de  la  Réunion  pourrait  puiser  d'utiles 
renseignements  dans  la  Nomenclature  des  fibres  textiles  de  31.  Bernar- 
din, du  Musée  de  Melle  (Belgique);  cinq  cent  cinquante  espèces  y  sont 
énumérées. 

A  ce  propos  M.  Paillieux  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Perret,  di- 
recteur du  Pénitencier  agricoledelaDumbéa  (Nouvelle-Calédonie), faisant 
connaître  l'appréciation  d'un  Chinois  sur  la  Ramie  qu'il  trouve  mieux 
blanchie,  mais  aussi  moins  solide  que  celle  employée  dans  son  pays. 

3°  Sur  les  arbres  à  Caoutchouc. 

M.  Grisard  signale  l'excellent  ouvrage  publié  par  M.  James  Collins, 
intitulé  :  Report  on  the  Caoutchouc  of  commerce,  qui  renferme  les  ren 


278  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACGLIMATATION. 

seignements  les  plus  complets  sur  cette  intéressante  question  :  distribu- 
lion  géographique,  espèces,  culture,  etc. 

Un  membre  fait  observer  que  les  arbres  à  Caoutchouc  poussent  natu- 
rellement dans  plusieurs  de  nos  colonies,  notamment  au  Congo  et  sur  les 
bords  du  Niger,  et  qu'il  est  peut-être  superllu  de  s'occuper  de  leur  pro- 
pagation. 

M.  le  Secrétaire  fait  remarquer  que  l'exploitation  abusive  que  l'on  a 
faite  de  ces  arbres  en  a  fait  baisser  considérablement  le  nombre  et  qu'au- 
jourd'hui l'exportation  de  cette  gomme  a  subi  une  baisse  sensible,  il  y  a 
donc  un  réel  intérêt  à  propager  les  arbres  qui  la  produisent. 

Ce  que  les  Anglais  ont  fait  pour  le  Quinquina,  ils  le  font  en  ce  moment 
pour  le  Caoutchouc  et  la  Gutla-percha,  c'est  un  bon  exemple  à  suivre. 

M.  Cbappellier  dit  qu'on  ne  saurait  trop  étendre  cette  culture  en  rai- 
son des  nombreux  emplois  auxquels  ces  produits  donnent  lieu  dans  l'in- 
dustrie, notamment  pour  la  fabrication  des  câbles  sous-marins. 

M.  Hédiard  cite  comme  source  de  renseignements  l'Exposition  perma- 
nente des  colonies,  et  M.  de  la  Chassagne  les  Chambres  de  commerce 
ainsi  (pie  les  Sociétés  de  géographie  commerciale  de  Paris,  Bordeaux, 
Marseille,  etc. 

4°  Sur  la  fabrication  des  chapeaux  dits  de  Panama. 

M.  Grisard  fournit  à  ce  sujet  les  explications  suivantes  : 

C'est  avec  la  feuille  du  Carludovica  palmata  que  se  fabriquent  les 
chapeaux  appelés  improprement  Panamas.  Le  principal  centre  de  fabri- 
cation est  dans  l'Equateur.  On  emploie  pour  cet  usage  la  feuille  jeune, 
celle  qui  n'est  pas  encore  ouverte  et  conserve  encore  sa  forme  d'éventail 
fermé.  On  la  coupe  au  ras  du  pétiole  et  à  l'aide  de  l'ongle  du  pouce  on 
la  divise  en  lanières  plus  ou  moins  larges,  suivant  la  linesse  du  tissu 
qu'on  veut  obtenir;  la  partie  épaisse  composant  la  nervure  centrale  est 
rejetée.  Ces  lanières  sont  successivement  trempées  dans  l'eau  bouillante, 
l'eau  tiède  acidulée  avec  du  jus  de  citron  et  l'eau  froide;  on  fait  sécher 
après  ces  diverses  opérations  et  en  dernier  lieu  on  expose  au  soleil; 
sans  perdre  de  sa  souplesse,  la  paille  acquiert  ainsi  une  force  plus 
grande. 

Un  chapeau  bien  fait  doit  être  d'une  seule  feuille  et  demande  plusieurs 
mois  pour  sa  confection.  Les  prix  varient  entre  1  fr.  50  et  150  francs  cl 
même  200  francs  la  pièce. 

M.  Vavi'.i  communique  la  note  suivante  : 

«M.  Balcarce,  ministre  plénipotentiaire  de  la  République  Argentine,  a 
eu  l'heureuse  idée  d'introduire  en  France  l'Alkekenge  Physalis  cdulis, 
qui  vient  parfaitement  en  pleine  terre,  sous  notre  climat. 

»  Je  vais  en  quelques  lignes  en  signaler  la  culture  pour  ceux  de  nos 
collègues  qui  pourraient  l'ignorer,  ainsi  que  la  recette  pour  faire  un 
sirop  excellent  pour  guérir  les  maladies  des  voies  respiratoires. 

»  A  la  fin  de  mars  ou  au  commencement  d'avril,  on  sème  les  graines 


PROCÈS-VERBAUX.  279 

sur  couche  cliaude,  sous  châssis,  puis  ou  repique  le  plant  à  bonne  expo- 
sition, aussitôt  que  les  gelées  ne  sont  plus  à  craindre.  Ch.ique  pied  doit 
être  espacé  de  60  centimètres;  il  faut  avoir  soin,  aussitôt  que  les  tiges 
ont  atteint  une  certaine  hauteur,  de  les  attacher  à  des  tuteurs,  ou  mieux 
de   tendre  des  fils  de  fer  pour  les  soutenir,  car  ces  tiges    sont     très 
tlexibles   et  vigoureuses  et  forment  un  vérilahle  buisson  de   1"',30  de 
haut;  il  faut  couvrir  la  terre  d'un   fort  paillis  qui  conserve  l'humidité 
convenable  à  cette  plante.  Lorsque  les  tiges  ont  atteint  tout  leur  déve- 
loppement, il  faut  en  pincer  l'extrémité  ;  après  la   floraison,  succèdent 
les  fruits  qui  sont  portés  sur  des  pédoncules  minces  et  flexibles,  lais- 
sant pendre  les  baies  ou  fruits.  Le  calice  violacé,  jusqu'à  la  moitié  en- 
viron de  son  développement,  couvre  presque  entièrement  le  fruit  et  il 
ne  se  déchire  que  lorsque  celui-ci  arrive  à  maturité.  Le  fruit  qui  est  rond 
est  d'un  jaune  très  pâle  et  verdùtre,  lisse,  couvert  d'une  matière  un  peu 
visqueuse,  dégageant  faiblement  l'odeur  de  la  tomate;  la  peau  qui  re- 
couvre le  fruit  est  extrêmement  fine;  elle  contient  une  partie  grasse  et 
mucilagineuse,  très  serrée,  qui  renferme  de  nombreuses  graines  plates, 
lisses,  jaune  pâle.  La  faiblesse  du  pédoncule  et  le  poids  des  baies  les 
font  détacher  spontanément  de  la  plante,  si  on  ne  les  récolte  pas  assez 
vite;  il  est  donc   important  de  les   surveiller,  si  on   ne  veut  pas    les 
perdre  ;  il  faut  beaucoup  arroser  pendant  la  végétation  et   donner  les 
mêmes  soins  qu'aux  tomates. 

»  Ces  petites  tomates  sont  très  apéritives  et  diurétiques. 
»  Mais,  ce  qui  fait  surtout  le  mérite  de  ces  tomates,  c'est  qu'elles  ser- 
vent à  faire  un  sirop  qui  est  en  grand  usage  au  Mexique,  dans  les  mala- 
dies des  voies  respiratoires  et  des  bronchites. 

j  Voici  la  recette  du  sirop  de  Physalis  edulis  :  Prendre  210  grammes 
de  fruits  bien  mûrs,  coupés  en  plusieurs  morceaux  ;  faire  bouillir  dans 
un  litre  d'eau  jusqu'à  réduction  de  moitié;  presser  dans  un  linge  fin, 
bien  blanc,  en  serrant  un  peu  ;  joindre  à  ce  jus  500  grammes  de  sucre 
et  faire  cuire  à  consistance  de  sirop. 

»  Les  fruits  qui  ne  sont  pas  arrivés  à  maluriié  peuvent  se  préparer  au 
vinaigre,  comme  les  cornichons;  beaucoup  de  personnes  les  préfèrent  à 
ces  derniers.  » 

MM.  de  Barrau  de  Muratel  et  Hédiard  rendent  compte  de  la  dégusta- 
tion qu'ils  ont  faite  des  Pickles  présentés  par  M.  Paillieux  dans  la  der- 
nière séance.  L'Angourie  a  été  trouvée  bonne,  les  Oignons  Calawissa 
parfaits;  le  Miôga  a  un  goût  particulier,  qui  le  distingue  des  conserves 
ordinaires;  il  est  à  regretter  que  le  vinaigre  employé  ait  été  trop  fort. 

Le  Stacfii/s  a f finis  est  agréablement  croquant,  mais  sans  goût  spé- 
cial. 

M.  Paillieux  distribue  une  notice  sur  le  Daikon,  qu'il  regrette  ne  pou- 
voir accompagner  d'un  sachet  de  graines,  les  dernières  gelées  ayant 
€omplètement  compromis  sa  récolte.  Cette  espèce  demande  à  être  semée 


280  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

au  commencement  d'août,  plus  tard  les  pieds  montent  à  graines  et  les 
racines  ne  donnent  aucun  produit. 

M.  le  Président  distribue  ensuite  des  flacons  de  sirop  de  Physalh 
Peruriana  ;  c'est  un  bon  succédané  du  sirop  de  gomme,  qui  a  au  moins 
le  mérite  de  varier  la  boisson  des  malades. 

M.  de  la  Chassagne  fait  une  intéressante  communication  sur  le  vin  de 
Sorgho  et,  sur  la  demande  de  M.  le  Président,  veut  bien  promettre  unt- 
note  qui  sera  lue  en  séance  générale. 

A  ce  propos,  M.  le  Président  dit  qu'on  rapporte  une  curieuse  remarque 
faite  par  les  Anglais  à  l'île  de  Chypre;  les  vignes  cultivées  par  les  habi- 
tants étaient  infestées  de  mauvaises  herbes  et  notamment  de  Sauge 
qu'on  s'empressa  de  détruire  ;  depuis,  le  phylloxéra  a  envahi  ces  vignes 
ainsi  nettoyées,  tandis  que  les  anciennes  cultures  en  sont  indemnes. 

M.  Hédiard  distribue  des  graines  de  divers  végétaux  sur  lesquels  il 
donne  les  renseignements  suivants  : 

Concombre  turc,  variété  qui  lui  a  été  très  recommandée  par  un  ama- 
teur du  pays,  mais  dont  il  ignore  au  juste  la  qualité. 

Margosse,  petit  concombre  amer  de  l'île  de  la  Réunion,  dont  le  fru.t 
vert  ressemble  à  un  gros  marron  d'Inde  ;  il  est  très  apprécié  des  créoles 
des  Indes  ;  par  son  principe  amer  et  agréable,  il  est  digestif  et  stoma- 
chique. 

Cette  espèce  paraît  être  le  Momordica  operculata. 
Letchis  de  la  Réunion.  M.  Hédiard  en  a  fait  venir  les  graines  sur   la 
demande  du  Jardin  d'essai  d'Alger. 

C'est  une  culture  à  essayer  dans  le  Midi  ou  en  Algérie;  le  Letchis  est 
un  arbuste  qui  a  besoin  d'être  greffé  pour  s'améliorer. 

Mimosa  scandens  de  la  Guadeloupe.  C'est  une  liane  qui  pousse  dans 
les  grandes  forêts  des  Antilles;  la  gousse  de  couleur  brune  est  divisée 
par  cellule  contenant  chacune  une  graine  en  forme  de  cœur;  cette  graine 
peut  germer  ici  en  la  plantant  au  mois  de  mai  en  pleine  terre,  mais  il 
vaut  mieux  la  faire  germer  en  serre.  Notre  confrère  en  a  donné  au  jardin 
lu  Luxembourg,  où  il  y  en  a  un  pied  qui  a  déjà  plus  de  1"',50  de  liau 
leur  ;  il  serait  très  intéressant  d'obtenir  ici  les  fleurs  et  peut-être  les 
fruits  en  serre. 

Ces  gousses  atteignent  la  longueur  de  1   mètre  à  i"',50.  Leur  ba- 
lancement dans  les  grandes  forêts  fait  un  grand  bruit;  delà  le  nom  vul- 
gaire donné  de  "NYouawoua.  Ces  graines  sont  très  dures  et  contiennent 
une  amande  que  l'on  peut  vider;  on  fait  avec  ces  graines  diverses  fan 
taisies  que  l'industrie  parisienne  pourrait  très  bien  utiliser. 

Carabassette  du  Pérou,  de  la  famille  des  Cucurbitacées.  Le  fruit  a  la 
forme  d'un  cornet  à  bouquin.  On  peut  cultiver  cette  espèce  dans  les  en- 
virons de  Paris.   La  chair  en  est  jaune  et  très  parfumée  ;  on  la  prépare 
soit  en  soupe,  beignets  ou  confiture. 
Melon  vanille  dit  de  Tunis.  Celte  variété  se  cultive  aux  environs  de 


PROCÈS-VERBAUX.  281 

Marseille  ;  la  chair  en  est  très  fondante,  sucrée  et  a  beaucoup  de  parfum  ; 
forme  concombre. 

Melon  de  Cavaillon.  Espèce  à  couleur  verte  un  peu  brodée  ;  la  chair 
est  blanche,  légèrement  rosée  au  milieu  ;  c'est  la  variété  que  notre  con- 
frère a  trouvée  la  meilleure  dans  les  Melons  dits  de  Valence  ou  de  Ca- 
vaillon. 

Piment  doux  gros  carré  d'Espagne.  Cette  graine  est  prise  sur  de 
gros  piments  reçus  de  Valence.  La  chair  de  ces  piments  est  très  épaisse 
et  savoureuse. 

Le  Piment  doux  est  employé  en  Espagne  dans  toute  espèce  de  prépa- 
ration culinaire. 

M.  de  Muratel  oifre  des  graines  d'une  Courge  ayant  la  forme  de  celle 
dite  de  Naples,  mais  dont  le  volume  est  trois  fois  plus  fort. 

Le  Secrétaire, 

Jules  Grisard. 


IV.  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE 


Le  Hoiseticp 

{Corylus  Avellana). 

Recherchons  les  espèces  étrangères,  mais  n'oublions  pas  les  indigènes 
dont  la  culture  et  l'amélioration  peut  nous  donner  de  bons  résultats. 
Parmi  celles-ci  je  place  le  Noisetier  ;  je  crois  que  sa  culture  aura  un 
jour  une  grande  importance. 

Les  auteurs  disent  qu'il  ne  mtîrit  pas  ses  fruits  dans  le  nord  de  la 
France.  11  s'agit  ici  à  coup  sûr  de  la  variété  grosse  ronde  de  l'Italie  et 
<le  l'Espagne  qu'on  trouve  ordinairement  dans  le  commerce.  Mais  cette 
variété  n'est  pas  la  seule,  ni  peut-être  la  meilleure.  Dans  notre  région, 
(jui  embrasse,  sur  le  versant  sud  des  Alpes,  des  climats  très  différents, 
elle  est  cultivée  dans  les  parties  plus  chaudes,  et  je  ne  l'ai  jamais  vue  au 
nord  de  l'isotherme  de  12"  de  moyenne  annuelle. 

Une  autre  variété  mérite  de  fixer  notre  attention.  Son  fruit  est  un  peu 
plus  petit  que  celui  de  la  précédente,  et  de  forme  oblongue  finissant 
presque  en  pointe.  Elle  est  cultivée.  Sous  le  rapport  du  gotit  elle  est  su- 
périeure à  la  précédente,  son  produit  est  très  abondant,  et  ses  fruits 
mûrissent  plus  au  nord.  Je  donnerai  sur  ce  dernier  point  quelques  dé- 
tails. La  température  moyenne  est  à  Lottigna  de  10o,3  cenlig.  Or  voici 
les  résultats  donnés  par  les  Noisetiers  de  cette  variété  cultivés  tout  près 
de  l'observatoire  météorologique  (660  m.): 

Année.  Date  de  la  rtoraison.  Date  de  la  maturité.  Clialeur  totale. 

188-2                5  janvier  21  août  2645» 

1881                9déc.l880  7  août  2532» 

1880  29  janvier  15  août  2387» 

187!»  28  janvier                        l"sept.  2i69» 

1877  29déc.  1876  15  août  2181° 

Moy.  Sjanvier  18  août  2503" 

Ainsi  donc  cette  culture  peut  être  faite  partout  où,  avant  les  fortes 
gelées,  on  peut  avoir  2.503»  de  chaleur  totale,  ce  chiffre  étant  obtenu  en 
additionnant  toutes  les  températures  moyennes  journalières  supérieures 
à  0»  centig.  En  calculant  d'après  ces  résultats,  dans  un  pays  qui  aurait 
une  moyenne  annuelle  de  9»,3  centig.,  la  maturité  arriverait  ordinaire- 
ment lel"  septembre  ;  par  une  température  moyenne  de  8»,3,  elle  arri- 
verait le  19  septembre  ;  enfin,  là  où  la  moyenne  ne  serait  que  de  7»,3,  la 
maturité  n'arriverait  pas  avant  le  17  octobre.  On  ne  peut  aller  plus 
loin  ;  c'est  bien  là  la  limite  de  la  culture,  et  je  crois  que  même  seulement 
à  7'',0  on  n'aurait  plus  des  résultats  salisfaisanls  que  dans  les  meilleures 
années.  Mais,  comme  on  le  voit,  la  rusticité  de  celte  variété  est  plus  que 
suffisante  pour  qu'on  puisse  la  cultiver  dans  tout  le  nord  de  la  France. 

Observons  cependant  que  pour  faire  ces  calculs  il  faut  se  méfier  des 


FAITS   DIVERS   ET   EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.        283 

résultats  donnés  par  les  observateurs  placés  au  centre  des  villes,  et  des 
grandes  villes  principalement.  Ainsi,  pour  Paris,  tandis  que  les  observa- 
lions  faites  à  l'île  Saint-Louis  ont  donné  11°,  I  pour  moyenne  de  cette 
ville,  et  que  même  à  l'Observatoire,  pourtant  très  bien  placé  par  rapport 
aux  vents,  on  a  obtenu  10°,5,  la  campagne  environnante  n'a  qu'une 
moyenne  d'environ  9", 9. 

La  culture  des  Noisetiers  s'est  peu  généralisée  dans  notre  région,  et 
cela  à  raison  des  immenses  étendues  couvertes  par  les  Noisetiers  sau- 
vages et  de  l'état  ex(;essivement  peu  avancé  de  notre  agriculture.  Ces 
derniers  s'étendent  depuis  la  région  de  l'Oranger  jusqu'à  environ 
3000  mètres  d'altitude.  Nous  avons  ici  une  autre  donnée  pour  la  recherche 
de  la  limite  extrême  de  la  culture  de  cet  arbuste.  Sur  le  mont  Siman, 
qui  surplombe  directement  l'observatoire  de  Lottigna,  en  1882  les  Noise- 
tiers ne  donnèrent  des  fruits  mûrs  que  jusqu'à  IMO  mètres.  Or,  étant 
donné  que  la  température  moyenne  de  Lottigna  pour  1882  a  été  de  9", 8, 
et  que  180  mètres  d'élévation  correspondent  à  1"  d'abaissement,  on  a 
7", 3  comme  température  moyenne  à  1110  mètres.  Ce  résultat  confirme 
le  précéilent.  Un  autre  calcul.  Les  derniers  arbustes  croissent  à  1350  mè- 
tres ;  là  ils  ne  peuvent  mûrir  leurs  fruits  que  dans  les  années  plus  chaudes  ; 
ces  années  ont  à  Lottigna  11°, 1  (3  sur  10  ont  cette  moyenne);  dansée 
cas  on  a  7», 2  comme  moyenne  à  1350  mètres.  Je  suis  entré  dans  ces  dé- 
tails non  seulement  pour  prouver  l'existence  de  variétés  absolument 
rustiques  dans  tout  le  nord,  de  la  France,  mais  aussi  pour  montrer  l'exac- 
titude à  laquelle  ces  calculs  peuvent  arriver  quand  ils  reposent  sur  des 
observations  exactes  et  faites  dans  les  conditions  voulues. 

Un  fait  curieux  est  que,  non  seulement  ces  variétés  sauvages  sont  tout 
à  fait  rustiques,  mais  que  l'abondance  de  leur  produit  croit  directement 
avec  l'altitude,  pour  rejoindre  son  maximum  à  leur  frontière  même  la 
plus  élevée.  Vers  200  à  300  mètres  leur  production  est  pres(|ue  nulle  ; 
elle  est  insuffisante  de  300  à  500;  ce  n'est  qu'au-dessus  de  GOO  «ju'ellc 
devient  importante  à  mesure  qu'on  s'élève.  Le  développement  ligneux  est 
au  contraire  à  son  maximum  vers  GOO  mètres  ;  aux  deux  extrêmes  de 
leur  royaume  les  Noisetiers  ne  sont  que  des  arbustes  de  petite  taille. 

Les  Noisetiers  sauvages  appartiennent  à  plusieurs  variétés.  Parmi  les 
principales  il  y  en  a  deux  qui  se  distinguent  particulièrement.  La  pre- 
mière est  distinguée  par  un  grand  calice  charnu  plus  long  que  la  noisette 
et  à  lobes  presque  foliacés,  et  par  une  noisette  allongée  et  plus  large  en  haut 
qu'en  bas,  toujours  petite.  On  la  rencontre  dans  tonte  la  région.  Dans 
l'autre  au  contraire  le  calice  est  mince,  court  et  ne  rejoint  souvent  pas 
la  moitié  de  la  noisette  ;  celle-ci  est  toujours  ovale  et  assez  grosse  ;  on 
en  trouve  d'aussi  grosses  que  les  plus  belles  avelines  cultivées  ;  celle 
variété  se  divise  en  outre  en  deux  variations,  l'une  à  coque  très  dure, 
l'autre  à  coque  mince.  Cette  variété  quoique  croissant  dans  toute  la 
région,  est  surtout  commune  dans  les  montagnes  élevées.  Une  troisième 


284  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

variété,  la  plus  commune,  porte  des  noisettes  ovales  plus  ou  moins  acu- 
minées.  Enfin  une  quatrième  en  donne  de  presque  parfaitement  sphé- 
riques.  Ces  variétés  sauvages  —  que  je  propose  d'appeler  longisepala, 
alpina,  communis  et  sphœrica,  en  appelant  hispanica  et  acuminata 
les  deux  espèces  cultivées,  car  il  vaut  mieux  créer  des  noms  que  répéter 
des  phrases  —se  croisant  jusqu'à  l'infini,  ont  donné  lieu  à  des  variations 
et  à  des  formes  si  nombreuses,  qu'il  serait  impossible  de  les  décrire 
toutes.  Tout  ça  à  l'état  sauvage  :  qu'on  juge  ce  qu'aurait  pu  en  tirer  la 
culture  et  la  sélection  attentive  qui  a  transformé  des  espèces  telles  que 
nos  Poiriers  et  nos  Pommiers  !  Si  on  compare  les  Noisetiers  sauvages  à 
ces  dernières  dans  les  mêmes  conditions,  l'avantage  est  tout  aux  premiers, 
sous  le  rapport  de  la  qualité  du  produit,  du  nombre  des  variétés,  etc. 

Comme  aliment  les  noisettes  ont  leur  importance.  Sur  la  table  leur 
place  est  indiquée.  Mais  elles  sont  susceptibles  d'un  emploi  bien  plus 
utile.  Finement  broyées  et  délayées  dans  l'eau  sucrée,  elles  donnent  un 
aliment  qui  se  rapproche  du  lait  par  sa  composition,  d'un  goût  très 
agréable,  d'une  digestion  facile  et  d'un  pouvoir  nutritif  supérieur,  et 
par  conséquent  très  utile  pour  les  enfants  principalement.  Il  est  facile 
du  reste  d'en  faire  l'expérience  en  petit.  Il  faut  observer  que  si  les 
noisettes  sont  difficiles  à  digérer  et  que  conséquemment  leur  pouvoir 
nutritif  est  diminué,  tout  cela  vient  du  broyage  imparfait  auquel  elles 
sont  soumises,  nos  dents  ne  pouvant  pratiquement  suffire.  J'ai  dit  que 
cet  aliment  se  rapproche  du  lait.  Il  peut  même  lui  être  supérieur  dans 
certains  cas  ;  car  il  joue  le  rôle  de  l'huile  de  foie  de  morue,  avec  l'avan- 
tage sur  cette  dernière  d'un  goût  beaucoup  plus  agréable  et  d'une  double 
alimentation,  étant  un  aliment  de  calorification  par  la  grande  quantité 
d'huile  qu'il  contient,  et  un  aliment  direct  par  les  autres  substances 
nutritives  qui  font  défaut  dans  l'huile  de  foie  de  morue. 

Mais  le  produit  principal  est  naturellement  l'huile,  i 00  kilogrammes 
d'amandes  séparées  de  leurs  coques,  donnent  aisément  55  kilogrammes 
d'huile.  Ce  résultat,  qui  est  déjà  satisfaisant,  peut  être  dépassé.  En  effet 
on  l'obtient  chez  nous  par  les  procédés  les  plus  primitifs.  D'abord  le 
broyage  et  le  pressage  sont  imparfaits.  31ais  ce  qui  est  plus  important, 
on  ne  fait  aucune  sélection.  Les  Noisetiers  cultivés,  étant  en  petit  nombre, 
n'y  entrent  pour  rien.  Les  paysans  vont  dans  les  montagnes  chercher  les 
noisettes  sauvages.  Or  celles-ci,  au  point  de  vue  de  la  précocité,  sont  aussi 
variables  que  sous  le  rapport  de  la  forme.  On  en  récolte  donc  à  tous  les 
degrés  de  maturité,  et  il  n'y  en  a  souvent  pas  la  moitié  qui  soient  dans 
l'état  le  plus  convenable  pour  l'extraction  de  l'huile. 

L'huile  de  noisette  est  fine,  douce  et  parfumée  ;  son  goût  rappelle 
franchement  son  origine;  elle  a  été  toujours  considérée  comme  une  huile 
supérieure,  et  son  prix  est  assez  élevé.  Dans  le  pays  on  l'utilise  pour  la 
table,  pour  l'éclairage  et  pour  la  médecine.  Pour  la  table  elle  est  excel- 
lente. 11  est  ici  du  reste  question  de  goût  et  d'habitude.  On  sait  qu'il  y  a 


FAJTS   DIVERS   ET   EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.       285 

des  pays  qui  préfèrent  les  plus  mauvaises  huiles  à  l'huile  vierge  d'olive. 

Quant  à  la  culture,  n'ayant  pas  fait  des  expériences  spéciales,  je  dois 
me  borner  à  signaler  dans  quelles  conditions  la  plante  se  montre  et  se 
développe  spontanément.  J'ai  lu  quelque  part  que  le  Noisetier  aime 
l'exposition  du  nord.  C'est  tout  à  fait  inexact,  et  il  suffit  de  dire  que  sa 
patrie  favorite  est  le  côté  sud  des  Alpes.  La  vérité  est  que,  pourvu  que  le 
sol  lui  soit  favorable,  il  vient  à  toutes  les  expositions.  A  cause  de  la  di- 
rection des  vallées,  les  expositions  les  plus  communes  sont  l'est  et  l'ouest  ; 
mais  on  le  voit  prospérer  sur  des  coteaux  arides  et  exposés  en  plein  midi 
aux  ardeurs  du  soleil  ;  et  il  est  même  probable  que,  dans  cette  dernière 
condition,  les  fruits  sont  plus  huileux. 

Le  Noisetier  ne  vient  jamais  spontanément  dans  la  plaine,  ni  dans  les 
endroits  sablonneux  le  long  des  fleuves.  Cependant  les  Noisetiers  cultivés 
dans  la  plaine  paraissent  s'y  trouver  assez  bien.  Il  se  plaît  surtout  dans 
les  terrains  légers,  secs  et  pierreux  qui  couvrent  les  flancs  des  coteaux, 
des  collines  et  des  montagnes.  11  parait  craindre  l'humidité;  en  revanche 
il  supporte  les  sécheresses  les  plus  prolongées. 

Sa  culture  ne  demande  presque  aucun  soin.  Ou  se  borne  à  supprimer 
les  branches  trop  vieilles  et  qui  ne  portent  presque  plus  de  fruits.  Une 
plantation  de  Noisetiers  donnera  toujours  une  certaine  quantité  de  bois 
à  briller,  qui  est  de  qualité  excellente.  Un  produit  secondaire  plus  im- 
portant est  donné  par  les  feuilles  sèches,  qui  sont  la  meilleure  litière  du 
pays  et  qui  se  ven(^ent  de  3  à  4  francs  les  100  kilogrammes.  Un  grand 
nombre  de  propriétaires  qui  possèdent  des  étendues  couvertes  de  Noise- 
tiers sauvages  et  qui  ne  s'occupent  pas  des  fruits,  se  contentent  de  ce  pro- 
duit seul,  et  il  leur  serait  impossible  de  s'en  passer  utilement. 

En  résumé,  rusticité  parfaite,  produit  abondant  et  de  qualité  excellente 
culture  facile  et  dépense  minime.   Le  Noisetier  sera  peut-être  un  jour 
l'Olivier  du  nord. 

Pour  établir  une  plantation  de  Noisetiers  un  peu  en  grand,  il  faut  avoir 
recours  aux  semis.  Ceux  de  la  variété  cultivée  acuminaia,  donneront 
un  résultat  probablement  plus  sûr  et  plus  régulier.  Les  variétés  sau- 
vages ont  de  leur  côté  l'avantage  de  présenter  plusieurs  sous-variétés 
ce  qui  permettrait  de  choisir  celles  qui  s'adapteraient  mieux  ;ila  contrée. 
En  tout  cas  il  n'est  pas  prudent  de  s'adresser  à  une  seule  vai-iété  ;  il 
faut  être  à  même  de  faire  son  choix.  Ensuite  on  remplace  par  la  grefl'e 
les  individus  qui  ne  donnent  pas  de  bons  résultats. 

On  donne  les  variétés  de  Noisetiers  comme  se  reproduisant  toujours 
de  graines.  Si  quelques-uns  des  membres  veulent  en  faire  l'essai,  je  serai 
heureux  de  mettre  à  leur  disposition  une  partie  de  la  prochaine  ré- 
colle.   - 

Moïse  Bertoni. 
à  Loltigna  (Lombardie). 


286  SOCIÉTÉ  NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

Culture  des   Enealyptns   en  Californie. 

D'après  les  calculs  les  plus  approximatifs,  huit  ou  dix  millions  de  pieds 
d'Eucalyptus  ont  été  jusqu'ici  plantés  en  Californie,  et  les  neuf  dixièmes 
appartiennent  à  la  variété  Globulus. 

On  préfère  cette  espèce  à  cause  de  sa  croissance  rapide  et  de  la 
résistance  avec  laquelle  elle  supporte  la  sécheresse. 

Les  semis  d'Eucalyptus  se  fout  en  pépinière,  et  l'on  repique  g-éiié- 
ralemeiit  entre  trois  et  dix  mois.  On  continue  d'ailleurs  à  cultiver  le 
sol  pendant  deux  ou  trois  ans  après  cette  dernière  opération. 

C'est  dans  une  très  faible  proportion  seulement  que  ces  arbres  ont 
été  employés  pour  créer  des  massifs  forestiers  ;  la  plus  grande  partie  a 
été  disposée  le  long  des  routes  ou  avenues  pour  briser  la  force  des  vents 
ou  pour  obtenir  de  l'ombre. 

La  surface  de  massifs  compacts  couverte  d'Eucalyptus  n'excède  pas 
certainement  2500  acres  et  la  raison  en  est  que  la  culture  forestière  n'est 
pas  encore  regardée  comme  une  entreprise  sérieuse  et  rémunératrice, 
grâce  aux  ressources  encore  à  peu  près  suflisantes  des  produits  luilu- 
rels  des  forêts. 

Les  plus  larges  plantations  ont  été  faites,  à  titre  d'essai,  par  des  pro- 
priétaires fonciers  et  des  compagnies  de  chemins  de  fer.  La  plus  grande 
partie,  pour  ne  pas  dire  le  tout,  se  trouve  dans  les  limites  du  climat  de 
la  (ôte,  oîi  les  brouillards  d'été  fournissent  une  certaine  quantité  d'hu- 
midité et  où  l'hiver  est  tel,  qu'il  n'y  a,  en  réalité,  aucun  dommage  à 
craindre  des  gelées. 

Cependant  l'Eucalyptus  peut  être  cultivé,  avec  plus  ou  moins  de  suc- 
cès, jusqu'à  60  ou  70  milles  plus  au  nord,  mais  ici  VEucalyptus  globu- 
lus se  trouve  être  trop  délicat,  car  â/i-"  Fahrenheit  (4^.5  centigrades) 
constituent  l'extrême  limite  que  peuvent  supporter  ses  pousses  sans  cesse 
croissantes.  C'est  pourquoi  on  lui  préfère  les  espèces  viminatis  et 
rostrata,  lesquelles  sont  connues  sous  le  nom  vulgaire  de  «  lied  Gum  », 
Gommier  rouge. 

Ces  deux  dernières  variétés  sont  très  branchues  et  leurs  sommets 
s'étendent  assez  loin,  tandis  que  le  Globulus,  au  contraire,  se  termine 
par  une  tige  unique,  longue  et  très  élancée.  Ils  atteignent,  dans  un  sol 
fertile,  une  moyenne  de  80  pieds,  vers  leur  dixième  année.  Près  de  Santa 
Barbara,  certains  pieds  isolés  ont,  dans  le  même  espace  de  temps,  pu 
dépasser  100  pieds  d'élévation,  avec  six  pieds  de  circonférence,  à  une 
hauteur  de  huit  pieds  au  dessus  du  sol. 

Sur  la  baie  de  San-Francisco,  VEucalyptus  globulus  n'atteint,  après 
dix  ans,  qu'une  grandeur  variant  de  40  à  70  pieds,  selon  les  conditions 
du  sol  et  de  l'exposition.  On  doit  dire  que  lorsqu'on  s'en  est  servi  pour 
créer  des  massifs  de  (|uelque  importance,  on  a  placé  les  arbres  trop  près 


FAITS   DIVERS   ET  EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.       287 

les  uns  des  autres,  c'est-à-dire  à  une  distance  de  8  à  10  pieds  seule- 
ment, ce  qui  leur  donne  une  tendance  à  s'élever  plus  haut  que  s'ils 
étaient  plus  espacés. 

Avec  l'expérience  acquise,  l'on  étudie  les  meilleures  et  les  plus 
productives  méthodes  de  culture  des  Eucalyptus  en  forêts  ;  toutefois, 
très  peu  de  bois  ont  encore  été  abattus  en  masse.  La  plupart  du  temps, 
on  en  coupe  pour  les  éclaircir,  et  ceux  ainsi  sacriOés  sont  employés 
comme  bois  de  chauffage,  au  fur  et  à  mesure  que  le  besoin  s'en  fait 
sentir,  beaucoup  de  familles  au  milieu  des  plaines  dénudées  de  la  vallée 
du  San-Joaquin  n'ayant  aucun  autre  moyen  de  s'en  procurer. 

V Eucalyptus  globulus,  quoique  tendre  et  spongieux  lorsqu'il  est 
encore  vert,  conséquence  de  sa  croissance  rapide,  fait  cependant  un 
excellent  bois  de  chauffage  lorsqu'il  est  séché,  mais  on  le  brûle  souvent 
vert  et  sans  difficulté. 

Quand  on  comprendra  mieux  les  bénéfices  que  l'on  peut  retirer  de  la 
culture  de  l'Eucalyptus  pour  bois  de  chauffage,  on  s'y  livrera  certaine- 
ment sur  une  large  échelle,  car  les  ressources  de  ce  genre  diminuent  de 
plus  en  plus  rapidement. 

En  ce  qui  concerne  les  profits  que  l'on  peut  retirer  de  la  culture  de 
l'Eucalyptus,  d'un  rapport  lu  ù  la  Société  d'horticulture  de  l'État  de  Ca- 
lifornie, il  ressort  qu'à  Alameda,  près  de  San-Francisco,  un  fermier  a 
planté,  en  1869-1870,  vingt  acres  en  Eucalyptus,  à  raison  de  082  arbres 
à  l'acre  et  à  une  dislance  de  huit  pieds  les  uns  des  autres.  Il  n'a  donné 
des  soins  à  cette  plantation  que  la  première  année.  Ces  vingt  acres,  au 
bout  de  onze  ans,  lui  ont  rapporté  un  profit  net  de  $  3806,  soit  environ 
$  20  par  acre,  pour  chaque  année.  11  a  calculé  que  la  même  terre,  cul- 
tivée en  grain,  ne  lui  aurait  rapporté  que  $  5  par  acre. 

Dans  le  comté  de  Santa-Barbara,  un  fermier  qui  a  planté  des  Euca- 
lyptus dit  que  les  terres  qu'ils  occupent  ne  valaient  que  de  g  10  à  $  25 
l'acre  et  qu'aujourd'hui  elles  valent  g  400  l'acre. 

En  ce  qui  touche  à  leur  emploi,  c'est  à  peine  si  l'on  a  cherché  à  adap- 
ter le  bois  d'Eucalyptus  à  un  usage  autre  que  celui  du  combustible,  car, 
généralement,  on  s'en  était  servi  avant  qu'il  ne  fût  parfaitement  sec  et 
l'on  n'a  encore  fait  aucun  choix  entre  les  ditférentcs  variétés.  Comme 
traverses  de  chemins  de  fer,  Y  Eucalyptus  globulus  n'a  pas  donné  de 
satisfaction  parce  que  son  bois  ne  peut  retenir  les  chevilletles  ;  il  se  fend 
et  se  déjette,  mais  il  paraît  durer  dans  le  sol,  lorsqu'on  l'emploie  parfai- 
tement sec,  et,  dans  cet  état,  retiendrait  probablement  ces  clieviilettes. 

Beaucoup  de  ces  arbres  ont  été  plantés  le  long  de  la  voie  du  «  Sou- 
thern Pacilic  Railroad  »  dans  le  sud  de  la  Californie. 

Lorsqu'on  cultive  l'Eucalyptus  comme  arbre  d'ornement  ou  pour 
briser  la  force  du  vont,  on  remarque  que  les  racines  s'en  éiendcnt  fort 
loin  de  tous  côléi,  de  25  à  35  pieds  de  distance,  et  absorbent  toute  l'hu- 
midité ainsi  que  les  principes  fertiiisanis  du  sol  au  grand  détriment  de 


288  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

toute  autre  végétation.  C'est  pourquoi  on  les  remplace  par  des  arbres 
pour  ainsi  dire  moins  voraces.  D'un  autre  côté,  dans  les  districts  maré- 
cageux ou  infectés  par  la  Malaria,  ses  qualités  pour  rétablir  la  salubrité 
ont  été  aussi  manifestes  en  Californie  que  dans  toute  autre  partie  du 
monde  et  il  deviendra  sans  doute  en  faveur  dans  toutes  les  contrées  ainsi 
affligées,  aussi  bien  que  dans  celles  où  une  irrigation  constante  doit 
certainement  développer  les  effluves  fatals  de  la  Malaria. 

Il  est  probable  que  la  côte,  aux  alentours  et  vers  le  sud  de  la  baie  de 
San-Francisco,  sera  le  centre  de  la  culture  de  l'Eucalyptus,  pour  de  là 
s'étendre  vers  la  vallée  du  San-Joaquin. 

D'après  les  tenlatives  déjà  faites,  il  paraît  que  cet  arbre  peut  réussir 
jusqu'à  près  de  1500  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  sous  la  lati- 
tude de  San-Francisco  et  sans  doute  à  une  plus  grande  hauteur  dans  le 
Sud. 

Aujourd'hui  une  grande  partie  des  collines  qui  avoisinent  la  côte  sont 
dépourvues  de  toute  espèce  de  bois,  et  le  terrain,  quoique  très  fertile, 
est  trop  tourmenté  pour  pouvoir  être  mis  en  culture,  dans  les  conditions 
présentes,  mais,  si  l'on  y  plantait  les  différentes  variétés  d'Eucalyptus 
que  l'on  sait  pouvoir  s'adapter  à  cette  latitude,  le  changement  de  ce  sol 
dénudé  en  un  sol  couvert  de  forêts  ne  pourrait  manquer  d'exercer  une 
heureuse  influence  sur  Je  climat  et  sur  la  formation  des  pluies,  mainte- 
nant si  rares  et  si  incertaines. 

Les  ressources  naturelles  des  forêts  de  chênes  et  de  «  Red  woods  », 
((.  Séquoia  Sempervirens  »  s'épuisent  rapidement  et  le  Séquoia  est  d'une 
croissance  trop  lente  au  gré  des  désirs  impatients  d'une  population  si 
imprévoyante,  aussi  l'Eucalyptus  paraît-il  s'adapter  exactement  à  son 
tempérament. 

On  a  tout  dernièrement  planté,  à  titre  d'essai,  dans  l'enclos  de  l'Uni- 
versité de  Californie,  quelques  pieds  de  l'Eucalyptus  marçiinata  ou 
Jarrah,  mais  il  s'est  montré  trop  tendre  pour  supporter  les  hivers,  même 
si  tempérés  de  ce  pays.  Il  pourrait,  sans  doute,  réussir  dans  les  parties 
plus  au  sud  de  l'État  et  serait  d'une  grande  valeur  pour  son  bois  si  l'on 
parvenait  à  l'y  acclimater. 

La  majeure  partie  des  renseignements  qui  précèdent  sont  extraits  de 
notes  communiquées  au  Consulat  par  M.  Hilgard,  professeur  d'agricul- 
ture à  l'université  de  Berkeley,  État  de  Californie. 

Le  Consul  de  France  à  San-Francisco, 
A.  Vauvert  de  Méan. 


Le  gérant  :  Jules  Grisard. 


Imin-imcries  rcuiucs.  A,  luc  Mijjnon,  2-,  Paris 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


RAPPORT 

SUR  LA 

SITUATION  DE  LA  PISCICULTURE  A  L'ÉTRANGER 

d'après  les  documents  recueillis  à  l'Exposition  internationale 
de  produits  et  engins  de  pêche  de  Berlin 

EN  1880 

Par  M.    C.    BIVERET-MTATTEL 

Secrétaire  des  séances. 

(Suite.) 


MATÉRIEL  DE  LA  PISCICULTURE 

APPAREILS   d'ÉCLOSION 

Les  appareils  d'éclosion  dits  du  «  système  Coste  »  (augettes 
en  terre  cuite  ou  en  métal,  avec  claies  en  baguettes  de  verre 
pour  recevoir  les  œufs)  furent  à  peu  près  partout  les  seuls 
employés  tout  d'abord.  Mais  si,  en  France,  ces  appareils  sont 
encore  aujourd'hui  d'un  usage  presque  exclusif,  à  l'étranger 
on  a  beaucoup  renoncé  à  leur  emploi,  qui  ne  répond  qu'im- 
parfaitement aux  besoins  d'exploitations  importantes,  et  au- 
quel on  reproche  d'ailleurs  certains  inconvénients,notamment  : 
la  fragilité  des  claies;  l'écartement  incommode  des  baguettes 
de  verre,  entre  lesquelles  les  alevins  courent  le  risque  de 
rester  engagés  quand  ils  éclosent  ;  enfin  la  nécessité  de  n'em- 
ployer dans  les  appareils  qu'un  faible  courant  d'eau,  qui  ne 
fournil  pas  toujours  aux  œufs  une  quantité  suffisante  d'oxy- 
gène, si  l'on  se  sert  d'eau  de  source,  et  qui  laisse  fréquem- 
ment déposer  des  sédiments  nuisibles,  si  l'on  emploie  de 
l'eau  de  rivière. 

En  Angleterre,  en  Suisse,  en  Allemagne,  et  surtout  en  Amé- 
rique, où  l'on  a  souvent  plusieurs  millions  d'œufs  à  mettre  en 
incubation  à  la  fois,  on  a,  depuis  longtemps,  substitué  aux 

'd'  SÉRIE,  T.  X.  —  Juin  1883.  19 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

aiigettes  Coste,  de  dimensions  beaucoup  trop  exiguës,  des 
rigoles  en  bois  ou  en  ciment,  formant  de  véritables  ruisseaux 
artificiels,  dans  lesquels  les  œufs  sont  généralement  placés 
sur  des  claies  en  toile  métallique. 

Les  rigoles  en  bois  s'établissent  à  peu  de  frais  ;  mais  elles 
facilitent  le  développement  des  conferves,  qui  couvrent  les 
parois  d'une  végétation  exigeant  de  fréquents  nettoyages.  Les 
rigoles  en  ciment  sont  plus  coûteuses,  mais  très  saines  et 
faciles  à  entretenir  dans  un  état  de  propreté  parfaite.  A  ce 
point  de  vue,  elles  méritent  donc  la  préférence. 

Les  unes  et  les  autres  s'installent,  soit  sur  le  sol  même  du 
laboratoire  (fig.  2),  soit  (ce  qui  est  toujours  préférable,  quand 
le  niveau  de  la  prise  d'eau  qui  alimente  l'établissement  le 
permet)  sur  des  tréteaux  (fig.  3)  ou  supports  à  hauteur 
d'appui  (1).  Avec  cette  dernière  disposition,  la  surveillance 
et  le  nettoyage  des  œufs  n'obligent  pas  l'opérateur  à  se  tenir 
courbé  dans  une  position  fatigante. 

On  donne  généralement  aux  rigoles  4-0  à  50  centimètres  de 
largeur  sur  30  centimètres  de  profondeur,  et  4  ou  5  mètres 
de  longueur.  Il  est  bon  de  ne  pas  dépasser  beaucoup  cette 
dernière  dimension,  cà  moins  de  disposer  d'un  fort  courant 
d'eau;  car  si  le  nombre  des  œufs  mis  en  incubation  est  consi- 
dérable, l'eau  abandonne  rapidement  son  oxygène  aux  œufs 
qu'elle  rencontre  les  premiers  sur  son  passage  en  entrant  dans 
la  rigole,  et  elle  n'en  fournit  plus  suffisamment  à  ceux  qui  se 
trouvent  placés  à  l'extrémité  opposée. 

Pour  économiser  l'espace,  on  peut  superposer  dans  la 
rigole  deux  ou  trois  couches  ou  rangées  de  claies  chargées 
d'œufs.  Des  clous  galvanisés,  à  tète,  plantés  dans  le  cadre  des 
claies  (fig.  4),  remplissent  l'office  de  pieds  ou  de  supports, 
et  maintiennent  entre  chaque  rangée  un  intervalle  de  2  à 
3  centimètres  (fig.  5),  suffisant  pour  livrer  passage  à  un 
ourant  d'eau  convenable. 

On  dispose  les  claies  à  côté  les  unes  des  autres,  en  ne  lais- 

(1)  La  figure  3  représente  le  laboratoire  de  iVîlabllssement  de  pisciculture  dit 
Si'wny  Pishery,  situé  près  Dumfiies  (Ecosse),  établissement  que  nous  avons 
d  jà  mentionné  plus  haut,  et  sur  lequel  nous  aurons  à  revenir. 


LA   PISCICULTURE    A    L  ETRANGER. 


293 


sant  entre  elles  que  juste  l'espace  voulu  pour  pouvoir  les  saisir 
sans  difficulté. 

Quelques  pisciculteurs  ont  l'habitude  de  placer  sous  les 
claies  de  la  rangée  inférieure  des  taquets  mobiles,  qu'ils  sup- 


FiG.  4. 


priment  quand  les  alevins  commençant  à  éclore  viennem 
s'accumuler  dans  le  fond  de  la  rigole.  Ces  taquets  servent  à 


FiG.  5. 

empêcher  le  passage  sous  les  claies  d'une  certaine  quantité 
d'eau  qui  ne  serait  pas  utilisée.  Dans  le  même  but,  lorsque 
les  claies  n'ont  pas  exactement  la  largeur  de  la  rigole  et  lais- 
seraient passer  l'eau  sur  les  côtés,  il  convient  de  les  placer 
obliquement  (fig.  6),  pour  que  les  œufs  profitent  de  toute  la 
largeur  du  courant. 

Les  claies  sont  formées  de  cadres  en  bois  d  une  épaisseur 


294 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 


de  15  à  20  millimèlres,  sur  lesquels  on  fixe,  à  l'aide  de  clous 
galvanisés,  de  la  toile  métallique  également  galyanisée  (1). 
Si  les  mailles  de  celte  toile  sont  carrées,  il  est  bon  que  leur 
largeur  ne  dépasse  pas  2  millimètres  et  demi  ;  car,  au  moment 


FiG.  e. 


de  leur  éclosion,  es  embryons  courraient  le  risque  de  s'y  en- 
gager et  de  rester  pris  entre  les  fils.  Aussi  préfère-l-on,  en 
général,  donner  aux  mailles  une  forme  rectangulaire  :  5  mil- 
limètres de  largeur  sur  15  à  18  millimètres  de  longueur.  Cet 


FiG.  7. 

écartement  des  fils  convient  parfaitement  pour  les  œufs  de 
Saumon  et,  quand  l'éclosion  se  produit,  les  alevins  passent 
sans  difficulté  à  travers  les  mailles  et  tombent  dans  l'auge  ou 
rigole  d'incubation. 

(1)  En  Améri'iue,  au  lifu  d'employer  la  toile  galvanisée,  qui  n'évitt"  pas  tou- 
jours la  roi  ille,  on  prélère  enduire  la  claie  de  trois  couches  successives  d'un 
vernis  à  l'asphalte.  Ce  même  vernis  est  aussi  emploj*^  en  Allemagne  pour  beau- 
coup d'appareils  d'incubation,  notamment  pour  l'auge  californienne,  dont  nous 
parlerons  plus  loin. 


LA   PISCICULTURE   A    l'ÉTRANGER.  295 

M.  Charles  G.  Alkins,  directeur  de  l'important  établissement 
de  pisciculture  de  Grand  Lake  Stream  (État  du  iMaine)  cl 
membre  adjoint  de  la  Commission  des  pêcheries  des  États- 
Unis,  a,  depuis  1875,  adopté  une  disposition  particulière  pour 
les  claies,  disposition  qui  permet  de  taire  opérer  l'incubation 
aussi  bien  en  pleine  rivière  que  dans  les  auges  ou  rigoles 
d'un  laboratoire.  Les  claies  (fig.  7,  />)  superposées  au  nombre 
de  sept  ou  huit,  sont  maintenues  dans  une  sorte  de  châssis 
mobile  a,  à  charnières.  Toutes  les  claies  sont  garnies  d'œufs, 
sauf  celle  du  dessus,  qui  sert  de  couvercle,  et  l'intervalle  entre 
chaque  claie,  suffisant  pour  le  libre  passage  de  l'eau,  est  trop 
étroit  pour  que  les  œufs  puissent  s'échapper. 

Chaque  claie  ne  reçoit  qu'une  seule  couche  d'œufs. 

En  tenant  compte  de  l'espacement  des  claies,  une  rigole  de 
3  mètres  de  longueur,  avec  la  largeur  indiquée  ci-dessus, 
peut  recevoir  environ  quinze  mille  œufs,  si  l'on  ne  met  qu'une 
seule  rangée  de  claies.  Ce  nombre  est  naturellement  doublé 
ou  triplé  si  Ton  en  superpose  deux  ou  trois  rangées  ;  mais,  à 
moins  d'employer  une  eau  très  aérée  et  de  ne  conserver  les 
alevins  dans  les  rigoles  que  juste  le  temps  nécessaire  pour  la 
résorption  de  la  vésicule  ombilicale,  il  est  prudent  de  limiter 
à  deux  le  nombre  des  rangées,  car  les  alevins  seraient  trop 
nombreux  pour  l'espace  qui  leur  serait  attribué,  et  s'y  trou- 
veraient promptement  à  l'étroit.  Les  tout  jeunes  poissons  ont 
d'ailleurs  l'habitude  de  se  masser  en  foule  compacte  sur  cer- 
tains points,  et  ils  pourraient  s'étouffer  mutuellement,  ce  qui 
doit  encore  engager  à  ne  pas  les  laisser  en  nombre  trop  con- 
sidérable dans  un  même  bac.  La  nourriture  serait  aussi  plus 
difficile  à  leur  distribuer.  Pour  éviter,  du  reste,  les  trop 
grandes  agglomérations,  on  a  généralement  soin  de  diviser 
les  rigoles  en  plusieurs  compartiments,  au  moyen  de  cloisons 
transversales  mobiles,  lesquelles  sont  de  petits  cadres  en  bois 
garnis  de  toile  métallique,  que  l'on  fixe  à  l'endroit  voulu 
à  l'aide  de  minces  coins  en  bois  exerçant  une  pression  contre 
les  parois  de  la  rigole.  On  doit  espacer  ces  cloisons  de  60  cen- 
timètres au  moins  et  de  l'",50  au  plus. 

Pendant  la  durée  de  l'incubation,  ces  séparations  ne  pour- 


296  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

raient  être  que  nuisibles.  Mais,  après  l'éclosion,  elles  son.  très 
utiles.  Il  est  même  souvent  avantageux  de  couper  les  rigoles 
de  distance  en  distance  par  des  cloisons  pleines  ou  barrages, 
qui  servent  à  l'aération  du  courant  en  déterminant  de  petites 
chutes  d'eau.  Ces  cloisons  pleines,  soutenues  par  des  tasseaux 
verticaux,  comme  on  le  voit  dans  une  des  rigoles  de  la 
figure  2,  doivent  toujours  être  précédées,  en  amont,  d'une 
cloison  à  claire-voie  en  toile  métallique,  qui  empêche  les  ale- 
vins de  franchir  le  barrage  en  suivant  le  courant.  Quand  ce 
couran.  est  un  peu  fort,  il  convient  même  de  remplacer  la 
cloison  à  claire-voie  par  un  petit  appareil  bien  simple  yfig.  8), 


FiG.  8. 


qui  évite  la  perte  de  beaucoup  d'alevins.  En  effet,  quand  la 
toile  métallique  est  placée  verticalement,  les  tout  jeunes  pois- 
sons vont  souvent  s'y  heurter,  entraînés  par  le  courant,  et  ils 
s'y  font  des  blessures  généralement  mortelles.  Quand,  au  con- 
traire, la  toile  métallique  est  disposée  horizontalement,  comme 
le  représente  la  figure  8,  les  alevins,  alourdis  par  leur  vési- 
cule ombilicale,  ne  s'en  approchent  guère.  Cette  toile  métal- 
lique doit  être  placée  à  3  ou  4  centimètres  au-dessous  de  la 
crête  de  la  cloison  pleine  formant  barrage. 

Lorsque  les  œufs  sont  tous  éclos,  il  faut  enlever  les  claies 
et  veiller  à  ce  que  les  alevins  ne  s'entassent  pas  sur  certains 
points,  comme  ils  sont  toujours  enclins  à  le  faire.  C'est  alors 
que  les  cloisons  mobiles  rendent  des  services.  Quand  on  veut 
déplacer  les  jeunes  poissons,  disperser  quelque  attroupement 
trop  considérable  ou  faire  évacuer  une  partie  de  la  rigole  qu'il 
s'agit  de  nettoyer,  par  exemple,  on  peut  le  faire  aisément  à 


LA   PISCICULTURE   A    L'ÉTRANGER. 


297 


l'aide  d'une  palette  (fig.  9)  qui  rend  souvent  de  grands  ser- 
vices. C'est  une  mince  planchette  un  peu  plus  courte  que  la 
rigole  n'est  large,  avec  une  entaille  à  chaque  extrémité,  comme 
on  le  voit  dans  la  figure,  pour  empêcher  tout  froltementcontre 
la  paroi  intérieure  de  la  rigole,  et  éviter  de  blesser  ou  d'é- 


FiG.  9. 

craser  l'alevin  contre  cette  paroi.  La  palette  étant  plongée 
verticalement  dans  l'eau,  si  on  la  déplace  dans  un  sens,  il  se 
produit  aussitôt  dans  le  fond  de  la  rigole  un  courant  en  sens 
inverse  qui  entraîne  les  alevins.  Quand  on  veut  enlever  ceux-ci 
de  la  rigole,  soit  pour  leur  donner  un  autre  gîte,  soit  pour 
tout  autre  motif,  on  peut  les  pêcher  rapidement  en  grand 


Fig    10. 


nombre,  à  l'aide  d'une  sorte  de  filet  ou  plutôt  de  poche  peu 
profonde  en  canevas  ou  en  toile  d'emballage,  montée  sur  un 
cadre  (fig.  10)  un  peu  plus  étroit  que  l'intérieur  de  la  rigole. 

Pendant  la  durée  de  l'incubation,  il  importe  découvrir  les 
rigoles  pour  protéger  les  œufs  contre  l'action  nuisible  de  la 
lumière  et  contre  toute  chance  d'accident.  Les  alevins  nouvel- 
lement éclos  ont  également  besoin  d'obscurité.  On  se  sert  gé- 
néralement de  couvercles  en  bois  fixés  par  des  charnières  ou 
tout  simplement  posés  sur  les  rigoles. 

D'une  installation  peu  coûteuse,  les  rigoles  d'incubation 
économisent  l'espace  et  permettent  d'y  laisser  grandir  les  aie- 


298  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

vins  pendant  quelque  temps.  Mais  elles  participent  à  l'un  des 
inconvénients  reprochés  aux  aiigettes  Coste,  comme  d'ail- 
leurs à  tous  les  appareils  à  courant  d'eau  horizontal,  à  sa- 
voir, que  le  mouvement  de  l'eau  ne  doit  pas  y  être  très 
rapide,  car  il  roulerait  les  œufs  et  les  entraînerait  en  les  accu- 
mulant vers  l'orifice  de  sortie.  Or,  si  l'eau  est  un  peu  trouble 
(et  l'eau  de  rivière  l'est  presque  toujours  plus  ou  moins,  sur- 
tout en  hiver  et  au  printemps,  les  filtrages  rapides  qu'on  lui  fait 
subir  ne  lui  donnant  qu'une  limpidité  relative),  cette  eau  laisse 
déposer  sur  les  œufs  des  sédiments  nuisibles,  qui  néces- 
sitent de  fréquents  nettoyages  et  occasionnent  des  frais  de 
main-d'œuvre. 

Ces'  pour  obvier  à  cet  inconvénient  qu'ont  été  imaginés  les 
appareils  à  courant  vertical,  ascendant  ou  descendant,  dans 
lesquels  l'eau,  traversant  de  bas  en  haut  ou  de  haul  en  bas  les 
claies  chargées  d'œiifs,  tend  moins,  dans  son  mouvement,  à 
déplacer  ceux-ci.  On  peut  donc  donner  une  rapidité  plus 
grande  à  l'eau  qui,  par  cette  raison,  et  surtout  à  cause  de  son 
mouvement  dans  le  sens  vertical,  laisse  déposer  infiniment 
moins  de  sédiments.  Si  d'ailleurs  une  légère  couche  vient  à 
se  former,  elle  ne  séjourne  pas;  car  les  œufs,  oscillant,  tour- 
nant, pour  ainsi  dire,  sur  eux-mêmes,  au  milieu  du  courant, 
se  débarrassent  immédiatement  des  particules  terreuses  qui 
viennent  à  se  déposer  à  leur  surface. 

Les  avantages  incontestables  des  appareils  à  courant  ver- 
tical en  ont  promptement  fait  généraliser  l'emploi  en  Amé- 
rique, où  ils  sont  aujourd'hui  pres(|ue  exclusivement  employés. 
Dans  plusieurs  parties  de  l'Allemagne,  on  les  a  également 
adoptés.  Certains  de  ces  appareils,  qui  atteignent  de  grandes 
dimensions,  sont  établis  à  demeure  et  conviennent  surtout 
aux  exploitations  très  importantes  ;  les  autres,  mobiles,  se 
prêtent  à  toutes  les  combinaisons  et  peuvent  être  employés, 
même  lorsqu'on  n'a  que  quelques  centaines  d'œ-ufs  à  faire 
éclore. 

Le  plus  simple  de  tous  ces  appareils  est  celui  qu'en  Alle- 
magne, —  où  l'usage  s'en  est  très  répandu  depuis  quelques 
années,  —  on  désigne  sous  le  nom  d'auge  californienne, 


LA   PISCICULTURE   A   L  ETRANGER. 


299 


parce  que  le  modèle  en  a  été  envoyé  de  San  Francisco  par  le 
consul  i^énéral  d'Allemagne. 

Cet  appareil,  employé  pour  l'éclosion  de  toute  espèce  d'oeufs 
non  adhérents,  présente  différents  avantages.  Il  est  solide, 
économique  et  d'un  usage  commode,  tient  peu  de  place  et 
permet  d'éviter  les  inconvénients  qui  résultent,  avec  les  autres 
appareils,  de  l'emploi  d'une  eau  insuffisamment  filtrée. 

La  figure  11,  A,  représente  cette  auge  perfectionnée  par 
M.  Max  von  dem  Borne,  de  Berneuclien.  L'appareil,  soit  en 


FlG.   il. 


zinc,  soit  en  tôle  émaillée  ou  vernie,  se  compose  d'une  caisse  c 
de0"',25de  longeursur  0'",30  de  largeur  et  0",15  de  hauteur, 
pourvue  d'un  goulot  ou  ajutage  e  et  d'un  fond  en  toile  métal- 
lique (1)  formant  tamis,  sur  lequel  se  placent  les  œufs.  La 
caisse  extérieure  h  est  de  10  centimètres  plus  longue  et  plus 
haute  ;  elle  est  munie,  elle  aussi,  d'un  goulot  dans  lequel  s'a- 
dapte exactement  celui  de  la  caisse  c.  Cette  dernière  est  garnie 
dans  le  haut  d'un  l'ehord  horizontal  qui  dépasse  le  bord  su- 
périeur de  la  caisse  extérieure,  quand  on  les  place  l'une  dans 
l'autre.  Pour  que  les  deux  goulots  se  joignent  bien  herméti- 
quement, sans  laisser  pénétrer  l'eau,  on  place  entre  eux  un 
morceau  de  frise  de  laine  ;   néanmoins,  la  caisse  c  doit  avoir 


(1)  Ce  fond  peut  aussi  être  fait  d'une  feuille  de  zinc  percée  d'une  multitude 
de  petits  trous,  comme  une  passoire. 


300  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

assez  de  jeu  pour  pouvoir  être  facilement  mise  en  place  ou 
retirée  de  la  caisse  b. 

Il  importe  que  la  toile  métallique  du  fond  soit  d'un  tissu 
suffisamment  serré  pour  que  ni  les  œuls,  ni  les  embryons  au 
moment  de  l'éclosion,  ne  puissent  passer  au  travers;  six  fils 
par  centimètre  donnent  la  grandeur  voulue  aux  mailles  du 
tissu,  lequel  est  soigneusement  verni  ou  galvanisé  pour  éviter 
toute  oxydation. 

L'eau  qui  alimente  l'appareil  est  amenée  par  un  robinet 
a  (1)  dans  la  caisse  b  ;  elle  traverse  en  remontant  d'abord  la 
caisse  c,  ainsi  que  la  couche  d'œufs  qui  repose  sur  le  fond  de 
la  toile  métallique,  puis  la  caissette  d,  également  à  fond  de 
toile  métallique,  dont  il  sera  question  plus  loin,  et  va  sortir 
par  le  goulot  e. 

Un  couvercle  placé  sur  la  boîte  protège  les  œufs  contre  la 
lumière  et  contre  toute  chance  d'accident.  Afin  de  laisser  pé- 
nétrer l'eau,  ce  couvercle  n'a  que  la  longueur  de  la  boîte  in- 
térieure c. 

Une  auge  des  dimensions  indiquées  ci-dessus  peut  recevoir 
à  la  fois  jusqu'à  dix  mille  œufs  de  Truite  ou  de  Saumon  et 
quinze  mille  œufs  de  Gorégone  (2).  Mais  ces  chiffres  sont  des 
maxima  en  deçà  desquels  il  est  toujours  préférable  de  se 
tenir,  l'appareil  n'en  fonctionnant  que  mieux  avec  des  quan- 
tités moindres,  et  pouvant  aussi  bien  servir  pour  quelques 
centaines  d'œufs  seulement.  Il  importe  d'insister  toutefois  sur 
ce  fait,  que  l'on  peut  sans  inconvénient  garnir  la  boîte  de  plu- 
sieurs couches  d'œufs  superposées,  ce  qui  économise  beau- 
coup la  place.  Le  courant  ascendant  qui  traverse  les  couches 
d'œufs,  et  auquel  on  donne  une  force  suffisante,  soulève  légè- 

(1)  Pour  des  œufs  de  Truite  ou  de  Saumon,  le  débit  de  ce  robinet  doit  être, 
au  minimum,  de  2  l/2  à  3  litres  par  minute.  Pour  des  œufs  de  Gorégone,  il 
peut  être  réduit  à  un  demi-litre  environ  par  mmuie. 

(2)  Le  nombre  des  œufs  doit  toujoui  s  être  subordonné,  du  reste,  à  la  tempé- 
rature de  l'eau  qui  alimente  l'appareil.  Avec  une  tau  Je -|-  8  ou  9  degrés  cent., 
il  ne  serait  pas  prudent  de  mettre  des  quaniilés  d'œufs  aussi  considérables  que 
celles  indiquées  ci-dessus.  L'inventeur  de  l'appareil,  qui  est  un  îles  pisciculteurs 
les  plus  distingués  de  l'Allemagne,  dit  toutefois  avoir  mis  sans  inconvénient  30  000 
œufs,  soil  de  Saumon  soit  de  Truite,  ou  10  000  alevins,  dans  une  seule  auge 
qu'alimentait  de  l'eau  à  0"  Reaumur.  A  8  degrés,  il  a  dû  réduire  le  nombre  des 
alevins  à  500.  (Max  von  dem  Borne,  Die  Fisckzuchi), 


LA   PISCICULTURE   A    L'ÉTRANGER.  301 

rement  les  œufs  el  les  empêche  de  s'entasser.  La  seule  pré- 
caution à  prendre,  c'est  de  répartir  les  œufs  uniformément, 
pour  qu'il  y  en  ait  partout  une  égale  épaisseur. 

Tant  que  les  œufs  ne  sont  pas  embryonnés,  (c'est-à-dire 
tant  qu'on  n'aperçoit  pas  les  yeux  de  l'embryon  à  travers  la 
coque  de  l'œuf),  il  faut  éviter  de  les  remuer.  Mais,  après 
celte  première  période,  il  faut  les  visiter  chaque  jour  et  en- 
lever tous  ceux  qui  deviennent  blancs  ou  opaques,  signe  cer- 
tain de  la  mort  de  l'embryon.  Pour  examiner  ceux  des  cou- 
ches inférieures,  on  saisit  la  caisse  au-dessus  du  point  c  et  on 
la  soulève  avec  précaution  pour  la  laisser  redescendre  vive- 
ment. Tous  les  œufs  sont  alors  déplacés  par  l'eau  montant 
avec  force,  et  il  devient  facile  d'enlever  ceux  qui  blanchis- 
sent. 

Si,  malgré  la  direction  ascendante  du  courant,  les  œufs, 
par  suite  d'un  filtrage  tout  à  fait  insuffisant  de  l'eau,  venaient 
à  se  couvrir  de  sédiments,  on  pourrait,  après  les  avoir  mis  à 
sec  (en  fermant  momentanément  le  robinet  et  en  vidant  la 
caisse  avec  un  siphon),  les  laver  par  un  copieux  arrosage  en 
pluie  fine.  Mais  il  faut  éviter  de  recourir  à  cette  opération 
tant  que  les  yeux  de  l'embryon  ne  sont  pas  visibles. 

Quand  les  éclosions  commencent  à  se  produire,  il  est  pru- 
dent, pour  éviter  que  les  alevins  ne  soient  entraînés  par  le 
courant,  de  mettre  en  place  le  tamis  ou  caissette  à  fond  de 
toile  métnllique  d,  dont  le  goulot  s'engage  dans  ceux  des 
caisses  b  et  c.  Toutefois,  comme  ce  tamis  arrête  au  passage 
les  coques  vides  des  œufs  éclos  qu'entraîne  le  courant  de 
l'eau,  on  préfère  souvent  se  dispenser  de  son  emploi  en  pla- 
çant sous  le  goulot  e  un  second  appareil  B,  dont  la  disposition 
générale  est  la  même  que  celle  de  l'appareil  A.  La  caisse  f 
reçoit  les  alevins  qui  s'échappent  de  la  caisse  c,  et  le  tamis  g 
les  retient  captifs,  fluand  il  s'agit  d'alevins  de  Corégone,  qui 
commencent  à  nager  rapidement  très  peu  de  temps  après  leur 
éclosion,  et  qui  se  tiennent  de  préférence  à  la  surface  de 
l'eau,  il  convient  de  leur  donner  le  plus  d'espace  possible  en 
les  laissant  dans  la  caisse  f,  qu'on  choisit  d'ailleurs  d'un  grand 
modèle,  comme  nous  l'indiquerons  i)lus  loin.  Il  en  est  de 


:]0'i  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

même  pour  les  alevins  d'Ombre  {Thymallus).  Mais  quand  il 
s'agit  d'alevins  de  Truite  ou  de  Saumon,  il  est  préférable  de 
les  conserver  dans  la  caisse  c,  où  ils  se  trouvent  dans  de  meil- 
leures conditions  hygiéniques,  à  cause  du  courant  ascendant 
qui  traverse  l'appareil.  Pour  les  retenir  dans  cette  caisse  c, 
on  laisse  en  permanence  la  caissette  ou  tamis  gf,  dès  que  toutes 
les  coques  des  œufs  éclos  ont  été  enlevées.  Le  tamis  propre- 
ment dit,  c'est-à-dire  le  fond  de  toile  métallique,  doit  présenter 
une  surface  de  250  centimètres  carrés,  pour  que  la  violence 
du  courant  n'entraîne  pas  les  alevins  contre  ce  grillage. 

Un  des  avantages  qui,  dans  l'emploi  de  l'auge  californienne, 
résultent  de  la  direction  ascendante  et  verticale  du  courant 
(lequel  est  d'ailleurs  divisé  par  la  toile  métallique  et  réparti 
sur  toute  l'étendue  du  fond  de  laboîtec),  c'est  qu'après  l'éclo- 
sion,  les  alevins  ne  se  réunissent  pas  en  masses  compactes, 
comme  ils  le  font  dans  les  appareils  à  courant  horizontal,  où 
ils  se  portent  presque  constamment  vers  le  point  d'arrivée  de 
l'eau,  s'entassant  les  uns  sur  les  autres  au  point  de  se  nuire 
mutuellement  d'une  façon  très  réelle. 

M.  Robert  Eckardt,  de  Liibbinchen,  avait  exposé  à  Berlin 
un  appareil  de  son  invention,  qui  se  rapproche  beaucoup  de 
l'auge  californienne.  Cet  appareil  (fig.  12)  consiste  en  une  ou 


FiG.  12. 


plusieurs  augettes  a,  b,  c,  dans  lesquelles  les  œufs  sont  mis 
en  incubation  sur  un  tamis  ou  double  fond  entoile  métallique. 
L'eau  entre  par  un  des  côtés  de  la  boîte,  passe  sous  le  tamis, 
traverse  la  couche  d'œufs  par  un  courant  ascendant  et  va 


LA    PISCICULTURE    A    L  ETRANGER. 


SOS 


sortir  par  le  côté  opposé  de  la  boîte,  où  des  ouvertures  sont 
ménagées  à  une  hauteur  convenable  pour  maintenir  constam- 
ment le  niveau  de  l'eau  à  3  ou  4  centimètres  au-dessus  des 
œufs.  Un  fin  grillage  qui  règne  dans  toute  la  largeur  de  l'au- 
gette  empêche  les  alevins  de  s'échapper  par  les  ouvertures. 
Comme  on  le  voit  dans  la  figure,  les  augettes  peuvent  être 
disposées  en  gradins,  à  l'imitation  de  celles  du  système  Coste  ; 
de  sorte  que  l'eau  passe  successivement  des  unes  dans  les 
autres.  On  économise  ainsi  l'eau  et  l'espace. 

L'auge  californienne  peut,  avec  une  petite  modification  bien 
simple,  être  employée  pour  l'éclosion  des  œufs  en  pleine  eau. 
Elle  dispense  ainsi  de  toute  installation,  et  peut  être  utilisée 
partout.  Il  suffit  d'avoir  à  sa  disposition  une  source  ou  un 
ruisse^iu  d'eau  bien  courante.  La  paroi  b  de  la  caisse  exté- 
rieure A  (tig.  13)  présente,  dans  toute  sa  largeur  et  une  partie 
de  sa  hauteur,  une  ouverture  qui  est  garnie  d'une  toile  mé- 


FiG.  13. 


tallique  et  qui  se  ferme  à  volonté  au  moyen  d'un  panneau  à 
couHsse.  L'appareil  est  plongé  suffisamment  dans  l'eau  pour 
que  le  goulot  e  soit  immergé,  et  l'on  place  l'ouverture  grillée 
h  face  au  courant.  L'eau  entre  dans  la  caisse  A  par  cette  ou- 
verture, traveise  le  fond  en  toile  métallique  de  la  caisse  c,  où 
se  placent  les  œufs,  et  va  sortir  par  le  goulot  e,  en  passant  à 
travers  le  tamis  rf,  qui  clôt  l'appareil  et  s'oppose  aussi  bien  à 
la  fuite  des  alevins  qu'à  l'entrée  d'animaux  nuisibles.  Le  pan- 
neau à  coulisse,  que  l'on  baisse  plus  ou  moins,  permet  de 
régler  le  débit  de  l'eau  suivant  la  vitesse  du  courant.  Dans  le 


304  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

nord  de  la  Prusse,  on  utilise  cet  appareil  en  l'installant  en 
pleine  eau,  au  milieu  d'un  cadre  servant  de  flotteur  et  formé 
de  quatre  planches  reposant  à  plat  sur  l'eau.  Dans  ce  cas,  on 
n'immerge  généralement  que  la  moitié  du  goulot  e.  Un  petit 
toit  en  chaume,  dans  le  genre  de  ceux  employés  pour  les 
ruches,  recouvre  l'appareil,  qu'il  protège  contre  la  lumière, 
la  poussière,  etc.  Bien  que  solidement  fixé,  de  manière  à  ré- 
sister au  vent,  ce  toit  doit  pouvoir  s'enlever  facilement  pour 
permettre  une  visite  fréquente  des  œufs. 

Les  quantités  considérables  d'reufs  sur  lesquelles  ils  opèrent 
en  général  ont  amené  les  pisciculteurs  américains  à  rechercher 
des  appareils  d'éclosion  occupant  le  moins  d'espace  possible 
dans  les  laboratoires. 

M.  Marcellus  G.  Holton,  attaché  à  l'établissement  de  pisci- 
culture de  Calédonia,  à  Rochester  (New-York),  est  l'inventeur 
d'un  des  premiers  appareils  construits  dans  cet  ordre  d'idées. 
C'est  une  caisse  ou  boîte  rectangulaire  en  bois,  ayant  un  fond 
concave,  au  centre  duquel  débouche  le  tuyau  qui  amène  l'eau. 
Celle-ci  entre  donc  par  le  fond  pour  s'échapper  dans  le  haut, 
par  un  bec  ou  goulot  latéral.  Dans  la  boite  se  trouvent  super- 
posés (selon  les  dimensions  plus  ou  moins  grandes  que  l'on 
donne  à  l'appareil)  de  sept  à  dix-huit  tamis  rectangulaires  en 
toile  métallique,  portant  chacun  une  couche  d'œufs.  Ces  œufs, 
que  baigne  un  courant  abondant,  rapide  et  ascendant,  peu- 
vent absorber  une  grande  quantité  d'oxygène  et  ne  se  cou- 
vrent que  très  peu  de  sédiments,  car  les  particules  terreuses 
que  charrie  l'eau  vont  s'amasser  dans  le  fond  de  la  caisse,  où 
un  petit  tuyau  de  sortie  ménagé  à  cet  effet,  et  qu'on  débouche 
de  temps  en  temps,  permet  un  nettoyage  facile  par  le  simple 
écoulement  de  l'eau.  Deux  poignées  ou  tiges  métalliques  ver- 
ticales, de  même  hauteur  que  la  boîte  et  fixées  au  tamis  infé- 
rieur, sur  lequel  se  superposent  les  autres,  permettent  d'en- 
lever le  tout  en  bloc  quand  il  s'agit  de  visiter  les  œufs. 

Les  cadies  en  bois  des  tamis,  d'une  épaisseur  de  2  à  3  cen- 
timètres, ont,  le  plus  ordmairement,  de  30  à  35  centimètres 
de  côté,  dimensions  qui  permettent  d'étaler  sur  chaque  tamis 
environ  un  millier  d'œul's  de  Saumon,  quinze  cents  à  dix-huit 


LA    PISCICULTURE   A   L  ETRANGER. 


305 


cents  œufs  de  Truite,  et  un  nombre  plus  considérable  encore 
d'œiifs  de  Corégone,  l'appareil  pouvant  également  servir  à 
réclosion  des  œufs  de  cette  dernière  espèce  de  poisson. 

L'appareil  Holton,  breveté  en  Amérique,  est  d'un  emploi 
courant  dans  plusieurs  établissements  importants,  notamment 
dans  celui  de  Calédonia,  appartenant  à  M.  Selh  Green,  qui 
apprécie  beaucoup  ce  système  et  en  recommande  tout  parti- 
culièrement l'emploi. 

M.  John  Williamson,  secrétaire  de  la  Société  d'acclimata- 
tion de  Californie,  a  combiné  l'emploi  des  rigoles  avec  celui 
des  boîtes  à  éclosion.  Dans  une  rigole  longue  de  5  mètres 
environ,  large  de  0'",50  et  profonde  de  0™,52,  il  place,  cà  la 
suite  les  unes  des  autres,  des  boîtes  rectangulaires,  à  fond  à 
claire-voie,  dans  chacune  desquelles  sont  superposés  de  4  à 
5  claies  ou  tamis  en  toile  métallique  portant  les  œufs. 

Les  figures  U  et  15  ci-contre  font  connaître  la  disposition 


FiG.  li. 


FiG.  15. 


des  tamis  dans  les  boîtes,  et  celle  des  boîtes  dans  la  riqole. 
Les  flèches  indiquent  la  direction  de  Tenu,  qui,  formant  un 
courant  alternativement  descendant  et  ascendant,  entre  par 
le  fond  des  boîtes  pour  en  sortir  par  le  haut.  Ce  mouve- 

3e  SÉRIE,  T.  X.  —  Juin  1883.  20 


306  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

ment  est  déterminé  par  la  hauteur  différente  des  bords  à 
l'avant  et  à  l'arrière  des  boîtes. 

L'appareil  Williamson  est  spécialement  employé  par  la 
Société  d'acclimatation  de  Californie,  dans  son  établissement 
de  Point  Pedro  (comté  de  San-Mateo), 

M.  Nelson  W.  Clark,  de  Clarkston  (Michigan),  est  l'inven- 
teur d'un  appareil  également  à  courant  vertical,  mais  dans 
equel  l'eau  traverse  les  boîtes  de  haut  en  bas,  au  lieu  de  bas 
en  haut.  Du  reste,  au  point  de  vue  du  nettoyage  automatique 
des  œufs,  le  résultat  est  absolument  le  même. 

Les  boîtes,  garnies  d'un  fond  en  toile  métallique,  sont 
fermées  par  un  couvercle  perforé  d'une  multitude  de  trous 
qui  servent  à  diviser  le  courant  comme  le  ferait  une  pomme 
d'arrosoir,  et  qui  permettent  à  l'eau  de  s'aérer  copieuse- 
ment. Le  courant  s'échappe  par  le  fond  de  la  boîte  ;  mais, 
arrêté  dans  la  rigole  par  une  cloison  transversale,  il  se  relève 
pour  franchir  cet  obstacle,  se  déverse  alors  dans  la  boîte  sui- 
vante, qu'il  traverse  comme  la  première,  et  ainsi  de  suite 
jusqu'à  l'extrémité  de  la  rigole. 

Comme  ceux  qui  précèdent,  cet  appareil  permet,  avec  peu 
d'eau,  de  faire  éclore  des  quantités  considérables  d'œufs  ; 
comme  eux,  il  économise  beaucoup  d'espace  et  ne  présente 
aucune  difficulté  pour  le  nettoyage  des  œufs. 

En  général,  pour  visiter  ceux-ci,  on  retire  les  tamis  des 
boîtes  et  on  les  place  momentanément  dans  une  petite  rigole 
ad  hoc,  de  peu  de  profondeur  comme  on  le  voit  à  la  droite  de 
la  figure  2.  Cette  rigole,  où  il  n'y  a  que  2  ou  3  centimètres 
d'eau,  est  toujours  placée  dans  un  endroit  bien  éclairé  du  la- 
boratoire, afin  de  rendre  facile  le  nettoyage  et  l'enlèvement 
des  œufs  gâtés. 

L'appareil  Clark  est  employé  aussi  bien  pour  les  œufs  de 
Corégone  que  pour  ceux  de  Truite  et  de  Saumon. 

En  raison  de  la  quantité  très  considérable  d'œufs  (de  10  à 
14  millions)  que  l'on  a  souvent  à  mettre  en  incubation  à  la 
fois  dans  l'établissement  créé  par  la  Commission  des  pêche- 
ries des  États-Unis,  sur  les  bords  de  la  rivière  Mac-Cioud, 
pour  la  propagation  du  Saumon  de  Californie,  on  s'est  vu 


LA    PISCICULTURE    A    L  ETRANGER. 


307 


dans  la  nécessité  de  simplifier  le  plus  possible  les  appareils, 
et  l'on  a  recours,  depuis  1874-,  à  un  système  imaginé  par 
M.  VVoodbury,  collaborateur  de  M.  Livingston  Stone.  Précé- 
demment, on  employait  l'appareil  Williamson,  décrit  plus 
haut;  mais  l'usage  des  claies  nécessitait  ti'op  de  travail  pour 
la  quantité  d'œufs  à  manipuler.  Au  lieu  donc  de  répartir 
ceux-ci  sur  des  claies,  qui  ne  peuvent  en  recevoir  qu'une 
seule  coucbe,  M.  Woodbury  essaya  de  les  mettre  tout  simple- 
ment, en  bloc,  dans  des  cages  ou  paniers  en  toile  métallique 


:V|'ïi'i;!||'''|:';!:!!'i|if;]'iiii:t:|nr|Vi:M.[M|i'j 


FiG.  16. 


(fig.  16)  de  0'",60  de  long,  sur  O^j^S  de  large.  Ces  paniers 
peuvent  contenir  9  litres  d'œuts  qui,  bien  que  superposés  sur 
12  ou  15  couches  d'épaisseur,  réussissent  parfaitement  si  le 
courant  d'eau  qui  alimente  l'appareil  est  suffisant.  M.  Livings- 
ton Stone  se  montre  très  satisfait  de  ce  système  un  peu  pri- 
mitif en  apparence.  Mais  il  convient  de  rappeler  que  dans 
l'établissement  on  se  borne  seulement  à  embri/onner  les  œufs. 
Quand  on  veut  amener  révolution  embryonnaire  jusqu'à  féclo- 
sion,  il  est  indispensable  de  ne  pas  entasser  les  œufs  en  aussi 
grand  nombre. 

Un  appareil  très  élégant  et  qui  fonctionne  fort  bien  est  celui 
inventé  par  M.  Thomas  B.  Ferguson,  commissaire  des  pêche- 
ries du  Maryland  et  membi'e  de  la  Commission  des  pêche- 
ries des  Étals-Unis.  C'est  un  seau  en  verre  de  0'",20  de  dia- 
mètre environ  (fig.  17),  muni  de  deux  tubulures  opposées 
l'une  à  l'autie,  l'une  au  fond  pour  l'introduction  de  l'eau 
l'autre  près  du  bord  pour  la  sortie.  Le  seau  est  garni  d'une 
pile  de  9  à  10  tamis  circulaires  en  toile  métallique  sur  les- 
quels on  étale  les  œufs.  L'appareil  est  traversé  par  une  co- 
lonne d'eau  ascendante  qui  lave  les  œufs  et  tend  à  enlever 
toutes  les  impuretés  pour  les  emporter  au  dehors.  Générale- 
ment on  relie  plusieurs  seaux  au  moyen  de  tubes  en  caout- 


308 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


chouc,  comme  le  montre  la  figure,  et  le  même  courant  ali 
mente  la  série  entière. 

Si  l'eau  est  trouble,  on  peut  employer  le  premier  seau 
comme  appareil  de  filtrage,  en  le  remplissant  de  gravier  ou 
d'épongés,  qui  arrêtent  les  matières  terreuses  en  suspension 
dans  l'eau. 

Il  est  bon  de  recouvrir  les  seaux  de  chapes  en  fort  papier 
ou  en  carton,  dans  lesquelles  on  ménage  des  échancrures  pour 


filMMillIllllllllllllililllli!!!!»^ 


"l.i.ij.i.i  ii.ilii \~.ntfu  I       I  iiiiiil.iiimliiii nul |.i I   ^ ^ZZZ 


ij.|Hi|i;pfiiiiiiiiMMMiiMuiii8iEuuHmiitii«iiMUHii^inumma!iiiiiHl^ii:ii'i5âia^ 

F]G.  17. 


le  passage  des  conduits  en  caoutchouc.  Ces  chapes  ont  pour 
but  de  maintenir  les  œufs  dans  l'obscurité. 

Les  appareils  de  M.  Ferguson  ont  l'avantage  de  faciliter  la 
surveillance  des  œufs.  Un  coup  d'œil  suffit  pour  voir  si  tout 
marche  bien  :  Quelque  dépôt  s'est-il  formé  dans  le  fond  ;  des 
alevins  sont-ils  nés?  En  enlevant  un  instant  le  conduit  de 
caoutchouc  fixé  à  la  tubulure  inférieure,  on  vide  l'appa- 
reil qui  se  nettoie  complètement  sans  qu'on  ait  besoin  de 
déranger  les  tamis.  M.  Ferguson  est  si  satisfait  du  fonction- 
nement de  ces  appareils,  qu'il  n'en  emploie  plus  d'autres  au 
laboratoire  de  Druid-Hill  Park  (Baltimore),  dont  les  rigoles 
d'éclosion  ne  servent  plus  que  de  bacs  d'alevinage. 


Pratiquée  aujourd'hui  en  Amérique  sur  une  échelle  consi- 
dérable, la  multiplication  artificielle  de  l'Alose  a  présenté  au 


LA   PISCICULTURE   A  L  ETRANGER. 


309 


début  les  plus  grandes  difficultés,  l'éclosion  des  œufs  ne  pou- 
vant avoir  lieu  dans  les  appareils  employés  pour  les  Salmo- 
nidés. Toutes  les  tentatives  échouaientou  ne  donnaient  que  des 
résultats  insuffisants.  C'est  à  M.  Seth  Green  que  revient  l'hon- 
neur d'avoir  résolu  le  problème  par  l'invention  de  boîtes  flot- 
tantes inclinées,  qu'on  place  en  rivière  au  milieu  du  courant. 

Ces  boîtes,  longues  de  2  pieds,  sur  18  pouces  de  largeur 
et  15  pouces  de  hauteur,  sont  munis  d'un  fond  en  toile  métal- 
lique et  maintenues  flottantes  au  moyen  de  deux  planches 
latérales.  Chaque  boîte  peut  recevoir  de  cinquante  mille  à 
cent  mille  œufs. 

Dans  un  premier  essai,  M.  Seth  Green  s'était  servi  de  boîtes 
flottant  horizontalement  comme  celles  de  Jacobi  ou  de  M.  Ban- 
nister  (fig.  18).  Mais  la  force  du  courant  accumulait  tous  les 


FiG.  18. 


œufs  vers  une  des  extrémités  de  la  boîte  et  gênait  leur  évolu- 
tion. L'habile  pisciculteur  eut  alors  l'heureuse  idée  de  fixer 


Fie.  ly. 


obliquement  les  deux  flotteurs,  ce  qui,  en  maintenant  la  boîte 
dans  une  position  inclinée  (fig.  19  et  20),  détermine  à  fin- 


MO 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


térieur  une  circulation  suffisante  pour  empêcher  les  œufs  de 
rester  dans  une  immobilité  qui  leur  serait  funeste. 
Moins  le  courant  de  la  rivière  est  rapide,  plus  l'inclinaison 


FiG.  20. 

de  la  boîte  doit  être  prononcée.  M.  Seth  Green  a  constaté 
qu'avec  un  courant  de  deux  milles  (un  peu  plus  de  3  kilom.) 
à  l'heure  Tinclinaison  convenable  est  de  60  degrés. 

Les  mailles  de  la  toile  métallique  qui  forme  la  paroi  infé- 
rieure des  boîtes  ne  doivent  guère  avoir  plus  d'un  millimètre 


FiG.  21. 


de  largeur,  car  elles  pourraient  laisser  échapper  les  alevins 
nouvellement  éclos,  lesquels  sont  extrêmement  petits,  l'œuf 
d'Alose  n'ayant  que  deux  millimètres  et  demi  de  diamètre 
environ . 

Généralement,  on  attache  les  boîtes  à  la  file  les  unes  des 
autres  le  long  d'un  petit  câble  solidement  assujetti  au  moyen 
d'une  ancre  dans  le  milieu  du  courant,  c'est-à-dire  dans  l'en- 
droit où  l'eau  est  le  moins  exposée  à  des  variations  de  tem- 
pérature extrêmement  nuisibles  aux  éclosions.  Chaque  cilble 
peut  servir  à  fixer  au  moins  cinq  ou  six  boîtes. 


LA    PISCICULTURE   A   L'ÉTRANGER.  Mi 

Un  autre  modèle  de  boîle  flottante  a  été  imaginé  par  M.  E. 
Slilwell,  commissaire  des  pèciies  du  Maine,  et  M.  Charles 
Atkins,  de  l'établissement  de  pisciculture  de  Buksport.  Les 
ligures  21  et  12  représentent  cette  boîte  dans  la  position 
qu'elle  prend  lorsqu'elle  est  mise  en  rivière.  Dans  la  figure  19, 


FiG.  25. 

un  des  côtés  de  la  boîte  a  été  enlevé  en  partie  afin  d'en  laisser 
voir  l'intérieur.  L'eau  suit  la  direction  indiquée  par  les  flèches 
et  procure  aux  œufs  le  mouvement  qui  leur  est  nécessaire. 
11  est  à  remarquer  que  l'angle  formé  avec  la  suiface  de  l'eau 
par  le  fond  de  cet  appareil  est  précisément  inverse  de  celui 
que  forme  la  boîte  Seth  Green. 

On  doit  à  MM.  Frederick  Mather  et  Charles  Bell  l'invention 
d'un  appareil  qui  dispense  de  mettre  les  œufs  d'Alose  en  pleine 
rivière,  et  qui  permet  d'obtenir  l'éclosion  de  ces  œufs  en  la- 
boratoire. Cet  appareil  que  nous  avons  déjà  mentionné  plus 
haut,  se  compose  d'un  entonnoir  en  métal  (fig.23),  de  0'",30 
de  haut,  sur  O^'j^ô  de  diamètre  (1)  auquel  est  soudée  une  bor- 
dure en  toile  métallique  de0"',03  de  hauteur.  A  l'extérieur  un 
large  rebord  forme  une  rigole  circulaire  qui  porte  un  ajutage 
latéral  pour  la  sortie  de  l'eau. 

(1)  La  dimension  importe  peu  ;  on  se  sert  souvent  d'appareils  beaucoup  plus 
grands  ;  Timportant  c'est  que  les  proportions  relatives  soient  conservées. 


31  î2  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Vers  le  fond  de  renlonnoir,  à  l'endroit  où  le  diamètre  n'est 
plus  que  de  0™,05,  se  trouve  une  cloison  horizontale  en  fine 
toile  métallique  (de  préférence  en  laiton),  sur  laquelle  on 
place  les  œufs,  et  qui  sert  à  tamiser  le  courant  d'eau  qu'amène 


FiG.  23. 


dans  l'appareil  un  tube  en  caoutchouc  fixé  au  bas  de  l'enton- 
noir. Ce  courant  entraîne  les  œufs  de  bas  en  haut  et  dans  une 
direction  excentrique,  vers  la  bordure  de  toile  métallique,  à 
travers  laquelle  l'eau  s'échappe  en  nappe  circulaire.  Mais 
comme,  en  s'élargissant,  le  courant  perd  de  sa  force,  il  n'est 


LA   PISCICULTURE    A    L  ETRANGER. 


313 


plus  suffisant,  lorsqu'il  arrive  près  du  bord  (si  l'on  a  réglé 
convenablement  le  débil),  pour  continuera  soutenir  les  œufs. 
Ceux-ci  retombent  sur  la  paroi  oblique  de  l'entonnoir;  ils 
roulent  vers  le  fond,  et  sont  repris  de  nouveau  par  le  courant 
pour  retomber  encore,  et  ainsi  de  suite.  Cette  agitation  con- 
tinuelle les  entretient  en  parfait  état  de  propreté,  et  l'évo- 
lution embryonnaire  s'accomplit  dans  d'excellentes  condi- 
tions. 
Ce  système  qui  est  aujourd'hui  très  généralement  adopté  et 


riG.  21. 


qui  rend  les  plus  grands  services,  a  été,  dès  le  début,  appliqué 
sur  une  grande  échelle  par  M.  le  major  Thomas  B.  Ferguson, 
commissaire  des  pêcheries  du  Maryland. 

Tout  en  apportant  à  l'appareil  quelques  légères  modifica- 
tions, M.  Ferguson  eut  l'heureuse  idée  d'utiliser  ce  système  à 
bord  d'un  petit  steamer  (le  Lookout),  en  créant  ainsi  un 
établissement  de  pisciculture  mobile,  qui  peut  se  rendre  d'a- 
bord sur  les  lieux  dépêche,  pour  recueillir  les  œufs  à  mettre 
en  incubation,  puis  sur  les  divers  points  où  les  alevins  obtenus 
doivent  être  distribués. 


314  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Les  appareils  sont  installés  sur  le  pont.  Ce  sont,  comme 
l'appareil  de  MM.  Fred.  Matlier  et  Gh.  Bell,  de  grands  cônes 
renversés  (fig.  2-4)  ou  entonnoirs  en  métal  (généralement  en 
cuivre  étamé)  qu'on  peut  fermer  à  volonté  dans  le  bas  et  em- 
ployer, après  l'éclosion,  comme  appareils  de  transport  pour 
les  alevins. 

Afin  que  ces  cônes  restent  toujours  dans  une  position  bien 
verticale  et  qu'ils  puissent  fonctionner  sans  interruption, 
malgré  les  mouvements  de  roulis  ou  de  tangage  du  navire, 
ils  sont  à  suspension  de  Cardan,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  sou- 
tenus, à  la  manière  des  boussoles  marines,  par  deux  cercles 
horizontaux  et  concentriques,  mobiles  sur  des  axes  perpendi- 
culaires l'un  à  l'autre. 

Les  cônes  Ferguson  ont  une  hauteur  de  0"\68  et  un  dia- 
mètre de0'",50.  L'eau  y  pénètre  en  traversant,  comme  dans 
l'appareil  Mather,une  sorte  de  lamis  a,  qui  divise  le  courant, 
et  elle  en  sort  parla  gouttière  d,  à  laquelle  s'adapte  un  tuyau 
en  caoutchouc  de  0"',0â  de  diamètre,  semblable   au   tuyau 
d'amenée.  L'anneau,  ou  garniture  intérieure  b,  f,  de  0"", 10  de 
hauteur,  est  destiné  à  retenir  les  œufs  et  les  alevins  ;  la  par- 
tie inférieure  /  est  en  fer-blanc,  tandis  que  la  partie  supé- 
rieure b  est  en  toile  métallique.  C'est  à  travers  cette  toile 
métallique  que  s'échappe  l'eau  pour  sortir  par  l'ouverture  d. 
Un  tampon  porté  à  l'extrémité  d'un  long  manche  (voy.  à  droite 
de  la  figure  24)  sert  ta  boucher  plus  ou  moins  le  tamis  a  et  à 
régler  la  force  du  courant.  Les  œufs  morts  devenant  presque 
immédiatement  plus  volumineux  et  par  cela  même  plus  légers 
que  les  autres,  se  rassemblent  dans  l'appareil  à  la  surface  de 
l'eau  ;  on  les  enlève  à  l'aide  d'une  truble  ou  mieux  d'une 
sorte  d'écumoire  à  trous  d'un  diamètre  tel,  que  les  œufs  sains 
y  passent  sans  difficulté  tandis  que  les  œufs  gâtés,  plus  gros, 
restent  pris.  Le  fonctionnement  de  l'appareil  a  du  reste  été 
amélioré  encore  par  F.  A.  Clark  qui,  à  l'aide  d'une  grille  c 
placée  devant  la  gouttière  d,  a  trouvé  le  moyen  de  régler  par- 
faitement le  débit  de  celle  gouttière.  En  donnant  par  à-coup 
un  courant  plus  fort,  on  expulse  tous  les  œufs  gâtés  qui  sont 
immédiatement  entraînés. 


LA   PISCICULTURE    A    L'ÉTRANGER.  315 

A  bord  du  Lookout,  une  petite  pompe  à  vapeur  puise 
l'eau  un  peu  au-dessous  de  la  ligne  de  flottaison  du  navire  et 
remplit  constamment  un  réservoir,  d'où  partent  les  tuyaux 
de  distribution  qui  vont  s'adapter  à  la  partie  inférieure  de 
chaque  entonnoir.  Au  sortir  des  appareils,  qui  sont  ainsi  tra- 
versés par  un  courant  continu,  l'eau  est  rejetée  par-dessus 
bord. 

Dés  la  première  année  de  sa  mise  en  service  (1878),  le 
Lookout  servit  à  recueillir  et  à  mettre  en  incubation 
-21502  000  œufs  d'alose  qui  donnèrent  15  546  500  ale- 
vins. 

Des  résultats  aussi  satisfaisants  ont  engagé  la  Commission 
des  pêcheries  des  États-Unis  à  adopter  ce  système  et  k  l'ap- 
pliquer sur  une  échelle  encore  plus  importante.  Un  navire  à 
vapeur,  le  Fish-Hawk,  a  été  construit  tout  exprès  poui' 
servir  de  laboratoire  d'études  et  d'établissement  mobile  de 
pisciculture.  C'est  un  steamer  à  hélice  de  485  tonneaux,  de 
45  mètres  de  longueur  sur  9  mètres  de  largeur,  avec  un  tirant 
d'eau  de  2"", 20.  Son  outillage  lui  permet  de  mettre  à  la  fois 
en  incubation  près  d'un  milliard  d'œufs  d'Alose,  de  Morue, 
de  Hareng  ou  de  Maquereau. 

Les  appareils  du  Fish-Hawk  sont  de  deux  modèles  diffé- 
rents, savoir  :  les  cônes  ou  entonnoirs  ci-dessus  mentionnés 
du  système  Ferguson,  et  les  tonnes  immergées  ou  à  bascule, 
dues  au  même  inventeur. 

Ces  tonnes  sont  des  cylindres,  ordinairement  en  fer  battu, 
étamé  ou  galvanisé,  de  0'",50  de  diamètre  sur  0"',00  de  hau- 
teur, qu'on  peut  porter  par  une  anse  comme  des  seaux.  Elles 
sont  fermées  à  la  partie  inférieure  par  un  disque  en  toile  mé- 
tallique bordé  d'un  cercle  de  cuivre  qui  se  fixe  au  cylindre  au 
moyen  d'écrous. 

Les  tonnes,  garnies  des  œufs  à  faire  éclore,  sont  suspendues 
sur  chaque  flanc  du  navire  à  un  mât  horizontal  (fig.  25)  et 
plongent  à  moitié  dans  l'eau.  Ce  mât  qui  est  actionné  par  une 
machine  à  vapeur  dont  l'arbre  de  couche  porte  un  excentri- 
que, imprime  constamment  à  l'ensemble  des  tonnes  un  mou- 
vement alternatif  de  haut  en  bas  et  de  bas  en  haut,  lequel 


316  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

procure  aux  œufs  l'agilation  nécessaire  à  leur  développe- 
ment. 

Un  fond  étanche,  fixé  par  des  écrous,  peut  être  substitué 
au  disque  de  toile  métallique  qui  ferme  le  bas  de  chaque  cy- 
lindre. On  transforme  ainsi  l'appareil  d'éclosion  en  bac  de 
transport  pour  les  alevins.  Sur  le  pont  du  navire  se  trouvent 


FiG.  25. 


installées  quatre  séries  de  cônes  Ferguson  auxquels  l'eau  né- 
cessaire est  fournie  |iar  une  pompe  qui  alimente  un  réservoir 
muni  d'un  appareil  de  filtrage.  Après  avoir  traversé  les  cônes, 
l'eau  peut  être  soit  écoulée  hors  du  navire,  soit  recueillie  par 
des  conduites  spéciales,  puis  renvoyée,  à  l'aide  de  la  pompe, 
dans  le  réservoir  d'alimentation  en  formant  ainsi  un  courant 
continu.  Cette  disposition  permet  d'opérer  l'incubation  des 
œufs  d'Alose  aussi  bien  quand  le  navire  est  en  marche  que 


LA   PISCICULTURE   A    l'ÉTRâNGER.  317 

quand  il  est  stationnaire,  et  soit  qu'il  navigue  en  eau  douce 
ou  en  eau  salée. 

L'aménagement  du  Fish-Haivk  permet,  en  outre,  d'utiliser 
ce  navire  pour  la  propagation  de  différents  poissons  de  mer. 
La  dépense  d'installation  s'est  élevée  à  50  000  dollars 
(250  000  francs). 

(A  suivre.) 


OBSERVATIONS 

SUR 

UN  LÉPIDOPTÈRE  IIÉTÉROCÈRE  SÉRICIGÈNE 

L'AyTUER.£A  FRITHII  (Moore) 
FAITES  EiN  1882  A  CHAMPROSAY  (Seine-et-Oise) 

Par   n.    J.    FALLOU 


Le  2  mai  de  cette  année  1882,  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  a 
bien  voulu  me  confier,  pour  en  observer  l'éclosion,  quaranle- 
huit  cocons  et  un  certain  nombre  d'œufs  provenant  d'un  envoi 
fait  par  M.  Moquin-Tandon,  de  la  Gochinchine. 

Ces  cocons  ont  beaucoup  d'analogie  avec  ceux  des  Attacus 
Yama-maï,  Pernyi  et  Mylilta;  ils  sont  fermés,  de  forme 
ellipsoïdale,  allongés  aux  deux  extrémités.  Ils  sont  constitués 
par  une  soie  d'un  blanc  jaunâtre,  dont  la  couche  supérieure 
est  très  résistante. 

Ces  cocons  ne  sont  pas  entourés  d'une  soie  lâche  et  vague 
comme  celui  de  VAtlacus  Pernyi;  k  certains  d'entre  eux  sont 
encore  adhérents  des  débris  de  feuilles  des  végétaux  qui  ont 
servi  à  la  nourriture  des  chenilles,  ce  qui,  peut-être,  pourra 
servir  à  faire  connaître  leur  plante  nourricière. 

Dès  le  9  mai,  ces  cocons  ont  été  suspendus  dans  une  cage 
spacieuse,  déposée  dans  une  vaste  pièce  non  habitée,  située 
au  deuxième  étage,  prenant  jour  et  lumière  aux  expositions 
sud-ouest  et  nord-est;  les  fenêtres  n'ont  été  fermées  que  la 
nuit. 

Jusqu'à  la  fin  de  juillet,  tous  les  papillons  éclos,  mâles  et 
femelles,  ne  sont  pas  sortis  de  la  boîte  où  je  les  surveillais, 
alin  de  voir  s'il  y  avait  accouplement  ;  mais  mâles  et  femelles 
ont  été  sacrifiés  pour  n'obtenir  que  des  œufs  non  fécondés,  ce 
qui  se  reconnaît  facilement  huit  ou  dix  jours  après  les  pontes. 

Dans  les  premiers  jours  du  mois  d'août,  j'ouvris  les  portes 
de  la  cage  contenant  les  cocons,  afin  que  les  nouveaux  venus 
pussent  prendre  leur  essor  dans  la  chambre  même  ;  du  2  au 


UN    LÉPIDOPTÈRE    HÉTÉROCÈRE   SÉRICIGÈNE.  319 

4  aoLit  sont  cclos  un  maie  et  une  femelle  ;  je  les  trouvai  le 
matin  près  l'un  de  l'autre,  sur  les  rideaux  en  mousseline  de 
la  fenêtre  nord-est;  mais  je  m'aperçus  plus  tard  que  la  femelle 
n'avait  pas  été  fécondée.  Enfin,  du  15  au  16  du  même  mois, 
un  nouveau  couple  est  éclos,  et  l'accouplement  eut  lieu  du  16 
au  17  et  a  duré  environ  quinze  heures.  La  ponte  de  deux  cent 
vingt  œufs  se  fit  sur  les  rideaux  de  la  même  fenêtre  que  la 
précédente. 

Un  fait  digne  de  remarque^  c'est  que  tous  les  papillons  qui 
se  sont  échappés  de  la  cage  ont  toujours  été  se  poser  à  la  fe- 
nêtre du  nord-est;  pas  un  au  sud-ouest. 

Les  papillons  sont  éclos  à  des  intervalles  très  espacés,  et 
en  quelque  sorte  par  périodes. 

A  l'ouverture  de  la  caisse  d'envoi,  2  mai,  je  trouvai  six 
papillons,  trois  mâles  et  autant  de  femelles,  mais  tous  avortés 
ou  avec  les  ailes  mal  développées,  ce  qui  sans  doute  a  tenu  au 
manque  d'espace,  aucun  cas  semblable  ne  s'étant  reproduit 
aux  éclosions  qui  eurent  lieu  successivement  après  celle-ci. 

Du  9  au  19  mai  sont  éclos  1  mâle,  9  femelles. 

Deuxième  période  ;du  12  au  15  juillet,  1  mâle,  4  femelles  ; 
du  29  au  31^  2  mâles,  5  femelles;  du  1"  au  18  août,  5  mâles, 
3  femelles. 

Troisième  période  :  du  5  au  7  septembre,  2  mâles  ;  indiqué 
plus  haut  du  2  mai,  3  mâles,  3  femelles. 

Total  :  38  papillons,  1  i  mâles,  24  f(;melles. 

Ainsi  le  nombre  des  femelles  est  donc  presque  double  de 
celui  des  mâles. 

Il  reste  dix  cocons  qui,  par  leur  légèreté,  me  font  supposer 
qu'ils  ne  donneront  pas  leurs  papillons.  Cependant  je  les 
observerai;  il  est  possible  qu'il  en  vienne  encore  l'an  pro- 
chain. Il  en  est  peut-être  de  ces  Attaciens  comme  de  bien 
d'autres  Lépidoptères,  c'est-à-dire  que  les  Chenilles  provenant 
de  la  même  ponte  ne  donnent  pas  toujours  l'insecte  parfait  à 
la  même  époque;  nous  avons  des  exemples  de  cette  particu- 
larité chez  bon  nombre  de  nos  Lépidoptères  indigènes,  il  y 
en  a  qui  restent  à  l'état  léthargique  une  et  quelquefois  plu- 
sieurs années. 


320  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

D'après  le  résultat  des  éclosions  de  l'espèce  qui  nous  oc- 
cupe, il  est  difficile  de  se  former  une  idée  juste  de  l'époqne  à 
laquelle  a  lieu  l'éclosion  de  VAntherœa  Frilhii  dans  son  pays 
natal.  On  pourrait  supposer  qu'une  température  plus  ou  moins 
élevée  puisse  avoir  de  l'influence  sur  les  éclosions  ;  mais  ce 
n'est  certainement  pas  la  chaleur  des  mois  de  juillet  et  d'août 
que  nou?  avons  eue  sous  le  climat  de  Paris,  mois  qui  ont  été 
relativement  froids  et  humides,  qui  a  fait  que  les  éclosions 
ont  été  plus  nombreuses  pendant  ces  deux  mois,  ni  que  les 
sujets  nés  durant  cette  période  ont  leurs  couleurs  plus  vives 
et  sont  d'un  ton  plus  chaud  que  ceux  éclos  au  printemps  ;  de 
là  je  serai  porté  à  conclure  que  le  milieu  de  l'été  est  la  prin- 
cipale époque  d'éclosion  de  VAnthœrea  Frithii. 

Un  seul  accouplement  obtenu  sur  un  si  grand  nombre  de 
sujets  peut  étonner,  mais  c'est  certainement  la  seule  fois  que 
l'éclosion  d'un  mâle  et  d'une  femelle  ait  eu  lieu  dans  la  même 
nuit.  Or  on  a  observé  que  chez  les  espèces  demi-sauvages  des 
Anthœrea  asiatiques,  il  faut,  pour  la  fécondation,  une  éclosion 
presque  simultanée  des  mâles  et  des  femelles  ;  les  individus 
de  sexe  différent  se  repoussent  s'ils  sont  nés  à  quelques  jours 
de  distance.  C'est  peut-être  le  motif  qui  fait  que  je  n'ai  con- 
staté qu'un  seul  accouplement. 

Les  papillons  de  A.  Frii/^u  offrent,  ainsi  que  leur  congé- 
nère A .  Mylitta,  de  fréquentes  variations  pour  le  fond  de  la 
couleur  des  ailes;  le  mâle  les  a  généralement  rougeâtres;  il 
y  en  a  qui  ont  le  fond  jaune.  Les  femelles  sont  beaucoup  plus 
variables  que  les  mâles  ;  leurs  ailes  sont  grises,  passant  de 
cette  couleur  à  celle  rosée,  souvent  jusqu'au  jaune. 

La  vitalité  chez  cette  espèce  est  de  quatre  à  cinq  jours  pour 
les  mâles  et  cinq  à  sept  pour  les  femelles.  Les  œufs  sont  du 
type  de  A.  Mijlitta,  et  comme  ceux-ci  entourés  de  deux  lignes 
noires,  un  peu  comprimés  et  d'une  couleur  blanchâtre. 

De  ceux  pondus  le  19  août  sont  sortis,  du  A  au  6  septembre, 
des  chenilles  d'une  couleur  jaune  d'ocre  annelées  de  noir,  la 
tête  et  le  collier  de  cette  même  couleur,  les  pattes  grisâtres. 

Jusqu'à  ces  temps  derniers,  j'avais  cru  reconnaître  que  les 
papillons  qui  avaient  donné  naissance  à  ces  chenilles  appar- 


UN   LÉPIL^OPTÈRE   HÉTÉROCÈRE   SÉRICIGÈNE.  321 

tenaient  à  A.  Mylitla.  C'est  pourquoi  je  me  suis  abstenu  de 
prendre  la  description  plus  complète  de  celles  qui  venaient 
de  naître,  sachant  que  celles  du  Mylitta  avaient  été  décrites 
à  fond  par  M.  A.  Wailly,  description  reproduite  dans  le  Traité 
élémentaire  d'entomologie  de  M.  Girard  (tome  III,  fasc.  1, 
J.-B.  Baillièreetfds,  1882). 

Je  regrette  donc  de  ne  pas  avoir  examiné  avec  plus  d'at- 
tenlion  nos  nouvelles  venues,  et  de  ne  pouvoir  en  donner  ici 
qu'une  description  trop  succincte. 

Ce  n'est  que  dernièrement  que  nous  avons  appris  que  l'es- 
pèce intéressante  qui  nous  occupe  n'était  pas  A.  Mylitta  ni 
A.  Felderi  (Boisduval),  mais  bien  VA  nthœrea  Frithii  Moore, 
espèce  décrite  dans  lesProceeding Zool.  Soc,  28  juin  1859,  et 
dont  le  maie  seul  est  figuré.  Le  sujet  représenté  provient  du 
voisinage  de  Darjeeling. 

A  la  naissance  des  chenilles,  vu  la  saison  avancée,  je  leur 
offris,  outre  le  chêne,  comme  plantes  nourricières,  des  végé- 
taux à  feuilles  persistantes  : 

Evonymus  (Fusain)  Japonicus, 

Ligustnim  (Troène)  Californicum  et  Japoniciun, 

Viburnum  (Laurier-tin)  Tinus. 

Les  chenilles  que  j'ai  persisté  à  laisser  sur  ces  végétaux 
sont  toutes  mortes  sans  en  attaquer  aucun  ;  le  contraire  a  eu 
lieu  pour  le  chêne,  qu'elles  ont  aussitôt  mangé. 

Leur  première  mue  eut  lieu  avec  peine  du  17  septembre  au 
4  octobre,  et  la  moitié  environ  sont  mortes  en  l'opérant.  Celles 
qui  ont  pu  l'accomplir  n'ont  vécu  que  jusqu'au  i6  octobre. 

Pendant  l'inlervalle  de  temps  qu'a  duré  la  surveillance  de 
mes  pensionnaires,  j'ai  été  à  même  de  faire  quelques  remar- 
ques intéressantes,  dont  voici  la  plus  importante  : 

En  1881,  j'ai  récolté  sur  mes  Poiriers  plusieurs  chenilles 
àeVAttacus  Pyri,  qui  ont  formé  leurs  cocons  dans  une  ca^e 
disposée  à  cet  effet. 

Du  10  au  15  mai  sont  écloses  plusieurs  femelles,  et,  à  la 
même  épo([ue,  deux  femelles  de  A.  Frithii.  Le  temps  étant 
beau,  j'avais  laissé  ouvertes  la  nuit  les  fenêtres  de  la  pièce  où 
étaient  ces  dernières.  Le  15,  au  matin,  je  fus  étonné  de  voir 

3»  SÉRIK,  T.  X.  —  Juin  1883.  il 


322  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

sur  les  parois  extérieures  de  la  boîte  cinq  mâles  de  A.  Pyri 
qui  avaient  fait  infidélité  aux  femelles  de  leur  espèce,  quoique 
pourtant  ils  fussent  très  proches  d'elles.  J'invitai  ces  amou- 
reux à  entrer  dans  la  cage,  où  ils  sont  restés,  ainsi  que  les 
femelles,  dans  un  état  de  torpeur  complet,  dont  ils  ne  sont 
sortis  qu'à  l'entrée  de  la  nuit  ;  à  ce  moment,  tous  ont  pris  leur 
vol.  Le  lendemain  matin,  je  ne  trouvai  que  des  êtres  complè- 
tement détériorés,  sans  observer  d'accouplement;  les  femelles 
n'ont  pondu  que  des  œufs  clairs.  Ainsi,  malgré  l'attrait  de  ces 
femelles,  qui  avaient  attiré  les  mâles  peut-être  d'une  grande 
distance,  à  ma  connaissance  il  n'y  avait  pas  eu  rapproche- 
ment. 

J'ai  déjà  été  à  même  d'observer  un  cas  à  peu  près  analogue 
vers  le  10  ou  le  12  juin  1879.  A  cette  époque,  j'avais  provoqué 
les  deux  sexes  en  présentant  un  mâle  de  A .  Pyri  à  une  fe- 
melle de  A .  Pernyi,  puis,  à  l'inverse,  un  mâle  Pernyi  à  une 
femelle  A.  Pyri,  sans  qu'il  y  ait  eu  acte  de  copulation,  ces 
femelles  n'ayant  pondu  que  des  œufs  non  fécondés.  Les 
exemples  de  cette  année  ne  font  que  confirmer  ce  que  j'ai  déjà 
fait  remarquer  dans  une  note  sur  diverses  espèces  de  Lépi- 
doptères, insérée  au  Bulletin  de  la  Société  cV Acclimatation, 
année  1880,  page  717,  c'est-à-dire  que  les  tentatives  de  croi- 
sement entre  espèces  paraissant  très  rapprochées,  mais  pro- 
venant de  pays  tout  différent,  ne  se  réalisent  pas  aussi  aisé- 
ment qu'on  peut  le  supposer  tout  d'abord. 


II.  TRAVAUX  ADRESSÉS  ET  COMMUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ. 


NOTE 

SUR  LES  NAISSANCES,  DONS  ET  ACQUISITIONS 

DE  LA  MÉNAGERIE  DU  MUSÉUM  D'HISTOIRE  NATURELLE 
Pendant  les  mois  de  janvier,  février,  mars  et  avril]  1883. 

Par  M.    nUET 

Aide-naturaliste  chargé  de  la  ménagerie. 


Quoique  les  premiers  mois  de  l'année  ne  soient  pas  très 
favorables  pour  les  naissances,  nous  avons  cependant  à  enre- 
gistrer celle  d'une  femelle  de  N)'\Qixu]i  (Portax  picta). 

Née  le  l"  janvier,  nous  pensions,  à  cause  de  la  mauvaise 
saison,  que  cette  éducation  ne  réussirait  pas;  mais,  malgré 
les  longues  nuits  d'hiver  et  la  température  humide  que  nous 
avons  eue,  cette  jeune  bête  s'est  parfaitement  développée,  et 
maintenant  nous  n'avons  plus  de  craintes  pour  sa  santé. 

Le  10  janvier  est  née  une  femelle  d'Eleotrague,  ou  Anti- 
lope Isabelle  (Eleotragus  reduncus);  ce  qui  porte  à  huit  le 
nombre  de  ces  charmants  animaux,  obtenus  d'un  mâle  et  de 
deux  femelles,  données  au  Muséum  par  M.  Brière  de  l'Isle,  en 
1878  et  1880  :  la  mère  a  mis  bas  à  la  Rotonde,  où  elle  a 
passé  l'hiver  avec  son  jeune;  quant  aux  six  autres,  ils  sont 
restés  dehors  et  ils  n'étaient  renfermés  que  pendant  la  nuit, 
dans  une  cabane  rustique,  dont  les  parois  sont  construites 
en  terre  soutenue  par  des  branches. 

Le  11  janvier  et  le  19  mars,  nous  avons  eu  aussi  la  nais- 
sance de  deux  Guibs  {Tragelaphas  scriptus),  mais  ils  sont 
morts  à  l'âge  de  cinq  semaines.  Voici  la  seconde  année  que 
nous  essayons  d'élever  ces  jeunes  animaux  en  plein  air;  mais 
il  faut  y  renoncer,  car,  lorsque  la  température  descend  vers 
5  degrés  au-dessous  de  zéro,  ils  s'engourdissent,  n'ayant  plus 
la  lorce  de  se  relever  pour  tcter,  ils  meurent  en  deux  ou  trois 


324  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

jours;  il  est  donc  indispensable,  lorsque  l'on  a  des  femelles 
pleines  à  la  fin  de  décembre,  de  les  renfermer  dans  un  en- 
droit où  l'on  puisse  entretenir  une  chaleur  de  8  à  10  degrés; 
dans  ces  conditions,  on  est  certain  d'élever  les  jeunes,  qui, 
une  fois  qu'ils  mangent  seuls,  deviennent  tout  de  suite  plus 
vigoureux  et  peuvent  alors  supporter,  sans  en  souffrir  beau- 
coup, des  températures  plus  basses. 

Nous  n'avons  jamais  eu  d'accidents  provoqués  par  le  froid, 
jiarmi  les  adultes  que  nous  tenons  dans  une  cabane  à  l'air,  et 
il  suffit  de  les  renfermer  pour  la  nuit,  ou  bien  lorsque  le 
froid  devient  trop  vif,  pour  les  conserver  en  bonne  santé. 

Enfin,  il  est  né  aussi  un  Zébu  de  Madagascar,  trois  Chèvres 
d'Islande,  deux  Chèvres  d'Angora  et  une  Chèvre  mélisse, 
issue  d'un  Bouc  et  d'une  Chèvre,  hybrides  d'un  Bouquetin  et 
d'une  Chèvre  ordinaire. 

DONS   FAITS   A   LA   MÉNAGERIE 

1  Sanglier  commun  (Sus  scrofa),  don  de  M.  Symon. 
1  Raton  laveur  (Procyon  lotor),  don  de  lAI.  Bigiion. 
1  Snjou  capucin  {Cebiis  capiiciniis),  don  de  M.  Abadie. 

1  Macaque  (Macacus  cynomolgus),  don  de  M.  Pressa. 

2  Tatous  de  Pentagonie  (Dasi/pus  minutus),  don  de  M.  Hatt. 

1  Cerf  des  champs  {Cervus  campestris),  Brésil,  don  de  M.  Collot. 
t  Paradoxures  soyeux  (Paradoxurus  setosus),  don  de  M.  Harmand, 
consul  de  France  à  Siam. 

1  Civette  Zibetli  (Vivorra  zlbclha),  -         id. 

2  Mélogales  {Melogale  orientalis),  id. 

1  Callitriche  {Callitrichus  rufo-viridis),  don  de  M.  Miston 

ACQUISITIONS 

1   Coati  brun  {Nasua  fmca). 

3  Cercocèbes  enfumés  (Cercocebus  fuUginosus). 
1  Sajou  Capucin  [Cebus  capucinus). 

1  Sajou  à  gorge  blanche  (Cebus  hypoleucas). 

X  Ratel  du  Cap  (Mellirora  Capcnsis). 

1  Éléphant  d'Afrique  (Elepluis  Africanus). 


NAISSANCES,    DONS   ET   ACQUISITIONS   DU    MUSÉUM.        325 


OISEAUX 

Dans  l'ordre  des  Palmipèdes,  nous  avons  à  signaler 
l'éclosion,  le  15  février  et  le  18  mars,  de  six  Cygnes  noirs 
(Cygnus  atratus). 

Le  26  mars,  celle  de  six  Oies  de  Magellan  (Bernicla  Ma- 
gellanica) . 

Le  16  mars  et  le  15  avril,  nous  avons  eu  deux  couvées 
•d'Oies  des  Sandwich  {Bernicla  Sandwicensis) ,  quatre  jeunes 
de  la  première  et  deux  de  la  seconde. 

Ces  oiseaux,  comme  ceux  que  nous  avons  élevés  l'année 
dernière,  se  sont  développés  rapidement,  et  à  condition  de 
manger  de  la  verdure,  quelle  qu'elle  soit,  et  en  grande  quan- 
tité, en  six  semaines,  ces  jeunes  oiseaux  atteignent  la  taille 
des  parents,  sans  que  l'on  ait  besoin  de  leur  donner  des  soins 
particuliers. 

Les  Oies  des  Sandwich  doivent  attirer  l'attention  des  ama- 
teurs, et  nous  ne  doutons  pas  que,  dans  un  avenir  prochain, 
nous  ne  comptions  ce  charmant  palmipède  au  nombre  des 
oiseaux  acquis  à  la  domesticité.  Son  caractère,  relativement 
doux,  en  fera  un  habitant  de  nos  basses-cours,  dans  les- 
quelles il  pourra  vivre  au  milieu  des  autres  volailles,  sans 
aucun  danger  pour  elles. 

Les  Oies  de  Magellan  sont  aussi  des  oiseaux  dont  l'éduca- 
tion est  facile,  mais  il  faut  les  tenir  séparées  des  autres  vola- 
tiles, surtout  au  moment  où  la  femelle  couve  et  lorsque  les 
Jeunes  sont  éclos,  l'amour  du  mfde  pour  sa  famille  est  poussé 
â  un  tel  point,  que,  si  un  indiscret  s'en  approche  de  trop  près, 
il  le  pourchasse  avec  fureur,  et,  s'il  en  a  la  force,  il  le  tue. 

DONS 

1  Buse  variété  blanche  {Falco  biiteo),  don  de  M.  Bienné. 

2  Caracaras  {Polijborus  BrasiUensis),  don  de  M.  Lebrun. 
I   IMgeon  Polonais  noir,  don  de  M"«  llusterhollz. 

3  Colombes  à  collier,  don  de  M'«ei)esmonneret. 


MQ  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

1  Colombe  blanche,  don  de  M"»*  Desmonneret. 

\  Aigle  Bonelli  {Nisaëtus  fasciatus),  don  de  M.  l'abbé  Cappy. 

1  Chouette  Effraie  {Strix  flammea),  don  de  M.  Dugenest. 


ACQUISITIONS 

i  Busard  des  Marais  {Circus  œruginosiis),  de  l'Inde. 

1  Faisan  de  Mongolie  {Phasianus  Mongoliens). 

i  Canard  de  la  Caroline  [Aix  sponsa). 

8  Cacatoès  nasiques  {Licmetis  tcnuirostris),  de  la  Nouvelle-Hollande. 

200  Sénégalis  de  différentes  espèces. 

1  Autruche  d'Amérique  {Rhea  Amcricana). 

2  Grues  de  Paradis  {Tetrapteryx  Paradisea). 


LA  RAMIE 

ORTIE   DE   CHINE    (CHINA-GRASS) 

COMMUNICATION     FAITE    EN    SÉANCE     GÉNÉRALE 
Par     nn.     REXAUT,     BERTII^    et    BOSCHI 

Extrait  du  compte  rendu  sténographique. 


M.  Renaut:  Messieurs,  dès  l'année  1857,  la  Société  d'Accli- 
matation s'était  préoccupée  de  la  Ramie  et  avait  fait  venir  de 
Chine  des  graines  et  des  plants  qu'elle  avait  répandus  autant 
qu'elle  avait  pu  dans  l'agriculture. 

11  y  a  deux  ans,  à  pareille  époque,  je  ne  connaissais  même 
pas  la  Ramie  de  nom.  J'ai  appris  à  la  connaître  depuis  et  j'ai 
su  par  des  savants  comme  M.  Vétillart,  que  ce  textile  était 
déjà  employé  il  y  a  plusieurs  milliers  d'années,  puisque 
l'analyse  lui  a  démontré  que  les  fines  bandelettes  qui  entou- 
rent les  momies  égyptiennes  étaient  en  fibres  de  Ramie. 

Si  cette  plante  était  connue  il  y  a  des  milliers  d'années 
des  F]gyptiens,  il  est  très  certain  également  que  les  Chinois 
l'utilisent  depuis  des  temps  immémoriaux,  j'en  ai  eu  l'affir- 
mation parles  ambassadeurs  chinois  qui  sont  venus  voir  fonc- 
tionner nos  machines  à  décortiquer,  et  qui  en  ont  été  très 
satisfaits,  ils  ont  parfaitement  reconnu  la  plante  dont  la  culture, 
nous  ont-ils  dit,  est  générale  en  Chine. 

Notre  correspondant  de  Shang-Haï  nous  a  envoyé  les  échan- 
tillons que  j'ai  l'honneur  de  vous  soumettre  ;  ces  différents 
tissus  servent  à  la  confection  de  vêtements  du  peuple,  et  leur 
solidité  est  telle  que  les  blouses  en  fil  de  Ramie  se  transmet- 
tent de  père  en  fils. 

Depuis  1845,  je  crois,  M.  Decaisne  a  fait  cultiver  au  Jardin 
des  Plantes  trois  espèces  de  Ramie  dont  les  fibres  ont  une 
égale  force;  il  a  nommé  l'une  d'elles  utilis,  parce  qu'il  l'a 
trouvée  plus  propre  que  les  autres  à  la  culture  ou  qu'il  l'a 
regardée  comme  devant  donner  des  résultats  meilleurs.  En 
effet  l'espèce  ainsi  dénommée  et  dont  voici  des  échantillons^ 


328  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

croît  beaucoup   plus  vite  que  les  deux  autres,  cette  raison 
suffit  pour  la  préconiser  plutôt  que  ses  deux  sœurs. 

Dès  que  M.  Decaisne  eut  constaté  la  solidité  incomparable 
des  fibres  de  cette  plante,  il  fit  tous  ses  efforts  pour  en  vul- 
gariser la  culture  ;  plusieurs  cultivateurs  du  Midi  répondirent 
à  son  appel  et  la  culture  des  trois  espèces  de  Ramie  a  parfai- 
tement réussi  dans  nos  départements  méridionaux,  mais 
les  cultivateurs  n'ont  pas  trouvé  d'acquéreur  pour  leur  ré- 
colte. On  croyait  pouvoir  utiliser  facilement  ce  textile  qui 
exige  un  traitement  tout  spécial,  comme  le  chanvre  et  comme  le 
lin;  tout  naturellement  on  n'a  obtenu  aucun  résultat,  et  au  lieu 
de  chercher  on  s'est,  comme  à  l'ordinaire,  découra[>é aux  pre- 
mières difficultés,  les  agriculteurs  ont  alors  abandonné  la  cul- 
ture de  cette  plante,  bien  à  regret,  car  ils  la  trouvaient  facile. 
Après  ces  essais  infructueux,  la  question  de  la  Ramie  resta 
à  peu  près  stationnaire  jusqu'en  1878.  A  cette  époque,  deux 
Français,  MM.  Labérie  et  Berthet,  ont  heureusement  produit  à 
l'Exposition  universelle  une  machine  à  décortiquer  la  Ramie, 
qui  a  fonctionné  devant  tout  le  monde  et  qui  a  obtenu  la  seule 
médaille  décernée  à  ce  genre. 

La  Société  dont  je  suis  le  secrétaire  général  s'est  formée 
précisément  pour  l'exploitation  de  cette  machine  qui  rendait 
possible  la  culture  de  la  Ramie,  et  aussi  dans  le  but  d'aider  à 
la  création  de  l'industrie  nouvelle  et  très  importante  à  laquelle 
ce  textile  donnerait  certainement  naissance. 

Depuis  sa  création,  c'est-à-dire  depuis  le  9  juillet  4879,  tous 
les  efforts  de  ma  Compagnie  ont  tendu  à  répandre  le  plus  pos- 
sible la  culture  de  la  Ramie.  Mais  pour  vulgariser  cette  culture 
il  fallait  avoir  des  plants  à  offrir  aux  cultivateurs  et  les  plants 
manquaient. 

Nous  avons  alors  établi  trois  pépinières  dans  les  terrains  les 
plus  propres  à  la  culture  :  la  première  au  Jardin  du  Ilamma, 
à  Alger,  sous  l'habile  direction  de  M.  Charles  Rivière;  la 
deuxième  à  Sauveterrc  (Gironde),  dans  la  propriété  de  M.  de 
Latour,  administrateur  de  la  Compagnie,  et  la  troisième  à 
Montfavet-lez-Avignon  (Vaucluse),  confiée  aux  soins  de 
M.  Tramier,  horticulteur. 


LA    RAMIE. 


329 


Sur  ces  trois  points  dillérenls  nous  avons  obtenu  un  résultat 
<îes  plus  satisfaisants. 

A  l'heure  qu'il  est,  nous  possédons  2  500  000  plants,  et,  avec 
la  rapidité  merveilleuse  avec  laquelle  cette  plante  se  reproduit, 
on  peut  compter  sur  50  millions  de  plants  l'année  prochaine. 

Nous  pourrons  alors  répondre  facilement  aux  demandes 
des  agriculteurs  qui  désirent  essayer  la  culture  de  la  Ramie, 
•et  leur  nombre  est  déjà  grand  aujourd'hui. 

Quand  nous  avons  eu  constaté  les  excellents  résultats  obtenus 
en  Algérie,  enVaucluse,  en  Gironde,  et  même  au  Jardin  d'Ac- 
climatation, où  nous  avons  eu  la  preuve  que  la  Ramie  poussait 
très  bien,  pour  nous,  la  question  était  résolue,  ce  n'était  plus 
qu'une  affaire  de  temps.  Nous  nous  sommes  alors  préoccupés 
■de  faire  apprécier  par  nos  industriels  les  qualités  exception- 
nelles du  nouveau  textile  que  notre  sol  pouvait  produire,  car 
la  consommation  assurée  force  la  production.  Eh  bien  ! 
Messieurs,  j'ai  usé  en  pure  perte  et  ma  plume  et  ma  langue, 
tous  les  industriels  français  auxquels  nous  nous  sommes 
adressés  nous  ont  invariablement  répondu  :  ((  Qu'est-ce  que 
vous  voulez  que  nous  fassions  de  cela  ?  ce  n'est  pas  employa- 
ble.  »  Aucun  n'a  voulu  se  donner  la  peine  de  chercher,  ils  se 
sont  tous  arrêtés  à  la  première  difficulté. 

Nous  avons  alors  résolu  de  forcer  l'attention  de  nos  indus- 
triels en  faisant  fabriquer  différentes  étoffes  avec  le  textile 
que  nous  préconisions.  Nous  étions  bien  sûrs  d'atteindre 
notre  but,  car  nous  avions  la  certitude  que  depuis  plusieurs 
années  déjà  les  Anglais  employaient  la  Ramie,  appelée  chez 
-eux  China-grass,  soit  seule,  soit  en  la  mélangeant  avec  la 
laine,  la  soie,  le  coton  ou  le  lin,  et  obtenaient  ainsi  des  tissus 
qui  avaient  une  supériorité  incontestable  sur  les  produits 
français.  Nous  avons  choisi  un  homme  intelligent,  M.  Boski, 
qui  nous  a  aidé  à  atteindre  le  but  auquel  nous  tendions  :  c'est 
lui  qui  a  fait  fabriquer  les  différentes  étoffes  que  vous  voyez  sur 
cette  table  avec  des  filés  anglais;  aujourd'hui,  Messieurs,  pour 
fabriquer  des  tissus  semblables  il  n'est  pas  besoin  d'acheter 
le  fil  en  Angleterre,  M.  Boski  a  monté  une  filatureàMontreuil- 
sous-Bois;  le  fil  qu'il  produit  n'a  rien  à  envier  comme  beauté 


330  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

à  celui  des  Anglais,  et  dès  maintenant  il  roffre  au  tissage  à 
40  pour  100  meilleur  marché  que  nos  voisins.  Mais,  Messieurs, 
M.  Boski  est  ici,  il  va  vous  présenter  lui-même  les  étoffes 
qu'il  a  fait  fabriquer  et  traitera  bien  mieux  que  moi  la  ques- 
tion industrielle. 

Après  avoir  entendu  les  explications  qu'il  va  vous  donner 
et  quand  vous  aurez  admiré  les  étoffes  qu'il  va  vous  soumettre, 
vous  jugerez,  je  pense,  que  celte  question  est  complètement 
résolue. 

En  commençant,  Messieurs,  je  vous  ai  parlé  de  la  culture 
et  des  excellents  résultats  que  nous  avions  obtenus  tant  en 
Algérie  que  dans  la  Gironde  et  en  Vaucluse,  mais  M.  Bertin, 
un  horticulteur  distingué,  est  ici  pour  vous  dire  les  résultats 
non  moins  bons  qu'il  a  obtenus  chez  lui  à  Maisons-Laffitte,  et 
vous  donner  sur  la  culture  de  la  Ramie,  à  laquelle  il  s'est 
adonné  avec  ardeur,  tous  les  renseignements  que  vous  pourrez 
désirer,  car  il  a  noté  avec  le  plus  grand  soin  les  observations 
multiples  qu'il  a  faites,  et  il  vous  fera  comprendre  sans  peine 
combien  cette  culture  est  facile. 

Après  avoir  entendu  M.  Bertin  et  M.  Boski  vous  serez  con- 
vaincus, je  l'espère,  de  l'importance  de  la  question  delà  Ramie 
comme  culture  et  comme  industrie  et  vous  cultiverez  ce  pré- 
cieux textile.  Je  vous  l'ai  dit.  Messieurs,  dès  l'année  pro- 
chaine nous  pourrons  répondre  aux  demandes  de  plants  qui 
nous  seront  adressées  ;  si  les  agriculteurs  français  ne  veulent 
pas  marcher,  cequeje  ne  peux  pas  croire,  nous  aurons  recours 
aux  agriculteurs  étrangers,  mais  ce  serait  bien  malheureux. 

La  filasse  que  voici.  Messieurs,  est  bien  française,  elle  est 
le  produit  de  tiges  qui  ont  poussé  à  Avignon  et  qui  ont  été 
décortiquées,  il  y  a  dix-sept  jours  déjà,  par  notre  machine 
qui  est  montée  chez  M.  Boski,  152,  rue  de  Paris,  à  Montreuil- 
sous-Bois  où  l'on  peut  la  voir;  elle  fonctionnera  dans  quelques 
jours  et  comme  les  plants  que  M.  Boski  a  plantés  dans  son 
jardin  poussent  vigoureusement,  on  coupera  des  tiges  devant 
les  intéressés,  qui  pourront  facilement  se  convaincre  de  la 
simplicité  de  l'opération  de  la  décortication  par  notre  machine. 

M.  Berlin  vous  prouvera,  Messieurs,  que  la  culture  de  la 


LA   RAMIE.  331 

Ramie  est  des  plus  faciles,  et  je  suis  en  mesure  de  pouvoir 
affirmer  qu'elle  sera  une  culture  des  plus  rémunératrices  ; 
dans  les  régions  où  cette  plante  se  plaît,  par  exemple  en 
Guyane,  dans  les  terrains  irrigables  de  notre  Algérie,  dans 
notre  Provence  même,  le  produit  de  l'hectare  planté  en 
Ramie  sera  plus  considérable  que  le  rapport  moyen  des 
vignobles  (je  ne  parle  pas  bien  entendu  des  grands  crus).  En 
Egypte,  aux  environs  du  Caire,  la  Ramie  pousse  d'une  façon 
merveilleuse,  ainsi  des  plants  envoyés  d'Alger  et  plantés 
le  7  mars  de  cette  année  avaient  le  80  avril  suivant  l'",95  de 
hauteur;  on  peut  compter  d'une  manière  certaine  que  la 
Ramie  donne  par  année  :  au  Caire  et  en  Guyane  six  récoltes, 
cinq  en  Algérie,  trois  en  Provence  et  deux  à  Paris;  nos  culti- 
vateurs algériens  doivent  donc  planter  résolument  s'ils  ne 
veulent  pas  se  laisser  distancer  par  les  Egyptiens.  (Applau- 
dissements.) 

M.  cVArnaud-Bey  :  M.  Renaut,  vous  avez  dit  tout  à  l'heure 
que  l'on  employait  la  Ramie  dans  les  bandages  de  momies... 

Je  ne  sache  pas  que  cette  plante  ait  été  connue  des 
Egyptiens.  La  Ramie  est  d'importation  nouvelle  dans  ce  pays. 

Il  y  avait  le  chanvre  et  le  lin  :  le  chanvre  pour  les  étoffes 
grossières  et  le  lin  pour  les  étoffes  fines. 

M.  Renaut  :  M.  Yétillart  le  dit,  je  m'incline,  je  ne  traite- 
pas  la  question  scientifique.  Je  ne  parle  pas  des  bandages 
faits  maintenant,  je  dis  que  les  momies  égyptiennes,  il  y  a 
des  milliers  d'années,  étaient  entourées  de  bandelettes  de 
Ramie  ;  voilà  ce  que  M.  Yétillart  a  constaté. 

Il  a  voulu  connaître  le  textile  qui  avait  résisté  un  aussi  grand 
nombre  d'années  ;  il  a  fait  la  décomposition  des  fibres,  et  il 
a  reconnu  qu'elles  appartenaient  à  la  Ramie. 

M.  le  Président  :  ie  crois.  Messieurs,  que  toutes  les  discus- 
sions qui  pourraient  avoir  lieu  à  l'occasion  de  la  Ramie  se 
produiraient  plus  utilement  quand  ces  messieurs  auront  fini 
leurs  communications. 

La  parole  est  à  M.  Berlin. 

M.  Berlin  :  Messieurs,  j'ai  été  chargé  par  M.  Renaut,  vers  le 
mois  d'octobre,  de  semer  des  graines  de  Ramie;  à  ce  moment 


332  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

nous  attendions  déjà  des  plants  d'Alger  qui  ne  sont  arrivés 
que  le  28  avril. 

J'avais  reçu  les  graines  dans  le  courant  de  janvier.  Comment 
faire,  je  l'ignorais,  puisque  c'était  nouveau  pour  moi  ?  J'ai 
semé  sur  couche  chaude  le  29  et  j'ai  obtenu  des  levées  le  15 
février  c'est-à-dire  en  seize  jours,  la  chaleur  ayant  été  de  15  à 
25  degrés  ;  nous  avons  été  contents  de  ce  résultat.  Mais  le  soleil 
est  arrivé  et  il  ne  plaît  pas  aux  jeunes  plants,  en  sorte  qu'il 
n'en  resta  pas  un  seul  pied,  et  qu'il  fallut  recommencer  en  les 
mettant  à  l'ombre.  J'ai  continué  ces  semis,  de  toutes  les  fa- 
çons, au  nord,  au  midi,  couverts,  arrosés,  etc.,  et  j'ai,  en  ce 
moment-ci,  dans  mon  jardin  des  plants  de  4  et  5  centimètres 
de  hauteur  que  je  regrette  de  ne  pas  avoir  apportés.  Je  compte 
que  je  pourrai  les  repiquer  et  enfin  voir  et  avoir  de  belles 
plantes;  si  je  réussis,  il  n'y  a  pas  de  raison  pour  que  je  n'en 
fasse  pas  autant  qu'on  en  voudra.  Voilà,  Messieurs,  à  peu  près 
tout  ce  que  je  puis  vous  dire  pour  les  semis. 

Parlons  maintenant  des  plants  arrivés  le  28  avril.  Il  y  avait 
dans  l'envoi  des  plants  enracinés  et  des  semis  ;  les  semis  avaient 
au  moins  une  année,  je  ne  sais  pas  exactement  leur  âge, 
mais  je  vais  vous  montrer  les  tiges  qui  ont  poussé  depuis  la 
plantation  faite  le  3  mai;  le  résultat  de  la  plantation  des  éclats 
est  peut-être  un  peu  moins  bon,  mais  l'expérience  nous  manque 
pour  trancher  définitivement  la  question. 

Ces  plants  avaient  supporté  vingt-sept  jours  de  route. 

Vous  savez  que  toutes  les  Urticées  se  reproduisent  de 
racines;  la  multiplication  en  est  donc  très  facile,  non  seule- 
ment par  éclats  qu'on  détache  des  pieds,  mais  encore  par  les 
boutures  herbacées  qui  développent  de  nouvelles  tiges  aus- 
sitôt l'extrémité  coupée.  Voici  un  pied  divisé  en  quatre,  voyez 
sa  belle  végétation  !  il  a  onze  tiges  et  bien  vigoureuses  ! 

Maintenant  voilà  des  boutures  que  j'ai  faites,  il  y  a  quatre 
jours  ;  je  les  ai  montrées  ce  matin  au  jardinier  en  chef  du  Jar- 
din d'Acclimatation,  il  a  été  enchanté  de  voir  que  ces  petites 
boutures,  faites  depuis  lundi,  avaient  des  talons;  c'est  vous 
dire  qu'il  ne  faut  plus  que  quelques  jours  pour  qu'elles  aient 
des  racines  ;  vous  voyez  combien  cela  est  facile  ! 


LA    RAMIE.  333 

Il  y  avait  une  cloche  dessus,  c'est  à  peine  si  le  bout  des 
feuilles  était  brûlé. 

Quand  j'ai  vidé  les  mannes  qui  nous  ont  été  envoyées  d'Al- 
ger, je  n'ai  rien  perdu,  pas  un  seul  petit  morceau;  j'ai  fait 
un  petit  fossé  dans  lequel  j'ai  étalé  tout  cela  en  bloc,  allez  ! 
Je  me  suis  dit:  il  ne  faut  pas  perdre  de  temps,  nous  verrons 
ce  que  ça  fera.  Eh  bien,  partout,  des  racines  tracèrent,  en 
travers,  en  long,  de  tous  les  côtés  ;  il  y  a  très  peu  de  liges 
qui  ne  prennent  pas,  ceux  qui  n'avaient  pas  encore  d'yeux  s'en 
préparent  ;  vous  voyez  combien  la  Ramie  est  facile  à  repro- 
duire, et  j'en  ai  planté  comme  ça  mille  pieds.  Voilà  les  ré- 
sultats; on  peut  dire  que  ces  racines  peuvent  faire  le  tour 
du  monde,  tellement  elles  sont  rustiques  puisqu'elles  avaient 
vingt-sept  jours  de  voyage  quand  nous  les  avons  plantées,  et 
plus  de  mille  d'entre  elles  n'ont  été  plantées  que  dix  jours 
après;  tout  a  réussi! 

J'ai  semé  trois  ou  quatre  fois  sur  couche  chaude  ;  deux  fois 
successivement  le  soleil  m'a  brûlé  mes  semis.  J'avais  cependant 
mis  du  blanc  sur  mes  carreaux,  mais  ce  n'était  pas  suffisant, 
puisqu'ils  étaient  brûlés,  il  fallait  décidément  les  mettre  à  l'a- 
bri du  soleil.  J'ai  resemé  et  j'ai  mis  sur  mes  couches  des 
toiles  que  j'ai  entretenues  humides. 

Il  faut  vous  dire  que  j'ai  beaucoup  de  notes;  j'en  ai  recueilli 
de  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  la  culture  de  la  Ramie,  et  cela 
m'a  beaucoup  servi;  quand  on  m'indiquait  quelque  chose  je  le 
faisais  tout  de  suite. 

J'avais  commencé  mes  semis  le29  janvier,  j'ai  continué,  et 
maintenant  ils  sont  magnifiques,  c'est  un  gazon  ;  ils  ont  levé 
au  nord  et  n'ont  pas  vu  le  soleil.  Je  n'ai  pas  voulu  y  apporter 
beaucoup  de  soins,  convaincu  que  si  je  réussissais,  tout  le 
monde  pourrait  en  faire  autant  que  moi. 

Un  Membre  :  Quelle  est  l'époque  convenable  ? 

M.  Berlin:  Maintenant  (juin),  je  le  crois,  c'est  la  meilleure 
époque.  Il  faut  de  la  chaleur  pour  ces  semis  ;  si  vous  semez  en 
hiver  sur  couche  chaude,  vous  obtiendrez  facilement  une  belle 
levée,  parce  que  vous  savez  que  la  chaleur  des  couches  entre- 
tient toujours  un  peu  d'humidité  ;  c'est  ce  que  la  plante  de- 
mai;de. 


334  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATÂTION. 

Je  viens  de  semer  dans  des  pots  que  j'ai  mis  dans  l'eau  ;  je 
ne  connais  pas  encore  le  résultai,  mais  je  compte  qu'il  sera 
bon.  La  moitié  de  mes  plants  ont  été  semés  les  premiers  jours 
de  mai,  il  y  a  vingt-cinq  jours,  et  les  cotylédons  sont  parfaite- 
ment développés. 

La  reproduction  peut  encore  se  faire  en  couchant  les  tiges; 
elles  prennent  facilement  des  racines  en  dix  ou  quinze  jours, 
selon  la  chaleur.  Mais  avant  les  tiges  on  a  les  racines  et  toutes 
peuvent  se  diviser,  puisque  vous  voyez  là  un  pied  coupé  en 
quatre  ;  il  y  a  dix  ou  douze  yeux  développés  et  il  en  a  d'autres 
qui  sont  latents. 

Un  Membre  :  Je  demande  la  permission  déposer  une  ques- 
tion à  M.  Bertin.  Jusqu'à  présent  on  croyait  que  la  levée  de 
la  graine  de  la  Ramie  était  très  difficile;  je  lui  demanderai 
d'où  vient  celle  qu'il  a  semée  avec  tant  de  succès  cette  année 
et  où  elle  a  été  récollée  ? 

M.  Bertin  :  Elle  vient  d'Alger  et  d'Avignon,  nous  l'avons 
examinée  au  compte-fils  et  nous  avons  trouvé  que  la  graine 
d'Avignon  était  la  plus  belle;  j'ai  fait  des  semis  exprès  côte  à 
côte  :  ayant  donné  les  mêmes  soins,  je  n'ai  cependant  pas 
remarqué  de  différence. 

Un  Membre  :  Une  seconde  question.  Dans  quelle  sorte  de 
terrain  ? 

M.  Berlin  :  Dans  un  terrain  léger. 

Un  Membre  :  Très  léger,  dans  du  terreau  ? 

M.  Berlin:  Non,  non,  il  ne  faut  pas  semer  dans  un  terrain 
trop  léger  ;  il  faut  battre  serré  le  terrain,  mais  recouvrir  les 
graines  avec  du  terreau  léger,  et  surtout  ne  pas  avoir  peur  d'en 
mettre  un  demi-centimètre;  ce  sont  les  graines  ainsi  recou- 
vertes qui  lèvent  le  mieux.  On  m'avait  dit  :  après  avoir  semé, 
remuez  un  peu  la  surface  de  la  terre  ;  ce  n'est  pas  mon  avis. 
La  graine  est  si  petite,  que  dans  un  dé  il  y  en  a  assez  pour 
semer  un  espace  comme  toute  cette  salle  ;  alors  il  n'y  a  donc 
pas  de  crainte  d'en  mettre  un  peu  plus,  et  il  y  a  plus  de 
chance  delà  recouvrir  d'un  demi-centimètre  que  de  la  mettre 
trop  à  la  surface  de  la  terre,  parce  qu'il  y  a  toujours  plus 
d'ennemis  à  la  surface  que  dans  le  sol. 


LA   RAMIE.  335 

Maintenant  pour  arroser  il  m'avait  été  recommandé  de  le 
faire  avec  une  pompe  pulvérisatrice  parce  qu'il  faut  peu  d'eau; 
eh  bien!  moi,  j'arrose  en  plein!  j'élève  l'arrosoir  pour  que 
l'eau  se  divise  et  ça  me  réussit  bien  !  Pour  pouvoir  faire 
arroser  par  un  ouvrier,  j'ai  fait  construire  un  grand  arrosoir 
exprès,  garni  d'une  petite  pomme  bien  ronde,  l'eau  est  écartée 
et  l'ait  pluie,  Yoikà  le  moyen  que  j'ai  employé,  que  j'ai  enseigné 
et  qui  me  donne  un  bon  résultat.  Malgré  les  précautions  il 
tombe  toujours  à  la  fin  de  l'arrosoir  un  peu  d'eau  en  grosses 
gouttes;  eh  bien!  les  semis  de  Ramie  ont  résisté;  ceux  qui 
étaient  déracinés,  je  les  enfonçais  avec  le  doigt  et  ils  repre- 
naient on  ne  peut  mieux.  Je  crois  donc  que  les  semis  sont  bons, 
et  j'admets  qu'ils  sont  préférables  aux  autres  moyens  de  mul- 
tiplication.   Applaudissements.) 

M.  le  Président  :  La  parole  est  h  M.  Boski. 

M.  Boski:  En  ce  qui  concerne  l'industrie,  l'affaire  est  cer- 
taine. Voilà  de  la  Ramie  cultivée  à  Avignon  et  décortiquée  par 
la  machine  Labéric. 

Celle-ci  est  seulement  décortiquée,  cette  autre  est  dégom- 
mée. Je  ne  peux  donner  de  détails  sur  cette  opération  qui 
est  toute  spéciale.  Il  y  a  des  filateurs  qui  ont  essayé  de  faire 
la  filature  de  ce  textile  ;  des  essais  ont  été  entrepris  avec  l'ou- 
lillage  du  lin,  de  la  laine  et  de  la  soie  :  ces  outillages  ne  con- 
viennent pas,  il  a  fallu  en  créer  un  spécial.  C'est  ce  que  j'ai  fait 
à  Montreuil-sous-Bois  où  j'ai  monté  une  filature  de  Ramie  et 
où  je  fais  du  iil  qui  peut  lutter  avec  le  fil  anglais  comme 
aspect,  mais  cela  ne  suffit  pas;  ce  qu'il  faut,  c'est  produire  au 
meilleur  marché  possible,  car  les  prix  anglais  sont  trop  élevés 
pour  que  ce  fil  puisse  entrer  dans  la  consommation.  J'ai  donc 
porté  mes  efforts  vers  ce  but,  et  dès  à  présent  je  peux  pro- 
duire à  environ  50  pour  100  au-dessous  de  leurs  prix. 

Avec  mes  fils  j'ai  fait  ces  fichus,  qui  ressemblent  à  de  la 
soie.  La  grosse  difficulté  était  dans  la  transformation  de  la 
matière,  c'est-à-dire  que  la  matière  étant  prise  chez  le  culti- 
vateur et  étant  décortiquée  (cela  étant  donné  par  la  machine 
Labérie:  vous  avez  vu  ce  qu'elle  produisait),  il  faut  la  dégom- 
mer, j'y  suis  arrivé  complètement  ;  d'autres  pourront  le  faire; 


336  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

c'est  une  question  de  travail,  et  il  ne  faudrait  pas  s'en  effrayer, 
parce  qu'il  y  a  des  difficultés  à  vaincre;  j'en  ai  eu,  d'autres- 
en  auront,  mais  on  y  arrivera. 

il/.  Geoffroy  Saint-Hilaire  :  Est-ce  que,  dans  le  passé,  diffé-. 
rents  fabricants  n'ont  pas  tenté  de  faire  des  tissus?  J'ai  vu  de- 
la  passementerie  et  diverses  autres  choses;  qu'est-ce  qui 
manquait  à  ces  produits  ? 

M.  Boski:  Les  produits  que  vous  avez  vus  étaient  fabriqués- 
avec  des  fils  anglais  ;  Roubaix,  Lyon,  Rouen,  ont  tour  à  tour 
fait  des  essais  qui  sont  restés  infructeux,  en  raison  du  prix 

du  fil. 

Le  4-0  anglais  coûte  3  schellings  6  la  livre.  Ce  qui  fait,  droits, 
transports,  etc.,  10  fr.  60  en  France. 

Ce  même  40,  je  peux  le  vendre  8  fr.,  comme  vous  le  voyez: 
la  différence  est  sensible,  et  je  pourrai  encore  diminuer  ce 
prix. 

Le  fil  deRamie  a  sa  place  toute  indiquée  dans  la  fabrication 
des  tissus  d'ameublement,  par  ses  qualités  de  souplesse  et 
de  brillant,  et  aussi  par  son  extrême  solidité. 

Pour  m'en  rendre  compte,  j'ai  fabriqué  l'étoffe  d'ameuble- 
ments que  vous  voyez  là,  vous  pouvez  juger  par  vous-mêmes- 
que  je  ne  m'avançais  pas  trop  en  vous  vantant  les  qualités  de 
la  Ramie. 

On  parle  de  tissu  d'ameublements  faits  avec  le  jute  et  quel- 
ques-uns prétendent  que  l'on  peut  obtenir  les  mêmes  résul- 
tats avec  ce  textile.  Cela,  jele  nie,  et  si  nous  prenons  l'étoffe  qui 
nous  occupe  comme  type,  il  m'est  facile  de  démontrer  que  la 
chose  est  impossible.  Ce  tissu  est  fait  avec  du  40  millimètres- 
et  50  millimètres;  or  les  numéros  les  plus  fins  obtenus  avec  le 
jute  ne  dépassent  pas  15  millimètres.  Autre  chose,  les  tentures- 
de  jute  ne  peuvent  résister  à  l'humidité,  le  soleil  les  dé- 
truit, sans  compter  la  mauvaise  odeur  que  dégage  cette  ma- 
tière à  chaque  changement  de  température.  Je  ne  crois  pas 
que  l'on  puisse  adresser  aucun  de  ces  reproches  b.  la  Ramie. 

A  mon  avis,  il  y  a  pour  les  fabricants  de  tissus  d'ameuble- 
ments un  genre  nouveau  à  créer  qui  prendra  place  immédia- 
tement après  la  soie. 


LA   RAMIE.  337 

D'autres  genres  de  tissu  ont  été  faits  :  linge  de  table,  coutils 
pour  costumes,  etc.  Je  prétends  que  les  meilleurs  lins,  à 
diamètre  égal  du  fil,  ne  peuvent  lutter  de  solidité  avec  cette 
matière.  J'ai  lu  des  rapports  qui  ont  été  laits  par  une  chambre 
syndicale,  ou  par  un  correspondant  d'une  chambre  syndicale 
du  Nord.  Ce  rapport  plaçait  comme  solidité  laRamie  après  le 
Chanvre  ;  c'est  une  erreur  formelle.  Je  n'ai  pas  l'honneur  de 
connaître  la  personne  qui  a  avancé  ce  fait,  mais  je  la  mets 
au  défi  de  me  démontrer  qu'à  diamètre  et  à  nombre  de  tours 
égaux,  au  pouce  (c'est  l'expression  du  Nord)  le  fil  de  Ramie 
n'est  pas  30  pour  100  plus  fort  que  le  Chanvre.  Quant  à  la 
beauté  il  ne  peut  exister  aucune  comparaison.  Le  lin,  en  ce 
moment,  est  dans  une  mauvaise  situation;  les  filatures  ne 
donnent  pas  de  bénéfices  ^rémunérateurs,  les  filateurs  se 
plaignent  beaucoup,  et  si  on  établissait  une  comparaison  entre 
les  deux  textiles  Ramie  et  Lin  on  trouverait  un  écart  mais  dans 
les  basses  qualités  etdans  les  gros  numéros  seulement.  Prenons 
un  exemple:  notre  fil  de  Ramie  40  millimètres  correspond  au 
70  lin,  or  ce  numéro  en  lin  de  Courtrai,  vaut  aujourd'hui  en 
belle  filature  vers  0  fr.  le  kilogramme,  tandis  que  je  vends 
Sfr.ot  mon  fil  est  blanc.  Or  le  prix  de  9  francs  que  j'indique  est 
pour  du  111  écru  qui  devra  perdre  au  blanchiment  de  18  à 
:20pour  100  sans  compter  la  façon,  et  puis  pourrait-on  faire 
avec  le  lin  les  tissus  qui  se  feront  avec  laRamie?  Non. 

Si  vous  avez  quelque  chose  de  particulier  à  me  demander,  je 
vous  répondrai  avec  plaisir. 

M.  Michon  :  L'intérêt  avec  lequel  vous  avez  entendu  la 
communication  de  M.  Roski,  vous  fera  excuser  les  qnchpir.-. 
questions  très  précises  que  je  vais  lui  poser,  d'autant  plu> 
qu'elles  auront  pour  but  de  faire  ressortir  le  grand  service 
qu'il  a  rendu  en  montant  l'usine  à  la  tète  de  laquelle  il  est.  Si 
j'ai  bien  compris  ce  que  nous  a  dit  M.  Roski  tout  à  l'Iieure,  la 
Ramie  passe  chez  lui  par  toutes  les  transformations,  pour 
arriver  depuis  l'étal  où  la  donne  la  machine  jusqu'à  ces  étoiles 
que  nous  voyons? 

M.  Boslii:  l'arfaileuient  ;  mais  ces  étotïes  je  ne  les  ai  faites 
que  coumie  démonsliation. 

3"  sF.uiE,  T.  X.  —  .filin  1883  .  -•' 


338  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'AGCLIMATATION. 

M.  Michon:  Je  crois  que,  sans  manquer  à  la  discrétion 
qu'on  doit  à  un  inventeur,  je  puis  lui  demander,  dans  ses  dif- 
férentes opérations,  quelles  sont  celles  qu'il  obtient  par  des 
procédés  particuliers,  et  quelles  sont  celles  qui  sont  du  do- 
maine commun.  Ainsi  voici  la  Ramie  qui  contient  encore  une 
certaine  quantité  de  gomme.  M.  Boski  nous  a  présenté  un 
écheveau  dégommé;  voilà  une  première  opération;  est-ce 
une  opération  particulière  à  l'industrie  qu'il  a  montée  ou 
est-ce  un  dégommage  dans  le  domaine  commun  que  les  agri- 
culteurs pourraient  effectuer? 

M.  Boski  :  Non,  ceci  est  du  domaine  de  la  chose  qui  m'ap- 
partient. J'ai  trouvé  le  dégommage  delà  matière. La  machine 
Labérie  décortique,  mais  ne  dégomme  pas.  Lorsqu'on  a  la 
matière  décortiquée,  il  reste  encore  30  à  35  pour  1 00  de  gomme, 
que  je  retire  à  l'état  solide,  et  dont  je  pourrai,  si  cela  pouvait 
faire  plaisir  au  bureau,  envoyer  des  échantillons.  Cela  me 
serait  même  très  agréable. 

Un  Membre  :  El  jusqu'à  présent  l'a-t-on  utilisée  ? 

M.  Boski:  Non,  mais  je  la  crois  utilisable;  il  est  incontes- 
table que,  dans  cette  gomme,  il  y  a  des  principes  utiles;  ne 
serait-elle  utile  qu'à  l'agriculture  comme  engrais,  elle  ren- 
terme  une  quantité  notable  de  matières  organiques  ;  du  reste 
il  vous  sera  facile  d'en  faire  l'analyse. 

M.  Michon  :  Puisque  M.  Boski  veut  bien  répondre  aux  ques- 
tions que  je  précise,  je  vais  continuer  mes  interrogations  très 
sympathiques  du  reste.  Voici  l'écheveau  dégommé  par  un  pro- 
cédé dû  aux  recherches  de  M.  Boski.  Le  filage  ne  s'obtient, 
n'est-ce  pas  (je  crois  l'avoir  entendu  dans  la  communication 
qui  a  été  faite),  que  par  un  certain  outillage  particulier  égale- 
ment à  l'usine  de  M.  Boski  ? 

M. /ioi/ii;  Oui,  Monsieur. 

M.  Michon  :  Et  une  fois  le  fil  obtenu,  le  tissage  peut  se 
faire  facilement  ? 

M.  Boski:  Tous  les  métiers  à  tisser  peuvent  tisser  ce  fil. 

M.  Michon:  M.  Boski  a  bien  voulu  nous  donner  quelques 
détails  sur  le  marché  anglais  où  on  emploie  des  quantités  très 
considérables  de  Ramie  qui  arrive  des  Indes.  Je  lui  deman- 


LA    RAMIE. 

deraisi  la  Raniie,  telle  qu'elle  sort  de  la  machine,  serait  mar- 
chande sur  le  marché  anglais  ? 

M.  Boski  :  Non,  mais  moi  je  m'en  servirai;  je  n'ai  pas  em- 
prunté mes  moyens  aux  Anglais,  et  je  ne  crois  pas  que  devant 
une  industrie  qui  doit  devenir  nationale  on  ait  à  se  préoc- 
cuper de  l'étranger. 

M.  Michon:  Je  suis  d'autant  plus  heureux  déposer  cette 
question  qu'elle  a  une  grande  importance.Je  demanderai  alors 
à  M.  Boski  s'il  a  essayé  de  traiter  des  tiges  de  Ramie  décorti- 
quées à  sec,  et  quelle  machine  il  a  employée  pour  décortiquer 
à  sec;  je  lui  demanderai  si  l'écheveau  produit  par  la  machine 
qui  décortique  à  sec  a  besoin  de  cette  opération  intermédiaire 
avant  le  dégommage,  ou  si  cette  opération  est  rendue  néces- 
saire par  la  machine  Labérie  qui  décortique  en  vert. 

M.  Boski  :  Je  n'ai  jamais  utilisé  de  Ramie  décortiquée  à  sec  ; 
celle  que  j'ai  vue  était  décortiquée  par  la  machine  Roland  et 
possédait  aussi  cette  peau  brune. 

M.  Michon  :  Je  remercie  M.  Boski  des  renseignements  qu'd 
a  bien  voulu  donner,  et  je  crois  qu'en  le  remerciant  en  mou 
nom,  je  suis  l'interprète  de  toute  la  société. 

M.  Président  :  A-t-on  quelques  observations  à  faire  au 
sujet  de  cette  communication? 

Un  Membre :]q  demanderai  quelques  renseignements  au 
point  de  vue  du  cultivateur  de  la  Ramie.  Il  ;me  semble  que 
M.  Boski  disait  qu'il  employait  la  Ramie  venant  de  Chine. 

M.  Boski  :  Je  n'en  ai  pas  d'autre. 

M.  le  Président:  Le  but  de  la  Société  serait  de  multiplier 
la  Ramie  en  France. 

Un  Membre  :  Je  désirerais  savoir  quels  sont  les  climats  et 
les  terrains  les  plus  convenables? 

M.  Boski  :  Le  midi  de  la  France  ;  il  laut  de  la  chaleur. 

Un  Membre:  Faut-il  beaucoup  de  chaleur  ?  faut-il  de  l'eau? 

M.  Boski:  Oui,  il  faut  de  l'eau,  de  l'arrosage.  Nous  avons 
pris  ces  trois  points  qui  forment  le  triangle  :  Alger,  Avignon, 
la  Gironde;  la  pointe  de  ce  triangle  est  Alger.  EnVaucluse  on  a 
obtenu  des  résultats  meilleurs  que  dans  la  Gironde,  mais  les 
résultats  obtenus  en  Gironde  sont  très  satisfaisants. 


340  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

Un  Membre  :  En  Gironde,  les  terrains  sont  très  légers. 
M.  Geoffrou  Saini-Hilaire  :  Il  serait  bien  plus  simple,  à 
toutes  ces  questions,  de  répondre  ceci  :  l'ortie  de  Chine  pros- 
père jusque  sous  le  climat  de  Paris,  de  l'Aisne;  seulement 
vousaurez,  dans  l'Aisne,  une  coupe,  peut-être  deux,  et  M.  Adès, 
dans  les  terrains  cultivés  en  Egypte  (on  vous  montrait  tout  à 
l'heure  un  échantillon  de  ses  tiges)  fera  7  coupes  pendant  que 
nous  en  ferons  une.  Vous  pouvez  faire  de  la  Ramie  à  Paris, 
seulement  elle  ne  sera  pas  lucrative. 

Un  Membre  :  Dans  quelles  conditions  le  cultivateur  pourrait- 
il  livrer  sa  Ramie? 

M.  Renaut  :  Quand  elle  est  arrivée  à  un  certain  degré  de 
pousse. Voilà  encore  une  expérience  que  nous  avons  faite  cette 
année  ;  vous  avez  à  prendre  la  Ramie  au  Caire  où,  dans  sept 
semaines,  elle  acquiert  une  pousse  de  1"", 95  de  hauteur.  Il  est 
certain  que,  dans  ces  pays-là  on  doit  couper  la  Ramie  à  une 
hauteur  un  peu  plus  grande  que  chez  nous,  qu'ici  par 
exemple. 

Le  Membre:  Ce  n'est  pas  ce  que  je  voulais  dire.  Comment 
le  cultivateur  doit-il  préparer  la  Ramie? 

M.  Renaut:  Il  la  décortiquera  lui-même  ou  il  l'enverra  en 
tiees  à  la  Société. 

Le  Membre:  S'il  faut  avoir  une  machine  spéciale,  les  cul- 
tivateurs ne s'amuseiont  pas  à  cela. 

M.  Renaut  :  Eh  bien,  la  Société  aura,  dans  les  centres  de 
production  sérieuse,  dans  le  Midi,  des  dépôts  de  ma- 
chines, elle  aura  ses  moteurs  et  elle  dira  aux  cultivateurs  : 
apportez-moi  vos  tiges;  on  déterminera  le  prix  d'achat,  on 
saura  qu'une  lige  qui  a  tant  de  hauteur  contient  tant  de 
niasse  ;  on  l'achètera  tant  les  100  kilos. 
Le  Membre:  Le  cultivateur  peut  la  vendre  brute? 
M.  Renaut  :  Parfaitement.  Maintenant  le  cultivateur  qui  a 
une  grande  exploitation,  et  à  qui  il  ne  conviendra  pas  de 
donner  à  la  Société  le  bénéhce  de  la  décorticalion,  achètera 
sa  machine. 

i/îî  il/em/'H';  Cela  vient-il  dans  les  régions  où  il  y  a  delà 

sécheresse  ? 


LA    RAMIE.  341 

M.  Renaut  :  C'est  suivant  les  terrains.  Dans  les  pays  où  il  y 
a  trois  mois  sans  eau,  par  exemple,  ce  qui  arrive  même  dans 
le  midi  à  Nice,  trois  mois  sans  une  goutte  d'eau,  évidemment 
la  terre  se  crevasse,  elle  est  dans  de  mauvaises  conditions 
pour  la  Ramie,  mais,  par  exemple,  dans  la  région  parisienne 
il  n'y  a  pas  besoin  d'eau. 

M.Michon  :  Je  demande  pardon  à  la  Société  d'user  si  sou- 
vent de  la  parole,  mais  la  question  qui  s'agite  est  tellement 
importante  que  les  réponses  faites  tout  à  l'heure  par  M,  Boski 
et  les  éclaircisssements  donnés  par  M.  Renaut  exigent  que  la 
question  soit  bien  précisée. 

A  l'heurequ'ilest,  on  ne  peut,  nous  dit-on,  obtenir  la  décor- 
lication  de  la  Ramie  qu'en  vert.  Il  y  a  Là  non  pas  une  difficulté 
absolue,  mais  il  y  aune  difficulté  qui  était  parfaitement  soule- 
vée tout  à  l'heure  par  notre  honorable  collègue,  c'est  que, 
quand  on  n'a  pas  la  machine  chez  soi,  et  qu'on  est  à  une  cer- 
taine distance  des  usines,  il  y  a  une  grande  difficulté  à  tirer 
parti  de  sa  récolte,  d'abord  parce  qu'il  y  a  la  masse  à  transpor- 
ter, ce  qui  fait  perdre  une  grande  partie  des  bénéfices,  ensuite 
parce  que  (ici  je  vais  me  permettre  de  poser  une  question  à 
M.  Renaut)  parce  que  le  décorticage  en  vert  n'est  possible  que 
pendant  un  temps  plus  ou   moins  court  après   la   coupe, 
temps  qu'il  faudrait  préciser,  si  les  expériences  déjà  faites 
permettent  à  M.  Renaut  de  nous  le  dire?  Ainsi  avec  le  décor- 
tiquage  en  vert,  il  faut  absolument  que  l'agriculteur  qui  fait 
delà  Ramie  d'une  façon  productrice  ait  une  machine  chez  lui; 
j'ajouterai,  d'après  les  renseignements  que  M.  Renaut  m'a 
déjà  tant  de  fois  donnés  fort  obligeamment,  que,  pour  peu 
qu'on  ait  ^  ou  5  hectares  de  Ramie,  on  a  de  quoi  employer  à 
plein  travail  une  machine.  Mais  je  reviens  à  la  question  que 
je  posais  tout  à  l'heure  :  pendant  combien  de  temps  ou  de 
jours  (car  certains  auteurs  ont  presque  parlé  d'heures),  pen- 
dant combien  de  jours  la  Ramie  coupée  est-elle  susceptible 
d'être  décortiquée  par  la  machine  Labérie? 

M.  Renaul,  .-Je  peux  vous  répondre  d'une  manière  très  pré- 
cise. Le  11  août,  l'année  dernière,  nous  sommes  allés  faire  un 
essai  de  décortication  chez  M.  de  Latour,  dans  la  Gironde, 


342  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

près  de  la  Réole  où  nous  avions  été  convoqués.  M.  de  Lalour 
ne  voulait  pas  couper  toutes  ses  tiges  parce  qu'il  voulait  faire 
des  boutures;  il  en  a  coupé  une  certaine  quantité  seule- 
ment; la  machine  a  marché  depuis  le  lever  du  soleil  jusqu'au 
soir;  il  lui  fallait  à  manger,  et  alors  nous  avions  fait  venir 
d'Algerdes  caisses  contenant  des  tiges  de  Ramiedéteuillées,des 
baguettes;  ces  baguettes  sont  arrivées  un  peu  pressées  d'Alger^ 
ayant  8  ou  9  jours,  enfermées  en  caisses  dans  de  très  mau- 
vaises conditions  parce  que  c'était  en  vert.  Par  conséquent  il 
Y  avait  fermentation,  et,  effectivement,  quand  elles  sont  arri- 
vées,  on  a  eu  soin  d'ouvrir  les  caisses  (c'étaient  des  caisses  à 
savon),  on  a  vidé  les  tiges  sur  le  pré  et  on  les  a  laissées  passer 
la  nuit  près  d'une  mare.  Eh  bien  ces  tiges  étaient  en  parfait 
état  et  pouvaient  être  décortiquées  en  vert.  Donc  on  peut  ad- 
mettre une  période  de  dix  ou  quinze  jours  si  vous  voulez, 
pour  être  précis,  pour  être  sûr.  Dans  cet  intervalle,  on  a  de^ 
quoi  envoyer  n'importe  quoi  en  France. 

Un  Membre  :  Et  on  a  le  temps  de  fournir  sa  machine  si  des- 
circonstances atmosphériques  interrompent  la  récolte. 
M.  Renaut  :  Vous  voyez  que  cette  expérience  est  concluante. 
M.  Couly  :  Pour  compléter  les  explications  de  M.  Renaut,. 
je  vous  demande  la  permission  de  dire  encore  quelque  chose 
à  ce  sujet.  La  machine  Labérie  décortique  à  l'état  vert  c'est 
certain,  mais  ce  n'est  pas  sa  spécialité.   Elle  peut  décor- 
tiquer à  l'état  sec  tout  aussi  bien  qu'à  l'état  vert  ;  entendons- 
nous  bien,  c'est  un  point  qu'il  faut  bien  fixer.    Nous  disons 
que  nous  décortiquons  à  l'état  vert,   pour   les  besoins    de 
la  machine  Labérie,  pour  les  besoins  delà  bonne  matière,, 
c'est  parce  que  la  Ramie,  pour  être  présentée  à  l'mdustrie- 
dans  de  bonnes  conditions,  a  besoin  d'être  décortiquée  à 
l'état    vert  ;    voilà   la  question  ;  mais  si  un  cultivateur   se 
trouve    dans    une  situation  telle,   qu'après  tout,    par   force 
majeure,  il  ne  puisse  faire  décortiquer  la  Ramie  à  l'état  vert, 
eh  bien,  la  machine  Labérie  et  Berthet  la  lui  décortique  par- 
faitement à  l'état  sec  ;  les  deux  problèmes  sont  donc  résolus. 
Un  Membre  illd.h  si  la  Ramie  ne  vaut  plus  rien  après  ! 
M.  Cow^y  ;  Gela  regarde  le  cultivateur;  moi,  je  parle  au 


L\    RAMIE.  343 

point  de  vue  de  la  machine  Labérie  et  Bcrthet.  Mais  la  Ramie 
ne  devient  pas  mauvaise. 

II  y  a  encore  un  point  que  je  demande  la  permission  de 
traitei-.  Ceci  m'ouvre  un  nouvel  horizon  :  lorsque  la  filasse 
est  décortiquée  à  l'état  sec,  elle  reste  encore  dans  un  état  de 
parallélisme  suffisant;  alors  le  pcignage  peut  se  faire.  C'est 
au  cultivateur  à  prendre  ses  mesures  pour  décortiquer  cette 
Ramie  à  l'état  vert,  parce  que  çà  lui  donne  des  résultats  meil- 
leurs, parce  que  très  probablement  il  la  vendra  dans  de  meil- 
leures conditions,  c'est  son  métier. 

M.  Michon  :  Les  dernières  observations  que  vient  de  nous 
faire  notre  honorable  collègue  appellent  lattention  sur  une 
autre  utilisation  de  la  Ramie,  qui,  du  reste,  a  déjà  été  indi- 
quée ;  si  pour  des  raisons  que  nous  ne  pouvons  pas  ou  que 
nous  ne  voulons  pas  prévoir,  nous  ne  trouvions  pas  une  usine 
qui  emploie  le  produit  de  la  Ramie,  cette  plante  peut  encore 
servir  pour  fabriquer  des  cordages,  des  fils.  La  Ramie  décor- 
tiquée et  n'ayant  pas  passé  par  les  procédés  de  dégommage  et 
de  filage  que  nous  n'avons  pas  sous  la  main,  peut  présenter 
encore  une  étoupe  qui  servirait  à  faire  de  bons  cordages.  De 
celte  façon  la  Ramie  peut  donner  une  récolte  très  rémunéra- 
trice pour  le  cultivateur. 

M.  /?o,s7i/;  Parfaitement, 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  :  Messieurs,  voulez-vous  me 
permettre,  maintenant  que  les  questions  pratiques  ont  été 
agitées, de  poser  à  ces  Messieurs  une  question?  Voilà  la  culture 
de  l'Ortie  de  Chine  assurée  en  Egypte,  en  France,  dans  une 
zone,  comme  vous  le  voyez,  extrêmement  étendue.  Voilà  cette 
Ramie  décortiquée,  en  vert  de  préférence,  à  la  rigueur  en  sec, 
et  voilà  un  filateur  qui  peut  employer  celte  filasse.  Mais  à  qui 
moi,  cultivateur,  vais-je  vendre  cette  filasse?  Suis-je  obligé, 
(je  vous  demande  pardon  de  vous  accuser  de  monopoliser) 
dans  ce  cas,  suis-je  obligé  de  passer  sous  les  fourches  caudines 
de  la  Société  de  la  Ramie  ou  de  M.  Boski,  le  filateur,  que  per- 
sonne du  reste  n'estime  plus  que  moi  ? 

M .  ]ioski  :  Vous  êtes  cultivateur,  vous  êtes  libre  de  vous 
arranger. 


3-44  SOCIÉTÉ    iNAïlONALE    d' ACCLIMATATION. 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  :  Si  cela  est,  la  Société  delà 
Ramie  ou  M.  Boski  sont-ils  en  mesure  de  passer  avec  moi  un 
forfait,  forfait  qui  m'obligera  à  fournir  une  quantité  de 
illasse  donnée  ;  mais  trouverai-je  quelque  part  la  contre-partie 
de  l'engagement  que  je  prendrai?  Voilà  la  question  que  je 
vous  pose,  elle  est  capitale.  Je  connais  nombre  de  gens  qui 
ne  demandent  pas  mieux  que  de  faire  de  la  Ramie,  qui  ont 
des  terrains  tout  préparéspour  cette  culture,  mais  qui  disent: 
qui  m'achètei'ama  Ramie?  Si  je  n'ai  pas  un  contrat  par  avance, 
comme  il  n'y  a  pas  de  concurrence  pour  l'achat  de  mon  pro- 
duit, on  va  m'imposer  des  prix  dérisoires,  et,  par  conséquent 
je  ne  plante  pas;  j'emploie  ma  terre  à  autre  chose.  Qu'avez- 
vous  à  répondre  à  celte  objection-là? 

M .  Boski  :  C'est  très  juste,  j'y  répondrai  par  la  contre- 
partie de  ce  que  vous  dites.  Il  y  a  des  filateurs  qui  ont  été  dis- 
posés, à  une  certaine  époque,  à  faire  tous  les  frais,  à  chercher 
et  à  dépenser  beaucoup  pour  créer  ces  filatures,  mais  qui 
n'ont  pas  osé  s'aventurer,  parce  qu'on  leur  a  dit  :  Vous  ne  trou- 
verez pas  de  matières  premières  pour  alimenter  vos  machines. 

M.  le  Président  :  C'est  un  cercle  vicieux. 

M.  Boski:  A  l'heure  qu'il  est,  si  vous  aviez  un  million  de 
broches  pour  la  Ramie,  vous  n'auriez  pas  de  cultivateurs  pour 
vous  fournir  la  quantité  de  kilogrammes  de  matière  pour  ali- 
menter et  pour  faire  tourner  ces  broches.  Or,  il  faut  pour  que 
les  choses  soient  à  l'état  pratique  que  les  deux  marchent  de 
pair.  Moi,  je  suis  prêt,  à  l'heure  qu'il  est,  à  absorber  une 
quantité  de  Ramie  que  je  ne  trouverai  pas  en  France,  que  je 
ne  trouverai  pas  en  Algérie,  en  Egypte,  que  je  ne  trouverai 
qu'en  Chine  ;  je  peux  me  suffire  là.  Mais  si  j'augmentais  ma 
tabrication  (je  peux  aller  jusqu'à  30,  40  000  broches,  et  je 
trouverai  de  quoi  me  suffire)  ;  mais  si  je  voulais  monter  un 
établissement  de  l'importance  de  100000  broches,  eh  bien, 
ces  100000  broches  ne  pourraient  pas  tourner.  Il  faut  donc 
que  les  cultivateurs  commencent  par  faire  de  la  culture,  parce 
qu'on  aura  plus  vite  fait  de  monter  des  broches  que  vous 
n'aurez  vite  fait  de  donner  des  produits.  Maintenant,  il  faut 
que  le  cultivateur,  comme  vous  le  dites,  s'assure  de  l'écoulé- 


LA   UAMIE.  345 

mejit  de  son  produit,  mais  il  faut  que  l'industriel  soit,  lui 
aussi,  certain  d'alimenter  ses  machines. 

M.  Geoffroy  Sainl-Hilaire  :  Nous  sommes  parfaitement 
d'accord,  et  je  voulais  vous  faire  dire  cela;  l'industriel  est  plus 
courageux,  et  il  avance  un  chiffre  bien  supérieur  à  celui  du 
propriétaire  foncier,  du  cultivateur.  Eh  bien,  je  connais 
quelqu'un  qui  se  préoccupe  de  la  Ramie,  qui  veut  en  faire, 
en  assez  grande  quantité,  dans  un  pays  extrêmement  favo- 
rable :  il  y  a  une  certaine  mise  de  fonds  à  faire,  des  terrains 
à  désoccuper,  des  terrams  à  préparer,  il  demande  :  Quand 
j'aurai  dix  hectares  de  Ramie  trouverai-je  à  la  placer?  Vous 
me  répondez  :  Oui. 

Or,  je  pose  de  nouveau  ma  question  :  la  Société  de  la  Ramie 
ou  M.  Boski  sont-ils,  dès  aujourd'hui,  en  position  de  passer 
un  contrat  ferme  avec  un  producteur? 

M.  Boski  :  Oui,  J'ai  des  broches,  il  faut  les  alimenter;  j'ai 
en  magasin  pour  cent  jours  de  travail  ;  cent  jours  de  travail  ce 
n'est  presque  rien,  car  l'établissement  que  j'ai,  ce  n'est  pas 
une  filature,  c'est  un  type  de  filature,  voilà  tout.  Je  ne  consi- 
dère pas  que  la  tilature  que  j'ai  auiourd'hui  restera  danscet  étal; 
j'espère  qu'elle  se  développera,  qu'elle  prendi-a  l'importance 
que  le  produitcomporte,  et  je  pourrai  passer  avec  un  cultiva- 
teur un  marché  pour  ce  que  je  consomme  aujourd'hui;  mais 
quel  est  le  cultivateur  qui  pourra  venir,  qui  pourra  s'avancer? 
Je  suis  dans  l'ordre  d'idées  que  vous  indiquez  en  disant  que 
les  industriels  sont  plus  disposés  à  marcher  vite  que  les  culti- 
vateurs, c'est  la  vérité  :  je  me  suis  mis  en  avant  d'une  industrie 
qui,  endéfintive,  a  rencontré  beaucoup  de  difficultés;  il  y  a  eu 
peu  de  gens  qui  ont  osé  ou  qui  ont  pu  le  faire  ;  eh  bien,  moi, 
jesuis  toutprèt  à  marcher;  il  ne  me  faut  plus  qu'une  chose, 
c'est  d'arriver  à  donner  un  produit  à  un  prix  qui  permette  à 
la  fabrication  de  prendre  mon  produit  et  de  le  faire  entrer 
couramment  dans  la  fabrication.  Je  dis  ceci  :  si  aujourd'hui 
mon  produit  est  cher,  c'est  parce  que  je  paye  la  matière 
chère.  J'achète  la  matière  en  Chine  ;  les  transports  que  je 
paye,  les  assurances,  tous  les  frais  qui  sont  autour  du  trans- 
port me  l'augmentent  de  50  pour  100;  retirez  ces  50  pour 


346  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

100  sur  le  prix  (lu  produit,  vous  le  diminuerez  d'autant,  et 
moije  le  diminuerai  dans  la  même  proportion;  j'arriverai  donc 
à  faire  un  équilibre,  c'est-cà-dire à  me  rapprocher  du  prix  delà 
consommation.  Aujourd'hui  le  produit  chinois  (on  ne  pourrait 
pas  compter  sur  ce  prix)  me  coûte,  rendu  chez  moi,  me  ve- 
nant directement  de  Chine,  1  franc  38  centimes  le  kilo- 
gramme, net  exactement.  Eh  bien,  je  consentirais  à  payer 
50  centimes  le  kilogr.  cette  marchandise  si  elle  était  faite  en 
France;  je  crois  qu'à  50  centimes  le  kilogramme, le  cultivateur 
trouverait  encore  une  culture  comme  il  n'en  existe  pas.  Et,  si 
au  lieu  de  payer  i  franc  38  centimes,  je  ne  payais  que  50  cen- 
times, je  pourrais  diminuer  mon  prix  de  la  différence,  et  cette 
différence  faite  me  rapprocherait  encore  du  prix  des  hlaments 
qui  sont  couramment  dans  les  affaires. 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  :  Je  pose  encore  ma  question: 
la  Société  ou  M.  Boski  veulent-ils  passer  avec  moi  un  contrat 
pour  que  je  leur  livre  tant  de  milliers  de  kilogrammes  de 
Ramie,  dans  tel  ou  tel  délai? 

M.  Couty  :  Je  vais  répondre  àl'honorable  M.  Geoffroy  Saint- 
liilaire  par  une  question  défait.  Je  rentre  d'Alger;  j'ai  été 
chargé  par  la  Compagnie,  en  qualité  d'administrateur,  de  m'en- 
tendre  avec  des  cultivateurs  pour  la  culture  de  la  Ramie.  Je 
ne  sais  pas  encore  au  juste  comment  nous  agirons  en  France, 
mais,  très  probablement,  ce  sera  dans  les  mêmes  conditions. 
En  Algérie  nous  disons  aux  cultivateurs:  plantez,  vous  nous 
fournirez  votre  terrain  purement  et  simplement  ;  quant  à  nous, 
nous  vous  fournirons  les  plants  et  les  machines  et  nous  par- 
tagerons par  moitié  :  très  bien,  dit  le  cultivateur,  cela  fait  mon 
affaire  parce  que,  de  celte  façon,  au  moins  s'il  y  a  un  échec, 
je  n'aurai  pas  acheté  de  plants,  je  n'aurai  pas  fait  de  dé- 
penses, j'aurai  purement  et  simplement  fourni  mes  terrains, 
çà  n'est  pas  mortel. 

Voilà  une  première  observation  que  fait  le  cultivateur  ;  il 
a  parfaitement  raison  ;  mais  il  nous  en  fait  une  deuxième  dans 
un  autre  sens.  Il  nous  dit  :  C'est  très  bien,  vous  allez  partager  ; 
vous,  vous  allez  faire  de  votre  moitié  l'usage  qui  vous  con- 
viendra, vous  savez  l'usage  que  vous  devez  en  faire  ;  mais  moi, 


LA    RÂMIE.  347 

cultivateur,  qu'est-ce  que  je  vais  faire  de  ma  moitié  ?  A  cela 
nous  répondons:  Eh  bien!  nous  nous  engageons  à  acheter  votre 
moitié  quand  elle  sera  arrivée  à  l'état  de  filasse,  et  c'est  nous 
qui  la  décortiquerons  avec  notre  machine.  Cela  fait  assez  bien 
mon  affaire,  répond  le  cultivateur.  Cependant,  il  y  a  encore 
quelque  chose  qui  m'inquiète.  Vous  me  dites  que  vous  m'achè- 
terez ma  filasse,  mais  à  quel  prix?  C'est  ici  que  vient  se  pla- 
cer le  point  de  fait  dont  j'ai  parlé.  C'est  une  réponse  précise 
aux  questions  que  veut  bien  nous  jioser  M.  Geoffroy  Saint- 
Ililaire.  Pour  cette  année,  mais  pour  cette  année  seulement, 
car  nous  ne  voulons  pas  prendre  d'engagement  indéfini,  et 
afin  d'encourager  la  culture,  j'ai  été  autorisé  par  le  Conseil 
d'administration  de  la  Ramie,  à  écrire  aux  cultivateurs  une 
lettre  qui  peut  être  considérée  comme  annexe  au  contrat,  par 
laquelle  je  leur  dis  que  le  conseil  s'engage  à  acheter  cette 
année  la  filasse  de  Ramie  sur  le  pied  de  50  centimes  le  kilo- 
gramme pesée  à  l'état  sec  et  rendue  à  bord.  Dans  ces  condi- 
tions nous  avons  trouvé  des  cultivateurs  qui  se  sont  engagés 
à  cultiver  et  qui  cultivent  ;  nous  en  avons  une  bonne  dizaine 
à  l'heure  qu'il  est,  et  nous  nous  arrangerons  de  manière  à  les 
grouper,  de  façon  qu'il  y  ait  au  moins  cinq  hectares  au- 
tour d'une  machine.  Que  cette  culture  soit  faite  par  un  seul 
ou  par  plusieurs  propriétaires,  cela  nous  importe  peu,  pourvu, 
je  le  répète,  qu'autour  d'une  machine,  il  y  ait  au  moins  cinq 
à  six  hectares,  voilà  la  question.  Je  crois  avoir  répondu  à 
l'observation  de  M.  Geoffroy  Saint-IIilaire. 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  :  Mais  pas  de  façon  à  exciter 
beaucoup  les  planteurs  de  Ramie  qui  ne  vont  pas  se  trouver 
en  face  d'un  acheteur.  Je  comprends  très  bien  que  la  Société 
de  la  Ramie  ne  puisse  pas  acheter  les  produits  d'une  quantité 
de  terrains  indéfinie:  tout  a  une  limite;  mais  je  vois  (c'est 
pour  moi  une  petite  déception)  que  la  Société  n'est  pas  en  me- 
sure de  dire  dans  ce  moment:  je  suis  preneur  ferme.  Je  no 
discute  pas  le  prix,  pourvu  qu'il  y  en  ait  un  :  payez  la  Ramie 
20,  30,  40  et  50  centimes,  peu  importe;  ce  n'est  pas  li\  le 
point  qui  m'inquiète,  il  n'y  a  qu'un  taux  fixé  :  cette  année 
le  taux  est  de  50  centimes,  l'année  prochaine  il  sera  de  tant. 


348  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

M.  Coniy  :  Nous  ne  pouvons  pas  répondre  des  conditous 
des  marches. 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  :  Dans  ce  momenl-ci  vous  ne 
pouvez  pas  faire  d'autres  contrats  que  ceux  qui  sont  excel- 
lents pour  la  Société  de  la  Ramie,  par  lesquels  vous  vous  en- 
gagez à  prendre  la  moitié  qui  ne  vous  aura  coûté  que  la  four- 
niture des  plants. 

M.  Couty  :  Et  la  machine  ! 

M .  Geoffroy  Saint-Hilaire  :  Et  l'obligation  d'acheter  la 
Ramie  à  50  centimes. 

M.  Couty  :  Pardon,  nous  nous  obligeons  toujours  à  ache- 
ter, mais,  nous  n'avons  encore  pu  fixer  le  prix  que  pour  cette 
année,  soit  50  centimes.  L'année  prochaine  ^i\  se  peut  qu'il 
soit  le  même,  mais  nous  ne  pouvons  pas  en  répondre. 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire:  Ensuite,  ce  serait  à  un  taux  que 
vous  fixeriez  vous  mêmes. 

M.  Couty  :  C'est  fixé  pour  cette  année,  50  centimes. 

M.  Renaut  :  Nous  fixerons  un  prix  d'achat  chaque  an- 
née jusqu'au  moment  où  la  Ramie  aura,  comme  tous  les 
autres  textiles, une  halle, un  marché  où  se  fixent  les  cours. Notez 
que  parles  contrats  que  nous  passons,  la  Compagnie  s'oblige  à 
acheter  au  prix  fixé  par  elle,  mais  que  lescultivateurs  peuvent 
vendre  à  d'autres  si  bon  leur  semble. 

M.  le  Président  Cosson  :  Je  demande  à  dire  quelques  mois: 
l'industrie, la  culture  de  la  Ramie  est  une  industrie  nouvelle  qui 
ne  peut  se  propager  qu'au  moyen  d'encouragements  et  d'en- 
couragements importants  que  lui  donnera  la  Société  et  au  be- 
soin que  le  gouvernement  peut  fournir  à  la  Société. 

Cette  culture  de  la  Ramie  doit  prendre  le  développement  que 
nous  désirons,  que  la  Société  d'Acclimatation  désire  vivement, 
il  faut  évidemment  employer  les  moyens  qui  ont  été  employés 
pour  la  propagation  de  la  culture  des  betteraves  et  des  bonnes 
variétés  de  betteraves.  Ainsi,  dans  le  Loiret  que  j'habite,  la 
culture  de  la  betterave  n'existait  pas.  11  s'est  formé,  sur  plu- 
sieurs points,  des  sociétés  qui  ont  distribué  les  graines  de 
betteraves  qu'elles  voulaient  voir  cultiver,  qui  surveillaient  la 
-culture,  pour  être  sûres  que  la  betterave  était  cultivée  dans 


LA    RAMIE.  349 

les  conditions  d'un  bon  rendement  en  sucre  ;  et  maintenant, 
elles  n'acceptaient  que  les  produits  de  bonne  qualité,  mais 
elles  fixaient  pour  l'année  le  prix  auquel  elles  prendraient 
les  100  kilogrammes  de  betteraves.  Eh  bien!  je  crois  que  la 
Société  de  la  Ramie  cédant,  distribuant  les  graines,  au  besoin 
donnant  des  drageons  dans  les  pays  humides  où  la  terre  est  un 
peu  forte,  où  les  drageons  réussiraient  mieux  que  ne  réussi- 
raient les  graines  ;  la  Société  prenant  l'engagement  de  trans- 
porter une  machine  lorsque  les  cultivateurs  se  seront  groupés 
dans  un  pays  en  assez  grand  nombre  pour  pouvoir  occuper 
cette  machine  utilement,  sans  qu'il  en  résulte  une  perte  sèche 
pour  la  Société,  je  crois  que  quand  tout  cela  sera  fait,  la  Ra- 
mie se  trouvera  dans  des  conditions  absolument  commerciales; 
mais  je  crois  que  ce  qui  a  été  fait  pour  la  betterave  est  ce  qui 
peut  amener  à  réussir  dans  celte  opération. 

M.  Renaut  :  C'est  bien  par  analogie  à  ce  qui  s'est  fait  pour 
la  betterave  que  nous  avons  opéré  dans  ces  conditions. 

M.  Michon  :  Je  demande  la  permission  de  répondre  à  la 
question  de  M.  GeoflVoy  Saint-Hilaire.  Personne  n'est  plus  en- 
thousiaste de  la  Ramie  que  moi,  mais,  en  elïet,  il  y  a  un  point 
sur  lequel  les  explications  si  hanches,  si  précises  que  nous 
avons  entendues,  ne  donnent  pas  complète  satisfaction  :  c'est 
que  la  Ramie  n'est  marchande  que  vis-à-vis  d'un  monopole. 
La  Société  de  la  Ramie  a  seule,  nous  dit-on,  les  machines  qui 
décortiquent. Eh  bien!  la  Ramie  décortiquée  par  les  machines 
n'est  marchande  que  si  elle  a  passé  par  les  procédés  qui  sont 
la  proyiriélé  de  M.  Doski  ;  c'est  une  difficulté  pour  l'extension 
de  la  culture;  ce  n'est  pas  une  raison  du  tout  pour  y  renoncer, 
et  c'est  pour  cela  que  tout  à  l'heure  j'ai  élé  très  heureux  d'être 
confirmé  par  notre  honorable  collègue  dans  cette  pensée.  Les 
agriculteurs,  quelque  confiance  qu'ils  aient  dans  les  industries 
créées,  sont  bien  aises  de  savoir  qu'à  côté  il  va  un  autre  dé- 
bouché même  moins  avantageux,  et  c'est  pour  cela  que  j'indi- 
quais la  corderie,  parce  que  sans  cela,  la  culture  de  la  Ramie  à 
l'heure  qu'il  est,  serait  à  la  merci  de  la  Société  de  la  Ramie  et 
de  Va  lilature  de  M.  Boski.  Je  crois,  par  cela  même  que  la  So- 
ciété de  la  Ramie  et  M.  Boski  ont  des  monopoles,  qu'ils  rendront 


350  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

de  grands  services  à  l'agriculture,  que  c'est  à  eux  que  l'agricul- 
ture devra  être  reconnaissante;  mais  au  point  de  vue  commer- 
cial, la  situation  est  comme  je  l'indique. 

M.  le  Président  :  La  question  n'est  pas  aussi  absolue  que 
M.  Miclion  l'a  posée,  car  j'ai  remarqué  que  M.  Boski  nous  a 
dit  qu'il  tirait  parti  de  la  Ramie  envoyée  de  Chine,  des  filasses 
envoyées  de  Chine;  par  conséquent  on  n'a  pas  besoin  d'un  pro- 
cédé si  spécial  pour  décortiquer  la  Ramie,  puisque  les  pro- 
duits chinois  sont  de  nature  à  être  utilisés.  C'est  ce  qui  m'a 
frappé  dans  la  discussion. 

M.  Boski  :  Ils  sont  plus  chers. 

M.  le  Président  :  Je  demande  comme  botaniste  plutôt  que 
comme  président,  non  pas  la  nature  de  terrain  (la  Ramie  est 
assez  indifférente  à  la  nature  du  terrain),  mais  quelles  sont 
les  appropriations  que  doit  présenter  le  terrain  pour  que  la 
Ramie  pousse  bien?  Sont-ce  des  terrains  à  chénevière,  sont-ce 
des  terrains  à  prairies  défoncées,  sont-ce  des  terrains  qui  ré- 
sultent du  voisinage  des  eaux,  sont-ce  des  marais  tourbeux 
dont  la  tourbe  est  consommée,  sont-ce  des  terrains  de  jardins? 
Il  y  a  là  une  question  importante. 

M.  Berlin  :  Pour  moi  je  crois  que  ce  sont  des  terrains  tour- 
beux qui  seront  les  terrains  par  excellence. 

M.  le  Président  ;Dont  la  tourbe  est  déjà  consommée  ? 

M.  Berlin  :  Dont  la  tourbe  a  été  exposée  aux  alternatives  de 
sécheresse  et  d'humidité. 

M.  le  Président  :  Elle  demande  alors  les  mêmes  conditions 
que  la  culture  maraîchère,  que  le  chanvre  et  les  cultures  de 
choux. 

M.  Geoffroy  Saïnt-Hilaire  :  Messieurs,  l'heure  s'avance, 
la  séance  va  être  levée  ;  nous  devons  de  vifs  remerciements  à 
MM.  Renaut,  Boski  et  Bertin.  Nous  sommes  en  face  d'inven- 
teurs qui  voni  doter  la  France  d'une  industrie  absolument 
nouvelle  et  pour  laquelle  des  efforts  ont  été  faits  à  bien  des 
reprises  différentes  et  avec  un  insuccès  constant.  Nous  avons, 
M.  Michon  et  moi,  fait  la  guerre  à  ce  que  nous  appelons  le 
monopole.  Nous  savons  très  bien  que  ce  monopole  est  absolu- 
ment passager  et  qu'un  jour  viendra  qui  n'est  pas  loin,  où  le 


LA    RAMIE.  35! 

produit  sera  abondant,  où  le  monopole  cessera  et  où  la  chose 
rentrera  dans  le  domaine  public  ;  à  ces  Messieurs  restera 
l'honneur  d'avoir  créé  une  industrie  qui  sera  un  bienfait 
sur  les  deux  rives  de  la  Méditerranée,  qui  enrichira  le  pays 
et  qui  rendra  la  prospérité  aux  terres  appauvries  par  le  phyl- 
loxéra 


III    EXTRAITS  DES  PROCËS-UERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIETE 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  11  MAI  188;! 

Présidence  de  M.  Bouley,  président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  récemment  admis 
par  le  Conseil. 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

Ai.LARD    (.Jules),    président   de    la   chambre      Domère. 

syndicale   des  ébénistes,  60,  rue   de  Lon-      Merceron. 

dres,  à  Paris.  \  le  marquis  de  Selvc. 

„  ,  ,  ,       .  ,,  ,  Henri  Karclier. 

riiN'ET,  proiesseur  de  mathématiques  au  Col-  ^  ,    r.     n       c  ■  .  ni  • 

,,      î.,         ,    ,r>  ,    r.  .  r.    •  A .  Geollrov  Sai nt-Hilaifc . 

legre  Chaptal,  40,  rue  de  Pronv,  a  Pans.       1  ,,        -.ci 

°  ^     '      '  ■"  [  Marquis  de  Selve. 

A.  Uufort. 

i>L'NAC(Paul), propriétaire,  àTarascon(Ariège)      A.Geoffroy  Saint-Hilaire. 


/ 


Marquis  de  Selve. 


FoRESTiKR   DE   CouBERT  (comte   F.    Henry),  f  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

ancien  officier  de  cavalerie,  au  château  de  la  .  Saint-Yves  Ménard. 

l!oisnnière,Chàteaurenault(Indre-et-Loire).  (  A.  Porte. 

TV               • .     .        .  ,     /'  Frémy. 

Fuzier-Herman  (Louis),    propriétaire    a  la  \  .   „     „.      q  ■  ,  ,,i  • 

„  ..       ..  ,,    ,  ,    .     ^  A. Geoffroy Saint-lliiaire. 

Houssaye,  par  Ligueil  (Indre-el-Loire).  /  .,         •    j    c  i 

•'   '  ^         ®         ^                        ^  \  Marquis  de  Selve. 

.,  ,r.  .  r...  ,    i  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Hernoux  (Eug.)   négociant,   211,  avenue  de     ^^-^^^^^.^^  ^-^^^^ 

Neuilly,  a  Nemlly  ,Seine).  j  ^^^^^^^.^  ^,^  ^^,^.^  _ 

Kirsch  (Isidore),  négociant,  59,  rue  Charles  \  ^'  j^||.;^^^,  ^^  ,^  ^^jj^ 

Laflite,  à  Neuillv  (Seine).  /   i    a  •    m   . 

^  ^         ^  [  i.  \  leillot. 

,      ,  .-.-,..   1      f  H.  Bouley. 

Iardieu   (le   docteur  \.    Isidore),   a    Arles  \    ,,,  ;  ^ 

.        ,     M,  »  •>  Arnaud  Dey. 

(Bouches-du-llhone).  ■  ^   n     ,f      c  ■  «ui^-.^ 

^  ■         '  [  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

—  M.  le  Secrétaire  procède  au  dépouillement  de  la  correspondance. 

—  Des  remerciements  au  sujet  de  leur  récente  admission  sont  adres- 
sés par  MM.  F.  Latasto,  Fuzier-Herman  et  le  docteur  Tardieu. 

—  M.  le  Ministre  de  l'agriculture  informe  la  Société  (\u'ï\  vient  de  lui 
accorder  une  médaille  d'or  pour  être  décernée  dans  sa  prochaine  distri- 
bution des  récompenses.  —  Remerciements. 

—  M.  N.  Masson  dépose  sur  le  bureau  une  noie  relative  à  la  nourri- 
ture et  au.v  soins  à  donner  aux  Gallinacés. 


PROCÈS-VERBAUX.  353 

—  M.  de  Confévrou  adresse  la  note  suivante  sur  l'arrivée  des  Oiseaux 
à  Langres  (Haute-Marne)  : 

«  L'hiver  ayant  été  exceptionnellement  doux,  dès  le  20  février  lePm- 
ion  se  fait  entendre  pour  la  première  fois. 

»  V Alouette  a  déjà  repris  son  chant  depuis  quelque  temps,  ainsi  que 
d'autres  petits  Oiseaux. 

»  Les  Hautes-Grives  entrent  dans  la  saison  des  amours  et  se  poursui- 
vent sur  les  grands  arbres  des  promenades. 

»  Les  Grives  commencent  à  chanter  ainsi  que  les  Étourneaux ,  les 
Merles,  les  Roitelets,  les  Grimpereaux,  les  Rouges-gorges. 

»  Les  Moineaux  nichent  et  les  Mésanges  commencent  leurs  nids. 

»  Le  "2i  février,  nous  remarquons  beaucoup  de  Becs-fins  de  muraille 
et  de  Bouvreuils. 

»  A  la  même  époque,  c'est-à-dire  dès  le  24-  février,  les  Bécasses  com- 
mencent à  passer  ou  à  se  j^owrsMÙ'reswr /es  taillis,  ce  qui  est  synonyme. 

»  Alors  un  refroidissement  très  sensible,  un  retour  d'hiver  avec  des 
perturbations  atmosphériques ,  arrêtent  complètement  le  mouvement 
qui  ne  reprend  que  le  \'"^  avril. 

»  Ce  jour-là,  le  Pinson,  qui  s'était  tu,  se  fait  entendre  de  nouveau, 
ainsi  que  les  Draines.  Nous  voyons  beaucoup[de  Bruants,  de  Verdiers, 
des  Traquets,  des  Tarins. 

»  Le  2  avril,  vu  dans  la  campagne  et  non  en  ville  où  elles  ne  vien- 
nent pas,  une  Hirondelle  de  cheminée. 

D  Le  4  avril,  les  Fauvettes  à  tète  noire  arrivent  dans  les  jardins  de 
la  ville  et  s'annoncent  par  leur  chant  si  gracieux. 

»  Puis,  un  nouveau  refroidissement  suspend  encore  leur  passage. 

»  Le9ai/77,  nous  voyons  de  nouveau  beaucoup  d'Oiseaux,  Grives,  Ber- 
geronnettes, Verdiers,  Chardonnerets,  etc. 

»  Le  15,  apparaissent  les  Hirondelles  de  fenêtre,  mais  encore  en  très 
petit  nombre. 

»  Le  18  a»r<7  seulement,  se  montrent  les  Rossignols,  qui  se  trouvent, 
tout  de  suite,  en  assez  nombreuse  compagnie. 

»  Le  28,  les  Hirondelles  de  fenêtre  sont  moins  rares  et  le  Traquet 
motteur  est  arrivé,  ainsi  que  le  Traquet  rieur. 

»  Le  30  avril,  les  Griffons  ou  Martinets  de  muraille  font  leur  appa- 
rition. 

>  Enfin  le  3  »m/,  le  Coucou  gris  se  fait  entendre  pour  la  première  fois. 

»  La  troupe  est  au  complet,  du  moins  en  ce  qu'il  nous  a  été  donné 
d'observer.  Laissons  donc  tomber  le  rideau  et  respectons  le  mystère  de 
leurs  amours  et  de  leurs  nichées  en  faisant  des  vœux  pour  que  les  chats, 
les  enfants  et  tous  les  ennemis  de  nos  chanteurs  fassent  de  même.  » 

—  En  répondant  au  questionnaire  sur  la  pisciculture  qui  lui  a  été 
adressé,  M.  Julien,  de  Ghantcnay  (Loire-Inférieure)  ajoute  les  renseigne- 
ments suivants  : 

3«  SÉRIE,  T.  X.  — .luin  1883.  23 


354  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'âCCLIMATATION. 

a  Les  rivières  de  Quimperlé,  comme  toutes  celles  de  Bretagne,  ont  été 
très  peuplées  autrefois  de  Saunions  et  de  Truites,  disparus  presque  en- 
tièrement, par  suite  du  braconnage  fait  par  les  pécheurs  qui  exercent 
leur  industrie  la  nuit  surtout  en  établissant  des  barrages  avec  leurs  filets. 

»  Chez  mon  ami  M.  de  Mauduit,  propriétaire  de  deux  fabriques  de  papier 
à  cigarettes,  distantes  l'une  de  l'autre  de  2  kilomètres  et  à  qui  appar- 
tient le  terrain  de  chaque  côté  de  la  rivière,  il  est  difficile  aux  bracon- 
niers, et  même  impossible,  vu  la  surveillance  exercée,  de  tendre  des 
filets  de  nuit.  Dans  ces  2  kilomètres,  un  environ  forme  un  réservoir 
naturel  ayant  2,  3  et  4  mètres  de  profondeur  dans  certaines  parties.  Le 
jeune  poisson  qui  y  est  placé  se  trouve  admirablement  sous  tous  les 
rapports  et  peut  attendre  les  crues,  qui  lui  permettent  de  remonter  ou 
de  descendre  l'Isole,  pour  se  répandre  dans  l'Ellé,  autre  rivière  sembla- 
ble en  tous  points  à  l'Isole,  ou  bien  de  demeurer  dans  la  Lœta,  rivière 
formée  par  l'Isole  et  l'Ellé,  et  navigable  depuis  Quimperlé  jusqu'à  la  mer, 
3  lieues  de  longueur,  ayant  de  profondeur  4  à  5  mètres  à  marée  haute, 
les  eaux  douces  étant  refoulées,  et  ne  devenant  saumàtre  qu'à  environ 
une  lieue  de  l'embouchure  de  la  rivière.  L'eau  dans  la  Lœta  est  moins 
claire  que  dans  les  deux  autres  rivières,  oîi  il  est  facile  d'apercevoir  sur 
les  bords  quelques-uns  des  Saumons  qui  les  peuplent,  quand  on  veut  re- 
garder avec  l'intention  de  bien  voir. 

>  Je  serais  heureux  d'avoir  quelques  renseignements  précis  sur  le 
«  withe  fish  »,  s'il  était  reconnu  par  la  Société  d'Acclimatation  que  les  ri- 
vières de  Quimperlé  sont  propices  pour  l'élevage  de  ce  poisson  qui  y 
est  inconnu.  Nous  n'y  avons  retrouvé  aucun  des  jeunes  nés,  des  œufs 
parfaitement  éclos  envoyés  l'année  dernière  par  la  Société  d'Acclimata- 
tion. » 

—  M.  Brierre  écrit  de  Saint-Hilaire-de-Riez  (Vendée)  : 

«  En  feuilletant  mes  vieilles  notes  de  la  Saintonge  et  du  Poitou  lors  de 
mes  transformations  de  marais  salants  ici  en  prairies  douves,  etc.,  je 
vois  qu'à  Marennes,  ainsi  qu'aux  Sables,  il  m'était  assuré  qu'il  était 
possible  de  faire  reproduire  les  Chevrettes  dans  les  douves.  Et  comme 
je  n'en  avais  mis  qu'un  kilogramme  au  plus  dans  les  miennes  et  qu'elles 
en  sont  remplies  malgré  la  masse  de  Meuils  et  de  Loubines,  il  est  évi- 
dent qu'elles  se  reproduisent  très  bien,  mais  leur  taille  atteint  à  peine  les 
deux  tiers  de  celle  des  Chevrettes  de  rocher.  » 

—  L'Institut  national  genevois  et  3IM.  Duplantier,  Saint-Léon-Boyer- 
Fonfrède,  Lud.  Joffrion,  Guy  aîné,  V.  Fleury,  F.  Mathey,  le  comte  de 
Montlezun  et  Giraud-Oilivier  accusent  réception  et  remercient  des  grai- 
nes qui  leur  ont  été  adressées. 

M.  le  Directeur  du  Jardin  zoologique  d'Acclimatation  donne  com- 
munication à  la  Société  des  lettres  suivantes  qui  lui  sont  adressées 
l»  Par  M.  le  Gouverneur  de  la  Nouvelle-Calédonie  : 
«  Préoccupé  de  l'avenir  de  la  Nouvelle-Calédonie,  je  désire  enrichir 


PROCÈS-VERBAUX.  855 

la  Faune  et  la  Flore  de  ce  pays,  et  tenter  tous  les  essais  d'acclimatation 
que  vous  jugerez  possibles. 

»  Dans  ce  but,  je  viens  vous  demander  de  vouloir  bien  m'envoyer  les 
Plantes  et  Oiseaux  ou  Animaux  que  vous  jugerez  utiles.  Je  vous  deman- 
derai en  particulier,  l'envoi  d'une  paire  de  Chiens  de  berger,  race  dite 
de  la  Brie. 

»  L'expédition  pourrait  en  être  faite  soit  par  le  Courrier  des  Message- 
ries, soit  par  un  transport. 

»  J'ai  pensé  aussi,  Monsieur  le  directeur,  qu'il  vous  serait  agréable 
de  recevoir  des  graines  et  des  plantes  de  la  Nouvelle-Calédonie,  et  j'a  i 
donné  les  ordres  nécessaires  pour  qu'on  vous  expédie  des  graines  et 
plants  de  Ketitia,  Araucaria,  Dammara,  Cycas,  etc. 

»  Si  ces  envois  vous  sont  agréables,  je  les  renouvellerai  chaque  fois 
que  vous  le  désirerez.  » 

2"  Par  M.  le  comte  de  Lorgeril,  château  du  Colombier  par  Moncon- 
tour  (Côtes-du-Nord): 

«  Je  serais  heureux  de  pouvoir  offrir  au  Jardin  d'Acclimatation  un 
jeune  Araucaria  iiabricata  de  plus  d'un  mètre  d'élévation  et  très  régu- 
lièrement conformé. 

»  Ce  petit  arbre  provient  d'un  semis  fait  par  moi,  il  y  a  neuf  ans  ;  la 
graine  avait  été  récoltée  sur  un  Araucaria  que  je  possède  sur  ma  pro- 
priété, et  le  seul  je  crois  qui  ait  jusqu'ici  donné  des  graines  fertiles  dans 
le  pays.  11  mesure  dans  ce  moment  plus  de  1^  mètres  d'élévation  et  sa 
circonférence  est  de  2  mètres  à  sa  base  ;  il  a  résisté  depuis  trente  ans 
aux  hivers  les  plus  rigoureux. 

»  Je  sais.  Monsieur,  que  le  climat  de  la  Bretagne,  où  j'habite,  est  plus 
tempéré  que  celui  de  Paris,  mais  il  est  plus  froid  que  l'Araucanio,  où 
se  trouve  l'Araucaria,  et  où  il  fournit  des  graines  comestibles  dont  se 
nourrissent  les  habitants  ;  par  le  fuit  même  de  la  résistance  de  mon 
arbre  et  de  sa  fructification,  il  y  a  déjà  commencement  d'acclimatation. 
Peut-être  ses  enfants  seront-ils  encore  plus  robustes,  et  si  vous  croyez 
devoir  en  faire  l'essai,  je  vous  en  offre  un  dans  les  meilleures  conditions 
de  végétation  :  l'époque  de  la  plantation  des  résineux  n'est  pas  encore 
passée. 

»  J'ai  sur  mon  habitation  des  Cèdres  que  j'ai  vu  planter  il  y  a  cinquante 
ans  ;  leur  circonférence  est  de  9"',20  àl  mètre  du  sol  et  leurs  billes  sont 
droites  et  régulières. 

»  Un  Séquoia  giganiea,  planté  par  moi  il  y  a  quinze  ans  et  ayant  au 
moment  de  sa  plantation  trois  ans  de  semis,  mesure  ù  sa  base  3"", 29  de 
circonférence,  dimensions  que  je  n'ai  jamais  vues  à  un  arbre  âgé  de 
dix-huit  ans.  t 

L'Araucaria  offert  par  M.  le  comte  de  Lorgeril  au  Jardin  zoologique 
d'Acclimatation  est  arrivé  à  bon  port  et  vient  heureusement  remplacer 
les  spécimens  de  même  espèce  détruits  par  le  grand  hiver  de  187  9-80. 


.■]56  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

3"  Par  le  Révérend  Père  Evrard,  de  Yokohama  : 

'(  Je  viens  de  confier  à  M.  Dagron,  un  de  nos  compatriotes  qui  rentre 
en  France  à  bord  du  Volga,  une  caisse  contenant  en  triple  vingt  et 
une  variétés  d'érables,  demandées  par  M.  Tony  Conte. 

«  Obligé  de  partir  pour  un  poste  éloigné,  il  m'est  impossible  de  donner 

suite  aux  autres  commissions  et  achats  demandés   par  M.  Conte.  Après 

mon  retour,  vers  le  mois  de  juin,  je  pourrai  peut-être  préparer  l'envoi 

es  Poules.   Je  regrette  beaucoup  de    ne  pouvoir  le  faire  maintenant, 

car  la  saison  est  très  bonne,  mais  les  bêtes  ne  sont  pas  prêtes.  » 

—  M.  le  docteur  Tardieu  écrit  d'Arles  à  M.  le  Président  : 

«  En  ma  qualité  de  président  du  conseil  d'administration  de  la  Société 
La  Ramie  française,  j'inviterai  notre  directeur,  M.  Favier,  inventeur 
d'une  machine  à  décortiquer  la  Ramie,  à  vous  adresser  tous  les  docu- 
ments et  échantillons  nécessaires  pour  concourir  au  prix  fondé  par  la 
Société  nationale  d'Acclimatation,  relativement  à  l'utilisation  industrielle 
de  l'Ortie  de  Chine.  » 

—  M.  Huin  écrit  à  31.  le  Président  :  «Depuis  longues  années,  les 
vignerons  voient  leurs  récoltes  perdues  par  l'effet  des  gelées  du  prin- 
temps, qui,  à  cette  saison,  sont  désastreuses  pour  eux. 

»  Permettez-moi,  Monsieur  le  Président,  de  vous  indiquer  un  remède 
infaillible  là  où  l'on  peut  l'appliquer. 

;)  C'est  ordinairement  dans  les  bas  que  la  Vigne  est  le  plus  sujette  à 
creler  et  c'est  là  que  le  remède  se  trouve  près  du  mal  :  je  veux  dire  l'eau. 

s  Quand,  par  une  belle  nuit,  le  temps  est  froid  et  que  l'on  est  sûr 
ou  presque  sûr  qu'il  gèlera,  il  faut  arroser  avec  n'importe  quel  instru- 
ment ad  hoc,  avant  le  lever  du  soleil,  les  ceps  qui  sont  blanchis  par  la 
o-elée  :  pas  un  de  ceux  traités  de  la  sorte  n'auront  à  souffrir  de  l'effet 
désastreux  de  la  gelée  blanche. 

»  Aujourd'hui  que  l'industrie  dispose  de  si  grands  moyens  ne  pourrait- 
elle  pas  faire  des  instruments  qui,  dans  un  temps  relativement  court, 
déc'èleraient  une  certaine  surface  ?  11  ne  faut  guère  compter  qu'un  temps 
très  restreint  avant  les  premiers  rayons  du  soleil,  car  sitôt  qu'ils  ont 
fait  fondre  la  gelée,  les  feuilles  et  tiges  sur  lesquelles  elle  était  devien- 
nent noires  et  sont  perdues,  tandis  que  celles  qui  ont  été  dégelées  par 
l'arrosage  restent  comme  si  elles  n'avaient  eu  que  de  la  rosée. 

»  Étant  colon  en  Algérie,  je  ne  traitais  pas  autrement  mes  plants  de 
tabac  qui  toujours  ont  bien  réussi  ;  la  Vigne,  elle  aussi,  étant  dégelée 
iiar  l'arrosage,  jouira  de  la  même  faveur  que  les  couches  de  tabac. 

3  Je  vous  livre  mon  procédé,  avec  prière  de  le  faire  connaître  par  la 
voie  de  votre  publicité,  et  si  mes  faibles  idées  ont  pu  sauver  quelques 
oeps,  c'est  autant  que  l'on  aura  ravi  à  ce  terrible  ennemi  des  vignerons.  .ï> 

Des  comptes  rendus  de  leurs  cheptels  sont  adressés  par  Mi\I.  le 

vicomte  de  iMondion,  Em.  Baré,  Bourjuge,  d'imbleval,  Carpentier,  0.  de 
Boussineau,  Burky  et  de  Barrau  de  Muratel. 


PROCÈS-VERBAUX.  357 

-  -  A  propos  de  la  lettre  de  M.  Huiii,  M.  Méaard  signale  un  essai,  qui 
se  fait  actuellement,  pour  préserver  les  Vignes  des  gelées  printanières. 
Ce  procédé  consiste  à  abriter  les  ceps  au  moyen  d'un  petit  toit  de  car- 
ton bitumé  qu'on  fixe  au  moyen  de  ficelles  à  50  ou  60  centimètres  au- 
dessus  du  sol  ;  ce  moyen  est  simple  et  peu  coûteux  et  il  a  paru  bon  ii 
notre  confrère  de  le  signaler. 

—  M.  le  Président  offre  à  la  Société  de  la  part  de  M.  Cbamberland,  an- 
cien élève  de  l'École  normale,  docteur  es  sciences,  directeur  du  labora- 
toire de  ftl.  Pasteur,  un  volume  qui  a  pour  titre  :  Le  charbon  et  la  vacci- 
nation charbonneuse.  «  Cet  ouvrage,  dit  M.  Bouley,  intéressera  tous 
ceux  que  les  grandes  découvertes  de  M.  Pasleur  émeuvent  à  si  juste 
titre. 

«  On  peut  dire  que  M.  Pasteur  en  est  le  grand  collaborateur,  car 
M.  Cbamberland  a  eu  l'Iieureuse  idée  de  mettre  en  tête  de  son  volume 
toutes  les  communications  qu'a  faites  M.  Pasteur  à  l'Académie  des 
sciences  et  à  l'Académie  de  médecine  au  fur  et  à  mesure  qu'évoluaient 
les  découvertes  et  qu'un  fait  nouveau  expérimentalement  démontré 
s'ajoutait  aux  faits  anciens.  C'est  ainsi  que  l'histoire  de  la  vaccination  se 
trouve  écrite  par  le  maître  lui-même. 

»  Et  puis,  après  cet  exposé,  vient  une  succession  de  rapports,  de 
comptes  rendus,  de  procès-verbaux  de  toutes  les  expériences  qui  ont 
été  faites  et  de  tous  les  résultats  pratiques  qui  ont  été  donnés  par  la 
vaccination.  Tout  le  monde  s'intéressera  à  un  pareil  livre  qui  écrit 
l'histoire  de  cette  si  intéressante  et  si  glorieuse  découverte. 

»  Je  puis  ajouter  maintenant,  pour  édifier  la  Société,  quelques  renseigne- 
ments qui  l'intéresseront.  M.  Pasteur  annonçait  dernièrement  au  Comité 
de  l'épizootie,  dont  il  est  membre,  qu'il  était  tout  prêt  à  faire  bénéficier 
maintenant  de  la  vaccination  l'espèce  porcine  et  les  oiseaux  de  basse- 
cour. 

»  Jusqu'à  présent  la  découverte  de  la  vaccination  du  choléra  des  poules 
était  restée,  je  ne  dirai  pas  théorique,  mais  enfin  elle  était  restée  à  l'état 
de  découverte  sans  application  encore.  M.  Pasteur  a  fait  préparer  le 
vaccin  de  la  volaille,  et  dans  les  localités  oîi  règne  ce  fléau  terrible  qui 
fait  disparaître  toutes  les  volailles,  on  pourra,  avec  un  grand  avantage, 
pratiquer  la  vaccination  avec  le  virus  du  choléra  transformé  en  virus 
vaccinant.  En  faisant  la  vaccination  à  l'extrémité  de  l'aileron,  on  n'a  pas 
à  redouter  les  conséquences  qui  peuvent  se  produire  lorsqu'on  la  pra- 
tique au  poitrail. 

»  M.  Pasteur  a  fait  préparer  aussi  le  vaccin  propre  au  rouget  du  porc. 

»  Vous  savez  combien  cette  maladie  est  terrible  et  le  tort  qu'elle  fait 
aux  éleveurs  en  France  et  surtout  aux  États-Unis,  où  chaque  année  des 
milliers  et  des  milliers  de  porcs  sont  enlevés  par  ce  fléau.  Le  vaccin  en 
est  trouvé  et  il  est  à  la  disposition  de  ceux  qui  voudraient  enJbénéfiL'ier 
pour  leurs  animaux. 


358  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

»  Enfui  j'ajouterai  comme  complément  de  cette  communication  de  ces 
faits  extrêmement  intéressants,  que  l'on  a  signalé  quelques  accidents 
après  la  grande  expérience  de  Pouilly-le-Fort.  Les  premiers  essais  qui 
ont  été  faits  de  vaccination  pratique  ont  été  tous  heureux  et  puis,  le  pro- 
cédé se  généralisant,  quelques  insuccès  se  sont  produits,  provenant  d'une 
part  de  la  manière  dont  on  vaccinait,  d'autre  part  aussi,  il  faut  bien  le 
dire,  de  ce  que  le  virus  n'était  pas  préparé  dans  des  conditions  assez 
parfaites. 

»  L'étude  qu'a  faite  M.  Pasteur  de  ces  conditions  d'imperfection,  qui 
ne  produisaient  toutefois  que  d'assez  rares  insuccès,  suffisants  cependant 
pour  que  les  détracteurs  de  la  découverte  en  prolltassent  pour  la  décrier 
et  tâcher  de  la  réduire  à  une  mince  valeur,  l'étude  qu'a  faite  W.  Pasteur, 
dis-je,  a  permis  de  constater  quelles  étaient  les  conditions  en  vertu 
desquelles  ces  insuccès  s'étaient  produits,  et  aujourd'hui  il  ne  sort  plus 
du  laboratoire  que  du  virus  qui  est  préparé  d'une  façon  telle  que  ces 
insuccès  ne  sont  plus  à  craindre. 

»  De  fait,  ce  n'est  pas  là  une  assertion  en  l'air.  Depuis  le  mois  de  no- 
vembre, je  crois,  que  M.  Pasteur  rendait  compte  de  ces  faits,  il  y  a  plus 
de  200  000  animaux  qui  ont  été  vaccinés  en  France,  et  pas  un  insuccès, 
pas  un.  3Iessieurs,  ceci  annonce  la  solidité  du  perfectionnement  apporté 
à  la  méthode,  et  cela  prouve  aussi  combien  la  sagacité  de  l'expérimen- 
tateur est  toujours  sur  le  qui-vive.  Ouand  il  y  a  lieu  de  résoudre  un 
problème,  c'est  par  l'expérience  qu'il  en  trouve  la  solution,  et  celte 
solution  cherchée,  la  plupart  du  temps  elle  est  trouvée. 

»  J'ai  pensé.  Messieurs,  que  cette  communication  vous  intéresserait  et 
c'est  pour  cela  que  je  me  suis  permis  de  la  faire.  » 

—  M.  iVlénard  donne  lecture  d'un  mémoire  de  M.  le  baron  de  Selys- 
Longchamps,  président  du  Sénat  lielge,  sur  le  repeuplement  des  cours 
d'eau  de  la  Belgique. 

M.  Millet  demande  le  renvoi  de  ce  travail  à  la  troisième  section  et 
présente  à  ce  sujet  diverses  observations. 

—  M.  Millet  rappelle  que  l'époque  de  la  récolte  de  la  montée  d'An- 
guilles est  arrivée.  Cette  année  le  temps  est  malheureusement  très  défa- 
vorable. Toutes  les  fois  que  le  vent  est  froid  et  qu'il  pleut,  la  montée  au 
lieu  de  se  tenir  à  la  surface  rampe  au  fond  des  rivières  où  il  n'est  guère 
possible  de  la  récolter. 

Lorsque  l'Anguille  arrive  à  une  certaine  taille,  elle  est  très  avide  du 
fretin  de  la  Truite  et  du  Saumon  et  il  y  a  des  exemples  do  cours  d'eau 
dépeuplés  par  ce  vorace  poisson  qu'on  avait  introduit  en  trop  grande 
quantité;  il  y  a  donc  de  graves  inconvénients  à  trop  le  propager  dans 
les  rivières  où  se  trouvent  des  Salmonidés. 

—  M.  Millet  entretient  ensuite  l'Assemblée  de  l'appareil  imaginé  par 
M.  Çloux,  exploité  et  perfectionné  par  M.  Voitellier  pour  la  destruction 
des  Hannetons  qui  sont  nombreux  cette  année.  En  mai;  les  oiseaux  dé- 


PROCÈS-VERBAUX.  359 

misent  un  grand  nombre  de  ces  insectes  pour  nourrir  leurs  couvées  ; 
ceux  qu'on  ramasse  peuvent  également  servir  à  l'alimentation  de  la 
volaille  et  triturés,  ils  sont  parfaitement  acceptés  par  les  insectivores. 
Associés  aux  chrysalides  de  Vers  à  soie,  ils  donneraient  peut-être  une 
bonne  pâtée  pour  les  Faisandeaux  et  les  Perdreaux. 

—  M.  Maurice  Girard  dit  qu'il  y  a  longtemps  que  les  entomologistes  em- 
ploient les  appareils  lumineux  pour  capturer  des  insectes  et  les  amateurs 
des  lépidoptères  leur  font  la  chasse  avec  des  lanternes  à  réOecteurs.  En 
ce  qui  concerne  les  Hannetons,  l'époque  la  plus  convenable  pour  les  dé- 
truire est  au  début  de  leur  apparition,  c'est-à-dire  avant  que  les  femelles 
aient  pondu. 

Suivant  notre  confrère,  le  seul  moyen,  non  pas  de  les  détruire,  ce  qui 
€St  impossible,  mais  d'en  diminuer  considérablement  le  nombre,  serait 
<le  pratiquer  le  hannetonnage  à  l'époque  qu'il  indique,  le  rendre  obli- 
gatoire et  employer  des  mesures  de  contrainte  au  besoin. 

—  M.  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire  fait  connaître  qu'il  vient  de  demander 
un  appareil  cà  M.  Voitellier  pour  l'expérimenter  au  Jardin  d'Aceliraa- 
lation. 

—  M.  Ménard  rappelle  que  le  Jardin  d'Acclimatation  a  récemment 
fait  l'acquisition  de  plusieurs  Porcula  Salviani,  de  l'Inde,  sur  lesquels 
du  reste  une  note  a  été  lue  dans  la  dernière  séance.  Ces  animaux  sont 
arrivés  porteur  de  la  gale  et  notre  confrère  présente  un  sarcopte  recueilli 
sur  l'un  d'eux. 

Il  appartient  sans  doute  à  une  espèce  nouvelle  et  le  Jardin  pourra 
d'ailleurs  mettre  à  la  disposition  des  savants  spéciaux  des  croûtes  de 
cette  gale  qui  permettront  de  l'étudier  plus  complètement. 

Une  note  sur  ce  sujet  présenterait  un  certain  intérêt  au  point  de  vue 
scientifique. 

Ces  animaux  sont  en  traitement  et  M.  Ménard  pense  qu'à  l'aide  de  la 
pommade  sulfureuse  on  parviendra  à  les  débarrasser  de  ces  sarcoptes  ; 
ils  sont  du  reste  tous  bien  portants  malgré  les  fatigues  de  leur  long 
voyage. 

—  M.  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire  signale  à  cette  occasion  le  fait  suivant 
qui  se  produit  fréquemment.  Les  animaux  envoyés  de  contrées  lointaines 
arrivent  en  général  dans  un  état  satisfaisant  de  santé,  mais  au  bout  de 
quelques  jours  de  repos  ils  refusent  leur  nourriture  et  meurent  souvent 
sans  cause  apparente.  L'excitation  du  voyage  ne  subsistant  plus,  ils  suc- 
combent sans  doute  aux  suites  des  fatigues  et  des  privations  endurées 
pendant  leur  transport. 

Pour  le  Secrétaire  des  séances, 
Jules  Grisa.rd, 

Agent  général. 


IV.  EXTRAIT  DES  PROCES-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES     E  TIONS 


PREMIÈRE  SECTION 

SÉANCE   DU   17   AVRIL    1883. 
Présidence  de  M.  Decroix,  Président. 

M.  Gautier,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance- 
précédente,  lequel  est  adopté  sans  observation.  Il  est  ensuite  procédé  au 
dépouillement  de  la  correspondance. 

M.  Pays  Mellier  écrit  que  deux  jeunes  Ouistitis  sont  nés  cliez  lui  et 
ont  été  élevés  par  leurs  parents. 

M.  Ménard  fait  remarquer  que,  bien  que  fort  intéressant,  le  cas  n'est 
pas  très  rare. 

La  section  adresse  des  remerciements  à  M.  Pays  iMellier  pour  son  in- 
téressante communication. 

M.  Masson  envoie  une  lettre  de  M.  Kiener,  relative  au  croisement  du 
Cochon  d'Inde  avec  le  Rat,  lui  affirmant  à  nouveau  que  ce  croisement 
n'est  pas  un  fait  accidentel,  et  qu'il  a  eu  entre  les  mains  des  produits  qui 
l'attestent  d'une  façon  certaine.  Notre  honorable  collègue  M.  Masson 
ajoute  qu'il  se  propose  de  se  procurer  ces  produits  et  de  les  présenter  à 
la  section. 

La  section  adresse  à  M.  Masson  ses  remerciements  tout  spéciaux,  car 
cette  manière  de  procéder  permettra  d'élucider  une  question  des  plus^ 
intéressantes  en  histoire  naturelle. 

M.  A.  de  Confévron  envoie  à  la  section  une  longue  lettre  contenant  les 
observations  que  lui  a  suggérées  le  projet  de  loi  sur  la  chasse  présenté 
par  la  Commission  de  la  chasse,  et  publié  dans  un  des  derniers  Bulle- 
tins. La  section  entend  avec  intérêt  cette  communication  et  adresse  ses 
remerciements  à  son  auteur,  mais  décide  qu'il  n'y  a  aucune  suite  à  lui 
donner,  la  question  n'étant  plus  à  l'ordre  du  jour. 

M.  Gautier  annonce  à  la  section  qu'un  grand  nombre  d'exemplaires^ 
cent  vingt  environ,  du  questionnaire  sur  les  (chèvres,  lui  est  parvenu. 

Sur  la  proposition  de  MM.  Ed.  Roger  et  Ménard,  la  section  décide 
qu'un  rapport  sommaire  lui  sera  présenté  dans  sa  prochaine  séance,  au 
cas  oîi  M.  Gautier  ne  pourrait,  comme  il  le  pense,  apporter  sur  la  questioa 
un  travail  complet. 

M.  le  vicomte  d'Esterno,  au  nom  de  plusieurs  des  uîembrcs  de  la 
Société,  expose  l'inconvénient  qu'il  y  a  à  insérer  sur  la  première  page 
de  la  Chronique  certaines  annonces  qui  intéressent  la  Société  d'une  façon 
directe,  par  exemple  l'offre  de  saillies  par  un  étalon  de  race. 

M.  Grisard  répond  que  l'intérieur  de  la  Chronique  est  essentiellemeni 


PROCÈS-VERBAUX.  861 

réservé  aux  annonces  gratuites  et  faites  par  des  membres  de  la  Société. 
Sur  l'observation  de  iM.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  que  la  question  relève 
non  de  la  section,  mais  du  Conseil,  M.  d'Esterno  relire  son  observation, 
qu'il  se  propose  de  soumettre  directement  au  Conseil. 

Le  Secrétaire, 
Jules  Gautier. 


DEUXIÈME  SECTION 

SÉANCE   DU    13   MARS   1883 
Présidence  de  M.  Millet. 

M.  de  Barrau  de  Muratel  lit  une  communication  fort  intéressante  el 
tout  à  fait  nouvelle  pour  la  plupart  des  membres  de  la  section,  sur  l'éle- 
vage et  la  conduite  des  Poulets  dans  le  département  du  Tarn. 

M.  de  Barrau  de  lAIuratel  voudra  bien  répéter  en  séance  générale  cette 
communication,  qui  sera  insérée  dans  le  Bulletin. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  dit  qu'on  arrive 
assez  facilement  à  faire  conduire  des  Perdreaux  par  un  Coq. 

M.  de  Barrau  de  Muratel  montre  des  modèles  de  collets  dont  on  se 
sert  chez  lui  pour  prendre  les  Alouettes  en  grande  quantité.  Ces  collets 
sont  tendus  dans  les  sillons  oîi  sont  attirées  les  Alouetttes  au  moyen  d'un 
appelant. 

M.  Grisard  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Bouchereaux,  donnant  des 
détails  sur  l'incubation  des  Casoars  en  couveuse  artificielle. 

A  propos  de  cette  lettre,  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  fait  part  des  obser- 
vations personnelles  qu'il  a  été  à  même  de  faire  dans  l'incubation  arti- 
ficielle. 11  a  pu,  sans  inconvénients,  faire  des  interruptions  dans  le  cours 
d'une  opération.  On  pourrait  diviser  l'incubation  en  trois  parties  :  la 
première,  qui  pourrait  supporter  une  certaine  irrégularité  ;  lajleuxième, 
qui  en  demanderait  au  contraire  une  très  grande,  et  enfin  la  troisième, 
qui  en  exigerait  un  peu  moins.  Ces  remarques  sont  faciles  à  observer  sur 
des  couvées  de  Pigeons. 

M.  Saint-Yves  Ménard  fait  observer,  à  l'appui  des  interruptions  dans 
une  incubation,  que  lorsqu'on  prend  un  nid  dans  les  champs,  on  peut 
facilement  et  sans  inconvénients  conserver  les  œufs  douze  ou  vingt-quatre 
heures  avant  de  les  faire  couver. 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  rappelle  les  œufs  de  Perdrix  rapportés  d'A- 
frique en  185i),  et  qui  avaient  cinquante  ou  soixante  jours.  La  date  de 
leur  incubation  a  atteint  soixante-dix  jours. 

M.  Millet  rapporte  ce  fait  bien  connu,  c'est  que,  à  l'état  sauvage  et  au 


362  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

début  de  riiicubation,  la  femelle  quitte  son  nid  au  moindre  bruit,  tandis 
qu'au  milieu  on  pourrait  presque  la  prendre  à  la  main. 

M.  Saint-Yves  Ménard  croit  que  dans  une  incubation  les  naissances 
n'ont  pas  toujours  lieu  en  même  temps,  et  que  l'intervalle  entre  les  nais- 
sances augmente  à  mesure  qu'augmente  la  taille  de  l'oiseau. 

M.  Millet  a  remarqué  que  parfois,  dans  les  nids  de  Mésanges,  par 
exemple,  des  petits  naissaient  assez  longtemps  avant  les  autres,  et  ser- 
vaient en  quelque  sorte  à  couver  les  œufs  non  éclos. 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  à  propos  de  la  ponte  des  Casoars,  dit  que  ces 
oiseaux,  acclimatés  sous  beaucoup  de  rapports,  n'ont  point  encore  mo- 
difié l'époque  de  leur  ponte,  fort  peu  favorable  à  l'incubation  sous  nos 
climats.  D'ici  peu,  M.  Geofl'roy  Saint-Hilaire  pourra  nous  donner  des  ren 
seignements  complets  sur  l'incubation  artificielle  des  Autruches.  L'expé- 
rience est  faite  sur  une  assez  grande  échelle,  puisqu'il  y  a  quarante  ou 
quarante-cinq  couples  reproducteurs.  L'industrie  des  plumes  d'Autruche 
est  assez  considérable,  et  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  cite  un  marchand 
ayant  vendu  deux  cent  vingt  raille  pièces  à  l'industrie  plumassière.  A  la 
vérité,  celte  industrie  n'est  point  à  l'abri  de  la  fraude,  et  M.  Millet  cons- 
tate qu'on  fait  parfaitement  de  la  plume  d'Autruche  avec  des  Dindons 
blancs. 

Les  oiseaux  même  les  mieux  acclimatés  ne  peuvent  supporter  sans 
danger  au  delà  d'une  certaine  température.  M.  Millet  a  observé  la  grande 
mortalité  des  oiseaux  pendant  l'hiver  de  1880  ou  i879;  aussi  cherchent- 
ils,  pour  éviter  ces  dangers,  une  température  plus  clémente.  Lorsque 
l'hiver  est  trop  rigoureux,  ils  se  déplacent  et  vont  ailleurs  chercher  un 
climat  plus  doux.  Ce  n'est  pas  une  émigration,  mais  un  simple  déplace- 
ment. 

On  peut  facilement  contrôler  cette  observation  sur  le  Pinson  des  Ar- 
dennes.  On  pourrait  donc  dire  qu'il  n'y  a  pas  de  date,  h  proprement 
parler,  pour  l'émigration,  mais  que,  chez  les  oiseaux,  les  départs  et  les 
arrivées  sont  dictés  uniquement  par  la  température. 

Le  Vice-Secrétaire, 

Vicomte  d'Esterno. 

QUATRIÈME  SECTION 

SÉANCE    DU    !"'■    MAI    1883. 
Présidence  de  M.  Girard,  Président. 

M.  X.  Dybowski  lit  le  procès-verbal  de  la  dernière  séance,  qui,  mis 
aux  voix,  est  adopté. 

La  section  reçoit  un  catalogue  d'oeufs  fécondés  de  Lépidoptères,  mis 
en  vente  par  M.  Emile  Deschamps,  à  Longuyon  (Meurthe-et-Moselle). 


PROCÈS-VERBAUX.  363 

Parmi  ces  œufs,  il  en  est  des  espèces  qui  produisent  de  la  soie,  mais 
beaucoup  d'autres  sont  des  Lépidoptères  hétérocères  variés  européens, 
et  ne  peuvent  servir  qu'aux  amateurs  qui  font  des  éducations  de  Che- 
nilles. 

M.  le  D''  Manier  offre  à  la  Société  des  œufs  du  Ver  à  soie  du  mûrier. 
Malheureusement,  c'est  à  une  époque  où  il  est  difficile  de  les  cultiver; 
car  ils  éclosent  même  dans  les  glacières,  et,  en  outre,  les  éducations  tar- 
dives du  Ver  à  soie  du  mûrier  sont  plus  sujettes  aux  maladies  que  les 
précoces . 

La  section  apprend  avec  intérêt  que  la  Commission  des  récompenses 
a  jugé  dignes  d'encouragement  les  tentatives  de  M.  Durand  pour  re- 
cueillir et  détruire  les  larves  du  Criquet  pèlerin  {Acrydlum  pelegrinum 
Olivier),  espèce  qui,  en  certaines  années,  produit  de  grands  désastres 
en  Algérie. 

M.  Maurice  Girard  donne  lecture  de  la  fin  du  mémoire  de  M.  Wailly 
sur  les  Attaciens  séricigènes  exotiques,  dont  la  lecture  n'avait  pu  être 
terminée  à  la  dernière  séance  générale  (voy.  au  Bulletin). 

M.  M.  Girard,  qui  s'était  chargé  de  rendre  compte  de  l'opuscule  de 
M.  Sicard,  dit  que  la  Commission  des  récompenses  a  passé  à  l'ordre  du 
jour  relativement  à  l'huile  antiphylloxérique  de  M.  Sicard,  attendu  que 
c'est  un  remède  secret. 

M.  Fallou  rappelle  qu'il  a  laissé  quatre  cocons  de  Pernyi  passer  l'hiver 
dans  la  forêt  sous  une  cloche  métallique.  11  croit  qu'il  y  en  a  trois  vi- 
vants, autant  qu'il  peut  en  juger  par  leur  poids. 

Les  cocons  peuvent  donc  passer  l'hiver  dehors. 

Il  compte  élever  de  beaux  cocons,  obtenus  par  M.  Biaise  (Meurthe-et- 
Moselle),  et  les  croiser  avec  les  siens. 

Le  Vice-Secrétaire, 

X.  Dybowski. 


CINQUIÈME  SECTION 

SÉANCE    DU     8    MAI    1883. 
Présidence  de  M.  Paillieux,  Vice-Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté  sans  obser- 
vation. 

M.  le  Secrétaire  donne  lecture  :  1'  d'une  lettre  adressée  à  M.  le  Direc- 
teur du  Jardin  d'Acclimatation  par  le  Gouverneur  de  la  Nouvelle-Calédonie, 
annonçant  l'envoi  de  divers  végétaux  d'ornement,  et  se  mettant  à  la  dis- 
position de  la  Compagnie  pour  les  plantes  qu'elle  jugerait  utile  de 
demander;  2''  d'un  article  de  M.  l'abbé  Durand  sur  l'intérêt  que  pré- 


364  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

senterait  la  culture  des  arbres  à  caoutchouc  dans  la  Guyane  et  en  Co- 
chinchine. 

A  l'occasion  de  celte  communication,  M.  Grisard  demande  à  la  section 
d'émettre  le  vœu,  auprès  du  ministère  des  colonies,  que  des  graines  des^ 
meilleures  espèces  soient  recueillies  par  les  soins  de  nos  ministres  et 
consuls,  pour  les  répandre  non  seulement  dans  les  deux  colonies  citées 
plus  haut,  mais  encore  au  Sénégal  et  à  la  Réunion,  oîi  les  conditions- 
de  climat  conviennent  perticulièrement  à  la  culture  de  ces  arbres  pré- 
cieux. 

M.  le  Secrétaire  propose  également  d'émettre  auprès  de  la  Commis- 
sion des  récompenses  le  vœu  de  la  création  d'un  prix  pour  cet  objet. 

La  section  adopte. 

M.  Vavin  distribue  des  graines  de  la  petite  Tomate  de  New-York 
exempte  de  maladie. 

M.  le  Président  rappelle  qu'il  a  distribué  dans  la  dernière  séance  des 
flacons  de  sirop  de  Physalis  Peniviana  et  demande  l'appréciation  des 
membres  qui  l'ont  dégusté. 

La  section  se  prononce  à  l'unanimité  en  faveur  de  ce  nouveau 
produit. 

M.  Paillieux  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 

«  Vous  vous  rappelez  peut-être  un  spécimen  de  Liane-lorchon  qui  nous 
a  été  présenté  l'an  dernier. 

»  Je  vous  distribuerai  aujourd'hui  quelques  graines  de  cette  plante,  ex- 
traites d'un  fruit  qui  m'a  été  envoyé  du  Transwaal  par  la  Mission  prêtes 
tante  du  canton  de  Vaud.  Les  fruits  de  la  Liane-torchon  rendent  de  grands 
services  dans  l'Afrique  méridionale,  comme  à  la  Réunion,  aux   Antil- 
les, etc. 

»  11  est  douteux  que  nous  puissions  en  obtenir  des  fruits  mûrs  sous  le 
climat  de  Paris,  mais  cependant  sa  culture  me  semble  devoir  être  es- 
sayée. Elle  ne  présentera  d'ailleurs  aucune  difficulté  dans  le  midi  de  la 
France. 

»  Le  climat  du  Transwaal  n'est  pas  excessif  et  peut  même  être  consi- 
déré comme   tempéré  sur  les  plateaux  qui  en  forment  la   plus  grande 

partie. 

»  Je  vous  remettrai  aussi  tout  à  l'heure  des  graines  d'une  autre  Cucur- 
bitacée,  le  Bcnincasa  cérifère,  dont  les  fruits  sont  un  bon  légume.  Dans 
une  de  nos  précédentes  réunions,  je  vous  ai  donné  une  note  imprimée 
relative  à  cette  plante.  Je  n'ai  rien  à  y  ajouter  aujourd'hui  et  j'ai  apporté 
encore  quelques  exemplaires  de  ma  note,  que  pourront  réclamer  ceux 
d'entre  vous  qui  ne  l'auraient  pas  reçue. 

»  Vous  recevrez  en  même  temps  des  graines  de  Pé-tsaï  de  Mongolie. 
Je  ne  vous  dirai  rien  aujourd'hui  de  ce  chou  fourrager  dont  je  vous  ai 
parlé  en  même  temps  que  de  mes  cultures  expérimentales  de  plantes 
chinoises.  Mon  rapport  a  paru  dans  notre  Bulletin  de  janvier  dernier. 


PROCÈS-YERBAUX.  305 

»  Vous  savez  que  je  vous  propose  une  nouvelle  composition  de  P«cA7f s, 
comprenant  les  légumes  dont  voici  la  liste  : 

»   Piment  carré,  doux,  d'Espagne  ; 

»  Oignon  Catawissa; 

■»  Angourie  des  Antilles  ; 

»  Stachijs  a f finis; 

»  Capucine  tubéreuse  ; 

j>  Amomum  Miôga. 

»  Je  vous  conseille  d'essayer  la  confection  de  ces  Pickles  dès  que  vous 
aurez  cultivé  les  plantes  que  j'ai  indiquées.  Vous  pouvez  celte  année 
même  en  récoller  ou  en  acheter  plusieurs. 

»  Le  Piment  d'Espagne  est  dans  le  commerce  pendant  l'été,  notamment 
dans  la  maison  de  notre  collègue,  M.  llédiard. 

»  Je  vous  ai  distribué  au  mois  de  mars  des  bulbes  d'Oignon  Catavvissa. 

î  Je  vous  présente  aujourd'hui  et  je  vous  invite  à  emporter  le  Stachy.'^ 
affinis  en  godets  que  vous  voyez  sur  la  table.  La  multiplication  de  la 
plante  est  telle,  qu'une  seule  touffe  fournit  au  bout  d'un  an  le  plant  né- 
cessaire pour  une  planche  entière  de  jardin. 

»  La  Capucine  tubéreuse  se  trouve  dans  le  commerce.  Nous  sommes 
précisément  arrivés  au  moment  favorable  pour  la  planter.  Elle  donne 
une  excellente  conserve  au  vinaigre.  Je  regrette  infiniment  de  ne  pouvoir 
vous  en  distribuer  des  tubercules.  J'en  ai  négligé  la  culture  que  je  vais 
reprendre  cette  année. 

»  Quant  au  Miôga,  il  n'est  pas  dans  le  commerce  et  je  n'en  ai  pas  encore 
assez  pour  en  faire  une  distribution,  mais  je  promets  de  vous  le  donner 
en  mars  prochain. 

»  Quelques-uns  de  nos  collègues  ont  dégusté  les  Pickles  que  je  leur  ai 
remis  dans  une  précédente  séance.  Ils  ont  approuvé  sans  réserve  la  com- 
position tout  à  fait  nouvelle  que  je  propose,  mais  deux  d'entre  eux  oui 
trouvé  mauvais  le  vinaigre  que  j'ai  employé.  Je  ne  m'y  connais  guère  et 
je  ne  discuterai  pas  ce  point.  Je  n'absous  ni  ne  condamne  mon  vinaigre 
que  d'autres  personnes  ont  trouvé  bon.  Chacun  de  vous  emploiera  le 
meilleur  vinaigre  qu'il  pourra  se  procurer.  » 

iM.  Paillieux  distribue  ensuite  des  plants  en  godets  de  Stachys  affinis, 
sur  lequel  une  note  a  été  récemment  publiée  au  Bulletin. 

M.  le  Président  fait  en  outre  connaître  qu'il  vient  de  recevoir  divers 
envois  de  plantes  du  Transwaal,  de  la  Cochincliine  et  du  Japon. 

M.  Millet  rappelle  que  M.  Voitellier  (de  Mantes)  est  l'inventeur  d'un 
appareil  pour  la  destruction  des  Hannetons  qui  donne  d'excellents  résul- 
tats; notre  confrère  entre  dans  (iuel(|ues  détails  descriptifs  qui  se  trou- 
vent du  reste  consignés  dans  diverses  publications  périodiques  agrico- 
les, notamment  dans  le  Journal  d'agriculture  pratique. 

M.  Millet  signale  un  autre  appareil  facile  à  construire  à  peu  de  frais 
et  qui  donne  également  de  bons   résultats.    Il  consiste   en  un  tonneau 


366  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

rempli  d'eau  et  de  goudron;  sur  les  bords  de  ce  tonneau,  on  pose  une 
croix  en  bois  destinée  à  supporter  une  lampe  ou  une  lanterne.  Les  in- 
sectes attirés  par  la  lumière  se  précipitent  sur  le  verre  de  la  lampe  et 
tombent  en  grand  nombre  dans  le  tonneau  oix  ils  se  noient. 

M.  de  la  Chassagne  dit  que  les  feux  de  nuit  attirent  non  seulement  les 
insectes,  mais  même  des  oiseaux  de  grande  taille  et  qu'il  n'est  pas  rare 
de  recueillir  autour  des  phares  des  Canards  sauvages  et  autres  volatiles 
qui  viennent  s'y  briser  contre  les  parois  de  la  lanterne. 

Notre  confrère  demande  s'il  est  vrai  que  les  Vers  blancs  quittent  les 
Géraniums  s'ils  trouvent  des  Fraisiers  à  leur  portée. 

M.  Paillieux  pense  que  le  fait  est  possible  et  que  les  Vers  blancs  lais- 
seront également  les  Fraisiers  s'ils  ont  de  la  salade;  mais,  s'ils  sont 
abondants,  ils  mangeront  parfaitement  les  deux  plantes. 

M.  Chappellier  dit  qu'il  ne  suffit  pas  de  cultiver  des  salades  près  de 
ses  Fraisiers  pour  en  éloigner  les  Vers  blancs;  dès  que  les  plants  se 
fanent,  on  peut  être  certain  qu'il  y  a  un  Ver  au  pied,  il  faut  alors  le 
chercher  et  le  détruire,  puis  replanter  une  nouvelle  salade;  c'est  un 
appât  presque  infaillible,  et  on  peut  de  la  sorte  détruire  un(3  très  grande 
quantité  de  larves. 

M.  Vavin  dit  que  ses  Fraisiers  ne  sont  jamais  attaqués  par  les  Vers 
blancs  parce  qu'il  a  le  soin  de  mélanger  de  la  fleur  de  soufre  à  son 
terrain. 

M.  Paillieux  pense  que  le  meilleur  moyen  de  se  débarrasser  du  Ver 
blanc  est  encore  de  planter  ses  Fraisiers  sur  un  épais  paillis  recouvert 
de  terre  que  le  Man  ne  peut  traverser.  11  faut  par  exemple  avoir  bien 
soin  de  visiter  sa  paille  et  son  terrain  avant  de  faire  sa  plantation  et  ne 
pas  introduire  soi-même  l'ennemi  dans  la  place. 

M.  Millet  recommande  l'emploi  de  la  tannée  qui  éloigne  le  Ver  blanc 
des  semis  de  Chêne. 

Le  Secrétaire, 

Jules  Grisard. 


U.  BIBLIOGRAPHIE. 


1 

liC  Itaroinctce  appliqué  à  la  prévision  du  temps,  par  J.  R.  Plumandon, 
météorologiste  adjoint  à  l'Observatoire  du  Puy-de-Dôme.  Broch.  in-18, 
62  pages  avec  16  caries  ou  planches  hors  texte;  2*  édit.  Michelet, 
25,  quai  des  Grands-Augustins.  1883. 

«  M.  Plumandon,  dit  M.  H.  de  Parville  dans  sa  Revue  des  sciences  au 
Journal  officiel,  a  très  bien  indiqué,  en  langage  clair  et  rapide,  les  lois 
des  changements  de  temps;  il  a,  en  un  mot,  révélé  les  secrets  du  baro- 
mètre, en  sorte  que,  son  petit  livre  en  mains,  on  peut  rapidement  devenir 
prophète,  même  en  son  pays.» 

Nous  souscrivons  volontiers  à  cette  appréciation,  et  nous  ne  nous 
demanderons  pas  s'il  n'est  pas  trop  tôt  pour  parier  de  lois  en  matière  de 
météorologie,  alors  que  les  mystères  de  cette  science  s'envolent  encore 
devant  nous.  Aussi,  comme  les  études  de  nos  lecteurs  les  ont  familiarisés 
avec  la  connaissance  des  mouvements  généraux  de  l'atmosphère,  avec  ce 
qu'il  faut  entendre  par  les  dépressions  atmosphériques  et  les  aires  de 
basses  ou  de  fortes  pressions,  nous  arriverons  directement  à  ce  que  l'au- 
teur qualifie  plus  modestement  de  Prévisions. 

Le  vent  est  produit  par  la  rotation  de  l'air  atmosphérique  autour  des 
centres  de  pression  minima.  Or  cette  rotation  s'opère  toujours  dans  le 
même  sens,  inverse  de  celui  du  mouvement  des  aiguilles  d'une  montre. 
Il  est  donc  évident  que  lorsque  l'on  verra  les  nuayes  marcher  dans 
une  certaine  direction,  on  pourra  en  déduire  qu'un  centre  de  dépres- 
sion existe  sur  la  gauche  du  courant  nuageux,  dans  une  direction  à 
peu  près  perpendiculaire  à  ce  courant.  Si,  par  exemple,  les  nuages 
marchent  de  l'ouest  à  l'est,  un  centre  de  perturbation  se  trouvera  dans 
le  nord;  il  se  trouvera  dans  le  sud-est  si  les  nuages  viennent  du  nord- 
est;  dans  l'ouest  s'ils  viennent  du  sud,  etc. 

En  général,  la  dépression  est  d'autant  plus  importante,  et  son  centre 
d'autant  plus  près  du  lieu  d'observation,  que  la  vitesse  des  nuages  est 
plus  grande  et  le  baromètre  plus  bas.  Si  la  baisse  barométrique  a  été 
lente  et  considérable,  l'aire  des  basses  pressions  a  une  vaste  étendue; 
cette  étendue  est  restreinte  si  le  baromètre  a  baissé  peu  et  vite.  La  dé- 
pression se  rapproche  ou  se  creuse  si  le  baromètre  baisse  ;  elle  s'éloigne 
ou  se  comble  pendant  qu'il  remonte,  et  son  centre  est  au  plus  près  au 
moment  du  minimum  barométrique  (p.  36). 

Ces  prémisses  posées,  M.  Plumandon  examine  les  sept  principaux  cas 
qui  peuvent  se  présenter.  Voici  les  deux  premiers  : 

1°  Si  le  baromètre  baisse  d'une  manière  lente  et  régulière  et  ne  des- 
cend guère  au-dessous  de  760  millimètres;  si  le  ciel  se  charge  de  quel- 


;368  SOCIÉTÉ  nationale  d'acclimatation. 

<|ues  nuages  qui  marchent  lentement  de  l'ouest  à  l'est  :  une  dépression 
fuisse  dans  le  nord  de  l'Europe,  sur  V Angleterre  et  la  mer  du  Nord. 
11  en  résulte  une  température  douce  et  uniforme,  un  ciel  nuageux,  quel- 
quefois un  peu  de  vent;  en  somme,  un  temps  beau,  ou  au  moins  assez 
Jjeau. 

2"  Si  le  baromètre  baisse  assez  rapidement  et  descend  jusqu'à  750 
ou  745  millimètres  ;  si  la  température  s'élève  ;  si  les  nuages  augmentent, 
deviennent  plus  noirs  et  chassent  du  sud-ouest  :  une  dépression  aborde 
l'Europe  par  V Angleterre  ou  par  la  Manche...  La  pluie,  qui  commence 
•lorsque  le  baromètre  cesse  de  descendre,  ou  au  moins  lorsqu'il  com- 
mence à  remonter,  tombe  jusqu'à  ce  que  le  vent  ait  atteint  le  nord-ouest, 
m  diminuant  rapidement  d'intensité.  Alors  à  la  pluie  continue  succèdent 
4es  ondées  ou  des  averses  plus  ou  moins  fréquentes  ;  puis  le  ciel  s'é- 
claircit  et  la  température  s'abaisse. 

En  ce  qui  concerne  les  orages,  l'auteur  constate  que  l'approche  d'une 
période  orageuse  est  annoncée  par  une  baisse  barométrique,  par  des 
rosées  d'une  abondance  extraordinaire,  par  des  minima  et  des  maxima 
de  température  très  accentués. 

Viennent  ensuite  quelques  observations  intéressantes  sur  la  pluie, 
neige,  les  brouillards,  la  chaleur,  le  froid  et  les  gelées. 

Aimé  Dufort 


Le  gérant  :  Jules  Grisard. 


Imprimeries  réunies,  A,  luc  Mignon,  2..  Parie 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


SUR    L'ACCLIMATATION   ET  LA  DOMESTICATION 

D'UN  PETIT  RONGEUR  ORIGINAIRE  DES   HAUTS-PLATEAUX   ALGÉRIENS 

(DIPODILLUS  SIMONI  Lat.) 

Par  M.   FERNAIVD  LATASTE 


PRELIMINAIRE. 

L'espèce  nouvelle  que  je  cherche  à  acclimater  dans  nos 
cages  présente  sur  la  Souris,  dont  elle  a  à  peu  près  la  taille 
et  les  conditions  d'existence,  plusieurs  avantages.  Je  n'en 
citerai  que  deux. 

Le  premier  sera  certainement  apprécié  dans  les  labora- 
toires. Les  fonctions  reproductrices  de  Dipodillus  Simoni 
s'accomplissent  avec  une  telle  régularité,  que,  si  l'on  a  observé 
la  date  d'un  accouplement  ou  d'une  parturition,  on  peut,  à 
l'aide  de  ce  point  de  repère,  fixer,  avec  la  certitude  de  s'écarter 
fort  peu  de  la  réalité,  la  série  de  ses  accouplements  et  de  ses 
parturitions  successifs  pendant  six  mois  et  plus.  Chez  la 
Souris  ces  actes  se  succèdent  à  des  intervalles  beaucoup 
moins  réguliers,  et  il  survient  tout  à  coup,  quand  on  s'y 
attend  le  moins,  des  périodes  d'infécondité  fort  gênantes 
pour  l'observateur. 

Le  deuxième  avantage  aura  son  prix  aux  yeux  des  amateurs. 
Tandis  que  la  Souris  communique  à  sa  cage  et  même  aux 
objets  qu'elle  touche  une  odeur  très  désagréable  et  fort 
tenace,  Dipodillus  Simoni  est  absolument  inodore. 

Ces  avantages  positifs  suffiraient,  je  crois,  à  justifier  mon 
entreprise. 

Mais,  comme  je  l'écrivais  à  M.  le  Directeur  du  Jardin  d'ac- 
climatation, en  le  priant  de  vouloir  bien  accepter  le  couple 
reproducteur  qui  est  ici  sous  les  yeux  de  la  Société,  et  contri- 

3e  SÉRIE,  T.  X.  —  Juillet  1883.  24 


;J70  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

ouer,  par  la  difîusion  des  produits  qui  en  naîtront,  au  succès 
de  mes  efforts,  mon  but  n'est  pas  seulement  de  fournir  une 
espèce  animale  de  plus  à  l'agrément  des  amateurs  et  à  la 
consommation  des  laboratoires  ;  c'est  surtout  de  jeter  quelque 
lumière  sur  les  problèmes  si  intéressants  et  encore  si  obscurs 
des  origines  des  espèces  et  des  races  domestiques.  La  pre- 
mière méthode  à  employer,  dans  l'étude  d'un  phénomène, 
.n'est-elle  pas  de  le  faire  reproduire,  quand  cela  est  possible, 
et  de  l'observer  alors  soigneusement  dans  tous  ses  détails? 

Je  me  propose  d'acclimater  et  de  domestiquer  une  espèce 
pour  étudier  notamment  la  rapidité  et  l'intensité  des  varia- 
tions d'une  espèce  soumise,  à  une  époque  déterminée,  à  l'in- 
fluence de  la  domestication.  En  pareil  cas  le  choix  de  l'espèce 
n'est  pas  indifférent.  On  a  besoin  du  concours  d'un  grand 
nombre  de  collaborateurs,  la  plupart  inconscients  et  étrangers 
aux  spéculations  scientifiques  ;  il  faut  donc  que  l'espèce  choi- 
sie exige  le  moins  de  frais  possible  d'installation  et  de  nour- 
riture ;  et,  comme  on  ne  peut  guère  espérer  que  l'élevage 
d'une  espèce  qui  ne  coûte  rien  puisse  rapporter  des  béné- 
fices, il  faut  qu'elle  soit  assez  agréable  pour  qu'on  ait  plaisir 
à  la  posséder  et  à  la  faire  multiplier.  Enfin,  pour  parer  aux 
chances  de  mortalité,  il  faut  qu'elle  soit  très  féconde  ;  et,  pour 
•que  l'observation  du  phénomène  ne  prenne  pas  des  siècles, 
il  faut  que  ses  générations  se  succèdent  avec  une  grande  ra- 
pidité. Ce  dernier  point  surtout  me  paraît  important.  Soient 
•deux  espèces  dont  les  générations  se  succèdent  tous  les  vingt 
ans  chez  l'une  et  tous  les  quatre  mois  chez  l'autre  :  une  mo- 
dification qui  exigerait  soixante  générations  pour  se  produire 
n'apparaîtra  qu'au  bout  de  douze  cents  ans  chez  la  première, 
tandis  qu'elle  se  montrera  dès  la  vingtième  année  chez  la  se- 
conde. 

Dipodillus  Simoni  remplit  fort  bien  ces  diverses  condi- 
tions. 


DIPODILLUS   SIMONI.  371 


I.  — Dipoclillus  Simoni  lat.  (I)  :  son  origine,  sa  description, 

SES  MŒURS. 

Origine.  —Le  1"  juin  1881,  à  l'oued  Magra  (près  de 
M'sila,  au  nord  du  chott  du  Hodna,  dans  les  Ilauts-Plateaux 
algériens),  les  Arabes  m'ont  apporté  de  nombreux  individus 
de  cette  espèce,  dont  plusieurs  étaient  des  femelles  pleines  ou 
nourrices.  J'en  conservai  vivants  une  dizaine  de  sujets,  que 
j'expédiai  plus  tard  à  Paris.  A  mon  retour,  quelques-uns 
d'entre  eux  furent  sacrifiés  pour  l'étude  ;  les  autres,  trois  fe- 
melles et  un  mâle,  devinrent  la  souche  de  la  colonie  qui  vit  et 
se  multiplie  aujourd'hui  en  captivité  (Chacun  de  ceux-ci  est 
désigné  dans  mes  noies  et  ici  par  une  lettre  d'alphabet  tou- 
jours la  même).  Il  est  à  remarquer  que  nulle  part  ailleurs, 
dans  mes  deux  voyages  à  travers  l'Algérie,  je  n'ai  recueilli 
cette  espèce,  si  commune  à  l'oued  Magia. 

Description.  —  Dipodillus  Simoni  Lat.  est  un  petit  Ron- 
geur de  la  même  famille  que  nos  Rats  et  nos  Souris,  la  famille 
des  Muridés.  Sa  denture  le  place  dans  le  genre  Gerbillus 
Desmarets,  et  le  nombre  des  tubercules  de  ses  pieds  dans  le 
sous-genre  Dipodillus  Lat.,  dont  il  est  le  type. 

Il  a  à  peu  près  la  taille  et  les  allures  de  notre  Souris  com- 
mune. De  grands  yeux  noirs,  des  moustaches  nombreuses, 
fines,  divergentes,  des  oreilles  délicates,  régulièrement  ovales, 
d'un  développement  moyen,  lui  donnent  une  physionomie 
agréable.  Sa  queue,  plus  courte  que  le  corps,  a  une  forme 
assez  caractéristique:  elle  est  épaissie  au  centre  et  atténuée 
aux  extrémités,  en  fuseau;  grâce  à  son  écaillure  plus  petite,  à 
sa  peau  plus  souple,  aux  poils  plus  fins  et  moins  rares  qui  la 
revêtent,  elle  n'a  pas  l'aspect  repoussant  de  celle  du  Rat.  La 
toison  du  Dipodille  est  fine,  soyeuse,  assez  longue,  bien 
fournie.  Ses  couleurs  sont  celles  des  espèces  du  désert  :  en 
dessus,  un  joli  fauve  ou  Isabelle,  tirant  plus  ou  moins,  siii- 

(1)  L'espèce   a   été  décrite  et   nommée  dans   le    Naturaliste,    1881,  ii.  -i9y 
et  500. 


372  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'ACCLIMATATION. 

vant  l'individu,  vers  le  roux,  le  jaune  ou  le  brun;  en  dessous, 
un  blanc  pur.  La  queue  est,  sur  ses  deux  faces,  d'un  jaunâtre 
clair  un  peu  rosé,  brunissant  légèrement  vers  la  pointe. 

La  femelle  a  huit  mamelles,  quatre  pectorales  et  quatre  in- 
guinales. Toutes  les  espèces  de  Gerbillines  chez  lesquelles  on 
a  compté  ces  organes  en  ont  le  même  nombre. 

Amours.  —  J'ai  décrit,  dans  un  mémoire  qui  paraîtra  pro- 
chainement (1),  l'accouplement  de  cette  espèce  et  quelques 
particularités  peu  connues  de  la  reproduction  des  Rongeurs. 
Je  ne  m'arrêterai  pas  à  les  décrire  ici  de  nouveau.  Je  rappor- 
terai seulement,  avant  de  passer  outre,  une  petite  observation 
qui  me  paraît  avoir  sa  place  ici. 

Dans  leurs  rapports  sexuels,  ces  petits  animaux  éprouvent 
l'un  pour  l'autre  des  sympathies  ou  des  antipathies  indivi- 
duelles, qu'il  est  aisé  de  constater,  mais  dont  il  me  paraît  bien 
difficile  d'apprécier  les  motifs.  Ainsi  une  femelle  (Ç  A),  mise 
en  présence  d'un  mâle  (c/  B),  était  toujours  fort  maltraitée 
par  lui;  plusieurs  fois  j'ai  dû  la  soustraire  à  la  fureur  de  ce 
Ijrulal  qui  la  mordait  et  la  mettait  en  sang  ;  et,  quand  je  la  rem- 
plaçais auprès  de  lui  par  une  autre  femelle  ($  D),  ses  manières 
changeaient  aussitôt  du  tout  au  tout  ;  il  comblait  celle-ci  de 
caresses  et  la  couvrait  de  baisers  (l'expression  est  assez  exacte). 
Dans  d'autres  cas,  c'est  la  femelle  qui  maltraite  le  maie.  2  e 
était  certainement  le  plus  doux  de  tous  mes  Dipodilles  ;  cepen- 
dant, quand  je  mettais  celte  femelle  en  présence  du  mâle  {çf  B, 
le  même  que  précédemment),  elle  entrait  aussitôt  en  fureur, 
le  poursuivait  et  le  mordait  cruellement  ;  celui-ci,  quoique 
plus  gros  qu'elle  et  plus  fort,  s'enfuyait,  comme  affolé  de 
terreur;  et  si  je  remplaçais  auprès  de  cette  rageuse  femelle 
le  mâle  de  son  espèce  par  un  mâle  de  Souris  albinos,  elle  vi- 
vait dans  les  meilleurs  termes  avec  ce  dernier. 

Époques  du  rut.  —  Le  Dipodille  de  Simon,  comme  la  plu- 
part des  Muridés,  reproduit  toute  l'année,  sans  distinction  de 
saisons. 

Si  la  femelle  et  le  mâle  cohabitent,  ils  s'accouplent  aussitôt 

(I)  «  Sur  lebouclioii  vaginal  des  Rongeurs  »,dans  le  Journal  de  Vanatomie  et 
de  la  physiologie  de  Robin  et  Pouchet. 


DIPODILLUS   SIMONI.  373 

après  le  part  (1).  Dans  le  cas  contraire,  et  si  la  femelle  élève 
des  petits,  on  peut  lui  présenter  le  mâle  chaque  jour,  elle  ne 
l'accepte  que  du  dix-huitième  au  vingt-quatrième  jour  après 
sa  délivrance.  Exemples  : 

Q  D  ayant  mis  bas  le2G  janvier,  est  en  rut  le  13  février;  intervalle  18  jours. 
Q   D  —  13  mai  —  1"  juin  —  18    — 

9  D  —  5  mars  —  25  mars  —  20    — 

9  "D  —  21  juin  —  12  juillet        —  21     — 

9   s  —  22  août  —  15  septembre  —  21    — 

Mais  si  toute  la  portée  a  péri  aussitôt  après  la  naissance,  la 
femelle  s'accouple  une  dizaine  de  jours  environ  après  sa  déli- 
vrance. Exemple  :  $  D,  ayant  mis  bas  le  15  avril  ;et  ses  petits 
n'ayant  pas  vécu,  s'accouple  le  23  du  même  mois  ;  intervalle, 
huit  jours. 

De  même,  quand  la  femelle  en  rut  a  été  empêchée  de  s'ac- 
coupler, elle  entre  de  nouveau  en  rut  une  dizaine  de  jours 
après.  En  voici  trois  exemples:  je  présentais  à  la  femelle  le 
mâle  de  son  espèce  que  je  retirais  avant  l'accouplement,  mais 
après  que  j'avais  acquis  la  certitude  que  cet  acte  allait  avoir 
lieu;  or: 

en  rut  et  empêchée  .-  septembre,  entre  en  ».  septembre  ;       . 

de    s'accoupler  le       rut  de  nouveau   le        intervalle,       J*'"''^- 
9D  —  12  juillet  —  22  juillet  —    10    — 

9  D  —  22  juillet  —  5  août     —     U     — 

Le  rut  ne  dure  jamais  que  quelques  heures;  même  quand 
il  n'est  pas  satisfait  (cas  de  $  D,  12  et  22  juillet),  il  a  toujours 
disparu  le  lendemain. 

Durée  de  la  gestation.  —  La  durée  de  la  gestation  est  nor- 
malement de  vingt  jours.  La  durée  est  la  même  chez  tous  les 
Muridés  que  j'ai  observés  sous  ce  rapport  :  3/ns  decumanus 
Pallas  elMus  miisculas  L.  parmi  les  Murincs,  Pachi/uromi/s 


(1)  C'est  dans  ce  cas  qu'il  peut  s'écouler  une  trentaine  de  jours  entre  l'ac- 
couplement et  la  délivrance  ultérieure.  Voyez  à  ce  sujet  mon  mémoire  précité 
«  Sur  le  bouchon  vaginal  des  Rongeurs  »  dans  le  Journal  de  Vanatomle  et  de  la 
physiologie. 


374  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D'aCCLIMATATION. 

Duprasi  Lat.  et  Dipodilliis  Simoni  Lat.  chez  les  Gerbillines. 
Exemples  : 

9  D,  fécondée  le  13  février,  met  bas  le    5  mars; 

CD         —  23  avril           —           13  mai; 

CD          —  l"juin            —           21  juin; 

ç  y          —  1"  aoiit           —           21  août. 

Quelquefois  cependant  elle  est  de  21  jours.  Exemples: 

Ç  D,  fécondée  le  25  mars,    met    bas  le  15  avril  ; 
CD  —  5  août  —  26  août; 

Q  £  —  1"  août  —  22  août. 

Parfois  même,  exceptionnellement,  il  s'écoule  une  tren- 
taine de  jours  entre  l'accouplement  fécondateur  et  la  déli- 
vrance (1). 

Remarque.  —  On  voit  qu'il  y  a  avantage,  au  point  de  vue 
de  la  multiplication  de  l'espèce,  à  laisser  le  mâle  cohabiter 
avec  sa  femelle.  Dans  ce  cas  en  effet  la  femelle,  s'accouplant 
aussitôt  après  sa  délivrance  et  mettant  bas  de  nouveau  une 
trentaine  de  jours  après,  fournit  environ  une  portée  par  mois  ; 
tandis  que,  quand  elle  est  séparée  du  mâle,  elle  ne  porte  que 
vingt  jours,  il  est  vrai,  mais  elle  ne  s'accouple  aussi  qu'une 
vingtaine  de  jours  après  sa  délivrance;  ses  portées  ne  se  suc- 
cèdent par  conséquent  qu'à  quarante  jours  d'intervalle  envi- 
ron. Sans  compter  le  cas  où  l'on  négligerait  de  réunir  les  deux 
sexes  au  moment  précis  du  rut,  négligence  qui  occasionnerait, 
chaque  fois  qu'elle  se  renouvellerait,  un  retard  de  dix  jours 
environ. 

Instinct  paternel.  —  Cette  cohabitation  du  mâle  avec  la 
femelle  ne  présente  d'ailleurs  aucun  inconvénient  pour  la  pro- 
géniture. On  a  singulièrement  calomnié  les  mœurs  des  Ron- 
geurs ;  on  a  dépeint  ces  animaux  comme  des  êtres  féroces, 
cherchant  sans  cesse  à  se  dévorer  entre  eux  et  n'épargnant 
même  pas  leurs  propres  enfants  !  La  vérité  est  que  deux  Ron- 
geurs qui  se  voient  pour  la  première  fois,  qui  sont  étrangers 

(1)  Voyez  la  note  précédente. 


DIPODILLUS   SIMONl.     JT/lî3  "^  375 

l'un  à  l'autre,  se  considèrent  comme  ennemis,  lussent-ils  de 
la  même  espèce,  et  se  livrent  bataille.  L'homme  n'agit-il  pas 
souvent  de  même?  et  le  même  mot  latin,  liostis,  ne  signifie- 
t-il  pas  indifféremment  étranger  ou  ewwewir^  Ajoutons  que 
bien  souvent  nous  ne  savons  pas  fournir  à  nos  petits  pri- 
sonniers les  aliments  qui  leur  conviennent,  et  que  nous  les 
plaçons  dans  la  triste  situation  des  naufragés  de  la  Méduse. 
Quand  deux  Rongeurs,  même  d'espèce  différente,  ne  se  sont 
pas  grièvement  blessés  à  la  première  entrevue,  ils  devien- 
nent bientôt  d'ordinaire  bons  camarades,  et,  s'ils  sont  con- 
venablement logés  et  nourris,  ils  continuent  par  la  suite  à 
vivre  en  parfaite  intelligence.  C'est  ainsi  que  je  conserve  dans 
une  même  cage  un  superbe  Arvicola  Musiniani  et  un  Mus 
decumanus  albinos  $  jeune  encore  ;  ils  couchent  dans  le 
même  nid;  et,  depuis  qu'ils  ont  lié  connaissance,  après  les 
difficultés  du  début,  je  n'ai  pas  vu  s'élever  entre  eux  la  plus 
petite  querelle.  Quant  au  sentiment  paternel,  il  existe,  quoique 
assez  peu  développé,  chez  les  Rongeurs,  je  suis  en  mesure  de 
l'affirmer.  J'ai  vu  \m  Rat  domestique  mâle  {Mus  decumanus 
Pallas,  var.  albine),  en  l'absence  de  sa  femelle,  prendre  à  la 
bouche,  comme  fait  d'ordinaire  celle-ci,  ses  petits  qui  s'éga- 
raient et  les  rapporter  délicatement  au  nid.  D'ordinaire,  il 
est  vrai,  il  se  débarrasse  sur  la  mère  des  soins  de  la  progé- 
niture commune;  il  couche  en  dehors  et  à  une  certaine  dis- 
tance du  nid;  mais,  dans  ses  mouvements  les  plus  impétueux, 
je  l'ai  toujours  vu  prendre  des  précautions  pour  ne  pas  bles- 
ser les  petits,  soit  quand  ils  étaient  encore  au  nid,  soit  quand 
ils  commençaient  à  prendre-leurs  ébats. 

Quant  au  mâle  Dipodillus  Simoni,  je  l'ai  toujours  vu  s'é- 
tablir dans  le  nid  même,  à  côté  de  la  mère  et  au  milieu  des 
petits,  qui  ne  m'ont  jamais  paru  avoir  à  souffrir  de  sa  pré- 
sence. 

JSid,  —  Quelques  jours  avant  de  mettre  bas,  la  femelle,  ai- 
dée par  le  mâle  si  on  l'a  laissé  avec  elle,  travaille  à  son  nid. 
Avec  sa  bouche  et  ses  pattes  elle  ramasse  en  petites  pelotes 
l'étoupc  hachée  qu'on  a  eu  soin  de  lui  fournir,  et  elle  trans- 
porte celle-ci  dans  sa  bouche  à  la  place  qu'elle  a  adoptée  : 


376  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D' ACCLIMATATION. 

c'est  plaisir  de  voir  ractivité  qu'elle  déploie  dans  cette  besogne. 
iwLe  plancher  des  cages  dans  lesquelles  je  tiens  mes  Rongeurs 
est  garni  d'une  couche  de  sable  mélangé  de  craie  pulvérisée 
(on  verra  plus  loin  l'utilité  de  la  craie)  :  la  petite  bête  ra- 
masse tous  ces  matériaux  et  les  entasse  sur  le  nid.  Elle  gratte 
fiévreusement  le  sol  de  ses  pattes  antérieures,  le  dos  tourné 
au  nid,  vers  lequel,  de  temps  à  autre,  elle  repousse  les  déblais 
avec  son  dos  et  à  l'aide  de  coups  vigoureux  de  ses  membres 
postérieurs.  Le  monticule  ainsi  formé  et  légèrement  consolidé 
par  l'étoiipe  du  nid  qui  en  occupe  le  centre,  est  percé  à  son 
sommet  d'un  terrier,  qui  descend  jusqu'au  plancher  de  la 
cage.  C'est  là  que  sont  déposés  les  petits.  Constamment, 
même  après  sa  délivrance,  la  femelle  travaille  à  réparer  les 
dégâts  survenus  au  fragile  édifice  et  à  en  augmenter  la  hau- 
teur. 

Remarque.  —  Parfois  l'étoupe  du  nid  ne  suffit  pas  à  main- 
tenir en  place  ces  matériaux  sans  adhérence,  et  le  monticule 
s'éboule  sur  les  petits  qui  sont  enterrés  et  asphyxiés.  J'ai 
perdu  ainsi  une  portée  de  six  petits  {9  D,  portée  du  45  avril). 
Il  suffit,  pour  éviter  un  semblable  accident,  de  mettre  dans 
la  cage  une  petite  boîte  en  bois,  perforée  à  sa  partie  supé- 
rieure. La  femelle  met  bas  dans  cet  abri  et  le  nid  se  trouve 
ainsi  protégé  contre  tous  les  travaux  de  terrassement  qu'elle 
peut  faire. 

Parhirition.  —  La  femelle  met  bas  d'ordinaire  vers  le 
milieu  du  jour,  le  plus  souvent  avant  midi.  A  mesure  que 
les  petits  viennent  au  monde,  elle  dévore  les  placentas  et  les 
cordons  ombilicaux,  qui  forment  une  masse  considérable. 
Quelquefois  même  elle  dépasse  le  but  et  entame  fortement  le 
nouveau-né.  Aussi,  pendant  et  après  la  parturition,  son  esto- 
mac se  remplissant  comme  ses  utérus  se  vident,  son  ventre 
apparaît  presque  aussi  volumineux  qu'avant;  et,  de  toute  la 
journée,  elle  ne  touche  pas  à  ses  aliments  habituels.  En  de- 
hors de  ce  cas,  je  n'ai  jamais  vu  mes  Dipodilles  prendre  une 
nourriture  animale,  bien  que  je  leur  en  aie  souvent  offert  de 
différente  nature. 

Développement  des  jeunes.  —  Les  petits  viennent  au  monde 


DIPODILLUS    SIMONI.  377 

nus  ;  seules  de  tous  les  poils,  les  vibrisses  font  exception, 
pointant  déjà  chacune  au  sommet  d'un  petit  tubercule.  Le 
poil  apparaît  d'abord  sur  le  dos,  puis  sous  le  ventre  ;  quand 
il  commence  à  pousser  à  l'extérieur,  et  même  un  peu  avant, 
les  faces  supérieures  du  jeune,  qui  étaient  dépourvues  de 
pigment  et  roses  à  la  naissance,  deviennent  brunes  ;  elles  de- 
meurent brunes  quelque  temps,  jusqu'à  ce  que  le  poil,  dont 
l'extrême  pointe  est  brune,  ayant  acquis  une  certaine  crois- 
sance, sa  partie  rousse  se  soit  suffisamment  dégagée  de  la 
peau.  Pendant  ce  temps,  les  faces  inférieures  passent  du  rose 
au  blanc.  Dès  le  septième  jour  à  la  loupe  et  de  profil,  au 
huilièmeouneuvièmejour  seulement  à  l'œil  nu,  on  commence 
à  distinguer  le  poil  du  dos;  au  dixième  jour,  la  couleur  du 
dos  passe  du  brun  au  roux;  au  treizième  jour,  les  jeunes  ont 
le  même  système  de  coloration  que  les  adultes. 

Le  pavillon  de  l'oreille,  informe  à  la  naissance,  se  déve- 
loppe peu  à  peu;  d'abord  imperforé,  son  trou  de  communi- 
cation avec  l'oreille  interne  ne  s'établit  que  du  quinzième  au 
dix-septième  jour. 

Les  paupières  s'ouvrent  quelquefois  dès  le  dix-septième, 
mais  d'ordinaire  seulement  au  dix-buitième  jour. 

On  voit  manger  les  petits  dès  le  dix-huitième  ou  le  dix- 
neuvième  jour;  et  presque  aussitôt  ils  peuvent  se  passer  de 
leur  mère. 

Remarque.  —  A  cette  époque,  et  même  plus  tôt,  quand  ils 
n'ont  pas  encore  ouvert  les  yeux,  on  les  voit  fréquemment 
sortir  du  nid.  La  mère  leur  court  après,  les  saisit  avec  la 
bouche  par  la  peau  du  dos  et  les  rapporte  à  la  maison.  Parfois 
elle  a  fort  à  faire,  tous  les  petits  sortant  ensemble  et  ceux 
qu'elle  a  rapportés  s'échappant  de  nouveau  quand  elle  est 
occupée  après  les  autres. 

Dans  la  nature,  ces  petits  imprudents  doivent  bien  des  fois 
être  ainsi  sauvés  par  leur  mère  de  la  serre  des  oiseaux  de 
proie  ou  de  la  dent  des  "mammifères  carnassiers  et  des  rep- 
tiles ;  mais  quelquefois  aussi  cette  sollicitude  maternelle  dé- 
passe le  but  à  atteindre.  J'ai  vu  souvent  la  mère  s'acharner  à 
rapporter  au  nid  des  petits  qu'elle  n'allaitait  plus  et  qu'elle 


378  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

aurait  ainsi  fait  périr  de  faim,  s'ils  n'avaient  mis  autant  de 
persévérance  à  s'enfuir  de  nouveau  vers  les  aliments,  qu'elle 
mettait  d'acharnement  à  les  en  éloigner.  Il  m'a  même  paru 
que,  dans  ce  cas,  l'amour  maternel  venait  se  perdre  et  se 
noyer  dans  un  sentiment  tout  égoïste,  celui  de  la  gourman- 
dise :  car  c'était  surtout  quand  elle  mangeait  elle-même  qu'elle 
empêchait  ses  petits  de  partager  son  repas,  les  laissant  s'ébat- 
tre et  se  nourrir  à  leur  aise  quand  elle  était  repue. 

Aussi  me  semble-t-il  convenable  d'enlever  les  petits  à  leur 
mère  avant  le  trentième  jour  de  leur  existence.  En  les  affran- 
chissant de  la  tutelle  maternelle,  on  laisse  ainsi  la  place  libre 
à  la  portée  suivante. 

A  cet  âge  ils  sont  d'ailleurs  depuis  longtemps  en  état  de  se 
passer  des  soins  maternels.  Voici  à  quels  âges  j'ai  donné  ceux 
qui  sont  nés  chez  moi  ;  et  quelques-uns  ont  eu  à  supporter 
alors  un  voyage  à  l'étranger.  2  ont  été  donnés  au  22'  jour, 

3  au  25%  4-  au  27%  8  au  28%  4-  au  29%  3  au  30%  5  au  32% 
6  au  33%  2  au  34%  3  au  35%  5  au  36%  1  au  39%  i  au  W  ; 
total,  47. 

Les  jeunes  Dipodilles  sont  beaucoup  plus  remuants  et  plus 
vifs  que  leurs  parents  ;  ils  se  déplacent  presque  toujours  par 
sauts  et  par  bonds,  tandis  que  les  adultes  ne  sautent  que  ra- 
rement et  jamais  sans  nécessité. 

Puberté.  —  Vers  la  fin  de  leur  deuxième  mois,  les  jeunes 
ont  à  peu  près  atteint  leur  taille  définitive  et  ils  ont  tout  à 
fait  l'aspect  des  adultes;  mais  ils  ne  sont  pas  encore  en  état  de 
se  reproduire.  A  quel  âge  minimum  ou  moyen  acquièrent- 
ils  cette  faculté  ?  Je  ne  puis  le  dire,  ayant  donné  fort  jeunes 
tous  les  sujets  qui  sont  nés  ohez  moi  et  n'ayant  eu  ensuite  que 
peu  ou  point  de  leurs  nouvelles.  Voici  les  seules  indications 
précises  que  je  puis  fournir  à  ce  sujet  : 

1"  La  première  portée  obtenue  par  M.  Feuz  a  eu  lieu  le 

4  août  1882,  ce  qui  fait  remonter  la  fécondation  de  la  femelle 
au  14  ou  15  juillet  précédent.  Or  le  père  de  la  portée  était  né 
le  27  octobre  1881,  et  la  femelle  le  5  mars  1882  ;  celui-là  était 
donc  âgé  de  près  de  9  mois,  celle-ci  de  près  de  4  mois  et  demi, 
quand  a  eu  lieu  leur  accouplement  fécond  ; 


DIPODILLUS   SIMONI.  379 

2"  Les  femelles  y  et  e  ont  été  fécondées  pour  la  première 
ibis  le  1"  août  1882;  elles  étaient  nées  l'une  et  l'autre  le 
26  janvier  1882,  et  se  trouvaient  par  conséquent  âgées  à  cette 
époque  de  6  mois  environ. 

Fécondité.  —Du  27  octobre  1881  au  19  décembre  1882, 
cinq  femelles  et  un  mâle  m'ont  donné  14  portées,  soit  73  petits, 
dont  26  n'ont  pu  être  élevés  et  47  ont  été  élevés  et  distribués. 
Une  seule  femelle,  9  D  (1),  a  fait,  du  14  décembre  1881  au 
19  décembre  1882,  c'est-à-dire  en  une  seule  année,  10  portées, 
soit  52  petits,  dont  17  sont  morts  à  la  naissance  et  35  ont  été 
distribués.  Et  ce  n'est  qu'en  dernier  lieu  seulement  que  je 
l'ai  constamment  laissée  avec  le  mâle  ! 

Voici  les  dates  de  ces  portées.  Les  femelles  A,  D,  E,  comme 
le  mâle  B,  étaient  nées  en  liberté,  sous  le  climat  algérien, 
tandis  que  les  femelles  e  et  y  sont  nées  à  Paris,  le  26  janvier, 
de  5  D  et  (/  B. 

Q  A,   1  portée  :  27  octobre  1881  ; 

Q  D,  10  portées  :  14  décembre  1881  ;  26  janvier,  5  mars,  15  avril, 
13  mai,  21  juin,  26  août,  16  octobre,  15  novembre,  19  décem- 
bre 1882  ; 

9  E,   1  portée  :  21  décembre  1881  ; 

Ç>  Y,    1  portée:  21  août  1882; 

Ç  e,    1  portée  :  22  août  1882. 

Voici,  d'autre  part,  le  nombre  des  petits  composant  chaque 
portée  : 

16  petits  pro-  \   '^  E,  21  décembre  1881  ; 

viennent  de  4  portéesde  4  petits  chacune.  )   ^  D.  26  janvier,  13  mai, 

^  ^  [  15  novembre  1882  ; 

iÇ  Y.  21  août  1882; 

Ç  e,  22  août  1882; 

g  D,  26  août,  16  octobre, 
19  décembre  1882; 

^g  „       „  (   Ç  D,  14  décembre  1881; 


5  mars,  15  avril  1882; 
^^  ^)       _  7  _  ^   9  A,  27  octobre  1881  ; 


(   Q  D,  21  juin  1882. 


73  14 


(1)  C'est  celte  femelle,  de  nouveau  près  de  mettre  bas,  et  avec  elle  le  màlc 
(cf  B)  père  de  toute  la  colonie,  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aux  membres 
de  la  Société  et  d'offrir  au  Jardin  d'acclimatation. 


880  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Il  résulte  de  ce  relevé  que  le  nombre  moyen  des  petits  d'une 
portée  est  supérieur  à  cinq  : 


ri=^'^- 


Jamais  7  petits  n'ont  pu  être  élevés  à  la  lois  par  la  mère . 
Mais  deux  fois  6,  deux  fois  5,  cinq  fois  4,  une  fois  3,  une  fois 
2  petits  ont  été  amenés  à  bien  ;  trois  portées  ont  entièrement 
péri  par  accident  aussitôt  après  la  naissance.  La  moyenne  des 
petits  qu'une  femelle  peut  élever  par  portée  est  donc  supé- 
rieure à  quatre  : 


6X2  +  5x^2  +  4x5  +  3  +  2^  47  _ 

-2  +  2  +  5+  1  +  1  11  ~    '"  ■ 


Une  femelle  adulte,  laissée  constamment  avec  son  mâle, 
faisant  normalement  une  portée  par  mois,  doit  donc  faire  et 
élever,  sauf  déduction  des  accidents,  plus  de  4  x  12  ^  48 
petits  par  an. 

État  actuel  de  lacolonie  Dipodillus  Simoni.  — Voici  la  liste 
des  établissements  et  des  personnes  auxquels  j'ai  donné  les 
Dipodillus  Simoni  rapportés  par  moi  d'Algérie  ou  nés  chez 
moi  jusqu'à  ce  jour.  La  publication  de  cette  liste  a  beaucoup 
moins  pour  but  de  montrer  ce  que  j'ai  fait  pour  la  diffusion 
de  l'espèce,  que  de  faciliter  encore  cette  diffusion,  en  per- 
mettant aux  possesseurs  des  Dipodillus,  qui  se  connaîtront 
ainsi,  de  se  communiquer  au  besoin  leurs  sujets,  et  en  indi- 
quant aux  autres  où  ils  doivent  s'adresser  pour  se  procurer 
des  représentants  de  l'espèce. 

Les  sujets  dontj'ai  appris  la  mort  sont  précédés  du  signe +; 
les  femelles  qui,  à  ma  connaissance,  se  sont  reproduites  chez 
leurs  propriétaires,  sont  précédées  du  signe  x . 


DIPODILLUS   SIMON!. 


381 


ÉTAT  DE  LA  COLONIE  DIPODILLUS  SIMON! 
AU  19  JANVIER   1883. 

NOMS  ET  ADRESSES  DES  POSSESSEURS.  DATES  DES  NAISSANCES. 

PARIS.  FEMELLES  MALES 

1  Jardia  d'acclimatation adulte  (  g  D)  adulte  (cT  B) 

2  Muséum  (laboratoire de  niamma-  C      adulte  (Q  A)  +  -1  juin  1882 
logie) I  27  octobre  1881 

3  Collège  de   France  (laboratoire 

d'histologie) +  26  janvier  1882  +21  juin  1882 

4  L.  Bedel,  entomologiste,  20,  rue 

de  rOdéon 15  novembre  1882  19  décembre  1882 

5  Carbonnier,  pisciculteur,  20,qiiai 

du  Louvre 26  janvier  1882  21  juin  1882 

6  Clément,    dessinateur,  34,    rue 

Lacépède 16  octobre  1882 

7  Desguez,  commis  à  la  ménage- 
rie des  reptiles  du  Muséum...        27  octolire  1881  13  mai  1882 

8  Feuz,  marchand  d'animaux,  49,  l  +  adulte  27  octobre  1881 
boulevard  Saint  -  Jacques  (1) (  X  5  mars  1882 

9  Héron-Royer,    cartonnier,    22, 

rue  de  Cléry X27  octobre  1881  21  décembre  1881 

10  Juillerat,  dessinateur,  13,  rue 

Ducouëdic 5  mars  1882 

11  Ch.    Mailles,   84,    rue    Saint- 

Honoré 13  mai  1882  13  mai  1882 

12  Sauvinet,  taxidermiste,  73,  rue 

des  Gravilliers +  21  décembre  1881      -f-  21  décembre  1881 

13  Sédillot,    propriétaire,  20,  rue 

de  rOdéon 19  décembre  1882  19  décembre  1882 

PROVINCE. 

14  P"^  A.  Giard (faculté des  sciences 

de  Lille) 27  octobre  1881  21  décembre  1881 

JK  ^.  ,.  u-    /in        „  1    i>  „    l  +  adulte  (Q  E)  adulte 

15  D'  Souverbie  (Muséum  de  Bor-  \  >  *     ' 

i  +  13  mai  1882 

^^^"^^ (        16  octobre  1882 

16  Perboyre,  pharmacien  a   Ca- 
dillac, Gironde 26  août  1882  +  15  novembre  1882 

17  Dubalen,  propriétaire  à  Saint- 

Sever,  Landes 19  décembre  1882  19  décembre  1 882 

18  G.  Olive,  14,  rue  Montgrand, 

Marseille 5  mars  1882  +    5  mars  1882     . 

(1)  M.  Feuz,  ayant  obtenu  et  obtenant  encore  une  reproduction  suffisante  de 
l'espèce,  met  ces  animaux  dans  le  commerce. 


38-2 


SOCIETE  NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


ALGÉRIE. 

l'J  D'   Hagenmùller,    5,    rue    de 
l'Arsenal,  Bône 


5  mars  1882 


5  mars  1882 


ITALIE. 


a.v  «u  T.    •     /M     .       •  •  A    (  +  26  août  1882 

20  M'*  Doria  (Musée   civique    de  )  '      ^      .     .„„^ 

,  ;    26  août  1882 

^^^^^' (    16  octobre  1882 

21  D^  Canierano(Musée  zoologique 

de  Turin) 15  novembre  1882 


HOLLANDE. 

22  I>''Jentink  (Musée  de  Leyde).. 

ALLEMAGNE. 

23  D'  Nitsclie,  Tharant 


22  août  1882 


22  août  1882 


16  octobre  1882 


15  novembre  1882 


26  août  1882 


26  août  1882 


En  tout  29  femelles,  dont  4  adultes  et  25  jeunes,  et  21  mâles, 
dont  2  adultes  etl9  jeunes;  soit  6  adultes  et4l  jeunes  des  deux 
sexes.  Trois  autres  jeunes,  qui  m'ont  été  rendus  adultes  par 
leurs  possesseurs,  et  que  j'ai  sacrifiés  ou  qui  sont  morts  entre 
mes  mains,  ne  figurent  pas  sur  ce  tableau. 

Mœurs.  —  Le  Dipodille  de  Simon  est  d'un  caractère  très 
doux.  Jamais,  sauf  le  cas  où  il  s'agit  d'une  femelle  élevant  ses 
petits,  il  ne  cherche  à  mordre  la  main  qui  veut  le  saisir. 

Il  est  très  sociable.  Quand  on  réunit  pour  la  première  fois 
deux  individus  étrangers  l'un  à  l'autre,  ils  commencent  d'or- 
dinaire par  se  battre,  comme  je  l'ai  dit  ailleurs,  et  cela  quels 
que  soient  leurs  sexes  ;  une  seule  exception  a  lieu  dans  le 
cas  où,  l'un  des  deux  étant  mâle,  l'autre  se  trouve  une  femelle 
en  rut.  Mais,  si  les  deux  sujets  sont  adultes,  la  bataille,  d'or- 
dinaire, n'a  pas  de  conséquences  graves.  La  fatigue  finit  par 
arrêter  les  combattants.  Chacun  se  retire  dans  un  coin  pour 
réparer  les  désordres  de  sa  toilette  et  lécher  ses  blessures  ; 
puis  on  fait  la  paix  et  l'on  vit  désormais  en  bons  camarades. 
Les  dix  sujets  que  j'ai  transportés  avec  moi  de  l'oued  Magra 
à  Batna,  à  Gonstantine,  à  Bône,  et  que  j'ai  de  là  expédiés  à 
Paris,  étaient  tous  réunis  dans  une  seule  et  fort  petite  cage,  et 
ils  y  ont  vécu  tout  ce  temps  en  bonne  intelligence.  Mais  il  est 
bonde  ne  jamais  réunir  un  jeune  à  un  sujet  étranger  adulte, 
le  premier,  trop  faible,  étant  le  plus  souvent  tué  à  la  première 
rencontre. 


Dll'ODILLUS   SIMONI.  383 

Périodes  de  sommeil  et  d'activité.  —  Les  jeunes  sortent 
pour  manger  à  toute  heure  du  jour  et  de  la  nuit  ;  mais  les 
adultes  se  montrent  essentiellement  nocturnes.  On  ne  les  voit 
guère  le  jour  hors  de  leur  cachette,  sauf,  quelquefois,  vers 
l'heure  de  midi.  Du  reste,  comme  la  plupart  des  espèces  noc- 
turnes, celle-ci  n'est  pas  en  activité  toute  la  durée  de  la  nuit. 
Elle  sort  une  première  fois  vers  la  chute  du  jour,  se  vide, 
mange,  procède  à  sa  toilette,  remue  le  sol,  aménage  son  nid  ; 
puis,  après  un  temps  variable,  d'une  demi-heure  à  deux  heures 
environ,  elle  rentre  et  se  repose.  Elle  se  montre  de  nouveau 
vers  le  milieu  de  la  nuit  et  reste  alors  plus  longtemps  éveillée 
que  la  première  fois.  Sa  troisième  et  dernière  sortie,  plus 
courte  que  les  précédentes,  a  lieu  le  matin,  après  le  lever  du 
jour. 

Qri.  —  Les  jeunes,  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  ouvert  les  yeux, 
sont  très  bavards  ;  ils  produisent  très  souvent  une  sorte  de 
vagissement  répété  et  persistant,  qui  ressemble  beaucoup  à 
celui  des  autres  Rongeurs  de  la  même  famille,  des  Rats  et  des 
Souris  par  exemple.  Les  adultes,  quand  ils  se  disputent,  font 
aussi  entendre  un  petit  cri  plus  faible  et  moins  prodigué  que 
celui  des  Souris. 

Propreté.  —  Dipodillus  Simoni  est  un  petit  animal  fort 
propre,  qui  fait  souvent  sa  toilette.  Quand  ils  sont  encore  au 
nid  et  avant  qu'ils  aient  ouvert  les  yeux,  on  peut  voir  les 
jeunes  se  livrer  déjà  à  cette  occupation.  Tous  les  Muridés 
m'ont  d'ailleurs  paru  procéder  à  cette  opération  de  la  môme 
manière.  Avec  la  bouche  ils  nettoient  directement  les  mem- 
bres, la  partie  postérieure  du  corps,  la  queue  ;  ils  prennent 
cette  dernière  entre  leurs  mains  et  la  ramènent  vers  la  bouche; 
quant  à  la  tète,  que  la  bouche  ne  peut  atteindre,  ils  la  nettoient 
avec  l'un  ou  l'autre  de  leurs  membres,  cardant  et  lissant  leurs 
poils  avec  ses  ongles,  et  portant  fréquemment  à  la  bouche  ce 
peigne  improvisé,  soit  pour  l'humecter,  soit  pour  le  débar- 
rasser des  saletés  qu'il  a  recueillies. 

Du  reste  ces  animaux  n'ont  guère  occasion  de  se  salir.  Ils 
urinent  fort  peu  et  toujours  loin  du  nid,  dans  un  angle  de  la 
cage.  Leur  crottin  est  si  petit,  qu'il  fautle  chercher  pour  l'aper- 


384  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

cevoir.  Si  ron  a  soin,  comme  je  fais  toujours,  de  garnir  la  cage 
d'une  couche  de  sable  et  de  craie,  il  est  plus  que  suffisant  de 
renouveler  cette  couche  tous  les  mois. 

Ni  l'animal  ni  la  cage  qu'il  habite  ne  répandent  aucune 
odeur. 

Nourriture.  —  Les  différentes  sortes  de  graines  que  I'od 
donne  aux  oiseaux  en  cage,  millet,  chènevis,  alpiste,  etc., 
sont  l'aliment  qui  convient  le  mieux  au  Dipodille  de  Simon; 
mais  il  mange  aussi  du  pain,  des  noix,  des  amandes,  etc.  Si 
on  lui  donne  de  l'eau  (et  il  taut  alors  employer  des  vases  dans 
lesquels  il  ne  puisse  pas  se  noyer),  il  boit  volontiers  quand 
il  a  appris  à  connaître  ce  liquide  ;  mais  il  vil  également  bien 
sans  boire  ;  seulement,  dans  ce  cas,  il  faut  avoir  soin  d'ajouter 
à  ses  aliments  quelques  feuilles  de  salade  renouvelées  chaque 
jour. 

II.  RACHITISME  ET  OSTÉOMALACIE  DES  RONGEURS  EN  CAPTIVITÉ  : 

TENTATIVE  INFRUCTUEUSE  d'acglimatation  DE  Pachyuronfiys- 
Duprasi  lat. 

Je  ne  crois  pas  inutile  de  faire  connaître  les  efforts,  de- 
meurés infructueux,  que  j'avais  faits  précédemment  pour 
acclimater  chez  nous  un  autre  Rongeur  provenant  aussi  des 
Hauts-Plateaux  algériens,  le  Boubieda  {Pachyuromys  Duprasi 
Lat.)  ;  en  effet,  en  perdant,  les  uns  après  les  autres,  tous  me& 
Pachyuromys  ,  j'ai  pu  observer  la  maladie  qui  me  les  enle- 
vait, en  trouver  le  traitement  et  préserver  ensuite  de  ses  at- 
teintes ma  colonie  de  Dipodillus  Simoni. 

Origine.  —  A  Laghouat,  fin  avril  1880,  un  Arabe  m'apporta 
une  femelle,  et  trois  petits  qu'elle  allaitait,  de  cette  jolie  et 
nouvelle  espèce.  J'expédiai  la  petite  famille,  par  Alger  et  Mar- 
seille, à  Paris,  à  mon  ami  le  regretté  H.  Dupras,  qui  en  prit  soin 
et  en  obtint  la  première  reproduction  en  captivité.  L'année 
suivante,  en  mai  1881,  à  M'sila,  je  recueillis  un  nouvel  indi- 
vidu de  la  même  espèce,  qui  m'échappa  pendant  que  je  lui 
faisais  construire  une  cage.  Enfin,  dans  le  courant  de  l'année 
1882,  M.  Darricarrère,  pharmacien  militaire,  que  j'avais  prié 


DIPODILLUS   SIMONI.  385 

de  recherclier  l'espèce  à  Bou-Sàada,  réussit  à  s'en  procurer 
deux  individus.  Ces  trois  localités  indiquentque  l'espèce,  sans 
être  commune  nulle  part,  a  une  certaine  extension  dans  les 
Hauts-Plateaux  alt^ériens. 

Description  et  mœurs.  —  Je  me  dispenserai  de  décrire  ici 
le  Pachf/uromys  et  de  raconter  ses  mœurs,  renvoyant  à  mes 
publicalions  antérieures  le  lecteur  qui  désirerait  être  renseigné 
à  ce  sujet  (1). 

Histoire  de  la  colonie.  —  Dans  ce  qui  suit,  comme  dans 
mes  notes,  chaque  individu  est  désigné  par  une  lettre  de 
l'alphabet. 

En  automne  1880,  quand  j'arrivai  à  Paris  après  mon  pre- 
mier voyage  en  Algérie,  la  petite  colonie  se  composait  de  la 
mère  ($  A),  de  trois  mâles,  les  petits  qu'elle  allaitait  à  l'époque 
de  sa  capture  {cf  B,  cf  C,  ç^  D),  et  de  deux  femelles,  nées  à 
Paris  chez  M.  Dupras  9  E,  5  F).  Sa  reproduction  fut  alors 
interrompue,  sans  doute  par  l'hiver,  et  je  sacrifiai  l'un  des 
mâles  {cf  B)  pour  l'étude.  Au  printemps  1881,  je  partis  pour 
un  nouveau  voyage  d'exploration  en  Algérie,  laissant  chez 
M.  Dupras,  que  je  ne  devais  plus  revoir,  un  couple  (cfD,  $  E), 
et  confiant  à  M.  lléron-Royer  mes  trois  autres  sujets  (cT  G, 
2  A,  $  F).  Pendant  mon  absence,  M.  Dupras  obtint  de  son 
couple  deux  portées,  l'une  de  quatre  petits,  le  26  mai,  et  l'autre 
de  trois  petits,  le  1"  juillet;  mais  aucun  des  sept  jeunes  ne  put 
être  élevé.  De  son  côté,  M.  ïléron-Royer  obtint  aussi  deux 
portées  :  Tune,  née  le  7  juin,  de  (/  G  et  $  F,  était  de  quatre 
petits,  dont  un  seul,  cT  G,  put  être  élevé  (Bien  qu'atteint 
comme  les  autres  parla  maladie  etdéformépar  elle,  celui-ci  se 
trouve  aujourd'hui  le  seul  survivant  de  toute  la  colonie  ;  il  est 
au  Muséum,  chez  M.  le  professeur  A.  Milne  Edwards)  ;  l'autre, 
née  le  ^{0  juin,  de  cT  G  et  de  i  A,  se  composait  de  trois  petits  ; 
de  ceux-ci  l'un  paraît  être  mort  d'indigestion,  au  moment  du 
sevrage;  le  deuxième,  cf  I,  est  mort  rachitique  et  difforme, 


(1)  Le  Naturaliste,  iô  novembre  1880,  p.  313:  description;  La  Nature, 
22  juillet  1882,  p.  113:  description  et  mœurs,  avec  une  figure  assez  impar- 
faite; Zoologischer  Arueiger,  IT)  mai  1882,  p.  325:  «  Sur  le  bouchon  vaginal  du 
Pacliijuromijs  Duprasi  I,;U.  « 

3"  SÉRIE,  T.  X.  —  Juill<-t  1883.  25 


886  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

à  l'âge  de  quatre-vingt-dix-huit  jours  ;  et  le  troisième,  (/  H, 
quoique  déformé  aussi  par  le  rachitisme,  a  vécu  néanmoins 
jusqu'en  ces  derniers  temps;  c'est  ce  sujet  qui  a  posé  pour 
le  dessin  du  journal  la  Nature  (1). 

De  retour  à  Paris,  et  de  nouveau  en  possession  de  mes 
petits  Rongeurs,  j'en  obtins  à  mon  tour  quatre  portées  ;  mais 
tous  les  nouveaux  venus  périrent  en  bas  âge,  et  la  maladie  ne 
tarda  pas  àm'enlever  aussi  leurs  frères  aînés  et  leurs  parents. 
Je  résume  et  je  complète  cet  aride  exposé  dans  le  tableau 
suivant. 

ÉTAT  DES  NAISSANCES  ET  DES  DÉCÈS  DE  MES  PACHYUROMYS  DUPRASl. 


Date  de       Désignation  des 

Désigna 

Date  du 

Age  au       L 

Causes  de  la  mort. 

la  naissance.         parents. 

tion  du 
sujet. 

décès. 

décès. 

V                      ? 

Aç 

24  juin.  1881 

'; 

Ostéomalacie. 

i  C  d* 

1"  oct.  1880 

5  mois. 

Sacrifié    pour 

Fin  avril  1880   ?  d'  et  A  Ç 

27  janv.  1882 

21  mois. 

l'étude. 
Ostéomalacie. 

l  D  d' 

déc.  1881 

20  mois. 

Ostéomalacie. 

18  juillet  1880     B  o"  et  A  Ç 

{  E   Q 
^F  g 

30  oct.  1881 
2  déc.  1881 

15  mois. 

16  mois  1/ 

Ostéomalacie. 
2.     Ostéomalacie. 

26  mai  1881       D  o"  et  E  g 
7  juin  1881       C  d' et  F  Ç 


4  petits  qui    ne  survécurent  pas. 
0  d'     seul  survivant  actuellement  ; 

difforme. 
Sautres  petits  qui  ne  survécurent  pas. 
H  d*     rtiort  récemment;  avait  été 
déformé  par  le  rachitisme. 


30  juin  1881      Cd'etAgsi^.     6  oct.  1881  98  jours.  Rachitisme. 


l"juill.  1881   D  d'etE  g 
2  août  1881      Co^ctFg 

9  août  1881      D  d'etE  g 


8  sept.  1881     D  d*  etF  g 


24  sept.  1881    C  d'  et  E 


un  troisièmemortaumoment  du  sevrage. 
3  petits  qui  ne  survécurent  pas. 
3  petits  qui  ne  survécurent  pas. 
J   g     30  sept.  1881     52  jours. 


K  o"     22  sept.  1881     44  jours. 
un  troisième  qui  ne  survécut  pas. 


.f.-> 


L  g     30  nov.  1881      i)'i  jours. 
]VI  O'  id.  id. 

N  o'  id.  id. 

un  quatrième  qui  ne  survécut  pas. 
0  g     16  nov.  1881      53  jours. 
P  d  id.  id. 

^  autres  qui  ne   survécurent  pas. 


Uachitisine. 
Rachitisme. 

Rachitisme. 
Rachitisme. 
Rachitisme. 

Rachitisme. 
Rachitisme. 


(1)  Loc.  cil. 


DIPODILLUS    SIMONI.  387 

Résumé.  — Ainsi  mes  Pachyuromys  ont  donné  naissance,  à 
Paris,  à  9  portées  comprenant  ensemble  32  petits.  De  ceux- 
ci,  19,  morts  aussitôt  après  la  naissance,  et  1 ,  mort  au  moment 
du  sevrage,  ont  échappé,  par  cette  fin  précoce,  à  la  maladie 
qui  a  atteint  tous  les  autres  et  en  a  fait  périr  10  :  là  l'âge  de 
44- jours,  4  à  l'âge  de  52  jours,  2  à  l'âge  de  53  jours,  i  à  l'âge 
de  98  jours,  et  deux  à  l'âge  de  15  et  16  mois.  Les  deux  autres 
ont  échappé  à  la  terminaison  fatale  et  en  ont  été  quittes  pour 
quelques  difformités  permanentes;  comme  je  l'ai  dit  déjà,  un 
de  ceux-ci  est  encore  vivant,  et  l'autre  a  récemment  péri,  par 
accident,  paraît-il. 

Inlensilé  croissante  de  la  maladie.  —  Un  fait  qui  ressort 
bien  nettement  de  l'examen  du  tableau  ci-dessus,  c'est  que  la 
maladie  agit  plus  rapidement  et  plus  énergiquement  sur  les 
différents  sujets,  à  mesure  qu'ils  proviennent  de  parents  de- 
puis plus  longtemps  captifs.  Bien  loin  de  s'acclimater  peu  à 
peu  à  ses  nouvelles  conditions  d'existence,  la  petite  colonie 
en  souffre  d'autant  plus,  qu'elles  durent  depuis  plus  longtemps. 
Ainsi  les  produits  des  dernières  portées  de  1881  périssent 
tous  au  cinquante-deuxième  jour  environ;  tandis  que  ceux 
des  premières  portées  de  la  même  année  vivent  trois  mois  ou 
se  sauvent  au  prix  de  quelques  déformations  squelettiques; 
que  ceux  des  portées  de  l'année  précédente  semblent  long- 
temps indemnes  et  ne  succombent  qu'à  l'âge  de  quinze  et  seize 
mois,  et  que  les  sujets  nés  dans  le  désert  ne  périssent  qu'à 
l'âge  de  deux  ans. 

Deux  aspects  de  la  maladie.  —  La  maladie  n'a  pas  le  même 
aspect,  suivant  qu'elle  se  montre  chez  les  sujets  en  voie  de 
développement  ou  chez  les  adultes. 

Rachitisme.  —  «  Les  petits  J  et  K,  K  surtout,  sont  rachi- 
tiques.  J'avais  cru  qu'un  de  ceux-ci  avait  été  maltraité  et  avait 
eu  les  reins  cassés  par  sa  mère  (il  marche  en  effet  comme  s'il 
avait  les  reins  cassés)  ;  mais  l'autre,  isolé  depuis  plusieurs 
jours,  présente  aussi,  quoique  à  un  moindre  degré,  les 
mêmes  symptômes.  Du  reste  H  et  I  ont  été  également  malades, 
mais  ils  perdaient  le  poil  et  marchaient  droit.  Ds  avaient  alors 
quarante  jours;  I  et  K  en  ont  quarante-deux,  et  en  voilà  plu- 


388  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

sieurs  qu'ils  sont  malades.  J'examine  K:  il  a  bien  mauvaise 
mine;  il  a  du  sang  et  du  pusautourdes narines, etilouvre  dif- 
ficilement les  yeux.  J  est  plus  développé  et  moins  malade.  » 
Telle  est  la  première  observation  sur  ce  sujet  que  je  trouve 
consignée  dans  mes  notes,  à  la  date  du  20  septembre  1881. 
On  peut  voir,  en  consultant  le  tableau,  que  K  mourut  deux 
jours  et  J  six  jours  après  cette  observation. 

La  maladie  débute  du  trente-cinquième  au  quarantième 
jour.  Le  sujet  s'affaiblit;  il  prend  mauvais  poil;  ses  os,  ceux 
des  extrémités  comme  ceux  de  la  colonne  vertébrale,  se  dé- 
forment sous  la  traction  des  muscles  et  le  poids  du  corps  ;  ses 
mâchoires  et  ses  dents  ne  présentent  plus  une  résistance  suf- 
fisante et  ne  remplissent  que  difficilement  leur  fonction;  le 
malade  cesse  bientôt  de  se  nourrir,  il  se  meut  de  moins  en 
moins,  se  refroidit  et  meurt.  Les  petits  d'une  même  portée 
(j^  K;  —  L,  M,  N;  —  0,  P)  meurent  à  quelques  jours  ou 
même  à  quelques  heures  d'intervalle  l'un  de  l'autre,  vers  le 
cinquante-deuxième  jour.  Quand  le  mal  ne  présente  pas  cette 
gravité,  et  si  le  sujet  se  remet  (G,  H),  celui-ci  ii'en  demeure 
pas  moins  difforme. 

Ces  symptômes  et  cette  allure  me  paraissent  bien  apparte- 
nir à  la  maladie  désignée  sous  le  nom  de  rachitisme. 

Ostéomalacie.  —  Chez  les  adultes,  la  maladie  a  une  tout 
autre  allure.  Le  sujet  a  très  beau  poil;  il  semble,  au  premier 
coup  d'œil,  jouir  de  la  santé  la  plus  florissanle  ;  souvent 
même,  si  ce  n'est  pas  une  femelle  en  état  de  lactation,  il  a 
pris  un  embonpoint  exagéré.  Un  beau  matin,  il  boite  et  on 
s'aperçoit  qu'il  a  une  jambe  cassée;  quelques  jours  après,  il 
est  immobilisé,  les  os  des  bras  et  des  jambes  brisés  en  petits 
morceaux.  Son  œil  est  encore  plein  de  vie,  et  il  fait  de  vains 
efforts  pour  se  déplacer.  A  l'autopsie,  les  os,  surtout  ceux  du 
crâne,  ont  un  aspect  de  gélatine  sèche;  ils  sont  jaunâtres,  et 
souvent  se  laissent  couper  au  scalpel  sans  crier,  comme  s'ils 
ne  contenaient  plus  trace  de  calcaire. 

Ces  symptômes  et  ces  lésions  me  semblent  ceux  de  ïostéo- 
malacie. 

Deux  formes  cVune  seule  maladie.  —  11  s'ensuivrait  que 


DIPODILLUS   SIMONI.  389 

mchitismeei  OS teomalacieseY Aient  i\c\i)i  formes  d'une  seule 
maladie,  l'ostéomalacie  n'étant  que  le  rachitisme  des  adultes, 
et  le  rachitisme  l'ostéomalacie  des  jeunes.  Mais  je  laisse  aux 
médecins  la  tâche  d'étudier  plus  à  fond  cette  question,  et  je 
tiens  à  cet  effet  des  matériaux  en  alcool  à  leur  disposition. 

Essence  de  la  maladie.  —  Quel  que  soit  le  résultat  de  cette 
étude,  il  me  paraît  bien  certain,  dès  à  présent,  que,  dans  les 
deux  cas,  le  caractère  essentiel  de  la  maladie  est  le  ramollisse- 
ment et  la  fragilité  du  système  osseux,  ramollissement  et  fra- 
gilité dus  l'un  et  l'autre  à  une  assimilation  insuffisante  ou  à 
une  désassimilation   trop    grande    de  la   matière    calcaire 

des  os. 

Parmi  les  adultes,  les  femelles  ont  succombé  les  premières  ; 
on  en  conçoit  aisément  la  raison  :  normalement,  à  l'époque  du 
sevrage,  les  jeunes  ont  leur  squelette  ossifié;  tout  le  calcaire 
de  leurs  os,  ils  l'ont  reçu  de  leur  mère;  or  celle-ci  doit  en 
fournir  une  certaine  dose  dans  une  année  pour  confectionner 
les  squelettes  de  trois  ou  quatre  portées  de  quatre  ou  cinq 
petits  chacune! 

Ses  causes.  —  Quelle  est  la  cause  de  cette  maladie?  Je  ne 
crois  pas  qu'il  faille  la  chercher  dans  la  nourriture  :  je  don- 
nais âmes  petits  captifs  à  discrétion  des  grains,  du  pain,  de 
la  salade,  et  je  ne  suppose  pas  que  les  plantes  dont  ils  se  nour- 
rissent dans  les  Hauts-Plateaux  algériens  soient  tout  particu- 
lièrement chargées  de  sels  calcaires.  Je  ne  crois  pas  davantage 
pouvoir  incriminer  le  changement  de  climat,  car  j'ai  observé 
la  même  maladie  chez  nos  Rongeurs  indigènes  :  un  Muscar- 
dinus  avellanarius  L.,  né  chez  moi  d'une  mère  capturée  en 
état  de  gestation,  est  actuellement  sous  mes  yeux,  manifeste- 
menl  rachitique  ;  et  nos  Souris,  nos  Cobayes,  nos  Lapins  sont 
souvent  atteints  de  rachitisme  oud'ostéomalacie.  Il  me  paraît 
que  c'est  bien  plutôt  le  continement  lui-même,  le  défaut 
d'exercice,  l'absence  des  excitations  nerveuses,  morales  et 
physiques,  dues  aux  incidents  de  la  vie  en  liberté,  aux  varia- 
tions de  la  température,  etc.,  qui  altèrent  les  fonctions  de 
nutrition  de  nos  Rongeurs  en  captivité,  au  point  de  produire, 
dans  certains  cas,  les  désordres  que  nous  avons  constatés. 


390  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

Conlagion.  —  Cette  maladie  est-elle  contagieuse  ou  para- 
sitaire? La  mort  simultanée  de  toute  une  portée  (L,  M,  N, 
morts  le  30  novembre),  suivie  à  deux  jours  près  de  la  mort  de 
la  mère  (Ç  F,  morte  le  2  décembre)  ;  et  aussi  le  cas  des 
deux  sujets  (cf  G,  cf  H)  que  j'ai  donnés  malades  et  qui  se 
sont  rétablis,  alors  que  mes  vieux  individus,  encore  sains  à 
cette  époque,  ont  été  ensuite  atleints  par  le  mal  et  ont  tous 
péri  chez  moi  les  uns  après  les  autres,  — m'ont  fait  songer 
à  cette  hypothèse.  Je  ne  crois  pas  cependant  qu'elle  soit  exacte. 
Quelles  que  soient  les  causes  de  la  maladie,  elles  ont  di\  agir 
de  même  sur  tous  les  individus  conservés  chez  moi  et  placés 
dans  les  mêmes  conditions,  tandis  que  les  individus  trans- 
portés hors  de  chez  moi,  dans  un  autre  milieu,  ont  pu  échap- 
per à  leur  influence.  Il  n'est  donc  pas  nécessaire  de  recourir 
à  la  contagion  ou  au  parasitisme  pour  expliquer  la  mort  des 
uns  et  la  guérison  des  autres.  Cependant  j'ai  livré  à  M.  Mé- 
gnin  un  des  jeunes  morts  rachitiques  ((/  K),  pour  qu'il  en  fît 
l'examen  au  point  de  vue  parasitaire. 

Traitement.  —  Mais  laissons  là  les  hypothèses  sur  les 
causes  plus  ou  moins  éloignées  de  la  maladie.  Nous  savons 
qu'elle  consiste  essentiellement  en  une  réduction  des  sels  cal- 
caires contenus  dans  les  os.  D'après  cette  indication,  j'ai 
cherché  le  remède  et  je  l'ai  trouvé,  je  crois.  Il  consiste  à  four- 
nir en  abondance  et  constamment  aux  prisonniers,  même  avant 
qu'ils  aient  montré  les  premiers  symptômes  du  mal,  du  car- 
bonate et  du  phosphate  de  chaux,  présentant  ces  sels,  à  chaque 
espèce  que  l'on  traite,  sous  la  forme  la  plus  convenable  pour 
qu'elle  les  introduise  dans  son  tube  digestif. 

Un  premier  procédé,  certainement  très  insuffisant,  mais 
en  revanche  très  facile,  et  qui  s'applique  également  bien  à 
toutes  les  espèces,  consiste  à  mêler  du  blanc  de  Meudon  pul- 
vérisé au  sable  dont,  par  propreté,  il  est  bon  de  recouvrir  le 
plancher  des  cages.  On  plonge  ainsi  leurs  habitants  dans  un 
milieu  calcaire  dont  les  poussières  voltigent  sur  eux  et  leurs 
aliments,  et  finissent  par  pénétrer  en  plus  ou  moins  grande 
abondance  dans  leur  organisme.  Je  suspends  aussi  dans  les 
€ages  de  mes  Rongeurs,  comme  on  fait  dans  celle  des  Serins, 


DIPOBILLUS    SIMOM.  ^91 

des  coquilles  de  Seiche,  sur  lesquelles  mes  animaux  exercent 
de  temps  à  autre  leurs  incisives.  Pour  le  reste,  mon  traitement 
varie  d'une  espèce  à  l'autre. 

Résultats.  —  J'ai  essayé  tardivement  cette  médication  sur 
mes  Pachijuromijs  ;  le  mal  avait  déjà  lait  des  progrès  consi- 
dérables, et  elle  est  demeurée  infructueuse;  mais,  sur  d'au- 
tres espèces,  elle  a  parfaitement  réussi. 

Dipodillus  Simoni.  —  Ainsi  aucun  de  mes  Dipodillus  Si- 
moni  n'est  devenu  racliitique  chez  moi  ;  et  cependant  une 
seule  femelle,  celle  que  j'offre  aujourd'hui  parfaitement  saine 
au  Jardin  d'acclimatation  (V  D),  a  produit,  comme  on  l'a  vu, 
dans  une  seule  année,  cinquante-deux  petits  et  en  a  allaité 
trente-cinq.  On  conçoit  quelle  quantité  de  sels  calcaires  elle 
a  eu  à  leur  fournir.  Mais  plusieurs  de  mes  correspondants, 
qui  n'ont  pas  pris  les  mêmes  précautions  que  moi,  ont  vu 
périr  d'ostéomalacie  les  individus  que  je  leur  avais  donnés 
bien  portants,  et  il  est  à  remarquer  que,  à  l'inverse  de  ce  que 
nous  avons  observé  pour  les  Pachijiivomys,  ce  sont  les  adultes 
qui  ont  péri  les  premiers  ;  c'est  qu'en  effet  les  adultes  que  j'ai 
donnés  n'avaient  pas  subi  le  traitement  auquel  j'ai  soumis  le 
couple  resté -chez  moi  (c/  B,  +'  D)  et  les  petits  que  j'ai  élevés 
et  distribués. 

L'ostéomalacie  ne  débute  pas  chez  Dipodillus  Simoni, 
comme  cliez  Pachyiiromys,  par  des  fractures  des  membres, 
mais  elle  ne  se  manifeste  pas  moins  nettement  dès  l'origine 
par  un  affaissement  du  train  postérieur  et  une  sorte  de  dislo- 
cation de  la  colonne  vertébrale. 

Voici  comment  je  procède  avec  cette  espèce  :  une  fois  par 
jour  je  saupoudre  de  phosphate  de  chaux  réduit  en  poudre 
impalpable  les  petits  au  nid,  à  partir  du  jour  de  leur  nais- 
sance et  jusqu'à  ce  qu'ils  ne  tètent  plus;  le  traitement  n'est 
donc  interrompu  que  quelques  jours  entre  chaque  portée, 
celles-ci  se  succédant  rapidement  l'une  à  Tautre.  La  mère  en 
léchant  ses  petits,  ceux-ci  en  procédant  à  leur  propre  toilette, 
absorbent  le  sel  en  quantité  suffisante  ;  le  mâle  lui-même,  qui 
cohabite  avec  sa  famille,  est  forcé  d'en  prendre  sa  part. 
Meriones  Shawi.  —  La  preuve  la  plus  décisive  de  l'effica- 


\ 


39"i  SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

cité  de  mon  traitement  m'est  fournie  par  un  couple  d'une 
autre  espèce  de  Gerbilline,  également  originaire  de  Barbarie» 
Meriones  Shawi  Duvernoy. 

Le  mâle  de  ce  couple  est  le  seul  survivant  actuel  de  quatre 
sujets,  une  femelle  et  ses  trois  petils,  que  j'ai  reçus  de  M.  le 
marquis  Doria,  directeur  du  musée  de  Gênes,  et 'qui  prove- 
naient des  environs  de  Tunis.  Ses  deux  frères  et  sa  mère  sont 
morts,  les  deux  premiers  de  rachitisme,  la  deuxième  d'ostéo- 
malacie.  Lui-même,  à  peu  près  adulte  et  malade  quand  j'ai 
commencé  à  le  traiter,  vers  le  milieu  de  novembre  dernier, 
est  aujourd'hui  lourd  et  bien  portant;  mais  il  est  demeuré  dif- 
forme ;  ses  fémurs  sont  déformés,  ses  reins  semblent  brisés,^ 
et,  quand  il  marche,  on  dirait  qu'il  traîne  son  arrière-train. 

C'est  plutôt  par  analogie,  je  dois  le  reconnaître,  que  par 
l'observation  directe  que  j'attribue  à  l'ostéomalacie  la  fin  de 
la  femelle.  Je  n'ai  pas  examiné  son  squelette,  et  la  cause  im- 
médiate de  sa  mort  a  été  l'inanition,  ses  incisives  supérieures 
ayant  pris  un  développement  considérable  en  s'enroulant  sur 
elles-mêmes  et  l'ayant  mise  ainsi  dans  l'impossibilité  de  se 
nomTÎr;  mais  elle  était  malade  depuis  quelque  temps;  en 
outre  ses  petits  étaient  bien  manifestement  rachitiques,  et 
nous  avons  constaté  ailleurs  les  rapports  qui  existent  entre  le 
rachitisme  des  petits  et  l'ostéomalacie  des  parents.  Voici  du 
reste  comment  j'explique  cette  terminaison  particulière  de  la 
maladie.  Les  incisives,  ramollies,  s'usent  avec  une  rapidité 
anormale,  et  les  inférieures  se  trouvent  bientôt  rasées  au  ni- 
veau de  la  gencive  ;  cependant  les  incisives  supérieures,  qui 
sont  toujours  plus  robustes,  débordent  encore  la  gencive  ;  ne 
venant  plus  buter  que  contre  des  parois  molles,  elles  s'ac- 
croissent plus  vite  que  d'habitude  ;  et,  comme  elles  se  déve- 
loppent toujours  en  arc  de  cercle,  par  le  fait  même  de  leur 
croissance  elles  s'enroulent  sur  elles-mêmes,  de  telle  sorte 
que,  quand  les  incisives  inférieures  se  présentent  de  nouveau- 
en  dehors  de  la  gencive,  celles-ci  ne  rencontrent  plus  que  la 
face  antérieure  convexe  des  premières  ;  elles  continuent  à 
s'user  elles-mêmes  par  la  pointe,  mais  elles  sont  désormais- 


/ 


DIPODILLUS  sniONi.  393 

incapables  de  s'opposer  à  rallongement  indéfini  de  leurs  an- 
tagonistes. 

Nos  Lapins  et  nos  Cobayes  captils  meurent  souvent  victimes 
d'un  semblable  développement  exagéré  des  incisives  supé- 
rieures :  je  crois  que  la  plupart  de  ces  cas  doivent  être  éga- 
lement attribués  à  l'ostéomalacie,  et  j'appelle  sur  eux  l'atten- 
tion des  éleveurs.  Mais  je  reviens  à  mon  couple  de  Meriones 
Shawi. 

Nous  connaissons  le  mâle.  La  femelle  est  née  au  Muséum 
de  Paris,  de  parents  provenant  de  Gonslantine.  Quand  elle 
m'a  été  donnée  par  M.  le  professeur  A.  Milne  Edwards,  elle 
avait  assez  mauvais  poil,  et  présentait  quelques  symptômes 
de  maladie  ;  mais  elle  était  encore  jeune,  elle  a  été  traitée 
aussitôt,  et  elle  se  montre  aujourd'hui  bien  portante  et  bien 
conformée.  Seulement  sa  taille  est  demeurée  inférieure  à  la 
taille  moyenne  de  l'espèce. 

Ainsi,  grâce  au  traitement,  le  mâle  a  été  guéri  du  rachi- 
tisme, le  mâle  et  la  femelle  ont  été  préservés  de  l'ostéomala- 
cie. Ce  n'est  pas  tout.  Ce  couple  a  reproduit.  J'ai  déjà  distri- 
bué trois  petits,  6i'e/i  portants  et  parfaitement  bien  conformés, 
d'une  première  portée,  et  cinq  autres  sont  actuellement  élevés 
par  la  mère,  que  leur  allaitement  ne  semble  pas  fatiguer  le 
moins  du  monde.  Et  cependant  M.  le  marquis  Doria  m'a  fait 
savoir  que  sa  nombreuse  colonie  de  Meriones  Shawi,  de  la- 
quelle provenaient  les  sujets  qu'il  m'a  expédiés,  a  presque 
entièrement  péri. 

Cette  espèce,  d'ailleurs,  est  une  des  plus  faciles  à  traiter. 
Elle  vit  surtout  de  pain  et  de  salade,  et  elle  a  une  préférence 
marquée  pour  le  pain  mouillé  :  je  saupoudre  ce  pain  humide 
de  phosphate  de  chaux,  et  elle  s'applique  à  en  manger  la  sur- 
face, comme  un  enfant  gourmand  mange  une  tartine  de  confi- 
tures. Je  lui  donne  aussi  des  coquilles  d'œufs,  qu'elle  dévore 
avec  avidité. 

Conclusion.  —  Des  observations  précédentes,  il  résulte  : 

1"  Que  les  Rongeurs  en  captivité  sont  exposés  à  une  maladie 
dont  la  gravité  s'accroît  avec  le  temps;  qui,  sous  deux  aspects 
différents,  rachitisme  chez  les  jeunes,  ostéomalacie  chez  les 


V 


o9-i  SOCIÉTÉ   ISATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

adultes,  consiste  essentiellement  en  une  altération  du  système 
osseux  par  absence  d'assimilation  ou  par  désassimilation  des 
sels  calcaires,  et  qui,  tibandonnée  à  elle-même,  est  une  cause 
d'insuccès  parfois  absolu  dans  l'élevage  de  ces  animaux  ; 

2°  Que  cette  maladie  est  avantageusement  combattue  par  un 
traitement  au  carbonate  et  au  phosphate  de  chaux,  le  mode 
d'administration  de  ces  sels  devant  vaiier  suivant  les  mœurs 
et  la  nourriture  de  ces  animaux. 

POST-SCRIPTUM. 

Quand  un  couple  de  Dipodillus  Srmowi  s'est  reproduit  une 
ibis,  on  a  la  perspective  à  peu  près  certaine  que  ce  couple, 
convenablement  traité,  donnera  naissance  à  une  très  nom- 
breuse postérité  ;  —  à  condition  toutefois  de  ne  pas  inter- 
rompre trop  longtemps  le  fonctionnement  des  facultés  géné- 
ratrices de  la  femelle.  Ainsi  la  femelle  qui  m'a  donné  à  Paris 
la  première  reproduction  de  l'espèce  (9  A,  portée  du  27  oc- 
tobre 1881),  privée  de  mâle  depuis  sa  fécondation  jusqu'au 
mois  de  mars  de  l'année  suivante,  n'a  plus  ensuite  voulu  s'ac- 
coupler. Le  mieux,  comme  je  l'ai  déjà  conseillé,  est  de  laisser 
constamment  le  mâle  avec  la  femelle. 

Mais  l'expérience  m'a  malheureusement  démontré  qu'il  n'é- 
tait pas  aussi  facile  que  je  l'avais  supposé  à  priori  d'obtenir 
cette  première  reproduction.  MM.  Héron-Roycr,  Emm.  Feuz 
et  G.  Perboyre  sont,  à  ma  connaissance,  les  seuls  qui  y  aient 
réwssi  jusqu'à  ce  jour.  Moi-même  je  n'ai  pu  encore  remplacer 
le  couple  reproducteur  ((/  B,  $  D)  que  j'ai  donné  au  Jardin 
d'acclimatation. 

Dans  la  perspective  d'un  voyage  d'exploration  qui  a  du  être 
remis  à  l'année  prochaine,  je  m'étais  précédemment  défait  de 
tous  mes  autres  sujets.  Depuis,  le  30  avril  188o,  M.  Feuz  me 
donnait  deux  femelles,  nées  chez  lui  (deuxième  génération  en 
captivité)  le  2  octobre  1882  et  par  conséquent  âgées  de  six 
mois  environ  ;  et,  le  4  mai,  M.  Gh.  Mailles  me  prêtait  son  mâle, 
né  chez  moi  (première  génération)  le  13  mai  1882  et  âgé  d'en- 
A'iron  un  an.  Mes  femelles  étaient  couvertes  parce  mâle,  l'une 


DJPODILLUS    SIMONf.  395 

le  6,  Taulre  le  8  mai.  Plein  d'espoir  dans  ce  double  accouple- 
iTieni,  je  voulus  faire  bénéficier  démon  succès  MM.  Ch.  Mailles 
et  Ch.  Desguez,  qui  possédaient  et  soignaient  depuis  longtemps 
chacun  uncouple  infécond.  J'échangeai  mes  femelles  contre  les 
leurs.  Malheureusement  celle  que  je  donnai  à  M.  Mailles  eut, 
le  ^6  mai,  une  parturition  très  pénible  et  fit  seulement  deux 
petits  :  un  mort-né,  un  autre  qui  ne  vécut  qu'un  jour  ;  et  celle 
que  je  donnai  à  M.  Desguez  ne  mit  rien  au  monde.  Quant  à 
celles  que  j'avais  reçues  en  échange,  celle  de  M.  Mailles,  née 
(îhez  M.  Iléron-Royer  (deuxième  génération)  et  très  adulte, 
malgré  sa  grande  taille  et  sa  belle  venue,  n'a  jamais  voulu 
s'accoupler  (1);  je  m'en  suis  défait  ces  jours-ci;  et  celle  de 
M.  Desguez,  née  chez  moi  (première  génération)  le  27  octobre 
1881  et  âgée  d'un  an  et  demi,  s'est  accouplée  le  20 mai;  mais 
elle  n'a  mis  bas  qu'un  seul  petit,  mort-né,  le  10  juin.  Elle 
s'est  accouplée  de  nouveau  le  11  juin,  et  j'attends  le  résultat 
de  cet  accouplement. 

Quelle  est  la  cause  de  ces  insuccès?  Quand  des  Rongeurs  de 
sexes  différents  se  sont  développés  ensemble  dans  la  même 
cage,  d'ordinaire  ils  ne  s'accouplent  pas  l'un  avec  l'autre;  il 
semble  qu'ils  n'éprouvent  plus  l'un  pour  l'autre  d'attrait  sexuel. 
Otte  règle,  que  je  ne  donne  pas  comme  absolument  démon- 
trée, car  je  ne  l'ai  pas  établie  sur  des  observations  précises, 
et  qui  d'ailleurs  supporte  des  exceptions,  peut  expliquer  en 
partie  le  petit  nombre  de  couples  reproducteurs  obtenus  jus- 
qu'à ce  jour;  car  beaucoup  des  couples  que  j'ai  distribués 
étaient  composés  de  deux  jeunes  sujets  qui  ont  grandi  et  sont 
devenus  adultes  côte  àcôte;  mais  elle  n'explique  pastouslescas. 

Le  mâle  et  la  femelle  de  M.  Mailles  ont  été  rapprochés 
adultes,  et  celle-ci  a  récemment,  sans  plus  de  succès,  été  pré- 
sentée au  mâle  de  M.  Desguez;  quelquefois,  comme  nous  l'a- 
vons vu,  l'accouplement  n'a  pas  été  suivi  de  gestation;  d'au- 
tres fois  la  femelle  fécondée  n'a  fait  ([u'un  nombre  minime 
de  petits,  et  ceux-ci  sont  venus  morts  ou  non  viables.  Peut- 

(  i)  J'ai  à  iilusicurs  reprises  cunsliilc  la  présence  de  pellicules  ilaiis  son  va,uiii  : 
ce  qui,  chez  ceUe  espèce,  est  un  indice  de  stérilité.  Voyez  à  ce  sujet  ma  note 
(I  Sur  le  houclioii  vaginal  des  lîongcurs  »,  (loc.  cit.,  U\,  E,  tioI(>  !). 


306  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

être,  dans  ces  divers  exemples,  les  parents  étaient-ils  trop 
longtemps  restés  vierges,  et  leur  puissance  génératrice  avait- 
elle  été  afTaiblie  par  le  défaut  d'exercice?  Mais  c'est  bien  plutôt, 
je  crois,  la  consanguinité  qu'il  faut  accuser  de  cette  stérilité 
absolue  ou  relative. 

Noire  petite  colonie  de  Dipodillus  Simoni  est-elle  donc  me- 
nacée d'une  extinction  prochaine?  Son  existence  est  certaine- 
ment compromise,  mais  tout  espoir  de  la  sauver  ne  me  paraît 
pas  encore  perdu.  Tous  les  produits  ne  se  montrent  pas  éga- 
lement stériles.  Que  ceux  qui  ont  la  bonne  fortune  déposséder 
un  couple  reproducteur  en  prennent  grand  soin;  qu'ils  le 
laissent  reproduire  à  volonté  et  élèvent  le  plus  grand  nombre 
possible  de  leurs  produits  ;  qu'ils  échangent  entre  eux  (1)  de& 
mâles,  et,  les  présentant  successivement  à  plusieurs  femelles 
adultes,  qu'ils  choisissent  les  plus  fécondes  parmi  celles-ci  et 
forment  avec  elles  de  nouveaux  couples  bons  reproducteurs; 
qu'ils  distribuent  ceux-ci  à  des  personnes  qu'ils  connaîtront 
soigneuses,  et  qu'ils  en  tiennent  toujours  quelqu'un  en  réserve 
pour  eux-mêmes  en  cas  d'accident.  Avec  toutes  ces  précau- 
tions, j'espère  que  nous  traverserons  heureusement  la  période 
critique  actuelle.  Qu'une  fois  il  existe  seulement  quinze  à 
vingt  couples  reproducteurs  en  différentes  mains,  l'origine 
commune  des  divers  membres  de  la  colonie  sera  tellement 
éloignée,  que  ses  effets  fâcheux  ne  seront  sans  doute  plus  à 
redouter;  et  la  reproduction  de  l'espèce  sera  si  abondante,  que 
sa  conservation  dans  nç^cages  sera  désormais  assurée. 

30  juin  1883. 

(I)  «  M.  Balance,  qui  élève  des  (poulets)  malais  depuis  plus  de  trente  ans, 
et  qui  a  déjà,  avec  ses  oiseaux,  remporté  plus  de  prix  qu'aucun  autre  éleveur  en 
Angleterre,  soutient  que  Taccouplcment  iii  and  in  n'est  pas  une  cause  absolue  de 
dégénérescence,  mais  que  tout  dépend  de  la  manière  de  le  taire.  J'ai,  dit-il, 
adopté  le  système  d'établir,  en  autant  de  localités,  cinq  à  six  familles  distinctes, 
d'élever  chaque  année  environ  trois  cents  poulets,  de  ciioisir  dans  chaque  famille 
les  meilleurs  oiseaux  pour  les  croisements,  et  dem'assurer  ainsi  un  mélange  de 
sang  suffisant  pour  empêcher  toute  détérioration.  )  (Darwin,  De  la  variation  des 
animaux  et  de^  plantes  à  l'clat  domestique,  Paris,  Reinwahi,  1880,  11,  p.  111.) 
«  On  a  des  raisons  pour  croire,  et  c'est  l'opinion  d'un  de  nos  observateurs  les 
plus  expérimentés,  sir  J.  Sebright,  que  les  effets  nuisibles  des  unions  consan- 
guines peuvent  être  amoiiuiris  ou  même  détruits  complètement  on  séparant 
pendant  quelques  générations,  et  en  exposant  à  des  conditions  d'existence  diffé- 
rentes, les  individus  ayant  une  parenté  trop  rapprochée.  »  (Id.,  ibid.,  p,  y9.) 


ÉDUCATION  DE  PERRUCHES  ÉRYTHROPTÈRES 

Extrait  d'une  lettre  adressée  à  M.  le  Secrétaire  général 
I*ar  M.  le  luarquifs  de  RRISAY. 


J'espérais  être  le  premier  amateur  en  Europe  qui  pût  pro- 
duire un  exemplaire  de  Perruche  éryplhroptère  née  en  volière, 
mais  je  viens  d'apprendre  que  M.  Delaurier  a  obtenu  le  même 
cas  de  reproduction  cette  année;  je  partage  donc  ce  succès 
avec  notre  confrère  ;  toutefois  je  tiens  à  faire  l'cmarquer  qu'il 
possédait  cette  Perruche  depuis  quatre  ans,  tandis  que  mon 
couple  reproducteur  n'est  chez  moi  que  depuis  Tannée  der- 
nière. 

C'est  en  juin  1881  que  je  l'acquis  de  M.  Abraham's,  im- 
portateur d'animaux  étrangers  à  Londres;  ces  oiseaux  arri- 
vaient directement  d'Australie,  et  je  dois  convenir  qu'ils 
avaient  été  l'objet  de  soins  particuliers,  car  ils  élaient  dans 
un  état  de  santé  et  de  plumage  irréprochable  :  le  maie  écla- 
tant de  splendeur  dans  sa  tunique  du  plus  beau  vert  éme- 
raude,  recouvert  du  manteau  noir  et  bleu  sur  lequel  tranche 
le  rouge  écarlate  qui  colore  les  ailes;  la  femelle  d'un  vert 
plus  terne  avec  du  bleu  sur  le  dos  et  une  ligne  rouge  aux 
ailes.  Ils  furent  installés  dans  une  habitation  grillagée,  mesu- 
rant 5  mètres  de  long  sur  2  de  large,  avec  abri  couvert,  per- 
choirs, terrain  sablé  et  arbre  brut  au  milieu. 

L'exposition  laissait  à  désirer,  car  là  volière  faisait  face  à 
l'ouest;  mais  elle  est  située  dans  un  jardin  entouré  de  grands 
murs,  où  la  chaleur  du  soleil  se  conserve  mieux.  Les  per- 
choirs des  angles  furent  d'ailleurs  garantis  du  vent  et  des 
pluies  par  des  châssis  vitrés  et  de  larges  plaques  de  zinc. 

Quant  à  la  nourriture,  je  m'aperçus  dès  le  début  que  mes 
nouveaux  pensionnaires  ne  mangeaient  exclusivement  que  de 
Talpiste  et  du  millet  blanc;  je  les  maintins  à  ce  régime  sec, 
auquel  j'apportai  comme  émollientdu  maïs  cuit,  dont  ils  de- 


398  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

vinrent  très  friands,  du  millet  en  grappe,  du  pain  trempé  au 
lait  bouillant,  et,  en  verdure  fraîche,  une  assez  grande  abon- 
dance de  séneçon.  Ces  Perruches  ainsi  traitées  n'ont  jamais 
eu  un  instant  d'indisposition  ;  il  est  à  remarquer  cependant 
que,  malgré  la  tendance  qu'ont  les  Psittacidés  en  général  à 
rechercher  les  aliments  rafraîchissants,  elles  ne  touchent  pas 
aux  fruits  ni  aux  baies,  point  par  lequel  elles  diffèrent  essen- 
tiellement de  leurs  congénères,  les  Perruches  à  scapulaire, 
qui  en  consomment  une  grande  quantité. 

Au  commencement  du  printemps,  je  remarquai  chez  le 
mâle  une  grande  activité  :  il  s'agitait  plus  qu'à  son  ordinaire 
et  faisait  entendre  de  fréquents  appels,  sa  voix  était  stridente 
et  son  vol  précipité.  Je  ne  le  vis  cependant  pas  s'approcher 
de  la  femelle,  et  je  ne  surpris  pas  un  seul  accouplement;  ce 
bel  oiseau  enveloppait  ses  amours  de  mystère.  Pour  parer  à 
toute  éventualité,  je  plaçai  en  un  coin  obscur  un  tronc  d'arbre 
creux  d'assez  grande  dimension,  et  j'attendis,  peu  confiant, 
je  l'avoue,  dans  un  bon  résultat. 

Des  Faisans  dorés  habitaient  la  même  volière.  Les  Poules 
pondaient  dans  une  boîte  de  bois  garnie  de  foin  et  posée  à 
terre,  dans  l'abri  couvert,  derrière  une  cache  en  planches. 
C'est  là  que  le  24  avril  au  matin,  je  trouvai,  avec  quelle  sur- 
prise! un  œuf  blanc,  oblong,  relativement  petit,  mélangé  aux 
œufs  des  faisanes.  Je  doutais  de  la  fécondation;  mais  com- 
prenant que  la  couvée  de  l'Érythroplère  serait  perdue  dans 
tous  les  cas,  si  je  la  laissais  pondre  avec  les  Poules,  je  retirai 
les  Faisans  dorés,  et  les  plaçai  dans  un  autre  compartiment, 
me  gardant  bien  toutefois  de  rien  déranger  à  la  disposition 
du  nid.  Le  26,  je  trouvai  dans  la  boîte  un  second  œuf  et  le 
28  un  troisième,  tous  deux  de  forme  plus  arrondie  que  le 
premier,  mais  également  blancs  comme  tous  les  œufs  des 
Perroquets. 

Dès  le  26,  la  Perruche  couvait.  Ainsi  donc  ces  oiseaux 
avaient  négligé  la  bûche  creuse  ordinairement  pratiquée  pour 
la  nidification  par  tous  leurs  semblables  et  préféraient 
installer  leur  nichée  sur  le  sol.  Le  même  fait  a  été  d'ailleurs 
signalé  par  M.  Delaurier,  chez  qui  les  Perruches  érythro- 


PERRUCHES    ÉRYTIIROPTÈRES.  39!> 

plères  ont  niché  à  terre,  sous  une  touffe  d'arbustes,  où  leurs 
œufs  ont  été  détruits  par  des  Lophopliores.  S'il  est  dans  leur 
usage  d'agir  ainsi,  ce  qui  est  probable,  même  en  libellé,  cette 
tendance  périlleuse  expliquerait  la  rareté  de  ces  oiseaux,  dont 
la  progéniture  est  trop  souvent  exposée  à  être  détruite  par 
les  animaux  nuisibles. 

A  partir  du  vingt-troisième  jour  d'incubation,  c'est-à-dire 
du  18  au  24-  mai,  les  petits  vinrent  au  monde.  Ils  étaient  ba- 
billes de  duvet  blanc.  Leur  croissance  est  lente;  la  mère  les 
couvre  pendant  un  mois;  au  bout  de  ce  temps,  ils  sont  déjà 
gros,  couverts  de  plumes,-  la  queue  poussée  aux  deux  tiers, 
mais  ils  ne  sortent  pas  encore  du  nid.  Le  père,  qui  a  laissé 
jusqu'à  ce  moment  à  la  femelle  le  soin  de  la  nourriture, 
commence  à  gaver  ses  enfants  ;  il  le  fait  avec  une  attention 
et  une  persévérance  admirables,  pendant  que  la  mère  se  re- 
pose à  son  tour.  L'alimentation  est  la  même  que  pour  les 
adultes  :  millet,  alpiste,  froment,  un  peu  de  chènevis,  du 
maïs  cuit,  et  surtout  abondance  de  millet  en  grappe;  cette 
petite  graine  tendre,  d'une  digestion  aisée,  est  presque  l'u- 
nique nourriture  des  commencements  :  peu  de  verdure,  pas 
de  fruits,  et  lorsque  les  petits  grandii-ent*  je  remplaçai  le  chè- 
nevis trop  échauffant  par  du  gruau  d'avoine,  leur  mainte- 
nant toujours  la  pâtée  au  lait  bouilli,  dont  la  consommation 
était  grande. 

Le  8  juillet  seulement,  cinquante-deux  jours  après  leur 
naissance,  les  jeunes  sortent  du  nid  et  marchent  en  titubant; 
ils  circulent  comme  ils  peuvent,  en  s'aidant  du  bec  et  des 
coudes,  ne  volent  pas,  ne  mangent  pas  seuls  et  rentrent  le 
soir  au  berceau.  Le  15,  ils  se  décident  à  étendre  les  ailes,  se 
perchent  lourdement,  tourmentent  leurs  parents  pour  en 
obtenir  la  becquée,  mais  ceux-ci  leur  montrent  le  chemin  de 
la  mangeoire,  et  les  oiselets  s'efforcent  de  se  régaler  eux- 
mêmes. 

A  ce  moment  de  leur  âge,  les  jeunes  Érythroptères  sont  aux 
deux  tiers  de  la  grosseur  des  parents,  et  leur  plumage  est  en 
tout  semblable  à  celui  de  la  mère,  mais  les  mâles  se  distin- 
guent déjà  à  la  tète  un  peu  plus  grosse,  colorée  d'une  teinte 


400  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMâTATION. 

plus  claire  sur  le  fronl,  et  à  la  raie  rouge  plus  étendue  sur  le 
pli  de  l'aile. 

Actuellement  (septembre  1882),  mes  élèves  sont  d'une 
venue  superbe;  leur  gaîté  est  inaltérable,  leur  appétit  digne 
d'éloges;  ils  ont  trois  mois  et  demi,  et  leur  croissance  n'est 
pas  achevée,  mais  ils  font  leur  première  mue  et  paraissent 
la  supporter  sans  fatigue. 

Certainement  cette  Perruche  robuste  et  au  plumage  splen- 
dide  est  appelée  à  faire  prochainement  l'un  des  plus  beaux 
ornements  des  volières  d'amateurs,  sa  reproduction  parais- 
sant, d'après  une  si  facile  expérience,  et  avec  des  soins  ana- 
logues, aussi  assurée  que  possible. 

Je  ne  veux  pas  terminer  ce  compte  rendu  sans  vous  faire 
part  d'un  autre  cas  de  reproduction  fort  extraordinaire  obtenu 
cette  année  pour  la  première  fois  dans  mes  volières. 

J'avais  installé  dans  deux  compartiments  juxtaposés  un 
couple  de  Perruches  omnicolores  et  un  couple  de  Perruches 
palliceps;  chez  les  premières,  une  femelle  ardente  et  un 
mâle  excessivement  froid,  qui  ne  répondait  pas  aux  avances 
de  sa  compagne.  Celle-ci  chercha  donc  une  union  moins  sté- 
rile auprès  du  mâle  Palliceps,  qui,  de  son  côté,  était  fort 
galant  pour  sa  femelle,  mais  jugea  à  propos  de  l'être  aussi 
pour  sa  voisine,  malgré  le  grillage  à  mailles  serrées  qui  les 
séparait. 

Il  n'en  résulta  rien  de  bon;  chez  l'Omnicolore  une  couvée 
d'œufs  clairs,  et,  chez  les  Palliceps,  de  l'aigreur  entre  les 
époux,  des  coups  de  bec,  une  bouderie  obstinée  de  la  part  de 
la  femelle,  qui,  dans  sa  jalousie  et  malgré  les  accouplements 
les  plus  féconds,  refusa  de  pondre. 

Je  la  vendis;  et,  ayant  enlevé  le  mâle  Omnicolore  dont 
l'impassibilité  élait  révoltante,  je  livrai  la  femelle  infidèle  à 
Palliceps-pacha. 

Le  résultat  ne  se  fit  pas  attendre,  et  quel  résultat!  au  bout 
d'une  semaine  il  y  avait  au  nid  six  œufs,  qui  produisirent  au 
vingt  et  unième  jour  d'incubation  cinq  petits  oiseaux  su- 
perbes. La  croissance  de  ceux-ci  est  rapide;  dix  jours  après 
leur  naissance  la  mère  ne  les  couvre  plus.  Les  parents  les 


PERRUCHES  ÉRYTHROPTÈRES.  401 

nourrissent  assidûment  de  toutes  les  graines  composant  leurs 
aliments  ordinaires,  millet,  alpisle,  chènevis,  maïs,  froment, 
gruau,  baies  de  genièvre  et  de  thuya,  pâtée  de  pain  au  lait, 
séneçon  et  autres  graminées  fraîches.  Au  trentième  jour,  ils 
sortaient  du  nid  de  plein  vol,  et  je  pus  alors  contempler  Fheu- 
reux  mélange  des  nuances  disparates  des  parents. 

Le  métis  de  l'Omnicolore  et  du  Palliceps  a  le  défaut  de 
ressembler  un  peu  trop  à  la  mère,  dont  il  reproduit  les  cou- 
leurs criardes,  quelque  peu  mitigées  seulement  par  les  teintes 
douces  du  père.  Ainsi  la  tète  est  rouge  et  le  cou  s'enveloppe 
d'une  cravate  de  la  même  couleur,  les  joues  sont  bleu  pâle, 
la  poitrine,  jaune  d'abord,  passe  au  vert  d'eau  et  le  ventre  est 
du  même  vert,  tandis  que  les  mêmes  parties  sont  jaunes  chez 
la  mère  et  bleues  chez  le  père,  le  dessous  de  la  queue  est  rouge 
à  la  naissance,  puis  bleu  clair  comme  chez  l'un  et  l'autre  des 
parents,  le  dessus  vert  sombre,  ainsi  que  le  dos,  qui  est  par- 
semé de  taches  noires  bordées  de  jaune;  les  ailes  sont  mar- 
quées de  noir,  de  vert  et  de  bleu.  Les  femelles  présentent  des 
nuances  plus  pâles  et  leur  taille  est  moins  forte  que  chez  les 
mâles. 

Ces  jolis  oiseaux  s'élèvent  facilement,  grandissent  à  vue 
d'œil  et  se  nourrissent  fort  bien;  ils  mangent  seuls  avant  l'âge 
de  deux  mois. 

Si  vous  jugez  que  ces  quelques  détails  d'élevage  peuvent 
intéresser  nos  collègues,  je  ne  vois  aucun  inconvénient  à  ce 
que  vous  leur  en  fassiez  part  par  la  voie  du  Bulletin  de  la 
Société. 


3"  SÉRIK,  T.  X.  —  Juillet  1883.  "26 


DES  PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON 

Par    le  docteur     Edouard    iHÈ^'E 

(Suite) 


MAGNOLIACEES. 


Parmi  les  arbres  importants  aux  points  de  vue  industriel  et 
ornemental,  qui  avaient  été  rassemblés  dans  le  jardin  du  Tro- 
cadéro,  on  distinguait  : 

Le  Magnolia  hypoleuca:Honoki,  à  larges  fleurs  blanches, 
dont  le  parfum  rappelle  celui  de  l'Ananas. 

Le  talDleau  des  productions  utiles  relatait,  au  n°  25,  le  Ho 
noki  {Magnolia  hypoleuca  Sieb.  et  Zuc.)  avec  une  plaque  de 
bois  grisâtre  à  taches  claires;  bois  très  beau. 

La  collection  des  bois  de  la  galerie  des  machines  renfermait 
un  spécimen  de  Ho  noki  de  O^jSS  de  large  avec  0'",005  d'é- 
paisseur d'écorce  blanchâtre  ;  bois  léger,  homogène,  à  fibres 
régulières,  longitudinales,  de  couleur  gris  verdâtre,  plus  foncé 
au  centre. 

La  série  des  tableaux  d'arbres  avec  partie  de  tige,  de  bran- 
ches et  de  feuilles  contenait  le  Magnolia  hypoleuca,  verni 
par  la  moitié. 

Le  Magnolia  hypoleuca  de  Siebold  et  Zuccarini  (1),  de 
Franchet  et  Savatier  (2),  Magnolia  glauca  de  Thunberg  (3) 
et  de  Miquel  (4),  est  désigné  dans  le  Phonzo-Zoufou  (5)  sous 
le  nom  de  Ho  noki,  et  dans  le  Kwa-wi  (6)  sous  celui  de 
Fô  noki. 


(1)  Siebold  et  Zuccarini,  Familm  nalurales,  n°  349. 

(2)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,\o\.  I,  p.  17,  n°  73. 

(3)  Tliunberg,  Flora  Japonica,  p.  273. 

(4)  Miijuel,  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  U(J. 

(5)  Phonzo-Zoufuu  (lion  iocUiifu,  suivant  M.  E.  Bretschneider,  M.  ïf.,  Jour- 
nal of  tlie  North-China  branch  of  the  Royal  Asialic  Society,  vol.  II,  p.  100. 
1880),  vol.  LXXXII,  fol.  8  recto. 

(0)  Kwa-i(/i,  Arb.,  vol.  il,  p.  87,  n"  2. 


.PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         ^03 

Il  fleurit  en  juin  dans  les  forêts  montagneuses  des  îles  de 
Kiusiu,  de  Nippon,  de  Sikok,  et  dans  la  partie  méridionale  de 
l'île,  de  Yeso,  jusqu'à  4-2"  lat.  N.  11  est  surtout  plus  abondant 
dans  les  provinces  de  Sinano,  de  Hitachi,  de  Rikuzen,  de  Ri- 
kuchiu,  de  Mutsu  et  de  Iwaki.  On  le  rencontre  mélangé  avec 
les  Chênes  verts,  les  Laurinées  et  les  Ternstrcemiacées. 

Suivant  M.  Dupont  (1),  cet  arbre,  qui  a  jusqu'à  3  mètres  de 
circonférence  au  pied,  à  des  feuilles  nombreuses  de  O^j^O  à 
0'°,25  de  long,  au  milieu  desquelles  se  montrent  de  jolies 
fleurs  blanches  à  parfum  d'Ananas.  Outre  son  usage  orne- 
mental, il  est  très  employé  dans  la  menuiserie  et  l'ébénisterie 
pour  son  bois  léger,  de  couleur  brun  clair,  souvent  irisé;  il 
est  usité  pour  les  fourreaux  de  sabre  et  pour  les  planches  de 
tailleurs.  On  en  lait  aussi  du  charbon,  qui  sert  à  polir  les 
laques  et  les  métaux. 

Les  Japonais  reconnaissent  au  Magnolia  hypoleuca,  de 
même  qu'aux  autres  espèces  de  Magnolia,  des  propriétés  sti- 
mulantes, et  ils  le  prescrivent  comme  médicament,  de  même 
que  les  Chinois,  qui  le  classent  parmi  les  remèdes  qui  réchauf- 
fent le  corps,  qui  enlèvent  les  obstructions,  qui  corrigent 
l'haleine  et  régularisent  la  respiration  (2). 

Suivant  M.  Dupont,  l'écorce  du  Magnolia  hypoleuca  est 
usitée  contre  les  rhumatismes,  les  fièvres  intermittentes  et 
les  maladies  de  l'estomac. 

Le  Honoki  est  recherché  par  les  Japonais  pour  l'ornement 
de  leurs  jardins,  et  ils  en  mettent  souvent  les  fleurs  dans  des 
vases  qu'ils  placent  dans  l'intérieur  des  appartements. 

Le  Magnolia  Kobus  de  Blume,  relaté  par  Miquel  (3),  par 
Franchet  et  Savatier  (4),  Magnolia  gracilis  de  Salisbury  (5), 
Yamakobusi  et  Hakou  mokouren,  d'après  le  Kwa-wi  (6), 

(t)  Dupont,  Les  essences  forestières  du  Japon,  p.  57-58,  1879. 

(2)  Pen  ts'  ao  Kangmu  (Matière  médicale  chinoise  de  l'empereur  Slien-Nung, 
écrite  par  un  auteur  connu  sous  le  nom  do  Li  shi  cheu),  Journal  of  the  Nortli- 
China  brandi  of  the  Royal  Asiatic  Society,  par  M.  E.  Bretschrieider,  M.  D., 
vol.  II,  p.  30,  1880. 

(3)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  146. 

(4)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  1,  p.  16,  n»  li. 

(5)  Salisbury,  The  Paradisiis  Londivensis,  labl.  87. 

(6)  Kwa-wi,  Arh.,  vol.  Il,  p.  96,  n"  22. 


MA  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

qu'on  rencontre  à  l'état  sauvage  dans  les  montagnes,  où  il 
donne,  au  mois  de  mai,  des  fleurs  blanches,  odorantes,  plus 
^eliles  que  celles  du  Magnolia  hi/poleucai  ■  oii'i 

-    11  y  en  a  une  variété  à  fleurs  violettes.  '       j 

Les  fleurs  se  montrent  avant  les  feuilles.  .  -.'ïi  ,i>ii'i. >yrA 

Le  Magnolia  Kobus  croît  dans  la  plus  grande  partie  dé  l'île 
de  Nippon,  mais  principalement,  suivant  M.  le  D'  Savatier, 
entre  les  villes  de  Tokio  et  de  Ohosaka.  Il  se  trouve  aussi  dans 
la  partie  méridionale  de  l'île  de  Yeso. 

M.  Lavallée  possède  dans  son  parc  de  Segrez  le  Magnolia 
Kobus,  avec  une  variété  unicolore. 

Une  espèce  voisine,  le  Magnolia  conspicua  de  SalishuYy{[), 
noté  par  MM.  Franchet  et  Savatier  (2),  Magnolia  Kobus  de 
Siebold  et  Zuccarini  (3),  désigné  au  Japon  sous  le  nom  de 
Hakourenge,  d'après  M.  Maximowicz,  fleurit  en  mars  et  est 
'réquemment  cultivé  dans  les  jardins  japonais,  mais  n'est  pas 
spontané. 

Le  Magnolia  stellata  de  Maximowicz  (4'),  de  Franchet  et 
Savatier  (5),  Buergeria  s^ei/a/a  de  Siebold  et  Zuccarini  (6), 
connu  aussi  sous  le  nom  de  Magnolia  Halleana  (du  nom  du 
D'  Hall,  son  introducteur  en  Europe),  nommé  au  Japon  Mu- 
saraki  Kobus,  d'après  le  botaniste  japonais  Keiske,  qui  croît 
spontanément  dans  les  forêts  des  îles  de  Kiusiu  et  de  Nippon, 
et  qui  est  très  fréquemment  cultivé  dans  les  jardins.  On  le 
trouve  constamment  reproduit  sur  les  laques,  les  émaux  cloi- 
sonnés et  les  remarquables  broderies  en  soie. 

Le  Magnolia  stellata  produit,  de  mars  à  avril,  de  belles 
fleurs  de  8  à  9  centimètres  de  diamètre,  d'un  beau  blanc  lai- 
teux, avec  une  ligne  médiane  rouge  violacé;  l'extrémité  des 
pétales  est  rosée  quand  la  fleur  est  en  bouton  ;  quand  elle  est 
épanouie,  elle  conserve  souvent  cette  teinte  rosée  sur  la  face 


(1)  Salisbury,  The  Paradisus  Londinensis,  tabl.  38. 

(2)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,p.  16,  n°  71. 

(3)  Siebold  et  Zuccarini,  Familiœ  naturales,  n°  350. 

(4)  Maximowicz  (G.  J.),  Mélanges  biologiques  tirés  du  Bullelin  de  l'Académie 
impériale  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg ,  t.  VIII,  p.  509. 

(5)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  1,  p.  15-16,  n°  67. 

(6)  Siebold  et  Zuccarini,  Familiœ  naturales,  n°  346,  tabl.  2,  f.  a. 


.  PRODUCTIONS   VÉGÉTALES   DU   JAPON.  405 

externe  des  pétales  ;  après  répanouissement  complet,  les 
pétales  se  recourbent  en  dehors,  de  telle  sorte  que  leur  face 
interne  est  seule  visible  et  devient  extérieure.  C'est  une  jolie 
espèce,  très  rustique,  de  pleine  terre,  très  llorifère.  Les 
fleurs  viennent  avant  les  feuilles. 

Au  Japon,  de  même  qu'en  Chine,  les  fleurs  et  les  boutons 
du  Magnolia  Stella  ta  sont  employés  par  les  médecins  comme 
remède  carminatif,  stimulant  et  diaphorétique. 

Le  Magnolia  stellata  a  été  introduit  en  1862  par  M.  le 
D'  Hall,  cédé  par  lui  à  M.  Parsons,  de  Ilusting,  exposé  en  1877 
à  Gand  par  M.  Veitch,  puis  en  1880  à  Nancy  par  M.  Galle  (1). 
Il  en  a  été  fait  mention  à  plusieurs  reprises  dans  la  Revue 
horticole  (2).  A  la  séance  du  23  mars  1882  de  la  Société  cen- 
trale d'horticulture  de  France,  M.  Paillet,  horticulteur  à  Cha- 
tenay-les-Sceaux,  a  présenté  un  magnifique  pied  de  Magnolia 
stellata  ;  puis,  au  mois  d'avril  1882,  à  l'exposition  printanière 
de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France,  il  a  exposé 
un  Magnolia  stellata  couvert  de  fleurs,  pour  lequel  il  a 
obtenu  une  médaille  d'argent. 

Le  Magnolia  stellata  est  cultivé  au  Jardin  d'acclimatation 
du  Bois  de  Boulogne. 

Une  autre  espèce  de  Magnolia  qui  n'est  pas  spontané  au 
Japon,  mais  y  est  fréquemment  cultivé,  est  le  Magnolia  ob- 
ovata  de  Thunberg  (3),  Simokou  ran,  d'après  le  botaniste 
japonais  Keiske.  11  provient  de  la  Chine,  où  il  se  nomme 
Mu  lien. 

Ce  Magnolia,  qui  fleurit  d'avril  à  juin,  existe  dans  le  ma- 
gnifique parc  de  Segrez,  chez  M.  A.  Lavallée  (4),  avec  variétés 
discoloi\  liliiflora,  floribus  roseis,  atro-purpureis  et  Len- 
nei. 

On  rencontre  aussi  au  Japon  le  Magtiolia  parviflora  de 
Siebold  et  Zuccarini  (5),  relaté  aussi  par  Miquel  ((1),  par 

(1)  Catalogue  de  l'Exposition  de  Nanctj,  n»  1561,  p.  45,  1880. 
(-2)  Revue  horticole,  p.  270,  1878,  et  n"  8,  16  avril,  p.  180,  1882. 

(3)  Thunberg,  Transactions  of  tlie  Linnean  Societij,  H,  p.  336. 

(4)  Lavallée  {A.},  Arboretum  Segreàianum,p.  8,  1877. 

(5)  Sii'bold  et  Zuccarini,  Fnmiliœ  naiurales,  n"  351. 

(6)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  146. 


406  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Francliet  et  Savatier  (1),  que  le  Phonzo  Zoufou  (2)  et  le 
Kwa-wi  (3)  désignent  sous  le  nom  de  Oho  yama  rengué,  qui 
donne  en  mai  de  grandes  fleurs  blanches,  odorantes,  portées 
par  de  longs  pédoncules;  cette  espèce  est  souvent  cultivée, 
mais  on  la  rencontre  aussi  à  l'état  sauvage,  suivant  M.  le 
D'  Savatier,  dans  les  montagnes  d'Hakone  (île  de  Nippon). 

Dans  les  jardins  dé  la  ville  de  Tokio,  M.  le  D'  Savatier  (4)  a 
vu  aussi  le  Magnolia  compressa  de  Maximowicz  (5)  :  Uba 
tama,  qui  est  spontané  dans  certaines  provinces  de  l'île  de 
Kiusiu  et  au  pied  du  volcan  Fudzi-Yama,  dans  l'île  de  Nippon. 

MM.  Franchet  et  Savatier  (6)  citent,  de  plus,  le  Magnolia 
salicifolia  de  Maximowicz  (7),  que  le  botaniste  japonais 
Keiske  donne  sous  le  nom  de  Tamisiba,  qui  croît  dans  les 
forêts  montagneuses  des  îles  de  Kiusiu  et  de  Nippon. 

La  famille  des  Magnoliacées,  au  Japon,  fournit  aussi  le 
Cercidiphyllum  japonicum,  connu  au  Japon  sous  le  nom  de 
Kadzura,  d'après  le  botaniste  japonais  Tanaka,  que  Siebold, 
Miquel  (8),  Maximowicz  (9),  MM.  Franchet  et  Savatier  (10), 
Dupont  (il),  relatent  comme  croissant  dans  presque  toute 
l'étendue  du  Japon,  sur  les  montagnes,  à  une  altitude  de  700 
à  900  mètres,  et  qui,  d'après  la  commission  japonaise  (12),  se 
rencontre  principalement  dans  les  provinces  de  Suruga, 
d'Iwashiro,  de  Sinano,  de  Rikuzen,  de  Rikuchiu,  de  Mutsu  et 
d'Iwaki,  et  dans  les  forêts  de  l'île  de  Yeso. 

D'après  MM.  Maximowicz  (13)  et  Franchet  et  Savatier  (14), 
une  espèce  voisine,  le  Cercidiphyllum  ovale,  croît  sur  les 

(i)  Franchet  et  Savatier,  Eniimeralio,  vol.  f ,  p.  16,  n°  70. 

(2)  Phonw-Zoufou  ou  Homo-diu-fu,  vol.  LXXXII,  fol.  10  recto.     ♦ 

(3)  Kwa-ivi,  Arb.,  vol.  IH,  p.  102,  n"  8. 

(4)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  15,  n°66. 

(5)  Maximowicz  (G.  J.),  Mélanges  biologiques  tirés  du  Bulletin  de  VAcadémie 
impériale  des  sciences  de  Saint-Péleisbourg,  vol.  VIII,  p.  506. 

(6)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  16,  ii"  68. 

(7)  Maximowicz,  Mélanges  biologiques,  vol.  VIII,  p.  509. 

(8)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  jlorœ  Japonicœ,  p.  304. 

(9)  Maximowicz,  Mélanges  biologiques,  t.  VIII,  p.  369. 

(10)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  18-19,  n°  79. 

(11)  Dupont  (E.],  Des  essences  forestières  du  Japon,  p.  57,  1879. 

(12)  Le  Japon  à  l'Exposition  universelle  de  1878,  vol.  II,  p.  lU-1 15,  n"  51. 

(13)  Maximowicz,  Mélanges  biologiques,  t.  VIII,  p.  369. 

(14)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  19,  n°  80. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         407 

hautes  montagnes  de  la  partie  centrale  de  l'île  de  Nippon. 

Suivant  M.  Dupont,  le  Cercidiphyllum  japonicum  a  sou- 
vent 4  mètres  de  circonférence  au  pied  et  35  mètres  de  hau- 
teur totale. 

Son  bois,  dont  on  trouvait  dans  la  collection  de  la  galerie 
des  machines  deux  échantillons,  l'un  de  0'",-27  de  large  avec 
0'",010  d'épaisseur  d'écorce,  l'autre  de  0'",44  de  large  avec 
0^,010  d'épaisseur  d'écorce,  est  très  résistant,  à  fibres  régu- 
lières, longitudinales,  de  couleur  rougeatre,  plus  foncé  au 

centre. 

Au  Japon,  le  Kadzum  est  employé  en  menuiserie  pour  la 
construction  des  maisons,  et  en  ébénisterie  dans  la  fabrication 
des  meubles.  C'est,  de  plus,  un  arbre  à  feuillage  ornemental. 

Le  Cercidiphyllum  japonicum  était  représenté  à  l'Exposi- 
tion de  Nancy  (1),  exposé  par  M.  A.  Lavallée. 

Quant  au  Kadzura  japonica  de  Kœmpfer,  donné  sous  ce 
nom  par  MM.  Franchet  etSavatier  (2),  désigné  par  Thunberg  (3) 
et  par  Miquel  (4)  sous  celui  d'Uvaria  japonica,  il  croît  dans 
les  îles  de  Kiusiu  et  de  Nippon,  et  est  connu  sous  les  noms  de 
Sane  Kadzoura,  selon  le  Phonzo-Zoufou  (5)  et  le  Kwa-wi  (6), 
et  sous  celui  de  Binan  Kadzura  d'après  le  tableau  des  pro- 
ductions utiles  de  l'Exposition,  où  il  était  marqué  au  n°  112, 
avec  des  spécimens  de  tiges  grisâtres  et  un  échantillon  d'é- 
corce. 

On  prépare  avec  le  Kadzura  japonica  un  mucilage  pour  la 
chevelure. 

Les  livres  Kwa-wi  attribuent  au  Kadzura  japonica  plu- 
sieurs variétés,  dont  Tune,  Mina  mi  gomichi,  est  commune 
sur  les  montagnes  et  est  utilisée  pour  former  les  haies  et  les 
clôtures  des  jardins  ;  ses  feuilles  persistantes  sont  épaisses, 
luisantes,  d'un  beau  vert  en  dessus  et  d'un  vert  violacé  en 
dessous  ;  ses  fleurs  jaunâtres  se  montrent  en  juillet. 

(1)  Catalogue  de  VExposition  deNanaj,  p.  57,  n»  1626,  1880. 

(2)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  18,  n"  77. 

(3)  Thunberg,  Flora  Japonica,  p.  237. 

(4)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  (lorœ  Japonicœ,  p.  255. 

(5)  Phonzo-Zoufou,  vol.  XXV,  fol.  6. 

(6)  Kiva-ivi,  Arb.,  vol.  Il,  p.  96-97,  n"  23. 


408  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

Une  autre  variété  de  Kadzura  japonica  est  le  Kita  gomichi 
ou  Matsou  fouça,  originaire  de  Corée.  Les  feuilles  ne  sont 
pas  violacées  en  dessous  ;  cette  variété  existe  dans  les  pro- 
vinces de  Idzumi,  de  Rikuzen  et  de  Tchikoumo. 

Le  Kadzura  japonica  Kaempf.  var.  aureo-maculata  était 
représenté  à  l'Exposition  de  Nancy  (1),  exposé  par  M.  Le- 
moine. 

On  trouve  aussi  au  Japon  :  VlUicium  anisatum  Lin.,  men- 
tionné par  MM.  Franchet  et  Savatier  (3),  IlUcium  religiosum 
de  Siebold  et  Zuccarini  (3)  et  de  Miquel  (4),  que  le  botaniste 
japonais  Keiske  dit  se  nommer  Iririsi  ja  mu  dans  les  îles  de 
Kiusiu  et  de  Nippon,  et  qui,  dans  le  Kiva-wi  (5),  est  désigné 
sous  la  dénomination  de  Sikimi.  M.  Dupont,  dans  son  très 
intéressant  ouvrage  sur  les  essences  forestières  du  Japon,  le 
donne  sous  le  nom  de  Tsikibi.  C'est  la  badiane  sacrée,  qui 
fournit  l'anis  étoile  répandu  dans  le  commerce,  et  qui  sert  à 
fabriquer  l'anisette.  Les  Hollandais  en  font  une  grande  con- 
sommation pour  la  préparation  de  cette  liqueur. 

Le  fruit  exhale,  de  même  que  le  bois,  cette  odeur  d'anis 
qui  est  due  à  une  huile  essentielle  répandue  dans  toute  la 
plante.  La  majeure  partie  de  l'anis  étoile  provient  delà  Chine, 
principalement  de  Canton,  où  il  est  désigné  sous  le  nom  de 
Pa  co  huei  hiam;  il  en  arrive  aussi  beaucoup  du  Japon  et  des 
îles  Philippines,  d'où  il  a  été  apporté  pour  la  première  fois 
en  Europe,  en  1588  (6). 

Les  Chinois  mélangent  souvent  l'anis  étoile  au  thé  ;  ils  l'em- 
ploient, ainsi  que  les  Japonais,  soit  en  le  mâchant,  soit  en 
infusion,  comme  remède  tonique  et'slimalant  dans  les  affec- 
tions de  l'estomac,  surtout  dans  les  gastralgies  et  contre  les 
mauvaises  digestions. 

Les  Japonais  et  les  Chinois  considèrent  VlUicium  religio- 


(1)  Catalogue  de  VExposilion  de  Nancy,  p.  45,  n"  1562,  1880. 

(2)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  15,  n°  65. 

(3)  Siebold  et  Zuccarini,  F/ora  Japonica.  I,  p.  5,  tab.  1. 

(4)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  145. 

(5)  Kwa-wi,  Arb.,  vol.  II,  p.  87,  n°  4. 

(6)  Bretschneider  (E.),  Journal  of  the  North-Cliina  brandi  of  tlte  Roijal  Asia- 
tic  Society,  vol.  I,  p.  92,  n"  2,  1880. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         409 

sum  comme  un  arbre  sacré,  et  ils  le  plantent  autour  des  pa- 
godes et  des  temples.  Ils  pilent  l'écorce,  qu'ils  font  brûler 
comme  parfum.  Quant  aux  branches,  ils  les  coupent  pour  les 
placer  sur  les  tombes  de  leurs  parents  et  de  leurs  amis. 

Vlllicium  religiosum  était  représenté  à  l'Exposition  de 
Nancy  (1),  exposé  par  M.  Lavallée,  qui  le  possède  à  Segrez  (2). 

On  rencontre,  de  plus,  dans  les  parties  centrale  et  septen- 
trionale de  l'île  de  Nippon,  et  jusque  dans  l'île  de  Yeso 
(42'  lat.  N.),  XtTrochodendron  aralioides  de  SieboldetZucca- 
rini  (3),  Matsi  noki,  d'après  le  botaniste  japonais  Keiske. 


MALVACEES. 


Une  des  plantes  les  plus  utiles  et  les  plus  anciennement 
connues  delà  famille  des  Malvacées,  au  Japon,  est  le  Coton- 
nier {Gossypmm  Indicum),  relaté  par  Thunberg  (4),  par  Mi- 
quel  (5),  par  Franchet  et  Savatier  (0),  désigné  au  Japon  sous 
le  nom  de  Wata  et  de  Kiivata,  d'après  le  Sômoku-Dusets  (7), 
et  que  le  Phonzo-Zoufou  (8)  donne  sous  le  nom  de  Sômé  (9) . 

Suivant  M.  LéondeRosny,  l'éminent  professeur  de  japonais 
à  l'École  des  langues  orientales,  le  Cotonnier  est  cultivé  de- 
puis longtemps  au  Japon.  A  l'époque  de  l'empereur  Tsiou-aï 
ten-ô,  qui  régna  de  192  à  200  de  notre  ère,  et  sous  le  règne 
du  mikado  0-ziu  ten-ô,  qui  vivait  de  270  à  312  de  notre  ère, 
les  Japonais  se  servaient  du  coton  tiré  du  Cotonnier,  arbre 
(mo-men)  dont  les  semences  provenaient  des  San-kan  (Etats 
de  la  péninsule  Coréenne). 

Le  Cotonnier,  arbre  qui  donnait  un  duvet  très  court,  dis- 


(1)  Catalogue  de  l'Exposition  de  Nancy,  p.  49,  n"  1583,  1880. 
(2j  Lavallée  (A.),  Arboretuin  Segrezianum,  p.  6,  1877. 

(3)  Siebold  et  Zuccarini,  Flora  Japonica,  I,  p.  63,  tabl.  3910. 

(4)  Thunberg  (G.  P.),  Flora  Japonica,  p.  271. 

(5j  Miquel  (F.  A.  \V.),  Prolusio  floroe  Japonicœ,  p.  207. 

(6)  Franchet  et  Savatier,  Enurneratio,  vol.  I,  p.  65,  n"  266. 

(7)  Sùmoku-Dusets,  vol.  XII,  p.  123,  n°  58. 

(8)  Phomo-Zoufou,  ou  Ilon-w-dzu-fu,  vol.  XGXII,  fol.  1-3  recto. 

(9;  Léon  de  Rosny,   traduction  du  Traité  de  l'éducation  des  Vers  d  soie  au 
^apon,  de  Slra-Kawa,  de  Sondai  (Osyou),  p.  79-80,  1868. 


410  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

parut  peu  à  peu  et  ne  se  rencontre  plus  au  Japon.  Il  a  été 
remplace  parle  Cotonnier  herbacé  (Sô-men),  qui  fut  introduit 
dans  l'île  de  Nippon  par  les  Espagnols,  à  la  fin  du  gouverne- 
ment des  Syogouns  Asi-Kaga,  qui  cessèrent  de  régner  en  1572 
de  notre  ère  ou  au  commencement  du  règne  des  0-da,  qui 
succédèrent  aux  Asi-Kaga  en  1573  de  notre  ère.  Peu  de  temps 
après,  la  culture  du  Cotonnier  herbacé  fut  substituée  dans 
tout  le  Japon  à  celle  du  Cotonnier  arbre. 

Le  tableau  des  produits  utiles,  exposé  dans  la  section  japo- 
naise de  l'Exposition,  contenail,  au  n"  129,  le  Gossypium 
Indicum  Wata,  avec  des  spécimens  de  coton  blanc. 

Près  de  là,  on  distinguait  une  vitrine  destinée  aux  produits 
du  Cotonnier,  avec  des  parties  de  tige  avec  branches,  feuilles 
et  capsules  laissant  saillir  le  coton. 

La  collection  des  produits  végétaux  renfermait,  au  n°  96, 
des  bocaux  remplis  de  capsules  mûres  de  Cotonnier  blanc. 

Dans  la  classe  21  (Tapis,  tapisseries  et  autres  tissus  d'ameu- 
blement), on  remarquait  plusieurs  échantillons  de  tapis  en 
coton  pluché  du  département  de  Sakai  (province  d'Idsumi); 
Des  tapis  de  Tokio  ; 

Des  tapis  de  cotondu  département  d'Aichi  (province  d'Owari), 
et  du  département  de  Nagasaki  (province  de  Hizen). 
Dans  la  classe  30  (Fils  et  tissus  de  coton)  : 
Une  vitrine  à  plusieurs  compartiments  remplis  de  coton 
brut  blanc  et  de  lils  de  coton  de  diverses  sortes  ; 
Des  tissus  de  colon  de  Tokio  ; 

Des  spécimens  d'Onion-pa-ori  (sorte  de  tissu)  du  déparle- 
ment de  Wakayama  (province  de  Kii)  et  du  département  de 
Sakai  (province  d'Idsumi). 

Le  Cotonnier  est  surtout  cultivé  sur  le  littoral,  dans  les 
provinces  du  Sud.  Suivant  M.  de  Geofroy  (1),  ancien  ministre 
de  France  au  Japon,  on  trouve  dans  les  provinces  septentrio- 
nales deux  sortes  de  Cotonnier  précoce,  dont  il  a  envoyé  les 
graines  à  la  Société  d'Acclimatation  :  1"  graines  dites  Aoki 
tchôsen  dané,  de  Cotonnier  à  grandes  fleurs  de  couleur  jaune- 

(1)  Bulletin  de  la  Société  d'Acclimatation,  3"  série,  t.  VI,  n"8,  p.  452453, 1879, 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         A\\ 

soufre,  avec  cinq  macules  pourpres  à  la  base  interne  des  pé- 
tales ;  2"  graines  dites  Tosa  men  hô  clané,  de  Cotonnier  à  fleurs 
blanches,  d'un  quart  moins  grandes  que  les  précédentes  et 
moins  ouvertes,  avec  les  mêmes  macules  pourpres. 

D'après  les  renseignements  de  la  Commission  japonaise  de 
l'Exposition  (1),  on  sème  les  graines  de  Cotonnier  dans  les 
premiers  jours  de  mai  ;  on  avance  de  quelques  jours  dans  les 
provinces  chaudes  ;  on  retarde  de  cinq  à  huit  jours  dans  les 
provinces  septentrionales.  Les  graines,  avant  d'être  semées, 
sont  laissées  dans  l'eau  pendant  un  jour,  puis  elles  sont  mé- 
langées à  de  la  cendre  de  paille  de  riz  ;  on  les  sème  dans  des 
sillons  de  3  à  4  centimètres  de  large,  distants  de  O'j^O;  on 
recouvre  avec  un  peu  de  terre,  qu'on  tasse  légèrement.  On  voit 
sortir  de  terre  la  plante  au  bout  de  cinq  à  huit  jours  ;  on  tume 
alors  avec  les  entrailles  d'un  poisson  nommé  Nishin  (sorte 
<ile  hareng)  ou  avec  des  sardines  (Lwashiwo)  séchées  et  réduites 
en  poudre,  ou  avec  des  tourteaux  secs  nommés  Abum  Kasu 
(résidu  de  la  fabrication  d'huile  de  choux),  ou  avec  des  tour- 
teaux de  graines  de  Cotonnier  (résidu  de  la  fabrication  d'huile 
de  coton)  ;  quelquefois  avec  de  la  lie  de  Saké  (vin  de  riz). 

Au  commencement  de  juillet,  on  arrache  une  partie  des 
pieds  de  Cotonnier;  on  n'en  laisse  qu'une  certaine  quantité, 
dont  on  coupe  le  haut  des  tiges,  et  on  fait  un  nouveau  fumage. 
■Quand  les  fleurs  apparaissent,  on  coupe  l'extrémité  de  chaque 
branche  et  on  supprime  toutes  celles  qui  poussent  ensuite  ; 
on  arrose,  soit  une  fois  par  jour,  soit  tous  les  deux  jours.  Les 
plantations  sont  toujours  très  proprement  tenues  et  sont  dé- 
barrassées des  mauvaises  herbes  et  des  insectes.  Les  fleurs 
s'épanouissent  au  mois  d'août;  les  capsules  apparaissent  en 
septembre,  et  elles  s'ouvrent  d'elles-même  en  octobre,    pour 
laisser  saillir  le  coton,  qu'on  récolte  alors  à  la  main,  en  plu- 
sieurs fois,  au  fur  et  à  mesure  de  la  maturité  des  capsules.  Ce 
sont  les  femmes  qui  sont  chargées  de  cette  récolte;  elles  pas- 
sent entre  les  ranimées  de  Cotonniers  et  cueillent  le  coton  des 
capsules  mûres. 

(1)  Le  Japon  à  iExposition  universelle  (le  1878,  vol.  II,  p.  150-151. 


412  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'acclimatation. 

On  fait  sécher  le  coton  au  soleil  sur  des  nattes  ;  on  l'égrène 
au  moyen  de  deux  rouleaux  ;  on  le  bat  et  on  le  file  pour  le 
rendre  propre  à  la  fabrication  des  tissus  qui  servent  à  l'habil- 
lement d'une  grande  partie  de  la  population.  Les  Japonais 
qui  habitent  les  îles  Liu-Kiu  font  souvent  usage  d'une  étoffe 
qu'ils  nomment  Liu-Kiu-no-tsoumougi  (tissu  de  Liu-Kiu). 
C'est  un  tissu  de  coton  mélangé  de  soie,  très  solide  et  très  ré- 
sistant à  la  lessive. 

Le  Cotonnier  est  aussi  employé  au  Japon  pour  faire  du  papier. 

Suivant  M.  de  Geofroy,  une  bonne  récolte  donne  par  300 
tsoutos  (1072  mètres  carrés)  60  kan  me  de  coton  (250  livres 
japonaises)  ;  une  récolte  inférieure  ne  produit  que  100  livres 
environ. 

En  France,  la  Société  d'Acclimatation  s'occupe  activement 
de  l'acclimatation  et  de  la  propagation  du  Cotonnier  précoce 
cultivé  dans  les  provinces  septentrionales  du  Japon,  et  elle  a 
distribué  à  un  certain  nombre  de  ses  membres  les  graines  en- 
voyées par  M.  de  Geofroy.  MM.  A.  Roux,  J.  Leroux,  Sinner, 
Laban,  Roy,  Yves  Michel,  Goulon,  Burky,  A.  Preilles,  Julien, 
Eug.  Barrault,  de  la  Brosse-Flavigny,  ont  reçu  les  graines  de 
Cotonnier  précoce  du  Japon,  et  ils  font  des  essais  de  cette 
culture  (1). 

Il  en  est  de  même  de  l'instituto  provincial  de  Pampelune. 
M.  Naudin  (2),  de  l'Institut,  a  rendu  compte  à  la  Société  d'Ac- 
climatation de  la  réussite  de  sa  culture  du  Cotonnier  précoce 
du  Japon,  à  la  villa  Thuret,  à  Antibes.  Les  tleurs,  aussi  bien 
dans  la  variété  blanche  que  dans  la  jaune,  ont  noué  leurs 
fruits,  dont  une  bonne  partie  est  arrivée  à  maturité,  produi- 
sant, outre  de  bonnes  graines,  un  coton  d'une  parfaite  blan- 
cheur. 

Suivant  M.  Naudin,  les  deux  sortes  de  graines  qu'il  a  reçues 
rentrent  dans  l'espèce  généralement  cultivée,  le  G.  Darha- 
dense  de  Todaro  ou  G.  vitifolium  de  quelques  auteurs. 

M.  Naudin,  qui  a  complètement  réussi  dans  sa  culture  du 
Cotonnier  précoce  du  Japon,  a,  en  outre,  distribué  une  cer- 

(1)  Bulletin  de  la  Société  d'Acclimatation,  n"  8,  août,  p.  420,  1879. 

(2)  Ibid.,  n"  12,  décembre,  p.  702-705,1879. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         -413 

taine  quantité  de  graines  à  divers  agriculteurs  du  Roussillon 
et  de  la  Provence.  Il  en  a  expédié  jusqu'en  Sicile,  à  M.  le 
professeur  Todaro,  le  savant  monographe  des  Cotonniers. 
Pour  M.  Naudin  (4),  la  difficulté  est  d'obtenir  les  capsules 
mûres  avant  les  pluies  de  l'automne  ;  il  craint  que,  par  suite  du 
refroidissement  qui  en  est  la  conséquence,  les  capsules  soient 
pénétrées  d'humidité,  et  que  le  coton  soit  promptement  al- 
téré :  ce  qui  peut  compromettre  la  récolte  et  la  rendre  trop 
faible  pour  couvrir  les  frais.  C'est,  dit  M.  Naudin,  l'obstacle 
qui  peut  s'opposer  à  la  culture  industrielle  du  coton  dans  les 
départements  du  Midi. 

En  Chine,  le  Cotonnier  fut  importé  de  l'Inde  et  cultivé  seu- 
lement au  début  comme  plante  d'ornement,  sous  la  dynastie 
des  Han,  200  ans  avant  Jésus-Christ.  Le  premier  tissu  qu'on 
en  tira  servit  à  confectionner  une  robe  pour  un  empereur 
nommé  Vou  ti.  Vers  le  onzième  siècle,  la  culture  du  Cotonnier 
et  la  fabrication  des  tissus  de  coton  furent  introduites  de  Tar- 
tarie,  mais  rencontrèrent  de  sérieux  obstacles,  car  la  nation 
chinoise  ayant  déjcà,  à  cette  époque,  l'horreur  de  toute  impor- 
tation étrangère,  s'opposa  systématiquement  à  l'adoption  des 
nouveaux  tissus. 

Cependant,  en  l'an  1300,  les  environs  de  la  ville  de  Shan- 
ghaï devinrent  un  des  grands  centres  de  la  culture  du  Coton- 
nier. Le  premier  des  empereurs  Ming,  qui  régna  vers  1368, 
favorisa  le  développement  de  la  fabrication  des  tissus  de  coton, 
et,  à  la  fin  du  quatorzième  siècle,  l'usage  des  vêtements  de 
coton  devint  général  dans  tout  l'empire. 

Les  provinces  où  se  trouvent  les  plantations  les  plus  im- 
portantes sont,  d'après  M.  leD'  E.  Bretschneider  (2),  médecin 
de  la  légation  russe  à  Péking  :  la  province  du  Kiang-nan 
(Kiangsu  et  Anhui),  renommée  par  ses  manufactures  de  tissus 
de  coton,  principalement  les  villes  de  Chinkiang  et  de  Shan- 
ghaï. Puis  aussi,  suivant  M.  Auguste  Ilausmann  (3),  les  pro- 


(1)  Bullelin  de  la  Société  (C acclimatation,  p.  4.04,  1879. 

(2)  loumal  of  the  Norlk-China  brandi  of   tlie  Royal  Asiaiic  Society,  t.  I, 
p.  13,  n»  24,  1880. 

(3)  Haussmann(Aug.),  Voyage  en  Chine,  1818. 


414  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

vinces  du  Shanlung,  du  Chêkkiang ,  du  Ngan-ouai,  du  Yûnan, 
du  Kwantung,  et  les  îles  de  Hainan  et  de  Chusan.  Canton  et 
les  autres  ports  du  Sud  importent  les  cotons  de  l'Inde  et  de  la 
Cochinchine.  Les  provinces  du  Nord  consomment  le  coton 
qu'elles  produisent. 

On  rencontre  en  Chine  le  Cotonnier  arborescent  {Gossypium 
arhorescens),  haut  de  5  à  6  mètres,  à  fleurs  axillaires,  soli- 
taires, purpurines,  qui  donne  un  coton  de  bonne  qualité. 

Le  Cotonnier  herbacé  {Gossypium  herbaceum),  à  fleurs 
jaunes  tachetées  de  pourpre  au  centre,  et  le  Cotonnier  reli- 
gieux {Gossypium  religiosum),  petit  arbuste  de  1  mètre  en- 
viron, à  fleurs  blanches,  puis  rougeâtres. 

Le  Cotonnier  est  cultivé  sur  une  immense  échelle  ;  le  pro- 
duit qu'on  en  retire  est  employé  en  nature,  ou  bien  filé  et 
lissé.  La  plupart  des  chaumières  possèdent  un  ou  deux  métiers, 
sur  lesquels  les  femmes  lissent,  pendant  leurs  heures  de  loisir, 
le  coton  récolté  dans  les  plantations  situées  autour  des  habi- 
tations. 

Les  tissus  de  coton  constituent  l'habillement  de  la  plus 
grande  partie  de  la  population,  et  sont  usités  pour  les  panta- 
lons, les  casaques  à  larges  manches  des  hommes  et  des  fem- 
mes, les  sous-vestes  et  les  robes. 

Le  coton  mélangé  à  la  soie  forme  un  tissu  qui  ressemble  au 
crêpe,  et  qui,  à  Canton,  se  nomme  Luk-tchao. 

Les  vêlements  de  deuil  sont  en  tissu  de  colon  blanc. 
Les  étoffes  de  coton  sont  souvent  teintes  en  bleu,  qui  est  la 
couleur  généralement  adoptée  dans  le  Céleste-Empire,  au 
moyen  du  bleu  de  Prusse  ou  de  l'indigo,  fourni  soit  par  Vln- 
digofera  tinctoria  (lan  tsao)  cultivé  surtout  près  de  Ning-po 
et  dans  le  Kiangsi,  soit  par  te  Polygonum  tinctorium  Lour. 
(Siao  lan),  dans  les  provinces  du  Nord,  surtout  à  Péking,  dans 
le  Shêngking,  le  Chihili  et  le  Shantung. 

On  les  colore  aussi  en  rouge  ou  en  rose  avec  le  carthame 
(hum  lan  boa)  ;  mais  cette  couleur  est  peu  solide,  car  elle  est 
obtenue  sans  passer  préalablement  le  tissu  dans  aucun  mor- 
dant. On  les  leint  aussi  en  noir  avec  la  noix  de  galles  et  le 
sulfate  de  fer. 


PRODUCTIONS   VÉGÉTALES   DU   JAPON.  415 

Quant  au  coton  jaune,  sa  couleur  ne  provient  pas  d'une 
teinture  ;  elle  est  naturelle.  Celte  variété  dite  de  Nanking  se 
trouve  même  dans  le  Shanlung  occidental.  Elle  domine  sur 
les  rives  du  fleuve  Yang-lze-Kiang  et  dans  les  environs  de 
Nankinet.  La  couleur  jaune  de  ce  coton  est  due,  paraît-il,  à 
une  certaine  quantité  d'oxyde  de  fer  contenue  dans  les  terrains 
où  on  cultive  les  Cotonniers;  ce  qui  semble  donner  raison  à 
cette  idée,  c'est  que  le  Cotonnier  jaune,  transplanté  dans  un 
sol  qui  n'en  renferme  pas,  finit  par  donner  du  coton  blanc, 
de  même  que  le  Cotonnier  rougeâtre,  désigné  sous  le  nom  de 
Coyote,  qui  croît  aux  îles  Philippines,  produit  du  coton  blanc 
quand  il  est  cultivé  dans  un  autre  terrain.  '< 

Le  coton  sert  aussi  à  ouater  les  vêtements  d'hiver,  les 
chaussettes  d'hiver,  les  couvertures  et  les  coussins. 

Les  voiles  carrées  des  jonques  de  la  Chine  sont  en  tissu  de 
coton  de  couleur  sombre. 

Quand  la  récolte  du  coton  est  faite,  on  l'expose  au  soleil 
sur  des  nattes  pour  le  faire  sécher,  puis  on  le  sépare  des 
graines  au  moyen  d'une  machine  constituée  par  deux  rou- 
leaux, l'un  en  bois,  ayant  deux  pouces  et  demi  de  diamètre, 
l'autre  en  fer,  d'un  pouce  de  diamètre.  Ces  deux  rouleaux 
sont  mis  en  mouvement,  l'un  par  le  pied,  l'autre  par  la  main 
de  l'ouvrier.  Avec  cette  machine  primitive,  où  les  graines 
tombent  d'un  côté  et  où  le  coton  passe  de  l'autre,  on  peut 
nettoyer  60  kilogrammes  de  colon  par  jour. 

Le  coton  est  empilé  dans  des  sacs  en  toile  grossière  et  est 
exporté  par  balles.  Le  coton  de  Canton  est  d'une  qualité  ordi- 
naire; celui  de  Shanghaï  est  d'une  qualité  supérieure. 

Les  graines  servent  à  préparer,  par  expression,  surtout 
dans  l'ouest  du  Shantung  et  dans  les  endroits  où  on  cultive  le 
Cotonnier,  une  huile  de  couleur  blanc  foncé,  assez  abondante, 
qui  est  surtout  usitée  pour  l'éclairage.  On  en  trouvait  des 
échantillons  dans  l'Exposition  chinoise,  classe  46  (Produils 
agricoles  non  alimentaires),  n"  4704,  provenant  des  douanes 
de  Ning-Po. 

D'après  M.  Frémy  (1),  l'huile  de  colon  ne  se  résinifie  que 

(1)  Bulletin  de  la  Société  d'Acclimatation,  t.  Il,  p.  383-38-i,  1855. 


416  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

lentement  quand  on  la  soumet  à  l'action  de  l'oxygène;  une 
température  de  zéro  la  solidifie  complètement.  Cette  huile 
peut  convenir  au  travail  des  peaux  et  à  la  fabrication  des 
savons.  Suivant  le  rapport  de  la  Commission  de  l'Exposition 
universelle  de  1855  sur  les  huiles  (1),  l'huile  de  coton  est  em- 
ployée en  Amérique  pour  l'éclairage,  le  graissage  des  ma- 
chines et  la  fabrication  du  savon. 

Un  fabricant  français,  M.  Leblanc,  delaVillette,  a  exposé 
à  cette  époque  des  savons  d'huile  de  colon,  qui  conviennent 
très  bien  pour  le  blanchiment  des  laines. 

Quant  au  résidu  de  la  fabrication  de  l'huile,  il  constitue  un 
excellent  engrais,  qui  est  d'une  grande  utilité  pour  les  plan- 
tations de  Cotonniers.  Les  graines  sont  bonnes  pour  engraisser 
les  volailles  et  les  bestiaux. 

Quant  à  l'écorce  du  Cotonnier,  les  Chinois  l'utilisent  pour 
faire  du  papier,  dont  on  remarquait  des  spécimens  dans  l'Ex- 
position (classe  10,  Papeterie,  n"  17).  Papier  de  coton  pour 
fenêtres,  provenant  des  douanes  de  Chefoo  (province  du 
Shantung). 

L'Exposition  contenait,  du  reste,  dans  la  classe  30  (Fils  et 
tissus  de  coton),  toutes  les  sortes  de  fils  et  de  tissus  de  coton  : 

Douanes  de  Newchang  (province  du  Shêngking)  :  Coton- 
nades imprimées,  teintes  et  écrues. 

Douanes  de  Tien-tsin  (province  du  Chihli)  :  Sacs  de  voyage, 
sacs  à  sapèques,  rubans. 

Douanes  de  Chefoo  (province  du  Shantung)  :  Coton  cardé, 
fils,  cordons,  rubans,  jarretières,  serviettes,  sacs,  toiles,  co- 
tonnades blanches,  bleues,  vertes  et  rouges. 

Douanes  de  Ilankovv  (province  du  Hupeh)  :  Cotonnades  de 
couleur  bleue,  rouge,  pourpre,  verte,  noire,  blanche,  grise, 
jaune. 

Douanes  de  Chin-Kiang  (province  du  Kiangsu)  :  Cotonnades 
de  Nanking,  blanche,  jaune,  verte,  pêcher,  vert  clair. 

Douanes  de  Shanghaï  (province  du  Kiangsu)  :  Couvertures, 
draps,  serviettes,  cordonnet,  fils,  rubans  violets,  blancs, 
rouges. 

(2)  Bulletin  de  la  Société  d'Acclimatation,  t.  III,  p.  239,,  1856. 


PRODUCTIONS   VEGETALES   DU   JAPON.  417 

Douanes  de  Ning-Po  (province  du  Chôh-Kiang)  :  Colonnades. 

Douanes  de  Wênchow  (province  du  Ghêh-Kiang)  :  Coton- 
nades de  Nanking. 

Douanes  de  Canton  (province  du  Kwantung)  :  Cotonnades 
de  couleur. 

Dans  la  classe  46  (Produits  agricoles  non  alimentaires) 
avaient  été  exposés  : 

Douanes  chinoises  de  Tientsin  (province  du  Chihli)  : 

N"  1625.  Coton  brut  pour  cotonnades  et  pour  ouater  les  vê- 
tements d'hiver. 

Douanes  de  Wuhu  (province  de  Anhwei)  : 

N"  1693.  Coton  brut  pour  cotonnades. 

Douanes  de  Shanghaï  (province  du  Kiangsu)  : 

N"  1697.  Coton  brut. 

Douanes  de  Ning-Po  (province  du  Chêh-Kiang)  : 

N'  1698.  Coton  brut  blanc. 

N''1699.  Colon  brut  jaune. 

N"  1703.  Graines  de  coton  blanc  et  jaune. 

Douanes  de  Wênchow  (province  du  Chêh-Kiang;  : 

N"  1708.  Colon  brut. 

N"  1709.  Colon  brut. 

La  famille  des  Malvacées,  au  Japon,  fournit  aussi  : 

VAbutilon  avicennœ  Gaerln.,  relaté  par  Miquel  (1),  par 
Franchet  et  Savatier  (-2),  classé  dans  le  Sômokn-Dmels  (S) 
sous  les  noms  de  Ichlbl  et  de  Kiri-asa,  et  dans  le  Phonzo- 
Zoufou  (4),  sous  celui  de  Isibi,  qui  fleurit  en  octobre  sur  les 
bords  des  champs,  dans  la  partie  centrale  de  l'île  de  Nippon, 
aux  environs  de  la  ville  de  Yokoska  et  entre  Fuzisava  et  Oda- 
wara,  d'après  M.  le  D'  Savatier. 

L'A  butilon  avicennœ  était  indiqué  au  n"  125  du  tableau  des 
productions  utiles  sous  le  nom  de  Dehibi-gara,  avec  un  mor- 
ceau de  tige  analogue  cà  celle  du  Sureau,  et  avec  un  paquet  de 
fibres  blanches  et  soyeuses. 


(1)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  208. 

(2)  Franchet  et  Savatier,  Enumeralio,  vol.  I,  p.  G;],  n"  257. 
{3)  Sômoku-Dusels,  vol.  XII,  p.  123,  n°  .'.9. 

(i)  Plionzo-Zotifou,  vul.  XV,  fol.  30  recto. 

3»  SÉRIE,  T.  X.  —  Juillet  1883.  27 


MS  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

La  Rose  trémière,  A /cm  rosa,  T achi-aoi  {\)  etSoko-beni  (2), 
mentionnée  par  Tlmnberg  (3),  par  Miquel  (4),  par  Franchet  et 
Savatier(5),  à  grandes  fleurs,  avec  variétés  blanche,  jaune, 
abricot,  brun  violacé,  violet,  pourpre,  uniformes  ou  pana- 
chées, simples,  semi-doubles  et  doubles,  qu'on  trouve  fré- 
quemment cultivée  comme  plante  ornementale. 

Deux  espèces  de  Mauve,  d'après  le  Sômoku-Dusets  (6)  et 
MM.  Franchet  et  Savalier  (7)  :  le  Malva  pulchella,  Fuyuaoi, 
et  le  Malva  sylvestris.  Zeni-aoi,  qui  fleurissent  en  août,  à 
l'état  sauvage,  le  long  des  chemins,  et  qui  sont  souvent  cul- 
tivés, principalement  dans  l'île  de  Kiusiu,  dans  la  province 
de  Hizen,  près  de  Nagasaki  et  dans  la  partie  centrale  de  l'île 
de  Nippon, 

Plusieurs  espèces  d'Hibiscus  : 

V  Hibiscus  M  anihot  Lin.,  Tororo  elTororo-aoi  (8),  qui  est 
relaté  par  Thunberg  (9),  par  Miquel  (10),  par  Franchet  et  Sa- 
vatier  (11),  qui  donne  en  août  de  belles  et  larges  fleurs  d'un 
rouge  foncé,  et  qu'on  trouve  sur  le  littoral  de  l'île  de  Kiusiu. 

V Hibiscus  Manihot  était  marqué  aux  n"'  110  et  111  du 
tableau  des  productions  utiles  par  des  échantillons  de  racines 
de  couleur  gris  jaunâtre.  Les  racines  du  Tororo  servent,  au 
Japon,  à  préparer  avec  de  l'eau  chaude  une  décoction  muci- 
lagineuse  usitée  pour  coller  le  papier.  Suivant  M.  le  consul 
Lowder,  dans  son  travail  sur  les  végétaux  employés  au  Japon 
pour  la  fabrication  du  papier  {Bulletin  de  la  Société  cV Accli- 
matation, t.  IX,  p.  290, 1874),  les  racines  broyées  du  Tororo 
servent  à  préparer  le  papier  appelé  Kidsouki,  utilisé  dans 
l'impression  des  livres.  Il  n'est  pas  attaqué  par  les  vers. 

L'Hibiscus  Syriacus  Lin.,  Miikuge  d'après   le  botaniste 

(1)  Sômoku-Dusets,  vol.  XII,  p.  122,  n»  55. 

(2)  Plionzo-Zoufou,  vol.  XVII,  fol.  17  verso. 

(3)  Thunberg,  Flor.  Japon.,  p.  271. 

(4)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  207. 

(5)  Franchet  et  Savatier,  Enumeralio,  vol.  I,  p.  G2,  n°  252. 

(6)  Sàmoku-Dusels,  vol.  XIl,  p.  122,  W'  53  et  5i. 

(7)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  62,  n°'  255  et  253. 

(8)  Sômoku-Dusets,  vol.  XII,  p.  122,  n"  56. 

(9)  Thunberg.  Flora  Japonica,  p.  272. 

(10)  Miquel  (F. -A. -W),  Prolusio  ftorœ  Japonicœ  ,   p.  207. 

(11)  Franchet  et  Savatier,  Enumeralio,  vol.  I,  p.  64,  n"  260. 


TRODUCTIONS   VÉGÉTALES   DU   JAPON.  -419 

japonais  Tanaka,  M otihougue  suïvsinl  les  livres  Kiiua-wi  ([), 
observé  par  Thunberg  (2),  par  Miquel  (3),  par  Franchet  et 
iSavalier  (4). 

Le  Mukuge  était  représenté  au  n"  134  du  tableau  des  pro- 
ductions utiles  par  un  paquet  de  larges  libres  blanchâtres. 

D'après  les  renseignements  de  la  Commission  japonaise  (5), 
les  libres  de  l'écorce  du  Mukuge  sont  réservées  à  la  fabrica- 
tion d'étoffes  et  d'un  papier  blanc  très  dense. 

L'Hibiscus  Syriacus,  ou  Ketmie  des  jardins,  à  fleurs  blan- 
ches, à  onglet  rouge,  avec  variétés  simples  ou  doubles,  est 
fréquemment  cultivé  comme  plante  ornementale  dans  un 
grand  nombre  de  provinces  du  Japon,  de  même  qu'en  Chine, 
où  il  croît  principalement  dans  les  environs  de  la  ville  de 
('anton. 

Ses  fleurs  servent,  surtout  en  Chine,  à  préparer  des  sortes 
de  cataplasmes  qu'on  applique  sur  les  furoncles  elles  anthrax, 
comme  remède  émollient. 

M.  Lavallée  possède  à  Segrez  V Hibiscus  Syriacus  avec  ses 

jiombreuses  variétés  des  jardins,  ainsi  que  l'espèce  suivante  : 

UHibiscus  Hamabô,  désigné  dans  le  Phonzo-Zoufou  (G) 

(3t  le  Kwa-wi  (7)  sous  le  nom  de  Hamabô,  observé  par  Sie- 

bold  (8),  par  Miquel  (9),  par  Franchet  et  Savatier  (10). 

UHibiscus  Hamabô,  à  feuilles  épaisses,  dentées,  tomen- 
leuses  à  leur  partie  inférieure,  à  fleurs  de  couleur  jaune  clair 
tachetées  de  violet  à  l'intérieur,  est  commun  sur  les  bords  de 
la  mer  et  dans  toute  la  région  du  littoral  de  l'île  de  Kiusiu. 

L'Hibiscus  mutabilis,  Fugô,  d'après  le  botaniste  japonais 
Iveiske,  marqué  dans  le  Kwa-wi  (14)  sous  le  nom  de  Fouyao, 


(1)  Kwa-wi,  Arl).,  vol.  IV,  p.  12-2,  n"  24. 

(2)  Tliuiibcrg,  Flora  Japonica,  p.  272. 

(3)  Miquel,  Prolusio  (lorœ  Japonicœ,  p.  207. 

(4)  Franchet  et  Savatier,  Enuineratio,  vol.  I,  p.  64,  n"  263. 

(5)  Le  Japon  à  VExposilion  universelle  de  1878,  vol.  Il,  p.  156,  1878. 

(6)  PhouiO-Zoufou  {Ilon-io-ilzu-fu),  vol.  XC,  fol.  U  verso. 

(7)  Kwa-ivi,  Arb.,  vol.  IV,  p.  122-123,  n"  24. 

(8)  Sicbold  ctZuccarini,  Flor.  Japon.,  p.  176,  tabl.  93. 

(9)  Miquel  (F.-A.-W.),  Prolusio  jlorœ  Japonicœ,  p.  207. 

(10)  Franchet  et  Savatier,  Enuineratio,  vol.  I,  p.  63,  no  259. 

(11)  Kwa-wi,  Arb.,  vol.  Il,  p.  U4,  n"  19. 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

noté  par  Thunberg  (1),  par  Miquel  (2),  par  Franchet  et  Sava- 
tier  (3). 

UHibiscusmutabilis,  à  fleurs  variant  de  couleur  et  passant 
du  pourpre  au  blanc,  fleurit  en  octobre,  sur  le  littoral  de  l'île 
de  Kiusiu  et  dans  la  partie  centrale  de  l'île  de  Nippon,  où  il 
est  fréquemment  cultivé  comme  plante  ornementale,  de  même 
qu'en  Chine,  surtout  dans  la  province  du  Kwantung,  aux  en- 
virons de  Canton. 

Les  fleurs  de  VHibiscus  mutahilis  sont  usitées  pour  pré- 
parer des  infusions  adoucissantes  dans  les  inflammations  ca- 
tarrhalcs  des  bronches.  Avec  les  feuilles  on  fait  des  applica- 
tions émollientes  sur  les  contusions. 

VHibiscus  rosa  sinensis  Lin.,  nommé  dans  le  Phonzo- 
Zoufou  (-4)  F^tsoutsou  sd  ha,  et  dans  le  Kiua-ivi  (5)  Otoké 
non  ha  no  hana,  qui  est  mentionné  par  Miquel  (6)  et  par 
Franchet  et  Savatier  (7),  donne  en  automne  des  fleurs  axil- 
laires  portées  par  de  longs  pédoncules,  grandes  et  d'un  beau 
rouge  ;  une  de  ses  variétés  est  à  fleurs  doubles. 

VHibiscus  rosa  sinensis  est  cultivé  dans  la  région  du  lit- 
toral des  îles  de  Kiusiu  et  de  Nippon;  on  le  rencontre  fré- 
quemment comme  plante  ornementale  dans  les  jardins,  et  les 
Japonais  le  placent  dans  des  vases  pour  garnir  l'intérieur  de 
leurs  appartements. 

En  Chine,  VHibiscus  rosa  sinensis  est  spontané  et  est  très 
fréquemment  cultivé  dans  la  partie  méridionale  de  l'empire. 

MM.  Franchet  et  Savatier  (8)  indiquent  de  plus  : 

VHibiscus  ternatus,  Ginsehwa  et  Chôrosô,  d'après  le 
Sômoku-Dusets  (9),  qu'on  rencontre  cultivé  dans  la  partie 
centrale  de  l'île  de  Nippon,  et  VHibiscus  Japonicus,  que  Sie- 
bold  et  Miquel  ont  observé,  sans  désigner  les  endroits  où  il  croît. 

(1)  Tliuiiberg,  Flora  Japonica,  p.  272. 

(2)  Miquel,  Prohislo  (lorœ  Japonicœ,  p.  207. 

(3j  Franchel  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  54.,  n"  261. 
(i)  Ilon-z-o-dm-fu,  vol.  XC,  toi.  1 1-U. 

(5)  Kiva-ivi,  Arb.,  vol.  I,  p.  82,  n"  23. 

(6)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  207. 

(7)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  G4,  n"  262. 
(8j  Ihicl,  vol.  I,  p.  64,  n°  26 i,  et  p.  65,  n"  265. 

(9)  Sùmohi-Dusets,  vol.  XII,  p.  122,  n"  52. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         421 

D'après  MM.  Franchet  et  Savatier  (1),  tous  les  Hibiscu 
signalés  au  Japon,  à  l'exception  peut-être  de  V Hibiscus  Ha- 
mabd,  paraissent  n'y  croître  qu'à  l'état  subspontané,  mais  y 
sont  surtout  cultivés. 


MELIACEES. 

On  trouve  au  .lapon  : 

Le  MeliaJaponica,  Sendan,  d'après  la  Commission  japo- 
naise (2)  et  M.  Dupont  (3),  désigné  dans  le  Phonzo-Zoufou  (4) 
sous  le  nom  de  Oori,  rencontré  dans  î'île  de  Nippon,  près  de 
Yokohama,  par  M.  Maximowicz,  et  près  de  Yokoska  par  le 
D'  Savatier  (5). 

Le  Sendan  donne,  d'avril  à  mai,  de  jolies  fleurs  odorantes, 
qui  se  rapprochent  de  celles  du  Lilas. 

La  collection  des  bois  de  la  galerie  des  machines  renfermait 
un  échantillon  de  Sendan  de  0™,iO  avec  0'%003  d'épaisseur 
d'écorce  ;  bois  de  couleur  rouge  marron,  tendre,  léger,  peu 
résistant. 

Le  Sendan  est  employé  en  menuiserie,  surtout  dans  la  pro- 
vince de  Tango  et  dans  plusieurs  provinces  centrales.  Dans  le 
sud  de  l'île  de  Kiusiu,  où  il  atteint  de  grandes  dimensions,  il 
sert,  d'après  M.  Dupont,  à  fabriquer  les  caisses  des  tambours. 

Le  Japon  renferme  aussi  :  le  Melia  Azedarach  Lin.,  classé 
dans  les  livres  Kwa-wi  (6)  sous  le  nom  de  Senn-dan,  ob- 
servé au  Japon  par  Siebold,  Miquel  (7),  le  botaniste  japonais 
Keiske  et  M.  le  D^  Savatier  (8). 

Le  Meiia  Azedarach,  Lilas  des  Indes,  arbre  saint,  faux 
Sycomore,  atteint  5  à  10  mètres;  il  donne  des  fleurs  lilacées, 
odorantes,  en  panicules  axillaires. 

(1)  Franclict  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  [,   p.  G5,  n"  2fi5. 

r2]  Le  Japon  a  l'ExposUion  universelle  de  1878,  vol.  II.  p.  19,  n°  82,  1878. 

(3)  hw[>onl{E.),  Les  essences  forestières  ilu  Japon,  i>.  G3,  1879, 

(4)  Ilon-zo-dzu-fa,  vol.  LXXXIII,  fol.  10  recto. 

(5)  rranchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  75,  n^SOG. 

(6)  Kwa-ivi,Arb.,  vol.  IV,  p.  122,  n°  23. 
^7)  Miquel,  Prolusin  florin  Japonicœ,  p.  212. 

(8)  Fraacliet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  75,  n'  307. 


4^2  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

11  esl  employé  au  Japon  en  ébénisterie  et  comme  arbre 
d'ornement. 

D'après  M.  le  D'  Bretschneider  (1),  le  Melia  Azedarach, 
qu'on  trouve  aussi  en  Chine,  où  il  est  connu  sous  le  nom  de 
Shen-lien,  est  commun  aux  environs  de  la  ville  de  Canton, 
où  il  est  utilisé  en  ébénisterie. 

Les  Japonais  se  servent  en  médecine  du  M.  Azedarach  sous 
le  nom  de  Sen-yoo-si,  sans  indications  précises. 

Le  Melia  Toosendan  de  Siebold  et  Zuccaiini  (2),  de  Mi- 
quel  (o),  de  Franchet  et  Savatier  (4),  que  les  Japonais  nom- 
ment To-sendan,  qui  fleurit  en  mai  dans  l'île  de  Kiusiu,  sur- 
tout dans  la  province  de  Hizen  et  dans  l'île  de  Nippon,  sur  les 
montagnes  d'Hakone. 
La  famille  des  Méliacées  fournit  de  plus  : 
Le  Cedrela  Sinensis  A.  Juss.  (5),  Ailanthus  flavescens  de 
Carrière  (6),  Chianchin,  que  MM.  Franchet  et  Savatier  (7) 
donnent  avec  doute  comme  spontané,  et  que  M.  Maximowicz 
a  observé  dans  les  environs  de  la  ville  de  Tokio. 

Le  Cedrela  Sinensis,  ou  Acajou  de  Chine,  dont  le  bois  est 
usité  en  ébénisterie,  était  représenté  dans  l'exposition  chi- 
noise par  deux  spécimens  dans  la  classe  44  (Produits  des  ex- 
ploitations et  des  industries  forestières)  : 

N"  1444,  provenant  des  douanes  chinoises  de  Chefoo  ; 
N"  1460,  provenant  des  douanes  chinoises  de  Hankow. 

(1)  Bretschneider  (E.),  Journal  ofthe  North-China  brandi  of  the  Royal  Asia- 
tic  Societij,  vol.  I,  p.  143,  n°  106,  188U. 

(2)  Siebold  et  Zuccarini,  Familiœ  naturales,  n°  186. 

(3)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  21 1. 

(i)  Franchet  et  Savatier,  Enumeralio,  vol.  I,  p.  75,  n"  305. 

(5)  A.  de  Jussieu,  Mém.  Mus.  hist.nat.,  vol.  XIX,  p.  255-291. 

(6)  Revue  horticole,  p.  36i,  cwm  icon.,  1865. 

(7)  Fraiicliet  et  Savatier,  Enumeralio,  vol.  I,  p.  76,  n"  308. 

[A  suivre ^1 


EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIETE 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  8  JUIN  4883 
Présidence  de  M.  Bouley,  président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté  sans  obser- 
vation. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  admis  dans  la 
dernière  séance  du  Conseil. 

JUiVJ,  PRÉSENTATRURS. 

('  Alexandre  Adam. 
Adam  fils   (Achille),    banquier,  à  Boulogne-     g^^.,^  Carmier-Adam. 
sur-Mer  (Pas-de-Calais).  (  3^,^^  (.j,jg3,.j_ 

[  }\.  Bouley. 
Beauchamp  (Louis  de),  propriétaire,  1,  ave- ^  j^i^g  Grisard. 

nue  d'Antin,  à  Paris.  )  Paillieux. 

,    ^.     ,.         f  Comte  d'Arcbiac. 
Broisia  (comte  de),  au  château  de  Neublanc,      ^.^^^^^  d'Esterno. 

par  Chaussin  (Jura).  (  p^  Quatrefages. 

Callot  (Ernest),   directeur   de    la    Garantie  (  H.  Bouley. 

générale,  société  d'Assurances  sur  la  vie,  j  Maurice  Girard. 

rue  de  Vintimille,  19,  à  Paris.  (  H.  de  Vilmorin. 

(  Alexandre  Adam. 

Carmier  (Etienne),  banquier,    a  Boulogne-  ^_^^.,^  Carmier-Adam. 

sur-Mer  (Pas-de-Calais).  (  j^l^^  q,i^^,,,i 

[  Comte  de  Uorlan. 
Danne  (comte   Léon   de),    à    Angers  et    au     ^.^^^^^^  d'Esterno. 
château  de  Charency  (Saône-et-Loire).  (  ^^  Quatrefages. 

;   Bouchereaux. 
Dautreville,  pharmacien  de  1"  classe,  34,  \  ^Q^^çi^.^^  Saint-Hilaire. 
rue  Saint-Paul,  à  Pans.  (  Saint-Yves  Ménard. 

,    (  H.  Boulev. 
JuMEL(Alherl-Eug.),  avocat  a  la  cour  d  appel,  )  ^    d'Halloy. 

à  Amiens  (Somme).  j  Raveret-Wattel. 

,„     ,  (  Aimé  Dufort. 

Lecoq  (Louis-Philippe),  fabricant  d  horloge-     ^  Geoffroy  Saint-Hilaire 
rie,  51,  rue  Turbigo,  à  Pans.  (  j^,^^  ^.^.j^^^.^^ 

LOURADOUR-PONTEIL    (Léon-Ernest-Félix),   à  I  C.  Bérenger. 

la   Jiigière,    commune   de    Saint-Léoiner,  \  CoUin. 

canton  de  la  Trimouille  (Vienne).  V  de  Quatrefages. 

.     ,      ,  ,    (  }l.  Bouley. 
NocAUD  (Edmond),  professeur  a  1  Ecole  vête-  \   ^j^^pj^g  Girard. 

rinaire  d'AHorl  (Seine).  (  U    ^,,.  Vilmorin. 


424  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 


MM. 


PRESENTATEURS. 


RoussET  (Henri-Victor),  fabricant  d'horloç^e-  (  ^^'^^  '!,^''^°''^'  .     „.,  . 
rie,  51,  rue  Tarbigo,  à  Paris.  /  A-  Geoflroy  Sainl-Hilaire. 

[  Jules  Gnsartl. 
SiREDEY  (le  docteur  François),  médecin  des     S.  Blocli. 
hôpitaux  de    Paris,   66,  rue  Charles  Laf-  ■   G.  Desbrosses, 
litte,  à  Neuilly  (Seine).  (  Saint-Yves  Ménard. 

rp. „,,  ,,     ,     .        »  X    ,A  j     r.1  .    f  A.  GeoirrovSaint-Hilaire. 

Tartenson  (le  docteur  A.),  10,  rue  de  Ghà- \  ,   ,      ^  .       , 
,        ,  ,,    .  /'       '  )  Jules  Grisard. 

teaudun,  a  Pans.  f   ,     ^ 

\  de  Qualrerages. 

rn  /ni  l        K        n,  .  r.  1  <      .       Il-    BOUleV. 

Thierot  (Charles),  61,  avenue  du  Roule,  à  \        j.     r 

euilly  (Sein  /   ,  ,      n  •      j 

■  "^  ^  \  Jules  Grisard. 

,r                   ,111            ^          •  ,  •           i   Bouchereaux. 

VEYRASSAT  (Jules-Jacques) ,  artiste  peintre,  \   ,    n     «■      o  •     ni  • 

T    ,      ,         ]   1    PI-  i      .   r,    ■  A.  GeotiroySaint-Hilaire. 

7,  boulevard  de  Clichy,  a  Pans.  i  ^  .      ,r        ,i . 

•"  V  •Saint-Yves  Menard. 

E.  Mahieux. 
Yzac. 

—  Des  remerciements  pour  les  récompenses  qui  leur  ont  été  attribuées 
sont  adressés  par  MM.  W.  Jamrach,  Oldham  Cliambers,  Richard  Cail, 
Sardou,  D""  Clos,  Delaurier  aîné,  Lataste,  comte  de  Montlezun,  Nemetz, 
Noordhoek-Hegt,  Rogeron,  de  Vilmorin,  Mercier,  Lefebvre,  Biaise,  Fallou, 
Lancelle,  V.  La  Perre  de  Roo,  D""  H.  Moreau,  Noël,  Rathelot,  Bastide, 
D'  Bertberand,  Chatillon,  inar({uis  de  Brisay,  Dietrich,  Coûta nce,  Douchy, 
Favier,  Fontaine,  IIonnoraty,Lamur,  Lugrin,  Menault,  .Malapert,  Beynard, 
Vérot,  Dejernon,  Litllewood,  Briand  et  Huin. 

—  MM.  les  Ministres  des  Travaux  publics,  de  la  Guerre,  des  Postes  et 
Télégraphes,  de  la  Marine  et  des  Colonies,  le  Préfet  de  la  Seine,  les  3Ii- 
nistres  de  Portugal,  de  la  République  argentine  et  de  Suisse,  expriment 
leurs  regrets  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance   publique  annuelle. 

—  M.  Brierre,  de  Sainl-Hilaire  de  Riez  (Vendée),  envoie  une  copie 
des  Notes  qu'il  a  adressées  aux  concours  régionaux  de  Bochefort  et  de 
Blois. 

—  M.  le  marquis  de  Pruns  envoie  des  échantillons  de  ses  terres  de  la 
Limagne  d'Auvergne,  et  offre  des  minéraux  et  plantes  pour  les  collec- 
tions de  la  Société. 

—  31.  Gabriel  Rogeron  adresse  une  note  sur  les  croisements  qu'il  a 
obtenus  de  diverses  espèces  de  Canards  (voy.  au  Bulletin). 

—  M.  Leroy  (de  Fismes)  écrit  à  M.  le  Secrétaire  général  :  «  J'ai  quel- 
ques nouvelles  à  vous  donner  de  mes  Perdrix  du  Boutan.  J'ai  en  ce 
moment  trois  élèves  de  cette  variété,  dont  un  âgé  de  plus  de  trois  se- 
maines. C'est  le  produit  de  six  œufs,  qui  ont  donné  trois  naissances.  La 


PROCÈS-VERBAUX.  425 

Poule  qui  les  élève  est  chargée  en  outre  de  six  Fciisandeaux  Swinhoë. 
€es  oisillons  vivent  ensemble  et  en  bon  accord.  Je  remarque  que  la 
«ourriture  préférée  des  Perdreaux  du  Doutan  consiste  en  vers  de  terre  ; 
ils  mangent  aussi  de  la  pâtée  à  faisans,  des  vers  de  farine  et  des  œufs 
•de  fourmis,  asticots,  etc.  ;  mais  ils  ont  une  préférence  marquée  pour  les 
petits  vers  de  terre.  Celte  espèce  est  familière,  et  je  crois  que,  comme 
îa  Perdrix  de  Chine,  elle  est  susceptible  d'élever  plusieurs  couvées  dans 
Ja  même  saison. 

»  Ce  qui  me  porte  à  le  croire,  c'est  que  j'ai  surpris  l'aîné  de  mes 
élèves  Routan  offrant  des  Vers  à  ses  deux  frères  plus  jeunes.  Je  dois 
ajouter  qu'avant  de  faire  de  ces  sortes  d'offres,  il  s'est  préalablement 
gavé  lui-même. 

»  En  ce  moment,  la  Perdrix  du  Boutan  couve  elle-même  une  nouvelle 
série  de  six  œufs.  Je  la  laisse  faire  et  ne  lui  aurais  pas  enlevé  les  pontes 
précédentes,  si  elle  n'avait  pas  défait  son  nid  à  deux  reprises.  Cette  es- 
pèce est  très  ombrageuse,  et  j'attribue  ces  deux  symptômes  de  dépit  à 
ce  que  des  travaux  de  gazonnement  avaient  été  faits  dans  les  comparti- 
ments avoisinant  le  leur. 

»  Cette  fois,  elles  sont  tranquilles,  et  leur  réduit  est  absolument  res- 
pecté. Le  nid  est  en  forme  de  corridor  long  de  30  à  35  centimètres, 
moitié  creusé  en  terre,  moitié  voûté  avec  des  brins  de  paille  et  formant 
cul-de-sac.  Les  œufs  sont  au  fond,  et  je  n'ai  pu  les  apercevoir  qu'à  la 
condition  de  me  coucher  à  plat  ventre.  Celle  fois,  il  s'agil  du  troisième 
nid  recommencé,  et,  chose  digne  de  remarque,  ce  troisième  nid  a  été 
construit  invariablement  à  la  même  place,  dans  une  encoignure  de  la 
partie  couverte  du  compartiment. 

»  Je  ne  crois  pas  que  cette  espèce  ponde  plus  de  six  œufs  à  la  fois,  car 
ces  œufs  sont  de  la  grosseur  d'œufs  de  faisan  de  Mongolie,  et  c'est  tout 
«ce  qu'elle  peut  embrasser. 

»  Reste  à  savoir  si,  la  ponte  commençant  de  bonne  heure,  vers  le  10 
mars,  il  n'y  aurait  pas  trois  ou  quatre  couvées  successives  par  saison 
chez  cette  espèce,  ainsi  (|uc  je  serais  porté  à  le  croire.  Attendons!  » 

—  M.  Théodore  Pavie  écrit  de  Chazé-sur-Argos  (Maine-et-Loire)  :  «  J'ai 
l'honneur  de  vous  adresser  les  renseignements  que  vous  demandez  aux 
membres  de  la  Société  sur  l'arrivée  des  oiseaux  migrateurs.  Voici  la 
date  de  leur  apparition  dans  l'arrondissement  de  Segré  (Maine-et- 
Loire)  : 

D  L'Hirondelle,  le  1'^'"  avril;  la  Fauvette  à  tête  noire,  le  ',];  la  Fauvette 
babillarde,  le  4;  le  Rossignol,  le  4  ;  le  Coucou,  le  6;  le  Rossignol  de 
muraille,  le  7  ;  le  Torcol,  le  20;  la  Tourterelle,  le  26;  le  Martinet,  le  27; 
le  Loriot,  le  30. 

>  Les  Martinets  sont  toujours  très  abondants  dans  les  édifices  des 
villes  et  dans  les  clochers  des  campagnes;  mais  j'ai  remarqué  depuis 
{•lus  de  dix  ans  une  diminution  très  sensible  dans  le  nombre  des  Hiron- 


426  SOCIÉTÉ  NATIONALE  d'aCCLIMATATION. 

délies  de  fenêtre  et  de  cheminée.  A  quoi  cela  peut-il  tenir  ?  Ne  serait-ce 
pas,  pour  la  première  de  ces  deux  espèces,  aux  stores  placés  devant  les 
ouvertures,  et  pour  la  seconde,  aux  tuyaux  de  tôle  posés  sur  les  cheminées 
des  maisons  neuves?  On  a  tant  bâti  depuis  un  quart  de  siècle! 

»  Passons,  si  vous  le  permettez,  à  d'autres  animaux.  A-t-on  des  don- 
nées sur  la  durée  de  la  vie  des  Tortues?  J'en  connais  une,  de  l'espèce 
dés  Tortues  de  Terre  de  la  Louisiane,  —  que  l'on  vend  quelquefois  à 
Paris  dans  les  rues,  —  qui,  toute  jeune,  fut  placée  dans  un  jardin,  oii 
elle  demeure  depuis  vingt-deux  ans.  On  a  soin  de  la  rentrer  dans  les 
grands  froids,  quand  on  peut  découvrir   l'endroit  où  elle  se  blottit.  » 

—  M.  Abel  Leroy,  de  Roussainvilie  (Eure-et-Loir)  écrit:  «  Voici  ce 
que  je  viens  de  trouver  dans  un  journal  de  la  localité  : 

»  Un  arrêté  de  M.  le  préfet  d'Eure-et-Loir,  en  date  du  10  mai  1S83, 
»  fixe  les  dates  suivantes  pour  le  faucardement  des  cours  d'eau  dans  le 
»  déparlement  : 

»  Du  l""^  au  10  juin  pour  les  cours  d'eau  d'une  largeur  moyenne  infé- 
»  rieure  à  quatre  mètres  ; 

»  Du  1"  au  5  juin  pour  la  rive  gauche,  et  du  20  au  25  juin  pour  la 
»  rive  droite,  des  cours  d'eau  d'une  largeur  moyenne  supérieure  à  quatre 
»  mètres.  »   /  .,    .^ 

»  Or,  la  plupart  des  rivières  de  ce  département  étant  très  froides,  il  y 
a  bien  des  chances  pour  qu'à  cette  époque  les  neuf  dixièmes  des  œufs 
ne  soient  pas  éclos  (j'ai  vu  des  Gardons  frayer  dans  le  Loir  vers  le  15 
juillet).  Nos  cours  d'eau  sont  dépeuplés  ;  avec  des  mesures  administra- 
tives comme  celle-ci,  il  est  probable  qu'ils  resteront  longtemps  déserts. 
J'ai  pensé  un  instant  à  ne  pas  me  soumettre  à  cet  arrêté,  mais  j'ai  ré- 
fléchi que  si  je  ne  m'y  soumettais  pas,  j'aurais  un  procès,  et  qu'en  plus 
on  ferait  faire  le  faucardement  à  mes  frais. 

»  J'ai  commencé  dans  mon  vivier  la  récolte  des  œufs  de  Cyprins,  que 
j'ai  mis  en  incubation  pour  être  lâchés  dans  le  Loir  et  la  Thironne,  dès 
que  les  alevins  auront  la  vésicule  résorbée. 

»  Donnez- vous  donc  du  mal  pour  peupler  des  cours  d'eau,  quand  un 
simple  arrêté  préfectoral  suffit  pour  anéantir  des  milliers  d'œufs  ! 

»  On  ne  pense  toujours  qu'aux  canaux  et  aux  rivières  flottables  ou 
navigables,  quisontseuls  protégés,  et  jamais  aux  petits  cours  d'eau,  qui, 
à  cause  de  leur  développement  de  berges,  nourrissent  bien  plus  de  pois- 
sons ;  remarquez,  de  plus,  que  les  premiers  comptent  à  peine  12  000  ki- 
lomètres, et  qu'il  y  a  en  France  environ  130  000  kilomètres  de  cours 
d'eau  ni  flottables  ni  navigables,  répartis  un  peu  partout,  et  qui  seraient 
la  source  d'une  grande  richesse  si  l'on  se  donnait  la  peine  de  les  peupler 
de  Cyprins  et  de  protéger  les  alevins.  » 

—  jM.  des  Vallières,  de  Meaux,  rend  compte  des  résultats  qu'il  a  obte- 
nus des  œufs  embryonnés  de  la  grande  Truite  des  lacs  et  du  Salmo 
Namaycush  :  «  Le  premier  de  ces  envois,  qui  contenait  un  petit  lot  d'œufs 


PROCÈS-VERBAUX.  427 

fécondés,  m'est  parvenu  dans  des  conditions  très  satisfaisantes.  Ces  oiufs 
o.it  produit  des  alevins  dans  la  proportion  de  95  pour  100. 

»  Les  œufs  du  Salmo  Namaycush,  qui  m'ont  été  envoyés  en  grande 
quantité,  me  sont  parvenus  pour  la  plupart  altérés.  J'estime  à  50  pour  100 
au  moins  le  nombre  des  embryons  qui  ont  dû  être  rejetés  à  leur  arrivée, 
et  pendant  la  période  d'éclosion,  on  peut  encore  évaluer  à  15  pour  100 
les  sujets  morts  dans  l'œuf  ou  qui  ont  péri  en  naissant,  .l'attribue  ces 
nombreux  décbets  à  la  congélation  qui  s'est  opérée  pendant  le  trajet 
d'Amérique,  et  qui  a  produit  des  effets  morbides  plus  ou  moins  actifs. 
Aussitôt  après  la  résorption  de  leur  vésicule,  ces  deux  espèces  ont  été 
mises  dans  un  petit  canal  dérivé  du  Brasset,  ruisseau  qui  se  jette  dans  la 
Marne  à  quelques  centaines  de  mètres  de  là. 

»  Ce  petit  canal,  bien  disposé  et  rempli  d'une  eau  vive  et  courante,  est 
favorable  à  ces  poissons,  qui  croissent  d'une  façon  normale,  et  qui  seront 
livrés  plus  tard  à  eux-mêmes  dans  le  Hrasset,  d'où  ils  pourront  se  ré- 
pandre dans  la  Marne  et  remonter  ses  afiluents. 

»  Il  y  a  lieu  de  faire  observer  que  les  eaux  de  la  Marne  conviennent 
au  genre  salmone,  car  on  a  péché  cet  hiver,  à  Meaux  même,  des  Truites 
pesant  une  et  deux  livres. 

»  Dans  l'élevage  dont  j'ai  l'honneur  de  rendre  compte,  j'ai  remarqué 
que  le  Salmo  Namaycush  croissait  avec  une  rapidité  telle,  qu'il  avait 
dépassé  en  deux  mois  la  grande  Truite  éclose  trois  semaines  avant  lui. 
Il  parait  plus  robuste  et  d'une  acclimatation  plus  facile.  » 

— '31.  Rivoiron  écrit  des  Échelles  (Isère)  :  «  Dans  ma  dernière  lettre,  je 
vous  disais  qu'il  restait  encore  deux  tiers  d'œufs  embryonnés  de  vos  Sau- 
mons Land  Locked  à  éclore;  l'éclosion  s'est  faite  dans  les  meilleures  con- 
ditions possibles;  je  n'ai  eu  sur  toute  la  quantité  que  fort  peu  d'œufs  gâtés, 
devenus  blancs  de  suite  après  l'éclosion.  Par  suite  d'un  auget  exposé  un 
peu  trop  au  soleil,  nous  en  avons  perdu  une  cinquantaine.  J'ai  donné 
de  l'ombre,  et  maintenant  j'estime  que  nous  n'en  avons  perdu  en  tout 
qu'une  centaine;  ils  sont  très  jolis,  bien  gros  et  mangent  depuis  une 
quinzaine  de  jours;  ils  sont  nourris  avec  des  insectes,  larves  de  Cousin 
et  Daplinis  ;  nous  pouvons  produire  avec  nos  six  bassins  environ  un 
kilogramme  par  jour  d'insectes. 

»  Cette  année,  une  épidémie,  connue  sous  le  nom  de  Champignon  mous- 
seux, s'est  déclarée  chez  nos  jeunes  alevins.  Truites,  Saumons  métis 
venus  de  Bàle,  et  a  fait  beaucoup  de  mal;  nous  avons  arrêté  le  mal  en 
mettant  dans  les  bassins  beaucoup  de  charbon  de  bois,  et  en  séparant 
les  malades  des  autres;  on  peut  ajouter  à  l'eau  des  Lymnés  (Escargots 
d'eau);  il  suffit  de  quelques  alevins  malades  pour  communiquer  le  mal 
aux  autres.  Dans  cette  maladie,  les  alevins  prennent  les  nageoires  blan- 
ches, et  sur  le  corps  il  se  forme  une  mousse  qui,  airivée  vers  les  ouïes, 
les  étouffe  rapidement.  C'est  la  même  maladie  qui  cette  année  a  fait  tant 
de  mal  au  Collège  de  l'Vance,  à  Paris;  elle  n'a  pu  sans  doute  être  arrêtée, 


428  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

car  l'eau  venant  par  des  conduits  de  toute  espèce,  il  fallait  supprimer  les 
conduits  pour  détruire  le  Champignon,  qui  se  forme  surtout  au  passage 
de  l'eau,   et  cela  chaque  année  en  avril  et  mai. 

»  S'il  vous  était  possible  de  ni'expédier  de  nouveaux  alevins,  vous 
m'obligeriez  beaucoup;  mais  je  crains  que  la  distance  qui  nous  sépare 
ne  soit  un  peu  trop  grande.  Je  suis  complètement  à  votre  disposition 
pour  les  renseignements  et  observations  sur  la  pisciculture.  » 

—  M.  Noordoek-Hegt,  de  Apeldoorn  (Pays-Bas),  écrit  :  «  Mon  établis- 
sement de  pisciculture  ne  va  pas  mal.  La  semaine  passée,  j'ai  mis  en 
liberté  dans  la  rivière  l'Yssel  plus  de  200  000  alevins  et  5300  jeunes 
Saumons  d'un  an,  sous  le  contrôle  de  la  Commission  nommée  par  le  gou- 
vernement, MM.  les  professeurs  Hubrecht  et  Hoffman. 

»  J'ai  conservé  plus  de  100000  alevins,  dont  probablement  une  par- 
tie sera  lâchée  encore  et  une  partie  restera  dans  mes  bassins  jusqu'à 
l'âge  d'un  an.  J'ai  une  centaine  de  Saumons  de  Californie  {Salmo 
(julnnat),  nés  dans  mes  bassins,  et  qui  ont  maintenant  quatre  ans.  Ces 
poissons  n'ont  jamais  été  à  la  mer,  et  cependant  ils  sont  en  excellente 
santé  ;  ils  ont  50  centimètres  de  longueur  en  moyenne.  En  octobre, 
nous  sommes  parvenus  à  féconder  une  quantité  d'œufs,  et  maintenant  les 
alevins  se  portent  à  merveille.  Ce  poisson  est  beaucoup  plus  hardi  que 
le  Saumon  du  Rhin.  Mes  essais  avec  le  Salîiio  fontiiiaUs^  Truite  de 
l'Amérique  (un  très  joli  poisson),  ont  aussi  très  bien  réussi.  J'avais 
fait  venir  des  œufs  de  l'Amérique  pendant  deux  campagnes  successives. 
Presque  tous  ces  œufs  ont  succombé.  Cependant  des  deux  envois  nous 
avons  sauvé  quelques  centaines  d'alevins.  En  octobre  dernier,  ceux  du 
premier  envoi  avaient  dix-huit  ou  dix-neuf  mois,  et  déjà  nous  sommes 
parvenus  à  féconder  artificiellement  quelques  centaines  d'œufs,  qui  nous 
ont  donné  le  même  nombre  d'alevins,  et  le  tout  est  dans  le  meilleur  état. 
Je  suis  sûr  que  s'il  n'arrive  pas  de  désastres,  nous  aurons  des  pro- 
duits par  milliers  de  Salmo  quinnat  et  de  Sahno  fontinalis.  De  Truites 
communes  ou  des  fleuves  et  de  Truites  des  lacs,  j'ai  eu  cette  année  plus 
de  60  000  alevins,  tous  venus  de  poissons  nés  dans  mon  établissement. 
Ainsi  il  y  a  de  quoi  être  content,  et  je  serais  heureux  si  je  pouvais  vous 
faire  voir  les  résultats  de  mon  travail.  A  l'Exposition  universelle  de 
Londres  (maritime^  j'ai  envoyé  un  modèle  de  mon  hangar  (pourréclo- 
sion),  un  plan  de  l'établissement  et  une  vingtaine  de  bouteilles  contenant 
des  poissons,  tous  nés,  sans  une  seule  exception,  dans  mon  établisse- 
ment. » 

—  M.  le  comte  de  Lorgeril,  château  du  Colombier  (Côtes-du-Nord), 
écrit  :  «  J'ai  envoyé  l'autre  jour  au  directeur  du  Journal  des  cultiva- 
teurs un  exposé  de  la  méthode  dont  je  me  sers  pour  détruire  dans  mes 
pépinières,  sur  mes  pêchers  et  dans  mes  serres,  les  Pucerons  lanigères  et 
autres.  Ce  moyen  est  simple  et  peu  coûteux  :  c'est  le  jus  de  tabac  prove- 
nant des  manufactures,  et  que  l'administration  délivre  aux  propriétaires 


PROCÈS-VERBAUX.  -429 

sur  le  vu  d'un  certificat  du  maire  de  leur  commune.  Je  ne  connais  aucune 
espèce  de  Pucerons  résistant  à  un  mélange  d'une  partie  de  jus  de  tabac 
sur  dix  parties  d'eau. 

»  Ne  serait-il  pas  temps  d'essayer  ce  poison  végétal  pour  combattre  le 
Phylloxéra  de  la  Vigne?  La  dose  du  jus  de  labac  pourrait  être  augmentée 
sans  inconvénient,  et,  d'après  ce  que  j'ai  expérimenté  moi-même,  tout 
Puceron  périt  par  un  lavage  des  quatre  cinquièmes  de  la  plante  et  arro- 
sage des  racines.  J'ajoute,  de  plus,  que  tout  insecte  est  éloigné  par  l'o- 
deur acre  de  la  substance. 

»  Le  jus  de  tabac  coûte  en  ce  moment  75  centimes  le  litre  ;  je  ne  puis 
croire  que  l'administration  ne  fit  un  rabais  considérable  pour  une  expé- 
rience en  grand  et  utile  à  l'agriculture. 

»  Je  n'habite  pas  un  pays  vignoble  ;  je  ne  sais  si  ce  moyen  a  été  tenté, 
mais  cette  idée  me  poursuit  depuis  quelque  temps,  et  j'ai  voulu  vous  la 
soumettre. 

»  Le  gouvernement,  tout  en  se  conservant  le  monopole  des  tabacs, 
pourrait  livrer  à  bas  prix,  en  employant  les  tiges  et  les  matières  défec- 
tueuses, en  favorisant  de  plus  la  culture  du  tabac  dans  les  pays  où  elle 
est  pratiquée,  cette  substance,  si  elle  pouvait  être  utile  aux  viticulteurs. 

»  iMon  procédé  est-il  bon?  Dieu  le  sait.  » 

—  MM.  Fallou,  Clément  et  Zeiller  remercient  des  graines  ou  cocons 
de  Vers  à  soie  qui  leur  ont  été  adressés. 

—  MM.  Cornu  et  Nagel  adressent  le  compte  rendu  du  résultat  qu'ils 
ont  obtenu  des  graines  de  Sericaria  mori  (race  Verdolina  Casati). 

—  Des  comptes  rendus  de  leurs  cheptels  sont  adressés  par  MM.  le  mar- 
quis de  Pruns,  d'Alidaii,  Matliey,  Dubard,  Laporte,  Em.  Baré,  Durous- 
seau-Dugontier,  L.  Ileynal,  Octave  Coignard  et  A.  lîravard. 

—  M.  Maisonneuve,  de  Challans  (Vendée),  demande  à  recevoir  des 
graines  de  Phaseolus  radiatus. 

—  Des  remerciements  pour  les  graines  qui  leur  ont  été  envoyées  par 
la  Société  sont  adressés  par  MM.  Bertoni,  E.  Meunier,  Le  Guay  et 
Trouetle. 

—  M.  Th.  Pavie  écrit  de  Chazé  (Maine-et-Loire):  «  A  propos  du  très 
intéressant  article  sur  le  Pacanier,  publié  dans  le  numéro  de  mars,  je 
ferai  les  remarques  suivantes  :  La  Pacane  est  assurément  un  fruit  excel- 
lent, bien  supérieur  à  la  noix,  et  qui  se  conserve  bien  pendant  deux 
ans.  Il  en  existe  d'assez  beaux  spécimens  en  Maine-et-Loire,  à  moins 
que  l'hiver  1879-80  ne  les  ait  fait  périr.  Mais  sa  croissance  est  d'une 
lenteur  à  décourager  les  moins  impatients;  il  ne  donne  pas  de  fruits 
avant  vingt-cinq  ou  trente  ans.  Quand  j'étais  en  Louisiane  —  il  y  a 
longtemps!  —  les  Indiens,  nombreux  à  cette  époque  dans  l'espace 
compris  entre  la  rivière  Rouge,  la  Sabine,  le  Missouri  et  l'Arkansas, 
abattaient  les  plus  beaux  arbres  pour  en  cueillir  les  noix,  qu'ils  vendaient 
sur  les  plantations  ;  de  celte  façon  d'agir,  il  résultait  une  véritable  dé- 


i."30  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

vastalion,  qui  rendait  les  Pacaniers  assez  rares.  La  récolte  d'un  vieux 
pied  peut  être  d'un  hectolitre,  comme  le  dit  notre  confrère  M.  Gri- 
sard.  Je  crois  que  cet  arbre  demande  pour  réussir  la  zone  de  l'Olivier 
ou  au  moins  celle  du  Maïs. 

»  Il  existe  une  espèce  de  Noyer  d'Amérique  que  je  ne  vois  pas  signalée 
dans  l'article  en  question,  et  que  j'ai  entendu  nommer  Noyev  de  VOhio, 
parce  qu'il  était  abondant  sur  les  bords  de  cette  rivière.  11  poussait  vi- 
goureusement près  d'Angers,  dans  un  terrain  d'argile  compacte;  il  pro- 
duisait des  fruits  mauvais,  mais  d'une  grosseur  extraordinaire  et  par 
paquets  de  trois  ou  quatre.  Sa  feuille  était  très  grande  et  sa  croissance 
assez  prompte . 

»  Quant  au  Carija  alba,  qui  commence  à  se  répandre  dans  notre  dé- 
partement, on  en  voit  une  belle  avenue  plantée  par  les  soins  de  M.  André 
Leroy,  sur  le  terrain  enlevé  de  ses  pépinières  par  la  route  neuve  d'Angers 
aux  Ponts-de-Cé.  » 

—  M.  Godefroy-Mollinger  fait  don  à  la  Société  de  diverses  graines 
qu'il  vient  de  recevoir  des  États-Unis.  —  Remerciements. 

—  M.  François  Sarazin  adresse  de  Tokio  (Japon)  une  petite  quantité 
de  semences  de  Rhus  vemicifera.  —  Remerciements. 

—  A  propos  de  la  lettre  de  AI.  le  comte  de  Lorgeril,  M.  Vavin  dit  que 
depuis  longtemps  il  fait  usage  du  jus  de  tabac  contre  les  insectes  et 
qu'il  s'en  est  toujours  bien  trouvé. 

—  M.  le  président  fait  également  observer  que  le  tabac  est  utilement 
employé  pour  combattre  certains  parasites  qui  se  trouvent  sur  les  ani- 
maux. 

—  M.  Millet  fait  une  communication  sur  l'intérêt  que  présentent  les 
réserves  à  poissons  au  point  du  vue  de  repeuplement  des  rivières. 

—  M.  le  D'  Camille  Dareste  présente  diverses  observations,  complétant 
ses  précédentes  communications:  de  Vinfluence  des  secousses  sur  le 
développement  de  l'embryon  et  sur  les  végétations  cnjptogamiques 
qui  se  développent  à  Vintérieur  des  œufs. 

Pour  le  Secrétaire  des  séances, 
Jules  Grisard, 

Agent  général. 


I.   FAITS  OIUERS   ET  EXTRAITS   DE  CORRESPONDANCE 


Chèvres   et  Boiiquetiu«. 

Lettre  adressée  à  M.  le  Directeur  du  Jardin  zoologique  d'acclimatation. 

Monsieur, 

l'ai  l'honneur  de  vous  remettre,  par  ces  lignes,  les  réponses  aux 
demandes  que  vous  avez  bien  voulu  m'adresser. 

1"  Les  Clièvres  domestiques,  en  Suisse,  sont  les  races  d'Appenzell  et 
deToggenburg  ;  ce  pays  possède  en  outre  une  race  singulière  et  remar- 
quable :  —  c'est  la  Chèvre  du  haut  Valais,  qui  porte  le  nom  de  «  Schwarz- 
hais  »  (cou  noir).  Cette  Chèvre,  comme  son  nom  le  dit,  est  moitié  noire, 
moitié  blanche;  de  belle  forme,  de  race  constante  et  très  recommandable 
à  cause  de  l'abondance  de  son  lait. 

Gomme  j'entretiens  des  relations  avec  mes  collègues,  MM.  les  inspec- 
teurs du  Valais,  je  pourrais,  si  vous  le  désirez.  Monsieur  le  Directeur, 
vous  procurer  des  informations  ultérieures  sur  ces  Chèvres. 

La  littérature  traitant  de  ce  point  est  très  restreinte.  Un  ouvrage  spé- 
cial n'existe  pas;  cependant  vous  trouverez  des  renseignements  dans 
les  livres  suivantes  :  V.  Tschudi,  Thierleben  der  Alpenwalt  (dont  vous 
possédez  probablement  l'édition  française);  J.  R.  Steinmûller,  Die  Schweiz 
Alp.  et  Landirertschaft. 

2"  Quant  aux  liouquetins,  je  dois  vous  avouer,  Monsieur,  qu'ils 
n'existent  plus  en  Suisse  à  l'état  sauvage  et  en  race  pure. 

Vous  trouverez  alinéa  i  de  l'article  15  de  la  loi  fédérale  sur  la  chasse, 
une  disposition  qui  fait  entrevoir,  qu'en  1876  les  Bouquetins  avaient 
besoin  iréire  acclimatés  dans  notre  pays  pour  rentrer  dans  l'ordre  du 
gibier  de  chasse. 

Il  est  connu  que  le  roi  Victor-Emmanuel  a  réussi,  au  moyen  d'énor- 
mes dépenses,  à  conserver  et  multiplier  le  Bouquetin  dans  ses  districts 
de  chasse  privée  de  la  vallée  d'AosIe  et  de  Cogne,  en  Piémont.  Mais,  à 
l'exception  de  quelques  rares  véritables  Bouquetins,  toute  la  coloniecon- 
sistait  en  bâtards  du  Bouquetin  avec  la  Chèvre  domestique,  et  ils  avaient, 
pour  la  plupart,  trois  quarts  de  sang.  —  Les  femelles  bâtardes  du  pre- 
mier croisement,  se  montrant  fécondes,  furent  de  nouveau  croisées  avec 
<les  pur  sang,  et,  de  cette  manière,  avec  exclusion  de  tout  Bouc  bâtard, 
on  réussit  à  se  rapprocher  du  type  pur  du  Bouquetin  des  Alpes. 

Fjors  de  la  mort  du  roi  Victor-Emmanuel,  son  fils,  le  roi  liumbert, 
n'étant  pas  chasseur,  fit  mettre  en  vente  cinquante  têtes  de  Bou(iuetins 
de  la  colonie  nommée  ci-dessus,  pour  le  prix  de  2000  francs. 

La  Confédération  Suisse,  en  conformité  de  l'article  15  de  la  loi  fédérale 


432  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

sur  la  chasse,  appela  aussitôt  une  commission  spéciale  pour  discuter 
l'achat  de  ce  troupeau. 

Soit  que  l'affaire  se  soit  traitée  trop  superficiellement,  soit  que  quelque- 
intérêt  particulier  s'y  soit  mêlé,  l'achat  de  ces  Bouquetins  fut  refusé, 
avec  l'observation  :  que  l'acclimatation  des  bâtards  Bouquetin-Chèvre  ne 
serait  pas  recommandable,  ces  bâtards  n'étant  pas  en  état  de  se  nourrir 
eux-mêmes  pendant  l'hiver  dans  nos  montagnes. 

Néanmoins,  la  section  Khâtia,  du  Club  alpin  suisse,  achetait  quinze 
exemplaires  de  tout  genre  et  de  tout  âge  de  ces  Bouquetins  mis  en  vente, 
le  reste  fut  acquis  par  le  prince  de  Pless  (Silésie),  qui  les  mettait  dans 
ses  chasses  des  montagnes  du  Salzbourg. 

La  colonie  de  Bouquetins  de  la  section  Rhâtia  se  trouve  dans  le  Kel- 
schlobel,  canton  des  Grisons,  aux  environs  de  Davos,  et  prospère  bien, 
sans  avoir  besoin  de  soins  quelconques  pendant  l'hiver.  Le  seul  inconvé- 
nient qui  s'est  montré,  c'est  qu'il  y  avait  relativement  trop  de  Boucs,  et, 
l'année  passée,  le  comité  spécial  de  la  section  Rhâtia  se  vit  obligé  de 
vendre  deux  Boucs  trois  quarts  sang,  qui  furent  embarqués  pour  l'Amé- 
rique. 

Le  prince  de  Pless,  d'après  la  lettre  de  son  grand  veneur,  M.  le  baron 
Heinze,  était  également  obligé  de  faire  tuer  cinq  à  six  Boucs  pour  débar- 
rasser la  colonie  de  ces  brouillons. 

Mais,  pour  le  moment,  ni  la  section  Rhâtia,  ni  le  prince  de  Pless,  ne 
mettent  en  vente  d'individus  de  leurs  colonies  de  Bouquetins.  Je  n'aurais 
donc  d'autre  ressource  que  vous  recommander  Sa  Majesté  le  roi  Humberl, 
qui  dispose  peut-être  encore  d'une  quinzaine  de  sujets. 

S"*  Je  vous  expédie  aujourd'hui  l'édition  française  de  la  loi  fédérale 
sur  la  chasse,  ainsi  que  les  règlements  d'exécution  et  de  la  délimitation 
des  districts  francs  pour  la  chasse  au  gibier  de  montagne. 

Si  vous  trouvez.  Monsieur  le  Directeur,  que  je  puisse  vous  procurer 
autres  informations,  je  serai  toujours  à  votre  disposition. 

Agréez,  etc. 

Neukomm , 
Inspecteur  des  forêts,  à  Schaffouse. 


Le  gérant  :  Jules  Grisard. 


Imprimeries  rc-unics,  A,  l'uc  Mignon,  2,.  Pari; 


I.  TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIËTË. 


NOTE 

SUR  LA   DESTRUCTION   DES   LOUTRES 

Extrait  du  compte  rendu  slénographique 
Par  M.    de   FIE^1\ES. 


Après  avoir  pris  plusieurs  loutres,  j'ai  écrit  à  M.  l'Agent 
général  de  la  Société  pour  lui  dire  que  je  me  tenais  à  la  dispo- 
sition de  nos  associés,  afin  de  leur  donner  communication 
des  moyens  dont  je  m'étais  servi.  M.  l'Agent  général  m'a  fait 
comparaître  devant  la  commission  de  pisciculture.  J'ai  fait 
humblement  mon  rapport  et  le  président  de  la  commission 
m'a  engagé,  m'a  ordonné  de  paraître  devant  vous.  (Applau- 
dissements.) J'ai  obéi,  mais  je  vous  avoue  que  je  suis  très 
embarrassé,  parce  que  je  crois  que  ce  que  j'ai  à  vous  dire  n'a 
vraiment  pas  beaucoup  d'intérêt.  Enfin  je  m'exécute  et  je 
sollicite  toute  votre  indulgence. 

Je  vais  vous  raconter  mon  histoire.  J'ai  chez  moi  une 
rivière  et  des  étangs,  et,  tous  les  jours,  j'apercevais  des 
détritus  de  poisson,  de  belles  carpes  dont  il  ne  restait  que 
des  fragments.  J'étais  furieux.  (Rires.) 

J'ai  commencé  par  tendre  des  pièges...  Je  n'ai  rien  pris. 
Alors  je  me  suis  mis  en  sentinelle  avec  mon  domestique. 
Nous  avons  passé  huit  nuits  sur  des  arbres,  guettant  la 
loutre...  elle  ne  venait  pas.  A  cinq  heures  du  matin  je  m'en 
allais,  et  puis,  en  revenant  à  midi,  après  mon  déjeuner, 
j'apercevais  la  trace  très  positive  de  son  passage.  De  là  la 
colère  que  vous  pouvez  supposer.  (Rires.)  On  prétendait  que 
je  perdais  la  raison.  Je  ne  sais  pas  si  je  perdais  la  raison,  mais 
je  perdais  la  patience. 

Alors  un  de  mes  amis  m'envoya  un  trappeur  de  la  rivière 
d'Aisne,  qui  a  passé  chez  moi  quinze  jours,  et  c'est  l'histoire 
de  ses  communications  que  je  vais  vous  faire;  si  vous  le 
permettez  même,  je  prendrai  son  langage. 

La  première  leçon  a  été  celle-ci  :  «  Monsieur,  on  raconte  que 
le  renard  est  l'animal  le  plus  fin  de  la  création.  Eh  bien,  sui- 

3°  SÉRIE,  T.  X.  —Août  1883.  28 


434  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

vant  moi  le  renard  est  un  imbécile  à  côté  de  la  loutre.  (Rires.) 

»  Le  renard,  en  effet,  se  laisse  prendre  de  toutes  les 
manières,  ainsi  par  un  appât  :  la  loutre  ne  se  laisse  prendre 
par  aucun  appât  ;  le  renard  se  laisse  empoisonner  :  la  loutre 
ne  peut  pas  être  empoisonnée  ;  le  renard  se  fait  chasser  toute 
la  journée  :  la  loutre  ne  sort  que  la  nuit  et  ne  peut  être 
chassée  que  très  accidentellement;  le  renard  se  laisse 
enfermer  dans  son  terrier  :  la  loutre  habite  un  petit  tronc 
d'arbre,  et  à  la  première  alerte  elle  se  jette  à  l'eau.  Donc  le 
renard  est  un  imbécile.  )>  (Rires.) 

Voilà  les  prémisses  de  son  instruction,  je  continue,  et  ici  je 
vous  demande  la  permission  de  vous  donner  son  texte  même. 
Il  est  un  peu  raide,  mais  enlin  c'est  le  sien.  «  Monsieur  (il 
ajoute),  l'homme  est,  de  tous  les  animaux  de  la  création,  celui 
qui  pue  le  plus  (Rires)  ;  car  le  chien  va  chercher  l'homme  à 
quatre  et  cinq  lieues,  et  l'homme  ne  peut  pas  aller  chercher 
le  chien. 

»  Le  renard  sent  l'homme  à  des  distances  énormes  :  la  loutre 
encore  bien  davantage.  Donc  il  faut  arriver  à  dissimuler 
l'odeur  de  l'homme  par  tous  les  moyens  possibles.  Sans  cela 
on  ne  prendra  pas  de  loutres.  » 

Nous  allons,  si  vous  le  voulez  bien,  passer  à  la  troisième  partie 
de  ses  instructions,  qui  consistera  à  aller  tendre  un  piège  et  à 
prendre  toutes  les  précautions  indispensables.  Je  vous  dirai 
d'abord  que  la  première  chose  à  faire  c'est  de  bien  étudier 
son  terrain.  La  loutre  est  palmée,  vous  savez  tous  cela;  elle 
monte  et  descend  la  rivière.  Examinez  et  vous  voyez  la  trace 
de  son  passage;  une  fois  cette  trace  trouvée,  je  vais  vous  dire 
ce  qui  vous  reste  à  faire.  La  loutre  a  pour  habitude  de  ne  pas 
empoisonner  son  séjour;  ainsi,  pour  obéir  aux  lois  de  la 
nature,  elle  sort  toujours  de  l'eau,  et  elle  sort  de  l'eau  dans 
l'endroit  qu'elle  considère  comme  le  plus  propre,  comme  le 
plus  sain,  comme  le  plus  joli,  le  plus  lumineux  enfin. 

Il  faut  donc,  quand  on  a  trouvé  la  place  où  la  loutre  a  l'ha- 
bitude de  sortir  de  l'eau,  mettre  une  pierre  blanche.  C'est  là 
aussi  qu'elle  s'arrêtera  pour  d'antres  exercices,  c'est-à-dire 
que  la  loutre  ne  reste  pas  dans  l'eau.  Le  mâle  et  la  femelle 


SUR    LA   DESTRUCTION    DES    LOUTRES.  AS5 

sortent  toujours  et  vont  dans  les  endroits  les  plus  propres 
pour  accomplir  l'acte  de  la  génération. 

Ceci  donné,  nous  partons  pour  notre  expédition. 

Nous  emportons  dans  une  brouette  nos  pièges,  une  bécho- 
toire  pour  faire  le  trou,  de  la  mousse,  quelques  feuilles,  à 
leur  défaut  du  papier,  un  arrosoir,  un  petit  instrument  en 
forme  de  vis  pour  abattre  et  fixer  le  piège. 

La  loutre  est  venue  la  nuit  dernière,  elle  a  déposé  sa  fiente. 
Vous  savez  comment  elle  est  cette  fiente  :  c'est  une  matjère 
qui  ressemble  beaucoup  à  de  l'ardoise.  Vous  la  décomposez 
et  vous  y  trouvez  des  arêtes  de  poisson.  Donc  elle  est 
venue,  elle  viendra  la  nuit  prochaine  ;  pour  nous  emparer 
d'elle,  nous  allons  prendre  une  foule  de  précautions. 

J'établis  trois  pièges  autour  de  ma  pierre,  c'est-à-dire  un 
piège  à  l'endroit  où  la  loutre  monte,  un  piège  où  elle  descend 
et  puis  un  troisième  par  derrière,    une  véritable  batterie 
enfin.  11  importe  de  bien  surveiller  rétablissement  du  trou  : 
il  faut  que  le  piège  soit  d'aplomb,  que  la  planchette  fonc- 
tionne aisément;  il  faut  mettre  une  gouttelette  d'huile   au 
ressort;  il  faut  que  le  piège  soit  d'une  excessive  sensibilité; 
n'oubliez  jamais  que  la  loutre  est  une  espèce  de  félin,  j'ai 
pris  à  mes  pièges  des  rats  et  même  des  oiseaux.  11  faut  dissi- 
muler la  présence  de  l'homme.  Pour  la  dissimuler,  on  doit 
commencer  par  mettre  une  planche  sous  ses  pieds,  «  attendu, 
me  disait  mon  trappeur,  que  les  pieds  de  l'homme  ne  sont  pas 
toujours  des  plus  intacts  ».  (Rires.)  Maintenant  il  faut  dissi- 
muler fhaleine  :  pour  mon  instituteur,  il  n'y  a  pas  d'homme 
qui  ne  fume,  prise  ou  chique.  Voilà  son  opinion.  Par  consé- 
quent, le  tabac  est  l'accessoire  obligé  de  l'homme,  et  la  loutre 
se  dit  :  «  Il  y  a  du  tabac,  donc  un  homme  a  passé  par  ici.  »  Il 
faut  placer  un  bandeau  sur  la  bouche  du  manœuvre  qui 
opère,  une  planche  sous  ses  pieds.  Il  faut  se  servir  du  poi- 
reau. «Le  poireau,  ajoutait  mon  instructeur,  sent  beaucoup 
plus  mauvais  que  l'homme  »  :  telle  est  f  idée  de  ce  brave  insti- 
tuteur. La  loutre  se  dira  :  «  Voilà  une  odeur  naturelle.  »  Elle 
ne  se  déliera  plus.  L'opérateur  devra  avoir  les  mains  impré- 
gnées de  poireau;  la  mousse   que  vous  mettez   sur  votre 


430  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

piège,  votre  piège,  la  feuille,  tout  est  imprégné  de  poireau. 
J'ai  oublié  un  détail  :  il  faut  que  le  piège  n'ait  pas  de 
rouille;  la  rouille  est  quelque  chose  que  l'animal  sent  d'une 
manière  extraordinaire  :  il  faut  faire  bouillir  votre  piège 
avant  de  partir,  le  placer  dans  de  l'eau  bouillante,  avec  du 
genêt,  qui  a  la  propriété  de  bien  nettoyer  le  piège,  puis 
essuyer  avec  un  linge  propre. 

Ealin  vous  garnissez  votre  piège.  Votre  ouvrier  a  les 
mains  saturées  de  poireau;  la  mousse  que  vous  mettez 
dedans  est  garnie  de  poireau;  la  feuille  que  vous  mettez  sur 
la  lumière  et  la  chaîne  qui  tient  votre  piège,  tout  cela  est 
garni  de  poireau  toujours,  et  une  fois  votre  piège  bien  tendu, 
vous  mettez  de  la  terre  veule,  de  la  terre  semblable  à  celle  du 
lorrain  qui  est  autour,  qui  l'avoisine,  et  puis  vous  prenez  un 
arrosoir  et  vous  arrosez  le  terrain  qui  a  été  occupé  par  vous 
et  par  votre  manœuvre,  pour  faire  disparaître  tout  indice  du 
passage  de  l'homme  ;  bien  entendu  la  chaîne  doit  être  cachée, 
elle  doit  être  couverte  de  terre. 

Enfoncez  bien  le  pieu  qui  retiendra  la  chaîne  du  piège; 
la  loutre  a  une  force  considérable  et  j'en  ai  trouvé  une  un 
jour  qui  était  partie  avec  mon  piège.  Par  bonheur,  la  chaîne 
s'était  accrochée  à  un  buisson,  et  j'ai  pu  ce  jour-là  contem- 
pler à  mon  aise  mon  ennemie,  mais  il  n'y  a  pas  toujours  là 
un  buisson  pour  vous  venir  en  aide. 

Vous  avez.  Messieurs,  écouté  cette  improvisation  avec  une 
telle  bienveillance,  que  je  veux  finir  par  une  petite  histoire. 
Au  seuil  de  cette  communication,  je  vous  ai  dit  que  les  lou- 
tres obéissaient  à  la  loi  d'amour  dans  l'endroit  qu'elles  trou- 
vaient le  plus  net,  le  plus  lumineux.  Un  jour  je  faisais  ma 
ronde  dans  le  parc  à  cinq  heures  du  matin,  je  trouve  deux 
loutres  prises  (Cupidon  avait  été  mon  complice);  je  m'assure 
que  les  pattes  sont  bien  serrées  dans  les  pièges,  je  m'empare 
des  deux  chaînes  et  me  voilà  parti  tenant  les  rênes  et  fouail- 
lant  mes  loutres  comme  des  chiens.  Je  fais  sonner  la  cloche 
du  château  :  tout  le  monde  se  met  aux  fenêtres.  J'avais  chez 
moi  alors  un  command.-mt  d'artillerie  de  Mézières,  qui  avait 
quelque  peu  tourné  en  ridicule  ma  passion  de  trappeur.  Sa 


SUR  LA  DESTRUCTION  DES  LOUTRES.  437 

femme,  sa  fille  et  sa  sœur,  tous  et  toutes  étaient  effarés  de  ce 
réveil  si  matinal.  J'arrive  sous  leurs  fenêtres  avec  mon  atte- 
lage aquatique,  jugez  de  mon  succès.  «  Je  ne  suis  plus  fou, 
n'est-ce  pas  ?  »  m'écriai-je.  Je  l'étais  cependant,  mais  c'était 
de  joie. 

En  finissant,  Messieurs,  permettez-moi  de  vous  donner  un 
conseil  :  j'aperçois  que  parmi  ceux-là  qui  me  font  l'honneur 
de  m'écouter,  il  y  en  a  beaucoup  qui  ne  sont  plus  de  la  pre- 
mière jeunesse.  Quand  on  est  trop  vieux  pour  chasser,  il  faut 
se  faire  trappeur,  il  y  a  là  des  jouissances  réelles,  et  puis  on  a 
la  satisfaction  de  se  dire  qu'on  est  utile  à  ses  semblables. 

J'ai  pris  plus  de  75  putois  (après  ce  chiffre  je  n'ai  plus 
compté),  j'ai  pris  belettes,  fouines,  hermines,  renards,  mais 
j'ai  pris  surtout,  et  ce  sont  là  mes  vrais  litres  pour  occuper  votre 
bienveillante  attention,  j'ai  pris  18  loutres  en  peu  d'années; 
on  vous  dira  peut-être  que  toutes  ces  précautions  sont  pué-' 
riles,  mais  toutes  les  fois  que  j'ai  laissé  les  pièges  entre  les 
mains  de  mon  jardinier  ou  des  aides,  ils  n'ont  rien  pris; 
toutes  les  fois  que  j'ai  agi  moi-même,  j'ai  pris  des  loutres;  je 
vous  ai  dit  le  chiffre.  J'espère  que  vous  ferez  tous  comme  moi 
et  je  vous  abandonne  le  fruit  de  mon  expérience.  (Applau- 
dissements.) 

M.  le  Président.  —  Eh  bien,  monsieur  de  Fiennes,  nous  ne 
sommes  pas  de  votre  avis.  Vous  nous  avez  beaucoup  intéressés 
parce  fragment  d'histoire  naturelle  débité  par  ce  trappeur,  et 
je  crois  que  tout  le  monde  tirera  son  profit  de  ce  que  vous  avez 
"dit. 

M.  de  Fiennes.  —  Je  remercie  M.  le  Président  des  paroles 
aimables  qu'il  veut  bien  m'adresser  et  je  voudrais  ajouter  un 
mot  à  ma  communication.  Un  de  mes  collègues  me  demande 
quelle  est  la  nature  du  piège  que  j'ai  pris.  En  général  les 
pièges  français  ne  sont  pas  très  bons.  J'ai  acheté  à  mon  trap- 
peur un  piège  que  l'on  dit,  je  crois,  allemand.  J'en  ai  fait  fabri- 
quer plusieurs,  sous  mes  yeux,  par  mon  serrurier,  et  j'en  ai  fait 
exécuter  l'année  dernière  un  semblable  aux  miens  pour  notre 
collègue,  M.  Fontaine,  dont  la  propriété  est  situéeprèsde  Paris. 


OUSERVATIONS  ET  RÉFLEXIONS 

SUR  L'HYGIÈNE  DES  BASSES-COURS 

ET  DES  VOLIÈRES  SPÉCIALEMENT  DESTINÉES  AUX  FAISANS 

Par   Se    docteur   II.    MOREAU^ 


Depuis  cinq  ans  l'élevage  des  Faisans  a  été  contrarié  par 
unesuccession  inouïe deprintemps  et  d'étés  mouillés  et  froids, 
je  parle  de  la  région  que  j'habite  (Vendée),  et  probablement  mon 
observation  s'étend  à  une  grande  partie  de  la  France.  Aussi  les 
lamentations  des  éleveurs  ont-elles  été  presque  générales,  si 
bien  que  plusieurs  ont  été  envahis  par  le  découragement. 
Malgré  toute  forte  volonté  et  toutes  précautions  il  ne  dépend 
pas  de  rhomme  de  vaincre  complètement  les  difticultés  d'éle- 
vage résultant  de  l'inclémence  des  saisons.  Cependant  un 
esprit  ferme  et  doué  de  persévérance  ne  doit  pas  céder  abso- 
lument devant  les  difficultés.  Comme  tous  les  éleveurs  j'ai 
beaucoup  souffert,  mais  en  même  temps  j'ai  observé,  j'ai 
étudié  et  je  lutte. 

L'invasion  presque  générale  delà  diphtérie  dans  nos  basses- 
cours  et  volières  n'est-elle  point  la  conséquence  de  Thumidité 
exceptionnelle  de  ces  cinq  dernières  années?  Je  veux  dire  par 
là  que  cette  humidité  a  été,  non  l'unique,  mais  un  des  prin- 
cipaux agents  qui  ont  engendré  cette  elfrayante  maladie,  ainsi 
que  d'autres  affections  moins  graves  dans  leur  aspect,  mais 
qui  exercent  des  ravages  considérables  :  je  citerai  particuliè- 
rement encore  le  ver  ou  strongie  du  larynx  qui  a  été  jusqu'ici 
mon  grand  ennemi.  Je  l'ai  signalé  il  y  a  déjà  longtemps,  et 
contre  lui  j'ai  réclamé  et  cherché  remède.  Mes  connaissances 
entomologiques  ne  me  permettent  pas  de  donner  de  ce  para- 
site une  description  scientifique  sur  son  origine,  son  évolu- 
tion et  sa  reproduction.  Je  ne  saurais  mieux  faire  que  de  rap- 
peler l'article  de  M.  Périer,  Bulletin  n"  10,  1875,  p.  586. 

J'ai  eu  tant  de  revers  occasionnés  par  le  Si/nyamus  trachea- 
lis,  que  j'ai  constamment  dirigé  mon  attention  sur  lui,  et  j'ai 


SUR  l'hygiène  des  basses-cours.  439 

la  conviction  que  de  bien  nombreux  éleveurs  qui  ne  s'en  sont 
pas  rendu  compte  comme  moi,  ont  dû  leur  insuccès  à  ce 
terrible  ver  que  les  Anglais  désignent  sous  le  nom  de  gapes, 
parce  que  les  oiseaux  qui  en  sont  atteints  bâillent  et  toussent. 
Mais  je  n'ai  jamais  eu  connaissance  d'une  description  par  les 
éleveurs  anglais  des  vers  qui  produisent  cette  toux  et  ces  bâil- 
lements, ni  d'un  remède  efficace  pour  en  guérir  ou  préserver 
les  oiseaux.  L'Angleterre  étant  un  pays  plus  humide  que  le 
nôtre,  j'y  trouve,  à  l'appui  de  ma  thèse,  une  preuve  que  l'hu- 
midité, surtout  quand  elle  est  jointe  à  la  chaleur,  joue  un 
rôle  prépondérant  dans  la  production  des  strongles.  Dans  les 
saisons  et  pays  très  secs  ce  ver  ne  fait  pas  son  apparition  : 
l'hiver,  la  température  froide  ne  se  prête  pas  à  son  éclosion: 
ce  n'est  qu'au  printemps  et  dans  l'été  que  Thumidité  et  la 
chaleur  réunies  lui  donnent  naissance  dans  les  milieux  où  il 
trouve  à  s'évoluer. 

D'après  mes  remarques,  qui  embrassent  une  dizaine  d'an- 
nées, je  suis  aujourd'hui  persuadé  que  les  déjections  des 
oiseaux  constituent  le  milieu  apte  à  recevoir  les  germes  des 
syngames,  et  que,  lorsqu'un  terrain  est  souillé  et  surtout  saturé 
de  ces  déjections,  il  devient  farci  de  semence  de  strongles,  qui 
y  pulluleilt  promptement,  et,  si  une  humidité  chaude  inter- 
vient, il  V  a  une  multiplication  incalculable  de  ces  insectes.  J'ai 
souvent  manié  de  la  terre  de  mes  volières  et  j'y  ai  trouvé  de 
tout  petits  vers  d'un  blanc  sale,  mais  isolés  et  jamais  accou- 
plés comme  dans  le  larynx  des  oiseaux,  et  d'une  ressemblance 
frappante  avec  les  vers  retirés  du  larynx.  J'ignore  le  mode  de 
formation  et  de  reproduction  de  ces  insectes;  mais  j'ai  l'in- 
time conviction  que  le  fait  est  conforme  à  mon  explication. 
Les  oiseaux  vivant  dans  leur  volière  piochent  le  sol,  juste- 
ment peut-être  pour  rechercher  ces  vers  qu'ils  mangent,  et 
c'est  dans  ce  travail  que  le  ver  ou  sa  larve  se  glisse  dans  le 
larynx,  où  il  élit  domicile  et  vit  du  sang  de  l'oiseau,  car,  lors- 
qu'on le  retire  de  cet  organe,  il  est  rouge  etgorgé  de  sang; 
c'est  là  qu'il  prépare  peut-être  de  nouvelles  générations  en 
provoquant  la  mort  lente  par  asphyxie  ou  épuisement  de  l'a- 
nimal qui  le  nourrit  de  sa  substance. 


440  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

Suis-je  dans  le  vrai?  Je  le  crois.  Mon  opinion  est  le  résul- 
tat de  mes  observations  d'un  fait  naturel  souvent  vérifié.  Je 
laisse  aux  observateurs  micrographes  le  soin  du  contrôle 
scientifique  de  mes  assertions,  qui  reposent  sur  des  faits  po- 
sitifs. 

Aussi  qu'en  est-il  résulté  pour  moi  praticien,  après  avoir 
constaté  l'impossibilité  de  réussir  l'élevage  sur  un  terrain 
dont  la  fécondité  en  vers  atteignant  le  larynx  de  tous  mes 
Faisans  me  condamnait  à  y  renoncer?  Voulant  pourtant  éle- 
ver, il  fallait  rigoureusement  trouver  un  remède.  J'essayai  l'ail 
et  autres  vermifuges  dans  les  aliments;  rien  n'y  fit.  J'eus 
l'idée  d'introduire  des  huiles  insecticides  dans  le  larynx; 
j'obtins  des  succès,  mais  incomplets.  Enfin  je  fis  usage  d'un 
écouvillon  de  cheveux,  dont  j'ai  fait  la  description  dans  le 
Bulletin  n"  1,  p.  1,  1880.  J'ai  ainsi  parfaitement  réussi  à 
enlever  les  parasites,  et  ce  procédé  curalif  est  demeuré  pour 
moi  souverain  sur  les  oiseaux  malades.  Mais  en  présence  de 
la  nécessité  d'en  faire  constamment  usage  sur  tous  mes  sujets, 
la  pratique  devenait  fastidieuse  et  pénible.  Je  dus  chercher 
un  moyen  préventif. 

Pour  moi,  j'établis  en  principe  que  tout  sol  habité  depuis 
quelque  temps  par  de  nombreuses  générations  d'oiseaux,  et 
saturé  de  leurs  déjections,  se  transforme  en  une  source  iné- 
puisable de  strongles  et  de  leurs  larves,  et  d'autres  insectes 
microscopiques,  et  devient  par  conséquent  impropre  au  suc- 
cès d'élevages  ultérieurs,  si  les  oiseaux  surtout  sont  de  nature 
à  fouiller  le  sol  avec  le  bec. 

Avec  une  telle  conviction,  que  je  possède  fortement,  que 
devais-je  faire  et  tenter?  Anéantir  dans  le  sol  de  mes  volières 
par  des  liquides  insecticides  toutes  les  larves;  mais  c'était 
assez  dispendieux,  et  il  aurait  fallu  une  main-d'œuvre  consi- 
dérable pour  remuer  le  sol  et  l'imbiber,  et  il  eût  fallu  sans 
doute  renouveler  souvent  cette  pratique.  Un  autre  pro- 
cédé était  de  renouveler  le  sol  lui-même;  mais  j'y  voyais  les 
mêmes  inconvénients.  Ou  bien  transporter  chaque  année  ses 
volières  sur  un  terrain  neuf  :  tout  le  monde  ne  peut  pas  le 
faire,  et  la  pratique  en  est  impossible  avec  des  volières  fixes 


SUR  l'hygiène  des  p.asses-couhs.  M\ 

comme  les  miennes.  Un  autre  moyen,  mais  encore  inconnu 
pour  moi,  sérail  d'empêcher  sûrement  toute  fermentation  des 
produits  excrémentitielset  des  débris  alimentaires  qui  souil- 
lent le  plancher  des  comparlimenls.  J'avais  cru  d'abord  y 
réussir  en  bêchant  le  sol  des  volières  et  en  enterrant  les  détri- 
tus de  tout  genre,  qui  devenaient  un  engrais  pour  la  végétation 
que  j'y  cultivais.  J'ai  promptement  reconnu  l'insuffisance  ou 
l'inutilité  de  ce  travail.  J'ai  bien  tenté  les  arrosages  d'acide  phé- 
nique,  de  sulfate  de  fer,  de  chlorure  de  sodium,  le  badigeon- 
nage  à  la  chaux,  tout  cela,  bon  en  principe  et  pouvant  être  très 
utile  en  certaines  occasions,  ne  peut  devenir  d'une  efficacité 
générale,  constante  et  continue  :  l'oubli,  la  négligence,  le 
manque  de  temps  venant  souvent  en  rendre  l'application  in- 
complète ou  inopportune,  on  ne  peut  compter  sur  une  garan- 
tie positive.  Tout  en  adoptant  et  pratiquant  ce  qu'il  y  a  de 
bon  dans  les  diverses  ressources  hygiéniques  que  nous  trou- 
vons dans  les  ingesta,  les  circumfusa  et  les  applicata,  j'ai 
donc  imaginé  un  procédé  plus  radical  et  d'un  fonctionnement 
sûr  et  automatique  malgré  son  inertie. 

Bien  qu'il  m'en  coulât,  il  s'agissait  de  sacrifier  la  culture 
de  mes  volières  et  de  remplacer  la  verdure  et  les  graines  que 
j'y  cultivais  pour  l'alimentation  de  mes  Faisans,  par  des  ver- 
dures croissant  en  dehors  et  distribuées  aux  oiseaux  chaque 
jour.  J'ai  durci  la  surface  de  tous  mes  parquets  de  manière  à 
empêcher  le  sol  de  s'imprégner  du  produit  des  déjections  et 
à  priver  les  oiseaux  de  le  fouiller.  J'ai  donc  fait  enlever  12  à 
i5  centimètres  d'épaisseur  de  terre  dans  toute  l'étendue  de 
mes  volières,  et  j'ai  remplacé  cette  épaisseur  par  une  couche 
égale  de  béton.  J'ai  eu  soin  de  respecter  toutes  les  plantations 
d'arbres  et  d'arbrisseaux  pour  réserver  de  l'ombrage  aux  habi- 
tants. Depuis  deux  ans  que  j'ai  exécuté  ce  travail,  je  n'ai  eu 
qu'à  m'en  féliciter.  D'abord  mes  plantations  d'arbres  que  je 
craignais  de  voir  périr  n'ont  nullement  souffert.  La  surface 
entière  de  mes  volières  est  unie  et  propre,  et  d'autant  plus 
propre  que,  s'il  survient  une  forte  ondée,  l'eau,  en  s' écoulant, 
lave  au  mieux  toutes  les  malpropretés  qu'elle  entraîne  à  la 
partie  déclive,  car  une  pente  de  5  centimètres  par  mètre  ne 


442  SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

laisse  pas  subsister  la  moindre  humidité,  la  moindre  flaque 
d'eau  sur  toute  la  surface  de  mes  compartiments.  Chaque 
semaine,  du  reste,  et  plus  souvent  s'il  le  faut,  un  coup  de 
balai  nettoie  toutes  les  fientes  et  autres  débris,  ce  qui  me 
fournit  dans  le  cours  de  l'année  une  étonnante  quantité  d'ex- 
cellent engrais.  Mes  Faisans  n'ont  jamais  les  pattes  et  le  plu- 
mage salis. 

Depuis  deux  ans  cette  amélioration  m'a  donc  préservé  de 
l'existence  du  ver  laryngien  chez  mes  Faisans.  Cependant  je 
dois  avouer  que  l'an  dernier  et  celte  année  j'ai  eu  trois  ou 
quatre  Faisans  qui  ont  contracté  des  strongles.  En  voici  l'ex- 
plication. Autour  de  chaque  plantation  j'ai  laissé  quelques 
centimètres  de  surface  de  terre  ancienne  pour  la  végétation 
des  plantes.  Les  Faisans,  ayant  la  rage  de  fouiller  le  terrain, 
ont  remué  avec  le  bec  ce  peu  de  terre  qui  recelait  évidem- 
ment des  syngames  ou  leurs  larves.  Dès  que  j'ai  vu  ces  quel- 
ques Faisans  tousser  et  languir,  je  les  ai  immédiatement  et 
radicalement  guéris  en  leur  retirant  du  larynx,  à  l'aide  de 
mon  écouvillonen  cheveux,  les  vers  rouges  dont  ils  souffraient. 
De  sorte  que  je  n'ai  eu  depuis  deux  ans  aucun  décès  impu- 
table à  ces  parasites. 

Pour  moi  ce  résultat  est  décisif  et  fortifie  mon  opinion. 
Gomme  preuve  à  l'appui,  je  puis  encore  ajouter  l'observation 
suivante.  Chaque  année,  en  ce  moment,  par  exemple,  j'élève 
des  familles  de  Poulets  sur  des  tas  de  fumier.  Ceux  qui  picorent 
sur  le  fumier  de  mes  chevaux  sont  indemnes.  Ceux  qui  sont 
parqués  sur  l'emplacement  des  fumiers  de  basse-cour  et  de 
volières  sont  tous  atteints  de  vers  laryngiens.  Je  viens  à  l'instant 
de  les  guérir  en  leur  écouvillonnant  le  larynx,  dont  j'ai  retiré, 
chez  quelques  sujets,  jusqu'à  30  strongles  de  différentes  gran- 
deurs. 

Comme  résultat  pratique,  depuis  deux  ans,  malgré  le  temps 
leplus  contraire  que  nous  ayons  jamais  subi,  j'ai  réussi  à  élever 
plusieurs  centaines  de  Faisans,  alors  que  les  années  précéden- 
tes, je  n'en  avais  pu  réussir  un  cent  sur  le  même  terrain  ;  en- 
core ne  parvenais-je  à  conserver  ce  petit  nombre  qu'à  force  d'é- 
couvillonnements  répétés  sur  tous  mes  sujets,  besogne  pénible 


sur»  l'hygiène  des  basses-cours.  443 

et  qui  devenait  dangereuse  quand  il  fallait  la  renouveler  tous 
les  jours  au  milieu  d'une  population  rendue  de  plus  en  plus 
sauvage  par  l'emploi  du  filet  destiné  à  prendre  les  malades. 

Ces  faits  concourent  donc  lousàral'tirmation  de  ma  théorie. 
En  étendant  cette  théorie  à  d'autres  affections,  la  diphtérie 
surtout,    serait-il  téméraire  de  dire   que  prohablement  les 
mêmes  causes  engendrent  d'autres  effets  qui  ne  sont  peut-être 
pas  sans  analogie,  si  surtout,  comme  le  décrit  M.  Bachy  (Bull., 
n"  9,  p.  520,  1881),  on  admet,  dans  cette  affreuse   maladie, 
l'existence  de  microzoaires  infectants,  trouvant  leur  élément 
d'origine  dans  les  déjections  des  oiseaux  de  volières  et  basses- 
cours,  et  se  développant  par  la  fermentation  qui.s'y  produit 
sous  l'influence  de  l'humidité  et  de  la  chaleur.  Toujours  est- 
il  que  cette  etfrayante  affection  dont  j'ai  été  un  moment  me- 
nacé par  l'introduction  dans  mes  parquets  d'oiseaux  conta- 
gionnés,  n'a  pas  pris  de  développement  et  a  disparu  totalement 
depuis  que  j'ai  fait  bétonner  ma  basse-cour  comme  mes  com- 
partiments de  volières.  De  celte  façon,  en  effet,  la  propreté  la 
plus  complète  et  la  plus  permanente  est  facile  à  obtenir.  La  pluie 
elle-même,  surtout  quand  elle  est  abondante,  au  lieu  d'être 
une  cause  efficiente  de  propagation  morbide,  devient  un  mode 
parfait  de  nettoyage.  S'il  fait  chaud  et  sec,  les  excréments  des 
oiseaux  se  concrètent  et  aucune  fermentation  ne  peut  s'y  pro- 
duire. Je  crois  donc  que  le  bétonnement  est  le  moyen  jusqu'ici 
le  plus  efficace  contre  toutes  les  maladies  infectieuses  ou  para- 
sitaires qui  menacent  nos  volières  et  nous  préparent  les  décep- 
tions que  chacun  de  nous  accuse  depuis  plusieurs  années. 
Quand  je  parle  de  béton,  je  ne  prétends  pas  qu'il  n'y  ait  rien 
autre  chose  pour  durcir  le  sol  des  volières  et  basses-cours  ; 
mais  je  l'ai  adopté  comme  étant  plus  économique  pour  moi, 
d'autant  mieux  que  la  chaux  qui  constitue  une  de  ses  parties 
ne  se  prête,  ni  physiquement,  ni  chimiquement,  à  former  re- 
paire ou  aliment  aux  divers  parasites  ou  à  leurs  larves,  aux 
microbes  ou  autres  germes  infectieux  pouvant  se  développer 
dans  les  produits  organiques  par  leur  fermentation. 

Ma  conclusion,  qui  découle  de  mon  opinion  basée  sur  mes 
observations,  est  donc  que,  pour  continuer  d'élever  des  Fai- 


^M  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

sans  ou  autres  oiseaux  analogues  dans  une  volière,  sans  s'ex- 
poser aux  parasites  quelconques,  microscopiques  ou  saisis- 
sables  à  l'œil,  qui  ruinent  l'éle-vage,  le  mieux  est  de  durcir  le 
sol  des  parquets  avec  pente  suffisante;  néanmoins  ne  pas  ou- 
blier d'y  conserver  des  plantations  résistantes  et  ne  pas  omettre 
d'installer  une  partie  abritée  toujours  sèche  et  sablée,  où  les 
oiseaux  peuvent  à  l'aise  se  poudrer  et  où  les  vers  ne  se  déve- 
loppent jamais  à  cause  de  l'absence  d'humidité;  il  est  du  reste 
toujours  facile  de  nettoyer  et  de  rafraîchir  cette  surface  sèche 
et  sablée.  En  outre  il  n'y  a  pas  lieu  d'abandonner  ou  de  négli- 
ger les  autres  moyens  de  salubrité  déjà  connus  et  mis  en  pra- 
tique. Si,  malgré  toutes  précautions  des  vers,  viennent  au 
larynx  des  oiseaux,  il  reste  la  ressource  de  les  guérir  par  l'em- 
ploi de  mon  écouvillon.  Si  la  diphtérie  envahit  quand  même 
les  habitants  des  parquets,  et  dans  ce  cas  elle  a  bien  chance 
d'avoir  été  introduite  par  des  oiseaux  contagionnés  venus  d'ail- 
leurs, alors  s'offre  l'occasion  de  pratiquer  le  traitement,  que 
je  crois  très  recommandable,  de  M.  liachy  (voy.  Bulletin, 
n^O,  p.  520,  1881). 

Je  serai  heureux  si  quelque  jour,  à  la  suite  de  recherches 
plus  approfondies  et  plus  compétentes  que  les  miennes,  les 
faits  que  je  relate  et  l'opinion  que  j'émets  reçoivent  leur  con- 
firmation scientifique  conformément  aux  découvertes  de  l'é- 
cole de  M.  Pasteur,  et  si  les  principes  que  son  génie  a  révélés 
pour  le  plus  grand  bien  des  races  animales,  et  finalement  de 
l'homme,  trouvent  leur  application  dans  l'élevage  et  la  multi- 
plication des  hôtes  ailés  qui  passionnent  et  charment  notre 
existence. 


LA  BARDANE  DU  JAPON 

Par   M.   Jean   DYBOWSKl 

Maître  de  Conférences  d'horticulture  à  l'École  d'agriculture  de  Grignon., 


Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  le  besoin,  d'introduction  de 
plantes  nouvelles,  pouvant  entrer  dans  l'alimentation  quoti- 
dienne, se  fait  sentir.  Les  légumes,  en 
effet,  dont  nous  disposons,  sont  d'un 
nombre  fort  restreint,  surtout  parmi 
les  plantes  de  culture  facile,  et  d'ail- 
leurs ce  nombre  serait-il  encore  bien 
plus  considérable,  qu'il  y  aurait  tou- 
jours place  pour  des  plantes  présen- 
tant de  véritables  qualités  organolep- 
tiques  et  une  grande  facilité  de  culture. 
Dans  cet  ordre  d'idées,  ce  que  l'on 
doit  d'abord  demander  à  un  légume 
nouveau,  c'est  de  contenir  en  abon- 
dance des  substances  assimilables  et 
nutritives,  et  aussi  de  ne  pas  posséder 
de  saveur  trop  prononcée.  Ce  goût,  en 
effet,  serait-il  des  plus  agréables,  qu'il 
empêcherait  néanmoins  la  plante  qui 
le  possède  de  se  répandre  et  de  tomber 
dans  l'alimentation  courante,  par  la 
raison  que  cette  saveur,  agréable  pour 
certaines  personnes,  ne  le  serait  pas 
pour  d'autres.  C'est  pour  ces  raisons 
que  la  pomme  de  terre  est  devenue  et 
restera  une  plante  universellement 
cultivée,  tandis  que  les  Céleris  bul- 
beux, par  exemple,  ou  bien  encore  les 
Topinambours,  ces  plantes  de  culture 
si  facile,  ne  seront  jamais  que  d'un  usage  restreint.  Se  plaçant 
à  ce  point  de  vue,  ce  seront  toujours  les  légumes  racines  ren- 


446  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

fermant  de  la  fécule  ouderinuline  sans  mélange  de  principes 
aromatiques  trop  accentués,  qui  auront  le  plus  de  chance 
d'être  accueillis  a^ec  faveur  par  le  public. 

Enfin  une  dernière  considération  déterminante,  dont  il  y 
a  lieu  de  tenir  compte,  c'est  la  facilité  et  aussi  la  rapidité  de 
culture.  Si  la  plante  est  exigeante  au  point  de  vue  de  la  cha- 
leur ou  seulement  de  l'eau,  sa  culture  se  trouvera  destinée 
exclusivement  aux  cultivateurs  de  profession.  Or  rien  n'est 
plus  difficile  que  de  faire  sortir  un  jardinier  des  cultures  qu'il 
est  habitué  de  faire  pour  en  adopter  de  nouvelles  ;  cela  se 
comprend,  jusqu'à  un  certain  point,  car  pour  qu'un  légume 
se  vende  bien  sur  le  marché,  et  c'est  le  seul  point  qui  inté- 
resse le  producteur  marchand,  il  faut  qu'il  ait  déjà  obtenu 
ses  lettres  de  crédit  auprès  du  public.  Chacun  connaît  à  ce 
propos  l'histoire  de  l'introduction  de  la  pomme  de  terre  qu'il 
est  inutile  de  rappeler  ici. 

Je  le  répète  donc,  il  faut  que  le  légume  nouveau  soit  de  cul- 
ture facile,  afin  que  l'amateur  puisse  le  cultiver  lui-même,  le 
répandre,  et  habituer  peu  à  peu  le  public  à  s'en  servir.  Ce 
n'est  qu'à  ce  moment-là  que  le  cultivateur  pourra  s'en  empa- 
rer et  le  cultiver  en  grand. 

La  Bardane  comestible  me  semble  réunir  bon  nombre  des 
qualités  dont  je  viens  de  parler. 

La  Bardane  comestible  est  originaire  du  Japon.  Importée 
par  von  Siebold,  puis  par  plusieurs  autres  voyageurs,  sa  cul- 
ture fut  essayée  à  plusieurs  reprises  en  France  ;  mais,  soit  que 
les  essais  culturaux  aient  été  mal  conduits,  soit  plutôt  que  les 
graines  importées  provinssent  de  variétés  peu  perfectionnées, 
ces  essais  n'ont  abouti  à  aucun  résultat  satisfaisant;  si  bien 
que  quand  en  automne  1881  j'en  présentai  des  spécimens  à 
à  la  Société  centrale  d'Horticulture,  ce  légume  fut  déclaré 
inconnu  et  remis  à  une  commission  chargée  de  le  déguster 
et  de  dresser  un  rapport  de  ses  appréciations. 

La  Bardane  comestible,  connue  chez  les  Japonais  sous  le 
nom  de  Gô-bô,  a  été  successivement  désignée  sous  le  nom  de 
Lappamajor,  L.  edulls,  L.  tomentosa;  mais,  sans  rentrer  dans 
des  discussions  qui  ne  sauraient  trouver  place  ici,  il  est  permis 


LA   BARDANE   DU   JAPON.  447 

d'affirmer  que,  suivant  toute  probabilité,  c'est  à  lapremière 
de  ces  espèces  que  doit  se  relier  le  Gô-bô  dont  il  n'est  qn\me 
variété,  et  ce  serait  donc  à  tort  que  l'on  a  essayé  d'en  faire 
une  espèce  à  part.  Tous  les  caractères  végétatifs,  ainsi  que  ceux 
tirés  de  la  fleur  et  du  fruit,  sont  identiques  à  ceux  du  Lappa 
major,  à  la  couleur  et  la  dimension  près,  ce  qui,  comme  on 
le  sait,  ne  constitue  que  des  caractères  de  peu  d'importance. 
11  est  probable  que  des  Lappa  major  pris  dans  nos  champs,  où 
ils  croissent  avec  abondance,  et  soumis  à  une  culture  et  à  une 
sélection  intelligente,  arriveraient  à  fournir  des  racines  comes- 
tibles semblables  à  celles  du  Gô-bô  des  Japonais.  Quoi  qu'il 
en  soit,  la  plante  dont  je  viens  vous  parler,  est  caractérisée 
par  des  feuilles  de  très  grande  dimension,  mais  en  petit 
nombre,  cinq  à  sept  au  maximum.  Chacune  de  ces  feuilles 
mesure  environ  30  à  35  centimètres  de  long  sur  20  de  large. 
Le  pétiole,  ainsi  que  la  partie  inférieure  des  feuilles,  est  cou- 
vert d'un  abondant  tomentum  blanc,  que  l'on  trouve  même 
répandu  sur  tous  les  organes  aériens  à  l'état  jeune.  La  forme 
de  ces  feuilles  est  celle  de  toutes  les  Bardanes,  c'est-à-dire  sa- 
gittée  et  cordiforme  à  la  base. 

La  racine,  qui  constitue  la  partie  comestible  de  la  plante, 
est  pivotante  et  fusiforme,  d'une  longueur  moyenne  de  20  à 
25  centimètres  sur  0  à  7  centimètres  de  circonférence  à  la 
partie  médiane.  (Voy.  la  figure  p.  445).  Pour  ce  qui  est 
des  tiges,  des  fleurs  et  des  fruits  qui  n'apparaissent  que  la 
deuxième  année,  ils  ressemblent  en  tout  point  aux  autres 
Lappa  avec  des  dimensions  amplifiées. 

Telle  est  la  plante  que  j'ai  obtenue  d'un  semis  de  graines 
qui  m'a  été  envoyé  du  Japon  en  i(S81,  par  M.  J.  Dautremer, 
attaché  à  la  légation  de  France  à  Tokio. 

Dès  la  réception  de  ces  graines,  qui  eut  lieu  dans  les  pre- 
miers jours  de  juin,  je  les  fis  semer  dans  une  terre  profondé- 
ment défoncée  et  riche  en  engrais  décomposé.  Quelques  jours 
après  le  semis  j'eus  la  satisfaction  de  voir  que  les  graines 
germaient  très  bien,  ce  qui  n'est  pas  toujours  le  cas  de 
celles  venant  de  si  loin.  Les  seuls  soins  cvdturaux  que  je  fis 
donner  au  plant  furent  quelques  arrosages  et  une  éclaircic 


MS  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

destinée  à  laisser  entre  chaque  plante  une  distance  de  10  cen- 
timètres environ. 

Trois  mois  après  le  semis  ces  racines  avaient  acquis  un 
développement  tel,  que  je  jugeai  le  moment  venu  de  les  livrer 
à  la  consommation.  Ce  premier  essai  tut  assez  satisliiisant 
pour  que  je  n'hésite  pas  à  venir  présenter  la  Bardane  comes- 
tible comme  une  plante  d'avenir  assuré. 

Au  demeurant,  voici  en  quoi  consiste  sa  culture  et  aussi 
quelles  sont  les  qualités  qu'elle  me  semble  présenter. 

L'époque  la  plus  favorable  pour  le  semis,  bien  que  celui-ci 
puisse  sans  inconvénient  être  fait  toute  l'année,  est  la  fin  du 
printemps  et  le  commencement  de  l'été.  La  plante  est  peu  exi- 
geante sur  le  choix  du  sol,  pourvu  que  celui-ci  soit  bien 
ameubli  ;  néanmoins  les  terres  riches  et  un  peu  compactes 
sont  celles  qui  lui  conviennent  le  mieux.  Les  semis  doivent  être 
faits  soit  à  la  volée,  soit  en  rayons,  puis  éclaircis  un  mois 
environ  après.  C'est  dans  le  troisième  et  le  quatrième  mois 
après  la  semaille  que  la  récolte  des  racines  peut  être  faite.  A 
l'arrachage  il  n'est  pas  rare  que,  comme  chez  les  salsifis  et  les 
scorsonères,  les  racines  soient  bifurquées,  mais  chacune  des 
ramifications  acquiert  habituellement  un  volume  suffisant  pour 

être  utilisée. 

On  peut  encore  cultiver  le  Gô-bô  en  semant  en  pépinière, 
puis  en  faisant  un  repiquage,  mais  alors  la  bifurcation  est 
de  règle,  ce  qui  d'ailleurs  ne  fait  qu'augmenter  le  produit 
tout  en  le  rendant  de  moins  belle  qualité.  Le  Gô-bô  résiste 
bien  au  froid  et  il  peut,  sans  inconvénient,  hiverner  dans  le 
sol  ;  il  se  ramifie  alors  beaucoup  et  chaque  touffe  donne  une 
douzaine  de  fortes  racines  comestibles.  Dans  le  cas  où  l'on 
désire  laisser  les  Bardanes  longtemps  dans  la  terre,  il  convient 
de  les  espacer  davantage,  soit  en  moyenne  de  30  à  35  centi- 
mètres en  tous  sens,,  chacune  des  touffes  développant  un 
feuillage  abondant.  Enfin,  comme  chez  les  salsifis,  il  n'y  a  pas 
lieu  de  s'inquiéter  de  la  montée  à  fleur,  le  pied  n'en  reste 
pas  moins  producteur  de  racines  parfaitement  tendres. 

D'où  il  résulte  que  la  culture  peut  être  de  deux  sortes  : 
1»    semis    en    juin-juillet    et    récolte  après     trois    mois; 


LA    BARDANE    DU    .lAPON.  M9 

2"  semis,  repiquage  après  un  mois,  récolte  en  hiver  ou  au 
pi'intemps  suivant. 

Les  racines  de  Bardane  Sfî  consomment  exactement  de  la 
même  façon  que  celles  des  salsilis  et  des  scorsonères,  c'est-à- 
dire  qu'après  les  avoir  grattées,  on  les  fait  cuire  dans  de  l'eau 
salée  pendant  environ  une  demi-heure,  puis  on  les  accom- 
mode suivant  son  goût  comme  les  autres  légumes. 

Le  goût  ressemble  un  peu  à  celui  des  salsifis,  tout  en  étant 
moiûs  accentué,  mais  pour  ce  qui  est  du  rendement  et  surtout 
pour  la  rapidité  de  la  culture,  ces  deux  plantes  ne  sont  pas 
comparables.  Chacun  sait  en  effet  que  le  salsifis  exige  une 
année  de  culture;  la  Bardane  ne  demande  que  trois  mois.  Je 
viens  donc  aujourd'hui  offrir  cette  plante  au  public  avec  toute 
la  confiance  que  m'ont  donnée  deux  années  d'essais  les  plus 
fructueux.  C'est  maintenant  aux  Sociétés,  aux  amateurs  aussi, 
qu'incombe  la  tâche  d'en  répandre  partout  la  culture,  con- 
vaincu que  je  suis  que  cette  plante  est  appelée  à  rendre  les 
plus  grands  services,  notamment  pour  l'alimentation  des  classes 
laborieuses. 

On  a  dit  que  les  feuilles  de  la  Bardane  pourraient  être 
blanchies  et  consommée  soit  cuites,  soit  crues  en  salade;  je 
n'ai  pas  fait  d'essai  dans  ce  sens,  mais  je  me  propose  de  les 
commencer  dès  cette  année.  Ce  serait  une  récolte  de  plus  four- 
nie par  cette  plante  précieuse,  qui  trouvera  désormais,  j'en 
ai  la  conviction,  place  dans  la  culture  de  tous  les  potagers. 


3"  SÉRIK,  T.  X.  —  Août  1883.  29 


Il-  TRAVAUX  ADRESSÉS  ET  COMMUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ. 


NOTES  SUR  L'ÉLEVAGE,  LE  TRAlTEMEiNT,  etc. 

DES  AUTRUCHES  DANS  L'AFRIQUE  AUSTRALE 

Par   M.   L.AVi:iVÈRE, 

consul  de  France  au  Cap. 


La  première  préoccupation  du  propriétaire  qui  entreprend 
l'élevage  de  l'Autruche  doit  être  de  choisir  avec  soin  la  partie 
du  terrain  qu'il  destine  à  ces  oiseaux  :  un  sol  sablonneux  et 
alcalin,  sans  toutefois  être  aride,  leur  convient  très  bien.  La 
dimension  des  enclos  doit  être  aussi  étendue  que  possible,  et, 
en  effet,  plus  l'espace  est  grand,  plus  il  y  a  de  facilité  pour 
l'Autruche  de  trouver  une  nourriture  suffisante  ;  il  faut  que 
ces  parcs  soient  bien  clos,  et,  comme  cette  question  de  clôture 
est  une  des  plus  importantes,  il  me  semble  utile  de  donner 
quelques  détails  sur  l'inslallation  usitée  au  Cap.  Pour  les  oi- 
seaux âgés  d'environ  trois  ans,  la  hauteur  des  palissades  varie 
entre  4  et  6  pieds  ;  on  se  sert  généralement  de  poteaux  en  fer 
ou  en  bois  fixés  solidement  en  terre,  à  4  mètres  de  distance, 
et  supportant  trois  rangées  de  fils  de  l'er  assez  gros,  placés 
respectivement  à  environ  un  pied  ou  un  pied  et  demi  ;  au- 
dessus  de  ces  poteaux  de  soutènement,  il  est  bon  de  poser  sur 
toute  la  longueur  de  la  clôture  une  traverse  en  bois,  de  façon 
à  ce  que  les  oiseaux  puissent  ainsi  apercevoir  les  obstacles  et 
ne  viennent  pas  se  jeter  contre  les  fils  de  fer.  Il  est  bon  d'en- 
trelacer cette  clôture  de  branches  de  feuillage  pour  rendre  la 
séparation  plus  apparente;  cette  observation  s'aj)plique  plutôt 
aux  oiseaux  reproducteurs,  les  propriétaires  du  Gap  laissant, 
en  général,  les  Autruchons  courir  presque  en  liberté  dans  les 
champs  jusqu'à  l'âge  de  près  de  trois  ans. 

L'étendue  des  parcs  varie  suivant  les  ressources  des  éle- 
veurs; ceux  qui  possèdent  de  vastes  fermes  disposent  quel- 
quefois de  dix  à  vingt  hectares  par  paire  ;  d'autres,  au  con- 


DES   AUTRUCHES   DANS   l'aFRIQUE   AUSTRALE.  451 

traire,  ne  peuvent  sacrifier  qu'un  hectare,  et  même  moins; 
mais  alors  surtout  on  est  obligé  de  substituer  une  nourriture 
végétale  et  artificielle  à  celle  des  champs.  Dans  l'un  comme 
dans  l'autre  cas,  les  résultats  obtenus  sous  le  point  de  vue  de 
la  reproduction  et  du  plumage  sont  identiques.  Je  dois  dire, 
à  ce  sujet,  que  les  oiseaux  accouplés  ou  reproducteurs  doivent 
être  mis  dans  des  enclos  séparés,  à  moins  toutefois  que  ces 
enceintes  soient  de  dimensions  telles,  que  les  Autruches  puis- 
sent fîicilement  s'isoler  les  unes  des  autres  et  s'accoupler. 

On  doit  éviter  de  laisser  approcher  les  Chiens  des  enclos 
où  se  tiennent  les  Autruches,  car  celles-ci  en  sont  très  ef- 
frayées; elles  se  jettent  alors  contre  les  clôtures,  et  on  peut 
attribuer  à  cette  cause  une  grande  partie  des  accidents  qui 
surviennent. 

Il  est  très  difficile  de  pouvoir  disliniiuer  le  mâle  de  la  fe- 
melle chez  les  Autruchons;  ce  n'est  que  lorsqu'ils  atteignent 
l'âge  de  douze  mois  que  les  plumes  du  mâle  commencent  à 
devenir  noires,  tandis  que  les  femelles  conservent  leur  cou- 
leur grisâtre,  bien  que  chez  l'un  comme  chez  l'autre  les 
plumes  du  dessous  des  ailes  soient  blanches  ;  elles  sont  d'ail- 
leurs assez  appréciées  sur  les  marchés  européens. 

J'indique  ci-après  les  principales  classifications  des  plu- 
mes, eu  suivant  l'ordre  de  la  valeur  qu'elles  peuvent  repré- 
senter : 

Plumes  des  ailes (blanches). 

id (id. ,  provenant  des  femelles). 

Plumes  de  fantaisie. . .   (blanches  et  noires). 

id.      noires (longues,  moyennes  et  courtes). 

id.      grises id.  id.  id. 

11  y  a,  pour  les  éleveurs,  certaines  précautions  à  prendre, 
selon  qu'il  s'agit  d'Autruches  accouplées  ou  d'Autruchons  ; 
les  premières  nécessitent  peu  de  soins,  tandis  que  les  seconds 
exigent  une  attention  continuelle.  Pour  les  Autruches,  il 
suffit,  en  effet,  de  veiller  à  ce  qu'elles  soient  pourvues  d'une 
nourriture  abondante  et  saine,  à  ce  que  l'eau  ne  leur  manque 
pas,  et  enfin  à  les  soigner  en  cas  de  maladie.  Pour  les  Autru- 


452  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

chons,  [lu  contraire,  de  plus  grandes  précautions  sont  néces- 
saires ;  dès  le  lendemain  de  leur  naissance,  on  peut,  si  le 
temps  est  beau,  les  lâcher  dans  les  enclos,  mais,  autant  que 
possible,  il  faut  choisir  un  endroit  abrité  du  vent  et  où  se 
trouve  du  gravier;  le  troisième  jour,  ils  commencent  à  bec- 
queter les  jeunes  herbages  et  le  gravier.  Ils  peuvent  alors 
mangei',  et  il  est  bon  de  couper  pour  eux,  en  petits  morceaux, 
du  fourrage  vert,  de  la  luzerne,  par  exemple,  etdeleur  donner 
des  os  concassés.  On  doit  avoir  soin  aussi  de  leur  verser  de 
l'eau  claire  dans  un  baquet  et  de  la  renouveler  toutes  les 
vingt-quatre  heures,  non  pas  autant  pour  satisfaire  la  soif  de 
l'oiseau,  qui,  jeune  ou  vieux,  boit  très  peu,  mais  plutôt  pour 
l'encourager  à  s'abreuver,  ce  qu'il  ne  ferait  pas  si  l'eau  n'était 
pas  limpide.  On  doit  rentrer  lesAutruchons  tous  les  soirs  pour 
les  renfermer  dans  une  remise  assez  chaude,  en  ayant  soin 
de  leur  faire  une  bonne  litière  ;  après  le  troisième  ou  le  qua- 
trième jour,  on  les  voit  souvent  manger  les  excréments  des 
Autruches,  et  même  ceux  des  Vaches,  s'ils  passent  près  des 
étables.  Il  ne  faut  pas  les  laisser  sortir  si  le  temps  est  pluvieux 
ou  si  le  froid  est  intense  ;  en  un  mot,  on  doit  éviter  de  les 
exposer  à  l'intempérie  des  saisons,  La  situation  atmosphé- 
rique de  ce  pays  permet  aux  éleveurs  de  laisser  les  oiseaux 
nuit  et  jour  dans  leurs  enclos  dès  qu'ils  sont  âgés  de  plus  de 
six  mois,  et  si  parfois  on  les  rentre,  ce  n'est  que  pendant 
l'hiver  ou  dans  la  saison  des  pluies.  Il  est  à  remarquer  que 
les  Autruches  supportent  bien  mieux  les  privations  en  vieillis- 
sant. Pour  les  jeunes  oiseaux  comme  pour  les  vieux,  on  doit 
veiller  à  ce  qu'ils  aient  suffisamment  à  manger;  les  Autru- 
chons  notamment  demandent  une  nourriture  saine,  de  l'herbe 
coupée,  des  os  broyés  et  du  grain  (blé,  orge  ou  mais),  dans  la 
proportion  d'une  livre  par  oiseau  et  par  jour. 

Les  Autruches  pondent  généralement  lorsqu'elles  ont  en- 
viron quatre  ans;  le  nid  se  compose  d'un  trou  légèrement 
creusé  dans  le  sable,  et  c'est  ordinairement  le  mâle  qui  le 
prépare.  La  femelle  ne  pond  pas  toujours  dans  son  nid,  sur- 
tout dans  les  premiers  temps;  mais  alors  le  mâle  y  ramène 
l'œuf  peu  à  peu.  Pendant  l'époque  de  la  ponte  et  de  l'incu- 


DES  AUTRUCHES  DANS  l' AFRIQUE  AUSTRALE.     453 

bation,  celui-ci  se  montre  très  irritable  ;  les  jambes,  sur  la 
partie  inférieure  de  devant,  et  le  bec  deviennent  rougeâtres, 
et  il  serait  alors  dangereux  d'entrer  dans  l'enclos.  On  sait,  en 
effet,  que  la  seule  défense  de  l'Autruche  consiste  dans  les 
coups  de  patte  qu'elle  peut  donner,  et  qui  suffisent  pour  casser 
une  jambe  ou  un  bras;  plusieurs  personnes  ont  même  été 
tuées  par  eux.  Ce  que  l'on  a  de  mieux  à  faire  pour  éviter  le 
danger,  si  l'on  est  poursuivi  par  eux,  c'est  de  se  jeter  à  terre, 
à  moins  toutefois  qu'on  ne  puisse  parvenir  à  les  saisir  et 
maintenir  parle  cou,  les  rendant  ainsi  hors  d'état  de  pouvoir 
faire  du  mal  ;  si  on  se  trouve  muni  d'une  branche  de  verdure, 
en  la  brandissant  dans  l'air  on  arrive  presque  toujours  à 
mettre  l'Autruche  en  fuite.  Il  ne  faut  pas,  du  reste,  entrer 
dans  les  enclos  sans  nécessité;  on  doit,  en  effet,  y  laisser  les 
œufs,  et,  dans  le  cas  où  on  voudrait  en  retirer,  on  peut  prendre 
de  préférence  les  premiers  pondus,  lesquels,  précédant  quel- 
quefois les  autres  de  huit  ou  quinze  jours,  n'offrent  pas  toutes 
les  garanties  nécessaires  pour  l'incubation;  en  thèse  générale, 
chaque  oiseau  pond  de  douze  à  dix-huit  œufs;  l'œuf  pèse  en- 
viron trois  livres,  et  on  estime  qu'il  représente  une  valeur 
nutritive  égale  à  vingt-quatre  œufs  de  poule. 

Lorsqu'on  veut  faire  couver  par  les  oiseaux,  ceux-ci  doivent 
être  séparés  par  paire;  si  au  contraire  on  a  recours  à  l'incu- 
bation artificielle,  on  peut  placer  deux  femelles  avec  un  mâle; 
mais  il  faut,  dans  l'un  et  l'autre  cas,  s'abstenir  de  plumer  les 
oiseaux  pendant  la  période  correspondante.  Les  Autruches 
pondent  habituellement  toutes  les  quarante-huit  heures,  et  la 
période  d'incubation  dure  environ  quarante-deux  jours.  Cette 
question  d'incubation  artificielle  a  été  vivement  discutée  par 
un  certain  nombre  d'éleveurs,  qui  prétendent  que  les  pous- 
sins ne  présentent  pas  les  mêmes  caractères  de  force  et  de 
santé  que  ceux  couvés  par  le  père  et  la  mère  ;  on  sait,  en  effet, 
que  le  mâle  se  substitue  à.  la  femelle  lorsque  celle-ci  quitte  le 
nid  pour  aller  manger,  et  il  s'acquitte  de  celte  mission  avec 
autant  de  soin  que  sa  compagne  ;  mais  ce  procédé  a  pour  con- 
séquence de  retarder  la  ponte  et  d'occasionner  la  perte  de 
beaucoup  de  plumes,  qui  se  détériorent,  chez  le  mâle  aussi 


454  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

bien  que  chez  la  femelle,  par  leur  contact  presque  continuel 
avec  la  terre. 

L'opinion  du  chirurgien-vétérinaire  de  la  colonie  du  Gap 
est  que  les  poussins  couvés  au  moyen  d'incubateurs  artificiels 
peuvent  devenir  aussi  sains  et  vigoureux  que  ceux  couvés  par 
les  procédés  naturels,  pourvu  toutefois  que  l'appareil  soit 
disposé  et  réglé  de  façon  à  remplir  toutes  les  conditions  es- 
sentiellement requises  pour  l'incubation  naturelle.  Parmi  les 
incubateurs  en  usage  pour  couver  des  œufs  d'Autruche,  ceux 
{(  à  lampe  »  sont  considérés  comme  préférables  à  ceux  qui 
fonctionnent  par  le  système  d'eau  bouillante,  laquelle,  versée 
dans  un  réservoir  ad  hoc,  maintient  le  degré  de  température 
nécessaire.  Ces  deux  espèces  d'appareils  se  rencontrent  aussi 
bien  pour  les  couveuses  artificielles  destinées  aux  œufs  de 
poule  que  pour  celles  en  usage  pour  les  œufs  d'Autruche  ;  le 
principe  est  le  même,  la  seule  différence  consistant  dans  les 
proportions  requises  et  pour  la  grandeur  de  la  machine  et 
pour  la  chaleur  atmosphérique  correspondante.  La  tempéra- 
ture des  incubateurs  ne  doit  pas  être  trop  élevée,  et,  en  règle 
générale,  ne  pas  dépasser  96  degrés  Fahrenheit,  bien  que  la 
température  normale  de  l'Autruche  soit  de  102  degrés  ;  mais 
celle  des  œufs,  dans  les  nids,  ne  peut  jamais  atteindre  ce 
chiffre,  car  il  y  a  lieu  de  tenir  compte  de  quelques  degrés  en 
moins  pour  la  radiation  et  la  dispersion  de  la  chaleur. 

Il  y  a  chez  les  Autruches  des  organes  excessivement  délicats. 
Si  ces  oiseaux  peuvent  digérer  aisément,  s'il  est  facile  de  les 
nourrir,  si,  arrivés  à  un  certain  âge  surtout,  ils  peuvent  sup- 
porter de  grandes  privations,  ils  n'en  sont  pas  moins  exposés 
à  des  maladies  sérieuses  d'origine  et  de  provenances  diverses  ; 
il  est  reconnu  que  le  cou  et  la  tête  sont  les  points  les  plus 
sensibles  et  les  plus  difficiles  à  soigner.  Ces  animaux  se  bles- 
sent, soit  en  venant  se  heurter  contre  les  palissades,  soit  au- 
trement; si  la  lésion  est  interne,  on  peut  laisser  agir  la  na- 
ture ;  et  si,  au  contraire,  la  blessure  est  visible,  c'est-à-dire  si 
elle  présente  le  caractère  d'une  plaie  (que  la  partie  malade 
soit  la  tète,  le  cou  ou  le  restant  du  corps),  il  convient  d'abord 
de  laver  délicatement  avec  de  l'eau  chaude  la  blessure,  de 


DES   AUTRUCHES   DANS    l'AFRIQUE   AUSTRALE.  455 

façon  à  enlever  la  saleté  qui  a  pu  y  pénétrer;  on  doit  ensuite 
dégager  les  plumes  environnantes  et  réunir  les  points  opposés 
de  la  plaie  par  des  ligatures  séparées,  cette  opération  se  fai- 
sant au  moyen  d'aiguilles  chirurgicales.  On  frictionne  alors  le 
tout  avec  de  l'huile  phéniquée,  afin  d'empêcher  les  mouches 
de  s'en  approcher;  mais  cette  préparation  doit  être  mélangée 
d'huile  d'olive  dans  la  proportion  de  1  à  20.  Si  les  blessures 
sont  profondes,  on  peut  les  entourer  de  cette  même  prépara- 
tion, jusqu'à  ce  qu'une  nouvelle  chair  vienne  à  se  former. 

Les  éleveurs  d'Autruches  dans  cette  colonie  considèrent 
comme  perdue  toute  Autruche  qui  a  une  jambe  cassée,  bien 
que  dans  quelques  cas  exceptionnels  on  soit  arrivé  à  un  ré- 
sultat assez  satisfaisant  par  la  chirurgie. 

A  la  suite  d'un  accident,  les  oiseaux  laissent  quelquefois 
pendre  leurs  ailes,  les  extrémités  étant  endolories  ;  on  les  rat- 
tache alors  en  les  plaçant  dans  leur  position  normale  au  moyen 
d'un  bandage  fixé  sur  les  reins  ;  cette  opération  simple  et 
fi\cile  constitue  une  des  manières  les  plus  expéditives  et  les 
plus  assurées  de  guérison. 

La  plus  grande  mortalité  parmi  les  Autruchonsa  lieu  entre 
l'âge  d'un  à  trois  ans  ;  ils  sont  alors  atteints  d'une  maladie 
désignée  sous  le  nom  de  «  yellow  liver  »,  sorte  d'affection  ou 
engorgement  du  foie.  Les  principaux  symptômes  se  manifes- 
tent parle  passage  subit  d'un  état  plantureux  à  un  état  d'af- 
faiblissement et  d'abattement;  l'oiseau  replie  son  cou,  pousse 
des  cris  plaintifs,  se  traîne  derrière  les  autres,  et  on  peut 
remarquer  que  la  paupière  est  cernée  d'une  légère  teinte 
blanchâtre;  les  jambes  prennent  une  couleur  rosée  et  maigris- 
sent sensiblement  ;  pendant  la  nuit,  le  malade  se  tient  couché, 
tombe  facilement,  se  relève  avec  peine,  et  parfois  même 
on  observe  des  signes  de  constipation.  Les  Autriichons 
ainsi  attaqués  sont  très  difficiles  à  soigner,  et,  s'ils  guérissent, 
ils  conservent  durant  longtemps  une  apparence  débile.  On 
n'a  pas  encore  découvert  les  causes  de  cette  maladie;  aussi 
les  remèdes  sont-ils  extrêmement  vagues;  cei)endant  l'expé- 
rience croit  avoir  reconnu  que  les  soins  à  donner  dans  ce  cas 
doivent  être  de  varier  la  nourriture  en  changeant  presque 


456  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

entièrement  le  système  de  nutrition,  de  placer  les  oiseaux 
dans  des  enclos  présentant  un  aspect  différent  de  celui  qu'ils 
occupaient  avant  leur  maladie,  et  d'éviter  de  leur  donner  à 
manger  quelque  chose  de  cuit  ;  un  peu  de  blé  ou  de  maïs  leur 
est  très  avantageux,  et  si  on  leur  distribue  du  fourrage,  il 
doit  être  en  plein  état  de  maturité.  On  recommande  surtout 
de  ne  pas  les  laisser  exposés  à  l'ardeur  du  soleil  ou  à  l'humi- 
dité de  la  nuit. 

Les  jeunes  oiseaux  souffrent  souvent  de  douleurs  dans  les 
muscles  des  jambes  ;  plusieurs  personnes  croient  y  découvrir 
tous  les  symptômes  du  rhumatisme,  mais  généralement  on 
en  attribue  la  cause  à  l'absorption  d'herbages  vénéneux.  Les 
oiseaux  marchent  alors  avec  difficulté,  se  frappent  les  jambes 
l'une  contre  l'autre,  et,  s'ils  ne  guérissent  pas  promptement, 
si  surtout  en  grandissant  le  corps  devient  trop  lourd,  une 
conséquence  fatale  est  à  craindre. 

Plusieurs  éleveurs  du  Cap  pensent  que  la  mortalité  chez  les 
Aulruchons  doit  principalement  être  attribuée  à  une  espèce 
particulière  de  poux  au  corps  bleuâtre  et  aux  pattes  rosées, 
qui  s'attache  plus  spécialement  aux  oreilles  des  jeunes  oi- 
seaux; certains  fermiers  croient  même  qu'un  ou  deux  de  ces 
insectes  peuvent  suffire  pour  empoisonner  le  sang  d'un  Au- 
truchon  ;  il  faut  alors,  d'après  eux,  veiller  à  ce  que  la  plus 
grande  propreté  règne  dans  les  enclos  où  ils  sont  placés  et  les 
frictionner  avec  une  préparation  composée  d'un  peu  de  soufre 
mélangé  de  poudre  phéniquée. 

La  maladie  qui,  depuis  quelque  temps  déjà,  fait  dans  la 
colonie  du  Cap  d'assez  grands  ravages  parmi  les  Autruches, 
est  occasionnée  par  la  présence  de  parasites  internes  ;  ceux 
qu'on  trouve  généralement  chez  ces  oiseaux,  et  dont  les  effets 
sont  les  plus  destructifs,  sont  de  petits  vers  découverts  par  un 
éleveur  de  cette  colonie  du  nom  de  Douglas,  et  de  là  pro- 
vient la  désignation  de  Strongijlus  Douglasii  qui  leur  est 
donnée  ;  on  rencontre  aussi  différentes  espèces  de  Ténias 
dans  les  petits  intestins,  ainsi  qu'une  autre  variété  de  Stron- 
gylus  dans  les  grands  intestins,  plus  particulièrement  dans 
le  cœcum. 


DES   AUTRUCHES   DANS    l' AFRIQUE   AUSTRALE.  457 

Presque  toutes  les  Autruches  à  Tétat  domestique  sont  at- 
teintes du  Tape-îvonn  (Ténia),  qu'elles  conservent  jusqu'à 
ce  qu'elles  arrivent  à  l'âge  adulte,  et  alors,  sauf  de  rares  ex- 
ceptions, elles  le  rejettent  naturellement.  Dans  le  cas  cepen- 
dant où  les  conséquences  deviendraient  inquiétantes,  le  re- 
mède reconnu  comme  le  plus  efficace  jusqu'à  ce  jour  pour 
l'expulsion  du  Ténia  consiste  dans  l'emploi  de  VOiL  of  maie 
fern  (extrait  élhéré  de  fougère  mâle)  et  de  la  térébenthine. 
On  assure,  à  ce  sujet,  que  ces  vers  se  communiquent  facile- 
ment d'un  oiseau  à  l'autre. 

Voici  d'ailleurs  quelle  est,  suivant  l'âge  des  Autruches,  la 
proportion  prescrite  pour  ces  deux  médicaments  : 

Térébenthine  liquide.  Extrait  de  fougère  mâle. 

Oiseaux  âgés  de  4  mois 1/2  once.       1/2  cuill.  à  café. 

id.      id.   de  6      »   3/4  —  2  — 

id.      id.    de  9      »   1  —  2  1/2       — 

id.      id.   de  12    »   111      —  3  1/2       — 

id.      id.   de  18     »   1  i;2  —  4  — 

id.       id.   de  un  an  et  au-dessus.  2  —  6  — 

Quelques  personnes  emploient  ces  préparations  en  les  com- 
binant avec  un  purgatif  composé  d'huile  ou  d'aloës;  d'autres 
préfèrent  donner  le  vermifuge  d'abord  et  le  purgatif  ensuite, 
tandis  qu'il  y  en  a  qui  mettent  du  sulfate  de  fer  et  du  sel 
commun  dans  l'un  ou  l'autre  de  ces  médicaments;  on  peut 
ajouter  à  ce  mélange  un  peu  de  farine,  en  le  présentant  sous 
forme  de  pilules,  afin  d'en  rendre  l'absorption  plus  facile. 

La  présence  des  parasites  internes,  du  Strongylus  Doii- 
glasii  en  particulier,  cause  une  assez  grande  mortalité 
parmi  ces  oiseaux,  et  l'opinion  de  personnes  compétentes, 
entre  autres  celle  du  chirurgien-vétérinaire  de  la  colonie,  est 
que  la  cause  première  peut  en  être  attribuée  à  l'état  d'affai- 
blissement de  la  constitution  en  général,  et  surtout  à  la  con- 
dition maladive  des  membranes  muqueuses,  qui  est  le  résultat 
d'un  système  défectueux  d'alimentation;  aussi,  bien  que  l'ex- 
pulsion de  ces  parasites  puisse  s'effectuer  facilement  au  moyen 
d'anthelminthiques,  l'état  de  la  membrane  muqueuse  qui 
favorise  leur  développement  n'étant  pas  modiiié  par  le  chan- 


458  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

gement  de  nourriture,  les  parasites  reparaissent  alors  presque 
aussi  rapidement  qu'ils  sont  expulsés. 

Dans  quelques  districts  de  la  colonie,  on  a  donné  à  des 
Autruches  souffrant  des  effets  du  Strongylus  Douglasii  de 
petites  doses  de  teinture  de  muriate  de  fer,  qui  ont  produit 
d'assez  bons  résultats;  les  doses,  dans  ce  cas,  sont  d'une 
demi-cuillerée  à  café  dans  environ  23  centilitres  d'eau  pour 
un  oiseau  de  trois  mois,  et  d'une  cuillerée  entière  pour  un 
oiseau  de  six  mois  et  au-dessus.  Quelques  légères  doses  d'aloès 
peuvent  agir  comme  laxatif,  de  même  que  la  feuille  de  cette 
plante,  si  on  peut  parvenir  à  la  faire  manger  à  l'oiseau. 

Il  est  prescrit,  et  c'est  là  un  point  très  important,  de  ne 
médicamenter  dans  aucun  cas  les  Autruches  que  lorsqu'elles 
sont  à  jeun,  ou  du  moins  lorsqu'il  s'est  écoulé  un  certain 
temps  après  leurs  repas  ;  et,  si  la  nourriture  qu'elles  mangent 
est  humide,  on  peut  la  saupoudrer  de  sel  commun  et  de  sul- 
fate de  fer  mélangés. 

Les  vers  qui  se  logent  principalement  dans  le  cœcum  sont 
d'une  longueur  variant  entre  un  et  deux  pouces;  presque 
toutes  les  Autruches  en  sont  atteintes,  mais  on  a  rarement 
observé  des  conséquences  fatales  en  dérivant.  De  fortes  doses 
de  santonine,  administrées  chaque  jour  pendant  une  semaine, 
ont  produit  des  effets  satisfaisants. 

Certaines  maladies,  peu  dangereuses  du  reste,  proviennent 
des  herbages  vénéneux  que  les  Autruches  mangent  parfois, 
ou  bien  encore  des  plantes  trop  jeunes  dont  elles  se  nourris- 
sent ;  mais  ces  maladies  ne  sont  pas  sérieuses  et  ne  présentent 
pas  des  caractères  dont  il  y  a  lieu  de  s'inquiéter;  il  en  est 
de  même  pour  l'inflammation  des  poumons,  qui  souvent  est 
la  conséquence  de  l'humidité.  Dans  le  premier  cas,  on  donne 
aux  Autruches  du  sel  d'Epsom,  et  dans  le  second,  on  se  con- 
tente de  mêler  dans  leur  nourriture  un  peu  de  café  ou  de 
chicorée. 

Lorsque  les  oiseaux  sont  constipés,  on  peut  faire  usage 
d'injections  d'eau  chaude,  dans  laquelle  on  a  fait  dissoudre 
du  savon;  il  est  encore  bon  de  jeter  dans  leur  manger  un  peu 
d'aloès  et  de  leur  donner  du  fourrage  vert  doux. 


DES   AUTRUCHES   DANS   l'aFRIQUE    AUSTRALE.  459 

A  certaines  époques  de  l'année,  les  Autruches  manquent 
souvent  d'appétit  ;  on  leur  donne  alors  chaque  jour  un  peu  de 
sulfate  de  fer.  Quelquefois,  et  surtout  au  printemps,  les  urines 
de  ces  oiseaux  prenneut  une  teinte  rougeâtre  pendant  plu- 
sieurs jours  ;  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'en  préoccuper,  cette  parti- 
cularité s'observant  aussi  bien  parmi  les  oiseaux  vigoureux 
que  chez  ceux  d'un  aspect  maladif;  on  en  attribue  l'origine 
au  changement  des  saisons  et  à  l'influence  atmosphérique. 

Il  résulte  des  explications  qui  précèdent  qu'on  peut  diviser 
en  deux  catégories  bien  distinctes  les  maladies  auxquelles 
sont  sujettes  les  Autruches,  à  savoir  :  celles  qui  présentent 
des  caractères  simples  et  celles  d'une  nature  compliquée.  Les 
premières,  comme  on  l'a  vu,  se  reconnaissent  facilement  et 
proviennent  soit  de  la  nourriture,  soit  de  l'inflammation  des 
poumons  ou  de  blessures  ;  les  secondes,  au  contraire,  sont 
plus  difficiles  à  distinguer,  et  on  en  découvre  rarement  l'ori- 
gine, comme,  par  exemple,  pour  les  parasites  internes.  Dans 
l'un  comme  dans  l'autre  cas,  les  remèdes  sont  très  incertains  ; 
et  en  effet  l'époque  relativement  récente  de  la  domestication 
de  l'Autruche  explique  jusqu'à  une  certaine  mesure  le  peu  de 
connaissances  théoriques  que  possèdent  les  éleveurs.  Ce  n'est 
que  par  la  pratique,  par  des  essais  constants,  par  des  compa- 
raisons intelligentes,  qu'on  est  parvenu  à  pouvoir  recom- 
mander les  remèdes  indiqués  plus  haut. 

Il  existe  deux  manières  d'enlever  les  plumes  aux  Autruches  : 
l'une  consiste  à  les  arracher  et  l'autre  à  les  couper  ;  ces  deux 
systèmes  olTrenl  chacun  leurs  avantages.  Sous  le  point  de  vue 
commercial,  il  est  certain  que  celles  arrachées  gagnent  en 
poids  ;  cependant  on  s'accorde  à  reconnaître  aujourd'hui  que 
le  second  moyen  est  préférable  au  premier,  bien  qu'il  exige, 
six  semaines  après  la  coupe  des  plumes,  l'extraction  des  ra- 
cines, qui  sont  alors  desséchées;  et  en  effet  l'oiseau,  souffrant 
beaucoup  moins  par  ce  dernier  procédé,  se  laisse  plumer 
assez  facilement,  tandis  que  chaque  plume  arrachée   occa- 
sionne une  nouvelle  douleur,  quelquefois  même  une  plaie,  ce 
qui  rend  l'Autruqhe  très  excitée  et  conduit  souvent  à  de  graves 
accidents.  Lorsqu'un  fermier  veut  procéder  à  cette  opéra- 


460  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

tien,  il  doit  s'assurer  d'abord  que  le  plumage  est  arrivé  en 
bon  état  de  maturité,  placer  ensuite  chaque  oiseau  séparément 
dans  un  compartiment  disposé  à  cet  effet  et  presque  similaire 
aux  casiers  qui  servent  pour  faire  voyager  les  chevaux  sur 
nos  chemins  de  fer.  On  peut  également  faire  maintenir  l'Au- 
truche par  des  hommes  vigoureux,  mais  ce  système  a  l'incon- 
vénient de  faire  courir  des  dangers  aux  hommes  ainsi  qu'à 
l'oiseau,  qui  fait  des  efforts  continuels  pour  tâcher  de  recon- 
quérir sa  liberté. 

L'exportation  des  plumes  d'Aulruche  du  Cap  prend  chaque 
année  plus  d'importance  ;  elle  a  atteint,  en  1881,  le  chiffre  de 
87  706  kilogrammes,  représentant  une  valeur  de  22  356  025 
francs.  Autrefois  les  produits  de  cette  colonie  étaient  classés 
en  sixième  ordre;  les  plumes  d'Alep,  de  Barbarie,  de  Saint- 
Louis  (Sénégal),  d'Egypte  et  de  Mogador,  se  cotaient  à  des 
prix  plus  élevés  sur  les  marchés  de  Londres,  et  elles  se  ven- 
daient aussi  plus  facilement.  Aujourd'hui,  cette  classification 
semble  modifiée,  et  le  Cap  a  pris  un  rang  de  beaucoup  supé- 
rieur à  celui  qu'il  occupait  antérieurement  ;  pour  arriver  à 
ce  résultat,  plusieurs  éleveurs  ont  même  fait  venir  à  grands 
frais  des  oiseaux  de  l'Afrique  du  Nord  ;  mais  les  produits  de 
cet  accouplement  sont  encore  peu  répandus,  et  cependant  les 
plumes  du  Cap  sont  plus  favorablement  appréciées  en  Europe. 
On  peut  dire  actuellement  que,  sous  le  point  de  vue  de  la 
valeur  et  de  la  qualité,  elles  ne  le  cèdent  guère  à  aucun  pro- 
duit similaire  d'une  autre  provenance. 

Il  n'y  avait  au  Cap,  en  1865,  que  80  de  ces  animaux  réduits 
à  l'état  domestique  ;  en  1875,  leur  nombre  atteignait  21  751, 
et  on  estime  aujourd'hui  que  les  possessions  anglaises  de 
l'Afrique  australe  doivent  compter  près  de  100  000  Autru- 
ches. 

Les  grands  marchés  pour  les  plumes  sont  l'Angleterre,  la 
France,  etc.  ;  presque  tous  ces  produits  sont,  sauf  de  très 
rares  exceptions,  expédiés  à  Londres  d'abord,  et  on  les  dirige 
ensuite  sur  les  principales  capitales  de  l'Europe.  L'Amérique 
du  Nord  constitue  un  nouveau  débouché,  et  New-York  notam- 
ment en  fait  un  commerce  relativement  considérable. 


DES   AUTRUCHES   DAiNS    l'AFRIQUE   AUSTRALE.  461 

Il  y  a  un  an  ou  quinze  mois,  les  plumes  se  vendaient  ici  à 
des  prix  beaucoup  plus  élevés  qu'aujourd'hui,  el  on  est  una- 
nime à  reconnaître  que  la  diminution  n'est  pas  moindre  de 
33  pour  100,  tandis  que  le  prix  des  Autruches  est  descendu 
d'environ  80  pour  100;  c'est  ainsi  qu'en  ce  moment  il  est 
facile  de  se  procurer  des  oiseaux  reproducteurs  (Breeding 
birds)  d'excellente  qualité  et  en  bon  élat  pour  40  ou  50  livres 
sterling  (1000  à  1250  francs  la  paire),  lesquels,  il  y  a  dix-huit 
mois,  se  vendaient  jusqu'à  250  livres  sterling  (6250  francs). 
La  mortalité  chez  les  Autruches  a  peut-être  été  la  cause  prin- 
cipale de  cette  dépression;  cependant  je  dois  dire  que  la 
crise  commerciale  que  traverse  depuis  assez  longtemps  déjà 
la  colonie  du  Cap  n'a  pas  peu  contribué  à  ce  résultat.  Pendant 
une  certaine  période  aussi,  l'agriculture  a  beaucoup  souffert 
de  cette  industrie,  tous  les  fermiers  ne  songeant  qu'à  se  livrer 
à  l'élevage  des  Autruches.  Une  sorte  de  fièvre  de  spéculation 
régnait  dans  le  pays  ;  les  propriétaires  voyaient  dans  l'exploi- 
tation de  ces  oiseaux  un  moyen  plus  simple  et  plus  facile 
d'obtenir  un  rendement  avantageux,  en  présence  surtout  des 
ennuis  occasionnés  par  le  travail  manuel  devenu  d'une  rareté, 
d'une  difficulté  et  d'une  cherté  excessives;  ils  abandonnaient, 
pour  ainsi  dire,  la  culture  des  champs  pour  se  lancer  dans 
cette  entreprise,  laquelle  n'exigeait  pas  une  main-d'œuvre 
considérable.  La  réaction  s'étant  opérée  à  la  suite  des  causes 
indiquées  plus  haut,  et  peut-être  aussi  en  raison  de  la  trop 
grande  production,  une  crise  s'en  est  suivie;  beaucoup  de 
fermiers  ont  dû  se  déclarer  en  faillite,  et  nous  venons  de  voir 
quelle  en  avait  été  la  conséquence. 

Quelques  expéditions  d'Autruches  du  Cap  ont  été  faites,  en 
1881,  à  destination  de  Buenos-Ayres  et  de  Montevideo,  et  les 
prix  réalisés  ont  été,  paraît-il,  assez  rémunérateurs.  On  pense 
que  le  meilleur  moment  pour  embarquer  ces  oiseaux  est  lors- 
qu'ils atteignent  la  grosseur  d'un  Dindon  de  forte  dimension. 
Pour  prévenir  les  accidents  qui  peuvent  survenir  dans  de  forts 
coups  de  mer,  il  est  recommandé  de  placer  séparément  les 
Autruches  dans  des  compartiments  spécialement  disposés, 
afin  qu'avec  le  roulis  elles  ne  puissent  tomber  aussi  facilement 


.  6^  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMÂTATION. 

et  évitent  surtout  de  se  blesser.  On  calcule  néanmoins  que, 
dans  une  traversée  de  Table-bay  ou  de  Port-Élizabeth,  en 
Amérique,  les  pertes  occasionnées  par  la  mortalité  sont  d'en- 
viron 15  pour  100. 

Les  Autruches  sauvages  devenant  de  plus  en  plus  rares,  le 
gouvernement  du  Cap  s'en  est  ému,  et,  il  y  a  quelques  années, 
un  arrêté  a  été  pris  par  l'autorité  coloniale  pour  empêcher 
la  destruction  de  ces  oiseaux,  et  des  peines  très  sévères  sont 
appliquées  aux  personnes  qui  contreviennent  aux  disposi- 
tions de  cet  arrêté. 

En  présence  des  résultats  obtenus  au  Cap,  si  l'on  considère 
surtout  la  baisse  survenue  sur  les  Autruches,  on  se  demande 
quel  est  l'avenir  de  cette  exploitation?  Au  prix  actuel  de  ces 
oiseaux,  il  est  permis  de  supposer  que  leur  rendement  doit 
être  rémunérateur;  une  Autruche,  dans  de  bonnes  conditions, 
donne  en  moyenne  pour  près  de  10  livres  sterling  de  plumes 
par  an  ;  il  y  a  lieu  d'ajouter  à  ce  chiffre  la  valeur  des  œufs  et 
des  poussins  qu'elle  peut  produire;  aussi  l'opinion  publique 
dans  cette  colonie  semble-t-elle  portée  à  croire  que,  si  les 
goûts  de  luxe  ne  diminuent  pas  en  Europe,  si  la  consomma- 
tion se  maintient  même  au  point  qu'elle  a  atteint  aujourd'hui, 
malgré  les  maladies  qui  déciment  ces  oiseaux,  malgré  la  con- 
currence créée  dans  plusieurs  parties  du  monde,  le  colon  de 
l'Afrique  australe  peut  réaliser  de  grands  bénéfices  et  doit 
persister  dans  cette  exploitation. 


ÉDUCATIONS  DE  L'HYBRIDE 

DES  ATTACUS  ROYLEI  ET  PERNYI 

ET  D'ACTIAS  SELENE 

FAITES   EN   1882 
Par  M.    J.-B.    HUIIK 


La  Société  nationale  d'Acclimatation  de  France  ayant  reçu 
de  M.  Alfred  Wailly  (de  Londres)  une  certaine  quantité  de 
graines  de  l'hybride  des  Attacus  Roylei  et  Pernyi,  elles  me 
furent  confiées  pour  en  faire  l'éducation.  Les  premiers  œufs, 
qui  portaient  la  date  de  la  ponte, 6  mai,  sont  éclos  le  27  mai, 
et  j'eus  sept  jeunes  Chenilles  très  vives  que  je  mis  de  suite 
sur  des  branches  de  chênes  placées  dans  des  bouteilles  rem- 
plies d'eau. 

Les  jours  suivants  les  naissances  eurent  lieu  le  matin,  mais 
très  inégalement;  les  jeunes  vers  me  semblèrent  plus  petits 
que  ceux  du  Pernyi  et  mangèrent  très  diflicilement  les  jeunes 
bourgeons  que  je  leur  donnais.  Ils  furent  toujours  très  cou- 
reurs; chaque  fois  que  je  les  visitais,  j'en  trouvais  errant  de 
toutes  parts;  je  m'elforçais  de  les  remettre  sur  leurs  branches, 
mais  plusieurs  moururent  sans  avoir  voulu  mordre  à  la 
feuille. 

Des  sept  premiers  éclos  le  4  juin,  après  le  premier  som- 
meil, trois  disparurent,  et  le  jour  suivant  je  n'en  retrouvais 
plus  qu'un. 

Les  pontes  des  11  et  12  mai  sont  écloses  les  5  juin  et  jours 
suivants,  toujours  très  inégalement.  Plusieurs  crufs  aplatis, 
que  j'ouvris,  n'étaient  pas  fécondés,  car  ils  renfermaient  seu- 
lement un  liquide  verdâtre.  Le  13,  j'eus  les  dernières  éclo- 
sions  par  une  température  très  basse.  Les  mues  se  firent 
péniblement,  le  sommeil  dura  deux  à  trois  jours,  ce  que  j'at- 
tribue au  manque  de  feuilles  fraîches.  Le  10  juillet,  un  ver 
meurt,  un  deuxième  le  20  et  un  troisième  le  22,  sans  que  je 
puisse  en  savoir  la  cause;  fun  deux  porte  une  tache  noire; 
de  suite  je  le  jette  crainte  de  contagion  :  c'est  le  seul  qui  ait 


^Ô-i  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

péri  de  la  sorte.  Après  la  troisième  mue  j'ai  eu  six  chenilles, 
dont  j'attribue  la  mort  soit  à  des  morsures  que  d'autres  vers 
leur  avaient  faites,  ou  à  d'autres  causes  que  j'ignore  :  dix 
sont  morts-flats  ;  l'éducation  est  très  inégale  par  suite  des 
différences  de  pontes  et  de  naissances;  je  n'ai  pu  savoir  exac- 
tement le  temps  que  chaque  ver  a  mis  depuis  sa  naissance 
jusqu'au  coconnage  ;  un  mélange  d'œufs  et  de  vers  rendait 
l'observation  difficile,  sinon  impossible;  le  19  juillet,  je  vis 
avec  satisfaction  un  premier  ver  faire  son  cocon,  d'autres  se 
firent  quelques  jours  après;  les  derniers  vers  sont  très  vigou- 
reux et  mangent  avidement  toutes  les  feuilles  que  j  e  leur  donne, 
ce  que  j'attribue  à  la  température  redevenue  chaude. 

Le  30  juillet,  je  faisais  photographier  une  bouteille  garnie 
de  branches  sur  lesquelles  vivaient  les  chenilles,  c'était  plaisir 
aies  voir,  toutes  étaient  très  vives  et  en  santé  florissante,  les 
personnes  qui  les  ont  vues  en  étaient  émerveillées.  La  fin  de 
l'éducation  n'a  pas  été  aussi  heureuse  que  le  commencement; 
le  local  de  la  Société  ayant  dû  subir  des  réparations,  je  me 
suis  vu,  avec  regret,  obligé  de  négliger  mes  pauvres  élèves, 
qui  ne  demandaient  qu'à  bien  vivre,  et  plusieurs  fois  ils  ont 
souffert  la  faim,  n'ayant  pu  leur  donner  la  feuille  aussi  fraîche 
que  je  l'aurais  désiré. 

En  résumé,  l'éducation  des  hybrides  Roylei-Pernyi  est 
très  facile,  et  les  vers  viennent  aussi  bien,  si  ce  n'est  mieux, 
que  ceux  du  Pernyi,  puis  j'en  ai  pesé  qui  m'ont  donné  un 
poids  de  24  grammes  et  qui  mesuraient  12  centimètres  de 
longueur. 

La  couleur  des  vers  ne  diffère  pas  beaucoup  de  celle  des 
Pernyi,  sinon  qu'au  quatrième  et  au  cinquième  âge  le  nombre 
des  points  métalliques  sur  chaque  bande  latérale  est  de  cinq 
ou  six  ou  sept,  et  que  l'on  en  trouve  rarement  six  sur  les 
Pernyi;  le  tonvert  des  chenilles  est  aussi  plus  prononcé  chez  les 
hybrides  que  sur  les  Pernyi;  je  ne  puis  dire  si  les  Roylei  ont 
ce  faciès,  n'ayant  jamais  fait  l'éducation  de  cette  espèce. 

J'ai  remarqué  que  leurs  têtes  étaient  d'un  brun  foncé  et  les 
points  moins  visibles  que  sur  les  Pernyi  ;  il  y  en  avait  qui 
portaient  un  point  noir  sur  le  derrière  de  la  tète;  les  tuber- 


ATTACUS  ROYLEl  ET  PERNYI  ET  ACTIAS  SELENE.    465 

cules  du  dos  sont  garnis  d'une  espèce  de  poil  ou  duvet  tirant 
sur  l'orange,  ainsi  que  plusieurs  autres  poils  longs  et  noirs; 
les  trois  paires  de  pattes,  celles  de  derrière  en  forme  de  pinces, 
sont  de  la  couleur  des  lignes  latérales  et  comme  gonflées 
d'uD  liquide  transparent  ;  celles  qui  ont  un  point  noir  derrière 
la  tête  est  plus  foncée  marron  que  les  autres  ;  j'ai  cru  recon- 
naître là  les  trois  quarts  de  sang  Roylei  (i),  par  cette  différence 
et  les  points  noirs  moins  visibles  et  moins  nombreux  que  sur 
les  autres  qui  ressemble  aux  Pernyi. 

Enfin  les  cocons  diffèrent  de  ceux  des  Pernyi  par  la  bourre, 
qui  est  en  plus  grande  quantité  et  de  couleur  plus  blanche. 

Le  coconnage  terminé,  je  suspendis  les  cocons  dehors,  au 
nord.  La  température  ayant  été  pendant  quelques  jours  plus 
élevée,  quelle  ne  fut  pas  ma  surprise  de  voir,  un  matin,  le 
plus  gros  cocon  vide  de  son  papillon,  qui  avait  pris  la  clef  des 
champs;  je  m'empressai  de  les  porter  dans  une  cave  voûtée  et 
là  encore  j'eus  plusieurs  éclosions,  toutes  de  mâles,  dont  quatre 
très  bien  formés  et  cinq  autres  dont  les  ailes  ne  se  sont  pas 
développées. 

Le  25  juillet,  pendant  l'éducation,  je  voulus  me  rendre 
compte  si  mes  vers  ne  voudraient  pas  manger  de  charmille  • 
trois  l'acceptèrent,  mais  deux  seulement  y  firent  leur  cocon 
après  y  avoir  séjourné  et  vécu  le  quatrième  et  le  cinquième 
âge,  et  de  l'un  de  ceux-là  est  sorti  un  papillon  que  je  n'ai  pu 
distinguer  de  deux  autres  qui  étaient  éclos  en  même  temps  (2). 

Sans  les  souris,  qui  sont  assez  nombreuses  (trop  malheu- 
reusement), j'aurais  eu  un  résultat  beaucoup  plus  satisfaisant 
car  je  n'ai  eu  que  cinquante  cocons  environ,  tandis  que  j'au- 
rais pu  en  récolter  plusieurs  centaines. 

(1)  Une  des  petites  boîtes  reçue  de  M.  A.  Wailly  portait  cette  inscription: 
<-  hyi)ride  ÎJ/i  Roylei  J/i  Pernyi,  »  une  autre  portait:  «  nicàle  hybride,  accouplé 
le 20 avec  Pernyi  i'emelle  (premier  accouplement),  »  une  autre  boîte  portait  :  «  hy- 
bride mâle  accouplé  pour  la  troisième  lois  avec  femelle  l>ernyi,  »  enfin  plusieurs 
autres  petites  boîtes  portaient  la  mention  «  hybride,  »  avec  date  de  ponte  et  le  nu- 
méro des  accouplements,  ce  qui  me  paraîfexpliquer  la  différence  dans  la  nuance 
des  vers. 

(2)  Les  deux  cocons  sont  plus  blancs  et  la  soie  très  brillante,  un  rst  moins 
fourni  que  l'autre,  c'est  le  plus  faible,  duquel  est  sorti  le  papillon.  Je  me  propose 
de  surveiller  la  sortie  de  celui  qui  reste,  afin  de  savoir  s'il  ne  .différera  pas  des 
autres. 

3"  SERIE,  T.  X.  —  Août  1883.  30 


460  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATÂTION. 

Un  jour,  voyant  disparaître  mes  vers,  je  me  décidai  à  les 
porter  dans  mon  logement,  où  rarement  ces  rongeurs  élisent 
domicile;  mais  là  encore  je  lus  déçu  :  une  souris,  attirée  par 
les  vers  à  soie,  y  lit  un  véritable  carnage  !  Je  voyais  bien  qu'il 
me  manquait  des  chenilles,  mais  je  ne  croyais  pas  que  c'était 
cette  infâme  gent  trotte-menu  qui  me  pillait.  Elle  paya  cher 
son  audace,  car  un  jour  je  la  pris  sur  le  fait  et  la  fis  passer 
de  vie  à  trépas.  A  partir  de  ce  jour  je  n'eus  plus  de  mortalité 
chez  mes  élèves,  que  comme  je  l'ai  indiqué  plus  haut. 

En  somme  l'éducation  que  j'ai  faite  est  très  concluante,  en 
ce  sens  que  l'éducation  de  l'hybride  est  aussi  facile  que  celle 
du  Pernyi,  et  qu'elle  peut  se  faire  dans  de  bonnes  conditions  ; 
j'espère  avoir  des  accouplements  pour  l'année  prochaine  et  en 
tenter  encore  l'élevage;  quant  au  rendement  en  soie  des  co- 
cons, je  le  crois  tout  aussi  bon  que  celui  du  Pernyi  ;  mais 
n'étant  pas  apte  à  en  faire  la  différence  par  un  dévidage,  je 
m'abstiens  de  toute  démonstration  qui  dépasse  ma  compé- 
tence; l'avenir  éclairera  ceux  qui  voudront  en  tenter  l'éduca- 
tion sur  une  grande  échelle. 

actias  selene  fab. 

Les  œufs  de  cette  espèce  reçus  de  M.  Alfred  Waiily,  m'ont 
été  confiés  par  la  Société  pour  en  faire  l'éducation.  Ils  éclosent 
les  29,  80  et  31  juillet  et  1"  août.  Le  premier  sommeil  a  lieu 
le  5  au  matin,  et  le  réveil  le  6  au  soir.  Les  jeunes  vers  sont 
beaucoup  plus  petits  que  ceux  des  autres  espèces,  telles  que 
Yama-Maï  et  Pernyi,  et  sont  à  peu  près  comme  ceux  de  l'Al- 
lante {Attacus  Cynthia),  mais  beaucoup  plus  vigoureux  que 
les  premiers;  ils  marchent  très  vite  et  changent  de  branches 
plus  facilement  que  les  autres  espèces;  à  leur  naissance  ils 
ont  la  tête  noire  et  brillante  comme  du  jais,  une  bande  de 
la  même  couleur  entoure  le  corps  d'environ  un  tiers  de  leur 
longueur,  et  le  reste  du  corps  est  d'un  jaune-ocre  ou  orange 
foncé.  Pour  le  reste  des  détails  de  forme  et  couleur  des  che- 
nilles, M.  Clément  les  a  très  bien  donnés  dans  le  compte 
rendu  de  son  éducation  {Bulletin  de  la  Société  cfAcclima- 


s 


ATTACUS  ROYLEI  ET  PERNYI  ET  ACTIAS  SELENE     467 

talion,  3'  série,  l.  YII,  novembre  1880).  J'ai  lait  l'éducation 
en  chambre,  sur  branches  coupées,  dans  des  bouteilles,  jus- 
qu'au quatrième  Age,  et  pendant  ce  temps  elle  a  bien  marché; 
mais  ayant  eu  les  ouvriers  peintres  et  menuisiers,  je  me  suis 
vu  obligé,  à  grand  regret,  de  les  mettre  dans  le  jardin,  sur  des 
poiriers.  Les  vers  ont  très  bien  mangé  les  feuilles  sans  s'aper- 
cevoir du  changement  de  nourriture,  ceux  des  trois  premiers 
âges  ayant  été  nourris  de  feuilles  de  chêne  et  de  charmille  (1). 
Tous  les  jours  je  visitais  mes  chenilles,  et  par  suite  du  mau- 
vais temps  de  cette  année,  je  constatais  que  l'éducation  ne 
faisait  pas  beaucoup  de  progrès.  Les  moineaux,  très  nombreux 
dans  cet  endroit,  ne  m'ont  pas  mangé  un  seul  ver.  Ainsi,  de- 
puis le  i''  août  jusqu'au  10  octobre,  époque  où  un  seul  ver 
a  fait  son  cocon,  c'est-à-dire  soixante-dix  jours,  mes  chenilles 
ont  presque  toujours  eu  du  mauvais  temps;  les  jours  où  le 
soleil  les  réchauffait  elles  mangeaient  très  vite  et  semblaient 
beaucoup  plus  belles;  on  les  voyait  pour  ainsi  dire  croître, 
mais  ces  vers  étaient  fatalement  voués  à  mourir  de  faim  et 
de  froid  l'un  après  l'autre,  car  les  feuilles  des  arbres  étaient 
devenues  très  dures  et  presque  sèches  ;  ils  en  entamaient  sou- 
vent qu'il  leur  était  impossible  de  manger  :  mes  pauvres  che- 
nilles, par  ces  temps  de  froid  et  de  pluie,  étaient  immobiles, 
abritées  sous  une  feuille,  attendant  en  vain  un  rayon  de  soleil 
absent  pour  pouvoir  faire  leur  cocon.  Un  jour,  après  une  rafale 
de  grêle,  j'en  trouvai  plusieurs  tombées  sous  l'arbre,  qui  mou- 
rurent de  cet  accident.  Les  quinze  qui  restaient  succombèrent 
l'une  après  l'autre  jusqu'à  la  dernière,  qui  mourut  le  1"  no- 
vembre. Ainsi  Unit  cette  laborieuse  et  malheureuse  éducation 
qui,  au  début,  me  donnait  les  plus  belles  espérances. 


(I)  Les  éclosionsaviiient  eu  lieu  à  plusieurs  reprises  et  par  conséquent  les  vers 
étaient  de  (litTéreiits  âges,  ce  qui  oxpli(|ue  que  lus  derniers  éclos  ont  été  presque 
nourris  oxclusivcmcnt  sur  le  poirier  et  les  premiers  venus  jusqu'au  troisième  âge- 
sur  le  chêne  cl  la  charmille. 


III.  EXTRAITS  DES  PROCÊS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


SÉANCE  DU  CONSEIL  DU  20  JUILLET  1883 
Présidence  de  M.  Bouley,  président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté  sans  obser- 
vation. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  présentés  dans  la 
dernière  séance  et  leur  admission  est  prononcée. 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

^  ,  I  X    r^n  «T    I  •     ■        f  le  comte  d'Éprémesnil. 

Beaumont  (comte  de),  20,  rue  Washington,      .    ^     „      c  •  ,  u-,  • 

.     ^  /»      »  ^  K,  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

^  ^^"^-  (  Raveret-Wattel. 

.,    .       .,  ,,..,  .         /  A.Geofïrov  Saint-Hilaire. 

Cahuzac  (H.),  propriétaire,  12,  rue  d  Athènes,  \    .     „        ■' 

(  Saint-Yves  Ménard. 

.,        ,  ,  o    /'  H.  Boulev. 

Chouet,  lUge  au  tribunal  de  commerce,  8,  i  .    ,,     ™  "    c  •  .  ui  • 

,        ,    ,,^    .       .  r.    ■  \  A.  Geoffrov  Saint-Hilaire. 

place  de  1  Opéra,  a  Pans.  j  Terrillon. 

Glottes  (Gustave-André),  ancien  payeur  du  i  Delaloge. 

Trésor,  5  bis,  passage  Masséna,  à  Neuilly  |  Gaudinot. 

(Seine).  (  Mallassagne. 

Crépeau  (Symphorien),  ancien  élève  de  l'In-  (  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

stitut  agronomique  de  Beauvais,  6,   rue  \  Jules  Grisard. 

Labié,  à  Paris.  ^  Saint-Yves  Ménard. 

...       f  J.  Cornély. 
FiNAZ  DE  BÉNÉVENT  (Henry),    propriétaire,     a.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

21 ,  place  Bellecour,  à  Lyon  (Rhône).  (  Saint-Yves  Ménard. 

,       „  .         l  Delaloge. 
FÉCHOZ  (F.-J.,  libraire),  5,  rue  des   Saints-  \  a.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Pères,  à, Paris.  '  Jules  Grisard. 

GOMBAULT  (Charles),  éleveur,  à  la  Ferme  de  (  A.  Geotlroy  Saint-Hilaire. 
la  Touche,    par    Saint-Denis-sur-Sarton  j  A.  Porte. 
(Orne).  (  Saint- Yves  Ménard. 

[  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 
Le  Duc  (Arthur-Jacques),  statuaire,  66,  rue  \  j^j^^  Grisard 

d'Assas,àParis.  |  Saint-Yves  Ménard. 

. ,    .        ,^„  j     1    f  Bouchereaux. 

Maillard  (E.),  propriétaire,  29,  rue  de  ia\  ^   Masson 

Couronne,  à  Chartres  (Eure-et-Loir).  |  Saint-Yves' Ménard. 

.     ,         ^,         „  .       [  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 
Mailles  (Charles),  horticulteur,  84,  rue  Saint-  \  j^j^^  Grisard 

Honoré,  à  Paris.  |  ^ataste. 


PROCÈS-VERBAUX.  /M^ 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

.   Cil.  Debrosse. 
Martin  (Albert),  62,  rue  de  Richelieu,  à  Paris.  ]  A.  Porte. 

\  Saint- Yves  Ménard. 

MoNTÈs(Edouard),journaliste,  90,  rue  Charles  i   .    ^     ^^      .,  .     ■„ .,  . 
Laffite,  à  NeuiUy  (Seine).  )  A.  Geoffroy  Samt-Hilaire. 

"^  ^         ^  V  Saint-Yves  Menard. 

PoNCET  (Paul),  9,   boulevard   des    Italiens,  i       '^ 
•  r,    ■  A.  Porte, 

a  Pans.  f  o        ,r 

\  Saint-Yves  Menard. 

n.„„ /i  ,  •    1  A  1  •     \  or>    u        [  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

RiEUNER  (le  contre-amiral  Adrien),  29,  bou- ^   .    ^         ^ 

•^       '  '  A.  Porte. 


levard  Malesherbes,  à  Paris.  ) 


Saint-Yves  Ménard. 


Saint  (François-Xavier),  propriétaire,  8,  rue  l   .   ^     «>      o  •     ,.-,  • 
,    /  ,  n    •  \  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

du  Louvre,  a  Pans.  le.-     ^t    \, , 

[  Saint-Yves  Menard.  1 

SuDROT,  iuge  au  tribunal  de  commerce,  389,  \   .  ',^     <v.      o  •     ....  . 
T    f      ..      ,  n    •  i  A.  Geoffroy  Samt-Hilaire. 

rue  Laïayette,  a  Pans.  /  „    ,„      .,/ 

■'       '  (  E.  Ternilon. 

Surmont  (Félix  de),  propriétaire,  à  Tour-  l  .'  .^    «.      ^  •     ,.-.  ■ 

,,,     ]^  l  A.  Geoffroy  Saint-HiIaire. 

coin»  (Psord).  /  „  .      ,,        ,, , 

^  ^        ^  [  Samt-Yves  Ménard. 

—  MM.  Thierot,  Dautreville,  Ch.  Mailles  et  Crépeau  adressent  des 
remerciements  au  sujet  de  leur  récente  admission. 

—  M.  F.  de  la  Rochemacé  adresse  à  M.  le  Président  une  note  sur  la 
destruction  des  Mulots  et  donne  les  détails  suivants  sur  une  race  de  Chè- 
vres des  îles  Wallis  :  «  Je  viens  de  lire  dans  le  Bulletin  d'avril  1883  le 
rapport  de  M.  J.  Gautier  sur  la  Chèvre. 

»  Je  n'avais  pas  répondu  au  questionnaire  parce  qu'au  triple  point  de 
vue  de  l'agriculture,  de  la  sylviculture  et  du  reboisement  des  montagnes, 
je  regarde  la  chèvre  libre  comme  presque  aussi  vastatrix  que  le  phyl- 
loxéra; mais  puisque  la  Société  recherche  une  question  de  race,  en 
dehors  de  l'admission  aux  concours  régionaux,  contre  laquelle  je  voterai 
toujours  comme  délégué  de  notre  arrondissement,  j'ai.  Monsieur  le  Pré- 
sident, l'honneur  de  vous  transmettre  les  informations  ci-après  : 

»  L'équipage  naufragé  du  Lhermitte  avait  reçu  de  la  reine  des  îles 
Wallis  une  Chèvre  du  pays  à  laquelle  il  s'attacha,  refusant,  soit  de  la 
manger,  soit  de  la  laisser  manger  :  à  son  arrivée  en  France  il  pria  l'un 
de  ses  officiers  de  placer,  dans  ces  conditions,  la  Chèvre  et  le  Chevreau 
qui  en  était  né  à  bord  du  navire  chargé  de  rapatrier  les  naufragés. 

»  Ce  fut  à  moi  qu'elle  échut  en  partage  :  son  Chevreau  mourut  de 
phtisie  pulmonaire  pour  avoir  été  mouillé,  ces  Chèvres  craignant  beau- 
coup Teau. 


MO  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

»  Ce  qui  distingue  celle  variété,  c'est  une  robe  singulière  et  très  voyante, 
toujours  mi-partie  blanche,  mi-partie  fauve  et  noire,  l'avant-main, 
dirait-on  pour  un  cheval,  d'une  couleur  et  l'arrière-niain  de  l'autre,  en 
sorte  que,  sur  une  pelouse,  au  piquet,  l'animal  est  visible  à  400  ou 
500  mètres.  En  second  lieu,  l'animal  a  des  formes  bien  plus  pleines 
que  ses  congénères  d'Europe,  se  rapprochant  assez  de  celles  de  l'isard  ou 
chamois,  avec  lequel  un  croisement  paraît  indiqué. 

îJ.a  hauteur  au  garrot  est  de  0'",70,  la  largeur  des  hanches  0",1G;  le 
poil,  épais  et  lustré,  a  environ  0",05  de  longueur. 

»  Faute  d'un  mâle  sortable  (les  nôtres  sont  hideux),  ma  Chèvre  demeure 
stérile. 

»  .l'oubliais  de  dire  que  ses  cornes,  moyennes,  recourbées  en  arrière, 
rappellent  assez  celles  du  chamois. 

»  Si  la  Société  désirait  tirer  parti  de  cet  animal  en  vue  d'un  croise- 
ment —  avec  la  race  maltaise,  par  exemple  —  je  le  mettrais  à  la  dis- 
position de  la  Société  aux  mêmes  conditions  que  je  l'ai  reçu  de  l'équipage 
du  Lhermitte ;  mais  il  serait  temps  de  l'utiliser,  car  la  bêle  doit  avoir 
une  dizaine  d'années  et  je  la  crois  uniijue  en  Europe.  » 

D'après  les  renseignements  fournis  par  notre  confrère,  cette  Chèvre, 
de  petite  taille,  doit  appartenir  à  la  race  qu'on  rencontre  à  Java  et  qui 
est  remarquable  par  ses  formes  pleines. 

Le  croisement  avec  la  Chèvre  ordinaire  en  a  été  fait  avec  succès  en 
.Hollande  et  a  donné  lieu  à  une  race  très  caractéristique. 

—  M.  André  Théry  écrit  de  Lille  à  M.  le  Secrétaire  général  :  «  J'ai  été 
voir  aujourd'hui  le  directeur  des  travaux  municipaux  pour  avoir  de  lui 
les  renseignements  que  vous  me  demandez  sur  les  Chèvres  du  Thibel 
que  possède  la  ville  de  Lille. 

»  11  y  a  quatre  ans  que  M.  Rameau  a  fait  don  à  la  ville  du  troupeau 
quia  été  exposé.  Il  avait  importé  lui-même  du  Liban,  depuis  un  temps 
que  je  n'ai  pu  connaître,  un  Bouc  et  deux  Chèvres.  La  ville  a  fait  cons- 
truire au  jardin  Vauban  un  chalet  où  ces  animaux  sont  logés  et  où  l'on 
vend  le  lait  aux  promeneurs,  moyennant  10  centimes  le  Verre.  C'est  là  le 
seul  produit  que  la  ville  en  retire  et  encore  est-il  minime. 

»  La  ville  possède  maintenant  seize  Chèvres  productives,  quatre  im- 
productives, trois  Chevrettes  et  trois  Boucs.  Elles  donnent  peu  de  lait, 
sont  assez  délicates  au  point  de  vue  de  la  nourriture,  et  les  jeunes  sont 
surtout  des  Boucs;  l'année  dernière  il  n'y  avait  qu'une  Chèvre.  La  ville 
n'a  vendu  que  des  animaux  devenus  improductifs,  au  prix  de  '25  francs. 
Je  crois  que  l'on  ne  peut  juger  par  là  de  ce  que  seraient  ces  animaux 
soumis  au  régime  ordinaire  des  antres  Chèvres  vivant  dans  les  cam- 
pagnes. 

»  M.  le  directeur  des  travaux  me  disait  qu'il  aurait  préféré  une  autre 
race  plus  rustique  et  plus  productive;  mais  M.  Rameau  a  fait  don  de 
sa  fortune  à  la  ville  sous  la  condition  expresse  que  ses  Chèvres  seraient 


PROCÈS-VERBAUX.  Ali 

conservées  à  perpétuité.  Je  crois  que  ce  monsieur  n'estiniait  cette  i-ace 
qu'au  point  de  vue  de  la  jjeauté.  Je  n'ai  pas  songé  à  vous  parler  dans 
mes  réponses  au  questionnaire  d'un  troupeau  de  Glièvres  des  Pyrénées 
qui  vient  tous  les  ans  pendant  l'été  parcourir  les  rues  de  la  ville,  et  dont 
on  vend  le  lait  au  public.  Ces  Chèvres  paraissent  vigoureuses  et  sem- 
blent donner  beaucoup  de  lait. 

»  On  emploie  aussi  ici  les  Chèvres  pour  l'aniusement  des  enfants  dans 
les  promenades  publiques.  Il  me  semble  qu'il  y  a  parmi  ces  animaux 
plusieurs  Chèvres  naines  du  Sénégal,  bien  que  le  propriétaire  les  appelle 
Chèvres  hollandaises;  il  est  cependant  possible  que  je  me  trompe.  » 

—  M.  J.  Gornély  écrit  du  château  de  Ijeaujardin,  à  Tours,  au  sujet  des 
Porciila  Salviani,  récemment  arrivés  au  Jardin  zoologique  d'acclima- 
tation :  «  C'est  à  Al.  lîryon  H.  Hodgson  que  nous  devons  les  premiers  ren- 
seignements sur  cette  forme  naine  de  Sanglier.  Quand  il  était  résident  à 
la  cour  du  Népaul,  il  décrivit  cette  espèce  (1847)  dans  un  article  publié 
dans  le  journal  de  la  Société  asiatique  du  Bengale. 

»  Les  trois  femelles  et  le  mâle  reçus  en  1882  par  le  Jardin  zoologi(juc 
de  Londres  ont  été  rapportés  par  M.  Carew,  qui  les  céda  à  cet  établisse- 
ment. Ces  spécimens  avaient  été  capturés  dans  l'ouest  du  Bhootan  par 
les  chasseurs  de  M.  Carew,  qui  pour  s'emparer  des  Sangliers  nains  avaient 
placé  des  centaines  de  lacets  dans  les  fourrés. 

»  Dans  les  premières  semaines  de  leur  introduction  les  Potcala  Sal- 
viani étaient  très  sauvages;  mais  ils  se  sont  peu  à  peu  apprivoisés  et 
ils  ont  notablement  modifié  leur  manière  de  vivre.  En  effet,  au  début, 
ils  se  montraient  seulement  la  nuit  ;  maintenant  on  les  voit  pendant  le 
jour.  A  l'état  sauvage  ils  sont  surtout  nocturnes. 

»  Ces  animaux  se  nourrissent  de  racines,  de  bulbes;  ils  sont  friands 
d'œufs  et  d'oiseaux  vivants  quand  ils  peuvent  s'en  saisir,  ils  mangent 
également  très  volontiers  des  reptiles  (serpents  et  sauriens). 

»  Un  chasseur  renommé  a  dit  à  M.  Hodgson  que  pendant  cinquante 
ans  de  chasse  dans  les  forêts  de  Saul,  il  avait  pu  se  procurer  seulement 
quatre  de  ces  Sangliers  nains.  Us  sont  en  effet  bien  difficiles  avoir;  leur 
petite  taille,  la  rapidité  de  leurs  mouvements  expliquent  qu'on  ne  puisse 
les  apercevoir.  Les  femelles  font  environ  (|uatre  petits.  En  mai  1883  une 
des  mères  de  Porcida  Salciani  a  donné  quatre  jeunes  au  Jui'din  zoolo- 
gique de  Londres. 

»  Ce  résultat  permet  d'espérer  que  cette  intéressante  espèce  pourra 
se  multiplier  dans  l'avenir  dans  nos  basses-cours.  Les  exemplaires  reçus 
au  Jardin  zoologi(pie  d'acclimatation  au  printemps  de  1881]  paraissent 
se  bien  trouver  du  régime  auquel  ils  sont  soumis.  » 

—  M.  de  Confévron  écrit  de  Langres  :  «  Voici  les  observations  que  me 
suggère  la  lecture  du  rapport  présenté  à  la  Société  d'.\cclimatation  par 
sa  conunission  de  la  chasse,  rapport  adopté  dans  la  séance  du  Ki  mars 
dernier.  i 


472  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

»  Le  nouveau  projet  de  loi  sur  la  destruction  des  animaux  nuisibles 
laisse  subsister  l'institution  des  lieutenants  de  louveterie,  dont  par  son 
article  3  elle  règle  le  mode  de  nomination. 

»  Je  ne  sais  si  à  une  époque  la  louveterie  a  rendu  des  services,  mais 
de  nos  jours  elle  me  semble  absolument  inutile.  Elle  crée,  comme  on 
l'a  fait  observer,  au  profit  de  certaines  personnes,  un  privilège  de  chasse 
qui  n'a  pas  de  raison  d'être. 

»  Le  moment,  pour  critiquer  la  louveterie,  semblera  peut-être  mal 
choisi,  alors  qu'on  se  plaint  du  nombre  et  de  l'audace  des  Loups  dans  le 
Périgord.  Mais  nous  pouvons  dire  que,  si  les  Loups  pullulent  en  Périgord 
et  s'ils  y  semblent  à  l'aise,  c'est,  dans  tous  les  cas,  que  les  louvetiers  ne 
les  ont  pas  détruits  et  qu'ils  ne  les  gênent  pas  beaucoup. 

»  L'objection,  que  les  louvetiers  sont  nommés  par  les  préfets,  c'est-à- 
dire  par  les  représentants  du  gouvernement,  n'enlève  rien  à  l'assertion. 
Le  privilège  peut  être  déplacé,  mais  il  n'en  existe  pas  moins. 

»  Les  droits  des  louvetiers  constituent  une  vraie  atteinte  à  la  pro- 
priété. Ils  sont  une  source  de  gêne  et  d'ennui  pour  les  propriétaires  de 
bois  et  les  fermiers  des  chasses. 

»  Les  agents  forestiers  pourraient  avec  avantage  être  substitués  aux 
louvetiers  en  cas  de  besoin  et,  sur  la  demande  des  autorités  locales,  or- 
ganiser, avec  l'autorisation  des  Préfets,  des  battues,  bien  moins  effrayantes 
pour  le  gibier  que  les  chasses  avec  chiens,  cors,  cris,  en  un  mot  avec 
tout  l'attirail  des  louvetiers,  bien  plus  efficaces  au  point  de  vue  de  la 
destruction  des  Loups  et  bien  moins  désagréables  pour  les  propriétaires 
ou  détenteurs. 

»  Les  nichées  de  Louveteaux  ne  sont  pas  très  difficiles  à  découvrir, 
surtout  dans  les  petits  bois  où  elles  se  trouvent  souvent,  et  une  bonne 
prime  suffira  pour  encourager  bien  des  gens  à  leur  recherche. 

»  Enfin  le  meilleur  moyen  de  se  débarrasser  sûrement  et  rapidement 
des  animaux  vraiment  nuisibles  est  le  poison.  Or  les  forestiers  sont 
encore  très  bien  placés  pour  l'employer  avec  toutes  les  précautions  né- 
cessaires. 

»  Quant  à  donner  aux  municipalités  le  droit  de  déterminer  les  ani- 
maux nuisibles  et  de  leur  faire  la  guerre,  il  n'y  faut  pas  songer.  Ce  serait 
ouvrir  la  porte  à  toutes  les  confusions,  à  tous  les  abus  et  aux  plus  grands 
désordres.  Ce  serait,  à  bref  délai,  la  destruction  de  toutes  espèces  de 
gibier. 

»  La  liste  des  animaux  nuisibles  ne  peut,  selon  moi,  être  établie  que 
dans  la  loi.  Elle  doit  être  invariable,  dressée  avec  beaucoup  de  soin  et 
sur  l'avis  d'une  commission  compétente. 

»  Ne  perdons  pas  de  vue  que,  si  les  Loups  commettent  des  déprédations, 
ils  évitent  aussi  de  graves  accidents,  en  faisant  disparaître  les  bêtes 
mortes,  encore  souvent  laissées  à  l'abandon. 

»  Parmi  les  animaux  nuisibles,  je   vois  figurer  l'innocent  Écureuil,  si 


PROCÈS-VERBAUX.  473 

léger,  si  gracieux,  ne  se  nourrissant  que  de  graines  sans  valeur.  iMalgré 
toit  le  mal  qu'on  en  dit  et  que  je  n'en  pense  pas,  je  demande  grâce  pour 
lui. 

»  Quant  au  Chat,  c'est  différent;  voilà  un  fripon  qu'il  ne  faut  pas  man- 
quer. 

ï  Pour  ce  qui  est  des  animaux  qui,  comme  les  Lapins,  peuvent  sur 
certains  points  se  multiplier  plus  que  de  raison,  ces  faits  sont  de  nature 
à  donner  lieu  à  des  demandes  en  dommages  et  intérêts  contre  les  pro- 
priétaires ou  délenteurs  de  chasses.  S'il  en  était  besoin  même,  les  Préfets, 
sur  des  plaintes  spéciales  et  formelles,  pourraient  prendre  telles  mesures 
indiquées  par  les  circonstances  ;  mais  il  ne  faut  pas  édicter  des  lois  gé- 
nérales pour  les  cas  particuliers. 

î  Le  droit  de  défense  laissé  au  propriétaire  sur  son  terrain  est  incon- 
testable et  il  doit  figurer  en  tête  du  projet,  comme  il  y  figure  en  effet. 

»  Je  trouve  les  dispositions  de  l'article  11  absolument  vexatoires  et  pou- 
vant donner  lieu  à  des  taquineries  misérables.  Que  chacun  se  doive  à 
la  défense  de  son  pays,  rien  de  mieux,  mais  que  tout  individu  puisse, 
contre  sa  volonté,  être  requis  par  un  maire  pour  faire  un  service  de 
chasse,  et,  placé  sous  les  ordres  d'un  lieutenant  de  louveterie,  être  obligé 
de  fouler  pendant  tout  le  jour  la  boue  ou  la  neige,  à  la  poursuite  d'un 
Loup  ou  d'un  Sanglier,  comme  s'il  s'agissait  du  salut  public,  qu'on  puisse, 
dis-je,  arracher  ainsi  toute  personne  à  des  occupations  très  importantes, 
j'avoue  que  je  trouve  la  chose  exorbitante.  » 

—  M.  le  D""  Clos,  directeur  du  Jardin  des  plantes  de  la  ville  de  Tou- 
louse, écrit  à  M.  le  Secrétaire  général  :  «  Décidément  nos  Nandous  font 
merveille  et  ne  se  comporteraient  pas  mieux  dans  les  savanes  du  Brésil. 
.Nous  en  sommes  à  la  troisième  éclosion,  qui  a  parfaitement  réussi  :  neuf 
petits  vivants  sur  onze  œufs  pondus  sont  venus  se  joindre  à  leurs  sept 
frères  de  la  précédente  couvée,  et  tout  cela  croit  sans  autre  nourriture 
que  des  débris  de  jardinage  et  un  peu  d'avoine.  Point  de  pâtée,  ni 
d'œufs,  ni  de  légumes  bouillis,  aucun  apprêt. 

ï  Le  premier  œuf  pondu  le  3  mai  au  milieu  du  parc  occupé  par  ces 
animaux  a  été  porté  dans  la  cabane,  oîi  le  mâle  s'est  mis  aussitôt  à 
couver;  puis  la  femelle  a  donné  un  œuf  à  peu  près  tous  les  deux  jours, 
déposant  chacun  d'eux  non  loin  des  précédents,  et  le  mâle  les  poussant 
pour  les  réunir.  Le  l'^'^inai,  on  constatait  l'existence  de  huit  œufs  et  quel- 
ques jours  après  de  onze. 

j  Le  27  juin  au  matin,  on  voyait  un  petit  Nandou  sortir  de  sa  coque, 
qu'il  traînait  après  lui;  et  le  soir,  un  second.  Le  lendemain  nous  avions 
neuf  petits  et  un  œuf  clair  abandonné  par  le  mâle;  le  onzième  œuf  avait 
été  mangé  par  ce  dernier. 

ï  Par  précaution,  on  a  cru  devoir  séparer  provisoirement  les  petits  et 
le  mâle  des  adultes  et  de  la  femelle  en  divisant  le  parc  en  deux. 

»  Nous  voilà  donc  très  riches  en  Nandous  et  forcés  de  recourir  à  un 


4.74  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'aCCLIMATATION. 

système  d'échanges;  nous  possédons  trois  Biches,  dont  deux  nées  au  Jar- 
din, mais  sans  mâle,  le  Cerf  ayant  été  empoisonné  par  l'ingestion  d'un 
cigare  :  on  désirerait  pouvoir  le  remplacer,  et  l'établissement  accueil- 
lerait aussi  avec  plaisir  et  reconnaissance  tout  animal  intéressant  dont 
vous  croiriez  bon  d'essayer  la  naturalisation  à  Toulouse. 

»  Permettez-moi  de  vous  demander  si  l'on  a  déjà  essayé  le  croisement 
du  Nandou  et  de  l'Autruche  africaine.  Il  y  aurait  là,  s'il  était  possible  et 
comme  l'indiquait  déjà  en  1860  le  D"^  Martin  de  Moussy  {Ballet.  Soc. 
d'Acclim.,  p.  182),  un  moyen  d'améliorer  les  plumes  du  Nandou. 

»  Je  me  mets  pleinement  à  la  disposition  de  la  Société  pour  toutes 
les  expériences  qu'elle  croirait  utile  de  tenter  sous  notre  ciel  toulou- 
sain. » 

—  M.  Camille Bérenger  écritde  Monts-sur-Guesnes(Vienne)àM.  l'Agent 
général:  «  En  vous  rendant  compte,  l'année  dernière,  du  résultat  de 
l'incubation  de  mes  Nandous,  je  vous  disais  qu'une  des  difficultés  qu'offre 
l'élevage  de  ces  oiseaux  me  semblait  résulter  de  l'habitude  qu'a  le  mâle 
de  commencer  à  couver  avant  que  la  femelle  ait  terminé  sa  ponte.  J'ajou- 
tais qu'on  pouvait  y  remédier  en  donnant  plusieurs  femelles  au  mâle  et 
en  ayant  recours  à  l'incubation  artificielle  pour  les  œufs  en  relard  au 
moment  de  l'éclosion.  L'expérience  de  cette  année  me  prouve  que  je 
m'étais  trompé  sur  l'efficacité  du  premier  de  ces  moyens.  J'avais,  en 
effet,  ajouté  à  mon  couple  reproducteur  une  belle  femelle  provenant  de 
ma  première  éducation,  celle  de  1881.  Parfaitement  accueillie  par  ses 
parents,  c'est  elle  qui  donnait,  le  19  mai  dernier,  le  signal  de  la  ponte. 
Depuis  ce  moment  la  mère  et  la  fille  pondaient  tous  les  deux  jours  et 
j'avais  lieu  d'espérer  que,  grâce  à  cette  régularité,  il  y  aurait  un  assez 
grand  nombre  d'œufs  dans  le  nid  quand  le  mâle  se  déciderait  à  couver. 
Mais,  à  mon  grand  regret,  le  28  mai  le  Nandou  commençait  l'incubation 
sur  cinq  œufs  seulement  après  en  avoir  cassé  plusieurs  dans  les  premiers 
jours  de  la  ponte.  A  la  vérité  les  femelles  ayant  pondu  le  lendemain 
29  mai,  la  couvée  se  composait  de  sept  œufs  qui  pouvaient  éclore  en- 
semble, mais  il  y  avait  loin  de  là  au  résultat  que  j'avais  espéré. 

»  Comme  les  années  précédentes,  la  ponte  a  continué  pendant  l'incu- 
bation et  est  arrivée,  malgré  quelques  œufs  cassés,  au  chiffre  de  vingt- 
deux  œufs  que  le  Nandou  avait  bien  de  la  peine  à  couvrir. 

s  En  1881,  l'incubation  avait  duré  quarante  et  un  jours.  En  1882,  l'éclo- 
sion avait  lieu  le  trente-neuvième  et  le  quarantième  jour.  Cette  année, 
l'éclosion  a  commencé  le  i  juillet  au  soir,  trente-septième  jour  d'incuba- 
tion, et  le  lendemain  5  juillet,  vers  midi,  le  mâle  quittait  le  nid  avec 
douze  petits  dont  trois  infirmes  suivant  péniblement  les  autres. 

»  Cette  abréviation  de  quelques  jours  dans  la  durée  de  l'incubation 
peut  s'expliquer  par  la  remarquable  assiduité  du  mâle  et  par  une  tempé- 
rature presque  toujours  favorable;  mais  ce  qui  me  paraît  plus  étonnant, 
c'est  le  nombre  des  éclosions  comparé  à  celui  des  œufs  au  commence- 


PROCÈS-YERBAUX.  475 

ment  de  l'incubation.  Ainsi  que  je  l'ai  dit,  il  n'y  avait  que  cinq  œufs  le 
premier  jour  et  sept  le  second.  En  supposant,  ce  que  du  reste  je  crois 
vrai,  que  la  ponte  a  continué  régulièrement  tous  les  deux  jours,  il  y  avait 
neuf  œufs  le  quatrième  jour,  onze  le  sixième,  et  le  douzième  œuf  n'a 
été  pondu  que  le  huitième  jour.  La  durée. de  l'incubation  n'a  donc  pu 
être  pour  cet  œuf  que  d'une  trentaine  de  jours,  et  ce  fait  me  paraît  assez 
extraordinaire  pour  que  je  croie  devoir  vous  le  signaler. 

»  Dans  la  prévision  qu'il  resterait  un  assez  grand  nombre  d'œufs  en 
retard  au  moment  de  l'éclosion,  j'avais  acheté  une  couveuse  Bouchereaux, 
appropriée  aux  œufs  d'Autruche.  Malheureusement  cette  couveuse,  expé- 
diée un  peu  trop  tard,  n'est  arrivée  que  le  G  juillet.  On  l'a  immédiate- 
ment installée  et  chauffée.  Sur  dix  œufs  qui  restaient  ou  en  a  écarté 
deux  reconnus  clairs  et  les  huit  autres,  dont  on  avait  tâché  d'empêcher 
le  refroidissement,  ont  été  placés  dans  la  couveuse.  Si  j'obtiens  un  bon 
résultat,  je  m'empresserai  de  vous  en  informer  ;  mais,  dans  le  cas  con- 
traire, il  n'y  aurait  rien  à  en  conclure  contre  la  couveuse,  puisque  l'in- 
succès serait  probablement  dû  à  son  arrivée  trop  tardive.   » 

—  Dans  une  autre  lettre  notre  confrère  ajoute:  «Puisque  vous  désirez 
connaître  les  faits  relatifs  à  mon  élevage  de  Nandous  qui  ont  suivi  ma 
lettre  du  7  courant,  je  m'empresse  de  vous  en  transmettre  le  détail. 

»  Les  trois  petits  inllrmes,  qui  se  traînaient  péniblement  à  la  suite  du 
père,  ont  succombé  au  bout  de  quelques  jours.  Cette  mort  était  prévue 
et  ne  pouvait  me  causer  de  bien  vifs  regrets  ;  mais  un  quatrième  a  été 
trouvé  mourant  le  IG  juillet  au  matin,  à  la  place  où  le  père  avait  passé 
la  nuit.  Comme  ce  petit  était  bien  conformé,  et  n'avait  laissé  remarquer 
aucun  symptôme  de  souffrance  ou  de  maladie,  j'ai  pensé  qu'il  avait  été 
écrasé  par  le  père,  malgré  les  précautions  que  prend  ce  pauvre  animal 
quand  il  s'accroupit  pour  réchauffer  sa  couvée. 

»  Cette  perte  avait  toutefois  été  compensée  d'avance  par  une  éclosion 
obtenue  le  13  juillet  au  matin.  Le  nouveau-né,  laissé  dans  la  couveuse 
artificielle  jusqu'au  lendemain  matinl4,  a  été  alors  porté  près  du  père, 
qui  l'a  accueilli  sans  difficulté. 

»  Le  15,  un  œuf  reconnu  clair  a  été  écarté. 

»  Le  17,  deux  autres  éclosions  ont  eu  lieu,  et  les  jeunes,  laissés  vingt- 
quatre  heures  dans  la  couveuse,  ont  été,  le  IN,  réunis  à  la  famille,  qui  n'a 
même  pas  semblé  s'apercevoir  de  cette  augmentation. 

»  Le  même  jour,  deux  œufs  reconnus  mauvais  ont  été  cassés.  Ils  con- 
tenaient deux  petits  morts,  l'un  à  peu  près  à  moitié  terme  et  l'autre 
presque  arrivé  au  moment  de  l'éclosion. 

))  Aujourd'hui  i20  juillet,  il  reste  deux  œufs  dans  la  couveuse.  Je  ne 
compte  pas  sur  leur  éclosion  ;  mais,  quelque  modeste  que  soit  le  succès 
de  cette  incubation  artificielle,  il  me  semble  que,  si  l'on  lient  compte  des 
circonstances  défavorables  dans  lesquelles  elle  a  eu  lieu,  ce  succès  suffit 
pour  prouver  qu'on  peut  tirer  bon  parti  des  couveuses    pour  l'élevage 


476  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

des  Nandous,  et  qu'elles  peuvent  remédier  dans  une  certaine  mesure  à 
l'inconvénient  résultant  d'une  incubation  prématurée  de  la  part  de  ces 
oiseaux. 

»  Je  ne  terminerai  pas  sans  vous  avouer  que  j'ai  quelque  inquiétude 
sur  le  sort  de  mes  derniers  aés.  ils  paraissent  vigoureux  et  alertes,  mais 
ils  ont  douze  ou  treize  jours  de  moins  que  l'ensemble  de  la  famille  ;  or 
le  mâle,  qui  modifie  sa  conduite  selon  l'âge  de  ses  enfants,  ne  se  couche 
plus  aussitôt  et  ne  se  lève  plus  aussi  tard  qu'il  le  faisait  les  premiers 
jours  qui  ont  suivi  l'éclosion  naturelle.  Si  le  temps  était  favorable,  il  n'y 
aurait  probablement  pas  à  cela  grand  inconvénient;  mais  nous  avons 
de  violentes  et  fréquentes  averses  nuit  et  jour,  et,  quoique  le  père  soit 
très  attentif  à  préserver  ses  enfants,  peut-être  n'aura-t-il  pas  l'instinct 
de  se  préoccuper  des  jeunes  un  peu  plus  que  des  aînés.  La  différence  de 
force,  qui  est  très  sensible  à  cet  âge,  pourrait  faire  craindre  aussi  que 
les  plus  gros  n'empêchassent  les  petits  de  prendre  une  nourriture  suffi- 
sante; mais  je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  lieu  de  s'inquiéter  à  ce  sujet, 
parce  que,  la  nourriture  étant  toujours  abondante,  les  élèves,  d'ailleurs 
très  pacifiques,  viennent  souvent  en  prendre  sans  se  la  disputer  jamais.  » 

—  M.  A.  Weil,  directeur  du  Jardin  zoologique  de  Marseille,  nous  écrit 
sur  la  reproduction  des  Eiiplocomus  Erythrophtalmus  au  Jardin  de 
Marseille. 

«  Nous  possédions  au  Jardin  un  couple  à'Euplocomus  Erythroph- 
talmus, importé  le  S  février  1882. 

»  Ces  oiseaux,  d'un  caractère  farouche,  furent  mis  en  parquet,  mais 
pendant  presque  toute  l'année  J882  ils  ne  se  montrèrent  qu'à  la  tombée 
de  la  nuit. 

»  Fin  janvier  1883  ils  commencèrent  à  sortir  dans  la  journée  et  à  se 
familiariser  avec  le  public,  et  en  mars  le  mâle  parut  faire  la  cour  à  sa 
femelle.  Notre  faisandier,  s'en  étant  aperçu,  isola  lejparquet  des  compar- 
timents voisins  et  nous  eûmes  bientôt  la  satisfaction  de  voir  la  femelle 
à  son  tour  répondre  d'une  manière  favorable  aux  avances  de  son 
mâle. 

»  Pendant  avril  ces  Gallinacés  restèrent  en  amour,  mais  il  n'y  eut  pas 
de  ponte.  Nous  commencions  à  désespérer,  lorsque  le  8  mai  on  trouva  à 
l'intérieur  du  parquet,  enfoui  dans  la  paille,  un  premier  œuf;  le  lende- 
main rien,  le  surlendemain  nouvel  œuf.  Mais  la  femelle,  au  lieu  de 
chercher  à  en  prendre  soin,  commença  aies  faire  rouler  extérieurement, 
nous  enlevant  par  là  tout  espoir  de  lavoir  couver  elle-même;  notre 
faisandier  les  retira  immédiatement  et  de  deux  jours  en  deux  jours  nous 
eûmes  un  nouvel  œuf,  jusqu'à  concurrence  de  9. 

y>  Nous  étions  arrivés  au  24  mai,  ce  jour-là  le  faisandier  mit  les  neuf 
œufs  d'Erythrophtalmus  en  incubation  sous  une  poule  et  le  16  juin  dans 
la  matinée,  c'est-à-dire  après  vingt-trois  jours  d'incubation,  sept  jeunes 
étaient  éclos,  deux  œufs  étaient  clairs,  sans  doute  les  deux  premiers. 


PROCÈS-VERBAUX.  4-77 

»  Comme  dans  nos  pays  on  ne  peut  guère  se  procurer  des  œufs  de 
fourmi,  notre  faisandier  donne  à  ces  jeunes  Faisandeaux  de  la  pâtée 
composée  d'œufs  durs,  chicorée  amère,  cœur  de  bœuf  et  coquilles 
d'huîtres  pilées. 

»  Il  joint  à  cela  des  asticots  (larves  de  mouche)  dont  ils  sont  friands. 

»  Nos  jeunes  ont  actuellement  dix-huit  jours,  ils  sont  d'une  bonne 
venue  et  nous  espérons  bien  pouvoir  les  élever.  » 

—  Il  est  déposé  sur  le  bureau,  de  la  part  de  M.  Elle  Pajot,  des  graines 
d'une  Mimosa  hétérophylle  récoltées  à  l'île  Bourbon.  —  Remerciements. 

—  M.  Leroy  (de  Fismes)  fait  hommage  à  la  Société  de  la  seconde 
édition  de  son  ouvrage  :  La  Perruche  ondulée,  et  demande  qu'il  soit 
soumis  à  l'examen  de  la  Commission  des  récompenses. 

—  M.  Jules  Delannoy  écrit  de  Calais:  «  Je  m'occupe  beaucoup  de  la 
race  Langshan  et  du  Rouen  anglais.  En  gibier  je  peux  élever  par  an 
1000  à  2000  Faisans  et  autant  de  Perdrix  grises.  Cette  année  j'ai  expédié 
3000  œufs  de  Perdrix  grises,  le  tout  en  France. 

»  Pour  les  Langshan,  par  les  soins  et  la  sélection  je  suis  arrivé  près 
de  la  perfection.  L'an  dernier,  mes  sujets  obtinrent  le  premier  prix  à 
Paris  et  à  Lausanne.  Cette  année  encore  mes  efforts  furent  couronnés  de 
succès  et  j'espère  l'année  prochaine  exposer  un  lot  superbe  de  Langshan 
el  de  Rouen  anglais  de  mon  élevage  de  1883. 

y>  J'ai  un  Coquelet  du  2  janvier  qui  pèse  3  kilogrammes;  il  est  admi- 
rable de  formes  et  surpassera  certainement  en  beauté  tous  les  sujets 
exposés  par  moi  à  Paris.  » 

—  M.  N.  3Iasson  adresse  diverses  notes  sur  les  maladies  des  Galli- 
nacés. —  Renvoi  à  la  Commission  de  publication. 

—  M.  de  Confévron  écrit  à  M.  l'Agent  général:  «  La  réflexion  que  je 
vous  soumets  est  si  simple,  que  je  ne  puis  croire  qu'elle  n'ait  pas  déjà 
été  faite  et  utilisée. 

»  Cependant,  comme  souvent  les  choses  les  plus  visibles  sont  celles 
dont  on  s'aperçoit  le  moins,  je  vous  la  livre,  avec  liberté  de  la  prendre 
pour  ce  qu'elle  vaut  et  d'en  faire  ce  que  bon  vous  semblera. 

»  Tout  le  monde  sait  combien  l'eau  de  mer  est  peu  potable,  détestable 
et  nauséabonde,  à  tel  point  qu'une  faible  quantité  ne  peut  être  absorbée 
et  supportée. 

»  Cependant  l'eau  renfermée  dans  toutes  les  coquilles  en  général  et 
dans  l'huître  en  particulier,  non  seulement  se  boit,  mais  même  se  boit 
fort  agréablement. 

T>  Cette  eau  n'est  cependant  que  de  l'eau  de  mer  ;  seulement  elle  a  subi 
à  l'intérieur  delà  coquille  une  modification,  une  transformation.  Certaines 
de  ses  parties  ont  sans  doute  été  absorbées,  tandis  que  des  sécrétions 
spéciales  ont  été  ajoutées  au  liquide. 

»  Si  donc  on  analysait  de  l'eau  de  mer,  on  en  aurait  la  composition, 
puis  faisant  la  même  opération  pour  l'eau  contenue  dans  une  huilre  par 


478  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

exemple,  on  saurait  quels  éléments  contenus  dans  la  première  manquent 
à  la  seconde  et  quels  principes  se  trouvent  en  plus. 

»  A  part  le  phénomène  chimique  curieux  à  étudier,  il  serait  d'un 
grand  intérêt  de  connaître  les  principes  qui,  contenus  dans  l'eau  de  mer, 
disparaissent  dans  les  coquilles.  On  serait,  en  effet,  iixé  sur  la  nourriture 
naturelle  des  huîtres,  ce  qui  pourrait  beaucoup  en  faciliter  la  culture.  » 

—  M.  L.  Reynal  écrit  de  Plancheix  (par  Périgueux)  à  M.  le  Pré- 
sident :  «  Permettez-moi  d'appeler  l'attention  de  la  Société  sur  un 
procédé  pour  combattre  l'oïdium,  découvert  par  M.  de  Chasseloup-Lau- 
bat.  Des  expériences  faites  en  1882  et  dont  vous  trouverez  les  procès- 
veibaux  dans  la  brochure  ci-jointe  vous  mettront  à  même  de  juger  les 
résultats  obtenus. 

»  Cette  année  M.  de  Chasseloup-Laubat  continue  et  porte  ses  expé- 
riences sur  l'Antrachnose  et  le  Mildew. 

»  Nous  serions  heureux  si  la  Société  voulait  bien  désigner  une  com- 
mission chargée  de  suivre  les  expériences  et  d'en  faire  connaître  les  ré- 
sultats à  nos  collègues.  » 

—  Des  comptes  rendus  de  leurs  cheptels  sont  adressés  par  MM.  Martel- 
Houzet,  Zeiller,  Laval,  J.-J.  Lafon,  liagrange,  Sénéquier,  Th.  Lépuie, 
comte  de  Montlezun,  Durousseau-Dugontier,  vicomte  de  Mondion,  Bour- 
juge,  Godard,  Derré,  A.  d'Alidan,  Delloye-Orban,  Guillin,  Ed.  Baré, 
vicomte  de  Poli  et  Ed.  Villey. 

—  M.  Léo  d'Ounous  envoie  de  Saverdun  (Ariège)  diverses  notes  sur 
ses  naturalisations  de  végétaux  exotiques.  —  Renvoi  à  la  Section  des 
végétaux  et  à  la  Commission  de  publication. 

—  Il  est  fait  don  à  la  bibliothèque  de  la  Société  des  ouvrages  sui- 
vants : 

Proccedings  ofthe  American  forestnj  Congress,  for  the  year  1882. 
Washington,  1883.  1  broch.  in-8°. 

Rapport  au  Ministre  de  la  Marine  sur  la  génération  et  la  féconda- 
tion artificielle  des  huîtres  portugaises,  par  M.  Bouchon-Brandely.  Paris, 
1882,  iin|trimerie  du  Journal  officiel.  1  broch.  in-18.  (L'Auteur.) 

Analyse  d'un  Mémoire  de  M.  A.  Conil,  intitulé  Études  sur  IWcri- 
diuni  Paranense.  Burm,  par  Henri  Gadeau  de  Kerville.  Rouen,  1883, 
inip.  Léon  Deshayes.  1  broch.  in-18.  (L'Auteur.) 

De  Vaction  du  Persil  sur  les  Psittacidés,  par  Henri  Gadeau  de  Ker- 
ville (extrait  du  Conptc  rendu  de  la  Société  de  biologie,  séance  du 
20  janvier  1883),  in-8'.  (L'Auteur.) 

Quelques  mots  sur  le  Macropode  de  Chine,  par  Alphonse  Lefebvre 
(extrait  des  Mémoires  de  la  Société  Linnéenne  du  nord  de  la  France), 
Amiens,  1877.  Imp.  Delaltre-Lenoël.  1  broch.  in-8".  (L'Auteur.) 

Contributions  à  la  faune  locale,  par  M.  A.  Lefebvre  {Bulletin  de  la 
Société  Linnéenne  du  nord  de  la  France,  n'IQ,  i"  octobre  1878). 

(L'Auteur.) 


PROCÈS-VERBAUX.  4.79 

Température  maxima  que  peuvent  supporter  les  poissons  rouges, 
par  M.  A.  Lefebvre  {Bulletin  de  la  Société  Linnéenne  du  nord  de  la 
France,  a"  10,  i"  avril  1873).  (L'Auteur.) 

Hybrides  du  Télescope  et  du  poisson  roufje,  par  M.  A.  Lefebvre 
{BHlletia  de  la  Société  Linnéenne  du  nord  de  laFranceyWdS,  l'^-'aoùt 
1880).  (L'Auteur.) 

Études  de  Pisciculture,  par  M.  A.  Lefebvre  {Bulletin  de  la  Société 
Linnéenne  du  nord  de  la  France,  n"  108,  1"  juin  1880).     (L'Auteur.) 

Le  Quinquina  cuprea,  par  M.  Triana  (extrait  du  Journal  de  phar- 
macie et  de  chimie).  1882.  1  brocb.  in-8°.  (L'Auteur.) 

Quelques  mots  sur  le  peuplement  végétal  des  îles  de  l'Océanie,  par 
M.  Henri  Jouan.  Caen,  1883.  Imp.  Le  Blanc-Hardel.  1  broch.  in-8°. 

Note  sur  le  Lièvre  alpin,  par  H.  Goll.  Lausanne,  1883.  Imp.  Havard 
Guilloud  et  C'^  1  brocb.  in-8".  (L'Auteur.) 

Conférence  de  Th.  Szretter  sur  la  culture  des  eaux  en  Pologne, 
Résumé  analytique  {Bulletin  littéraire  scientifique  de  l'Association 
des  anciens  élèves  de  l'École  polonaise,  n"  16, 1883).     (M.  Girdwoyn.) 

Les  Gerboises,  par  Fernand  Lataste  (extrait  du  journal  le  NaturnlisU', 
15  mars-le""  mai  1883).  1  brocb.  iu-18.  (L'Auteur.) 

Note  sur  les  Souris  d'Algérie  et  description  d'une  espèce  nouvelle 
{Mus  sprctus),  par  Fernand  Lataste  (extrait  des  Actes  de  la  Société 
Linnéenne  de  Bordeaux,  t.  XXXVll).  Bordeaux,  1883.  Imp.  J.  Durand. 
1  broch.  in-8°.  (L'Auteur.) 

Sur  un  Rongeur  nouveau  du  Sahara  algérieniCtenodacti/lus  Mzabi 
n.  sp.),  par  Fernand  Lataste  (extrait  du  Bulletin  de  la  Société  zoolo- 
gique de  France,  t.  VI,  1881).  1  brocb.  in-S".  (L'Auteur.) 

Sur  l'habitat  du  Triton  Vittatus,  Gray,  et  sur  l'identification  de  cette 
espèce  avec  le  Triton  opbrylicus,  Dertbold,  par  Fernand  Lataste  (extrait 
diiBulletin  de  la  Société  zoologique  de  France,  iSll).  1  brocb.  in-8°. 

(L'Auteur.) 

Baie  de  Quiberon.  Établisseinonts  ostréicoles  de  Kercado-Carnac. 
Mémoire  adressé  à  la  Commission  d'ostréiculture  et  au  jury  du  concours 
régional  de  Vannes  (mai  1883),  par  M.  le  vicomte  de  Wolbock.  Lorient, 
1883.  Imp.  Louis  Chamaillard.  1  brocb.  in-8".  (L'Auteur.) 

Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques.  Rapport  au  Minis- 
tre et  arrêtés,  Paris,  1883.  Imprimerie  Nationale.  1  brocb.  'grand  in-8'\ 

Systematic  census  of  Australian  plants,  by  Baron  Ferdinand  Von 
Mueller.  Melbourne,  1882.  1  vol.  grand  in-8".  (L'Auteur.) 

Warszawskie  Muséum  rybactwa  przez  karola  Kozlowskiego  Bu- 
budowniczego,  par  M.  Girdwoyn.  Warszawa,  1881.  1  brocb.  in-i",  pi. 

(L'Auteur.) 

0  Hodowli  ryb  j  Przyrzadzie  Wylegowym   Wlasnego  pomyslu.  Na- 

pisal  .Micbal  Girdwoyn.  Warszawa,  1881.  1  broch.  in-i°,  |tl.     (L'Auteur.) 

Projekt  gospodarstwa  rybnego  Wyrozumowanego  (Sztucznego)  Sta- 


4-80  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

wowego  j  wegorzarni  \v  Dobrach  zlotym  Potoku  J WW.  hr.  Raczynskich,  w 
krolestwie  Polskiem  przez  MichalaGirdwoynia,  Warszawa,  1881. 1  broch. 
in-l",  planches.  (L'Auteur.) 

Lodzie  Rybackie  fila  Naszych  Jezlor  j  Statvoiv,  przez  Michala 
Girdvvoynia.  Warszawa,  1883.  1  broch.  in-4°,  planches.  (L'Auteur.) 

Projekt  (jospodarstiva  Rybnefjo  Jeziorowego,  W.  Dobrach  Dukszly 
.JWW.  Bieganskich  W.  Gubernji  Kowienskiej  przez  Michala  Girdvvoy- 
nia. Warszawa,  1883.  1  broch.  m-i",  planches.  (L'Auteur.) 

Pasozyty  ryb  naszych,  przez  Michala  Girdwoynia,  W'arszawa,  1883. 
1  broch.  in- 8°,  planches.  (L'Auteur.) 

Le.  baromètre  appliqué  à  la  prévision  du  temps  en  France  et  spé- 
cialement dans  la  France  centrale,  par  M.  J.  R.  Plumandon,2'  édition. 
Paris,  1883,  librairie  J.  Michelet  et  chez  l'auteur,  à  Clermont-Ferrand. 
1  vol.  in-18.  (L'Auteur.) 

Die  Brieftaube,  par  Paul  Schomaiin-Rostock.  1883,  1  vol.  in-8% 
figures.  (La  Perre  de  Roo.) 

La  pêche  à  toutes  lignes,  théorique,  pratique  et  raisonnée,  déduite 
de  la  connaissance  de  l'histoire  naturelle,  des  mœurs  et  habitudes  des 
poissons  d'eau  douce,  etc.,  par  John  Fisher.  Paris,  1881.  Gaston  Sam- 
son,  libraire-éditeur,  1  vol.  in-18.  '(L'Éditeur.) 

Primitive  industry,  by  Charles  G.  Abbott.  Salem -Massachusetts, 
George  A.  Rates,  1881,  1  vol.  in-8°,  nombreuses  figures. 

Des  aquariums,  construction,  peuplement,  entretien,  par  A.  Lefebvre. 
Amiens,  1872.  Impr.  de  Lenoël-Hérouart.  1  vol.  in-8\  (L'Auteur.) 

Annual  Report  ofthe  Trustées  of  Ihe  New-York  State  library,  pour 
1880,  1881  et  1882,  3  vol.  in-8». 

—  Remerciements  aux  donateurs. 

Pour  le  Secrétaire  des  séances, 

Jules  Grisard, 
'  Agent  général. 


lU  FAITS  OIUERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE 


Floraison  du  «  Das^Iirion  loiigifoliiim  ». 

Cette  plante  très  belle,  si  orneineulale,  avec  ses  feuilles  si  longues  et 
si  élégamment  retombantes,  est  encore  très  rare  à  cette  heure.  Nous  ne 
savons  pourquoi  les  explorateurs  ne  nous  en  envoient  plus  de  semences. 
N'en  rencontreal-ils  plus?  En  Europe,  sur  le  littoral  méditerranéen, 
nous  avons  vu,  dans  les  cincf  ou  six  dernières  années,  plusieurs  sujets 
fleuris;  mais,  sauf  une  exception  remarquée  il  y  a  trois  ans  chez  un  grand 
propriétaire  amateur,  à  Balaguier,  près  de  Toulon,  31.  Michel,  tous  les 
Dasyliiion  longifolium  que  nous  avons  vus  fleurir  n'ont  développé  que 
des  inflorescences  unisexuées  et  mâles. 

A  cette  heure,  nous  connaissons  et  nous  venons  de  visiter  avec  beau- 
coup d'intérêt,  et  en  compagnie  d'un  horticulteur  amateur  de  notre  ville, 
M.  Hyp.  Dellor,  de  très  nombreuses  plantes  de  Dasylirion  longifoliuvi 
développant  chacune  une  inflorescence.  Nous  devons,  nous  le  croyons 
cette  abondance  extraordinaire  de  floraison,  de  tendance  à  la  reproduc- 
tion chez  celte  plante  sous  notre  climat,  aux  suites  des  souffrances  impo- 
sées aux  plantes  par  la  si  rude  et  si  longue  sécheresse  de  l'année  der- 
nière. Nos  Dasylirion  longifolium  sonl,  sans  doute,  devenus  plus  tôt 
adultes. 

iM.  Hyp.  Dellor,  que  nous  venons  de  nommer,  possède  les  plus  beaux 
Dasylirion  longifolium  que  nous  connaissions;  ils  appartiennent  à  celles 
de  ces  plantes  (est-ce  une  race  ou  une  simple  variété?)  qui  ont  les  feuilles 
les  plus  larges  et  les  plus  longues.  \]n  des  Dasylirion  longifolium  si 
beaux  de  M.  Hyp.  Dellor  développe  une  très  forte  inflorescence.  Nous 
croyons  qu'elle  sera  malheureusement  mâle. 

Au  Jardin  d'acclimatation  d'IIyères,  on  a  réuni  un  assez  grand  nombre 
de  Dasylirion  longifolium,  achetés  un  peu  partout.  Des  lignes  de  forts 
sujets  de  cette  plante,  cultivée  en  pleine  terre,  bordent  deux  allées  du 
Jardin  d'acclimatation.  Tous  les  sujets,  à  moins  que  nous  ne  nous  abu- 
sions, appartiennent  à  une  race  à  feuilles  longues  et  toutes  très  éléo-am- 
ment  retombantes,  mais  variant  dans  leur  longueur  et  largeur;  il  n'v  a 
pas,  chez  ces  plantes  et  entre  elles,  l'uniformité  que  présentent  entre 
elles  les  plantes  du  Dasylirion  longifolium,  que  nous  appellerons  à  lar'>-es 
feuilles,  de  M.  Hyp.  Dellor,  et  que  nous  connaissons  en  maints  jardms 
ailleurs.  Le  Jardin  d'acclimatation  d'Hyères  en  possède  lui-même,  au 
reste,  un  certain  nombre  de  jeunes  sujets.  Nous  nous  rappelons  avoir 
remarqué  jadis  une  bien  belle  plante  de  celte  race,  ou  variété  à  larges 
feuilles,  dans  le  si  riche  jardin  de  la  villa  Thuret,  à  Antibes. 

Nous  avons  compté,  jeudi  3  mai,  dans  les  lignes  de  Dasylirion  longi- 
folium qijenous  signalons,  au  Jardin  d'acclimatation  d'Hyères,  vingt-deux 

3'  sÉBiE,  T.  X.  —  Août  1883.  31 


48:2  SOCIÉTÉ  nationale  d'acclimatation. 

plantes  ayant,  à  celte  heure,  une  belle  inflorescence  développée.  Chez 
plusieurs  sujets,  la  tige,  qui  a  presque  atteint  son  entier  développement 
en  hauteur,  mesure  déjà,  chez  quelques  plantes,  plus  de  1"',50.  Sur  une 
douzaine  de  ces  inflorescences,  des  fleurs  étaient  déjà  ouvertes  lors  de 
notre  visite,  et  nous  avons  pu,  soit  sur  ces  fleurs,  soit  en  ouvrant  des 
])Outons  avancés  sur  d'autres  inflorescences,  trouver  que,  sur  vingt  de  ces 
plantes,  dont  nous  avons  pu  examiner  utilement  les  fleurs  et  leurs  organes 
sexuels,  treize  ont  des  fleurs  mâles  et  sept  des  fleurs  femelles.  La  com- 
paraison attentive  entre  les  inflorescences  des  sexes  reconnus,  nous  a 
montré,  d'autre  part,  de  palpables  difl"érences  entre  les  inflorescences  de 
l'un  ou  de  l'autre  sexe. 

L'inflorescence  mâle,  sans  être  plus  développée  en  hauteur,  est  plus 
forte,  plus  étofl'ée,  plus  garnie.  Celle  femelle  est  plus  grêle  et  très  sensi- 
blement moins  fournie.  De  plus,  elle  est,  dans  toute  sa  longueur  et  en 
toutes  ses  parties,  teintée  en  violet,  ce  qui  n'est  pas  pour  l'inflorescence 
mâle,  qui  est  colorée  en  vert  blafard. 

Les  fleurs,  chez  les  deux  sexes,  sont  blanches,  d'un  l)lanc  nacré  chez 
les  femelles  ;  dans  les  deux  sexes,  les  organes  reproducteurs  nous  ont 
semblé  très  bien  constitués. 

Nous  croyons  donc  pouvoir  espérer  que  l'horticulture  d'ornement  sera 
enrichie  cette  année  d'une  sérieuse  récolte  de  semences  de  Dasilyrion 
longifoUum,  l'une  de  nos  plus  belles  et  plus  élégantes  plantes  exotiques, 
et  nous  ajoutons  des  plus  rustiques,  parmi  celles  qui  sont  si  bien  accli- 
matées en  plein  air  dans  les  cultures  et  dans  les  jardins  de  la  région  de 

Nardy. 

(Extrait  du  journal  la  Méditerranée,  de  MarseiUe.) 


V.  BIBLIOGRAPHIE 


Éléments  de  zoologie,  par  M.  le  D''  Henri  Sicard,  professeur  à  la  Fa 
cullé  des  sciences  de  Lyon.  Paris,  1883,  J.-B.   Baillière  et  fils,  1  vol. 
in-8"  de  842  pages,  avec  761  figures. 

La  plupart  des  ouvrages  élémentaires  de  zoologie  publiés  en  France 
depuis  prés  d'un  denii-siécle  sont  rédigés  sous  l'empire  d'une  préoccu- 
pation trop  exclusive,  liée  à  l'existence  de  travaux  éminents,  mais  qui 
sont  presque  entièrement  consacrés  aux  généralités  de  la  physiologie  et 
de  l'anatomie.  Aussi  ces  ouvrages  sont  peu  à  la  portée  des  gens  du 
monde,  même  instruits,  et  s'égarent  trop  dans  les  théories  du  transfor- 
misme, masquant  parfois,  sous  des  phrases  pompeuses  ou  à  demi  incom- 
préhensibles par  l'étalage  d'une  érudition  scientifique  compliquée,  Tigno- 
rance  à  peu  près  complète  où  sont  leurs  auteurs  de  l'histoire  des 
animaux,  qui  offre  au  public  un  intérêt  considérable,  une  utilité  conti- 
nuelle, en  même  temps  qu'une  simplicité  attrayante.  C'est  ce  qui  rend 
compte  de  la  prédilection  de  tant  de  lecteurs  pour  les  ouvrages  des 
Réaumur,  des  Buffon,  des  Lacépède,  des  Valenciennes,  des  Constant 
Duméril,  etc. 

Les  Éléments  de  zoologie  de  M.  IL  Sicard  sont  un  retour  à  celte  voie 
de  vulgarisation  descriptive  de  la  nature  et  sont  destinés  à  combler  une 
lacune  des  ouvrages  de  l'enseignement  zoologique  actuel.  L'auteur  com- 
mence naturellement  par  les  généralités  relatives  à  l'anatomie  et  à  la 
physiologie  de  l'homme;  car  nous  devons  chercher  à  nous  connaître  nous- 
mêmes  avant  d'aborder  l'étude  des  autres  animaux;  au  sens  purement 
physique,  en  laissant  de  côté  l'ordre  moral  qui  lui  est  exclusif,  l'homme 
fait  partie  des  animaux,  comme  le  représentant  organique  le  plus  parfait 
de  l'embranchement  des  Vertébrés. 

M.  Sicard,  après  mention  faite  des  travaux  de  iMM.  Haëckel,  (iegeii- 
baur,  Claus  et  Giard,  ne  s'arrête  pas  à  discuter  leurs  groupes,  et,  avec 
une  addition  qui  établit  les  incertitudes  zoologiques,  il  s'arrête  presque 
exclusivement  aux  embranchements  de  Cuvier  et  de  Baër.  Il  admet  cinq 
embranchements  primordiaux  :  les  Protozaires,  les  Zoophytes  ou  Ba- 
diaires,  les  Annelés  ou  Entomozoaires,les  Mollusques  ou  Malacozoaires, 
les  Vertébrés  ou  Ostéozoaires.  Nous  aurions  préféré  l'ordre  Inverse  et  les 
Annelés  placés  aussitôt  après  les  Vertébrés,  car  les  Annelés  sont  très 
élevés  au  point  de  vue  de  la  sensibilité,  c'est-à-dire  du  caractère  essen- 
tiellement animal,  dans  la  classe  des  Insectes  ;  mais  nous  n'avons  pas  à 
refaire  l'ouvrage  de  l'auteur.  Notre  rôle  est  d'en  présenter  un  résumé 
sommaire  et  fidèle,  en  nous  attachant  seulement  aux  types  zoologi(iues 


4-84 


SOCIETE   NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 


les  plus  curieux  pour  les  gens  du  monde,  et  en  offrant  aux  lecteurs  de 
noire  Bulletin  des  spécimens  des  gravures  dont  les  éditeurs  ont  enrichi 
l'ouvrage.  Leur  belle  publication  de  l'œuvre  de  Brehni  les  rend  coutu- 
iniers  du  fait  et  constitue  un  engagement  qu'ils  sauront  remplir  pour  les 


autres  ouvrages. 


Rien  ne  surpasse  dans  les  Insectes  l'intérêt  qui  s'attache  aux  espèces 
séricigènes,  principalement  au  Ver  à  soie  du  mûrier,  Sericaria  mon' 


FiG.  1.  —  Vers  à  soie  du  mûrier.  —  1.  Clieiiille  à  toute  sa  taille.  —  "2.  Chrysa- 
lide femelle.  —  3.  Chrysalide  mâle.  —  4.  Cocou.  —  5.  Papillon  femelle.  — 
(i.  l'apilloii  mâle. 


Linn.,  qui  en  est  le  type  et  l'objet  d'une  industrie  de  premier  ordre,  dont 
le  chillre  d'affaires  atteint  annuellement  un  milliard  dans  le  monde  en- 
tier. L'histoire  de  cet  insecte  peut  servir  de  type  pour  l'ordre  des  Lépi- 
iloptères  ou  Papillons.  Le  Ver  à  soie  provient  d'œufs  qui  portent  dans  le 
commerce  le  nom  de  graine.  Après  leur  mise  en  incubation  artificielle, 
au  moment  où  la  léaille  du  mûrier  esl  sortie  des  bourgeons,  on  élève 
les  jeunes  chenilles  ou  magnans  qui  en  proviennent  dans  des  établisse- 
ments qui  portent  le  nom  de  magnaneries  dans  le  midi  de  la  Franceg 


BIBLIOGRAPHIE.  485 

L'éducation  de  ces  chenilles,  d'une  durée  variable  suivant  la  température, 
se  partage  en  ui»  certain  nombre  de  phases  ou  âges  séparés  par  des  mues 
ou  changements  de  peau,  le  plus  ordinairement  au  nombre  de  quatre, 
et  à  des  époques  inégales,  accélérées  ou  retardées  on  raison  directe  de 
la  température  (fig.  1).  Chaque  mue  est  précédée  par  une  période  d'en- 
gourdissement pendant  laquelle  les  Vers  cessent  de  manger;   elle  est 
suivie,  par  contre,  d'une  période  de  voracité  qu'on  appelle  frèze.  Arrivé 
ù  la  fin  du  cinquième  âge,  le  Ver  commence  à  jeter  autour  de  lui  des  fils 
de  soie  destinés  à  servir  de  supports  au  cocon  dont  il  s'enveloppe.  Celte 
soie  est  sécrétée  par  une  paire  de  glandes  salivaires  modifiées,  en  forme 
de  tubes  enroulés  sur  eux-mêmes  et  occupant  presque  toute  la  longueur 
du  corps,  de  chaque  côté  de  l'appareil  digestif.  Les  deux  canaux  défé- 
rents très  fins,  en  lesquels  se  termine  antérieurement  chaque  glande,  se 
réunissent  en  un  canal  commun,  dans  lequel  les  deux  fils  de  soie  sont 
tordus  ensemble  de  manière  à  n'en  faire  plus  qu'un,  et  ce  canal  aboulii 
à  un  petit  orifice  ou  filière  percé  dans  la  lèvre  inférieure.  Le  Ver  à  soie 
met  trois  ou  quatre  jours  à  filer  son  cocon,  puis  il  subit  une  cinquième 
mue  et  se  transforme  en  chrysalide.  Il  reste  en  cet  état  pendant  un  temps 
qui  varie  de  (juinze  à  vingt  jours.  Alors,  après  une  dernière  mue,  le  pa- 
pillon, sortant  du  cocon,  se  montre  sous  sa  forme  ailée.  C'est  le  moment 
de  la  reproduction  ;  l'accouplement  a  lieu,  et  les  femelles  fécondées  pon- 
dent des  œufs  destinés,  pour  les  races  de  nos  climats,  à  passer  l'hiver  et 
à  éclore  au  printemps  suivant.  On  a  observé  quelques  cas  de  parlliéiio- 
génèse,  qui  sont,  du  reste,  e.xceplionnels  chez  les  Insectes,  et  n'ont  été 
constatés  pour  les  papillons  principalement  que  chez  certaines  espèces  de 
la  grande  tribu  des  Bombyciens,  à  laquelle  appartient  le  Ver  à  soie  du 
mûrier. 

Dans  les  autres  Lépidoptères,  nous  citerons,  dans  le  sous-ordre  des 
Diurnes  ou  Rhopalocères,  ou  Achalinoptères,  un  groupe  de  papillons,  les 
-\ymphalidcs,  présentant  beaucoup  de  grandes  et  belles  espèces  ayant 
ce  caractère  commun,  que  les  adultes  ne  marchent  que  sur  quatre  pattes, 
la  paire  antérieure  atrophiée  entourant  le  cou  du  papillon  comme  une 
roilerelle  (pattes  palatines).  Telle  est  l'espèce  (lig.  l>)  commune  en  juillet 
dans  les  bois  de  toute  l'Europe,  VArgijnnis  paphia,  qu'on  appelle  vul- 
gairement le  Tabac  d'Espagne,  à  cause  du  fond  d'un  fauve  vif  du  dessus 
des  ailes,  tandis  que  les  ailes  inférieures  ont  en  dessous  de  larires  bandes 
nacrées.  Ces  taches  nacrées  des  ailes  inférieures  sont  le  caractère  d'où 
est  tiré  le  nom  du  genre  Argynne. 

Dans  les  Coléoptères  est  figuré  ce  Scarabée  sacré  (fig.  3)  ou  Atcitclnts 
sacer,  entouré  de  la  vénération  des  Égyptiens,  parce  que  la  feiuellc 
roule  entre  ses  pattes  postérieures  courbées  la  boule  de  fiente,  emblème 
du  monde,  où  elle  a  déposé  un  œuf.  Nous  possédons  ce  remanpialilf 
insecte  sur  quelques  plages  sablonneuses  do  la  Méditerranée,  ainsi 
près  de   .Marseille,   de   Toulon,   à    l'alavas,    le  bain  de  mer  de  Mont- 


486  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

pellier,  etc.  Dans  le  même  groupe  des  Lamellicornes,  et  encore  plus 


K.L.ClémtnL 


FiG.  2.  —  Tabac  d'Espagne  (Argijnnis  Paphia),  sur  fleurs  de  Ronce. 


FiG.  3.  —  Scarabée  sacré.  Fig.  4.  —  Cétoine  dorée,  éclosant. 


BIBLIOGRAPHIE. 


487 


près  du  funeste  Hanneton,  nous  rencontrons  la  Cétoine  dorée  (11g.  /i.), 
d'un  riche  vert  métallique,  butinant  sur  les  fleurs  des  arbres  fruitiers. 


FiG.  5.  --  Nymphe  et  larve  de  la  Cétoine  dorée. 

des  liias,  allant  dormir  sur  le  sein  parfumé  de  la  rose  ;  sa  larve,  voisine 
du  Ver  blanc,  vit  dans  le  bois  pourri,  etsa  nymphe  est  entourée  d'une 
coque  ovoïde  de  débris  ligneux  (fig.  5).  Les  Hyménoptères  terminent  les 


FiG.  G.  —  Guêpe  frelon  (Vespa  crabro). 


Insectes,  dont  ils  représentent  l'ordre  le  plus  élevé,  manifestant  chez 
ceux  qui  construisent  des  nids  ces  accommodations  de  l'instinct,  qui  sont 
des  lueurs  d'une  véritable  intelligence.  Dans  cet  ordre  se  rangent  les 


488  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'ACCLIMATATION. 

Guêpes  sociales,  construisant  des  nids  où  la  fonction  de  reproduction  est 
partagée  entre  les  mâles,  les  femelles  fécondes  et  les  femelles  neutres, 
nourrices  des  petits  de  leurs  sœurs  fécondes  et  architectes  des  nids  où 
les  trois  groupes  associés  vivent  dans  une  paix  profonde,  sans  subordi- 
nation d'aucune  sorte,  chacun  à  sa  fonction  prédestinée.  Ainsi  les  Fre- 
lons (fig.  6j,  à  l'aiguillon  terrible,  faisant  leurs  guêpiers  dans  les  vieux 
arbres  creux,  au  moyen  d'un  carton  très  friable  de  fibres  végétales  agglu- 
tinées. 

Quelques  types,  curieux  par  leurs  formes  ou  par  leurs  mœurs,  nous 
serviront  à  caractériser  les  Vertébrés  inférieurs  de  la  classe  des  Pois- 
sons. Les  Lophobranches  sont  des  petits  Poissons  fort  singuliers,  manis 


Fig.  7.  —  Hippocampe  mâle  avec  les  œufs. 

de  branchies  en  forme  de  houppes,  et  dont  l'ouverture  des  ouïes  est  ré- 
duite à  un  étroit  orifice  supérieur.  Leur  corps  est  cuirassé  et  de  forme 
plus  ou  moins  polyédrique;  la  tète  se  prolonge  en  un  museau  lubulaire, 
qui  se  termine  par  une  bouche  très  petite  dépourvue  de  dents.  Une  par- 
ticularité curieuse,  que  l'on  retrouve  chez  un  Batracien,  le  Crapaud 
accoucheur  (Alytcs  obstetricans),  c'est  que  les  mâles  sont  chargés  du 
soin  des  œufs  jusqu'au  moment  de  leur  éclosion;  tantôt  ils  sont  fixés  sur 
le  thorax  ou  sur  l'abdomen,  tantôt  ils  sont  reçus  dans  une  sorte  de  poche 
formée  par  deux  replis  de  la  peau  et  placée  sous  la  queue.  Ainsi  chez 
l'Hippocampe  (fig.  7),  nommé  Cheval  marin  d'après  la  figure  qu'il  prend 
après  dessiccation,  qu'on  trouve  notamment  sur  les  côtes  du  nord  de  la 
P)retagne,  au  milieu  des  prairies  de  zostères  des  îles  Chausey.  On  voit 
quelquefois  ces  animaux  bizarres  à  l'aquarium  du  jardin  d'acclimata- 
tion, faisant  vibrer  avec  rapidité  leurs  petites  nageoires  pectorales,  et 


BIBLIOGRAPHIE. 


489 


fixés  par  leur  queue  prenante  et  enroulable  à  quelque  tige  de  plante 
marine.  Dans  ces  Poissons  à  nageoires  dorsales  à  rayons  épineux,  qui 
forment  les  anciens  Acantlioptérygiens  de  Cuvier,  se  placent  les  Rlennies 
•ou  Baveuses,  dont  la  peau  nue  est  enduite  de  mucosités.  Une  espèce, 
iluviatile  par  exception,  est  la  Blennie  cagnelte  (fig.  8),  qui  se  plaît  dans 


FiG.  8.  —  Blennie  cagnette. 


les  eaux  torrentielles.  Fort  étranges  sont  ces  Poissons  labyrinthiformes 
de  Cuvier,  dont  les  os  pharyngiens  supérieurs  ont  une  siruclure  feuil- 
letée, formant  au-dessus  des  branchies  des  cellules  compliquées  servant 
à  emmagasiner  de  l'eau,  de  sorte  que  ces  poissons  peuvent  vivre  un 
certain  temps  dans  l'air  et  même  se  transporter  à  terre  à  d'assez  grandes 
distances.  Tels  sont  les  Anabas  (fig.  9)  de  l'Inde,  qui  habitent  des  cours 
d'eau  à  débordements  violents  qui  peuvent  compromettre  leur  existence. 
.\  ces  époques  ces  Poissons  savent  sortir  de  l'eau  et  même  grimper  aux 
Jjranches  des  arbres,  respirant,  au  moyen  de  l'air  libre,  par  leurs  bran- 
chies maintenues  toujours  mouillées.  A  côté  se  placent  des  Poissons  dont 


490  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

les  nageoires  sont  portées  sur  des  sortes  de  bras  formés  par  l'allonge 


/    /  / 


l'iG.  y.  —  Anabas,  de  l'Inde. 

ment  des  os  du  carpe.  Telle  est  la  hideuse  Baudroie  (fig.  10),  qu'on  pêche 
sur  nos  côtes  et  qu'on  nomme  Raie  pécheresse,  bien  qu'elle  soit  d'un 


Fig.  JU.  —  Baudroie  ou  Haie  pécheresse  {Lophius  piscalorius). 

groupe  fort  différent  des  vraies  Raies.  Enfouie  dans  le  sable,  elle  laisse 
flotter  au-dessus  d'elle  de  longs  filaments  charnus,  qui  simulent  des  vers 
succulents.  Les  petits  Poissons  mordent  ces  appâts  trompeurs  et  sont 
saisis  par  la  terrible  armature  dentaire  de  la  Daudroie. 

L'ouvrage  du  D"'  Sicard  réunit  les  types  anciens  aux  types  actuels,  afin 
d'offrir  le  tableau  complet  des  groupes  zoologiques.  Ainsi,  dans  les  Rep- 
tiles Sauriens  figurent  les  Ptérodactyles  (fig.  11),  liant  les  Reptiles  aux 
plus  anciens  Oiseaux  à.  bec  denté.  Ces  Reptiles,  de  l'époque  jurassique, 
munis  de  dents,  sont  une  forme  ailée  du  type  Reptile.  Au  lieu  des  longs 
doigts  (sauf  le  pouce)  des  Çhauves-Souris,  le  petit  doigt  seul,  très  déve- 


BIBLIOGRAPHIE. 


4-9  î 


loppé,  soutenait  une  membrane  reliée  aux  flancs  et  aux  membres  posté- 
rieurs. S'il  n'y  avait  pas  là  une  aile  complète,  il  s'y  trouvait  au  moins  un 


Fit;.  11. —  Ptérodactyle  (restauration)  {Pterodactylus  spectabilis.) 


large  parachute,  à  la  façon  des  Galéopithèques  et  des  Polatouches.  per- 
mettant des  sauts  très  étendus  entre  les  rochers  ou  d'un  arbre  à  l'autre. 
Avec  les  Oiseaux  commencent  les  Vertébrés  supérieurs,  à  double  cœur, 
à  sang  chaud,  ou,  plus  exactement,  à  température  sensiblement  con- 
stante. Comme  exemple  des  belles  ligui'es  d'anatomie  comparée  du  livre, 
nous  donnerons  (fig.  12)  celle  qui  groupe  les  diverses  formes  du  pied 
postérieur  des  Oiseaux,  en  remarquant  les  quatre  doigts  en  avant  du 
Martinet,  type  de  voilier  exceptionnel,  qui  partage  avec  les  Oiseaux- 
Mouches  le  caractère  de  n'avoir  aucune  échancrure  au  sternum.  L'Oiseau, 
cette  merveille  de  la  nature  pour  la  locomotion  rapide,  est  Reptile  par 
les  pieds,  couverts  de  ces  sentes  qui  sont  l'apanage  des  Vertébrés  infé- 
rieurs. Aux  Oiseaux  gallinacés,  de  groupes  apparentés  aux  Poules,  se 
rattache  le  genre  monogame  des  Hoccos  (fig.  13),  nichant  sur  les  arbres 
dans  les  forêts  de  la  Guyane  et  du  Brésil,  dont  l'acclimatation,  tentée 
depuis  longtemps,  n'a  qu'un  succès  médiocre,  ces  oiseaux  étant  de  cli- 
mats trop  chauds,  tandis  ([ue  celle  des  Gallinacés  du  groupe  des  Faisans 
est  un  des  beaux  résultats  dont  notre  Société  ait  le  droit  de  se  glorilier. 


492 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


Les  Gallinacés,  à  vol  faible,  conduisent  assez  naturellement  aux  Coureurs, 
à  plumes  souvent  transformées  en  poils  sur  le  corps,  à  pennes  des  ailes 


FiG.  12.  —  Différentes  formes  de  pattes  d'oiseaux  :  a,  pied  de  Cigogne  (échas- 
sier);  — b,  pied  île  Grive  (Passereau);  —  o,  pied  de  Faisan  (Gallinacé);  — 
(/.pied de  Faucon  (Rapace  diurne);  —  e,  pied  de  Martinet  (Passereau);  — f,  pied 
d'Autruche  (Coureur);  —  g,  pied  de  Pic  (Grimpeur);  —  /(,  pied  de  Grèbe 
(Palmipède);  —  i,  pied  de  Foulque  (Écliassier);  —  le,  pied  de  Canard  (Palmi- 
pède) ;  —  /,  pied  de  Phaéton  (Palmipède  totipalme). 


impropres  au  vol,  à  sternum  aplati  et  sans  bréchet,  à  pattes  postérieures 
très  robustes.  Ainsi  l'Autruche,  déliant  à  la  course  les  plus  rapides  che- 
vaux, spéciale  à  l'Afrique  et  n'ayant  que  deux  doigts  (fig.  15);  ainsi 
l'Aptérix  ou  Kivi-kivi  (d'après  son  cri),  genre  presque  anéanti  aujour- 
d'hui (fig.  14),  courant  le  soir  dans  les  broussailles  à  la  façon  des  Raies, 
fouillant  la  terre  humide  pour  chercher  des  vers,  n'existant  plus  que  dans 
ijuelques  petites  îles  voisines  de  la  Nouvelle-Zélande,  à  long  bec  d'Échas- 
sier  longirostre,  sans  queue,  offrant  les  ailes  les  plus  rudimentaires 
qu'on  connaisse,  en  forme  de  petits  moignons  perdus  dans  des  poils, 
ces  poils  analogues  à  ceux  des  poussins  de  beaucoup  d'oiseaux  qui  pren- 
nent ensuite  des  plumes. 
Les  Mammifères,  qui  sont  le  chef-d'œuvre  de  la  nature  sous  le  rapport 


BIBLIOGRAPHIE. 


/m 


delà  sensibilité,  se  partagent  en  deux  grands  types.  Les  Didelphes  (deux 
fois  frères)  sont  propres  à  l'Australie,  à  la  Tasnianie,  un  peu  à  la  Nou- 


FiG.  13.  —  Hocco  rou.K. 


velle-Guinée  et  à  l'Amérique  méridionale,  presque  exclusivement  pour  le 
type  dos  Sarigues.  Ils  naissent  à  l'état  de  véritables  avortons,  à  membres 


Fie.  U.  —  Aptéryx  austral. 

à  peine  formés,  que  la  mère  avec  ses  lèvres  place  dans  une  poche  ou 
dans  un  repli  de  peau  qui  entoure  ses  mamelles  en  nombre  impair;  là 
chaque  petit  subit  une  seconde  incubation,  greffé  d'une  manière  continue 
à  une  tétine  qui  s'allonge  et  pénètre  jusque  dans  son  estomac.  Ace  groupe 


494. 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


se  rattacherait,  parallèlement  aux  ordres  des  Mammifères  ordinaires, 
et  d'après  une  belle  idée  du  fondateur  de  notre  Société  d'Acclimatation, 


FiG.  15.  —  Autruche  mâle. 


Isidore  Geolfroy  Saint-Hilaire,  une  subdivision  de  ces  animaux  à  poche 
mammaire  ou  Marsupiaux  en  carnassiers  de  grandes  proies  vivantes, 
en  insectivores  et  mangeurs  d'œufs  et  de  poussins  d'Oiseaux,  en  ron- 
deurs de  racines  et  d'écorces,  enfin  en  herbivores,  auxquels  appar- 
tiennent les  Kangurous  (fig.  16),  propres  à  l'Australie,  à  membres  pos- 
térieurs disproportionnés  et  servant  à  U!i  saut  énergique.  Les  Mammi- 
fères ordinaires  ou  Monodelpiies  (une  seule  fois  frères)  offrent  des  petits 
ne  subissant  qu'une  seule  incubation  interne  dans  l'utérus.  11  en 
est  d'herbivores,  comme  les  Clievaux,  dont  les  steppes  de  la  Tartarie 
présentent  dans  les  Tarpans  (lig.  17)  la  forme  actuelle  la  plus  voisine 


BIBLIOGRAPHIE.  4-95 

de  l'état  sauvage  primitif,  et  revenant  difficilement  à  la  domesticité. 


z/^ 


FiG.  16.  —  Kangurou  (Halmaturus  Tlietis). 


Fie.  17.  —  Tarpaii  ou  Cheval  des  steppes. 


49b 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 


Un  second  type  de  Mammifères,  à  trois  sortes  de  dents,  est  constitué 
parles  espèces  carnivores  et  insectivores,  où  nous  citerons  le  si  utile- 


Fie.  18.  —  Ilcrisson  d'Europe,  dévorant  un  Mulot. 

Hérisson  d'Europe  (fig.  18),  que  tous  nos  instituteurs   doivent    recoin 
mander  de  respecter  dans  les  campagnes. 

iMaurice  Girard. 


Le  gérant  :  Jules  Grisard. 


Imprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Pariç 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


ÉTUDE 

SUR  LA  PERDRIX  PERGHEUSE  DU  ROUTAN 

(PERDIX   HODGSONI.E) 
Par  m.    E.    LEROY 


Monsieur  le  Président, 

Je  viens  d'obtenir  la  reproduction,  en  volière,  d'une  i^er- 
drix  percheuse  nouvellement  introduite,  qui  me  paraît  apte 
à  devenir  par  la  suite  une  précieuse  recrue  pour  nos  chasses. 
J'ai  l'honneur  de  vous  transmettre  le  résultat  de  mon  élude 
relative  à  cette  espèce  étrangère. 

La  Pe'"i'rix  percheuse  du  Boutan  {Perdix  Hodgsoniœ), 
dont  je  vous  demande  la  permission  de  vous  entretenir,  est 
originaire,  comme  on  sait,  du  versant  méridional  de  l'Hima- 
laya. Il  paraît  qu'elle  y  habite  des  sommets  couverts  de  neige, 
ce  qui  la  rend  apte  à  supporter  nos  températures  les  plus 
froides  et  semblait  la  désigner  à  priori  comme  très  suscep- 
tible de  s'acclimater  chez  nous. 

Nous  allons  voir  comment  elle  vajustilier  ces  présomptions. 

Le  couple  que  j'ai  en  volière  me  vient  du  Jardin  zoologique 
du  Bois  de  Boulogne,  où,  sur  le  conseil  de  M.  A.  Geoffroy 
Saint-Hilaire,  j'en  fis  l'acquisition  le  25  avril  1882.  C'est  un 
couple  importé. 

L'oiseau  du  Boutan  a  les  formes  trapues  et  arrondies  :  à  ce 
pointde  vue,  c'est  bien  une  P(;rdrix.  Mais  ses  tarses  très  hauts, 
comme  ceux  de  l'échassier,  ses  doigts  allongés  et  pourvus 
d'ongles  droits  et  acérés,  sa  queue  rabattue  et  dépourvue  de 
plumes  rectrices,  son  bec  pointu  rappelant  celui  du  râle, 
révèlent,  chez  cette  espèce,  des  aptitudes  particulières. 

La  Perdrix  du  Boutan  est  de  la  taille  d'une  forte  perdrix 
rouge;  elle  a  le  bec  noir;  les  parties  supérieures  d'un  gris 

3«  SÉRIE,  T.  X.  —  Septembre  1883.  32 


498  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

cendré  zébré  de  marron  ;  les  ailes  tigrées  de  larges  taches 
marron  foncé  disposées  en  forme  de  V  ;  les  flancs  bleu  cendré 
semés  de  points  blancs  ;  les  pieds  et  les  tarses  jaune  foncé. 

La  livrée  de  la  femelle  rappelle  un  peu,  comme  dessin, 
celle  de  la  bécasse.  Le  mâle  en  diffère  par  la  couleur  de  sa 
tête,  qui  est  jaune-roux,  par  la  nuance  de  sa  poitrine,  qui  est 
bleu  cendré,  et  par  son  collier  noir  doublé  d'un  collier  blanc. 

Le  cri,  ou  le  chant,  de  cette  espèce  est  entièrement  diffé- 
rent, plus  prolongé  et  plus  compliqué  que  celui  de  nos  per- 
drix françaises.  Les  premières  notes  rappellent  un  peu  le  cri 
du  colin  Houï.  Ce  chant  peut  se  traduire  à  peu  près  ainsi  : 

«  Ho-ho-ho!  Ho-ho-ho!  Ho-ho-ho!  Uû-là!  Où-là!  Ko-kott! 
Ko-kolt!  Ko-kott!  » 

Dès  le  printemps,  et  même  dans  les  jours  d'hiver  lorsque 
la  température  est  adoucie,  le  mâle,  à  certaines  heures  de  la 
journée,  entonne  sa  chanson  étrangère  ;  mais,  dès  que  la 
ponte  est  commencée,  et  tant  que  dure  l'éducation  des  jeunes, 
toute  modulation  cesse  de  se  faire  entendre.  Sa  prudence 
d'oiseau  sauvage,  d'oiseau  gibiei-,  le  veut  ainsi. 

Le  coq  du  Boutan  se  montre  plein  d'attentions  pour  sa 
compagne  ;  passe  les  nuits  branché  près  d'elle  ;  l'appelle  dès 
qu'il  a  trouvé  un  insecte,  pour  le  lui  oftVir,  et  veille  à  sa 
portée  lorsqu'elle  est  au  nid. 

Le  couple  fut  installé  dans  une  volière  mesurant  12  mètres 
de  surface,  dont  4  mètres  de  hangar  et  8  mètres  à  ciel  ouvert; 
cette  dernière  partie  plantée  d'arbustes,  gazonnée  et  sablée. 

La  première  année  de  son  séjour  chez  moi  demeura  sans 
résultat,  au  point  de  vue  de  la  reproduction:  j'ai  eu  l'honneur 
de  vous  faire  remarquer,  Monsieur  le  Président,  que  ce  couple 
était  un  couple  d'importés,  et  les  oiseaux  d'importation, 
comme  on  sait,  ne  reproduisent  pas  toujours  dès  la  première 
année.  Quelques-uns  même  ne  s'y  décident  qu'au  bout  de 
quatre  ou  cinq  ans  et  quelquefois  pas  du  tout. 

Je  dois  dire,  d'ailleurs,  que  l'ordinaire  auquel  j'avais  assu- 
jetti mes  pensionnaires,  et  que,  faute  de  savoir,  j'avais  cru 
devoir  calquer  sur  celui  des  colins,  des  perdrix  françaises  et 
des  perdrix  de  Chine,  consistait  uniquement  en  graines  diver- 


PERDRIX  PERCHEUSE  DU  BOUTAN.  499 

ses  :  millet,  alpiste,  blé,  millet,  sarrasin,  avoine,  et  en  mie  de 
pain. 

Or  cette  nourriture,  dont  ils  se  contentaient  à  la  rigueur 
n'était  pas  tout  à  fait  celle  indiquée  par  leur  tempérament 
particulier.  Nous  venons  de  voir  que  la  structure  de  la  Per- 
drix du  Boutan  se  rapproche,  par  certains  côtés,  de  celle  du 
râle,  un  petit  échassier  mangeur  d'insectes.  Ses  habitudes, 
d'ailleurs,  ne  laissent  aucun  doute  au  sujet  du  genre  de  nour- 
riture qu'elle  préfère  à  tout.  Constamment  elle  gratte  la  terre 
pour  y  trouver  des  racines,  des  graines  germées  et  surtout 
des  vers  et  vermisseaux.  Chez  elle  le  tarse  est  très  fort,  ce  qui 
lui  ôte  de  l'élégance,  mais  ce  tarse  est  la  pièce  principale  de 
son  outillage  de  fouilleuse.  C'est  le  levier  dont  elle  se  sert  pour 
soulever  des  mondes...  de  lombrics  et  de  plantes  germées,  dont 
elle  se  montre  particulièrement  avide.  On  la  voit  passer  des 
heures  entières  à  gratter  la  terre  avec  ses  grands  ongles,  à  la 
piocher  avec  son  bec  pointu,  bouleversant  les  allées,  retour- 
nant les  mottes,  déracinant  les  gazons,  creusant,  pour  peu 
que  le  sol  soit  h'iable,  des  trous  suffisants  pour  l'ensevelir. 

L'année  1882  s'écoula,  comme  je  viens  de  le  dire,  sans 
donner  de  reproduction:  soit  par  suite  de  ce  que  les  oiseaux 
fort  sauvages  à  leur  arrivée,  n'étaient  pas  suffisamment  habi- 
tués à  leur  nouveau  milieu,  soit  peut-être  parce  que  l'ali- 
mentation que  je  leur  donnais  était  trop  différente  de  celle 
demandée  par  leur  tempérament  particulier. 

Aussi  ,dès  le  printemps  de  celte  année  (1 883),  je  m'arrangeai 
de  façon  à  procurer  à  mes  pensionnaires  le  plus  possible  de 
leur  nourriture  favorite.  Je  lis  mettre  de  côté  les  vers  obtenus 
lors  du  bêchage  du  jardin,  et,  de  temps  en  temps,  je  leur 
jetais  de  ces  vers  par-dessus  les  grillages.  Le  raâle,  moins 
sauvage  que  la  femelle,  s'emparait  des  lombrics,  appelait  sa 
compagne  par  un  cri  particulier,  les  lui  offrait  avec  insistance, 
et  ne  ramassait  pour  son  propre  compte  que  lorsque  celle-ci 
était  repue. 

Mais  cette  aubaine  de  lombrics  provenant  du  labour  des 
plates-bandes  ne  pouvait  être  que  passagère,  et  il  me  fallut 
songer  à  modifier  l'installation,  de  telle  manière  que  les 


500  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

oiseaux  pussent  trouver  d'eux-mêmes,  à  leur  moment  et  sui- 
vant leurs  besoins,  couramment  et  sans  interruption,  le  prin- 
cipal élément  de  leurs  repas. 

Pour  cela,  je  pris  modèle  sur  Faménagement  de  la  volière 
aux  faisans  destinés  à  la  chasse,  aménagement  qui  avait  attiré 
mon  attention  dans  mes  promenades  au  Jardin  zoologique  du 
Bois  de  Boulogne.  Cette  volière,  comme  chacun  a  pu  le  remar- 
quer, est  jonchée  d'une  épaisse  couche  de  feuilles  mortes, 
que  les  faisans  retournent  presque  constamment,  pour  y  trou- 
ver les  vers  qui  s'y  attachent. 

Je  me  mis  à  calquer  de  mon  mieux  cet  agencement  ;  seule- 
ment je  le  modifiai  en  ce  sens  qu'au  lieu  de  feuilles  tombées, 
je  me  servis  de  menues  pailles  et  de  poussières  provenant  de 
battage.  J'en  comblai  les  allées  à  une  hauteur  d'au  moins 
20  centimètres,  et  j'y  répandis  tous  les  jours  les  grains  des- 
tinés à  l'alimentation.  La  pluie  et  les  arrosages,  on  imprégnant 
cette  menue  paille,  les  oiseaux  en  la  grattant  et  la  mélangeant 
avec  la  terre  et  le  sable  de  leur  volière,  en  firent  un  compost 
qui,,  comme  garde-manger  sui  generis,  ne  laissa  bientôt  rien 
à  désirer. 

Ce  qu'il  germe  de  menues  graines,  ce  qu'il  pullule  de  vers 
et  de  vermisseaux  dans  un  pareil  milieu,  est  quelque  chose 
d'incalculable. 

Le  couple  Perdrix  du  Boutan  se  mit  de  suite  à  l'œuvre, 
s'escrimant  de  son  mieux  des  pieds  et  du  bec;  à  toute  heure 
de  la  journée  on  peut  le  surprendre  sur  la  couche  de  menue 
paille,  grattant  et  piochant. 

Le  résultat  de  ce  nouveau  régime  ne  se  fit  pas  attendre,  et, 
le  9  mars,  dansl'après-midi,  je  surprenais  la  poule  du  Boutan 
jetant  avec  son  bec  des  brins  de  paille  par-dessus  son  dos,  ce 
qui,  comme  chacun  sait,  est  l'indice  d'une  ponte  récente  ou 
imminente.  Le  coq  imitait  ce  manège.  J'allai  voir  au  nid: 
rien  encore.  Je  dois  ajouter  que,  ce  jour-là,  la  température 
était  très  froide. 

Le  lendemain  10,  vers  quatre  heures  du  soir,  j'aperçus  le 
coq  faisant  le  guet  près  de  l'entrée  du  nid.  Evidemment  la 
ponte  avait  lieu  en  ce  moment,  mais  je  ne  pus  m'en  assurer 


PERDRIX  PERCHEUSE  DU  BOUTAN.  501 

que  le  11  au  matin,  parce  que  la  nuit  vint  et  je  ne  voulais  pas 
déranger  les  oiseaux  à  l'heure  de  la  perchée. 

Le  nid  de  la  Perdrix  du  Boutan,  comme  celui  du  colin  et 
de  la  perdrix  de  Chine,  ces  autres  perdrix  percheuses,  a  la 
forme  d'un  four  un  peu  creusé  en  terre  et  voûté.  Ce  nid  avait 
été  construit  sous  l'abri,  dans  une  encoignure  masquée  par 
une  toulYe  de  lilas.  C'était  une  sorte  de  voûte,  longue  de  30  à 
35  centimètres,  terminée  par  une  cuvette,  dans  laquelle  a  lieu 
la  ponte,  et  revêtue  d'un  énorme  amas  de  brins  de  paille.  A 
l'entrée  se  trouve  fichée  par  le  travers  une  tige  de  paille  ou  de 
foin  sec,  sorte  de  précaution  suggérée  par  l'instinct  po  ur 
s'assurer  que  le  réduit  n'a  pas  été  violé. 

Je  dus  me  coucher  à  plat  ventre  pour  voir  l'œuf  qui  éta  it 
au  fond  de  ce  réduit.  Cet  œuf  me  parut  relativement  énorme. 

L'œuf  de  la  Perdrix  du  Boutan,  ainsi  que  j'ai  pu  le  vérifier 
plus  tard,  est  entièrement  blanc,  de  forme  conique,  très 
pointu  d'un  bout,  et  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  faisan  versi- 
colore.  Ceci  me  parut  regrettable,  parce  que  je  ne  crois  pas 
que  l'oiseau  puisse  embrasser,  dans  son  travail  d'incubation, 
plus  de  cinq  ou  six  de  ses  propres  œufs,  ce  qui  est  d'ailleurs 
la  moyenne  des  pontes  que  j'ai  obtenues  en  dernier  lieu  ;  mais 
nous  allons  voir  que  ce  défaut  est  racheté  par  la  rapidité  de 
la  croissance  des  jeunes,  qui  s'accomplit  presque  en  six  se- 
maines et  par  la  multiplicité  des  pontes  ;  j'en  ai  obtenu  quatre 
cette  année. 

Le  premier  œuf  fut  donc  pondu  le  10  mars.  Mais  la  repro- 
duction fut  contrariée  par  la  température  inaccoutumée  du 
printemps  de  1883.  Il  gelait  à  glace  et  il  faisait  un  froid  in- 
tense. 

Le  12  mars,  vers  quatre  heures  du  soir,  l'œuf  était  enterré, 
la  paille  affaissée,  le  four  rétréci.  Il  neigeait.  Peut-être  la 
pondeuse  voulait-elle  garantir  à  sa  manière  son  trésor  contre 
les  atteintes  de  la  gelée. 

Le  14  mars  dans  l'après-midi,  l'œuf  était  déterré  et  la  cu- 
vette du  réduit  préparée  comme  pour  une  nouvelle  ponte. 
Durant  quelques  jours  je  résolus  de  suspendre  mes  visites 
pour  ne  pas  dépiter  les  oiseaux,  qui  sont  très  ombrageux. 


502  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Le  19  mars,  dans  la  malinée,  je  trouvai  le  nid  modifié, 
l'entrée  changée  de  direction.  Donc  il  n'était  pas  abandonné. 
Malheureusement,  ayant  tait  apporter  du  gazon  dans  un  com- 
partiment voisin,  les  allées  et  venues  du  jardinier  eurent  un 
résultat  regrettable,  et  le  20  mars  le  nid  était  défait,  les  œufs, 
au  nombre  de  deux,  épars  sur  le  sable  de  l'abri.  Force  me  fut 
de  confier  ces  deux  œufs  à  une  petite  poule  couveuse. 

La  première  portée  n'avait  donc  été  que  de  deux  œufs, 
pondus  à  plusieurs  jours  d'intervalle.  Mais  il  faisait  une  tem- 
pérature hivernale,  et,  bien  que  les  oiseaux  supportassent 
vaillamment  ce  contre-temps,  comme  ils  ne  pouvaient  gratter 
la  terre  gelée,  il  s'ensuivit  que  leur  menu  se  trouvait  appauvri 
de  ses  meilleurs  éléments  :  insectes  et  graines  germées. 

Le  25  mars,  le  nid  était  refait  à  la  même  place  que  précé- 
demment, la  paille  disposée  en  voûte,  et  comme  recouvert 
d'un  toit  de  chaume. 

Le  4  avril  vers  midi,  la  poule  Perdrix  couvait.  Le  mâle 
veillait  à  peu  de  distance  du  nid.  Le  soir  il  était  seul  au  per- 
choir. 

Le  5  avril,  à  six  heures  du  matin,  je  trouvai  la  poule  levée  et 
piochant  les  gazons.  Le  passage  d'un  chat,  d'un  oiseau  de  proie 
ou  quelque  cause  de  panique  dont  je  ne  pus  me  rendre 
compte,  lit  qu'elle  ne  reprit  pas  le  nid.  Vers  dix  heures  et 
demie,  les  œufs,  au  nombre  de  quatre,  étant  refroidis,  je  les 
confiai  à  une  petite  poule  de  Nangasaki,  dont  je  complétai  la 
couvée  avec  six  œufs  de  faisan  houppifère  de  Swinhoë.  Le  nid 
fut  défait,  les  pailles  éparpillées. 

Le  44  avril,  l'un  des  deux  premiers  œufs  de  Perdrix  du 
Boutan,  confiés  aune  petite  poule,  donnait  une  éclosion, 
après  vingt-quatre  jours  d'incubation.  Le  second  œuf,  pro- 
bablement le  premier  pondu,  ayant  eu  trop  à  souffrir  des 
atteintes  de  la  gelée,  ne  contenait  qu'un  liquide  gâté.  L'em- 
bryon ne  s'y  était  même  pas  développé. 

Le  47  avril,  le  nid  des  Perdrix  du  Boutan  était  reconstruit 
pour  la  troisième  fois,  et,  chose  remarquable,  toujours  au 
même  anole  du  hangar  masqué  par  la  touffe  de  lilas.  La  ponte, 
commencée  le  20  avril  au  soir,  ne  fut  complétée  que  le  lOmai 


PERDPxIX  PERCHEUSE  DU  BOUTAN.  503 

au  malin;  à  celte  date  elle  était  de  six  œufs,  que  la  mère  se 
mit  à  couver,  veillée  par  le  mâle,  qui  se  tenait  à  portée  du  nid 
le  jour,  perché  au-dessus  la  nuit. 

Cependant  le  petit  Perdreau  du  Boulan  né  le  U  avril  se 
développait  ;  durant  les  premiers  jours  il  parut  dédaigner  les 
larves  de  fourmi,  les  ténébrions,  la  pâtée  à  faisans  et  il  pré- 
férait à  tout  les  petits  vers  de  terre,  dont  il  fit  sa  nourriture 
exclusive.  Le  ^0  avril,  à  l'âge  de  six  jours,  il  se  mit  à  gratter 
une  motte  de  gazon  disposée  dans  son  parquet,  suivant  les 
instincts  de  son  espèce;  le  24  avril,  il  mangeait  des  vers  de 
farine  qu'il  avalait  sans  prendre  la  peine  de  les  tuer. 

Le  29  avril,  éclosaient  deux  nouveaux  Perdreaux  du  Boutan 
et  six  poussins  de  Swinhoë  couvés  par  une  poule  naine  de- 
puis le  5;  c'est-à-dire  après  vingt-quatre  jours  d'incubation. 
Cette  couvée  était  de  dix  œufs,  dont  quatre  de  Perdrix  du  Bou- 
tan ;  malheureusement  l'un  de  ces  œufs  fut  écrasé  par  la  cou- 
veuse peu  avant  l'éclosion  ;  un  autre,  ayant  glissé  à  travers  la 
paille  du  nid,  se  trouva  refroidi  au  point  d'amener  la  mort  de 
l'embryon.  Tous  les  œufs  étaient  fécondés. 

Je  réunis  à  ce  petit  troupeau  le  premier  Perdreau  éclos 
le  \A,  c'est-à-dire  âgé  de  quinze  jours  et  que  la  poule  voulut 
bien  accepter.  Ce  jeune  sujet  montrait  aux  poussins  à  manger 
des  œufs  de  fourmi,  qu'il  avait  fini  par  accepter,  et  leur  pré- 
sentait cette  nourriture,  que  ses  petits  frères  lui  cueillaient  au 
bec.  Dès  le  3  mai  il  était  presque  aussi  gros  qu'une  caille, 
commençait  à  voler  et  venait  se  percher  familièiement  sur 
mon  épaule. 

Le  13  mai,  le  premier  des  trois  élèves  Perdreaux  du  Bou- 
tan se  trouvait  en  pleine  mue.  II  paraissait  souffrir  de  cette 
crise,  qui  lui  fut  fatale  ainsi  qu'à  l'un  des  deux  autres  plus 
jeunes  élèves,  car  il  périt  le  25  mai  et  son  frère  peu  de  jours 
après. 

J'attribuai  cet  accident,  qui  ne  s'est  plus  renouvelé,  à  ce 
que  l'état  de  la  température  m'avait  mis  dans  la  nécessité 
d'élever  en  chambre  de  jeunes  sujets  dont  le  besoin  le  plus 
impérieux  est  de  trouver,  en  grattant  le  sol,  des  proies  d'une 
nature  particulière,  auxquelles  je  ne  pouvais  suppléer  qu'im- 


504-  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION, 

parfaitement  avec  mes  larves  de  fourmi,  mes  vers  de  farine,, 
mes  lombrics  et  ma  pâtée  à  faisans. 

Le  troisième  Perdreau  du  Boutan  vint  à  bien  avec  les  six. 
élèves  faisans  Swinhoë,  et  est  depuis  longtemps  parvenu  à  son 
entier  développement.  C'est  une  femelle. 

Cependant  la  poule  Perdrix  du  Boutan  continuait  avec  assi- 
duité son  travail  d'incubation,  et  je  ne  la  voyais  que  par 
échappée,  le  matin,  lorsqu'elle  grattait,  en  quête  de  sa 
nourriture.  De  temps  en  temps,  je  renouvelais  la  litière  de 
menue  paille. 

Le  6  juin,  j'aperçus  deux  poussins  suivant  leur  mère  à  tra- 
vers la  volière  ;  les  arbustes  et  les  obstacles  de  toutes  sortes 
m'empêchaient  de  voir  suffisamment.  Il  restait  au  nid  deux. 
œufs  refroidis,  sur  six  qui  avaient  été  couvés,  et  je  ne  tardai 
pas  à  m'assurer  que  le  couple  traînait  à  sa  suite  quatre  jeunes 
paraissant  très  vifs. 

Dès  le  7  juin  ces  jeunes  vagabondaient  de  tous  côtés,  sans 
trop  suivre  leurs  parents,  grattant  et  cherchant  leur  vie  chacun 
pour  son  compte.  Ils  se  montrent  très  sauvages.  L'un  d'eux 
s'étant  pris  dans  les  grillages,  je  m'en  fus  le  délivrer,  mais  à 
son  cri  le  mâle  accourut  sur  moi,  les  ailes  tendues,  comme 
pour  le  défendre. 

Le  17  juin,  ces  quatre  derniers  élèves,  gros  comme  des  noix,, 
commençaient  à  voleter;  le  21,  ils  étaient  gros  comme  des 
cailles  et  poussaient  à  vue  d'œil,  malgré  l'humidité  et  le  temps 
froid,  si  fatals  aux  autres  Perdreaux, 

Le  21  juin,  toujours  dans  le  même  nid,  je  trouvais  un  nou- 
vel œuf  chez  les  Perdrix  du  Boutan.  La  femelle  avait  commencé 
une  nouvelle  ponte:  la  quatrième  et  la  dernière  de  cette 
année. 

Le  29  juin,  les  quatre  derniers  Perdreaux,  âgés  de  trois 
semaines, commençaient  à  passer  les  nuits  au  dehors,  perchés 
et  cachés  dans  les  branches  du  iilas  qui  masquait  le  nid  de  leur 
mère. 

Le  24  juin,  deuxième  œuf;  le  27,  troisième  œuf;  le  30,. 
quatrième  œuf  ;  le  1"  juillet,  cinquième  œuf  et  commence- 
ment d'incubation  par  la  Perdrix. 


PERDRIX  PERCHEUSE  DU  BOUTAN.  505 

Le  4  juillet,  j'eus  à  constater  une  panique  dont  je  n'eus 
l'explication  que  quelques  jours  après.  Les  jeunes  paraissaient 
affolés,  poussaient  des  cris  de  terreur,  couraient  dans  tous 
les  sens  et  se  cachaient  sous  les  arbustes;  puis,  en  ma  pré- 
sence, le  calme  revint  et  la  petite  famille  reprit  ses  allures 
habituelles,  sous  la  protection  du  père.  Puis,  le  17,  il  se  fit 
chez  les  Perdrix  du  Boutan  un  bruit  inusité  et  je  surpris  la 
mère,  qui  avait  quitté  son  nid,  pourchassant  ses  jeunes,  qui 
ne  savaient,  cette  fois,  où  se  fourrer. — Alors  je  compris  tout. 

La  Perdrix  du  Boutan  venait  de  m'enseignerque,  différente 
en  ceci  de  la  Perdrix  percheuse  de  la  Chine,  qui,  elle,  élève 
ses  diverses  portées  successivement  et  pour  ainsi  dire  couche 
par  couche,  les  derniers  venus  pêle-mêle  avec  leurs  aînés,  elle 
chasse  impitoyablement  ses  jeunes  à  mesure  qu'elle  entre- 
prend une  nouvelle  couvée. 

Il  faut  reconnaître  aussi  que  chez  la  Perdrix  du  Boutan,  la 
croissance  des  petits  s'effectue  très  rapidement,  à  ce  point  que, 
dès  l'âge  de  six  semaines,  ces  derniers  sont  aptes  à  se  suffire  et 
ont  déjà  revêtu  leur  livrée  au  point  de  permettre  de  distinguer 
les  sexes.  Cette  particularité  est  à  noter  pour  l'époque  où 
nous  voudrons  essayer  de  naturaliser  dans  nos  chasses  l'oiseau 
du  Boutan  à  l'état  de  gibier  libre. 

Je  dus  donc  pénétrer  dans  le  compartiment  pour  reprendre 
les  quatre  élèves,  déjà  presque  à  leur  grosseur  et  bien  en 
plumes.  Il  y  avait  deux  mâles  et  deux  femelles. 

Ils  furent  installés  avec  leur  aînée,  que  les  faisandeaux  de 
Swinlioë  coamiençaient  à  molester,  dans  un  compartiment 
séparé,  amplement  pourvu  de  menue  paille. 

Mais  la  capture  de  ces  jeunes  ne  put  s'effectuer  sans  un 
certain  brouhaha,  dont  le  résultat  fut  que  les  cinq  œufs  qui 
étaient  au  nid  et  dont  l'incubation  était  commencée,  furent 
abandonnés  momentanément  jusqu'à  refroidissement  presque 
complet. 

Force  me  fut  de  retirer  du  nid  ces  cinq  œufs  pour  les  con- 
fier à  une  poule  naine  de  Java  noire.  Puis,  par  une  sorte 
d'ironie  du  sort,  à  peine  ces  œufs  étaient-ils  enlevés,  que  la 
Perdrix  reprenait  sa  place  au  nid.  Trop  lard. 


506  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMÂTATION. 

Je  regrettai  ce  contre-temps,  mais,  en  somme,  je  savais  ce 
qu'il  importait  de  savoir  :  la  Perdrix  du  Boutan  m'avait 
montré  qu'elle  ne  supporte  plus  ses  jeunes  dès  qu'elle  en- 
treprend un  nouvel  élevage. 

Le  24  juillet,  les  cinq  derniers  œufs,  dont  l'incubation  in- 
terrompue avait  été  reprise  en  sous-œuvre  par  la  poule  de 
Java,  me  donnaient  quatre  éclosions:  le  cinquième  œuf,  qui 
avait  été  refroidi,  était  bêché,  mais  la  coquille  tellement  brisée 
et  friable,  qu'il  y  avait  danger  à  le  laisser  à  la  poule  ;  l'em- 
bryon eût  été  infailliblement  étouffé  ou  écrasé.  Je  le  plaçai 
dans  le  tiroir  d'un  incubateur  Lagrange  où  il  vécut  deux  jours, 
puis,  finalement,  il  succomba.  Le  poussin  n'avait  pu  résorber 
le  jaune  ou  vitellus. 

Restaient  donc  quatre  poussins  vivants,  qui,  dès  le  2  août, 
furent  installés,  avec  leur  poule  captive,  dans  la  partie  cou- 
verte d'un  compartiment  de  volière,  et  nourris  de  vers  de 
terre,  de  sauterelles,  de  larves  de  fourmi  et  de  pâtée  à  fai- 
sans (1). 

Le  26  août,  j'ouvris  la  boîte  et  la  poule  fut  laissée  libre  de 
circuler  avec  ses  élèves.  Les  premiers  moments  de  cette 
réunion  ne  furent  pas  sans  me  donner  quelque  souci:  les 
petits  prirent  peur.  Tant  que  la  poule  fut  dans  sa  boîte  ob- 
scure, à  l'état  d'édredon  vivant,  tout  alla  bien;  mais  dès  que 
cette  bête  aux  grandes  proportions,  à  la  livrée  étrangère,  fut 
lâchée  au  dehors,  les  appelant  à  grands  cris  dans  une  langue 
qu'ils  ne  comprenaient  pas,  se  livrant  à  des  battements  d'aile 
et  à  des  mouvements  désordonnés,  alors  la  panique  s'em- 
para du  jeune  troupeau  qui  ne  savait  où  se  cacher.  La  poule, 
de  son  côté,  s'évertuait  à  les  chercher  et  à  les  appeler  à 
grands  cris,  et  plus  elle  appelait,  plus  ils  avaient  peur.  Enfin 
je  la  réintégrai  dans  sa  boîte,  où  ses  petits  la  rallièrent  peu 
à  peu  ;  je  recommençai  l'expérience  à  deux  ou  trois  reprises 
et  la  bonne  intelligence  finit  par  s'établir  entre  l'éleveuse  et 
ses  élèves. 

Le  7  août,  elle  les  promenait  dans  la  volière,  grattant  dans 

(1)  Voyez,  pour  la  composition  de  la  pâtée  à  faisans,  l'Aviculture,  3*  édition, 
illustrée,  p.  155  et  156.  Firmin-Didol,  éditeurs. 


PERDRIX    PERCIIEUSE   DU   BOUTAN.  507 

la  menue  paille  pour  leur  montrer  à  y  chercher  des  friandises, 
jouant  de  son  mieux  des  pieds  el  du  bec,  mais  bientôt  elle  ne 
fut  pas  de  force  à  ce  jeu,  el  ses  petits,  creusant  de  véritables 
trous,  lui  rendaient  des  points. 

Le  14  août,  ils  commençaient  à  voleter  et  avaient  leurs  pre- 
mières plumes  et  leur  première  livrée;  les  flancs  pointillés  de 
blanc,  les  plumes  des  ailes  mouchetées  de  marron,  en  forme 
deV. 

Le  16  août  au  soir,  ils  perchaient,  et  leur  poule,  peu  habi- 
tuée à  voir  percher  des  poussins  à  cet  Age,  et  qui  les  attendait 
dans  sa  boîte  pour  y  passer  la  nuit,  dut  les  rejoindre. 

Depuis  cette  époque,  ils  grossissent  à  vue  d'œil,  sont  très 
vifs  et  je  considère  leur  éducation  comme  assurée. 

En  résumé,  j'ai  obtenu,  pour  cette  année,  une  reproduction 
de  neuf  jeunes,  quatre  mâles  et  cinq  femelles,  actuellement 
vivants,  qui  eût  pu  être  plus  abondante  sans  les  fautes  com- 
mises et  sans  la  température  hivernale  que  nous  avons  subie 
cette  année,  durant  les  mois  de  mars  et  d'avril. 

La  Perdrix  percheuse  du  Boutan  s'est  révélée  à  nous  comme 
un  oiseau  d'une  acclimatation  facile,  très  apte  à  supporter 
l'humidité,  qui,  depuis  quelques  années,  tend  à  devenir  la 
température  dominante  de  notre  pays. 

J'ai  été  assez  heureux  pour  trouver,  dans  mes  rapports  avec 
cette  espèce  rustique,  le  régime  qui  lui  convient  le  mieux, 
régime  dont,  en  ma  qualité  de  membre  de  la  Société  d'Accli- 
matation, je  n'ai  pas  voulu  faire  un  secret.  Je  suis  porté  à 
croire  que  l'emploi  de  mon  système  de  compost  conviendrait 
pour  assurer  la  réussite  de  l'éducation  d'autres  espèces  fouis- 
seuses, telles  que  le  lophophore,  par  exemple. 

Je  suis  persuadé  que  la  Perdrix  du  Boulan  se  plairait  dans 
les  terres  légères  el  humides,  boisées,  puisqu'elle  est  per- 
cheuse, et,  dès  que  cet  oiseau  se  sera  suffisamment  répandu 
par  l'éducation  en  volière  au  point  de  nous  permettre  de 
faire  des  essais  multipliés,  peut-être  nous  sera-t-il  donné  de 
voir  nos  chasses  s'enrichir  d'un  gibier  nouveau. 


RAPPORT 

SUR   LA 

SITUATION  DE  LA  PISCICULTURE  A  L'ÉTRANGER 

d'après  les  documents  recueillis  à  l'Exposition  internationale 
de  produits  et  engins  de  pêche  de  Berlin 

EN  1880 

Par  I»I.   C.    R  If  ERET-WATTEL 

Secrétaire  des  séances. 

(Suite) 


Les  appareils  coniques  perfectionnés  de  M.  Fergnson, 
comme  ceux  de  MM.  Fred.  Mather  et  Ch.  Bell,  rentrent  dans 
la  catégorie  de  ceux  que  l'on  désigne  en  Amérique  sous  le 
nom  de  self-pickers  et  en  Allemagne  sous  celui  de  selbsl- 
auslesande  Bruttrôge,  c'est-à-dire  appareils  à  triage  auto- 
matique, opérant  un  nettoyage  continuel  des  œufs  en  incu- 
bation et  rejetant  ceux  de  ces  œufs  qui  viennent  à  se  gâter, 
pour  ne  conserver  que  les  bons. 

Dans  tous  ces  appareils,  les  œufs  se  trouvent  placés  dans  un 
courant  ascendant,  dont  la  force  est  réglée  de  telle  sorte  que 
les  œufs  sains  restent  tenus  en  suspension,  tandis  que  les 
œufs  gâtés,  plus  légers  que  les  autres,  sont  entraînés  et  s'é- 
chappent avec  l'eau. 

Un  des  modèles  les  plus  employés  est  celui  inventé  en  1875 
par  M.  Oren  M.  Chase,  surintendant  du  laboratoire  de  pisci- 
culture de  la  Commission  des  pêcheries  du  Michigan,  à  Détroit. 
Cet  appareil  consiste  en  une  sorte  de  seau  ou  jarre  en  verre 
(fig.  26,  A),  de  O^sSO  de  hautsur  0",I5  de  diamètre.  L'eau, 
amenée  par  un  tuyau  en  caoutchouc,  qu'on  ouvre  ou  ferme  à 
volonté  au  moyen  d'une  cannelle  en  bois,  entre  par  le  tube  en 
verre  a,  pour  aller  sortir,  en  suivant  la  direction  qu'indiquent 
les  flèches,  par  l'orifice  b,  ménagé  dans  le  col  ou  garniture  en 
fer-blanc  qui  forme  la  partie  supérieure  de  l'appareil.  A  cet 
orifice  s'adapte  intérieurement  un  grillage  mobile  en  fine 
toile  métallique.  Comme  on  le  voit  dans  la  figure,  le  tube  ver- 


LA   PISCICULTURE   A    L'ÉTRANGER. 


509 


tical  a  est  légèrement  renflé  à  sa  base  pour  présenter  plus  de 
solidité  et  aussi  pour  donner  une  direction  convenable  au 
courant,  qui  s'échappe  par  toute  la  circonférence,  en  passant 
dans  un  intervalle  de  \  à  5  millimètres  ménagé  entre  le  fond 
du  seau  et  l'extrémité  inférieure  du  tube,  au  moyen  de  trois 
petits  pieds  ou  boutons,  sur  lesquels  repose  ce  dernier. 

Chaque  jarre  peut  recevoir  de  150  000  à  175  000  œufs  de 
Corégone,  voire  même,  au  besoin,  '200000. 


FiG.  26. 


Soulevés  et  tenus  en  suspension  par  le  courant,  au  milieu 
duquel  ils  roulent  constamment  sur  eux-mêmes,  ces  œufs, 
demi-transparents,  forment  dans  l'eau  un  nuage  blanchâtre, 
mouvant,  assez  comparable,  pour  l'aspect,  à  de  la  fécule  de 
tapioca  agitée  par  un  liquide  en  ébullition. 

A  l'établissement  de  Détroit  (Michigan),  -205  de  ces  jarres 
peuvent  fonctionner  à  la  fois  et  suffisent  pour  la  mise  en  in- 
cubation de  -40000000  d'œuts.  Les  jarres,  placées  en  séries 
parallèles  sur  de  solides  rayons,  reçoivent  l'eau  d'alimenta- 
tion par  des  conduites  fixées  aux  murs  du  laboratoire.  Les 
becs  h  (v.  fig.  26)  déversent  cette  eau  dans  des  rigoles  qui 
courent  le  long  des  rayons  et  vont  aboutir  à  un  réservoir 
commun.  Pendant  la  durée  de  l'incubation  ces  becs  sont 
garnis  du  lin  grillage  entoile  métallique  mentionné  plus  haut, 


510  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

afin  de  retenir  les  œufs  que  le  courant  pourrait  entraîner 
intempestivement.  Mais,  quand  les  éclosions  commencent  à  se 
produire,  ces  grillages  sont  enlevés  pour  laisser  libre  passage 
aux  alevins.  Ceux-ci  s'échappent  des  appareils  avec  le  filet 
d'eau  qui  en  sort,  tombent  dans  les  rigoles  longitudinales  et 
vont  se  réunir  dans  le  réservoir  où  aboutissent  ces  rigoles. 

Dès  que  les  éclosions  se  manifestent,  elles  ont  lieu  en  nom- 
bre considérable,  si  considérable,  qu'il  serait  impossible  de 
compter  les  alevins  qui  s'échappent  d'un  appareil.  Le  réservoir 
en  est  bientôt  rempli.  Au  furet  à  mesure,  on  les  recueille  avec 
un  filet  en  mousseline,  pour  les  mettre  dans  des  appareils  de 
transport,  grands  bidons  en  fer-blanc  qui  peuvent  en  contenir 
des  milliers,  et  on  les  expédie  sans  retard  à  destination,  c'est- 
à-dire  dans  les  localités  où  se  trouvent  les  eaux  à  repeupler. 

A  Madison  (^Yisconsin),  dans  l'établissement  de  pisciculture 
de  la  Commission  des  pêcheries,  les  appareils  Chase  sont 
également  employés  sur  une  grande  échelle.  On  les  a  déjà 
presque  complètement  substitués  aux  boîtes  Holton  (voy.  ci- 
dessus)  précédemment  employées  pour  la  mise  en  incubation 
des  œufs  de  Corégone  et  de  Wall-eyed-pike  {Lucîoperca  ame- 
ricana).  Une  centaine  de  ces  jarres  fonctionnent  habituelle- 
ment et  servent  à  l'éclosion  de  20  000  000  d'œufs.  Cette  mo- 
dification dans  l'outillage  permet  à  la  Commission  des 
pêcheries  de  réaliser  annuellement  une  économie  de  5  000  dol- 
lars (25000  francs)  dans  les  frais  de  main-d'œuvre.  Un  seul 
homme  suffit,  en  effet,  pour  surveiller  l'incubation  de  cette 
quantité  d'œufs,  tandis  qu'avec  les  boîtes  Holton  il  faudrait, 
pendant  toute  la  durée  de  l'incubation  (soit  environ  du  1''  dé- 
cembre au  i"  avril)  un  personnel  nombreux  constamment 
employé  à  visiter  les  œufs  et  à  rejeter  avec  les  barbes  d'une 
plume  tous  ceux  qui  viennent  à  se  gâter.  On  évite  du  même 
coup  une  forte  dépense  et  un  travail  fastidieux  (1). 

Il  en  est  de  même  au  grand  établissement  de  Northville 
(Michigan)  déjà  mentionné  ci-dessus.  Nous  devons  à  Tobli- 
geance  du  surintendant  de  cet  établissement  modèle,  M.  Frank 

(1)  Le  salaire  des  femmes  que  Ton  emploie  dans  les  établissements  au  triage 
des  œufs  est,  en  moyenne,  de  75  cents  (3  fr.  75)  par  jour. 


LA   PISCICULTURE   A   L'ÉTRANGER.  511 

Nelson  Glark,  des  renseignements  intéressants  que  nous 
croyons  devoir  donner  ici  pour  compléter  ceux  qui  précèdent 
concernant  les  appareils  self-pickers  en  général,  et  les  a\ppa- 
reils  Chase  en  particulier. 

«  Tous  les  appareils  dits  self-pickers  fonctionnent  d'une 
même  manière,  c'est-à-dire  en  tenant  les  œufs  constamment 
en  suspension  dans  l'eau  par  la  force  du  courant,  et  tous  re- 
posent sur  un  même  principe,  à  savoir  :  que  les  œufs  gâtés  et 
envahis  par  des  végétations  cryptogamiques,  étant  générale- 
ment plus  légers  que  les  œufs  sains,  peuvent  être  isolés  de 
ceux-ci,  puis  entraînés,  éliminés  par  le  courant. 

»  Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  toutefois  que  la  différence 
de  densité  entre  les  œufs  sains  et  les  œufs  gâtés  n'est  pas  très 
sensible  et  que,  par  suite,  un  courant  qui  serait  assez  fort 
pour  entraîner  tous  ces  derniers  hors  des  appareils  d'éclosion 
suflirait  pour  emporter  aussi  une  partie  des  premiers.  On  ne 
peut  donc  espérer  obtenir  un  appareil  faisant  un  triage  abso- 
lument complet  des  œufs.  Mais,  en  somme,  les  résultais  donnés 
par  les  divers  modèles  en  usage  sont  très  suffisants,  puisqu'ils 
réduisent  à  un  travail  insignifiant  la  besogne  du  triage  à  la 
main,  et  l'on  peut  dire  qu'ils  sont,  par  cela  même,  de  beau- 
coup supérieurs  à  tout  autre  système  d'appareils  d'éclosion. 

»  Il  est  bien  entendu  toutefois  qu'ils  ne  sauraient  être  uti- 
lement employés  que  pour  telles  espèces  de  poissons  dont  les 
alevins,  aussitôt  éclos,  nagent  librement,  au  lieu  d'être  alour- 
dis par  un  volumineux  sac  ombilical  (comme  le  sont,  par 
exemple,  ceux  de  Truite  ou  de  Saumon),  et  sont  assez  légers 
pour  que  le  courant  puisse  les  entraîner.  Ces  appareils  se 
trouvent  donc  tout  indiqués  pour  l'éclosion  des  œufs  d'Alose, 
de  Corégone,  etc. 

»  Des  divers  modèles  proposés  jusqu'à  ce  jour  pour  faire 
éclore  les  œufs  en  les  tenant  en  suspension,  les  plus  remar- 
quables et  les  meilleurs  assurément  sont  les  appareils  coni- 
ques de  MM.  Malher  et  Bell,  perfectionnés  par  M.  Ferguson, 
et  les  jarres  de  M.  Chase. 

»  Les  cônes  sont  employés  exclusivement  pour  l'Alose, 
tandis  que  les  jarres  n'ont  encore  été  utilisées  que  pour  le 


512  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Wliitefish  {Coregonus  albus),  sauf  dans  une  seule  expérience, 
qui  a  fait  constater  que  les  œufs  d'Alose  y  réussissaient  égale- 
ment bien.  L'essai  aurait  besoin  néanmoins  d'être  renouvelé 
pour  devenir  tout  à  fait  concluant. 

»  Bien  que  d'invention  récente,  les  jarres  du  système  Chase 
sont  déjà,  sur  beaucoup  de  points,  substituées  aux  autres  ap- 
pareils antérieurement  imaginés  pour  l'éclosion  des  œufs  de 
Whitefish,  et  j'estime  qu'elles  les  remplaceront  partout  quand 
leurs  avantages  seront  mieux  connus  et  appréciés.  Avec  ces 
jarres  un  seul  homme  suffit  pour  surveiller  l'incbation  de 
vingt  millions  d'œuifs.  L'économie  de  main-d'œuvre  est  donc 
facile  à  apercevoir.  Ce  résultat  est  obtenu  grâce  au  mode  de 
fonctionnement  de  l'appareil,  lequel  rassemble  la  plus  grande 
partie  des  a:'ufs  gâtés  vers  la  partie  supérieure  de  la  masse, 
d'où  ils  peuvent  être  facilement  enlevés. 

»  En  réalité,  il  n'y  a  qu'un  triage  partiel  et  non  un  nettoyage 
complet.  Mais  ce  simple  triage  fournit  le  moyen  d'enlever 
rapidement  presque  tous  les  œufs  gâtés,  et  le  peu  qui  en  reste 
ne  saurait  porter  préjudice  aux  œufs  sains,  car  l'agitation 
imprimée  à  toute  la  masse  par  le  courant  empêche  les  bons 
d'être  contaminés  par  les  mauvais.  Il  est  établi  que  quand 
la  température  de  l'eau  ne  dépasse  pas  +  4  ou  5  degrés 
-centigrades  (conditions  dans  lesquelles  le  développement  des 
végétations  cryptogamiques  est  relativement  peu  rapide),  on 
peut  laisser  sans  grand  inconvénient  une  proportion  assez 
forte  d'œufs  gâtés  avec  les  bons.  Néanmoins  l'enlèvement  de 
tous  ceux,  plus  ou  moins  suspects,  qui  viennent  se  rassembler 
à  la  surface  de  l'eau  est  toujours  une  précaution  utile. 

»  La  méthode  employée  par  M.  Chase,  inventeur  de  l'appa- 
reil, pour  enlever  ces  œufs  est  de  donner  un  courant  d'eau  juste 
suffisant,  pour  que  la  partie  supérieure  de  la  masse  des  œufs 
en  incubation  soit  de  niveau  avec  l'orifice  de  l'appareil,  orifice 
par  lequel  sont  entraînés  les  œufs  qui  flottent  à  la  surface. 

»  Mais,  quelque  précaution  que  l'on  prenne,  on  n'empêchera 
jamais  par  ce  procédé  que  beaucoup  de  bons  œufs  ne  soient 
entraînés  avec  les  mauvais,  la  ligne  de  séparation  entre  les 
uns  et  les  autres  n'étant  pas  très  distincte. 


LA   PISCICULTURE   A    L'ÉTRANGER.  513 

.))Je  me  suis  assuré  qu'on  peut  éviter  une  grande  perte  de 
temps  et  d'œufs  en  se  servant  d'un  siphon  en  verre  pour  enle- 
ver les  œufs  de  la  surface.  Le  même  moyen  m'a  d'ailleurs 
réussi  pour  les  œufs  d'Alose  en  incubation  dans  des  appareils 
coniques. 

»  Aucun  soin  particulier  n'est  à  prendre  dans  cette  opéra- 
tion, attendu  que  les  œufs  ainsi  enlevés  peuvent  être  mis  à 
part  dans  une  jarre,  où  tous  ceux  qui  sont  gâtés  viennent, 
quelques  instants  après,  former  près  de  la  surface  une  couche 
compacte  facile  à  enlever  sans  toucher  aux  œufs  sains. 

»  D'autres  moyens  ont  été  essayés  pour  seconder  l'élimina- 
tion automatique  des  œufs  dans  les  appareils  ;  mais  il  m'est 
resté  démontré  que  l'emploi  du  siphon  est,  de  tous  les  procé- 
dés, le  plus  expéditif  et  celui  qui  entraîne  le  moins  de  perte. 

»  Avec  tout  appareil  d'éclosion  dans  lequel  les  œufs  restent 
immobiles,  ceux-ci,  quelle  que  soit  la  pureté  de  l'eau,  se  cou- 
vrent promptement  de  sédiments  vaseux  qui  exigent  des 
lavages  fréquents.  L'appareil  a  lui-même  souvent  besoin 
d'être  netloyé.  Puis,  quand  les  éclosions  se  produisent,  les 
tamis  qui  supportent  les  œufs  doivent  être  visités  chaque  jour 
pour  l'enlèvement  des  coques  d'œufs  qui  restent  engagées 
dans  les  mailles  de  la  toile  métallique.  Or  rien  de  tout  cela 
avec  l'emploi  des  jarres.  L'agitation  continuelle  imprimée 
aux  œufs  les  entretient  constamment  propres,  et,  au  mo- 
ment des  éclosions,  le  courant  ascendant  entraîne  à  la  fois 
les  alevins  et  les  débris  d'œufs  hors  de  l'appareil  (par  l'orifice 
dont  on  a  enlevé  le  grillage)  et  les  amène  dans  un  petit  réser- 
voir préparé  pour  les  recueillir. 

«  Les  précautions  suivantes  sont  toutefois  utiles  à  observer 
dans  le  maniement  de  la  jarre  Chase  :  L'appareil  doit  être 
installé  avec  tous  ses  accessoires,  rempli  d'eau,  et  mis  en 
marche  avant  l'introduction  des  œufs.  Mais,  pendant  qu'on 
place  ceux-ci,  il  convient  d'arrêter  le  courant  qui  pourrait  les 
entraîner  et  les  accumuler  contre  le  grillage  fermant  l'orifice. 

»  Le  tuyau  d'amenée  en  caoutchouc  doit  descendre  dans  le 
tube  en  verre  au-dessous  du  niveau  de  l'eau  dans  l'appareil, 
pour  éviter  toute  introduction  de  bulles  d'air. 

3"  SÉRIE,  T.  X.—  Seplcmbie  1883.  33 


514  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

f>  Les  œufs  qu'on  reçoit  de  loin  sont  quelquefois,  au  débal- 
lage, réunis  en  pelotes  plus  ou  moins  grosses.  Ces  pelotes  • 
doivent  être  divisées  avant  l'introduction  des  œufs  dans  la' 
jarre,  où  le  courant  serait  insuffisant  pour  amener  l'isolement 
des  œufs  ainsi  collés  ensemble. 

»  Les  pieds  ou  petits  renflements  qui  se  trouvent  à  l'extré- 
mité inférieure  du  tube  de  verre  doivent  être  bien  égaux,  pour 
qu'un  courant  uniforme  s'échappe  par  toute  la  circonférence 
du  tube. 

»  Au  moment  où  j'écris  ces  lignes,  j'ai  sous  les  yeux  une 
jarre  contenant  40000  œufs,  qui  éclosent  en  grand  nombre  à 
la  fois.  Ces  œufs  sont  les  plus  anciennement  récoltés  de  la  sai- 
son. Leur  rapide  éclosion  est  la  conséquence  d'un  accident. 
Une  avarie  étant  survenue  dans  le  tuyau  d'alimentation,  le  cou- 
rant d'eau  fut  interrompu  pendant  quelques  instants  seule- 
ment dans  la  jarre.  Aussitôt  qu'on  l'eut  rétabli,  les  œufs  com- 
mencèrent à  éclore  par  milliers.  Ceci  prouve  que,  quand  les 
œufs  sont  dans  un  état  d'incubation  avancé,  leur  mouvement 
gyratoire  dans  les  jarres  ne  doit  subir  aucune  espèce  d'arrêt 
si  l'on  admet  qu'il  est  utile  de  maintenir  l'embryon  le  plus- 
longtemps  possible  dans  la  coque  de  l'œuf.  » 

M.  Max  von  dem  Borne,  de  Berneuchen,  est  l'inventeur 
d'appareils  d'éclosion  à  triage  automatique  (selbstauslesande 
Bruttrôge)  dont  il  obtient  de  très  bons  résultats.  Considé- 
rant que,  par  suite  de  la  disposition  du  tube  d'amenée  de 
l'eau  dans  l'appareil  Chase,  le  courant,  beaucoup  plus  rapide 
dans  la  partie  inférieure  de  l'appareil  que  dans  le  haut,  y 
détermine  une  forte  agitation  des  œufs,  et  que,  de  plus,  quel- 
ques précautions  sont  nécessaires  pour  empêcher  l'introduc- 
tion de  bulles  d'air  par  le  tuyau  en  caoutchouc,  M.  Max  von 
dem  Borne  a  eu  l'idée  d'établir  un  appareil  self-picker  d'a- 
près la  même  disposition  générale  que  son  auge  californienne 
perfectionnée  ci-dessus  décrite. 

Cet  appareil  (fig.  27,  A)  se  compose  d'une  caisse  extérieure 
b  et  du  tuyau  ou  cylindre  c,  qui,  bien  que  formant  deux  pièces 
dclachées,  peuvent  être  reliées  ensemble  par  la  douille  d,  à 


LA   PISCICULTURE   A    L  ÉTRANGER. 


515 


jointure  parfaitement  étanche.  La  caisse  b  est  large  de  0'",15, 
longue  de  O^^O  et  haute  de  0'",50.  Le  cylindre  c,  où  se  pla- 
cent les  œufs,  mesure  0'",iO  de  diamètre  et  0"\40de  hauteur. 
11  est  fermé  à  son  extrémité  inférieure  par  un  disque  de  toile 
métallique  formant  une  sorte  de  tamis. 


FiG.  27. 


L'appareil  peut  recevoir  environ  50  000  œufs  de  Fera  ou 
de  quelque  espèce  de  Corégone  que  ce  soit.  L'incubation  s'y 
fait  très  bien,  et  ne  donne  pas  un  déchet  de  plus  de  3  à  4 
pour  100,  quand  elle  est  bien  conduite.  Mais  ce  système  ne 
peut  être  employé  pour  les  œufs  de  Saumon,  d'Ombre  ou  de 
Truite;  ces  espèces  y  réussissent  mal. 

Quand  on  donne  plus  de  O^jlO  de  diamètre  au  cylindre  c, 
le  courant  d'eau  qui  le  traverse  présente  moins  de  régularité 
dans  son  mouvement  ascendant  comme  à  sa  sortie  par  la 
douille  d.  Les  remous  qui  se  produisent  sont  nuisibles  aux 
œufs.  Pour  obvier  à  cet  inconvénient,  M.  Max  von  dem  Borne 
garnit  le  bord  supérieur  du  cylindre  d'une  rigole  circulaire 
ayant  O^jOS  de  profondeur  et  autant  de   largeur  (fig. 


516 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


dans  laquelle  l'eau  se  déverse  d'une  façon  bien  égale,  en  dé- 
bordant sur  toute  la  circonférence  de  l'appareil,  pour  s'échap- 
per par  la  douille  e.  Mais  il  n'y  a  pas  avantage,  au  moins  pen- 
dant la  dernière  période  de  l'incubation,  à  ce  que  le  tamis  d 
présente  plus  de  O^jlO  de  diamètre,  attendu  que  la  toile  mé- 


FiG.  28. 


lallique  est  alors  plus  exposée  k  se  couvrir  d'un  dépôt  vaseux. 
En  résumé,  on  peut  employer  des  cylindres  ayant  de  0'",i2  à 
{^\\h  de  diamètre;  mais  ceux  deO'",10  sont  de  beaucoup  les 
meilleurs,  quand  on  n'a  pas  des  quantités  considérables  d'œufs 
à  faire  éclore.  Aussi  M.  Max  von  dem  Borne  donne-t-il  aujour- 
d'hui à  l'appareil  d  une  forme  légèrement  conique,  pour  que  le 
diamètre  n'en  soit  pas  de  plus  de  0™,10  à  la  partie  inférieure. 
Presque  aussitôt  après  leur  éclosion  les  alevins  de  Coré- 
gone  commencent  à  nager  en  se  tenant  de  préférence  à  la 
surface  de  l'eau.  Il  convient,  par  suite,  de  les  laisser  suivre 
le  courant  et  passer  du  cylindre  d'éclosion  dans  l'apitareil  B 
(fig.  28),  où  la  caisse  g,  à  fond  de  toile  métallique,  les  retient 


LA   PISCICULTURE   A    L'ÉTRANGER.  517 

captifs,  et  où  il  est  bon  d'ailleurs  de  ne  pas  les  laisser  séjour- 
ner longtemps  en  trop  grand  nombre. 

D'après  l'expérience  qu'il  en  a  faite,  M.  Max  von  dem  Borne 
considère  son  appareil  comme  donnant  les  meilleurs  résultats 
possibles  pour  l'éclosion  des  œufs  de  Corégone,  attendu  que  : 

l^La  séparation  des  œufs  gâtés  des  œufs  sains  devient  facile  ; 
2»    Le   développement  des_  végétations  cryptogamiques  est 
enrayé  ;  3"  L'eau  ne  dépose  aucun  sédiment  nuisible  sur  les 
œufs;  4"  Les  pertes  sont  insignifiantes,  grâce  aux  bonnes 
conditions  dans  lesquelles  se  fait  l'incubation. 

M.  Max  von  dem  Borne  fait  laquer  ses  appareils  en  couleur 
rouge  ;  les  œufs  s'y  distinguent  mieux  que  sur  un  fond  noir. 

La  quantité  d'eau  fournie  couramment  par  le  robinet  a  doit 
être  telle  que  les  œufs  soient  très  légèrement  remués.  Une  fois 
par  jour,  on  donne  un  peu  plus  d'eau  pour  chasser  les  œufs 
morts,  devenus  opaques  et  plus  légers  que  les  autres. 

Pendant  la  première  période  de  l'incubation,  c'est-à-dire 
pendant  que  les  œufs  s'embnjonnent,  la  mortalité  est  parfois 
un  peu  forte.  On  augmente  alors  un  peu  le  courant,  qui  en- 
traîne, il  est  vrai,  quelques  œufs  sainsavecles  mauvais;  mais 
il  est  aisé  de  recueillir  le  tout  dans  une  cuvette,  où  le  triage 
se  fait  rapidement,  et  l'on  élimine  seulement  les  œufs  gâtés 
pour  remettre  les  bons  dans  l'appareil.  Plus  tard,  on  peut  se 
servir  d'un  petit  filet  de  gaze  ou  de  mousseline,  à  long 
manche,  pour  enlever  du  cylindre  les  œnifs  opaques  qui  vien- 
nent surnager. 

Avec  un  cylindre  de  O^jlO  de  diamètre,  la  quantité  d'eau 
nécessaire  au  fonctionnement  de  l'appareil  est  d'environ 
80  centimètres  cubes  d'eau  par  seconde.  Une  précaution  à 
prendre,  c'est  qu'aucune  bulle  d'air  ne  s'introduise  avec  l'eau 
dans  le  cylindre.  Si  un  peu  de  vase  vient  à  se  déposer  au  fond 
de  la  caisse  et  que  le  tamis  en  toile  métallique  d  se  trouve 
légèrement  obstrué,  il  est  utile  de  vider  l'appareil  au  moyen 
d'un  siphon  et  de  procéder  à  un  rapide  nettoyage.  On  doit 
toutefois  s'en  abstenir  pendant  la  période  d'éclosion. 

M.  Max  von  dem  Borne  a  imaginé  également  un  autre 
appareil  pour  l'incubation  des  œnifs  de  Corégone.  C'est  une 


518 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 


combinaison  de  son  auge  californienne  perfectionnée,  —  dont 
les  principales  dispositions  se  trouvent  reproduites  figure  29, 
—  et  des  appareils  coniques  américains.  La  figure  ci-dessous 


FiG.  29. 


suffit  pour  faire  comprendre  le  jeu  de  l'appareil.  L'eau  du 
robinet  a  tombe  en  h  dans  la  caisse  A,  pénètre  dans  le  cône  c 
par  l'ouverture  inférieure,  qui  est  garnie  d'un  disque  de  toile 
métallique,  et  va  sortir  par  la  douille  /",  en  traversant  le  tamis 
mobile  e  (lequel  est  aussi  figuré  isolément  au-dessus  de  l'ap- 
pareil), servant  à  retenir  au  besoin  les  œufs  ou  les  alevins.  A 
la  partie  inférieure,  le  diamètre  du  cône  mesure  0"VlO,  il  est 
de  O'jSO  au  niveau  du  rebord  d.  Gomme  pour  tous  les  systè- 
mes analogues,  le  courant  qui  traverse  l'appareil  soulève  les 
œufs  au  milieu  du  cône  et  les  laisse  retomber  près  des  bords, 
sur  la  paroi  inclinée.  En  raison  de  leur  légèreté  plus  grande, 
les  œufs  morts  surnagent  et  peuvent  être  facilement  recueillis. 
Avec  cet  appareil,  — qui  peut  aussi  bien  servir  pour  emfcryow- 
wer  simplement  les  œufs  que  pour  les  amener  jusqu'à  éclosion, 
—  le  triage  des  œufs  gâtés  est  particulièrement  facile,  le  dé- 
veloppement des  végétations  cryptogamiques  peu  à  craindre 
et  le  déchet  moindre  qu'avec  d'autres  systèmes.  L'alevin  de 
Corégone  ne  pouvant  être,  sans  inconvénient,  gardé  captif 
dans  le  cône,  on  retire  après  l'éclosion  le  tamis  e  pour  laisser 
passer  les  jeunes  poissons,  qui,  suivant  le  courant,  tombent 


L.\  PISCICULTURE  A  L  ETRANGER. 


519 


d;ms  la  caisse  B,  où  ils  sont,  retenus  en  g  par  le  tamis  h.  Les 
alevins  de  Saumon  et  de  Truite  (l'appareil  étant  aussi  employé 
pour  ces  deux  espèces)  peuvent,  au  contraire,  faire  un  assez 
long- séjour  dans  le  cône,  à  la  condition  d'y  trouver  un  cou- 
rant suffisant.  M.  Max  von  dem  Borne  a  même  constaté  que 
ce  séjour  était  particulièrement  profitable  à  des  alevins  ma- 
ladifs, et  surtout  à  ceux  atteints  d'une  dilatation  de  la  vésicule 
ombilicale,  maladie  qui  s'observe  assez  fréquemment  et  qui 
amène  parfois  une  mortalité  sérieuse  dans  les  établisse- 
ments de  pisciculture.  L'observation  a  conduit  M.  Max  von 
dem  Borne  à  employer  un  appareil  spécial  pour  le  traitement 
des  alevins  soulïrant  de  cette  singulière  affection  encore  mal 
étudiée.  C'est  une  boîte  conique  (fig.  30,  A)  dans  laquelle  l'eau 


entre  par  la  partie  inférieure,  sans  être  tamisée  par  une  toile 
métallique  comme  dans  l'appareil  delà  figure  49.  On  y  main- 
tient un  fort  courant,  contre  lequel  les  alevins  ont  constam- 
ment à  lutter,  en  prenant  un  exercice  qui  l<!ur  est  salutaire. 
Le  tamis  d  s'oppose  à  leur  sortie  de  l'appareil;  une  caissette 
est  d'ailleurs  disposée,  comme  dans  l'appareil  californien, 
pour  recevoir  et  retenir  captifs  ceux  qui  parviendraient  à 
s'écbapper  du  cône  A. 

Les  différents  appareils  mobiles  que  nous  venons  de  décrire 
peuvent  être  soit  placés  chacun  sous  un  robinet  d'alimentation 


520 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


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LA   PISCICULTURE   A    L'ETRANGER. 


521 


pour  l'onclionner  isolément,  soit  disposés  par  séries,  à  la  suite 
les  uns  des  autres,  dans  des  rigoles  à  demeure,  comme  on  le 
voit  dans  la  figure  31 ,  représentant  l'intérieur  du  laboratoire 
de  pisciculture  de  M.  Max  von  dem  Borne,  à  Berneuchen,  près 
Guben.  Après  la  résorption  de  la  vésicule  ombilicale,  les  alevins 
peuvent  être  retirés  des  appareils  mobiles.  On  enlève  ces 
derniers  des  rigoles  ou  auges  à  demeure  m  (fig.  31),  dans 
lesquelles  on  met  en  liberté  les  jeunes  poissons,  qui  doivent 
y  trouver  une  profondeur  d'eau  et  un  courant  suffisants.  Pour 
les  empêcher  de  s'échapper  par  les  tuyaux  d'écoulement  l, 
fixés  à  0"',05  environ  du  fond  des  rigoles,  on  adapte  intérieu- 
rement à  chaque  orifice  un  bout  de  tuyau  formant  coude 
(fig.  M),  et  coiffé  d'une  caissette  en  toile  métallique.  En 
disposant  ce  petit  appareil  plus  ou  moins  obliquement,  on 
règle  le  niveau  de  l'eau  dans  la  rigole.  Du  reste,  quand  on  ne 
veut  avoir  que  0"\05  d'eau  dans  celle-ci,  on  emploie  simple- 
ment un  tuyau  horizontal,  avec  la  même  garniture  en  toile 
métallique  (fig.  33).  Le  dessus  de  la  caissette  peut  au  besoin 


Fig.  32. 


être  en  forme  de  couvercle  à  charnière  pour  faciliter  le  net- 
toyage du  tissu  métallique.  Outre  le  tuyau  de  sortie  l,  il  doit 
toujours  exister  dans  le  fond  même  de  l'auge,  pour  permettre 
de  vider  complètement  celle-ci  quand  il  est  nécessaire,  une 
ouverture  ou  bonde,  qui  est  habituellement  fermée  par  un 
bouchon  de  liège. 


532  SOCIÉTÉ   ISATIONÂLE    d'aCCLIMATATION. 

APPAREILS   DE    FILTRAGE,    d'aÉRATION   DE   l'eAU,    ETC. 

La  qualité  de  l'eau  employée,  son  degré  de  pureté,  d'aéra- 
tion, etc.,  sont  des  points  très  importants  dans  la  question  de 
l'incubation  des  œufs.  L'eau  de  rivière  manque  presque  tou- 
jours de  pureté  et  la  température  en  est  fréquemment  très 
variable;  l'eau  de  source  est  plus  pure  et  d'une  température 
assez  égale  ;  mais  elle  manque  souvent  d'air  et  ne  fournit  pas 
aux  œufs  une  quantité  d'oxygène  suffisante.  Elle  est,  en  outre, 
relativement  un  peu  chaude  en  hiver  :  ce  qui  produit  des 
éclosions  trop  précoces  (1).  C'est  pour  obvier  à  ces  divers 
inconvénients  que,  dans  certains  établissements  de  piscicul- 
ture, disposant  à  la  fois  d'eau  de  source  et  d'eau  de  rivière, 
comme,  par  exemple,  à  Selzenhof  (grand-duché  de  Bade),  on 
a  l'habitude  de  mélanger  ces  deux  eaux  en  proportion  conve- 
nable pour  l'alimentation  des  appareils  d'éclosion.  L'eau  de 
rivière  fournit  au  mélange  la  fraîcheur  et  l'oxygène  qui  man- 
queraient à  l'eau  de  source  employée  seule,  et  cette  dernière 
donne  une  pureté  plus  grande  à  la  masse  liquide. 

Comme  on  n'a  pas  toujours  le  choix  de  l'eau,  il  faut  cher- 
cher à  donner  à  celle  dont  on  dispose  les  qualités  qui  peuvent 
lui  manquer.  En  hiver  on  fait  refroidir  l'eau  de  source  en  la 
laissant  courir  un  peu  à  l'air  libre  avant  de  l'employer;  ce 
qui  lui  permet,  en  outre,  de  s'aérer,  surtout  si  l'on  a  la  pos- 
sibihté  de  ménager  quelques  petites  chutes  ou  cascatelles, 
qui  produisent  une  agitation  très  favorable. 

Du  reste,  quelle  que  soit  l'eau  que  l'on  emploie,  il  est  tou- 
jours indispensable  de  l'aérer  le  plus  possible.  Pendant  la 

(i)  Avec  une  eau  à  +  10  degrés  centigrades,  la  durée  de  rincutation  des 
œufs  de  Truite  ou  de  Saumon  e-^t  environ  de  cinquante  jours,  et,  par  chaque 
degré  en  plus  de  cette  température,  le  laps  de  temps  nécessaire  à  l'évolution 
«mbryonnaire  est  réduit  de  cinq  jours,  comme  il  est  au  contraire  augmenté  dans 
la  même  proportion  par  chaque  degré  de  chaleur  en  moins  de  l'eau.  Autrefois, 
à  Huningue,  les  éclosions  s'obtenaient  généralement  au  bout  de  soixante  jours. 
A  Stormontfleld  (Ecosse),  où  l'eau  des  ruisseaux  d'incubation  est  très  froide, 
elles  ne  se  produisent  guère  qu'après  cent  vingt-huit  ou  cent  trente  jours  d'm- 
«ubation  ;  cent  vingt  jours  est  la  période  la  plus  courte  que  Ton  ait  observée  dans 
l'établissement. 


LA    PISCICULTURE    A    L  ETRANGER. 


5-23 


durée  de  l'incubation  les  œufs  absorbent  une  quantité  consi- 
dérable d'oxygène,  et  l'eau  qui  les  baigne  ne  saurait  jamais 
contenir  trop  d'air  en  dissolution.  C'est  pour  cette  raison  que, 
quand  le  niveau  de  la  prise  d'eau  le  permet,  il  convient  de 
laisser  tomber  l'eau  d'une  certaine  hauteur  dans  le  labora- 
toire avant  de  l'introduire  dans  les  appareils  (1).  Dans  sa 
chute,  elle  peut  s'aérer  copieusement  si  l'on  a  le  soin  de  la 
faire  tomber  par  des  tubes  verticaux  portant  à  leur  extrémité 
supérieure  un  ou  plusieurs  petits  trous  d'admission  de  l'air. 
En  réglant  convenablement  le  débit  de  l'eau  dans  chaque  tube, 
celle-ci  entraîne  de  l'air  avec  elle,  comme  dans  la  trompe 
soufflante  des  forges  catalanes,  et  elle  en  est  saturée  quand 
elle  arrive  dans  les  appareils. 

A  l'Exposition  de  pisciculture  de  Berlin,  où  l'eau  fournie 
par  la  Ville  pour  l'alimentation  de  l'aquarium  et  des  nom- 
breux appareils  exposés,  ne  renfermait  pas  une  quantité  suf- 
fisante d'air,  on  se  servait  d'appareils  d'aération  (Luftinjek- 
tor),  d'un  modèle  extrêmement  simple,  inventé  par  M.  Emile 
Weeger,  de  Briinn,  qui  l'avait  déjà  employé  avec  avantage  à 
Taquarium  de  Vienne.  L'eau,  arrivant  sous  une  forte  pres- 
sion, était  introduite  dans  un  tube  en  fer-blanc  de  0°',01  de 
diamètre  (fig.  S^,  I,  II),  qui,  se  terminant  en  cône,  ne  pré- 


FiG.  34. 


sentait  plus,  à  son  extrémité  inférieure,  qu'une  ouverture  de 
1  millimètre  de  diamètre  environ.  Ce  tube  entrait  à  frotte- 
ment serré  dans  un  autre  tube  III,  où  il  pénétrait  jusqu'à 
l'anneau  de  fer  a  servant  d'arrêt.  L'extrémité   II  se  trouvait 


(1)  Afin  d'avoir  plus  de  chute,  on  peut,  au  besoin,  établir  ie  laboratoire  en 
sous-sol.  Cette  installation  est  même  fréquemment  assez  avantageuse  en  ce  que 
la  température  y  est  plus  égale,  et  qu'en  hiver,  à  moins  de  très  grands  froids, 
on  peut,  sans  craindre  la  gelée,  se  dispenser  de  l'usage  d'un  poêle  ou  autre 
moyen  de  chauffage,  surtout  si  les  appareils  d'éclosiou  sont  alimentés  par  de 
l'eau  de  source,  qui  entretient  dans  la  salle  une  chaleur  relative. 


524  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

ainsi  à  un  demi-centimètre  environ  des  quatre  trous  h.  Ces 
derniers,  de  3  millimètres  de  diamètre,  servaient  à  l'intro- 
duction de  l'air,  que  l'eau  entraînait  avec  force  et  qu'elle  dis- 
solvait pendant  son  parcours  dans  les  conduites  (l). 

Dans  certains  cas  et  lorsqu'on  opère  sur  de  très  faibles 
quantités  d'œufs,  on  peut,  à  l'aide  d'une  pompe  et  d'un 
réservoir,  suppléer  jusqu'à  un  certain  point  à  l'insuffisance 
de  hauteur  dans  le  niveau  de  la  prise  d'eau.  Au  petit  labora- 
toire de  pisciculture  de  Waplitz  (Prusse  orientale),  sur  la 
Marause,  deux  «  auges  californiennes  »  et  deux  appareils 
coniques  des  modèles  représentés  ligures  il  et  29,  ont  pu  être 
alimentés  à  l'aide  de  deux  grandes  tonnes  d'une  contenance 
totale  de  2  hectolitres,  portées  sur  un  bâti  et  formant  réser- 
voirs. Trois  cuves  recevaient  l'eau  à  sa  sortie  des  appareils 
d'éclosion  et  servaient  de  déversoir.  Complètement  pleines 
d'eau,  les  deux  tonnes  suffisaient  au  fonctionnement  des  ap- 
pareils pendant  une  durée  de  six  heures.  Au  bout  de  ce  temps, 
à  l'aide  d'une  petite  pompe  à  bras,  qu'un  enfant  manœuvrait 
aisément,  on  pouvait,  en  moins  d'une  demi-heure,  remplir  de 
nouveau  les  tonnes,  soit  en  puisant  l'eau  dans  les  cuves,  soit 
en  en  prenant  d'autre  n'ayant  pas  encore  servi,  et  il  arrivait 
fréquemment  qu'on  ne  la  renouvelait  que  tous  les  deux  ou 
trois  jours.  Cette  installation  a  pu  suffire  pour  mettre  annuel- 
lement en  incubation  et  amener  à  éclosion  de  dix  à  vingt  mille 
œufs  de  Truite  ou  de  Saumon. 

Dans  les  rigoles  d'incubation,  on  peut  très  utilement  aérer 
l'eau  en  ménageant  de  petites  chutes,  où  l'on  veille  à  ce  que 
la  veine  liquide  soit  d'ailleurs  aussi  large  et  aussi  mince  que 
possible.  En  outre,  au  lieu  de  laisser  l'eau  tomber  le  long 
d'une  paroi  verticale,  on  l'oblige,  à  l'aide  d'une  planchette 

• 

(1)  Chez  M.  Oscar  Micha,  qui  fait,  à  Berlin  et  à  Cologne,  le  commerce  des 
Écrevisses  sur  une  échelle  considérable,  nous  avons  vu  employer  un  robinet  aéra- 
teur d'un  modèle  très  simple  et  assez  satisfaisant.  Presque  immédiatement  après 
la  clef,  se  trouve  accolé  longitudinalement  sur  le  robinet  un  petit  tube  de  même 
métal  que  ce  dernier  et  environ  du  diamètre  d'un  tuyau  de  plume.  Ce  petit  tube, 
dont  l'extrémité  supérieure  est  ouverte,  pénètre,  après  quelques  centimètres  de 
parcours,  dans  l'épaisseur  du  robinet,  à  l'intérieur  duquel  il  va  déboucher  en  y 
introduisant  de  l'air.  Lorsque  le  robinet  est  ouvert,  l'eau  qui  tombe  entraîne  cet 
air  et  s'en  sature. 


LA    nSCICULTURE   A   L  ETRANGER. 


5-25 


horizontale  (fig.  35),  à  se  déverser  de  telle  sorte  que  la  nappe 
tombante  soit,  en  dessons  comme  en  dessus,  en  contact  avec 
l'air  :  ce  qui  double  l'effet  obtenu. 

Quand  on  emploie  de  l'eau  de  rivière,  toujours  plus  ou 
moins  chargée  de  matières  terreuses  en  suspension,  qui  for- 
meraient des  dépôts  très  nuisibles  pour  les  œufs,  un  liltrage 
préalable  est  ordinairement  nécessaire  (1).  Dans  les  grandes 
exploitations,  on  se  sert  généralement  de  filtres  en  gravier  et 


Fig.  35. 


de  filtres  en  flanelle,  dits  «  filtres  américains».  Les  figures  36 
et  37  représentent  l'appareil  de  filtrage  employé  dans  l'éta- 
blissement de  pisciculture  de  Berneuchen  et  permettent  de 
comprendre  d'un  coup  d'œil  le  fonctionnement  de  ce  genre 
de  filtres  (2). 

L'eau  est  d'abord  reçue  dans  le  réservoir  d'alimentation  S, 
où  elle  laisse  déjcà  déposer  une  partie  des  matières  vaseuses 
qu'elle  charrie.  Ce  réservoir,  construit  en  briques  et  ciment, 

(1)  Souvent  une  eau  très  claire  en  apparence  n'en  laisse  pas  moins  dé,  oser  à 
la  longue,  pendant  les  huit  ou  dix  semaines  que  dure  l'incubation  des  œufs  de 
Truite  ou  de  Saumon,  des  sédiments  fort  nuisibles.  La  vase  est  aussi  préjudi- 
ciable que  les  végétations  cryptogamiques;  c'est  l'ennemi  le  plus  terrible  de^ 
œufs  de  poisson.  Du  reste,  le  filtrage  n'a  pas  seulement  pour  but  de  purifier 
l'eau,  mais  aussi  d'arrêter  les  larves  d'insectes  qui  détruisent  beaucoup  d'œufs. 
A  l'établissement  de  Stormontfield  (Ecosse),  on  a  perdu,  de  ce  cbef,  en  une 
seule  saison,  plus  de  70  000  œufs  de  Saumon. 

(2)  L'eau  de  la  Mietzel,  qui  alimente  l'établissement  de  Berneuchen,  dépose 
presque  toujours  beaucoup  de  vase,  dont  rapparcil  de  filtrage  employé  la  dé- 
barrasse parfaitement. 


526  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

mesure  2"\50  de  long,  sur  l'",25  de  large,  et  l'",^,")  de  haut. 
La  bonde  ou  soupape  Wi,  d'environ  0™,10  de  diamètre,  sert 
à  le  vider  complètement  quand  un  nettoyage  est  nécessaire. 


FiG.  36.  —  Plan. 


Du  réservoir  S,  où  le  niveau  du  liquide  doit  toujours  se  main- 
tenir entre  les  points  h,  h  et  n,  n,  Teau,  passant  par  l'ouver- 


n 


i 

'/4 


S' 


W/m^^mmmm-tÉmmmmmmmmmsmmm'^^ 


FiG.  37.  —  Coupe. 


—j; 


ture«,  traverse  d'abord,  dans  le  compartiment  F,  la  couche 
de  gravier  Ki,  épaisse  de  0'",6U,  qui  repose  sur  une  grille  en 
bois  Gi  ;  par  l'espace  libre  U,  L',  l'eau  gagne  ensuite  le  com- 
partiment F»,  qu'elle  traverse  en  remontant  pour  passer,  par 


LA    PISCICULTURE   A    L  ETRANGER. 


527 


l'ouverlure  b,  dans  les  compartiments  F3  et  F4,  en  tout  sem- 
blables aux  deux  premiers.  Chacun  d'eux,  construit  en  ci- 
ment, présente  une  surface  carrée  de  i",25  de  côté.  Le  gra- 
vier doit  être  au  moins  du  volume  de  belles  noix  ;  moins  gros, 
il  ne  donnerait  pas  un  filtrage  sensiblement  meilleur,  et  l'ap- 
pareil s'obstruerait  plus  vite.  Quand,  après  un  certain  temps 
de  service,  le  filtre  commence  à  s'engorger  par  les  dépôts  qui 
s'y  forment,  le  nettoyage  en  est  facile.  On  ouvre  les  soupapes 
W.  et  W:),  qui  fonctionnent  comme  la  soupape  d'une  baignoire; 
l'eau  s'échappe  rapidement  et  le  fort  courant  descendant  qui 
se  produit  dans  l'appareil  lave  le  gravier  et  le  nettoie  com- 
plètement en  quelques  instants. 

Du  filtre  de  gravier,  l'eau  passe  dans  le  «  filtre  américain  » 
0,  0  (fig.  36),  bac  en  ciment,  de  0"',50  de  large,  coupé  par 
dix  diaphragmes  de  flanelle  ou  de  molleton  blanc.  Chaque 
diaphragme  est  formé  d'un  morceau  d'étoffe  tendu  sur  un 
double  cadre  ou,  plus  exactement,  sur  deux  cadres,  entrant 
l'un  dans  l'autre  à  frottement  serré  (fig.  38),  de  manière  à 


Fig.  38. 


pincer  fortement  l'étoffe  et  à  la  maintenir  bien  en  place,  tout 
en  permettant,  au  besoin,  de  l'enlever  et  de  la  remplacer 
facilement  et  rapidement.  Le  morceau  d'étoffe  doit  déborder 
de  chaque  côté  du  châssis,  d'abord  pour  être  plus  aisé  à  ten- 
dre, ensuite  pour  servir  aboucher  tout  interstice  entre  le 
châssis  et  les  côtés  ainsi  que  le  fond  du  bac.  Chacun  des  dia- 
phragmes ou  filtres  est  maintenu  en  place  au  moyen  d'une 
rainure  ménagée  dans  la  paroi  du  bac  et  dans  laquelle  il  entre 
à  coulisse.  Les  filtres  peuvent  être  espacés  plus  ou  moins;  si 
la  place  manque,  un  intervalle  de  2  ou  3  centimètres  entre 


528  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

chacun  peut  suffire.  L'important,  c'est  qu'ils  puissent  être 
enlevés  et  replacés  aisément,  pour  la  facilité  des  nettoyages. 
Quand  la  flanelle  ou  le  molleton  sont  salis  et  ne  laissent  plus 
aisément  filtrer  l'eau,  on  les  lave  à  plusieurs  fois,  ou  bien  on 
les  fait  sécher,  pour  les  brosser  ensuite  énergiquement. 

En  Amérique,  les  filtres  de  ce  système  —  qui  se  recom- 
mandent du  reste  par  leur  simplicité  et  leur  bon  fonction- 
nement —  sont  à  peu  près  les  seuls  en  usage;  il  est  très  rare 
que  l'on  se  serve  de  filtres  de  gravier.  Aussi  emploie-t-on 
plusieurs  natures  de  flanelle  ou  de  molleton  :  une  étoffe  d'un 
tissu  très  lâche  pour  les  premiers  diaphragmes,  qui,  sans  cette 
précaution,  s'obstrueraient  très  vite;  puis  des  tissus  de  plus 
en  plus  serrés  pour  les  autres  diaphragmes,  qui  n'ont  plus  à 
retenir  que  des  particules  terreuses  excessivement  ténues. 


APPAREILS    DE    TRANSPORT 

Transport  des  œufs.  —  Avec  quelques  soins  et  un  bon  em- 
ballage, le  transport  des  œufs,  même  à  de  grandes  distances, 
est  relativement  facile,  quand  on  choisit  bien  le  moment. 
L'embryon  doit  être  assez  développé  pour  que  les  yeux 
soient  bien  visibles  à  travers  la  coque  de  l'œuf;  mais  il  ne  faut 
pas  trop  attendre,  car,  vers  la  fin  de  l'incubation,  la  coque 
s'amincit  et  l'on  s'exposerait  avoir  l'éclosion  se  produire  pen- 
dant le  transport.  Les  fortes  secousses  et  la  chaleur  sont  à 
éviter  avec  soin  ;  la  gelée  tuerait  également  les  œufs,  mais 
une  température  aussi  fraîche  que  possible  est  toujours  favo- 
rable. Comme  matériaux  d'emballage  on  peut  recommander 
la  ouate  non  gommée,  la  mousse  et  surtout  la  sphaigne  {Spha- 
gnum)  ou  mousse  d'eau.  La  sciure  de  bois,  autrefois  assez 
employée,  doit  être  rigoureusement  proscrite,  car  elle  s'é- 
chaufte  facilement,  surtout  quand  elle  est  neuve,  et  peut  faire 
périr  tous  les  œufs.  Les  premiers  envois  d'œufs  d'Amé- 
rique en  Europe  échouèrent  presque  tous  par  cette  cause. 
La  mousse  que  l'on  emploie  doit  être  préalablement  lavée  à 
plusieurs  eaux  et  soigneusement  purgée  de   toute  matière 


LA   PISCICULTURE   A  L  ETRANGER. 


549 


étrangère  ;  on  la  presse  ensuite  fortement  afin  de  la  bien  es- 
sorer, puis  on  la  secoue  pour  lui  rendre  de  l'élasticité. 

Afin  d'éviter  que  les  œufs  ne  s'éparpillent  dans  la  mousse  et 
de  pouvoir  les  enlever  facilement  au  moment  du  déballage,  on 
les  dispose  en  couches  minces,  entre  deux  linges  lins,  tels  que 
de  la  gaze  ou  de  la  mousseline  préalablement  mouillée  et  sans 
apprêt. 

Lorsque  la  quantité  d'œufs  à  expédier  est  assez  considé- 
rable, on  se  sert  généralement,  depuis  quelques  années,  de 
châssis  en  forme  de  tamis,  composés  d'un  cadre  en  bois  léger, 
sur  lequel  est  clouée,  soit  une  forte  mousseline,  soit  de  la 
fulaine.  Ces  tamis,  qui  reçoivent  chacun  une  ou  plusieurs 
couches  d'œufs  (selon  l'espèce  des  œufs  à  transporter),  sont 
superposés  les  uns  sur  les  autres,  puis  emballés,  avec  de  la 
mousse  humide,  dans  une  caisse  où  ils  sont  fortement  assu- 
jettis, afin  d'éviter  tout  dérangement  en  cours  de  route.  Il  est 
toujours  prudent  (et  la  précaution  devient  indispensable 
quand  la  chaleur  ou  la  gelée  sont  à  craindre)  de  renfermer  la 
caisse  dans  une  plus  grande  et  de  remplir  l'intervalle  entre 
les  deux  enveloppes  avec  une  couche  isolante  de  balles  d'a- 
voine, de  très  menue  paille  ou  de  mousse  sèche,  qui  protège 
le  contenu  contre  l'influence  de  la  température  extérieure. 

Les  châssis  d'emballage  peuvent  aftecter  diverses  formes. 
Ceux  du  modèle  représenté  ci-contre  (fig.  39  et  40),  qui  se 


FiG.  39. 


})lient  et  se  ferment  comme  un  livre,  sont  d'un  emploi  paili- 
culièrement  commode.  La  futaine  clouée  sur  les  cadres  sert  de 
charnière.  M.  Fréd.  Matlicr,  membre  adjoint  de  la  Commis- 
sion des  pêcheries  des  États-Unis,  surintendant  de  l'élablisse- 

3«  stKiE,  T.  X.  —  Scpluiiiljic  188J.  oi 


530  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

ment  de  pisciculture  de  Coldspring  (Long  Island)  a  été  le 
premier  à  s'en  servir. 

L'emploi  de  la  glace  dans  l'emballage  peut  rendre  de  très 
grands  services,  surtout  quand  il  s'agit  d'un  voyage  de  longue 


Fie.  40. 

durée,  pendant  lequel  on  pourrait  craindre  de  voir  les  œufs 
arriver  à  éclosion.  La  basse  température  à  laquelle  la  glace 
entretient  les  œufs  ralentit  considérablement  l'évolution  em- 
bryonnaire. Nous  n'avons  pas  à  rappeler  que  c'est  grâce  à 
cette  ressource  que  des  œufs  embryonnés  de  Truite  et  de 
Saumon  ont  pu  être  expédiés  d'Angleterre  jusqu'en  Australie, 
en  Tasmanie  ainsi  qu'à  la  Nouvelle-Zélande,  sans  un  déchet 
considérable  (1). 

C'est  par  l'emploi  du  même  procédé  qu'ont  lieu  les  envois 
d'œufs  de  Salmonidés  faits  à  la  Société  d'Acclimatation  par  la 
Commission  des  pêcheries  des  Etats-Unis.  Les  œufs  sont  rangés 
sur  des  tamis  qu'on  supei'pose  et  qu'on  maintient,  à  l'aide  de 
tasseaux,  dans  une  caisse  ouvrant  en  forme  d'armoire.  Dans 
la  partie  supérieure  de  la  caisse,  un  espace  libre  est  réservé 
pour  emmagasiner  de  la  glace,  qu'on  renouvelle  pendant  le 
voyage  autant  de  fois  qu'il  est  nécessaire,  et  qui  entretient  les 
œufs  à  une  température  voisine  de  zéro,  très  favorable  à  leur 
conservation. 

Les  bons  résultats  donnés  par  ce  système  d'emballage  ont 
amené  plusieurs  pisciculteurs  à  utiliser  des  appareils  analo- 
gues pour  conserver  eu  laboratoire  les  œufs  de  Salmonidés  et 
en  retarder  l'éclosion.  Dans  beaucoup  d'établissements,  les 

(1)  A  défaut  de  glace,  la  neige  bien  tassée  iicutctre  employée  pour  entretenir 
la  fraîclieur  dans  les  caisses  d'emballage.  M.  Robert  Eckart,  de  Liibbinchen, 
dit  s'être  servi  avec  avantage  de  cet  expédient,  et,  de  son  côté,  M.  Max  von 
detn  Borne,  de  Berneuchen,  a  plusieurs  fois  envoyé  en  Amérique,  sans  déchet 
sérieux,  des  œufs  d'Omblc-Clievalier,  également  emballés  dans  de  la  neige. 


LA   PISCICULTURE   A   L'ÉTRANGER.  Ool 

appareils  d'incubaiion  doivent  être  uniquement  alimentés 
par  de  l'eau  de  source,  soit  faute  d'eau  de  rivière,  soit  parce 
que  cette  dernière  eau  serait  trop  limoneuse  et  difficile  à 
filtrer,  soit  enfin,  comme  dans  toutes  les  contrées  septentrio- 
nales, parce  qu'en  raison  de  la  rigueur  des  hivers,  les  eaux 
de  source  sont  les  seules  qui  ne  gèlent  pas  et  dont  on  puisse, 
en  conséquence,  se  servir.  Mais,  surtout  pour  ces  régions 
froides,  les  eaux  de  source,  relativement  tièdes,  donnent  des 
éclosions  trop  précoces.  Les  alevins  sont  arrivés  déjà  au  degré 
de  développement  voulu  pour  être  mis  en  liberté,  quand  les 
lacs  et  rivières  sont  encore  entièrement  gelés,  ou  quand,  tout 
au  moins,  les  jeunes  poissons  ne  peuvent  encore  y  trouver  les 
larves,  les  insectes,  les  crustacés  microscopiques,  etc.,  qui 
constituent  leur  nourriture  habituelle  (1).  L'embarras  est 
déjà  grand  avec  les  alevins  de  Truite  et  de  Saumon,  si  diffi- 
ciles à  garder  captifs  quand  ils  se  comptent  par  milliers,  et  à 
nourrir  arliliciellement  en  si  grand  nombre,  d'une  manière 
à  la  fois  saine  et  vraiment  économique,  réellement  indus- 
trielle. Mais,  avec  les  alevins  de  Corégone,  c'est  plus  qu'une 
difficulté  avec  laquelle  l'éieveur  se  trouve  aux  prises  ;  il  y 
a  pour  lui  impossibilité  à  tirer  parti  des  jeunes  poissons, 


(1)11  est  aujourd'hui  hors  de  doute  que  telle  a  été  une  des  principales  causes 
de  l'insuccès  de  beaucoup  de  tentatives  d'empoisonnement.  Mis  artificiellement 
en  incubation  dans  une  eau  beaucoup  moins  froide  que  celle  où  ils  eussent  été 
placés  dans  les  conditions  naturelles,  les  œufs  éclosent  prématurément;  les 
embryons,  qui  se  sont  développés  trop  vite,  donnent  des  alevins  délicats,  inca- 
pables de  résister  à  une  foule  de  maladies,  de  causes  de  mortalité  qui  les  assail- 
lent pendant  la  première  période  de  leur  existence  et  surtout  dès  les  premiers 
jours  de  leur  mise  en  liberté,  quand  ils  se  trouvent  ainsi  transportés  subitement 
dans  un  milieu  tout  différent  de  celui  où  ils  ont  jusqu'alors  vécu.  De  là  des 
pertes  énormes,  qui  expliquent  comment  il  arrive  souvent  i|ue  moins  d'une 
semaine  après  leur  mise  en  rivière  on  ne  retrouve  plus  guère  que  quelques-uns 
des  alevins  distribués.  En  outre,  à  la  fin  de  l'hiver,  les  <!aux  ne  renferment  pas 
encore  ces  myriades  d'animalcules  qu'on  y  trouve  plus  tard  et  (jui  constituent 
une  nourriture  toute  préparée  pour  les  jeunes  poissons  venus  dans  les  conditions 
naturelles  et  éclos  en  bonne  saison. 

Il  résulte  d'ailleurs  des  observations  faites  par  plusieurs  pisciculteurs  distin- 
gués, notauimentpar  M.  Nelson  W.  Clark,  surintendnnt  de  rél;d)lissemcnt  de  Norlh- 
ville  (Michiijan)  et  par  M.  Hermann  Haack,  directeur  à  liuningue,  que  plus  les 
œufs  sont  mis  en  incubation  à  une  basse  température,  c'est-à-dire  plus  j'évolu- 
lio.)  eni!ir\i)nuair(!  est  lente,  plus  les  alevins  obtenus  sont  vigoureux  et  doués 
d'un  robuste  appétit  :  ce  qui  est  toujours  un  signe  de  santé  et  une  garantie  de 
réussite. 


532 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


qui,  commençant  à  manger  très  peu  de  jours  après  leur  nais- 
sance et  refusant  toute  alimentation  artificielle,  ne  peuvent 
être  conservés  dans  les  appareils  au  delà  du  temps,  très  court, 
nécessaire  à  la  résorption  de  la  vésicule  ombilicale. 

Ces  considérations  ont  amené  M.  Haack,  directeur  de  l'éta- 
blissement de  Huningue,  à  établir  un  appareil  qui  peut  aussi 
bien  servir  au  transport  des  œufs  à  de  grandes  distances  et 
dans  des  régions  chaudes,  qu'à  leur  conservation  prolongée 
en  laboratoire.  C'est  une  sorte  de  glacière  (fig.  M),  ouvrant 


FiG.  41. 

comme  une 'armoire  et  revêtue  d'une  chape  de  même  forme, 
dont  la  double  paroi  renferme  dans  son  épaisseur  une  couche 
isolante  d'air.  Des  tamis  en  forme  de  tiroirs  servent  à  emma- 
gasiner les  œufs;  chaque  tamis  n'en  reçoit  qu'une  seule 
couche,  qui  y  est  étalée,  entre  deux  mousselines  humides, 
sur  de  la  ouate  mouillée  elle  aussi,  mais  non  tassée  et  bien 
cardée.  Au-dessus  des  tamis  se  trouve  une  caissette  pour 
loger  la  glace;  elle  est  de  même  forme  que  les  tamis,  mais 
plus  haute,  et  le  fond  en  est  percé  de  nombreux  trous.  Tout 
l'appareil  est  en  bois,  sauf  un  plateau,  fait  de  zinc  ou  de  fer- 
blanc,  qu'on  place  sous  les  tamis  pour  recevoir  l'eau  prove- 
nant de  la  fusion  de  la  glace.  En  fondant  peu  à  peu,  la  glace 
emmagasinée  laisse,  en  effet,  tomber  goutte  à  goutte  sur  les 


LA   PISCICULTURE   A   l'ÉTRANCER.  5P».'î 

œufs  une  eau  excessivement  froide  (presque  à  zéro),  sous 
l'mfluence  de  laquelle  l'évolution  embryonnaire  ne  marche 
qu'avec  une  extrême  lenteur.  IJien  que  simplement  arrosés 
par  cette  eau,  qui  ne  les  baigne  pas  et  ne  fait  que  les  entre- 
tenir dans  une  humidité  constante,  les  œufs  se  développent 
remarquablement  bien,  absorbant  une  quantité  considérable 
d'oxygène,  attendu  que  les  fdaments  de  la  ouate  divisent  à 
l'infini  les  gouttelettes  d'eau  et  leur  permettent  de  s'aérer  co- 
pieusement. Sous  ce  rapport,  les  œufs  se  trouvent  donc  dans 
d'excellentes  conditions.  D'un  autre  côté,  la  froide  tempéra- 
ture et  la  complète  obscurité  qui  régnent  à  l'intérieur  de  la 
glacière  ne  permettent  guère  le  développement  des  végéta- 
tions cryptogamiques  qui,  dans  les  appareils  d'incubation, 
envahissent  toujours  les  œufs  morts  et  qui  nécessitent  de  si  fré- 
quents triages.  Les  seules  précautions  à  prendre  consistent  : 
1°  à  changer  chaque  jour  l'ordre  de  superposition  des  tamis, 
pour  que  les  œufs  se  trouvent  tous  placés  successivement 
dans  les  mêmes  conditions  de  température  et  d'humidité, 
ceux  des  tamis  inférieurs  étant  moins  exposés  au  froid  et  re- 
cevant moins  d'eau  que  ceux  voisins  de  la  provision  de  glace  ; 
2"  h  renouveler  de  temps  en  temps  la  ouate,  qui  finit  par  se 
feutrer  et  qui  ne  diviserait  plus  aussi  bien  l'eau. 

Les  œ,ufs  peuvent  être  placés  dans  l'appareil  aussitôt  après 
leur  fécondation  (1)  et  y  rester  presque  jusqu'au  moment  de 
l'éclosion  (2).  A  l'Exposition  de  Berlin,  des  œufs  de  Saumon 
du  Fihin,  fécondés  en  décembre,  furent  conservés  par  ce  pro- 
cédé jusqu'à  la  clôture  de  l'Exposition  (à  la  fin  de  juin),  c'est- 
à-dire  pendant  plus  de  six  mois.  Ces  œufs,  que  nous  vîmes 
dans  la  première  quinzaine  du  mois  de  juin,  étaient  dans  un 
magnifique  état  de  conservation.  L'évolution  embryonnaire 
était  extrêmement  avancée,  et  quelques  éclosions  commen- 


(1)M.  Fréd.  Mather  estime  toutefois  qu'il  est  préférable  d'attendre  qu'ils  soient 
embryonnés. 

(2)  Quand  on  enlève  les  œufs,  il  faut  naturellement  avoir  le  soin  de  les  placer 

dans  une  eau  où  ils  trouvent  tout  d'abord  une  température  à  peu  près  aussi  froide 

que  celle  de   la  glacière.    Ils  doivent  être,  en   outre,  inaiiiés  avec  une  certaine 

précaution,  la  coque  présentant  moins  d'èlaslicité  et  pouvant  se  briser  plus  faci- 

ement  que  celle  des  œufs  dont  toute  l'incubation  s'est  ellecluee  dans  l'eau. 


534  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

çaient  à  se  produire,  donnant  des  alevins  très  vigoureux.  Le 
fait  est  d'autant  plus  remarquable,  qu'à  l'Exposition  ces  œufs 
se  trouvaient  dans  des  conditions  extrêmement  désavanta- 
geuses. Souvent  l'appareil  était  ouvert  quarante  ou  cinquante 
fois  par  jour  pour  en  montrer  le  fonctionnement  aux  visiteurs, 
et  l'introduction  dans  la  glacière  de  l'air  extérieur,  parfois 
extrêmement  chaud,  ne  pouvait  être  que  très  défavorable  aux 

œufs. 

En  permettant  de  prolonger  pendant  environ  six  mois  la 
durée  de  l'incubation,  l'appareil  imaginé  par  M.  Haack  fournit 
la  possibilité  d'expédier  des  œufs  de  Salmonidés  à  telle  dis- 
tance que  l'on  voudra,  car,  même  pour  les  localités  les  plus 
lointaines,  il  n'est  pas  aujourd'hui  de  voyage  qui  exige  un 
pareil  laps  de  temps.  Dans  la  pratique,  il  ne  serait  donc  jamais 
nécessaire  de  laisser  les  œufs  en  glacière  aussi  longtemps 
qu'on  l'a  fait  dans  l'expérience  que  nous  venons  de  rapporter. 

Différents  essais  ont  prouvé  que  les  œufs  de  Truite  et  de 
Corégone  supportent  aussi  bien  que  ceux  de  Saumon  le  sé- 
jour en  glacière,  et  qu'ils  peuvent  être  avantageusement  traités 
de  cette  façon  en  vue  d'obtenir  des  éclosions  tardives  (1).  A  l'é- 
tablissementdepisciculture  deNorthville  (Michigan),  M.  Nelson 
W.  Clark  s'est  fort  bien  trouvé  de  retarder,  par  une  réfrigé- 
ration prolongée,  l'éclosion  des  œufs  de  Whitefish  (Coregonus 
albus),  ahn  de  n'obtenir  les  alevins  que  vers  la  fin  de  mai 
ou  le  commencement  de  juin,  au  moment  où  les  eaux  sont 
riches  en  nourriture  de  toute  espèce  pour  les  jeunes  pois- 
sons (2).  L'appareil  réfrigérant  employé  par  M.  Clark  ne  dif- 
fère, dans  aucun  détail  important,  de  celui  de  M.  Haack;  les 

(1)  D'une  manière  générale,  on  peut  dire  qu'il  importe  de  ne  pas  avoir  d'ale- 
vins à  mettre  en  liberté  avant  la  fin  de  mars.  Par  suite,  quand  l'eau  qu'on  doit 
employer  pour  les  appareils  d'éclosion  marque  plus  de  10  degrés  centigrades  en 
moyenne,  ce  qui  donnerait  des  éclosions  trop  précoces,  il  peut  y  avoir  utilité  à 
placer  les  œufs  pendant  quelque  temps  dans  un  appareil  réfrigérant. 

(2)  Dans  la  région  qu'il  habite,  M.  Clark  préfère,  du  reste,  de  beaucoup  pour 
l'incubation  des  oeufs  de  Corégone  l'eau  de  rivière  à  Teau  de  source,  qui  lui 
donnerait  des  éclosions  trop  précoces;  son  attention  s'est  toujours  portée  sur  le 
moyen  de  ralentir  le  plus  possible  révolution  embryonnaire.  Selon  la  température 
de  l'eau,  la  durée  de  l'incubation  peut  varier  de  deux  à  cinq  mois. 


LA  PISCICULTURE    A    L'ÉTRANGER.  535 

œufs  y  sont  cgalemeni  soumis  à  une  température  très  peu  su- 
périeure à  zéro. 

M.  Joseph  Schwarz,  de  Saint-Polten  (basse  Autriche),  qui 
avait  exposé  à  Berhn  des  appareils  de  pisciculture  établis  avec 
beaucoup  de  soin  et  vendus  cependant  à  très  bas  prix,  est 
l'invenlear,  pour  le  transport  des  œufs,  d'un  appareil  qui  rap- 
pelle beaucoup,  par  la  disposition  générale,  ceux  que  nous 
venons  de  mentionner  ;  mais  il  est  plus  petit,  facilement  ma- 
niable et  paraît  très  pratique.  Nous  ne  ferions  quelque  réserve 
que  pour  le  choix  de  la  matière  employée  dans  sa  construc- 
tion. p]tabli  tout  en  zinc,  cet  appareil  semble,  malgré  sa 
double  paroi,  être  plus  exposé  qu'un  appareil  en  bois  à  subir 
l'influence  de  la  température  extérieure. 

Transport  du  jjoisson  vivant.  —  Les  poissons  respirant 
l'air  en  dissolution  dans  l'eau,  tout  l'art  de  faire  voyager  le 
poisson  vivant  consiste  à  savoir  toujours  entretenir  dans  l'eau 
des  appareils  de  transport  une  quantité  d'air  correspondant 
aux  besoins  des  sujets  à  transporter.  Or  le  problème  qu'il  s'agit 
de  résoudre  ne  laisse  pas  que  de  présenter  une  certaine  diffi- 
culté, attendu  que  moins  est  froide  l'eau  dans  laquelle  se 
trouve  le  poisson,  plus  celui-ci  a  besoin  d'oxygène,  et  que, 
d'un  autre  côté,  moins  une  eau, est  froide,  moins  elle  contient 
d'air  respirable.  En  outre,  il  résulte  des  observations  laites 
que,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  les  jeunes  animaux  con- 
somment relativement  plus  d'oxygène  que  les  sujets  adultes, 
et  les  petits  plus  que  les  gros. 

Quand  on  prend  un  poisson,  même  avec  précaution,  il  est 
rare  qu'en  se  débattant  il  ne  trouble  pas  plus  ou  moins  l'eau, 
dont  le  manque  de  pureté  peut  agir  d'une  manière  nuisible 
sur  ses  organes  respiratoires.  Il  est  donc  prudent,  au  lieu  de 
le  faire  voyager  immédiatement,  de  le  placer  pendant  une 
bonne  heure  ou  plus  dans  un  bac  traversé  par  un  courant 
d'eau  fraîche  et  très  claire,  où  les  branchies  sont  soumises  à 
un  véritable  lavage. 

En  général,  on  estime  que  le  transport  est  toujours  de 
réussite  certaine  sans  soins  préalables  et  sans  surveillance  en 
route,  pourvu  que  l;i  quantité  d'eau  soit  suffisante.   Cette 


530 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


quantité  se  calcule  d'après  la  durée  du  voyage  et  le  poids  des 
sujets  (1).  La  température  de  l'eau  ne  doit  pas  dépasser 
4- '12  degrés  centigrades,  limite  extrême,  et  plus  elle  est 
fraîche,  meilleure  elle  est.  Le  printemps  et  l'automne  sont  les 
saisons  les  plus  favorables,  les  grands  froids  et  les  fortes 
chaleurs  n'étant  pas  alors  à  craindre. 

En  Amérique,  on  se  sert  de  bidons  de  transport  en  zinc 
d'une  contenance  de  8  litres  pour  mille  alevins  de  Truite 
ou  de  Saumon.  Les  alevins  qui  ont  encore  leur  vésicule  ombi- 
licale ont  besoin  d'une  moindre  quantité  d'eau  que  quand  ils 
sont  plus  âgés  :  on  peut  en  mettre  un  millier,  pourvu  que 
l'eau  soit  très  froide  (presque  à  zéro  centigrade),  dans  un  vase 
de  4  litres;  tandis  quç  la  même  quantité  d'eau  serait  à 
peine  suffisante  pour  deux  cents  alevins  de  trois  mois.  Plus 
l'eau  est  froide,  moins  on  court  de  risques  de  perte;  d'où 
l'utilité  pendant  les  temps  chauds  de  recourir  à  l'emploi  de 
la  glace,  afin  d'abaisser  la  température  de  l'eau.  Sauf  pour 
un  très  long  voyage,  il  est  rarement  avantageux,  à  cause  des 
différences  de  température,  de  renouveler  l'eau  pendant  la 
route;  mieux  vaut  se  contenter  d'introduire,  au  moins  toutes 
les  demi-heures,  une  grande  quantité  d'air  dans  l'eau,  au 
moyen  d'un  soufflet  auquel  est  adapté  un  tuyau  en  caoutchouc 
se  terminant  par  une  pomme  d'arrosoir  (2).  Les  changements 

(1)  D'après  un  observateur  allemand,  on  obtiendrait  le  chiffre  (en  poids)  de 
l'eau  nécessaire  pour  une  quantité  donnée  de  poissons,  en  multipliant  le  poids 
du  poisson  par  un  des  nombres  ou  coefficients  inscrits  dans  la  table  ci-aprcs, 
lesquels  vont  en  augmentant  avec  la  durée  du  voyage  : 


DURÉE   DU   VOYAGE 

10'» 

20'' 

30" 

40'' 

50" 

60" 

Truites  de  deux  ans 

Saumons  de  deux  ans  .... 
Corégones  de  deux  ans.   .   .   . 
Carpes  de  trois  ans 

15 

18 

20 

9 

20 
24 
27 
12 

25 
30 
34 
15 

30 
36 
40 
18 

» 
)) 

» 

(2)  On  peut  aussi,  fort  utilement,  projeter  dans  le  récipient  de  l'eau  très 
froide,  que  l'on  envoie  avec  beaucoup  de  force  et  en  pluie  serrée  à  l'aide  d'une 
seringue  d'arrosage  semblable  à  celles  dont  on  se  sert  dans  le  jardinage .  Par  ce 
moyen,  on  rafraîchit  et  on  aère  l'eau  tout  à  la  fois. 


LA    PISCICULTUUE    A    L  ETRANGER. 


537 


brusques  de  température,  et  surtout  le  passage  du  froid  au 
chaud,  sont  très  funestes  au  poisson.  Des  alevins  qui  ont  fait 
un  séjour  plus  ou  moins  prolongé  dans  l'eau  d'un  appareil  de 
transport  refroidie  à  l'aide  de  la  glace,  ne  sauraient  sans 
danger  passer  subitement  dans  un  milieu  plus  chaud;  l'eau 
dans  laquelle  ils  se  trouvent  doit  être  amenée  peu  à  peu  à  la 
température  de  celle  où  ils  vont  être  versés.  On  s'exposerait, 
sans  cette  précaution,  à  déterminer  chez  ces  jeunes  poissons 
une  inflammation  des  branchies  presque  toujours  mortelle. 

M.  Eckardt,  de  Lûbbinchen,  dont  nous  avons  déjà  mentionné 
les  appareils  de  pisculture,  se  sert,  pour  les  envois  d'alevins, 
de  bidons  en  fer-blanc  de  forme  cylindrique  (fig.  4-2),  em- 


FiG.  42. 


balles  chacun  dans  un  panier  assez  grand  pour  qu'il  y  ait  un 
espace  de  S  ou  10  centimètres  entre  la  vannerie  et  le  bidon. 
Cet  espace  est  rempli,  près  du  panier,  par  du  papier  d'em- 
ballage, et,  près  du  bidon,  par  de  la  mousse  sèche  mélangée 
de  morceaux  de  glace.  Le  couvercle,  en  forme  de  gobelet,  est 
percé  de  trous  dans  le  fond  et  reçoit  aussi  de  la  glace.  Les  ale- 
vins ne  sont  placés  dans  l'appareil  qu'au  moment  du  départ; 
il  en  est  de  même  de  la  glace  d'emballage,  qui,  ne  rafraîchis- 
sant l'eau  que  peu  à  peu,  laisse  aux  jeunes  poissons  le  temps  de 
s'habituer  progressivement  à  rabaissement  de  la  température. 
M.  Cari  Schusler,  de  Fribourg  en  Brisgau,  emploie  pour  le 
transport  du  poisson  vivant,  et  en  particulier  de  l'alevin,  un 
excellent  appareil.  C'est  un  grand  bidon  ovale  (fig.  4:])  de  0"  ,50 


538  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'âCCLIMATATION. 

de  hauleiu-,  avec  un  diamètre  de  0"',60  dans  son  plus  grand 
axe  et  de  0",40  dans  son  plus  petit.  Ce  bidon  est  suspendu, 
au  milieu  d'un  support  en  bois,  à  deux  solides  ressorts  à 
boudin  qui,  dans  le  voyage,  évitent  à  l'appareil  toute  secousse 


trop  forte.  A  l'une  des  extrémités  du  bidon  est  adaptée  une 
petite  pompe,  qui  sert  à  injecter  de  l'air  dans  l'eau  du  réci- 
pient (1).  Pour  que  cet  air  se  répartisse  uniformément,  le 
tuyau  court  horizontalement  le  long  de  la  paroi  à  l'intérieur 
du  bidon,  et,  dans  toute  sa  longueur,  ce  tuyau  est  percé  de 
nombreux  trous  par  lesquels  s'échappent  les  bulles  d'air.  On 
a  d'ailleurs  eu  le  soin  de  le  placer  cà  une  certaine  hauteur  dans 

(1)  Cette  pompe  est  souvent  remplacée,  dans  un  but  d'économie,  par  une 
boule  creuse  en  caoutchouc,  que  l'on  comprime  avec  la  main  et  qui  remplit  l'of- 
fice d'un  soufflet. 


LA  nSCICULTURE  A  L'ÉTRANGER.  539 

l'appareil,  afin  que  l'air  qui  en  sort  et  qui  fait  bouillonner 
l'eau  n'agite  pas  celte  dernière  dans  le  fond  du  bidon,  où  s'a- 
massent les  déjections  des  poissons,  les  sédiments  que  l'eau 
peut  laisser  déposer,  etc.  Gomme  on  le  voit  dans  la  figure,  le 
bidon  plonge  dans  un  bac  en  fer-blanc  qui  repose  sur  le  sup- 
port en  bois,  et  dans  lequel  se  trouve  de  la  glace  entourée 
de  ouate.  Le  couvercle  à  double  fond  reçoit  aussi  de  la  a;lace. 
Ce  modèle,  qui  a  été  très  remarqué  à  l'Exposition  de  Berlin, 
est  certainement  un  des  meilleurs  appareils  de  transport  ima- 


FiG,  44. 

ginés  jusqu'à  ce  jour.  Trois  bidons  semblables  nous  ont  servi 
à  rapporter  de  Fribourg  à  Paris  (1),  sans  perte  aucune,  quatre 
mille  alevins  de  Saumon  de  Californie,  âgés  de  six  semaines. 
Mais  ce  fait  n'est  rien  à  côté  du  transport  des  Saumons  de 
même  espèce,  d'un  an  et  de  deux  ans,  envoyés  de  l'établisse- 
ment de  Selzenliof,  près  Fribourg,  et  de  Radolfzell,  près 
Constance,  à  l'Exposition  de  Berlin,  par  M.  Schuster,  Aucun 
de  ces  poissons  (dont  quelques-uns  pesaient  près  d'un  kilo- 
gramme) nesuccombapendant  la  route  nia  la  suite  du  voyage. 
Une  Ombre  {Thi/mallus  vexillifer),  âgée  de  trois  ans,  lit 
également  bien  le  trajet  de  Fribourg  à  Berlin.  Ces  résultats 
parlent  suffisamment  en  faveur  de  l'appareil. 

M.  Schuster  se  sert  souvent  aussi  d'un  simple  tonneau 
(fig.  4"4),  auquel  on  adapte  une  pompe  à  air  A.  Une  ou- 
verture a  sert  à  introduire  le  poisson^  et  une  autre  ouver- 

■^  (1)  C'est  un  voyage  de  600  kilomètres,  d'une  durée  de  dix-huit  heures. 


540 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


ture  B  est  ménagée  pour  l'installation  d'un  récipient  à  glace. 

M.  Otto  Hammerle,  de  Dornbirn  (Autriche),  a  imaginé  un 
appareil  analogue,  où  le  jeu  de  soufflets  d'aération  est  obtenu 
automatiquement,  d'une  manière  simple  et  pratique.  Le 
moyen  employé  n'a  certainement  pas  le  mérite  de  la  nouveauté, 
car  ce  n'est  en  réalité  qu'un  perfectionnement  apporté  à  la 
petite  voiture  dont  M.  Vançon  se  servait,  dès  1878,  dans  le 
département  des  Vosges,  pour  le  transport  de  toute  espèce  de 
poissons  ;  mais  nous  n'en  devons  pas  moins  signaler  cet  appa- 
reil, dont  l'emploi  donne  des  résultats  très  satisfaisants  et  sur 
lequel  des  expériences  concluantes  ont  été  faites  dans  les  dis- 
tricts montagneux  du  Yoralberg.  ^ 

L'appareil  se  compose  (fig.  -45):  1°  d'un  tonneau  de  grande 


FiG.  45. 

dimension,  monté  sur  des  roues  ou  simplement  fixé  sur  une 
charrette  ordinaire;  2"  des  pièces  accessoires  suivantes  :  B, 
soufflets;  G,  goujons  en  fer  ou  en  bois,  attachés  aux  raies  de  la 
cuve  par  une  fourchette  ouverte,  maintenue  au  moyen  d'une 
frette;  D,  ressorts  à  boudin  qui  ouvrent  les  soufflets  dès  que 
l'air  en  a  été  chassé;  E,  branche  de  communication  entre  F  et 
G,  se  terminant  par  un  ressort  ;  F,  levier  de  fer  ou  de  bois  ; 
G,  poignée  pour  faire  marcher  les  soufflets,  dans  le  cas  où  l'ap- 
pareil resterait  trop  longtemps  stationnaire  ;  H,  chevilles  de 
1er  fixant  les  soufflets  au  bâti  de  la  voiture;  .1,  coude  ou  siphon 


LA    PISCICULTURE    A    L  ÉTRAftGÉa. 


541 


entre  les  soufflets  et  le  baril,  soit  en  métal  avec  des  viroles  de 
cuivre,  soit  en  caoutchouc,  ce  qui  vaut  beaucoup  mieux  ;  L, 
réservoir  à  glace  ou  réfrigérant  de  fer-blanc,  remplissant 
exactement  une  ouverture  faite  au  tonneau.  Ce  réservoir  est 
muni  de  poignées  pour  l'enlever,  et  d'un  grand  nombre  de 
petits  trous  près  du  haut  pour  donner  passage  à  l'air;  M,  cou- 
vercle percé  du  réfrigérant  ;  N,  robinetpour  enlever  les  impu- 
retés; 0,  tube  à  air  en  fer-blanc,  percé  pour  donner  issue  à 
l'air  envoyé  parles  soufflets;  P,  filtre  en  métal.  Lorsque  les 
roues  du  chariot  tournent,  les  goujons  rencontrent  et  mettent 
en  mouvement  le  levier  F,  et  le  bras  de  fer  attaché  au  levier 
fait  travailler  les  soufflets.  Si  l'on  veut  actionner  ces  derniers 
plus  fréquemment,  et  par  conséquent  aérer  plus  fortement 
l'eau  du  baril  sans  accélérer  la  marche  du  véhicule,  on  obtient 
très  facilement  ce  résultat  en  augmentant  le  nombre  des  gou- 
jons. On  obtient  ainsi  économie  de  travail  et,  grâce  au  ressort, 
la  voiture  peut  rouler  (le  bras  de  communication  étant  attaché 
d'un  côté)  tandis  que  les  goujons  omettent  le  levier;  de  sorte 
que  le  mécanisme  est  protégé  contre  les  chocs  des  mauvais 
chemins.  Un  autre  avantage  de  cet  appareil,  c'est  qu'il  peut 
être  construit  partout  à  peu  de  frais,  avec  le  premier  baril 
venu  comme  réceptacle  ;  enfin,  que  toute  charrette  peut  être 
employée  définitivement  ou  temporairement  à  cet  usage.  En 
cas  de  transport  par  chemin  de  fer,  le  levier  F,  les  chevilles  II 
sont  enlevés,  et  le  baril  peut  être  détaché  du  bâti  sur  lequel 
il  était  monté. 


FiG.  4G. 


Lu  ligure  4(j  représente  une  vue  de  côté  d'un  a])pareil  por- 


542 


SOCIÉTÉ   NATIOiNALE   d'ACGLIMATATION. 


tatif  également  construit  par  M.  Otto  Hannmcrle;  mais  cet 
appareil  n'offre  pour  ainsi  dire  aucune  différence  avec  la  boîte 
à  dos  que  M.  Marion"  fit  breveter  il  y  a  vingt  ou  vingt-cinq  ans 
pour  le  même  usage. 

M.  Frederik  Mather,  de  la  Commission  des  pêcheries  des 
États-Unis,  a  employé  avec  avantage,  dans  la  traversée  de 
l'Atlantique,  pour  apporter  des  poissons  vivants  à  l'Exposition 
de  Berlin,  un  appareil  très  simple,  qui  mérite  d'être  recom- 


FiG.  47. 


mandé  pour  les  voyages  siu*  mer.  C'est  un  bac  en  tôle  galva- 
nisée, de  la  contenance  de  150  litres  environ,  dans  lequel 
l'eau  s'aère  automatiquement  de  la  manière  suivante.  Des 
éponges  sont  attachées  à  l'intérieur  du  bac,  à  quelques  centi- 
mètres au-dessus  du  niveau  normal  de  l'eau  ;  mais  ce  niveau 
oscillant  constamment  par  suite  des  mouvements  de  roulis  et 
de  tangage  du  navire,  les  éponges,  tour  à  tour,  plongent  dans 
l'eau  ou  en  émergent,  aspirent  ou  abandonnent  alternative- 
ment le  liquide,  et  lui  impriment  une  agitation  qui  lui  permet 
de  s'aérer. 


LA   PISCICULTURE    A    L'ÉTRANGER.  Mo 

La  simple  agitation  imprimée  à  l'eau,  dans  les  appareils, 
par  le  mouvement  des  véhicules  de  transport  est  parfois  uti- 
lisée pour  l'aération  de  cette  eau.  Nous  mentionnerons  notam- 
ment l'appareil  d'un  système  tout  à  fait  neuf  et  original  inventé, 
pour  le  transport  du  poisson  vivant,  par  M.  Joseph  Schwarz, 
de  Saint-Pôlten  (basse  Autriche),  dont  nous  avons  déjà  men- 
tionné l'appareil  pour  le  transport  des  œufs.  C'est  un  bidon 
en  zinc  (fig.  47)  ou  en  tout  autre  métal,  dont  la  partie  inférieure 
est  disposée  en  forme  de  cloche.  Ce  bidon  est  inclus  dans  un 
seau  à  moitié  rempli  d'eau,  où  il  se  trouve  supporté  par  un 
ressort  très  solide,  qui  cède  néanmoins  et  se  laisse  comprimer 
parle  poids,  quand  le  bidon  est  plein  d'eau.  En  s'abaissant, 
le  bidon  emprisonne  et  comprime  une  certaine  quantité  d'air 
sous  la  cloche  dont  il  est  muni,  le  bord  inférieur  de  cette 
cloche  plongeant  alors  dans  l'eau  du  seau.  Les  cahots  de  la 
voiture  de  transport,  ou,  en  chemin  de  fer,  les  trépidations  du 
wagon,  impriment  à  l'appareil  des  secousses  qui  font  osciller 
le  bidon  sur  son  ressort.  Quand  le  bidon  s'abaisse,  il  com- 
prime plus  fortement  l'air  contenu  sous  la  cloche.  La  pression 
fait  céder  une  soupape  ménagée  dans  le  fond  du  bidon  ;  une 
certaine  quantité  d'air  s'échappe  par  cette  issue  et,  se  subdi- 
visant en  une  multitude  de  bulles,  traverse  l'eau  du  récipient. 
Quand,  au  contraire,  le  bidon  remonte,  une  autre  soupape, 
ouvrant  de  dehors  en  dedans,  laisse  rentrer  de  l'air  dans  la 
cloche  pour  reconstituer  l'approvisionnement.  Le  couvercle 
du  bidon  est  à  double  paroi  et  disposé  de  façon  à  recevoir  une 
provision  de  glace. 

En  vue  de  faciliter  l'agitation  de  l'eau,  lAL  Max  von  dcm 
Borne  se  sert  de  bidons  de  forme  conique  (fig.  48)  qu'il  faut 
avoir  le  soin  de  ne  pas  remplir  complètement.  Le  couvercle 
sert  à  mettre  de  la  glace,  et  en  a  se  trouve  un  tuyau  par  le- 
quel on  introduit  un  tube  de  caoutchouc  ajusté  à  un  soufflet 
et  servant  à  faire  pénétrer  de  l'air. 

Pour  les  alevins  deGorégone,lo  bidon  cylindrique  (fig.  42) 
est  préférable  au  bidon  conique,  parce  que  ces  alevins  se 
tenant  à  la  surface  de  l'eau  auraient  à  souffrir  du  clapotage 
du  liquide  et  doivent  toujours  être  transportés  dans  des  réci- 


544. 


SOCIETE    NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


pients  entièrement  pleins  (1).  Guidé  par  l'observation,  un  pis- 
ciculteur russe,  M.  Constantin  Muszynski,  s'est  trouvé  conduit  à 
adopter,  comme  appareils  de  transport,  de  grandes  bonbonnes 
de  verre,  d'une  contenance  de  25  litres  environ.  Ces  bonbonnes 


FiG.  48. 


sont  remplies  d'eau  presque  jusqu'à  la  naissance  du  col  ou 
goulot,  de  façon  à  rendre  presque  impossible  l'agitation  du 


FiG.  49. 


(1)  Quand  on  se  sert  de  l'appareil  Eckardt,  pour  des  alevins  de  Corégone,  il 
convient  d'envelopper  le  couvercle  d'une  gaze  ou  d'une  fine  mousseline,  pour 
éviter  que  ces  minuscules  alevins  ne  passent  par  les  trous.  Un  de  ces  bidons 
peut  recevoir  10  000  alevins. 


L.V    l'ISCICULTURE    A    l'ÉTRANGER.  545 

liquide,  quelles  que  soient  les  secousses  imprimées  au  réci- 
pient pendant  le  transport.  Le  goulot  est  fermé  par  un  bou- 
chon de  liège,  que  traverse  toutefois  un  tube  de  verre 
destiné  à  laisser  passage  à  l'air;  l'extrémité  inférieure  de  ce 
tube  ne  doit  par  conséquent  pas  descendre  assez  bas  pour 
pénéti-er  sous  l'eau  dans  la  bonbonne.  Celle-ci  est  revêtue 
d'une  chape  solide  en  bois  (fig.  ^49),  doublée  d'une  garniture 
intérieure  de  crin  et  de  feutre,  analogue  à  celle  des  appareils 
connus  sous  le  nom  de  «  marmites  norvégiennes  ».  Cette  car- 
niture  n'a  pas  seulement  pour  but  de  garantir  la  bonbonne 
contre  tout  choc  dangereux;  elle  est  surtout  destinée  h  la  pro- 
téger contre  le  froid  ou  la  chaleur  et  à  entretenir  l'eau  conte- 
nue dans  l'appareil,  à  une  température  aussi  égale  que  possible. 
Ce  résultat  est  parfaitement  atteint,  et  l'on  peut  affirmer  que 
l'appareil  de  transport  imaginé  par  M.  Muszynski  est  le  meil- 
leur qui  puisse  être  employé  pour  l'alevin  de  Corégone.  Ce 
pisciculteur  avait  envoyé  de  Saint-Pétersbourg  à  Berlin,  dans 
une  semblable  bonbonne,  cinq  mille  alevins  de  Corégone  de 
Baër,  qui  arrivèrent  en  parfait  état.  Depuis,  M.  Muszynski  a 
effectué,  avec  non  moins  de  succès,  d'autres  envois  plus  re- 
marquables encore:  à  Edimbourg,  à  Londres  et  à  Paris  (i). 

Pour  le  transport  du  poisson  destiné  à  l'aquarium  de  Berlin, 
le  directeur  de  cet  établissement,  M.  le  D'  Otto  Hernies,  a  fait 
construire  un  appareil  qui  peut  servir  pour  de  longs  voyages, et 
dans  l'agencement  duquel  on  a  eu  surtout  en  vue:  I"  d'aérer 
copieusement  l'eau;  2°  de  garder  l'eau  exempte  de  vase  et  de 
toute  impureté  ;  3"  de  maintenir  cette  eau  à  une  température 
convenable  ;  i"  d'éviter  les  secousses  et  une  trop  grande  agita- 
tion de  l'eau,  qui  peuvent  être  très  préjudiciables  au  poisson. 

Ce  résultat  est  obtenu  de  la  manière  suivante,  par  la  réu- 
nion de  trois  récipients.  Du  bac  de  transport  proprement 
dit  1  (fig.  50  et  51),  lequel  est  toujours  entièrement  rempli , 
l'eau  qui  vient  du  réservoir  3passedans  la  tonne  de  décharge  ^  ; 

(1)  On  se  rappelle  qu'au  mois  de  mai  1881,  la  Société  d'Acclimatation  reçut  de 
M.  Muszynski  un  envoi  d'alevins  de  Corégone  de  Baër.  Un  seul  appareil  suffît 
pour  apporter  de  plus  de  600  lieues,  sans  perte  aucune,  10  000  de  ces  petits 
poissons,  qui  y  resièrenl  pendant  huit  jours  environ,  sans  qu'on  renouvelât  une 
seule  goutte  de  Teau  dans  laquelle  ils  se  trouvaient.' 

3"  SÉRIE,  T.  X.  —  Septembre  1883.  35 


546  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'aCGLIMATATION. 

elle  sort  par  la  cannelle  d  et  s'écoule  par  un  tube  en  caout- 


IMC.  50 


clîouc  qui  la  déverse  en  F  presque  au  fond  du  bacl ,  et  le  plus 


FiG.  51. 


loin  possible  du  déversoir.  Au  point  D  de  la  cannelle  d,  de 


LA   PISCICULTURE   A    L  ÉTRANGER.  547 

petits  tubes  servent  à  l'introductioa  d'une  certaine  quantité 
d'air  que  l'eau  entraîne  dans  son  courant,  et  qui  s'échappe  par 
le  tube  en  caoutchouc  sous  la  forme  de  nombreuses  bulles.  Plus 
le  courant  est  rapide,  c'est-à-dire  plus  est  grande  la  hauteur 
de  l'eau  dans  le  réservoir  3,  plus  est  considérable  la  quantité 
d'air  ainsi  entraînée  dans  le  tube  d'alimentation  et  introduite 
dans  le  bac  1.  Comme  il  a  été  dit  ci-dessus,  l'eau  s'échappe  de 
ce  bac  par  un  petit  conduit  ajusté  à  la  partie  supérieure,  et 
elle  tombe  dans  la  tonne  2  en  traversant  le  compartiment  E, 
dont  la  paroi  est  perforée  d'une  multitude  de  trous,  et  qui 
renferme  un  filtre  de  gravier.  Elle  arrive,  par  suite,  complè- 
tement purifiée.  Au  moyen  du  tube  B  et  de  la  pompe  aspirante 
et  foulante  A,  on  puise  l'eau  de  la  tonne  2  pour  l'envoyer  par 
le  conduit  c  dans  le  réservoir  3,  où  un  flotteur  c,  muni  d'un 
contrepoids  b,  permet  d'observer  le  niveau  de  l'eau.  Les 
couvercles  a  servent  à  remplir  les  bacs  et  à  constater  la  tem- 
pérature de  l'eau,  température  qu'on  peut  abaisser  quand  il 
est  nécessaire,  en  mettant  de  la  glace  dans  la  tonne  2. 

Grâce  aux  dispositions  adoptées,  le  transport  du  poisson 
peut  s'effectuer  dans  des  conditions  excellentes.  L'agitation 
trop  violente  de  l'eau  est  rendue  impossible  par  la  situation 
du  tuyau  de  sortie,  qui  maintient  le  bac  toujours  entièrement 
plein,  bien  que  suffisamment  aéré.  Par  l'introduction  dans  le 
fond  du  bac  d'une  eau  fortement  aérée,  on  expulse  l'acide 
carbonique,  tout  en  renouvelant  le  liquide.  Enfin,  tandis  qu'à 
l'aide  de  la  pompe  A  le  réservoir  3  peut  être  rempli  en  quinze 
minutes,  ce  réservoir  met  plusieurs  heures  à  se  vider. 

Cet  ap])ai-eil  a  été  employé  avec  succès  par  M.  Hermès  pour 
le  transport  de  poissons  vivants  de  Trieste  à  Berlin,  c'est-à- 
dire  pour  un  voyage  dont  la  durée  est  au  minimum  de  soixante- 
douze  heures.  Le  bac  1  contient  1000  litres  d'eau,  soit  autant 
à  lui  seul  que  la  tonne  2  et  le  réservoir  3.'En  chemin  de  fer, 
l'appareil  occupe  un  wagon  entier.  Quand  on  dispose  d'un 
personnel  suffisant,  on  peut  se  dispenser  de  l'emploi  du  ré- 
servoir 3,  en  envoyant  directement  l'eau  de  la  tonne  2  dans 
le  bac  i  par  le  conduit  c,  qui  doit  être  alors  pourvu  de  prises 
d'air  (comme  l'est  la  cannelle  d),  et  qui  doit  être  assez  lono- 


54-8  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

pour  atteindre  le  fond  du  bac.  Cette  méthode  est  même  pré- 
férable, attendu  que  la  pression  plus  forte  que  l'on  obtient  au 
moyen  de  la  pompe  introduit  dans  l'eau  une  plus  grande  quan- 
tité d'eau.  On  peut,  du  reste,  aérer  la  masse  liquide  sur  dif- 
férents points,  en  introduisant  de  l'eau  avec  la  pompe  par  plu- 
sieurs conduits  étroits,   pourvus  de  prises  d'air  (1). 

On  s'est  peu  occupé  jusqu'à  présent  d'un  matériel  spécial 
pour  le  transport  du  poisson  vivant  par  le  chemin  de  fer.  En 
dehors  de  ce  qui  a  été  fait  dans  ce  sens  en  Russie,  où,  comme 
nous  l'avons  déjà  fait  connaître,  la  Compagnie  des  chemins 
de  fer  Griazi-Tzaritzine  transporte  le  poisson  vivant  du  Volga 
jusqu'à  Moscou  dans  des  wagons-aquariums  pouvant  recevoir 
chacun  1  300  livres  de  poisson,  presque  nulle  part  on  n'a  su 
arriver  à  un  résultat  vraiment  sérieux  et  pratique.  Un  chemin 
de  fer  autrichien  a  bien,  il  y  a  quelque  temps,  pris  un  brevet 
pour  l'emploi  d'un  modèle  spécial  de  wagon  destiné  au  trans- 
port du  poisson  vivant  et  du  poisson  conservé  dans  de  la 
glace;  mais  cette  prise  de  brevet  n'a  pas,  que  nous  sachions, 
été  suivie  d'application.  M.  Fritz  Kretsclimer  avait  exposé  à 
Berlin  un  modèle  (au  1  /20)  de  wagon  pour  le  transport  du  pois- 
son de  mer  et  du  poisson  d'eau  douce  à  l'état  vivant;  mais  les 
dispositions  n'en  paraissaient  guère  applicables.  Nous  n'avons 
donc  à  mentionner,  en  réalité,  que  les  wagons  qu'a  faitcon- 

(1)  Dans  un  projet  de  wagon-aquarium  qu'étudie  en  ce  moment  M.  le  docteur 
Hernies,  ce  moyen  d'aération  de  Vean  sera  largement  utilisé.  M.  Hermès,  qui  a 
acquis  une  grande  expérience  dans  le  transport  du  poisson  vivant,  considère 
comme  indispensable  :  1°  de  ne  faire  voyager  que  des  sujets  aussi  bien  portants 
que  possible  ;  2°  de  tenir  le  poisson  pendant  plusieurs  jours  dans  un  espace  d'eau 
limité  avant  de  le  mettre  en  roule;   3"  de  le  priver  en  même  temps  de  toute 
nourriture,  pour  éviter  qu'il  ne  souille  l'eau  par  ses  déjections  pendant  le  voyage. 
Il  peut  être  utile  de  changer  reau  en  route,  ce  qui  est  naturellement  beaucoup 
plus  aisé  quand  il  s'agit  d'eau  douce  que  d'eau  de  mer;  il  est  rare,  en  effet,  que 
l'on  ne  puisse  trouver  sur  son  passage  quelque  bonne  eau  de  fontaine.  Mais,  s'il 
est  plus  difficile,  il  n'est  pas  toutefois  impossible  de  renouveler  également  l'eau 
de  mer  pendant  le  voyage.  On  peut  employer,  comme  on  le  fait  à  l'aquarium  de 
Berlin,  de  l'eau  de  mer  concentrée,  qu'il  suffit  pour  s'en  servir  d'étendre  dans 
six  fois  son  poids  de  bonne  eau  de  fontaine.  Dans  les  voyages  de  Triesteà  Berlin, 
M.  le  docteur  Hernies  a  plusieurs  fois  renouvelé  à  Vienne  l'eau  de  mer  de  son 
appareil.  L'expérience  lui  a  démontré  que  pour  le  transport  des  animaux  marins, 
l'eau  de  mer  artificielle  est  préférable  à  l'eau  de  mer  naturelle.  Cette  dernière 
renferme  beaucoup  de  matière  organique,  particulièrement  une  grande  quantité 
d'animalcules,  d'infusoires,   de  copépodes,  etc.,    qui  meurent  promplcment  et 
vicient  l'eau.  Avec  Teau  de  mer  artificielle,  cet  inconvénient  est  écarté. 


LA    PISCICULTURE   A    L'ÉTRANGER.  549 

struire  la  Commission  supérieure  des  pêcheries  des  États-Unis, 
pour  ses  travaux  d'empoissonnement  et  ses  distributions  d'ale- 
vins, service  spécial  confié  àM.  J.  F.  EUis.  Ces  wagons,  établis 
par  les  soins  de  la  compagnie  de  chemin  de  fer  d'Ohio  àBuffalo, 
sont  de  même  dimension  que  les  wagons-lits  ordinaires  (s/ee- 
/)ers)etreviennent  chacun  à  10  000dollars(50  000  francs).  La 
décoration  intérieure,  en  bois  de  frêne  verni^  est  d'une  élé- 
gante simplicité.  A  l'une  des  extrémités  se  trouve  un  cabinet  à 
usage  de  cuisine,  pour  le  personnel  attaché  au  service  du  wagon, 
personnel  qui  y  est  employé  d'une  façon  permanente  et  pen- 
dant toute  l'année.  De  chaque  côté  du  wagon  se  trouve  une 
série  de  casiers  dans  lesquels  sont  rangés  les  grands  bidons 
de  fer-blanc  contenant  les  alevins.  L'eau  de  ces  bidons  est  re- 
nouvelée plusieurs  fois  par  jour.  Les  bacs,  placés  aux  deux 
extrémités  du  wagon,  contiennent  l'approvisionnement  d'eau 
nécessaire  ;  ils  sont  eux-mêmes  alimentés  par  un  grand  réser- 
voir logé  à  la  partie  inférieure  du  véhicule  et  dans  lequel  l'eau 
est  puisé  au  moyen  de  pompes  mises  en  action  par  les  roues 
du  wagon.  A  côté  delà  cuisine  sont  installées  les  cabines  pour 
les  agents,  lesquels  sont  au  nombre  de  quatre,  plus  un  cui- 
sinier. A  l'extrémité  opposée  se  trouvent  une  chambre  à  cou- 
cher, une  office  et  un  cabinet  de  bain  pour  M.  Ellis.  Tout  l'es- 
pace est  utilisé  de  la  façon  la  plus  ingénieuse  et  la  plus  pra- 
tique. Deux  wagons  sont  actuellement  en  service  ;  chacun  d'eux 
peut  transporter  plusieurs  millions  d'alevins  à  la  fois. 

Les  distances  parcourues  sont  parfois  considérables,  car  des 
voyages  s'effectuent  des  côtes  de  l'Atlantique  à  celles  du  Paci- 
fique, ou  des  États  du  Nord  dans  ceux  du  Sud  et  vice  versa. 
Au  printemps,  c'est  à  la  distribution  des  alevins  de  Whitelish 
{Coregonus  albus)  que  le  matériel  est  employé;  un  peu  plus 
tard,  il  sert  pour  l'alevin  d'Alose,  et  ainsi  de  suite,  au  fur  et  à 
mesure  des  opérations  de  la  Commission.  Sur  beaucoup  de 
lignes  de  chemins  de  ferles  compagnies  accordent  la  circula- 
tion gratuite  des  wagons  distributeurs  d'alevins.  Par  suite  de 
l'extension,  chaque  jour  plus  gi-ande,  donnée  aux  ti'avaux 
d'empoissonnement,  un  troisième  wagon  doit  être  prochai- 
nement construit.  M.  Frank  Nelson  Clark,  de  la  Commission 
des  pêcheries  des  États-Unis  s'occupe  en  ce  moment  de  faire 


550  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

établir  ce  wagon  sur  un  modèle  nouveau,  afin  d'y  placer,  à 
côté  des  appareils  de  transport,  une  installation  complète 
pour  la  mise  en  incubation  des  œufs  pendant  le  voyage.  Ce  la- 
boratoire ambulant  est  appelé  à  rendre  de  grands  services 
pour  la  distribution  rapide  et  économique  des  alevins. 

L'importance  du  poisson,  et  surtout  du  poisson  de  mer,  au 
point  de  vue  de  l'alimentation  publique,  rendrait  certainement 
fort  précieuse  la  solution  du  problème  du  transport  écono- 
mique du  poisson  vivant  par  chemin  de  fer.  Mais  les  difficultés 
à  surmonter  sont  très  sérieuses  à  cause  du  poids  de  l'eau  dans 
laquelle  il  faudrait  faire  voyager  le  poisson  et  qui,  surtout  avec 
les  tarifs  en  vigueur,  entraînerait  des  frais  énormes.  Chaque 
kilogramme  de  poisson  nécessiterait,  en  effet,  au  minimum, 
9  kilogrammes  d'eau  (1),  poids  auquel  viendrait  encore  s'ajou- 
ter celui,  souvent  assez  considérable,  de  l'appareil  de  trans- 
port. On  sera  donc  sans  doute  obligé  de  s'en  tenir,  pendant 
longtemps  encore,  à  de  simples  transports  d'alevins,  destinés 
aux  travaux  de  repeuplement. 

Dans  les  transports  par  eau,  les  viviers  flottants,  générale- 
ment en  forme  de  bateaux,  que  l'on  remorque  dans  les  ca- 
naux et  rivières,  ne  peuvent  voyager  que  lentement  et  ne  sau- 
raient guère  être  employés  sur  mer.  Aussi,  depuis  un  certain 
nombre  d'années,  s'est-on  occupé  d'établir  des  bateaux  à 
vapeur  d'une  construction  spéciale  pour  le  transport,  soit  du 
poisson,  soit  des  crustacés  à  l'état  vivant.  En  Amérique,  en 
Angleterre,  en  Allemagne,  ce  genre  de  transport  constitue  une 
véritable  industrie,  très  lucrative  lorsqu'elle  est  conduite  avec 
intelligence.  La  maison  Russe  et  C'°,  de  Berlin,  qui  pratique, 
sur  une  large  échelle,  le  commerce  du  poisson  vivant,  a  établi 
un  service  régulier  de  bateaux  à  vapeur,  qui  vont,  sur  les  côtes 
du  Danemark  et  de  la  Suède,  chercher  les  produits  surabon- 
dants de  la  pêche  (notamment  des  Anguilles)  pour  les  amener 

(1)  Cette  proportion  serait  insuffisanle  dans  la  plupart  des  cas,  beaucoup  de 
poissons  exigeant  une  eau  abondante  ou  fréquemment  renouvelée.  M.  le  docteur 
Hermès,  directeur  de  l'Aquarium  de  Berlin,  nous  a  fait  connaître  que  pour  cer- 
tains envois,  qui  lui  sont  adressés  de  ports  de  mer  éloignés,  i!  n'est  guère  pos- 
sible de  mettre  dans  les  appareils  plus  de  1  kilogramme  de  poisson  pour 
100  kilogrammes  d'eau. 


LA    PISCICULTURE    A    L  HTRANGEIl. 


551 


à  Slettin,  d'où  ils  sont  ensuite  transportés  par  eau,  dans  des 
viviers  flottants,  jusqu'à  Berlin.  La  durée  du  voyage  est  de 
soixante  heures.  Grâce  à  ce  genre  d'importation,  Berlin  est 
devenu  un  marché  important  pour  la  vente  des  Anguilles,  et 
ce  commerce  prend  chaque  jour  une  extension  plus  considé- 
rable. La  seule  maison  citée  plus  haut  vend  annuellement 
plus  de  1000  quintaux  d'Anguilles.  Les  bateaux  qu'elle  emploie 


FiG.  52. 


(fig.  52)  emmagasinent  le  poissondans  la  cale,  où  se  trouve  un 
compartiment  qui,  formé  par  des  cloisons  transversales  bien 
étanches,  reçoit  l'eau  de  l'extérieur  par  des  ouvertures  laté- 
rales ménagées  dans  la  coque  du  navire.  Les  Anguilles,  qui 
sont  très  robustes  et  qui  jjassent  alternativement  leur  exis- 
tence dans  la  mer  et  dans  les  cours  d'eau,  résistent  très  bien 
au  voyage  comme  à  la  captivité,  et  supportent  impunément  le 
passage  brusque  de  l'eau  douce  dans  l'eau  salée  et  vice  versa. 

{A  suivre.) 


SUR  UNE  EDUCATION  DE  L'ATTAGUS  PERNYI 

■<CUÉRIN-MÉNEVILLE) 
VERS   A   SOIE   DU    CHÊNE  DE   LA.   CHINE 

FAITE  DANS  LA  FORÊT  DE  SÉNART  (Seine-et-Oise) 
Par  M.   J.   FALI.OL' 


Dans  un  de  mes  précédents  rapports,  année  1880  (1), 
j'émettais  l'idée  qu'avec  certaines  précautions,  et  au  moyen 
d'abris,  on  pourrait  arriver  à  l'élevage  en  pleine  forêt  de 
['Aitacus  Pernyi,  intéressante  espèce  sous  le  rapport  de  la 
production  de  la  soie,  et  que,  si  je  pouvais  obtenir  de  l'admi- 
nistration des  forêts  de  l'État  l'autorisation  de  placer  des  abris 
dans  les  taillis  clos  de  la  forêt  de  Sénart,  je  tenterais  de  nou- 
veaux essais. 

Dans  les  premiers  jours  de  mai  de  cette  année,  j'ai  pu  ob- 
tenir de  l'obligeance  de  M.  Huin  une  centaine  d'œufs  de  VAt- 
tacus  Pernyi  (Guérin  M.),  du  sous-genre  Antherœa,  prove- 
nant des  éducations  de  M"'  Simon;  le  don  de  celte  graine  me 
décida  à  faire  les  démarches  nécessaires  près  de  l'administra- 
tion des  forêts  pour  obtenir  de  M.  le  conservateur  l'autorisation 
d'y  placer  des  abris  pour  l'élevage  des  Chenilles. 

Grâce  à  la  lettre  si  bienveillante  de  M.  Geoffroy  Saint-Hi- 
laire,  j'obtins  l'autorisation,  mais  elle  ne  me  parvint  que  le 
14  juin  1882. 

Les  Chenilles  étaient  écloses  et  en  étaient  à  leur  deuxième 
mue  ;  je  les  élevais  en  attendant  dans  une  pièce  constamment 
ouverte. 

Le  15  juin,  M.  Rich,  sous-inspecteur  de  la  forêt  de  Sénart, 
me  recommanda  au  brigadier  forestier,  qui  m'assigna  plu- 
sieurs enclos;  je  choisis  de  préférence  le  plus  près  de  chez 
moi. 

Là  il  fallut  m'entendre  avec  le  garde  de  cette  partie  de  la 

(I)  Inséré  au  Bulletin  de  la  Société  d'Acclimatation,  n°  4,  avril  1881,  p.  250. 


l'attacus  pernyi.  553 

forêt,  qui  venait  chaque  jour  pour  donner  les  soins  néces- 
saires au  gibier. 

Je  préparai  trois  cépées  dans  un  taillis  de  quatre  ans,  en 
les  dégageant  des  plantes  qui  se  trouvaient  au-dessous.  J'en- 
tourai une  de  ces  cépées  d'un  cylindre  en  toile  métallique, 
que  je  recouvris  d'un  canevas  au  moyen  d'attaches  mobiles. 

Une  deuxième  était  également  entourée  de  toile  métallique, 
mais  d'un  tissu  plus  fin,  auquel  je  donnai  la  forme  d'un 
cône;  je  fus  obligé,  pour  placer  celui-ci,  de  taillerie  haut 
de  la  cépée,  dont  les  branches,  trop  serrées  au  centre,  au- 
raient pu  intercepter  l'air  et  la  lumière.  Je  laissai  la  troisième 
cépée  libre,  sans  aucun  abri. 

Ayant  donné  une  trentaine  d'œufs  à  M.  Dognin,  entomolo- 
giste très  zélé  (1),  il  me  restait  le  15  juin  soixante-deux  Che- 
nilles. J'en  plaçai  quinze  sur  chaque  cépée  et  laissai  les  dix- 
sept  autres  dans  l'endroit  où  j'avais  commencé  l'éducation. 
Ayant  des  chênes  à  ma  disposition,  elles  ont  toujours  eu  une 
nourriture  saine  et  abondante. 

J'avais  donc  quatre  endroits  différents  à  surveiller. 

Pendant  un  mois,  toutes  les  Chenilles  ont  grandi  à  peu  près 
régulièrement;  elles  ont  aussi  passé  leurs  dernières  mues 
sans  mortalité,  sauf  trois,  sur  le  buisson  sans  abri  de  la  forêt, 
et  cinq  seulement  avaient  disparu  ;  toutes  celles  qui  restaient 
avaient  atteint  la  plus  grande  taille  jusqu'alors  désignée,  soit 
de  15  à  20  centimètres  de  longueur  ;  diamètre,  15  à  20  milli- 
mètres; leur  poids  était  de  18  à  20  grammes.  Mes  édu- 
cations allaient  au  delà  de  mes  espérances,  lorsque  le 
15  juillet,  vers  cinq  heures  du  soir,  une  épouvantable  grêle 
vint  tout  à  coup  tuer  en  quelques  minutes  une  partie  de 
mes  élèves. 

Des  grêlons,  dont  les  moyens  atteignirent  la  grosseur  d'une 
noix,  et  tous  de  forme  ronde,  s'abattirent  sur  notre  contrée, 
brisant  tout  sur  leur  passage,  faisant  voler  toutes  les  vitres  en 
éclats;  celles  de  la  pièce  où  j'élevais  les  Chenilles  à  la  maison 
furent  brisées;  cinq  Chenilles  furent  tuées  et  plusieurs  bles- 

(l)  M.  Dognin  en  a  fait  l'éducation  à  Auleuil  dans  une  serre  froide,  sur 
liranclios  coupées;  il  a  parfaitement  réussi. 


554  SOCIÉTÉ   NATIONALIÎ   D' ACCLIMATATION. 

sées,  soit  parles  grêlons,  soit  par  les  éclats  de  verre.  A  partir 
de  ce  jour,  fait  remarquable,  les  Chenilles  qui  restaient  ces- 
sèrent de  manger;  quatre  seulement  filèrent  leur  cocon,  les 
autres  restèrent  dans  un  état  de  torpeur  complet  ;  puis  un 
cercle  noir  apparut  autour  des  stigmates  ;  cette  même  couleur 
noire  s'étendit  sur  toute  la  surface  de  leur  corps,  et  elles 
moururent  quelques  jours  après. 

Le  16  juillet,  je  fis  une  visite  dans  la  forêt;  elle  était  jon- 
chée partout  de  débris  de  feuilles.  Arrivé  à  l'endroit  où  étaient 
placées  mes  élèves,  je  vis  avec  déception  la  cépée  sans  abri 
presque  dépouillée  de  ses  feuilles,  et  les  Chenilles,  si  belles 
la  veille,  complètement  disparues,  sans  que  je  pusse  me 
rendre  compte  de  ce  qu'elles  étaient  devenues,  toutes  mes 
recherches  étant  restées  sans  résultat. 

La  partie  de  la  cépée  entourée  de  toile  métallique  était  in- 
tacte ;  seul  le  recouvrement  en  canevas  était  percé  par  la  grêle  ; 
je  trouvai  dessous  trois  Chenilles  tuées  et  une  blessée;  la  troi- 
sième cépée,  abritée  sous  la  forme  conique,  avait  été  com- 
plètement protégée,  et  les  Chenilles  y  étaient  en  bonne  santé. 
Du  18  au  30  juillet,  toutes  celles  qui  restaient  filèrent  leur 
cocon;  leur  poids  est  de  7  cà  10  grammes.  Les  papillons  sont 
éclos  la  nuit,  à  de  grands  intervalles  :  le  premier  du  24  au 
25  août,  le  dernier  du  5  au  6  octobre. 

Ils  sont  de  grande  taille;  les  mâles  mesurent  de  12  à  13  cen- 
timètres d'envergure,  les  femelles  de  12  à  16  centimètres. 

Vu  la  saison  avancée,  je  n'ai  laissé  faire  qu'un  seul  accou- 
plement, afin  de  conserver  les  autres  en  bon  état.  Cet  accou- 
plement a  eu  lieu  du  28  au  29  août;  la  femelle  a  pondu  en- 
viron deux  cent  quarante  œufs  ;  les  Chenilles  sont  sorties  du 
12  au  14  septembre;  je  les  laissai  dans  le  même  endroit  où 
elles  étaient  nées  et  où  avaient  vécu  leurs  père  et  mère  ;  la 
première  mue  s'est  opérée  de  la  fin  de  septembre  au  4  oc- 
tobre. 

A  cette  époque  de  l'année,  les  feuilles  des  chênes  sont  co- 
riaces et  peu  nutritives;  les  Chenilles  mangeaient  à  peine; 
j'en  transportai  alors  sur  des  chênes  voisins,  d'où  étaient  sor- 
ties déjeunes  pousses  de  l'année  ;  cette  nourriture  parut  mieux 


l'attacus  pernyi.  555 

leur  convenir.  Mais  si,  au  mois  d'octobre,  il  n'y  a  plus  à  re- 
douter les  oiseaux  à  bec  fin,  d'autres  ennemis  de  nos  pré- 
cieuses Chenilles  arrivent  en  grand  nombre  ;  ce  sont  les  Arai- 
gnées coureuses,  qui  envahissent  les  buissons  et  y  cherchent 
leur  nourriture;  aussi  nos  jeunes  Chenilles  leur  en  servirent- 
elles  en  grande  partie. 

Vers  la  fin  d'octobre,  il  en  restait  encore  ;  elles  essayaient 
d'attaquer  des  feuilles  mortes,  faute  d'en  avoir  de  vertes,  puis 
les  quittaient  pour  descendre  aux  aisselles  des  branches. 

Sachant  par  expérience  qu'il  était  jusqu'alors  impossible 
d'élever  en  plein  air,  sous  le  climat  de  Paris,  cette  deuxième 
génération,  je  les  abandonnai  et  m'occupai  de  la  récolte  des 
cocons.  J'en  laissai  quatre  sous  l'abri  qui  les  avait  si  bien  pro- 
tégées pour  tacher  de  leur  y  faire  passer  l'hiver;  l'avenir 
nous  apprendra  s'ils  ont  pu  y  vivre. 

D'après  les  résultats  de  cette  éducation,  on  pourrait  con- 
clure, et  c'est  là  mon  avis,  que  désormais  il  est  possible  d'é- 
lever dans  nos  forêts  de  France  ce  précieux  producteur  de 
soie. 

Les  Vers  épargnés  par  la  grêle  (l)  se  sont  parfaitement 
développés  dans  toutes  leurs  phases  dans  la  forêt  ;  aucune 
maladie  ne  les  a  atteint  ;  ils  ont  filé  de  très  beaux  cocons,  le 
■poids  indiqué  plus  haut  le  prouve. 

Les  Papillons  ont  acquis  les  plus  grandes  dimensions,  sans 
avortement  ni  échancrures  aux  ailes,  aberration  qui  s'est  pro- 
duite accidentellement  dans  diverses  éducations  précédentes, 
et  qui  a  été  le  sujet  de  plusieurs  notes. 

Ils  s'y  sont  accouplés  ;  la  femelle  a  pondu  ses  œufs  par  petits 
groupes,  sur  les  branches  où  les  Chenilles  avaient  vécu.  Des 
faits  comme  ceux-ci  me  paraissent  concluants. 

Mais  voici  celui  qui  est  le  plus  important  :  ce  n'est  que 
d'une  petite  partie  des  cocons  que  sont  sortis  les  Papillons  ; 
la  plus  grande  reste  à  éclore  pour  l'an  prochain  ;  cette  heu- 


(1)  L'accident  de  la  grêlft  ne  peut  pas  être  considéré  comme  empêchement 
à  la  réussite  des  éducations,  attendu  que  ces  sortes  de  phénomènes  ne  se  pro- 
duisent heureusement  qu'à  de  rares  intervalles,  les  habitants  les  plus  anciens 
du  pays  n'ayant  jamais  vu  de  catastrophe  semblable. 


556  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

reuse  modificalion,  jointe  à  l'irrégularité  des  éclosions  chez 
cette  intéressante  espèce,  m'a  été  aussi  signalée  par  plusieurs 
de  nos  confrères  et  par  MM.  le  professeur  Balbiani,  Dognin 

et  Huin. 

Cette  tendance  marquée  d'une  espèce  bivolline  à  devenir 
univoltine  sous  notre  climat  est  un  grand  pas  fait  vers  l'accli- 
matation de  cet  Attacien;  sans  cela,  il  était  permis  de 
désespérer  de  sa  reproduction  dans  notre  pays,  les  éducations 
faites  en  automne  aboutissant  rarement  à  donner  des  sujets 
assez  vigoureux  pour  une  reproduction  durable. 

Nous  formons  donc  des  vœux  pour  que  des  éducations  de 
l'A  tlacus  Pernyi  soient  faites  en  France  au  point  de  vue 
industriel,  telles  qu'en  a  créées  M. Ferez  de  Nueros  en  Biscaye, 
dans  le  Guipuzcoa,  près  de  la  frontière  française. 

Ce  serait  doter  notre  pays  d'une  nouvelle  richesse  dont  il 
pourrait  tirer  un  profit  des  plus  avantageux. 

Pour  ma  faible  part,  je  me  propose,  pour  l'an  prochain,  de 
profiter  des  éclosions  des  Papillons  de  mes  élèves  de  cette 
année  pour  en  faire  l'éducation  dans  la  même  forêt,  sous  des 
abris  d'une  plus  grande  dimension  et  d'un  modèle  très  mo- 
difié, facile  à  transporter  d'une  cépée  à  l'autre  (1). 

Comme  par  le  passé,  je  me  ferai  un  devoir  de  porter  cà  la 
connaissance  de  la  Société  d'Acclimatation  les  résultats  ob- 
tenus. 

Je  ne  puis  terminer  cette  note  sans  adresser  publiquement 
mes  remerciements  à  M.  le  conservateur  des  forêts  de  l'Etat, 
pour  l'autorisation  qui  m'a  permis  de  placer  sûrement  mes 
élèves  dans  la  forêt  de  Sénart;  à  M.  Rich,  sous-inspecteur;  au 
brigadier  forestier  Gouinbault  et  au  garde  Guiard,  pour  son 
active  surveillance  pour  la  conservation  de  mes  abris. 

(1)  Des  abris  deviendraient  inutiles  pour  des  éducateurs  qui  feraient  Télevage 
de  ces  Vers  sauvages  sur  une  assez  grande  échelle  pour  occuper  un  gardien 
qui  pourrait  être  largement  rémunéré,  car  le  profit  que  ron  tirerait  des  cocons 
dépasserait  certainement  de  beaucoup  la  somme  dépensée  pour  lui. 


II.  FAITS  OIUERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE 


IVote  sur  la  présence  de  la  Gréiuille  coiuiuuue 

{Acerima  cernua  Sieb.)  dans  la  Sarlhe 

Par  M.  Amb.  Gentil,  professeur  de  sciences  physiques  et  naturelles  au  lycée  du 
Mans,  président  de  l.i  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  la  Sarlhe. 

On  connaît  la  Perche.  Tout  le  monde  sait  que  c'est  un  poisson  bossu, 
marqué  sur  le  dos  de  barres  transversales  noirâtres  et  pourvu  de  deux 
nageoires  dorsales  bien  distinctes  :  la  première  à  rayons  épineux  très 
piquants,  la  seconde  à  rayons  mous,  séparée  de  l'autre  par  un  pelit 
intervalle. 

A  la  même  famille  appartient  la  Grémille,  qu'on  nomme  aussi  plus 
communément  Perche  goujonnière  ou  goujonnée.  C'est  qu'en  effet  sa  co- 
loration d'un  brun  olivâtre  sur  le  dos,  avec  des  tons  dorés  sur  les  flancs 
et  des  mouchetures  noires,  ses  nageoires  dorsales  et  caudale  piquetées 
de  noir,  son  corps  plus  épais  et  plus  allongé  que  dans  l'espèce  précédente, 
la  rapprochent  du  Goujon  ;  tandis  que,  par  ailleurs,  elle  ressemble  à  la 
Perche,  surtout  par  sa  première  dorsale  à  rayons  épineux,  à  laquelle 
toutefois  la  seconde  se  trouve  tout  à  fait  contiguë. 

Cette  espèce  n'a  pas  été  connue  des  naturalistes  manceaux  qui  nous 
ont  précédé.  Malgré  ses  recherches,  Aujubault  déclare  ne  l'avoir  jamais 
vue. 

Cependant  on  la  prend  de  temps  en  temps  aux  environs  de  Noyen. 
Le  1'^''  avril  1883,  un  exemplaire,  provenant  de  cette  localité,  nous  a  été 
remis  par  M.  Hugo,  opticien  au  Mans,  qui  nous  avait  antérieurement  si- 
gnalé sa  présence  dans  nos  cours  d'eau. Le  2  septembre  1883,  quatre  autres 
individus  m'ont  été  envoyés  de  Sablé,  pris  également  dans  laSarthe. 

Ce  fait,  intéressant  par  lui-même,  prend  encore  une  plus  grande  im- 
portance en  venant  à  l'appui  de  cette  opinion  que  l'habitat  de  certaines 
espèces  s'étend  progressivement  avec  une  extrême  lenteur. 

La  Grémille  n'existait  pas  en  France  du  temps  de  Belon,  qui,  du  reste, 
la  connaissait  assez  pour  en  indiquer  nettement  les  principaux  carac- 
tères, bien  qu'il  paraisse  avoir  commis  une  erreur  en  l'assimilant  à 
l'Acérine  de  Pline  :  Pato  Acerinam  Plinli  medicl  reccntiorum  Cer- 
nuam  esse.  D'après  le  docteur  Moreau,  rien  n'est  moins  vraisemblable. 

Plus  de  deux  siècles  après,  Valmont  de  Bomare,  dans  son  Diction- 
naire d'histoire  naturelle  (1775),  n'en  fait  pas  encore  mention. 

Mais  on  la  connaissait  depuis  longtemps  en  Russie,  en  Allemagne  et 
même  en  Angleterre,  où  l'on  croit  qu'elle  fut  observée  dès  14-60. 

Duhamel  est  le  premier  naturaliste  qui  l'ait  signalée  parmi  les  poissons 
de  France,  en  1777. 

Elle  est  aujourd'hui  commune  dans  les  départements  du  Nord-Est, 
assez  commune  dans  le  Nord;  on  la  prend  fré(iuemnient  dans  la  Meuse, 


558  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

la  Moselle,  l'Aube,  l'Yonne,  la  Seine.  Mais,  d'après  Vallot,  elle  ne  se 
trouve  dans  le  fleuve,  au-dessous  de  Troyes,  que  depuis  le  commence- 
ment du  siècle. 

Le  Midi  ne  paraît  la  posséder  que  depuis  très  peu  de  temps.  Elle  a  été 
prise  en  1875,  pour  la  première  fois,  à  Saint-Gilles,  dans  le  canal  de 
Beaucaire  àAigues-Mortes.  Cependant  en  1866,  Blanchard  écrivait:  «  Je 
l'ai  vue  sur  le  marché  de  Lyon,  et  31.  Fabre  m'en  a  envoyé  un  individu 
pris  dans  le  Rhône,  à  Avignon,  en  me  faisant  la  remarque  que  ce  poisson 
n'y  est  connu  que  depuis  peu  d'années.  » 

Blanchard  ajoute  :  «iNous  ne  la  voyons  mentionnée  dans  aucun  cata- 
logue des  animaux  qui  habitent  nos  départements  de  l'Ouest.  »  Enfin 
le  docteur  Moreau,  dans  son  récent  travail  sur  les  Poissons  de  la  France 
(1881),  dit  qu'elle  paraît  manquer  dans  le  bassin  de  la  Loire,  et  qu'elle 
n'a  été  trouvée  ni  en  Auvergne,  ni  en  Anjou,  ni  dans  le  Poitou. 

Dans  un  ouvrage  encore  plus  récent  {Essai  sur  l'Histoire  naturelle 
des  Vertébrés  de  la  Provence,  1882),  le  docteur  Kéguis  confirme  les 
indications  données  par  Blanchard.  «  Cette  espèce,  dit-il,  est  peu  com- 
mune chez  nous...  Il  semblerait  qu'elle  descend  peu  à  peu  vers  le  sud 
et  se  montre  dans  des  régions  où  on  ne  la  voyait  pas  auparavant.  » 

Au  surplus,  la  Grémille  n'a  pas  été  signalée  dans  la  Dordogne,  dans 
la  Garonne,  ni  dans  leurs  aftluents.  11  paraît  aussi  positif  qu'elle  n'existe 
plus  en  Italie,  ni  en  Espagne. 

Maintenant  il  est  incontestable  que  nous  la  possédons  dans  la  Sartiie, 
où  sans  doute  elle  est  encore  rare.  Deviendra-t-elle  commune,  comme 
dans  le  Nord  et  l'Est?  Les  pécheurs  ne  négligent-ils  pas  trop  souvent  de 
distinguer  cette  espèce,  généralement  plus  petite,  mais  aussi  bonne, 
sinon  plus  délicate  que  la  Perche  ordinaire?  De  nouvelles  recherches 
pourront  nous  éclairer  sur  ce  point. 


Huv  le  Riz  de  niontagiie. 

Extrait  d'une  lettre  adressée  à  M.  le  Président  de  la  Société. 

Kcit-j'ong  (Mi-sioii  ilc  Canton),  lu  5  février  1883. 

Monsieur  le  Président, 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser,  par  l'entremise  de  M.  le  Supérieur  du 
séminaire  des  Missions  étrangères,  des  semences  de  Riz  appartenant  à 
deux  variétés  de  l'espèce  dite  Riz  de  montagne. 

Dans  les  plaines  et  les  vallées  nivelées  par  la  nature  ou  par  le  travail 
de  l'homme,  et  bien  irriguées,  on  trouve  avantage  à  semer  d'autres 
espèces  qui  donnent  un  produit  plus  considérable.  Celle-ci  pourtant,  bien 
que  cultivée,  comme  l'indique  son  nom,  sur  des  pentes  trop  raides  pour 


FAItS    DIVERS   ET   EXTRAITS   DE    CORRESPONDANCE.       559 

pouvoir  être  aplanies,  et  d'un  sol  généralement  pauvre,  est  encore  d'un 
boa  rendement. 

'  Les  produits  qu'elle  fournit  ne  sont  pas  inférieurs  en  qualité  à  ceux 
des  espèces  de  la  plaine,  et  ils  donnent  le  meilleur  arrak  que  préparent 
les  Chinois  pour  suppléer  au  manque  de  vin.  Enfin  sa  culture  ne  pré- 
sente aucun  des  dangers  qu'entraîne  en  France  celle  du  Riz  ordinaire. 

L'introduction  du  Riz  de  montagne  a  dû  sans  doute  être  tentée  à  diffé- 
rentes reprises.  Au  moins  je  me  souviens  d'avoir  lu  qu'à  une  époque, 
lointaine  déjà,  des  semences  de  Riz  noir,  importées,  furent  essayées  au 
Jardin  des  plantes.  Une  partie,  confiée  à  la  terre  alors  que  la  saison  était 
encore  trop  froide,  ne  leva  pas.  Une  autre  ne  fut  semée  qu'en  mai  et 
germa,  mais  les  jeunes  tiges  ne  tardèrent  pas  à  se  flétrir  par  suite  du 
manque  de  pluie.  Ce  résultat,  comme  on  le  faisait  remarquer,  ne  devait 
surprendre  personne;  car,  sous  un  climat  où  la  pluie  tombe  sans  cesse 
et  par  torrents,  comme  dans  l'île  Luçon,  telle  plante  pourra  croître  fort 
bien,  qui,  tout  autre  désavantage  à  part,  ne  saurait  s'accommoder  du 
climat  relativement  très  sec  de  la  France.  —  J'ajouterai  qu'originaire 
d'un  pays  tropical,  cette  espèce  a  pu  aussi  ne  pas  trouver  à  Paris  la 
somme  de  chaleur  nécessaire  à  sa  végétation. 

Celle  que  je  vous  offre  aujourd'hui.  Monsieur  le  Président,  croît  à  des 
altitudes  oîi  la  température,  pendant  l'été,  est  fort  modérée,  quoique  en 
somme  elle  surpasse  encore  notablement  celle  de  la  plaine  en  France. 
Toutefois  il  ne  me  paraît  pas  que  cette  circonstance  puisse  inspirer  la 
moindre  inquiétude.  11  n'en  est  pas  de  même  de  la  sécheresse  du  climat, 
certaines  années  surtout.  —  Il  ne  faudrait  pas  pourtant  exagérer  cet 
inconvénient.  En  Chine,  au  moins  dans  les  provinces  méridionales,  il 
pleut,  il  est  vrai,  beaucoup  plus  qu'en  France,  mais  parfois  aussi,  et  ce 
n'est  pas  très  rare,  il  survient  des  sécheresses  de  plus  ou  moins  longue 
durée,  sécheresses  auxquelles  le  Riz  de  montagne  résiste  assez  vaillam- 
ment, quoique,  remarquez-le  bien,  il  croisse  en  des  terrains  qui,  par 
leur  inclinaison  et  ù  cause  de  la  pauvreté  de  leur  nature,  ne  sauraient 
retenir  longtemps  l'humidité. 

Admettons,  connue  je  pense  qu'il  le  faut  faire,  qu'en  France  celte  cul- 
ture soit  à  peu  près  impossible  sur  les  sols  friables  et  secs,  il  reste 
assez  de  terrains  humides  où  il  est  à  présumer  qu'elle  se  trouverait  par- 
faitement à  sa  place.  —  Combien  de  terrains  marécageux,  qui  ne  sont 
propres  qu'à  fournir  au  bétail  une  maigre,  chétive,  très  insuffisante  nour- 
riture, et  où  peut-être  le  Riz  donnerait  d'abondantes  moissons!  Qui  sait 
si  ce  ne  serait  pas  là  un  moyen  de  convertir  en  une  source  de  richesses 
de  vastes  espaces  d'une  valeur  presque  nulle?  Je  ne  suis  pas  homme  à 
me  l)crcer  d'illusions  ni  à  vouloir  en  inspirer  aux  autres.  Je  ne  réponds 
certes  pas  du  succès,  mais  ce  succès,  je  le  crois  possible. 

Aussi  j'ai  la  confiance,  Monsieur,  que  vous,  et  quelques-uns  des  mem- 
bres de  l'honorable  Société  que  vous  présidez,  voudrez  en  faire  la  preuve. 


560  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

—  Si,  par  nos  communs  efforts,  nous  parvenions  à  acclimater  en  France 
cette  précieuse  graminée,  quel  bienfait  pournotre  agriculture!  La  chose 
ne  vaut-elle  pas  la  peine  d'être  tentée  sérieusement?  Nous  échouerons 
peut-être ,  mais,  si  nous  n'obtenons  pas  l'honneur  du  succès,  nous  aurons 
du  moins  le  mérite  de  notre  bonne  intention. 

11  me  reste  à  vous  communiquer,  iMonsieur  le  Président,  quelques 
détails  sur  les  divers  modes  de  culture  en  usage  chez  les  Chinois. 

Ils  ont  trois  manières  d'établir  leurs  rizières. 

La  première  méthode  consiste  à  semer  le  Riz  à  la  volée,  comme  on 
fait  en  France  pour  le  blé;  la  seconde,  à  déposer  dans  des  sillons  très 
superficiels  huit  ou  dix  grains,  puis,  à  une  distance  d'environ  15  centi- 
mètres, huit  ou  dix  autres,  et  ainsi  de  suite,  comme  pour  une  foule  de 
plantes  potagères.  On  recouvre  d'une  légère  couche  de  terre. 

La  troisième,  à  faire  un  semis  sur  un  petit  espace  de  terre  bien  pré- 
parée, et  à  transplanter  en  petites  touffes  de  huit  à  dix  brins  dans  les 
rizières  les  jeunes  tiges,  lorsqu'elles  ont  atteint  une  hauteur  de  25  à 
30  centimètres. 

La  première  méthode,  de  beaucoup  la  plus  simple,  la  plus  prompte 
aussi,  est  usitée  en  certains  pays  pour  le  Riz  de  montagne,  mais  presque 
nulle  part  pour  les  espèces  cultivées  dans  les  rizières  irriguées.  L'expé- 
rience aurait  démontré  que  les  produits  ainsi  obtenus  sont  très  inférieurs 
en  quantité  et  qualité. 

La  seconde  est  plus  généralement  employée  pour  le  Riz  de  montagne. 
On  comprend  que  la  troisième  ne  lui  soit  pas  applicable  dans  la  grande 
culture;  mais  c'est  la  meilleure,  et  presque  partout  elle  est  en  usage 
pour  le  Riz  ordinaire,  malgré  le  temps  qu'elle  demande  et  le  surcroît  de 
fatigue  qu'elle  impose.  Pour  les  essais  dont  nous  parlons,  elle  serait  par- 
faitement applicable. 

Veuillez  agréer,  etc. 

Gauthier. 

J'allais  clore  cette  trop  longue  lettre,  oubliant  de  dire  que  les  Chinois 
sèment  le  Riz  de  montagne  en  avril  et  en  mai.  Pour  la  France,  avril 
serait,  je  crois,  une  saison  prématurée. 


Le  gérant  :  Jules  Grisard. 


Erratum  au  Procès-verbal  de  la  séance  du  '2  mars  1883:  Page  167, 
ligne  4-1,  au  lieu  de  granduligera,  Visez:  glanduligcra. 


Imprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris 


DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'ACCLIMATATION 

DE   FRANGE 


REGF.EMENT  ET  LISTE  DES  ANIMAUX  ET  DES  PLANTES 

QUI   POURRONT  ÊTRE   DONNÉS 

EN  CHEPTEL  AUX  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 

EN  1884 


REGLEMENT 

Dans  le  but  de  multiplier  plus  rapidement  les  espèces  utiles 
ou  simplement  d'ornement,  la  Société  distribue  chaque  année 
des  cheptels  d'animaux  et  de  plantes.  Une  Commission  nom- 
mée par  le  Conseil  est  chargée  de  la  répartition  de  ces  chep- 
tels entre  les  membres  qui  se  sont  fait  inscrire. 

Pour  assurer  le  succès  de  ces  expériences,  un  inspecteur 
spécial  sera  chargé,  s'il  y  a  lieu,  de  les  suivre  et  d'en  rendre 
compte  à  la  Société. 

C'est  en  multipliant  les  essais  dans  les  différentes  zones  de 
notre  pays,  que  nous  pourrons  hâter  les  conquêtes  que  nous 
poursuivons,  et  la  vulgarisation  des  espèces  déjà  conquises 
que  nous  voulons  répandre. 

Pour  obtenir  des  cheptels,  il  faut  : 

i"  Être  membre  de  la  Société; 

2"  Justifier  qu'on  est  en  mesure  de  loger  et  de  soigner  con- 
venablement les  animaux,  et  de  cultiver  les  plantes  avec  dis- 
cernement. 

Les  membres  auront  soin  d'indiquer  les  conditions  favo- 
rables et  les  avantages  particuliers  qui  les  mettent  en  mesure 
de  contribuer  utilement  à  l'acclimatation  et  à  la  propagation 
des  espèces  dont  ils  demandent  le  dépôt. 

Les  demandes  qui  ne  seraient  pas  accompagnées  de  rensei- 
gnements suffisants  ne  pourraient  être  prises  en  considération 
par  la  Commission  ; 

3«  SÉRIE,  T.  X.  —  Octobre  1883.  ^G 


562  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

3°  S'engager  à  rendre  compte,  deux  fois  par  an,  au  moins, 
des  résultats  bons  ou  mauvais  obtenus. 

On  devra  donner  tous  les  détails  pouvant  servir  à  l'éduca- 
tion et  à  la  multiplication  des  animaux  à  l'état  domestique  ou 
sauvage  (mœurs,  nourriture,  reproduction,  soins  donnés  aux 
jeunes,  etc.;  pour  les  oiseaux  :  époque  de  la  ponte  et  de  l'éclo- 
sion,  durée  de  l'incubation,  etc.); 

4-"  S'engager  à  partager  avec  la  Société  les  produits  obtenus. 

Les  conditions  du  partage  et  la  durée  des  baux  à  cheptel 
ne  sauraient  être  les  mêmes  pour  toutes  les  espèces  d'animaux 
et  de  plantes.  Aussi  chacun  des  engagements  passés  avec  les 
chepteliers  stipulera-t-il  quelle  sera  la  part  de  la  Société  dans 
les  produits  et  la  durée  des  baux. 

L'âge  auquel  les  jeunes  devront  être  renvoyés  à  la  Société 
sera  également  indiqué  dans  les  baux. 

Le  bail  part  du  jour  de  la  réception  des  animaux. 

5°  Si  les  chepteliers  ne  se  conformaient  pas  aux  conditions 
ci-dessus  proposées,  ou  si  leur  négligence  compromettait  le  suc- 
cès des  expériences  qui  leur  auraient  été  confiées,  les  animaux 
ou  les  végétaux  pourraient  être  retirés  par  la  Société,  sur  la 
décision  du  Conseil. 

6"  Les  membres  de  la  Société  qui  solliciteront  une  remise 
de  plantes  ou  d'animaux,  devront  adresser  leur  demande  par 
lettre  à  M.  le  Président. 

Ces  demandes  seront  soumises  à  la  Commission  des  cheptels, 
qui  statuera  sur  la  suite  qui  pourrait  y  être  donnée. 

7°  Le  port  des  objets  envoyés  par  la  Société  à  ses  chepte- 
liers sera  à  la  charge  desdits  chepteliers,  ainsi  que  les  frais  de 
nourriture,  de  soins,  de  culture,  etc. 

Réciproquement,  le  port  des  objets  expédiés  par  les  chep- 
teliers à  la  Société  sera  à  la  charge  de  la  Société.  Toutefois  la 
remise  en  gare  devra  être  faite  franco. 

Les  frais  d'emballage  resteront  à  la  charge  de  celle  des  par- 
ties qui  fera  l'expédition. 

Pour  le  partage  des  produits  ou  le  renvoi  des  jeunes,  les 
frais  de  capture  des  animaux  seront  à  la  charge  du  cheptelier. 

8°   La  Société  se   réserve  le  droit  de  faire   visiter,  chez 


CHEPTELS.  563 

les  chepteliers,  les  animaux  et  les  plantes  remis  en  cheptel. 

9"  Les  chepteliers  ne  pourront  disposer  des  étalons  à  eux 
confiés  ou  faire  des  croisements  sans  en  avoir  obtenu  préala- 
blement l'autorisation  du  Conseil. 

10'  Le  Conseil  pourra  également  autoriser  les  chepteliers 
à  exposer  les  animaux  de  la  Société  dans  les  concours  ré- 
gionaux ou  autres,  à  leurs  risques  et  périls. 

11"  Le  cheptelier  devra  employer  tous  les  moyens  en  son 
pouvoir  et  prendre  toutes  les  précautions  nécessaires  pour 
éviter  les  croisements  et  assurer  ainsi  la  pureté  de  la  race  des 
animaux  qui  lui  sont  confiés ,  la  Société  ne  pouvant  accepter 
comme  produit  que  des  espèces  absolument  pures. 

-H°  Un  même  cheptelier  ne  pourra  être  détenteur  de  plus 
de  deux  espèces  d'animaux  en  même  temps. 

13"  Pour  éviter  les  difficultés  de  partage,  il  ne  sera  pas 
confié  à  un  sociétaire  des  animaux  qu'il  posséderait  déjà. 

14°  Les  chepteliers  pourront  recevoir,  en  même  temps  que 
les  animaux  qui  leur  seront  confiés,  un  programme  d'obser- 
vations à  faire,  qu'ils  seront  tenus  de  remplir  et  d'annexer  à 
leur  compte  rendu  semestriel. 

15°  En  cas  de  mort  d'un  animal  confié  à  un  membre,  ce 
membre  en  informe  sur-le-champ  le  Conseil  en  donnant,  autant 
que  possible,  les  détails  sur  les  causes  qui  ont  amené  la  mort. 

16"  Tout  cheptel  décomplété  devra  être  restitué. 

Le  cheptelier  ne  sera  déclaré  non  responsable  en  cas  de 
perte  des  animaux  à  lui  confiés  que  s'il  y  a  eu  maladie  con- 
statée ou  cas  de  force  majeure. 

17"  Le  Conseil  décide,  s'il  y  a  lieu,  de  la  destination  à 
donner  auxresles  des  animaux  morts  appartenant  à  la  Société. 


Nota.  —  Les  Sociétaires  qui  auraient  des  raisons  particu- 
hères  pour  s'occuper  de  l'acclimatation  de  certaines  espèces 
non  portées  sur  la  liste  insérée  chaque  année  au  Bulletin, 
pourront  faire  connaître  leurs  desiderata,  en  les  appuyant  des 
motifs  qui  les  engagent  à  persévérer  dans  leurs  essais. 


ANIMAUX  ET  VÉGÉTAUX 

QUI  POURRONT  ÊTRE  DONNÉS  EN  CHEPTEL 
EN  1884 


1"  SECTIOM.  —  ll;%ilMlFÉRES. 

Agoutis. 

I  couple  Agoutis  du  Brésil  {Dasyprocta  aguti). 

Cerfs. 

1  mâle  et  1  femelle  Cerfs  d'Aristote  (Cervus  Aristotelis). 

1     —        2      —        —    cochons  {Cerviisporcinus). 

i     —        1      —         —    nains  de  la  Chine  (Cermdus  Reevesii). 

Uoucs  et  Chèvres. 

1  mâle  et  2  femelles  Chèvres  naines  du  Sénégal  {Capra  depressa). 
1     —  2      —         Moutons  chinois  prolifiques  (0«</-ft/ ou  r?/-an^). 

1  —  2      —         Chèvres  d'Egypte. 

Chiens  de  prairie. 

2  couples  Chiens  de  prairie,  Marmottes  {Arctomys  Ludoviciana). 

Cochons. 

2  couples  Cochons  Siamois,  jeunes. 

Kangiirous. 

1  mâle  et  2  femelles  Kangurous  de  Bennett  {Halmaturus  Bennettii). 

l.npins. 

2  couples  Lapins  géants  des  Flandres. 
2      —  —     béliers  gris. 

2      —  —    angoras  blancs. 

5      —  —    argentés. 

T)      —  —     de  Sibérie. 

liéporitles. 

5  couples  Léporidos. 


>■? 


CHEPTELS.  565 


«"  SECTIOX.  —  OISEAVX^. 

B(M-nacbes. 

I  couple  Bernaclies  des  îles  Sandwich  {Bernicla  Sandwicensis). 
)       —  —  mariée  (Bernicla  jubata). 

—  —         (grandes)  du  Magellan  {Chloephaga  Magellanica). 

Canardt^. 

I    couple  Canards  bec  de  lait  (Anas  pœcilorhijncha). 

I       —  —  spinicaudes  {Dafila  spinicauda). 

—  —  casarkas  ordinaires  {Casarka  rutila). 

—  —  de  Paradis  {Casarka  vartegata). 

—  ^  de  Bahama  (Dafila  Baliamensis). 

0  —  —        Carolins  (Aix  sponsa). 

5  ■   —  —  mandarins  (il î^^a/mc»/a^a). 

3  —  —  de  Rouen  (domestiques). 

;>  —  —  d'Aylesbury        — 

5  —  —  du  Labrador       — 

"-J  —  —  siffleurs  du  Chili  (Mareca  chilocnsis). 

1  —  —  siffleurs  du  Chili  (Mareca  Pénélope). 

i      —  —        Sarcelles  du  Brésil  {Querquedula  Brasiliemis). 

Céréopscs. 

!  couple  Céréopses  d'Australie  {Cereopsis  Novœ-Hollandiœ). 

Colins. 

5  couples  Colins  de  Californie  {CalUpcpla  Californica). 

Colombes. 

5  couples  Colombes  Longhups  {Ocyphaphs  lophotes). 
i        —  —        poignardées  (Phlogœnas  cruentata). 

-J        —  —        grivelées  (Leucosarcia  picata). 

I        —  —        de  l'Himalaya  (Columba  leuconota). 

—  —        lumachelles  {Phaps  Chalcoptera). 

Coq.»  et  Poules. 

3  lots  de  1  coq  et  2  poules.  Volailles  de  Houdan. 


û) 


<^ 


—       de  Crèvecœur. 


1     -  —  —  —       de  Bréda,  bleus. 


566  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

1  lot  de  1  coq  et  2  poules.  Volailles  de  Bréda,  coucous. 
i      —  —  —  —  —       noirs. 

2  —  —  —  —       de  Campine. 
2  —  —                —  —       espagnoles. 
2  —  —                —  —       de  Dorking. 
2  —  —               —           —       nègres. 

2    —  —  —  —       de  Nangasaki. 

rygnes. 

2  couples  Cygnes  noirs,  jeunes  {Cygnus  atratus). 

2  —         —      blancs,  nés  bhmcs  [Cygnus  olor). 
1      —  —      à  co\  noir  {Cygnus  nigricoUis). 

Faisans. 

3  couples  Faisans  de  Mongolie  {Phasianus  torquatus). 
5      —  —      versicolores  {Phasianus  versicolor). 

5  —  —      vénérés,  nés  en  1883  {Phasianus  Reevesii). 

5  —  —      dorés  en  couleur  {Thaumalea  picta). 

5  —  —      hdy  Amhersl,  nés  en  1883  {Thaumalea  Amherstiœ). 

5  —  —      de  Swinhoë,  nés  en  1883  {Euplocomus  Sivinhoei). 

5  —  —      argentés,  en  couleur  {Euplocomus  nyclhemerus). 

1  —  Tragopans  Temminck,  nés  en  1883  {Ceriornis  Temminckii). 

1  —  —      satyres,  nés  en  1883  {Ceriornis  satyra). 

1  —  —      de  Cabot  {Ceriornis  Cuboti). 

1  —  Éperonniers  cbinquis  {Polyplectron  chinquis). 

E.opbopliore8. 

1  couple  Lopbopbores  resplendissants,  nés  en  1883  {Lophophorus  im- 
peyanus). 

Oies. 

3  couples  Oies  de  Toulouse  (domestiques). 

1  —      —     du  Danube  — 

3      —      —     de  Guinée  {Anser  cygnoides). 

2  —       —     du  Canada  (Aîiser  6'rt/mf/ens/s). 

1  —      —     barrées  de  l'Inde  {Anser  Indiens). 

2  —      —    d'Egypte  {Anser  JEgypiiacus). 

Perruches. 

5  couples  Perrucbes  calopsittes  {Calopsitta  Novœ-Hollandiœ). 
5      —  —        ondulées  {Melopsitlacus  undulatas). 

\      —  —        omnicolores  {Platycercus  eximius). 


CHEPTELS. 


567 


1  couple  Perruches  de  Peanant  {Platycercus  Pennanti). 

l  —             —        palliceps  [Platycercus  palliceps), 

1  —             —        Jendaya  {Conurus  jeadaya). 

1  —             —        à  front  pourpre  {Platycercus  Nooœ-Zelandiœ). 


Pigeons. 

\  coupl 

e   romains,  bleus. 

1  couple 

Montauban,  blancs. 

i     - 

—       chamois. 

— 

—          noirs. 

2      — 

—      fauves. 

— - 

grands  Boulants. 

2      — 

—      noirs. 

— 

Boulants  lillois. 

1      — 

—      rouges. 

— 

tambours  de  Boukharie 

1      — 

brésiliens. 

— 

pies. 

I      - 

bouvreuils. 

— 

queue  de  paon. 

1      — 

cravatés  à  manteau. 

— 

polonais. 

1      — 

frisés. 

— 

russes. 

1      - 

hirondelles. 

— 

sapajous. 

1      — 

hongrois. 

"■^ 

salins. 

3« 

SECriOV.   —   POI!!$^4 

^.Hi, 

CRIJ'^TACKS,    etc. 

Montée  d'Anguilles. 

Toi 

■tues  communes. 

Axolotls 

du  Mexique. 

Œu 

fs  et  alevins  de  Saumon. 

Grenoui 

Iles-bœufs. 

— 

—       de  Truite. 

4'  SECTIOM.  —  l.^SECTES. 


Vers  à  soie  de  l'Ailanie. 
—        du  Mûrier. 


Vers  à  soie  du  Chêne  de  Chine. 
—  —     du  Japon. 


Vers  à  soie  des  États-Unis  et  de  l'Inde. 


5'  SECTIO.U.  —   VÉGÉTAUX. 
Plantes  alimentaires. 

Betteraves,  Carottes,  Choux,  Chicorées  et  Pissenlits  améliorés,  Fève 
d'Agua  dulce  à  très  longue  cosse,  Haricots,  Ignames,  Navets,  Panais  de 
Jersey,  Pommes  de  terre,  Vignes  (Baisin  de  table  et  de  fantaisie),  Zapal- 
lito  de  tronco,  etc.,  etc. 


568  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

*  Plantes  fourragères. 

Betteraves,  Carottes,  Choux,  Maïs,  Navets,  Panais  de  Bretagne,  Pommes 
de  terre,  Téosinlé,  etc.,  etc. 

Plantes  industrielles. 

Bambous,  Betteraves  à  sucre,  Bœhmeria  candicans,  nivea  et  utilis, 
Eucalyptus,  Pins,  Phormium  tenax  (Lin  de  la  Nouvelle-Zélande), 
Vignes,  etc.,  etc. 

Plantes  ornementales. 

Acacias  australiens.  Azalées  variées,  Bambous,  Bégonias,  Bonapartea 
gracilis,  Cephalotaxus  drupacea  et  Koraiana,  Dracœna  congesta  et 
indivisa,  Fuchsias,  Grevillœa  robusta,  Ligustrum  Quihoui,  Lilium  Ion- 
giflorum  et  tigrinum,  Pelargoniums,  Rdinosporapisifera,  Thuya  Lohbii, 
Thuiopsis  dolobrata  et  lœtevirens,  etc.,  etc. 


TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


CROISEMENTS  DE  CANARDS 

Extrait  d'une  lettre  adressée  à  M.  le  Secrétaire  général 
Par  M.    Gabriel   ROGERON 


J'ai  pensé  qu'il  serait  peut-être  agréable  à  notre  Société 
d'avoir  quelques  détails  sur  d'assez  singuliers  croisements  de 
Canards  qui  ont  eu  lieu  chez  moi  ces  dernières  années. 

Je  viens  vous  les  communiquer  dans  l'ordre  et  les  circon- 
stances où  ils  se  sont  produits. 

Il  y  a  trois  ans  un  mâle  Chipeau,  que  je  possédais  sans  fe- 
melle de  son  espèce,  rechercha  une  de  mes  Canes  sauvages  et 
devint  pour  elle  un  mari  aussi  assidu  et  jaloux  que  s'il  eût  été 
de  sa  race.  L'union  néanmoins  ne  fut  pas  bien  féconde  :  sur 
huit  œufs  dont  la  plupart  étaient  clairs,  un  seul  petit  naquit 
et  s'éleva,  encore  fut-ce  avec  regret  que  je  pus  constater  au 
bout  d'un  certain  temps  que  ce  jeune  Canard  était  une  fe- 
melle. Celle-ci  tenait  des  deux  espèces,  mais  surtout  du  père  ; 
ainsi  la  forme  générale  du  corps,  le  miroir  blanc  et  noir  de 
l'aile,  l'ensemble  du  plumage  étaient  plutôt  d'une  femelle 
Chipeau,  tandis  que  le  chant  au  contraire  était  absolument 
celui  d'une  Cane  sauvage  ordinaire.  Malheureusement  les 
femelles  ayant  toutes,  quelle  que  soit  leur  espèce,  une  robe  peu 
variée,  plus  ou  moins  brune  et  terne,  la  différence  de  plu- 
mage entre  elles  est  beaucoup  moins  sensible,  appréciable  que 
chez  les  mâles,  et  je  regreltai  vivement  l'original  et  singulier 
barbouillage  qu'eût  sans  doute  produit  le  mélange  de  couleurs 
vives  et  tranchées  du  Canard  sauvage  avec  celles  du  Chipeau. 

Quant  au  côté  moral,  à  l'instinct,  elle  sembla  avoir  tout  pris 
du  côté  paternel.  Tandis  que  les  Canards  sauvages  ordinaires 
paraissent  voués  dès  le  principe  à  la  domesticité  et  à  la  dé- 
pendance, que  capturés  même  adultes  ils  deviennent  bientôt 
tellement  sociables  et  soumis,  qu'on  peut  les  habituer  au 
bout  de  cinq  ou  six  mois  à  rentrer  comme  les  autres  au  pou- 
lailler, elle,  au  contraire,  bien  qu'élevée  d'abord  en  basse- 
cour  et  faisant  partie  d'une  couvée  d'autres  jeunes  Canards 


570  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

parfaitement  dociles  qui,  dès  le  premier  âge,  lui  avaient  été 
adjoints,  aussitôt  qu'elle  se  sentit  maîtresse  d'elle-même  par 
ses  ailes,  il  fallut  renoncer  à  toute  contrainte,  à  tout  espoir 
de  la  lamener  le  soir,  et  l'abandonner  à  l'état  libre  sur  ma 
pièce  d'eau.  Là  elle  passait  la  nuit  avec  quelques  autres 
Canards  récalcitrants.  Cependant  malgré  sa  puissance  de  vol 
plus  rapide  que  celui  du  Canard  sauvage  et  les  immenses 
randonnées  qu'elle  décrivait  chaque  jour  dans  les  airs, 
jamais  elle  ne  s'abattit  au  loin,  bien  rarement  dans  quelques 
douves  du  voisinage,  et  elle  resta  ainsi  à  peu  près  fidèle  à 
ma  pièce  d'eau,  jusqu'à  ce  qu'une  singulière  liaison  qu'elle 
y  contracta  l'y  fixa  plus  complètement  encore. 

Parmi  mes  palmipèdes,  en  effet,  se  trouve  un  vieux  Milouin, 
un  des  doyens  de  mes  Canards  ;  il  y  a  huit  ou  neuf  ans,  un 
chasseur  lui  brisa  l'aile  et  depuis  il  est  sur  mes  douves  sans 
que  j'aie  jamais  pris  la  peine  ni  même  songé  à  lui  donner  une 
femelle;  ce  qui  n'empêche  pas  qu'il  soit  fort  amoureux,  et  je 
ne  crois  pas  qu'il  y  ait  eu  chez  moi  une  Cane,  quelle  que  soit 
son  espèce,  à  qui  il  n'ait  fait  des  avances  les  plus  réitérées, 
avances, il  faut  le  dire,  absolument  inutiles,  aucune  ne  sem- 
blant se  soucier  de  cet  épais  Canard.  Trop  éloigné  d'ailleurs  de 
leur  race,  il  n'avait  jusque-là  éprouvé  que  mécomptes  et  re- 
buffades, heureux  encore  quand  il  ne  se  trouvait  pas  de  mari 
sur  son  chemin  pour  lui  intliger  une  correction  méritée.  Mais 
après  ces  longs  et  nombreux  déboires  on  ne  se  fût  pas  imaginé 
qu'il  dût  en  être  unjour  tout  autrement  des  sentiments  de  ma 
|<iune  métisse  Chipeau,  légère  d'allures  et  fort  bien  tournée  ;  les 
démonstrations  qu'il  lui  prodigua  furent  parfaitement  accueil- 
lies, et  il  était  fort  amusant  de  voir  ce  gros  plongeur  aban- 
donnant son  élément  naturel,  ses  habitudes  presque  exclu- 
sivement aquatiques  pour  suivre  d'un  pas  pesant  sa  jeune 
compagne  à  travers  carrés  et  plates-bandes,  quelquefois  fort 
loin  de  l'eau,  en  quête  de  vers  et  de  limaces. 
.  Quant  à  un  résultat  pratique,  il  semblait  qu'il  n'y  avait 
pas  à  y  compter,  et  cela  pour  deux  causes.  Cette  femelle, 
comme  la  plupart  des  métis,  ne  devait  pas  être  féconde,  et  en 
supposant  que  par  hasard  elle  le  fût,  que  pouvait-on  espérer 


CHOISEMENTS   DE   CANARDS.  571 

« 

de  l'union  d'une  Cane  eL  à' un  Fuli gule  ou  Canard  plongeur, 
deux  palmipèdes  de  races  fort  distinctes?  Aussi  ma  surprise 
fut  grande  quand,  après  quelques  jours  de  disparition  qui  me 
firent  appréhender  un  malheur,  on  finit  par  la  découvrir 
dans  une  luzerne,  couvant  neuf  œufs,  et  surtout  quand  je 
pus  me  convaincre  qu'ils  étaient  tous  fécondés. 

Gomme  la  couveuse  était  fort  en  danger  ainsi  en  plein  air, 
surtout  la  nuit,  je  lui  enlevai  ses  œufs,  qu'elle  couvait  néan- 
moins avec  beaucoup  d'assiduité,  pour  les  confier  à  une  mère 
adoptive  ayant  un  nid  en  lieu  sûr.  Par  des  accidents  divers  qu'il 
serait  trop  long  d'énumérer  ici,  six  œufs  seulement  sont  éclos. 

Ces  petits  étaient  fort  singuliers  et  portaient  surtout  le 
cachet  paternel,  tête  énorme,  corps  trapu,  absence  de  queue, 
ce  qui  les  faisait  différer  complètement  des  Canards  sau- 
vages ordinaires,  grand  appétit  comme  leur  père  Milouin  et 
beaucoup  de  vivacité,  de  brusquerie  dans  les  mouvements. 
Ils  ne  paraissaient  pas  délicats;  néanmoins  deux  périrent  de 
mort  subite  demi-venus,  un  autre  atteint  de  rachitisme  ;  je 
fus  obligé  de  m'en  défaire,  et  les  trois  autres,  bien  que  tou- 
jours frais  et  paraissant  jouir  d'une  excellente  santé,  mirent 
beaucoup  de  temps  à  atteindre  leur  grosseur,  qui  devait  à 
peine  égaler  celle  du  Milouin.  Malheureusement  cette  fois 
encore,  et  à  mon  grand  regret,  je  n'avais  pu  obtenir  que  des 
femelles  ;  car  en  même  temps  que  j'eusse  été  fort  désireux  de 
connaître  les  couleurs  du  mâle  dans  ce  singulier  mélange  de 
trois  espèces  (Canard  sauvage,  Chipeau  et  Milouin),  il  eût  été 
également  intéressant  de  posséder  le  couple  afin  d'essayer  de 
perpétuer  cette  nouvelle  race. 

Néanmoins  ces  trois  femelles  telles  que  je  les  possédais  ne 
manquaient  pas  d'intérêt  et  auraient  mis  l'esprit  à  la  torture, 
non  seulement  pour  déterminer  une  espèce  qui  n'existait  pas, 
mais  un  genre  indécis,  tenant  également  des  Canar^ls  ordi- 
naires et  des  Fuligules  ou  Canards  plongeurs.  En  effet,  ces 
Canards  étaient  épais,  lourds  d'apparence,  mais  leur  corps, 
non  oblique  comme  chez  le  Milouin,  était,  à  cause  des  jambes 
placées  moins  en  arrière,  entièrement  horizontal  ainsi  que 
chez  le  Chipeau  et  le  Canard  sauvage.   Us  marchaient  avec  la 


574  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMÂTATION. 

même  facilité  que  ces  derniers,  bien  qu'en  boulottant  davan- 
tage ;  ils  avaient  également  les  pattes  et  leurs  palmures  plus 
petites,  plus  légères  que  celles  des  Fuligules. 

Quant  à  la  couleur,  elle  était  à  peu  près  celle  de  la  fe- 
melle Milouin,  d'un  gris  de  suie  un  peu  cendré  et  uniforme, 
teinté  de  rougeâtre  et  tirant  sur  le  blanc  dans  les  parties  in- 
férieures. Malgré  leur  apparence  lourde,  leur  vol  était  léger 
et  rapide,  et  dans  les  premiers  temps  que  je  les  possédais, 
leurs  randonnées  en  volant  autour  de  chez  moi  étaient  in- 
terminables. Malheureusement  ils  finirent  par  prendre  la 
mauvaise  habitude  de  tomber  de  côté  et  d'autre,  là  où  ils 
trouvaient  de  l'eau,  si  bien  qu'un  soir  l'un  d'eux  manqua  :  il 
avait  vraisemblablement  été  tué.  Je  pris  alors,  bien  qu'à  re- 
gret, la  détermination  de  couper  les  ailes  aux  deux  autres, 
que  je  possède  encore  en  ce  moment. 

Leurs  mœurs  et  habitudes  sont  entièrement  celles  des 
Canards  ordinaires;  ils  sont  plus  souvent  à  terre  qu'à  l'eau  et 
ne  craignent  nullement  leurs  pas,  courant  de  tous  côtés  en 
quête  de  nourriture.  Jamais  ils  ne  plongent,  si  ce  n'est  par 
hasard  pour  se  baigner  et  prendre  leurs  ébats,  mais  ils  ont 
de  plus  que  les  trois  espèces  d'où  ils  descendent  une  extrême 
familiarité,  ils  viennent  sans  façon  et  sans  la  moindre  crainte 
manger  dans  la  main.  Avant  qu'ils  eussent  les  ailes  coupées, 
je  prenais  même  plaisir  à  leur  tendre  une  bouchée  de  pain  à 
trois  ou  quatre  pieds  de  terre  et  ils  venaient  la  saisir  avec  une 
légèreté  surprenante  eu  égard  à  leur  lourde  tournure.  D'une 
patience  à  toute  épreuve,  ils  restent  indéfiniment  à  vos  pieds 
sans  bouger,  espérant  bien  que  tôt  ou  tard  leur  persistance 
sera  récompensée.  Familiers  avec  le  monde  de  la  maison  ils 
sont  aimés  de  tous  et  ils  ne  perdent  pas  d'ailleurs  à  être  ainsi 
aimables  :  leur  sac,  leur  jabot  est  toujours  plein,  ce  qui  ne 
contribue  guère  néanmoins  à  rendre  leur  taille  élégante... 

Quant  au  père  et  à  la  mère,  ils  sont  ainsi  que  l'année  der- 
nière dans  les  meilleurs  termes  et  j'espère  bien  qu'au  moins 
cette  fois  il  se  trouvera  des  mâles  parmi  leur  nouvelle  pro- 
géniture. 


NOTE  SUR  LA  FARINE  DE  COCOTIER 

Par  M.    DECROIX 

Vétérinaire  principal  de  l'armée,  en  retraite. 


Dans  une  Note  ayant  pour  titre  :  Influence  de  V alimenta- 
lion  sur  les  produits  animaux,]  ai  eu  l'honneur  d'appeler 
l'attention  de  la  Société  (voy.  Bulletin,  1880,  p.  404)  sur 
la  farine  et  le  tourteau  de  cocotier,  qu'une  Société  agri- 
cole cherchait  à  faire  entrer  dans  la  ration  des  animaux. 
J'avais  à  cette  époque  peu  de  données  sur  le  nouvel  aliment, 
aussi  en  ai-je  parlé  avec  réserve.  Je  disais,  au  sujet  de  la 
valeur  nutritive  de  la  farine  de  cocotier,  qui  élait  classée 
par  la  chimie  comme  étant  de  beaucoup  supérieure  à  l'avoine, 
que  j'avais  «  peine  à  croire  à  une  telle  supériorité...  »;  que 
«  les  farines  ou  tourteaux  dont  il  s'agit  me  paraissaient  plus 
propres  à  produire  de  la  graisse  qu'à  produire  de  la  chair  ; 
mieux  appropriés  pour  les  animaux  de  boucherie  que  pour 
les  animaux  de  travail...  »  ;  mais  qu'en  définitive,  s'ils  étaient 
seulement  aussi  nutritifs  que  les  fourrages  ordinaires,  «  ce 
serait  déjà  une  précieuse  ressource  »... 

Aujourd'hui,  qu'il  me  soit  permis  de  revenir  sur  cette  ques- 
tion, à  l'occasion  d'expériences  officielles  qui  viennent  d'être 
faites  sur  les  chevaux  de  l'armée,  et  dont  le  résultat  est 
consigné  dans  le  numéro  du  21  février  1883  du  Bulletin 
hebdomadaire  de  la  Société  agricole. 

Sur  la  proposition  de  la  Commission  d'hygiène  hippique, 
le  Ministre  de  la  guerre  a  ordonné  que  des  expériences 
fussent  faites  sur  quinze  chevaux  du  7^  de  cuirassiers. 

Dix  chevaux  recevaient  par  jour  et  par  cheval  : 

Avoine •  3  k.  » 

Farine  île  cocolier •  ".    '■^        » 

Foin ..*    2        » 

Paille 4        » 


574-  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Cinq  chevaux  témoins  recevaient  : 

Avoine 5  k.  550 

Foin 3        » 

Paille l        » 

La  farine  de  cocotier  était  réservée  pour  le  repas  du 
soir. 

Les  quinze  chevaux  étaient  placés  dans  les  mêmes  condi- 
tions sous  le  rapport  des  soins,  du  service,  des  exercices,  etc. 

Au  début  des  expériences,  le  12  janvier  1883,  les  quinze 
chevaux  ont  été  pesés.  Les  dix  chevaux  d'expérience  pesaient 
4370  kilogrammes,  moyenne  437  kilogrammes,  et  les  cinq 
témoins,  2260  kilogrammes;  moyenne  452  kilogrammes. 

Jusqu'au  31  janvier,  ces  animaux  faisaient  13  à  14  kilo- 
mètres par  jour.  A  cette  date,  ils  ont  été  pesés  de  nouveau, 
et  l'on  a  constaté  une  augmentation  moyenne  de  poids  de 
6''^,400  par  cheval  en  expérience  et  une  diminution  moyenne 
de  1''=,600  par  cheval  témoin. 

Du  1''  au  12  février,  date  de  la  fin  des  expériences,  le  tra- 
vail a  été  porté  à  25  kilomètres  environ  par  jour  (soit  une 
forte  étape),  la  ration  restant  la  même.  Après  ces  douze 
jours,  le  poids  moyen  du  lot  de  dix  chevaux  avait  encore  aug- 
menté de  34  kilogrammes  ;  tandis  que  le  lot  de  cinq  chevaux 
avait  perdu  30  kilogrammes,  soit  une  augmentation  pour  les 
premiers  de  3''^,400  en  moyenne  par  cheval,  et  pour  les 
seconds,  une  perte  moyenne  de  G  kilogrammes. 

Je  dois  dire  que  cette  moyenne  pourrait  induire  en  erreur, 
si  l'on  supposait  que  tous  les  chevaux  de  l'un  ou  l'autre  loi 
ont  gagné  ou  perdu  également  ;  il  y  a  eu  au  contraire,  sous 
ce  rapport,  des  écarts  assez  considérables.  Mais  cela  ne  dé- 
truit pas  cette  conclusion  générale,  à  savoir  : 

V  Que  la  farine  de  cocotier,  substituée  à  l'avoine  dans  la 
proportion  de  2''^',500  de  celle-ci  à  2  kilogrammes  de  celle- 
là,  a  permis  aux  chevaux  soumis  à  la  ration  d'expérience  de 
faire  le  même  service  que  ceux  recevant  la  ration  ordinaire  ; 

2°  Que  pendant  les  expériences,  le  lot  qui  a  reçu  la  farine 


FARINE   DE   COCOTIER.  575 

de  cocotier  a  gagné   en  poids,  tandis  que  le  lot  témoin  a 

perdu. 

Je  me  suis  donc  trompé  lorsque,  dans  ma  première  Note, 
j'écrivais  que  le  nouvel  aliment  «  était  mieux  approprié  pour 
les  animaux  de  boucherie  que  pour  les  animaux  de  travail  ». 
Voici,  au  contraire,  l'opinion  exprimée  par  un  correspondant 
du  Bulletin  de  la  Société  agricole,  ancien  officier  supérieur 
des  remontes  : 

«  Rien  ne  doit  plus  s'opposer  à  ce  que  votre  forine  de  co- 
cotier soit  prescrite  dans  l'armée.  Car  la  deuxième  partie  de 
l'expérience  est  encore  plus  avantageusement  concluante  que 
la  première  ;  sans  doute  parce  que  les  dix  chevaux  n'avaient 
plus  à  s  habituer  au  régime,  et  l'on  ne  pourra  pas  dé- 
sormais objecter  que  ce  n'est  pas  là  une  nourriture  de 
travail. 

»  En  effet,  en  supposant  l'expérience  comparative  faite 
avec  dix  chevaux  de  chaque  côté,  vous  avez  du  vôtre,  non 
seulement  les  34  kilogrammes  de  gain,  mais  il  y  aurait  lieu 
d'ajouter  à  ce  gain  les  60  kilogrammes  perdus  de  l'autre 
côté,  soit  94-  kilogrammes  d'écart,  représentant,  pour  dix 
chevaux  et  en  douze  jours,  un  avantage,  par  cheval  et  par 
jour,  de  700  grammes.  C'est  énorme.  » 

Ajoutons  que,  au  prix  courant  de  la  farine  et  de  l'avoine, 
la  substitution,  si  elle  était  adoptée  dans  toute  l'armée,  per- 
mettrait de  réaliser  une  économie  de  50  francs  par  cheval  et 
par  an,  soit,  pour  cent  vingt  mille  chevaux  ou  mulets,  une 
somme  de  0  millions.  C'est  là,  vu  l'état  de  nos  finances,  une 
considération  (\m  a  aussi  une  grande  valeur. 

Voici  comment  on  obtient  la  farine  de  cocotier  : 

Les  noix  de  coco  mûres  sont  vidées  de  leur  eau,  décorti- 
quées, brisées  en  morceaux.  La  pulpe  (chair  de  la  noix)  est 
conduite  aux  huileries,  qui  les  pressent  pour  extraire  l'huile; 
les  tourteaux  friables  qui  résultent  de  cette  opération  sont 
grossièrement  moulus  et  mis  en  sacs  :  c'est  la  farine  de  co- 
cotier. 

Lorsque,  après  M.  Isidore  GcoflVoy  Saint-IIilaire,  je  pro- 
pageais,   avec  des  amis,   l'usage  alimentaire  de  la  viande 


576  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

de  cheval,  propagation  pour  laquelle  la  Société  d'Acclimata- 
lion  m'a  donné  500  francs,  on  nous  faisait  une  foule  d'ob- 
jections plus  ou  moins  mal  fondées.  En  ce  qui  concerne  la 
farine  de  cocotier,  les  objections  ne  manquent  pas  non  plus  ; 
en  voici  quelques-unes  : 

1"  Les  chevaux  n'en  voudront  pas  (comme  on  disait  au- 
trefois que  les  pauvres  ne  voudraient  pas  de  viande  de  cheval). 

.  —  Lorsque  les  chevaux  ne  sont  pas  encore  habitués  au  co- 
cotier, rôdeur  caractéristique  répugne  d'abord  à  quelques- 
uns.  Pour  vaincre  cette  répugnance,  il  ne  faut  pas  craindre 
de  les  laisser  un  peu  à  la  diète.  D'autre  part,  le  meilleur  mode 
de  préparation  consiste  à  mouiller  la  farine  de  cocotier 
quarante-huit  heures  avant  de  s'en  servir.  L'odeur  disparaît 
presque  totalement.  —  Quand  les  animaux  sont  accoutumés 
à  cette  nourriture,  ils  ne  tardent  pas  à  en  devenir  très  friands. 
Les  chevaux  les  plus  rebelles  mettent  cinq  jours  à  s'y  habi- 
tuer ;  la  plupart  mangent  la  farine  en  barbottage  dès  les  pre- 
miers jours. 

On  ne  peut  donner  la  farine  sèche,  parce  qu'elle  est  avide 
d'humidité  et  fatiguerait  l'estomac,  en  l'obligeant  à  sécréter 
trop  de  suc  gastrique. 

^2°  La  farine  de  cocotier  est  facilement  falsi fiable. —  Moins 
que  celle  de  tout  autre  produit  de  même  nature  :  sa  mouture 
est  grosse  et  il  ne  serait  pas  possible  de  moudre  plus  fin  à 
cause  de  sa  richesse  en  matière  grasse  et  des  difficultés  de 
fiibrication.  Une  fine  mouture  coûterait  plus  que  ne  rappor- 
terait la  fraude  rendue  un  peu  plus  praticable  peut-être, 
mais  qui  se  reconnaîtrait  immédiatement  par  l'expérience 
de  l'eau. 

De  plus,  la  Société  agricole  vend  ses  produits  en  sacs 
plombés  et  marqués,  sous  le  contrôle  des  Stations  agrono- 
miques de  l'État,  et  une  fourniture  déloyale  la  priverait  de 
ce  contrôle,  qui  est  le  principal  élément  de  son  succès  et  de 
son  crédit. 

3"  La  farine  de  cocotier  a  un  goût  de  rance.  —  C'est  le 
goût  de  l'huile  de  coco.  Sans  doute  ce  goût  répugne  à 
quelques  animaux;  mais  les  plus  rebelles  s'y  habituent  en 


FARINE    DE   COCOTIER.  577 

quelques  jours  et  ne  tardent  pas  à  devenir  friands  d'une  nour- 
riture dont  ils  ressentent  très  bien  les  bons  effets. 

Il  faut  vouloir  faire  manger  le  cocotier;  le  résultat  obtenu 
récompense  largement  de  la  peine  qu'il  a  fallu  prendre. 

Le  goût  de  rance  ne  provient  pas  de  la  fermentation  pu- 
tride ;  ce  que  prouve  surabondamment  la  recommandation 
que  fait  la  Société  agricole  à  ses  clients,  de  mettre  le  cocotier 
à  fermenter  avec  la  paille  hachée  et  les  betteraves  qu'on 
donne  à  l'espèce  bovine.  En  effet,  s'il  y  avait  un  commence- 
ment de  fermentation  butyrique,  cette  pratique  gâterait  toute 
la  provende   La  fermentation  alcoolique  se  produit  seule. 

4"  La  farine  de  cocotier  peut  engraisser  les  chevaux  et 
leur  donner  de  l'apparence,  mais  elle  doit  les  rendre  mous. 
—  L'expérience  faite  au  7'  de  cuirassiers  prouve  le  contraire. 
La  farine  de  cocotier  est  un  aliment  concentré,  qui  donne  des 
muscles  aux  chevaux  et  qui  fournit  les  matières  minérales 
nécessaires  à  la  confection  du  squelette  des  jeunes  animaux. 
Les  cultivateurs  qui  donnent  du  cocotier  à  leurs  chevaux  en 
augmentent  la  quantité  dans  la  ration  à  l'époque  des  grands 
travaux,  et  ils  déclarent  obtenir  des  résultats  qu'aucun  autre 
aliment  ne  leur  a  procurés  jusqu'ici. 

5°  La  farine  de  cocotier  peut  arriver  à  manquer,  en  cas 
de  guerre  par  exemple. —  Non,  tant  qu'un  port  restera  ouvert. 
De  plus,  même  en  admettant  un  blocus  général  ce  qui  paraît 
impraticable,  la  Société  agricole  a  toujours  des  réserves  et 
elle  est  organisée  de  telle  façon  qu'elle  peut  sans  crainte  s'en- 
gager à  répondre  en  tout  temps  à  tous  les  besoins. 

La  farine  de  cocotier  ne  supprime  pas  l'avoine  ;  elle  lui 
vient  en  aide.  Elle  ajoute  à  la  ration,  dont  elle  diminue  le 
poids  total  dans  la  mesure  du  possible  ;  c'est  un  aliment  con- 
centré, facile  à  transporter,  à  emmagasiner,  à  conserver,  à  dis- 
tribuer. Elle  ne  laisse  à  l'avoine  que  son  rôle  vrai  d'excitant 
du  système  nerveux  du  cheval  ;  elle  rend  l'alimentation  plus 
rationnelle  et  plus  économique.  Nous  remarquons,  en  effet, 
que  la  ration  au  cocotier,  tout  en  permettant  une  économie  de 
50  francs  environ  par  cheval  et  par  an,  fournirait  au  cheval 
de  cavalerie  légère,  par  exemple,  un  travail  disponible  égal 

'r  SÉRIE,  T.  X.  —  Octobre  1883.  37 


578  SOCIÉTÉ   NATIONALE   DACCLIMATATION. 

à  celui  que  reçoivent  aujourd'liui  les  chevaux  de  cuirassiers. 
L'effort  total  disponible  de  notre  cavalerie  serait  donc  accru 
d'un  nombre  considérable  de  kilogrammètres. 

Telles  sont,  croyons-nous,  les  principales  objections  que 
l'on  peut  adresser  à  l'usage  alimentaire  de  la  farine  de  coco- 
tier. De  même  que  l'introduction  de  la  viande  de  cheval  dans 
l'alimentation  de  l'homme  n'a  pas  supprimé  complètement  les 
ventres  affamés,  la  farine  de  cocotier  ne  fera  pas  disparaître 
tous  les  chevaux  maigres  de  la  voie  publique.  Mais  plus 
on  en  introduira  en  France,  comme  supplément  des  fourrages 
récoltés  chaque  année,  plus  la  production  de  la  viande  et  du 
travail  pourra  être  augmentée. 


DES  PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON 

Par    le  docteur     Edouard    91ÈIME 

(Suite) 


MENISPERMEES. 


De  la  famille  des  Ménispermées,  le  tableau  des  productions 
utiles  de  l'Exposition  japonaise  indiquait  : 

N"  144.  Le  Cocculus  Thunbergii,  Isa  dzura-fugi,  avec  des 
échantillons  de  petites  tiges  brunâtres,  ressemblant  à  celles 
du  Lilas,  tressées  en  rond. 

Le  Cocculus  Thunbergii  de  de  Candolle  (i),  de  Franchet 
et  Savatier  (2),  Menispermum  orhicalatum  de  Thunberg  (3) 
et  de  Miquel  (4),  fleurit  en  août  sur  les  lisières  des  forêts, 
dans  l'île  de  Kiusiu  et  dans  l'île  de  Nippon,  principalement 
dans  les  environs  des  villes  d'Amagaki,  de  Yokohama  et  de 
Yokoska,  d'après  M.  le  D'  Savatier. 

Le  Cocculus  Thunbergii  sert,  au  Japon,  à  fabriquer  des 
paniers,  des  corbeilles  et  des  plateaux.  On  l'emploie  aussi 
pour  préparer  un  papier  blanc  très  dense,  très  fort,  dont 
l'Exposition  japonaise  contenait  plusieurs  échantillons. 

Les  botanistes  japonais  Keiske  et  Tanaka  ont  observé,  dans 
l'île  de  Nippon,  une  autre  espèce,  le  Cocculus  laurifolius, 
désigné  par  M.  Tanaka  sous  le  nom  de  Kosin  ni/aku,  et  men- 
tionné par  M.  le  D''  Savatier  (5),  ainsi  qu'une  autre  espèce, 
le  Cocculus  diversifolius,  qui  est  marqué  dans  l'ouvrage  de 
Miquel  (6),  et  que  le  Phonzo-Zoufou  (7)  note  sous  le  nom  de 


(1)  De  Candolle,  Prodromiis,  I,  p.  100. 

(2)  Francliet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  10,  n"  83. 
(3j  Thunberg,  Flor.  Japon.,  p.  194. 

(4)  Miquel,  Prolusio  florœ  Jnponicœ,  p.  198. 

(5)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  19,  n"  82. 

(6)  Miquel,  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  198. 

(7)  Phonzo-Zoufou  ou  Ilon-zo-chu-fu,  vol.  XXX,  fol.  7  recto. 


580  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Oho  tsou  dzoura  fongi.  Celle  espèce  a  élé  rencontrée  dans  la 
province  d'Owari  par  Siebold  et  par  le  botaniste  japonais 
Keiske. 

La  racine  du  Cocculus  laurifolius  est  recommandée  par 
les  médecins  japonais  et  chinois  contre  les  fièvres  inflamma- 
toires et  les  maladies  de  l'appareil  circulatoire. 

MORÉES. 

Motus  alha.  Kuwa. 

Le  jardin  du  Trocadéro  renfermait  deux  pieds  de  Morus 

alha. 

Le  tableau  des  productions  utiles  de  l'Exposition  indiquait, 
au  n"  199,  le  Kuwa,  avec  un  échantillon  de  beau  bois  de  cou- 
leur jaune  foncé. 

La  collection  des  bois  de  la  galerie  des  machines  contenait 
un  spécimen  de  Kuwa  de  couleur  jaune-rougeâtre,  de  O^'j^O 
de  diamètre  avec  O^jOOS  d'épaisseur  d'écorce. 

Dans  une  des  salles  de  l'Exposition,  on  remarquait  un  tableau 
rempli  de  feuilles  de  Mûrier  ordinaire,  de  feuilles  de  Mûrier 
hâtif  et  de  feuilles  de  Mûrier  tardif,  très  belles  et  très  larges. 
On  observait  aussi  un  tableau  d'écorces  et  de  bois  des  diffé- 
rentes sortes  de  Mûriers  japonais. 

Près  de  là  étaient  étalées  plusieurs  peintures  indiquant  tous 
les  détails  de  la  culture  du  Mûrier,  de  l'éducation  des  Vers  à 
soie  et  de  Tindustrie  de  la  soie,  ainsi  qu'une  collection  de 
cocons  blancs  et  jaunes. 

Sur  des  tables  étaient  exposés  des  modèles  en  bois  des  mé- 
tiers pour  le  tissage  de  la  soie. 

Aux  murs  étaient  appendus  des  tableaux  des  essais  de  soies 
filées  dans  les  établissements  du  Kai  ta  kushi  (ministère  des 
colonies). 

L'Exposition  contenait  le  matériel  complet  de  l'industrie 
de  la  soie,  ainsi  qu'une  série  de  photographies  des  principaux 
centres  de  la  manufacture  de  la  soie  au  Japon. 

Dans  la  classe  81  (Insectes  utiles  et  nuisibles)  étaient  expo- 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         581 

sées  des  graines  de  Vers  à  soie  et  des  cartons  du  département 
de  Tochigi  (province  de  Shimotsiike)  ; 

des  cocons,  ainsi  que  le  matériel  et  les  procédés  de  l'élevage 
des  Vers  à  soie  ; 

des  graines  de  Vers  à  soie  et  des  cartons  du  département  de   . 
Miye  (province  de  Ise). 

Dans  la  classe  34  (Soies  et  tissus  de  soie),  on  remarquait  : 
des  séries  de  fils  de  soie  grège  du  département  de  Nagano 
(province  de  Sinano)  ;  du  département  de  Tochigi  (province 
de  Sliimotsuke)  ;  du  département  d'Ishikawa  (province  de 
Kaga);  du  département  de  Yamagata  (province  d'Uzen);  du 
département  do  Gunba  (province  de  Kodzuke)  ;  du  département 
de  Yamaguchi  (province  de  Suwo)  ;  du  département  de  Miye 
(province  d'Ise); 

des  cocons  et  des  fils  de  soie  grège  du  département  d'Ishi- 
kawa (province  de  Kaga)  ; 

des  cocons  et  des  fils  de  soie  grège  des  départements  de 
Hukushima  (province  d'Iwashiro)  et  d'Akita  (province  de 
Dewa),  et  du  département  de  Yamanashi  (province  de  Kaï). 

Dans  celte  classe  34  étaient  exposés  : 

des  échantillons  de  crêpe  de  soie  de  Kioto  ; 

des  spécimens  de  Mon  aya  (sorte  de  tissu  de  soie)  de 
Kioto  ; 

de  Hattcm  ori  (tissu  de  soie)  de  Kanagawa  (province  de 
Musashi)  ; 

de  Kaïkiori  (sorte  de  foulard)  ; 

de  Siro  aya  ori  (sorte  de  tissu  pour  doublures  et  parapluies) 
du  département  de  Yamanashi  (province  de  Kaï)  ; 

des  soies  moulinées  du  département  d'Ishikawa  (province 
de  Kaga)  ; 

de  Kinoutsizimi  (sorte  de  crêpe)  de  Kioto  ; 

des  étoffes  pour  parapluies  du  département  de  Nagano 
(province  de  Sinano); 

Des  échantillons  : 

de  Nanako  (sorte  de  faille)  et  de  Keupon  (sorte  de  tissu) 
du  département  d'Ishikawa  ; 

de  Den  sou  (damas)  ;  de  Shucou  (satin)  ;  de  Soiujuiori  (ar- 


582  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

mure  de  soie);  de  Kohakou  ori  (satin  léger);  de  Hakala 
(reps)  ;  de  Koyanaguiori  (broché)  ;  de  Cha  (sorte  de  canevas)  ; 
de  Riou-mou-ori  (sorte  de  reps)  ;  de  Sen-dai-hira  (popeline)  ; 
de  Hatizio  (sorte  de  popeline)  ;  de  Itoori  (popeline)  ;  de  Tou- 
mon-ori  (sorte  de  foulard)  ;  de  Sizira  (sorte  de  moire)  ; 

Des  spécimens  de  Siocé-haboutaï  (sorte  de  foulard)  ;  de 
Kabé-ori-mozi  (satin  broché);  de  Kôbaï-guinou  (sorte  de 
foulard  rouge),  du  département  de  Gihu  (province  de  Mino); 

de  Soko-kin-biro-do  (velours  à  fond  d'or),  de  Kiolo  ; 

de  Sokoito-biro-do  (velours),  de  Kioto  ; 

de  Niziou-birodo  (velours),  de  Kioto; 

de  Azeori  (sorte  de  reps  de  soie),  du  département  de  To- 
chigi  (province  de  Shimotsuke)  ; 

de  Soukiia-ori  (sorte  de  canevas),  du  département  de  Ya- 
magata  (province  d'Uzen)  ; 

de  Ken-pou  (sorte  de  foulard),  du  département  d'Ishikawa 
(province  de  Kaga)  ; 

de  Sihou-aritsi-rimen  (sorte  de  crêpe  de  Chine)  et  de  Rioii- 
mon-ori  (reps  de  soie),  du  département  de  Miyagi  (province 
de  Plikuzen). 

Dans  la  classe  35  (Châles)  : 

des  châles  en  soie  de  Tokio. 

Dans  la  classe  36  (Dentelles,  broderies,  passementeries)  : 

des  satins  brodés  et  des  tableaux  en  satin  brodé  du  dépar- 
tement de  Kanagawa  (province  de  Musashi). 

Le  iMorus  alba  Lin.  relaté  par  Thunberg  (1),  par  Siehold, 
par  Miquel  (2),  par  Franchet  et  Savatier  (3),  est  désigné 
au  Japon  sous  le  nom  de  Kiva,  d'après  le  botaniste  japo- 
nais Tanaka,  et  de  Magiva  suivant  le  naturaliste  japonais 
Sirakawa  (4); 

avec  var.  Indica  Bureau  (5),  à  petites  feuilles  à  pétioles 
grêles  ; 

(1)  Thunhcvg,  Flora  Japonicn,  p.  71. 
(-2)  Miquel  (F.-A.-W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  129. 
(S)  Franchet  et  Savatier,  Enumeralio,  vol.  I,  p.  4.32,  n"  15-49. 
(4j  Léon  de  Rosny,  traduction   du  Traité  de   l'éducation  des  Vers  à  soie  au 
Japon  (Yo-san-sin-sets),  par  Sira-Kawa,  de  Sendaï,  1864.  Paris,  1868- 
(5)  De  CandoUe  (A.-P.),  Prodromus,  XVII,  p.  243. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.        583 

avec  var.  latifolia  Bureau  (1),  que  Miquel  (2)  donne  sous 
les  noms  de  Marka-kiva  et  de  Tonkiva. 

Les  différentes  sortes  de  Mûrier,  au  Japon,  sont  : 

Le  Ma-giva  (vrai  Mûrier)  ou  Sira-giva  (Mûrier  blanc)  à 
grandes  feuilles,  larges  comme  la  main,  rondes,  épaisses, 
très  nombreuses,  brillantes,  qui  servent  à  la  nourriture  des 
Vers  à  soie; 

Le  No-gwa  (Mûrier  sauvage); 

Le  Yama-giva  (Mûrier  de  montagne),  à  feuilles  petites, 
longues,  profondément  dentelées  ;  c'est  le  Mûrier  sauvage  de 
l'espèce  du  Ma-gtva  ; 

{.'Oha-kwa  (Mûrier  à  grandes  feuilles).  D'après  M.  Du- 
pont (3),  ce  Mûrier  a  2", 50  à  3  mètres  de  circonférence;  il 
est  commun  dans  les  forêts  des  provinces  d'Hiuga,  de  Tango, 
dans  l'île  Osima  et  près  de  la  ville  de  Tokio  ;  son  bois  jaune 
clair,  à  reflets  irisés,  est  très  employé  en  ébénisterie. 

D'après  la  Commission  japonaise  (4),  celui  qui  vient  des  îles 
de  la  province  d'Idzu  s'appelle  Shima-gnwa  (Ile  mûrier). 
On  le  trouve  aussi  dans  l'île  d'Atidjo.  C'est  un  Mûrier  sauvage 
dont  les  feuilles  sont  petites,  ainsi  que  les  fruits,  et  dont  le 
bois  dur  à  veines  noirâtres  est  usité  en  ébénisterie  pour  les 
coffrets,  les  boîtes,  les  petits  meubles  ornés  de  dessins  laqués. 

M.  Léon  de  Rosny,  dans  sa  traduction  du  Traité  japonais 
de  Véducalion  des  Vers  à  soie,  par  le  naturaliste  Sira-Kawa  (5), 
indique  de  pkis,  comme  Mûriers  japonais  décrits  dans  la 
grande  encyclopédie  japonaise  Wa-kan-san-saï-dzou-yé  (6) 
et  dans  le  traité  d'histoire  naturelle  Hon-zô-kô-mok  : 

Le  Ko-gwa  ou  Mi-giva,  à  fïeurs  venant  avant  les  feuilles; 

Le  Kei-sô,  à  feuilles  minces,  rares,  dentelées,  à  veines  rou- 
geâtres,  produisant  beaucoup  de  fruits; 

Le  0-gwa,  Mûrier  mâle,  ne  donnant  pas  de  fruits; 

(1)  DcCandoUe  (A.-P.),  Prodromus,  XVII,  p.  24i. 

(2)  Mifinel  (F.-A.-W.),  Prolusio  florœ  Japonicœ,  p.  130. 

(3;  Dupont,  Les  essences  forestières  du  Japon,  p.  58-59,  1879. 

(4)  Le  Japon  à  l'Exposition  universelle  de  1878,  vol.  II,  p.  113,  n°  142. 

(5)  Léon  de  Rosny,  traduction  du  Traité  de  réducation  des  Vers  d  soie  au 
Japon  {Yo-san-sin-sets),  par  Sira-Kawa,  de  Sendaï,  p.  8  et  p.  83-84,  1864. 
Paris,  1868. 

(6)  Wa-kan-sa7i-s(ii-dzou-yé,  Section  de  botanique,  livre  LXXXIV,  fol.  1. 


584  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Le  Niwatori-gwa  (Mûrier  des  poules),  à  feuilles  et  à  fleurs 

légères  ; 

Le  0>«/îa-f/i^a  (Mûrier  desfemmes),petit,à  longues  branches. 

Le  Mûrier  est  très  anciennement  cultivé  au  Japon.  D'après 
M.  Léon  de  Rosny,  l'éminent  professeur  de  japonais  à  l'École 
des  lanouos  orientales,  dans  sa  très  intéressante  introduction 
la  traduction  du  Traité  de  Véducalion  des  Yers  à  toie 
au  Japon,  par  Sira-Kawa,  de  Sendaï  (1),  les  tissus  de  soie 
étaient  connus  sous  le  règne  du  mikado  Ko-reï-ten-o,  de 
290  à  218  avant  notre  ère.  En  462,  on  planta  des  Mûriers 
dans  presque  toutes  les  provinces  du  Japon  (2),  principale- 
ment dans  l'île  de  Nippon,  où  cette  culture  prit  une  extension 
si  considérable,  que  les  autres  branches  de  l'agriculture  furent 
délaissées  et  que  les  princes  souverains  (Daî-myÔ)  durent 
prendre  des  mesures  pour  la  limiter;  aussi,  pendant  long- 
temps, dans  certaines  principautés,  surtout  dans  la  princi- 
pauté de  Satsuma,  dans  l'ilede  Kiusiu,  l'usage  des  vêlements 
de  soie  était  interdit  sous  peine  d'amende  aux  gens  non  titrés 
et  sans  fondions  publiques  (3). 

Suivant  le  naturaliste  Sira-Kawa  (4),  les  principaux  centres 
de  culture  du  Mûiier  sont  : 

La  province  de  Mutsu  (5),  dans  la  partie  N.  E.  de  l'île  de 
Nippon,  principalement  aux  environs  de  la  ville  de  Sendaï  ; 
dans  le  département  de  Daté,  près  des  villes  deNihon-matsu  et 
de  Shinobu  (dans  la  province  d'Iwashiro),  ainsi  que  près  des 
villes  de  Sirafiawa  et  d'Aidzu.  La  partie  de  la  province  de 
Mutsu  qui  touche  à  celle  de  Nambu,  et  cette  province,  sont, 
d'après  M.  Léon  de  Rosny,  impropres  cà  la  sériciculture; 

La  province  de  Deva,  autour  des  villes  d'Akita  et  de  Yoné- 
Zawa  ; 

La  province  de  Ko-dzuké,  dans  les  départements  de  Nou- 
mata,  de  Maé-basi,  de  Foudzi-oka  et  de  Shimamura  ; 

(1)  Léon   de  Rosny,  loc.  cit.,  p.  44  de  l'inlroduclion. 
("2)  Ibld.,  p.  47  de  l'introduction. 

(3)  Ihid.,  p.  48  de  rintroduction. 

(4)  Ibid.,  p.  17  et  163. 

(5)  Au  Japon  on  dit  Moulsou   ainsi  que  Nihon-matsou,  Siiimobou,  Aidzou  et 
Nambou  (les  u  se  prononçant  ou). 


PRODUCTIONS   VÉGÉTALES   DU   JAPON.  585 

La  province  de  Miisasi,  dans  le  canton  de  Tsitsi-bou  ; 

La  province  de  Sinano,  dans  les  départements  d'Ouëda,  de 
Matsu-moto,  d'Iida  et  de  Zen-ho-zi  ; 

La  province  de  Kaï  ; 

Les  environs  des  villes  de  Yonesawa  et  de  Yamagata,  dans 
la  province  d'Uzen  ; 

La  province  de  Tsiku-zen,  dans  l'île  de  Kiusiu. 

Suivant  M.  de  Rosny  (1),  les  tentatives  d'éducation  des  Vers 
à  soie  faites  dans  la  partie  sud  de  l'île  de  Yeso,  près  de  Matsu- 
maa,  non  loin  du  détroit  de  Sangar,  n'ont  pas  réussi  à  cause 
des  intempéries  du  climat. 

Dans  les  îles  Liu-kiu,  la  température  est  presque  toujours 
trop  élevée  pour  obtenir  un  bon  résultat;  cependant,  dans 
certaines  parties  de  ces  îles,  on  cultive  le  Mûrier  et  on  y  fa- 
brique une  étoffe  mélangée  de  soie  et  de  coton  nommée  Liou- 
kiou-no-tsoumoiigi  (tissu  de  Liu-kiu). 

Les  Japonais  multiplient  le  Mûrier,  quelquefois  par  semis, 
mais  le  plus  souvent  par  marcottage  ;  quand  ils  veulent  faire 
des  semis  de  graines  de  Mûrier,  ils  prennent  non  les  fruits 
qui  se  montrent  les  premiers,  mais  ceux  qui  apparaissent 
ensuite.  Us  lavent  les  graines  et  les  mélangent  à  des  cendres, 
puis  ils  les  sèment  dans  de  la  terre  bien  sèche,  labourée  et 
nivelée,  et  les  recouvrent  d'un  peu  de  terre.  Les  pourettes 
sortent  de  terre  au  bout  de  vingt-cinq  jours.  Ils  arrachent  les 
premières  et  ne  laissent  que  celles  qui  viennent  en  second 
lieu.  Ils  fument  le  terrain  à  plusieurs  reprises.  L'année  sui- 
vante, au  printemps,  ils  étêtent  les  jeunes  tiges  à  5  ou  6  pouces 
au-dessus  du  sol,  et  ils  les  transportent  dans  un  bon  terrain. 

En  général,  les  Japonais  multiplient  le  Mûrier  par  le  mar- 
cottage. D'après  les  renseignements  de  la  Commission  japo- 
naise (2),  on  rase  au  mois  de  février  les  jeunes  Mûriers  de 
quatre  à  cinq  ans,  un  peu  au-dessus  du  sol  ;  on  fume  alors 
avec  de  l'engrais  humain.  Les  rejetons  poussent;  alors,  vers 
la  lîn  de  l'année,  on  les  effeuille  en  laissant  seulement  le  der- 

(1)  Léon  de  Rosny,  traduction  du  Traité  de  iéducation  des  Vers  d  soie  au 
Japon,  p.  4'J  de  rintroduction. 

Ci)  LeJaponà  VExposition  universelle  rfe1878,  vol   II,  p.  171,  1878. 


586  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

nier  bourgeon,  on  les  courbe  et  on  les  maintient  sous  terre, 
en  laissant  saillir  le  dernier  bourgeon.  L'année  suivante,  on 
sépare  ces  rejetons  et  on  les  replante  à  une  profondeur  de 
1  shaku  (0"',30),  en  ayant  soin  de  fumer  le  terrain,  soit  avec 
des  cosses  ou  des  graines  de  Soja  de  qualité  inférieure  mélan- 
gées à  de  la  cendre,  soit  avec  des  feuilles  pourries,  soit  avec 
de  la  lie  de  Sake  ou  de  Shoyu,  soit  avec  des  débris  de  Sardines, 
qui  sont  très  communes  dans  les  mers  du  Japon.  Avec  cette 
Sardine,  désignée  au  Japon  sous  le  nom  d'Iwashiwo,  on  fa- 
brique une  huile  employée  pour  réclairage,  et  dont  on  trou- 
vait des  échantillons  dans  l'Exposition  (classe  45,  Produits  de 
la  chasse  et  de  la  pêche),  sous  le  nom  d' Iivaslivwo-abra.  Les 
résidus  de  cette  fabrication  sont  utilisés  comme  engrais  dans 
la  culture  du  Mûrier. 

Les  Japonais  plantent  les  Mûriers  autour  de  leurs  habita- 
tions, sur  les  versants  des  collines,  dans  les  champs,  où  la 
terre  franche  est  mêlée  à  du  sable  et  est  un  peu  humide,  sur 
les  bords  des  ruisseaux,  où  l'eau  a  un  écoulement  facile,  dans 
les  terrains  caillouteux. 

Ils  laissent  les  arbres  se  développer  naturellement  ;  dans 
certaines  provinces,  ils  taillent  le  Mûrier  pour  le  rendre  plus 
bas  et  plus  touffu.  Dans  les  provinces  froides,  ils  garantissent 
les  tiges  du  froid  pendant  la  première  année,  en  les  garnis- 
sant de  paille.  Ils  utilisent  le  Mûrier  après  deux  à  cinq  années. 
La  meilleure  période  est  entre  dix  et  quarante  ans.  Certains 
Mûriers  sont  utilisés  jusqu'à  soixante-dix  ans.  Ils  cultivent 
presque  toujours  dans  les  espaces  compris  entre  les  Mûriers 
l'Orge  (Mugi),  le  Soja  (Marné),  la  Fève  (Som-mame),  le  Millet 
[Kibi)  et  principalement  la  Patate  (Imo). 

Au  Japon,  les  feuilles  du  Mûrier  servent  à  la  nourriture  des 
Vers  à  soie  ;  mais  on  n'emploie  pas  à  cet  usage  toutes  les  es- 
pèces de  Mûrier  :  on  réserve  surtout  pour  les  Vers  à  soie  les 
feuilles  du  Sira-kwa  ou  Ma-gwa. 

Les  feuilles  du  Mûrier  sauvage,  qui  est  commun  dans  les 
montagnes,  ne  valent  rien  pour  les  Vers  ;  aussi  on  ne  les  donne 
que  faute  de  mieux. 

Les  feuilles  du  Mûrier  tardif  sont  plus  épaisses  et  plus  nu- 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         587 

trilives;  mais  comme  elles  se  montrent  plus  tard,  on  com- 
mence par  nourrir  les  jeunes  Vers  avec  des  feuilles  de  Mûrier 
hâtif.  Dans  les  provinces  septentrionales,  au  printemps,  quand 
les  feuilles  n'ont  pas  encore  paru,  on  donne  à  manger  aux 
Vers,  trois  fois  par  jour,  des  jeunes  bourgeons  de  Mûrier  non 
humectés  de  rosée,  bien  séchés,  coupés  finement,  passés  au 
crible  et  vannés  (1).  Dès  qu'il  y  a  des  feuilles,  on  cesse  de  leur 
faire  prendre  les  jeimes  bourgeons. 

Les  Japonais  cueillent  les  feuilles  dans  le  quatrième  mois, 
quand  elles  sont  dans  leur  complet  développement.  Ils  cou- 
pent les  branches  garnies  de  feuilles.  Cette  opération  se  fait 
en  tranchant  d'un  seul  coup  les  branches,  au  moyen  d'un 
couteau  spécial  en  fer;  ils  n'arrachent  pas  les  feuilles  sur 
l'arbre;  ils  effeuillent  les  branches  une  fois  coupées. 

Les  feuilles  des  Mûriers  jeunes  sont  excellentes  pour  la 
nourriture  des  Vers,  depuis  leur  éclosion  jusqu'au  dixième 
ou  quinzième  jour;  plus  tard,  les  Japonais  leur  donnent  des 
feuilles  de  Mûrier  de  trois  à  cinq  ans,  et  ensuite  de  Mûrier 
plus  vieux. 

Ils  ont  soin  de  ne  pas  donner  aux  Vers  des  feuilles  sales  ou 
entachées  d'excréments  d'oiseaux.  Ces  feuilles  sont  coupées 
avec  soin  (2)  avec  un  couteau  en  fer  non  oxydé,  n'ayant  au- 
cune trace  de  sel,  ni  d'huile,  ni  d'aucune  odeur.  Les  feuilles 
sont  coupées  par  parties  de  plus  en  plus  grandes,  suivant 
i'age  des  Vers,  et  on  finit  par  les  donner  entières  et  toujours 
fraîches;  on  les  étend  sur  des  filets  à  mailles  plus  ou  moins 
larges  (S),  qu'on  place  sur  les  Vers  à  soie. 

Suivant  M.  de  Rosny  (4),  les  feuilles  de  Mûrier  se  vendent 
sur  les  marchés  japonais  par  brassées,  qui  coûtent  de  1  à  8 
Tem-po  (12  centimes  1/2  à  I  franc).  D'après  M.  Dupont  (5), 
dans  son  très  intéressant  ouvrage  sur  les  Essences  forestières 

(1)  Dr  P.  Mourier,  Étude  complète  de  l'éducation  des  Vers  à  soie,  par  M.  Shi- 
midzen  Kinzaimon,  traduit  du  japonais,  p.  10,  extrait  du  Bulletin  de  la  Société 
d'Acclimatation,  n"  de  janvier  18G8. 

(2)  Léon  de  Rosny,  traduction  du  Traité  de  l'éducation  des  Vers  à  soie  au 
Japon,  p.  06. 

(3)  Ihtd.,  p.  63. 

(4)  Ibid.,  p.  33. 

(5)  E.  Dupont,  Les  essences  forestières  du  Japon,  p.  59,  1879. 


588  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

du  Japon,  un  hectare  de  bonne  terre  planté  de  2000  pieds  de 
Mûrier  produit,  dès  la  deuxième  année,  4800  kilogrammes  de 
feuilles  de  printemps  et  1500  kilogrammes  de  feuilles  d'été 
(en  y  comprenant  les  ramilles  dans  le  poids). 

Plusieurs  espèces  de  Mûrier  sont  employées  dans  l'industrie 
pour  leur  bois. 

On  remarquait  dans  l'Exposition  (classe  17,  Meubles  de  luxe 
et  à  bon  marché)  : 

N"  7.  Des  commodes  en  bois  de  Mûrier  ; 

N"  10.  Des  étagères  à  livres  en  Mûrier, 

provenant  de  la  ville  de  Tokio. 

D'après  M.  Dupont  (1),  le  Mûrier  à  grandes  feuilles,  nommé 
Obakwa,  qu'on  rencontre  dans  les  provinces  d'iïiuga,  de  Tango 
et  dans  l'île  Osima,  a  un  bois  jaune  clair,  homogène,  à  jolis 
reflets  irisés,  se  vernissant  très  bien,  et  qui  est  recherché  en 
menuiserie  et  en  ébénisterie. 

Quant  au  Chima-kiva  (Mûrier  petit)  à  feuilles  et  à  fruits 
plus  petits,  son  bois  est  plus  dur  et  est  sillonné  de  veines 
noires  ;  on  le  trouve  surtout  dans  l'île  d'Atidjo,  sur  le  littoral 
de  la  province  d'idsu.  Ces  deux  variétés  de  Mûrier  sont  usi- 
tées pour  les  petits  meubles,  les  coffrets,  les  objets  sculptés, 
les  baguettes  à  manger  et  une  foule  d'objets  qui  sont  laqués 
et  qui  laissent  voir  le  fond  jaune  du  bois. 

Au  Japon,  les  fruits  du  Morus  alba  sont  préconisés  contre 
la  scrofule  et  dans  les  cas  d'hydropisie;  les  graines  passent 
pour  rafraîchissantes  et  toniques  ;  les  feuilles  sont  données  en 
infusion  stimulante,  et  pour  combattre  le  rhumatisme,  la 
goutte,  la  bronchite  et  les  tubercules  pulmonaires.  Suivant 
M.  de  Rosny  (2),  d'après  le  livre  intitulé  Ko-kon-i-td,  les 
feuilles  qui  restent  sur  les  Mûriers  après  les  gelées  blanches 
du  dixième  mois  se  nomment  Sin-sen-yÔ  (feuilles  des  génies)  ; 
on  les  cueille,  on  les  fait  sécher,  on  les  réduit  en  poudre, 
qu'on  prend  en  décoction  ou  sous  forme  de  pilules,  pour  cal- 
mer la  toux. 

(1)  E.  Dupont,  Les  essences  forestières  du  Japon,  p.  59. 

(2)  Léon  de   Rosny,    traduction  du  Traité  de  Védiication  des    Vers  a  soie  au 
Japon,  p.  85-86,1868. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.  589 

L'écorce  du  tronc  est  employée  en  décoction  contre  les  ma- 
ladies pulmonaires.  L'écorce  de  la  racine  est  ordonnée  dans 
les  cas  d'hémoptysie,  d'hémorragie  utérine,  pour  combattre 
les  convulsions  des  enfants  et  dans  les  crises  nerveuses. 

D'après  M.  Dupont  (i),  le  liber  de  l'écorce  du  Mûrier  sau- 
vage, Yama-liuwa,  sert  pour  calmer  les  douleurs  d'entrailles 
des  femmes.  Les  Japonais  en  fabriquent  des  fils  pour  recoudre 
les  plaies. 

En  Chine,  le  Mûrier  est  cultivé  depuis  la  plus  haute  anti- 
quité. Les  historiens  chinois  disent  que  l'impératrice  Si-ling- 
chi,  femme  de  l'empereur  Iloang-ti  (2602  ans  avant  notre 
ère),  s'adonnait  à  l'éducation  des  Vers  à  soie  et  à  la  culture 
du  Mûrier.  D'après  M.  de  ftosny  (2),  il  est  question  de  la  cul- 
ture du  Mûrier  et  de  l'éducation  des  Vers  à  soie  dans  le  cha- 
pitre Yù-Koung  du  livre  sacré  de  l'Histoire  {Chou-King),com- 
posé  2205  ans  avant  notre  ère.  Le  chapitre  Pin-foung  du  livre 
sacré  des  Vers  {Chi-King),  d'une  antiquité  aussi  respectable, 
dit  qu'on  recueillait  les  feuilles  du  Mûrier  dans  le  quatrième 
mois  pour  la  nourriture  des  Vers.  Suivant  le  livre  sacré  des 
Annales  {Chou-king) ,  le  berceau  de  la  sériciculture  en  Chine  (3) 
aurait  été  le  pays  de  Yen,  au  sud-ouest  de  la  province  du  Shan- 
tung  ;  le  pays  de  Ts'ing  qui  est  la  partie  nord-ouest  de  cette 
province,  et  le  pays  de  Siu,  qui  est  la  partie  sud  du  Shantung. 
La  culture  du  Mûrier  aurait  été  aussi  en  honneur  à  cette  époque 
dans  la  partie  septentrionale  de  la  province  du  Kiang-su  et 
dans  la  province  du  JIou-Kouang. 

Dans  les  environs  de  la  ville  de  Chinkiang,  dans  la  province 
du  Kiang-su,  où  presque  tous  les  Mûriers  furent  détruits  pen- 
dant l'occupation  du  pays  par  les  rebelles  Taipings,  le  gou- 
vernement fit  distribuer  gratuitement  aux  habitants  des  pieds 
de  Mûrier  venus  de  Huchow,  pays  renommé  pour  l'excellence 
de  ses  soies  (4). 

(1)  E.  Dupont,  Les  essences  forestières  du  Jipon,  p.  113,  1879. 

(2)  Léon  de  Rosny,   traduction  du   Traité  de  l'éducation  des  Vers    à  soie  au 
Japon,  p.  l  de  rinlroduclion. 

(;])  llnd.,  p.  7  (le  l'introduction. 

(1)  Catalogue  de  l'Exposition  chinoise  à  l'Exposition  universelle  de  1878,  p.  27, 
1878. 


590  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

La  province  du  Kiang-su,  surtout  les  environs  de  Shanghaï 
et  de  Foochow,  renferme  de  grandes  plantations  de  Morus 
alba. 

L'Exposition  chinoise,  dans  la  classe  44  (Produits  des  ex- 
ploitations et  industries  forestières),  contenait  : 

N"  1485.  Des  échantillons  de  bois  de  Morus  alba,  employé 
en  menuiserie  et  en  ébénisterie,  provenant  des  douanes  chi- 
noises de  Foochow. 

Dans  la  classe  46  (Produits  agricoles  non  alimentaires)  : 

N"  1656.  Des  cocons  blancs  de  Vers  à  soie  du  Mûrier  ; 

N°  1657,  Des  cocons  jaunes  de  Vers  à  soie  du  Mûrier, 

provenant  des  douanes  de  Chefoo. 

Les  médecins  chinois  reconnaissent  au  Mûrier  les  mêmes 
propriétés  que  les  Japonais. 

La  classe  47  (Produits  chimiques  et  pharmaceutiques)  ren- 
fermait: 

N°  1902.  Des  graines  de  Morus  alba  réputées  toniques  et 
restaurantes,  provenant  des  douanes  de  Chefoo  ainsi  que 
n"  1966,  écorce  de  la  racine  du  Morus  alba,  usitée  contre  les 
hémorragies  utérines  et  les  convulsions  des  enfants  ; 

N"  2306.  Des  fruits  de  Morus  alba  provenant  des  douanes 
de  Shanghaï  préconisés  contre  les  affections  strumeuses  et 
l'hydropisie  ; 

N°  2324.  Des  branches  de  M.  alba  dont  on  fait  une  tisane 
pour  dissiper  les  courbatures. 

Comme  provenance  des  douanes  de  Ningpo  et  de  Wen- 
chow  : 

N°  2407.  Liber  de  M.  alba  employé  comme  styptique  ; 

N°  2482.  Feuilles  de  Mûrier  pour  tisane  dépurative. 

La  Chine  produit  une  quantité  considérable  de  soie,  qui 
sert  à  fabriquer  les  vêtements  des  mandarins  et  de  la  classe 
riche,  les  robes,  les  sous-vestes,  les  pantalons,  les  rideaux, 
les  portières,  les  écrans,  les  coussins,  les  tapis,  les  couvre- 
pieds,  les  garnitures  de  fauteuils,  recouverts  de  magnifiques 
broderies  en  couleur. 

L'Exposition  chinoise  dans  la  classe  34  (Soie  et  tissus  de 
soie)  renfermait  tous  les  spécimens  de  l'industrie  de  la  soie  : 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         591 

Provenant:  des  douanes  deChefoo: 

N"  878.  Soie  écrue  jaune  ; 

N"  879.  Soie  écrue  blanche. 

Des  douanes  de  Ilankow  : 

Des  satins,  des  tissus  de  soie,  des  soies  mélangées  de  coton, 
de  différentes  couleurs,  blanche,  bleue,  noire,  jaune,  olive, 
cramoisie,  rouge  ; 

De  la  soie  noire  de  Honan; 

De  la  soie  blanche  du  Szechwan. 

Des  douanes  de  Wuhu  : 

N"  899.  Soie  blanche  grège  ; 

N°  900.  Soie  jaune  grège. 

Des  douanes  de  Ghinkiang: 

Des  soies  jaune,  blanche,  bleu-foncé  ;    des  soies  brochée 
de  couleur  bleu  de  ciel,  fleur  de  pêcher,  écarlate,  paille,  vert 
foncé,  bleu-ardoise  ; 

Des  satins  rose,  brun,  gris,  cendré,  vert  d'eau  ; 

Des  soies  pour  doublures. 

Des  douanes  de  Shanghaï  : 

Des  soies  brochées,  verte,  bleu  clair,  rouge,  jaune,  rose 
clair,  chocolat,  violette  ; 

Du  crêpe  de  soie,  de  différentes  couleurs  ; 

De  la  gaze  de  soie  brochée,  jaune,  mauve,  rose,  noire  ; 

Une  collection  de  soies  floches  de  nuances  variées  ; 

Une  série  de  fils  de  soie  ; 

Un  assortiment  de  glands,  de  boutons  et  d'ornements  en 
soie; 

Une  collection  de  rubans  de  soie,  brodés  et  de  nuances 
variées  ; 

Des  mouchoirs  de  soie  et  des  mouchoirs  brodés  en  soie. 

Des  douanes  de  Wenchow  : 

N"  1021.  Cinquante  échantillons  de  soies  de  couleurs  diver- 
ses, rose,  rouge,  rouge  de  pêche,  vert-pomme,  blanc  d'ar- 
gent, bianc-verdàtre,  jaune,  jaune  pâle,  bleu-verdâtre,  bleu 
pale,  bleu  foncé,  bleu,  fleur  de  pêcher,  bleu-rose,  bleu-noir, 
or  et  argent. 

Des  douanes  do  Foochow  : 


592  SOCIÉTIÎ    NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

N°'  1024  el  1025.  Vingt-cinq  pièces  de  gaze  de  soie. 

Des  douanes  de  Canton  : 

N"  1026.  Soie  tissée  avec  du  clinquant; 

N°  1027.  Velours  de  soie  ; 

Une  collection  de  soie  grège,  jaune  et  blanche  ; 

De  la  bourre  de  soie  ; 

Des  mouchoirs  el  des  cravates  de  soie; 

Des  portières  en  crêpe  brodé; 

Des  rideaux  de  porte  en  satin  brodé. 

Des  douanes  de  Kiungchow  : 

N"  1086.  Soie  grège  jaune; 

N°  1087.  Différentes  pièces  de  soie. 

Dans  la  classe  35  (Châles)  : 

N"  1088.  Châles  en  soie  brodée  provenant  de  Canton; 

N"  1090.  Châles  en  crêpe  brodé. 

Dans  la  classe  36  (Broderies  et  passementeries)  : 

Des  canevas,  des  coussins,  des  lambrequins,  des  tapis  de 
table,  des  rideaux,  des  couvre-pieds,  en  soie,  en  satin,  bro- 
dés en  couleur  et  en  qi\  provenant  des  douanes  de  Ningpo, 
de  Foochovv,  de  Canton  el  de  Kiungchow. 

Dans  la  classe  37  (Objets  accessoires  de  vêlement)  : 

Des  éventails  en  bambou,  en  santal,  en  ivoire,  en  écaille, 
en  bois  laqué,  garnis  de  soie  brodée  ; 

Des  écrans  de  Tsiman-fu  au  Shanlung  en  gaze  de  soie  collée 
sur  un  assemblage  de  nervures  de  bambou  ;  des  parapluies  en 
soie,  provenant  des  douanes  de  Swatow  et  de  Canton. 

En  France  on  s'est  occupé  depuis  longtemps  de  la  culture 
du  Mûrier  du  Japon.  M.  Emile  Nourrigat  a  entrepris  en  grand 
la  plantation  du  Morus  japonica  ;  en  1868  (1)  il  a  présenté  à 
une  des  séances  de  la  Société  d'Acclimatation  des  spécimens 
de  Mûrier  du  Japon  dont  il  recommande  l'emploi  pour  l'édu- 
cation des  Vers  à  soie.  Plus  tard,  en  1873,  il  fil  paraître  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  un  travail  sur  la  culture,  la  repro- 
duction et  les  avantages  du  Mûrier  du  Japon.  Ce  Mûrier,  dit- 
il,  est  très  hâtif,  il  devance  de  trente  à  quarante  jours  lavé- 

(1)  Bulletin  de  la  Société  d'Acclimatation,  p.  143,  séance  du  24  janvier  1808J 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.        5 

gétation  des  autres  Mûriers;  les  qualités  éminement nutritives 
de  son  luxuriant  feuillage  le  font  utiliser  dès  l'année  qui  suit 
sa  plantation  (1).  Il  est  d'une  reproduction  des  plus  faciles 
par  graines,  marcottes  et  boutures  (2). 

M.  Ghatin  fit  remarquer,  à  cette  occasion,  que  les  dimen- 
sions des  feuilles  ne  sont  pas  toujours  une  preuve  de  l'excel- 
lence du  Mûrier  :  «  aussi,  suivant  lui ,  le  Mûrier  multicaule 
est  une  mauvaise  espèce,  bien  qu'à  larges  feuilles,  parce  que 
la  proportion  des  parties  ligneuses  e  st  trop  grande,  ce  qui 
n'exisie  pas  dans  le  Mûrier  du  Japon,  »  M.  Ghatin  (3)  professe 
que  le  Mûrier  du  Japon  doit  être  cultivé  en  tige,  ou  mieux  en 
demi-tige  et  en  taillis.  Les  tiges  doivent  être  groupées  en 
quinconces  ou  placées  en  bordures;  les  taillis  doivent  être 
disposés  en  massifs,  quelquefois  en  haies.  Les  tiges  doivent 
être  placées  de  4  à  8  mètres  de  distance  ;  les  pourettes  pour 
taillis  à  1  mètre  ou  1 '",50,  les  pourettes  pour  haies  à  0'",20. 
M.  Ghatin  ajoute  que,  la  végétation  active  de  l'extrémité  des 
rameaux  du  Mûrier  du  Japon  se  prolongeant  tout  l'été,  on  dis- 
pose toujours  de  jeunes  et  tendres  feuilles. 

En  1869  parut  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'Acclimata- 
tion (4)  un  extrait  d'un  travail  sur  l'analyse  des  feuilles  du 
Mûrier  par  le  baron  Liebig.  Dans  ce  mémoire  présenté  à  l'Aca- 
démie des  sciences  de  Munich  le  baron  Liebig  a  conclu  que  la 
détermination  de  la  quantité  plus  ou  moins  grande  d'azote 
contenue  dans  les  feuilles  devait  servir  à  fixer  leur  degré  de 
valeur  nutritive. 

De  ses  analyses,  il  a  reconnu  que  la  feuille  du  Mûrier  du 
Japon  est  plus  riche  en  azote  que  celle  des  Mûriers  des  autres 
pays.  Les  feuilles  du  Mûrier  du  Piémont  et  d'Alais  ont  une 
quantité  d'azote  moindre  d'un  tiers. 

Dans  le  courant  de  l'année  1869  M.  Ghatin  (5)  publia  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  une  note  sur  la  distribution  des  vé- 

(1)  Emile  Nourrigat,  Le  Mûrier  du  Japon,  p.  3  (Extrait  du  Bulletin  de  la  So- 
ciété d'Accliuiatation,  n°  de  juin  1873) , 

(2)  Ihid.,  p.  8. 

(3)  Bulletin  de  la  Société  d'Acclimatation,  p.  450-152,  1870, 

(4)  Ibid.,  p.  400,  1869. 

(5)  Ibid.,  p.  UH,  1869. 

3»  SÉRIE,  T.  X.  —  Octobre  1883,  38 


594  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

gétaux  uliles,  et,  en  parlant  de  la  culture  du  Mûrier  du  Japon 
par  M.  Nourrigal,  il  rappela  que  iM.  A.  Leroy  s'occupait  acti- 
vement de  cette  même  culture. 

M.  Lavallée  (1)  dans  son  magnifique  parc  de  Segrez  possède 
le  Monts  alha-'iokwa  ;  le  Monis  alba,  var.  Kaki  et  e  Morus 
alba,  var.  latifolia. 

Broussonetia  papyrifera. 

On  trouvait  dans  une  des  plates-bandes  du  jardin  du  Tro- 
cadéro  un  pied  de  Broussoneliapapyrifera  désigné  au  Japon 
sous  le  nom  de  Kadsi  noki  et  de  Ko  zoo  d'après  le  Phonzo- 
Zoufoii  (2)  et  les  livres  Kwa-wi  (8). 

Le  tableau  des  productions  utiles  relatait  au  n"  130  le  Kadsi 
noki  avec  un  échantillon  de  fibres  blanchâtres  et  un  spécimen 
de  beau  et  solide  papier  blanc. 

La  collection  des  différents  papiers  (classe  10  :  Papeterie) 
contenait  des  rouleaux  de  papier  blanc  très  fort  auxquels 
étaient  joints  des  paquets  de  fibres  blanches  de  Broussonetia 
papyrifera.  On  remarquait  dans  cette  même  classe  des  rou- 
leaux de  papier-cuir  fabriqué  avec  le  Broussonetia  papyri- 
fera, très  souple,  à  odeur  résineuse,  de  couleur  noirâtre  ou 
brune,  uni  ou  grenu  ou  à  relief;  plusieurs  rouleaux  de  papier- 
cuir  imitant  le  cuir  de  Russie  ; 

Un  rouleau  de  joli  papier  verdâtre  à  fleurs  et  ornements 
dorés  en  relief; 

Parmi  les  différentes  espèces  de  papier  du  département  de 
Kochi  (province  de  Tosa),  des  spécimens  de  papier  de  Brous- 
sonetia papyrifera  ; 

Dans  la  classe  29  (Maroquinerie),  des  rouleaux  de  papier- 
cuir  ;  des  portefeuilles,  des  blagues  à  tabac,  des  plateaux  et 
des  bonbonnières  en  papier-cuir  de  Tokio  ; 

Dans  la  classe  46  (Produits  agricoles  non  alimentaires),  des 
écorces  de   Broussonetia  papyrifera  pour  faire  du  papier, 

(J)  A.  Lavallée,  Arboretiim  Segrezianuui,  p.  24.0-2il,  1877. 
(-2)  Phonz-o-Zoufnu,  vol.  LXXXVII,  I'ipI.  3  et  4-  verso. 
(3)  Kwa-wi,  Arb.,  II,  p.  lOf),  n"  13. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         595 

provenantdu  département  deTochigi  (province  de  Shimotsuké). 

On  rencontre  au  Japon  plusieurs  espèces  de  Broussonetia  : 

Le  Broussonetia  papyrifera,  Vent.  (1),  mentionné  par 
MM.  Francliet  et  Savatier  (2)  :  Morus  papi/rifera  Lin.,  décrit 
par  Thunberg(3),  Ka3mprer(4),  Miquel(5),  Bureau (6),  intro- 
duit de  Chine  au  Japon  et  cultivé  dans  presque  toutes  les  pro- 
vinces, avec  var.  Japonica,  que  Blume  (7),  Miquel  (8)  ont 
relatée  comme  souvent  cultivée  avec  la  plante  type. 

MM.  Franchet  et  Savatier  (9)  indiquent  de  plus  :  le  Brous- 
sonetia Kasinoki  :  Kasi  nokl  de  Siebold  (10),  de  Miquel  (11), 
de  M.  Bureau  (12),  qui  fleurit  en  avril  dans  plusieurs  provinces 
du  Japon,  principalement  dans  la  partie  centrale  de  l'ile  de 
Nippon,  où  il  est  cultivé  et  où  il  est  spontané  ; 

Le  Broussonetia  Kœmpferi  (13)  :  Kadsi  noki  itsigo  de 
Siebold  (1-4);  Papyrus  spuria  de  Kœmpfer  (15)  et  de  Mi- 
quel  (16),  qui  fleurit  en  avril  dans  les  régions  montagneuses 
des  îles  de  Kiusiu  et  de  Nippon. 

Le  Broussonetia  papyrifera,  que  les  Japonais  reproduisent 
par  marcottes  et  boutures,  est  souvent  planté  pour  former  des 
haies,  sur  les  flancs  des  collines,  près  des  vallées  où  on  cultive 
le  Riz,  mais  jamais  dans  le  voisinage  du  Millet,  ni  du  Sorgho. 
Il  sert  surtout  pour  la  fabrication  du  papier. 

Vers  le  milieu  du  deuxième  mois  de  la  quatrième  ou  de  la 
cinquième  année  de  la  plantation,  on  coupe  les  tiges  un  peu 
au-dessus  du  sol;  on  les  fait  sécher  au  soleil,  puis,  suivant 


(!)  Ventenat,   Tabl.,  lU,  p.  547. 

(2)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  \>.  A'i'i,  n°  1550. 

(3)  Tliuiiberg,  Flora  Japonica,  p.  7:2. 

(4.)  Kaîriipfer,  Aniœnitutum  exoticarum,  p.  471-472,  fig.  sinistr. 

(5)  Miquel  (E.-A.-W.),  Prolusio  jlorœ  .laponicœ,  p.  130. 

(6j  De  Can(lolle,P/'Oc//'0/)iMs  sijsteinalis  naluralls  regni  vegetabilis,  XVII,  p.  bi. 

(7)  Mus.  bot.,  vol.  II,  p.  86. 

(8)iMiquel  (F.-A.-W.),  Prolusio  florœ  Japoniae,  p.  130. 

(9)  Kraticliet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  433,  a»  1551. 

(10)  Siebuld  et  '/aicciuuù,' Fainiliœ  naturales,  n»  774. 

(11)  Miquel  (F.-A.-W.),  Prolusio  ftorœ  Japonicœ,  p.  130. 

(12)  De  CamloUe,  Prodromus,  XVII,  p.  2-21. 

(13)  Francliet  et  Savatier,  vdl.  I,  p.  433,  n"  1552. 
(11)  Siebold  et  Zuccariui,  Familice  naturales,  n"  773. 

(15)  Kœmpfer,  Amœnilalum,  p.  474  et  472,  lig.  de.Mr. 

(16)  Miquel  (F.-A.-W.),  Prolusio  jlorœ  Japonicœ,  p.  130 


596  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

M.  Dupont  (1),  on  les  laisse  séjourner  dans  l'eau  courante  pen- 
dant quinze  jours;  l'écorce  extérieure  se  détache  et  est  entraî- 
née par  l'eau;  la  couche  intérieure  de  l'écorce  reste  adhé- 
rente ;  on  la  ratisse  ;  les  raclures  extérieures  servent  à  préparer 
un  papier  de  qualité  inférieure  ;  on  lève  alors  l'écorce  inté- 
rieure par  lanières,  on  la  lave,  on  la  sèche,  on  l'emmagasine. 

Pour  faire  le  papier,  on  soumet  cette  écorce  à  l'action  de  la 
vapeur  d'eau  bouillante  pendant  trois  à  quatre  heures  ;  puis  on 
la  divise  en  frappant  avec  des  bâtons  ;  on  obtient  ainsi  une  pâte 
qu'on  malaxe  avec  de  l'eau  dans  une  cuve  en  bois.  D'après 
la  Commission  japonaise  (2)  les  fibres  sont  bouillies  dans  de 
l'eau  à  laquelle  on  ajoute  des  cendres  de  sarrasin;  les  fibres 
sont  transformées  en  pâte,  qu'on  mélange  à  de  l'eau  addition- 
née de  fleur  de  riz  et  de  décoction  de  Nori  noki  {Hydmngea 
paniculata)  ou  de  racine  de  P^ororo  (Hibiscus  manihot). 

Le  papier  de  Kozo,  qui  a  une  grande  résistance,  est  utilisé 
au  .lapon  à  bien  des  usages.  M.  Dupont  (3)  le  donne  comme 
usité  pour  le  vitrage  des  maisons,  pour  les  mouchoirs  de  poche, 
pour  confectionner  des  chapeaux  et  une  foule  de  petits  objets. 

D'après  M.  Yétillart  (4),  suivant  la  notice  de  M.Maurel  sur 
la  fabrication  du  papier  au  Japon,  on  foit  avec  l'écorce  du  B. 
papyrifera  un  papier-gaze  gaufré  pour  robes  de  femmes,  soit 
blanc,  soit  en  couleur,  avec  dessins.  Ce  papier  s'emploie  aussi 
pour  les  rideaux  et  les  cravates  ;  une  bande  de  ce  papier  roulé 
avec  les  doigts  forme  une  ficelle  très  résistante. 

On  fabrique  aussi  un  papier  de  Kozo  plus  résistant,  qui  a 
trois  ou  quatre  couches  superposées.  Avec  ce  papier  se  font  les 
couvertures  des  parapluies  et  des  voitures,  les  manteaux  pour 
se  garantir  de  la  pluie,  les  bâches  pour  les  marchandises,  les 
enveloppes  de  ballots.  Ce  papier  est  rendu  imperméable  au 
mojen  de  VAbiiragni  (huile  d'Elœoccocca  verrucosa). 

Ce  papier  très  solide  sert  à  fabriquer  le  papier-cuii' 
avec  ou  sans  relief,  avec  lequel  se  font  les  tentures  d'appartc- 

(1)  Dupont  (E.),  Les  essences  forestières  du  Japon,  p.  103,  1879. 
('2j  Le  Japon  à  V Exposition  luiirerselle  de  1878,  t.  Il,  p.  8:2-83. 

(3)  Dupont  (E.),  Les  essences  forestières  du  Japon,  p.  103-104,  1879. 

(4)  Vétillart,  Études  sur  les  fibres  végétales  textiles  emidoyées  dans  l'indus- 
trie, [>.  \\A,  [81Q. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         597 

ments,  les  porte-cigares,  les  blagues  à  tabac,  les  bonbonnières 
et  des  séries  de  plateaux  de  différentes  grandeurs. 

En  Chine,  le  Brotissonetia  papi/rifem,  que  les  Chinois  dé- 
signent sous  le  nom  de  Ku  shu  et  de  CJiu{;\),  sert  à  fabriquer 
un  papier  très  fort,  connu  sous  le  nom  de  papier  coréen,  et 
une  sorte  de  carton.  De  même  qu'au  Japon,  ce  papier  sert  à 
garnir,  en  guise  de  vitres,  les  châssis  des  fenêtres,  à  former 
les  couvertures  des  parapluies,  à  envelopper  les  marchan- 
dises, 

L'Exposition  cbinoise  renfermait  plusieuis  spécimens  de  ce 
papier  dans  la  classe  10  (Papeterie)  : 

N"  12.  Papier  coréen  pour  parapluies  et  fenêti'es; 

N"  18.  Papier  coréen  pour  emballages; 

N"  22.  Papier  coréen  ordinaire,  provenant  des  douanes  de 
Newchang. 

Comme  usage  médicinal,  les  Japonais  et  les  Chinois  regar- 
dent les  graines  de  Brou^soneiia  papi/rifera  comme  remède 
tonique  pour  relever  les  forces  et  donner  du  ton  à  l'estomac. 
Suivant  une  annotation  d'un  article  de  M.  le  consul  Lowder, 
traduit  par  M.  Jules  de  Gaulle  et  inséré  dans  le  Bulletin  de 
la  SociélécVAcclimatalio)}  (2),  l'écorce  est  précosniée  comme 
fébrifuge  et  contre  l'hydropisie.  Le  fruit  est  ordonné  comme 
laxatif. 

Le  Broussonetia  pcqvjrifera  est  introduit  en  France  depuis 
un  certain  nombre  d'années. 

M.  Lavallée  possède  à  Segrez  (3)  : 

Le  Broussonetia  papyrifera  avec  var.  nana  ou  Brousso- 
netia nana  Ilort.  ; 

Et  les  var.  cucullata,  ficifolia,  laciniata,  macrophi/lla 
{integrifolia)  et  variegata; 

Le  Br.  Kœmpferi  Sieb.  ; 

Le  Br.  Kasinoki. 

M.  Baltet  possède  à  Troyes: 


(1)  D'  Brotsclineider,  I,  p.  30,  p.    126,  n"  27,  et  p.   173,  n»  521. 

(2)  Bulletin  de  la  Société  il' Acclimatation,  Végétaux  employés   au  Japon  pour 
la  fabricalion  du  papier,  t.  IX,  p.   288,  1872. 

(2)  Lavallée  (A.),  Arboretum  Segreùanum,  p.  241  et  p.  i2. 


598  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Le  Broussonetia  papi/rifera  avec  var.  cuctUlata,  flcifolia, 
macrophylla,  nana  et  variegata; 

Les  Dr.  Kœmpferi  et  Kasinoki. 

A  l'Exposilion  de  Nancy  (1)  le  Broussonetia  Kasinohi^ieh. 
était  représenté,  exposé  par  M.  Galle. 

MUSACÉES. 

Musa  paradisiaca.  Basho. 

Dans  la  classe  73  (Légumes  et  fruits)  était  exposé  un  flacon 
de  Bananes  longues  de  O^/lSàO^/U,  conservées  dans  l'alcool. 

Le  tableau  des  productions  utiles  relatait  au  n"  127  le 
Basho  {Musa  paracUsiaca)  avec  un  échantillon  de  gros  fil 
blanc-rosé  et  brillant. 

Dans  la  classe  46  (Produits  agricoles  non  alimentaires)  on 
remarquait  un  paquet  de  fibres  blanc-jaunàtre  de  Basho, 
ainsi  qu'un  spécimen  d'étoffe  désignée  sous  le  nom  de  Bas- 
liofu,  fabriquée  avec  ces  fibres. 

Une  vitrine  spéciale  renfermait  des  échantillons  de  belles 
et  longues  fibres  de  Basho,  très  résistantes,  ainsi  que  deux 
pièces  de  jolies  étoffes  de  couleur  jaune-rose,  ressemblant  à 
la  gaze. 

Le  Musa  Basjoo  de  Siebold,  de  Franchet  et  Savatier  (2), 
noté  dans  le  Somoku-Dusets  (3)  sous  le  nom  de  Bashiyo  el 
dans  le  Kiua-wi  (A)  sous  celui  de  Bîzin  soo,  est  une  espèce  de 
Bananier  vivace,  originaire  des  îles  Liu-Kiu,  où  on  le  cultive 
sur  une  grande  échelle,  ainsi  que  dans  l'île  de  Kiusiu,  prin- 
cipalement dans  la  province  de  Satsuma  (5). 

Les  fruits  du  Bananier  sont  usités  dans  la  nourriture  japo- 
naise. Tantôt  coupés  avant  la  maturité,  quand  ils  contiennent 
beaucoup  de  matière  amylacée,  ils  sont  dépouillés  de  leur 

(1)  Catalogue  de  VExposllion  de  Nancij,  p.  61,  n°  165i. 

(2)  Fraachct  et  Savatier,   Enumeratio,  vol.  II,  p.  21,  n°  1578.  Observ. 

(3)  Somolai-Dusels,  vol   III,  p.  20,  nM. 
(l)  Kwa-iL'i,  Ilerb.,  vol.  I,  p.  11,  n°  4- 

(5)  Au  Japon,  on  dit  Satsoiima,  de  même  que  Lou-Kiou  et  Kiousiou  (les  u  se 
prononçant  ou). 


TRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         599 

enveloppe  coriace,  puis  divisés  par  tranches  et  sécliés  au 
soleil;  d'autres  fois  on  les  cueille  à  la  maturité  quand  ils  jau- 
nissent et  se  ramollissent,  et  on  les  mange  frais;  souvent  on 
en  extrait  le  suc,  qu'on  fait  fermenter  et  qui  donne  le  vin  de 
Bananes. 

D'après  la  Commission  japonaise  (i),  le  Bananier  est  fré- 
quemment utilisé  dans  l'industrie  japonaise.  On  rencontre 
dans  les  îles  Liu-Kiu  trois  sortes  de  Bananier. 

La  première  variété  atteint  10  shaku  (2)  de  hauteur  (3  mè- 
tres) avec  O^jSO  de  large.  Les  feuilles  sont  épaisses,  les  libres 
peu  résistantes  ne  sont  pas  employées,  on  ne  cultive  ce  Bana- 
nier que  pour  ses  fruits  comestibles. 

La  deuxième  variété  s'élève  à  peu  près  à  la  mêm3  hauteur, 
le  diamètre  de  la  tige  est  moindre;  les  fibres  sont  plus  résis- 
tantes et  peuvent  servira  la  fabrication  des  étoffes. 

La  troisième  variété  qu'on  cultive  principalement  est  à  peu 
près  semblable.  Les  fleurs  sont  d'un  rouge  violacé,  les  fibres 
sont  plus  fortes;  c'est  cette  variété  qui  s'emploie  surtout  pour 
les  Bashcfu. 

La  troisième  année  de  la  plantation,  on  coupe  les  Bana- 
niers; on  sépare  les  gaines  des  feuilles  au  nombre  de  six;  la 
plus  extérieure  est  trop  grossière  pour  être  utilisée;  la 
deuxième  et  la  troisième  servent  à  faire  des  cordages  et  des 
cordes;  la  quatrième  est  employée  pour  les  filets  de  pêche; 
avec  la  ciuquième  se  fabriquent  les  étoffes  communes.  La 
sixième,  qui  est  la  plus  intérieure,  est  réservée  pour  les  étoffes 
fines.  Le  rendement  ordinaire  d'un  Bananier  est  d'environ 
2  kilogrammes  de  fibres  (3). 

On  fait  bouiUir  les  gaines  dans  l'eau  et  on  sépare  les  fibres 
au  moyen  d'une  spatule  en  bambou,  puis  on  les  fait  sécher  au 
soleil;  ces  fibres  sont  ensuite  plongées  dans  l'eau,  séparées  à 
la  main,  puis  dévidées. 

Les  fils  de  chaîne  des  Bashofu  ordinaires  sont  des  fils  dé- 


(1)  Le  Japon  d  VExposHion  universelle  de  1878,  vol.  Il,  p.  153. 

(2)  Le  skaku  équivaut  à  O^.SO. 

(3)  Vétillart,  Études  sur  les  fibres  végétales  textiles  employées  dam  l'industrie, 
p.  W,  1870. 


600  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

vidés  et  tordus  ;  les  fils  de  trame  sont  simplement  dévidés.  Le 
métier  à  lisser  est  entièrement  composé  en  bambou. 

D'après  la  même  Commission  (1),  les  étoffes  fabriquées  avec 
les  fils  de  Bananier  se  divisent  : 

en  Ner'i  Bashofu  (neri  veut  dire  cuil)^  étoffes  ressemblant 
à  des  tissus  cuits; 

en  Kinu  Bashofu  {kinu  veut  dire  soie),  étoffes  ayant  de 
l'analogie  avec  la  soie; 

en  Yori  Bashofu  {yoru  veut  dire  tordre),  étoffes  faites  avec 
des  fils  tordus. 

M.  de  Rosny,  dans  son  intéressant  ouvrage  sur  la  civilisa- 
tion japonaise  (p.  339,  1883),  indique  de  plus  le  ha-seo- 
nuno,  toile  solide,  qui  prend  très  bien  la  teinture;  cette  belle 
toile,  fabriquée  avec  les  fibres  du  Bananier,  vient  des  îles 
Liu-Kiu. 

En  faisant  une  incision  à  la  partie  inférieure  de  la  tige  for- 
mée par  l'assemblage  des  parties  engainantes  des  feuilles  qui 
se  recouvrent  les  unes  sur  les  autres,  les  Japonais  extraient 
du  Bananier  la  sève,  qui  est  riche  en  acide  gallique;  ils  l'em- 
ploient comme  astringent  pour  donner  de  la  solidité  aux 
objets  qui  en  sont  enduits. 

Dans  les  jardins  des  îles  Liu-Kiu  et  dans  l'île  de  Kiusiu,  le 
Bananier  est  souvent  cultivé  comme  plante  ornementale  pour 
ses  longues  et  larges  feuilles. 

En  Chine,  le  Bananier  désigné  sous  le  nom  de  Tseu  ou 
tsiu  (2)  est  commun  dans  les  provinces  méridionales. 

Il  abonde  dans  la  province  du  Kwantung,  principalement 
le  long  de  la  route  qui  mène  deWhampou  à  Canton,  ainsi 
que  dans  l'île  de  Formose,  où  se  trouvent  de  grandes  planta- 
lions  de  Bananiers  et  on  y  rencontre,  dit-on,  vingt  variétés  de 
Bananier  (3). 

C'est  de  la  Chine  que  fut  introduit  en  Europe,  en  1792,  le 
Musa  coccinea. 


(1)  Le  Japon  à  VExposition  universeUe  de  1878,  vol.  II,  p.  154. 

(2)  D'  E.  Bretsclineider,  Journal   of  the  North-China  brandi  of  Ihe  RoyOi 
Asiatic  Society,  vol.  I,   p.  109,  n°  237. 

(3)  Catalogue  de  VExposHion  chinoise,  p.  44. 


PRODUCTIONS   VÉGÉTALES   DU   JAPON.  601 

MYRICÉES. 

Myrica  ruhra.  Yama  momo. 

Le  tableau  des  productions  utiles  enregistrait  au  n"  178  le 
Yama  momo  {Myrica  ruhra  S.  et  Ziic.),  avec  un  échantillon 
d'écorce  grisâtre  de  moyenne  grosseur. 

La  vitrine  des  matières  premières  pour  teinture  contenait 
un  spécimen  d'écorce  de  Yama  momo. 

Le  Myrica  ruhra  de  Siebold  et  Zuccarini  (1),  de  Franchet 
et  Savatier  (^),  est  désigné  dans  le  Phonzo-Zoufou  (3)  et  dans 
les  livres  Kwa-wi  (4)  sous  le  nom  de  Yama  momo.  Il-'vient 
à  l'état  sauvage  dans  une  grande  partie  des  provinces  des  îles 
de  Nippon  et  de  Kiusiu  ;  on  le  trouve  surtout  sur  les  flancs 
des  collines.  Il  fleurit  en  juin  et  donne  de  petits  fruits  comes- 
tibles, qui  rougissent  en  mûrissant,  ressemblant  extérieure- 
ment à  l'arbouse,  ayant  un  noyau  dur  et  une  saveur  aigrelette. 

D'après  la  Commission  japonaise  (5),  l'écorce  du  Yama 
momo  porte  le  nom  de  Shihuki  ;  elle  sert  à  préparer  une  dé- 
coction brun-rougeâtre,  astringente,  qui  est  usitée  pour  teindre 
les  filets  de  pèche  et  les  étoffes,  principalement  les  étoffes  de 
soie.  Quand  les  Japonais  veulent  teindre  les  soies  en  noir,  ils 
mélangent  l'écorce  du  Yama  momo  à  de  l'eau  ferrugineuse,  à 
de  la  noix  de  galle,  à  de  l'écorce  de  grenade  et  à  du  sulfate 
de  fer. 

Dans  la  teinture  brun-verdâlie,  qu'ils  nomment  Chairo,  ils 
prennent  l'écorce  du  Myrica  ruhra,  qu'ils  mélangent  à  du 
safran,  à  de  l'alun,  à  de  l'eau  ferrugineuse  et  à  du  bois  rouge 
du  Brésil. 

Dans  la  teinture  châtain,  appelée  Kuri  kaivacha,  ils  se  ser- 
vent d'écorce  du  Myrica  ruhra,  d'eau  feirugineuse,  de  bois 
rouge  du  Brésil  et  d'alun. 

(i)  Siebold  et  Zuccarini,  Familiœ  nalurales,  n"  805. 

(2)  Fruiichet  et  ^^\i\l\cr,  Emimeralio,  vol.  I,  p.  45i455,  n"  1G28. 

(3)  PhoniO-Zoufou,  vol.  LWI,  fol.  .i,  verso  et  recto. 
f.4;  Kwa-wi,  Arh.,  vol.  IV,  p.  18,  n°  16. 

(5)  Le  Japon  d  l'Exposition  univer'ielle  de  1878,  vol.  U,  p.  46. 


602  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Dans  la  teinture  gris-souris,  ils  emploient  la  noix  de  galle, 
l'eau  ferrugineuse,  l'écorce  du  Myrica  ruhra  et  une  dissolu- 
lion  d'indigo. 

Les  tanneurs  utilisent  l'écorce  du  Yama  momo  dans  la  pré- 
paration des  peaux,  pour  donner  de  la  souplesse  au  cuir. 

Suivant  M.  Dupont  (I),  l'écorce  du  Yama  momo,  qui  con- 
tient une  grande  proportion  de  tannin,  est  employée  dans  la 
médecine  japonaise.  On  en  fait  une  décoction'préconisée  pour 
laver  les  blessures,  et  on  cicatrise  les  plaies  avec  les  cendres 
de  l'écorce.  Us  ordonnent  aussi  cette  décoction  contre  les 
maux  de  dents. 

MYRSINÉES. 

Parmi  les  plantes  intéressantes,  la  famille  des  Myrsinées, 
au  Japon,  fournit  : 

h'Ardisia  japonica  de  Miquel  (2),  de  de  CandoUe  (3),  de 
Francliet  et  Savatier  (4):  Bladhia  japonica  de  Thunberg  (5), 
marqué  dans  le  Phonzo-Zoufou  (6)  sous  le  nom  de  Tsourou 
kori,  et  que  Miquel  donne  sous  le  nom  de  Tatsabana. 

VArdisia  japonica  fleurit  en  octobre  dans  les  bois  des  îles 
de  Kiusiu,  de  Nippon  et  de  Yeso,  principalement  dans  les  en- 
virons des  villes  de  Nagasaki,  de  Yokobama,  de  Yokoska  et 
d'Hakodate. 

A  l'Exposition  de  Nancy  (7)  était  représenté  VArdisia  japo- 
nica ou  Bladhia  japonica  Tbunb.,  exposé  par  M.  Lavallée, 
qui,  dans  son  magnifique  parc  de  Segrez  (8),  possède  VAr- 
disia japonica,  avec  variétés  Belgoriwi,  latemaculata  et 
picta. 

(1)  Dupont  (E.),  Les  ef.sences  forestières  du  Japon,  p.  113. 

(2)  Miquel  (F.  A.  W.),  Prolusio  jlorœ  Japonicœ,  p.  150. 

(3)  De  Candolle,  Prodromus,  vol.  Vlll,  p.  135. 

(4)  Franchet  et  Savatier,  Entuneratio,  vol.  1,  p.  304,  n»  115. 
(5j  Thunberg,  Flora  Japonica,  p.  95,  tab.  18. 

(6j  Plio7Uo-Zoitfou,  vol.  VIII,  fol.  23,  verso. 

(7)  Catalogue  de  VExposilion  de  Nancy,  p.  54,  n°  IGll,  1880. 

(8j  Lavallée  (A.j,  Arboreium  Segrezianum,  p.  160. 


PRODUCTIONS  VÉGÉTALES  DU  JAPON.         60,1 


MYRTACEES, 

Pnnka  granalum.  Zakouro.  Ktvasé  kiriou,  d'après  les  livres 

Kiua-wi  (1). 

Dans  le  jardin  du  Trocadéro,  sous  l'auvent  de  la  petite 
maison  japonaise,  étaient  placés  dans  des  pots  de  couleur  ver- 
dâtre  deux  pieds  de  Grenadier  à  fleurs  rouges  simples. 

Le  Punica  granalum  (Granalées)  du  Japon  est  d'origine 
chinoise.  Suivant  M.  Dupont  (il),  il  est  cultivé  comme  plante 
d'ornement,  principalement  les  variétés  nommées  Tiosen- 
sakouro  et  Ichizakouro.  Une  des  variétés  est  à  fleurs  jau- 
nâtres doubles. 

Une  autre  variété,  appelée  Hama  Zakouro,  est  cultivée 
pour  ses  fruits  comestibles. 

Le  bois  du  Grenadier  est  usité  dans  l'ébénisterie  japonaise 
pour  les  petits  meubles  à  incrustations,  les  boîtes  et  les  cof- 
frets ;  on  en  fait  des  cachets  et  des  instruments  de  musique, 
principalement  les  flûtes. 

L'enveloppe  du  fruit  est  employée  dans  la  teinture  des 
soies  en  noir;  on  la  mélange  à  l'écorce  du  Yama  momo  {My- 
rica  rubra),  à  la  noix  de  galle  et  au  sulfate  de  fer  dissous 
dans  l'eau. 

Les  médecins  japonais  recommandent  les  fruits  du  Grena- 
dier pour  combattre  les  maladies  de  la  gorge.  L'écorce  de 
la  racine  est  ordonnée,  de  même  qu'en  Europe,  contre  le  ver 
solitaire. 

Au  Japon,  de  même  qu'en  Chine,  le  Grenadier  est  une  des 
plantes  ornementales  des  jardins,  qu'alîectionnent  les  habi- 
tants de  l'extrême  Orient. 

De  la  famille  des  Myrtacées,  on  rencontre  aussi  dans  les 
jardins  japonais  : 

Le  Myrtus  totnentosa  Ait.  (3),  originaire  de  la  Chine  et  de 

(1)  Kiua-wi,  Arb.,  vol.  IV,  p.  116,  n"  12. 

(2)  Dupont  (E.),  Les  essences  forestières  du  Jcpon,  p.  109, 1879. 

(3)  Xiion,  FI.  Hglc,  121. 


(3  04  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

l'Inde  (1)  ;  c'est  le  Myrtus  canescens  de  Loureiro  (2),  qui  est 
mentionné  par  M.  le  D""  Bretsclineider  (3). 

NYMPILEACÉES. 

■Nelumbo  nucifera.  Hasu. 

Le  tableau  des  productions  utiles  indiquait  au  n"  77  le 
Nelumbo  nucifera,  sous  la  dénomination  de  Hasu  no  mi, 
avec  un  spécimen  de  réceptacle  de  la  plante  et  avec  un  certain 
nombre  de  graines  ovales,  de  couleur  brune  et  de  la  grosseur 
de  petites  noisettes. 

Dans  la  classe  69  (Céréales,  produits  farineux  avec  leurs 
dérivés),  avait  été  exposé  un  flacon  de  fécule  rosée  de  Lotus, 
en  poudre  et  en  morceaux,  sous  le  nom  de  Hasu  noho. 

Le  Nelumbo  nucifera  de  Gœrlner  (4-),  de  Franchet  et  Sa- 
vatier  (5)  {Nymphœa  nelumbo  de  Thunberg  (6),  Nelumbium 
speciosum  de  Wilidenow),  est  marqué  dans  \e  Somoku-Du- 
sels  (7)  et  dans  le  Phonzo-Zoufou  (8)  sous  les  noms  de  Hasu 
et  de  Hachisu. 

Ses  rhizomes  sont  longs  de  4  mètre  à  i  mètre  et  demi  ;  ils 
sont  traçants,  articulés,  spongieux,  blanchâtres.  Ses  feuilles, 
larges  de  0"\40  à  0"',50,  émergent  à  la  surface  de  l'eau.  Ses 
belles  fleurs,  solitaires,  grandes  de  0"\20  à  O"',^^,  sont  d'un 
joli  rose,  à  odeur  agréable.  Le  réceptacle  tronqué  ressemble 
à  une  pomme  d'arrosoir.  11  contient  un  assez  grand  nombre 
de  graines  ovoïdes,  de  la  grosseur  d'une  noisette. 

11  y  a  au  Japon,  de  même  qu'en  Chine,  plusieurs  variétés 
de  Lotus,  les  unes  à  fleurs  jaunes,  d'autres  à  fleurs  jaunâtres 
avec  des  taches  blanches  ;  il  y  en  a  de  rose-carmin,  mais  les 
plus  communs  sont  les  roses  et  les  blancs.  Quant  aux  Lotus 

(1)  Franchet  et  Savatier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  165. 
(2j  Loureiro,  Flora  Cochinoisis,  381. 

(3)  Dr  Bretsclineider,  Journal  of  Ihe  North-China  branch  of  the  Royal  Asia 
lie  Society,  t.  I,  p.  151,  n°213,  1881. 

(4)  Gœriacr,  De  frticlibus  et  semi7iibus  plantarum,  I,  p.  75. 

(5)  Franchet  et  SavaLier,  Enumeratio,  vol.  I,  p.  '26,  n°  109. 
[6}  TliunberiT,  Flora  Japonica,  p.  223. 

(7)  Somoku-Dmets,  vol.  X,  p.  94.,  n°  9. 

(8)  Phonzo-Zovfou,  vol.  XXXIV,  fol.  9  recto  et  fol.  8  verso. 


PRODUCTIONS   VÉGÉTALES   DU   JAPON.  605 

ronges  et  aux  violets,  ils  exisLenL  peut-être,  car  ils  sont  figurés 
sur  les  peintures  chinoises,  de  même  que  le  Lotus  bleu  dont 
parlent  les  écrits  chinois  et  le  rituel  des  Lamas  (La-ma-kin), 
sans  qu'on  l'ait  rencontré  jusqu'ici,  à  moins  que  ce  ne  soit  le 
Nymphœa  cœrulea,  car  le  Nénuphar  bleu  se  rencontre  au 
Japon  et  surtout  en  Chine. 

Le  Nelunibo  nucifera  est  très  commun  au  Japon,  dans  les 
eaux  stagnantes,  les  fossés,  les  marais,  les  étangs,  les  rivières, 
les  rizières  submergées,  les  terrains  inondés,  dans  les  îles  de 
Kiusiu  et  de  Nippon, 

Le  Nehimho  nucifera  est  très  employé  dans  la  cuisine  ja- 
ponaise ;  on  mange  ses  rhizomes  et  ses  graines. 

On  trouve  sur  les  marchés  du  Japon,  de  même  qu'en  Chine, 
en  Cochinchine  et  dans  le  royaume  de  Siam,  des  monceaux  de 
rhizomes  de  Lotus,  désignés  sous  le  nom  de  Hasu  none.  Le 
goût  de  ces  rhizomes,  quand  ils  sont  cuits,  rappelle  celui  de 
la  rave,  du  cardon  et  du  céleri  ;  on  les  mange  crus,  cuits,  à 
l'eau  ou  sous  la  cendre,  bouillis  ou  frits  comme  les  salsifis  ; 
on  les  réduit  aussi  en  poudre  qu'on  fait  sécher,  et  dont  on  se 
sert  surtout  pour  les  soupes  ;  on  en  retire  cette  fécule  de  cou- 
leur blanc-rosé,  qu'on  remarquait  dans  l'Exposition  japonaise, 
et  qui  est  consommée  dans  les  potages. 

Quant  aux  graines,  qui  ont  un  peu  le  goût  de  la  noisette  et 
de  l'amande  douce,  elles  sont  alimentaires,  et  les  Japonais  les 
mangent  à  leurs  repas  commemets  sucré;  on  en  fait  des  gâ- 
teaux et  des  praisseries. 

D'après  M.  Dupont  (1),  les  fleurs  et  la  racine  du  Nelumbo, 
surtout  celles  de  la  variété  à  fleurs  blanches,  sont  usitées  dans 
la  médecine  japonaise  pour  combattre  la  dysenterie,  les  hé- 
morragies intestinales,  celles  qui  proviennent  des  hémor- 
roïdes et  contre  les  hémorragies  en  général. 

Les  Japonais  recherchent  le  Lotus  comme  fleur  ornemen- 
tale, et  ils  le  cultivent  souvent  dans  leurs  petits  lacs  et  dans 
les  cours  d'eau  qui  serpentent  dans  leurs  jardins.  Des  bandes 
de  canards  mandarins  et  d'oies  au  plumage  moiré  se  glissent 

(I)  Dupont  (E),  Les  essences  forestières  du  Japon,  p.  113. 


00  G  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

en  nageant  au  milieu  des  larges  feuilles  et  des  fleurs  roses  du 
Lotus.  Ils  en  placent  souvent  les  fleurs  dans  des  vases  qui 
ornent  l'intérieur  de  leurs  appartements.  Ils  reproduisent  sou- 
vent les  fleurs  et  les  feuilles  du  Lotus  sur  leurs  peintures,  sur 
leurs  laques,  leurs  porcelaines,  leurs  broderies,  leurs  émaux 
cloisonnés,  leurs  jades,  et  sur  leurs  fines  sculptures  en  bambou. 

En  Chine,  le  Nelumbo  nucifera  est  aussi  commun  qu'au 
Japon;  c'est  la  fleur  la  plus  goûtée  des  Chinois.  D'après  les 
renseignements  que  M.  Maurice  Jametel,  qui  a  fait  un  long 
séjour  en  Chine,  a  bien  voulu  me  donner,  le  lac  du  Pont  de 
marbre,  dans  les  jardins  du  palais  impérial  de  Pékin,  disparaît 
au  mois  de  septembre  sous  les  larges  feuilles  et  sous  les  mil- 
liers de  fleurs  des  Lotus  blancs  et  roses.  On  rencontre  le  Ne- 
lumbo, auquel  les  Chinois  donnent  le  nom  de  Lien  hoa  (l), 
dans  leurs  pièces  d'eau,  dans  leurs  étangs,  où  il  est  mélangé 
aux  Nénuphars  blancs,  jaunes  et  bleus.  Il  est  fréquent  surtout 
dans  la  Chine  septentrionale  ;  on  le  trouve  en  quantité  consi- 
dérable dans  les  terrains  marécageux  qui  bordent  le  grand 
canal  entre  le  fleuve  Jaune  (Hoang-ho)  et  le  Yang-tze-Kiang. 

L'Exposition  chinoise,  dans  la  classe  09  (Céréales  et  produits 
farineux),  contenait  : 

N°  2842.  Fécule  de  Lotus,  faite  avec  les  rhizomes  du  Ne- 
lumbo mtcifera,  provenant  des  douanes  de  Tien-tsin  ; 

N"  2934.  Fécule  de  Lotus,  provenant  des  douanes  de  Canton. 

Dans  la  classe  73  (Légumes  et  fruits)  : 

N"  3078.  Graines  de  Lotus,  des  douanes  de  Hankow; 

N°  3113.  Graines  de  Lotus,  des  douanes  de  Ning-po. 

Dans  la  classe  47  (Produits  chimiques  et  pharmaceutiques), 
on  remarquait,  comme  provenant  des  douanes  de  Wuhu,  des 
graines  de  Lolus,  employées  en  médecine  contre  les  mauvaises 
digestions  et  pour  relever  les  forces  des  malades  ; 

Des  racines  de  Lotus,  qui  se  donnent  en  décoction  contre 
les  maladies  des  intestins  ; 

Des  étamines  de  Lotus  du  Honan,  usitées  comme  remède 
astringent  et  dans  les  soins  de  la  toilette. 

(I)  D"  Brelschiieider,  Journal  of  tlie  Norlh-Ch'ma  branch  of  Ihe  Royal  Asia- 
tic  Societij,  t.  I,  p.  12,  ii°  16. 


PRODUCTIOiNS   VÉGÉTALES    DU   JAPON,  607 

Dans  la  province  du  Sliensi,  on  en  fait  un  collyre  pour  lo- 
lionner  les  yeux  dans  les  cas  de  faiblesse  de  la  vue. 

Dans  la  ville  de  Shanghaï,  le  pédoncule  élargi  du  Lotus  est 
ordonné  pour  combattre  les  crachements  de  sang. 

Suivant  M.  le  D'  Bretschneider  (1),  la  racine  du  Nelumbo 
est  citée,  d'après  le  Pe/î /s'ao  Kang  mu,  dans  la  première 
classe  des  médicaments  considérés  en  Chine  comme  facilitant 
les  fonctions  des  organes,  et  comme  souverain  pour  relever 
les  forces. 

Dans  la  matière  médicale  de  l'empereur  Shen  nung  {Shen 
nung  Peu  tsUio),  le  Nelumbo  est  marqué  au  nombre  des 
trois  cent  soixante-cinq  médicaments  véritablement  utiles. 

Les  racines  fraîches  du  Nelumbo  laissent  suinter  un  liquide 
consistant,  qui  est  souvent  employé  pour  arrêter  les  vomisse- 
ments et  la  diarrhée. 

Dans  plusieurs  provinces  de  l'empire  chinois,  au  Tong-king, 
dans  l'Annam  et  en  Cochinchine,  les  Chinois  et  les  Annamites 
le  prennent  en  infusion  pour  calmer  les  maux  de  cœur  causés 
par  l'abus  de  l'opium  fumé. 

Les  graines  écrasées  et  mélangées  à  du  sucre  servent  à  faire 
une  pâte  usitée  contre  la  diarrhée  et  le  marasme. 

Le  Lotus  a  été,  de  toute  antiquité,  une  fleur  sacrée  dans 
plusieurs  pays. 

Les  anciens  Égyptiens,  ayant  remarqué  que  la  fleur  du 
Lotus,  comme  celle  du  Nénuphar,  s'ouvre  au  lever  du  soleil 
et  se  ferme  le  soir,  pensèrent  qu'il  y  avait  sympathie  entre 
cette  fleur  et  l'astre  du  jour,  et  ils  consacrèrent  la  fleur  du 
Lotus  au  soleil.  Dans  leurs  dessins,  ils  représentaient  souvent 
l'image  du  soleil  placée  au-dessus  de  la  fleur  du  Lotus.  Osiris 
était  figuré  avec  une  fleur  de  Lotus  sur  le  front.  Cette  plante 
était  aussi  consacrée  à  Isis;  on  lui  offrait  en  présent  des  épis 
de  blé  mêlés  à  des  fleurs  et  à  des  fruits  de  Lotus,  dont  les 
graines  servaient  aux  Égyptiens  à  faire  du  pain.  Le  dieu  llorus 
sortant  d'une  fleur  de  Lotus  symbolisait  le  lever  du  soleil.  Ils 

(1)  D'  Brelscluieidcr,  Journal  of  Ihe  Norlli-Cliina  branch  of  llie  Iloyal  Asin- 
lic  Society,  t.  F,  ji.  2'J-oO. 


608  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

représenlaient  aussi  la  déesse  Haket  sous  la  forme  d'une  gre- 
nouille posée  sur  une  fleur  de  Lotus  et  supportant  le  dieu  Bes. 

Le  Lotus  était  empreint  sur  les  chapiteaux  des  colonnes,  les 
obélisques,  et  était  peint  parmi  les  ornements  qui  embellis- 
saient rintérieur  des  cercueils  où  reposent  les  momies. 

Le  Nénuphar  bleu  {Nymphœa  cœridea)  était  aussi  pour  les 
Égyptiens  une  plante  sacrée  comme  le  Lotus. 

Dans  la  religion  de  Bouddha,  la  fleur  du  Lotus  est  aussi 
une  fleur  sacrée;   elle  symbolise  la  fertilité.   Bouddha  est 
toujours  représenté  sur  une  fleur  de  Lotus  presque  toujours 
rose,  quelquefois  bleu.  M.  Maurice  Jametel,  qui  a  longtemps 
séjourné  en  Chine  et  au  Japon,  possède  un  Bouddha  aux  cent 
mains  (en  Chine,  cette  expression  veut  dire  un  grand  nom- 
bre, car  le  nombre  des  mains  n'est  que  de  quarante-deux); 
chacune  de  ces  mains  tient  un  attribut,  et  parmi  ces  attributs 
sont  figurées  plusieurs  fleurs  de  Lotus.  La  main  qui  tient  la 
fleur  du  Lotus  blanc  est  appelée  au  Thibet  Kii  mong  ;  elle 
donne  la  vertu  à  ceux  qui  s'adressent  à  elle.  La  main  qui  a  le 
Lotus  rose  fait  renaître  dans  le  palais  céleste.  La  main  qui 
soutient  le  Lotus  violet  fait  revivre  dans  la  terre  des  dix 
Bouddha.  La  main  qui  garde  le  Lotus  bleu  a  le  pouvoir  de 
fiiire  renaître  dans  la  terre  des  Rabhûtaratna  (1). 

Au  Japon,  en  Chine  et  dans  l'île  de  Ceylan,  le  dieu  Châkia 
mouni,  de  même  que  dans  le  royaume  de  Siam  et  dans  le 
Cambodge  le  Gaudama,  sont  toujours  placés  au-dessus  d'une 
fleur  de  Lotus. 

La  déesse  Kouanine,  une  des  divinités  les  plus  vénérées  des 

Chinois,  à  qui  les  mères  recommandent  leurs  enfants,  à  qui 
se  consacrent  les  jeunes  filles  qui  veulent  fuir  le  monde,  est 
toujours  représentée  sur  une  fleur  de  Lotus. 

Dans  l'Inde,  le  Lotus  est  aussi  une  plante  sacrée,  et  Brahma 
est  figuré  sur  un  trône  en  fleur  de  Lotus  rose. 

(A  suivre.) 

(1)  Ces  différentes  vertus  que  la  ivligion  boiulilliiiiue  attribue  à  la  fleur  de 
Lotus  sont  indiquées  dans  le  La-ma-lcin  (rituel  des  Lamas)  que  M.  Maurice  Ja- 
metel a  traduit  du  chinois,  et  dont  il  a  bien  voulu  me  montrer  les  dessins  ori  - 
giiiaux  et  la  traduction. 


II.  TRAVAUX  ADRESSÉS  ET  COiVIIVlUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ. 


NOTE 

SUR  LES  NAISSANCES,   DONS  ET  ACQUISITIONS 

DE  LA  MÉNAGERIE  DU  MUSÉUM  D'HISTOIRE  NATURELLE 
Pendant  les  mois  de  mai,  juin,  juillet  et  août  1883. 

Par   M.    nUET 

Aide-naturaliste  chargé  de  la  ménagerie. 


MAMMIFERES 


Nous  avons  plusieurs  naissances  à  enregistrer  pendant  ces 
quatre  mois  de  l'année,  ce  sont  : 

2  Cerfs  et  1  Biche  sika  (Cervus  sika),  Japon  ; 

1  Guib  {Tragelaphus  scriptus),  du  Sénégal,  né  des  indi- 

vidus donnés  par  M.  Brière  de  l'Isle  en  1880  ; 

3  Biches  et  1  Cerf  cochon  (Cerviisporcinus),  de  l'Inde  ; 

2  Chèvres  naines  ; 

1  Antilope  de  l'Inde  (Antelope  cervicapra)  ; 

2  Hybrides  de  Cervulus  lacnjmans  mâle  et  de  Cervulus 

Reevesii  femelle; 

1  Kob   femelle  (Kobus  unctuosiis),  du  Sénégal.   C'est  le 

quatrième  jeune  que  nous   obtenons  des  individus 
offerts  en  cadeau  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  par 
M.  le  colonel  Brière  de  l'Isle  en  i880  et  1881  ; 
i  Cerf  et  1  Biche  Wapiti  {Cervus  Canadensis)  ; 

2  Biches  mélisses  de  cerf  Maral  et  d'une  biche  hybride,  de 

cerf  de  Mandchouric  et  de  biche  ordinaire  ; 

1  Ane  né  d'un  âne  blanc  et  d'une  ânesse  noire  ; 

1  Bless-bok  {Alcelaplius  albifrons),  sud  Afrique; 

1  Antilope  Isabelle  {Eleotragus  reduncus),  quatrième  pro- 
duit obtenu  des  individus  envoyés  du  Sénégal  par 
M.  Brière  de  l'Isle  en  1878  et  1881. 

1  Buffle  du  Cap,  femelle  {Bubalus  Cafer). 

3e  SÉRIE,  T.  X.  —  Octobre  1883.  39 


610  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

DONS 

1  Renard  {Canis  vulpes),  don  de  M.  Fournier. 

1  Palas  {Cercopithecus  ruber) ,  Sénégambie,  don  de  M .  Maho. 

1  Bouc  à  trois  pattes,  don  de  M.  J.  Freret. 

1  Lori  grêle  {Loris  gracilis),  de  Ceylan,  don  de  M""'  Char- 

tray  de  Menetreux. 
i  Civette  {Viverra  civetta),  du  Sénégal,  don  de  M.  Lizard. 
iCsàUtnche  {Cercopithecus  callitrichiis),  don  de  M.  Mattéi, 

capitaine  d'infanterie. 
1  Mône  [^Cercopithecus  mona),  don  de  M.  Mattéi,  capitaine 

d'infanterie. 
1  Marmotte  {Arctomys  Alpinus),  don  de  M.  Cazin. 
1  Macaque    {Macacus    cijnomolgus),    de    l'Inde,  don  de 

M.  Duhoux. 
1  Macaque  Rhésus  {Macacus  erythrœus),  de  l'Inde,  don  de 

M.  Bioro. 
1  Callitriche  {Cercopithecus  callitrichus),  don  de  M.  Si- 

biliat. 
M.  Harmand,  commissaire  de  la  République  au  Tonkin, 
vient  de  faire  un  envoi  très  important  de  Mammifères  prove- 
nant de  Siam,  qu'il  offre  en  cadeau  à  notre  établissement.  Ce 

sont  : 

1  Semnopithèque  à  lunettes  {Semnopithecus  cucuïlatus)  ; 

1  Porc-épic  à  longue  queue  {Hystrix  longicauda)  ; 

1  Paradoxure  à  moustaches  {Paradoxurus  mystacea)  ; 

1  Paradoxure  de  Gray  {Paradoxurus  Grayi); 

\  Paradoxure  type  {Paradoxurus  typicus)  ; 

1  Genette  de  l'Inde  {Genetta  Malaccensis)  ; 

i  Civette  zibeth  {Civetta  zibetha)  ; 

1  Civette  tangaleungue  {Civetta  tangaleunga); 

1  Mangouste  rouge  {Herpestes  Smithii); 

1  Écureuil  titlet  {Sciurus  titleri)  ; 

1  Macaque  du  Thibet  {Macacus  Thibetanus). 

C'est,  nous  croyons,  le  premier  individu  vivant  qui  vient 
en  Europe.  M.  l'abbé  David  en  avait  rapporté  des  dépouilles, 


NAISSANCES,    DONS   ET   ACQUISITIONS   DU   MUSÉUM.        611 

qui  ont  servi  de  type  à  M.  le  professeur  A.  Milne-Edwards, 
pour  établir  cette  magnifique  espèce,  si  remarquable  par  sa 
force  et  par  sa  fourrure. 

OISEAUX 

Nous  avons  eu,  dans  ces  derniers  mois,  l'éclosion  des  oiseaux 
suivants  : 

10  Cygnes  blancs  {Cygnus  olor); 

2  Gasarcas  ordinaires  {Casarca  rutila),  Europe; 

7  Gasarcas  variés  {Casarca  variegata) ,No\iwe\[e-Zéhmde  ; 

3  Gigognes  {Ciconia  alba); 

15  Faisans  Amherst  {Thamnalea  Amhersliœ); 

10  Faisans  argentés  {Nycthemerus  argenteus); 

11  Eiiplocomes  du  Népaiil  {Euplocamus  leucomelatius); 
10  Faisans  à  collier  {Phasianus  Mongoliens); 

6  Hybrides  de  Faisan  Amherst  mâle  et  de  Faisan  doré  fe- 
melle ; 

6  Hybrides  de  Faisan  argenté  mâle  et  d'Euplocome  du 
Népaul  femelle. 

Par  le  croisement  de  ces  deux  oiseaux,  nous  avons  obtenu 
un  produit  qui  présente  beaucoup  des  caractères  de  V Euplo- 
camus linealus  ;  cette  espèce,  qui  jusqu'à  ce  jour  a  été  consi- 
dérée comme  typique,  pourrait  bien  n'être  que  le  résultat 
d'une  hybridation. 

Si  les  deux  mâles  et  les  quatre  femelles  que  nous  avons 
obtenus  cette  année  arrivent  à  l'état  adulte,  et  que  nous 
ayons  la  reproduction  de  ces  oiseaux,  nous  serons  sans  doute 
fixé  sur  la  valeur  spécifique  de  VEuplocamus  linealus,  qui 
vient  très  rarement  vivant  en  Europe  et  qui  a  toujours  soulevé 
des  doutes  dans  l'esprit  des  ornithologistes. 

4  Talégalles  de  Latham  {Talegalla  Lalhami). 

Ces  quatre  Talégalles,  que  nous  avons  vus  au  sortir  du  nid, 
se  mettaient  aussitôt  à  courir,  cherchant  à  s'échapper  de  l'en- 
clos où  le  tumulus  était  installé;  l'un  deux  a  été  trouvé  à 
50  mètres  de  là,  perché  sur  une  branche,  à  3  mètres  du 
sol. 


612  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Nous  croyons  pouvoir  dire  que  l'incubalion  des  œufs  dure 
trente  jours,  car  nous  avons  été  témoin  de  la  ponte  d'un  œuf 
le  14  juillet  et  nous  avons  recueilli  dans  le  parc  un  jeune 
Talégalle  sortant  du  nid  le  15  août;  or,  comme  depuis  cette 
date  nous  n'en  avons  pas  vu  d'autres,  nous  sommes  en  droit 
de  croire  que  c'est  bien  ce  dernier  œuf  qui  a  donné  naissance 
à  ce  dernier  jeune,  d'autant  plus  qu'ayant  remué  le  nid,  nous 
n'avons  pas  trouvé  d'autres  œufs. 

Il  est  assez  facile  de  constater  le  moment  de  la  ponte,  car  le 
mâle  de  Talégalle  ne  laisse  venir  la  femelle  sur  le  nid  que  pour 
deux  raisons,  celle  de  l'accouplement  et  celle  de  la  ponte  ; 
dans  ce  dernier  cas,  on  voit  la  femelle  faire  un  trou  au  milieu 
du  tas  de  fumier,  trou  assez  grand  pour  y  disparaître  presque 
complètement.  Ce  trou  fait,  elle  s'accroupit  en  étendant  les 
ailes,  elle  y  reste  quelques  instants  et  y  pond  son  œuf;  alors 
le  mâle  vient,  regarde  attentivement,  bat  des  ailes,  se  rengorge 
et  caresse  la  femelle,  puis,  ces  témoignages  de  satisfaction  ter- 
terminés,  pourchasse  sa  compagne  pour  s'occuper  de  l'en- 
fouissement de  l'œuf,  ouvrage  auquel  il  apporte  le  plus  grand 
soin. 

Deux  jours  avant  l'éclosion  du  jeune,  le  mâle,  toujours  aux 
écoutes,  travaille  au  nid,  avec  une  activité  fébrile,  faisant  des 
trous,  au-dessus  et  sur  les  côtés  du  nid,  dans  lesquels  il  dis- 
paraît ;  sans  aucun  doute,  il  prépare  et  facilite  par  ce  travail 
la  sortie  du  jeune,  qu'il  entend  probablement  crier  dans  l'œuf. 
En  surveillant  les  allures  du  mâle,  on  est  donc  averti  et  il  est 
facile  de  trouver  le  jeune,  qui  sort  toujours  un  peu  avant  la 
nuit,  ordinairement  vers  huit  heures. 

Un  mois  après  l'éclosion,  les  jeunes  Talégalles,  sans  avoir 
atteint  leur  développement  entier,  ont  toutes  leurs  plumes,  et 
l'on  peut  déjà,  à  cet  âge,  reconnaître  les  mâles  à  une  tache 
jaunâtre  qui  entoure  le  cou,  à  la  partie  inférieure  de  la  por- 
tion dénudée.  L'année  prochaine,  nous  nous  proposons  de 
faire  de  nouvelles  observations,  afin  d'arriver  à  connaître 
exactement  la  durée  de  l'incubation  chez  ce  singulier  oiseau 
qui  est  le  premier  inventeur  de  la  couveuse  artificielle. 


NAISSANCES,    DONS   ET   ACQUISITIONS   DU    MUSÉUM.        613 


DONS 

2  Cresserelles  (Falco  tinniŒculns),  don  de  M.  Delimoges. 
4  Chevêche  {S tr ix  passer ina),  don  de  M.  Gilquin, 
2  Chouettes  moyens  Ducs  {Slrix  otus),  don  de  M.  Du- 
genesl. 
2  Chouettes  hulottes  {Strix  aluco),  don  de  M.  Dugenest. 
1  Buse  blanche  {Falco  buteo),  don  de  M.  Dugenest. 

1  Perruche  de  Patagonie  (Conurus  Patagonicus),  don  de 
M.  Voydis. 

2  Casoars  à  casque  (Casuaî'ms  _ga/ea/ws),  don  de  M.  Riedel, 
résident  à  Amboine. 

i  Pygargue  de  Macé  {Haliœtus  Macei),  don  de  M.  Riedel. 

4  Pigeons  Nicobar  {Calœnas  Nicobarica) ,  don  de  M.  Riedel. 

1  Cariama  huppé  (Cariama  cristata),  don  de  M.  Garceix, 
Brésil. 

i  Percnoptère  {Neophron  percnoptenis),  don  de  M.  Me- 
nabréa. 

1  Buse  bondrée  {Falco  apivorus),  don  de  M.  Liégois. 

2  Paons  {Pavo  cristata),  don  de  M.  Doré. 

i  Busard  des  marais  {Circus  œrugitiosus),  don  de  M.  Poi- 
rault. 

1  Corbeau  freux  {Corvus  friujilegiis),  don  de  M.  le  baron 
de  Neucheze. 

1  Colombe  {Columba  turtur),  don  de  M"'  Gattelier. 

1  Chouette  effraie  {Strix  flammea),  don  de  M.  Achard. 

ACQUIS 

2  Aigles  bateleurs  {Helotanus  ecaudatiis),  Afrique. 

2  Pintades  vulturines  {Numida  vtUturina),  Côte  orientale 
d'Afrique. 

2  Casoars  émeu  {Dromœus  Novœ  Hollandiœ). 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


SEA^iCE  DU  CONSEIL  DU  7  SEPTEMBRE  1883 
Présidence  de  M.  Raveret-Wattel,  secrétaire  des  séances. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté  sans  obser- 
vation. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvellement 
présentés.  Ce  sont  : 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

A.  Berthoule. 


DiDiON  (Eugène-Emile),  rue   Legendre,  25, 
Paris. 


Bouchereaux. 
Jules  Grisard. 
A.  Berthoule. 


DuPOUET,  notaire,   à    Mauves    (Loire-lnfé-  \   .j   „, 

'  '  ^  •;   V.  Fleury. 

rieure).  /   ,  ,      „  .       . 

^  \  Jules  Grisard. 

_    .            ._,   ,       ,       .  .        ,^,           ,  ni-    [  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Fremont  (Ch.),  mécanicien,  124,  rue  de  Cli-  )  v,    iif 

-^     .  'i  il .  ivi3.sson • 

gnancourt,  Pans.  (  Saint-Yves  Ménard. 

n    ■  /T^      .     N  o,  J    r.     J.    f  A.  Berthoule. 

GREGOiRE(Eugene),  avocat,  24,  rue  de  Conde,  ^  p,     „ 

^^^"^-  (  Raveret-Wattel. 

,.     •     r      •    .  ,  ■     ^    .  .:.,    «.      •       i  Blanchon. 
Hugues  (Mane-Louis-Adneii),  a  1  lie  Maurice,  ^  „   „    , 

3,  rue  de  Cluny,  à  Paris  et  à  Étoile  (Drôme).  |  ^;  ^'^^^H^  Saint-Hilaire. 

T.     .  .,.,»,  /A.  Berthoule. 

JOLY    (Eugène),   propriétaire,  a  Montrouge  \  gou^hei-eaux 

(^^'"^)-  (  Jules  Grisard. 

Lezaud  (Georges),  ancien  magistrat,  avocat  /  A.  Berthoule. 

à  Chamhon  (Creuse)  et  au  château  de  La-  \  A.  Geollroy  Saint-Hilaire. 

courcelle,  par  Préveranges  (Cher).  (  Lezaud  père. 

..   T,        .,-,,•■.  rr,  (A.  Berthoule. 

ROBARDEY (J. -Eug.-Nicolas), huissier, a Troyes  \  j^j^^  Qrisard. 

^'^"'^^^-  (  Saint-Yves  Ménard. 

Simon -Legrand  (Camille),    maire   d'Auchy  f  Chesnel. 
(Nord),  et  au  château  de  Madrid,  à  Neuilly  j  A.  Porte. 
(Seine).  (  Saint- Yves  Ménard. 

—  Des  demandes  de  graines  ou  de  cheptels  sont  adressées  par  MM.  Ber- 
toni,  Sabaté,  l'abbé  E.  Daux  et  le  marquis  de  Pruns. 

—  M.  Lagrange  écrit  de  La  Croix-Verte-lez-Autun  à  M.  le  Président: 
«  J'ai  lu  à  différentes  fois  dans  le  Bulletin  de  la  Société  des  communica- 


PROCES-VERBAUX. 


615 


lions  relatives  à  des  femelles  de  Faisan  doré  qui  avaient  couvé  et 
même  élevé  leurs  petits,  qu'elles  avaient  amenés  à  bien  ;  ce  fait  n'est  pas 
rare;  chez  moi,  en  général,  toutes  les  femelles  de  mes  Faisans  dorés  et 
autres  demandent  à  couver  après  leur  ponte.  Mais  je  n'avais  jamais  vu 
un  Faisan  mâle  couver  les  œufs  de  sa  femelle  ;  c'est  pourtant  le  fait  qui 
s'est  passé  ici.  * 

»  Je  vous  soumets  mes  notes  concernant  mon  parquet  de  dorés. 

»  Le  29  avril,  n'apercevant  pas  le  mâle  faire  sa  cour  à  ses  femelles, 
connue  cela  avait  lieu  ordinairement,  je  craignis  un  accident  et  entrai 
dans  le  parquet  pour  le  rechercher. 

»  Je  le  trouvai  bientôt  accroupi  sur  un  nid  placé  sous  la  partie  cou- 
verte de  la  volière.  Je  crus  à  une  indisposition  ;  mais  voulant  le  prendre, 
il  se  sauva  très  vif  et  très  gaillard. 

»  J'avais  relevé  les  œufs  deux  jours  avant;  il  y  en  avait  trois  dans  le 
nid,  bien  chauds  et  bien  arrangés,  comme  quand  la  poule  couve  ;  cela 
m'intrigua.  Je  revins  trois  heures  après  et  retrouvai  toujours  mon  doré 
sur  le  nid,  les  plumes  ébouriffées  :  il  n'y  avait  plus  à  s'y  méprendre, 
mon  mâle  couvait. 

»  Le  lendemain,  je  le  trouvai  à  son  poste  ;  il  était  tellement  assidu, 
qu'il  se  laissait  passer  la  main  sur  le  dos  sans  qu'il  fit  mine  de  se  sau- 
ver; ce  n'est  qu'en  voulant  le  prendre,  qu'il  s'envola  très  bruyamment. 

ï  11  y  avait  quatre  œufs,  la  femelle  en  avait  donc  pondu  un  depuis  la 
veille.  Je  préparai  un  nid  dans  un  autre  coin,  y  mis  quatre  œufs  de  dorés 
et  la  femelle  ne  pondit  plus  dans  celui  occupé  par  le  mâle. 

»  Les  19  et  20  mai,  trois  Faisandeaux  sont  éclos  bien  vifs. 

»  De  gros  rats  s'étant  introduits  la  veille  dans  la  volière,  en  faisant 
un  trou  sous  terre,  je  jugeai  qu'il  n'était  pas  prudent  de  laisser  ces  Fai- 
sandeaux aux  soins  du  père.  Je  les  joignis  à  d'autres  éclos  quelques  heures 
avant  et  les  confiai  à  une  de  mes  petites  éleveuses  à  lampe. 

»  Le  mâle,  lorsque  je  lui  ai  enlevé  ses  petits,  gloussait,  écartait  les 
ailes  et  donnait  des  coups  de  bec,  exactement  comme  une  poule. 

»  Je  cassai  le  quatrième  œuf;  il  était  clair.  Ces  trois  Faisans  dorés  sont 
venus  à  bien  ;  ce  sont,  du  reste,  les  seuls  que  j'aie  élevés  de  cette  race, 
ne  m'occupant  maintenant  que  de  Faisans  plus  rares  et  dont  l'acclimata- 
tion n'est  pas  aussi  achevée. 

»  Oael(]ues  jours  après,  je  retrouvai  mon  mâle  doré  sur  le  deuxième 
nid,  où  la  femelle  avait  pondu,  le  recouvant  à  nouveau  ;  craignant  que  cette 
incubation  aussi  prolongée  ne  lui  fût  préjudiciable,  je  le  chassai,  relevai 
les  œufs  et  fermai  la  partie  couverte.  11  en  prit  alors  son  parti  et  ne 
recouva  plus.  Aujourd'hui  il  a  fait  sa  mue  et  est  superbe  et  resplendis- 
sant de  santé. 

»  Un  fait  à  signaler  : 

»  Je  craignais,  que  les  œufs  pondus  par  les  femelles  pendant  son  incu- 
bation ne   fussent  clairs  ;  j'en  donnai  à  quelques  amis,  et  je  reconnus, 


616  SOCIÉTÉ  NATIONALE  d'aCCLIMATATION. 

d'après  les  résultats  d'éclosions  qu'ils  m'ont  annoncés,  que  la  proportion 
d'œufs  clairs  n'était  pas  plus  grande  qu'ordinairement.  » 

—  M .  Audap  fait  connaître  que  depuis  trois  ans  il  met  tous  ses  soins  à 
transformer  la  Poule  nègre  en  blanche,  à  l'aide  de  croisements  et  de  la 
sélection,  en  lui  conservant  plumage  et  mérite.  . 

«  Je  possède  aujourd'hui,  dit  notre  confrère,  une  variété  de  Poule  soie 
blanche,  peau  rose,  de  troisième  génération,  se  reproduisant  très  bien  ; 
aussi  bonne  couveuse,  aussi  bonne  mère  que  la  nègre,  plus  rustique  et 
surtout  plus  agréable  lorsqu'on  est  force  de  la  mettre  au  pot. 

i  Si  vous  croyez  que  celte  variété  soit  de  quelque  utilité  et  que  ma 
création  ail  un  certain  mérite,  je  vous  expédierai  au  mois  d'octobre  un 
lot  de  deux  poulettes  et  un  coq  des  Poules  couveuses  soie  blanche,  peau 
rose  de  la  Boulaie.  » 

—  MiM.  les  Ministres  de  l'agriculture  et  des  travaux  publics  accusent 
réception  et  remercient  du  Rapport  sur  les  opérations  de  pisciculture 
entreprises  parla  Société  pendant  l'année  1882. 

—  M.  Noordhoeck-Hegt  écrit  d'Apeldorn  (Pays-Bas):  «  La  pisciculture 
va  très  bien.  J'ai  mis  en  liberté,  dans  le  mois  de  mai,  250  OOO  alevins 
Salmo  salar  ainsi  que  cinq  à  six  mille  petits  Saumons  ayant  à  peu  près 
quatorze  mois.  Les  reproductions  de  Salmo  qttinnat  ainsi  que  de  Salmo 
^ontmalis  \onl  également  bien;  en  somme,  je  suis  satisfait  des  résultats 

btenus.  » 

—  M.  le  D''  Maslieurat-Lagémard,  membre  du  Conseil  général  de  la 
Creuse,  écrit  à  M.  le  Secrétaire  des  séances  : 

«  Dans  sa  séance  d'hier,  le  Conseil  général  de  la  Creuse  m'a  chargé 
d'une  mission  bien  agréable  à  remplir  :  c'est  de  vous  dire  qu'à  l'unani- 
mité  il  vous  a  voté  des  remerciements  pour  l'intérêt  que  vous  portez  à 
noire  petit  établissement  de  pisciculture  et  les  envois  d'œufs  de  Truite 
que  vous  avez  l'amabilité  de  nous  faire  chaque  année.  En  vous  dé- 
signant d'une  manière  toute  spéciale,  le  Conseil  général  témoigne  en 
même  temps  toute  sa  reconnaissance  à  la  Société  d'Acclimatation  dont 
vous  êtes  le  si  habile  interprète. 

>  Les  œufs  que  nous  avons  reçus  cette  année  de  la  Société  ont  presque 
tous  réussi.  Ajoutés  à  ceux  que  nous  avons  achetés  au  printemps  dernier, 
nous  avons  déposé  dans  nos  rivières  cinquante  mille  alevins. 

))  Sur  ma  proposition,  le  Conseil  général  a  augmenté  de  500  francs 
noire  petit  crédit,  ce  qui  met  à  noire  disposition  1000  francs. 

L'État  nous  accorde  la  même  somme ,  de  sorte  qu'au  printemps  pro- 
chain ce  sera  une  centaine  de  mille  d'alevins  que  nous  déposerons  dans 
nos  rivières. 

î>  Tous  nos  efforts  n'ont  pas  été  perdus.  Cette  année,  on  a  pris  une 
grande  quantité  de  Truites,  ce  qu'on  ne  faisait  pas  avant  nos  empoisson- 
nements. 

j>  Par  suite  de  l'interdiction  de  la  pêche  sous  les  barrages  de  la  Haye- 


PROCÈS-VERBAUX.  017 

Descartes  et  de  la  Guerche  et  la  modification  des  échelles,  les  Saumons 
peuvent  remonter  et,  cette  année,  ils  sont  très  abondants.  Dans  de  pe- 
tites rivières  on  en  prend  huit  ou  dix  par  pêche  et  qui,  en  moyenne, 
pèsent  8  à  dO  kilogrammes.  Sur  le  marché  de  Guéret  ils  valent  2  fr.  50 
le  kilogramme.  Jugez  de  la  joie  de  nos  populations  qui  trouvent  là  un 
revenu  et  une  abondante  et  bonne  alimentation.  Les  chaleurs  et  le 
défaut  de  moyens  de  transport  ne  permettent  pas  de  les  exporter.  Mais 
ces  résultats  sont  un  grand  bienfait  pour  notre  pays. 

>  On  a  pris  quelques  Truites  d'Amérique,  et  tout  fait  espérer  que  cette 
variété  si  précieuse  s'acclimatera  dans  nos  rivières...  » 

—  M.  André  Mondehare,  attaché  au  Consulat  général  de  France  à 
Londres,  et  chargé  de  l'organisation  de  la  section  française  à  l'Exposi- 
tion de  produits  et  engins  de  pêche  qui  a  lieu  dans  cette  ville,  prie  la 
Société  de  vouloir  bien  lui  fournir  quelques  renseignements  sur  les  pê- 
cheries françaises. 

—  M.  Raveret-Wattel  fait  connaître  que,  d'après  une  note  communi- 
quée à  la  Société  d'acclimatation  de  Canterbury  (Nouvelle-Zélande),  deux 
Saumons  (un  mâle  de  19  livres  et  une  femelle  de  15  livres)  ont  été  cap- 
turés dans  rOpihi.  Ces  Saumons  appartiennent  très  certainement  à 
l'espèce  américaine  connue  sous  le  nom  de  Saumon  de  Californie (S«/mo 
quinnat)  ;  les  caractères  tirés  de  la  nageoire  anale  ne  peuvent  laisser 
aucun  doute  à  cet  égard.  L'acclimatation  du  Saumon  de  Californie  dans 
la  Nouvelle-Zélande  paraît  donc  être  un  fait  accompli.  On  sait  qu'il  y  a 
quelques  années,  environ  10  000  alevins  de  S.  quinnat  ont  été  placés 
dans  les  eaux  de  l'Opihi. 

—  M.  Uaveret-Wattel  conmiunique  l'extrait  suivant  d'une  lettre  qui 
lui  est  adressée  par  M.  le  D'' L.  iMoreau:  «  ...Le  Saumon  commun  se 
trouve  dans  les  provinces  septentrionales  du  Portugal,  vers  le  41'^  degré 
de  latitude;  par  conséquent  il  pourrait  vivre  dans  nos  fleuves  tributaires 
de  la  Méditerranée  qui  sont  plus  au  nord;  j'ajoute  même,  il  y  vit;  je 
crois  utile  de  vous  en  donner  la  preuve  incontestable. 

>  L'année  dernière,  les  U,  17, 18  mai  1882,  trois  Saumonneaux  ont  été 
péchés  dans  la  Méditerranée,  aux  environs  de  Cette  ;  ils  sont  de  même 
taille,  ou  à  peu  de  chose  près;  deux  d'entre  eux  mesurent  218  milli- 
mètres, le  troisième  a  243  millimètres.  D'oîi  viennent  ces  jeunes  pois- 
sons ?  Sont-ils  issus  des  Saumons  que  le  professeur  Gervais  a  tenté 
d'introduire  dans  les  eaux  de  l'Hérault,  avec  plus  de  succès  qu'on  ne 
l'avait  soupçonné  jusqu'à  présent?  Sont-ils  nés  des  Saumons  placés  dans 
le  Lez  par  M.  Valéry-Mayet  ?  Je  ne  saurais  le  dire  ;  d'ailleurs  le  point 
important  est  de  constater  la  présence  du  Saimo  salar  dans  la  Médi- 
terranée. 

j  Les  Saumonneaux  péchés  à  Cette  ne  peuvent  être  confondus  avec 
les  Saunions  de  Californie  jetés  dans  le  Lez  par  M.  Valéry-iMayet  en 
1881. 


618  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

î  Pour  dissiper  toute  espèce  de  doute  à  cet  égard,  je  vais  indiquer 
la  iormule  des  rayons  branchiostèges  et  celle  des  rayons  des  nageoires, 
chez  les  trois  spéciniens  que  j'ai  étudiés  : 

»  Br.  11  ou  12.  —  D.  13-0;  A.  11  ;  P.  14  ou  15;  V.8ou9. 

»  D'après  Gûntheron  trouve  dans  VOiicorhynchusquinnat  :(voy.  Cat. 
Fish.  Brit.  Mur.,  t.  VI,  p.  158). 

»  Br.  17.  —  D.  U;  A.  16.  î 

—  Des  comptes  r»ndus  de  leurs  cheptels  sont  adressés  par  MM.  0.  de 
Doussineau,  0.  Massias,  Bravard,  M.  Périn,  Turquand,  Goubie,  Ch. 
Gourraud,  Hiver,  Bourjuge,  marquis  de  Pruns,  Claude  Lefèvre,  Ponté, 
Burky  et  de  la  Brosse.  » 

—  M.  Maurice  Le  Pelletier  écrit  du  château  de  Salvert,  près  Saumur: 
«  Possédant  un  cheptel  de  Cerfs-cochons  {Cemis  porcinus)  depuis  le 

6  mars,  je  viens  vous  rendre  compte  de  mes  obesrvations. 

»  Le  mâle  nous  est  arrivé  les  bois  sciés,  en  mauvais  état,  le  poil  dur;  il 
est  maintenant  complètement  transformé,  extrêmement  gras,  beau  poil, 
bien  lisse  et  armé  de  magnifiques  bois.  Malheureusement  il  est  toujours 
resté  très,  et  je  pourrais  dire  trop  familier,  car,  à  diverses  reprises,  il  a 
essayé  de  se  jeter  sur  des  personnes  se  promenant  dans  le  parc,  aussi 
je  comprends  le  motif  qui  vous  avait  fait  couper  ses  bois.  U  devait  être 
•  méchant.  Dans  les  premiers  temps  il  ne  recherchait  nullement  ses 
femelles,  ne  s'en  occupait  même  pas,  ne  quittant  pas  la  porte  du  parc, 
où  on  lui  portait  les  détritus  de  la  cuisine.  Au  bout  de  deux  mois  il  s'est 
écarté  peu  à  peu  et  la  raison  était,  je  crois,  qu'une  de  ses  femelles 
entrait  en  chaleur,  car  au  commencement  de  juillet,  le  9  el  le  10,  on 
l'a  vu  saillir  plusieurs  fois  de  suite  cette  femelle. 

»  Les  femelles,  au  contraire,  dès  le  début  ont  été  sauvages,  on  ne  les 
apercevait  que  rarement,  se  tenant  sous  bois,  mais  depuis  un  mois 
environ  elles  se  sont  bien  apprivoisées,  venant  près  de  la  maison  tous 
les  soirs. 

»  L'une  d'elles,  la  plus  grosse,  est  pleine,  je  pense,  d'après  ce  que 
les  domestiques  m'ont  rapporté. 

î  L'autre,  la  plus  jaune  de  pelage,  nous  a  amené  un  petit  le  25  juil- 
let. La  première  fois  que  l'on  a  aperçu  ce  produit,  il  devait  être  âgé 
d'environ  quinze  jours.  A  chaque  instant  de  la  journée,  les  uns  ou  les 
autres  l'aperçoivent  et  je  puis  vous  assurer  qu'il  se  porte  à  merveille; 
mon  garde,  qui  l'a  vu  de  très  près,  prétend  que  c'est  une  femelle.  Je 
n'assure  rien. 

î  En  somme,  je  suis  enchanté  de  mon  cheptel  et,  d'après  ce  qui  vient 
de  se  passer,  je  pense  réussir. 

j  Les  animaux,  en  tout  cas,  ont  bonne  nourriture,  grand  espace 
(100  hectares)  et  sont  en  bonne  santé.  » 

i —  M.  V.  Fleury,  à  Mauves  (Loire-Inférieure),  écrit  : 

«  Nos  graines  de  Spinovitls  Davidi  blanc  et  noir  n'ont  donné,  jus- 


PROCÈS-VERBAUX.  619 

qu'à  présent,  qu'un  assez  petit  nombre  de  plants;  mais  la  levée  ne 
semble  pas  terminée  et,  si  l'été  se  prolonge  dans  le  commencement  de 
l'autonme,  il  est  à  supposer  que  d'autres  plants  apparaîtront. 

»  Les  graines  de  Chamœrops  excelsa\èvenl  en  assez  grand  nombre  au 
contraire.  Je  crois  que  j'aurai  un  grand  nombre  de  sujets  eu  égard  à  la 
quantité  de  graine  reçue.  » 

—  M.  Matliey,  de  Rocliechouart  (Haute-Vienne),  adresse  le  résultat 
de  ses  observations  relativement  à  la  culture  de  diverses  plantes  dont  la 
semence  lui  a  été  fournie  par  la  Société  d'Acclimatation. 

«  Pommes  de  terre  Heymonet-  —  Je  vous  faisais  connaître,  l'année 
dernière,  les  résultats  que  j'avais  obtenus  dans  la  culture  des  Pommes 
de  terre  Heymonet,  j'ai  continué  à  cultiver  cette  année  ces  Pommes 
de  terre. 

»  Je  les  ai  semées  à  des  époques  différentes  les  16  février  et  22  mars. 

»  Les  premières  commencèrent  à  pousser  le  8  avril  et  les  secondes  le 
16  du  même  mois  ;  la  floraison  a  eu  lieu  à  la  fm  de  mai,  toutes  étaient 
parfaitement  mûres,  et  je  les  faisais  arracher  le  17  août.  Elles  ont  été 
plantées  dans  un  terrain  fort  et  de  très  bonne  qualité  ;  le  sol  est  légère- 
ment en  pente,  incliné  au  sud-ouest. 

»  Les  premières  furent  plantées  dans  un  terrain  plus  élevé,  plus 
découvert  et  plus  sec  que  les  dernières,  chez  lesquelles  j'observai  que 
plusieurs  tubercules  étaient  gâtés,  fait  que  je  ne  remarquai  chez  les 
premières,  que  pour  quelques  pieds  qui  se  trouvaient  abrités  par  des 
autres. 

»  Cette  excellente  Pomme  de  terre,  qui  se  recommande  par  sa  qualité 
et  son  rendement  (il  existait  jusqu'à  30  tubercules  à  un  seul  pi^^d),  doit 
être  cultivée,  d'après  mes  observations,  dans  un  terrain  sec  ;  j"ai  égale- 
ment remarqué  que  l'excès  d'engrais  n'est  pas  favorable  à  cette 
culture. 

»  Radis  du  Japon.  —  Semées  ie  16  février  dans  un  terrain  fort  et  de 
bonne  qualité  exposé  au  soleil,  convenablement  fumé,  les  graines  com- 
mencèrent à  lever  le  5  mars.  Peu  de  jours  après  il  survint  de  la  neige  qui 
recouvrit  la  terre  pendant  huit  jours  ;  malgré  cela  et  le  froid  intense 
qui  lui  succéda,  les  jeunes  plants  ne  souffrirent  nullement  et  presque 
toutes  les  graines  étaient  poussées  le  20  mars.  Les  plants  venaient 
bien  et  je  croyais  à  une  réussite,  lorsque  le  9  mai  je  m'aperçus  que  les 
tiges  montaient,  en  effet,  le  17  mai;  un  certain  nombre  de  pieds  étaient 
en  fleurs.  J'ai  commencé  à  récolter  de  la  graine  le  7  août,  il  y  en  a 
encore  sur  pied  qui  ne  sera  pas  mûre  avant  une  quinzaine  de  jours. 
Les  gousses,  bien  qu'assez  nombreuses,  sont  vides  pour  la  plupart  et 
celles  qui  contiennent  de  la  graine  n'en  renferment  qu'une  très  petite 
quantité. 

j)  Pour  ce  qui  est  du  radis,  il  ne  s'en  est  pas  formé  un  seul;  je  crois 
pouvoir  attribuer  cet  échec  au  moment  inopportun  auquel  j'ai  semé  ces 


620  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

graines.  Les  plants  résistant  parfaitement  au  froid,  la  semence  devrait, 
je  crois,  être  mise  dans  la  terre  à  l'automne. 

î  Juglans  nigra.  —  J'ai  semé  mes  noix  le  9  avril,  dans  un  terrain 
fort  et  de  bonne  qualité,  un  peu  ombragé. 

»  A  la  fin  de  mai,  plusieurs  petits  Noyers  sortaient  de  terre  et  depuis 
cette  époque  une  certaine  quantité  a  continué  à  naître.  Je  possède  ac- 
tuellement dix-neuf  Noyers,  la  tige  des  plus  grands  mesure  25  centi- 
mètres de  hauteur. 

»  Tous  les  sujets  sont  très  vigoureux,  le  sol  et  le  climat  paraissent 
parfaitement  convenir  à  cette  culture. 

»  Fèves  d'agiia  dulce  et  do  Perpignan.  —  Les  Fèves  d'agua  dulce  et 
de  Perpignan  ont  parfaitement  réussi  ;  cette  culture  donne,  du  reste,  de 
bons  résultats  dans  cette  partie  du  Limousin. 

»  Semées  les  unes  et  les  autres  dans  un  bon  terrain,  les  premières  le 
18  février,  les  secondes  le  4.  avril,  les  Fèves  d'agua  dulce  ont  poussé  le 
1"  avril,  fleuri  le  15  mai  et  ont  été  récoltées  le  26  juillet. 

»  A  part  quelques  graines  déterrées  et  enlevées  par  les  rats  que  j'ai 
réussi  à  prendre  au  piège,  aucun  parasite  n'a  nui  à  ma  récolte. 

B  Les  Fèves  de  Perpignan  ont  commencé  à  pousser  le  28  avril  ;  le 
12  juillet,  les  voyant  parfaitement  mûres,  je  les  récoltai. 

»  La  seconde  espèce,  plus  grosse  que  la  première,  présente  encore 
l'avantage  de  venir  beaucoup  plus  rapidement. 
»  J'adresserai  très  prochainement  à  la  Société  : 

■»  1"  Des  Pommes  de  terre  Heymonet  ;  2"  des  Fèves  d'agua  dulce  et  de 
Perpignan  ;  '6°  un  spécimen  de  graines  de  Radis  du  Japon.  » 

—  31.  le  docteur  Jeannel,  de  Villefranche-sur-Mer  (Alpes-Maritimes), 
adresse  le  compte  rendu  suivant  sur  les  plantes  qu'il  a  reçues  de  la  So- 
ciété. «  Les  Eucalyptus  Stuartiana,  resinifera,  tereticornis,  gompJio- 
cephalajongifolla  elpolganthemos  n'ont  pas  souffert  de  la  neige  tombée 
en  abondance  le  10  mars  1883,  ni  de  l'abaissement  de  température 
qui  s'en  est  suivi  le  lendemain  ( —  2°),  ni  des  pluies  froides  qui  se  sont 
succédé  jusqu'à  la  fin  d'avril  et  qui  ont  empêché  la  floraison  des 
orangers. 

»  Le  développement  des  sujets  d'espèces  diverses  est  naturellement 
très  inégal,  mais  le  sol  de  mon  jardin  en  pente  sur  des  rochers  cal- 
caires est  lui-même  d'une  profondeur  très  inégale.  Je  ne  saurais  donc 
rien  conclure  quant  à  présent  relativement  aux  mérites  comparatifs  des 
espèces  qui  m'ont  été  confiées. 

»  A  cette  occasion  je  signale  le  développement  vraiment  prodigieux 
d'un  Eucalyptus  donné  par  M.  Naudin,sous  le  nom  douteux  d'£.  amyg- 
dalina  :  planté  il  y  a  trente  mois,  il  atteint  aujourd'hui  la  hauteur  de 
7  mètres;  la  circonférence  du  tronc  à  1  mètre  au-dessus  du  sol  n'a  pas 
moins  de  35  centimètres. 

ï  Un  autre  sujet  du  même  âge,  donné  par  M.   Naudin,  sous  le  nom 


PROCÈS-VERBAUX.  621 

à'E.  colossea.  atteint  la  hauteur  de  4  mètres.  Ses  feuilles,  obovales,  de 
5  ou  6  centimètres  de  longueur,  presque  régulières  et  étalées  horizon- 
talement, sont  d'un  vert  clair,  sur  des  rameaux  d'un  rouge-brun.  L'arbre 
est  (les  plus  élégants. 

»  Les  Acacia  {Miesmcri,  resinoides,  petiolaris,  binervia,  IhiifoUa, 
spcctabilis  et  excelsa)  n'ont  pas  souffert  du  printemps  exceptionnel- 
lement froid  et  humide  de  1883,  il  en  est  de  même  du  Dasylirion  glau- 
cum  et  du  Grevillea  robusta. 

»  Les  Bambusa  ont  bien  résisté,  ce  sont  B.  viridi-glaucescens, 
Himalayense,  nigra,  graciUs,  Quilioi,  metake  et  scriptoria.  Le  B. 
Quilïoi  paraît  prendre  le  plus  grand  développement  ;  il  a  donné  en  juin 
des  pousses  de  3  à  4  mètres  de  haut.  » 

—  Les  ouvrages  suivants  sont  offerts  pour  la  bibliothèque  de  la  Société  : 

Simples  notions  sur  les  engrais  chimiques,  leur  préparation  et 
leur  emploi,  suivies  de  la  fabrication  à  la  ferme  du  superphosphate  de 
chaux,  par  M.  Pios-Fayet.  Versailles,  1883,  imp.  E.  Aubert.  Brocb.  in-S". 

Pommiers  microcarpes  ou  Pommiers  d'ornement,  par'E.  A.  Car- 
rière. Paris,  lib.  agricole  de  la  Maison  rustique,  26,  rue  Jacob.  1  vol. 
in-18,  fig.  (L'Auteur.) 

Congrès  national  des  Sociétés  françaises  de  Géographie,  h^  session, 
Bocdeaux,  sept.  1882.  Compte  rendu  des  ti'avaux  du  Congrès.  1  vol.  in-S°. 

Catalogue  de  la  collection  des  semences  suédoises  à  l'Exposition 
internationale  d'Amsterdam,  par  L.-S.  Wahlstedt.  Luud,  1883,  imp. 
F.  Berling,  1  vol.  in-8''.  (L'Auteur.) 

Les  Vignes  et  les  Vins  de  l'Algérie,  par  Romuald  Dejernon.  Paris,  1883, 
librairie  agricole  de  la  Maison  rustique,  26,  rue  Jacob,  1  vol.  in-8°. 

(L'Auteur.) 

De  l'évolution  biologique  des  Pucerons  en  général  et  du  Phylloxéra 
en  particulier ,  par  J.  Liclitenstein.  Paris-Bordeaux,  à  la  librairie  viui- 
cole  et  viticole,  1883.  1  broch.  in-18.  (L'Auteur.) 

Botanicon  sinicum.  Notes  on  chinese  botany  from  native  and  west- 
ern sources,  by  E.  Bretschneider,  M.  D.  London,  1882,  Trubner  and  C", 
57  et  59,  Ludgate-Hill,  1  vol.  in-8'\  (L'Auteur.) 

Pour  le  Secrétaire  des  séances, 
Jules  Grisard, 

Agent  général. 


lU.  BIBLIOGRAPHIE 


I 

Culture  et  exploitation  des  arbres,  par  Antoniii  Rousset,  inspecteur 
des  forêts.  Un  vol.  in-S",  4i5  pages.  Librairie  agricole,  26,  rue  Jacob. 

L'auteur  part  de  ce  point  que  les  travaux  du  reboisement,  ainsi  que 
l'introduction  des  végétaux  exotiques,  posent  actuellement  aux  arbori- 
culteurs et  aux  forestiers  deux  problèmes  aussi  sérieux  qu'intéressants. 

1°  Un  terrain  étant  donné,  indiquer  d'une  façon  précise  les  essences 
qui  peuvent  y  prospérer,  les  pratiques  culturales  à  employer  à  cet  effet, 
et  enfin  le  genre  d'exploitation  à  appliquer  à  ces  végétaux  ligneux,  sui- 
vant leur  situation  et  leur  distribution. 

2°  Un  arbre  étant  donné,  faire  connaître  ses  conditions  d'existence 
normale,  son  mode  rationnel  de  culture  et  le  traitement  auquel  il  doit 
être  soumis  à  l'état  isolé  ou  en  massif. 

M.  Antonin  Rousset  pense  que  ces  questions  n'ont  été  traitées  jusqu'à 
ce  jour  que  d'une  façon  approximative  ou  empirique,  et  qu'elles  pour- 
raient aujourd'hui  être  résolues  d'une  manière  scientifique  et  positive. 
Par  suite,  il  s'est  efforcé  d'examiner  chacun  des  phénomènes  de  la  végé- 
tation, en  les  isolant  les  uns  des  autres  ;  il  a  essayé  d'étudier  divisément 
chacune  des  lois  naturelles,  afin  d'en  déduire,  suivant  les  différents  cas, 
les  lois  secondaires  ou  les  règles  précises  pour  la  meilleure  exécution 
possible  des  diverses  opérations  culturales. 

Ainsi  que  l'indique  le  sous-litre  de  ce  livre,  il  s'agit  donc  d'Études 
sur  les  relations  et  l'application  des  lois  naturelles  de  la  création,  des 
conditions  climatériques  et  des  principes  de  la  physiologie  végétale,  com- 
parée avec  les  conditions  normales  d'existence,  de  propagation,  de  culture 
et  d'exploitation  des  arbres  isolés  ou  en  massif. 

C'est  un  travail  d'ensemble,  que  les  forestiers  liront  avec  intérêt. 

M.  Rousset  examine  d'abord  les  lois  naturelles  relatives  aux  végétaux, 
les  conséquences  de  l'harmonie  de  la  création,  la  perfectibilité  des  for- 
mes suivant  les  conditions  d'existence,  la  marche  de  la  végétation  pon- 
dant les  périodes  géologiques,  et  les  conditions  générales  d'existence  des 
végétaux. 

11  passe  ensuite  à  leur  activité  vitale,  aux  organes  de  nutrition,  de 
reproduction  et  de  support  ; 

Puis  aux  terrains,  leur  nature  et  leurs  qualités,  leur  productivité, 
leur  relief  extérieur  et  leur  humidité  par  les  eaux  superficielles  ou  sou- 
terraines ;  aux  phénomènes  atmosphériques,  climat,  lumière,  tempé- 
rature, eau,  vapeurs,  électricité. 

La  cinquième  partie  est  consacrée  aux  déductions  et  à  l'application 


BIBLIOGRAPHIE. 


6^3 


des  principes  de  la  physiologie  végétale  au  traitement  des  arbres  isolés 
ou  en  massif,  savoir  :  composition,  création  et  plantation  des  massifs  ; 
c.cclimatation,  naturalisation  et  propagation  des  essences  ;  développement 
et  production  ligneuse  d'un  massif  boisé;  exploitations  et  aménagements. 

En  ce  qui  touche  la  propagation  des  essences  exotiques  utiles,  l'auteur 
pose  en  principe  que  la  naturalisation  est  possible  et  que  l'acclimatation 
ne  l'est  pas.  Empruntant  une  citation  de  M.  Ch.  Martins,  le  végétal, 
dit-il,  vit  tant  que  le  thermomètre  et  l'hygromètre  se  maintiennent  dans 
les  limites  qu'il  peut  supporter.  Celte  limite  dépassée,  il  périt.  Cela  ex- 
plique les  causes  d'insuccès  des  tentatives  d'acclimatation  des  végétaux; 
mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  naturalisation,  et,  dans  les  limites  de 
chaleur  et  d'humidité  qui  leur  sont  nécessaires,  les  plantes  subissent  en 
réalité  des  modifications  parfois  assez  importantes....  M.  Tisserand  a  re- 
marqué que  diverses  plantes  subissent,  jusqu'à  un  certain  point,  une 
espèce  d'acclimatation  ou  d'adaptation.  En  effet,  si  on  importe  à  Chris- 
tiania des  semences  d'orge,  tirées  des  latitudes  tempérées,  la  première 
année  elles  arrivent  à  maturité  beaucoup  plus  tard  que  les  plantes  nor- 
végiennes; mais,  si  on  sème  successivement  l'orge  récoltée,  on  constate 
que  le  retard  observé  diminue  graduellement  et  qu'il  disparaît  après  la 
quatrième  ou  la  cinquième  génération....  La  culture  du  blé  à  Sierra- 
Leone  n'a  pu  s'établir  qu'après  plusieurs  années  ou  récoltes  ;  l'influence 
du  milieu  a  détruit  d'abord  les  pieds  trop  faibles,  et  ceux  qui  ont  pu 
résister  se  sont  en  quelque  sorte  plies  aux  exigences  du  climat...  La 
Chrysanthème  des  Lides  ou  d'automne,  originaire  de  la  Chine,  introduite 
en  France  en  1790,  n'a  commencé  à  donner  des  graines  fertiles  qu'en  1852, 
c'est-à-dire  après  soixante-deux  générations  ou  récoltes  annuelles...  Pour 
des  arbres  forestiers,  chaque  génération  de  sujet  susceptible  de  donner 
des  graines  fertiles  embrasse  une  période  de  vingt  à  trente  ans  au  moins, 
et  soixante  générations  représenteraient  donc  un  laps  de  temps  de  quinze 
cents  ans  en  moyenne. 

Nous  avons  tenu  à  emprunter  ces  quelques  lignes  à  M.  Antonin  Roussel  ; 
mais  nous  sommes  surpris  qu'un  esprit  aussi  investigateur  que  le  sien 
ne  se  soit  pas  demandé  si  les  expressions  dont  il  se  servait,  après  d'au- 
tres, étaient  conformes  aux  données  scientifiques  actuelles,  et  si  les  faits 
qu'il  rapportait  lui-même  ne  contredisaient  pas  ses  prémisses.  Ce  qu'il 
appelle  naturalisation,  tout  le  monde  aujourd'hui  le  nomme  acclima- 
tation; la  naturalisation,  au  contraire,  est  le  fait  accidentel,  imprévu  de 
l'apparition  d'une  plante  étrangère,  se  propageant  d'elle-même  sans  au- 
cune culture  (1). 

Nous  comprenons,  d'autre  part,  qu'un  manuel  de  jardinage  dise  que 
telle  ou  telle  plante  n'est  pas  susceptible  d'acclimatation  ;  cela  se  com- 

(i)  Voy.  à  ce  sujet  le  compte  rendu  de  l'Essai  t,ur  les  repeuplements  arlifi- 
ciels,  par  M.  Arthur  Noël  {Bull,  de  la  Soc.  d'Acdiin.,  Bibliogr.,  décembre  1882, 
p.  721). 


624'  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

prend.  L'horticulteur  ne  voit  et  ne  doit  envisager  que  le  résultat  possible 
à  atteindre  par  l'amateur,  et  réalisable  à  bref  délai.  Mais,  pour  un  livre 
de  science,  le  point  de  vue  doit  être  tout  autre  ;  qu'importe  que  le  phé- 
nomène de  l'acclimatation  mette  soixante  ans  ou  quinze  cents  ans  même 
à  se  produire!  Le  fait  en  lui-même  n'en  existe  pas  moins,  et  la  conquête 
réalisée  sur  la  nature  n'en  est  pas  moins  un  bénéfice  acquis  pour  l'hu- 
manité ! 

Aimé  DuFORT. 


II.  —  Publications  nouvelles. 

H'oticc  sur  les  plantations  de  résineux  faites  à  Mussy-sur-Seine, 
par  M.  R.  de  Bantel,  in-S",  13  pag.  Troyes,  imp.  Maillard  De  Broys. 

Manuel  île  la  culture  et  de  l'ensilage  des  luaïs  et  autres  fourrages 
verts,  par  Auguste  Goffart,  vice-président  du  Comité  central  agricole  de 
la  Sologne.  4'  édition,  corrigée  et  augmentée,  in-18  jésus,  xii-260 
pag.  avec  4  planch.  et  7  fig.  Paris,  imp.  P.  Dupont;  lib.  G.  Masson. 

L.a  perfection  dans  l'art  do  soigner  et  de  cultiver  les  abeilles 
ou  mouches  à  miel,  à  l'usage  des  écoles  et  des  habitants  des  campagnes, 
par  J.  Donot,  curé  de  Vouillers  (Marne).  2'  édition,  revue,  augmentée, 
in--i6,  197  pag.  avec  fig.  Chàlons-sur-Marne ,  imp.  et  lib.  Martin; 
l'auteur. 

Chasse  de  la  piuuie  au  chien  d'arrêt  dans  l'Afrique  du  Nord,  par 
le  commandant  P.  Garnier,  conseiller  général  de  la  Gôte-d'Or,  in-8% 
43  pag.  Auxonne,  imp.  Charreau;  Paris,  lib.  Martin. 

Traite  d'ostréiculture,  par  P.  Brocchi,  docteur  ès  sciences  naturelles, 
in-18  Jésus;  303  pag.  Mesnil,  imp.  Firmin-Didot.  Paris,  lib.  agricole  de 
la  Maison  rustique. 


Le  gérant  :  Jules  Ckisaru. 


Imprimeries  riuiiics,  A,  rue  Mignon,  2,  l'aric 


I.  TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTË. 


ÉDUCATIONS  DE   BOMBYCIENS  SERICIGENES 

FAITES   A   LONDRES   EN   1882 
Par  Alfred  WAILLY. 


J'ai  l'honneur  de  vous  envoyer  mon  rapport  sur  les  éduca- 
tions de  Bombyciens  séricigènes,  que  j'ai  faites  à  Londres 
en\SS± 

Pendant  riiiver  1881-82,  je  reçus  une  grande  quantité  de 
cocons  d'AUacus  Mylitla  et  Atlas  de  l'île  de  Ceyian;  au  prin- 
temps, j'en  reçus  d'autres.  Le  résultat  obtenu  avec  ces  espèces 
fut  tout  à  fait  nul,  pour  plusieurs  causes  :  éclosions  de  papil- 
lons pendant  le  voyage,  mort  de  cocons  après  leur  arrivée,  etc. 
Presque  tous  les  cocons  de  Mylitla  périrent,  mais  il  me  reste 
une  cinquantaine  de  cocons  (ï Allas  en  bon  état,  et  qui  ont 
chance  d'éclore  l'été  prochain  (1883). 

Outre  ces  deux  espèces  de  l'Inde,  je  reçus  en  janvier  1882, 
d'un  correspondant  d'Angleterre,  un  grand  nombre  de  ma- 
gnifiques cocons  à'Actias  Selene  et  d'Antherœa  Roylei  de 
rilimalaya,  dont  j'obtins  un  résultat  assez  satisfaisant.  Quel- 
ques cocons  d'Atlas  (race  de  l'Himalaya),  qui  avaient  hiverné 
deux  fois,  me  donnèrent  trois  papillons  mâles. 

Il  résulte  des  faits  que  j'ai  observés  que  les  cocons  de  l'Hi- 
malaya et  du  nord  de  l'Inde  courent  moins  de  risques  d'éclore 
en  voyage  que  ceux  de  l'île  de  Ceyian  et  du  midi  de  l'Inde, 
quoique  le  trajet  soit  plus  long.  J'ai  aussi  remarqué  que  les 
cocons  Roylei  et  Selene  de  l'Himalaya  éclosent  l'été  qui  suit 
leur  arrivée  ;  ils  n'ont  jamais  hiverné  une  seconde  fois,  mais 
il  n'en  a  pas  été  de  même  des  cocons  d'Atlas. 

Quelques  cocons  Selene,  qui  m'ont  été  envoyés  de  Madras 
au  printemps  de  1882,  ne  m'ont  donné  qu'un  seul  papillon  le 
3  octobre;  les  autres  cocons  me  restent,  après  avoir  passé 
l'hiver  1882-83,  et  les  chrysalides  sont  bien  vivantes. 

Par  suite  de  Texlrême  douceur  de  la  température  pendant 

3°  SÉRIE,  T.  X.  —Novembre  1883.  40 


626  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

l'hiver  1881-82,  j'eus  des  éclosions  de  papillons  Atlas,  My-. 
litta,  Selene  et  Roylei,  pendant  toute  la  durée  des  mois  de 
janvier  et  de  février  ;  j'eus  même  l'éclosion  de  deux  papillons 
Cecropia,  de  l'Amérique  du  Nord,  au  mois  de  mars. 

La  température,  douce  d'abord,  chaude  ensuite,  ayant  ainsi 
continué  sans  interruption,  je  crois,  jusqu'au  commencement 
de  juin,  il  en  résulta  que  l'éclosion  des  papillons  fut  hâtée  de 
deux  ou  trois  semaines. 

Ces  éclosions  précoces  sont  favorables  aux  espèces  univol- 
tines  dans  les  pays  du  Nord,  ou  à  celles  dont  les  larves  vivent 
longtemps  avant  de  se  transformer  ;  au  contraire,  ces  éclo- 
sions précoces  sont  funestes  à  d'autres,  telles  que  Pernyi  et 
mon  h\jbr\de  Roy lei-Pernyi,  en  produisant  deux  générations 
au  lieu  d'une. 

Je  n'ai  pas  eu,  à  Londres,  à  souffrir  de  ces  éclosions  pré- 
maturées, parce  que  les  larves  de  mon  hybride  et  autres  ont 
été  élevées  en  plein  air  et  dans  les  circonstances  les  plus  dé- 
favorables à  leur  croissance  et  à  leur  bonne  venue  ;  mais 
M.  Huin,  qui  a  si  bien  réussi  à  élever  les  larves  de  mon  hybride 
au  siège  de  la  Société  d'Acclimatation,  et  plusieurs  de  mes 
correspondants,  ont  obtenu  les  papillons  de  l'hybride  et  ceux 
de  Pernyi  pendant  l'automne,  et  il  ne  leur  est  resté  que  quel- 
ques cocons  pour  les  éducations  de  1883.  Heureusement, 
grâce  à  l'obligeance  de  M.  Iluin  et  à  celle  de  deux  de  mes  cor- 
respondants, qui  m'ont  remis  les  cocons  qui  leur  restaient,  si 
tout  va  bien,  j'en  ai  assez  pour  la  reproduction  et  l'éducation 
de  ma  nouvelle  espèce  de  Ver  à  soie  du  Chêne. 

Le  temps,  ai-je  dit,  qui  avait  été  très  favorable,  trop  favo- 
rable même  pour  les  éclosions  de  certaines  espèces,  changea 
complètement  à  ])artir  du  3  juin.  Nous  n'eûmes  alors  que  des 
pluies  froides  et  incessantes,  qui  durèrent,  selon  leur  mau- 
vaise habitude,  pendant  six  semaines  à  peu  près.  Si  les  pluies 
n'arrivent  pas  en  juin,  on  les  a  en  juillet;  si  on  ne  les  a  pas 
en  juillet,  on  est  sûr  de  les  trouver  au  mois  d'août;  elles  ne 
font  jamais  défaut.  Malheureusement  cet  affreux  temps  acte 
assez  général,  et  d'autres  que  moi  ont  eu  à  s'en  plaindre. 

Mes  pauvres  petites  chenilles  d'hybride,  sans  aucun  abri 


BOMBYCIENS   SÉRICIGÈNES.  627 

sur  de  petits  Chênes  à  feuillage  d'une  maigreur  etTrayanle, 
étaient  littéralement  noyées  dans  des  torrents  de  pluie  et 
entraînées  dans  la  fange,  où  il  ne  restait  aucune  trace  de  leur 
existence.  Celles  qui  ont  résisté  à  une  aussi  terrible  épreuve 
devaient  être  amphibies.  Combien  de  victimes  ont  succombé, 
je  ne  saurais  le  dire;  mais  le  nombre  des  gaillardes  qui  ont 
survécu  au  supplice  a  été  facile  à  compter  :  douze  à  peu  près, 
qui  ont  traîné  leur  misérable  existence  pendant  trois  mois  au 
moins  avant  de  pouvoir  se  décider  à  former  leur  cocon. 

Mon  hybride  a  été  un  succès,  un  succès  remarquable,  si 
l'on  considère  dans  quelles  circonstances  son  éducation  a  été 
faite.  Espérons  que  nous  n'aurons  plus  l'été  en  hiver  et  l'hiver 
en  été,  et  que  nous  verrons  une  année  avec  ses  quatre  vraies 
saisons. 

En  fin  mai  et  jusqu'au  3  juin  j'eus  un  petit  nombre  de  pa- 
pillons Mylitla  et  Allas,  c/  et  Ç  en  même  temps.  Je  croyais 
alors  que  les  éclosions  allaient  continuer  et  que  j'obtiendrais 
une  grande  quantité  d'œufs  fécondés.  Illusion!  vaine  illusion! 
Les  papillons  Mylilta  refusèrent  obstinément  de  s'accoupler, 
et  les  autres  cocons  Mylilla  ne  produisirent  plus  aucun  pa- 
pillon; tous  périrent  les  uns  après  les  autres. 

Le  30  mai,  deux  Allas  s'accouplèrent,  mais  les  œufs  ne 
produisirent  aucune  larve  :  elles  périrent  dans  l'œuf,  proba- 
blement par  suile  d'un  manque  de  chaleur  suffisante. 

Les  éclosions  de  papillons  Allas  eurent  lieu  comme  suit  : 
le  24  mai,  2  femelles;  le  26,1  femelle;  le  27,  1  femelle;  le 
28,  1  mâle;  le  29,  4  femelles  et  1  mfde;  le  30,  1  mâle  ;  le 
3  juin,  1  mâle  ;  le  1 1  août,  1  mâle  ;  le  8  septembre,  1  femelle  ; 
le  29  septembre,  1  mâle  ;  le  7  oclobre,  1  femelle. 

Aclias  Selene.  —  Les  éclosions  de  papillons  de  cetle  ma- 
gnifique espèce,  dont  j'avais  une  grande  quantité  de  cocons 
de  la  race  de  l'Himalaya,  commencèrent  le  30  mai  et  se  ter- 
minèrent le  29  août. 

.l'obtinssix  ou  sept  accouplements,  et,  par  suite,  un  nombre 
assez  considéral)le  d'œufs  fécondés.  Une  femelle  de  forte  taille 
peut  pondre  de  350  à  près  de  400  œufs. 

Les  premières  larves,  nées  le  21  juillet,  provenaient  d'une 


628  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

ponte  mise  de  côté  comme  incertaine  (n'ayant  pas  été  témoin 
de  l'accouplement),  et  qui  avait  eu  lieu  le  1"  et  le  2  juillet. 
Le  !"■  juillet,  un  mfde  Selene,  placé  dans  une  cage  contenant 
une  femelle  Selene  et  une  femelle  à^Actias  luna,  s'accoupla 
avec  cette  dernière,  mais  les  œufs  ne  produisirent  aucune 
larve. 

L'éclosion  des  œufs  provenant  d'un  accouplement  du  4  juillet 
-se  fit  le  23  juillet.  En  me  reportant  à  la  date  de  chaque  accou- 
plement et  à  celle  de  l'éclosion  des  chenilles,  il  en  résulte 
que  l'éclosion  des  chenilles  eut  lieu  une  vingtaine  de  jours 
après  la  ponte  des  œufs. 

Les  chenilles  de  Selene  furent,  comme  l'année  précédente, 
élevées  à  l'air  libre.  J'en  mis  un  nombre  considérable  sur  un 
Noisetier  de  forte  taille  et  deux  douzaines  à  peu  près  sur  un 
groupe  de  petits  arbres  croissant  l'un  près  de  l'autre  et  dont 
les  branches  se  touchaient  :  deux  Cerisiers,  deux  Pommiers, 
un  Poirier  et  un  petit  Chêne.  Mes  Selene  mangèrent  indiffé- 
remment le  feuillage  de  ces  petits  arbres,  même  le  Chêne, 
allant  d'un  arbre  à  l'autre.  Sur  ce  groupe  de  petits  arbres  frui- 
tiers, j'avais  aussi  quelques  chenilles  d'Attacus  Pyri,  que 
j'élevai  cette  année  pour  la  première  fois  à  l'air  libre,  jusqu'à 
leur  transformation,  ne  les  ayant  mises  dans  une  boite  qu'au 
moment  où  elles  commencèrent  à  filer. 

Sur  le  petit  Chêne  appartenant  à  ce  groupe,  j'élevai  des 
larves  de  Roi/lei,  dont  je  parlerai  plus  loin. 

Les  six  petits  arbres  furent  entourés  d'un  châssis  sur  lequel 
ie  fis  mettre  un  double  filet,  afin  de  protéger  les  larves  contre 
les  Moineaux,  qui,  cette  année,  ne  purent  y  toucher.  Le  Noi- 
setier et  le  groupe  de  petits  Chênes  servant  à  l'éducation  de 
mon  hybiide  Roylei-Pernyi  et  à  celle  de  Telea  Poli/phemm, 
furent  également  recouverts  d'un  double  filet.  J'avais  ainsi 
trois  châssis  au  lieu  de  deux,  comme  en  1881. 

Revenant  à  mes  Selene,  je  regrette  d'avoir  encore  à  relater 
un  désastre.  Toutes  les  larves  dont  le  gros  Noisetier  était  cou- 
vert périrent  les  unes  après  les  autres,  aux  divers  âges,  quel- 
ques-unes ayant  atteint  le  cinquième.  Au  contraire,  celles  qui 
avaient  été  déposées  sur  les  petits  arbres  fruitiers,  Poirier, 


nO.MBYCIENS    SÉRICIGÈNES.  (329 

Pommier  el  Cerisier,  profitèrent  admirablement  bien  et  réus- 
sirent à  former  leurs  cocons.  Les  larves  provenaient  d'énormes 
et  magnifiques  Papillons,  et  étaient  toutes  très  vigoureuses. 
Est-ce  que  le  feuillage  du  Noisetier  ne  convient  pas  à  la  nour- 
riture du  Sekne?  Un  de  mes  correspondants  d'Ecosse  a  élevé 
ses  larves  sur  cet  arbuste  et  a  obtenu  de  beaux  cocons.  J'at- 
tribue la  perle  de  mes  larves  de  Selene  à  la  mauvaise  qualité 
du  feuillage.  Le  tronc  de  ce  Noisetier  avait  été  coupé  à  moitié 
de  sa  bauteur  à  peu  près;  les  grosses  brancbes  avaient  été 
taillées  aussi,  afin  de  rendre  le  tout  plus  compact  et  plus 
facile  à  recouvrir  du  cbassis  avec  son  filet.  Le  résultat  naturel 
de  cette  coupe  du  tronc  et  des  grosses  brancbes  fut  de  donner 
naissance  à  une  immense  quantité  de  petites  brancbes,  dont 
le  feuillage  mouetaqueux  ne  contenait  probablement  pas  assez 
de  substance  nutritive. 

Atlacus  (Antherœa)  Roylei,  Ver  à  soie  du  Gliêne  de  l'Hi- 
malaya. —  L'éducation  de  cette  espèce,  malgré  le  mauvais 
temps,  a  parfaitement  bien  réussi.  Les  deux  années  précé- 
dentes, j'avais  cru  l'accouplement  de  cette  espèce  en  captivité 
sinon  impossible,  du  moins  très  difficile  à  obtenir. 

En  1882,  les  papillons /?oy^et,  tous  remarquablement  beaux, 
se  sont  accouplés  avec  la  plus  grande  facilité,  ,1e  n'obtins  ce- 
pendant, avec  une  grande  quantité  de  cocons,  que  quatre 
accouplements  ;  mais  cela  tient  à  une  cause  accidentelle  :  l'é- 
closion  des  papillons  par  groupes  de  mâles  ou  de  femelles,  ce 
qui  arrive  assez  souvent.  Ainsi,  du  2  au  10  juin,  je  n'eus  que 
des  papillons  maies  ;  du  10  au  13  juin,  une  femelle  seulement 
et  dix  mâles;  du  21  juin  au  4  juillet,  il  n'y  eut  que  des  pa- 
pillons femelles.  L'éclosion  des  papillons  eut  lieu  du  11  mai 
au  4  juillet;  les  quatre  accouplements,  le  28  mai,  le  2,  le  13 
et  le  18  juin. 

Le  24  mai,  un  mâle  Pernyi  s'accoupla  avec  une  femelle 
Pernyl,  et  le  29  mai,  un  mâle  Roylei  avec  une  kmeWe  Peniyi  ; 
tous  les  œufs  étaient  bien  fécondés. 

Les  œufs  provenant  du  second  accouplement,  qui  eut  lieu 
le  2  juin,  que  j'avais  conservés  pour  l'éducation,  commen- 
cèrent à  éclore  le  27  juin,  el  j'obtins  les  premiers  cocons  le 


630  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

2  septembre.  Ainsi  que  je  Tai  dit  dans  mes  précédents  rap- 
ports, les  larves  de  Roylei,  de  Pernyi  et  de  mon  hybride 
Roylei-Permji  se  ressemblent  beaucoup.  Cependant  j'ai  re- 
marqué qu'au  cinquième  Age  (je  n'ai  pas  eu  le  temps  de  les 
examiner  aux  premiers  Ages),  les  larves  de  Roylei  sont  d'un 
vert  plus  foncé  que  celles  de  Pernyi  et  de  l'hybride  ;  en  outre, 
le  nombre  des  grandes  taches  métalliques  sur  les  côtés  sont 
de  cinq  à  sept,  au  lieu  de  deux  ou  trois,  comme  ?,\\v\q  Permji 
ou  l'hybride.  Le  nombre  des  taches  métalliques  sur  la  bande 
latérale  de  chaque  côté  du  corps  de  la  larve  varie  selon  les 
individus  dans  les  trois  espèces. 

Les  larves,  comme  je  l'ai  dit,  furent  élevées  à  l'air  libre 
sur  un  petit  Chêne;  mais  aux  quatrième  |et  cinquième  Ages, 
le  feuillage  ayant  été  entièrement  détruit,  l'éducation  fut  ter- 
minée sur  des  branches  coupées. 

Circula  trifenestrata.  —  En  1882,  je  reçus  pour  la  pre- 
mière fois  des  cocons  de  cette  curieuse  espèce,  qui  me  furent 
expédiés  de  Madras.  Malheureusement  il  me  fut  impossible 
d'en  tenter  l'éducation,  les  chrysalides  ayant  toutes  péri  pen- 
dant le  trajet  ou  après  leur  arrivée  à  Londres,  à  l'exception 
de  quelques-unes,  qui  me  donnèrent  :  le  4  juillet,  un  papillon 
femelle  ;  le  9,  une  femelle  ;  le  13,  une  femelle  ;  le  15  juillet, 
une  autre  femelle,  et  le  26  juillet,  un  mAle.  C.  trifenestrata 
est  le  Bombycien  dont  le  cocon  d'un  jaune  d'or  a  la  forme  d'un 
réseau  qui  permet  de  voir  la  chrysalide  au  travers. 

Ces  cocons  sont  assujettis  les  uns  aux  autres  en  masses  qui 
sont  souvent  très  considérables. 

Le  dernier  tas  de  cocons  que  je  reçus,  le  3  août  1882,  beau- 
coup trop  tard  pour  qu'ils  eussent  chance  d'arriver  vivants, 
se  composait  de  trois  à  quatre  cents  cocons,  que  j'ai  eu  un 
mal  infini  à  détacher  les  uns  des  autres,  afin  de  m'assurer  s'il 
restait  quelques  chrysalides  vivantes.  Tout  était  mort,  et  la 
boîte  en  fer-blanc  qui  les  contenait  était  pleine  de  toutes  pe- 
tites mouches  vivantes. 

C.  trifenestrata  se  trouve  sur  la  liste  des  Bombyciens  de 
l'Inde,  à  la  page  6  de  ma  Notice  qui  a  paru  dans  le  Rulleiin 
de  la  Société  iV Acclimatation  du  mois  de  novembre  1881 . 


BOMBYCIENS    SÉRICIGÈNES.  631 

Ayant  dans  mes  rapports  précédenis  donné  des  détails  sur 
les  Bombyciens  séricigènes  et  autres  du  nord  de  l'Amérique, 
je  me  bornerai  cette  fois-ci  à  parler  de  la  manière  extraordi- 
naire dont  les  papillons  de  deux  espèces  sont  éclos  eni88"2  et 
je  terminerai  en  parlant  de  nouveau  de  mon  hybride  Roylei- 

Pernyi. 

Telea  Polyphenms. — Avec  quatre  oucinqdouzainesde  co- 
cons, je  n'obtins  que  trois  accouplements.  Les  papillons  com- 
mencèrent à  éclore  du  23  mai  ;  jusqu'au  27  il  n'y  eut  que  des 
femelles.  Les  papillons  continuèrent  ainsi  jusqu'à  la  fm  à 
éclore  le  plus  souvent  par  groupes  de  mâles  ou  de  femelles. 

Comme  je  l'ai  déjà  dit,  cette  espèce  s'accouple  assez  diffi- 
cilement en  captivité  ;  les  accouplements  sont  généralement 
de  courte  durée  et  terminés  de  bonne  heure  le  matin.  De  là 
la  difficulté  desavoir  si  les  œufs  obtenus  sont  fécondés  ou  non. 
Si  les  papillons  sont  tant  soit  peu  dérangés,  si  même  l'on 
touche  légèrement  la  cage  où  ils  sont  renfermés,  ils  tombent 
comme  un  trait  au  fond  de  la  cage  et  ne  restent  tranquilles 
qu'après  avoir  fait  une  demi-douzaine  de  pirouettes.  Il  sera 
donc  toujours,  je  crois,  assez  difficile  d'obtenir  en  captivité 
une  grande  quantité  de  graine  fécondée  de  celte  espèce. 

J'eus  une  quantité  de  larves  écloses  de  graine  mise  de  côté 
comme  incertaine;  d'un  autre  côté,  je  n'obtins  aucune  larve 
d'une  ponte  provenant  d'une  femelle  bien  accouplée.  Les 
larves  de  Poli/phemits  furent  élevées  sur  les  petits  Chênes  de 
moujardin  en  compagnie  de  celles  de  mon  hybride,  mais  vers 
la  fm  de  septembre  il  ne  restait  plus  de  feuillage  et  je  fus 
obligé  de  les  retirer  alors  qu'elles  n'étaient  encore  qu'au  troi- 
sième ou  au  quatrième  âge. 

Actias  lima.  — De  cette  espèce  je  m'étais  réservé  environ 
quatre  douzaines  de  cocons  dont  j'obtins  de  forts  et  magni- 
fiques papillons.  Cependant  le  résultat  définitif  (la  reproduc- 
tion de  l'espèce)  a  été  pire  qu'avec  le  Polypkème.  Je  n'obtins 
qu'un  seul  accouplement,  par  suite  encore  de  la  manière 
extraordinaire  dont  les  éclosions  de  papillons  ont  eu  lieu. 
Il  n'y  a,  que  je  sache,  aucune  cause  connue  encore,  qui  lasse 
éclore  les  papillons  de  diverses  espèces  par  groupes  de  mâles 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

OU  de  femelles  ;  cependanl  tous  les  ans  le  même  phénomène 
se  représente.  Est-ce  simplement  un  effet  du  hasard,  comme 
je  l'ai  cru  jusqu'à  présent,  ou  bien  y  a-l-il  une  cause  qui  nous 
est  encore  inconnue  ? 

Comme  pour  les  diverses  autres  espèces,  j'ai  pris  des  notes 
et  marqué  les  dates  des  éclosions  de  tous  les  papillons  Luna, 
et  voici  comment  elles  ont  eu  lieu.  Du  10  au  13  mai,  papillons 
mâles;  intervalle  de  cinq  jours  ;  du  18  au  27,  tous  papillons 
femelles.  Après  un  intervalle  de  trois  jours  j'eus  encore  des 
papillons  tous  mâles  jusqu'au  4  juin  ;  ensuite,  du  7  juin  au  19, 
rien  que  des  femelles.  Le  21  juin,  j'obtins  une  femelleet,  le24» 
un  mâle  ;  le  25,  ces  deux  papillons  s'accouplèrent.  Après  cette 
date  je  n'eus  que  des  papillons  femelles.  Ainsi,  avec  quaranle- 
huit  papillons,  car  tous  les  cocons  sont  parfaitement  bien  éclos, 
je  n'eus  qu'une  seule  fois  chance  d'obtenir  un  accouplement 
—  encore  la  femelle  était-elle  éclose  trois  jours  avant  le  mâle, 
ce  qui  peut  rendre  l'accouplement  impossible  ou  inutile.  — 
Le  28  juin,  j'obtins  l'accouplement  d'un  mâle  Selene  avec  une 
femelle  Luwa,  dont  j'ai,  je  crois,  parlé:  les  œufs  ne  furent 
point  fécondés.  Les  larves  Litwa  furent  élevées  en  captivité  sur 
des  branches  de  Noyer  jusqu'en  mi-septembre;  quelques-unes 
s'étaient  chrysalidées.  N'ayant  plus  le  temps  de  m'en  occuper, 
mes  vacances  étant  terminées,  j'envoyai  le  reste  à  un  corres- 
pondant pour  terminer  l'éducation. 

Hybride  Roi/lei-Peruf/i.  —  Les  divers  articles  ayant  trait  à 
mon  hybride  de  Roylel-Pernyi  ont  paru  dans  mon  Rapport 
de  mars  1882  d\i  Bulletin  de  la  Société  d'Acclimatation  el 
autres  bulletins  que  je  n'ai  pas  en  ce  moment  sous  les  yeux. 
Mention  en  est  faite  aussi  dans  The  Entomologisl  de  novembre 
1881  et  plusieurs  numéros  du  Journal  of  Ihe  Society  o  farts  de 
Londres,  les  10  et  31  mars  et  le  7  avril  1882.  Mon  dernier  Rap- 
port anglais  sur  les  éducations  de  1882  est  inséré  dans 
quatre  numéros  de  ce  dernier  journal  :  10  et  20  janvier  ;  2  et 
23  février  1883.  Aussitôt  après  la  réimpression  de  ce  dernier 
Rapport,  je  me  ferai  un  plaisir  d'en  envoyer  plusieurs  exem- 
plaires à  la  Société  d'Acclimatation.  En  se  reportant  à  mes 
divers  articles  on  verra  que,  du  21  mai  au  6  juin  1882,  j'obtins 


BOMBYCIENS   SÉRICIGÈNES.  633 

l'accouplement  de  six  femelles  Roylei  (Ver  à  soie  du  Chêne  de 
l'Himalaya)  avec  six  nulles  Perwî/i  (Ver  à  soieduChênedunord 
de  la  Chine).  De  là  date  la  création  de  mon  nouveau  Ver  à  soie 
du  Chêne.  La  grande  question  alors  était  de  savoir  si  les  papil- 
lons provenant  des  cocons  obtenus  seraient  bien  conformés  et 
susceptibles  de  reproduire  cette  nouvelle  espèce  en  1882.  La 
reproduction  eut  lieu,  comme  je  lavais  prévu,  en  voyant  la 
grosseur  et  la  beauté  des  cocons.  Les  larves  avaient  été  élevées 
en  1881  avec  le  plus  grand  succès  en  Europe  et  en  Amérique. 

Ce  succès,  qui  a  de  beaucoup  dépassé  mes  plus  belles  espé- 
rances, est  dû  à  l'étroite  parenté  des  types  reproducteurs. 

Avec  un  petit  nombre  de  ces  magnifiques  cocons  d'hybride, 
vingt-sept  ou  vingt-huit,  j'obtins  un  nombre  considérable 
d'oHifs  fécondés.  Les  papillons  ne  manquèrent  jamais  de  s'ac- 
coupler, les  mâles  pouvant  s'accoupler  trois  fois.  Lorsque  je 
n'avais  pas  de  femelles  de  l'hybride,  les  mâles  s'accouplaient 
avec  d'autres  espèces.  Les  larves  obtenues  en  1882,  comme 
celles  de  l'année  précédente,  furent  des  plus  robustes  et  des 
plus  faciles  à  élever  à  l'air  libre.  Si  les  éducations  avaient 
toutes  été  faites  à  l'air  libre,  comme  je  le  conseille  pour  l'an- 
née 1883,  le  nombre  de  cocons  obtenus  pour  la  reproduction 
de  cette  année  aurait  été  assez  considérable,  et  il  aurait  permis 
les  éducations  sur  une  plus  grande  échelle.  Élevé  en  chambre, 
mon  hybride,  comme  les  types  reproducteurs,  a  une  tendance 
à  devenir  bivoltin,  et  la  majeure  partie  des  cocons  est  perdue 
pendant  l'automne  par  l'éclosion  des  papillons.  A  l'air  libre, 
l'hybride,  comme  lePerni/i,  deviendra  univoltin  dans  les  pays 
du  Nord. 

Le  premier  papillon  hybride  obtenu  de  mon  petit  lot  de 
cocons  fut  une  femelle  que  j'envoyai  au  Musée  britannique 
avec  le  cocon, afin  queM.  W.  F.  Kirbyen  fît  la  description  et  le 
soumît  à  la  Société  enlomologique  de  Londres.  Quelques  jours 
après  j'envoyai  d'autres  spécimens  ainsi  que  les  types  repro- 
ducteurs et  leurs  cocons  afin  que  les  trois  espèces  pussent 
être  comparées. 

A  une  réunion  qui  eut  lieu  le  3  mai  1882  au  siège  de  la 
Société  entomologique,  sous  la  présidence  de  M.  H.  T.  Sla  n- 


634  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMÂTATION. 

ton,  M.  W.  F.  Kirby  lut  sonarlicle  sur  mon  hybride,  donnant 
une  description  des  plus  détaillées  sur  le  papillon  et  le  co- 
con. Le  titre  de  l'article  inséré  dans  les  Annales  de  la  Société 
entomologique  est  comme  suit  : 

«  Notes  on  a  hybrid  between  Antherœa  Pernyi  Guér.,  and 
A .  Roylei  Moore.  » 

M.  Kirby  termine  son  article  par  cette  comparaison  des 
cocons:  «  Le  cocon  de  l'hybride  est  tout  aussi  gros  que  celui 
de  Roylei.  Mais  au  lieu  de  l'espace  considérable  qui  existe 
entre  l'enveloppe  et  le  vrai  cocon  de  Roylei ,  il  n'y  a  pour 
ainsi  dire  aucun  espace  entre  les  deux  et  le  cocon  Pernyi  est 
plus  petit;  d'où  il  résulte  que  celui  de  l'hybride  serait  d'une 
valeur  commerciale  supérieure.  » 

M.  F.  Moore,  conservateur  du  Muséum  de  Bethnal-green  à 
l'est  de  Londres,  a,  lui  aussi,  donné  une  description  des  pa- 
pillons, mâle  et  femelle  démon  hybride,  qui  se  trouve  insérée, 
comme  celle  de  M.  Kirby,  dans  mon  Rapport  à  la  Société  des 
arts  de  Londres. 

M.  Moore  vint  voir  mes  élèves  au  mois  d'août,  alors  qu'ils 
avaient  atteint,  pour  la  plupart,  toute  leur  taille,  et  étaient 
revêtus  de  leurs  brillantes  parures.  M.  Henry  B.  Wheatley, 
rédacteur  du  journal  de  la  Société  des  arts,  était  aussi  venu 
me  rendre  visite  quelques  jours  auparavant.  Ces  messieurs 
furent  surpris  de  voir  dans  Londres  même,  sur  de  petits 
arbres  à  feuillage  rabougri  ou  maladif,  surtout  celui  des 
Chênes  qui  était  tout  piqué  de  jaune,  d'énormes  chenilles  qui 
semblaient,  comme  le  dit  M.  Moore  dans  la  lettre  qui  accom- 
pagne son  Rapport,  tout  aussi  bien  portantes  que  si  elles 
eussent  été  dans  leur  propre  pays.  Comme  l'année  précédente, 
M.  Moore  emporta  des  larves  de  mon  hybride  et  autres  ainsi 
que  des  spécimens  de  papillons  pour  le  Rethnal-green 
Muséum. 

L'éclosion  des  papillons  de  mon  hybride  commença  le 
23  avril  et  se  termina  le  5  juin.  Il  y  eut  quinze  femelles  et 
douze  mâles.  Ces  cocons,  à  l'exception  des  miens,  provenaient 
d'éducations  fuites  en  Allemagne,  en  Autriche,  en  Ecosse  et 
aux  États-Unis  de  l'Amérique  du  Nord, 


BOMBYCIENS    SÉRICIGÈNES.  635 

Je  ne  reçus  que  deux  cocons  de  l'Amérique,  dont  un  mou- 
rut; l'autre  produisit  un  petit  papillon  mâle.  Tous  les  autres 
cocons  étaient  énormes.  J'obtins,  je  crois,  douze  accouple- 
ments avec  vingt-sept  papillons,  succès  extraordinaire,  surtout 
si  l'on  considère  que  les  mâles  et  les  femelles  n'éclosent  pas 
toujours  simultanément  et  que  quelques  papillons  furent  con- 
servés pour  spécimens.  Au  nombre  de  ces  accouplements  je 
ne  compte  pas  ceux  des  mâles  hybrides  avec  d'autres  espèces. 

Je  vais  maintenant  reproduire  mes  notes  sur  l'hybride,  ce 
qui  ne  sera  pas,  je  crois,  fort  intéressant,  mais  «  devoir 
oblige  ».  Ceux  de  mes  lecteurs,  si  toutefois  j'en  ai,  qui  n'au- 
ront pas  la  patience  de  lire  mes  notes,  peuvent  sauter  par-des- 
sus, ils  n'y  perdront  pas  beaucoup.  J'y  ai  trouvé  quelques 
passages  obscurs,  mais  je  dois  dire  qu'ils  ont  été  écrits  de  nuit 
et  à  la  hâte  :  c'est  pourquoi  je  demande  l'indulgence  de  ceux 
qui  voudront  bien  me  lire. 

Aotes.  —  Le  23  avril,  éclosion  d'une  femelle  papillon  hy- 
bride, portée  au  British  Muséum  avec  spécimens  de  Pernyi 
et  Roylei;  le  26,  une  femelle.  Dans  l'après-midi  du  28  avril, 
un  mâle  du  cocon  d'Amérique,  qui  s'accoupla  dans  la  soirée 
avec  une  femelle  Pernyi.  Le  3  mai,  éclosion  de  deux  femel- 
les; le  4  mai,  un  mâle  et  une  femelle  qui  s'accouplèrent  après 
une  heure  du  matin  le  6  mai;  la  femelle  pondit  deux  cent 
soixante-six  œufs.  Le  6  mai,  éclosion  d'une  femelle  ;  le  7,  une 
autre  femelle  et,  le  8,  un  mâle.  Le  deuxième  accouplement  eut 
lieu  dans  la  soirée  du  9  mai.  Le  10  mai,  dans  l'après-midi 
avant  4  heures,  il  y  eut  éclosion  de  trois  papillons  femelles; 
le  il,  avant  une  heure  de  l'après-midi,  éclosion  d'un  mâle 
hybride.  Le  troisième  accouplement  eut  lieu  le  10  avec  le 
mâle  qui  s'était  déjà  accouplé  le  9;  l'accouplement  dura  du 
10  au  soir  jusqu'à  huit  heures  et  demie  dans  la  soirée  du 
\\  mai. 

Le  11,  quatrième  accouplement  avec  une  femelle  éclose  le 
lOct  unmâle  éclos  dans  l'après-midi  du  même  jour,  le  M  mai. 
Dans  la  soirée  du  li ,  avant  trois  heures,  il  y  eut  éclosion  d'un 
mâle,  qui  s'accoupla  plus  tard  le  môme  soir;  c<!  fut  le  cin- 
quième [accouplement  de  l'hybride  pur.  —  Le  13  mai,  éclo- 


QSQ  SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

sion  d'une  femelle  avant  quatre  heures  du  soir  ;  le  14,  éclosion 
d'une  autre  femelle  vers  les  deux  heures  de  l'après-midi.  Le 
i^,  à  nenf  heures  du  soir,  un  accouplement  eut  lieu  entre 
l'hybride  femelle  né  le  '13  et  un  petit  mâle  éclosd'un  des  deux 
€ocons  qui  m'avaient  été  envoyés  de  Paris,  comme  étant  l'hy- 
bride. Mais  ces  deux  cocons  ressemblaient  tellement  à  ceux  de 
Pernyi,  que  je  crois  qu'il  y  a  eu  erreur  à  leur  sujet  :  c'est 
pourquoi  je  ne  les  ai  pas  comptés  comme  étant  des  cocons  "de 
l'hybride.  —  Le  15,  le  même  mâle,  envoyé  comme  hybride, 
s'accoupla  avec  la  femelle  hybride  née  le  14. 

Le  16  mai,  il  y  eut  éclosion  d'un  mâle  hybride  qui  s'ac- 
coupla le  même  jour,  dans  la  soirée,  avec  la  femelle  hybride 
qui  s'était  déjà  accouplée  avec  le  petit  mâle  mentionné  ci- 
dessus,  dont  l'accouplement  n'avait  évidemment  produit  aucun 
effet.  Cet  accouplement  du  16  mai  est  compté  comme  étant  le 
sixième.  —  Le  18  mai,  vers  les  sept  heures  du  soir,  éclosicn 
d'un  mâle  hybride,  et  le  soir  du  19,  éclosion  d'un  autre  mâle. 
Un  de  ces  deux  mâles  fut  conservé  comme  spécimen,  l'autre 
s'accoupla  avec  une  femelle  Pernyi. 

Le  21 ,  dans  la  soirée,  le  même  papillon  hybride  mâle  s'ac- 
coupla avec  une  autre  femelle  Pernyi.  —  Le  22  mai,  il  y  eut 
éclosion  de  deux  femelles  d'hybride  et  l'une  d'elles  s'accoupla 
le  même  jour,  dans  la  soirée,  avec  le  mâle  hybride  qui  s'était 
déjà  accouplé  avec  deux  femelles  Pernyi. 

Le  23,  éclosion  d'un  mâle  hybride,  qui  s'accoupla  dans  la 
soirée  du  même  jour  avec  la  seconde  femelle  hybride  née  le 
22  mai.  Ce  fut,  je  crois,  le  huitième  accouplement  d'hybride 
avec  hybride. 

Le  24  mai,  un  mâle  et  une  femelle  éclosent  et  s'accouplent 
le  jour  même.  Ici  mes  notes  sont  incomplètes  au  sujet  des 
naissances  de  papillons,  car  je  trouve  que  le  neuvième  et  le 
dixième  accouplement  eurent  lieu  le  24  et  le  onzième  le  25  mai , 
le  mâle  s'étant  accouplé  pour  la  deuxième  fois.  Le  26  mai,  le 
mâle  hybride,  qui  s'était  accouplé  déjà  deux  fois,  s'accouple 
une  troisième  fois  avec  une  femelle  Mylitta,  de  la  race  de 
Oeylan,  mais  les  œufs  ont  été  stériles. 

Le  25  mai,  il  y  eut  éclosion  d'un  mâle  hybride  et  le  5  juin 


BOMBYCIENS   SERICIGENES.  637 

j'eus  un  autre  mâle  qui  lut  le  dernier  papillon.  Les  œufs  pro- 
venant de  l'accouplement  du  6  mai  commencèrent  à  éclore 
le  31  mai,  et  le  5  juin  il  y  eut  des  éclosions  d'autres  pontes. 
Comme  je  l'ai  dit,  par  suite  de  l'affreux  temps  du  mois  de  juin 
et  partie  du  mois  de  juillet,  ce  n'est  que  vers  la  fin  du  mois 
d'août  que  j'obtins  les  deux  premiers  cocons  et  les  autres  au 
commencement  de  septembre. 

Par  suite  des  pertes  de  cocons  qui  m'ont  été  envoyés  des 
pays  tropicaux,  j'ai  conseillé  à  mes  correspondants  d'adopter 
un  nouveau  plan  d'envoi,  qui  du  reste  est  bien  connu  de  la 
Société  d'Acclimatation. 

Au  lieu  d'entasser  les  cocons,  comme  cela  a  toujours  été 
fait,  c'est  de  les  mettre  en  chapelets  de  six  ou  douze  selon  la 
grosseur  et  de  les  attacher  à  une  corde  solidement  assujettie 
au  milieu  d'une  caisse  d'un  pied  ou  plus  de  hauteur,  perforée 
d'un  certain  nombre  de  trous  aux  quatre  côtés  verticaux, 
afin  de  donner  de  l'air.  De  cette  manière  les  papillons  qui 
éclosenl  pendant  le  voyage  peuvent  se  développer,  s'accou- 
pler et  pondre  soit  sur  les  cocons,  soit  sur  les  parois  de  la 
caisse. 

En  adoptant  ce  nouveau  système,  les  cocons  pourraient  être 
envoyés  des  tropiques  même  à  une  époque  avancée  de  l'an- 
née, sans  courir  aucun  risque  pendant  le  voyage. 


HAPPOUT 

SL'K    LA 

SITUATION  DE  LA  PISCICULTURE  A  L'ÉTRANGER 

d'après  les  documents  recueillis  à  l'Exposition  internationale 
de  produits  et  engins  de  pêclie  de  Berlin 

EN  1880 

Par  n.    C.   BA.TERET-AVATTEL 

Secrétaire  des  séances. 

(Fin.) 


APPAREILS  POUR  LA  RECOLTE  DU  FRAI 

Un  bon  choix  des  sujets  reproducteurs  est  absolument  in- 
dispensable pour  obtenir  des  alevins  robustes  et  de  croissance 
rapide.  Les  femelles  trop  jeunes  donnent  de  petits  œufs,  dont 
le  faible  volume  influe  nécessairement  sur  la  grosseur  de 
l'embryon.  D'un  autre  côté,  l'influence  du  mâle  sur  le  pro- 
duit ne  se  fait  pas  moins  sentir  que  celle  de  la  femelle.  Des 
œufs  fécondés  avec  de  la  laitance  provenant  de  mâles  de  petite 
taille  donnent  toujours  des  alevins  beaucoup  moins  beaux 
que  si  la  laitance  avait  été  prise  sur  de  plus  forts  sujets.  Or 
les  différences  de  développement  qui  se  manifestent  ainsi  dès 
l'éclosion  persistent  en  ij;énéral  chez  les  individus,  et  ne  ten- 
dent même  souvent  qu'à  s'accentuer  davantage  pendant  la 
croissance.  Il  importe  donc,  quand  on  procède  à  des  fécon- 
dations artificielles,  d'avoir  sous  la  main  un  assez  grand  nombre 
de  mâles  et  de  femelles,  afin  de  pouvoir  choisir  et  de  n'utiliser 
que  les  plus  beaux  sujets. 

Pour  attirer  les  poissons  reproducteurs,  on  peut  se  servir 
de  rigoles- frayères,  petits  canaux  en  forme  de  ruisseaux  d'eau 
vive,  que  l'on  établit  à  l'amont  d'un  étang  peuplé  de  Truites, 
ou  que  l'on  fait  déboucher  dans  un  cours  d'eau  dont  on  a  la 
libre  jouissance.  Ces  ruisseaux  arlificiels  attirent  les  sujets 
prêts  à  frayer,  parles  facilités  qu'ils  leur  offrent  pour  la  ponte. 


LA    PISCICULTURE   A    l'ÉTRâNGER.  639 

Une  simple  rigole  creusée  dans  le  sol  peut  suffire  ;  mais  il  est 
toujours  préférable  d'en  revêtir  les  parois,  soit  avec  des 
planches  ou  des  pierres,  soit,  mieux  encore,  avec  de  la  ma- 
çonnerie :  ciment,  briques,  etc.  La  rigole  doit  avoir  de  O^jôO 
à  1"\50  de  largeur  et  4-  à  5  mètres  de  longueur  au  minimum. 
Pour  obtenir  un  courant  d'une  rapidité  suffisante,  il  convient 
de  donner  une  pente  de  0™,02  à  0'",03  par  mètre.  Le  fond  est 
entièrement  garni  d'une  couche  de  gravier  de  0™,10  à  0"\15 
d'épaisseur.  Quant  à  la  profondeur  du  courant,  elle  peut  varier 
de  0'",  15  à  O^j^O,  suivant  les  ressources  en  eau  dont  on  dis- 
pose. 

De  semblables  rigoles  servent,  soit  de  frayères  artificielles, 
pour  les  Truites  qu'on  peut  y  laisser  effectuer  leur  ponte  dans 
des  conditions  de  sécurité  très  avantageuses,  soit  tout  sim- 
plement de  piège  pour  prendre  les  poissons  prêts  à  frayer  qui 
s'y  engagent.  Dans  ce  dernier  cas,  on  doit  pouvoir  retenir  les 
poissons  captifs  au  moyen  de  grilles  mobiles,  installées  à 
chaque  extrémité  de  la  rigole  et  pouvant  se  fermer  et  s'ouvrir 
très  rapidement  à  la  façon  d'un  vannage.  Pour  s'emparer  des 
poissons,  on  les  oblige,  —  en  mettant  la  rigole  à  sec  après  la 
fermeture  des  grilles,  —  à  se  réunir  dans  une  petite  fosse  mé- 
nagée en  dedans  et  tout  près  de  la  grille  d'aval  ;  là  on  les 
puise  à  l'aide  d'une  truble. 

On  peut  aussi  placer  dans  la  rigole  un  piège  semblable  à 
celui  qui  figurait  à  l'Exposition  de  Berlin  sous  le  nom  (ï écluse- 
piège  (Fangschleuse),  et  dont  nous  donnons  ci-après  (fig.  53) 
le  plan  et  une  coupe  verticale.  C'est  une  caisse  rectangulaire, 
qui  occupe  toute  la  largeur  de  la  rigole  et  qui  est  ainsi  tra- 
versée par  le  courant.  En  a,  une  grille  laisse  entrer  l'eau, 
mais  arrête  le  poisson  qui,  cherchant  h  remonter  le  courant, 
s'introduit  dans  la  caisse  en  passant  par-dessus  la  grille  in- 
clinée b,  complètement  noyée  sous  l'eau.  Une  fois  dans  la 
caisse,  le  poisson,  qui  ne  peut  pas  aller  plus  loin,  cherche 
peu  à  retourner  en  arrière,  comme  il  lui  serait  facile  en  re- 
franchissant la  grille  b,  et  il  reste  presque  toujours  pris  dans 
cette  sorte  de  souricière,  où  la  frayeur  le  fait  se  tenir  dans  le 
fond.  Il  est  bon  de  lui  ménager  un  abri  contre  le  courant  c. 


640 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLLMATATION. 


qui  lui  sert  en  même  temps  de  cachette.  L'intérieur  de  la  caisse 
est  d'ailleurs  tenu  dans  l'obscurité  au  moyen  d'un  couvercle 
mobile  e,  qu'on  enlève  au  moment  de  s'emparer  des  poissons, 


hnlv 


i .  2    J  '/■   ."i    6    7     no 

FiG.  53. 


auxquels  on  coupe  préalablement  la  retraite  en  abaissant  le 
niveau  de  l'eau  au-dessous  du  sommet  de  la  grille  h. 

Pour  que  le  piège  remplisse  son  objet,  il  est  indispensable 
que  les  poissons  reproducteurs  ne  rencontrent  pas  d'abord 
sur  leur  passage  quelque  endroit  favorable  pour  la  ponte  ;  car 
ils  ne  manqueraient  pas  de  s'y  arrêter.  11  faut  donc  que  la  ri- 
gole où  l'on  installe  la  caisse  ne  présente  pas  un  fond  de  sable 
ou  de  gravier  qui  puisse  engager  les  Truites  à  y  frayer.  Un 
des  avantages  de  ce  piège,  c'est  qu'on  y  prend  en  général  plus 
de  femelles  que  de  maies  (dans  la  proportion  67  :  56  envi- 
ron) ;  point  très  important  pour  l'éleveur,  qui  a  souvent 
quelque  difficulté  à  se  procurer  des  œufs  en  nombre  suflisant, 
attendu  que,  dans  les  rivières,  on  prend  au  contraire  toujours 
beaucoup  plus  de  mâles  (souvent  six  ou  huit  fois  plus)  que 
de  femelles. 

Au  Canada,  on  se  sert  souvent,  pour  capturer  les  Saumons 


LA    PISCICULTURE   A    L'ÉTRANGER.  641 

reproducteurs,  d'engins  fixes,  barrant  toute  la  largeur  de 
petits  cours  d'eau  et  formant  comme  de  grandes  nasses,  ou, 
plus  exactement,  une  sorte  de  bordigue  dont  les  poissons,  qui 
y  pénètrent  sans  s'en  apercevoir,  ne  peuvent  plus  ensuite  re- 
trouver l'issue.  Presque  chaque  établissement  de  pisciculture 
possède  un  semblable  piège,  installé  dans  un  petit  bras  de  ri- 
vière qui  traverse  les  bâtiments  mêmes  du  laboratoire,  et  il 
n'est  pas  rare  d'y  capturer,  en  une  seule  nuit,  trente  ou  qua- 
rante Saumons.  On  sépare  les  mâles  des  femelles,  et  tous 
sont  mis  en  réserve  pour  servir  aux  fécondations  artificielles. 
De  très  petits  bassins,  où  on  peut  les  prendre  presque  à  la 
main,  servent  à  conserver  ces  poissons  ;  m.ais  l'eau  doit  y  être 
très  vive  (l). 

M.  Seth  Green,  surintendant  de  l'établissement  de  pisci- 
culture de  Caledonia  (État  de  New- York),  est  l'inventeur  d'un 
piège  à  Truites  très  simple  et  d'un  emploi  facile.  C'est  une 
manche,  c'est-à-dire  une  sorte  de  filet  ou  plutôt  de  long  sac 
(de  2™,30  à  3  mètres  de  longueur)  en  grosse  toile  d'emballage 
d'un  tissu  très  lâche,  dont  l'entrée  est  montée  sur  un  cadre  en 
bois,  exactement  de  la  largeur  de  la  rigole- Irayère.  A  l'autre 
extrémité,  la  manche  n'est  pas  cousue,  mais  simplement  liée 
comme  un  sac,  avec  une  cordelette.  Près  de  son  embouchure 
dans  l'étang,  la  rigole-frayère  présente,  de  chaque  côté,  une 
rainure  verticale  ménagée  dans  la  paroi,  rainure  dans  laquelle 
le  cadre  du  sac  entre  à  coulisse  et  doit  pouvoir  être  placé  ra- 
pidement. A  l'époque  du  frai,  tout  est  disposé  dans  la  rigole 
pour  attirer  les  poissons  prêts  à  pondre  :  fond  de  sable  enga- 

(1)  Nous  avons  déjà  fait  connaître  qu'à  la  grande  saumnnerie  de  Bucksport 
(État  du  Maine)  on  parque,  bien  avant  l'époque  du  frai,  les  Saumons  destinés  à 
la  reproduction.  Quand  on  s'occupe  de  fécondation  artificielle,  il  est  à  peu  près 
indispensable  d'avoir  de  petits  viviers  à  eau  bien  courante,  où  l'on  conserve  le< 
sujets  reproducteurs,  en  isolant  les  sexes.  Tous  les  trois  ou  quatre  jours  au  plus, 
on  procède  à  un  examen  de  ces  poissons,  pour  débarrasser  de  leurs  œufs  ou  de 
leur  laitance  ceux  prêts  à  frayer  immédiatement.  Le  fond  des  bassins  ne  doit 
pas  être  garni  d'une  couche  de  sable,  qui  engagerait  les  femelles  à  y  pondre.  De 
semblables  viviers,  très  commodes  pour  la  Truite,  ne  sauraient  servir  pour  toute 
espèce  de  poissons.  L'Ombre  {Tlnjmnllus  vexillifer),  les  Corégones,  ne  suppor- 
tent pas  ce  genre  de  captivité.  Il  en  esta  peu  près  de  même  de  l'Omble  cheva- 
lier {Salmo  umbln).  Aussi  tous  les  œufs  de  Corégone  et  d'Omble-chevalier  que 
l'on  se  procure  dans  le  commerce  ont-ils  été  recueillis  et  fécondés  au  moment 
de  la  pêche  dans  les  lacs. 

3'  SÉRIE,  T.  X.  —Novembre  1883.  -il 


642  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'ACCLIMATATION. 

géant,  courant  favorable,  calme  et  obscurité  propices.  On  a 
eu  le  soin,  en  effet,  de  recouvrir  la  rigole  de  planches  ou  vo- 
lets mobiles,  à  l'ombre  desquels  les  Truites  se  croient  en  sû- 
reté. Quami,  par'un  regard  lancé  à  la  dérobée  sous  les  volets, 
on  a  constaté  la  présence  d'un  certain  nombre  de  poissons 
dans  la  frayère,  on  s'empresse  d'agir.  Tenant  d'une  main  le 
sac  replié  sur  lui-même,  de  l'autre  le  cadre  en  bois,  on  va 
droit  à  la  rainure, |sans  bruit,  en  marchant  le  plus  légèrement 
possible,  et  évitant  surtout  de  longer  la  rigole  dans  le  sens  du 
courant.  On  glisse  discrètement  le  cadre  dans  la  rainure  et 
l'on  déroule  horizontalement  le  sac,  que  le  courant  ne  tarde 
pas,  d'ailleurs,  à  gonfler  et  à  maintenir  grand  ouvert  dans 
toute  sa  longueur.  Alors  on  enlève  les  volets  et,  frappant  l'eau 
avec  une  badine,  on  rabat  le  poisson  vers  le  sac,  où,  dans  sa 
frayeur,  il  hésite  d'autant  moins  à  s'engager  que  la  demi- 
obscurité  qui  y  règne  en  fait  pour  lui  une  cachette.  Au  bon 
moment,  on  retire  lestement  le  cadre  de  ta  rainure,  et  tous  les 
poissons  restent  pris  dans  la  manche.  Un  baquet  plein  d'eau 
est  apporté,  on  y  met  le  sac  dont  on  dénoue  l'extrémité,  et 
les  poissonsfse  trouvent  libres  dans  le  baquet.  Une  manche  de 
toile  vaut  mieux  qu'un|fllet:  elle  s'attache  plus  facilement  au 
cadre  et  reste  mieux  ouverte  sous  l'etfet  du  courant  qui  la 
traverse.  Le  poisson  ne  voyant  pas  à  travers  le  tissu,  s'effa- 
rouche moins  que  dans  un  fdet,  cherche  moins  à  s'échapper 
par  un  brusque  recul,  et  tend  plutôt  au  contraire  à  se  tenir 
coi  au  fond  du  sac,  comme  dans  un  refuge  ;  enfin  le  contact 
de  la  toile  risque  [moins  de  le  blesser  que  celui  des  mailles 
d'un  filet,  et  c'est  là  un  point  très  important,  car  toute  écaille 
arrachée,"toute|écorchure  de  la  peau  constitue  pour  la  Truite 
une  blessure  qui,  dix-neuf  fois  sur  vingt,  peut  entraîner  la 
mort.  Au  bout  de  quelques  jours,  cette  écorchure  se  couvre 
d'une  mousse  blanchâtre,  végétation  parasite  qui  envahit 
promplement  presque  toute  la  surface  du  corps  et  fait  périr 
le  poisson.  Règle  générale,  une  Truite  résiste  bien  mieux  à 
une  blessure  profonde,  mais  nette,  qu'aux  conséquences  d'une 
simple  déchirure  de  la  peau. 

Dès  que  les  Truites  sont  dans  le  baquet,  il  faut  les  porter 


LA   PISCICULTURE   A    LETRANGER. 


643 


au  laboratoire,  afin  de  procéder  sans  relard  aux  fécondations 
artificielles  avec  les  individus  prêts  à  frayer  immédiatement, 
et  pouvoir  remettre  en  liberté  ceux  dont  la  laitance  ou  les 
œufs  ne  sont  pas  encore  arrivés  au  point  de  maturité  voulu. 
Dans  tous  les  cas,  les  uns  et  les  autres  doivent  être  laissés  le 
moins  longtemps  possible  réunis  en  grand  nombre  dans  une 
petite  quantité  d'eau  non  renouvelée,  dont  ils  auraient  bientôt 
épuisé  tout  l'air  respirable.  Tant  que  les  poissons  se  tiennent 
tranquilles  au  fond  du  récipient,  c'est  qu'ils  ne  souffrent  pas  ; 
mais  quand  on  les  voit  venir  à  la  surface  de  l'eau,  comme 
pour  humer  l'air  extérieur,  et  surtout  quand  ils  cherchent  à 
sauter  hors  du  baquet,  c'est  qu'ils  commencent  à  s'asphyxier: 
le  renouvellement  de  l'eau  est  urgent. 

Pour  recevoir  les  œufs  et  en  opérer  la  fécondation  artifi- 
cielle, on  peut  se  servir  de  la  première  terrine  venue.  Toute- 
fois, en  Allemagne,  on  donne  généralement  la  préférence  aux 
capsules  en  porcelaine  avec  bec  (fig.  54),  en  usage  dans  les 


FiG.  54. 

laboratoires  de  chimie.  Les  œufs  et  la  laitance  s'y  mélangent 
aisément,  et  la  fécondation  s'effectue  avec  régularité.  Qua- 
rante centimètres  de  diamètre,  telle  est  la  dimension  le  plus  or- 
dinairement employée.  On  a  de  même  adopté  en  Allemagne, 
dans  beaucoup  d'établissements,  les  pinces  en  bois  avec  cuil- 
lerons  en  cuivre  du  modèle  américain  (fig.  55),  pour  le  triage 


Fig.  55. 


des  œufs.  Ces  pinces  en  bois  sont  d'un  usage  beaucoup  plus 


644  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D' ACCLIMATATION. 

commode  que  celui  des  bruxelles  en  métal.  En  Angleterre,  au 
lieu  de  pinces,  on  se  sert  parfois  d'une  sorte  de  petit  crochet 
(fig.  56)  inventé  par  M.  Francis  Francis,  de  Twickenham.  Un 


FiG.  55. 


bout  de  fil  de  fer  que  l'on  emmanche  dans  un  bouchon,  et 
dont  on  contourne  l'autre  extrémité  en  forme  d'anneau  ou- 
vert, répond  parfaitement  au  but.  Un  œuf  de  Saumon  se  loge 
facilement  dans  la  boucle,  et  ce  petit  instrument  permet  de 
l'enlever  sans  craindre  de  blesser  les  autres  œufs. 

L'opération  delà  fécondation  artificielle  réclamant  toujours 
certains  soins  et  présentant  naturellement  quelque  difficulté 
pour  le  pisciculteur  novice,  qui  risque  fort  au  début  de  blesser 
plus  ou  moins  grièvement  les  sujets  reproducteurs,  en  les  ma- 
nipulant avec  maladresse,  M.  Stephen  H.  Ainsworth,  le  pion- 
nier de  la  pisciculture  en  Amérique,  a  imaginé  un  appareil 
qui  permet  de  récolter  les  œufs  tout  fécondés.  C'est  une  rigole- 
frayère  toute  spéciale,  dont  le  croquis  ci-contre  (fig.  57)  donne 
une  coupe  transversale  et  fait  connaître  l'ingénieuse  disposi- 
tion. La  rigole,  à  parois  latérales  verticales,  est  garnie  sur  les 
côtés  de  taquets  qui  servent  de  supports  à  deux  rangées  super- 
posées de  claies  6  et  c,  c'est-à-dire  de  cadres  garnis  de  toile 
métallique  galvanisée.  La  toile  métallique  des  cadres  infé- 
rieurs c  est  d'un  tissu  assez  serré  (5  à  6  tils  au  centimètre) 
pour  que  des  œufs  de  Truite  ne  puissent  pas  passer  à  travers 
les  mailles;  celle  des  cadres  b,  au  contraire,  présente  un  ré- 
seau beaucoup  plus  lâche  et  juste  suffisant  pour  retenir  le 
oTos  oravier,  de  la  grosseur  de  belles  noisettes  environ,  sous 
lequel  on  la  cache  complètement.  Ce  gravier  doit  former  une 
couche  de  4  à  5  centimètres  d'épaisseur.  Ainsi  garnie  dans 
toute  sa  longueur,  la  rigole  présente  toutes  les  apparences  du 


LA   PISCICULTURE    A    L  ÉTRANGER. 


045 


lit  d'un  ruisseau  à  Tond  de  gravier,  très  favorable  poui-  la 
ponte.  On  a  soin,  d'ailleurs,  d'entretenir  un  courant  de  nature 
à  attirer  les  Truites.  Le  grillage  a,  par  lequel  entre  l'eau,  ne 
permet  pas  au  poisson  de  remontei'  plus  loin;  une  cloison 
verticale  ou  quelques  pierres  et  un  peu  de  gravier  Ibrment 
un  obstacle  qui  l'empêche  aussi  de  s'introduire  dans  l'espace 
vide  de  10  à  12  centimètres  de  hauteur  qui  existe  entre  les 
deux  rangées  de  claies.  Quand  un  couple  reproducteur  s'est 
engagé  dans  la  rigole,  l'aspect  trompeur  du  fond  l'incite 
bientôt  à  y  déposer  son  frai.  Comme  d'habitude,  la  femelle 


FiG.  57. 


s'occupe  alors  de  préparer  un  nid,  en  creusant  une  fossette 
dans  le  gravier,  qu'elle  écarte  avec  sa  queue;  mais  cette  opé- 
ration préliminaire  a  pour  résultat  de  mettre  la  toile  métal- 
lique à  peu  près  à  nu  à  l'endroit  même  où  la  ponte  va  s'elTec- 
tuer.  Aussi,  quand  peu  après,  les  œufs  étant  pondus  et  fécon- 
dés, le  rnale  et  la  femelle  cherchent,  comme  ils  le  font  toujours, 
à  recouvrir  ces  œufs  de  gravier  pour  les  cacher  et  les  mettre 
en  sûreté,  ils  ne  réussissent  qu'à  les  faire  passer  tous  à  travers 
les  mailles  de  la  grosse  toile  métallique,  et  à  les  faire  ainsi 
tomber  dans  le  compartiment  inférieur,  où  ils  sont  reçus  par 
la  seconde  toile  métallique  à  tissu  serré.  Sa  ponte  terminée, 
le  couple  reproducteur  s'éloigne;  mais  si  les  eaux  voisines 
sont  poissonneuses,  il  est  bientôt  remplacé  par  un  autre,  qui 
procède  absolument  comme  le  premier,  et  dont  le  frai  va  re- 
joindre celui  qui  se  trouve  déjà  dans  le  double  fond  de  la 


64:id  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

rigole,  et  ainsi  de  suite.  Pour  recueillir  les  œufs,  on  se  munit 
d'une  terrine  pleine  d'eau  ;  on  enlève  la  claie  supérieure  h 
chargée  de  sable,  et  inclinant  légèrement  l'inférieure  c,  on 
pousse  les  œufs  vers  une  des  extrémités  avec  les  barbes  d'une 
plume,  et  on  les  fait  tomber  dans  la  ^en-ine  en  les  maintenant 
constamment  sous  l'eau.  Les  avantages  de  la  rigole-frayère 
Ainsworth  sont  :  1"  de  dispenser  de  l'opération  de  la  fécon- 
dation artificielle,  opération  délicate  pour  des  mains  inhabiles, 
pour  le  pisciculteur  novice,  qui  ne  réussit  parfois  qu'à  blesser 
plus  ou  moins  grièvement  les  sujets  dont  il  cherche  à  recueillir 
le  frai;  2"  de  mettre  en  sûreté  les  produits  de  la  ponte,  qui 
souvent,  dans  les  conditions  ordinaires,  deviennent  promp- 
tement  la  proie  des  autres  couples  reproducteurs,  quand 
ceux-ci  viennent  à  leur  tour  frayer  au  même  endroit. 

Les  rigoles  Ainsworth,  qui  sont  de  véritables  frayères,  doi- 
vent être  plus  larges  que  les  rigoles  destinées  simplement 
à  attirer  le  poisson  pour  faciliter  la  capture  de  sujets  repro- 
ducteurs. Il  faut,  en  effet,  que  les  couples  puissent  s'y  livrer  à 
leurs  évolutions,  à  leurs  ébats  habituels,  que  l'endroit  leur 
paraisse  favorable  pour  la  ponte  et  l'incubation  des  œufs 
qu'ils  soient,  en  un  mot,  engagés  à  y  frayer.  Il  convient  donc 
de  donner  autant  que  possible  à  ces  rigoles  une  largeur  d'au 
moins  l^jSO  ou  l'"30.  Avec  de  pareilles  dimensions,  les  claies 
chargées  de  sable  deviendraient  trop  lourdes  et  difficiles  à 
manier;  il  est  préférable,  par  suite,  de  les  faire  plus  étroites 
et  d'en  mettre  deux  sur  la  largeur. 

On  doit,  du  reste,  à  M.  A.  S.  Gollins  un  perfectionnement 
de  la  rigole,  qui  permet  de  recueillir  les  œufs  sans  déranger 
les  claies  recouvertes  de  sable.  Les  claies  inférieures  c  sont 
remplacées  par  une  toile  métallique  sans  fin,  qui  tourne  sur 
deux  rouleaux  placés  à  chaque  extrémité  de  la  rigole  et  faciles 
à  mettre  en  mouvement  au  moyen  d'une  manivelle.  De  place 
en  place,  la  toile  métallique  porte  des  baguettes  transversales 
en  bois,  qui  l'empêchent  de  se  gauchir,  et  qui  ont  en  outre 
pour  but  de  retenir  les  œufs  et  d'éviter  qu'ils  ne  soient  en- 
traînés par  le  courant.  Quand  on  a  vu  des  poissons  pondre 
dans  la  rigole,  on  met  en  mouvement  la  toile  sans  fin  au  moyen 


LA   PISCICULTURE   A    L'ÉTRANGER.  647 

de  la  manivelle,  et  les  œufs  qui  sont  tombés  sur  cette  toile 
sont  transportés  à.  une  des  extrémités  de  la  rigole  et  déversés 
dans  une  augette  mobile  destinée  à  les  recevoir,  La  récolte 
peut  ainsi  se  faire  sans  qu'on  ait  à  déplacer  l'appareil,  sans 
qu'on  dérange  les  poissons  qui  pourraient  être  en  train  de 
frayer  ;  on  n'a  pas  même  à  se  mouiller  les  doigts. 

Dans  l'important    établissement  de  Newcastle  (province 
d'Ontario),  M.  Samuel  Wilmot,  surintendant  de  la  pisciculture 
au  Canada,  utilise,  depuis  1869,  pour  la  récolte  des  œufs  de 
Saumon,  l'appareil  inventé  par  M.  Collins  pour  les  œufs  de 
Truite.  Les  dimensions  de  l'appareil  ont  dû  nécessairement 
être  proportionnées  à  la  taille  du  poisson.  Au  lieu  d'une  simple 
caisse  grillée,  M.  Wilmot  a  fait  établir  un  bassin  couvert,  de 
2^  mètres  de  long  sur  5  mètres  de  large.  Ce  bassin  est  ali- 
menté par  une  saignée  faite  à  la  rivière  qui  longe  l'établisse- 
ment. Le  fond  en  est  revêtu  d'un  plancher,  à  10  centimètres 
duquel  se  trouve  une  sorte  de  treillage  en  fortes  barres  de 
bois,  espacées  entre  elles  de  40  centimètres  dans  le  sens  de  la 
largeur  du  bassin,  et  de  l  mètre  dans  le  sens  de  la  longueur. 
Sur  ce  treillage  est  cloué  un  fort  réseau  de  toile  métallique 
galvanisée,  dont  les  mailles  ont  0'",0:2  de  largeur.  Cette  toile 
métallique  disparaît  complètement  sous  une  couche  de  gravier 
et  constitue  la  frayère  artificielle,  qui  mesure  10  mètres  de 
long  sur  5  mètres  de  large,  et  qui  offre  toute  l'apparence  du 
lit  naturel  d'un  ruisseau.  Elle  est  recouverte  de  0'",30  à  0'",35 
d'eau,  et  l'on  y  maintient  un  courant  très  vif.  Dans  l'espace 
resté  libre  entre  le  plancher  et  le  grillage  chargé  de  gravier, 
un  tablier  sans  fin,  en  grosse  toile  de  chanvre  ou  de  coton, 
est  porté,  comme  la  toile  métallique  de  l'appareil  Collins,  par 
deux  rouleaux,  sur  lesquels  on  le  fait  courir  en  actionnant 
ces  rouleaux  au  moyen  d'une  manivelle.  Le  fonctionnement 
des  deux  appareils  est  donc  absolument  le  même  ;  les  dimen- 
sions seules  ont  été  changées,  de  manière  à  permettre  à  plu- 
sieurs coiiples  de  Saumons  d'y  frayer  à  la  fois,  ce  qui  se  i)ro- 
duit  très  néqucmment.  Quand  le  moment  du  frai  est  passé, 
on  enlève  la  toile  sans  fin,  pour  ne  la  remettre  en  place  qu'à 
l'automne  suivant  ;  mais  on  ne  dérange  en  rien  le  reste  de 


648 


SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


l'appareil,  qui,  une  fois  installé,  peut  durer  fort  longtemps 
sans  exiger  de  réparations. 

La  récolte  et  la  fécondation  artificielle  des  œufs  adhérents 
—  comme  le  sont,  par  exemple,  ceux  de  la  Carpe  et  de  plu- 
sieurs'autres  Cyprins  — exigent  certains  soins  dont  on  préfère 
généralement  se  dispenser  par  l'emploi  de  frayères  artifi- 
cielles. Ces  frayères  sont  des  touffes  d'herbes  aquatiques  que 
l'on  ménage  dans  des  endroits  favorables  pour  que  les  pois- 
sons viennent  y  déposer  leurs  œufs.  On  se  sert  également  de 
fascines,  de  balais  de  bouleau,  de  bruyères,  etc.,  qui  remplis- 
sent le  même  objet.  Mais,  avec  ce  genre  de  frayères,  la  ré- 
colte des  œufs  est  toujours  plus  ou  moins  aléatoire.  Aussi,  en 
Suède  et  en  Norvège,  se  sert-on  fréquemment  de  l'appareil 
très  simple  imaginé,  il  y  a  déjà  plus  d'un  siècle  (en  1761),  par 
le  conseiller  Lund,  de  Linkôping.  C'est  une  grande  caisse 
flottante  en  bois,  à  parois  percées  de  nombreux  trous  (fig.  58) 


FiG.  58. 


pour  le  passage  de  l'eau,  et  garnie  intérieurement  de  rameaux 
d'arbres  verts  (Pin,  Sapin,  Genévrier,  etc.).  Cette  caisse,  — 
dont  un  ou  plusieurs  panneaux  sont  mobiles  et  s'ouvrent  à 
charnière,  — est  mise  à  l'ancre  dans  un  endroit  où  le  courant 
est  peu  rapide.  Au  moment  du  frai,  on  y  place  quelques  couples 
reproducteurs,  qui  ne  tardent  pas  à  déposer  leurs  œufs  fécon- 
dés sur  les  brindilles  d'arbres.  Dès  que  la  ponte  est  terminée, 
on  met  les  poissons  en  liberté,  ou  on  les  livre  à  la  consom- 


LA   PISCICULTURE    A    L  ETRANGER. 


649 


malion,  et  les  œufs,  abrités  dans  la  caisse,  échappent  à  une 
Joule  de  causes  de  destruction  qui  font  toujours  disparaître 
un  grand  nombre  de  ceux  que  les  poissons  déposent  sur  les 
IVayères  naturelles  :  trop  grande  agitation  de  l'eau,  variations 
dans  le  niveau  de  la  rivière,  attaques  des  animaux  destruc- 
teurs, etc.  Pour  plus  de  sécurité,  on  garnit  fréquemment  les 
ouvertures  de  la  caisse  d'une  toile  métallique  en  fil  de  laiton, 
qui  s'oppose  au  passage  des  insectes  carnassiers  et  de  leurs 
larves.  Quand  les  alevins  sont  éclos  et  assez  développés  pour 
savoir  fuir  le  danger,  on  ouvre  la  caisse  et  on  les  laisse  s'épar- 
piller à  leur  guise.  Cet  appareil  est  employé  avantageusement 
pour  la  ponte  de  la  Carpe,  de  la  Tanche,  du  Gardon,  de  la 
Brème,  etc. 

Aux  États-Unis,  une  caisse  absolument  semblable  a  été  uti- 
lisée avec  succès  par  M.  Georges  Ricardo,  d'Hackensack  (New- 
Jersey),  pour  recueillir  le  frai  de  l'Ëperlan  {Osmerus  mor- 
dax),  qui  est  du  nombre  des  poissons  dont  les  œufs  sont 
adhérents. 

Poui"  la  récolte  des  œufs  de  Perche  on  se  sert  en  Suède 
d'une  sorte  de  bordigue  (fig.  59),  qui  est  à  la  fois  un  engin 


FiG.  59. 


de  pêche  et  une  frayère  artificielle.  Attirés  par  la  haie  de  brin- 
dilles qu'on  leur  a  préparée  et  qui  leur  offre  toute  facilité  pour 
déposer  leurs  œufs,  les  Perches  viennent  au  moment  du  frai 


650  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

s'engager,  souvent  en  grand  nombre,  dans  le  labyrinthe  en 
clayonnage,  auquel  on  donne  le  plus  de  largeur  possible.  On 
s'empare  ainsi  et  des  sujets  adultes  et  des  produits  de  la 
ponte.  Ce  système  peut  rendre  des  services  quand  on  veut 
détruire  les  Perches,  ou  tout  au  moins  en  réduire  le  nombre, 
dans  les  eaux  où  Ton  désire  élever  de  la  Truite. 


APPAREILS   POUR   LA   DISTRIRUTION   DE   LA   NOURRITURE 

L'alimentation  des  alevins  réclame  une  attention  toute  spé- 
ciale. Un  bon  choix  dans  la  nourriture  ne  suffît  pas;  il  faut 
encore  veiller  à  la  façon  dont  celte  nourriture  est  distribuée. 
Malgré  l'avidité  qui  leur  est  naturelle,  les  alevins  de  Salmo- 
nidés ne  prennent  la  viande  hachée  ou  râpée  qu'on  leur  jette 
qu'autant  que  les  parcelles  de  cette  viande  flottent,  ou  sont 
encore  en  suspension  dans  l'eau  ;  dès  qu'elles  ont  atteint  le 
fond,  les  petits  poissons  n'y  touchent  plus,  il  importe  donc  de 
distribuer  les  rations  avec  méthode  ;  d'abord  pour  qu'il  n'y 
ait  pas  de  nourriture  perdue,  ensuite  pour  éviter  que  la 
viande,  en  s'accumulant  au  fond  des  bacs  ou  des  rigoles  d'ale- 
vinage, ne  vienne  à  corrompre  l'eau  (1).  Divers  expédients 
ont  été  imaginés.  M.  Otto  Hàmmerle,  de  Dornbirn  (Haute- 
Autriche)  est  l'inventeur  d'un  appareil  à  fonctionnement  auto- 
matique, permettant  de  distribuer  la  nourriture  aux  alevins 
par  très  petite  quantité  à  la  fois  et,  pour  ainsi  dire,  au  fur  et 
à  mesure  de  la  consommation.  Cet  appareil  (fig.  60)  est  actionné 
par  une  roue  hydraulique  en  miniature  placée  sous  un  ro- 
binet d'eau.  Au  moyen  d'un  engrenage,  l'arbre  de  cette  roue 
imprime  un  mouvement  de  rotation  à  un  agitateur,  sorte 
d'hélice  qui,  en  tournant  avec  une  grande  rapidité  dans  une 
auge  pleine  d'eau  où  l'on  a  mis  de  la  viande  hachée,  remue 
fortement  l'eau  en  y  maintenant  en  suspension  les  particules  de 

(1)  Même  en  petite  quantité,  cette  viande  non  consommée  séjournant  au  fond 
de  l'eau  peut  être  très  nuisible,  car  elle  favorise  le  développement  de  ces  algues 
microscopiques  {Saprulegai<  ferax,  Achlyi  prolift-ru,  etc.),  qui  envahissent  si 
facilement  les  œufs  en  incubation,  les  alevins  chétifs  ou  les  poissons  atteints  de 
blessure,  et  qui  en  amènent  fatalement  la  perte. 


LA    PISCICULTURE   A    L'ÉTRANGER.  651 

viande.  Une  vis  sans  fin,  montée  à  l'extrémité  de  l'arbre  de  la 
roue  hydraulique,  fait  tourner  une  roue  dentée  dont  un  des 
rayons  porte  un  boulon  en  saillie.  A  chaque  tour  de  roue,  ce 
bouton  rencontre  un  levier  sur  lequel  il  pèse  et  qui,  en  s'abais- 
sant  sous  cette  pression,  fait  ouvrir  une  soupape  placée  à  la 
partie  inférieure  de  l'auge.  Cette  soupape  laisse  ainsi  couler, 
à  intervalles  réguliers,  une  certaine  quantité  d'eau  chargée  de 


FiG.  60. 


viande,  qui  tombe  dans  le  bassin  d'alevinage,  où  chaque  par- 
celle de  nourritureestimniédiatementsaisie  par  les  jeunes  pois- 
sons. Le  fonctionnement  plus  ou  moins  actif  de  la  soupape  dé- 
pend naturellement  du  nombre  de  dents  que  porte  la  roue  den- 
tée etde  la  vitesse  imprimée  à  la  roue  hydraulique,  dont  on  règle 
d'ailleurs  le  mouvement  par  la  quantité  d'eau  que  débite  le  ro- 
binet. A  Dornbirn,  un  pouce  d'eau  suffit  pour  faire  marcher 
l'appareil  à  la  vitesse  convenable ,  la  soupape  s'ouvre  à  chaque 
seizième  tour  de  la  roue  hydraulique.  Deux  petits  tuyaux, 
paitant  d'un  auget  placé  sous  le  robinet  d'alimentation, 
servent,  l'un,  à  amener  de  l'eau  dans  l'auge  pour  remplacer 


652  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

celle  qui  s'écliappe  par  la  soupape  ;  Faulre,  à  diriger  un  filet 
d'eau  sur  cette  soupape,  pour  l'entretenir  constamment  propre, 
et  empêcher  que  des  parcelles  de  viande  s'y  arrêtent  et  en 
•mènent  le  fonctionnement.  L'eau  devant  être  maintenue  dans 
l'auge  à  un  niveau  constant,  il  importe  que  la  quantité  de 
liquide  amenée  par  le  tuyau  corresponde  exactement  à  celle 
que  laisse  sortir  la  soupape.  Autant  que  le  permet  la  configu- 
ration des  lieux,  il  convient  de  placer  l'apparil  au-dessus  du 
bassin  d'alevinage,  à  30  centimètres  environ  de  la  surface  de 
l'eau. 

L'emploi  de  l'appareil  Hammerle  fournit  le  moyen  de  dis- 
tribuer régulièrement  et  à  intervalles  égaux  de  petites  quantités 
de  nourriture  qui  sont  entièrement  consommées;  il  empêche 
les  poissons  de  se  gorger  à  l'excès,  sauf  à  rester  ensuite  long- 
temps sans  prendre  de  nourriture,  comme  ils  le  font  souvent 
quand  les  rations  sont  distribuées  à  la  main  ;  il  donne  aux 
sujets  chétifs  et  mal  venants  la  possibilité  de  prendre,  comme 
les  autres,  leur  part  des  distributions,  et  de  cette  meilleure 
répartition  de  la  nourriture  résultent  à  la  fois  une  rapidité 
et  une  uniformité  plus  grandes  dans  le  développement  de 
tous  les  individus.  Avec  une  économie  de  nourriture  et  de 
main-d'œuvre,  on  trouve  aussi  cet  avantage  que,  presque  au- 
cune parcelle  de  viande  n'étant  perdue  et  n'allant  salir  le  fond 
du  bassin  d'alevinage,  les  nettoyages  sont  bien  moins  fré- 
quemment nécessaires.  Ajoutons  que  l'eau  qui  fait  marcher 
la  roue  s'aère  copieusement  dans  sa  chute  avant  d'arriver  au 
l)assin,  et  c'est  un  avantage  fort  appréciable  quand  on  ne  dis- 
pose que  d'eau  de  source  pauvre  en  oxygène.  A  Dornbirn 
l'appareil  n'a  guère  été  établi  qu'en  vue  de  nourrir  les  alevins 
destinés  au  repeuplement  des  rivières;  mais  il  pourrait  tout 
aussi  bien  servir  pour  les  distributions  à  faire  à  des  poissons 
de  plus  forte  taille. 

Dans  les  élevages  faits  sur  une  très  petite  échelle,  ou  pour 
les  alevins  maladifs  qu'il  est  utile  d'isoler  afin  de  leur  don- 
ner des  soins  spéciaux,  on  peut  employer  un  appareil  ima- 
giné par  M.  Thomas  Winaus,  de  Baltimore.  C'est  un  aqua- 
rium, conique,   sorte   de  grand  entonnoir  en  verre  ou  en 


LA  PISCICULTURE    A    L'ÉTRANGER.  653 

métal  (fig.  01),  dans  lequel  on  place  les  alevins.  L'eau  ar- 
rive dans  cet  aquarium  par  la  partie  inférieure,  au  moyen 
d'un  tuyeau  d'amenée  en  caoutchouc  a,  et  elle  en  sort  par 
l'ouverture  b,  qui  est  garnie  d'un  fin  grillage  ou  d'une  plaque 
de  fer-blanc  percée  de  trous,  pour  retenir  les  alevins.  Le  cou- 
rant ascendant  qui  se  produit  dans  l'appareil  et  auquel  on  a 


i  i^- 


FiG.  61. 


soin  de  donner  beaucoup  de  force,  soulève  constamment 
les  petits  morceaux  de  viande  que  l'on  distribue  aux  jeunes 
poissons.  Ces  parcelles  de  nourriture  sont  tenues  en  suspen- 
sion, de  la  même  façon  que  le  sont  les  œufs  de  Corégone  ou 
d'Alose  dans  les  appareils  d'éclosion  décrits  plus  baut,  et 
aucune  ne  se  perd  ;  toutes  sont  saisies  au  passage  par  les  ale- 
vins. On  met  généralement,  pour  ceux-ci,  dans  l'appareil  un 
plateau  c,  sur  lequel  ils  peuvent  venir  se  reposer  ;  c'est  un 
disque  de  fer-blanc,  maintenu  en  place  au  moyen  de  quatre 
bouts  de  fil  de  fer  portant  contre  la  paroi  du  récipient. 

ÉCHELLES  A  SAUMONS 

La  partie  de  l'Exposition  réservée  aux  échelles  à  sau- 
mons ne  pouvait  manquer  de  fixer  notre  attention  d'une 
manière  spéciale.  Nous  n'avons  pas  à  rappeler  ici  l'impor- 
tance de  ces  appareils  au  point  de  vue  du  repeuplement  des 
eaux.  On  sait  que  la  pèche  a  surtout  été  ruinée  en  France  par 
les  travaux  hydrauliques  établis  en  travers  des  cours  d'eau. 


654  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

En  effet,  la  plupart  des  barrages  créés  pour  les  besoins  de  l'in- 
dustrie, de  la  navigation  ou  de  l'agriculture,  sont  infranchissa- 
bles pour  les  poissons  migrateurs  (Saumons,  Truites  de  mer, 
Aloses,  etc.),  qui  ne  peuvent  plus  aller  frayer  dans  des  en- 
droits convenables.  La  reproduction  de  ces  poissons  devient 
insuftisanle,  et,  par  suite,  le  dépeuplement  des  eaux  se  pro- 
duit rapidement.  C'est  pour  concilier  les  intérêts  de  l'indus- 
trie et  de  la  navigation  avec  ceux  de  la  reproduction  naturelle 
du  poisson  dans  les  rivières  qu'ont  été  imaginées  les  échelles 
permettant  au  poisson  de  franchir  les  barrages,  aussi  bien, 
du  reste,  que  les  obstacles  naturels  (cascades,  chutes,  etc.) 
qui  s'opposeraient  à  leur  passage.  Les  échelles  ne  servent  pas, 
d'ailleurs,  que  pour  les  seules  espèces  vraiment  migratrices; 
elles  contribuent  aussi  à  la  propagation  des  poissons  séden- 
taires. Ceux-ci,  en  effet,  ne  rencontrent  pas  toujours,  dans 
le  cantonnement  même  où  ils  se  trouvent,  des  conditions 
favorables  pour  frayer,  et  ils  savent  très  bien,  eux  aussi,  pro- 
fiter des  échelles  pour  changer  de  station  à  l'époque  du  frai 
et  se  rendre  dans  les  endroits  les  mieux  appropriés  au  dépôt 
de  leurs  œufs. 

Depuis  la  première  invention  des  échelles  à  saumons,  en 
\SîQ  (i),  par  le  propriétaire  des  importantes  usines  de 
Deanston  (Ecosse),  M.  James  Smith  (2),  une  infinité  de  sys- 
tèmes différents  ont  été  proposés  pour  la  construction  de  ces 
appareils,  dont  un  grand  nombre  de  modèles  figuraient  à 
l'Exposition  de  Berlin.  Tous  ces  systèmes  peuvent  être  répar- 
tis en  deux  grandes  classes,  savoir  : 

i"  Échelles  simples,  ou  passes  en  plan  incliné; 

2°  Échelles  à  gradins. 

(1)  Et  non  pas  en  1834,  comme  on  l'a  fréquemment  imprimé. 

(2)  Déjà  à  celte  époque,  la  loi  en  Ecosse  obligeait  les  usiniers  à  ouvrir,  à 
certains  jours,  les  vannes  de  leurs  barrages  afin  de  permettre  la  remonte  des  Sau- 
mons. Pour  s'affranchir  de  la  grande  déperdition  d'eau  que  causait  cette  ma- 
nœuvre des  vannes,  M.Smilh  imagina  d'établir  sur  son  barrage  une  passe  en  plan 
incliné  avec  cloisons  transversales  à  oriQces  alternatifs.  Grâce  à  cette  disposition, 
la  mince  veine  liquide  qui  se  déverse  par  le  plan  inclin,  éforcée  de  décrire^  un 
lacet,  est  ralentie  dans  sa  course  et  ne  cause  qu'une  faible  dépense  d'eau.  L'ap- 
pareil ainsi  construit  forme  une  sorte  d'escalier  ou  d'échelle  qui  établit  une  com- 
munication entre  les  deux  biefs. 


LA   PISCICULTURE   A    L'ÉTRANGER.  655 

Dans  les  échelles  simples,  l'inclinaison  du  plan  est  réglée 
de  façon  que,  la  vitesse  du  courant  ne  dépassant  pas  une 
certaine  limite,  le  poisson  puisse  remonter  facilement. 

Dans  les  échelles  à  gradins,  l'appareil  se  compose  d'une 
série  de  bassins  disposés  comme  les  marches  d'un  escalier; 
l'eau  tombe  en  cascade,  d'un  bassin  dans  un  autre,  soit  en  se 
déversant  en  nappe  par-dessus  les  cloisons  qui  forment  les 
bassins,  soit  en  passant  par  des  ouvertures  ménagées  dans 
ces  cloisons. 

Quel  que  soit  le  dispositif  adopté,  la  largeur  du  passage 
est  subordonnée  à  l'abondance  du  courant.  Elle  peut  varier 
de  70  centimètres  (avec  une  profondeur  d'eau  de  50  ou  60 
centimètres)  à  2™, 50  et  plus.  Avec  une  pareille  largeur,  la 
profondeur  peut  aller  jusqu'à  75  centimètres  et  même  plus. 
Quant  aux  bassins,  qui  peuvent  avoir  de  1'",50  à  3  mètres  de 
superficie,  la  différence  de  niveau  entre  chacun  d'eux  ne  doit 
pas  dépasser  25  ou  30  centimètres. 

Du  reste,  la  question  capitale  dans  la  construction  d'une 
échelle,  c'est  le  choix  de  l'emplacement,  et  non  la  condition 
de  forme  ou  de  dimensions.  Presque  toutes  les  échelles  qui 
fonctionnent  mal  le  doivent  assurément  bien  moins  à  des 
proportions  mal  combinées,  qu'à  de  mauvaises  dispositions 
locales.  L'emplacement  du  pied  doit  surtout  être  étudié 
avec  le  plus  grand  soin.  Il  est  de  toute  importance  que  le 
poisson  puisse  facilement  trouver  le  passage  qui  lui  est  mé- 
nagé. Aussi  l'entrée  de  l'échelle  doil-elle  être  placée  aussi 
près  que  possible  du  barrage,  à  l'endroit  où  la  nappe  d'eau 
est  tout  à  la  fois  la  plus  abondante  et  la  plus  vive.  C'est  tou- 
jours là,  en  effet,  que  se  porte  le  poisson  ;  c'est  là  qu'il 
cherche  à  franchir  la  chute,  ou  qu'il  attend  le  moment  op- 
portun. Guidé  par  son  instinct,  il  sent  que  là  s'opère  l'évacua- 
tion du  bief  supérieur  en  cas  de  crue, et  il  se  tient  à  proximité 
jusqu'à  ce  qu'une  quantité  d'eau  suffisante  lui  permette  d'ef- 
fectuer son  ascension. 

Les  Etals-Unis  avaient  exposé  une  collection  nombreuse 
d'échelles  à  saumons.  Fiien  que  très  variés,  presque  tous  ces 
modèles  se  rapportaient  à  un  seul  des  deux  types  ci-dessus 


056  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

mentionnés  :  celui  de  l'échelle  en  plan  incliné  (1).  Dans  ces 
appareils,  les  divers  moyens  ci-après  sont  employés  pour 
ralentir  la  vitesse  du  courant  : 

1°  Pente  aussi  faible  que  possible  (de  i/20  à  \/'\0),  selon 
la  longueur  de  la  passe  et  la  quantité  d'eau  à  débiter; 

2"  Fond  irrégulier,  dont  les  aspérités  entravent  l'écoule- 
ment de  l'eau  ; 

o"  Demi-cloisons,  sous  diverses  inclinaisons,  en  saillie  le 
long  des  bajoyers,  et  contribuant,  elles  aussi,  à  rendre  l'écou- 
lement moins  rapide; 

A"  Cloisons  transversales  à  ouvertures  contrariées,  qui  font 
serpenter  la  veine  liquide  en  nombreux  zigzags  et  modèrent 
la  rapidité  de  sa  chute  ; 

5°  Enfm  cloisons  sans  orifices  alternatifs,  mais  légèrement 
échancrées  dans  le  milieu,  où  l'eau  se  déverse,  tandis  que 
leurs  extrémités,  s'élevant  au-dessus  du  niveau  de  l'eau,  oppo- 
sent au  courant  une  suite  d'obstacles  suffisants  pour  per- 
mettre au  poisson  d'opérer  son  ascension  successive  de 
bassin  en  bassin.  Cette  disposition  fait,  en  quelque  sorte,  la 
transition  avec  le  système  des  échelles  à  gradins. 

Dans  la  pratique,  on  combine  généralement  l'emploi  de 
plusieurs  de  ces  procédés. 

Parmi  les  modèles  exposés,  les  plus  remarquables  étaient 
ceux  présentés  par  M.  Charles  G.  Atkins ,  de  Bucksport 
(Maine).  L'un  d'entre  eux  attirait  surtout  l'attention;  c'était 
le  modèle  de  l'importante  échelle  établie  près  de  Bangor,  sur 
la  rivière  Penobscot.  Dans  cette  échelle,  la  pente  varie  de 
1/15  à  1/20.  Les  aspérités  du  fond  sont  obtenues  au  moyen  de 
pierres  et  de  gros  cailloux  semés  sur  toute  la  longueur  de  la 
passe.  Celle-ci  décrit  un  lacet,  dont  les  nombreux  zigzags  sont 
garnis  de  cloisons  transversales  à  orifices  alternatifs,  qui 
atténuent  considérablement  la  vitesse  du  courant.  Plusieurs 
vannes,  placées  au  sommet  de  l'échelle,  permettent  d'en 
réder  facilement  le  débit. 


"O* 


(1)  C'est  du  reste  le  type  qui  réunit  le  plus  d'avantages,  ainsi  que   nous  le 
ferons  connaître  dans  le  travail  que  nous  terminons  en  ce  moment  sur  les  échelles 


a  saumons. 


LA   PISCICULTURE   A   L'ÉTRANGER.  657 

M.  le  colonel  Marshall  Mac  Donald,  de  Levington   (Virgi- 
nie), avait  exposé  un  système  d'échelle  dans  lequel  le  ralen- 
tissement du  courant  est  obtenu  uniquement  au  moyen  des 
remous  et  contre-courants  que  détermine  la  disposition  du 
fond  et  des  bajoyers,  lesquels  sont  formés  de  lames  imbri- 
quées à  peu  près  à  la  façon  des  feuillets  d'une  persienne.  Ce 
procédé  est  si  efficace,  qu'il  permet  de  donner  à  l'échelle 
une  inclinaison  considérable  sans  que  la  vitesse  du  courant 
soit  excessive.  Ce  très  ing'énieux  svstème,  d'une  construction 
en  apparence  assez  compliquée,  est,  en  réalité,   facile  à  éta- 
blir et  peu  coûteux;  il  a  donné,  partout  où  il  a  été  appliqué 
jusqu'à  présent,  les  résultats  les  plus  satisfaisants,  et  il  paraît 
appelé  à  se   répandre  beaucoup,   quand  les  avantages  en 
auront  été  bien  appréciés. 

Un  modèle  présenté  par  M.  B.  F.  Shaw,  d'Anamosa  (État 
d'iovva),  était  la  seule  échelle  américaine  du  système  à  bas- 
sins en  gradins.  Cette  échelle  ne  différait  en  aucun  détail 
important  de  celles  du  même  genre  employées  en  Europe. 

L'Allemagne  avait  envoyé  différents  modèles,  parmi  les- 
quels on  remarquai!  surtout  celui  de  l'échelle  du  barrage 
d'Haneken,  sur  l'Ems.  Cette  échelle  est  composée  d'une  série 
de  bassins  superposés,  de  75  centimètres  de  profondeur,  dans 
les  cloisons  desquels  sont  ménagées  des  ouvertures  pour  le 
passage  de  l'eau  et  la  remonte  du  poisson.  Ces  orifices,  qui 
ont  de  25  à  35  centimètres  de  large,  ne  suffisent  pas  à  l'écou- 
lement de  la  veine  liquide,  en  temps  de  crue.  L'eau  se 
déverse  alors  en  nappe  par-dessus  les  bords  des  bassins. 
Un  vannage  permet,  du  reste,  de  régler  le  débit  de  l'échelle. 
D'un  bassin  au  suivant,  la  différence  du  niveau  n'est  que  de 
6  à  10  centimètres;  la  chute  est  donc  très  faible.  Aussi, 
quand  l'eau  est  un  peu  abondante  et  qu'elle  fournit  une 
tranche  liquide  d'une  certaine  épaisseur,  le  poisson  remonte- 
t-il  en  nageant  et  non  pas  en  sautant  de  bassin  en  bassin. 

Dans  la  section  anglaise  figuraient  une  vingtaine  de  mo- 
dèles ou  plans  d'échelles  à  saumons,  la  plupart  exposés  par 
M.  Frank  Buckland  et  faisant  partie  de  ses  intéressantes  col- 
lections du  Musée  de  South-Kensinglon.  On  remarquait  no- 

3"  SÉRIE,  T.  X.  —  Novembre  1883.  42 


658  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

tamment  le  modèle  de  la  première  échelle  qui  ait  été  con- 
struite, c'est-à-dire  celle  du  barrage  de  Deanston  sur  le 
Teith  (comté  de  Perth),  établie  en  1826  par  M.  James  Smith. 

Les  échelles  anglaises  présentent  une  assez  grande  variété 
de  formes,  depuis  la  simple  passe  en  plan  incliné  et  rectili- 
gne,  jusqu'aux  dispositions  les  plus  compliquées.  Le  système 
à  gradins  est  rarement  employé.  Il  y  avait,  toutefois,  un  mo- 
dèle très  curieux  exposé  par  M.  Richard  Gail,  ingénieur  civil 
à  Newscatle.  Cette  échelle  consiste  en  une  série  de  bacs,  dis- 
posés en  escaliers,  mais  beaucoup  plus  profonds  que  ceux 
des  autres  échelles  à  gradins.  L'eau  s'y  déverse  en  cascades, 
en  passant  par-dessus  les  cloisons  transversales  des  bassins. 
Mais  ceux-ci  communiquent,  en  outre,  de  l'un  à  l'autre,  par 
des  ouvertures  pratiquées  dans  les  cloisons  au-dessous  du 
niveau  de  l'eau.  C'est  par  ces  ouvertures  que  remonte  le 
poisson,  qui  effectue  toujours  son  ascension,  de  bassin  en 
bassin,  uniquement  en  nageant.  Ce  système  qui  donne  d'ex- 
cellents résultats,  présente  l'avantage  de  pouvoir  être  établi 
à  peu  près  partout,  quelles  que  soient  la  configuration  des 
lieux  et  la  différence  de  niveau  entre  les  deux  biefs,  en  amont 
et  en  aval  du  barrage. 

M.  Anton  Lôvstadt,  ingénieur  à  Christiania  (Norvège), 
avait  envoyé  un  très  joli  modèle  de  l'échelle  de  Sarpfoss, 
construite  en  1875.  C'est  une  échelle  à  gradins,  dont  la  dis- 
position des  bassins  présente  une  certaine  analogie  avec  celle 
de  l'échelle  Cail. 


CULTURES  SPECIALES 

ÉLÈVE  DES  SALMONIDES  EN  EAU  SAUMATRE,  EN  NORVÈGE 

Sur  presque  tous  les  points  des  côtes  où  le  rivage  présente 
une  faible  pente,  il  y  a  presque  toujours  une  zone  très  éten- 
due où  la  mer  ne  fournit  que  des  poissons  de  peu  de  valeur, 
bien  qu'elle  fourmille  de  menu  fretin,  de  petits  crustacés  et 
de  mollusques.  En  Norvège,  d'intéressants  essais  ont  été  faits 


LA  PISCICULTURE    A  L  ETRANGER. 


659 


en  vue  d'utiliser  pour  l'élevage  industriel  du  poisson  cer- 
taines parties  de  ces  eaux  peu  profondes. 

On  sait  que  la  croissance  de  la  Truite  est  singulièrement 
activée  quand  ce  poisson  tire  sa  nourriture  des  eaux  salées. 
De  même  le  Saumon  qui,  au  moment  où  il  gagne  la  mer  à 
l'état  de  smolt,  ne  pèse  que  quelques  onces,  atteint  trois  ou 
quatre  livres  quand  il  en  revient  à  l'état  de  grilse.  Le  Brook- 
Trout  d'Amérique  (Salmo  fontinalis),  qui  ne  devient  pas 
beaucoup  plus  long  que  le  doigt,  tant  qu'il  reste  confiné  dans 
certains  ruisseaux  de  montagnes  où  il  ne  trouve  pour  nourri- 
ture que  de  rares  insectes,  peut,  si  on  lui  donne  accès  dans 
l'eau  salée  vers  la  fin  de  l'hiver  et  au  printemps,  acquérir  avec 
une  rapidité  surprenante  un  poids  d'une  ou  deux  livres,  tout 
en  revotant  une  belle  livrée  argentée.  La  Carpe  elle-même, 
tenue  en  eau  salée  ou  saumâtre,  prend  un  développement 
tout  à  fait  exceptionnel. 

Les  expériences  de  M.  le  professeur  H.  Rasch,  de  Christiania, 
ont  fait  voir  que  les  mêmes  phénomènes  peuvent  se  produire 
sans  que  le  poisson  soit  en  liberté  dans  la  mer.  Pour  la  Truite, 
il  suffit  de  ménager  un  certain  espace  d'eau  salée  ou  saumâLre; 


FlG. 


on  utilise  comme  bassin  l'embouchure  d'un  ruisseau  qui  se  jette 
dans  la  mer  en  y  formant  une  petite  anse  ou  crique.  Si  cette 
crique  est  presque  fermée  et  ne  présente  qu'un  étroit  goulet, 
tout  est  pour  le  mieux,  car  le  barrage  ou  plutôt  la  digue  à  éta- 
blir aura  moins  de  longueur.  Celte  digue  ne  doit  pas  avoir 
partout  la  même  hauteur,  car  l'eau  resterait  presque  stagnante 
dans  le  fond  du  bassin,  où  viendrait  en  outre  s'accumuler  la 
vase  charriée  par  le  ruisseau.  Afin  d'éviter  cet  inconvénient 
et  de  pouvoir  produire  un  courant  de  fond,  une  coupure  est 


660  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

ménagée  dans  la  digue  (fig.  62,  a).  La  largeur  de  celte  coupure 
doit  être  d'ailleurs  calculée  de  façon  à  permettre  l'écoulement 
de  toute  l'eau  que  déverse  le  ruisseau  ;  autrement  le  bassin 
déborderait  et  l'eau  passant  par-dessus  la  digue  permettrait 
au  poisson  de  s'échapper.  Il  convient,  d'ailleurs,  de  parer  à 
toute  éventualité  et  de  laisser  en  outre  libre  passage  au  flux 
et  au  reflux,  en  faisant  à  la  crête  de  la  digue  une  échancrure  h, 
à  côté  de  la  coupure  a.  Partout  ailleurs  la  digue  est  d'une  hau- 
teur qui  dépasse  le  niveau  des  plus  fortes  marées;  elle  est 
solidement  conslruite,  avec  tels  matériaux  que  comporte  la 
situation.  L'échancrure  h  doit  être  aussi  large  que  possible, 
non  seulement  pour  écarter  toute  crainte  de  débordement  en 
cas  de  crue  du  ruisseau,  mais  aussi  pour  permettre  un  afflux 
copieux  lors  de  la  marée  montante,  qui  apporte  dans  le  bassin 
une  nourriture  abondante.  Cette  échancrure  et  l'ouverture 
plus  profonde  a  sont  garnies  de  grillages  disposés  de  telle  sorte 
qu'ils  ne  puissent  s'obstruer  quand  l'eau  charrie  des  herbes 
des  feuilles  mortes,  etc.  Par  l'écarlement  diflérent  de  leurs 
barreaux,  ils  forment  comme  une  série  de  cribles  de  plus  en 
plus  fins.  Du  côté  de  l'étang  et  bien  en  avant  de  l'échancrure, 
se  trouve  une  première  grille  faite  de  barres  solides  espacées 
entre  elles  de  42  centimètres  (fig.  63  et  64,  c,  c)  ;  après 


FiG.  63. 


cette  grille  en  vient  une  seconde,  dont  les  barreaux  ne  pré- 
sentent plus  qu'un  écartement  de  5  centimètres  (fig.  63  et 
64-,  d,  d).  Enfin  une  troisième  grille,  la  plus  importante, 
sert  à  retenir  le  poisson  (fig.  63  0164,  e,  e).  Établie  avec  beai»- 
coup  de  soin,  elle  est  formée  de  tringles  verticales  de  7  mil- 


LA   PISCICULTURE   A    L  ETRANGER. 


661 


limètres  de   diamètre,    espacées   entre   elles    de   12  milli- 
mètres environ,  solidement  fixées  dans  un  fort  madrier  et  re- 


ïPf'"f^"':iiiii ^ 


■s 


FiG.  6i. 


liées  horizontalement  par  des  fils  de  fer  (fig.  65,  grandeur 
ûaturelle).  Du  côté  de  la  mer,  une  grille  (fig.  63  et  64,  f)  sera- 


FiG.  05. 

blable  à  celle  placée  en  d  est  suffisante;  la  barrière  solide  c 
peut  même  être  supprimée  quand  on  n'a  pas  à  craindre  que  de 
grosses  branches  d'arbres  ou  autres  objets  flottants  viennent 
battre  contre  la  grille  d. 

De  même  que  la  crête  de  la  digue  doit  dépasser  le  niveau 
des  plus  hautes  marées,  le  radier  de  l'échancrure  h  (fig.  62) 


662 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


doil  être  au-dessous  du  niveau  des  plus  basses,  afin  de  per- 
mettre l'entrée  de  l'eau  de  mer  dans  le  bassin  chaque  fois  que 
le  flot  monte.  Les  modifications  de  niveau  obtenues  dans  le  bas- 
sin au  moyen  de  cette  digue  sont  faciles  à  saisir  par  l'inspection 
de  la  figure  66.  La  partie  ombrée  du  dessin  représente  le  fond 
du  bassin,  où  la  dépression  centrale  marque  la  place  de  l'ancien 
lit  du  ruisseau.  Dans  les  conditions  naturelles,  le  niveau  du 
ruisseau  atteindrait  seulement  la  ligne  AB,  à  marée  basse,  tout 
en  s'élevant  jusqu'à  ligne  EF,  à  marée  haute,  le  courant  se  trou- 
vant refoulé  par  le  flux.  Par  suite  de  l'existence  de  la  digue, 
l'eau,  à  marée  basse,  ne  descend  pas  au-dessous  de  CD,  parce 
que  l'ouverture  a  est  plus  étroite  que  n'était  le  lit  naturel  du 
ruisseau.  A  marée  haute,  le  niveau  s'élève  comme  dans  le 
premier  cas,  c'est-à-dire  en  EF.  Les  variations  sont  donc  bien 
moins  considérables  et  la  profondeur  d'eau  reste  toujours  suffi- 


S^^m^^^i^^SSk^Mî^^^^^^^l^É^M^^^^i^^^^^^^^^ 


FiG.  66. 


santé.  Dans  un  semblable  étang,  il  y  a  une  partie  E  (fig.  67) 
où  l'eau,  sans  profondeur,  est  complètement  douce,  par  suite 


l'iG.  G7, 


de  l'apport  du  ruisseau  G  qui  s'y  déverse,  tandis  qu'elle  est 
profonde  et  plus  ou  moins  salée  à  la  partie  inférieure  F.  Plus 
il  y  a  de  profondeur,  meilleur  est  le  bassin,  car  le  poisson  y 
prend  beaucoup  de  développement. 


LA    nSCICULTURE   A   L'ÉTRANGER.  663 

M.  le  professeur  Rasch  a  établi  deux  étangs  d'après  ce  sys- 
tème :  l'un,  de  30  hectares,  à  Sandvigen  près  Christiania; 
l'autre,  de  109  hectares  et  d'une  profondeur  maximum 
de  13  mètres,  près  de  Frederickstad.  Le  mouvement  de  la 
marée  dans  les  dernières  ramifications  des  fiords  norvégiens 
est  très  peu  sensible;  à  peine  atteint-il  30  ou  40  centi- 
mètres. Aussi  la  digue  à  construire  est-elle  peu  élevée  et 
par  suite  peu  coûteuse.  Ces  étangs  sont  peuplés  de  Saumons  et 
de  Truites.  Un  petit  laboratoire,  très  primitif  comme  installa- 
lion,  sert  à  produire  les  alevins  qu'on  verse  dans  les  eaux  du 
ruisseau  d'alimentation  dès  qu'ils  ont  résorbé  la  vésicule  om- 
bilicale. Les  Saumons  y  séjournent  ou  tout  au  moins  res- 
tent dans  la  partie  supérieure  de  l'étang,  tant  qu'ils  sont  à 
l'état  deparrs;  mais,  quand  ils  revêtent  la  livrée  de  smolts,  ils 
descendent  vers  la  partie  profonde,  cherchant  l'eau  salée  et  se 
frayant  même  parfois  un  chemin  à  travers  les  grilles  pour  ga- 
gner la  mer.  Ceux  qui  restent  continuent  à  grossir  rapidement 
malgré  leur  captivité.  Les  Truites  élevées  de  la  même  façon 
se  répandent  dans  le  bassin,  mais  ne  cherchent  pas  à  s'échap- 
per. Elles  se  développent  avec  une  rapidité  étonnante  et  attei- 
gnent une  très  forte  taille. 

Pour  peupler  l'étang,  on  peut,  soit  laisser  se  multiplier  les 
poissons  qui  existent  naturellement  dansle  ruisseau,  soit  placer 
dans  celui-ci  quelques  sujets  adultes,  soit  enfin  y  verser  de 
l'alevin.  Lorsque  l'étang  présente  une  certaine  étendue,  plu- 
sieurs espèces  différentes  peuvent  y  vivre  ensemble  sans  se 
nuire  mutuellement.  En  Norvège,  le  Saumon  ordinaire,  le 
Saumon  des  lacs  et  la  grande  Truite  des  lacs  sont  les  espères 
ou  variétés  les  plus  appropriées  à  ce  mode  spécial  de  cul- 
ture. M.  le  professeur  Rasch  recommande  aussi  l'élevage 
d'hybrides  qui,  étant  inféconds,  profitent  mieux  que  des  sujets 
de  race  pure,  grossissent  plus  vite  et  sont,  à  toute  époque  de 
l'année,  en  état  d'être  livrés  à  la  consommation.  M.  Hanson, 
de  Stavanger  (côte  ouest  de  la  Norvège),  s'est  également  fort 
bien  trouvé  du  croisement  de  la  Truite  ordinaire  {Salmo  fario) 
et  de  rOmble-Chevalier  {Salmo  umbla). 


664  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


CULTURE   DE  LA    TRUITE   EN    AUTRICHE 

Dans  certaines  parties  derAutriclie(le  Tyrol,  le  Vorarlbcrg, 
la  Haute-Autriche,  etc.),  la  Truite  est  l'objet  d'une  culture 
tout  à  fait  industrielle.  L'élevage  se  fait  dans  des  étangs  où  les 
poissons  peuvent  être  parqués  facilement  par  âge.  Un  premier 
bassin  (ou  une  première  série  de  bassins)  est  affecté  aux  ale- 
vins, qui  y  restent  environ  un  an,  soit  depuis  leur  éclosion 
jusqu'au  printemps  suivant.  Ils  y  reçoivent  une  alimentation 
le  moins  artificielle  possible,  c'est-cà-dire  qu'on  s'attache  à 
leur  procurer  en  abondance  des  insectes  (larves  de  toute 
espèce),  des  mollusques  (jeunes  Lymnées,  Planorbes,  etc.), 
et  de  petits  crustacés   (Daphnies,   Gyclopes,  etc.),    par   la 
plantation,  dans  les  bassins  ou  étangs,  d'herbes  aquatiques 
favorables  à  la  pullulation  de  ces  animaux  inférieurs  ;  la 
viande  hachée   n'est  employée  absolument  que  comme  ad- 
juvant. Au  bout  d'un  an,  les  jeunes  poissons  passent  dans 
d'autres  bassins,  où  ils  reçoivent  une  nourriture  plus  substan- 
tielle; on  augmente  les  distributions  de  viande,  mais  on  y 
ajoute,  autant  que  possible,  du  poisson  vivant,  soit  des  ablettes 
et  des  brochetons  tout  nouvellement  éclos.  Une  troisième  série 
de  bassins  reçoit  les  Truites  de  deux  ans,  qui  y  accomplissent 
leur  troisième  année,  et  passent  enfin  dans  une  quatrième 
division  pour  être  livrées  à  la  vente.  Elles  pèsent  alors,  en 
moyenne,  750  grammes.   Dans   les  troisième  et  quatrième 
divisions,  leur  nourriture  consiste  surtout  en  ablettes  qu'on 
élève  en  quantités  considérables  dans  des  bassins  spéciaux.  La 
viande  hachée  continue  à  être  employée  quand  le  prix  n'en 
est  pas  trop  élevé  et  ne  dépasse  pas  le  prix  de  revient,  d'ail- 
leurs modique,  du  poisson  blanc  élevé  pour  l'alimentation  des 
Truites.  Le  passage  des  poissons  d'une  division  dans  une 
autre  se  fait  dans  le  courant  de  mars. 

La  Truite  de  ruisseau  {Salmo  fario)  est  la  plus  générale- 
ment cultivée  dans  les  régions  montagneuses,  où  on  la  ren- 
contre jusqu'à  une  hauteur  de  1700  mètres  environ.  Très 


LA   PISCICULTURE   A   L'ÉTRANGER.  G65 

variable  de  couleur  et  de  taille  suivant  l'altitude,  la  nature  des 
eaux,  etc.,  elle  présente  un  grand  nombre  de  variétés  dites: 
blancbe,  noire,  argentée,  alpine,  etc.;  la  Trotta  et  \a.Pastrova 
sont  deux  variétés  dalmates  particulièrement  estimées. 

Abondamment  nourries  dans  de  grandes  étendues  d'eau, 
plusieurs  de  ces  variétés  peuvent  atteindre  un  poids  de  8  à 
9  kilogrammes.  On  leur  préfère  toutefois,  dans  beaucoup  de 
localités,  la  grande  Truite  des  lacs,  qui  grossit  considérable- 
ment plus  vite  et  qui,  par  suite,  atteint  bien  plus  tôt  une  belle 
taille  marchande.  Elle  porte  différents  noms,  suivant  les  lieux 
dépêche:  Truite  saumonée  (lac  de  Chiem),  Truite  de  fond 
(lac  de  Constance),  etc.  Les  individus  stériles,  fréquemment 
considérés  comme  des  hybrides,  ne  sont  pas  rares  ;  les  pécheurs 
du  lacdeConstance  les  nomment  Truites  llottantes  (Schvvebfo- 
rellen)  et  ceux  des  lacs  d'Aulriche,  Truites  de  mai. 

Il  se  fait,  depuis  quelque  temps,  un  grand  commerce  d'œufs 
de  Truite  des  lacs.  Ces  œufs,  considérablement  plus  gros  que 
ceux  de  la  Truite  commune,  et  presque  du  volume  de  ceux  du 
Saumon,  sont  fort  recherchés  par  les  éleveurs,  qui  n'hésitent 
pas  à  les  payer  souvent  un  prix  assez  élevé,  attendu  qu'ils  en 
obtiennent  des  alevins  qui,  au  moment  de  leur  éclosion,  sont 
déjà  presque  de  la  taille  de  ceux  de  la  Truite  commune  à  l'âge 
d'un  mois.  On  gagne  ainsi,  sous  le  rapport  du  développement, 
une  avance  de  quelques  semaines,  qui  n'est  pas  sans  impor- 
tance pour  le  producteur.  La  croissance  des  alevins  est,  d'ail- 
leurs, comme  nous  venons  de  le  dire,  extrêmement  rapide 
chez  la  Truite  des  lacs,  qui  supporte  parfaitement  l'élevage 
en  complète  stabulation  et  qui  justifie  à  tous  égards  la  laveur 
dont  elle  jouit  auprès  des  éleveurs.  Ce  poisson  peut  atteindre 
un  poids  considérable  :  nous  avons  vu  des  sujets  de  14-,  15  et 
1G  kilogrammes,  péchés  dans  le  lac  de  Genève  et  dans  le  lac 
de  Constance;  on  en  cite  qui  dépassaient,  paraît-il,  30  et  31  ki- 
logrammes. 

Dans  les  conditions  naturelles,  la  Truite  des  lacs  passe  la 
plus  grande  partie  de  l'année  dans  les  eaux  profondes  et  vient 
seulement  à  certains  moments  de  température  lavorable  cher- 
cher les  insectes  à  la  surface.  Elle  remonte  quelquefois  assez 


666  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

loin  dans  les  ruisseaux  pour  y  frayer;  ce  n'est  que  très  excep- 
tionnellement qu'elle  fraye  dans  les  lacs;  il  faut,  pour  l'y 
engager,  qu'aucun  affluent  ne  lui  offre  de  frayère  commode  et 
que,  d'un  autre  côté,  elle  trouve  au  bord  du  lac  quelque  fond 
sablonneux  et  véritablement  propice.  Le  mâle  de  cette  espèce 
ou  variété  intéressante  change  considérablement  de  nuances 
à  l'époque  du  frai  et,  chez  les  sujets  d'un  certain  âge,  la  peau 
prend,  en  outre,  un  aspect  tout  particulier  pendant  tout  le 
séjour  que  le  poisson  fait  en  eau  courante. 

MÉTHODE   RUDOLF  HESSEL  POUR   LA   FÉCONDATION    ARTIFICIELLE 

DES   ŒUFS   ADHÉRENTS 

Les  soins  particuliers  que  nécessite  la  fécondation  artifi- 
cielle des  œufs  adhérents  ont  amené  M.  Rudolf  Hessel,  pisci- 
culteur distingué  d'Offenbourg,  à  se  servir  d'appareils  qui 
facilitent  l'opération  et  servent,  en  outre,  à  protéger  les  œufs 
pendant  l'incubation.  Ce  sont  de  minces  cadres  en  bois,  de 
1  mètre  de  longueur  et  de  30  centimètres  de  largeur  environ, 
sur  lesquels  on  tend  de  la  gaze  ou  de  la  mousseline  (fig.  68). 


-1 


l'iG.  08. 


Ces  légers  tamis  servent  à  recevoir  les  œufs,  qui  y  adhèrent 
immédiatement.  Après  la  fécondation,  dont  nous  allons  indi- 
quer le  înodus  operandi,  les  cadres  sont  placés  dans  une  boîte 
flottante  (fig.  69),  qui  est  recouverte  sur  les  côtés,  le  fotid  et 
le  couvercle  d'une  toile  ou  canevas  à  tissu  assez  lâche  pour 
laisser  facilement  passage  à  l'eau,  tout  en  empêchant  de  s'en- 
fuir les  alevins  nouvellement  éclos. 

La  boîte  peut  recevoir  trois  cadres  ou  tamis  et,  comme  cha- 
cun de  ces  tamis  peut  être  garni,  sur  ses  deux  faces,  de  vingt 
mille  œufs  environ,  le  contenu  total  de  la  boîte  est  d'une 
soixantaine  de  mille  œufs.  L'étoffe  qui  sert  à  garnir  les  cadres 
doit  être  préalablement  plongée  pendant  plusieurs  jours  dans 


LA   PISCICULTURE   A    L  ETRANGER. 


667 


de  l'eau  de  rivière,  et  complètement  débarrassée  de  toute 
trace  d'apprêt  ou  de  matière  colorante  ;  mais  il  importe  que 
dans  ce  lavage  le  savon  ne  soit  pas  employé. 

Fécondation.  —  Les  sujets  reproducteurs  doivent  être 
choisis  avec  soin.  Des  œufs  arrivés  depuis  trop  longtemps  à 
maturité  reçoivent  mal  le  zoosperme,  et  de  la  laitance  égale- 


Fic.  G9. 

ment  trop  avancée  reste  inactive,  môme  sur  de  bons  œufs,  sa 
vitalité  étant  compromise  par  un  commencement  de  décom- 
position. Récoltés  au  contraire  trop  tôt,  les  œufs  et  la  laitance 
ne  donnent,  de  même,  que  de  fort  mauvais  résultats.  En  gé- 
néral, il  est  bon  de  garder  pendant  quelques  jours  les  sujets 
reproducteurs  captifs  dans  une  eau  bien  courante  avant  de  les 
utiliser. 

Pour  effectuer  la  fécondation,  deux  personnes  sont  néces- 
saires :  l'opérateur  et  un  aide. 

Le  premier  tamis,  qui  a  été,  comme  les  autres,  nettoyé  de 
nouveau,  au  moment  même,  avec  beaucoup  de  soin,  est  posé 
sur  un  plateau  à  rebords  peu  élevés  (fig.  70).  Deux  plateaux 


FiG.  70. 


semblables  sont  nécessaires  ;  ils  doivent  être  un  peu  plus  grands 
que  les  cadres,  pour  faciliter  les  manipulations,  mais  il  est 


668  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Utile  que  les  rebords  n'aient  pas  plus  de  4  à  5  centimètres  de 
hauteur.  Ces  deux  plateaux  seront  toujours  minutieusement 
nettovés.  L'un  sert  à  la  récolte  des  œufs,  l'autre  à  leur  fécon- 
dation. 

Le  premier  plateau  étant  rempli  d'eau  à  la  même  tempéra- 
ture que  celle  où  l'incubation  doit  avoir  lieu  (soit  de  22  à  27 
degrés  centigrades),  on  y  place  un  tamis,  sur  lequel  on  répand 
des  œufs,  qu'on  expulse  du  corps  delà  femelle  en  pressant  sur 
le  ventre  du  poisson,  et  qu'on  répartit  en  les  faisant  tomber 
le  plus  également  possible.  Aussitôt  que  les  œufs  adhèrent 
au  tissu,  on  retourne  le  tamis,  dont  on  recouvre  également 
l'autre  face  d'une  même  couche  d'œufs.  Au  bout  de  dix  ou 
vingt  secondes,  le  tamis  chargé  d'œufs  est  mis  dans  le  se- 
cond plateau,  contenant  de  l'eau  sur  2  ou  3  centimètres 
d'épaisseur,  et  la  laitance  est  aussitôt  que  possible  versée 
sur  les  œufs.  On  pourrait  aussi  la  recueillir  dans  le  second 
plateau  pendant  qu'on  dispose  la  seconde  couche  d'œufs; 
mais,  dans  ce  cas,  les  deux  opérations  doivent  se  faire  très 
rapidement,  car  les  zoospermes  des  Cyprinides  ne  conservent 
que  fort  peu  de  temps  leur  vitalité;  chez  la  Carpe,  leur  exis- 
tence est  à  peine  de  deux  minutes. 

Le  second  tamis  est  traité  de  la  même  façon  que  le  premier, 
pendant  qu'un  aide  va  placer  celui-ci  dans  la  boîte  d'éclosion, 
qui  doit  être,  autant  que  possible,  installée  déjà  à  l'endroit 
où  se  fera  l'incubation.  Quand  les  trois  tamis,  garnis  d'œufs 
fécondés,  sont  mis  en  place,  on  les  assujettit  avec  soin  dans 
la  boîte,  pour  laquelle  on  a  choisi  un  endroit  de  la  rivière 
où  l'eau  ne  mesure  pas  plus  de  30  à  35  centimètres  de 
profondeur,  et  ne  présente  qu'un  courant  à  peine  percep- 
tible. Un  mouvement  de  2  à  3  centimètres  par  minute 
est  le  maximum  de  vitesse  admissible  pour  le  renouvellement 
de  l'air  et  de  l'eau.  L'appareil  peut  même  être  aussi  bien 
plongé  dans  une  eau  tout  à  fait  stagnante.  Le  couvercle  en  toile 
n'est  posé  sur  la  boîte  que  quand  le  soleil  donne  en  plein  et 
que  la  chaleur  est  intense  (par  exemple,  de  midi  à  quatre 
heures)  ;  trop  de  soleil  nuit  au  développement  des  œufs 
autant  que  trop  d'obscurité. 


LA   PISCICULTURE   A   L'ÉTRANGER.  669 

Chaque  jour  la  boîte  doit  être  visitée,  et  tous  les  œufs  morts 
ou  stériles  sont  enlevés  à  l'aide  de  pinces  en  fil  de  fer  que  cha- 
cun peut  faire  soi-même.  Au  bout  de  trois  semaines,  les  œufs 
éclosent  et  les  jeunes  alevins  peuvent  être  immédiatement 
lâchés  dans  les  eaux  qu'on  se  propose  de  repeupler.  Après 
que  leur  vésicule  ombilicale  est  résorbée,  on  ne  doit  pas  les 
garder  plus  de  quelques  jours  dans  la  boîte,  à  moins  de  les 
nourrir  avec  de  la  cervelle  de  mouton  délayée  ;  encore  est-on 
exposé  à  en  perdre  beaucoup.  M.  Rudolph  Hessel  se  déclare 
très  satisfait  de  sa  méthode,  qui  donne  d'excellents  résultats 
quand  elle  est  pratiquée  avec  les  soins  convenables.  «  Il  ne 
faudrait  pas,  dit-il,  se  laisser  décourager  par  la  non-réussite 
d'un  premier  essai  ;  le  défaut  d'habitude  ou  quelque  manque 
de  soins  peuvent  causer  un  insuccès  :  tout  d'abord,  j'ai  moi- 
même  échoué  cinq  ou  six  fois,  mais,  aujourd'hui,  jamais  il  ne 
m'arrivc  le  moindre  accident.  »  Il  faut  veiller  :  à  ce  que  le  bord 
supérieur  de  la  boîte  dépasse  toujours  d'un  bon  centimètre 
hors  de  l'eau;  à  ce  que  les  œufs  morts  ne  séjournent  pas  dans 
la  boîte  ;  enfin  à  ce  que  celle-ci  ne  touche  pas  le  fond  de  l'eau, 
et  qu'elle  en  soit  au  moins  à  15  ou  20  centimètres.  Dans  une 
eau  peu  profonde,  on  réduit  en  conséquence  la  hauteur  de  la 
boîte  et  la  largeur  des  tamis  (1). 

Aux  personnes  qui  désireraient  s'éviter  les  soins  que  né- 
cessite l'opération  de  la  fécondation  artificielle,  M.  Rudolph 
Hessel  recommande  l'emploi  de  boîtes  flottantes  ou  plutôt  de 
frayères  analogues  à  celles  que  nous  avons  déjà  signalées  plus 
haut  et  qui  sont  d'un  usage  courant  en  Suède  et  en  Norvège. 
Mais  le  modèle  peut  être  simplifié,  et  se  réduire  à  l'appareil 
tout  primitif  que  l'on  voit  assez  souvent  employé  sur  le  Da- 
nube et  dans  quelques  parties  de  l'Allemagne  du  Nord.  C'est 
un  assemblage  de  branches  et  de  morceaux  de  bois  non 

(1)  Pour  (les  opérations  sur  une  plus  petite  échelle,  des  boîtes  analogues  peuvent 
servir  à  l'incubation  d'œufs  non  adhérents  de  Cyprinides.  Ces  boites,  hautes 
de  O^.IO  environ  et  longues  de  0'",40  à  0'",50,  ont  un  solide  fond  de  bois  recou- 
vert de  sable  lin  et  bien  propre,  et  sont  soutenues  sur  l'eau  par  des  morceaux 
de  bois  servant  de  flotteurs.  Les  œufs,  déposés  sur  le  sable,  sont  recouverts  de 
quelques  centimètres  d'eau  et  n'ont  pas  besoin  d'abri,  quelle  que  soit  l'ardeur  du 
soleil. 


670 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


dégrossis  (fig.  71),  assiijeltis  à  l'aide  de  clous  ou  de  liens 
d'osier.  Cette  carcasse  rustique,  longue  de  l'",50,  large  de 


Fig.  71. 


1  mètre  et  haute  de  O^'jSO,  est  recouverte  d'un  treillis  en  ra- 
meaux de  Sapin  ou  de  Genévrier,  qui  en  fait  une  sorte  de 
grand  panier  non  couvert  (fig.  72)  qu'on  fait  flotter  au  milieu 


Fig,  72. 

de  l'eau  et  dans  lequel  on  place,  pour  qu'ils  y  déposent  leurs 
œufs,  quelques  poissons  prêts  à  frayer.  Des  brindilles  de  Ge- 
névrier ordinaire  ou  de  Genévrier  de  Virginie  sont  préférables 
à  celles  de  Sapin,  parce  qu'elles  sont  plus  enchevêtrées  et  gar- 
nies de  piquants;  il  est  même  utile  d'en  mettre  quelques 
branches  dans  le  panier,  où  le  contact  de  leurs  feuilles  poin- 
tues semble  stimuler  les  sujets  reproducteurs.  M.  Hessel  a 
fréquemment  constaté  que  dans  des  paniers  en  osier  les  pois- 
sons restent  mous  et  inactifs,  tandis  qu'ils  montrent  beaucoup 
de  vivacité  et  d'ardeur  dans  les  paniers  en  Genévrier  tout  hé- 
rissés de  piquants.  On  met,  en  général,  dans  chaque  panier 
deux  femelles  et  un  mâle.  Une  toile  tendue  par-dessus  en  forme 
de  couvercle  les  empêche  de  s'échapper  en  sautant  par-dessus 
les  bords.  Le  panier  doif-être  amarré  dans  un  endroit  tran- 
quille et  chaud. 


LA   PISCICULTURE   A    L'ÉTRANGER.  671 


AMBRE   ET   MOULES    PERLIERÉS 

Bien  que  se  rattachant  plutôt  à  l'industrie  des  pêches  qu'à 
celle  de  la  culture  des  eaux,  la  seule  que  je  fusse  chargé 
d'étudier  à  Berlin,  il  est  deux  branches  de  l'Exposition  dont 
je  ne  puis  me  dispenser  de  dire  quelques  mots,  car  elles  pré- 
sentaient un  intérêt  tout  particulier.  Il  s'agit  de  deux  exploi- 
tations tout  allemandes  :  celles  de  l'ambre  et  celle  des  perles 
de  la  Moule  d'eau  douce. 

Ambre.  —  L'Allemagne  est  le  véritable  pays  de  l'ambre  ; 
on  en  trouve  des  gisements  considérables  sur  les  côtes  de  la 
Baltique,  où  les  vagues  l'arrachent  aux  terrains  qui  le  recèlent, 
terrains  que  les  révolutions  géologiques  ont  fait  envahir  par  les 
eaux  de  la  mer.  L'ambre,  que  les  Allemands  nomment  bern- 
stein  (pierre  ardente),  est,  comme  chacun  le  sait,  une  résine 
fossile,  qui  est  infiniment  plus  dure  que  n'importe  quelle 
résine  actuelle,  et  que  l'on  croit  avoir  été  produite  par  le 
Piniles  succinifer.  Gœppert  estime  que  plusieurs  arbres  dif- 
férents ont  dû  concourir  à  la  formation  de  l'ambre,  qui  serait 
le  produit  du  mélange  de  leurs  résines. 

Au  fond  de  la  mer,  mélangés  à  la  vase,  au  sable,  aux 
dépôts  de  toute  sorte,  se  trouvent  les  blocs  d'ambre,  produits 
de  nombreuses  générations  d'arbres  qui  se  succédèrent  jadis 
sur  ces  terrains  aujourd'hui  recouverts  par  les  eaux.  Le 
temps  a  fait  disparaître  toute  trace  de  matière  ligneuse,  et 
les  dépôts  de  résine  sont  les  seuls  vestiges  qui  restent  de  ces 
forêts  ensevelies  sous  les  flots  depuis  des  milliers  d'années. 

Longtemps  on  se  borna  à  recueillir  les  morceaux  d'ambre 
que  la  mer,  par  les  gros  temps,  rejetait  sur  le  rivage.  Plus 
tard  on  apprit  à  profiter  de  certains  vents  favorables  qui,  re- 
muant les  fonds, enlèvent  les  morceaux  d'ambre,  lesquels  sont 
soulevés  et  entraînés  ensuite  avec  les  algues  au  milieu  des- 
quelles ils  ilottent.  Des  hommes,  appostés  pour  guetter  l'in- 
stant propice,  préviennent  les  travailleurs  qui,  se  jetant  à  la 


672  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

mer  armés  de  crocs  et  de  filets,  dirigent  et  attirent  sur  le 
rivage  les  masses  de  goémons,  où  les  femmes  et  les  enfants 
recherchent  l'ambre  que  les  touffes  d'herbes  marines  ont  pu 
charrier.  L'emploi   de  filets  traînants,  manœuvres  sur  les 
gisements  et  raclant  le  fond  de  l'eau,  permet  aussi  parfois 
une  meilleure  récolte.  Ces  deux  systèmes,  encore  aujourd'hui 
pratiqués  sur  beaucoup  de  points,  furent  les   seuls  connus 
jusque  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  où  le  médecin  du 
margrave  Albrecht  eut  fidée  de  faire  creuser  le  sable  et  la 
vase,  pensant  avec  raison  qu'au  moyen  de  fouilles  la  récolte 
pourrait  être  plus  abondante.  En  1585,  sous  le  règne  de  Geor- 
ges-Frédéric, on  en  recueillit  ainsi  beaucoup.  Ces  recherches 
toutefois  ne  furent  pas  poursuivies,  et  les  travaux  ne  repri- 
rent un  nouvel  essor  qu'en  1781 ,  époque  où  le  ministre  d'État 
Heinilz  autorisa  l'ouverture  d'une  mine  importante,  qui  fut 
exploitée  avec  grand  succès  pendant  environ  vingt-quatre 
ans.  Mais  cette  entreprise  périclita,  par  suite  delà  découverte 
de  nombreux  gisements  situés  à  peu  de  profondeur  et  faciles 
à  exploiter.  A  partir  de  1811,   des  fouilles  eurent  lieu  sur 
divers  points  ;  plusieurs  établissements  se  créèrent  et  prirent 
peu  à  peu  un  développement  qui  augmente  encore  chaque 
jour.  Parmi  ces  établissements  il  convient  de  mentionner  l'im- 
portante maison  Stantien  et  Becker,  de  Kœnigsberg,  qui  em- 
ploie à  la  récolte  de  l'ambre  une  flottille  à  vapeur  de  quinze 
bateaux  dragueurs. 

L'exposition  de  MM.  Stantien  et  Becker  présentait  le  plus 
grand  intérêt,  non  seulement  au  point  de  vue  industriel, mais 
encore  et  surtout  au  point  de  vue  scientifique.  On  y  voyait 
depuis  les  simples  grains,  variant  de  la  grosseur  d'un  pois  à 
celle  d'une  noix,  et  employés  dans  l'industrie  de  la  laque, 
jusqu'aux  blocs  les  plus  gros  (il  y  en  avait  un  pesant 
5  kilogrammes)  et  les  plus  rares.  Quelques  spécimens 
étaient  taillés  et  polis  pour  en  montrer  la  beauté  du  grain 
et  de  la  nuance.  Les  morceaux  de  teinte  verte,  violette  ou 
rouge  sont  très  rares,  les  verts  surtout;  aussi  atteignent-ils 
un  prix  fort  élevé;  on  en  voyait  exposés  de  magnifiques  et  très 
nombreux  échantillons  pour  collections.  Mais  les  morceaux 


LA   PISCICULTURE   A    L'ÉTRANGER.  673 

les  plus  curieux  et  de  plus  de  valeur,  pour  le  naturaliste, 
étaient  ceux  qui  renfermaient,  enveloppés  et  admirablement 
conservés  dans  la  matière  résineuse,  des  restes  d'une  faune  et 
d'une  flore  aujourd'hui  éteintes.  Ces  fossiles  végétaux  ou 
animaux  (feuilles,  écorces,  insectes,  larves,  etc.)  étaient  très 
nombreux.  Dans  cette  riche  collection,  figuraient  des  insectes 
extrêmement  délicats,  restés  néanmoins  absoluments  intacts. 
Bien  que  renfermés  depuis  des  milliers  d'années  dans  leur 
tombeau  de  résine,  ils  semblaient,  par  leur  état  de  conser- 
vation, ne  s'y  trouver  que  depuis  la  veille,  et  la  nature 
transparente  de  l'ambre  permettait  d'en  étudier  tous  les 
caractères.  On  y  trouvait,  soit  à  l'état  d'insecte  parfait,  soit  à 
l'état  de  larve,  des  représentants  de  presque  tous  les  ordres 
de  la  classe  des  insectes  :  Coléoptères,  Diptères,  Hyméno- 
ptères, Lépidoptères,  Orthoptères,  Névroptères.  Plusieurs 
Arachnides  y  figuraient  également. 

A  côté  de  cette  collection,  dont  nous  n'avons  pas  à  faire  res- 
sortir l'intérêt  scientifique,  étaient  exposés,  avec  les  appareils 
de  dragage  servant  à  recueillir  l'ambre,  des  modèles  de  ba- 
teaux, de  filets  et  d'habitations  des  pêcheurs  employés  à  cette 
industrie.  Enfin  des  vitrines  très  ingénieusement  disposées 
mettaient  sous  les  yeux  des  visiteurs  plusieurs  coupes  des 
terrains  renfermant  les  bancs  ou  gisements  d'ambre,  et  per- 
mettaient de  voir  comment  les  blocs  se  trouvent  mêlés  au 
sable,  aux  algues,  etc. 

Moules  perlières.  —  La  récolte  et  l'utilisation  des  perles 
que  fournissent  les  Moules  d'eau  douce,  ou  Mulettes,  consti- 
tuent dans  quelques  parties  de  TAllemagne  et  surtout  en 
Saxe  une  industrie  assez  importante.  Ces  perles  sont  géné- 
ralement inférieures  à  celles  que  produisent  les  Huîtres  per- 
lières; néanmoins  on  en  trouve  parfois  d'un  très  bel  orient. 
Quand  elles  sont  d'un  beau  choix,  elles  atteignent  un  prix 
élevé,  et  la  joaillerie  sait  en  tirer  un  excellent  parti.  Plu- 
sieurs négociants  de  Dresde  et  de  quelques  -autres  villes 
de  la  Saxe  avaient  envoyé  à  l'Exposition  de  Berlin  des  collec- 
tions de  perles  magnifiques,  au  milieu  desquelles  tiguraient 

3"  SÉRIE,  T.  X.  —  Novembre  I880.  43 


674  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

des  parures  montées  remarquablement  belles.  Un  collier 
exposé  par  M.  Th.  Sachwall,  bijoutier  à  Dresde,  ne  valait  pas 
moins  de  9000  marks  (il  250  francs)  et  l'on  estimait  à 
environ  4  millions  de  marks  (5  millions  de  francs),  la  va- 
leur totale  des  différentes  collections  de  perles  qui  figuraient 
dans  les  vitrines  de  l'exposition  saxonne.  Nous  devons  à  l'obli- 
geance de  M.  le  docteur  Hinrich  Nitsche,  professeur  de 
zoologie  à  l'Académie  forestière  de  Tharand  (Saxe),  les 
renseignements  ci-après  sur  cette  industrie  locale . 

La  Moule  à  perles  (1)  ou  Mulette  margaritifère  {Unio  mar- 
garitifera  Drap.),  en  allemand  Die  Flussperlmuschel,  qui 
se  rencontre  dans  la  plupart  des  cours  d'eau  du  centre  et  du 
nord  de  l'Europe,  entre  le  43*  et  le  70°  degré  de  latitude,  est 
surtout  abondante  dans  quelques  régions  de  l'Allemagne,  et 
spécialement  dans  les  parties  hautes  et  boisées  de  la  Bavière, 
qu'arrosent  de  nombreux  petits  cours  d'eau  tributaires  du 
Danube.  On  en  trouve  aussi  beaucoup  dans  les  affluents  supé- 
rieurs du  Mein  et  de  la  Saale.  Ce  mollusque  se  développe  par- 
ticulièrement bien  dans  les  rivières  de  la  Saxe,  surtout  dans 
le  bassin  supérieur  de  l'Elster,  en  amont  d'Elsterberg  et  dans 
plusieurs  cours  d'eau  voisins. 

Au  moyen  âge,  les  Vénitiens,  grands  amateurs  de  pierres 
fines  et  de  toute  espèce  de  bijoux,  ne  laissèrent  pas  échapper 
les  ressources  que  leur  offraient  ces  rivières,  et,  pendant  une 
longue  période,  ils  accaparèrent  à  peu  près  complètement 
le  commerce  des  perles  récoltées  par  les  habitants  du  «  Voigt- 
land  ».  Ils  étaient  encore  maîtres  de  ce  commerce  quand,  en 
1621,  l'Électeur  Jean-Georges  1",  à  la  suggestion  d'un  drapier 
d'Oelsnitz,  Moritz  Schmirler,  monopolisa  à  son  profit  l'ex- 
ploitation des  perles  et  créa  la  charge  de  Premier-Pécheur 

(1)  Cette  espèce  est  aussi  nommée  Muletle  du  Rhin  ou  Mulette  sinuée  {Unio 
sinu'ita  Lam.);  Linné  la  désignait  sous  le  nom  de  Mya  mnrgaritifera.  Elle  est 
très  voisine  de  la  Mulette  des  \>f'\n{re%[U ido  pictorum)  et  de  la  Mulette  idlongée 
{Unio  elongûta)  Ce  coquillage  affecte  une  forme  à  peu  près  ovale.  Quelques-uns 
atteignent  8  centimètres  de  longueur  sur  30  de  largeur.  Les  perles  ne  se 
trouvent  en  général  ni  dans  les  très  petites,  ni  dans  les  très  grandes  coquilles, 
mais  plutôt  dans  les  moyennes  et  principalement  dans  celles  qui  ont  subi  quelque 
compression  ou  fracture. 


LA   PISCICULTURE   A   L'ÉTRANGER.  675 

de  perles  {Erst  Perlfischer)  en  faveur  de  celui  qui  lui  avait 
indiqué  cette  nouvelle  source  de  revenus. 

A  sa  mort,  survenue  en  164S,  ce  Moritz  Schmirler  fut  rem- 
placé par  son  frère  Abraham,  et  depuis  lors  les  Schmirler  se 
succédèrent  de  père  en  fils  dans  la  charge  de  Premier-Pêcheur, 
jusque  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  époque  où  ces  fonc- 
tions passèrent  aux  mains  du  beau-père  du  dernier  membre 
de  cette  famille,  Herr  Schmerler,  dont  les  descendants  sont 
encore  aujourd'hui  à  la  tète  de  l'exploitation  des  perles.  Le 
Premier-Pêcheur  de  perles  actuel  est  le  maître  drapier  Moritz 
Schmerler  aîné,  que  secondent  dans  ses  fonctions  deux  de  ses 
neveux,  Moritz  et  Julius  Schmerler. 

A  leur  création,  les  pêcheries  royales  de  perles  furent  pla- 
cées, quant  à  la  haute  surveillance  des  travaux,  dans  les  attri- 
butions de  l'administration  supérieure  des  forêts,  à  Auerbach, 
qui  avait  déjà  dans  ses  attributions  le  service  des  eaux  de  la 
région.  Cette  organisation  subsiste  encore  aujourd'hui.  L'in- 
spection des  eaux,  c'est-à-dire  la  recherche  des  perles,  se  fait 
au  printemps.  Dès  que  la  température  est  assez  douce  pour 
permettre  aux  pêcheurs  de  se  mettre  à  l'eau  et  d'y  travailler 
pendant  des  heures  entières,  tous  les  bancs  de  Moules  sont 
successivement  passés  en  revue,  ei  chaque  Moule  est  entr'ou- 
verte  à  l'aide  d'un  fer  spécial,  qui  permet  d'en  visiter  rapide- 
ment l'intérieur  sans  blesser  le  mollusque.  Celles  qui  ren- 
ferment une  ou  plusieurs  perles  sont  seules  sacrifiées,  c'est-à- 
dire  complètement  ouvertes.  Les  autres  sont  immédiatement 
remises  à  l'eau.  Il  en  est  de  même  de  celles  où  l'on  ne  trouve 
que  de  très  petites  perles  jugées  susceptibles  de  prendre  ul- 
térieurement plus  de  développement.  Dans  ce  cas,  on  grave 
extérieurement  sur  la  coquille  l'année  de  la  visite.  Il  arrive 
qu'on  retrouve  plus  tard  de  très  belles  perles  dans  des  Moules 
ainsi  marquées.  Jamais  on  ne  visite  tous  les  ans  un  même 
banc;  on  laisse  même  parfois  écouler  une  assez  longue  pé- 
riode —  dix,  douze  et  même  quinze  ans  —  avant  de  revenir 
aux  mêmes  endroits. 

Les  produits  de  la  pêche,  centi-alisés  par  l'administration 
forestière  à  Aner])acii,  étaient  autrefois  remis  à  la  Direction 


676  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

des  Collections  royales.  Aujourd'hui  ils  sont  versés  au  minis- 
tère des  finances  et  la  vente  s'en  fait  annuellement,  tandis 
qu'elle  n'avait  lieu  primitivement  que  par  périodes  de  plu- 
sieurs années,  au  moins  pour  les  produits  de  nature  à  être 
employés  par  la  bijouterie  de  luxe  (i).  Le  magnifique  collier 
mentionné  ci-dessus  a  été  fait  avec  les  plus  beaux  spécimens 
de  la  pêche  de  1879. 

Quelques  expériences  faites  dans  l'ElsLer,  en  vue  de  la  pro- 
duction artificielle  des  perles,  n'ont  pas  donné  de  résultats  (2). 
Mais,  en  1851,  M.  Moritz  Schmeiier  essaya  la  fabrication  d'ob- 
jets de  fantaisie  en  nacre  de  Moule,  et  cette  tentative  eut  un 
plein  succès.  La  mode  s'empara  si  bien  de  cette  nouveauté, 
qu'une  industrie  importante  s'est  créée  rapidement  à  Adorf. 
Elle  est  exploitée  non  par  les  pêcheurs  de  perles  titulaires, 
mais  par  différents  négociants,  et  elle  a  pris  une  telle  exten- 
sion, que  les  Moules  des  rivières  saxonnes  ne  suffisent  plus; 
on  en  tire  des  pays  voisins,  et  notamment  de  certaines  parties 
de  la  Bavière  et  de  la  Bohême,  où  quelques  couis  d'eau  sont 
même  déjà  presque  complètement  dépeuplés.  Depuis  quelque 

(1)  Le  service  royal  des  pêcheries  de  perles  de  Saxe  avait  exposé  un  tableau 
donnant  le  relevé  des  ventes  faites  depuis  1719.  Parmi  les  plus  belles  perles  ré- 
coltées pendant  ceUe  période,  il  y  en  avait  9  du  poids  de  35  carats  et  d'une 
valeur  de  85  thalers  (331  fr.  50)  chacune. 

(2)  On  sait  que  toute  blessure  faite  au  mollusque  peut  amener  la  formation  de 
perles.  Qu'une  lésion  se  produise  dans  le  manteau  de  la  Moule,  c'est-à-dire  dans 
la  membrane  charnue  qui  revêt  l'intérieur  de  la  coquille,  et  presque  toujours  un 
développement  abondant  de  matière  calcaire  qui  se  produit  à  l'endroit  malade, 
formera  à  la  partie  interne  de  la  coquille,  après  la  guérison,  une  excroissance 
plus  ou  moins  prononcée,  qui  est  une  perle  soudée  à  la  coquille.  Qu'un  giain  de 
sable  pénètre  dans  les  chairs,  et  le  mollusque,  pour  rendre  inoflfensif  ce  corps 
étranger  qui  le  blesse,  manque  rarement  de  le  couvrir  de  nacre,  en  le  transfor- 
mant ainsi  en  perle.  La  connaissance  de  ce  fait  a  donné  l'idée  de  déterminer  la 
production  artificielle  des  perles.  Les  Hollandais  ont  usé  du  procédé  pour  les 
Huîtres  perlières,  dans  les  colonies  o\x  se  pratique  la  pèche.  La  coquille  est 
entr'ouverte  et  Ton  y  insinue  un  petit  fragment  quelconque  que  le  mollusque  ne 
puisse  pas  facilement  expulser  ;  puis  on  dépose  le  coquillage  ainsi  préparé  dans 
un  fond  de  mer  convenable.  Après  deux  ou  trois  ans,  on  pêche  ces  coquilles  qui 
renferment  de  très  belles  perles.  Chez  la  Moule  perlière,  si  la  matière  calcaire 
qu'emploie  le  mollusque  pour  recouvrir  le  grain  de  sable  qui  le  gêne,  est  celle 
qui  forme  la  couche  extérieure,  jaune  ou  brunâtre,  de  sa  coquille,  la  perle  est 
terne  et  sans  valeur  aucune;  mais  si,  au  contraire,  il  se  sert  de  la  matière  qui 
constitue  la  partie  interne  de  la  coquille,  la  perle  présente  les  rellets  nacrés  qui 
lui  donnent  sa  beauté,  et  plus  la  matière  est  pure,  plus  la  perle  est  blanche,  plus 
elle  a  cet  aspect  chatoyant  auquel  elle  doit  son  prix. 


LA   PISCICULTURE   A   l'ÉTRANGER.  677 

temps,  du  reste,  on  travaille  également  à  Adorf  la  nacre  de 
toutes  sortes  de  coquillages  exotiques,  et  beaucoup  de  maisons 
importantes,  telles  que  celles  de  MM.  G. -W.  Lots,  Louis  Nicolaï, 
Leonhard  Bang,  etc.,  occupent  chacune  plusieurs  centaines 
d'ouvriers. 


Il   TRAVAUX  ADRESSÉS  ET  COMNIUNiCATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ. 


QUELQUES  MOTS 

AU    SUJET 

DES  CHÉNOPODÉES  D'AUSTRALIE 

Par     m.    Ch.     KAUDIN 

De  l'institut 


Les  Chénopodées,  que  M.  Moquin-T.indon,  leur  mono- 
graphe,  appelait  tacélieusemenl  les  crapauds  du  règne  végé- 
tal, ne  brillent  assurément  pas  par  la  beauté,  et  jamais  Thor- 
ticulture  d'agrément  n'en  fera  grande  consommation;  en 
revanche  il  en  est  quelques-unes  qui  jouent  un  rôle  considé- 
rable dans  la  culture  d'utilité  ;  il  suffit  de  rappeler  la 
Betterave,  la  Poirée  et  l'Kpinard,  pour  montrer  que  cette 
vaste  famille  de  plantes,  si  modestement  douée  sous  d'autres 
rapports,  mérite  bien  qu'on  lui  témoigne  quelque  intérêt. 

A  ces  espèces  classiques  il  faudra  peut-être  ajouter  un 
jour  une  demi-douzaine  de  Chénopodées  de  l'Australie,  qui 
rendent,  dans  ce  pays  de  chaleurs  torrides  et  de  sécheresse, 
de  signalés  services  aux  éleveurs  de  bestiaux,  dont  elles 
sont  la  providence  quand  le  soleil  a  roussi  et  détruit  toute 
autre  végétation  herbacée.  Toutes  ^ont  des  plantes  de  marais 
salants,  qui  ont  cet  inappréciable  avanlage  de  ne  rien  coûter 
et  d'être  une  excellente  pâture  pour  les  bœufs  et  les  moutons, 
quand  il  n'y  a  plus  rien  autre  chose  à  leur  donner.  Si  elles 
venaient  à  disparaître,  la  principale  industrie  de  ce  pays  en 
serait  piofondément  atteinte. 

Par  plus  d'un  côté  la  région  saharienne  de  l'Algérie  res- 
semble à  ces  déserts  australiens  :  c'est  la  même  chaleur  et  la 
même  sécheresse  pendant  des  mois  et  des  mois,  le  môme 
sirocco  brûlant  et  aussi  les  mêmes  terrains  imprégnés  d'eau 
saumâlie  partout  où  il  y  a  quelque  dépression  du  sol.  C'est, 
suivant  l'expression  arabe,  le  pays  de  la  soif,  qui  se  couvre 


,      DES    CHÉNOPODÉES   D'AUSTRALIE.  679 

d'herbe  après  les  pluies  de  l'automne  et  de  l'hiver,  mais  leste 
absolument  improductif  et  inhabitable  dans  les  autres  saisons, 
exception  faite  des  oasis,  qui  ne  vivent  que  par  les  sources 
jaillissantes  que  l'industrie  des  hommes  a  fait  sortir  du  solde 
temps  immémorial. 

Ce  vaste  pays  est  parcouru  en  hiver  par  de  maigres  trou- 
peaux; mais,  quand  toute  l'herbe  en  a  été  broutée  et  que  les 
chaleuis  arrivent,  il  faut,  sous  peine  de  voir  périr  les  bêtes, 
les  conduire  sur  les  points  élevés  où  il  y  a  encore  de  la  ver- 
dure. Or  c'est  là  le  grand  obstacle  au  reboisement  de  ces 
hauts-plateaux  qu'il  y  aurait  tant  d'intérêt  pour  la  colonie  en- 
tière à  voir  se  couvrir  de  forêts. 

Y  aurait-il  moyen  de  retenir  les  troupeaux  dans  les  plaines 
du  Sud  et  de  les  y  faire  vivre,  même  en  été,  sans  recourir  à 
cette  fâcheuse  transhumance?  Pcut-êlie,  et,  dans  tous  les  cas, 
il  serait  bon  de  tenter  l'aventure  en  y  introduisant  ces  utiles 
Chénopodées  australiennes.  Puisqu'elles  rendent  tant  de  ser- 
vices là-bas,  pourquoi  n'en  rendraient-elles  pas  chez  nous? 
Si  l'expérience  réussissait,  les  avantages  en  seraient  considé- 
rables. Ce  serait  d'abord  une  meilleure  utilisation  de  la  plaine 
saharienne,  puis,  chose  plus  importante,  une  abondante  pro- 
duction de  bois  dans  une  région  à  peu  près  stérile  aujour- 
d'hui ;  ce  serait,  surtout,  une  notable  amélioration  du  climat 
algérien  :  des  pluies  plus  fréquentes,  plus  abondantes  et  bien 
mieux  emmagasinées  dans  le  sol  montagneux,  d'où  elles  res- 
sortiraienten  sources  également  bienfaisantes  pour  les  plaines 
-du  iNord  et  pour  celles  du  Sud.  Au  surplus,  d'où  viennent  les 
eaux  qui  font  vivre  les  oasis,  si  ce  n'est  de  la  pluie  tombée 
sur  les  hauteurs  et  qui  circule  en  nappes  souterraines?  Il  est 
de  toute  évidence  que  plus  ces  eaux  seront  abondantes,  plus 
florissantes  et  plus  larges  seront  les  cultures  de  cette  région 
du  Sud,  si  peu  favorable  actuellement  à  la  colonisation  euro- 
péenne. S'il  est  possible  de  faire  reculer  le  désert,  ce  ne 
sera  qu'en  rétablissant  les  forêts  sur  tous  les  points  élevés  du 

pays. 

Voilà,  m'objectera-t-on,  une  belle  perspective,  ou  plutôt 
.une  belle  utopie,  mais  qui  a  le  malheur  d'être  tout  à  fait  hors 


680  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

de  proportion  avec  les  moyens  que  vous  proposez  pour  en 
faire  une  réalité.  Est-ce  avec  cinq  ou  six  misérables  Chéno- 
podées  qu'on  peut  espérer  une  si  heureuse  révolution?  Je 
répondrai  d'abord  qu'il  ne  s'agit,  pour  commencer,  que 
d'une  simple  expérience,  et  que,  jusqu'à  ce  qu'elle  ait  été 
faite  sérieusement,  on  n'a  pas  le  droit  d'en  dire  du  mal; 
j'ajouterai  ensuite  que,  bien  souvent,  des  petits  moyens, 
jugés  défavorablement,  ont  produit  de  grands  résultats,  et 
que  des  plantes  de  peu  d'apparence  ont  fait  la  fortune  de  pays 
entiers.  Où  en  serait  aujourd'hui  l'agriculture  de  l'Europe 
sans  la  pomme  de  terre  et  la  betterave  ?  Ces  deux  modestes 
plantes  n'ont  pas  manqué  de  dénigreurs  à  leur  début,  et  cela 
ne  les  a  pas  empêchées  de  faire  glorieusement  leur  chemin. 
Mais  revenons  à  nos  fameuses  Chénopodées. 

Le  2  mai  1882  j'ai  reçu  de  M.  Prillieux,  professeur  à 
l'Institut  agronomique,  une  bonne  provision  de  graines  de 
trois  Chénopodées  australiennes,  le  Kochia  villosa,  nommé 
dans  le  pays  Blue  sait  bush  et  Cotton  bush  ;  VAtriplex  vesi- 
caria,  ou  Small  sait  bush;  et  le  Chenopodium  nitrariaceum 
ou  Swamp  sali  bush.  Ces  noms  vulgaires  indiquent  que  ces 
trois  plantes  croissent  dans  les  lieux  bas,  plus  ou  moins  ma- 
récageux et  imprégnés  de  sel. 

J'ai  partagé  ces  graines  avec  divers  horticulteurs,  qui,  je  le 
crains,  n'en  ont  pas  fait  grand  cas,  et  j'ai  semé  le  reste.  Le 
Ch.  nitrariaceum  a  eu  tout  le  succès  qu'on  pouvait  en 
attendre  ;  le  Kochia  villosa  n'a  levé  qu'en  partie,  mais  les 
sujets  obtenus  sont  florissants  ;  quant  aux  graines  de  l'A.  vesi- 
caria,  elles  avaient  été  probablement  récoltées  avant  matu- 
rité, car  sur  plusieurs  centaines  qui  ont  été  semées  je  n'ai 
obtenu  que  trois  ou  quatre  plantes  débiles,  qui  ont  péri 
malgré  tous  les  soins.  Il  en  a  été  de  même  pour  celle  espèce 
chez  M.  Huber,  horticulteur  à  Hyères,  qui  a  parfaitement 
réussi  pour  les  deux  autres.  En  ce  moment  le  Ch.  nitraria- 
ceum et  le  Kochia  villosa  sont  en  pleine  floraison  à  Hyères  et 
à  la  villa  Thuret.  Nous  pourrons  donc  obtenir  une  seconde 
génération  de  graines  récoltées  chez  nous  et  peut-être  déjà  un 
peu  mieux  acclimatées  que  celles  qui  nous  sont  venues  directe- 


DES    CHÉNOPODÉES   d'aUSTRALIE.  681 

ment  d'Australie.  Ces  deux  plantes  sont  de  petits  buissons  de 
O^jSO  à  0'°,60  de  hauteur,  ramifiés  et  à  feuilles  menues.  Le 
Kochia,  dont  le  port  est  éricoïde  et  qui  est  tout  enveloppé  de 
poils  blancs,  ne  déparerait  pas  les  planches  d'un  parterre. 
Son  nom  de  Cotlon  hush  lui  vient,  suivant  M.  F.  Mûller,  de 
petites  excroissances  couvertes  de  duvet  blanc,  dues  proba- 
blement à  la  piqûre  de  quelque  iii.sccle  {Cijnips?)  particulier 
à  l'Australie.  Rien  de  semblable  ne  se  présente  sur  nos 
plantes. 

Les  trois  Chénopodées  que  je  viens  de  citer  ne  sont  pas  les 
seules,  ni  même  les  meilleures  des  déserts  australiens.  Au- 
dessus  d'elles  il  faut,  je  crois,  placer  les  Alriplex  halimoides 
et  nummularia,  véritables  sous-arbrisseaux,  très  ramifiés, 
très  feuillus,  et  avidement  recherchés  par  le  bétail,  le  dernier 
surtout,  dont  on  commence  à  craindre  la  disparition  dans  les 
lieux  les  plus  fréquentés  par  les  troupeaux,  et  qu'il  faudra 
peut-être  cultiver  pour  ne  pas  perdre  cette  ressource.  Nous 
possédons,  à  la  villa  Thuret,  un  grand  Atriplex,  presque  ar- 
borescent, qui  est  probablement  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux 
espèces,  mais  je  ne  saurais  dire  laquelle  des  deux.  Dans  tous 
les  cas,  elle  est  de  celles  qu'il  faudrait  essayer  de  propager 
dans  le  Sahara  algérien.  La  difficulté  est  de  trouver  l'homme 
qui  pourrait  s'en  charger,  car  ici,  comme  ailleurs,  tant  vaut 
l'homme,  tant  vaut  l'expérience.  Il  est  à  regretter  que  nous 
n'ayons  pas,  dans  le  Sud  algérien,  à  Touggourth  ou  à  Ouargla, 
un  jardin  d'expériences,  grand  ou  petit,  avec  un  homme 
sur  lequel  on  puisse  compter.  Cela  viendra  peut-être  un 
jour  (1). 

(1)  Ce  qui  ne  serait  pas  moins  utile  ce  serait  la  création,  sur  quelque  point  de 
TAlgérie  convenablement  choisi,  d'un  Arborelum,  ou  Jardin-école,  spécialement 
réservé  à  la  culture  d'arbres  exotiques,  comme  celui  que  M.  Alph.  Lavallée  a 
fondé  à  S'-grez.  Les  services  qu'il  rendrait  à  la  colonie  sont  trop  évidents  pour 
qu'il  soit  nécessaire  de  les  faire  ressortir. 


FAITS  DIVERS   ET  EXTRAITS   DE  CORRESPONDANCE 


Eucalyptus  et  Cytisus*. 

Extrait  d'une  lettre  adressée  à  M.  le  Secrétaire  général. 

...J'ai  suivi  votre  conseil  :  je  viens  de  passer  un  mois  en  Algérie  (février 
et  commencement  de  mars)  pour  visiter  les  colleclions  d'Eucalyptus  de 
MM.  Cordier  et  Trottier,  que  j'ai  trouvées  supérieures  aux  éloges  qu'on 
en  a  faits  à  différentes  reprises  dans  les  publications  agricoles  et  horti- 
coles. Il  y  a  ià  d'importants  matériaux  pour  l'étude  de  ces  arbres,  des 
expériences  décisives  pour  leur  naturalisation,  et  bientôt  une  riche  pro- 
duction de  graines  mise  au  service  des  cultivateurs  et  de  l'admmistra- 
tion  forestière. 

J'ai  parcouru  les  deux  provinces  d'Alger  etd'Oran,  m'arrêtant  en  divers 
endroits  pour  me  rendre  compte  des  progrés  de  la  colonisation,  qui  au 
total,  est  satisfaisante.  iMa  précédente  visite  à  l'Algérie  datait  de  trente 
ans  (en  1852);  bien  du  chemin  a  été  fait  depuis,  et  j'ai  revu  florissantes 
et  peuplées  beaucoup  de  localités  qui  n'étaient  alors  qu'un  désert. 

Au  milieu  de  celle  prospérité,  il  y  a  toutefois  un  point  noir,  auquel 
on  n'a  pas  fait  grande  attention  dans  le  principe,  mais  sur  lequel  tous 
les  agricultt'urs  algériens  ouvrent  aujourd'hui  les  yeux  :  c'est  l'insuffi- 
sance des  forêts,  insuffisance  qui  s'aggrave  à  mesure  que  les  défriche- 
ments s'accroissent.  Entre  Alger  et  Oran,  dans  la  vaste  plaine  du  Chéliff 
surtout,  on  fait  des  lieues  et  des  lieues  sans  voir  un  seul  arbre.  Les  fu- 
nestes conséquences  d'un  déboisement  exagéré  sont  trop  connues  pour 
qu'il  soit  nécessaire  de  les  rappeler.  La  pénurie  île  bois  de  construction, 
la  rareté  des  pluies,  les  inondations  quand,  après  de  longues  sécheresses, 
la  pluie  finit  par  arriver,  toutes  les  souffrances  de  l'agriculture,  en  un 
mot,  ce  sont  là  autant  de  lieux  communs  cent  fois  ressassés,  et  néan- 
moins toujours  oubliés  dans  la  pratique.  11  serait  grand  temps  qu'on 
s'occupât  sérieusement  de  remédier  à  un  mal  qui  menace  l'Algérie,  et 
peut-être  dans  un  avenir  plus  rapproché  qu'on  ne  le  croit.  Il  faudrait 
non  seulement  reboiser  les  montagnes,  mais  obliger  tout  concession- 
naire, et  même  tout  acquéreur  de  terre,  de  planter  un  nombre  d'arbres 
proportionné  à  l'étendue  de  son  exploitation.  Il  y  aurait  bien  d'autres 
choses  à  dire  sur  ce  point,  mais  ce  n'est  pas  dans  une  simple  lettre  qu'on 
peut  en  ex|)Oser  le  détail. 

Dans  un  des  derniers  numéros  du  Bulletin  de  la  Société  d'Acclimata- 
tion, il  a  été  reparlé  du  Cytisus  proUfcrus,  grand  arbrisseau  .les  Cana- 
ries, introduit  en  France  par  M.  le  docteur  Sagot  (|ui  nous  a  fait  con- 
naître sa  valeur  fourragère.  Plus  d'une  fois  aussi  les  journaux  agricoles 


FAITS  DIVERS   ET  EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.       683 

anglais  en  ont  parlé  avec  éloge.  J'ai  cultivé  cet  arbre  assez  longtemps  et 
avec  assez  de  succès  dans  mon  jardin  d'expériences  de  Collioure  pour 
pouvoir  témoigner  en  sa  faveur.  C'est  un  excellent  fourrage  pour  les 
bêtes  bovines  et  pour  les  moutons;  il  est  rustique  eu  Roussillon  et  en 
Provence,  et,  par  sa  nature  arborescente,  il  résiste  à  la  sécheresse  infi- 
niment mieux  que  tous  les  fourrages  herbacés.  Taillé  en  têtard,  à  quel- 
ques centimètres  du  sol,  il  repousse  énergiquement  une  multitude  de 
branches  qu'on  peut  faire  brouter  directement  par  les  animaux,  ou 
couper  à  la  faucille  pour  leur  être  distribuées.  Abandonné  à  lui-même, 
ce  Cytise  forme  un  arbre  de  4  à  5  mètres,  dont  les  longues  branches 
inclinées  se  couvrent  d'une  incroyable  quantité  de  fleurs  blanches,  dès 
la  fin  et  même  avant  la  fin  de  l'hiver.  Il  y  aurait  là  encore  une  impor- 
tante ressource  pour  les  Abeilles.  J'ajoute  à  ces  détails  que  son  bois 
est  excessivement  dur  et  qu'il  peut  fournir  d'excellents  manches  d'outils. 
Pour  ces  diverses  raisons,  il  me  paraît  que  le  Cytisus  proliferus 
devrait  être  propagé  en  Algérie,  surtout  comme  plante  fourragère. 

Débarqué  à  Port-Vendres  au  commencement  de  mars,  je  n'ai  eu  garde 
de  traverser  Collioure  sans  revoir  mon  ancien  jardin  qui  m'a  rappelé 
bien  des  souvenirs.  J'ai  vu,  avec  plaisir,  que  mon  successeur,  un  ancien 
militaire,  ami  des  plantes,  a  soigneusement  conservé  celles  dont  j'avais 
peuplé  ce  jardin.  En  somme,  il  a  continué  les  expériences  que  j'avais 
commencées.  J'ai  donc  retrouvé,  notablement  grandies,  quantité  de 
plantes  intéressantes  dont  j'aurai  peut-être  à  parler  dans  une  autre  occa- 
sion. Pour  aujourd'hui,  je  me  borne  à  dire  que  les  cinq  ou  six  Cytisus 
proliferus  adultes  qui  subsistent  encore,  étaient  couverts  de  fleurs  au 
moment  de  mon  passage,  il  y  aura,  par  conséquent,  une  grande  quan- 
tité de  graines  à  récolter,  que  le  professeur  actuel  tiendra  à  la  disposi- 
tion des  agriculteurs  et  amateurs. 

Je  lis  également  dans  le  dernier  numéro  du  Bulletin  de  la  Société 
d'Acclimatation,  p.  57,  que  l'Eucalyptus  rostrata  a  été  accusé  d'em- 
poisonner les  Abeilles.  Ce  n'est  pas  impossible,  mais  cela  m'étoimerait. 
Ici  toutes  les  Abeilles,  d'une  lieue  à  la  ronde,  ont  activement  butiné 
l'été  dernier  sur  les  Eucalyptus  rostrata  et  autres  espèces  qui  fleuris- 
sent dans  nos  alentours  sans  que  personne  ail  remarqué  rien  de  sem- 
blable. Ne  serait-il  pas  possible  que  les  Abeilles  qu'on  dit  avoir  été 
empoisonnées  l'aient  été  par  tout  autre  chose  que  des  Eucalyptus? 
Cela  mériterait  d'être  vérifié. 
Agréez,  etc. 

Ch.   Naudin. 


684  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


]Katni*alisation  de  Tégétanx  en  ]\ouTelle-Calédonie. 

Extrait  d'une  lettre  adressée  à  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  directeur  du 
Jardin  Zoologique  d'acclimatation,  à  Paris. 

Cayenne,  3  juin  1883. 

J'ai  passé  si  peu  de  jours  en  France  à  mon  retour  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie, qu'il  m'a  été  impossible  d'aller  vous  remercier  de  l'envoi  que  vous 
m'aviez  fait  à  Nouméa  par  le  transport  le  Fontenoy.  Tous  les  Figuiers 
étaient  en  pleine  végétation  et  il  m'a  été  facile  de  les  faire  transplanter 
sans  en  perdre  un  seul.  Dans  quelques  années,  je  l'espère,  le  Figuier 
sera  acclimaté  en  Galédonie  comme  l'est,  aujourd'hui,  le  Pêcher,  qui  donne 
des  fruits  savoureux  et  s'est  multiplié  au  point  qu'il  envahit  toutes  les 
propriétés.  Je  désirerais  que  le  Jardin  d'acclimatation  d'Hyères  voulût 
bien  me  faire  un  envoi  du  même  genre  par  le  transport  de  l'État  qui 
relèvera  pour  Cayenne  dans  le  courant  du  mois  d'août  prochain. 

Cet  envoi  pourrait  comprendre:  des  Figuiers  et  quelques  plants  d'une 
Vigne  que  l'on  désigne  dans  le  département  des  Alpes-Maritimes  sous  le 
nom  de  raisin  framboise.  Le  grain  est  noir,  recouvert  d'un  duvet  blan- 
châtre comme  la  Prune  de  Monsieur,  la  feuille  est  très  large  et  presque 
ronde,  elle  est  d'un  vert  très  foncé  d'un  côté  et  blanchâtre  de  l'autre;  ce 
dernier  côté  est  recouvert  d'un  duvet  assez  long. 

J'en  ai  emporté  d'Antibes  quelques  plants  en  Galédonie  et  j'ai  obtenu 
des  résultats  tellement  surprenants,  que  je  serais  bien  aise  de  faire  un 
essai  à  la  Guyane.  J'avais,  à  Nouméa,  deux  récoltes  par  an,  et  une  treille 
de  6  pieds  de  Vigne  m'a  donné,  au  bout  de  trois  ans  de  mise  en  terre,  plus 
de  sept  cents  raisins,  qui  sont  devenus  très  gros  et  ont  mûri  en  même 
temps.  La  vigueur  de  cette  Vigne  était  telle,  qu'une  bouture  mise  en  terre 
en  août  m'a  donné  huit  grappes  de  raisin  qui  étaient  arrivés  à  maturité 
le  mois  de  décembre  suivant.  Le  même  fait  s'est  reproduit  pour  plusieurs 
milliers  de  boutures,  mais  avec  un  rapport  moindre. 

Il  y  a  certainement  à  Hyères  l'espèce  de  raisin  dont  il  s'agit,  le  tout 
est  desavoir  si  elle  y  porte  le  nom  de  raisin  framboise. 

J'avais  également  réussi  à  avoir,  en  Nouvelle-Calédonie,  d'excellentes 
Fraises  en  multipliant  une  espèce  qui  se  vendait  à  Sydney  chez  Anderson 
et  G'%  sous  le  nom  de  Victoria  Trolloppes.  Si  cette  espèce  existait  en 
France,  on  pourrait  joindre  quelques  plants  à  l'envoi. 

Cette  demande  faite,  Monsieur  le  Directeur,  il  me  reste  à  faire  savoir 
à  la  Société  d'Acclimatation  que  je  me  mets  entièrement  à  sa  disposition 
pour  lui  expédier  de  la  Guyane  les  animaux  ou  les  plantes  qu'elle  voudra 
bien  me  désigner.  Ma  qualité  de  chef  de  l'administration  pénitentiaire 
me  permettant  d'exercer  mon  action  sur  un  grand  nombre  de  points  de 


FAITS   DIVERS   ET   EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.        685 

la  colonie  où  se  trouvent  des  pénitenciers,  il  me  sera  facile  de  me  pro- 
curer, en  peu  de  temps,  tout  ce  que  la  Société  d'Acclimatation  aura  le 
désir  de  posséder. 

Si  en  dehors  d'un  envoi  par  serre,  la  Société  voulait  bien  me  faire 
l'envoi  de  quelques  graines  comprenant  les  différentes  espèces  de  maïs, 
les  melons,  les  pastèques,  les  graines  fourragères,  en  un  mot  tout  ce 
qu'elle  aurait  de  disponible  pouvant  avoir  quelque  chance  de  s'acclimater 
dans  un  pays  chaud  et  humide,  je  lui  en  serais  particulièrement  recon- 
naissant et  lui  offre  en  échange  tout  le  concours  de  l'administration  pé- 
nitentiaire pour  lui  faire  parvenir  tout  ce  qui  dans  le  pays  pourra  faire 
plaisir  à  la  Société. 

Veuillez,  etc. 

Le  Directeur  de  l'Administration  pénitentiaire  y 

L.  Armand. 


Colonibes  Toyag^enses. 

On  nous  écrit  d'Amérique  :  Les  Colombes  voyageuses  {Ectopistes 
migratorius)  ont  choisi  cette  année  comme  lieu  de  migration  l'Ozark 
County,  à  Missouri. 

Des  millions  de  ces  oiseaux  ont  été  tués  et  envoyés  à  Saint-Louis, 
Chicago,  Kanzas  City  et  autres  villes.  En  outre,  une  grande  quantité 
ont  été  pris  et  mis  dans  des  cages,  grossièrement  construites,  pour  y 
être  engraissés  et  vendus  ainsi  plus  avantageusement. 

Beaucoup  de  familles  des  environs  ont  quitté  leurs  fermes,  négligeant 
leurs  propriétés  pour  venir  s'installer  sur  les  lieux  et  s'y  livrer  à  la 
chasse  et  à  l'élève  de  ces  Colombes;  quelques-unes  ont  gagné  jusqu'tà 
30  dollars  par  jour. 

Précédemment  ces  oiseaux  avaient  niché  à  Oregon  County  et  les 
fermiers  de  cet  endroit  en  avaient  vendu  pour  envion  150  000  dollars. 


IV.  BIBLIOGRAPHIE. 


1 

I>a  pêche  à  toutes  lignes  de  Poissons  d'eau  douce,  par  John  Ficher, 
1  vol.  in-8%  336  p.,  Samson,  84,  boulevard  de  Magenta. 

Les  pêcheurs  à  la  ligne  sont  les  victimes  résignées  de  cinq  ou  six  plai- 
santeries peu  méchantes,  constamment  les  mêmes,  qu'on  trouve  toujours 
spirituelles,  et  devant  lesquelles  ils  courbent  la  tête,  ce  qui  ne  les  em- 
pêche pas  le  lendemain,  de  recommencer  comme  par  le  passé  à  manquer 
tous  les  Gardons  et  à  attraper  de  nouveaux  rhumes  de  cerveau  ! 

C'est  que,  d'après  ses  adeptes,  la  pèche  à  la  ligne  est  véritablement 
un  art,  qui  demande  la  persistance  dans  la  volonté,  le  calme  dans  les 
idées,  la  patience  dans  le  caractère,  l'habileté  de  la  main  et  la  sûreté  du 
coup  d'oeil.  Elle  exige  la  connaissance  des  habitudes  des  Poissons,  l'es- 
prit d'observation,  la  surveillance  attentive  des  circonstances  les  plus 
indifférentes  en  apparence;  l'ombre  d'un  oiseau,  le  bruit  des  pas. 

Le  moindre  vent  qui,  d'aventure, 
Fait  rider  la  face  de  l'eau.... 

Comme  le  dit  Alphonse  Karr,  un  des  avantages  de  la  pêche  à  la  ligne 
est  celui-ci  :  quand  la  pièce  ne  réussit  pas,  elle  se  sauve  néanmoins  par 
les  décors.  Elle  se  joue  au  bord  d'une  rivière  ou  sur  un  bateau,  entre 
les  deux  rives,  à  l'ombre  des  saules,  et  l'eau  qui  coule,  par  son  mur- 
mure et  son  aspect,  vous  jette  dans  de  douces  et  profondes  rêveries. 

Le  publiciste  de  valeur  qui  se  cache  sous  le  pseudonyme  de  John 
Ficher  est  incontestablement  un  apôtre  convaincu  et  un  pratiquant.  11 
a  écrit  un  ouvrage  intéressant,  complet,  qu'on  lit  avec  plaisir,  et  que 
nous  recommandons  aux  amateurs.  Cet  excellent  manuel  a  été  édité  avec 
beaucoup  de  goût  parla  maison  Samson;  il  est  orné  de  40  gravures 
exécutées  d'après  nature,  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  et  de  i  planches 
comprenant  60  figures  techniques. 

Ce  livre  démontre  fort  bien  qu'il  ne  suffit  pas  de  lancer  une  hgne  à 
l'eau  pour  la  retirer  avec  un  poisson  au  bout;  les  instruments  les 
plus  perfectionnés  et  les  meilleures  amorces  ne  servent  à  rien,  si  l'on  ne 
possède  la  connaissance  exacte  des  endroits  où  habite  la  victime  choisie 
et  de  ceux  où  elle  doit  aller  et  venir  selon  les  circonstances  changeantes 
de  la  rivière  et  de  l'atmosphère. 

Après  avoir  jeté  un  coup  d'œil  sur  l'organisation  des  Poissons,  l'auteur 
décrit  très  soigneusement  le  matériel  nécessaire  au  pêcheur,  les  divers 
appâts,  la  manière  de  sonder,  de  toucher  et  de  ferrer;  il  passe  ensuite 


BIBLIOGRAPHIE.  687 

successivement  en  revue  les  diverses  sortes  de  pêches  :  à  la  ligne  flot 
tante,  sans  flotte,  de  surface,  au  vif,  de  fond,  ainsi  que  les  petites  pêches 
à  la  houteille,  à  la  main,  au  lacet,  au  fusil,  etc. 

Puis  il  donne  la  description  des  différentes  espèces  de  Poissons  d'eau 
douce,  avec  une  étude  approfondie  de  leurs  mœurs,  les  règles  spéciales 
pour  la  pêche  de  chaque  espèce,  et  même  quelques  indications  culi- 
naires. 

Un  dernier  chapitre  est  consacré  au  calendrier  du  pêcheur,  et  un 
appendice  contient  les  textes  de  la  législation  relatifs  à  la  pêche  fluviale. 

Dans  une  préface  spirituelle,  John  Ficher  cherche  à  justifier  sa  pas- 
sion, et  il  nous  donne  quelques  extraits  d'un  petit  chef-d'œuvre  d'humour, 
Sabnonia,  écrit  par  sir  Humphry  Davy,  l'une  des  gloires  philosophiques 
de  l'Angleterre.  C'est  l'apologie  de  la  pêche  à  la  ligne  et  la  démonstration 
la  plus  complète  que  ce  plaisir  peut  et  doit  s'allier  à  l'amour  des  sciences 
naturelles  et  à  la  contemplation  de  la  nature.  licite  les  principaux  amateurs 
connus  :  Walter  Scott,  de  Salvandy,  Jules  Sandeau,  Emile  Augier,  Am- 
broise  Thomas,  iMeissonnier,  Victor  Hugo  et  bien  d'autres. 

Nous  sommes  surpris  cependant  que  l'écrivain  n'ait  pas  cherché  à 
remonter  plus  haut  et  qu'il  ait  oublié  parmi  les  grands  pêcheurs,  Antoine, 
le  meurtrier  de  Cicéron,  le  cruel  Tibère  et  le  grand  empereur  Trajan, 
lequel  préférait  la  pêche  à  la  chasse,  parce  que  la  lutte  de  ruse  et  d'a- 
dresse entre  le  pêcheur  et  le  poisson  est  plus  réelle  que  celle  entre  le 
chasseur  et  le  gibier. 

Pourtant  c'était  un  bien  beau  cadre  pour  sa  plume  que  de  nous  repré- 
senter, d'après  Plutarque,  le  puissant  Marc  Antoine,  vêtu  de  sa  robe 
consulaire,  penché  sur  le  liane  d'un  navire  «  dont  la  poupe  était  d'or,  les 
voiles  de  pourpre,  les  avirons  d'argent  et  dont  le  mouvement  des  rames 
se  cadençait  au  son  des  flûtes,  se  mariant  à  celui  des  lyres  et  des  chalu- 
meaux». Auprès  d'Antoine  se  tient  Dellius,  son  confident,  qui  rit  des 
saillies  plus  que  risquées  du  général,  et  subit  sans  sourciller  ses  moque- 
ries et  ses  coups  de  boutoir;  en  arrière  sont  les  favoris  du  moment, 
Anaxénor,  le  joueur  de  cithare,  Xulus,  le  joueur  de  flùle,  le  comédien 
Métrodore,  et  l'habile  cuisinier  d'Antoine,  celui-là  même  auquel  il  a 
donné  naguère  la  maison  d'un  habitant  de  Magnésie,  parce  qu'il  lui  avait 
préparé  un  excellent  repas  !  «  A  côté,  sous  un  pavillon  brodé  d'or,  la  reine 
Cléopàtre,  dans  tout  l'éclat  de  sa  beauté,  sourit  au  vainqueur;  déjeunes 
enfants  habillés  en  Amours  agitent  des  éventails;  des  femmes,  parfaite- 
ment belles,  vêtues  en  Néréides  et  en  Grâces,  sont  les  unes  au  gouver- 
nail et  les  autres  aux  cordages.  »  Antoine  prend  sa  ligne,  les  chants  se 
taisent,  et  après  un  moment  d'attente,  le  terrible  proconsul  sent  un  pois- 
son mordre  à  l'hameçon  ;  il  ferre  avec  adresse  et  il  amène  triomphale- 
ment une  sardine  sèche  que  la  malicieuse  reine  a  fait  attacher  par  un 
plongeur.  «Général,  lui  dit-elle,  laissez-nous  la  ligne,  à  nous  autres? 
votre  pèche,  à  vous,  est  de  prendre  les  villes,  les  rois  et  les  continents.  » 


688  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Comment  se  fâcher  après  une  flatterie  si  délicate  ?  Antoine  éclate  de  son 
gros  rire,  jette  un  long  regard  sur  l'enchanteresse,  dépose  sa  ligne,  fait 
donner  l'ordre  aux  troupes  de  marcher  contre  les  Parihes  et  se  rend 
immédiatement  en  Phénicie,  d'oia  il  rentre  bientôt  à  Rome  pour  récla- 
mer à  César  et  à  Lépide  sa  part  dans  l'empire  du  monde... 

Quelles  conséquences,  en  vérité,  pour  une  partie  de  pêche  à  la  ligne 
flottante! 

Aussi,  pêcheurs,  laissez  dire  les  railleurs,  inspirez-vous  des  conseils 
de  John  Ficher,  respectez  les  alevins,  faites  une  guerre  à  outrance  aux 
braconniers,  et  lorsque  les  saisons  et  la  loi  le  permettront,  allez...  à 
vos  lignes  ! 

Aimé  DuFORT. 


II.  — Publications  nouvelles 

Guide  pour  bouturer,  greffer,  marcotter  et  semer,  par  Lemaire, 
Lequien  et  le  vicomte  Du  Buysson,  suivi  du  nouveau  mode  de  boutu- 
rage, par  Ypert.  3^  édition,  revue  et  corrigée,  in-18  jésus,  108  pag. 
avec  figures.  Tours,  impr.  Rouillé-Ladevèze  ;  Paris,  lib.  Gouin. 

i.e  chêne-liège,  sa  culture,  sa  maladie  dans  le  Var,  par  le  docteur 
Gustave  Davin,  in-8°,  32  pag.  Toulon,  imp.  Isnard  et  C*^ 

i,es  origines  de  la  soie,  son  histoire  chez  les  peuples  de  l'Orient, 
par  J.  Fi.  Giraud,  conservateur  des  musées  archéologiques  de  Lyon, 
in-8",  76  pag.  Lyon,  imp.  Perrin. 

Guide  du  naturaliste  préparateur  et  du  voyageur  scientifique 
ou  Instructions  pour  la  recherche,  la  préparation,  le  transport  et  la  con- 
servation des  animaux,  végétaux,  etc.,  par  G.  Capus.  2'  édition,  en- 
tièrement refondue  par  le  D''  A.  T.  de  Rocliebrune,  aide-naturaliste  au 
Muséum  ;  avec  une  introduction,  par  Edmond  Perrier,  professeur  admi- 
nistrateur au  Muséum;  in-18,  xii-324  pag.,  avec  223  ^i^.  Corbeil, 
imp.  Crété.  Paris,  lib.  J.-B.  Baillière  et  fils. 

Traité  de  pisciculture  pratique  OU  des  procédés  de  multiplication 
et  d'incubation  naturelle  et  artificielle  des  poissons  d'eau  douce,  p;ir 
M.  J.  P.  J.  Koltz,  de  l'Institut,  i*'  édition,  revue  et  augmentée;  avec  une 
préface,  par  M.  Chabot-Karlen,  de  la  Société  nationale  d'agriculture  ; 
in-i8  Jésus,  viii-186  pag.,  avec  fig.  Corbeil,  imp.  Crété;  Paris,  lib. 
G.  Masson. 


Le  Gérant  :  Jules  Grisard. 


îirpiiiiioric-  réunies,  A,  lue  Mignon,  2,  Paris 


TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


ÉDUCATIONS  D'OISEAUX  EXOTIQUES 

Lettre  adressée  à  JÎonsieur  le  Secrétaire  géaéral. 
Par  M.    DELAURIER  aîné. 


Angoulême,  février  1883. 

Cher  Monsieur, 

Je  ne  vous  ai  pas  envoyé  la  note  de  mes  élevages  de  1881  ; 
je  vous  la  remets  aujourd'hui  avec  celle  de  la  dernière  saison 
et  un  tableau  comparatif  des  résultats  que  j'ai  obtenus. 

LoPHOPiioRES  RESPLENDISSANTS  (Lophophorus  iïïipeijanus). 
—  Dans  une  précédente  notice  j'ai  donné  le  mode  d'élevage 
détaillé  que  j'applique  à  cette  espèce,  il  est  donc  inutile  d'y 
revenir.  L'éducation  des  jeunes  Lophophores  exige  de  l'es- 
pace et  de  la  verdure  de  toute  sorte  ;  depuis  deux  ans  ils 
reçoivent  chez  moi  des  soins  moins  assidus  qu'autrefois  et  ils 
réussissent  mieux.  Les  asticots  sont  supprimés,  les  distribu- 
tions d'œufs  de  fourmi  et  de  vers  de  farine  moins  abondantes, 
ils  mangent  des  vers  de  terre  et  sont  friands  de  flan  quand  il 
est  bien  préparé  et  qu'ils  le  connaissent.  Ce  dernier  mets  leur 
est  salutaire.  Vers  l'âge  de  trois  mois,  le  parquet  de  25  mètres 
carrés  consacré  à  cinq  ou  six  jeunes  Lophophores,  est  insuf- 
fisant: les  oiseaux  deviennent  tristes,  perdent  l'appétit  et  il 
me  faut  leur  doubler  l'espace  ;  malheureusement  ces  infati- 
gables piocheurs  détruisent  en  quelques  jours  les  pelouses  de 
gazon  tendre  utiles  à  l'élevage  des  jeunes  Tragopans;  aussi 
dois-je  cette  année  supprimer  mon  parquet  de  Lophophores 
pour  tenter  avec  plus  de  succès  l'éducation  des  nouvelles  es- 
pèces de  Tragopans  que  je  possède.  En  résumé,  le  Lopho- 
phore  vit  et  s'élève  bien  sous  notre  latitude,  et  la  réussite  sera 
certaine,  lorsqu'on  fera  cet  élevage  à  la  campagne,  sur  un  ler- 

3«  SÉRIE,  T.  X.  —  Décembre  1883.  44 


690  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

rain  sec  et  dans  un  clos  suifisamment  vaste  poui'  donner  aux 
jeunes  élèves  éjointés  l'espace  et  la  liberté  dont  ils  ont  besoin. 
Pintades  vuUurines.  — La  femelle,  qui  avait  eu  douze  œufs 
en  octobre  et  novembre  1880,  n  a  fait  aucune  ponte  en  1881. 
Les  œufs  mis  sous  une  poule  ont  donné  huit  naissances.  Six 
jeunes  sont  morts  successivement  vers  l'âge  de  un  mois;  tous 
étaient  atteints  de  faiblesses  aux  jambes,  produites  certaine- 
ment par  le  froid  :  pendant  cette  maladie,  qui  durait  de  huit 
jours  à  un  mois,  suivant  la  rigueur  de  la  température,  la 
marche  devenait  de  plus  en  plus  difficile  aux  pauvres  oiseaux, 
qui  finissaient  par  se  traîner  péniblement  sur  le  sol  jusqu'à 
leur  mort.  La  difficulté  de  celte  éducation  me  semble  provenir 
uniquement  de  la  saison.  La  première  génération  paraissait 
moins  sensible  au  froid  et  à  l'humidité  que  les  parents  im- 
portés. La  Pintade  vulturine,  encore  délicate  à  conserver,  est 
un  oiseau  familier;  son  beau  plumage  et  son  port  d'échassier 
en  feront  un  magnifique  ornement  pour  nos  basses-cours 
lorsque,  à  la  sui'te  de  plusieurs  générations,  elle  résistera  bien 
à  nos  hivers  et  qu'elle  pondra  en  bonne  saison. 

Tragopans  satyres  (Cmoriiù'  salyra).  —  Une  paire,  dont 
la  poule  seulement  m'appartenait,  a  donné  dix  œufs.  Les  cinq 
premiers,  envoyés  au  propriétaire  du  coq,  étaient  tous  bons  ; 
sur  les  cinq  derniers  j'ai  obtenu  quatre  jeunes  mâles,  qui  se 
sont  bien  élevés  malgré  l'humidité  de  la  saison  :  ils  vivaient 
dans  le  même  parquet  que  les  Lophophores  et  ont  reçu  les 
mêmes  soins,  leur  élevage  a  été  plus  facile.  Les  œufs  de  fourmi 
ne  sont  pas  nécessaires  aux  jeunes  Tragopans  ;  ils  en  mangent 
peu,  mais  absorbent  beaucoup  d'herbe  tendre,  de  lentilles 
d'eau,  de  mouron  frais  ;  ils  mangeaient  également  avec  plaisir 
le  flan  coupé  en  petits  morceaux  qu'on  mélangeait  à  leur  pâtée. 
Tragopans  de  Hasting.  {Ceriornis  Hastingii.  — Les  deux 
paires  que  j'ai  reçues  en  mai  étaient  en  mauvais  état  de  plu- 
mage, mais  en  bonne  santé,  et  d'une  sauvagerie  excessive 
qu'une  captivité  de  sept  mois  a  à  peine  adoucie.  Cependant, 
trois  semaines  après  leur  arrivée,  l'une  des  poules  pondait 
deux  œufs  sous  un  arbuste,  desquels  j'ai  obtenu  un  jeune  né 
pendant  les  pluies  d'août  et  mort  de  diarrhée  huitjours  après 


ÉDUCATIONS   d'oiseaux   EXOTIQUES.  G91 

sa  naissance.  Notre  climat  paraît  bien  convenir  à  ce  superbe 
et  robuste  oiseau  ;  ceux  que  j'ai  reçus,  entretenus  au  sarrasin, 
blé,  herbes  variées  et  flan,  se  sont  refaits  rapidement;  je  n'ai 
pas  eu  avec  eux  un  seul  jour  d'inquiétude  et  actuellement  ils 
sont  en  excellent  état  de  reproduction. 

Trâgopans  beBlyth {Ceriornis  Blylhii). — Un  coq  etdeux 
poules  reçus  en  août  dernier.  —  Charmants  oiseaux,  grands 
mangeurs  de  verdure,  de  lentilles  d'eau,  de  flan.  Le  coq,  avec 
son  masque  jaune,  son  cou  et  son  plastron  rouge-orange,  est 
fort  beau,  plus  beau  peut-être  que  le  coq  Hasting.  Celui  que 
je  possède  n'a  pris  son  plumage  complet  d'adulte  qu'en  dé- 
cembre dernier;  il  est  déjà  plein  de  prévenance  pour  ses  deux 
poules,  qui  lui  prennent  au  bec  le  ver  de  farine  qu'il  vient 
chercher  dans  la  main.  Tous  vivent  ensemble  en  parfaite  in- 
telligence; l'une  des  deux  femelles,  à  son  arrivée,  a  été  atteinte 
de  diarrhée  ;  elle  s'est  rapidement  rétablie  et  ce  parquet  me 
donne  les  plus  belles  espérances. 

Faisans  d'Elliot  {Phasianus  Elliot).  — Une  paire  arrivée 
en  septembre.  Ces  Faisans  sont  en  parfaite  santé,  mais  farou- 
ches ;  j'espère  qu'ils  s'humaniseront  lors  de  la  ponte. 

Perrruches  a  ailes  POURPRES  {Aprosmictus  erythropte- 
Tus).  —  Ces  Perruches  vivent  chez  moi  depuis  quatre  ans.  En 
1880,  elles  ont  fait  une  ponte  de  cinq  œufs,  par  terre,  sur  un 
sol  bouleversé  par  les  Lophophores;  les  œufs,  cassés  les  uns 
après  les  autres,  ont  été  couvés  très  assidûment  par  la  femelle, 
qui  ne  les  a  abandonnés  qu'après  la  destruction  du  dernier. 
L'année  suivante,  en  avril  1881,  le  couple  a  fréquenté  les 
boîtes  et  troncs  d'arbre  creux  de  toute  sorte  que  j'avais  mis 
à  sa  disposition,  et  la  femelle  s'est  décidée  à  pondre  à  terre, 
derrière  des  fagots  placés  en  encoignure,  et  abritant  le  nid  de 
la  poule  Lophophore. 

Le  mâle  Erythroptère  ne  permettait  plus  à  celle-ci  l'accès 
de  son  nid,  dans  lequel  sa  femelle  pondit  cinq  nnifset  en  brisa 
quatre  ;  elle  couva  très  bien  ce  dernier,  le  perruchon  sortit 
du  nid  dix  à  douze  jours  a})rès  sa  naissance,  tout  en  duvet  et 
escorté  de  ses  parents  qui  éloignaient  de  lui  les  autres  oi- 
seaux de  la  volière,  même  les  plus  gros;  il  était  couvert  de 


692  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

vermine,  dont  la  poudre  insecticide  eut  vite  raison  ;  sa  crois- 
sance fut  assez  lenle,  c'était  une  jeune  femelle.  La  saison  der- 
nière, 1882,  la  même  paire  nicha  au  même  endroit,  la  femelle 
couva  avec  la  même  assiduité  les  quatre  œufs  qu'elle  pondit , 
nourrie  par  le  mâle  qui,  comme  l'année  précédente,  faisait 
bonne  garde  devant  son  nid.  Après  trois  semaines  d'incuba- 
tion environ,  il  y  eut  deux  éclosions  à  trois  jours  d'intervalle 
et  une  autre  huit  jours  après;  le  dernier  né  mourut  écrasé 
par  ses  aînés,  qui  restèrent  plus  d'un  mois  au  nid  et  en  sor- 
tirent presque  aussi  gros  que  leurs  parents.  Pendant  que  la 
vieille  femelle  couvait,  la  jeune  de  l'année  précédente  s'ac- 
coupla fréquemment  avec  son  père,  mais  elle  ne  pondit  pas. 
Ces  nouvelles  amours  n'empêchèrent  pas  celui-ci  de  remplir 
avec  conscience  ses  devoirs  de  père  de  famille,  les  jeunes 
furent  nourris  par  lui  longtemps  après  leur  sortie  du  nid  ;  en 
août  ils  le  poursuivaient  encore  de  leurs  sollicitations.  Les 
deux  jeunes  Perruches  nées  en  mai  dernier  ont  tout  à  fait  le 
plumage  de  la  mère  dont  elles  ne  se  distinguent  plus.  Je 
croyais  n'avoir  encore  que  des  femelles;  cependant  l'une  des 
deux  a  le  cri  du  père  :  il  est  donc  probable  que  cette  espèce 
n'est  adulte  que  la  seconde  ou  même  la  troisième  année. 

L'Erythroptère  est  très  rustique  :  elle  ne  craint  ni  la  cha- 
leur, ni  les  froids  les  plus  rigoureux;  elle  est  peu  ou  point 
destructive  pour  les  arbres  verts  qui  meublent  sa  volière.  La 
livrée  du  mâle  est  splendide;  je  ne  connais  guère  de  Perru- 
ches possédant  des  couleurs  plus  franches  et  plus  vives. 

Perruches  a  front  pourpre  {Cyanoramphus  Novœ-Ze- 
landiœ).  — Cette  Perruche  couve  et  élève  bien  en  toute  saison  ; 
ses  couvées  ne  sont  interrompues  que  par  ses  mues,  et  les 
nichées  sont,  depuis  quelques  années,  chez  moi,  de  cinq,  six, 
sept,  huit  et  même  neuf  jeunes.  Elle  est  parfaitement  accli- 
matée ici ,  peu  ou  pas  de  mortalité  ;  mon  premier  mâle  im- 
porté en  1874,  je  crois,  vit  encore.  Une  jeune  paire,  née  en 
mai,  a  fait  sa  première  couvée  de  cinq  jeunes  en  septembre. 

La  fécondité  et  la  rusticité  des  Cyanoramphus  m'ont  engagé 
à  acquérir  les  deux  autres  espèces  très  voisines  de  plus  petite 
taille  et  ayant  toutes  les  allures  et  la  vivacité  de  la  première 


ÉDUCATIONS   d'oiseaux    EXOTIQUES.  693 

(Aiu'iceps  et  Alpinus).  J'ai  perdu  plusieurs  couples  de  ces  oi- 
seaux qui  m'arrivaient  malades  et  déplumés  ;  j'ai  enfin 
réussi  à  refaire  et  conserver  deux  paires  d'Auriceps  et  une 
paire  d'Alpinus.  Ces  deux  nouvelles  variétés  paraissent  avoir 
toutes  les  qualités  de  leur  congénère  ;  malgré  leur  plumage 
modeste,  ce  sont  de  charmants  oiseaux  de  volière,  lestes,  vifs 
et  gais.  Un  des  couples  d'Auriceps  commence  à  se  recher- 
cher. 

Colombes  poignardées  {Phlogœnascruentata).  —  Ces  jolies 
Colombes,  fortement  nourries  de  grains  divers,  pain  trempé, 
asticots,  vers  de  farine,  répètent  leur  ponte  de  deux  œufs 
tous  les  huit  à  dix  jours.  Établies  dans  une  volière  suffisam- 
ment vaste,  munie  de  nids  placés  dans  les  endroits  sombres 
et  entretenus  modérément,  elles  couvent  et  amènent  à  bien 
elles-mêmes  leurs  jeunes. 

Les  trois  petites  espèces  de  Colombes  suivantes  dont  j'avais 
peuplé  mes  grands  compartiments  d'élevage  ont  très  bien 
réussi:  elles  sont  inoffensives  pour  les  autres  oiseaux;  elles 
élèvent  elles-mêmes  leurs  jeunes  et  ne  demandent  aucun  soin 
particulier.  La  plupart  ne  se  sont  pas  servies  des  petits  nids 
installés  à  leur  intention,  presque  toutes  les  ont  confection- 
nés elles-mêmes  dans  les  arbustes  des  volières. 

Chalcopelia  chalcospilos.  —  Petite  espèce  active,  prolifique, 
résistantbien  au  froid.  La  dernière  couvée  d'octobre  n'a  pas 
réussi.  Le  mâle  et  la  femelle  doivent  être  séparés  l'hiver  afin 
de  les  empêcher  de  s'épuiser  inutilement. 

Colombe  a  lxrge  qveve  {Geopetia  M alaccensis).  —  Cette 
Colombe  est  frileuse  et  doit  être  rentrée  aux  premières  gelées. 
Les  couvées  d'avril,  de  même  que  celles  de  septembre,  ne 
réussissent  pas;  la  fraîcheur  des  nuits  tue  les  jeunes  à  leur 
soitic  du  nid. 

Colombe  Passebine,  —  Plus  délicate  que  les  précédentes  et 
moins  ieconde  ;  aussi  frileuse  que  la  Colombe  de  Malacca. 

Colomble  a  yeux  nus  {Columba  (jymnopthalma).  — Belle 

Colombe  du  Brésil,  de  la  taille  d'un  pigeon  ;  espèce  robuste 
qui,  chez  moi,  est  restée  l'hiver  dehors.  Le  niàle  et  la  femelle 

sont  semblables.  J'ai  passé  une  partie  de  l'été  à  en  reconnaître 


694 


SOCIETE    NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


un  couple  parmi  plusieurs.  Cette  paire  m'a  enfin  donné  deux 
jeunes  en  août. 


REPRODUCTEURS. 


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A.r«flVJÊE    1881 


1  paire  Lophophores  resplendissants. 

—  Pintades  vulturines 

—  Canards  mandarins 

—  Perruches  érythroptères 

—  Nouvelle-Zélande 

—  Perruches  Palliceps 

—  —         Paradis 

Colombes  poignardées 

—  Chalcospilos 

—  Malaccensis 

—  Passerines 


2    

1     — 


A.lV]VIi:E     1883 


Lophophores 

Pintades  vulturines. 


2    

2    

1  — 

2    

1  — 


Tragopans  satyres '  10 

\ 

Tragopans  de  Hasting *     2 


Perruches  Nouvelle-Zélande. . 

—  érythroptère 

Colombes  poignardées 

—  Chalcospilos 

—  Malaccensis 

—  Gymnopthalmos.  .. 
Perruches  paradis 


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6 

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OBSERVATIONS. 


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Nées  en  octobre  1881, 


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Les  satyres  étaient 
à  mi-fruit;  5  œufs 
ont  été  envoyés  au 
propriétaire  du  coq  ; 
les  cinq  étaient  bons; 

Arrivés  en  juillet; 
une  des  poules  a 
pondu  deux  œufs  fin 
juillet. 


L'ÉTABLISSEMENT 

DE 

PISCICULTURE  D'ETTELBRUCK 

(GKAND-DUCHÉ   de    LUXEMBOURG) 

Par  n.    C.    e^lERET-WATTEL 

Secrétaire  des  séances. 


J'ai  déjà  eu  plusieurs  fois  l'honneur  d'appeler  l'attention 
de  la  Société  nationale  d'Acclimatation  sur  certains  établis- 
sements de  pisciculture  offrant  un  intérêt  spécial  par  leur 
grand  développement,  par  leur  outillage  modèle,  ou  bien 
encore  par  le  caractère  tout  à  fait  industriel  de  leur  exploi- 
tation. Aujourd'hui,  ce  n'est  pas  d'une  vaste  installation, 
"^  d'une  exploitation  commerciale  lucrative,  dont  je  demande  à 
dire  quelques  mots  ;  c'est,  au  contraire,  d'un  tout  petit 
établissement,  d'un  laboratoire  extrêmement  modeste,  mais 
qui  n'en  a  pas  moins  donné  des  résultats  fort  remarquables 
et  qui,  par  la  simplicité  même  de  son  installation,  par  son 
outillage  économique  et  par  son  mode  d'administration  à  bon 
marché,  me  semble  réaliser  le  type  idéal  de  l'établissement 
de  pisciculture  régional,  le  véritable  modèle  à  adopter  par 
l'administration  pour  les  laboratoires  à  établir  en  vue  du 
repeuplement  de  nos  cours  d'eau. 

Dans  les  Ardennes  néei'landaises,  dans  ce  pittoresque  petit 
pays  qui  a  pour  nom  le  grand-duché  de  Luxembourg,  plu- 
sieurs rivières  à  truites  et  à  saumons,  tributaires  de  la 
Moselle,  avaient  été  complètement  dépeuplées  par  les  causes 
qui  ont  amené  partout  la  disparilion  du  poisson,  à  savoir: 
une  pèche  à  outrance,  un  braconnage  continuel.  H  y  a  dix 
ans,  le  service  forestier  (qui  a  aussi  dans  ses  attributions 
l'administration  des  cours  d'eau  et  la  surveillance  de  la 
pèche)  se  décida  à  tenter  le  repeuplement  de  ces  rivières  à 
l'aide  des  procédés  de  multiplication  artificielle  du  poisson, 
et  la  petite  ville  d'Ettelbriick,  au  confluent  de  la  Warke  et  de 
l'Alzette,  parut  toute  désignée,  par  sa  position  centrale,  pour 


696  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'ACCLIMATATION. 

l'installation  d'un  laboratoire  de  pisciculture.  Les  crédits 
dont  on  pouvait  disposer  étaient  fort  restreints  ;  aussi  dut-on 
faire  les  choses  le  plus  économiquement  possible.  Les  ré- 
sultats obtenus  n'en  furent  pas  moins  importants,  comme  j'ai 
pu  m'en  assurer  tout  dernièrement. 

J'avais,  eu  effet,  entendu  parler  de  l'établissement  d'Ettel- 
brûck,  et  j'étais  désireux  de  vérifier  l'exactitude  des  rensei- 
gnements qui  m'étaient  donnés.  J'ai  donc  profité  d'une 
excursion  dans  les  Ardennes  pour  franchir  la  frontière  et 
pousser  jusqu'à  Ettelbriick.  Là,  grâce  à  l'obligeance  du 
bourgmestre  de  la  ville,  j'ai  pu  visiter  l'établissement  et  re- 
cueillir tous  les  renseignements  que  je  désirais. 

Le  laboratoire  est  installé  dans  le  sous-sol  d'une  petite 
scierie  mécanique,  dans  une  pièce  de  6  mètres  de  long  sur 
4  mètres  de  large,  louée  par  l'administration  au  propriétaire 
de  la  scierie  pour  150  francs  par  an.  L'eau  qui  alimente  le 
laboratoire    est  tirée  d'un   petit  étang   à    truites    situé  à 
200  mètres  de  la  maison,  et  elle  est  amenée  par  une  rigole  à 
ciel  découvert.  Grâce  à  la  situation  en  sous-sol  du  laboratoire, 
l'eau  y  arrive  à  peu  près   au   niveau   du   plafond,   et  elle 
tombe  ainsi,  par  des   tuyaux  verticaux,  d'une  hauteur  de 
3  mètres  à   peu  près,  dans  les  appareils  d'incubation,    en 
s'aérant  copieusement  dans  cette  chute.  Tout  d'abord,  les 
appareils   employés  consistaient  en  six  bacs  ou  rigoles  en 
ciment,  dans  lesquelles  les  œufs  étaient  mis  en  incubation 
sur  des  claies  en  baguettes  de  verre  ou  en  toile  métallique. 
Depuis  deux  ans,  on  a  remplacé  ces  rigoles  par  des  appareils 
allemands,  du  modèle  inventé  par  M.  Max  von  dem  Borne  et 
connu   sous  le   nom  d'  «   auge  californienne  profonde   » 
(Tiefer  californischer  Bruttrog)  (1).  Je  ne  reviendrai  pas  sur 
la  description  de  cet  appareil,  dont  j'ai  déjà  parlé  dans  un 
précédent  travail  (2)  ;  je  rappellerai  seulement  que  les  prin- 
cipaux avantages  de  l'auge  californienne  sont  :  de  ne  pas 

(t)  En  Prusse,  en  Saxe,  en  Bavière,  etc.,  le  prix  de  cet  appareil  varie  de  8 
à  9  marks  (de  10  à  11  fr.  25).  Ceux  employés  à  Ettelbruck  sont  en  zinc;  ils 
sont  fabriqués  dans  la  localité  et  reviennent  à  une  dizaine  de  francs. 

(2)  Raveret-Wattel,  Rapport  sur  la  situation  de  la  pisciculture  à  Vétranger 
{Bull.  Soc.  nat.  d'Accl.,  1883. 


LA   PISCICULTURE   A  ETTELBRUCK.  697 

exiger  un  fiUrage  aussi  énergique  de  l'eau  que  le  nécessitent 
les  appareils  Coste  ;  de  permettre  un  facile  nettoyage  des 
œufs  en  incubation;  enfin,  de  fournir  aux  œufs  beaucoup 
d'oxygène,  ce  qui  donne  des  alevins  plus  vigoureux. 

J'ai  vu,  avec  plaisir,  qu'on  apprécie  et  qu'on  adopte  de 
-plus  en  plus  partout  un  appareil  dont  j'ai  été  le  premier,  en 
France,  à  recommander  l'emploi.  Le  petit  laboratoire  d'Et- 
telbriick  possède  une  quarantaine  de  ces  boîtes,  dont  chacune 
peut  recevoir  environ  5000  œufs  ;  c'est  donc  environ 
200  000  œufs,  au  minimum,  qui  peuvent  être  mis  en  incu- 
bation à  la  fois.  Les  soins  nécessaires  aux  œufs  sont  donnés 
par  un  garde  forestier,  qui  reçoit  une  allocation  annuelle  de 
200  francs  pour  ce  service  spécial,  lequel  ne  l'occupe  que 
deux  heures  par  jour,  pendant  quatre  ou  cinq  mois  (de 
novembre  à  mars).  Ajoutons  à  ces  frais  de  loyer  et  de  main- 
d'œuvre,  700  ou  800  francs  pour  achat  d'œufs,  entretien  et 
réparation  du  matériel,  distribution  d'alevins,  etc.,  et  nous 
arrivons  au  chifîre  de  1000  à  1200  francs,  au  maximum, 
comme  budget  annuel  de  l'établissement.  Quant  aux  frais  de 
première  installation,  ils  n'ont  pas  atteint  ce  chiffre  si 
minime  de  1200  francs.  Voilà  le  côté  de  la  dépense  ;  voyons 
maintenant  celui  des  recettes,  c'est-à-dire  celui  des  résultats 
obtenus. 

Les  œufs  mis  en  incubation  donnent  chaque  année  environ 
150  000  alevins,  dont  l'administration  distribue  une  certaine 
quantité,  gratuitement  ou  à  très  bon  marché,  aux  particuliers, 
aux  propriétaires  d'étangs  qui  lui  adressent  des  demandes; 
mais  la  plus  grande  partie  est  naturellement  réservée  pour 
le  repeuplement  des  cours  d'eau.  Les  alevins  sont  versés 
aussi  près  que  possible  de  la  source  des  rivières,  et  l'empois- 
sonnement est  fait  largement,  c'est-à-dire  qu'au  lieu  d'épar- 
piller les  alevins  dans  un  grand  nombre  de  cours  d'eau  à  la 
fois,  on  en  met  la  presque  totalité  dans  une  seule  rivière. 

L'année  suivante,  une  autre  rivière  est  empoissonnée,  et 
ainsi  de  suite.  Cette  manière  de  procéder  a  donné  les  meil- 
leurs résultats,  ainsi  que  l'établissent  les  quelques  chiffres 
suivants  :  Il  y  a  dix  ans,  le  produit  de  la  pêche  était  tombé 


698  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

presque  à  néant.  Aujourd'hui  l'aiTondissement  d'EUelbriïck 
livre,  à  lui  seul,  à  la  consommation  25  000  kilogrammes  de 
truites  en  moyenne,  par  an.  Tel  cantonnement  de  pêche  de 
la  Sure  (rivière  que  l'on  s'est  particulièrement  attaché  à  re- 
peupler et  qui  se  prêtait  le  mieux  aux  essais),  qui  se  louait 
20  ou  30  francs  en  1873,  vaut  aujourd'hui  200  ou  300  francs. 
Presque  partout  le  produit  a  décuplé.  L'administration  est 
donc  plus  que  couverte  de  ses  dépenses,  et  l'alimentation 
publique  trouve  une  précieuse  ressource  dans  le  produit  des 
rivières.  Voilà  ce  que,  dans  ce  petit  pays,  à  peu  près  de  la 
superficie  d'un  département  français,  voilà  ce  que  le  service 
des  eaux  et  forêts  a  su  faire  avec  une  dépense  de  4000  à 
1200  francs  par  an!  Quel  est,  chez  nous,  le  département  qui 
ne  pourrait  s'imposer  une  pareille  dépense  pour  obtenir  un 
pareil  résultat? 

Mais  ici  une  question  se  présente  à  l'esprit.  Gomment, 
dira-t-on,  la  pisciculture  réussit-elle  si  bien  là-bas,  quand 
chez  nous  elle  ne  donne  que  de  si  pauvres  résultats?  La 
France,  en  effet,  a  été  l'initiatrice  de  la  pisciculture  ;  à 
l'époque  où  l'établissement  de  Huningue  nous  appartenait, 
des  millions  d'alevins  ont  été  versés  dans  les  eaux  sur  tous  les 
points  du  territoire  ;  et  cependant  aucune  amélioration  ne 
s'est  produite  ;  les  rivières  sont  toujours  aussi  pauvres,  plus 
pauvres  même  que  par  le  passé;  il  ne  reste  plus  rien.  Com- 
ment les  mêmes  travaux,  si  infructueux  chez  nous,  pro- 
duisent-ils de  si  bons  effets  chez  nos  voisins?  La  raison,  la 
voici.  D'abord,  c'est  qu'à  l'étranger  on  prend  soin  de  mettre 
les  œufs  en  incubation  dans  une  eau  très  froide,  qui  donne 
des  éclosions  tardives  ;  les  alevins  ne  sont  bons  à  mettre  en 
rivière  qu'à  une  époque  de  l'année  où  ils  trouvent  dans  les 
cours  d'eau  les  insectes,  les  larves,  tous  les  animaux  infé- 
rieurs presque  microscopiques  dont  ils  vivent.  Chez  nous,  au 
contraire,  les  œufs  généralement  placés  dans  des  eaux  de 
source  trop  douces  donnent  des  alevins  précoces,  délicats 
parce  que  le  développement  embryonnaire  s'est  effectué  trop 
rapidement,  et  fatalement  condamnés  à  périr  par  milliers, 
car  il  faut,  ou  les  conserver  captifs  pendant  quelque  temps,  en 


LA   PISCICULTURE   A  ETTELBRUCK.  699 

es  nourrissant  artificiellement  au  prix  de  difficultés  sans 
nombre,  ou  les  mettre  en  liberté  dans  des  cours  d'eau  où  ils 
ne  trouvent,  en  cette  saison,  aucune  espèce  de  nourriture; 
huit  jours  après  il  n'en  reste  plus  un  seul  :  tout  est  mort. 

Une  autre  précaution,  très  importante,  qu'on  a  presque  tou- 
jours négligée  chez  nous,  c'est  de  ne  verser  les  alevins  qu'aux 
têtes  des  ruisseaux,  c'est-à-dire,  autant  que  possible,  dans 
les  endroits  où  ils  écloraient  naturellement.  Les  verser, 
comme  on  l'a  presque  toujours  fait  en  France,  très  loin  des 
cantonnements  que  les  sujets  adultes  recherchent  pour  frayer, 
c'est  exposer  tous  ces  jeunes  poissons  à  une  perte  presque 
certaine.  Toutes  sortes  de  chances  de  destruction  les  attendent 
dans  la  grande  eau,  où  ils  deviennent  d'ailleurs  une  proie 
facile  pour  de  nombreux  ennemis. 

Du  reste,  l'administration  luxembourgeoise  ne  se  fait  pas 
illusion.  Elle  sait  très  bien  que,  quelque  soin  qu'elle  prenne, 
beaucoup  des  alevins  mis  en  rivière  sont  perdus;  que  les  plus 
petits,  les  moins  bien  venants,  sont  souvent  mangés  par  les 
plus  gros  ;  mais  elle  en  fait  à  l'avance  le  sacrifice  et,  sur  la 
quantité,  il  y  en  a  toujours  un  nombre  suffisant  qui  reste, 
quand  on  empoissonne  aussi  copieusement.  Chez  nous,  on  a 
distribué  beaucoup  d'alevins,  il  est  vrai  ;  mais  que  sont 
cependant  les  quantités  distribuées  (eu  égard  à  l'étendue  du 
pays)  à  côté  des  empoissonnements  faits  dans  le  Luxembourg, 
où  un  simple  ruisseau  reçoit  50  000  ou  60  000  alevins!  Il  ne 
faut  pas  se  le  dissimuler,  tous  les  pays  où  la  pisciculture 
donne  des  résultats  vraiment  sérieux  sont  ceux  où  l'empois- 
sonnement se  pratique  sur  une  échelle  dont  nous  n'avons, 
en  somme,  jamais  approché.  S'y  impose-t-on  pour  cela  de 
lourds  sacrifices?  Nullement  ;  mais  on  sait  y  produire  l'alevin 
à  bon  marché,  alors  que  chez  nous  on  s'est  peu  attaché  à 
résoudre  ce  problème.  Avec  ce  que  nous  coûtait  autrefois 
[luningue,  on  aiiiait  pu  doter  plus  de  la  moitié  de  nos  dé- 
partements de  laboratoires  comme  celui  d'Etlelbruck,  dont 
l'action  eut  été  autrement  efficace  que  celle  d'un  seul  grand 
établissement,  si  considérable,  si  important  qu'on  le  sup- 
pose. Un  grand  établissement  nécessite  un  personnel  nom- 


700  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

breiix,  entraînant  une  dépense  généralement  hors  de  pro- 
portion avec  les  résultats  obtenus.  A  l'étranger,  on  procède 
plus  économiquement.  En  Suisse,  par  exemple,  à  l'établisse- 
ment de  Meilen,  sur  le  lac  de  Zurich,  à  Glattefelden,  sur  le 
Rhin,  à  Neuhausen,  près  Schaffouse,  le  millier  d'alevins  de 
truite  ou  de  saumon,  prêts  à  être  jetés  en  rivière,  revient  à 
1  fr.  50.  En  Amérique,  aux  États-Unis,  il  en  est  de  même. 
Les  œufs  de  saumon  de  Californie  que  la  Commission  supé- 
rieure des  pêcheries  fait  chaque  année  recueillir  en  plein 
territoire  indien,  ces  œufs  qu'on  ne  s'est  parfois  procurés 
qu'en  échangeant  des  coups  de  fusil  avec  lesPeaux-Ronges,ces 
œufs  ne  reviennent  pas  à  plus  d'un  dollar  (5  francs)  le  mille. 
Or  il  s'agit  ici  d'une  espèce  particulière,  d'une  espèce  qui, 
en  raison  de  son  habitat,  présente  pour  sa  multiplication 
des  difficultés  toutes  spéciales.  Si  nous  prenons,  comme 
exemple,  des  espèces  plus  répandues,  les  prix  se  réduisent  à 
des  chiffres  insignifiants.  Ainsi,  à  l'établissement  national  de 
Northville,  dans  le  Michigan,  l'alevin  de  Coregonus  albus 
(sorte  de  Fera),  prêt  à  être  mis  en  rivière,  ne  revient  qu'à 
8  cents  (40  c.)  le  mille  (1).  Dans  ces  conditions,  il  est  possible 
de  semer  abondamment;  les  semailles  ne  sont  pas  ruineuses. 
Maintenant,  quelles  sont  les  conclusions  à  tirer  de  ce  qui 
précède?  C'est  que,  si  en  France  on  désire  travailler  sérieu- 
sement au  repeuplement  des  cours  d'eau,  il  faut  renoncer 
d'une  manière  complète  au  système  qui  a  été  tout  d'abord 
adopté.  Au  lieu  d'un  ou  deux  grands  établissements  luxueux, 
grandioses,  ruineux  comme  celui  d'Huningue,  il  faut  créer 
un  très  grand  nombre  de  laboratoires  régionaux  ;  non  pas, 
comme  on  l'a  parfois  proposé,  un  établissement  pour  cha- 
cun des  grands  bassins  de  la  Seine,  de  la  Loire,  du  Rhin 
et  de  la  Gironde,  mais  un  établissement  pour  chaque  bassin 
secondaire,  pour  chaque  cours  d'eau  d'une  certaine  impor- 
tance, laboratoires  où  l'on  s'occuperait  uniquement  de  la 

(1)  Ce  prix  est  d'autant  [ilus  faible,  qu'aux  Etats-Unis  l'argent  a  beaucoup  moins 
de  valeur  qu'en  France,  et  que  le  prix  ite  la  main-d'œuvre  y  est  considérable- 
ment plus  élevé.  Les  femmes  employées  au  triage  des  œufs  dans  les  laboratoires 
de  pisciculture  gagnent  75  cents  par  jour  (3  fr.  75);  à  Huningue,  elles  n'en 
gagnent  pas  la  moitié. 


LA   PISCICULTURE   A   ETTELBRUCK.  701 

mulliplication  des  espèces  appropriées  à  chacun  de  ces  cours 
d'eau  (1),  ce  qui  revient  à  peu  près  à  dire  que  le  meilleur 
serait  d'avoir  des  établissements  départementaux,  et,  je  le 
répète,  quel  est  le  département  qui  ne  pourrait  faire  une 
dépense  annuelle  de  1200  francs  pour  un  but   aussi  utile? 

Déjà  dans  ia  Creuse  cette  idée  d'un  laboratoire  départe- 
mental a  été  mise  en  pratique  d'une  lacon  très  heureuse.  Un 
petit  établissement  a  été  organisé  à  Saint-Feyre  par  les  soins 
de  l'ingénieur  en  chef  du  département  ;  chaque  année,  le 
conseil  général  vote  un  crédit  de  500  francs  pour  achat  d'œufs 
et  frais  d'entretien;  le  gouvernement  accorde  une  subvention 
du  même  chiffre,  et,  avec  cette  dépense  annuelle  de  mille 
francs,  les  résultats  les  plus  satisfaisants  ont  déjà  été  obtenus. 
Voici  ce  que  m'écrivait  dernièrement  à  ce  sujet  le  président 
de  la  commission  départementale,  M.  le  docteur  Maslieurat- 
Lagémard,  aux  efforts  duquel  est  due  surtout  la  création  du 
laboratoire,  et  qui  continue  à  s'occuper,  avec  le  plus  louable 
zèle,  du  développement  de  la  pisciculture  dans  la  région  : 

«  Les  œufs  que  nous  avons  reçus  cette  année  de  la  Société 
ont  bien  réussi  ;  ajoutés  à  ceux  que  nous  avons  achetés  au 
printemps  dernier,  ils  nous  ont  permis  de  déposer  dans  nos 
rivières  50  000  alevins.  L'année  prochaine  ce  sera  une  cen- 
taine de  mille  alevins  que  nous  pourrons  distribuer...  Nos 
efforts  ne  sont  pas  perdus  :  cette  année  on  a  pris  une  grande 
quantité  de  truites,  ce  qu'on  ne  faisait  plus  avant  nos  travaux 
d'empoissonnement. 

»  Par  suite  de  l'interdiction  de  la  pêche  sous  les  barrages 
de  la  Haye-Descartesel  delaGuerche,etdela  modification  des 
échelles,  les  saumons  peuvent  remonter.  Cette  année  ils  sont 
très  abondants.  Dans  de  petites  rivières  on  en  prend  8  ou  10 
par  pèche,  et  ces  poissons  pèsent  de  8  à  10  kilogrammes.  Sur  le 
marché  de  Guéret,  ils  valent  2  fr.  50  le  kilogramme.  Jugez  de 

(1)  Il  existe  d'ailleurs  déjà  sur  quelques  points  des  établissements  appartenant 
à  l'industrie  privée,  qui  pourraient  fournir  des  alevins  en  quantités  importantes 
et  à  des  prix  modérés.  L'administration  trouverait  pour  le  plus  souvent  économie  à 
s'adresser  à  ces  établissements,  au  lieu  d'avoir  elle-même  des  laboratoires  d'éle- 
vage et  elle  encouragerait  du  même  coup  une  industrie  au  développement  de  la- 
quelle s'attache  le  plus  sérieux  intérêt. 


702  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

la  joie  de  nos  populations,  qui  trouvent  là  un  revenu  ainsi 
qu'une  abondante  et  bonne  alimentation.  Le  défaut  de  moyens 
de  transport  ne  permet  pas  de  les  exporter;  mais  ces  résultats 
sont  un  grand  bienfait  pour  le  pays. 

»  On  a  pris  quelques  truites  d'Amérique  provenant  des 
œufs  envoyés  parla  Société;  tout  fait  espérer,  que  cette  variété 
si  précieuse  s'acclimatera  dans  nos  rivières.  » 

La  Société  nationale  d'Acclimatation  peut  d'autant  mieux 
applaudir  à  ces  résultats  satisfaisants  que,  comme  nous  venons 
de  le  voir,  elle  n'y  est  pas  absolument  étrangère.  C'est,  en 
effet,  grâce  à  ses  envois  d'œufs  que  les  distributions  d'alevins 
du  petit  laboratoire  de  Saint-Feyre  ont  pu  quelquefois  être 
un  peu  plus  al)onclantes  qu'elles  ne  l'auraient  été.  Il  lui  re- 
vient donc  une  petite  part  du  succès  obtenu.  Aussi  le  con- 
seil général  du  département,  reconnaissant  du  concours  qui 
lui  a  été  prêté,  a-t-il,  dans  sa  session  du  mois  d'août  dernier, 
voté  des  remercîments  à  la  Société.  Ce  vote  flatteur,  cette 
constatation  officielle  des  services  rendus  par  elle,  ne  saurait 
être  pour  notre  Société  qu'un  nouvel  encouragement  à  persé- 
vérer dans  la  voie  qu'elle  s'est  tracée,  tenant  à  prouver  qu'elle 
n'est  pas  seulement  de  nom,  mais  bien  aussi  de  fait,  un  éta- 
blissement d'utilité  publique.  » 


Il-  TRAVAUX  ADRESSÉS  ET  COIVIMUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ. 


ESSAI     D'ACCLIMATATION 

DE  h'ATTACUS  PERNYI  Guéhin-Mrneville 

Par   r»l.    DOUCIIY, 

Instituteiu',  à  Brumetz  (Aisne). 


Le  dimanche  7  mai  1882,  j'ai  reçu  par  la  poste,  de  M.  le 
vicomte  de  Melim,  membre  de  la  Société  d'agriculture  de  la 
Gôte-d'Or,  une  petite  boîte  contenant  une  soixantaine  d'œufs 
du  Bombyx  chinois  ou  ver  à  soie  du  chêne,  avec  mission  de 
faire  éclore  cette  graine  et  de  surveiller  l'éducation  des  vers 
qui  en  pourraient  provenir. 

La  lettre  d'avis  m'informait  que  ces  œufs  avaient  été  rap- 
portés directement  de  la  Mandchourie  par  un  missionnaire 
français.  Celte  partie  de  la  Chine  étant  à  peu  près  à  la  même 
latitude  que  la  France,  je  me  mis  cà  l'œuvre  avec  un  peu 
d'espoir. 

J'avais  placé  les  œufs  dans  une  boîte  en  carton  sur  le  man- 
teau de  la  cheminée  de  la  cuisine,  endroit  qui  me  semblait 
réunir  les  conditions  de  chaleur  les  plus  propices  à  mes 
insectes. 

Dès  le  lendemain  8  mai,  il  y  avait  une  éclosion;  j'en  con-' 
statais  trois  le  9,  plus  de  dix  le  jour  suivant  et  plus  de  vingt 
le  11,  jour  où,  par  exception,  le  temps  a  été  chaud. 

Au  fur  et  cà  mesure  que  les  vers  sortaient  des  œufs,  ma 
femme  les  plaçait  dans  une  corbeille  d'osier  bien  propre  et 
bien  sèche,  toujours  à  la  meilleure  place  relativement  à  la 
chaleur.  Elle  avait  soin  de  renouveler  plusieurs  lois  par  jour 
les  rameaux  de  chêne  dont  les  feuilles  leur  servaient  de 
pâture.  Ces  branches  étaient  cassées  sur  la  touffe  et  non  cou- 
pées, de  crainte  que  le  contact  du  métal,  lame  de  couteau  ou 
autre,  ne  nuisît  à  la  santé  des  nourrissons,  lesquels  étaient 


704  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

alors  de  pauvres  petites  chenilles,  dont  la  tête,  d'un  jaune  de 
chrome,  était  à  proportion  plus  grosse  que  le  corps  velu,  d'un 
noir  de  suie. 

A  partir  du  12,  le  temps  devint  très  froid  et  les  éclosionsse 
ralentirent  pour  ne  se  terminer  que  vers  le  21  mai.  Un  quart 
des  œufs  ne  valaient  rien.  Le  22,  nous  nous  sommes  aperçus 
que  les  premiers  vers  avaient  mué  et  avaient  pris  une  cou- 
leur vert  tendre.  Bien  que  les  feuilles  fussent  fréquemment 
changées,  nous  constations  que  certaines  chenilles  avaient  peu 
d'appétit.  Il  faut  dire  aussi  que  notre  cuisine,  quoique  étant 
la  pièce  la  mieux  chauffée  de  la  maison  à  cette  époque,  ne 
présente  pas  toutes  les  conditions  hygiéniques  que  nos  petits 
Chinois  étaient  en  droit  d'attendre.  En  effet,  la  cheminée 
fume,  la  porte  est  souvent  ouverte  et,  au  mois  de  mai,  on  ne 
fait  guère  de  feu  que  pour  faire  cuire  les  aliments.  Il  y  avait 
encore  autre  chose  de  plus  dangereux  :  un  jour  que  nous 
avions  été  obligés  de  nous  absenter,  les  fourmis  s'étaient 
introduites  dans  notre  minuscule  magnanerie  et  y  avaient 
dévoré  plusieurs  de  nos  précieux  sujets.  Toutefois,  la  tem- 
pérature se  maintenant  au  froid,  il  fallait  se  contenter  de  ce 
milieu. 

D'ailleurs,  les  instructions  que  j'avais  reçues  me  prescri- 
vaient d'attendre  une  douzaine  de  jours  après  l'éclosion  pour 
porter  les  vers  sur  une  touffe  de  chêne  au  milieu  du  bois.  Le 
dimanche  28  mai,  le  thermomètre  marquant  24  degrés,  nous 
avons  cru  le  moment  propice  pour  mettre  nos  élèves  au  grand 
air,  d'autant  plus  que,  par  les  raisons  que  nous  avons  expo- 
sées plus  haut,  les  rangs  s'éclaircissaient  de  jour  en  jour. 

Le  choix  de  l'emplacement  ne  se  fit  pas  sans  difficultés.  Nous 
avions  bien  une  garenne  à  500  mètres  du  village,  mais  outre 
que  les  oiseaux  y  abondent,  nous  avions  encore  à  redouter 
les  grosses  fourmis  rouges,  tellement  nombreuses  en  cet 
endroit  que  l'insecte  pris  comme  le  symbole  de  la  prévoyance 
semble  en  avoir  fait  son  Paris.  D'un  autre  côté,  la  simple 
prudence  commandait  de  ne  pas  placer  tous  ses  œufs  dans  le 
même  panier. 

Nous  avions  dans  un  enclos,  en  exposition  de  plein  soleil, 


ACCLIMATATION   DU    BOMBYX   CHINOIS.  705 

une  jolie  touffe  de  chêne,  aux  feuilles  tendres,  à  la  végétation 
luxuriante.  Nous  y  avons  déposé  quatre  vers  qui  ont  pros- 
péré pendant  huit  jours,  puis  ils  ont  disparu  successivement 
sans  qu'on  pût  se  douter  comment  :  une  nichée  de  pinsons, 
de  mésanges  ou  autres  insectivores  s'était  probablement  éta- 
blie près  de  là. 

Quatre  autres  vers  ont  été  conservés  à  la  maison,  et  malgré 
les  soins  qu'on  en  a  pris  ils  n'ont  pas  résisté  plus  de  quatre 
jours.  L'internat  serait  donc  aussi  défavorable  au  ver  à  soie 
du  chêne  qu'il  est  avantageux  à  son  congénère  du  mûrier. 

Enfin  le  gros  de  la  troupe,  environ  une  trentaine,  a  été 
porté  dans  un  bosquet  distant  du  village  d'environ  1  kilo- 
mètre et  demi.  Si  le  bois  avait  eu  plus  d'étendue,  j'aurais 
choisi  l'intérieur,  parce  que  les  oiseaux  préfèrent  les  bor- 
dures. J'ai  pensé  que  les  feuilles  qui  sont  exposées  à  l'air  et 
au  soleil  sont  plusnutritives,  et  je  me  suis  arrêté  à  une  large 
et  belle  jachée  de  S  mètres  de  hauteur  environ,  à  l'abri  des 
coups  de  vent  et  cachée  aux  regards  des  curieux. 

Quelques-uns  de  nos  vers  étaient  encore  bien  petits  et  bien 
jeunes;  la  plupart  n'avaient  pas  encore  mué.  Cependant,  dans 
une  visite  que  je  leur  ai  faite  le  lendemain,  j'ai  vu  que  tous 
ou  à  peu  près  tous  s'étaient  attachés  aux  feuilles  et  se  faisaient 
vivre. 

Le  30  mai,  surlendemain  du  dépôt,  une  grêle  aussi  grosse 
qu'abondante  faisait  de  grands  vides  dans  notre  colonie. 

Quoi  qu'il  en  soit,  huit  sujets  nous  restaient  encore.  Nous 
les  voyions  souvent,  car  il  était  facile  de  les  retrouver,  les 
échancrures  fraîchement  faites  aux  feuilles  servant  de  point 
de  repère,  et  d'ailleurs  ils  ne  voyageaient  guère.  Tout  allait 
assez  bien  et  nous  étions  satisfaits  de  leur  développement-  les 
derniers  semblaient  même  lutter  contre  la  température  qui 
se  maintenait  froide  au  point  que  nous  avons  constaté  de  la 
gelée  le  samedi  17  juin.  Au  P'  juillet  nos  chenilles  étaient 
superbes;  leurs  proportions  étaient  plus  grandes  que  celles 
des  plus  grosses  de  nos  contrées,  leur  corps  était  transparent, 
de  couleur  vert  tendie  avec  des  taches  d'or  :  la  tête  était 
énorme. 

3"  SÉRIE,  T.  X.  —  Décembre  1883.  45 


706  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

Nous  nous  croyions  déjà  riches  d'une  certaine  quantité 
d'œufs  éclos  chez  nous,  sous  l'influence  climatérique  du  pays, 
n'ayant  pas  été  transportés  à  des  milliers  de  lieues,  n'ayant 
point  subi  tous  les  changements  de  température,  depuis  la 
chaleur  torride  de  Pointe  de  Galles  jusqu'à  la  latitude  déjà 
froide  du  nord  de  la  France.  Nous  restituions  alors  au  cen- 
tuple le  petit  dépôt  qui  nous  avait  été  confié,  nous  partagions 
généreusement  le  reste  de  notre  trésor. 

Nous  pensions  le  problème  de  l'acclimatation  résolu,  et 
nous  supputions  les  avantages  immenses  qui  pourraient  en 
résulter  :  nos  bois  transformés  pour  ainsi  dire  en  mines  d'ar- 
gent, nos  mauvaises  terres  plantées  et  utilisées,  nos  ouvriers 
trouvant  l'ouvrage  au  village  et  s'y  fixant  davantage,  la  soie  à 
la  portée  du  pauvre,  la  Fi-ance  enrichie,  gardant  chez  elle 
une  partie  de  l'or  qu'elle  envoie  en  Amérique  et  aux  Indes 
pour  se  procurer  le  coton...  Tout  cela,  hélas!  devait  finir 
comme  le  pot  au  lait  de  Perrette  ! 

Le  15  juillet,  à  six  heures  du  soir,  quelques  jours  à  peine 
avant  le  temps  qui  m'avait  été  indiqué  comme  l'époque  où  les 
vers  devaient  filer,  une  trombe  accompagnée  de  grêle  plus 
terrible  encore  que  celle  du  30  mai,  ravageait  tout  le  terri- 
toire, réduisant  la  récolte  des  blés  au  quart  et  celle  des  avoines 
à  néant.  En  voyant  les  légumes  hachés,  les  arbres  dépouillés 
de  leurs  feuilles,  les  amas  de  glaçons  qui  avaient  passé  la  nuit, 
nous  ne  nous  sommes  fait  aucune  illusion  au  sujet  de  notre 
essai.  Le  lendemain,  dès  que  les  chemins  ont  été  un  peu  pra- 
ticables, nous  avons  été  voir  nos  vers;  mais,  comme  nous 
nous  y  étions  attendus,  nous  n'avons  plus  trouvé  que  des 
débris  informes. 

Je  sais  parfaitement  que  lors  même  que  nous  aurions  réussi 
la  chose  n'aurait  pas  eu  toutes  les  conséquences  que  j'ai  entre- 
vues plus  haut;  quoi  qu'il  en  soit,  je  pense  que  l'acclimata- 
tion du  ver  à  soie  du  chêne  serait  un  bienfait  pour  la  France 
et  surtout  pour  les  contrées  où  il  y  a  du  terrain  médiocre. 

Si  mon  opinion  pouvait  avoir  quelque  poids,  je  dirais,  en 
forme  de  conclusion,  que  selon  moi  cette  acclimatation  n'est 
pas  chose  impossible.  En  effet,  nous  n'avons  eu  cette  année  que 


ACCLIMATATION    DU   BOMBYX    CHINOIS.  707 

très  peu  de  jours  de  beau  soleil  en  mai  et  juin;  pourtant  sans 
les  orages  des  30  mai  et  15  juillet,  il  est  présumable  que  nous 
aurions  recueilli  des  œufs  et  que  nous  aurions  pu  (ma  femme 
et  moi)  recommencer  l'épreuve  avec  nos  propres  ressources. 
C'est  dire  que  notre  insuccès  ne  nous  décourage  pas  et  que 
nous  tenterions  volontiers  une  nouvelle  expérience  s'il  nous 
était  possible  de  nous  procurer  un  peu  de  graine  du  Bombyx 
chinois. 


III.  EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


SÉANCE  DU  CONSEIL  DU  30  NOVEMBRE  1883 
Présidence  de  M.  Bouley,  président. 

Le  procès-verbal  de  h  séance  précédente  est  lu  et  adopté  sans  obser- 
vation. 

—  M.   le  Président   proclame  les  noms  des  membres  nouveaux. 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

Colette,  chef  des  travaux   aux    usines  du  (  H.  Bouley. 
Creusot,    propriétaire  à    Marmagne,  par  |  Maurice  Girard. 
Montcenis  (Saône-et-Loire). 


Jules  Grisard. 


(  U.  Bouley. 

Conte  (Tony),  ministre  plénipotentiaire,  rue  \  a. Geoffroy Saint-Hilaire. 
de  Naples,  4,  à  Pans.  (  p^  ^   pj^^^ot 

,     -      .      f  H.  Bouley. 
Gauthier -Faugères,   négociant,   a    Issoire  |  ^    Berthoule. 
(Puy-de-Dôme).  |  g^^j 

•     ,  r>o  3    ("  H.  Bouley. 

Godefroy-Lebeuf,  horticulteur,  26,  route  de     a.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 
Sannois,  à  Argenleuil  (Seine-et-Oise).         ' 


Lehec  (Claude)  aviculteur,  30,  rue  du  Sen- 
tier, à  Bois-Colombes  (Seine). 


Saint-Yves  Ménard. 
Didion. 
A.  Dubief. 
Jules  Grisard. 


,    T^       o/^    '  /'  H.  Bouley. 
Leroux  (Th.),  négociant,  Grande-Rue,  39,  a  i  ^    Dufort. 


La  Flèche  (Sarthe) 


Lucas-Championnière  (le  docteur,  Just),  chi- 
rurgien des  hôpitaux,  50,  rue  du  Faubourg- 
Poissonnière,  à  Paris. 

Meinadier  (le  docteur  Gabriel),  à  Etoile 
(Drome). 


Jules  Grisard. 

H.  Bouley. 

A.Geoff~roySaint-Hilaire. 

Saint-Yves  Ménard. 

Blanchon. 

H.  Bouley. 

Hugues. 

.,    ■       .T.       jt  (   H.  Bouley. 
Salmon-Coubard  (B.),  propriétaire,  a  Baugé  \  j^^^^  Grisard. 

'"  ^ne-et-Loire).  |  Raveret-Wattel. 

A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

0.  Leroy, 

A.  Porte. 

H.  Bouley. 

A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Comte  de  Montlezun. 


Sens  (Laurent),  propriétaire,  19,  place  Dau- 
phine,  à  Bordeaux  (Gironde). 

Sevin   de  Ségongnac  (de),  propriétaire,  au 
château  de  Larroque,  par  Gimont  (Gers). 


PROCÈS-VERBAUX.  709 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

Wauthier  (Frédéric-Eugène),  bibliothécaire  (   i    i^  f 
honoraire  de  la  Société  nationale  d'hor-  )  tV  •      i 
ticulture  de  France,  30,  rue  d  HauteviUe,  i  Raveret-Wattel. 
Paris.  \ 

—  Des  remerciements,  au  sujet  de  leur  récente  admission, sont  adressés 
par  MM.  H.  de  la  Blanchetais  et  Hugues. 

—  Des  demandes  de  cheptels  sont  adressées  par  MM.  Louis  d'Eichthal, 
Maisonneuve,  Th.  Lépine,  Boyron,  Desroches,  Feuilloy,  E.  Riom  et 
Durousseau-Dugontier. 

—  M,  Brierre  (Vendée)  adresse  à  la  Société  quelques  échantillons  de 
sels  blancs  naturels  de  la  rivière  la  Vie  et  se  met  à  sa  disposition  pour 
fournir  les  renseignements  qui  lui  seraient  demandés.  —  Remerciements. 

—  M.  Albin  Humbert  demande  à  prendre  part  aux  concours  de  la 
Société.  —  Renvoi  à  la  Commission  spéciale. 

—  M.  Patard-Chatelain,  à  La  Ferté-Macé  (Aisne),  écrit  : 

«  Ayant  obtenu  dans  l'élevage  du  Lapin  angora,  en  partie,  le  résultat 
qne  je  cherchais,  et  certain  à  présent  de  réussir  complètement  (puisque 
j'ai  2000  lapins  et  que  je  compte  en  avoir  3000  à  la  fin  de  l'année),  que 
de  plus  je  file  ce  poil  mécaniquement,  et  qu'on  en  obtient  un  tissu  plus 
beau  que  ceux  connus  jusqu'à  ce  jour,  j'ai  l'intention  d'essayer  égale- 
ment en  grand  l'élevage  des  chèvres  fournissant  les  plus  belles  toisons. 

«  J'essayerai  probablement  la  Chèvre  cachemire  ou  du  Thibet,  et  si 
TOUS  aviez  des  données  sur  le  genre  de  travail  que  je  me  propose,  je 
serais  heureux  que  vous  voulussiez  bien  m'en  donner  connaissance.  » 

—  M.  Gorry-Bouteau  écrit  de  Belleville  (Deux-Sèvres)  : 

«  Je  viens  de  lire  dans  le  Bulletin  de  la  Société  les  renseignements 
qui  vous  ont  été  donnés  sur  l'arrivée  des  oiseaux  migrateurs  dans  l'ar- 
rondissement de  Segré  (Maine-et-Loire). 

»  L'époque  de  l'apparition  de  ces  oiseaux  dans  le  canton  de  Thouars 
(Deux-Sèvres)  difl"ère  peu  de  celle  de  Segré,  excepté  pour  la  Tourterelle 
qui  n'apparaît  ici  que  dans  le  mois  de  mai. 

»  Voici  cette  date  pour  chaque  espèce  :  25  mars,  le  Rossignol  couronné 
ou  de  muraille  ;  29  mars,  Hirondelles  et  Fauvettes  ;  31  mars,  la  Canepe- 
tière  ou  petite  Outarde;  5  avril,  la  Huppe;  15  avril,  le  Coucou;  18  avril, 
la  Pie-grièche;  20  avril,  la  Caille;  8  mai,  la  Tourterelle.  «Ces  dates  ne 
sont  pas  absolument  fixes,  elles  varient  selon  que  la  température  est 
plus  ou  moins  douce.  » 

—  M.  de  la  Blanchetais  écrit  de  Cannes  : 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  que  mon  Casarka  et  Oie  d'Egypte 
viennent  de  me  donner  une  nouvelle  couvée  composée  de  sept  petits 
produits  âgés  aujourd'hui  de  cinq  jours  et  qui  prennent  leurs  ébats  et 
sont  en  parfaite  santé.  » 


710  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

—  M.  Blanchon  annonce  l'envoi  prochain  d'un  rapport  sur  l'acclima- 
tation  des  Hoccos. 

—  M.  Vigour,  notaire,  à  Saint-Servan  (lUe-et-Vilaine),  adresse  diverses 
attestations  pour  concourir  au  prix  fondé  pour  la  multiplication  du  Lo- 
phophore. 

—  M.  F.  Zenk,  président  de  la  Société  de  pisciculture  de  la  Basse- 
Franconie,  à  Wurzbourg,  annonce  qu'il  espère  pouvoir  faire  cette  année, 
à  la  Société,  un  envoi  d'alevins  de  Sandre  {Lucloperca  Sandra). 

—  M.  André  Mondehare,  attaché  au  Consulat  général  de  France  à 
Londres,  commissaire  de  la  section  française  à  l'Exposition  internationale 
des  Pêcheries,  transmet  une  demande  formée  par  M.  le  D^  Wallem,. 
commissaire  du  royaume  de  Norvège,  cà  l'effet  d'obtenir,  pour  son  gou- 
vernement :  1"  la  cession  d'une  copie  de  la  carte  ichtyologique  de  la 
France  exposée  à  Londres  par  M.  Raveret-Wattel,  et  des  cartes  ayant 
pour  titre  :  Indication  des  lieux  de  pêche  du  Hareng  et  du  Maquereau 
pendant  la  campagne  de  1877;  2°  des  renseignements  sur  les  travaux 
d'exploration  exécutés  par  le  navire  le  Travailleur  pendant  l'année  1882. 

—  M.  Raveret-Wattel  communique  la  lettre  suivante  de  M.  le  pro- 
fesseur G.  Brown  Goode,  commissaire  des  États-Unis  à  l'Exposition  in- 
ternationale de  produits  et  engins  de  pêche  de  Londres  : 

«  Je  reçois  de  M.  le  professeur  Baird,  commissaire  des  Pêcheries  des 
États-Unis,  un  télégramme  qui  offrira,  j'en  suis  sûr,  un  grand  intérêt 
pour  les  pisciculteurs  européens.  Il  m'apprend  que  M.  John  A.  Ryder, 
embryogéniste  de  la  Commission  des  Pêcheries,  qui,  depuis  deux  ou 
trois  ans,  s'occupe  de  recherches  sur  les  Huîtres,  vient  de  réussir  à 
obtenir  la  propagation  artificielle  de  ces  mollusques.  Le  4  septembre 
courant,  il  y  avait  dans  les  étangs  de  la  Commission,  à  Stockton  Mary- 
land,  d'innombrables  quantités  de  jeunes  Huîtres  de  3/4  de  pouce  de 
diamètre,  qui  provenaient  d'œufs  fécondés  artificiellement,  quarante-six 
jours  auparavant.  Les  étangs  renferment  une  grande  abondance  de 
nourriture  pour  les  jeunes  Huîtres,  qui  se  développaient  rapidement. 

»  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  que  c'est  là  un  succès  qui  va  marquer  une 
nouvelle  époque  dans  l'histoire  de  la  pisciculture.  » 

—  M.  Rivoiron  écrit  de  Servagette,  commune  de  Miribel-les-Échclles 
(Isère),  à  M.  le  Secrétaire  : 

«  Je  regrette  vivement  que  vous  ne  puissiez  pas  m'honorer  d'une 
visite,  car  je  désirerais  beaucoup  avoir  votre  appréciation,  j'ai  fait  des 
études  et  travaux  assez  intéressants.  Je  puis  chaque  saison  faire  éclore 
200  à  250000  œufs  embryonnés.  Je  suis  arrivé  à  produire  des  Daphnies 
et  larves  de  Cousin,  à  l'aide  de  nombreux  bassins  disposés  à  cet  effet,  et 
cela  en  quantité  illimitée,  sans  cependant  connaître  le  procédé  dont  par- 
lent beaucoup  vos  comptes  rendus.  J'espère  en  plus  livrer  chaque  année 
au  commerce  une  quantité  très  importante  de  Truites  marchandes. 
»  Les  Saumons  que  vous  m'avez  adressés  à  l'état  d'œufs  sont  aussi 


PROCÈS-VERBAUX.  711 

bien  que  possible,  leur  grosseur  dépasse  de  beaucoup  celle  d'autres 
Saunions  venant  de  Bàle,  qui  ne  conviennent  pas  bien  à  nos  eaux  ;  ils 
sont  très  réguliers  et  sont  du  reste  dans  un  bassin  spécial,  rempli 
d'insectes  de  tous  genres.  En  ce  moment  c'est  la  petite  Crevette  d'eau 
qu'ils  préfèrent,  tout  en  absorbant  cliaque  jour  environ  de  300  à 
400  grammes  de  Daplinies.  J'en  ai  perdu  environ  120  sur  toute  la  quan- 
tité envoyée,  cette  espèce  n'étant  certes  pas  celle  du  Californien,  qui 
grossirait  encore  plus  vite.  A  ce  propos,  je  vous  serais  bien  reconnais- 
sant si  cette  année  vous  pouviez  me  procurer  des  œufs  de  ces  derniers.  » 

—  M.  le  maire  de  Nice  annonce  que  lAI.  llaveret-Wattel,  secrétaire  des 
séances,  a  été  nommé  membre  du  Comité  de  patronage  (section  d'aqui- 
culture) de  l'exposition  de  Nice. 

—  La  Société  d'borticulture  de  l'arrondissement  d'Étampes  sollicite 
l'envoi  de  graines  de  Riz  de  montagne. 

—  M.  le  docteur  Moïse  Certoni  demande  comment  on  pourrait  utiliser  les 
feuilles  et  les  fruits  du  Phytolacca  esculenta.  —  Renvoi  à  la5«  section. 

—  M.  Brierre  adresse  un  sac  de  diverses  variétés  de  Haricots  qu'il 
cultive  dans  la  Vendée.  —  Remerciements. 

—  M.  Romanet  du  Caillaud  écrit  de  Limoges  : 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  quelques  graines  récoltées  en  Chine 
en  1882  : 

»  \°  Vitis  Pagnucci,  Vigne  sauvage  de  Ho-Chen-Miao  (Chen-Si),  raisin 
acide,  mûrissant  en  octobre  (espèce  nouvelle); 

»  2"  Vitis  Romaneti,  Vigne  sauvage  de  Ilo-Chen-Miao  (Chen-Si),  raisin 
doux  et  sucré,  mûrissant  eu  septembre. 

»  Ces  deux  vignes  croissant  dans  la  même  localité,  dans  les  mêmes 
broussailles,  il  est  certain  que  beaucoup  de  ces  graines  doivent  être 
liybridées.  C'est  la  raison  pour  laquelle  les  premiers  semis  de  Vitis  Ro- 
maneti ont  présenté  des  caractères  si  différents. 

»  3°  Thé  à  feuilles  blanches.  J'ai  de  grandes  craintes  relativement  à 
ces  graines;  je  les  crois  trop  desséchées  et  privées  de  leur  qualité  ger- 
minative. 

»  J'avais  aussi  reçu  des  glands  de  Chêne  à  feuilles  de  houx;  mais  ces 
glands  sont  desséchés  et  n'ont  plus  de  germe.  » 

—  La  Direction  des  forêts  adresse  la  demande  d'un  exemplaire  du 
mémoire  de  M.  Rivière  sur  le  genre  Melaleuca. —  Envoyé. 

—  M.  Mackensie  rend  compte  de  ses  cultures  de  Canja  olivœformis. 

—  M.  Léo  d'Ounous,  de  Saverdun  (Ariège),  adresse  la  note  suivante  : 
«  Nous  n'avons  eu  que  de  rares  fruits  de  nos  Figuiers  de  primeur  de 

grosseur  et  de  qualité  supérieures  ;  mais  des  pluies  chaudes  et  suffi- 
santes nous  donneront  en  octobre  et  novembre  des  fruits  très  nombreux 
possédant  leurs  précieuses  qualités.  J'ai  déjà  vu  arriver  en  parfaite  ma- 
turité les  Figues  grasses  de  Marseille,  les  Figues  Reine,  Goureau  et  les 
Saint-Dominique.  Je  regrette  d'avoir  perdu  la  belle  Figue  espagnole  Col 


712  SOCIÉTÉ  NATIONALE  d'aCCLIMATATION. 

Je  Signora,  qui  demande  la  plus  chaude  exposition  et  un  terrain  frais  et 
fertile.  La  Figue  blanche  d'Agen,  qui  a  quelques  rapports  avec  la  Figue  du 
même  nom  d'Argenteuil,  va  bientôt  paraître  sur  nos  tables.  Quoique 
moins  favorisée  que  notre  région  du  Sud-Ouest,  celle  de  Paris  et  de  ses 
environs  peut  avec  chance  de  réussite  essayer  leur  culture  avec  quelques 
abris  de  murs  et  d'exposition.  Un  de  nos  collègues  de  la  Société  d'hor- 
ticulture de  Toulouse,  M.  Barrai,  spécialiste,  en  cultive  de  vingt-cinq  à 
trente  variétés  de  premier  mérite.  M.  Marouch,  un  de  nos  plus  habiles 
amateurs  de  Chrysanthèmes  japonais,  est  parvenu  à  obtenir  des  fruits 
de  ses  Figuiers  pendant  plus  de  six  mois.  A  l'aide  de  petits  tuyaux  en 
zinc  et  de  robinets  il  arrose  à  volonté  ses  nombreux  Figuiers,  soigneuse- 
ment palissés  et  à  exposition  choisie.  Il  a  bien  voulu  me  céder  ses  plus 
précieuses  variétés,  que  l'on  peut  du  reste  trouver  chez  nos  meilleurs 
pépiniéristes  de  Toulouse,  MM.  Hailleret-Bonamy.  » 

—  M.  Raveret-Wattel  communique  l'extrait  suivant  d'une  lettre  qui 
lui  est  adressée  par  M.  le  docteur  A.  Gilbert,  de  Givet  :  «  Dans  une  note 
parue  dans  le  numéro  de  janvier  de  1883  du  Bulletin,  M.  de  Behr 
signalait  la  grande  utilité  pour  les  apiculteurs,  des  propriétés  mellifères 
et  de  la  floraison  tardive  de  la  Balsamine  géante.  Ajoutons  que  la  graine 
de  cette  belle  plante  a  également  son  utilité.  Cette  graine  très  abondante 
est  enfermée  dans  des  gousses  latériques  qui  la  projettent  de  tous  côtés 
et  amènent  ainsi  une  multiplication  rapidement  encombrante.  Heureuse- 
ment que  les  Poules,  très  friandes  de  cette  graine,  la  recherchent  avec 
avidité,  et,  quand  elles  peuvent  la  trouver  en  quantité  suffisante,  elles 
s'en  engraissent  parfaitement  et  pondent  plus  abondamment  et  pendant 
une  bonne  partie  de  l'hiver.  » 

Des  comptes-rendus  de  leurs  cheptels  sont  adressés  par  MM.  Ferrary, 
Le  Berre,  de  Chambry,  A.  Tetrais,  B.  Glemot,  docteur  J.-J.  Lafon, 
,).  Kiener,  Bourjuge,  Fiévet-Périnet,  Mathey,  Henri  Fabre,  G.  Laverne, 
L.  Reyual,  Leprevosl-Bourgerel,  Loydreau,  Nelson-Pautier,  Durousseau- 
Dugontier,  A.  Hiver,  Edm.  Villey,  X.  Dybowsky,  Burky,  P.  Baril,  Laval, 
L.  Mérat,  Leblan,  Blaauw,  Albert  Orban,  A.  Marre,  Desroches,  G.  de 
Kervénoael,  Fremy  ainsi  que  par  le  Jardin  Zoologique  de  Bâle. 

~  M.  Xambeu  écrit  de  Montélimar  :  «  Des  observations  qu'il  m'a  élé 
donné  de  faire  au  sujet  de  la  Poule  Campine,  il  résulte  : 

«  1°  Comme  avantages,  que  les  œufs  ont  éclos  un  jour  avant  ceux  des 
races  ordinaires  ; 

«  Que  les  poussins  se  développent  plus  rapidement  ; 
«  Que  les  coquelets  n'attendent  pas  trois  mois  pour  cocher  ; 
<(  Que  les  poulettes  nées  en  mars  sont  sujettes  à  pondre  à  la  fin  du 
sixième  mois. 

«  2"  Gomme  inconvénients,  je  signalerai  la  quantité  considérable  de 
mâles  sur  le  nombre  si  réduit  de  femelles  ;  c'est  peut-être  un  cas  par- 
ticulier. » 


PROCÈS-VERBAUX.  713 

—  M.  Malliey  écrit  de  Rochechouart  (Haute-Vienne)  à  M.  le  Secrétaire 
général  :  «  Sur  les  trois  espèces  de  Melons  dont  la  semence  m'a  été 
fournie  par  la  Société  d'Acclimatation,  Melon  grimpant,  petit  Melon 
orange.  Ananas  brodé,  une  seule  espèce,  la  dernière,  a  réussi. 

»  Tous  semés  le  23  mars  sur  couche  et  sous  cloche,  abrités  des 
vents  du  Nord,  quelques  graines  du  petit  Melon  orange  ont  levé  le 
12  avril.  Bientôt  attaqués  par  des  Limaçons  et  des  Fourmis,  je  ne  pus 
sauver  un  seul  plant,  malgré  le  phénol  que  j'employai,  en  répandant 
quelques  gouttes  de  ce  liquide  sur  la  terre  recouverte  de  la  cloche, 
moyen  qui  me  parut  cependant  éloigner  les  parasites. 

î  Je  fus  plus  heureux  pour  l'Ananas  brodé,  dont  quelques  plants  sor- 
tirent de  terre  le  15  avril  ;  plusieurs  cependant  périrent;  le  9  juin,  je 
transplantai  le  sujet  qui  me  restait  dans  un  terrain  préparé  à  cet  effet, 
exposé  au  grand  air  et  au  soleil  ;  le  5  juillet,  les  premières  fleurs  paru- 
rent ;  enfin  le  10  août,  je  récoltai  un  petit  Melon  arrivé  à  parfaite  matu- 
rité et  d'excellente  qualité.  Très  parfumé,  quoique  ayant  la  chair  un  peu 
sèche,  ce  Melon  a  un  goût  excellent  et  est  bien  supérieur  à  ceux  qui 
viennent  généralement  dans  le  pays. 

j>  J'adresse  de  la  graine,  qui  est  parfaitement  mûre,  à  M.  l'Agent 
général. 

»  11  reste  encore  deux  Melons  après  l'unique  pied  que  j'ai  cultivé, 
j'estime  qu'ils  ne  seront  pas  mûrs  avant  une  dizaine  de  jours. 

»  Pour  ce  qui  est  du  Melon  grimpant,  aucune  graine  n'a  levé,  la 
semence  a  dû  pourrir  dans  la  terre. 

ï  Je  semai  ma  graine  de  Zapallito  le  28  mars,  sur  couche  et  sous 
cloche,  aucune  n'a  germé,  j'ai  trouvé  la  semence  pourrie  dans  la  terre, 
.l'attribue  cet  échec  à  l'excès  d'humidité. 

î  J'ai  semé  dans  un  terrain  de  bonne  qualité  et  bien  préparé  les  Ha- 
ricots nains  de  Bonnac  et  les  Haricots  nains  suisses  les  3  et  i  avril. 

ï  Les  premiers  poussent  le  19  avril  et  les  seconds  le  25. 

»  Bientôt  envahis  par  les  Limaçons,  dont  l'humidité  de  cette  époque  de 
l'année  favorisait  le  développement,  tous  mes  jeunes  plants  furent  dé- 
vorés jusqu'à  la  tige,  et  il  me  fut  impossible  d'en  sauver  un  seul. 

»  Le  9  avril,  je  semai  dans  un  terrain  fort,  de  bonne  qualité,  conve- 
nablement préparé  et  un  peu  ombragé,  des  graines  de  Chamœropsexcelsa. 
Le  8  août,  je  m'aperçus  que  la  plus  grande  partie  de  la  semence  était 
poussée. 

»  Les  petits  plants  sont  assez  vigoureux  et  paraissent  devoir  bien 
venir. 

j  11  y  a  deux  ans,  je  vous  rendais  compte  de  mes  essais  de  culture  de 
l'Haé-Téou  (Soya  noir).  Cette  année,  j'ai  encore  semé  ce  Haricot  ;  les 
résultats  obtenus,  bien  qu'ils  ne  soient  pas  complètement  satisfaisants, 
sont  cependant  beaucoup  meilleurs  que  la  première  fois,  ayant  obtenu 
quelques  graines  qui  ont  [tu  ariiver  à  maturité. 


l\i  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

»  Les  premiers  Haé-Téou  furent  semés  le  2  avril,  le  terrain  qui  devait 
recevoir  la  semence,  de  bonne  qualité  par  lui-même,  avait  été  bien  pré- 
paré ;  le  19,  la  plupart  des  Haricots  étaient  sortis  de  terre.  Les  Limaçons 
ne  m'en  laissèrent  pas  un  seul,  aussitôt  qu'une  feuille  paraissait,  elle 
était  dévorée.  Je  semai  alors  de  nouveau  le  24  mai  ;  à  la  fin  d'août,  la 
floraison  a  commencé  et  bientôt  de  nombreuses  gousses  se  sont  for- 
mées. Si  le  mois  de  septembre  n'avait  pas  été  aussi  pluvieux,  je  crois 
que  la  plus  grande  partie  des  gousses  aurait  pu  mûrir. 

>  J'ai  semé  à  deux  reprises  différentes  mes  graines  de  Courge  de 
Turquie,  le  28  mars  et  le  25  mai. 

)>  Les  premières,  semées  sur  couche  dans  un  très  bon  terrain,  exposé 
au  soleil,  préservé  des  vents  du  nord,  poussent  le  12  avril  ;  les  secondes, 
semées  également  sur  couche,  dans  un  terrain  de  moins  bonne  qualité, 
un  peu  ombragé,  mais  non  abrité,  commencent  à  pousser  le  2  juin. 

»  Je  ne  conservai  qu'un  pied  des  premières  et  deux  pieds  des  se- 
condes, plusieurs  petits  plants  ayant  été  détruits,  soit  par  les  Limaçons, 
soit  par  des  insectes  qui  coupaient  la  racine. 

»  Bien  que  les  graines  aient  été  mises  en  terre  à  près  de  deux  mois 
d'intervalle,  la  floraison  eut  lieu  presque  en  même  temps,  le  10  juillet 
pour  les  premières,  le  17  juillet  pour  les  secondes. 

»  Le  17  octobre,  j'ai  recueilli  sur  le  pied  semé  le  plus  tôt  deux  courges 
très  mûres  ;  je  dois  ajouter  que  pour  hâter  la  maturité  elles  avaient  été 
mises  sous  cloche. 

y>  Les  deux  pieds  semés  en  mai  ont  produit  six  Courges,  quelques-unes 
sont  assez  belles,  mais  aucune  ne  mûrira,  la  saison  étant  beaucoup  trop 
avancée. 

»  J'ai  adressé  le  22  octobre  dernier,  à  M.  l'Agent  général,  des  pieds 
d'Haé-Téou  et  une  Courge  de  Turquie. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que  j'expédie   aujourd'hui  à  votre 
adresse  : 
»  1°  Des  Pommes  de  terre  Heymonet; 
•»  2»  Des  Fèves  d'Agua  dulce  et  de  Perpignan  ; 
»  3°  Des  graines  de  Radis  du  Japon.  » 

—  Il  est  fait  hommage  à  la  biliothèque  de  la  Société  des  ouvrages 
suivants  : 

Silk  producing  bombycesreared  in  1882,  by  A.    Wailly,  reprinted 
from  the  «  Journal  of  the  Society  of  arts  ».  1  broch.  in-8°.       (L'Auteur). 
Separat-Abdruck  ans  «  Gartenflora  »,  par  von  H.  Hoffmann. 

(L'Auteur). 
The  regulative  action  of  birds  upon  insect  oscillations  by.  S.  A. 
Forbes.  ln-8°.  (L'Auteur.) 

Chambre  de  commerce  de  Boulogne-sur-Mer.  Primes  d'encoura- 
gement à  la  bonne  préparation  du  hareng  de  la  1"  pêche  au  Dogger-Bank. 
Distribution  solennelle   de  ces  primes,  le  27  décembre  1882.    Procès- 


PROCÈS- VERBAUX.  .715 

verbal,  par  M.  E.   Lonquety  aîné,  président.   Boulogne-sur-Mer,  typo- 
graphie N.  Berr,  1883,  1  broch.  in-8«.  (L'Auteur.) 

Théorie  des  nombres  parfaits,  par  M.  Jules  Carvallo.  Paris,  1883, 
chez  l'Auteur,  19,  Villa  Saïd,  et  chez  les  principaux  libraires.  Broch. 
in-S".  (L'Auteur.) 

Les  vignes  de  Longleat,  traité  pratique  de  la  culture  des  vignes  en 
serre,  par  M.  William  Taylor,  traduit  en  français  par  M.  H.  Fonsny 
(extrait  du  Bulletin  de  la  Fédération  des  Sociétés  d'horticulture  de 
Belgique,  pour  1881).  Liège,  Boverie,  1,  1883,  in-S".  (M.  Morreo.) 

Une  excursion  aux  montagnes  du  Brésil,  esquisse  de  voyage,  par  le 
professeur  Eugène  Warming  (de  Copenhague).  Liège,  Boverie,  1, 1883. 
Broch.  in-8''.  (M.  Morren.) 

Note  sur  le  potager  royal  de  Frogmore,  par  M.  Ch.  Joly  (extrait  du 
Journal  de  la  Société  nationale  d'horticulture,  3«  série,  t.  V,  1883, 
p.  329-334).  Broch.  in-8'\  (L'Auteur.) 

Note  sur  la  XP  Exposition  internationale  de  Gand,  par  Ch.  Joly 
(extrait  du  Journal  de  la  Société  nationale  d'horticulture,  3«  série, 
t.  V,  1883,  p.  470- i75).  Broch.  in-8°,  fig.  (L'Auteur.) 

Report  on  the  progress  and  condition  of  the  botanic  garden  and 
government  plantations,  during  the  year  1882,  par  R.  Schomburgk. 
Adélaïde,  1883,  Broch.  in-4",  planch,  (L'Auteur.) 

Die  fremdlàndischcn  Stubenvôgel  ihre  Naturgeschichte,  Pflege  und 
Zucht,  par  le  D""  Karl  Buss.  Magdeburg,  1883.  In-8".  (L'Auteur.) 

Résultats  statistiques  du  dénombrement  de  1881.  France  et  Algérie. 
Paris,  Imprimerie  nationale,  1  vol.  grand  in-8". 

(Ministère  du  Commerce.) 

Annuaire  statistique  de  la  France.  Sixième  année,  1883.  Paris,  Im- 
piimerie  nationale.  (Ministère  du  Commerce.) 

—  Remerciements  aux  donateurs. 

Pour  le  Secrétaire  du  Conseil, 
Jules  Grisard, 

Agent  général. 


716  •    SOCIÉTÉ  NATIONALE  D' ACCLIMATATION. 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  7  DÉCEMBRE  1883 
Présidence  de -M.  Henri  Bouley,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  générale  ayant  été  adopté  par 
ie  Conseil,  conformément  au  règlement,  il  n'y  a  pas  lieu  d'en  donner 
lecture. 

—  En  déclarant  ouverte  la  session  de  4883-1884,  M.  le  Président 
prononce  l'allocution  suivante  : 

«  Messieurs, 

Nous  allons  ouvrir  aujourd'hui  la  vingt-neuvième  session.  C'est  l'usage, 
comme  vous  le  savez,  d'ouvrir  la  session  de  nos  travaux  par  un  discours 
présidentiel. 

Il  m'est  venu  une  idée,  mais  trop  tardivement  pour  que  je  puisse 
la  mettre  celte  année  à  exécution  :  je  la  communiquerai  au  président 
l'année  prochaine.  Au  fait,  la  voici.  Ne  serail-il  pas  très  intéressant, 
Messieurs,  qu'à  chaque  ouverture  des  sessions  le  président  fît  un  ta- 
bleau récapitulatif,  sommaire,  de  l'ensemble  des  travaux  accomplis  dans 
l'année  écoulée. 

Il  y  aurait  là  un  thème  dont  le  développement  ne  laisserait  pas  de 
présenter  un  assez  grand  intérêt,  car,  en  définitive,  la  Société  d'Acclima- 
tation a  un  stock  important  de  travaux  soit  scientifiques,  soit  pratiques, 
qui  doivent  être  signalés  à  l'attention  par  leurs  traits  principaux,  alin 
d'en  bien  faire  sentir  tout  l'intérêt. 

Ce  résumé  serait  goûlé  par  le  public  et  ce  serait  probablement  aussi 
une  condition  pour  qu'il  y  eût  vers  nous  un  courant  plus  actif. 

La  Société  d'Acclimatation  mériterait  qu'un  très  grand  nombre  de 
collaborateurs  vinssent  s'associer  à  elle.  Elle  a  ce  grand  avantage  d'être 
librement  ouverte,  et  beaucoup  de  personnes  qui  aiment  la  science,  qui 
veulent  occuper  leurs  loisirs,  qui  veulent  donner  un  but  à  l'activité  de 
leur  esprit,  trouveraient  là  une  occasion  d'étude  en  écoutant,  et  une 
occasion  aussi  de  faire  participer  les  autres  à  ce  qu'ils  pourraient  avoir 
de  science  personnelle,  d'acquis  de  pratique. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  il  serait  bien  intéressant  que  nous  fussions  un 
peu  plus  expansifs  au  point  de  vue  de  la  publicité,  que  nous  fissions  un 
effort  plus  grand  pour  être  mieux  connus.  Je  vois  des  sociétés  qui  sont 
beaucoup  moins  importantes  et  qui  ont  une  renommée  plus  grande  dans 
le  monde.  Je  dis  que  la  Société  d'.\cclimatation,  par  le  concours  de  tant 
d'efforts,  d'intelligences,  de  science,  de  pratique,  réunit  les  conditions 
excellentes  pour  que  le  public  vienne  à  elle.  11  faudrait  aussi.  Messieurs, 
que  nous  fissions  de  plus  grands  elforis  chacun  individuellement  pour 


PROCÈS-VERBAUX.  717 

appeler  à  nous  un  plus  grand  nombre  d'associés.  Compelle  intrare, 
dirai-je  à  chacun  de  vous,  Messieurs.  Poussez  vers  nous  tous  ceux  qui  à 
un  titre  ou  à  un  autre  peuvent  nous  donner  leur  concours  et  agrandir 
les  moyens  d'action  de  notre  Société. 

A  cet  égard,  les  uns  et  les  autres,  —  je  m'enveloppe  dans  la  critique 
—  nous  ne  montrons  pas  assez  d'activité.  Si  chacun  de  nous  se  doublait 
seulement,  voyez  quel  rapide  accroissement. 

Réunissons  donc  nos  efforts,  Messieurs,  pour  qu'il  nous  vienne  le  plus 
grand  nombre  de  membres  possible,  ayant  les  conditions  pour  prêter  à 
la  Société  leur  concours.  Dans  l'ensemble  des  moyens  de  ce  concours,  il 
ne  faut  pas  oublier  la  cotisation,  car  l'argent  n'est  pas  seulement  le  nerf 
de  la  guerre,  il  est  aussi  l'instrument  nécessaire  de  tous  les  travaux  de 
la  paix. 

Eh  bien,  Messieurs,  voilà  pour  cette  année  mon  discours  d'inaugura- 
tion de  la  session. 

L'année  prochaine,  j'engage  le  président  qui  sera  nommé,  quel  qu'il 
doive  être,  à  suivre  le  conseil  que  je  viens  d'émettre,  et  si  c'était  sur 
moi  que  les  suffrages  vinssent  encore  se  réunir,  ce  qui  me  ferait  un  grand 
honneur,  je  vous  promets  de  vous  présenter  un  tableau  récapitulatif  des 
travaux  qui  vont  se  faire  dans  l'année  qui  s'ouvre  aujourd'hui.  » 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  accuse  réception  et  remercie  de 
l'envoi  qui  lui  a  été  fait  de  deux  exemplaires  de  la  note  de  M.  Joseph 
Crepin  sur  la  maladie  des  Ecrevisses. 

—  M.  William  Jamrach  écrit,  en  date  du  20  octobre,  à  iM.  Geoffroy 
Saint-Hilaire  :  i  Vous  apprendrez  sans  doute  avec  intérêt  que  je  me  mets 
aujourd'hui  en  route  pour  les  Indes  pour  la  trente-neuvième  fois.  J'em- 
porte une  collection  importante  d'animaux  que  je  destine  à  l'Exposition 
universelle  qui  va  prochainement  s'ouvrir  à  Calcutta.  Ma  collection  est 
embarquée  sur  trois  navires  différents.  Son  transport  à  destination 
représente  une  dépense  de  50000  francs  environ. 

j  Les  animaux  embarqués  sont  les  suivants  : 

>  1  paire  de  Girafes,  13  Autruches  du  pays  des  Somaiis,  3  couples  de 
Lions  adultes,  2  couples  de  Cougoirs  (Pumas),  2  Jaguars  (Léopards), 
2  Zèbres,  22  Paons  blancs,  1  Paon  panaché,  47  Perroquets  Aras  Rauna 
et  Canga,  1  Perroquet  Ara  vert,  1  Perroquet  Ara  bleu,  1  Calao 
d'Abyssinie,  2  Grues  de  Paradis,  4  Grues  couronnées  du  Cap  de  Bonne- 
Espérance,  40  Geais  bleus  d'Amérique,  100  Faisans  divers,  1  Bison  mâle, 
1  Ours  de  Russie,  G  Daims  blancs,  20  Hoccos,  60  Chiens  divers. 

»  La  nourriture  embarquée  pour  quarante  jours  de  route  représente 
une  valeur  de  10  000  francs.  » 

—  Al.  Rogeron  écrit  du  château  de  l'Arceau  :  «  Quand  vers  la  fin  de  ce 
printemps  je  vous  ai  fait  part  du  triple  croisement  de  Canards  (Canards 
Sauvage-Chipeau-Milouiii)  obtenu  chez  moi  en  1881  et  1882,  bien  que  je 


718  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D' ACCLIMATATION. 

visse  régner  la  même  bonne  intelligence  entre  ma  métises  Sauvage-Chipeau 
et  mon  vieux  Milouin  de  l'année  précédente,  j'étais,  à  vrai  dire,  un  peu 
inquiet  du  succès  pour  cette  fois.  La  saison  commnçait  déjà  à  s'avancer, 
et  je  n'avais  pas  encore  vu  d'œufs. 

»  Cette  femelle  avait  bien  disparu  quelques  jours,  mais  malgré  mes 
recherches  les  plus  laborieuses  dans  ma  luzerne  où  elle  avait  pondu 
l'année  dernière,  ainsi  que  dans  le  voisinage  de  mon  habitation,  il 
m'avait  été  impossible  de  trouver  son  nid.  Elle  était  d'ailleurs  devenue 
beaucoup  plus  vagabonde  depuis  quelque  temps;  au  lieu  de  rester 
comme  autrefois  presque  constamment  dans  une  pièce  d'eau  avec  son 
gros  époux,  elle  fréquentait  seule  toutes  les  douves  et  fossés  des  envi- 
rons, dans  les  directions  les  plus  opposées,  et  elle  pouvait  bien  avoir  ses 
œufs  par  là,  ce  qui  en  rendait  la  recherche  fort  difficile. 

»  Enfin  elle  disparut  de  nouveau,  ne  se  laissant  plus  voir  qu'à  de  très 
rares  intervalles  ;  il  n'y  avait  plus  de  doute,  elle  devait  couver.  Plus 
heureux  cette  fois,  je  parvins  à  rencontrer,  outre  son  premier  nid 
abandonné  sur  le  bord  d'une  douve  dans  lequel  les  œufs  avaient  sans 
doute  été  mangés  par  quelque  bête  carnassière,  la  Cane  elle-même  ; 
mon  chien  d'arrêt  qui  m'aidait  dans  mes  recherches  était  tombé  dessus. 
Elle  était  sur  un  nouveau  nid  assez  artistement  construit-à  la  façon  des 
Canes  sauvages  —  de  feuilles,  d'herbes  sèches  et  d'une  épaisse  et 
moelleuse  couchette  de  duvet  à  l'intérieur,  surtout  fort  habilement  dissi- 
mulée dans  le  plus  fourré  d'une  haie  bordant  une  prairie  à  un  demi-quart 
de  lieue  de  chez  moi  ;  il  contenait  onze  œufs.  Comme  je  trouvais  que  la 
Cane  et  les  œufs  étaient  loin  d'être  en  lieu  sûr  dans  cet  endroit,  qu'il 
y  avait  danger,  et  de  la  part  des  bêtes  et  de  celle  des  flâneurs  de  la  ville, 
je  m'empressai  de  les  enlever  et  de  les  placer  sous  une  autre  Cane. 

y>  De  ces  onze  œufs,  neuf  petits  sont  éclos  et,  comme  l'année  précé- 
dente, extrêmement  vigoureux  et  pétulants  ;  ils  se  montrèrent  toujours 
très  forts  et  bien  portants,  quoique  d'une  venue  un  peu  lente.  Un  seul  de 
ces  métis,  aussi  beau  et  aussi  bien  portant  que  les  autres,  périt  tout  gros 
et  subitement  sans  cause  apparente,  vraisemblablement  d'un  coup  de 
sang  occasionné  par  excès  de  santé.  Quant  aux  huit  autres,  ils  ont 
atteints  sans  encombre  leur  entier  développement. 

s  Plus  heureux  que  l'année  dernière,  j'ai  pu  constater  avec  plaisir  que 
le  nombre  était  également  partagé  de  mâles  et  de  femelles.  Je  vais  donc 
pouvoir  me  rendre  compte  de  la  couleur  du  plumage  chez  les  mâles, 
dans  ce  nouveau  mélange  de  trois  races  différentes.  Les  formes  géné- 
rales paraissent  se  rapprocher  surtout  de  celles  des  Fuligules  ;  ils  sont 
comme  eux  gros  et  lourds,  bien  qu'un  peu  moins  massifs  ;  cependant, 
malgré  leur  pesanteur  apparente,  ils  marchent  avec  bien  plus  de  facilité  ; 
leur  corps  est  absolument  horizontal  comme  chez  les  canards  ordinaires, 
il  n'a  pas  l'obliquité  de  celui  des  plongeurs,  les  pattes  sont  placées  beau- 
coup moins  en  arrière,  et,  s'ils&o?</oW6'nifortement  en  marchant,  la  cause 


PROCÈS-VERliAUX.  719 

en  est  surtout  que  leurs  jambes  sont  extrêmement  courtes.  Les  yeux 
des  mâles  sont  bruns  comme  chez  le  Chipeau  et  le  Canard  sauvage, 
ils  n'ont  pas  la  couleur  rouge  de  ceux  du  Milouin  J'avais  déjà  con- 
staté pour  les  femelles  de  cette  race  obtenues  par  moi  l'année  der- 
nière, que  leur  chant  est  à  peu  près  le  même  que  celui  de  la  Cane 
sauvage,  bien  que  la  voix  de  mes  mâles  ne  soit  pas  entièrement  formée 
en  ce  momeni;  jusqu'à  présent  c'est  bien  celle  du  jeune  Canard  sauvage 
du  même  âge.  Enfin,  pour  que  vous  puissiez  vous  rendre  un  compte  bien 
plus  exact  de  ces  oiseaux,  que  toute  description  pourrait  vous  donner, 
je  viens  d'en  adresser  un  couple  à  M.  le  Directeur  du  Jardin  d'Accli- 
matation. 

»  Ce  qu'il  y  a  d'assez  singulier  chez  ces  oiseaux  issus  de  trois  espèces, 
qui  eussent  dû,  par  là  même,  varier  plus  ou  moins  dans  chacun  des  douze 
individus  que  j'ai  obtenus  cette  année  et  l'année  dernière,  les  uns  devant 
tenir  davantage  du  père,  les  autres  de  la  mère  appartenant  elle-même 
à  deux  espèces,  c'est  leur  entière  similitude  entre  eux,  de  formes,  de 
voix  et  jusqu'à  présent  de  plumage.  La  fusion  est  complète,  on  dirait 
déjà  une  race  établie  chez  ces  douze  individus.  Ce  serait  vraiment 
curieux  si  ces  oiseaux  étaient  féconds  et  si  l'on  pouvait  former  une  nou- 
velle race  de  ce  triple  mélange!  Le  Jardin  d'Acclimatation  ferait  bien  de 
conserver  le  couple  que  je  lui  ai  adressé,  afin  d'essayer  de  le  faire  repro- 
duire, tandis  que  moi,  de  mon  côté,  je  tenterais  la  même  expérience  sur 
les  deux  couples  que  je  vais  conserver.  » 

—  M.  Vigour  écrit  de  Saint-Servan  :  «  J'ai  un  couple  de  Lophophores 
qui  me  parait  dans  les  conditions  voulues  pour  concourir  au  prix  qu 
sera  décerné  l'année  prochaine  par-  la  Société.  Il  est  né  à  Tours  l'année 
dernière,  je  l'ai  acheté  de  M.  Cornély  au  mois  de  novembre  l'année  der- 
nière. 

»  Si  l'année  prochaine  j'obtiens  six  jeunes,  condition  imposée  pour 
le  prix,  j'aurai  l'honneur  de  vous  en  informer.  S'il  y  a  quelques  forma- 
lités à  remplir,  je  vous  serai  obligé  de  bien  vouloir  me  le  dire. 

»  Je  serais  désireux  d'avoir  un  couple  de  Tragopansj  ou  de  Faisans 
rares.  J'ai  une  volière  bien  aspectée  et  dans  de  bonnes  conditions,  je 
crois,  pour  réussir  l'élevage.  J'ai  élevé  celte  année  70  Faisans  vénérés  de 
Lady  Amherst  et  sur  ce  nombre  je  n'en  ai  perdu  que  deux,  morts 
d'accident. 

»  Je  pourrais  prendre  encore  en  cheptel  un  couple  de  Colombes  ou  un 
couple  de  Boulants  anglais,  mon  installation  étant  agencée  pour 
cela.  » 

—  M.  Courtois  adresse  une  note  sur  ses  éducations  d'oiseaux  pendant 
l'année  1883. 

—  M.  J.  Delannoy  fait  parvenir  des  renseignements  sur  ses  élevages 
de  Pigeons  voyageurs  et  de  Faisans. 

—  M.  de  Behr,  président  de  l'Association  allemande  de  pisciculture, 


7-20  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

annonce  son  intention  de  faire  encore  cette  année  à  la  Société  des  envois 
d'œufs  enibryonnés  de  différentes   espèces  de   Salmonidés.  —  Kemer- 

cîmenls. 

—  M.  le  colonel  Marshall  iMac  Donald,  membre  de  la  Commission  des 
pêcheries  des  États-Unis,  adresse  deux  exemplaires  d'une  note  sur  l'ap- 
pareil d'éclosion  dont  il  est  l'inventeur;  il  annonce,  en  même  temps, 
l'envoi  d'un  travail  sur  les  échelles  à  Saumons. 

—  M.  U.  Edward  Earll,  commissaire  des  États-Unis  à  l'Exposition  de 
Londres,  annonce  que,  d'après  la  proposition  de  M.  Mac  Donald,  il  met  à 
la  disposition  de  la  Société  un  modèle  d'échelle  cà  Saumons  qui  a  figuré  à 
cette  Exposition. 

—  M.  le  docteur  Adrien  Sicard  écrit  de  Marseille  :  «  L'an  passé,  j'ai 
demandé  à  la  Société  des  œufs  de  Salmo  fontinalis,  Salmo  quinnat  et 
autres,  pour  les  faire  éclore  et  acclimater  ces  espèces  dans  nos  eaux 
marseillaises,  mais  il  était  trop  tard. 

ï  Je  viens  aujourd'hui  vous  prier  de  me  comprendre  dans  la  distri- 
bution pour  un  millier  de  chaque  espèce. 

))  Il  y  a  trois  ans,  nous  avons  introduit  chez  M.  de  Lombardon,  aux 
Aygalades,  des  alevins  de  Truite,  qui  ont  parfaitement  réussi,  ont 
donné  des  Truitons  l'an  passé  «t  sont  œuvés  dans  ce  moment  ;  car,  un 
malheur  étant  arrivé  à  une  des  Truites,  nous  l'avons  trouvée  pleine 
d'œufs  prête  à  pondre,  puisque  nous  les  avons  obtenus  par  simple  pres- 
sion avant  d'ouvrir  l'animal. 

»  Mes  appareils  à  éclosion  permettent  de  faire  éclore  plusieurs  mil- 
liers d'œufs,  et  la  position  des  sources  d'eau  vive  de  la  propriété  de 
M.  de  Lombardon  sise  aux  Aygalades,  nous  fait  espérer  des  éclosions  en 

plein  air. 

j>  Plusieurs  bassins  donnent  de  l'eau  à  une  petite  rivière  ayant 
120  mètres  de  développement  et  allant  se  jeter  dans  un  grand  bassin 

terminus. 

»  Indépendamment  de  la  propriété  de  M.  de  Lombardon,  nous  avons 
à  notre  disposition  d'immenses  surfaces  d'eau  appartenant  à  divers  pro- 
priétaires; c'est  vous  dire  que  nous  sommes  dans  les  meilleures  con- 
ditions pour  faire  des  essais.  Vous  savez  que  je  m'occupe  de  ces  questions 
depuis  fort  longtenaps  et  les  résultats  obtenus  dans  un  temps  oîi  nous 
recevions  des  œufs  d'Hunningue,  qui  ont  permis  de  manger  à  Mar- 
seille des  Saumons  et  Truites  saumonées  éclos  chez  nous,  sont  un  sûr 
garant  des  soins  que  nous  apporterons  à  ces  études. 

»  Les  Vignes  américaines  de  notre  champ  d'expérience  du  Comité 
central  d'études  et  de  vigilance  du  phylloxéra  du  département  des 
Bouches-du-Rhône,  section  de  Marseille,  sont  très  belles  et,  si  la  Société 
en  recevait  quelques-unes  d'étrangères,  nous  serions  heureux  de  les 
recevoir  ;  il  en  est  de  même  de  diverses  variétés  de  végétaux  utiles  à 
acclimater.  » 


PROCÈS-VERBAUX.  721 

—  M.  A.  Tank  adresse  du  lac  des  Settons,  près  Monlsauche  (Nièvre), 
une  demande  d'œufs  de  Truite  ou  d'autres  Salmonidés. 

—  iVl.  des  Vallières  renouvelle  sa  demande  d'œufs  de  Saumon  de 
Californie. 

—  M.  Barras,  conducteur  de  travaux  à  la  Compagnie  du  chemin  de  fer 
de  Clermont-Ferrand  à  Tulle,  adresse  une  brochure  ayant  pour  titre  : 
Projet  de  pisciculture  industrielle.  «  Bien  que  conçu  pour  être  exécuté 
dans  des  proportions  assez  étendues,  écrit  M.  Barras,  ce  projet  d  établis- 
sement de  pisciculture  pratique  est  susceptible  de  plusieurs  modifications 
selon  les  lieux  et  l'importance  que  peut  acquérir  une  exploitation  ;  aussi 
est-il  de  nature  à  fournir  d'utiles  indications  à  plus  d'un  propriétaire 
riverain  de  cours  d'eau,  pour  tirer,  de  la  situation  de  sa  propriété,  un 
parti  avantageux. 

—  M.  Baveret-Wattel  communique  l'extrait  suivant  d'une  lettre  qui  lui 
est  adressée  par  M.  Ambroise  Gentil,  professeur  de  sciences  physiques 
et  naturelles  au  Lycée  du  Mans,  président  de  la  Société  d'Agriculture, 
Sciences  et  Arts  de  la'  Sarthe  :  «  ....  La  question  de  l'acclimatation  du 
Saumon  de  Californie  m'a  paru  depuis  longtemps  extrêmement  intéres- 
sante. Aussi  me  suis-je  préoccupé  d'obtenir,  par  les  pêcheurs  ou  les 
amateurs,  des  renseignements  précis.  Jusqu'ici  j'ai  tout  lieu  de  croire 
que  l'essai  fait,  en  1878,  dans  la  Sarthe,  par  M.  Carbonnier  n'a  malheu- 
reusement pas  réussi.  La  capture  des  quelques  individus  que  j'ai  men- 
tionnée m'a  été  signalée  par  M.  Bernard,  conducteur  des  ponts  et  chaus- 
sées, attaché  au  service  hydraulique  depuis  plus  de  vingt  ans,  homme 
instruit,  officier  d'Académie,  assez  compétent  dans  l'espèce  pour  qu'il  ne 
me  fût  pas  permis  de  ne  point  tenir  compte  de  son  témoignage.  Mais  je 
n'ai  pas  vu  moi-même  les  sujets  capturés,  on  les  avait  mangés  comme 
de  vulgaires  poissons,  et  c'est  pour  cette  raison  que  ma  note  n'est  pas 
plus  affirmative.  Je  me  suis  contenté  de  dire  :  on  croit  en  avoir  retrouvé 
quelques-uns. 

»  Depuis  cette  époque,  malgré  mes  recommandations  et  celles  de 
M.  Bernard,  nous  n'avons  pu  mettre  la  main  sur  aucun  autre  sujet. 

»  Votre  lettre  m'engage  à  faire  de  nouvelles  recherches.  Je  vous  pro- 
mets de  m'en  occuper  sérieusement,  et  si  j'arrive  à  quelque  résultat,  je 
m'empresserai  de  vous  en  informer. 

î  Dans  mon  modeste  travail  sur  les  poissons  de  la  Sarthe,  j'ai  signalé 
pour  la  première  fois  la  capture  de  la  Grémille  commune  {Acerina 
cerniia,  Sieb.)  dans  la  Sarthe,  à  Noyen. 

»  J'ai  eu  le  plaisir  de  la  voir  confirmer  par  une  autre  plus  récente.  Le 
i  novembre  courant,  quatre  exemplaires  m'ont  été  envoyés  de  Sablé,  pris 
également  dans  la  Sarthe » 

—  M.  le  Secrétaire  des  séances  communii|ue  les  renseignements 
suivants,  fournis  par  M.  Gustave  Perrin,  qui  a  fait  un  long  séjour  dans 
l'Extrême-Orient  :  «  En  Chine,  le  poisson  est  vendu  vivant  sur  les  mar- 

3°  SÉRIE,  T.  X.  —  Décembre  1883.  46 


IIL'Z 


SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 


chés.  Dans  tous  les  porls  de  mer,  il  existe  des  viviers,  mais  c'est  dans 
l'inlérieur  oîi  l'on  peut  voir  à  quel  haut  degré  de  perfection  est  portée 
la  pisciculture.  Tous  les  Ileuves  et  rivières  sont  canalisés  profondément,  ce 
(|ui  rend  très  rares  et  peu  désastreuses  les  inondations.  Ces  travaux 
sont  faits,  pour  le  fond  comme  pour  les  berges,  en  béton  hydraulique. 
Jusqu'à  l'étiage  des  basses  eaux,  les  berges  sont  construites  sur  caves 
voûtées  remplies  de  blocs  de  pierres  de  toutes  dimensions,  superposés 
irrégulièrement  et  produisant  des  cavités  de  toutes  tailles,  où  le  fretin, 
fraîchement  éclos,  trouve  un  abri  contre  la  rapacité  des  poissons  carnas- 
siers. 

»  Ces  dispositions,  et  la  rigueur  des  lois  appliquées  contre  les  délin- 
quants, quand  la  pêche  est  prohibée,  procurent  des  ressources  alimen- 
taires immenses  à  la  nombreuse  population  du  Céleste  Empire. 

»  Dans  l'Indo-Cliine,  bien  moins  peuplée,  le  poisson  est  à  vil  prix,  et 
la  pisciculture  n'existe  pas.  Le  poisson  y  est  également  apporté  vivant 
dans  des  baquets  sur  les  marchés,  les  pécheurs  laissant  au  public  la 
responsabilité  de  1'  «  assassinat  »  des  animaux  qu'ils  n'ont  fait  que 
capturer. 

»  A  dix  heures  et  demie  du  matin,  le  marché  clos,  le  jtôisson  non 
vendu  est  remis  en  vivier,  ou  dans  de  vieux  bateaux  à  demi  coulés,  ou 
bien  encore  vendu  aux  propriétaires  d'abattoirs.  Ces  établissements 
sont  construits  sur  pilotis  au-dessus  des  cours  d'eau,  entourés  d'une 
estacade  serrée  qui  ne  permet  pas  aux  poissons  de  sortir.  —  Ils  sont  là 
parqués  par  espèces,  ou  à  peu  près,  afin  qu'ils  ne  se  dévorent  pas;  ils 
sont  nourris  avec  les  issues  des  animaux  abattus  et  les  balayures. 

»  Les  chalands  viennent  là  acheter  le  poisson  tout  vivant  péché  devant 
eux.  Les  pêcheurs  construisent  des  canaux  ou  criques,  qui  se  ferment 
avec  des  claies,  et  dans  lesquels  ils  attirent  les  poissons  avec  des  tri- 
pailles  et  autres  appâts. 

î  Dans  rindo-Chine,  le  poisson  étant  une  mine  inépuisable,  il  n'existe 
aucune  loi  prohibitive  sur  la  pêche  ni  sur  les  engins.  î 

—  31.  Alph.  Lefebvre  écrit  d'Amiens  :  «  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser 
une  boîte  contenant  un  Omble-Chevalier  provenant  d'œufs  que  j'ai  reçus 
d'Huningue.  Ce  poisson  contient  de  la  laitance  entre  ses  deux  grappes 
d'œufs  ;  c'est  pourquoi  j'ai  pensé  qu'il  vous  serait  peut-être  agréable  de 
constater  ce  cas  d'hermaphrodisme.  Remerciements.  —  (Le  poisson 
envoyé  par  M.  Lefebvre  a  été  transmis  au  laboratoire  d'ichtyologie  du 
Muséum  d'histoire  naturelle). 

—  M.  Bernard-Talhaiidier  écrit  d'Ambert  :  «  Je  prends  la  liberté  de 
vous  rappeler  les  demandes  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  adresser  pour 
des  œufs  de  Saumon  et  de  Truite  des  lacs.  Malgré  l'accident  qui  est 
arrivé  pour  les  alevins  provenant  des  œufs  que  la  Société  avait  bien 
voulu  me  confier,  je  reviens  à  la  charge  dans  l'espoir  d'un  succès  pres- 
que assuré. 


PROCÈS-VERBAUX.  733 

»  Voici  les  faits  dans  toute  leur  exactitude.  A  la  réception  des  œufs 
qui  paraissaient  généralemeot  en  parfait  état,  il  a  fallu  en  retirer  KiO 
sur  7U0.  Pendant  l'incubation  qui  s'est  faite  dans  une  eau  courante  d'une 
limpidité  parfaite,  on  en  a  retiré  environ  le  même  nombre.  Le  surplus  a 
donné  une  éclosion  remarauable  par  la  vigueur  des  jeunes  alevins. 

»  ils  net  été  soigneusement  conservés  pendant  la  résorption  de  la 
vésicule  ombilicale,  mais  après  cette  époque,  ils  ont  été  lâchés  dans  les 
bassins  d'alevinage  où  ils  faisaient  de  véritables  prodiges  de  natation  et 
même  de  gentillesse  pour  venir  cueillir  la  nourriture  (|u'on  leur  appro- 
chait. Malheureusement  deux  Truites  d'un  an  se  trouvaient  cachées  dans 
lo  réservoir  qui  n'avait  pas  été  mis  à  sec;  elles  ont  tout  dévoré  en  peu  de 
jours.  Le  même  oubli  ne  pourra  plus  se  reproduire  ni  le  mal  se  renou 
vêler,  si  la  Société  veut  bien  m'accorder  encore  sa  confiance.  » 

—  M.  Valéry-Mayet,  professeur  à  l'École  nationale  d'Agriculture  de 
Montpellier,  écrit  à  M.  l'Agent  général:  «Je  crois  utile  de  porter  à  votre 
connaissance  quelques  détails  sur  les  suites  de  l'acclimatation  de  Sau- 
mons de  Californie  dont  vous  m'avez  confié  le  soin  pendant  trois  années 
de  suite:  1879,  1880  et  1881. 

»  Gomme  vous  vous  en  souvenez,  j'ai  jeté  le  premier  et  le  troisième 
envoi  près  de  la  source  de  notre  petit  fleuve  le  Lez,  le  second  a  été  jeté 
dans  l'Hérault  aux  environs  de  la  ville  de  Ganges,  en  pleines  Cévennes 

»  Les  captures  dont  je  vous  ai  entretenu  avaient  consisté  en  poissons 
d'un  an  et  de  deux  ans  de  grosseur  normale  péchés,  les  uns  aux  environs 
mêmes  de  Ganges,  à  quelques  kilomètres  au-dessus  de  la  ville  et  de  tous 
les  barrages,  les  autres  à  Montpellier  au-dessous  du  dernier  grand  bar- 
rage du  Lez.  En  1883,  je  n'ai  eu  connaissance  d'aucune  capture  ni  dans  le 
Lez  ni  dans  l'Hérault;  mais,  fait  intéressant,  on  a  péché  à  trois  reprises 
différentes  dans  la  rivière  d'Aude  qui  a  son  embouchure  près  de  Nar- 
bonne,  des  Saumons  ayant  de  45  à  oO  centimètres  de  longueur. 

»  H  est  donc  probable  que  les  Saumons  du  Lez  ou  de  l'Hérault,  éprou- 
vant de  grandes  difficultés  à  franchir  les  nombreux  barrages  qui  coupent 
ces  rivières,  ont  pris  le  parti  de  remonter  en  certain  nombre  le  petit 
fleuve  de  l'Aude  qui  a  la  moitié  de  son  cours  dans  la  région  des  mon- 
tagnes des  Gorbières  et  qui  n'est  pas  cou|)é  d'autant  de  barrages.  Mal- 
heureusement je  n'ai  pu  obtenir  un  seul  individu  de  ces  poissons  si 
intéressants.  Hs  ont  été  mangés  par  les  pêcheurs  eux-mêmes  qui,  n'ayant 
jamais  vu  leurs  pareils,  ont  voulu  les  goûter.  J'ai  offert  20  fr.  pour  le 
premier  qui  sera  prix  ;  mais  tombera-t-il  dans  les  mêmes  filets  ?  c'est 
douteux. 

»  Ne  jugeriez-vous  pas  utile  de  tenter  une  nouvelle  acclimatation 
dans  le  haut  de  la  rivière  d'Aude,  à  Quillan  par  exemple?  Je  me  mets 
pour  cela  à  votre  entière  disposition.  » 

—  M.  le  Directeur  de  l'École  nationale  d'Agriculture  de  Grignon  écrit 
à  M.  l'Agent  général:  «Vous  m'avez  expédié,  en  mars  dernier,  une  boite 


724  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

contenant  des  graines  de  Ver  à  soie  du  mûrier,  et  par  une  lettre  du  5  du 
même  mois,  vous  m'avez  prié  de  faire  l'éducation  de  cette  graine  et  de 
vous  en  rendre  compte.  J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que,  par  suite 
du  développement  tardif  des  feuilles  de  mûrier  et  du  retard  apporté  à  la 
mise  à  éclosion  de  la  graine,  cette  expérience  a  peu  réussi.  Il  n'est  éclos 
que  quarante  cocons,  qui,  d'ailleurs,  sont  tous  arrivés  à  bonne  fin.  C'est 
vers  la  fin  du  mois  de  mai  seulement  que  nous  avons  eu  de  la  feuille  de 
mûrier.  Les  vers  ont  été  sans  doute  étouffés  dans  la  boite  de  fer-blanc 
où  ils  étaient  contenus.  Telle  est,  du  moins,  l'explication  que  me  donne 
M.  Pion,  répétiteur  de  zootechnie,  que  j'avais  chargé  de  cette  expé- 
rience. » 

—  M.  CoUenot  signale  l'intérêt  qu'il  lui  paraîtrait  y  avoir  à  faire  des 
recherches  sur  l'emploi  de  l'électricité  comme  moyen  de  destruction  du 
phylloxéra.  (Renvoi  à  la  4^  section.) 

—  M.  le  Directeur  de  la  Compagnie  des  chemins  de  fer  de  Paris  à  Lyon 
et  à  la  Méditerranée  adresse  dix  exemplaires  du  rapport  qu'a  publié 
cette  Compagnie  sur  les  travaux  effectués  pendant  la  campagne  de  1882 
par  le  service  spécial  qu'elle  a  institué  à  Marseille  pour  comballre  le 
phylloxéra.  —  Remerciements. 

—  M.  Zeiller  adresse  de  Lunéville  un  rapport  sur  une  éducation 
à'Attacus  cecropia,  en  y  joignant  24  cocons  de  cette  espèce  provenant 
de  son  élevage. 

—  M.  Victor  Rollat,  de  Collioure  (Pyrénées-Orientales),  adresse,  pour 
être  soumise  à  la  Commission  des  récompenses,  une  étude  sur  les  mala- 
dies des  Vers  à  soie. 

—  M.  Raillon  adresse  les  renseignements  ci-après  sur  le  pied  de  Rhu- 
barbe qui  lui  a  été  remis  par  la  Société,  et  qui  provenait  d'un  envoi 
fait  par  M.  de  Rehr  (1)  :  «  La  plante  est  encore  très  petite.  Autant  qu'on 
peut  en  juger  à  cet  âge,  c'est  une  des  formes  si  nombreuses  de  Rheum 
/?!/6r2(/Mm  dont  on  en  connaît  tant  dans  l'Asie  orientale  tempérée.  Veuillez 
nous  renseigner  sur  l'origine  de  cette  plante,  qui  sera  bien  rustique 
chez  nous.  » 

—  D'un  autre  côté,  M.  le  Directeur  du  Jardin  d'Acclimatation  qui  a  reçu 
un  des  deux  pieds  de  Rhubarbe  envoyés  par  M.  de  Behr,  fait  connaître, 
sous  la  date  du  9  octobre  dernier,  que  î  cette  plante,  qui  a  été  mise  en 
pleine  terre,  est  en  très  bon  état  et  ne  semble  pas  différer  du  Rheum 
décrit  par  M.  Bâillon».  (D'après  les  indications  adressées  par  M.  de  Behr, 
les  deux  pieds  proviennent  d'une  même  souche.) 

—  M.  Bazin,  propriétaire  aux  Amouchas,  près  Sétif,  écrit  à  M.  le  Pré- 
sident: «  J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que  j'ai  fondé  ici  une  pépinière 
dans  le  but  de  venir  en  aide  à  tous  les  colons,  et  en  même  temps  d'as- 
sainir notre  nouveau  village,  complètement  dépourvu  de  plantations. 

(1)  Voy.  Bulletin,  1882  ,  p.  368,  497-499. 


PROCÈS-VERBAUX.  725 

»  Je  vous  adresse  ci-après  le  détail  des  résultats  (succès  et  insuccès) 
^ue  j'ai  obtenus  jusqu'à  ce  jour.  Soixante-dix  planches  ont  été  ense- 
mencées de  plusieurs  essences,  sortant  de  la  maison  Vilmorin-Andrieux. 

»  J'ai  échoué  pour  les  quarante-quatre  planches  suivantes  : 

»  12  planches  de  Mûriers,  3  planches  d'Eucalyptus,  17  planches  de 
Pins,  8  planches  de  Guasarinas,  4  planches  de  Cyprès  pyramidal. 

»  J'ai,  au  contraire,  réussi  pour  les  suivantes  : 

»  2  planches  de  Caroubiers  contenant  environ  1000  pieds,  5  planches 
de  Pins  de  plusieurs  espèces  contenant  environ  2000  pieds,  2  planches  de 
faux  Vernis  du  Japon  contenant  environ  1000  pieds,  3  planches  d'Acacias 
contenant  environ  2000  pieds,  3  d'Eucalyptus  contenant  environ  1000 
pieds,  5  de  Pommiers  contenant  environ  1000  pieds,  3  de  Poiriers  con- 
tenant environ  100  pieds,  2  de  Pêchers  contenant  environ  100  pieds, 
1  d'Abricotier  contenant  environ  100  pieds. 

»  Cette  pépinière,  commencée  le  22  janvier  1883,  est  aujourd'hui  en 
très  bonne  voie.  Toutes  mes  planches  pour  les  semis  de  l'année  sont 
prêtes.  Je  n'attends  que  l'époque  pour  les  semis  et  vous  tiendrai  au 
courant  des  travaux  que  je  ferai  celle  année. 

»  Je  serais  heureux  que  la  Société  voulût  bien  me  comprendre  dans 
ses  distributions  de  végétaux.  » 

—  M.  Reynal,  vice-président  de  la  Société  d'Horticulture  de  la  Dor- 
vlogne,  adresse  de  Plancheix,  près  Périgueux,  un  rapport  sur  le  procédé 
de  M.  de  Chasseloup-Laubat  pour  le  traitement  de  l'Oïdium,  de  l'An- 
thracnose  et  du  Mildew. 

—  M.  Joly  écrit  de  Québec  à  M.  le  Secrétaire  général  :  «  J'ai  com- 
mencé, dans  la  province  de  Québec,  la  culture  d'un  arbre  précieux,  le 
Noyer  noir  {Juglans  nigra),  qui  croît  à  l'état  sauvage  dans  l'ouest  de 
notre  continent. 

»  Malgré  nos  grands  froids,  cet  arbre  réussit  très  bien;  depuis  neuf 
ans  que  j'ai  commencé  à  le  cultiver,  je  n'en  ai  pas  perdu  un  seul  pendant 
l'hiver.  11  pousse  rapidement  dans  des  conditions  favorables;  sa  crois- 
sance est  d'un  demi-pouce  de  diamètre  par  année. 

La  valeur  du  bois  est  considérable  :  une  piastre  (environ  5  francs)  le 
pied  cube  à  Québec;  il  est  préféré  à  l'acajou  pour  les  meubles. 

»  Sans  doute  vous  cultivez  déjà  cet  arbre  au  Jardin  d'Acclimatation; 
mais,  si  vous  ne  l'avez  pas  encore,  je  pourrais  vous  en  envoyer,  cet  au- 
tomne, des  échantillons  et  des  noix,  et  en  même  temps  (juelques  détails 
sur  le  mode  de  culture.  Ici,  je  sème  généralement  les  noix  à  la  lin  d'oc- 
tobre ou  au  commencement  de  novembre.  Dans  le  cas  où  vous  aimeriez  à 
en  avoir,  je  vous  en  enverrais  deux'paquets,  un  pour  votre  Société  et  un 
pour  la  Ligue  du  reboisement  de  l'Algérie,  avec  laquelle  nous  sommes  en 
communication  au  sujet  de  notre  Fête  des  arbres. 

— ^^M.  le  IJ'  Henri  Moreau  écrit  des  Herbiers  (Vendée),  à  la  date  du 
13  septembre  :  «  Bien  que  j'emploie  surtout  mes  loisirs  à  la  direction  de 


726  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

mes  volières,  j'ai  joint  quelques  cultures  utiles  à  mon  usage  dans  mon 
petit  enclos.  Par  exemple,  j'ai  planté  environ  10  ares   de  vigne  en  mus- 
cadet breton.  Depuis  quelques  années  j'avais  fait  la  remarque  qu'en  pin- 
çant de  bonne  heure  les  tiges  il  partait  de  nouveaux  bourgeons  qui,  en 
se  développant,  donnaient  de  nouvelles  formes  ;    ces  formes,  il  est  vrai, 
ne  mûrissaient  pas,  et,  dans  notre  pays,  ne  peuvent  pas  mûrir  habituel- 
lement, à  cause  de  la  précocité  des  gelées.  Cette  année  j'ai  moi-même 
pratiqué  le  pincement  en  saison  convenable  pour  obtenir  le  résultat  que 
m'avait  fait  entrevoir  mon  observation  antérieure.  J'ai  agi  méthodique- 
ment et  scrupuleusement,  et  en  ce  moment  je  possède  ma  petite  vigne 
garnie  de  raisins  de  deux  âges,  ayant  la  plus  belle  apparence  :  ceux  de 
deuxième  âge  sont  même  plus  nombreux  que  ceux  du  premier;  ils  sont 
moins  gros,  moins  avancés;  mais  en  pays  plus  chauds  que  le  nôtre,  ou 
bien  avec  une  température  exceptionnellement  chaude  en  automne,  ils 
mûriraient,  j'en  suis  convaincu.  D'ici  la  fin  de  ce  mois  les  raisins  formés 
en  mai  seront  mûrs  et  je  les  vendangerai.  Ceux  formés  en  tin  de  juin  et 
commencement  de  juillet  mûriront  si  la  température  le  permet.  Mais  en 
tous  cas  j'ai  cru  logique   de  conclure   que  le  résultat  que  j'ai  obtenu 
pourrait  devenir  fructueux  dans  des  contrées  plus  chaudes  que  la  mienne, 
dans  le  Midi  surtout,  et  que  peut-être  mon  observation  pouvait  conduire 
à  une  production  plus  abondante  de  vin,  aujourd'liui  qu'elle  est  diminuée 
sensiblement  par  les  maladies  des  vignes,  et  que  la  consommation  ten- 
drait au  contraire  à  augmenter.  J'ignore  si  la  même  expérience  et  la 
même  remarque  ont  été  faites  par  d'autres  avant  moi,  si  des  résultats 
négatifs  ou  pratiques  ont  répondu  à  l'espérance  conçue;  je  ne  me  suis 
jamais  occupé  de  viticulture;  mais,  dans  mon  ignorance  des  observations 
scientifiques  de  ce  genre,  j'ai  pensé  qu'il  pouvait  peut-être  être  utile  et 
profitable  à  notre  Société  et  à  l'humanité  de  connaître  le  fait   que  je 
relate.  Si  vous  pensiez  qu'il  y  eût  utilité,  je  vous  propose  de  faire  offi- 
ciellement constater  le  fait  actuel  avant  les  vendanges,  par  conséquent 
d'ici  la  fin  dii  mois,  par  une  commission  arf  hoc  que  je  serais  heureux  et 
llatté  de  recevoir.  Ce  serait  en  même  temps  une  occasion   pour  cette 
même  commission  de  connaître  mes  volières  et  leur  installation  que  je 
ne  crois  pas  être  à  l'instar  de  la  plupart  des  autres  établissements  de  ce 

genre.  » 

—  M.  Tardieu  écrit  d'Arles  :  «  Je  viens  de  lire  dans  le  Bulletin  du 
mois  de  juin  la  communication  sur  la  llamie  faite  par  MM.  Renaud, 
Berlin  et  Boski.  J'y  trouve  des  inexactitudes,  tant  au  point  de  vue  de  la 
culture,  que  l'on  croit,  à  tort,  possible  dans  le  nord  de  la  France,  qu'au 
point  de  vue  du  traitement  industriel  de  la  plante,  et  notamment  de  sa 
décortication  ;  mais  mon  intention  n'est  pas  de  les  réfuter  ici. 

»  Ce  que  je  tiens  à  signaler,  c'est  que,  aux  questions  si  précises,  si 
logiques,  plusieurs  fois  répétées  de  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  demandant 
si  MM.   Renaud,  Berlin  et  Boski,  ou  la  Société  de  la  Ramie  de  Paris, 


PROCÈS-VERBAUX. 


727 


étaient  en  mesure  de  passer  des  contrats  garantissant  aux  producteurs 
J'acliat  de  leurs  récoltes  ;  il  n'a  rien  été  répondu  de  précis. 

»  La  petite  déception  de  U.  Geoffroy  Saint-Hilaire  est  bien  naturelle, 
car  celle  garantie  d'achat  donnée  par  avance  à  l'agriculteur  est  la  condi- 
tion nécessaire  pour  arriver  à  la  vulgarisation  de  la  culture. 

»  y\ussi.  pour  tîxer  les  agriculteurs,  je  crois  devoir  répondre  au  nom 
dune  Société  dont  je  suis  le  président,  aux  questions  de  garantie  posées 
par  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

»  La  Société  la  Ramië  française,  aujourd'hui  au  capital  de 
3  "2.60  000  francs,  dont  le  siège  est  à  Avignon,  traite  par  avance  avec  les 
agriculteurs  l'achat  des  récoltes  de  Ramie  (ci-joint  un  modèle  de  ses 
(Contrats). 

y>  Les  conditions  sont  les  suivantes  : 

»  Fourniture  des  plants  à  15  francs  le  mille,  payables  en  récoltes  et  à 
retenir  sur  trois  années,  un  tiers  chaque  année.  Le  prix  des  tiges  sèches 
est  fixé  à  12  francs  les  100  kilos  pour  la  France,  10  francs  pour  l'Algérie, 
l'Italie,  l'Espagne,  rendues  aux  usines  de  la  Société,  ou  en  un  point 
n'excédant  pas  25  kilomètres  ;  les  engagements  sont  faits  pour  une 
période  de  cinq  années  et  renouvelables. 

)>  La  Société  la  Ramie  française  possède  quarante-trois  pépinières 
dans  les  départements  de  Vaucluse,  Bouches-du-ilhône,  Var,  Alpes-Mari- 
times et  Pyrénées-Orientales. 

»  A  la  suite  de  contrats  signés  celte  année,  trente-deux  plantations 
ont  été  faites  par  les  agriculteurs  des  Pyrénées-Orientales,  et  trente  en 
Espagne  dans  la  province  de  Gerone;  la  Société  a  créé  une  agence  à 
Amibes,  une  à  Perpignan,  une  en  Espagne,  une  en  Italie;  elle  va  en  créer 
deux  en  Algérie  d'ici  à  la  lin  de  l'année,  une  en  Tunisie,  une  en  Egypte. 
Dans  quelques  mois  les  contrats  signés  s'élèveront  à  trois  ou  quatre 
cents. 

)>  Les  agriculteurs  qui  désirent  se  livrer  à  la  culture  de  la  Ramie  trou- 
vent au  siège  delà  Société  dirigée  par  M.  P.  A.  Favier,  le  promoteur  de 
cette  vaste  entreprise,  les  renseignements  les  plus  précis  et  les  plus 
consciencieux  sur  les  exigences  de  cette  culture,  les  conditions  climaté- 
riques  indispensables,  le  rendement  de  la  plante,  etc.  » 

—  M.  Paillieux  fait  connaître  dans  une  note  intéressante  (voy.  au  Bul- 
letin) les  résultats  satisfaisants  qu'iJ  a  obtenus  de  la  culture  de  plusieurs 
végétaux  alimentaires  exotiques,  et  il  met  sous  les  yeux  de  l'assemblée 
de  beaux  spécimens  de  ces  plantes  nouvelles. 

—  En  faisant  remarquer  qu'il  y  aurait  intérêt  cà  se  rendre  exactement 
compte  des  qualités  de  ces  légumes  d'importation  récente,  M.  le  Prési- 
dent émet  l'idée  qu'il  conviendrait  d'en  faire  l'essai  dans  un  banquet 
organisé  par  la  Société,  banquet  dont  le  menu  comprendrait  naturelle, 
ment  aussi  les  animaux  nouvellement  acclimatés. 

—  M.  Camille  Dareste  rend  compte  de  ses  recherches  sur  les  conditions 


728  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D' ACCLIMATATION. 

physiques  de  l'incubation  et  présente  le  résumé  des  observations  qu'il  a 
faites  concernant  le  rôle  de  la  température,  de  la  ventilation  et  de  l'état 
hygrométrique  de  l'air  sur  le  développement  de  l'embryon.  (Voy.  au 
Bulletin.) 

—  M.  Millet  fait  connaître  que  d'après  les  recherches  auxquelles  il  a 
procédé,  en  France,  concernant  la  maladie  des  Écrevisses,  sur  quatre- 
vingt-six  départements,  soixante-treize  sont  peuplés  de  ces  Crustacés; 
or,  sur  soixante-treize  départements,  quatorze  se  trouvent  légèrement 
atteints  parla  maladie,  et  cinquante-neuf  le  sont  très  gravement;  les 
Écrevisses  y  ont  déjà  presque  complètement  disparu.  L'épidémie  pré- 
sente donc  un  caractère  d'extrême  gravité,  et  il  importe  de  l'étudier  avec 
beaucoup  de  soin.  Aussi  M.  Millet  exprime-t-il  le  désir  que  les  membres 
de  la  Société  qui  seraient  en  mesure  de  recueillir  des  renseignements 
sur  cette  question  veuillent  bien  en  donner  communication.  A  celte  occa- 
sion, M.  Millet  met  sous  les  yeux  de  l'assemblée  un  spécimen  du  Distome 
considéré  comme  étant  la  cause  de  la  maladie  des  Écrevisses. 

Le  Secrétaire  des  séances, 
C.  Raveret-Wattel. 


JARDIN    D'ACCLIMATATION    DU     BOIS    DE   BOULOGNE 


RAPPORT 

PRÉSENTÉ  AU  NOM  DU  CONSEIL  D'ADMINISTRATION 

Par  M.    A.    GEOFFROY   SAITVT-HILAIRE 

DIRECTEUR   DU  JARDIN 

A  rAssenibléc  Kcnérale  ordinaire  dcsAciionnaircs  du  21  avril  1885. 


PRESIDENCE    DE    M.    JACQUEMART. 

M.  le  Président  expose  que  l'Assemblée  ordinaire  est  régulièrement 
constituée,  attendu  qu'elle  se  compose  de  54  personnes  et  de  1398  ac- 
tions présentes  ou  représentées,  soit  un  capital  de  349,500  fr.,  tandis  que 
l'article  29  des  Statuts  exige  seulement  la  présence  de  quarante  Action- 
naires représentant  le  dixième  du  capital  social,  soit  100,000  fr. 

M.  le  Président  expose  ensufte  que,  conformément  à  l'article  33  des 
Statuts,  la  convocation  des  actioimaires  a  été  faite  par  des  lettres  indi- 
viduelles el  par  un  avis  inséré  le  20  mars  dans  le  Journal  officiel,  le 
Droit  et  les  Petites  Affiches.  —  Ces  trois  journaux  sont  déposés  sur  le 
bureau  à  la  disposition  des  scrutateurs. 

Conformément  aux  dispositions  de  l'article  35  des  Statuts,  les  deux 
plus  forts  actionnaires  présents,  MM.  Jouas  et  Bertot,  sont  appelés  au 
bureau  et  y  pi'ennent  place  en  qualité  de  scrutateurs. 

Le  Bureau,  ainsi  constitué,  cboisit  pour  secrétaire  M.  Ménard. 

M.  le  Président  expose  que  l'Assemblée  générale  ordinaire  a  spéciale- 
ment pour  objet  d'entendre  et  d'approuver  les  comptes  de  l'année  1882, 
dont  un  tableau  a  été  remis  à  cliaque  actionnaire  au  moment  de  son 
entrée  en  séance,  et  il  invite  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  directeur  du 
Jardin  zoologique  d'Acclim.ilation,  à  donner  lecture  du  rapport  présenté 
à  MM.  les  actionnaires  au  nom  du  Conseil  d'administration. 

Ce  rapport  est  ainsi  conçu  : 

Messieurs  les  actionnaires  , 

Nous  avons  l'iioniieur  de  présenter  à  l'Assemblée  générale,  au  nom  du 
Conseil  d'administration,  les  comptes  de  l'année  1882. 

Cet  exercice,  comme  vous  le  verrez,  a  donné  des  résultats  satisHii- 
sants,  qui  sont  venus  confirmer  les  espérances  dont  nous  avions  cru  pou- 


730  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

voir  vous  entretenir  l'an  dernier.  Vous  trouverez  ci-dessous  les  chiffres 
du  bilan  arrêté  le  31  décembre  1882. 

Bilan   au  31    décembre  tSS« . 

ACTIF. 

Valeurs  immobilisées. 
Création  du  Jardin,  immeubles,  constructions,  serres.     1,623,550  83 

Valeurs  l'éalisables. 

Animaux 366,763  15  \ 

Approvisionnements 173,938  40/     7^p  77*  on 

Cautionnement 5,000    »   l           ' 

Mobilier 1 71,073  25  ) 

Valeiu's  disponibles. 

Caisse 487  05  \ 

Effets  à  recevoir »       »  |        73,426  10 

Débiteurs  divers 72,939  05  ) 


Total 2,413,751  73 


PASSIF. 

Engagements  sociaux. 
Capital-Actions  (4000  actions  émises  à  250  fr.) 1,000,000     » 

Engagements  envers  les  tiers  {à  terme). 

Dette  consolidée  :  845  obligations  à  470  fr.  (Solde  des 

1060  oblig' émises  sur  l'emprunt  autorisé  de  1200.)       397,150     » 

[Exigibles.) 

Service  de  l'emprunt  :  obligations  sorties  \ 

aux  tirages  et  intérêts  des  coupons.       24,300     »   >      387,422  25 
Créanciers  divers 363,122  25  ) 

1,784,572  25 
Solde  du  compte  profits  et  pertes  employé  en  con- 
structions nouvelles  (pour  balance) 629,179  48 

Total 2,413,751  73 

Passif. 

Nous  trouvons  au  passif  du  bilan  ci-dessus  : 

1°  Le  capital  fourni  initialement  par  les  actionnaires,  soit  un  million 
de  francs  ; 

2°  Ce  qui  reste  dii  sur  l'emprnnt  émis  en  1876,  déduction  faite  des 
obligations  amorties  jusqu'au  tirage  du  15  décembre  dernier  (1882),  soit 
397,150  francs.  Au  1^"^  janvier  1883,  deux  cent  quinze  obligations  avaient 
été  extraites  de  la  roue  et  successivement  remboursées. 


SITUATION    FINANCIÈRE    DU    JARDIN.  731 

3"  Dans  le  passif  que  nous  soumettons  à  voire  examen,  les  engage- 
ments exigibles  comptent  pour  387,42:2  fr.  25,  c'est-à-dire  que  l'impor- 
tance de  notre  dette  exigibie  s'est  amoindrie  dans  le  courant  de  l'exercice 
1882.  C'est  une  amélioration  sur  laquelle  nous  aimons,  Messieurs,  à 
attirer  votre  attention. 


\etit. 

L'actif  porté  au  bilan  qui  vous  est  présenté  comprend  : 

1"  Les  valeurs  immobilisées,  c'est-à-dire  les  sommes  employées  pour 
la  création  et  le  développement  du  Jardin  zoologique  d'Acclimatation 
depuis  sa  fondation. 

En  outre  du  million  initialement  reçu  des  actionnaires,  les  bénéfices 
de  l'entreprise  ont  été  successivement  employés,  jusqu'à  concurrence  de 
623,550  fr.  83  (1),  en  améliorations  et  en  constructions  nouvelles,  ce  qui 
porte  à  1,623,550  fr.  83  ce  que  coiite  à  ce  jour  l'établissement  que  vous 
avez  fondé  sur  la  concession  reçue  de  la  Ville  de  Paris. 

Dans  le  courant  de  l'exercice   1882,  le  compte  qui   nous  occupe  s'est 

(1)  Résultats  annuels  de  l'exploitation  du  Jardin  Zoologique  d'Acclimatation 
de  1860  à  1881. 

Insuffisance  Excédent 

(les    Receltes  des    Recettes 

1860  (3  mois) 4.,982  40 

1861 39,341  54 

1862 90,186  17 

1863 77,461  52 

1864 52,967  88 

1865 15,053    05                  »  ., 

1866 25,217  65 

1867 45,243  70 

1868 40,148  64                   »  » 

1869 19,608  .) 

1870 51,799    35 

1871 41,551     16                  .1  » 

1872 22,356  ). 

1873 27,250  » 

1874 40,382  40 

1875 27,757     60 

1876 17,004  75 

1877 83,852  05 

1878 96,049  90 

1879 91,734    88 

1880 46,829    80                  »  « 

1881 102.746  20 

1882 146,225  65 

Total 314,871     98  901,872    86 

Le  total  des  insiiflisances  de  recettes,  les  années  1870  et  1871  (gucrro  franco- 
allemande  et  comuHine)  comprises,  est  de  314,871  fr.  98.  Le  total'des  excédents 
de  recettes  réalisés,  de  901,872  fr.  86. 

Depuis  son  commencement  jusqu'au  1"  janvier  1882,  l'exploitation  a  donc 
produit  587,000  fr.  88  de  plus  qu'elle  n'a  coûté. 


78*2  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

sérieusement  augmenté.  La  construction  des  parquets  de  commerce,  que 
nous  avions  attendus  si  longtemps,  l'amortissement  du  bâtiment  du  ma- 
nège et  divers  travaux  de  moindre  importance  représentent  ensemble 
une  dépense  de  /i2,432  fr.  75,  qui  est  venue  s'ajouter  au  chiffre  des  va- 
leurs immobilisées  figurant  dans  l'actif. 

Constructions  nouvelles  faites  en  1882  : 

Parquets  de  commerce 25,212  90 

Mur  (iu  chenil 3,500  » 

Amortissement  du  manège 11,445  85 

Divers 2,274.  » 


Total 42,432    75 

2°  Les  valeurs  réalisables  comptent  pour  716,774  fr.  «0  dans  le  bilan 
que  nous  vous  présentons. 

Le  tableau  suivant  vous  fera  connaître  les  éléments  constituant  ce 
chiffre  important  : 


1879  1880  1881  U 

A.  Collection  des  animaux.     363,835  35     368,591  85    341,878  65     366,763  15 

B.  Plantes  diverses  disponi- 

bles        34,504  40       55,385  55      96,fil4     ..     116,458  35 

C.  Mobilier  et  outillage....       77,012  10       91,402  90      99,0:8  90     102,937  15 

b.  Approvisionnements  di- 
vers, chauffage ,  nour- 
riture, librairie,  etc. . .       32,923  45       41,84175      40,870  10       50,093  05 

E.  Tramway  extérieur,  voie 

et  matériel »       »  >>        «        65,062  80       69,922  10 

F.  Cautionnement      déposé 

dans  les  caisses   de   la 

Ville  de  Paris 5,000     »        5,000     »         5,000     »        5,000     » 

C  Outillage    et  matériel   à 

Meulan 579  25         1,408  90        1,578     »        5,601     » 

Total 710,774  80 

Comme  vous  le  voyez  dans  ce  tableau,  la  valeur  de  la  collection  des 
animaux,  qui  avait  notablement  diminué  à  la  fin  de  l'année  1881,  a  re- 
pris son  importance  ordinaire.  Les  collections  zoologiques,  principale 
attraction  de  rétablissement,  doivent  être  soigneusement  entretenues;  il 
faut  qu'elles  soient  abondantes  et  variées. 

Le  cbiff're  représentant  la  valeur  des  plantes  disponibles  est  devenu 
.onsidérable.  Pour  approvisionner  comme  il  convient  nos  serres,  pour 
pouvoir  répondre  aux  besoins  croissants  de  notre  commerce  de  végétaux, 
nous  avons  dû  faire  des  achats  nombreux.  Aujourd'hui  nous  sommes  en 
possession  d'approvisionnements  suffisants. 

L'outillage  existant  à  notre  petite  succursale  de  Meulan  a  pris,  dans 


SITUATION    FINANCIERE   DU   JARDIN. 


733 


le  courant  de  cette  année,  une  certaine  importance;  aussi  voyez-vous 
figurer  la  valeur  de  ce  matériel  pour  une  somme  supérieure  de  4,000  fr. 
au  chiffre  de  l'an  passé. 

Cette  succursale  nous  rend,  comme  dépôt,  les  plus  grands  services; 
elle  nous  permet  de  conserver  dans  de  bonnes  conditions  certains  ani- 
maux qui,  faute  de  locaux  suffisants,  réussiraient  mal  au  bois  de  Boulogne. 

3°  Les  valeurs  disponibles  figuî-ant  à  l'actif  représentent  73,4*26  fr.  10. 

Des  chiffres  que  nous  vous  avons  présentés,  il  résulte  que  pendant 
l'exercice  1882,  la  situation  sociale  s'est  améliorée  de  146,225  fr.  65. 

Dans  le  compte  d'exploitation  que  nous  vous  présentons  ici,  vous 
verrez  les  éléments  de  recettes  auxquels  nous  devons  ce  résultat. 


Compte  d  exploitation  de  i'excreice  18S3. 


Recettes. 
Subvention  du  Ministère  de 

l'Agriculture 

Participation  sur  cotisations 

des  membres  de  la  Société 

d'Acclimatation 

Entrées  du  Jardin 

Abonnements 

Promenades 

Location  des  chaises 

Exposition  permanente .... 

Loyer  du  buffet 

Manège 

Dons  d'animaux ....    

Bénéfice  du  compt^ animaux, 

mortalité  déduite 

Saillies 

Ventes  des  œufs 

Bénéfice  du  compte  graines 

et  plantes 

Librairie 

Pré-Catelan 

Succursale  de  Meulan 

Tramways 


6,000  » 

5,165  » 

534,874  60 

13,925  » 

46,896  75 

14,567  » 

6,626  55 

22,620  40 

18,460  10 

560  ). 

42,074  55 

3,938  1. 

12,772  05 

23,756  » 

5,341  75 

10,888  35 

373  75 

43,168  80 
\ 

812,008  65 

Dépenses. 

Personnel 

Uniformes 

Nourriture  des  animaux., 

Aquarium 

Entretien  des  bâtiments. 
Entretien  des  clôtures. . . 

Entretien  du  Jardin 

Abonnement  des  eaux. . . 


Chauffage  et  éclairage. . . . 
Mobilier  industriel  et  outil- 


lage. 


Outils  de  jardinage 

Concerts 

Omnibus 

Frais  de  bureaux 

Frais  de  correspondance.  . 

Publicité 

Loyers 

Assurances 

Impositions 

Timbre  et  impôt  des    ac- 
tions et  obligations 

Assemblée  générale 

Frais  généraux 

Rucher 

Galibis 

Intérêts  des  obligations..  . . 


165,087   10 

12,562  55 

179,250  75 

3,092  25 

32,513  20 

11,722  65 

5,804  20 

3,251  50 

12,804  15 

38,238  80 
314  30 

33,012  05 
2,297  95 
7,056  05 
6,457  70 

10,569  40 
4,631  25 
1,313  95 
4,754  90 

2,317  50 

772  75 

24,646  65 

1,337  50 
80,073  90 
21,900    .. 


Total   des   dépenses  de 

l'exercice  1882 665,783     « 

Excédent  des   recettes  de 
l'exercice  1882(1) 146,225  65 

Total 812,008  65 

(l)  Le  compte  profits  et  pertes  présentait,  au  31  décembre  1881, 

un  solde  créditeur  de 482,953  83 

A  ajouter  le  bénéfice  de  l'exercice  1882 146.225  65 

Total  égal  au  chiffre  porté  au  bilan 629,179  48 


1:U  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Uc  penses. 

Le  lotal  des  dépenses  pour  l'année  1882  s'est  élevé  à  665,783  francs. 
Le  personnel  et  Ja  nourriture  constituent,  comme  toujours,  la  plus  lourde 
charge  dans  le  budget;  mais,  dans  l'exercice  qui  nous  occupe,  malgré 
l'activité  croissante  de  l'entreprise,  les  divers  chapitres  de  dépenses 
sont  restés  dans  les  limites  normales. 

Nous  aurons  donc  à  attirer  votre  attention  seulement  sur  les  frais 
résultant  de  l'exposition  ethnographique  fuite  cette  année.  Ils  se  sont 
élevés  à  80,073  fr.  90.  En  nous  occupant  des  recettes,  nous  vous  montre- 
rons que  cette  dépense  n'a  pas  été  improductive. 

C'est  de  r.\mérique  du  Sud  que  nous  sont  venus  cette  fois  les  hommes, 
les  femmes  et  les  enfants  qui  ont  vécu  pendant  les  mois  d'août  et  sep- 
tembre sur  la  pelouse  du  Jardin  zoologique  d'Acclimatation. 

Les  Galibis  que  nous  avons  présentés  au  public  appartiennent  à  la 
race  des  Caraïbes,  autrefois  maîtresse  des  Antilles  et  de  la  plus  grande 
partie  de  l'Amérique  centrale.  .\ujourd'hui  déchus  de  leur  ancienne 
prépondérance,  ces  Indiens  se  rencontrent  dans  les  Guyanes,  groupés 
en  petites  tribus  sur  le  bord  des  lleuves,  vivant  de  chasse,  de  pèche  et 
cultivant  le  manioc,  le  maïs  et  la  banane  dans  des  ahatis  pratiqués  dans 
la  forêt,  auprès  de  la  résidence  choisie. 

Le  public  du  Jardin  zoologique  d'Acclimatation  a  fait  le  meilleur  ac- 
cueil à  cette  nouvelle  exhibition  ethnographique. 

Recettes. 

Les  recettes  des  entrées  ont  donné,  en  1882,  534,874  fr.  60.  Bien  que 
ce  résultat  soit  inférieur  de  10,000  francs  environ  à  celui  de  1881,  il  est 
absolume.it  satisfaisant.  En  effet,  à  un  printemps  très  favorable  a  succédé 
un  été  absolument  déplorable  ;  la  pluie  pendant  les  mois  d'août  et  sep- 
tembre a  contrarié  très  sensiblement  nos  recettes. 

La  présence  des  Galibis  a  amené  au  Jardin  un  nombreux  public.  Pen- 
dant le  séjour  de  ces  Indiens  dans  l'établissement,  nous  n'avons  pas  reçu 
moins  de  quatre  cent  raille  visiteurs,  qui  ont  produit  une  recette  de  plus 
de  200,000  francs. 

Le  bénéfice  donné  par  le  compte  des  animaux  est  plus  considérable 
que  l'an  dernier,  puisque  de  25,000  francs  il  s'est  élevé  à  42,000  francs. 
Aujourd'hui,  en  possession  des  parquets  de  commerce  dont  le  Conseil 
d'administration  a  autorisé  la  construction,  nous  povuvons  espérer 
mieux  encore. 

Le  bénéfice  du  compte  graines  et  plantes  mérite  également  de  fixer 
votre  attention. 

En  1880,  le  commerce  des  végétaux  nous  avait  donné  un  profit  de 
9,105  fr.  30;  en  1881,  16,408  fr.  60;  en  1882,  nous  avons  un  profit  de 
23,756  francs.  Ce  résultat  est  satisfaisant. 


SITUATION    FINANCIÈRE    DU    JARDIN.  735 

Enfin,  en  terminant,  nous  devons  vous  signaler  le  produit  de  l'exploi- 
tation du  tramway  miniature  qui  fait  le  service  entre  la  porte  Maillot  et 
le  Jardin  zoologi(|ue  d'Acclimatation. 

L'établissement  de  la  voie  ferrée,  la  création  du  matériel  ont  été, 
vous  le  savez,  très  onéreux;  les  frais  quotidiens  de  ce  service,  dont  vous 
connaissez  l'activité,  nous  imposent  de  lourdes  charges,  et  cependant 
nous  ne  saurions  nous  féliciter  assez  de  la  création  de  ce  tramway,  car 
il  donne  à  nos  visiteurs  un  inappréciable  moyen  de  transport.  En  nous 
autorisant  à  établir  ce  chemin  de  fer,  l'administration  supérieure  s'est 
acquise  des  titres  sérieux  à  la  reconnaissance  de  notre  nombreux  public. 

En  résumé  les  recettes  de  toutes  natures  se  sont  élevées  en 

1882  à 812,008  fr.  65 

Les  dépenses  à 665,783  fr.     >i 

D'où  il  résulte  que  l'excédent  des  recettes  est  de 14'6,225  fr.   65 

Cet  excédent  de  recettes  a  été  employé  de  la  façon  suivante  : 

1°  Travaux  neufs  ;  valeurs  immobilisées 42,4'32  fr.  75 

2"  Augmentation  des  valeurs   réalisables  portées   à   l'actif. 

(Animaux,  plantes,  etc.) 66,712        35 

3'  Diminution  du  passif  et  remboursement  d'obligations,  etc.         37,080        55 

Total U6,225  fr.  65 

De  ces  explications  il  résulte  que  les  bénéfices  réalisés  en  1882  ne 
nous  permettent  pas  encore  de  constituer  les  réserves  prescrites  par  nos 
Statuts.  Avant  peu  nous  y  parviendrons,  car  les  collections  de  l'établis- 
sement, le  matériel  et  l'outillage  sont  aujourd'hui  au  complet,  et,  par 
conséquent,  les  excédents  des  recettes  seront  disponibles  dans  un  pro- 
chain avenir. 

IN'ous  avons  en  terminant,  Messieurs,  à  vous  demander  l'approbation 
des  comptes  présentés  et  le  renouvellement  du  mandat  des  administra- 
teurs sortants. 

Après  avoir  consulté  l'assemblée,  M.  le  ['résident  met  aux  voix  l'ap. 
probation  des  comptes  de  1882,  tels  qu'ils  ont  été  présentés  dans  le  rap- 
port de  M.  le  Directeur.  Ces  comptes  sont  approuvés  à  l'unanimité, 
moins  une  voix. 

Il  est  ensuite  procédé  au  renouvellement  des  membres  du  Conseil 
l'administration  sortants. 

MM.  F.  JACOUEiMART, 

Comte  d'ÉPREMESNIL, 
Duc  DK  FITZ-JAMES, 
Alfred  CUANDIDIER, 
Maurice  dk  SAlM-l'AlL, 
Vicomte  de  SAlNT-l'lERIlE, 
Raron  Paul  TlIÉNARD, 

administrateurs  sortants,  sont  réélus  à  l'unanimité. 


736  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

PIÈCES   ai\ivexi<:es 

CONSEIL  MUNICIPAL  DE  LA  VILLE  DE  PARIS 

RAPPORT 

Présenté  par  M.  de  Routeiller,  au  nom  de  la  b^  Commission,  sur  une  demande 
formée  par  la  «  Société  du  Jardin  d'Acclimatation  »,  à  l'effet  d'obtenir  la 
prolongation  de  son  bail  au  bois  de  Boulogne  pour  une  période  de  quarante 
an7iées.  (Annexe  du  procès-verbal  de  la  séance  du  16  juin  1882.) 

Messieurs,  l'objet  du  présent  rapport  est  simplement  d'introduire  devant  vous 
une  demande  de  prolongation  de  concession,  présentée  par  la  Société  du  Jardin 
zoologique  d' Acclimatation. 

Cette  Société  occupe,  au  bois  de  fioulogne,  un  terrain  de  vingt  hectares  en- 
viron qui  lui  a  été  concédé  pour  une  période  de  quarante  années,  à  partir  du 
1"  janvier  1859.  Dans  une  lettre  reproduite  à  la  fin  de  ces  pages  (1),  son  direc- 
teur, M.  Ceoffroy  Saint-Hilaire,  expose  que  pour  améliorer  les  conditions  jus- 
qu'ici difficiles  dans  lesquelles  se  poursuit  l'exploitation  du  Jardin,  il  faut  : 
1°  que  les  recettes  de  la  saison  d'hiver  puissent  être  augmentées;  2"  que  l'en- 
treprise possède  un  fonds  de  roulement.  Ces  deux  résultats  exigeant,  pour  être 
atteints,  l'emploi  d'une  somme  de  deux  millions  qui  servira  à  constituer  une 
encaisse  disponible  et  surtout  à  élever  des  constructions  nouvelles,  propres  à 
devenir  autant  de  centres  d'attraction  pour  le  public,  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire 
sollicite  du  Conseil  une  prorogation  de  bail  de  quarante  ans,  nécessaire  à  l'amor- 
tissement du  capital  consacré  aux  améliorations  détaillées  dans  son  mémoire.  Des 
plans  indiquant  les  constructions  futures  sont  joints  à  la  pétition. 

L'Administration  a  émis  un  avis  favorable  à  la  requête  ici  analysée.  La  5»  Com- 
mission a  conclu  dans  le  même  sens.  Un  projet  de  délibération  conforme  à  la 
demande  de  la  Société  du  Jardin  d'Acclimatation  figure  donc  plus  loin,  sous  le 
bénéfice  des  conclusions  qui  vont  suivre. 

Un  mot,  d'abord,  sur  l'origine  du  Jardin  et  sur  le  caractère  de  ses  relations 
avec  la  Ville  de  Paris. 

Comme  il  est  dit  plus  haut,  son  existence  date  du  1"  janvier  1859.  A  cette 
époque,  cinq  membres  du  bureau  de  la  Société  d'Acclimatation,  parmi  lesquels 
fi'^uraitM.  Isidore-Geoffroy  Saint-Hilaire,  le  distingué  savant,  père  du  directeur 
actuel  de  la  Société,  obtinrent  une  concession  de  vingt  hectares  de  terrain  au 
bois  de  Roulogne,  en  vue  d'y  établir  un  jardin  zoologique  destiné  à  l'acclima- 
tation, à  la  multiplication  et  à  la  diffusion  de  toutes  les  espèces  animales  ou 
végétales,  dignes  d'intérêt  par  leur  utilité  ou  par  leur  agrément.  Certaines  clauses, 
énumérées  dans  un  cahier  des  charges,  garantissaient  les  droits  de  la  Ville.  Il 
était  stipulé,  notamment,  que  les  concessionnaires  payeraient  chaque  année  à  la 
caisse  municipale  une  redevance  de  mille  francs,  «  pour  constater  les  droits  de 
propriété  de  la  Ville  »  ;  que  les  bâtiments  élevés  sur   l'emplacement  concédé 

(1)  Cette  lettre  a  été  reproduite  dans  le  Bulletin  de  1881.  Voyez  3°  série,  tome 
VIII,  page  cxxxiv  et  suivantes. 


SITUATION   FINANCIÈRE   DU   JARDIN.  7:^7 

resteraient,  après  l'expiration  du  bail,  «  la  propriété  de  la  Ville  »  ;  que,  «  dans 
le  cas  où  les  concessionnaires  répartiraient,  à  litre  de  bénéfices,  une  somme 
quelconque  entre  leurs  actionnaires,  une  somme  égale  devrait  être  versée  par 
eux  dans  la  caisse  municipale,  à  titre  d'indemnité  pour  l'occupation  des  lieux.  » 

Les  travaux  commencèremt  en  juillet  1859.  Dirigés  successivement  par  M.  Mit- 
ciiel,  directeur  du  Jardin  de  la  Société  royale  zoologique  de  Londres,  \ydr  M.  Rufz 
de  Lavison,  puis  par  MM.  Davioud  et  Barillet-Desclianips,  l'un  architecte, 
l'autre  jardinier  en  chef  de  la  Ville,  ils  furent  terminés  en  quinze  mois,  sous 
la  surveillance  de  M.  Alphand,  alors  ingénieur  en  chef  des  promenades  et  plan-  ' 
talions.  Le  6  octobre  1860,  le  nouvel  établissement  était  inauguré  officiellement. 
Le  l'J  juin  1865,  M.  Albert-Geoffroy  Saint-Hilaire,  qui  avait  collaboré  active- 
ment à  la  création  du  Jardin,  était  appelé  aux  fonctions  dont  il  est,  depuis  lors, 
demeuré  investi. 

Il  serait  long  et  inutile  de  suivre  ici,  dans  ses  phases  successives,  le!  dévelop- 
pement du  Jardin  d'Acclimatation  ;  mais  il  est  un  incident  de  son  histoire  qui 
demande  à  être  rappelé,  parce  qu'il  caractérise  la  sollicitude  dont  la  Ville  s'est 
toujours  montrée  animée  à  l'égard  de  cet  établissement.  Eu  1871,  à  la  suite  des 
deux  sièges  qui  avaient  ébranlé  l'entreprise,  au  point  qu'on  pût  douter  qu'elle  se 
relevât  jamais  de  cette  double  épreuve,  le  Conseil  municipal  vint  au  secours  de 
la  Société  en  détresse,  en  lui  accordant  une  subvention  annuelle  de 60,000  francs 
payable  trois  années  durant.  «  Le  Jardin  d'Acclimatation,  disait  alors  notre 
ancien  collègue,  M.  Dubief,  n'est  pas  seulement  une  charmante  promenade  qui 
attire  les  Parisiens  et  les  étrangers,  non  sans  profit  pour  les  communes  voi- 
sines et  pour  Paris  lui-même;  c'est  en  outre  et  surtout  un  établissement  indus- 
triel dont  la  création  a  comblé  chez  nous  une  véritable  lacune,  d'autant  plus  sen- 
sible 'qu'elle  n'existait  pas  chez  nos  voisins.  Comment  consentirions-nous  à 
priver  la  première  ville  d'Europe,  la  capitale  d'une  contrée  agricole,  d'une  insti- 
tution qui  intéresse  l'agriculture  et  le  développement  de  la  richesse  du  pays?  » 
Le  rapport  concluait  au  vote  de  la  subvention  ci-dessus  chiffrée.  Évidemment 
ce  souvenir  aussi  bien  que  celui  des  conditions  quasi  gratuites  dans  lesquelles 
la  Ville  s'est  prêtée  à  la  fondation  du  Jardin,  constituent  une  tradition,  toute 
de  protection  et  de  bienveillance,  dont  la  Commission  devait  s'inspirer  dans 
l'examen  de  la  requête  ici  étudiée. 

Cela  dit,  Messieurs,  il  y  a  lieu  de  se  demander:  1"  si  les  constructions  pro- 
jetées par  la  Société  du  Jardin  zoologique  d'Acclimatation  sont  d'une  importance 
proportionnée  à  la  durée  de  la  prorogation  sollicitée;  2°  si  la  Société  a  justifié, 
parla  rigoureuse  exécution  de  ses  précédents  engagements,  la  nouvelle  faveur 
qu'elle  réclame  aujourd'hui  du  bon  vouloir  de  la  Ville. 

Sur  le  premier  point,  une  note  de  M.  Huet,  ingénieur  en  chef  des  promenades,' 
édifiera  le  Conseil.  «  Il  résulte,  dit  ce  document,  du  rapport  de  M.  l'arcliitecle 
des  promenades,  que  les  constructions  que  se  propose  de  faire  la  Société  du 
Jardin  zoologique  d'Acclimatation,  en  \\ie  spécialement  d'accroître  les  recettes 
de  la  saison  d'hiver,  saison  toujours  onéreuse  pour  l'exploitation,  n'augmente- 
ront pas  de  moins  de  1,100,000  francs  la  valeur  de  la  propriété.qui,^  en  fin  de 
concession,  doit  faire  retour  à  la  Ville.  Nous  sommes  donc  d'avis  que  l'Admi- 
nistration municipale  a  tout  intérêt  à  accorder  la  prolongation  demandée.'  » 

Relativement  au  second  point,  la  Commission  n'a  cru  pouvoir  mieux  faire  pour 
s'éclairer,  que  d'inviter  l'Aduiinislration  à  la  renseigner,  par  voie  d'enquête 
sur  la  gestion  du  Jardin  d'acclimatation.  Cette  enquête,  qui  rentre  dans  les  droits 
3'  SÉRIE,  T.  X.  —  Décembre  1883.  47 


•V 


738  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

de  la  Ville,  n'avait  pas  été  faite  depuis  1873,  époque  où  le  Conseil  accorda  au 
Jardin  la  subvention  précédemment  rappelée.  Confiée  à  M,  Martinet,  inspecteur 
des  caisses  et  comptabilités  municipales,  exécutée  avec  un  soin  qu'a  d'ailleurs 
secondé  l'empressement  de  la  Société  à  lournir  toutes  les  indications  qui  lui 
étaient  demandées,  elle  a  porté  sur  la  période  comprise  entre  1874  et  1880  et 
donné  lieu  aux  conclusions  que  voici  : 

«  De  l'examen  des  bilans,  des  livres  et  des  rapports  présentés  à  l'assemblée 
générale  des  actionnaires,  écrit  M.  Martinet,  il  résulte  que  la  Société  du  Jardin 
a  changé  son  mode  d'opération,  et  qu'elle  s'est  écartée  du  but  en  vue  duquel 
elle  avait  été  fondée.  Elle  n'a  pu,  faute  des  moyens  nécessaires,  rester  dans  les 
limites  qu'elle  avait  cru  pouvoir  assigner  à  son  activité,  c'est-à-dire  s'adonner 
exclusivement  à  l'acclimatation,  à  la  multiplication  et  à  la  propagation  des  es- 
pèces animales  et  végétales  (1).  Elle  a  dû  étendre,  pour  vivre,  ses  moyens 
d'action,  en  groupant  autour  d'elle  des  exploitations  multiples  qui,  par  un 
rendement  journalier,  permettent,  dans  une  certaine  mesure,  de  diminuer  des 
charges  que  les  seules  recettes  des  jours  fériés  ne  lui  auraient  pas  permis  de 
supporter.  C'est  ainsi  qu'à  l'aide  du  traité  passé  avec  la  Société  du  Pré  Cate- 
laa  (2),  elle  utilise  pendant  la  semaine  la  plus  grande  partie  des  poneys  qu'elle 
emploie  le  dimanche  pour  les  promenades  et  le  service  des  tramways.  C'est 
ainsi  également  que  le  manège  occupe  pendant  la  semaine  un  certain  nombre 
de  chevaux,  dont  la  location  vient  diminuer  les  frais  généraux. 

En  résumé,  les  recettes  n'ont  cessé  de  s'accroître  ;  les  diverses  innovations 
introduites  par  la  Société  ont  donc  été  assez  heureuses,  et  il  n'est  que  vrai  de 
reconnaître  que  le  Jardin  d'Acclimatation,  devenu  comme  une  sorte  d'établisse- 
ment d'utilité  publique,  est  aujourd'hui  Fun  des  agréments  et  l'une  des  attrac- 
tions les  plus  marquées  de  la  capitale.  Il  semble,  à  ce  point  de  vue,  avoir  droit 
à  la  sympathie  et  aux  encouragements  de  l'Administration  municipale.  Mais  en 
présence  de^cet  accroissement  soutenu  dans  les  recettes,  où  faut-il  donc  cher- 
cher les  causes  de  cette  situation  précaire  qui  n'a  permis,  à  aucune  époque,  de 
distribuer  un  intérêt  quelconque  au.x.  actionnaires  et  moins  encore  un  dividende? 
Ce  n'est  pas  dans  les  livres,  dont  l'examen  n'a  donné  lieu  à  aucune  observation 
—  au  contraire  ;  mais  dans  les  frais  généraux  de  toutes  sortes  (jui  sont  les  côtés 
ruineux  de  l'exploitation,  dans  le  prix  très  élevé  des  fourrages  et  des  grains, 
surtout  dans  la  mortalité  excessive  des  animaux,  mortalité  accrue  dans  une  no- 
table proportion  par  les  hivers  rigoureux  qui  se  sont  succédé  sans  interruption 
depuis  plusieurs  années  et  par  l'insuffisance  des  locaux  occupés  par  ces  ani- 
maux ;  aussi,  dans  le  manque  de  moyens  de  communication  que  le  tramway- 
miniature  n'a  qu'en  partie  atténué  ;  enfin  dans  l'absence  du  seul  élément  qui 
permette  de  mener  à  bonne  fin  les  grandes  entreprises  :  les  capitaux.  » 

Voilà,  Messieurs,  les  considérations  et  les  extraits  que  le  Rapporteur  a  cru 
utile  de  vous  soumettre,  soit  en  guise  de  préface  à  la  requête  détaillée  de 
M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  soit  à  l'appui  de  l'avis  de  la  5°  Commission.   Celle- 


(1)  M.  Geoifroy  Saint-Hilaire  a  fait  observer  au  rapporteur  qu'il  serait  plus 
exact  de  dire  que,  pour  subvenir  à  des  besoins  sans  cesse  croissants,  la  Société, 
sans  abandonner  en  rien  l'objet  en  vue  duquel  l'établissement  a  été  créé,  a  ad- 
joint à  son  exploitation  diverses  branches  collatérales,  qu'on  peut  d'ailleurs  con- 
sidérer comme  le  développement  naturel  de  l'institution. 

(2)  Des  explications  de  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  il  résulte  qu'en  réalité  il  n'y 
a  pas  eu  de  société. 


SITUATION    FINANCIÈRE   DU   JARDIN.  789 

ci  s'est,  (railleurs,  préoccupée  de  diverses  ([uestions  iiiciuentes,  que  soulevait 
la  demande  dont  vous  êtes  saisis  (1).  Elle  a  fait  consacrer,  comme  un  droit,  la  très 
large  hospitalité  offerte  par  le  Jardin  aux  élèves  des  écoles  communales,  hospi- 
talité qui,  du  1°^  janvier  au  30  octobre  1881,  a  dépassé  le  chiffre  de  quatorze 
mille  admissions.  Elle  a  signalé  au  directeur  du  Jardin  l'intérêt  scientifique 
ou'il  y  a  à  ce  que  l'établissement  allie,  dans  la  mesure  compatible  avec  les  né- 
cessités de  son  existence,  racclimatation  proprement  dite  des  plantes  et  des 
animaux,  aux  transactions  commerciales  qui  ne  laissent  pas,  au  surplus,  d'être, 
dans  de  nombreux  cas,  un  instrument  puissant  de  vulgarisation.  Elle  a  invité  la 
Direction  à  adresser  tous  les  trois  ans  au  Conseil  municipal  un  rapport  détaillé 
de  ses  opérations.  Des  leltrcs  publiées  parmi  les  pièces  afmexées  constatent  les 
réponses  faites  et  les  engagements  pris.  «  Nous  serons  toujours  heureux,  dit 
l'une  d'elles,  de  mettre  le  public  et  le  Conseil  municipal  de  la  Ville  de  Paris  au 
courant  des  efforts  que  nous  faisons  pour  mener  à  bien  l'entreprise  qui,  mise 
enfin  en  possession  de  moyens  d'action  suflisants,  va  pouvoir  prendre  un  nou- 
vel essor  et  répondre  d'une  façon  plus  complète  au  but  que  nous  poursui- 
vons. )i 

La  Commission  esjière  qu'en  effet  la  nouvelle  libéralité  de  la  Ville  à  l'égard 
du  Jardin  d' Acclimatât io)t  portera  ses  fruits  au  profit  du  public  de  la  capitale  ; 
au  profit  aussi  du  développement  d'une  œuvre  qui  semble  ne  plus  attendre  que 
d'être  lécondéc  par  le  capital,  pour  produire  des  résultais  proporlionnés  à  l'iiu- 
porLaiice  de  son  but  et  à  la  sollicitude  désintéressée  de  ses  collaborateurs. 

De  là  lo  projet  de  délibération  suivant. 
Paris,  le  16  juin  1882. 

Le  Rapporteur, 

De   BOUTEILLER. 


CONSEIL  iMUNIGIPAL  DE  LA  VILLE  DE  PARIS 

{Séance  du  31  juillet  18S2). 

Le  Conseil,  vu  la  lettre  de  M.  Geoffroy  Saint-Ililaire,  par  laquelle  il  demande, 
au  nom  de  la  Société  du  Jardin  d'Acclimatation,  l'autorisation  défaire  des  tra- 
vaux dans  ce  jardin,  et  une  prorogation  de  quarante  ans  de  la  concession  pri- 
mitive, ensemble  les  plans  à  f appui; 

Vu  le  rapport  de  M   fingénieur  en  chef  des  promenades; 

Vu  le  mémoire,  en  date  du  13  octobre  1881,  par  lequel  M.  le  Sénateur,  Préfet 
de  la  Seine,  soumet  au  Conseil  la  demande  de  ladite  Société; 

DÉLIBÈRE  :  Il  y  a  lieu  de  proroger,  pour  une  durée  de  quarante  ans,  à  partir 
du  1"  janvier  18'JD,  la  concession  faite  d'un  terrain  au  bois  de  Boulogne,  à  la 
Société  dite  le  Jardin  d' Acclimalalion,  et  à  autoriser  cette  Société  à  élever  les 
constructions  conformes  aux  plans  joints  à  la  présente  délibération. 


(1)  La  5°  Commission  (Architecture  et  Benux-Arls)  est  composée  de 
MM.  Ilattat,  Président;  Holl,  Secrétaire;  de  Bouteiller,  Gernesson,  Collin,  Del- 
homme,  Dubois,  Jobbé-Duval. 


740  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


ARRETE   PREFECTORAL 

Le  Préfet  de  la  Seine,  Vu  la  délibération  prise  par  le  Conseil  municipal  de 
Paris,  en  date  de  31  juillet  1882,  portant: 

«  Qu'il  y  a  lieu  de  proroger,  pour  une  durée  de  quarante  ans,  à  partir  du 
Il  1"  janvier  1809,  la  concession  faite  d'un  terrain  au  bois  de  Boulogne,  à  la 
Il  Société  dite  le  Jardin  d'Acclimatation,  conformément  au  cahier  des  charges 
Il  rectifié,  et  d'autoriser  cette  Société  à  élever  des  constructions  conformes  aux 
u   plans  joints  à  ladite  délibération.  » 

Vu  l'arrêté  approbatif  de  cette  délibération,  en  date  du  30  août  suivant;  en- 
semble le  cahier  des  charges  précité  : 

Arrête  :  Article  1".  —  La  jouissance  des  terrains  concédés  par  actes  admi- 
nistratifs des  2G  mars  1858  et  25  aoiit  1859,  à  la  Société  du  Jardin  zoologique 
d'Acclimatation  est  prorogée  de  quarante  ans,  à  partir  du  1"  janvier  1899,  sous 
les  clauses  et  conditions  relatées  dans  le  cahier  des  charges  annexé  à  la  déli- 
bération susvisée. 

Les  charges  annuelles  sont  évaluées  pour  la  perception  des  droits  d'enregis- 
trement, à  la  somme  de  deux  mille  francs. 

Article  2.  —  Ampliation  du  présent  arrêté  sera  adressé  : 

1°A  la  Société  concessionnaire; 

2°  A  la  Direction  des  finances,  en  double; 

3°  A  M.  le  Directeur  des  travaux. 

Fait  à  Paris   le  2  décembre  1882. 

Pour  le  Préfet  et  par  délégation 
Le  Secrétaire  général  de  la  Préfecture 
Signé.:  J.  G.  Vergniaud. 


ÉTAT  DES  DONS 

FAITS   A   LA    SOCIÉTÉ   NATIONALE    D'aCCLIMATATION    DE   FRANCE 
du  l^""  janvier  au  31  décembre  1883. 


Baird  (le  professeur  Spencer 
F.),  commissaire  des  pêche- 
ries des  Etats-Unis. 

Baltet  (Charles). 

BaRRAU  DE  MURATEL  (de). 


Behr  (de),  président  de  l'As- 
sociation allemande  de  pis- 
ciculture. 


,»'!»-  ■■■' 

Casati  (le  comte  Gahrio). 


Cazenove  (Raoul  de). 

David  (M"'^). 

Gauthier. 

iiédiard. 

Jardin  d'acclimatation 

Ll'UVKRES. 

Leroux  (Jules). 
Mac-Donald  (le  colonel). 
Masson  (A.). 

Matiiey. 

Mollinger  (Godefroy). 

Munier. 


OBJETS  DONNES. 


Œufs  oudiryonnés  de  Salmo  fontinnlis 
ei  Namayciish,  de  Coregomis  albus 
et  de  Salmo  salar,  var.  Sebago. 

Graines  de  Lo-za  (Rhamnus  utilis). 

Graines  diverses. 

Coulitures  de  Pastèque  à  graine  rouge. 

Œufs  einbryonnés  de  Salmo  carpio  et 
salvelinus,  de  Corcgonus  Marœna 
et  albula  et  de  Truite  des  lacs. 

Graines  de  Balsamine  géante  (Impa- 
tiens glanduligera). 

Quarante  grammes  de  graines  de  Se- 
ricaria  mori. 

Graines  de  Soya. 

Graines  à'Artocarpm  incisa. 

Graines  de  Riz  de  montagne. 

Graines  diverses. 

Semence    de  Soya  noir. 

Noix  de  Juglans  nigra. 

Un  modèle  d'échelle  à  Saumons. 

Graines  de  trois  variétés  de  Melons 
des  Etats-Unis. 

Souchet  comestible.  Graines  diverses. 

Cocons  vivants  de  divers  séricigènes. 
(îraines  diverses  des  Etats-Unis. 

Graines  de  Sericaria  mon. 


im 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


DONATEURS. 

OBJETS  DONNÉS. 

OUNOUS  (Léo  (]'). 

Graines  diverses. 

Paillieux  (Aug.). 

Graines  diverses. 

Sirop  de  Pliysalis  Peruviana. 

Flacons  de  Pickles. 

Plants  de  Stachys  affinis. 

Pruns  (le  marquis  de). 

Echantillons  de  terres  de  la  Limagne 

RODIER,  viticulteur,  à  Briaro. 

ROMANET  DU  CAILLAUD. 

Saint-Quentin  (de). 

Sarazin  (François). 
Vavin  (Eugène). 
Wailly  (Alfred). 


Un  appareil  pour  le  soufrage  des  vignes. 

Graines  de  Vignes  chinoises. 

Graines  de  Citriis  ladaniferus  et  de 
Nicotiana  glauca. 

Semences  de  Rhns  vernicifera. 

Graines  diverses. 

Séricigènes  exotiques. 


OUVRAGES  OFFERTS 

A    LA    RIBLIOTHÈQUE   DE    LA.SOCIBTÉ. 


AniiOTT  (Charles  C).  —  Primitive  industry.  Salem-Massachusetts.  George  A, 
Butes,  1881,  1  vol.  in-8,  nombreuses  figures. 

Annuaire  statistique  de  la  France,  sixième  année  1883.  Paris.  Imprim,  Nationale. 

Ministère  du  commerce. 

Annual  Report  of  tlie  commissioners  of  fislieries  of  the  State  of  New-York  Tor 

the  year  1881.  Aibany,  1882.  SethGreen. 

Annual  Report  of  the  Trustées  of  the  New-York  State  Library,  1880,  1881 
et  1882,  3  vol.  in-8. 

Association  française  pour  l'avancement  des  sciences,  compte  rendu  de  la 
10^  session.  Alger,  1881,  au  Secrétariat  de  l'Association,  à,  rue  Antoine- 
Dubois,  1  vol.  in-8. 

Baltet  (Charles).  —  Visite  à  la  villa  Tourasse,'^à  Pau  (Basses-Pyrénées),  le  3  no- 
vembre 1880.   Troyes,  imp.  et  lilh.  Dufour-Bouquot,  1881,  1  broch.  in-8. 

L'auteur. 

Baltet  (Ernest). — Semis  d'arbres  fruitiers  pour  la  recherche  de  nouvelles  va- 
riétés. Troyes,  imp.  etlitli.  Dufour-Bouquot,  1883,  1  broch.  in-8. 

i<  auteur 

Bastide  (L.).  —  Précis  de  l'iiistoire  et  de  la  géographie  de  Bel-Abbès  et  de  son 

arrondissement.  Oran,  typ.  Ad.  Perrier,  1881,  1  vol.  in-8.  L'auteur. 

—  Établissements  agricoles  de  L.  Bastide.  Orau,  1878,  1  broch.  in-8. 

L'auteur. 

—  Chemin  de  fer  de  Tlemcen.  Comparaison  entre  la  ligne  directe  et  la  ligne 
par  Bel-Abbès.  Oran,  typ.  Ad.  Perrier,  1878.  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

—  Courte  description  de  l'Algérie,  du  département  d'Oran  et  de  Sidi-Bel- 
Abbès.  Oran,  typ.  Ad.  Perrier,  1878,  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

—  L'Agriculture  dans  le  département  d'Oran.  Rapport  sur  le  concours  des 
exploitations  pour  la  prime  d'honneur  eu  1877,  Oran,  imp.  J.  Gérard, 
1878.  1  vol.  iu-8.  L'auteur. 

Bernou,  pharmacien. — Étude  de  l'écorcedu  Sapotillicr  [Journal  de  médecine  et 
de  pharmacie  de  l'Algérie,  1881).  Docteur  Bertherand. 

Beiitiierand  (le  docteur). —  La  globulaire  turbith,  Alger,  1870,  imp.  Aillaud 
et  G'«,  broch.  in-8.  L'auteur. 

—  Utilisation  de  l'eau  de  fleur  du  Citronnier  (extrait  du  Journal  de  Médecine 
et  de  Pharmacie  de  l'Algérie,  avril  1881).  L'auleur. 

—  Études  chimiques  et  médicales  sur  l'écorcede  Sapotillicr  (extrait  du  Journal 
de  médecine  et  de  pharmacie  de  l'Algérie,  juillet,  1881),  1  broch.  avec 
planche.  L'auteur. 

—  L'Arcnaria  rubra  dans  la  gravelle  et  le  catarrhe  vésical.  Alger,  1878,  imp. 
Victor  Aillaud  et  C    ,  1  broch.  L'auteur. 

—  Conseils  aux  Arabes  sur  les  végétaux  dangereux  de  l'Algérie.  Alger,  1879, 
imp.  V.  Aillaud  et  C'^,  1  broch.  L'auleur. 


TM  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Berthera>d  (le  D'').  —  L'Aceras  Anthropophora.  Alger,  1866,  imp.  Paysan 
et  G'%  1  broch.  L'auteur. 

—  Observations  sur  le  règne  végétal  au  Maroc,  par  P.  K.  A.  Scliousboe,  édi- 
dition  française-latine  avec  planches.  Paris,  imp.  Baillière  et  fils,  1  vol. 

L'auteur. 

—  Des  ressources  que  la  matière  médicale  arabe  peut  offrir  aux  pharmacies 
françaises  en  Algérie  (extrait  de  la  Gazette  médicale  de  l'Algérie).  Alger, 
1879.  imp.  A.  Bourget,  1  broch.  L'auteur. 

—  L'Eucalyptus  au  point  de  vue  de  l'hygièneen  Algérie.  Alger,  1876.  Typogr. 
V.  Aillaud  et  C'%  1  broch.  L'auteur. 

—  Le  noyau  de  dattes  au  point  de  vue  des  propriétés  alimentaires  thérapeu- 
tiques et  industrielles  de  la  fasiflcation  du  cale.  Alger,  1882,  impr.  Fon- 
tana  et  C'*^,  1  broch.  avec  planclie.  L'auteur. 

—  Le  Bambou  au  point  de  vue  des  dessèchements.  Alger,  imp.  Lavagne. 
1  broch.  L'auteur. 

—  Le  musc  de  Gazelle  au  point  de  vue  des  applications  thérapeutiques.  Alger, 
1878,  imp.  V.  Aillaud  et  G   ,  1  broch.  L'auteur. 

Bodchon-Brandely.  —  Rapport  au  ministre  de  la  marine  sur  la  génération  et 
la  fécondation  artificielle  des  huîtres  portugaises.  Paris,  1882,  imp.  du  Jom^- 
nal  officiel,  1  broch.  in-18.  L'fiutcur. 

Bretschneidër  (M. -P.).  —  Botanicum  sinicum.  Notes  on  Ghinese  botany 
frora  native  and  Western  sources.    London,  1882,  1  vol.  in-8.       L'auteur. 

Gantoni  (Elvezio).  —  Liste  générale  des  Mammifères  sujets  à  l'albumine,  tra- 
duction de  l'italien  et  addition  par  Henri  Gadeau  de  Kerville.  Rouen,  1883, 
imp.  Léon  Deshayes,  in-8.  Le  traducteur. 

Garrière  (E.).  —  Pommiers  microcarpes  ou  Pommiers  d'ornement.  Paris, 
librairie  agricole  de  la  maison  Rustique,  26,  rue  Jacob,  1  vol.  in-18,  fig. 

L'auteur. 

Carvallo  (Jules).  —  Théorie  des  nombres  parfaits.  Paris,  1883,  chez  l'auteur. 
19,  villa  Saïd  et  chez  les  principaux  libraires,  broch.  in-8.  L'auteur. 

Ghamberland.  —  Le  charbon  et  la  vaccination  charbonneuse.  L'auteur. 

Ghitier  (A.).  —  Etudes  sur  les  causes  du  déboisement  de  l'Algérie  et  les  moyens 
d'y  remédier.  Imp.  Legendre,  éditeur,  1  broch.  in-12. 

Ligue  du  reboisement. 

Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques.  Rapports  au  ministre  et 
arrêtés.  Paris,  1883,  Imp.  Nationale,  1  broch.  grand  in~8. 

Congrès  national  des  Sociétés  françaises  de  géographie,  5^  session.  Bordeaux, 
sept.  1882,  Comptes  rendus  des  travaux  du  Congrès,  1  vol.  in-8. 

CouTANCE  (A.).  —  Expériences  de  bord,  établissant  que  les  minimum  de  salure 
sont  placés,  sur  le.  trajet  des  courants  et  les  maximum  hors  des  courants 
marins.  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  académique  de  Brest,  imp.  Gadreau, 
iii-18.  ,  L'auteur. 

—  De  l'énergie  et  de  la  structure  musculaire  chez  les  Mollusques  acéphales. 
Paris,  1879,  J.-B.  Baillière  et  fils,  in-8,  avec  planches.  L'auteur. 

—  Romains  et  Zoulous.  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  académique  de  Brest. 
Brest,  imp.  Halegouet,  in-18.  L'auteur. 

—  Relations  des  Ciiampignons  et  des  Algues  dans  la  constitution  des  Lichens, 
Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  académique  de  l'.rest.  Imp.  Halegouet,  11. 
rue  Kléber,  à  Brest',  in-18.  L'auteur. 

—  La  lutte  pour  l'existence.  Paris,  1882,  C.  Reinwald,  éditeur,  in-8.'L'auteur. 


OUVRAGES   OFFERTS   A   LA   SOCIÉTÉ.  745 

CoNSTAiHCE  (A.).  —  Souvenirs  de  Leyde.  Extrait  du  Bulletin  de  la  SociHé  ncn- 
démique  de  Bfest,  Brest,  imp.  Gadreaii,  in-18.  L'auteur. 

—  Phénomènes  de  capillarité.  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  académique  de 
Brest.  Brest,  imp.  F.  Halegouet,  in-18.  L'auteur. 

—  Analogie  du  climat  de  Brest  avec  celui  de  l'époque  tertiaire.  Extrait  du 
Bulletin   de    là  Société    académique  de  Brésil.   Imp.  Gadreau,  in-18. 

L'auteur. 

—  Le  Bouleau.  Paris,  1881.  Berger-Levrault,  éditeur,  in-8,  2  tableaux, 
1  planche.  L'auteur. 

—  La  Fonlaine  et  la  philosophie  naturelle.  Paris,  1882,  G.  Reinwald,  lib.- 
édteur,  in-8.  L'auteur. 

Cramoisy  (le  docteur).  —  Note  sur  la  destruction  du  Puceron  lanigère  et  par 
extension  du  Phylloxéra  vastatrix.  Communication  faite  à  l'Académie  des 
sciences  le  23  janvier  1883.  Union  générale  de  la  librairie,  Ch.  Bayle. 
Paris,  etc.,  10  et  11,  rue  de  l'Abbaye,  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

Dejernon  (Romuald).  —  Les  vignes  et  les  vins  de  l'Algérie.  Paris,  1883,  libr. 
agricole  de  la  maison  Rustique,  1  vol.  in-8.  L'auteur. 

—  Rapport  à  M.  le  préfet  de  Constantine  (sur  la  vigne).  Bone,  imp.  typ. 
Alexandre  Carie,  1878,  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

Favier)  p.  A.).  —  Nouvelle  industrie  de  la  Ramie,  2"  édition.  Avignon,  imp. 
A.  Groi,  1882,  1  vol.  in-8.  D'Arnaud  Bey. 

Feddersen  (A.).   De   Danske  hav-fiskeries.    Copenhague,  1883,  in-û. 

L'auteur. 

FisHER  (,lohn).  —  La  pèche  à  toutes  lignes,  théorique,  pratique  et  raisonnée, 
déduite  de  la  connaissance  de  l'histoire  naturelle  des  mœurs  et  des  habi- 
tudes des  poissons  d'eau  douce,  etc.  Paris,  1881,  Gaston  Samson,  libraire- 
éditeur,  1  vol.  in-18.  L'auteur. 

Fondation  de  la  Société  statistique  de  Marseille,  55^  année.  Compte  rendu  1882. 
Rapport  sur  les  concours.  Marseille,  typ.  et litb.  Cayer  et  C'*^,  1883,  broch. 
in-8.  Docteur  A.  Sicard. 

FoRBES  (S.-A.). — The  regulative  action  of  birds  upon  insect  oscillations. 
1  broch.  in-8.  L^auteur. 

Gadead  de  Kerville  (Henri).  —  De  l'action  du  Mouron  rouge  sur  les  oiseaux. 
Extrait  du  Bull,  de  la  Société  de  biologie,  séance  du  8  juillet  1882.  Paris, 
imp.  Ed.  Roussel,  in-8.  L'auteur. 

—  De  l'action  du  Persil  sur  les  Psittacidés.  Extrait  du  Camte  rendu  de  la 
Société  fie  biologie,  séance  du  20  janvier  1883,  in-8.  L'auteur. 

—  Analyse  d'un  mémoire  de  M.  A.  Conil,  intitulé  :  Etudes  sur  rAcridium 
Paranense.  Rouen,  1883,  imp.  Léon  Deshayes,  1  broch.  in-8. 

L'auteur. 

GiRnwoYN  —  0  Hodowli  ryb  j  Przyrzadzie  Wylegowym  Wlasnego  pomyslu. 
Warszawa,  1881,  1  broch.  in-/i,  pi.  L'auteur. 

—  Warszaskie  Muséum  rybactwa  przez  Karola  Kozlowskiego.  Biîbudowni- 
czcgo,  1^81,  1  broch.  in-4,  pi.  L'auteur. 

—  Projekt  gospodarstwa  rybnego  Wyrozumowancgo  (Szlucznego)  stawowegoj 
vvegorzarni  Dobrach  zlolym  Potoku  .1.  W.  \\ .  hr.  Raczyuskich  w  krolestwie 
Polskiem  1881,  1  broch.  in-/i,  planches.  L'auteur. 

—  Pasozyty  ryb  naszyck.  Warszawa,  1883,1  broch.  in-8.,  planches.    L'auteur. 


746  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

GiRDWOYN.  —  Projekt  gospodarstwa  Rybnego  jeziozrowego  W  Dobrach 
Dukszty  J.  W.  W.  Bieganskich  W.  Gubernji  Kowienskiej.  Warszawa,  1883, 
1  broch.  h\-à,  plunches.  L'auteur. 

—  Lodzie  Rybackie  dlaNaszych  jezior  j  Stawow.  Warszawa,  1883, 1  brocb.  in-4, 
planches.  L'auteur. 

GoLL  (H.).  -  Note  sur  le  Lièvre  alpin.  Lausanne,  1883,  imp.  Havard,  Guilloud, 

et  C'^,  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

Henneguy  (V.-P.).  —  Sur    un    infusoire    flagellée   ectoporasite   des    poissons. 

Extrait  des  Comptes  re?idus  de  l'Académie  des  sciences,  1  broch.  grand  in-8. 

L'auteur, 
HoFFMAN  (von  H.).  — Separat-Abdruck  aus  «  Gartenflora»,  L'auteur. 

JoLY  (Ch.).  —  Note  sur  le  potager  royal  de  Frogmore.  Extrait  An.lournnl  de  la 

Société  nntio7iale  d'iioi^ticulture,  3^  série,  t.  V,   1883,  p.  329-33/i,  broch. 

in-8.  L'auteur. 

—  Note  sur  la  11*  exposition  nationale  de  Gand.  Extrait  du  Journal  de  la 
Société  natioimle  d'horticulture,  Z"  série,  t.  V,  1883,  p.  liKi-lxlb,  broch. 

L'auteur. 

—  Note  sur  la  18^  session  de  la  Société  pomologique  américaine.  Journ.  de  la 
Soc.  nat.  d'horticulf.,  3«  série,  t.  IV,  1882,  p.  379-380,  in-18.      L'auteur. 

—  Note  sur  l'horticulture  en  Espagne  et  en  Portugal.  Extrait  du  Journal  de 
la  Société  nationale  et  centrale  d'horticulture,  3^  sério,  t.  V,  1883,  p.  119- 
132.  Paris,  imp.  de  l'Etoile,  rue  Cassette,  1,  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

—  Compte  rendu  de  la  2^  exposition  nationale  de  la  fédération  horticole  à  Turin. 
Y.xiraii  àw  Journal  de  la  Société  nationale  d'horticulture,  3*  série,  t.  IV,  1882, 
p.  730-736,  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

—  L'horticulture  et  les  engrais  chimiques.  Expériences  faites  à  Saint-Ouen. 
L'aumône  (Seine-et-Oise),  par  Alfred  Dudoiiy.  Rapport  présenté  à  l'assem- 
blée générale  des  agriculteurs  de  France,  le  31  janvier  1883.  Paris,  à 
l'Agence  centrale  des  ngriculteurs  de  France,  38,  rue  Notre-Dame-des- 
Victoires,  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

JouAN  (Henri).  —  Quelques  mots  sur  le  peuplement  végétal  des  îles  de  l'Océanie. 
Caen,  1883,  imp.  Le  Blanc-Hardel,  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

Kemmerer  (le  docteur).  — !  Ostréiculture.  Appendice  à  ma  brochure  de  1874. 
Typ.  veuve  Maréchal  et  E.  Martin,  in-18.  L'auteur. 

Lataste  (Fernand).  —  Les  Gerboises  (extrait  du  journal  Le  Naturaliste, 
15  mars  -  1"  mai  1883).  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

—  Note  sur  les  Souris  d'Algérie  ets  description  d'une  espèce  nouvelle  (extrait 
Aè?,  Actes  delà  Société  linnéemie  de  Bordeaux,  t.  XXXVIl,  Bordeaux,  1883), 
imp.  J.  Durand,  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

—  Sur  un  rongeur  nouveau  du  Sahara  algérien  (extrait  du  6î<//eùVi  f/e /a  Société 
zoologique  de  France,  t,  VI,  1881)  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

—  Sur  l'habitat  du  Triton  vittatus  et  sur  l'identification  de  cette  espèce  avec 
le  Triton  ophryticus,  (extrait  du  Bulletin  de  la  Société  zoologique  de 
France,  1877),  1  broch.  iu-8.  L'auteur. 

La  Perre  de  Roo.  —  Monographies  des  Pigeons  domestiques.  L'auteur. 

La  Forêt,  conseils  aux  indigènes  (extraits  du  Code  forestier).  Alger,  imp.  Fon- 
tana  et  &  1883,  1  broch.  in-8.  Ligue  du  reboisement. 

Lefèvre  (A.).  Des  aquariums,  construction,  peuplement,  entretien.  Amiens, 
1872,  imp.  Lenoël-Herouart,  1  vol.  in-8.  L'auteur. 


OUVRAGES   OFFERTS   A    LA    SOCIÉTÉ.  747 

Lefèvre  (A.).  —  Quelques  mots  sur  le  Macropode  de  Chine  (extrait  des  Mémoires 
fie  In  Société  linnéennc  du  Nord  de  In  Frnnre).  Amiens,  1877,  imp.  Del- 
lattre-Lenoël,  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

Contribution  à  la  faune  locale  {Bulletin  de  In  Société  linnéenne  du  nord  do 

la  France,  n"  76,  1"  octobre  1878).  L'auteur. 

Température  maxima  que  peuvent  supporter  les  poissons  rouges  {Bulletin 

de  la  Société  linnéenne  du  nord  de  la  France,  n°  10,  l*^''  avril  1873). 

L'auteur. 

Etudes   de  pisciculture  {Bulletin  de  la  Société   linnéemie  du  nord  de  la 

France,n°  108,  l'^'"  juin  1880).  L'auteur. 

—  Hybrides  du  Télescope  et  du  poisson  rouj^e  {Bulletin  de  la  Société  lin- 
néenne, n"  98,  V  août  1880.  L'auteur. 

Leroy.  —  La  Perruche  ondulée.  2=  édition.  L'auteur. 

Lescuyer  (P.).  —  Considérations  sur  la  forme  et  la  coloration  des  oiseaux. 
Reims,  imp.  Coopérative,  1883,  1  broch    in-8.  L'auteur. 

Leybardte  (de).  —  Travaux  de  submersion  par  M.  de  Leybardie  (extrait  du 
Compte-rendu  général  du  Congrès  international  phyllcxérique).  Bordeaux, 
1882,  Ferat  et  fils,  éditeurs,  I  broch.  in-8. 

Lezzani  (marquis  de).  —  Description  des  produits  du  lac  de  Castei-Gandolfo  et 
de  ses  dépendances,  in-8.  L'auteur. 

LiCHTENSTEiN  (F.).  —  De  l'évolution  biologique  des  pucerons  en  général  et  du 

^^   phylloxéra  en  particulier.  Paris-Bordeaux,  librairie Vlnicole,  1883,1  broch. 

ijj.48_  L'auteur. 

LoxQiÉTY  aîné  (E.).  —  Chambre  de  commerce  de  Boulogne-sur-Mer.  Pri- 
mes d'encouragement  à  la  bonne  préparation  du  hareng  de  la  première 
pèche  au  Doggor-Bank.  Distribution  solennelle  de  ces  primes,  le  27  décem- 
bre 1882.  Procès-verbal.  Boulogne-sur-Mer,  typographie  N.  Berr,  1883, 
1  broch,  in-8.  L'auteur. 

MASLiEURAT-LAGÉMARn  (le  doctcur).  —  Pisciculture.  Rapport  lu  au  conseil 
général  delà  Creuse  à  la  séance  du  17  août  1880,  Paris,  imp.  Ed.  Roussel, 
26  rue  Cadet,  1880,  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

Ministère  de  la  Marine,  —  Instruction  pour  MM.  les  officiers  de  la  marine 

■  qui  voudraient  faire  des  collections  d'histoire  naturelle  destinées  au  Muséum 
(le  Paris.    Paris,    1882,  Berger-Levrault  et   C'^,  in-8. 

Ministère  de  la  Marine . 

MUELLER   (baron   Ferduiand  von).  —   Systematio  census  of  Australiau  plants. 

Melbourne,   1882,  1  vol.  grand  in-8.  L'auteur. 

Pierre.  —  Flore  de  la  Cochinchine.  Ministère  de  la  Marine. 

Pios-Fayet,  —  Simples  notions  sur  les  engrais   chimiques,  leur   préparation 

et  leur  emploi,  suivies  de  la   fabrication  à  la  ferme  du   superphosphate  de 

chaux.  Versailles,  1883,  imp.  E.  Aubert,  broch.  in-8. 

Pi.uMANDON  (.l.-A,).  —  Le  baromètre  appliqué  à  la  prévision  du  temps  on 
France  et  spécialement  dans  la  France  centrale.  2''  édition.  Paris,  1883, 
lib.  .T.  Michelet,  et  chez  l'auteur  à  Clermont-Ferrand,  1  vol.  in-18. 

L'auteur. 

Proceedings  of  the  American  forestry  congress  for  the  ycar  1882.  Washington, 
1883,  1  broch.  in-8. 

Rapport  du  jury  international  sur  l'Exposition  universelle  de  1878,  in-8. 

Ministère  de  l'Agriculture. 


748  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

\ 

RAVERET-WATTEL-e^tÛAiiTET.  —  Sur  la  reproduction  du  Saumon  de  Californie 

à  l'aquarium  du  Tr^^^'^él"''  (extrait  des  Comptes  rendus  de  r Académie    des 

sciences).  1  brocli.  f^riind-in-S.  Les  auteurs. 

Résultats  statistiques  du   dénombrement  de  1881.   France  et  Algérie,  Paris, 

Imp.  Nationale,  1  vol.  grand  in-8.     .  Ministère  du  Commerce. 

Reynard  (J.).  —  Restauration  des  forêts  et  des  pâturages  du  sud  de  l'Algérie, 

avec  une  carte.  Alger.  1880,  typ.  Adolphe  Jourdan,  1  broch,  in-8. 

L'auteur. 

—  La  question  forestière  en  Algérie,  conférence  faite  au  théâtre  national  d^Al- 
ger.  Al^^er,  imp.  Casabianca,  1882,  1  broch.  iu-8. 

Ligue  du  reboisement. 

RocHEMAcÉ  (de  la).  —  Des  effets  du  drainage  breton.  Nantes,  imp.  Bourgeois, 
1881,  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

—  Aménagement  cultural  des  eaux  pluviales.  Réductibilité  agricole  des 
inondations.  Nantes,  imp.  Bourgeois,  1882,  1   broch.  grand  in-8. 

L'auteur. 

,RoMANET  mi  Caili,aud.  —  Les  produits  du  Tong-King  et  des  pays  limitrophes 

(extrait  du  Brdletin  de  la   Société  de  géographie    commerciale   de  Paris). 

Ciiallamelaîné,  lib.  éditeur.  Paris,  1882,  1  broch.  in-8.  L'auteur. 

RoMLiLiTS  Dezernon.  —  Notes  sur  la  vigne  en  chaintres,  en  Algérie.  Conslan- 

tine,  imp.  et  lib.  Beaumont,  1880,  1  broch.  in-l2.  ',L'auteur. 

—  Bctes  à  cornes  et  fourrages  de  Gonstantine.  Gonstantine,  typ.  L.  Arnolet, 
Ad.  Braham,  successeur,  1881,  1  broch.  in-12.  L'auteur. 

Russ  (docteur Karl). — Die  fremdlilndischen  Stubenvôgel,  ihrc  Naturgeschichte, 
Pflege  und  Zucht.  Magdeburg,  1883,  in-8.  L'auteur 

ScHOMANN-RosTOCK.  —  Die  Brieftaube.  1883,  1  vol.  in-8,  figures. 

M.  La  Perre  de  Roo. 

ScHOMBURGK  (R.).  —  Rcport  on  the  progress  and  condition  of  the  botanic 
garden  and  goverument  plantations,  during  the  year  1882.  Adélaïde,  1883, 
broch.  in-4,  planche.  L'auteur. 

Shtrley  Hibbekd.  —  Les  Roses  du  xix^  siècle,  catalogue  annoté  des  Roses  hor- 
ticoles mises  en  culture  pendant  les  cinquante  dernières  années  (extrait 
du  Bulletin  de  la  Fédération  des  Sociétés  d'horticulture  de  Belgique),  1881, 
Liège,  Boverie,  n"  1,  1882,  1  broch.  in-8. 

SiCARD  (le  docteur  A.).  —  Etudes  sur  l'huile  antiphylloxérique  Alexis  Roux. 
Marseille,  1883,  chez  Camoin,  libraire,  1  vol.  avec  dix  photogravures. 

L'auteur. 

Szretter.  —  Conférence  sur  la  culture  des  eaux  en  Pologne.  Résumé  ana- 
lytique. Bulletin  littéraire  scientifique  de  l' Association  des  anciens  élèves  de 
l'Ecole  polojiaise,  n"  m,  IS83.  M.  Girdwoyn. 

Tassy.  —  Service  forestier  de  l'Algérie.  Rapport  adressé  à  M.  le  gouverneur 
de  l'Algérie.  Paris,  typ.  A.    Hennuyer,  1    broch.   in-8. 

Ligue  du  reboisement. 

Taylor  (William).  —  Les  vignes  de  Longleal,  traité  pratique  de  la  culture 
des  vignes  en  serr^.  Traduit  en  français  par  M.  H.  Fonsny  (extrait  du  Bul- 
letin de  la  Fédération  des  Sociétés  d  horticulture  de  Belgique,  1881).  Liège, 
Boverie.  1,  1883,  in-8.  M.  Morren, 

Tisserand.  —  Rapport  sur  la  brochure  de  M.  Vérot  :  Arboriculture  forestière 
mise  à  la  portée  de  tous,  in-8.  Ligue  du  reboisement. 

Torelli  (le  comte  Louis).  —  La  Malaria  d'Itulia.  L'auteur. 


OUVRAGES   OFFERTS   A   LA   SOCIÉTÉ.  T^O 

TcHiHATCHEFF  (P.  de).  —  TliG  descrts  of  Africa  and  Asia,  Read  at  the  Meeting 
of  the  Rritish  Association  for  the  advancement  of  science  at  Southampthon, 
23  rd,  August.,  1882.  L'auteur, 

TouRASSE.  —  Serais  d'arbres  fruitiers.  Pau,  imp.  Veronèse,  grand  in-8. 

L'auteur. 

Triana.  —  Le  Quinquina  cuprca  (extrait  du  Journal  de  pJiarmacie  et  de  chi- 
mie, 1882,  1  brocli.  in-8.  L'auleur. 

VÉROT  (Félix).  —  L'arboriculture  forestière  mise  à  la  portée  de  tous.  Alger 
docks  de  l'imprimerie,  1882,  1  broch.  in-8.  Ligue  du  reboisement. 

Wailly.  —  Rritish  versus  europan  kpiiloptera.  Wliatis  a  Rritish  suliject? 
(reprintcd  forin  «  Land  and  Water  »  march.  10,  1883).  L^auteur. 

—  Silk  producing  bombyces  reared  in  1882  (reprintcd  froui  the  «  Journal  of 
the  Society  of  arts  » ,  1  broch.  ia-8).  L'auteur, 

Waulstedt  (L.-S.).  —  Catalogue  de  la  collection  des  semences  suédoises,  à 
l'Exposition  internationale  d'Amsterdam.  Lund,  1883,  imp.  F,  Rerling, 
1  vol.  in-8.  L'auteur. 

Warming  (Eugène).  —  Une  excursion  aux  montagnes  du  Rrésil,  esquisse  de 
voyage.  Liège,  Roverie  1,  1883,  broch.  in-8.  M.  Morren, 

WoLBOCK  (vicomte  de).  —  Raie  de  Quiberon.  Etablissements  ostréicoles  de 
Kerc.ido-Carnac.  Mémoire  adressé  à  la  commission  d'ostréiculture  et  au 
jury  du  concours  régional  de  Vannes  (mai  1883).  Lorient,  1883,  imp. 
Louis  Chamaillard,  1  broch.  ia-8.  L'auteur. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS 

MENTIONNÉS   DANS    CE   VOLUME, 


Alligné.  Bambous,  175. 

Anonyme.  Colombes  voyageuses,  685. 

Armand  (L.).  Naturalisation  de  végé- 
taux en  Nouvelle-Calédonie,  684. 

Arnaud-Bey  (le  colonel  d').  Sur  la 
Raniie,  166. 

Auuap.  Poule  nègre,  616. 

Bâillon.   Rhubarbe  hybride,  724. 

Baird  (Spencer  F.).  Pisciculture,  108. 

Baltet  (Charles).  Rhamnus  utilis,bO. 

—  Mission  française  au  capHorn,  115. 
Banmever.   Pisciculture,  173. 

—  Sectioits.  Procès-verbaux  :  Séance 
du  21  mars  1883,  273. 

Baron  (Raoul).  Dislributinn  géogra- 
phique des  animaux,  xxxvu. 

Barras.   Pisciculture,  721. 

Barrau  de  Muratel  (de).  Société  pro- 
tectrice de  Blan,  119 . 

—  Bardane  du  Japon,  181. 

—  Cultures,  200. 

—  Pickles,  279. 

—  Elevage  des  Poulets,  361. 

Bartet  et  Raveret-Wattel.  Repro- 
duction du  Saumon  de  Californie  à 
l'Aquarium  du  Trocadéro,  205. 

Barzin.  Cultures  en  Algérie,  724. 

Beauchaine.  Poire  Mademoiselle  So- 
lange d'iray,  118. 

Behr  (de).  La  Balsamine  géante  comme 
plante  mellifère,  63. 

—  Pisciculture,  48,  52,  109. 
Bérenger.   Acclimatation  du  Nandou 

en  France,  1,  474. 
Bernard-Talhandier.      Pisciculture , 

722. 
Bernay.  Vignes  de  Perse,  64. 
Bertin.  La  Ramie,  327. 
Bertoni  (Moïse).  Le  Noisetier  {Corylus 

Avellana),  282. 
BoMPAR    (M""=   de).     Destruction    du 

Phylloxéra,  126. 
BoscHi.  La  Ramie,  327. 
BoucHAUD  DE  BussY  (comtc  de).  Bam- 
bous et  Charnœrops  excehu,  174. 
BoucHEREAUx.    lucubaliou    artificielle 

d'œufs  de  Casoar,  203. 
BouLEY  (Henri).  Discours  d'ouverture, 

XV,  716. 


BoULEY  (H.).  —  Pelotlcs    stercoraires 
du  Lapin,  45. 

—  Destruction    des    Criquets   voya- 
geurs, 114, 

—  Décès  de  M.  le  baron  Jules  Glo- 
quet,  164. 

—  Farine  de  Coco\ier,  179. 

—  CliarbL)n  et  vaccination,  357. 
EoriAN    (Louis).    Le    Phylloxéra    en 

Austr.ilie,  moyens  employés  pour  le 

combattre,  35. 
BiîiERRE.  Siu-  les  Chevrctics,  354. 
Brisay    (marquis   de).    Éducation    de 

Perruches  érytbroptères,  397. 
Carpentier    (Léon).    Établissement  de 

pisciculture   de   M.  Alph.    Lefèvre, 

46. 
Carvallo.  Culture  du  Riz,  269. 
Causans    (vicomte   de).   Pisciculture, 

117. 
Cazenove    (Raoul  de).    Cultures    di- 
verses, 49. 
Chappellier.    Destruction     des    Vers 

blancs,  366. 
CiiASSAGNH  (de  la).  Pliylloxcra,   169. 
Cloquet.  Attacus  Perniji,  256. 

— ■  Soija  Idspida,  257. 
Clos  (le  D"').  Acclimatation  du  Nandou 

en  France,  3,  473. 
CoiGNARi».  Céréop^es,  261. 
Colombier.  Acclimatation  en  Gochin- 

chine,  41. 
Comité    central    d'exposition   de    la 

RÉUNION.  Accliaialation  dans  la  co- 
lonie, 42. 
— •  Maladie  du  Café,  249. 

—  Extraction  des  fibres  textiles,  249. 

—  Arbres  à  Caoutchouc,  250. 

—  Chapeaux  de  Panama,  250. 
CoNFÉVRON  (de).  Mœurs  des  Cigales  et 

des  Sphcx,  126. 

—  Vigne  et  Phylloxéra,  188. 

—  Loi  sur  lâchasse,  252,471. 

—  Arbres  fruitiers,  260. 

—  Pourriture  des  Pommes  de  terre, 
267. 

—  Sur  les  Luzernes,  267. 

—  Arrivée    des   Oiseaux  de  passage, 
353. 


TABLE   ALPHABÉTIQUE   DES   xVUTEURS. 


751 


CoRFÉvRox(De).  Surl'eaude  mer, 477. 
CoRNÉLY  (J.)-  Sur  le  Porcula  Salviani, 

471. 
CossoN  (D'').    Sur   le   curage  à  franc 

bord,  263. 

—  Riimie,  348. 

CouTASCE  (A.).  Action  biologique   des 

sels  do  l'cMU  de  mer,  98. 
Croq.  Perdrix  rouye,  52. 
Dareste.   Monstruosités,  59,  60,  176, 

178,  182,  248. 

—  Eludes  expérimentales  sur  l'incu- 
bation, 137. 

—  Sur  l'incubation  d'œufs  de  Casoar, 

262. 
Daitreville.    Poudre    toni-nutritive, 

183. 
Decroix.   Destruction  des  Sauterelles, 

113,  114. 

—  ei  Grisard  (Jules).  Sur  le  Noyer 
Pacanier  et  autres  Noyers  améri- 
cains, 751. 

—  Sur  la  farine  de  Cocotier,  178, 
573. 

Delalasde  (Jules).  Canja  olivwformis, 
176. 

Delannoy  (Jules).  Perdrix  grises  et  vo- 
lailles de  Langslian,  477. 

Delaurier  aîné.  ÉduLations  d'Oiseaux 
exotiques,  251,  689. 

Delgrange.  Goura  coronatn^  108. 

—  Piïciculture,  110. 
Després.  Piscicul  ure,  165. 
Directeur  de   l'École  d'Agriculture 

de  Grignox.  Sériciculture,  723. 
Directeur  du   Jardin   Zoologique   de 
Marseille.  Cultures  de  Soya  et  de 
Riz  sec,  56. 

—  Reproduction  des  Euplocomus  eryp- 
throphtalmus ,  476. 

DoucHY.  Essai  d'acclimatation  del'..!^- 

tacus  Pernyi,  703. 
Dufort  (Aimé).  Bibliographie.  —  A'o- 

tices  et  analyses. 

—  De  l'action  du  froid  sur- les  végé- 
taux, par  M.  Cb.  Baltet,  206. 

—  La  Cbasse  par  Giraudeau,  Lelièvre 
et  Soudée,  207. 

—  Culture  et  exploitatiou  des  arbres, 
par  Antonio  Roussel,  622. 

—  Le  Baromètre  appliqué  à  la  pré\i- 
sioa  du  temps,  parJ.-R.  Plumandon, 
367. 

—  La  Pèclie  à  toutes  les  ligues,  pur 
Jobn  Fiscber,  686. 


Dufort.  Publications  nouvelles,  208, 

(324,  688. 
Dyrowski  (Jean).  Sur  la   Bardane  du 

Japon,  178,  445. 
■ —  Eldïs  Guiueensis,  179. 
Dybowski  (Xav.).  Albinisme,  195. 

—  Sections.  Procès-verban.x  : 
Séance  du  23  janvier  1883,  125. 

—  27  février,  198. 

3  avril,  276. 

—  l^i'  mai,  362. 
EsTERNO  (vicomte  d').  Irrigations,  190. 

—  Sections.  Procès-verbaux: 
Séance  du  13  mars  1883,  361. 

Evrard  (le  R.  P.).  Envoi  d'Érables  du 

Japon,  356. 
Fallou.    Attacus   Pernyi,    127,    266, 

363. 

—  Observations  sur  un  Lépidoptère 
hétérocère  séricigène,  318. 

—  Sur  une  éducation  de  V Attacus 
Pernyi  faite  dans  la  forêt  de  Sénart, 
552. 

Favs  (de).  Épcronniers  chinquis,  261. 
Fiennes  (d  ■).  Destruction  des  Loutres, 

196,  433. 
Fleury.  Cultures,  618. 

—  Volailles  Dorking,  261. 
FoRNtT.  Incubation,  59. 

—  Monstruosités,  59. 

Garnot.  Canard  du  Labrador,  44. 
Gauthier.    Sur  !■   Ki/  de   montagne, 

558. 
Gautier  (Jules).  Rapport  au   nom   de 

la  Commission  de  la  chasse,  129. 

—  Enquête  sur  la  Chèvre,  209,  360. 

—  Sections.  Prorès-verbaux  : 
Séance  du  13  février  1833,  193. 

—  21      —      196. 

—  13  mars,    273. 

—  17  avrU,    360. 
Gentil  (Amb.).  Note  sur  la  présence 

de   la   Grémille   commune  dans   la 
Sartlie,  557. 

—  Saumon  de  Californie,  721. 
Geoffroy    Saint  -  Hilaire.    Dépôt  de 

documents,  57,  118. 

—  Dépôt  de  graines,  118. 

—  Eucalyptus,  58. 

—  Criquets  et  Hanneton.%  114. 

—  Croisements,  119. 

—  Farine  de  Cocotier,  179. 

—  Cerfs-Cochons  et  autres,  193. 

—  Sur  les  importations  d'animaux  de 
M.  Jamracli,  268. 


752 


SOCIETE   NATIONALE  D  ACCLIMATATION. 


Geoffroy  Sai>'T-Hilaire.  Sur  le  Por- 
cula  Salviani,  268. 

—  Observations  sur  l'incubation  arti- 
ficielle, 361. 

—  Raniie,  343,  348. 

—  Rhubarbe  hybride,  72/i. 

—  Situation  tinancière  du  Jardin 
zoolo^iqiie  d'Acclimatation,  729. 

Gilbert  (A.).  Balsamine  géante,  712. 
Girard  (Maurice).   Criquet  voyageur, 
lU. 

—  Phylloxéra,  126,  198,  276. 

—  Trombidion,  126. 

—  Reproduciioii  du  Ouistiti,  270. 

—  Conférences  sur  le  Phylloxéra,  276. 

—  Appareils  lumineux  pour  capturer 
les  insectes,  359. 

—  Éléments  de  Zoologie,  par  le  doc- 
teur Henri  Sicard,  Notice  biblio- 
grapJdque,  483. 

uNECCHi  (Giuseppe).  Sur  la  Téosiulé, 
167. 

GooDE  (G.  Brown).  Sur  la  reproduc- 
tion artificielle  des  Huîtres,  710. 

GoBRV-BouTEAU.  Oiscaux  migrateurs, 
709. 

Gouverneur  de  la  Gochinchine.  Accli- 
niatation  dans  la  colonie,  41. 

Gouverneur  de  la  Nouvelle-Calédonie. 
Acclimatation  dans  la  colonie,  354. 

Grisard  (Jules).  Le  Colin  de  Virginie, 61. 

—  et  Decroix.  Sur  le  Noyer  Pacanier 
et  autres  Noyers  américains,  157. 

—  Arbres  à  Caoutchouc,  277,  304. 

—  Curludovica  palmata,  21%. 

—  Séances  générales.  Procès-verbaux  : 

Séance  du  27  avril  1883,  264. 

—  11  mai,  352. 

—  8  juin,   423. 

—  Conseils.  Procès-verbaux  : 

Séance  du  20  juillet  1883,  468. 

—  7   septembre,  614, 

—  30  novembre,  708. 

—  Sections.  Procès-verbaux  : 

Séance  du  30  janvier  1883,  127. 

—  6  mars,  200. 

—  10  avril,  277. 

—  8  mai,  363. 
Halloy  (Léon  d').  Pisciculture,  186, 
Hedde  (Auguste),  Pisciculture,  110. 
HÉDiARD.  Montée  d'Anguilles,  168. 

—  Farine  et  autres  produits  tirés 
du  Cocotier,  178,  179. 

—  Ignames,  180. 

—  Végétaux  divers,  201,  280. 


HÉDIARD.  Écrevisse,  273. 

—  Pisciculture,  275. 

Hervey  de  Saint-Denvs  (marquis  d'). 

Talégalie,  184. 
Hignet.  Sériciculture,  54,   IH,   165. 
Hlet.  Note  sur  les  naissances,  dons 

et   acquisitions   du    Muséum,    95, 

323,  609. 
Hlin.   Gelées  printanièrcs,  356. 

—  Éducation  de  l'hybride  dcuAttacus 
Rojjlei  elPernijij  et  d'Actias  selene, 
463. 

Ingénieur  des  ponts  et  chaussées  à 
Guéret.  Salmo  namaycusJi,  266. 

Jacquemart  (Ad.).  Saumon  de  Cali- 
fornie, 108. 

Jacquemix  (F.).  Haies  fruitières,  189. 

Jamracu  (William).  Animaux  exoti- 
ques, 717. 

Jeanxel  (le  D--).  Cultures  020,  621. 

JoLY.  Jugluns  nigra,  725. 

JouRDAN.  Volailles  de  Langshan,  52. 

Julien.  Canard  du  Labrador,  108. 

—  Pisciculture,  353. 
Kiexer.  Cobaye,  116,  184. 

La  Perre  de  Roo.  Monographie  des 
Pigeons  domestiques,  118. 

Lagraxge.  Faisan  doré,  614. 

Lataste.  Sur  l'acclimatation  et  la  do- 
mestication du  Dipodillus  Simoni 
Lat.,  369. 

Latour-Marliac.  Bambous,  56. 

Lavenère.  Notes  sur  l'élevage  des  Au- 
truches dans  l'Afrique  australe,  450. 

Lefebvre  (Alph.).  Omble  hermaphro- 
dite, 722. 

Lefebvre.  Cheptel  de  Pigeons  bou- 
lants, 185. 

Le  Pelletier.  Cerfs-Cochons,  618. 

Leroy  (Abel).  Repeuplement  des  cours 
d'eau,  187,  426. 

Leroy  (Ernest).  Sur  la  Perdrix  per- 
cheuseduBoutan,184,251,424,497. 

Lespinasse.  Farine  de  Cocotier,  181. 

—  Monstruosités,  182. 

Ligue  du  reboisement  en  Algérie.  Sur 

ses  travaux,  42. 
Lorgeril   (comte  de).    Araucaria    et 

Séquoia^  355. 

—  Destruction  du  Puceron  lanigère  et 
du  Phylloxéra,  428. 

Louis.  Établissement  de    pisciculture 

de  Gouville,  53. 
Mairet  (A.).  Aviculture,  171. 
Maisonseuve.  Paddas,  261. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


753 


Maisonnecve.  Nourriture  artificielle 
pour  oiseaux  de  luxe,  265. 

Martial.  Pisciculture,  173. 

Maslieurat  -  Lagé  MARD.  Pisciculturc, 
616. 

MASSON(A.).V'égétaux  du  Canada,  11 2. 

Masson  (N.).  Cobaye,  116,  360. 

Mathey.  Cheptel  de  volailles  Dorking, 
185. 

—  Cultures,  619,  713. 

MÉNAHD  (Saint-Yves).  Fait  curieux  de 
lactation  prolongée,  50. 

—  Appareil  pour  le  soufrage  des  Vi- 
gnes, 169. 

—  Origine  de  certaines  races,  177, 
182. 

—  Tourteaux  de  Cocotier,  179. 

—  Enquête  sur  la  Chèvre,  19^. 

—  Albinisme,  195. 

—  Incubation  d'œufs  de  Casoar,  262. 

—  Gelées  printanières,  357. 

—  Sur  le  Porcula  Salvia/ii,  359. 
Mène  (le  D'' Edouard).  Des  productions 

végétales  du  Japon,  68,  û02,   579. 

Mercier  (L.  ).  Acclimatation  du  Nan- 
dou en  France,  5. 

Merlato  (Lucien).  La  viande  d'Autru- 
che au  point  de  vue  alimentaire,  8. 

—  Chaleur  développée  par  l'embryon 
pendant  l'incubation,  11. 

—  Incubation  artificielle  des  œufs 
d'Autruche,  251,  266. 

MiCHON.  Raniie,  337,  343,  349. 
Millet.  Monstruosités,  58,  113. 

—  Destruction  des  Sauterelles,  113. 

—  Rogne  de  Criquets,  114. 

—  Nourriture  des  Becs-Fins,  114. 

—  Sur  une  nouvelle  Perdrix  grise, 
122. 

—  Maladies  des  Écrevissts,  124,728. 

—  Happort  de  la  Commission  de  la 
Chasse,  181. 

—  Irrigations,  190. 

^  Des  riiction  de  la  Loutre,  197. 

—  Échelles  à  Saumons,  198. 

—  Mcdidie  des  Pommes  déterre,  201. 

—  PlantutidU  des  routes,  202. 

—  Réserves  à  Poissons,  263. 

—  Surveillance  des  rivières,  274. 

—  Montée  d'Anguilles,  358. 

—  Desiruction  des  Hannetons,  358, 
365. 

Ministre  d^s  Tfasanx  pui)lics.  Envois 
d'œufs  de  Poisson  laits  par  la  So- 
ciété, 171. 


MoNTLEzux  (comte  de).  Notes  sur  le 

Canard  Casarka,  65. 
MoREAU  (D"^  H.).     Observations   sur 

l'hygiène    des  basses-cours   et  des 

volières,  438. 

—  Viticulture,  725. 

MuizoN  (Maurice  de).  Canard  du  La- 
brador, 44. 

Nardy.  Floraison  du  Dasylirion  Ion- 
gifolium^  4'81. 

Naudin.  Cultures  à  essayer  à  Ouargla, 
43. 

—  Quelques  mots  au  sujet  des  Chéno- 
podées  d'Australie,  678. 

—  Eucalyptus  et  Cytisus,  682. 
Nelson-Pautier,  Résistance  vitale  du 

Lapin,  45. 
Neukomm.  Chèvres  et  Bouquetins,  431. 
Noordhoeck-Hegt.  Pisciculture,  428, 

616. 
Orban  (Albert).  Arrivée  des   Oiseaux 

de  passage,  164. 
OuNOus  (Léo  d').  Cultures,  711. 
Paillieux.  Culture    expérimentale   de 

plantes  chinoises,  21. 

—  Nouvelle  composition  de  Pickles. 
235,  279. 

—  Sur  le  Daikon,  279. 

—  Plantes  diverses,  364. 

—  Vers  blancs,  366. 
Patard-Chatelain.  Lapin  angora,  709. 
Pavie  (Théodore).  Sur  les  Oiseaux  mi- 
grateurs, 425. 

—  Tortue  terrestre,  426. 

—  Remarques  sur  le  Pacanier  et  le 
Caiya,  429. 

Pays-Mellier.  Acclimatation  du  Nan- 
dou en  France,  3. 

—  Reproduction  du  Singe  Ouistiti  et 
du  Porc-Épic,  265. 

Perny  (M9'').  Vers  à  soie   du   Chêne, 

111. 
Pebrin    (Gustave).     Pisciculture    en 

Chine,  721. 
Persin.  Cerfs-Cochons,  183. 
Pkan\enschmid.  Nourriture  artificielle 

pour  les  Oiseaux,  195. 
Prlns  (>e  marqi.is  de).  Admission  de 

la  Clièvre  dans  les  concours,  42. 

—  Albinisme,  195. 

Rabé  (DM.  Oies  d'Egyp'é,  252. 
Rathelot.  Pisciculture,  165. 
Raveret- Wattel.     Pisciculture,    48, 
50,  168,   173. 

—  Sur  le  Sandre,  48. 


3"  SÉRIE,  t.  N.  —  Décembre  1883. 


-18 


754 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


Raveret-Wattel.  Sur  le  Salmo  Car- 
pio  et  rOmble-Chevalier,  53. 

—  Dépôt  de  documents,  57,  167. 

—  Eucalyptus,  57. 

—  Cirichona,  58. 

—  Sur  les  Coregonus  marœna  et  al- 
bula,  109. 

—  Monstruosilés,  113. 

—  Utilisation  des  Criquets  voyageurs, 
113. 

—  Saumon  de  Californie,  124. 

—  Maladie  des  Ecrevisses,  125. 

—  et  Bartet.  Reproduction  du  Sau- 
mon de  Californie  à  l'Aquarium  du 
Trocadéro,  205. 

—  Les  irrigations  au  point  de  vue  de 
la  conservation  du  Poisson,  231. 

—  Echelles  à  Saumons,  197,274. 

—  L'Etablissement  de  pisciculture 
d'Ettelbruck,  695. 

—  Nourriture  pour  jeunesalevins, 275. 

—  Saumon,  617. 

—  Rapport  sur  la  situation  de  la  pis- 
ciculture à  l'étranger,  289,  508, 
638. 

—  Séances  générales. 
Procès-verbaux  : 

Séance    du     5  janvier,  40. 

—  •        19       —       50. 

—  2  février,  107, 

—  16  115. 

—  2  mars,     163. 

—  16       —      170. 

—  30       —      181. 

—  13   avril,      247. 

—  25  mai       xv-xviii. 

—  7  décembre,  716. 
Régisseur  de  l'Etablissement  de   pisci- 
culture de  Bouzey,  110,  186. 

Renard  (Ed.).   Essais  de    culture    du 

Riz,  269. 
Renaut.  La  Ramie,  327. 
Renouahd  (Ch.).  Pisciculture,  173. 
Reynal  (L.).  Sur  l'Oïdium,  478. 
RivoiRON.  Pisciculture,  427,  710. 
Rochemacé  (de  la).  Chêne  à  feuillaison 

précoce,  267. 

—  Chèvre  des  iles  Wallis,  469. 


Rogeron.  Sur  le  Cygne  de  Bewick, 
116,  220. 

—  Croisements  de  Canards,  569,  717. 
RoMANET    DU    Caillaud.    Vigues   chi- 
noises, 259,  711. 

Saint-Quentin  (de).  Cultures,  259. 

Sanford.  Sur  le  Pacanier,  49,  118. 

Selys-Longchamps  (baron  de).  Repeu- 
plenipnt  des  cours  d'eau  en  Bel- 
gique, 143. 

Sémallé  (René  de).  Chat  monstrueux, 
182. 

—  Pisciculture,  190. 

SicARD  (le  D""  A.).  Pisciculture,  720. 

Simon  (M""^  veuve).  Attacus  Pernyi, 
174. 

Société  Linnéenne  du  Nord  de  la 
France.  Pisciculture,  46. 

Sturne  (Gustave).  Couveuses  artifi- 
cielles, 122. 

—  Sections.   Procès-verbaux  : 
Séance  du     9  janvier  1883,  122. 

—     du   13  février,  194. 
Tardieu  (D"-).  Ramie,  356,  726. 
Théry    (André).    Sur    la    Chèvre    du 

Thibet,  470. 
Valéry-Mayet.  Saumon  de  Californie, 

723. 
Vallières  (des).  Pisciculture,  426. 
Vauvert  de  Méan   (A.).    Culture  des 

Eucalyptus  en  Californie,  286. 
Vavin  (Eug.).  Sur  la  rage,  50. 

—  Végétaux  divers,  117. 

—  Maladie  des  Pommes  de  terre,  270. 
— •  Sur  le  Pliy salis  edulis,  278. 
Vidal  (Léon).  Sections.  Procès-verbal 

du  16  janvier,  123. 
Vigour.  Lophophores,  719. 
Wailly  (Alf  ).  Vers  à  soie,  258. 

—  Educations  de  Bombyciens  sérici- 
gènes  faites  à  Londres  en  1882, 
625. 

Weil.    Euplocomui   erythrophtalmus, 

476. 
WoLBOCK  (vicomte  de).   Ostréiculture, 

188. 
Xambeu.    Volailles  de  la  Campine,  712. 


fin   de   L\  TARLE  ALPHABKTIyUE    DES  AUTEURS. 


INDEX  ALPHABÉTIQUE  DES  ANIMAUX 


MENTIONNES   DANS   CE   VOLUME. 


Actias  luna,  631-632. 

—  selene,  466. 
Anguille,  168,  358. 

Animaux,  xxxvilvi,  95-97,  176-178, 
268-269,  323-326,  359,  472-473, 
483-496,  609-613,  717. 

Antherœa  Frithii,  318-322. 

Antilope,  323. 

Attacus  Cynthia,  voy.  Ver  à  soie  de 
l'Ailanie. 

—  Pernyi,  voy.  Ver  à  soie  du  Chêne 
de  Chine. 

—  Roylei,  463-466,  629-630,  632- 
637. 

Autruche,  8-20,  251,  263,  362,  450- 

462. 
Bœuf,  182. 
Bouquetin,  431-432. 
Canard,     44-45,     65-67,    108,    119, 

569-572,  717-719. 
Carpe,  190. 

Casoar,  176,  203-204,  262,  362. 
Géréopse,  261. 
Gerf-Cochou,     183-184,     193-194, 

618. 
Chèvre,   42-43,   194,   209-219,  360, 

431-432,469-471. 
Chevrette,  354. 
Cigale,  126. 

Circula  trifenestratcl^  630. 
Cobaye,  116,  121,  184. 
Cochon  d'Inde,  voy.  Cobaye. 
Colin  de  Virginie,  61. 
Colombe,  685,  693. 
Co7-eyonus,  109-110,  117. 
Criquet  voyageur,  113-114. 
Cygne  de  Bewick,  116,  220-230. 
Dipodillus  Simnni,  369-396. 
Ecrevisse,  124-125,  273,  728. 
Epcrlan,  47. 
Eperonnier,  261 . 
Euploconms,  476-477,611. 
Faisan,  172,  438-444,  615-616,  691. 
Gerboise,  194. 


Gnou,  95-96. 

Goura,  108,  171-172. 

Grémille,  557-558. 

Hanneton,  114,  358-359,  365-366, 

Huître,  710. 

Insectes,  359. 

Kob,  96. 

Lapin,  45-46,  709. 

Lophophore,  689-690,  719. 

Loup,  472. 

Loutre,  196-197,  433-437. 

Macropode,  47. 

Mollusques,  101-105. 

Nandou,  1-7,  473-476. 

Oies,  252,  325. 

Oiseaux,  120, 122, 137-142, 164, 195, 
248,  251-252,  262-263,  265-266, 
268,  325-326,  353, 361-362,  425- 
426,  438-444,  611-613,  694,  709. 

Omble-Chevalier,  46-47,  53,  54,  722. 

Padda,  261-262. 

l'alourde,  101-105. 

Perdrix,  52,  122-123,  184-185,  251, 
268,  424-425,  477,  497-507. 

Perruche,  397-401,  691-693. 

Phylloxéra,  35-39,  126,  169,  188- 
189,  198-199,  276-277,  429. 

Pigeon,  118-119,  185-186. 

Pintade  vulturine,  690. 

Poissons  (Pisciculture),  46,  48,  50  52 
54,  58-59,  108,  109,  ll'o  113' 
117,143-156,  165,  168,l7l',  173- 
174,  186-188,  190,  231-234,  263- 
264,  273-276,  289-317,  353,  354, 
426-428,  508-551,  616-618,  638-^ 
677,  686-688,  695-702,  710-711 
720-721,  721-722. 

Porc-cpic,  265. 

Porcula  Salviani,  268-269,  359,  471 . 

Poule,  voy.  Volailles. 

Poule  nègre,  616. 

Puceron  lanigère,  428. 

Rat,  116,  184,  360. 

Sandre,  48-49. 


756 


SOCIETE   NATIONALE  D  ACCLIMATATION. 


Saumon,  47,  54,  108,  123124,  165, 
168,  197-198,205,  266,  274,  426- 
428,  616-618,  721,  723. 

Sauterelle,  113,  114. 

Singe  Ouistiti,  265,  270,  360. 

Sphex,  126. 

Talégalle,  184,  611-612. 

Telea  polyphemus,  631. 

Tortues,  426. 

Tragopan,  690-691. 

Trombidion,  126. 

Truite,  47,  53,  54. 

Vache,  50, 


Venus,  101-105. 

Vers  à  soie,  55-50,  258,  625-637. 

Ver  à  soie  de  l'Allante,  54-55,  111- 

112. 
Ver  à  soie  du  Chêne  de  Chine,  54-55, 

111,  112,  127,  165-166,174,256- 

257,  266-267,  363,  463-466, 552- 

556,  632-637,  703-707. 
Ver  à  soie  du  Mûrier,  723. 
Vers  blancs,  366. 
Volailles{Coqs  et  Poules),  52, 59,  185, 

261,  361,  477,  616,712. 


FIN   DE  l'index  alphabétique  DES  ANIMAUX. 


INDEX  ALPHABÉTIQUE  DES  VÉGÉTAUX 


MENTIONNÉS   DANS  CE  VOLUME. 


Acacia,  621. 

Amomum,  242-244. 

Aralia,  21-22. 

Araucaria  imbricata,  355. 

Arbres  à  Caoutchouc,  250,  277-278, 

364. 
Arracacha  esculenta,   117-118. 
Balsamine  géante,  63,  167,  712. 
Banabou,  56,  174-175,175-176,  621. 
Bardane  du  Japon,  178,  181,  445- 

449. 
Benincasa  cérifère,  364. 
Broussonetia,  594-598. 
Café,  249. 

Capucine  tubéreuse,  244-246. 
Carabassette,  280. 
Carya  olivœfoiinis ,  voy.  Pacanier. 
Carludovica  palmata,  250,  278. 
Chamœrops,  175. 
Chêne,  267, 270. 
China  grass,  voy.  Ramie. 
Chénopodées,  678-681. 
Cinchona,  58. 

Cocotier,  178-180,  181,  573-578. 
Concombre,  26,  239-241,  280. 
Courge,  23. 

Cytisus  proliferus,  259,  682-683. 
Daikon,  279-280. 
Dasylirion  longifolium,  481-482. 
Dioscorea,  voy.  Igname. 
Etais  Guineensis,  179. 
Eleocharis,  22. 
Eiable,  356. 
Erylhronium,  86. 
Euralyptus,    57,  58,   286-288,  620- 

621,  682. 
—  rostrata,  57-58. 
Fève,  620. 
Figuier,  711-712. 
Fritillaria,  92-93. 
Funkia,  89-91. 
Hae-Téou,  713-714. 
Haricot  radié,  26-28. 


Hemerocallis,  87-89. 

Hibiscus  esculentus,  211 . 

Igname,  180. 

Impatiens,  63. 

Jugians  nigra,  620,  725. 

Kuzu,  28-31. 

Liane-torchon,  364. 

Lis,  68-94. 

Loza,  50. 

Luzerne,  267-268. 

Magnoliacées,  402-408. 

Malvacées,  409-421. 

Melateuca,  259. 

Menacées,  421-422. 

Ménispermées,  579-580. 

Melon,   23-26,    112-113,    280-281, 

713. 
Mimosa  scandent,  280. 
Miôga,  242-244,  365. 
Morées,  580-598. 
Moutarde,  31-32. 
Musacées,  598-600. 
Myricées,  601-602. 
Myrsinées,  602. 
Myrtacées,  603-604. 
Noisetier,  282-285. 
Noyer,  157-162. 
Nymphaeacées,  604-608. 
Oïdium,  478. 

Oignon  Catawissa,  235-239,  365. 
Orithya,^!. 

Ortie  de  Chine,  voy.  Ramie. 
Pacanier,  49, 118,  128, 157-162, 176, 

429-430. 
Pé-tsiiï  de  Mongolie,  33-34,  364. 
Phaseolus  7'a(liatus,  26-28. 
Pliysnlis  edulis,  278-279. 
—    Peruviana,  280,  364. 
Piment,  281. 
Poire,  118. 

Pommes  de  terre,  20) ,  267,270,619. 
l'suralea,  259. 
Pueraria,  28-31. 


758 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'ACCLIMATATION. 


Radis  du  Japon,  619-620. 

Ramie,  166,  327-351,  356,  726-727. 

Rhamnus  utilis,  50. 

Rhubarbe,  724. 

Riz,  56,  269,  558-560. 

Séquoia  giguntea,  355. 

Soya,  26,  49,  56-57,  257-258,  713- 

714. 
Spinovitis,  618-619. 
Stachys  affinis,  32-33, 246, 279, 365. 


Téosinté,  167. 

Topinambour,  112. 

Végétaux,  41,   43-44,   49-50,  68-94, 

128,  189,  200-202,  206,  249-250, 

260-261,279,  280,  365,  622-624, 

684-685. 
Vigne,  64,    169,  188-189,  198-199, 

259-260,  280,  356-357,  711,  724- 

725,  726. 


FIN  DE  LA  TABLE  ALPHABETIQUE  DES  VÉGÉTAUX. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


DOCUMENTS  RELATIFS  A  LA  SOCIETE. 

Or$;aiiisation  pour  l'année  tSAS. 

Conseil  d'administration 

Délégués  de  la  Société  en  France  et  à  l'étranger vu 

Commission  de  publication vu 

—  des  cheptels vu 

—  des  finances vu 

—  médicale viu 

—  permanente  des  récompenses vui 

Bureaux  des  sections vni 

Vingt-huitième   liste  supplémentaire  des  Membres ix 

VINGT-SIXIÈME  SÉANCE  PUBLIQUE  ANNUELLE 

DE    LA  SOCIÉTÉ   NATIONALE  D'ACCLIMATATION. 

Procès-verbal  de  la  vingt-sixième  séance  publique  annuelle,  tenue  le 

25  mai  1883,  dans  la  salle  du  théâtre  du  Vaudeville xv 

Prix  extraordinaires  encore  à.  décerner. 

Généralités xix-xx 

Prix  de  1000  francs  fondé  par  M.  Bérend xix 

—  perpétuel  fondé  par  feu  M"""  Guérineatj,  née  Delalande..  . .       xx 

—  fondé  par  feu  Agron  de  Germigny xx 

Première  sectton.  —  Mammifères xx-xxiii 

Prix  perpétuel  fondé  par  feu  M™*  Ad.  Dutrone,  née  Galot..  . .       xxi 

Deuxième  section.  —  Oiseaux xxiv-xxvi 

Troisième  section xxvii-xxx 

Reptiles xxvii 

Poissons XXVII 

Mollusques xxix 

Crustacés xxx 

Quatrième  section.  —  Insectes xxx-xxxii 

Sériciculture xxx 

Apiculture xxxii 

Cinquième  section.  —  Végétaux xxxii-xxxv 

Prix  fondé  par  M.  Godefrov-Lebeuf xxxiii 


760  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Discours  prononcés  à  la  séance. 

Raoul  Baron.  —  Sur  la  distribution  géograpliique  des  animaux xxxvi 

G.  Raveret-Wattel.  —  Rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  en  1882.       lvii 
A.  Geoffroy  Saint-Hilaire.  —  Rapport  sur  les  récompenses lxxx 

GÉNÉRALITÉS. 

Cheptels  delà  Société  nationale  d'Acclimatation.  —  Règlement  et  liste 

des  animaux  et  plantes  qui  pourront  être  donnés  en  1884 561 

HuET.  —  Note   sur  les   naissances,  dons  et  acquisitions  du  Muséum 

d'histoire  naturelle 95,  323,  609 

A.  GouTANCE.  —  Action  biologique  des  sels  de  l'eau  de  mer 98 

J.  Gautier. —  Rapport  présenté  à  la  Société  nationale  d'Acclimatation 

au  nom  de  la  Commission  de  la  chasse 129 

A.  Geoffroy  Saint-Hilaire.  —  Situation  financière  du  Jardin  zoolo- 
gique d'Acclimatation 729 

PREMIÈRE  SECTION.  —  MAMMIFÈRES. 

J.  Gautier.  —  Enquête  sur  la  Chèvre 209 

Fernand  Lataste.  —  Sur  l'acclimatation  et  la  domestication  d'un  petit 

Rongeur  originaire  des  Hauts-Plateaux  algériens 369 

Neukomm.  —  Chèvres  et  Bouquetins 431 

De  FiENNES.  —  Note  sur  la  destruction  des  Loutres 433 

DEUXIÈME  SECTION.  —  OISEAUX. 

Bérenger,    D'   Clos,  Pays-Mellier  et   Mercier.  —  Acclimatation  du 

Nandou  en  France 1 

Lucien  Merlato. — La  viande  d'Autruche  au  point  de  vue  alimentaire  8 

Jules  Grisard.  —  Le  Colin  de  Virginie 61 

Le  comte  de  Montlezun. —  Notes  sur  le  Canard  Casarka. 65 

D^  Camille  Dareste.  —  Études  expérimentales  sur  l'incubation 137 

Bouchereauï. —  Incubation  artificielle  d'œufs  de  Casoar 203 

Gabriel  Rogeron.  —  Le  Cygne  de  Bewick 220 

Le  marquis  de  Brisay.  — Éducation  de  Perruches  érythroptères 397 

D'  H.  Moreau. —  Observations  et  réflexions  sur  l'hygiène  des  basses- 
cours  et  des  volières  spécialement  destinées  aux  Faisans 438 

La  VENERE.  —  Notes  sur  Télevage,  le  traitement,  etc.,  des   Autruches 

dans  l'Afrique  australe 450 

E.  Leroy.  —  Etude  sur  la  Perdrix  percheuse  du  Boutan  {Perdix  Hod- 

gsoniœ) 497 

Gabriel  Rogeron.  —  Croisements  de  Canards 569 

Colombes  voyageuses 684 

Delaurier  aîné.  —  Éducations  d'Oiseaux  exotiques 689 


TABLE   DES   MATIÈRES.  761 

TROISIÈME  SECTION.  —  POISSONS,  CRUSTACÉS,  ETC. 

Baron  de  Selts  de  Longchamps. —  Repeuplement  des  cours  d'eau  en 

Belgique 143 

Raveret-Wattel  et  Bartet.  —  Reproduction  du  Saumon  de  Califor- 
nie à  l'Aquarium  du  Trocadéro 205 

C.  Raveret-Wattel.  —  Les  irrigations  au  point  de  vue  de  la  conser- 
vation du  poisson 231 

Rapport  sur  la  situation  de  la  pisciculture  à  l'étranger. .        289,  508,  638 

Amb.  Gestil.   —  Note   sur  la    présence  de  la   Grémille  commune 

(Acerina  cernua,  Sieb.)  dans  la  Sarthe 557 

Raveret-Wattel.  —  L'établissement  de  pisciculture  d'Ettelbruck. . . .  695 

QUATRIÈME  SECTION.  —  INSECTES. 

Louis  Boctan.  —  Le  Phylloxéra  en  Australie 35 

J.  Falloc.  — Observations  sur  un  Lépidoptère  hétérocène  séricigène.  318 
S.-B.  Hcis.  —  Éducations  de  l'hybride  des  Attacus  Roijlei   et   Pernyi 

et  A'Adias  Selene,  faites  en  1882 463 

J.  Fallou.— Sur  une  éducation  deT^^acMî  Pernyi  {Guérin-Ménevillé) 

faite  dans  la  forêt  de  Sénart 552 

Alfred   Wailly.  —   Éducations  des    Bombyciens  séricigènes   faites  à 

Londres,  en  1882 625 

DoucHY. —  Essai  d'acclimalation  de  VAltacus  Pernyi 703 

CINQUIÈME  SECTION.  -  VÉGÉTAUX. 

Paillieux.  —  Culture  expérimentale  de  plantes  chinoises 21 

De  Behr.  —  La  Balsamine  géante  comme  plante  mellifère .  63 

Bernât.  —  Vignes  de  Perse 64 

Edouard  Mène. —  Des  productions  végétales  du  Japon  68,  402, 579 

E.  Décrois  et  Jules  Grisard.  —  Sur  le  noyer  Pacanier  (Carya  olivœ- 

formis)  et  autres  noyers  américains 1^  ' 

Paillieix.  —  Nouvelle  composition  de  Pickles 235 

Moïse  Bertosi.  —  Le  Noisetier -°^ 

Vauvert  de  MÉAN.  —  Culture  des  Eucalyptus  en  Californie 286 

Renaut,  Behtin  et  Boscni.  —  La  Raniie 327 

Jean  Dybowski.  —  La  Bardane  du  Japon 445 

NardT.  —  Floraison  du  Dasylxrion  longifoHum 481 

Gavtuier.  —  Sur  le  Riz  de  montagne ^^^ 

Decrolx.  —  Note  sur  la  farine  de  cocotier ^'3 

Ch.  Naudis.  —  Quelques  mots  au  sujet  des  Chénopodées  d'Australie. .  678 

—  Eucalyptus  et  Cytisus ^^^ 

L.  Armand.  —  Naturalisation  de  végétaux  en  Nouvelle-Calédonie 684 


762  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX 

PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES   GÉNÉRALES   DE  LA  SOCIÉTÉ. 


Séance  du    5  janvier  1883 , 

—  19     —         —  . 

—  2  février     —  , 

—  16     —         —  , 

—  2  mars       —  , 

—  16     —        —    . 


40 

50 
107 
115 
163 

170 


Séance  du  30  mars     1883 181 

—  13  avril        — 247 

—  27     —         — 264 

—  11   mai         — 352 

—  8  juin         — 423 

—  7  décembre— 716 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DU  CONSEIL    DE    LA    SOCIETE. 

Séance  du  20  juillet  1883 468 

—  du  7  septembre 614 

—  du  30  novembre 708 


PROCES-VERBAUX  DES  SEANCES  DES  SECTIONS. 


Séance  du    9  janvier  1883.     121,122 

—  16     —  — 123 

—  23     —  — 125 

—  30     —  — 127 

—  13  février  —  193,  194 

—  21     —  — 196 

—  27     —  — 198 


Séancedu    6  mars     1883. 


200 


13  mars 

— 

273, 

361 

21     — 

—   . 

•   *    •  • 

273 

3  avril 

—   . 



276 

10     — 

— 

.    •    .   . 

277 

17     — 

— 

•    •   •    • 

360 

1   mai 

— 

•   •    •    • 

362 

8    — 





364 

BIBLIOGRAPHIE. 

Aimé  Dufort.  —  Notices  et  analyses  : 

—  De  l'action  du  froid  sur  les   végétaux   pendant  l'hiver  1879-1880, 

par  M.  Charles  Baltet 206 

—  La  chasse,  par  Giraudeau,  J.  M.    Lelièvre  et  G.   Soudée 207 

—  Le  baromètre  appliqué  à  la  prévision  du  temps,  par  M.  J.  R.  Phi- 
mandon 367 

—  Culture  et  exploitation  des  arbres,  par  Antonin  Rousset 622 

—  La  pêche  à  toutes  lignes  de  Poissons  d'eau  douce,  par  John  Fischer.  686 

—  Publications  nouvelles 208,  624,  688 

Maurice  Girard. —  Éléments  de  zoologie,  par  M.  le  D.  Henri  Sicard..       483 

fin    DE     LA     TABLE     DES    MATIÈRES. 


Le  Gérant  :  Jules  Grisard. 


Imprimeries  réunies.  A,  rue  Mii;'>on,  2,  Paris 


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