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Full text of "Bulletin de la Socit nationale d'acclimatation de France"

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BULLETIN 

DE    LA 

SOCIÉTÉ    NATIONALE 

D'ACCLIMATATION 

I>E    FFIAISOE 


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5977.  —  BountOTOS  —  Imprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon.i,    Paris. 


BULLETIN 

DE    LA 

SOCIÉTÉ   NATIONALE 

D'ACCLIMATATION 

Fondée  le  10  février  1854 

RECONNUE  ÉTABLISSEMENT  D  UTILITÉ  PUBLiaUE 
PAR    DÉCRET   DU    26    FÉVRIER    1855 


4^     SERIE—  TOME     III 


1§86 


TRENTE-TROISIEME   ANNEE 


PARIS 

AU    SIÈGE   DE    LA    SOCIÉTÉ 

41,    RUE    DE    LILLE,  41 
188G 


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SOCIETE   NATIONALE 

D'ACCLIMATATION 


r>E    FFtAIVOE 


ORGANISATION  POUR  L'ANNÉE  1886  «gv,   y  .|^^ 

Conseil.  —  Délégués.  —  Commissions.  —  Bureaux  des  Sections.  ^OTAWiCAt. 


CONSEIL  D'ADMINISTRATIOiN  POUR  1886 


BUFtEAU 

Président. 

Vice-présidents. 

MM.  Ernest  COSSON(0.  ^),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  sciences), 
ancien  conseiller  général,  membre  du  conseil  d'administration 
de  la  Société  botanique  de  France. 

Le  comte  d'ÉPRÉMESNlL  (^),  propriétaire. 

De  QUATREFAGES  (G.  ^),  membre  de  l'Institut  (Académie  des 
sciences),  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 

Le  marquis  de  SINÉTY,  propriétaire. 

Secrétaire  général. 

M.  Albert  GEOFFROY  SAINT-HILAIRE  (^),  directeur  du  Jardin 
zoologique  d'Acclimatation  du  Bois  de  Boulogne. 

Secrétaires. 

MM.  E.  DUPIN  (^),  Secrétaire  pour  l'intérieur,  ancien  inspecteur  des 
chemins  de  fer. 
^  Maurice  GIRARD,  Secrétaire  du  Conseil,  docteur  es  sciences. 

^         G.   RAVERET-WATTEL  (^),    Secrétaire    des  séances,  chef  de 
bureau  au  ministère  de  la  guerre. 
P.-L.-H.  FLURY-HÉRARD  (^),  Secrétaire  pour  l'étranger,  banquier 
^^  du  corps  diplomatique. 


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VI  SOCIÉTÉ  NATIONALE  d'ACCLIMATATION. 

Trésorier. 

M.  Sainl-Yves  MÉNARD,  vétérinaire,  docteur  en  médecine,  directeur  ad- 
joint du  Jardin  zoologique  d'Acclimatation  du  Bois  de  Boulo- 
gne, professeur  à  l'École  centrale  des  arts  et  manufactures. 

Archiviste-bibliothécaire. 
M.  Amédée  BERTHOULE,  avocat,  docteur  en  droit. 

iVIE]VIBR.ES    I>U    OONSEIL. 

MM.  Camille  DARESTE,  docteur  es  sciences  et  en  médecine,  directeur 

du  laboratoire   de  tératologie  à  l'École  pratique  des  hautes 

études. 
A.  GRANDIDIER  (^),  Membre  de  l'Institut,  voyageur  naturaliste. 
Léon  LEFORT  (0  ^),  membre  de  l'Académie  de  médecine,  pro- 
fesseur à  la  Faculté  de  médecine. 
Edouard  MÈNE  (^),  docteur  en  médecine,  médecin  de  la  maison 

de  santé  de  Saint- Jean-de-Dieu. 
A.  MILNE  EDWARDS  (0  ^),  membre  de  l'Institut  (Académie  des 

sciences),  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 
Aug.  PAILLIEUX,  propriétaire. 

P. -Amédée  PICHOT,  directeur  de  la  Revue  britannique. 
Edo-ar  ROGER,  conseiller  référendaire  à  la  Cour  des  comptes. 
Le  marquis  de  SELVE  (^),  propriétaire. 

Léon  VAILLANT  (^),  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 
Henry  de  VILMORIN  (^),  ancien  membre  du  tribunal  de  commerce 

de  la  Seine.    • 

'  Vice-président  honoraire. 

M.  RICHARD  (xiu  Cantal),  ancien  représentant  du  peuple,  propriétaire. 

Membre  honoraire  du  Conseil. 

M.  Fréd.    JACQUEMART  (^),  manufacturier,   membre   de  la  Société 
nationale  d'agriculture  de  France. 


Agent  général. 
M.  Jules  GRISARD  (P  A.),  gérant  des  publications  de  la  Société. 


ORGANISATION. 


VII 


DÉLÉGUÉS  DU  CONSEIL  EN  FRANCE 


BoM%ne-s.-iJf., MM. Carmier-Adam. 
Douai,  L.  Maurice. 

La  Roche-sur  Y  on,        D.  Gourdin. 


Poitiers,  MM.  Malapert  père. 

Saint-Quentin,        Theillier-Des- 

JARDiNS. 


DÉLÉGUÉS  DU  CONSEIL  A  L'ÉTRANGER 


Bruxelles,     MM.  Comte  de  Liede- 

kerke. 
Cerna?/ (Alsace) ,  A.  Zurcher. 
Milan,  Ch.  Brot. 

Odessa,  P.  de  Bourakoff. 


Pesth   (Hongrie), 

Rio-Janeiro, 

Téhéran, 

Wesserling, 


MM.   Ladislas   de 
Wagner. 
De  Capanema. 
Tholozan. 
Gros-Hartmann. 


COMiyiISSION    DE    PUBLICATION 

MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 
D''E.GossoN,  Vice-Président. 
E.  DuPiN,  Secrétaire  pour  l'intérieur. 
Maurice  Girard,  Secrétaire  du  Conseil. 
Baveret-Wattel,  Secrétaire  des  séances. 
Flury-Hérard,  Secrétaire  pour  l'étranger. 
Saint-Yves  Ménard,  Trésorier. 
Docteur  Ed.  Mène,  Membre  du  Conseil. 
P.  A.  Pichol,  —  — 


COMMISSION  DES  CHEPTELS 

MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 


Membres  pris  dans  le  Conseil. 

MM.   Amédée  Berthoule. 
Maurice  Girard. 
Saint-Yves  MÉNARD. 
Edg.  Boger. 
A.  Paillieux. 


Membres  pris  dans  la  Société. 
MM.  De  Barrau  ûe  Muratel 

D'AUBUSSON. 

Jules  Fallou. 
P.  Mégnin. 

E.    JOLY. 


COMMISSION  DES  FINANCES 
MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 


MM.  Amédée  Berthoule. 
Flury-Hérard. 


MM.   Eug.  DupiN. 

Saint-Yves  Ménard. 


VIII 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


COMMISSION  MÉDICALE 

MM.  Je  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 

MM.  E.  Hardy.  MM.  Saint-Yves  Ménard. 

E.  Decroix.  L.  Lefort. 

Edouard  Mène.  Léon  Vaillant. 


COMMISSION   PERMANENTE  DES  RÉCOMPENSES 

MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 

Délégués  du  Conseil. 


MM.  Amédée  Berthoule. 
Maurice  Girard. 


MM.  A.  Paillieux. 
Raveret-Wattel. 


Délégués  des  sections. 

Première  section.  —  Mammifères.  —  MM.  Mailles. 

Deuxième  section.  —  Oiseaux.         —  P>athelot. 

Troisième  section.  —  Poissons,  etc.  —  Berthoule. 

Quatrième  section. —  Insectes.  —  Jules  Fallou. 

Cinquième  section. —  Végétaux.       —  Docteur  E.  Mène. 


BUREAUX  DES  SECTIONS 


*"  Section.  —  niaininirères. 

MM.  Geoffroy  Sl-Hilaire,  d.  du  Cous. 
E.  hecro'n,  président. 
Mégnin,  vice-président. 
Mailles,  secrétaire. 
Trémeau,  vice-secrétaire. 

t*  Section.  —  Oiseaux. 

MM.  Ménard,  dél.  du  Conseil. 

Huel,  président^ 

Dautreville,  vice-président. 

E.  Joly,  secrétaire. 

Comte  d'Esterno,  vice-secrétaire. 


3*   Section.  —  Poissons,  etc. 

MM.  L.  Vaillant,  délégué  du  Conseil 

et  président. 
Brocchi,  vice-président. 
Mailles,  secrétaire. 
i.  Cloquet,  vice-secrétaire. 

4*  Section.  —  Insectes. 
MM.  Maurice  Girard,   délégué  du 

Conseil  et  président. 
Jules  Fallou,  vice-président. 
Sédillot,  secrétaire. 
Eug.  Joly,  vice-secrétaire. 


»^  Section    —  Végétaux. 

MM.  Henry  de  Vilmorin,  délégué  du  Conseil  et  président. 
Aug.  Paillieux,  vice-président. 
Jules  Grisard,  secrétaire. 
Jean  Dybowski,  vice-secrétaire. 


YINGT-NEUVIÈME  SÉANCE  PUBLIQUE  ANNUELLE 

DE  DISTRIBUTION  DES  RÉCOMPENSES 

DE   LA 

SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'ACCLIMATATION  DE    FRANCE 


PROGES-YERBAL 

La  Société  nationale  d'Acclimatation  de  France  a  tenu  sa 
vingt-neuvième  séance  publique  annuelle  de  distribution  des 
récompenses,  le  vendredi  11  juin  1886,  dans  sa  salle  des 
Conférences,  sous  la  présidence  de  M.  de  Quatrefages , 
Membre  de  l'Institut,  Vice-président  de  la  Société. 

Après  une  allocution  très  applaudie ,  M.  le  Président  a 
donné  la  parole  à  M.  Raveret-Wattel,  Secrétaire  des  séances, 
qui  a  présenté  un  rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  pen- 
dant l'année  1885. 

Puis  M.  Saint-Yves  Ménard,  trésorier,  a  exposé  la  situation 
financière  de  la  Société  au  31  décembre  dernier. 

Enfin  M.  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  secrétaire  général,  a 
donné  lecture  du  rapport  au  nom  de  la  Commission  des  ré- 
compenses. 

11  a  été  décerné  cette  année  : 

1"  Une  médaille  d'or  off'erte  par  le  Ministère  de  l'agricul- 
ture; 

2°  Une  grande  médaille  d'or  (hors  classe),  à  l'effigie  d'Isi- 
dore Geoffroy  Saint-Hilaire,  d'une  valeur  de  500  francs; 

3"  Deux  médailles  d'or,  hors  classe,  d'une  valeur  de 
300  francs; 

4"  Deux  prix  extraordinaires  d'une  valeur  de  1500  francs; 

5°  Deux  primes  d'une  valeur  de  400  francs; 

6"  Yingt  et  une  médailles  d'argent  et  un  rappel  ; 

7°  Quatre  médailles  de  bronze; 

8*  Cinq  mentions  honorables; 


X  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

9°  Deux  récompenses  pécuniaires  d'une  valeur  de  300  fr.  ; 
10'  Les  deux  primes  de  200  et  de  iOO  francs  fondées  par 
feu  Agron  de  Germigny  ; 

14°  Huit  primes  offertes  par  l'administration  du  Jardin 
zoologique  d'Acclimatation  à  ses  employés,  d'une  valeur  de 
600  francs. 

Le  Secrétaire  des  séances, 
G.  Raveret-Wattel. 


PRIX  EXTRAORDINAIRES  ENCORE  A  DÉCERNER  <^> 


GENERALITES 

i°  —  1882.  —  Prix  de   1000  francs  fondé 
pai*  feu  ni.  BERE.\D,  membre  de  la  Société. 

Un  prix  de  1000  francs  sera  décerné  à  l'auteur  du  meilleur  tra- 
vail faisant  connaître,  au  point  de  vue  historique  et  pratique,  les 
travaux  relatifs  à  l'acclimatation  et  les  résultats  obtenus  depuis  1854. 

Concours  prorogé  jusfju'au  !<""  décembre  1890.  —  Prix  :  looo  francs. 

2"  —  1863.  —  Prix  pour  les  travaux  théoriques  relatifs  à 
l'acclimatation. 

§  I.  Les  travaux  théoriques  sur  des  questions  relatives  à  l'accli- 
matation, publiés  pendant  les  cinq  années  qui  précèdent,  pourront 
être  récompensés,  chaque  année,  par  des  prix  spéciaux  de  500  francs 
au  moins. 

La  Société  voudrait  voir  étudier  particulièrement  les  causes  qui 
peuvent  s'opposer  à  l'acclimatation  ou  la  faciliter. 

§11.  Il  pourra,  en  outre,  être  accordé  dans  chaque  section  des 
primes  ou  des  médailles  aux  auteurs  de  travaux  relatifs  aux  ques- 
tions dont  s'occupe  la  Société. 

Ces  travaux  devront  être  de  nature  à  servir  de  guide  dans  les  ap- 
plications pratiques  ou  propres  à  les  vulgariser. 

Les  ouvrages  (imprimés  ou  manuscrits)  devront  être  remis  à  la  Société 
avant  le  1"  décembre  de  chaque  année. 

3°  —  1867.  —  Prix  pour  les  travaux  de  zoologie  pure,  pouvant 
servir  de  guide  dans  les  applications. 

La  Société,  voulant  encourager  les  travaux  de  zoologie  pure  (mo- 
nographies génériques,  recherches  d'anatomie  comparée,  études 
embryogéniques,  etc.),  qui  servent  si  souvent  de  guide  dans  les  ap- 
plications utilitaires  de  cette  science,  et  rendent  facile  l'introduction 
d'espèces  nouvelles  ou  la  multiplication  ou  le  perfectionnement  d'es- 
pèces déjà  importées,  décernera  annuellement,  s'il  y  a  lieu,  un  prix 
de  500  francs  au  moins  à  la  meilleure  monographie  de  cet  ordre, 
publiée  pendant  les  cinq  années  précédentes. 

Elle  tiendra  particulièrement  compte,  dans  ses  jugements,  des 
applications  auxquelles  les  travaux  ,de  zoologie  pure  appelés  à  con- 

(1)  Le  cliiffre  qui  précède  l'énoncé  des  divers  prix,  indique  l'année  de  la  fon- 
dation de  ces  prix.  Tous  les  prix  qui  ne  portent  pas  l'indication  d'une  fondation 
particulière  sont  fondés  par  la  Société. 


XII  SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

courir  auraient  déjà  conduit,  que  ces  applications  aient  été  faites  par 
les  auteurs  de  ces  travaux  ou  par  d'autres  personnes. 

Un  exemplaire  devra  être  déposé  avant  le  l^""  décembre. 

40  _  1875.  —  Des  primes  ou  médailles  pourront  être  accordées 
aux  personnes  qui  auront  démontré,  pratiquement  ou  théoriquement, 
les  procédés  les  plus  favorables  à  la  multiplication  et  à  la  conserva- 
tion des  animaux  essentiellement  protecteurs  des  cultures. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l^""  décembre  1890. 

50  —  1807.  —  Prix  perpétuel  foudé  par  feu 
M'"' GUÉR1I\EAU ,  née  DELALJiI\DE. 

Une  grande  médaille  d'or,  à  l'effigie  d'Isidore  Geoffroy  Saint- 
Hilaire,  et  destinée  à  continuer  les  fondations  faites  les  années 
précédentes,  dans  l'intention  d'honorer  la  mémoire  de  l'illustre  et 
intrépide  naturaliste  voyageur,  Pierre  Delalande,  frère  de  M"''  Gué- 
rineau. 

Cette  médaille  sera  décernée,  en  1887,  au  voyageur  qui,  en 
Afrique  ou  en  Amérique,  aura  rendu  depuis  huit  années  le  plus  de 
services  dans  l'ordre  des  travaux  de  la  Société,  principalement  au 
point  de  vue  de  l'alimentation  de  l'homme. 

Les  pièces  relatives  à  ce  concours  devront  parvenir  à  la  Société  avant 
le  1"  décembre  1886. 

6»  —   1861.  —  Primes  fondées  par  feu 
M.  AGROIV  DE  GERllIGIVY. 

Deux  primes,  de  200  francs  et  de  100  francs,  seront  décernées, 
chaque  année,  pour  les  bons  soins  donnés  aux  animaux  ou  aux  vé- 
gétaux, soit  au  Jardin  d'acclimatation  (200  francs),  soit  dans  les 
établissements  d'acclimatation  se  rattachant  à  la  Société  (prime  de 
100  francs). 

Les  pièces  relatives  à  ce  concours  devront  parvenir  à  la  Société  avant 
le  1*'  décembre  de  chaque  année. 

PREMIÈRE  SECTION.  —  MAMMIFÈRES 

1»  —  1804.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

11  pourra  être  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'une  valeur 
de  200  à  500  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
nouvelle,  utile  ou  ornementale,  d'un  réel  intérêt. 

2"  — 1885.  —  Introduction  d'une  espèce  nouvelle  de  Mam- 
mifère insectivore  en  France. 


PRIX   EXTRAORDINAIRES.  XIII 

Les  candidats  devront  justifier  de  la  possession  de  dix  sujets  au  moins 
nés  chez  eux  et  adultes. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  Prix:  500  n-ancs. 

30 1S70.  —  lutroduclioii  en  France  des  belles  races  asines 

de  l'Orient. 

On  devia  faire  approuver  par  la  Société  d'Acclimatation  les  .\nes  éta- 
lons importés,  et  prouver  que  vingt  saillies  au  moins  ont  été  faites  dans 
l'année  par  chacun  d'eux. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  1000  francs. 

40  186S. —  Domestication  complète,  application  à  l'agricul- 
ture ou  emploi  dans  les  villes  de  l'Hémione  {Equus  Hemionus)  ou 
du  Dauw  {E.  Burchelli). 

La  domestication  suppose  la  reproduction  en  captivité. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l^-"  décembre  1890.  —  Prix  :  looo  francs. 

50  _  -1867.  —  Métissage  de  l'Hémione  ou  de  ses  congénères 
(Dauw,  Zèbre,  Couagga)  avec  le  Cheval. 
On  devra  avoir  obtenu  un  ou  plusieurs  métis  âgés  au  moins  d'un  an. 
Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.—  Prix  :  1000  francs. 

(30  —  1867.  —  Propagation  des  métis  de  l'Hémione  ou  de  ses 
congénères  (Dauw,  Zèbre,  Couagga)  avec  l'Ane. 

Ce  prix  sera  décerné  à  l'éleveur  qui  aura  produit  le  plus  de  métis.  (11 
devra  en  présenter  quatre  individus  au  moins.) 

Concours  prorogé  jusqu'au  1*''  décembre  1890.  —  Prix  :  1000  francs. 

7»  — 1885.  —  Multiplication  en  France  du  Sanglier  nain 
{Porcula  Salvianï). 

On  devra  justifier  de  la  possession  de  douze  sujets  au  moins,  nés  chez 
le  propriétaire  et  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"^'  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  francs. 

Le  prix  sera  doublé  si  les  sujets  présentés  sont  nés  d'individus  ayant 
déjà  reproduit  en  France.  —  Prix  :  1000  francs. 

go  —  1867.  — Élevage  de  l'Alpaca,  de  l'Alpa-Lama  et  du  Lama. 

On  devra  présenter  au  concours  douze  sujets  nés  chez  l'éleveur  et 
âgés  d'un  an  au  moins. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  tsoo  francs. 

90  —  1869.  —  Prix  perpétuel  fondé  par  feu 
lU-^'Ad.  DUTROIVE,  née  GALOT. 

Une  somme  annuelle  de  100  francs  sera,  tous  les  trois  ans,  con- 
vertie en  prime  de  300  francs  (ou  médaille  d'or  de  cette  valeur), 
et  décernée,  par  concours,  au  propj^iétaire  ou  au  fermier  qui,  en 
France  ou  en  Belgique,  aura  le  mieux  contribué  à  la  propagation  de 
la  race  bovine  désarmée  sarlabot,  créée  par  feu  M.  le  conseiller 
Ad.  Dutrône. 

Ce  prix  sera  décerné  en  1887  et  1890. 


XTV  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'aCCLIMATATION. 

10°  —  18Î3.  —  Chèvres  laitières. 

On  devra  présenter  I  Bouc  et  8  Chèvres  d'un  type  uniforme,  et  justifier 
que  trois  mois  après  la  parturition  les  Chèvres  donnent  3  litres  de  lait 
par  jour  et  par  tête. 

Les  concurrents  devront  présenter  un  compte  des  dépenses  et  recettes 
occasionnées  par  l'entretien  du  troupeau,  et  faire  connaître  à  quel  usage 
le  lait  a  été  employé  (lait  en  nature,  beurre,  fromage). 

Concours  prorogé  jusqu'au  l*^""  décembre  1890.  —  Prix  :  50o  n-nncs. 

11" —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  du  Cerf  Wapiti  (Cervus 
Canadensis),  du  Cerf  d'Arislote  {Cervus  Aristotelis)  ou  d'une  autre 
grande  espèce. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 

l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1'^'"  décembre  1890.  —  Prix  :  i500  francs. 

12°  —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  du  Cer?  axis  {Cervus  axis), 
du  Cerf  des  Moluques  {Cervus  Moluccensis)  ou  d'une  autre  espèce 
de  taille  moyenne. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1""  décembre  1890.  — Prix  :  looo  francs. 

13»  —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  du  Cerf-Cochon  {Cervus 
porcinus)  ou  d'une  autre  espèce  analogue. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  déplus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l^""  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 

14,"  —  1874,  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  du  Cerf  Pu  du  (Ceri'WS 
Pudu)  ou  d'une  espèce  analogue. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  i"  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 

15"  —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  de  l'Antilope  Canna  {Bos- 
elaphus  Oreas)  ou  d'une  autre  grande  espèce. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 

l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890. —  Prix  :  1500  francs. 

16"  —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  de  l'Antilope  Nylgau  {Por- 
tax  picta)  ou  d'une  autre  espèce  de  taille  moyenne. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 


PRIX    EXTRAORDINAIRES.  XV 

l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 
Concours  prorogé  jusqu'au  l*-"  décembre  1890.  —  Prix  :  «ooo  francs. 

470  1874.  —  Multiplication   en  France,  à  l'état  sauvage 

(dans  un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  d'Antilopes  de  petite 

taille. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 

18°  — 1873.—  Introduction  en  France  de  VHydropotes  inermis 

{Ke  ou  Chang). 

On  devra  avoir  introduit  au  moins  trois  couples  de  Ke  ou  Chang,  et 
faire  constater  que  trois  mois  après  leur  importation,  ces  animaux  sont 
dans  de  bonnes  conditions  de  santé. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 

19o_  1 87S.  —  Multiplication  en  France  de  VHydropotes  inermis 

(Ke  ou  Chang). 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins  âgés  de 
plus  d'un  an  et  issus  des  reproducteurs  importés. 

Concours  prorogé  jusqu'au  !<='■  décembre  1890.  —  Prix  :  looo  francs. 

20"  —  1865.  —  Domestication  en  France  du  Castor,  soit  du  Ca- 
nada, soit  des  bords  du  Khône. 

On  devra  présenter  au  moins  quatre  individus  mâles  et  femelles,  nés 
chez  le  propriétaire  et  âgés  d'un  an  au  moins. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l^""  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 
—  Le  prix  sera  doublé  si  l'on  présente  des  individus  de  seconde  géné- 
ration. 

2I0  _  1875.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  de  Kangurous  de  petite  taille. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  s  eront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1*''  décembre  1890.  —  Prix:  500  francs. 

22"  —  188^.  —  Multiplication  en  France  du  Lapin  géant  des 
Flandres,  à  oreilles  droites. 

On  devra  présenter  5  mâles  et  5  femelles  adultes,  nés  chez  l'éleveur, 
du  poids  moyen  de  8  kilogrammes. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1^''  décembre  1890.  —  Prix  :  300  francs. 

23"  —  188*1.  —  Alimentation  du  bétail  par  le  Téosinlé  (Beana 
luxurians). 

On  devra  présenter  un  compte  établissant  le  rendement  obtenu,  en 
poids,  d'une  plantation  de  Téosinté  couvrant  au  moins  25  ares  et  fournir 
des  renseignements  circonstanciés  sur  les  avantages  ou  les  inconvénients 
que  présente  ce  mode  d'alimentation  pour  le  bétail. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  300  francs. 


XVI  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATÂTION. 

24°  —  1882.  —  Alimentation  des  animaux  par  le  Soya. 

On  devra  fournir  des  renseignements  circonstanciés  sur  les  avantages 
ou  les  inconvénients  que  présente  ce  mode  d'alimentation  pour  les  ani- 
maux soit  à  l'état  vert,  soit  à  l'état  sec. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l'"'  décembre  1890.  —  Prix:   300  francs. 


DEUXIÈME  SECTION.  —  OISEAUX 

1"  —  1864.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

Il  pourra  être  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'une  valeur 
de  200  à  500  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
nouvelle  utile  ou  ornementale  a'un  réel  intérêt. 

2" — 1864.  —  Introduction  et  acclimatation  d'un  nouveau  gibier 
pi'is  dans  la  classe  des  Oiseaux. 
Sont  exceptées  les  espèces  qui  pourraient  ravager  les  cultures. 
On  devra  présenter  plusieurs  sujets  vivants  de  seconde  génération. 
Concours    prorogé  jusqu'au    1*"'  décembre  1890.  —  Prix  :  500   à 

14»00  francs. 

3"  _  1S70.  —  Multiplication  et  propagation  en  France  ou  en 
Algérie  du  Serpentaire  {Gijpogeranus  Serpentarius). 

On  devra  présenter  un  couple  de  ces  oiseaux  de  première  génération, 
et  justifier  de  la  possession  du  couple  producteur  et  des  jeunes  obtenus. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1*"'  décembre  1890. —  Paix  :  looo  francs. 

4.0  —  1868.  —  Acclimatation  du  Martin  triste  {Acridotheres 
tristis)  ou  d'une  espèce  analogue,  en  Algérie  ou  dans  le  midi  de  la 
France. 

On  devra  présenter  cinq  paires  de  ces  oiseaux,  adultes,  de  seconde 
génération. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1""  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 

5»  —  1810.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage,  de  la 
Pintade  ordinaire  (Numida  Meleagris). 

On  devra  faire  constater  l'existence,  sur  les  terres  du  propriétaire, 
d'au  moins  quatre  compagnies  de  Pintades  de  six  individus  chacune, 
vivant  à  l'état  sauvage. 

Concours  prorogé  jusqu'au  i"  décembre  1890.  —  Prix  :  «so  francs. 

6° —  1875.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage,  du 
Faisan  vénéré. 

On  devra  faire  constater  l'existence  d'au  moins  dix  jeunes  sujets  vivant 
en  liberté  et  provenant  du  couple  ou  des  couples  lâchés. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1'''  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 


rillX    EXTRAORDINAIRES.  XVII 

7"  —  1S70.  —  Création  d'une  race  do  Poules  domestiques 
pondant  de  gros  œufs. 

On  devra  présenter  au  moins  douze  Poules  de  3"  génération,  constituant 
une  race  stable,  et  donnant  régulièrement  des  œufs  atteignant  le  poids  de 
75  grammes.  Cette  race,  créée  par  la  sélection  ou  par  croisement,  devra  pré- 
senter les  caractères  d'une  variété  de  bonne  qualité  pour  la  consommation. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 


Vvix  fondés  pai*  il.  Georges  lflatliia.«i,  uieinbre  de  la 

Société. 

8" — 1885. —  lîeproductioii  en  captivité  d'un  oiseau  quel- 
conquc,  de  l'ordre  des  Gallinacés,  qui  jusqu'à  ce  jour  ne  s'est  pas 
reproduit  dans  ces  conditions. 

On  devra  présenter  au  moins  quatre  sujets  adultes  nés  chez  le  pro- 
priétaire. 
Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  l'uix  :  «50  franc». 

9"  — 1885.  —  Monographie  des  [*hasianidés  (Faisan,  Trago- 
pan,  Lophophore,  etc.). 

liCs  auteurs  devront  indiquer,  dans  un  livre  ou  un  mémoire  étendu, 
les  diverses  espèces  de  cette  famille,  leur  distribution  géographique, 
leur  description,  moeurs,  habitudes,  instincts,  leur  mode  de  reproduc- 
tion, leur  alimentation. 

En  d'autres  ternies,  les  ouvrages  présentés  devront  pouvoir  servir  de 
Guide  pratique. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1'='  décembre  1890  —  Prix.:  «»o  francs. 


10°  —  1867.  —  Introduction  et  multiplication  en  France,  en  par- 
(luels,  du  Tétras  liuppecol  (Tetrao  Cupido)  de  l'Amérique  du  Nortl. 

On  devra  présenter  au  moins  douze  sujets,  complètement  adultes,  nés 
et  élevés  chez  le  propriétaire. 

(concours  prorogé  jus(pi'au  1"  décembre  1890.  —  l'Rix  :  aso  francs. 

Le  prix  sera  dou])lé  si  la  multiplication  du  Tétras  huppecol  a  été 
obtenue  en  liberté. 

11" —  1810.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage,  delà 
Perdrix  de  Chine  {Galloperdix  Sphenura)  ou  d'une  autre  Perdrix 
percheuse. 

On  devra  faire  constater  l'existence  d'au  moins  six  sujets  vivant  en 
liberté  et  provcnaut  du  ondes  couples  làcdiés. 

Concours  prorogé  jiis(iu'au  1"  décembre  1890.  —  Pni\  :  3oo  francs. 
i"  SKUIK,  T.  III.  — .Sciiiiri!  iiuli|i(iuc:  ;miiiicile.  h 


XVIII  SOCIETE   NATIUNALE   D  ACCLIMATATION. 

li"  —  1877.  —  Importation  des  grosses  espèces  de  Colins  (ori- 
ginaires du  Mexique  et  du  Brésil)  et  des  petites  espèces  de  Tina- 
mous  de  l'Amérique  méridionale. 

On  devra  avoir  importé  au  moins  six  couples  de  ces  oiseaux  et  justifier 
que  trois  mois  après  leur  importation  ils  sont  dans  de  bonnes  conditions 
de  santé. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1^''  décembre  1890.  —  Prix  :  «sofrnncs. 

13"—  1877.  —  Multiplication  en  volière  des  grosses  espèces  de 
Colins  originaires  du  Mexique  et  du  Brésil,  ou  des  petites  espèces  de 
Tinamous  de  l'Amérique  méridionale. 

On  devra  itrésenter  dix  sujets  vivants  nés  des  oiseaux  directement  im- 
portés du  pays  d'origine. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  300  rrancM. 

M"  —  1^81.  —  Reproduction  de  la  grande  Outarde  {Olis  tarda) 
à  l'état  sauvage. 

On  devra  prouver  que  trois  couples  au  moins  de  grandes  Outardes  ont 
couvé  et  élevé  leurs  jeunes  en  France,  sur  les  terres  du  propriétaire. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1*"'  décembre  1890.  —  Prix  :   300  rrnncM. 

15°  —  1870.  —  Domestication  en  France  ou  en  Algérie  de  l'Ibis 
sacré  (Ibis  religiosa)  ou  de  l'Ibis  falcinelle  (Ibis  falcinellus),  ou 
d'un  autre  oiseau  destructeur  des  Souris,  Insectes  et  Mollusques  nui- 
sibles dans  les  jardins. 

Sont  exceptées  les  espèces  qui  pourraient  ravager  les  cultures. 

On  devra  faire  constater  l'existence  de  quatre  sujets  au  moins  de  pre- 
mière génération,  vivant  en  liberté  autour  d'une  habitation  et  nés  de 
parents  libres  eux-mêmes  dans  la  propriété. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l'^'^  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 

16°  —  1867.  —  Domestication  de  l'Autruche  d'Afrique  (Stru- 
thio  canielus)  en  Europe. 

On  devra  justifier  de  la  possession  d'au  moins  six  Autruches  nées  chex 
le  propriétaire  et  âgées  d'un  an  au  moins. 

(Concours  prorogé  jusqu'au  1^'  décembre  1890. —  Prix  :  1500  rrancM. 

17" —  1879.  —  Création  en  Algérie  d'une  ferme  d'Autruches. 

On  devra  être  possesseur  de  dix  couples,  au  moins,  de  reproducteurs, 
et  avoir  fait  naître  et  élever  dans  les  trois  années  précédentes  cent  jeunes 
aulruchons.  Les  concurrents  ne  seront  pas  tenus  d'entretenir  chez  eux 
tous  les  jeunes  produits;  mais  ils  devront  fournir  des  documents  authen- 
tiques justifiant  de  la  destination  qui  leur  a  été  donnée. 

Les  concurrents  devront  présenter  un  compte  des  dépenses  et  recettes 
occasionnées  par  l'entretien  du  troupeau;  faire  connaître  la  valeur  des 
plumes  livrées  au  commerce;  les  procédés  à  employer  pour  la  multipli- 
cation des  jeunes  (incubation  naturelle  ou  hydro-incubateurs),  et  adresser 
à  la  Société  un  ra})port  circonslancié  donnant  tous  les  détails  propres  à 
rétlucatioii  do  rAuliuche  en  cafitivité. 

Concours  prorogé  jus(pi'au  1"  décembre  1890.—  Prix  :  looo  rrancs. 


PIUX    EXTUAOUDIJNAIKES.  XIX 

18"  —  1873.  —  Domestication  d'un  nouveau  Palmipède  utile. 

On  devra  présenter  au  moins  dix  sujets  vivants  de  seconde  génération 
produits  en  captivité. 
Concours  prorogé  jusqu'au  1""  décembre  1890.  — Prix  :  looo  rrancM. 

19°  —  1882.  —  Un  prix  de  300  francs  sera  décerné  à  l'auteur 
du  meilleur  travail  sur  les  nichoirs  artificiels  pour  la  protection  et 
la  propagation  des  espèces  d'oiseaux  qui  nichent  dans  les  creux 
ou  trous  des  arbres,  des  murailles  ou  des  rochers. 

L'auteur  devra  produire  des  modèles  de  nichoirs  en  indiquant  leur 
mode  de  construction  et  leur  prix  de  revient,  et  justifier  des  résultats 
obtenus  depuis  cinq  ans  au  moins. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  300  francs. 

20°  —  188*1.  —  Un  prix  de  300  francs  sera  accordé  à  l'inven- 
teur d'un  genre  de  nourriture  artificielle  ou  composition  pouvant 
remplacer  les  pâtées  fraîches,  pour  les  oiseaux  insectivores  entre- 
tenus en  volières. 

On  devra  faire  connaître  la  composition  et  le  mode  de  préparation, 
justifier  des  avantages  que  présente  l'emploi  de  cette  composition  au 
point  de  vue  de  sa  conservation,  de  ses  qualités  nutritives  et  de  son  pri.v 
de  revient. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  francs. 


TROISIÈME  SECTION.  —  POISSONS,  MOLLUSQUES,  ETC. 
CRUSTACÉS,  ANNÉLIDES 

1°  —  1864.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

Il  pourra  être  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'une  valeur' 
de  200  à  .500  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
nouvelle,  utile  ou  ornementale,  d'un  réel  intérêt. 

"2"  —  1S82.  —  Recherches  sur  les  propriétés  physiques  et 
chimiques  des  eaux  douces  au  point  de  vue  de  l'aquiculture. 

L'auteur  devra  faire  ressortir,  par  des  observations  et  des  analyses 
pratiques,  les  conditions  favorables  au  développement  des  diverses 
espèces  de  Poissons,  Crustacés,  Mollusques  et  Végétaux. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  — Prix  :  5oo  francs. 

3"  —  1883. —  Recherches  sur  les  propriétés  physi(|ues  et  chimi- 
ques des  eaux  de  mer  et  saumâtres  au  point  de  vue  de  l'aquiculture. 

L'auteur  devra  faire  ressortir,  par  des  observations  et  des  analyses 
pratiques,  les  conditions  favorables  nu  développement  des  diverses 
espèces  de  Poissons,  Crustacés,  ftlollusiiues  et  Végétaux. 

Concours  proi'ogé  jusqu'au  \"  décembre  1890.  —  Prix  :  ftoo  franc». 


XX  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

4"  —  1884.  —  Alimentation  du  Poisson. 

Le  prix  sera  accordé  à  la  découverte  d'un  procédé  véritablement  pra- 
tique, peu  coûteux  et  réellement  industriel,  pour  la  production  rapide  et 
en  quantité  illimitée  d'une  nourriture  r/uanic  (Daphnies,  Cyclopes, etc.) 
propre  à  l'alimentation  du  poisson  et  en  particulier  de  l'alevin  de  Sal- 
monide. 

On  devra  faire  connaître  en  détail  le  mode  de  production  employé  et 
justifier  du  plein  succès  obtenu. 

Concours  ouvert  jusqu'au  i""  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  rrancM. 


BATRACIENS 

5°  —  1886.    —  Multiplication   en  France  de  la  Grenouille 
h'£ui  {Rana  mugiens)  de  rÀmcrique  du  Nord. 

On  devra  justifier  de  la  possession  de  vingt-cinq  sujets  adultes  nés  chez 
le  propriétaire. 
Concours  ouvert  jusqu'au  l*"^  décembre  1890. —  Prix  :  «50  rnince*. 


POISSONS 

(■»"  —  1873.  —  Acclimatation  dans  les  eaux  douces  de  la  France 
d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 
Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890. —  Prix  :  looo  rrancM. 

7"  —  1873.  —  Introduction  dans  les  eaux  douces  de  l'Algérie 
d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Les  poissons  introduits  devront  être  au  nombre  de  vingt  au  moins  ;  on 
devra  justifier  qu'ils  ont  été  importés  depuis  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l"  décembre  1890.'^ —  Prix  :  500  n-anc»*. 

Le  prix  sera  doublé  si  le  poisson  introduit  est  le  Gourami  {Osphrome- 
nus  olfax). 

S"  —  1873.  —  Acclimatation  dans  les  eaux  douces  de  l'Algérie 
d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890. —  Prix  :  lOoo  frunc». 
Le  prix  sera  doublé  si  le  poisson  acclimaté  est  le  Gourami  {Osphrome- 
nus  olfax). 

9*  — 1873.  —  Introduction  dans  les  eaux  douces  de  la  Guade- 
loupe et  de  la  Martinique  d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Les  poissons  introduits  devront  être  au  nombre  de  vingt  au  moins  ;  on 
devra  justifier  qu'ils  ont  été  importés  depuis  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1800.  —  Prix  :  50o  frauoN. 

Le  prix  sera  doublé  si  le  poisson  introduit  est  le  Gourami  {Osphromc- 
nus  olfax). 


PRIX    EXTRAORDINAIRES.  XXI 

10»  —  1873.— Acclimatation  dans  les  eaux  douces  de  la  Gua- 
deloupe et  de  la  Martinique  d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Concours  prorogé  jusqu'au  !•"  décembre  1890.—  Prix  :  looo  francs. 

Le  prix  sera  doublé  si  le  poisson  accliaiaté  est  le  Gouiami  {Osphrome- 
nus  olfax). 

41» —  1874.  —  Introduction  en  France  du  Coregomis  otsego  de 
l'Amérique  du  Nord. 

Les  poissons  introduits  devront  être  au  nombre  de  vingt  au  moins,  et 
l'on  devra  justifier  qu'ils  ont  été  importés  depuis  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1K90.  —  Prix  :  500  francM. 

Si  des  multiplications  du  Coregonus  otsego  ont  été  obtenues  en  France, 
le  prix  sera  doublé. 

12°  —  1879.  —  Multiplication  en  France  du  Saumon  de  Cali- 
fornie (Salmo  quinnat)  de  l'Amérique  du  Nord. 

On  devra  présenter  au  moins  500  alevins,  âgés  d'un  an,  nés  de  parents 
existant  dans  les  eaux  du  propriétaire  depuis  au  moins  dix-buit  mois. 
L'étal  des  reproducteurs  devra  être  constaté  au  moment  du  frai  par 
des  pièces  authentiques.  On  devra  également  faire  constater  l'époque  de 
l'éclosion  des  œufs  et  faire  connaître  dans  un  rapport  circonstancié  les 
observations  auxquelles  donnerait  lieu  l'éducation  de  ces  jeunes  poissons. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l"  décembre  1890. —  Prix  :  soo  n-ancs. 

13»  _  18S2.  —  Établissement  d'échelles  pour  les  Poissons  mi- 
grateurs. 

Un  prix  de  500  francs  sera  décerné  aux  usiniers  ou  propriétaires  qui 
auront  établi,  dans  des  conditions  pratiques,  des  échelles  pour  le  passage 
des  Poissons  migrateurs. 

Concours  prorogé  jusqu'au  f'"  décembre  1890.  —  Puix  :  500  fi-ancH. 

14,0  —  1886.  —  Multiplication  artificielle,  sur  les  côtes  do 
France,  d'un  Poisson  de  mer  propre  à  l'alimentation. 

Les  résultats  devront  avoir  été  obtenus  sur  une  échelle  suffisante 
pour  présenter  un  intérêt  véritablement  pratique. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décendjre  1895.  —  Prix  :  soo  rrancN. 

Le  prix  sera  doublé  si  l'élevage  «lu  Poisson  a  donné  lieu  à  une 
exploitation  industrielle. 

l.V  —  1S86.  —  Multiplication  des  Cyprinides. 

H  pourra  être  accordé  des  primes  ou  des  médailles  à  toute  personne 
qui  aurii  obtenu,  dans  des  eaux  closes,  de  l'alevin  de  Cyprinide,  notam- 
ment la  Carpe  et  la  Tanche,  et  i|ui  justifiera  en  avoir  introduit  en  grand 
nombre  dans  les  cours  d'eau  de  la  région  et  aura  ainsi  contribué  le  plus 
efficacement  à  leur  repeuplement. 

Si  les  travaux  faits  dans  cet  ordre  d'idées  ont  une  importance  suffi- 
sante, il  pourra  être  accordé  un  prix  de  sou  francs. 

Concours  ouvert  jusipi'nu  1*'   décembre  1890. 


XXII  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 


MOLLUSQUES 

jgo  — 1867.  —  Acclimatation  et  propagation  d'un  Mollusque 
utile  d'espèce  terrestre,  fluvialile  ou  marine,  resté  jusqu'à  ce  jour 
étranger  à  notre  pays.—  Cette  acclimatation  devra  avoir  donné  lieu 
à  une  exploitation  industrielle  ;  ses  produits  alimentaires  ou  autres 
seront  examinés  par  la  Société. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  50©  francs. 

17» l§69.  —  Reproduction  artificielle  des  Huîtres.  —  Un  prix 

de  1000  francs  sera  décerné  pour  le  meilleur  travail  indiquant,  au 
point  de  vue  pratique,  les  méthodes  les  plus  propres  à  assurer  cette 
reproduction  artificielle.  L'ouvrage  devra,  en  outre,  faire  connaître 
d'une  manière  précise  les  conditions  à  remplir  pour  obtenir  les  au- 
torisations de  créer  des  établissements  huîtriers,  et  énumérer  les 
travaux  que  comportent  les  bancs  d'Huîtres  naturels,  aussi  bien  que 
les  caractères  auxquels  on  peut  reconnaître  qu'un  banc  est  exploi- 
table; enfin  quelles  sont  les  mesures  qu'il  convient  de  prendre  pour 
l'enlèvement  du  coquillage.  En  un  mot,  ce  travail  devra  constituer 
un  véritable  manuel  d'ostréiculture. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1" décembre  1890.  —Prix:  «ooo  francs. 

48° 1886.  —  Élevage  de  l'Huître  sur  les  côtes  françaises  de 

la  Méditerranée. 

On  devra  justifier  de  l'élevage,  pendant  au  moins  deux  années,  de 
plusieurs  milliers  d'Huîtres  françaises  [Ostrea  edulis  ou  0.  Cyrnensh) 
(^10  000  au  maximum). 

Il  sera  nécessaire  de  faire  constater  : 

.1"  La  grandeur  (diamètre)  des  Huîtres  au  moment  de  leur  introduc- 
tion dans  les  parcs. 

2"  La  croissance  obtenue  au  bout  de  18  mois. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  500  franco. 

490 1879.  —  Culture  de  la  Moule  sur  les  côtes  méditerra- 
néennes. 

On  devra  justifier  d'une  superficie  d'un  hectare  mis  en  culture,  soit  sur 
fond  horizontal,  soit  sur  bouchots,  et  ayant  donné  des  produits  alimen- 
taires au  moins  une  année. 

Les  concurrents  devront  joindre  à  l'appui  de  leur  demande  un  mémoire 
indiquant,  au  point  de  vue  pratique,  les  moyens  les  plus  propres  à  assurer 
le  succès  de  semblable  industrie,  et  présenter  un  compte  des  dépenses 
occasionnées  pour  rétablissement  de  l'exploitation  et  des  bénéfices  qu'on 
peut  en  tirer. 

Concours  prorogé  jusqu'au  i"  décembre  1890. —  Prix  :  1000  franc». 


PRIX    EXTRAORDINAIRES.  XXIII 


CRUSTACES 


20°  —  1867.   —  Introduction  et  acclimatation  d'un  Crustacé 

alimentaire  dans  les  eaux  douces  de  la  France  ou  de  ses  colonies. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l*""  décembre  1890.  —  Prix  :  500  rrancN. 

21»  —  1886.  —  Multiplication  artificielle  du  Homard  ou  de  la 
Langouste  en  France. 

Cette  multiplication  devra  avoir  été  obtenue  sur  une  échelle  assez 
large  pour  constituer  une  exploitation  industrielle. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1^''  décembre  1895.  —  Prux  :  looo  ri-ones. 


QUATRIÈME  SECTION.  —  INSECTES 

4"  —  1864.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

Il  pourra  être  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'une  valeur 
de  200  à  500  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
nouvelle,  utile  ou  ornementale,  d'un  réel  intérêt. 

2°  —  1865.  —  Acclimatation  et  multiplication  soutenue  pen- 
dant trois  années  au  moins  en  Europe  ou  en  Algérie  d'un  insecte 
producteur  de  cire,  autre  que  l'Abeille  ou  les  Mélipones. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix:  tooo rraneii». 

SÉRICICULTURE 

3° — 1881. —  Acclimatation  et  multiplication  soutenue  pen- 
dant trois  années  au  moins,  en  France  ou  en  Algérie,  d'une  nouvelle 
espèce  de  Ver  à  soie  produisant  de  la  soie  bonne  à  dévider  ou  à 
carder  pour  employer  industriellement. 

Le  prix  ne  sera  accordé  que  sur  preuve  d'une  production  annuelle  de 
trois  mille  cocons  au  moins. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Piux  :  t ooo  rrancH. 

4"  — 1886.  —  Application  industrielle  de  la  soie  de  VAt- 
tacus  Cynthia  vera,  Ver  à  soie  de  l'Allante. 

On  devra  présenter  plusieurs  coupes  d'étoffe  formant  ensemble  au 
moins  50  mètres,  et  fabriquées  avec  la  soie  cardée  (ailantine)  de  VAttacua 
Cynthia  et  sans  aucun  mélange  d'autres  matières.  Les  tissus  de  bourre 
de  soie  sont  hors  de  concours . 

Concours  prorogé  jusqu'au  l"""  décen»1)re  1890.  —  Prix  :  5oo  franchi. 

Le  prix  sera  doublé  si  l'étotTe  provient  d'une  soie  grège  du  même 
Ver  dévidée  en  fil  continu. 

5°  —  1878.  —  Encouragement,  en  France,  à  un  établissemen 
industriel  pouvant  livrer  à  la  consommation,  et  prêtes  à  être  tissées, 


XXIV  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

des  soies  grèges  ou  des  fdoselles  des  cocons  d'une  des  espèces  ci- 
après  désignées  : 

Attacus  Yama-maï,  Pernyi,  Cijnlkia,  Cearopia,  Pohjphe- 
mus,  etc.,  espèces  qui  ont  déjà  été  l'objet  d'éducations  en  France 
sur  une  échelle  plus  ou  moins  étendue. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.—  Prix  :  «ooo  ri-ancs. 

6»  —  187 y.  —  Vers  à  soie  du  Mûrier.  —  Etudes  théoriques  et 
pratiques  sur  les  diverses  maladies  qui  les  atteignent.  Les  auteurs 
devront,  autant  que  possible,  étudier  monographiquement  une  ou 
plusieurs  des  maladies  qui  atteignent  les  Vers  à  soie,  en  préciser 
les  symptômes,  faire  connaître  les  altérations  organi(jues  qu'elles 
entraînent,  étudier  expérimentalement  les  causes  qui  leur  donnent 
naissance  et  les  meilleurs  moyens  à  employer  pour  les  combattre. 
Concours  prorogé  jusqu'au  1'^'"  décembre  1890.—  Prix  :  looo  ri-anct^. 

70  —  1S70.  —  Vers  à  soie  du  Mûrier.  —  Production  dans  le  nord 
de  la  France  de  la  graine  de  Vers  à  soie  de  races  européennes  par 
de  petites  éducations. 

Considérant  l'intérêt  qu'il  y  aurait  à  encourager  la  production  de 
la  graine  saine  des  Vers  à  soie  du  Mûrier  de  races  européennes,  les 
prix  sont  institués  pour  récompenser  dans  les  bassins  de  la  Seine, 
de  la  Somme,  de  la  Meuse,  du  Rhin,  ainsi  que  dans  la  portion  sep- 
tentrionale du  bassin  de  la  Loire,  les  petites  éducations  qui  permet- 
tront de  mettre  au  grainagedes  cocons  provenant  d'éducations  dans 
lesquelles  aucune  maladie  des  Vers  n'aura  été  constatée. 

La  Société  n'admettra  au  concours  du  grainage  que  les  graines  de 
Vers  à  soie  de  races  européennes. 

Elle  ne  primera  aucune  éducation  portant  sur  plus  de  30  grammes 
de  graine  pour  une  même  habitation. 

Mise  au  grainage  de  plus  de  50  kilogrammes  de  cocons  : 

Deux  Prix  de  500  francs  chacun. 

Mise  au  grainage  de  25  à  50  kilogrammes  de  cocons  : 

Deux  Prix  de  250  francs  chacun. 

Mise  au  grainage  de  10  à  25  kilogrammes  de  cocons  : 

Quatre  Prix  de  150  francs  chacun. 

Mise  au  grainage  de  5  à  10  kilogrammes  de  cocons  : 

Dix  Prix  de  100  francs  chacun. 

Ces  primes  seront  distribuées  chaque  année,  s'il  y  a  licu,]\i%({noA\  1890. 

Les  concurrents  devront  (cette  condition  est  de  rigueur;  se  faire  con- 
naître en  temps  utile,  afin  que  la  Société  puisse  faire  suivrn  par  ses  di'- 
léîués  la  marche  des  éducations  et  en  constater  les  résultats. 


PRIX    EXTr.AOr.DINAlRES.  XXV 


APICULTURK 


S»  —  1870. —  Éludes  lliéoiiques  et  praliques  sur  les  diverses 
maladies  qui  atteignent  les  Abeilles,  et  principalement  sur  la  loqiie 
ou  pourriture  du  couvain. 

Les  auteurs  devront,  autant  que  possible,  en  préciser  les  sym- 
ptômes, indiquer  les  altérations  organiques  qu'elle  entraîne,  étudier 
expérimentalement  les  causes  qui  la  produisent  et  les  meilleurs 
moyens  à  employer  pour  la  combattre. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  5oo  rennes. 

0"  —  1886.  —  Croisements  de  l'Abeille  ordinaire  {Apis  mel- 
lifica)  avec  les  races  italiennes,  Cbypriotes,  Carnioliennes  et 
Syriennes  et  avec  l'Abeille  égyptienne  {A.  fasciata). 

Il  pourra  être  accordé  des  primes  ou  des  médailles. 
Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890. 

10"  —  18Î0.  —  Introduction  en  France  d'une  Mélipone  ou  Tri- 
gone  (Abeille  sans  aiguillon)  américaine,  australienne  ou  africaine. 
Présenter  une  colonie  vivant  depuis  deux  ans  chez  le  propi-iétaire. 
Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  — Prix  :  5«m»  francM. 

CINQUIÈME  SECTION.  —  VÉGÉTAUX. 

1"  —  1864.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

11  pourra  être  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'une  valeur 
de  200  à  500  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
nouvelle,  utile  ou  ornementale,  d'un  réel  intérêt. 

•i"  —  1886.  —  Plantes  de  pleine  terre  utiles  et  d'ornement,  in- 
troduites en  Europe  dans  ces  vingt-cinq  dernières  années. 

Les  auteurs  devront  indiquer  dans  un  livre,  ou  dans  un  mémoire  étendu, 
les  usages  divers  de  ces  plantes,  leur  pays  d'origine,  la  date  de  leur  in- 
troduclion,  la  manière  de  les  cultiver;  les  décrire  et  désigner  les  diffé- 
rentes variétés  obtenues  depuis  leur  importation,  ainsi  que  les  différents 
noms  sous  lesquels  ces  végétaux  sont  connus. 

En  d'autres  termes,  les  ouvrages  présentés  au  concours  devront  pouvoir 
servir  de  guide  pratique  pour  la  culture  des  plantes  d'importation  nouvelle . 
Les  ouvrages  (manuscrits  ou  imprimés)  devront  être  remis  à  la  Société 
avant  le  i"  décembre. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  n-ancH. 

3» —  1866.  —  Introduction  en  France  et  mise,  en  grande  cul- 
ture d'une  plante  nouvelle  pouvant  être  utilisée  pour  la  nourriture 
des  bestiaux. 

(concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890. —  1"  Prix  :  5oo  rrancH. 
—  2*  Prix  :  .100  rrnneN. 


XXVI  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION 


40  _  fl§S0.  —  Prix  de  200  francs,  fondé  par 
m.  OODEFROY-LEBEUF. 

Un  prix  de  '200  francs  sera  décerné  à  la  personne  qui  présentera 
un  double  décalitre  de  graines  QVElœococca  vernicia  récoltées  sur 
des  plantes  cultivées  à  l'air  libre,  en  Europe  ou  en  Algérie,  sans 
autres  abris  que  les  rangées  d'arbres  nécessaires  à  leur  protection 
dans  le  jeune  âge  (comme  au  Se-tchuen). 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  too  rranes. 

50  _  1870.  —  Utilisation  industrielle  du  Lo-za  {Rhamnus  utilis) 
qui  produit  le  vert  de  Chine. 

On  devra  fournir  a  la  Société,  sous  réserve  des  droits  de  propriété,  les 
documents  relatifs  aux  méthodes  et  procédés  employés. 

On  devra  également  présenter  des  spécimens  d'étoffes  teintes  en  France 
avec  les  produits  du  Lo-za  préparés  en  France. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  5©o  rranc*«. 

6»  —  1881.  —  Introduction  et  culture  en  France  du  Noyer 
d'Amérique  {Carya  alba),  connu  aux  États-Unis  sous  le  nom  de 
Hickory  (bois  employé  dans  la  construction  des  voitures  légères). 

On  devra  justifier  de  la  plantation  sur  un  demi-hectare  de  Noyers  d'A- 
mérique ou  de  la  possession  de  500  arbres  hauts  de  l^jSO  au  moins. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  n-anc»». 

7°  —  1881.  —  Introduction  et  culture  pendant  deux  années 
successives  d'une  Igname  (Dioscorea)  joignant  à  sa  qualité  supé- 
rieure un  arrachage  facile. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —1"  Prix  :  «00  rrancH. 
—  2*  Prix  :  4©0  francs. 

8"  _  1870.  —  Culture  du  Bambou  dans  le  centre  et  le  nord  de 
la  France. 

Le  prix  sera  accordé  à  celui  qui  aura  : 

1^  Cultivé  avec  succès  le  Bambou  pendant  plus  de  cinq  années,  et  dont 
les  cultures  couvriront  au  moins,  pendant  les  dernières  années,  un  demi- 
hectare; 

2°  Exploité  industriellement  ses  cultures  de  Bambou. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890. 

Deux  Prix  de  1000  francs  chacun. 

9"  —  1873.  —  Culture  de  YEucaltjptus  en  Algérie. 

Le  prix  sera  accordé  à  celui  qui  aura  : 

1"  Cultivé  avec  succès  VEucalijptus  pendant  plus  de  cinq  années  et  dont 
les  cultures  couvriront  au  moins,  pendant  les  dernières  années,  8  hectares; 
2"  Exploité  industriellement  ses  cultures  d'Encalijptua. 
Concours  prorogé  jusqu'au  l'*''  décembre  1890.—  Prix  :  14M»«  francs. 


PRIX    EXTRAORDINAIRES.  XXVH 

10"  —  1S73.  —  Culture  de  l'Eucalyptus  en  France  et  particu- 
lièrement en  Corse. 

Le  prix  sera  accordé  à  celui  qui  aura  : 

1"  Cultivé  avec  succès  VEucalyptiis  pendant  plus  de  cinq  années  et  dont 
les  cultures  couvriront  au  moins,  pendant  les  dernières  années,  2  hectares  ; 

2°  Exploité  industriellement  ses  cultures  d'Eucali/ptun. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l"""  décembre  t890. —  Pnix  :  looo  rranps. 

il"  —  1886.  —  fiuide  théorique  et  pratique  de  la  culture  de 
VEucalyptiis. 

Les  auteurs  devront  surtout  étudier,  en  s'appuyant  sur  des  expériences, 
et  comparativement,  quelles  sont  les  espèces  à' Eucalyptus  qui  peuvent 
être  cultivées  sous  les  divers  climats;  faire  connaître  la  nature  du  sol  qui 
leur  convient,  les  soins  spéciaux  de  culture  que  chaque  espèce  exige,  le 
degré  de  froid  auquel  elle  résiste  et  leur  valeur  relative. 

Les  ouvrages  imprimés  peuvent  seuls  prendre  part  à  ce  concours. 

Concours  ouvert  jusqu'au  \"  décembre  1890.  —  Prix:  5oo  rranes. 

12°  — 1876.  —  Culture  du  Jahorandi  {Pilocarpus  pinnatus) 
dans  les  colonies  françaises. 

Le  prix  sera  décerné  à  celui  qui  aura  : 

1°  Cultivé  avec  succès  le  Jaborandi  pendant  plus  de  cinq  années  et 
dont  les  cultures  couvriront  au  moins,  pendant  les  dernières  années,  un 
demi-hectare  ; 

2"  Exploité  commercialement  ses  cultures  de  Jaborandi. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l^"^  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  francs. 

13"  —  1879.  —  Reboisement  des  terrains  en  pente  par 
l'Ailante. 

Considérant  que  l'Ailante  s'accommode  facilement  de  tous  les  sols , 
que  les  troupeaux  ne  touchent  ni  à  ses  feuilles  ni  à  son  écorce,  et  qu'il 
serait  par  conséquent  essentiellement  propre  au  reboisement  de  certains 
terrains  pauvres  servant  actuellement  de  pâture,  la  Société  institue  un 
prix  de  1000  francs,  qui  sera  décerné  à  la  personne  ou  à  la  commune  qui, 
en  France  ou  en  Algérie,  justifiera  de  la  plantation  de  5  hectares  de  cette 
essence. 

Les  concurrents  devront  établir  que  le  reboisement  est  fait  depuis  plus 
de  cinq  ans. 

Concours  prorogé  jusqu'au  i^-"  décembre  1890.  —  Prix  :  looo  francs. 

14°  —  1885.  —  Utilisation,  pour  le  reboisement  en  Algérie, 
d'essences  étrangères  à  la  colonie. 

On  devra  faire  connaître  les  espèces  employées,  la  date  des  planta- 
tions, la  nature  du  sol  et  les  précautiqns  prises  pour  assurer  le  succès 
de  la  plantation,  enfin  l'étendue  consacrée  au  reboisement. 

Concours  ouvert  jusqu'au  i"  décembre  1890. 

La  Société  décernera  : 

Un  prix  de  six  cents  (600) francs;  un  prix  de  quatre  cents  (400) francs  ; 
un  prix  de  deux  cents  (200)  francs. 


XXVIII  SOCIKTK    NATIONAI-E    D  ACCLIMATATION. 

15"  —  18S*î.  —  Alimentation  du  bétail  par  le  Téosinté  {Reann 
hixurians)  dans  les  colonies  françaises. 

On  devra  présenter  un  compte  établissant  le  rendement  obtenu,  en 
poids,  d'une  plantation  de  Téosinté  couvrant  au  moins  25  ares  et  fournir 
des  renseignements  (•irconstanciés  sur  les  avantages  ou  les  inconvénients 
que  présente  ce  mode  d'alimentation  pour  le  bétail. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890. —  Prix  :  3©o  rrnnes. 

16"  —  1S82.  —  Alimentation  des  animaux  par  le  Soya. 

On  devra  fournir  des  renseignements  circonstanciés  sur  les  avantages 
on  les  inconvénients  que  présente  ce  mode  d'alimentation  pour  les  ani- 
maux, soit  à  l'état  vert,  soit  à  l'état  sec. 

Concours  prorogé  jusqu'au  i"  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  francs 

17" — ISS'l. — Jardin  fruitier  exotique  en  Algérie  ou  sur  le 
littoral  méditerranéen  français. 

On  devra  faire  connaître  les  espèces  et  les  variétés  d'arbres  fruitiers 
exotiques  entretenues,  indiquer  la  date  des  plantations,  la  nature  du  sol, 
et  les  précautions  prises  pour  assurer  le  succès  de  la  plantation. 

Ce  travail  devra  faire  connaître  les  variétés  les  plus  recommandables 
pour  la  localité  où  l'expérience  aura  été  faite. 

t^iOncours  ouvert  jusqu'au  1'='  décembre  1895.  —  Prix  :  soo  ri-une<4. 

18"  —  1883.  —  Culture  du  Vhaseoliis  radialus. 

Le  prix  sera  accordé  à  la  personne  qui  aura  cultivé  avec  succès  le 
Haricot  radié  dans  un  champ  d'un  demi-hectare  au  moins. 

S'il  se  présentait  plusieurs  concurrents,  la  préférence  serait  donnée  à 
celui  qui  produirait  les  plus  beaux  spécimens  de  préparations  alimen- 
taires, obtenues  avec  les  graines  du  Phaseolus  radiatus. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l*'  décembre  1890.  —  Prix  :  »oo  ri-aucH. 

19"  —  1886.  —  Fabrication  d'un  vin  ou  cidre  d'oranges 
douces,  titrant  après  fermentation,  de  4  à  ()  degrés  ou  davan- 
tage, sans  addition  d'alcool,  et  pouvant  se  conserver  plusieurs 
années  en  tùls  ou  en  bouteilles. 

Les  candidats  devront  présenter  dix  bouteilles  au  moins  de  ce  pro- 
duit, et  faire  connaître  les  procédés  de  fabrication. 

Concours  ouvert  jusqu'au  f'  décembre  1890.  —  Prime  on  médaille 
d'une  valeur  de  .loo  rruncs. 

20"  —  18S6.  —  Introduction  de  culture  pendant  plus  de  cinq 
années,  dans  le  sud  algérien  ou  tunisien,  du  Nara  de  la  (lafrerie 
occidentale  {Acanthosycios  horrida)  sur  une  superlicie  impor- 
tante. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l'""  décembre  1890.  —  Prime  on  médaille, 
d'une  valeur  de  :ioo  rrancN. 


ALLOCUTION 

PUONONCliE 

Par  M.   DE   QUATREFAGES. 

IMeiiibrv  «lu  riiiMtiCiit,  vico-pi-é»<i«lcnt  do  la  Mooiétc 

à   la 
VINGT-NEUVIÈME   SÉANCE  PUBLIQUE    ANNUELLE 

bK   LA    SOCIÉTÉ  NATIONALK  D'ACCLIMATATION 


Messieurs, 

En  eiiliant  dans  celle  salle,  en  jelanl  les  yeux  aulour  de 
vous,  vous  avez  dû  èlrc  quelque  peu  surpris,  peul-êlre  même 
désappoinlés.  Le  jour  où  noire  Société  dislrihue  ses  récom- 
penses a  élé  jusqu'ici  pour  elle  une  fêle  solennelle,  donl  on 
chercliait  à  rehausser  l'éclal.  Nous  ouvrions  largement  aux 
ramilles  de  tous  nos  Sociétaires,  à  un  public  d'élite,  à  des 
sommités  sociales  un  local  exceptionnel;  des  conlêrences 
allrayanles  et  inslruclives  captivaient  rallention  de  Faudi- 
loire,  et  un  orchestre  de  choix  saluait  de  ses  fantares  les 
concurrents  couronnés. 

Aujourd'hui,  rien  de  semblable.  Point  de  musique;  point 
de  gaz  éclairant  les  loges  et  la  scène  ;  dans  la  salle,  sur  une 
modeste  estrade,  rien  que  des  collègues;  et  aulour  de  nous 
des  murs  tout  nus,  à  peine  grattés  de  la  veille.  Telle  est  noire 
réunion  celte  année.  El  pourtant,  malgré  ce  qu'elle  a  de  peu 
brillant  et  de  sévère,  elle  marque  un  moment  important  dans 
notre  existence;  elle  est  bien  réellement  une  fêle. 

En  effet.  Messieurs,  jusqu'à  ce  jour  la  Société  d'Acclimata- 
tion était  en  réalité  errante  el  logée  au  hasard.  En  se  trans- 
portant d'une  rue  à  l'autre,  elle  subissait  les  nécessités  im- 
posées par  chaque  nouveau  domicile;  et  celui-ci,  acquis  aux 
conditions  d'une  location  ordinaire,  pouvait,  à  rliaque 
échéance,  la  laisser  dans  rend)ai'ras.  Aujourd'hui,  elle  va 
habiter  un  local  construit  en  vue  de  satisliiire  à  ses  besoins. 


XXX  SOCIÉTÉ   NATlOiNALE   D  ACCLIMATATION. 

de  laciliter  ses  services  ;  et  dix-lmit  ans  de  stabilité  lui  sont 
assurés.  Pour  la  première  fois  depuis  sa  fondation,  notre  So- 
ciété est  chez  elle. 

Votre  Conseil  a  pensé  que  cette  transformation  heureuse 
dé  nos  conditions  d'existence  méritait  d'être  célébrée.  Mais  il 
a  senti  en  même  temps  qu'une  solennité  trop  éclatante  serait 
mal  venue  en  ce  moment.  Si  nous  avons  nos  joies,  nous  avons 
aussi  nos  douleurs  ;  et,  pour  pouvoir  marier  librement  les 
uns  aux  autres  ces  sentiments  opposés,  il  a  jugé  qu'il  ne  fal- 
lait pas  appeler  à  nous  un  public  indifférent,  qu'il  était  mieux 
de  s'en  tenir  à  une  réunion  de  famille. 

Bien  peu  de  mois  se  sont  écoulés  depuis  que  la  Société  a 
perdu  son  troisième  président.  Ce  n'est  pas  quand  la  tombe 
de  Bouley  est  à  peine  fermée,  que  nous  pouvions  songer  à 
une  grande  fêle,  où  manquerait  celui-là  même  qui  aurait  dû 
la  présider.  Ce  n'est  pas  au  milieu  des  préoccupations  inspi- 
rées par  cette  perte,  qu'il  eût  été  possible  de  se  livrera  des 
manifestations  bruyantes  en  désaccord  avec  notre  deuil. 

Messieurs,  dans  toute  Société  libre  comme  la  nôtre,  la  pré- 
sidence a  une  importance  tout  autre  que  dans  une  Académie. 
Pour  être  à  la  hauteur  de  sa  tache,  pour  maintenir  le  présent 
et  assurer  l'avenir  de  l'association,  celui  qui  en  est  la  tête  doit 
posséder  des  qualités  spéciales  et  rarement  réunies.  Jusqu'ici 
nous  avons  été  favorisés.  Vous  savez  fce  qu'ont  été  Isidore 
Geoffroy  Saint-Hilaire  et  Drouyn  de  Lhuys.  Le  premier  par 
son  savoir  si  grand,  si  élevé,  uni  au  sentiment  si  net  et  si 
droit  de  tout  ce  qui  peut  être  utile,  représentait,  à  un  degré 
exceptionnel,  l'union  de  la  science  pure  et  de  l'application. 
Le  second,  par  sa  haute  position  sociale,  nous  ouvrait  les 
classes  influentes  et  riches.  Tous  deux  ont  servi  la  Société 
avec  un  égal  dévouement;  et  je  n'ai  pas  besoin  de  vous  rap- 
peler combien  furent  grands  et  sérieux  les  progrès  accom- 
plis, grâce  à  leurs  mérites  si  divers. 

Par  la  nature  des  études  qui  avaient  rempli  sa  vie,  par  la 
haute  situation  qu'elles  lui  avaient  méritée,  Bouley  nous 
rattachait  à  la  fois  au  monde  scicntilique  et  aux  agriculteurs. 
Ceux-ci  auraient  écouté  avec  conliance  le  praticien  éprouvé 


ALLOCUTION.  XXXI 

qui  s'attachait  ciiaque  jour  davanlaiçc  à  nos  travaux,  qui  en 
comprenait  de  mieux  en  mieux  l'imporlance.  En  le  frappant 
avant  riieure,  la  mort  nous  a  pris  un  liommequi  aurait  bientôt 
rivalisé  avec  ses  prédécesseurs,  qui  aurait  rendu  des  services 
signalés  à  la  Société,  au  pays  ;  et,  —  répétons-le  après  tant 
d'autres,  —  un  homme  qui  se  faisait  aimer  autant  qu'esti- 
mer, par  ses  qualités  à  la  fois  charmantes  et  sérieuses. 

Voilà  surtout,  Messieurs,  pourquoi  votre  Conseil  a  cru  de- 
voir vous  convoquer  en  petit  comité.  Il  lui  a  semblé  d'ailleurs 
que,  pour  être  plus  intime,  notre  réunion  n'en  aurait  pas 
moins  un  intérêt  tout  spécial.  Remettre,  ici,  à  nos  lauréats 
les  récompenses  qu'ils  ont  méritées,  c'est  inaugurer  notre 
nouvelle  demeure,  c'est  consacrer  la  prise  de  possession  d'un 
édifice  qu'il  est  bien  permis  d'appeler  VHûtel  de  la  Société, 
puisqu'il  a  été  bâti  pour  elle. 

L'expression  d'Hôtel  est  peut-être  un  peu  ambitieuse,  car, 
en  réalité,  notre  installation  est  très  modeste.  Votre  (<onscil 
n'a  rien  voulu  faire  pour  le  luxe.  11  a  bien  rarement  franchi 
les  bornes  du  nécessaire,  jamais  celles  de  l'utile.  Mais  du 
moins,  nous  pourrons  désormais  recevoir  convenablement 
chez  nous  les  étrangers  et  il  a  été  pourvu  à  des  besoins  jus- 
qu'ici restés  en  souffrance. 

Ce  changement  de  demeure  marquera,  nous  l'espérons, 
pour  la  Société  les  débuts  d'une  ère  nouvelle.  Pour  une 
Association  comme  la  nôtre,  que  rien  ne  rattache  aux  pou- 
voirs officiels  et  qui  ne  doit  compter  que  sur  elle-même,  c'est 
beaucoup  d'avoir  un  cliez-soi.  A  lui  seul,  ce  fait  lui  assure 
une  notoriété  qui  attire  l'attention  du  public  dont  elle  a  be- 
soin et  qui  vient  à  elle  avec  plus  de  confiance.  Mais,  })our  que 
cette  modification  matérielle  porte  tous  ses  fruits,  il  faut 
qu'elle  soit  accompagnée  d'améliorations  d'un  autre  ordre. 

Votre  Conseil  n'a  pas  méconnu  ce  côté  de  la  question. 
Déjà  il  a  pris  des  mesures  pour  activer  et  étendre  notre  cor- 
respondance, pour  en  assurer  la  régularité.  Il  espère  pouvoir 
bientôt  rendre  plus  fréquentes  les  communications  entre 
tous  les  membres;  il  étudie  les  moyens  de  compléter  nos 
publications  et    d'en   accroître   l'attrait;    il    se    ))réoccupc 


XXXII  SUCIÉTÉ  NATlOiNALE  DACCLIMATATION. 

des  voies  qu'il  sera  peut-être  bon  d'indiquer  à  l'activité  de 
nos  membres.  En  un  mot,  il  s'ingénie  à  trouver  et  à  mettre 
en  œuvre  tout  ce  qui  peut  solliciter  les  intelligences  et  don- 
ner un  nouvel  élan  à  nos  travaux. 

Mais  vous  aussi,  Messieurs,  vous  avez  votre  part  de  tâche 
à  accomplir  dans  cette  rénovation.  Venez-nous  en  aide  en  re- 
doublant de  zèle.  Apportez-nous  plus  souvent  le  résultat  de 
vos  études,  de  vos  expériences  ;  faites  autour  de  vous  la  pro- 
pagande honorable  qui  résulte  de  l'exemple  et  du  travail. 
Ces  paroles  que  je  vous  adresse  ici  de  vive  voix,  je  les  envoie 
à  tous  nos  collègues  des  départements  et  de  l'étranger.  Déjà 
notre  Association  internationale  a  porté  bien  des  fruits  ;  res- 
serrons-en les  liens,  unissons  plus  que  jamais  nos  ctforis,  et 
aux  succès  du  passé  s'ajouteront  les  progrès  de  l'avenir. 


RAPPORT  ANNUEL 

SUR 

LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIOXALE  D'ACGUMATATION 

DE  FRANCE  ElN  1885 

Par  M.    C.    RWERET-^VATTEL 

Secrétaire  des  séances. 


Messieurs, 

Je  répondrais  mal  à  vos  sentiments  si,  en  commençant  ce 
compte  rendu  succinct  des  travaux  de  notre  Compagnie  pen- 
dant l'année  écoulée,  je  ne  saluais  d'un  dernier  hommage  le 
savant  éminent,  le  chef  sympathique  à  tous  dont  la  place 
reste  vide  aujourd'hui  et  auquel,  par  un  pieux  sentiment, 
vous  vous  êtes  abstenus  jusqu'à  ce  jour  de  donner  un  succes- 
seur. Des  voix  éloquentes  ont  retracé  la  carrière  scientifique 
de  M.  Henri  Bouley,  analysé  sa  vie  si  brillamment  remplie, 
mesuré  l'étendue  de  la  perle  que  la  science  a  faite  en  sa  per- 
sonne, et  assurément,  Messieurs,  nous  qui  avions  l'honneur 
de  le  posséder  à  notre  tète,  nous  avons,  plus  que  personne, 
à  déplorer  sa  lin  inattendue.  Mais,  si  nous  regrettons  en  lui  le 
savant  qui  honorait  notre  Société,  nous  avons  à  regretter 
bien  plus  encore  l'homme  de  cœur,  l'homme  aimable  et  bon, 
dont  la  bienveillance  était  acquise  à  tous  et  qui  réservait  un 
accueil  favorable  à  quiconque  l'approchait. 

Une  autre  illustration  scientifique  a  également  disparu  de 
nos  rangs  :  le  29  juillet  dernier,  la  mort  nous  enlevait 
M.  Henri  Milne-Edwards,  membre  de  l'Institut,  grand  offi- 
cier de  la  Légion  d'honneur,  Doyen  de  la  Faculté  des  sciences, 
professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  etc.  Si  par  son 
âge  et  par  des  occupations  absorbantes,  M.  Henri  Milne- 
Edwards  se  trouvait  un  peu  éloigné  de  nos  travaux,  il  ne  les 
a  pas  moins  suivis  toujours  avec  le  plus  sympathique  intérêt. 
Aussi,  sa  perte,  qui  est  un  deuil  profond  pour  la  science,  ne 
pouvait-elle  être  que  vivement  sentie  par  notre  Compagnie. 
Nous  avons  du  moins  la  consolation  de  voir  ce  nom  illustre 

4'  SÉRIE,  T.  in.  —  Séance  publique  anauelle.  C 


XXXIV  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

fiffurer  encore  au  milieu  de  nous  et  honorer  notre  Société 
en  continuant  de  glorieuses  traditions. 

Parmi  les  membres  du  conseil,  nous  avons  eu  la  douleur 
de  perdre  M.  le  docteur  Henri  Labarraque,  qui  fut  longtemps 
un  des  membres  les  plus  assidus  de  nos  séances,  auxquelles 
il  apportait,  avec  le  concours  de  ses  lumières,  ce  zèle,  ce 
dévouement,  cette  bienveillance  extrême,  cette  bonté  par- 
faite qui  formaient  le  fond  même  de  son  caractère.  C'est 
pour  nous  une  perte  bien  sensible  que  celle  d'un  collègue 
qui  se  distinguait  par  une  si  heureuse  combinaison  des 
qualités  du  cœur  et  de  l'esprit. 

Un  de  nos  membres  à  vie  nous  a  aussi  été  enlevé  :  M.  Vau- 
vert  de  Méan,  ancien  consul  général,  qui  appartenait  à  la 
Société  depuis  de  longues  années,  et  qui  avait  souvent  enrichi 
le  Bulletin  de  communications  intéressantes.  Très  dévoué  à 
notre  œuvre,  notre  regretté  collègue  lui  a  légué  en  mourant, 
une  somme  de  15  000  francs  comme  dernier  témoignage  de  son 
sympathique  attachement  et  de  la  part  qu'il  prenait  aux  inté- 
rêts de  l'acclimatation;  son  nom  restera  désormais  inscrit  au 
nombre  des  bienfaiteurs  de  la  Société. 

Dans  les  rangs  de  notre  5'  Section,  un  autre  vide  doulou" 
reux  s'est  produit.  Nous  avons  perdu  M.  Vavin,  qui,  l'un 
des  membres  les  plus  anciens  et  les  plus  actifs  de  la  Société, 
s'était  toujours  occupé  avec  zèle  de  la  propagation  des  végé- 
taux utiles  et  qui  n'avait  pas  abandonné  ses  travaux  alors  que 
l'âge  eût  pu  lui  permettre  le  repos. 

Ces  pertes  douloureuses  ne  sont  malheureusement  pas  les 
seules  que  nous  ayons  à  déplorer  :  je  dois  encore  rappeler  à 
vos  souvenirs,  à  vos  regrets,  M.  Sentis,  consul  général  en 
retraite;  M.  le  colonel  Pauthonnier,  ancien  aide  de  camp  de 
S.  A.  le  vice-roi  d'Egypte  ;  M.Gustave  Arosa;  M.  Paul  de 
Bourakoff,  qui  était,  depuis  de  longues  années,  délégué  de 
la  Société  à  Odessa  ;  enhn,  M.  Victor  Ghatel,  de  Valcongrain, 
dont  le  zèle  et  le  dévouement  étaient  à  toute  épreuve  quand 
il  s'agissait  de  se  consacrer  à  quelque  œuvre  utile,  et  surtout 
de  travailler  à  l'amélioration  de  la  situation  morale  ou  maté- 
rielle de  nos  populations  des  campagnes. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.      XXXV 

Dans  ce  temps  où  l'on  oublie  vite,  c'est  l'honneui'  de 
notre  Société  de  se  souvenir  de  ceux  qui  ne  sont  plus.  Mais 
en  présence  des  vides  qui  s'ouvrent  dans  ses  rangs,  un  autre 
devoir  s'impose  à  ceux  qui  restent  :  redoubler  de  zèle,  pour 
continuer  l'œuvre  commencée  avec  ces  regrettés  collabora- 
teurs et  la  faire  prospérer. 

Vos  travaux,  du  reste,  n'ont  été,  Messieurs,  ni  moins  nom- 
breux ni  moins  importants  cette  année  que  les  années  précé- 
dentes. Des  progrès  nouveaux  ont  été  réalisés,  des  succès 
obtenus,  des  questions  intéressantes  étudiées  avec  fruit,  et  si 
nombreux,  si  variés  sont  les  sujets  qu'embrassent  vos  études, 
que  je  puis  craindre  de  faire  quelques  omissions  dans  ce 
compte  rendu,  lequel  ne  saurait  être  que  très  rapide,  car  j'ai, 
avant  tout,  à  cœur  de  ne  pas  abuser  de  votre  bienveillante 
attention. 

Si  les  tentatives  d'acclimatation  et  de  domestication  pré- 
sentent des  diflicultés  spéciales  en  ce  qui  concerne  les  Mam- 
mifères, nous  n'en  avons  pas  moins  à  enregistrer  cette  année 
des  résultats  satisfaisants  au  sujet  de  diverses  espèces  inté- 
ressantes, et  je  dois  rappeler  en  première  ligne  les  nombreu- 
ses reproductions  de  Cervidés,  d'Antilopes,  de  Gazelles,  etc., 
obtenues  dans  son  domaine  de  la  Palaudière  (Indre-et- 
Loire),  par  notre  collègue  M.  Pays-Mellier  (1),  qui  a  pu  con- 
stater la  rusticité  de  plusieurs  de  ces  espèces,  aussi  bien  que 
le  mal-fondé  de  l'opinion  d'après  laquelle  ces  animaux  ne 
pourraient  vivre  et  se  reproduir  en  captivité  (2). 

De  leur  côté,  M.  de  Carpentier  (3)  et  M.  E.  Delloye  (4-)  ont 
obtenu  la  reproduction  du  Cerf  nain  de  la  Chine,  qu'ils  con- 
sidèrent comme  parfaitement  rustique,  d'un  élevage  facile  et 
très  prolifique;  ces  petits  Cervidés,  qui  ne  causent  pas  de 
dommage  aux  bois,  paraissent  être  appelés  à  fournir  un 
précieux  appoint  pour  repeupler  nos  chasses. 


(1)  Pays-Mellier,  Reproductions  de  Mammifères  (Bulletin,  1885,  p.  :}:J7). 

(2)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p    525). 

(3)  Ibidem,  p.  37(5. 

(4)  Ibidem,  p.  C5I. 


XXXVI  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Les  noies  de  M.  le  vicomte  Powerscourt  (1)  sur  racclimata- 
tion  en  Irlande  du  Cerf  Sika  {Cervus  Sika)  ont  appelé  votre 
attention  sur  celte  charmanle  espèce  du  Japon,  qui  repré- 
sente un  gibier  de  bonne  qualité,  pouvant  faire  l'ornement 
d'un  parc  et,  bien  que  de  petite  taille,  trouver  sa  place  à  côté 
des  espèces  les  plus  robustes  (^). 

Dans  une  note  sur  les  Cerfs  à  acclimater,  M.  Huet,  aide 
naturaliste  au  Muséum  d'histoire  naturelle ,  a  d'ailleurs  insisté 
auprès  de  vous  (3)  sur  les  qualités  du  Cerf  Sika  et  de  quelques 
autres  espèces  qui,  sans  grande  dépense  ni  beaucoup  de 
difficultés,  pourraient  être  acquises  en  vue  du  repeuplement 
de  nos  forêts. 

M.  Huet  a  signalé  (4)  également  l'intérêt  qui  s'attacherait 
à  l'introduction  en  France  de  cette  belle  Antilope  connue  au 
Sénégal  sous  le  nom  de  petite  Vache  brune,  et  dans  les  nomen- 
clatures scientifiques  sous  celui  de  Kob  (Kohus  unctuosus 
Lauril.).  Des  observations  faites  depuis  quatre  ans  par  notre 
collègue  (5)  l'ont  convaincu  que  ces  animaux  vivraient  très 
bien  sous  notre  climat,  que  leur  domestication  ne  présente- 
rait aucune  difficulté,  et  qu'on  peut,  en  conséquence,  espérer 
les  voir  prendre  place  un  jour  dans  nos  élables,  àcôlé  de  nos 
Bœufs  et  de  nos  Moutons,  avec  lesquels  ils  s'accommoderaient 
parfaitement. 

Gomme  les  années  précédentes,  M.  Huet  a  bien  voulu  tenir 
la  Société  au  courant  des  naissances  de  Mammifères  et  d'Oi- 
seaux obtenues  à  la  ménagerie  du  Muséum  d'histoire  natu- 
relle (6).  Quelques-unes  de  ces  naissances,  comme  par  exem- 
ple celles  d'Antilopes  de  l'Inde,  de  Munjacks,  de  Bless-Bocks, 
etc.,  survenues  à  la  fin  de  l'année,  présentent  un  grand  inté- 
rêt ;  elles  donnent  la  mesure  de  la  vigueur,  de  la  force  de 
résistance  au  froid  des  jeunes,  issus  cependant   d'espèces 

(1)  Vicomte  Powerscourt,  Acclimatation  en  Irlande  du,  Cerf  Sika,  du  Ja- 
pon (Bulletin,  1885,  p.  254). 

(2)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  196). 

(3)  Huet,  Cerfs  a  acclimater  (Bulletin,  1885,  p.  257). 

(4)  Huet,  Sur  l'Antilope  Kob  du  Sénégal  (Bulletin,  1885,  p.  145). 

(5)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  317). 

(6)  Huet,  Notes  sur  les  naissances,  dons  et  acquisitions  du   Muséum   d'his- 
toire naturelle  {Bulletin,  1885,  p.  314,  465,  661). 


RAPPORT    SUR    LES    TRAVAUX    DE    LA    SOCIÉTÉ.       XXXVII 

provenant  de  contrées  plus  chaudes  et  plus  ensoleillées  que 
notre  pays  sombre  et  froid  pendant  les  mois  d'automne. 

Acclimatateur  infatigable,  M.  Joseph  Cornély  vous  a  fait 
part  cette  année  de  ses  succès  dans  l'élevage  du  Mara,  ou 
Lièvre  patagon  {Dolichotis  patachonica) ,  petit  mammifère 
qui  paraît  être  d'une  rusticité  remarquable,  et  qui,  s'il  n'est 
pas  destiné  à  devenir  un  animal  de  chasse,  sera  tout  au  moins 
un  animal  de  grand  parc,  donnant  un  tiré  des  plus  intéres- 
sants (1). 

Les  observations  précédemment  recueillies  par  M.  LeGuay 
et  par  M.  Mathey  sur  la  fécondilé  de  la  Chèvre  naine  du 
Sénégal  et  sur  la  remarquable  aptitude  de  cette  race  à  sup- 
porter les  intempéries  de  notre  climat,  ont  été  confirmées  par 
celles  de  M.  le  docteur  Clos  (^),  directeur  du  Jardin  des  Plan- 
tes de  la  ville  de  Toulouse.  M.  Fuzier-IIerman  vous  a  entre- 
tenus des  qualités  que  lui  semble  présenter  la  race  des  Mou- 
tons chinois  Ong-ti  (3),  animaux  robustes,  d'assez  forte  taille, 
peu  difficiles  pour  la  nourriture  ;  notre  confrère  estime 
qu'à  l'aide  de  croisements  prudents  avec  cette  race,  on  arri- 
verait facilement  à  augmenter,  dans  une  notable  proportion, 
la  fécondilé  de  nos  races  indigènes. 

Vous  devez  à  M.  Couput,  directeur  de  la  Bergerie  nationale 
de  Moudjebeur  (Algérie),  une  intéressante  communication 
sur  les  résultats  satisfaisants  de  l'élevage  de  la  Chèvre  d'An- 
gora (4-),  sous  un  climat  absolument  saharien,  dans  un  pays 
où  de  vastes  espaces  incultes  attendent  d'être  mis  en  valeur, 
où  le  seul  mode  d'exploitation  culturale  possible  est  l'éle- 
vage du  bétail.  Si  l'Arabe,  avec  ses  habitudes  invétérées  de 
négligence,  ne  peut  retirer  de  cet  élevage  un  résultat  avanta- 
geux, l'Européen  pourra,  sans  nuire  aux  forêts  algériennes, 
qui  doivent  être  l'objet  des  préoccupations  de  tous,  s'adonner, 
lui  aussi,  à  l'élevage  de  la  Chèvre,  resté  jusqu'ici  l'apanage 

(})  Joseph  (Cornély,  Note  sw  le  Lièvre  Patagon   ou  Mara  (Bulletin,  1885, 
p.  553). 
(2)  Procès-verbaux  [Bulletin,  1885,  p.  587). 
^3)  Ibidem,  p.  70. 

(l)  Couput,   Au  sujet    des   Chèvres   angoras   en    Algérie    (Bulletin,  1885, 
p.  120). 


XXXVIII  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

exclusif  de  la  population  indigène.  Il  suffira  pour  l'encourager 
dans  celle  voie,  de  lui  prouver  que  non  seulement  l'élevage  de 
la  Chèvre  d'Angora  est  facile  dans  le  Sud,  mais  encore  que  le 
prix  delà  toison  de  cette  Chèvre  est  assez  élevé  pour  donner 
un  bénéfice  raisonnable. 

C'est  d'après  ces  considérations  que,  sur  la  proposition  de 
M.  Decroix  (1),  vous  avez  décidé  de  faire  auprès  de  M.  le 
ministre  de  l'agriculture  une  démarche  tendant  à  obtenir 
que  des  mesures  soient  prises  en  vue  d'encourager  la  propa- 
gation de  la  Chèvre  d'Angora  en  Algérie  et  la  substitution  de 
cette  espèce  à  la  race  indigène. 

Avec  une  entière  compétence  en  pareille  matière,  M.  De- 
croix  vous  a  aussi  entretenus  de  l'importante  question  du 
transport  des  animaux  à  bord  des  navires  (2)  et  des  précau- 
tions qu'il  conviendrait  de  prendre,  tant  pour  éviter  les  acci- 
dents que  pour  maintenir  les  animaux  en  bonne  santé,  mal- 
gré les  fatigues  du  voyage. 

Des  renseignements  fort  curieux  vous  ont  été  donnés  par 
M.  Pierre-Amédée  Pichot  sur  les  Éléphants  de  service  dans 
l'Inde,  ainsi  que  sur  les  maladies  qui  affectent  parfois  ces 
gigantesques  pachydermes  (o),  et  cette  intéressante  commu- 
nication a  été  complétée  par  les  observations  que  M.  Saint- 
Yves  Ménard  s'est  trouvé  à  même  de  recueillir  sur  les  Elé- 
phants du  Jardin  d'Acclimatation  (4).  Vous  avez  de  même 
accueilli  avec  intérêt  les  notes  statistiques  que  P.-L.  Sim- 
monds  vous  a  fait  parvenir  sur  le  Chameau  et  sur  l'utilisa- 
tion de  cet  animal  (5),  un  des  plus  précieux  auxiliaires  de 
l'homme  dans  certaines  régions  du  globe. 

J'ai  également  à  rappeler  ici  les  communications  :  de  M.  le 
comte  de  la  Touche,  sur  l'élève  du  Cheval  dans  le  dépar- 
tement   des   Côtes-du-Nord  ;  de  M.  le  baron  de  Sachs,  sur 


(1)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  71,  196,  326). 

(2)  Ibidem,  \>.  390. 

(3)  Pierre-Amédée  Pichot,  Les  maladies  des  Eléphants  de  service  (Bulletin, 
1885,  p.  1). 

(i)  Saint-Yves  Ménard,    Sur   les  maladies  des  Eléphants  (Bulletin,  1885, 
p.  9). 
('.)  P,-L.  Simiiionds,  Le  Clmneau  (Bulletin,  \%^'^,  p.  392). 


RAPPORT   SUR   LES   TRAVAUX    DE   LA   SOCIÉTÉ.        XXXIX 

une  curieuse  émigralion  de  Campagnols  observée  dans  les 
plaines  de  la  Beauce  (i)  ;  de  M.  Mailles  (2)  et  de  M.  O'iNeill  (3), 
sur  le  Rat  noir;  de  M.  Amédée  Berlhoule ,  sur  l'Ornitho- 
rynque (4)  ;  de  M.  Pays-Mellier,  sur  la  multiplication  du  Porc- 
épic  (5);  de  M.  Mailles  (6)  et  de  M.  Fernand  Lataste  (7), 
sur  l'intérêt  qui  s'attacherait  à  l'introductiou  chez  nous  de 
deux  Hérissons  du  nord  de  l'Ah-ique,  particulièrement  re- 
commandables  au  j)oint  de  vue  de  la  destruction  des  Mol- 
lusques et  des  insectes  nuisibles  dans  les  jardins.  Enfin,  je 
ne  dois  pas  oublier  de  mentionner  les  détails  fort  intéres- 
sants qui  vous  ont  été  communiqués  par  M"'  Lagrenée,  sur 
l'utilisation  industrielle  des  poils  de  Lapins  angoras  de 
grande  race.  Jusqu'à  présent  on  n'avait  presque  pas  élevé 
cette  race  de  Lapins.  On  considérait  souvent  ces  animaux 
comme  des  animaux  de  luxe  ;  mais  aujourd'hui  on  peut  être 
sûr  d'un  débouché  pour  les  produits,  qui  ne  sont  pas  sans 
valeur,  car  un  Lapin  adulte  ne  rapporte  pas  moins  de  6  à 
8  francs  de  soie  (8).  Il  y  a  donc  lieu  de  féliciter  tout  particu- 
lièrement M'"'  Lagrenée  du  zèle  désintéressé  qu'elle  apporte 
à  la  propagation  de  cette  belle  et  utile  race. 

Pour  les  animaux  qui  ne  sont  encore  que  peu  répandus, 
insuftisamment  connus  et  acclimatés,  il  y  aurait  grand  intérêt 
à  ce  que  chaque  amateur  qui  les  possède  ne  gardât  pas  pour 
lui  seul  ses  observations,  mais  en  fit  publiquement  part  et 
dît  ce  qu'il  a  appris  de  leurs  moeurs,  de  leur  manière  d'être, 
de  leurs  habitudes.  Si  cet  usage  se  généralisait  beaucoup 
plus  parmi  les  membres  de  notre  Société,  l'acclimatation  en 
acquerrait  un  sérieux  avantage.  Quels  tâtonnements,  quel 
gaspillage  de  temps  et  de  sujets  rares  et  précieux  on  évite- 
rait en  profitant  des  essais  précédents,  puisque  chacun,  d'or- 

(1)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  525). 

(2)  Ibidem,  p.  537. 

(3)  Ibidem,  p.  503. 

(4)  Am.  Berlhoule,  L'Ornitliorijnque  {BuÛelin,  1885,  p.  5U5). 

(5)  Proces-verbaux  (Bullelin,  1885,  p.  133j. 

(6)  Ibidem,  p.  325. 

(7)  Ibidem,  p.  32tJ. 

(8)  M™"  G.    L-.igrenée,  Utilisation  indusirielle  des  poils  de  Lapins  angoras. 
[Bulletin,  1885,  p.  642). 


XL  SOCIÉTÉ   NATIOISALE    D  ACCLIMATATION. 

dinaire  livré  à  ses  propres  moyens  et  inspirations,  est  à  peu 
près  obligé  de  faire  son  éducation  à  ses  dépens,  et,  en 
somme,  à  ceux  de  l'acclimatation  en  général,  dont,  par  inex- 
périence, on  retarde  le  développement  et  souvent  on  stérilise 
et  même  on  anéantit  les  ressources. 

Ce  sont  précisément  ces  raisons  qui  donnent  une  sérieuse 
valeur  aux  comptes  rendus  que  veulent  bien  nous  adresser 
sur  leurs  élevages  de  zélés  éducateurs,  parmi  lesquels 
M.  Gabriel  Rogeron  mérite  cette  année  encore  une  mention 
spéciale.  Les  observations  faites  par  noire  collègue  (1)  sur  les 
Canards  Casarkas  de  Paradis  {Tadorna  variegata),  les  essais 
qu'il  poursuit  sur  le  croisement  de  ditîérentes  espèces  de 
Canards  (2)  ont,  ajuste  titre,  fixé  votre  attention.  Il  en  a  été 
de  même  des  renseignements  adressés  par  M.  le  comte  A.  de 
Monllezun  sur  la  Bernache  de  Magellan  (3),  par  M.  le  mar- 
quis de  Brisay  sur  la  Perruche  érythroptère(4'),  par  M.  Gour- 
raud  sur  le  Canard  de  Bahama  (5). 

D'autres  élevages  ont  également  été  couronnés  de  succès, 
et  nous  avons  à  mentionner  en  première  ligne  celui  du  Lo- 
phophore  resplendissant  (Lophophorus  refulgens) ,  mené  à 
bien  par  M.  Georges  Mathias,  qui  a  réussi  à  obtenir  dix  Lo- 
phophores  vivants  (6)  et  réalisé  ainsi  les  conditions  du  prix 
fondé  par  la  Société.  Mais  notre  généreux  collègue  n'a  pas 
voulu  bénéficier  personnellement  de  la  récompense  promise. 
Joignant  le  désinléressement  à  la  modestie,  et  se  contentant 
de  la  constatation  du  succès  obtenu,  il  a  immédiatement 
affecté  le  montant  du  prix  mérité  par  lui  à  la  création  de  deux 
prix  destinés  :  l'un  à  l'éleveur  qui  aura  obtenu  la  reproduc- 
tion en  captivité  d'une  espèce  quelconque  de  l'ordre  des 
Gallinacés  n'ayant  pas  encore  multiplié  en  France  dans  ces 
conditions  ;  fautre,  à  l'auteur  de  la  meilleure  monographie 

(1)  Gabriel  Rogeron,  Le  Casarka  de  Paradis  {Bulletin,  1885,  p.  151). 

(2)  Gabriel  Rogeron,  Croisements  de  Canards  {Bulletin,  1885,  p.  4-01). 

(3)  Comte  A.  de  Montlezun,  Sur  la  Bernache  de  Magellan  {Bulletin,  1885, 
p.  609). 

(4)  Marquis    de    Brisay,    Sur    la    Perruche    érythroptére    {Bulletin,    1885, 
p.  558). 

(5)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  592). 

(6)  Ibidem,  p.  592. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.      XLI 

des  Phasianidés.  Ce  sont  deux  fondations  utiles  ajoutées  à 
la  liste  de  nos  prix.  Qu'il  me  soit  permis  de  renouveler  ici  à 
notre  collègue,  pour  cette  création,  les  félicitations  et  les  re- 
merciements de  la  Société. 

Vous  avez  eu  à  applaudir  également  aux  succès  de  M.  le 
D""  Clos  dans  la  reproduction  du  Nandou  (1),  de  M.  Maxwell 
dans  l'élevage  de  la  Tourterelle  maillée  ('2),  de  M.  Th.  Leroux 
dans  l'éducation  de  la  Perruche  omnicolore  et  de  la  Perruche 
de  Pennant  (3),  de  M.  le  comte  Henri  de  Bussierre  dans  la 
propagation  du  Colin  de  Virginie  et  du  Faisan  de  Mongolie  (4), 
de  M.  Delaurier  dans  l'élevage  de  la  Colombe  grivelée  (5),  de 
M.  Courtois  (6)  dans  la  multiplication  du  Canaid  de  Paradis 
(Casarka  variegata).  Signalons,  en  passant,  qu'en  même 
temps  qu'ils  sont,  pour  ceux  qui  s'en  occupent,  un  sujet 
d'attachantes  distractions,  beaucoup  de  ces  élevages  peuvent 
devenir  une  véritable  source  de  revenu.  C'est  ainsi  qu'une 
seule  femelle  de  Canards  de  Paradis,  achetée  par  M.  Courtois 
au  Jardin  d'Acclimatation  en  1875,  à  raison  de  -400  francs  la 
paire,  lui  a  donné,  en  l'espace  de  sept  ans,  34  sujets  mâles  et 
33  femelles,  qui  ont  été  vendus  au  prix  total  de  5  470  francs  (7). 
On  voit,  par  cet  exemple,  les  bénéfices  que  l'éducation  des 
oiseaux  de  luxe  peut  donner  entre  les  mains  d'éleveurs  véri- 
tablement entendus  et  bien  installés. 

Nombreuses  sont  les  espèces  intéressantes  à  acquérir,  et, 
chaque  jour,  des  importations  nouvelles  multiplient  vos 
sujets  d'expérience.  Prétendre  établir  actuellement  la  liste 
exacte  des  espèces  qui  pourront  un  jour  être  utilisées  serait 
assurément  téméraire;  mais  il  est  du  moins  possible,  comme 
le  conseillait  notre  illustre  et  vénéré  fondateur,  de  «  dresser 
celle  des  espèces  dont  la  domestication,  déjà  préparée  par 
quelques  études  préliminaires,  par  des  observations  faites 


(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  587j. 

(2)  Ibidem,  p.  181. 

^3)  Ibidem,  p.  647. 

(i)  Ibidem,  p.  73. 

(5)  Ibidefii,  p.  G52. 

(&}  Ibidem,  p.  189. 
(7\  thiriorn    i^    mn 


\Dj  loiuem,  p.  iot>. 
(7)  Ibidem,  p.  190. 


XLII  SOCIÉTÉ   NATIO^^ÂLE    d'ACCLIMATATION. 

dans  le  pays,  ou  même  par  des  expériences  sous  notre  climat, 
est  assez  manifestement  utile  et  possible  pour  que  tous  les 
auteurs  s'accordent  à  cet  égard  (1)  ». 

C'est  en  prenant  pour  guide  ces  judicieuses  réflexions  que 
notre  collègue  M.  d'Aubusson  a  entrepris  un  travail  d'une 
grande  utilité  :  le  catalogue  raisonné  des  espèces  d'oiseaux 
qu'il  y  aurait  lieu  d'acclimater  et  domestiquer  en  France  (2). 
Cette  élude  n'est  pas  un  aride  inventaire  des  richesses  futures 
que  peuvent  nous  procurer  l'acclimatation  et  la  domestica- 
tion de  certains  oiseaux;  c'est  un  exposé,  aussi  exact  que  le 
permettent  les  documents  recueillis  par  la  science,  de  leurs 
mœurs,  de  leurs  habitudes,  de  leur  distribution  géogra- 
phique, de  leur  habitat,  de  leur  régime  et  enfin  de  l'utilité 
que  nous  pouvons  en  retirer.  L'importance  d'un  pareil  travail 
n'échappera  à  personne,  et  l'on  doit  remercier  vivement 
l'auteur  de  l'avoir  entrepris. 

Dans  urie  série  de  communications  faites  en  1883  et  1884, 
M.  le  D'  Camille  Dareste  avait  fait  part  à  la  Société  des  résul- 
tats de  ses  belles  recherches  expérimentales  sur  les  condi- 
tions physiques  et  physiologiques  de  l'évolution  normale  du 
Poulet  dans  l'œuf.  Cette  année,  notre  savant  collègue  a  porté 
son  attention  sur  un  point  qui  restait  à  élucider  :  l'influence 
du  déplacement  des  œufs  pendant  l'incubation  (3).  Nous  sa- 
vons que  la  Poule  couveuse  remue  fréquemment  ses  œufs, 
que  la  pratique  du  retournement  quotidien  des  œufs  est  gé- 
néralement adoptée  par  toutes  les  personnes  qui  s'occupent 
d'incubation  artificielle,  qu'enfin,  tout  récemment,  on  a  ima- 
giné des  appareils  pour  pratiquer  le  retournement  des  œufs 
par  des  procédés  mécaniques.  L'immobilité  des  œufs  pen- 
dant toute  la  durée  de  l'incubation  est-elle  donc  un  obstacle 
à  l'éclosion?  Des  expériences  comparatives  ont  permis  à 
M.  Dareste  de  résoudre  cette  question,  en  démontrant,  de  la 

(1)  Isidore   Geoffroy  SaiiU-Hilaire,  Acclimatation  et  domestication  des  ani- 
maux utiles,  p.  i8. 

(2)  Magaud  d'Aubusson,  Catalogue  raisonné  des  oiseaux  qu'il  y  aurait  lieu 
d'acclimater  et  domestiquer  en  France  {Bulletin,  1885,  p.  471). 

(3)  D'  Camille  Dareste,  Note  sur  l'éclosion  des  œufs  de  Poule  {Bulletin,  1885, 
p.  209). 


RAPPORT    SUR    LES    TRAVAUX    DE    LA    SOCIETE.  XLIII 

manière  la  plus  nette,  que  l'immobilité  de  l'œuf  lait  adhérer 
l'allantoïde  au  jaune  et  amène  ainsi  la  mort  de  l'embryon. 
Toutes  ces  recherches  expérimentales  sur  l'éclosion  avaient 
été  entreprises  par  M.  Dareste  dans  un  but  tout  scientifique; 
elles  étaient  le  point  de  départ  d'études  sur  les  conditions  de 
l'évolution  anormale  ou  de  la  production  des  monstruosités. 
Mais  elles  ont  une  utilité  pratique  évidente,  puisqu'elles 
rendent  compte  des  difîérenles  conditions  qui  font  réussir 
l'incubation  artificielle.  L'importance  de  l'incubation  artifi- 
cielle comme  procédé  industriel  s'accroît  tous  les  jours.  En 
substituant  des  notions  scientifiques  aux  notions  purement 
empiriques  dont  on  s'était  contenté  jusqu'à  présent,  notre 
savant  collègue  a  rendu  service  à  tous  ceux  qui  s'occupent  de 
l'élève  des  oiseaux. 

En  même  temps  qu'il  appelait  votre  attention  sur  les  pro- 
grès que  fait  en  divers  pays  l'élevage  industriel  de  l'Autruche, 
M.  le  Secrétaire  général  vous  a  signalé  les  difficultés  particu- 
lières que  présente  cet  élevage  dans  notre  colonie  algé- 
rienne (1),  où,  dès  qu'ils  ont  une  quinzaine  de  jours,  les  Au- 
truchons  sont  sujets  à  une  affection  des  os  qui,  jusqu'à  l'âge 
de  six  mois,  les  fait  périr  en  grand  nombre. 

Heureusement  ces  difficultés  paraissent  devoir  être  bientôt 
surmontées  d'une  manière  définitive,  grâce  aux  persévérants 
efforts  d'éleveurs  intelligents  et  soigneux,  parmi  lesquels  nous 
avons  à  mentionner  plusieurs  de  nos  collègues  et  en  particu- 
liers M.  Laloue  (de  Zéralda)  (2),  M.  Créput  (de  Misserghin) 
et  M.  Lucien  Merlato  (d'Ain  Marmora)  (3). 

Des  renseignements  que  vous  avez  enregistrés  avec  intérêt 
vous  ont  été  fournis  par  M.  Iluet  sur  les  habitudes  et  les  al- 
lures du  Menure  Lyre  (Menura  superba)  en  captivité  (4)  ;  par 
M,  Fernand  Lataste,  sur  l'alimentation  des  Kapaces  noc- 
turnes (5);  par  M.  Gabriel  llogeron  (6)  et  par  M.  Gretté  de 

(1)  Procès-verbaux  {Bulletin,  ItiSô,  p.  \'i\). 

(2)  A.  Laloue,  Ferme  iV Autruches  de  Zéralda  (Bulletin,  1885,  p.  665). 

(3)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  G;{,  646,  703). 

(4)  Bulletin,  1885,  p.  46J. 

(5)  Proces-verbaux  (Bulleti).i,  1885,  p.  327,  391), 

(6)  Ibidem,  p.  588. 


XLIV  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Palluel  (1),  sur  le  phénomène  de  la  mue  chez  différentes 
espèces  d'oiseaux;  par  M.  O'Neill  (2)  et  par  M.  Maxwell  (3), 
sur  le  développement  extraordinaire  de  l'œuf  chez  certaines 
Poules;  enfin  par  M.  Huet  (4),  sur  les  résultats  très  satisfai- 
sants que  donne,  pour  l'éducation  déjeunes  Faisans,  la  nour- 
riture spéciale  proposée  par  notre  collègue  M.  Dautreville. 
D'après  les  expériences  comparatives  qu'il  a  été  à  même  de 
faire  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  M.  Huet  estime  que  les 
amateurs  sont  désormais  à  l'abri  des  ennuis  de  l'élevase  au 
moyen  des  œufs  de  Fourmi,  attendu  qu'avec  la  poudre  toni- 
nutritive  de  M.  Dautreville  on  pourra,  sans  plus  de  frais, 
mener  parfaitement  à  bien  l'élevage  des  Faisandeaux. 

Gomme  les  années  précédentes,  la  culture  des  eaux  a  été, 
de  votre  part,  l'objet  d'une  sérieuse  attention;  vous  avez 
suivi  avec  intérêt  le  développement  de  cette  industrie  tant 
en  France  (5)  qu'à  l'étranger  ((3),  et  vous  vous  êtes  préoccu- 
pés de  la  nécessité,  qui  s'impose  plus  que  jamais,  de  mesures 
protectrices  réellement  efficaces  en  faveur  du  poisson  (7). 
C'est  spécialement  à  ce  point  de  vue  qu'à  l'occasion  des  ex- 
positions d'Edimbourg  et  de  Londres,  vous  vous  êtes  fait 
présenter,  par  votre  Secrétaire  des  séances,  un  rapport  sur 
la  situation  de  la  pisciculture  dans  la  Grande-Bretagne  et 
quelques  autres  pays  voisins  (8).  En  même  temps,  d'utiles 
relations  ont  été  nouées  avec  diverses  Sociétés  de  piscicul- 
ture régionales  (9)  ou  étrangères  (10),  dont  les  travaux, 
comme  les  vôtres,  ne  pourront  que  gagner  à  se  combiner 
dans  une  sage  et  fructueuse  communauté  d'efforts. 

Parmi  les  nombreux  rapports  qui  vous  ont  été  adressés  sur 

(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  392). 

(2)  Ibidem,  p.  -426. 

(3)  Ibidem,  p.  416,  428. 

(4)  Bulletin,,  1885,  p.  466. 

(5)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  67,  181,  182,  251,  310,  311,  378,590, 
704,  705). 

(6)  Ibidem,  p.  71,  127,  130,  134,  179,  246,  590,  591,  601,  647,  656). 

(7)  Comte  V.  de  Lorgeril,  Dépeuplement  des  eaux  (Bulletin,  1885,   p.  394). 

(8)  Raveret-Watlel,  Rapport  sur  les  Expositions  internationales  de  pèche 
d'Edimbourg  et  de  Londres  [Bulletin,  1885,  p.  260). 

(9)  Proces-verùaux  (Bulletin,  1885,  p.  176,  181). 

(10)  Ibidem,  p.  246,  526. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIETE.     XLV 

les  travaux  de  repeuplement  des  eaux  entrepris  sur  différents 
points,  je  dois  rappeler  spécialement  les  communications  de 
MM.  Wagner  (1),  Rivoiron  (2),  Delg range  (3),  Berthoule  (4), 
Julien  (5),  Vacher  (6),  marquis  de  Scey  de  Brun  (7)  et  des 
Vallières  (8). 

Je  dois  aussi  mentionner  d'une  façon  toute  spéciale  les 
travaux  d'empoissonnement,  complètement  désintéressés,  que 
M.  René  de  Sémallé  poursuit  depuis  plusieurs  années  dans 
le  département  du  Puy-de-Dôme,  où  notre  collègue  fait  gé- 
néreusement lâcher,  dans  divei's  cours  d'eau  et  dans  la  Dore 
en  particulier,  des  quantités  importantes  d'alevins  de  Carpe. 
Déjà  aujourd'hui  il  n'est  pas  rare  de  voir  les  pêcheurs  cap- 
turer des  sujets  du  poids  de  plus  de  1  kilogramme  (9).  On 
peut  donc  espérer  que,  grâce  à  M.  Sémallé,  la  Dore  se  repeu- 
plera de  cet  excellent  poisson  et  que  l'alimentation  publique 
retrouvera  sur  ce  point  une  ressource  qui  n'aurait  jamais  dû 
lui  faire  défaut. 

Vous  avez  applaudi  aux  résultats  obtenus  par  M.  le  vicomte 
de  Causans  (10)  dans  l'empoissonnement  du  lac  de  Saint-Front 
(Haute-Loire),  où  notre  collègue  a  créé,  pour  l'élève  de  la 
Truite,  un  établissement  important,  installé  dans  des  condi- 
tions particulièrement  remarquables. 

Des  renseignements  intéressants  vous  ont  été  donnés  par 
M.  le  docteur  Paul  Brocchi  sur  la  possibilité  de  mettre  en 
exploitation  les  étangs  de  la  Basse-Camargue  (11),  à  l'instar  de 
ce  qui  se  fait,  depuis  si  longtemps  et  avec  tant  de  profit,  dans 
les  lagunes  du  delta  du  Pô,  à  Commacchio. 


(I)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  67,  74,  311). 
(2i  Ibidem,  p.  67. 

(3)  Ibidem,  p.  134,  181,  705. 

(4)  Ibidem,  p.  311. 

(5)  Ibidem,  p.  378. 

(6)  Ibidem,  p.  704. 

(7)  Ibidem,  p.  704. 

(8)  Ibidem,  p.  134. 

(9)  Ibidem,  p.  175,  190). 

(10)  Vicomte  de  Causans,  Établissement  de  pisciculture  du  lac  de  Saint-Front 
{Bulletin,  1885,  p.  148). 

(II)  Paul    Brocchi,    Sur  les  étangs  de  la  Basse-Camargue  (Bullet.,  1885, 
p.  407). 


XLVI  SOCIÉTÉ    NATIO-NALE   d'ACCLIMATATION. 

Enfin,  il  convient  de  rappeler  les  excellents  résultats  obte- 
nus, de  plusieurs  côtés,  dans  les  essais  d'acclimatation  de  di- 
vers poissons  étrangers  (1)  qu'il  serait  intéressant  d'intro- 
duire dans  nos  eaux  douces  et  sur  lesquels  des  notes  vous 
ont  été  communiquées  à  différentes  reprises  (2). 

Des  dons  précieux  d'œufs  ou  d'alevins  vous  ont  mis  à 
même  de  continuer  ces  essais  et  d'en  entreprendre  de  nou-' 
veaux.  L'éminent  Président  de  la  Société  allemande  de  pisci- 
culture, M.  de  Behr,  auquel  vous  êtes  déjà  redevables  de 
nombreux  et  intéressants  envois,  vous  a  encore  fait  adresser 
cette  année  cent  mille  œufs  de  Coregunus  albula  (3),  excel- 
lente espèce  des  lacs  du  nord  de  l'Europe,  dont  l'acquisition 
présenterait  une  réelle  valeur  pour  nos  eaux  douces  et  en 
particulier  pour  nos  lacs  de  l'Auvergne.  Les  œufs,  arrivés  en 
parfait  état,  ont  été  placés  en  bonnes  mains,  et  nous  avons 
tout  lieu  d'espérer  que  les  alevins  obtenus  prospéreront  dans 
les  eaux  où  ils  ont  été  versés  (4). 

Un  autre  envoi  très  précieux  que  nous  a  généreusement 
fait  M.  le  professeur  Spencer  F.  Baird,  commissaire  des  Pê- 
cheries des  États-Unis,  vous  a  permis  d'essayer  l'acclimata- 
tion de  VAmiurus  nebulosus  ou  Poisson-Ghat,  de  l'Amérique 
du  Nord  (5).  Ce  poisson,  très  estimé  aux  États-Unis  (6),  mé- 
rite spécialement  l'attention  en  ce  qu'il  se  contente  d'une 
eau  stagnante  et  même  vaseuse  ;  robuste  et  d'une  grande  fé- 
condité, il  serait  une  excellente  acquisition  pour  l'empois- 
sonnement des  fosses  de  tourbières,  où  il  réussirait  à  mer- 
veille, tandis  que  peu  de  nos  Poissons  indigènes  y  prospére- 
raient de  façon  à  donner  des  produits  vraiment  sérieux. 

M.  Max  von  dem  Borne,  de  Berneuchen,  nous  a  fait,  lui 
aussi,  deux  envois  dont  vous  avez  apprécié  toute  la  valeur  : 
l'un,  de  jeunes  Sandres  (7)  ou  Perches-Brochets  (Lucioperca 

(1)  Procès-verbaux  {BuUelin,  1885,  p.  67,  74,  75,  134,  311,  704). 

(2)  Raveret-Wattel,  La  Truite  arc-en-ciel  [Bulletin,  1885,  p.  81). 

(3)  Procès-verbaux  [Bulletin,  1885,  p.  67,  75). 

(4)  Ibidem,  p.  75. 

(5)  Ibidem,  p.  526. 

(6)  Ibidem,  p.  313,  541. 

(7)  Ibidem,  p.  704. 


RAPPORT   SUR   LES   TRAVAUX   DE    LA   SOCIETE.         XLVIl 

Sandra),  espèce  qui  pourra,  malgré  son  robuste  appélil, 
rendre  des  services  dans  les  eaux  closes;  l'autre,  de  Black- 
Bass  (1)  ou  Perche  noire  d'Amérique  {Microplenis  salmo- 
nidés et  Micropterus  Dolomieu  Lacépède),  un  des  meilleurs 
poissons  des  États-Unis,  recommandable  par  son  aptitude 
à  vivre  à  peu  près  dans  toutes  les  eaux.  La  facilité  avec 
laquelle  notre  généreux  donateur,  M.  Max  von  dem  Borne,  a 
obtenu,  en  Allemagne  (2),  la  multiplication  de  celte  intéres- 
sante espèce  donne  lieu  d'espérer  qu'elle  pourra  de  même 
s'acclimater  chez  nous. 

De  nouveaux  documents  vous  ont  été  fournis  concernant  la 
maladie  qui  sévit  d'une  façon  si  désastreuse  sur  les  Écrevisses 
de  nos  rivières  (3).  Si  la  cause  de  cette  maladie  n'a  pu  en- 
core être  établie  d'une  façon  indiscutable  (4),  les  expériences 
faites  prouvent  du  moins  que,  dix-huit  mois  ou  deux  ans 
après  le  passage  de  la  maladie,  un  cours  d'eau  n'est  plus  in- 
fecté et  peut  être  repeuplé  d'Ecrevisses  au  moyen  d'importa- 
tions bien  dirigées.  C'est  donc  de  ce  côté  que  doivent  se 
porter  aujourd'hui  les  etîorts,  et  il  semble  qu'on  soit  en  droit 
d'espérer  qu'avec  un  peu  d'intelligence  et  d'initiative,  on 
pourra  faire  de  nouveau  prospérer  dans  nos  cours  d'eau  ce 
crustacé,  qui  semblait  être  sur  le  point  de  disparaître. 

En  outre  des  travaux  que  je  viens  de  rappeler,  je  dois  en- 
core mentionner  les  communications  faites  par  M.  Charles  de 
Souancé  (5)  sur  des  faits  curieux  de  migrations  de  poissons, 
par  M.  Laisnel  de  la  Salle  (6)  et  par  M.  Mailles  (7),  sur  les 
Grenouilles-Bœufs;  par  M.  Fernand  Lalaste  (8),  sur  le  Scor- 
pion de  l'Algérie;  par  M.  Mailles  (9)  et  par  M.  E.  Joly  (10),  sur 

(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  649,  654,  655). 

(2)  Ibidem,  p.  127. 

(3) /fttdem,  67,  384,  591,  705. 

(4)^  Raveret-Wattel,  Résumé  des  réponses  au  questionnaire  sur  la  maladie 
des  Ecrevisses  (Bulletin,  1885,  p.  614). 

(5)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  527). 

(6)  Laisnel  de  la  Salle,  Histoire  de  Grenouilles-Bœufs  (Bulletin,  1885,  p  213). 
—  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  527). 

(7)  Ibidem,  p.  247. 

(8)  Ibidem,  p.  188. 

(9)  Ibidem,  p.  175,  328. 

(10)  Ibidem,  p.  182. 


XLVIII  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

les  Grenouilles  indigènes  el  sur  l'utilité  de  protéger  ces 
Batraciens,  destructeurs  de  Mollusques  et  d'Insectes  nui- 
sibles, etc. 

Pendant  cette  dernière  session,  vous  avez  encore  reçu  de 
nombreux  rapports  sur  la  sériciculture  et  sur  les  différentes 
espèces  de  Vers  à  soie.  L'un  des  plus  zélés  correspondants  de 
la  Société,  M.  Alfred  Wailiy,  vous  a,  comme  de  coutume, 
fait  parvenir  un  compte  rendu  détaillé  de  ses  travaux  de 
l'année  (1)  comportant  l'éducation  d'un  grand  nombre  de 
Lépidoptères  séricigènes  exotiques.  Parmi  les  différentes 
observations  consignées  dans  ce  rapport  (2),  il  en  est  une 
particulièrement  intéressante  à  enregistrer  :  c'est  la  possi- 
bilité d'élever  le  Ver  à  soie  du  Chêne  du  Japon,  VAttacus 
Yama-maï,  avec  les  feuilles  de  l'Aubépine,  et  de  parer  ainsi 
à  l'inconvénient  du  développement  tardif  des  feuilles  du 
Chêne,  cause  fréquente  de  grand  embarras  pour  l'éducation 
de  ce  Bombycien  exotique. 

Des  rapports  très  intéressants  vous  sont  parvenus  de  divers 
côtés  sur  l'élevage  du  Ver  à  soie  du  Chêne  de  la  Chine, 
VAttacus  Pernyi,  que  sa  rusticité  véritablement  exception- 
nelle rend  précieux  pour  notre  climat  (8).  On  doit  donc 
applaudir  vivement  aux  efforts  que  font  pour  propager  cette 
espèce  plusieurs  éducateurs  zélés,  parmi  lesquels  figurent, 
au  premier  rang,  M.  Fallou  (4),  M.  E.  Charrin  (5),  M.  le 
comte  Léon  de  Danne  (6),  M.  le  docteur  Gilbert  (7)  et  surtout 
M"*  veuve  Turpin  (8),  de  Sillats,  qui  travaille  à  cette  œuvre 
utile  par  de  nombreuses  distributions  de  graines  et  de 
cocons,  et  qui  a  bien  voulu,  cette  année,  faire  à  la  Société, 
l'envoi  d'un  lot  important  de  graine  choisie  (9). 


(1)  Procès-verbaux  {BuUelin,  1885,  p.  529,  531). 

(2)  Alfred  Wailiy,  Éducations  d'Attacietis  séricigènes  [Bulletin,  1885,  p.  410). 

(3)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  320,  329). 

(4)  Ibidem,  p.  192,320. 

(5)  E.  Charrin,  Essai  d'élevage  du  Ver  à  soie  du  Chêne  de  Chine  (Bulletin, 
1885,  p.  542). 

(6)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  378,  648,  707). 

(7)  Ibidem,  p.  378. 

(8)  Ibidem,  p.  529. 

(9)  Ibidem,  p.  311,  592. 


RAPPORT   SUR   LES   TRAVAUX    DE    LA    SOCIÉTÉ.  XLIX 

Le  R.  p.  Camboué,  missionnaire  apostolique  à  Tama- 
lave,  auquel  vous  devez  de  nombreuses  notes  sur  la  flore  et 
la  faune  de  Madagascar  (1),  vous  a  notamment  fait  parvenir 
un  travail  très  intéressant  sur  les  Bombyciens  séricigènes  de 
cette  île  (2).  Les  renseignements  fournis  par  ce  travail,  et  les 
échantillons  de  soies  qui  l'accompagnaient,  font  voir  tout  le 
développement  que  la  sériciculture  pourrait  prendre  à  Mada- 
gascar, où  cette  industrie  ne  sera  pas  la  moindre  ressource 
offerte  à  nos  colons,  quand  la  France  s'établira  solidement 
sur  ce  point,  La  quantité  de  soie  consommée  annuellement 
par  nos  fabriques  françaises  se  chiffre  par  250  millions  de 
francs  environ;  or  la  moitié  de  cette  soie  nous  vient  de  la 
Chine,  par  l'Angleterre.  Du  jour  où  la  grande  île  africaine 
sera  vraiment  et  de  fait  la  France  orientale,  nous  pourrons 
y  trouver,  entre  autres  avantages,  celui  d'y  prendre  la  ma- 
tière première  que  nous  sommes  actuellement  obligés  de 
demander  à  l'étranger.  Puissions-nous  donc,  dans  un  avenir 
prochain,  voir  sur  la  grande  île  africaine  de  Madagascar, 
triompher  définitivement,  avec  les  droits  de  la  France,  les 
intérêts  de  la  vraie  civilisation  ! 

M.  P.  Mégnin,  l'auteur  de  si  importants  travaux  et  de  si 
nombreuses  découvertes  concernant  les  Acariens,  poursuit 
ses  savantes  recherches  sur  ce  groupe  d'êtres  microscopiques 
que  l'on  regarde  généralement,  mais  à  tort,  comme  étant  tous 
nuisibles.  La  plupart  sont  inoffensifs;  beaucoup  peuvent 
même  être  considérés  par  nous  comme  des  auxiliaires.  Avec 
la  collaboration  de  M.  le  professeur  Laboulbène,  M.  Mégnin 
vient  de  faire  l'étude  complète  d'une  espèce  qui  restait  fort 
mal  connue ,  le  Sphœrogyna  ventricosa ,  et,  d'après  les 
mœurs,  la  manière  de  vivre  de  cette  espèce,  on  est  en  droit 
de  penser  qu'elle  pourrait  devenir,  pour  combattre  le  Phyl- 
loxéra, un  agent  destructeur  des  plus  efficaces  (3). 

Parmi  les  communications  ressortissant  à  la  4'  Section,  je 


(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  183,  247,  329,  658). 

(2)  Le   R.   P.   Ciuiiboué,    Bombyciens  séricigènes  de  Madagascar  {Bulletin, 
1885,  p.  367). . 

(3)  P.  Mégnin,  Note  sur  un  Acarien  utile  (Balletin,  1885,  p.  4.59). 

4'  SÉRIE,  T.  III.  —  Séance  publique  annuelle.  d 


L  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

dois  encore  mentionner  celle  de  M.  Moleyie  sur  les  Insectes 
et  les  Craslacés  comestibles  (1);  celles  de  M.  Maurice  Girard, 
concernant  divers  insectes  nuisibles  aux  cultures  (2)  ;  celle 
de  M.  O'Neiil,  sur  la  destruction  des  Criquets  dans  l'île  de 
Chypre  (3)  au  moyen  du  procédé  décrit  il  y  a  quelque  temps 
dans  le  Bulletin,  ])2iV  notre  collègue  M.  Decroix  (4);  celle 
de  M.  Fallou  sur  un  Lépidoptère  de  l'Europe  méridionale,  le 
Lasiocampa  otus,  qui  produit  un  beau  cocon  soyeux  et  qui 
mériterait  qu'on  essayât  de  l'acclimater  en  Algérie  (5)  ;  enfin, 
celle  de  M.  Charles  Naudin,  sur  les  ressources  que  pourrait 
offrir,  pour  l'élevage  des  Vers  à  soie  du  Chêne  {Attacus 
Yama-maï  et  A.  Pernyi),  le  Chêne  de  Mirbeck  {Quercus 
Mirbeckii),  qui,  plus  précoce  que  ses  congénères,  fournirait 
des  feuilles  bien  développées  à  l'époque  de  l'éclosion  des 
jeunes  Chenilles  (6). 

Des  rapports  détaillés  vous  ont  été  adressés  par  plusieurs 
de  nos  collègues,  sur  la  culture  des  plantes  qui  leur  avaient 
été  confiées  par  la  Société.  Il  convient  de  mentionner  parti- 
culièrement ceux  de  MM.  le  docteur  Lecler  (7),  Willist  (8), 
Yincendon-Dumoulin  (9),  Faudrin  (10),  Duchastel  (11), 
Baron  d'Avène  (12),  Sœhnlin  (13),  llédiard  (14),  Fallou  (15), 
de  Barrau  de  Muratel  (16),  Félix  de  la  Rochemacé  (17), 
AdenoL  (18),  Fleury(19)  et  Mathey  (20). 

(1)  Molevre,  Insectes  et  Crustacés  comestibles  {Bull.,  1885,  p.  500,  56"2,668). 

(2)  Proces-verbuux  (Bulletht,  1885,  p.  311,  531  j. 

(3)  Ibidem,  p.  135. 

(4)  Ibidem,  p.  311. 

(5)  Ibidem,  p.  194. 

(6)  Ibidem,  p.  049. 

(7)  Ibidem,  p.  7U. 

(8)  Ibidem,  p.  70. 

(9)  Ibidem,  p.  128. 
(lOj  Ibidem,  p.  185. 

(11)  Ibidem,  [k  187. 

(12)  Ibidem,  p.  321. 
(13j  Ibidem,  p.  388. 

(14)  Ibidem,  p.  387. 

(15)  Ibidem,  p.  388. 

(16)  Ibidem,  p.  534. 

(17)  Ibidem,  p.  592. 

(18)  Ibidem,  p.  710. 

(19)  Ibidem,  p.  710. 

(20)  Ibidem,  p.  712. 


RAPPORT    SUR    LES    TRAVAUX    DE    LA    SOCIÉTÉ.  LI 

Votre  atlention  a  été  appelée  par  iM.  Cli.  Naiidia  sur  difle- 
rents  végétaux  économiques,  dont  l'acclimalalion  lui  paraî- 
trait devoir  être  essayée  dans  noire  Midi  (1). 

Continuant  à  s'occuper,  avec  le  zèle  infatigable  qu'on  lui 
connaît,  des  végétaux  exotiques  intéressants  à  acquérir  pour 
nos  cultures  potagères,  M.  A.  Paillieux  vous  a  entretenus,  à 
plusieurs  reprises  (2),  de  diverses  plantes  alimentaires  nou- 
velles, qu'il  travaille  activement  à  propager  et  qui  méritent, 
en  effet,  une  attention  toute  spéciale  (3). 

M.  le  docteur  Mène  a  complété  le  travail  si  important  qu'il 
avait  entrepris  sur  les  productions  végétales  du  Japon,  et 
dans  lequel  sont  passées  en  revue  toutes  les  plantes  alimen- 
taires, industrielles,  forestières  ou  ornementales.  Le  savoir 
étendu,  le  soin  minutieux,  la  conscience  extrême  apportée 
dans  l'exécution  de  ce  travail  en  font,  au  point  de  vue  scienti- 
fique comme  au  point  de  vue  purement  pratique,  un  des 
documents  les  plus  remarquables  que  notre  Bulletin  ait  pu- 
bliés jusqu'à  ce  jour  (4). 

Vous  avez  appris  avec  satisfaction  le  développement  de  la 
culture  des  Eucalyptus,  dont  plusieurs  espèces  ont  fait  l'objet 
de  communications  de  la  part  de  MM.  Henry  de  Vilmorin  (5), 
le  docteur  J.  Michon  (6),  R.  de  Noter  (7),  Brau  (8)  et  Ra- 
verel-Wattel  {9).  M.  Félix  delà  Rochemacé  vous  a  fait  par- 
venir des  renseignements  complémentaires  sur  le  procédé 
qu'il  emploie  pour  rendre  ces  arbres  australiens  plus  résis- 
tants aux  froids,  procédé  qui  lui  donne  les  meilleurs  résul- 
tats et  qui,  même  sous  le  climat  du  département  de  la 
Loire-Inférieure,  lui  a  permis  d'obtenir,  à  quatre  ans  et 
demi  de  plantation,  des  Eucalyptus  amygdalina  de  10™,50 

(l)  Ch.  Naiidin,  Sur  divers  végétaux  économiques  (Bulletin,  1885,  p.  138). 
(2j  Proces-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  75,  194,  195,  197,  324,  386). 

(3)  A.    Paillieux,  Quelques  plantes  alimentaires  nouvelles  [Bulletin,  1885, 
p.  634). 

(4)  Edouard  ^ène,  P:is  productions  végétales  du  Jupon  [Bulletin,  1885,  p.  93, 
2-24,  288,  347.  423). 

(5,  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  19?). 

(6)  Ibidem,  p.  252. 

(7)  /fcirfem,  p.  592. 

(8)  Ibiilem,  p.  709. 

(9)  Ibidem,  p.  129,  462. 


LU  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

de  hauteur  et  de  0'",53  de  circonférence  à  1  mètre  au-dessus 
du  sol  (1).  De  son  côté,  M.  Jaille  a  fait,  dans  le  département 
de  la  Gironde,  d'intéressanles  observations  sur  la  rusticité 
de  plusieurs  espèces  d'Eucalyptus  et  en  particulier  de  rjE*. 
amydalina,  qui,  par  sa  végétation  rapide  et  par  son  aptitude 
à  résister  au  froid,  mérite   une  attention  spéciale  (2),  Nous 
pouvons  d'autant  plus,  Messieurs,  nous  féliciter  des  résultats 
obtenus,  que  la  Société  d'Acclimatation   a  contribué   pour 
une  très  large  part  à  la  propagation  des  Eucalyptus,  et  il  con- 
vient, d'ailleurs,  de  rappeler  que  c'est  à  un  de  nos  collègues, 
M.  Alfred  Bonchereaux,   que  revient  le  mérite  d'avoir  dé- 
montré la  possibilité  de  l'utilisation  du  bois  d'Eucalyptus, 
non  seulement  pour  des  travaux  tels  que  les  grosses  char- 
pentes, mais  encore  pour  la  fabrication  des  meubles.  On  a 
longtemps  prétendu  que  l'Eucalyptus  ne  pourrait  pas  être 
employé  en  ébénisterie,  parce  que  les  fibres  de  ce  bois  se 
tordaient.  M.  Bouchereaux  a  constaté  qu'en  lui  faisant  subir 
un  certain  séjour  dans  l'eau,  ce  bois  perd  complètement  le 
défaut  qu'on  lui  reprochait  et  peut  recevoir  une  foule  d'ap- 
plications. Des  meubles  ont  été  confectionnés  en  utilisant  le 
bois  d'Eucalyptus  globulus,  provenant  de  la  succursale  du 
Jardin  d'Acclimatation,  à  Hyères,  et  M.  Bouchereaux  a  éga- 
lement essayé  l'emploi  de  l'-É^.  rostrata,  qui  fournit  un  excel- 
lent bois  de  placage,  plus  élégant  que  Tacajou  moucheté  (3). 
Une  remarquable  élude   de   notre   collègue.  M,   Charles 
Rivière,  directeur  du  Jardin  d'essai  du  Hamma,  sur  une  vé- 
gétation assainissante  au  Gabon  (4),  a  provoqué  au  milieu  de 
vous  une  intéressante  discussion  sur  l'influence  des  planta- 
tions d'Eucalyptus  dans  les  régions  paludéennes  (5),  et  cette 
controverse  ne  peut  être  que  profitable  à  la  vérité  scienti- 
fique. Comme  M.  le  docteur  Michon  l'a  fait  remarquer  avec 
tant  de  justesse,  dans  des  questions  aussi  difficiles  que  celle 

(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  380,  651). 

(2)  Ibidem,  p.  \U. 

(3)  Ibidem,  p.  187. 

(4)  Ch.  Rivière,    Végétation  assainissante  au  Gabon  {Bulletin,   1885,  p.  12, 

38   71). 

(5)  Bulletin,  p.  28,  31,  54,  55,  71. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIETE.      LUI 

de  l'assainissement  i]e  ces  contrées  que  la  civilisation  mo- 
derne dispute  à  la  nature  sauvage,  les  expériences  sont  très 
difficiles;  elles  ne  sauraient  se  faire  avec  la  rigueur  et  la  pré- 
cision des  essais  de  laboratoire.  Des  fLÙts,  riooureusement 
constatés,  peuvent  seuls  servir  à  élucider  cette  question  d'hy- 
giène, une  des  plus  importantes  qui  puissent  faire  l'objet  des 
études  de  la  Société  d'Acclimatation. 

Au  nombre  des  végétaux  exotiques  dont  l'acquisition  vous 
préoccupe  à  bon  droit,  les  Bambous  occupent  une  des  pre- 
mières places.  La  culture  de  ces  précieuses  graminées  gagne 
heureusement  chaque  jour  du  terrain,  grâce  aux  efforts  de 
plusieurs  d'entre  vous  (1),  et  elle  prend  déjà,  sur  quelques 
points,  une  véritable  importance.  A  Bayonne,  M.  Gustave 
Pinède,  qui  a  l'un  des  premiers  introduit  cette  culture  dans 
la  région  en  1865,  possède  aujourd'hui  une  magnifique  plan- 
tation, où  certains  Bambous  présentent  des  jets  de  plus  de 
10  centimètres  de  diamètre,  sur  une  longueur  de  12  mètres. 
En  présence  d'un  pareil  résultat,  on  est  porté  à  croire  que 
cette  plante  trouvera  sa  place  en  France,  non  seulement  à 
titre  de  plante  d'ornement,  mais  encore  comme  une  essence 
forestière  appelée  à  rendre,  dans  un  temps  plus  ou  moins 
rapproché,  les  plus  grands  services  (2). 

De  nombreuses  notes  vous  ont  été  adressées  sur  des  végé- 
taux provenant  de  diverses  régions  du  globe,  ou  sur  des  cul- 
tures particulières  ;  il  convient  de  citer  spécialement  les  com- 
munications de  M.  Gourdin,  sur  la  réussite  remarquable  de 
ses  plantations  de  Chamœrops  excelsa  et  à' Araucaria  imbri- 
cata  à  la  Roche-sur-Yon  (o)  ;  de  M.  Jules  Cloquet,  sur  la  cul- 
ture des  Cèdres  sous  le  climat  de  Paris  (4)  ;  de  M.  Charles 
Mailles,  sur  des  essais  de  culture  de  différents  végétaux 
dans  la  mousse  (5)  ;   de  M.  le  D'  Vidal  (6)  et  de  M.  Charles 


(1)  M.  le    I)''   Lecler    s'est    particulièrement    occupé    de   celte    intéressante 
question  (voy.  Bulletin,  18<S5,  p.  70,  651). 

(2)  Proces-rerbaux  [Bullelin,  1885,  p.  60,  189. 

(3)  Ibidem,  p.  177. 

(4)  Ibidem,  p.  178. 

(5)  Ibidem,  p.  388. 

(6)  Ibidem,  p.  379. 


LIV  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'ACCLIMATATION. 

Nandin  (1),  sur  le  Rlius  vernicifera,  et  sur  l'utililé  que  pré- 
senterait l'introduction  chez  nous  de  ce  Sumac  du  Japon  ; 
de  M.  Decroix  (2),  sur  le  Pacanier  ou  Noyer  d'Amérique  {Cary a 
olivœfo'rmis)  ;  de  M.  llédiard  (3),  sur  la  production  et  le  com- 
merce des  Oranges  en  Algérie,  et  sur  l'urgence  d'une  revision 
des  tarifs  des  chemins  de  fer,  au  point  de  vue  des  intérêts  du 
producteur  et  du  consommateur  ;  enfin,  de  M.  le  D'  Pallas 
sur  le  Pinus  australis,  conifère  des  États-Unis,  qu'il  y  au- 
rait intérêt  h  essayer  dans  les  Landes,  pour  la  production 
de  la  résine  (4). 

Comme  les  années  précédentes,  des  envois  précieux  d'ani- 
maux, de  plantes  et  de  graines  vous  ont  été  faits.  Je  dois  men- 
tionner principalement  ceux  de  MM.  Sarrazin  (5),  Albuquer- 
que  (6),  de  Bouchaud  de  Bussy  (7),  Romanet  du  Caillaud  (8), 
Gamba  (9),  James  Jakson  (10),  Pioulland  (M),  de  Vilmo- 
rin (12),  von  Mueller  (13),  et  Daruty  (li). 

Enfin,  j'ai  à  signaler  que,  aussi  bien  que  nos  collections, 
notre  bibliothèque  s'est  enrichie  cette  année,  grâce  à  des  dons 
nombreux  et  importants  (15)  et,  à  ce  sujet,  je  ne  dois  pas 
omettre  de  rappeler  les  intéressants  bulletins  bibliographi- 
ques que  vous  devez  tant  à  la  plume  à  la  fois  élégante  et  con- 
sciencieuse de  votre  bibliothécaire-archiviste,  M.  Amédée 
Berthoule  (16),  qu'à  celle  de  plusieurs  autres  collègues, 
M.  Georges  Mathias  en  particulier  (17). 


(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  380). 

(2)  Ibidem,  p.  384. 

(3)  Ibidem,  p.  )  7'J. 
(4.)  Ibidem,  p.  75. 

(5)  Ibidem,  p.  178. 

(6)  Ibidem,  p.  183. 

(7)  Ibidem,  p.  185. 

(8)  Ibidem,  p.  312. 

(9)  Ibidem,  p.  313. 

(10)  Ibidem,]).  379,532. 

(11)  Ibidem,  p.  530. 

(12)  Ibidem,  p.  536. 
,13)  Ibidem,  p.  560,  657. 
(U)  Ibidem,  p.  651. 

(15)  Ibidem,  p.  243,  250,  251,  702,  711. 

(16)  Bulletin,  1885,  p.  78,  142,  204,  206,  333,  606,  608. 

(17)  Ibidem,  p.  423. 


RAPPORT    SUR    LES    TRAVAUX   DE    LA   SOCIÉTÉ.  L\ 

Messieurs,  la  tâche  du  rapporteur  est  finie.  Il  ne  lui  reste 
plus  qu'à  vous  demander  pardon  d'avoir  soumis  à  une  si  lon- 
gue épreuve  votre  indulgente  attention  ;  sa  seule  excuse  est 
dans  le  nombre  et  l'importance  de  vos  travaux,  dont  il  craint 
de  n'avoir  réussi,  toutefois,  à  donner  qu'une  idée  bien 
imparfaite. 


RAPPORT 

AU  NOM 

DE  LA  COMMISSION  DES  RÉCOMPENSES  <*> 

Par  M.  A.    GEOFFROY  SAU^T-HILAIRE 

Secrétaire  général  de  la  Société. 


La  Société  nationale  d'Acclimatation  récompense  par  des 
prix,  par  des  primes,  par  des  médailles  et  par  des  allocations 
pécuniaires  les  travaux  tant  théoriques  que  pratiques  inté- 
ressant l'acclimatation  et  d'une  façon  générale  les  applica- 
tions de  l'histoire  naturelle. 

Notre  Association  encourage  tous  les  efforts,  accueille  tous 
les  progrès.  A  mesure  qu'on  avance  sur  le  chemin  que  nous 
parcourons,  le  but  semble  reculer,  c'est  que  chaque  jour  le 
désir  d'un  nouveau  progrès  vient  s'ajouter  aux  convoitises 
de  la  veille.  Il  semble  que  rien  ne  soit  fait  tant  qu'il  reste 
quelque  chose  à  faire.  Et  pourtant,  Messieurs,  si  nous  jetons 
un  regard  en  arrière,  que  d'efforts  déjà  récompensés  depuis 
la  fondation  de  la  Société,  que  de  résultats  obtenus  !  Com- 
bien d'expériences  intéressantes  consacrées  par  vos  médailles, 
combien  de  résultats  définitifs  acquis  ! 

La  liste  des  récompenses  décernées  par  la  Société  depuis 
sa  fondation  serait  en  quelque  sorte  le  résumé  des  progrès 
accomplis. 

Ces  progrès,  ces  succès,  pour  les  bien  apprécier,  il  faut 
avoir  assisté  comme  nous  aux  efforts  qui  les  ont  donnés. 

Mais  ce  n'est  pas  le  lieu  d'entreprendre  la  nomenclature, 
pourtant  instructive,  des  encouragements  décernés,  des  prix 
gagnés.  En  attirant  vos  regards  veis  ce  laborieux  passé  j'ai 

(1)  La  Commission  des  récompenses  était  ainsi  composée  : 

Membres  de  droit:  MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général. 

Membres  délégués  du  Conseil  :  MM.  Bertlioulc,  Maurice  Girard,  A.  Paillieux 
et  le  marquis  de  Sinéty. 

Membres  délégués  des  sections:  MM.  Saint-Yves  Ménard ,  Georges  Mathias, 
Raveret-Watlel,  J.  Fallou,  le  docteur  E.  Mène. 


RAPPORT   DE    LA   COMMISSION   DES   RÉCOMPENSES.  LVII 

voulu  seulement  vous  donner  bon  courage  pour  la  marche  en 
avant. 


PREMIÈRE    SECTION.    —   MAMMIFÈRES. 
médaille  d'or  (Hors  classe). 

Les  travaux  de  vulgarisation  et  les  publications  périodiques 
relatives  aux  sciences  appliquées  sont  toujours  l'objet  de 
l'attention  de  la  Société.  A  ce  titre  les  services  rendus  par 
M,  Ernest  Menault,  inspecteur  général  de  l'agriculture, 
sont  appréciés  comme  il  convient.  Ils  font  connaître  au  grand 
public  les  efforts  qui  ont  pour  objet  les  applications  de  la 
zoologie  et  de  la  botanique  ;  c'est  dire  que  les  travaux  de  la 
Société  d'Acclimatation  trouvent  en  M.  iMenault  un  historien 
compétent  autant  que  bienveillant. 

Nous  sommes  heureux  de  pouvoir  remercier  M.  Menault 
de  son  concours  en  lui  remettant  une  médaille  d'or  hors 
classe. 

Prix  de    lOOO  francs. 

Fondé  par  la  Société  pour  la  multiplicalion  en  France  de  Kangiirous  de  grande 

espèce. 

Depuis  plusieurs  années  déjà,  la  Société  avait  proposé  un 
prix  ainsi  libellé  : 

<,(  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage,  dans  un 
grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt,  de  Kangurous  de 
grande  taille. 

»  On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au 
moins,  nés  à  l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux 
seront  âgés  de  plus  d'un  an.  —  Prix  :  1000  francs.  » 

M.  le  vicomte  Cornély,  dont  le  nom  a  été  inscrit  déjà  bien 
souvent  sur  la  Uste  des  lauréats  de  la  Société,  a  rempli  et 
au  delà  le  programme  du  prix,  puisque  dans  son  parc  de 
Bcaujardin  nous  avons  pu  voir  quatorze  Kangurous  géants, 
dont  dix  nés  sur  place. 

Ce  nouveau  succès  de  M.  le  vicomte  Cornély  a  son  impor- 


LVIII  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

tance  et  la  Société  félicite  le  lauréat  d'avoir  mené  à  bien  cette 
intéressante  expérience. 

médailles   «le    prcniièro  classe. 

A  la  suite  de  persévérants  efforts  M.  le  vicomte  Cornély  a 
réussi  à  se  procurer  un  couple  de  Lièvres  de  Patagonie  ou  Ma- 
ras  {Dolichoiis  patagonica).  Il  a  fallu  bien  des  années  pour 
obtenir  cette  importation;  enfin  elle  a  été  faite  et  notre  lauréat 
s'est  trouvé,  après  une  longue  attente,  en  possession  d'un 
couple  de  ces  rongeurs.  Dès  la  première  année  la  reproduc- 
tion en  a  été  constatée.  Dans  un  mémoire  étudié,  M.  le 
vicomte  Cornély  a  fait  part  à  la  Société  des  observations  qu'il 
a  recueillies.  Nous  avons  voulu  constater  ce  résultat  en  dé- 
cernant une  médaillejle  première  classe. 

Utiliser  un  produit  négligé,  en  vulgariser  l'emploi,  consti- 
tue un  progrès  sérieux.  Nous  décernons  à  des  services  de  cet 
ordre  trois  médailles  de  première  classe,  à  M.  Jacquier,  de 
Saint-Innocent  (Savoie),  à  M.  Patard-Ghatelain,  de  La  Ferté- 
Macé,  à  M""  G.  Lagrenée  (de  Beauvais). 

Ces  trois  lauréats  produisent,  on  peut  dire  industrielle- 
ment, du  poil  de  Lapins  angoras.  Ils  fournissent  une  matière 
première  qui  prend  de  plus  en  plus  sa  place  dans  le  com- 
merce de  la  bonneterie.  Si  l'utilisation  de  la  laine  de  Lapins 
angoras  acquiert  peu  à  peu  de  l'importance,  c'est,  sans  aucun 
doute,  à  l'exemple  donné  par  MM.  Jacquier  et  Patard-Cha- 
telain  et  à  M""  Lagrenée  qu'on  le  devra. 

Menfion  honorable. 

Une  mention  honorable  est  accordée  à  M.  Jules  Pataillot, 
instituteur  à  Maizières  (Haute-Saône),  qui  cherche  dans  son 
enseignement  à  intéresser  ses  élèves  à  la  connaissance  des 
animaux  utiles.  Ses  dictées  relatives  à  l'histoire  naturelle 
appliquée  sont  conçues  dans  un  esprit  excellent. 


RAPPORT   DE    LA    COMMISSION    DES   RÉCOMPENSES.  LIX 

DEUXIÈME  SECTION.  —  OISEAUX. 
Médaille  d'Or. 

La  nourriture  artificielle  destinée  aux  Gallinacés,  dont 
M.  Dautreville  est  l'inventeur,  constitue  un  progrès  inté- 
ressant. 

Cette  nourriture  artificielle,  étant  facile  à  transporter  et  à 
conserver,  rendra  les  plus  signalés  services  pour  l'éduca- 
tion des  oiseaux-gibiers  et  des  oiseaux  de  volière.  Un  grand 
nonîbre  d'éleveurs  et  d'amateurs  des  plus  honorables  ont 
fourni  à  M.  Dautreville  les  meilleurs  témoignages  sur 
l'emploi  qu'ils  ont  fait  de  la  poudre  toni-nutritive.  Pourra- 
t-elle  remplacer  partout  et  complètement  les  œufs  de 
fourmi?  Plusieurs  des  attestations  mises  sous  nos  yeux  l'af- 
firment et  nous  serions  portés  à  le  croire.  Mais  il  n'est  pas 
besoin  de  faire  cette  preuve  pour  admettre  que  la  poudre 
toni-nutritive  est  un  excellent  produit  et  que,  par  son  in- 
vention, M.  Dautreville  a  rendu  un  véritable  service  aux 
éleveurs. 

La  Société  décerne  à  M.  Dautreville  une  médaille  d'or  hors 
classe. 

Médailles  de  iireinièrc  clas.«ic. 

Domestiquer  une  espèce  d'oiseau  propre  à  détruire  dans 
les  jardins  les  souris,  les  insectes  et  les  mollusques  nuisibles, 
est  un  but  intéressant  à  atteindre.  Les  essais  poursuivis  par 
M.  le  vicomte  Cornély  tendent  vers  la  solution  du  problème 
posé.  En  effet,  depuis  plusieurs  années  déjà  l'Ibis  à  la  face 
noire  du  Chili  {Ibis  melanopis)  reproduit  régulièrement  au 
parc  de  Beaujardin.  Dans  combien  de  générations  ces  robustes 
oiseaux,  qui  peuvent  supporter  les  rigueurs  de  nos  hivers, 
deviendront-ils  domestiques  ? 

M.  le  vicomte  Cornély  reçoit  une  médaille  de  première 
classe  pour  les  expériences  faites  sur  cette  intéressante  es- 
pèce. 


LX  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Les  études  faites  par  M.  le  professeur  Forbes,  de  l'université 
commerciale  de  l'illinois,  sur  le  régime  alimentaire  des 
oiseaux  et  des  poissons,  méritent  l'attenlion.  Ces  recherches 
ont  une  utilité  pratique,  que  la  Société  est  heureuse  de  ré- 
compenser par  une  médaille  de  première  classe.  Il  serait  à 
souhaiter  que  les  efforts  de  M.  Forbes  fussent  imités  sur  di- 
vers points  du  globe. 

L'ouvrage  intitulé:  Élevage  des  animaux  de  hasse-cour, 
a  été  écrit  par  M.  Lemoine,  dont  le  nom  est  bien  connu  de 
toutes  les  personnes  qui  s'occupent  de  Gallinoculture,  car 
la  réputation  de  l'établissement  de  Crosne  n'est  plus  à  faire  ; 
l'auteur  du  livre  que  nous  récompensons  aujourd'hui  d'une 
médaille  de  première  classe,  a  l'expérience  et  le  savoir,  aussi 
trouvons-nous  dans  cette  publication,  à  côté  de  descriptions 
exactes,  des  conseils  pratiques,  des  enseignements  précieux 
pour  l'élevage  et  l'entretien  des  volailles. 

Une  médaille  de  première  classe  est  décernée  à  M.  le  comte 
de  MoNTLEzuN  pour  le  mémoire  qu'il  a  publié  sur  les  Ber- 
naches.  Ce  travail  descriptif  a  de  l'intérêt  ;  il  est  d'une  grande 
précision.  L'auteur  a  réuni  à  ses  observations  personnelles, 
sur  ce  groupe  de  palmipèdes,  tous  les  renseignements  qu'il  a 
su  se  procurer.  Cette  monographie  conscigncieuse  est  accom- 
pagnée de  dessins  soigneusement  exécutés  et  qui  sont  d'une 
grande  exactitude. 

La  section  ornithologique  de  la  Société  impériale  russe 
d'Acclimatation  de  Moscou  a  recommandé  les  services  ren- 
dus par  M'""  Barbe  Tcherepow  à  l'attention  de  la  Commission 
des  récompenses. 

M'"'  Tcherepow  s'occupe  depuis  longtemps  déjà  et  avec  suc- 
cès d'introduire  en  Russie  les  bonnes  races  de  Poules.  Elle 
entretient  plus  de  deux  mille  de  ces  oiseaux  et  son  établisse- 
ment concourt  utilement  à  l'amélioration  des  basses-cours. 
La  lauréate  s'occupe  en  outre  d'oiseaux  de  luxe  ;  elle  a  obtenu, 
peut-être  la  première  en  Russie,  la  multiplication  du  Cygne 
noir  d'Australie. 


RAPPORT   DE    LA   COMMISSION   DES   RÉCOMPENSES.  LXI 

La  Société  est  heureuse  de  remettre  à  M'"'  deTcherepowune 
médaille  de  première  classe. 

M.  VoiTELLiER  (de  Mantes)  a  publié  un  volume  sur  lln- 
cuhalion  artificielle  et  la  basse-cour,  auquel  nous  décernons 
une  médaille  de  première  classe. 

Dans  ce  livre,  l'auteur  traite  d'une  façon  étendue  ce  qui 
concerne  l'usage  des  hydro-incubateurs  ;  il  s'étend  avec  com- 
pétence sur  toutes  les  questions  relatives  à  l'installation  et  à 
l'hygiène  des  oiseaux.  Enfin  il  s'occupe  de  l'étude  des  races. 

Comme  le  dit  M.  Voitellier  dans  la  lettre  qui  accompagne 
l'envoi  de  l'ouvrage  :  «  Ce  livre  est  le  résumé  d'une  expé- 
rience de  vingt  années.  »  Il  rendra,  nous  en  avons  l'assurance, 
de  grands  services  aux  éleveurs. 

niédaille  de  seconde  classe. 

On  a  souvent  observé  que  les  oiseaux  sauvages  indigènes 
se  reproduisaient  moins  facilement  en  captivité  que  les  exo- 
ti(jues.  Les  résultats  obtenus  par  M.  Audap  dans  la  multipli- 
cation du  Canard  pilet  (Dafila  acuta)  semblent  donner  tort  à 
cette  croyance.  Depuis  1877,  M.  Audap  obtient  régulière- 
ment, de  plusieurs  couples,  des  œufs  fécondés;  les  uns  sont 
confiés  à  des  Poules,  les  autres  aux  Canes  elles-mêmes.  Il 
semble  que  le  lauréat  soit  parvenu  à  assouplir  le  caractère 
essentiellement  farouche  et  méfiant  du  Pilet,  L'espèce  subit 
un  commencement  de  domestication.  M.  Audap  réussira-t-il 
à  conserver  ses  élèves  le  jour  où  il  aura  renoncé  à  les  éjoinler? 
Il  l'espère.  La  Société  décerne  une  médaille  de  seconde  classe 
à  M.  Audap. 

Mention  honorable. 

Les  amateurs  d'oiseaux  sont  arrivés  depuis  quelques  an- 
nées à  faire  reproduire  la  plupart  des  espèces  de  Perruches 
avec  une  parfaite  régularité.  Ils  sont  même  parvenus  à  faire 
naître  des  métis  entre  diverses  espèces.  Nous  récompensons 


LXII  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

aujourd'liui  d'une  menlion  honorable  le  croisement  obtenu 
par  M.  Th.  Leroux  entre  la  Perruche  de  Pennanl  et  l'Omni- 
colore.  Ce  qui  ajoule  à  l'intérêt  de  l'expérience,  c'est  que  les 
oiseaux  métis  ont  produit  à  leur  tour. 

TROISIÈME    SECTION.  —  POISSOiNS,  CRUSTACÉS,  ETC. 
niédaillo  d'or  offerte   par  le  Ministre   de   l'Agriculture. 

L'établissement  de  pisciculture  créé  à  Apeldoorn  (Pays- 
Bas)  par  M.  Noordhoeck-Hegt,  est  entré  depuis  longtemps 
dans  la  voie  pratique.  C'est  par  centaines  de  mille  qu'il 
produit  les  alevins  de  Saumons  que  le  gouvernement  néer- 
landais fait  lâcher  chaque  année  dans  les  eaux  du  Rhin. 

Les  sujets  reproducteurs  sont  saisis  en  pleine  eau,  au  mo- 
ment de  la  montée.  Les  œufs  sont  fécondés,  mis  en  incuba- 
tion ;  enfin  les  alevins  sont  conservés  jusqu'au  jour  où  ils  ont 
acquis  assez  de  force  pour  être  abandonnés  à  eux-mêmes. 

Depuis  plusieurs  années  déjà  on  a  pris  soin  de  marquer 
(à  la  nageoire  adipeuse)  les  jeunes  poissons  lâchés,  et  on  a 
pu  ainsi  maintes  fois  reconnaître,  dans  les  Saumons  péchés, 
les  élèves  sortis  des  bassins  d'Apeldoorn. 

M.  Noordhoeck-Hegt,  outre  l'élevage  des  Saumons,  s'oc- 
cupe des  divers  Salmonidés  dont  l'introduction  présente  de 
l'intérêt.  Pour  être  moins  importantes,  les  multiplications  et 
les  éducations  qu'il  fait  des  Sahno  fonlinalis,  Qulnnat,  etc., 
méritent  cependant  l'attention. 

En  décernant  à  M.  Noordhoeck-Hegt  la  médaille  d'or  offerte 
par  le  Ministre  de  l'agriculture,  la  Société  est  heureuse  de 
pouvoir  récompenser  la  création  d'un  établissement  de  pisci- 
culture pratique  des  plus  importants  et  des  plus  prospères. 

Médailles  do  première  classe. 

Bien  entendue,  la  culture  des  eaux  peut  donnei"  des  résul- 
tais pratiques  très  rémunérateurs.  Mais,  pour  réussir,  il  faut 


RAPPORT   DE   LA    COMMISSION   DES   RECOMPENSES.  LXIII 

savoir  préparer  le  succès  par  des  installaLions  raisonnées. 
C'est  ce  que  M.  André  d'Audeyille  a  bien  compris  lorsqu'il  a 
créé  l'établissement  de  pisciculture  d'Andecy. 

Ayant  à  sa  disposition  de  belles  eaux,  il  a  fait  creuser  des 
bassins  d'alevinage  très  étendus,  et  aujourd'hui  l'entreprise 
est  en  pleine  activité.  Avant  peu  d'années,  l'établissement  de 
pisciculture  d'Andecy  récompensera  par  ses  produits  les  ef- 
forts de  son  fondateur.  La  Société  a  voulu  encourager  les 
premiers  résultats  obtenus  en  décernant  cà  M,  d'Audeville  une 
médaille  de  première  classe. 

Depuis  plusieurs  années  déjà,  la  Société  a  reçu  des  États- 
Unis  des  œufs  fécondés  de  Salmonidés,  grâce  au  concours 
oblii;eant  de  M.  Blackford. 

En  1885,  nous  avons  dû  à  cet  excellent  coopérateur  l'envoi 
d'œufs  de  Truite  arc-en-ciel  {Salmo  iricleus). 

Nous  avons  voulu  remercier  M.  Blackford  des  services  ren- 
dus à  la  Société  en  lui  décernant  une  médaille  de  première 
classe. 

Il  y  a  plus  de  trente  années  que  M.  le  vicomte  de  Causans 
a  commencé  à  s'occuper  de  pisciculture.  L'exploitation  des 
eaux  du  lac  de  Saint-Front  a  donné  des  résultats  de  plus  en 
plus  considérables;  on  peut  même  dire  des  résultats  indus- 
triels. 

La  fécondation  artificielle  est  pratiquée  chez  M.  de  Cau- 
sans sur  la  plus  grande  échelle  ;  330000  œufs  ont  été  recueil- 
lis en  1883.  Bientôt  on  arrivera,  espère-t-on,  à  un  produit 
d'un  million  d'œufs. 

La  Société  est  heureuse  de  pouvoir  offrir  à  M.  de  Causans 
une  médaille  de  première  classe. 

M.  le  capitaine  G. -M.  Dannevig  a  été  le  promoteur  de  la 
création  de  la  station  d'aquiculture,  marine  de  Flodevig  près 
Arandal  (Norvège). 

Grâce  à  l'emploi  des  appareils  dont  il  est  l'inventeur, 
M.  Dannevig pratique  avec  succès  l'élevage  de  divers  poissons 


LXVI  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

QUATRIÈME  SECTION.  —  INSECTES. 
Prix  de  500  franet^. 

Fondé  par  la  Sncielc  pour  les  travaux  llicoriques  relatifs  a  racclinialation. 

La  Société  décerne  à  M.  Alfred  Wailly  un  des  prix  fondés 
pour  récompenser  les  travaux  théoriques  relatifs  à  l'acclima- 
tation. 

Le  Catalogue  raisonné  des  séricigènes  sauvages  connus 
n'est  pas  une  simple  nomenclature,  c'est  un  travail  dans  le- 
quel sont  discutés  les  mérites  comparatifs  des  diverses  espèces 
de  Lépidoptères  producteurs  de  soie  qui  vivent  dans  toutes 
les  parties  du  monde. 

Dans  son  mémoire,  M.  Wailly  a  résumé  en  quelque  sorte 
vingt  ans  de  persévérantes  recherches,  et  les  renseignements 
fournis  par  un  savant  compétent  ont  le  plus  haut  intérêt. 

M.  Alfred  Wailly  reçoit  un  prix  de  500  francs. 

Primo     de     .lOO     franc»*. 

L^'ouvrage  intilulé  :  Leçons  sur  le  Ver  à  soie  du  Mûrier, 
publié  par  M.  E.  Maillot,  est  un  travail  des  plus  sérieux, 
dans  lequel  l'auteur  traite  avec  une  haute  compétence  tout 
ce  qui  concerne  la  conservation  des  graines,  l'élevage,  les 
maladies  des  Vers  à  soie.  Non  seulement  M.  Maillot  résume 
les  notions  acquises,  mais  il  a  su  y  ajouter  les  résultats  de 
ses  propres  études  personnelles,  le  fruit  de  ses  propres  tra- 
vaux. 

Les  Leçons  sur  le  Ver  à  soie  du  Mûrier  sont  un  livre  qu'on 
peut  considérer  comme  un  guide  pratique,  comme  un  guide 
excellent  pour  tous  ceux  qui  s'occupent  de  sériciculture. 

M.  Maillot  reçoit  une  prime  de  300  francs. 

Prime  de   lOO  francs. 

Les  Abeilles.  La  brochure  à  bon  marché,  publiée  par 
M.  de  Layens,  est  un  résumé  pratique  et  clair  de  tout  ce  que 


RAPPORT    DE    LA    COMMISSION   DES   RECOMPENSES.        LXVII 

doit  connaître  un  apiculteur.  Mobiliste,  c'est-à-dire  partisan 
des  ruches  à  cadres  mobiles,  comme  tout  ami  du  progrès, 
M.  de  Layens  a  su  réunir  dans  son  petit  ouvrage  les  notions 
pratiques  et  les  conseils  utiles.  En  mettant  cette  publication 
à  la  portée  de  tous  par  son  prix  très  modéré,  l'auteur  a  rendu 
un  nouveau  service  à  l'apiculture,  service  que  la  Société  est 
heureuse  de  récompenser  par  une  prime  de  100  francs. 

Médaille  do  première  classe. 

Xes  renseignements  fournis  par  le  R.  P.  Gamboué  sur  les 
séricigènes  de  l'île  de  Madagascar  ont  été  accueillis  avec  in- 
térêt par  la  Société. 

Les  détails  relatifs  aux  Vers  à  soie  indigènes,  dont  les  Mal- 
gaches tirent  la  soie  de  leurs  étoffes  dites  Lamba-landy,  et 
qu'ils  appellent  Bibindandy,  ont  particulièrement  attiré  l'at- 
tention. 

La  Société  est  heureuse  de  remercier  le  R.  P.  Gamboué  de 
son  concours  en  lui  décernant  une  médaille  de  première 
classe. 

llention  honorable. 

Une  mention  honorable  est  accordée  à  M.  E.  Gharrin,  qui 
s'est  occupé  avec  succès  de  l'éducation  de  Vers  à  soie  du 
Ghêne  {Attacus  Pemyi)  à  l'orphelinat  agricole  de  Laforet 
dans  le  Gantai. 

Les  résultats  de  cette  expérience  ont  été  assez  satisfaisants. 
Il  faut  espérer  que  dans  l'avenir  on  donnera  à  ces  essais  plus 
d'importance, 

cinquième    SECTION.  —  végétaux. 

■Jll  ^  ,XÏI 

Grande  médaille  d'or  (Hoi'S  classe) 
A  l'effigie  d'Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Ghargé  parla  Société  d'étudier  les  productions' Végétales 
du  Japon  qui  ont  figuré  à  l'Exposition  universelle  de  1878, 
M.  le  D'  Mène  s'est  livré  aux  recherches  les  plus  conscien- 


LXVIII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION-       . 

cieuses,  les  plus  approfondies.  Il  s'est  entouré  de  renseigne- 
ments complets,  circonstanciés,  sur  les  sujets  les  plus  divers. 
Il  a  groupé  des  faits  épars;  il  a  profité  de  toutes  les  bonnes 
volontés  qu'il  a  su  faire  naître.  A  force  de  sagacité,  de  travail 
et  de  ténacité,  notre  collègue  nous  a  apporté  une  œuvre  ex- 
cellente, une  œuvre  achevée  et  parfaite,  faisant  connaître  de 
la  façon  la  plus  complète  les  richesses  végétales  du  Japon  et 
les  produits  qu'on  en  peut  obtenir.  Le  botaniste,  le  voya- 
geur, l'industriel,  l'horticulteur,  consulteront  avec  fruit  cet 
ouvrage  important,  dû  à  l'esprit  critique  et  au  patient  labeur 
de  notre  collègue. 

Les  premiers  fascicules  de  cette  publication  ont  valu  à  leur 
auteur  une  des  récompenses  de  la  Société.  Aujourd'hui  le 
livre  est  terminé,  et  il  est  apprécié  comme  il  mérite  de  l'être 
par  les  juges  les  plus  compétents.  La  Société  remercie  le 
D''  Mène  de  ses  efforts;  elle  est  heureuse  de  pouvoir  lui  dé- 
cerner la  plus  haute  des  récompenses  dont  elle  puisse  dis- 
poser, la  grande  médaille  d'or  hors  classe. 

Médailles  de  première  clattse. 

Dans  le  courant  de  l'année  1885,  la  Société  a  entendu  les 
communications  de  MM.  Zeiller,  Godefroy-Lebeuf  et  Duval 
(de  Versailles)  sur  les  Orchidées  de  serre  froide.  Bien  que  ces 
végétaux  ne  puissent  vivre  sans  abris  sous  le  climat  du  nord 
de  l'Europe,  ils  présentent  cependant  un  très  réel  intérêt  au 
point  de  vue  de  la  décoration  de  nos  demeures,  et  même  au 
point  de  vue  de  la  décoration  de  nos  jardins  dans  la  région 
de  l'Oranger. 

Les  lauréats  que  la  Société  récompense  aujourd'hui  ont 
démontré,  par  les  expériences  qu'ils  ont  faites,  par  leurs  com- 
munications, les  résultats  importants  qu'on  peut  obtenir,  pour 
l'ornementation,  de  ces  végétaux  aux  fleurs  éclatantes  et  par- 
fumées, qui  semblaient,  il  y  a  peu  d'années  encore,  réservés 
à  la  culture  des  serres  chaudes  et  aux  riches  collections.  Au- 
jourd'hui, pourvu  qu'on  sache  choisir,  tout  le  monde  peut 
parer  sa  demeure  de  fleurs  d'Orchidées,  puisqu'une  serre  à 


RAPPORT   DE    LA    COMMISSION   DES   RECOMPENSES.  LXIX 

Géranium,  et  peut-être  même  de  modestes  châssis,  suffisent 
pour  cultiver  avec  succès  ces  plantes  réputées  si  difficiles 
autrefois. 

La  Société  décerne  à  MM.  Zeiller,  Godefroy-Lebeuf  et  Duval 
(de  Versailles),  des  médailles  de  première  classe. 

L'introduction  en  France  du  Pacanier  des  États-Unis 
(Cari/a  olivœformis) ,  qui  pourrait  fournira  notre  industrie  un 
bois  méritant,  a  été,  à  diverses  reprises,  l'objet  de  l'attention 
de  la  Société. 

Grâce  aux  envois  de  semences  faits  par  M.  Sanford,  des 
essais  importants  pourront  être  tentés. 

La  Société,  reconnaissante  du  concours  que  lui  a  donné 
M.  Sanford,  lui  décerne  une  médaille  de  première  classe. 

M.  VoiNiER,  médecin  vétérinaire  à  l'armée  du  Tonkin,  a 
su  créer  en  peu  de  mois,  à  Hanoï,  un  véritable  potager 
européen.  Grâce  à  son  initiative,  nos  compatriotes  ont  pu 
trouver  dans  l'Extrême-Orient  des  légumes  frais  et  de  bonne 
qualité.  M.  Voinier  a  donné  un  excellent  exemple.  Il  a  prouvé 
expérimentalement  les  résultats  que  peut  donner,  même  dans 
les  conditions  les  plus  difficiles,  une  culture  bien  conduite. 

M.  Voinier  reçoit  une  médaille  de  première  classe. 

Médaille  de  seconde  classe. 

Dans  un  mémoire  étendu,  M.  P,-L.  Simmonds  a  étudié  les 
progrès  de  la  culture  des  Eucalyptus  dans  les  différentes  par- 
ties du  globe.  Ce  travail  consciencieux  contient  un  grand 
nombre  de  renseignements  utiles  et  nouveaux.  Il  montre  qu'en 
moins  de  vingt  ans  les  Eucalyptus  ont  été  introduits  avec 
succès  dans  un  grand  nombre  de  contrées,  sous  les  latitudes 
les  plus  diverses. 

M.  Simmonds  fait  en  outre  connaître  dans  son  mémoire  les 
résultats  obtenus  en  divers  lieux  des  nombreuses  espèces 
d'Eucalyptus  mises  en  expérience. 

Ce  travail  a  reçu  à  la  Société  le  meilleur  accueil,  et  il  est 
décerné  à  son  auteur  une  médaille  de  seconde  classe. 


LXX  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

RÉCOMPENSES  PÉCUNIAIRES 

Une  récompense  pécuniaire  de  200  francs  est  accordée  a' 
M.  Pierre  Bosc,  pisciculteur  chez  M.  le  vicomte  de  Gausans. 

Attaché  depuis  de  longues  années  à  l'établissement  de 
Saint-Front,  le  sieur  Bosc  a  rendu  les  plus  grands  services  à 
la  pisciculture.  Son  zèle,  son  intelligence  sont  appréciés 
comme  ils  le  méritent  par  M.  de  Gausans. 

Une  récompense  pécuniaire  de  100  francs  est  accordée  à 
M.  Henri  Véniat,  jardinier  chez  notre  excellent  collègue, 
M.  Paillieux,  Le  sieur  Henri  Véniat  est  un  serviteur  dévoué, 
que  la  Société  est  heureuse  de  pouvoir  récompenser. 

Primes  fondécN  par  feu   Agron  do  Gerniigny 

Pour  récompenser  les  bons  soins  donnés  aux  aninianx  ou  aux  plantes. 

Prime  de  200  francs. 

M.  Blondel,  gardien  chef  des  Mammifères  au  Jardin  zoolo- 
gique d'acclimatation  depuis  plus  de  vingt-cinq  ans,  reçoit  la 
prime  de  200  francs. 

Prime  de  flOO  francs. 

M.  ScH.^FFER,  employé  à  la  ménagerie  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle,  reçoit  la  prime  de  100  francs. 


Primes  offertes   par  l'administration  du  Jardin  zoologiqne 
d'jtcciimatation  à.  ses  employés. 


''  M. 

Bouvière  .  .  . 

(Service 

des 

;  Mammifères).  — 200  fr. 

M. 

Moutard.  .  .  . 

Oiseaux).  ' 

:':      100  fr. 

M. 

Debaize 

Mammifère 

!s).       100  fr. 

M. 

Baudouin.  .  .  . 

Poneys).  . 

.  .       100  fr. 

M. 

Baudouin  jeune 

— 

-    ) 

25  fr. 

"  M. 

MOY 

-    ) 

25  fr. 

M. 

Bodevin  .  .  .  . 

-    ) 

25  fr. 

M. 

Testard.  .  .  . 

r   tiiiUn: 

25  fr. 

ffO- 

RAPPORT 

AU  NOM  DE  LA  COMMISSION  DE  COMPTABILITÉ 
SUR   L'EXERCICE    1885 

Par  M.    le   D'    iSAINT-YVES    MÉIVARD 

Trésorier. 


Messieurs, 

Comme  nous  sommes  réunis  en  famille  pour  les  raisons  que  vous  a 
exposées  M.  le  Président,  votre  Conseil  a  pensé  qu'il  convenait  de  vous 
parler  dans  celte  séance  de  nos  intérêts  matériels.  J'aurais  à  m'excuser 
de  l'aridité  du  sujet  si  vous  ne  compreniez  que,  pour  une  œuvre  d'ini- 
tiative privée  comme  la  nôtre,  la  situation  financière  a  l'importance  de 
l'aliment  pour  les  êtres  vivants. 

J'ai  donc  l'honneur  de  vous  faire  connaître,  au  nom  de  votre  Commis- 
^  sion  de  comptabilité,  la  situation  financière  de  la  Société  en  vous  pré- 
sentant, d'une  part,  l'état  des  recettes  et  des  dépenses  du  dernier  exer- 
cice ;  d'autre  part,  le  bilan  au  31  décembre  1885. 

Pour  vous  permettre  d'apprécier  les  chiffres,  je  vous  ferai  comparer 
ceux  de  l'année  1885  à  ceux  de  l'année  précédente. 


Recettes  ordinaires. 

Cotisations  annuelles.  —  Le  total  des  cotisations  annuelles  a  baissé 
de  -2822  francs. 

<>{.;  Ce  n'est  pas  que  le  nombre  des  membres  anciens  ait  diminué  sensi- 
blement plus  que  d'ordinaire,  c'est  surtout  le  recrutement  de  membres 
nouveaux  qui  a  laissé  à  désirer. 

Le  dénombrement  de  la  Société  au  31  décembre,  après  les  démissions 
et  les  décès,  s'établit  comme  suit  :  'i- 

._    i,6'J4  membres  ou  sociétés  agrégées  payant  cotisation  à  25  fr...     42,350  fr. 
27  membres   nouveaux   entrés   après    le  30  juin,  ayant  payé 

9  francs 243  fr. 

Tolal  (les  cotisations  annuelles.' , 42,593  fr. 

-lOlllOV 

16  membres  honoraires.  '" 

478  membres  à  vie. 
10  sociétés  atliliées. 

2,225  au  total,  soit  103  de  moins  qu'en  1884. 


LXXII  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'aCCLIMATATION. 

Droits  d'entrée.  —  Ce  chiffre  nous  donne  la  mesure  de  la  faible  acti- 
vité de  notre  recrutement  : 
Nous  avons  compté  : 

En  1883 191  membres  nouveaux. 

En  1884 133  — 

En  1885 81  — 

Il  semble  que  nous  subissions  le  contre-coup  de  la  crise  des  affaires 
et  de  la  gêne  générale.  Nous  voulons  espérer  que  cet  état  de  choses 
prendra  fin  et  que  nous  cesserons  de  suivre  une  progression  descen- 
dante. 

Les  revenus  des  valeurs  de  la  Société  ont  diminué  de  376  fr.  25;  je 
vous  en  donnerai  l'explication  en  vous  exposant  les  dépenses  extraor- 
dinaires. 

La  subvention  du  ministère  de  l'agriculture  a  été  diminuée  de  500  fr.; 
c'est  le  résultat  d'une  mesure  générale. 

Les  tirages  à  part,  les  abonnements  et  annonces  du  Bulletin  et  de 
la  Chronique  ont  produit  un  peu  moins  que  l'année  dernière. 

La  location  de  la  salle  a  donné  aussi  un  peu  moins. 

Au  total,  les  recettes  ordinaires  de  l'année  1885  sont  inférieures  de 
4885  fr.  10  à  celles  de  l'année  1884. 

Recettes  extraordinaires. 

Sous  ce  titre,  nous  comprenons  les  receltes  qui  ne  doivent  pas  faire 
face  aux  dépenses  courantes;  telles  sont  les  cotisations  définitives 
(3000  francs  eu  1884,  2500  francs  en  1885)  destinées  à  être  capitalisées 
pour  assurer  le  service  des  membres  à  vie;  telles  sont  aussi  les  recettes 
imprévues,  qui  se  trouvent  être  cette  année  d'une  assez  grande  impor- 
tance, grâce  à  la  libéralité  d'un  de  nos  confrères,  M.  Vauvert  de  Méan, 
consul  de  France  à  San-Francisco,  membre  de  la  Société  depuis  l'année 
1860,  qui  a  toujours  eu  à  cœur  l'extension  de  l'influence  française  et 
s'est  intéressé  tout  particuHèrement  aux  oeuvres  d'initiative  privée  con- 
çues dans  un  but  d'utilité  générale.  C'est  à  ce  titre  qu'il  a  apprécié  les 
efforts  de  la  Société  d'Acclimatation  ;  il  a  été  pénétré  de  l'importance 
des  services  qu'elle  a  rendus;  enfin,  désireux  de  contribuer  largement 
à  ceux  qu'elle  peut  rendre  dans  l'avenir,  il  lui  a  légué  par  testament 
une  somme  de  15000  francs. 

Le  jour  où  nous  inscrivons  à  notre  actif  le  legs  du  généreux  dona- 
teur, nous  voulons  témoigner  toute  notre  reconnaissance  au  collègue 
regretté. 


SITUATION    FINANCIÈRE   DE   LA   SOCIÉTÉ.  LXXIII 


Dépenses  ordinaires. 

Dans  une  année  où  les  recettes  tendaient  à  baisser,  il  était  indiqué  de 
chercher  à  réduire  les  dépenses.  Telle  a  été  la  préoccupation  de  votre 
Conseil,  qui  est  parvenu  à  maintenir  à  peu  près  l'équilibre. 

Le  Bulletin  mensuel  a  coûté  2900  francs  de  moins,  et  la  Chronique 
500  francs  de  moins  que  dans  l'exercice  précédent. 

De  même  des  économies  ont  été  réalisées  sur  le  chauffage  et  Véclai- 
rage,  les  frais  généraux,  les  frais  de  bureau,  les  impressions  diverses, 
les  frais  de  recouvrement,  \a.  sténographie,  la  séance  publique. 

La  redevance  au  Jardin  d'acclimatation  s'est  trouvée  plus  faible, 
puisqu'elle  dépend  du  nombre  des  membres. 

Seuls  les  frais  de  correspondance,  les  cotisations  perdues,  les  impo- 
sitions, les  cheptels,  offrent  une  légère  augmentation. 

Les  dépenses  de  loyer  et  de  personnel  restent  stalionnaires. 

Au  résumé,  les  dépenses  ordinaires  sont  moindres  de  104.64  fr.  90. 

Si  bien  que  les  comptes  se  soldent  par  un  excédent  de  dépenses  in- 
signifiant (697  fr.  35). 

Dépenses  extraordinaires. 

Les  dépenses  extraordinaires  comprennent  les  frais  d'enregistrement 
pour  le  legs  de  M.  Vauvert  de  Méan,  et  une  petite  partie  des  dépenses 
occasionnées  par  notre  nouvelle  installation,  qui  a  été  commencée  à  la 
fin  de  l'année  1885  (15006  fr.  90). 

Pour  faire  face  à  ces  dépenses,  nous  devons  distraire  une  partie  de 
notre  capital.  C'est  précisément  la  vente  de  certaines  valeurs  qui  a  di- 
minué déjà  un  peu  nos  revenus,  comme  je  vous  le  faisais  remarquer  au 
début  de  mon  rapport. 


LXXIV 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


BILAN   AU 


ACTIF 


Valeurs  disponibles 


Caisse 

Banque  de  France. 


Obligations  de  chemins  de  fer  et  autres. 


Titre  de  rente  Dutrône. 


Cotisations,  Droits  d'entrée,  etc.,   à  re- 
couvrer  


Crédit  Lyonnais 

Jardin  d'acclimatation  de  Paris 

Hodocanachi,  banquier 

Société  centrale  de  médecine  vétérinaire. 

Valeurs  réulisabies 

Bibliothèque 

Mobilier 

Valeur  des  animaux  chez  les  chepteliers. 
Loyer  d'avance 


Divers 

100  actions  du  Jardin  d'acclimatation.. 
Legs  Vauvert  de  Méan 


1S«« 

1.387 

50 

7.087 

05 

t6.5-i6 

75 

2.7U0 

)) 

1.300      » 
2    30 


5.294  65 
4.911  90 
6.820    20 


25.000      » 


201.050    35 


flSSâ 


608 

45 

6.038 

10 

16.328 

75 

2. 700 

II 

7.896 

» 

2 

30 

142 

90 

931 

55 

250 

» 

5.594  70 

5.046  75 

5.505  30 

4.000  I) 


25.000      « 
15.000      » 


SITUATION   FINANCIÈRE   DE   LA   SOCIETE. 


LXXV 


31    DÉCEMBRE   1885. 


PASSIF 


Divers  à  payer 

Jardin  d'acclimatation  de  Paris 

Recettes  faites  pour  l'exercice  suivant. . 
Prix  offert  par  feu  Bérend,  à  décerner. . 
Loyer  à  payer 


tS)^4 

11.639  30 

-1.716  85 

392  » 

1.000  » 


ftSS5 
5.780    60 

»  H 

489  .) 
1  000  » 
1.375      .. 


I 


■ittthitfi. 

'<    rH 

14.748 
186.302 

15 

20 

8.644 
180.460 

60 
20 

201 .050 

35 

195.104 

80 

LXXVIII  SOCIETE   NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

BIIi.*]ll   AU   31    DÉCEMBRE    ISS5. 

*    Notre  situation  financière  est  toujours  satisfaisante  ;   l'excédent  de 
notre  actif  n'a  pas  varié. 

i 

;  Actif. 

L'encaisse  est  de  668  fr.  45. 

Le  dépôt  à  la  Banque  s'élève  à  6038  fr.  10. 

Les  valeurs  mobilières  figurent  pour  H  6  328  fr.  75,  déduction  faite  de 
celles  que  nous  avons  dû  vendre  (30218  fr.  75).  Nous  conservons  l'ha- 
bitude, adoptée  jusqu'ici,  de  compter  ces  valeurs  aux  prix  d'achat; 
mais  les  cours  au  31  décembre  dernier  nous  assuraient  une  plus-value 
notable. 

Les  cotisations  et  autres  créances  restant  à  recouvrer  représentent 
une  somme  un  peu  élevée  (7896  francs),  mais  n'en  sont  pas  moins  un 
actif  certain. 

La  bibliothèque,  le  mobilier,  les  animaux  en  cheptel,  n'ont  pas  changé 
sensiblement  de  valeur  (1614.6  fr.  75). 

'  Un  article  nouveau  se  présente  ici,  c'est  un  terme  de  loyer  d'avance 
(4000  francs)  remis  à  notre  nouveau  propriétaire,  suivant  les  conditions 
'du  bail. 

Les  actions  du  Jardin  d'acclimatation  figurent  toujours  pour 
25000  francs. 

I    Enfin  le  legs  de  M.  Vauvert  de    Méan  sera  inscrit  à  part  jusqu'au 
jour  où  il  pourra  être  représenté  en  valeur  mobilière. 
.  Total  de  l'actif  :  195104  fr.  80. 


i 


Passir. 


Notre  passif  est  toujours  composé  de  divers  mémoires  qui  n'ont  pas 
du  être  réglés  avant  la  clôture  de  l'exercice  (5780  fr.  50)  ; 
ï    De  cotisations  de  l'année  1886,  encaissées  d'avance  (489  francs); 

D'une  somme  de  1000  francs,  offerte  par  feu  Bérend  et  représentant 
un  prix  à  décerner  ; 

D'un  terme  de  loyer  échu  et  non  encore  payé  (1375  francs). 

Au  total,  864i  fr.  60.  ; 

L'excédent  de  l'actif  est  ainsi  de  186460  fr.  20. 

Vous  venez  de  voir,  Messieurs,  que  l'équilibre  des  recettes  et  des  dé- 
penses a  été  obtenu  par  suite  de  grosses  économies  dans  l'adminis- 
tration. 
I    Mais,  pour  le  bien  de  la  Société,  il  est  désirable  que  le  temps  des 


SITUATION    FINANCIÈRE    DE    LA   SOCIÉTÉ.  LXXIX 

économies  forcées  ne  soit  pas  de  longue  durée  ;  vous  avez  bien  des  efforts 
à  encourager,  bien  des  travaux  à  récompenser,  beaucoup  de  bonnes  vo- 
lontés à  diriger.  Pour  cela,  vous  avez  besoin  de  grandes  ressources,  pI 
vous  ne  les  trouverez  que  par  l'accroissement  du  nombre  des  sociétaires. 
Telle  est  la  conclusion  forcée  du  rapport  d'un  trésorier.  Notre  prospérité 
matérielle  en  dépend. 


JARDIN   D'ACCLIMATATION   DU    BOIS    DE  BOULOGNE 


RAPPORT 

PRÉSENTÉ  AU  NOM  DU  CONSEIL  D'ADMINISTRATION 

Par  ML    A.   GEOFFROY  SAIIVT-HILAIRE 

DIRECTEUR  DU  JARDIN 

A  l'Assemblée  générale  ordinaire  des  Aclionnaircs  du  20  mai  1886. 


PRÉSIDENCE  DE   M.   F.   JACQUEMART, 
Président  du  Conseil  d'administration. 

Messieurs, 

Au  nom  du  Conseil  d'administration,  nous  avons  l'honneur  de  vous 
présenter  les  comptes  de  l'année  1885. 

Vous  trouverez  ci-dessous  les  chiffres  du  bilan  arrête  au  31  dé- 
cembre dernier. 

Bilan   au  Si   décciultro  tS94. 

ACTIF. 
Valeurs  immobilisées. 

Création  du  Jardin 1,024,110  50  ^ 

Travaux   neufs   et    appropriations  diverses  M, 731, 253  08 

exécutés  depuis  la  création  du  Jardin..  707,142  58  ; 
Le  capital  employé    (1,731,253  fr.  08)   fera 

retour  à  la  Ville  à  la  fin  de  la  concession. 

Valeurs  réalisables. 

Animaux 420,725  50  \ 

Approvisionnements ^ll'fH  '^^  )     850,786  05 

Cautionnement 10,000  »  l 

Mobilier 206,819  20  j 

Valeurs  disponibles. 

Caisse 2,90165) 

Effets  à  recevoir »      »  5      68,436  10 

Débiteurs  divers 65,534  45  ) 

Excédent  du  passif 22,187  65 

Total 2,672,662  88 


SITUATION    FINANCIEP.E   DU   JARDIN.  LXXXI 

PASSIF. 

Capital  immobilisé. 

Sommes  employées  en  immobilisation 
(voy.  ci-contre) 731,253,  08 

Engagements  sociaux. 

Capital-Actions  (2000  actions  à  500  fr.)     1,000,000     »     1,731,253  08 
Engagements  envers  les  tiers  (â  terme) 

Dette  consolidée  :  702  obligations  à 
•470  fr.  (Solde  des  1060  oblige  émises 
sur  l'emprunt  autorisé  de  1200.) . .        329,940     » 

{Exigibles.} 

Service  de  l'emprunt:  obligations  sor- 
ties aux  tirages  et  intérêts  des  cou- 
pons        27,662  50 

Créanciers  divers ,578,400  50       006,063     «       936,003    ,; 

Réserve. 
5  V„  du  bénéfice  de  l'exploitation  en  1883  (108,135  85)..  5,406  80 


ToTAi 2,672,662  88 

Pa.«isir. 

Vous  voyez  figurer  au  passif  du  bilan  : 

1°  Le  capital  immobilisé  en  travaux  neufs  depuis  la  création  du  Jardin 
zoologifjue  d'acclimatation,  soit  731  i253  fr.  08; 

2"  Le  capital  initialement  fourni  par  les  actionnaires,  soit  un  railbon 
Je  francs  ; 

3"  Ce  qui  reste  dû  sur  l'emprunt  émis  en  1876,  déduction  faite  des  obli- 
gations amorties,  jusqu'au  tirage  du  15  décembre  dernier  (1885)  inclu- 
sivement, soit  329940  francs. 

Au  !"■  janvier  188G,  trois  cent  cinquante-huit  (358)  obligations  avaient 
été  successivement  extraittss  de  la  roue  et  remboursées  ; 

4"  Dans  le  passif,  que  nous  soumettons  à  votre  examen,  les  engage- 
ments exigibles  comptent  pour  606  003  francs.  Les  valeurs  actives  qui 
figurent,  d'autre  part,  représentent  et  au  delà  l'importance  de  l'ensemble 
de  ce  passif. 

Af<îl.  ' 

L'actif,  porté  au  bilan  qui  vous  est  soumis,  comprend  : 
1"  Les  valeurs  immobilisées.  La  création  du  Jardin  a  coûté  1  million 
24110  fr.  50.  Les  appropriations  diverses,  les  travaux  neufs  exécutés 
4"  SÉKIE,  T.  m.  —  Séance  publique  annuelle.  /■ 


LXXXII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

depuis  l'origine  de  la  Société  ont  employé  une  somme  de  707  14.î?fr.  58. 
C'est-à-dire  que  la  création  et  les  développements  ultérieurs  de  l'éta- 
blissement que  vous  avez  fondé  sur  la  concession  municipale,  ont  occa- 
sionné, à  la  date  du  31  décembre  1885,  une  dépense  totale  de  1  million 
731  253  fr.  08. 

Ce  capital  immobilisé  figure  à  votre  actif  pour  représenter  le  capital 
initial,  qui  a  été  fourni  par  les  actionnaires,  et  aussi  pour  clairement  éta- 
blir l'emploi  des  bénéfices  réalisés  successivement  par  l'exploitation  (1). 

Mais  nous  ne  devons  pas  oublier  que  nous  avons  seulement  la  jouis- 
sance (pour  un  long  temps,  il  est  vrai)  de  l'établissement  créé,  puisqu'en 
1938,  dans  cinquante-trois  années,  il  fera  retour  à  la  Ville,  avec  tous  les 
aménagements  divers  qu'il  contiendra. 

Pour  expliquer  clairement  cette  situation,  nous  avons  fait  figurer  au 
passif,  cette  année,  comme  de  coutume,  un  chiffre  exactement  égal  aux 
sommes  employées  en  immobilisations  et  qui  sont  inscrites  à  l'actif. 

11  n'est  pas  inopportun  de  faire  observer  que  dans  l'établissement  de 

(1)  Résultats  annuels  de   l'exploitation   du   Jardin  zoologique  d'acclimatation 

(le  1860  à  1885. 

Insuffisance  Excédent 

dos   Reccitos.  des   Recettes. 

1860  (3  mois) 4.,982  40 

1861 39,341  54 

1862 90,186  17 

1863 78,461  52 

1864 52,967  88 

1865 15,053    05                  »  » 

1866 25,217  65 

1867 45,243  70 

1868 40,145    64                 » 

1869 19,608  « 

1870 51,799    85 

1871 41,551     16                  »  » 

1872 22,356  « 

1873 37,250  05 

1874 40,382  40 

1875 27,757     60                 «  >. 

1876 17,004  75 

1877 83,852  05 

1878 96,049  90 

1879 91,734    88                  »  « 

1880 46,829    80                  «  » 

1881 102,746  20 

1882 146,225  65 

1883 108,135  85 

1884 27,063    80                 »  » 

1885 4,220  70 

Total 341,935    78       1,014,232    41 

Le  total  des  insuffisances  de  recettes,  les  années  1870  et  1871  {Guerre 
franco-allemande  et  Commune)  comprises,  est  de  341  935  fr.  78.  Le  total  des 
excédents  de  recettes  réalisées  est  de  1  014  232  fr.  41.  Depuis  sou  commence- 
ment jusqu'au  1"  janvier  1886,  l'exploitation  a  donc  produit  072  290  fr.  63  de 
plus  qu'elle  n'a  coûté. 


SITUATION    FINANCIERE    DU   JARDIN.  LXXXIII 

ce  bilan,  nous  n'avons  jamais  tenu  aucun  compte  de  la  valeur  de  la  con- 
cession et  de  l'achalandage  qui  nous  est  acquis. 

Dans  le  courant  de  l'exercice  1885,  le  compte  des  travaux  neufs  s'est 
peu  augmenté.  11  a  été  chargé  de  l'amortissement  de  la  construction  du 
manège  et  de  la  maison  du  chenil,  et  aussi  de  quelques  dépenses  sans 
importance. 

L'ensemble  de  ces  travaux  neufs  a  coûté  14805  fr  90. 

Constructions  nouvelles  faites  en  1885. 

Amortissement  de  la  construction  du  manège 8,56-4    60 

—  de  la  maison  du  chenil 3,933      » 

Dépenses  diverses 2,308    30 

Total 1-4,805    90 

2°  Les  valeurs  réalisables  comptent  pour  850  786  fr.  05  dans  le  bilan 
que  nous  vous  présentons.  Le  tableau  suivant  vous  fera  connaître  les 
éléments  constituant  ce  chiffre  important. 

1881  1882  1883  1884  1885 

A.  Collection  des  animaux.      3il,878  65    366,763  d5    414,238  55    403,466  25    420,725  50 

B.  Plantes  diverses  dispo- 

nibles         96,614     »     116.458  35    123,043  55    127,222     »    148,403  90 

C.  Mohilier  et  Outillage..        99,058  90    102,937  15    126,390  25     140.329  75    138,413  50 

D.  Appruvisioniii'nients  di- 

vprs,  chai)ffaoe,  nour- 
riture, libriirio,  etc..        40,870  10      50,093  05      57,194  25      67,46165      64,837  45 

E.  Tramway  extérieur,  voie 

et  matériel 65,062  80      69,922  10      65,42195      63,975  10      60,776  35 

F.  Cautionnement     de'posé 

dans  les  caisses  de  la 

Ville   de  Paris 5,000     »        5,000     »       10,000     »       10,000     »       10,000     » 

G.  Outillai'o  et  Matériel  à 

Meulan 1,578    »        5,601     «         3,705  55        7,424  70        7,629  35 

650,062  45    716,774  10    799.994  10    819,879  45    850,786  05 

Les  valeurs  disponibles  figurant  à  l'actif  représentent  68  436fr.  10. 
Compte  (l'csploUation  de  roxorcice  1^95. 


Recettes. 

Subvention  du  Ministère  de 

l'Agriculture 4,000  » 

Participation  sur  colisalions 

des  membres  de  la  Société 

d'Acclimatation 3,820  » 

Entrées  du  Jardin 312,914  75 

Abonnements. . . , 5,487  50 

Promenades 39,845  25 

Location  des  chaises 1 1,485  10 

Exposition  permanente....  3,761  » 

Loyer  du  bullet 13,998  » 

Manège 13,259  10 


Dons  d'animaux 873  80 

Bénéfice  ducompfanimaux, 

mortalité  déduite 34,041  40 

Saillies 4,988  85 

Ventes  des  œufs 9,322     » 

Bénéfice  du  compte  graines 

et  plantes 41,477  65 

Pré  t-itelan 6,863  70 

Succursale  de  Meulan 854  50 

Tramways 35,722  25 

Panorama 3,222  25 

Total.... 550,940  10 


LXXXIV 


SOCIETE   NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 


Dépenses. 

Personnel 173,065  25 

Uniformes 12,396  10 

Nourriture  des  animaux...  157,614  60 

AquariimT 3,292  70 

Entretien  des  bâtiments.  ..  19,761  35 

Entrelien  des  clôtures 5,023  10 

Entretien  du  Jardin 2,(S83  65 

Abonnement  des  eaux 3,260  50 

Gbauffage  et  éclairage. .. .  14,521  55 
Mobilier  industriel  et  outil- 
lage   34,795  75 

Outils  de  jardinage 720  05 

Concerts 30,873  10 

Frais  de  bureaux 6,362  50 

Frais  de  correspondance. . .  4,484  55 

Publicité.... 6,500  30 


Loyers 4,631  45 

Assurances 3,194  20 

Impositions 5,206  80 

Timbre  et  impôt  des    ac- 
tions et  obligations 2,630  05 

Assemblée  générale 975  75 

Frais  généraux 34,504  90 

Ilucber 1,312  70 

Librairie 203  70 

Intérêts  des  obligations..  . .  18,475     » 


Total   des  dépenses  de 

l'exercice  1885 546,719  40 

Excédent  des  receltes  de 
l'exercice  1884 4,220  70 


Total 550,940  10 


Dépenses. 

Le  total  des  dépenses,  pour  l'année  1885,  s'est  élevé  à  546  719  fr.  40. 
Ce  chiffre  est  inférieur  de  45  922  fr.  15  à  celui  des  dépenses  de  1884  et 
de  180  738  fr.  15  à  celui  de  l'année  1883.  Notre  exploitation  a  subi  le 
contre -coup  des  enil)arras  qui  paralysent  en  ce  moment  le  mouvement 
des  affaires  et  nous  avons  dû  modérer  nos  dépenses  le  plus  possible. 

Recettes. 

Le  chiffre  atteint  par  les  receltes  de  toutes  natures,  en  1885,  s'est 
élevé  à  550940  fr.  10.  Le  produit  des  entrées  a  été  particulièrement 
faible,  il  est  resté  de  40  000  francs  environ  au-dessous  des  résultats  de 
1884.  Pendant  les  premiers  mois  le  nombre  de  nos  visiteurs  avait  été 
satisfaisant,  mais  après  mai  l'exploitation  a  été  souvent  contrariée  par 
le  mauvais  temps. 

Par  contre,  nous  avons  vu  certains  chapitres  de  receltes  donner  des  plus- 
values  intéressantes.  Le  bénéfice  du  compte  Animaux  et  celui  du  compte 
Graines  et  Plantes  ont  fourni  des  ressources  importantes,  aussi  le  résultat 
final  de  l'exercice  a-t-il  été  un  excédent  de  recettes  de  4220  fr.  70. 

Nous  devons,  en  terminant,  Messieurs ,  vous  demander  l'approbation 
des  comptes  que  nous  vous  avons  présentés. 

Vous  n'avez  pas  oublié,  Messieurs,  que  la  Ville  de  Paris  a  accueilli  en 
1882  la  demande  de  prolongation  de  concession  que  votre  Conseil  d'ad- 
ministration lui  avait  adressée  avec  votre  autorisation. 

Depuis  cette  époque,  vos  administrateurs  n'ont  pas  cessé  de  se  préoc- 
cuper des  obligations  qui  résultent  pour  votre  Société  des  avantages 
nouveaux  que  la  Ville  de  Paris  lui  a  accordés. 

Mais,  il  faut  li  reconnaître,  il  a  été  assez  difficile,  jusqu'à  ce  moment, 
de  réaliser  le  programme  qui,  de  l'avis  de  tous  ceux  qui  l'ont  étudié, 
doit  améliorer  les  conditions  dans  lesquelles  se  fait  l'exploitation. 


SITUATION    FINANCIÈRE   DU   JARDIN.  LXNXV 

Nous  nous  sommes  trouvés  dans  un  sérieux  embarras.  Pour  exécuter 
les  travaux  projetés,  il  faut  obtenir  d'une  assemblée  générale  extraordi- 
naire, rautorisation  d'émettre  des  obligations.  Or,  votre  capital  actions 
est  tellement  divisé  que,  dans  l'état  actuel  des  choses,  il  serait,  pour 
ainsi  dire,  impossible  de  constituer  cette  assemblée. 

Après  avoir  sérieusement  étudié  la  question,  votre  Conseil,  usant  des 
pouvoirs  que  vous  lui  avez  conférés  dans  la  séance  du  21  avril  1883,  a 
voté  l'émission  de  mille  actions  nouvelles. 

Ces  mille  actions  qui,  placées,  nous  permettront  de  réunir  une  assem- 
blée générale  extraordinaire  pouvant  délibérer  valablement,  nous  avons 
aujourd'hui  la  certitude  de  les  voir  souscrire,  car  un  groupe  financier 
est  prêt  à  assurer  le  succès  de  l'émission,  mais  ce  groupe  financier, 
formé  d'actionnaires  de  la  Société,  souhaiterait  d'avoir  un  certain  nombre 
de  places  dans  le  Conseil. 

Pour  faciliter  les  négociations  en  cours,  tous  vos  administrateurs  ont 
pensé  qu'ils  devaient  se  retirer. 

Ils  vous  demandent,  Messieurs,  de  vouloir  bien  accepter  leurs  démis- 
sions et  de  leur  en  donner  acte  en  votant  les  résolutions  suivantes  : 

Première  résolution  : 

L'Assemblée  générale  accepte  la  démission  de  :  MM.  Jacquemart, 
Blount,  Uodocanachi,  Edouard  André,  Henri  Aron,  comte  de  Camondo, 
Tony  Conte,  A.  d'Eichthal,  comte  d'Eprémesnil,  duc  de  Fitz-James,  Flury 
Hérard,  baron  Gérard,  Alfred  Grandidier,  duc  de  La  Piocbefoucauld-Dou- 
deauville,  0.  Maggiar,  Pierre-Amédée  Pichot,  baron  Alphonse  de  Roth- 
schild, M.  de  Saint-Paul,  marquis  de  Selve,  A.  Touchard,  prince  de  Wa- 
gram,  membres  du  Conseil  -d'administration  de  la  Société,  et  leur  donne 
décharge  pleine  et  entière  à  l'égard  de  leurs  fonctions. 

Deuxième  résolution  : 

Vu  l'article  17  des  statuts  prescrivant  que  la  Société  sera  administrée 
par  quinze  administrateurs,  l'Assemblée  générale  nomme  pour  cinq 
années  : 

MAL  Edouard  André,  Amédée  Berlhoule,  Albert  Geoffroy  Saint- 
Hilaire,  Alfred  Grandidier,  Er.  Jacquemart,  duc  de  La  Piochefoucauld- 
Doudeauville,  Saint-Yves  ftlénard,  Armand  Pihorel,  Pierre  Piodocanachi, 
Maurice  de  Saint-Paul,  marquis  de  Selve,  Léon  Simon,  baron  Arnould 
Thénard,  Arthur  Touchard,  prince  de  Wagram,  administrateurs  de  la 
Société  du  Jardin  d'acclimatation. 

Conformément  à  l'article  10  des  statuts,  le  Conseil  d'administration  se 
renouvellera  chaque  année  par  cinquième,  d'abord  par  voie  de  tirage  au 
sort,  ensuite  par  roulement  dans  l'ordre  indiqué  par  ces  tirages. 

M.  le  Président  informe  l'assemblée  que  M.  Charles  de  Souancé, 
membre  du  Conseil  d'administration,  avait  donné  sa  démission  le  5  no- 
vembre 1885. 


s 


LXXXVIII         SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Odent,  11,  boulevard  Saint-Michel,  à  Paris. 

1  couple   Eperonniers  chinquis. 
Le  comte  Okecki,  à  Paris. 

1  couple  de  Pigeons  frisés; 

1  lot  de  Poules  Dorking. 

O'Neill,  à  Cognac  (Charente). 

1  couple  de  Canards  de  Yeddo. 
Ramelet,  à  Neuvon,  commune  de  Plombières-les-Digon(Côte-d'Or). 

1  couple  de  Canards  Carolins. 
Le  marquis  de  la  Rochejaquelein,  73,  rue  de  Grenelle,  à  Paris. 

1  couple  de  Cygnes  noirs, 
Roussel,  à  Issoire  (Puy-de-Dôme). 

1  couple  de  Canards  de  Rouen. 
Comte  De  Sainte-Marie,  13,  avenue  de  Ségur,  à  Paris. 

1  couple  de  Cygnes  blancs. 
TiiAUViN,  à  Orléans  (Loiret). 

1  couple  de  Grenouilles-bœufs. 
Du  Verne,  au  château  de  la  Croix,  commune  de  Varenne-les-Nevers 

(Nièvre). 

1  lot  de  Poules  Dorking. 


Le  Gérant  ;  Jules  Grisaru. 


5977.  —  DoURLOTON. —  Iiii|irimcric3  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


BULLETIN    MENSUEL 

DE    LA 

SOCIÉTÉ    NATIONALE 

D'ACCLIMATATION 

IDE     FI^A.IVOE 


I.  TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ  (i) 


CATALOGUE    RAISONNÉ 

PAR    RÉGIONS 

DES   ESPÈCES  D'OISEAUX 

qu'il  y  aurait  lieu 
D'ACCLIMATER  ET    DOMESTIQUER  EN  FRANCE 

Par   L.    MiieAUD   D'AUBUSSOIV 

(Suite.) 


Thaumalé  peint  ou  Faisan  doré  (Thaumalea  pictaV^âgler). 

Phasianus  aureus  sinensis,  Brisson,  Ornith.  (1760),  t.  I,  p.  271.  —  PItasiantis 
pictiis,  Linné,  Sijst.  nat.  (1766),  t.  I,  p.  27'2.  —  Le  Faisan  doré  de  la  Chine, 
Buffon,  PL  Enl.,  217  (1770).  —  Tliaumalea  picta,  Wagler,  /s/s  (1832),  p.  1227. 

—  Bonaparte,  Compt.  rend.  Ac.  se.  (1856),  t.  XLII,    Tahl.  des  Gall.,  n"  79. 

—  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1863),  p.  307.  —  Gould,  Birds  of  Asia  (1866), 
livr.  XVIIl,  pi.  —  Chnjsolophus  pictiis,  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871), 
p.  398.—  David  et  Oustalel,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  ili. 

Tout  le  monde  connaît  le  Faisan  doré,  et,  quoique  son  in- 
troduction en  Europe  remonte  à  un  passé  déjà  lointain,  on 
ne  s'est  jamais  lassé  de  l'admirer  (3). 

(1)  La  Société  ne  prend  sous  sa  responsabilité  aucune  des  opinions  émises  par 
les  auteurs  des  articles  insérés  dans  son  Bulletin. 

(2)  Cuvier  pense  que  le  fameux  Phéni.x  des  anciens  n'est  autre  que  le  Faisan 
4'  SÉRIE,  T.  111.  —  Janvier  1886.  1 


2  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

C'est,  en  effet,  un  des  oiseaux  que  la  nature  s'est  plu  à 
parer  avec  magnificence.  L'or,  l'azur,  le  pourpre,  brillent  sur 
son  manteau.  Une  huppe  d'un  jaune  doré  vif  décore  sa  tête 
et  retombe  élégamment  sur  une  large  collerette  rouge  orange 
bordée  de  satin  noir,  La  gorge  et  le  ventre  sont  d'un  beau 
rouge  safran  vif.  La  queue  brune,  marbrée  de  noir,  très  dé- 
veloppée, ornée  de  longues  et  étroites  couvertures  supérieu- 
res, de  couleur  écarlate,  termine  avec  grâce  un  corps  élancé 
et  souple. 

La  femelle  est,  comme  d'habitude,  sombrement  vêtue.  Les 
jeunes  mâles  ressemblent  aux  femelles,  et  ce  n'est  qu'à  la 
seconde  mue  qu'ils  commencent  à  se  revêtir  de  toute  la  ri- 
chesse et  de  toute  la  beauté  de  leur  parure. 

Nous  n'avons  rien  à  dire  du  Thaumalé  peint  en  captivité  ; 
il  est  aujourd'hui  tellement  répandu  dans  les  volières  et  les 
faisanderies,  que  nous  ne  pourrions  rien  ajouter  qui  ne  fût 
déjà  parfaitement  connu.  En  revanche,  on  sait  fort  peu  de 
chose  sur  les  habitudes  de  cet  oiseau,  à  l'état  de  liberté,  dans 
son  pays  d'origine.  Vainement  chercherait-on  dans  les  récits 
des  voyageurs-naturalistes  des  indications  satisfaisantes  sur 
ce  sujet.  M.  Swinhoë,  le  père  Armand  David,  par  exemple, 
qui  ont  pu  observer  le  Faisan  doré  à  l'état  sauvage,  sont 
presque  muets  quand  il  s'agit  de  nous  parler  de  ses  mœurs, 
d'où  il  faut  conclure  qu'elles  doivent  être  à  peu  près  les 
mêmes  que  celles  de  ses  congénères,  et  que  rien  de  bien  spé- 
cial, en  ce  qui  les  concerne,  n'est  venu  frapper  ces  voyageurs. 

Le  père  David  se  contente  de  dire  que  cet  oiseau  vit  dans 
les  bois,  sur  les  montagnes  d'altitude  moyenne.  Il  l'a  ren- 
contré, dit-il,,  assez  communément  dans  le  Setchuan  occi- 
dental et  dans  le  Kokonoor  oriental,  et  beaucoup  plus  rarement 
dans  le  Ghensi  méridional.  Il  manquerait  complètement  dans 
les  provinces  septentrionales  et  orientales  de  l'Empire,  ainsi 
qu'en  Mantchourie  et  en  Corée. 

doré;  ce  qu'en  ont  écrit  les  poètes  se  rapporte  en  effet  assez  bien  à  cet  oiseau. 
On  ignore  Tépoque  exacte  de  l'introduction  du  Faisan  doré  en  Europe;  on 
admet  qu'il  a  été  importe  au  quinzième  siècle;  les  auteurs  plus  anciens  ne  par- 
lent point  de  cet  oiseau.  Sa  domestication  aurait  eu  lieu  en  Angleterre  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle. 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  3 

Les  Chinois  l'appellent  «  Ken-chy  »,  Poule  d'or,  et  c'est 
bien  là  le  nom  qui  lui  convient. 

On  a  lâché  le  Faisan  doré  dans  des  chasses  aménagées  avec 
soin;  l'expérience  n'a  pas  partout  réussi,  faute  peut-être  de 
précaution  et  de  persévérance,  car  notre  climat  n'est  pas  trop 
rigoureux  pour  lui.  On  le  voit  encore  figurer  de  temps  à 
autre  au  tableau  de  quelques  chasseurs  privilégiés,  et  il  faut 
avouer  qu'il  est,  pour  l'œil  tout  au  moins,  un  merveilleux 
gibier. 

«  Le  Faisan  doré,  dit  M.  Cosson,  est  d'une  chasse  plus  dif- 
ficile que  celle  du  Faisan  commun,  car  il  se  tient  presque 
constamment  dans  les  fourrés  et  se  dérobe  généralement  à 
l'arrêt  du  Chien  sans  prendre  son  vul  ;  mais  ces  inconvénients 
sont  largement  compensés  par  une  ponte  abondante,  qui  a 
lieu  généralement  dans  le  mois  de  mars,  et  dont  la  précocité 
a  l'avantage  d'assurer  la  multiplication  de  l'espèce,  même 
dans  les  années  où  celle  du  Faisan  commun  se  trouve  com- 
promise par  les  pluies  d'avril  et  de  mai.  » 

Le  Thaumalé  peint  se  marie  volontiers  avec  le  Thaumalé 
d'Amherst,  et  de  cette  union  résultent  des  hybrides  de  toute 
beauté. 

On  élève  au  Japon  et  dans  les  jardins  zoologiques  d'Europe 
une  variété  du  Thaumalé  peint  dont  la  queue  est  plus  courte, 
la  collerette  plus  sombre  et  la  gorge  noire.  On  lui  a  donné  le 
nom  de  «  Thaumalé  sombre,  Thaumalea  obscurci  »,  et  vulgai- 
rement celui  de  «  Charbonnier  ».  11  existe  aussi  une  variété 
Isabelle. 

Thaumalé  d'Amherst  {Thaumalea  Amherstiœ  Wagler). 

Phasianus  Amherstiœ,  Leadbeater,  Linn.,  Trans.,  t.  XVI,  p.  129.  —  Temminck^ 
PL  col.,  t.  V.  —  Thaumalea  Amherstiœ,  Wagler,  Isis  (1832),  p.  1228.  — 
Bonaparte,  Comptes  rendus  Acad.  se.  (1856),  p.  879.  —  Swinhoë,  Proc. 
Zool.  Soc.  (1863),  p.  317.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  C/jine  (1877), 
p.  415. 

Cet  oiseau  ne  le  cède  pas  en  beauté  au  précédent.  11  porte 
la  huppe  rouge  et  la  collerette  d'argent  à  bords  foncés.  Le 
cou,  le  haut  du  dos,  les  couvertures  supérieures  des  ailes 


4  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

sont  d'un  vert  doré  clair.  Sur  le  bas  du  dos  règne  une  belle 
teinte  d'un  jaune  doré,  et  sur  les  couvertures  supérieures  de 
la  queue  un  rouge  clair  rayé  et  tacheté  de  noir.  Le  ventre  est 
d'un  blanc  pur. 

Cette  remarquable  espèce  fut  rencontrée  pour  la  première 
fois  en  Cochinchine  par  sir  A.  Gampbel,  qui  reçut  deux  mâles 
du  roi  de  Awa.  Il  en  fit  présent  à  lady  Amherst,  qui  eut  la 
bonne  fortune  de  les  apporter  tous  deux  vivants  en  Angleterre, 
où,  du  reste,  ils  ne  vécurent  que  quelques  semaines.  Lead- 
beater  donna  une  description  de  ce  magnifique  Phasianide  et  le 
dédia  à  lady  Amherst,  sous  le  nom  de  Faisan  d'Amherst,  P/ia- 
sianus  Amherst  et. 

Pendant  longtemps  les  dépouilles  de  ces  deux  mâles,  dont 
l'un  prit  place  dans  la  collection  du  comte  de  Derby  et  se  voit 
encore  maintenant  au  «  Derby  Muséum  »  de  Liverpool  et 
l'autre  resta  dans  la  famille  du  comte  Amherst,  furent  les 
seuls  représentants  en  Europe  de  l'espèce.  Mais,  en  4869, 
M.  J.  Stone  fit  venir,  par  l'intermédiaire  de  M.  Medhurst, 
consul  de  Sa  Majesté  Britannique  à  Shangaï,  six  individus, 
cinq  mâles  et  une  femelle,  qui  arrivèrent  vivants  en  Angle- 
terre. Ils  étaient  les  derniers  survivants  de  vingt  oiseaux  ex- 
pédiés du  Yunan  occidental  ;  huit  seulement  étaient  arrivés 
en  bon  état  à  Shangaï,  où  il  en  était  mort  deux  autres.  Déposés 
provisoirement  au  «  Zoological  Garden  »,  ces  Faisans,  à  l'ex- 
ception d'un  jeune  mâle,  furent  ensuite  expédiés  à  M.  Veke- 
mans,  directeur  du  Jardin  zoologique  d'Anvers.  Depuis,  un 
grand  nombre  de  couples  ont  été  apportés  en  Angleterre  et 
sur  le  continent;  des  reproductions  régulières  se  sont  effec- 
tuées, et  aujourd'hui  le  Thaumalé  d'Amherst  est  devenu  un 
oiseau  très  répandu. 

C'est  une  acquisition  précieuse.  Comme  oiseau  d'ornement, 
il  ne  peut  être  surpassé  :  il  est  beau,  élégant  et  facile  à  éle- 
ver en  volière.  Originaire  de  contrées  assez  froides,  il  n'a 
pas  à  redouter  les  intempéries  de  nos  climats,  où  sa  repro- 
duction est  assurée.  Sa  place  est  donc  marquée  dans  nos 
parcs  et  nos  chasses  à  côté  du  Faisan  vénéré. 

«  Le  Faisan  de  lady  Amherst,  dit  le  père  David,  habite  pen- 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  5 

dant  toute  l'année  les  plus  hautes  montagnes  boisées  de 
l'ouest  du  Setchuan,  du  Yunan,  du  Kouycheou,  et  les  hautes 
montagnes  du  Thibet  oriental.  Il  affectionne  particulièrement 
les  massifs  de  Bambous  sauvages  qui  croissent  à  une  altitude 
de  2  à  3000  mètres,  et  dont  les  bourgeons  constituent  sa 
nourriture  favorite  ;  c'est  même  de  là  que  lui  vient  son  nom 
chinois  de  Seng-ky  (Poule  des  bourgeons).  Pris  jeune,  il  s'é- 
lève fort  bien  et  se  reproduit  facilement  en  captivité,  comme 
on  a  pu  s'en  assurer  par  des  expériences  faites  au  collège  de 
Moupin.  C'est  un  oiseau  robuste,  qui  ne  redoute  ni  le  froid 
ni  la  neige,  et  qui  s'accommode  de  toute  espèce  de  nourriture, 
comme  notre  Poule  domestique.  A  l'état  sauvage,  il  se  montre 
fort  jaloux  et  ne  souffre  pas  que  le  Faisan  doré,  qui  seul 
pourrait  rivaliser  avec  lui,  s'approche  de  l'endroit  où  il  s'est 
établi  ;  aussi  ne  rencontre-t-on  jamais  ces  deux  Faisans  aux 
couleurs  éclatantes  sur  la  même  montagne  ni  dans  la  même 
vallée.  )) 

Nous  avons  dit  que  cette  espèce  contracte  aisément  des 
unions  avec  l'espèce  précédente.  Cet  accouplement  donne  des 
oiseaux  d'une  rare  beauté  ;  ils  sont  plus  forts  que  les  parents 
dont  ils  sont  issus,  et  les  mâles  ont  souvent  une  coloration 
des  plus  riches,  participant  des  deux  plumages. 

EUPLOCOME  NYCTHÉMÈRE    OU  FaISAN   ARGENTÉ   (EuplocomUS 

nycthemerus  Temminck). 

Phasianus  albus  sinensis,  Brisson,  Ornitli.  (17G0),  t.  [,  p.  277.  —  Phasianus 
nycthemerus,  Linné,  Sijst.  nat.  (1766),  t.  I,  p.  272.  —  Le  Faisan  blanc  de  la 
Chine,  Buffon,  PL  Enl.,  123  et  124.  (illO).  —  Gennœus  nycthemerus,  Wagler, 
Isis  (1832),  p.  1228.  —  Euplocomus  nycthemerus,  Temminck  (1838).  —  Gen- 
nœus  nycthemerus,  Bonaparte,  Compt.  rend.  Ac.  se.  (1856),  t.  XLII,  Tabl. 
des  GalL,  WSd.  —  Gould,  Birds  of  Asia  (1859J,  livr.  XI,  \A.  —  Euplocomus 
nycthemerus,  Elliot,  Mon.  of  Phas.  (1870),  livr.  I,  pi.  —  Swinhoë,  Proc. 
Zool.  Soc.  (1871),  p.  399.  —David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877), 
p.  416. 

Comme  le  Faisan  doré,  le  Faisan  argenté  est  depuis  long- 
temps connu  en  Europe  (1),  et,  pour  le  moins,  aussi  répandu 

(1)  Son  introduction  est  postérieure  toutefois  à  celle  du  Faisan  doré,  caries 
auteurs  du  seizième  siècle,  Gessner  notamment,  ne  parlent  pas  de  cet  oiseau. 


Q  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

que  son  congénère.  Son  plumage,  qui  n'a  pas  la  richesse  de 
celui  du  Faisan  doré,  est  cependant  fort  remarquable,  grâce 
aux  couleurs  en  apparence  disparates  dont  il  est  orné,  mais 
qui  s'harmonisent  admirablement  par  leur  distribution. 

Toutes  les  parties  supérieures  du  corps,  d'un  blanc  d'ar- 
gent, relevées  par  une  huppe  noire  et  des  lignes  étroites  de 
même  nuance  disposées  en  zigzag;  toutes  les  parties  infé- 
rieures d'un  noir  à  reflets  bleus  ;  les  pattes  de  corail  et  le  bec 
opalin.  La  femelle  d'un  brun  roux,  finement  tacheté  de  gris. 

M.  Swinhoë  nous  dit  que  l'espèce  est  sauvage  dans  le  sud 
de  la  Chine,  qu'elle  y  habite  les  montagnes  boisées  de  l'inté- 
rieur, qu'on  en  a  tué  plusieurs  individus  dans  le  voisinage 
d'Amoy,  mais  qu'il  n'en  a  jamais  rencontré  dans  ses  voyages. 

D'après  le  père  David,  le  Faisan  argenté  est  devenu  fort 
rare  à  l'état  sauvage  et  ne  se  rencontre  plus  que  dans  la  Chine 
méridionale,  jusqu'au  nord  du  Fokien,  et  peut-être  jusqu'au 
Tché-kiang.  Il  n'existe  pas  au  Setchuan,  et  est  remplacé  dans 
le  sud-ouest  du  Yunan  par  une  race  de  plus  petite  taille,  que 
M.  EUiot  a  désignée  sous  le  nom  d'Euplocome  d'Anderson 
(Euplocomus  Andersoni).  Cette  forme,  qu'Anderson,  con- 
servateur de  «  l'Indian  Muséum  »  de  Calcutta,  a  découverte  en 
Birmanie,  paraît  être  intermédiaire  à  Euplocomus  nycthe- 
merus  et  Euplocomus  lineaMs,  qu'on  rencontre  également 
dans  plusieurs  contrées  de  la  Birmanie.  Nous  y  reviendrons 
lorsque  nous  parlerons  ultérieurement  du  lineatus. 

En  Chine,  l'Euplocome  nycthémère  porte  le  nom  de  Jug-hj, 
Poule  argentée,  et  de  Pae-ky,  Poule  blanche.  On  voit  cet  oi- 
seau reproduit  en  broderies  sur  la  poitrine  et  le  dos  des  vê- 
tements officiels  des  mandarins  civils,  comme  signe  distinctif 
de  leur  rang. 

Le  Faisan  argenté  réussit  très  bien  dans  nos  volières  et 
nos  faisanderies;  mais  de  bonnes  raisons  s'opposent  à  ce 
qu'il  devienne  un  nouveau  gibier  pour  nos  forêts  et  nos  tirés. 
La  couleur  éclatante  du  costume  du  mâle  le  dénonce  de  loin 
aux  attaques  des  braconniers  et  des  carnassiers,  et  son  naturel 
querelleur  l'empêche  de  souffrir  un  autre  mâle  de  son  espèce 
dans  le  même  district.  En  outre,  il  combat  et  chasse  les  au- 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  7 

1res  Gallinacés  sauvages,  le  Coq-faisan  notamment.  Cette 
humeur  farouche  prend  un  caractère  encore  plus  aigu  au 
moment  des  amours.  Cet  oiseau  entre  alors  dans  un  état  d'ir- 
ritabilité excessive;  il  va  même  jusqu'à  attaquer  l'homme,  à 
lui  donner  des  coups  de  bec  et  des  coups  d'ergot.  Sous  l'in- 
fluence de  cette  excitation,  il  bat  violemment  des  ailes  et  fait 
entendre  un  sifflement  très  prolongé,  qu'accompagne  une 
sorte  de  gloussement  sourd  et  saccadé. 


EuPLOGOME  DE  S\NimiOE  (Euplocomus  SwinhoU  Gou\d). 

Euplocamus  Swinhoii,  Gould,  Proc.  Zool.  Soc.  (1862),  p.  284.  —  Id.,  Birds  of 
Asia,  pi.— Sclater,  Proc.  Zool.  Soc.  (1863),  p.  119.  —Gray,  List  Gall.  (1867), 
p.  34.  —  Swinhoë,  Ibis  (1863),  p.  401;  (1865),  p.  538;  (1866),  p.  308.  —  Id., 
Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  399.  —  Elliot,  Mon.  of  Plias.  (1871),  t.  II,  pi.— 
David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877). 

Cette  belle  espèce  est  propre  à  l'île  Formose,  où  elle  vit 


Euplocome  de  Swinhoë  {Euplocomus  Swinhoii  Gould). 

dans  les  grandes  montagnes  boisées  de  l'intérieur.  Elle  y  fut 


8  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

découverte  par  M.  Swinhoë,  alors  vice-consul  d'Angleterre  à 
Formose.  Gould  la  décrivit  en  1862  dans  les  Proceedings  et 
la  dédia  à  son  inventeur,  sous  le  nom  d'Euplocome  de 
Swinhoë,  Euplocamus  Swinhoii. 

Dans  une  lettre  adressée  en  1863  au  directeur  du  journal 
VI bis,  M.  Swinhoë  raconte  comment  il  lut  amené  à  connaître 
cet  intéressant  Phasianide. 

Un  jour  il  apprit  par  ses  chasseurs  qu'il  existait  dans  l'in- 
térieur un  Faisan  appelé  par  les  Chinois  Wa-koé.  Ce  Faisan 
fréquentait  les  hauteurs  les  plus  sauvages,  et  descendait  ra- 
rement sur  les  versants  inférieurs.  Ils  ajoutèrent  que  le  soir 
et  le  matin,  au  crépuscule  et  à  l'aube,  le  mâle  avait  pour 
habitude  de  se  placer  sur  une  branche,  bien  en  évidence,  ou 
sur  le  toit  d'une  hutte  solitaire,  et  que  là,  se  prélassant,  se 
pavanant,  étalant  sa  queue,  il  faisait  retentir  l'air  de  cris  stri-  , 
dents.  M.  Swinhoë  offrit  à  ses  hommes  de  fortes  récompenses 
pour  qu'ils  lui  procurassent  le  plus  grand  nombre  possible 
de  spécimens  de  cet  oiseau  singulier.  Mais  il  eut  si  peu  de 
chance,  qu'il  ne  put  en  obtenir  qu'une  paire,  une  femelle 
d'abord,  et  ensuite  un  mâle.  Vainement,  dans  une  tournée  à 
l'intérieur,  chercha-t-il  à  observer  par  lui-même  cet  oiseau, 
afin  de  l'étudier  à  l'état  sauvage  et  dans  ses  demeures  habi- 
tuelles ;  tous  ses  efforts  restèrent  infructueux. 

En  1 865,  ses  chasseurs  lui  procurèrent  un  vieux  mâle  qu'ils 
avaient  tué  dans  les  montagnes. 

Dans  une  seconde  lettre,  M.  Swinhoë,  annonçant  l'envoi 
de  "plusieurs  couples  vivants  de  ce  Faisan,  exprime  l'espé- 
rance qu'avant  peu  il  aura  réussi  à  introduire  en  Angleterre 
cette  magnifique  espèce,  qui  sera,  dit-il,  très  répandue  dans 
les  jardins.  Entre  temps,  le  docteur  Squire  avait  déjà  importé 
une  femelle  par  la  voie  de  Calcutta. 

L'espoir  de  M.  Swinhoë  s'est  réalisé;  son  Faisan  orne  les 
volières  des  jardins  zoologiques.  On  l'a  même  croisé  avec  le 
Faisan  argenté,  et  on  a  obtenu  des  hybrides  qui  sont  assez 
curieux  par  la  distribution  des  couleurs. 

Les  premiers  oiseaux  de  cette  espèce  que  posséda  notre 
Jardin  d'Acclimatation  furent  acquis  de  M.  le  baron  James 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  Q 

de   Rolhschild,  en  octobre  1866.  L'année  suivante,  douze 
jeunes  furent  obtenus. 

Cet  Euplocome,  comme  l'Euplocome  nycthémère,  est  un 
oiseau  robuste  et  qui  s'élève  facilement;  aussi  s'est-il  bien 
vite  partout  répandu  et  partout  multiplié.  Malgré  cela,  il  a 
peu  d'avenir  comme  gibier.  Très  querelleur  et  très  fort, 
comme  son  congénère,  il  fera  difficilement  bon  ménage,  en 
forêt,  avec  les  autres  Faisans,  qu'il  éloignera  toujours  de  la 
faisanderie  et  des  endroits  qu'il  aura  adoptés.  En  outre,  son 
dos  blanc  servira  de  point  de  mire  aux  carnassiers  et  aux 
braconniers.  Il  est  probablement  destiné  à  rester  captif  dans 
nos  volières;  mais  de  quel  splendide  oiseau  d'ornement  nous 
a  dotés  le  naturaliste  anglais! 

L'Euplocome  de  Swinhoë  est,  en  effet,  magnifiquement 
vêtu.  Des  caroncules  d'un  rouge  vif  s'élèvent  de  chaque  côté 
du  sommet  de  la  tête,  qui  est  ornée  d'une  touffe  de  plumes 
allongées  d'un  blanc  légèrement  mélangé  de  bleu.  Une  teinte 
bleu  foncé,  à  reflets  soyeux,  règne  sur  la  tête,  le  cou,  la  poi- 
trine et  les  flancs.  Une  longue  tache  d'un  blanc  de  neige  s'é- 
tend sur  le  milieu  du  dos  et  tranche  sur  le  rouge  carmin 
sombre  à  reflets  de  bronze  florentin  qui  décore  les  scapu- 
laires.  Le  bas  du  dos  est  d'un  noir  soyeux,  avec  des  reflets 
d'un  bleu  violet  très  brillant  au  bord  des  plumes.  Enfin,  les 
couvertures  des  ailes  sont  noires,  glacées  de  vert  bronze  sur 
les  bords,  et  les  plumes  médianes  de  la  queue  d'une  blan- 
cheur éclatante. 

La  femelle,  beaucoup  plus  modeste,  selon  l'usage,  n'a  pas 
de  caroncules,  et  son  plumage  revêt  une  teinte  générale  d'un 
brun  rougeâtre  ou  orangé,  avec  des  raies  et  des  taches  d'un 
brun  foncé. 

L'Euplocome  de  Swinhoë  ne  prend  ses  couleurs  que  la 
seconde  année,  comme  l'Euplocome  nycthémère  et  le  Thau- 
malé  peint;  il  est  propre  néanmoins  à  la  reproduction  dès 
l'âge  d'un  an,  moins  sans  doute  qu'après  avoir  revêtu  sa  ma- 
gnifique livrée,  mais  d'une  façon  déjà  satisfaisante. 


10 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION, 


Crossoptile  mantchou  (Crossoptilon  mantchuricum 

Swinhoë). 

Crosxoptilon  mantchuricum,  Swinhoë,  Proc.  zool.  Soc.  (1862),  p.  287.  — 
A.  David,  Nouv.  Arch.  du  Mus.  (1871),  Bull.,  VU,  Cat.,  n"  349.  —  EUiot, 
Monogr.  of  Phas.  (1871),  liv.  IV,  pi.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la 
Chine  (1877),  p.  405. 

Lorsque  cet  oiseau  arriva  pour  la  première  fois  en  Europe, 
on  le  confondit  avec  l'espèce  que  Pallas  avait  décrite  dans  sa 


Crossoptile  mantchou  {Crossoptilum  mantchuricum  Swinhoë). 


Zoographie  de  la  Russie  asiatique,  sous  le  nom  de  Faisan 
oreiWavd,  Phasianus  auritus;  mais  une  comparaison  atten- 
tive fit  promptement  reconnaître  l'erreur  dans  laquelle  on 


OISEAUX   A    ACCLIMATER.  11 

était  tombé.  M.  Swinhoë  adopta  alors  pour  le  différencier  la 
dénomination  de  mantchuricum,  mantchou,  tirée  de  celle 
de  son  pays  d'origine. 

Cette  espèce  fort  intéressante  fut,  en  effet,  rencontrée  en 
1862,  en  Mantchourie  et  dans  les  montagnes  boisées  du  Pet- 
che-ly,  au  delà  de  Tan-Yu,  par  le  père  Armand  David,  ce 
missionnaire  français  qui  a  rendu  tant  de  services  à  l'histoire 
naturelle  de  la  Chine,  et  qui  l'assimila  tout  d'abord  à  l'oi- 
seau de  Pallas. 

M.  Swinhoë  dit  de  même  que  l'on  rencontre  ce  Crossoptile 
en  Mantchourie,  dans  les  montagnes  situées  au  nord  de  Pékin 
et  qu'on  l'apporte  en  hiver  sur  les  marchés  de  cette  ville. 

On  assura  à  M.  Saurin  qu'il  se  trouve  également  dans  le 
Wei-Chieng,  terrain  des  chasses  impériales  ;  mais  ce  natura- 
liste juge  ce  rapport  inexact,  car  visitant  ces  localités  il  ne  put 
parvenir  à  voir  un  seul  des  oiseaux  dont  on  lui  avait  parlé. 

Les  indigènes  l'appellent  «  Ho-chi  ».  D'après  MM.  Saurin 
et  Swinhoë,  ce  nom  signifierait  «  Poule  de  feu  ».  Ce  dernier 
ajoute  que  les  plumes  de  cet  oiseau  étaient  autrefois  recher- 
chées comme  parure  par  les  guerriers  tartares. 

Le  Crossoptile  mantchou  est  peu  répandu  et  vit  à  l'état  sé- 
dentaire. C'est  un  oiseau  très  doux  et  très  sociable  que  Ton 
rencontre  toujours  en  compagnie.  Il  se  nourrit  de  toutes 
espèces  de  graines,  de  bourgeons,  de  feuilles,  de  racines  et 
d'insectes. 

La  connaissance  du  régime  diététique  d'une  espèce  est 
une  des  conditions  principales  de  tout  essai  rationnel  d'accli- 
matation ;  il  est  donc  utile  d'insister  sur  ce  point. 

Trois  Crossoptiles  tués  au  mois  de  juillet,  dans  leur  pays 
natal,  par  le  père  David,  avaient  le  jabot  rempli  de  feuilles  de 
cytise.  Chez  d'autres  individus  tués  en  hiver,  le  même  obser- 
vateur trouva  des  noisettes,  divers  pépins,  des  feuilles  d'ar- 
moise, de  fougères  et  surtout  des  racines  d'orchidées  et  autres 
racines  succulentes,  des  coléoptères,  des  vers,  des  chenilles. 
Ce  gallinacé  paraît  être  plus  herbivore  que  granivore,  tout 
en  se  montrant  peu  difficile  pour  sa  nourriture.  Les  Chinois 
qui  apportent  ces  oiseaux  sur  les  marchés  les  nourrissent 


12  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

avec  une  espèce  de  gâteau  de  millet.  Ils  sont  aussi  très 
friands  d'orge  que  l'on  récolte  en  grande  quantité  dans  les 
vallées  des  montagnes  qu'ils  habitent. 

Le  Crossoptile  mantchou  a  les  mœurs  des  autres  Phasiani- 
des,  mais  se  fait  remarquer,  comme  nous  venons  de  le  dire, 
par  son  caractère  paisible.  Cette  qualité  jointe  à  la  facilité  que 
l'on  a  de  le  nourrir,  semble  le  destiner  à  devenir  la  souche 
d'un  nouvel  oiseau  domestique.  Malheureusement  cette  es- 
pèce s'est  montrée,  jusqu'à  présent,  inféconde  dans  la  plu- 
part des  volières.  Quelques  éleveurs  cependant  ont  obtenu 
des  reproductions  et  la  Société  nationale  d'Acclimatation  de 
France  a  eu  dernièrement  à  récompenser  deux  de  ses  mem- 
bres pour  leurs  succès  dans  l'éducation  de  ces  Crossoptiles  (1). 
Il  est  donc  probable  que,  lorsque  ces  oiseaux  auront  été  mieux 
étudiés,  ils  donneront,  au  point  de  vue  de  l'élevage,  de.s  ré- 
sultats satisfaisants. 

Ces  résultats  sont  d'autant  plus  désirables  que  depuis  quel- 
ques années  cette  espèce  est  devenue  fort  rare  dans  son  pays 
d'origine  et  ne  tardera  pas,  dit-on,  à  disparaître  complète- 
ment, soit  par  suite  de  la  guerre  d'extermination  qu'on  lui 
fait,  soit  par  la  destruction  des  forêts  qui  lui  servent  de  re- 
traite. 

Le  Crossoptile  mantchou  est  moins  brillamment  paré  que 
la  plupart  des  autres  Phasianides  ;  mais  son  costume  ne  man- 
que pas  d'une  certaine  originalité. 

Le  genre  auquel  il  appartient  est,  en  effet,  caractérisé 
principalement  par  la  nudité  de  la  face  et  les  plumes  effilées 
de  la  région  auriculaire,  qui  s'allongent  en  pinceau  et  for- 
ment comme  deux  cornes  en  arrière  de  la  tête.  La  queue  est 
relativement  courte,  mais  les  plumes  médianes  ébarbées  et 
pendantes  retombent  comme  des  franges  par-dessus  les  au- 
tres. 

L'espèce  qui  nous  occupe  a  le  plumage  brun  poussant  au 
noir  vers  le  cou  et  sur  la  tête,  au  blanc  d'argent  sur  le  crou- 
pion et  à  la  base  de  la  queue,  dont  l'extrémité  est  noire  à 

(1)  M.  Maillard,  du  Croisic  (188i);  M.  Barrachin  (1885).  Ce  dernier  a  obtenu 
des  hybrides  du  Mantchuricum  et  du  Cœrulescens. 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  13 

reflets  métalliques.  La  gorge  est  également  blanche  ainsi  que 
les  pinceaux.  La  femelle  diffère  peu  du  mâle  par  le  plumage. 

Crossoptile    oreillard  (Crossoptilum  auritum  Gould). 

Phasianus  auritus,  Pallas,  Zoogr.  (1811),  t.  II,  p.  86.  —  Crossoplilon  cœrules- 
cens,  A.  David,  mss.,  et  Milne-Edwards,  Compl.  rend.  Ac.  se.  (1870), 
t.  LXX,  p.  538.  —  Crossoplilon  auritum,  Gould,  Birds  of  Asia  (1870),  liv. 
XXII,  pi.  —  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  119.  —  Elliot,  Mon.  of 
Phas.  (1871),  liv.  V,  pi.  —  David  et  OuStalet,  Ois.  de  la  Chine  (1871), 
p.  406. 

C'est  le  Faisan  oreillard  de  Pallas  retrouvé  en  1869  dans 
leSetchuan,  parle  père  A.  David,  qui  écrivait,  en  effet,  à 
M.  Milne-Edwards,  à  la  date  du  18  décembre  de  cette  année  : 
«  J'ai  découvert  une  nouvelle  espèce  de  Crossoptilon,  qui  me 
paraît  très  remarquable  et  qui  pourra  recevoir  le  nom  de 
Crossoptilon  cœrulescens  ».  Mais,  lorsque  le  père  David  eut 
sous  les  yeux  la  description  de  Pallas,  il  reconnut  bien  vite 
son  erreur  et  renonça  à  la  dénomination  qu'il  avait  imposée 
à  cet  oiseau  lorsqu'il  le  considérait  comme  une  espèce  nou- 
velle. 

Le  Crossoptile  oreillard  offre  des  dimensions  et  des  formes 
à  peu  près  identiques  à  celles  du  Crossoptile  mantchou  ;  les 
couleurs  des  yeux,  du  bec,  des  pattes  et  de  la  peau  nue  qui 
entoure  les  yeux  sont  absolument  les  mêmes.  Mais  le  corps 
est  d'un  bleu-ardoise,  avec  la  base  des  rectrices  centrales  et 
la  plus  grande  partie  des  rectrices  latérales  d'un  blanc  pur. 
Les  pinceaux  auriculaires  sont  moins  développés  que  dans 
l'espèce  précédente.  Il  n'existe  aucune  différence  de  plumage 
entre  les  deux  sexes. 

Jusqu'à  ces  derniers  temps,  cette  belle  espèce  n'était  re- 
présentée dans  les  musées  d'Europe  que  par  les  quatre  in- 
dividus que  le  père  David  avait  envoyés  de  Pékin,  C'est  un 
oiseau  encore  fort  rare,  même  dans  son  pays  d'origine  qui  est 
le  noi'd-ouest  du  Setchuan,  le  Kokonoor  oriental  et  peut-être 
même  le  Kan-sou. 

En  Chine,  on  recherche  beaucoup  les  plumes  de  la  queue 
de  ce  Crossoptile  pour  l'ornement  des  chapeaux  des  manda  ^ 
lins. 


U  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 


Grossoptile  du  Thibet  {Crossoptilon  Thibetanum 

Hodgson). 

Crossoptilon  Thibetanum,  Hodgson,  Journ.  asiat.  Soc.  Beng.,  t.  VIT,  p.  864. 
—  Gray,  Zool.  Mise.  (1844)  et  Gen.  of  Birds,  pi.  —  EUiot,  Mon.  of 
Phas.  (1871),  liv.  V,  pi.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877), 
p.  407. 

Le  plumape  de  cette  espèce  est  entièrement  blanc  à  l'excep- 
tion de  la  calotte  qui  est  d'un  noir  velouté,  des  rémiges  qui 
sont  d'un  noirbleuâtre  et  de  la  queue  qui  offre  une  teinte  d'un 
noir  métallique  avec  des  reflets  verts  et  pourprés,  et  une 
tache  blanche  à  la  base  des  rectrices  latérales.  Le  bec  est  rose 
pâle,  la  peau  nue  qui  entoure  les  yeux  d'un  rouge  vif;  les 
pattes  et  les  éperons  sont  d'un  rouge  de  corail. 

Les  femelles  et  les  jeunes  mâles,  avant  la  première  mue, 
se  distinguent  des  mâles  adultes  par  les  teintes  moins  pures 
de  leur  plumage  et  leurs  éperons  moins  développés. 

«  Le  Crossoptilon  blanc,  dit  le  père  David,  ne  se  trouve 
en  Chine  que  dans  quelques  localités  boisées,  sur  les  monta- 
gnes élevées  du  pays  des  Mantzes,  par  exemple  à  Yaotchy  et 
à  Tatsienlou,  où  son  existence  est  protégée  par  le  respect 
superstitieux  des  indigènes.  C'est  un  oiseau  doux  et  sociable 
qui  aime  à  vivre  en  compagnie  de  ses  semblables,  même  à 
l'époque  de  l'éducation  des  jeunes,  et  qui  ne  s'éloigne  guère 
des  lieux  qui  l'ont  vu  naître.  Sa  nourriture  consiste  en  feuil- 
les, en  racines,  en  graines  et  en  insectes.  Heureusement  pour 
la  conservation  de  l'espèce,  la  chair  de  ce  Gallinacé  est  d'un 
goût  fort  médiocre;  aussi  les  chasseurs  préfèrent-ils  comme 
gibier  les  Faisans,  qui  sont  d'ailleurs  beaucoup  plus  répandus 
et  plus  faciles  à  atteindre.  » 


OISEAUX  A   ACCLIMATER.  15 


Grossoptile  de  Drouyn  (Crossoptilon  Drouynii 
Milne-Edwards). 

Crossoptilon  Drouynii,  Milne-Edwards,  Compt.  rend.  Ac.  se.  (1868),  t.  LXVI, 
p.  767.  —  J.  Verreaux,  Nom.  Arch.  du  Mus.  (1865),  Bull.,  t.  IV,  p.  85  et 
pi.  3.—  Svinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  399.  —  Elliot,  Mon.  of  Phas. 
(1871),  liv.  V,  pi.  —  Crossoptilon  Thibetanum,  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la 
Chine  (1877),  p.  407. 

Forme  très  voisine  de  la  précédente,  si  voisine  que  nous  ne 
pouvons  guère  la  considérer  que  comme  une  race  locale  ou 
peut-être  même  simplement  comme  une  différence  d'âge,  les 
individus  très  vieux,  suivant  l'opinion  de  MM.  David  et  Ous- 
talet qui  assimilent  les  deux  formes,  ayant  les  rémiges  d'un 
gris  blanchâtre  au  lieu  du  noir  bleuâtre  que  l'on  observe 
dans  le  Grossoptile  du  Thibet.On  peut  relever  encore  d'autres 
différences  ;  ainsi  les  lectrices  externes,  non  seulement  ne 
sont  pas  noires,  mais  manquent  de  taches  noires  si  caracté- 
ristiques dans  l'espèce  indiquée.  En  outre,  les  rectrices  mé- 
dianes n'ont  ni  la  largeur,  ni  l'éclat  vert  doré  de  l'oiseau 
décrit  par  Hodgson. 

Ge  beau  Phasianide,  envoyé  à  M.  Soubeiran  par  M.  Dabry, 
consul  de  France  à  Hankow,  et  donné  par  M.  Drouyn  de 
Lhuys,  président  de  la  Société  d'Acclimatation,  au  Muséum 
d'histoire  naturelle  de  Paris,  fut  présenté  par  M.  Milne-Ed- 
wards, à  l'Académie  des  sciences,  dans  la  séance  du  20  avril 
1868,  sous  le  nom  de  Crossoptilon  Drouynii. 

Son  régime,  ses  mœurs  et  ses  allures  ne  diffèrent  en  au- 
cune façon  de  ceux  du  Crossoptilon  thibetanum.  Il  provient 
comme  lui  du  Thibet,  dans  la  partie  nommée  Moupin. 


16 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 


EULOPHE   A   COU   JAUNE 

{Pucrasia  Xanthospila  Gray). 

Pucrasia  xanthospila,  Gray,  Proe.  Zool.  Soc.  (18G4),  p.  259  et  pi.  20.  — Pîtcrasia 
Davidiana,  Milne-Edwards,  Arch.  du  Mus.  (1864),  p.  15;  xanthospila,  id., 
Nouv.  Arch.  du  Mus.  (1865),  Bull.,  I,  p.  14  et  pi.  I,  fig.  2.  —  Saiirin,  Proc. 
Zool.  Soc.  (1866),  p.  437.  —  Gould,  Birds  of  Asia,  liv.  XXI,  pi.  —  Swinlioë, 
Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  399.  —  David  et  Oustalet,  Ois.de  la  Chine  (1877), 
p.  407. 

Le  D'  Lamprey  révéla  le  premier  l'existence  de  cette  espèce 
dans  une  lettre  adressée  à  la  Société  zoologique  de  Londres, 


Eulophe  à  cou  jaune  {Pucrasia  XanUiospila  Gray). 

en  1861 .  11  la  trouva  au  marché  de  Tientsin  et  vanta  beaucoup 
l'excellence  de  sa  chair. 

Le  père  David  en  possédait  des  exemplaires  dès  la  fin  de 
1862.  Ils  provenaient  de  Ta-Tchio-Chan,  de  Jehol  et  de  la 
chaîne  de  1  Ourato.  En  1868, il  les  apporta  à  Paris  et  ils  furent 
décrits  l'année  suivante  par  M.  Milne-Edwards,  dans  les  Ar- 
chives du  Muséum. 


OISEAUX   A    ACCLIMATER.  17 

Le  missionnaire  signale  cet  oiseau  comme  un  gibier  très 
estimé  sur  le  marché  de  Pékin,  où  il  arrive  surtout  de  Man- 
tchourie. 

«  Les  Eulophes  à  cou  jaune  ou  Song-ky,  dit-il,  se  ren- 
contrent en  petit  nombre  dans  les  montagnes  boisées  du 
N.  0.  de  la  Chine,  depuis  la  Mantchourie  jusqu'au  Thibet 
oriental,  ainsi  que  dans  la  chaîne  de  l'Ourato.  Ils  ne  quittent 
guère  les  taillis  et  les  fourrés,  où  ils  vivent  solitaires  ou  par 
couples,  se  nourrissent  des  graines  de  divers  végétaux  et  par- 
ticulièrement de  conifères.  Leurs  allures  sont  celles  des  Fai- 
sans. Ils  constituent  un  excellent  gibier,  et,  chaque  hiver,  les 
Chinois  prennent  au  collet  un  certain  nombre  de  ces  oiseaux 
qu'ils  apportent  au  marché  de  Pékin  ;  les  résidents  euro- 
péens préfèrent  avec  raison  ces  Gallinacés  aux  autres  Phasia- 
nides  du  pays.  » 

Cet  oiseau  a  la  tête  et  la  gorge  d'un  noir  grisâtre  avec  une 
teinte  d'ocre  sur  le  vertex  et  une  partie  des  plumes  qui  com- 
posent sa  huppe  occipitale.  Sur  les  joues  s'étend  une  grande 
tache  blanche  suivie  d'une  tache  jaune  encore  plus  large,  oc- 
cupant les  côtés  et  le  dessus  du  cou.  Une  teinte  d'un  gris 
cendré  avec  de  longues  taches  noires  en  forme  de  fer  de  lance 
règne  sur  le  dos,  le  croupion,  les  côtés  de  la  poitrine  et  l'ab- 
domen, le  bas-ventre  et  les  cuisses.  Sur  la  partie  inférieure 
de  la  gorge,  une  large  bande  marron  qui  se  prolonge  entre 
les  jambes.  Rémiges  brunes,  bordées  de  jaune  d'ocre  en  de- 
hors. Scapulaires  et  couvertures  alaires  variées  de  brun,  de 
gris  et  d'olivâtre.  Tarse  armé  d'un  éperon  très  aigu.  Queue 
étagée.  Plumes  pour  la  plupart  de  forme  lancéolée. 

Chez  la  femelle,  la  tête  n'offre  point  de  reflets  d'un  vert 
métallique,  la  huppe  est  plus  courte,  la  gorge  et  la  tache  la- 
térale du  cou  sont  d'un  blanc  jaunâtre,  auquel  succède  vers 
le  bas  une  teinte  rosée.  Les  parties  supérieures  du  corps  sont 
mouchetées  de  gris,  de  noir  et  de  roux,  et  les  parties  infé- 
rieures, un  peu  plus  claires  que  le,  dos,  sont  dépourvues  de 
bande  marron. 

Une  variété  qui  serait  propre  au  Chensi  se  distinguerait  de 
l'oiseau  type  par  les  côtés  du  cou  d'un  roux  très  foncé,  la 

4»  SÉRIE,  T.  III.  —  Janvier  1886.  2 


18  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

tache  latérale  blanche  peu  développée  et  entourée  de  toutes 
parts  par  le  noir  métallique,  la  bande  médiane  marron  moins 
étendue""sur  le  ventre,  les  teintes  noires  plus  développées  sur 
le  dos  et  sur  les  ailes. 

Le  premier  couple  d'Eulophe  à  cou  jaune  importé  vivant 
en  Europe,  a  été  envoyé  au  Jardin  zoologique  d'Acclimatation 
de  Paris  par  M.  Dabry,  à  la  fin  de  1867. 

Les  expériences  dont  cet  oiseau  a  été  l'objet  de  la  part 
d'un  certain  nombre  d'éleveurs  prouvent  que  nous  nous  trou- 
vons en  présence  d'une  espèce  très  robuste  et  qui  otîre  des 
titres  sérieux  à  être  essayée  comme  oiseau  de  chasse,  car 
elle  ne  craint  ni  la  neige,  ni  les  ti-mpératures  rigoureuses  qui 
se  produisent  souvent,  en  hiver,  dans  nos  contrées. 

«  Par  sa  fécondité  et  sa  rusticité,  dit  M.  Joseph  Gornely 
qui  a  étudié  avec  soin  l'Eulophe  à  cou  jaune  et  dont  la  com- 
pétence en  matière  d'élevage  est  bien  établie,  cet  oiseau  est 
destiné  à  peupler  les  chasses  et  à  nous  fournir  un  nouveau 
gibier  exquis.  » 


EULOPHE    DE    DARWIN 

{Pucrasia  Darwini  Swinhoë). 

Pucrasia  Darwini,  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1872),  p.  552.  —  Elliot,  Mov. 
of  Pluis.  (1872),  livr.  VI,  pi.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877). 
p.  409. 

Cette  nouvelle  espèce  d'Eulophe  fut  découverte  par 
M.  Swinhoë,  dans  les  montagnes  du  Tchéldang.  Elle  est  éga- 
lement sédentaire  et  assez  commune  dans  le  Fokien,  où  elle 
vit  dans  les  endroits  boisés  et  escarpés. 

Son  plumage  rappelle,  comme  ton  général,  celui  de  l'es- 
pèce précédente,  mais  il  s'en  distingue,  à  première  vue,  par 
l'absence  des  taches  jaunes  sur  les  côtés  du  cou  et  par  les 
teintes  métalliques  de  la  tête  moins  vertes  et  plus  bleuâtres. 

La  femelle  ressemble  beaucoup  à  celle  de  l'Eulophe  à  cou 
jaune,  mais  le  noir  domine  davantage  dans  les  teintes  du 
plumage. 


OISEAUX   A    ACCLIMATEU.  19 

Régime,  mœurs  et  allures  comme  l'espèce  précédente.  Les 
Chinois  lui  donnent  le  même  nom  «  Song-ky  »,  Poule  de 
pins. 


TRAGOPAN    DE    TEMMFNCK 

(Cerioniis  Temminckil  Blyth). 

Satyra  Temminckil,  J.  E.  Gray  et  Hardwick,  Illust.  Ind.  Zool.  (1830-34),  t.  I 
pi.  50  —Ceriornis  Temminckii,  Blyth,  C«i.  B.  Mus.  As.  Soc.  Beng.  (184-9)' 
p.  240.  —  Sclater,  Proc.  Zool.  Soc.  (1863),  p.  123.  —  Swinhoë,  iôi'rf.  (186.3),' 
p.  307.—  Gould,  Birds  of  Asia  (1869),  livr.  XXI,  pi.—  Swinhoë,  Proc.  Zool. 
Soc.  (1871),  p.  123.  —  Elliot,  Mon.  of  Plias.  (1871),  livr.  Il,  pi.  —  David  et 
Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  418. 

Le  Tragopan  de  Temminck  est  un  des  plus  beaux  du  genre 
et  semble  former  une  transition,  pour  l'éclat  du  costume, 


Tète  et  rabat  du  Tragopan  de  Temminck  [Ceriornis  Temminckii  Blyth). 

entre  le  splendide  Tragopan  satyre  et  le  Tragopan  de  Cabot 
plus  modestement  paré.  La  forme  et  la  distribution  des  taches 
du  plumage  le  rapprochent  de  cette  dernière  espèce,  mais  ses 
couleurs  sont  bien  plus  brillantes. 

La  peau  nue  qui  entoure  les  yeux  est  bleu-indigo  avec  le 


20  SOCIÉTÉ    NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

loriim  et  les  sourcils  verts;  le  rabat  est  aussi  bleu  passant  au 
vert  bleu  sur  les  bords,  qui  sont  ornés  de  taches  carrées  d'un 
rouge  pourpre.  Les  cornes  sont  d'un  vert  bleuâtre  avec  la  base 
d'un  bleu  indigo.  Au  printemps,  vers  la  fin  d'avril,  les  mâles 
entrent  dans  une  excitation  amoureuse  très  grande  et  font  une 
cour  des  plus  assidues  et  des  plus  démonstratives  aux  femelles. 
Le  rabat,  qui  le  reste  de  l'année  est  comme  contracté  et  dissi- 
mulé au-dessous  de  la  gorge,  se  déploie  alors,  à  intervalles, 
d'une  façon  tout  à  fait  surprenante.  Il  s'étale  magnifiquement 
sur  la  poitrine,  variant  d'intensité  dans  ses  teintes  rouges, 
bleues  et  vertes,  pendant  que  les  cornes,  brillamment  colorées, 
se  dressent  de  chaque  côté  de  la  tête.  La  longueur  de  ces 
cornes  atteint  jusqu'à  O^.O?  et  celle  du  rabat  O",!?.  L'effet 
produit  par  le  développement  de  ces  appendices  est  fort 
étrange  et  on  ne  peut  guère  s'en  faire  une  idée  sans  l'avoir  vu. 
En  même  temps,  l'oiseau  redresse  les  plumes  du  corps  du 
côté  opposé  à  celui  où  se  trouve  la  femelle,  de  sorte  que  ces 
plumes  élégamment  tachetées  sont  ainsi  que  les  autres  expo- 
sées au  regard  de  la  compagne  qu'il  veut  séduire.  Car  cet 
étalage  d'ornements,  ces  parades  passionnées  ont  pour  but 
d'attirer  l'attention  de  la  femelle,  d'exciter  son  admiration 
et  de  la  charmer  en  exerçant  sur  elle  une  sorte  de  fascination. 
C'est  pour  la  même  raison  que  nous  voyons  dans  nos  volières 
le  Faisan  doré,  lorsqu'il  fait  sa  cour,  étendre  et  relever  sa 
magnifique  fraise,  la  tourner  obliquement  vers  la  femelle,  de 
quelque  côté  qu'elle  se  trouve,  afin  de  développer  devant  elle 
une  large  surface  de  plumes  brillantes  et  de  la  captiver  par 
ce  manège  amoureux. 

La  riche  coloration  du  plumage  du  Tragopan  de  Temminck 
vient  encore  ajouter  à  ces  moyens  de  plaire.  Un  beau  rouge 
marron,  orné  de  petites  taches  arrondies  d'un  gris-perle 
ourlé  de  noir,  règne  sur  les  parties  supérieures  du  corps,  et  de 
grandes  taches  ovales  d'un  gris  bleuâtre  au  centre  des  plumes 
sont  répandues  sur  le  rouge  des  parties  inférieures.  Enfin  la 
coloration  de  la  tête,  d'un  noir  profond,  est  relevée  par  la 
teinte  rouge-brique  des  plumes  de  l'occiput  et  du  cou. 

La  femelle,  pour  qui  on  met  en  jeu  de  si  brillants  atours, 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  21 

est,  elle,  au  contraire,  pauvrement  vêtue.  Le  brun,  le  noir,  le 
roux,  le  gris,  çà  et  là  quelques  taches  blanchâtres,  sont  les 
teintes  modestes  de  son  costume.  Elle  n'a  point  de  rabat  sur  la 
gorge,  d'éperons  aux  tarses,  point  de  huppe  ni  de  cornes  sur 
la  tête. 

Le  jeune  mâle  lui  ressemble.  Il  fait  une  sorte  de  noviciat 
sous  un  habit  dont  l'humilité  ne  fait  guère  prévoir  les 
splendeurs  de  celui  qu'il  est  destiné  à  porter  plus  tard.  C'est 
seulement  à  la  troisième  année  que  sa  livrée  est  complète. 
Dans  le  cours  de  la  deuxième  année,  son  plumage  prend  bien 
des  teintes  rouges  sur  le  cou  et  la  poitrine;  en  même  temps 
apparaissent  sur  les  plumes  du  dos  et  de  l'abdomen  des  taches 
d'un  gris  bleuâtre,  mais  il  est  loin  encore  de  posséder  toute 
la  perfection  de  sa  parure. 

Ce  bel  oiseau,  selon  le  père  David,  habite  le  sud-ouest  de 
la  Chine,  jusqu'au  Chensi  méridional  inclusivement,  mais 
n'est  nulle  part  très  répandu.  Il  vit  sur  les  montagnes  boisées 
et  se  tient  dans  les  taillis,  où  il  se  nourrit  de  graines,  de  fruits 
et  de  feuilles.  Son  cri,  très  sonore,  peut  être  rendu  par  les 
syllabes  «  oua  »  deux  fois  répétées;  c'est  de  là  que  lui  vient 
son  nom  chinois  de  «  Oua-Oua-Ky  ».  On  l'appelle  encore  «  Ko- 
Ky,  Kiao-Ky  »,  «  Poule  à  cornes  »,  à  cause  des  appendices 
colorés  qui  décorent  sa  tête,  et  «  Sin-tseou-Ky  »,  «  Poule 
étoilée  »,  à  cause  des  taches  dont  est  marqué  son  plumnge. 
C'est  un  gibier  très  estimé  en  Chine,  d'autant  plus  qu'il  est 
rare  et  ne  peut  être  capturé  qu'au  piège  ou  au  collet.  Les 
Chinois  le  représentent  fréquemment  dans  leurs  peintures  sur 
papier  de  riz  et  pendant  longtemps  on  l'a  considéré  comme 
le  fruit  de  l'imagination  fantaisiste  de  leurs  artistes. 

On  peut  dire  que  le  Tragopan  de  Temminck  a  pris  une  place 
délinitive  dans  nos  faisanderies.  Depuis  que  M.  John  Reeves  (1) 
l'a  introduit  en  Angleterre,  un  grand  nombre  de  reproduc- 
tions ont  été  signalées. 

Selon  l'opinion  d'un  éleveur,  dont  les  succès  témoignent  de 
l'expérience  et  de  Thabileté,  «  ces  oiseaux  sont  d'une  rusticité 

(1)  Toutefois  c'est   au   concours  actif  de  M.  Dabry   que  l'on  doit  le  premier 
Tragopan  de  Temminck  arrivé  vivant  en  Europe. 


22  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

remarquable  et  leur  élevage  n'est  pas  sensiblement  plus  dif- 
ficile que  celui  des  Poulets.  Les  larves  de  fourmis  leur  parais- 
sent moins  nécessaires  qu'une  verdure  variée,  herbe  tendre 
principalement  (i).  » 

«  Je  ne  saurais  trop  dire,  ajoute  ailleurs  le  même  éleveur, 
quelle  bonne  couveuse  et  quelle  excellente  mère  est  la  Poule 
Temminck.  Elle  se  familiarise  rapidement  et  est  aussi  facile 
que  la  meilleure  des  nourrices.  Elle  fait  ses  pontes  dans  des 
nids  en  élévalion;  les  petits  qui  naissent  avec  les  plumes  de 
l'aile  volent  à  terre  sans  accident,  trente-six  ou  quarante-huit 
heures  après  l'éclosion.  Chaque  soir  ils  remontent  au  nid  sur 
les  invitations  de  la  mère,  qui  les  y  abrite  pendant  presque 
deux  mois  et  plus  tard  les  garde  près  d'elle  sur  le  per- 
choir (2).  » 

La  grande  douceur  de  caractère  dont  ces  oiseaux  font 
preuve  à  l'égard  de  l'homme,  pai'aît  bien  constatée.  Un  autre 
éleveur  dit  en  effet  :  «  Une  des  particularités  des  Trngopans 
de  Temminck  et  Satyres  est  Texlrême  familiarité  de  ces 
oiseaux  :  ils  viennent  littéralement  manger  dans  la  main  et 
accourent  du  bout  de  leurs  volières  dès  qu'ils  me  voient 
«ntrer  (3).  » 

A  ces  mœurs  sociables  vient  s'ajouter  la  possibilité  de 
croiser  les  espèces  entre  elles;  ainsi  on  a  obtenu  fréquem- 
ment des  hybrides  du  Tragopan  de  Temminck  et  du  Tragopan 
Satyre. 

Ces  intéressants  oiseaux  se  présentent,  on  le  voit,  dans 
d'excellentes  conditions  pour  être  promplement  et  sûrement 
soumis  à  l'homme. 

(1)  A.  Delaurier  aîné,  Lettre  adressée  à  M.  le  directeur  du  Jardin  zoologique 
d'Acclimatation  (Bulletin  de  la  Soc.  d'Ace,  de  France,  1877,  p.  395). 

(2)  Éducations   d'oiseaux   exotiques  faites   à    Angoulême    en    1878  et  1879 
Bulletin  de  la  Soc.  d'Ace,  de  France,  1880,  p.  88). 

(3)  Andelle,  Élevage  d'oiseaux  exotiques  (Bulletin  de  la  Soc.  d'Ace,  de  France, 
novembre  1878). 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  23 


TiiAGOPAN  DE  Cabot  (Ceriornis  Caboti  Goiild). 

€eriornis  Caboti,  Gould,  Proc.  Zool-  Soc.  (1857),  p.  Ul.—  Birds  of  Asia  (1858), 
livr.  X,  pi.  —  Swinhoë,  Ihin  (1865),  p.  350.  —  Elliot,  Monogr.  of  Phas.  (1  71), 
livr.  IV,  pi.  —  David  et  Ouslalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877;,  p   419. 

Gould  déciivit  le  premier  celle  espèce  d'après  un  spécimen 
de  provenance  incerlaine  apparlenanl  au  docteur  Cabot,  de 
Boston.  Plus  lard,  en  1865,  pendant  un  séjour  à  Hong-Kong, 
M.  Swinhoë  s'en  procura  un  autre  individu  dont  il  donna  une 
description  dans  Vlbis,  mais  sans  pouvoir  indiquer  sa  véri- 
table patrie.  Nous  savons  maintenant  que  cet  oiseau  est  propre 
aux  montagnes  boisées  du  sud-est  de  la  Chine,  où  il  remplace 
l'espèce  précédente.  En  1873,  le  P.  David  le  trouva  en  assez 
grand  nombre  dans  la  chaîne  qui  sépare  le  Fokien  du  Kiangsi, 
et  envoya  son  signalement  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris  sous  le  nom  provisoire  de  Ceriornis  modestus  à  cause 
des  couleurs  relativement  peu  éclatantes  de  son  plumage. 

Si  l'on  compare  le  ïragopan  de  Cabot  à  ses  congénères 
Temminck  et  Satyre,  sa  livrée  paraît,  en  effet,  modeste, 
bien  qu'elle  offre,  dans  certaines  parties,  une  assez  grande  va- 
riété de  tons.  Le  dessous  du  corps  est  d'un  jaune  d'ocre  uni- 
forme, avec  quelques  taches  rousses  et  noires  sur  les  flancs  et 
les  cuisses.  Une  couleur  noire  tachée  de  blanc,  de  jaunâtre, 
de  gris  et  de  roux  règne  sur  les  parties  supérieures.  Ces 
teintes  un  peu  sombres  sont  relevées  par  la  coloration  rouge- 
garance  de  la  peau  nue  du  tour  des  yeux  et  du  milieu  du  ra- 
bat. Ce  dernier  est  entouré  d'une  bande  d'un  rose  pâle,  avec 
des  raies  et  un  liséré  d'un  bleu  pâle.  Les  cornes  sont  d'un 
bleu  de  cobalt.  Au-dessous  de  l'oreille,  de  chaque  côté,. une 
tache  d'un  roux  vif  tirant  au  rouge,  tranche  sur  un  noir  pro- 
fond. 

La  femelle,  plus  petite  que  le  mâle,  est,  comme  dans  l'es- 
pèce précédente,  variée  de  noir,  de  roux  et  de  gris. 

Le  jeune  mâle  revêt  la  livrée  de  l'adulte  dès  la  fin  de  l'au- 
tomne de  la  première  année. 

Mœurs  du  Tragopan  de  Temminck.  Chair  excellente. 


24  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACGLIMATATION. 


LopiioPiiORE  DE  Levys  (Lophophorus  Lhuysii) . 

Lopliophorus  Lliuysii,  J.  Verreaiix  et  A.  Geoffroy  Saint-Hilairc,  Bull.  Soc.  Ace. 
(1866),  p.  223.  — J.  Verreaux,  ihid.  (1867),  p.  706.  —  Sclater,  Proc.  ZooL 
Soc.  (1868),  p.  1,  pi.  1.  —  Ibis  (1870),  297.  —  A.  David,  Nouv.  Air.h.  du 
Muséum,  Bull,  VII.  —  Swinhoe,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871).  —  Gould,  Birds  of 
i4sw  (1873),  livr.  XXV,  pi.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877), 
p.  403. 

Dans  la  séance  du  20  avril  i8G6,  M.  Alberl  Geoffroy  Saint- 
Hilaire,  annonçant  à  la  Société  d'Acclimatation  l'arrivage 
d'oiseaux  qui  avaient  été  adressés  à  notre  Jardin  zoologique 
par  M.  Dabry,  appela  l'attention  de  la  Société  sur  une  espèce 
nouvelle  de  Lophophore  dont  on  trouva  la  dépouille  à  côté  de 
celles  de  l'Itagine  dans  la  caisse  d'animaux  en  peaux  que  notre 
consul  à  Hankow  envoyait  à  un  ami.  M.  Geoffroy  proposa  de 


Tèle  de  Lopliophore  de  Lliuys  (Lopliophorus  Lhuijsii  J.  Verreaux). 

dédier  ce  bel  oiseau,  qui  se  rapproche  extrêmement  de  son 
congénère  plus  anciennement  décrit,  à  M.  Drouyn  de  Lhuys  , 
président  de  la  Société  d'Acclimatation,  et  de  le  désigner  sous 
le  nom  de  Lophophore  de  Lhuys  (Lopliophorus  Lhiujsii). 

En  1867,  M.  Jules  Verreaux  donna  une  description  détail- 
lée de  ce  Lophophore,  insérée  dans  le  Bulletin,  et  adopta  la 
dénomination  que  M.  Albert  Geoffroy  Saint  Hilaire,  le  pre- 
mier, lui  avait  appliquée. 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  25 

La  taille  de  cet  oiseau  est  supérieure  à  celle  du  Lophophore 
ordinaire.  Son  bec  est  plus  long  et  plus  fort,  ses  pattes  plus 
vigoureuses.  Il  n'a  pas  de  huppe  proprement  dite  comme  son 
congénère  de  l'Himalaya  ;  mais  la  tête  est  ornée  en  arrière 
d'une  touffe  de  longues  plumes  occipitales,  d'une  teinte  pour- 
pre à  reflets  métalliques.  Les  plumes  de  la  nuque  et  du  dos 
ont  un  ton  de  cuivre  doré  très  brillant.  Le  vert  à  reflets  et  le 
bleu  métallique  dominent  sur  les  ailes  ainsi  que  sur  la  queue. 
Les  parties  inférieures  du  corps  sont  noires,  glacées  de  vert. 

Les  mâles  ne  revêtent  cette  livrée  splendide  que  dans  leur 
deuxième  année  ;  avant  cette  époque  ils  ressemblent  à  la  fe- 
melle. Celle-ci  a  le  plumage  brun,  presque  semblable  à  celui 
de  la  femelle  du  Lophophore  resplendissant,  mais  d'une 
nuance  beaucoup  plus  foncée. 

D'après  le  P.  David,  ce  magnifique  oiseau  habite  les  régions 
les  plus  élevées  de  Moupin,  du  Kokonoor  oriental  et  les  fron- 
tières occidentales  du  Setchuan.  Il  vit  en  petites  troupes  dans 
les  prairies  découvertes  au-dessus  de  la  région  des  forêts,  et 
vient  se  percher  sur  les  arbres  pour  dormir.  Sa  nourriture 
habituelle  consiste  en  substances  végétales  et  surtout  en  ra- 
cines succulentes  qu'il  arrache  adroitement  au  moyen  de  son 
bec  robuste  et  évasé  ;  comme  il  recherche  particulièrement 
celles  d'un  Fr ilillari a  i^une  appelé  Pae-mou,  les  indigènes 
lui  ont  donné  le  nom  de  Pae-mou-ky.  Dans  ce  pays  on  nomme 
aussi  Ho-lhau-ky  «  Poule  charbon  ardent  »,  le  mâle  adulte, 
revêtu  de  sa  livrée  métallique. 

C'est  un  oiseau  très  farouche  et  dont  le  vol  est  assez  puis- 
sant. Son  cri,  qu'il  faut  entendre  de  très  grand  matin  et  lors- 
que le  temps  est  à  la  pluie,  consiste  en  trois  ou  quatre  notes 
pei'çantes  et  bien  détachées. 

Son  aire  de  dispersion  s'étend  dans  une  grande  partie  du 
Thibet  oriental  ;  mais  il  est  rare  partout  et  il  est  à  craindre 
qu'il  ne  tarde  pas  à  disparaître  cçmplètement.  Les  Chinois, 
en  effet,  chassent  très  activement  et  prennent  au  moyen  de 
collets  ce  superbe  Gallinacé,  dont  la  chair  est  très  délicate. 

Les  spécimens  que  le  P.  David  a  envoyés  au  Muséum  d'his- 
toire naturelle  ont  été  tués  à  4-500  mètres  d'altitude. 


26 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


Tétraphase  sombre  {Tetraophasis  obscurus  Elliot). 

Lopliopliorus  obscurus,  J.  Verreaux,  Nouv.  Arch.  du  Mus.,  Bull.  (1869).  — 
Tetraophasis  obscurus,  Elliot,  Mon.  of  Phas.,  t.  1,  pi.  —  A.  David,  Nouv. 
Arch.du  Mus.,  Bull.  (1871),  p.  11.  —  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p. 
3;i9.  —  Gould,  Bmii  of  Asia  (1874),  liv.  XXVI,  pi.  —  David  et  Oustalet, 
Ois.  de  la  Chine  (1874),  p.  iOi. 

Cet  oiseau  fut  découvert  par  le  père  Armand  David  pen- 
dant son  voyap^e  au  Thibet.  Il  adressa,  au  Muséum  d'histoire 


Tétraphase  sombre  {Tetraophasis  obscurus '^Wmi). 

naturelle  de  Paris,  cinq  individus  de  sexes  et  d'âges  diffé- 
rents qui  furent  examinés  avec  soin  par  M.  J.  Verreaux  et 
déterminèrent  cet  ornithologiste  à  ranger  cette  nouvelle 
espèce  parmi  les  Lophophores.  Plus  tard  M.  Elliot  créa  pour 
elle,  avec  raison,  un  genre  particulier. 

Le  Tétraphase  sombre  paraît  être  assez  répandu  dans  les 
montagnes  du  Kokonoor  oriental,  où  il  vit  en  petites  compa- 
gnies dans  l'intéiieur  des  forêts,  se  nourrissant  comme  les 


OISEAUX    A    ACCLIMATER.  27 

Crossoptiles  et  les  Lophophores  de  racines  succulentes  qu'il 
arrache  avec  son  bec  robuste.  Les  chasseurs  du  pays  le  dési- 
gnent sous  le  nom  de  Yancj-ko-hij,  «  Poule  des  royaumes 
d'Occident  ». 

Celte  espèce,  à  première  vue  et  par  les  teintes  de  son 
costume,  rappelle  beaucoup  l'aspect  des  Tétraogales.  Le  plu- 
mage est,  dans  son  ensemble,  d'un  brun-olive,  passant  sur 
certaines  parties  du  corps  au  gris  cendré  ;  mais  l'accident  le 
plus  remarquable  de  cette  livrée,  en  somme  assez  modeste 
pour  un  Phasianide,  est  un  grand  rabat  d'un  brun  marron 
qui  s'étend  sur  la  gorge. 

La  femelle,  plus  petite  que  le  mâle,  ne  porte  pas  d'éperons 
et  les  flancs  n'offrent  pas  de  ces  taches  rousses  que  l'on 
observe  chez  le  mâle. 


Ithagine  de  Geoffroy  {Ithaginis  Geoffroy i  J.  Verreaux), 

Ilhagiiiis  Geoffroy!,  J.  Verreaux,  Bull,  de  la  Soc.  dWcc.  (1867),  p.  706.  — 
Elliot,  Mon.  of  Phas.  (1871),  t.  Il,  pi.  —  Gould,  Birds  of  ksïa,  (1872), 
liv.  XXIV,  pi.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  401. 

L'envoi  que  fit  en  1866  M.  Dabry  comprenait,  comme  nous 
l'avons  dit,  outre  des  espèces  vivantes  adressées  au  Jardin 
zoologique  du  Bois  de  Boulogne,  une  collection  de  peaux 
d'oiseaux  destinées  par  l'expéditeur  à  un  de  ses  amis  qui 
s'empressa  de  les  mettre  sous  les  yeux  de  la  Société  d'Accli- 
matation. Parmi  les  dépouilles  qui  composaient  cette  inté- 
ressante et  précieuse  collection  se  trouvaient  cinq  exemplai- 
res d'une  espèce  d'Ithagine  nouvelle,  quatre  mâles  et  une 
femelle.  Elle  fut  décrite  par  M.  Jules  Verreaux  dans  le  Bulle- 
tin de  la  Société  et  dédiée  par  lui  à  M,  Albert  Geoffroy  Saint- 
Hilaire.  «  Nous  sommes  heureux,  dit  à  cette  occasion  M.  J. 
Verreaux,  d'imposer  à  ce  bel  oiseau,  le  second  d'un  genre 
resté  si  longtemps  avec  un  seul  représentant,  le  nom  illustre 
de  Geoffroy,  comme  un  témoignage  de  notre  estime  et  de 
notre  amitié  pour  M.  Albert  Geoffroy  Saint-IIilaire.  » 

Cet  oiseau  a  la  face  noire.  Dans  tout  le  reste  du  plumage 
le  gris  ardoisé  domine,  relevé  par  des  raies  noires  et  blan- 


28  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

ches  au  centre  des  plumes.  Sur  les  côtés  de  la  poitrine,  l'ab- 
domen et  les  sous-caudales  règne  une  belle  couleur  d'un 
rouge-carmin  atténuée  par  une  teinte  grise  à  l'extrémité  de 
chaque  plume.  Les  pattes  et  les  éperons  sont  d'un  rouge  de 
corail.  Le  bec  est  noir  avec  la  base  rouge,  de  même  que  les 
narines  et  la  peau  nue  qui  entoure  les  yeux.  Des  plumes 
déliées  d'un  gris  ardoisé  foncé  forment  une  sorle  de  huppe. 


Ithagine  de  Geoffroy  {Ilhaginis  GeolJroiji  J.  Verreaux). 

La  femelle  plus  petite  que  le  maie  et  dépourvue  d'éperons 
aie  rouge  des  pattes  et  des  narines  moins  vif  et  tout  le  plu- 
mage brun  vermiculé  de  noir  et  de  gris  avec  une  teinte 
ardoisée. 

«  Je  n'ai  rencontré  l'Ithagine  de  Geoffroy,  dit  le  père 
David,  que  dans  les  forêts  les  plus  élevées  du  Setchuan  occi- 
dental et  du  pays  des  Mantzes;  mais  cette  espèce  paraît  habiter 
une  grande  partie  du  Thibet  oriental.  Elle  vit  en  troupes 
plus  ou  moins  nombreuses  près  de  la  limite  supérieure  de  la 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  29 

région  des  forêts,  et  se  tient  de  préférence  au  milieu  des 
banibouseraies  sauvages.  Sa  nourriture  ordinaire  consiste  en 
bourgeons,  en  feuilles  et  en  graines  ;  mais  l'estomac  de  trois 
individus  que  j'ai  tués  en  avril,  quand  la  neige  couvrait  en- 
core tout  le  pays,  ne  renfermait  que  de  la  mousse.  Ces  jolis 
oiseaux  se  perchent  volontiers  sur  les  arbres  :  leur  naturel 
est  très  sociable,  et,  quand  les  couvées  sont  écloses,  on  voit 
fréquemment  plusieurs  couples  se  réunir  pour  veiller  en- 
semble sur  leur  jeune  famille.  Les  Chinois  désignent  cette 
Ithagine  sous  le  nom  de  «  Tsong-ky,  Poule  des  buissons.  » 

Ithagine  de  la  Chine  {Ithaginis  sinensis  David). 

Ilhaginis  sinensis,  A.  David,  Ann.  Se.  nat.  (1873),  5»  série,  t.  XVIII,  art.  n°  5. 
—  (1874),  ibicL,  t.  XIX,  art.  n°  9. 

Cette  espèce  nouvelle  d'Ithagine,  la  troisième  du  genre,  a 
été  découverte  par  le  père  Armand  David.  Elle  habite  les 
plus  hautes  montagnes  du  Chensi  méridional.  On  la  trouve 
dans  le  centre  du  Tsinling  en  compagnies  assez  nombreu- 
ses, au  milieu  des  bois  et  des  bambouseraies,  à  une  hauteur 
de  3500  mètres.  Ces  oiseaux,  qui  se  rencontrent  dans  toute 
cette  région,  jusqu'au  Honan,  sans  être  nulle  part  très  répan- 
dus, ont,  du  reste,  absolument  les  mêmes  mœurs  que  ceux 
de  l'espèce  précédente. 

Les  indigènes  les  désignent  sous  les  noms  de  Hoa-Ky, 
«  Poule  tleurie  »  et  Song-hoa-ky,  a.  Poule  fleurie  des  sapins.  » 

Le  plumage  de  celte  espèce  rappelle  beaucoup  celui  de 
rilhagine  de  Geoffroy;  mais  il  en  diffère  principalement  par 
une  grande  plaque  d'un  jaune  d'ocre  sale  sur  le  devant  du 
cou  et  par  la  couleur  rousse  de  la  moitié  des  ailes  qui  dans 
rithagine  de  Geoft'roy  est  verte.  D'autres  différences  reposant 
sur  des  caractères  moins  apparents  servent  encore  à  distin- 
guer les  deux  espèces. 

{A  suivre.) 


II.  TRAVAUX  ADRESSÉS  ET  COMMUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ 


NOTES 

POUR   SERVIR    A 

L'HISTOIRE  DES  AQUARIUMS 

Par  M.    H.    BOUT. 


?^n1876,  kl  Chambre  des  députés  décida,  sur  la  proposi- 
tion de  M.  de  Tillancourt  et  de  plusieurs  de  ses  collègues,  que 
l'on  pourrait  désormais  introduire  l'élude  de  la  pisciculture 
dans  le  programme  d'enseignement  des  fermes-écoles. 

On  comprenait  enfin  que,  si  la  pisciculture,  qui  prospérait 
dans  tous  les  autres  pays  de  l'Europe  et  jusque  dans  les  par- 
ties les  plus  reculées  du  monde,  avait  toujours  trouvé  si  peu 
de  faveur  en  France,  cela  tenait  à  l'ignorance  des  moyens  et 
des  ressources  de  cette  science,  ignorance  où  le  public  se 
complaisait,  malgré  les  efforts  persévérants  et  les  travaux 
remarquables  des  savants. 

Les  esprits  n'étant  pas  tournés  dès  la  première  jeunesse, 
par  une  étude  sérieuse,  vers  ces  connaissances  spéciales,  ne 
pouvaient  s'astreindre  plus  tard  à  porter  un  regard  attentif 
sur  des  démonstrations  auxquelles  il  était  plus  simple  de  ne 
pas  ajouter  foi.  On  écoutait  un  instant  d'une  oreille  distraite 
et  puis  l'on  n'y  pensait  plus.  On  ne  se  disait  pas  que  cette  in- 
différence, fort  bien  portée,  était  coupable  envers  l'intérêt 
général,  envers  la  prospérité  de  la  patrie.  On  ne  voulait  pas 
songer  aux  résultats  désastreux  de  ce  parti  pris  d'incrédulité. 
M.  de  Tillancourt  et  ses  collègues,  dans  leur  exposé  des  mo- 
tifs, en  révélaient  les  conséquences  lorsqu'ils  disaient  : 

«  L'Angleterre,  depuis  qu'elle  a  développé  la  pisciculture, 
trouve  annuellement  dans  ses  eaux  douces  pour  plus  de 
200  millions  de  francs  de  poissons.  Nous  n'obtenons  pas  la 
centième  partie  de  ce  produit  de  nos  deux  cents  rivières.  » 

La  conclusion  était  facile  à  tirer.  Il  fallait  vaincre  la  force 


HISTOIRE   DES    AQUARIUMS.  31 

d'inertie  puisée  dans  l'ignorance.  La  Chambre  crut  y  arriver 
en  édictant  la  mesure  rapportée  plus  haut. 

Mais,  si  l'on  réservait  aux  seules  fermes-écoles  l'enseigne- 
ment des  connaissances  que  l'on  voulait  propager,  on  ne 
s'adressait  encore  qu'cà  un  nombre  d'hommes  des  plus  res- 
treints, qui  d'ailleurs  pouvaient  toujours  se  soustraire  à  cet 
enseignement,  puisqu'il  ne  devait  être  que  facultatif. 

Nous  écrivions  à  cet  égard,  en  1879,  dans  une  analyse  ra- 
pide des  étapes  et  des  procédés  de  la  pisciculture,  les  lignes 
suivantes  :  «  Il  serait  à  désirer  que  l'étude  de  cette  science 
entrât  dans  les  programmes  universitaires  et  que  les  nom- 
breux problèmes  scientifiques,  industriels  et  économiques 
que  soulève  cette  question  complexe  de  la  culture  des  eaux, 
fussent  exposés  aux  jeunes  gens  des  écoles  par  des  professeurs 
éminents.  »  Il  serait  à  désirer  aussi,  ajouterons-nous,  que  les 
grades,  qui  sont  la  consécration  des  études,  ne  puissent  plus 
être  conférés  sans  que  les  candidats  aient  prouvé  qu'ils  ont 
retenu  les  leçons  à  eux  faites  sur  ces  matières. 

Nous  pensions,  nous  pensons  toujours,  qu'un  jeune  homme 
qui  sortirait  d'un  lycée,  n'ignorant  plus  ce  que  c'est  qu'un 
poisson,  connaissant  l'industrie,  les  besoins,  les  maladies, 
les  mœurs,  nous  dirions  presque  les  passions  de  l'étrange 
population  des  eaux,  n'affecterait  plus  la  même  indifférence 
ni  le  même  scepticisme,  et  serait  capable  de  rendre,  à  un  mo- 
ment donné,  de  grands  services  à  la  science  qui  nous  occupe 
et  à  ses  semblables. 

Qu'on  nous  permette  de  revenir  aujourd'hui  sur  ce  sujet 
et  de  dire  qu'au  point  de  vue  de  ce  complément  d'instruction 
pratique  que  nous  croyons  devoir  préconiser  avec  ardeur,  il 
nous  semble  qu'on  pourrait  attendre  de  grands  avantages  de 
ces  établissements  si  curieux,  qui  se  sont  élevés  un  peu  par- 
tout depuis  un  certain  nombre  d'années  et  que  l'on  désigne 
sous  le  nom  d'aquariums. 

L'aquarium,  que  le  savant  anglais  Warington  a,  non  sans 
à-propos,  défini  en  disant  que  c'est  une  «  organisation  qui  se 
suffit  à  elle-même  »,  est  un  appareil  où  des  animaux  et  des 
végétaux  aquatiques  sont  entretenus  dans  des  conditions  se 


32  SOCIÉTÉ  NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

rapprochant  le  plus  possible  de  celles  que  ces  animaux  et  ces 
véo"étaux  trouvent  dans  la  nature.  En  d'autres  termes,  l'aqua- 
rium est  le  résumé  du  monde  liquide,  c'est  le  panorama,  c'est 
le  musée  vivant  des  eaux,  et  c'est  devant  ce  musée,  devant  ce 
panorama  que,  pour  être  fructueuses,  doivent  être  faites  et 
écoutées  les  leçons  d'ichtyologie  et  de  botanique  aquatique. 

Or,  si  l'on  s'inspirait  de  notre  désir,  chacune  de  nos  grandes 
villes  serait  bientôt  dotée  d'un  établissement  de  ce  genre,  qui 
serait  ouvert  tous  les  jours  de  l'année  et  dont  l'entrée  serait 
gratuite.  Bientôt  enfin  chaque  Faculté,  chaque  lycée  posséde- 
rait son  aquarium  particulier,  lequel,  du  reste,  bien  que 
spécialement  réservé  à  l'instruction  des  jeunes  gens,  pour- 
rait, à  défaut  d'autres,  être,  à  de  certains  jours,  livré  au  pu- 
blic et  servir  à  des  conférences  accessibles  à  tout  le  monde. 

Et  qu'on  ne  nous  objecte  pas  les  sacrifices  pécuniaires  à 
faire,  car  ce  serait  une  grande  erreur  de  croire  qu'il  est  né- 
cessaire de  dépenser  des  sommes  considérables  pour  avoir  un 
appareil  remplissant  toutes  les  conditions  requises  pour  ser- 
vir à  des  études  sérieuses. 

D'après  M.  Lloyd,  fhomme  qui  a  construit  presque  tous 
les  grands  aquariums  d'Angleterre  après  avoir  débuté  par  ce- 
lui de  notre  Jardin  d'Acclimatation,  et  dont  la  compétence  en 
la  matière  n'est  pas  récusable,  on  peut  construire  un  bon 
aquarium  sans  dépenser  plus  de  200  livres  sterling,  soit 
5000  francs. 

Il  n'est  pas  question,  comme  on  le  voit,  de  constructions 
dispendieuses  engloutissant  quelquefois  des  centaines  de 
mille  francs  sans  donner  les  résultats  attendus,  et  il  n'est 
pas  autrement  utile,  en  effet,  si  l'on  a  seulement  en  vue 
l'étude  pour  laquelle  le  luxe  et  le  plaisir  des  yeux  ne  sont  pas 
indispensables,  d'élever  des  édifices  immenses  d'un  entretien 
coûteux  et  dans  lesquels,  s'ils  ne  sont  pas  absolument  par- 
faits, les  observations  consciencieuses  sont  souvent  difficiles. 

Sans  avoir  la  prétention  d'écrire  un  traité  complet  des 
aquariums,  ce  qui  pourra  tenter  des  plumes  plus  autorisées 
que  la  nôtre,  nous  pensons  qu'il  ne  sera  pas  sans  intérêt,  au 
point  de  vue  de  la  vulgarisation  de  ces  appareils,  de  faire  un 


HISTOIRE   DES   AQUARIUMS.  33 

exposé  rapide  des  principes  scientifiques  sur  lesquels  repose 
leur  construction. 

De  même  que  le  vivier  primitif  fut  un  simple  panier  en 
osier,  de  même  l'aquarium  a  commencé  par  être  un  simple 
flacon  de  verre,  et  il  n'y  a  pas  de  longues  années  qu'il  était 
encore  à  l'état  rudimentaire. 

En  Europe,  la  première  mention  qui  soit  faite  d'un  aqua- 
rium se  trouve  dans  un  ouvrage  allemand  sur  le  microscope, 
par  Ledermuller,  paru  en  1760-61-62.  On  y  voit  la  descrip- 
tion d'un  bassin  contenant  des  plantes  et  des  animaux.  Des 
bulles  d'oxygène  paraissent  s'exhaler  des  plantes  sous  l'in- 
fluence de  la  lumière,  et  les  animaux  semblent  se  trouver 
dans  un  état  de  parfaite  santé.  Un  siècle  plus  tôt,  il  était  déjà 
de  mode  d'avoir  chez  soi  des  Anémones  de  mer,  ainsi  qu'on 
peut  le  voir  dans  les  ouvrages  de  Tremblay  et  de  Baker;  toute- 
fois, on  ne  connaissait  en  aucune  façon,  alors  comme  plus 
tard  même,  l'utilité  de  l'emploi  des  plantes  pour  l'aération 
de  l'eau,  et,  si  l'on  en  mettait  dans  le  réservoir,  c'était  uni- 
quement pour  l'ornementation.  En  1790,  sir  John  Graham 
Dalyell  commençait  à  collectionner  quelques  poissons  de  mer 
dans  le  but  de  les  étudier,  et  continuait  ses  études  dans  sa 
propriété  d'Edimbourg  jusqu'à  sa  mort,  survenue  en  1850. 
Mais  il  changeait  l'eau  deux  ou  trois  fois  par  semaine  et  ne 
connut  jamais  l'usage  des  plantes. 

On  ne  peut  pas  considérer  ces  quelques  tentatives  isolées 
comme  le  véritable  point  de  départ  des  aquariums,  puisqu'on 
n'en  avait  pas  encore  découvert  et  appliqué  rationnellement 
les  données  scientifiques. 

D'après  M.  Gosse,  l'honneur  de  la  première  application  à 
l'aquarium,  du  principe  de  l'absorption  de  l'acide  carbo- 
nique par  les  plantes  et  de  la  restitution  de  l'oxygène  par  ces 
mêmes  plantes,  revient  à  M.  Warington,  qui,  en  mars  1850, 
fit  part  à  la  Société  de  chimie  de  Londres  du  résultat  de  ses 
premières  expériences. 

Mais  ceci  n'est  point  exact,  et  c'est  un  de  nos  nationaux 
qui,  le  premier,  a  dégagé  et  fait  connaître  l'un  des  plus  im- 
portants principes  de  la  science  des  aquariums. 

4'  SÉRIE,  T.  m.  —  Janvier  1886.  3 


34  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

En  effet,  dès  1830,  M.  Charles  des  Moulins  (de  Bordeaux) 
proposa  de  mettre  dans  les  vases,  où  l'on  voulait  conserver 
vivants  des  poissons  d'eau  douce,  des  plantes  aquatiques 
flottantes  ou  submergées,  de  manière  que  ces  végétaux  s'as- 
similassent le  carbone  en  décomposant  l'acide  carbonique 
que  produit  la  respiration  des  animaux  et  en  dégageant  l'oxy- 
gène dont  ces  derniers  ont  besoin  pour  leur  existence. 

Quelques  années  après,  le  professeur  Dujardin  pensa  à  ap- 
pliquer à  l'eau  de  mer  les  conseils  donnés  par  M.  des  Moulins 
pour  l'eau  douce.  Le  succès  répondit  à  ses  tentatives,  et,  pour 
la  première  fois  en  1838,  il  rapporta,  dans  de  légers  flacons, 
des  poissons  de  mer  vivants. 

L'aquarium,  dans  le  sens  exact  du  mot,  était  enfin  définiti- 
vement inventé, 

A  la  même  époque,  en  1837,  M.  Ward  installa  à  Londres 
un  aquarium  d'eau  douce,  où  les  animaux  vivaient  et  étaient 
conservés  en  bonne  santé  grâce  à  l'emploi  des  planles.  En 
1842,  le  docteur  George  Johnston  (de  Berwick  upon  Tweed) 
établit  une  sorte  d'aquarium  minuscule  consistant  en  6  onces 
d'eau  de  mer  contenue  dans  un  petit  bocal,  et  dans  lequel  il 
plaça  des  plantes  et  des  poissons.  L'eau  ne  fut  pas  changée 
durant  un  espace  de  huit  semaines,  sans  qu'il  en  résultât  au- 
cun dommage  pour  les  habitants.  En  1847,  M"'  Thynne,  qui 
n'avait  point  entendu  parler  des  essais  que  nous  venons  de 
rapporter,  voulut  conserver  des  poissons  de  mer  à  Londres. 
Les  difficultés  qu'elle  éprouva  à  se  procurer  une  eau  toujours 
nouvelle  et  les  observations  qu'elle  avait  faites,  la  portèrent 
à  introduire,  dans  le  but  bien  défini  de  donner  aux  poissons 
ce  qui  leur  manquait,  c'est-à-dire  l'oxygène,  des  plantes  dans 
ses  réservoirs.  C'est  alors  seulement  que  M.  Robert  de  Wa- 
ringlon  commença,  avec  la  même  intention  et  le  même  succès 
que  M""  Thynne,  ses  expériences  sur  les  animaux  d'eau  douce. 
Au  commencement  de  l'année  1852,  il  les  renouvelait  sur  les 
poissons  de  mer  et  les  plantes  sous-marines.  Vers  le  même 
temps  aussi,  M.  Gosse  commençait  à  Londres  des  expériences 
identiques.  Il  publiait  en  1854,  sous  le  titre  V Aquarium  ou 
les  Merveilles  de  la  mer  dévoilées,  un  ouvrage  qui  obtint  en 


HISTOIRE   DES   AQUARIUMS.  35 

Angleterre  un  succès  de  popularité  sans  précédent,  et  qui  fut 
la  cause  première  de  cet  engouement  pour  les  choses  de  la 
mer,  qui  s'étendit  pendant  un  moment  à  tous  les  habitants 
du  Royaume-Uni. 

Cet  ouvrage  avait  pour  objet  de  signaler  les  services  que 
rendait  tous  les  jours  à  la  science  l'établissement  de  Regent's 
Park. 

Après  avoir  lu  le  livre  de  M.  Gosse,  tout  le  monde  voulut 
posséder  un  aquarium  pour  vérifier  ses  assertions  et  répéter 
ses  expériences. 

A  en  juger  par  la  date  récente  de  l'origine  scientifique  de 
l'aquarium  et  par  la  simphcité  de  son  point  de  départ,  l'essor 
pris  depuis  par  cet  appareil  est  vraiment  incroyable  !  Quelle 
figure  feraient  les  modestes  flacons  de  verre  de  Dujardin  près 
des  constructions  grandioses  que  nous  avons  vues  s'élever  un 
peu  partout  depuis  vingt-cinq  ans?  Et  ce  n'est  pas  seulement 
par  le  développement  des  dimensions  de  ces  édifices,  que  le 
progrès  est  remarquable,  c'est  encore  par  le  perfectionnement 
des  moyens  d'alimentation  et  de  purification  de  l'eau. 

Au  point  où  nous  en  sommes,  l'aération  s'obtient  unique- 
ment par  les  plantes.  Nous  allons  voir  ce  moyen  devenir  in- 
suffisant dès  que  les  proportions  de  l'établissement  seront  un 
peu  considérables,  et  nous  allons  nous  trouver  en  présence 
de  deux  grands  systèmes  de  construction,  consistant  :  le  pre- 
mier dans  l'alimentation  de  l'aquarium  par  une  eau  toujours 
renouvelée,  le  second,  dans  l'introduction,  une  fois  pour  tou- 
tes, de  la  quantité  de  liquide  suffisante  et  dans  le  maintien,  à 
l'aide  de  procédés  mécaniques,  de  l'équilibre  nécessaire  à  la 
vie  des  animaux.  Le  second  de  ces  deux  systèmes,  inauguré  à 
Paris  et  préconisé  par  M.  Lloyd,  est  certainement  appelé  à 
être  un  jour  exclusivement  employé. 

Le  but  unique  que  l'on  doit  se  proposer  étant,  comme  nous 
venons  de  le  dire,  de  maintenir  l'eau  qui  alimente  les  bassins 
dans  les  conditions  indispensables  à  la  vie  aquatique,  les  pre- 
miers constructeurs  d'aquariums  se  sont  tenu  naturellement 
1(3  raisonnement  suivant:  «  Mettons  notre  établissement  en 
communication  directe  avec  la  mer  ou  avec  un  cours  d'eau, 


36  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'AGCLIMATATION. 

de  manière  à  alimenter  les  lacs  d'une  eau  courante  se  renou- 
velant sans  cesse.  Comme  cette  eau  sera  prise  sur  les  lieux 
mêmes  où  vivent  les  poissons  que  nous  voulons  conserver  en 
captivité,  elle  se  trouvera  dans  les  conditions  biologiques  les 
meilleures,  puisqu'elle  sera  une  partie  du  grand  tout.  » 

Ils  étaient  dans  l'erreur.  Les  aquariums  établis  d'après  ce 
principe,  ont  toujours  été  imparfaits  et  d'un  entretien  fort 
coûteux.  La  mortalité  y  a  été  très  grande  et  la  vue  a  constam- 
ment été  gênée  par  l'opacité  du  milieu. 

Cela  se  comprend:  l'appel  d'une  masse  d'eau  assez  consi- 
dérable pour  alimenter  des  réservoirs  et  des  bassins  de  di- 
mensions importantes  ne  peut  se  faire  sans  que  les  fonds 
soient  énergiquement  remués.  L'eau  arrive  donc  dans  les  bacs 
chargée  de  détritus  végétaux,  animaux  et  calcaires  de  toute 
espèce,  qui  ont  pour  résultat  de  rendre  cette  eau  impropre  à 
la  vie  des  poissons  et,  le  plus  souvent,  trouble  à  n'y  pouvoir 
distinguer  aucune  forme,  à  n'y  saisir  aucun  détail. 

Dans  la  mer,  dans  un  fleuve,  si  telle  région  ne  convient 
pas  à  un  animal,  il  peut  émigrer,  changer  de  lieu.  Dans  l'a- 
quarium, c'est-à-dire  dans  un  milieu  des  plus  restreints,  le 
poisson  est  dans  l'impossibilité  de  fuir  et,  pour  peu  que  vous 
lui  donniez  un  habitat  chargé  à  une  dose  quelconque  d'élé- 
ments délétères,  vous  l'empoisonnez  sans  rémission  dans  un 
délai  plus  ou  moins  court. 

Or,  pour  alimenter  un  aquarium  d'eau  de  mer,  vous  ne 
pouvez,  quoi  que  vous  fassiez,  que  prendre  cette  eau  au  bord 
du  rivage,  c'est-à-dire  dans  la  zone  où  elle  est  contaminée  par 
les  déjections  des  villes.  De  même  pour  l'eau  douce.  On  peut 
avoir  choisi  la  source  avec  le  plus  grand  soin;  cette  source 
peut  être  ordinairement  absolument  pure.  Il  suffira,  si  c'est 
à  un  fleuve  ou  aune  rivière  que  l'eau  est  puisée,  d'un  excès  de 
matières  en  décomposition  ou  de  produits  chimiques  amenés 
tout  à  coup  par  le  courant  pour  tuer  toute  la  population.  Si 
l'eau  provient  d'une  source  souterraine,  elle  pourra  être  sur- 
chargée de  calcaires  ou  de  sels  métalliques,  suivant  les  ter- 
rains à  travers  lesquels  elle  passera.  Le  résultat  sera  encore 
mortel  pour  le  poisson.  Conclusions  :  dépenses  considérables 


HISTOIRE   DES   AQUARIUMS.  37 

et  imprévues  de  renouvellement,  sans  compter  les  murmures 
du  public  qui  ne  voit  que  peu  ou  point. 

Ce  qui  fait  surtout  le  prix  d'un  aquarium  situé  aux  environs 
de  la  mer,  ce  n'est  pas  que  l'eau  nécessaire  à  son  alimenta, 
tion  puisse  être  facilement  renouvelée,  c'est  simplement  que 
la  première  eau,  celle  qui  doit  être  la  seule  employée,  peut 
s'acquérir  à  bon  marché.  Il  en  est  de  même  des  animaux  à 
introduire. 

Les  essais  n'ont  du  reste  pas  tardé  à  faire  ressortir  les  in- 
convénients qu'offrait  le  mode  de  construction  basé  sur  le  re- 
nouvellement de  l'eau  et,  bien  que  ce  dernier  ait  encore 
aujourd'hui  des  partisans  convaincus,  il  est  généralement 
condamné  par  les  gens  véritablement  compétents. 

Ce  système  étant  reconnu  défectueux,  on  s'est  demandé  par 
quels  moyens  plus  parfaits  on  pourrait  le  remplacer.  On  a  ob- 
servé alors  ce  qui  se  passait  dans  la  nature.  On  a  vu  que  la 
masse  des  eaux  était  toujours  la  même  depuis  le  commence- 
ment des  siècles  ;  que  celles-ci  étaient  toujours  propres  à  la 
vie  des  myriades  d'organismes  qui  les  peuplent  et  qu'il  n'y 
avait  pas  d'apparence  qu'elles  cessassent  de  l'être  jamais.  On 
a  vu  en  outre  que  le  mouvement  continuel  des  particules 
dont  la  réunion  formait  les  eaux  constituait  une  puissance 
mécanique  de  malaxement,  d'épuration  et  d'absorption  de 
l'oxygène  à  nulle  autre  comparable.  On  en  a  conclu  avec  rai- 
son que,  si  l'on  parvenait,  par  un  procédé  quelconque,  analo- 
gue à  ceux  que  la  nature  emploie,  à  maintenir  une  masse  d'eau 
dans  les  conditions  exigées  pour  le  maintien  de  la  vie,  une 
telle  eau  n'aurait  jamais  besoin  d'être  changée. 

Le  problème  posé,  la  solution  n'en  était  pas  éloignée.  On 
se  dit  que,  puisque  le  mouvement  était  dans  la  nature  le 
moyen  le  plus  puissant  d'oxygénation  et  de  purification,  il 
fallait  imprimer  à  la  masse  d'eau  remplissant  les  bassins  un 
mouvement  factice  et  continuel,  qui  aurait  pour  effet  d'ame- 
ner successivement  toutes  les  molécules  liquides  au  contact 
de  l'air,  et  de  permettre  à  l'oxygène  d'en  brûler  toutes  les 
impuretés,  en  même  temps  que  de  s'y  dissoudre  en  quantité 
suffisante  pour  les  besoins  des  animaux. 


38  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

On  reconnut  de  même  qu'on  pouvait  rendre  l'action  consi- 
dérablement plus  puissante  encore  en  lançant  à  travers  la 
masse,  et  de  haut  en  bas,  des  jets  d'air  doués  d'une  grande 
force  et  divisés  au  point  de  ressembler  à  une  fine  poussière, 
mais  non  pas,  comme  on  l'a  fait  en  certains  endroits,  de  bas 
en  haut  et  en  grosses  bulles. 

M.  Lloyd,  dans  un  opuscule  intitulé  Observations  sur  les 
aquariums  publics,  relate  une  expérience  des  plus  con- 
cluantes et  des  plus  curieuses  qu'il  a  faite  à  ce  sujet.  Nous 
lui  laissons  la  parole. 

«  Dans  l'annexe  orientale  de  l'Exposition  internationale  te- 
nue à  Londres  en  1862,  je  fis,  sur  une  masse  d'eau  bourbeuse, 
chargée  de  matières  animales  et  végétales  en  pleine  décompo- 
sition, des  expériences  en  vue  de  comparer  la  valeur  respec- 
tive de  chacun  des  deux  systèmes  de  purification  préconisés. 
»   Je    commençai    par    lancer    dans   un   bac   contenant 
800  litres  de  cette  eau,  200  litres  d'air  par  minute,  pendant 
six  heures  par  jour  et  pendant  six  jours  consécutifs,  d'après 
le  système   d'aération  par  grosses  bulles.   Xu  bout  de  ce 
temps,  alors  que  plus  de  400000  litres  d'air  avaient  été  in- 
jectés en  exigeant  une  dépense  de  force  de  déplacement  de 
400000  litres  d'eau  sans  grand  effet,  je  réunis  à  ce  bassin, 
dont  l'apparence  était  à  peine  modifiée,  un  second  bac  de  la 
même  capacité  rempli  d'eau  encore  plus  corrompue  que  la 
première,  absolument  noire,  puante  et  complètement  empoi- 
sonnée par  la  présence  de  l'hydrogène  sulfuré  et  bicarburé. 
Je  mis  alors  toute  la  masse  en  mouvement  et  je  dirigeai  vers 
la  surface  de  l'eau,  de  manière  qu'elle  fût  frappée  avec  force, 
à  une  très  petite  distance  et  sous  un  angle  léger,  un  jet  d'air 
très  puissant,  mais  n'ayant  pas  plus  d'un  dixième  de  pouce 
de  diamètre. 

»  Ce  courant,  qui  n'employait  que  240  litres  à  l'heure  ou 
4  litres  par  minute,  fut  maintenu  pendant  10  heures,  à  la  fin 
desquelles,  après  une  dépense  totale  de  force  ne  dépassant 
pas  2400  litres  d'eau  à  une  pression  de  50  livres  par  pouce 
carré,  toute  mauvaise  odeur  avait  disparu  par  l'oxygénation. 
Le  courant  fut  renouvelé  deux  fois  et  le  troisième  jour  l'eau 


HISTOIRE   DES   AQUARIUMS.  39' 

était  claire  et  limpide  et  pouvait  recevoir  des  animaux.  » 

M.  Lloyd  ajoute  :  «  Une  bouteille  avait  été  remplie  de  cette 
eau  avant  sa  clarification.  Elle  fui  hermétiquement  bouchée 
et  conservée  ainsi.  Elle  est  toujours  dans  le  même  état  et 
ressemble  à  de  l'encre.  Mais,  bien  qu'il  y  ait  plus  de  quinze 
ans  de  cela,  elle  pourrait  encore  aujourd'hui  être  purifiée  et 
rendue  propre  à  la  respiration  des  animaux.   » 

Dans  de  vastes  aquariums  qui  contiennent  une  nombreuse 
population  dévorant  une  grande  quantité  de  nourriture  et  re- 
jetant une  quantité  d'excréments  également  considérable,  on 
ne  pourrait  donc  utilement  employer  le  système  d'aération 
par  grosses  bulles  qu'à  la  condition  d'augmenter  le  nombre 
des  orifices  laissant-  pénétrer  l'air  de  telle  sorte  qu'il  s'en 
trouvât  au  moins  un  par  mètre  carré  à  la  base  des  bassins. 
Mais  l'installation  de  larges  courants  d'air  agissant  sur  des 
espaces  aussi  rapprochés  les  uns  des  autres,  serait  d'abord 
une  chose  à  peu  près  impraticable  et  exigerait,  en  tous  cas, 
une  dépense  de  force  hors  de  proportion  avec  le  résultat  ob- 
tenu. En  outre,  le  passage  incessant  dans  tous  les  points  des 
bassins  de  ces  bulles  d'air  nuirait  beaucoup  à  la  vue  et  trou- 
blerait continuellement  le  poisson. 

Ainsi  d'un  côté,  aération  insuffisante,  de  l'autre,  des  in- 
convénients aussi  graves  et  une  dépense  énorme. 

De  plus,  avec  ce  système,  on  ne  peut  éviter  l'enlèvement 
à  la  main  des  dépôts  que  forme  l'accumulation  des  résidus  de 
la  nourriture  et  des  déjections  des  animaux.  C'est  un  surcroît 
de  travail,  de  dépense  et  de  gêne  pour  le  poisson.  Avec  le 
procédé  contraire,  aucun  travail  manuel  n'est  nécessaire 
pour  le  nettoyage  des  fonds ,  tout  disparaît  par  le  mouvement 
et  le  contact  de  l'air.  11  suffit  de  passer  de  temps  en  temps 
une  éponge  emmanchée  au  bout  d'une  perche  sur  les  glaces 
pour  les  débarrasser  de  la  matière  verte  (conferves)  et  encore 
peut-on  être  aidé  dans  ce  travail  par  les  Lymnées,  les  Planor- 
bes,  les  Buccins,  les  Haliotides,  etc. 

Un  des  plus  grands  perfectionnements  apportés  dans  la 
construction  des  aquariums,  établis  d'après  le  système  de  cir- 
culation, consiste  dans  l'adjonction  d'un  réservoir  placé  à 


40  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

une  certaine  profondeur  sous  terre,  de  manière  qu'il  reste 
toujours  à  une  température  égale.  L'eau,  dans  son  mou- 
vement circulatoire,  passe  du  réservoir  dans  le  premier  bas- 
sin; de  celui-ci,  dans  tous  les  autres  successivement,  et,  du 
dernier,  retourne  dans  le  réservoir  et  ainsi  de  suite,  en  sorte 
que  sa  température  n'est  que  fort  peu  influencée  par  les  va- 
riations thermométriques.  De  plus,  l'obscurité  dans  laquelle 
l'eau  passe  alternativement  a  pour  effet  de  ralentir  la  produc- 
tion des  conferves. 

C'est  M.  ^Edward  Demenay  qui,  selon  M.  Lloyd,  a  été  le 
premier  à  faire  l'application  de  la  chambre  à  eau  obscure  aux 
aquariums.  L'expérience  a  démontré  qu'il  fallait  donner  à  ces 
réservoirs  une  capacité  égale  à  cinq  fois  celle  de  la  totalité 
des  bacs. 

L'attention  s'était  déjà  portée,  avec  M.  Gosse,  sur  un  autre 
point,  qui  était  de  savoir  quelles  proportions  il  fallait  donner 
aux  dimensions  respectives  des  bacs.  On  arriva  bientôt  à  éta- 
blir une  règle  à  peu  près  fixe,  et  d'après  laquelle  la  plupart 
des  aquariums  sont  construits  aujourd'hui.  Pour  l'eau  douce, 
la  hauteur  du  liquide  ne  doit  jamais  dépasser  la  largeur  des 
bassins;  pour  l'eau  de  mer,  cette  hauteur  ne  doit  pas  être  su- 
périeure à  la  moitié  de  la  largeur. 

Une  autre  question  s'est  posée  ensuite.  De  ce  que,  dans  un 
aquarium  de  grandes  dimensions,  la  puissance  oxygénatrice 
des  plantes  devient  insuffisante,  s'ensuit-il  qu'elles  soient  inu- 
tiles et  qu'il  faille  les  dédaigner?  Loin  de  là.  Leur  action 
vient  en  aide  au  mouvement  pour  la  vivification  de  l'eau.  De 
plus,  elles  entrent  pour  une  grande  part  dans  l'alimentation 
des  animaux  aquatiques.  H  y  a  donc  lieu,  avant  d'introduire 
le  poisson,  et  une  fois  que  l'eau  se  trouve  dans  les  conditions 
de  limpidité  requise,  de  répartir  dans  les  bassins  certaines 
variétés  de  plantes  que  l'on  prendra  parmi  celles  qui  sont  les 
plus  vivaces  et  qui  ont  la  puissance  d'absorption  la  plus  con- 
sidérable. Parmi  celles-ci,  il  faut  citer,  pour  l'eau  douce,  les 
Épis  ou  Potamots,  les  Volants  d'eau,  les  Renoncules,  les  Va- 
lisnéries,  les  Lustres  d'eau,  les  Callithrix,  les  Morènes,  les 
Plantains,  etc. 


HISTOIRE    DES   AQUARIUMS.  M 

Parmi  les  plantes  de  mer,  les  meilleures  sont  les  Ulves» 
rUlve  verte  et  VUlva  latissima,  et  la  Mousse  chondrille. 

Mais,  si  l'emploi  des  plantes  est  de  toute  nécessité,  il  n'est 
pas  bon  toutefois  de  laisser  la  végétation  croître  avec  excès. 
Les  plantes  aquatiques  meurent  facilement  et  d'autant  plus 
facilement  qu'elles  se  trouvent  en  plus  grand  nombre  dans 
un  espace  plus  restreint;  il  en  résulte  tout  d'abord  une  sur- 
veillance continuelle,  car  il  faut  se  garder  de  les  laisser  se 
décomposer  dans  l'eau.  En  outre,  l'accroissement  excessif  de 
la  végétation  ne  tarde  pas  à  donner  au  liquide  une  teinte  vert 
opaque,  qui  rend  l'examen  des  animaux  peu  facile.  Enfin  une 
végétation  trop  touffue  forme  pour  le  poisson  des  abris  où  il 
est  très  difficile  de  l'apercevoir  et  où  il  pourra  mourir  sans 
que  l'on  s'en  doute. 

D'ailleurs  on  ne  perd  rien  à  être  réservé  dans  l'emploi  de 
la  verdure,  car,  sous  l'influence  de  la  lumière,  la  flore  con- 
fervoïde  ne  tarde  pas  à  se  produire  et  vient  en  aide  aux 
plantes  dont  on  a  orné  les  bassins,  si  bien  que  l'on  est  sou- 
vent, ainsi  que  nous  l'avons  dit,  obligé  de  la  modérer. 

On  règle,  du  reste,  facilement  les  progrès  de  la  végétation, 
queUe  qu'elle  soit,  en  disposant  la  lumière  avec  plus  ou  moins 
d'économie. 

Au  point  de  vue  du  poisson,  on  doit  savoir  aussi  qu'une 
grande  lumière,  l'exposition  aux  rayons  directs  surtout,  est 
extrêmement  dangereuse,  sauf  pour  quelques  espèces  exo- 
tiques, tels  que  le  Gourami,  l'Arc-en-ciel,  etc.  Trop  de  lu- 
mière aveugle  le  poisson,  attaque  ses  couleurs  et  devient 
pour  lui  une  cause  de  nombreuses  maladies.  L'excès  contraire 
n'est,  du  reste,  pas  moins  préjudiciable.  Une  trop  grande 
obscurité  amène  bientôt  le  dépérissement  de  la  population 
et  de  la  végétation,  et  ne  tarde  pas  à  faire  de  tous  les  bacs  de 
sombres  cloaques,  qui  ne  sont  bientôt  plus  qu'un  vaste  cime- 
tière où  s'ébattent  seuls  les  organismes  du  monde  microsco- 
pique. 

En  ce  qui  concerne  l'aménagement  intérieur  des  bassins 
d'un  aquarium,  l'observation  a  encore  conduit  à  imiter  la 
nature,  et  l'on  a  parsemé  le  fond  et  les  parois  de  ces  bassins 


42  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

de  cailloux,  de  pierres  ou  de  roches,  selon  les  dimensions, 
en  ménageant  entre  les  blocs  des  anfractuosilés  représen- 
tant, à  une  échelle  réduite,  les  crevasses  et  les  grottes  que 
l'on  trouve  dans  la  mer.  A  l'exception  des  Pleuronectes  qui 
restent  constamment  appliqués  sur  le  sable,  les  autres  pois- 
sons se  trouvent  fort  bien  de  ces  accidents  de  terrain  qui  leur 
servent  de  lieux  de  repos  et  d'abris. 

L'emploi  de  ces  dispositions  devint  bientôt  général  et  l'abus 
ne  tarda  pas  à  se  produire.  Les  rochers,  en  effet,  sortirent  de 
l'eau.  Ils  gagnèrent  les  murs,  les  plafonds,  le  sol  des  aqua- 
riums, et  les  transformèrent  en  grottes  plus  ou  moins  na- 
ture ,  plus  ou  moins  pittoresques.  Cela  ne  manqua  pas  de 
frapper  l'imagination  du  public  ignorant  transporté  ou  à  peu 
près  sur  les  bords  de  la  mer,  mais  fit  sourire  les  hommes 
instruits  qui  voyaient  donnera  une  chose  sérieuse  une  tour- 
nure enfantine  et  souvent  grotesque.  Ce  nouveau  genre  fut 
très  goûté,  bien  que  d'un  goût  douteux,  et  la  plupart  des 
aquariums  construits  depuis  cette  époque,  c'est-à-dire  depuis 
4866,  le  furent  d'après  ces  principes  d'un  art  peu  sévère. 

M.  Lloyd  s'élève  contre  ce  travers.  Il  a  raison.  N'a-t-on  en 
vue  qu'un  objet  d'amusement?  Que  l'on  construise  alors  des 
grottes,  que  l'on  ménage  des  chutes,  des  cascades,  des  cata- 
ractes même,  rien  de  mieux.  Ajoutez-y  des  chemins  escarpés, 
des  pics,  des  précipices,  des  ponts  branlants,  tout  ce  que  vous 
pourrez  imaginer.  Mettez  là  dedans  quelques  poissons,  les 
premiers  venus,  des  Ablettes  et  des  Goujons,  aussi  bien  que 
des  Carpes  et  des  poissons  rouges,  et  vous  aurez  tout  ce  que 
vous  voudrez,  excepté  un  aquarium. 

Si,  au  contraire,  vous  désirez  avoir  un  instrument  sérieux 
d'étude  et  d'observation,  écartez  tout  ce  qui  peut  nuire  à 
votre  but.  Que  l'ornementation  soit  d'un  style  sobre  et  élevé, 
que  la  circulation  soit  facile,  les  dégagements  commodes,  les 
couloirs  larges  et  frais  sans  être  froids.  Dans  ces  conditions, 
les  visiteurs,  qu'aucune  préoccupation  étrangère  ne  distraira, 
verront  avec  fruit  ce  qu'ils  viennent  voir,  c'est-à-dire  le  pois- 
son chez  lui. 

Pour  nous  résumer,  nous  énoncerons  les  principales  règles 


HISTOIRE   DES  AQUARIUMS.  43 

qui  doivent  présider  à  la  construction  et  à  l'entretien  d'un 
aquarium.  Elles  se  réduisent,  en  somme,  aux  suivantes,  qui, 
bien  appliquées,  conduiront  toujours  à  des  résultats  heu- 
reux. 

L'eau  ne  doit  jamais  être  renouvelée.  Il  faut  seulement 
compenser  la  perte  produite  par  Tévaporation.  Le  maintien 
de  l'équilibre  doit  être  demandé  exclusivement  au  mouve- 
ment et  à  l'injection  de  l'oxygène. 

L'usage  des  filtres  doit  être  rendu  inutile  par  une  sage  ap- 
plication des  deux  moyens  ci-dessus. 

Il  ne  doit  jamais  y  avoir  dans  les  bassins  une  quantité  de 
déjections  et  de  détritus  telle  qu'on  ne  puisse  la  faire  dispa- 
raître par  une  accélération  de  quelques  heures  du  système 
de  circulation  ;  ce  qui  revient  à  dire  que  la  surveillance  de 
l'appareil  ne  doit  jamais  être  négligée,  au  point  de  permettre 
une  accumulation  trop  considérable  de  matières  organiques 
en  décomposition.  Les  glaces  seules  doivent  être  nettoyées  à 
la  main. 

La  capacité  des  réservoirs  souterrains  doit  être  au  moins 
de  cinq  fois  celle  de  la  capacité  des  bacs.  Ils  doivent  être 
construits  à  une  profondeur  telle  que  leur  contenu  ne  puisse 
jamais  être  influencé  par  les  variations  thermométriques. 

On  doit  faire  un  emploi  judicieux  et  plutôt  modéré  de  la 
végétation. 

Enfin  le  choix  de  l'exposition  doit  être  l'objet  de  beaucoup 
de  soin. 

Que  si  l'on  est  dans  une  ville  d'intérieur  et  que  l'on  veuille 
avoir  un  aquarium  marin,  mais  que  l'on  soit  arrêté  par  le 
prix  du  transport  de  l'eau  de  mer,  des  expériences  nom- 
breuses ont  démontré  qu'il  est  possible  de  faire  vivre  des 
poissons  dans  une  eau  artificielle.  C'est  M.  Gosse  qui  a  signalé 
ce  fait  curieux,  et  il  a  démontré  en  outre  que  les  substances 
chimiques  trouvées  dans  l'eau  de  mer  naturelle,  telles  que  la 
chaux,  le  fer,  l'iode,  la  silice,  finissent,  au  bout  d'un  certain 
temps,  par  se  trouver  également  dans  l'eau  artificielle,  sans 
qu'on  les  y  ait  introduites  en  aucune  façon. 

Nous  nous  arrêtons,  espérant  avoir  non  pas  traité  la  ques- 


44  SOCIÉTÉ  NATIONALE  d'aCCLIMATATION. 

tion  comme  elle  mériterait  de  l'être,  mais  du  moins  indiqué 
la  voie,  et  démontré  que,  si  l'on  peut  parfois  encore  rencon- 
trer certaines  difficultés  dans  la  construction  des  aquariums, 
ce  ne  sont  plus  que  des  difficultés  d'exécution,  les  inconnues 
théoriques  étant  aujourd'hui  complètement  dégagées. 

Nous  voudrions  pouvoir  nous  flatter  que  l'avenir  nous 
amènera  la  réalisation  de  nos  vœux,  en  multipliant  de  pré- 
cieux instruments  d'études,  qui  deviendront  les  vulgarisateurs 
de  la  science  des  eaux  ainsi  que  des  sources  de  saines  distrac- 
tions pour  les  masses,  au  même  titre  que  les  musées  et  les 
bibliothèques. 

Si  les  quelques  pages  qui  précèdent,  tout  incomplètes 
qu'elles  sont,  pouvaient  avoir  une  certaine  influence  sur  la 
solution  d'un  problème  économique,  qui  de  nos  jours  mérite 
tant  de  sollicitude,  nous  nous  estimerions  trop  récompensé 
de  les  avoir  écrites. 


III.  EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  8  JANVIER  1886. 
Présidence  de  M.  Amédée  Berthoule,  Archiviste. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

iM.  le  Secrétaire  procède  au  dépouillement  de  la  correspondance. 

M.  le  Ministre  de  la  marine  et  des  colonies  adresse  un  exemplaire 

du  Catalogue  des  produits  des  colonies  établi  à  l'occasion  de  l'Exposition 
de  1878,  ainsi  qu'un  Catalogue  spécial  des  produits  naturels  des  éta- 
blissements français  dans  l'Inde. —  Remerciements. 

—  Des  demandes  de  cheptels  sont  adressées  par  MM.  de  la  Brosse, 
Chandèze,  Le  Guay,  L.  Mercier,  Le  Pelletier  de  Glatigny,  l'abbé  Daux, 
La  Peyre,  E.  Delloye,  F.  Galland,  Marcel  Cote,  L.  Dupuy,  comte  de  Mont- 
lezun,  Dupouet,  P.  Martineau,  Larrieu,  capitaine  Mengin,  marquis  de  la 
Rochejaquelein,  John  0'Neill,Brelte,  Audap,  de  Confévron,  de  Bouteyre, 
Paul  Gredy,  A.  Hiver,  l'abbé  Laborde,  de  Boussineau  et  Th.  Beliemer. 

—  M.  A.  Touchard,  des  Aulxjouannais  (Indre),  rend  compte  de  la 
situation  de  son  cheptel  de  Gervules,  et  demande  des  renseignements  au 
sujet  du  renvoi  de  ces  animaux. 

—  M.  Delaurier  aîné  annonce  que  les  Colombes  grivelées  (Leucosar- 
cia  picata)  qu'il  a  en  cheptel  ont  pondu  dans  la  saison  dernière.  Les 
jeunes  ont  été  élevés  par  des  Colombes  ordinaires  et  sont  maintenant 
(décembre  1885)  aussi  beaux  que  les  parents.  Il  est  à  croire  que  ces 
élèves  reproduiront  dès  le  printemps  de  1886. 

—  M.  Max  von  dem  Borne-Berneuchen  annonce  l'envoi  qu'il  est  chargé 
de  faire  à  la  Société,  de  la  part  de  la  Société  allemande  de  pisciculture, 
de  50000  œufs  embryonnés  de  Coregonus  marœna,  du  lac  Soldin. 

—  M.  Raveret-Wattel  signale,  d'après  un  article  publié  par  V Ottawa 
Citizen,  le  développement  donné  à  la  pisciculture  dans  les  possessions 
anglaises  du  nord  de  l'Amérique.  Le  Canada,  la  Nouvelle-Ecosse  et  le 
Nouveau  -  Brunswick  comptent  actuellement  douze  établissements  de 
pisciculture,  dans  lesquels  ont  été  mis  en  incubation,  pour  la  présente 
campagne,  68  000000  d'oeufs  de  Saumon,  de  Truites  et  de  Corégones  de 
différentes  espèces. 

—  M.  Berthéol  prie  la  Société  de  vouloir  bien  mettre  à  sa  disposition 
des  alevins  de  Biack-Bass,  et  demande,  en  outre,  à  prendre  part  aux 
distributions  d'oeufs  ou  d'alevins  d'espèces  exotiques  qui  pourraient  être 
faites.  Notre  collègue  ajoute  qu'il  dispose,  dans  la  vallée  d'Yères,  d'un 
bras  de  fausse-rivière  dans  lequel  il  lui  est  facile  de  s'occuper  de  l'éle- 
vage du  poisson. 

—  M.  Boby  de  la  Chapelle,  de  Champloret,  par  Sainl-Servan  (Ule-et- 
Vilaine),  adresse  une  demande  d'alevins  de  Saumon  de  Californie. 

—  En  remerciant  de  l'envoi  qui  lui  est  annoncé  d'un  lot  d'œufs  de 


46  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'AGCLIMATATION. 

Truite  des  lacs,  M.  Després,  de  Nanleuil-en-Vallée,  fait  connaître  qu'il 
compte  adresser  prochainement  à  la  Société  un  rapport  sur  ses  travaux 
de  pisciculture  en  1885,  et  notamment  sur  les  résultats  qu'il  a  obtenus 
dans  l'élevage  du  Salmo  fontinalis. 

—  M.  le  Président  de  la  Société  Linnéenne  de  nord  de  la  France,  à 
Amiens,  adresse  une  demande  d'œufs  de  Salmonidés. 

—  M.  le  marquis  de  Scey  de  Brun  fait  parvenir  de  nouveaux  renseigne- 
ments sur  le  laboratoire  de  pisciculture  qu'il  a  récemment  installé  à 
Scey-en-Varais,  près  Ornans  (Doubs),  et  dans  lequel  il  peut  mettre  en 
incubation  100  000  œufs  de  Truite.  Notre  collègue  saisit  cette  occasion 
pour  prier  la  Société  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  les  distribu- 
tions d'œufs  de  Salmonidés  qu'il  lui  serait  possible  de  faire. 

—  M.  Mailles  adresse  la  note  suivante  :  «  J'ai  lu  dans  le  Bulletin  de 
septembre  dernier  les  lettres  de  MM.  Laisnel  de  la  Salle  et  Cornély.  Je 
crois  devoir  y  répondre. 

3»  Tout  d'abord,  je  tiens  à  remercier  M.  Laisnel  de  la  Salle  de  l'impor- 
tance qu'il  attache  à  mes  appréciations,  relativement  aux  Bana  mugiens. 

ï  Je  déclare  avec  franchise  que  la  communication  de  M.  Laisnel  de  la 
Salle  m'a  surpris.  En  effet,  notre  collègue  ayant  fait,  au  commencement 
de  l'année,  une  très  amusante  histoire  de  Grenouilles-Bœufs,  je  pensais 
que,  lorsqu'il  traiterait  à  nouveau  ce  sujet,  ce  serait  pour  y  apporter  des 
éléments  nouveaux.  Il  n'en  est  rien.  La  question  de  savoir  si  ces  batra- 
ciens se  sont  reproduits  ou  non  au  Bois  de  Boulogne  n'a  pas  fait  un  pas 
en  avant.  Bien  au  contraire,  d'après  des  renseignements  que  je  liens  de 
M.  Laisnel  de  la  Salle,  et  qu'il  a  oublié,  ce  qui  est  très  regrettable,  de 
mentionner  dans  sa  lettre,  la  susdite  question  a  fait  un  pas  en  arrière. 
—  Je  m'explique. 

»  J'ai  eu  l'honneur  de  visiter  le  charmant  petit  jardin  que  notre  col- 
lègue possède  à  Neuilly,  et  oîi  ont  vécu  les  fameuses  Grenouilles  qui 
sont  la  cause,  involontaire,  j'en  suis  convaincu,  des  discussions  et  des 
chocs  d'où  jaillit  l'obscurité. 

»  Donc  M.  Laisnel  de  la  Salle,  après  m'avoir  raconté  tout  ce  que  nos 
collègues  connaissent,  m'avance  certains  faits  qui,  ainsi  qu'il  est  dit  plus 
haut,  ne  sont  pas  mentionnés  dans  sa  lettre.  Mes  lecteurs  pourront 
juger  mieux,  ensuite,  cette  phrase  de  M.  Laisnel  de  la  S.ille  :  «  Ainsi  le 
»  fait  est  indéniable  »  (le  fait  de  la  reproduction  de  Rana  mugiens  au 
Bois  de  Boulogne). 

»  1°  Cette  année  (1885),  il  n'a  pas  été  possible  de  trouver  un  seul  têtard 
de  Bœuf,  bien  que  notre  collègue  ait  ofl'ert  aux  gardes  et  autres  agents 
du  Bois  une  prime  de  5  francs  par  tète. 

»  2"  M.  de  la  Salle  a  écrit  son  spirituel  travail  sur  les  Grenouilles- 
Bœufs  longtemps  après  qu'il  ne  les  possédait  plus,  entièrement  de  mé- 
moire, n'ayant  pris  aucune  note. 

»  3"  11  en  résulte,  entre  autres  inconvénients,  que  le  passage  où  il  est 


PROCÈS-VERBAUX.  47 

dit  que  les  jeunes  Grenouilles  mugissaient  dès  l'année  qui  a  suivi  celle 
de  leur  transformation  a  été  reconnu  inexact  par  son  auteur,  sur  l'obser- 
vation que  j'en  fis. 

î  Pourquoi  ces  trois  révélations  très  importantes  ne  figurent-elles  pas 
dans  la  lettre  parue  au  i??t//ef  m?  Quant  aux  témoignages  des  gardes,  etc., 
que  M.  de  la  Salle  nous  ofïre,  je  ne  pense  pas  qu'ils  puissent  servir  à 
grand'clîose.  Celui  de  notre  confrère  est  bien  préférable,  et  pourtant  il 
ne  peut,  à  mon  avis,  suffire,  même  additionné  de  tous  les  cautionnements 
que  pourraient  fournir  des  personnes  étrangères  à  l'erpétologie.  Je  n'ai 
jamais  révoqué  en  doute  la  bonne  foi  et  l'honorabilité  de  M.  Laisnel  de 
la  Salie,  pas  plus  que  celle  des  personnes  qu'il  propose  de  faire  témoi- 
gner. J'ai  expliqué  bien  souvent  ce  qui  a  pu  faire  croire,  peut-être  à 
tort,  à  l'existence  de  Têtards-Bœufs  dans  les  eaux  du  lac  Saint-James; 
je  n'ai  pas  à  y  revenir. 

»  Je  n'ai  pas  nié  que  les  Rana  mugiens  aient  reproduit  au  Bois  de 
Boulogne,  mais  j'ai  nié,  et  je  nie  encore,  que  ce  fait  ait  été  prouvé.  Il  le 
sera,  pour  l'avenir  bien  entendu,  car  pour  le  passé  ce  n'est  plus  pos- 
sible, les  Têtards- Bœufs,  ou  ceux  du  Pelobates  fuscus,  ne  se  trouvent 
plus  dans  ce  lac;  il  le  sera,  dis-je,  quand  quelqu'un  nous  montrera  de 
ces  larves  vivantes,  ici  même,  à  la  troisième  Section,  où  ceux  des  membres 
compétents  pourront  les  déterminer;  quand,  enfin,  les  récits  concernant 
l'élevage,  la  transformation,  etc.,  seront  écrits  d'après  des  notes  prises  au 
jour  le  jour,  dans  un  style  prouvant,  par  ses  expressions,  que  leur  auteur 
connaît  assez  les  batraciens  annoncés  pour  ne  pas  faire   de   confusion. 

»  Pour  ce  qui  concerne  mes  déclarations  sur  l'installation  de  ces  ani- 
maux au  Jardin  d'Acclimatation  en  hiver  et  au  printemps  1885,  je  les 
maintiens  absolument.  Ici  encore  la  mémoire,  non  secondée  par  des 
notes,  de  iM.  Laisnel  de  la  Salle  l'a  mal  servi.  Actuellement  les  Rana 
mugiens  courent  librement  dans  le  parc  aux  Pingouins,  et  non  moins 
librement  dans  la  campagne,  quand  elles  le  veulent.  Évidemment,  on  en 
prendra  encore  souvent  au  Bois.  Mais  au  commencement  de  l'année, 
l'enclos  dont  j'ai  parlé  existait  encore  et  renfermait  des  Grenouilles- 
Bœufs.  Il  a  été  défoncé,  comme  je  l'ai  dit,  puis  retiré  plus  tard.  Tous 
ces  faits,  d'autres  que  moi,  d'ailleurs,  les  ont  constatés,  et  ici  point  n'est 
besoin  de  connaissances  spéciales  pour  témoigner  utilement. 

»  M.  Cornély,  qui  possède  de  grosses  Grenouilles  dans  son  parc  de 
Beaujardin,  veut  bien,  lui  aussi,  me  faire  l'honneur  de  prendre  en  con- 
sidération les  observations  que  j'ai  présentées  à  l'occasion  des  repro- 
ductions de  Rana  mugiens  signalées  de  divers  côtés. 

>  Je  ne  puis  répondre  que  ceci  à  M.  Gornély  :  Quelles  sont  les  Gre- 
nouilles qu'il  élève  ?  Il  en  a,  dit-il,  trois  espèces.  Y  a-t-il  parmi  des 
Rana  mugiens  ? 

>  Notre  confrère  parle  d'énormes  têtards  qu'il  a  vus  dans  sa  propriété. 
Sont-ce  ceux  du  Pelobates  cultripes ,   ou  bien  pense-t-il  qu'ils  pro- 


48  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D* ACCLIMATATION. 

viennent  de  ses  Grenouilles,  dont  il  ne  sait  pas  le  nom.  Car  s'il  y  en  a  trois 
espèces,  à  la  rigueur  l'une  d'elles  pourrait  être  le  Rana  mugiens,  il  est 
vrai.  Mais  rien  n'indique  que  les  têtards  énormes  en  proviennent.  Si 
M.  Cornéty  veut,  ou  peut  me  fournir  les  renseignements  ci-dessus,  j'en 
serai  charmé.  S'il  peut  aussi  fournir  de  ses  têtards  vivants,  ce  sera  en- 
core mieux. 

»  A  mon  avis,  le  Rana  mugiens  pourrait  parfaitement  vivre  et  repro- 
duire en  France.  Au  Bois  de  Boulogne  les  conditions  sont  défavorables, 
comme  situation  et  provenance  des  sujets  qui,  échappés  du  Jardin  zoo- 
logique, où  ils  ont  langui  et  souffert  plus  ou  moins  longtemps,  doivent 
être  peu  ou  pas  aptes  à  la  multiplication.  Au  parc  de  Beaujardin ,  au 
contraire,  les  conditions  sont  excellentes.  Il  me  paraît  facile  d'y  avoir  de 
bons  résultats;  peut-être  même  ont-ils  déjà  été  obtenus.  Je  clos  ici  cette 
trop  longue  communication  en  souhaitant  vivement  que  M.  Cornély,  ama- 
teur distingué,  veuille  bien  nous  fournir  à  ce  sujet  les  éclaircissements 
nécessaires. 

»  En  attendant,  je  déclare  que,  à  moins  de  faits  nouveaux  et  intéres- 
sants, de  preuves  irréfutables  comme  celles  fournies  par  l'envoi  de 
Têtards-Bœufs  vivants,  je  ne  m'occuperai  plus  de  cette  question  de  la 
reproduction  des  Rana  mugiens  en  France.  » 

—  Le  Conseil  ayant,  pour  satisfaire  au  désir  exprimé  par  la  troisième 
Section,  adressé  aux  préfets  une  circulaire  leur  demandant  des  rensei- 
gnements sur  la  situation  de  la  pisciculture  dans  leurs  départements, 
MM.  les  préfets  de  l'Aube,  de  l'Ariège,  de  la  Charente,  de  la  Creuse,  du 
Finistère,  de  Meurthe-et-Moselle,  du  Morbihan,  du  Nord,  de  la  Haute- 
Savoie,  du  Var  et  de  Vaucluse  font  parvenir  des  réponses  aux  questions 
qui  leur  ont  été  posées. 

—  M.  Mailles  demande  que  son  travail  concernant  la  culture  dans  la 
Mousse  soit  soumis  à  l'examen  de  la  Commission  des  récompenses. 

—  MM.  Adrien  Bourgarel  et  Mathieu  Boisson  adressent  une  note  sur 
les  plantations  d'Eucalyptus,  faites  à  la  villa  Sainte-Marguerite,  et  sur 
l'utilisation  industrielle  de  ces  plantations  : 

»  C'est  en  1865,  au  mois  de  février,  que  M.  Bourgarel  planta  pour  la 
première  fois  cinq  Eucalyptus  globulus  originaires  du  jardin  du  Hanima, 
à  Alger.  11  n'existait  jusqu'alors,  dans  la  région  de  Toulon,  aucune  plan- 
tation d'Eucalyptus. 

»  Dès  la  première  année,  la  végétation  des  arbustes  fut  si  luxuriante 
que  M.  Bourgarel  n'hésita  pas  à  continuer  les  plantations. 

»  A  l'aide  de  graines  variées  rapportées  d'Australie  par  l'amiral  Chai- 
gneau,  les  premiers  semis  comprirent  une  assez  grande  variété.  Entre 
autres,  nous  citerons  au  premier  rang  le  Globulus,  puis  VAmygdalina, 
le  Colossea,  le  Goniocalyx,  le  Leucoxylon,  le  Piperita,  le  Robusta, 
le  Rostrata,  le  Viminalis. 

»  Moyennant  quelques  soins,  lors  du  premier  empotage,qui  se  fait  dans 


PROCÈS-VERBAUX.  49- 

de  petits  godets,  les  semis  réussirent  constamment  bien,  et  bientôt 
l'étendue  de  la  plantation  atteignit  la  superficie  de  3  hectares,  étendue 
qu'elle  occupe  aujourd'hui  et  qui  est  en  voie  d'accroissement. 

»  La  hauteur  des  Eucalyptus  est  en  moyenne  de  20  à  25  mètres;  un 
certain  nombre  atteignent  30  mètres,  et  quelques-uns  même  semblent 
dépasser  cette  hauteur.  Les  plus  gros  mesurent  2  mètres  de  circonfé- 
rence à  la  base,  et  tous  présentent  l'aspect  d'une  végétation  si  luxuriante 
que  le  poids  moyen  des  branches  chargées  de  feuillage  est  de  50  kilo- 
grammes, tandis  que  leur  longueur  dépasse  5  mètres. 

»  Les  arbres  de  notre  plantation  de  Sainte-Marguerite  ont  déjà  donné 
lieu  à  plusieurs  tailles  très  sérieuses,  ne  laissant  qu'un  tronc  de  quel- 
ques mètres  de  hauteur  et  complètement  dépouillé  de  branches.  Malgré 
la  sévérité  de  ces  tailles,  les  Eucalyptus  qui  y  ont  été  soumis  dévelop- 
paient déjà  l'année  d'après  des  branches  de  3  mètres  de  long  chargées 
de  feuillage. 

ï  Si  nous  ajoutons  que  la  plantation  est  située  dans  des  terrains  schis- 
teux, sur  le  bord  de  la  mer,  et  qu'elle  n'est  arrosée  que  par  les  pluies 
naturellement  très  rares  en  Provence,  sans  que  les  arbres  aient  d'ail- 
leurs jamais  souffert  de  la  sécheresse,  nous  aurons  donné,  croyons-nous, 
tous  les  détails  intéressants  sur  la  plantation  elle-même.  » 

—  M.  Hédiard  présente  des  bulbilles  de  Dioscorea  bulbifera  remar- 
quables par  leur  grosseur.  Six  de  ces  bulbilles  forment  un  poids  de 
1^3,500,  et  le  plus  gros  d'entre  eux  pèse,  à  lui  seul,  350  grammes.  Fari- 
neux et  d'un  goût  agréable,  ces  bulbilles  se  font  cuire  et  se  préparent 
comme  les  rhizomes  d'Ignames.  La  plante  paraîtrait  pouvoir  être  culti- 
vée avantageusement  dans  notre  Midi,  car  elle  donne  des  produits  même 
sous  le  climat  de  Paris,  ainsi  que  l'ont  montré  les  essais  faits  l'année 
dernière  à  Grignon  par  M.  Uybowski. 

—  M.  le  Secrétaire  général  demande  si  les  racines  ont  autant  de  pro- 
fondeur que  celles  du  Dioscorea  batatas- 

—  M.  Hédiard  répond  que,  sous  ce  rapport,  les  deux  plantes  sont  sem- 
blables. 

Notre  collègue  met  également  sous  les  yeux  de  l'assemblée  des 
fruits  de  Luffa  cylindrica  et  de  L.  acutangula,  cucurbitacées  dont 
l'une,  la  dernière,  connue  dans  l'Inde,  à  Maurice,  à  la  Réunion,  etc., 
sous  le  nom  de  Pipengaille,  est  très  estimée  des  créoles,  qui  la  pré- 
fèrent à  l'Aubergine.  Quant  à  l'autre  espèce,  le  fruit  en  est  revêtu  d'une 
écorce  toute  particulière,  dont  le  tissu  léger  et  souple  la  rend  propre  à 
divers  usages  domestiques. 

—  En  remerciant  M.  Hédiard  de  cette  présentation  de  produits  exo- 
tiques, M.  le  Président  signale  l'intérêt  qui  s'attache  à  de  semblables 
communications,  particulièrement  propres  à  faire  connaître  nos  colonies 
et  les  ressources  qu'elles  présentent. 

—  M.  Pichot  présente  à  l'assemblée  une  nappe  de  peaux  de  Maras 

4"  SÉRIE,  T.  III.  —  Janvier  1886.  4 


50  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'ACCLIMATATION. 

qu'il  a  reçue  du  Gliili.  Le  poil,  comparable  à  celui  du  Chevreuil,  paraît 
être  un  peu  cassant.  Si  le  Mara  peut  arriver  à  se  reproduire  abondam- 
ment chez  nous,  c'est  probablement  surtout  comme  animal  alimentaire 
qu'il  présentera  un  véritable  intérêt. 

—  M.  Jules  Grisard  dépose  sur  le  bureau,  de  la  part  du  R.  P.  Cam- 
l)Oué,  missionnaire  apostolique  à  Madagascar,  plusieurs  échantillons  de 
Saturnia  suraka  et  de  Borocera  Madagascar iemis.  Le  zélé  corres- 
pondant de  la  Société  a  constaté  qu'un  de  ces  deux  Lépidoptères  séri- 
cigènes,  le  Borocera,  peut  vivre  sur  VEucalyptus.  C'est  un  renseigne- 
ment utile  à  enregistrer,  car  il  permet  d'es|)érer  qu'on  pourra  élever 
cette  espèce  dans  le  midi  de  la  France.  Le  R.  P.  Camboué  annonce  l'en- 
voi prochain  de  spécimens  de  VUrania  ripheus,  qui  est  certainement 
le  plus  beau  Lépidoptère  connu. 

Un  échantillon  de  cette  magnifique  espèce,  obligeamment  communiqué 
par  M.  Fallou,  est  mis  sous  les  yeux  de  l'assemblée. 

Revenant  ensuite  sur  la  comiimnication  faite  par  M.  Hédiard, 
M.  l'Agent  général  signale  la  possibilité  de  cultiver  sous  le  climat  de 
Paris  le  Luffa  acutangula,  plante  dont  il  présente  un  fruii  récolté  à 
Crosne  (Seine-et-Oise)  par  notre  collègue  M.  Paillieux.  Le  fruit  de  cette 
espèce  est,  comme  celui  du  Luffa  cylindrica,  connu  sous  le  nom  de 
«  Courge  à  torchon  ». 

—  iM.  Raveret-Wattel  rend  compte  du  concours  d'ostréiculture  qui  a 
eu  lieu  récemment  au  Palais  de  l'Industrie,  pendant  1'  «  Exposition  du 
Travail»,  et  pour  lequel  il  avait  été  nommé  membre  du  jury.  Il  pré- 
sente, à  cette  occasion,  un  aperçu  de  la  situation  actuelle  de  l'ostréicul- 
ture en  France,  et  signale  diverses  mesures  à  prendre  dans  l'intérêt  du 
développement  de  cette  industrie,  entre  autres  un  abaissement  dos  droits 
d'octroi  et  des  tarifs  de  transport. 

—  M.  Hédiard  estime  que,  non  seulement  pour  les  Huîtres,  mais  en- 
core pour  une  foule  de  produits,  il  serait  très  utile  d'obtenir  des  prix 
moins  élevés  que  le  tarif  actuel  pour  des  envois  peu  importants.  On 
n'obtient  actuellement  de  réduction  dans  les  frais  de  transport  qu'à  la 
condition  de  faire  des  envois  considérables,  ce  qui  est  préjudiciable  au 
petit  producteur  aussi  bien  qu'au  consommateur. 

—  M.  Camille  Dareste  rend  compte  d'expériences  très  intéressantes  qu'il 
a  récemment  faites  concernant  l'action  nuisible  des  bruits  continus  sur 
l'incubation  des  œufs  de  Poule.  Les  vibrations  produites  par  un  appareil 
régulateur  de  la  température,  dans  les  couveuses  artificielles,  ont  suffi 
pour  faire  périr,  vers  le  septième  ou  le  huitième  jour,  les  embryons  de 
presque  tous  les  œufs  (7  sur  8)  mis  en  observation  dans  un  incubateur 
(voy.  au  Bulletin). 

—  M.  le  Secrétaire  général  annonce  à  l'assemblée  que  le  siège  de  la 
Société  sera  très  prochainement  transféré  au  n"  41  de  la  rue  de  Lille,  oii 
se  prépare  une  installation  à  la  fois  plus  spacieuse  et  plus  commode  que 


PROCÈS-VERBAUX.  51 

le  local  actuel.  Le  nouvel  immeuble  qu'a  fait  construire  la  Société  com- 
prend, outre  les  bureaux  et  la  salle  des  séances,  des  salles  spécialement 
affectées  aux  réunions  du  Conseil,  à  celles  des  différentes  Sections  et 
enlin  une  bibliothèi|ue  formant  salle  de  lecture. 

—  A  l'occasion  d'une  lettre  mentionnée  dans  la  correspondance  et  re- 
lative à  des  Eucalyptus  qui,  recépés,  paraissent  n'avoir  nullement  souf- 
fert de  l'opération  et  donnent  des  pousses  extrêmement  vigoureuses, 
M.  le  Secrétaire  général  signale  que  cette  expérience  a  été  déjà  très 
souvent  faite  au  Jardin  d'Acclimatation  d'Hyères.  Des  Eucalyptus  de 
sept  à  huit  ans  et  de  30  à  40  centimètres  de  diamètre,  coupés  au  niveau 
du  sol,  repoussent  avec  une  vigueur  telle  qu'il  est  impossible,  au  bout 
de  quelques  années,  de  distinguer  les  arbres  ayant  subi  l'opération  de 
ceux  qu'on  a  laissés  croître.  Aussi  n'hésite-t-on  pas  aujourd'hui  à  em- 
ployer ce  moyen  pour  rectifier  la  croissance  de  certains  sujets  laissant 
à  désirer  sous  le  rapport  de  la  forme. 

—  Enfin  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  communique  d'intéressantes  obser- 
vations faites  au  Jardin  d'Acclimatation  du  Bois  de  Boulogne  sur  la  rus- 
ticité du  Mara,  (|ui  a  supporté  des  froids  de  21  degrés  pendant  l'hiver 
1879-1880,  et  qui,  sans  abri,  tapi  dans  la  neige,  a  parfaitement  résisté 
à  cette  épreuve.  M.  le  Secrétaire  général  ajoute  que  de  nouvelles  impor- 
tations permettront  sans  doute  prochainement  d'obtenir  chez  nous  la  mul- 
tiplication rapide  du  Mara,  qui,  s'il  n'est  pas  destiné  à  devenir  un  ani- 
mal de  chasse,  sera  tout  au  moins  un  animal  de  grand  parc,  et  qui, 
chassé  par  des  Briquets  ou  des  Bassets,  donnera  un  tiré  des  plus  inté- 
ressants. 

—  En  levant  la  séance,  qui  doit  être  la  dernière  dans  le  local  actuel, 
M.  le  Président  exprime  le  vœu  que  la  prospérité  conquise  par  la  Société 
dans  son  ancienne  résidence  se  continue  dans  la  nouvelle,  et  qu'elle  se 
continue  aussi  brillante  que  nos  aspirations  nous  la  font  désirer. 


SEANCE  GÉNÉBALE  DU  22  JANVIER  1886. 
Présidence  de  M.  le  manjuis  de  Sinéty,  Vice-Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms    des  membres  nouvellement 
admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

» 

M.  PRÉSENTATEURS. 

Bergman  (Ernest),  secrétaire  de   la  Société      E.  Glatigny. 
nationale  d'horticulture  de  France,  château  '  Jules  Grisard. 
do  Ferrières  (Seine-et-Marne).  '  Ch.  Joly. 


52  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

„„  ,    (  A.  Berlhoule. 

DoRMEUiL  (Auguste),  négociant,  38,  rue  de  \  ^    paiHieux 

Lisbonne,  à  Paris.  [  Have'ret-Wa'ltel. 

.,    ,  V  .  1    /^        >-.       .   of-   (  •'•  Fromage. 

Flers  (H.  de),  avocat  a  la  Cour  d  Appel,  do,  \  .    „     «•      c  •  .  u-i  • 

^    ,     '.      ,  -^    .  f r    '      '  )  A.GeoffroYSaint-Hilaire. 

rue  de  nertiii,  a  Pans.  I  i    r  ■       i 

(  J.  Grisard. 

,  ,      „        .  ,  T^      f  A.  Berthoule. 

Leroy  (Arnould),  Sous-inspecleur  des  Do-  \  .,  ,^.       , 

.         .  ^        ,,,    .  .  .,  I  Maurice  Girard, 

uiaines,  a  Oran  (Algérie).  /  ,   ,      p  .       , 

'  ^    °  V  Jules  Grisard. 

Mézières    (Gustave),    ancien    secrétaire    au  [  Jules  Grisard. 

Conseil  d'État,  avocat,  57,  boulevard  Mont-  |  Paillieux. 

parnasse,  à  Paris.  (  Raveret-Wattel. 

'    (^li    OfisljrossG 
OCDINÉ  (Ernest),  propriétaire,  59,  rue  d'Ams-  \   ,^  g^^^^^^,  Sa.nt-Hilaire. 

terdam,  à  Pans.  (  Saiut-Yves  Ménard. 

—  M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique,  des  beaux-arts  et  des 
cultes  adresse  une  note  du  Comité  des  travaux  historiques  et  scienti- 
fiques, indiquant  divers  sujets  d'études  pour  le  Congrès  des  sociétés 
savantes  en  1886. 

—  M.  P.  Vidal,  de  Chalabre  (Aude),  adresse  deux  exemplaires  d'un 
almanach  qu'il  publie  sous  le  titre  de  :  Petit  annuaire  des  découvertes 
ou  inventions  et  antres  connaissances  utiles. 

—  M.  Maurice  Le  Pelletier  rend  compte  de  la  perte  d'une  des  femelles 
de  son  cheptel  de  Cerf  Cochon. 

—  M.  E.  Viéville  annonce  que  la  femelle  de  Bernache  de  Sandwich, 
qu'il  avait  en  cheptel,  vient  de  mourir. 

—  M.  Paul  Martineau  fait  également  connaître  qu'il  vient  de  perdre 
la  femelle  de  son  couple  de  Colombes  Lumachelles. 

—  M.  Albouy,  conducleur  des  ponts  et  chaussées  à  Ouillan,  annonce 
qu'il  vient  de  recevoir  les  cinq  mille  œufs  de  Saumon  que  la  Société  lui 
a  fait  expédier  pour  servir  à  des  essais  d'empoissonnement  de  l'Aude. 
Ces  œufs  sont  arrivés  en  bon  état. 

—  M.  Berthoule  accuse  réception  et  remercie  de  l'envoi  d'œufs  de 
Coregonus  marœna  qui  lui  a  été  fait. 

—  M.  Wagner,  régisseur  de  l'établissement  de  pisciculture  de  Bouzey 
(Vosges),  écrit  à  M.  l'Agent  général  :  «  J'ai  l'honneur  de  vous  accuser 
réception  des  12  500  œufs  de  Coregonus  marœna,  qui  sont  arrivés  en 
très  bel  état,  le  10  janvier,  et  qui  ont  été  mis  en  incubation  dès  leur 
arrivée.  Je  vous  remercie  de  cet  envoi,  dont  on  aura  le  plus  grand  soin, 
et  vous  serais  bien  reconnaissant  si  vous  pouviez  m'envoyer  des  œufs 
de  Saumon  de  Californie. 

»  Nos  reproducteurs  de  Salmo  fontinalis,  provenant  des  œufs  que 


PROCÈS-VERBAUX.  53 

vous  nous  avez  envoyés,   prospèrent  bien   et  nous   ont   produit   cette 
année-ci  3000  œufs, 

»  On  commence  à  voir  et  à  pêcher  des  Coregonus  marœna  de  25  à 
30  centimètres  de  longueur  dans  les  réservoirs  de  Bouzey  et  du  canal  de 
Wassy  à  Saint-Dizier,  provenant  de  nos  alevins.  En  outre,  M.  le  maire 
de  Gérardmer  m'a  signalé  la  présence  de  Feras  et  de  C.  marœna,  pro- 
venant de  nos  alevins,  dans  le  lac  de  Gérardmer.  » 

—  M.  Raveret-Wallel  signale  un  article  de  \sl  Bayerische  Fischerei- 
Zeitung,  faisant  connaître  que  le  Reichstag  vient  de  voter  un  crédit  de 
100  000  marks  pour  encouragements  aux  pêcheries  maritimes  alle- 
mandes. La  même  assemblée  a  renvoyé  à  l'examen  de  la  Commission 
du  budget  une  demande  tendant  à  faire  porter  à  30  000  marks  (au  lieu 
de  20  000)  la  subvention  allouée  à  la  Société  de  pisciculture. 

—  M.  de  Confévron,  de  Flagey  (Marne),  fait  connaître  qu'en  raison  de 
l'époque  de  l'année,  il  lui  est  impossible  d'envoyer  à  la  Société  des  Écre- 
visses  alteintes  de  la  maladie.  «  Pour  le  moment,  écrit  notre  collègue,  je 
ne  puis  qu'ajouter  les  remarques  suivantes  à  mes  explications  antérieures  : 
au  début  de  la  maladie,  beaucoup  de  sujets  ont  la  carapace  très  dure  et 
couverte  d'un  angobe  calcaire,  rugueux,  gris  et  (lui  pourrait  être  la 
gangue  dans  laquelle  s'enferme  un  parasite.  Mais  ce  symptôme  n'est  pas 
général  ;  le  plus  grand  nombre  des  malades  deviennent  de  suite  flas- 
ques, leur  carapace  pâlit  successivement  jusqu'au  blanchâtre,  et,  peu 
avant  la  mort,  devient  couleur  peau  d'oignon.  » 

—  MM.  les  préfets  de  l'Ain,  de  r.\rdèche  et  de  la  Haute-Loire  adres- 
sent, en  ce  qui  concerne  leurs  départements,  les  renseignements  dont 
l'envoi  leur  a  été  demandé  relativement  à  la  pisciculture  et  au  repeu- 
plement des  cours  d'eau. 

—  iM.  Alfred  Wailly,  de  Norbiton  (Angleterre),  adresse  un  'travail 
sur  les  Lépidoptères  séricigènes  sauvages. 

—  M.  Raveret-Wattel  dépose  sur  le  bureau,  de  la  part  de  M.  Dan- 
nevig,  directeur  du  laboratoire  de  pisciculture  marine  de  Flôdevig,  près 
Arendal  (Norvège),  plusieurs  brochures  relatives  aux  travaux  entrepris 
dans  cet  établissement. 

—  M.  Maurice  Girard  présente  un  travail  dans  lequel  M.  Jules  Fallou 
rend  compte  de  diverses  éducations  de  Bombyciens  séricigènes  faites  à 
Champrosay  (Seine-et-Oise),  en  1885  (voy.  au  Bulletin). 

—  M.  le  Président  fait  ressortir  l'intérêt  que  présente  ce  travail,  et 
exprime  l'espoir  que  M.  Fallou  voudra  bien  continuer  à  nous  tenir  au 
courant  du  résultat  de  ses  efforts. 

—  M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  d'une  noie  de  M""*  Lagrénée 
sur  l'utilisation  industrielle  du  poil  de  Lapin  angora;  il  communique  à 
cette  occasion  plusieurs  lettres  adressées  sur  la  même  question  par 
M.  Jacquier,  de  Buisson-Saint-Innocent,  près  Aix-les-Bains,  et  par  M.  Pa- 
tard-Chalelain,  de  la  Ferté-Macé  (voy.  au  Bulletin). 


54-  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  dépose  ensuite  sur  le  bureau  un  travail  de 
M.  Noordliœck-Hegt,  propriétaire  de  l'établissement  de  pisciculture 
d'Apeldorn,  près  Amsterdam.  Ce  travail  renferme  d'intéressants  rensei- 
gnements sur  les  résultats  remarquables  obtenus  en  Hollande,  au  moyen 
tant  d'une  surveillance  active  de  la  pèche  que  d'opérations  d'empois- 
sonnement bien  conduites  (voy.  au  Bulletin).  En  même  temps  qu'il 
adresse  ce  travail,  M.  Noordœck-Hegt  veut  bien  mettre  à  notre  disposi- 
tion 10  000  œufs  de  Salmo  fontmolis,  heureux,  ajoute-t-il,  de  témoi- 
gner ainsi  sa  reconnaissance  à  la  Société  pour  la  part  importante  qu'elle 
a  prise  à  l'introduction  en  Europe  de  cette  précieuse  espèce  améri- 
caine. 

M.  le  Secrétaire  général  constate  avec  satisfaction  cet  hommage 
rendu,  en  pays  étranger,  aux  efforts  poursuivis  par  la  Société.  «  Si  la 
France,  dit-il,  est  un  des  pays  où  l'on  se  livre  le  moins  à  la  pisciculture 
vraiment  fructueuse,  quelques  personnes,  comme  M.  Noordœck-Hegt, 
se  souviennent  que  c'est  en  France  que  cette  science  est  née,  que  c'est 
dans  le  laboratoire  du  Collège  de  France  qu'elle  a  pris  naissance,  et  que 
c'est  en  grande  partie  par  la  Société  d'Acclimatation  qu'elle  a  été  vul- 
garisée. » 

Enfin,  M.  le  Secrétaire  général  rend  compte  du  désir  exprimé  par 
Son  Excellence  le  gouverneur  général  du  Turkestan,  d'introduire  dans 
ce  pays  les  Vers  à  soie  de  l'Ailanle  et  du  Ricin,  et  de  l'envoi  qui  lui  a 
été  fait,  par  suite  d'une  erreur,  de  cocons  d'Attacus  cynthia  et  Pernyi. 
Le  Chêne  n'existant  pas  dans  le  Turkestan,  l'élève  de  VAttacus  Pernyi 
y  présente  une  difficulté  spéciale.  Ou  espère  toutefois  mener  à  bien  une 
éducation,  grâce  à  déjeunes  plants  de  Chênes  cultivés  à  cette  intention. 
Il  convient  de  rappeler,  d'ailleurs,  qu'à  différentes  reprises  des  résultats 
satisfaisants  ont  été  obtenus  en  donnant  aux  jeunes  Vers  des  feuilles  de 
Charme  ou  d'Aubépine,  et  ce  fait  a  été  porté  à  la  connaissance  de  M.  le 
gouverneur  du  Turkestan. 

—  M.  Pichot  donne  lecture  d'une  iiote  de  M.  le  comte  de  Montlezun 
sur  la  Bernache  de  Magellan  (voy.  au  Bulletin). 

—  A  l'occasion  de  celte  communication,  iM.  le  Secrétaire  général 
donne  des  détails  intéressants  sur  l'espèce  d'apprivoisement  dont  parais- 
sent susceptibles  certains  oiseaux,  d'un  naturel  habituellement  très 
sauvage  au  moment  de  la  nidification. 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  rend  compte  ensuite  de  la  naissance  récem- 
ment obtenue,  au  Jardin  d'Acclimatation,  d'un  Tapir  d'Amérique,  et  si- 
gnale l'intérêt  que  présente  ce  fait  au  point  de  vue  climatologique. 

Le  Secrétaire  des  séances, 
C.  Raveret-Wattel. 


IV.    EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES  SECTIONS 


PREMIÈRE  SECTION. 

SÉANCE  DU  10  NOVEMBKE   1885. 
Présidence  de  M.  Deckoix,  Président. 

M.  Daulreville,  secrétaire,  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  réu- 
nion. 

M.  Mailles  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la  dernière  séance,  en 
l'absence  de  M.  le  secrétaire,  empècbé.  —  Adopté. 

M.  Joly  demande  la  parole  à  l'occasion  du  procès-verbal.  Notre  col- 
lègue regrette  vivement  de  n'avoir  pas  été  compris  dans  la  distinction 
qu'il  a  cherché  à  établir  entre  les  Léporidcs  hybrides  et  non  hybrides. 

M.  Joly  exprime  l'opinion  qu'il  iloil  èlre  fort  difficile,  sinon  impossible, 
d'obtenir  des  produits  issus  des  espèces  Lièvre  et  Lapin,  vu  l'éloigne- 
ment  spécifique  de  ces  animaux,  leur  reproduction  si  différente,  tant  en 
ce  qui  concerne  la  durée  de  la  gestation  que  le  développement  des 
jeunes  lors  de  la  mise  bas.  En  terminant,  M.  Joly  déclare  que,  dans  un 
concours,  un  Léporide-Lapin,  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  lapin,  élevé  chez, 
lui  et  exposé  par  un  de  ses  amis,  a  été  primé  (l^""  prix). 

M.  Mailles  partage  les  doutes  de  M.  Joly  relativement  à  la  possibilité 
d'obtenir  des  Léporides  hybrides.  Mais,  ajoute  M.  Mailles,  ce  point,  im- 
portant au  point  de  vue  zoologique,  n'offre  qu'un  intérêt  médiocre  pour 
les  éleveurs,  si,  comme  il  iiaraît  probable,  ces  hybrides,  s'ils  existent, 
sont  stériles,  au  moins  d'une  façon  relative;  et,  dans  les  cas  de  repro- 
duction, il  y  aurait  divergence  et  retour  vers  l'une  ou  l'autre  espèce 
procréatrice. 

Puisque  plusieurs  personnes  prétendent  posséder  des  Léporides,  il 
serait,  pense  M.  Mailles,  facile  d'éclaiicir  la  question,  en  demandant 
certains  renseignements  importants,  tels  que: 

1"  Durée  de  la  gestation  des  femelles  Léporides; 

2"  État  de  développement  des  jeunes  lors  de  la  naissance  ; 

3"  Mœurs  des  mères,  relativement  à  la  construction  des  nids  où  elles 
doivent  mettre  bas. 

4"  Mœurs  générales  des  Léporides,  notamment  en  ce  qui  concerne  le 
fouissage. 

Les  Hases  portent  de  quarante  à  quarante-cinq  jours  et  mettent  bas 
des  jeunes  couverts  de  poils,  se  tenant  debout  et  les  yeux  ouverts. 

Les  Lapines  portent  une  trentaine  de  jours  et  mettent  au  monde  des 
petits  tout  nus,  incapables  de  se  tenir  et  les  yeux  fermés.  En  consé- 
quence, si  les  Léporides  sont  les  produits  obtenus  de  l'accouplement  des 
espèces  Lièvre  et  Lapin,  il  est  impossible  que   la  reproduction  de  ces 


56  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

Léporides  soit  la  même  que  celle  des  l^apins  ou  des  Lièvres.  Elle  doit 
être  à  peu  près  intermédiaire.  En  tous  cas,  c'est  de  ce  côté  que  nous 
devons  rechercher  les  preuves. 

M,  Uecroix  est  d'avis  qu'en  zoologie  aucune  affirmation  ne  vaut 
une  preuve.  MM.  Joly  et  Mailles  appuient  vivement  l'opinion  de  M.  le 
Président,  opinion  déjà  exprimée  par  M.  Mégnin.  M.  Mailles  parle  do  la 
différence  de  saveur  et  de  fumet  soi-disant  observée  entre  la  chair  des 
Léporides  et  celle  des  Lapins.  Mais  cette  différence  n'a  jamais  été  dé- 
crite qu'en  termes  trop  vagues  pour  être  compréhensibles.  D'ailleurs, 
que  peuvent  prouver,  pour  ou  contre  les  faits  en  discussion,  la  couleur 
plus  ou  moins  foncée,  le  goût  plus  ou  moins  prononcé  de  la  chair  des 
Léporides?  L'influence  de  la  race,  du  milieu,  de  la  nourriture,  etc., 
suffit  pour  changer  considérablement  la  qualité  de  la  viande. 

M.  Joly  demande  à  prendre  connaissance  du  rapport  fait  sur  le  mé- 
moire de  M.  Gayot,  mémoire  ayant  trait  aux  Léporides,  et  récompensé 
par  notre  Société. 

M.  le  Secrétaire  donne  lecture  de  ce  rapport.  De  l'avis  unanime  de 
l'assemblée,  les  preuves  y  font  défaut,  mais  non  les  affirmations;  plu- 
sieurs de  ces  dernières  sont  très  embiouillées.  Enfin,  il  est  question  dans 
ce  rapport  d'un  certain  Bibi,  dont  l'identité  reste  obscure;  on  ne  peut 
dire  s'il  est  IJèvre  ou  Lapin.  Pourtant  il  produit,  avec  des  Lapines,  des 
Léporides.  Pourquoi  baptiser  ces  produits,  alors  qu'on  n'a  pu  détermi- 
ner la  valeur  spécifique  du  père? 

M.  Rathelot  déclare  que,  en  présence  de  ces  affirmations,  notamment 
de  celles  émanant  d'hommes  tels  que  M.  le  D"^  Broca,  la  question  lui  pa- 
raît décidée  en  faveur  de  l'affirmative. 

MM.  Decroix,  Joly  et  Mailles  ne  peuvent  partager  cette  manière  de 
voir.  Le  savant  le  plus  consciencieux  peut  faire  des  erreurs  d'observa- 
tion ou  être  trompé  par  ses  collaborateurs. 

M.  Jules  Grisard  demande  que,  vu  l'importance  du  débat   qui  tend  à 
mettre  en  doute  un  fait  généralement  admis,  la  question  soit  traitée  en 
séance  générale. 

M.  Joly  est  désigné  par  la  Section  pour  la  rédaction  d'un  rapport  sur 
ce  sujet,  pour  être  lu  en  séance  générale  ;  notre  collègue  est  en  outre 
chargé  de  demander  des  renseignements  à  M.  le  Directeur  du  Jardin 
d'Acclimatation  pour  ce  qui  concerne  les  Léporides  de  cet  établisse- 
ment. 

Le  Vice-Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


PROCÈS-VERBAUX.  57 

CINQUIÈME  SECTION. 

SÉANCE  DU  24  NOVEMBRE  1885. 

Présidence  de  M.  de  Vilmorin,  Président. 

M.  Paillieux  donne  lecture  d'une  note  sur  quelques  plantes  potagères 
nouvelles  cultivées  par  lui  pendant  la  dernière  saison.  (Voy.  au  Bulletin.) 
M.  Mailles  fait  connaître  qu'il  a  cultivé  cette  année  la  Brède  qui,  bota- 
niquement,  ne  lui  semble  pas  différer  de  la  Morelle  noire.  Cependant 
l'ensemble  de  la  plante  a  un  aspect  tout  à  fait  particulier  qui  la  fait 
distinguer  de  cette  dernière,  au  premier  coup  d'oeil  Notre  confrère  a 
reconnu  que  contrairement  à  l'opinion  souvent  émise  dans  divers  ou- 
vrages, les  fruits  ne  sont  pas  vénéneux.  Quant  aux  feuilles,  elles  ont  un 
goût  amer  peu  agréable. 

M.  Fallou  fait  connaître  qu'il  n'a  obtenu  aucun  bon  résultat  de  la 
culture  du  Haricot  radié,  le  temps  froid  n'ayant  pas  permis  le  dévelop- 
pement complet  du  fruit. 

M.  le  Secrétaire  présente  diverses  graines  envoyées  à  la  Société  et 
mises  à  la  disposition  des  membres  de  la  Section. 

M.  Grisard  soumet  ensuite  les  6  premières  séries  de  Vlconographie 
de  la  Flore  française,  par  H.  Bâillon. 

Chaque  série  se  compose  de  10  planches  en  couleurs  et  l'ouvrage 
complet  comprendra  environ  40  ou  50  séries. 

L'image  de  la  plante  est  aussi  fidèle  que  possible,  et  le  moins  exercé 
la  reconnaît  immédiatement. 

D'ailleurs,  toutes  les  fois  qu'il  a  paru  nécessaire,  quelques  figures 
analytiques  permettent  de  distinguer  l'une  de  l'autre,  deux  espèces  dont 
le  port,  les  dimensions,  la  coloration  sont  à  peu  près  semblables,  et 
que,  par  conséquent,  on  serait  à  première  vue  exposé  à  confondre  l'une 
avec  l'autre.  L'ouvrnge  de  M.  le  professeur  Bâillon  est  destiné  aux  étu- 
diants, aux  enfants  des  écoles,  aux  débutants  et  aux  personnes  qui  ne 
peuvent  suivre  les  herborisations  publiques,  à  remplacer  les  avis  d'un 
maître  ou  d'un  compagnon  instruit.  Il  permettra  bien  souvent  de  recon- 
naître une  plante  du  premier  coup  d'œil,  sans  effort,  sans  crainte  de 
s'égarer  dans  les  descriptions  des  meilleurs  livres  et  surtout  dans  l'em- 
ploi des  clefs  dichotomiques  au  milieu  desquelles  on  se  perd  souvent  à 
moitié  chemin,  quelquefois  même  dès  les  premiers  pas. 

Le  texte  qui  est  imprimé  au  dos  de  chaque  figure  comprend  :  le  nom 
scientifique  de  l'espèce  et  de  sa  synonymie  ;  le  nom  de  la  famille  et  de 
la  tribu  auxquelles  elle  appartient;  les  principaux  noms  vulgaires  qu'elle 
porte  dans  nos  diverses  provinces.  Suit  une  description  renfermant  les 
caractères  essentiels,  ceux  surtout  qui  permettent  de  distinguer  la  plante 


58  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

d'une  espèce  voisine  avec  laquelle  on  serait  exposé  à  la  confondre.  Plus 
bas  se  trouve  le  tableau  abrégé  de  la  distribution  de  la  plante,  avec  des 
indications  spéciales  des  localités  quand  elle  fait  partie  de  la  flore  pari- 


sienne. 


Enfin  M.  le  Secrétaire  appelle  l'attention  de  la  Section  sur  un  très  inté- 
ressant article  de  M.  Jules  Poisson,  inséré  dans  le  journal  la  Nature, 
sur  l'utilisation  de  divers  fruits  secs  ou  graines  de  végétaux  dans  la  con- 
fection de  passementeries  d'un  fort  bel  effet. 


Le  Secrétaire, 
Jules  Grisard. 


PREMIÈRE  SECTION. 

SÉANCE    DU   8  DÉCEMBRE    1885. 
Présidence  de  M.  Decroix,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté,  après  recti- 
fication demandée  par  M.  Joly. 

L'ordre  du  jour  appelle  les  élections  pour  la  nomination  du  Rureau 
et  d'un  délégué  à  la  Commission  des  récompenses. 

Sont  élus  : 

Président  :  M.  Decroix  ; 

Vice-Président  :  M.  Mégnin  ; 

Secrétaire:  M.  Mailles; 

Vice-Secrétaire  :  M.  Trémeau  ; 

Délégué  aux  récompenses  :  M.  Mailles. 

M.  le  Président  remercie  la  Section  d'avoir  bien  voulu  continuera  lui 
accorder  sa  confiance  ;  il  exprime  son  intention  de  faire  son  possible, 
secondé  par  toute  la  Section,  pour  que  la  session  qui  commence  soit 
utilement  conduite. 

M.  le  Président  fait  une  communication  sur  la  reproduction  de  l'es- 
pèce chevaline  et  sur  les  services  que  rendent  et  pourraient  rendre  les 
chevaux  dans  l'armée  et  dans  les  services  civils  (voy.  au  Bulletin). 

A  l'occasion  de  cette  communication,  M.  H.  de  Pallissaux  de  Tal- 
lobre  dit  qu'en  général  les  poulains  sont  mal  nourris  et  mal  soignés 
par  les  éleveurs,  qui  ne  veulent  même  pas  leur  donner  une  mesure 
d'avoine  par  semaine.  Ce  système  de  négliger  les  jeunes  animaux  de 
difl'érentes  espèces  est  répandu  dans  toutes  nos  campagnes.  Les  paysans 
croient  qu'il  suffit  de  bien  nourrir  ou  d'engraisser  leurs  bêtes  quand  le 
moment  de  les  vendre  approche.  C'est  là  une  grave  erreur  et  qui  fait 
obstacle  à  l'amélioration  de  tous  nos  bestiaux. 


PROCÈS-VERBAUX.  59 

M.  Decroix  demande  à  notre  collègue  s'il  peut  dire  à  combien  par 
jour  revient  l'entretien  d'un  cheval  dans  le  Bourbonnais. 

iM.  de  Taliobre  répond  que,  dans  celle  contrée,  on  élève  pêle-mêle 
chevaux,  bœufs  et  vaches,  sans  soins  spéciaux  pour  les  premiers,  ce  qui 
rend  impossible  une  évaluation  de  ce  genre. 

Le  même  orateur  parle  des  mauvais  résultats  obtenus  par  le  croise- 
ment des  races  de  chevaux  de  Tarbes  et  anglais.  Les  produits  ainsi  ob- 
tenus sont  mal  proportionnés,  peu  solides,  inférieurs,  en  un  mot,  aux 
parents.  Comparés  aux  chevaux  Barbes,  dits  arabes,  ces  métis  sont  moins 
rapides  que  les  premiers.  Cette  manie  de  croiser  nos  animaux  domes- 
tiques avec  les  races  étrangères,  principalement  avec  des  sujets  anglais, 
est  encore  un  fait  regrettable  qui  s'étend  aux  animaux  de  basse-cour. 
Pour  ce  qui  concerne  les  chevaux  de  Tarbes,  il  n'en  existe  presque  plus 
de  pure  race. 

Enfin,  notre  collègue  parle  d'un  stratagème  employé  par  certains 
marchands  de  chevaux,  consistant  à  faire  sauter  la  dent  de  lait  des 
bêtes  de  trois  ans  afin  de  les  faire  passer  comme  en  ayant  quatre. 

M.  Grisard  remet  à  la  Section  une  dépêche  dans  laquelle  M.  Geoffroy 
Saint-Hilaire  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

La  parole  est  donnée  à  M.  Joly  pour  qu'il  continue  sa  communication 
relative  aux  Léporides. 

M.  Joly  déclare  que,  conformément  aux  instructions  qu'il  avait  reçues 
de  la  première  Section,  il  adressa  une  lettre  à  M.  le  directeur  du  Jardin 
d'Acclimatation,  lui  demandant  divers  renseignements  sur  les  Léporides 
de  cet  établissement. 

M.  Geoflroy  Saint-Hilaire  répondit  qu'à  la  séance  du  8  décembre  il 
espérait  pouvoir  donner  verbalement  les  susdits  renseignements. 

M.  Joly,  tout  en  regrettant  que  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  ne  puisse 
assister  à  la  réunion  d'aujourd'hui,  espère  que  notre  collègue  voudra 
bien  accéder  aux  désirs  de  la  Section  dans  un  bref  délai. 

D'ailleurs,  M.  Joly  estime  que  cette  manière  de  se  renseigner  ne  sau- 
rait fournir  des  documents  plus  certains  que  ceux  qu'il  a  pu  obtenir  par 
des  voies  analogues.  Aussi  propose-t-il  à  l'assemblée  d'adopter  un 
moyen  beaucoup  plus  simple  et  surtout  plus  elficace.  Qu'un  couple  de 
Léporides  soit  conlié  à  un  membre,  et  qu'une  Commission  soit  nommée 
à  l'elTet  de  surveiller  ces  animaux  et  de  communiquer  à  la  Section  le 
résultat  de  ses  observations;  lesdites  observations  faites  sur  place  par 
ceux  de  nos  collègues  nommés  par  notre  Section  auraient  plus  de  va- 
leur, dit  M.  Joly,  que  tous  les  renseignements  que  nous  pourrions  obte- 
nir par  d'autres  voies. 

M.  Huel  pense  qu'il  serait  préférable  de  donner,  en  cheptel,  à  un 
membre  de  la  première  Section  un  Lièvre  et  une  Lapine,  et  de  créer  ou 
recréer  le  Léporide. 

M.  Mailles  exprime  l'opinion  que  la  proposition  de  M.  Joly  lui  paraît 


60  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

être  la  préférable  des  deux,  parce  que,  de  l'aveu  même  des  personnes 
qui  prétendent  avoir  obtenu  des  produits  issus  de  l'union  du  Lièvre  et 
de  la  Lapine,  il  faut,  pour  y  réussir,  opérer  sur  un  grand  nombre  de 
couples  et  attendre  souvent  fort  longtemps.  De  plus,  parce  qu'il  s'agit 
de  savoir  seulement  si,  oui  ou  non,  la  race  dite  Léporide  existe,  en  tant 
que  race  fixe,  se  reproduisant  indéfiniment  avec  ses  caractères  d'hy- 
bride. 

M,  le  Président  met  les  deux  propositions  aux  voix;  la  Section  dé- 
cide qu'il  y  a  lieu  de  nommer  une  Commission  de  trois  membres,  qui 
jugera  à  laquelle  des  deux  propositions  elle  devra  se  rallier.  En  consé- 
quence, MM.  Iluet,  Lataste  et  Joly  sont  nommés  membres  de  la  Commis- 
•  sion. 

M.  .loly  avait  été  également  chargé,  par  la  Section,  de  faire  des  re- 
cherches dans  le  livre  de  M.  Gayol  :  Le  Léporide  et  le  Lapin  de  Saint- 
Pierre,  par  E.  Gayot,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de 
France.  Notre  collègue  fait  savoir  qu'il  n'a  trouvé,  dans  cet  ouvrage, 
que  des  affirmations  concernant  l'existence  du  Léporide.  Par  contre,  les 

preuves  font  défaut. 

Les  ouvrages  de  MM.  Heech  et  des  D^s  Broca  et  Pigeaux  ne  fournissent 
aucune  preuve  valable  de  l'existence  de  la  race  léporide  féconde  et  bien 
fixée. 

En  conséquence,  iM.  Joly  ne  pourra  terminer  son  rapport  sur  cette 
question  que  lorsque  la  Commission  qui  vient  d'être  nommée  se  sera 
prononcée. 

Pour  terminer,  notre  collègue  fait  observer  que  les  animaux  qu'on 
nomme  aujourd'hui  Léporides  Gayot,  sont  aussi  désignés  sous  celui  de 
Lepus  Darwini. 

M.  H.  de  Pallissaux  de  Tallobre  dit  qu'un  de  ses  amis  a  obtenu  un 
grand  nombre  de  Léporides,  et  que  ces  animaux  se  reproduisent  bien. 

M.  de  Tallobre  déclare  pourtant  qu'ayant  possédé  de  ces  Léporides, 
il  n'en  a  pu  obtenir  aucun  produit. 

Sur  la  demande  de  la  Section,  l'auteur  de  celte  communication  veut 
bien  demander  des  renseignements  plus  probants  à  son  correspondant  ; 
M.  de  Tallobre  les  fera  connaître  à  la  prochaine  séance. 

Le  Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


PROCÈS-VERBAUX.  61 

DEUXIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU   8   DÉCEMRRE   1885. 
Présidence  do  M.  Paillieux. 

Composition  du  bureau  pour  rannée  1886  : 

Président  :  M.  Huet; 

Vice-Président  :  M.  Dautreviile  ; 

Secrétaire  :  M.  E.  Joly  ; 

Vice-Secrétaire  :  M.  le  comte  d'Esterno  ; 

Délégué  de  la  Section  à  la  Commission  des  récompenses:  M.  Ra- 
thelot. 

Lecture  est  faite  d'une  lettre  de  M.  G.  Rogeron,  relative  à  des  détails 
d'imprimerie. 

M.  O'Neil  demande  des  renseignements  sur  les  origines  du  mot  et  des 
Poules  de  Padoue. 

Littré  attribue  une  origine  polonaise  à  ces  Poules. 

M.  le  comte  de  Okecki,  consulté  à  ce  sujet,  affirme  que  ces  Poules  ne 
sont  pas  originaires  de  son  pays;  le  climat  ne  lui  paraît  même  pas  favo- 
rable pour  l'élevage  de  cette  espèce. 

De  nos  jours,  bien  des  objets  français  portent  des  noms  anglais  sans 
pour  cela  nous  venir  d'outre-M  anche. 

M.  Tliumara  cite  les  noms  des  Pigeons  Romains  et  Polonais,  qui  n'in- 
diquent pas  non  plus  les  pays  d'origine  pour  ces  espèces. 

M.  Rathelot  propose  qu'à  l'avenir  les  candidats  aux  récompenses 
soient  proposés  par  la  section  à  la  Commission  après  examen  des  tra- 
vaux. 

MM.  Paillieux  et  Grisard  prennent  part  à  cette  discussion. 

Le  Secrétaire, 
E.  Joly. 


V.   FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS   DE  CORRESPONDANCE. 


JMotes  suv  Madagascar. 

Extraits  de  diverses  lettres  adressées  à  M.  le  Président  de  la  Société 
par  le  R.  P.  Paul  Camboué,  missionnaire  apostolique. 


«  Tamatave,  21  septembre  1885. 

D  Je  suis  heureux  de  vous  annoncer  en  même  temps  l'envoi  par 
celle  malle  d'un  petit  paquet  renfermant  des  graines  de  Riz  sec  mal- 
gache et  autres  différentes  graines,  provenant  des  parages  de  Vohémar 
et  de  l'île  sakalave  de  Mamoko. 

>  Parmi  les  graines  venant  de  Vohémar,  la  plus  grosse,  portant  le 
n"  7,  apparlicnt  à  un  arbre  nommé  par  les  indigènes  Satranij.  Elle  est 
dépouillée  de  sa  coque,  qui  est  très  dure;  cette  graine  est,  me  dit-on, 
comestible.  Les  feuilles  du  Satranij  servent  à  faire  des  balais  et  ont 
quelque  ressemblance  avec  celles  du  Ropa  {Sagas  Raphia).  Mon  cor- 
respondant de  Vohémar  m'a  aussi  envoyé  des  graines  fort  belles  de  ce 
dernier  végétal;  je  n'ai  pas  cru  utile  de  vous  les  envoyer.  Si  cependant 
vous  en  désirez,  je  les  joindrai  à  un  de  mes  envois  subséquents. 

»  Quant  aux  autres  graines  venant  de  Mamoko,  aucun  renseignement 
ne  m'est  encore  parvenu. 

j  A  propos  d'entomologie,  on  m'avait  parlé  d'une  Mouche  funeste  à 
nos  Chevaux  de  gendarmerie  à  Vobémar.  Renseignements  pris,  j'ai  vu 
qu'il  ne  s'agissait  que  de  la  Mouche  ordinaire,  très  abondante  seulement 
dans  les  parages  de  Vohémar,  par  suite  des  nombreux  troupeaux  de 

Bœufs. 

»  Si  nos  Chevaux  ont  à  souffrir  et  sont  malades  à  Vohémar,  ce  qui 
n'a  pas  lieu  à  Tamalave,  c'est  à  la  prodigieuse  quantité  de  ces  Mouches, 
aux  refroidissements  et  surtout  à  la  mauvaise  qualité  des  eaux  qu'il  faut 
attribuer  le  fait.  Ceci  vient  confirmer,  ce  me  semble,  l'observation  faite 
par  M.  le  Vice- Président  de  la  première  Section,  dans  la  séance  du 
21  avril  dernier,  au  sujet  de  la  mortalité  des  Chevaux  au  Tonkin. 

»  Vous  me  demandez  quelques  indications  sur  nos  végétaux  :  Voase- 
faJca,  Voavontaka,  Voanpena,  que  je  m'empresse  de  vous  transmettre. 

»  Le  Voasefaka  est,  si  je  ne  me  trompe,  le  Cnestis  polyphtjlla.  Sa 
graine  est  un  poison  utilisé  par  les  Betsimisaraka  pour  faire  mourir  les 
animaux  dont  ils  veulent  se  débarrasser. 

î  Le  Voavontaka  (Biehmia  spinosa  Han.)  semble  affectionner  les 
terrains  sablonneux  voisins  de  la  mer.  Ses  gros  fruits  sphériques,  ayant 
parfois  jusqu'à    12  centimètres   environ  de   diamètre,   renferment  une 


FAITS    DIVERS    ET   EXTRAITS    DE    CORRESPONDANCE.  63 

grande  quantité  de  graines  entourées  d'une  pulpe  acidulée,  qui  fournit 
au  voyageur  un  excellent  rafraîchissement  ménagé  par  la  Providence 
sur  nos  côtes  brûlantes. 

»  Quant  au  Voanpena,  j'en  ignore  complètement  le  nom  scientifique, 
si  toutefois  il  eu  a  un.  C'est  peut-être,  un  végétal  appartenant  à  la  fa- 
mille des  Strychnées.  .\rl)re  semblant  aussi  affectionner  les  terrains 
sablonneux  voisins  delà  mer;  il  donne  un  fruit  sphérique,  mais  moins 
régulier  et  plus  petit  que  celui  du  Voavontaka;  les  plus  gros  que  j'ai 
observés  n'avaient  pas  plus  de  5  centimètres  de  diamètre  Ces  fruits  ne 
renferment  que  peu  de  graines,  parfois  une  seule,  entourées  d'une  pulpe 
épaisse  parfumée.  Mûres  à  point,  ces  graines,  mises  dans  la  bouche, 
produisent  sur  le  palais,  pendant  un  quart  d'heure  environ,  une  impres- 
sion parfumée  ou  aromatisée  correspondant  un  peu  à  l'effet  d'un  bonbon 
fondant. 

)>  Le  Voanpena  est  beaucoup  plus  rare  que  le  Voavontaka  dans  nos 
parages.  A  la  saison  des  fruits,  j'essayerai  néanmoins  de  m'en  procurer 
quelques-uns  encore  verts  pour  les  envoyer  à  la  Société.  Ils  pourront 
peut-être  ainsi  arriver  à  Paris  en  état  d'être  goûtés  et  de  donner  d'eux- 
mêmes  une  idée  plus  exacte. 

»  D'ailleurs,  dès  que  je  serai  moins  occupé  aux  insectes,  je  me  pro- 
pose de  faire  des  envois  et  communications  relativement  à  nos  végé- 
taux, qui,  je  l'espère,  ne  seront  pas  sans  quelque  intérêt.  Notre  flore 
malgache  est  si  riche  et  si  peu  connue  !  Je  ne  manquerai  pas,  autant 
que  possible,  d'indiquer  le  nom  malgache  des  plantes  envoyées.  » 

«  Tiimalave,  22  octobre  1885. 

»  J'ai  le  plaisir  de  pouvoir  vous  envoyer  aujourd'hui,  encore  à  temps 
peut-être,  un  échantillon  complet  de  l'Asclépiadée  dont  vous  avez  dû 
recevoir  un  follicule  par  un  précédent  envoi. 

»  Voici  quelques  renseignements  au  sujet  de  ce  végétal,  que  l'industrie 
pourrait,  ce  semble,  utiliser. 

»  Il  est  de  provenance  des  parages  de  Vohémar  et  Amboanio,  d'où  il 
m'a  été  envoyé  par  deux  de  mes  correspondants,  les  RR.  PP.  A.  Gros  et 
F.  Cayssalié,  missionnaires  dans  ces  postes.  Son  nom  indigène  est  Bo- 
kadahy,  liane  ou  plante  sarmenteuse.  Sa  graine  passe  pour  un  poison. 

»  Je  joins  à  cet  envoi  quelques  cocons  et  insectes  à  l'étal  parfait  de 
notre  Attacus  ou  Saiurnia  Suraka  Bdv.,  en  attendant  que  je  puisse 
vous  expédier  les  sujets  divers  destinés  à  accompagner  le  mémoire  que 
je  prépare  sur  nos  Séricigènes. 

))  p.  5.  —  En  même  temps  que  cette  lettre,  je  vous  envoie  deux  pe- 
tites et  bien  modestes  cartes  de  la  mission  de  Madagascar.  Au  poste 
d'Ambohipo,  marqué  au  nord  de  Tananarive,  nous  possédons  un  beau 
jardin  d'acclimatation  créé  par  les  missionnaires,  où  nous  avons  pu  ac- 
climater plusieurs  de  nos  végétaux  d'Europe.  » 


64  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

«  Taiiiatave,  21  novembre  1885. 

»  J'ai  déjà  eu  l'honneur  de  vous  parler  de  notre  Ver  à  soie  malgache 
Bibindandy.  Or,  en  me  livrant  à  diverses  observations  et  éducations  de 
ce  Séricigène,  en  vue  du  mémoire  que  je  prépare  pour  la  Société,  j'ai 
constaté  que  ce  Borocera  peut  se  nourrir  et  vivre  sur  VEucaiyptus, 
dont  un  certain  nombre  de  plants  ont  été  récemment  introduits  à  Ta- 
matave. 

ï.  Le  fait  d'un  Ver  à  soie  de  l'Eucalyptus  ma  paru  avoir  son  impor- 
tance, surtout  à  une  époque  où,  d'une  part,  la  culture  de  ce  végétal 
australien  s'est  répandue  dans  plusieurs  contrées  du  monde,  et,  d'autre 
part,  la  question  des  Vers  à  soie  sauvages  semble  tout  à  fait  à  l'ordre  du 
jour. 

»  J'ai  tenu  à  vous  en  informer,  afin  que,  s'il  y  a  lieu,  la  Société  d'Ac- 
climatation soit  des  premières  à  le  signaler. 

»  Sous  peu,  d'ailleurs,  Monsieur  le  Président,  j'espère  pouvoir  vous 
envoyer  de  plus  amples  détails  sur  notre  Borocera  Bibindandy,  que 
j'étudie  activement  en  ce  moment.  > 


Le  Gérant  :  Jules  Grisard. 


5093.  —  BOURLOTON   —  Imprimeries  réunies,  A,  nie  Mignon, 2,  Paris. 


# 


TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOClETË. 


NOTE 

SUR  L'ELEVAGE  DES  AUTRUGHONS 

EN  ALGÉRIE  (VERSANT  DE  LA  MÉDITERRANÉE) 
LEURS  MALADIES  ET  LES  MOYENS  DE  LES  PRÉVENIR 

Par  M.   LUCIEIV  IHERLATO 

Ex-sous-directeur  du  parc  à  Autruches  du  Caire 
Directeur  du  parc  de  A'in-Marraora  (province  d'Alg:cr) 


Monsieur  le  Secrétaire  général, 

Par  l'attestation  ci-jointe  qui  m'a  été  délivrée  par  M.  Bergue, 
maire  de  Coléah  (Algérie),  vous  relèverez  que  les  naissances 
des  Autruchons  au  parc  de  Aïn-Marmora  pendant  la  dernière 
année  de  ma  gestion  ont  été  de  21  artificielles  et  33  naturelles 
avec  une  mortalité  de  9  artificielles  et  9  naturelles,  ayant  ainsi 
obtenu  un  résultat  de  12  artificielles  et  24  naturelles,  soit 
36  sujets  au  8  septembre  dernier. 

Ce  lésultat,  considéré  jusqu'à  présent  presque  impossible 
à  atteindre  en  Algérie,  je  ne  le  dois  qu'à  la  vigoureuse  appli- 
cation, pendant  l'élevage,  du  traitement  préventif  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  déposer  entre  les  mains  de  la  Société,  il  y  a  un 
an,  sous  pli  cacheté.  Je  crois  donc  avoir  atteint  le  but  qui 
m'amenait  il  y  a  trois  ans  en  Algérie  et  n'ai  plus,  dés  lors, 
aucun  motif  pour  garder  secret  un  procédé  qui  est  appelé, 
j'en  suis  convaincu,  à  rendre  des  services  dans  la  branche 
agricole.  Je  vous  prie  en  conséquence  de  vouloir  bien  ou- 
vrir le  pli  cacheté  portant  la  devise  :  «  Facile  est  inteliigere  » 
à  une  des  prochaines  séances  de  notre  Société  et  en  faire 
donner  lecture. 

Mes  honorables  confrères  jugeront  si  ce  travail  et  les  résul- 

4'  SÉIUE,  T.  III.  —  Février  1886.  5 


66  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

lats  obtenus  méritent  d'être  soumis  à  la  Commission  des  ré- 
compenses. 

Je  n'ai  pas  grand'chose  à  ajouter  à  ma  note  cachetée,  car 
l'expérience  de  cette  année  m'a  prouvé  que  le  principe  ainsi 
que  l'application  et  les  doses  étaient  exacts.  Du  reste  les 
personnes  que  la  question  intéresse  plus  particulièrement 
peuvent  toujours  s'adresser  à  moi  —  je  serai  bien  heureux 
de  leur  être  agréable. 

Il  n'y  a  qu'une  seule  remarque  que  je  crois  utile  de  faire 
ici  — c'est  que,  contrairement  à  une  assertion  contenue  dans 
ma  note,  il  faut  éviter  l'emploi  du  son  comme  véhicule,  —  ceci 
m'a  été  prouvé  par  les  essais  ultérieurs. 

J'ose  espérer  avoir  ainsi  contribué  à  un  plus  grand  dé- 
veloppement de  cette  intéressante  industrie  non  seulement 
en  Algérie,  mais  aussi  dans  toute  autre  colonie  française  où, 
à  cause  de  l'état  constant  de  forte  humidité  de  l'air,  l'élevage 
des  jeunes  Autruchons  présentait  tant  de  difficultés,  et  compte 
que  la  judicieuse  application  de  la  méthode  mettra  bientôt 
plusieurs  des  parcs  existants  dans  la  possibilité  de  concourir 
au  prix  fondé  dans  ce  but  par  notre  Société. 

Veuillez  agréer.  Monsieur  le  Secrétaire  général,  l'assurance 
de  ma  plus  haute  considération. 

L.  Mer LATO. 


ATTESTATION. 

Nous,  Bergue  Barthélémy,  maire  de  la  commune  de  Koléah,  arron- 
dissement et  département  d'Alger,  soussigné  : 

Certitions  avoir  reçu  dans  le  courant  de  la  présente  année  1885,  de 
M.  MerJato,  directeur  du  parc  d'Aïn-Marmora  (Société  française  pour 
l'élevage  des  Autruches  en  Algérie),  les  lettres  ci-après  mentionnées  et 
dont  le  résumé  suit,  savoir  : 

1"  Lettre  du  5  avril  déclarant  cinq  éclosions  artificielles  ayant  produit 
cinq  poussins  alors  qu'aucun  couple  ne  couvait. 

2"  Lettre  du  9  même  mois  déclarant  l'éclosion  de  dix  autres  poussins 
par  suite  d'incubation  artificielle. 

3"  Lettre  du  16  avril  déclarant  la  perte  de  deux  poussins  artificiels. 

4°  Lettre  du  24  mai  déclarant  l'éclosion  de  six  nouveaux  Autruchons 
artificiels. 


SUR  l'Élevage  des  autruchons.-  .  67 

5'  Lettre  du  17  juin  déclarant  l'existence  de  vingt-trois  poussinsnatureis 
issus  de  trois  couples  qui  avaient  couvé  eux-mêmes. 

6»  Lettre  du  13  juillet  déclarant  l'existence  à  ce  jour  de  quinze  Autru- 
chons artificiels  et  de  trente-trois  naturels;  dix  de  ces  derniers  étant 
venus  s'ajouter  aux  vingt-trois  signalés  dans  la  lettre  ci-dessus. 

7°  liCttre  du  Ai  août  déclarant  une  nouvelle  perte  de  trois  poussins, 
dont  un  artificiel  et  deux  naturels;  le  nombre  des  présents  à  ce  jour  est 
donc  de  quatorze  artificiels  et  trente  et  un  naturels,  soit  en  tout  quarante- 
cinq. 

8°  Lettre  du  4  septembre  déclarant  la  perte  de  neuf  poussins,  dont 
deux  artificiels  et  sept  naturels  des  plus  jeunes.  Par  suite  de  ces  pertes 
le  nombre  des  présents  à  ce  jour  se  trouve  donc  réduit  à: 

Poussins  artificiels 12  )  ^  . 

-  naturels 21  j  ^°"  ""^  *°'"'  ^^  ^^- 

Parmi  les  douze  artificiels  une  partie  aura  bientôt  atteint  cinq  moîs, 
l'autre  les  a  dépassés.  Les  naturels  sont  tous  entre  deux  et  trois  mois 
d'âge. 

Certifions,  en  outre,  qu'après  réception  de  chacune  de  ces  lettres  nous 
nous  sommes  rendu  audit  parc  et  que  nous  y  avons  constaté  l'exactitude 
des  faits  et  des  chiffres  qui  y  sont  relatés. 

En  foi  de  quoi  nous  avons  délivré  la  présente  attestation  à  M.  Merlato, 
pour  lui  servir  et  valoir  ce  que  de  besoin. 

Fait  en  mairie,  à  Koléah,  le  8  septembre  1885. 

Le  maire, 
Bergue. 


Texte  du  pli  cacheté,  déposé  par  M.  Lucien  Merlato,  le  30  décembre  1684 
ouvert  en  séance  générale,  le  18  décembre  1885. 

L'Autruchoa  né  viable  commence  à  manger  enti'e  Ifois  et 
six  jouis  d'âge.  Depuis  lors  et  jusqu'à  deux  mois,  il  est  assu- 
jetti à  une  faiblesse  toute  spéciale,  qui  le  rend  plus  particu- 
lièrement sensible  dans  les  organes  digestifs.  Le  petit  mange, 
mais  digère  mal  et  peu.  Les  aliments  se  ramassent  de  plus 
en  plus  dans  l'estomac  et  fioissent  par  y  pourrir.  Le  peu  qui 
s'en  échappe  et  passe  dans  les  intestins  est  dur,  compact, 
presque  sec,  et  détermine  l'inflammation  de  ces  organes. 
Mais  l'organe  qui  en  souffre  le  plus,  c'est  l'estomac,  dont  les 
parois,  distendues  par  l'agglomération  de  la  nourriture,  de- 
viennent impuissantes  à  la  broyer;  il  liait  par  présenter  un 
état  de  complète  désagrégation. 


08  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D' ACCLIMATATION. 

f 

La  décomposition  de  ces  matières  donne  souvent  lieu  au 
développement  de  quelques  vers  qu'on  retrouve  dans  les  in- 
testins aussi. 

L'estomac,  toujours  rempli,  et  la  présence  éventuelle  de 
vers  ont  donné  lieu  à  penser,  chez  certains  éleveurs,  que 
l'Autruchon  mangeait  trop  et  qu'il  était  sujet  à  des  vers  mor- 
tels, suppositions  très  gratuites  toutes  les  deux  et  qui  ne 
prouvent  qu'une  chose,  c'est  qu'on  a  pris  les  effets  pour  la 
cause. 

Chez  l'Autruchon  en  bonne  santé,  je  n'ai  presque  jamais 
observé  de  vers  intestinaux,  et,  lorsqu'il  y  en  a,  ils  ne  sont 
pas  de  nature  à  causer  la  mort  de  l'animal.  Quant  au  manger, 
on  peut  dire  qu'il  n'en  a  jamais  assez.  Un  Autruchon  en  bonne 
santé  ne  fait  que  manger  du  malin  au  soir,  et  la  première 
règle  pour  l'élever,  c'est  qu'il  ne  manque  pas  un  seul  instant 
de  nourriture. 

Donc  si,  en  Algérie,  ils  ne  peuvent  pas  digérer,  c'est  à  l'es- 
tomac, c'est  à  la  vigueur  de  l'organisme  qu'il  faut  s'en  prendre. 
Il  ne  s'agit  que  de  prévenir  cet  état  pathologique  qu'on  pour- 
rait comparer  à  un  état  anémique. 

J'ai  successivement  employé  : 

Le  Fer  et  ses  diverses  préparations; 

Le  Quinquina  et  ses  dérivés; 

La  nourriture  animale  et,  enfin, 

La  Rhubarbe. 
''■  C'est  à  la  Rhubarbe  que  je  dois  le  succès.  Elle  est  non  seu- 
lement un  remède,  mais  un  préventif  très  efficace.  Je  n'at- 
tends pas  l'apparition  visible  du  mal.  Quarante-huit  heures 
après  que  les  poussins  ont  commencé  à  manger  et  pendant 
vingt  à  trente  jours,  je  leur  en  donne  à  raison  de  1  décigramme 
par  jour.  Pendant  les  premiers  jours,  je  délaye  la  Rhubarbe 
;n  poudre  dans  de  l'eau  et  la  leur  fais  avaler  de  force.  Plus 
tard,  lorsqu'ils  man^^enl  franchement,  je  me  contente  d'en 
saupoudrer  leur  pain  ou  leur  son,  toujours  dans  la  même 
proportion  de  1  décigramme  par  bête  et  par  jour. 

Au  bout  de  vingt  à  trente  jours,  suivant  la  vigueur  des 
sujets,  on  peut  abandonner  ce  régime  et  être  sûr  que  la  pre- 


SUR  l'Élevage  des  autruchons.  69 

mière  maladie  est  évitée.  Il  ne  faut  pas  supprimer  brusque- 
ment. Au  moment  voulu,  je  commence  par  ne  donner  la 
Rhubarbe  que  tous  les  deux  jours  pendant  une  semaine,  puis 
tous  les  trois  et  puis  tous  les  quatre,  jusqu'à  la  supprimer 
au  bout  de  quinze  jours.  Ce  qui  fait  qu'en  moyenne  chaque 
animal  a  absorbé  environ  3  grammes  de  Rhubarbe  en  tout. 

Comme  auxiliaires  pour  les  plus  faibles,  on  peut  ajouter  le 
Fer  et  le  Quinquina,  en  mettant  dans  les  abreuvoirs  quelques 
morceaux  de  métal  et  en  ajoutant,  au  moment  de  les  rem- 
plir, une  décoction  de  30  grammes  de  Quinquina  par  10  litres 
d'eau. 

Je  n'ai  employé  que  des  produits  de  première  qualité.  Je 
ne  garantis  pas  les  mêmes  résultats  avec  des  produits  infé- 
rieurs ou  fraudés,  qui  abondent  dans  le  commerce. 

Mais,  même  sans  le  secours  du  Fer  et  du  Quinquina,  le 
traitement  à  la  Rhubarbe  seul  suffit  à  obtenir  un  bon  effet. 

Voici  donc  la  première  maladie  évitée,  la  seule  qui  affecte 
les  Poussins  en  bas  âge. 

Du  deuxième  au  troisième  mois  d'âge,  la  croissance  pro- 
cède ordinairement  sans  incidents,  du  moins  apparents; 
mais  à  partir  du  troisième  mois  et  jusqu'au  cinquième  ré- 
volu, les  Autruchons  sont  sujets  —  à  quoi  —  personne  ne  l'a 
dit  encore  —  au  rachitisme. 

Interrogez  tous  les  éleveurs,  lisez  tout  ce  qu'il  y  a  à  lire  à 
ce  sujet  et  tous  vous  diront  que  les  jeunes  ont  les  jambes  trèi 
fragiles  et  se  les  cassent.  En  effet,  c'est  toujours  par  les  mem- 
bres locomoteurs  que  la  maladie  se  manifeste  le  plus  osten- 
siblement, le  plus  (pardonnez  le  mot)  grossièrement. 

Examinons  de  plus  près  ces  manifestations  extérieures, 
qui  amènent  inévitablement  la  morl  du  sujet  : 

i°  Fracture  du  tuyau  du  fémur  ou  de  celui  du  tibia  (cuisse) 
sans  choc  et  par  le  simple  fait  de  la  marche  ou  de  la  course 
de  l'animal  ; 

2°  Flexion  soit  intérieure,  soit  extérieure,  soit  même  pivo- 
tante du  tarse  (canon)  jusqu'à  arriver  au  demi-cercle  ou  à 
renvoyer  le  pied  en  arrière  ; 

3°  Enflement  extraordinaire  du  talon  (appelé  à  tort  ge- 


70  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

noux)  avec  déboîtement  des  articulations  au  bout  de  quel- 
ques jours;  ■        , 

^°  Enflement  du  talon,  accompagné  de  fracture  dans  la 
tête  du  tarse,  qui  alors  perce  la  peau  et  apparaît  à  nu. 

Remarque.  —  Le  membre  le  plus  éprouvé  est,  huit  fois  sur 
dix,  le  gauche. 

•  Or,  quel  que  soit  l'effet  final,  tous  les  squelettes  des 
animaux  qui  se  sont  cassé  les  jambes  présentent  les  carac- 
tères les  plus  clairs  et  les  mieux  définis  du  rachitisme.  Même 
chez  les  sujets  dont  les  jambes  ont  la  meilleure  apparence 
extérieure,  mais  qui  finissent  par  s'en  casser  une  (premier 
cas),  on  retrouve  toujours  une  difformité  quelconque  dans  la 
colonne  vertébrale,  les  côtes  ou  le  crâne.  La  fontanelle  prinr 
cipale  de  ce  dernier  conserve  une  telle  souplesse  que  la  cer- 
velle repousse  sensiblement  cette  partie  du  crâne  et  on  dirait 
que  la  bête  est  coiffée  d'une  calotte. 

Il  y  a  lieu  de  remarquer  que,  lorsque  le  rachitisme  a  pour 
siège  spécial  l'épine  dorsale  (animal  bossu)  ou  le  crâne,  il  y 
a  espoir  de  voir  le  sujet  se  remettre  par  lui-même.  Mais, 
lorsque  la  maladie  se  porte  sur  les  os  des  jambes,  et  c'est  la 
majorité  des  cas,  tout  espoir  de  guérison  naturelle,  ou  d'arrêt 
de  mal,  est  perdu. 

C'est  pourtant  la  seule  maladie  des  Autruchons  entre  trois 
et  cinq  mois.  Il  fallait  y  remédier.  Mais  toute  la  médecine 
était  impuissante  à  combattre  le  mal.  L'hygiène,  le  change- 
ment de  local,  la  sécheresse,  les  régimes  toniques,  les  phos- 
phates, voilà  tout  ce  qu'on  avait,  et  tout  ceci  est  complètement 
impuissant.  J'ai  essayé  de  tout,  sous  toutes  les  formes,  de 
toutes  les  manières.  Le  résultat  a  toujours  été  nul.  Les  phos- 
phates donnent  les  plus  piètres  résultats.  ..  ?.-.j 

Ce  n'est  pas  le  moment  maintenant  d'analyser  les  motifs 
qui  m'ont  fait  douter  de  l'exactitude  des  théories  émises 
jusqu'à  ce  jour  sur  l'ossification  des  cartilages  et  les  phénor 
mènes  si  bizarres  et  variés  du  rachitisme.  ■  ; 
'  Les  tout  récents  travaux  exécutés  et  les  succès  obtenus  à 
Vienne  (Autriche)  me  mirent  sur  la  voie  et  je  n'hésitai  pas  à 
employer  le  phosphore  pur  comme  moyen  efficace  de  régler 


SUR  l'Élevage  des  autruchons.  71 

rossification  et  prévenir  aussi  bien  que  guérir  le  rachitisme 
en  ce  sens  que  cette  substance  agit  directement  sur  les  vais- 
seaux sanguins  intéressés  et  empêche  la  résorption  du  calcaire 
ou  détermine  et  facilite  le  dépôt  normal. 

Les  résultats  que  j'ai  obtenus  jusqu'à  ce  jour  sont  réelle- 
ment surprenants. 

La  dose  que  j'emploie  est  de  1  milligramme  de  phosphore 
pur  par  jour  et  par  bête  en  dissolution  dans  l'huile,  n'importe 
laquelle. 

Voilà  ce  que  j'ai  pu  observer: 

1°  Ce  traitement  prévient  l'apparition  du  rachitisme  sans 
avoir  la  moindre  influence  funeste  sur  l'économie  géné- 
rale. 

2"  Le  mal  n'apparaît  plus,  ou,  s'il  existait  déjà,  se  trouve 
complètement  arrêté  au  bout  de  vingt  jours  de  traitement, 
c'est-à-dire  lorsque  le  sujet  a  absorbé  2  centigrammes  de 
phosphore. 

3"  En  augmentant  la  dose  journalière,  l'effet  n'est  pas  pour 
cela  plus  prompt,  ce  qui  amène  à  croire  que  le  phosphore 
agit  plutôt  par  sa  présence  prolongée  que  par  sa  quantité 
concentrée. 

Je  considère  (pour  le  moment)  que  ce  traitement,  pour 
être  bien  efficace,  doit  se  poursuivre  pendant  trente  à  quarante 
jours.  Lorsque  l'action  du  phosphore  n'agit  plus  efficacement 
sur  le  système  d'ossification,  il  agit  sur  le  plumage  et  fait 
virer  au  roux  chocolat  très  prononcé  la  couleur  jaune  des 
bouts  des  plumes  des  poussins.  Ce  changement  de  couleur, 
très  visible,  s'opère  en  six  à  huit  jours,  et  au  bout  de  trente 
à  quarante  de  traitement.  C'est  le  moment  de  cesser  l'admi- 
nistration du  phosphore. 

Je  ferai  remarquer  que  ce  traitement  peut  être  d'une  très 
grande  importance  en  vétérinaire,  car  probablement  il  don- 
nera les  mêmes  bons  résultats  pour  tous  les  animaux  en 
croissance  dont  l'ossification  est  difficile  ou  défectueuse. 

Je  désire,  en  conséquence,  constater  que,  à  la  date  du 
présent  dépôt,  j'avais  : 


72  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

1"  Déterminé  les  deux  causes  d'insuccès  dans  l'élevage  de 
l'Autruche  en  Algérie,  savoir  : 

a)  Impuissance  digestive  de  l'estomac; 

b)  Rachitisme  pur  et  simple  ; 

2°  Fixé  la  rhubarbe  comme  préventif  de  la  première  ; 

3°  Employé  le  phosphore  comme  préventif  et  curatif  du 
second; 

4"  Rendu  en  conséquence  pratique  cet  élevage  inutilement 
tenté  en  grand  depuis  plusieurs  années  ; 

5"  Introduit  le  phosphore  en  vétérinaire  comme  agissant 
directement  sur  l'ossification. 

Fait  à  Aïn-Marmora  (province  d'Alger)  et  déposé  sous  pli 
cacheté,  le  30  décembre  1884. 


CATALOGUE  RAISONNÉ 

DES 

SÉRICIGÈNES  SAUVAGES  CONNUS 

Par  M.   Alfred  1¥AILLY. 


LNTRODUGTION 

Les  pertes  considérables  éprouvées  depuis  nombre  d'an- 
nées dans  la  production  de  la  soie  du  Ver  du  Mûrier  {Serica- 
ria  Mori)  par  suite  des  terribles  maladies  qui  ont  sévi  sur  les 
Vers,  ont  attiré  l'attention  des  sériciculteurs  de  divers  pays  sur 
certains  Vers  à  soie  sauvages  susceptibles  de  s'élever  à  l'air 
libre  dans  les  pays  tempérés  de  l'Europe. 

Les  maladies  qui  ont  attaqué  les  races  du  Ver  du  Mûrier, 
étudiées  à  fond  et  décrites  par  M.  L.  Pasteur,  forment  le  sujet 
d'un  rapport  très  intéressant  de  M.  Maurice  Girard,  qui  a 
paru  en  1871  dans  le  Bulletin  de  mai-juin  de  la  Société  d'Ac- 
climatation de  France.  Ces  maladies,  dont  deux  d'entre  elles, 
la  pébrine  et  la  flacherie,  sont  à  la  fois  héréditaires  et  conta- 
gieuses, ont  pour  causes  principales  :  la  trop  grande  agglo- 
mération des  Vers  dans  les  magnaneries  ou  dans  les  chambres 
où  ils  sont  élevés,  le  manque  d'air  suffisant,  la  chaleur  sou- 
vent trop  élevée  du  local,  et  enfin  la  malpropreté  occasionnée 
par  les  déjections  des  Vers. 

Elevés  dans  les  mêmes  conditions,  les  Vers  à  soie  sauvages 
sont  sujets  aux  maladies  qui  attaquent  le  Ver  du  Mûrier.  Au 
contraire,  élevés  à  l'air  libre  et  sur  les  arbres,  ils  se  trouvent 
dans  des  conditions  d'hygiène  qui  les  mettent  pour  ainsi  dire 
à  l'abri  de  ces  maladies. 

Je  n'entrerai  pas  dans  de  longs  détails  sur  la  manière  d'éle- 
ver les  Vers  à  soie  sauvages  ou  autres  Lépidoptères.  On  trouve 
tout  ce  qu'il  est  nécessaire  de  connaître  dans  des  traités  en- 
tomologiques  spéciaux,  tels  que  le  Guide  de  Véleveur  de 
Chenilles,  par  E.  Berce,  suivi  d'un  Traité  spécial  de  Véduca- 


74-  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

tion  des  Chenilles  produisant  de  la  soie,  par  E.  F.  Guérin- 
Méneville. 

L'éducation  en  petit  des  Séricigènes  peut  se  faire  comme 
celle  de  la  plupart  des  autres  espèces  de  Lépidoptères,  dans 
des  cages  ou  boîtes  décrites  dans  les  traités  ci-dessus  men- 
tionnés; mais  il  est  préférable  de  se  servir  de  grandes  cages> 
car  alors  on  peut  y  mettre  de  fortes  branches  d'arbres  dont 
les  tiges  sont  plongées  dans  un  vase  rempli  d'eau.  Lorsque 
les  branches  ne  trempent  pas  dans  l'eau,  on  est  obligé  de  les 
renouveler  trop  souvent,  ce  qui  nuit  beaucoup  à  la  santé  et 
à  la  bonne  venue  des  Chenilles. 

Lorsqu'on  élève  les  Chenilles  dans  les  boîtes,  il  faut  éviter 
avec  soin  d'arroser  le  feuillage,  comme  on  le  recommande 
quelquefois,  afin,  dit-on,  de  remplacer  la  rosée  du  matin,  si 
salutaire  aux  Chenilles.  Si  l'éducation  se  fait  à  découvert  sur 
des  branches  plongeant  dans  l'eau,  ou,  ce  qui  vaut  mieux 
encore,  sur  de  petits  arbres  en  pots,  alors  l'arrosage  du  feuil- 
lage et  des  Chenilles  est  salutaire  et  il  est  même  presque 
indispensable  dans  les  grandes  chaleurs.  Dans  une  boîte,  tant 
grande  qu'elle  soit,  l'arrosage  a  un  effet  contraire  :  l'évapora- 
tion  étant  nulle  ou  à  peu  près  nulle,  il  en  résulte  que  le  fond 
de  la  boîte  se  couvre  d'une  moisissure  épaisse,  d'un  fumier, 
qui  engendre  les  maladies  et  fait  périr  les  Chenilles,  si  l'on 
ne  se  dépêche  de  les  enlever  à  temps  pour  leur  donner  un 
logement  plus  propre.  Nos  Chenilles  indigènes,  plus  robustes 
et  moins  délicates,  peuvent  quelque  fois  vivre  impunément 
dans  cet  état  de  malpropreté,  mais  les  Séricigènes  résistent 
rarement  à  un  pareil  traitement. 

On  peut  faire  de  petites  éducations  en  plein  air,  sur  les 
arbres,  en  entourant  d'un  manchon  les  branches  sur  les- 
quelles ont  été  déposées  les  Chenilles  ;  mais  il  faut  bien  fer- 
mer les  deux  extrémités  du  manchon,  afin  d'empêcher  les 
Insectes  nuisibles,  les  Perce-oreilles  surtout,  d'y  pénétrer. 
De  temps  en  temps  il  faut  nettoyer  le  manchon,  surtout  après 
la  pluie,  et  lorsque  la  branche  a  été  dépouillée  de  son  feuil- 
lage, on  la  coupe  et  l'on  transporte  les  Chenilles  sur  une 
autre  branche.  En  plein  air,  lorsque  lés  Chenilles  ne  sont 


'     SÉRIGIGÈNES   SAUVAGES   CONNUS.  75 

nullement  prolégées,  leur  plus  dangereux  ennemi  est  l'oiseau, 
surtout  le  Moineau.  Il  faut  donc,  dans  les  éducations  faites 
sur  une  grande  échelle,  faire  surveiller  les  Chenilles  pendant 
toute  la  durée  de  l'éducation  par  un  gardien  qui  tire,  de 
temps  en  temps,  des  coups  de  fusil  pour  éloigner  les  oiseaux, 
comme  cela  se  pratique  au  Japon  pendant  l'éducation  de 
XAntherœa  Yama-maï. 

Un  système  dont  j'ai  déjà  parlé  dans  un  rapport  précédent 
et  que  j'ai  adopté  pendant  nombre  d'années  pour  l'éducation 
des  jeunes  Chenilles,  est  celui  de  cloches  en  verre,  dontj'ai  une 
quantité  de  diverses  grandeurs,  et  qui  toutes  ont  une  ou  plu- 
sieurs ouvertures  au  sommet  afin  de  donner  de  l'air.  Ayant  eu 
tous  les  ans  un  nombre  considérable  d'espèces  différentes  à 
élever,  sans  ces  cloches  mon  travail  eût  été  impossible.  Ces 
cloches,  dont  quelques-unes  ont  jusqu'à  50  oenlimètres  de 
hauteur,  et  qui  sont  larges  en  proportion,  reposent  sur  des 
soucoupes  remplies  de  sable  recouvert  d'une  feuille  de 
papier.  Les  œufs  de  Vers  à  soie  ou  autres  Lépidoptères  sont 
placés  sous  ces  cloches,  et  vers  l'époque  des  éclosions  on  intro- 
duit, à  travers  le  papier,  dans  le  sable  des  soucoupes,  de  pe- 
tites branches  de  la  plante  qui  doit  servir  de  nourriture  aux 
jeunes  Chenilles.  Aussitôt  leur  éclosion,  les  petites  Chenilles 
montent  de  suite  sur  les  branches.  A  mesure  qu'elles  gros- 
sissent, on  en  réduit  le  nombre,  selon  la  grandeur  de  la 
cloche.  On  peut  ainsi  élever,  jusqu'à  leur  transformation,  un 
certain  nombre  de  Chenilles,  qui  varie  selon  la  grosseur  des 
espèces  ou  celle  des  cloches.  Ce  système  est  surtout  utile  pour 
l'éclosion  des  œufs  et  l'éducation  des  Vers  pendant  le  premier 
ou  les  deux  premiers  âges,  car  on  a  ainsi  tout  le  temps  néces- 
saire pour  les  enlever  de  dessous  les  cloches  pour  les  placer 
sur  les  arbres  ou  les  élever  de  telle  ou  telle  autre  manière.  Il 
faut  éviter  sous  ces  cloches  une  trop  grande  agglomération  de 
Chenilles,  et  surtout  l'humidité  qui  leur  serait  fatale.  Les 
branches  ne  doivent  jamais  être  plongées  dans  du  sable 
mouillé  ;  sous  ces  cloches,  le  feuillage  se  conserve  parfaite- 
ment frais  dans  du  sable  sec.  Rien  n'est  plus  facile  que  de 
maintenir  le  local  propre  :  il  suffit  d'enlever  la  cloche  et  de 


76  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

souffler  sur  le  papier  pour  faire  disparaître  toutes  les  dé- 
jections. 

Jusqu'à  présent,  en  Europe,  on  ne  s'est  occupé  sérieuse- 
ment que  de  trois  espèces  de  Séricigènes  sauvages  :  VAnthe- 
rœa  Yama-maî,  du  Japon;  VAntherœa  Pernyi  eiVAttacus 
cynthia,  tous  deux  originaires  de  la  Chine.  De  nombreux 
rapports  sur  ces  trois  espèces  ont  été  écrits  et  publiés  dans 
les  Bulletins  de  la  Société  d'Acclimatation.  Ces  trois  espèces 
peuvent  s'acclimater  même  dans  les  pays  très  tempérés,  et  il 
en  serait  de  même  de  plusieurs  espèces  de  l'Amérique  du 
Nord.  Dans  la  liste  que  nous  allons  donner,  il  est  bon  de 
faire  remarquer  que  toutes  les  espèces  du  genre  Antherœa, 
telles  que  Pernyi,  Roylei,  Yama-maî,  Mylilla  et  Polyphe- 
mus,  auquel  les  Américains  ont  donné  le  nom  générique  de 
Telea,  sont  toutes  à  cocon  fermé  et  dévidable.  Les  cocons  du 
genre  Actias  sont  fermés  aussi,  mais  ils  sont  irréguliers  de 
forme  et  moins  soyeux  que  ceux  du  genre  Anlherœa.  Les  co- 
cons du  genre  Attacus,  tels  que  ceux  du  Pyri  et  du  Carpini 
de  l'Europe,  sont  ouverts  à  une  extrémité,  de  sorte  que  le 
cocon  reste  le  même  après  la  sortie  du  Papillon.  Les  Chenilles 
de  ces  divers  Séricigènes  sauvages  sont  remarquables  par  la 
beauté  et  la  variété  de  leurs  couleurs  ;  celles  du  genre  An- 
therœa ont  de  brillantes  taches  métalliques  à  la  base  des 
tubercules,  argentées,  dorées  ou  cuivrées,  selon  les  espèces. 
Quant  à  la  qualité  de  la  soie  de  diverses  espèces  de  Séri- 
cigènes sauvages,  plusieurs,  lelies  que  Pernyi,  Roylei,  Yama- 
maï  elPolyphemus,  peuvent  rivaliser  avec  le  Sericaria  Mori^ 
et  un  rapport  sur  ce  sujet  sera,  je  l'espère,  publié  par  la  So- 
ciété d'Acclimatation,  qui  possède  des  échantillons  de  soies 
dévidées  ou  cardées  des  principales  espèces. 

Les  soies  cardées  par  un  de  mes  correspondants  de  Maccles- 
field,  en  Angleterre,  sont  si  bien  travaillées,  que  même  celle 
de  notre  Pyri  français  semble  également  fine  et  belle. 

En  Angleterre,  il  n'y  a  pas  de  dévidage  de  cocons  ;  tous 
sont  soumis  au  cardage,  et  certains  filateurs  anglais  pré- 
tendent que  la  soie  cardée  vaut  mieux  et  a  plus  de  valeur  que 
la  soie  dévidée.  Qu'il  en  soit  ainsi  ou  non,  le  cardage  a  tou- 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES   CONNUS.  77 

jours  cet  immense  avantage  sur  le  dévidage,  c'est  de  rendre 
utilisables  tous  les  cocons  percés,  ou  ouverts  naturellement 
ou  endommagés. 

Espérant  que  les  remarques  qui  précèdent  seront  de 
quelque  utilité,  nous  allons  maintenant  donner  la  liste  d'un 
certain  nombre  de  Séricigènes  sauvages. 

ESPÈCES   ASIATIQUES 

Anlkerœa  Yama-maï  Guérin-Méneville.  — Ver  à  soie  du 
Chêne  du  Japon.  Ce  Ver  à  soie  sauvage,  cultivé  sur  une  grande 
échelle  au  Japon  à  cause  de  la  beauté  et  de  l'excellente  qualité 
de  sa  soie,  fut  introduit  en  France  en  1861  par  Guérin-Méne- 
ville.  Élevé  dans  divers  pays  d'Europe  avec  plus  ou  moins 
de  succès,  il  a  actuellement  presque  disparu,  les  éducateurs 
l'ayant  perdu  ou  abandonné  pour  élever  une  espèce  plus 
facile,  VAnlherœa  Pernyi,  Ver  à  soie  du  Chêne  de  la  Chine; 
mais  de  nouveaux  essais  d'éducation  seront  probablement 
faits  aussitôt  qu'une  quantité  suffisante  de  graine  pourra 
être  importée  directement  du  Japon.  Ce  qui  a  découragé 
nombre  d'éducateurs,  c'est  que  l'éclosion  des  Vers  avait  lieu 
le  plus  souvent  avant  le  développement  des  bourgeons  de 
Chêne;  en  outre,  les  Papillons  pour  la  plupart  refusaient  de 
s'accoupler  en  captivité.  Il  serait.  Je  crois,  facile  de  remédier 
à  ces  deux  graves  inconvénients.  J'ai  déjà,  dans  quelques- 
uns  de  mes  rapports,  préconisé  l'emploi  de  petits  Chênes  en 
pots,  dans  les  petites  éducations,  afin  de  commencer  l'éle- 
vage des  jeunes  Vers,  aussitôt  après  leur  éclosion,  jusqu'à 
la  venue  des  bourgeons  de  Chêne.  D'un  autre  côté,  on  évite- 
rait les  éclosions  prématurées  en  plaçant,  pendant  tout  l'hi- 
ver, les  œufs  dans  un  sac  de  mousseline  que  l'on  suspendrait 
à  l'air  libre  à  une  exposition  du  nord,  où  ils  ne  recevraient 
jamais  un  rayon  de  soleil.  Aussitôt  les  bourgeons  de  Chêne 
suftisamment  développés,  les  œufs  peuvent  être  soumis  à  une 
température  douce  et  humide,  afin  de  les  faire  tous  éclore 
aussi  rapidement  que  possible. 

Si,  malgré  les  précautions  indiquées  ci-dessus,  les  œufs 


78  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

éclosent  avant  que  les  bourgeons  de  Chêne  éclatent,  il  faut 
aloi"s  avoir  recours  à  un  autre  feuillage.  Cette  année-ci  (1885), 
mes  jeunes  Vers  Yama-maï  se  sont  fort  bien  accommodés 
des  feuilles  du  Charme  et  de  l'Aubépine,  et  un  de  mes  corres- 
pondants à  Londres  m'affirme  avoir  élevé  ses  Vers  exclusive- 
ment sur  l'Aubépine  jusqu'à  la  formation  du  cocon  (voy^ 
Rapport  du  Bulletin  d'août  1885). 

Quant  à  l'autre  difficulté,  celle  d'obtenir  l'accouplement 
des  Papillons,  il  suffit,  pour  réussir,  de  placer  les  cages  à  éclo- 
sions  en  plein  air  ou  mieux  encore  de  les  suspendre  aux 
branches  des  arbres.  En  chambre,  les  Papillons  du  Yama- 
maï,  comme  ceux  d'autres  espèces,  s'accouplent  très  diffici- 
lement. Gomme  ceux  du  Bombyx  du  Mûrier,  les  œufs  du 
Yama-maï  se  conservent  tout  fhiver  pour  n'éclore  qu'au 
printemps.  Mais  en  réalité,  il  y  a  une  différence  notable.  Les 
œufs  du  Bombyx  du  Mûrier  ne  contiennent  pendant  tout  l'hiver 
qu'un  germe;  ils  restent  Hquides.  Ce  n'est  qu'au  printemps, 
lorsqu'ils  sont  soumis  à  la  chaleur,  que  la  larve  se  forme,  et 
elle  sort  de  l'œuf  aussitôt  après  son  développement.  L'œuf 
fécondé  du  Yama-maï,  au  contraire,  contient  une  larve  qui 
se  forme  environ  trois  semaines  après  la  ponte,  et  la  jeune 
larve  toute  développée,  au  mois  d'août  ou  en  septembre, 
reste  dans  l'œuf  jusqu'au  mois  de  mars  ou  d'avril  avant 
d'éclore.  Le  Bombyx  du  Mûrier  hiverne  donc  à  l'élat  d' œuf, 
le  Yama-maï  à  l'état  de  larve.  Les  œufs  des  autres  espèces  de 
Séricigènes  dont  j'ai  fait  l'éducation  n'ont  jamais  pu  hiverner, 
ils  ont  toujours  éclos  quelques  semaines  après  la  ponte,  ou 
les  larves  ont  péri  dans  l'œuf  lorsque  le  temps  était  trop 
froid  pour  l'éclosion.  Les  œufs  de  seconde  génération  de 
VA.  Pernyi  et  de  VAttacus  cynlhia,  pondus  en  octobre,  par 
exemple,  n'ont  jamais  été  d'aucune  utilité  pour  le  printemps 
de  Fannée  suivante.  Il  en  a  été  de  même  des  œufs  de  VAn- 
therœa  mylitta,  de  VAttacus  Atlas  et  autres. 

Les  œufs  Yama-maï,  dans  les  pays  du  midi  de  l'Europe, 
peuvent  éclore-  dès  le  mois  le  mars  ;  dans  ceux  du  Nord,  ils 
n'écloront  qu'en  mai.  En  Ecosse,  ils  éclosent  en  juin.  Tout 
dépend  de  la  température  des  divers  pays,  et  encore  les  éclo- 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES   CONNUS.  79 

sions  d'œufs,  comme  de  Papillons,  sont-elles  relardiîes  ou 
accélérées  par  les  variations  de  température,  comme  celles 
de  nos  Lépidoptères  indigènes.  Il  en  est  de  même  de  la  durée 
des  éducations,  rien  ne  peut  se  préciser,  à  moins  d'avoir  une 
température  uniforme.  En  plein  air  à  Londres,  la  durée  d'une 
éducation  de  Yama-maï  a  été  de  cent  dix  jours  ;  au  contraire, 
une  éducation  faite  à  une  température  constante  de  25  à 
27  degrés  centigrades  n'a  duré  qu'un  mois  à  peu  près. 

Une  question  qui  m'est  souvent  faite,  est  celle-ci  :  à  quelle 
époque  éclosent  les  Papillons  de  telle  ou  telle  espèce  ?  Il  me 
faut  de  nouveau  répondre  qu'il  est  impossible  de  préciser 
l'époque.  Une  caisse  de  cocons  d'A.  mi/litla,  par  exemple, 
m'est  expédiée  de  Calcutta  à  Londres.  Ces  cocons  récoltés 
les  uns  à  Darjeeling,  les  autres  dans  l'Assam,  et  par  consé- 
quent, de  différentes  provenances,  avaient  déjà  fait  un  pre- 
mier voyage  avant  d'être  expédiés  de  Calcutta.  Une  fois  arri- 
vés à  Londres,  ils  sont  réexpédiés  les  uns  en  Europe,  les 
autres  en  Amérique,  et  dans  des  pays  où  le  climat  est  plus 
froid  que  dans  leur  pays  d'origine.  En  réfléchissant,  on  com- 
prendra qu'après  de  tels  voyages  et  soumis  en  outre  à  une 
température  plus  froide,  il  s'opère  un  bouleversement  dans 
l'économie  de  l'Insecte  et  que  les  Papillons  ne  peuvent  éclore 
régulièrement.  En  1885,  le  premier  Papillon  mylilta  est  éclos 
le  12  mai,  le  dernier  à  la  fin- d'octobre;  d'autres  cocons  ne 
sont  pas  éclos  ;  ils  peuvent  hiverner  deux  fois  et  même  trois 
fois.  Ce  n'est  qu'une  fois  acclimatés  qu'ils  peuvent  avoir  des 
mœurs  régulières,  ou  à  peu  près  régulières. 

Atlaciis  cynthia  Drury. — Ver  à  soie  de  TAilante,  origi- 
naire de  la  Chine.  Introduit  en  France  par  Guérin-Méneville 
en  1858,  d'où  il  se  répandit  dans  toute  l'Europe,  en  Afrique, 
en  Amérique  et  jusqu'en  Australie.  Cette  espèce,  à  cocon 
ouvert,  comme  toutes  celles  du  même  genre,  est  naturalisée 
en  France  et  aux  Étals-Unis  de  l'Amérique  du  Nord.  Outre 
l'Allante  {Ailanlhus  glandulosa),  VAtlacus  cynthia  peut 
s'élever  sur  le  Ricin,  le  Lilas,  le  Cytise  {Cytisus  laburnum), 
l'Épine-vinetle. (5er6ms  vuigfans),  le  Cerisier, etc. 


80  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Les  Papillons  Cynlhia  éclosent  ordinairement  au  mois  de 
juin  dans  les  pays  à  climat  tempéré,  et  les  œufs  éclosent  de 
douze  à  quinze  jours  après  la  ponte  à  la  température  ordi- 
naire. Dans  les  pays  chauds,  l'espèce  devient  bivoltine  et  même 
polyvolline.  Commun  en  Chine,  VAttacus  cynlhia  se  trouve 
aussi  à  l'état  sauvage  dans  l'Inde,  à  Miissoorie  où  il  vit  sur 
diverses  espèces  de  végétaux  ;  dans  presque  toute  la  chaîne 
de  l'Himalaya,  dans  le  Dehra  Doon,  dans  l'Assam,  à  Gachar 
et  à  Sangor.  Les  Papillons  s'accouplent  très  facilement. 

Antlierœa  Pernyi  Guévm-Méne\'û\e.  —  Ver  à  soie  du  Chêne 
de  la  Chine.  Cette  précieuse  espèce  à  gros  cocon  fermé,  et 
dont  la  belle  soie  peut  se  dévider,  est  maintenant  élevée 
dans  presque  toute  l'Europe.  La  reproduction  du  Pernyi  est 
des  plus  faciles,  les  Papillons,  lorsqu'ils  sont  bien  conformés, 
s'accouplant  toujours  à  l'air  libre  ou  dans  un  local  quel- 
conque. On  ne  saurait  trop  recommander  l'éducation  de  cette 
espèce,  qui  peut  se  faire  à  l'air  libre,  même  dans  les  pays  du 
Nord.  En  Espagne,  son  éducation  a  déjà  été  faite  sur  une 
assez  grande  échelle  ;  l'espèce  y  est  bivoltine  ainsi  que  dans 
le  midi  de  la  France;  dans  les  pays  du  Nord  elle  est  uni- 
voUinc. 

Au  sud  de  l'Europe,  les  Papillons  peuvent  éclore  dès  le 
mois  de  mciiS;  au  Centre  et  au  Nord,  en  avril  ou  en  mai.  Les 
œufs  éclosent  deux,  trois  et  quelquefois  quatre  semaines 
après  la  ponte.  L'éducation  à  l'air  libre  dure  de  six  à  huit 
semaines,  et  quelquefois  plus,  selon  la  température.  —  Le 
Pernyi  a  éié  élevé  sur  le  Prunier,  mais  c'est  sur  le  Chêne  qu'il 
faut  l'élever.  Un  de  mes  correspondants  de  l'illinois  (Étals- 
Unis),  a  vu  les  Vers  de  la  seconde  génération  quitter  les  Chênes 
dont  le  feuillage  était  devenu  dur  et  coriace,  par  suite  de  la 
i-rande  chaleur  et  de  la  sécheresse,  et  vivre  sur  les  buissons 
d'Aubépine  qui  se  trouvaient  à  côté  des  Chênes.  D'autres 
furent  trouvés  dans  un  jardin,  sur  des  Pommiers,  où  ils  avaient 
atteint  une  taille  énorme. 

Anllierœa  Roylei  Moore.  — Ver  à  soie  du  Chêne  de  l'IIima- 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES   CONNUS.  81 

laya.  Espèce  très  rapprochée  de  l'A.  Pernyi  ;  les  Papillons 
sont  d'une  nuance  beaucoup  plus  pâle  et  verdâtre.  La  prin- 
cipale différence  est  dans  le  cocon  ;  celui  de  Roylei  est  recou- 
vert d'une  énorme  enveloppe  irrégulière  et  extrêmement 
dure  ;  le  cocon  Pernyi^  au  contraire,  n'ayant  aucune  enve- 
loppe. Les  Papillons  provenant  de  cocons  importés  de  l'Inde 
éclosent  pour  la  plupart  en  mai  et  juin,  quelques-uns  au 
commencement  de  juillet.  Les  Papillons  Pernyi  et  Boylei 
s'accouplent  entre  eux  comme  s'ils  n'étaient  qu'une  seule  et 
même  espèce.  Les  œufs  sont  identiques,  et  il  en  est  apparem- 
ment de  même  des  Chenilles.  L'éclosion  des  œufs  a  lieu  après 
le  même  laps  de  temps  et  la  durée  de  l'éducation  est  la 
même.  Le  croisement  du  Roylei  avec  le  Pernyi  produit  le 
remarquable  et  robuste  hybride  que  j'ai  obtenu  en  1881, 
susceptible  de  reproduction  et  de  se  propager  en  formant  un 
type  intermédiaire  tenant  à  la  fois  du  Roylei  et  du  Pernyi. 
L'A.  Roylei  est  commun  à  Simla,  à  Mussoorie,  à  Atmorah 
et  il  se  trouve  aussi  à  Darjeeling. 

Antherœa  mylitta  ;  Attacus  mylitta  Fabricius  ;  Attacm 
paphia  Linné.  —  Ver  à  soie  connu  sous  le  nom  de  Tussah, 
Tasser,  Tussur,  etc.  Répandu  dans  toute  l'Inde  et  l'île  de 
Ceylan,  où  il  vit  à  l'état  sauvage.  Il  est  cultivé  sur  une  grande 
échelle  dans  le  Bengale,  l'Assam,  etc.  Les  diverses  races  de 
cette  espèce  diffèrent  de  taille,  les  plus  gros  cocons  provenant 
généralement  de  l'Himalaya  et  autres  parties  du  nord  de 
l'Inde. 

Le  cocon  fermé  est  lisse  et  sans  aucune  bourre  ;  il  est  sus- 
pendu par  une  forte  corde  de  soie  qui  forme  anneau  autour 
de  la  branche  de  l'arbre.  En  Europe,  cette  espèce  a  été  élevée 
sur  le  Chêne  et  le  Charme.  Dans  l'Inde,  l'A.  mylitta  vit  sur 
un  grand  nombre  d'arbres  et  d'arbrisseaux,  entre  autres  : 
Terminnlia  tomentosa,  Ziziphus  jujuba,  Lagerstrœmia  In- 
dica.  Ficus  Benjamina,  Carissia,  Enidia,  etc.  Le  Mylitta  a 
aussi  été  trouvé  sur  le  Prunier  sauvage. 

Les  Papillons  provenant  de  cocons  importés  du  nord  de 
l'Inde  commencent  généralement  à  éclore  fin  juin,  mais 

4«  SÉRIE.  T.  III.  —  Février  1886.  & 


îSS  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

'C'est  en  juillet  et  août  qu'ils  éclosent  en  nombre;  ils  conti- 
nuent à  éclore  en  petites  quantités  ou  isolément  jusque  vers 
la  fin  d'octobre  ;  ils  éclosent  même  pendant  l'hiver,  si  le  temps 
«st  doux.  Les  cocons  peuvent  hiverner  deux  fois  et  même 
■trois  fois.  Dans  les  pays  du  Nord,  le  Mylitla  ne  peut  s'élever 
'à  l'air  libre,  l'éclosion  des  larves  ayant  lieu  à  une  époque  très 
"avancée  de  l'année.  Il  faudrait,  pour  réussir,  pouvoir  forcer 
l'éclosion  des  Papillons,  et  maintenir  les  œufs  à  une  tempéra- 
Hure  de  25  à  30  degrés  centigrades,  de  manière  à  les  faire 
éclore  dix  à  douze  jours  après  la  ponte.  En  Espagne,  où  j'ai 
iniroduil  le  M  y  litta  en  1884,  M.  Segin,  vice-consul  britan- 
nique, a  réussi  à  élever,  à  l'air  libre,  sur  le  Chêne,  les  Vers 
provenant  d'un  accouplement  qui  eut  lieu  le  31  juillet.  L'éclo- 
sion des  œufs  eut  lieu  dix  jours  après  la  ponte,  et  les  Vers 
i  commencèrent  à  filer  le  29  septembre.  Les  Vers  provenant  de 
deux  autres  accouplements  qui  eurent  lieu,  l'un  le  13  et  l'autre 
•  le  14- août,  périrent  tous  au  milieu  de  novembre,  par  suite 
d'un  changement  subit  et  complet  de  température,  au  mo- 
ment où  ils  allaient  se  mettre  à  filer. 

.      Antherœa  Assama;  A.  assamensis  Helfer.  —  A  l'exception 
tde  Dehra  Doon,  où  elle  vit  sur  un  arbre  connu  sous  le  nom  de 
V4  Kirkee  »^  cette  espèce  ne  se  trouve  que  dans  l'Assam,  où 
'•en  langue  assamoise  elle  porte  le  nom  de  Muga,  qui  signifie 
.  «  ambre  »  à  cause  de  la  couleur  du  cocon.  L'A.  assamensis 
■est  cultivé  dans  l'Assam  sur  une  grande  échelle  et  la  soie  en 
est  fort  estimée.  Dans  certaines  parties  de  l'Assam  on  ob- 
tient cinq  générations. 

L'éclosion  des  Papillons  et  celle  des  œufs  a  lieu  dans  les 
maisons,  après  quoi  on  élève  tes  Vers  à  l'air  libre  sur  di- 
verses espèces  d'arbres.  Les  Vers  sont  surveillés  pendant 
toute  la  durée  de  l'éducation  et  on  les  rentre  au  moment  où 
ils  commencent  à  filer. 

^  Le  Suïïi  {Machilus  odoratissima)  es,i  \3l  nourriture  favorite 
de  celte  espèce;  élevé  sur  cet  arbre,  le  Ver  produit,  dit-on,  la 
plus  belle  et  la  meilleure  soie.  Cette  soie  est  dévidée.  Dans 
l'Assam  inférieur,  on  l'élève  sur  le  Sualu  (Telranlhera  mo- 


SÉRICIGÈNES    SAUVAGES   CONNUS.  83 

nopetala).  Le  feuillage  de  certaines  espèces  d'arbres  fores- 
tiers, tels  que  le  Dighlati  {Tel.  glauca),  le  Patichanda  {Cin- 
namomiim  obtusifolium),  et  le  Bamroti  (Symplocos  gran- 
diflora)  peuvent  aussi  lui  servir  de  nourriture,  si  le  feuillage 
des  deux  premiers  arbres  vient  à  manquer  aux  derniers  âges. 
Le  cocon  Muga  a  environ  un  pouce  trois  quarts  de  longueur 
sur  un  pouce  de  diamètre;  il  est  d'un  beau  jaune  d'or.  Il  y  a 
cependant  un  certain  nombre  de  cocons  de  couleur  foncée. 
L'A.  Assama  vit  aussi  à  l'état  sauvage  dans  l'Assam. 

Antherœa  Frithii  Moore.  —  N'est  probablement  qu'une 
variété  de  l'A.  mylitla,  et  doit  vivre  sur  les  mêmes  végé- 
taux. A.  Frithii  se  trouve  dans  quelques  parties  de  l'Inde,  en 
Cochinchine,  etc.,  et,  selon  le  capitaine  Hulton,  à  Darjeeling. 

Antherœa  Perroteti  Guérin-Mén.  —  Espèce  découverte  à 
Pondichéry  par  M.  Perroltet,  et  qui  est  tout  simplement  une 
des  races  ou  une  variété  du  Mylitta. 

Antherœa  Helferi.  —  Autre  espèce  dont  le  cocon  res- 
semble à  celui  de  l'A.  mylitta.  Se  trouve  à  Darjeeling. 

Antherœa  nebulosa  Hutton.  —  Espèce  remarquable  et 
assez  commune  dans  l'Inde  centrale,  et  dont  la  soie  peut  riva- 
liser avec  celle  de  l'A.  paphia  (mylitta)  (Gap.  Hutton). 

Bombyx  (Theophila)  Huttoni  Westwood. —  Espèce  bivol- 
tine  vivant  dans  les  montagnes  sur  le  Mûrier  indigène  de 
Simla,de  Mussoorie  et  d'Almorah.  Le  B.  Huttoni  est  très  ro- 
buste, et  il  produit  un  beau  cocon  blanchâtre.  Quoique  le  Ver 
soit  trop  sauvage  pour  être  élevé  en  captivité,  cette  espèce 
serait  d'une  grande  utilité  pour  les  éducations  à  l'air  libre, 
sur  le  Mûrier  même  (Gap.  Hutton). 

Bombyx  {Theophila)  Bengalensis  Hutton.  —  Espèce  poly- 
yolline  ressemblant  au  ^.  Huttoni,  mais  elle  vit  au  Bengale 


84  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

sur  VArtocarpus  Locucha.  Cette  espèce  est  plus  petite  que  la 
précédente  (Gap.  Hutton). 

Bombyx  a f finis.  —  Découvert  en  1869  à  Ghota  Nagpore 
'  par  M.  Kingi  ;  il  vit  sur  VArtocarpus  Locucha,  mais  le  capi- 
taine Hutton  réleva  avec  le  plus  grand  succès  sur  des  bran- 
ches" de  Morus  Indica. 

Bombyx  (Theophila)  Sherwilli  Moore.  —  Le  Papillon  de 
cette  espèce  ressemble  beaucoup  à  celui  du  B.  Huttoni, 
mais  il  est  un  peu  plus  grand.  Tout  ce  que  l'on  sait,  c'est 
que  l'insecte  parfait  se  trouvait  dans  la  collection  du  major 
J.-L.  Sherwill;  on  ignore  s'il  a  été  capturé  dans  les  plaines 
ou  à  Darjeeling. 

Bombyx  (Ocinara)  religiosœ  Helfer. — Quoique  portant  le 
nom  de  Bombyx,  la  description  donnée  par  le  docteur  Helfer 
s'applique  plutôt  à  une  espèce  d'Ocinara.  Le  docteur  Helfer 
l'appelle  le  Ver  à  soie  Goree^  et  M.  Hugon  le  Ver  à  soie  Deo- 
mooga.  On  dit  qu'il  se  trouve  entre  l'Assam  et  le  Shylet 
(Cap.  Hutton). 

Dans  son  rapport  sur  la  «  soie  dans  l'Assam  »  en  date  du 
29  février  1884-,  M.  E.  Slack,  Directeur  de  l'Agriculture, 

-.;parle  ainsi  de  cette  espèce  :  «  Ce  Ver  à  soie  {Bombyx  reli- 
giosœ) est  appelé  Deomuga  à  cause  de  sa  grande  taille.  C'est 
le  plus  gros  de  tous  les  Vers  à  soie  ;  il  atteint  une  longueur 
de  six  pouces  et  demi  ;  c'est  aussi  le  plus  joli.  »  M.  Buckin- 

.gham  en  parle  ainsi  :  «  Ce  Ver  à  soie  vit  sur  le  Sum  (Machi- 
lus  odoratissima)  et  quelquefois  avec  le  Muga  ordinaire.  Au 

.deuxième  et  au  troisième  âge,  il  est  d'une  beauté  remar- 
quable, avec  des  rangées  de  taches  d'un  bleu  de  turquoise  sur 
les  côtés.  Au  quatrième  âge,  les  taches  bleues  disparaissent 
et  des  taches  jaunes  d'or  les  remplacent.  De  chaque  côté  du 
corps,  il  y  a  des  bandes  qui  ont  toutes  les  couleurs  de  l'arc- 
en-ciel,  ce  qui  rend  ce  Ver  à  soie  de  beaucoup  supérieur  en 

'beauté  à  tous  les  autres.  » 

■     Le  Ver  Deomuga  vit,  dit-on,  trente  jours  et  file  son  cocon 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES   CONNUS.  85,, 

en  trois  jours.  Le  Papillon  éclôt  au  bout  de  quinze  jours 
lorsque  le  temps  est  chaud,  et  au  bout  de  trente  jours  pen- 
dant la  saison  froide  ;  le  Papillon  vit  quatre  jours.  Le  cocon 
est  gros  (3"  x  1  j)  ;  il  fournit  une  grande  quantité  de  soie 
forte  et  grossière.  La  dureté  du  cocon  rend  le  dévidage  diffi- 
cile et  la  soie  se  noue  souvent.  Le  fil  du  Deomuga  est  employé 
au  Bengale  à  faire  des  lignes  à  pêcher.  A  Cachar,  le  Deomuga 
vit  sur  le  Ficus  Indica  et  sur  le  Pi'pal  {Ficus  religiosa).  Il 
se  trouve  généralement  dans  la  vallée  de  l'Assam. 

Ocinara  lida  Moore.  —  Cette  espèce  se  trouve  à  Mussoo- 
rie  ;  la  Chenille,  qui  ressemble  à  une  Géomètre,  vit  sur  le 
Ficus  venosa  et  le  Figuier  sauvage.  Elle  file  un  petit  cocon 
blanc  sur  une  feuille  ou  sur  une  pierre  au  pied  de  l'arbre  ;  le 
cocon  est  trop  petit  pour  être  d'aucune  utilité  (Cap.  Hutton). 

Ocinara  lactea  Hutton.  — Cette  espèce  se  trouve  aussi  à 
Mussoorie  et  elle  vit  sur  le  Ficus  venosa,  filant  dans  une 
feuille  un  curieux  petit  cocon  jaune.  Ce  cocon  est  entouré 
d'une  dentelle  de  soie  jaune.  La  Chenille  est  liàse,  tandis  que 
celle  de  l'O.  lida  est  velue  (Cap.  Hutton). 

Ocinara  comma  Hutton).  —  Le  Papillon  de  cette  espèce 
est  blanc  avec  une  marque  foncée  en  forme  de  comma  sur  le 
disque  des  ailes  supérieures.  Il  se  trouve  dans  le  Doon  à  en- 
viron 5500  pieds  au-dessus  de  Mussoorie. 

îfc'j 

Trilocha  varians  Moore.  —  Petite  espèce  découverte  â 
Ganara,  et  par  M.  Grote  à  Calcutta.  N'est  d'aucune  utilité 
pour  la  soie.  V* 

Cricula  trifenestrata.  — Cette  curieuse  espèce  se  trouve 
dans  diverses  parties  de  l'Inde ,  quelquefois  en  si  grand 
nombre  que  les  larves  dépouillent  entièrement  les  Mair- 
guiers,  détruisent  aussi  le  feuillage  de  VAcacia  catechu  et' 
attaquent  même  l'arbre  à  Thé.  Se  trouve  dans  le  Birman,  lé' 
Moulmein  et  à  Chota  Nagpore,  dans  l'Inde  centrale.  Les  co- 


SS  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

cons  se  trouvent  en  las  et  ils  sont  tellement  assujettis  les  uns 
aux  autres  qu'on  ne  peut  les  séparer  pour  filer  la  soie,  ce  que 
leur  structure,  du  reste,  ne  permettrait  pas;  c'est  pourquoi 
on  les  carde.  Ils  sont  en  forme  de  réseau  et  d'un  jaune  d'or. 
J'ai  fait  connaître  et  élever  cette  espèce  en  Europe  en  4884?/^ 
Par  moi,  les  Chenilles  de  cette  espèce  furent  d'abord  élevées 
sur  le  Chêne,  le  Prunier,  le  Pommier,  le  Poirier  et  le  Saule,  " 
ensuite  sur  le  Prunier  exclusivement.  Un  de  mes  correspon- 
dants les  a,  je  crois,  élevées  sur  le  Tilleul. 

Dans  le  rapport  de  M.  Stack,  on  trouve  ce  qui  suit  sur  cette 
espèce  :  Amluri  ou  Ampotoni  {Cricula  trifenestrata).  L'Aw- 
luri  prend  son  nom  du  Manguier  ou  Am  sur  lequel  il  se 
nourrit.  C'est  un  des  Vers  à  soie  les  plus  communs  de  l'As- 
sam.  Il  se  trouve  dans  la  vallée,  au  pied  des  collines  du  côté 
nord  et  du  côté  sud,  et  aussi  à  Gachar,  où  l'arbre  à  Thé  sau-" 
vage  lui  sert  de  nourriture.  Il  se  trouve  aussi  fréquemment 
sur  le  Sum  ;  mais  sa  nourriture  favorite  est  le  Manguier  des 
forêts  ou  le  Manguier  cultivé  près  des  villages.  La  chrysalide, 
comme  celles  de  toutes  les  espèces  de  Vers  à  soie  sauvages,  est 
un  mets  recherché  des  Kacharis,  des  Rabbas,  des  Mèches  et 
des  Mikirs.  LeR.  P.  Gambouénous  a  aussi  fait  savoir  que  les 
Malgaches,  à  Madagascar,  mangent  avec  délices  les  chrysalides 
des  Vers  à  soie,  en  friture. 

Caligula  Simla  Westwood.  —  Le  cocon  de  cette  espèce 
est  en  forme  de  réseau.  Il  ressemble  pour  la  forme  à  celui  de 
Cricula  trifenestrata,  mais  il  est  plus  gros  et  d'une  couleur 
foncée,  presque  noire.  Il  y  a  quelques  années,  je  reçus  des 
cocons  vivants  de  cette  espèce,  mais  toutes  les  chrysalides  que 
Ton  voyait  se  mouvoir  dans  les  cocons  périrent  au  bout  de 
quelque  temps.  Se  trouve  à  Simla,  à  Miissoorie  et  dans  la 
province  de  Kumaon,  se  nourrissant  sur  le  Noyer,  le  Salix 
Babylonica,  le  Poirier  sauvage,  etc.  Cette  espèce  se  trouve 
aussi  au  Japon,  où  elle  se  nourrit  sur  le  Châtaignier  comes- 
tible. 

Caligula  thibeta.  —  Se  trouve  à  Mussoorie,  où  il  vit  sur 


SÉRICIGÈNES    SAUVAGES    CONNUS.  87 

VAndromeda  ovalifolia,  le  Poirier  sauvage  et  le  Cognassier 
commun.  Il  se  trouve  aussi  dans  la  province  de  Kumaon,  mais 
son  nom  spécifique  est  faux,  l'insecte  ne  s'approchant  jamais 
du  Thibet.  Le  cocon  est  un  réseau  grossier  à  travers  lequel  on 
voit  la  chrysalide. 

Neoris  Hultoni  Moore.  — Espèce  découverte  par  le  capi-t 
taine  Hutlon  à  Mussoorie,  à  environ  6500  pieds  d'élévation, 
vivant  sur  le  Poirier  sauvage.  Les  Chenilles  se  trouvent  en 
avril.  Le  cocon  est  un  réseau  qui  ne  produirait  pas  de  soie. 

Attacus  Ricini.  —  Espèce  dont  le  Ver  produit  la  soie  con- 
nue des  indigènes  sous  le  nom  de  soie  arrindy.  Le  Ver 
s'élève  sur  le  Ricin  (Ricinus  communis).  Les  principaux  en- 
droits où  cette  espèce  est  cultivée  sont:  l'Assam,  le  Bengale 
oriental,  Rungpore  et  Dinagepore.  Les  Mékirs,  dans  la  partie 
orientale  du  Bengale,  en  possèdent  une  très  belle  espèce  à 
soie  blanche.  V Attacus  Ricini  {B .  arrindia),  selon  certains 
sériciculteurs,  n'est  autre  que  V Attacus  cynthia,  élevé  sur  le 
Ricin  à  l'état  de  domesticité.  C'est  dans  l'Assam  que  cette  es- 
pèce est  presque  exclusivement  cultivée,  et,  comme  le  Ver  du 
Mûrier,  elle  est  cultivée  à  l'état  de  domesticité,  où  elle  porte 
le  nom  d'Eri,  mot  qui  signifie  iîicm.  L'espèce  vit  aussi  sur  le 
Keseru  {Heteropenex  fragrans);  il  y  a  aussi  plusieurs  autres 
arbres,  tels  que  le  Gulancha  (Jatropha  curcas)^  le  Gamari 
{Gmeiina  arborea)  et  même,  dit-on,  le  Bogri  commun  ou  Ber 
{Ziziphus  jujuha),  sur  lesquels  le  Ver  peut  s'élever,  si  le 
Ricin  vient  à  manquer. 

Actias  setene.  —  Espèce  répandue  dans  l'Inde  et  l'île  de 
Ceylan;  cocon  fermé,  mais  irrégulier  et  peu  soyeux.  Il  y  a  ce- 
pendant quelques  races  à  cocon  épais  et  ferme,  celle  de  Ma- 
dras, par  exemple;  la  soie  en  a  été,  dit-on,  dévidée.  Le  Pa- 
pillon de  cette  espèce  est  d'une  beauté  remarquable,  ses  ailes 
sont  d'un  beau  vert  tendre  et  sa  forme  est  celle  d'un  Papilio 
à  longue  queue,  tels  que  P.  podalirius  de  l'Europe  et 
P.  ajax  de  l'Amérique  du  Nord.  La  Chenille  s'élève  très  bien 


88  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

sur  le  Noyer;  elle  vit  aussi  sur  le  Cerisier  sauvage.  Dans 
rinde,  elle  vit  sur  le  Poirier  sauvage,  le  Noisetier,  le  Cedrela 
paniculata,  le  Coriara  Nepalensis  et  plusieurs  autres  arbres 
et  arbustes  forestiers. 

Actias  mœnas  Doubleday.  —  Espèce  qui  se  trouve  à  Dar- 
jeeling  et  dans  TAssam.  C'est  une  grande  espèce  dont  on  ne 
connaît  encore  ni  les  habitudes  ni  le  produit.  Le  Papillon  est 
vert  tendre.  •  -^'^^  '^ 

Aclias  leto.  —  Se  trouve  dans  les  mêmes  contrées  et  avec 
l'espèce  précédente.  11  est  très  probable  que  Mœnas  et  Leto  ne 
sont  que  la  même  espèce  :  Mœnas  est  le  Papillon  femelle, 
Leto  le  Papillon  mâle  ;  il  n'y  a  maintenant,  je  crois,  aucun 
doute  à  ce  sujet.  Les  ailes  de  Leto  sont  vertes,  mais  couvertes 
de  taches  d'un  brun  rougeâtre,  qui  manquent  chez  le  Pa- 
pillon femelle  Mœwas. 

Saturnia  pyretorum.  —  Se  trouve  à  Darjeeling  et  à  Cachar, 
mais  c'est  tout  ce  que  l'on  sait  (Cap.  Hutton). 

Saturnia  Grotei  Moore.  —  A  été  trouvé  à  Darjeeling  et 
un  ou  deux  Papillons  ont  été  capturés  à  Mussoorie.  Le  capi- 
taine Hutton  a  lieu  de  croire  que  la  Chenille  vit  sur  le  Poirier 
sauvage. 

Saturnia  lindia  Moore.  —  Tout  ce  que  l'on  sait  de  cette 
espèce,  c'est  qu'elle  se  trouvait  dans  la  collection  faite  par  le 
feu  capitaine  James  Lind  Sherwill  et  l'on  suppose  qu'elle 
provient  de  Darjeeling  ou  de  ses  environs;  elle  est  alliée  à 
Sat.  Grotei  (Cap.  Hutton). 

Saturnia  cidosa  Moore.  —  De  la  collection  du  capitaine 
J.  L.  Sherwill,  provient  du  nord-est  de  l'Inde.  Nous  n'avons 
aucun  renseignement  sur  cette  espèce.  Comme  elle  est  très 
rapprochée  de  Sat.  pyretorum,  je  suis  porté  à  croire  qu'elle 
habite  Darjeeling  ou  Cachar  (Cap.  Hutton). 


SÉRICIGÈNES    SAUVAGES   CONNUS.  89' 

Lœpa  Katinka  West.  —  Papillon  jaune  d'une  beauté  re-  \. 
marquable,  découvert  pour  la  première  fois  dans  l'Assam;  se"î 
trouve  aussi,  à  ce  que  je  crois,  à  Mussoorie.  M.  Moore,  cepen-- 
dant,  considère  l'espèce  que  je  possède  comme  étant  dislincte.o- 
On  pourrait  peut-être  en  obtenir  une  petite  quantité  de  soie 
(Gap.  Hutton). 

Lœpa  sivalica  Hutton.  —  Espèce  étroitement  alliée  à  la 
précédente;  se  trouve  à  Mussoorie,  à  5500  pieds  et  aussi  plus 
bas;  pourra  probablement  produire  une  [petite  quantité  de 
soie  (Cap.  Hutton). 

Lœpa  miranda  Alkinson.  —  Belle  et  bonne  espèce,  dé-.j 
couverte  à  Darjeeling  par  M.  Atkinson;  mais  là  s'arrêtent  les  ; 
renseignements  (Cap.  Hutton). 

Lœpa  sikkimensis  Alkinson.  —  Très  belle  espèce,  décou- 
verte à  Darjeeling  par  M.  Atkinson  ;  on  peut  la  distinguer  des 
autres  espèces  par  sa  petite  taille  et  par  ses  ailes,  qui  sont 
tachetées  de  marron;  on  ne  sait  rien  de  son  économie  (C.  H.).' 

Atlacus  Atlas  Linn.  —  Le  plus  grand  des  Bombyciens  sé- 
ricigènes;  commun  à  5500  pieds  d'élévation  à  Mussoorie' 
et  dans  le  Dehra  Donn  ;  il  se  trouve  aussi  dans  les  profondes 
vallées  des  collines  environnantes;  il  est  commun  aussi  à- 
Almorah,  où  le  Ver  vit  sur  leKilmorah  ou  Berberis  Asiatica, 
tandis  qu'à  Mussoorie  il  n'attaque  jamais  cet  arbuste  et  vit 
exclusivement  sur  les  feuilles  du  Falconeria  insignis.  Le 
Ver  de  cette  espèce  est  probablement  plus  facile  à  élever  que 
celui  de  toutes  les  autres  espèces  de  Bombycides  sauvages; 
il  produit  un  très  gros  cocon,  riche  en  soie  et  d'une  couleur 
grisâtre;  l'espèce  abonde  aussi  à  Cachar,  dans  le  Sylhet,  et 
se  trouve  à  Akyab,  dans  l'Arracan  et  aussi  en  Chine  (Note 
du  capitaine  Hutton). 

VAtt.  Allas  est  répandu  dans  toute  l'Inde,  l'île  de  Ceylan, 
la  Chine,  le  Birman  et  autres  pays  jusqu'à  Singapore,  à  l'ex- 
trémité de  la  péninsule  malaise;  il  se  trouve  également  à 


90  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Java,  à  Bornéo  et  probablement  dans  toutes  les  autres  îles  de 
l'océan  Indien.  Les  diverses  races  de  cette  espèce  diffèrent 
par  la  taille  et  le  coloris  des  ailes,  les  cocons  ont  aussi  une 
teinte  un  peu  différente;  la  Chenille  est  tiès  polyphage.Dans 
l'île  de  Geylan,  elle  vit  de  préférence  sur  le  Cannellier  {Lau- 
rus  cinnamomum)  et  le  Milnea  Roxburghiana,  mais  elle 
se  trouve  aussi  sur  beaucoup  d'antres  arbres. 

En  Europe,  elle  s'élève  parfaitement  bien  sur  l'Epine- 
vinette  {Berberis  vulgaris)  ;  elle  peut  aussi  s'élever  sur  le 
Pommier,  le  Saule,  le  Charme  et  autres  arbres  et  arbustes. 

En  1884  je  l'ai  élevé  à  Londres,  sur  l'Allante,  à  l'air 
libre,  jusqu'au  troisième  âge.  On  ne  pourrait  élever  VAtlas^ 
à  l'air  libre,  jusqu'à  la  formation  du  cocon,  que  dans  les 
pays  du  Midi,  mais  l'espèce  s'élève  facilement  en  captivité. 
La  Chenille  de  VAllas,  comme  celle  de  VAtt.  cynthia,  est 
couverte  sur  tout  le  corps  d'une  sécrétion,  formant  une 
sorte  de  farine  blanche.  VAlt.  Atlas  et  VAtt.  cynthia  ont 
quelques  traits  de  ressemblance;  les  deux  espèces  ont  été 
trouvées  vivant  sur  rÉpine-vinetle ,  dans  la  province  de 
Kumaon.  i 

Attacus  Edwardsii  Moore.  —  Espèce  découverte  à  Dar- 
jeeling,  de  couleur  très  foncée  et  d'une  taille  plus  petite.  On 
ne  connaît  ni  sa  nourriture,  ni  sa  vie  (Note  du  capitaine 
Hutton).  Il  est  probable  que  VAtt.  Edwardsii  n'est  qu'une 
des  nombreuses  races  ôeVAtl.  Atlas. 

ESPÈCES   D'AFRIQUE 

Les  Bombyciens  séricigènes  de  l'Afrique,  et  il  y  en  a  un 
très  grand  nombre,  sont  encore  presque  tous  inconnus 
comme  sétifères;  c'est  pourquoi  je  ne  pourrai  que  citer  les 
noms  de  certaines  espèces.  Au  Cap  de  Bonne-Espérance,  il  y 
en  a  au  moins  cinq  espèces,  dont  l'une,  la  Saturnia  Isis 
Weslwood,  se  trouve  aussi  à  Sierra- Leone  avec  la  Sat. 
aletida  et  la  Sat.  phœdura  Dury.  A  Natal,  il  y  a  VActias 
mimosœ,  dont  le  Papillon  est  admirable.  Au  Sénégal,  il  y  ;a 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES    CONNUS.  91 

\e  Faidherbia,  à  cocon  fermé,  dit-ori;  ce  serait  alors  un 
Antherœa;  peut-être  celte  espèce  est-elle  celle  qui  est  con- 
nue sous  le  nom  de  Bombyx  Bauhiniœ. 

Les  Séricigènes  de  Madagascar  sont  mieux  connus,  et  le 
R.  P.  Gamboué  en  parle  dans  son  intéressant  rapport,  qui 
a  paru  dans  le  Bulletin  de  juin  1885,  de  la  Société  d'Accli- 
matation, C'est  dans  le  rapport  du  P.  Camboué  que  je  puise- 
rai les  quelques  renseignements  que  je  vais  donner  sur  les 
Vers  à  soie  malgaches.  ' 

Borocera  Madagascariensis  Boisduval.  —  Espèce  que  les 
Malgaches  appellent  Bibindandy  (Ver  à  soie),  et  dont  ils 
tirent  la  soie,  qui  sert  à  la  confection  de  leurs  magnifiques 
étoffes  dites  Lamba-Landy.  Le  cocon,  qui  est  grisâtre,  a, 
chez  la  femelle,  environ  0'",05  de  longueur  sur  O^jOS  de 
plus  grand  diamètre  ;  chez  le  mâle,  il  n'a  que  O^jOS  de  lon- 
gueur sur  0'",015  de  plus  grand  diamètre.  L'éclosion  du 
^  Papillon  a  lieu  une  trentaine  de  jours  après  la  formation  de 
la  chrysalide.  La  Chenille  du  Bibindandy  est  très  poly- 
phage;  mais  les  Malgaches  l'élèvent  de  préférence  sur  l'Em- 
brevattier  {Cytisus  cajanus)  et  sur  le  Tapia  (Tapia  edulis)  ; 
elle  vit  aussi  sur  le  Goyavier,  le  Bibacier  et  le  Saule  pleureur. 
Sur  la  côte,  le  R.  P.  Camboué  a  trouvé  des  cocons  de  Bibin- 
dandy sur  l'Oranger,  le  Badamier,  et  le  Fotabe  {Baringtonia 
speciosa).  Sur  la  côte  ouest,  on  en  trouve  beaucoup  sur  les 
Palétuviers  et  autres  arbres  croissant  aux  bords  de  la  mer. 

Le  Bibindandy  peut  vivre  jusque  sur  les  hauteurs  de  l'in- 
térieur de  l'île,  où  il  n'y  a  que  3  à  4  degrés  centigrades  de 
chaleur.  C'est  le  plus  important  des  Vers  à  soie  sauvages  de 
Madagascar. 

Bibindandy  dynamboa  (Ver  à  soie  des  Chiens)  et  Bibin- 
dandy madinika  (petit  Ver  à  soie),  sont  deux  espèces  de 
Borocera  se  rapprochant  du  Madagascariensis. 

Saturnia  Suraka  Boisduval  ;  Caligula  Suraka.  — 
Grande  et  belle  espèce,  dont  la  Chenille  atteint  10  centi- 
mètres del  ongueur  et  forme  un  cocon  à  tissu  double  en 


92  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

treillis,  très  fort,  de  couleur  jaunâtre,  mesurant  environ 
6  centimètres  de  longueur  sur  3  centimètres  de  plus  grand 
diamètre.  La  Chenille,  qui  est  polyphage,  vit  très  bien  sur  le 
Laurier  rose  {Nerium  oleander).  Arrivée  au  dernier  âge,  elle 
est  verte  avec  plaques  noir  verdâtre  et  tubercules  épineux  ; 
tirant  sur  le  rose.  L'insecte  parfait  sort  après  une  trentaine 
de  jours. 

Le  P.  Camboué  a  observé  sur  le  littoral  est,  à  Tamatave, 
une  autre  espèce  de  Saturnia,  se  rapprochant  assez  de  Su- 
raka.  La  Chenille,  fausse  Arpenteuse,  est  d'un  beau  noir, 
garnie  sur  ses  segments  de  proéminences  épineuses,  jaunes 
sur  les  huit  derniers,  rosées  sur  les  premiers.  Le  corps  est 
parsemé  de  taches  jaunes  de  la  même  couleur  que  les  tuber- 
cules. Les  stigmates  sont  noirs,  bordés  de  jaune;  les  fausses 
pattes  d'un  beau  noir  luisant.  Elle  atteint  9  centimètres  de 
longueur  sur  12  millimètres  déplus  grand  diamètre.  Elle  est 
aussi  polyphage  et  vit  bien  sur  le  Laurier  rose.  Le  cocon  est 
plus  petit  et  de  couleur  plus  sombre  que  celui  de  S.  Suraka. 


LISTE    D  ESPÈCES   SÉRICIGÈNES   D  AFRIQUE 

Bombyx  Bauhiniœ {1res  recommandé). 

Bombyx  annulipes  Boisduval. 

Salurniu  Cajani  Guérin-Méneville. 

Bombyx  Bhadama  Bdv. —  Espèce  commune  à  Madagascar. 
Les  Chenilles  vivent  en  société  dans  des  poches  communes 
contenant  de  500  à  600  cocons,  dont  la  soie  grossière  est 
utilisée. 

Bombyx  Diego.  —  Moins  connu  que  le  précédent  et  vivant 
de  la  même  manière. 

Bombyx  Fleuriotii  Guérin-Méneville.  —  A  peine  connu 
et  servant  à  tisser  des  lambas  sur  la  côte  méridionale. 

Saturnia  auricolor  Mabille. 

Saturnia  fuscicolor  Mabille. 

Bombyx  panda.  — Vit  comme  le  Bhadama  et  produit  une 
soie  très  estimée. 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES    CONNUS.  93 

Saturnia  vacuna  Westwood.  —  Habite  l'Ashantee. 

Saturnia  mythimnia  Weslw.  — Port  Natal. 

Saturnia  arata  Westw.  —  Ashantee  et  Sierra-Leone. 

Saturnia  belina  Westwood.  — Zoulouland. 

Saturnia  hersilia  Westw.  —  Congo. 

Saturnia  menippe  Westw.  —  Natal  et  autres  parties  de 
l'Afrique  australe. 

Saturnia  tyrrhea  Cramer.  —  Cap  de  Bonne-Espérance  et 
Afrique  australe. 

Saturnia  cytherea  Fabricius.  —  Gap  de  Bonne-Espérance 
et  Afrique  australe. 

Saturnia  nenia  Westw.  —  Congo. 

Saturnia  agathylla  Westw. 

Saturnia  Said  Oberthùr.  —  Belle  et  grande  espèce  trou« 
vée  par  M.  Raffray  à  Bagamoyo,  en  face  de  l'île  de  Zanzibar. 

Saturnia  thyella  Zamberia  Felder. 

ESPÈCES  D'EUROPE 

Il  n'y  a  en  Europe  aucun  Bombycien  qui  soit  important 
comme  séricigène.  Des  six  espèces  que  je  vais  mentionner, 
les  trois  premières  produisent  une  soie  assez  grossière,  et 
il  en  est  de  même,  je  crois,  de  la  quatrième,  Cœcigœna.  La 
Sat.  Isabellœ  fournit  un  cocon  dont  la  soie  est  assez  fine, 
mais  elle  est  peu  abondante.  UOtus  seul  semblerait  être  une 
espèce  digne  d'attention  comme  sétifère,  mais  cette  espèce 
est  plutôt  asiatique  qu'européenne. 

AttacusPyri  S.  V.  Godard;  Saturnia  pavonia  major  Linn. 
—  Europe  centrale  et  méridionale.  Se  nourrit  principale- 
ment sur  le  Pécher,  l'Amandier,  le  Poirier,  le  Pommier,  le 
Prunier,  l'Orme,  le  Frêne,  etc.  En  France,  la  Chenille  atteint 
toute  sa  taille  dans  le  courant  du  mois  d'août.  Elle  forme  son 
cocon  sous  les  corniches  des  murs,  aux  bifurcations  des 
grosses  branches,  ou  au  pied  des  arbres.  Il  y  a  en  Algérie  une 
variété  de  Pyri,  décrite  par  M.  H.  Lucas,  sous  le  nom  de 
Saturnia  Atlantica. 


'  94-  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Attacus  carpin.i  S.  V.  God.,  Dup.,  Bdv.  ; Saturnia pavonia 
minor  L.  —  Dans  presque  toute  l'Europe  ;  se  trouve  jusque 
dans  le  nord  de  l'Angleterre.  La  Chenille  vit  sur  l'Orme,  le 
Charme,  le  Bouleau,  le  Saule,  le  Prunellier,  la  Ronce,  la 
Bruyère,  etc.  Cette  espèce  est  plus  précoce  que  la  précédente; 
les  papillons  éclosent  généralement  en  avril.  Les  Chenilles 
écloses  en  mai  forment  leur  coque,  qui  est  pyriforme,  vers  le 
milieu  de  juillet,  dans  les  buissons. 

Attacus  spini  Borkha.usen;  S at. pavonia  média  Fabricius. 
—  Allemagne,  Autriche,  Hongrie.  Cette  espèce  ne  peut,  dit- 
on,  s'accoupler  qu'à  l'air  libre.  Je  n'ai  jamais  pu  obtenir  la 
reproduction   de  cette  espèce  en  captivité  après  plusieurs 

.  annéCvS  d'essai.  En  1881,  avec  une  quarantaine  de  cocons,  je 
ne  pus  obtenir  que  sept  ou  huit  Papillons;  les  chrysalides, 
comme  celles  de  Pyn  et  de  Carpini,  restent  souvent  deux 
ans  et  même  trois  ans  avant  d'éclore.  Les  Papillons  de  Spini, 
en  1881,  ont  commencé  à  éclore  le  17  avril,  les  Carpinile  SO. 
D'après  ces  dates,  le  Spini  serait  encore  plus  précoce  que  le 

'  Carpini.  La  Chenille  vit  sur  le  Prunellier,  Prunus  spinosa. 
Le  cocon  est  plus  gros  et  plus  soyeux  que  celui  de  Carpini 
et  est  de  forme  ovale.  Le  Papillon,  qui  ressemble  assez  à 
cehii  de  Pyri,  est,  comme  chez  celui-ci,  de  même  couleur  et 
de  même  taille  chez  les  deux  sexes;  il  y  a,  au  contraire,  une 

•  différence  très  marquée  chez  le  mâle  et  la  femelle  dé  Carpini, 
tant  pour  la  taille  que  pour  la  couleur. 

Saturnia  cœcigœna  Hubner.  —  Dalmatie,  Turquie,  Asie 

•  '  Mineure.  Je  n'ai  encore  aucune  donnée  sur   cette  espèce. 

■    .  Saturnia  (Actias)  Isahellœ.  —  Espagne  centrale.  Magni- 
fique espèce  découverte  par  M.  Mieg,  décrite  et  figurée  dans 
les  Annales  de  la   Société  entomologique,  1850,    p.   241, 
■  pi.  Vlil,  par  M.  le  professeur  Graells.  Le  Papillon  ressemble 
'par  la  forme  à  V  Actias  luna  des  États-Unis  de  l'Amérique  du 
'  Nord  ;  il  est  d'un  be'au  vert  avec  les  nervures  brunes.  La  Che- 
nille est  verte,  avec  la  tête  et  le  milieu  des  segments  bru- 


n'vsÉRIClGÈNES   SAUVAGES   eONWUS.  .95 

•  nâtres;  deux  taches  allongées,  rouges,  bordées  de  blanc,  se 
remarquant  sur  le  bord  de  chaque  segment;  elle  vit  sur  le 
Pin  des  forêts,  Pinus  sylveslris. 

Cette  belle  espèce  est  loujours  maintenue  à  un  prix  assez 
élevé,  et  la  propagation  en  est  pour  ainsi  dire  interdite. 

En  1878,  je  reçus  dix-huit  chrysalides  d'Espagne;  elles 
coûtaient  15  francs  pièce,  mais  le  prix  a  baissé  depuis  cette 
époque. 

Mon  désir  était,  avec  ces  dix-huit  chrysalides,  de  repro- 
duire et  d'élever  l'insecte,  mais  je  n'eus  aucun  succès,  pro- 
bablement par  suite  du  système  employé  pour  l'envoi  des 
chrysalides.  Il  en  fut  de  même  de  deux  autres  essais  que  je 
fis  les  années  suivantes.  Les  chrysalides,  avantd'être  expédiées 
d'Espagne,  sont  sorties  du  cocon,  enveloppées  de  petites 
bandes  de  papier  de  soie,  et  elles  sont  ensuite  remises  avec 
un  peu  de  ouate  dans  le  coton  préalablement  coupé  d'une 

-  extrémité  à  l'autre.  Cette  opération  est  faite  dans  le  but  pré- 
tendu de  voir  si  les  chrysalides  envoyées  sont  bien  vivantes  et 

'  aussi  afin  de  les  protéger  contre  les  chocs  du  voyage.  Le 
résultat  de  cette  opération,  faite  avec  de  bonnes  intentions, 
dit-on,  c'est  qu'une  partie  des  Papillons  qui  éclosent  sont 
avortés,  et  que  la  plupart  des  chrysalides  sont  détruites  par 
des  parasites  diptères  auxquels  on  a  ouvert  la  porte.  Avec 
mes  dix-huit  chrysalides  d'habellœ^y  je.  n'obtins  qu'un  tout 
petit  nombre  de  Papillons,  tous  femelles,  à  l'exception  d'un 
mâle,  cinq  ou  six  Papillons  en  tout. 
.1         .,     ■■  , 

.  Bombyx  {Lasiocampa)  Oins  Drury.  -^  C'est  le  Bombyx 
séricigène,  dont  les  Grecs  et  les  Romains  obtenaient  de  la 
soie,  avec  laquelle  ils  fabriquèrent  des  tissus  avant  l'intro- 
duction du  Ver  à  soie  du  Mûrier  de  la  Chine.  ,Qu'est  devenu 
ce  célèbre  Bombyx  «  Hibou  »  des  anciens?  Un  de  mes  an- 
ciens correspondants  de  Sicile,  M.  J.  Pincitore  Marolt,  de 
Palerme,  dans  un  article  -qui  a  paru  le  1"  août  1873,  dans 
les  Petites  nouvelles  entomoiogiques,  parle  de  la  découverte 
i  etde  lapropagatiiinde  ce  remarquable  Lépidoptère  eq  Italie, 
et  dit  dans  un  passage  de  son  rapport  :  «  Le  Bombyx  Otus 


96  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D  ACCLIMATATION. 

est  d'uno  grande  importance,  car  sa  Chenille  est  séricigène 
et  susceptible,  peut-être,  de  remplacer  le  B.  (Sericaria) 
Mori;  la  soie  qu'on  obtient  du  cocon  de  cette  espèce  est 
presque  aussi  belle  que  celle  produite  par  le  Yama-maï;  la 
véritable  patrie  de  VOtus  étant  l'Asie  Mineure,  la  découverte 
de  cet  insecte  en  Italie  prouve  que  nos  conditions  climaté- 
riques  et  notre  flore,  au  moins  en  partie,  se  rapprochent  de 
celles  de  l'Orient,  et  que  l'élevage  de  celte  espèce  pourrait 
être  opéré  avec  succès.  —  M.  Correale,  de  Scandole,  près 
Crotone  (Calabre),  est  le  premier  qui  a  retrouvé  en  Italie  le 
papillon  Otus;  il  a  fait  quelques  tentatives,  jusqu'ici  couron- 
nées de  succès,  pour  élever  cette  espèce  dans  un  but  com- 
mercial. Cesobservationsontété  publiées  par  M.  le  professeur 
Cornalia,  dans  les  Annali  di  Storia  naturale,  t.  VIII,  1865.  » 

M.  Marott  ajoute  que  VOtus  n'est  pas  rare  aujourd'hui 
(1873)  dans  la  partie  méridionale  de  l'Italie  continentale,  et 
qu'il  l'a  trouvé  aussi  aux  environs  de  Monte-Cuccio  (Pa- 
lerme). 

La  Chenille  vit  sur  diverses  plantes,  mais  elle  préfère  le 
Lentisque. 

Outre  l'Asie  Mineure,  l'espèce  se  trouve  aussi  dans  la 
Turquie  d'Europe. 

ESPÈCES  DE  L'AMÉRIQUE 

Dans  mes  divers  rapports  anglais  et  français,  j'ai  parlé  de 
l'éducation  en  Europe  des  principaux  Vers  à  soie  sauvages 
des  États-Unis  de  l'Amérique  du  iNord  ;  quant  aux  autres;  je 
'ne  pourrai  qu'en  donner  les  noms  d'après  la  liste  des  Pa- 
pillons hétérocères  de  l'Amérique  du  Nord,  par  Aug.  R.  Grote, 
président  du  club  entomologique  de  New-York,  et  publiée  en 
mai  188-2. 

Telea  polyphemus;  Telea  Hubner,  polyphemus  Crammer. 
'■"  —  Le  meilleur  Ver  à  soie  sauvage  des  États-Unis,  à  cocon 
fermé,  comme  celui  de  toutes  les   espèces  appartenant  au 
genre  Antherœa,  et  dont  il  a  tous  les  caractères. 


SÉRIGIGÈNES   SAUVAGES   COiNNUS.  97 

•  La  soie  blanche  du  Poli/phemus  peut  rivaliser  avec  celle 
du  Pernyi,  mais  le  cocon  est  ordinairement  moins  gros.  Eu 
Europe,  l'espèce  a  été  élevée  à  l'air  libre,  avec  le  plus  grand 
succès,  sur  le  Chêne.  Les  Papillons  s'accouplent  difficilement 
en  captivité,  et  je  crois  que  l'on  doit  opérer  avec  cette  espèce 
de  la  même  manière  qu'avec  le  Yama-mal  du  Japon,  c'est- 
à-dire  placer  les  cages  à  Papillons  à  l'airlibre.  Outre  le  Chêne, 
la  Chenille  peut  s'élever  sur  le  Bouleau,  le  Hêtre,  le  Saule, 
le  Noisetier,  le  Châtaignier,  etc.  La  Chenille,  qui  est  une  des 
plus  belles,  a  cinq  âges;  elle  est  blanchâtre  au  premier  âge. 
Aux  autres  âges  elle  est  d'un  beau  vert,  avec  tête  brune,  mais 
sans  points  noirs  comme  celle  du  Pernyi.  A  la  base  de  tous 
les  tubercules  il  y  a  une  plaque  argentée  à  reflets  métalliques. 
Noms  de  plantes  données  par  divers  entomologistes  amé- 
ricains, comme  servant  de  nourriture  au  Polyphème:  Quer- 
cus,  Ulnms,  Tilia  Americana,  Rosa,  Acer,  Salia),Populus, 
Corylus,  Betula,  Vaccinium,  Carya,  Juijlans  nigra,  J .  ci- 
nerea ,  Cratœgus,  Quercus  virens,  Prunus  Virginiana, 
Plalanus,  Castanea  vesca,  Fagus,  Tilia  Europœa,  Carya 
tomentosa,  Alnus  incana,  etc. 

Platysamia  cecropia  ;  Attacus  cecropia  Linn.  —  Platy- 
samia  est  le  nom  générique  donné  par  Grote  à  cette  espèce 
et  aux  trois  suivantes,  qui  toutes  sont  très  rapprochées. 
Cecropia  est  le  plus  grand  Séricigène  des  Etats-Unis.  Le 
cocon,  ouvert  comme  tous  ceux  du  même  genre,  est  entouré 
d'une  enveloppe  irrégulière  qui  est  souvent  d'une  grosseur 
extraordinaire.  La  Chenille,  qui  a  six  âges  (quelques  auteurs 
disent  qu'elle  n'a  que  cioq  âges),  est  plus  difficile  à  élever  à 
l'air  libre  dans  les  pays  du  Nord,  que  l'espèce  précédente. 
Elle  vit  sur  nombre  d'arbres  fruitiers  et  autres,  surtout  le 
Prunier  sauvage,  le  Saule,  etc.  La  Chenille  et  le  Papillon  se 
font  remarquer  par  la  beauté  et  la  variété  de  leurs  couleurs. 
Les  Papillons  s'accouplent  facilement. 

Noms  des  plantes  nourricières  du  Cecropia,  en  Amérique. 
Brodie  {Papilio,  février  1888)  donne  une  liste  de  quarante^ 
neuf  espèces  de  plantes  appartenant  aux  genres  suivants  : 

4»  SÉRIE,  T.  m.  —  Février  1886,  7 


98  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Tilia,  Acer,  Prunus,  Spirœa,  Cratœgus,  Pyrus,  Amelan- 
chier,  Ribes,  Sambucus,  Ulmus,  Quercus,  Fagus,  Corylus, 
Carpinus,  Betula,  Alnus,  Salix  et  Populus.  D'autres  au- 
teurs donnent  les  genres  suivants  :  Berberis,  Liriodendron, 
Syringa,  Carya,  Gleditschia,  Rubus,  Ceanothus,  Ampélop- 
sis, Cephalanlhus,  Fraxinus,  Vaccinium  et  Rosa. 

Plalysamia  Ceanothi  Behr  ;  Californica  Gr.  —  Espèce 
plus  petite  que  la  précédente.  L'enveloppe  du  cocon,  qui  est 
pyriforme,  est  gris  de  fer,  le  cocon  intérieur  brun  et  petit 
comparé  à  l'enveloppe,  l'espace  entre  les  deux  étant  assez 
considérable.  La  Chenille  de  cette  espèce  a  été  élevée  sur  le 
Prunier  et  sur  le  Saule.  Il  est  probable  qu'elle  peut  vivre  sur 
les  mêmes  plantes  .que  Cecropia  et  que  l'espèce  suivante, 
Gloveri.  Elle  prend  son  nom  de  Ceanothus  de  l'une  des  plantes 
sur  lesquelles  elle  vit.  La  Chenille  de  Ceanothi,  ainsi  que 
celle  de  Gloveri,  ressemble  beaucoup  à  celle  de  Cecropia^ 
surtout  aux  deux  premiers  âges.  A  partir  du  troisième  âge, 
la  différence  la  plus  sensible  est  que  les  tubercules  dorsaux 
de  Ceanothi  et  de  Gloveri  sont  d'une  couleur  à  peu  près  uni- 
forme, rouge  orangé  ou  jaune,  tandis  que  les  quatre  pre- 
miers tubercules  dorsaux  de  la  Chenille  de  Cecropia  sont 
rouges  et  les  autres  jaunes.  Les  tubercules  latéraux  sont 
bleus  chez  les  trois  espèces.  Les  Papillons  de  Ceanothi  ont 
les  quatre  ailes  d'un  brun  rouge  pour  le  fond  ;  au  contraire, 
les  couleurs  sont  variées  chez  les  deux  autres  espèces.  Les 
Papillons  ne  s'accouplent  pas  avec  la  même  facilité  que  ceux 
de  Cecropia. 

Platysamia  Gloveri  Strecker.  — Espèce  qui  tient  le  mi- 
lieu entre  les  deux  précédentes  pour  la  taille  et  le  coloris 
des  ailes.  L'enveloppe  du  cocon  est  d'un  gris  argenté;  le  vrai 
cocon  est  brun  foncé.  L'enveloppe  extérieure  adhère  au 
cocon,  sans  laisser  aucun  espace  entre  les  deux.  Cette  espèce 
a  été  découverte  dans  l'Utah,  où  des  cocons  ont  été  récoltés 
sur  une  espèce  de  Saule  à  petites  feuilles;  elle  se  trouve 
aussi  dans  l'Arizona, 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES   CONNUS.  99 

Platysamia  Columbia  Smith.  —  Cette  espèce  ne  semble 
être  qu'une  race  plus  petite  de  Gloveri. 

Callosamia  promethea;  Attacus  promethea  Drury.  — 
Callosamia  est  le  nom  générique  donné  par  Packard.  Espèce 
dont  le  cocon  ressemble  assez  à  celui  de  V Attacus  cynthia, 
mais  il  est  un  peu  plus  petit  et  plus  allongé.  La  Chenille 
s'élève  facilement,  à  l'air  libre,  sur  le  Lilas  et  le  Cerisier.  En 
Amérique  elle  vit  sur  les  Sassafras  (Cerisier  sauvage),  Cepha- 
lanthus,  Laurus  benzoin,  Syringa,  Berberis,  Betula,  Acer, 
Quercus,  Pinus,  Fagus,  le  Pommier,  le  Poirier,  le  Pêcher, 
le  Liriodendron,  les  Populus,  etc.  Selon  W.-H.  Edwards,  la 
Chenille  de  Promethea  n'a  que  trois  mues  ou  quatre  âges, 
dans  la  Virginie  occidentale.  ^\vvMf^  ni'^  .y^^ 

Callosamia  angulifera  Walker.  —  Espèce  se  nourris- 
sant, je  crois,  sur  le  Tulipier. 

Philosamia  Gr.;  Cynthia  Drury.  —  C'est  V Attacus  cyn- 
thia, originaire  de  la  Chine,  actuellement  naturalisé  aux 
États-Unis. 

Attacus  splendidus  de  B. 

Saturnia  gu'lbinà  ;  Saturnia  KvsLïik  ;  Galb ina  Clem. 

Saturnia  meûdocino  Behrens. 

Actias  luna  ;  Attacus lun a  Linn.  —  Actias,  nomgénérique 
donné  par  Leach.  Espèce  qui  ressemble  assez  à  VActias 
selene  de  l'Inde,  mais  elle  est  plus  petite.  Le  cocon,  qui  est 
fermé  comme  tous  ceux  de  ce  genre,  est  irrégulier  et  peu 
soyeux.  Papillon  vert,  remarquable  par  sa  beauté.  Aux  États- 
Unis,  VActias  luna  est  bivoltin.  La  Chenille,  qui  est  verte 
avec  tubercules  rouges,  a  souvent  été  élevée  en  Europe,  où 
elle  semble  préférer  le  Noyer;  elle  est  cependant  très  poly- 
phage.  Les  plantes  citées  par  les  entomologistes  américains 


100  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

comme  lui  servant  de  nourriture  sont  :  Juglans  cinerea. 
Cary  a  porcina,  Quercus,  Platanus,  Liquidamhar,  FaguSy 
Belula,  Salix,  Ostrya  Virginica,  Castanea,  et  le  Prunier. 

Hyperchiria  io  Fabricius.  —  La  Chenille  de  cette  espèce 
se  chrysalide  dans  une  coque  légère  formée  à  la  surface 
du  sol;  elle  est  couverte  de  touffes  de  poils  raides  qui 
piquent  comme  des  orties.  Elle  s'élève  très  facilement.  Les 
Papillons,  qui  sont  fort  jolis  et  qui  diffèrent  chez  les  deux 
sexes,  s'accouplent  aussi  très  facilement  en  captivité.  La  Che- 
nille, qui  est  très  polyphage,  a  six  âges  ;  elle  a  été  élevée  en 
Europe  sur  le  Chêne,  le  Saule,  le  Prunier,  le  Pommier,  etc. 
En  Amérique,  on  la  trouve  sur  les  Populus  halsamifera, 
Ulmus,  Zea  mays,  Cornus,  Sassafras,  Quercus,  Robinia 
viscosa,  Cornus  florida,  Liriodendron,  Humulus,  Gossy- 
pium,  Acer,  Salix^  Populus  tremuloides,  Robinia  pseudo- 
acacia, Cerasus  Virginiana,  Betula,  Fraxinus,  Rubus  villo- 
sus,  Trifolium  pratense,  etc. 

Attacus  aurota  Crammer.  —  Grande  et  belle  espèce  qui 
se  trouve  à  la  Guyane  française,  au  Brésil  et  autres  pays  de 
l'Amérique  centrale.  Au  Brésil  il  y  en  a  une  variété  qui  porte 
le  nom  d' Attacus  speculifer.  Le  cocon,  qui  est  très  épais  et 
soyeux,  a  la  forme  de  celui  de  V Attacus  atlas.  UAurota^ 
d'après  M.  A.  Michély,  a  six  générations  par  an  à  la  Guyane 
française.  Les  Papillons  éclosent  un  mois  après  la  formation 
du  cocon  ;  les  œufs  huit  jours  après  la  ponte  et  vingt  jours 
après  a  lieu  la  formation  du  cocon. 

V Aurota  a  été  élevé  à  la  Guyane  française  par  M.  Michély 
sur  l'Oranger  et  autres  Aurantiacées,  et  sur  l'Eucalyptus;  il 
peut  vivre  aussi  sur  l'Allante,  le  Ricin,  le  Café  diable  {Casea- 
via  ramiflora),  le  Moubin,  le  Saint-Jean,  le  Manioc  {Jatro- 
.pha  Manihfit),  l'Acajou,  le  Bambou. 

Attacus  hesperus. —  Espèce  plus  petite  que  la  précédente, 
et  qui  peut  vivre  sur  les  mêmes  plantes  que  V Aurota.  Le 
cocon,  qui  est  brun  et  à  peu  près  de  la  grosseur  de  celui  de 
Y  Attacus  cynthia,  est  régulier  de  forme  et  sans  bourre.  La 


SERICIGENES  SAUVAGES  CONNUS. 


101 


Chenille,  dit  M.  Michély,  forme  son  cocon  quinze  jours  seu- 
lement après  son  éclosion.  Il  y  a  cinq  espèces  de  Séricigènes  à 
la  Guyane. 

Parmi  les  espèces  américaines,  nous  devons  encore  citer 
les  suivantes  : 

Saturnia 

Sat.  Vorul 

Sat.  Laver 

Sat.  Gellet 

Saturnia  j 

Eucheira  ; 

Décrites  dans  les  Transactions  of  the  Ent.  Soc.  of  London 
en  1884,  par  Westwood  (t.  I,  p.  38). 


Saturnia   orizaba 

Westwood.  - 

—  Mexique, 

Sat.  Vorulla 

id. 

id. 

Sat.  Laventera 

id. 

id. 

Sat.  Gelleta 

id. 

id. 

Saturnia  Zacateca 

id. 

Bogota. 

Eucheira  socialis 

id 

Mexique 

Il    TRAVAUX  ADRESSÉS   ET  COMMUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ- 

;   1 

NOTE 

SUR  LA  FLORAISON  ET  FRUCTIFICATION 

DU  JUBiEA  SPECTABILIS 


par   M.    Ch.    IVAUDIK,    de    l'Institut. 

I  I 


Le  Coquito  des  Péruviens  et  des  Chiliens,  le  Jubœa  specta- 
hilis  des  botanistes,  est  incontestablement  un  des  plus  volu- 
mineux Palmiers  qui  existent,  et,  ce  qui  a  lieu  de  surprendre, 
c'est  qu'avec  ses  proportions  colossales  il  se  montre,  sous  nos 
climats,  tout  aussi  rustique  que  le  vulgaire  Palmier  nain  du 
midi  de  l'Europe,  endurant,  comme  lui,  sans  en  souffrir 
sensiblement,  des  froids  passagers  de  10  à  12  degrés  centi- 
grades au-dessous  de  zéro. 

Il  a  une  autre  qualité  qu'il  partage  avec  notre  modeste 
Chamœrops,  c'est  de  savoir  se  passer  d'eau  pendant  les  longues 
sécheresses  de  l'été  méridional,  ce  qui  d'ailleurs  ne  peut  guère 
étonner  quand  on  sait  qu'il  nous  est  venu  de  pays  où  la  pluie 
est  un  phénomène  météorologique  relativement  rare.  A  ren- 
contre de  la  grande  majorité  des  Palmiers,  il  se  plaît  dans 
les  terrains  secs,  et,  si  on  le  soumettait  au  même  régime  que 
le  Dattier,  auquel  il  faut  tant  d'arrosages  pendant  l'été,  il 
périrait  presque  infailliblement. 

Voilà  certes  de  quoi  recommander  le  Jubœa  aux  amateurs 
d'arbres  de  haut  ornement  dans  le  midi  de  l'Europe  ;  mais  il 
a  un  mérite  plus  sérieux  comme  arbre  saccharifère,  ce  qui 
fait  que,  dans  son  pays  d'origine,  on  l'exploite  sur  une  grande 
échelle  pour  en  retirer  du  sucre.  On  peut  même  craindre  que 
cette  exploitation,  qui  n'est  pas  réglementée,  n'aboutisse  à  la 
destruction  de  l'espèce.  Outre  sa  sève  mielleuse,  l'arbre  pro- 
duit en  grande  quantité  des  graines,  ou  petits  cocos,  de  la 
grosseur  d'une  noix,  dont  l'amande  est  comestible  et  peut 
fournir  de  l'huile  par  pression.  Elle  sert  aussi  à  l'engraisse- 


DU    JUBŒA   SPECTABILIS.  103 

ment  des  bestiaux.  Le  grand  naturaliste  Darwin,  qui  a  visité 
le  Pérou  et  le  Chili,  nous  apprend  qu'un  arbre  adulte  donne 
jusqu'à  90  gallons  (408  litres)  de  sève  sucrée. 

Si  maintenant  on  tient  compte  de  l'aptitude  de  l'arbre  à 
croître  sous  un  climat  chaud  et  sec,  sans  demander  ni  culture 
ni  arrosage  artificiel,  il  vient  naturellement  à  l'esprit  qu'il 
serait  tout  à  fait  à  sa  place  dans  les  parties  du  nord  de 
l'Afrique  où,  faute  d'eau,  la  culture  du  Dattier  resterait  impro- 
ductive. Il  semble  donc  probable  qu'avec  lui  on  pourrait  créer 
des  Oasis  d'un  nouveau  genre  dans  le  Sahara  algérien,  si 
rebelle  aujourd'hui  à  toute  culture  régulière.  La  seule  objec- 
tion qu'on  pourrait  y  faire,  c'est  qu'il  faudrait  du  temps  pour 
que  ces  Oasis  donnassent  de  l'ombre  d'abord,  puis  des  récoltes 
de  sucre  ou  de  graines,  ce  qui  n'arriverait  guère  avant  la 
trentième  année.  Mais  où  en  serait-on  si  l'on  ne  plantait  que 
pour  récolter  à  courte  échéance,  sans  souci  des  arrière- 
neveux  ? 

Pour  la  première  fois,  depuis  qu'il  a  été  introduit  en 
Europe,  le  Jubœa  spectabilis  a  fleuri  et  fructifié  en  1885, 
non  en  France,  mais  au  Jardin  royal  des  Necessidades,  à 
Lisbonne.  Ses  spadices,  longs  de  plus  d'un  mètre,  se  sont 
développés  en  janvier-février  et  les  fruits  ont  mûri  en  août. 
Les  fleurs  sont  hermaphrodites  (ou  peut-être  monoïques  sur 
le  même  spadice,  comme  dans  d'autres  Cocoïnées),  et  ce  point 
est  à  noter,  car  par  là  on  sera  dispensé  de  recourir  à  la  fécon- 
dation artificielle,  opération  délicate  et  qui  n'est  pas  exempte 
de  danger  lorsqu'il  faut  la  faire  sur  des  arbres  de  grande 
taille  et  armés  de  fortes  épines,  comme  les  Dattiers.  L'individu 
qui  a  fleuri  en  Portugal,  et  qui  s'apprête  à  fleurir  de  nouveau, 
est  âgé  ,d'environ  trente-cinq  ans.  La  hauteur  de  son  stipe, 
au-dessous  de  la  couronne  de  feuilles  qui  en  forme  la  tète, 
est  de  5™, 60.  et  sa  circonférence,  à  quelques  centimètres  du 
sol,  de  4-'", 40.  Cette  énorme  tige  se  rétrécit  un  peu  en  s'éle- 
vant,  et,  à  1  mètre  de  sa  base,  elle  n'a  plus  que  3'"  ,60  de  tour. 
Je  tiens  ces  détails  de  M.  Daveau,  ancien  employé  du  Muséum, 
actuellement  inspecteur  du  Jardin  botanique  de  Lisbonne. 

On  trouve  quelques  Jubœas  dans  les  jardins  de  la  Provence 


104  SOCIÉTÉ   NATIONALE   JD'ACCLIMATATION. 

lïiariLime,  mais  ils  n'y  sont  pas  à  beaucoup  près  aussi  nom- 
breux que  d'autres  Palmiers  qui  ne  les  valent  pas,  et  on  ne 
comprend  guère  pourquoi  cet  arbre  remarquable  a  été  si 
négligé.  La  Villa  Thuret  en  possède  plusieurs,  dont  le  plus 
grand,  âgé  aujourd'hui  de  vingt-huit  ans,  approche  beau- 
coup de  celui  de  Lisbonne.  Sa  hauteur,  sous  la  dernière 
feuille,  est  de  1",45,  et  le  reste  de  la  tige,  caché  par  la  base 
des  feuilles,  est  d'environ  4  mètre.  La  circonférence  du  tronc, 
à  20  centimètres  du  sol,  est  de  4", 50.  Les  feuilles  paraissent 
un  peu  courtes  pour  celte  puissante  tige;  elles  n'ont  guère 
que  3  mètres  de  longueur. 

Au  simple  point  de  vue  ornemental,  le  Jubœa  spectabilis, 
quoique  très  beau  et  très  curieux,  me  paraît  inférieur  au 
Phœmx  canariensis,  que  j'appellerais  volontiers  le  Roi  des 
Palmiers  de  pleine  terre  du  midi  de  l'Europe.  Cet  arbre 
superbe  peut  être  considéré  comme  acclimaté  en  Provence, 
car  il  y  prend  le  plus  beau  développement,  n'y  souffre  pas 
du  froid  et  y  produit,  après  fécondation  artificielle,  des 
graines  excellentes,  qui  servent  aujourd'hui  à  le  multiplier. 


III.    EXTRAITS  DES  PROCES-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ- 


SÉANCE  GENERALE  DU  5  FEVRIER  1886. 
Présidence  de   M.   de    Quatrefages,    Vice-Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

—  M.  Je  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvellement 
admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

Tj  „,  ,„„   ,,      .        .     T        u  j  \    o  j    (  Maurice  Girard. 

Brelles  (le  vicomte  Joseph  de),  8,  rue  de  \ 

Bagneul,  Pans.  /  £,,..„  , 

°  (  SediUot. 

ri               /i      ■  \            •  '»  •  n        ■      .  Dareste. 

Despeltt  (Louis),  propriétaire,  au  Domaine  k  „      .      „■ 

,      „    ^      ,uV  ^  ,.';  ■  Maurice  Girard. 

des  Yeuzes   Hérault).  t  ,,             „,       , 

^             '  [  Raveret-Waltel. 

(  Dareste. 

FoREST,  huissier,  à  Angoulême  (Charente).    |  Maurice  Girard 

(  Raveret-Wattel. 

AURIOL,    professeur    d'agriculture,    à    Oran  l   .  ,      _,'.       , 
.    ;  .  l  Jules  Grisard. 

^   ^^"^^*  (  Raveret-Wattel. 

iT  /r.    T      •  N     1-7  J     O  ;'  Maurice  Girard. 

Hessneguy  (D'  Louis),  11,  rue  du  Somme-  \  ,   ,    . 

rard,  a  Pans.  )  „,,.,,  . 

[  Sedillot. 

rv         ,11      -^  '.or  j     n  ■    i   A.  Geoffrov  Saint-Hilairc. 

DONAT  Henn),  propriétaire,  35,  rue  du  Ge-      g^.^^^ves  Ménard. 

neral  tov,  a  Pans.  /   .    _ 

"'  'A.  Porte. 

1  ,n     .      \   o     1        j    1    iir  j  I  •        .  /■  De  Bresson. 

Jamet  (Gustave),  6,  place  de  la  Madeleine,  a  \    .    „     „      o  •   .  ni  • 
.  /'    '  r  >      »  A.  Geoffroy Saint-Hilaire. 

(  Saint-Yves  Ménard. 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'Assemblée  la  perte  regrettable  que  la 
Société  vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  Nicolas  Meyer. 

—  M.  Anibroise  Gentil,  professeur  au  lycée  du  Mans,  écrit  à  M.  le 
Secrétaire  des  séances  :  «  J'ai  l'honneur  de  vous  faire  parvenir  par  la 
poste  les  Bulletins  de  la  Société  d'horticulture  de  la  Sarlhe  pour  l'an- 
née 1886. 

»  Le  comité  d'administration  m'a  prié  de  solliciter  auprès  de  vous, 
pour  l'avenir,  l'échange  de  ce  Bulletin  contre  celui  de  la  Société  d'Accli- 
matation de  France,  et  je  serai  personnellement  très  heureux  si  vous 
voulez  bien  agréer  ma  demande. 

»  Notre  Société  d'horticulture  possède  des  jardins  assez  vastes  pour 
que  leur  entretien  nécessite  annuellement  une  dépense  d'environ  vingt 


106  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

mille  francs.  Nos  efforls  pour  acclimater  les  plantes  intéressantes  et 
les  propager  ne  sont  pas  sans  résultats  ;  par  ailleurs,  nous  possédons 
déjà  quelques  animaux  dont  nous  désirons  augmenter  le  nombre. 

»  Le  comité  pense  que,  si  la  Société  d'Acclimatation  voulait  bien  entrer 
en  relations  avec  nous  et  nous  confier  quelques  cheptels,  elle  y  trouve- 
rait l'avantage  d'étendre  ses  moyens  d'action  en  même  temps  que  sou 
utile  influence. 

»  J'ai  promis  de]solliciter  votre  intervention  pour  arriver  à  ce  résultat, 
qui  serait,  je  crois,  profitable  aux  deux  Sociétés.  Si  ma  demande  n'est 
pas  importune  et  si  la  chose  est  possible,  je  vous  serais  très  reconnais- 
sant de  vouloir  bien  faire  adresser  les  renseignements  nécessaires  à 
M.  le  colonel  Follic,  président  de  la  Société  d'horticulture  de  la  Sarthe. 

»  Je  mets  à  profit  cette  occasion  pour  vous  donner  quelques  rensei- 
gnements sur  les  essais  de  pisciculture  dans  notre  département.  Peut- 
être  pourront-ils  vous  intéresser,  mais  ils  n'ont  pas  au  fond  grande 
importance. 

»  Vous  avez  sans  doute  souvenir  de  cinq  mille  alevins  de  Saumon 
de  Californie  qui  furent  mis  dans  la  Sarthe,  en  1878,  par  M.  Carbonnier. 
En  1882,  sur  les  indications  qui  m'avaient  été  données,  je  disais  :  «  On 
croit  en  avoir  retrouvé  quelques-uns.  »  Malheureusement,  aujourd'hui, 
je  dois  ajouter  :  «  Il  n'en  a  pas  été  vu  depuis.  » 

»  Le  Conseil  général  de  la  Sarthe  inscrit  à  son  budget,  depuis  deux 
ans,  une  somme  de  mille  francs  pour  essai  de  repeuplement  des  rivières. 
En  1885,  cette  somme  a  été  employée  à  l'acquisition  de  trente-cinq  mille 
alevins  de  Truite,  dont  quinze  mille  alevins  de  Truite  des  lacs,  qui  ont 
été  distribués  dans  différents  cours  d'eau.  Les  Truites  des  lacs  ont  été 
fournies  par  l'établissement  de  pisciculture,  de  création  récente,  dépen- 
dant de  la  ferme-école  de  la  Pilletière  en  Jupilles  (directeur  :  M.  de 
Villepin). 

»  Dans  son  rapport  au  préfet,  M.  de  Villepin  ajoute  :  «  Nous  avons 
»  fait  venir  les  œufs  embryonnés  de  l'Isère;  les  Truites  qui  en  pro- 
»  viennent  croissent  beaucoup  plus  rapidement  que  celles  des  ruis- 
»  seaux.  M.  Chabot-Karlen  a  constaté  qu'elles  pesaient,  à  la  Pilletière, 
»  19  grammes  à  l'âge  de  six  mois.  » 

—  M.  A.  Touchard  écrit  de  Chalillon-sur-Indre  :  «  Je  suis  loin  de 
trouver  que  les  expériences  d'acclimatation  faites  dans  mon  parc  sur  les 
Cerfs  nains  aient  parfaitement  réussi.  Les  femelles  font,  paraît-il,  deux 
portées  par  an  :  une  en  décembre  ou  janvier,  et  une  en  juin  ou  juillet. 
Je  devrais  donc  avoir  au  moins  quatre  ou  cinq  jeunes  et  je  n'en  ai  abso- 
lument que  deux,  un  mâle  et  une  femelle,  et  le  premier  était  déjà  fort 
il  y  a  deux  ans. 

»  Il  faut  donc  en  conclure  que  pas  un  seul  des  jeunes  nés  en  hiver  n'a 
été  élevé  :  ils  périssent  probablement  de  froid. 

»  Mon  parc  est  en  côte  ;  il  y  a  deux  hectares  de  prés  et  un  hectare  en 


PROCÈS-VEUBAUX.  107 

futaie;  le  reste  est  en  taillis  de  châtaigniers  et  de  bouleaux  très  fourrés; 
il  y  a  beaucoup  d'épines  et  de  ronces;  les  animaux  ont  donc  de  quoi  se 
cacher  et  s'y  trouver  comme  à  l'état  sauvage. 

»  J'ai  constaté  que  les  petits  Cerfs  nains  se  tenaient  de  préférence, 
l'été,  près  des  étangs  dans  les  endroits  humides;  l'hiver,  ils  sont  dans 
les  endroits  secs  et  élevés;  les  jeunes  sont  très  farouches;  ils  se 
tiennent  dans  les  ^taillis  impénétrables  et  souvent  sous  les  ronces. 

»  Le  matin  et  le  soir,  une  heure  avant  le  coucher  du  soleil,  on  les 
voyait  de  loin  dans  les  prés;  mais  il  n'était  pas  possible  de  les  appro- 
cher. 

»  Le  vieux  couple,  moins  farouche,  se  tenait  dans  les  taillis  assez 
clairs;  on  l'approchait  parfois,  surtout  la  femelle,  à  15  ou  20  mètres.    ■ 

»  Ces  animaux  courent  très  vite,  droit  devant  eux,  la  tête  basse  et 
presque  dans  leurs  jambes.  » 

—  M.  Fremy,  directeur  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  adresse  à 
M.  le  Président  la  lettre  suivante  :  «  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  les 
remerciements  de  l'assemblée  des  professeurs,  pour  le  don  que  la  So- 
ciété d'Acclimatation  a  bien  voulu  faire  à  la  ménagerie  des  Reptiles  de 
six  Black-Bass  {Micropterus  salmoides),  présentant  un  grand  intérêt  et 
avec  lesquels  on  peut  espérer  obtenir  la  reproduction  de  cette  espèce 
en  France.  » 

—  iM.  le  marquis  de  Pomereu  fait  connaître  qu'il  n'a  perdu  aucun 
des  jeunes  Black-Bass  qui  lui  ont  été  remis  par  la  Société,  et  que  ces 
alevins  sont  tous  en  parfait  état. 

—  Au  sujet  de  cette  communication,  M.  Raveret-Wattel  annonce  qu'il 
a  eu  occasion  de  voir  les  Black-Bass  confiés  à  M.  le  marquis  de  Po- 
mereu, et  que  ces  jeunes  Poissons,  qui  sont  l'objet  d'excellents  soins, 
lui  ont  paru  être,  en  effet,  dans  un  état  des  plus  satisfaisants. 

—  iMM.  Després,  Jacquemart,  Léon  Lefort,  comte  de  Noinville  et 
Rathelot,  ainsi  que  la  Société  départementale  de  pisciculture  du  Cher 
et  la  Société  messine  de  pisciculture,  accusent  réception  et  remercient 
des  envois  d'œufs  de  Truite  des  lacs  et  de  Salmo  fontinalis  qui  leur  ont 
été  faits. 

M.  Léon  Lefort  donne,  à  ce  sujet,  les  renseignements  ci-après  :  «  Les 
sept  cents  œufs  de  Salmo  fontinalis,  que  la  Société  m'a  envoyés,  sont 
arrivés  en  parfait  état;  mais  il  était  temps,  car  mis  le  lendemain  malin 
dans  l'appareil  Coste,  l'éclosion  commençait  le  second  jour. 

»  Je  mettrai  ces  Poissons  à  l'eau  dans  un  étang  de  17  hectares,  en 
même  temps  que  l'alevin  de  quatre  mille  Truites  de  Lochleven  que  je  me 
suis  procuré  à  Seeviese  (Allemagne),  l'éclosion  de  ces  œufs  n'ayant  pré- 
cédé que  de  huit  jours  celle  des  Salmo  fontinalis.  Je  tiendrai  la  So- 
ciété au  courant  des  résultats.  î 

—  3I"«  veuve  Simon,  née  de  Fuisseaux,  écrit  de  Bruxelles  :  «  Je  suis  heu- 
reuse de  pouvoir  offrir  à  la  Société  des  cocons  vivants  d'Attacus  Pernyi 


408  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

de  race  univoltine,  et  des  cocons  vivants  à' A.  cynthia,  produits  de  nos 
éducations.  L'éducation  de  la  race  univoltine,  créée  par  mon  fils,  de- 
mande certaines  précautions  nécessaires  pour  éviter  les  éclosions  pré- 
maturées. Une  cave  froide  est  indispensable  pour  que  l'éclosion  n'ait 
lieu  qu'en  avril-mai.  Pour  réussir  l'éclosion  et  prévenir  la  perte  des 
jeuiios  Chenilles,  nous  recommandons  l'emploi  de  nos  boîtes,  dont  un 
modèle  a  déjà  été  envoyé  à  la  Société  d'.\cclimatation.  L'éclosion  se  fera 
sur  l'arbre  même,  à  l'abri  des  froids,  dans  le  Nord.  On  ne  saurait  donner 
trop  de  soins  aux  jeunes  larves;  de  là  dépend  le  succès  de  l'éducation. 
La  race  univoltine  offrira  plus  de  chances  de  réussite  pour  les  pays  du 
Nord,  son  acclimatation  étant  déjà  faite.  Toutefois,  cette  race  étant  natu- 
rellement bivoltine,  nous  avons  remarqué  que,  après  quelques  années 
d'éducation,  une  dégénérescence  se  produit.  Afin  de  ne  pas  perdre  le 
fruit  de  l'acclimatation  obtenue  et  de  conserver  la  vitalité  naturelle,  nous 
mélangeons  au  grainage,  des  cocons  bivoltins  avec  des  univoltins. 

»  Je  suis  reconnaissante  à  la  Société  de  son  envoi  de  cocons  de 
Mylitta  et  de  graine  de  Cecropia.  Nous  avons  obtenu  des  Papillons 
splendides  des  cocons  de  Mylitta,  et  nous  avons  pu  avoir  des  cocons 
de  Cecropia,  ce  qui  nous  permettra  d'envoyer  de  la  graine  à  la  Société. 

»  Nous  possédons  encore  une  certaine  quantité  de  cocons  vivants  de 
Pernyi. 

»  L'année  passée  (1885),  nous  avons  fait  une  éducation  de  100  grammes 
de  graines  de  Vers  à  soie  du  mûrier  de  race  française,  et  une  de  50  gram- 
mes de  race  belge.  Je  prépare  un  rapport  sur  ces  éducations  et  je  serais 
extrêmement  heureuse  si  quelques  procédés  nouveaux,  que  j'ai  adoptés, 
peuvent  être  utiles  aux  éleveurs. 

»  M.  le  comte  Danne  veut  bien  me  prêter  son  appui.  De  son  côté,  le 
directeur  du  laboratoire  de  la  Chambre  de  commerce  de  Lyon  nous  fait 
l'honneur  de  nous  écrire.  Ces  encouragements,  joints  à  ceux  que  la  So- 
ciété d'Acclimatation  veut  bien  nous  donner,  nous  sont  très  précieux  et 
nous  inspirent  une  vive  reconnaissance.  Cette  année,  nous  mettrons  gra- 
tuitement, comme  nous  l'avons  déjà  fait  l'année  passée,  de  la  graine  et 
des  cocons  vivants  A'Attacus  Pernyi  à  la  disposition  des  instituteurs 
français  qui  en  feront  la  demande.  L'envoi  sera  accompagné  d'une  bro- 
chure sur  VAttacus  Pernyi.  » 

—  M.  Ch.  Naudin  adresse  de  la  Villa  Thuret  (Antibes)  une  note  sur 
la  floraison  et  la  fructification  du  Jubœa  spectabilis  (voy.  au  Bulle- 
tin, p.  102). 

—  M.  Paillieux  communique  la  lettre  ci-après  qui  lui  est  adressée  par 
M.  Joseph  Clarté,  de  Baccarat  :  «  Je  viens  vous  rendre  compte  de  ma 
culture  de  Stacliys  affinis,  dont  vous  avez  eu  l'obligeance  de  m'en- 
voyer  des  plants  à  la  fin  du  mois  de  mai  1885. 

j  Cette  plante  a  parfaitement  réussi  ici;  pendant  l'été,  la  végétation 
en  a  été  très  vigoureuse;  j'ai  commencé  à  arracher  les  premiers  tuber- 


PROCÈS-VERBAUX.  109 

cules  au  commencement  de  novembre,  et  successivement,  toutes  les 
fois  que  la  température  l'a  permis. 

»  Depuis  le  7  décembre,  nous  avons  eu  de  la  neige  presque  sans  in- 
terruption avec  de  fortes  gelées.  Plusieurs  nuits  le  thermomètre  est 
descendu  à  16  degrés  centigrades;  malgré  celte  neige  et  ce  froid,  les 
tubercules  du  Stachys  n'ont  nullement  souffert,  même  ceux  oubliés 
sur  la  terre  étaient  bien  conservés. 

»  Gomme  vous  le  dites,  la  production  du  Stachys  est  énorme;  la 
plante  sortie  de  terre  présente  l'aspect  d'une  véritable  grappe  de  tuber- 
cules. 

»  Accommodés  comme  les  haricots  llageolets  frais,  les  tubercules  de 
Stachys  font  un  plat  exquis  ;  cuits  dans  le  jus,  autour  d'un  rôti,  ils  sont 
excellents  et  je  crois  qu'ils  pourront  également  se  prêter  à  bien  des 
combinaisons  culinaires;  puis,  ce  qui  n'est  pas  un  mince  mérite,  ils 
donnent  peu  d'ouvrage  à  la  cuisinière  :  les  laver  proprement,  couper 
les  radicules  et  dix  minutes  de  cuisson;  c'est  donc  un  plat  très  expé- 
ditif. 

»  Aussi  je  considère  le  Stachys  affinis  comme  appelé  à  un  grand 
succès  dans  nos  cultures,  et  à  tenir  d'ici  peu  de  temps  une  place  impor- 
tante à  côté  de  nos  meilleurs  légumes. 

»  Je  vous  serais  bien  reconnaissant,  si,  lorsque  le  moment  sera  venu, 
vous  pouviez  disposer  en  ma  faveur  de  quelques  bulbilles  d'Igname 
du  Japon  à  racine  courte  nommée,  au  Japon,  Hiri-imo,  et,  botanique- 
ment,  Dioscorea  Decaisneana. 

))  Je  serais  content  aussi  de  connaître  le  nom  japonais  du  Stachys 
affinis.  » 

—  M.  le  D"^  Jeannel  écrit  de  VilIefranche-sur-Mer  :  «  Je  me  fais  un 
plaisir  de  vous  rendre  compte  du  résultat  de  semis  des  Haricots  cerise 
que  vous  avez  eu  la  bonté  de  m'envoyer  en  mars  dernier. 

î  Ils  ont  été  semés  le  20  mars  dans  un  terrain  bien  préparé.  Ils  ont 
végété  vigoureusement.  La  récolte  a  eu  lieu  du  1"  au  18  juillet;  elle 
a  été  extrêmement  abondante. 

»  Les  cosses  vertes,  contenant  la  graine  déjà  rouge  et  bien  formée, 
sont  faciles  à  cuire  et  fournissent  un  légume  excellent  et  très  écono- 
mique. 

»  Les  Haricots  tout  à  fait  mûrs,  tirés  des  cosses  jaunies,  sont  égale- 
ment très  faciles  à  cuire  et  très  tendres;  l'épiderme  est  très  fin  et  nulle- 
ment résistant.  La  saveur  est  agréable,  %ans  avoir  la  finesse  des  haricots 
flageolets,  auxquels  je  crois  devoir  réserver  un  rang  encore  plus  disr 
tingué  qu'aux  Haricots  cerise. 

j  Je  viens  de  faire  un  nouveau  semis  dont  j'espère  un  bon  résultai 
pour  la  fin  d'octobre. 

»  Les  Pachyrrhisus  végètent  pauvrement  malgré  des  arrosages  jour- 
naliers; je  ne  suis  pas  assez  habile  pour  les  faire  prospérer. 


110  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D'aCCLIMATATION. 

»  Si  vous  le  désirez,  je  vous  adresserai  un  petit  paquet  de  Haricots 
cerise  de  ma  récolte.  » 

—  A  l'occasion  de  cette  lettre,  M.  Hédiard  rappelle  que  le  Haricot 
cerise  a  été  présenté  il  y  a  quelques  années  à  la  Société  par  M.  Pail- 
lieux.  M.  Hédiard,  qui  a  cultivé  cette  variété  près  de  Paris,  à  Asnières, 
l'a  trouvée  très  productive.  C'est  un  Haricot  à  grandes  rames,  qui  se 
mange  en  cosses,  quand  la  graine  est  formée;  la  cosse  est  tendre  comme 
celle  d'un  Haricot  mange-tout.  M.  Hédiard  rappelle  également  qu'il  a 
présenté  l'année  dernière  une  variété  dite  Haricot  saint-ciboire,  qui  est 
également  un  mange-tout.  Ce  Haricot  est  blanc  avec  une  petite  macule. 
Notre  confrère  demande  que  ceux  des  membres  de  la  Société  auxquels 
il  a  remis  de  la  semence  de  cette  variété  veuillent  bien  faire  connaître 
les  résultats  qu'ils  ont  obtenus. 

—  M.  Chappellier  dépose  sur  le  bureau  une  certaine  quantité  de  tu- 
bercules de  Stachys  affinis  provenant  de  sa  récolte,  et  fait  l'éloge  de  ce 
légume  qu'ont  trouvé  excellent  toutes  les  personnes  auxquelles  il  en  a 
fait  goûter.  Cette  plante,  très  rustique,  a  résisté  à  des  froids  de  16  de- 
grés, et  peut  être  laissée  en  terre  pendant  tout  l'hiver  pour  être  mangée 
fraîche.  Elle  est  très  productive;  trois  touffes  suffisent  pour  donner  un 
plat.  C'est,  en  somme,  une  excellente  acquisition ,  dont  on  doit  savoir 
tout  particulièrement  gré  à  M.  Paillieux.  M.  Chappellier  ajoute  que, 
dans  le  cas  où  les  tubercules  de  Stachys  affinis  ne  seraient  pas  farineux, 
ils  lui  paraîtraient  offrir  une  ressource  spéciale  pour  l'alimentation  des 
diabétiques. 

—  M.  Berlhoule  se  déclare,  de  son  côté,  très  satisfait  du  Stachys  affi- 
nis, qu'il  a  cultivé  à  une  grande  altitude,  dans  un  climat  froid,  et  qui  lui 
a  donné  une  récolte  abondante.  C'est  un  excellent  légume  qui  tient,  sous 
le  rapport  du  goût,  le  milieu  entre  la  Pomme  de  terre  et  le  Salsifis. 

—  M.  Fallou  fait,  à  son  tour,  ressortir  les  qualités  du  Stachys  affinis, 
dont  la  robuste  végétation  et  la  production  abondante  font,  à  son  avis, 
une  plante  des  plus  recommandables. 

—  M.  le  Président  fait  remarquer  qu'il  résulte  de  ces  divers  témoi- 
gnages que  le  Stachys  a  fait  complètement  ses  preuves,  et  il  propose  de 
décerner  dos  remerciements  officiels  à  M.  Paillieux  pour  cette  utile  in- 
troduction. 

Cette  proposition  est  accueillie  par  d'unanimes  et  chaleureux  applau- 
dissements. 

—  M.  Pierre  Pichot  signale  un  article  publié  dans  le  Gaulois  du  24.  jan- 
vier, et  d'après  lequel  M.  Paul  Bert  aurait,  dans  une  conversation  ré- 
cente, exprimé  l'avis  que  ni  les  plantes  ni  les  animaux  ne  peuvent  s'ac. 
climater.  Il  y  a  là,  ajoute  M.  Pichot,  une  hérésie  que  nous  ne  pouvons 
laisser  passer  sans  protester,  bien  qu'après  les  travaux  des  Geofl'roy 
Saint-Hilaire,  des  De  Candolle  et  de  tant  d'autres  savants  éminents,  quj 
ont  parlé  de  l'émigration  des  végétaux,  il  puisse  paraître,  jusqu'à  un 


PROCÈS-VERBAÛX.  111 

certain  point,  oiseux  d'insister  sur  la  possibilité  d'étendre  l'aire  géogra- 
phique des  plantes. 

Notre  confrère  signale,  à  cette  occasion,  l'ouvrage  récemment  publié 
en  Angleterre,  sous  le  titre  :  Wanderings  of  plants  and  animais,  par 
MM.  V.  Hahn  et  Stallybrass,  dans  lequel  les  auteurs,  s'appuyant  notam- 
ment sur  des  études  philologiques,  établissent  la  marche  suivie  dans 
leurs  migrations  successives,  par  les  plantes  et  les  animaux,  et  confir- 
ment les  observations  antérieures  des  naturalistes. 

—  M.  Maunoury  fait  remarquer  qu'une  assertion  rapportée  dans  un  arti- 
cle de  journal  doit  n'être  accueillie  que  sous  toute  réserve,  et  qu'avant  de 
protester  contre  l'opinion  qui  aurait  été  formulée  par  M.  Paul  Bert,  il 
conviendrait  de  savoir  d'abord  si  le  fait  est  exact.  «  Pour  moi ,  ajoute 
M.  Maunoury,  je  ne  le  crois  pas.  » 

—  M.  Pichot  estime  qu'il  est  fort  douteux,  en  effet,  que  M.  Paul  Bert 
ait  cette  manière  de  voir;  c'est  simplement  l'assertion  du  journal  qu'il  a 
voulu  relever. 

—  M.  Maurice  Girard  considère,  au  contraire,  le  fait  comme  très  pos- 
sible, attendu  qu'il  a  fréquemment  entendu  M.  Paul  Bert  émettre  une 
opinion  semblable. 

—  M.  Paillieux  rappelle  que  presque  toutes  les  plantes ,  presque  tous 
les  légumes  que  nous  cultivons,  sont  originaires  de  pays  plus  chauds  que 
le  nôtre.  11  n'y  avait  absolument  rien  dans  les  Gaules.  La  majorité  des 
plantes  utilisées  aujourd'hui  sont  d'importation  étrangère;  ce  sont  des 
végétaux  acclimatés. 

—  M.  le  Président  présente  quelques  observations  au  sujet  de  la  si- 
gnification à  attribuer  au  mot  «  acclimatation  »,  et  il  fait  remarquer 
qu'il  n'y  a  peut-être  dans  la  discussion  qu'une  simple  question  d'inter- 
prétation de  mots.  «  Vous  avez  tous  connu,  dit  M.  de  Quatrefages,  le 
savoir  extrême  de  mon  bien  regretté  confrère  Decaisne,  qui  disait  aussi 
qu'il  ne  croyait  pas  à  l'acclimatation.  Quand  on  lui  parlait  de  l'introduc- 
tion d'une  plante,  d'un  animal  dans  une  contrée  étrangère  à  cette  plante 
ou  à  cet  animal,  que  cette  plante  ou  cet  animal  prospérait  et  contribuait 
à  la  prospérité  du  pays,  il  répondait  :  «  11  n'y  a  pas  là  une  véritable  ac- 
»  climatation;  il  y  a  une  émigration  d'une  contrée  dans  une  autre,  présen- 
»  tant  les  conditions  nécessaires  pour  que  l'animal  ou  la  plante  puisse 
»  prospérer.  » 

»  H  n'y  aurait  donc  là  peut-être  qu'une  discussion  de  mots  à  avoir 
avec  M.  Paul  Bert.  L'opinion  de  Decaisne  était  identique  à  celle  de 
M.  Paul  Bert.  Decaisne  disait  ceci  :  «  On  ne  change  pas  la  nature  d'un 
>  animal.  H  y  a  des  animaux  dont  la  nature  est  un  peu  plus  élastique  et 
»  qui  peuvent  se  faire  à  certaines  conditions  de  vie,  en  dehors  desquelles 
»  l'espèce  avait  vécu  jusque-là,  mais  chaque  espèce  a  ses  limites  d'ex- 
9  tensibilité  physiologique,!  si  je  puis  m'exprimer  ainsi.  Il  en  résulte 
i  qu'il  est  impossible  de  dépasser  certaines  limites.  »  Nous  avons  quel- 


112  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'ACGLIMATATION. 

quefois  discuté  avec  Decaisne  à  ce  sujet-là.  Je  ci'ois  que  les  limites  de  mo- 
dification, d'extension  physiologique,  sont  beaucoup  plus  considérables 
que  ne  l'admettait  mon  regretté  confrère.  Je  lui  citais,  en  particulier, 
quelques  faits  dont  il  convenait  aussitôt,  qu'il  acceptait  comme  pouvant 
être,  jusqu'à  un  certain  point,  considérés  comme  des  faits  d'acclimata- 
tion. Je  lui  rappelais  cette  plante  de  la  Chine,  la  Chrysanthème,  que 
l'on  a  cultivée  dans  nos  jardins  pendant  bien  des  années,  en  faisant  tous 
les  ans  venir  de  la  graine  du  pays  d'origine  :  tous  les  ans  on  rapportait 
la  quantité  de  graines  nécessaire  pour  peupler  nos  jaidins  et  il  s'était 
établi  à  ce  sujet  un  véritable  commerce  d'importation.  Mais  au  bout  de 
plusieurs  années  on  reconnut  qu'un  fort  petit  nombre  de  fleurs  ame- 
nèrent leurs  graines  à  maturité.  Ces  graines  furent  récoltées  et  semées. 
Elles  donnèrent  des  plantes  qui  fleurirent  en  temps  utile  et  peu  à  peu 
l'espèce  fut  entièrement  acclimatée,  si  bien  que  le  commerce  des  graines 
venant  de  Chine  fut  entièrement  supprimé.  Je  lui  citais  aussi,  en  exemple, 
les  Oies  d'Egypte,—  et  ce  qu'on  rapportait  tout  à  l'heure  du  petit  Cerf 
trouvera  peut-être  une  nouvelle  application  dans  ce  que  je  vais  dire.  — 
Lorsque  ces  Oies  furent  amenées  par  Élienne  Geoffroy  Sainl-Hilaire, 
elles  pondaient;  mais  les  petits,  venant  au  milieu  du  froid,  ne  s'élevaient 
qu'avec  difficulté.  Au  bout  d'un  certain  nombre  d'années,  ces  oiseaux 
se  mirent  à  pondre  un  mois  plus  tard,  puis  un  peu  plus  tard,  et  enfin, 
aujourd'hui,  l'Oie  d'Egypte  pond  à  la  même  époque  que  celle  de  nos 
pays.  11  y  a  là,  incontestablement,  un  fait  de  véritable  acclimatation. 
L'organisation,  la  fonction  physiologique  de  l'oiseau  se  sont  pliées  aux 
nouvelles  conditions  d'existence  que  leur  faisait  le  milieu  européen.  Je 
crois  que  si  on  se  plaçait  sur  ce  terrain  de  l'interprétation  des  mots, 
peut-être  s'entendrait-on  mieux  avec  M.  Paul  Bert,  comme  je  finissais, 
dans  bien  des  cas,  par  m'entendre  avec  Decaisne.  » 

—  M.  le  Secrétaire  général  rappelle  qu'au  moyen  de  sélections  bien 
conduites,  il  est  possible  de  créer,  chez  les  végétaux,  des  variétés  plus 
ou  moins  rustiques,  résistant  mieux  au  nouveau  milieu  qu'on  leur  impose 
que  ne  pourrait  le  faire  la  plante  primitive,  la  plante  type.  «  Évidem- 
ment, dit  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  les  plantes  ont  une  très  grande  pa- 
resse à  s'habituer  à  un  nouveau  climat. 

»  Elles  ne  sont  pas  aussi  mobiles  que  les  animaux  et  cependant  vous 
voyez  parmi  les  espèces  végétales  qui  ont  été  introduites  de  tous  les 
ays  du  monde,  et  en  particulier  des  pays  chauds,  comme  le  rappelait 
tout  à  l'heure  M.  Paillieux,  un  très  grand  nombre  de  variétés  plus  rus- 
tiques, plus  hâtives,  plus  tardives  les  unes  que  les  autres.  Combien 
d'exemples  je  pourrais  citer,  en  particulier  dans  les  genres  Abies  et 
Pinus. 

s  Par  suite  de  semis,  de  sélections  faites  avec  intelligence,  nous  voyons 
des  variétés  supporter  des  abaissements  de  température  auxquels  l'es- 
pèce originelle,  l'espèce  type,  aurait  certainement  succombé. 


PROCÈS-VERBAUX.  113 

»  Mais  tous  les  individus  d'une  même  espèce  sauvage,  d'une  espèce  qui 
n'a  pas  encore  été  travaillée,  façonnée  par  la  main  de  l'homme,  sont-ils 
également  craintifs  des  abaissements  de  température,  de  la  sécheresse, 
de  l'humidité,  et,  d'une  façon  plus  générale,  de  tous  les  phénomènes 
météorologiques?  Evidemment  non.  Ainsi  dans  le  courant  de  janvier 
dernier,  nous  avons  eu  à  Hyères  (Var)  des  abaissements  de  tempéra- 
ture inusités.  Le  thermomètre  est  descendu  à  —  7  degrés.  Comme  vous 
le  savez,  nous  avons  à  Hyères  un  établissement  horticole  important 
dans  lequel  nous  cultivons,  en  plein  air  et  sous  des  abris  de  Cannes 
[Arundo  donax),  des  centaines  de  mille  de  Palmiers.  Que  s'est-il  passé? 
Avons-nous  vu  les  espèces  délicates  gelées,  anéanties?  En  aucune  façon. 
A  côté  d'une  plante  morte  sous  l'action  du  froid,  nous  en  voyons  une 
autre  de  même  espèce,  peu  touchée  ou  même  intacte.  Exposés  aux 
mêmes  périls  ces  végétaux  ont  été  inégalement  atteints. 

»  Et  quelle  est  l'origine  de  ces  végétaux?  Sont-ils  nés  de  races  perfec- 
tionnées, améliorées?  En  aucune  façon,  car  l'exemple  sur  lequel  je  rai- 
sonne s'applique  à  déjeunes  Kentia  dont  les  graines  ont  été  recueillies 
en  Australie  sur  des  Palmiers  vivant  en  pleine  forêt,  à  l'état  absolument 
sauvage. 

»  Dans  les  faits  de  résistance  au  froid  que  je  signale  il  faut  voir  des 
faits  d'idiosyncrasie,  car  les  individus  ressentent  d'une  façon  qui  leur 
est  propre  les  influences,  ils  résistent  inégalement  et  on  conçoit  alors 
comment  peuvent  se  créer  des  races  plus  ou  moins  rustiques. 

>  Pour  les  animaux,  nous  ne  traiterons  pas  la  question  dans  son  en- 
tier. H  nous  faudrait  parler  des  animaux  domestiques  qui  se  sont,  pour 
la  plupart,  accommodés  à  tous  les  climats,  qui  sont  redevenus  sauvages 
en  plusieurs  points  du  globe  et  se  sont  plies  aux  exigences  de  ces  nou- 
velles conditions  d'existence. 

»  Faut-il  rappeler  ces  Saumons  américains  dont  notre  collègue,  M.  Ra- 
veret-Wattel,  parlait  l'autre  jour  et  qui  se  pèchent  dans  l'Aude  et 
l'Hérault,  affluents  de  la  Méditerranée,  mer  dans  laquelle  jamais 
Saumon  n'avait  pénétré. 

»  Et  ces  animaux  sauvages  (Lapins,  Moineaux,  etc.),  que  l'Australie,  la 
Nouvelle-Zélande,  l'Amérique,  ont  demandés  à  la  vieille  Europe,  ont-ils 
été  acclimatés  là-bas  ?  11  faut  bien  le  croire,  puisque  après  quelques  an- 
nées ils  sont  devenus  importuns  et  assez  gênants  pour  qu'on  ail  dû  faire 
deselTorts  pour  les  détruire.  Mais  ces  faits  sont  trop  connus,  ici  surtout, 
pour  qu'il  importe  de  les  développer. 

î  Ce  que  je  voudrais  arriver  à  établir  devant  vous,  c'est  l'impression- 
nabililé  des  animaux,  si  l'on  peut  ainsi  dire. 

>  Sous  l'action  du  froid  ou  du  chaud,  ils  se  vêtissent  ou  se  dévètissenl. 
Le  Yak  du  Thibet  et  la  Chèvre  du  même  pays  perdent,  sous  notre  cli- 
mat, le  duvet  qui,  dans  leur  haute  patrie,  leur  permet  de  résister  à 
l'inclénience  des  saisons. 

4e  SÉRIE,  T.  m.  —  Février  1886.  8 


Il^  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'ACGLIMATATION. 

»  Les  Moutons  à  poil  ras  du  Sénégal  et  du  Sahara  (Moutons  Morvan  de 
Buffon),  que  nous  appelons  Moutons  sans  laine,  souffrent  du  froid  qui 
suit  leur  importation.  A  la  saison  suivante,  sous  le  poil,  se  montre  un 
duvet  très  fin  et  qui  par  places,  sur  le  dos,  les  cuisses,  les  épaules,  dé- 
passe le  pelage  normal.  Au  troisième  hiver,  le  Mouton  dit  sans  laine 
porte  une  demi-toison. 

»  Quant  aux  agneaux  nés,  sous  notre  climat,  de  ces  bêtes  ovines,  tout 
en  conservant  les  caractères  de  leur  race,  ils  sont,  dès  le  premier  hiver, 
pourvus  de  ce  duvet,  de  cette  toison  protectrice. 

»  Ces  faits  montrent  l'animal  se  modifiant  pour  ainsi  dire  tout  d'un 
coup. 

»  Ici  ce  n'est  pas  une  race  qui  subit  peu  à  peu  l'action  du  milieu  am- 
biant; c'est  le  nouvel  importé,  le  nouveau  venu,  qui  est  en  quelque 
sorte  saisi  par  les  nouvelles  conditions  de  vie  où  il  est  placé. 

»  Je  pouvais  donc  vous  dire  en  vérité  que  l'animal  était  impression- 
inable. 

>  Que  se  passera-t-il  alors  pour  une  espèce,  pour  une  race  qui  subira 
l'action  du  milieu  pendant  une  suite  de  générations? 

j  Messieurs,  ai-je  besoin  de  conclure?  .    .    . 

j»  Permettez-moi  d'ajouter  encore  quelques  mots. 

»  On  nous  a  dit  tout  à  l'heure  qu'un  savant  éminent,  qui  va  représenter 
la  France  au  loin,  aurait  déclaré  n'être  pas  partisan  de  l'acclimatation. 

»  Ce  propos  n'a  pas  été  tenu,  permettez-moi  de  le  croire. 

»  Eh!  Messieurs,  que  serions-nous  sans  l'acclimatation,  nous  peuples 
civilisés  ?  Ne  profitons-nous  pas  de  l'œuvre  des  siècles  qui  nous  ont 
légué  les  animaux  et  les  plantes  dont  nous  vivons,  au  milieu  desquels 
nous  vivons  ? 

»  Et  pouvons-nous  admirer  assez  le  mouvement  qui,  depuis  le  commen- 
cement de  ce  siècle  et  surtout  depuis  trente  ans,  a  amené  entre  tous 
les  points  du  globe  l'échange  des  faunes  et  des  flores  le  plus  éton- 
nant! » 

—  M.  Hédiard  mentionne  la  rusticité  remarquable  du  Néflier  du 
Japon,  qui  est  aujourd'hui  répandu  non  seulement  en  Algérie,  mais 
encore  dans  toute  la  Provence,  où  il  donne  des  produits  abondants. 
Notre  confrère  se  propose  d'essayer  cet  arbre  sous  le  climat  de  Paris. 
Un  plant  de  deux  ans,  qu'il  possède  à  Asnières,  a  parfaitement  résisté  à 
la  neige  et  aux  froids  de  l'hiver. 

—  M.  le  Président  fait  remarquer  que  nous  sommes  entourés  de 
végétaux  et  d'animaux  qui  sont  acclimatés.  On  ne  peut  pas  dire  qu'on 
n'acclimate  pas;  tout  dépend  de  la  définition  que  l'on  donne  du  mot. 
Il  est  clair  que  si  le  mot  acclimalation  signifie  qu'un  végétal  et  qu'un 
animal  ne  pourraient  pas  vivre  là  où  ils  ne  trouveraient  pas  à  s'établir 
dans  les  conditions  qui  sont  absolument  nécessaires  à  leur  existence,  il 
est  clair  alors  qu'il  n'y  a  pas  d'acclimatation;  mais,  s'ils  sont  suffisam- 


PROCÈS-VERBAUX.  il5 

ment  rustiques  pour  "se  prêter  à  des  Jifférences  de  conditions  d'exis- 
tence, dilïérences  beaucoup  plus  considérables  que  nous  ne  pouvons  en 
juger  à  priori,  il  y  aura  acclimatation. 

—  M.  Maunoury  pense  que  l'on  prête  à  M.  Paul  Bert  des  idées  qu'il 
n'a  pas  «  J'ai,  dit  M.  Maunoury,  assisté  dans  son  laboratoire  à  des  expé- 
riences curieuses  sur  l'acclimatation  des  poissons  d'eau  douce  dans  de 
l'eau  salée,  expériences  qui  ont  réussi.  Il  y  a  probablement,  comme  le 
disait  M.  le  Président,  une  distinction  de  mots.  » 

—  M.  le  docteur  Brocclii  fait  une  intéressante  communication  sur 
l'Ostréiculture  dans  le  quartier  de  Marennes.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Huet  présente  un  travail  ayant  pour  titre  :  «  Exposé  des  espè- 
ces connues  et  décrites  dans  le  genre  Antilope.  »  (Voy.  au  Bulletin.) 

Le  Secrétaire  des  séances, 

C.  Raveret-Wattel. 


IV.   EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES  SECTIONS 


TROISIEME  SECTION 

SÉANCE   DU    16   DÉCEMBRE   1885. 

Présidence  de  M.  Failli  EUX, 
puis  de  M.  le  D'  Brocchi,  Vice-Président. 

En  l'absence  de  tous  les  membres  du  Bureau,  M.  Paillieux  est  prié  de 
remplir  les  fonctions  de  président,  et  M.  Grisard  celles  de  secrétaire. 

L'ordre  du  jour  appelle  les  élections  pour  la  nomination  du  Bureau. 

Au  premier  tour  sont  élus  : 

Président,  M.  Léon  Vaillant  ; 

Vice-Président,  M.  le  D'  Brocchi  ; 

Secrétaire,  M.  Vidal  ; 

Vice-Secrétaire,  M.  Mailles. 

Il  y  a  ballottage  pour  l'élection  du  Délégué  aux  récompenses  ;  en 
conséquence,  il  est  procédé  à  un  deuxième  tour  de  scrutin  où  M.  Ber- 
thoule  est  nommé. 

M.  de  Confévron  envoie  des  renseignements  sur  la  maladie  des  Ecre- 
visses  et,  en  même  lemps,  promet  d'autres  communications  sur  ce  sujet. 

M.  le  D""  Brocchi  fait  remarquer  qu'il  lui  paraît  désirable  que  ceux 
de  nos  collègues  qui  s'occupent  de  cette  question  envoient  les  Ecre- 
visses  aussitôt  mortes,  et  non  plus  ou  moins  en  état  de  putréfaction, 
comme  cela  arrive  souvent,  ce  qui  empêche  de  faire  les  constatations 
médicales;  sur  la  demande  de  la  Section,  M.  le  D''  Brocchi  veut  bien  se 
charger  d'examiner  les  Écrevisses  que  la  Société  recevra. 

M.  Bouvier,  ingénieur  en  chef  du  département  de  Vaucluse,  envoie 
une  lettre  dans  laquelle  il  demande  à  la  Société  un  exemplaire  de  notre 
rapport  sur  la  maladie  des  Écrevisses. 

La  Section  décide  de  demander  à  M.  Bouvier  de  vouloir  bien  envoyer 
des  Écrevisses  mortes. 

M.  Raveret-Watlel  demande  la  parole  et  entrelient  la  Section  au  sujet 
de  la  maladie  des  Écrevisses,  dont  les  causes  sont  restées  inconnues. 
Les  variations  de  la  température  n'y  sont  évidemment  pour  rien,  puis- 
que, de  tout  temps,  /îlles  ont  eu  lieu.  Quant  aux  parasites,  dont  plu- 
sieurs espèces  vivent  aux  dépens  de  ces  Crustacés,  on  ne  sait  lesquels 
accuser,  ni  même  s'il  faut  en  accuser  aucun.  Mais  le  mal  tend  à  dispa- 
raître. De  petites  Écrevisses,  échappées  au  fléau  destructeur,  reparais- 
sent peu  à  peu.  Notre  collègue  fait  remarquer  que  c'est  avec  intention 
qu'il  dit  que  ces  jeunes  animaux  ont  échappé  à  l'épidémie,  car  ils  se 
montrent  dans  bien  des  eaux  oîi  toutes  les  grosses  Écrevisses  sont 
nftortes,  ce  qui  éloigne  toute  idée  de  reproduction  récente. 


PROCÈS- VERBAUX.  117 

M.  le  Président  désirerait  qu'il  nous  soit  envoyé  des  Écrevisses  non 
malades,  aussi  bien  que  de  celles  qui  le  sont,  des  provenances  contami- 
nées, pour  aider  dans  les  recherches  sur  la  cause  du  mal  et  sa  manière 
de  débuter. 

M.  Raveret-Wattel  rappelle  l'envoi  qui  fut  fait  de  Saumons  de  Cali- 
fornie, lesquels,  lâchés  dans  l'Hérault,  gagnèrent  la  mer  et  quelques- 
uns  reparurent  ensuite  dans  l'Aude. 

Cet  essai,  assez  encourageant,  détermina  la  Société,  sur  la  proposi- 
tion de  M.  Raveret-Wattel,  à  envoyer  dans  le  même  département  des 
œufs  de  Salmo  salar.  On  sait  qu'un  insuccès  complet  fut  le  résultat  ob- 
tenu de  cet  envoi  dont  les  œufs  soumis  à  une  eau  trop  chaude  n'ont  pu 
éclore.  Néanmoins,  notre  collègue  pense  que  les  nouveaux  Saumons  qui 
vont  être  expédiés  dans  la  même  localité,  d'après  la  décision  prise  par 
le  Conseil,  auront  un  sort  plus  prospère  que  leurs  malheureux  frères. 

D'autre  part,  M.  Raveret-Wattel  annonce  qu'il  s'est  adressé  au  ser- 
vice des  ponts  et  chaussées,  et  qu'il  en  a  obtenu  un  crédit  destiné  à 
seconder  notre  Société  dans  ses  travaux  piscicoles.  Ce  service  construira 
un  laboratoire  d'élevage  destiné  à  recueillir  les  œufs  que  fournira  la 
Société. 

M.  le  Chef  de  la  Société  de  Navigation  est  heureux  du  concours  offert 
par  la  Société  d'Acclimatation.  Il  fera  son  possible  pour  nous  aider  dans 
nos  tentatives  de  repeuplement  des  eaux.  A  cet  effet,  le  personnel  de  la 
navigation  sera  mis  à  noire  disposition  pour  la  surveillance. 

M.  Mailles  donne  lecture  des  réponses  (ju'il  adresse  aux  lettres  de 
MM.  Laisnel  de  la  Salle  et  Cornély,  à  propos  des  reproductions  des 
Grenouilles-Rœufs.  11  donne  aussi  lecture  des  lettres  de  ces  messieurs. 

M.  Joly  réfute  un  fait  mentionné  dans  la  communication  de  M.  Laisnel 
de  la  Salle  citée  plus  haut;  il  s'agit  d'une  grosse  Perche  qui  aurait 
coupé  une  Brème  de  forte  taille  en  deux  parties,  emportant  une  de  ces 
parties  et  en  laissant  l'autre. 

M.  Joly  explique  que  la  Perche  ayant  les  dents  recourbées,  faites 
pour  retenir  une  proie  et  non  pour  la  broyer,  et  encore  moins  la  cou- 
per, ne  saurait  exécuter  un  sectionnement  dans  le  genre  de  celui  que 
cite  M.  Laisnel  de  la  Salle. 

M.  le  Président  ainsi  que  plusieurs  membres  disent  qu'en  effet,  il 
n'est  pas  croyable  que  la  Perche  puisse  couper  en  deux  une  Brème,  cette 
dernière  fût-elle  de  taille  moyenne  et  la  première  aussi  grosse  que  peut 
l'être  une  Perche. 

M.  le  D'-  Brocchi  montre  à  la  Section  le  tableau  qu'il  a  dressé  des  éta- 
bhssements  qui  s'occupent  de  pisciculture,  en  France;  ces  établissements 
sont  au  nombre  de  vingt-neuf,  répartis  dans  vingt-cinq  départements. 
Ces  laboratoires  sont  dépourvus  des  nouveaux  appareils  perfectionnés, 
aussi,  M.  le  D^  Brocchi  estime  qu'il  y  aurait  lieu  de  répandre,  le 
plus  possible,  le  travail  que  M.  Raveret-Wattel  écrit  sur  ce  sujet. 


118  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

M.  Rathelot  demande  à  prendre  connaissance  du  tableau  dressé  par 
M.  le^D"^  Brocchi. 

M.  le  Président  lui  répond  que  ce  tableau  est  à  la  disposition  des 
membres,  qui  peuvent  le  consulter  au  siège  de  la  Société. 

M.  Rathelot  explique  que,  demeurant  à  Montrouge,  il  ne  lui  est  pas 
facile  de  venir  passer  plusieurs  heures  rue  de  Lille,  pour  consulter  les 
documents  ou  les  livres  de  la  bibliothèque.  Notre  collègue  regrette  que 
les  sociétaires  ne  puissent,  moyennant  le  dépôt  d'une  somme  quelcon- 
que, emporter  chez  eux  les  ouvrages  et  les  pièces  qu'il  sont  à  consulter. 
D'ailleurs,  cette  consultation  a  souvent  besoin  d'être  faite  à  côté  des 
animaux  que  l'on  étudie,  et  qui  ne  peuvent  être  transportés  rue  de  Lille. 

MM.  Paillieux  et  Mailles  font  observer  qu'ils  s'associent  au  vœu  de 
M.  Rathelot  pour  ce  qui  concerne  les  livres,  mais  non  les  documents  et 
les  diverses  pièces  manuscrites  qui,  égarés,  ne  pourraient  être  rem- 
placés. 

La  proposition  que  M.  Rathelot  veut  transmettre  au  Conseil  est  mise 
aux  voix,  avec  l'amendement  de  MM.  Paillieux  et  Mailles. 

Six  membres  seulement  prennent  pari  au  vote,  trois  pour  la  proposi- 
tion et  trois  contre.  En  conséquence,  la  Section  passe  à  l'ordre  du  jour. 

M.  de  Sémallé  demande  où  il  pourrait  se  procurer  des  Poi  sons-Chats 
{Amiiirus  nebidosiis,  le  Cat-Fish  des  États-Unis).  M.  Berthéol  peut  en 
fournir  à  notre  confrère. 

Le  Vice-Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


QUATRIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU  22   DÉCEMBRE   1885. 
Présidence  de  M.  Maurice  Girard,  Président. 

Il  est  procédé  aux  élections  du  Bureau  pour  la  session  1885-1886. 

M.  Mailles  déclare  ne  pouvoir  accepter  le  renouvellement  de  son 
mandat,  ayant  été  déjà  nommé  membre  des  Bureaux  des  première  et 
troisième  Sections. 

Sont  nommés  par  acclamation  : 

Président,  M.  Maurice  Girard. 

Vice-Président,  M.  Fallou. 

Secrétaire,  M.  Sédillot. 

Vice-Secrétaire,  M.  Eug.  Joly. 

Délégué  aux  récompenses,  M.  Fallou. 

MM.  les  Secrétaire  et  Vice-Secrétaire  n'assistant  pas  à  la  réunion, 
M.  le  Président  prie  M.  Mailles,  Secrétaire  sortant,  de  vouloir  bien 
rédiger  le  présent  procès-verbal. 


PROCÈS-VERBAUX.  119' 

M.  Fallou  présente  à  la  Section  plusieurs  boîtes  contenant  des  Lépi- 
doptères diurnes  et  nocturnes,  ainsi  que  des  cocons,  des  chrysalides, 
des  Chenilles  et  des  oeufs.  Ce  sont  : 

i°  Une  espèce  diurne  : 

Urania  ripheus. 

2"  Plusieurs  espèces  nocturnes  : 

Saturnia  suraka   cT  et  Ç. 

Borocera  Madagnscariensis  (f  et  ^ 

Antherœa  Pernyi. 

Attacus  cynthia. 

Antherœa  mylitta  çf  et  ^. 

Actias  lima  cf  et  Ç. 

Des  cocons  de  Borocera  Madagascariensis,  à' Antherœa  mylitta, 
à' Actias  luna  ;  enfin  des  Chenilles  à' Actias  luna  et  des  œufs  d' Anthe- 
rœa mylitta. 

Le  H.  P.  Camboué  envoie  une  lettre,  dans  laquelle  il  parle  des  Criquets 
dévastateurs  de  Madagascar,  qu'il  désigne  sous  le  nom  impropre  de 
Sauterelles. 

A  cette  occasion,  M.  le  Président  fait  remarquer  que  le  R.  P.  Camboué 
confond  les  Criquets  avec  les  Sauterelles,  et  inversement  ;  en  effet,  notre 
collègue  désigne  les  Orthoptères  dont  il  parle  sous  le  nom  de  Saute- 
relles, puis  les  traite  d'Acridiens.  Cette  dernière  dénomination  seule 
est  bonne;  les  véritables  Sauterelles  sont  des  Lociistiens. 

M.  Fallou  fait  connaître  les  résultats  de  ses  élevages  de  Bombyciens 
séricigènes. 

11  donne  aussi  lecture  de  différents  documents  ayant  trait  à  la  dénomi- 
nation d'une  espèce  de  Bombycien,  dont  le  véritable  nom  est  Antherœa 
Frithii  ;  cette  espèce  fournit  une  belle  soie,  pouvant  rivaliser  avec 
celle  du  Sericaria  Mori. 

iM""^  Doué  écrit  de  Chollet  (Maine-et-Loire)  à  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire 
qu'elle  a  constaté  les  ravages  qu'exerce  dans  les  vignes  un  Charançon, 
VOtiorhynchus  sidcatus  Fabr. 

M.  Maurice  Girard  pense  que  le  meilleur  moyen  de  diminuer  le 
nombre  de  ces  Insectes  consiste  à  les  ramasser,  le  jour,  aux  pieds  des 
ceps,  cette  espèce  étant  nocturne. 

Un  de  nos  collègues  d'Algérie  se  plaint  des  dégâts  causés  par  une 
Fourmi,  dont,  malheureusement,  il  n'envoie  pas  de  spécimen.  M.  le 
Président  suppose  que  la  Fourmi  moissonneuse  doit  être  la  coupable. 

M.  Paillieux  dit  qu'il  a  observé  que  les  Haricots  qu'il  reçoit  d'Asie 
sont  souvent  perforés  par  un  Charançon,  mais  que  ceux  cultivés  en  France 
sont  indemnes. 

M.  Maurice  Girard  répond  que  le  Charançon  en  question  est  une 
Bruche,  et  que  cet  Insecte  tend  à  se  répandre  de  plus  en  plus  chez  nous. 

M.  le  Président  montre  à  la  Section  un  de  ses  bons  points  instructifs, 


120  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

représentant  le  Cossus  gâte-bois  à  ses  divers  états  et  parle  des  dégâts 
que  fait  le  Cossus. 

M.  Fallou  dit  qu'il  a  pu  constater  les  ravages  de  cette  espèce,  sur  les 
Ormes  des  boulevards,  avant  1830. 

M.  le  Président  dit  qu'il  a  reçu  des  grains  de  Blé  attaqués  par  la 
Tillea  granella,  Teigne  du  Blé.  Mais  les  Coléoptères  qui  accompagnent 
cet  envoi  et  qui  sont  accusés  d'être  les  auteurs  du  mal  sont  parfaite- 
ment innocents.  Ces  Ptinus  fur  Linné  sont  venus  manger  seulement 
les  vieux  habits  des  Teignes. 

M.  Fallou  fait  connaître  qu'il  a  conservé  de  ces  Insectes  dans  des 
flacons  bouchés,  sans  nourriture,  pendant  trois  ans,  jusqu'à  ce  qu'ils  se 
fussent  dévorés  entièrement  entre  eux. 

Pour  le  Secrétaire, 

Ch.  Mailles, 

Secrétaire  sortant. 


V-  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS   DE  CORRESPONDANCE. 


Société  de  pisciculture  du  département  du  Cher. 

La  Société  de  pisciculture  du  département  du  Cher  a  tenu  dernière- 
ment une  réunion  générale.  La  séance,  à  laquelle  s'était  rendue  une 
nombreuse  assistance,  a  été  fort  intéressante.  Plusieurs  communications 
importantes  ont  été  faites  sur  l'état  des  cours  d'eau  du  département, 
leur  repeuplement  et  le  choix  des  espèces  de  poissons  qu'il  convient  de 
multiplier  dans  tel  ou  tel  cours  d'eau.  D'après  les  renseignements  don- 
nés en  séance,  l'empoissonnement  fait  au  commencement  de  l'année  par 
la  Société,  dans  les  eaux  des  environs  de  Bourges,  a  porté  sur  60000 
Carpes  et  Carpillons.  Cet  empoissonnement  a  parfaitement  réussi. 

Une  très  instructive  conférence  sur  l'histoire  de  la  pisciculture  a  été 
faite  par  M.  Ancillon,  Président  de  la  Société.  Signalant  l'importance 
nationale  et  économique  de  la  production  du  poisson,  M.  Ancillon  a  éta- 
bli, d'après  des  documents  sérieux,  que  cette  production,  pour  nos  eaux 
douces,  s'élève  à  50  millions  de  francs  par  an.  C'est  une  quantité  relati- 
vement minime;  répartie  par  habitant,  elle  ne  représente  environ  que 
1  fr.  4.0.  Elle  pourrait  être  facilement  portée  à  350  millions,  si  nos 
rivières  étaient  suffisamment  peuplées  et  protégées.  C'est,  par  consé- 
quent, 300  millions  par  an  que  perd  la  France  en  négligeant  ses  cours 
d'eau. 

A  la  suite  de  cette  conférence  et  après  le  compte  rendu  financier  pré- 
senté par  le  trésorier,  l'assemblée  a  pris  les  résolutions  suivantes  : 

1"  Le  réempoissonnement  des  rivières  du  département  sera  continué 
dans  la  mesure  des  ressources  de  la  Société  ;  il  aura  lieu  en  Cyprins, 
Salmonidés  et  Crustacés,  il  sera  employé  pour  ce  l'éempoissonnement  les 
sommes  ci-après  : 

En  Cyprins 500  francs 

En  Salmonidés 300      — 

En  Crustacés  (Écrevisses) 200      — 


Total 1000  francs 

2"  En  vue  de  proléger  l'empoissonnement  des  rivières,  il  sera  payé 
une  prime  de  5  à  20  francs  aux  agents  des  ponts  et  chaussées,  gardes 
champêtres,  gardes-rivières,  gendarmes,  agents  de  police,  qui  auront 
fait  des  procès-verbaux  contre  les  délinquants  dans  des  conditions  mé- 
ritant encouragement  et  récompense. 

3»  Il  sera  payé  une  prime  de  50  à  200  francs  aux  instituteurs  qui  se- 
ront parvenus  à  organiser  et  constituer  des  syndicats  de  propriétaires 
en  vue  de  protéger  les  rivières  contre  les  maraudeurs. 


122  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

4°  Les  maires  seront  priés  d'organiser  une  surveillance  active  sur  les 
places  et  marchés,  afin  d'empêcher  la  mise  en  vente  de  poissons  trop 
jeunes. 

5°  La  Société  publiera  un  bulletin  de  ses  travaux  aussitôt  que  ses 
ressources  le  permettront. 

6°  11  sera  demandé  une  subvention  en  argent  au  département  et  à  la 
ville  pour  aider  la  Société  dans  son  œuvre  de  l'éempoissonnement  des 
rivières  et  pour  créer  à  Bourges  un  établissement  de  fécondation  artifi- 
cielle d'éclosion  et  d'élevacre.  R.  W. 


L'Industrie  de  la  Cochenille  au  Guatemala. 

«  L'éducation  des  Insectes  hémiptères  de  la  famille  des  Pucerons,  et 
particulièrement  le  Coccus  cacti,  ou  Cochenille  espagnole,  est  au  Gua- 
temala une  industrie  profitable,  sinon  agréable.  De  grands  espaces 
sont  consacrés  entièrement  à  la  culture  de  Nopals  {Opuntia  coccinelli- 
fera)  sur  lesquels  vivent  les  Cochenilles.  '' 

î  Les  plantalions  que  nous  visitâmes  ont  une  superficie  de  près  de 
mille  acres,  et  le  modus  operandi  de  culture  est  des  plus  curieux.  Ces 
Insectes  réclament  à  peu  prés  les  mêmes  soins  que  les  Vers  à  soie. 

»  Immédiatement  avant  la  saison  pluvieuse,  de  larges  raquettes  de 
Nopal,  couvertes  de  Cochenilles,  sont  coupées  et  rangées  sous  une  sorte 
de  hangar,  oîi  les  Insectes  passent  les  quatre  ou  cinq  mois  de  la  saison 
des  pluies,  à  l'abri  des  intempéries.  A  la  fin  du  mauvais  temps  (vers  la 
mi-octobre),  les  plantations  sont  de  nouveau  peuplées  de  Cochenilles. 
On  construit,  avec  des  fibres  de  bois,  des  nids  où  l'on  met  une  douzaine 
de  femelles,  puis  ces  nids  sont  suspendus  aux  épines  des  Cactus.  Ré- 
chauffées par  le  soleil  tropical,  ces  mères  sortent  de  leur  torpeur,  et 
commencent  bientôt  à  pondre  avec  une  rapidité  surprenante ,  chaque 
femelle  produisant  plus  de  1000  œufs.  Ces  jeunes  Insectes  se  répandent 
très  rapidement  sur  les  Cactus,  grossissent  vite,  et  adhèrent  si  bien  aux 
raquettes  des  Nopals,  qu'on  les  prendrait  plutôt  pour  des  excroissances 
végétales  que  pour  des  Insectes. 

»  Dans  ces  conditions,  on  les  recueille  pour  l'industrie,  mais  seule- 
ment les  femelles  fertiles,  qui,  seules,  peuvent  être  utilisées.  Les  mâles 
sont  peu  nombreux:  un  tout   au  plus  par  deux  cent  cinquante  femelles. 

»  Les  femelles  sont  détachées  de  leurs  raquettes,  avec  un  couteau, 
jetées  dans  un  panier,  et  tuées  par  une  immersion  en  eau  bouillante,  ou 
cuites  au  four,  ou  bien  encore,  séchées  sur  un  plat  de  fer  brûlant.  La 
première  récolle  a  lieu  vers  la  mi-décembre,  et,  à  mesure  que  les  géné- 
rations se  succèdent,  on  continue  à  les  recueillir  jusqu'à  la  fin  de  mai.  Ces 


FAITS   DIVERS    ET   EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.       128 

Insectes  ont  la  forme  d'une  écaille  ronde  ;  le  corps  est  traversé  par  des 
raies  profondes;  l'abdomen  est  de  couleur  mûre  sombre;  les  pattes  sont 
courtes,  noires  et  fragiles  à  la  partie  postérieure.  Le  niàle  seul  a  deux 
ailes  ;  la  femelle  est  aptère. 

»  Un  homme  d'une  habileté  ordinaire  peut  récolter  environ  deux 
onces  de  Cochenilles  par  jour.  Par  la  dessiccation,  elles  perdent  au  moins 
les  deux  tiers  de  leur  poids.  Comme  il  faut  au  moins  70  000  Insectes 
pour  faire  une  livre,  et  que  le  prix  de  vente  au  détail  est  seulement  de 
60  centimes  par  livre,  on  comprend  que  ce  travail  n'est  pas  du  tout  une 
sinécure. 

»  Par  la  méthode  d'immersion  des  Cochenilles  dans  l'eau  bouillante, 
elles  prennent  une  teinte  brun  rougeâtre,  et  perdent  une  grande  partie 
de  ce  duvet  blanc  qui  couvre  les  raies  du  corps.  Desséchées  au  four, 
elles  conservent  leur  duvet  et  deviennent  grises.  Séchées  sur  un  plat  de 
métal  brûlant,  les  Cochenilles  prennent  une  teinte  noirâtre.  Ceci  ex- 
plique les  diverses  dénominations  sous  lesquelles  elles  sont  connues  sur 
les  marchés,  comme  «  grains  d'argent  »,  «  grains  noirs  »,  et  «  grains 
renards  »  ;  ces  dernières,  obtenues  par  la  méthode  de  l'eau  bouillante, 
sont  préférées  aux  autres.  Séchées,  les  Cochenilles  présentent  l'aspect 
de  graines  convexes,  d'un  huitième  de  pouce  (anglais)  de  diamètre;  les 
bandes  transversales  restent  apparentes. 

»  Une  autre  espèce,  la  Cochenills  sylvestre,  vit  sur  un  Cactus  sauvage. 
Inférieure,  comme  qualité,  à  l'espèce  Cacti,  cette  Cochenille  est  re- 
cueillie et  vendue  pour  la  bonne  espèce  cultivée;  il  arrive  aussi,  par- 
fois, que  ces  deux  Cochenilles  se  trouvent  mélangées,  sans  que  le  pro- 
priétaire y  ait  fait  attention. 

»  Quelquefois,  un  Puceron  ravageur  apparaît  tout  à  coup  et  dévaste 
des  plantations  entières  ;  c'est  ce  qui  est  arrivé,  il  y  a  quelques  années.  Il 
fallut  arracher  et  détruire  les  vieux  Cactus  et  en  planter  de  nouveaux. 
Enlui,  les  Oiseaux,  les  Souris  et  certains  Insectes  détruisent  les  Coccus 
cacti;  ces  derniers  sucent  tout  l'intérieur  du  corps  des  Hémiptères,  ne 
laissant  que  l'enveloppe  desséchée. 

Traduit  du  Montréal  Daily  Star 
par  Ch.  Mailles. 


VI    BIBLIOGRAPHIE. 


i^a  Cité  chinoise,  par  G.  EuG.   SiMON.  1   vol.  in-18,   de  390  pages. 
Paris,  1885.  Nouvelle  Revue,  boulevard  Poissonnière,  23. 

Abrité  derrière  sa  Grande  Muraille,  détourné  par  sa  religion  et  par 
ses  coutumes  séculaires  de  tout  commerce  avec  l'étranger,  produisant 
lui-même  et  à  bas  prix  tout  ce  qui  pouvait  être  nécessaire  à  ses  besoins, 
l'immense  empire  chinois  était  demeuré,  presque  jusqu'à  nos  jours, 
impénétrable  et  mystérieux.  De  hardis  missionnaires  avaient  fini  cepen- 
dant par  franchir  ces  barrières  et  par  soulever  aux  yeux  étonnés  de 
l'Europe,  un  coin  de  ce  voile,  jusque-là  si  sévèrement  baissé.  Mais  la 
brèche,  ainsi  ouverte  au  prix  des  plus  pénibles  efforts  et  du  plus  géné- 
reux dévouement,  était  aussi  étroite  que  dangereuse,  et  il  a  fallu  mal- 
heureusement le  secours  du  canon  pour  la  rendre  définitivement  pra- 
ticable. 

Le  livre  que  vient  de  publier  M.  Eug.  Simon,  en  dépit  de  l'enthousiasme 
un  peu  accentué  qui  le  distingue,  aidera  à  l'élude  du  sphinx  encore  à 
peine  démasqué,  et  contribuera  sans  doute  utilement  à  redresser  l'opi 
nion  si  généralement  répandue,  nous  représentant  le  peuple  chinois 
comme  un  peuple  barbare,  ennemi  de  toute  civilisation,  animé  d'une 
invincible  aversion  pour  l'étranger,  et  son  gouvernement  comme  un 
gouvernement  essentiellement  tyrannique. 

Ce  qui  frappe  tout  d'abord,  lorsqu'on  pénètre  dans  ce  monde  nouveau, 
c'est  l'extraordinaire  densité  de  la  population  agricole  qui  atteint,  dans 
certains  districts,   jusqu'au  chiffre  extraordinaire  de  quinze  habitants  à 
l'hectare.  La  terre  est  soumise  au  régime  de  la  petite  culture  :  la  pro- 
priété ne  dépasse  guère  une  étendue  moyenne  de  2  à  3  hectares  ;  on 
appelle  grandes  propriétés  celles  qui  atteignent  100  hectares,  et  encore 
sont-elles  extrêmement  rares.  Sobre,   économe,   laborieux,   le  paysan 
chinois,  confiné  sur  son  petit  lopin  de  terre,  le  cultive  avec  ardeur,  et 
en  obtient,  à  force  de  soins,  et  en  utilisant  avec  prévoyance  tous  les  en- 
grais à  sa  disposition,  surtout  ceux  qu'on  méprise  le  plus  chez  nous, 
jusqu'à  trois  récoltes  par  an,  parfois  même  davantage.  Ce  merveilleux 
résultat  serait  dû  en  partie  à  la  méthode  de  repiquage,  adoptée  même 
pour  la  culture  du  blé,  ce  qui  conduit  l'auteur   à   regretter  qu'une  si 
fructueuse  pratique  ne  soit  pas  répandue  dans  tous  les  pays  de  culture 
des  céréales  ;  mais  nous  avons  peine  pour  notre  part,  avouons-le  en 
passant,  à  nous  imaginer,  en  présence  du  renchérissement  de  la  main- 
d'œuvre,  la  possibilité  de  cultiver  de  la  sorte  les  champs  de  la  Beauce, 
ou  les  immenses  plaines  du  Far-West.  Quoi  qu'il  en  soit,  même  sur  le 
domaine  le  plus  exigu,  le  paysan,  après  en  avoir  tiré  toutes  les  res- 
sources nécessaires  à  son  existence,  arrive  encore  dans  ce  fortuné  pays 
à  réaliser  d'importantes  économies  ;  et  il  ne  faut  pas  croire  qu'il  vive 


BIBLIOGRAPHIE.  125 

misérablement;  loin  de  là,  ses  repas  sont  abondants  et  variés;  sa  mai- 
son, sans  luxe  inutile,  est  installée  avec  confortable,  il  veille  attentive- 
ment à  la  propreté  et  à  la  correction  de  sa  tenue;  sa  mise  n'est  pas  sans 
élégance,  et  il  n'est  pas  jusqu'à  sa  démarche  aisée  que  l'auteur  ne  com- 
pare tristement  avec  l'allure  gauche  et  pesante  d'un  paysan  breton  ou 
auvergnat!  Combien  ne  devons-nous  pas  regretter  que  ce  séduisant 
modèle  soit  si  éloigné  de  nous  ! 

L'impôt  pèse  sur  la  superficie  et  varie  de  1  fr.  50  à  5  francs  par  hec- 
tare, toutes  charges  comprises,  ce  qui  ne  représente  guère  que  3  francs 
par  habitant.  A  ce  point  de  vue  encore,  et  ici  malheureusement  le  doute 
n'est  pas  possible,  la  comparaison  est  loin  de  nous  être  favorable.  L'in- 
dustrie et  le  commerce  sont  affranchis  de  toute  charge,  et  se  trouvent 
ainsi  placés  dans  des  conditions  exceptionnellement  avantageuses  pour 
lutter  contre  la  concurrence  étrangère.  La  prospérité  et  le  bien-être  qui 
résultent  de  ce  système  économique  ont  pour  première  conséquence 
d'adoucir  les  mœurs,  à  ce  point  que  la  criminalité  serait  pour  ainsi  dire 
réduite  à  néant;  ainsi  à  Han-Kéou,  ville  de  deux  millions  d'habitants, 
ou  a  relevé  un  seul  meurtre  en  trente-quatre  ans!  dans  le  Pé-tclii-li,  en 
y  comprenant  Pékin,  le  Paris  de  la  Chine,  c'est  à  peine  s'il  y  a  annuel- 
lement douze  exécutions  capitales.  Quant  aux  infanticides,  (ju'on  nous 
disait  d'une  si  triste  fréquence,  c'est  une  pure  légende  éclose  dans  le 
cerveau  des  bons  pères  Jésuites  pour  le  plus  grand  profit  de  leur  oeuvre 
de  la  Sainte-Enfance  ! 

Voilà  certes  un  tableau  enchanteur  dès  sa  première  partie,  et  qui  nous 
montre  un  idéal  de  société  que  bien  peu  sans  doute  auraient  cherché  en 
Chine.  Nous  aurons  garde  de  suspecter  la  sincérité  de  ce  lyrisme,  que 
n'amoindriront  pas,  espérons-le,  les  récits  de  nos  soldats  du  Tonkin. 
M.  Simon  a  écrit  avec  la  plus  complète  bonne  foi,  comme  il  le  déclare 
en  tête  de  son  livre;  mais  enfin,  il  faut  bien  reconnaître  que  tous  les 
voyageurs  ne  sont  pas  revenus  de  ce  pays  avec  le  même  enthousiasme. 
Il  nous  souvient  même  de  quelques-uns  de  leurs  récils,  légèrement  diffé- 
rents de  cette  peinture  idéale  des  mœurs  patriarcales  du  Céleste  Empire, 
et  qui  nous  donnent  à  penser  que  l'imagination  de  nos  missionnaires 
est  moins  féconde  qu'on  n'a  voulu  le  supposer,  et  qu'assurément  leurs 
orphelinats  manquent  plutôt  de  places  que  d'enfants  abandonnés  à 
secourir. 

La  famille  chinoise  est  organisée  sur  le  modèle  d'un  Étal  politique  : 
tous  les  membres  réunis  forment  le  pouvoir  délibérant,  le  père  repré- 
sentant le  pouvoir  exécutif.  La  mère  elle-même  n'est  pas  sans  avoir 
une  grande  autorité  :  elle  assiste  aux  assemblées  avec  voix  délibéra- 
tive  et  exerce  en  outre  les  fonctions  importantes  de  ministre  des 
finances;  elle  tient  les  cordons  de  la  bourse,  dit  M.  Simon,  et  c'est  à  elle 
qu'humblement  le  mari  doit  s'adresser  pour  en  obtenir  l'argent  néces- 
saire à  ses  menues  dépenses.  Pauvres  maris!   La  famille  s'assemble  à 


126  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATWN. 

des  péi-iodes  déteriTiinées  pour  célébrer  avec  solennité  le  culte  des  an- 
cêtres. D'autres  fois,  elle  s'érige  en  tribunal  domestique  pour  juger 
tous  les  litiges,  voire  même  les  délits  et  les  crimes  commis  par  un  de 
ses  membres;  son  code  pénal  lui  permet  de  prononcer  la  flagellation, 
l'exil,  l'excommunication,  c'est-à-dire  l'exclusion  de  la  famille.  Si  le 
coupable  a  encouru  la  peine  capitale,  plutôt  que  de  le  renvoyer  devant 
les  tribunaux  de  TÉtat,  qui,  seuls,  pourraient  la  prononcer,  on  lui  laisse 
le  choix  entre  l'excommunication  ou  le  suicide,  et  c'est  cette  dernière 
peine  qui  est  le  plus  ordinairement  choisie. 

Les  tribunaux  publics  jugent  en  appel  au  civil  les  décisions  des  tri- 
bunaux domestiques,  et  prononcent  au  criminel  les  châtiments  suprê- 
mes; mais,  auprès  de  ces  tribunaux,  ni  procédure,  ni  ministère  public, 
ni  avocats!  L'empereur  exerce  le  droit  de  grâce;  néanmoins,  il  ne  doit 
statuer  qu'après  s'être  soumis,  trois  jours  durant,  au  jeune  et  à  l'absti- 
nence! Quel  sujet  de  méditation  pour  certains  chefs  d'État! 

Le  métier  des  armes  est  peu  en  honneur;  cependant,  depuis  que  l'au- 
teur en  a  étudié  de  près  l'organisation  militaire,  la  Chine  a  fait  à  cet 
égard  d'immenses  progrès,  et  si,  il  y  a  quelque  vingt-cinq  ans,  elle 
s'est  montrée  impuissante  contre  les  invasions  étrangères,  il  faut  recon- 
naître que,  depuis  lors,  elle  s'est  singulièrement  aguerrie,  et  qu'il  est 
imprudent  de  la  tenir  aujourd'hui  pour  une  quantité  négligeable,  comme 
nous  en  avons  fait  naguère  la  fâcheuse  expérience. 

Dans  un  chapitre  intitulé  le  Travail,  M.  Simon,  après  avoir  exposé 
l'état  des  croyances  religieuses,  donne  des  détails  vraiment  pleins  d'in- 
térêt sur  les  diverses  professions,  libérales  ou  manuelles,  qui  toutes 
sont  entourées  d'une  égale  considération,  sur  l'organisation  des  corpo- 
rations de  métiers,  analogues  à  celles  qui  existaient  jadis  en  France,  et 
«nfin  sur  l'industrie  qui,  le  plus  souvent,  s'unit  intimement  à  l'agriculture 
dans  la  maison  même  du  cultivateur. 

L'exposé  de  l'organisation  politique  est  bien  de  nature  à  causer  de 
l'étonnement  à  ceux  qui  considéraient  le  Gélesle-Empire  comme  le  der- 
nier refuge  de  la  tyrannie  et  du  despotisme.  Tout  homme  est  électeur 
aussitôt  parvenu  à  la  majorité;  les  assemblées  de  citoyens  sont  libres, 
indépendamment  de  toute  convocation  ou  autorisation  du  gouvernement; 
«lies  élisent  les  conseils  qui  administrent  la  circonscription  territoriale 
d'où  elles  dépendent,  canton,  arrondissement,  province;  ces  conseils 
sont  élus  pour  trois  ans,  mais  essentiellement  révocables  ;  la  gratuité  est 
de  leur  essence.  C'est  là  que  s'arrête  la  représentation  du  peuple  ;  en 
dehors  de  la  province,  aucun  corps  électif  n'entoure  le  gouvernement 
central. 

Le  principe  de  la  responsabilité  de  tous  les  fonctionnaires,  depuis  le 
dernier  mandarin  jusqu'à  l'empereur  lui-même,  est  absolu,  et  s'étend 
non  seulement  à  tous  les  actes  de  leurs  fonctions,  mais  encore  aux 
événements  causés  par  force  majeure,  tels  que  sécheresses,  inondations. 


BIBLIOGRAPHIE.  127 

soit  parce  que  le  plus  souvent  une  bonne  administration  aurait  pu  les 
prévenir,  soit  par  cette  simple  raison  qu'il  convient  d'établir  une  étroite 
solidarité  d'intérêts  entre  ces  fonctionnaires  et  les  populations  adminis- 
trées par  eux.  Quant  à  ceux  qui  n'auraient  pas  su  prévenir  une  guerre 
inutile,  ou  qui  laisseraient  l'ennemi  envahir  le  sol  de  la  patrie,  le  sui- 
cide serait  la  seule  expiation  possible!  En  un  mot,  les  bases  essentielles 
de  la  politique  chinoise  sont  :  la  liberté,  la  solidarité  et  l'unité,  et  bien 
des  nations  dites  civilisées  pourraient  la  prendre  pour  modèle, 

Oîi  l'auteur  est  moins  enthousiaste,  c'est  à  l'endroit  de  nos  récents 
démêlés  avec  la  Chine,  à  propos  du  Tonkin  ;  il  estime,  à  bon  droit,  que 
le  Tonkin  est  trop  complètement  dans  la  sphère  chinoise  par  sa  situation 
géographique,  sa  constitution,  sa  langue,  ses  mœurs,  pour  nous  rester 
fidèle,  à  moins  de  sacrifices  ruineux  pour  nous,  le  jour  où  le  colosse 
voisin,  plus  aguerri  qu'aujourd'hui,  transformant  son  armée  de  défense 
en  armée  d'invasion,  en  mobiliserait  les  innombrables  phalanges.  On 
estimerait  facilement,  d'autre  part,  le  profit  que  notre  commerce  pourra 
retirer  de  cette  nouvelle  colonie,  en  prenant  comme  point  de  compa- 
raison les  résultats  obtenus  depuis  la  conquête  de  la  Cochinchine,  dont 
presque  tout  le  commerce  se  fait  en  dehors  de  la  mère-patrie.  Pour  ce  qui 
est  de  la  Chine  elle-même,  ses  exportations  ont  plus  que  doublé  depuis 
1860,  tandis  que  ses  importations  s'y  sont  maintenues  à  un  chiffre  insi- 
gnifiant. 

Le  livre  se  termine  par  une  idylle  pleine  de  charmes.  Si  élevé  que 
soit  le  mur  de  la  vie  privée  en  Orient,  M.  Simon  est  parvenu  à  le  fran- 
chir. 11  a  su  gagner  l'affection  d'une  famille  de  bons  et  honnêtes  culti- 
vateurs d'un  village  voisin  de  Fou-tchéou  ;  il  a  pu,  plusieurs  années 
durant,  vivre  dans  son  intimité,  apprendre  son  histoire,  une  histoire 
dont  les  débuts  remontent  à  huit  siècles  en  arrière  !  étudier  sa  consti- 
tution, son  fonctionnement  et  ses  diverses  transformations,  et  pénétrer, 
en  un  mot,  jusqu'aux  arcanes  les  plus  secrets.  L'histoire  de  la  famille 
Ouang-ming-tse  est,  après  tout,  celle  de  toutes  les  familles  chinoises: 
aussi  bien  ne  saurait-on  lire  une  étude  ethnographique  plus  attachante 
ni  plus  complète  et  plus  instructive. 

En  somme,  si  nous  nous  sommes  permis  certaines  critiques,  sur  un 
engouement  peut-être  exagéré  à  divers  égards,  et  à  l'occasion  d'attaques 
un  peu  trop  passionnées,  croyons-nous,  pour  être  justes,  le  livre  de 
M.  Eugène  Simon  n'en  reste  pas  moins  empreint  d'une  remarquable 
originalité  ;  il  est  riche  en  fails  nouveaux,  en  observations  et  en  docu- 
ments de  toute  nature,  et  pourrait  assurément  servir  de  cadre  à  un  plus 
grand  ouvrage.  Am.  Bp:kthoule. 


128  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Journaux  et  Revues. 

(Analyse  des  principaux  articles  se  rattachant  aux  travaux  de  la  Société.) 

Revue  maritime  et  coloniale,  janvier  1886.  Paris,  libr.  militaire  de 

L.  Baudoin  et  C". 

Nous  relevons,  dans  la  statistique  des  pêches  maritimes  de  l'année 
1884,  quelques-unes  de  ses  données  les  plus  intéressantes,  qui  présentent 
malheureusement  des  résultats  inférieurs  dans  leur  ensemble  à  ceux  de 
l'année  précédente. 

Les  grandes  pêches  à  Terre-Neuve  et  en  Islande  furent  entravées  au 
début  par  la  présence  dans  ces  parages  d'une  quantité  considérable 
d'icebergs  détachés  de  leur  point  de  formation  à  la  suite  d'un  hiver 
polaire  moins  rigoureux  que  de  coutume;  les  prix  de  vente  ayant, 
d'autre  part,  été  avilis  sur  les  marchés  d'Europe,  le  produit  total  de 
l'année  n*a  atteint  que  87  millions  contre  107  en  1883,  représentant 
36  millions  de  kilogrammes  de  Morues,  46  millions  de  kilogrammes  de 
Harengs,  411  millions  de  Sardines,  etc. 

L'mdustrie  de  la  pèche  sur  les  côtes  de  la  France  se  répartissait,  en 
1884,  entre  47  877  établissements,  couvrant  une  superficie  de  1 3  500  hec- 
tares; il  a  été  vendu  529  768  767  Huîtres  de  toute  espèce,  au  prix  de 
13577  000  francs.  Si  ces  chiffres  sont  un  peu  inférieurs  à  ceux  de  1883, 
en  revanche  la  récolte  du  naissain  a  été  extrêmement  abondante,  faisant 
ainsi  prévoir  de  bons  jours  pour  les  gourmets. 

La  pêche  en  mer  sur  les  côtes  d'Algérie  a  produit  une  somme  de 
3  757  000  francs,  à  peu  de  chose  près  égale  à  celle  du  précédent  exer- 
cice. Notons  seulement  ce  fait  regrettable  que  la  pêche  de  corail  tend  à 
en  disparaître  complètement;  déjà  aujourd'hui  elle  n'est  plus  guère 
pratiquée  qu'aux  environs  de  la  Galle;  cela  tient  moins  à  l'appauvris- 
sement des  bancs  coralifères  qu'à  la  découverte  de  gisements  nouveaux 
dans  les  eaux  de  la  Sicile.  Espérons  que  les  nouveaux  règlements  ma- 
ritimes rendront  sa  prospérité  passée  à  cette  branche  de  l'industrie 
côtière. 

Le  nombre  des  sinistres  n'est  toujours  que  trop  élevé  ;  c'est  ainsi  que 
quatre  cent  treize  pêcheurs  ont,  au  cours  de  cette  même  année,  péri  en 
mer,  payant  un  lourd  tribut  à  la  tempête. 

Am.  B. 


Le  Gérant:  Jules  Grisard. 


152.  —  BoURLorOiN.  —  Iinprinieries  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


UTILISATION  INDUSTRIELLE 

DU  POIL   DES   LAPINS   ANGORAS 

Par   M.    A.-C;E0FFK0Y    SAII\T-IiILililRE 


L'intéressante  communication  faite  par  M"'  Lagrenée  (l), 
sur  l'utilisation  industrielle  du  poil  des  Lapins  angoras,  nous 
a  remis  en  mémoire  l'exploitation  du  même  produit  qui  se 
l'ait  auprès  d'Aix-les-Dains,  à  Brison-Saint-Innocent  (Savoie). 

M.  Jacquier,  de  la  maison  Jacquier  et  G'%  à  qui  nous  nous 
sommes  adressés,  nous  a  écrit  :  , 

((  L'industrie  que  nous  exploitons  a  pris  un  grand  déve-' 
loppement.  Nous  expédions  nos  produits  en  grand  nombre  à 
Paris,  Lyon,  Marseille,  en  Angleterre,  Belgique,  Suisse,  Ita- 
lie, Amérique,  etc. 

»  Nous  en  avons  beaucoup  vendu  à  S.  M.  la  reine  d'Angle- 
terre pendant  son  séjour  à  Aix. 

y  Les  Lapins  angoras  que  nous  exploitons  appartiennent  à 
la  grande  race;  ils  ne  vivent  pas  à  Pair  libre.  Ils  sont  entrete- 
nus dans  des  locaux  fermés  et  sont  réunis  on  grand  nombre, 
et  nous  les  séparons  lorsque  nous  voulons  les  faire  repro- 
duire. 

y>  Les  mâles  et  les  femelles  produisent  tous  deux  une  même 
quantité  de  laine  (soie).  Les  mâles  ne  sont  pas  castrés.  » 

On  voit,  d'après  cette  lettre,  que  l'élevage  des  Lapins  est 
très  différent  à  Saint-Innocent  de  ce  qu'il  est  à  Frocourt,  cbez 
M""  Lagrenée,  puisque  les  premiers  vivent  enfermés,  les  se- 
conds en  plein  air,  exposés  à  toutes  les  intempéries. 

Nous  avons  cru  devoir  nous  adresser  également  à  31.  Pa- 
lard-Chalelain,  de  La  Ferté-Macé  (Orne),  qui,  en  188.3,  avait 

(1)  Voyez  au  Bulletin,  1885,  p.  642. 
4'  SÉRIE,  T.  IlL  —  Mars  188G.  U 


130  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

écrit  à  la  Société  qu'il  possédait  deux  mille  Lapins  angoras, 
et  qu'il  se  proposait  d'en  augmenter  encore  le  nombre. 

M.  Patard-Cliatelain  a  très  obligeamment  répondu  à  nos 
questions  par  la  lettre  suivante  : 

«  Monsieur, 

»  J'ai  reçu  la  lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de 
m'adresser. 

»  Il  est  certain  que  l'élevage  du  Lapin  angora  peut  laisser 
de  beaux  bénéfices,  à  condition  toutefois  d'être  entrepris  avec 
un  certain  nombre  de  têtes,  et  en  produisant  soi-même,  par 
la  culture  de  la  terre,  la  nourriture  des  animaux.  Si  j'avais 
continué  à  acheter  les  grains  et  fourrages,  le  poil  aurait  été 
mangé  bien  avant  d'être  bon  à  récolter  :  je  suis  donc  devenu 
cultivateur  malgré  moi. 

»  Il  en  a  été  de  même  pour  la  filature.  Pendant  cinq  ans, 
depuis  1880,  j'ai  cherché  des  filateurs  pour  faire  mon  travail. 
J'y  ai  subi  toutes  sortes  de  dommages  :  les  uns  ont  abîmé 
mon  angora  au  point  qu'il  était  considéré,  après  lilature, 
comme  du  déchet  de  coton;  peut-être  même  prélevait-on  une 
partie  de  mon  produit  pour  la  remplacer  par  de  la  laine  ou 
du  coton.  Le  fait  est  arrivé  au  moins  une  fois.  Après  cinq  ans 
de  recherches,  d'essais  tentés  dans  plus  de  vingt  filatures, 
j'ai  dû  faire  comme  pour  la  culture  :  j'ai  acheté  un  matériel 
que  j'ai  approprié  à  mon  travail  et  je  produis  un  fil  qui  est 
très  recherché. 

À)  Cependant,  je  crains  que  le  prix  n'en  soit  trop  élevé  pour 
bien  des  bourses,  d'autant  plus  que  les  intermédiaires  pren- 
nent généralement  de  gros  bénéfices  sur  les  articles  nou- 
veaux. J'en, arrive  donc  à  redouter  le  placement  de  mon  pro- 
duit. 

»  Je  cherche  à  diminuer  le  prix  de  revient  du  poil  en  aug- 
mentant ma  production,  et  j'ai  la  certitude  que,  au  prix  de 
25  francs  le  kilogramme  filé,  cet  article  se  vendrait  facile- 
ment.  Mais  l'élevage  en  grand  peut  seul  donner  ce  résultat. 

»  En  ce  moment,  le  poil  brut  vaut  environ  20  francs  le  ki- 
logramme, cà  condition  d'être  bien  propre  et  de  ne  contenir 


DU    POIL   DES    LAPINS   ANGORAS.  131 

aucune  partie  feutrée.  Le  rendement  d'un  bon  Lapin  adulte 
s'élève  à  250  ou  .iOO  grammes  par  an,  et  peut  augmenter  sui- 
vant les  soins  donnés  à  l'animal  ;  mais  ce  rendement  peut 
diminuer  de  beaucoup  par  l'absence  de  ces  mêmes  soins. 

»  En  résumé,  le  revenu  moyen  peut  être  évalué  cà  5  francs 
par  tète,  mais  il  faut  compter  sur  la  nourriture  d'hiver,  qui 
est  considérablement  plus  onéreuse  que  celle  de  l'été.  J'estime 
que  six  semaines  d'hiver  coûtent  plus  à  passer  que  les  six 
mois  d'été  :  c'est  là  que  se  présente  la  nécessité  absolue  de 
produire  soi-même  la  nourriture. 

»  Pour  me  résumer,  j'ai  entrepris  une  industrie  qui  m'a 
coûté  beaucoup  de  patience,  d'étude,  d'observation  et  d'ar- 
gent. L'élevage  en  grand  est  très  difficile,  et  les  essais  de  fila- 
lure  ne  m'ont  encore  donné  aucun  bénéfice. 

»  J'ai  néanmoins  le  ferme  espoir  que  mon  industrie  pren- 
dra de  l'importance  et  sera  profitable  à  la  patrie.  C'est  cette 
certitude  qui  m'a  soutenu,  et  qui  m'a  rendu  fort  dans  les 
moments  très  durs  que  j'ai  traversés  Ma  devise  a  été  et  est 
restée  :  Ténacité. 

»  Je  suis  heureux,  Monsieur,  de  vous  transmettre  ces  ren- 
seignements et  je  vous  prie  d'agréer,  etc. 

»  Signé  :  Patard-Giiatelain, 

»  La  Ferté-Macé  (Orne).  » 

L'ensemble  de  ces  renseignements,  joint  cà  ceux  fournis  par 
M""^  Lagrenée,  donne  à  penser  que  l'utilisation  des  poils  de 
Lapins  angoras  est  entrée  aujourd'hui  dans  la  pratique  de 
l'industrie.  Les  fils  d'Angora  sont  employés  tantôt  sans  mé- 
lange, tantôt  réunis  aux  fils  dits  de  Cachemire  ou  de  Vigogne. 
Il  y  a  là  une  application  très  intéressante  d'un  produit  qui 
avait  été  longtemps  négligé.  > 


NOTE 

SUR  LES  PALMIPÈDES  LAMELLIROSTRES 

Par   M.    le  comte   A.    de   MOXTLEZUK 


La  bienveillance  avec  laquelle  mes  noies  sur  les  Palmi- 
pèdes lamelliroslres  ont  été  accueillies  l'an  dernier,  m'a  en- 
couragé cà  offrir  à  la  Société  d'Acclimatation  une  notice  sur 
le  genre  Bernache  ou  Brenta. 

Gomme  par  le  passé,  afin  d'obtenir  des  renseignements 
aussi  précis  que  possible,  je  me  suis  adressé  aux  sources  les 
plus  autorisées  :  à  M,  Geoffroy  Saint-Hilaire,  directeur  du 
Jardin  zoologique  du  Bois  de  Boulogne;  h  M.  Oustalet,  doc- 
teur es  sciences,  aide-naturaliste  au  Muséum  d'histoire  natu- 
relle de  Paris;  à  M.  P.  L.  Sclater,  secrétaire  général  de  la 
Société  zoologique  de  Londres;  à  M.  lluet,  aide-naturaliste 
chargé  de  la  ménagerie  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris;  à  M.  le  directeur  du  Koninklijk  Zoologisclt  Genoot- 
schap  d'Amsterdam;  à  M.  le  directeur  de  la  Société  royale  de 
zoologie  d'Anvers  (Belgique).  Ces  Messieurs  ont  répondu  avec 
un  empressement  dont  je  ne  saurais  trop  les  remercier,  à 
toutes  les  demandes  que  j'ai  eu  l'honneur  de  leur  adresser. 

Si  mon  travail  a  quelque  mérite,  c'est  en  grande  partie  à 
ces  Messieurs  qu'il  le  doit,  et  je  tiens  à  leur  témoigner  ici 
toute  ma  reconnaissance. 


'  FAMILLE   DES   ANATIDES 

Sous-famille  des  Ansérinés.  Genre  Bernache,  Bernicla  ou  Brenta. 

En  suivant  l'ordre  adopté  par  M.  Georges  Gray  dans  son 
catalogue  intitulé  :  Hand  list  of  hirds,  on  remarque  que  la 
sous-famille  des  Ansérinés  comprend  les  genres  Cereopsis, 
Ânser,  Brenta  et  Nettapus.  Ces  genres  eux-mêmes  renfer- 


SUR   LES   PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  133 

ment  des  subdivisions  ou  sous-genres  qui  tirent  leurs  noms 
de  l'aspect  particulier  des  sujets  qui  les  composent  ou  de 
leurs  habitudes. 

Le  genre  Bernache  ou  Brenta  réunit  en  une  sorte  de 
faisceau  les  groupes  ou  sous-genres  Brenta,  ClUamidochen, 
Leucoblepharon,Leucopareia,  Buflbrenta,  Cyanochen,  Tœni- 
diestes,  Chloephaga ;  ces  groupes,  dont  je  lais  mention  à 
cause  de  leurs  étymologies  et  par  raison  d'ordre,  ne  me 
semblent  pas  présenter  un  bien  grand  intérêt  au  point  de 
vue  de  l'étude  des  espèces  qu'ils  renferment;  aussi  ne  ferai-je 
que  les  effleurer. 

Les  Bernaches  se  distinguent  des  Oies  par  les  caractères 
suivants  :  le  bec  est  toujours  plus  court  que  la  tête,  il  est 
aussi  moins  allongé,  moins  conique,  plus  droit  et  plus  mince 
que  celui  des  Oies;  il  présente  une  légère  dépression  en 
avant  des  narines,  placées  à  égale  distance  du  dessus  du  bec 
et  des  bords  de  la  mandibule  supérieure;  cette  dernière 
est  terminée  par  un  onglet  médiocre  et  fortement  recourbé  ; 
les  lamelles  qui  garnissent  sa  face  inférieure  ne  sont  point 
apparentes;  les  ailes  sont  longues,  aiguës,  et  portent  le  plus 
souvent  un  miroir  apparent,  à  reflets  métalliques,  ce  qui 
n'arrive  pas  en  général  chez  les  Oies. 

La  queue  est  arrondie ;'le  bas  des  jambes  emplumé;  le 
tarse  plus  long  que  le  doigt  médian.  Les  teintes  du  plumage 
sont  plus  riches,  plus  vives  et  plus  variées  que  chez  les  Oies; 
elles  diffèrent  d'un  sexe  à  l'autre,  enfin  les  Bernaches  recher- 
chent plus  que  les  Oies  le  voisinage  des  bords  de  la  mer. 

Le  catalogue  de  M.  G.  Gray  fait  mention  de  dix-huit  espèces 
ou  variétés  de  Bernaches,  parmi  lesquelles  on  distingue  trois 
espèces  européennes,  la  Bernache  Gravant,  la  B.  leucopsis^ 
ou  nonnette,  et  la  B.  ruficollis;  les  deux  premières  habitent 
également  l'Amérique,  et  la  troisième,  l'Asie.  Deux  espèces 
appartiennent  à  l'Océanie,  la  B.  jiibata  et  la  Bernache  de 
Sandwich.  Une  seule  espèce  est  d'origine  africaine,  c'est  la 
B.  cyanoptera ;  les  douze  autres,  B.  nigricans,  B.  Cana- 
densis,  B.  Hutchinsii,  B.  leucopareia,  B.  anlarcHca,B.  Ma- 
gellanica,  B.  dispar,  B.  inornata,  B.  poUocephala ,  B.  rubi- 


134-  SOCIÉTÉ   NATIOiNALE   D'ACCLIMATATION. 

diceps,  B.  melanoptera  et  B.  Canagica,  sont  entièremenl 
américaines. 

Toutes  les  espèces  que  je  viens  d'énumércr,  quelle  que 
soit  la  partie  du  monde  qui  les  ait  vues  naître,  ont  toutes,  en 
général,  les  mêmes  habitudes.  Elles  recherchent  et  affection- 
nent les  lacs  qui  avoisinent  les  bords  de  la  mer  et  sont  essen- 
tiellement herbivores.  A  l'état  sauvage,  elles  se  nourrissent 
de  jeunes  pousses  d'herbes,  de  plantes  aquatiques  et  de  pe- 
tits mollusques;  elles  ne  dédaignent  pas  les  insectes  et  les 
vermisseaux  qu'elles  rencontrent  en  fouillant  les  racines  sur 
le  bord  de  l'eau. 

A  l'état  domestique,  les  Bernaches  acceptent  toutes  sortes 
de  grains,  mais  elle  ne  sauraient  se  passer  d'une  abondante 
verdure,  qui  doit  toujours  servir  de  base  à  leur  alimentation. 

N"  1.  Bernaghe  Gravant. 
(Bernicla  brenta  (i),  n"  10575.) 

Brenta,  sous-ijenre  a  du  catalogue  de  G.  Gray. 

Étymologie.  —  Brenta,  de  ppivGoç,  ou,  espèce  d'oiseau' 
aquatique,  oie.  Le  nom  de  cravant,  selon  Gesner,  ne  serait 
autre  que  celui  de  Graueente,  en  îtllemand,  canard  brun. 

Synonymie.  —  Anas  bernicla  Linn.  —  Anas  brenta 
Briss.  —  Anser  torquatus  Friscli.  —  Anser  brenta  Pall.  — 
Bernicla  brenta  Stéph.  —  Bernicla  melanopsis  Me.  Gill.  — 
le  Cravant  Buff.  {Brent  ou  Brand  goose  Lath.),  etc. 

La  Bernache  cravant  habite  les  régions  arctiques  du  globe  ; 
on  la  rencontre,  à  l'approche  de  l'hiver,  dans  presque  toutes 
les  contrées  de  l'Europe  tempérée,  mais  principalement  en 
Hollande,  où  elle  abonde  en  hiver  et  au  printemps.  Elle 
arrive,  périodiquement,  vers  la  fm  de  l'automne,  dans  les 
départements  du  nord  de  la  France,  et  descend  parfois  par 
petites  troupes  dans  les  départements  du  Centre  et  du  Midi. 
La  Bernache  cravant  niche  dans  le  Nord,  très  avant  vers  le 

(1)  Voy.   Procced.  Zool.  Soc,  18GI,  p.    101,  365;   —  1863,  p.  323;  —1865^ 
p.  753;  —  1873,  p.  638;  —  1877,  p.  32;  —  1880,  p.  317,  502,  534. 


SUR    LES    PALMIPEDES   LÂMELLIROSTRES. 


135 


pôle.  Elle  construit  son  nid  sur  le  bord  de  l'eau.  Cet  oiseau 
est  très  aquatique,  les  voyageurs  qui  l'ont  observé  disent 
qu'il  nage  des  journées  entières.  Le  docteur  Jaubert,  dans 
son  ouvrage  intitulé  :  Richesses  ornithologiqiies  du  midi  de 
la  France,  fait  remarquer  que  la  chair  de  la  Bernache  Gra- 
vant est  excellente  et  qu'elle  devient  encore  plus  savoureuse 
lorsqu'elle  passe  de  la  vie  sauvage  à  l'état  domestique. 

Description. 

La  Bernache  cravant  a  le  bec  noir  à  onglet  noir,  l'œil  brun 
foncé,  la  tête  et  le  cou  noirs,  le  haut  de  la  poitrine  noir  tirant 


Bernache  cravant  {Lternicla  Brenla). 


légèrement  sur  le  brun  en  se  rapprochant  du  sternum  ;  sur  la. 
teinte  noire  du  cou  et  presque  vers  le  milieu  de  sa  longueur, 
faisant  suite  à  la  gorge,  se  dessine  une  tache  blanche  plus  oa 
moins  grisâtre,  disposée  en  forme  de  hausse-col  renversé; 
cette  tache  contourne,  de  chaque  côté  du  cou,  sur  les  deux 


136  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

tiers  environ  de  sa  circonférence  et  ne  s'élend  pas  sur  la 
partie  postérieure. 

Les  plumes  du  dos,  les  pennes  scapulaires,  ainsi  que 
toutes  les  couvertures  des  ailes,  sont  d'un  gris  brunâtre,  bor- 
dées d'une  teinte  gris  fauve  ;  celles  qui  recouvrent  le  sternum 
et  le  haut  de  l'abdomen  sont  brunâtres,  terminées  par  une 
bordure  plus  claire,  cendrée,  roussàtre;  enlin,  celles  des 
flancs  sont  de  teinte  un  peu  plus  foncée  que  les  précédentes, 
également  bordées  à  leur  extrémité  d'une  nuance  plus  claire, 
elles  recouvrent  les  cuisses  de  leurs  larges  contours  disposés 
en  forme  d'écaillés  ;  le  plumage  du  bas-ventre  et  les  sous- 
caudales  sont  d'un  blanc  pur,  les  grandes  rémiges  ont  une 
teinte  bi'un  noirâtre,  les  reclrices  sont  noires,  les  tarses  et 
les  pieds  sont  noirs  tirant  légèrement  sur  le  brun.  Le  mâle 
mesure  0'j,66  de  longueur,  l'",33  d'envergure,  0"', 38  à  l'aile, 
0"','l  1  à  la  queue. 

La  femelle  est  semblable  au  niAle,  mais  les  teintes  de  son 
plumage  sont  un  peu  moins  accusées,  sa  taille  est  aussi  un 
peu  plus  faible. 

La  tache  blanche  du  cou  n'existe  pas  chez  les  jeunes;  toutes 
les  parties  du  corps  qui  sont  noires  chez  les  adultes  sont  chez 
eux  d'un  noir  grisâtre  se  rapprochant  de  la  teinte  générale 
du  dos,  leurs  pieds  sont  noirs,  légèrement  rougeâtres. 

Reproduction. 

La  ponte  de  la  Bernache  cravant  a  lieu  en  avril  et  mai  ;  ces 
oiseaux  pondent  de  six  à  neuf  œufs  à  coquille  mince,  d'un 
blanc  terne  et  jaunâtre,  ils  mesurent  environ  0"',076  au 
grand  diamètre  et  0'",052  au  petit  diamètre.  L'incubation 
dure  de  trente  à  trente-trois  jours. 

Cette  espècGi  se  trouve  au  Jardin  zoologique  du  Bois  de 
Boulogne,  dans  ceux  de  Londres  et  d'Amsterdam,  mais  ne  s'y 
est  pas  reproduite.  M.  le  directeur  du  Jardin  zoologique  d'An- 
vers (Belgique)  a  obtenu  sa  reproduction. 


SUR    LES    PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  137 

N°  2.  BeRNACHE   NOIRATRE. 
{Bernlcla  nigricans  (1),  u°  10570.  Black  Brent  goose.) 

Celte  Bernache  semble  n'être  qu'une  variété  américaine 
de  la  Bernache  cravant.  Brehm(2)  s'exprime  ainsi  à  son  égard, 
dans  le  paragraphe  qu'il  consacre  à  cette  espèce  :  «  Celle  qui 
habite  l'Amérique,  et  qu'on  a  voulu  regarder  comme  consti- 
tuant une  espèce  à  part  ne  diffère  pas  de  celle  qui  vit  dans 
l'hémisphère  oriental.  » 

J'accepte  pour  le  moment  la  manière  de  voir  de  cet  auteur, 
en  attendant  qu'il  soit  possible  de  mieux  établir  les  carac- 
tères distinctifs  des  deux  espèces. 

N°  3.  Bernache  a  crinière. 
{Bo'niclà  jubata,  n°  10577.) 

Chlamidochen,  sous-genre  b  du  catalogue  de  G.  Gray. 

Elijmologie.  —  Chlamidochen,  de  ^Xapç,  u5oç,  chia- 
myde,  /-/^v,  -/ivôç,  oie  (oie  à  casaque  ou  à  chlamyde).  —  Ju- 
bata,  du  mot  latin  jicbatus,  qui  veut  dire  garni  d'une  crinière, 
indique  que  cet  oiseau  a  aussi  une  sorte  de  crinière  qui  orne 
îa  partie  postérieure  de  sa  tête. 

Synonymie.  —  Chlamidochen  juhala  Lath.  —  Anser 
jubata,  —  Bernicla  jubata,  —  Chloëphaga  jubata,  — Ber- 
nache cà  crinière  (Maned  goose),  —  de  Zoological  garden. 
Celte  espèce  est  quelquefois  désignée  sous  le  nom  de  Ber- 
nache mariée,  qui  semble  n'avoir  aucune  raison  d'être  et 
qui  doit  provenir  de  ce  que  l'on  a  confondu  le  mot  maned 
goose  avec  maried  goose. 

La  Bernache  à  crinière  est  originaire  d'Australie; plusieurs 
spécimens  de  cette  espèce  ont  été  introduits  au  Jardin  zoolo- 

(1)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc,  1880,  |..  502,  504,  535. 

(2)  Brehm,i>.li\,  742. 


138 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


gique  de  Londres  en  1864  (1).  Depuis  cette  époque,  on  ren- 
contre cet  oiseau  dans  presque  tous  les  jardins  zoologiques 
et  chez  quelques  éleveurs.  M.  Courtois,  demeurant  à  Paris, 
rue  d'Aboukir,  n"  111,  qui  élève  avec  un  succès  toujours 
croissant  les  nouvelles  espèces  de  Palmipèdes,  obtient  régu- 
lièrement la  reproduction  de  cette  espèce  :  un  seul  couple  lui 
a  donné  jusqu'à  trente-cinq  œufs  dans  le  courant  de  la  même 


Bernache  à  crinière  {Bernicla  jubata). 

année.  J'ai  depuis  un  an  environ  des  Bernaches  à  crinière  qui 
m'ont  été  cédées  par  lui  à  l'âge  de  six  mois;  elles  n'ont  point 
reproduit  l'an  dernier,  mais  pondront  probablement  le  prin- 
temps prochain.  Elles  sont  excessivement  familières  et  ne 
paraissent  pas  le  moins  du  monde  éprouvées  par  les  rigueurs 
de  l'hiver.  Leur  nourriture  consiste  en  jeunes  pousses 
d'herbes  et  en  graines  variées,  blé,  maïs,  avoine,  orge  et 
petit  millet. 


(1)  Proceed.  Zool.  Soc,  1864,  p.  587. 


SUR    LES   PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  139 

Description. 

Le  mâle  a  le  bec  brun  noirâtre,  à  onglet  noir;  l'œil  brun 
foncé,  la  tête  ainsi  que  la  partie  supérieure  du  cou  brun 
marron;  à  partir  du  crâne  et  en  suivant  les  contours  supé- 
rieurs du  cou,  le  plumage  brun  est  disposé  en  forme  de  cri- 
nière et  sa  nuance  est  plus  foncée.  La  partie  inférieure  du 
cou,  le  sommet  du  dos,  ainsi  que  le  baut  de  la  poitrine,  sont 
d'une  teinte  grise  tirant  sur  le  fauve,  tachetée  de  brun  noi- 
râtre à  l'extrémité  médiane  des  plumes,  avec  taches  plus 
accentuées  sur  celles  qui  recouvrent  le  jabot.  Les  plumes  du 
scapulaire  sont  grises,  lancéolées,  à.  reflets  blanchâtres,  de 
même  que  celles  du  manteau;  quelques-unes  d'entre  elles 
ont  les  barbes  extérieures  noires  et  leur  juxtaposition  forme 
deux  bandes  noires  qui  partent  de  chaque  côté  du  cou  et 
vont  directement  se  rejoindre  avec  les  rectrices  en  décrivant 
un  angle  très  aigu,  ce  qui  donne  à  l'oiseau  un  cachet  tout 
particulier.  Les  rectrices  sont  d'un  noir  vif,  ainsi  que  le  plu- 
mage qui  recouvre  le  croupion  et  le  ventre  ;  la  couleur  noire 
s'étend  également  aux  sous-caudales  et  se  prolonge  jusque 
vers  le  milieu  du  sternum. 

Les  grandes  rémiges  sont  noires  et  les  ailes  recouvertes 
par  les  plumes  des  flancs  qui  sont  très  finement  vermiculées 
de  noir  sur  une  teinte  gris-perle  très  claire;  le  miroir  est 
d'un  beau  vert  brillant,  extérieurement  bordé  de  blanc;  les 
pattes  sont  grises,  de  nuance  claire,  et  légèrement  verdâtre. 

La  femelle  a  le  bec  gris  tirant  sur  le  brun,  à  onglet  plus 
foncé;  son  œil  est  brun  foncé,  entouré  en  dessus  et  en  dessous 
par  quelques  plumes  grises;  une  ligne  brun  foncé  part  de 
l'œil  et  va  rejoindre  la  partie  postérieure  du  crâne  en  se  des- 
sinant sur  la  teinte  brune  qui  recouvre  la  tête  et  le  cou.  Les 
plumes  disposées  eu  forme  de  crinière  sont  bien  moins  appa- 
rentes que  chez  le  mâle;  à  la  couleur  brune  du  cou  succède 
une  teinte  plus  grise,  qui  se  fond  dans  un  plumage  gris  ma- 
culé de  blanc  sale  ;  les  taches  'ou  macules  qui  occupent  les 
extrémités  des  plumes  sont  plus  rapprochées  vers  le  jabot, 
plus  grandes  cl  plus  espacées  sur  les  flancs;  le  miroir  de 


140  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

l'aile  est  moins  vert  que  chez  le  mâle;  sa  bordure  blanche  est 
plus  large;  les  rectrices  sont  noires  ainsi  que  les  plumes  qui 
recouvrent  le  croupion;  les  sous-caudales,  les  plumes  du 
ventre,  ainsi  que  celles  de  la  partie  inférieure  de  la  poitrine, 
sont  blanches;  les  pattes  sont  grises,  à  peine  verdâtres;  vue 
dans  son  ensemble,  et  en  dehors  des  caractères  que  je  viens 
d'énumérer,  la  femelle  présente  les  mêmes  dispositions  de 
plumage  que  le  mâle,  mais  ses  teintes  sont  bien  moins  vives, 
sa  taille  est  aussi  un  peu  plus  faible. 

Longueur  totale  de  l'oiseau,  0"',50;  longueur  de  l'aile, 
0"\'iS;  longueur  de  la  queue,  0™,14.;  longueur  du  bec, 
O^jOSS  ;  longueur  du  tarse,  0'",0b. 

Reproduction. 

La  ponte  a  généralement  lieu  en  mai  ;  le  nombre  d'œufs 
varie  de  huit  à  douze;  ils  mesurent  0'",059  (l)  au  grand  dia- 
mètre et  0'",041  au  petit  diamètre;  ils  sont  de  couleur 
blanche,  à  peine  jaunâtre. 

N°  4.  Bernache  du  Canada. 
{Bernicla  Canadensis  ("2),  n"^  10578.) 

Leucoblépharon,  sous- genre  c  dn  catalog-ue  de  G.  Gray. 

Élymologle.  —  Leucoblépharon,  de  Xeuxôç,  ou,  blanc, 
pXétpapov  ou,  paupière  (oie  à  paupière  blanche).  —  Cana- 
densis, qui  désigne  l'espèce,  indique  qu'elle  est  originaire  du 
Canada. 

Synonymie.  —  Bernicla  Canadensis  Linn.,Wills.  —  Anas 
Canadensis  L.  —  Oie  à  cravate  Butf.  —  Cygnopsis  Cana- 
densis Brehm.  —  Aîiser  Canadensis  (Canada  goose). 

La  Bernache  du  Canada  est  originaire  de  l'Amérique  du 
Nord.  Les  voyageurs  qui  l'ont  observée  s'accordent  à  dire 
qu'on  la  rencontre  principalement  entre  le  50'  et  le  67'  degré. 

(1)  Mesures  prises  sur  un  œuf  qui  m'a  été  donné  par  M.  Courtois. 

(2)  VoY.  Proceed.  Zool.  Soc,  186Û,  p.  418;  -  1861,  p.  368,  264;  -  1862, 
p.  325;  —  1868,  p.  211  ;  —  1873,  p.  467,  63'J;  —  1880,  p.  317. 


SUR    LES    PAr.MIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  141 

Brelim  raconte  que,  depuis  l'apparilion  des  blancs,  ces  oi- 
seaux se  retirent  de  plus  en  plus  vers  le  nord  ;  il  dit  que  quel- 
ques-uns nichent  dans  les  grands  marais  des  États  du  centre 
de  l'Anirrique.  Audubon,  qui,  pendant  plusieurs  années  con- 
sécutives, a  observé  les  Bernaches  du  Canada,  dit  qu'elles 
sont  excessivement  vigilantes;  leur  vol  est  très  élevé,  presque 
toujours  hors  de  la  portée  des  armes  à  feu  ;  dans  leurs  migra- 


liernaclie  du  Caiiuda  [Dentirla  Cdiunlciisis). 

tions,  elles  se  disposent  généralement  en  forme  de  triangle; 
à  l'état  domestique,  la  Bernache  du  Canada  se  reproduit  assez 
facilement.  Bulfon  rapporte,  dans  son  ouvrage,  que,  de  son 
temps,  on  les  comptait  par  centaines  sur  le  grand  canal  de 
Versailles,  où  elles  vivaient  familièrement  avec  les  Cygnes;  il 
ajoute  qu'elles  se  tenaient  moins  souvent  sur  l'eau  que  sur 
les  gazons  du  bord  du  canal.  Dans  l'Amérique  du  Nord,  on 
trouve  la  Bernache  du  Canada  dans  presque  toutes  les  fermes 
à  l'état  domestique;  sa  viande  passe  pour  être  très  bonne. 

Description. 

Bec  noir  grisâtre  ta  bordures  plus  claires  et  à  onglet  gri- 
sâtre; œil  brun  noirâtre;  tête  et  cou  noirs  avec  une  sorte  de 


14-2  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

cravate  blanche  qui  occupe  tout  le  dessous  de  la  gorge,  et  re- 
monte en  pointe  vers  la  région  de  l'oreille,  en  affectant  de 
chaque  côté  une  forme  angulaire,  dont  le  sommet  correspond 
à  la  jonction  des  vertèbres  du  col  avec  le  crâne.  A  la  couleur 
noire  succède  brusquement  et  en  ligne  droite  horizontale 
une  nuance  blanche  qui  passe  insensiblement  au  gris  en  se 
rapprochant  du  sternum;  la  poitrine  est  grise,  légèrement 
raéchée  de  gris  plus  clair;  les  flancs  sont  couverts  de  plumes 
d'un  gris  roussatre,  terminées  par  une  bordure  plus  claire  ; 
les  tectrices,  les  pennes  scapulaires,  les  plumes  du  dos,  sont 
également  grises,  mais  d'une  nuance  plus  sombre;  elles  sont 
toutes  extérieurement  bordées  et  terminées  de  nuance  claire; 
le  ventre  est  blanc,  ainsi  que  les  sous-caudales;  le  croupion 
est  noirâtre,  terminé  par  une  bande  blanche  qui  précède  les 
rectrices;  ces  dernières  sont  noires,  ainsi  que  les  grandes  ré- 
miges ;  les  unes  et  les  autres  ont  leurs  extrémités  brunâtres; 
les  pattes  sont  gris  de  plomb,  passant  un  peu  au  brun. 

Dans  cette  espèce,  les  deux  sexes  sont  semblables  ;  la  femelle 
est  cependant  un  peu  plus  petite  et  les  nuances  de  son  plu- 
mage sont  moins  vives.  Voici  les  mesures  moyennes  de  ces 
oiseaux  prises  sur  un  mâle  :  0"',96  de  longueur,  i'",74  d'en- 
vergure; longueur  de  l'aile,  0",50;  longueur  de  la  queue, 
0^19. 

Reproduction. 

C'est  généralement  en  mars  et  en  avril  que  la  ponte  a  lieu; 
les  Bernaches  du  Canada  pondent  ordinairement  de  six  à  huit 
œufs,  d'un  blanc  jaunâtre;  ils  mesurent  0'",09  de  longueur 
sur  O^jOBS  de  large;  l'incubation  dure  de  trente  à  trente-trois 
jours,  suivant  les  conditions  atmosphériques. 

La  Bernache  du  Canada  existe  au  Jardin  zoologique  de 
Londres  depuis  1831  ;  M.  P.  L.  Sclater  constate,  dans  son  cata- 
logue des  Anatidœ  (1)  du  15  juin  1880,  que  cet  établisse- 
ment n'avait  pas  encore  obtenu  la  reproduction  de  cette 
espèce.  La  Société  royale  de  zoologie  d'Anvers  obtient  au  con- 
traire annuellement  sa  reproduction. 

(1)  Proceed.  Zool.  5oc.,  Species  of  Anatidœ,  p.  502. 


SUR  LES  PALMIPÈDES  LAMELLIROSTRES.       143 

N"  5.  Bernicla  HuTCHiNsii  Rich.  (1). 
(G.  Gray,  n°  10579,  Hutchins's  goosc.) 

N"  6.  Bernicla  Leucopareia  Brandt. 
(G.  Gray,  n"  10580.) 

C'est  seulement  comme  mémoire  que  je  mentionne  ces 
deux  numéros  du  catalogue  de  Gray,  car  ils  ne  se  rapportent, 
d'après  l'opinion  de  la  plupart  des  auteurs,  qu'à  des  variétés 
de  l'espèce  qui  précède. 

N"  7.  Bernache  nonnette  (2). 
{Bernicla  leucopsis,  n"  10581.) 

Leucopareia,  sous-genre  d  du  catalogue  de  G.  Gray. 

Étymologie.  —  Leucopareia,  de  Xsuxôç,  blanc,  irapeta,  àç, 
joue  (oie  à  joues  blanches),  se  rapporte  au  groupe  d'Oies  ou 
de  Bernaches  qu'il  désigne.  —  Leucopsis,  de  Xeuxôç,  blanc, 
o4»i(;,  face,  figure,  visage,  désigne  spécialement  l'espèce  qui 
a  la  face  blanche. 

Synonymie.  —  Anser  leucopsis  Bechst.  —  Anas  ery- 
thropus  Linn.  —  Anser  erythropus  Gmel.  —  Bernache 
nonnette  Degland  et  Gerbe.  —  Anser  bernicla  Leach.  — 
Bernicla  leucopsis  Boie.  — Bernicla  erythropus  Steph. — 
Bernicla  Briss  {Bernicle  goose). 

La  Bernache  Leucopsis  désignée  par  Belon  sous  le  nom  de 
Nonnette,  à  cause  de  son  plumage  agréablement  coupé  de 
blanc  et  de  noir,  habite  les  contrées  les  plus  froides  des  deux 
continents;  on  ne  la  rencontre  dans  les  différentes  contrées 
de  l'Europe  tempérée  que  comme  oiseau  de  passage  en  no- 
vembre, décembre  et  janvier;  pendant  les  hivers  rigoureux, 


(1)  Proceed.  Zool.  Soc,  1880,  Species  of  Anatidte,  p.  502. —  Proceed.  Zool. 
Soc,  18(iO,  p.  418;  —1868,  p.  211. 

(2)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc,  1859,  p.  477  :  —   1860,  p.  341,  183;  —  1863, 
p.  323;  -  1880,  p.  317,  500,  501. 


1M 


SOCIÉTÉ    NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 


elle  descend  quelquefois  dans  les  départements  du  nord  de  la 
France,  mais  on  ne  la  voit  que  très  rarement  dans  ceux  du 
Centre  et  du  Midi,  A  l'état  sauvage,  ce  Palmipède  ne  se  repro- 
duit que  dans  les  régions  les  plus  reculées  et  les  plus  froides; 
ses  mœurs  ont  été  longtemps  ignorées,  ce  qui  avait  favorisé 
les  contes  qui  s'étaient  accrédités  sur  son  origine  mystérieuse. 
D'après  les  uns,  il  naissait  spontanément  dans  certains  co- 


Bernache  nonnelte  (Bernicla  leucopsis). 


ri  ai  m 


quillages;  d'après  les  autres ,  c'est  dans  les  bois  pourris 
des  vieux  navires  qu'il  prenait  le  jour. 

Les  Hollandais,  dans  une  navigation  au  80'  degré,  furent, 
d'après  M.  de  Buffon,  les  premiers  qui  découvrirent  leurs 
nids. 

A  l'état  domestique,  la  Bernache  nonnette  s'apprivoise 
facilement  et  se  reproduit  lorsqu'elle  se  trouve  dans  des  con- 
ditions favorables;  elle  est  non  seulement  un  oiseau  d'orne- 
ment des  plus  gracieux,  mais  elle  est  encore  très  recherchée 
pour  la  délicatesse  de  sa  chair. 


SUR    LES    PALMIPÈDES   LA.MELLIROSTRES.  145 

Description. 

La  Bernaclie  nonnette  a  le  bec  noir  h  onglet  noir,  l'œil  brun 
foncé,  le  front,  la  gorge  et  les  joues  d'un  blanc  plus  ou  moins 
pur,  suivant  l'âge  et  les  sujets.  Dans  cette  espèce,  les  lorums 
sont  noirs  suivis  d'un  trait  noir  arrivant  à  l'œil  et  tranchant 
sur  la  couleur  blanche  ;  le  verlex,  le  sinciput,la  nuque,  le  cou 
et  le  haut  de  la  poitrine  sont  noirs;  les  plumes  du  dos,  les 
pennes  scapulaires,  les  couvertures  des  ailes,  petites,  moyennes 
et  grandes,  sont  d'un  gris  cendré,  terminées  de  blanc  rous- 
sâtre,  avec  une  bande  sombre  vers  l'extrémité;  le  croupion 
est  blanc,  ainsi  que  les  plumes  du  dessus  et  du  dessous  de  la 
queue;  le  ventre  est  blanc;  les  flancs  sont  gris,  ondes  de 
teintes  plus  claires;  les  grandes  rémiges  et  les  rectrices  soni 
noires  ;  les  pattes  enfin  sont  d'un  noir  plus  ou  moins  pur.  Cet 
oiseau  mesure  d'ordinaire  0'", 67  de  longueur;  son  aile  a  0"", 39; 
sa  queue,  O^jlS. 

Reproduction. 

La  Bernache  leucopsis  se  reproduit  en  captivité  ;  elle  pond 
de  six  à  dix  œufs  blanchâtres  qui  mesurent  ordinairement 
de  0'",08  au  grand  diamètre  et0'",05  au  petit  diamètre.  L'in- 
cubation dure  de  trente  à  trente-trois  jours  environ.  Dans  ses 
notices  sur  les  métis  d'Anatidés,  M.  de  Sélys  Longchamps 
signale  des  cas  d'hybridité  par  l'accouplement  de  cette  espèce 
avec  la  Bernache  du  Canada  et  les  Oies  cendrées  et  à  front 
blanc. M.  le  directeur  du  Jardin  zoologique  d'Anvers  a  souvent 
obtenu  la  reproduction  de  ce  Palmipède,  qui  pond  le  plus  sou- 
vent six  œufs.  La  Bernache  leurcopsis  figure  sur  les  listes  du 
Jardin  zoologique  de  Londres  depuis  1833;  elle  s'y  est  repro- 
duite pour  la  première  fois  le  ^3  mai  1848. 


■i*  SÉRIE,  T.  III  —  Mars  1886.  10 


J4r6  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D'aCCLIMATATION. 

N"  8.  Bernache  de  Sandwich  (1). 
[Bernicla  Sandivichensis  G.  G.  n»  10582.) 

Suite  du  sous-genre  Leucopareia. 

Étymologie.  —  L'étymologie  de  Leucopareia  est  déjà  don- 
née au  numéro  qui  précède.  La  désignation  Sandivichensis 
indique  que  cette  Bernache  se  trouve  plus  particulièrement 
aux  îles  Sandwich. 

Synonymie.  —  Leucopareia  Sandivichensis  Yig.  —  Leu- 
copareia Hatvaiiensis  Eyd.  et  Soûl.  —  Chloëphaga  Sandwi- 
chensis.  —  Bernicla  Sanclwichensis  Jard.  et  Selb.  (Sand- 
wich-Island  goose). 

Cette  Bernache  est  originaire  des  îles  Sandwich.  M.  Vigors 
détermina,  le  premier,  cette  espèce  d'après  un  couple  de  ces 
oiseaux  qui  vivaient  dans  les  jardins  de  la  Société  zoologique 
de  Londres;  ils  avaient  été  offerts  par  lady  Glengall  (2) 
en  1832.  En  1834,  lord  Derby  en  reçut  aussi  une  paire  à 
Knowsley  (3),  où  ils  se  reproduisirent  ainsi  que  dans  les 
Jardins  zoologiques  de  la  Société  ;  depuis  cette  époque,  la 
reproduction  de  cet  oiseau  a  été  souvent  obtenue  en  Angle- 
terre et  en  France. 

Description. 

Dans  cette  espèce,  le  bec  est  de  couleur  noire,  à  onglet  noir; 
l'œil  est  brun  foncé  ;  la  face,  jusqu'à  l'articulation  de  la  man- 
dibule inférieure,  la  gorge  ainsi  que  le  dessus  de  la  tête  sont 
de  couleur  noire  ;  la  nuance  noire  du  crâne  se  prolonge  en 
diminuant  progressivement  de  largeur  sur  toute  la  partie  su- 
périeure du  cou  et  forme  en  quelque  sorte  l'appendice  de 
la  coiffure.  Au  plumage  noir  du  masque  et  à  partir  de  la 
région  de  l'oreille,  succède  brusquement  une  nuance  brun 
roussâtre,  qui  vient  elle-même  se  fondre  dans  la  teinte  fauve 

(1)  Proceed.  Zool.  Soc,  1859,  p.  206;  —  1875,  p.  488;  —  1880,  p.  504,  535. 

(2)  Ibid.,   1833,  p.  63  et  Rep.  du  cons.,  1883,  p.  13. 

(3)  Ibid.,   1834,  p.  41. 


SUK    LES    PALMIPEDES    LAMELLIROSTRES. 


147 


du  cou  ;  le  plumage  de  ce  dernier  présente  cette  particula- 
rité qu'il  est  divisé  par  de  nombreuses  incisions  verticales 
qui  laissent  apparaître  la  couleur  suie  du  duvet  inférieur. 
La  base  du  cou  est  brune  et  tranche  avec  la  couleur  fauve  qui 
précède  pour  se  fondre  ensuite  avec  la  teinte  gris  foncé  légè- 
rement roussâtre  qui  recouvre  la  poitrine.  Les  plumes  grises 


Bernache  de  Sandwich  (BernicZa  Sandivichensis). 

du  dos  et  des  ailes  sont  bordées  de  gris  plus  clair,  ce  qui  leur 
donne  l'aspect  de  larges  écailles  ou  de  contours  nuageux  mal 
fondus;  les  rémiges  secondaires  sont  gris  foncé,  les  grandes 
rémiges  gris  noirâtre;  le  croupion  est  gris  noir  terminé  par 
un  peu  de  blanc  à  la  naissance  des  rectrices,  qui  sont  de  cou- 
leur noire  ;  le  ventre  est  blanc  ;  les  cuisses  sont  grises  avec  un 
peu  de  noir  au-dessus  de  l'articulation  des  tarses,  elles  sont 
recouvertes  par  des  plumes  de  môme  teinte  et  de  même 
disposition  que  celles  du  dos,  mais  plus  grandes  ;  les  pattes 
sont  gris  foncé,  légèrement  roussâtre. 


148  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Les  deux  sexes  sont  semblables  ;  cependant,  avec  un  examen 
attentif,  on  remarque  que  le  mâle  a  le  cou  légèrement  plus 
long  et  que  ses  allures,  sans  être  agressives,  sont  plus  har- 
dies. Une  sorte  de  frisson  ou  de  frémissement  particulier  par- 
court par  moments  le  plumage  de  son  cou,  chose  qui  n'arrive 
pas  chez  la  femelle.  Il  mesure  0"',65  de  long  ;  son  aile  a  0"',31  ; 
sa  queue,  0'^,16;  son  bec,  du  front  à  la  pointe,  0"",040  ;  son 
tarse,  0'",015. 

Reproduction. 

La  Bernache  de  Sandwich  est  une  des  espèces  qui  sont  le 
mieux  acclimatées.  On  peut  espérer  arriver  dans  peu  de 
lemps  à  sa  domestication  complète.  Douée  d'un  caractère  plus 
sociable  que  ses  congénères,  elle  résiste  parfaitement  aux 
hivers  rigoureux  et  sa  reproduction  est  assurée  à  la  condition 
de  lui  procurer  des  pacages  abondants  ou  tout  au  moins  de  la 
verdure  en  quantité  suffisante.  La  ponte  a  généralement  lieu 
vers  la  fin  de  mars;  le  nombre  d'œufs  varie  entre  six  et  huit; 
ils  sont  de  couleur  blanche  et  mesurent  0"',08  de  long  sur 
0™,05  de  large. 

D'après  les  comptes  rendus  faits  à  la  Société  d'Acclimata- 
tion par  M.  Huel,  aide-naturaliste  chargé  de  la  ménagerie  du 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  les  éclosions  de  cette 
espèce  ont  eu  lieu,  en  1881,  le  20  mai  (1);  en  1882,  le 
19  avril;  en  1883  (2),  les  16  mars  et  15  avril;  d'après  les 
notes  d'observations  prises  au  Jardin  de  la  Société  zoologique 
de  Londres  (3),  de  1835  à  ce  jour,  les  éclosions  ont  varié  du 
21  mars  au  30  mai,  mais  elles  ont  eu  lieu  plus  généralement 
en  avril.  En  rapprochant  ces  observations  de  celles  qui  ont  été 
faites  par  d'autres  observateurs,  on  peut  conclure  que  les 
Bernaches  de  Sandwichpon  dent  généralement  du  1"  février 
au  5  avril,  suivant  les  variations  atmosphériques  et  les  con- 
ditions favorables  où  elles  se  trouvent.  Le  Jardin  zoologique 

(1)  Bulletin  de  la  Société  d'Acclimatation,  1882,  p.  553. 

(2)  Ibid.,  1883,  p.  325. 

(3J  List  of  the  certainly  knoivn  species  of  Anatidœ,  1880,  p.  504,  505, 


SUR  LES  PALMIPÈDES  LAMELLIROSTRES.        14-9 

de  la  Société  royale  de  zoologie  d'Anvers  obtient  régulière- 
ment la  reproduction  de  cette  Bernache. 

N°  9.  Bernache  a  cou  roux. 
{Bernicla  nificollis  G.  G.  (1),  n"  10583.) 

Ru/ibrenta,  sous-genre  e  du  calalog-iie  de  G-  Gray. 

Étymologie.  —  Rufibrenta,  mot  hybride,  de  rufus,  roux, 
et  de  ppévToç,  ou,  oie  (oie  rousse). 

Ruficullis,  de  rufus,  roux,  collum,  cou,  désigne  l'espèce 
qui  a  le  cou  roux. 

Synonymie.  —  Anser  ruficollis  Pall.  — Anas  torquata 
Gm.  —  Bernicla  ruficollis  Boié.  —  Rufibrenta  ruficollis 
B.  P. — Anas  ruficollis  et  torquata,  Gmel.  (Red-Breasted 
fjoose). 

La  Bernache  a  cou  roux  est  originaire  du  nord-ouest  de 
i'Asie;  elle  est  commune  sur  les  bords  de  la  mer  Caspienne 
■et  s'avance  dans  ses  migrations  jusqu'à  la  mer  Noire.  Quel- 
ques individus  de  cette  espèce  ont  été  tués  accidentellement, 
en  France  et  en  Angleterre,  pendant  les  hivers  très  rigoureux. 
Temminckdit  que  ces  oiseaux  nichent  dans  les  contrées  du 
nord  de  la  Russie,  sur  les  bords  de  la  mer  Glaciale  et  à  l'em- 
bouchure des  fleuves  Obi  et  Lena. 

Description. 

Bec  brun  à  onglet  noir;  œil  brun  jaunâtre  à  paupières 
noires;  dessus  de  la  tète  et  dessus  du  cou  d'un  noir  profond, 
avec  un  peu  de  blanc  au  front,  en  arrière  des  yeux  et  entre 
ces  derniers  et  le  bec  ;  gorge  noire  avec  une  sorte  de  pointe 
de  même  couleur  qui  descend  de  chaque  côté  du  cou  jusqu'à 
la  moitié  de  sa  longueur.  Le  noir  de  la  nuque  est  séparé  de  la 
bande  noire  dont  je  viens  de  parler  par  un  peu  de  blanc 
qui  s'étend  de  la  tempe  jusqu'à  la  partie  inférieure  du  cou. 
Le  devant  du  cou  et  sa  base  sont  d'un  beau  roux,  ainsi  que  le 

(1)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc,   I8G3,  p.  323;  —  1877,  p.  806;  —  1880,  p.  502 


150 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


sommet  de  la  poitrine.  A  la  teinte  rousse  succède  une  sorte 
de  ceinture  blanche  qui  retourne  jusqu'au  dos  ;  les  flancs  et 
le  haut  de  l'abdomen  sont  noirs;  les  côtés  du  croupion  et  les 
plumes  qui  précèdent  les  rectrices  sont  blanches,  de  même 
que  le  bas-ventre  et  les  sous-caudales  ;  les  ailes  sont  noires, 
avec  bordures  blanchâtres  à l'exliémité  des  rectrices  ;  les  rec- 
trices sont  noires,  ainsi  que  les  pattes. 


^^_Hy\Oj)UKE 


Bernache  à  cou  roux  (Bernicla  ruficoUis). 


Longueur  totale  de  l'oiseau,  0"',59  environ  ;  son  aile  me- 
sure O"',.^^;  sa  queue,  0"\16;  son  bec,  0™,035;  son  tarse, 
0™,055. 

Reproduction. 

La  Bernache  ruficolUs  se  reproduit  dans  les  régions  bo- 
réales; ses  œufs  sont  blanchâtres  et  mesurent  0"',07  au  grand 
diamètre  et  0"\04G  au  petit  diamètre. 

En  1853,  le  Jardin  zoologique  de  Londres  reçut  en  échange 
une  femelle  de  Bernache  à  cou  roux;  elle  vécut  plusieurs  an- 


SUR    LES   PALMIPÈDES   LÂMELLIROSTRES.  151 

nées  en  compagnie  d'un  mâle  de  Bernache  cravant,  mais  ne 
reproduisit  pas  (1). 

La  Société  royale  de  zoologie  d'Anvers  ne  possède  pas  cette 
espèce,  mais  elle  existe  au  Jardin  zoologique  d'Amsterdam. 
M.  le  directeur  de  cet  établissement  a  bien  voulu  m'informer 
que  ces  oiseaux  avaient  été  capturés  il  y  a  deux  ans,  à  la  suite 
d'une  tempête  du  nord-est,  à  l'île  Texel  (Hollande). 


N"  10.  Bernache  aux  ailes  bleues. 
{Bernicla  cyanoptera  (i),  n°  10584.) 

Cijanoclien,  sous-genro  f  du  catalogue  do  G.  Gray. 

Élymolocjie.  —  Cyanochen,  de  /.uavoc,  ou,  bleu  ;  x'qv^  '/jvoç, 
oie  (oie  à  plumage  bleu). 

Cyanoptera,  de  /.ûavoç,  bleu,  et  de  i^Tspôv  ,  plume,  aile, 
indique  que  l'espèce  qu'il  désigne  a  les  ailes  bleues. 

Synonymie.  —  Cyanochen  cyanoptera  Rupp.  —  Bernicla 
cyanoptera  Rupp.  {Blue-Winget  goose). 

Les  Bernaches  aux  ailes  bleues  ont  été  découvertes  par  le 
voyageur  Riippel.  Il  existe  deux  spécim.ens  de  cette  espèce 
dans  les  galeries  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris.  Je 
n'ai  pu  me  procurer  de  renseignements  exacts  sur  l'époque 
de  leur  introduction  en  Angleterre  et  en  France.  En  1(S80, 
celte  belle  espèce  de  Bernache  n'existait  pas  encore  au  Jardin 
zoologique  de  Londres;  cependant,  à  cette  époque,  M.  Cor- 
nély  disait  qu'il  espérait  recevoir  prochainement  des  oiseaux 
de  cette  espèce  de  la  Nubie  supérieure. 

Descriidlon. 

Bec  brun  noirâtre;  dessus  de  la  tôte  brun  clair;  face  et 
gorge  blanchâtres  ;  plumes  des  parties  supérieures  du  cou  de 
couleur  brune  tirant  sur  le  grisâtre  ;  dos  couvert  d'ondula- 
tions roussâtres,  formées  par  la  bordure  des  plumes,  qui  est 

(1)  Lisl  of  the  certainhi  biown  species  of  Anatidœ,  1880,  p.  502. 

(2)  Voy.  Proceed.  Zool'.  Soc,  1880,  !>.  40i,  531-. 


152 


SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 


de  nuance  plus  claire  ;  plumage  des  parties  inférieures  de 
nuance  plus  claire,  tirant  sur  le  gris  jaunâtre  tacheté  de  brun, 
passant  au  blanchâtre  vers  la  gorge  et  au  blanc  pur  sur  les 
sous-caudales  ;  petites   et  moyennes  couvertures  des  ailes 


Bernache  aux  ailes  bleues  (Bernida  cyanoptera). 


d'un  gris  bleu  cendré;  pennes  secondaires  noires  glacées  de 
vert  métallique;  grandes  rémiges  et  rectrices  d'un  brun  noir 
mat;  pattes  brunes,  cf  Cet  oiseau  mesure  0",70  de  long  ;  ses 
ailes,  0'",39;  sa  queue,  O",^;  son  bec,  0'",04  ;  et  son  tarse, 
0™,07. 

Reproduction. 

Il  ne  m'a  pas  été  possible  d'obtenir  le  moindre  renseigne- 
ment sur  la  reproduction  de  cette  espèce,  qui  n'existe  pas 
dans  les  jardins  zoologiques. 


SUR   LES    PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  153 

N°i'l.   BeRNACHE   ANTARCTIQUE, 
(Beniicla  antarctica  (1)  G.  G.,  n°  10585.) 

Tœnidiestes,  sous-genrc  g  du  catalogue  de  G.  Gray. 

Elymologie. — Tœnidiestes,  nom  proposé  par  Reichenbach, 
vient  de  iratvîa,  bandelette,  et  de  âtsGTTjXwç,  séparé,  par  allu- 
sion aux  bandelettes  distinctes  qui  se  trouvent  dessinées  sur 
le  plumage  de  la  Bernache  antarctique  Ç.  —  Antarctica,  de 
àvTÎ,  contre,  àpxTiicô;,  nord,  qui  est  opposé  au  pôle  arctique, 
c'est-à-dire  qui  est  au  sud. 

Synonymie.  —  Anas  antarctica  Gmel.  —  Bernicla  an- 
tarctica Sleph.  Gould.  —  Tœnidiestes  antarctica  Baunister. 

—  Anas  hybrida  Molina.  —  Anas  Magellanicus  Sparrm.  — 
Tœnidiestes  candidus  {Antarctic  rjoose  Forster,  Kelp  goosé). 

La  Bernache  antarctique  est  originaire  de  l'Amérique  du 
Sud.  M.  l'abbé  Molina  désigne  cette  espèce  sous  le  nom 
à' Anas  hybrida,  qui  peut  avoir  la  priorité  sur  celui  à' Anas 
antarcticay  généralement  admis;  mais  MM.  Sclater  {^)  et 
Salvin,  tout  en  reconnaissant  que  le  nom  proposé  par  M.. Mo- 
lina peut  être  le  plus  ancien,  trouvent  qu'il  est  peu  approprié 
à  l'espèce  ;  ils  sont  d'avis  que  l'on  doit  bien  se  garder  de 
changer  une  dénomination  aussi  bien  établie  que  celle  à'an- 
tarctica.  Forster  a  remarqué  cette  espèce  dans  la  ^Terre  de 
Feu,  où  elle  a  été  observée  depuis  par  tous  les  voyageurs  qui 
ont  écrit  sur  les  Oiseaux  de  ce  pays,  notamment  par  Darwin, 
qui  l'a  aussi  rencontrée  dans  les  îles  Falkland  et  sur  la  côte 
occidentale  de  l'Amérique  du  Sud,  en  remontant  vers  le  nord 
jusqu'à  l'île  Chiloé.  La  Bernache  antarctique  vit  exclusive- 
ment sur  les  parties  rocheuses  du  bord  de  la  mer,  ce  qui  lui 
fait  donner  par  les  marins  le  nom  de  Rock-goose  (Oie  des 
rochers). 

Darwin  raconte  que,  dans  les  détroits  retirés  de  la  Terre  de 

(1)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc  ,  1857,  p.  128;  —  1859,  p.  477;  —  1860,  p.  388; 

—  1867,  p.  320,  334,  339;  —  1872,  p.  36G;  —  1879,  p.  310:  -  1880,  p.  504;  — 
1881,  p.  13. 

(2)  Ibid.,   1876,  t.  II,  p.  ,308-369. 


154 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


Feu,  le  mâle,  blanc  comme  la  neige,  invariablement  suivi  de 
sa  compagne  aux  couleurs  plus  sombres,  qui  se  tient  à  ses 
côtés  sur  le  sommet  d'une  roche  lointaine,  forme  un  trait 
caractéristique  du  paysage  de  ce  pays. 

Philippi  et  Landbeck  disent  que  cette  espèce  se  trouve  éga- 
lement sur  les  côtes  occidentales,  et  ajoutent  qu'on  la  ren- 


Bcrnaclie  antarctique  [Bernicla  antarclica). 

contre  parfois  jusqu'à  Valdivia.  Les  observations  les  plus  ré- 
centes de  Burmeisler  établissent  que  ses  migrations  vers  le 
nord  ne  s'étendent  pas  au  delà  de  la  baie  de  Santa-Cruz,  où 
elle  séjourne  pendant  l'hiver. 

Un  seul  spécimen  de  cette  espèce  fut  importé  en  Angleterre 
en  1868.  Jusqu'en  1870,  les  efforts  que  l'on  avait  faits  pour 
l'introduire  dans  les  jardins  zoologiques  de  Londres  avaient 
eu  peu  de  succès;  un  seul  de  ces  oiseaux  put  arriver  vivant 
en  187-2(1). 

(1)  See  Rev.  List  of  vert.,  187'2,  p.  24."> 


SUR    LES   PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  155 

Description. 

Le  mâle  est  blanc  ;  il  a  le  bec  noir  et  les  pattes  jaunes;  il  a 
environ  0™, 61  de  long;  ses  ailes  mesurent  0"',38;  sa  queue, 
0"',13;  son  bec,  0™,043  ;  ses  tarses,  0'",076  ;  son  doigt  médian, 
Y  compris  l'ongle,  0'",088. 

La  femelle  est  de  couleur  brun  noirâtre;  elle  a  le  vertex  et 
la  nuque  de  couleur  brune  ;  le  front,  les  côtés  de  la  tête  et  le 
cou,  de  même  nuance,  vermiculés  de  blanc;  la  partie  posté- 
rieure du  dos,  le  croupion  et  la  queue,  blancs  ;  les  rémiges 
primaires,  noires;  les  pennes  secondaires,  les  petites  couver- 
tures des  ailes  ainsi  que  les  plumes  subalaires,  blanches;  les 
grandes  tectrices,  extérieurement  terminées  par  une  teinte 
verte  formant  le  miroir  de  l'aile  ;  le  dessous  de  la  poitrine, 
les  flancs,  ainsi  que  la  partie  supérieure  du  ventre,  sont  dis- 
tinctement traversés  de  rayures  ou  bandelettes  blanches;  le 
fond  du  ventre  est  blanc,  ainsi  que  le  tour  de  l'anus. 

La  longueur  totale  de  la  femelle  est  d'environ  0'",61  ;  ses 
ailes  mesurent  0'",35;  sa  queue,  0'",13;  son  bec,  0'",043;  ses 
tarses,  0"',067;  son  doigt  médian,  0"',08. 

Rejjyoduction. 

Il  ne  m'a  pas  été  possible  de  me  procurer  des  renseigne- 
ments sur  la  reproduction  de  ces  oiseaux. 

N°  12.  Bernache  DE  Magellan. 
{Bernicla  Magellanica  (1),  n°  10586.) 

Chloëphaga,  sous-genre  h  du  catalogue  de  G.  Gray. 

Elymologie.  —  Chloëphaga,  de  y}^ôfi^  herbe,  et  cj^aye^v, 
manger,  indique  que  les  Bernaches  dont  les  noms  vont  suivre 
sont  essentiellement  herbivores.  Le  mot  Magellanica.,  qui 
caractérise  l'espèce,  indique  que  celte  dernière  est  originaire 
du  détroit  de  ce  nom. 

(1)  Voy.  Proceed.  Zool.    Soc,  1867,  p.  339;  —  1872,  n.  306,  549;  —  1875, 
p.  488. 


156  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMÂTATION. 

Synonymie.  —  Oie  des  terres  MagellaniquesBuff.  —  Anas 
Magellanica  Gm.   —   Anser  pictus  et  Mcujellanicus  Vieill. 

—  Chloëphaga  Magellanica  Eyton.  —  Bernicla  Magellanica 
Gay.  —  Anas  picta  Gm.  —  Anas  leucoptera  Gm.  —  Anser 
leucopterus  Vieill.  —  Bernicla  leucoptera  Less.  (Painted 
Duck  Cook.  —  Upland  goose). 

La  Bernache  de  Magellan  (l)  est  originaire  du  détroit  de 
ce  nom  ;  elle  habite  aussi  les  îles  Falkland  et  l'île  Staaten. 

D'après  Darwin,  cet  oiseau  est  commun  à  la  Terre  de  Feu 
et  aux  îles  Falkland  ;  il  y  vit  dans  l'intérieur  des  terres  par 
couples  ou  par  petits  troupeaux,  s'approche  rarement  de  la 
mer,  fait  son  nid  dans  les  îlots  et  se  nourrit  presque  entière- 
ment de  végétaux.  Les  marins  lui  donnent  le  nom  d'Oie  des 
hautes  terres. 

Le  capitaine  Abbott  et  quelques  autres  voyageurs  disent 
que  celte  espèce  est  commune  dans  les  îles  Falkland  ;  mais, 
contrairement  à  l'opinion  de  Darwin,  Abbott  prétend  qu'elle 
se  reproduit  dans  tout  le  pays  aussi  bien  que  dans  les  îlots 
voisins.  La  Bernache  de  Magellan  a  été  introduite  au  Jardin 
zoologique  de  Londres  en  1857.  C'est  le  gouverneur  Moore  (2) 
qui  envoya  le  premier  couple  des  îles  Falkland.  Un  second 
couple  de  ces  oiseaux  fut  reçu  en  1861  ;  ils  se  reproduisirent 
pour  la  première  fois  en  1863;  depuis  cette  époque,  cette 
espèce  s'est  reproduite  assez  régulièrement.  Le  mâle  et  la 
femelle  présentent  des  caractères  tellement  distincts,  que  l'on 
pourrait  croire  à  première  vue  que  chaque  sexe  est  une  es- 
pèce différente.  Le  plumage  du  mâle  est  blanchâtre  et  celui 
de  la  femelle  est  au  contraire  brunâtre  ;  le  mâle  a  les  pattes 
d'un  gris  noirâtre  et  la  femelle  les  a  jaunes. 

MM.  SclateretSalvin  (3)  disent  que  la  variété  chilienne  de 
cette  Oie  a  été  décrite  par  Philippi  et  Landbeck  sous  le  nom 
de  Bernicla  dispar.  La  principale,  et  même  la  seule  distinc- 

(1)  Sclat.,  Pioceed.  Zool.    Soc,  1857.  p.  128;  —  1858,  p.  289;—  1860, 
p.  387. 

Gould,  Pioceed.  Zool.  Soc,  1859,  p.  96  ;  —  Sclat.  et  Salv.,  Ibis,  1868,  p.  189  ; 

—  1870,  p.  500. 

(2)  List  of  tke  cerlainli/  known  species,  1880,  p.  502,  503. 

(3)  Proceed.  Zool.  Soc,  1876,  p.  3Gi. 


SUR    LES    PALMIPEDES    LAMELLIROSTRES. 


157 


lion  que  l'on  puisse  faire  pour  celte  variété,  c'est  que  le  mâle 
est  rayé  de  bandes  noires  dans  tout  le  dessous  du  corps  ;  mais 
ils  ne  considèrent  pas  ce  caractère  comme  absolument  suffi- 
sant pour  séparer  les  deux  variétés. 

Description. 
Le  mâle  a  le  bec  noir,  la  tête  et  la  partie  supérieure  du  cou 


Bernaclie  de  Magellan  {Bernicla  Magellanica). 

de  couleur  blanche;  chez  quelques  sujets,  le  dessus  du  crâne 
et  le  tour  de  l'oreille  sont  légèrement  ombrés  de  gris  très 
clair;  l'œil  est  d'un  noir  de  jais  ;  vers  le  milieu  du  cou  appa- 
raissent de  petites  rayures  transversales  de  couleur  noire,  qui 
tranchent  sur  le  fond  blanc  et  qui  s'accentuent  progressive- 
ment en  allant  vers  la  poitrine,  où  elles  deviennent  de  plus 
en  plus  larges.  Ces  rayures  ou  bandelettes,  disposées  en  forme 
d'écaillés,  se  manifestent  sur  l'ensemble  du  plumage  jusqu'à 
la  naissance  des  ailes  ;  les  cuisses  sont  également  recouvertes 
déplumes  plus  grandes  et  plus  fortement  rayées  de  blanc  et 


158  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aGCLIMATATION. 

de  noir  ;  la  poitrine  et  la  partie  antérieure  du  dessous  du  corps 
sont  aussi  rayées  de  noir;  les  plumes  du  manteau  sont  grises  ; 
celles  qui  le  précèdent  sont  bordées  de  gris  foncé  et  de  blanc; 
les  rémiges  secondaires  sont  blanches  ;  le  miroir  de  l'aile  est 
apparent,  à  reflets  vert  bronzé  ;  les  grandes  rémiges  sont 
noires  ;  les  plumes  de  l'abdomen,  ainsi  que  celles  du  dessous 
de  la  queue,  sont  blanches;  la  partie  postérieure  du  dos  est 
blanche  ;  les  rectrjces  sont  noires  ;  les  ailes  sont  armées  d'une 
sorte  d'éperon  arrondi,  de  la  grosseur  d'un  petit  pois,  placé 
près  de  l'articulation  du  fouet;  les  pattes  sont  de  couleur 
noir  grisâtre.  La  longueur  totale  du  mâle  est  d'environ  0"°, 66  ; 
ses  ailes  mesurent  O^jM;  sa  queue,  0'",14;  son  bec,  O^jO^; 
ses  tarses,  0'",10;  son  doigt  médian  avec  l'ongle,  0"',08. 

Le  plumage  de  la  femelle  présente  les  mêmes  dispositions 
que  celui  du  mâle  ;  mais  les  rayures  sont  noires  sur  une  teinte 
brun  fauve,  qui  elle-même  passe  entièrement  au  blanc  sur 
les  plumes  des  couvertures  des  cuisses,  en  tout  semblables  à 
celles  du  mâle  ;  le  bec  est  noir  ;  le  cou,  marron  ;  l'abdomen  est 
rayé  ou  grivelé  de  noir  et  de  blanc,  d'une  teinte  plus  foncée 
que  celle  du  mâle  ;  les  grandes  rémiges  sont  noirâtres  ;  les 
plumes  du  manteau  sont  d'un  gris  légèrement  fauve,  et  les 
rémiges  secondaires,  blanches;  le  miroir  des  ailes  est  vert 
cuivré  ;  le  croupion  est  noir,  ainsi  que  les  rectrices  ;  l'œil  est 
noir;  les  pattes  sont  d'un  beau  jaune,  il  est  à  remarquer  que 
les  plumes  grises  qui  précèdent  celles  du  manteau  sont  rayées 
de  noir  et  bordées  de  fauve.  La  femelle  a  une  longueur  totale 
d'environ  0™,66  ;  ses  ailes  ont  0'",405;  sa  queue,  0'",139  ;  son 
bec,  0'",04;  ses  tarses,  O-^jOS;  son  doigt  médian  avec  l'ongle, 
0'",076. 

Reproduction. 

Les  Bernaches  de  Magellan  se  sont  reproduites  dans  presque 
tous  les  jardins  zoologiques  d'Europe,  au  Jardin  zoologique 
de  Londres,  au  Koninklijk  Genootschap  d'Amsterdam,  au 
.lardin  zoologique  d'Anvers,  à  la  ménagerie  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle  de  Paris.  M.  Courtois,  membre  de  notre  So- 
ciété, a  aussi  obtenu  sa  reproduction. 


SUR    LES    PALMIPÈDES    LAME  LLIROSTRES.  159 

Ces  oiseaux  nichent  et  pondent,  vers  la  fin  de  mars,  de 
trois  à  huit  œufs  de  couleur  blanc  jaunâtre,  qui  mesurent 
ordinairement  O^jOO  de  long  sur  0'",055  de  large  ;  la  femelle 
couve  elle-même  ses  œufs,  dont  l'incubation  dure  de  trente  à 
trente-trois  jours. 


N"  lo.  Bernache  de  Magellan,  variété  chilienne. 
(Bernicla  diapar  (1)  G.  G.,  n"  10587). 

Étymologie.  — Le  mot  latin  dlspar,  différent,  qui  désigne 
cette  variété  ou  espèce,  a  probablement  été  choisi  pour  indi- 
quer qu'elle  diffère  en  quelques  points  de  l'espèce  qui  pré- 
cède. 

Synonymie.  —  Bernicla  Magellanica  Cassin.  — •  Bernicla 
dispar  (2)  Ph.  et  Landb.  —  Chloëphaga  dispar  (3)  Sclat. 
(ChUian  goose). 

Philippi  et  Landbeck  assurent  que  cette  Oie  se  rencontre 
fréquemment  en  hiver  dans  les  provinces  centrales  du  Chili. 

Burmeister  dit  que  cette  espèce  se  trouve  dans  la  Sierra 
Tinta,  près  de  Tandil,  au  sud  de  Buenos-Ayres. 

En  octobre  1871,  la  Société  zoologique  de  Londres  acheta 
à  M.  Weisshaupt,  avec  d'autres  animaux  chiliens,  un  couple 
de  cette  variété  de  Bernache  de  Magellan;  la  femelle  étant 
morte,  le  raàle  fut  prêté  à  un  correspondant  de  cette  Société, 
qui  obtint  la  reproduction  de  cet  oiseau  avec  une  femelle  de 
Bernache  de  Magellan  ;  les  produits  obtenus  par  ce  croisement 
n'étaient  pas  aussi  fortement  rayés  que  dans  l'espèce  Bernicla 
dispar,  mais  ils  présentaient  aux  extrémités  des  plumes  des 
taches  noires  bien  apparentes.  Les  observateurs  qui  ont  étudié 
comparativement  les  deux  variétés  disent  que  les  femelles  de 
l'une  et  de  l'autre  sont  entièrement  semblables.  Il  existe  à  la 
ménagerie  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris  un  couple 


(1)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc,  1880,  p.  503. 

(2)  Burm.,  Proceed.  Zool.  Soc,  1872,  p.  3G6;  —  Sclat., /tis,  1861,  p.  122. 

(3)  Proceed.  Zool.  Soc,  1867,  p.  320,  331.  -  Sclat,  etSalv.,  Proceed.  Zool. 
Soc,  1876,  part.  II,  p.  364.  365  ;  —  1866,  p.  364. 


100  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D' ACCLIMATATION. 

de  Bernicla  cUspar.  M.  Huet,  aide-naturaliste  chargé  de  la 
ménagerie,  espère  que  ces  oiseaux  se  reproduiront  au  prin- 
temps prochain  ;  on  pourra,  si  ses  prévisions  se  réalisent, 
comparer  les  produits  de  cette  espèce  avec  ceux  de  la  Ber- 
nache  de  Magellan  proprement  dite  ;  si  les  mêmes  caractères 
se  perpétuent,  on  pourra  conclure  à  la  distinction  des  deux 
espèces;  dans  le  cas  contraire,  on  devra  reconnaître  que 
B.  dispar  n'est  qu'une  simple  variété  de  B.  Magellanica, 
M.  le  Directeur  du  Jardin  zoologiqiie  d'Anvers  a  bien  voulu 
me  faire  savoir  qu'il  possédait  cette  espèce,  mais  qu'il  n'avait 
pas  encore  obtenu  sa  reproduction. 

N°  14.  Bernicla  inornatâ(I). 
(G.  Gray,  n"  10588.) 

Élymologie.  —  Le  mot  inornatus,  de  in  privatif  et  de 
ornatus,  paré  signifie  :  sans  parure.  Cette  espèce  ressemble 
beaucoup  à  l'espèce  suivante  [B.  poliocephala)  ;  elle  n'en  est 
peut-être  qu'une  variété.  Les  renseignements  qu'il  m'a  été 
permis  de  recueillir  ne  sont  point  assez  précis  pour  pouvoir 
bien  caractériser  l'espèce. 


N"  15.  Bernache  a  tête  grise  (2). 
(Bernicla  poliocephala  G.  G.,  n»  10589.) 

Élymologie. — Poliocephala,  de  icoÀtoç,  gris,  et  xscpaX-^^ 
•?];,  tête,  se  rapporte  à  un  des  principaux  caractères  de  cette 
espèce,  qui  a  la  tête  grisâtre. 

Synonymie. —  Anas  inornatus  $  King  (3).  —  Bernicla 
inornata  Gay  et  Mitch.  —  Chloëphaga  poliocephala  Gray, 
Sclater  (4).  —  Bernicla  poliocephala  Burm  (5).  —  Anas  po- 

(1)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc,  1858,  p.  289,  290;  —  1860,  p.  387;  -  1872. 
p.  366;  —1880,  p.  503. 

(2)  Ibid,  1860,  p.  212;  -  1872,  p.  549  ;  -  1880,  p.  503;  -  1881,  p.  13. 

(3)  Ibid.,  1830-31,  p.  15. 

(4)  Ibid.,  1857,  p.  128. 

(5)  Ibid.,  1872,  p,  366. 


SUR  LES  PALMIPÈDES  LAMELLIROSTRES.        161 

Uocephalus    Bann.  —  Bernicla  Chiloensis  Vh.  et  Lantlb. 
{Ashy-headed  (joosé). 

D'après  les  notes  publiées  par  MM.  Sclater  et  Salvin  (I),  la 
Bernicla  poliocephala  iiabite  le  détroit  de  Magellan,  Rio- 
Négro,  rîle  Chiloé  et  les  îles  Falkland.  On  a  cru  primitivement 
que  cette  espèce  était  la  femelle  de  l'oiseau  décrit  par  le  ca- 
pitaine King  sous  le  nom  (VAnas  inornalus,  et  dont  Gray  et 
Mitcbeli  ont  donné  une  excellente  figure  dans  l'ouvrage  in- 
titulé Gênera  of  birds. 

Gray  fut  le  premier  qui  découvrit  l'erreur  ;  il  donna  à  cet 
oiseau  un  nom  définitif,  en  laissant  à  Sclater  le  soin  de  décrire 
cette  espèce  et  d'établir  les  distinctions  d'une  manière  évi- 
dente. Le  fait  de  la  ressemblance  des  sexes  dans  cette  espèce 
et  l'espèce  voisine  a  pu  être  constaté  sur  des  oiseaux  vi- 
vants qui  se  sont  reproduits  dans  les  jardins  de  la  Société 
zoologique  de  Londres.  La  Bernache  poliocephala  ne  pa- 
raît pas  être  aussi  commune  dans  l'extrémité  méridionale 
de  l'Amérique  et  dans  les  îles  Falkland,  que  veut  bien  le 
dire  M.  Darwin,  qui  raconte  que  ces  îles  sont  le  lieu  de 
rendez-vous  de  ces  oiseaux,  que  l'on  voit  rôder  sans  cesse 
isolément. 

Le  capitaine  Abbott,  pendant  ses  trois  années  de  séjour 
dans  les  îles  Falkland,  n'a  observé  que  trois  individus  de  cette 
espèce  et  encore  furent-ils  rencontrés  isolément  parmi  des 
troupeaux  d'Oies  des  montagnes  (Bernicla  Magellanica).  Il 
suppose  que  ces  oiseaux  étaient  venus  de  la  côte  de  Patagonie. 
M.  Leconte,  envoyé  aux  îles  Falkland   comme  délégué  de  la 
Société  zoologique  de  Londres,  pour  se  procurer  des  sujets 
vivants,  ne  put  rapporter  quime  seule  peau  de  ce  Palmipède. 
D'après  Burmeister,  cette  Bernache  habite  dans  la  Patagonie, 
où  elle  est  très  commune.  Philippi  et  Landbeck  assurent  que 
la  véritable  patrie  de  cet  oiseau,  qu'ils  désignent  sous  le  nom 
de  Bernicla  chiloensis,  est  l'île  de  Ghiloé,  où  elle  se  reproduit. 
Pendant  l'hiver,  elle  émigré  plus  avant  vers  le  nord  et  on  la 
rencontre  à  Ancud  à  l'état  domestique. 

(1)  Proceed.  Zool.  Soc,  1876,  part.  II,  366,  367. 

i'  SÉRIE,  T.  Iir.  —  Mars  1880.  H 


162  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Description. 

Tête,  cou  et  plumes  du  scapulaire  de  couleur  gris  de  plomb  -^ 
poitrine  et  partie  supérieure  du  dos,  couleur  marron  avec 
plumes  extérieurement  bordées  de  noir;  abdomen,  tectrices 
subalaires,  pli  de  Taile  et  petites  tectrices  blancs;  rémiges 
primaires  noires  ;  rémiges  secondaires  blanches  intérieure- 
ment, tachées  de  brun  sur  les  barbes  externes  des  plumes  ; 
grandes  tectrices  noires  à  reflets  extérieurs  vert  brillant  et 
à  extrémités  blanches;  fond  du  dos  et  queue  noirs;  flancs 
transversalement  rayés  de  blanc  et  de  noir;  région  anale,  cou- 
leur marron;  bec  noir;  pieds  jaunes  à  l'extérieur,  brun, 
noirâtre  à  l'intérieur.  Longueur  totale,  environ  0"\609;  aile, 
0'",342;  queue,  0'",127;  tarse,  Û"\068;  doigt  médian  avec 
ongle,  0'%063.  La  femelle  est  semblable  au  mille. 

Reproduction. 

Cette  Bernache  a  été  introduite  au  Jardin  zoologique  de 
Londres,  en  1833(1);  elle  s'y  est  reproduite  de  1852  à  1869, 
époque  à  laquelle  les  sujets  furent  malheureusement  perdus. 

Les  pontes  avaient  lieu  dans  la  première  quinzaine  d'avril 
et  les  éclosions  du  20  mai  au  9  juin.  M.  Huet,  aide-naturaliste 
chargé  de  la  ménagerie  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris,  a  reçu  un  couple  de  cette  espèce,  dans  le  courant  de 
1884.  Il  espère  d'autant  plus  obtenir  la  reproduction  pro- 
chaine de  cette  Bernache,  que  les  sujets  qui  lui  ont  été  cédés 
sont  nés  chez  M.  Courtois,  notre  collègue. 

Le  Koniuklijk  zoologisch  yenootschap  d'Amsterdam  et  le 
Jardin  zoologique  d'Anvers  ne  possèdent  pas  cette  Bernache. 

N"  16.  Bernache  a  tète  rougeatre. 
{Bevniclarubldiceps  (2)  G.  G.,  ii"  ]U590.) 

Étymologie.  —  Le  mot  ruhldiceps,  de  ruhidus,  rougebrun,. 

(1)  List  of  the  certainlij  knoivn  species  of  Anatidœ,  1880,  p.  503. 

(2)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc,  ISSU,  p.  503,  504. 


SUR    LES    PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  1 6S 

el  caput,  tête,  indique  que  Toiseau  qu'il  désigne  a  la  tête 
et  une  partie  du  cou  de  cette  couleur. 

Sijno7iymie.  —  Bernicla  inornala  Gray.  —  Chloëphaga 
rubidiceps  Sclat  (1).  —Anser  rubidiceps  Schl.  —  Chloetro- 
phus  riibidiceps  Bann  (Rudd>/-headed  çjoose). 

Cette  espèce  est  connue  aux  îles  Falkland  sous  le  nom 
d'Oie  de  Brent  ;  d'après  le  capitaine  Abbott,  elle  est  moins 
commune  que  les  autres  espèces;  cependant  il  dit  en  avoir 
rencontré  des  troupeaux  considérables  dans  certains  pa- 
rages ;  à  North  Camp  il  en  observa  un  grand  nombre  qui  mar- 
chaient par  couples.  Dans  cette  espèce  le  mâle  est  plus  grand 
que  la  femelle  ;  pendant  que  cette  dernière  construit  son  nid 
parmi  les  buissons,  il  se  tient  sur  le  bord  des  étangs  les  plus 
voisins. 

La  ponte  de  cette  Bernache  a  lieu  dans  les  premiers  jours 
d'octobre  et  se  compose  ordinairement  de  cinq  œufs,  rarement 
de  six  ;  les  petits  acquièrent  toute  la  beauté  de  leur  plumage 
pendant  la  première  année;  on  les  distingue  à  la  couleur  du 
miroir  de  l'aile,  qui  est  terne  au  lieu  d'être  vert  brillant. 

Description. 

Dessous  du  corps,  tête  et  cou  de  couleur  cannelle,  avec 
plumes  de  la  poitrine  et  des  flancs  bordées  de  noir;  anus  en- 
touré d'une  marge  noire  ;  partie  supérieure  de  la  base  du  cou 
de  teinte  grise  parsemée  de  nombreuses  bandes  noires  et 
cannelle  ;  plumes  qui  forment  le  milieu  du  scapulaire  pré- 
sentant une  tache  noire  cà  leur  face  subterminale;  fond  du 
dos,  croupion  et  queue  de  couleur  noire  à  peine  teintée  de 
vert  ;  grandes  rémiges  noires  ;  rémiges  secondaires  et  petites 
couvertures  des  ailes  blanches;  grandes  tectrices  à  reflets 
extérieurs  vert  métallique,  tirant  sur  le  bronze,  terminées  de 
blanc;  bec  noir;  iris  presque  noir;  tarses  jaunes  à  l'exté- 
rieur, noirâtres  à  l'intérieur.  Longueur  totale,  environ  0'",584- 
aile,  0^342;  queue,  0-,li4;  bec,  0™,038;  tarse,  0"\m; 
doigt  médian  avec  l'ongle,  0'",07. 

(I)  Proceed.  Zool.  Soc,  1860,  p.  387;—  J876,  p.  3(i7. 


164  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

Reproduction. 

Celle  espèce  réussit,  dil-ou,  fort  bien  en  captivité;  elle  fut 
introduite  (1)  pour  la  première  fois,  en  1860,  au  Jardin  zoolo- 
gique de  Londres.  Deux  couples  de  ces  oiseaux  furent  reçus 
des  îles  Falkland,  mais  ils  ne  se  reproduisirent  que  de  1865 
à  1870;  à  partir  de  celte  époque  cette  Bernache  fut  perdue 
et  ne  figura  plus  au  Jardin  zoologique.  Les  pontes  avaient 
lieu  en  mars  et  avril  ;  les  éclosions  varièrent  du  30  avril 
au  6  juin,  suivant  les  années. 

Celte  espèce  n'existe  en  ce  moment  ni  à  la  ménagerie  du 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  ni  au  jardin  zoolo- 
gique d'Amsterdam,  ni  à  celui  d'Anvers. 

N"  17.  Bernache  aux  ailes  noires  (2). 
{Bernicla  melanoptera  G.  G.,  n°  10591.) 

Élymologie.  —  Melanoptera,  de  [xéXaç,  noir,  et  nTspôv, 
aile  (bernache  aux  ailes  noires). 

Synonymie.  —  Anser  melanopterus  Eyton.  —  Bernicla 
melanoptera  Gay.  —  Chloëphaga  melanoptera  Burm  (3).  — 
Oressochen  melanopterufi  Bannister.  —  Anser  motitanus 
Tsch.  —  Anser  anticola  Tsch  {Andean  goose). 

MM.  Sclaler  et  Salvin  (4)  rapportent  les  observations  sui- 
vantes :  cette  belle  Oie  se  trouve  dans  les  hautes  Andes  du 
Pérou  et  de  Bolivie  ;  elle  a  été  observée  sur  le  lac  de  Tilicaca, 
à  Tincla  et  à  Pilumarca,à  une  élévation  de  il  à  14  000  pieds 
anglais,  soit  3355  à  4270  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer,  dans  la  contrée  appelée  par  Tschudi  la  région  Puna  ;  on 
la  trouve  aussi  dans  les  provinces  centrales  du  Chili;  elle 
descend  dans  les  plaines  pendant  l'hiver,  mais  se  retire,  en 
été,  sur  les  hauteurs  des  Cordillères,  sans  dépasser  toutefois 

(1)  Proceed.  Zool.  Soc,   1860;  —  1876,  p.  367. 

(2)  Ibii(.,   1867,  p.  3-20,  331;  —  188^,  p.  153;  —  1874,  p.  55i  ;  —  1880, 
p.  504. 

(3j  Ibid.,  1872,  p.  365. 
(i)  Ibid.,  1876,  p.  363. 


SUR   LES    PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  165 

les  limites  où  commencent  les  neiges  perpétuelles.  Celle  es- 
pèce a  été  observée  à  Quintero,  dans  la  province  de  Santiago  ; 
elle  s'y  trouvait  en  si  grand  nombre,  sur  une  petite  surface 
d'eau,  près  du  célèbre  passage  Portillo,  que  cet  endroit  est 
appelé  Valle  de  los  Pinquenes  {Pinquen  désigne  cette  es- 
pèce). On  ne  la  trouve  guère  au  delà  du  35*  degré  de  latitude 
septentrionale. 

Trois  spécimens  de  cette  belle  espèce  ont  vécu  dans  la 
ménagerie  de  la  Société  zoologique  de  Londres,  mais  aucun 
de  ces  oiseaux  ne  semblait  jouir  en  captivité  d'une  aussi  bonne 
santé  que  les  autres  Oies  de  l'Amérique  du  Sud. 

Description. 

Blanche;  rémiges  noires;  pennes  scapulaires  et  queue  d'un 
noir  tirant  sur  le  vert  ;  grandes  tectrices  de  teinte  pourprée 
à  l'extérieur  et  formant  le  miroir  de  l'aile  ;  petites  couver- 
tures des  ailes  blanches;  plumes  du  haut  du  scapulaire  mar- 
quées de  brun,  celles  du  bas  brunes  passant  au  noir  verdûlre. 
L'oiseau  vivant  a  le  bec  couleur  de  chair  à  onglet  noirâtre, 
les  pieds  rouges,  l'iris  de  couleur  sombre.  La  femelle  est 
semblable  au  mâle,  mais  plus  petite.  Le  mâle  mesure  environ 
0"\76  de  long;  son  aile  a  0"\4-4-,  sa  queue,  0"\16;  son  bec, 
0",043;  ses  tarses,  0"\093;  son  doigt  médian,  0"\08. 

Reproduclion. 

Cette  espèce  existe  aux  Jardins  zoologiques  d'Anvers  et  de 
Londres,  mais  ne  s'y  est  pas  encore  reproduite. 

N°   48.    liERNACHE   CANAGICA  (i). 
{Bernicla  canagica  G.  G.,  n°  t0592.) 

Étymologie.— D'après  les  renseignements  que  je  tiens  de 
la  bienveillance  de  M.  Oustalet,  le  mot  canagica  a  été  em- 
ployé par  un  auteur  russe,  Sewaslianoff,  qui  s'en  est  servi 

(1)  Voy.  Proceed  Zool.  Soc,  1880,  p.  501. 


166  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'AGCLIMATATION. 

comme  d'un  nom  spécifique,  en  décrivant  l'espèce  {Anas  ca- 
iiagica)  (1)  ;  plus  tard  ce  nom  a  été  repris  par  Brandt  (2)  ;  il 
semble  n'être  qu'une  forme  latine  modifiée  de  Kamlchatika, 
•qui  indiquerait  que  cette  Bernaclie  a  pour  patrie  le  Kam- 
tchatka; mais  on  ne  saurait  rien  affirmer  sans  avoir  consulté 
préalablement  l'ouvrage  deSewastianoff,  qui  est  très  rare. 

Synonymie.  —  Anser  canagicus  Schwartz.  —  Chloëphaga 
canagica  Elliot.  —  Anas  canagica  Sewaslianoff.  —  Anser 
inclus  Pall.  —  Anser  canagicus  Brandt.  —  Chloëphaga  cana- 
gica Eyton. — Derniela  canagica  (.3)  G.  Gray  {Emperor  goose). 

La  Bernache  canagica  habite  le  nord-est  de  l'Asie  et  le 
nord-ouest  de  l'Amérique,  on  la  rencontre  aux  îles  Aléou- 
tiennes  et  sur  les  côtes  du  Kamtchalka.  Dans  ses  migrations 
elle  arrive  parfois  jusqu'aux  limites  orientales  de  l'Europe. 
M.  E.  Verreaux  (4)  a  reçu,  à  deux  reprises  différentes,  des 
oiseaux  de  cette  espèce,  comme  faisant  partie  du  genre  Oie  ; 
d'autres,  au  contraire,  la  prennent  pour  type  du  sous-genre 
Chloëphaga. 

Description  (5). 

Tête  blanche,  cette  couleur  se  prolongeant  sur  la  nuque  et 
le  haut  du  cou  en  arrière  ;  dessus  du  corps  d'un  gris  bleuâtre; 
couverture  supérieure  des  ailes  de  la  couleur  du  dos,  avec 
une  bordure  blanchâtre  ou  blanche  ;  gorge  noire  tachetée  de 
blanc,  parfois  d'un  noir  sans  taches;  dessous  et  côtés  du  cou 
bruns;  ventre  blanchâtre,  onde  de  cendré;  régions  anale  et 
sous-caudale  d'un  blanc  pur;  rémiges  primaires  brunes; 
rémiges  secondaires  noirâtre  à  racliis  blanc,  avec  une  tache 
et  un  liséré  de  même  couleur  ;  rectrices  blanches  ;  bec  rou- 
geâtre  ou  jaunâtre  en  dessus,  noirâtre  en  dessous,  grisâtre 
sur  les  côtés,  avec  les  onglets  blancs  bordés  de  noir;  pieds 
d'un  brun  roussâtre  pâle  ;  ongles  noirs  ;  iris  bleuâtre.  Taille  (6) , 

(1)  Nova  acta  academiœ  Petropolitensis,  1800,  t.  Xill. 

(2)  Bulletins  de  V Académie  de  Saint-Pélersbourfj,  1836,  (.  I. 

(3)  Gen.  of  Birds,  1844,  t.  III,  p.  607. 

(4)  Degland  et  Gerbe,  p.  40ï!. 

(5)  Description  extraite  de  Degland  et  Gerbe,  p.  492. 

(6)  D'aj)rès  Baird. 


SUR  LES  PALMIPÈDES  LAMELLIROSTRES.        167 

•O'",660  environ;  longueur  de  l'aile,  0'",390;  longueur  de  la 
queue,  0'",liO;  longueur  du  bec,0"',04'0;  longueur  du  tarse, 

O'",075. 

Reproduction. 

Je  n'ai  pu  me  procurer  de  renseignements  précis  sur  la 
reproduction  de  la  llernaclie  canarjica.  Celle  espèce  n'existe 
pas  dans  les  Jardins  zoologiques  de  Londres,  d'Amsterdam  et 
d'Anvers. 


II.  TRAVAUX  ADRESSÉS  ET  COMMUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ 


LES  SAUTERELLES  A  MADAGASCAR 

SUR  LE  RIZ  MALGACHE 

Par  le  R.   P.   CAMBOUÉ 

Missionnaire  apostolique. 


Dans  une  intéressante  communication  au  sujet  des  Saute- 
terelles  de  passage,  insérée  dans  le  Bulletin  de  juin  1884, 
M.  Decroix  disait  en  terminant  :  «  Je  suis  heureux  que  cette 
petite  communication  ait  appelé  votre  attention  sur  ces  in- 
sectes, dont  il  y  a  sans  doute  à  tirer  parti.  »  Quelques  mois 
plus  tard,  en  effet,  M.  le  général  comte  de  La  Croix  de  Vaubois 
écrivait  à  la  Société  :  «  Je  dirai,  relativement  à  l'alimentation 
que  les  Sauterelles  peuvent  fournir,  que  j'ai  remarqué  que  la 
volaille,  à  l'époque  de  leur  passage,  ne  s'en  dégoûte  jamais,  et 
je  crois  qu'elle  s'en  nourrirait  très  bien  ultérieurement  si  on 
avait  le  soin  de  les  conserver  convenablement  ;  d'autant  plus 
que,  dans  le  désert,  les  indigènes  les  gardent  pour  leur  nour- 
riture particulière.  Ils  en  font  des  conserves  à  l'huile  après 
avoir  préalablement  arraché  la  tête,  les  pattes  et  les  ailes.  » 

J'ai  pensé,  dès  lors,  que  quelques  mots  sur  les  Sauterelles 
à  Madagascar,  leur  capture  et  leurs  usages,  pourraient  peut- 
être  intéresser  la  Société. 

Les  Sauterelles  de  passage  paraissent  généralement  au 
printemps  sur  les  hauteurs  des  provinces  centrales  de  la 
grande  île  africaine.  Pour  les  Malgaches,  ces  Acridiens,  qu'ils 
nomment  dans  leur  langue  Valala  (1),  sont  en  même  temps 
un  fléau  et  une  ressource  ;  un  fléau,  à  cause  des  ravages  qu'ils 
font  aux  récoltes;  une  ressource,  à  cause  de  la  précieuse 
substance  alimentaire  qu'ils  fournissent  non  seulement  pour 

(l)  Œdipoda  migrato  ria. 


LES  SAUTERELLES  A  MADAGASCAR.  169 

les  animaux  domestiques,  mais  encore  pour  les  populations. 
Tant  il  est  vrai  qu'ici-bas,  dans  tout  événement  fâcheux,  la 
sage  Providence  du  Dieu  créateur  dispose  toujours  quelque 
côté  profitable  et  place  un  remède  à  côté  du  mal. 

Aussitôt  que  les  Malgaches  aperçoivent  le  nuage  des  Sau- 
terelles qui  s'avance,  ils  se  hâtent  de  se  porter  aux  endroits 
recouverts  de  hautes  herbes,  par  où  ils  conjecturent  que  les 
insectes  passeront.  Dès  qu'ils  les  voient  arriver,  ils  mettent  le 
feu  aux  herbes.  Les  Sauterelles  de  passage,  dont  le  vol  est 
lourd  et  bas,  tombent  alors  en  grand  nombre,  surprises  par 
la  chaleur  et  asphyxiées  par  la  fumée.  Hommes,  femmes  et 
enfants  se  hâtent  d'en  faire  amples  provisions,  abandonnant 
ce  qu'ils  ne  peuvent  emporter  aux  Goaika  {Corviis  scapula- 
tiis)  et  aux  Papango  {Milvus  jEgyptius),  très  friands  de  cette 
nourrit  iH'e. 

Les  Sauterelles  sont  ensuite  jetées  dans  de  grandes  mar- 
mites, où  on  les  soumet  à  une  bonne  étuvée,  après  quoi  elles 
sont  étendues  au  soleil  sur  des  nattes  jusqu'à  ce  qu'elles 
soient  parfaitement  sèches.  C'est  alors  qu'après  qu'on  leur  a 
enlevé  les  pattes,  les  ailes  et  la  tête,  elles  sont  triturées  ou 
bien  emmagasinées  telles  quelles,  pour  les  besoins  du  mé- 
nage ou  l'approvisionnement  des  marchés,  où  elles  sont  une 
denrée  courante.  Les  Sauterelles  peuvent  se  conserver  ainsi 
pendant  un  temps  très  considérable. 

Les  Malgaches  mangent  les  Valala,  ou  simplement  assai- 
sonnées de  piment  et  de  sel,  ou  mieux  frites  à  la  graisse,  et 
encore  bouillies  ou  cuites  avec  du  Riz  et  de  la  viande  de  vo- 
laille ou  de  bœuf;  ils  les  préfèrent  même  à  celle  dernière.  Ils 
en  font  aussi  du  Bo  ou  bouillon,  dont  ils  assaisonnent  le  Riz, 
leur  principale  nourriture. 

Que  l'on  n'aille  pas  croire  que  ces  insectes  à  Madagascar 
soient  seulement  la  nourriture  des  pauvres  et  du  bas  peuple. 
Au  palais  de  Tananarive,  la  table  royale  elle  même,  qui  se 
pique  de  progrès  à  l'instar  des  grands  services  européens, 
ne  les  dédaigne  point.  La  défunte  reine,  Ranavalona  il,  qui 
avait  ses  chasseurs  pour  lui  procurer  le  plus  lin  gibier  de  ses 
forêts,  ses  pêcheurs  pour  lui  apporter  le  meilleur  poisson 


170  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

de  ses  lacs  et  rivières,  avait  aussi  une  bande  de  femmes  qui 
couraient  la  campagne  pour  lui  ramasser  des  Sauterelles. 
Et,  sur  ce  point,  la  nouvelle  souveraine  des  Hovas,  la  jeune 
Ranavalona  IH,  doit  sans  doute  suivre  les  usages  de  l'an- 
cienne. 

Quelque  temps,  en  effet,  avant  le  commencement  des  hos- 
tilités entre  la  France  et  la  cour  d'Imérina,  la  reine  actuelle, 
qui  n'était  alors  que  la  petite  princesse  Ratrimo,  dirigea  un 
jour  sa  promenade,  accompagnée  du  jeune  prince  son  mari, 
vers  le  Jardin  d'acclimatation  de  la  Mission,  situé  à  Ambo- 
hipo,  non  loin  de  la  capitale.  Là,  sans  se  douter  des  honneurs 
royaux  qui  l'attendaient  à  bref  délai,  la  future  reine  des  Ho- 
vas poursuivait  gaiement  les  Sauterelles,  qu'elle  enfermait 
ensuite  dans  un  étui  de  Zozoro  (Ci/perus  œqualis),  pour  en 
faire,  à  son  retour  chez  elle,  confectionner  un  plat  de  son 
goût. 

Les  Malgaches,  en  effet,  non  contents  de  faire  servir  à  leur 
nourriture  les  Sauterelles  de  passage,  mangent  aussi  diverses 
autres  espèces  de  ces  insectes  acridiens,  entre  autres  un  Cri- 
quet de  grande  taille,  appelé  ici  Anipangahe.  Ils  font  toute- 
fois exception  pour  une  espèce,  des  plus  belles  cependant  à 
la  vue,  qu'ils  nomment  Valalanamboa. 

J'ai  voulu  me  rendre  compte  par  moi-même  de  la  valeur 
d'un  mets  si  estimé  des  Malgaches.  Plusieurs  de  mes  con- 
frères missionnaires  en  ont  aussi  fait  l'expérience.  Par  elle- 
même,  la  Sauterelle  de  conserve  malgache  est  d'un  goût  assez 
fade,  mais,  bien  assaisonnée  et  grillée  à  l'huile  ou  à  la  graisse, 
elle  ne  serait  pas  à  dédaigner. 

Les  Sauterelles,  préparées  comme  je  viens  de  l'indiquer 
dans  cette  petite  communication  ou  bien  de  toute  autre  façon, 
peuvent-elles  constituer  une  ressource  alimentaire?  Ne  pour- 
rait-on pas,  du  moins,  les  utiliser  pour  la  nourriture  des 
animaux?  Je  laisse  à  plus  compétent  le  soin  de  décider  l'une 
et  l'autre  question.  Je  ferai  simplement  remarquer,  en  ter- 
minant, que  dès  l'antiquité  la  plus  reculée,  nous  voyons  les 
Sauterelles  usitées  comme  aliment.  Dans  le  Lévitique,  par 
exemple,  au  chapitre  qui  énumère  les  animaux  dont  pouvait 


LES  SAUTERELLES  A  MADAGASCAR.  171 

se  nourrir  le  peuple  d'Israël  (1),  nous  Irouvons  la  Sauterelle 
Locusta  et  quelques  autres  espèces  du  genre. 

Puisque  j'ai  parlé  du  Riz,  la  Société  s'occupant  tout  par- 
ticulièrement en  ce  moment  de  cette  graminée,  qu'on  me 
permette  de  dire  ici,  en  passant,  quelques  mots  au  sujet  du 
Riz  de  Madagascar.  Les  indigènes  de  la  grande  île  africaine 
et  des  petites  îles  voisines  en  cultivent  plusieurs  espèces,  le 
Riz  de  marais  comme  le  Riz  sec  ou  de  montagne,  qu'ils  nom- 
ment, le  premier  Vari/  ank'oraka,  le  second  Vary  nntavy. 
Ce  dernier  est  indiscutablement  le  plus  estimé,  et  c'est  même 
le  seul  usité,  dit-on,  pour  la  table  royale.  Le  R.  P.  de  la  Vais- 
sière,  dans  son  récent  ouvrage  :  Vingt  ans  à  Madagascar, 
décrit  ainsi  en  quelques  lignes  la  culture  de  l'un  et  de  l'autre 
de  ces  Riz  : 

«  Riz  de  maltais.  —  Quand  le  moment  est  venu  de  travailler 
sa  rizière,  on  voit  le  Malgache,  une  grande  bêche  à  la  main, 
commencer  par  délbncer  profondément  le  sol,  qu'il  soulève 
par  grandes  mottes,  afin  de  lui  faire  prendre  l'air  et  le  soleil. 
Dans  ce  but,  il  va  même  jusqu'à  empiler  ces  mottes  les  unes 
sur  les  autres.  Il  les  brisera  ensuite,  les  éparpillera  et  les 
émiettej'a  à  coups  de  bêche.  S'il  est  soigneux,  il  aura  soin  d'y 
répandre  du  fumier.  C'est  alors  qu'il  amènera  l'eau  destinée 
à  former,  de  ces  débris  de  mottes  et  de  fumier  soigneuse- 
ment foulés  et  nivelés  au  moyen  de  ses  pieds  et  de  sa  bêche, 
la  boue  sur  laquelle  il  plantera  son  Riz.  Généralement  le  Riz 
est  semé  d'abord  en  un  petit  coin  de  terre  préparé  avec  un 
très  grand  soin.  Quand  il  est  à  l'état  d'herbe  un  peu  grande, 
on  l'en  retire  brin  par  brin  et  on  le  replante  dans  la  nouvelle 
rizière. 

»  Les  terrains  marécageux  sont  réduits  à  l'état  de  terre 
propre  à  recevoir  le  Riz  par  le  piétinement  des  Bœufs  qu'on 
force  de  passer  ou  de  repasser  dans  les  marécages,  jusqtfà 
ce  qu'ils  aient  parfaitement  fait  disparaître  les  herbes  dans  la 
vase  et  pétri  convenablement  le  sol.  » 

«  Riz  sec  ou  de  montagne.  —  Les  habitants  de  la  forêt 

(1)  Lévitique,  cli.  xi,  v.  2:2. 


172  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

mettent  le  feu  aux  arbres  et  sèment  ensuite  leur  Riz  sans 
grande  difficulté.  Tenant  d'une  main  un  petit  btiton  aigu, 
avec  lequel  ils  font  un  trou  dans  la  terre;  ils  y  laissent  tom- 
ber de  l'autre  quelques  grains  de  Riz  et  les  recouvrent  avec 
le  pied.  Voilà  tout  leur  travail.  Aux  éléments  à  faire  le  reste. 

»  Tous  les  Malgaches  récoltent  généralement  le  Riz  par 
bottes  ou  petites  gerbes  ;  les  femmes  apportent  ces  gerbes 
dans  une  aire  préparée  d'avance,  et  au  milieu  de  laquelle  se 
trouve,  comme  chez  les  Juifs,  une  pierre  ou  un  tronc  d'arbre. 
Battre  le  Riz,  c'est  le  frapper  contre  cette  pierre  ou  ce  tronc 
d'arbre  jusqu'à  ce  que  le  grain  se  détache  de  l'épi.  » 

En  même  temps  que  cette  petite  communication,  j'envoie  à 
la  Société  quelques  graines  du  Riz  antavy  ou  Riz  sec,  dont 
on  pourrait  peut-être  tenter  avantageusement  la  culture  en 
Europe. 

Note.  —  Il  est  fort  peu  probable  que  dans  la  communication  précédente  il 
s'agisse  de  Sauterelles  ou  Locusla.  D'autre  part,  nous  doutons  que  l'espèce  soit 
la  même  que  celle  qui  ravage  le  nord  de  l'Afrique  et  en  particulier  l'Algérie 
et  qui  est  VAcricUurn  perignmtm  Olivier,  s'étendant  des  côtes  de  la  Chine  à 
l'est  jusqu'à  celles  du  Maroc  et  du  Sénégal  à  l'ouest.  On  ne  connaît  pas  les- 
limites  méridionales  de  son  habitat.  On  a  essayé  d'utiliser  les  Criquets  d'Al- 
gérie pour  la  pêche  de  la  Sardine,  mais  ils  ont  été  peu  appréciés  par  ce 
Poisson,  plus  gourmet  que  gourmand,  et  qu'on  attire  avec  de  la  rogtie  ou  œufs 
salés  de  Morue,  qu'il  préfère  de  beaucoup  à  tout  autre  appât. 

(Note  de  la  Commission  de  publication.) 


EXTRAITS  DES  PROCÉS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  19  FÉVRIER  1886. 
Présidence  de  M.  le  marquis  de  Sinéty,  Vice-Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des   membres  nouvellement 
admis  par  le  Conseil,  savoir  : 


MM.  PRÉSENTATEURS. 

„     ,.       j,  •-,  •      .  4  [  Comte  d'Eprémesnil. 

IJOUGERE  (Ferdmand),  propriétaire  a  Angers      a.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

(Maine-et-Loire).  (  Mac-AUister. 

Chouin  (Maurice),  inspecteur  de  l'exploita-  f  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 
tion  du  chemin  de  fer  du  Nord,  à  Com-  |  Saint-Yves  Ménard. 
piègne  (Oise).  V  E.  Wuirion. 

A.  Berthoule. 
GUERNE  (Jules  de),  2,  rue  Monge,  à  Paris.         Baron  F.  Billaud. 

,  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

^     .     ,  ...  /  Vicomte  de  Causans. 

iiEYNAUD   (Baron  Lucien),    propriétaire  au  i 

Puy  (Haute-Loire).  [  R^averet'-Wattel. 

—  M.  le  Secrétaire  procède  au  dépouillement  de  la  correspondance. 

—  M.  Denizet  rend  compte  de  la  perte  du  mâle  de  son  cheptel  de  Fai- 
sans vénérés. 

—  M.  Martineau  annonce  le  renvoi  du  mâle  de  son  cheptel  de  Colombes 
Lumachelles. 

—  M.  le  Directeur  du  Jardin  d'Acclimatation  communique  la  lettre 
ci-après,  qui  lui  est  adressée  par  M.  Pays-Mellier  :  «  Depuis  plusieurs 
années,  j'ai  un  grand  nombre  d'Aras  et  de  Cacatois  que  j'installe  chaque 
été,  dans  le  jardin,  à  la  chaîne,  sur  des  perchoirs.  Pendant  l'hiver,  je 
rentre  les  Aras,  ainsi  que  les  Perroquets  frileux,  dans  des  volières  vi- 
trées, à  l'abri  des  froids.  Dans  une  de  ces  volières,  qui  n'a  que  3  mètres 
de  profondeur  sur  2", 50  de  largeur  et  3  mètres  de  hauteur,  nous  re- 
marquions déjà  depuis  longtemps  la  grande  affection  que  se  témoignaient 
deux  Aras  :  l'un  bleu  et  jaune  {Ara  rauna),  l'autre  rouge  à  ailes  jaunes 
(Ara  canga).  Ces  deux  oiseaux  ne  se  quittaient  pas,  et  le  mâle  rauna 
ne  laissait  pas  approcher  les  autres  Aras  de  la  femelle  canga.  Vers  le 
17  janvier  1885,  je  m'aperçus  que  la  femelle  canga  hérissait  ses  plumes, 
qu'elle  ne  mangeait  plus  et  qu'elle  paraissait  bien  malade.  Le  19  au  ma- 
tin, en  effet,  je  la  trouvai  tombée  à  terre  et  mourante.  Le  pauvre  mâle 
venait  sans  cesse  auprès  d'elle,  la  caressant  avec  son  bec  et  l'appelant; 
uiais  elle  restait  insensible  à  ces  témoignages  d'affection.  Ce   même 


174'  SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

jour,  mon  faisandier  me  dit  qu'il  venait  de  découvrir  la  maladie  de  la 
femelle  Ara,  et  il  montra  un  œuf  dont  il  avait  pu  débarrasser  le  mal- 
heureux oiseau,  qui  s'était  alors  de  suite  senti  guéri.  Le  21,  nous  trou- 
vâmes, dès  le  matin,  et  par  terre,  un  second  œuf  qui  n'était  pas  cassé. 
La  femelle  Ara  était  gaie  et  bien  portante.  Vile,  je  fis  mettre  ces  deux 
œufs  dans  une  des  grandes  cavités  qui  se  trouvent  dans  le  mur  de  la 
volière,  en  forme  de  boîtes,  pratiquées  tout  exprès  pour  la  nidification 
des  gros  Perroquets.  Malheureusement,  je  n'avais  pas  eu  la  précaution 
de  laisser  seuls  mes  deux  Aras,  et,  dès  le  lendemain  2^1,  je  vis  un  Na- 
sique  qui  emportait  un  œuf  et  le  cassait  avec  son  long  bec  pointu;  le 
second  œuf  avait  été  cassé  également.  Mais  le  couple  Ara  ne  s'était  ja- 
mais occupé  des  œufs;  plusieurs  fois,  j'avais  pris  la  femelle,  qui  est  très 
douce,  et  je  l'avais  posée  dans  le  trou  où  ils  se  trouvaient,  sans  jamais 
réussir  à  l'y  faire  rester.  Ce  qui  est  étonnant  dans  cet  accouplement  de 
deux  Aras  d'espèce  différente,  c'est  que,  dans  la  volière,  le  mâle  rauna 
a  pour  compagnons  trois  autres  Ara  rauna,  qui  sont  en  parfait  état 
et  qu'il  n'a  jamais  voulu  laisser  approcher. 

»  J'espère  obtenir  une  nouvelle  ponte  bientôt;  mes  oiseaux  sont  très 
bien  portants;  mais,  cette  fois,  je  serai  plus  prudent,  car  ce  couple 
Ara  va  se  trouver  seul  et  bien  installé  dans  sa  volière.  Je  pense  donc 
avoir,  cet  été,  l'heureuse  chance  de  vous  annoncer  la  réussite  de  deux 
petits  Aras, et  cela  sera  d'autant  plus  intéressant  que,  très  probablement, 
cette  reproduction  sera  la  première  obtenue  en  France.  » 

—  M.  Dautre ville  écrit  à  M.  le  Président  :  «  Je  vous  ai  adressé  en 
temps  utile,  avec  prière  de  le  soumettre  à  la  Commission  des  récom- 
penses, le  dossier  complet  relatif  à  la  poudre  toni-nutritive  granulée, 
destinée  à  remplacer  les  œufs  de  Fourmi  dans  l'élevage  des  Faisans.  Je 
vous  envoie  aujourd'hui  un  échantillon  du  produit  en  question,  tel  qu'il 
sera  désormais  livré.  La  composition,  qui  avait  fait  exclusivement  jus- 
qu'ici l'objet  de  mes  recherches,  est  toujours  la  même,  il  n'y  a  de  chan- 
gement apporté  que  dans  la  forme.  Le  mode  opératoire  et  les  appareils 
de  fabrication  sont  définitivement  adoptés;  d'oîi  il  résulte  que  la  poudre 
toni-nutritive,  telle  qu'elle  est  présentée  aujourd'hui,  réunit  celte  fois, 
je  crois,  toutes  les  conditions  désirables  du  programme. 

»  Les  petits  granules  sont  tous  à  peu  près  de  la  même  forme,  d'une 
couleur  uniforme,  d'une  composition  homogène,  et  ne  sont  plus  souillés, 
comme  par  le  passé,  par  une  poudre  plus  fine,  qui  avait  fait  l'objet 
d'observations  de  la  part  des  éleveurs  qui  ont  expérimenté  cet  aliment 

artificiel.  » 

—  MM.  Bernard-Talhandier,  Berthéol,  P>oudent,  Buttin  et  Focet  ac- 
cusent réception  et  remercient  des  œufs  de  Salmonidés  qui  leur  ont  été 
adressés. 

—  M.  Lefebvre,  membre  de  la  Société  linnéenne  du  Nord  de  la 
France,  écrit  d'Amiens  :  «  Je  pense  être  utile  à  la  Société  d' Acclimata- 


PROCES-VERBAUX. 


175 


lion  en  lui  envoyant  3000  œufs  de  Saumon,  que  je  reniettiai  demain 
matin  au  chemin  de  fer.  Ces  œufs,  dont  j'ai  opéré  la  fécondation,  pro- 
viennent de  Saumons  pris  dans  la  Somme.  Si  vous  en  désiriez  un  plus 
orand  nombre,  je  pourrais  encore  vous  en  envoyer  plusieurs  milliers, 
contre  des  œufs  de  Saumon  de  Californie  ou  de  Truite  du  Loch  Leven, 
et,  à  défaut  de  ces  espèces,  de  la  Truite  des  lacs.  » 

M.  Binder,  professeur  de  pisciculture  à  l'École  pratique  d'agricul- 
ture de  Saint-Ilemy  (Haute-Saône),  adresse  les  Comptes  rendus  de  cette 
École,  dans  lesquels  sont  exposés  les  résultats  des  travaux  piscicoles 
entrepris  par  ledit  établissement  pendant  les  années  1884  et  1885.  — 
Remerciements. 

—  En  réponse  à  une  lettre  qui  lui  a  été  récemment  adressée  par  la 
Société,  M.  Zipcy,  sous-directeur  de  la  ferme-école  de  Cliavaignac 
(Haute-Vienne)  et  professeur  de  pisciculture  dans  cet  établissement, 
veut  bien  promettre  de  tenir  la  Société  au  courant  de  ses  travaux  pisci- 
coles. —  Remerciements. 

—  M.  Bernard-Taihandier,  d'Ambert  (Puy-de-Dôme),  demande  des 
renseignements  au  sujet  de  la  nourriture  à  donner  aux  alevins  de  Sal- 
monidés, et  fait  en  même  temps  connaître  les  nouvelles  dispositions 
qu'il  a  adoptées  pour  ses  appareils  d'éclosion  et  pour  ses  bacs  d'ale- 


vinage. 


—  M.  Albouy,  conducteur  des  ponts  et  chaussées,  qui  surveille  à 
Ouillan  l'incubation  des  œufs  de  Saumon  envoyés  par  la  Société  pour 
un  essai  d'empoissonnement  de  l'Aude,  écrit  à  M.  le  Secrétaire  général  : 
«  J'ai  l'honneur  de  vous  accuser  réception  de  la  caisse  renfermant 
3000  œufs  de  Saumon  que  vous  m'avez  adressée.  En  les  mettant  dans 
les  auges,  j'ai  dû  en  enlever  120  qui  étaient  complètement  blancs.  Dans 
le  premier  envoi,  il  n'y  en  eut  que  50  de  gâtés.  Avec  ceux  que  nous  avons 
enlevés  depuis,  ce  nombre  s'est  élevé  à  93.  Maintenant,  il  n'y  en  a  guère 
que  1  ou  2  à  enlever  tous  les  jours,  quelquefois  aucun.  J'espère  que  le 
nouvel  envoi  se  comportera  de  la  même  manière.  » 

—  M.  Seth  Green,  surintendant  de  l'établissement  de  pisciculture  de 
Kochester  (iNew-York),  adresse  un  numéro  du  journal  The  Daily  Press, 
d'Albany,  renfermant  un  article  sur  les  travaux  de  pisciculture  exécutés 
dans  l'État  de  New- York. 

—  M.  A. -M.  Grève,  vice-consul  de  France  à  Bergen,  adresse  les  ren- 
seignements ci-après  sur  le  prix  des  poissons  salés,  préparés  en  Nor- 
vège, qui  pourraient  èlre  utilisés  pour  la  nourriture  de  la  Truite  et 
d'autres  Salmonidés,  dans  les  établissements  de  pisciculture  : 

«...  Le  baril,  du  poids  de  l'20  à  130  kilogrammes,  et  contenant  de 
1000  à  1200  poissons: 

Sprats  salés  (en  saumure) 20  francs. 

Harengs 25      — 

»  Je  me  permets  d'attirer,  en  outre,  votre  attention  sur  la  rogue  de 


176  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

Morue,  qui  est  la  nourriture  favorite  de  la  Sardine;  il  en  est  expédié 
d'ici  aux  ports  de  Bretagne  des  quantités  considérables  tous  les  ans.  Le 
cours  actuel  de  ce  produit  est  de  40  à  45  francs  le  baril,  pesant  en- 
viron 130  ou  140  kilogrammes,  rendu  à  destination.  Vous  pouvez  éga- 
lement avoir  de  la  rogue  de  qualité  inférieure  à  des  prix  proportionnels, 
ainsi  que  la  deuxième  qualité,  à  26  ou  28  francs. 

»  Un  autre  appât,  qui  est  aussi  très  employé  par  les  pêcheurs  de  notre 
côte,  et  qui  par  conséquent  doit  êtr*^  une  nourriture  très  aimée  des 
poissons  de  mer,  c'est  la  Moule.  Il  est  vrai  que  celle-ci  n'est  point  jus- 
qu'à  présent  l'objet  de  commerce,  et  n'a  par  conséquent  aucun  prix 
coté  ni  ne  se  trouve  prête  à  être  fournie;  mais  la  côte  en  est  pleine,  et 
si  l'on  pouvait  trouver  à  la  rendre  utile,  ce  serait  un  avantage  pour 
la  population  du  littoral.  Il  faudrait  en  ce  cas,  je  pense,  sortir  la  chair 
de  la  Moule  et  la  mettre  en  saumure,  ou  la  saler  très  légèrement,  en 
petits  fûts.  Dans  le  cas  oii  vous  jugeriez  utile  de  l'essayer,  je  serais 
prêt  à  vous  y  aider. 

»  Au  moment  de  nos  grandes  pêches,  il  arrive  le  plus  souvent  sous 
la  côte  des  masses  de  Seiches,  que  les  pêcheurs  prennent  et  coupent  en 
morceaux.  C'est  une  nourriture  très  recherchée  de  la  Morue,  mais  il 
est  souvent  difficile  de  s'en  procurer.  » 

—  M.  Bigot  adresse  un  rapport  sur  ses  éducations  d'Attacus  Yama- 
mai,  Pernyi  et  Cynthia,  faites  à  Pontoise  pendant  l'année  1885. 

—  M.  le  baron  von  Mueller,  botaniste  du  gouvernement  à  Melbourne, 
fait  parvenir  un  envoi  de  graines  d'Atriplex  nummiilarium.  —  Remer- 
ciements. 

—  31,  LéonDuval  adresse  deux  exemplaires  d'un  traité  sur  la  Culture 
pratique  des  Azalées  de  llnde,  ouvrage  qui  a  obtenu  une  médaille 
d'argent  de  la  Société  régionale  d'horticulture  du  Nord  de  la  France. 

—  M.  Eferthoule  donne  lecture  d'une  note  de  M.  Dautreville  sur  la 
composition  chimique  du  Stachys  af finis.  Il  résulte  des  renseignements 
fournis  par  cette  note  que  non  seulement  le  nouveau  légume  constitue 
un  aliment  très  sain,  mais  qu'il  pourrait,  en  outre,  rendre  des  services 
pour  l'alimentation  spéciale  des  diabétiques. 

—  M.  Decroix  fait  la  communication  suivante  :  «  Messieurs,  permettez- 
moi  de  vous  parler  encore  une  fois  —  la  dernière  probablement  —  de 
l'usage  alimentaire  de  la  viande  de  cheval,  sur  lequel  Isidore  Geoffroy 
Saint-Hilaire  a  autrefois  appelé  l'attention  de  notre  Société. 

»  Sous  notre  illustre  fondateur,  l'hippophagie  est  restée,  en  France, 
dans  le  domaine  théorique.  C'est  un  comité  spécial,  le  Comité  de  la 
viande  de  cheval,  qui  l'a  fait  entrer  dans  la  pratique,  après  quatre  an- 
nées de  luttes  contre  l'opposition  des  uns  et  l'indifférence  des  autres. 

î  Notre  Société  a  puissamment  secondé  les  efforts  de  ce  comité, 
d'abord  parce  que  plusieurs  de  nos  collègues,  notamment  MM.  de  Qua- 
trefages,  Albert   Geoffroy  Saint-Hilaire,   le  comte  d'Esterno,  etc.,  en 


PROCES-VERBAUX.  177 

faisaient  partie,  et,  d'autre  part,  parce  qu'elle  a  versé  à  la  souscription 
(le  propagande  une  somme  de  500  francs  (décision  du  Conseil  en  date 
du  20  janvier  1865). 

»  Aujourd'hui,  la  question  de  l'iiippophagie  est  jugée  ;  il  y  a  des 
boucheries  chevalines  dans  toutes  les  grandes  villes.  Il  y  en  a  actuelle- 
ment plus  de  cent  dans  le  département  de  la  Seine;  elles  ont  livré  à  la 
consommation,  en  18S5  :  chevaux,  16506;  ânes,  381;  mulets,  53- 
total,  16  940,  soit  une  augmentation  de  20U  sur  1884. 

»  Mais  le  fait  sur  lequel  je  désire  appeler  plus  particulièrement  au- 
jourd'hui votre  attention,  c'est  sur  le  changement  d'attitude  des  inspec- 
teurs de  la  boucherie  à  l'égard  de  la  nouvelle  industrie. 

»  Un  des  grands  obstacles  à  l'installation  et  à  la  propagation  des 
boucheries  chevalines,  c'était  le  mauvais  vouloir  des  inspecteurs  de  cette 
époque,  presque  tous  anciens  bouchers  (l'ordonnance  de  police  con- 
cernant les  boucheries  spéciales  est  datée  du  9  juin  1866). 

»  Depuis  cette  époque,  le  service  de  l'inspection  a  été  confié  à  des 
vétérinaires,  plus  à  même  d'apprécier  scientifiquement  la  valeur  nutri- 
tive du  nouvel  aliment,  et  surtout  plus  à  même  de  reconnaître  les  ma- 
ladies qui  peuvent  rendre  la  chair  des  animaux  impropre  à  l'alimen- 
tation. 

»  Comme  preuve  à  l'appui  de  cette  assertion,  j'ai  l'honneur  d'offrir  à 
la  Société,  de  la  part  des  auteurs,  MiM.  Villain,  vétérinaire,  chef  du  ser- 
vice de  l'inspection  de  la  boucherie  de  Paris,  Rascou,  vétérinaire-con- 
trôleur, elles  vétérinaires-inspecteurs,  un  ouvrage  qui  vient  de  paraître 
sous  le  titre  de  :  Manuel  de  l'inspecteur  des  viandes. 

»  Ainsi  que  le  nom  le  fait  pressentir,  les  auteurs  se  sont  occupés  de 
tout  ce  qui  concerne  les  viandes;  mais  la  viande  de  cheval  y  est  traitée 
de  main  de  maître,  dans  un  très  long  article  signé  de  l'un  des  inspec- 
teurs, M.  Bourrier. 

»  Pour  ne  point  abuser  de  votre  bienveillante  attention,  je  n'entre- 
prendrai point  de  faire  l'analyse  de  ce  travail;  je  me  bornerai  à  vous 
en  nommer  les  principaux  paragraphes  : 

»  Historique.  —  Les  apôtres  de  l'hippophagie,  ordonnance  de  police 
du  9  juin  1866. — Abattoirs,  échaudoirs,  animaux  livrés  à  la  consom- 
mation.—  Qualités  de  la  viande  de  cheval,  de  mulet  et  d'âne.  —  Valeur 
nutritive,  maniement,  rendement.  —  Caractères  distinctifs  de  la  viande 
des  solipèdes  avec  celle  de  l'espèce  bovine.  —  Examen  du  cheval  vi- 
vant et  du  cheval  abattu.  —  Tableau  des  saisies;  motifs.  —  Maladies 
contagieuses.  —  Catégorie  des  viandes,  préparations  culinaires  et  mé- 
dicinales; saucissons.  —  Utilisation  de  la  viande  de  cheval  pour  les 
animaux.  —  Avantages  de  l'usage  alimentaire  de  la  viande  de  cheval. 
—  Enfin,  l'hippophagie  dans  les  différents  pays  de  l'Europe. 

3  Par  cette  citation  sommaire,  vous  pouvez  juger,    Messieurs,    avec 
quel  soin  la  question  a  été  étudiée  et  mise  à  la  portée  d»s  inspecteurs  et 
4*  SÉRIE,  T.  111.  —  Mars  1880.  12 


178  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

des  consommateurs,  par  des  hommes  dont  la  compétence  est  hors  de- 
doute. 

»  Comme  ce  travail  a  une  grande  utilité  et  peut  contribuer  puissam- 
ment à  la  réalisation  de  ce  vœu  de  notre  fondateur  :  «  Faire  que  le  che- 
val ne  soit  plus  seulement  auxiliaire,  mais  de  plus  alimentaire  »,  j'ai 
l'honneur  de  proposer  le  renvoi  de  l'ouvrage  de  MM.  Villaiu,  Bas- 
cou,  etc.,  à  la  Commission  des  récompenses.  » 

Le  renvoi  est  prononcé. 

—  M.  Bernay,  consul  de  France  à  Tauris,  qui  assiste  à  la  séance, 
fait  la  communication  suivante  : 

«  M.  le  Secrétaire  général  m'a  demandé  de  faire  connaître  ici  la  cul- 
ture de  la  Vigne  de  Perse  ;  c'est  eu  effet  un  sujet  qui  doit  intéresser  la 
viticulture  de  notre  pays,  car  il  va  soixante  espèces  de  Vignes  en  Perse. 
Je  ne  vous  les  énumérerai  pas  toutes,  ce  serait  trop  long,  je  vous  par- 
lerai seulement  des  meilleures  :  nous  avons  là-bas  trois  principales 
espèces  de  Vignes,  la  première  produit  d'énormes  grappes  à  grains 
noirs,  longs  et  gros  comme  la  moitié  du  pouce,  dont  on  fait  un  vin  ex- 
trêmement capiteux  et  coloré,  ce  raisin  est  nommé  «  chàhâni  »,  c'est-à- 
dire  royal;  la  deuxième,  «  askéri  »,  donne  des  grappes  plus  petites  que 
la  précédente,  les  grains  sont  de  grosseur  ordinaire,  très  sucrés, 
juteux  et  l'enveloppe  en  est  si  mince  qu'il  est  difficile  de  les  détacher 
lorsqu'ils  sont  un  peu  mûrs;  les  pépins  sont  presque  invisibles;  c'est 
surtout  un  raisin  de  table  très  apprécié  des  Persans  ;  on  en  fait  un  vin 
blanc  très  capiteux  et  de  très  bonne  qualité.  —  Nous  avons  une  troi- 
sième espèce  de  Vigne,  celle-là  produit  d'énormes  grappes,  dont  les 
grains  sont  longs  de  quatre  à  cinq  centimètres  :  on  la  nomme  «  riche 
baba  »  (barbe  de  vieux)  dans  le  sud  de  la  Perse  et  «  guélin  barmaghi  > 
(doigt  de  mariée)  dans  le  nord.  Les  personnes  pauvres  en  font  leur 
principale  nourriture,  car  on  ne  fait  pas  de  vin  avec  ce  raisin,  qui  man- 
que de  jus  et  de  fondant. 

»  J'ai  apporté  en  France  quelques  bouteilles  de  vin  de  Tauris  fabri- 
qué par  moi,  je  suis  donc  sur  qu'il  n'y  a  aucun  ingrédient  étranger 
dedans;  je  pense  que  c'est  un  vin  [qu'il  serait  utile  de  faire  connaître 
parce  qu'il  peut  offrir  des  ressources  pour  la  consommation.  Je  me 
propose  aussi  d'envoyer  des  boutures  des  principales  espèces  de  Vignes 
de  Perse,  à  Trébizonde;  je  m'entendrai  avec  quelqu'un  qui  les  mettra 
dans  des  pots,  les  fera  raciner  et  les  enverra  ensuite  en  France  ;  il  est 
grandement  à  désirer  que  la  culture  des  Vignes  persanes  soit  répandue 
dans  nos  pays. 

»  Le  phylloxéra  n'a  pas  encore  pénétré  en  Perse,  je  crois  que  cela 
tient  à  une  chose  capitale,  c'est  que  là-bas  les  Vignes  sont  plantées  dans 
des  sillons  profonds  d'un  mètre  et  demi  à  deux  mètres  ;  on  les  arrose  en 
hiver  et  au  printemps,  au  moyen  d'eau  courante  qui  baigne  les  racines 
et  même  les  ceps  pendant  un  jour  ou  deux  chaque  fois.  En  été,  on  pro- 


PROCES-VERBAUX.  479 

cède  au  même  arrosage,  seulement  une  fois  par  semaine,  car  il  ne  pleut 
plus  pendant  les  mois  de  juin,  juillet,  août  et  septembre  dans  le  sud  et 
le  centre  de  la  Perse;  dans  le  nord,  il  y  a  quelquefois  des  orales  au 
commencement  de  l'été,  l'eau  est  donc  fort  rare  dans  cette  contrée. 

»  Il  est  difficile,  dans  ces  conditions,  que  les  insectes  qui  s'attaquent, 
en  général,  aux  racines  des  Vignes,  ne  soient  pas  noyés.  Le  plant  de  la 
Vigne  est  exposé  ordinairement  sur  le  côté  sud  du  talus  dont  je  viens 
de  parler;  quoiqu'il  fasse  très  chaud  dans  ce  pays-là,  les  Persans  croient 
que  cette  exposition  donne  une  meilleure  qualité  de  raisin. 

»  Les  Céréales  en  Perse  forment  la  principale  richesse  du  pays,  je 
dirai  même  la  seule  richesse.  La  Perse  en  exporte  beaucoup  en  Russie 
(au  Caucase)  et  en  Turquie;  l'Avoine  et  le  Seigle  n'y  sont  pas  cultivés; 
le  Blé  est  arrosé  comme  la  Vigne,  toujours  par  irrigation. 

»  Il  y  a  dans  le  centre  et  surtout  dans  le  nord  de  la  Perse,  une  espèce 
de  Jujubier  qui  produit  un  fruit  ayant  la  forme,  la  couleur  et  la  o-ros- 
seur  du  gland;  à  l'intérieur  est  un  noyau  analogue  à  celui  de  la  datte; 
ce  fruit  est  extrêmement  farineux  et  sucré,  les  Persans  et  les  Arabes  de 
Bagdad  en  font  une  grande  consommation.  Cet  arbre  croît  partout  st 
sans  aucune  culture;  il  pourrait  être  introduit  en  France  et  planté  dans 
des  terrains  sans  valeur.  Outre  que  ce  jujube  est  nourrissant,  il  est  sou- 
verain contre  la  diarrhée  et  la  dysenterie. 

»  La  Perse  est  un  pays  curieux  sous  le  rapport  des  chasses  ;  le  gibier 
y  foisonne  surtout  dans  les  forêts  du  Karadagh  qui  avoisinent  Tauris  : 
sur  le  littoral  de  la  Caspienne  dans  le  Mazandéran  et  le  Ghilan  il  y  a 
toute  espèce  de  gibier,  depuis  le  fauve  le  plus  redoutable  jusqu'au 
Lièvre.  On  chasse  encore  en  Perse  avec  l'oiseau  de  proie,  c'est-à-dire 
avec  le  Faucon;  il  y  en  a  plusieurs  espèces  pour  la  chasse,  mais  chacune 
d'elles  a  sa  spécialité.  Ainsi,  avec  le  Faucon  qui  sert  à  chasser  la  Per- 
drix, on  ne  chasse  pas  l'Outarde  ou  la  Gazelle.  Le  Faucon  pour  la  chasse 
à  la  Gazelle  est  dressé  lorsqu'il  est  tout  jeune;  on  l'habitue  à  prendre 
sa  subsistance  dans  l'orbite  d'une  Gazelle  empaillée,  et,  au  bout  d'«n 
certain  temps,  lorsqu'il  voit  celle  Gazelle,  il  se  précipite  sur  sa  tête 
pour  y  prendre  son  repas;  à  la  chasse,  lorsque  la  Gazelle  part  à  une 
certaine  distance,  on  lance  le  Faucon  dessus,  l'oiseau  se  perche  alors 
sur  la  tête  de  sa  victime  et  lui  crève  les  yeux  ;  le  chasseur  arrive  et 
s'empare  de  la  Gazelle,  qui  se  roule  désespérément  sur  le  sol. 

»  La  chasse  aux  Outardes  est  plus  curieuse  encore;  le  Faucon  est 
lancé  sur  l'oiseau  :  si  c'est  une  vieille  Outarde,  elle  reste  en  place  sans 
bouger,  elle  attend  le  Faucon,  et,  lorsque  celui-ci  arrive  à  une  certaine 
distance,  à  portée  comme  nous  dirions  chez  nous,  elle  se  retourne  et  lui 
lance  un  jet  de  fiente  à  la  tète  ;  le  Faucon  reste  là  tout  penaud  et  l'Ou- 
tarde s'en  va  ;  il  est  impossible  de  chasser  ce  jour-là  avec  le  même 
oiseau.  Quelquefois,  lorsque  c'est  une  jeune  Outarde,  elle  s'élève  à  pic 
et  lutte  corps  à  corps  avec  le  Faucon,  dont  elle  a  souvent  raison. 


180  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

»  Nous  avons,  eu  Perse,  la  grosse  Perdrix  royale  {Tctraog allas  cas- 
jjiMS);  on  la  trouve  un  peu  partout,  mais  spécialement  dans  la  partie 
des  monts  Elbourz  qui  avoisine  Téhéran.  La  Perdrix  royale  ne  vit  pas 
dans  la  plaine,  mais  seulement  sur  les  montagnes  les  plus  escarpées  ; 
elle  est  aussi  grosse  qu'une  forte  Poule  d'Inde;  son  plumage  est  exac- 
tement celui  de  la  Perdrix  grise;  le  goût  de  sa  chair  en  est  peu  diffé- 
rent; elle  a  cependant  un  parfum  un  peu  plus  fort,  car  cet  oiseau  se 
nourrit  d'une  espèce  d'oignon  qui,  paraît-il,  ne  croît  pas  dans  les  plai- 
nes, c'est  pour  cela  qu'il  n'y  descend  jamais  :  il  y  mourrait.  J'ai  essayé 
d'en  apprivoiser,  j'en  ai  gardé  pendant  quinze  jours,  un  mois,  et  au 
bout  de  ce  laps  de  temps,  celte  Perdrix  mourait  faute  de  pouvoir  lui 
donner  sa  nourriture  habituelle.  Cette  Perdrix  est  très  sauvage,  on  ne 
peut  guère  l'approcher  que  par  surprise,  les  chasseurs  sont  obligés  de 
s'embusquer  pendant  des  journées  entières  avant  d'en  tirer  une,  de 
sorte  que  nous  en  mangeons  rarement.  C'est  un  gibier  assez  cher  pour 
la  Perse,  nous  le  payons  six  francs  pièce.  La  Perdrix  royale  est  beau- 
coup plus  rare  dans  l'Azerbaïdjan,  à  cause  du  froid  sans  doute.  Le  shah 
de  Perse  a  essayé  d'en  acclimater  dans  les  régions  plus  basses,  au  Jar- 
din zoologique  de  Téhéran,  il  n'y  a  pas  réussi;  mais,  par  contre,  il  a  ob- 
tenu ua  vrai  succès  en  acclimatant  les  Francolins  en  Perse.  Sa  Majesté 
en  a  fait  venir  d'Arabie  en  1870,  elle  est  parvenue  à  les  faire  multiplier 
dans  la  vallée  de  Djadjeroud,  située  à  huit  lieues  dans  l'est  de  la  capi- 
tale. Cette  vallée  inhabitée  est  traversée  par  une  rivière  qui  entretient 
une  certaine  fraîcheur  pendant  les  grandes  chaleurs  de  l'été.  Ces  Fran- 
colins ont  été  protégés  au  début  par  ordre  du  souverain,  mais  aujour- 
d'hui, sa  suite  peut  les  chasser  dans  cette  chasse  réservée.  » 

—  A  l'occasion  du  procès-verbal,  M.  Maurice  Girard  rapporte  que, 
dans  une  conversation  qu'il  a  eue,  il  y  a  une  douzaine  d'années,  avec 
M.  Paul  Bert,  ce  dernier  émettait  l'opinion  qu'il  est  inutile  de  chercher 
à  acclimater  des  plantes  ou  des  animaux;  que  mieux  vaut  les  laisser 
dans  leur  propre  pays,  et  tâcher  de  les  améliorer  sur  place;  qu'en  ce 
qui  concerne  notamment  les  Vers  à  soie,  par  exemple,  il  est  bien  pré- 
férable de  se  procurer  de  la  soie  en  Chine  ou  au  Japon  que  de  chercher 
à  en  produire  en  France,  où  elle  coûte  plus  cher,  par  suite  du  prix  très 
élevé  de  la  main-d'œuvre.  «  Je  crois,  ajoute  M.  Maurice  Girard,  qu'il  y 
a  du  vrai  dans  l'opinion  de  M.  Paul  Bert,  relativement  aux  Vers  à  soie  ; 
car  nous  nous  trouvons,  en  Europe,  dans  une  situation  très  défavo- 
rable par  rapport  à  la  Chine,  où  la  main-d'œuvre  est  à  vil  prix.  Il  me 
semble  donc  que,  dans  les  tentatives  d'acclimatation  de  Bombyciens 
séricigènes,  nous  n'avons  à  nous  préoccuper  que  du  Ver  à  soie  du 
chêne  delà  Chine  {Attacus  Perntji),  lequel  peut  s'élever  en  plein  air, 
sur  les  arbres,  sans  entraîner,  pour  ainsi  dire,  d'autres  frais  que  celui 
de  la  récolte.  > 

-  -  M.  Geoffroy  Saint  Hilaire  fait  remarquer  que  si  le  renchérissement 


PROCÈS-VERBAUX.  ,  181 

de  la  main-d'œuvre,  d'une  part,  et  de  l'autre  la  facilité  actuelle  des 
moyens  de  transport  ont  modifié  la  situation  économique  d'une  foule 
d'industries  se  rattachant  à  l'élevage  des  animaux,  il  ne  s'ensuit  pas  que 
l'acclimatation  n'ait  rendu  et  ne  puisse  rendre  encore  des  services 
considérables.  «  Dans  la  dernière  séance,  dit  M.  le  Secrétaire  général, 
nous  avons  établi  que  M.  le  professeur  Paul  Bert  ne  pouvait  pas  avoir 
tenu  le  propos  qui  lui  avait  été  attribué.  Aujourd'hui  M.  Maurice  Girard 
vient  placer  la  question  sur  un  autre  terrain  en  rappelant  ses  conver- 
sations passées  avec  le  ministre  résident  du  Tonkin. 

»  Suivant  notre  collègue,  M.  Bert  penserait  «  qu'il  faut  laisser  les  ani- 
»  maux  utiles  là  où  ils  sont  et  se  contenter  d'en  faire  venir  les  pro- 
)>  duits  ». 

»  Vous  me  permettrez,  Messieurs,  de  dire  que  cette  affirmation  équi- 
vaut à  nier  l'utilité  de  l'acclimatation  elle-même. 

y>  Mais  laissez-moi  vous  présenter  quelques  exemples,  ils  vous  démon- 
treront mieux  que  les  plus  longues  explications  ce  qu'il  faut  penser  du 
principe  posé  par  31.  Bert. 

»  S'il  suffisait  d'importer  de  leurs  pays  d'origine  les  produits  des  ani- 
maux utiles,  il  n'aurait  pas  fallu  introduire  de  Chine  les  Vers  à  soie 
qui  ont  enrichi  je  ne  sais  combien  de  générations  de  sériciculteurs 
européens,  et  Daubenton  aurait  eu  .tort  d'acclimater,  en  France,  les 
Mérinos  d'Espagne. 

»  Mais  il  ne  faut  pas  discuter  cet  aperçu  que  je  qualifie  seulement  de 
curieux. 

»  Ceci  m'amène  à  envisager  la  question  à  un  point  de  vue  tout  à  fait 
différent  et  sur  lequel  je  me  réserve  de  revenir  longuement  un  de  ces 
jours  prochains. 

))  Il  y  a  trente-deux  ans,  quand  la  Société  a  été  fondée,  les  questions 
relatives  à  l'acclimatation,  ou  d'une  façon  plus  générale  les  relations 
d'échange  entre  les  peuples,  étaient-elles  ce  qu'elles  sont  aujourd'hui  ? 
Non. 

»  Alors,  il  y  avait  le  plus  sérieux  intérêt  à  ce  que  chaque  peuple  pût 
produire  sur  son  propre  sol  les  marchandises  dont  les  pays  étrangers 
avaient  le  monopole. 

ï  La  sériciculture  française  a  permis  aux  fabriques  de  soierie  de  se 
procurer,  sans  passer  la  frontière,  de  quoi  se  suffire. 

»  Daubenton  a  cherché  à  affranchir  la  Franco  du  tribut  qu'elle  payait 
à  l'Espagne  pour  ses  laines  fines. 
»  En  est-il  de  même  aujourd'hui? 

»  Depuis  trente  ans  les  moyens  de  transport  ont  pris  une  extraordi- 
naire activité  et  les  relations  économiques  des  peuples  ont  été  boule- 
versées. 

»  La  production  des  laines  est  onéreuse  dans  les  pays  où  le  sol  a  une 
grande  valeur  et  nos  filatures  sont   alimentées  par  tous  les  pays   du 


182  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

monde  où  les  moutons  de  la  vieille  Europe  ont  été  successivement 
acclimatés. 

»  La  Chèvre  d'Angora,  que  nous  avons  acclimatée  d'Asie  Mineure  en 
France,  est  arrivée  trop  tard,  car,  pendant  qu'elle  devenait  bêle  fran- 
çaise, on  l'acclimatait  au  Cap,  et  les  usines  qui  emploient  la  laine  de 
mohair  (Bradford,  iloubaix,  etc.)  sont  aujourd'hui  pourvues  de  mar- 
chandises par  les  troupeaux  d'Angora  do  l'Afrique  australe,  auxquels 
nos  troupeaux  français  ont  fourni  des  étalons. 

»  Cela  revient  à  dire,  Messieurs,  que  de  notre  temps,  avec  les  progrès 
accomplis,  toute  marchandise  aisément  transportahle  doit  être  produite 
dans  des  conditions  de  rigoureuse  économie. 

»  Nous  voyons  aujourd'hui  la  Chèvre  d'Angora,  originaire  d'Asie  Mi- 
neure, devenue  un  animal  africain  (Cap)  et  américain  (Plata)  ;  le  Mouton 
mérinos,  originaire  d'Espagne,  prospère  en  Australie;  les  Bœufs,  origi- 
naires du  vieux  Monde,  multipliés  en  nombre  infini  en  Amérique  et 
menaçant  nos  marchés  européens. 

»  L'acclimatation  d'une  part,  les  facilités  de  transport  de  l'autre,  sont 
venues  bouleverser  l'ancien  état  de  choses.  » 

—  A  l'occasion  de  la  lettre  de  M.  le  docteur  Jeannel,  relative  au 
Haricot  Cerise  du  Japon,  M.  Paillieux  croit  devoir  signaler  que  c'est  à 
tort  qu'on  lui  attribue  l'introduction  de  celle  variété  en  France.  «  Le 
Haricot  Cerise,  dit  notre  confrère,  a  été  introduit  par  M.  Sisley,  de 
Lyon,  qui  l'a  envoyé  à  la  Revue  horticole^  de  laquelle  je  tenais  les 
graines.  » 

—  M.  Paillieux  donne  lecture  d'une  note  sur  l'Ananas,  sa  culture  et 
ses  produits.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Raveret-Wattel  fait  une  communication  sur  la  station  aquicole 
de  Wood's  Hole  (Massachusetts)  et  sur  la  multiplication  artificielle  de  la 
Morue.  (\^oy.  au  Bulletin.) 

Le  Secrétaire  des  séances, 
C.  Raveret-Wattel. 


4V.   EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES  SECTIONS. 


PREMIERE  SECTION. 

SÉANCE   DU   5  JANVIER   1886. 
Présidence    de    M.  HuET. 

31.  Decroix  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance.  M.  Mégnin 
n'étant  pas  présent  à  l'heure  de  l'ouverture  de  la  séance,  M.  Huet  veut 
hieii  présider. 

Le  procès-verbal  est  lu  et  adopté,  avec  rectification  proposée  par 
31.  Lataste  et  appuyée  par  la  majorité  des  membres  présents. 

M.  Lataste  donne  lecture  des  notes  qu'il  a  prises  en  faisant  des  re- 
<",herches  dans  les  différents  ouvrages  qui  ont  traité  la  question  des 
Léporides.  II  en  résulte,  d'après  lui,  que  l'existence  de  ces  animaux  n'a 
pas  été  suffisamment  démontrée,  et  que,  jusqu'à  nouvel  ordre,  il  n'y 
a  pas  lieu  d'admettre  que  les  Léporides  existent  ou  aient  existé,  entant 
"(lue  race  hybride. 

M.  A.-Geofl'roy  Saint-Hilaire  entretient  la  Section  au  sujet  des  ani- 
maux qualifiés  Léporides,  qui  vivent  au  Jardin  zoologique.  Ils  offrent 
l'aspect  des  Lapins,  et  les  femelles  donnent  le  jour  à  des  petits,  nus  et 
aveugles,  comme  ceux  des  Lapins  ordinaires.  Rien  n'autorise  à  croire 
^jue  cette  race  soit  issue  de  l'accouplement  des  espèces  Lièvre  et  Lapin. 

Notre  collègue  ajoute  qu'au  Jardin  d'Acclimatation  on  n'a  jamais  réussi 
à  créer  des  Léporides.  M.  A. -Geoffroy  Saint-Hilaire  parle  ensuite  des 
Lièvres  qui  ont  donné  plusieurs  générations,  en  captivité,  chez  un  éle- 
veur, à|Versailles  ;  il  raconte  aussi  que,  lorsqu'on  élève  ensemble  des 
Lièvres  et  des  Lapines,  ou  des  Lapins  et  des  Hases,  il  arrive  presque 
toujours  un  moment  où  le  Lièvre  ou  la  Hase  tue  la  Lapine  ou  le  Lapin. 

M.  Joly  fait  observer  qu'il  a  constaté  le  contraire,  et  que  tous  les  au- 
teurs, y  compris  31.  Gayot,  qui  se  sont  occupés  de  la  question,  ont  re- 
marqué  que  c'est  le  Lapin  ou  la  Lapine  qui  tue  son  compagnon. 

Cette  observation  de  31.  Joly  est  appuyée  par  plusieurs  membres. 

31.  A. -Geoffroy  Saint-Hilaire  répond  qu'il  peut  en'être  ainsi  quand  on 
réunit  ces  animaux  dans  un  âge  déjà  avancé,  mais  non  lorsqu'ils  ont  été 
élevés  très  jeunes  ensemble. 

Après  avoir  entendu  ces  divers  rapports,  la  Section,  à  l'unanimité, 
pense  que  la  conclusion  de  31.  Latasti;  doit  être  adoptée,  et  que,  l'exis- 
tence des  Léporides  restant  des  plus  douteuses,  il  y  a  lieu,  comme  il  a 
été  décidé  antérieurement,  de  recommencer  les  expériences. 

Le  Secrétaire, 
Gh.  Mailles. 


184  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'AGCLIMATATION. 

TROISIÈME  SECTION. 

SÉANCE    DU     13    JANVIER    1886. 
Présidence  de  M.  Paillieux. 

MM.  les  Président  el  Vice-Président  s'étant  fait  excuser,  M.  Paillieux 
veut  bien  les  remplacer. 

M.  le  Vice-Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  précédente 
séance.  M.  Raveret-Wattel  demande  une  rectification,  après  quoi  le 
procès-verbal  est  adopté. 

M.  Vidal  n'assistant  pas  à  la  séance,  M.  Mailles  continue  à  remplir  les 
fonctions  de  Secrétaire. 

M.  Raveret-Wattel  fait  savoir  à  la  Section  qu'un  laboratoire  de  pisci- 
culture sera  construit  dans  le  département  de  l'Aude,  à  Quillan,  près 
du  bureau  du  conducteur  des  ponts  et  chaussées  ;  les  appareils  rece- 
vront les  eaux  de  l'Aude,  lesquelles  s'aéreront  en  tombant  d'une  cer- 
taine hauteur. 

Les  appareils  du  système  allemand,  perfectionnés,  seront  les  seuls 
utilisés. 

Avec  une  dépense  d'environ  200  francs,  10  000  alevins  pourront  être- 
jetés,  annuellement,  dans  l'Aude. 

M.  Paillieux  remercie  notre  collègue  du  zèle  qu'il  a  déployé  en  cette 
circonstance  et  en  bien  d'autres. 

M.  Berthoule  fait  remarquer  que  les  premiers  Saumons  envoyés  dans 
le  Midi,  et  dont  quelques-uns  remontèrent  l'Aude,  appartenaient  à  l'espèce- 
américaine,  le  Salmo.Quinnat,  qui  vit  dans  des  eaux  dont  la  température- 
est  analogue  à  celle  de  la  Méditerranée;  noire  Salmo  salar,  au  con- 
traire, existe  normalement  dans  des  eaux  plus  froides.  Mais  toutes 
les  tentatives  faites  pour  l'introduire  dans  le  bassin  de  la  Méditerranée 
sont  jusqu'à  présent  restées  infructueuses. 

M.  Raveret-Wattel  explique  que  les  essais,  tentés  sur  le  Salmo  salar, 
dans  le  Midi,  ont  souvent  été  mal  faits;  on  a  jusqu'ici  employé  des  eaux 
trop  chaudes  pour  faire  éclore  les  œufs.  Il  en  est  résulté,  ou  que  les  em- 
bryons n'ont  pu  se  former,  ou  que  les  alevins  n'ont  pas  vécu.  Toutefois, 
1\[.  Raveret-Wattel  estime  que  le  Sabno  Quinnat  serait  préférable,  pour 
cette  région,  au  Saumon  ordinaire,  comme  le  pense  M.  Berthoule;  mais 
il  serait  bien  difficile  de  se  le  procurer  à  présent.  En  effet,  depuis  que 
l'on  a  réussi,  aux  États-Unis,  à  propager  le  Salmo  salar  dans  de  nom- 
breux cours  d'eau  tributaires  de  l'Océan  Atlantique,  on  ne  s'occupe  plus 
d'y  introduire  le  Salmo  Quinnat.  11  faudrait  donc  faire  venir  de  Cali- 
fornie les  œufs  de  ce  dernier  poisson,  ce  qui  serait  très  onéreux.  Mais 


PROCÈS-VERBAUX.  185 

.  Aquarium  du  Trocadéro  a  obtenu  la  reproduclion  de  cette  espèce,  et 
c'est  même  le  seul  établissement  en  Europe  oii  le  fait  ait  été  constaté 
pendant  plusieurs  années  de  suite.  Malheureusement  les  alevins  doi- 
vent être  jetés  dans  la  Seine,  en  amont  de  Paris,  et  nous  avons  lieu  de 
craindre  qu'ils  n'y  périssent  tous  à  bref  délai. 

M.  Berthoule  exprime  le  désir  que  notre  Société  fasse  venir  de  nou- 
veau des  Saumons  d'Amérique  et  qu'elle  demande  le  concours  du  gou- 
vernement à  cet  effet,  ce  qui  serait  sans  doute  possible  en  faisant  valoir 
l'utilité  de  cette  importation  destinée  à  doter  la  Méditerranée  d'une 
espèce  nouvelle  et  précieuse. 

M.  Raveret-Wattel  pense  que,  si  les  Salmo  sa/a?' réussissent,  il  sera 
inutile  de  faire  venir  à  grands  frais  des  Salmo  Quinnat. 

M.  Paillieux  dit  qu'il  eiit  été  facile  de  jeter  les  alevins  du  Trocadéro 
dans  des  cours  d'eau  plus  favorables  que  ne  l'est  la  Seine. 

M.  Rathelot  fait  remarquer  que  la  chair  du  Salmo  Quinnat  est 
blanche,  tandis  que  celle  du  Salmo  salar  est  rougeàtre. 

M.  Raveret-Wattel  répond  que  celte  couleur  pâle  de  la  chair  du  Sau- 
mon américain  est  le  résultat  d'une  décoloration  qui  tient  au  milieu 
dans  lequel  le  poisson  a  vécu;  en  Amérique,  au  contraire,  cette  espèce 
présente  une  coloration  d'un  rouge  plus  intense  que  celle  du  Saumon 
d'Europe.  Notre  collègue  ajoute  que  les  œufs  de  cette  espèce,  blancs 
en  Europe,  sont  rouges  en  Amérique. 

M.  Rathelot  pense  qu'il  ne  suffit  pas  de  lâcher  des  alevins  dans  nos 
cours  d'eau  :  il  faut,  pour  obtenir  des  résultats  utiles,  fournir  delà 
nourriture  à  ces  jeunes  poissons  ;  notre  collègue  signale  les  alevins  de 
Carpe  comme  très  propres  à  remplir  ce  but.  Au  moins  les  Carpes 
craignent  moins  les  eaux  trop  chaudes  que  les  Saumons,  et  elles  con- 
viendraient pour  celles  où  M.  Valéry-Mayet  échoua  en  employant  des 
alevins  de  Saumon. 

M.  Rathelot  ajoute  que  le  Gardon  pourrait  être  également  utilisé 
pour  les  Salmonidés. 

31.  Berihéol  fait  remanjuer  que  la  Vandoise,  ayant  une  ponte  très 
précoce,  fournirait  une  nourriture  aux  jeunes  Saumons  au  moment 
voulu. 

M.  Berlhoule  fiîit  connaître  que  la  Société  vient  de  recevoir  de  Berlin 
des  œufs  de  Coregonus  marœna,  arrivés  en  bon  état. 

A  cette  occasion,  M.  Berthoule  parle  des  mœurs  de  ce  poisson  et  de 
la  manière  de  le  pêcher. 

M.  Raveret-Wattel  dit  que  ces  œufs  ont  été  envoyés  emballés  par  le 
procédé  américain;  il  donne  la  description  de  ce  système  d'emballage. 

M.  Paillieux  fait  observer  que  ce  mode  d'envoi  offre  un  grand  intérêt. 

M.  Berlhoule  signale  les  difficultés  que  l'on  a  à  surmonter  pour  élever 
les  Corégones,  poissons  très  sensibles  à  la  moindre  blessure. 

M.  Raveret-Wattel  donne  la  description  d'un  système  d'élevage  avec 


186  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

lequel  on  perd  bien  moins  de  jeunes  Corégones  qu'en  employant  les 
procédés  ordinaires. 

M.  Rathelot  pense  qu'il  serait  utile  que  les  instituteurs  primaires  en- 
seignassent les  éléments  de  pisciculture  aux  enfants.  On  pourrait  adres- 
ser une  demande,  à  cet  effet,  au  ministre  de  l'Instruction  publique. 

M.  Raveret-Wattel  répond  que  cet  enseignement  ne  peut  guère  être 
demandé  aux  instituteurs,  qui  ont  déjà  fort  k  faire,  et  que  c'est  le 
ministre  de  l'Agriculture  qui  devrait,  s'il  y  a  lieu,  être  saisi  d'une 
demande  en  ce  sens. 

M.  Berthoule  parle  de  plusieurs  établissements  de  pisciculture,  dont 
quelques-uns  sont  très  beaux;  d'autres,  plus  modestes,  donnent  cepen- 
dant des  produits  rémunérateurs. 

M.  Raveret-Wattel  dit  que  ces  petits  et  modestes  laboratoires  sont 
très  intéressants,  productifs  et  propres  à  encourager  le  goût  de  la 
pisciculture,  car  ils  donnent  des  résultats  fort  satisfaisants.  Quant  aux 
établissements  luxueux,  les  frais  de  toutes  sortes  dépassent  géné- 
ralement les  bénéfices;  c'est  ce  qui  fait  croire  au  grand  nombre  que  la 
pisciculture  n'est  pas  une  spéculation  avantageuse. 

Le  Vice-Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


QUATRIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU    19  JANVIER   1886. 
Présidence  de  M.  Maurice  Girard,  Président. 

Après  la  lecture  du  procès-verbal  qui  est  adopté,  M.  le  Président 
annonce  la  mort  de  M.  Moleyre,  préparateur  au  laboratoire  d'entomo- 
logie, qui  publiait  actuellement  dans  nos  BuUetinsua  mémoire  sur  les 
Insectes  comestibles.  Le  laboratoire  d'entomologie  avait  perdu  quelques 
jours  auparavant  un  autre  de  ses  préparateurs,  M.  Delorieu. 

M.  le  Président  présente,  au  nom  de  M.  Wailly,  un  travail  sur  les  Sé- 
ricigènes,qui  sera  soumis  à  la  Commission  des  récompenses. 

M.  Fallou  annonce  aussi  le  second  volume  de  M.  Natalis  Rondot, 
sur  les  Vers  à  soie  sauvages  (ouvrage  publié  aux  frais  de  la  Chambre 
de  commerce  de  Lyon). 

M.  Fallou  présente  à  la  Société  une  note  sur  le  Molytes  coronatus. 

M.  Fallou  a  pu,  en  détruisant  un  certain  nombre  de  femelles,  préser- 
ver ses  plantations  de  nouveaux  dégâts,  tandis  que  ces  dégâts  ont  con- 
tinué dans  les  propriétés  voisines. 

M.  Fallou  croit  que  l'espèce  vit  aussi  dans  le  Panais. 


PROCÈS -VERBAUX.  187 

iM.  Mailles  désirerait  savoir  le  nom  d'un  Locuslien  très  commun  dans  la 
région  centrale  de  la  France. 

M.  le  Président  fait  remarquer  qu'il  est  très  difficile  de  se  prononcer 
sur  le  nom  d'un  Insecte  dans  des  conditions  aussi  vagues,  et  engage  notre 
collègue  à  se  procurer  des  échantillons  de  cette  espèce. 

M.  le  Président  a  reçu  de  M.  Lesueur,  dans  des  paquets  de  cheveux 
provenant  de  l'industrie,  la  Tinea  crinelle,  espèce  qui  attaque  habituel- 
iement  le  crin  des  matelas  et  la  laine. 

.^I.  Lesueur  a  trouvé  également  un  parasite  de  cette  espèce  que 
M.  31.  Girard  a  reconnu  être  un  Ichneumonien. 

Le  Secrétaire, 

M.  SÉDILLOT. 


CINQUIÈME  SECTION 

SÉANCE   DU  26  JANVIER    1886. 
Présidence  de  M.  Henry  de  Vilmorin,  Président. 

I^e  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

II  est  procédé  à  la  nomination  du  Bureau  et  du  délégué  dans  la  Com- 
mission des  récompenses. 

Sont  désignés  par  acclamation  : 

Président  :  M.  H.  de  Vilmorin. 

Vice-président  :  M.  Aug.  Paillieux. 

Secrétaire  :  M.  Jules  Grisard. 

Vice-secrétaire  :  M.  Jean  Dybowski. 

Délégué  dans  la  Commission  des  récompenses  :  M.  le  D''  Mène. 

M.  Paillieux  donne  lecture  de  lettres  émanant  de  MM.  le  D''  Jeannel, 
Frère  et  Clarté,  rendant  compte  de  la  culture  des  graines  qu'ils  ont  re- 
rues au  printemps  de  1885. 

A  propos  de  cette  communication,  M.  Chappellier  dit  qu'il  a  cultivé 
le  Stachys  affinis  avec  succès.  C'est  un  légume  excellent  et  qui  produit 
beaucoup  ;  une  ou  deux  touffes  suflisent  à  la  confection  d'un  plat. 

Notre  confrère  a  remarqué  que  le  Stachys  n'est  pas  féculent,  et  il 
appelle  l'attention  de  la  section  d'une  façon  toute  spéciale  sur  ce  point 
ijui  présente  un  très  grand  intérêt,  les  diabétiques  pouvant  en  faire 
usage  sans  inconvénient. 

M.  Paillieux  rappelle  qu'il  a  fait  faire  l'analyse  duSoyaqui,  lui  aussi, 
ne  présente  pas  trace  de  fécule,  et  il  avait  même  pris  un  brevet  au  sujet 
de  son  emploi  comme  aliment  pour  les  diabétiques,  mais  il  a  dû  laisser 
tomber  ce  brevet,  le  Soya  renfermant  de  l'inuline  qui  se  convertit 
également  en  sucre. 


188  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

M.  Berthoule  a  également  cultivé  le  Stachys  en  Auvergne  où  il  a 
constaté  sa  parfaite  rusticité.  Il  fournit  un  excellent  appoint  au  pota- 
ger; très  fondant,  très  savoureux,  il  rappelle  à  la  fois  le  fond  d'Arti- 
chaut et  le  Salsifis. 

M.  Soubies  a  aussi  parfaitement  réussi. 

M.  Paillieux  est  heureux  de  constater  ce  résultat,  car  il  faut  bien 
l'avouer,  de  pareils  et  si  complets  succès  sont  assez  rares. 

M.  Mailles  a  cultivé  le  Stachys  dans  un  sol  des  plus  mauvais,  des 
plus  sablonneux.  Malheureusement  les  Vers  blancs  ont  détruit  la  plus 
grande  partie  des  touffes;  celles  qui  ont  été  épargnées  ont  donné  un 
résultat  satisfaisant. 

Notre  confrère  pense  que  M.  Dautreville  se  chargerait  volontiers  de 
faire  l'analyse  du  Stachys  et  s'offre  de  le  lui  demander.  La  section 
accepte  avec  reconnaissance. 

M,  Paillieux  donne  lecture  d'une  note  sur  l'Ananas,  sa  culture  et  ses 
produits  (voy.  au  Bulletin).  Puis  il  est  procédé  à  la  dégustation  de 
vin  d'Ananas  qui  est  trouvé  excellent. 

Cette  communication  donne  lieu  à  quelques  observations  de  la  part 
de  MM.  Chappellier  et  Grisard. 

M.  Marquiset  rend  compte  de  ses  cultures  de  Kudzu.  (Voy.  au  Bul- 
letin .  ) 

Le  Secrétaire, 
Jules  Grisard. 


PREMIÈRE  SECTION. 

SÉANCE   DU  "2   FÉVRIER   1886, 
Présidence  de  M.  Decroix,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Lataste  présente  quelques  modifications  au  procès-verbal  du 
22  avril  dernier,  rectifications  que  son  voyage  dans  le  Haut-Sénégal  l'a- 
empêché  de  présenter  plus  tôt  :  page  390  du  Bulletin,  i^  paragraphe,  il  faut 
lire  :  Sénégal  et  non  Afrique;  lisez  aussi:  Noirs  et  non  Arabes.  Même 
page,  1^  paragraphe,  M.  Lataste  n'a  pas  dit  que  le  venin  du  Crapaud 
soit  actif  seulement  pour  les  petits  animaux;  il  l'est  également  pour 
les  ^ros,  puisqu'on  a  tué  des  Chiens  par  son  emploi.  Mais  ce  venin  ne 
peut  servir,  pour  le  Crapaud,  que  comme  moyen  défensif,  ce  Batracien 
ne  pouvant  le  projeter  à  distance,  comme  le  croient  quelques  personnes. 
Même  page,  même  paragraphe,  il  faut  lire  :  Parotides  au  lieu  de 
Carotides. 

Ensuite  M.  Lataste  donne  lecture  de  la  note  suivante,  note  que  lui  a 


PROCÈS-VERBAUX.  18!) 

communiquée,  jadis,  M.  Ancey,  de  Marseille  ;  M.  I^ataste  fait  cette 
lecture  à  propos  de  la  communication  de  M.  Maurice  Girard,  dans  la 
séance  générale  du  :2i  mai  1885,  sur  les  Lapins  sauvages  noirs  de  la 
forêt  de  Villers-Cotterets  ;  M.  Lataste  fait  observer  qu'il  ne  prend  nulle- 
ment la  responsabilité  des  explications  que  M.  Ancey  ajoute  à  la  simple 
constatation  des  cas  de  mélanisme  : 

«  Entre  autres  points  de  noire  région,  il  se  trouve  des  Lapins  sauvages 
noirs,  dans  la  propriété  de  Caseneuve,  près  Pélissanne  (Bouches-du- 
Rhône).  Ces  Lapins,  quoique  fort  rares,  y  ont  été  parfaitement  observés 
de  tout  temps,  et,  l'année  dernière,  on  en  a  tué  deux  et  vu  quatre  dans  les 
mêmes  endroits  que  les  Lapins  gris  ordinaires.  Celui  qui  écrit  ces  lignes 
en  a  pris  un  au  mois  de  juillet,  en  pleine  colline,  à  la  main,  il  ne  devait 
pas  avoir  plus  d'un  mois.  Remis  aussitôt  en  liberté,  ce  petit  Lapin  alla 
se  réfugier  dans  un  amas  de  pierres. 

»  Ces  animaux  ont  le  poil  franchement  noir  sur  tout  le  dessus  du 
corps  ;  le  ventre  et  le  dessous  de  la  queue  sont  gris  de  fer.  Ils  offrent 
cette  particularité  que,  tandis  que  le  Lapin  sauvage  gris  devient  raide 
quelque  temps  après  avoir  été  tué,  ceux-ci  restent  souples  et  flasques. 

»  Il  n'y  a  pas  de  Lapins  domestiques  dans  les  environs  depuis  fort 
longtemps,  et  nous  n'avons  jamais  rencontré,  dans  nos  chasses,  de  variété 
autre  que  la  noire  en  question.  Les  vieux  bergers  du  pays,  prétendent 
que  ces  Lapins  noirs  sont  les  produits  de  femelles  grises  ordinaires, 
qui,  étant  pleines,  ont  élé  impressionnées  par  la  vue  des  emplacements 
où  l'on  a  fait  du  charbon,  et  oîi  le  sol  est  entièrement  noir.  Ces  empla- 
cements se  trouvent  çà  et  là,  sur  notre  terrain  oîi  poussent  le  Chêne  vert, 
le  Chêne  à  kermès,  et  le  Pin  maritime.  » 

M.  Huet  donne  lecture  d'une  lettre  dans  laquelle  un  de  nos  collègues 
parle  de  Cerfs-Cochons. 

Ces  animaux  se  seraient  montrés  moins  féconds  que  ceux  du  Muséum 
de  Paris. 

A  cette  occasion,  M.  Huet  dit  que  les  onze  femelles  de  la  ménagerie 
ayant  été  tuées  par  un  Chien,  deux  autres  femelles,  provenant  du  Jardin 
d'Acclimatation,  ont  été  données  au  mâle  qui  restait.  Ces  nouvelles  venues 
se  sont  montrées  aussi  fécondes  que  les  autres.  En  général,  il  y  a  deux 
mises  bas,  de  un  ou  deux  petits  chacune,  en  treize  ou  quatorze  mois 
environ. 

M.  Joly  demande  si  le  Conseil  a  accordé  les  cheptels  de  Lièvres  et  de 
Léporides  que  la  section  avait  demandés. 
M.  Berthoule  répond  que  ces  cheptels  sont  accordés. 
M.  Berthoule  parle  des  Léporides,  que  M.  Égal  a  obtenus  des  couples 
Lièvre-Lapine  et  Lapin-Hase. 

Notre  collègue  ajoute  que  M.  Égal  pourrait  peut-être  disposer  à  notre 
profit  de  quelques-uns  de  ces  Lé})orides,  ou  même,  sans  doute,  des 
couples  de  parents  ayant  produit  ensemble. 


190  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'ACCLIMATATION. 

Après  discussion,  la  section,  à  la  majorité,  décide  qu'il  y  a  lieu  de 
profiter  de  ces  bonnes  dispositions  ;  les  animaux  que  M.  Égal  voudra 
donner  seront  reçus  avec  beaucoup  de  reconnaissance. 

En  définitive,  l'expérience  aura  lieu,  et  sur  des  couples  de  Lapins  et  de 
Hases,  et  de  Lièvres  et  de  Lapines,  d'une  part,  et  sur  des  couples  de 
Léporides  tels  qu'ils  existent  actuellement. 

Comme  il  se  pourrait  que  M.  Joly,  désigné  déjà  pour  recevoir  ces 
animaux,  en  eût  un  nombre  assez  considérable,  M.  Huet,  dans  ce  cas,  se 
chargerait  de  quelques-uns. 

Cette  dernière  décision  est  prise  après  une  discussion  à  laquelle  plu- 
sieurs membres  prennent  part;  les  uns  étant  d'avis  qu'il  faut  réunir 
tous  les  animaux  chez  un  seul  éleveur,  afin  de  faciliter  la  tâche  de  la 
Commission  de  surveillance,  et  les  autres  faisant  valoir,  au  contraire, 
les  avantages  résultant  de  la  dispersion,  afin  d'éviter  les  épidémies,  et, 
surtout,  afin  d'agir  sur  des  milieux  divers,  avec  des  moyens  divers.  La 
décision  prise  est  donc  un  moyen  terme. 

M.  Ménard  parle  des  déceptions  qu'il  a  eues  chaque  fois  qu'il  a  suivi 
une  piste  de  Léporides  soi-disant  hybrides,  soit  au  Jardin  d'Acclimata- 
tion, soit  chez  des  amateurs  ou  éleveurs  de  profession  ;  en  fin  de  compte, 
notre  collègue  s'est  toujours  trouvé,  après  information  et  examen,  en  pré- 
sence de  Lapins,  race  dite  Léporide.  M.  Ménard  craint  que  les  Léporides 
de  M.  Égal  ne  soient  que  des  Lapins  de  celte  rare. 

M.Geoffroy  Saint-Hilaire  partage  les  craintes  de  M.  iMénard,  et  déclare 
également  qu'il  n'a  jamais  pu  rencontrer  que  des  Léporides-Lapins. 

M.  de  Sémallé  ne  croit  pas  à  l'existence  d'une  race  hybride  fixe, 
d'autant  plus  que,  jusqu'ici,  tous  les  hybrides  observés  n'ont  pu  conserver 
longtemps  leur  caractère  intermédiaire. 

M.  Lataste  émet  le  vœu  qu'un  prix  soit  accordé  à  la  personne  qui,  la 
première,  obtiendra  des  produits  hybrides  des  espèces  Lièvre  et  Lapin. 

MM.  Rathelot  et  Berthoule  soutiennent  cette  proposition,  laquelle  est 
combattue  par  MM.  Paillieux,Huet  et  Joly.  Mise  aux  voix,  la  proposition 
de  M.  Lataste  est  adoptée. 

M.  Ménard  est  nommé  membre  de  la  Commission  de  surveillance,  ce 
qui  porte  à  quatre  le  nombre  de  nos  collègues  désignés,  par  la  section, 
pour  suivre  les  essais  de  constitution  ou  de  reconstitution  de  Léporides 
hybrides. 

Le  Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


V.  BIBLIOGRAPHIE. 


I 

Élevage  des  animaux  de  basse-cour,   par  Ernest  Lemoine,  2^  édit., 
iii-18,  fig.  Paris,  G.  Masson,  éditeur. 

Si  quelqu'un  pouvait  avec  profit  étudier  la  basse-cour  et  rendre  cette 
étude  utile  et  attrayante  en  la  vulgarisant,  c'est,  à  coup  sûr,  l'auteur  de 
ce  nouvel  ouvrage.  Placé,  pour  ce  faire,  dans  des  conditions  absolu- 
ment privilégiées,  à  une  faible  distance  de  Paris,  sur  les  bords  d'une 
paisible  rivière,  ayant  à  discrétion,  avec  l'eau  et  l'espace,  toutes  les  res- 
sources matérielles  nécessaires,  aidé  du  précieux  concours  de  la  ména- 
gère la  plus  zélée  et  la  mieux  entendue,  guidé  lui-même  par  un  juge- 
ment sûr  et  par  une  grande  persévérance  de  volonté,  M.  Lemoine  a 
créé  en  plein  parc,  sous  l'abri  de  vieux  arbres,  un  établissement  d'éle- 
vage de  tous  points  remarquable,  véritable  haras  de  volailles,  duquel 
on  a  pu  dire  qu'il  était  sans  second  en  France. 

Convaincu  à  bon  droit  de  l'excellence  des  espèces  indigènes,  l'auteur 
a  su  se  garder  d'un  engouement  irréfléchi  pour  les  races  étrangères, 
observant  d'ailleurs  soigneusement  les  unes  et  les  autres,  et  s'attachaut 
à  faire  entre  elles  un  choix  judicieux,  tout  en  se  livrant  dans  leur  éle- 
vage au  plus  minutieux  travail  de  sélection. 

C'est  à  Crosne,  sur  les'rives  de  l'Yerre,  dans  un  parc  de  8  hectares, 
que  M.  Lemoine  a  établi  ses  parquets  au  nombre  de  plus  de  cent,  en 
leur  dispensant  généreusement  l'eau  et  l'espace,  l'ombre  et  la  lumière. 
Ces  parquets,  dont  l'étendue  varie  de  100  à  500  mètres  carrés,  sont  de 
véritables  jardins,  plantés  d'arbustes,  semés  de  vertes  pelouses,  et  dé- 
coupés par  des  allées  soigneusement  sablées.  Le  logement  des  volailles 
n'a  pas  été  aménagé  avec  moins  de  soins  et  de  prévoyance,  quoique  sans 
un  luxe  inutile  ;  tout  est  fait  avec  goût  et  avec  économie,  en  vue  de 
riiygiène  des  animaux  et  de  leur  facile  surveillance. 

La  première  partie  du  livre  de  M.  Lemoine  est  consacrée  à  la  des- 
cription de  chacun  des  détails  de  l'installation  du  poulailler,  après  quoi 
l'auteur  passe  à  l'étude  de  ses  habitants  :  sans  phrases,  en  quelques 
mots,  il  indique  les  caractères  distinctifs  des  principales  races,  françaises 
d'abord,  étrangères  ensuite,  dans  des  termes  suffisamment  précis  pour 
permettre,  même  à  la  ménagère  la  plus  novice,  le  peuplement  le  mieux 
compris  de  sa  basse-cour,  recommandant  de  préférence  à  son  choix  les 
variétés  indigènes,  et  la  stimulant  à  leur  amélioration  par  une  rigou- 
reuse sélection  dans  chacune  d'elles,  plutôt  que  par  leur  croisement. 

Vient  ensuite  une  étude,  instructive  pour  beaucoup,  en  tous  cas  pleine 
d'intérêt,  sur  la  physiologie  de  l'œuf,  dont  on  peut  suivre  le  développe- 
ment presque  jour  par  jour,  depuis  sa  formation  première  jusqu'à  l'heure 
de  l'éclosion. 


192  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Nous  compléterons  celte  note  en  ajoutant  que  M.  Lemoine  a  eu  le  bon 
foùt  de  remplir  son  livre  de  dessins  pittoresques  et  la  bonne  fortune 
d'en  pouvoir  confier  l'exécution  au  crayon  d'Allongé. 

A.  Berthoule. 


II.  Journaux  et  Revues. 

(Analyse  des  principaux  articles  se  rattachant  aux  travaux  de  la  Société.) 

■/Algérie  agricole.  Phijtolaquc,  par  le  docteur  Bertherand, 

n°  de  février. 

Le  Phytolaque  {Phytolacca  decandra),  plus  vulgairement  connu  sous 
Jes  noms  de  Raisin  d'Amérique  ou  d'Épinard  des  Indes,  appartient  à  la 
famille  des  Phytolaccacées.  Cette  plante,  répandue  dans  la  plupart  des 
régions  tropicales,  et  assez  commune  sur  le  littoral  algérien,  est  inté- 
ressante à  plus  d'un  titre;  sa  racine  pivotante,  sur  laquelle  se  développent 
de  nombreuses  radicelles,  la  rendrait,  par  cela  même,  d'une  utilité  sé- 
rieuse en  beaucoup  d'endroits,  pour  fixer  les  terrains  exposés  aux  glis- 
sements. 

Sa  baute  tige  rameuse,  très  feuillée,  à  verdure  persistante,  est  assez 
ornementale  pour  lui  avoir  mérité  en  Espagne  le  nom  de  Belombra.  Ses 
jeunes  pousses  servent  dans  quelques  pays  à  l'alimentation,  mais  elles 
ont  une  saveur  acre,  difficilement  supportable  pour  un  palais  délicat. 

La  floraison  se  produit  en  été  et  se  prolonge  assez  avant  dans  l'au- 
tomne; les  fleurs  sont  disposées  en  longues  et  nombreuses  grappes  d'un 
bel  efi"et;  le  fruit,  sorte  de  baie  à  dix  loges  monospermes,  vert  d'abord, 
rouge  foncé  au  moment  de  la  maturité,  donne,  par  écrasement,  un  jus 
épais  couleur  d'améthyste,  utilisé  en  teinturerie,  quelquefois  même  pour 
la  coloration  des  vins,  ce  qui,  d'après  le  docteur  Bertberand,  ne  serait 
pas  sans  inconvénients  pour  la  santé. 

Ses  propriétés  médicales  sont  contestables;  c'est  tout  au  moins  un 
purgatif  énergique.  On  l'emploie  même  en  Amérique  pour  le  traitement 
des  ulcères  atoniques  et  de  quelques  autres  afl'ections. 

Quoi  qu'il  en  soit,  cette  étude  botanique  du  docteur  Bertherand,  en 
raison  des  diverses  utilisations  possibles  du  Phytolaque,  nous  a  paru 
mériter  d'être  signalée. 

B.   A. 


Le  Gérant:  Jules  Grisard. 


5ÎI04.  —  BouRLOTON.  —  Imprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris, 


I.  TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


L'APPAREIL  GHESTER 

POUR    L'INCUBATION   ARTIFICIELLE    DES    OEUFS    DE   MORUE  A   LA   STATION    AOUICOLE 
DE  WOOO'S  HOLE  (MASSACHUSETTS) 

Par  m.    C.    RAl'ERET-YVilTTEL 

Secrétaire  des  séances. 


J'ai  déjà  mentionné,  dans  un  travail  présenté  à  la  So- 
ciété (I),  les  premiers  essais  tentés  par  la  Commission  des 
pêcheries  des  Étals-Unis,  à  Gloucester  (Massachusetts),  pour 
la  multiplication  artificielle  de  la  Morue,  et  j'ai  fait  connaître 
les  résultats  très  encourageants  déjà  obtenus,  c'est-à-dire 
l'empoissonnement  de  la  rade  de  Gloucester,  où  les  pêcheurs 
constataient  une  abondance  tout  à  fait  extraordinaire  déjeunes 
Morues. 

Ces  travaux,  toutefois,  n'étaient  pas  encore  entrés  positi- 
vement dans  le  domaine  de  la  pratique,. par  suite  de  certaines 
difficultés  pi'ovenant  de  l'extrême  légèreté  des  œufs  de  Mo- 
rue, lesquels  flottent  ou,  tout  au  moins,  restent  en  suspension 
dans  l'eau  de  mer  (2).  Il  en  résulte  que  si  l'on  cherche  à  faire 
éclore  ces  œufs  dans  des  appareils  à  courant  continu,  ils  sont 
bientôt  entraînés  hois  des  appareils  par  le  courant,  ou  bien 
ils  vont  s'accumuler  et  s'étouffer  mutuellement  contre  les 
petits  grillages  en  toile  métallique  que  l'on  oppose  à  leur 
fuite.  Si,  au  contraire,  on  les  met  en  incubation  dans  des  ap- 
pareils à  eau  stagnante,  l'asphyxie  des  embryons  se  produit 
rapidement,  faute  d'une  aération  suffisante  de  l'eau  qui  les 
baigne. 


(1)  Rapport  sur  la  situation  de  la  pisciculture  à  ["étranger  (Bull.  Soc.  Ac- 
clim.,  octobre  1882,  p.  505). 

(2)  A  la  station  aquicole  de  Wood's  Hole,  où  la  densité  de  l'eau  de  mer  est 
de  1.025,  les  œufs  tloltcnt  à  la  surfaco  pendant  queli[iies  jours,  puis  ils  s'en- 
foncent un  peu.  Sur  un  autre  point  de  la  côte,  à  Cold  Spring  Harbor  où  la 
densité  de  l'eau  n'est  que  1.U22,  les  œufs  restent  en  suspension  s'il  y  a  un 
léger  courant;  mais  ils  s'enfoncent  si  l'eau  est  tranquille. 

4e  SÉRIE,  T.  III.  —  .Avril  1886.  13 


194  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

A  la  slation  aquicole  de  Gloucester,  on  avait  bien,  il  est  vrai, 
cherché  à  tourner  ces  difficultés  au  moyen  des  appareils  dont 
j'ai  donné  la  description  (1).  De  petites  hélices,  mises  en 
mouvement  dans  les  bacs  d'éclosion  au  moyen  d'une  machine 
à  vapeur,  maintenaient  les  œufs  en  suspension  dans  ces  ap- 
pareils par  les  contre-courants  qu'elles  déterminaient.  Mais, 
outre  que  ce  système  avait  l'inconvénient  de  faire  périr  beau- 
coup d'œufs,  qui  se  trouvaient  trop  violemment  agités,  il 
était  dispendieux  ;  d'abord,  à  cause  de  la  force  motrice  dont 
il  nécessitait  l'emploi,  et,  en  second  lieu,  parce  que  les  appa- 
reils, en  grande  partie  métalliques,  devaient  être  nickelés  pour 
éviter  l'action  de  l'eau  de  mer  qui,  sans  cette  précaution,  eût 
bientôt  complètement  détérioré  le  mécanisme  et  produit  une 
oxydation  tout  à  fait  funeste  aux  œufs. 

Il  restait  donc  à  trouver  une  méthode  véritablement  pra- 
tique pour  faire  éclore  les  œufs  flottants,  et  en  particulier  les 
œufs  de  Morue. 

Le  problème  vient  d'être  résolu  d'une  façon  tout  à  fait  sa- 
tisfaisante, pendant  la  dernière  campagne,  à  la  station  aqui- 
cole de  Wood's  Hole,  établie  par  la  Commission  des  pêcheries 
des  États-Unis,  sur  la  côte  du  Massachusetts. 

La  station  de  Wood's  Hole  est  un  établissement  de  recher- 
ches biologiques,  analogue  à  nos  stations  de  Roscoff  et  de 
Banyuls,  où  sont  étudiées  l'anatomie  et  les  mœurs  des  diffé- 
rentes espèces  animales  aquatiques,  mais  où  l'on  s'occupe, 
en  outre,  de  la  propagation  des  poissons  et  des  crustacés  ma- 
rins servant  à  l'alimentation  de  l'homme.  Ce  laboratoire  était 
tout  désigné  pour  renouveler  les  tentatives  laites  à  Glou- 
cester et  essayer  de  nouveaux  procédés.  Beaucoup  d'appa- 
reils furent  mis  en  expérience,  mais  aucun  n'a  donné  de  ré- 
sultats comparables  à  ceux  qu'on  obtient  avec  le  système 
définitivement  adopté  aujourd'hui,  lequel  est  dû  à  l'inven- 
tion d'un  des  agents  de  la  Commission  des  pêcheries,  M.  le 
capitaine  H.-C.  Chesler.  Cet  appareil  est  on  ne  peut  plus 
simple,  et,  comme  il  ne  présente  aucune  partie  métallique, 

(1)  Loc.  cit.,  p.  511, 


''"'l'appareil  chester.  195 

rien  n'est  à  craindre  de  l'action  de  l'eau  de  mer.  Voici  en 
quoi  consiste  cet  appareil,  dont  la  figure  ci-contre  donne  une 
coupe  dans  le  sens  de  la  longueur  : 

Un  bac  en  bois  A  mesure  2", 50  de  long,  0",70  de  large  et 
80  centimètres  de  profondeur.  A  35  centimètres  environ  de 
chaque  extrémité  de  ce  bac  se  trouve  une  cloison  en  bois,  qui 
s'arrête  à  10  centimètres  environ  du  fond.  Ces  deux  cloisons 
laissent  entre  elles  un  espace  libre  de  l^jSO  de  longueur,  dans 
lequel  sont  placés  6  ou  8  bocaux  e  à  large  coi,  que  des  tas- 
seaux, non  représentés  dans  la  ligure,  maintiennent  l'ouver- 


ture en  bas  et  dans  une  situation  verticale.  Ces  bocaux  sont 
de  forme  cylindrique  et  d'une  contenance  de  16  litres.  Cha- 
cun d'eux  présente,  au  fond,  une  ouverture  circulaire  de 
2  centimètres  à  peu  près  de  diamètre,  qui  a  été  ménagée 
juste  au  centre.  Les  bouchons  de  ces  bocaux  sont  remplacés 
par  un  morceau  de  canevas  solidement  tendu  et  fixé  sur  le  col 
à  l'aide  d'une  cordelette.  La  disposition  des  tasseaux  ou  sup- 
ports est  telle  que  le  fond  des  bocaux  est  à  peu  près  de  niveau 
avec  le  bord  supérieur  du  bac.  Chaque  bocal,  qui  mesure  en- 
viron 42  centimètres  de  hauteur  et  22  centimètres  de  dia- 
mètre, peut  recevoir  de  500000  à  1 000000  d'œufs  de  Morue, 
qu'on  y  introduit,  au  moyen  d'un  entonnoir  en  verre,  par 
l'orifice  circulaire  pratiqué  dans  le  fond. 

Les  œufs,  fécondés  avec  les  précautions  nécessaires,  étant 
mis  en  place,  voici  comment  l'appareil  fonctionne  :  Le  bac 


19C  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

est  rempli  d'eau  de  mer  non  filtrée  par  le  robinet  d.  Quand 
le  niveau  de  l'eau  atteint  le  point  a,  le  siphon  c  commence  à 
fonctionner  et,  comme  son  débit  est  beaucoup  plus  considé- 
rable que  celui  du  robinet,  il  ne  tarde  pas  à  abaisser  le  ni- 
veau de  l'eau  au  point  h.  Mais  aussitôt  il  cesse  d'être  amorcé 
et  ne  fonctionne  plus.  Le  robinet,  qui  continue  toujours  à 
couler,  ramène  bientôt  l'eau  à  son  premier  niveau.  Alors,  de 
nouveau,  le  siphon  se  met  à  déverser  l'eau  et,  ainsi  de  suite, 
de  dix  minutes  en  dix  minutes  :  c'est  le  temps  que  le  robinet 
met  à  remplir  l'appareil.  Or,  comme  les  bocaux  ne  sont  fer- 
més, ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut,  que  par  un  simple  cane- 
vas, les  variations  de  niveau  qui  se  produisent  dans  le  bac 
ont  lieu  également  à  l'intérieur  des  bocaux.  Ces  oscillations 
de  l'eau,  ces  mouvements  alternatifs  de  bas  en  haut  et  de  haut 
en  bas,  agitent  suffisamment  les  œufs  pour  les  maintenir 
en  suspension,  leur  fournir  l'aération  nécessaire,  en  un  mot, 
les  entretenir  en  bon  état  et  en  assurer  l'éclosion.  Les  pertes 
sont  insignifiantes  et  s'élèvent  tout  au  plus  à  5  pour  100. 

L'appareil  fonctionnant  automatiquement,  la  surveillance 
se  réduit  à  fort  peu  de  chose,  et  tout  le  travail  consiste  à  en- 
lever de  temps  en  temps,  à  l'aide  d'un  siphon,  les  dépôts  qui 
peuvent  se  former  au  fond  du  bac  ou  sur  le  canevas  qui  ferme 
les  bocaux.  Un  seul  homme  suffit  aisément  pour  surveiller 
l'incubation  de  100  millions  d'œufs.  Ces  œufs  montent  et  des- 
cendent alternativement  d'environ  42  centimètres,  sans  se- 
cousses, sans  chocs  nuisibles,  et  l'évolution  embryonnaire 
s'y  effectue  dans  les  meilleures  conditions  possibles.  L'incu- 
bation demande  de  41  à  12  jours,  dans  une  eau  marquant  de 
7  à  9  degrés  centigrades. 

Chaque  bocal  pouvant,  ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut,  rece- 
voir jusqu'à  1  million  d'œufs,  et  chaque  bac  servant  à  loger 
au  besoin  huit  bocaux,  c'est  8  millions  d'œufs  à  la  fois  qu'un 
seul  appareil  suffit  pour  faire  éclore. 

L'appareil,  à  la  fois  très  simple  et  très  ingénieux,  de  M.  le 
capitaine  Chester  constitue  un  progrès  considérable  par  rap- 
port à  tous  les  autres  systèmes  précédemment  employés  pour 
l'éclosion  des  œufs  de  Morue,  et  il  peut  être  utilisé  même 


l'appareil  ciiester.  197 

pour  d'autres  espèces,  notamment  pour  les  œufs  du  Tassard 
(Ci/bium  tnaculatum)  (1),  poisson  très  estimé  aux  États- 
Unis,  où  il  est  connu  sous  le  nom  de  Maquereau  espagnol 
[Spanish  mackereï). 

La  station  de  Woods's  Ilole  possède  dès  maintenant  un 
outillage  complet  du  système  Chester,  et  la  quantité  d'œufs 
qu'il  lui  est  possible  de  faire  éclore,  pendant  les  trois  mois 
que  dure  le  frai  de  la  Morue,  peut  s'élever  à  près  d'un  mil- 
liard. En  présence  de  ce  chiffre,  on  comprend  les  services 
que  peut  rendre  un  semblable  établissement. 

Dans  les  conditions  naturelles,  en  effet,  les  œufs  de  Morue, 
qui  flottent  à  la  surface  des  eaux,  sont  exposés  à  toutes  sortes 
de  chances  de  destruction  qu'on  évitera  par  la  pratique  de 
l'incubation  artificielle.  Souvent  entraînés  parles  vents  et  les 
marées  à  des  distances  considérables  des  baies  et  des  anses 
où  ils  ont  été  pondus,  des  quantités  prodigieuses  de  ces  œufs 
sont  rejetées  sur  le  rivage  par  les  vagues  et  laissées  à  sec  au 
moment  du  reflux.  Ainsi  exposés  cà  l'air,  ils  périssent  bientôt, 
surtout  par  les  rudes  températures  des  régions  septentrio- 
nales; à  peine  hors  de  l'eau,  ils  sont  atteints  par  la  gelée.  A 
certains  moments,  on  peut  dire,  sans  exagération,  que  chaque 
vague  qui  déferle  sur  le  rivage  cause  la  perte  de  plusieurs 
millions  d'œufs.  Ceux  qui  échappent  à  cette  cause  de  destruc- 
tion sont,  dans  l'eau,  exposés  à  la  voracité  de  myriades  d'ani- 
maux de  toute  espèce  qui  hantent  les  mêmes  parages. 

Si  l'on  lient  compte  de  toutes  les  causes  qui  contribuent  à 
la  destruction  des  œufs  de  Morue,  on  peut  affirmer  que,  sur 
un  million  de  ces  œufs,  quelques-uns  seulement  réussissent. 
Dans  les  appareils  d'éclosion,  au  contraire,  c'est  à  peine, 
ainsi  qu'on  l'a  vu  ci-dessus,  si  la  perte  s'élève  à  5  pour  100. 
Devant  un  pareil  résultat,  la  conclusion  est  facile. 

(1)  La  durée  de  l'incubation  des  œufs  est,  chez  ce  poisson,  beaucoup  moins 
longue  que  chez  la  Morue  :  l'éclosion  se  produit  généralement  au  bout  de  vingt- 
quatre  heures. 


ÉDUCATIONS  DE  BOMBYCIENS  SÉRÏCIGÈNES 

FAITES  A  CHAMPROSAY  (Seine-et-Oise)  EN   1885 


Par  M.   J.   FALLOIJ 


ATTACUS   CEGROPIA 

Le  20  mai  1 885,  j'ai  reçu  de  la  Société  nationale  d'Acclima- 
tation des  œufs  d'Attacus  cecropia. 

Les  Chenilles  sont  écloses  dans  les  premiers  jours  de  juin, 
je  leur  offris  pour  nourriture  les  végétaux  que  cette  espèce 
affectionne  ordinairement  et  avec  lesquels  je  l'ai  élevée  plu- 
sieurs fois  avec  succès,  même  à  l'état  libre.  Ces  Chenilles  ont 
refusé  de  manger,  et  sont  toutes  mortes  dans  leur  premier 
âge. 

J'ai  tout  lieu  de  croire  que  ces  œufs  devaient  être  le  pro- 
duit de  parents  provenant  de  plusieurs  générations  déjà  éle- 
vées en  captivité.  Ces  faits  sont  généralement  bien  connus,  et 
se  présentent  chez  nos  espèces  indigènes.  J'ai  souvent  élevé 
en  captivité  des  espèces  communes  de  nos  Lépidoptères,  qui 
après  la  troisième  ou  quatrième  génération  ne  se  reprodui- 
sent plus.  Quelquefois  même  avant  la  troisième  génération  il 
se  produit  déjà  des  sujets  étiolés  impropres  à  la  reproduc- 
tion. Je  pourrais  citer  un  certain  nombre  d'espèces  dans  ce 
cas,  mais  elles  sont  trop  connues  pour  en  donner  ici  la  liste. 

ANTHER^A   MTLITTA 

Le  20  mai  1885,  je  recevais  aussi  de  la  Société  d'Acclimata- 
tion dix  cocons  d'A.  mylitla. 

Un  Papillon  mâle  est  éclos  le  29  juin  de  la  même  année. 
Puis  une  femelle  n'est  sortie  que  le  4  août  suivant,  elle  a 
vécu  six  jours  et  est  morte  sans  se  défraîchir.  Les  autres 
cocons  n'ont  pas  donné  leurs  Papillons.  Le  8  décembre,  j'ou- 


ÉDUCATIONS   DE   BOMBYCIENS   SÉRICIGÈNES.  199 

vris  le  plus  léger  cocon  et  constatai  que  le  Papillon  était  mort 
dedans;  il  m'en  reste  sept  qui  par  leur  poids  peuvent  me  faire 
supposer  que  les  Papillons  en  sortiront  l'été  prochain,  car 
ces  retards  d'éclosions  se  produisent  chez  la  plupart  des  Lé- 
pidoptères Bombyciens  et  sur  des  espèces  d'autres  genres, 
même  les  plus  exiguës. 


ACTIAS  LUNA 


Le  28  août  1885,  la  Société  nationale  d'Acclimatation  m'a 
envoyé  une  centaine  d'œufs  de  VAdias  luna,  je  regrette  que 
la  majeure  partie  me  soit  parvenue  écrasée  dans  l'enveloppe 
qui  les  contenait  par  les  timbres  de  la  poste,  et  qu'il  n'en 
reste  que  trente  en  bon  état. 

Vingt-huit  Chenilles  seulement  sont  écloses  du  4  au  iO  du 
mois  de  septembre  (1),  je  leur  ai  offert  pour  nourriture  les 
végétaux  indiqués  par  plusieurs  auteurs.  Ces  plantes  sont  les 
Bouleau,  Prunier,  Cerisier,  Noyer,  Saule,  Orme.  Le  Noyer 
est  le  seul  arbre  dont  les  feuilles  ont  été  aussitôt  attaquées 
et  avec  lesquelles  j'ai  pu  continuer  à  élever  les  Chenilles. 

Leur  premier  sommeil  a  eu  lieu  du  9  au  16  septembre,  le 
cinquième  et  dernier  aux  premiers  jours  du  mois  d'octobre; 
durant  toutes  ces  phases  aucune  maladie  ne  s'est  déclarée 
non  plus  qu'aucun  décès. 

Du  22  au  30  du  même  mois  une  dizaine  de  Chenilles  ont 
filé  leur  cocon.  Les  premières  gelées  étant  venues  attaquer 
les  feuilles  de  Noyer,  les  Chenilles  refusèrent  d'en  manger. 
Aux  premiers  jours  de  novembre  le  temps  devint  sombre,  la 
température  plus  froide,  les  Chenilles  restèrent  engourdies 
sur  les  feuilles,  il  n'y  avait  plus  que  8  degrés  de  température 
dans  la  chambre  où  je  les  élevais.  Je  la  fis  chaufter,  et,  lorsque 
la  température  s'éleva,  mes  élèves  reprirent  de  la  vigueur  ; 
de  15  à  18  degrés,  elles  cherchaient  de  nouveau  cà  manger, 
mais  elles  ont  persévéré  à  ne  pas  vouloir  de  feuilles  gelées, 
préférant  revenir  sur  les  feuilles  desséchées  mais  non  conge- 

•;  .,1.  i. 
(I)  Je  ne  donne  pas  ici  la  description  de  cette  Chenille,  mais  l'ayant  relevée 
à  tous  les  âges,  je  pourrai  l'ajouter  à  celte  note  si  la  Société  le  juge  à  propos. 


200  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

lées.  Du  10  au  19  novembre,  après  un  assez  long  jeûne,  elles 
ont  essayé  à  filer,  mais  leur  transformation  en  chrysalide  n'a 
pu  s'accomplir. 

Notre  confrère,  M.  Wailly,  dans  son  intéressant  mémoire 
sur  ses  éducations  d'Attaciens  séricigènes  inséré  au  Bulletin 
de  la  Société  d'Acclimatation,  n"  8,  p.  413,  1885,  nous  a  fait 
connaître  qu'il  a  élevé  avec  succès,  en  chambre,  VActias 
luna;  mais  M.  Wailly  n'indique  pas  à  quelle  température  il 
les  a  soumises;  il  me  paraît  donc  y  avoir  un  certain  intérêt  à 
soumettre  à  la  Société  ce  que  l'expérience  de  cette  année  m'a 
appris.  C'est  que  la  Chenille  de  VActias  luna  est  très  ro- 
buste et  non  coureuse;  elle  peut  être  élevée  en  captivité  sans 
aucune  fermeture,  ne  cherchant  pas  à  quitter  les  feuilles  du 
végétal  qui  lui  sert  de  nourriture;  qu'elle  peut  être  mise  aussi 
bien  en  plein  air  qu'en  chambre,  pourvu  qu'elle  soit  pla- 
cée dans  un  milieu  humide  et  à  une  température  de  15  à 
20  degrés. 

ANTHER^A    PERNYI 

En  1883,  dans  mon  rapport  présenté  à  la  Société  d'Accli- 
matation, à  propos  d'une  éducation  d'A.  Pernyi,  je  faisais 
remarquer  que  j'avais  placé  en  pleine  forêt,  sous  un  abri  en 
toile  d'un  mètre  cube,  270  Chenilles,  et  qu'il  m'avait  fallu, 
pour  leur  assurer  une  abondante  nourriture,  les  transporter 
sur  six  cépées  nouvelles. 

J'émettais  alors  l'opinion  que  ce  procédé  avait  été  préju- 
diciable à  la  santé  des  Chenilles,  puisque  la  maladie  n'est  sur- 
venue qu'au  moment  où  elles  étaient  adultes  et  par  consé- 
quent trop  agglomérées  sur  les  branches  de  Chêne,  à  ce 
moment  presque  dépourvues  de  feuilles. 

Désirant  vérifier  si  l'idée  que  j'avais  émise  était  valable,  je 
tentai  cette  année  une  nouvelle  éducation.  Je  fis  pour  cela 
une  demande  d'œufs  d'A.Pernyi  à  un  de  nos  confrères, 
M.  Le  Roy,  à  Lille,  qui  s'occupe  avec  succès  de  l'éducation 
de  différentes  espèces  de  vers  sauvages  séricigènes.  Le  24  mai 
1885,  je  reçus  de  lui  vingt-cinq  œufs  :  vingt-deux'  vers  sont 


ÉDUCATIONS   DE    BOMDYCIENS   SÉRICIGÈNES.  201 

sortis  dans  les  premiers  jours  du  mois  de  juin;  aussitôt  éclos, 
je  les  transportai  dans  la  forêt  de  Sénart,  dans  un  taillis  clos, 
endroit  que  j'avais  choisi  à  l'avance  et  que  M,  Ricli,  inspec- 
teur de  la  forêt,  a  bien  voulu  appi'ouver. 

Les  Chenilles  placées  sur  une  cépée  touffue  de  Chêne, 
furent  enfermées  dans  mon  abri  en  toile  mesurant,  comme  je 
l'ai  déjà  fait  connaître,  un  mètre  cube.  Ces  Chenilles  ont, 
dans  ces  conditions,  sans  aucun  autre  soin,  accompli 
toutes  leurs  phases;  aucune  maladie  n'est  venue  les  atteindre; 
elles  ont  toutes  filé  leurs  cocons  dans  les  premiers  jours  du 
mois  d'août,  et  je  les  ai  récoltés  au  commencement  de  sep- 
tembre. A  ce  moment  la  cépée  dénudée  de  ses  feuilles  offrait 
un  aspect  étrange  de  dessiccation;  il  ne  restait  plus  une 
seule  feuille,  les  dernières  ayant  été  employées  par  les  Che- 
nilles pour  la  confection  de  leurs  cocons.  Car  on  sait  que 
plusieurs  espèces  du  ^^enve  Antherœa  et  autres  commencent 
pour  la  formation  de  leurs  cocons  par  rassembler  quelques 
feuilles,  qu'elles  lient  solidement  ensemble;  ces  feuilles  sont 
ensuite  réunies  au  cocon  :  comme  la  Chenille  l'attache  tou- 
jours de  manière  à  être  suspendue  verticalemeut  à  la  bran- 
che, et  non  à  la  feuille  qui  l'a  nourrie,  on  pourrait  admettre 
que  les  feuilles  entourant  ainsi  le  cocon  doivent  leur  servir 
d'abri  et  par  conséquent  préserver  les  chrysalides  jusqu'à 
Téclosion  des  Papillons. 

Enfin,  le  17  septembre,  un  seul  Papillon  mâle  est  éclos;  les 
autres  cocons  vont  passer  l'hiver  dans  cet  état  et  les  insectes 
parfaits  n'en  sortiront  que  vers  le  mois  de  mai  1886;  on 
pourrait  donc  conclure,  il  me  semble,  d'après  ces  nouvelles 
expériences  : 

1°  Que  la  réunion  d'un  trop  grand  nombre  de  sujets  ras- 
semblés dans  un  espace  trop  restreint  peut  être  une  des 
causes  de  l'atteinte  de  certaines  maladies  ; 

2"  Que,  depuis  1882,  nous  avons  pu  observer  que  l'espèce 
qui  nous  occupe,  lors  de  son  introduction  sous  notre  climat, 
était  bivoltine;  que,  par  suite  d'éducations  successives  en 
plein  bois,  elle  est  presque  devenue  univoltine,  ce  qui  peut 
faire  espérer  que  désormais  VAntherœa  Pernyi,  s'il  n'est 


202  SOCIÉTÉ  NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

pas  encore  complètement  acclimaté  sous  notre  climat,  le  sera 
dans  peu,  si  l'on  persévère  à  en  faire  des  éducations  en  plein 
air  sur  des  buissons  de  Chênes  plutôt  que  sur  des  branches 
coupées. 

D'après  le  volume  que  j'ai  cité  plus  haut,  c'est-à-dire  un 
mètre  cube  de  Chêne  pour  vingt  Chenilles,  il  est  facile  de 
calculer  ce  qu'il  faudra  pour  le  nombre  que  l'on  aura  à  éle- 
ver, sans  les  déranger,  ce  qui  est  important  pour  la  réussite 
des  éducations. 

ATTACUS  CYNTHiA  Drury  (Vera  G.  Mén.) 

Depuis  quelque  temps  plusieurs  naturalistes  amateurs 
ont  cru  remarquer  que  sous  le  climat  de  Paris  VAttacus  Cyn- 
thia  était  en  dégénérescence;  que  par  conséquent  il  ne  pro- 
duisait plus  de  cocons  aussi  soyeux;  que  les  Papillons  étaient 
moins  grands;  que  leurs  couleurs  étaient  moins  vives  que 
lors  des  premiers  sujets  élevés  sous  notre  climat. 

N'ayant  pas  fait  l'éducation  de  cette  espèce  depuis  1879, 
je  priai  un  de  nos  collègues,  M.  Ramé,  qui  l'avait  élevée  en 
1884-,  de  me  confier  quelques  œufs  de  cette  espèce.  Les  Che- 
nilles sont  écloses  les  premiers  jours  du  mois  de  juillet  1885. 
J'en  plaçai  une  vingtaine  sur  un  faux  Vernis  du  Japon,  Ai- 
lanthus  glandulosa,  haut  d'environ  cinq  mètres.  Mais  je  ne 
les  vis  que  peu  de  jours  et  elles  disparurent  sans  que  je 
pusse  connaître  au  juste  la  cause  de  leur  disparition,  mais  je 
crois  pouvoir  l'attribuer  aux  oiseaux,  particulièrement  aux 
Mésanges  et  aux  Becs-fms,  qui  ont  été  très  nombreux  cet  été 
dans  mon  jardin  grâce  aux  ruisselets  d'eau  qui  y  circulent  et 
aux  bosquets  très  touffus.  Ces  oiseaux  sont  restés  cantonnés 
tout  l'été  et  certaines  espèces  ont  produit  deux  couvées,  de 
sorte  que  cette  année  il  m'a  été  impossible  d'élever  à  décou- 
vert aucune  espèce  de  Chenilles  de  Lépidoptères,  soit  indi- 
gènes ou  exotiques. 

Désirant  cependant  m'éclairer  sur  la  prétendue  dégénéres- 
cence de  VAttacus  Cynthia,]^  pris  le  parti  d'élever  les  Che- 
nilles qui  me  restaient  sur  des  branches  coupées.  Je  les  ins- 


ÉDUCATIONS   DE   BOMBYCIENS   SÉRICIGÈNES.  203 

lallai  en  plein  air  couvertes  d'un  spacieux  grillage.  Là  elles 
ont  accompli  toutes  leurs  phases  et  ont  filé  de  beaux  cocons. 

Deux  Papillons  femelles  sont  éclos  du  4  au  6  octobre  1885. 
Ces  Papillons  ne  le  cèdent  en  rien  aux  premiers  exemplaires 
introduits  en  Europe  vers  1856. 

Les  Papillons  des  cocons  restants  ne  devront  sortir  que 
vers  le  mois  de  juin  1886.  J'espère  alors  pouvoir  consta- 
ter sur  un  plus  grand  nombre  de  sujets  parfaits  s'il  y  a  eu 
dégénérescence. 

■  Note  de  la  Commission  de  publication.  —  Eu  voyant  les  efforts  persévérants 
et  souvent  couronnes  de  succès  de  ceux  de  nos  collègues  qui  ont  entrepris  de 
doter  notre  pays  de  nouveaux  Vers  à  soie,  on  est  amené  à  se  demander  si  Ton 
ne  pourrait  pas  utiliser  pour  leur  soie  les  espèces  indigènes  du  grand  genre 
Attaciis.  Elles  sont  au  nombre  de  trois.  L'une  est  le  Grand  Paon  de  nuit  [A. 
piri  Linn.),  abondant  aux  environs  de  Paris,  ne  vivant  plus  dans  l'extrême 
nord  de  la  France  et  dont  la  grosse  Chenille  mange  le  Poirier,  l'Orme  et  le 
Platane.  Son  cocon  est  riche  en  soie  brune,  très  fortement  incrustée,  et  filé  au 
mois  d'aoijt  contre  les  corniches  des  murs  et  dans  Therbe  ou  la  mousse  au  pied 
des  arbres.  On  pouvait  voir  dans  la  collection  publique  du  Muséum  rangée  dans 
la  galerie  par  Latreille,  une  paire  de  gants  de  soie  brune  ou  plutôt  de  filoselle 
due  au  cardage  de  ces  cocons.  Une  seconde  espèce,  de  toute  la  France,  Midi, 
Centre  et  Nord,  le  seul  Altacus  qui  soit  en  Angleterre  naturellement,  est  le 
Petit  Paon  de  nuit  (A.  carpini  Linn.),  dont  la  Chenille  mange  le  Charme  et 
l'Aubépine.  La  soie  est  plus  fine  et  moins  incrustée  que  celle  de  l'espèce  précé- 
dente; mais  le  cocon  est  pauvrement  garni.  Une  troisième  espèce,  aussi  à  cocon 
incrusté,  est  le  Moyen  Paon  de  nuit  [A.  spini  Linn  ),  qui  ne  se  trouve  pas  en 
France,  mais  seulement  dans  quelques  parties  de  l'Allemagne.  Ces  trois  espèces 
européennes  ont  des  cocons  naturellement  ouverts  à  un  bout,  où  le  fil  est  re- 
.plié  par  la  Chenille  en  entrée  de  nasse,  comme  dans  le  cocon  asiatique  de  l'es- 
pèce si  bien  acclimatée  du  Ver  à  soie  de  l'Ailante,  Attacus  Cynthia  Drury,  vera 
Guérin-Méneville.  Nous  n'avons  donc  pas  chez  nous  d'espèces  séricigènes  à 
cultiver  sans  soins  ni  frais  ;  nous  devons  donc  continuer  à  travailler  dans  la 
voie  si  bien  suivie  par  nos  collègues  MM.  X.  Wailly  et  .1.  Fallou. 


LES  ORCHIDÉES  DE  SERRE  FROIDE 

Par   M.    P.    ZEILLER 


Le  sujet  de  celte  note  peut  paraître  au  premier  abord 
un  peu  étranger  à  l'objet  des  travaux  de  notre  Société.  Cepen- 
dant, comme  celle-ci  s'attache  à  vulgariser  aussi  bien  les 
plantes  d'ornement  que  les  végétaux  utiles,  il  m'a  semblé  que 
l'acclimatation  dans  nos  serres  de  cette  belle  famille  des  Or- 
chidées ne  devait  pas  être  pour  elleime  question  indifférente. 
Le  Jardin  d'acclimatation  en  juge  bien  ainsi,  car  en  hiver  et 
au  printemps  sa  magnifique  serre  s'embellit  de  la  floraison 
de  quelques  espèces,  les  plus  répandues,  et  montre  au  public 
ce  qu'elles  valent  pour  la  décoration  des  appartements. 

Les  Orchidées  ne  sont  plus,  comme  le  répètent  à  l'envi  les 
journaux  en  rendant  compte  des  expositions  d'horticulture, 
a.  l'apanage  des  princes  de  la  finance  ».  Cela  n'est  plus  vrai 
même  des  Orchidées  de  serre  chaude,  qui  demandent  cepen- 
dant des  locaux  et  des  soins  assez  dispendieux.  Mais  celles  de 
serre  froide,  importées  chaque  année  en  quantités  considé- 
rables d'Asie  et  des  deux  Amériques,  multipliées  en  Europe 
par  la  culture,  ne  demandent  ni  soins  extraordinaires  ni  lo- 
caux spéciaux,  et  sont  tombées  à  des  prix  qui  les  mettent  à  la 
portée  de  toutes  les  bourses. 

Sans  doute  ce  sera  toujours  un  grand  luxe  d'avoir  une  serre 
d'Orchidées;  mais  tout  le  monde  peut,  et  tout  le  monde  de- 
vrait avoir  des  Orchidées  dans  sa  serre,  ce  qui  n'est  pas  la 
même  chose.  La  plus  modeste  serre,  destinée  à  rentrer  les 
Géraniums,  les  Fuchsias,  les  Bégonias  qui  ornent  nos  jardins 
en  été,  peut  donner  l'hospitalité  à  nombre  d'espèces  d'Orchi- 
dées, aussi  variées  que  belles.  En  Belgique,  en  Angleterre,  il 
n'y  a  pas  une  serre  sans  quelques  Orchidées;  les  Anglais  en 
ont  jusque  dans  leurs  serres  à  Vigne.  En  France,  jusqu'à  pré- 
sent, on  a  bien  peu  mis  à  profit  cette  nouvelle  ressource  pour 
parer  nos  serres,  ressource  d'autant  plus  précieuse  que  les 


ORCHIDÉES  DE  SERRE  FROIDE.  205 

paniers  ou  les  terrines  suspendues  où  on  cultive  ces  filles  de 
l'air  n'enlèvent  presque  pas  déplace  aux  anciennes  habitantes. 
On  ignore  aussi  que  cette  singulière  famille,  qui  déroge  en 
apparence  à  toutes  les  lois  de  la  végétation,  y  déroge  surtout 
par  l'étonnante  durée  de  ses  fleurs  ;  les  espèces  dont  la  fleur 
ne  dure  qu'un  mois  ont  une  floraison  relativement  courte;  la 
moyenne  est  de  six  semaines  à  deux  mois;  VEpiclendrum  vi- 
tellinum  garde  ses  fleurs  fraîches  pendant  trois  mois  ;  j'ai  eu 
des  fleurs  de  Lycaste  Skinneri  ouvertes  le  5  janvier  et  fanées 
seulement  le  25  avril,  après  110  jours  de  durée;  celles  des 
Cypripedmm  longifolium,  Rœzli,  Sedani,  etc.,  durent  120, 
150  et  jusqu'à  190  jours. 

Certaines  espèces  fleurissent  plusieurs  fois  dans  l'année,  et 
la  fanaison  des  fleurs  est  le  signal  du  développement  de 
fleurs  nouvelles;  ainsi  du  Maxillaria grandiflora,  qui  a  em- 
baumé ma  serre  pendant  cinq  mois  du  parfum  de  ses  admi- 
rables fleurs  blanches;  ainsi  du  Lycaste  Skinneri,  qui  m'a 
donné  cette  année  trois  floraisons  successives,  de  deux  à  trois 
mois  chacune;  ainsi  de  VOdotiloglossum  Rossi  majus,  qui 
est  resté  en  fleurs  chez  moi  260  jours  dans  un  an. 

J'ajoute  que  les  Orchidées  fleuries  ne  souffrent  aucunement 
de  passer  dans  un  salon  tout  le  temps  de  leur  floraison.  Il 
m'arrive  souvent  d'y  conserver  pendant  deux  mois  la  même 
plante  en  fleurs,  au  point  de  faire  croire  à  certaines  personnes 
que  je  me  livre  à  la  culture  des  plantes  en  papier.  Elles  de- 
viennent, à  ce  titre,  les  plus  brillantes  de  nos  plantes  d'ap- 
partement, et  rien  n'égale,  comme  milieu  de  table,  une  cor- 
beille d'Orchidées  fleuries. 

Enfin,  les  différentes  espèces  de  cette  famille  fleurissent  à 
des  saisons  différentes;  avec  un  petit  nombre  d'espèces  choi- 
sies convenablement,  on  aura  des  fleurs  toute  l'année,  et 
spécialement  tout  l'hiver  :  en  novembre,  décembre  et  janvier, 
le  Cypripedium  insigne,  le  Lycaste  Skinneri,  le  Sophronitis 
grandiflora^  le  Dendrobium  nobile,  les  Masdevallia  Tova- 
rensis  et  triangularis ;  en  février,  mars  et  avril,  le  Cœlogine 
cristata,  VAda  aurantiaca,  le  Dendrobium  japonicum,  les 
Masdevallia Estradœ ei Lindeni ,  le  Cattleya  citrina;  en  mai, 


206  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'aCCLIMATATION. 

juin  et  juillet,  les  Cypri'pedium  harbatum  et  villosum,  les 
Odontoglossum  Alexandrie  et  Pescatorei,  les  Masdevallia 
amabilis  et  Veitchiana,  VOncidium  cucullatum,  VEpiden- 
drum  vitellinum ;  en  août,  septembre  et  octobre,  les  Maxil- 
laria  grandiflora,  les  Oncidium  crispum  et  concolor,  les 
Stanhopea^  V Odontoglossum  grande,  le  Lœlia  anceps,  etc. 

Qu'on  lise  à  ce  sujet  le  beau  livre  de  M.  le  comte  de  Puydt  : 
les  Orchidées,  histoire  iconographique  (1);  il  est  admira- 
rablement  fait  pour  donner  une  idée  générale  des  Orchidées 
et  en  propager  le  goût,  et  ses  magnifiques  illustrations  per- 
mettent au  lecteur  de  faire  déjà  un  choix  dans  les  genres 
qu'il  veut  cultiver. 

Mais  il  existe  un  autre  ouvrage,  plus  modeste  d'apparence, 
qui  est  indispensable  à  qui  veut  commencer  à  cultiver  cette 
famille  :  c'est  le  Traité  théorique  et  pratique  de  la  culture 
des  Orchidées,  par  M.  le  comte  Fr.  du  Buysson  (2);  il  donne 
la  description  détaillée  de  plus  de  mille  espèces  d'Orchidées 
exotiques,  le  mode  de  culture,  le  compost,  la  température 
qui  conviennent  à  chacun.  C'est  le  guide  le  plus  complet  et  le 
plus  précieux;  avec  lui,  aucune  diflîculté,  aucune  incertitude 
n'est  possible. 

Dans  ce  nombre  de  mille  espèces  environ  qui  sont  aujour- 
d'hui au  commerce,  il  y  en  a  près  de  deux  cents  pour  la  serre 
froide,  appartenant  à  trente-trois  genres  différents  : 


2  Acineta, 

3  ou  4  Dendrobiura, 

1  Acropera, 

1  Disa, 

1  Ada, 

5  ou  6  Epidendrum, 

1  /Erides, 

1  Helcia, 

i  Angrœcum, 

8  Lselia, 

i  Anguloa, 

8  Lycaste  (tout  le  genre), 

3  Arpophylluiïi, 

36  Masdevallia  (tout  le  genre), 

1  CaUleya, 

6  Maxillaria              (id.) 

2  Cœlogine, 

2  iMesospinidium      (id.) 

4  Cymbidium, 

1  Miltonia, 

10  Cypripediuin, 

1  Nanodes, 

(1)  Chez  Rothschild,  rue  des  Saints-Pères,  13,  Paris.  Prix  :  35  francs. 

(2)  Librairie  centrale  d'agriculture,  rue  desËcoles,  62,  Paris.  Prix:  G  francs. 


ORCHIDÉES   DE   SERRE   FROIDE.  207 


-40 à  450(Jonloglossum  (tout 

le  genre), 
20  Oiicidium, 

2  Pilumna, 
1  Pleione, 

3  Restrepia, 


i  Sobralia, 
2  Sophronitis, 
i  k  5  Stanhopea, 
2  Thuiiia, 
i   Trichopilia, 
2  Zygopetalum. 


Un  bon  nombre  de  ces  espèces  se  vendent  de  5  à  6  fi-ancs  ; 
toutes  les  autres,  8,  40,  12,  ou  rarement  15  francs;  ce  sont 
donc,  comme  je  l'ai  dit,  des  plantes  à  bon  marché.  A  cet  égard, 
du  reste,  le  plus  simple  est  de  renvoyer  les  amateurs  aux  ca- 
talogues des  grandes  maisons  qui  cultivent  les  Orchidées, 
MM.  Thibaut  et  Kéleleer,  à  Sceaux;  Godefroy-Lebeuf,  à  Ar- 
genteuil;  Van  Houtte,  Aug.  Van  Geert  et  la  Compagnie  conti- 
nentale d'horticulture,  à  Gand. 

La  seule  difficulté,  pour  celui  qui  veut  commencer  cette 
culture,  réside  dans  le  choix  des  espèces;  toutes  ne  sont  pas 
également  belles,  également  faciles;  toutes  ne  sont  pas  régu- 
lières dans  leur  floraison.  Celles  que  l'expérience  m'a  fait 
regarder  comme  les  meilleures  à  ces  divers  égards  sont  en 
première  ligne  (pour  n'en  nommer  que  dix)  : 
*Le  Ly caste  Skinneri, 

le  Maxillaria  grandi (lora, 

les  Cypripedium  barbatum,  insigne  et  villosum, 

le  Cœlogine  cristata, 

les  Odoîitoglossum  Alexandrœ  et  Rossi  majus, 

les  Masdevallia  Tovarensis  et  amabilis. 

Tous  les  horticulteurs  se  font  d'ailleurs  un  devoir  d'indi- 
quer eux-mêmes  quelles  sont  les  espèces  qui  conviennent  le 
mieux  au  genre  de  serre  et  à  la  température  dont  on  dispose. 

Je  m'estimerais  heureux  si  la  lecture  de  celte  note  enga- 
geait quelques-uns  de  nos  confrères  à  essayer  cette  culture, 
aussi  intéressante  qu'originale,  aussi  brillante  que  peu  ré- 
pandue. Les  plantes  sont  plus  reconnaissantes  que  les  hom- 
mes, et  les  Orchidées,  entre  toutes,  récompensent  bien  large- 
ment des  quelques  soins  dont  elles  sont  l'objet. 


OBSERVATIONS 

SUR  LES  ORCHIDÉES  DE  SERRE. FROIDE 

ParUm.  GODEFROT-LEBEUF,  A.-GEOFFROY  SAl!VT-HILi\IRE 

et  DU1.4L, 


(Extrait  du  Compte  rendu  stéuographique.) 


M.  Godefroy-Leheuf  :  Dès  que  j'ai  su  que  M.  Zeiller  devait 
taire  une  communication  à  la  Société  d'Acclimatation,  j'ai 
demandé  qu'on  m'autorisât,  ainsi  que  MM.  Truffant  etDuval, 
à  mettre  sous  les  yeux  de  mes  collègues  un  certain  nombre  de 
plantes  cultivées  en  serre  froide.  M.  Truffaut,  retenu  par  ses 
affaires,  n'a  pu  répondre  k  l'appel. 

Les  plantes  que  nous  avons  l'honneur  de  présenter  peuvent 
toutes  être  cultivées  en  serre  froide.  En  matière  d'Orchidées, 
nous  appelons  serre  froide  une  serre  dans  laquelle  la  chaleur 
peut  descendre  en  hiver  jusqu'à  +  3  et  même  +  2  degrés. 
C'est  un  préjugé  de  croire  que  toutes  les  Orchidées  demandent 
de  la  chaleur.  La  plupart  de  nos  Orchidées  de  serre  froide 
souffrent,  au  contraire,  de  l'aridité  et  de  la  température  de 
nos  étés.  La  température  normale  oscille  entre  4-  et  18  degrés 
au  maximum.  L'hiver,  il  est  très  facile  de  maintenir  18  de- 
grés ;  en  revanche,  il  est  fort  difficile,  quand  la  température 
extérieure  pendant  l'été  atteint  25  degrés,  de  maintenir  une 
température  ne  dépassant  pas  18  degrés.  Aussi  atténuons- 
nous  les  dangers  de  la  surélévation  de  température  en  mouil- 
lant les  sentiers,  en  ombrant,  en  fermant  les  ouvertures,  etc. 

Dans  les  Orchidées  froides,  il  y  a  deux  sections  distinctes. 
Celles  qui  proviennent  des  régions  sèches,  celles  des  plateaux 
du  Mexique  par  exemple,  celles  qui  habitent  les  régions  hu- 
mides, les  Orchidées  alpines  de  l'Amérique  Centrale  et  du 
Sud.  Autant  les  premiers  supportent  facilement  nos  étés  ar- 
dents, autant  celles  des  régions  montagneuses  en  souffrent. 

Si  les  Orchidées  se  répandent  lentement  en  France,  ce  n'est 


ORCEIIDÉES    DE   SERRE    FROIDE.  209 

pas  parce  que  nous  ne  savons  pas  les  cultiver,  mais  parce 
que  nous  nous  faisons  une  idée  fausse  des  soins  qu'elles  ré- 
clament. Le  jour  où  on  sera  convaincu  que  les  Orchidées  sont 
aussi  faciles  à  cultiver  que  les  Géraniums,  leur  procès  sera 
gagné. 

L'importation  des  Orchidées,  qui  oblige  une  seule  maison 
anglaise  à  avoir  dix-huit  collecteurs,  entraîne  un  mouvement 
commercial  considérable.  La  Société  d'Acclimatation  doit 
encourager  ce  genre  de  commerce,  parce  que  l'importation 
des  plantes  d'agrément  est  une  source  de  renseignements  qui 
conduiront  à  l'importation  de  plantes  ou  d'animaux  d'un  in- 
térêt plus  pratique.  Il  est  fort  probable  que  le  superbe  Faisan 
de  Rheinhard  sera  introduit  par  un  des  collecteurs  d'Orchi- 
dées qui  actuellement  se  préparent  à.  explorer  les  chaînes  du 
Tonkin  et  de  l'Annam. 

Les  Orchidées  fleurissent  à  toutes  les  époques  de  l'année; 
toutefois  le  moment  le  plus  favorable  pour  la  floraison  des 
Orchidées  froides  s'étend  de  février  à  juin.  Nous  avons  fait  de 
notre  mieux  pour  présenter  quelques  plantes  en  fleurs,  quoi- 
que l'époque  actuelle  puisse  être  considérée  comme  la  plus 
pauvre  en  fleurs  d'Orchidées. 

Dans  leurs  pays  d'origine,  elles  croissentsur  les  arbres,  sur 
les  rochers,  dans  les  parties  généralement  aérées  et  exposées 
en  pleine  lumière.  L'indifférent  peut  parcourir  des  forêts 
qui  contiennent  des  quantités  énormes  d'Orchidées  sans  en 
voir  une  seule.  Elles  se  sont  placées  au  sommet  des  arbres,  là 
où  le  soleil  les  éclaire  et  où  elles  hument  l'humidité  et  l'air 
sain  qui  leur  sont  indispensables.  C'est  ainsi  que,  pour  im- 
porter VOdontoglossum  Aleœandrœ,  on  a  été  obligé  de  cou- 
per des  milliers  d'arbres,  perte  peu  sérieuse  dans  des  pays 
où  les  moyens  de  transport  pour  l'exploitation  des  bois  font 
absolument  défaut. 

Si  les  plantes  alpines,  et  j'entends  parce  terme  les  plantes 
de  la  Colombie,  de  l'Equateur,  toutes  les  espèces  des  Andes 
demandent  de  l'air,  de  l'humidité  et  une  chaleur  modérée, 
la  cultuie  des  plantes  des  plateaux  mexicains,  qui  générale- 
ment poussent  en  plein  soleil,  sur  les  arbres  ou  les  roches  ex- 

4*  SÉRIE,  T.  m.— Avril  1886.  14 


210  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

posés  à  une  chaleur  sèche  pendant  plusieurs  mois,  est  mal 
comprise.  Elles  réclamenl  de  l'air,  de  la  lumière  et  du  soleil. 
Ce  sont  les  plantes  par  excellence  à  acclimater  dans  la  région 
méditerranéenne.  Elles  ne  craindront  pas  la  chaleur  de  nos 
étés,  et  leurs  bulhes  bien  aoûtées  leur  permettront  de  fleurir 
abondanunent  pendant  l'hiver  et  de  résister  à  la  température 
de  la  région  de  l'Oranger. 

Notre  intention  n'est  pas  de  dire,  pendant  les  moments 
que  vous  avez  bien  voulu  nous  accorder,  quels  sont  les  soins 
que  ces  plantes  réclament  ;  nous  avons  simplement  désiré 
monlrer  à  nos  collègues  les  plantes  les  plus  faciles  à  cultiver, 
celles  précisément  qui,  par  suite  de  la  multiplicité  des  impor- 
tations, sont  devenues  aussi  abordables  à  l'amateur  que  les 
variétés  nouvelles  de  Coleus  et  de  Géraniums.  Contrairement 
à  ces  genres  de  plantes,  plus  une  Orchidée  vieillit,  plus  elle 
augmente  de  valeur. 

Nous  restons  à  la  disposition  de  tous  nos  confrères  pour 
les  renseigner  sur  les  soins  que  chaque  espèce  réclame,  et 
nous  serons  heureux  de  les  guider  aussi  bien  dans  la  culture 
de  ces  plantes  que  dans  les  introductions  que  leurs  rapports 
avec  les  pays  d'origine  leur  permettraient  de  tenter. 

Liste  des  plantes  présentées  en  fleurs  par  MM.  Godel'roy- 
Lebeuf  et  Duval  : 


Brassavola  caudata,  Brésil. 
Ctelogyne  cristata,  Ncpaul. 
Colax  jiigosus,  Brésil. 
Cijnibidium  ehurneum,  As.saiii. 
Cypripediutn  Boxalli,  Birmanie. 

—  insigne,  Nepaul. 

—  Chantim,  Nepaiil. 
Houllelia  Brocklelmrstiana,  Brésil. 
Lœlia  autumnalis,  Mexique. 

—  albida,  Mexiijue. 

—  cmceps,  Mexique. 

—  Daijanà,  Brésil. 
Lijcasle  Skinneri,  Guatemala. 
Masdevallia  Davisi,  Equateur. 

—  Hanyana,  Colombie. 


Masdevallia  ignea,  Colombie. 

—  Tovarensis,  Venezuela. 

—  Veitclii,  Pérou. I 
Maltaria  Cloivesl,  Brésil. 
Odontoglossum  Alexandrœ,  Colombie. 

—  Bicloniense,  Mexi((ue. 

—  cordiitum,  Mexi(iue. 

—  gloriosum,  Colombie. 

—  grande,  Guatemala. 

—  Insleaiii,  Mexique. 

—  Pescatorei,  Colombie. 

—  Rossi,  Mexique. 
Oncidium  onnthorhijnchum,  Mexique. 

—         Bogersi,  Brésil. 
Zygopetaluin  Mackayi,  Brésil. 


ORCHIDKES    DE    SERRE    FROIDE.  211 

M.  A. -Geoffroy  Sainl-Hilaire  :  M.  Godefroy-Lebeuf  a  fait 
ressortir  avec  beaucoup  de  vérité  les  services  que  rend  à  la 
géographie,  en  général,  et  à  l'histoire  naturelle,  en  particu- 
lier, le  collecteur  d'Orchidées.  M.  Zeiller,  dans  sa  note,  vous  a 
montré  très  clairement  le  concours  que  les  Orchidées  peuvent 
donner  à  la  décoration  des  serres,  et,  même  à  la  décoration 
des  appartements,  en  vous  démontrant,  par  des  chiffres  abso- 
lument précis,  la  durée  étonnante  de  ces  tleurs,et,  par  con- 
séquent, l'agrément  qu'elles  peuvent  donner  à  nos  demeures. 

Il  y  a  un  autre  point  de  vue,  qui  me  paraît  n'avoir  pas  été 
indiqué,  à  l'occasion  de  cette  très  intéressante  présentation, 
et  que  je  vous  demande  la  permission  de  vous  signaler.  De- 
puis vingt  ans,  ou,  pour  parler  d'une  façon  plus  précise,  de- 
puis douze  ans,  il  s'est  produit  dans  le  Midi  de  la  France  un 
mouvement  très  important  au  point  de  vue  de  l'horticulture  : 
on  a  introduit,  dans  les  jardins  du  littoral  méditerranéen, 
toute  une  flore  exotique,  si  bien  que,  dans  beaucoup  de  pro- 
priétés de  Cannes,  de  Nice,  d'Hyères,  aujourd'hui  la  flore  na- 
turelle, ou  plutôt  la  flore  normale  actuelle  de  nos  jardins,  qui 
est,  pour  la  plus  grande  partie,  une  flore  acclimatée,  a  abso- 
lument disparu  pour  faire  place  à  une  flore  exotique,  et  en 
particulier  à  la  flore  australienne. 

Pour  cultiver  ces  plantes  de  l'Australie,  ces  Palmiers,  ces 
végétaux  divers,  qui  font  aujourd'hui  l'ornement  des  parcs 
et  des  jardins  de  la  Provence  de  la  région  de  l'Oranger,  pour 
un  certain  nombre  d'entre  elles  au  moins,  des  précautions  sont 
nécessaires.  Ainsi  dans  la  villa  Vigier,  célèbre  par  les  spé- 
cimens remarquables  qu'elle  contient,  on  a  ménagé  des  abris 
sous  des  Eucalypius,  sous  des  Oliviers,  pour  pouvoir  ajouter 
aux  plantes  cultivées  en  plein  air,  à  tous  vents,  des  espèces 
plus  délicates.  Ainsi  les  Fougères  de  l'Amérique  du  Sud,  les 
Fougères  de  l'Australie,  sont  venues  chercher  la  protection 
des  feuillages  qui  les  préservent  du  rayonnement  nocturne  et 
des  vents  violents.  Peu  à  peu,  les  Orchidées  viendront,  à 
leur  tour,  ajouter  à  la  décoration  de  ces  jardins  nouveaux; 
elles  apporteront  le  concours  de  leur  floraison  à  ces  sites 
que  l'art  a  su  rendre  absolument  agréables. 


212  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

AI.  Godefi'oy-Lebeuf  VOUS  disait  tout  à  l'heure  que  les  Or- 
chidées supportent  un  abaissement  de  température  de  2,  S  de- 
grés au-dessus  de  zéro.  Les  Orchidées  employées  dans  l'ave- 
nir pour  la  décoration  de  ces  abris,  de  ces  fougeraies,  étant 
faciles  à  transporter,  pourraient  être  rentrées  si  l'on  prévoyait 
des  froids  un  peu  rigoureux.  D'ailleurs  ces  froids  durent 
bien  rarement  plus  de  deux  ou  trois  jours.  Dans  ces  régions 
favorisées,  nous  avons  des  abris  de  Cannes  et  de  Bambous, 
sous  lesquels  nous  cultivons  un  certain  nombre  de  plantes 
qui  seraient  trop  délicates  pour  être  exposées  sans  protection 
aux  ardeurs  du  grand  soleil,  à  la  violence  des  grands  vents 
et  à  l'action  des  petites  gelées  de  ces  pays.  Ainsi,  dans  notre 
jardin  d'IIyères,  nous  avons  des  abris  qui  couvrent  environ 
20000  mètres,  et  sous  lesquels  nous  cultivons  un  certain 
nombre  d'espèces  qui  ne  pourraient  vivre  tout  à  fait  en  plein 
air. 

Sous  ces  abris,  sous  ces  claies  protectrices,  les  Orchidées, 
et  surtout  les  Orchidées  sèches,  celles  qui  ont  besoin  de  peu 
d'humidité,  celles  du  Mexique  par  conséquent,  rendront  les 
plus  grands  services,  elles  apporteront  un  élément  de  déco- 
ration utile,  sinon  un  élément  commercial  important.  La 
communication  de  M.  Zeiller  me  paraît  donc  très  intéres- 
sante, d'abord  par  les  faits  qu'elle  vous  signale  et  ensuite  par 
l'attention  qu'elle  fixera,  j'espère,  sur  l'utilisation  qu'on  peut 
faire  des  Orchidées  pour  la  décoration  de  nos  jardins  du 
Midi. 

M.  Duval  :  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  dit  quelques  mots 
sur  les  Orchidées  de  serre  froide  et  surtout  sur  leur  emploi 
dans  le  Midi.  Si  j'ai  demandé  à  prendre  la  parole,  c'est  paice 
que  la  plupart  des  plantes  que  je  présente  ici  ont  été  culti- 
vées dehors  l'été  dernier.  Un  proverbe  dit  :  Aux  innocents  les 
mains  pleines.  Je  crois  que  c'est  vrai  en  ce  qui  me  concerne. 
Voilà  trois  à  quatre  ans  à  peine  que  je  cultive  les  Orchidées. 
J"ai  l'ait  pour  elles  ce  que  certains  cultivateurs  ont  fait  à  Paris 
pour  d'autres  plantes;  lorsque  les  Anglais  ont  introduit 
WAnUiurium  Scherzerianum,  celui-ci  a  été  longtemps  en  An- 
gleterre uno  plante  aristocralique  comme  les  Orchidées,  et 


ORCIIIDÉKS    DE    SERRE    FROIDE.  213 

n'était  abordable  que  pour  les  bourses  bien  garnies.  Quand 
cette  plante  a  passé  sur  le  continent,  les  horticulteurs  fran- 
çais, nous  devons  le  dire  à  leur  louange,  comme  les  Truffant, 
les  Thibaut  et  bien  d'autres,  l'ont  popularisée,  et  ils  en  ont 
fait  ce  qu'elle  est  devenue  :  une  plante  de  premier  ordre  au 
point  de  vue  commercial.   Depuis,  les  cultivateurs  de  Paris 
qui  s'occupent  des  fleurs  coupées,  et,  entre  autres,  le  plus 
célèbre,  M.  Ragonot,  se  sont  mis  à  faire  de  VAnlhurium  pour 
la  fleur  coupée  pour  les  bouquets  et  corbeilles.   Intelligem- 
ment comprise,  sa  culture  s'est  développée  dans  des  propor- 
tions considérables.  Eh  bien,  il  en  sera  de  même  pour  les 
Orchidées.  Nous  ne  sommes  absolument  que  des  cultivateurs; 
nous  travaillons  dans  un  but  tout  à  fait  commercial,  nous 
sommes  un  peu  les  maraîchers  de  l'horticulture,  nous  fai- 
sons des  plantes  pour  les  halles  ou  le  marché  parce  qu'elles 
rapportent  de  l'argent,  et  nous  tachons  de  le  faire  dans  les 
meilleures  conditions  de  prix  possible  pour  les  populariser 
et  en  vendre  beaucoup;  il  faut  donc  absolument,  quand  une 
plante  nous  arrive  dans  les  mains,  il  faut  que  cela  marche, 
car,  si  ça  ne  marche  pas,  nous  l'envoyons  promener  (Rires). 
Eh  bien,  voilà  con^ment  nous  avons  jusqu'à  ce  jour  entendu 
la  culture  des  Orchidées...  je  dis  :  nous,  parce  qu'il  n'y  a  pas 
que  moi;  en  somme,  je  ne  puis  pas  revendiquer  seul  le  droit 
de  cultiver  les  Orchidées.  Depuis  que  nous  cultivons  ces  jolies 
plantes  dans  les  environs  de  Paris,  depuis  que  nous  nous 
sommes  emparés  des  Orchidées,  nous  arrivons  à  faire  ce  que 
vous  voyez,  des  plantes  comme  les  Odontofjlossum  Alexandrœ 
que  je  vous  apporte  là.   J'en  ai  une  trentaine  en  fleurs,  et 
M.  Bergman,  le  grand  jardinier  en  chef  du  château  de  Fer- 
rières,  ayant  visité  nos  cultures  dernièrement,  s'est  trouvé 
tout  à  fait  étonné  devant  notre  serre  les  portes  toutes  grandes 
ouvertes;  il  y  avait,  dans  la  serre,  3  ou  4  degrés  au-dessus 
de  zéro.  Voilà  trois  semaines  que  cela  dure  comme  cela  ;  la 
porte  a  toujours  été  ouverte  toute  grande.  Ces  Oihnloylossum 
Alexandrœ  ont  donc  fleuri,  à  peu  de  chose  près,  dans  une 
atmosphère  aussi  froide  que  celle  du  dehors;  les  fleurs  n'ont 
rien  eu  à  souffrir  de  cela,  et,  au  contraire,  je  crois  qu'elles 


214  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

n'en  sont  que  plus  belles.  Eh  bien,  en  plus  (me  basant  sur 
quelques  renseignements  qui  m'avaient  été  donnés),  l'année 
passée,  beaucoup  de  ces  plantes  ont  été  mises  dehors,  notam- 
ment une  cinquantaine  à'Àlexcuidrœ,  une  grande  quantité  de 
Cattlei/as,  une  grande  quantité  de  plantes  mexicaines.  J'ai 
fait  l'aire  chez  moi  un  immense  abri  sous  lequel  nous  culti- 
vons les  Fougères,  les  Fougères  du  Brésil,  entre  autres  les 
Cibotium,  les  Alsophilla,  les  Dichsotiia,  etc.  11  y  a  longtemps 
que  nous  faisons  cette  culture,  qui  nous  a  très  bien  réussi  ;  et 
c'est  sous  cet  abri  que  nous  avons  mis  nos  Orchidées  de  serre 
froide  et  de  serre  chaude.  Celles-ci  ont  très  bien  poussé  et  se 
sont  très  bien  comportées;  j'ai  envoyé  à  M.  Godefroy-Lebeul 
une  liste  de  plantes  qui  ont  fleuri  dehors,  ce  qui  est  beaucoup 
plus  joli  comme  résultat.  Nous  avons  eu,  sous  l'abri,  des 
Odonloglossum  Alexandrœ,  des  Caltleyas  Mossiœ,  des  Cal- 
tleyas  crispa,  Gaskeliana  Doiveana  (c'est  une  plante  assez 
rare),  et  une  masse  d'autres. 

Donc  j'appuierai  très  fortement  ce  qu'a  dit  M.  Geoffroy,  je 
suis  sûr  que  dans  le  Midi  les  Orchidées  réussiront  très  bien. 
La  seule  chose  peut-être  à  laquelle  il  faudrait  faire  bien  at- 
tention, c'est  quand  le  vent  soufflera  du  côté  du  beau  pays 
qu'on  appelle  l'Algérie;  il  ne  faudrait  pas  trop  leur  laisser 
supporter  ce  vent-là,  surtout  pour  les  plantes  de  la  Colombie, 
qui  sont  des  plantes  de  montagne;  on  aura  plus  à  les  garantir 
contre  cela  que  contre  l'abaissement  de  la  température,  car  il 
nous  est  arrivé  que,  le  16  août,  à  Versailles,  le  thermomètre 
a  été  fort  bas,  presque  à  zéro,  chose  qui  ne  s'est  peut-être 
jamais  vue,  mais  c'est  un  fait  absolument  vrai;  mon  chet 
de  culture  m'écrivait  (j'élais  à  ce  moment  à  Lyon)  qu'on 
avait  ramassé,  le  malin,  un  peu  de  givre  sur  les  paillassons... 
Eh  bien,  toutes  les  Orchidées  de  serre  froide  étaient  encore 
dehors  et  je  tremblais  très  fort  de  les  trouver  anéanties  ou 
très  fatiguées;  il  n'en  a  rien  été;  les  plantes  étaient  en  très 
bon  état,  l'abaissement  s'était  fait  moins  sentir,  il  est  vrai, 
sous  l'abri  qu'en  plein  jardin,  mais  enfin  les  plantes  n'ont 
rien  eu.  J'ai  eu  le  plaisir,  il  y  a  quatre  jours,  d'avoir  la  visite 
d'un  Anglais,  d'un  des  plus  grands  cultivateurs  d'Orchidées, 


ORCHIDÉES  DE  SERRE  FROIDE.  415 

avec  son  chef  de  culture,  M.  Sanders.  qui  m'a  dit,  à  propos 
de  nos  Masdevallia,  qu'il  n'en  avait  jamais  vu  sur  le  conti- 
nent d'aussi  beaux  que  les  nôtres.  «  Comment  laites-vous,  avec 
votre  climat,  pour  avoir  des  plantes  comme  cela?  —  Elles  ont 
été  dehors  tout  l'été,  cette  année,  et  on  les  a  absolument 
noyées  d'eau;  on  les  bassinait  avec  les  Fougères,  comme  on 
le  fait  avec  les  plantes  très  communes,  et  on  les  a  soustraites 
au  hàle  et  aux  vents,  et  cela  a  très  bien  réussi.  »   La  grosse 
affaire,  comme  dit  M.  Godefroy-Lebeuf,  c'est  d'empêcher  que 
la  sécheresse  de  l'air,  que  l'aridité  de  l'atmosphère  ne  nuise  à 
ces  petites  plantes,  qui,  pour  la  i)Uipart,  sont  originaires  des 
prairies  et  demandent  sûrement  à  être  dans  une  buée  conti- 
nuelle. Je  suis  bien  persuadé  que,  d'ici  à  quelques  années,  si 
nous  pouvons  avoir  la  chance  de  ne  pas  être  tributaires  des 
Anglais  pour  ces  plantes,  de  les  faire  venir  direclement  des 
pays,  d'être,  en  un  mot,  des  importateurs,  et  alors,  consé- 
quence forcée,  de  ne  pas  les  faire  payer  trop  cher,  non  seule- 
ment nous  aiderons  à  la  popularisation  de   ces  adorables 
plantes,  mais  nous  aurons  développé  le  goût  de  leur  culture, 
et  nous  aurons  victorieusement  détruit  la  légende  qui  con- 
sistait cà  croire  que  les  Orchidées  sont  difficiles  à  cultiver, 
d'autant  plus  que  nous  n'avons  pas  pour  habitude  de  cacher 
nos  procédés,  et  qu'il  est  toujours  très  facile  de  trouver  chez 
nous  autres,  maraîchers  de  l'horticulture,  comme  je  l'ai  dit 
en  commençant,  de  trouver  toujours,  dis-je,  les  renseigne- 
ments qu'on  voudra  bien  nous  demander;  nous  ne  cachons 
rien  et  nous  ne  faisons  pas  de  la  culture  à  portes  fermées; 
nous  ne  demandons  pas  mieux  que  de  les  ouvrir  toutes  gran- 
des à  tous  les  amis  des  plantes,  amateurs  ou  horticulteurs, 
pour  la  plus  grande  gloire  des  plantes  et  de  l'horticulture 
française. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÈSUERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ- 


SÉANCE  GENERALE  DU  5  MARS  1886. 
Présidence  de   M.  Saint-Yves  Méxard,  Trésorier. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms    des   membres  nouvellement 
admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

r>  /i     m         •  j  \    oc  1        p         (Comte  d'Eprémesnil. 

Belbeuf  (le  Marquis  de),  35,  rue  Jean-Gou-  \    ,   ^     /v.      o  •      ..-.  • 

,   \    •  A.GeoftroySaint-Hilaire. 

ion,  a  Pans.  /  ,,         ■    i    c-    ■. 

•'  [  Marquis  de  Sinely. 

_.,„.,     ^        ,  ,     „  ,  .  A,  Bertboule. 

Bernay  (Emile  Henri ,   Consul  de   France   a  \  .    ^     ^       . ,  .  ,  „.,  . 

rr      •  \i,       N     .  oo  j    r.  'ni  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire, 

Tauris(Perse),  et  83,  ruede  Pasfv,  a  Pans.  /  ,,         .    j    „.    ,, 

^  '  -^  lAIarquis  de  Sinety. 

Laurent  (Marcel),  propriétaire,  12,  rue  Fran-  (  A.  Geoffroy  Saint-Ililaire. 

çois  I",  à  Paris, et  au  château  delà  Ferlé-  <  Marquis  de  Sinéty. 

Vidame  (Eure-et-Loir).  (  de  Vatimesnil. 

Mayen  (Alfred),  directeur  de  la  Compagnie  f  Douât. 

d'assurance  «  La  Prévoyance  »,  23,  rue  de  ]  A.Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Londres,  à  Paris.  (  Saint-Yves  Ménard. 


Rogier  (René),  banquier,  69,  rue  Bannies,  à  \ 
Orléans  (Loiret).  ) 


A.  Bertboule. 
A.Geoffroy  Saint-Hilaire. 
Saint-Yves  Ménard. 


r.  /n         '     m       ■      M-        N  •  ',     •  ,     E.    Caiolv. 

Roman  (René  Maximilien),  propriétaire,  au  \               , 

1  «,         J    r"           /v        \  ■  A.  ijertiioule.. 

château  de  Gur^s^  (Yonne).  /  ,,         •     ,    o-    .. 

^°  ^           '  [  Marquis  de  Sinéty. 

—  M.  le  Président  annonce  que,  sur  l'initiative  de  la  Société  centrale 
de  médecine  vétérinaire,  une  souscription  publique  vient  d'être  ouverte 
pour  élever  un  monument  à  la  mémoire  de  M.  Henri  Bouley,  notre  re- 
gretté Président,  et  il  donne  lecture  de  la  circulaire  suivante,  qui  a  été 
adressée  à  cette  occasion  au  Conseil  : 

«  Paris,  le  10  janvier  1886. 
»  Monsieur, 

»  A  la  nouvelle  de  la  mort  de  M.  Henri  Boulev,  la  .Société  de  méde- 
cine vétérinaire  de  la  Gironde,  a  la  première  émis  «  le  vœu  qu'un  mo- 
»  nument  fût  élevé  à  sa  mémoire  par  l'initiative  de  la  Société  centrale, 
»  comme  expression  des  sentiments  de  reconnaissance  et  de  respec- 
»  tueuse  vénération  que  tous  les  vétérinaires  de  France  seront  heureux 


PROCÈS-VERBAUX.  217 

»  de  manifester  en    aveur   du  grand   Maître  qui  honora  si  dignement, 
î  toute  sa  vie,  la  profession  de  vétérinaire  ». 

»  Le  jour  même  des  funérailles,  le  Président  de  notre  Société  rece- 
vait l'avis  de  ce  vœu,  qui  était  d'ailleurs  dans  le  cœur  et  dans  l'esprit 
de  tous  nos  collègues,  et,  dès  sa  première  réunion,  la  Société  centrale 
a  été  unanime  pour  nommer  une  Commission  chargée  de  l'exécution. 

0  (]etle  Commission  a  décidé  : 

»  i"  Que  par  ses  soins  un  monument  serait  élevé  à  la  mémoire  de 
M.  Bouley; 

»  2»  Que  ce  monument  serait  placé  à  l'École  d'Alfort,  où  s'est  écoulée 
la  plus  grande  partie  de  sa  vie  scientifique  et  professionnelle; 

»  3°  Qu'il  serait  fait  apt»el,  par  voie  de  souscription,  à  tous  les  Vété 
rinaires  de  France  et  de  l'Étranger,  au  corps  médical,  à  toutes  les  Com- 
pagnies savantes  auxquelles  M.  Boulev  a  appartenu,  à  tous  les  amis 
de  la  science  et  à  tous  les  amis  particuliers,  si  nombreux,  du  savant  à 
jamais  regretté,  pour  participer  à  cette  souscription,  à  laquelle  la  So- 
ciété de  la  Gironde  s'était  déjà  inscrite  pour  une  somme  de  deux  cents 
francs. 

3)  En  conséquence,  nous  venons  vous  informer  que  la  souscription 
est  ouverte  à  la  librairie  Asselin  et  Houzeau,  place  de  l'Êcole-de- 
Médecine,  à  Paris,  éditeurs  du  Recueil  de  Médecine  vétérinaire,  dont 
M.  Bouley  a  été  pendant  cinquante  ans  le  rédacteur  en  chef,  en  vous 
priant  de  vouloir  bien  y  prendre  part. 

»  Cette  souscription  sera  close  après  un,'délai  de  trois  mois. 

»  Veuillez  agréer  l'assurance  de  nos  sentiments  les  plus  distingués. 

les  membres  de  la  commission  executive  : 

MM.   GouBAUX  (Arm.),  Directeur  de  l'École  Vétérinaire  d'Alfort, 

Président. 
Cagny  (Paul),  Membre  de  la  Société  centrale  de  Médecine 

vétérinaire. 
Leblanc  (C),  id. 

Mathieu  (E.),  id. 

Prévost  (Cli.),  id. 

Sanson  (André),  id. 

Signol,  id. 

Webeb  ,  id. 

W  Meubiot. 
Léon  IlouzEAU. 

»  Le  Conseil,  saisi  de  cette  communication,  ajoute  M.  le  Président,  a 
inscrit  la  Société  d'Acclimalation,  sur  la  liste  des  souscripteurs,  pour  la 


218  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

somme  de  200  francs;  puis  il  a  décidé  qu'eu  dehors  de  celle  manifesla- 
lion,  aucune  souscription  ne  serait  organisée  dans  le  sein  de  la  Société 
d'Âcclimat;Uion  ;  mais  il  a  exprimé  le  vœu  que  tous  les  membres  fus- 
sent mis  au  courant  de  celte  situation,  et  que  chacun  pût,  s'il  lui  con- 
venait, prendre  part  individuel! enienl  à  la  souscription.  » 

—  M.  Jules  de  Guerne  adresse  des  remerciements  au  sujet  de  sa  ré- 
cente admission  dans  la  Société. 

—  M.  E.  Joly  accuse  réception  et  remercie  de  l'envoi  qui  lui  a  été  fait 
d'une  hase  et  d'un  mâle  de  T.apin  argenté. 

—  M.  Pays-Mellier  écrit  de  la  Pataudière  :    «  Dans  une  noie  publiée 
dans  le  Bulletin  de   la  Société  nationale  d'Acclimatation   de  novembre  , 
dernier,  M.  E.  Delloye,  de  Hauchis  (Belgique),  annonce  que  son  cheptel 
de  Cerfs  nains  de  Chine  a  réalisé  les  espérances  dont   il  faisait  part  en 
février  dernier  et  qu'un  rejeton  vif  et  gai  était  né. 

»  Notre  honorable  confrère  ajoute  :  «  Ce  petit  animal  semble  très  rus- 
»  tique  et  d'un  élevage  facile,  pourvu  que  la  mise  bas  se  fasse  à  des 
»  époques  où  la  température  est  assez  douce  ;  c'est  ainsi  que  j'attribue 
»  la  mort  des  deux  autres  jeunes  obtenus  précédemment  à  la  rigueur 
s  de  la  température,  au  moment  de  leur  naissance. 

5  Je  ne  doute  pas  que  ces  petits  Cervidés  ne  se  reproduiront  avec 
»  grande  facilité  dans  nos  forêts,  dès  que,  par  des  reproductions  succès- 
»  sives,  les  époques  du  rut  et  de  la  mise  bas  seront  en  concordance  avec 
»  nos  saisons. 

»  Celle  espèce  semble  très  prolifique,  car  la  femelle  reçoit  les  avan- 
»  ces  du  mâle  aussitôt  la  mise  bas  et  à  toute  époque  de  l'année.  C'est 
»  ainsi  que,  cette  fois,  le  mâle  a  poussé  les  cris  qui  caractérisent  l'épo- 
»  que  du  rut  peu  de  jours  après  la  naissance  et  qu'il  poursuivait  déjà  la 
»  femelle  de  ses  assiduités. 

»  Il  est  difficile  de  préciser,  d'après  mes  dernières  observations, 
»  l'époque  et  la  durée  de  la  gestation  ;  en  tout  cas  celle-ci  ne  paraît  pas 
»  dépasser  six  mois.  » 

j  A  cela  je  réponds  que  le  Cerf  nain  de  Chine  {Cervulus  Reevesii) 
est  d'une  rusticité  à  toute  épreuve  ;  que  la  mort  des  deux  jeunes  obte- 
nus par  M.  Delloye  ne  doit  pas  être  attribuée  à  la  rigueur  de  la  tempé- 
rature, au  moment  de  leur  naissance,  parce  qu'ici,  à  la  Pataudière,  j'ai.eu 
des  naissances  en  plein  hiver,  par  les  plus  grands  froids,  et  que  nous 
trouvions  les  jeunes,  nés  dans  la  nuit,  quelquefois  dans  la  neige,  se 
promenant  gaillardement  et  suivant  la  mère  dès  le  matin. 

»  Le  mâle,  en  efi^et,  poursuit  la  femelle  de  ses  assiduités,  aussitôt  la 
mise  bas,  et  la  durée  de  la  gestation  est  de  six  mois.  Ainsi  on  a  tou- 
jours deux  mises  bas  par  an  régulièrement,  mais  d'ua  jeune  seulement 
à  chaque  fois. 

»  On  peut  laisser  ensemble  plusieui's  mâles  de  ces  jolis  petits  ani- 
maux, car,  bien  que  polygames,  ils  ne  se  querellent  point  contrairement 


PROCÈS-VERBAUX.  219 

aux  autres  espèces  de  Cerfs,  qui,  aux  époques  du  rut,  deviennent  furieux 
et  terribles  et  qui  se  tuent  bien  souvent  entre  eux. 

»  J'ai  un  petit  troupeau  de  Cerfs  nains  de  Reeves  dans  un  tout  petit 
enclos  et  les  mâles,  plus  nombreux  que  les  femelles,  vivent  tous  en- 
seml)le,  sans  jamais  être  séparés  de  ces  dernières. 

»  Malheureusement,  les  Biches  de  cette  espèce  produisent  ici  tou- 
jours plus  de  mâles  que  de  femelles. 

»  CeKe  charmante  espèce  si  prolifique  sera  donc  assurément  une 
bien  précieuse  acquisition  pour  nos  forêts,  si  l'on  peut  (ce  que  j'espère) 
la  faire  assez  connaître,  assez  apprécier  surtout,  et  la  répandre  de 
façon  à  enrayer  cette  routine  et  cette  incréilulilé  qui  en  France,  plus 
que  partout  ailleurs,  empêchent  tout  essai  en  acclimatation  et  tout 
progrès.  » 

—  M.  le  capitaine  Mengin  rend  compte  de  la  perte  du  mâle  de  son 
cheptel  de  Colombes  poignardées. 

—  31.  Audap  adresse  un  compte  rendu  de  ses  éducations  de  Canard 
Pilet.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  iMichaux,  professeur  de  pisciculture  à  l'école  pratique  d'agri- 
culture des  Merchines,  par  Vaubecourt  (Meuse),  veut  bien  promettre 
son  concours  à  la  Société  en  vue  de  la  propagation  de  l'industrie  aqui- 
cole  :  «  Depuis  trois  ans,  écrit  M.  Michaux,  l'enseignement  de  la  pisci- 
culture est  entré  dans  le  programme  des  études  à  l'École  d'agriculture 
des  Merchines,  et  chaque  année  6  à  70J0  œufs  sont  mis  en  incubation 
dans  le  laboratoire  annexé  à  l'École;  les  uns  sont  fécondés  par  les 
élèves  et  leur  professeur,  les  autres,  achetés  tout  embryonnés. 

s  L'espèce  traitée  pendant  la  saison  d'hiver  est  la  Truite,  et  le  produit 
des  opérations  est  lancé  dans  les  cours  d'eau  où  ce  poisson  est  déj.à 
répandu.  » 

—  M.  Plouin  écrit  d'Hécourt  (Eure)  :  «  Mes  essais  de  pisciculture,  en 
1884  et  1885,  ont  assez  bien  réussi,  malgré  de  nombreuses  difficultés. 
Cette  année  me  donne  plus  de  satisfaction.  Nous  avons  eu  en  janvier 
une  nuit  à  10  degrés  au-dessous  de  zéro  et,  grâce  au  local,  sans  chauf- 
fage, je  suis  resté  à  5  degrés  et  toujours  à  3  degrés  pour  l'eau.  C'est  une 
grande  préoccupation  de  moins,  une  difficulté  vaincue. 

»  Je  ne  puis  me  procurer  l'eau  qu'en  l'élevant,  mais  c'est  un  détail.  Je 
n'ose  pas  espérer  créer  une  chute;  cependant  c'est  possible,  (juestion  de 
temps  et  d'argent.  J'ai  mis  sur  les  claies  1^2  000  œufs;  "20U0  ont  été 
mauvais.  Ce  qui  me  reste  est  en  très  bon  état.  J'ai  un  tiers  d'éclos,  les 
deux  autres  tiers,  retardés  par  une  fécondation  plus  récente  et  par  la 
température  de  l'eau,  écloront  plus  tard,  soit  d'ici  vingt  ou  vingt-cin(| 
jours. 

î  Je  pourrai,  de  celte  façon,  gagner  le  temps  chaud,  ce  qui  me  per- 
mettra d'avoir  les  petits  insectes  d'eau  dont  les  alevins  sont  très 
friands.  Je  compte  bien  n'en  perdre  que  très  peu,  de  5  à  10  pour  100. 


220  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

»  Noire  rivière  (la  Dure)  est  très  bonne  pour  la  Truite.  J'en  ai  vu  de 
toutes  grosseurs,  mais  alors  la  pêche  appartenait  à  l'État.  I.e  bracon- 
nage a  fait  son  œuvre.  Plus  rien  !  On  peut  réparer  le  mal  en  cinq  ans;  il 
faut  surveiller  et  être  sévère,  demander  le  rétablissement  des  échelles, 
protéger  la  reproduction,  et.".  » 

—  M.  Ernest  Covelle,  directeur  de  l'établissement  cantonal  de  pisci- 
culture de  Genève,  écrit  à  M.  le  Secrétaire  des  séances  :  «  M.  Jaeger, 
membre  de  la  Société  d'Acclimatation,  m'a  transmis  les  Bulletins  men- 
suels dans  lesquels  j'ai  lu  avec  beaucoup  d'intérêt  vos  remarquables 
articles  sur  la  pisciculture  à  l'étranger.  Je  me  permets  de  vous  deman- 
der un  renseignement  sur  les  Coregonus  alhiis. 

»  Depuis  l'année  dernière  le  gouvernement  fédéral  reçoit  d'Amérique 
des  œufs  de  Coregonus  albiis;  W  m'en  a  envoyé  à  l'établissement  que 
je  dirige.  ]>es  alevins  éclos  sont  mis  dans  le  lac  Léman.  Je  voudrais 
savoir  si  le  Coregonus  albus,  qui  habite  les  grands  lacs  américains,  fraye 
le  long  des  bords  ou  à  une  certaine  profondeur,  alin  de  pouvoir  mettre 
les  alevins  en  liberté  soit  près  des  bords,  soit  en  avant  au-dessus  d'une 
certaine  profondeur.  Nous  avons  dans  le  lac  l.énian  deux  espèces  de 
Gorégones  :  le  Gorégone  Fera,  qui  fraye  en  février,  au  fond,  entre  40  et 
150  mètres,  et  le  Gorégone  Gravenche,  qui  fraye  au  bord,  en  novembre  et 
décembre. 

»  Les  alevins  de  Fera  doivent  passer  leur  premier  âge  à  une  grande 
profondeur,  car  on  n'en  voit  jamais  près  des  bords,  tandis  que  les  ale- 
vins de  Gravenche  naissent  sur  les  bords  à  fond  de  gravier  et  ne  ga- 
gnent que  plus  tard  les  grandes  profondeurs.  Si  donc  vous  pouviez  me 
renseigner  sur  les  mœurs  du  Coregonus  albus,  cela  me  rendrait  ser- 
vice. 

»  L'établissement  de  pisciculture,  que  je  dirige  depuis  deux  ans,  ap- 
partient à  l'État  de  Genève,  il  a  été  créé  surtout  pour  l'élevage  des  œufs 
de  Truite  des  lacs  que  nous  faisons  pécher  dans  le  Rhône  au  moment 
du  frai;  on  ne  prend  guère  alors  que  des  sujets  de  4  à  17  kilogrammes, 
qui  donnent  de  gros  œufs  (de  8000  à  6000  au  kilogramme),  le  diamètre 
de  ces  œufs  variant  de  5""", 76  à  6'"'", 50. 

»  Par  suite  de  grands  travaux  entrepris  pour  la  régularisation  du 
niveau  du  lacet  la  construction  d'établissements  pour  l'emploi  de  forces 
motrices  du  Rhône,  la  pêche  n'a  pu  être  très  productive  celte  année. 
Je  n'ai  obtenu  que  200000  œufs  environ.  On  peut  en  temps  ordinaire 
en  récolter  beaucoup  plus.  Les  alevins,  une  fois  la  résorption  de  la  vési- 
cule accomplie,  sont  répandus  dans  le  Rhône,  oîi  ils  restent  jusqu'en 
automne,  époque  où  presque  tous  regagnent  le  lac.  Ils  y  passent  l'hiver 
et  reviennent  au  printemps  suivant  dans  le  Rhône,  pesant  en  moyenne 
de  100  à  125  grammes.  » 

Dans  une  seconde  lettre,  M.  Covelle  remercie,  en  ces  termes,  des 
renseignements  qui  lui  ont  été  adressés  d'après  sa  demande  :  «  Je  vous 


PROCÈS-VERDAUX.  221 

^ 

remercie  infiniment  de  l'empressement  que  vous  avez  mis  à  me  répon- 
dre. Les  renseignements  que  vous  me  donnez  sur  les  Corégones  me  sont 
précieux,  voici  pourquoi.  J'ai  à  mellre  à  l'eau  la  plus  grande  partie  de 
200000  alevins  qui  finissent  d'éclore,  et  je  n'étais  pas  encore  fixé  sur 
l'endroit  oîi  il  fallait  les  lâcher.  Si,  comme  vous  me  le  dites,  le  Corc- 
gonus  albus  vient  frayer  près  des  bords,  comme  d'ailleurs  presque  tous 
nos  Corégones,  sauf  la  Fera,  il  vaut  mieux  mettre  les  alevins  en  liberté 
au-dessus  de  la  partie  oîi  le  fond  du  lac  commence  à  descendre,  ce  que 
nous  appelons  ici  le  bord  du  mont.  La  grève  s'étend  sur  une  largeur 
très  variable,  depuis  quelques  mètres  jusqu'à  200  ou  300  mètres,  avec 
une  profondeur  de  2  ou  3  mètres  seulement;  puis  le  fond  descend  rapi- 
dement pour  atteindre,  dans  la  partie  du  lac  qui  nous  avoisine,  jusqu'à 
AO  ou  50  mètres.  L'important  est  de  mettre  les  alevins  en  dehors  du 
chemin  suivi  par  les  nombreux  bancs  de  petites  Perches  qui  sont  très 
voraces  et  qui  mangent  les  quatre-vingt-dix-neuf  centièmes  du  produit 
du  frai  des  Gardons  et  des  Ahlettes.  Ces  bancs  de  Perchettes  se  mon- 
trent, depuis  le  mois  d'avril  ou  de  mai,  près  des  bords.  En  mettant  les 
alevins  de  Gorégone  en  avant  de  la  gvève,  ils  seront  un  peu  à  l'abri  des 
poissons  voraces. 

»  J'ai  reçu  de  Berne,  en  même  temps  que  les  œufs  de  Gorégone ,  une 
dizaine  de  mille  œufs  de  Truite  saumonée  américaine,  dont  on  n'a  pas 
pu  me  donner  le  nom  exact.  Les  alevins  commencent  à  éclore.  J'en 
lâcherai  la  plus  grande  partie  dans  le  Rhône  avec  nos  alevins  de  Truite; 
mais  j'en  garderai  quelques  centaines  que  j'élèverai  dans  un  grand  bassin 
d'une  de  nos  promenades  publiques,  otjjai  déjà  élevé  des  Truites  qui 
ont  bien  réussi. 

»  L'établissement  de  pisciculture  de  Genève  est  neuf;  il  a  été  con- 
struit il  y  a  quatre  ans,  d'après  les  plans  des  meilleurs  établissements. 
11  contient  quatorze  tables  doubles  en  ciment  de  2"',50  sur  70  centimè- 
tres de  large  et  15  à  18  de  profondeur,  pour  l'incubation  des  œufs  de 
Truite.  Dans  ces  tables  je  dispose  des  claies  en  toile  métallique  sur 
lesquelles  se  mettent  les  œufs.  Dès  que  tout  est  éclos,  j'enlève  les  claies 
et  les  alevins  se  développent  sur  une  couche  de  gravier  dont  le  fond  est 
garni.  11  n'y  a  que  deux  ans  que  j'ai  la  direction  de  cet  établissement  et 
l'année  dernière  j'ai  élevé  250000  alevins  de  Truite.  La  perte  totale  n'a 
pas  excédé  5  pour  100.  Cette  année  j'ai  le  même  nombre  à  peu  près,  et 
la  perte  en  œufs  mauvais  est  plutôt  plus  faible. 

»  J'ai  ajouté  à  l'établissement  des  grands  aquariums  que  je  possédais 
et  dont  je  me  sers  pour  l'éclosion  des  œufs  de  Gorégone,  par  une  ap- 
plication modifiée  des  appareils  coniques.  Nos  appareils  coniques  sont 
faits  avec  de  grands  entonnoirs  en  verre,  de  sorte  que  l'on  voit  au  tra- 
vers ce  qui  se  passe.  Les  alevins  éclos  tombent  dans  l'aquarium  et 
nagent  autour  des  entonnoirs.  Chaque  aquarium  (il  y  en  a  quatre  acco- 
lés) a   r,iO  de   long,  O^.OO  de  large  et  0^45  d'eau.  Les  entonnoir» 


222  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

ont  0"\30  de  diamètre  en  haut.  Du  dernier  aquarium  l'eau  tombe  dans  un 
appareil  en  zinc  qui  contient  aussi  des  œufs  de  Corégone.  C'est  un 
appareil  cylindrique  où  l'eau  arrive  par  le  tour;  il  est  connu  et  men- 
tionné dans  vos  rapports. 

j  L'eau  nous  est  fournie  par  la  ville  de  Genève;  elle  arrive  avec  une 
pression  de  1  d/2  atmosphère,  ce  qui  permet  de  la  distribuer  dans  les 
tables  d'éclosion  au  moyen  de  robinets  munis  d'appareils  d'aérage,  et 
dont  elle  n'a  d'ailleurs  guère  besoin.  Elle  est,  en  général,  parfaitement 
limpide  et  n'a  pas  besoin  d'être  filtrée.  Après  plusieurs  jours  de  gros 
vents  du  nord  elle  se  trouble  fréquemment;  mais  je  ne  me  suis  pas 
aperçu  que  le  dépôt  qu'elle  contient  ait  fait  du  mal  aux  œufs.  Tels  sont 
les  quelques  détails  que  je  puis  vous  donner  rapidement... 

»  Vous  avez  visité  l'établissement  de  Gremat,  dirigé  par  M.  Lugrin. 
Cet  établissement,  qui  va  très  bien,  a  été  créé  sur  les  indications  de 
M.  le  docteur  Mayor  et  les  miennes.  Nous  avons  fait  tout  le  travail 
théorique  sur  la  manière  de  nourrir  les  Truites  avec  de  la  nourriture 
vivante.  M.  Lugrin  a  passé  de  la  théorie  à  la  pratique,  et  il  a  réussi  au 
delà  des  prévisions  dans  la  production  de  celle  nourriture.  » 

—  M.  Uaveret-Wattel  signale  le  développement,  chaque  jour  plus  con- 
sidérable, que  la  pisciculture  prend  aux  États-Unis.  Au  laboratoire 
d'éclosion  de  Cold  Slream,  à  Enfield  (Maine),  700  000  œufs  de  Saumon 
ont  été  mis  en  incubation  cette  année  pour  le  repeuplement  de  la  rivière 
Penobscol.  Exécutés  sur  une  très  vaste  échelle,  les  travaux  d'empois- 
sonnement donnent,  dans  l'Etat  du  iMaine,  des  résultats  on  ne  peut  plus 
satisfaisants.  Dans  plusieurs  cours  d'eau,  qui  avaient  été  complètement 
dépeuplés,  le  poisson  est  aujourd'hui  redevenu  plus  abondant  qu'on  ne 
l'avait  vu  depuis  vingt-cinq  ans. 

—  M.  Zipcy,  sous-directeur  et  professeur  à  la  ferme-école  de  Chavai- 
gnac  (Haute-Vienne),  nous  écrit  :  «  Depuis  quelques  années  déjà,  je 
m'occupe  d'une  façon  spéciale  de  la  culture  des  eaux  (Salmonidés  et 
Cyprins)  et  de  leur  repeuplement  par  les  moyens  les  plus  simples  et  les 
plus  pratiques. 

î  La  pisciculture ,  malheureusement  délaissée  jusqu'à  ce  jour,  est 
appelée  à  produire,  quand  elle  sera  suffisamment  connue  et  convenable- 
ment pratiquée,  de  remarquables  résultats  dans  tous  les  pays  qui^ 
comme  le  Limousin,  possèdent  une  grande  (juantité  d'eaux  en  sources, 
ruisseaux,  étangs,  etc. 

»  Le  point  capital  en  ce  moment  est  de  prêcher  par  l'exemple.  Il 
s'agit  de  faire  voir  et  saisir  les  résultats  obtenus,  par  des  moyens  à  la 
portée  de  tout  le  monde,  simples  et  économiques.  C'est  le  but  de  mes 
travaux;  en  un  mol,  faire  passer  la  science  piscicole  dans  le  domaine 
de  la  pratique,  améliorer  la  situation  du  cultivateur  et  produire  une 
<:]uanlité  considérable  de  nourriture  à  un  prix  relativement  bas. 

î  Si  la  Société  nationale  d'Acclimatation  de  France  me  fait  l'honneur 


PUOCÈS-VEUliAUX.  223 

de  in'eiicourager  dans  mes  travaux   et  mes   recherches,   dans  l'intérêt 
commun,  je  lui  en  serai  très  reconnaissant.  » 

—  M.  Uupic,  membre  du  Conseil  général  de  hi  Creuse,  écrit  de  Gen- 
tioux  :  «  Vous  avez  bien  voulu  m'écrire  au  sujet  de  mes  essais  de  pisci- 
culture. Je  serai  très  heureux  de  profiter  de  vos  conseils  et  de  vos 
offres.  J'ai  d'abord  fait  réussir  quelques  œufs  pour  moi;  puis,  depuis 
quelques  années,  j'en  ai  fait  éclore  pour  le  déparlement  de  la  Creuse, 
qui  m'en  a  confié  cette  année  cin(]uante  mille,  destinés  à  repeupler  les 
rivières  de  la  contrée.  J'ai  assez  bien  réussi  l'éclosion;  mais  je  n'ai  pas 
encore  pu  nourrir  les  alevins,  que  je  suis  obligé  de  verser  dans  les 
cours  d'eau  dès  que  la  vésicule  a  disparu.  J'ai  essayé  plusieurs  fois  de 
meltre  dans  les  bassins  de  la  viande  ou  des  œufs  cuits,  mais  tout  ce  que 
je  plaçais  dans  l'eau  se  couvrait  de  mousse  et  ne  tardait  pas  à  la  cor- 
rompre. Je  serais  très  heureux  de  pouvoir  nourrir  les  alevins  pendant 
quelque  temps,  car  je  crois  qu'ils  réussiraient  mieux  s'ils  étaient  plus 
forts  au  moment  où  ils  sont  versés  dans  les  ruisseaux. 

»  Si  vous  voulez  bien  me  coulier  des  œufs  ou  des  alevins  qui  puissent 
réussir  dans  des  eaux  froides  et  vives,  je  suis  entièrement  à  votre  dis- 
position. 

»  Je  m'occupe  aussi  beaucoup  de  sylviculture.  Si  vous  désirez  faire 
essayer  des  graines  à  une  altitude  de  8  à  900  mètres,  je  le  ferai  avec 
plaisir.  » 

—  MM.  les  préfets  des  Hautes-Alpes,  de  la  Charente-Inférieure,  de  la 
Dordogne,  du  Doubs,  de  la  Haute-Garonne,  de  l'Indre,  d'Iudre-et-Loire, 
de  l'Isère,  des  Pyrénées-Orientales,  du  Rhône,  de  la  Haute-Saône,  de  la 
Seine,  de  Tarn-et-Garonne  et  de  la  Vendée,  adressent  des  réponses  aux 
demandes  de  renseignements  qui  leur  ont  été  faites  sur  la  situation  de 
la  pisciculture  dans  leurs  départements.  —  lîemerciemenls. 

—  M.  Gobin,  professeur  départemental  d'agriculture  à  Auxerre,  écrit 
à  M.  le  Secrétaire  général  :  «  Je  suis  extrêmement  flatté  de  la  demande 
que  vous  avez  bien  voulu  m'adresser,  de  vous  communi(juer  mon  tra- 
vail sur  la  pisciculture. 

»  Je  regrette  bien  vivement  de  ne  pouvoir  accéder  en  ce  moment  à 
voire  désir.  Ce  travail,  manuscrit  et  dont  je  n'ai  point  de  copie,  est  en 
discussion  à  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France  ;  la  section 
d'Économie  des  animaux  a  remis  la  séance  à  la  mi-mars.  J'espère  qu'il 
obtiendra  une  récompense;  je  ne  puis  donc  le  reprendre. 

»  Je  puis  vous  indiquer  succinctement  en  quoi  consiste  ce  travail  tout 
théorique,  ce  qui  m'a  semblé  le  devoir  faire  ressortir  de  la  Société  na- 
tionale d'agriculture  plutôt  (jue  de  la  Société  d'Acclimatation  qui  veut 
des  faits  accomplis.  H  se  compose  de  trois  mémoires  : 

»  1"  Migrations  et  hibernation  des  poissons;  causes;  latitudes;  pro- 
fondeurs; zones  d'eaux  à  température  constante;  le  rôle  de  la  vessie 
natatoire  ;  études  à  entreprendre  ; 


224  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

»  2"  Exploiralion  des  mers;  poissons  liltoraux  sédentaires;  les  frayè- 
res;  les  herbiers  ;  les  fonds  ;  nature  du  sol  et  des  rochers  ;  les  réserves 
doivent  être  permanentes  et  non  alternantes;  protection  aux  œufs  et 
aux  alevins  ; 

»  3°  Étude  des  courants  qui  intéressent  le  littoral  de  la  France;  in- 
certitude des  notions  à  cet  égard;  le  Gulf  Stream;  le  Rennel;  le  cou- 
rant de  la  Manche;  celui  de  la  Manche  àl'Elbe;  le  courant  de  Gibraltar; 
le  courant  circulaire  de  la  Méditerranée;  l'influence  des  courants  sur 
les  migrations  des  poissons,  sur  les  bancs  naturels  d'Huîtres,  sur  la 
multiplication  des  Moules,  etc. 

»  Ce  ne  sont  point  des  études  faites,  mais  des  études  proposées  et 
une  direction  indiquée. 

»  Ceci  établi,  Monsieur  le  Secrétaire  général,  je  ne  puis  que  vous 
répéter  qu'une  fois  redevenu  maître  de  mon  travail,  dans  quelque  con- 
dition que  ce  soit,  je  m'empresserai  de  vous  le  transmettre  et  de  l'of- 
frir à  la  Société,  si  vous  pensez  qu'il  puisse  avoir  pour  elle  quelque 
intérêt.  » 

—  M.  d'Audeville  adresse  des  renseignements  sur  son  élevage  d'Om- 
bles-chevaliers  à  la  pisciculture  du  château  d'Andecy  (Marne). 

—  M.  L.  Véron,  ancien  lieutenant  de  vaisseau,  écrit  du  manoir  du 
Grand-Moros,  près  Concarneau,  qu'il  s'intéresse  vivement  à  la  piscicul- 
ture et  qu'il  serait  très  heureux  de  pouvoir  contribuer  au  développe- 
ment de  cette  industrie,  pour  laquelle  il  y  aurait  beaucoup  à  faire 
dans  le  département  du  Finistère,  autrefois  très  riche  en  Saumons. 

—  M.  E.  Thomas,  directeur  de  la  station  agronomique  du  Lézardeau 
et  du  laboratoire  départemental  du  Finistère,  auquel  des  renseigne- 
ments ont  été  demandés  sur  les  expériences  de  pisciculture  entreprises 
à  la  station,  remercie  la  Société  de  l'intérêt  qu'elle  prend  à  ses  travaux 
et  veut  bien  lui  promettre  de  la  tenir  au  courant  du  résultat  de  ses 
essais. 

—  M.  Paul  Boissel,  graineur  et  éducateur  à  Bessèges  (Gard),  écrit  à 
M.  le  Secrétaire  général  :  «  Je  lis  dans  le  Petit  cultivateur  du  14  fé- 
vrier que  M.  Fallou,  de  la  Société  nationale  d'Acclimatation,  a  fait  une 
importante  communication  sur  les  races  de  Vers  à  soie  exotiques. 

»  Depuis  1867,  je  m'occupe  de  l'industrie  séricicole.  Possédant  et 
cultivant  les  principales  races  françaises,  j'ai  l'honneur  de  me  mettre  à 
la  disposition  de  la  Société  pour  lui  fournir  gratuitement  les  types  de 
Vers  qu'elle  pourrait  désirer. 

»  Je  pourrais  également  faire  essayer  par  mes  éducateurs  les  races 
exotiques  que  M.  Fallou  a  étudiées,  et  je  me  ferais  un  devoir  de  porter 
à  sa  connaissance  toutes  les  expériences  faites  et  les  renseignements 
fournis  par  les  éducateurs.  » 

—  M.  Madelain,  directeur  des  jardins  publics  de  la  ville  de  Tours, 
écrit  en  date  du  25  février  1886  :  «  J'ai,  dans  le  Jardin  public  de  Tours, 


PROCÈS-VERBAUX.  525 

deux  Palmiers  qui  accomplissent  leur  troisième  hiver  à  la  pleine  terre, 
sans  avoir  souffert  du  froid.  Ces  arbres  sont  abrités  par  un  coffre  recou- 
vert d'un  châssis.  Ce  sont  le  Pritchardia  filifera  et  le  Cocos  australis, 
plus  connu  sous  le  nom  de  Diplotemium  campestre.  J'ai  également  un 
Phormium  tenax  à  feuilles  panachées,  qui  a  bien  résisté.  » 

—  En  annonçant  l'ouverture  du  scrutin  pour  l'élection  du  Bureau  et 
(l'une  partie  des  Membres  du  Conseil,  M.  le  Président  rappelle  que  le 
Conseil  a  décidé  qu'en  signe  de  deuil  il  ne  serait  pas  procédé  cette  an- 
née à  la  nomination  d'un  Président,  en  remplacement  de  M.  Henri  Bou- 
ley,  décédé  le  30  novembre  dernier. 

iM.  le  Président  désigne,  pour  faire  le  dépouillement  des  voles,  une 
Commission  composée  de  MM.  J.  Cloquet,  E.  Decroix,  J.  Fallou,  Mégnin 
et  Paillieux. 

—  M.  Hédiard  dépose  sur  le  bureau  : 

1»  Des  bulbilles  d'Igname  de  la  Martinique  et  un  échantillon  d'Igname 
couscouche,  variété  d'excellente  qualité,  à  chair  blanche,  très  fari- 
neuse et  à  rhizome  peu  profond; 

2"  Une  courge  Carabassette  du  Pérou,  très  bonne  variété,  cultivée  en 
Algérie  depuis  plusieurs  années  et  susceptible  d'être  cultivée  même  sous 
le  climat  de  Paris,  en  renouvelant  fréquemment  la  graine  ; 

3°  Des  semences  de  Haricot  Saint-ciboire,  variété  introduite,  en  1883, 
par  notre  collègue,  qui  l'a  trouvée  très  productive;  c'est  un  Haricot  sans 
rames,  à  grain  très  farineux  et  à  gousse  sans  parchemin; 

4"  Des  noix  de  Cocos  provenant  de  la  Martinique.  M.  Hédiard  signale 
à  celte  occasion  l'emploi  qui  est  actuellement  fait  de  l'enveloppe  fibreuse 
des  noix  de  Coco  pour  la  confection  des  tapis-brosses;  cette  fabrication  a 
lieu  particulièrement  en  Auvergne. 

—  M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  d'une  Note  de  M.  Créput,  de 
Missergbin,  sur  l'élevage  de  l'Autruche  en  Algérie.  (Voy.  au  Bulletin.) 

Au  sujet  d'un  passage  de  cette  Note,  signalant  l'abaissement  très  con- 
sidérable subi,  dans  ces  dernières  années,  par  le  prix  des  plumes  d'Au- 
truche, M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  communique  à  l'assemblée  des  rensei- 
gnements très  intéressants,  adressés  par  M.  Laloue  ,  sur  les  causes  des 
abaissements  des  cours,  sur  l'importance  du  commerce  des  plumes  et 
sur  les  avantages  que  peut  présenter  l'élevage  de  l'Autruche.  (Voy.  au 
Bulletin.) 

—  M.  Hédiard  fait  connaître  que  les  œufs  d'Autruche  trouvent  à  Paris 
un  certain  débouché  ;  ces  œufs  se  vendent  généralement  de  5  k  6  francs 
la  pièce.  Depuis  quel(|ue  temps,  des  industriels  ont  même  eu  l'idée 
d'imiter  ces  œufs  par  des  moulages  en  plâtre,  qu'ils  vendent  pour  des 
œufs  naturels. 

—  M.  Pichot  donne  communication  d'une  lettre  qui  lui  est  adressée 
des  État-Unis  concernant  la  création  d'une  ferme-école  à  Autruches  en 
Californie.  (Voy.  au  Bulletin.) 

4«  SÉRIE,  T.  ni.  -  Avril  1886.  15 


226  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

M.  le  Secrétaire  général  rappelle  à  ce  sujet  que  ,  déjà  sur  un  très 

grand  nombre  de  points,  on  a  essayé  l'élevage  de  l'Autruche  :  dans  la 
Caroline  du  Sud,  dans  la  République  Argentine,  à  la  Réunion,  à  l'île 
Maurice,  en  Australie.  La  production  est  devenue,  par  suite,  très  al)on- 
dante,  et,  en  outre,  la  plume  étant,  pour  le  moment,  moins  à  la  mode 
qu'il  y  a  quelques  années,  le  prix  devait  forcément  baisser. 

—  M.  Raveret-Wattel  signale  que,  d'après  un  article  récemment  pu- 
blié par  le  journal  anglais  :  The  Colonies  and  India,  l'élevage  de  l'Au- 
truche tendrait  actuellement  à  être  délaissé  dans  la  colonie  du  Cap,  oîi 
l'on  ne  trouve  plus  suffisamment  rémunérateurs  les  produits  de  cette 
industrie  et  où  l'on  préfère  s'occuper  de  la  production  de  la  laine.  De 
ce  côté,  la  concurrence  ne  paraît  donc  plus  à  craindre  pour  les  éleveurs 
d'Autruches  de  l'Algérie. 

—  M.  Berthéol  présente  différents  appareils  de  pisciculture  dont  il  est 
l'inventeur.  11  soumet  notamment  une  auge  perfectionnée  pour  l'éclo- 
sion  des  œufs  de  Salmonidés;  Cette  auge,  de  dimension  suffisante  pour 
recevoir  3000  œufs  de  Truite  ou  de  Saumon ,  est  accompagnée  d'un  ou- 
tillage complet  de  pisciculture:  filtre  pour  l'eau,  thermomètre,  pince  à 
enlever  les  œufs  gâtés,  filets  pour  puiser  les  alevins  ,  brosse  pour  le 
nettoyage  des  appareils,  loupe  servant  à  l'examen  des  œufs,  ardoise  en- 
cadrée, avec  crayon,  pour  enregistrer  les  observations  faites,  etc.  Le 
tout,  complété  par  une  instruction  sommaire  sur  les  soins  à  donner  aux 
œufs  et  aux  alevins,  est  livré  au  prix  de  20  francs.  Des  appareils  de  plus 
grande  dimension,  construits  d'après  le  même  système,  peuvent  rece- 
voir jusqu'à  20  000  œufs  et  servir  en  outre  de  bacs  d'alevinage. 

—  M.  Raveret-Wattel  signale  lesavantages  que  présente  l'emploi  de 
semblables  appareils,  depuis  longtemps  adoptés  dans  plusieurs  pays 
étrangers.  En  Allemagne,  oîi  l'enseignement  de  la  pisciculture  est  très 
répandu,  on  apporte,  à  bon  droit  ,  une  sérieuse  attention  à  la  question 
des  appareils.  Depuis  longtemps  déjà,  l'Académie  forestière  de  Tharand 
(Saxe)  a  recommandé  l'emploi  d'un  outillage  analogue  à  celui  que  pré- 
sente M.  Berthéol,  et  cette  mesure  a  beaucoup  contribué  à  la  vulgarisa- 
tion de  la  pisciculture  dans  le  pays. 

—  M.  le  Président  fait  connaître  le  résultat  du  scrutin.  Le  nombre  des 
votants  était  de  283.  (Outre  les  billets  déposés  dans  l'urne  par  les  Mem- 
bres présents,  beaucoup  de  bulletins  avaient  été  envoyés  sous  plis  ca- 
chetés et  contresignés.) 

Les  votes  ont  été  répartis  de  la  manière  suivante  : 


Vice-Frésidents  :         iMM.  D--  Ern.  Cossou 280 

Comte  d'Éprémesnil 279 

De  Quatrefages 283 

Marquis  de  Sinéty 282 

Secrétaire  général  :  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire 264 


PROCÈS-VERBAUX.  227 

Secrétaires  :                         E.  Dupin 281 

Maurice  Girard 281 

Raveret-Wattel 280 

Flury-Hérard 278 

Archiviste-bibliothécaire  :  Amédée  Berthoule 2(37 

Membres  du  Conseil  :            D-"  Paul  Brocchi 278 

Camille  Daresle 280 

Alfred  Grandidier 280 

Edgar  Roger 279 

En  outre,  d'autres  Membres  ont  obtenu  des  voix  pour  diverses  fonc- 
tions. 
En  conséquence,  sont  élus  pour  l'année  1886: 


V ice-P résidents  :  MM. 


Secrétaire  général 
Secrétaires  : 


Archiviste-bibliothécaire 
Membres  du  Conseil  : 


D''  Ernest  Cosson. 
Comte  d'Éprémesnil. 
De  Quatrefages. 
Marquis  de  Sinéty. 
A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 
E.  Dupin. 
Maurice  Girard. 
Raveret-Wattel. 
Flury-Hérard. 
Amédée  Berthoule. 
D""  Paul  Brocchi. 
Camille  Dareste. 
Alfred  Grandidier. 
Edgar  Koger. 


Le  Secrétaire  des  séances, 
Raveret-Wattel. 


I.    EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES  SECTIONS- 


DEUXIEME  SECTION. 

SÉANCE    DU    2   FÉVRIEU    1886. 
Présidence  de  M.  Huet,  Président. 

31.  Bcrlhoule  dépose  sur  le  bureau  une  proposition  d'un  système 
unique  de  classification  en  zoologie  spécialement  pour  l'ornitliologie  par 
M.  des  31urs. 

La  section  charge  iM.  Huet  d'en  faire  un  rapport. 

iM.  Dautreville  demande  la  parole  et  dit  que  la  poudre  toni-nutritive 
granulée  au  sang  de  bœuf  desséché,  destinée  à  l'élevage  des  Faisans, 
dont  il  a  déjà  été  question  à  la  Société  plusieurs  fois  depuis  trois 
années,  vient  de  subir,  au  point  de  vue  de  l'aspect  seulement,  une 
transformation  sérieuse. 

M.  Dautreville  présente  à  la  section  un  échantillon  de  ce  produit  tel 
qu'il  sera  désormais  livré. 

La  composition  de  la  poudre  toni-nutritive  est  toujours  la  même,  il 
n'y  a  de  changement  apporté  que  dans  la  forme. 

A  propos  des  éléments  constitutifs  de  l'alimentation  artificielle  dont  il 
est  l'inventeur,  .M.  Dautreville  rappelle  qu'il  les  a  réunis  synthéliqueinent 
en  s'inspirant  de  la  composition  chimique  des  larves  de|farine  qu'il 
s'agit  de  remplacer  dans  l'élevage. 

Le  mode  opératoire  et  l'appareil  de  fabrication  sont  améliorés,  d'oîi 
il  résulte,  comme  la  section  a  pu  le  constater,  que  la  poudre  toni-nutri- 
tive semble  réunir  aujourd'hui  toutes  les  conditions  désirables. 

Les  petits  granules  dont  elle  est  composée  sont  tous  à  peu  près  sem- 
blables, d'une  couleur  uniforme,  d'une  composition  homogène  et  ne  sont 
plus  ramollis  comme  autrefois  par  une  poudre  plus  Une  qui  avait  fait 
l'objet  d'observations  de  la  part  des  éleveurs  qui  ont  bien  voulu  expéri- 
menter cette  alimentation  artificielle  et  rendre  compte  de  leurs  essais. 

M.  Audap  offre  gracieusement  un  lot  de  Canards  l'ilets  et  [demande 
qu'on  lui  confie  d'autres  espèces. 

Le  Secrétaire, 
E. JOLY. 


PROCÈS-VERBAUX.  229 

TROISIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU    10   FÉVrUEU    1886. 

Présidence  de  M.  Vaiu.ANT,  président, 
puis  de  M.  Paillieux. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté,  avec  addi- 
tion et  rectification  demandées  par  M.  Hathelot. 

M.  Berthoule  parle,  à  nouveau,  des  Salmo  Quinnat  de  l'aquarium  du 
Trocadéro.  Un  grand  nombre  d'Alevins  ont  été  jetés  dans  la  Seine,  où 
M.  le  Directeur  de  l'aquarium  espère  les  voir  prospérer. 

M.  Bertboule  ne  partage  pas  celte  espérance  et  pense  que  les  eaux  du 
bassin  méditerranéen  conviendraient  mieux  à  cette  espèce  que  celles  du 
bassin  de  la  Manche. 

M.  Berthoule  ajoute  que  M.  Jousset  de  Bellesme  a  bien  voulu  mettre 
à  la  disposition  de  la  Société  1000  Alevins  de  ce  Saumon,  destinés  à  une 
nouvelle  tentative  de  repeuplement  des  eaux  de  l'Aude. 

Enfin,  M.  Berthoule  dit  que,  de  l'avis  du  directeur  de  l'aquarium,  l'a- 
levinage prochain  sera  moins  abondant  que  celui-ci,  beaucoup  de  repro- 
ducteurs ayant  péri  lors  de  la  ponte. 

M.  Rathelot  ne  pense  pas  que  l'aquarium  du  Trocadéro  soit  aussi 
riche  en  Alevins  de  Salmo  Quinnat  qu'on  l'a  dit;  au  sujet  de  ceux  qui 
auraient  été  jetés  en  Seine,  il  y  a  lieu  de  faire  des  réserves  expresses, 
quelques  journaux  seulement  ayant  parlé  de  ce  fait. 

M.  Berthéol  voudrait  que  500  Alevins  seulement  fussent  jetés  dans 
l'Aude,  et  que  les  500  autres  fussent  répartis  entre  quelques-uns  de  nos 
collègues  en  état  de  les  élever. 

M.  Berthoule  répond  que  les  1000  Alevins  ont  été  offerts  pour  être 
envoyés  dans  un  cours  d'eau  tributaire  de  la  Méditerranée  et  qu'il  serait 
difficile  de  leur  donner  une  autre  destination  si  tant  est  que  la  Société 
estime  devoir  adresser  l'offre  dont  s'agit. 

Finalement,  la  section,  à  la  majorité,  pensant  que  ce  nombre  de 
1000  petits  Saumons  est  insuffisant  pour  faire  une  tentative  sérieuse 
d'acclimatation,  dans  le  bassin  méditerranéen,  décide  qu'il  n'y  a  pas  lieu, 
quant  à  présent,  d'accepter  ces  poissons. 

La  section  remercie  M.  le  Directeur  de  l'aquarium  du  Trocadéro,  de 
son  offre  généreuse,  et  regrette  de  n'en  pouvoir  profiter. 

M.  Kaverel-Wattel  fait  savoir  à  la  section  que  plusieurs  réponses  au 
questionnaire  sur  l'étal  de  la  pisciculture,  dans  les  départements,  nous 
sont  parvenus.  Ces  réponses  sont  adressées  par  MM.  les  ingénieurs,  aux 
préfets,  qui  nous  les  transmettent. 


230  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

M.  Rathelot  pense  que  si  nous  adressions  ces  questions  aux  Conseils 
généraux  et  aux  Conseils  d'arrondissement,  nous  pourrions  en  obtenir 
quelques  renseignements. 

M.  Raveret-Waltel  fait  observer  que  les  circulaires  ne  sont  guère  lues 
et  que  les  lettres  coûtent  trop  cher  à  envoyer.  Notre  collègue  croit  qu'il 
serait  utile  de  signaler  aux  fonctionnaires,  à  qui  nous  demandons  des 
renseignements,  les  personnes  qui,  à  notre  connaissance,  s'occupent,  ou 
se  sont  occupées  de  pisciculture. 

Ces  propositions  sont  mises  aux  voix. 

La  section  décide  qu'il  y  a  lieu  d'adresser  des  demandes  :  i°  aux 
préfets,  qui  ont  signalé  déjà  des  pisciculteurs  ;  2"  aux  présidents  des 
Conseils  généraux  ;  3"  d'adresser  des  demandes  d'insertions  à  plusieurs 
journaux  des  départements. 

Le  Vice-Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


QUATRIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU   16   FÉVRIER    1886. 
Présidence  de  M.  Maurice  Girard,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Fallou  fait  passer  sous  les  yeux  de  ses  collègues  une  boîte  renfer- 
mant les  cocons  de  Lépidoptères,  envoyés  par  le  P.  Camboué,  de  Mada- 
gascar, comme  cocons  de  la  Saturnia  Siiraka  et  Borocera  Madagas- 
cariensis  (1)  et  il  ajoute  : 

«  Pendant  que  j'en  faisais  la  préparation,  MM.  Wailly,Mabille  et  deux 
autres  entomologistes  ont  contesté  l'exactitude  de  cette  assertion,  se 
basant  principalement  sur  les  différences  de  proportion  entre  le  cocon 
et  l'insecte  parfait. 

»  Je  ne  partage  pas  celte  opinion  et  je  demande  s'il  ne  serait  pas 
possible  de  prier  le  P.  Camboué  de  nous  envoyer  les  œufs,  la  chenille  et 
le  papillon  provenant  d'éducation. 

))  Danslanature,ily  a  de  petites  espèces  qui  produisent  des  cocons  très 
gros  et  réciproquement,  par  exemple  le  Bombyx  du  Chêne,  dont  le  cocon 
est  très  petit.  » 

M.  Fallou  présente  également  des  cocons  de  Bombyx  mori,  recueillis 
avant,  pendant,  et  après  la  maladie  des  Vers  à  soie. 

(1)  Les  figures  de  Boisduval  et  de  Coquerel  ne  sont  pas  complètement  cou- 
formes  aux  Papillons  envoyés  actuellement  de  Madagascar. 


PROCÈS-VERBAUX.  231 

M.  Paillieux  lit  une  lellre  relative  à  la  destruction  des  Allises  qui  atta- 
quent les  Crucifères. 

M.  Maurice  Girard  recommande,  d'après  M.  Pelouze,  un  mélange  de 
sable  et  de  napthlaline  brute.  Ce  mélange  ne  tue  pas  les  Altises,  mais  les 
écarte. 

M.  le  Président  lit  une  lettre  de  M.  Faure,  président  du  comice  agri- 
cole de  Drioude,  qui  envoie  en  même  temps  un  insecte  coléoptère  {Hylo- 
bius  abietis). 

La  présence  de  ce  Charançon  dans  les  vignes  est  due  à  l'habitude 
qu'ont  les  vignerons  du  pays  d'enfouir  des  branches  de  Pin  comme  drai- 
nage et  fumure. 

Cet  insecte,  d'après  31.  Faure,  couperait  les  tiges  au  printemps  et  en 
août,  s'attaquerait  aux  raisins,  mais  celte  assertion  est  loin  d'être  démon- 
trée, l'insecte  vivant  exclusivement  dans  les  branches  des  Conifères. 

iM.  l'Agent  général  attire  l'attention  de  la  section  sur  un  article  relatif 
aux  Diptères  comestibles  du  Western  Alkaline  lake.  Ce  mémoire  paraît 
avoir  échappé  à  la  connaissance  de  feu  M.  Moleyre. 

Le  Secrétaire, 

M.    SÉDILLOT. 


CINQUIÈME  SECTION. 

SÉANCE    DU    23    FÉVRIER   1886. 
Présidence  de  M.  de  Vilmorin,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

M.  le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante  de  M.  Dautreville 
sur  l'analyse,  par  lui  faite,  des  tubercules  du  Stachys  affinis  : 

«  Dans  la  crainte  de  ne  pouvoir  assister  à  la  prochaine  séance  géné- 
rale, je  viens  vous  prier  de  vouloir  bien  donner  lecture  de  la  note  sui- 
vante, qui  a  pour  objet  de  répondre  à  une  question  posée  par  M.  Chap- 
pellier,  au  sujet  de  l'emploi  des  tubercules  du  Stachys  affinis,  dans  le 
régime  prescrit  aux  diabéti(iues  glycosuriques. 

»  Comme  l'a  fait  remarquer  M.  Chappellier,  la  texture  des  Stachys 
semble  se  rapprocher  beaucoup  des  Salsilis,  aussi  notre  honorable  col- 
lègue a-t-il  pensé,  sans  toutefois  l'afllrmer,  que  ceux-là  pourraient 
comme  ceux-ci  entrer  dans  l'aliinentaliou  des  malades  atteints  du 
diabète. 

î  Je  puis  ajouter  aujourd'hui  que  la  composition  chimique  de  ces 
végétaux,  spécialement  au  point  de  vue  des  principes  féculents,  absolâ- 
ment  proscrits  dans  cette  affection,  est  la  même;  c'est  du  moins  ce  qui 
résulte  des  essais  comparatifs  auxquels  je  me  suis  livré. 


SOCIÉTÉ    NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

»  Vous  savez,  Messieurs,  que  les  substances  qui  contiennent  de  la 
fécule  ou  (le  ramidon,  sur  lesquelles  on  laisse  tomber  une  goutte  de 
teinture  d'iode,  donnent  une  coloration  bleue  d'autant  plus  foncée  que 
la  proportion  de  matière  féculente  est  plus  forte.  Soumettez,  comme  je 
l'ai  fait,  à  l'action  de  cette  teinture,  une  Pomme  de  terre  fraîchement 
coupée,  vous  constaterez  que  cette  réaction  est  très  rapide,  ce  qui  s'ex- 
plique facilement  puisque  celte  Solanée  contient  20  pour  100  de  fécule 
au  moins.  Si  maintenant  on  opère  sur  le  Stachys  ou  sur  le  Salsifis,  la 
partie  imprégnée  de  teinture  d'iode  conserve  la  teinte  jaunâtre  propre 
à  l'iode. 

»  Ce  premier  essai,  bien  que  très  simple,  donne  déjà  des  indications 
qui  ont  leur  importance.  Le  deuxième,  qui  a  consisté  à  imiter  le  pro- 
cédé usité  dans  la  fabrication  de  la  fécule,  a  été  concluant. 

î  Après  avoir  réduit  les  tubercules  du  Stachys  en  pulpe  au  moyen 
d'une  râpe,  j'ai  d'abord  délayé  dans  l'eau  froide,  puis  passé  au  tamis, 
et,  si  la  fécule  eût  existé  dans  ce  végétal,  je  l'aurais  recueillie  en  lais- 
sant déposer  les  eaux  de  lavage.  Or  le  dépôt  de  ces  eaux  n'a  pas  donné 
avec  l'iode  la  réaction  propre  à  la  fécule.  Mèmerésultatavec  le  Salsifis. 
))  11  résulte  de  ces  faits  que  les  tubercules  du  Stachys  peuvent  être 
désormais,  comme  d'ailleurs  les  Salsifis,  permis  comme  aliment  aux  ma- 
lades atteints  du  diabète  sucré.  M.  Paillieux  d'abord,  M.  Chappellier 
ensuite,  auront  donc  rendu  à  l'acclimatation  et  aux  malades  un  très  ap- 
préciable service,  car,  vous  le  savez,  la  liste  des  aliments  probibés  dans 
le  traitement  de  cette  grave  maladie  est  longue,  et  les  diabétiques  ac- 
cueilleront avec  plaisir  ce  tubercule,  puisqu'il  leur  permettra  d'apporter 
un  peu  de  variation  à  leur  régime  sévère  et  cela  sans  nuire  au  traite- 
ment. » 

M.  Chappellier  proteste  contre  la  mention  de  son  nom  dans  cette  com- 
munication, et  déclare  que  tout  le  mérite  de  l'introduction  du  Stachys 
revient  à  notre  zélé  confrère  M.  Paillieux. 

Il  est  déposé  sur  le  bureau  :  1°  une  note  de  M.  Romanet  du  Caillaud 
sur  le  Tradescantia  erecta,  plante  hémostatique  du  iMexique,  intro- 
duite en  France  par  M.  le  général  du  Mariray; 

2°  Une  note  de  M.  Naudin,  sur  la  première  floraison  du  Jiibœaspecta 
bilis  à  Lisbonne. 

M.  le  Président  signale  à  ce  propos  le  bel  exemplaire  de  la  villa  Thu- 
ret,  qui  est  sur  le  point  de  fleurir. 

M.  Paillieux  communique  à  la  section  une  lettre  de  M.  Daruty,  sur  le 
Matambala  {Coleus  tuberosus).  M.  Mares  se  propose  de  faire  des  essais 
de  culture  de  cette  plante  en  Algérie. 

M.  Paillieux  a  reçu  également  du  Président  de  la  Société  d'Acclima- 
tation de  Maurice  des  graines  de  Solanum  macrocarpum  ou  grosse 
Anguine;  il  est  douteux  que  ces  semences  donnent  des  résultats  sous 
le  climat  de  Paris. 


rROCÈS-YERBAUX.  233 

Notre  confrère  lit  ensuite  :  1"  une  lettre  du  P.  Heude,  sur  diverses 
plantes  alimentaires  chinoises;  un  Convolmilus,  dont  on  mange  les 
pousses,  serait  peut-être  intéressant  à  cultiver;  2"  une  lettre  du  D''Breit- 
schneider,  sur  VEleocharis  tiiberosns;  3°  une  lettre  d'un  membre  de 
l'Institut  de  Beauvais,  sur  la  destruction  de  l'Allise. 

A  propos  de  celte  dernière  communication,  M.  le  Président  signale 
l'emploi  du  Tourteau  de  Cameline  comme  donnant  de  bons  résultats. 

M.  de  Vilmorin  présente  à  la  section  un  rameau  d'une  nouvelle  espèce 
d'Eucalyptus,  représentée  seulement  par  deux  exemplaires  en  Pro- 
vence, l'un  à  la  villa  Thuret,  l'autre  chez  IM.  le  D""  Jeannel,  à  Ville- 
franche-sur-Mer. 

Placé  côte  à  côte  avec  un  E.  globulus,  dans  un  terrain  argileux  assez 
riche,  la  nouvelle  espèce  a  crû  avec  une  bien  plus  grande  rapidité  que 
ce  dernier. 

Aujourd'hui  l'arbre  est  âgé  de  six  ans  environ  et  mesure  approxima- 
tivement 14  mètres.  Sa  circonférence,  à  l'",30,  est  de  76  centimètres  et 
de  90  à  15  centimètres  du  sol.  Il  a  fleuri  en  janvier  1885,  et  l'examen 
de  ses  fleurs  a  permis  de  le  classer  dans  la  section  des  uniflores.  Cet 
Eucalyptus,  qui  avait  été  nommé  provisoirement  Ambigens  et  a  été  dé- 
crit depuis;  il  est  dédié  au  savant  directeur  du  Jardin  botanique  de 
Melbourne,  M.  le  baron  von  iMùeller. 

L'Eucalyptus  Mulleri  Ndn  ne  subit  pas  de  transformation  comme 
la  plupart  des  espèces  de  ce  genre  ;  les  feuilles  du  jeune  âge  sont  celles 
de  l'âge  adulte. 

Il  est  présumable  que  des  graines  fertiles  pourront  être  recueillies 
celte  année. 

M.  le  Président  présente  ensuite  une  gerbe  de  Blé  de  Manitoba,  sans 
barbe,  à  épi  blanc  et  à  grain  rouge.  Semé  à  la  mi-mai,  ce  Blé  s'est  bien 
développé;  mais  comparé  à  notre  Blé  de  mars,  barbu,  à  épi  rouge,  ou 
Blé  de  mai,  l'avantage  reste  au  nôtre  au  point  de  vue  de  la  valeur  du 
grain. 

Une  discussion  s'engage  entre  MM.  de  Vilmorin  et  Mailles  au  sujet  de 
l'influence  solaire  sur  la  maturation  des  céréales  dans  le  Nord  et  les  pays 
tempérés,  et  à  ce  propos  M.  le  Président  signale  les  remarquables  tra- 
vaux de  M.  Flahaut. 

Le  Secrétaire, 

Jules  Gr isard. 


IV.   FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS   DE  CORRESPONDANCE. 


Pi.scicuUiipe  à  rÊcole  pratique  (rAg^i*iciiltni*c 
de  Saint-Remy 

Canton  d'Amance  (Haute-Saône). 

Depuis  1883,  la  pisciculture  l'ait  partie  du  prograuiine  de  l'École 
pratique  d'agriculture  de  Saint-Kern  y  (Haute-Saône).  Un  crédit  de 
520  francs,  du  ministère  de  l'agriculture,  et  une  somme  de  300  francs, 
allouée  par  le  Conseil  général  de  la  Haute-Saône,  ont  permis  la  création 
d'un  laboratoire  d'éclosion  et  d'alevinage  alimenté  d'eau  par  un  réser- 
voir en  tôle  galvanisée,  de  4  mètres  cubes,  lequel  se  remplit  au  moyen 
d'une  pompe  aspirante  et  foulante  établie  à  demeure  dans  le  labora- 
toire. 

Nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  X.  Binder,  chargé  du  cours  de  pis- 
ciculture à  l'Ecole,  d'intéressants  détails  extraits  des  Comptes  rendus 
de  cet  établissement  et  relatifs  aux  travaux  de  début  du  laboratoire. 

Tout  d'abord,  ce  n'est  pas  sans  quelque  difficulté  qu'on  s'est  procuré 
des  reproducteurs  en  état  de  frayer.  «  Les  informations  prises  de  divers 
côtés  sur  l'époque  de  reproduction  des  Truites  étaient  loin  d'être  con- 
cordantes, dit  M.  Binder  :  ici,  disait-on,  la  Truite  fraye  en  novembre, 
là  en  décembre,  ailleurs  en  janvier  et  même  en  février.  Je  me  suis  long- 
temps demandé  quelle  pouvait  être  la  cause  de  cette  différence  dans 
l'époque  du  frai.  Je  crus  d'abord  pouvoir  l'attribuer  à  la  nature  des 
eaux,  les  unes  roulant  sur  le  granit,  tandis  que  les  autres  sortent  du 
calcaire.  Mais  j'ai  dû  renoncer  à  cette  idée  par  suite  de  la  difficulté 
qu'il  y  a,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  de  concevoir  que  les  minimes 
quantités  de  calcaire  ou  de  silice  en  plus  ou  en  moins  puissent  avoir  une 
influence  aussi  considérable  sur  l'époque  du  frai.  Aussi  ai-je  porté  mon 
attention  ailleurs,  et  j'ai  cru  trouver  la  solution  du  problème  dans  la 
considération  de  la  constitution  géologique  des  terrains  qui  fournissent 
les  eaux. 

»  La  Moselotte  reçoit  ses  eaux  d'un  versant  granitique  ;  or  on  sait 
que  dans  les  pays  de  granit  les  sources  nombreuses  sortent  d'une  très 
faible  profondeur  (à  part  certaines  eaux  thermales),  parce  que  l'imper- 
méabilité du  roc  n'offre  pas  aux  eaux  ces  larges  tissures  qui,  dans  les 
terrains  sédimentaires,  leur  permettent  de  s'enfoncer  profondément  et 
de  se  soustraire  aux  variations  de  la  température.  Dans  les  formations 
de  sédiment,  et  plus  particulièrement  dans  les  roches  jurassiques,  il  y  a 
de  nombreuses  crevasses  par  lesquelles  les  eaux  se  perdent  à  de  grandes 
profondeurs  avant  de  donner  naissance  à  des  sources  qui,  comme  l'on 
dit  souvent,  fournissent  une  eau  relativement  chaude  en  hiver  et  fraîche 
en  été.  C'est  là  précisément  le  cas  des   sources  qui  alimentent  la  Que- 


FAITS    DIVERS    ET   EXTRAITS    DE    CORRESPONDANCE.       235 

noclie,  dans  laquelle  la  Truite  ne  fraye  que  de  la  mi-janvier  à  la  fin  de 
février,  tandis  que  dans  la  Moselotle,  dont  les  eaux  ne  viennent  que  de 
sources  très  superliciellcs,  susceptibles  par  conséquent  de  subir  facile- 
ment les  influences  de  la  température,  le  frai  se  termine  vers  la  Un  de 
novembre.  D'où  je  suis  porté  à  conclure  que  c'est  à  celte  différence  de 
température  qu'il  faut  attribuer  l'écart  dans  l'époque  du  frai  de  la 
Truite. 

»  Si  maintenant  l'on  se  demande  pourquoi  cette  particularité  n'a  en- 
core été  signalée  dans  aucun  ouvrage,  ne  serait-ce  pas  que  ceux  qui  ont 
écrit  sur  la  Truite  n'ont  guère  étudié  ce  poisson  que  dans  les  pays 
granitiques  des  Vosges,  de  l'Auvergne,  ou  dans  les  grands  cours  d'eau 
dont  la  température,  plus  que  celle  des  eaux  sortant  des  couches  pro- 
fondes, subit  l'influence  de  l'air  ambiant? 

»  La  première  fécondation  artilicielle  a  eu  lieu  le  5  décembre  (1883), 
la  deuxième  le  12  janvier.  Les  œufs  étaient  marqués  un  mois  après  la 
fécondation,  et  l'éclosion  a  eu  lieu  le  16  février  pour  les  uns,  et  le 
23  mars  pour  les  autres.  Une  eau  d'une  température  à  peu  près  inva- 
riable se  renouvelait  sans  cesse  sur  les  œufs.  Cette  température  oscillait 
entre  5  et  6  degrés  centigrades;  le  plus  souvent  le  thermomètre  indi- 
({uait  5  degrés  1/2. 

»  Comme  l'incubation  des  œufs  provenant  de  Truites  de  la  Moselotte 
a  duré  66  jours,  et  celle  des  œufs  de  Truites  de  la  Quenoche  79  jours, 
le  nombre  de  degrés  de  température  nécessaire  à  l'évolution  de  l'em- 
bryon a  été  de  66  X  5 1/2  =:  3  630  degrés  pour  les  uns,  et  de 
79X5  1/2  :=  4  245  degrés  pour  les  autres. 

j  J'ignore  la  cause  de  celte  différence.  Je  ferai  simplement  remar- 
quer que  les  Truites  de  la  Moselotte  étaient  jeunes  et  pesaient  à  peine 
un  quart  de  livre,  c'était  la  lin  de  la  saison  du  frai  ;  tandis  que  la 
Truite  de  la  Quenoche  pesait  une  livre  (elle  a  fourni  1000  à  1200  œufs), 
et  c'était  le  commencement  du  frai  dans  cette  rivière. 

»  L'incubation  de  ces  œufs  s'est  faite  convenablement  (quelques  œufs 
seulement  avaient  blanchi);  ceux  provenant  de  la  première  opération 
étaient  en  partie  éclos,  les  autres  allaient  être  embryonnés,  lorsque 
j'aperçus  dans  les  premiers  des  disparitions  importantes,  et  dans  les 
seconds,  outre  la  disparition  de  beaucoup  d'œufs,  l'altération  de  plu- 
sieurs. J'attribuai  tout  d'abord  ces  dégâts  aux  Rats  d  eau,  que  j'accusais 
de  manger  les  alevins  et  les  œufs  embryonnés,  de  remuer  dans  d'autres 
compartiments  les  œufs  déjà  marqués,  et  d'arrêter  ainsi  le  travail  de 
l'embryogénie. 

»  Les  augettes  n'étaient  alors  couvertes  que  légèrement,  car  je  ne 
me  proposais  que  de  soustraire  œufs  et  alevins  à  une  lumière  trop  in- 
tense ;  mais,  à  partir  de  ce  moment,  je  fis  des  couvercles  solides  et  je 
n'y  laissai  que  des  ouvertures  circulaires  d'à  peu  près  un  centimètre 
pour  livrer  passage  au  filet  d'eau  qui  alimentait  le  bassin.  Or,  la  nuit 


236  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

suivante,  le  nombre  des  œufs  disparus  était  plus  considérable  encore, 
et  sur  les  deux  mille  œufs  et  alevins,  c'est  à  peine  s'il  me  restait  une 
centaine  de  cliaque  espèce.  J'étais  désolé,  mais  non  découragé;  je  ne 
pouvais  avoir  affaire  aux  Rats  d'eau  qui,  vu  l'exiguïté  de  l'ouverture 
laissée  dans  le  couvercle,  ne  pouvaient  s'introduire  dans  les  bassins 
d'éclosion  ;  c'était  un  autre  ennemi  à  découvrir.  Tant  que  les  œufs  et  les 
alevins  s'étaient  trouvés  accessibles,  les  souricières  étaient  restées  inu- 
tiles; je  pris  donc  la  précaution  de  fermer  hermétiquement  les  auges  et 
d'y  introduire  l'eau  par  de  petits  tuyaux  en  caoutchouc;  j'installai  les 
souricières  et  enlin  je  parvins  à  capturer  deux  de  mes  mangeurs  de 
Truites.  Ce  n'étaient  ni  des  Souris,  ni  des  Rats  d'eau,  c'étaient  des  Musa- 
raignes d'eau  ou  Musaraignes  de  Daubenton  {Sorex  fodlens),  aux  dents 
rouges  et  épineuses,  au  museau  effilé,  et  dont  les  pieds  à  cinq  doigts 
sont  garnis  de  poils  raides  aidant  à  la  natation.  Ce  petit  animal  me 
paraît  d'autant  plus  dangereux  qu'il  peut  s'introduire  très  facilement 
par  les  plus  petites  ouvertures. 

■»  Pour  imiter  la  frayère  naturelle,  une  double  rangée  de  grosses 
pierres  moussues  encadrant  un  lit  de  cailloux  roulés  a  été  disposée  dans 
le  petit  cours  d'eau  qui  traverse  les  prairies  de  l'Ecole.  C'est  dans  cette 
frayère  que  vont  être  placés  incessamment  nos  petits  alevins  de  Truites 
saumonées,  car  il  importe  que  cette  opération  se  fasse  avant  que  la  vé- 
sicule ombilicale  des  alevins  soit  résorbée,  alin  que,  n'étant  pas  encore 
habitués  à  une  nourriture  artificielle,  les  petits  poissons  s'accommodent 
plus  facilement  du  milieu  qu'on  leur  oiTre  et  des  moyens  de  subsistance 
qu'ils  y  trouvent.  Ces  derniers  ne  feront  pas  défaut,  puisque  les  bords 
du  ruisseau  sont  bien  enherbés  et  qu'on  y  observe  une  foule  de  mol- 
lusques tels  que  les  l.ymnées,  les  Paludines,  les  Planorbes,  ainsi  que  de 
petits  crustacés  et  des  vers.  » 

Quelques  alevins  sont  conservés  au  laboratoire  et  nourris  artificielle- 
ment pour  servir  aux  démonstrations  pratiques  de  l'enseignement  pisci- 
cole. «Au  début,  dit  M.  le  professeur  Rinder,  je  les  nourrissais  de 
jaune  d'œuf,  puis  de  cervelle  et  de  viande  hachée.  Mais,  d'une  part,  la 
précipitation  rapide  de  ces  substances  au  fond  des  bassins  d'élevage  les 
rendait  inutiles  aux  alevins,  qui  ne  touchent  qu'aux  éléments  tenus  en 
suspension  dans  l'eau,  et,  d'autre  part,  produisait  un  dépôt  insalubre 
nécessitant  des  soins  continuels  de  propreté.  Aussi  cette  nourriture 
morte  ne  me  fournit-elle  que  de  bien  minces  résultats  :  beaucoup  d'a- 
levins périssaient  les  uns  après  les  autres,  succombant  à  la  maladie 
des  branchies. 

ï  Je  m'adressai  alors  à  la  nourriture  vivante.  De  petits  vers  limicoles, 
que  je  croyais  devoir  ranger  dans  la  famille  des  Naïdcs,  pullulaient  dans 
l'étang  de  notre  basse-cour.  J'en  recueillis  une  certaine  quantité  pour 
les  donner  à  mes  petits  poissons,  qui  s'en  montrèrent  très  friands;  mais 
une  fois  distribués  dans  les  bassins,  ces  limicoles  se   réunissaient  rapi- 


FAITS   DIVERS   Eï  EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.       ^5/ 

dément  en  pelote  au  fond  de  l'eau  et  parvenaient  ainsi  à  se  soustraire  à 
ralla(iue  des  alevins;  mon  but  était  manqué. 

»  A  l'endroit  même  où  je  faisais  la  récolte  de  ces  vers,  j'avais  remar- 
qué une  multitude  de  petits  crustacés  appelés  communément  Puces 
d'eau  :  c'étaient  des  daphnies  {Daphnia   pulex). 

»  Les  daphnies,  crustacés  appartenant  au  groupe  des  Cladocère.'- , 
sont  caractérisées  par  un  corps  non  segmenté,  entièrement  recouvert 
d'une  carapace  bivalve;  leur  tète,  munie  antérieurement  d'un  seul  œil, 
porle  de  chaque  côté  une  grande  antenne  fourchue  et  ciliée  faisant 
fonction  de  bras  natatoires;  elles  s'en  servent  pour  produire,  dans 
l'eau,  des  tourbillons  et  attirer  ainsi  les  particules  alimentaires. 

»  Les  daphnies  nagent  avec  facilité;  au  moindre  mouvement  de  l'eau, 
elles  se  dispersent  en  tous  sens  en  progressant  par  bonds  au  sein  de 
l'eau  :  de  là,  sans  doute,  leur  nom  vulgaire  de  puces  d'eau. 

ï  Ces  petits  êtres  ne  peuvent  se  multiplier  que  dans  les  eaux  tran- 
quilles des  étangs  et  surtout  des  mares  servant  d'abreuvoir  au  bétail. 
Dans  le  courant  de  l'été,  lorsqu'on  e.xamine  une  troupe  de  daphnies,  on 
est  frappé  de  la  diversité  de  leurs  tailles;  quelques-uns  de  ces  crusta- 
cés atteignent  jusqu'à  "2  millimètres  1/2  de  longueur,  tandisque  d'autres 
sont  à  peine  visibles  à  l'œil  nu  :  tous  sont  doués  de  la  même  ngililé. 

»  Cette  différence  dans  la  taille  s'explique  facilen^ent  lorsqu'on  sait 
qu'un  même  groupe  compte  des  daphnies  provenant  de  générations  suc- 
cessives de  l'année. 

»  D'après  le  professeur  Claus  (1),  au  printemps  et  en  été  on  ne  ren- 
contre d'ordinaire  que  des  individus  femelles  qui  donnent  naissance  à 
une  série  de  générations  parlhénogénes.  Les  œufs  pondus  à  cette  épo(jue 
sont  les  œufs  d'été,  qui  se  développent  rapidement  dans  une  chambre 
incubatrice  située  sous  le  test  dorsal.  Après  quelques  jours  les  œufs 
écloseut;  les  jeunes  daphnies  quittent  leur  berceau,  et  elles  ne  tar- 
dent pas  à  produire  des  œufs  à  leur  tour. 

»  En  automne,  lorsque  le  froid  menace  l'existence  de  ces  petits  êtres 
aquatiques,  les  femelles  produisent  les  œufs  d'hiver  et  assurent  ainsi  la 
conservation  de  l'espèce.  Ces  œufs  ne  peuvent  pas,  comme  ceux  d'été, 
se  développer  sans  l'intervention  des  mâles  :  la  fécondation  est  néces- 
saire; aussi  voit-on  apparaître  les  daphnies  mâles  lorsque  les  conditions 
biologiques  deviennent  défavorables. 

3>  Les  œufs  d'hiver,  mêlés  à  la  vase,  sont  plus  gros  et  plus  rustiques 
que  ceux  d'été;  ils  sont  d'ailleurs  protégés  par  la  chambre  incubatrice 
qui  s'est  détachée  avec  eux  du  dos  de  l'animal. 

»  Lorsque  les  froids  de  novembre  se  font  sentir,  les  daphnies  se  ré- 
fugient au  fond  des  étangs  ou  des  mares;  là  elles  résistent  pendant 
quelque  temps  au  froid,  puis  périssent  dans  le  courant  de  l'hiver. 

(I)  Traité  de  Zoologie,  par  Claus,  troihiit  par  .Moquin-Tandon. 


3.S8  SOCIÉTÉ   iNATlONALE    d' ACCLIMATATION. 

»  Au  printemps  suivant,  quand  la  température  de  l'eau  s'est  suflisam- 
mcnt  élevée,  les  œufs  conservés  dans  la  vase  se  développent  et  éclosent 
vers  la  mi-avril,  et  bientôt  les  crustacés  issus  de  celte  première  généra- 
lion  pullulent  dans  les  eaux  bourbeuses. 

»  Lorsqu'on  veut  se  livrer  à  la  culture  des  daphnies  pour  les  besoins 
de  l'alevinage  des  salmonés,  on  peut  ensemencer  les  réservoirs  con- 
struits d'après  les  indications  de  M.  Pùvoiron,  en  y  transportant  de  la 
vase  puisée  dans  une  mare  où  l'automne  précédent  les  daphnies  s'é- 
laienl  fait  remarquer  par  leur  grand  nombre.  Avec  cette  vase  on  intro- 
duit l'œuf  d'hiver,  qui  sera  le  point  de  départ  de  nombreuses  généra- 
tions successives,  à  la  faveur  desquelles  le  réservoir  se  peuplera  rapide- 
ment. 

»  Les  daphnies  sont,  sans  [contredit,  une  précieuse  ressource  pour  le 
pisciculteur  qui  s'occupe  d'alevinage  artificiel;  mais  elles  ne  peuvent  à 
elles  seules  résoudre  le  problème  de  la  nourriture  par  le  vivant,  puis- 
qu'elles l'ont  défaut  dans  la  première  période  de  l'alevinage,  alors  que 
le  besoin  de  ce  genre  de  nourriture  se  fait  le  plus  sentir.  Ainsi,  à  Saint- 
llemy,  les  premiers  alevins,  nés  au  commencement  de  janvier,  avaient 
leur  vésicule  ombilicale  complètement  résorbée  vers  le  15  février;  et, 
comme  les  daphnies  ne  sont  en  nombre  que  dans  le  courant  de  mai,  il 
faudrait  pendant  cet  intervalle  nourrir  les  alevins  selon  l'ancienne  mé- 
thode. » 

Pendant  la  campagne  1884-1885,  les  opérations  ont  été  poursuivies 

sur  une  assez  large  échelle. 

«  L'année  dernière,  écrit  M.  Binder,  j'avais  transporté  de  Saulxures  à 
Saint-Remy  tous  les  reproducteurs  que  j'avais  pu  me  procurer  pour  les 
besoins  de  notre  campagne  piscicole;  cette  année,  fixé  par  l'expérience 
sur  la  difficulté  et  les  embarras  d'un  tel  transport  quand  on  veut  opérer 
sur  des  animaux  vivants,  j'ai  préféré  aller  faire  la  fécondation  sur 
place;  n'ayant  eu  qu'à  m'en  féliciter,  mon  intention  .est  de  continuer 
ainsi  à  l'avenir,  sauf  à  me  procurer  dans  les  environs  les  étalons  dont 
j'aurai  besoin  pour  les  démonstrations  à  faire  devant  les  élèves,  qui 
tous  montrent  le  plus  vif  intérêt  pour  cette  branche  de  leur  instruction, 
et  pour  les  familiariser  avec  toutes  les  manipulations  qui  s'y  rapportent. 

»  Tous  ces  œufs  ainsi  transportés  à  Saint-llemy  immédiatement  après 
leur  fécondation  artificielle  y  sont  arrivés  en  très  bon  état,  ofi"rant  ce 
bel  aspect  que  donne  une  fécondation  réussie  et  qu'ils  ont  conservé 
tout  le  temps  de  l'incubation  :  à  peine  quelques-uns  de  blancs.  El  ce- 
pendant, bien  que  la  période  d'incubation  se  soit  passée  très  régulière- 
ment, sans  que  rien  put  me  faire  craindre  un  échec,  près  de  25  pour 
100  ne  sont  pas  arrivés  à  éclosion. 

»  U'où  cela  peut-il  venir?  Cette  question,  qui  ne  pouvait  que  m'inté- 
resser  vivement,  ne  me  parait  trouver  sa  réponse  que  dans  cette 
circonstance   que    plusieurs   de  mes  étalons,  échappés   à  la   mortalité 


FAIT-S   DIVERS   ET   EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.       239 

occasionnée  par  les  chaleurs  exceptionnelles  de  l'année,  se  trouvaient 
cependant  dans  un  état  maladif  qui  avait  nui  à  la  vitalité  d'une  partie 
des  œuvées;  et  ce  qui  me  confirme  dans  cette  idée,  c'est,  d'une  part, 
la  petitesse  relative  que  j'ai  constatée  dans  les  œufs  de  cette  année, 
chose  assez  anormale,  et,  d'autre  part,  la  parfaite  transparence  con- 
servée par  ceux  des  œufs  qui  ne  se  sont  pas  embryonnés,  transparence 
qui  ne  permet  pas  d'attribuer  cet  échec  à  ce  que  l'opération  delà  fécon- 
dation aurait  été  mal  exécutée. 

»  Mais  ce  qui,  par-dessus  tout,  me  confirme  dans  cette  opinion,  c'est 
que  les  œufs  inféconds,  restés  clairs,  ne  se  sont  guère  trouvés  que  parmi 
ceux  obtenus  des  Truites  de  rivière,  lesquelles  avaient  particulièrement 
souffert  des  influences  atmosphériques  dont  j'ai  parlé,  tandis  qu'il  n'y  a 
presque  point  eu  de  perte  sur  les  œufs  des  Truites  provenant  des  lacs. 
N'est-ce  pas  que,  ces  dernières  habitant  des  eaux  plus  profondes,  le 
développement  de  leur  œuvée  a  pu  suivre  son  cours  régulier  à  l'abri 
des  circonstances  défavorables  dont  a  eu  tant  à  souffrir  la  truite  dans 
nos  rivières  ? 

y>  Et  si  telle  est,  comme  je  le  crois,  la  cause  de  l'amoindrissement 
constaté  dans  le  succès  qu'il  m'a  été  donné  d'obtenir,  quel  déficit  ne 
laissera  pas  cette  année  la  reproduction  naturelle  de  la  Truite,  et  com- 
bien n'importe-t-il  pas  que  par  la  fécondation  artificielle  et  l'alevinage 
on  s'empresse  de  repeupler  les  eaux  de  la  France,  déjà  si  désastreuse- 
ment  ruinées  depuis  bien  longtemps  ! 

»  Quant  au  reste  de  nos  o  pérations,  tout  a  parfaitement  réussi;  nos 
jeunes  alevins  sont  bien  venus,  sans  que  nous  ayons  eu  à  constater  au- 
cune mortalité,  et  ils  étaient  pleins  de  vigueur  quand  je  les  ai  mis  à 
l'eau.  Environ  30  000  alevins  de  Truites  ont  été  versés  le  18  mars 
dans  une  dérivation  de  la  Lanterne.  » 

On  peut  juger,  par  les  quelques  citations  qui  précèdent,  de  la  nature 
de  l'enseignement  piscicole  donné  aux  élèves  de  l'école  de  Saint-Remy. 
Il  y  a  tout  lieu  d'attendre  les  meilleurs  résultats  de  semblables  études  à 
la  fois  théoriques  et  pratiques. 

R.-W. 


V.  BIBLIOGRAPHIE. 


Journaux  et  Revues. 

(Analyse  des  principaux  articles  se  rattachant  aux  travaux  de  la  Société.) 

i,a  mature  (Paris,  G.  Masson,  éditeur),  n"  007,  du  13  mars  1886. 

Oui  de  nous  n'a  jamais  admiré  avec  quelle  prévoyante  attention  la 
sage  nature  a  pourvu  à  la  défense  de  tous  les  êtres,  donnant  aux  uns  la 
force  musculaire,  à  d'autres  l'aile  rapide  ou  dos  jambes  d'acier,  aux  plus 
déshérités  eux-mêmes  des  armes  inoffensives,  mais  le  plus  souvent  suf- 
fisantes pour  leur  sécurité.  La  timide  Alouette,  blottie  dans  le  sillon, 
ne  sait-elle  pas  se  rendre  à  peu  près  invisible,  en  confondant  son  plu- 
mage dans  les  mouchetures  du  sol  environnant?  La  Truite  nuance  sa 
livrée  suivant  la  nature  des  eaux  où  elle  vit.  Ainsi  voyons-nous  le  Liè- 
vre des  contrées  septentrionales  se  couvrir  d'une  fourrure  blanche  dès 
les  premières  neiges  de  l'hiver.  Ainsi  encore,  certaines  Araignées  et  de 
minimes  Phalènes  se  confondent  absolument  avec  les  Lichens  des  vieux 
arbres. 

Ce  jeu  des  couleurs  n'est  pas  moins  curieux  à  observer  chez  quel- 
ques Papillons  des  pays  tropicaux.  Rappelons,  avec  le  journal  la  Nature, 
ce  qu'écrivait  à  ce  propos  le  célèbre  voyageur  anglais  IL  Wallace  : 
«  Les  ailes  du  Callima  sont  terminées  à  leur  extrémité  par  une  line 
pointe,  exactement  comme  celles  des  feuilles  de  beaucoup  d'arbustes 
des  tropiques;  entre  ces  deux  pointes,  court  une  ligne  courbe  et  som- 
bre, qui  représente  exactement  la  nervure  médiane  de  la  feuille,  et  d'où 
rayonnent  de  chaque  côté  des  lignes  légèrement  obliques  qui  imitent 
fort  bien  les  nervures  latérales;  ces  lignes  sont  produites  par  des  stries 
qui  se  sont  modifiées  et  renforcées,  de  façon  à  imiter  plus  exactement 
la  nervulation  des  feuilles  ;  la  queue  des  ailes  forme  une  tige  parfaite, 
et  touche  la  branche,  pendant  que  l'insecte  est  supporté  par  les  pattes 
du  milieu,  que  l'on  ne  peut  remarquer  parmi  les  brindilles  qui  l'en- 
tourent. » 

M.  Maindron  a  fait  lui-même  des  observations  analogues,  au  cours  de 
ses  voyages  en  Malaisie.  11  décrit  dans  la  même  publication  certains 
orthoptères  qui,  s'attachant  aux  arbres,  prennent  dans  leur  premier 
âge  l'apparence  de  brindilles,  pour  ressembler,  à  mesure  qu'ils  gran- 
dissent, à  des  rameaux,  plus  tard  même  à  des  branches. 

Oue  d'intéressantes  pages  n'écrirait-on  pas  sur  cette  extraordinaire  et 
providentielle  prévoyance  qui  s'étend  jusque  sur  les  êtres  les  plus  infi- 
mes de  la  création  !  Am.  B. 


Le  Gérant  :  Jules  Grisard. 


5283.  —  BoiiRLOTON.  —  Imprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


NOTE 

SUR  LES  MOUTONS  CHINOIS  PROLIFIQUES 

(MOUTONS   ONG-TI) 

Par   M.   RONSARD 

d'Omey  (Marne) 


Ayant  reçu  en  cheptel,  il  y  a  cinq  ans,  un  Bélier  et  deux 
Brebis  de  la  race  Ong-ti,  je  viens  rendre  compte  à  la  Société 
des  résultats  obtenus. 

Les  débuts  n'ont  pas  été  heureux  ;  six  mois  après  leur  ré- 
ception, une  des  Brebis  mourait  de  tuberculose.  Restaient  donc 
le  Bélier  et  une  Brebis  dont  la  santén'était  pas  bien  brillante. 

Ma  Brebis  Ong-ti  devint  mère  et  donna  le  jour  à  deux 
agneaux  de  sexe  différent.  Elle  eut  peine  à  les  allaiter  et  il 
fallut  recourir  au  lait  de  chèvre  pour  les  conserver  tous  deux. 
Le  mâle,  d'abord  magnifique,  ne  tarda  pas  à  présenter  les 
symptômes  de  la  tuberculose  et  ne  vécut  pas  plus  de  treize 
mois.  La  petite  femelle,  chétive  au  début,  se  développa  avec 
l'âge  et  devint  la  souche  de  quatre  animaux  de  pur  sang  que 
j'ai  pu  conserver. 

La  race  Ong-li  me  paraît  donc  peu  propre  à  l'élevage 
sous  notre  climat.  Sa  prolificité  ne  persiste  pas  dans  notre 
pays,  et  la  mère  ne  peut  véritablement  allaiter  avec  profit 
qu'un  petit.  Vantée  beaucoup  à  sa  première  apparition  en 
France,  comme  pouvant  donner  naissance  à  deux  et  trois 
agneaux  et  les  nourrir  jusqu'au  sevrage,  elle  n'a  pas  soutenu 

4«  SÉRIE,  T.  m. —  Mai  1886.  16 


242  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCGLIMATATION. 

ici  sa  réputation  (1)  :  le  climat,  la  nourriture,  ont  modifié 
cette  qualité  et  ramené  les  Ong-ti  au  niveau  des  races  du 
pays.  Il  en  a  été  de  même  auparavant  pour  la  race  du 
Holstein,  qui  donne  jusqu'à  quatre  petits  à  la  fois  et  les 
élève  dans  les  polders  et  ne  peut  en  nourrir  qu'un  sous  un 
autre  ciel.  Nos  Brebis  mérinos  donnent  souvent  deux  agneaux 
et  les  bergers  sacrifient  presque  toujours  l'un  d'eux,  aimant 
mieux  un  bon  agneau  que  deux  médiocres. 

Au  point  de  vue  de  la  production  de  la  laine,  la  race  Ong-ti 
ne  peut  être  citée  que  comme  porteuse  d'une  laine  grossière, 
souvent  feutrée  sur  l'animal  et  en  très  petite  quantité. 

Quant  à  la  viande,  elle  passe  pour  très  bonne,  mais  je  n'ai 
pas  encore  dégusté  celle  d'animaux  de  pur  sang  et  ne  puis 
en  parler  savamment. 

Donc  les  Ong-ti,  à  part  leur  aspect  original,  avec  leurs 
petites  oreilles,  leur  queue  développée  quand  ils  sont  gras, 
la  laine  du  poitrail  du  Bélier  formant  une  espèce  de  tablier 
tombant  jusqu'aux  genoux,  ne  me  semblent  pas  appelés  à  un 
autre  avenir  que  d'orner  des  parcs  à  Moutons  sur  les  pelou- 
ses d'un  jardin  d'agrément. 

A  côté  du  pur  sang,  j'ai  élevé  des  métis;  en  donnant  le 
bélier  Ong-ti  à  des  brebis  mérinos  champenoises,  j'ai  obtenu 
de  nombreux  produits.  Les  jeunes  ont  une  croissance  rapide  ; 
devenus  adultes,  ils  donnent  une  laine  à  matelas  de  bonne 
qualité;  mais,  comme  la  laine  cesse  d'être  un  produit  rému- 
nérateur, je  ne  puis  insister  sur  ce  point. 

Reste  à  examiner  la  production  de  la  viande.  Ici  les  métis 
Ong-ti  mérinos  sont  véritablement  remarquables.  Il  n'est  pas 
rare  d'obtenir  de  Moutons  élevés  aux  champs  comme  les  mé- 

(1)  Les  Moutons  chinois  ont  donné  au  Jardin  zoologique  d'Acclimatation 
des  résultats  plus  satisfaisants  que  ceux  indiqués  par  M.  Ponsard. 

On  n'y  a  point  vu  d'animaux  tuberculeux,  les  Brebis  se  sont  montrées  ex- 
cellentes laitières,  nourrissant  facilement  deux  et  même  trois  agneaux,  enfin 
les  mères  nées  au  Bois  de  Boulogne  ont  été  tout  aussi  prolifiques  que  les  im- 
portées. 

Il  faut  croire  que  le  régime  auquel  les  animaux  étaient  soumis  à  Omey  ne 
leur  a  pas  convenu.  Nous  croyons  que  ces  bêtes  ovines  craignent  beaucoup 
l'humidilé  et  qu'elles  peuvent  réussir  quand  elles  sont  bien  nourries  et  entre- 
tenues sur  un  sol  sec. 

A.  G.  S.  H. 


SUR    LES   MOUTONS   CHINOIS   PROLIFIQUES.  248 

rinos  un  poids  brut,  à  dix-huit  mois,  de  80  kilogrammes, 
leur  rusticité  est  parfaite,  leur  gigot  et  les  côtelettes  de  haute 
saveur.  Ce  n'est  plus  de  la  viande  de  mouton,  ce  n'est  pas  de 
la  chair  de  chevreuil,  mais  c'est  certainement  une  viande 
qui  tient  des  deux  et  ressemble  à  de  la  venaison.  Tous  mes 
amis  qui  ont  dégusté  cette  viande  sont  d'accord  sur  sa  qua- 
lité supérieure  et  son  fumet  distingué. 

J'espère  former  un  petit  troupeau  de  ces  métis  et  pouvoir 
un  jour  appeler  l'attention  des  gourmets  sur  la  finesse  des 
morceaux  délicats  qu'ils  fournissent  à  l'âge  de  dix-huit  mois 
à  deux  ans. 

En  somme,  je  suis  satisfait  de  l'expérience  que  je  viens  de 
faire.  La  Société  d'Acclimatation  en  important  les  Ong-ti  aura 
donné  aux  amateurs  de  bonne  viande,  sinon  par  les  pur 
sang,  au  moins  par  les  métis,  une  nouvelle  variété  d'animaux 
faciles  à  élever,  familiers  dans  l'enclos  dont  ils  feront  l'orne- 
ment, et  remplis  d'eflluves  chers  aux  palais  délicats,  au  mo- 
ment où  sur  la  table  de  l'amphitryon  le  couteau  attaquera 
leur  cuissot  tendre  et  saignant  à  réjouir  Brillai-Savarin  lui- 
même. 


CATALOGUE    RAISONiNE 

PAR    RÉGIONS 

DES   ESPÈCES  D'OISEAUX 

qu'il   V   AURAIT    LIEU 

D'ACCLIMATER  ET  DOMESTIQUER  EN  FRANCE 

Par   L.    MACiAL'D   D'AUBVSSOIV 

(Suite.) 


TETRAONIDES. 


Cette  deuxième  famille  de  Gallinacés,  moins  importante 
que  celle  des  Phasianides  au  point  de  vue  des  services  que  nous 
pouvons  en  attendre,  offre  cependant  un  intérêt  de  premier 
ordre,  si  l'on  considère  que  la  diminution  croissante  du  gibier 
dans  nos  campagnes  rend  indispensables  des  mesures  sé- 
rieuses de  repeuplement.  Or  ce  repeuplement  doit  s'effectuer 
non  seulement  par  une  protection  intelligente  et  énergique, 
accordée  à  nos  espèces  indigènes,  mais  aussi  par  l'introduc- 
tion de  certaines  espèces  étrangères,  dont  les  mœurs,  les  ha- 
bitudes et  le  régime  présenteront,  peut-être,  des  moyens  de 
défense  mieux  appropriés  aux  conditions  nouvelles  du  sol. 

Les  Tétraonides  de  la  Chine  comprennent  quelques-unes 
de  ces  espèces  d'avenir.  Nous  devons  les  signaler,  d'une  ma- 
nière spéciale,  à  l'attention  des  éleveurs. 

Au  préalable,  nous  énumérerons  brièvement  d'autres  es- 
pèces dont  l'aire  de  dispersion  s'étend  sur  plusieurs  points  du 
vaste  territoire  chinois ,  mais  que  nous  retrouverons  plus 
lird  dans  leur  véritable  patrie  et  sur  lesquelles  nous  donne- 
rons alors,  s'il  y  a  lieu,  de  plus  amples  informations. 

Ainsi  le  Syrrhaple  paradoxal,  Tetrao paradoxaValhs,  ori- 
ginaire des  steppes  de  l'Asie  centrale,  qui  visite  irrégulière- 
ment l'Europe  et  dont  les  colonnes  s'avancent  parfois  jus- 


OISEAUX    A    ACCLIMATER.  245 

qu'en  France  (1),  niche  dans  toute  la  Mongolie  et  descend  en 
hiver,  par  bandes  nombreuses,  dans  les  plaines  du  Petchely, 
On  en  prend  au  filet,  dans  cette  saison,  des  quantités  considé- 
rables entre  Tientsin  etTakou  (2). 

Dans  les  montagnes  boisées  du  nord  de  l'Empire,  on  ren- 
contre quelquefois  une  race  plus  petite  de  noire  Coq  de 
Bruyère,  le  Tetmo  urogalloides  Middendorl';  mais  cet  oiseau 
habite  principalement  le  Kamtschatka ,  la  Transbaïkalie , 
l'Amourland  el  la  Mantchourie. 

La  Mantchourie  et  la  Chine  septentrionale  possèdent  aussi 
la  Gelinotte  vulgaire,  Tetrao  honasia  Linné,  qui  est  assez 
commune  dans  les  montagnes  de  l'Europe  occidentale  et  en- 
core plus  répandue  dans  le  nord  de  la  Russie  et  dans  la  Sibé- 
rie orientale,  où  elle  s'avance,  d'après  Middendorf,  jusqu'au 
69'  degré  de  latitude  nord  (3).  Cet  oiseau  se  reproduit  même 
dans  la  province  de  Pékin,  sur  les  hautes  montagnes  boisées 
du  Peythang  et  du  Tonglin.  Les  Chinois  le  désignent  sous  le 
nom  de  Chou-ky,  «  Poule  d'arbres  »,  parce  qu'il  vit  dans  les 
bois  et  se  tient  d'ordinaire  perché  sur  les  branches. 

Il  est  possible  que  l'on  rencontre  également  sur  les  fron- 
tières septentrionales  de  la  Chine  une  autre  espèce  de  Tétras, 
Tetrao  falcipennis  Hartlaub.  Radde  (4)  et  après  lui  Midden- 
dorf observèrent  cet  oiseau  dans  la  Sibérie  orientale  et  le 
confondirent  avec  le  Telrastes  Ca.nadensis.  C'est  probable- 
ment cette  espèce  que  M.  Préjevaiski  dit  avoir  trouvée  en 
Mantchourie  et  non,  comme  il  le  pense,  la  Gelinotte  du  Ca- 
nada. 

Sur  les  rochers  et  dans  les  terrains  pierreux  des  parties 
montagneuses  de  la  Mongolie  et  du  nord-ouest  de  la  Chine, 
vit  en   grand  nombre  la   Perdrix  chukar,   Cacabis  chukar 

(1)  En  1863, il  y  eut  une  véritable  invasion  de  Syrrhaptes  en  Europe.  Des  bandes 
plus  ou  moins  nombreuses  se  montrèrent  sur  beaucoup  de  points  de  la  Russie, 
de  l'Allemagne,  du  Danemark,  de  la  Hollande,  de  l'Angleterre,  de  la  Suisse,  de 
la  France.  Elles  se  répandirent  dans  plusieurs  de  nos  départements,  notamment 
dans  ceux  de  la  Somme,  de  l'Aube,  de  la  Vendée,  de  la  Moselle. 

(2)  Ces  oiseaux  sont  si  nombreux,  qu'en  1861  ils  servirent  pour  une  large 
part  au  ravitaillement  de  l'armée  anglo-française. 

(3)  Sih.  Reis.,  t.  Il,  p.  '2ii^2,  pi.  XVIl,  fig.  4  (1847-1859). 

(4)  Reis.  in  S.  0.  Sib.,  t.  11,  p.  301  (1863). 


246  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Gray.  Cet  oiseau,  que  l'on  a  signalé  d'abord  dans  l'Himalaya 
a  élé  retrouvé  depuis  dans  diverses  contrées  de  l'Asie  et  jus- 
qu'en Grèce,  notamment  dans  l'île  de  Crète. 

D'après  M.  Swinhoë,  il  y  aurait  en  Chine  deux  espèces  de 
Cailles  proprement  dites,  au  sud  la  Caille  d'Europe,  Colur- 
nix  communis  Bonnalerre,  et  au  nord  la  Caille  du  Japon, 
Coturnix  Japonica  Temminck  et  Schelegel  (1).  Il  existe  ce- 
pendant peu  de  différences  entre  les  oiseaux  qui  proviennent 
des  diverses  provinces  de  l'Empire  chinois.  Celles  que  l'on 
indique  peuvent  tout  au  plus  servir  à  caractériser  une  race  et 
encore  sont-elles  loin  d'être  constantes.  D'autre  part,  Cotur- 
nix Japonica,  qui  se  trouve  non  seulement  au  Japon,  mais 
aussi  dans  la  Chine  septentrionale  et  en  Daourie,  ne  nous  pa- 
raît pas  différer  spécifiquement  de  Coturnix  communis. 

Les  Chinois  dressent  la  Caille  commune  pour  le  combat,  et 
ils  apportent  à  ce  genre  de  plaisir  une  ardeur  au  moins  égale 
à  celle  des  Malais  pour  les  combats  de  Coqs. 

Un  Européen,  qui  a  longtemps  séjourné  en  Chine,  nou- 
donne  quelques  détails  curieux  sur  ce  sport  singulier. 

«  Les  Chinois,  dit-il,  qui  ont  la  passion  du  jeu  poussée  très 
loin,  comme  la  plupart  des  peuples  de  l'Asie,  se  rendent  dans 
les  maisons  de  jeu  avec  un  certain  nombre  de  Cailles  renfer- 
mées chacune  dans  une  bourse  en  toile  fermée,  dans  sa  partie 
supérieure,  par  une  coulisse.  Là  ils  trouvent  bientôt  un  ad- 
versaire qui  accepte  le  pari  proposé,  et  immédiatement  on 
lâche  les  deux  champions  sur  un  turf  de  la  forme  d'un  crible 
dont  le  fond  est  en  toile,  clouée  extérieurement  sur  un  cercle 
en  bois,  ayant  environ  70  centimètres  de  diamètre  sur  iO  de 
haut.  Là,  nos  petits  adversaires  se  trouvent  comme  en  champ 
clos  et  s'attaquent  sans  hésitation.  Le  sort  du  combat  est  aussi 
très  court  :  il  dure  de  une  à  trois  minutes,  et  enfin ,  après 
l'issue  du  combat,  chacun  des  éleveurs  reprend  son  petit  anis 
mal,  lorsqu'il  n'a  pas  péri  dans  la  lutte,  le  replace  dans  la 
bourse  dans  laquelle  il  l'a  apporté,  et  en  sort  un  autre  tout 
frais,  offrant  une  revanche  à  celui  qui  a  perdu ,  et  souvent 

(l)  Fauna  japonica.  Aves,  p    103,  pi.  61. 


OISEAUX   A    ACCLIMATER.  247 

même  défiant  les  spectateurs,  surtout  lorsqu'il  a  été  victo- 
rieux (i).  » 

Le  P.  David  complète  ces  renseignements  par  les  indica- 
tions suivantes.  «  Les  Chinois  emploient  la  Caille  comme 
oiseau  de  combat  :  pour  l'apprivoiser  et  pour  augmenter  ses 
dispositions  belliqueuses,  ils  lui  font  prendre  des  bains  de  thé 
chaud,  puis  ils  la  font  sécher  en  la  tenant  dans  leur  manche. 
Après  un  certain  nombre  de  ces  bains,  qui  sont  suivis  d'au- 
tant de  repas,  l'oiseau  est  suffisamment  habitué  à  la  main  de 
l'homme  et  tout  disposé  à  entrer  en  lice  contre  ses  semblables. 
Ces  sortes  de  combats  font  les  délices  des  Chinois,  qui  y  enga- 
gent souvent  des  sommes  considérables  (2).  » 

Dans  l'île  de  Formose  et  dans  les  provinces  méridionales 
de  la  Chine,  on  rencontre  une  très  jolie  petite  espèce  connue 
depuis  longtemps,  décrite  par  Brisson  dans  son  Ornitholo- 
gie (3)  sous  le  nom  de  Caille  des  Philippines,  et  par  Sonne- 
rat,  dans  son  Voyage  dans  la  Nouvelle-Guinée  {-i) ,  sous  celui 
de  Petite  Caille  de  l'île  de  Lugon.  Temminck  l'a  appelée  Co- 
turnix  excalfactoria,  mot  à  mot  :  Caille  échauffante,  qui 
'produit  de  la  chaleur,  parce  que,  disait-on,  les  Chinois  s'en 
servaient  pour  se  chauffer  les  mains  en  hiver.  «  En  effet,  dit 
Temminck,  ces  peuples  nourrissent  une  multitude  de  ces  pe- 
tits oiseaux,  qu'ils  tiennent  dans  des  cages  et  les  portent  vi- 
vants pour  se  tenir  les  mains  chaudes,  ce  qui  fait  supposer 
dans  ces  animaux  une  chaleur  naturelle  très  forte  (5).  » 

Bonaparte  a  fait  de  la  dénomination  spécifique  assez  sin- 
gulière de  cet  oiseau  un  nom  de  genre,  et  celte  Caille  naine 
est  aujourd'hui  généralement  connue  des  ornithologistes  sous 

(1)  Tastet.  D'après  Brehm,  Ois.,  édit.  fraiiç.,  t.  II,  p.  381. 

(2)  David  et  Oustalet,  Les  Oiseaux  de  la  Chine,  p.  396  (1877). 

(3)  T.  I,  p.  254,  pi.  25,  fig.  1. 

(4)  P.  54,  pi.  24. 

(5)  Histoire  naturelle  générale  des  Pigeons  et  des  Gallinacés,  t.  III,  p.  516 
(1815). —  Cet  usage  rappelle  ces  boules  en  cuivre  connues  sous  le  nom  de 
chauffe-mains  dont  on  se  servait  en  Europe  au  seizième  siècle. 

Ces  boules  attachées  au  bras  par  une  chaînette,  s'ouvraient  et  portaient  à 
l'intérieur  quelques  braises  ardentes  dans  un  petit  fourneau,  sur  pivot  mobile, 
à  double  mouvement  et  disposé  de  manière  à  n'être  point  renversé,  quelle  que 
soit  la  position  prise  par  la  boule. 

On  peut  voir  plusieurs  de  ces  curieux  ustensiles  au  Musée  de  Cluny. 


248  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

le  nom  d'Excalfactoria  de  la  Chine  {Excalfacloria  Chinensi$ 
Bonaparte)  (1),  bien  qu'elle  se  trouve  encore  à  Ceylan,  au 
Bengale,  dans  l'Assam,  dans  la  Birmanie  et  aux  Philippines. 

Enfin  le  Turnix  de  Dussumier  est  répandu  en  grand  nombre 
sur  les  collines  herbeuses  de  l'île  de  Formose,  mais  il  est  plus 
commun  encore  dans  les  champs  et  les  prairies  de  l'Inde. 

TÉTRAGALLE  DU  THiBET  {Tetvaogallus  tibetcmus  Gould). 

Tetraogallus  tibetanus,  Gould,  Proc.  Zool.  Soc.  {lSb3),'p.il  ;  Birds  of  Asia  (1853), 
livr.  V,  pi.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  391. 

Les  Tétragalles  établissent  une  transition  entre  les  Tétras 
et  les  Perdrix.  Ce  groupe  offre  une  grande  importance  au 


Tétragalle  du  Thibet  (Tetraogallus  tibetanus  Gould).   1/5  gr.  nat. 

point  de  vue  de  l'utilité  que  l'homme  peut  en  retirer,  car  les 
oiseaux  qui  le  composent  sont  tous  d'excellents  gibiers  que 

(1)  Compt.  rend.  Ac.  se,  t.  XLII.  Tabl.  des  GalL,  n"  288. 


OISEAUX    A    ACCLIMATER.  249 

l'avenir  nous  lient  en  réserve  pour  repeupler  nos  hautes 
monlaones. 

Nous  nous  étendrons  plus  longuement  sur  ce  sujet  lorsque 
nous  arriverons  au  Tétragalle  de  l'Himalaya.  Il  nous  suffit, 
pour  le  moment,  d'inscrire  parmi  les  Gallinacés  de  la  Chine 
une  espèce  que  l'on  rencontre  plus  particulièrement  dans  le 
Thibet  proprement  dit,  mais  qui  habite  aussi ,  quoique  en  petit 
nombre,  les  montagnes  de  la  Chine  occidentale. 

Les  deux  premiers  spécimens  de  cet  oiseau  furent  envoyés 
à  «  The  Honourable  East  India  Company  »,  l'un  par  le  capi- 
taine Strachey,  l'autre  par  Hodgson.  Gould  décrivit  cette  nou- 
velle espèce  et  lui  donna  le  nom  de  Tibetanus. 

Ce  Tétragalle,  le  plus  petit  de  son  genre,  a  le  bec  orangé 
vif  et  les  pattes  rouges;  la  gorge,  la  poitrine  et  l'abdomen 
blancs,  ce  dernier  strié  de  noir  sur  les  flancs  et  en  arrière. 
Les  parties  supérieures  du  corps  sont  variées  de  noir  et  de 
gris  avec  les  plumes  du  milieu  du  dos  et  les  sus-alaires  lar- 
gement bordées  de  jaune  pâle,  le  croupion  et  les  sus-caudales 
nuancés  de  roux. 


PERDRIX   BARBUE 

{Perdix  harhata  J.  Verreaux  et  0.  des  Murs). 

Tetraoperdix,  var.  Daurica,  Pallas,  Zoogr.  (1811),  t.  Il,  p.  78.  —  Perdix 
barbata,  J.  Verreaux  et  0.  des  Murs,  Proc.  ZohI.  Soc.  (1863),  p.  62  et 
p.  371,  pi.  y.—  Swinhoë,  ibid.  (1863),  p.  307.  —  A.  David,  Nouv.  Arch.  du 
Mus.  (1871),  Bull.  Vil.  —  Gould,  Birds  of  Asia  (1871),  livr.  xxiii.  — 
David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  392. 

Cette  espèce  se  rapproche  beaucoup  de  notre  Perdrix  grise 
d'Europe.  Elle  en  diffère  cependant  par  sa  taille  plus  faible, 
les  plumes  longues  et  acuminées  qui  garnissent  sa  gorge  et 
qui  lui  ont  valu  son  nom  de  barbue ,  la  couleur  de  la  grande 
tache,  en  forme  de  fer  à  cheval,  qui  orne  l'abdomen  du  mâle 
et  qui  est  d'un  noir  profond  au  lieu  d'être  d'un  brun  mar- 
ron, enfin  par  la  présence  de  deux  petites  raies  noires  situées 
l'une  sur  les  narines,  l'autre  au-dessous  de  l'œil. 

Celte  Perdrix,  déjà  rencontrée  par  Pallas,  habite  non  seu- 


250  SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

lement  le  sud  de  la  Sibérie  orientale,  mais  la  Mongolie  et  le 
nord  de  la  Chine  et  s'avance  jusque  dans  le  Chensi  méridio- 
nal. Elle  fréquente  les  endroits  montueux  et  les  plaleaux  éle- 
vés, au  milieu  des  herbes  et  des  broussailles.  «  Dans  toute 
cette  région,  dit  le  père  David,  l'espèce  doit  être  fort  abon- 
dante, à  en  juger  par  le  grand  nombre  de  ces  oiseaux 
qu'on  apporte  souvent,  en  hiver,  au  marché  de  Pékin.  J'en 
ai  vu  des  monceaux  de  quatre  à  cinq  cents  individus.  » 

[LERWE  DES  NEIGES  {LcTwa  mvicolci  Hodgsou). 

Perdix  lerwa,  Hodgson,  Proc.  Zool.  Soc.  (1833),  p.  107.  —  Gray,  III.  Ind. 
Zoo/. '(1830-ci4),  t.  II,  pi.  44,  f.  I. —  Lerwa  nivicola,  Hodgson,  Madras  Jour. 
(1837),  p.  301.—  Gould,  Birds  of  Asia  (1855),  livr.  vu,  pi.  —A.  David, 
Nouv.  Arch.  du  Mus.  (1871),  Bull.  VII.—  Swiniioë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871), 
p.  400.  —David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  392. 

Cette  Perdrix  qu'Hodgson  nous  a  fait  connaître,  et  qu'il 
décrivit  le  premier  en  1833,  dans  les  Proceedings  of  the 
Zoological  Society  sous  le  nom  de  Perdrix  lerwa  et  pour 
laquelle  il  créa  plus  tard  un  genre  à  part,  présente  un  inté- 
rêt sérieux  au  point  de  vue  de  l'acclimatation.  Elle  peut,  en 
effet,  devenir  un  nouveau  gibier,  à  côté  du  Tétragalle,  pour 
les  hautes  montagnes  de  nos  contrées. 

Elle  habite  les  régions  élevées  de  l'Himalaya  (1)  et  du 
Thibet,  ainsi  que  les  montagnes  de  la  Chine  occidentale, 
dans  le  voisinage  des  neiges  éternelles.  Le  père  David  l'a 
rencontrée  à  Moupin,  à  plus  de  4000  mètres  d'altitude. 

Ces  oiseaux  vivent  en  petites  bandes  sur  les  rochers  escarpés 
et  préfèrent  aux  parties  boisées  les  endroits  arides  où  crois- 
sent çà  et  là  quelques  touffes  de  bruyère.  Ils  placent  leur  nid 
à  l'abri  d'une  saillie  de  la  roche.  Leur  nourriture  consiste  en 
herbes,  racines,  grains  et  insectes.  Faciles  à  effaroucher,  ils 
fuient  d'un  vol  vigoureux  et  se  réfugient  au  milieu  des  gla- 

(1)  Bien  que  cet   oiseau  appartienne  plus   spécialement  à  la  faune  hima- 

layenne,  nous  le  faisons  figurer  au  nombre  des  oiseaux  de  la  Chine  thibétaine, 

parce  qu'il  se  trouve  en  nombre  très  considérable  dans  les  montagnes  de  cette 

région,  d'où  il  est  plus  facile  de  le  faire  venir,  par  les  débouchés  de  la  Chine 

occidentale. 


OISEAUX  A   ACCLIMATER.  251 

ciers  lorsqu'on  vient  les  troubler.  Us  font  entendre  alors  un 
cri  bref  qu'on  peut  rendre  par  «  Oniok,  quiok  ».  Leur  chair 
est  blanche  et  délicate. 

La  Lerwe  des  neiges,  qui  mesure  environ  O^jSS,  a  toutes 
les  parties  supérieures  du  corps  rayées  transversalement  de 
noir,  de  blanc  ou  de  roux.  La  poitrine  est  d'un  brun  mar- 


Lerwe  des  neiges  {Lerwa  nivicola  Hodgson). 

ron.  La  même  teinte  règne  sur  les  flancs  et  les  sous-caudales 
qui  sont  marquées  de  taches  blanches  et  noires.  Les  rémiges 
sont  brunes,  légèrement  pointillées  de  blanc,  le  bec  et  les 
pattes  rouges. 

Le  mâle  et  la  femelle  se  ressemblent  et  sont  à  peu  près  de 
la  même  taille.  Les  jeunes,  d'après  Hodgson,  ne  diffèrent  des 
adultes  que  par  les  teintes  plus  sombres  de  la  poitrine  et  des 
flancs. 

Les  Chinois  nomment  cet  oiseau  Sué-Ky,  «  Poule  des 
neiges  ». 


252  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

OREOPERDRIX   A    GORGE   SANGLANTE 

{Oreoperdix  crudigularis  Swinhoë). 

Oreoperdix  crudigularis,  Swinhoë,  Ibis  (1864),  p.  426.  —  Jbid.  (1865),  p.  542. 
—  Ibid.  (1866),  p.  133,  134,  401.  —  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  400.—  David 
et  Ouslalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  393. 

Cette  Perdrix  n'a  été  signalée  jusqu'à  présent  que  dans 
l'île  de  Formose.  Elle  y  fut  rencontrée  par  M.  Swinhoë  et 
décrite  par  lui  pour  la  première  fois  dans  VI bis,  en  1864-. 

Elle  est  remarquable  par  la  dénudation  de  la  gorge  recou- 
verte seulement  de  quelques  plumes  noires  éparses  sur  la 
peau  d'un  rose  qui  passe  au  rouge  vif  dans  la  saison  des 
amours.  Le  brun-olive  et  le  gris  jaunâtre  dominent  dans  le 
plumage.  Ces  teintes  sont  relevées  par  le  noir  des  joues  et 
des  sourcils,  le  rose  carminé  de  la  peau  nue  qui  entoure 
l'œil,  les  mouchetures  des  flancs,  des  scapulaires  et  des  rémi- 
ges, les  barres  irrégulières  noires  des  rectrices,  les  pattes 
roses  et  le  bec  noir. 


PERDRIX    DES   BAMBOUS   ORDINAIRE 

{Bambusicola   thoracica   Swinhoë). 

Perdix  thoracica,  Temminck, //fsf.  nat.  Pigeons  et  GaZ/inaces  (1813-18),  t.  III, 
p.  335.  —  Perdix  sphenura,  Gray,  Zool.  Mise.  (1844),  p.  2.  —  Bambusicola 
sphenura,  Gould,  Proc.  Zool.  Soc.  (1862),  p.  285.  —  Arboricola  bambusse, 
Swinhoë, /6i5  (1862),  p.  259.  — Bambusicola  tlioracica,  Swinhoë,  Proc.  Zool. 
Soc.  (1863),  p.  307;  Ibid.  (1871),  p.  400.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la 
Chine  (1877),  p.  393. 

Dos  d'un  brun  olivâtre  taché  de  brun  marron  et  marqué  de 
quelques  points  blancs.  Front  gris,  sourcils  de  même  cou- 
leur se  prolongeant  de  chaque  côté  de  la  nuque.  Bec  brunâ- 
tre. Menton  et  gorge  d'un  rouge  ferrugineux  plus  foncé  sur 
les  côtés  du  cou  ;  poitrine  traversée  par  une  large  bande 
grise;  abdomen  d'un  roux  ferrugineux,  taché  de  brun  noirâ- 
tre sur  les  flancs.  Rémiges  brunes  bordées  de  roux.  Pattes 
gris  jaune.  Iris  brun  clair. 

Cette  espèce,  d'après  le  père  David,  habite  toute  la  Chine 


OISEAUX   A    ACCLIMATER.  253 

méridionale  depuis  le  Fokien  jusqu'au  Setcliuan  et  au 
Chensi  méridional,  mais  ne  dépasse  point  au  nord  le  bassin 
du  Yangtzé.  Elle  vit  en  couples  sur  les  collines  couvertes  de 
buissons  et  de  taillis  ou  dans  les  bambouseraies  et  se  tient 
fréquemment  perchée.  Son  cri  consiste  en  une  longue  série 
de  notes  perçantes  et  diffère  totalement  de  celui  de  nos 
Perdrix. 

Cet  oiseau,  connu  aussi  sous  les  noms  de  Perdrix  ouakiki, 
Perdrix  peixheuse  de  la  Chine,  a  été  bien  étudié  comme 
gibier  nouveau  à  introduire  par  un  éleveur  fort  habile, 
M.  E.  Leroy. 

Dans  un  mémoire  adressé  à  M.  le  président  de  la  Société 
d'Acclimatation,  l'auteur  fait  ressortir  les  avantages  que  pré- 
sentent, parmi  les  Perdrix,  les  espèces  percheuses  sur  celles 
qui  ne  le  sont  pas. 

«  Outre,  dit-il,  qu'elles  offrent  moins  de  prise  aux  engins 
destructeurs  du  bi'aconnage,  leurs  habitudes  naturelles,  c'est 
un  point  sur  lequel  on  ne  saurait  trop  insister,  leur  inter- 
disent d'une  façon  absolue  la  nidification  en  rase  campagne.  » 

M.  Leroy,  développant  cette  idée,  ajoute  :  «  Voici,  en  effet, 
ce  qui  se  passe  chez  la  Perdrix  percheuse  : 

»  La  femelle  niche  à  terre,  comme  notre  Perdrix,  mais 
l'affection  pleine  de  sollicitude  du  mâle  pour  sa  compagne 
est  telle  qu'il  ne  la  quitte  pas  d'un  instant,  tant  que  durent 
l'incubation  et  la  première  éducation  des  jeunes.  D'un  autre 
côté,  sa  nature  lui  fait  un  besoin  impérieux  de  rester  branché 
une  partie  des  heures  de  la  journée  et  invariablement  la  nuit. 
Du  haut  de  sa  branche,  il  fait  bonne  garde  en  môme  temps 
qu'il  se  tient  en  communication  constante  avec  sa  compagne, 
affaissée  sur  ses  œufs  ou  sur  ses  petits  nouvellement  éclos,  et 
qu'il  échange  avec  elle  des  conversations  à  voix  contenue. 

j  La  nécessité  de  concilier  ses  instincts  les  plus  intimes  de 
vie  de  famille  avec  sa  nature  impérieusement  percheuse  in- 
terdit dès  lors  à  cette  Perdrix  toute  velléité  de  reproduction 
en  plaine. 

»  Il  lui  faut  des  bois,  des  bosquets  ou  des  bordures  de  bois. 

»  Comme  conséquence,  avec  elle  plus  à  redouter  de  ces 


254  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

hécatombes  d'œufs  si  regrettables,  à  l'époque,  trop  précoce 
pour  nos  Perdrix  françaises,  de  la  fauchaison  des  prairies 
artificielles. 

»  Aussi  estime-t-on  généralement  que  le  salut  de  nos  chas- 
ses à  tir  réside  dans  l'introduction  de  Perdrix  percheuses.  » 

Pénétré  de  cette  conviction,  M.  Leroy  a  apporté  à  ses  ob- 
servations un  soin  et  une  assiduité  en  rapport  avec  l'avenir 
brillant  qu'il  entrevoyait  pour  la  Perdrix  percheuse.  Par  sa 
persévérance  il  l'a  forcée  à  lui  livrer  les  secrets  de  ses  mœurs 
et  de  ses  aptitudes.  De  cette  étude  prise,  comme  il  le  dit,  sur 
le  vif,  vécue  avec  le  sujet,  et  des  succès  de  reproduction 
qu'il  a  obtenus,  il  croit  pouvoir  conclure  en  disant: 

((  Il  nous  est  donc  permis  d'espérer  que  le  jour  malheureu- 
sement [à  prévoir  où  nos  Perdrix  françaises  auront  disparu, 
la  Société  d'Acclimatation  sera  en  mesure  de  combler  cette  la- 
cune regrettable  et  de  répondre  aux  doléances  des  disciples 
de  saint  Hubert  par  ces  bonnes  paroles  qui  valent  tout  un 
poème  : 

»  Voilà  une  Perdrix  (1)  !  » 

Nous  nous  associons  à  cet  espoir,  mais  pour  le  voir  se  réa- 
liser, il  est  nécessaire  de  multiplier  les  expériences,  de  les 
renouveler  dans  les  conditions  où  devra  se  trouver  l'oiseau 
à  l'état  libre,  d'adapter  enfin  peu  à  peu  le  sujet  au  milieu  qui 
doit  le  recevoir.  Aussi  recommandons-nous  cette  Perdrix 
percheuse  à  toute.  Ja  sollicitude  des  éleveurs  et  serons-nous 
heureux  d'enregistrerles  efforts  tentés  dans  cette  voie  et  les 
résultats, acquis. 

(1)  Étude  sur  la  Perdrix  Omkild  ou  Perdrix  percheuse  de  la  Chine  (Gallo- 
perdix  sphenura)  (Bulletin  de  la  Société  nationale  d'Acclimatation,  1880, 
p.  693). 


OISEAUX    A    ACCLIMATER. 


-255 


PERDRIX   DES    BAMBOUS    A    VOIX    RETENTISSANTE 

(Bambusicola  sonorivox  Gould). 

Bambusicola  sonorivox,  GouUl,  Proc.  Zool.  Soc.  (1862),  p.  285.  —  Swinhoë, 
Uns  (1863),  p.  399.  —  Gould,  Birds  of  Asia  (1864.),  livr.  XVI,  pi.  —  Swinhoë, 
Proc.  Zool.  Soc. (1871),  p.  4-60.  —David  et  Ouslalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877), 
p.  394. 

Plus  petite  que  l'espèce  précédente  qu'elle  remplace  dans 
l'île  de  Formose,  celte  Perdrix  ressemble  à  sa  congénère  par 
les  mœurs,  la  voix  et  même  l'aspect  général  du  plumage, 


Perdrix  des  Bambous  à  voix  retentissante  {Bambusicola  sonorivox  Gould). 

dont  la  coloration  cependant  offre  quelques  différences.  Ainsi 
les  grandes  taches  des  parties  inférieures  sont  rousses  au  lieu 
d'être  noires,  celles  du  sommet  de  la  tête  sont  au  contraire 
d'un  brun  noirâtre  au  lieu  d'être  rousses,  et  enfin  la  teinte 
grise  de  la  poitrine  est  moins  prononcée  et  ne  s'étend  point 
sur  les  joues  et  les  côtés  du  cou. 


256  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

PERDRIX   DES   BAMBOUS   DE   FYTCHE 

(Bambusicola  Fylchii  Anderson). 

Bambusicola  Fytchii,  Anderson,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  214  et  pi.  XI.  — 
Swinhoë,  ibid.  (1871),  p.  400.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877), 
p.  394. 

Celte  espèce  a  été  découverte  sur  les  frontières  occidentales 
du  Yunam,  mais  peut-être,  d'après  le  père  David,  son  aire  de 
dispersion  s'étend-elle  jusqu'au  Setchuan.  Ce  missionnaire  a 
vu,  en  effet,  dans  cette  province  un  de  ces  oiseaux  qui  avait  été 
apporté  en  cage  par  des  Chinois  venus  de  l'angle  méridional 
du  Yangtzé. 

Poitrine  du  mâle  d'un  gris  cendré  tacheté  de  roux  ;  face  et 
devant  du  cou  jaunâtres  ;  ventre  blanc,  taché  largement  de 
noir  ;  parties  supérieures  du  corps  d'un  gris  brunâtre,  ver- 
miculées  de  noirâtre  et  tachées  de  roux  et  de  noir.  Une  raie 
partant  de  l'œil  descend  sur  le  côté  du  cou,  noire  chez  le 
mâle,  rousse  chez  la  femelle. 

FRANCOLIN  PERLÉ  OU  FRANCOLIN  DE  LA  CHINE 

(Francolinus  sinensis  Swinhoë). 

Perdix  Sinensis,  Brisson,  Omith.  (1760),  t.  I,  p.  23i,  pi.  28.—  Tetrao  Sinensis, 
Osbeciv,  A  voijage  to  China  (1771),  t.  I.  —Le  Francolin  de  Tlsle  de  France, 
Sonnerat,  Voy.Ind.  (1782),  p.  166,  pi.  97.  — Francolinus  perlatus,  Stricktand, 
Proc.  Zool.  Soc.  (1842),  p.  167.  —  Swinhoë,  Ibis  (1860),  p.  63.  —  Francolinus 
Sinensis,  Swinhoë,  Proc  Zool.  Soc.  (1863),  et  ibid.  (1871),  p.  400.  —  David 
et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  400. 

Les  Francolins  ont  beaucoup  de  rapports  avec  les  Perdrix 
et  ce  n'est  que  par  quelques  particularités  organiques  d'assez 
peu  d'importance  telles  que  la  présence  d'un  éperon  chez  les 
mâles,  la  queue  plus  longue  et  un  bec  plus  fort  qu'on  peut 
les  distinguer.  Encore  ces  caractères  ne  se  trouvent-ils  pas 
toujours  réunis,  d'où  il  est  résulté  qu'on  a  longtemps  con- 
fondu génériquement  ces  deux  groupes. 

Les  mœurs  de  ces  oiseaux  ne  sont  pas  encore  très  bien 
connues  ;  mais  ce  que  l'on  en  sait  permet  d'affirmer  qu'elles 
ont  également  une  grande  analogie  avec  celles  des.  Perdrix. 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  257 

€omme  ces  dernières,  ils  sont  monogames,  demeurent  habi- 
tuellement dans  la  contrée  où  ils  sont  nés,  courent  rapide- 
ment, volent  bien,  mais  à  courte  distance,  se  rappellent  lors- 
qu'ils sont  séparés,  sont  très  féconds,  très  attachés  à  leurs 
Jeunes,  et  les  mâles  se  livrent  des  combats  violents  pour  la 
possession  d'une  femelle. 

'  D'un  autre  côté,  ils  ont  des  habitudes  qui  leur  sont  propres. 
'Ainsi,  aux  lieux  découverts  ils  préfèrent  les  bois,  ceux  sur- 
tout où  dominent  les  buissons  qui  leur  fournissent  un  refuge 
et  des  aliments.  Ils  fréquentent  aussi  les  plaines  humides, 
marécageuses,  couvertes  de  joncs. 

Certaines  espèces  ont  l'habitude  de  percher,  comme  on 
Ta  le  voir  pour  le  Francolin  de  la  Chine;  d'autres  le  font  plus 
rarement,  et  il  en  est  même,  paraît-il,  qui  ne  perchent  pas. 

Ils  vivent  par  paires  et  par  familles. 

Leur  régime  est  très  varié  ;  ils  se  nourrissent  de  bourgeons, 
de  feuilles,  de  pousses  d'herbes,  de  baies,  de  graines,  de 
vers,  d'insectes,  de  bulbes  de  plantes  et  de  racines,  qu'ils 
découvrent  en  fouillant  la  terre  avec  leur  bec. 

Le  Francolin  perlé  a  le  sommet  de  la  tête  varié  de  fauve  et 
de  brun,  le  front  jaunâtre,  deux  traits  noirs  sur  les  côtés  de 
la  tête,  séparés  par  une  bande  blanche,  la  gorge  blanche,  le 
dos,  la  poitrine  et  l'abdomen  noirs  semés  de  taches  arrondies, 
blanches  sur  les  parties  supérieures  du  corps  et  le  thorax, 
d'un  jaune  ocreux  sur  les  flancs  et  en  arrière,  l'iris  brun, 
le  bec  noir  et  les  pattes  jaunes. 

Le  fond  du  plumage  de  la  femelle  est  brun  varié  de  rou- 
geâtre,  et  chez  elle  les  taches  arrondies  sont  remplacées  par 
des  raies  irrégulières. 

Cet  oiseau  habite  les  parties  montagneuses  de  la  Chine 
méridionale  et  l'île  de  Haïnan  (1).  On  le  rencontre  aussi  en 
Gochinchine  et  en  Birmanie. 

Dans  une  lettre  que  nous  a  adressée  dernièrement  M.  Ha- 
mel  de  la  Bassée,  chargé  par  le  Ministre  de  l'Instruction  pu- 

(1)  Si  l'on  en  croit  Osbeck  {A  voijage  to  China,  1771,   t.  I),  les  Chinois  se 

servaient  de  cet  oiseau,  comme  de  la  Caille,  pour  s'échautrer   les  mains  pen- 
dant l'hiver. 

4=  SÉRIE,  T.  III.  —  Mai  1886.  17 


258  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'aCGLIMATATION. 

blique  d'une  mission  en  Gochinchine,  nous  relevons  sur  l'oi- 
seau qui  nous  occupe  les  renseignements  suivants  : 

«  Le  Francolin  de  la  Chine,  dont  le  nom  annamite  est 
«  Gon-da-da»,  imitation  d'ailleurs  parfaite  de  son  cri,  est 
fort  commun  dans  le  nord  de  la  Gochinchine,  en  Annam,  au 
Gambodge. 

»  Dans  l'arrondissement  de  Tayninh  (Gochinchine),  que 
j'ai  parcouru  dans  tous  les  sens,  il  m'est  arrivé  souvent  d'en 
tuer  une  dizaine  dans  ma  matinée,  pendant  la  saison  sèche, 
chassant  avec  un  bon  chien  d'arrêt. 

»  Le  Francolin  de  la  Chine  se  tient  de  préférence  dans  les 
plaines  broussailleuses  avoisinant  les  bois.  Son  vol  au  départ 
est  bruyant,  pointant  vers  le  ciel,  puis  rapide  et  soutenu. 
.    »  Jamais  je  ne  l'ai  observé  en  compagnie. 

»  Il  se  perche  habituellement  sur  un  arbre  de  la  lisière  du 
bois,  ou  encore  au  beau  milieu  d'une  plaine,  sur  un  arbre 
isolé,  et  de  là  il  lance  à  toute  volée  ce  cri  de  «  con-da-da, 
con-da-da  »,  plusieurs  fois  répété,  et  qui  s'entend  à  une 
distance  considérable. 

»  C'est  un  fort  beau  coup  de  fusil,  et  sa  chair,  sans  avoir 
la  saveur  de  celle  de  la  Perdrix  grise,  est  un  manger  dé- 
licat. » 

Ce  Francolin  habite  également  les  lieux  bas  et  humides. 
Le  même  voyageur  l'a  rencontré  souvent  dans  des  plaines 
inondées,  coupées  çà  et  là  seulement  de  petites  éminences 
recouvertes  de  buissons.  «  J'en  ai  fait  lever,  nous  écrit-il, 
presque  dans  l'eau.  » 

TURNix  MOUCHETÉ  {Tumix  mctculatus  Vieillot). 

Hemipodius  maculosus,  Teniminck,  Ilist.  nat.Pig.  et  Gall.  (1813-1818),  t.  III, 
p.  631.— Turnix  maculatus,  Vieillot,  iVowî;.  Dicl.  d'hist.  nat.  (1819),  t.  XXXV, 
p.  47,  et  Galerie  des  Ois.  (1825),  p.  25,  pi.  217.  —  Turnix  maculata,  Bona- 
parte, Compt.  rend.  Ac.  se.  (1856),  t.  XLII,  p.  12.  Tabl.  des  GalL,  n"  305.  — 
Hemipodius  vicarius,  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  402.  —Turnix 
maculatus,  David  et  Ouslalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  398. 

Les  Turnix  comprennent  les  plus  petits  des  Gallinacés.  Ils 
sont  surtout  caractérisés  par  leur  queue  très  courte,  presque 


OISEAUX   A   ACCLIMATER. 


259 


enlièrement  cachée  par  les  sus  et  sous-caudales  et  par  leurs 
doigts  au  nombre  de  trois. 

Leurs  mœurs  tiennent  ta  la  fois  de  celles  des  Cailles  et  de 
celles  des  Pluviers;  aussi  Gould  les  a-t-il  regardés  comme 
établissant  la  transition  des  Gallinacés  aux  Charadriidés. 

Ces  oiseaux  mènent  une  vie  très  cachée  parmi  les  hautes 
herbes  et  les  broussailles  qui  recouvrent  les  plaines  sablon- 
neuses et  les  vallées  semées  de  rochers.  Lorsqu'on  les  force  à 
prendre  leur  vol,  ils  partent  comme  une  flèche,  mais  s'abat- 


Turnix  moucheté  (Turnix  maculatus  Vieillot). 


lent  presque  aussitôt,  et  après  un  premier  vol,  ils  prennent 
difficilement  une  seconde  fois  leur  essor.  Dans  la  saison  des 
amours,  ils  deviennent  plus  actifs;  les  mâles,  jaloux  et  que- 
relleurs, se  livrent  des  combats  acharnés. 

Leur  nourriture  se  compose  principalement  d'insectes  et 
de  semences.  Le  nid,  sans  art,  est  formé  de  quelques  herbes 
rassemblées  dans  une  dépression  du  sol  ;  la  ponte  est  de 
quatre  œufs. 

Mais  le  point  essentiel  qui  fait  différer  les  Turnix  des 
Cailles,  c'est  qu'ils  n'émigrent  point,  ou,  s'il  leur  arrive  de 
s'éloigner  des  lieux  où  ils  sont  nés,  ils  n'entreprennent  ja- 


260  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'ACCLIMATATION. 

mais  de  ces  lointains  voyages  qu'accomplissent  périodique- 
ment les  Cailles. 

Nous  avons  parlé  plus  haut  du  Turnix  de  Dussumier,  Son 
congénère,  le  Turnix  moucheté,  se  trouve  sur  toute  l'étendue 
de  l'Empire  chinois.  D'après  le  père  David,  il  est  commun, 
en  été,  aux  environs  de  Pékin,  et  se  relire  pendant  l'hiver 
dans  les  provinces  centrales  et  méridionales  (1). 

Cet  oiseau  a  le  dessus  de  la  tête  brun  mélangé  de  roux 
fauve,  les  joues  d'un  jaune  pale  varié  de  brun  et  la  nuque 
ornée  d'une  large  tache  d'un  roux  ferrugineux,  le  dos  marqué 
de  bandes  irrégulières  noires,  rougeâtres  et  fauves,  la  poi- 
trine d'un  roux  vif  et  l'abdomen  blanc,  l'iris  blanc,  le  bec 
jaune  avec  la  pointe  brunâtre,  les  pattes  jaunes. 


aréoturnix  de  formose  {Areoturniœ  rostrata  Swinhoë). 

Turnix  oscellatus,  Swinhoë,  Ibis  (1863),  p.  398.  —  Turnix  rostrata,  Swinhoë, 
Ibis  (1865),  p.  542,  544;  (1866),  p.  131,  297,  403;  (1867),  p.  230.  -  Aréo- 
turnix rostrata,  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  401.  —  David  et  Ous- 
lalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  399. 

En  1863,  M.  Swinhoë  décrivit  dans  VIbis  une  nouvelle 
espèce  de  Turnix  qu'il  venait  de  découvrir  dans  le  sud  de  l'île 
de  Formose,  sur  des  collines  rocailleuses  couvertes  de  brous- 
sailles. 

Cet  oiseau,  d'après  l'auteur,  a  les  parties  supérieures 
brunes  mouchetées  de  noir,  et  parsemées  de  quelques  taches 
fauves,  avec  les  scapulaires  nuancées  de  rouge  et  les  couver- 
tures supérieures  de  l'aile  d'un  roux  pâle,  tachées  de  brun 
noirâtre,  les  joues  et  la  gorge  blanches,  marquées  de  quel- 
ques points  noirs,  le  milieu  de  l'abdomen  blanchâtre,  les 
flancs  et  le  bas  ventre  d'un  roux  vif,  les  côtés  de  la  poitrine 
d'un  roux  un  peu  plus  clair  avec  des  barres  et  des  taches 
d'un  brun  très  foncé,  les  rémiges  d'un  brun  châtain,  la  pre- 
mière penne  bordée  extérieurement  de  jaunâtre,  la  queue 

(Ij  Les  premiers  exemplaires  de  Turnix  maculatus  ont  été  apportés  au 
Mushim  par  es  naturalistes  qui  accompagnaient  le  capitaine  Baudin  aux  Terres 
australes  sur  les  corvettes  le  Naturaliste  et  le  Géographe. 


OISEAUX    A    ACCLIMATER.  261 

courte,  à  peine  distincLe,  l'iris  jaune  pâle,  presque  blanc,  le 
bec  jaunâtre  avec  Tarête  supérieure  et  la  pointe  d'un  bleu 
noirâtre,  les  pattes  d'un  blanc  jaunâtre,  nuancées  d'un  bleu- 
indigo. 

La  femelle  est  de  taille  plus  forte  que  le  mâle,  et,  chez 
elle,  la  gorge  devient  noire  en  été. 

Enfin,  M.  Swinhoë  a  établi  une  nouvelle  espèce  sur  un 
oiseau  tué  près  de  Canton  par  le  capitaine  Blakiston,  d'où  le 
nom  qu'il  lui  a  donné  :  Areotiirnix  Blakistoni.  Elle  est  très 
voisine  du  Turnix  combattant  des  îles  de  la  Sonde,  Hemipo- 
dius  pugnax  Temminck,  mais  s'en  distingue  par  une  taille 
plus  faible,  des  doigts  plus  courts  et  un  bec  très  petit.  Les 
parties  supérieures  du  corps  sont  fortement  nuancées  de 
roux,  et  la  poitrine  porte,  au  lieu  de  taches,  des  raies  trans- 
versales. 

{A  suivre.) 


DU  DÉPEUPLEMENT  ET  DU  REPEUPLExMENT 

DES  RIVIÈRES  ET  COURS  D'EAU  DE  FRANGE 
Par  M.    Albert  LEROY 


Ayant  à  écrire  il  y  a  quelque  temps  à  la  Société  d'Accli- 
matation, je  profitais  de  ma  lettre  pour  ajouter,  dans  un 
postscriptum  de  quelques  mots,  un  moyen  que  je  considérais 
comme  efficace,  pratique  et  peu  coûteux  pour  le  repeuple- 
ment de  nos  cours  d'eau. 

Le  Président  de  la  troisième  section  voulut  bien  prendre 
en  considération  mon  moyen  et  me  demanda  de  faire  un  petit 
mémoire  et  de  donner  plus  de  développement  à  ma  pensée. 
J'aurais  préféré  voir  un  des  membres  plus  compétents  adop- 
ter mon  idée,  et  la  soumettre  à  votre  haute  appréciation. 

Les  causes  de  dépeuplement  des  rivières  de  France  sont 
multiples  : 

Parmi  les  plus  importantes  on  place  le  braconnage  et  Véta- 
blissement  d'usines. 

Le  braconnage  s'exerce  jour  et  nuit  et  en  tout  temps,  non 
seulement  avec  des  lianes  de  fond  et  des  engins  de  toutes 
sortes,  mais  encore  par  des  modes  de  destruction  dignes  des 
temps  les  plus  barbares  :  on  a  été,  en  effet,  jusqu'à  empoi- 
sonner des  cours  d'eau  et  à  se  servir  de  la  dynamite. 

Le  meilleur  moyen  d'empêcher  le  braconnage,  c'est  d'exer- 
cer une  grande  surveillance. 

V établissement  des  usines  fournit  encore  plus  de  causes  de 
dépeuplement  que  le  braconnage;  mais  il  faut  avouer  que  les 
avantages  que  le  pays  retire  de  ces  fabriques  compensent  lar- 
gement les  dégâts  causés. 

Le  dépeuplement  occasionné  par  les  usines  a  deux  causes 
principales  : 

A.  h' empoisonnement  de  Veau  par  les  matières  chimiques, 
le  chlore  principalement,  et  les  détritus  empestés  provenant 
des  féculeries,  distilleries,  etc. 


PISCICULTURE.  263 

Le  remède  à  V empoisonnement  de  Veau  est  peut-être  plus 
difficile  à  appliquer,  mais  il  me  semble  que  l'on  arriverait  à 
un  bon  résultat,  en  forçant  les  usiniers  à  filtrer  leur  eau  em- 
poisonnée par  un  procédé  semblable  à  celui  employé  dans  la 
presqu'île  de  Gennevilliers  pour  les  eaux  d'égout,  de  manière 
que  l'eau  arrivât  à  la  rivière  épurée  de  toute  composition  mal- 
saine. 

Mais  qu'arriverait-il  le  jour  où  cette  terre  serait  saturée  de 
ces  produits?  Le  filtrage  et  l'épuration  s'opéreraient-ils  tou- 
jours d'une  manière  efficace? 

Peut-être,  au  contraire,  obtiendrait-on  un  meilleur  résultat 
en  laissant  séjourner  dans  des  bassins  él^nches  ces  eaux  mal- 
faisantes, et  trouverait-on  un  procédé  chimique  et  peu  coû- 
teux pour  précipiter  rapidement  toutes  les  matières  étran- 
gères. 

Une  vanne  permettrait  l'écoulement  de  l'eau  assainie  dans 
la  rivière  et  on  enlèverait  du  fond  du  bassin  le  précipité  ob- 
tenu qui,  sans  doute,  trouverait  encore  son  emploi. 

B.  La  deuxième  cause  principale  de  dépeuplement  occa- 
sionné par  rétablissement  d'usines  provient  des  différences 
de  niveau  de  l'eau,  soit  par  suite  de  réparations,  soit  que 
l'eau,  employée  comme  force  motrice,  soit  retenue  dans  un 
bief  à  une  certaine  hauteur  pour  descendre  souvent,  après 
quelques  heures  de  marche,  à  un  mètre  au-dessous. 

Je  ne  cite  que  pour  mémoire  les  irrigations  et  les  faucar- 
dages  répétés  et  souvent  intempestifs  que  les  usiniers  ne 
manquent  pas  de  faire,  principalement  au  printemps  et  à  l'au- 
tomne. 

Combien  d'œufs  coagulés  à  ces  herbes  et  à  ces  roseaux  cou- 
pés sont  perdus.  Si  les  usiniers  se  contentaient  de  couper  et 
laissaient  les  herbes  aller  au  courant  de  l'eau,  le  mal  serait 
moindre,  parce  qu'on  aurait  la  chance  de  voir  ces  œufs  en- 
traînés éclore  plus  bas.  Mais  toujours  ces  herbes  sont  retirées, 
mises  en  tas  et  converties  en  riche  fumier. 

Ne  pourrait-on  astreindre  les  usiniers  à  un  certain  règle- 
ment concernant  le  faucardage  des  rivières  ? 

Mais  j'estime  que  toutes  ces  causes  de  dépeuplement  se- 


64  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

raient  largement  compensées  si  tous  les  œufs  fournis  par  le 
petit  nombre  de  poissons  survivants  venaient  à  bien  (on  sait, 
en  effet,  qu'il  n'est  pas  rare  de  trouver  dans  le  ventre  de  cer- 
taines femelles  de  cinquante  à  trois  cent  cinquante  mille 
œufs)  et  si  tous  les  alevins  qu'on  a  lâchés  depuis  une  dizaine 
d'années  avaient  vécu. 

Les  personnes  qui  se  sont  occupées  de  pisciculture  ont, 
selon  moi,  toujours  voulu  procéder  trop  rapidement  ;  elles  se 
sont  demandé  quelles  étaient  les  espèces  les  meilleures  et, 
sans  se  préoccuper  de  savoir  si  la  rivière  qu'elles  voulaient 
repeupler  pouvait  les  nourrir,  elles  ont  lâché  des  milliers 
d'alevins  de  Truites,  d'Ombres  Chevaliers,  de  Saumons  et 
d'autres  espèces  voraces. 

Qu'est-il  arrivé?  D'abord  beaucoup  de  ces  alevins  sont 
morts;  ceux  qui  ont  survécu  ont  commencé  par  manger  ce 
qui  restait  de  poissons  dans  le  cours  d'eau,  puis  se  sont  dévo- 
rés entre  eux  jusqu'à  ce  que  ne  trouvant  plus  rien  à  manger 
ils  aient  émigré  dans  des  eaux  moins  dépeuplées,  ou  soient 
morts  de  faim. 

Donc  le  résultat  a  été  souvent  non  seulement  mauvais,  mais 
encore  néfaste  ;  au  lieu  de  peupler,  on  a  dépeuplé  ! 

Il  y  a  quinze  ou  vingt  ans  un  étang  que  je  pourrais  nom- 
mer, était  richement  peuplé  de  Gyprinides  de  toutes  sortes; 
le  propriétaire  y  mit  des  Brochets.  Trois  ans  après  il  fut 
étonné  de  trouver  beaucoup  moins  de  petits  poissons  et  à 
chaque  pêche  son  produit  diminua  d'une  façon  inquiétante  ; 
enfin  aujourd'hui  cet  étang,  qui  contenait  alors  peut-être  cinq 
ou  six  milles  Carpes  marchandes,  n'en  contient  plus  que  deux 
ou  trois  cents  sans  que  le  nombre  des  Brochets  ait  sensible- 
ment augmenté.  On  sait  en  effet  qu'un  Brochet  peut  manger 
ou  détruire  desCarpes  d'un  poids  presque  égal  au  sien  et  que, 
faute  d'autres  proies,  il  attaque  ses  congénères,  qui,  s'ils  ne 
sont  dévorés,  reçoivent  souvent  des  coups  de  dents  qui  déter- 
minent des  végétations  cryptogamiques  occasionnant  la  mort. 
Il  est  très  imprudent  de  lâcher  dans  des  rivières  peu  pois- 
sonneuses des  espèces  voraces. 

Il  faut  donc,  avant  de  lâcher  des  Salmonidés,  commencer 


PISCICULTURE.  265 

par  peupler  un  cours  d'eau  de  poissons  qui  y  trouveront  faci- 
lement leur  nourriture,  tels  que  Carpes,  Chevaines,  Gardons, 
Brèmes,  Tanches  et  Vérons. 

Les  œufs  de  poissons  éclosent  mal  dans  les  rivières  pour 
plusieurs  raisons;  une  des  principales,  ainsi  que  je  le  disais 
tout  à  l'heure,  provient  du  niveau  inconstant. 

Les  poissons,  en  général,  frayent  au  printemps  et  c'est  à 
cette  époque  qu'ont  lieu  le  plus  souvent  les  inondations  plus 
ou  moins  importantes  (les  déboisements  pourraient  donc 
être  considérés  encore  comme  une  des  causes  de  dépeuple- 
ment des  rivières)  :  certains  poissons  déposent  leurs  œufs  sur 
le  sommet  des  herbes  ou  sur  les  radicelles  qui  se  trouvent  à 
fleur  d'eau  ;  l'eau  se  retire,  ou  le  moulin  marche  et  l'eau 
baisse,  et  voilà  des  milliers  d'œuls  hors  de  l'eau  et,  par  con- 
.  séquent,  perdus. 

Bien  heureux  encore  si  ces  herbes  n'ont  pas  été  coupées 
entre  la  ponte  et  l'éclosion  des  œufs. 

Une  autre  raison  qui  empêche  les  œufs  d'éclore,  c'est  qu'ils 
sont  mangés. 

Tous  les  meuniers  ou  usiniers  ont  jusqu'à  deux  cents  Ca- 
nards et  plus  qui  naturellement  trouvent  leur  nourriture 
dans  la  rivière  et  Dieu  sait  ce  qu'un  Canard  peut  manger 
d'œufs  et  d'alevins.  (Pourquoi  n'empècherait-on  pas  les  Ca- 
nards de  pêcher  en  temps  prohibé  ?) 

A  ces  Canards  domestiques  il  faut  ajouter  les  Bats  d'eau, 
les  Canards  sauvages,  les  Sarcelles,  les  Poules  d'eau,  les  Mar- 
tms-Pêcheurs,  etc. 

L'année  dernière,  étant  à  canoter  sur  le  Loir,  près  de  sa 
source,  vers  le  15  juillet,  je  vis  des  Gardons  frayer  et  dépo- 
ser leurs  œufs  sur  des  radicelles  d'aulne.  —  Je  m'approchai 
et  j'emportai  chez  moi  environ  la  moitié  de  ces  racines  cou- 
vertes de  milliers  d'œufs  :  je  les  mis  simplement  dans  un  ba- 
quet rempli  d'eau  et  au  bout  d'une  quinzaine  de  jours  j'avais 
presque  autant  d'alevins  que  j'avais  mis  d'œufs  en  incubation. 
Dans  une  promenade  en  bateau  je  surveillais  les  œufs  que 
j'avais  laissés  et  tous  les  jours  je  m'apercevais  que  leur 
nombre  diminuait;  j'en  eus  l'explication  en  voyant  un  jour 


260  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

une  demi-douzaine  de  Canards  fouiller  les  racines  de  leur 
large  bec. 

Enfin  une  autre  fois,  mes  œufs  étaient  déjà  éclos  depuis 
deux  ou  trois  jours,  l'eau  dans  la  rivière  était  basse,  les  ra- 
cines étaient  sèches  et  étaient  à  plus  d'un  pied  au-dessus  de 
l'eau. 

Je  pourrais  affirmer  que  pas  un  des  œufs  que  j'avais  laissés 
dans  la  rivière  n'est  venu  à  bien  et  qu'au  contraire  presque 
tous  ceux  que  j'avais  mis  en  incubation  m'ont  donné  des  ale- 
vins que,  du  reste,  je  rejetai  à  la  rivière  dès  que  la  vésicule 
fut  résorbée. 

Ce  que  j'ai  fait,  tout  le  monde  peut  le  faire  sans  aucune  dé- 
pense :  je  n'avais  aucun  appareil  de  pisciculture  ni  eau  cou- 
rante à  ma  disposition. 

Je  voudrais  que  les  garde-rivières,  tout  en  étant  des  agents 
de  répression,  fussent  surtout  des  agents  conservateurs  et 
producteurs. 

A  défaut  de  garde-rivières,  on  pourrait  prendre  l'agent 
voyer,  le  cantonnier-chef  ou  le  maître  d'école. 

Les  garde-rivières,  ainsi  que  je  l'ai  fait,  pourraient  récol- 
ter facilement  des  œufs  le  long  des  cours  d'eau  confiés  à  leur 
garde  ;  les  poissons  ayant  des  dates  à  peu  prés  fixes  de  frai 
dans  chaque  rivière,  je  suis  sûr  qu'au  bout  de  quelque  temps, 
ces  agents  auraient  acquis  assez  d'expérience  pour  suivre  les 
Poissons  dans  leurs  évolutions  et  prendre  chaque  jour  des 
milliers  d'œufs,  qu'ils  mettraient  en  incubation  le  soir  en 
rentrant. 

Ils  lâcheraient  les  alevins  en  temps  opportun. 

La  récolte  des  œufs  serait  bien  simplifiée  si  l'on  établis- 
sait sur  les  rivières  des  frayères  artificielles  :  de  simples  balais 
de  bouleau,  de  genêt  et  mieux  de  bruyère  suffiraient,  ainsi 
que  j'ai  pu  le  constater. 

Ce  moyen  de  repeuplement  peut  être  employé  sans  dé- 
penses appréciables. 

Mais  ce  que  je  préférerais  voii-,  c'est  que  l'on  donnât  à 
chaque  garde-rivière  (ou  au  maître  d'école,  à  défaut  d'autre 
agent),  la  jouissance  d'une  mare,  n'eût-elle  que  25  à  30  mè- 


PISCICULTURE.  267 

très  de  superficie  sur  1  mètre  de  profondeur;  dans  cette 
mare  il  pourrait  avoir  des  Gardons,  Tanches,  Carpes,  etc.,  de 
quatre  à  dix  de  chaque  espèce,  suivant  l'importance  de  la 
pièce  d'eau,  qui  viendraient  frayer  sur  des  balais  de  bruyère 
disposés  tout  autour  de  la  rive. 

Le  garde-rivière,  agent  voyer,  cantonnier-chef  ou  institu- 
teur, ferait  facilement  sa  récolte,  mettrait  en  incubation  ses 
œufs  et  lâcherait  les  alevins  dans  les  différentes  parties  des 
cours  d'eau. 

Ce  moyen  qui  n'entraînerait  pas  à  une  dépense  de  50  francs 
par  an  rendrait  certainement  les  meilleurs  résultats. 

Le  jour  où  nos  rivières  seront,  grâce  à  ce  procédé,  riche- 
ment peuplées  de  Carpes,  Tanches,  Gardons  et  autres  Pois- 
sons, alors  seulement  on  pourra  songer  à  acclimater  des  espèces 
telle  que  des  Salmonidés. 


SUITE  ET  REPONSE 
A  CERTAINES  ORJECTIOMS  FAITES  A  LA  COMMUNICATION  PRÉCÉDENTE 

Dans  la  communication  que  j'eus  l'honneur  de  lire  à  la 
séance  générale  du  vendredi  13  avril  1883  sur  le  dépeuple- 
ment et  le  repeuplement  des  rivières  et  cours  d'eau  de  France, 
je  proposais  l'établissement  de  Carpières  dans  les  endroits  où 
il  y  aurait  un  agent  de  l'administration  :  garde-rivière,  agent 
voyer,  cantonnier-chef,  etc.  Je  m'appuyais  sur  ce  fait  indé- 
niable que  les  essais  de  repeuplement  par  les  Salmonidés 
avaient  coûté  très  cher  sans  grand  résultat,  tandis  que  le  re- 
peuplement par  les  Cyprinidcs  pouvait  être  tenté  sans  dépenses 
appréciables.  Qu'en  plus  ceux-là  devaient  être  nourris  et  que 
ceux-ci  trouvaient  facilement  leur  nourriture  dans  nos  cours 
d'eau. 

J'ajoutais  que  le  jour  où  nos  rivières  seraient  largement 
peuplées  de  poissons  ordinaires,  on  pourrait  tenter  l'acclima- 
tation d'espèces  rares  et  voraces  qui  trouveraient  alors  facile- 


268  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

ment  leur  nourriture,  mais  qu'il  faudrait  quand  même  conti- 
nuer l'éducation  des  Gyprinides. 

Un  de  nos  collègues  fit  observer  que  dans  beaucoup  d'en- 
droits on  avait  établi  sur  les  cours  d'eau  des  réserves  dans 
lesquelles,  sous  aucun  prétexte,  il  n'était  permis  de  pêcher, 
même  à  la  ligne  volante,  et  que  ces  réserve  s  atteignaient  le  but 
que  je  me  proposais. 

Je  considère  ces  réserves  comme  une  excellente  chose, 
mais  je  les  crois  absolument  insuffisantes  malgré  les  bons  ré- 
sultats qu'elles  ont  donnés,  et  les  observations  que  je  fis  alors, 
d'une  manière  générale,  sur  les  rivières  peuvent  également 
s'appliquer  à  ces  réserves. 

D'abord  ces  réserves  sont-elles  assez  nombreuses  ?  En 
existe-t-il  sur  tous  les  cours  d'eau  ?  Je  ne  sais  ;  mais  dans  mon 
département  (fEure-et-Loir)  je  n'en  connais  aucune  et  il  y  a 
encore  douze  ou  quinze  rivières  principales,  sans  parler  des 
ruisseaux,  qui  ne  sont  toutes,  il  est  vrai,  ni  flottables,  ni 
navigables.  —  Si  ces  réserves  ne  sont  établies  que  sur  les 
canaux  ou  rivières  flottables  ou  navigables,  c'est  bien  peu  de 
chose,  car  ceux-ci  ne  représentent  pas  la  dixième  partie 
linéaire  des  cours  d'eau. 

Mais  supposons  qu'en  France  le  quart  de  l'eau  soit  réservé 
(ce  n'est  pas  le  quart  qu'il  faudrait  sans  doute  dire,  mais  la 
millième  partie)  : 

Ces  parties  réservées,  c'est-à-dire  soi-disant  poissonneuses, 
ne  sont-elles  pas  justement  celles  sur  lesquelles  s'exerce  le 
plus  le  braconnage? 

Les  poissons,  s'ils  sont  nombreux  à  cet  endroit,  iront  et 
viendront  dans  les  eaux  non  défendues  pour  y  trouver  une 
nourriture  plus  abondante  et  se  feront  prendre  au  premier 
piège  qui  leur  sera  tendu. 

Ces  réserves  sont-elles  à  l'abri  des  Brochets,  Perches, 
Loutres,  etc.  ?  Non,  c'est  au  contraire  là  que  ces  voraces  se- 
ront le  plus  nombreux. 

Les  oiseaux  aquatiques  sauvages  ou  domestiques  ne  vont-ils 
pas  là  comme  ailleurs  ? 

Les  dilïérences  de  niveau  ne  s'y  font-elles  pas  sentir  comme 


PISCICULTURE.  269 

dans  le  reste  de  la  rivière?  Les  eaux  malfaisantes  des  usines 
n'y  coulent-elles  pas? 

On  ne  pêche  pas  dans  ces  réserves,  une  surveillance  sévère 
en  éloigne  les  braconniers,  soit;  mais  quel  moyen  efficace 
avez-vous  de  protéger  la  reproduction? 

Les  causes  de  dépeuplement  que  je  signalais,  en  termes 
généraux,  se  manifestent  dans  ces  réserves  aussi  bien  qu'ail- 
leurs, car,  je  le  répète,  pour  moi,  le  dépeuplement  des  ri- 
vières vient  surtout  de  ce  que  les  œufs  et  les  alevins  sont 
exposés  h  des  milliers  de  causes  de  destruction  dans  les  eaux 
courantes  principalement,  causes  auxquelles  échappent  en 
partie  les  poissons  d'un  an  et  au-dessus. 

Je  crois  que,  concurremment  avec  les  réserves,  l'établisse- 
ment de  Carpières,  de  simples  mares  d'une  quarantaine  de 
mètres  superficiels  dans  lesquelles  se  trouveraient  toutes 
sortes  de  Cyprin  ides  et  sous  la  direction  d'agents  compétents, 
serait  le  meilleur  moyen  de  repeuplement,  cà  la  condition 
toutefois  que  les  élèves  soient  lâchés  en  temps  opportun, 
temps  variant  suivant  les  localités  :  après  les  irrigations,  les 
curages,  les  faucardages,  etc. 

L'année  suivante  les  Carpes,  Tanches,  Gardons,  etc.,  seront 
déjà  assez  forts  pour  résister  à  certaines  causes  de  destruction 
et  trop  gros  pour  s'aventurer  dans  la  plupart  des  canaux 
d'irrigation. 

L'an  dernier,  je  mis  déjà  un  peu  en  pratique  mon  système; 
je  compte  cette  année,  si  rien  ne  vient  me  déranger,  renou- 
veler mon  expérience  plus  grandement. 

Je  me  propose  de  repeupler  de  Cyprinides  environ  6  kilo- 
mètres de  rivière  :  4  kilomètres  du  Loir,  qui  est  à  une  lieue  et 
demie  de  sa  source  et  deux  kilomètres  de  la  Thironne,  le  pre- 
mier affluent  du  Loir. 

Je  serai  limité  en  aval  par  le  premier  moulin  qui  se  trouve 
sur  le  Loir  un  peu  plus  bas  que  le  confluent  du  Loir  et  de  la 
Thironne,  en  amont  sur  la  Thironne  par  un  gué  et  sur  le  Loir 
par  une  pente  assez  rapide  sur  laquelle  la  rivière,  sans  pro- 
fondeur pendant  60  ou  80  mètres,  coule  rapidement  entre  de 
grosses  pierres. 


^70  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Celle  partie  de  rivière  est  très  froide,  étant  alimentée  par 
de  nombreuses  sources  dont  quelques-unes  donnent  depuis 
1  mètre  jusqu'à  3  mètres  cubes  d'eau  à  la  minute.  Ce  froid 
est  très  contraire  au  frai  des  Cyprinides. 

A 1  kilomètre  au-dessus  se  trouve  une  féculerie  qui  pendant 
trois  ou  quatre  mois  de  l'année  envoie  ses  eaux  empoison- 
nées dans  la  rivière. 

Le  Loir  à  cette  portée  est  très  sujet  aux  inondations  :  pleut- 
il  pendant  cinq  ou  six  heures  de  suite  dans  le  haut  de  son 
bassin  déboisé,  douze  heures  après  on  voit  la  rivière  monter 
souvent  d'un  mètre  pour  redescendre  du  reste  aussi  rapide- 
ment qu'elle  a  monté. 

Quoique  j'aie  vu  des  Gardons  frayer  vers  le  15  juillet  dans 
le  Loir,  je  crois  que  les  Carpes  ne  s'y  reproduisent  pas,  du 
moins  à  cet  endroit,  et  cependant  les  Carpes  du  Loir  ont  une 
certaine  célébrité.  J'ai  tout  lieu  de  penser  que  les  Carpes  pê- 
chées  viennent  des  étangs  en  amont,  d'où  elles  s'échappent  au 
moment  des  grandes  eaux  ou  de  la  pêche.  Une  fois  dans  la 
rivière,  elles  se  débarrassent  de  leur  désagréable  goût  de  vase. 

Je  suis  donc  dans  de  très  mauvaises  conditions  pour  expé- 
rimenter, puisque  j'ai  contre  moi  eaux  empoisonnées  d'une 
féculerie,  niveau  très  inconstant,  inondations  fréquentes, 
rivière  très  froide,  moulin  en  aval,  Canards  et  canaux  d'irri- 
gation. 

Malgré  toutes  ces  causes,  j'espère  réussir  à  repeupler  sans 
aucune  dépense  et  dans  deux  ou  trois  ans,  si  cela  peut  vous 
intéresser,  avoir  à  vous  communiquer  le  succès  de  mon  ex- 
périence. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÉS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


SEANCE  GENERALE  DU  19  MARS  1886. 
Présidence  de  M.  le  marquis  de  SiNÉiy,  Vice-Président. 

Le    procès -verbal    de    la   séance  précédente    est   lu   et 
adopté. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
ellement  admis  par  le  Conseil,  savoir  : 


V 


MiM.  PRÉSENTATEURS. 

Farran  (Henri),  propriétaire,  au  château  de  (  E.  Bellot. 
Verneuil,  commune  de  Migné,  par  Poitiers  ]  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 
(Vienne).  (  A.  Moreau. 

TOURNAT  DE  BuzENAUD,  inspecteur  de  l'agri-  \  ^^- ^eofoy  Saint-Hilaire. 
culture  à  Quintenas  (Ardèche).  i  Sa,nt-Yves  Menard. 

l,  Wuirion. 

r  /iT-  .      Aie    JN  •'.  •  /'A.  Berthoule. 

LouvET  (Viclor-Allred),  propriétaire,  avenue  \  „  ... 

de  Neuilly,  136  bis,  à  Neuilly  (Seine).         f  ^       .     ' 
•^  -^  ^  '  \  Poupinel. 

n  /nui-       \  ■'.   ■       •  17  II  A.  Berthoule. 

Régnier  (Philippe),  propriétaire,  a  Forreuil,  \  ,   -^     ^v.      ^  •  .  t,-i  • 

V        trnff  y  A.  Geoffroy  Saint-Hilairc. 

par  Epernon  (Eure-et-Loir).  t  o  ■  .  ^t       ai  - 

*^         ^  V  Saint-Yves  Menard. 

;'  E.  Barrachin. 

Thoureau  (Edme),  8,  rue  d'Aumale,  à  Paris.      A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

V  Saint-Yves  Menard. 

Thoureau  (Félix),  administrateur  du  Crédit  (  ,*,^'  „      „'.     ,..,  . 

ta  A    ni^,       A       '  n    •  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

foncier,  z,  rue  de  Chateaudun,  a  Pans.  .,  ■      ,,       ,, . 

V  Saint- Yves  Menard. 

—  M.  le  D'Brocchi  adresse  des  remerciements  au  sujet  de 
sa  récente  élection  aux  fonctions  de  membre  du  Conseil. 

—  M.  Mengin  annonce  le  renvoi  de  la  femelle  de  son 
cheptel  de  Coloinbes  poignardées. 

—  M.  E.  Joly  accuse  réception  du  cheptel  de  Faisans  de 
Lady  Amherst  qui  vient  de  lui  être  expédié. 

—  En  remei^iant  du  couple  de  Lapins  béliers  qui  lui  a  été 
accordé,  M.  le  comte  de  Buisseret  sollicite  un  cheptel  de 
Poules  de  Campine. 


272  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACGLIMATATION. 

—  Des  remerciements  pour  les  cheptels  qui  leur  ont  été 
accordés  sont  adressés  par  MM.  Achille  Adam  fils,  Al.  Audap, 
Gustave  Conte,  O'Neill,  Emile  Delloye,  de  Confévron,  N.  Pau- 
tier,  Mengin  et  Ramelet. 

—  MM.  les  préfets  de  la  Gironde,  de  l'Hérault,  de  Loir-et- 
Cher,  de  la  Loire,  de  Maine-et-Loire,  de  la  Nièvre,  de  l'Orne, 
de  la  Sarthe,  des  Deux-Sèvres  et  de  la  Haute-Vienne  adressent 
des  réponses  aux  demandes  de  renseignements  qui  leur  ont 
été  faites  concernant  la  situation  de  la  pisciculture  dans  leurs 
départements. 

—  M.  Max  von  dem  Borne,  de  Berneuchen,  demande  des 
renseignements  sur  les  principales  espèces  de  poissons  qui 
peuplent  les  eaux  du  Doubs,  et  sur  les  endroits  où  la  pêche 
de  ces  poissons  peut  s'exercer  le  plus  fructueusement. 

—  En  réponse  à  une  lettre  qui  lui  a  été  récemment  adres- 
sée, M.  Jules  Tardy,  sous-directeur  de  la  ferme-école  de  La 
Roche  (Doubs),  veut  bien  promettre  de  tenir  la  Société  au 
courant  de  ses  travaux  de  pisciculture. 

—  M.  Paul  Carbonnier,  banquier  à  Bergerac,  neveu  de 
notre  regretté  collègue  M.  Pierre  Carbonnier,  annonce  l'envoi 
de  renseignements  sur  un  établissement  de  pisciculture  nou- 
vellement créé  près  de  Bergerac. 

—  M.  le  comte  Giberto  Borroméo,  de  Milan,  demande  à 
prendre  part  à  la  distribution  des  graines  envoyées  de  Mada- 
gascar par  le  R.  P.  Camboué. 

—  M.  le  D' A.  Ricard,  professeur  à  l'Académie  commerciale 
de  Prague,  sollicite  un  envoi  de  semence  de  Riz  de  Mand- 
chourie. 

—  M.  le  D'  Louis  Gaucher  écrit  d'Aïn-Témouchent  (Al- 
gérie) : 

J'ai  reçu  en  son  temps  1  échantillon  de  Blé  Schériff  que  la  Société  a 
eu  l'obligeance  de  m'envoyer  pour  servir  à  des  essais.  Semé  dans  de 
très  bonne  terre,  le  résultat  a  été  absolument  nul.  Cette  variété  est  trop 
tardive  pour  notre  région.  Alors  que  les  Blés  durs  tangaros  et  les 
Blés  tendres  étaient  en  état  d'être  récoltés,  le  Blé  Shérilf  était  encore 
très  vert  dans  toutes  ses  parties  et  le  grain  à  peine  formé.  Deux  jour- 
nées de  vent  chaud  du  Sud  l'ont  complètement  détruit. 


PROCÈS-VERBAUX.  273 

Je  pense  que  la  Noix  de  Pacanier  pourrait  réussir  ici  à  certaines 
expositions.  M.  Sanford  devant  en  expédier  à  la  Société,  je  serais  heu- 
reux qu'elle  pût  m'en  attribuer  quelques-unes,  afin  que  j'essaye  l'intro- 
duction de  cet  arbre  dans  notre  région.  Les  Orangers  produisent  beaucoup 
ici,  ainsi  que  les  Grenadiers  et  les  Figuiers;  c'est  ce  qui  me  permet  de 
supposer  que  la  Noix  de  Pacanier  pourrait  augmenter  encore  le  nombre 
si  restreint  des  essences  utiles  que  l'on  trouve  dans  le  pays.  J'avais  bien 
songé  au  Cacaotier,  mais  il  m'a  toujours  été  impossible  de  me  procurer 
des  graines  de  cet  arbre. 

—  M.  Léon  Marquiset  annonce  qu'il  soumellra  prochaine- 
ment en  séance  généivale  le  résultat  de  ses  essais  de  culture 
de  Kuzu  {Puer aria  Thumber glana). 

—  M.  Berthoule  donne,  d'après  un  article  publié  par  le 
journal  The  Colonies  and  India,  d'intéressants  détails  sur 
l'histoire  des  fermes  d'Autruches  dans  la  colonie  du  Cap. 

—  M.  Berthéol  présente  un  appareil  de  pisciculture  de  son 
invention;  c'est  un  appareil  d'éclosion  avec  flotteur,  disposé 
pour  être  employé  dans  un  cours  d'eau. 

—  M.  Saint-Yves  Ménard  donne  lecture  d'une  note  de 
M.  Ponsard,  d'Omey  (Marne),  sur  les  Moutons  prolifiques  de 
Chine.  (Voy.  au  Bulletin,  p.  24-1.) 

—  M.  Jules  Grisard  communique  une  note  de  M.  Rieffel 
sur  les  Chiens  de  prairie  {Cynomys  Ludoviciana).  (Voy.  au 
Bulletin.) 

—  M.  Brocchi  donne  lecture  d'une  note  de  M.  Noordhoeck- 
Hegt,  sur  la  pisciculture  dans  le  Rhin  inférieur.  (Voy.  au 
Bulletin.) 

—  M.  Hédiard  présente  un  régime  de  Palmier  sagoutier 
(Sagus  Bhumphi)  provenant  de  la  Martinique,  et  il  donne 
les  détails  ci-après  sur  les  produits  tirés  de  cet  arbre,  notam- 
ment sur  le  sucre  que  fournit  la  sève  :    , 

Les  graines  sont  arrivées  très  fraîches  et  sans  altération  aucune,  ce 
qui  permettra  de  les  faire  germer  en  serre.  Je  vais  en  adresser  à  plu- 
sieurs de  mes  correspondants  d'Algérie. 

Le  Palmier  sagoutier  est  très  commun  à  Madagascar;  on  en   trouve 

également  beaucoup  atix  îles  Moluques  et  dans  diverses  contrées  de 

rOcéanie.   L'indigène   tire  de  ce  Palmier  de  nombreux  produits;  c'est 

une  source  de  richesse  pour  les  pays  où  pousse  le  Sagoutier.   Il  y  a 

4'  SÉRIE,  T.  111.—  Mai  1886.  ^[^ 


274  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aGGLIMATATION. 

d'abord  la  sève,  que  l'on  obtient  en  pratiquant  une  incision  à  la  base 
du  régime;  c'est  la  liqueur  dite  vin  de  palme.  On  suspend  à  l'endroit 
de  cette  incision  un  gobelet  formé  d'un  morceau  de  bambou.  Une  sève 
abondante  coule  constamment.  Mais  on  a  remarqué  que  la  nuit  l'écou- 
lement est  plus  abondant  que  pendant  le  jour.  11  est  très  curieux  de 
voir  ce  Palmier  garni  de  gobelets,  où  chacun  vient  se  désaltérer  comme 
à  un  buffet  permanent.  Avec  le  vin  de  palme,  on  obtient,  par  la  fermen- 
tation, une  liqueur  dite  arach,  qui  est  une  sorte  de  rhum.  Si  on  laisse 
aigrir  ce  liquide,  il  se  transforme  en  vinaigre.  Pour  en  obtenir  du  sucre, 
il  suffit  de  faire  évaporer  le  liquide,  qui  cristallise  et  donne  un  sucre 
de  couleur  brune  dont  le  goût  est  agréable. 

De  la  moelle  de  ce  Palmier  on  extrait  une  fécule  qui,  granulée,  forme 
le  sagou  (espèce  de  tapioca),  très  nourrissant  et  très  agréable  en  potage. 

Les  fibres,  qui  sont  autour  de  la  moelle,  s'exportent  aujourd'hui  en 
grande  quantité,  comme  liens  très  solides  et  résistant  à  l'humidité.  Dans 
les  colonies,  cette  fibre  trouve  de  nombreux  emplois  :  on  en  fait  des 
nattes,  des  tapis,  des  vêtements,  des  couffins  pour  l'emballage  du  sucre 
ou  du  café,  etc. 

Le  bois  est  très  dur  et  sert  aux  constructions. 

Les  régimes  du  Palmier  sagoutier  atteignent  un  volume  considérable  ; 
les  grains,  en  forme  de  cône  de  pin,  sont  d'un  bel  effet  ornemental,  leur 
couleur  acajou  est  très  brillante  et  se  conserve  indéfiniment.  Ces  énormes 
grappes  de  graines,  qui  semblent  avoir  été  vernies,  sont  fréquemment 
employées  pour  orner  les  demeures.  Peut-être  le  Sagoutier  pourrait-il 
réussir  dans  certaines  parties  de  l'Algérie. 

—  M.  Rathelot  dit  qu'il  a  eu  occasion  de  goûter  du  sucre 
de  Sagoutier  et  qu'il  l'a  trouvé  excellent.  Ce  sucre  ressemble 
par  la  couleur  à  la  cassonade,  mais  il  est  plus  foncé. 


iSÉANCE  GÉNÉRALE  DU  2  AVRIL  1886. 

Présidence    de  M.   Saint-Yves   Ménard,    Trésorier, 
puis  de  M.  le  marquis  de  Sinéty,  Vice-Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvel- 
lement admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

M.  présentateurs. 

.  ,,  ,,,    ^  .     ti     1     f  A.  Berthoule. 

Arjuzon  (le  comte  d  ),  5,  square  du  Roule,  \  „      .    n  i    *  n 

.  n    ■  /'     '    ^  j  Comte  Galvet-Rogniat. 

(  A.Geoffroy Saint-Hilaire. 


PROCÈS-VERBAUX.  :275 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

f,  ,.,     ,„        .X    .   n      •  I      (  J-  Gornély. 

Gaillard  lus  (Honore),  a  Pussigiiv,  par  les  \    .   ^     «.      <-  •  .  n-i  • 

f.  /u-         \  o  j'  r  }  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Ormes  (Vienne).  /  / 

(G.  Pays  Melher. 

/-.  /»  i_ii  \     lo  1  '   n     •    1   A.  Berllioule. 

Grapanche  (Achille),   18,  rue  Juge,  a  Pans  \    .    ^     ^      ^  .     „.,  . 

.  /- T^     .  jn    .      .    '  M       v^  I  1  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

et  4/  East  19  Street,  a  New-York.  /  „  .     ,,     \, , 

V  baint-Yves  Menard. 

SucHETET  (Luc-André),  au   château   d'Auti-  ^      '        „       ^,  ".      „.,  . 

...  ,-,    ,      .,,     ,,^  .       T  f  •        \         \  A.  Geolhoy  baint-Hilaire. 

ville,  par  GoderviUe  (beine-Inferieure).  c  ■      ir       ». . 

^  V  Saint-Yves  Menard. 

r^         ,,      .  ,  .      .  .  ,    -,       i   G.  Conte. 

pRAX  (Louis),  commissaire-priseur,  a  JNar-  \    .    ^    .u     i 

,,\\  ,  A.  Berthoule. 

bonne  (Aude).  i    k   r     «•      o  •  .  ui  • 

^         '  \  A.GeoiiroySaint-Hilaire. 

—  Des  remerciements  pour  les  cheptels  qui  leur  ont  été 
accordés  sont  adressés  par  MM.  Laborde,  comte  de  Montle- 
zun,  Ghandèze,  Roussel,  D'  J.  J.  Lafon,  et  baron  Le  Pelle- 
tier de  Glatigny. 

—  M.  Edouard  Maistre  écrit  de  Villeneuvette,  par  Cler- 
mont-l'llérault  : 

Je  viens  vous  demander  la  permission  de  vous  adresser  quelques 
observations  au  sujet  de  certaines  opinions  émises  par  plusieurs  de  nos 
honorables  collègues,  et  notamment  MM.  Joly  et  Mailles,  sur  les  Lépo- 
rides,  dans  les  séances  des  10  novembre  et  8  décembre  derniers. 

Je  dois  dire  que  si  je  prends  la  parole  à  ce  sujet,  c'est  que  depuis  trois 
ans  j'élève  des  Léporides  (du  commerce),  et  que  depuis  deux  ans  envi- 
ron, dans  le  but  d'en  avoir  d'authentiques,  je  fais  des  expériences  sur  la 
production  directe  de  l'hybride  du  Lièvre  et  du  Lapin  domestique. 

Pendant  la  même  période,  je  me  suis  occupé  aussi  de  trois  questions 
qui  paraissent  au  premier  abord  complètement  étrangères  à  celle  en 
discussion,  mais  dont  l'étude  peut,  par  analogie,  en  éclaircir  certains 
points  : 

1*  Reproduction  du  Lièvre  en  captivité  étroite; 

2°  id.  du  Lapin  sauvage; 

3"  Croisement  du  Lapin  sauvage  avec  des  Lapins  domestiques,  et  en 
particulier  avec  le  Léporide. 

Je  ne  néglige  rien  pour  résoudre  ces  différentes  questions,  mais  sur- 
fout pour  avoir  des  résultats  dont  l'exactitude  ne  puisse  être  révoquée 
en  doute  et,  dans  ce  but,  je  note  tout  ce  qui  se  passe  dans  mon  clapier, 
je  recueille  la  plus  grande  quantité  possible  d'observations  sur  les  ani- 
maux que  j'étudie,  et  que  j'ai  presque  constamment  sous  les  yeux. 

Dans  ces  conditions,  cependant,  si  j'arrive  au  résultat  cherché  (acoou- 


276  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

plement  d'un  Lièvre  et  d'une  Lapine,  et  si  je  l'annonce  à  notre  Société, 
me  croira-t-on  lorsqu'on  met  en  doute  les  affirmations  émises  par  l'hono- 
rable M.  Eugène  Gayot  dans  ses  différents  ouvrages  sur  la  question, 
affirmations  justifiées  par  les  expériences  instituées  par  lui  dans  un  but 
scientifique?  Quelles  sont  les  preuves  qui  vaudront  plus  que  son  témoi- 
gnage ? 

Eh  bien,  le  résultat  cité  ci-dessus,  je  viens  de  l'obtenir,  mais  impar- 
fait :  le  29  janvier  dernier,  une  femelle  de  Lapin  domestique,  fécondée 
par  un  bouquin  de  Lièvre,  donnait  naissance  à  quatre  petits,  qui  malheu- 
reusement furent  trouvés  morts  le  lendemain;  les  rats  en  avaient  à  moi- 
tié dévoré  un,  ce  qui  avait  probablement  été  la  cause  que  la  mère  avait 
laissé  périr  les  autres,  bien  conformés,  d'ailleurs. 

Ici,  pas  de  doute  au  sujet  de  la  valeur  spécifique  des  reproducteurs  : 
le  bouquin  est  bien  un  Levraut  pris  jeune,  il  y  a  deux  ans,  dans  une 
luzerne,  et  élevé  depuis  dans  mon  clapier;  la  Lapine  est  d'une  race  assez 
petite,  grise,  et  se  rapprochant  assez,  malgré  son  volume  double,  de  la 
race  sauvage. 

J'ai  conservé  dans  l'alcool  deux  des  petits  Léporides  ainsi  obtenus,  et 
si  la  1"  section  le  désire,  je  puis  lui  en  envoyer  un,  on  pourrait  le  com- 
parer avec  un  Lapin  du  même  âge,  c'est-à-dire  venant  de  naître.  Quant 
aux  reproducteurs,  je  les  ai  réunis  de  nouveau  pour  essayer  d'arriver  à 
un  résultat  plus  satisfaisant. 

Il  est  prouvé  pour  moi  que  la  chose  est  possible;  les  faits  cités  par 
M.  Gayot  m'en  avaient  d'ailleurs  donné  la  certitude. 

En  effet,  on  objecte  que  M.  Gayot  a  appelé  Léporides  le  produit  de  La- 
pines avec  un  certain  «  Bibi  »  dont  la  valeur  spécifique  n'était  pas  bien 
connue,  il  en  convient  lui-même  {Les  petits  quadrupèdes  de  la  maison 
et  des  champs,  f.  II,  p.  18);  mais  la  dernière  édition  de  cet  ouvrage 
(1871)  porte  à  sa  dernière  page  (f.  Il,  p.  379)  une  note  certifiant,  d'après 
l'autopsie  de  cet  animal,  que  Bibi  était  bien  un  lièvre. 

D'ailleurs  M.  Gayot  cite  plusieurs  exemples  d'accouplements  féconds 
entre  des  Lapins  et  de  véritables  Lièvres,  et  notamment  {même  ouvrage, 
f.  Il,  p.  9-17)  le  cas  d'un  Lièvre  à  lui  appartenant,  qui  a  fécondé  vingt- 
huit  Léporides  demi-sang. 

Mais,  puisque  des  affirmations,  même  de  la  part  de  personnes  aussi  au- 
torisées que  M.  Eugène  Gayot  ne  suffisent  pas  à  établir  l'authenticité  des 
Léporides,  il  est  nécessaire,  pour  arriver  à  connaître  la  vérité  sur  ce 
point,  non  seulement  d'adresser  des  questionnaires  détaillés  aux  per- 
sonnes s'oftcupant  de  cette  question,  mais  d'envoyer  chez  elles  une  com- 
mission spéciale  pour  contrôler  de  visu  leurs  expériences. 

Il  est  certain  que  les  Léporides  du  commerce,  en  grande  partie  du 
moins,  n'ont  aucun  droit  à  ce  nom,  et  c'est  facile  à  comprendre,  car  les 
éleveurs  (jui  possédaient  des  Léporides  authentiques  ont  dû  souvent  être 
assez  peu  scrupuleux  pour  vendre  sous  ce  nom  des  produits  de  ces  Lépo- 


PROCÈS-VERBAUX.  277 

rides  avec  des  Lapins,  ou  même  certaines  races  de  Lapins  ayant  des  ana- 
logies avec  les  Léporides,  l'acheteur  ne  sachant  pas,  la  plupart  du  temps, 
les  caractères  distinctifs  de  ceux-ci.  Ce  n'est  donc  pas  en  confiant  un 
couple  de  Léporides  du  commerce  à  un  membre  de  la  Société  qu'on 
apprendra  quelque  chose  sur  l'hybride  du  Lapin  et  du  Lièvre  ;  ce  n'est 
pas  non  plus  en  conflant  à  un  membre  un  Lièvre  et  une  Lapine  :  comme 
le  dit  très  bien  M.  Mailles,  le  résultat,  fort  douteux,  se  ferait  longtemps 
attendre  très  probablement,  car  il  faut  bien  se  garder,  dans  ces  expé- 
riences, d'opérer  dans  de  pareilles  conditions  :  on  ne  doit  pas  opérer  sur 
une  petite  échelle,  car  le  résultat,  quel  qu'il  soit,  ne  pourrait  être  géné- 
ralisé dans  ce  cas  ;  on  ne  doit  pas  mettre  en  scène  des  animaux  brus- 
quement changés  de  milieu,  expédiés  à  une  distance  plus  ou  moins 
grande,  je  parle  pour  les  Lièvres,  auxquels  une  pareille  secousse  enlève 
souvent,  pour  un  temps,  leurs  facultés  génératrices;  endn,  il  faut  (si  ce 
n'est  pas  une  condition  sine  qua  non  de  la  réussite,  c'est  toujours  un  grand 
point)  que  l'expérimentateur  y  apporte  une  très  grande  persévérance, 
les  résultats  se  faisant  ordinairement  longtemps  attendre  et,  j'irai  plus 
loin,  je  trouve  que,  de  plusieurs  expérimentateurs  consciencieux,  celui 
qui  est  convaincu  de  la  possibilité  du  fait  contesté,  arrivera  plus  tôt  au 
but  que  l'indifférent,  à  plus  forte  raison  que  celui  qui  nie  de  parti  pris. 

D'après  ces  considérations,  ne  semble-t-il  pas  que  le  mieux  serait 
d'étudier  bien  en  détail,  de  contrôler  les  résultats  chez  ceux  qui  se 
sont  occupés,  s'occupent  ou  vont  s'occuper  de  la  question,  et  après 
avoir  discuté  leur  valeur  scientifique,  en  faire  connaître  les  conclu- 
sions pratiques,  ce  qui  est  le  but  final  des  travaux  de  notre  honorable 
Société? 

En  ce  qui  me  concerne,  je  me  mets  entièrement  à  sa  disposition,  soit 
pour  faire  visiter  mon  clapier  d'expériences,  soit  pour  donner  sur  les 
questions  mentionnées  plus  haut,  et  à  la  solution  desquelles  il  est  des- 
tiné, les  détails  qui  me  seront  demandés. 

M.  Edouard  Maistre,  ayaot  été  piûé  de  vouloir  bien  faire 
parvenir  à  la  Société  un  de  ses  jeunes  Léporides,  adresse  la 
lettre  suivante  : 

Conformément  au  désir  que  vous  exprimez,  je  vous  ai  expédié  ce  matin 
par  la  poste,  dans  un  bocal  cacheté,  un  des  jeunes  Léporides  que  j'ai 
obtenus,  et  qui  sont  morts  en  naissant,  ou  quelques  heures  après  leur 
naissance.  Dans  ma  dernière  lettre,  j'attribuais  leur  mort  à  la  dent  des 
rats,  qui  en  avaient  rongé  un,  en  effet;  mais,  après  réflexion  et  examen 
de  la  mère  et  des  petits,  je  crois  plus  probable  que  le  volume  relative- 
ment très  considérable  de  ceux-ci  et  l'état  d'embonpoint  exagéré  de 
celle-là  ont  rendu  l'accouchement  très  laborieux,  et  causé  la  mort  des 
jeunes. 


278  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'ACCLIMATATION. 

Et,  à  ce  propos,  je  crois  devoir  signaler  à  la  Sociélé  un  écueil  contre 
lequel  se  lieurleront  souvent  les  personnes  poursuivant  de  semblables 
expériences. 

Les  femelles  de  Lapin  mises  en  cohabitation  avec  des  bouquins  de 
Lièvre  restent  souvent  fort  longtemps  sans  produire,  soit  que  la  résis- 
tance provienne  d'elles  ou  des  mâles;  il  en  résulte  qu'elles  s'engraissent 
outre  mesure,  d'autant  plus  que,  mangeant  toute  la  journée,  elles  con- 
somment, en  outre  de  leur  ration,  une  partie  de  celle  de  leur  compagnon, 
qui  ne  mange  guère  qu'aux  environs  de  la  nuit. 

Cet  embonpoint  finit  par  les  mettre  dans  l'impossibilité,  soit  de  con- 
cevoir, soit  de  mener  à  bon  terme  leur  portée,  soit,  comme  c'était  ici  le 
cas,  de  mettre  bas  dans  de  bonnes  conditions. 

Pour  éviter  cet  inconvénient,  il  faut,  de  temps  en  temps,  accoupler 
avec  des  Lapins  les  femelles  en  expérience  et  les  remettre  avec  les  bou- 
quins dès  la  mise  bas,  en  sacrifiant  leur  nichée,  ou  une  trentaine  de 
jours  après,  si  on  veut  la  conserver. 

—  M.  Berthoule  accuse  réceplion  des  500  œufs  de  Truite 
arc-en-ciel  dont  la  Société  a  bien  voulu  disposer  à  son  profit. 
Ces  œufs  ont  accompli  leur  long  voyage  dans  les  meilleures 
conditions.  C'est  à  peine  si  on  a  compté  40  morts  à  leur 
arrivée.  Leur  évolution  embryonnaire  était  déjà  très  avan- 
cée, et  tout  fait  espérer  que  l'éclosion  se  produii^a  de  la  façon 
la  plus  satisfaisante. 

—  M.  Vincent  accuse  également  réception  des  œufs  de 
Truite  arc-en-ciel  qui  lui  ont  été  adressés. 

—  M.  Glaser  fils,  de  Bàle,  fait  connaître  les  prix  auxquels 
il  pouiTait  fournir  à  la  Société  des  œufs  embryonnés  de 
Saumon,  de  Truite  et  d'Omble-Chevalier. 

—  M.  Berti^and,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  à  Poi- 
tiers, chargé  de  dresser  le  projet  d'une  échelle  à  Saumons 
pour  le  barrage  de  la  Vienne,  à  Châtellerauit,  prie  la  Société 
de  vouloir  bien  lui  fournir  quelques  informations  sur  les  di- 
vers types  d'échelles  à  Saumons  en  usage  à  l'étranger. 

Dans  une  seconde  lettre,  M.  Bertrand  remercie  des  rensei- 
gnements qui  lui  ont  été  adressés  en  réponse  à  sa  demande. 

—  M.  le  Préfet  des  Côtes-du-Nord  fait  parvenir  sa  réponse 
à  la  demande  de  renseignements  qui  lui  a  été  adressée  sur  la 
situation  de  la  pisciculture  dans  son  département. 

—  M.   Max  von   dem  Borne,  de   Berneuchen,  demande 


PROCÈS-VERBAUX.  279 

quelles  sonl  les  principales  espèces  de  poissons  qui  peuplent 
les  eaux  du  Doubs,  et  quelles  sont  les  parties  de  ce  cours 
d'eau  où  la  pêche  peut  s'exercer  le  plus  fructueusement. 

—  M.  Raveret-Wattel  signale  un  nouvel  essai  tenté  par  le 
gouvernement  de  la  Nouvelle-Zélande  pour  l'introduction  du 
Hareng  (Clupea  harengus)  dans  les  eaux  qui  baignent  cette 
colonie.  Le  13  mars  dernier,  le  vapeur  Jackal  est  parti  de 
Plymouth  emportant  une  cargaison  considérable  d'œuls  fé- 
condés, qui  ont  été  recueillis  par  M,  le  professeur  Cossart 
Ewart  sur  des  Harengs  péchés  aux  bancs  de  Ballantrae,  sur  la 
côte  sud  de  l'Ayrshire.  Comme  on  le  sait,  les  œufs  de  Hareng 
éclosent  en  l'espace  de  seize  à  dix-sept  jours.  11  est  donc 
nécessaire  de  retarder  le  développement  d'une  quarantaine 
de  jours,  pour  éviter  que  l'éclosion  ne  se  produise  pendant  le 
voyage,  ou,  tout  du  moins,  trop  longtemps  avant  l'arrivée  à 
destination.  Des  glacières  et  des  bacs  spéciaux  ont,  en  consé- 
quence, été  installés  à  bord  du  navire,  pour  loger  les  œufs  et 
pour  recevoir  les  alevins  qui  viendraient  à  naître  en  route. 
Les  œufs  seront  soumis  à  une  température  constante  de 
-j-  i  degré  environ. 

><i'*-^  M.  l'abbé  A.  Mondain,  directeur  de  l'Orphelinat  agri- 
cole de  La  Breille  (Maine-et-Loire),  sollicite  un  envoi  de  tuber- 
cules de  Stachys  affinis. 

—  M.  Joseph  Clarté,  de  Baccarat,  met  à  la  disposition  de  la 
Société  des  boutures  d'Elœagnus  edulis.  —  Remerciements. 

—  M.  le  Directeur  de  la  Société  «  La  Ramie  française  » 
adresse  quelques  exemplaires  de  la  brochure  de  M.  P.  A.  Fa- 
vier  sur  la  Ramie. 

—  M.  Sandford  annonce  l'envoi  qu'il  fait  faire  à  la  Société 
d'une  barrique  de  noix  de  Pacanier.  —  Remerciements. 
""—  A  l'occasion  de  la  lettre  de  M.  Ed.  Maistre,  relative  aux 
Léporides,  M.  Decroix  fait  connaître  que  la  1"  section,  qui  a 
déjà  reçu  communication  des  renseignements  contenus  dans 
cette  lettre,  prendrait  également  connaissance  avec  intérêt 
de  toutes  les  observations  dont  on  voudrait  bien  lui  faire 
part  concernant  les  Léporides. 

—  M.  le  D""  Brocchi  fait  remarquer  que,  d'après  les  termes 


280  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

de  sa  lettre,  notre  correspondant  semble  croire  que  l'on  nie 
la  reproduction  du  Lièvre  et  du  Lapin.  Or,  ce  qui  est  mis  en 
doute,  ce  n'est  pas  la  possibilité  du  croisement,  mais  la  pos- 
sibilité d'obtenir  par  ce  croisement  une  race  qui  se  perpétue, 
sans  que  les  sujets  obtenus  retournent,  par  un  phénomène 
d'atavisme,  aux  caractères  de  l'une  des  deux  espèces  croisées. 

—  M.  Decroix  annonce  que  le  Lièvre  confié  à  la  1"  section 
pour  les  expériences  dont  elle  s'occupe  paraît  avoir  été  appri- 
voisé, tout  en  montrant  un  naturel  assez  méchant.  Cet  ani- 
mal serait,  en  outre,  cryptorchide.  Quant  à  la  Lapine  qui 
l'accompagnait,  elle  avait  déjà  été  couverte  par  un  Lapin,  et 
elle  a  mis  bas  trente  jours  après  son  arrivée  chez  notre  col- 
lègue, M.  Joly,  qui  a  bien  voulu  se  charger  de  suivre  les 
essais. 

—  M.  Decroix  signale  l'intérêt  que  présente  l'envoi  de 
noix  de  Pacanier  annoncé  par  M.  Sandford;  on  peut  seule- 
ment regretter,  ajoute  notre  collègue,  que  cet  envoi  nous  soit 
fait  un  peu  tard  en  saison,  et  il  importera  de  mettre  les  noix 
en  distribution  aussitôt  qu'elles  nous  parviendront,  afin  que 
les  semis  puissent  avoir  lieu  le  plus  tôt  possible. 

.  —  M.  A.  Laloue  fait  une  communication  sur  la  valeur  des 
produits  industriels  des  Autruches  domestiques  (voy.  au  Bul- 
letin). 11  complète  ces  renseignements  par  les  détails  ci-après 
sur  rélevage  et  la  nourriture  des  Autruches  en  captivité  : 

Nous  avons,  malheureusement,  en  Algérie,  un  grand  inconvénient. 
Soit  faute  d'une  nourriture  convenable  et  bien  distribuée,  soit  faute 
d'un  espace  suffisant,  tous  nos  élèves  sont  atteints  d'une  maladie  des 
jambes  à  l'âge  de  trois  à  six  mois.  Nous  en  perdons  une  grande  partie 
par  suite  de  rupture  des  membres.  Nous  n'avons  pas  su,  jusqu'à  pré- 
sent, trouver  le  moyen  d'éviter  ces  accidents.  Il  nous  est  arrivé,  sur 
vingt-quatre  Autruchons  mâles,  par  exemple,  de  n'en  sauver  qu'un  ou 
deux,  ce  qui  nous  a  empêchés  de  prospérer,  car  depuis  quelques  années, 
on  s'est  donné  en  Algérie  toutes  les  peines  possibles  pour  arriver  à  un 
bon  résultat. 

Pour  la  nourriture  d'une  Autruche,  il  faut  compter  environ  100  francs 
par  mois.  On  nourrit  ces  animaux  avec  de  l'herbe,  de  la  luzerne,  quel- 
quefois des  feuilles  de  vigne.  Lorsqu'on  manque  de  verdure,  il  suffit  de 
leur  donner  des  fourrages  arrosés  d'eau  avec  un  peu  de  sel.  Il  est  vrai 


PROCÈS-VERBAUX.  281 

que  cette  nourriture  n'est  pas  favorable  et  ne  pourrait  être  employée 
longtemps  ;  mais,  faute  d'autre,  elle  permet  d'attendre  un  temps  meilleur. 
Nous  avons  pu  entretenir  des  Autruches  pendant  plus  d'un  mois  et 
demi  rien  qu'avec  des  luzernes  sèches  arrosées  d'eau,  avec  du  seigle, 
de  l'avoine,  de  l'orge.  Quant  au  prix  d'entretien,  il  dépend  naturelle- 
ment du  nombre  de  personnes  employées  pour  soigner  les  animaux. 
.  Les  sujets  reproducteurs  sont  installés  de  différentes  façons.  Au  Jardin 
d'essai,  ils  sont  dans  des  parcs  d'une  contenance  d'environ  300  mètres, 
entourés  de  murs,  de  grillages  pour  intercepter  le  jour  entre  les  dif- 
férents parcs.  Il  est  indispensable  que  les  oiseaux  ne  s'aperçoivent  pas 
mutuellement;  sans  quoi  la  jalousie  s'en  mêle.  Ils  s'envoient  mutuelle- 
ment des  coups  de  pied  à  travers  les  barrières  ;  celles-ci  se  brisent  et 
bientôt  s'engagent  des  batailles  qui  amènent  de  graves  blessures. 
Nous  avons  vu  des  pieds  entamés  où  l'on  apercevait  l'os.  Les  animaux 
toutefois  ont  une  très  bonne  charnure  ;  on  les  guérit  très  rapidement. 
A  Aïn-Marmora,  on  a  construit  des  murs  qui  sont  élevés  de  2  mètres  et 
plus.  J'avoue  que  c'est  là  une  grosse  erreur,  car  la  dépense  est  très 
lourde.  Les  animaux  ne  s'en  trouvent  pas  mieux,  au  contraire  ;  ils  ne 
paraissent  pas  s'y  convenir.  Cependant  on  a  obtenu  des  résultats  dans 
ce   parc. 

A  Zéralda,  on  a  installé  des  parcs  avec  des  clôtures.  On  a  laissé 
dans  l'intervalle  un  espace  de  3  ou  4  mètres,  suivant  les  dispositions, 
dans  lequel  nous  laissons  pousser  des  broussailles  vives,  avec  l'espé- 
rance qu'un  jour  ces  broussailles  remplaceront  les  fagots  qui  y  sont 
actuellement.  Les  oiseaux  s'y  trouveraient  mieux. 

Les  parcs  de  Marmora  ont  300  à  400  mètres  de  superficie  :  15  mètres 
sur  25.  Ceux  de  Zéralda  sont  inégaux  :  les  uns  ont  300  mètres;  les 
autres  400.  On  a  profité  des  accidents  de  terrain  de  façon  à  donner  le 
plus  d'espace  possible  et  à  profiter  des  broussailles  pour  les  isoler  les 
uns  des  autres.  En  principe,  il  convient  de  donner  300  mètres  d'espace 
aux  oiseaux  reproducteurs. 

Au  Cap  de  Bonne-Espérance,  on  donne  un  plus  grand  espace.  Mon  avis 
est  que  c'est  là  une  des  causes  du  succès;  je  crois  qu'en  donnant  un 
espace  plus  grand,  oh  il  y  aurait  de  la  verdure,  une  culture  quelconque, 
où  les  animaux  pourraient  courir  toute  la  journée,  à  droite  et  à  gauche, 
je  crois,  dis-je,  que  nous  obtiendrions  un  meilleur  résultat. 

L'année  dernière,  nous  avons  essayé  trop  tard,  nos  animaux  étaient 
déjà  pris  de  la  maladie  ;  nous  n'avons  pu  conserver  que  ceux  qui  ont 
profité  de  l'espace  donné,  et  qui  depuis  sont  devenus  bien  plus  grands 
que  ceux  que  nous  avions  l'habitude  d'obtenir  jusqu'à  présent. 

—  M.  le  Secrétaii'e  général  rappelle  à  ce  sujet  qu'une 
opinion  absolument  conforme  à  celle  de  M.  Laloue  a  été 
émise,  il  y  a  déjà  longtemps,  par  M.  Gréput  : 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

Tout  récemment  encore,  dit  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  j'avais  l'hon- 
neur de  donner  communication  à  la  Société  d'un  mémoire  dans  lequel 
M.  Créput  expliquait  comment,  après  des  tâtonnements  nombreux,  après 
avoir  modifié  la  nourriture  de  plusieurs  façons,  il  est  arrivé  à  penser 
que  si  l'Autruche  était  prise  de  rachitisme  entre  quatre  et  huit  mois, 
ce  devait  être  manque  d'espace.  M.  Créput  a  mis  ses  jeunes  élèves  dans 
des  conditions  de  mouvement,  de  liberté  plus  importantes,  et  il  a  dé- 
claré avoir  obtenu  un  résultat  plus  considérable.  Il  avait  amené  à  bien 
son  élevage  entier  sans  plus  de  peine  que  pour  des  Poulets. 

Les  Autruches,  à  l'état  sauvage,  sont  obligées  de  déployer  une  acti- 
vité incessante  pour  chercher  leur  nourriture,  qui  est  très  clairsemée, 
sur  d'immenses  terrains.  Elles  font  de  grands  parcours  pour  se  saisir 
des  Lézards,  des  Insectes,  des  graines  dont  elles  font  leur  alimentation  ; 
il  leur  faut  faire  beaucoup  de  chemin  pour  trouver  ce  qui  est  néces- 
saire à  leur  pâture. 

M.  Laloue  est  donc  en  accord  parfait  avec  notre  collègue,  M.  Céput, 
sur  la  solution,  qui  semblerait  trouvée  aujourd'hui. 

—  M.  le  Président  demande  quel  est  l'espace  qu'il  con- 
vient de  donner  aux  Autruches  pour  qu'elles  soient  dans  de 
bonnes  conditions. 

—  M.  Laloue  répond  qu'un  espace  d'au  moins  4-00  à 
500  mètres  est  nécessaire  et  il  donne  à  ce  sujet  les  détails 
ci-après  : 

Dans  notre  établissement,  nous  leur  avons  donné  presque  un  hectare, 
dans  lequel,  au  lieu  d'avoir  du  sable,  nous  avons  fait  semer  de  laluzerne,  de 
l'orge,  des  graminées  quelconques.  L'animal  court  toujours  à  droite  et  à 
gauche  et  se  donne  de  l'exercice.  De  plus  il  mange  un  peu  toute  la 
journée,  sa  digestion  se  fait  graduellement.  Quand,  au  contraire,  on 
lui  apporte  sa  nourriture  une,  deux,  trois  fois  dans  la  journée,  c'est  in- 
suffisant. Ces  animaux  sont  très  gloutons;  ils  avalent  immédiatement  ce 
qu'on  leur  apporte.  Nous  en  avons  eu  plusieurs  qui  sont  morts  d'indi- 
gestion pour  avoir  trop  mangé.  Les  cailloux  sont  absolument  nécessai- 
res à  leur  existence.  En  Algérie,  lorsque  nous  avons  distribué  la  nour- 
riture, l'orge,  la  verdure,  etc.,  les  oiseaux  se  précipitent  vers  des  tas 
de  cailloux  qui  sont  mis  à  leur  disposition.  Ils  avalent  des  pierres  très 
grosses.  Ces  pierres  semblent  indispensables  à  leur  existence  ;  quand 
ils  n'en  ont  pas,  ils  souffrent.  Nous  en  avons  perdu  plusieurs  qui  ont 
péri  étouffés;  ils  n'avaient  pas  de  cailloux  dans  leur  gésier. 

—  M.   Raveret-Wattel    fait   une  communication  sur  les 


PROCÈS-VERBAUX.  283 

travaux  entrepris  au  laboratoire   d'agriculture  marine  de 
Flôdevig  (Norvège)  par  M.  le  capitaine  G.-M.  Dannevig. 

• —  M.  de  Barrau  de  Muratel  signale  l'arrivée  précoce  des 
Hirondelles  dans  le  Tarn.  Notre  collègue  a  vu  de  ces  oiseaux 
dès  le  i-4  mars  ;  à  la  vérité  le  temps  était  beau  et  chaud  depuis 
plusieurs  jours.  Le  58,  il  en  a  vu  trois  ensemble.  Peut-être 
formaient-elles  l'avant-garde  des  légions  qui  devaient  arriver  ; 
mais  M.  de  Barrau  de  Muratel  n'a  pas  pu  s'en  assurer,  étant 
parti  pour  Paris  le  30  mars.  Jamais,  ajoute  notre  collègue,  je 
n'avais  vu  d'Hirondelles  avant  les  premiers  jours  d'avril. 

—  M.  le  Président  estime  que  les  arrivages  d'Hirondelles 
ne  varient  guère  que  d'une  quinzaine  de  jours.  Les  observa- 
tions faites  à  ce  sujet  ont  permis  de  dresser  des  tables  des 
migrations. 

—  M.  de  Barrau  de  Muratel  se  demande  si  l'arrivée  précoce 
des  Hirondelles  serait  l'annonce  d'un  été  chaud  ;  lorsqu'il  a 
vu  ces  oiseaux,  le  thermomètre  oscillait  entre  45  et  20  degrés, 
ce  qui  est  une  température  très  suffisante  pour  les  Hiron- 
delles. 

—  M.  le  D'  Brocchi  fait  observer  que  ce  n'est  pas  parce  que 
l'on  aura  vu  deux  ou  trois  Hirondelles,  qu'on  peut  dire 
qu'elles  sont  arrivées.  Tous  les  ans,  un  certain  nombre  d'Hi- 
rondelles, pour  une  raison  quelconque,  ne  partent  pas  avec 
les  autres  ;  elles  hivernent,  elles  restent  dans  des  trous  et  elles 
profitent  des  beaux  jours.  On  en  voit  quelquefois,  en  plein 
hiver,  qui  sortent  quand  il  fait  beau  et  chaud. 

—  M.  Mailles  rappelle  que  les  premières  Hirondelles  arri- 
vent dans  les  environs  de  Paris  vers  le  21  mars  ;  ce  sont  des 
Hirondelles  de  cheminée.  Les  Hirondelles  de  fenêtre  n'arri- 
vent pas  avant  le  mois  d'avril. 

—  En  annonçant  l'arrivée  au  Jardin  d'acclimatation  de 
Chabins  et  de  Bœufs  nalos  du  Chili,  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire 
met  sous  les  yeux  de  l'assemblée  des  aquarelles  représentant 
ces  animaux.  Il  rappelle  que  les  Bœufs  natos  se  rencontrent 
dans  un  certain  nombre  de  provinces  de  l'Amérique  du  Sud. 
Cette  race  est  caractérisée  par  le  peu  de  longueur  des  jambes 
et  par  une  conformation  particulière  de  la  lêle  ;  le  maxillaire 


284  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

inférieur  est  beaucoup  plus  long  que  la  mâchoire  supérieure, 
de  sorte  que  les  dents  font  saillie,  absolument  comme  chez  le 
Chien  bouledogue.  En  Europe,  il  n'est  pas  rare  de  voir  naître 
des  Veaux  avec  cette  difformité,  qui,  devenue  héréditaire  et 
complètement  fixée  après  un  certain  nombre  de  générations, 
a  formé,  en  Amérique,  la  race  nata.  Chez  cette  race,  les  pro- 
portions de  la  tête  sont  singulièrement  modifiées.  Tandis  que, 
chez  notre  Bœuf  domestique,  l'œil  se  trouve  placé  à  peu  près 
aux  deux  tiers  supérieurs  de  la  tête  (c'est-à-dire  qu'en  divi- 
sant la  longueur  de  la  tête  en  trois  parties,  il  y  en  a  deux  au- 
dessous  de  l'œil  et  une  au-dessus),  chez  les  Bœufs  natos, 
l'œil  se  trouve  à  peu  près  à  égale  distance  du  sommet  de  la 
tête  et  de  l'extrémité  du  mufle.  Si  ces  animaux  sont  curieux, 
ils  ne  peuvent  rendre  aucun  service  particulier.  Leur  alimen- 
tation ne  se  fait  que  d'une  façon  défectueuse;  ils  ne  sauraient 
donc  être  recommandés  au  point  de  vue  de  la  multiplication 
dans  l'agriculture.  Au  Chili,  on  leur  trouve  un  avantage: 
celui  d'être  plus  faciles  à  tenir  enfermés  dans  les  clôtures, 
qu'ils|nefpeuvent  franchir  aisément  à  cause  de  leurs  jambes 
courtes. 

Quant  aux  Chabins,  ou  hybrides  féconds  du  Mouton  et  delà 
Chèvre,  leur  existence  a  souvent  été  niée.  L'arrivée  en  France 
de  spécimens  de  celte  race  présente  donc  de  l'intérêt.  Ces 
animaux  vont  être  soumis  à  M.  le  professeur  Sanson  et  seront, 
de  sa  part,  l'objet  d'un  rapport  dont  la  Société  recevra  com- 
munication. 

—  M.  Maurice  Girard  annonce  que  l'École  d'agriculture  de 
Grignon  vient  de  recevoir  également  trois  Chabins  :  un  mâle 
et  deux  femelles. 

—  M.  Daresle  rappelle  qu'il  y  a  une  vingtaine  d'années, 
étant  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Lille,  il  a  eu 
occasion  d'observer,  dans  une  localité  voisine  de  cette  ville, 
un  Veau  qui  présentait  tous  les  caractères  de  la  race  nata.  Un 
travail  publié  à  ce  sujet,  par  noire  collègue,  dans  le  Bulletin 
du  comice  agricole  de  Lille,  mentionnait,  avec  détails, 
l'existence  de?  Bœufs  natos  de  l'Amérique  du  Sud.  Mais 
quelques  personnes  contestèrent  l'existence  de  cette  race. 


PROCÈS-VERBAUX.  285 

L'arrivée  au  Jardin  d'acclimatation  des  aniniaux  qui  lui  ont 
été  expédiés  du  Chili,  vient  rendre  le  doute  impossible.  Au 
Mexique,  il  existait,  paraît-il,  une  race  de  Bœufs  natos  sans 
cornes. 

M.  Dareste  ajoute  que,  chez  nos  Bœufs  domestiques,  les 
naissances  de  sujets  présentant  cette  difformité  des  mâchoires 
n'est  nullement  rare.  Une  thèse,  récemment  publiée,  cite  de 
de  nombreuses  observations  recueillies  dans  le  département 
du  Pas-de-Calais.  Dans  presque  tous  les  cas,  la  déformation  de 
la  tête  était  accompagnée  d'autres  monstruosités  portant  sur 
différentes  parties  du  corps,  spécialement  sur  le  rectum  et 
sur  les  organes  génitaux. 

—  M.  le  Secrétaire  général  constate  qu'en  effet  presque 
tous  les  Veaux  qui  naissent  entachés  de  monstruosité  dans  la 
forme  de  la  tête,  présentent  d'autres  vices  de  conformation 
qui  en  rendraient  l'élevage  difficile. 

—  M.  Saint-Yves  Ménard  a  eu  occasion  d'examiner  un  Veau 
à  tête  de  bouledogue  qu'exhibait  un  bateleur.  Ce  Veau, 
auquel  la  conformation  de  ses  mâchoires  n'aurait  pas  permis 
de  teter,  avait  dû  être  allaité  artificiellement;  les  membres, 
fortement  incurvés  etd'une  très  grande  faiblesse,  ne  pouvaient 
porter  l'animal.  Chez  les  Bœufs  du  Chili  qui  viennent  d'ar- 
river au  Jardin  d'acclimatation,  les  membres  sont  droits,  bien 
conformés  et  seulement  un  peu  courts. 

Notre  confrère  saisit  cette  occasion  pour  rappeler  que  le 
Jardin  d'acclimatation  a  reçu  en  juillet  1883  une  Mule  arabe 
(Catherine) ,  accompagnée  d'une  jeune  Pouliche ,  sa  fille 
(Gonstantine),  née  en  mars  1873,  et  d'un  Cheval  barbe  (Caïd), 
son  étalon. 

Le  fait  d'une  Mule  fécondée  par  un  Clieval,  sans  être  nouveau,  dit 
M.  Ménard,  était  assez  rare  pour  attirer  l'attention  ;  et  ce  qui  frappait 
particulièrement,  c'était  la[^,vigueur  de  la  petite  Pouliche  qui  paraissait 
devoir  s'élever  très  facilement. 

Dans  les  exemples  de  reproduction  des  Mules  connues  jusqu'alors,  on 
remarque  une  sorte  de  gradation  de  la  fécondité.  Les  femelles  fécondées 
ont  été  peu  nombreuses  ;  souvent  elles  ont  avorté,  rarement  elles  ont 
donné  des  produits  viables,  et  c'est  très  exceptionnellement  que  ceux- 
ci  ont  pu  être  élevés  comme  des]^animaux  ordinaires. 


286  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Eh  bien,  Constantinea  pris  un  très  beau  développement,  elle  a  atteint 
la  taille  de  son  père,  l^jdb  environ,  et  elle  est  devenue  une  bêle  de 
service  remarquable. 

A  son  entrée  au  Jardin  d'acclimatation,  la  Mule  Catherine  était  encore 
pleine  du  même  Cheval.  En  avril  1874,  elle  a  donné  le  jour  à  une  se- 
conde Pouliche  (Hippone)  qui  s'est  développée  comme  sa  sœur  aînée, 
qui  a  fait  paire  avec  elle  à  la  voiture  et  qui  est  aujourd'hui  une  des 
meilleures  bêtes  de  selle  du  manège  du  Jardin  d'acclimatation. 

Ces  deux  produits  de  la  Mule,  qui  sont  trois  quai'ts  de  sang  Cheval, 
ressemblent  absolument  à  des  Chevaux,  l.es  personnes  non  prévenues 
les  considèrent  comme  tels  et  l'examen  le  plus  approfondi  des  carac- 
tères extérieurs  (oreilles,  crinière,  queue,  etc.)  ne  décèle  en  rien  le 
quart  de  sang  d'Ane.  Seul,  le  hennissement  présente  une  petite  différence 
avec  celui  du  Cheval. 

La  descendance  de  Catherine  ne  s'est  point  arrêtée  là.  Notre  Mule 
accouplée  avec  un  Ane  d'Egypte  a  donné  naissance  à  deux  sujets  mâles, 
Salem  en  juin  1875  et  Athman  en  janvier  1878.  Ce  sont  des  animaux 
d'une  vigueur  peu  commune,  d'une  grande  vitesse,  d'une  résistance  au 
travail  tout  à  fait  extraordinaire.  Chose  curieuse  !  ces  produits  trois 
quarts  de  sang  Ane,  que  l'on  pouvait  s'attendre  à  voir  rapprochés  du 
Cheval,  ressemblent  absolument  à  des  Mulets.  Toutes  les  personnes  qui 
les  voient  faire  le  service  de  ti-amw^ay  de  la  Porte  Maillot  au  Jardin 
d'acclimatation  les  prennent  pour  desjMulets.  Ils  ont  les  oreilles  demi- 
longues,  la  crinière  un  peu  courte  et  tombante,  la  queue  à  moitié  garnie 
de  crins  vers  le  haut  ;  leur  voix  tient  le  milieu  entre  le  hennissement 
et  le  braiment. 

Enfin  Catherine  a  été  représentée  à  son  premier  étalon  Caïd  ;  elle  a 
avorté  en  1879,  puis  elle  a  donné  en  juin  1881  un  cinquième  produit 
«  Kroumir  »  qui  ressemble  à  un  Cheval  comme  Constantine  et  Hippone, 
qui  commence  à  travailler  et  qui  promet  de  ne  le  céder  en  rien  à  ses 
frères  et  sœurs  sous  le  rapport  de  la  bonne  constitution  et  de  l'énergie. 

Ces  animaux  présentent  un  réel  intérêt  scientifique  et  peuvent  éclai- 
rer plusieurs  points  de  la  question  de  l'hybridation. 

Us  démontrent  tout  à  la  fois  et  la  rapidité,  en  certains  cas,  du  retour  à 
l'espèce  qui  intervient  à  la  seconde  génération  (Constantine,  Hippone, 
Kroumir),  et  l'irrégularité  de  ce  retour  (Salem  et  Alman). 

Nous  avons  voulu  nous  rendre  compte  de  la  fécondité  des  enfants  de 
la  Mule. 

Accouplée  avec  Caïd,  puis  avec  un  Cheval  japonais,  «  Nippon  »,  Cons- 
tantine a  été  pleine  deux  fois,  et  les  deux  fois  en  1871  ;  puis  en  mars 
1886,  elle  a  mis  bas  à  terme,  mais  elle  a  eu  des  produits  chétifs,  inca- 
pables de  se  porter,  hors  d'état  de  vivre.  Ces  produits  avaient  tous  les 
caractères  du  Cheval. 

Hippone,  saillie  par  le  même  étalon  japonais,  sujet  très  vigoureux. 


PROCÈS-VERBAUX.  287 

a  été  pleine  également  et  a  eu  en  août  1882  un  produit  débile  sem- 
blable aux  précédents,  qu'elle  n'a  pas  élevé. 

Quand  à  Salem,  il  a  sailli  plusieurs  juments  sans  résultats  ;  cela  donne 
une  présomption  de  son  infécondité.  Nous  n'en  pouvons  pas  dire  da- 
vantage. 

—  M.  le  Sécrétai l'e  général  fait  remarquer  à  cette  occasion 
que,  chez  les  animaux  hybrides,  l'infécondilé  des  mâles  est  si- 
non générale,  au  moins  très  fréquente.  C'est  ainsi,  par  exemple, 
que  dans  les  divers  croisements  qui  ont  été  faits  en  Europe, 
de  l'Yack  avec  le  Bœuf  ordinaire  et  avec  le  Zébu,  les  femelles 
hybrides  se  sont  toujours  montrées  d'une  fécondité  extraordi- 
naire, tandis  que  jamais  les  mâles  n'ont  pu  être  employés 
comme  étalons. 

—  M.  Raveret-Wattel  rappelle  que,  dans  les  essais  de  croi- 
sements faits  à  Halle,  par  M.  le  pi^ofesseur  Kûhn,  entre  le 
Gayal  de  l'Inde  (Bibos  frontalis)  et  le  Bœuf  domestique,  les 
produits  femelles  se  sont  toujours  montrés  féconds  ;  les  sujets 
mâles,  au  contraire,  n'ont,  jusqu'à  ce  jour,  donné  aucun 
produit,  pas  plus  avec  des  femelles  d'une  des  deux  espèces 
souches  qu'avec  des  Vaches  hybrides  comme  eux. 

Des  faits  analogues  ont  été  observés  chez  les  Poissons.  De 
nombimix  essais  de  croisements  ont  eu  lieu,  dans  ces  der- 
nières années,  entre  diverses  espèces  de  Salmonidés  ;  parmi 
les  produits  obtenus,  on  trouve  fréquemment  des  femelles 
donnant  des  œufs,  tandis  qu'il  est  très  rare,  au  contraire,  de 
rencontrer  des  mâles  dont  la  laitance  renferme  des  sperma- 
tozoïdes. 

—  M.  le  Président  demande  s'il  y  a  quelque  chose  de  fondé 
dans  l'opinion,  assez  répandue  dans  les  campagnes,  que, 
quand  une  Jument  a  été  saillie  par  un  Ane  et  qu'elle  a  donné 
naissance  à  un  Mulet,  si  elle  est  ensuite  saillie  par  un  Cheval, 
le  nouveau  produit  obtenu  tient  toujours  un  peu  du  Mulet. 

—  M.  Dareste  rappelle  qu'un  fait  analogue  a  été  raconté  au 
sujet  d'une  Jument  qui  aurait  été  fécondée  une  première  fois 
par  un  Zèbre,  et  dont,  ultérieurement,  les  produits  se  seraient 
toujours  i^essentis  de  cette  union  ;  mais  ce .  l'ait  a  été  très 
sérieusement  contesté. 


288  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

—  M.  Saint-Yves  Ménard  dit  que,  dans  les  campagnes,  où 
cette  influence  du  mâle  est  généralement  admise,  on  a  donné 
le  nom  de  Chevaux-Mulets  aux  produits  d'une  Jument  qui  a 
été  une  première  fois  saillie  par  un  Ane.  Dans  les  essais  de 
croisements  faits  au  Jardin  d'acclimatation,  une  femelle  de 
Daw,  qui,  après  avoir  été  couverte  deux  fois  par  un  Cheval, 
avait  été  donnée  à  un  mâle  de  son  espèce,  aurait  pu  fournir 
d'intéressants  éléments  d'observation  sur  la  question  ;  mal- 
heureusement, le  sujet  est  mort  avant  que  le  fœtus  ait  ses 
zébrures  dessinées. 

—  iM.  Geoffroy  Saint-Hilaire  fait  connaître  que  cette  expé- 
rience va  pouvoir  être  reprise  avec  une  femelle  de  Daw,  qui 
se  trouve  en  ce  moment  au  Jardin  zoologique  de  Marseille. 

Le  Secrétaire  des  séances, 
G.  Raveret-Wattel. 


IHIV 


If  • 


III.   EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES  SECTIONS. 


PREMIERE  SECTION. 

SÉANCE   DU  2   MARS   1886. 
Présidence  de  M.  Decroix,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Cretté  de  Palluel  déclare  qu'il  a  essayé,  à  plusieurs  reprises 
d'obtenir  des  Léporides,  en  formant  des  couples  de  Lapins  et  de  Hases; 
mais  le  résultat  a  toujours  été  négatif. 

M.  le  Président  pense  qu'il  serait  utile  que  des  tentatives  de  ce  genre 
fussent  reprises,  avec  des  couples  Lièvres  et  Lapines. 

M.  Cretté  de  Palluel  répond  qu'il  n'est  plus  à  même  de  se  livrer  à 
des  expériences  semblables. 

M.  Joly  dit  qu'il  a  eu  de  ces  ménages  Lièvres-Lapines,  et  qu'aucun 
produit  n'a  été  obtenu. 

M.  Cretté  de  Palluel  signale  les  hybrides  de  Chardonnerets  et  de  Se- 
rines; ces  hybrides  s'obtiennent  difficilement,  et  il  faut,  le  plus  sou- 
vent, former  un  grand  nombre  de  couples  pour  réussir  avec  un  ou 
deux. 

M.  Mailles  fait  observer  qu'en  général  les  oiseaux  donnent  plus 
facilement  des  produits  hybrides  que  les  mammifères,  puisque  l'on  ob- 
tient de  ces  reproductions  non  seulement  d'espèces  appartenant  au 
même  genre,  mais  aussi  à  des  genres  différents  ;  tandis  que  les  mam- 
mifères, surtout  les  petits,  et  notamment  les  rongeurs,  se  montrent 
rebelles  aux  croisements  entre  espèces  distinctes,  quoique  du  même 
genre;  les  grandes  espèces,  surtout  les  ruminants  et  les  solipèdes, 
donnent  plus  aisément  de  ces  produits. 

M.  Huet  cite  les  hybrides  de  Faisans  de  diverses  espèces  et  même  de 
divers  genres,  et  ceux  obtenus  de  l'union  du  Coq  faisan  et  de  la  Poule 
domestique.  On  peut  voir  de  ces  différents  produits  à  la  Ménagerie  et 
au  Jardin  d'Acclimatation. 

■  M.  Berthoule  donne  ensuite  lecture  d'une  lettre  de  M.  Egal,  dans 
laquelle  notre  collègue  déclare  ne  posséder  que  des  Léporides  3/i  sang 
Lièvre;  M.  Egal  offre,  en  même  temps,  quelques-uns  de  ces  animaux 
à  la  Société,  offre  que  la  section  accepte  avec  reconnaissance. 

M.  Mailles  propose  qu'une  note  soit  insérée  dans  la  Chronique,  dans 
le  but  d'obtenir  des  renseignements  sur  l'état  actuel  de  la  colonie  des 
Dipodillus  Simoni  (Lataste). 

M.  Decroix  déclare  s'intéresser  méJiocrcment  à  ce  petit  rongeur;  s'il 

4"  SÉRIE,  T.  III.  —  Mai  1886.  19 


290  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

appuie  la  proposition  de  M.  Mailles,  c'est  uniquement  parce  qu'il  s'agit 
d'une  expérience  intéressante,  dont  le  but  est  de  suivre  les  modifica- 
tions  successives  que    pourra  subir,  par  l'effet  de   la  domesticité,  le 
petit  animal. 
31ise  aux  voix,  la  proposition  est  adoptée. 

Le  Secrétaire, 

GH.    3IAILLES. 


DEUXIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU  2   MARS   1886. 
Présidence   de    M.   HuET. 

Lecture  du  procès-verbal,  qui  est  adopté. 

M.  Gretté  de  Palluel  rappelle  que,  dans  une  séance  de  l'année  der- 
nière, il  avait  été  amené  à  parler  de  la  mue  des  oiseaux;  cette  commu- 
nication lui  valut  une  lettre  de  M.  Rogeron,  lettre  dans  laquelle 
M.  Rogeron  se  sert  d'expressions  qu'il  ne  peut  accepter, 

MM.  Huet,  Joly  et  plusieurs  membres  de  la  section  confirment  ces 
paroles 

M.  Gretté  de  Palluel,  à  la  demande  de  la  section,  veut  bien  promettre 
de  donner  dans  une  procbaine  séance  un  rapport  sur  ce  sujet. 

M.  Huet  donne  lecture  d'un  rapport  sur  un  mémoire  de  M.  des  Murs,, 
sur  une  exposition  d'un  système  unique  de  classification  en  zoologie, 
spécialement  pour  l'ornithologie. 

Dans  cette  notice,  M.  des  Murs  émet  le  vœu  que  l'on  change  la  mé- 
thode de  classification  des  êtres  qui  depuis  les  premiers  auteurs  sont 
classés  des  plus  parfaits  aux  plus  dégradés. 

M.  des  Murs  propose  au  contraire,  rappelant  en  cela  les  idées  de 
Schaeffer,  Lamarck,  Lesson  et  Reichenback,  de  commencer  par  les  êtres 
les  plus  inférieurs,  pour  terminer  par  les  plus  élevés  comme  organisa- 
tion. 

De  plus  M.  des  Murs  se  demande  s'il  n'y  aurait  pas  lieu  d'instituer 
deux  ordres  de  plus  dans  la  classe  des  oiseaux  : 

Parmi  les  Nageurs,  l'ordre  des  Manchots  ; 

Parmi  les  Gallinacés,  celui  des  Mégapodes. 

Enfin  M.  des  Murs  exprime  le  vœu  que  la  Société  prenne  l'initiative,  en 
cette  occasion,  pour  formuler  une  proposition  dans  ce  sens,  et  croit  que 
cette  initiative  prise  par  elle  ferait  prendre  en  considération  cette  pro- 


PROCÈS-VERBAUX.  291 

position,  qui  rendrait  plus  logique  et  plus  rationnel  l'enseignement 
officiel  des  sciences  naturelles  et  aiderait  au  progrès  de  l'instruction 
publique.  ,  • 

Le  Secrétaire, 

E.    JOLY. 


TROISIEME  SECTION. 

SÉANCE    DU     10    MARS    1886. 
Présidence  de  M.  Vaillant. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

M.  Berthoule  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Lefebvre,  dans  laquelle 
il  est  fait  mention  de  la  présence  de  Saumons  dans  les  eaux  de  la  vieille 
Somme.  M.  Lefebvre  ajoute  que  ses  essais  d'élevage  de  Salmonidés  ont 
été  contrariés  par  un  accident  survenu  à  la  vésicule,  qui  était  double 
chez  un  grand  nombre  d'alevins. 

M.  Berthoule  pense  qu'il  s'agit  de  fragments  d'enveloppe  d'œufs  restés 
fixés  contre  la  vésicule,  ce  qui  a  pu  induire  M.  Lefebvre  en  erreur  ; 
iM.  Berthoule  ajoute  que  cette  particularité  s'observe  assez  souvent. 

M.  Rathelot  déclare  qu'il  n'a  jamais  constaté  la  présence  de  fragments 
d'œufs  restés  ainsi  fixés;  mais  notre  collègue  croit  que  M.  Lefebvre  ne 
commet  pas  d'erreur  en  signalant  le  fait  d'une  épidémie  ayant  pour 
caractère  apparent  le  dédoublement  de  la  vésicule.  M.  Rathelot  a  pu 
observer  fréquemment  cet  accident  pathologique. 

M.  le  comte  d'Esterno  entretient  la  section  au  sujet  des  ophidiens  de 
son  département  et  d'un  Saurien  apode,  l'Orvet.  Mais  les  paysans  de 
cette  contrée  croient  à  l'existence  d'une  Vipère  pourvue  de  deux  pattes. 
Renseignements  pris,  M.  d'Esterno  a  reconnu  qu'il  s'agit  simplement  de 
Vipères  ordinaires  qui,  sous  l'influence  d'une  souffrance  vive,  ont  projeté 
extérieurement  leurs  appareils  reproducteurs,  internes  lorsqu'ils  sont  au 
repos  et  garnis  d'appendices  épineux. 

M.  Vaillant  dit  que  ce  sont  les  pénis,  doubles  chez  ces  animaux,  qui 
sont  garnis  d'épines. 

M.  le  D'  Brocchi  entretient  la  section  au  sujet  de  la  reproduction  de  la 
grande  Lamproie.  Ce  poisson  étant  vivipare,  il  est  évident  qu'il  y  a  un 
véritable  accouplement,  comme  l'a  dit  M.  Léon  Fairy. 

M.  Vaillant  appuie  celte  opinion. 

M.  Raveret-Wattel  pense  qu'il  serait  intéressant  de  se  procurer  de  ces 
Lamproies  et  de  faire  de  nouvelles  observations  à  ce  sujet. 

La  section  s'occupe  ensuite  de  la  reproduction  de  l'Anguille.  Rien  de 
certain  n'a  encore  été  découvert  sur  ce  point. 


292  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

M.  Berthoule  donne  lecture  d'une  lettre  par  laquelle  M.  Vidal  déclare 
ne  pouvoir  accepter  la  continuation  de  ses  fonctions  de  secrétaire  de  la 
troisième  section.  , 

En  conséquence,  il  est  procédé  à  de  nouvelles  élections,  pour  la  no- 
mination d'un  Secrétaire,  d'un  Vice-Secrétaire,  et  du  Délégué  aux  ré- 
compenses, pour  la  continuation  de  la  présente  session. 

Sont  nommés  à  la  majorité  : 

Secrétaire  :  M.  Mailles. 

Vice-Secrétaire  :  M.  Cloquet. 

Délégué  aux  récompenses  :  M.  Berthoule. 

Le  Secrétaire, 
Gh.  Mailles. 


QUATRIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU   16   MARS   1886. 
Présidence  de  M.  Maurice  Girard,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Mailles  lit  l'extrait  suivant  d'un  travail  de  M.  Williston  sur  un 
Diptère  comestible  : 

«  Grâce  à  la  bonté  des  professeurs  G. -F.  Brush  et  S.-J.  Smith,  j'ai 
reçu  dernièrement  une  grande  quantité  de  larves  d'un  Diptère,  inté- 
ressantes, et  parce  qu'elles  habitent  des  eaux  très  alcalines,  et  parce 
qu'elles  servent  à  l'alimentation  de  l'homme,  ce  qui  est  un  fait  unique, 
à  ma  connaissance,  concernant  cette  famille  d'insectes.  Ces  spécimens, 
appartenant  au  genre  Ephydra,  proviennent  des  lacs  qui  se  trouvent 
près  de  Ragtown  (Nevada).  Arnold  Hague  donne  une  description  du  plus 
grand  de  ces  lacs.  La  teinte  des  eaux  en  est  bleu  clair;  cet  étang  n'a 
pas  de  déversoir,  et  est  alimenté  par  une  source  d'eau  très  fraîche.  Les 
eaux  sont  fortement  alcalines  et  si  denses  qu'un  corps  humain  flotte  à  la 
surface,  et,  après  un  séjour  prolongé  dans  cette  eau,  la  peau  du  cadavre 
est  couverte  d'un  épais  enduit  blanc. 

»  On  supposerait  qu'aucun  être  ne  peut  vivre  dans  ce  lac.  Cependant, 
à  certaines  époques,  il  s'y  trouve  de  grandes  quantités  de  larves  d'une 
petite  Mouche  que  les  Indiens  Pah-Ute  font  sécher  et  pulvérisent  en  une 
sorte  de  farine. 

»  En  comparant  ces  larves  avec  celles  que  le  professeur  Silliman 
avait  récollées  dans  le  lac  Mono,  je  ne  trouvai  aucune  différence  entre 
elles,  au  moins  en  apparence;  et,  de  plus,  les  eaux  du  Mono,  d'après  la 
description  du  professeur  W.-H.  Brewer,  sont  à  peu  près  de  la  nature 
de  celles  dont  j'ai  parlé,  et,  comme  ces  dernières,  habitées  seulement 


PROCÈS-VERBAUX.  293 

parées  larves.  Les  Indiens  de  la  région  les  mangent  également.  Il  est 
donc  1res  probable  que  les  Diptères  des  lacs  de  l'Ouest  et  du  lac  Mano 
sont  identiques  et  appartiennent  à  l'espèce  Californica  {Ephydra  Cali- 
fornica  Pack).  D'ailleurs  ce  genre  renferme  plusieurs  espèces  voisines 
entre  elles  et  vivant  dans  des  conditions  analogues,  tels  que  les  Ephydra 
subopaca  Lœw,  halophila  Pack,  gracilis  Pack,  et  VEphydra  Mans 
Say,  des  environs  de  Mexico,  où  la  larve  vit  dans  des  eaux  également 
alcalines.  » 

M.  le  Président  fait  remarquer  que  le  genre  Ephydra  existe  aussi 
dans  les  eaux  de  France. 

M.  Fallou  annonce  que  le  Conseil  a  écrit  au  P.  Camboué  pour  lui  de- 
mander des  renseignements;  le  P.  Camboué  annonce,  du  reste,  qu'il  va 
étudier  les  espèces  du  genre  Borocera  qui  vivent  à  Madagascar. 

M.  Fallou  présente  à  la  section  des  cocons  de  Theophila  mandarina, 
Ver  à  soie  du  Miîrier,  qui  lui  ont  été  gracieusement  envoyés  par  le  Pré- 
sident du  Laboratoire  d'étude  de  la  soie  à  Lyon. 

Ces  Cocons  proviennent  de  la  province  de  Kianson  (Chine),  sur  la  rive 
occidentale  du  lac  Taï-Hou,  oîx  ils  ont  été  récoltés  sur  les  Mûriers  en 
très  grande  quantité  à  l'état  sauvage. 

M.  Fallou  promet  pour  la  séance  prochaine  une  note  détaillée  sur  ce 
Theophila,  dont  il  a  aussi  reçu  des  papillons  qu'il  compte  préparer  et 
soumettre  à  la  Société. 

M.  Fallou  présente  également  des  Cocons  de  Caligula  Suraka,  Sa- 
turnia  Japonica,  S.  Diana  et  S.  Jankowskii. 

D'après  M.  Rondot,  l'industrie  emploie  déjà,  malgré  sa  grossièreté,  le 
cocon  de  S.  Japonica,  dont  la  larve  vivrait  sur  un  Châtaignier. 

M.  l'Agent  général  signale  à  la  section  une  Monographie  du  Tussore 
et  d'autres  Soies  sauvages  de  l'Inde,  qui  a  paru  cà  l'occasion  de  l'Expo- 
sition universelle  de  1878.  Ce  travail,  dû  à  M.  Thomas  Wardle,  contient 
un  certain  nombre  de  renseignements  intéressants,  notamment  en  ce 
qui  concerne  l'alimentation  des  divers  séricigènes  des  Indes. 

M.  J.  Grisard  fait  en  outre  remarquer  qu'il  existe  une  grande  ana- 
logie entre  le  T.'  mandarina,  signalé  par  M.  Fallou,  et  le  Bombyx 
texta  dont  parle  M.  Wardle  dans  sa  brochure.  Il  pourrait  fort  bien  se 
faire  que  l'on  eût  affaire  à  une  seule  et  même  espèce. 

M.  le  Président  fait  remarquer  à  cette  occasion  que  l'éducation  du 
Cynthia  vera  fut  entreprise  d'abord  à  la  Société  d'Acclimatation  et  en- 
suite à  la  Ménagerie  des  Reptiles  au  Muséum  par  M.  Vallée. 

M.  Fallou  annonce  la  découverte  d'une  nouvelle  espèce  d'Attacus 
{A.  Wagner i),  sur  laquelle  il  n'y  a  pas  encore  de  renseignements  suf- 
fisants. 

Le  Secrétaire, 

M.  SÉDILLOT. 


294-  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

CINQUIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU  23   MARS    1886. 
Présidence  de  M.  Paillieux,  vice-président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

M.  Paillieux  rappelle  à  la  section  qu'il  a  publié  en  1879,  en  collabo- 
ration avec  M.  Bois,  sous  le  titre  de  Nouveaux  légumes  (Vhiver,  un 
opuscule  sur  divers  étiolats  de  plantes  qui  ne  sont  pas  ordinairement 
employées  dans  l'alimentation.  Ces  essais  d'étiolement  avaient  été  ac- 
cueillis avec  un  intérêt  dont  ces  messieurs  avaient  reçu  de  nombreux 
témoignages. 

Dans  la  Société  d'horticulture,  le  rapporteur  de  la  Commission  des 
récompenses  disait,  le  26  novembre  1880  :  «MM.  Paillieux  et  Bois  ont 
fait  hommage  à  la  Société  d'un  petit  livre  intitulé  :  Nouveaux  légumes 
(V hiver,  dans  lequel  ils  ont  consigné  les  résultats  de  leurs  expériences 
faites  en  vue  de  modifier  par  l'étiolement  la  saveur  et  la  consistance 
d'une  centaine  de  plantes,  dans  l'espoir  de  les  rendre  alimentaires.  Ce 
travail,  de  tous  points  intéressant,  a  été  l'objet  de  deux  rapports  égale- _ 
ment  favorables,  et  dus,  l'un  à  M.  Siray,  l'autre  à  M.  Ed.  Prillieux. 
Saisie  de  ces  rapports  par  un  vote  de  la  Société,  et  partageant  la  bonne 
opinion  qui  y  est  exprimée  sur  le  livre  de  MM.  Paillieux  et  Bois,  la  Com- 
mission des  récompenses  accorde  aux  deux  auteurs  une  médaille  d'ar- 
gent. » 

En  cette  même  année  1880,  M.  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  au  nom  de 
votre  Commission  des  récompenses,  disait  à  son  tour  :  «  MM.  Paillieux 
et  Bois,  dans  un  ouvrage  consciencieux,  ont  fait  connaître  leurs  essais 
pour  rendre  comestibles  par  l'étiolement  divers  végétaux  qui  ne  sont 
pas  ordinairement  employés  dans  la  consommation.  Ces  messieurs  ont 
démontré  qu'un  certain  nombre  d'espèces,  cultivées  d'une  façon  rai- 
sonnée,  pouva.'ent  devenir  de  bons  légumes  d'hiver.  MM.  Paillieux  et 
Bois  continueront  leurs  expériences;  la  Société  récompense  d'une  mé- 
daille de  première  classe  les  résultats  obtenus.  » 

MM.  Paillieux  et  Bois  ne  s'étaient  pas  bornés  à  écrire,  ils  avaient 
exposé,  hors  concours,  au  Concours  général  agricole  de  1880,  un  grand 
nombre  d'étiolats  fort  remarqués.  L'exemple  était  donné. 

«  De  timides  essais,  dit  M.  Paillieux,  ont  suivi;  mais  enfin,  cette 
année,  une  magnifique  exposition  de  plantes  étiolées  vient  d'obtenir 
une  médaille  d'or  au  Concours  général  agricole;  vous  comprendrez 
tout  le  plaisir  que  j'ai  eu  à  l'admirer. 

3)  L'exposant,  M.  H.  Buisson,  cultivateur  à  Montreuil-sous-Bois,  m'a 
remis  la  liste  de  ses  étiolats,  ainsi  composée  : 


PROCÈS-VERBAUX.  295 


Chicorée  de  Bruxelles,  à  grosse  racine 
(à  café),  Witloof  des  Belges. 

Chicorée  de  Magdebourg,  à  grosse 
racine  (à  café). 

Chicorée  de  Brunswick,  à  grosse  ra- 
cine (à  café). 

Chicorée  sauvage  d'Italie,  à  feuille 
rouge. 

Chicorée  sauvage  panachée. 

Scorsonère. 


Scolyme  d'Espagne. 

Bardane  du  Japon  {Lappa  edulis). 

Bardane  sauvage. 

Bon  Henri. 

Pissenlit  à  cœur  plein. 

Pissenlit  très  hàtif. 

Pissenlit  commun. 

Raifort. 

Cerfeuil  musqué. 

Crambé. 


Salsifis.  j  Etc.,  etc. 

•  »  Toutes  les  Chicorées  exposées  étaient  superbes.  Les  variétés  à 
feuilles  rouges  ou  panachées  forment  la  meilleure  et  la  plus  jolie  salade 
qui  puisse  être  servie  sur  une  table. 

»  J'ai  remarqué  les  variétés  de  Pissenlit,  qui  rivalisent  avec  les  Chi- 
corées; le  Salsifis,  le  Raifort,  le  Cerfeuil  musqué,  auquel  j'attache  de 
l'importance  ;  le  Scolyme  d'Espagne,  qui  était  très  beau. 

î  J'aurais  voulu  trouver,  dans  l'exposition  de  M.  Buisson,  le  Witloof 
pommé,  pour  lequel  nous  sommes  encore  tributaires  des  Belges;  les 
pousses  des  vieux  pieds  d'Artichaut,  que  nos  pères  estimaient  beaucoup, 
qu'ils  préféraient  même  au  Cardon,  et  qu'on  obtient  facilement  des 
vieux  pieds,  aujourd'hui  jetés  et  perdus. 

»  Le  Crambé  exposé  était  bien  venu,  et  j'appelle  de  nouveau  votre 
attention  sur  ce  légume  trop  négligé,  que  nos  marchands  de  comestibles 
font  souvent  venir  d'Angleterre,  et  dont  la  culture  est  facile. 

»  Les  Nouveaux  légumes  d'hiver  n'ont  pas  été  publiés  par  la  Société 
d'Acclimatation,  et  la  plupart  d'entre  vous  ne  connaissent  pas  la  leçon 
de  botanique  du  professeur  Henri  Lecoq,  intitulée:  Note  sur  deux  cents 
légumes  nouveaux,  qui  a  inspiré  notre  petit  livre  et  lui  sert  de  préface. 
^»  Cette  note  est  extrêmement  curieuse  et  instructive;  elle  est  le  point 
de  départ  de  tous  les  progrès  que  pourra  faire  l'industrie  de  l'étiolement. 

»  Une  erreur  s'est  glissée  dans  le  compte  rendu  de  nos  essais,  2*  série. 
Nous  avons  donné  à  VAralia  raccmosa  le  nom  à'Aralia  esculenta. 
La  méprise  est  grave.  Je  fais  de  grands  efforts  pour  acquérir  la  seconde 
de  ces  plantes.  Ils  seraient  vains  sans  l'inépuisable  obligeance  de  la 
maison  Vilmorin. 

s  J'ai  reçu  d'elle  des  graines  qui  n'ont  rien  produit,  parce  que  les 
graines  des  Aralia  perdent  très  promptement  leur  propriété  germina- 
tive  et  qtt'il  y  a  loin  de  Yokohama  à  Paris.  J'ai  reçu  plus  récemment,  de 
la  même  maison,  du  plant  que  j'ai  mal  cultivé.  Quelques  pieds  sont-ils 
sauvés?  Je  l'espère. 

»  J'attache  une  grande  importance  à  l'acquisition  de  l'Aralia  comes- 
tible, qui,  sous  le  noni  de  Oudô,  tient  au  Japon  une  place  notable  dans 
la  consommation.  » 

M.  Paillieux  entretient  ensuite  la  section  des  ravages  que  fait  l'Altise 


296  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

dans  les  plantations  de  Crucifères.  Dans  le  territoire  de  Crosnes,  les 
Choux,  les  Radis,  les  Cressons,  sont  littéralement  dévorés.  Au  mois 
d'août,  notre  confrère  ne  peut  cultiver  ni  la  Moutarde  tubéreuse  ni 
le  Daïkon.  Les  jeunes  plantes  ne  peuvent  pas  même  se  montrer,  et, 
lorsqu'il  s'agit  de  faire  un  nouveau  semis,  il  est  trop  tard. 

Un  remède  ou  un  palliatif  des  insectes  a  été  proposé  dernièrement 
par  la  section  d'insectologie.  La  naphtaline,  paraît-il,  fait  fuir  l'Altise 
sans  nuire  aux  plantes.  11  est  désirable  de  l'essayer. 

«  Je  le  ferai  pour  ma  part,  dit  M.  Paillieux;  mais  je  désire  que  plu- 
sieurs de  mes  confrères  expérimentent  en  même  temps  cette  matière,  et 
veuillent  bien  nous  rendre  compte  des  résultats  qu'ils  auront  obtenus. 
Je  mets  donc  à  la  disposition  des  amateurs  de  bonne  volonté  dix  paquets 
d'un  kilogramme  de  naphtaline.  J'espère  que  dix  personnes  consentiront 
à  envoyer  chercher  de  ces  paquets  et  à  en  répandre  le  contenu  sur  les 
Crucifères  de  leur  culture. 

»  On  mêle  la  naphtaline  à  du  sable,  et  l'on  répand  ce  mélange  sur 
le  sol.  » 

M.  Hédiard  donne  quelques  détails  sur  la  production  et  la  culture  de 
l'Endive  dans  les  départements  du  Nord. 

M.  le  Président  fait  remarquer  que  non  seulement  cette  plante  donne 
une  salade  appréciée,  mais  encore  que  l'on  peut  en  utiliser  les  feuilles 
pour  les  manger  cuites. 

M.  Marquiset  dit  que  si  l'on  pousse  à  la  production  des  feuilles,  la 
racine  de  la  Chicorée  à  café  donne  des  produits  très  inférieurs  et  perd 
40  pour  100  de  sa  valeur. 

M.  Hathelot  ajoute  que  ces  Chicorées  épuisées  sont  colorées  artificiel- 
lement et  vendues  néanmoins  comme  étant  de  bonne  qualité. 

M.  Hédiard  distribue  :  i°  des  semences  d'un  Haricot  originaire  de 
l'Inde,  qu'il  a  nommé  Haricot  Saint-Ciboire.  C'est  une  espèce  naine,  très 
productive;  on  la  mange  en  vert;  2"  des  graines  de  Carabassette  du 
Pérou,  provenant  de  fruits  récoltés  en  Algérie  ;  3°  des  bulbilles  d'Igname; 
4»  des  graines  de  3Ielon  de  Valence. 

Revenant  sur  l'Altise,  M.  Chappellier  dit  que,  dans  le  Midi,  cet  insecte 
fait  un  tort  énorme  à  la  Vigne.  On  le  détruit  en  secouant  les  branches 
dans  une  sorte  d'ombrelle  renversée,  qui  porte  à  son  extrémité  un  en- 
tonnoir terminé  par  un  sac  qui  recueille  ainsi  tous  les  insectes. 

M.  Marquiset  présente  des  échantillons  de  papier  de  Kuzu.  A  ce  pro- 
pos, M.  Ralhelot  dit  qu'il  a  essayé  le  tissage  des  tiges  de  Houblon;  et  qu'il 
en  a  obtenu  un  fil  extrêmement  solide. 

Le  Secrétaire , 

Jules  Grisard. 


IV.   FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE. 


Pêcheries  aux  iles  Loffoden. 

La  Société  de  géographie  commerciale  a  clos  le  carême  (séance  du 
20  avril)  avec  le  plus  grand  à-propos,  par  une  humoristi(}ue  commu- 
nication de  M.  Rabot  sur  les  pêcheries  de  Harengs  et  de  Morues  en 
Laponie.  Dans  ces  contrées  déshéritées  qu'éclairent  timidement  les 
pâles  rayons  d'un  soleil  sans  chaleur,  que  les  glaces  abandonnent 
comme  à  regret,  quelques  semaines  à  peine,  dans  lesquelles,  par  con- 
séquent, la  nature  est  sans  vie  et  la  terre  sans  printemps,  l'indigène 
n'a  d'autres  domaines  que  la  mer  et  ses  fjords;  aussi  les  exploite-t-il 
avec  une  infatigable  ardeur;  tous,  hommes,  femmes,  enfants,  travaillent 
avec  courage,  les  uns  bravement  à  la  lame,  les  autres  sur  le  rivage. 

Les  Harengs  se  montrent  au  printemps  et  en  automne,  ils  envahissent 
les  fjords  par  bancs  serrés  et  innombrables  ;  le  télégraphe  signale  leur 
arrivée  sur  tous  les  points  de  la  côte,  et  aussitôt  tous  les  hommes  valides 
prennent  la  mer,  les  filets  sont  jetés  à  l'eau,  ils  se  rompent  sous  le  poids 
du  poisson,  et  l'on  a  souvent,  alors,  le  spectacle  de  nouvelles  pêches 
miraculeuses.  On  estime  à  900  000  livres  la  quantité  moyenne  prise 
chaque  année  dans  ces  parages. 

La  pêche  de  la  Morue  est  plus  importante  encore  ;  elle  absorbe  et  fait 
vivre  une  population  de  25  000  individus,  Suédois,  Russes  ou  Lapons. 
La  saison  venue,  ces  intrépides  marins  s'aventurent  au  large,  sans  se 
soucier  de  la  tempête  si  redoutable  dans  ces  mers,  aux  abords  des  îles 
Loffoden.  Leurs  embarcations  très  petites,  gréées  d'une  simple  voile 
carrée,  ne  sont  pas  même  pontées;  elles  tiennent  mal  la  mer  et  chavi- 
rent souvent  à  la  lame  ;  mais  les  braves  gens,  sans  s'émouvoir  beaucoup 
de  ces  accidents  trop  fréquents,  se  tiennent  accrochés  à  leur  chaloupe 
renversée  et  attendent  patiemment  le  secours  de  quelqu'un  des  leurs. 
Cette  pêche  est  très  productive;  on  prend,  bon  an  mal  an,  sur  ces  côtes, 
cinquante  millions  de  Morues,  d'une  valeur  de  15  à  20  millions  de  francs. 
Aussitôt  déposés  au  port,  les  poissons  sont  dépecés,  les  uns  sont  salés 
(salt-fisli),  les  autres  accrochés,  pour  être  séchés,  à  des  forêts  de  mâts 
sur  le  rivage  (stock-fish).  On  les  exporte  bientôt  sur  tous  les  ports  du 
globe.  Les  têtes,  bouillies  et  mêlées  à  quelques  maigres  herbes,  servent 
à  la  nourriture  du  bétail  :  les  foies  produisent  l'huile  si  précieuse  que, 
trop  souvent  malheureusement,  on  mélange  à  l'huile  de  baleine;  enfin, 
les  débris  de  toute  nature  sont  convertis  en  un  guano  dit  guano  de 
poisson,  qui  constitue  un  engrais  d'une  certaine  valeur. 

La  pêche  de  la  Baleine  est  pratiquée  avec  un  acharnement  toujours 
croissant;  on  compte  actuellement  plus  de  vingt  grandes  compagnies, 
ayant  chacune  sa  flotte  de  guerre  ;  déjà  même  quelques  bateaux  mar- 
chent à  la  vapeur  et  sont  armés  à  l'avant  d'un  canon  lance-harpon  :  le 
canon  est  placé  sur  un  aff'ût  à  pivot,  mobile  en  tous  sens  ;   le  harpon 


298  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

part  sous  l'explosion  d'une  forte  charge  de  poudre,  en  déroulant  un 
cable  dont  l'extrême  bout  est  fixé  au  bateau;  il  porte  en  pointe  un  obus 
percutant  qui  produit  une  blessure  le  plus  souvent  mortelle;  les  fortes 
barbes  du  harpon  s'ouvrent  dans  la  plaie,  et  le  malheureux  Cétacé,  im- 
puissant à  se  dégager,  bientôt  à  bout  de  forces,  est  tiré  au  rivage  après 
s'être  épuisé  dans  une  lutte  désespérée,  qui  n'est  pas  exempte  de  péri- 
péties. Un  essaim  de  travailleurs,  armés  de  longs  coutelas,  s'abat  alors 
sur  son  cadavre  ;  il  est  dépecé  en  de  larges  lanières,  la  graisse  est  fon- 
due, certaines  parties  des  chairs  sont  préparées  en  conserves,  dont  le 
jeune  voyageur  a  pu  apprécier  la  haute  saveur;  enfin  les  fanons  de  ce 
monstre  informe,  qui  semble  si  peu  fait  pour  servir  d'auxiliaire  à  la 
grâce,  s'en  vont  servir  aux  intimes  et  mystérieux  usages  que  connaît  le 
beau  sexe.  11  paraît  mênie  que  les  barbes,  trop  faibles  pour  secourir  de 
la  sorte  dame  nature,  font  néanmoins  l'objet  d'une  exportation  considé- 
rable en  Angleterre,  oîi  on  les  convertit...  en  plumes  d'Autruches! 
N'est-ce  pas  le  dernier  mot  de  l'antithèse? 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  capture  d'une  Baleine  a  son  importance;  quel- 
ques-unes représentent  une  valeur  de  5  à  6000  francs;  les  moins  appré- 
ciées ne  valent  pas  moins  de  800  francs.  On  en  prend  encore  environ 
quatorze  cents  chaque  année  ;  mais  leur  nombre  diminue  sensiblement, 
et  déjà  on  peut  prévoir  l'heure  prochaine  où  elles  auront  complètement 
disparu  des  mers  polaires,  leur  dernier  refuge. 

Si  nous  ajoutons  que  ces  récits,  faits  avec  entrain,  ont  été  accompa- 
gnés de  nombreuses  projections;  que  M.  Rabot  nous  a  ainsi  montré  la 
sauvage  nature  du  Nord,  les  pittoresques  anfractuosités  des  fjords,  les 
scènes  de  la  vie  indigène,  les  opérations  du  dépeçage  des  baleines,  voire 
même  un  soleil  de  minuit,  on  verra  que,  pour  une  conférence  de  carême, 
celle-ci  a  élé  fortement  nourrie  et  n'a  pas  valu  la  moindre  abstinence  à 
l'esprit  des  auditeurs. 

Le  gouvernement  norwégien  se  préoccupe  aujourd'hui  de  la  diminu- 
tion du  poisson  sur  ses  côtes.  Il  ne  peut  malheureusement  pas  grand' 
chose  pour  la  protection  de  la  Baleine  ;  mais  du  moins  travaille-t-il  à  la 
multiplication  artificielle  des  Morues  et  de  quelques  autres  espèces  ma- 
rines. La  Société  d'Acclimatation  elle-même,  toujours  soucieuse  d'en- 
courager, par  les  moyens  en  son  pouvoir,  des  entreprises  d'une  si  incon- 
testable utilité,  en  quelque  pays  qu'elles  soient  faites,  a  reçu  cette  année 
même  un  intéressant  rapport  sur  l'une  de  ces  stations  récentes,  la  sta- 
tion de  Flôdwig,  dirigée  par  M.  le  capitaine  Dannevig,  où  l'on  a  obtenu 
en  1885  vingt-huit  millions  d'alevins  de  Morues.  Ce  rapport  a  été  trans- 
mis cà  notre  Commission  des  récompenses  ;  il  ne  nous  appartient  pas  de 
divulguer  avant  l'heure  le  résultat  de  ses  délibérations,  mais  nous  pou- 
vons dire  que  les  travaux  de  M.  le  capitaine  Dannevig  ont  attiré  vive- 
ment son  attention. 

Am.  Berthoule. 


FAITS   DIVERS    ET    EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.        299 


Pisciculture  dans  la  Souinie. 

Je  vais  essayer  de  répondre  au  questionnaire  que  vous  me  faites 
l'honneur  de  m'adresser,  relativement  à  la  récolte  que  j'ai  faite  d'envi- 
ron 26  000  œufs  de  Saumon,  provenant  de  trois  femelles  prises  dans  la 
vieille  Somme,  en  aval  d'Amiens  et  du  barrage  de  la  Chaudière.  A  cet 
endroit,  la  Somme  se  divise  en  deux  bras,  qui  suivent  une  direction  pa- 
rallèle, laissant  entre  eux  une  bande  de  terre  appelée  île  Sainte-Ara- 
gonne. 

A  droite,  c'est  le  canal  de  la  Somme;  à  gauche,  c'est  la  vieille 
Somme,  qui  n'est  pas  navigable.  A  70  mètres  du  barrage  existe  sur 
cette  rivière  une  passerelle.  C'est  à  partir  de  ce  point,  sur  un  espace 
d'environ  60  mètres  en  descendant ,  que  les  pêcheurs  jettent  l'épervier 
pour  prendre  le  Saumon  qui  vient  là  pour  frayer.  11  s'y  trouve  un  fond 
de  4-0  centimètres  de  cailloux  sur  lesquels,  avec  des  bottes,  on  peut 
s'avancer  à  plusieurs  mètres  du  bord.  Le  maximum  de  profondeur  est 
de  l'-SSO. 

Pour  la  première  fécondation,  qui  eut  lieu  le  28  novembre,  avec  une 
femelle  et  deux  mâles,  et  la  deuxième,  le  2  décembre,  avec  un  seul  sujet 
de  chaque  sexe,  je  me  suis  servi  d'individus  de  taille  moyenne,  c'est-à-dire 
de  6  à  7  kilogrammes,  sauf  l'un  des  deux  premiers  mâles,  dont  le  poids 
peut  être  évalué  à  i^'-^,hQO.  J'ai  employé  pour  la  troisième  opération,  le 
U  décembre,  la  plus  forte  femelle  prise  cette  année;  elle  pesait  11  ki- 
logrammes. Je  ne  lui  ai  enlevé  qu'une  partie  de  ses  œufs,  que  j'ai  arrosés 
de  la  laitance  du  plus  petit  mâle  qu'on  ait  encore  observé;  son  poids  ne 
dépassait  pas  2^3,500. 

Le  plus  fort  mâle  pris  à  cette  époque  pesait  ni^SjSOO  et  mesurait 
d'°,22.  J'avais  essayé  de  faire  pondre  une  femelle  de  6  kilogrammes  ;  j'ai 
dû  y  renoncer  parce  que  ces  œufs  n'étaient  pas  mûrs;  ils  pesaient 
i'^g,600. 

Le  premier  Saumon  que  j'ai  vu  de  la  saison  pesait  environ  5'^8,500;  il 
était  suspendu  par  la  queue  au  moyen  d'une  corde,  accroché  dans  une 
étable  et  vivait  encore.  En  le  décrochant  et  le  mettant  dans  la  position 
inverse,  au  moyen  d'une  faible  pression,  je  constatai  immédiatement  que 
c'était  une  femelle  dont  les  œufs  sortaient  librement,  sans  que  la  main 
ait  besoin  de  continuer  son  oflice.  Je  m'empressai  d'arrêter  cet  écoule- 
ment et  j'allai  à  la  recherche  d'un  mâle,  à  150  mètres  de  là,  puis  je  re- 
vins chercher  la  bête;  mais  pendant  ce  temps  elle  était  morte,  et,  au 
moment  de  recueillir  les  œufs,  il  m'a  été  impossible  de  les  faire  éva- 
cuer, 

-    Le  nombre  des  Saumons  pris,  dans  l'espace  de  trois  semaines,  à  l'em- 
placement dont  je  viens  de  parler,  a  été  de  vingt-huit.  On  en  prend  sept 


800  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

ou  huit  entre  Saint- Valéry  et  Amiens,  aux  barrages  de  Pont-Remy,  Long- 
pré,  Hangest,  Picquigny  et  Ailly,  où  ils  attendent  quelquefois  pour  passer, 
soit  par  l'ouverture  des  vannes,  soit  par-dessus.  On  m'a  dit  qu'on  en  pre- 
nait à  Pont-Remy,  en  mettant  les  eaux  basses  dans  une  coulerie.  On  a  vu 
cette  année  un  de  ces  poissons  sauter  quatre  fois  pour  franchir  le  bar- 
rage de  la  Chaudière,  dont  la  hauteur  est  d'un  mètre  environ;  il  a  réussi 
à  la  cinquième  fois.  Trois  Saumons  ont  été  capturés  en  amont  de  ce  bar- 
rage, dans  les  canaux  de  la  ville.  Actuellement  on  signale  la  présence 
d'un  de  ces  poissons,  d'environ  5  kilogrammes,  en  amont  et  à  peu  de  dis- 
tance du  même  barrage  ;  il  y  a  quinze  jours  on  l'avait  vu  en  aval. 

En  1884  on  en  a  pris  quatre-vingt-seize;  en  1883,  autant;  mais  beau- 
coup moins  les  années  précédentes. 

Les  Saumons  s'arrêtent  à  Amiens  et  ne  se  rendent  pas  dans  la  Selle  ou 
l'Avre  qui  se  jettent  dans  la  Somme,  la  première  en  aval,  la  seconde  en 
amont  d'Amiens. 

La  présence  dans  nos  eaux  des  Saumons,  dont  les  mâles  sont  désignés 
ici  sous  le  nom  de  Bécards  et  les  femelles  sous  le  nom  de  Bidoises,  ne 
doit  pas,  je  pense,  être  attribuée  à  des  essais  de  repeuplement.  Depuis 
la  construction  du  barrage,  qui  remonte  à  une  date  très  éloignée,  les 
Saumons  viennent  nous  visiter  chaque  année  et  s'arrêtent  là  à  l'époque 
du  frai  ;  ils  ont  été  plus  nombreux  autrefois. 

Il  y  a  une  vingtaine  d'années,  un  Amiénois,  le  docteur  Terrai,  a  fait 
éclore  des  œufs  de  Salmonidés,  qu'il  recevait  d'Huningue,  et  dont  il  se 
débarrassait  aussitôt  après  la  résorption  de  la  vésicule  ou  à  peu  près. 
Depuis,  je  n'ai  pas  connaissance  qu'une  autre  personne  s'en  soit  occupée 
sur  le  cours  de  la  Somme. 

Les  pêcheurs  n'ont  jamais  trouvé  de  tout  jeunes  Saumons  dans  leurs 
filets. 

C'est  la  première  année  que  je  recueille  des  œufs  de  Saumon.  Pen- 
dant trois  semaines  j'ai  été  chaque  jour  à  l'île  Sainte-Aragonne,  alin  de 
ne  pas  manquer  les  occasions  de  sauver  ces  œufs  d'une  perte  certaine. 

Jusqu'à  ce  jour,  j'ai  compté  6183  œufs  mauvais,  30  jeunes  morts, 
27  jeunes  difformes,  9628  éclosions  ;  il  me  reste  encore  6500  à  7000  œufs 
prêts  à  éclore.  Je  serais  désireux  de  savoir  si  les  3000  œufs  que  je  vous 
ai  adressés  sont  arrivés  en  bon  état. 

Je  me  sers,  pour  l'incubation,  de  bacs  en  fonte  émaillée,  munis  de  pe- 
tites grilles  en  toile  métallique  pour  empêcher  les  alevins  de  s'échapper 
à  la  sortie  de  l'eau;  les  œufs  sont  placés  sur  des  baguettes  de  verre. 
Mon  matériel  étant  insuffisant  pour  la  quantité  d'œufs  de  Saumon  obte- 
nus, j'ai  utilisé  des  espèces  de  tamis  en  toile  métallique  formée  de  lils  de 
fer  étamés,  terminée  par  un  rebord  en  zinc;  je  n'ai  pas  eu  à  m'en  félici- 
ter. Dans  un  bassin  dehors,  j'avais  placé  sur  des  baguettes  de  verre  et  sur 
la  toile  métallique,  exactement  dans  les  mêmes  conditions,  des  œufs  fé- 
condés en  même  temps,  provenant  des  mêmes  reproducteurs;  tandis  que 


FAITS   DIVERS   ET   EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.       301 

l'incubation  suivait  régulièrement  son  cours  pour  les  œufs  placés  sur  le 
verre,  je  voyais  sur  les  autres  se  former  une  petite  tache  blanche  recou- 
verte de  poils,  au  point  de  contact  de  la  toile  métallique.  Celle-ci  com- 
prend cinq  mailles  par  centimètre. 

Quant  au.\  petites  grilles  qui  empêchent  les  alevins  de  passer  d'un  bac 
dans  un  autre,  elles  sont  formées  d'une  toile  métallique  sur  laquelle  on 
compte  neuf  mailles  au  centimètre.  De  jeunes  Salmonidés  entraînés  vers 
la  sortie  de  l'eau  sont  retenus  contre  la  toile  et,  malgré  le  rapproche- 
ment des  fils,  leur  vésicule,  quoique  très  grosse  ,  passe  tout  entière  du 
côté  opposé  oîi  le  corps  de  l'alevin  est  prisonnier;  il  en  résulte  quelque- 
fois une  obstruction  qui  fait  déborder  le  bassin  et  permet  aux  jeunes 
poissons  de  tomber  dehors.  Les  malheureux  qui  ont  causé  le  déborde- 
ment finissent  par  périr  à  l'endroit  qu'ils  ne  peuvent  quitter. 

Mes  alevins  de  Truite  et  de  Saumon  se  comportent  très  bien  ;  mais 
plusieurs  jeunes  Salmo  fontinalis  sont  attaqués  d'une  maladie  consistant 
dans  la  formation  d'une  seconde  vésicule  entourant  la  première  et  ren- 
fermant un  liquide  complètement  transparent.  Les  malades  ne  tardent 
pas  à  périr;  cependant  mes  fontinalis  se  trouvent  dans  les  mêmes  con- 
ditions que  les  autres  alevins  pour  la  qualité,  la  quantité  et  la  tempéi'a- 
ture  de  l'eau  comme  pour  la  lumière.  J'ai  éprouvé  le  même  inconvénient 
pour  l'élevage  des  Ombles-chevaliers.  Je  serais  heureux  de  connaître  un 
moyen  préventif  ou  curatif  de  cette  maladie. 

Veuillez  agréer,  etc. 

A.  Lefebvre. 


V.  BIBLIOGRAPHIE. 


La  Raïuie,  par  P.  A.  Favier.  3«  édition.   Eug.  Lacroix,  éditeur. 

195  pages. 

Les  plantes  les  plus  utiles  ne  sont  pas  toujours  celles  que  la  culture 
adopte  avec  le  plus  d'empressement;  l'histoire  de  la  Ramie  en  témoi- 
gne après  bien  d'autres.  Depuis  près  d'un  siècle  qu'elle  a  pris  pied  en 
Europe,  en  dépit  de  ses  précieuses  qualités,  et  malgré  la  vaillante  croi- 
sade de  ses  apôtres,  cette  plante  y  a  encore  à  peine  acquis  droit  de  cité. 
M.  Favier  est  du  nombre  de  ces  fidèles  à  la  persévérance  desquels  on  ne 
saurait  trop  applaudir,  car  ils  auront  puissamment  contribué  à  la  solu- 
tion d'une  question  vivement  intéressante  au  point  de  vue  industriel, 
non  moins  qu'au  point  de  vue  agricole. 

La  Ramie  {Rliea,  China-grass,  Rhamié)  appartient  à  la  famille  des 
Urticées  et  au  genre  Bœhmeria.  C'est  une  plante  vivace  qui  se  propage 
par  rhizomes,  par  boutures  et  par  graines;  elle  croît  spontanément 
dans  la  plupart  des  contrées  de  l'Asie,  et  son  habitat  s'étend  des  régions 
tropicales  jusqu'aux  zones  tempérées. 

La  Ramie  blanche  {Bœhmeria  nivea  ou  candicans),  reconnaissable 
d'une  manière  générale,  à  ses  feuilles  vertes  en  dessus,  blanches  en 
dessous,  est  de  beaucoup  la  plus  rustique;  ainsi  résiste-t-elle  très 
bien  à  nos  hivers,  sans  abri,  dans  le  Jardin  d'Acclimatation  du  Rois  de 
Roulogne  ;  mais  ses  tendances  à  pousser  en  broussailles,  avec  des  tiges 
grêles  et  courtes,  la  placent  à  un  rang  secondaire. 

La  Ramie  verte  (B.  utilis  ou  tenacissima)  a  la  feuille  longue,  légère- 
ment acuminée,  cordiforme  à  la  base,  vert  clair  sur  les  deux  faces,  le 
dessous  couvert  d'un  duvet  grisâtre,  strié  par  de  fortes  nervures;  sa 
végétation  est  luxuriante  ;  ses  tiges  fortes,  élancées,  hautes  de  deux 
mètres  et  plus,  sont  formées  de  fibres  d'une  extrême  ténacité.  Moins 
rustique  peut-être  que  la  précédente,  elle  peut  néanmoins  résister  à  un 
froid  accidentel  de  —  8  degrés,  et  supporter  les  plus  hautes  tempéra- 
tures. Nous  l'avons  vue  se  développer  plantureusement  au  pied  des 
dattiers,  dans  l'oasis  de  Gafsa  (Sud  tunisien),  oîielle  avait  été  introduite 
par  les  soins  du  colonel  d'Orcet. 

De  temps  immémorial  la  Ramie  a  été  utilisée  par  les  Chinois,  les 
Malais  et  la  plupart  des  peuples  orientaux,  comme  plante  textile;  et  il 
est  hors  de  doute  qu'elle  ne  doive  occuper  le  premier  rang  à  cet  égard. 
Ses  longues  fibres  donnent,  au  tissage,  un  degré  de  résistance  de  50 
pour  100  supérieur  à  celle  des  meilleurs  lins  et  même  des  chanvres  ; 
elles  peuvent  se  cotoniser,  prendre  l'aspect  et  le  toucher  de  la  laine, 
et  même  celui  de  la  soie,  enfin  servir  à  la  fabrication  du  papier. 


BIBLIOGRAPHIE.  303 

En  présence  d'une  aussi  multiple  utilisation  possible,  on  ne  com- 
prendrait pas  que  l'agriculture  ne  se  fût  pas  déjà  emparée  de  cette  pré- 
cieuse plante,  si,  de  son  côté,  l'industrie  n'avait  été  arrêtée  par  une 
difficulté  jusqu'ici  à  peu  près  insurmontable,  la  décortication  mécanique 
et  à  bon  marché.  M.  Favier  s'est  appliqué  à  la  résoudre,  et  si  on  n'ose 
pas  dire  encore  qu'il  y  soit  absolument  parvenu,  du  moins  les  derniers 
pei-fectionnements  apportés  par  lui  aux  machines  de  son  invention,  per- 
mettent-ils de  penser  qu'il  est  à  la  veille  de  toucher  au  but,  et  que 
l'industrie  ne  tardera  pas  à  consacrer  le  succès  de  ses  persévérants 
efforts. 

L'inventeur  s'est  attaché  à  la  décortication  à  l'état  sec  ;  il  a  eu  le  bon 
esprit  d'étudier  de  près  les  vieux  procédés  à  la  main  usités  chez  les 
Chinois  et  de  construire  sa  machine  sous  cette  inspiration.  L'appareil 
est  divisé  en  deux  parties,  pouvant  être  séparées  ou  réunies,  et  corres- 
pondant à  chacune  des  deux  opérations  à  pratiquer.  Dans  la  première, 
VÉcorceuse,  les  tiges  saisies  entre  deux  galets,  fendues  et  ouvertes  dès 
leur  entrée,  sont  soumises  à  la  pression  d'une  série  de  cylindres  unis, 
produisent  une  sorte  de  laminage,  et  opèrent  la  séparation  complète  et 
le  détachement  de  l'écorce  et  du  bois,  par  le  brisement  de  la  résine 
qui  les  unissait.  Ces  mêmes  tiges  sont  poussées  sans  intermittence  dans 
la  seconde  partie,  la  Fricteuse,  sous  une  nouvelle  série  de  cylindres, 
ceux-ci  cannelés,  et  destinés,  comme  de  vraies  mâchoires,  à  broyer  le 
bois  qui  est  définitivement  rejeté  sous  l'appareil.  L'écorce  sort  de  là 
débarrassée  de  sa  pellicule  extérieure  et  des  bois  de  la  tige,  à  l'état  de 
filasse  ouverte,  qu'un  simple  peignage  suffira  désormais  à  rendre  utili- 
sable industriellement.  La  quantité  de  filasse  ainsi  obtenue  est  évaluée 
à  20  pour  100;  en  douze  heures,  avec  une  force  d'un  demi-cheval- 
vapeur,  cette  machine  transforme  245  kilogrammes  de  tiges  sèches, 
correspondant  à  plus  de  1000  kilogrammes  de  tiges  vertes  et  donnant 
43  kilogrammes  de  filasse  pure.  Le  prix  maximum  de  la  main-d'œuvre 
et  des  frais  généraux  de  toute  nature  a  été  calculé  à  25  centimes  par 
chaque  kilogramme  de  filasse  pure.  M.  Favier  se  livre  sur  ces  bases  à 
des  calculs  détaillés  pour  arriver  à  établir  les  résultats  financiers  que 
donnerait  une  usine  de  cent  métiers;  il  ne  nous  appartient  pas  de  l'y 
suivre;  nous  devons  nous  borner  à  constater  l'importance  d'une  inven- 
tion, qui  déjà,  parait-il,  commence  à  faire  ses  preuves. 

M,  Favier  fait  connaître  sommairement  les  divers  procédés,  aujour- 
d'hui en  usage,  pour  les  opérations  industrielles  du  dégommage,  du 
peignage,  du  blanchiment,  de  la  filature,  se  réservant  d'ailleurs  d'y 
revenir  plus  en  détails  dans  un  traité  technologique  spécial. 

Cette  notice  se  termine  par  un  manuel  de  culture  qui  la  complète  de 
la  manière  la  plus  utile.  D'après  l'auteur,  une  culture  bien  dirigée 
devrait  donner  en  tiges  sèches  2000  kilogrammes  la  première  année, 
de  7  à  8000  la  deuxième,  en  deux  coupes,  de  11  à  12  000  la  troisième,  et 


304  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

(le  15  à  16  000  les  années  suivantes.  On  se  rendra  compte  de  l'importance 
de  ces  résultats,  si  nous  ajoutons  que  le  prix  de  vente  n'a  jamais  été 
inférieur  jusqu'à  présent  à  l^  francs  les  100  kilogrammes. 

Nous  avions  donc  bien  raison  de  dire,  au  début  de  cette  rapide  ana- 
lyse, que  la  question  de  la  Ramie  est  une  très  grosse  question,  et  qu'elle 
intéresse  au  même  degré  l'agriculture  et  l'industrie  nationales.  Les  im- 
portations en  France  des  diverses  matières  textiles,  chanvre,  lin,  coton, 
laine,  soie,  ont  dépassé  pendant  ces  dernières  années  1200  millions 
de  francs.  Quel  ne  serait  pas  l'intérêt  d'une  culture  nouvelle  qui  rem- 
placerait dans  la  proportion  d'au  moins  1/10'  la  production  étrangère, 
et  nous  en  affranchirait  dans  la  même  mesure  ? 

Am.  Berthoule. 


Culture   pratique  des  Azalées  de   l'Inde,   par  Léon  Duval. 
Lille,  1885,  imp.  L.  Danel,  grand  in-8,  20  pages. 

Les  amis  des  fleurs  liront  avec  autant  d'intérêt  que  de  profit  celte 
monographie  des  Azalées,  conçue  dans  l'esprit  le  plus  pratique,  par  un 
homme  sachant  bien  son  sujet.  Depuis  nombre  d'années,  en  effet, 
M.  Duval  vit  au  milieu  des  fleurs  et  s'adonne  à  leur  culture.  C'est  là  une 
profession  qui,  de  nos  jours,  on  peut  le  dire,  est  devenue  un  art. 

En  quelques  mots,  l'auteur  fait  l'histoire  des  Azalées  en  Europe,  de- 
puis leur  importation,  au  commencement  du  siècle,  jusqu'à  nos  jours; 
il  nous  initie  ensuite  à  tous  les  secrets  de  leur  culture,  bouturage,  greffe, 
semis.  Enfin,  dans  un  dernier  chapitre,  il  parle  des  maladies  auxquelles, 
par  la  loi  commune,  ces  admirables  plantes  sont  exposées,  et  des  re- 
mèdes propres  à  les  combattre. 

Ce  travail,  somme  toute,  est  très  clair  et  assez  complet,  en  dépit  de 
sa  grande  concision.  Aussi  a-t-il  été  distingué  par  la  Commission  belge 
et  placé  au  premier  rang,  dans  un  récent  concours,  entre  deux  mémoires 
écrits  sur  ce  même  sujet. 

A.  B. 


ERRATA. 


Bulletin  de  février,  page  120,  ligne  6,   lisez  :   Tinea,  au  lieu  de 

Tillea. 

Bulletin  d'avril,  page  228,  ligne  3   du  6«  paragraphe,  lisez  :  Larves 
de  fourmi,  au  lieu  de  :  Larves  de  farine. 


Le  Gérant:  Jules  Grisard. 


5328.  —  BOURLOTON.  —  Imprimeries  "réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


I.  TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIËTÉ. 
NOTE 

SUR  LES  NAISSANCES,   DONS  ET  ACQUISITIONS 

DE  LA  MÉNAGERIE  DU  MUSÉUM  D'HISTOIRE  NATURELLE 
Pendant  les  mois  de  janvier,  février,  mars  et  avril  1886. 

Par  M.    HUET 

Aide-naturaliste,  chargé  de  la  ménagerie. 


Dans  le  mois  de  février,  il  est  né  : 

1  Antilope  Algazelle  {Oryx  leiicoryx)  des  individus  offerts, 
il  y  a  quelques  années,  par  M.  Brière  de  l'Isle,  gouverneur 
du  Sénégal. 

i  Cerf-cochon  {Cervus  porcinus). 

En  mars  : 

1  Zébu  de  xMadagascar. 

1  Bouc  et  2  Chèvres  de  Norvège, 

1  Bouc  et  1  Chèvre  Angora. 

En  avril  : 

5  Mouflons  à  manchettes  {Ovis  tragelaphus). 

1  mâle  et  1  femelle  d' Antilope  de  l'Inde  {Antilope  cer- 
vicapra) . 

1  Maki  noir  femelle  {Lemur  niger). 

1  femelle  d'Axis  {Cervus  Axis). 

1  femelle  de  Cerf  Mi-lou  {Elaphurus  Davidianus). 

Cette  dernière  naissance  est  très  intéressante,  bien  que  ce 
ne  soit  pas  la  première  fois  que  ce  curieux  Cerf  se  soit  repro- 
duit en  Europe.  C'est  au  Jardin  zoologique  de  Berlin  que  ces 
Cerfs  se  sont  reproduits  pour  la  première  fois,  mais  aucune 
relation  concernant  leur  naissance  n'ayant  été  donnée,  nous 
ne  connaissions  pas  quels  étaient  les  caractères  de  ce  jeune 
animal  comparativement  aux  autres  espèces  du  même  groupe. 

Nous  sommes  heureux  de  pouvoir  ici  donner  la  descrip- 
tion de  ce  Faon  et  les  rapports  qui  existent  entre  lui  et  les 
autres  espèces  du  genre  Cerf. 

4e  SÉRIE,  T.  III.  —  Juin  1886.  20 


306  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

A  voir  la  différence  qui  existe  à  beaucoup  d'égards  entre 
le  Cerf  Mi-lou  et  tous  les  autres  Cerfs,  on  était  en  droit  de 
supposer  aussi  qu'il  devait  y  avoir  une  différence  très  notable 
dans  les  caractères  extérieurs  des  jeunes,  qui,  à  notre  grande 
surprise,  ressemblent  à  tous  les  jeunes  Cerfs  et  surtout  aux 
jeunes  Daims. 

Comme  taille,  ce  jeune  Mi-lou  ne  dépasse  pas  de  beaucoup 
un  jeune  Daim;  il  est  donc  très  petit  relativement  aux  pa- 
rents, qui  sont  de  la  taille  d'un  fort  Cerf  de  France  ;  mais  ce 
qui  le  caractérise  tout  d'abord,  c'est  la  longueur  de  la  tête, 
d'une  part,  et  les  sabots  qui  sont  déjà  larges  comme  chez  les 
Rennes;  la  queue  est  aussi  différente  :  au  lieu  d'être  grêle  et 
courte  comme  cela  se  voit  chez  tous  les  jeunes  Cerfs,  ici  elle 
est  assez  longue  et  surtout  très  garnie  de  longs  poils  frisés. 

La  coloration  générale  est  d'un  roux  assez  foncé  sur  la 
tête,  le  cou  et  le  dos  ;  cette  teinte  se  dégrade  progressivement 
en  se  rapprochant  des  parties  inférieures  pour  se  terminer  par 
une  teinte  blanc  roussâtre  sous  la  gorge,  le  dessous  du  cou, 
le  ventre  et  les  quatre  jambes.  Sur  le  dessus  du  cou  et  de 
chaque  côté  à  partir  de  la  base  des  oreilles,  on  observe  deux 
rangées  de  taches  blanchâtres,  irrégulières  de  forme,  mais 
cependant  bien  visibles;  ces  taches  se  continuent  sur  le  dos, 
les  flancs  et  la  croupe;  une  ligne  principale  parcourt  les  flancs 
depuis  le  défaut  de  l'omoplate  jusqu'au  défaut  de  la  cuisse,  et 
remonte  jusque  sur  la  tête  du  fémur,  où  elle  se  termine;  cette 
ligne  est  composée  de  taches  allongées  etirrégulières;  le  dos 
et  la  portion  lombaire,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  sont 
aussi  maculés  de  taches,  mais  elles  sont  semées  irrégulière- 
ment ou  forment  des  lignes  courtes  et  souvent  interrompues. 

Comme  on  le  voit  par  cette  description,  et  par  la  taille  et 
par  la  coloration,  ainsi  que  par  la  livrée,  ce  jeune  se  rap- 
proche bien  plus  du  Daim,  avec  lequel  on  pourrait  très  bien 
le  confondre  à  première  vue,  si  ce  n'étaient  les  caractères  de 
la  tête,  des  pieds  et  de  la  queue  qui  l'en  différencient. 

En  mars,  il  est  né  en  fait  d'oiseaux  : 

1  Oie  des  Sandwich  {Bernicla  Sandwicensis). 

o  Cygnes  noirs  {Cygnus  atratus). 


NAISSANCES,    DONS    ET   ACQUISITIONS   DU    MUSÉUM.        307 
MAMMIFÈRES   ET    OISEAUX    REÇUS   EN    DONS 

1   Biche  de  France  {Cervus  elaphus),  don  de  M'"  Diolot. 
1  Macaque  {Macacus  Sinicus),  don  de  M'"  Maubec. 
4   Saïmiri  {Saïmiri  sciurius),  don  de  M.  Glosniadeuc. 
1  Coati  {Nasua  fusca),  don  de  M.  Closmadeuc. 

1  Sanglier   {Sus  scrofa),   don   de   M"'  la  vicomtesse  de 

Coiirson. 

3  Moulons  chabins,  don  du  gouvernement  chilien. 

\  Macaque  {Macacus  ci/nomolgus) ,  don  de  M.  Charles. 

4  Chacal  {Canis  aureus),  don  de  M.  Aury. 

2  Cygnes  blancs  {Cygnus  olor),  don  de  M.  le  ministre  de 

l'instruction  publique. 
2  Goélands  {Lariis  argentatus),  don  de  M.  Leroy, 
l  Paon  {Pavo  cristata),  don  de  M.  Randon. 
\  Gacaloës  à  huppe  jaune  {Cacatua  galerila) ,   don  de 

M"^Chad\vick. 
1  Colin  houi  {Ovlyx  houx),  don  de  M.  Closmadeuc. 
1  Grand-Duc   de    l'Inde   {Duho    Bengalensis),    don    de 

M.  Rieger. 
1  Fou  de  Bassan  {Fula  alha),  don  de  M.  Guénin. 
1  Perdrix  rouge  (Perdix  ruhra),  don  de  M.  de  Lavenue  de 

la  Montaise. 

MAMMIFÈRES   ET    OISEAUX   ACQUIS 

1  Grand  Guib  {Tragelaphus  gratus)  du  Gabon,  femelle. 

2  Kangurous  géants  {Macropus  g iganteus)  d'Australie. 

3  Kangurous  rats  {Hypsiprimnus  Gaimardii)  d'Australie. 
\  Orang-outang  {Simia  Satyrus)  de  Bornéo. 

2  Gouras  couronnés  {Goura  coronata),  Nouvelle-Guinée. 

1  Cygne  à  col  noir  {Cygnus  nigricollis),  Amérique  méri- 

dionale. 

2  Thylacines  d'Australie  {Thylacimis  cynocephalus). 

C'est  la  première  fois  que  l'on  voit  vivant  en  France  ce  cu- 
rieux carnassier  de  l'ordre  des  Mai'supiaux,  le  plus  grand  de 
tous. 


CROISEMENTS    DE   CANARDS 

(PRINTEMPS  1885) 
Par    M.    Gabriel    ROGEROiV 


Celte  année-ci,  j'ai  été  plus  heureux  que  les  précédentes 
dans  mes  croisements  de  Canards,  surtout  qae  l'année  der- 
nière, où  le  résultat  avait  été  entièrement  négatif.  J'ai  ra- 
conté (1)  que,  pour  être  plus  sûr  de  la  réussite,  j'avais  privé 
ma  femelle  mélisse  sauvage- Chip  eau  de  ses  ailes,  et  qu'elle 
n'avait  pas  pondu  ;  ce  printemps,  je  lui  ai  laissé  toute  liberté, 
m'exposant,  il  est  vrai,  aux  plus  grands  risques,  et  elle  m'a 
donné  deux  couvées. 

En  effet,  au  mois  d'avril,  elle  s'esl  remise  à  vagaJDonder 
comme  d'habitude  dans  les  douves  et  fossés  du  voisinage,  et, 
la  seconde  quinzaine  de  mai  arrivée  (elle  pond  toujours  très 
tard),  je  pus  m'apercevoir  qu'elle  s'abattait  de  préférence  à 
un  demi-quart  de  lieue  de  chez  moi  dans  des  champs  et  prai- 
ries, à  la  bifurcation  des  lignes  du  Mans  et  de  Poitiers,  aux 
abords  d'Angers.  L'ayant  guettée,  je  trouvai,  en  effet,  son  nid 
dissimulé  au  pied  d'un  Chêne,  au  bord  immédiat  d'un  sentier 
longeant  la  ligne  du  Mans  et  à  5  ou  0  mètres  de  celle-ci. 

Elle  couvait  quatorze  œufs  bien  exposés,  ainsi  que  la  Cane, 
comme  on  voit,  que  je  me  hâtai  d'enlever  et  de  donner  à  une 
Poule.  Une  douzaine  de  jours  après  éclosaient  quatorze  pe- 
tits, portant  tous  le  cachet  paternel  et  en  tout  semblables  à 
ceux  des  années  précédentes.  Sur  cette  couvée,  onze  ont  été 
élevés. 

Un  mois  plus  tard,  ma  femelle  mélisse  était  de  nouveau 
disparue.  J'étais  convaincu  qu'elle  couvait  encore,  revenant 
par  intermittence  le  soir  partager  le  souper  des  autres  Ca- 
nards. Mais  impossible  même  de  soupçonner  où  pouvait  se 
trouver  son  nid,  tant  elle  semblait  cette  fois  s'étudier  à  varier 
ses  directions  au  départ,  quand  un  faucheur  vint  me  prévc- 

(1)  BnUelin  d'août  s|885. 


CROISEMENTS   DE   CAIXARDS.  309 

nir  qu'il  venait  de  faucher  une  Cane  et  son  nid;  heureuse- 
ment, par  le  plus  grand  des  hasards,  il  croyait  bien  qu'elle 
n'avait  pas  de  mal,  ayant  plutôt  donné  de  sa  faux  au-dessous, 
dans  les  œufs,  que  dans  la  mère,  qui  d'ailleurs  avait  pu  s'en- 
voler. 

Conduit  à  l'endroit  de  l'accident,  distant  à  peine  d'une 
centaine  de  mètres  du  premier  nid,  j'y  trouvai  moins  de  dé- 
gât que  je  ne  supposais.  Un  œuf  et  un  petit  bien  formé  dans 
la  coque  étaient  coupés  en  deux,  un  autre  œuf  craquelé 
d'un  bout  à  l'autre,  mais  sept  œufs  restaient  intacts,  que  je 
mis  à  couver,  ainsi  que  l'œuf  fendu,  après  l'avoir  préalable- 
ment raccommodé  d'une  bande  de  papier  collé,  opération  qui 
me  réussit  une  fois  sur  deux.  Quelques  jours  après,  éclosaient 
huit  nouveaux  métis;  mais  ces  derniers  eurent  le  malheur 
de  naître  au  moment  où  j'étais  encombré  de  couvées  de 
toutes  sortes.  Impossible  de  les  lâcher  sans  mère  dans  ma 
pièce  d'eau  ;  car,  jusqu'à  ce  que  les  Canards  de  cette  race 
soient  arrivés  à  leur  grosseur,  on  ne  peut  en  avoir  raison,  tant 
ils  sont  indisciplinables,  et  ils  auraient  péri  dans  la  pièce 
d'eau  sans  que  j'eusse  pu  les  en  faire  sortir.  Il  fallut  donc  me 
contenter  d'un  parquet  trop  étroit,  que  leur  passion  effrénée 
du  barbolage  contribuait  encore  à  rendre  malsain.  Aussi  sur 
ces  huit,  je  ne  pus  en  élever  que  cinq.  Donc  seize  élevés  cette 
année  en  deux  couvées. 

Quant  à  la  mère,  elle  en  avait  été  quitte  pour  la  peur  de 
son  coup  de  faux,  et  depuis  lors,  que  le  printemps  est  passé, 
elle  vit  paisible  avec  son  MUouin  sur  ma  pièce  d'eau,  ne  se 
doutant  guère  qu'elle  est  la  mère  d'une  aussi  nombreuse 
famille. 

Mais  de  ces  métis  provenant  de  ce  triple  croisement,  pour- 
rait-on arriver  à  former  une  race  d'hybrides?  Tout  tend  à  le 
faire  espérer,  bien  que  mes  efforts  à  cet  endroit  soient  restés 
jusqu'à  ce  jour  infructueux,  que  je  n'aie  jamais  obtenu  même 
un  œuf.  Leur  mère,  métisse  elle-même,  n'est-elle  pas  en  effet 
très  féconde,  à  cette  seule  condition,  comme  elle  m'en  a 
donné  la  preuve,  qu'elle  ait  ses  ailes  et  toutes  ses  libertés 
d'allures,  puisque  sur  quatre  années,  la  seule  fois  où  je  l'ai 


310  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

privée  de  ses  ailes,  elle  n'a  pas  pondu?  Or,  chaque  fois  que 
j'ai  voulu  étendre  la  même  expérience  à  ses  produits,  c'est-à- 
dire  leur  laisser  leurs  ailes,  j'ai  été  si  malheureux  qu'il 
m'a  fallu  y  renoncer,  et  voici  pourquoi. 

Notre  département  de  Maine-et-Loire  possède  de  nom- 
breux cours  d'eau,  bordés  ordinairement  de  vastes  marais,  et 
cela  surtout  aux  abords  d'Angers,  où  un  grand  fleuve  et  trois 
ou  quatre  rivières  se  réunissent.  Sur  ces  rivières  et  prairies, 
inondées   l'hiver,   nombre    de   chasseurs  de  profession  se 
livrent  à  la  chasse  très  lucrative  des  Canards  de  toutes  sortes 
qui  y  abondent.  Pour  cette  chasse,  on  entretient  et  on  élève 
chaque  année  quantité  de  Canards  d'une  race  domestique  dite 
de  chasse,  dont  l'usage  est  de  servir  d'appeau  aux  Canards 
sauvages.  Ces  Canards,  bien  que  différant  beaucoup  pour  un 
œil  exercé  des  sauvages,  dont  ils  sont  loin  de  jouir  de  la 
même  élégance  et  de  la  même  souplesse  de  forme,  possèdent 
à  peu  près  les  mêmes  couleurs,  bien  que  moins  vives,  la  même 
taille,  et  surtout  ne  volent  pas  mal,  s'écartant  très  souvent  de 
l'habitalion  du  chasseur  pour  s'abattre  deci  et  delà  dans  les 
cours  d'eau  et  les  mares.  Pour  le  commun  des  mortels,  ce 
sont  les  mêmes  oiseaux,  et  pour  preuve,  c'est  qu'à  Angers 
même,  quand  les  Canards  sauvages  se  font  rares,  on  vend  ceux 
de  chasse  sur  notre  marché  à  leur  place,  et  la  plupart  des 
cuisinières,  quoique  la  qualité  de  la  chair  soit  loin  d'être  la 
même,  s'y  laissent  prendre  de  la  meilleure  foi  du  monde.  La 
seule  différence  appréciable  pour  bien  des  gens,  c'est  que  les 
vrais  Canards  sauvages  vivants  semblent  plus  anxieux,  se 
tiennent  plus  sur  le  qui-vive,  s'envolent  au  premier  danger, 
tandis  que  les  autres  restent  paisiblement  en  place.  Ces  Ca- 
nards de  chasse  sont  considérés  par  nos  honnêtes  populations 
d'Anjou  comme  des  oiseaux  domestiques,  à  l'égal  des  Poules 
et  Pigeons  s'écartant  de  leur  habitation,  et  d'ordinaire  on  ne 
les  traite  pas  autrement.  C'est  ce  qui  fait  que  mes  Canards 
sauvages,  bien  que  très  purs  de  race ,  sont  généralement  pris 
pour  des  Canards  de  chasse  et  respectés,  lors  même  qu'ils 
s'écartent  très  loin  de  chez  moi,  voire  jusqu'à  la  Loire  et  la 
Maine  parfois. 


CROISEMENTS   DE   CANARDS.  311 

Ma  femelle  métisse  Chipeau-sauvage  ressemble  aussi  beau- 
coup à  une  Cane  sauvage  et  par  conséquent  à  une  Cane  de 
chasse  ;  aussi  jouit-elle  du  même  privilège  ;  c'est  également 
ce  qui  l'a  sauvée  jusqu'à  ce  jour.  Mais  il  n'en  est  plus  de 
même  de  mes  triples-métis,  dont  la  tournure  et  les  couleurs 
indiquent  aussitôt  un  oiseau  inconnu.  Et  on  sait  ce  qui  d'or- 
dinaire attend  chez  nous  les  oiseaux  inconnus  et  étrangers; 
les  lois  de  l'hospitalité  ne  sont  guère  respectées  à  leur  égard. 
Il  n'est  pas  nécessaire  d'être  naturaliste  pour  cela,  et  le  sen- 
timent du  premier  moment  en  telle  circonstance  est  d'aller 
chercher  un  fusil  et  de  tuer  l'oiseau,  fût-il  d'apparence  le  plus 
maigre  gibier,  ce  qui  est  loin  d'être  le  cas  pour  ces  petits 
Canards  aux  formes  rondelettes  et  appétissantes.  Aussi  toutes 
mes  femelles  triples-métisses,  pour  qui  j'ai  essayé  de  laisser 
l'usage  de  leurs  ailes,  m'ont  été  régulièrement  tuées.  Le 
printemps  dernier,  je  fondais  de  grandes  espérances  sur  une 
qui  semblait  dans  les  meilleures  conditions  pour  la  repro- 
duction ;  je  lui  laissai  sa  liberté,  et  il  est  vrai  à  regret,  car 
par  ailleurs  je  tenais  beaucoup  à  cette  petite  Cane  très  appri- 
voisée et  fort  amusante  dans  sa  familiarité;  elle  aussi,  au 
bout  de  peu  de  temps,  subissait  le  triste  sort  de  ses  aînées  (i). 

Ainsi,  malgré  trois  essais  répétés  pour  ces  femelles  mé- 
tisses, il  m'a  été  impossible  de  mener  à  bonne  fin  une  seule 
fois  l'expérience  qui  m'a  si  bien  réussi  pour  leur  mère.  Et  par 
ailleurs,  bien  que  mes  pièces  d'eau  soient  assez  vastes,  avec 
le  grand  nombre  de  Palmipèdes  qui  s'y  trouvent,  plus  de  la 
centaine  à  présent,  certaines  espèces,  et  ces  métis  sont,  je 
crois,  du  nombre,  n'y  rencontrent  pas  une  nourriture  maré- 
cageuse assez  variée  pour  s'y  reproduire. 

Mais  je  possède  mieux  que  des  probabilités  pour  la  repro- 
duction de  ces  hybrides.  Il  y  a  deux  ans,  je  cédai  une  jeune 
femelle  à  M.  Ch.  van  Kemper,  cà  Saint-Omer.  Je  l'avais  prise 
au  hasard,  elle  ne  semblait  ni  plus  belle  ni  mieux  conformée 

(1)  Néanmoins,  depuis  plus  d'un  an,  je  possède  un  mâle  de  ces  métis  vivant 
en  liberté  complète.  Doué  d'un  vol  très  puissant,  matin  ot  soir  il  fait  d'im- 
menses rendonnées,  quelquefois  à  une  grande  hauteur;  mais  comme  jusqu'à 
présent  il  a  eu  le  bon  esprit  de  retomber  toujours  sur  ma  pièce  d'eau,  il  ne 
lui  est  jamais  encore  arrivé  d'accident. 


312  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

que  celles  qui  me  restaient;  dès  le  premier  printemps,  elle 
se  mit  à  pondre  chez  son  nouveau  possesseur.  Malheureuse- 
ment je  ne  lui  avais  pas  cédé  le  couple  et  l'expérience  n'a  pu 
être  qu'incomplète. 

Tout  porte  donc  à  croire  que  dans  un  autre  milieu,  dans 
des  situations  plus  favorables,  chez  des  amateurs  qui  pour- 
raient disposer  d'une  nourriture  plus  marécageuse  avec 
moins  d'autres  Canards  pour  la  partager,  qui  auraient  à  leur 
disposition  une  queue  d'étang,  par  exemple,  et  dans  des  con- 
ditions de  propriétés  assez  vastes  pour  leur  laisser  leurs  ailes 
sans  crainte  d'accidents  de  la  part  des  chasseurs,  cette  race 
reproduirait  infailliblement,  d'autant  plus  que  les  mâles  très 
ardents  semblent,  de  leur  côté,  devoir  donner  toute  satisfac- 
tion à  cet  égard.  Et  il  est  à  espérer  que  ces  circonstances  fa- 
vorables finiront  par  se  rencontrer  chez  quelques-uns  des 
amateurs  à  qui  je  céderai  mes  élèves. 

Je  désire  néanmoins  encore  essayer  pour  mon  propre 
compte,  d'autant  plus  que  même  dans  les  conditions  défavo- 
rables que  j'ai  indiquées,  avec  des  femelles  ayant  l'aile  cou- 
pée, l'expérience  n'a  rien  de  désespérant,  n'ayant  encore  été 
que  bien  peu  tentée  ;  deux  Canes  seulement  ont  été  conser- 
vées dans  cet  état.  Et  tout  amateur  sait  combien,  même  parmi 
les  espèces  les  mieux  acclimatées,  les  chances  de  reproduc- 
tion sont  variables  suivant  les  individus.  Aussi  ai-je  conservé 
cette  année  trois  nouvelles  femelles,  auxquelles  je  couperai 
les  ailes  ne  pouvant  faire  autrement,  mais  que,  par  de  nou- 
veaux aménagements  pratiqués  depuis  peu,  je  pourrai  isoler 
avec  leurs  mâles  de  mes  autres  Canards,  et  par  là  même  avec 
plus  de  facilité,  pourvoir  artificiellement  d'une  nourriture 
plus  animalisée,  plus  marécageuse  et  par  conséquent  plus 
propre  à  les  faire  reproduire. 


NOTE  SUR  L'AQUICULTURE 

DANS  LE  QUARTIER  MARITIME  DE  MARENNES 
Par   M.    Pniil    RROrCHI 


Je  désire  entretenir  la  Société  de  quelques  faits  concer- 
nant l'aquiculture  dans  le  quartier  maritime  de  Marennes. 

Je  rappellerai  d'abord  que  les  établissements  de  piscicul- 
ture et  d'ostréiculture  sont  pour  la  plupart  situés  sur  les 
deux  rives  de  la  Seudre.  La  Seudre,  physiquement  et  admi- 
nistrativemenl,  est  un  bras  de  mer,  recevant  à  son  extrémité 
un  petit  cours  d'eau  qui  lui  a  donné  son  nom. 

Cependant,  outre  les  claires  et  les  réservoirs  qui  bordent 
ce  bras  de  mer,  un  certain  nombre  de  viviers  ou  parcs  sont 
installés  sur  le  bord  de  la  mer,  en  face  l'île  d'Oléron. 

Je  crois  inutile  de  rappeler  ici,  l'aménagement  de  ces 
claires,  qui  sont  si  bien  connues  depuis  la  publication  de 
Coste. 

Je  me  contenterai  de  faire  remarquer  que  par  une  excep- 
tion, unique  peut-être,  ces  établissements  sont  ici  la  pro- 
priété des  parqueurs. 

Les  terrains  à  claires  ont  acquis  une  grande  valeur  dans  ces 
dernières  années.  Le  prix  du  Journal  (30  ares  environ)  est 
en  moyenne  de  1800  francs.  Quand  le  terrain  est  bien  situé, 
à  proximité  du  chemin  de  fer,  etc.,  ce  prix  augmente  consi- 
dérablement. C'est  ainsi  qu'il  y  a  peu  de  temps  une  claire  de 
13  ares  a  été  vendue  4-500  francs. 

Pour  terminer  ces  généralités,  je  dirai  que  pendant  ces 
dernières  années  on  a  introduit  annuellement  133  millions 
d'huîtres  dans  les  parcs  de  cette  région,  et  que  l'on  en  a 
vendu  104  millions  chaque  année. 

Le  premier  point  sur  lequel  je  désire  attirer  l'attention  de 
la  Société  est  la  reproduction  des  Huîtres  en  bassins  clos. 

Dans  ces  dernières  années,  de  nombreuses  tentatives  ont 


314  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

été  faites  en  ce  sens,  tant  en  Angleterre  qu'en  Hollande,  mais 
elles  n'ont  donné  que  des  résultats  fort  médiocres.  Cepen- 
dant, la  Commission  Zoologique  Néerlandaise  a  multiplié  ces 
essais,  ne  négligeant  aucunes  précautions.  C'est  ainsi  que  l'eau 
des  bassins  a  été  aérée,  agitée,  chauffée  même,  mais,  je  le 
répète,  sans  résultats  pratiques. 

A  l'heure  actuelle,  il  n'existe  en  Europe,  à  ma  connais- 
sance du  moins,  qu'un  seul  point  où  l'Huître  se  reproduise 
dans  un  espace  à  peu  près  fermé. 

Ce  point  est  un  petit  lac  de  Norvège,  situé  dans  les  envi- 
rons de  Stavanger,  et  que  nous  a  fait  connaître  M.  le  docteur 
Rasch.  H  ne  communique  pas  directement  avec  la  mer,  dans 
le  voisinage  de  laquelle  il  est  situé,  mais  il  peut  recevoir  de 
l'eau  salée  quand  avec  les  hautes  marées  coïncide  une  tem- 
pête du  sud-ouest. 

D'autre  part  il  reçoit  de  l'eau  douce  par  un  ruisseau  com- 
muniquant aux  deux  lacs  supérieurs. 

Dans  cette  petite  étendue  d'eau,  connue  sous  le  nom  de 
lac  d'Ostravigt,  les  Huîtres  se  reproduisent  avec  facilité  et 
cela  pendant  plusieurs  mois.  M.  Rasch  attribue  ce  fait  à  la 
température  élevée  que  conservent  toujours  les  couches  infé- 
rieures de  l'eau. 

Pendant  mon  séjour  à  la  Tremblade,  quelques  observa- 
teurs sérieux  attirèrent  mon  attention  sur  la  reproduction 
des  Huîtres  dans  les  claires.  Ils  me  rapportèrent  que  les  mol- 
lusques ne  donnaient  pas  de  naissain  dans  ceux  de  ces  bas- 
sins qui  ne  reçoivent  l'eau  qu'à  l'époque  des  fortes  marées, 
mais,  ajoutaient-ils,  si  l'on  expose  pendant  une  heure  ou  deux 
les  Huîtres  de  ces  claires  au  soleil,  elles  deviennent  laiteuses, 
elles  donnent  des  embryons. 

Bien  que  ce  fait  me  parût  tout  à  fait  extraordinaire,  j'ai 
cru  devoir  y  prêter  attention.  J'ai  exposé  au  soleil,  à  diver- 
ses reprises,  des  Huîtres  complètement  adultes,  et  séjour- 
nant depuis  longtemps  dans  les  bassins,  et,  comme  je  m'y 
attendais  bien,  je  n'ai  jamais  vu  ce  traitement  avoir  aucun 
effet  sur  les  organes  génitaux.  Beaucoup  de  ces  mollusques 
ne  tardaient  pas  à  succomber  par  suite  de  l'évaporalion  de 


NOTE   SUR    l'aquiculture.  315 

l'eau  contenue  entre  les  valves  de  leur  coquille.  Je  pense  que 
l'erreur  commise  par  les  observateurs  dont  j'ai  parlé,  pro- 
venait du  fait  suivant.  On  apporte  quelquefois  dans  les  claires 
des  Huîtres  à  l'époque  de  la  reproduction.  Ces  Huîtres  prises 
sur  les  bancs  naturels  sont  en  pleine  reproduction  et  peuvent 
dans  ce  cas  donner  du  naissain,  même  sans  être  exposées 
aux  rayons  du  soleil.  Je  me  rappelle  avoir  vu  deux  Huîtres 
donner  leurs  embryons  dans  un  petit  aquarium  d'apparte- 
ment. Elles  avaient  été  achetées  le  matin  même  à  la  halle,  et 
la  nature  suivait  son  cours. 

Si  j'ai  cru  devoir  entretenir  la  Société  de  cette  question, 
c'est  qu'elle  a  quelque  intérêt  au  point  de  vue  pratique. 

Le  décret  de  1882  défend  la  vente  des  Huîtres  pendant  les 
mois  de  l'été,  en  se  basant  sur  l'inconvénient  que  présente  à 
divers  points  de  vue  le  commerce  de  ces  mollusques  à  l'épo- 
que de  la  reproduction.  Avec  quelque  raison,  les  ostréicul- 
teurs de  la  Seudre  font  observer  que  leurs  Huîtres  ne  se  re- 
produisant pas  pourraient  sans  danger  être  mises  en  vente. 

On  sait  que  les  Huîtres  élevées  aux  environs  de  Marennes 
proviennent  soit  des  parcs  d'Arcachon,  soit  de  ceux  de  la 
Bretagne.  Cependant  on  élève  aussi  quelques  Huîtres  prove- 
nant des  bancs  naturels  de  la  région,  et  c'est  de  ces  bancs 
que  je  désirerais  maintenant  entretenir  la  Société. 

Deux  bancs  naturels  se  rencontrent  dans  ce  quartier.  L'un, 
le  banc  deCharret,  est  situé  entre  l'île  d'Oléron  et  la  côte. 
Souvent  envahi  par  les  moules,  ce  banc  avait  été  reconstitué 
en  partie.  Malheureusement,  l'Administration  ayant  cru  devoir 
retirer  la  péniche  garde-pêche  qui  le  surveillait,  il  est  à 
craindre  de  le  voir,  comme  toujours,  pillé  à  outrance  et  par 
conséquent  disparaître.  Le  second  banc,  dit  de  JMouillelande, 
est  situé  dans  la  Seudre  même.  Lui  aussi  avait  perdu  il  y  a 
quelques  années  une  partie  de  son  importance  à  la  suite  de 
pillages  répétés.  Grâce  à  la  vigilance  et  à  l'énergie  du  com- 
missaire de  la  marine,  M.  Sené-Desjardins,  le  banc  de  Mouil- 
lelande  avait  été  complètement  reconstitué.  Sur  ces  fonds  se 
trouvent  une  grande  quantité  de  coquilles  vides  de  Cardium 
edide  {Coques  ou  Sourdo)is)  qui  forment  des  collecteurs  na- 


316  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

turels,  et  qui  bientôt  s'étaient  couvertes  de  naissain.  Les 
Huîtres  étaient  d'excellente  qualité,  superbes  de  forme.  J'ai 
le  regret  d'annoncer  que  ce  magnifique  banc  est  à  la  veille  de 
disparaître.  L'ennemi  sous  lequel  il  va  succomber  est  V Huître 
portugaise. 

On  sait  que  depuis  quelques  années  les  ostréiculteurs  de 
Marennes  ont  introduit  dans  leurs  claires  une  grande  quan- 
tité de  ces  mollusques  du  Tage,  qu'ils  revendent  ensuite 
comme  améliorés.  Ces  Huîtres  ont  été  placées  non  seulement 
dans  les  claires,  mais  aussi  dans  les  chenaux  ou  ruissons 
qui  viennent  déboucher  dans  la  Seudre. 

La  lutte  pour  l'existence  s'est  alors  engagée  entre  notre 
Huître  indigène  et  la  portugaise,  qui  malheureusement  a 
remporté  une  complète  victoire. 

A  l'heure  actuelle,  chaque  Huître  française,  devenue  col- 
lecteur, porte  sur  ses  valves  plusieurs  portugaises  qui  l'étouf- 
fent  et  l'anéantissent.  De  plus,  comme  partout  où  se  trouve 
les  gryphées,  il  s'est  formé  là  de  vastes  amoncellements  de 
vase,  le  fond  a  été  sali,  bouleversé. 

Il  est  trop  tard  maintenant  pour  porter  remède  à  cet  étal 
de  choses,  mais  je  crois  qu'il  y  a  lieu  de  signaler  ce  fait  à 
tous  les  ostréiculteurs,  de  leur  montrer  quel  danger  il  y  au- 
rait pour  eux  à  introduire  dans  leurs  claires  le  mollusque 
portugais. 

Ce  sont  surtout  les  ostréiculteurs  bretons  qui  ont  un  inté- 
rêt de  premier  ordre  à  proscrire  les  gryphées.  On  sait,  en 
effet,  que  ces  mollusques  se  plaisent  surtout  dans  les  eaux 
vaseuses,  et  introduits  dans  le  golfe  du  Morbihan,  dans  les 
rivières  d'Auray,ils  ne  tarderaient  pas  à  anéantir  les  Huîtres 
indigènes.  D'ailleurs,  je  m'empresse  de  le  dire,  les  Bretons 
connaissent  bien  ce  danger  et  jusqu'à  présent  ils  se  sont  bien 
gardés  d'importer  dans  leurs  eaux  les  Huîtres  portugaises. 
J'ai  profité  de  mon  séjour  dans  le  Sud-Ouest  pour  me  ren- 
dre sur  les  bords  de  la  Gironde,  où,  comme  chacun  sait,  les 
Huîtres  portugaises  ont  formé  des  bancs  considérables.  Le 
centre  de  l'exploitation,  dans  cette  région,  est  le  petit  bourg 
du  Verdon. 


NOTE   SUR    l'aquiculture.  317 

Je  demanderai  à  la  Société  de  lui  dire  quelques  mots  de 
l'état  de  l'industrie  huîtrière  dans  cette  région. 

Les  gryphées  se  sont  développées,  multipliées  avec  une 
abondance  vraiment  extraordinaire.  Chaque  jour  elles  ga- 
gnent du  terrain.  Les  murs  des  quais  de  Royan,  situés 
cependant  à  une  certaine  distance  du  Verdon,  sont  déjà  cou- 
verts de  mollusques. 

Dans  les  premières  années,  les  Huîtres  portugaises  ont 
rapporté  aux  riverains  de  la  Gironde  de  très  beaux  bénéfices. 
Il  n'y  avait  pour  ainsi  dire  qu'à  se  baisser  pour  ramasser 
d'abondantes  provisions  de  ce  mollusque.  Bientôt  on  eut 
l'idée  de  poser  des  collecteurs,  et  la  récolte  fut  des  plus 
abondantes.  xMais  la  quantité  produite  est  telle  que  les  prix 
ont  baissé  dans  une  proportion  énorme.  L'année  dernière, 
les  portugaises  se  sont  vendues  3  francs  le  mille  (les  petites) 
et  10  francs  les  moyennes,  1  franc  le  cent.  Et  pour  le  faire 
remarquer  en  passant  ce  sont  ces  Huîtres  qui  se  sont  vendues 
au  détail,  sur  le  marché  de  Paris,  70  et  80  centimes  la  dou- 
zaine. 

Cette  baisse  de  prix  a  amené  beaucoup  d'ostréiculteurs 
du  Verdon  à  abandonner  leurs  collecteurs,  à  ne  pas  les  rele- 
ver, le  prix  de  la  main-d'œuvre  nécessitée  par  cette  opéra- 
tion dépassant  celui  qu'aurait  donné  la  vente  des  produits. 
Un  seul  ostréiculteur  m'a  dit  avoir  abandonné  ainsi  50000 
collecteurs.  Or  il  importe  de  remarquer  que  les  Huîtres 
ainsi  abandonnées  croissent  avec  une  rapidité  étonnante; 
elles  prennent  les  formes  les  plus  bizarres,  et  leur  valeur 
marchande  est  bien  loin  de  s'accroître. 

Devant  ces  faits  on  est  en  droit  de  s'étonner  en  voyant  pré- 
coniser la  fécondation  artificielle  appliquée  aux  huîtres  por- 
tugaises. 

Je  suis  loin  de  nier  l'intérêt  scientifique  que  peut  présen- 
ter une  semblable  opération,  mais  je  suis  obligé  de  dire 
qu'au  point  de  vue  pratique,  elle  me  semble  absolument 
inutile. 

Je  ne  pouvais  séjourner  dans  la  Charente-Inférieure,  sans 
me  préoccuper  des  bouchots  à  moules,  de  cette  industrie  de 


318  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

la  baie  d'Aiguillon,  si  bien  décrite  par  MM.  Costa  et  de  Qua- 
trefages.  Les  bouchots  existent  toujours,  et  leur  nombre 
a  même  considérablement  augmenté. 

Dans  le  quartier  de  Marans,  qui  comprend  la  baie  de  l'Ai- 
guillon, on  compte  actuellement  environ  1500  bouchots  don- 
nant chaque  année  une  moyenne  de  4-0000  hectolitres  de 
moules.  Dans  le  quartier  de  La  Rochelle,  ces  établissements 
sont  également  fort  nombreux,  notamment  dans  la  baie  d'Es- 
nandes.  L'Administration  maritime  se  refuse  même  adonner 
de  nouvelles  concessions,  de  crainte  de  voir  celte  baie  se 
combler  par  suite  de  l'amoncellement  des  vases. 

En  terminant,  je  rappellerai  que  dans  le  quartier  de  Ma- 
rennes  existent  un  grand  nombre  de  réservoirs  à  poissons. 
Ils  sont  basés,  établis,  sur  le  même  principe  que  ceux  du 
bassin  d'Arcachon. 

Seulement  le  manche  est  ici  remplacé  par  de  grandes 
nasses  d'osier  ou  de  fils  métalliques,  appareils  auxquels  on 
donne  le  nom  de  langons. 

Ces  établissements  souffrent  un  peu  de  leur  éloignement 
des  grands  centres.  Étant  donné  le  prix  des  transports,  la 
vente  du  poisson  est  parfois  difficile.  Enfin,  ils  éprouvent 
parfois  des  pertes  sérieuses  par  suite  du  froid.  Je  pense  qu'en 
construisant  des  abris,  des  poêles  pour  les  poissons,  en  fai- 
sant usage  des  nattes  employées  sur  divers  points  du  littoral, 
on  pourrait  en  partie  parer  à  cet  inconvénient. 


L'ANANAS 

{BROMEUA  ANANAS  L.) 

SA  CULTURE   DANS   LES   COLONIES.   —  VIN   ET   EAU-DE-VIE   D'ANANAS 

Par  M.    Aitg.   PAILLIEUX 


Dans  uu  compte  rendu  d'une  séance  de  la  Société  de  géo- 
graphie, je  lisais  dernièrement  :  «  Un  des  membres  de  la 
Mission  (1),  M.  Manas,  a  installé  à  Franceville  une  fabrique 
d'eau-de-vie  d'Ananas  qui  fournit,  paraît-il,  un  alcool  déli- 
cieux, rappelant  le  goût  de  la  Chartreuse  verte  (2).  » 

Ce  passage  du  compte  rendu  me  confirmait  dans  le  projet 
que  j'avais  formé  de  recueillir  et  de  vous  communiquer  des 
renseignements  sur  l'Ananas,  considéré  comme  plante  indus- 
trielle de  grande  culture. 

Il  s'agit  ici  d'une  culture  tropicale,  mais  nous  ne  devons 
pas  oublier  que  notre  Société  est  internationale,  universelle, 
et  s'intéresse  à  toutes  les  tentatives  agricoles  utiles,  qu'elles 
aient  lieu  dans  nos  colonies  ou  à  l'étranger. 

Je  me  suis  donc  donné,  en  ce  temps  d'enquêtes  perpé- 
tuelles et  d'interviews  sans  fm,  une  mission  de  commissaire 
enquêteur  que  j'ai  remplie  et  dont  je  vous  apporte  les  ré- 
sultats. 

M.  le  D'  Sagot,  dont  l'obligeance  et  les  lumières  ne  me 
font  jamais  défaut,  m'écrit  en  réponse  à  mes  questions  : 

((  Je  n'ai  jamais  trouvé  dans  mes  herborisations  à  la  Guyane 
l'Ananas  sauvage.  Je  crois  que  le  D'  Grevaux  et  d'autres  voya- 
geurs l'ont  observé  dans  la  région  monlueuse  où  les  fleuves 
prennent  leur  source.  Je  présume  qu'il  y  pousse  surtout  dans 
les  fissures  et  les  excavations  des  rochers,  ou  au  pied  des 
roches,  dans  un  sol  riche  en  terreau,  recevant  une  sorte  de 

(1)  Mission  de  l'Ouest  africain,  sous  la  direction  de  M.  de  Brazza,  commis- 
saire de  la  République  française  dans  l'Ouest  africain. 

(2)  Station  tenue  par  M.  Roche. 


320  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

fumure  arliticielle  des  déjections  d'oiseaux  et  d'animaux  sau- 
vaoes,  et  de  l'irrigation  par  des  eaux  qui  ont  lavé  le  rocher 
voisin  et  les  terres  voisines.  Dans  celte  station,  l'Ananas  re- 
çoit à  la  fois  la  double  action  de  la.  pluie  et  du  soleil,  et  a  un 
sol  naturel  très  riche,  en  même  temps  qu'il  ne  souffre  ni  de 
l'ombre  trop  épaisse  des  grands  bois,  ni  du  voisinage  étouf- 
fant de  l'herbe. 

»  L'Ananas  cultivé  à  la  Guyane  ne  donne  de  bons  et  beaux 
fruits,  bien  juteux  et  bien  sucrés,  que  dans  des  terres  excel- 
lentes et  d'une  fertilité  presque  potagère  (environs  immédiats 
de  l'habitation  à  sol  fumé  par  le  voisinage  de  l'homme,  jar- 
dins, nouveaux  défrichés  de  forêts,  alluvions  vaseuses  de  la 
côte,  dites  terres  basses,  régulièrement  desséchées). 

»  A  une  distance  un  peu  plus  grande  de  l'équateur,  l'Ananas 
peut  peut-être  se  contenter  d'un  sol  d'une  fertilité  un  peu 
moindre,  mais  il  lui  faut  toujours  une  bonne  terre.  En  sol 
épuisé  et  stérile,  même  avec  des  pluies  suffisantes,  il  pousse 
en  feuilles,  mais  ne  donne  qu'un  fruit  petit,  mal  formé,  dé- 
pourvu de  chair  juteuse  et  sucrée  abondante,  parfois  atteint 
de  gomme,  fibreux  ou  coriace. 

»  L'Ananas  est  un  des  fruits  qui  gagnent  le  plus  en  volume 
et  en  qualité  à  la  large  fumure  et  à  l'arrosage  régulier,  soit 
naturel  par  l'effet  des  pluies,  soit  artificiel. 

»  Pendant  qu'il  pousse  en  feuilles,  il  peut  supporter,  sans 
préjudice  notable,  des  sécheresses  temporaires  même  pro- 
longées, ou,  dans  la  région  tempérée  chaude  (Algérie),  des 
rafraîchissements  de  température  temporaires. 

»  Dans  les  pays  chauds,  l'Ananas  (œilleton  terminal)  rap- 
porte au  bout  de  l'année  un  fruit  mûr;  planté  de  rejets  laté- 
raux, il  fructifie  un  peu  plus  vite. 

»  Dans  les  pays  ayant  une  saison  fraîche  bien  marquée  qui 
suspend  momentanément  sa  végétation,  l'Ananas  peut  ne  don- 
ner son  fruit  que  la  seconde  ou  même  la  troisième  année. 

»  Je  ne  me  figure  pas  très  facilement  de  grandes  plantations 
d'Ananas  dont  les  fruits  fourniraient  un  vin  d'Ananas.  Où 
trouverait-on  de  suflisantes  étendues  de  terres  assez  fertiles? 
Serait-ce  dans  de  nouveaux  défrichés  de  forêts  vierges?  Mais 


L'ANANAS.  321 

le  sol  y  garderail-il  longtemps  sa  fertilité?  Serait-ce  dans  le 
fond  de  petites  vallées  inclinées  où  la  terre  végétale  ô'accu- 
mule?  Mais  aurait-on  des  étendues  suffisantes  et  n'aurait-on 
pas  à  craindre  des  ravinements  et  des  inondations  tempo- 
raires dans  les  grosses  pluies  d'orage  et  les  cyclones? 

»  Serait-ce  dans  des  sols  alluvionnaires  vaseux  de  la  côte? 
Mais  trouverait-on  des  ouvriers  dociles  et  patients  pour  l'exé- 
cution des  fossés  et  des  digues  de  dessèchement? 

»  Serait-ce  dans  des  sols  naturellement  moins  fertiles,  mais 
engraissés  par  une  fumure?  Mais  serait-il  pratiquement  pos- 
sible de  faire  ce  fumier,  et  la  culture  resterait-elle  lucra- 
tive ?  » 

Arrivons  à  la  conversion  du  jus  d'Ananas  en  boisson  fer- 
mentée.  Elle  a  été  pratiquée  plusieurs  fois  avec  succès  dans 
les  pays  chauds,  mais  je  ne  sais  pas  exactement  quels  procé- 
dés de  fermentation  ont  été  suivis  et  quel  degré  de  finesse 
de  goût,  de  force  alcoolique  et  de  parfum  a  été  obtenu. 

A  mon  sens,  pour  que  l'opération  ait  un  sens  réel,  une  va- 
leur indiscutable,  il  faut  produire  une  boisson  qui  puisse 
supporter  le  parallèle  avec  les  vins-liqueurs,  sucrés  ou  secs, 
du  midi  de  l'Europe. 

Cultiver  l'Ananas  pour  produire  simplement  de  l'alcool 
me  paraît  absurde.  La  culture  de  la  Canne  en  produirait  bien 
davantage  et  bien  plus  facilement.  On  trouverait,  en  outre, 
un  produit  rival  dans  l'alcool  de  Betterave  puritié  des  cultures 
du  Nord. 

Heureusement  le  jus  d'Ananas  paraît  réunir  les  conditions 
qui  permettent  la  production  d'un  vin-liqueur.  Il  est  abon- 
dant, limpide,  sucré  et  acide  à  la  fois;  il  a  un  parfum  propre. 
Soit  par  une  simple  fermentai  ion  bien  conduite  à  l'abri 
du  contact  de  l'air  et  arrêtée  à  temps,  soit  par  une  fermenta- 
tion aidée  de  quelques  légères  additions  chimiques  inoffen- 
sives, j'ai  lieu  de  croire  qu'il  peut  arriver  à  l'état  d'une  bois- 
son alcoolique,  de  bon  goût,  saine,  tonique  et  très  agréable. 

A  la  Guyane,  chez  M.  Houry,  agriculteur  très  éclairé  et 
très  actif,  j'ai  eu  autrefois  occasion  de  goûter  du  vin  d'Ana- 
nas, qui  présentait  parfaitement  le  type  de  vin-liqueur.  Au 

4»  SÉRIE,  T.  m.  —  Juin  1886.  21 


322  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Brésil,  soit  avec  le  jus  d'Ananas,  soit  avec  le  jus  d'Orange,  soit 
avec  le  jus  du  fruit  d' Anacardium  (noix  d'acajou),  il  a  été 
souvent  préparé  des  boissons  fermentées  imitant  les  vins  du 
Midi,  et  il  en  a  été  présenté  en  Europe  dans  les  expositions. 

Si  l'on  veut,  à  Paris,  se  faire  une  idée  de  la  fermentation  du 
jus  d'Ananas,  rien  de  plus  facile  que  de  faire  quelques  expé- 
riences dans  de  petites  fioles  avec  le  jus  d'Ananas  rapportés 
par  les  paquebots,  que  l'on  trouve  k  acheter,  chez  les  mar- 
chands fruitiers  de  la  rive  droite,  à  des  prix  assez  modiques 
(1  ou  2  francs) . 

Quand  on  veut  arrêter  une  fermentation  énergiquement, 
on  met  parfois  une  parcelle  imperceptible  de  borax  dissous 
dans  l'eau. 

Quand  on  veut  donner  un  peu  d'apparence  de  vétusté,  on 
met  un  peu  de  glycérine. 

Je  ne  sais  pas  le  chiffre  exact  de  sucre  que  peut  contenir 
l'Ananas,  et  ce  chiffre  doit  varier  d'un  fruit  h  un  autre,  mais 
le  fruit  est  très  sucré.  Comme  le  fruit  est  en  même  temps 
acide,  une  partie  du  sucre  doit  être  à  l'état  de  glucose,  ce  qui 
est  favorable  à  la  bonne  fermentation. 

M.  Arsène  Rouzaud  habite  aujourd'hui  Bordeaux.  D'impé- 
rieuses raisons  de  famille  l'obligeant  à  quitter  la  Nouvelle- 
Calédonie,  il  a  cédé  son  établissement  à  un  Anglais,  qui  con- 
tinuera la  distillation  du  jus  d'Ananas. 

Je  me  suis  adressé  à  M.  Rouzaud  père  ;  je  l'ai  prié  de  de- 
mander, pour  moi,  à  son  fils  des  renseignements  aussi  éten- 
dus que  possible  sur  la  culture  de  l'Ananas  dans  notre  colo- 
nie, et  celui-ci,  avec  le  plus  obligeant  empressement,  m'a  fait 
remettre  un  rapport  dont  la  clarté  et  la  précision  ne  laissent 
rien  à  désirer. 

Voici  cet  utile  document  : 

«  Sous  tous  les  climats,  la  science  agricole  sait  tirer  un 
parti  avantageux  du  sol  riche,  profond  et  plus  ou  moins  frais 
des  plaines.  Partout,  au  contraire,  les  difficultés  sont  grandes 
pour  utiliser  d'une  manière  fructueuse  les  sols  plus  ou  moins 
secs  et  arides  des  coteaux  et  des  montagnes. 


l'ananas. 


»  Si,  dans  le  premier  cas,  les  cultures  peuvent  être  variées 
à  l'infini,  elles  sont  au  contraire  fort  restreintes  et  limitées 
dans  le  second  et  doivent  revêtir  plus  particulièrement  un 
caractère  industriel  ;  c'est  ainsi  que,  selon  les  zones,  on  confie 
aux  sols  inférieurs  la  Vigne,  l'Olivier,  etc. 

»  Démontrer  que  dans  les  pays  chauds  on  peut  tirer  le  même 
parti  de  la  culture  de  l'Ananas  me  paraît  donc  une  œuvre  es- 
sentiellement utile  au  point  de  vue  colonial, 

»  C'est  ce  que  je  vais  essayer  de  faire  en  quelques  mots, 
non  pas  en  théoricien,  mais  en  homme  pratique,  ayant  le 
premier  planté,  cultivé  et  utilisé  industriellement  l'Ananas 
en  Nouvelle-Calédonie. 

SOL 

»  Si  pour  l'Ananas,  comme  pour  toutes  les  plantes  en  gé- 
néral, le  sol  des  plaines  permet  une  culture  plus  facile  et  un 
plus  grand  développement  dans  la  végétation  et  les  fruits,  sa 
rusticité  exceptionnelle  permet  néanmoins  de  le  cultiver  avan- 
tageusement dans  tous  les  terrains  défrichés,  même  les  plus 
arides.  La  seule  condition  sur  laquelle  il  ne  transige  pas,  c'est 
la  privation  des  rayons  solaires;  à  l'ombre,  il  ne  produit  pas 
ou  ne  donne  que  peu  de  fruits  et  de  qualité  inférieure. 

PLANTATION 

»  Après  avoir  bien  labouré  son  terrain,  il  est  prudent  de 
faire  une  culture  ou  deux  de  Maïs,  Pommes  de  terre  ou  autres 
plantes  sarclées,  afin  de  purger  le  sol  aussi  complètement 
que  possible  des  mauvaises  herbes.  Cela  fait,  on  laboure  de 
nouveau  le  sol  et  l'unit  à  la  herse  ;  puis  on  trace  des  sillons 
bien  droits  et  parallèles,  distancés  de  1  ou  5  mètres,  selon 
qu'on  est  en  plaine  ou  sur  coteaux,  dans  lesquels  on  place 
les  plants  h  50  centimètres  les  uns  des  autres,  de  manière  à 
avoir  10000  ou  20000  pieds  par  hectare. 

»  Bien  que  l'Ananas  puisse  se  planter  en  toute  saison,  on 
doit  autant  que  possible  opérer  la  plantation  à  l'époque  des 
pluies  et  des  grandes  chaleurs,  et  choisir  comme  plants  les 
plus  beaux  bourgeons. 


324  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

»  Avant  de  planter,  et  pour  faciliter  la  sortie  rapide  des 
racines,  on  doit  arracher  les  cinq  ou  six  premières  petites 
feuilles  du  bas  du  bourgeon,  qui  autrement  se  pourriraient 
et  empêcheraient  le  développement  des  racines. 

»  Cette  première  précaution  prise,  on  a  le  soin  de  réunir 
toutes  les  feuilles  de  la  plante  serrées  dans  la  main  gauche, 
afin  que,  en  fixant  le  plant  dans  le  trou  destiné  à  le  recevoir, 
la  terre  ne  s'introduise  pas  dans  le  cœur  de  la  plante.  De  cette 
recommandation  importante  dépend  le  succès  de  la  plan- 
tation. 

»  Les  feuilles  qui  entourent  le  cœur  de  l'Ananas  sont,  en 
effet,  disposées  de  telle  façon  (en  forme  de  cornet)  qu'elles 
reçoivent  chaque  nuit,  pour  la  conduire  au  cœur  de  la  plante, 
la  rosée  toujours  très  abondante  dans  les  pays  chauds.  Cette 
rosée,  s'évaporant  lentement  pendant  le  jour,  entretient  une 
humidité  constante,  véritable  aliment  pour  la  plante,  qui  fait 
que  celle-ci  ne  souffre  nullement  des  grandes  sécheresses  et 
se  comporte  parfaitement  dans  tous  les  terrains  les  plus  secs 
et  sous  le  soleil  le  plus  ardent. 

CULTURE 

»  La  plantation  faite  dans  les  conditions  qui  précèdent  as- 
sure une  reprise  certaine;  il  ne  s'agit  plus  désormais  que  de 
chausser  ou  butter  légèrement  les  plants  à  la  charrue,  et  d'o- 
pérer ensuite  des  binages  suivis  pour  empêcher  les  herbes 
d'envahir  la  plantation,  exactement  comme  on  fait  pour  la 
Vione,  car  les  soins  culturaux  à  donner  à  l'Ananas  sont  les 
mêmes.  / 

»  On  comprend  immédiatement  par  là  que  la  culture  en 
terrain  sec  et  aride,  où  les  herbes  ont  de  la  peine  à  pousser, 
exige  moins  de  sarclage  que  celle  faite  dans  le  sol  riche  et 
frais  des  plaines  où  l'herbe  pousse  abondamment. 

»  La  nécessité  du  passage  plus  fréquent  de  la  charrue  en 
sol  riche  est  une  des  raisons  qui  me  font  conseiller  en  plaine 
la  plantation  en  rangs  espacés  de  2  mètres. 

»  Une  autre  raison  est  tirée  de  cette  considération  que,  la 


L  ANANAS.  325 

période  de  grande  produclion  de  l'Ananas  étant  de  trois  an- 
nées, sa  plantation  nouvelle  pourra  se  faire  sans  frais  de  trans- 
port, pour  ainsi  dire  sans  déplacement,  puisqu'il  suffira  de 
prendre  à  la  plante  en  déclin  son  plus  beau  bourgeon  et  de 
le  planter  dans  la  ligne  parallèle  distante  d'un  mètre  seu- 
lement. 

»  Cette  ligne  intercalaire,  en  effet,  aura  été  admirablement 
préparée  à  la  recevoir  par  les  cultures  intermédiaires  de  Ha- 
ricots, Pommes  de  terre  et  autres  plantes  sarclées  et  basses 
qu'elle  aura  supportées  pendant  trois  années,  et,  en  alternant 
ainsi,  le  même  sol  pourra  indéfiniment  accepter  dans  d'ex- 
cellentes conditions  la  culture  de  l'Ananas  sans  en  être  épuisé. 

»  Enfin,  une  troisième  raison  de  la  culture  en  rangs  espa- 
cés de  2  mètres  est  de  faciliter  dans  les  sols  riches  le  dévelop- 
pement des  feuilles  de  l'Ananas  qui  peuvent  être  coupées  à  la 
fructification  de  la  plante  et  fournir  un  produit  accessoire 
dont  j'aurai  occasion  de  parler. 

»  Cette  considération  n'existant  pas  pour  l'Ananas  cultivé 
en  sol  pauvre  et  sec  et  les  cultures  intermédiaires  ne  pou- 
vant pas  y  être  rémunératrices,  je  conseille  d'y  faire  la  plan- 
tation en  rangs  espacés  d'un  mètre  seulement,  qui  permettra 
le  passage  facile  de  la  charrue  au  début,  de  celui  de  la  pioche 
ensuite,  pour  détruire  les  herbes  plus  rares,  tout  en  doublant 
les  pieds  d'Ananas,  sauf  à  laisser  reposer  le  sol  ensuite  avant 
la  replantation  de  ce  dernier. 

PRODUCTION 

»  Ainsi  que  j'ai  eu  l'honneur  de  le  dire,  la  pleine  produc- 
tion de  l'Ananas  doit  être  comptée  pour  une  période  de  trois 
années. 

»  Durant  ces  trois  années  chaque  pied  d'Ananas  produira 
annuellement  en  moyenne  : 

»  En  plaine,  culture  soignée  contenant  10000  pieds 
d'Ananas  à  l'hectare,  4200  grammes  de  fruits  par  pied, 
12000  kilogrammes  de  fruits  à  l'hectare;  13000  Ananas  en- 
viron. 


326  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

»  La  première  année,  l'Ananas  rapporte  peu,  mais  les 
deuxième  et  troisième  années,  on  peut  souvent  dans  les  cul- 
tures en  plaine  laisser  deux  beaux  bourgeons  à  chaque  pied 
et  on  aura  deux  beaux  fruits. 

»  En  sol  aride,  qui  contiendra  20000  pieds  d'Ananas  à 
riiectare,  les  Ananas  seront  moins  beaux  que  ceux  récollés 
dans  les  plaines  et  il  ne  faudra  compter  que  sur  800  grammes 
par  pied,  soit  16000  kilogrammes  de  fruits  à  l'hectare; 
20 000  Ananas  environ. 

»  Je  ne  compte  qu'un  Ananas  par  pied  parce  que,  dans  les 
terrains  arides,  il  est  rare  qu'on  puisse  laisser  plus  d'un 
bourgeon  par  pied. 

»  Au  premier  abord  ce  résultat  paraîtrait  singulier,  car  il 
donnerait  un  avantage  marqué  aux  terrains  pauvres  sur  les 
terrains  riches  ;  je  dois  donc  faire  remarquer  immédiate- 
ment que  dans  les  terrains  pauvres  les  fruits  seront  d'abord 
moins  beaux,  ce  qui  diminuera  la  moyenne  de  leurs  poids  ; 
qu'ensuite  l'Ananas  dans  ces  terrains  supportera  seul  les  frais 
de  culture,  qui  seront  compensés  en  plaine  par  le  produit  des 
cultures  intermédiaires;  qu'enfin  dans  la  plaine  la  culture 
de  l'Ananas  sera  indéfinie,  alors  qu'en  sol  sec  et  aride  elle 
devra  être  suspendue  tous  les  trois  ans. 

»  Mais  il  ne  reste  pas  moins  ce  fait  certain,  important, 
que  l'Ananas  assure  une  culture  rémunératrice  dans  les  sols 
de  la  plus  mauvaise  qualité. 

»  Donc,  en  acceptant  les  données  plus  haut  indiquées  qui 
sont  le  résultat  de  l'expérience  en  Galédonie,  on  aura  en- 
viron à  l'hectare  en  moyenne  :  dans  les  plaines,  13000  Ana- 
nas, en  sol  aride,  20000. 

»  Employés  en  conserves,  j'ignore  ce  que  pourrait  être  un 
pareil  résultat;  il  serait  déjà  probablement  très  beau,  mais 
je  dois  reconnaître  que  limité  à  cet  emploi,  malgré  l'étendue 
qu'il  peut  prendre,  l'Ananas  ne  pourrait  être  considéré 
comme  une  plante  de  véritable  grande  culture.  Heureuse- 
ment, l'industrie  peut  en  tirer  parti  d'une  autre  manière. 


l'ananas.  327 


DISTILLATION   DE    L  ANANAS 

»  Dans  la  séance  de  l'Assemblée  législative  française  du 
8  mai  1885,  M.  Gerville-Réache,  député,  ayant  rappelé  dans 
un  rapport  la  déclaration  faite  par  l'amiral  Courbet,  que  la 
culture  de  l'Ananas  était  très  répandue  à  Nakéty  (Nouvelle- 
Calédonie)  et  que  la  distillation  du  fruit  était  déjà  essayée 
avec  avantage,  M.  Georges  Périn  crut  pouvoir  répondre  :  «  Ce 
n'est  pas  sérieux;  on  ne  distille  pas  VA  nanas.  » 

»  Je  suis  au  regret  de  le  déclarer  pour  M.  Georges  Périn, 
auquel  la  spécialité  des  questions  coloniales  semble  tenir  à 
cœur,  la  seule  chose  non  sérieuse,  c'est  sa  réponse.  Ce  que 
le  regretté  et  illustre  amiral  disait,  il  pouvait  l'affirmer,  car 
il  l'avait  vu  chez  moi,  à  Nakéty,  dans  une  visite  où  m'était 
réservé  l'honneur  de  donner  une  hospitalité  bien  modeste  à 
cet  homme  réellement  supérieur,  si  foncièrementjusteetbon, 
si  profondément  dévoué  à  tout  ce  qui  était  l'intérêt  de  la 
France!  Il  n'est  du  reste  pas  le  seul  qui  se  soit  arrêté  à  cette 
question  si  importante  pour  la  colonie.  Son  distingué  et 
digne  successeur,  le  commandant  Pallu  de  la  Barrière,  qui  a 
laissé  comme  gouverneur  de  la  Calédonie  de  si  unanimes  re- 
grets par  les  services  éminents  rendus  à  la  colonie,  s'y  est 
également  beaucoup  intéressé  et  m'a  fait  l'honneur  aussi  de 
visiter  à  plusieurs  reprises  mes  plantations,  m'encourageant 
à  persévérer  dans  cette  voie,  que  j'ai  dû  abandonner  pour 
rentrer  en  France,  mais  que  j'aurais  poursuivie  avec  achar- 
nement si  j'étais  resté  dans  la  colonie. 

»  Avant  de  soumettre  l'Ananas  à  la  presse,  il  faut  avoir  soin 
de  le  bien  broyer.  Le  jus  que  l'on  extrait  ensuite  doit  être 
reçu  dans  un  tamis,  afin  de  le  débarrasser  des  détritus  qu'il 
entraîne  avec  lui,  puis  ramené,  par  une  addition  d'eau,  à 
7  degrés.  Cette  addition  d'eau  peut  se  faire  aussitôt  la  pre- 
mière pressée  faite,  en  ajoutant  ladite  eau  au  marc  que  l'on 
vient  de  sortir  et  que  l'on  soumet  de  nouveau  à  la  presse.  Si 
celte  opération  est  bien  faite,  on  devra  obtenir  un  rendement 
de  2  pour  100  en  plus  en  alcool. 


328  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

»  Comme  la  fermentation  se  fait  très  rapidement,  il  faut, 
autant  que  possible,  par  une  installation  convenable,  main- 
tenir la  température  à  25  degrés.  Si  la  température  est  plus 
élevée,  ce  qui  arrive  souvent,  il  importe  de  veiller  et  de  con- 
vertir le  jus  en  flegmes  aussitôt  la  fermentation  terminée  ;  on 
peut  ensuite  attendre  la  rectification  définitive. 

»  Par  une  fermentation  bien  surveillée,  j'ai  obtenu  un  bon 
vin  pouvant  être  exporté  sans  la  moindre  crainte  de  le  voir 
se  détériorer.  Mis  en  bouteilles  après  trois  mois,  il  était  lim- 
pide, ne  fermentant  plus,  ressemblant  à  un  bon  vin  blanc 
ordinaire  et  j'ai  pu  le  faire  boire,  comme  vin  de  raisin  venant 
de  France,  par  des  Européens  se  prétendant  connaisseurs, 

»  Là  se  trouverait  peut-être  même  la  véritable  utilisation 
de  l'Ananas,  car  il  fournirait  un  vin  de  grande  consomma- 
tion. 

»  Mais,  revenant  à  la  distillation,  le  vin  obtenu  démontre 
qu'elle  est  essentiellement  pratique  et  ne  peut  que  donner 
d'excellents  résultats.  Aussi,  bien  qu'opérant  avec  des  appa- 
reils insuffisants,  ai-je  obtenu  des  eaux-de-vie  acceptées  par 
la  consommation  locale,  et  que  des  procédés  connue  de  rec- 
tification rendraient  bien  supérieures  aux  produits  aujour- 
d'hui courants  dans  le  commerce. 

»  Il  y  a  donc  là  une  culture  fructueuse  pour  les  pays 
chauds,  et,  pour  moi,  l'Ananas  est  un  des  fruits  les  plus  utiles 
de  la  création. 

»  Voici  les  résultats  bruts  par  hectare  que  peut  donner  la 
culture. 

»  En  plaine  (frais  compensés  par  les  cultures  intermé- 
diaires) : 

12000  kilogrammes  fruits. 
7200  litres  jus. 
720  litres  eau-de-vie  à  50  ou  52  degrés. 

»  En  sol  aride  : 

16000  kilogrammes  fruits. 
9600  litres  jus. 
960  litres  eau-de-vie  à  50  ou  52  degrés. 


l'ananas.  329 


UTILISATION    DE    LA   FEUILLE    DE    l'aNANAS 

))  On  peut  utiliser  la  feuille  de  l'Ananas  ,qni  donne  un  très 
beau  fil.  Bien  des  personnes  connaissent  déjà  les  beaux  tissus 
fabriqués  dans  l'Inde  avec  ce  fil,  d'une  finesse  très  grande  et 
ressemblant  à  de  la  soie. 

»  La  coupe  des  feuilles  doit  se  faire  lorsqu'elles  ont  atteint 
leur  complet  développement,  c'esl-cà-dire  peu  de  temps  avant 
la  maturité  du  fruit,  de  façon  à  ne  pas  nuire  à  ce  dernier. 
J'estime  ce  produit  supplémentaire  à  50  grammes  par  pied 
en  plaine,  soit  500  kilogrammes  à  l'hectare. 
»  Bordeaux,  le  8  janvier  1886. 

»  Arsène  Rouzaud.  » 

J'ai  interviewé  M.  Ralu  qui  m'a  accueilli  avec  une  parfaite 
obligeance.  Si  ma  mémoire  est  fidèle,  voici  les  renseigne- 
ments qu'il  a  bien  voulu  me  donner  : 

Il  a  traversé  la  période  des  essais  ;  il  fabrique  et  vend  du 
vin  d'Ananas. 

Le  jus  lui  est  expédié  du  pays  de  culture.  Sa  fermentation 
€st  prévenue  par  un  procédé  particulier,  A  l'arrivée  du  jus, 
la  fermentation  est  rétablie  et  le  vin  est  fabriqué. 

Ce  vin  possède,  selon  M.  Ralu,  d'admirables  propriétés.  Il 
possède  notamment  celle  de  dissoudre  et  d'expulser  l'acide 
urique  de  l'économie,  évitant  à  tous  ceux  qui  font  bonne 
chère  les  terribles  affections  connues  sous  les  noms  de  gra- 
velle,  de  goutte,  de  rhumatismes  goutteux.  Il  s'appuie  sur 
le  témoignage  du  R.  P.  Labat,  du  R.  P.  Dutertre,  du  docteur 
"Vriès,  de  Sumatra. 

C'est  un  vin-liqueur  extrêmement  agréable,  doux,  moel- 
leux, capiteux;  c'est  de  lui  qu'un  célèbre  gourmet  anglais  a 
dit  :  «  C'est  du  soleil  en  bouteille  !  » 

Au  sujet  de  l'eau-de-vie  d'Ananas,  M.  Ralu  m'a  dit  :  Le 
jus  de  l'Ananas  distillé  aussitôt  après  la  fermentation  donne 
une  eau-de-vie  absolument  dépourvue  d'arôme. 

Si  l'on  fait  d'abord  du  vin  d'Ananas  comme  du  vin  de  Rai- 


330  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

sin  et  si  on  distille  ce  vin,  on  obtient  une  eau-de-vie  qui  pos- 
sède dans  toute  sa  délicatesse  le  parfum  de  l'Ananas. 

L'opération  pourrait  alors  être  fructueuse  à  cause  du  prix 
élevé  qu'on  obtiendrait.  Autrement,  on  ne  peut  faire  qu'une 
eau-de-vie  commune  qui  serait  vendue  à  bas  prix  aux  indi- 
gènes et  aux  équipages  des  navires. 

N.  B.  —  Les  distillateurs  d'alcool  de  grains,  de  betteraves,  etc.,  appellent 
flegmes  le  produit  de  la  distillation  du  jus  fermenté. 

Les  flegmes,  à  45  degrés  d'alcool  environ,  sont  soumis  à  une  deuxième 
distillation  qui  donne  l'alcool  à  90  degrés.  Les  jus  fermentes  s'acélifiant  promp- 
tement  à  l'air,  il  importe  de  les  convertir  en  flegmes  inaltérables  aussitôt  que 
la  fermentation  est  terminée. 

Les  jus  sucrés  peuvent  être  conservés  et  transportés  après  ébuUition  et  à 
l'abri  de  l'air.  Les  ferments  sont  tués  par  l'ébuUition  et  la  fermentation  alcoo- 
lique ne  peut  se  produire  qu'avec  le  concours  de  l'air.  Pour  plus  de  sûreté, 
on  peut  ajouter  au  liquide  un  peu  d'alcool  ou  d'acide  sulfureux  dissous. 

A  l'arrivée  en  France  on  peut  faire  fermenter  le  jus  d'Ananas  en  se  servant 
du  ferment  alcoolique,  la  levure  de  bière. 


II.  TRAVAUX  ADRESSÉS  ET  COMMUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ 


RAPPORT 

SUR   LES 

ÉDUCATIONS   DE   VERS   A   SOIE 

FAITES  PENDANT  L'ANNÉE  1885 
Par  M.   BIGOT 


Pontoise,  le  5  février  1886. 

Messieurs, 

Si  depuis  1879,  date  de  mon  dernier  rapport,  je  n'ai  fait 
aucune  communication  à  votre  Société,  c'est  que  rien  de 
particulièrement  intéressant  n'a  été  consigné  sur  mon  jour- 
nal pendant  cette  longue  période;  seule,  ou  à  peu  près,  la 
dernière  année  d'expérience,  c'est-à-dire  l'année  1885,  a 
fourni  quelques  particularités  dignes,  je  crois,  d'attirer 
votre  attention. 

Je  dois  commencer  par  vous  déclarer  que  les  six  années  qui 
se  sont  écoulées  depuis  mon  dernier  rapport,  ont  été  mar- 
quées par  un  succès  de  plus  en  plus  accentué  des  éducations 
des  Attacus  Yama-maï,  Pernyi  et  Ci/nlhia,  tout  en  faisant 
quelques  réserves  pour  Pernyi;  je  m'en  expliquerai  plus 
loin. 

ÉDUCATION    DE   l' ATTACUS   YAMA-MAI    POUR    l'ANNÉE   1885 

La  dernière  quinzaine  du  mois  de  mars  ainsi  que  la  pre- 
mière du  mois  d'avril  ont  été  très  froides,  il  en  est  résulté 
un  retard  très  sensible  dans  la  végétation  du  Chêne;  ainsi 
par  exemple,  le  23  mars  1880  j'ai  trouvé  des  feuilles  de 
Chêne  suffisamment  développées  pour  permettre  de  com- 
mencer une  éducation;  il  est  vrai  que  c'était  la  première  fois 
qu'il  m'était  donné  de  constater  une  végétation  aussi  hâtive  ; 


332  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

si  maintenant  je  me  reporte  à  l'année  1884,  je  reconnais  que 
le  Chêne  est  bien  développé  dès  les  premiers  jours  du  mois 
d'avril,  tandis  que  cette  année,  à  la  date  du  i9  avril,  je  n'ai 
trouvé  sur  une  étendue  d'au  moins  vingt  hectares,  qu'un 
seul  pied  épanoui  et  une  trentaine,  environ,  dont  les  bour- 
geons très  gonflés  étaient  prêts  à  s'ouvrir. 

La  température  douce  et  parfois  chaude  de  la  deuxième 
quinzaine  d'avril  fit  avancer  la  végétation  d'une  manière  sur- 
prenante; ainsi,  le  Chêne  qui,  le  19  avril,  n'était  encore 
qu'en  bouton,  est  bien  développé  le  22  et  en  pleine  feuille 
le  24  du  même  mois  ;  il  est  vrai  d'ajouter  que  les  taillis  en 
question  sont  plantés  dans  un  terrain  sablonneux  et  parfaite- 
ment exposés  au  midi. 

Des  œufs. 

Les  œufs  ont  été  placés  comme  d'habitude,  pour  l'hiver- 
nage, dans  un  grenier  bien  aéré,  situé  à  l'est  d'un  côté  et  au 
nord  de  l'autre;  ils  se  trouvent  ainsi  exposés  à  une  tempéra- 
ture assez  basse  pour  qu'il  n'y  ail  pas  à  craindre  d'éclosions 
prématurées  ;  depuis  près  de  vingt  ans  que  je  m'occupe  de 
l'acclimatation  de  différentes  espèces  de  Vers  à  soie  exoti- 
ques, j'ai  toujours  remarqué  que  l'éclosion  des  œufs  hiver- 
nants coïncide  d'une  manière  rigoureuse  avec  la  pousse  des 
feuilles  servant  à  leur  nourriture. 

11  est  généralement  admis,  lorsqu'on  perçoit  quelques  nais- 
sances, de  soumettre  la  graine  à  une  température  assez  éle- 
vée pour  permettre  à  l'éclosion  de  s'effectuer  rapidement  et 
régulièrement.  Au  point  de  vue  théorique,  ce  moyen  peut 
être  excellent,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  dans  la  pratique 
et  voici  pourquoi. 

Je  considère,  d'une  manière  absolue,  comme  contraire  à  la 
bonne  constitution  du  Ver  et  très  dangereux  pour  ses  descen- 
dants, de  le  faire  naître  à  l'aide  d'une  température  artificielle 
variant  de  18  à  25  degrés  et  de  l'exposer  ensuite  à  fair  libre 
alors  que  la  température  naturelle  atteint  à  peine  7  à  8  de- 
grés pendant  le  jour  et  descend  à  zéro  et  au-dessous  pendant 
la  nuit;  il  y  a  là  une  transition  beaucoup  trop  brusque  qui, 


ÉDUCATIONS   DE    VERS   À    SOIE.  333 

malgré  la  robusticité  du  Ver,  lui  est  incontestablement  fu- 
neste; si  au  contraire  l'éducation  devait  être  faite  en  chambre 
chauffée,  au  moins  pendant  la  première  phase,  l'éclosion 
forcée  pourrait  être  appliquée  avec  succès. 

Ayant  l'habitude  de  faire  mes  éducations  en  plein  air,  j'ai 
laissé,  à  l'époque  prévue,  mes  œufs  exposés,  comme  les 
années  précédentes,  à  l'air  libre. 

Des  Chenilles. 

L'éclosion  des  Chenilles  s'est  faite  dans  de  bonnes  condi- 
tions, du  22  au  24  avril,  avec  une  température  moyenne  de 
12  degrés  le  matin  et  de  16  degrés  le  soir,  mais  les  jours 
suivants  sont  marquées  par  de  fréquentes  averses  amenant 
avec  elles  une  baisse  sensible  de  la  température. 

Le  premier  sommeil  a  commencé  le  4  mai;  à  partir  de 
cette  date  jusqu'au  11  du  même  mois,  le  thermomètre  donne 
une  moyenne  de  5  degrés  le  matin  et  de  9  degrés  le  soir  ;  air 
froid  accompagné  de  pluie  et  de  grêle;  les  11  et  12  mai, 
fortes  gelées  ;  le  Chêne  est  partout  atteint,  c'est  au  milieu  de 
difficultés  sans  nombre  que  je  parviens  à  en  récolter  quel- 
ques rameaux  en  prévision  du  réveil  de  mes  jeunes  élèves. 

Du  13  au  20  mai,  le  froid  continue  avec  intermittence  de 
pluie  et  de  grêle. 

Le  réveil  s'est  effectué  du  17  au  20  mai,  la  première  mue 
a  donc  duré  de  quatorze  à  dix-sept  jours. 

Pendant  plus  de  vingt  ans  j'ai  élevé  un  nombre  considé- 
rable de  Chenilles  de  toutes  espèces  et  plus  particulièrement, 
depuis  seize  ans,  de  nombreuses  espèces  sétifères  :  jamais  je 
n'ai  vu  de  phénomène  de  cette  nature;  de  tous  temps  mes 
Chenilles  ont  été  exposées  aux  intempéries  de  la  saison,  c'est- 
à-dire  à  la  pluie,  à  la  grêle,  à  la  neige,  à  la  glace,  etc.,  etc., 
et  pourtant  rien  de  semblable  ne  s'est  présenté  ;  je  crus,  tout 
d'abord,  être  en  présence  d'un  commencement  de  dégéné- 
rescence; mais,  quand  plus  tard  le  réveil  fut  accompli  et  que 
je  vis  mes  élèves  manger  avec  avidité  et  grossir  dans  des  con- 
ditions normales,  je  dus  reconnaître  que  je  m'étais  trompé 


334  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

dans  mon  appréciation  et  qu'au  lieu  de  s'élioler  ils  prenaient 
chaque  jour  plus  de  force. 

En  attendant  que  le  bois  où  je  m'approvisionne  fût  re- 
feuillé,  je  dus  me  mettre  à  la  recherche  de  quelques  taillis 
épargnés  par  la  gelée  et,  après  plusieurs  recherches  infruc- 
tueuses, j'eus  la  bonne  fortune  d'en  trouver  un  en  assez  bon 
état. 

Les  trois  autres  mues  se  sont  effectuées  dans  de  bonnes 
conditions,  rien  d'anormal  dans  la  durée  du  sommeil. 

Le  coconnage  a  commencé  le  9  juillet  et  a  été  terminé  le 
18  du  même  mois. 

Les  cocons  sont  superbes  et  bien  tournés;  je  n'ai  jamais 
obtenu  meilleur  résultat,  tant  au  point  de  vue  de  la  beauté 
qu'à  celui  de  la  qualité  des  cocons. 

Ma  récolte  a  été  de  neuf  cent  quarante  cocons  (940). 

Les  Papillons  ont  éclos  du  15  août  au  i"  septembre  et  ils 
ont  produit  quatre  cent  cinquante  grammes  de  graine 
(450  grammes). 

ÉDUCATION   DE   l'aTTACUS   PERNYI   POUR   L'ANNÉE    1885 

Dans  une  de  mes  précédentes  communications,  je  vous  ex- 
primais mon  opinion  sur  la  valeur  de  chacune  des  deux 
espèces  précitées  de  Vers  à  soie  du  Chêne;  je  n'hésitais  pas 
à  préconiser  la  supériorité  du  Pernyi  à  cause  :  1"  de  son  éle- 
vage facile,  2"  de  la  beauté  de  son  cocon  et  3°  de  la  richesse 
de  son  produit;  de  plus,  il  me  faisait  l'effet  d'être  plus  rus- 
tique que  le  Yama-maï  :  l'insecte  parfait  était  beaucoup 
plus  vigoureux,  il  s'accouplait,  en  captivité,  avec  une  grande 
facilité  et  toujours  plusieurs  fois,  particularité  propre  à  cette 
espèce,  et  c'est  peut-être  là  précisément  qu'est  la  cause  prin- 
cipale de  sa  dégénérescence,  car  aujourd'hui  il  n'y  a  plus  à 
en  douter,  elle  est  à  peu  près  complète  partout  où  cette  belle 
espèce  était  cultivée. 

Il  y  a  quelques  années,  je  m'aperçus  qu'une  partie  de  mes 
œufs  se  déprimaient  quelques  jours  après  la  ponte  et  pour- 
tant les  accouplements  s'étaient  faits  avec  une  régularité  par- 


ÉDUCATIONS   DE   VERS   A   SOIE.  335 

faite,  il  en  était  de  même  des  pontes;  cependant  les  éclosions 
des  Chenilles  attirèrent  mon  attention  d'une  manière  parti- 
culière; les  jeunes  Vers  semblaient  être  plus  petits  que  ceux 
des  éducations  précédentes  :  je  suivis  alors  toutes  les  phases 
de  leur  existence  avec  beaucoup  de  soin  ;  arrivés  au  dernier 
âge  ils  étaient  tous  aussi  beaux  de  force  et  de  santé  que  ceux 
des  autres  éducations  ;  les  cocons  étaient  très  soyeux  et  par- 
faitement tournés,  les  Papillons  d'apparence  superbe;  j'exa- 
minai avec  soin  la  durée  des  unions  qui  fut  comme  toujours 
de  seize  à  vingt-quatre  heures  ;  après  chaque  séparation  des 
couples  je  transférais  les  femelles  dans  une  cage  particulière, 
pour  leur  permettre  d'effectuer  leur  ponte  sans  être  déran- 
gées. Eh  bien,  malgré  toutes  ces  précautions,  les  œufs  dépri- 
més se  montraient  de  plus  en  plus  nombreux.  Le  même  fait 
s'est  présenté  jusqu'en  1885;  cette  année-là  les  cocons  mis  à 
la  reproduction  étaient  magnifiques,  ils  donnèrent  des  Pa- 
pillons d'apparence  très  robuste,  mais,  au  lieu  d'opérer 
comme  précédemment,  c'est-à-dire  de  séparer  les  couples 
après  le  mariage,  je  les  laissais  dans  la  même  cage,  le  ré- 
sultat fut  moins  heureux,  car  sur  200  grammes  d'œufs  mis  à 
l'éclosion  j'obtins  environ  350  Chenilles,  qui  toutes  périrent 
d'épuisement  entre  la  deuxième  et  la  troisième  mue. 

Néanmoins,  malgré  ce  résultat  final,  je  demeure  persuadé 
que  cette  espèce  peut  être,  comme  le  Yama-maï,  acclimatée 
chez  nous  avec  beaucoup  de  succès,  et  pour  atteindre  ce  but 
il  suffira,  je  crois,  d'observer  d'une  manière  rigoureuse  les 
prescriptions  suivantes  : 

1°  Croiser  les  éducations;  il  faudra  pour  cela  s'entendre 
avec  un  ou  plusieurs  éducateurs  et  échanger  en  temps  utile 
un  nombre  de  cocons  choisis  et  propres  à  la  reproduction  ; 
on  mettra  à  l'éclosion  les  cocons  échangés  avec  un  nombre 
égal  de  cocons  provenant  de  votre  éducation,  puis  on  laissera 
les  mariages  s'accomplir. 

2"  Il  serait  urgent,  je  crois,  après  la  désunion,  d'isoler  les 
femelles,  car,  ainsi  que  je  le  faisais  remarquer  plus  haut, 
le  Pemyi  est  très  ardent,  les  mariages  se  renouvellent  plu- 
sieurs fois,  et  plus  l'espèce  s'affaiblit  et  plus  aussi  les  rappro- 


336  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

chemenls  sont  fréquents;  il  y  a  là  à  n'en  pas  douter  une  cause 
sérieuse  d'épuisement,  qu'il  serait  facile  d'éviter  en  mettant 
en  usage  les  prescriptions  précitées. 

ÉDUCATION   DE  l'attacus  cyntiiia  vera  POUR  l'année  4885 

Si  je  vous  parle  de  cette  espèce,  c'est  pour  mémoire  seu- 
lement; je  l'élève  sur  arbre  vif  avec  la  plus  grande  facilité;  " 
on  peut  considérer  ce  Ver  comme  parfaitement  acclimaté 
dans  notre  contrée,  où  il  ne  tardera  pas,  je  pense,  à  faire 
partie  de  la  faune. 

Messieurs,  je  tenais  essentiellement  à  vous  communiquer 
ce  petit  extrait  de  mon  journal,  afin  de  bien  vous  persuader 
que  le  Yama-maï  est  toujours,  chez  moi,  en  bonne  santé  et 
que  d'autre  part,  si  le  Pernyi  a  failli  à  ses  promesses,  il  n'en 
est  pas  moins,  j'ose  vous  l'assurer,  tout  disposé  à  se  réhabi- 
liter; il  suffira  pour  cela  d'avoir  de  bonnes  graines  et  des 
éleveurs  disposés  à  en  faire  un  bon  usage. 

Veuillez  recevoir,  Messieurs,  les  bien  sincères  salutations 
de  votre  dévoué  serviteur. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  16  AVRIL  1886. 
Présidence  de  M.  le  marquis  de  Sinéty,  Vice-Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté, 
après  quelques  observations  de  MM.  de  Barrau  de  Muratel, 
Dareste  et  Mailles. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
vellement admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

Geiw-Dambricourt,  propriétaire  au  château  i  „'    ®y' ^°"'^- 

d'Halliae  (Pas-de-Calais).  )  ^^  artel-Houzet. 

[  Marquis  de  Sinéty. 

Gaillard  fils  (Honoré),  propriétaire,  à  Ber-  'f  J.  Cornély. 

teau,    commune    de    Pussigny    (Indre-et- |  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Loire),  par  les  Ormes  (Vienne).  (  Pays-Mellier. 

GOUDCHAUX  (Charles),  banquier,  26,  avenue  \  A- Geoffroy  Saint-Hilaire. 
de  la  Grande-Armée,  à  Paris.  /  Samt-Yves  Ménard. 

[  Touchard. 

—  M.  le  Directeur  du  Jardin  d'Acclimatation  communique 
l'extrait  suivant  d'une  lettre  qui  lui  est  adressée  par  M.  Pays- 
Mellier  : 

«  La  femelle  Oryx  leucoryx  que  je  possède  a  encore  un  jeune;  mal- 
heureusement c'est  encore  un  mâle.  Le  premier  était  né  le  9  juillet 
1885;  le  second  est  venu  le  l^^""  avril.  C'est  un  résultat  intéressant.  » 

—  MM.  Gustave  Conte,  Mercier  et  Ramelet  accusent  récep- 
tion et  remercient  des  cheptels  qui  leur  ont  été  adressés. 

—  M.  Rogeron  fait  connaître  que  son  travail  sur  un  projet 
de  loi  internationale  pour  la  protection  des  oiseaux  de  pas- 
sage est  publié  en  ce  moment  par  la  Chasse  illustrée. 

—  M.  Léon  Lefort  annonce  qu'il  a  reçu  en  bon  état  les 
œufs  de  Truite  arc-en-ciel  dont  l'envoi  lui  a  été  fait. 

—  MM.  Dubard,  Gallais,  Rathelot  et  Rivoiron  adressent 
des  remerciements  pour  les  envois  d'œufs  de  Truite  arc-en- 

4°  SÉRIE,  T.  ni.  —  Juin  1886.  2<9 


338  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

ciel  qui  leur  ont  été  faits;  malheureusement,  presque  tous 
ces  œufs  sont  arrivés  gâtés. 

—  M.  Després  écrit  de  Nanteuil-en-Vallée  : 

«  J'ai  le  biea  vif  regret  de  vous  annoncer  que  les  œufs  de  Truite 
arc-en-ciel  que  vous  m'avez  envoyés  sont  complètement  perdus.  Tous 
ces  œufs  sont  éclos  pendant  le  voyage,  et  le  plus  grand  nombre  des 
embryons  étaient  même  déjà  entrés  en  décomposition. 

»  Si  c'est  une  déception  pour  moi,  je  ne  saurais  trop  vous  remercier 
quand  même  de  votre  bonne  intention  ;  j'espère  qu'à  une  autre  occasion 
elle  se  traduira  par  un  meilleur  résultat  pour  nous  tous. 

j  Les  œufs  de  Salmo  fontinalis  que  la  Société  m'a  envoyés  ont  fait 
merveille;  mes  alevins  dévorent  et  sont  superbes;  la  perte  n'a  pas  été 
d'un  dixième  sur  le  nombre  des  œufs. 

ï  Je  puis  en  dire  autant  des  grandes  Truites  de  Saint-Front;  après  la 
première  perle  que  j'ai  déjà  signalée  sur  les  œufs,  résultant  du  voyage, 
tout  s'est  passé  pour  le  mieux  ;  les  alevins  atteignent  aujourd'hui  la 
taille  de  3  centimètres.  Je  les  nourris,  ainsi  que  les  Salmo  fontinalis, 
avec  de  la  cervelle  de  cheval  réduite  en  très  petites  parcelles.  Cette 
nourriture  me  réussit  mieux  que  la  viande,  parce  qu'elle  est  plus  molle 
et  d'une  digestion  plus  facile,  j 

—  M.  Berthéol  écrit  à  M.  le  Secrétaire  général  : 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  prier  de  présenter  tous  mes  remerciements  à 
la  Société  pour  son  envoi  d'œufs  de  Truite  arc-en-ciel  {Salmo  irideus) 
du  3  courant.  J'ai  également  reçu,  pour  la  mise  en  incubation,  ceux  que 
je  dois  remettre  à  M.  RiefTel  après  incubation  et,  si  besoin  est,  après 
résorption  de  la  vésicule.  Ces  deux  lots  étaient  un  peu  avariés;  j'ai  dû 
les  soumettre  à  un  courant  très  fort  pour  les  débarrasser  des  byssus 
dont  ils  étaient  couverts,  étant  restés  en  contact  trop  longtemps  avec 
des  œufs  morts.  J'ai  toutefois  réussi  à  en  sauver  les  deux  tiers.  Les  éclo- 
sions  commencent  et  donnent  des  sujets  assez  vigoureux. 

»  Les  œufs  de  Salmo  fontinalis  que  vous  m'avez  fait  parvenir  le 
6  février  dernier  ont  très  bien  réussi.  Je  n'ai  perdu  que  8  œufs  sur  385; 
je  n'ai  pas  eu  de  mortalité  dans  les  alevins,  lesquels  ont  bien  prospéré 
dans  mon  appareil  conique  à  courant  circulaire.  Ils  s'y  nourrissent 
abondamment  des  parcelles  de  viande  qu'on  leur  distribue  chaque  jour, 
et  que  le  fonctionnement  de  l'appareil  met  constamment  en  mouvement. 
J'aurai  l'honneur  de  présenter  prochainement  cet  appareil  à  la  Société, 
après  y  avoir  apporté  plusieurs  perfectionnements...  » 

—  M.  Albouy,  conducteur  des  ponts  et  chaussées  à  Quillan 
(Aude),  accuse  réception  des  appareils  de  pisciculture  qui  lui 
ont  été  adressés.  Ces  appareils  sont  arrivés  en  bon  état.  Mal- 


PROCÈS-VERBAUX.  339 

heureusement,  il  n'en  a  pas  été  de  même  des  œufs  de  Truite 
arc-en-ciel,  qui  étaient  joints  à  cet  envoi. 

«  La  caisse  renfermant  les  œufs,  écrit  M.  Albouy,  était  en  bon  état  à 
l'extérieur;  mais,  à  l'intérieur,  la  presque  totalité  des  œufs  étaient  dé- 
tériorés. Je  m'en  suis  aperçu  en  les  mettant  dans  l'auge,  et  chaque  jour 
la  putréfaction  est  allée  croissant,  de  telle  sorte  qu'il  reste  à  peine 
vingt-deux  alevins  éclos  trois  jours  après  la  mise  des  œufs  dans  l'au^-e. 
J'attribue  ce  désastre  à  cette  circonstance  que  les  œufs  devaient  être 
trop  avancés  pour  voyager. 

»  Si  je  ne  vous  ai  pas  accusé  réception  plus  tôt  de  votre  envoi,  c'est 
que  je  voulais,  par  la  même  occasion,  vous  rendre  compte  de  mes  opé- 
rations touchant  la  mise  en  liberté  des  alevins  de  Saumon.  C'est  le 
26  mars  que  j'ai  commencé,  au  moyen  de  l'outillage  que  vous  avez  bien 
voulu  m'envoyer.  J'en  ai  fait  porter  dans  l'Aude,  aux  abords  de  Quillan, 
environ  deux  mille.  Le  27,  tout  en  faisant  ma  tournée  vers  les  bains 
d'Escouloubre,  j'en  ai  fait  déposer  trois  mille  entre  Axât  et  Gesse,  à  une 
distance,  en  amont  de  Quillan,  qui  varie  entre  12  et  20  kilomètres. 
Enfin,  le  31,  j'en  ai  fait  porter  environ  deux  mille  cinq  cents  entre 
Quillan  et  les  gorges  de  la  Pierre-Lys,  sur  une  distance  de  4.  kilomè- 
tres. 

î  Les  transvasements  dans  les  seaux  et  des  seaux  dans  la  rivière  se 
sont  effectués  avec  soin  et  sans  accidents.  Après  les  différents  voyages, 
dont  un  en  voiture,  les  alevins  étaient  aussi  alertes  que  dans  les  auges. 
Ils  se  tenaient,  d'ailleurs,  très  bien  dans  l'Aude.  Les  lieux  de  dépôt  ont 
été  bien  choisis  ;  ce  sont  partout  des  fonds  graveleux  à  courant  vif,  et 
dont  la  profondeur  varie  de  30  à  60  centimètres. 

»  En  résumé,  l'opération  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  me  con- 
fier s'est  terminée  à  mon  entière  satisfaction.  L'éclosion  a  été  aussi 
parfaite  que  possible,  car,  sur  8000  œufs,  il  ne  s'en  est  perdu  que  390. 
Il  faut  compter,  en  outre,  65  alevins  qui  sont  morts  dans  les  appareils. 
Les  divers  transvasements  des  alevins  n'en  ont  fait  perdre  aucun.  Je 
constate  donc,  pour  le  moment,  que  le  résultat  obtenu  est  excellent. 
J'ajoute  que  c'est  à  vos  instructions,  si  détaillées  et  si  précises,  qu'il  est 
dû.  Maintenant,  que  faut-il  augurer  du  résultat  final?  Je  suis  trop  peu 
expert  en  ces  matières  pour  le  dire.  Mais  il  me  semble  que,  vu  les  nom- 
breux ennemis  contre  lesquels  ont  à  lutter  les  jeunes  alevins,  l'essai  de 
repeuplement  s'est  fait  sur  une  trop  petite  échelle.  » 

—  M.  Lefèvre  écrit  d'Amiens  : 

«  Je  vous  prie  de  vouloir  bien  témoigner  ma  reconnaissance  à  la  So- 
ciété d'Acclimatation,  qui,  dans  ses  lettres  des  17  et  20  mars,  m'a  fait 
parvenir  de  précieux  renseignements,  et  qui  vient  encore  de  ni'adresser 
des  œufs  de  Truite  arc-en-ciel,  parvenus  chez  moi  le  4  à  midi.  Quel- 
ques-uns étaient  en  mauvais  état;  j'en  ai  retiré  16,  morts  depuis  leur 


340  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D'ACCLIMATATION. 

arrivée;  il  me  reste  192  œufs  à  éclore  et  115  Truites  écloses,  soit  307 
œufs  ou  jeunes  vivants. 

»  Mes  éclosions  de  Saumons  sont  terminées;  j'en  ai  eu  17  093.  Ils 
viennent  bien.  Presque  pas  de  malades;  mais  ils  se  collent  contre  mes 
petites  grilles  et  déterminent  la  mort  d'un  grand  nombre,  qui  passent 
par-dessus  le  bord;  j'ai  versé  aujourd'hui  dans  un  bassin  environ 
3000  Saumons,  dont  la  vésicule  n'est  pas  encore  résorbée,  pour  ne  pas 
avoir  à  ramasser  leurs  cadavres  en  dehors  des  bacs  à  éclosion.  J'en  ai 
5000  dans  un  grand  aquarium. 

»  Dès  que  j'ai  reçu  votre  lettre  du  20  mars,  je  me  suis  cependant 
occupé  de  préparer  un  remède  à  cet  état  de  choses,  aussi  bien  que  de 
la  guérison  de  l'hydropisie,  qui  fait  toujours  de  grands  ravages  sur  les 
alevins  de  Truite  d'Amérique.  J'attendais,  pour  vous  remercier  de  vos 
bons  conseils,  de  pouvoir  vous  dire  que  j'avais  installé  de  nouveaux 
appareils  coniques  ;  mais  j'ai  écrit  à  ce  sujet  à  plusieurs  maisons  de 
Paris,  et  j'éprouve  des  retards  que  je  déplore. 

»  Je  ne  me  suis  pas  adressé  à  M.  Berthéol,  dont  vous  m'aviez  donné 
l'adresse,  parce  que  j'ai  craint  de  recevoir  des  appareils  en  zinc  peint, 
comme  m'en  a  fourni  autrefois  M.  Garbonnier.  Je  regarde  cette  peinture 
intérieure  comme  très  mauvaise  ;  elle  s'écaille,  et  les  petits  fragments 
étouffent  les  alevins;  je  voulais  de  la  fonte  émaillée... 

î  D'un  autre  côté,  j'ai  écrit  il  y  a  onze  jours  pour  demander  à  M.  A. 
Givry,  de  Paris,  du  zinc  et  du  cuivre  perforé,  suivant  les  dessins  que  je 
lui  ai  adressés.  Je  veux  des  grilles  sans  soudure,  parce  que  la  soudure 
sur  cuivre, dans  l'eau,  s'altère  rapidement,  se  réduisant  en  une  poudre 
blanche  qui  empoisonne  les  poissons  et  permet  aux  pièces  réunies  de  se 
séparer.  Dans  les  morceaux  de  zinc,  comme  dans  ceux  de  cuivre  destinés 
à  former  les  grilles,  il  y  aura  des  parties  pleines  et  d'autres  dont  le 
métal  sera  perforé;  il  suffira  de  le  plier  aux  endroits  voulus  et  d'étamer 
le  cuivre...  » 

—  MM.  les  pi^élets  du  Gei^s,  du  Loiret  et  de  la  Meuse  font 
parvenir  des  réponses  au  questionnaire  qui  leur  a  été  adressé 
sur  la  situation  de  la  pisciculture  dans  leurs  départements. 

—  Le  R.  P.  Gamboué  écrit  de  Tamatave  : 

«  Selon  ma  promesse,  j'ai  l'honneur  de  vous  envoyer  un  second  petit 
mémoiresur  quelques-uns  de  nos  séricigènes  malgaches,  pour  compléter 
celui  qui  a  déjà  paru  sur  le  même  sujet  dans  le  Bulletin  de  juin  1885. 
J'y  joins  un  assez  misérable  dessin  des  cocons  cy  et  Ç  du  Borocera 
Bibindandy. 

»  Eli  même  temps  que  ces  lignes,  je  confie  à  la  poste  une  boîte  à  votre 
adresse,  renfermant  des  cocons  et  insectes  à  l'état  parfait.  Void  les 
noms  correspondant  aux  numéros  : 

»  N°  700.  Borocera  Madinika  çf  et  Ç. 


PROCÈS-VERBAUX. 


341 


>  No  701.  Borocera  Bibindandy,  (f  et  ^  (race  du  littoral). 

>  N°  701.  Borocera  Bibindandy,  o^  et  ^  (race  de  l'intérieur). 

»  Prochainement,  j'espère  pouvoir  vous  envoyer  le  mémoire  sur  nos 
Aranéides  utiles  et  nuisibles  de  Madagascar,  dont  je  vous  ai  déjà  parlé. 

i.  Outre  la  boite  ci-dessus,  vous  recevrez  également  par  cette  malle 
trois  autres  paquets  postaux,  renfermant  divers  échantillons  de  végé- 
taux. Ci-joint  une  petite  note  donnant  quelques  renseignements  corres- 
pondant aux  numéros  des  paquets.  î 

—  M.  Romanet  du  Caillaiid  adi^esse  la  noie  suivante  sur 
l'empaillage  coallarisé  des  jeunes  arbres. 

«  Les  jeunes  arbres  nouvellement  plantés  sont  ordinairement  entourés 
de  branches  épineuses,  pour  les  défendre  contre  la  dent  des  chèvres  et 
des  moutons. 

»  Cet  épinage  est  long  et  dispendieux.  De  plus,  au  bout  d'un  an,  les 
épines,  devenues  sèches,  se  cassent;  et  les  maraudeurs  font  leurs  petits 
fagots  avec  le  bois  de  l'épinage. 

»  Certaines  essences,  comme  les  peupliers  plantés  sur  les  bords  des 
cours  d'eau,  ont  à  craindre  les  attaques  des  rats  d'eau,  qui  rongent 
l'écorce.  On  combat  l'appétit  de  ces  rongeurs  en  peignant  l'écorce  au 
coaltar;  mais  le  coaltar  peut  quelquefois  brûler  l'écorce  trop  tendre  des 
jeunes  arbres. 

»  Je  remplace  l'épinage  et  la  peinture  au  coaltar  par  un  empaillage 

coaltarisé. 

»  Autour  du  tronc  du  jeune  arbre,  je  dispose  de  la  paille,  à  brins  aussi 
longs  que  possible;  près  de  terre, le  cylindre  de  paille  doit  s'évaser  coni- 
quement,  de  manière  à  couvrir  la  terre  sur  un  rayon  de  10  centimètres 
environ. 

»  Ce  cylindre  de  paille  est  fixé  autour  de  l'arbre  par  quatre  liens  en 
fil  de  fer  galvanisé. 

»  Puis,  la  paille  est  peinte   au  coaltar.    L'empaillage  coaltarisé  de 

260  arbres  a  coûté  : 

Cinq  jours  et  demi  de  huit  heures  à  1  fr.  75.  9  fr.  62 

128  kilogrammes  de  paille  à  7  francs 8  96 

47  kilogrammes  de  coaltar  à  18  francs 8  46 

4'<9,200  de  paille  de  fer  à  80  francs 3  36 

Frais  généraux 0  80 

Total 31  fr.  20 

Ce  qui  fait  52  centimes  par  arbre. 

»  L'épinage  coûte  beaucoup  plus  comme  façon  et  n'a  pas  les  mêmes 
avantages. 

»  Peint  au  coaltar  à  sa  surface,  le  cylindre  de  paille  se  conservera 
environ  trois  ans. 

»  L'odeur  et  le  goût  du  coaltar  éloignent  les  chèvres  et  les  moutons, 


342  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

les  rats  et  autres  rongeurs.  Ils  éloigneront  de  même  les  fourmis  et  les 
mouches  qui  déposent,  sur  les  peupliers  notamment,  des  œufs  de  vers  si 
désastreux  pour  la  santé  des  arbres. 

s  L'empaillage  préserve  l'arbre,  du  froid  en  hiver,  et  de  la  chaleur  en 
été.  Il  favorise  donc  la  reprise  de  l'arbre  nouvellement  planté. 

»  Enfin  la  vieille  paille  ou  la  paille  coaltarisée.  qui  peut  maculer  les 
doigts,  aura  certainement  moins  d'attrait  pour  les  maraudeurs  que  les 
aubépines  sèches,  qui,  dépourvues  au  bout  d'un  an  du  piquant  de  leurs 
épines,  leur  procurent  d'excellents  fagots.  » 

—  M.  le  D'  Antonio  Del  Bon,  de  Padoue,  signale  un  pro- 
cédé dont  il  se  sert  pour  pi^ovoquer  le  développement  de 
nombreuses  grappes  sur  la  Vigne,  et  qui  consiste  en  une 
suppression  méthodique  des  vrilles. 

—  M.  Gorry-Bouteau  adresse  un  compte  rendu  de  ses 
cultures  de  divers  végétaux. 

—  M.  Raveret-Wattel  signale  un  travail  publié  dans  le 
Pharmaceulical  Journal  du  20  mars  1886,  sur  la  matière 
médicale  de  l'Eucalyptus,  par  M.  Joseph  Bosislo,  examina- 
teur à  l'École  de  pharmacie  de  Melbourne. 

—  M.  le  D'' L.-F.  Henneguy,  préparateur  au  Collège  de 
France,  rend  compte  de  ses  observations  sur  une  maladie  qui 
fait  périr  les  alevins  de  Truite  élevés  dans  les  bassins  de  pis- 
ciculture du  Collège  de  France,  et  qui  est  causée  par  un  in- 
fusoire  flagellé,  le  Bodo  necator  (voy.  au  Bulletin). 

—  En  annonçant  l'arrivée  des  Noix  de  Pacanier  gracieuse- 
ment offertes  à  la  Société  par  M.  Sanford,  M.  l'Agent  général 
rappelle  que  le  Pacanier  est  un  arbre  qui  se  plaît  dans  les 
terrains  humides. 

—  M.  Decroix  demande  quelle  est  la  température  néces- 
saire à  cet  arbre. 

—  M.  Grisard  répond  que,  très  répandue  dans  certaines 
parties  des  États-Unis,  notamment  dans  l'Illinois,  l'Arkansas, 
le  Missouri,  celte  espèce  réussirait  dans  le  midi  de  la  France; 
dans  la  Haute-Garonne,  à  Toulouse,  le  Pacanier  végète  admi- 
rablement bien.  Il  existait  autrefois  au  Muséum  un  Pacanier 
qui  a  péri  dans  l'hiver  4879-1880.  Cet  arbre  donnait  des 
fruits  dans  les  étés  chauds. 

—  M.  Decroix  désirerait  que  la  Société  provoquât  des  essais 


PROCÈS-VERBAUX.  34-3 

de  culture  du  Pacanier  en  Algérie,  tant  au  jardin  du  Hamma 
que  sur  d'autres  points,  et  notamment  à  Bône,  h.  Biskra,  etc. 

—  M.  Grisard  fait  remarquer  qu'il  esta  craindre  que  le 
climat  ne  soit  trop  chaud.  Néanmoins  des  envois  seront  faits 
à  toutes  les  personnes  en  mesure  de  procéder  à  des  essais. 

—  M.  Berthoule  dépose  sur  le  bureau  une  note  dans  la- 
quelle M.  Dautreville  rend  compte  de  la  nouvelle  analyse  qu'il 
a  faite  des  tubercules  de  Stachys  af finis.  Ces  tubercules  ne 
renferment  pas  de  fécule,  mais  ils  contiennent  une  quantité 
assez  considérable  d'inuline,  dont  la  présence  doit  engager 
les  diabétiques  à  n'user  que  modérément  de  ce  nouveau 
léeume. 

—  M.  Dareste  fait  une  communication  sur  les  Bœufs  nàios 
de  l'Amérique  du  Sud  (voy.  au  Bulletin). 

—  M.  Bené  de  Sémallé  fait  connaître,  à  cette  occasion, 
qu'on  lui  a  récemment  signalé  la  naissance  dans  le  départe- 
ment de  la  Sarlhe  d'un  Veau  présentant  les  caractères  de  la 
race  nàta. 

—  M.  Saint-Yves  Ménard  rappelle  que  certaines  difformités 
accidentelles  observées  chez  les  animaux  sont  presque  inva- 
riablement accompagnées  d'autres  difformités  portant  sur 
une  partie  quelconque  du  corps.  Parfois,  ces  monstruosités, 
devenant  héréditaires,  arrivent  à  constituer  des  races. 

—  M.  Dareste  fait  remarquer  qu'un  grand  nombre  de 
races  ont  pour  origine  des  monstruosités  fixées  par  la  sélec- 
tion et  devenues  héréditaires  : 

«  Dans  la  note  dont  je  viens  de  donner  lecture,  je  n'ai  traité  qu'une 
question  spéciale,  l'origine  tératologique  de  la  race  des  Bœufs  nàtos. 
Les  réflexions  de  M.  Saint-Yves  Ménard  ont  étendu  la  discussion,  en  gé- 
néralisant à  un  certain  nombre  de  races  domestiques  les  observations 
que  j'avais  faites  sur  un  cas  particulier.  Or  j'ai  eu  occasion,  depuis  plus 
de  vingt  ans,  d'étudier  les  caractères  anatomiques  des  Poules  huppées, 
et  j'ai  été  ainsi  conduit  à  les  considérer  comme  formant  une  race  d'ori- 
gine tératologique.  Je  demande  à  la  Société  la  permission  de  lui  exposer 
mes  observations  sur  ce  sujet. 

»  La  race  des  Poules  polonaises,  ou  Poules  de  Padoue,  se  caractérise 
à  l'extérieur  par  une  huppe  très  développée,  tandis  que  la  crête  est  ru- 
dimentaire  ou  manque  complètement.  Cette  huppe  repose  sur  une  pro- 
tubérance osseuse  faisant  saillie  sur  le  crâne  et  qui  recouvre  les  hémi- 


34-4  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION, 

sphères  cérébraux.  J'ai  étudié,  il  y  a  longtemps,  le  développement  de 
cette  protubérance,  et  j'ai  constaté  qu'elle  constitue  une  anomalie  ou 
une  monstruosité,  du  genre  de  celles  que  l'on  désigne  sons  Ir  nom, 
d'ailleurs  impropre,  de  hernies  du  cerveau,  et  que  nous  appellerons 
proencéphalie,  avec  I. -Geoffroy  Saint-Hilaire.  Au  moment  de  réclu- 
sion, la  tète  est  surmontée  d'une  tumeur  molle  dans  laquelle  sont  en- 
fermés les  hémisphères  cérébraux,  et  qui  maintient  les  os  frontaux  à 
une  certaine  distance  l'un  de  l'autre.  Les  parois  de  cette  tumeur  sont 
formées  de  trois  couches  :  une  couche  extérieure  cutanée,  une  couche 
intermédiaire  qui  est  une  partie  du  crâne  membraneux  primitif,  et 
forme  entre  les  frontaux  une  fontanelle  considérablement  développée; 
enfui  une  couche  interne,  la  dure-mère.  L'ossification  de  la  couche 
moyenne  et  peut-être  aussi  de  la  couche  interne  se  produit  peu  à  peu, 
mais  n'est  bien  complète  qu'à  l'âge  adulte.  11  y  a  donc  là  une  conforma- 
tion organique  dont  l'origine  tératologique  est  manifeste  et  qui  est  de- 
venue un  caractère  de  race. 

»  Nous  ignorons  l'époque  de  la  formation  de  cette  race,  et  par  consé- 
quent de  l'apparition  de  ces  caractères.  Toutefois,  nous  connaissons  un 
fait  curieux  de  son  histoire  qui  nous  est  attesté  par  Bechstein  (1793)  et 
par  Blumenbach  (1813);  c'est  que  la  conformation  particulièrcjde  la  tête 
qui  la  caractérise,  n'appartenait  alors  qu'au  sexe  féminin,  tandis  que  le 
sexe  mâle  présentait  la  conformation  normale.  Quand  et  comment  les 
mâles  de  la  race  ont-ils  pris  les  caractères  des  femelles,  nous  l'igno- 
rons, comme  nous  ignorons  d'ailleurs  presque  tous  les  faits  qui  se  rat- 
tachent à  l'origine  des  races  domestiques. 

»  J'ai  cru  pendant  longtemps  que  la  race  des  Poules  de  Padoue  était 
la  seule  qui  présentait  cette  conformation  particulière  de  la  tète.  Des 
observations  récentes  m'ont  prouvé  qu'on  la  retrouve  dans  notre  race 
des  Poules  de  Houdan.  Je  n'ai  pu  toutefois  m'assurer  si  ces  caractères 
sont  constants  ou  simplement  fréquents  chez  les  animaux  de  cette  race, 
et  s'ils  appartiennent  aux  deux  sexes  ou  simplement  au  sexe  femelle. 

»  11  y  a  donc  lieu  de  se  demander  si  toutes  les  races  de  Poules  hup- 
pées présentent  celte  conformation  tératologique  de  la  tête.  Je  n'ai  pu 
jusqu'à  présent  répondre  à  cette  question,  par  suite  de  la  difficulté  que 
l'on  a  de  se  procurer  des  corps  d'animaux  appartenant  à  des  races 
pures.  Je  la  signale  aux  personnes  qui  se  trouveraient  dans  de  meilleures 
conditions  que  moi. 

»  Or  l'intérêt  qui  s'attache  à  ces  faits,  c'est  que  j'ai  vu  cette  confor- 
mation tératologique  se  produire  chez  des  Poulets  qui  n'appartenaient 
point  à  des  races  de  Poules  huppées.  Les  premiers  que  j'ai  observés 
m'avaient  été  remis  par  mon  ancien  collègue  de  la  Faculté  des  sciences 
de  Lille,  Lamy,  le  célèbre  inventeur  du  thallium.  Il  m'a  affirmé  qu'il 
n'avait  jamais  eu,  dans  sa  basse-cour,  que  des  Poules  de  la  race  com- 
mune du  département  du  Nord,   race  qui  ne  porte  point  de  huppe  et 


PROCÈS-VERBAUX.  345 

dont  la  tête  n'est  pas  modifiée.  Nous  voyons  donc  là  l'apparition  subite 
d'une  disposition  analomique  qui  caractérise,  comme  je  viens  de  le  mon- 
trer, certaines  races  gallines.  Il  est  donc  tout  naturel  de  supposer  que 
ces  races  se  sont  produites  par  la  transmission  héréditaire  d'une  sem- 
blable disposition,  subitement  apparue. 

»  Assurément  on  pourrait  m'objecter  l'influence  de  l'atavisme;  on 
pourrait  me  dire  que  l'apparition  de  cette  hernie  du  cerveau  serait  due 
à  l'influence  d'ancêtres  qui  auraient  eu  ce  caractère.  A  cela  je  n'ai 
qu'une  réponse  à  faire,  c'est  que  la  proencéphalie  n'apparaît  pas  seule- 
ment dans  l'espèce  de  la  Poule,  mais  encore  dans  un  grand  nombre 
d'espAces  d'Oiseaux.  Bechstein  l'a  signalée  chez  l'Oie,  le  Canard  et  le 
Serin.  J'ai  moi-même  eu  l'occasion  de  le  constater  sur  uu  jeune  Casoar. 
Il  y  a  donc  tout  lieu  de  penser  que  cette  conformation  tératologique 
pourrait  devenir,  dans  ces  espèces,  le  caractère  de  races  comparables 
aux  Poules  huppées.  Je  signale  ces  faits  aux  personnes  qui  s'occupent 
de  l'élève  des  Oiseaux.  » 

—  M.  rAgentgénéi'al  donne  lectufe  d'une  noie  de  M.  Grelté 
de  Palliiel  «  sur  la  façon  dont  s'accomplit  la  mue  des  rémiges 
et  des  l'ectrices  chez  les  oiseaux  »  (voy,  au  Bulletin). 


SEANCE  GENERALE  DU  30  AVRIL  1886. 
Présidence  de  M.  Amédée  Berthoule,  Archiviste. 

Le  procès-vefbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

—  A  l'occasion  du  procès-vei-bal,  M.  Dareste  fait  connaître 
que,  d'après  les  indications  données  par  M.  de  Sémallé  dans 
la  dernière  séance,  il  a  cherché  à  obtenir  des  renseignements 
sur  un  Veau  à  tête  de  Bouledogue  qui  sei^ait  né  chez  un  cul- 
tivateur du  département  de  la  Sarthe  ;  mais  la  lettre  expédiée 
à  l'adresse  indiquée  est  restée  sans  réponse. 

—  M.  le  Secrétaire  pi^ocède  au  dépouillement  de  la  corres- 
pondance. 

—  MM.  Forest  et  Lombard  de  Gastelet  demandent  à 
prendre  part  aux  cheptels  de  la  Société. 

—  M.  Laverne  rend  compte  de  la  perte  de  la  femelle  de 
son  cheptel  de  Faisan  de  Lady  Amherst. 

—  M.  le  marquis  de  Brisay  écrit  d'Auray: 

«  J'ai  l'honueur  de  vous  informer  que  j'ai  retourné  ce  jour  au  Jardin 
d'acclimatation  Je  couple  de  Colombes  leucotiota,  de  l'Himalaya,  que 


346  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D' ACCLIMATATION. 

la  Société  avait  bien  voulu  me  confier  en  cheptel  pour  deux  années,  en 
février  1885. 

»  Des  raisons  d'aménagement  de  volières  et  de  diminution  dans  le 
nombre  de  mes  élèves  et  reproducteurs  ont  motivé  ce  renvoi. 

»  Les  oiseaux  retournés  sont  en  excellent  état  de  santé  et  de  plumage, 
et  j'espère  que  la  Société  n'aura  pas  à  regretter  la  confiance  qu'elle  m'a 
témoignée  en  ra'attribuant  le  cheptel  de  ces  oiseaux  de  prix. 

»  Quant  à  leur  mœurs,  usages  et  aptitudes  à  la  reproduction,  voici 
quelles  sont  les  remarques  que  j'ai  faites  : 

»  La  Colombe  à  queue  noire  de  l'Himalaya  {Colomba  leuconota),  qui 
me  paraît  appartenir  au  genre  Palombe,  est  un  beau  et  gros  Pigeon  dont 
le  plumage  est  agréablement  marqué  de  blanc  et  de  noir.  Son  vol  est 
puissant  et  développe  des  ailes  d'une  grande  envergure;  la  queue,  lar- 
gement étalée,  lui  offre  un  fort  soutien  et,  au  point  de  vue  ornemental, 
produit  un  très  bel  effet.  Il  fait  entendre  un  bruit  strident  en  volant. 

»  Les  mœurs  de  ce  Pigeon  sont  placides,  mais  il  sait  se  faire  respec- 
ter par  ses  compagnons  de  volière  et  vit  bien  au  milieu  des  Faisans;  il 
est  inoffensif  pour  les  Colombes  plus  pefites  qui  l'approchent,  mais  ne 
supporte  point  d'être  tourmenté  par  elles. 

»  Il  est  exclusivement  granivore  et  se  nourrit  de  Millet  comme  de  Maïs. 
Chpz  moi,  les  quatre  graines  suivantes  :  Blé  noir,  Froment,  Maïs,  Riz, 
formaient  l'alimentation  quotidienne  du  leuconota. 

»  A  la  saison  des  amours,  laquelle  est  tardive,  le  mâle  fait  entendre  des 
sons  saccadés  et  martelés  qu'il  accentue  en  baissant  la  tête  à  chaque 
cri,  de  sorte  qu'il  semble  assez  bien  faire,  à  la  mode  des  musiciens  chi- 
nois, retentir  un  instrument  de  métal  à  coups  de  bec  répétés;  il  préci- 
pite cessons  à  mesure  qu'il  est  incité  davantage  par  le  désir  de  l'accou- 
plement. 

»  Mais  la  femelle  l'évite  avec  soin.  Je  n'ai  jamais  surpris  d'accouple- 
ments entre  eux.  La  femelle  s'est  décidée  à  faire  une  ponte  en  juillet. 
Elle  a  déposé  à  terre  ses  deux  œufs,  auxquels  j,elle  a  témoigné  la  plus 
complète  indifférence.  J'ai  fait  couver  les  œufs  par  des  Pigeons  com- 
muns :  ils  étaient  clairs. 

»  Malgré  la  rusticité  de  cet  oiseau,  la  reproduction  me  paraît  difficile  à 
obtenir;  il  passe  l'hiver  dehors  sans  souffrir  aucunement  du  froid  ni  des 
grands  vents;  mais  son  acclimatement  est  parfaitement  inutile  s'il  ne  se 
décide  point  à  nicher,  et  c'est  la  chose  à  laquelle  la  femelle  paraît  le 
moins  disposée  malgré  les  ardeurs  et  les  instances  du  mâle. 

»  La  Colombe  leuconota  reste  donc  recommandable  au  point  de  vue 
de  l'ornementation.  Au  point  de  vue  plus  important  de  l'alimentation, 
elle  demeure  de  nul  profit,  au  moins  jusqu'à  nouvel  ordre.  » 

—  M.  Vigour  écrit  de  Saint-Servan  (Ille-et-Vilaine)  : 

c  Le  couple  de  Tragopans  de  Cabot  que  j'ai  en  cheptel  donne  des 


PROCÈS-VERBAUX.  347 

espérances.  La  femelle  a  pondu  cinq  œufs,  que  j'ai  mis  hier  en  incu- 
bation sous  une  Poule  nègre  du  Japon,  très  bonne  couveuse. 

»  Je  ne  sais  pas  si  la  femelle  Cabot  va  s'arrêter  ou  continuer  la  ponte. 
11  y  a  quatre  jours  qu'elle  n'a  pas  pondu.  Reste  à  savoir  si  ces  œufs  se- 
ront fécondés.  Le  mâle  ne  paraît  pas  très  ardent.  Ces  animaux  sont 
seuls  dans  un  parquet  de  100  mètres  carrés,  garni  de  verdure,  et  ils 
sont  en  parfaite  santé.  » 

—  M.  TeiTas,  de  la  Mulalière  (Rhône),  annonce  l'envoi 
prochain  des  renseignements  qui  lui  ont  été  demandés  sur 
ses  travaux  de  pisciculture. 

—  M.  le  Ministre  de  l'agriculture  accuse  réception  et  re- 
mercie de  l'envoi  qui  lui  a  été  fait  d'exemplaii^es  du  rapport 
récemment  présenté  à  la  Société  sur  la  maladie  des  Écrevisses. 

—  M.  Laisnel  de  la  Salle  adresse  la  note  suivante  : 

«  Revenant  sur  la  question  des  Grenouilles-bœufs,  iM.  Charles  Mailles, 
dans  la  séance  générale  du  8  janvier  188G,  a  donné  lecture  d'une  note 
que  je  ne  puis  laisser  sans  réponse.  Je  serai  bref,  autant  que  cela  me 
sera  possible,  tout  en  répondant,  pour  la  dernière  fois,  à  chacune  des 
allégations  et  des  objections  qui  me  touchent. 

»  1*  Je  n'avais  pas,  à  l'origine,  l'honneur  de  connaître  M.  Mailles.  Je  me 
suis  ému  de  sa  communication  me  concernant,  comme  je  me  serais  ému 
de  l'opinion  de  n'importe  lequel  de  nos  collègues,  contestant  des  faits 
que  j'avançais,  les  sachant  exacts. 

))  2°  11  est  vrai,  il  a  été  impossible  de  se  procurer,  en  1885,  des  têtards 
de  Grenouilles-bœufs,  dans  les  eaux  du  lac  de  Saint-James.  Cela  prouve 
uniquement  que  ces  batraciens,  très  nombreux  de  1875  à  1881,  sont  en- 
suite devenus  de  plus  en  plus  rares,  pour  être  introuvables  en  1885. 

»  3°  Sans  doute  si,  dans  le  principe,  j'avais  pensé  devoir  écrire  l'his- 
toire des  Grenouilles  que  j'élevais,  j'aurais  enregistré  soigneusement  et 
au  jour  le  jour  leurs  faits  et  gestes.  Mais,  telles  qu'elles  étaient,  mes 
notes  me  permettaient  d'affirmer  ce  que  j'ai  dit. 

»  Pardon,  sur  un  point,  un  seul,  M.  Mailles  a  raison,  et  je  suis  heureux 
d'en  convenir.  Je  n'ai  pas  inscrit  la  date  du  jour  oîi,  pour  la  première 
fois,  mes  Grenouilles  ont  mugi,  et  tout  porte  à  croire  que  je  me  suis 
trompé  d'une  année. 

»  4"  Dans  mon  Appendice  paru  au  Bulletin  et  auquel  M.  Mailles  fait 
allusion  avec  persistance,  il  m'etit  été  bien  difficile  de  relater  notre  en- 
tretien, pour  l'excellente  raison  que  cet  entretien  a  eu  lieu  postérieure- 
ment à  l'envoi,  —  je  dis  l'envoi  et  non  l'insertion,  —  de  ma  lettre  à  la 
Société. 

»  5"  Pour  ce  qui  concerne  l'installation  des  Grenouilles  au  Jardin  d'ac- 
climatalion,  qu'ai-je  voulu  dire  et  dit  autre  chose  que  ceci  : 

I  (jue  la  cage  défoncée  à  laquelle  M.  iMailles  faisait  allusion  comme 


348  SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'ACGLIMATATION. 

étant  la  demeure  habituelle  des  Grenouilles,  n'avait  été  pour  elles  qu'un 
essai  momentané  d'emprisonnement;  que  le  véritable  domaine  des  batra- 
ciens, l'endroit  où,  pendant  plus  de  quinze  ans,  je  les  avais  vus  presque 
journellement  vivre  et  s'ébattre,  était  l'enclos  tout  entier  situé  derrière 
l'aquarium  ;  qu'il  n'y  avait,  par  conséquent,  pas  plus  de  raison  d'appeler 
ce  lieu  Parc  aux  Pingouins,  deux  hôtes  alors  récemment  débarqués, 
qu'il  n'y  aurait  eu,  quelque  temps  auparavant,  à  le  dénommer  parc  à 
l'Albatros,  ou  mieux  encore  parc  aux  Caïmans,  lorsque,  à  différentes 
reprises,  plusieurs  de  ces  animaux  l'avaient  occupé?  Depuis,  je  le  sais, 
les  choses  ont  changé.  Les  Grenouilles  sont  devenues  rares,  et  les  Pin- 
gouins, au  nombre  de  dix-neuf,  sont  maîtres  de  la  place. 

»  Mais  laissons  ces  personnalités,  qui  ne  peuvent  rien  prouver  quant  au 
fait  dont  nous  nous  occupons.  Parlons,  pour  la  dernière  fois,  de  la  vraie 
question,  de  la  seule  importante,  qui  est  celle  delà  reproduction  dans 
les  eaux  du  Bois  de  Boulogne,  des  Grenouilles-bœufs  échappées  du  Jar- 
din d'acclimatation. 

»  M.  Mailles  ne  met  pas  en  doute  ma  bonne  foi;  qu'il  veuille  bien  me 
reconnaître  en  outre  l'intelligence  suffisante  pour  apprécier  le  signale- 
ment des  Biill-froijs  dont  je  me  suis  occupé  tout  spécialement.  Je  ne  lui 
demande  rien  de  plus.  Je  lui  répéterai  alors  que,  dans  le  lac  Saint-James, 
j'ai  vu,  de  mes  yeux  vu,  pendant  de  nombreuses  années,  en  août  et  sep- 
tembre, de  très  nombreux  Têtards-bœufs;  que  j'ai  pris  de  ces  Têtards 
qui  se  ressemblaient  tous;  que  je  les  ai  mis  chez  moi  et  qu'ils  s'y  sont 
transformés  en  Grenouilles  absolument  semblables  par  la  forme,  la 
couleur,  les  habitudes,  la  voix,  la  grosseur,  à  celles  que  le  Jardin  nous 
exhibe  depuis  quinze  ans  comme  Grenouilles-bœufs  provenant  d'Amé- 
rique. 

))  J'aurai  fini,  lorsque  j'aurai  rappelé  que  la  reproduction  des  Gre- 
nouilles-bœufs, dans  les  eaux  du  Bois  de  Boulogne,  ne  fait  aucun  doute 
pour  tous  ceux  qui,  à  un  titre  quelconque,  fréquentent  les  bords  du  lac 
Saint-James_;  que,  de  plus,  le  personnel  entier  du  Jardin  d'acclimatation, 
à  commencer  par  son  Directeur  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  et  à  finir  par 
M.  Garnoi,  chef  de  l'aquarium,  est  complètement  édifié  à  cet  égard. 

»  La  question  ainsi  posée  me  semble  suffisamment  claire.  Je  ne  vois  pas 
qu'elle  ait  à  faire  un  seul  pas  en  avant.  11  ne  nous  manque,  pour  qu'elle 
soit  résolue  à  la  satisfaction  de  M.  Mailles,  qu'une  apostille  favorable 
émanant  de  la  troisième  Section.  Cette  apostille  serait  précieuse,  sans 
doute,  mais  est-elle  indispensable? 

»  Malgré  tout  cela,  je  n'ai  pas  l'espoir  de  convaincre  M.  Mailles.  Je  sais 
qu'il  ne  se  rendra  à  l'évidence  que  lorsque  je  présenterai  des  sujets  vi- 
vants. Aussi,  je  m'adresse  surtout  à  ceux  de  mes  collègues  qui,  égale- 
ment amis  de  la  vérité,  sont  moins  exclusifs. 

»  P.  S.  .\u  dernier  moment,  j'ai  appris  que  M.  Cornély  avait  adressé 
au  Jardin,  à  l'intention  de  M.  Mailles,   une  vingtaine  de  Grenouilles- 


PROCÈS-VERBAUX.  349 

bœufs,  nées  dans  ses  bassins.  Je  les  ai  vues  et,  malgré  leur  livrée  d'hi- 
ver, j'ai  parfaitement  retrouvé  en  elles  mes  jeunes  élèves. 

»  Toujours,  à  propos  de  Grenouilles,  on  a,  dans  les  extraits  des  procès- 
verbaux  des  séances  de  la  troisième  Section,  page  117  du  numéro  de 
février  1886,  relevé  l'invraisemblance  de  la  phrase  que  voici  : 

c  Dans  le  lac  de  Saint-James,  j'ai  vu  une  Perche  de  forte  taille  fondre 
»  sur  une  Brème  au  repos  près  de  la  rive,  et,  la  coupant  en  deux,  fuir  avec 
»  la  moitié.  î 

»  Je  me  suis  mal  exprimé  peut-être.  J'étais  avec  mon  ami  M.  Louis 
Fournier,  attaché  à  la  direction  générale  des  tabacs  au  ministère  des 
flnances;  nous  avons  vu  une  Perche  raser  une  Brème  immobile  et,  dans 
ce  mouvement  rapide  comme  l'éclair,  lui  enlever  un  long  et  épais  mor- 
ceau de  chair.  Comment  cela  s'est-il  produit  ?  Je  ne  me  charge  pas  de 
l'expliquer.  Le  fait  peut  n'être  pas  vraisemblable,  mais  pourtant  il  est 
vrai.  î> 

—  M.  Vincent  rend  compte  de  la  perte  de  ses  alevins  de 
Truite  arc-en-ciel. 

—  M.  P.  Carbonnier  adi^esse  un  plan  des  bassins  de  pisci- 
culture qu'il  a  fait  établir  dans  sa  propriété  près  de  Bergerac, 
et  fait  connaître,  en  même  temps,  les  résultats  de  ses  pre- 
miers essais  d'élevage  de  Truite. 

—  M.  Chauvet  transmet  deux  notes  de  M.  Després,  de  Nan- 
teuil-en-Vallée  (Charente),  sur  la  pisciculture. 

—  M"'  Perny,  protonotaire  apostolique,  sollicite  un  envoi 
de  graine  de  Ver  à  soie  du  Chêne  de  la  Chine. 

—  M.  J.  Fallou  i^emercie  de  l'envoi  qui  lui  a  été  fait  de 
cocons  dWttacus  Pernyi. 

—  M.  Bigot  adresse  un  mémoire  relatif  à  l'établissement 
des  ruchers,  mémoire  publié  à  l'occasion  d'un  arrêté  pris 
par  le. maire  de  Boussy-Saint-Antoine  (Seine-et-Oise)  et  ren- 
fermant les  dispositions  suivantes  : 

«  Tout  propriétaire  ou  locataire  d'un  jardin  enclos  ne 
pourra  établir  de  rucher  qu'à  une  distance  de  120  mètres  de 
toute  habitation.  En  dehors  des  habitations  la  distance  sera 
réduite  à  -40  mètres  des  voisins  et  des  chemins  traversant  la 
commune.  » 

•  —  M.  Leroy,  sous-inspecteur  de  l'enregistrement,  écrit 
d'Oi\in  : 

«  Le  catalogue  des  séricigènes,  établi  par  M.  Wailly  et  inséré  au  Biil- 


350  SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

letin  de  la  Société,  n°  de  février  1886,  mentionne  un  Ver  à  soie  de  l'Inde, 
VAntherœa  mylitia,  qui  vit  sur  le  Ziziphusjujuba. 

))  Il  existe  en  Algérie  un  Ziziphus,  appelé  vulgairement  Jujubier  sau- 
\ao-e,  très  commun  dans  les  terres  incultes.  Il  serait  intéressant  de  sa- 
voir si  cette  plante  peut  servir  à  l'éducation  du  Mylitia,  car  dans  l'af- 
firmative, il  y  aurait  avantage  à  répandre  cette  espèce  en  Algérie,  où 
l'élevage  du  Ver  à  soie  du  Mûrier  est  de  plus  en  plus  délaissé. 

»  Je  vous  serai  reconnaissant  de  vouloir  bien  me  faire  connaître  si  la 
Société  d'Acclimatation  peut  mettre  à  ma  disposition  quelques  cocons  ou 
des  œufs  de  cette  espèce  afin  que  j'en  fasse  l'élevage.  Dans  le  cas  de 
l'affirmative,  j'aurai  soin  de  tenir  la  Société  au  courant  des  résultats. 

»  On  pourrait  également  propager  en  Algérie  le  Yama-maï  et  le  Per- 
nyi;  mais,  en  ce  qui  me  concerne,  je  ne  puis  pour  le  moment  m'en  oc- 
cuper, ne  possédant  pas  encore  de  Chênes  pour  assurer  leur  alimenta- 
tion. » 

—  M.  de  Barrau  de  Muratel  et  M.  le  comte  de  Bouchaud  de 
Bussy  remercient  de  l'envoi  qui  leur  a  été  fait  de  tubercules 
de  Stachys  af finis. 

—  M.  le  D""  Joseph  Michon  sollicite  l'envoi  de  tubercules  de 
Stachys  a f finis. 

—  M.  Arthur  Lewis-Michel  adresse  d'ismaïlia  une  collec- 
tion de  graines  de  différents  végétaux  utiles.  —  Remercie- 
ments. 

—  A  l'occasion  de  la  correspondance,  M.  Mailles  fait  con- 
naître qu'il  ne  croit  pas  devoir  répondi^e  à  la  note  deM.Laisnel 
de  la  Salle  concernant  les  Grenouilles-bœufs,  parce  que  cette 
note  ne  renferme  pas  de  faits  nouveaux.  «  Je  ne  m'occuperai 
maintenant  de  cette  question,  ajoute  M.  Mailles,  que  quand 
on  m'aura  montré  des  Tèlards  de  Grenouille-bœuf;  mais  je 
puis,  du  moins,  constater  que  M.  Laisnel  de  la  Salle  s'est 
rétracté  sur  la  plupart  des  points  qu'il  avait  d'abord  main- 
tenus. » 

—  M.  Jules  de  Guerne  présente  à  la  Société  un  modèle  des 
aréomètres  adoptés  par  la  ComiTiission  de  Kiel  pour  les  re- 
cherches sur  la  salure  delà  mer,  et  il  donne,  à  ce  sujet,  d'in- 
téressants détails  sur  les  travaux  de  cette  Commission,  chargée 
de  l'étude  scientifique  des  mers  allemandes.  (V.  nn  Bulletin.) 

—  M.  le  Secrétaire  général  fait  une  communication  sur  le 
jardin  zoologique  de  Moscou  et  sur  la  création  pi^ojetée  à 


PROCÈS-VERBAUX.  351 

Vienne  d'un  important  jardin  d'acclimatation;  il  donne,  à 
cette  occasion,  la  nomenclature  des  divers  établissements  zoo- 
logiques qui  ont  été  successivement  créés  et  qui  existent  en- 
core actuellement.  (Voy.  au  Bulletin.) 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  14  MAI  1886. 
Présidence  de  M.  Camille  Dareste,  membre  du  Conseil. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté, 
après  une  observation  de  M.  Gh.  Mailles. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
vellement adinis  par  le  Conseil,  savoir  : 

MM.  PRÉSENTATEIRS. 

„  /MX         '       •     X      '    rt  1  '        (A.  Geoffrov  Saint-Hilaire. 

BoissiN    (Maxime),    négociant,    a   Orléans  \  _  .     .,     •'., ,       , 

,,    .     ,  /'        o  1  Saint-ïves  Menard. 

(Loiret).  /  „      ,  ,,     . 

[  René  Hogier. 

Marchal  (Camille),  éleveur  d'Autruches,  à  (  Jules  Forest. 

la  ferme  du  Planteur,  à  Zeralda,  par  Sta-  |  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

ouéiy  (Algérie).  (  Saint-Yves  Ménard. 

SuDRE  (comte  R.),  propriétaire  au  château  [  de  Quatrefages. 

de  la  Rochecotard,  par  Langeais   (Indre-  j  A.  Berthoule. 

et-Loire).  (  Saint- Yves  Ménard. 


—  M.  le  Ministre  de  l'agriculture  annonce  qu'il  veut  bien 
accorder  à  la  Société  une  médaille  d'or,  pour  être  décernée 
lors  de  la  prochaine  distribution  des  récompenses. 

—  M.  Xavier  Odent  fait  connaître  qu'il  a  pris  livraison  du 
couple  d'Éperonniers  chinquis  qui  lui  a  été  accordé  en  chep- 
tel. Les  oiseaux  sont  arrivés  en  fort  bon  état  et  sont  très  bien 
installés. 

—  M.  Laverne  annonce  le  renvoi  de  la  femelle  de  son 
cheptel  de  Faisan  de  Lady  Amherst. 

—  M.  le  docteur  Clos,  directeur  du  Jardin  des  Plantes  de 
Toulouse,  écrit  à  M.  le  Secrétaire  généi\il  : 

«  On  sait  que  les  oiseaux  de  proie  établissent  ordinairement  leur  nid 
dans  les  endroits  escarpés  :   les  Grands-Ducs  choisissent,  dit-on,  dans 


355  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'ACCLIMATATION. 

ce  but,  les  trous  des  murs  et  des  rochers,  les   dessous  des   toits,  les 
creux  d'arbres;  mais  les  a-t-on  vus  pondre  à  l'état  de  captivité? 

»  Le  Jardin  des  Plantes  de  Toulouse  possède  renfermés  dans  la  même 
cage  trois  de  ces  animaux,  dont  deux  femelles.  L'an  passé,  l'une  de 
celles-ci  pondit  quatre  œufs,,  les  couva  pendant  quelques  jours  et  les 
abandonna.  Nouvelle  ponte  dans  la  première  quinzaine  du  mois  de  mars 
dernier;  le  seul  œuf  qui  ait  été  conservé,  a  été  couvé  longtemps  par  la 
femelle;  après  quoi,  il  a  été  reconnu  clair.  » 

—  M,  le  Directeur  du  Jardin  d'Acclimatation  communique 
une  lettre  par  laquelle  M.  Camille  Marchai,  de  Zéralda,  près 
Staouély  (Algéiie),  rend  compte  de  ses  élevages  d'Autruches. 

—  M.  Buttin,  régisseur  du  domaine  de  Dampierre,  an- 
nonce l'envoi  prochain  de  renseignements  sur  les  Poissons- 
Chats  (Amiunis  nebiilosiis)  provenant  de  la  Société. 

—  MM.  les  ingénieurs  en  chef  des  départements  du  Calva- 
dos, du  Puy-de-Dôme  et  de  l'Yonne,  ainsi  que  du  service 
de  la  Marne  au  Rhin,  remercient  de  l'envoi  qui  leur  a  été 
fait  du  travail  sur  la  maladie  des  Écrevisses  récemment  pu- 
blié par  la  Société. 

—  M.  Maurice  Richard  écrit  de  Millemont,  par  Laqueue- 
lez-Yvelines  (Seine-et-Oise)  : 

«  Je  n'ai  aucun  renseignement  nouveau  à  donner  sur  les  jeunes  San- 
dres qui  m'ont  été  confiés  par  la  Société  d'Acclimatation  et  ne  pourrais 
en  avoir  qu'en  vidant  l'étang  où  je  les  ai  mis.  Ils  sont,  ainsi  que  je  l'ai 
dit,  dans  un  étang  d'un  hectare  et  demi  environ  (alimenté  par  un  ruis- 
seau) qui  venait  d'être  péché  et  dans  lequel  il  restait  du  frai  de  Gardon. 

j>  Je  désire  réussir  et  ferai  tout  ce  qui  sera  nécessaire  pour  y 
parvenir.  » 

—  M.  le  marquis  de  Pomereu  rend  compte  de  la  situation 
satisfaisante  des  alevins  de  Black-Bass  qui  lui  ont  été  con- 
fiés par  la  Société.  Aucun  de  ces  jeunes  poissons  n'a  péri  et 
tous  ont  sensiblemement  grossi  depuis  leur  arrivée.  Ils  sont 
installés  dans  un  bassin  d'eau  courante,  k  fond  de  gravier, 
où  leur  nourriture  consiste  principalement  en  Vers  de  vase. 
Daphnies,  Cyclopes,  etc. 

—  M.  Gallais,  de  Ruffec,  rend  compte  de  la  situation  des 
jeunes  sujets  de  Poisson-Chat  qui  lui  ont  été  remis  par  la 
Société. 


PROCÈS-VERBAUX.  353 

—  M.  Henri  Gadeau  de  Kerville  adresse  deux  notes  sur  la 
faune  de  la  Seine  et  de  son  embouchure,  travaux  qu'il  a 
présentés  au  récent  Congrès  des  Sociétés  savantes  à  la  Sor- 
bonne. 

—  iM.  le  préfet  de, l'Allier  fait  parvenir  une  réponse  au 
questionnaire  qui  lui  avait  été  adressé  concernant  la  situation 
de  la  pisciculture  dans  son  département. 

—  M.  Ernest  Olivier  sollicite  l'envoi  de  tubercules  de  Sta- 
chys  af finis. 

—  M.  le  Directeur  de  la  Ligue  de  reboisement  de  l'Algérie 
remercie  de  l'envoi  qui  lui  a  été  fait  de  Noix  de  Carya  oli- 
vœformis. 

—  M.  le  comte  Robert  de  Montbron  demande  à  prendre 
part  à  la  distribution  de  graines  annoncées  dans  la  Chronique. 

—  M.  Garcin,  consul  du  royaume  d'Hawaï,  à  Grenoble, 
signale  que  des  essais  de  culture  de  Ramie  ont  été  faits  à 
Grenoble,  et  qu'on  en  a  obtenu  de  très  bons  résultais;  la 
deuxième  année,  les  tiges  ont  atteint  de  l'",50  à  2  mètres  de 
longueur. 

«  Un  de  mes  amis,  ajoute  M.  Garcin,  a  inventé  une  machine  à  décor- 
tiquer la  Ramie  sèche;  les  résultats  donnés  par  cette  machine  sont  très 
heaux,  car  la  filasse  sort  de  la  machine  très  nette  ;  on  n'a  qu'à  la  peigner 
pour  la  filer.  » 

—  M.  le  Secrétaire  dépose  sur  le  bureau,  de  la  part  de 
.M.leD'Hoek,  de  Leyde,  une  notice  sur  l'ostréiculture  con- 
sidérée comme  industiùe  nationale,  et  il  fait  ressortir  l'intérêt 
que  présente  ce  nouveau  travail  du  savant  Secrétaire  de  la 
Société  zoologique  néerlandaise. 

M.  Raveret-Wattel  communique  ensuite  à  la  Société  les 
renseignements  qui  lui  ont  été  donnés  par  M.  le  D'  Victor 
Fatio,  de  Genève,  sur  les  travaux  de  pisciculture  et  d'accli- 
matation de  poissons  exotiques  entrepris  en  Suisse  par  l'ad- 
ministration fédéi\^le.  La  grande  Truite  des  lacs  des  États- 
Unis  (Sahno  Naymacush)  réussit  très  bien  en  Suisse;  le 
développement  de  ce  poisson  paraît  être  plus  rapide  que  celui 
de  toutes  les  autres  espèces  de  Truites  essayées  jusqu'tï  ce 
Jour.  Le  Coregonus  alhus  donne  aussi  de  très  bons  résultais. 

4'  SERIE,  T.  III.—  Juin  188G.  fi 


354  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Cette  espèce  a  été  introduite  sur  différents  points,  notamment 
dans  le  lac  de  Saint-Moritz,  en  Engadine  (à  1800  mètres  au- 
dessus  de  la  mer),  où  il  n'y  avait  jamais  eu  que  de  la  Truite 
et  point  de  Gorégones.  A  cette  altitude,  le  C.  albus  semble 
réussir  parfaitement  et  se  développer  très  vite.  On  s'applau- 
dit beaucoup  en  Suisse  de  cette  importation. 

—  M.  Maurice  Girard  présente,  de  la  part  de  M.  Fallou, 
qui  les  a  déterminés  et  préparés,  des  Papillons  et  des  cocons 
provenant  d'un  envoi  fait  à  la  Société  par  le  R.  P.  Gamboué 
(de  Madagascar).  Parmi  ces  insectes  figure  une  espèce  très 
intéressante,  le  Borocera  bibindandy ,  dont  les  Malgaches 
tirent  une  soie  fort  estimée  chez  eux;  ils  en  confection- 
nent des  étoffes  appelées  lambas,  qui  servent  à  ensevelir  les 
morts  de  qualité. 

—  M.  Maurice  Girard  fait  ensuite  hommage  à  la  Société  des 
séries  10,11, 12  de  ses  Bons  points  instructifs  d'entomologie 
(Paris,  Hachette  et  G'*).  Les  36  lithochromies  accompagnant 
les  notices  sont  dues  à  l'habile  pinceau  de  notre  collègue 
M.  A.  Clément. 

10^  séiHe.  Les  Dermestes,  les  Silphes,  les  Thrips  des  céréales,  le  Ter- 
mile  lucifuge,  la  Mygale  maçonne,  l'Araignée  d'eau,  les  Rhizotrogues, 
la  Noctuelle  du  Chou,  l'Eumolpe  de  la  Vigne,  le  Rhynchite  Bacchus,  la 
Teigne  de  la  grappe,  l'Altise  des  potagers. 

ii^  série.  La  Lygée  aptère,  le  Cynips  de  la  galle  à  teinture,  le  Sta- 
phylin  adorant,  les  Syrphes,  l'Ammophile  des  sables,  la  Cigale  du  Frêne, 
le  Valgue  hémiptère,  le  Céphe  pygmée,  la  Punaise  rouge  du  Chou, 
l'Empuse  appauvrie,  le  Ténébrion  des  boulangeries,  la  Panorpe  com- 
mune. 

12^  série.  Les  Mouches  à  viande,  la  Nèpe  cendrée,  le  Microgaster 
agglomérant,  le  Réduve  masqué,  le  Lépisme  du  sucre,  le  Drile  flaves- 
cent,  la  Ranâlre  linéaire,  la  Gantharide,  la  Scolopendre  mordante,  le 
Sirex  géant,  le  Lophyre  du  Pin,  le  Scarabée  sacré. 

M.  Maurice  Girard  donne  ensuite  quelques  détails  qui  expliquent  l'in- 
térêt que  peut  présenter  cette  dernière  notice  figurant  VAtenchus  sacer 
roulant  une  boule  de  fiente  plus  grosse  que  lui,  qu'il  pousse  avec  ses 
pattes  de  derrière.  Il  faut  détruire  une  légende  niultisécùlaire  sur  le 
Scarabée  sacré,  dont  les  prêtres  égyptiens  comparaient  les  travaux  à 
ceux  d'Osiris  ou  du  Soleil.  On  croyait  que  chaque  boule  contenait  un 
œuf;  on  voyait  l'insecte  l'enterrer,  et  on  supposait  qu'au  bout  de  vingt- 
huit  jours,  temps  d'une  révolution  lunaire,  la  race  du  Scarabée  s'animait. 


PROCÈS-VERBAUX.  355 

de  sorte  qu'au  bout  du  vingt-neuvième  jour,  qu'il  connaissait  pour  être 
celui  de  la  conjonction  de  la  lune  avec  le  soleil  et  de  la  naissance  du 
monde,  un  nouveau  Scarabée  sortait  de  la  boule. 

Cette  antique  erreur,  datant  de  l'époque  des  Pharaons,  a  été  tout  ré- 
cemment réfutée  par  les  observations  de  iM.  Henri  Fabre.  Au  printemps, 
de  nombreux  Scarabées  sacrés  roulent  leur  immonde  pilule  sur  les  pla- 
teaux arides  des  environs  d'Avignon.  L'aide  des  écoliers  du  villao-e  des 
Angles  fut  requise  par  l'offre   fastueuse  d'une   belle  pièce  neuve  d'un 
franc  pour  chaque  boule  oîi  l'on  trouverait  au  centre  un  œuf  ou  une 
petite  larve.  Après  plusieurs  semaines  des  plus  consciencieuses  investi- 
gations sur  des  cenlaines  de  boules,  il  fallut   se   rendre  à  l'évidence. 
Elles  ne  contiennent  pas  d'œufs  et  sont  seulement  des  réserves  d'ali- 
ments que  le  Scarabée  enfouit  dans  son  terrier  pour  s'en   repaître. 
M.  Fabre  a  également  fait  justice  d'une  autre  erreur  capitale.   Souvent 
on  voit  un  second  Scarai)ée  paraissant  s'associer  aux   efforts  d'un  pre- 
mier rouleur  de  boule.  Avec  l'idée  préconçue  que  le  rouleur  était  une 
femelle,  on  imagina  que  l'autre  était  un  mâle,  encourageant  la  femelle 
par  sa  présence,  sans  prendre  une  part  directe  toutefois  à  son  travail, 
pareil  à  ces  guerriers  sauvages  qui  assistent  aux  pénibles  labeurs  dé- 
volus à  leurs  seules  compagnes.   Les  deux   sexes  des  Atenchus  étant 
extérieurement  pareils,  l'idée  était  plausible.  Mais  M.  Fabre  a  reconnu, 
par  de  nombreuses  dissections  internes,  que  les  deux  Scarabées  occupés 
après  la  même  boule  sont  tantôt  de  même  sexe,  tantôt  de  sexes   diffé- 
rents. La  vérité  est  un  de  ces  faits  de  paresse  intelligente  dont  les  In- 
sectes industrieux  sont  coutumiers.   Un  Scarabée  rencontre  un  sujet  de 
son  espèce  roulant  une  boule  appétissante,  il  cherche  à  s'associer  au 
festin  sans  travail,  entre  dans  le  terrier  oîi  la  boule  est  déposée  et  s'in- 
vite à  diner  sans  cérémonie. 

Les  mêmes  faits  ont  été  vérifiés  par  M.  G.  Poujade,  du  Muséum,  sur 
une  autre  espèce,  V Atenchus  semipunctatus,  commun  au  printemps  sur 
la  plage  de  Palavas,  près  de  Montpellier.  M.  Poujade  a  gardé  vivants,  à 
Paris,  de  nombreux  sujets  de  cette  espèce  qui  ont  roulé  leurs  boules 
toute  l'année  et  ne  sont  morts  que  l'année  suivante,  à  la  suite  d'une 
insolation  accidentelle;  pendant  l'hiver  ils  avaient  été  soustraits  à  l'action 
du  froid. 

Les  boules  furent  toutes  visitées  et  ne  contenaient  pas  d'œufs.  Une 
autre  espèce,  V Atenchus  laticollis,  plus  petite,  remonte  assez  haut 
dans  l'intérieur  de  la  Fi-ance  et  se  trouve  quelquefois  jus(iue  sur  les 
coteaux  des  environs  de  Lyon.  Les  Atenchus  n'arrivent  pas  jusqu'à 
Paris. 

—  M.  le  Secrélaire  général  fait  la  communication  sui- 
vante : 

«  Messieurs,  j'ai  demandé  la  parole  pour  vous  signaler  une  naissance 


356  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

d'un  certain  intérêt  qui  a  été  obtenue  au  Jardin  d'acclimatation  dans  le 
courant  du  présent  mois  de  mai.  M.  Pichot,  à  différentes  reprises,  vous 
a  entretenus  du  Cerf  qui  vit,  à  l'étal  sauvage,  dans  les  parcs  de  l'em- 
pereur de  la  Chine,  VElaphuriis  Davidianus,  de  ce  Cerf  singulier, 
proche  parent  du  renne,  qui,  aujourd'hui  ,  existe  seulement  à  l'état 
de  demi-domesticité,  et  dont  l'habitat  sauvage  n'est  pas  connu.  Cette 
espèce  a  été  introduite  en  Europe,  il  y  a  maintenant  environ  dix  à  douze 
ans,  par  l'ambassade  d'Allemagne  à  Pékin,  qui  envoya  au  -lardin  zoolo- 
gique de  Berlin  un  couple  de  ces  cervidés  précieux.  Après  plusieurs 
années  de  séjour,  ils  reproduisirent,  et  je  pus  me  rendre  acquéreur  de 
plusieurs  de  ces  animaux.  Ils  sont  restés  au  Jardin  d'acclimatation,  pen- 
dant trois  ans,  sans  donner  naissance  à  aucun  petit.  Enfin,  cette  année- 
ci,  pour  la  première  fois,  il  nous  est  né  un  jeune. 

»  Je  profite  de  cette  occasion  pour  vous  annoncer  que,  cette  année 
encore,  le  Porcula  salviani,  cette  petite  espèce  de  suidés  qui  habite 
dans  l'Indoustan,  les  haies  de  bambous,  le  bord  des  rivières,  a  de  nou- 
veau reproduit.  Mais  nous  avons  eu,  cette  année  encore,  le  regret  de  ne 
pas  pouvoir  élever  les  jeunes.  Il  y  a  là,  évidemment,  un  tour  de  main 
à  trouver.  Dans  les  premières  années  (car  ils  ont  reproduit  dès  la  se- 
conde année  de  leur  importation),  nous  fournissions  à  la  mère  une  abon- 
dante litière  de  foin,  nous  avons  retrouvé  les  jeunes  comme  noués  dans 
le  foin.  Nous  avons  imaginé  d'autres  litières  sans  obtenir  un  meilleur 
succès.  Enfin,  cette  année,  nous  avons  employé  le  bouchon  pilé,  de 
telle  sorte  que  les  animaux  se  trouvassent  garantis  de  la  fraîcheur  du  sol 
et  qu'ils  ne  pussent  pas  se  nouer  dans  la  litière.  Le  résultat  malheureu- 
sement a  été  le  même  ;  et  cela  est  d'autant  plus  fâcheux  que  les  jeuneg 
obtenus  étaient  venus  à  terme,  dans  les  meilleures  conditions.  Quel  est  le 
vice  de  l'installation  ?  Pour  l'année  prochaine,  nous  comptons  aussitôt 
que  la  saison  le  permettra,  c'est-à-dire  dans  le  courant  de  février  (les 
naissances  arrivent  fin  avril  ordinairement),  nous  comptons  abandonner 
ces  animaux  à  eux-mêmes,  dans  un  grand  espace,  dans  un  parc,  au 
risque  de  les  laisser  souffrir  un  peu  du  froid.  Ils  sont  moins  frileux, 
d'ailleurs,  qu'on  ne  le  croyait  au  moment  de  leur  importation.  Aban- 
donnés à  eux-mêmes,  absolument  tranquilles,  sûrs  de  n'être  pas  inquié- 
tés, les  jeunes  pourront-ils  s'élever?  Nous  devons  l'espérer. 

1)  Il  est  vraiment  à  souhaiter  qu'on  puisse  arriver  à  multiplier  en  cap- 
tivité le  Porcula  salviani.  Celte  petite  espèce  mesure,  au  garrot,  vingt- 
deux  à  vingt-quatre  centimètres.  C'est  vous  dire  combien  il  est  petit,  et 
son  volume  est  celui  d'un  chien  terrier  de  moyenne  taille.  Il  y  aurait 
donc  là  une  introduction  très  intéressante  et  peut-être  une  domestica- 
tion très  curieuse  à  tenter  si  on  arrivait  à  obtenir  un  cochon  facile  à 
reproduire  et  pas  plus  gros  qu'un  lapin. 

»  J'ai  cette  année,  comme  de  coutume,  la  satisfaction  de  vous  annon- 
cer que  les  Casoars  Emeus   du  Jardin  d'acclimatation   ont   reproduit. 


PROCÈS-VERBAUX.  357 

Nous  avons  vu  éclore,  sous  le  couple  qui  s'est  livré  à  l'incubation,  sept 
jeunes,  et  depuis  nous  avons  ajouté  à  la  couvée  un  jeune  qui  était  né 
dans  la  couveuse  artificielle. 

»  Vous  savez  combien  ces  petits  animaux  grandissent  rapidement  ; 
jusqu'à  présent  leur  éducation,  au  Bois  de  Boulogne,  n'a  donné  lieu  à 
aucune  de  ces  difficultés  qui  ont  été  signalées  par  les  éleveurs  d'Au- 
truches en  Algérie,  ces  cas  de  rachitisme,  ces  fractures  soudaines  des 
os,  enfin  tous  ces  accidents  qui  surviennent  pendant  l'élevage  des  Au- 
truches en  Algérie,  et  dont  il  vous  a  été  si  souvent  parlé  :  rien  de  sem- 
blable ne  s'est  produit  sur  les  Casoars. 

i>  Je  signalerai  encore  à  votre  attention  la  naissance  de  deux  Cha- 
meaux d'Asie  {Camelus  bactrianus).  Ces  naissances  n'ont  pas  un  intérêt 
considérable,  et  cependant  il  est  curieux  d'examiner  ces  animaux  dans 
leur  premier  âge,  de  voir  cette  bosse  qui  est  destinée  à  recevoir  un 
réservoir  d'aliments,  se  remplir  peu  à  peu  à  mesure  que  l'animal  se  dé- 
veloppe. 

»  Notre  collègue,  M.  Rodocanachi,  nous  a  récemment  signalé  qu'il  a 
obtenu,  cette  année,  à  sa  faisanderie  d'Andilly,  une  ponte  très  intéres- 
sante. Un  couple  d'Argus  de  Malaisie  a  donné  des  œufs  fécondés  qui 
doivent  éclore  ces  jours-ci.  C'est  la  pi'einière  fois  que  ce  résultat  a  été 
obtenu  en  France.  De  plus,  comme  chaque  année,  la  faisanderie  d'An- 
dilly élève  de  jeunes  pigeons  Goura  Victoria,  ces  beaux  pigeons  bleus 
à  aigrettes  que  vous  connaissez.  » 

—  M.  Berlhoule  dépose  sur  le  bureau,  de  la  part  de 
M.  Grapanche  une  note  sur  la  culture  artificielle  de  l'Alose 
aux  Etats-Unis.  Cette  note  est  accompagnée  d'un  modèle 
d'appareil  d'éclosion. 

—  M.  Lataste  fait  hommage  à  la  Société  d'un  exemplaire 
de  l'ouvrage  qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre  :  Elude  de 
la  faune  des  Vertébrés  de  Barbarie,  catalogue  provisoire 
des  mammifères  apélagiques  sauvages.  Ce  travail  sera  suivi 
d'une  seconde  partie  comprenant  les  reptiles. 

—  M.  Raveret-Wattel  fait  une  communication  sur  les  tra- 
vaux de  pisciculture  entrepris  en  Belgique,  oïl  l'Administra- 
tion s'occupe  activement  de  repeupler  les  divers  aflluents  de 
la  rive  droite  de  la  Meuse. 

Le  Secrétaire  des  séances, 
C.  Raveret-Wattel. 


I«.    EXTRAITS   DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES  SECTIONS- 


PREMIÈRE   SECTION. 

SÉANCE   DU  30  MARS   1886. 
Présidence  de  M.  Decroix,  Président. 

l.e  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Berthoule  fait  part  à  l'assemblée  du  décès  de  notre  collègue, 
M.  Égal;  une  lettre  de  condoléance  a  été  envoyée  à  M""'  Égal. 

j\I.  Joly  fait  connaître  qu'il  a  reçu,  de  la  Société,  un  Lièvre  et  une 
Lapine  argentée. 

Le  Lièvre  est,  physiquement,  impropre  à  la  reproduction. 

Quant  à  la  Lapine,  trente  jours  après  son  arrivée  chez  M.  Joly,  elle 
a  mis  bas,  non  des  Léporides,  mais  bien  des  Lapins.  M.  Joly  pense  que 
bien  des  personnes,  en  pareil  cas,  auraient  cru  être  en  présence  de 
produits  hybrides. 

MM.  Decroix  et  Mailles  déclarent  que  le  29  mars  ils  sont  allés  chez 
M.  Joly,  et  ont  vu  les  sujets  en  question.  Le  Lièvre  est  agressif  et  peu 
farouche.  Les  petits  Lapins  avaient  alors  les  yeux  ouverts  et  commen- 
çaient à  sortir  du  nid.  Ils  sont  noirs  et  offrent  tous  les  caractères  de  la 
race  argentée,  à  laquelle  appartient  la  mère.  D'ailleurs,  le  Bouquin 
est,  en  effet,  absolument  inapte  à  la  reproduction. 

Dans  ces  conditions,  il  est  urgent  de  se  procurer  un  autre  Lièvre. 
M.  Rathelot  fera  son  possible  pour  cela,  autant  que  la  saison  avancée  et 
les  conditions  budgétaires  accordées  par  le  Conseil  le  permettront. 

M.  Pays-Mellier  envoie  une  lettre  dans  laquelle  il  dit  que  ses  Cervules 
de  Reeves  se  montrent  parfaitement  rustiques. 

A  ce  propos,  M.  Huet  entretient  la  Section  au  sujet  de  ces  Cervules 
qui  vivent  à  la  ménagerie.  Ces  Ruminants  se  reproduisent  bien,  élè- 
vent parfaitement  leurs  petits,  et  résistent  à  toutes  les  intempéries  de 
nos  régions. 

M.  le  Secrétaire  donne  ensuite  lecture  d'une  lettre  que  M.  Maistre 
adresse  au  Président  de  la  Section.  L'auteur  y  parle  de  ses  essais  de 
croisement  entre  Lièvres  et  Lapins,  ainsi  que  de  diverses  autres  tenta- 
tives d'hybridation  ou  de  métissage,  le  tout  accompagné  de  considérants 
étrangers  à  la  question  des  Léporides. 

Par  un  autre  courrier,  M.  Maistre  annonce  l'envoi  d'un  petit  animal, 
mort-né,  que  notre  collègue  nomme  Léporide.  Toute  la  portée  de  ces 
petites  bêtes  est  arrivée  bien  constituée,  mais  non  viable,  ce  que 
M.  Maistre  attribue  à  la  taille  relativement  forte  de  ces  jeunes  ani- 
maux. 

La  Section  examine  ce  jeune  Léporide,  qui  baigne  dans  un  flacon 
d'alcool.  Cet  intéressant    sujet  présente    tellement   les   caractères   et 


PROCÈS-VERBAUX.  359 

l'aspect  des  Lapins  du  même  âge,  c'est-à-dire  d'un  jour,  qu'aucun  des 
membres  présents  ne  peut  l'en  différencier.  De  même  que  les  Lapins,  à 
la  naissance,  cet  échantillon  n'a  encore  d'apparentes  que  les  vibrisses; 
les  poils  sont  absents. 

La  question  des  Léporides  reste  donc  toujours  au  même  point. 

La  Section  s'occupe,  en  terminant,  des  modifications  qu'il  y  aurait 
lieu  d'apporter  à  la  publication  des  procès-verbaux  des  Sections. 

Le  Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


DEUXIEME  SECTION. 

SÉANCE   DU   30  MARS    1886. 
Présidence  de  M.  HuET,  Président. 

Lecture  du  procès-verbal,  qui  est  adopté. 

M.  Pays-Mellier  adresse  une  communication  relative  à  la  reproduction 
de  deux  Aras  d'espèce  différente  {Ara  Rauna,  Ara  Cttnga);  malheu- 
reusement les  deux  œufs  furent  cassés  accidentellement. 

M.  Pays-Mellier  espère,  l'année  prochaine,  réussir  conaplètement  en 
prenant  les  précautions  nécessaires. 

M.  Decroix  convoque  la  première  Section,  s'il  y  a  lieu,  pour  le 
deuxième  mardi  de  mai;  de  même  M.  Huet  se  charge  de  réunir  la 
•deuxième  Section. 

Le  Secrétaire, 

E. JOLY. 


TROISIÈME  SECTION. 

SÉANCE    DU    7    AVRIL    1886. 
Présidence  de  M.  Vaillam,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Berlhoule  donne  lecture  de  plusieurs  lettres  : 

l"|De  M.  Uubard,   qui  donne  des   renseignements  sur  l'éclosion  des 
œufs  de  Truite  arc-en-ciel.  Résultats  médiocres; 

2°  De  iM.  Rivoiron,  sur  le  même  sujet.  Mêmes  résultats; 

3"  De  M.  Albouy,  conducteur  des  ponts  et  chaussées,  département  de 
l'Aude.  Mêmes  résultats  pour  cette  espèce;  assez  bons  pour  le  Salmo 
sakcr  ; 


360  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCGLIMATATION. 

4"  De  M.  Berthéol,  un  tiers  de  perte  pour  le  Salmo  iridea  et  à  peu 
près  autant  pour  le  Salmo  fontinalis; 

5°  De  M.  Lefebvre,  ses  Salmo  iridea  et  salar  lui  ont  donné  d'assez 
bons  résultats  ; 

6°  De  M.  Berthoule  père,  qui  déclare  avoir  obtenu  de  très  bons  ré- 
sultats. Les  pertes  ont  été  peu  considérables. 

Enfin,  M.  Rathelot  demande  la  parole  et  dit  qu'il  espère  sauver  un 
tiers,  environ,  de  ses  Truites  arc-en-ciel  et  que  l'éclosion  a  été  d'environ 
la  moitié  des  œufs. 

M.  Raveret-Wattel  parle  des  travaux  de  pisciculture  faits  en  Finlande 
et  en  Suède.  Les  résultats  obtenus  sont  satisfaisants;  les  Saumons  de- 
viennent plus  nombreux  dans  la  Baltique,  et  les  Allemands  en  tirent 
profit. 

M.  de  Guerne  présente  des  appareils  aréomètres  pour  mesurer  le 
degré  de  salure  de  l'eau  de  mer;  notre  confrère  parle  ensuite  des  pu- 
blications de  la  Société  de  Kiel  et  propose  l'échange  des  Bulletins.  (Ren- 
voi à  l'examen  du  Conseil.) 

M.  Rathelot  met  sous  les  yeux  de  la  Section  un  flacon  dans  lequel  sont 
quelques  alevins  à  double  vésicule. 

MM.  Vaillant,  le  D"^  Brocclii,  Raveret-Wattel,  Joly  et  Mailles  déclarent 
être  en  présence  d'une  véritable  monstruosité  de  la  vésicule,  et  qu'au- 
cune partie  d'œuf  n'est  fixée  à  sa  surface. 

M.  Jules  de  Guerne,  à  propos  d'un  travail  récemment  publié  par  le 
professeur  Ray  Lankester,  de  Londres,  sur  les  Huîtres  vertes  {Quaterly 
Journ.  microsc.  science,  nov.  1885),  dit  que  la  plupart  des  faits  signa- 
lés comme  nouveaux  par  le  naturaliste  anglais  ont  été  mis  en  lumière, 
dès  1880,  par  M.  Puységur  (Revue  inarit.  et  colon.,  février  1880).  Ce 
savant  ostréiculteur  a  montré  en  effet  que  le  verdissement  des  Huîtres 
est  dû  à  une  diatomée  {Navicula  fusiformis  ostrearia),  qu'il  a  d'ail- 
leurs soumise  à  l'examen  de  deux  botanistes  éminents,  MM.  Bornet  et 
Griinow.  Depuis  son  apparition,  le  travail  de  M.  Puységur  a  été  maintes 
fois  cité,  notamment  par  M.  le  D""  Brocchi,  dans  son  excellent  Traité 
d'ostréiculture  (Paris,  1883,  p.  144). 

M.  Certes,  vice-président  de  la  Société  zoologique  de  France,  prépare 
à  ce  sujet  une  note  rectificative,  établissant  les  droits  incontestables  de 
priorité  de  notre  compatriote.  Les  journaux  politiques  eux-mêmes  et  en 
particulier  le  Temps,  ayant  fait  quelque  bruit  delà  prétendue  découverte 
de  M.  Ray  Lankester,  M.  de  Guerne  exprime  le  vœu  que  la  notice  de 
M.  Certes,  très  brève  du  reste,  soit  reproduite  in  extenso  dans  le  Bul- 
letin. 

M.  Berthoule  rappelle  ensuite  le  procédé  imaginé  chez  lui  pour  l'in- 
cubation des  œufs  de  diverses  espèces  de  Corégones.  On  dispose  ces 
œufs  dans  les  cuvettes  ordinaires,  sous  des  ardoises  légèrement  canne- 
lées et  fixées  presque  à  fleur  d'eau.  La  teinte  foncée  de  l'ardoise,. con- 


PROCÈS-VERBAUX.  361 

trastant  avec  celle  des  œufs,  en  rend  l'inspection  facile.  En  outre,  l'eau 
n'arrive  pas  par  un  seul  jet,  mais  divisée  en  pluie  fine,  ce  qui  en  favo- 
rise bien  mieux  l'aération.  GrAce  à  ces  diverses  améliorations,  l'incuba- 
tion et  l'éclosion  des  œufs  des  espèces  du  genre  Coregonus  se  fait  dans 
d'excellentes  conditions. 

Le  Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


QUATRIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU    13   AVRIL   1886. 
Présidence  de  M.  Maurice  Girard,  Présideat. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  Secrétaire  général  adjoint  lit  des  extraits  d'un  mémoire  du 
P.  Camboué,  sur  les  Borocera  de  Madagascar. 

31.  Fallou  lit  la  note  suivante  sur  le  Sericaria  Mori.  «  A  notre  réu- 
nion du  i6  mars  dernier,  j'ai  annoncé  à  la  Section  que  j'avais  reçu,  du 
laboratoire  d'études  de  la  soie  de  la  Cbambre  de  commerce  de  Lyon, 
une  collection  de  cocons  de  Sericaria  Mori.  Voici  une  série  des  princi- 
pales races  que  je  viens  vous  soumettre  aujourd'hui. 

»  D'après  les  renseignements  que  j'ai  relatés  dans  le  rapport  présenté 
à  Ja  Chambre  de  commerce  de  Lyon  par  la  Commission  administrative 
(année  1884),  nos  races  françaises  acquièrent  une  nouvelle  renommée, 
particulièrement  celles  du  Var,  de  la  Corse  et  des  Pyrénées. 

»  Le  tableau  des  douanes  pour  188i  indique  une  exportation  de 
8000  kilogrammes  d'œufs  de  vers  à  soie,  c'est-à-dire  près  de  320 000 onces. 

ï  En  dehors  de  la  France,  l'Italie  seule  en  Europe  fait  des  efforts  pour 
rester  à  la  tète  de  la  sériciculture  :  elle  veut  demeurer  la  terre  de  la 
soie.  Du  nord  au  midi,  dans  toutes  les  provinces,  les  questions  de  sélec- 
tion, de  conservation  des  graines  et  de  croisements  de  races  sont  à 
l'ordre  du  jour.  Ces  efforts  ont  eu  pour  résultat  de  relever  la  récolte 
italienne  à  3000000  de  kilogrammes  de  grèges,  quantité  égale  à  celle 
des  soies  importées  de  Chine  en  Europe. 

»  A  Florence,  la  beauté  et  la  richesse  en  soie  des  cocons  sont  surtout 
frappantes.  Les  Toscans  n'ont  pas  abandonné  leurs  races  indigènes  et  ne 
veulent  pas  élever  d'œufs  importés  du  dehors;  ils  cherchent  par  des 
croisements  avec  des  races  analogues  aux  leurs  :  races  de  Sardaigne,  de 
Corse,  de  Modène,  à  reconstituer  des  races  dites  Sardegna,  Corsica, 
Carpinesi,  à  vers  robustes  et  à  cocons  étoffés. 

»  Dans  l'Italie  méridionale,  les  cinq  sixièmes  de  la  récolte  sont  obte- 
nus avec  des  graines  qu'on  importe  de  Toscane,  de  Corse  et  de  France. 


SOCIETE    NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

»  Hors  de  l'Italie,  il  y  a  en  Europe  un  profond  découragement,  sur- 
tout en  Espagne,  depuis  que  les  maladies  déciment  les  races  indigènes, 
oîi  sa  récolte  est  descendue  de  800000  kilogrammes  de  soie  grège  à 
100000  kilogrammes. 

»  l-e  Portugal  produit  d'assez  bons  cocons,  ils  sont  plutôt  petits  et 
constituent  une  race  indigène  dont  le  rendement  annuel  est  de  30  kilo- 
grammes pour  une  once  de  graines. 

))  Les  cocons  reçus  de  Turquie  d'Europe,  de  Turquie  d'Asie  et  de 
Perse  attestent  la  décadence  de  la  sériciculture  dans  le  Levant.  Bizarre- 
rie dans  les  formes,  variété  dans  les  nuances,  mollesse  du  tissu,  abon- 
dance de  cocons  à  chrysalides  multiples:  telles  sont,  dans  ces  contrées, 
les  tristes  conséquences  de  la  destruction  des  races  indigènes  par  la 
maladie,  et  du  peu  d'intelligence  apportée  dans  les  croisements.  Si 
quelques  beaux  cocons  apparaissent  encore  çà  et  là,  c'est  qu'ils  sont  le 
produit  de  graines  françaises  sélectionnées  importées  à  Constantinopie. 

»  A  Brousse,  on  s'efforce  de  conserver,  en  la  sélectionnant,  d'après  la 
méthode  de  M.  Pasteur,  la  race  à  cocons  blancs,  dite  race  de  Bagdad. 

3)  En  Valachie,  en  Moldavie,  en  Bulgarie,  les  tristes  cocons  envoyés 
par  M.  Degrand,  consul,  à  Koutschouck,  confirment  la  décadence  des 
races  levantines. 

»  Les  lettres  des  consuls  au  Pirée,  à  Kalamata,  Syra,  Tauris,  Tarsous, 
Erzeroum,  Trébizonde  et  Jérusalem,  signalent  la  disparition  de  la  séri- 
ciculture dans  ces  contrées.  A  l'île  d'Andros,  on  conserve  une  race  indi- 
gène bien  dégénérée,  dite  vitaliste;  c'est  un  croisement  de  la  race  indi- 
gène avec  la  race  japonaise. 

»  Je  ferai  encore  remarquer  dans  la  collection  que  je  soumets  à  la  Sec- 
tion, des  cocons,  race  du  Tonkin,  envoyés  par  M.  Brunat;  des  cocons 
jaunes  du  Cambodge,  blancs  et  jaunes  de  Cochinchine ,  verts  du  Japon; 
ceux  du  Bombyx  Arracanensis,  blancs  et  jaunes  provenant  de  la  Bir- 
ganie  (Inde  anglaise)  ;  les  cocons  et  papillons  du  Theophila  mandarina 
et  de  Rontoiia  mentiana  (Moore),  espèces  très  intéressantes  sur  les- 
quelles nous  reviendrons  lorsque  des  renseignements  plus  complets 
nous  seront  parvenus.   » 

31.  le  Président  présente  une  boîte  d'Attacus  Pernyi  'envoyée  par 
M""^  Simon,  de  Bruxelles,  et  qui  sont  à  la  disposition  des  Membres  de  la 
Société  qui  en  désireraient,  puis  il  ajoute  : 

«  On  m'a  remis  à  l'école  de  Grignon  une  fausse  chenille  de  Tenthrède, 
qui,  au  mois  de  septembre,  ravageait  les  Pins  sylvestres;  grcàce  à  la  col- 
lection Giraud,  j'ai  pu,  après  d'assez  longues  recherches,  déterminer 
cette  espèce;  c'est  le  Lopliyrus  pini. 

»  Les  larves  sont  munies  de  vingt  pattes  d'un  vert  jaunâtre  sale;  à 
l'époque  de  leurs  métamorphoses,  elles  se  filent  un  cocon  de  soie  d'un 
tissu  ferme  et  coriace  oîi  elles  se  changent  en  nymphes,  offrant  les  or- 
ganes de  l'adulte  apparents  sous  une  mince  pellicule.  Les  antennes  du 


PROCÈS-VERBAUX.  363 

mâle  offrent  cette  particularité  remarquable  qu'elles  sont   largement 
pectinées,  ce  qui  est  très  rare  chez  les  Hyménoptères,  d 

Le  Secrétaire, 

M.   SÉDILLOT. 


CINQUIÈME  SECTION. 

SÉANCE  DU  20  AVRIL    1886. 
Présidence  de  M.  DE  ViLMORiN,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

M.  le  secrétaire  fait  connaître  à  la  section  l'arrivée  de  Noix  fraîches 
de  Carya  olivœformis,  don  de  M.  Sanford,  ancien  ministre  des  États- 
Unis  à  Bruxelles. 

Il  donne  ensuite  communication  de  lettres  de  31M.  le  comte  de  Bou- 
chaud  de  Bussy  et  Gourdin,  annonçant  l'envoi  de  graines  de  Chamœrops 
excelsa.  Ce  Palmier  est  maintenant  très  répandu  dans  les  cultures  de  la 
région  méditerranéenne  et  on  ne  se  donne  même  plus  la  peine  de  recueil- 
lir les  graines. 

Ces  diverses  semences  sont  mises  en  distribution. 

M.  de  Barrau  de  Muratel  fait  connaître  que  dans  le  Tarn,  qu'il  habite 
l'été,  ses  corbeilles  de  fleurs  étaient  chaque  année  détruites  par  les 
Courtilières.  Les  Zinnias  et  les  Pétunias  avaient  particulièrement  à  souf- 
frir des  ravages  de  ces  Insectes. 

Pour  se  débarrasser  de  ces  hôtes  incommodes,  notre  confrère  fit  placer 
dans  le  sol,  à  une  profondeur  de  30  centimètres  et  distantes  de  50  cen- 
timètres, des  capsules  renfermant  10  grammes  de  sulfure  de  carbone. 

Les  plantes  se  sont  fort  bien  trouvées  de  ce  traitement  ;  les  Cour- 
tilières ont  disparu  et  la  végétation  s'est  maintenue  vigoureuse  jusqu'aux 
gelées.  Notre  confrère  a  cru  en  outre  remarquer  que  le  sulfure  de  car- 
bone serait  d'un  bon  emploi  contre  les  Cryptogames  qui  envahissent  les 
racines  de  certaines  plantes,  mais  ceci  sous  toutes  réserves,  une  nou- 
velle expérience  est  nécessaire  pour  tirer  une  conclusion  certaine. 

M.  le  Président  dit  qu'il  est  convaincu  de  l'efficacité  du  sulfure  de 
carbone  comme  insecticide,  et  il  est  employé  couramment  à  Verrières 
pour  débarrasser  les  terreaux  de  feuilles  mortes  et  autres  des  Insectes 
qui  y  vivent.  II  signale  aussi  comme  de  précieux  auxiliaires  la  Huppe 
et  la  Pie,  qui  font  une  guerre  acharnée  aux  Courtilières  et  aux  Vers 
blancs. 

M.  de  Muratel  dit  qu'il  a  cultivé  avec  succès  la  Bardane  du  Japon 
(Gobo).  Les  racines  sont  tendres,  mais  elles  conservent  malheureuse- 
ment, après  cuisson,  un  goût  aromatique  prononcé  qui  ne  plaît  pas  à 
tout  le  monde. 


36-4  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'âCCLIMATATION. 

31.  ]e  Président  répond  qu'il  faut  profiter  de  la  précocité  de  cette  plante 
en  l'arrachant  de  bonne  heure,  elle  gagne  beaucoup  à  ne  pas  être  laissée 
en  terre  trop  longtemps. 

M.  J.  Grisard  annonce  l'envoi  prochain  de  boutures  à'Elœagnus  lon- 
gipes,  par  M.  Clarté. 

Il  est  ensuite  donné  lecture  d'une  lettre  de  M.  de  Confévron  sur  le 
greffage  du  Poirier  sur  Pommier  et  de  Y  Acer  negiindo  sur  VAcer  cam- 
pes tre. 

M.  Dautreville  adresse  une  nouvelle  note  relative  à  l'analyse  par  lui 
faite  des  tubercules  de  Stachys  affinis. 

j\I.  de  Vilmorin  place  sous  les  yeux  de  la  Section  une  remarquable 
collection  de  fleurs  diverses  d'Anémones  issues  de  VAnemone  hortensis 
du  midi  de  la  France,  espèce  très  variable,  dont  les  deux  variétés  sui- 
vantes paraissent  si  distinctes  que  les  botanistes  les  ont  considérées 
comme  espèces. 

Anémone  œil  de  Paon  (A.  pavonina),  de  Provence,  à  fleur  large,  d'un 
vif  coloris  rouge,  ayant  au  centre  un  large  œil  jaune. 

Anémone  éclatante  {A.  fidgen&)  de  la  France  occidentale;  on  la  trouve 
communément  aux  pieds  des  Pyrénées.  Sa  fleur,  d'un  écarlate  vif,  est 
des  plus  jolies.  Le  semis  donne  de  grandes  variations  de  forme  et  de 
couleur  variant  du  blanc  au  rouge-sang;  les  fleurs  doubles  ont  les  pétales 
fort  étroits  et  aigus. 

M.  Mailles  croit  que  ces  variations  dans  la  couleur  des  fleurs  sont 
dues  à  une  influence  de  sol;  il  cite  les  Hortensias  qui,  à  Tarbes,  fleu- 
rissent tous  avec  des  tons  violets  prononcés. 

M.  Rathelot  dépose  sur  le  bureau  des  Haricots  de  Madagascar,  connus 
sous  le  nom  de  Haricots  marbrés  du  Cap. 

M.  Meunier  présente  une  nombreuse  et  intéressante  collection  de 
graines  des  colonies  portugaises  et  du  Canada,  consistant  principalement 
en  Pois,  Haricots,  Maïs,  etc. 

Ces  semences  sont  mises  à  la  disposition  de  nos  confrères. 

Le  Secrétaire, 
Jules  Grisard, 


V.  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS   DE  CORRESPONDANCE. 


Les  fermes  à  Autruches. 

Au  moment  où  l'élevage  des  Autruches  semble  gagner  quelque  faveur 
en  Algérie  et  solliciter  plus  vivement  l'attention  de  notre  Société,  il 
n'est  peut-être  pas  hors  de  propos  de  rapporter  ici  l'histoire  de  cette 
mèine  industrie  dans  la  colonie  du  Gap.  Cette  histoire,  dont  nous  trou- 
vons les  principaux  éléments  dans  le  journal  the  Colonies  and  India, 
est  d'ailleurs  assez  courte  :  à  peine,  en  effet,  remplit-elle  une  période 
de  vingt  années;  mais  elle  offre  un  certain  intérêt,  et  contient  de  salu- 
taires enseignements  pour  l'avenir. 

Jusqu'en  1864,  personne  dans  le  Transvaal  n'avait  eu  l'idée  d'une  in- 
dustrie, alors  à  la  veille  de  naître,  et  dont  le  développement  allait  être  si 
rapide  et  si  prodigieux  :  ceux  que  n'absorbait  pas  la  fiévreuse  recherche 
des  diamants,  se  livraient  paisiblement  à  la  culture  du  sol  et  à  l'élève 
du  bétail.  Déjà,  il  est  vrai,  on  pouvait  voir  la  première  Autruche  domes- 
tiquée dans  une  ferme  du  district  d'Aberdeen;  mais  c'était  encore  un 
simple  objet  de  curiosité.  Vers  cette  époque,  deux  hommes,  dont  les  noms 
méritent  d'être  cités,  MM.  Booysen  et  Meyers,  conçurent  le  hardi  projet  d'un 
élevage  industriel,  et,  associant  leurs  efforts  et  leurs  capitaux,  créèrent 
la  première  ferme  d'Autruches.  Le  succès  ne  se  fit  pas  attendre  ;  au 
bout  de  quelques  années  ils  réalisaient  déjà  de  sérieux  profits.  Leur 
exemple  fut  bientôt  suivi,  quoique  avec  des  fortunes  diverses,  par  de 
nombreux  colons. 

Peu  après  l'introduction  des  couveuses  artificielles  par  M.  Douglas, 
de  Grahamstown  (année  1875),  vint  porter  à  son  comble  un  engouement 
déjà  bien  près  de  l'exagération.  Ge  fut  alors  comme  une  explosion  d'en- 
thousiasme qui  gagna  les  plus  timides,  pour  les  entraîner  dans  le  dan- 
gereux tourbillon  de  la  spéculation  la  plus  effrénée. 

Dés  lors,  les  champs  de  diamants  devinrent  déserts.  Dans  les  fermes, 
les  Mérinos  eux-mêmes  et  les  Chèvres  d'Angora  tombèrent  en  défaveur 
et  cédèrent  la  place  aux  favoris  du  jour.  Les  journaux  n'étaient  pas 
assez  grands  pour  célébrer  les  louanges  de  l'oiseau  au  riche  plumage  ; 
les  conversations  n'avaient  plus  d'autre  objet  ;  chacun  s'abordait  lé  visage 
joyeux,  le  cœur  plein  d'espérances.  Perrette  assurément,  ne  fit  jamais 
des  rêves  aussi  dorés  que  ceux  qui  hantèrent  alors  l'esprit  des  plus 
humbles.  Chaque  jardin,  chaque  champ,  chaque  coin  de  terre  furent 
transformés  en  parcs  d'élevage.  Aussi  vit-on  le  prix  des  oiseaux  s'élever 
rapidement  jusqu'à  3U0  livres  et  plus  (la  livre  sterling  de  25  francs); 
les  oiseaux  de  neuf  mois  se  vendaient  facilement  de  12  à  15  livres,  les 
Autruchons  au  sortir  de  l'œuf,  5  livres  (125  francs).  Un  Boër  refusa 
700  livres  d'une  paire  d'oiseaux  reproducteurs,  affirmant  hautement 


366  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

qu'il  ne  les  donnerait  même  pas  pour  £.  1000  (25000  francs).  C'étaient, 
en  effet,  des  sujets  remarquables,  produisant  annuellement  quatre  cou- 
vées de  quinze  petits  chacune,  aussi  régulièrement  que  la  meilleure  hor- 
loge, disait  leur  heureux  maître.  Il  vendait  les  jeunes  à  quatre  mois, 
au  prix  de  £.  15  l'un,  réalisant  ainsi  un  revenu  annuel  de  plus  de 
20000  francs. 

Un  autre  acheta  en  1878,  cent  jeunes,  d'âges  divers,  de  quatre  à  neuf 
mois,  £.  10  l'un,  il  les  pluma  deux  fois,  ce  qui  lui  rapporta,  d'après  son 
propre  récit,  £.  8  par  tête,  et  les  revendit  aussitôt  £.  25. 

En  1875,  on  comptait  10  000  oiseaux  dans  la  colonie,  et  l'exportation 
déplumes  était  de  £.  300000. 

En  1880,  le  nombre  des  oiseaux  s'élevait  à  50000  et  l'exportation  de 
plumes  à  un  million  de  livres.  Pendant  les  trois  premiers  mois  de  cette 
année,  l'exportation  de  plumes  fut  de  £.  82000  supérieure  à  ce  qu'elle 
avait  été  pendant  la  période  correspondante  de  l'année  1879. 

En  1881,  l'exportation  fut  de  87  706  kilogrammes  de  plumes,  d'une 
valeur  de  22  356  000  francs. 

Il  y  avait  bien  à  cette  époque  de  quinze  à  vingt  fabriques  d'incuba- 
teurs artificiels,  en  grande  prospérité;  et  cependant,  par  suite  de  cette 
concurrence,  le  prix  de  ces  appareils  était  tombé  de  £.  75  à  £.  10.  On 
n'aurait  su  dire  néanmoins  lesquels  gagnaient  le  plus  de  ces  fabricants 
ou  des  fermiers  éleveurs.  L'un  d'eux  réalisa  une  fortune  de  £.  30000 
(750000  francs)  en  moins  de  dix  ans. 

L'installation  des  parcs  exigeant  de  grands  espaces,  la  terre  prit 
subitement  dans  les  mêmes  années  une  plus-value  considérable,  qui 
atteignit  jusqu'à  75  pour  100  de  son  ancienne  valeur. 

En  ce  temps-là,  il  est  vrai,  la  mode  avait  porté  très  haut  le  prix  des 
plumes;  à  Port  Elisabeth,  ou  à  Cape-town,  il  s'élevait  jusqu'à  1500  et 
1800  francs  la  livre,  pour  les  plumes  blanches;  les  plumes  de  second 
ordre  valaient  facilement  de  600  à  700  francs.  Or,  un  oiseau  mâle  adulte 
en  produit  annuellement  plus  d'une  livre  de  première  qualité,  pour  ne 
parler  que  de  celles-là. 

La  spéculation  se  mit  follement  de  la  partie  ;  point  n'était  besoin 
d'avoir  à  soi  de  capitaux;  les  banques  en  faisaient  largement  l'avance, 
au  cher  denier,  sans  doute:  on  devait  payer  8  à  10  pour  100  par  billets 
à  quatre  mois,  et  2  1/2  de  renouvellement  ;  mais  on  avait  bien  souci  de 
vétilles  semblables  !  On  estimait  alors  à  près  de  dix  millions  de  livres 
sterling,  le  découvert  de  ce  chef. 

Ln  jour  cependant  le  ciel  s'assombrit;  c'était  vers  la  fin  de  l'année  1881, 
si  brillamment  commencée.  Des  maux  de  nature  inconnue,  des  maladies 
du  foie  et  des  poumons  se  déclarèrent,  qui,  en  peu  de  temps,  décimèrent 
les  meilleurs  parcs.  Les  banquiers,  sentant  venir  l'orage,  égorgèrent 
sans  merci  leurs  infortunés  débiteurs.  Chacun  cherchant  à  se  dégager 
au  plus  vite,  une  réaction  générale  se  produisit,  d'autant  plus  violente 


FAITS   DIVERS   ET  EXTRAITS   DE    CORRESPONDANCE.       367 

que  l'entraînement  avait  été  plus  immodéré  :  le  prix  des  plumes  baissa 
jusqu'à  un  tiers  de  leur  ancienne  valeur;  les  Autruchons,  de  rebut  au 
marché,  tombèrent  à  2  francs;  les  gros  oiseaux  étaient  invendables.  Le 
crédit  perdu,  les  faillites  succédèrent  aux  faillites  ;  en  quelques  mois, 
sous  l'action  de  cet  affolement  de  tous,  le  désastre  était  consommé. 

Après  l'écroulement  de  fortunes  si  éphémères,  les  malheureux  colons 
expropriés  durent  pour  la  plupart  reprendre  le  rude  labeur  des  mines  ; 
ceux  que  les  clercs  n'avaient  point  dépouillés  de  leurs  terres  se  remirent 
à  la  culture  du  sol  ;  et  si  l'élève  du  bétail,  des  Mérinos,  des  Chèvres 
d'Angora,  ne  leur  ménage  pas  pour  l'avenir  des  fortunes  aussi  prodi- 
gieuses que  celles  qu'ils  avaient  rêvées  sur  leurs  riches  lits  de  plumes, 
du  moins  ne  les  expose-t-il  plus  à  des  ruines  aussi  profondes.  Ce  n'est 
pas  à  dire  cependant  que  l'élevage  des  Autruches  soit  complètement 
abandonné  dans  l'Afrique  australe,  tant  s'en  faut;  mais  il  est  vraisem- 
blablement pratiqué  avec  plus  de  prudence  et  plus  de  mesure  que  dans 
le  passé. 

L'histoire  de  cette  industrie  en  Algérie  est  beaucoup  moins  ancienne; 
elle  n'offre  encore  pas  l'exemple  de  ces  fastes  brillants,  non  plus  heureu- 
sement que  de  semblables  désastres;  néanmoins  elle  promet  de  belles 
pages  dans  un  prochain  avenir.  Plusieurs  fermes  sont  déjà  en  plein 
fonctionnement.  Les  communications  faites  à  diverses  reprises  à  la 
Société  d'Acclimatation  par  le  capitaine  Créput,  de  Misserghin,  par 
M.  Merlato,  directeur  du  parc  d'Aïn-Marmora,  et  tout  récemment  par 
notre  aimable  collègue,  M.  Laloue,  nous  ont  fait  connaître  les  plus 
importantes. 

A  tous  ces  documents,  précieux  pour  l'histoire  agricole  de  notre  colo- 
nie, nous  pouvons  aujourd'hui  en  ajouter  un  nouveau  :  dans  une  lettre 
du  25  avril  dernier,  appuyée  d'un  certificat  de  la  mairie  de  Zéralda, 
M.  Marchai  a  bien  voulu  nous  communiquer  le  rapport  adressé  par  lui 
à  la  Société  climatologique  d'Alger,  sur  son  autrucherie  des  Planteurs  ; 
sur  une  quarantaine  déclosions  obtenues  de  1883  à  avril  1885,  M.  iMar- 
chal  a  été  assez  heureux  pour  conserver  environ  trente  jeunes,  tous  en 
parfaite  santé. 

«  Si  nous  perdons  quelques  Autruchons,  lisons-nous  dans  ce  rapport, 
ce  n'est  pas  par  un  affaiblissement  quelconque  du  système  osseux,  c'est 
par  des  accidents  qui  arrivent  dans  toutes  les  autres  branches  d'élevage 
aussi  bien  que  dans  l'élevage  des  Autruches.  De  deux  mois  et  demi  à 
trois  mois,  le  jeune  animal  devient  plus  délicat,  parce  qu'il  passe,  si  je 
puis  m'exprimer  ainsi,  du  poussin  au  poulet,  et  c'est  dans  ce  moment  de 
transition  qu'il  faut  veiller  à  augmenter  la  nourriture  et  l'espace  pour 
fournir  au  jeune  animal  tout  ce  dont  il  a  besoin.  L'élevage  de  l'Autruche 
demande  de  l'espace,  beaucoup  d'espace,  sans  cela  il  est  impossible  de 
réussir.  Ce  n'est  qu'à  mes  grands  parcs  que  j'attribue  les  résultats  que 
j'ai  obtenus.  Tous  les  matins,  les  Autruchons  font  plusieurs  fois  le  tour 


SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

de  leurs  parcs  avec  une  vitesse  effrayante.  Si  les  parcs  sont  trop  petits, 
ils  doivent  tourner  trop  souvent  et  c'est  dans  ce  mouvement  brusque 
que  l'Autruchon  se  brise  les  jambes,  ce  qui  arriverait  tout  aussi  bien  à 
un  poulain,  voire  même  à  un  Cheval.  Je  ne  connais  pas  de  maladies  par- 
ticulières aux  Autruches  de  l'Algérie.  Je  n'ai  pas  remarqué  que  l'origine 
des  Autruches  ait  une  influence  sur  les  produits.  J'ai  dans  mes  élèves, 
des  sujets  qui  proviennent  de  quatre  variétés  différentes  et  tous  s'élè- 
vent aussi  facilement  les  uns  que  les  autres. 

j  Sur  les  vingt  et  une  éclosions  de  1884,  j'ai  eu  onze  éclosions  arti- 
ficielles et  j'ai  dix  Autruchons  vivants  ;  les  dix  autres  étaient  des  éclo- 
sions naturelles,  j'en  ai  perdu  cinq  qui  ont  été  ou  écrasés  par  les 
parents,  ou  qui  sont  morts  d'indigestion  (un  seul  pour  ce  dernier  cas). 
Vous  voyez  donc  que  l'incubation  artificielle  nous  rend  de  grands  ser- 
vices, puisque  nous  avons  toujours  plus  d'œufs  que  les  mâles  n'en  peu- 
vent couver;  nous  risquerions  de  perdre  des  œufs  fécondés  ;  la  couveuse 
est  là  pour  recevoir  les  œufs  qu'un  mâle  abandonnerait  après  les  avoir 
couvés  quelques  jours,  et  qui,  sans  cela,  seraient  encore  perdus. 

»  Pour  me  résumer,  je  dirai  encore  une  fois  :  de  l'espace,  une  nour- 
riture bien  entendue  et  sagement  distribuée  et  vous  élèverez  de  l'Au- 
truche comme  on  élève  des  Poules,  peut-être  même  plus  facilement,  s 

Ces  conclusions  qui,  d'ailleurs,  concordent  avec  celles  des  premiers 
éleveurs,  ne  sont-elles  pas  encourageantes?  et  si,  comme  on  peut  l'es- 
pérer, on  parvient  avec  de  l'hygiène  et  en  installant  les  parcs  dans  de 
plus  grands  espaces,  à  soumettre  le  seul  ennemi  qui,  à  vrai  dire,  soit 
redoutable  pour  cette  industrie,  le  rachitisme  du  premier  âge,  le  succès 
n'est-il  pas  très  prochain?  Le  traitement  préventif  éprouvé  par  M.  3Ier- 
lalo,  les  règles  d'hygiène  indiquées  par  M.  Laloue,  sont  d'une  applica- 
tion facile;  quant  à  l'espace,  il  ne  manque  certes  pas  dans  nos  posses- 
sions africaines.  Désormais  l'avenir  de  l'élevage  des  Autruches  n'est 
donc  plus  dans  les  mains  du  sexe  fort,  il  repose  sur  des  têtes  plus  déli- 
cates •  que  la  mode  vienne  seconder  l'éleveur  en  rendant  au  marché  des 
plumes  son  ancienne  activité,  et  bientôt  une  nouvelle  source  de  richesses 
s'ajoutera  à  celles  qui  font  déjà  de  l'Algérie  une  conquête  si  précieuse. 

A.  Beuthoule. 


ERRATUM.  —  Page  280,  ligne  36,  au  lieu  de  :  par  mois.,  lisez  :  par  an. 


Le  Gérant:  .Iules  Grisard. 


5432.  BouRLOTON.  —  Imprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Taris. 


OHEP*TELS 

DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'ACCLIMATATION 

DE    FRANGE 


RÈGLEMENT  ET  LISTE  DES  ANLMAUX  ET  DES  PLANTES 

QUI  POURRONT  ÊTRE   DONNÉS 

EN  CHEPTEL  AUX  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 

EN  1887 


Dans  le  but  de  multiplier  plus  rapidement  les  espèees  utiles 
ou  simplement  d'ornement,  la  Société  distribue  chaque  année 
des  cheptels  d'animaux  et  de  plantes.  Une  Commission  nom- 
mée par  le  Conseil  est  chargée  de  la  répartition  de  ces  chep- 
tels entre  les  membres  qui  se  sont  fait  inscrire. 

Pour  assurer  le  succès  de  ces  expériences,  un  inspecteur 
spécial  sera  chargé,  s'il  y  a  lieu,  de  les  suivre  et  d'en  rendre 
compte  à  la  Société. 

C'est  en  multipliant  les  essais  dans  les  différentes  zones  de 
notre  pays,  que  nous  pourrons  hâter  les  conquêtes  que  nous 
poursuivons,  et  la  vulgarisation  des  espèces  déjà  conquises 
que  nous  voulons  répandre. 

RÈGLEMENT 

Pour  obtenir  des  cheptels,  il  faut  : 

i"  Être  membre  de  la  Société; 

2°  Justifier  qu'on  est  en  mesure  de  loger  et  de  soigner  con- 
venablement les  animaux,  et  de  cultiver  les  plantes  avec  dis- 
cernement. 

Les  membres  auront  soin  d'indiquer  les  conditions  favo- 
rables et  les  avantages  particuliers  qui  les  mettent  en  mesure 
de  contribuer  utilement  à  l'acclimatation  et  à  la  propagation 
des  espèces  dont  ils  demandent  le  dépôt. 

Les  demandes  qui  ne  seraient  pas  accompagnées  de  rensei- 
gnements suffisants  ne  pourraient  être  prises  en  considération 
par  la  Commission  ; 

4»  SÉRIE,  T.  III.  —  Août  188G.  24 


370  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

3°  S'engager  à  rendre  compte,  deux  fois  par  an  au  moins, 
des  résultats  bons  ou  mauvais  obtenus. 

On  devra  donner  tous  les  détails  pouvant  servir  à  l'éduca- 
tion et  à  la  multiplicalioft  des  animaux  à  l'état  domestique  ou 
sauvage  (mœurs,  nourriture,  reproduction,  soins  donnés  aux 
jeunes,  etc.;  pour  les  oiseaux  :  époque  de  la  ponte  et  de  l'éclo- 
sion,  durée  de  l'incubation,  etc.)  ; 

4°  S'engager  à  partager  avec  la  Société  les  produits  obtenus. 

Les  conditions  du  partage  et  la  durée  des  baux  à  cheptel 
ne  sauraient  être  les  mêmes  pour  toutes  les  espèces  d'animaux 
et  de  plantes.  Aussi  chacun  des  engagements  passés  avec  les 
chepteliers  stipulera-t-il  quelle  sera  la  part  de  la  Société  dans 
les  produits  et  la  durée  des  baux. 

L'âge  auquel  les  jeunes  devront  être  renvoyés  à  la  Société 
sera  également  indiqué  dans  les  baux. 

Le  bail  part  du  jour  de  la  réception  des  animaux. 

5"  Si  les  chepteliers  ne  se  conformaient  pas  aux  conditions 
ci-dessus  proposées,  ou  si  leur  négligence  compromettait  le 
succès  des  expériences  qui  leur  auraient  été  confiées,  les  ani- 
maux ou  les  végétaux  pourraient  être  retirés  par  la  Société, 
sur  la  décision  du  Conseil. 

6°  Les  membres  de  la  Société  qui  solliciteront  une  remise 
de  plantes  ou  d'animaux,  devront  adresser  leur  demande  par 
lettre  à  M.  le  Président. 

Ces  demandes  seront  soumises  à  la  Commission  des  cheptels, 
qui  statuera  sur  la  suite  qui  pourrait  y  être  donnée. 

7°  Le  port  des  objets  envoyés  par  la  Société  à  ses  chepte- 
liers sera  à  la  charge  desdits  chepteliers,  ainsi  que  les  frais  de 
nourriture,  de  soins,  de  culture,  etc. 

Réciproquement,  le  port  des  objets  expédiés  par  les  chep- 
teliers à  la  Société  sera  à  la  charge  de  la  Société.  Toutefois  la 
remise  en  gare  devra  être  faite  franco. 

Les  frais  d'emballage  resteront  à  la  charge  de  celle  des  par- 
ties qui  fera  l'expédition. 

Pour  le  partage  des  produits  ou  le  renvoi  des  jeunes,  les 
frais  de  capture  des  animaux  seront  à  la  charge  du  cheplelier. 

8°  La  Société  se  réserve  le  droit  de  faire   visiter,  chez 


CHEPTELS.  371 

les  chepteliers,  les  animaux  et  les  plantes  remis  en  cheptel. 
9°  Les  chepteliers  ne  pourront  disposer  des  étalons  à  eux 
confiés  ou  faire  des  croisements  sans  en  avoir  obtenu  préala- 
blement l'autorisation  du  Conseil. 

10"  Le  Conseil  pourra  également  autoriser  les  chepteliers 
à  exposer  les  animaux  de  la  Société  dans  les  concours  ré- 
gionaux ou  autres,  à  leurs  risques  et  périls. 

il"  Le  cheptelier  devra  employer  tous  les  moyens  en  son 
pouvoir  et  prendre  toutes  les  précautions  nécessaires  pour 
éviter  les  croisements  et  assurer  ainsi  la  pureté  de  la  race  des 
animaux  qui  lui  sont  confiés ,  la  Société  ne  pouvant  accepter 
comme  produit  que  des  espèces  absolument  pures. 

12"  Un  même  cheptelier  ne  pourra  être  détenteur  de  plus 
de  deux  espèces  d'animaux  en  même  temps. 

13"  Pour  éviter  les  difficultés  de  partage,  il  ne  sera  pas 
confié  à  un  sociétaire  des  animaux  qu'il  posséderait  déjà. 

14"  Les  chepteliers  pourront  recevoir,  en  même  temps  que 
les  animaux  qui  leur  seront  confiés,  un  programme  d'obser- 
vations à  faire,  qu'ils  seront  tenus  de  remplir  et  d'annexer  à 
leur  compte  rendu  semestriel. 

15°  En  cas  de  mort  d'un  animal  confié  à  un  membre,  ce 
membre  en  informe  sur-le-champ  le  Conseil  en  donnant,  autant 
que  possible,  les  détails  sur  les  causes  qui  ont  amené  la  mort. 
16"  Tout  cheptel  décomplété  devra  être  restitué. 
Le  cheptelier  ne  sera  déclaré  non  responsable  en  cas  de 
perte  des  animaux  à  lui  confiés  que  s'il  y  a  eu  maladie  con- 
statée ou  cas  de  force  majeure. 

17"   Le  Conseil  décide,  s'il  y  a  lieu,  de  la  destination  à 
donner  aux  restes  des  animaux  morts  appartenant  à  la  Société. 


Nota.  —  Les  Sociétaires  qui  auraient  des  raisons  particu- 
lières pour  s'occuper  de  l'acclimatation  de  certaines  espèces 
non  portées  sur  la  liste  insérée  chaque  année  au  Bulletin, 
pourront  faire  connaître  leurs  desiderata,  en  les  appuyant  des 
motifs  qui  les  engagent  à  persévérer  dans  leurs  essais. 


ANIMAUX  ET  VEGETAUX 

QUI  POURRONT  ÊTRE  DOiNNÉSiEN  CHEPTEL 
EN  1887 


1''  SECTIOIV.  —  ilAMlllFERES. 

Agoutis. 

1  couple  Agoutis  du  Rrésil  {Dasyprocta  aguti). 

Boncs  et  Chèvrea. 

1  mâle  et  2  femelles  Chèvres  naines  du  Sénégal  {Capra  depressa). 

Cerfs. 

1  mâle  et  1  femelle  Cerfs  cochons  {Cervus  porcinus). 

Kaugurons. 

1  mâle  et  1  femelle  Kangurous  de  Bennett  {IJalmaturus  Bennettii). 

Kapins. 

2  couples  Lapins  géants  des  Flandres. 
2      —  —     béliers  gris. 

2      —  —    angoras  blancs. 

2      —  —    argentés. 

2      —  —    russes. 

■fyopotames. 

i  mâle  et  1  femelle  Myopotames  Coypous  {Myopotamus  Qoypou). 

2'  SECTIOIV.   —  OISEAVX. 

Bernaches. 

1  couple  Bernaches  (grandes)  du  Magellan  (Chloephaga  MageUanica). 


CHEPTELS. 


CanardN. 


373 


1  couple  Canards   bec  de  lait  {Anas  pœcilorhjncha). 

1  —  —  casarkas  ordinaires  {Casarka  rutUa). 

1  —  —  de  Paradis  {Casarka  variegata). 

1  —  —  de  Pékin  (domestiques). 

1  —  —  de  Yeddo           — 

2  —  —  Carolins  {Aix  sponsa). 

2  —  —  mandarins  (Aix  g alericidata). 

i  —  —  de  Rouen  (domestiques). 

1  —  —  d'Aylesbury        — 

1  —  —  du  Labrador       — 

i  —  —  siffleurs  du  Chili  Qlareca  Chiloonsis). 


Céréopscs. 

1  couple  Céréopses  d'Australie  {Cereopsis  Novœ-Hollandiœ). 

Coloiu^lics. 

i  couple  Colombes  Longhups  {Ocyphaphs  lophotes). 
1  —  —  grivelées  {Leiicosarcia  picata). 
1        —        —        de  l'Himalaya  {Columba  leuconota). 

1  —         —        lumachelles  {Phaps  chalcoptera). 

Coqs  et  Poules. 

2  lois  de  i  coq  et  2  poules.  Volailles  de  Houdan. 

2  —  —  —  —  de  Crèvecœur. 

1  —  —  —  —  de  Bréda,  bleus. 

1  —  —  —  —               —      noirs. 

1  —  —  —  —  de  Canipine. 

1  —  —  —  —  espagnoles. 

1  —  —  —  —  de  Dorking. 

1  —  —  —  —  nègres. 

i  —  —  —  —  de  Nangasaki. 

Cygnes. 

1  couple  Cygnes  noirs,  jeunes  {Cygnits  atratus). 
1      —         —      à  col  noir  {Cygnus  nigricollis). 


374 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 


Fai^^ans. 

1  couple   Faisans  de  Mongolie  {Phasianus  torqnatus). 
■j      —  —      versicolores  {PhasiarMS  versicolor). 

2  —  —      yénérés,  nés  en  iSHQ  [Phasianus  Reevesii). 
2      —  —      dorés  en  couleur  {Thaumalea  picta). 

2  —  —      ldià}[  kmherst,  nés  en  iSS6  {Thaumalea  Amherstiœ). 

1  —  —      de  Swinhoë,  nés  en  1886  {Euplocomus  Swinhoei). 

2  —  —      argentés,  en  couleur  {Euplocomus  nycthemerus). 
1  —  Éperonniers  chinquis  {Polypleciron  chinquis). 

i      —  —      de  Germain  {Polyplectron  Germaini). 

\      —    Lophophores  resplendissants  (Lophophorus  impeyanus). 

Oies. 

1  couple  Oies  de  Toulouse  (domestiques). 
i      —      —     du  Danube  — 

i      —      —     de  Guinée  (Anser  cygnoides). 

i      —      —     de  Siam  {Anser  cygnoides,  var.). 

Perruches. 

2  couples  Perruches  calopsitles  {Calopsitta  Novœ-Hollandiœ). 
2      —  —        ondulées  {Melopsittaciis  undulatus). 

i       —  —        omnicolores  {Platycercus  eximius). 

1      —  —        de  Pennant  {Platycercus  Pennanti). 

i      —  —        à  front  pourpre  {Platycercus  Novœ-Zelandiœ). 


Pigeons. 

i  couple 

romains,  bleus. 

—  chamois. 

—  fauves. 

1      — 

—      noirs. 

1       — 

—      rouges, 
bouvreuils. 

couple  hirondelles. 

—  Montauban,  blancs. 

—  —  noirs. 

—  pies. 

—  queue  de  paon. 

—  salins. 


3^  SECTio:*.  —  POisso:«s,  crustacés,  etc. 


Axolotls  du  Mexique. 
Grenouilles-bœufs, 


Œufs  et  alevins  de  Saumon, 
—  —       de  Truite. 


CHEPTELS.  375 

4'  SECTIOI%'.  —  i:«SE€TES. 


Vers  à  soie  de  l'Ailanle. 
—        du  Mûrier. 


Vers  à  soie  du  Chêne  de  Chine. 
—  —      du  Japon. 


Vers  à  soie  des  États-Unis  et  de  l'hide. 


5^  SECTIO:*.  —   VEGETAUX. . 

Pommes  de  terre  Joseph  Rigault  (potager)  et  Institut  de  Beauvais 
(grande  culture),  Chou  non  pareil,  Moutarde  tubéreuse,  Stachys  affinis, 
Carotte  rouge  demi-courte  de  Guérande,  Melon  vert  grimpant  à  rames, 
Laitues  frisée  de  Californie,  Merveille  des  quatre  saisons  et  Romaine 
ballon,  Haricot  flageolet  Merveille  de  France,  Glaciale,  Tétragone,  Pois 
téléphone,  Radis  rose  d'hiver  de  Chine,  Elœagnus  cdulis  (longipes), 
Citrus  triptera,  Bambous,  Eucalyptus,  Ortie  de  Chine,  Diospyros 
kaki,  etc.,  etc. 


TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 
NOTE 

SUR  LES  BŒUFS  NATOS 

Par  M.    DARESTE. 


Le  Jardin  zoologique  d'AcclimalaLion  du  Bois  de  Boulogne 
a  reçu,  dans  ces  derniers  temps,  comme  M.  Geoffroy  Saint- 
Hilaire  l'a  annoncé  dans  une  de  nos  séances,  deux  animaux 
très  curieux,  un  Taureau  et  une  Yache  provenant  du  Chili, 
et  appartenant  à  une  race  que  l'on  n'avait  jamais  vue  en 
Europe.  Ces  animaux,  que  l'on  désigne  dans  l'Amérique  du 
Sud  sous  le  nom  de  Bœufs  natos  (Camards),  sont  caractérisés 
par  une  conformation  de  la  têle  qui  rappelle  très  exactement 
celle  des  chiens  Bouledogues  et  Carlins.  La  mâchoire  su- 
périeure est  très  raccourcie ,  et  débordée  en  avant  par  la 
mâchoire  inférieure. 

J'ai  eu,  il  y  a  dix-neuf  ans,  l'occasion  de  m'occuper  de  cette 
race  bovine.  J'avais  reçu,  pour  le  Musée  d'histoire  naturelle 
de  Lille,  un  Veau,  né  à  la  Bassée,  dans  le  département  du 
Nord,  et  dont  la  tête  était  caractérisée  par  l'inégalité  des  mâ- 
choires. J'ai  décrit  le  squelette  de  cet  animal  dans  un  mé- 
moire publié  par  le  Comice  agricole  de  Lille.  Or,  parmi  les 
particularités  intéressantes  que  j'ai  signalées,  j'ai  montré  que 
la  tête  osseuse  présentait  des  caractères  très  particuliers,  et 
qui  existaient  dans  la  seule  tête  osseuse  des  Bœufs  de  la  race 
nato  qui  soit  actuellement  connue  en  Europe.  Cette  tête, 
rapportée  par  l'illustre  Darwin  et  déposée  au  Musée  du  Col- 
lège des  chirurgiens  à  Londres,  a  été  brièvement  décrite  par 
M.  Owen.  J'ai  conclu,  de  cette  ressemblance,  que  la  race  des 
Bœufs  natos  devait  tirer  son  origine  de  l'apparition  subite 
de  caractères  nouveaux  dans  un  Veau  appartenant  à  une  race 
bovine  ordinaire,  et  de  la  fixation  de  ces  caractères  par  l'hé- 
rédité. 

Cette  théorie  fut  alors  vivement  contredite  par  M.  Sanson. 


SUR    LES   BŒUFS   NATOS.  377 

Il  conlesta  l'existence  des  Bœufs  natos,  en  tant  que  race  ;  il 
contesta  l'analogie  que  j'avais  signalée  entre  la  tête  du  Veau 
de  la  Bassée,  et  celle  que  Darwin  a  rapportée  d'Amérique. 

Je  crois  devoir  revenir  sur  cette  question,  pour  laquelle 
aous  possédons  aujourd'hui  des  documents  nouveaux. 

J'avais  déjà  répondu  à  mon  savant  contradicteur  que  l'exis- 
tence de  la  race  des  Bœufs  natos  dans  l'Amérique  du  Sud, 
résultait  pour  moi  de  témoignages  qui  ne  me  paraissaient  pas 
contestables;  ceux  d'Azara,  de  Lacordaire  et  de  Darwin,  qui 
tous  avaient  vu  les  Bœufs  natos  dans  la  République  argentine, 
et  signalé  l'hérédité  de  leurs  caractères.  J'ajoutais  seule- 
ment, d'après  le  témoignage  d'un  voyageur  plus  moderne, 
Martin  de  Moussy,  que  cette  race  avait  très  probablement 
disparu,  sans  doute  parce  qu'elle  présentait  aux  éleveurs 
moins  d'avantages  que  la  race  bovine  ordinaire. 

Or,  en  1869,  M.  Sanson  lui-même  fit  connaître  l'existence 
au  Mexique,  d'une  race  particulière  de  Bœufs  natos,  diffé- 
rente de  celle  de  l'Amérique  du  Sud  par  l'absence  des  cornes 
et  par  la  brièveté  relative  des  membres. 

L'existence  au  Chili,  d'une  race  de  Bœufs  natos  pourvue 
de  cornes,  race  à  laquelle  appartiennent  les  deux  animaux  du 
Jardin  d'Acclimatation,  nous  est  aujourd'hui  connue. 

Ainsi  donc,  il  s'est  produit  en  Amérique,  au  moins  trois 
races  de  Bœufs  natos  :  deux  pourvues  de  cornes,  au  Chili  et 
dans  la  République  argentine;  une  inerme,  au  Mexique.  Si 
l'une  de  ces  races,  celle  de  la  République  argentine,  est  au- 
jourd'hui éteinte,  on  ne  peut  douter  qu'elle  n'ait  existé  dans 
ce  pays,  au  moins  pendant  un  demi-siècle. 

Comment  ces  races  se  sont-elles  formées  ? 

Rappelons  tout  d'abord  que  la  faune  du  nouveau  continent 
est  tout  à  fait  différente  de  celle  de  l'ancien  ;  qu'il  n'y  avait 
point  de  Bœufs,  au  Mexique  et  dans  l'Amérique  du  Sud,  avant 
la  découverte  de  Christophe  Colomb;  que  ce  sont  les  conqué- 
rants espagnols  et  portugais  qui  ont  apporté  avec  eux  leurs 
animaux  domestiques.  On  connaît  très  exactement,  dans  cer- 
tains cas,  le  nombre  des  bêtes  bovines  introduites  et  le  nom 
de  leurs  introducteurs. 


378  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATÂTION. 

Or  il  n'existe,  à  l'époque  présente,  en  Espagne,  et  même 
en  Europe,  aucune  race  bovine  présentant  les  caractères  des 
Bœufs  natos.  Il  n'y  a  également  aucun  indice  de  l'existence 
de  pareilles  races  à  des  époques  antérieures.  Il  faut  donc 
admettre  que  les  animaux  introduits  en  Amérique  apparte- 
naient à  la  race  ordinaire;  et  que  les  races  de  Bœufs  natos  se 
sont  formées  en  Amérique,  sur  plusieurs  points  et  à  diverses 
époques. 

La  formation  de  ces  races  s'explique  tout  naturellement 
par  la  naissance  de  Veaux  à  tête  modifiée.  J'ai  la  conviction 
que  toute  anomalie  est  héréditaire,  lorsqu'elle  est  compatible 
avec  la  vie  extra-utérine,  et  avec  l'exercice  des  fonctions  gé- 
Hératrices.  Il  faut  en  outre  que  l'animal  présentant  des  carac- 
tères nouveaux  les  fasse  prédominer  lorsqu'il  s'accouple  avec 
un  animal  qui  ne  présente  point  ces  caractères.  Or,  dans  l'état 
actuel  de  la  science,  nous  ignorons  les  lois  qui  régissent  l'hé- 
rédité, et  les  conditions  qui  déterminent  la  prédominance  de 
l'un  ou  l'autre  des  parents  dans  la  procréation  d'un  être  vi- 
vant. Mais  les  exemples  abondent  d'unions  d'im  individu 
anormal  avec  un  individu  normal,  et  dans  lesquelles  l'anoma- 
lie l'a  emporté  sur  les  caractères  fondamentaux  de  l'espèce. 
L'explication  que  j'ai  donnée  de  l'origine  des  Bœufs  natos, 
est  donc  parfaitement  conforme  aux  données  de  la  science. 

Le  fait  que  j'ai  décrit,  il  y  a  dix-neuf  ans,  était  alors  un 
fait  isolé.  Il  ne  l'est  plus  aujourd'hui.  Nathusius  avait  bien 
mentionné,  mais  sans  les  décrire,  de  semblables  Veaux  nés 
en  Allemagne.  L'année  dernière,  M.  Barrier,  professeur  à 
l'École  d'Alfort,  a  signalé  à  la  Société  de  médecine  vétéri- 
naire, l'existence  d'une  quinzaine  de  Veaux  à  tête  de  Boule- 
dogue, qu'il  avait  observés  vivants.  De  son  côté,  M.  Del- 
planque  a  observé,  disséqué  et  décrit,  dans  une  thèse  pour 
le  doctorat  en  médecine  soutenue  devant  la  Faculté  de  Lille, 
plusieurs  de  ces  animaux.  Nous  voyons  donc  que  des  Veaux 
plus  ou  moins  comparables  aux  Veaux  natos  se  présentent 
de  temps  en  temps  dans  notre  pays. 

M.  Sanson  conteste  l'assimilation  que  j'ai  cru  pouvoir  faire 
entre  la  tête  du  Veau  de  la  Bassée  et  celle  qui  a  été  rapportée 


SUR    LES   BŒUFS   NATOS.  379 

par  Darwin.  A  l'époque  où  je  rédigeais  mon  travail,  je  ne 
connaissais  cette  dernière  tête  que  par  la  description  très 
brève  qu'en  a  donnée  M.  Owen.  J'avais  pu  constater  un  carac- 
tère commun  d'une  grande  importance,  puisqu'il  porte  sur 
les  connexions  des  os.  Par  suite  du  raccourcissement  extrême 
de  la  face,  les  os  lacrymaux  s'interposent  entre  les  nasaux  et 
les  intermaxillaires  dont  ils  empêchent  la  réunion,  et  ils 
viennent  faire  partie  du  contour  des  fosses  nasales.  Quant 
aux  différences  que  j'avais  cru  devoir  signaler,  j'ai  reconnu, 
lorsque  j'ai  pu  étudier,  dans  un  mémoire  de  M.  Rutimeyer, 
un  dessin  du  Veau  du  Musée  de  Londres,  qu'elles  sont  beau- 
coup moindres  que  je  ne  l'avais  supposé  tout  d'abord.  Par 
conséquent,  si  l'on  fait  abstraction  des  différences  qui  pro- 
viennent de  l'âge  des  animaux,  ces  deux  têtes  représentent 
très  exactement  le  même  type. 

L'examen  des  descriptions  et  des  figures  quedonneM.  Del- 
planque,  dans  son  mémoire,  me  fait  retrouver  dans  tous  ses 
Veaux  à  tète  de  Dogue,  la  même  forme  générale  de  la  tête  et 
très  généralement  la  même  disposition  des  os.  On  constate 
seulement  quelques  particularités  individuelles  qui  font  que 
ces  têtes,  très  semblables  entre  elles,  ne  sont  cependant  jamais 
identiques.  D'autre  part,  nous  ne  connaissons  encore  l'os- 
téologie  des  Bœufs  natos  que  par  un  seul  exemplaire,  celui 
de  M,  Darwin.  Rien  ne  prouve  jusqu'à  présent  que  ces  Bœufs 
présentent  des  caractères  crâniens  absolument  fixes,  surtout 
s'ils  appartiennent  à  des  races  qui,  bien  que  semblables,  se 
seraient  constituées  indépendamment  les  unes  des  autres. 

Je  ne  puis  donc  attacher  aucune  importance  aux  objections 
que  M.  Sanson  me  faisait  en  1869.  Mais  l'intérêt  de  la  science 
m'oblige  à  signaler  une  objection  qui  ne  m'a  pas  encore  été 
faite,  et  qui  s'est  présentée  à  moi,  lorsque  j'ai  pris  connais- 
sance des  nouveaux  documents  que  j'ai  recueillis  sur  la 
question.  J'avais  déjà  signalé,  dans  mon  mémoire  sur  le  Veau 
de  la  Bassée,  le  raccourcissement  des  membres,  et  l'existence 
de  péronés  complets,  qui  font  défaut  chez  tous  les  Rumi- 
nants, à  l'exception  des  Ghevrotains;  j'avais  signalé  égale- 
ment la  brièveté  excessive  de  la  queue.  Comme   l'animal 


380  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

avait  été  remis  au  Musée  de  Lille,  et,  préparé  pendant  mon- 
absence,  je  n'avais  pu  le  disséquer  :  mais  j'ai  tout  lieu  de 
croire,  d'après  les  renseignements  que  m'avait  fournis  le 
préparateur,  que  cet  animal  présentait  de  graves  anomalies 
dans  les  parties  molles.  Or  je  constate  cette  coexistence 
de  plusieurs  anomalies  dans  les  Veaux  de  M.  Barrier,  et  dans 
ceux  de  M.  Delplanque,  sans  qu'il  y  ait  cependant  aucune 
relation  nécessaire  entre  ces  diverses  anomalies.  Les  plus 
fréquentes  sont  la  brièveté  des  membres,  avec  existence  des 
péronés,  et  la  brièveté  de  la  queue.  Plusieurs  présentaient 
des  vices  de  conformation  très  graves  des  organes  génitaux  et 
de  la  partie  terminale  de  l'intestin.  Je  note  encore  dans  cer- 
tains de  ces  animaux,  le  spina-bifida  et  la  fissure  palatine. 

La  coexistence  de  ces  anomalies,  dont  plusieurs  empêchent 
absolument  la  vie  extra-utérine,  avec  la  conformation  parti- 
culière de  la  tête  serait  évidemment  la  condamnation  absolue 
de  ma  thèse.  Mais  cette  coexistence,  si  elle  a  été  signalée 
dans  un  certain  nombre  de  cas,  n'a  cependant  rien  de  néces- 
saire. Déjà  notre  regretté  président,  Is.  Geoffroy  Saint-IIi- 
laire,  dans  son  traité  classique  sur  la  tératologie,  avait  signalé 
l'association  très  fréquente  de  plusieurs  monstruosités  sur  un 
même  sujet,  sans  qu'il  fût  possible  de  la  ramener  à  des  lois 
générales.  L'une  de  mes  premières  découvertes  sur  la  téra- 
tologie a  été  précisément  la  détermination  de  la  cause  qui 
produit  ces  coexistences  :  c'est  l'arrêt  de  développement 
partiel  ou  total  del'amnios;  et  par  suite,  la  compression  de 
certaines  parties  de  l'embryon,  compression  qui  modifie  le 
développement  d'un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  régions. 
On  peut  très  bien  concevoir  que  l'arrêt  de  développement 
de  l'amnios  frappe  seulement  la  partie  antérieure  de  celte 
membrane,  et  que  la  face  seulement  éprouve  les  efiets  de  la 
compression.  Dans  ce  cas  le  Veau  à  tête  de  Dogue  ne  présen- 
tera aucune  autre  anomalie  ;  il  sera  parfaitement  viable  et 
pourra  se  reproduire.  Assurément,  je  n'en  connais  pas  ac- 
tuellement d'exemple,  je  ne  vois  aucune  impossibilité  à  la 
réalisation  d'un  semblable  fait;  et  je  signale  cette  question 
aux  membres  de  la  Société  qui  s'occupent  de  l'élève  des 


SUR   LES   BŒUFS   NATOS.  381 

bêtes  bovines.  L'apparition,  dans  notre  bétail  européen, 
d'un  Veau  nato  bien  conformé  d'ailleurs,  et  par  consé- 
quent viable  et  pouvant  se  reproduire,  donnerait  la  confir- 
mation complète  des  idées  émises  |dans  ce  travail,  et  éclai- 
rerait d'une  vive  lumière  la  question,  encore  si  obscure,  de 
la  formation  des  races.  Or  il  est  probable  que,  lorsque  de 
pareils  animaux  se  produisent,  ils  sont  promptement  mis  à 
mort,  comme  mal  conformés,  et  comme  ne  devant  pas  payer 
les  frais  de  l'élevage.  Il  serait  très  intéressant  de  reprendre  la 
question  au  point  de  vue  de  la  science,  lorsque  les  éléments 
de  l'expérience  se  présenteront  aux  expérimentations. 

Je  n'ai  pas  besoin  d'insister  sur  l'importance  que  présente 
cette  question  de  la  formation  des  races,  tant  au  point  de  vue 
théorique  qu'au  point  de  vue  pratique.  Mais  la  solution  de 
cette  question  présente  actuellement  de  très  grandes  difficul- 
tés ;  car  nous  sommes  obligés  d'attendre  les  faits,  et  nous  ne 
pouvons  les  étudier  que  lorsqu'ils  se  présentent  à  nous.  J'es- 
père toutefois  qu'il  n'en  sera  pas  toujours  ainsi.  Les  expé- 
riences que  je  poursuis  depuis  plus  de  trente  ans  sur  la  pro- 
duction artificielle  des  monstruosités,  m'ont  démontré  de  la 
manière  la  plus  nette  qu'il  est  en  notre  pouvoir  de  modifier 
l'évolution  de  l'embryon, et  de  faire  apparaître  dans  l'organisa- 
tion des  êtres  vivants  des  dispositions  organiques  nouvelles. 
J'ignore  s'il  me  sera  possible  d'appliquer  un  jour  la  méthode 
expérimentale  à  la  formation  des  anomalies  héréditaires, 
comme  je  l'ai  fait  pour  la  formation  des  monstres.  Mais  j'ai 
l'espoir  que  d'autres  que  moi  le  tenteront,  et  que  leurs  efforts 
dans  cette  voie  ne  seront  pas  infructueux. 


SUR  LES  CHIENS  DE  PRAIRIE 

ARCTOMYS  (CYNOMYSj  LUDOVICIANA 

Lettre  adressée  à  M.  le  Secrétaire  général 

Par   M.    G.    RIEFFEL 


Je  vais  répondre  de  mon  mieux  au  désir  que  vous  expri- 
mez d'avoir  quelques  détails  sur  les  agissements  des  Arcto- 
mys  Ludoviciana. 

Mon  cheptel  date  de  juin  1884.  Je  l'installai  dans  un  carré 
de  mon  potager  que  j'entourai  d'un  grillage  appuyé  sur  de 
forts  piquets  scellés  en  maçonnerie,  le  tout  ayant  environ 
40  mètres  superficiels,  mais  je  trouvai  un  jour  les  petits 
Chiens  de  prairie  courant  dans  le  potager;  alors  je  dus  élever 
le  grillage  de  1"\20  à  S"-, 20. 

Le  parquet  était  gazonné,  mais  au  bout  de  deux  mois 
l'herbe  jusqu'aux  racines  était  dévorée;  elle  n'a  plus  jamais 
repoussé  depuis. 

Comme  nourriture,  je  leur  donnai  Carottes  et  Betteraves, 
et  rarement  un  peu  de  pain. 

Dès  le  premier  jour,  un  trou  fut  creusé,  puis  deux  autres. 
Quand  on  approchait,  ces  petits  rongeurs  ne  cessaient  d'a- 
boyer (surtout  à  la  vue  d'un  Chien),  puis  plongeaient  dans  le 
terrier. 

Us  portaient  souvent  du  foin  sec  dans  les  trous,  mais  sans 
résultat. 

L'hiver  se  passa  sans  incident;  on  les  voyait  rarement.  En 
mai  1885,  Tactivité  devint  grande,  la  femelle  devint  très 
grosse,  et,  en  juin,  je  pus  voir  deux  petits  qui  venaient  jouer 
avec  les  parents.  11  y  avait  alors  six  ouvertures  au  terrier. 

Les  jeunes  ne  grandissaient  pas  vite;  je  trouvai  que  le  ré- 
sultat était  trop  faible  pour  ce  que  je  voulais  faii-e. 

Mes  gens  n'ont  cependant  pas  manqué  de  leur  donner  soins 


SUR   LES    CHIENS    DE    PRAIRIE.  383 

et  nourriture;  je  ne  puis  donc  attribuer  leur  infécondité  et 
la  morlalilé  de  cet  automne  qu'au  sol  sur  lequel  j'ai  eu  le  tort 
de  les  installer.  Pour  les  avoir  plus  près  de  moi,  je  les  avais 
placés  dans  la  partie  basse  du  potager,  où  la  terre  argileuse 
humide  a  une  profondeur  considérable  ;  ce  qui  ne  les  a  pas 
empêchés  d'y  creuser  des  galeries  d'une  étendue  et  d'une 
profondeur  considérables. 

Sur  quatre  galeries  que  j'ai  fait  fouiller,  il  y  en  a  deux  qui 
ont  une  inclinaison  de  70  centimètres  par  mètre.  La  galerie 
est  étroite,  ronde,  sans  aucune  trace  de  poils,  de  foin,  de 
feuilles;  sans  aucune  communication  avec  les  galeries  voi- 
sines, sans  deuxième  issue  dans  ou  hors  du  parquet. 

Je  n'ai  pas  poussé  les  fouilles  à  plus  de  1  mètre  de  profon- 
deur environ;  il  y  en  a  deux  que  je  n'ai  pu  conlinuer  parce 
qu'elles  aboutissaient  à  des  scellements  en  maçonnerie  qui 
soutiennent  les  poteaux  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  Aussi  je  n'ai 
pu  trouver  le  fond  d'aucune  galerie,  et  leurs  repaires  sont  plus 
loin  et  plus  bas;  la  recherche  sur  un  espace  aussi  restreint 
était  devenue  difficile  et  dangereuse  pour  les  deux  sujets  qui 
restent. 

Je  regrette  cet  insuccès;  si  j'avais  réussi  à  obtenir  quel- 
ques couples,  je  les  aurais  lâchés  en  liberté  dans  le  potager 
qui  communique  avec  un  verger,  le  tout  ayant  un  hectare  et 
demi  entouré  de  murs,  sol  en  pente,  sous-sol  de  sable  cal- 
caire. L'année  suivante,  je  les  aurais  lâchés  dans  le  parc  où 
les  Lapins  pullulent,  sur  50  hectares,  bois  et  prés. 

Je  m'étais  proposé  de  voir  libres  dans  le  même  enclos  les 
Chiens  de  prairie  et  les  Lapins,  galopant  et  rivalisant  de  ma- 
lice et  de  vitesse. 


NOTE 

SUR   LES   CHIENS   DE   PRAIRIE 

DU  JARDIN  ZOOLOGIQUE  D'ACCLIMATATION 
Par    M.    A. -GEOFFROY    SAlIVT-niLAlRE 


Les  Chiens  de  prairie  du  Jardin  d'Acclimatation  sont  arri- 
vés dans  cet  établissement,  au  nombre  de  six,  en  septembre 
1879.  Ils  étaient  nés  dans  le  parc  de  Beaujardin,  à  Tours,  parc 
dans  lequel,  on  le  sait,  M.  le  vicomte  Joseph  Gornély  a  réuni 
une  collection  zoologique  des  plus  remarquables. 

Pour  habituer  ces  intéressants  rongeurs  à  leur  nouvelle 
installation,  on  les  plaça  dans  une  boîte  de  bois  blanc,  faite 
de  planches  minces,  dont  la  paroi  supérieure  était  grillagée. 
Cette  boîte  fut  logée  dans  une  excavation  creusée  dans  le  sol 
du  parc  des  Cerfs  axis  (exposé  au  midi). 

Les  petites  Marmottes  eurent  bientôt  perforé  les  parois  de 
leur  prison  et  entrepris  le  creusement  de  leurs  galeries,  mais 
pendant  quelques  jours  les  animaux  se  trouvèrent  obligés  de 
revenir  à  la  cage  centrale  pour  prendre  leur  nourriture. 

Grâce  à  cette  précaution,  les  Chiens  de  prairie  ne  songèrent 
pas  à  s'écarter  du  lieu  que  nous  avions  choisi  pour  eux.  Quand 
les  galeries  commencées  aboutirent  à  la  surface  du  sol,  les 
Marmottes  avaient  accepté  leur  nouvelle  résidence,  et  depuis, 
si  elles  ont  étendu  leur  colonie,  elles  n'ont  jamais  songé  à  la 
déplacer. 

En  effet,  les  terriers  ont  été  creusés  tous  les  uns  près  des 
autres  dans  le  parc  des  Axis.  Quelques-uns  ont  été  faits  à 
20  mètres  de  là,  dans  le  parc  des  Daims.  Enfin  on  a  observé 
des  fouilles  dues  aux  Chiens  de  prairie  vers  le  buffet  (distance  : 
50  mètres)  et  dans  la  cour  des  fumiers  (150  mètres).  Mais  ces 
terriers  n'ont  jamais  été  assidûment  fréquentés. 

On  n'a  pas  observé  que  les  Marmottes  aient  abandonné  le 
Jardin  pour  aller  s'installer  dans  le  Bois  de  Boulogne  ;  il  ne 


SUR    LES   CHIENS   DE   PRAIRIE.  385 

faut  pas  s'en  étonner,  car  ces  petits  animaux  refusent  d'habi- 
ter les  terrains  ombragés. 

Actuellement  (1886),  la  colonie  des  Chiens  de  prairie  du 
Jardin  d'Acclimatation  compte  une  quinzaine  d'individus. 
Elle  a  traversé  sans  en  souffrir  la  rigueur  de  nos  hivers,  l'hu- 
midité de  nos  automnes  et  la  chaleur  de  nos  étés. 

Nous  n'avons  pas  observé  que  ces  animaux  perdissent  leur 
activité  pendant  l'hiver.  Par  le  froid,  par  la  neige,  jamais  les 
sentiers  qui  servent  de  communication,  sur  le  sol,  entre  les 
divers  terriers,  n'ont  cessé  d'être  fréquentés.  Donc  les  Cyno- 
mys  ne  tombent  pas,  sous  le  climat  de  Paris,  dans  le  sommeil 
léthargique  qui,  d'après  le  témoignage  des  voyageurs  et  des 
naturalistes,  les  saisit  dans  leur  patrie,  dans  les  plaines  du 
Missouri.  Le  froid  n'est-il  pas  ici  assez  intense? 

Les  terriers  des  Chiens  de  prairie  ne  sont  pas  tous  sem- 
blables. 

Les  uns  s'enfoncent  dans  le  sol  avec  une  inclinaison  de 
45  centimètres  par  mètre  environ,  ce  sont  les  terriers  d'ha- 
bitation; les  autres  descendent  beaucoup  plus  rapidement, 
la  pente  en  est  de  70  centimètres  environ  par  mètre,  ce  sont 
les  terriers  de  reproduction.  Leur  bouche,  leur  entrée,  est 
garnie  d'un  rebord  en  terre  et  gazon  bien  foulé,  qui  fait  une 
saillie  notable  sur  le  sol,  et  peut  servir  à  empêcher  les  eaux 
d'envahir  les  galeries. 

Dans  ces  terriers,  et  non  dans  les  autres,  les  Chiens  de  prai- 
rie traînent  ou,  plus  exactement,  portent  du  foin;  car  c'est 
en  le  tenant  avec  leurs  dents,  la  tête  haute,  qu'ils  le  trans- 
portent. Ils  font  d'assez  longs  voyages  pour  aller  chercher  de 
quoi  faire  les  nids.  Ils  se  montrent  alors  hardis,  et  vont  à  ce 
moment  dans  les  compartiments  des  grands  animaux  chercher 
les  matériaux  qui  leur  sont  nécessaires. 

Les  galeries  sont  tenues  très  proprement.  Le  foin  sale,  les 
corps  des  compagnons  morts,  les  immondices  de  toutes 
sortes  qui  se  trouvent  dans  les  galeries  sont  soigneusement 
extraits. 

Les  jeunes  sont  l'objet  de  la  plus  grande  sollicitude  delà 
çarl  des  parents.   Lorsqu'ils  sortent  pour  lu  première  fois 

4e  SÉRIE,  T.  III.  —  Août  1886.  -25 


386  SOCIÉTÉ   NATIONALE  D'aCCLIMATATION. 

de  leur  terrier,  ils  sont  déjà  gros  comme  des  rats  moyens  ; 
leur  développement  est  assez  lent,  car,  nés  en  avril  et  mai, 
ils  atteignent  leur  entier  développement  seulement  à  l'au- 
tomne ;  ils  sont  alors,  comme  les  reproducteurs,  gros  comme 
des  Cochons  d'Inde  de  taille  ordinaire. 

Les  portées  sont  peu  nombreuses,  on  a  vu  des  mères  sui- 
vies de  cinq  petits,  mais  le  plus  souvent  les  jeunes  sont  seule- 
ment deux  ou  trois. 

Malgré  le  petit  nombre  des  jeunes  donnés  par  les  femelles, 
nous  avons  pu  compter,  en  1881,  jusqu'à  trente  jeunes  vi- 
vant à  la  fois  dans  notre  petit  village.  Depuis  cette  époque  la 
colonie  a  diminué  assez  notablement  ;  car  un  certain  nombre 
de  ces  animaux  ont  été  expédiés  de  côté  et  d'autre. 

Nous  n'avons  jamais  observé  que  les  mères  donnassent 
plus  d'une  portée  par  an  ;  les  jeunes  naissent  ici  en  avril  et 
mai,  non  plus  tard. 

Contrairement  à  ce  que  dit  M.  Rieffel  dans  son  intéressante 
note,  nous  n'avons  jamais  vu  les  Cynomys  grimper  après  les 
grillages.  Ils  passent  volontiers  par-dessous,  grattent  pour 
élargir  le  passage,  s'il  y  a  lieu,  mais  ne  grimpent  pas. 

Pour  le  cri  nous  ne  saurions  le  comparer  à  un  aboiement, 
on  croirait  entendre  la  voix  d'un  oiseau  plutôt  que  celle  d'un 
Chien.  Ce  cri  peut  se  rendre  par  les  sons  :  hihî. 

Nous  pensons  que  leur  nom  de  Chien  de  prairie  vient  de 
leur  allure  et  surtout  de  leur  posture  plus  que  de  leur  cri. 
En  effet,  quand  ces  petits  animaux  sont  assis  sur  le  bord  sail- 
lant du  trou  qui  leur  sert  de  refuge,  ils  ont  assez  bien  l'allure 
d'un  Chien  assis. 

Nos  Cynomys  sont  très  familiers;  ils  voient  tant  de  monde 
et  ils  sont  si  gâtés,  qu'ils  ont  bientôt  compris  qu'il  y  avait 
profit  pour  eux  à  se  rapprocher  du  public.  Ils  sont  donc  de- 
venus braves,  mais  à  condition  que  la  grille  reste  entre  eux 
^  le  monde.  Entrez  dans  le  parc,  vous  ne  pouirez  les  appro- 
cher; restez  derrière  la  grille,  ils  viendront  saisir  à  2  ou 
3  mètres  le  pain  que  vous  leur  jetterez  et  s'enfuiront  aussitôt 
jusqu'à  leur  terrier,  sur  le  bord  duquel  ils  mangeront  en  paix, 
gravement  assis  sUr  leur  queue. 


SUR    LES   CHIENS   DE   PRAIRIE.  387 

Celte  queue  mérite  une  menlion  particulière,  car  elle  joue 
un  rôle  très  important  dans  la  physionomie  de  ce  petit  ani- 
mal. Elle  est  sans  cesse  en  mouvement,  de  droite  à  gauche, 
de  haut  en  bas,  elle  ne  s'arrête  jamais. 

Nous  n'avons  pas  voulu  dans  cette  courte  note  décrire  le 
Chien  de  prairie  et  ses  mœurs,  car  ces  renseignements  se 
trouvent  partout.  Nous  avons  voulu  seulement  consigner  ici 
les  observations  qui  ont  été  faites  au  Bois  de  Boulogne  et  qui 
ne  sont  pas  conformes  à  celles  qui  avaient  été  précédemment 
enregistrées. 

Les  collections  du  Jardin  zoologique  d'Acclimatation  nour- 
rissent une  autre  espèce  de  Marmotte,  la  Marmotte  du  Canada 
{Ardomys  monax)  à  longue  queue. 

Reçue  en  1879,  mise  en  liberté,  cette  Marmotte  a  pris  do- 
micile dans  des  terriers  qu'elle  a  creusés  sous  le  grand  ro- 
cher. Aujourd'hui  (1886)  un  seul  exemplaire  nous  reste,  une 
femelle  qui  avait  reproduit  deux  ans  après  son  introduction, 
en  1881. 

Cette  espèce,  très  sauvage,  trè.s  active,  grimpe  sur  le  rocher, 
escalade  les  grillages  avec  habileté.  Sa  longue  queue,  qui  lui 
donne  une  grande  ressemblance  avec  le  Chat,  a  causé  la 
mort  de  quelques-uns  de  ces  animaux,  car  plusieuis  de  nos 
Marmottes,  dans  leurs  excursions  dans  le  Bois  de  Boulogne, 
sont  tombées  sous  le  plomb  des  gardes,  qui  croyaient  tuer 
des  Chats  errants. 

Si  nous  avons  mentionné  l'existence  au  Jardin  de  la  Mar- 
motte à  longue  queue  du  Canada,  c'est  surtout  pour  faire  re- 
marquer que  cette  espèce  s'endort  pendant  six  mois.  Elle 
disparaît  en  octobre  pour  reparaître  en  mars. 

Il  est  assez  curieux  de  constater  ce  fait  touchant  une  espèce 
très  septentrionale,  tandis  que  le  Chien  de  prairie,  qui  vit 
sous  une  latitude  plus  basse,  résiste  sous  le  climat  de  Paris 
au  sommeil  léthargique. 


QUELQUES  MOTS 

SUR  LES  ANIMAUX  DOMESTIQUES 

DE  LA  COCHINCHLNE  FP.ANÇAISE 
Par  n.    Rodolphe   CiERM/tlIV 


Les  animaux  domestiques  de  la  Cochinchine  française 
sont  :  le  Buffle,  le  Bœuf,  le  Cheval,  le  Porc,  la  Chèvre,  l'Oie, 
le  Canard,  la  Poule,  le  Pigeon,  le  Chien,  le  Chat. 

DU   BUFFLE    {Cofl  tiau). 

Le  Buffle  fait  la  base  des  travaux  agricoles  dans  toutes  les 
régions  où  l'on  cultive  le  riz  ordinaire. 

Il  sert  aux  charrois  de  toute  nature  dans  les  régions  éle- 
vées, à  ceux  surtout  qui  demandent  de  la  force,  tels  que 
l'exploitation  des  forêts,  le  transport  des  récoltes  et  des 
matériaux. 

Le  Buffle  de  Cochinchine  est  remarquable  par  l'ampleur 
de  ses  formes  et  sa  force.  Il  diffère  essentiellement,  sous  le 
rapport  de  sa  conformation,  du  Buffle  d'Italie,  qui  provient 
cependant  des  Buffles  de  l'Inde,  qui,  eux  aussi,  sont  très 
forts. 

Il  n'est  pas  anguleux,  comme  lui;  au  contraire,  il  a  la 
croupe  et  les  épaules  bien  fournies,  l'encolure  épaisse, 
arrondie  supérieurement  et  la  tête  bien  attachée.  Sa  poilrine 
est  ample,  profonde  et  large,  et  son  poitrail  largement 
ouvert. 

Ses  membres  sont  excessivement  solides,  très  musculeux. 

La  tête  est  rendue  très  expressive  par  de  grands  yeux 
saillants;  elle  est  coiffée  de  cornes  énormes,  aplaties,  très 
régulièrement  incurvées,  qui  forment,  chez  les  adultes  par- 
fois, un  croissant  de  plus  de  2  mètres.  Les  cornes  ne  sont 


ANIMAUX    DOMESTIQUES   DE  COCHINCIIINE.  389 

pas  inclinées  en  arrière  autant  que  chez  le  Buffle  d'Europe  ; 
cependant  elles  se  dirigent  en  ce  sens,  à  l'origine,  pour  se 
relever  dans  une  courbe  fort  régulière. 

La  robe  la  plus  répandue  est  le  noir,  dans  la  région  maré- 
cageuse, et  l'on  trouve,  au  contraire,  une  race  particulière 
dont  la  peau   est  ladre  et  le  poil  blanc  dans  les   régions 
sèches,  comme  le  Binh-Thuan  par  exemple,  où  l'on  voitbeau- 
'coup  plus  de  Buffles  blancs  que  de  noirs. 

La  plus  grande  partie  du  corps  est  couverte  de  quelques 
poils  rares,  mais  le  front  est  très  poilu,  ainsi  que  Je  poitrail  ; 
chez  quelques  animaux,  ies  extrémités,  à  partir  des  genoux 
et  des  jarrets,  sont  recouvertes  d'un  poil  serré,  gris,  qui 
tranche  sur  le  fond  de  la  robe  chez  les  noirs. 

Les  Buffles  sont  réunis  en  troupeaux  plus  ou  moins  consi- 
dérables, en  dehors  de  la  saison  des  travaux  agricoles.  Ils 
sont  menés  à  la  pâture  dans  les  plaines  marécageuses,  où 
ils  se  nourrissent  des  plantes,  graminées  et  cypéracées,  qui 
les  couvrent.  Dans  beaucoup  de  points,  où  le  sol  se  dessèche 
de  janvier  à  mai,  les  propriétaires  de  Buffles  envoient  leurs 
animaux  dans  des  régions  où  la  végétation  herbeuse  con- 
tinue. 

Dans  les  parties  basses,  exclusivement  cultivées  en  rizières, 
où,  pendant  la  saison  sèche,  toutes  les  eaux  deviennent  sau- 
mâtres  ou  corrompues,  il  y  a  souvent  sur  les  Buffles  une 
grande  mortalité,  qui  tient  autant  à  l'insuffisance  de  l'ali- 
mentation qu'à  la  mauvaise  nature  de  l'eau.  Cette  mortalité 
se  montre  rarement,  au  contraire,  dans  les  lieux  plus  élevés 
où  l'eau  des  rivières  n'est  pas  mêlée  à  l'eau  de  mer  par  les 
marées. 

En  somme,  le  Buffle,  animal  des  régions  marécageuses  es- 
sentiellement, y  est  cependant  sujet  à  des  maladies  graves, 
inhérentes  aux  conditions  météorologiques. 

Dans  les  mois  de  janvier  et  février  surtout,  il  est  sujet  à 
une  anémie  particulière,  qui  cause  de  grandes  pertes.  Cette 
affection  a  une  cause  directe,  l'épuisement  de  l'animal  par 
une  espèce  de  ver,  analogue  aux  sangsues,  mais  rouge,  que 
l'on  trouve  par  milliers  au  milieu  des  matières  alimentaires. 


390  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

dans  les  intestins.  Du  moins,  j'ai  trouvé  ces  vers  dans  quel- 
ques autopsies,  et  j'ai  cru  pouvoir  leur  attribuer  la  mort  des 
Buffles,  chez  lesquels  on  ne  remarque  comme  symptôme 
maladif  qu'un  affaiblissement  progressif,  jusqu'à  la  mort, 
dont  le  moment  ne  peut  guère  se  prévoir. 

Ces  vers  sont  probablement  pris  par  les  Buffles  sur  les 
herbes  qu'ils  paissent,  dans  les  marais,  et  il  ne  serait  guère 
possible  de  soustraire  ces  animaux  à  leur  danger  qu'en 
changeant  leur  régime  à  la  saison  signalée. 

Mais  les  Annamites  ne  prennent  généralement  pas  des 
précautions  suffisantes  pour  assurer  l'alimentation  de  leurs 
troupeaux  en  dehors  de  la  pâture. 

Les  Buffles  de  Gochinchine  sont  remarquables  par  la  régu- 
larité, l'ampleur  de  leurs  formes  et  leur  force.  Ils  rendent 
dans  le  pays  d'immenses  services,  étant  les  seuls  animaux 
qui  puissent  être  employés  pour  la  culture  des  rizières  et  les 
transports  dans  la  région   qu'elles   embrassent. 

Le  travail  des  labours  et  les  charrois  offrent  un  spectacle 
très  curieux.  Pour  les  labours,  le  sol  étant  inondé,  le  labou- 
reur est  debout  sur  sa  charrue,  attelée  de  deux  Buffles,  qu'il 
dirige  de  la  rêne  et  de  l'aiguillon  en  les  excitant  par  des 
cris  répétés.  Les  Buffles  disparaissent  à  moitié  dans  la  vase, 
entraînant  leur  conducteur,  dont  le  véhicule  paraît  à  peine. 
Hommes  et  bêtes,  couverts  de  boue,  sont  ardents  au  travail, 
formant  un  tableau  d'une  certaine  majesté. 

Les  lourdes  voitures  à  Buffles  sont  montées  sur  des  roues 
très  grandes,  rondelles  pleines,  coupées  dans  un  tronc  d'ar- 
bre. 

Elles  s'enfoncent  dans  le  sol  et  l'attelage  entraîne  la  voi- 
ture, sans  effort  apparent,  les  roues  coupant  la  terre.  Il  n'y 
a  pas  d'obstacles  infranchissables,  il  y  a  des  à-coups  incroya- 
bles, des  inclinaisons  féeriques,  mais  jamais  cela  ne  verse. 

Les  roues,  par  leur  frottement  sur  les  traverses  de  la 
voiture,  produisent  un  grincement  ininterrompu,  qui  a  été 
longtemps  un  supplice  pour  les  résidents  de  Saïgon,  lors  des 
grands  travaux  du  début  de  l'occupation.  Des  centaines  de 
voitures  grinçantes,  à  l'unisson,  traversaient  incessamment 


ANIMAUX    DOMESTIQUES   DE   COCHINCHINE.  391 

la  ville.  Il  y  a  eu,  là,  une  des  plus  belles  expositions  de 
Buffles  que  l'on  puisse  voir. 

Ces  animaux,  malgré  leur  force,  demandent  de  grands 
ménagements  quant  au  travail.  Ils  sont  excessivement  sensi- 
bles à  la  chaleur,  et  il  est  nécessaire  de  ne  leur  demander 
d'efforts  que  le  matin  et  le  soir. 

L'eau  devient  surtout  indispensable  pour  eux  quand  ils 
travaillent  à  l'ardeur  du  soleil.  Aussi,  dans  les  longs  trans- 
ports, les  indigènes  leur  mouillent-ils  fréquemment  la  tête. et 
le  corps,  et  ils  en  perdent  beaucoup  si  l'eau  manque. 

Les  Buffles,  h  la  pâture,  restent  immergés  une  grande 
partie  du  jour,  surtout  au  moment  le  plus  chaud.  Ils  ne 
laissent,  souvent,  paraître  que  le  sommet  du  mufle  et  les 
yeux.  Ils  se  vautrent  souvent  dans  la  vase  pour  se  soustraire 
à  la  piqûre  des  mouches  et  des  moustiques,  contre  lesquels 
ils  se  défendent  incessamment. 

Les  troupeaux  sont  souvent  gardés  par  des  enfants,  qui 
les  dirigent  facilement  soit  dans  la  campagne,  soit  dans  le 
passage  des  rivières.  Pour  celui-ci,  le  pâtre  monte  un  animal 
favori  et  toute  la  bande,  souvent  fort  nombreuse,  suit  en 
peloton  serré.  Le  bruit  de  l'onde  agitée  s'entend  au  loin, 
mêlé  du  souffle  puissant  des  animaux;  passant  rapides  à  dis- 
tance, ils  pénètrent  le  sol  d'un  sourd  grondement,  qui 
paraît  le  faire  tressaillir  et  cause  un  étonnement  profond. 

Jamais  il  n'arrive  d'accidents  pour  l'indigène,  comme  chez 
nous  avec  les  Bœufs,  et  pourtant  le  Buffle  s'effraye  facile- 
ment. Il  est  alors  fort  redoutable,  et  depuis  notre  occupation 
il  a  causé  quelques  accidents. 

Les  Européens  causent  à  ces  animaux,  dans  les  points  où 
leur  présence  est  exceptionnelle,  une  impression  vive,  qui  se 
traduit  par  le  groupement  du  troupeau,  en  ligne.  Il  s'avance 
souvent  ainsi,  et  il  peut  arriver  qu'il  charge  l'étranger  qui 
l'inquiète.  Quand  le  Buffle  est  inquiété,  il  porte  la  tête  le 
chanfrein  horizontal,  de  sorte  que  le  mufle,  les  yeux,  les 
cornes  se  trouvent  sur  la  même  ligne.  Dans  cette  position, 
on  dirait  qu'il  vous  ajuste,  et  il  est  alors  inquiétant. 

La  race  est  essentiellement  belle,  de  sorte  que  l'appa- 


392  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

reillement  est  toujours  facile  et  que  la  beauté  se  maintient 
sans  que  les  Annamites  apportent  un  grand  soin  au  choix  des 
reproducteurs ,  si  tant  est  qu'ils  aient  une  action  quel- 
conque dans  les  appareillements. 

La  Bufflonne  n'est  livrée  à  la  reproduction  qu'à  Tâge  de 
quatre  à  cinq  ans,  et  le  produit  ne  quitte  sa  mère  qu'à  l'âge 
de  deux  ans. 

Les  indigènes  ne  tirent  pas  d'autre  parti  du  lait  que 
celui  de  l'entretien  des  jeunes  sujets. 

Le  Buffle  entre  dans  la  consommation  des  indigènes,  qui 
le  préfèrent  au  Bœuf. 

L'importation  de  maies  de  cette  race  remarquable  agirail 
grandement  sur  l'amélioration  des  Buffles  d'Europe.  Mais  la 
peur  produit  sur  le  Buffle  de  Gochinchine  une  telle  irrita- 
tion, et  sa  force  musculaire  est  si  grande,  que  cet  animal 
serait  très  dangereux  à  bord  des  bâtiments  de  transport 
Il  faudrait  ne  prendre  que  de  jeunes  sujets,  sur  lesquels  un 
nouveau  climat  produirait,  peut-être,  une  action  fâcheuse 
sur  la  valeur  foncière  d'origine. 

DU  BŒUF  {Con  bô). 

Les  Bœufs  de  la  Gochinchine  appartiennent  à  l'espèce  à 
bosse  (Zébus)  qui,  du  reste,  constitue  seule,  je  crois,  la 
population  bovine  domestique  de  l'Inde,  des  îles  de  la  Sonde 
et  de  rindo-Chine. 

On  rencontre,  en  Gochinchine,  une  race  parfaiteraenl 
pure,  ne  variant  que  fort  légèrement,  suivant  les  régions,  el 
une  autre  race  sans  caractère  fixe,  résultat  du  mélange  de 
l'espèce  domestique  pure  avec  une  espèce  sauvage,  qui  habite 
la  région  forestière  au  Gambodge  et  en  Gochinchine. 

Les  Zébus  domestiques  purs  sont  des  animaux  fort  remar- 
quables, comme  conformation,  au  point  de  vue  absolu  et 
relatif.  A  part  leur  petite  taille,  ils  réunissent  les  plus  belles 
conditions  d'organisation,  aussi  bien  pour  le  travail  q\m 
pour  la  boucherie. 

Une  tête  carrée,  petite,  avec  de  grands  yeux  expressifs; 


ANIMAUX    DOMESTIQUES   DE   COCIIINCHINE.  393 

le  mufle  petit,  les  cornes  très  régulières,  en  croissant,  cour- 
tes; l'encolure  courte  et  large;  le  poitrail  très  large,  la  poi- 
trine profonde  ;  le  dos  et  les  lombes  courts  et  très  larges  ;  la 
croupe  horizontale,  longue  et  large;  la  queue  attachée  haut; 
l'épaule  longue  et  très  musculeuse,  ainsi  que  l'avant-bras,  la 
cuisse  et  la  jambe;  les  parties  inférieures  des  membres  très 
courtes  et  des  os  relativement  grêles,  tels  sont  les  caractères 
de  ces  animaux,  chez  lesquels  la  bosse  n'est  que  chez  les 
mâles  et  de  dimension  généralement  moyenne. 

On  élève  fort  peu  de  Bœufs  dans  la  partie  de  la  Cochin- 
chlne  que  la  France  occupe,  mais  avant  la  conquête  on  y  en 
rencontrait  davantage.  Aujourd'hui,  les  besoins  de  la  colonie 
sont  couverts  par  des  animaux  venant  du  Cambodge  ou  du 
Binh-Thuan.  Mais  c'est  surtout  le  Cambodge,  qui  fournit  à  la 
consommation  considérable  des  Européens  et  aux  besoins 
économiques  des  indigènes. 

Les  indigènes  se  servent  surtout  de  Boeufs  pour  les  trans- 
ports et  les  voyages,  dans  toutes  les  régions  sèches.  Ils  em- 
ploient indifféremment  les  Taureaux,  les  Bœufs  ou  les  Vaches, 
ce  qui  s'explique  par  cette  raison  qu'ils  répugnent  à  con  - 
sommer  la  viande  de  ces  animaux. 

Cette  race  est  douée  de  la  faculté  de  travailler  à  une 
allure  vive;  par  attelages  de  deux  à  de  petites  voitures  lé- 
gères, ces  animaux  fournissent  des  courses  longues  dans  un 
temps  relativement  court.  Ainsi  le  voyage  de  Saigon  à  Tram- 
Bang  ne  demande  moyennement  pas  plus  de  dix  heures,  et  il 
y  a  60  kilomètres.  C'est  donc  une  vitesse  moyenne  de  6  kilo- 
mètres à  l'heure,  vitesse  très  remarquable  sous  un  climat 
aussi  constamment  chaud. 

Dans  les  régions  sèches  delà  Cochinchine  et  au  Cambodge, 
Taclivité  des  voyages  est  très  grande,  en  été  principalement, 
surtout  au  Cambodge,  dont  la  variété  typique  se  distingue 
par  des  formes  plus  élancées,  une  plus  grande  longueur  de 
corps  que  chez  celle  du  Binh-Thuan,  qui  se  distingue  par 
plus  d'étoffe,  alliée  à  moins  de  longueur  de  corps.  Mais,  dans 
l'une  et  l'autre  variété,  la  quantité  proportionnelle  de  viande 
est  considérable,  et  l'oQ  peut  dire  que,  toute  proportion 


394  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

gardée,  elles  sont  douées  d'une  conformation  remarquable 
au  point  de  vue  de  la  boucherie.  En  effet,  le  système  osseux 
est  réduit  à  des  proportions  infimes,  et  toutes  les  régions 
musculeuses  sont  au  contraire  très  développées. 

Beaucoup  de  ces  animaux,  en  état  seulement,  forment 
par  le  corps  un  cube  ou  un  cylindre  de  viande,  porté  sur  des 
extrémités  relativement  très  courtes. 

Ces  Zébus  sont  d'un  entretien  très  facile,  très  rustiques, 
doués  d'une  grande  force,  et  ils  trouvent  facilement  à  vivre 
là  où  les  Buffles  ne  peuvent  pas  s'entretenir.  En  été,  dans 
les  régions  sèches,  ils  se  contentent,  sans  que  leur  état 
devienne  mauvais,  des  herbes  desséchées  et  peu  abondantes, 
qu'ils  trouvent  dans  la  campagne.  Leur  tempérament  est 
donc  aussi  remarquable  que  leur  conformation,  et  cette  race 
de  Bœufs  conviendrait  certainement,  en  France,  dans  bien 
des  points  où  la  stérilité  du  sol  ne  permet  que  l'entretien  des 
Moutons.  Elle  y  conviendrait  d'autant  plus  que  la  raison  qui 
y  empêche  l'élevage  des  Bœufs  y  rend  difficile  l'entretien  des 
Chevaux  de  travail. 

Les  Zébus  s'y  entretiendraient  sans  peine,  et  ils  rendraient 
de  grands  services  aux  cultivateurs,  qui  pourraient  les  em- 
ployer aux  labours  et  tirer  un  parti  avantageux  de  leur  force 
et  de  leur  rapidité  au  trait.  Je  citerai  seulement  le  départe- 
ment des  Landes,  qui  entretient  si  misérablement  ses  maigres 
troupeaux,  et  celui  de  la  Côte-d'Or,  dans  le  travers  rocailleux 
de  la  côte,  où  se  trouve  Nolay. 

En  voyant  les  deux  Zébus  du  Jardin  d'acclimatation  (1868), 
Taureau  et  Vache,  on  comprend  difficilement  que  ces  animaux 
n'aient  tenté  personne,  la  Vache  surtout.  Il  est  difficile  de 
trouver  une  bête  aussi  belle  et  aussi  heureusement  confor- 
mée qu'elle. 

Le  grand  défaut,  le  seul  de  cette  race,  est  qu'elle  n'est  pas 
laitière,  mais  il  est,  en  France,  fort  peu  de  races  qui  réunis- 
sent les  trois  qualités,  travail,  viande  et  lait.  Les  Zébus  sont 
remarquables,  sont  richement  dotés  sous  le  rapport  des  deux 
premières,  et  on  peut  penser  qu'un  régime  meilleur  modi- 
fierait avantageusement,  à  la  longue,  la  troisième,  qui  laisse 


ANIMAUX   DOMESTIQUES   DE   COCHINCIIINE.  395 

à  désirer,  et  des  croisements  bien  entendus  pourraient  aussi 
tendre  à  ce  perfectionnement. 

Deux  Taureaux  et  une  Vache  de  conformation  très  remar- 
quable, acquis  au  Binh-Thuan,  ont  été  reçus,  en  1863,  dans 
un  riche  domaine  du  département  des  Hautes-Pyrénées.  Des 
croisements  ont  été  tentés  avec  des  Vaches  du  pays,  race  de 
Lourdes,  assez  bonne  laitière,  de  taille  peu  élevée,  mais  dont 
le  système  osseux  est  relativement  très  développé. 

Une-Génisse  de  deux  ans  (1868),  issue  d'une  belle  Vache  de 
Lourdes  et  d'un  Taureau  annamite,  est  douée  d'une  très  belle 
conformation.  Elle  a  la  tête  beaucoup  plus  petite  que  la  mère, 
le  dos  et  la  croupe  horizontaux  et  très  larges,  plus  remplis  ; 
la  poitrine  très  ample  en  largeur  et  en  profondeur  ;  les  par- 
ties musculeuses  des  membres  très  fournies  et  le  système 
osseux  considérablement  moins  déve'ioppé. 

Elle  est  d'une  grande  rusticité,  d'une  grande  douceur, 
quoique  très  vive,  et,  l'hiver,  elle  se  faisait  remarquer  pour 
son  bon  état,  au  milieu  d'un  troupeau  de  choix  de  Vaches  et 
de  Veaux  de  un  à  deux  ans,  quoique  son  régime  fut  beaucoup 
moins  soigné  que  celui  des  autres. 

Malgré  ses  remarquables  qualités,  indicatrices  de  leur 
transmission,  cette  Génisse  a  été  livrée  au  boucher  en  1868. 

Les  deux  Taureaux  et  la  Vache  annamites  ont  supporté  sans 
malaise  les  hivers  de  France,  dans  une  localité  pourtant  très 
froide.  Ils  ont  été  placés,  en  1867,  je  crois,  sur  un  domaine 
impérial  du  département  des  Landes,  où  ils  n'ont  probable- 
ment pas  fait  souche,  ce  qui  me  paraît  fort  regrettable,  tant 
je  suis  certain  de  la  convenance  de  cette  race  dans  cette 
région  pauvre. 

On  trouve  dans  les  plaines  du  Cambodge  de  considérables 
troupeaux  de  Bœufs  domestiques  dans  une  liberté  presque 
absolue.  C'est  dans  ces  troupeaux  que  se  produisent  les  croi- 
sements naturels  avec  l'espèce  de  Bœufs  sauvages  dont  il  a  été 
parlé  plus  haut.  Ces  Bœufs  sauvages,  dont  des  sujets  domes- 
tiqués, après  avoir  été  pris  jeunes  et  émasculés,  se  rencon- 
trent dans  le  pays,  où  ils  constituent  des  attelages  très  remar- 
quables par  la  beauté  des  formes,  la  force  et  la  vitesse;  ces 


396  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'AGCLIMATATION. 

Bœufs  sauvages  diffèrent  beaucoup  des  Zébus  ordinaires. 
Les  sujets  en  domestication  sont  beaucoup  plus  grands, 
ont  la  tête  sèche,  très  effilée,  de  grands  yeux  d'Antilope,  des 
cornes  très  grosses,  longues  et  doublement  courbées,  qui  les 
coiffent  très  brillamment  ;  l'encolure  courte,  très  mince,  avec 
un  énorme  fanon  pendant,  qui,  joint  à  l'épine  dorsale  qui 
forme  un  garrot  tranchant,  très  élevé  et  s'étendant  jusqu'au 
milieu  du  dos,  donne  à  leur  profil  une  grande  analogie  avec 
celui  de  l'Antilope  canna.  Gomme  chez  celle-ci,  la  poitrine 
est  très  profonde,  peu  large  et  le  ventre  un  peu  levrelé  ;  la 
croupe  est  avalée,  la  queue  attachée  bas  et  non  redressée  à 
la  naissance;  la  cuisse  aplatie  et  la  jambe  (région  du  tibia) 
longue,  ainsi  que  l'avant-bras,  qui  sont  musclés  en  force.  Les 
canons  sont  larges  et  courts  ;  la  conformation  des  membres  est 
très  régulière,  les  aplombs  fort  beaux,  et  leur  ensemble  donne 
à  penser  de  suite  à  une  grande  vitesse,  que  justifient  pleine- 
ment les  Bœufs  domestiqués  de  cette  espèce  pris  jeunes  à 
l'état  sauvage  (i). 
On  les  appelle  dans  le  pays  Bœufs  des  Stiengs. 
Ils  sont,  généralement,  de  haute  taille  et  de  robe  gris- 
souris  ou  fauve,  tirant  au  gris,  mais  toujours  sans  mélange. 
La  robe  la  plus  commune,  aussi,  chez  les  Zébus  domes- 
tiques, est  le  fauve  brillant  avec  les  flancs  lavés.  On  en  voit 
de  bruns,  marqués  de  feu  à  la  tête  et  aux  flancs,  et  enfin,  au 
Cambodge,  il  n'est  pas  rare  d'en  voir  de  pie-brun  ou  pie- 
fauve. 

Les  produits  des  croisements  de  l'espèce  domestique  et  de 
l'espèce  sauvage  sont  toujours  faciles  à  reconnaître,  par  une 
charpente  osseuse  plus  développée,  leur  tête  plus  anguleuse, 
plus  grosse  et  coiffée  de  cornes  irrégulières,  poussant  géné- 
ralement en  une  courbe  disgracieuse  d'arrière  en  avant,  par 
le  garrot  très  élevé  prolongé  en  arrière  et  tranchant,  enfin 


(1)  Deux  de  ces  Bœufs,  attelés  à  une  petite  voiture  annamite,  ont  parcouru 
aux  courses  de  Saigon,  1000  mètres  en  une  minute  et  demie  au  trot.  A  celte 
vitesse  ils  auraient  fait  dix  lieues  en  une  heure.  Vitesse  impossible,  mais  on 
a  cité  plus  haut  la  distance  de  60  kilomètres  parcourus  en  huit  à  dix  heures 
par  des  Bœufs  ordinaires  attelés. 


AMMAUX   DOMESTIQUES   DE   COCHINCHINE.  397 

par  rattache  mauvaise  des  reins.  Mais,  malgré  cela,  ils  sont 
beaucoup  plus  forts  que  les  Zébus  purs. 

En  somme,  les  produits  tiennent  beaucoup  plus  des  pères 
que  des  mères.  11  n'est  pas  sans  intérêt  de  faire  ressortir  la 
singularité  de  direction  des  cornes. 

Les  Zébus  ont  les  cornes,  comme  il  a  été  dit,  courtes,  très 
régulières,  en  croissant  parfait;  le  Bœuf  sauvage  les  a  grosses, 
longues  et  deux  fois  courbées,  en  tire-bouchon  presque,  et 
très  régulières.  Les  produits  ont  des  cornes  grosses,  plus 
longues  que  celles  des  Zébus  et  poussant  en  avant,  dans  une 
courbe  à  concavité  inférieure,  ce  qui  leur  donne  une  expres- 
sion physionomique  toute  particulière,  et  l'on  rencontre  celte 
direction  de  corne  chez  tous  les  sujets. 

On  voit  au  Cambodge  des  Bœufs  sauvages,  des  Stiengs 
domestiqués,  mais  on  n'y  voit  pas  de  Vaches.  On  y  prend, 
sans  doute,  aussi  bien  des  velles  que  des  veaux,  mais  chez 
ceux-ci  l'émasculation  permet  la  domestication,  tandis  que 
les  femelles,  restant  intactes,  sont  réfractaires  à  l'apprivoise- 
ment. Les  croisements  ne  se  faisant  qu'entre  Taureaux  sau- 
vages et  Vaches  domestiques,  les  produits  héritent  beaucoup 
plus  de  la  conformation  des  premiers;  cela  prouve  une  fois  de 
plus  l'influence  prépondérante  du  mâle  dans  la  forme  géné- 
rale des  produits. 

Maintenant,  j'ai  besoin  de  dire  que  beaucoup  des  asser- 
tions précédentes,  sur  ce  croisement  naturel,  sont  hypothé- 
tiques. J'ai  vu  les  Zébus  domestiques,  les  Bœufs  des  Stiengs 
et  la  race  dite  intermédiaire.  Je  n'ai  pas  été  au  Cambodge, 
où  le  croisement  s'opère,  mais  la  teneur  des  renseignements 
que  j'ai  pris  me  semble  n'avoir  rien  d'improbable. 

Une  particularité  principale  de  conformation  chez  tous  ces 
animaux  réside  dans  la  forme  de  leur  encolure.  Le  garrot  est 
très  élevé  et  l'encolure  basse,  de  sorte  que  du  premier  à  la 
partie  supérieure  de  la  tête,  il  y  a  une  chute  très  sensible, 
inclinée  de  45  degrés  environ  d'arrière  en  avant. 

Cette  conformation  est  pleine  d'intérêt  au  point  de  vue  de 
l'utilisation.  Les  jougs  sont  libres  et  non  fixes  comme  les 
nôtres  ;  l'animal  pousse  de  l'encolure  et  du  garrot  ;  il  a  une 


398  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

liberté  relative  qui  lui  donne  une  grande  force,  et  il  est  sous- 
trait aux  fatigues  inhérentes  à  notre  système  d'attelage.  Lors 
de  Tarrêt,  l'animal  est,  pour  ainsi  dire,  entièrement  libre. 

Ce  mode  d'attelage  explique,  pour  une  grande  part,  la 
faculté  de  vitesse  signalée. 

La  voiture  porte,  à  l'extrémité  de  la  flèche,  une  traverse 
ronde  de  10  centimètres  de  diamètre  et  de  l'%50  de  long 
environ. 

Les  Bœufs,  placés  de  chaque  côté  du  timon,  ont  l'encolure 
passée  sous  celte  traverse,  qui,  aux  points  convenables,  est 
percée  verticalement  de  deux  trous;  l'un,  l'intérieur,  reçoit 
une  corde,  arrêtée  en  haut  par  un  nœud,  qui,  après  avoir 
entouré  l'encolure  par-dessous,  est  fixée  par  un  bout  à  la 
traverse  par  une  cheville.  Cette  corde  enroule  l'encolure  très 
lâchement,  de  sorte  que  la  bête,  qui  pousse  du  cou,  en  avant 
du  garrot,  n'éprouve,  au  repos,  aucune  contraction.  En 
somme,  avec  cette  particularité  de  liberté  plus  grande,  c'est  le 
joug- à  colUer.  La  corde  est  remplacée,  parfois,  par  une  anse 
de  bois,  formant  collier,  mais  beaucoup  plus  large  que  le  cou. 
Une  corde  passée  en  anneau  dans  la  cloison  nasale,  se  fixe 
à  la  rêne  que  tient  le  conducteur  placé  sur  la  voiture  ou  en 
arrière  des  animaux  contre  le  timon.  Il  les  excite  à  l'aide 
d'une  baguette  ou  d'un  aiguillon. 

Il  ne  sera  peut-être  pas  sans  intérêt  de  noter  ici  quelques 
observations  comparatives  que  permet  la  route  de  retour, 
quant  aux  animaux  domestiques  de  l'espèce  bovine. 

A  Singapoor,  on  voit  un  Zébu,  long  de  corps  comme  celui 
du  Cambodge,  mais  plus  grand  et  moins  trapu. 

A  Pointe  de  Galles,  on  en  voit  deux  variétés  :  l'une  grande, 
à  poitrine  profonde,  un  peu  plate,  à  membres  longs  et  faible- 
ment musclés,  qui  fournit  à  tout  les  transports,  attelée  aux 
voitures  couvertes  indiennes. 

Cette  race  a  l'ossature  beaucoup  plus  développée  que.  la 
race  annamite,  la  tète  grosse,  assez  mal  coiffée  le  plus  sou- 
vent. Elle  doit  être  moins  forte  et,  à  tous  les  points  de  vue, 
elle  lui  est  inférieure.  La  robe  la  plus  répandue  est  le  brun 
fauve  tirant  au  noir. 


ANIMAUX   DOMESTIQUES   DE   GOCHLNCHINE.  399 

La  seconde  variété  est  très  remarquable  par  sa  petite  taille, 
qui  doit  la  placer  parmi  les  plus  petites  races  de  l'espèce. 

Ces  animaux  adultes  ne  dépassent  guère  la  taille  de  nos 
veaux  de  cinq  à  six  mois,  et  de  prime  abord,  quand  on  ne  les 
connaît  pas,  on  les  prendrait  pour  des  veaux.  C'est  ce  qui 
m'est  arrivé  en  voyant  l'approvisionnement  du  bâtiment  sur 
lequel  j'étais.  Surpris  d'abord,  j'ai  demandé  aux  dents  l'âge, 
et  j'ai  vu  que  j'avais  affaire  à  des  adultes. 

Cette  race  est  bien  prise;  elle  a  la  tète  courte  avec  des 
cornes  rudimentaires  ;  la  poitrine  profonde  et  large  ;  la  croupe 
trapue  et  le  rein  court;  les  membres  sont  courts  et  grêles,  à 
partir  des  canons. 

Je  crois  qu'un  Bœuf  de  cinq  ans,  en  état,  pèse  tout  au  plus 
80  kilogrammes. 

A  Aden,  on  trouve  deux  variétés  de  Bœufs  domestiques  : 
un  Zébu,  beaucoup  plus  grand  que  ceux  de  l'Inde,  mais 
présentant  les  mêmes  caractères  généraux,  la  même  vivacité 
d'expression  physionomique  et  les  mêmes  conditions  de  force. 

Cependant,  toute  proportion  gardée,  il  est  probable  qu'il 
est  moins  bien  conformé  au  point  de  vue  de  la  boucherie,  le 
système  osseux  étant  plus  développé  et  le  système  musculaire 
l'étant  moins. 

A  Aden,  chose  remarquable,  on  trouve  aussi  une  race 
domestique  comparable  à  celle  qui  vient  de  l'espèce  sauvage 
des  Stiengs,  au  Cambodge  et  en  Cochinchine. 

Ce  sont  de  grands  animaux,  à  tête  osseuse,  évidée,  avec  de 
grands  yeux  de  Gazelle,  et  coiffée  d'énormes  cornes  longues 
et  contournées.  Leur  poitrine  est  profonde,  assez  large  ;  le 
ventre  peu  arrondi;  le  garrot  saillant  et  long,  mais  la  croupe 
est  moins  avalée  et  plus  fournie.  Les  rayons  supérieurs  des 
membres  sont  très  musculeux  et  ces  animaux  sont  très  forts. 

Je  cite  cette  analogie  à  de  grandes  distances,  sans  commen- 
taires. Ses  deux  termes  se  trouvent  aux  points  extrêmes  de  la 
ligne  d'utilisation  des  Bœufs  domestiques  à  bosse.  En  Chine 
et  au  Japon,  les  Bœufs  sont  de  l'espèce  ordinaire. 

{A  suivre.) 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  28  MAI  1886. 
Présidence  de  M.  le  marquis  de  Sinéty,  Vice-Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
vellement admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

...       ,      ,        ,  (  Boissin. 
FouREU  (Edouard),  propriétaire,  boulevard  \  „    «o^'er 

Alexandre-Martin,  à  Orléans  (Loiret).  |  Saint-Yves  Ménard. 

X, ,         ,s              o         ■  tA           ■  (  Boissin. 

Perrin   (Edmond),  manufacturier,  2,   quai  \  ^    „ 

^  .     T               . \^  . .        „    ■      [  {  E.  Roffier. 

Saint-Laurent,  a  Orléans  (Loiret).  (  Saint-Yves  Ménard. 

.  V     «^  -,.     .      T   rn        .  (  A.  Geoffroy  Saint-Hlfcire, 

Salvert    (de),   32,   rue  Lharles-Laffile,    a  K^^^^j^^  ^e  Pelletier. 

N^"'"y  (Seine).  (  Saint-Yves  Ménard. 

^  ,  .  ,,r^      ,  /A.  Geoffroy  Saint-Hilaire 

Le  maior  Turner,  au  château  d  Orval,  par  i    ,    ^     .    <•    ^ 
J                  '.  i  de  Quatrefages. 

FlorenviUe  (Belgique).  (  ^  Bertlioule. 

Le  Conseil  a  [  en  outre  admis  au  nombre  des  Sociétés 
agrégées  : 

,      _  -,       de  Quatrefages. 

La  Commission  de  pisciculture,  3,  rue  de  »|       ^    ™      s     t  H'i    • 

l'Orangerie,  à  Bruxelles  (Belgique).  |  ^    Btrllioule^^" 

—  M.  le  Secrétaire  procède  au  dépouillement  de  la  cor- 
respondance. 

—  M.  Maurice  Girard  exprime  ses  regrets  de  ne  pouvoir 
assister  à  la  séance. 

—  M.  de  Boussineau  fait  connaîti^e  qu'il  vient  de  perdre  la 
femelle  de  son  cheptel  d'Éperonniers  Ghinquis. 

—  M.  le  baron  Ferd.  Von  Mueller,  botaniste  du  gouverne- 
ment à  Melbourne,  adresse  l'expression  de  ses  sentiments  de 
condoléance  à  l'occasion  de  la  mort  de  notre  regretté  Prési- 
dent, M.  Henri  Bouley. 


PROCÈS-VERBAUX.  401 

Dans  une  seconde  lettre,  M.  Von  Mueller  fait  connaître  que 
son  Iconographie  des  Mijoporinées  paraîti'a  prochainement, 
et  qu'il  se  fera  un  vrai  plaisir  d'en  offrir  un  exemplaire  à  la 
Société. 

—  M.  Zeiller,  de  Lunéville,  adresse  le  rapport  suivant  sur 
la  situation  de  ses  cheptels  : 

«  1°  Faisans  de  Ladij  Amherst.  —  La  ponte  a  commencé  fort  lard  et 
lini  plus  tôt  que  d'iiabitude.  Neuf  œufs  ont  été  donnés  à  une  Poule  pour 
couver;  il  reste  neuf  autres  œufs,  que  je  laisse  à  la  I<\aisane,  dans  l'es- 
poir qu'elle  les  couvera,  comme  elle  l'a  fait  l'année  dernière. 

»  2"  Perruches  de  Pennant.  —  Ces  oiseaux  ont  parfaitement  résisté 
au  long  hiver  que  nous  avons  eu;  ils  se  roulaient  dans  la  neige  avec 
délices  et  en  mangeaient.  Ils  ne  manifestent  aucune  velléité  de  cou- 
ver; je  ne  les  possède,  du  reste,  que  depuis  sept  mois.  » 

—  M.  Ghandèze  écrit  de  Versailles  : 

«  J'ai  eu  hier  matin  la  désagréable  surprise  de  trouver  morte  la 
femelle  du  couple  de  Perruches  omnicolores  que  la  Société  avait  bien 
voulu  me  confier  en  cheptel  au  mois  de  mars  dernier...  Je  crois  qu'elle 
a  dit  succomber  soit  à  une  attaque  d'apoplexie,  si  fréquenle,  dit-on, 
dans  cette  variété  de  Perruches,  soit  à  l'arrêt  d'un  œuf  dans  l'oviducte. 
L'autopsie  qui  sera  peut-être  faite  au  Jardin  d'acclimatation,  auquel  j'ai 
fait  remettre  le  jour  même  le  cadavre  de  l'oiseau,  démontrera  si  mes 
suppositions  à  cet  égard  sont  exactes. 

»  J'ai  trouvé  dans  la  bûche  quatre  œufs,  dont  un  sans  coquille.  Ces 
œufs,  relativement  gros,  sont  d'une  teinte  uniforme,  blanc-mastic. 

»  L'incubation  ne  paraissant  pas  encore  commencée ,  je  n'ai  pas 
hésité  à  sacrifier  un  nombre  égal  d'œufs  de  Perruches  Calopsittes  en 
incubation  depuis  deux  jours,  et  les  ai  remplacés  par  les  trois  œufs 
d'Omnicolores.  Le  niàle  Calopsitte  a  repris  son  nid  sans  difficulté.  Je  ne 
me  fais  pas  trop  d'illusions  sur  le  succès  de  cette  substitution,  mais  je 
désirerais  vivement  qu'elle  réussît,  afin  de  pouvoir  demander  à  la  Société 
l'autorisation  de  reconstituer  avec  un  des  jeunes  le  cheptel  qui  m'avait 
été  confié. 

>  En  terminant,  je  crois  devoir  communiquer  à  la  Société  quelques 
observations  que  j'ai  pu  faire  personnellement  sur  le  couple  de  Perru- 
ches omnicolores  dont  j'ai  pris  livraison  le  25  mars  dernier.  Le  mâle  et 
la  femelle  sont  restés  .pendant  une  dizaine  de  jours  indifférents  l'un  à 
l'autre.  Peu  à  peu  les  prévenances  du  màlc  ont  rompu  la  glace,  et,  dès 
le  18  avril,  la  feniclle  préparait  son  nid,  ce  qui  paraît  être  pour  elle  une 
occupation  des  plus  absorbantes.  Après  avoir  agrandi  à  sa  convenance 
l'entrée  de  la  bûche,  elle  s'est  mise  à  décortiquer  les  parois  intérieures 
et  à  accumuler  dans  le  fond  une  grande  quantité  de  très  fines  épluchures, 
i"  sÉuiE,  T.  m.  —  Août  1886,  26 


402  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

dans  lesquelles  disparaissaient  presque  les  œufs  qu'elle  a  pondus.  De 
l'extrémité  delà  volière,  soit  aune  dislance  de  10  mètres,  on  entendait 
très  distinctement  le  bruit  sourd  produit  par  le  choc  et  le  frottement  du 
bec  sur  le  bois.  Le  mâle  ne  l'a  jamais  aidée  dans  ce  travail,  comme  je 
l'ai  dit  plus  haut;  il  restait  en  faction,  perché  près  du  nid.  Le  29  avril, 
je  surprenais  un  accouplement;  le  contact  est  très  prolongé,  comme  pour 
la  plupart  des  variétés  de  Perroquets. 

»  Le  caractère  de  ce  couple  d'Omnicolores  était  très  despotique.  Ins- 
tallés dans  une  très  grande  volière  avec  des  Perdrix  rouges  et  déjeunes 
Coqs  faisans  dorés,  les  deux  Perruches  faisaient  la  loi  à  leurs  compa- 
gnons, et,  sans  les  molester  autrement,  les  poursuivaient  avec  fureur  dès 
qu'ils  ne  se  tenaient  pas  à  une  distance  respectueuse.  Pour  éviter  les 
occasions  de  conflit,  j'avais,  du  reste,  réservé  aux  Perruches  tout  le  fond 
de  l'abri  couvert  de  la  volière  au  moyen  d'un  clayonnage  en  bois,  et 
les  Perruches  passant  par  les  mailles  du  treillage  se  trouvaient  ainsi  à 
l'abri  de  toute  visite  importune.  Cette  précaution,  qui  m'a  donné  déjà 
de  très  bons  résultats  dans  l'élevage  des  Perruches,  me  paraît  indispen- 
sable toutes  les  fois  que,  pour  gagner  de  la  place,  on  réunit  dans  la 
même  volière  des  Perruches  à  de  gros  oiseaux  percheurs. 

»  Les  Omaicolores  ont  un  très  bel  appétit;  elles  ont  une  prédilection 
marquée  pour  le  mouron  et  les  jeunes  bourgeons  de  plantes  ou  arbustes, 
notamment  pour  les  fleurs  et  la  tige  des  choux;  elles  font  de  fréquentes 
stations  aux  mangeoires  qui  renferment  les  friandises  qui  leur  sont 
spécialement  destinées,  alpiste,  niillel,  grains  de  raisins  secs  à  boisson, 
pruneaux  coupés,  betteraves  cuites  et  coquilles  d'huîtres  concassées,  et 
enfin  ne  dédaignent  pas  d'aller  chercher  à  terre  les  grains  et  la  pâtée 
des  Faisans.  Elles  ravagent  les  plantations  des  volières  en  décortiquant 
jusqu'au  vif  les  arbustes  autres  que  les  résineux,  dont  elles  n'attaquent 
que  les  jeunes  bourgeons.  Comme  les  Perroquets,  elles  se  servent  de 
leur  patte  pour  tenir  et  porter  à  leur  bec  les  aliments  trop  gros  pour 
être  consommés  en  une  seule  fois. 

»  En  résumé,  les  Perruches  omnicolores  sont  des  oiseaux  très  inté- 
ressants dans  de  grandes  volières;  leur  vol  rapide,  et  qui  fait  si  bien 
ressortir  toute  la  richesse  du  coloris  de  leur  plumage,  réclame  de 
l'espace.  » 

—  M.  Camille  Marchai,  de  Zéralda,  près  Staouély  (Algéiie), 
adresse  plusieui^s  certificats  constatant  le  succès  de  ses  éle- 
vages d'Autruches. 

—  M.  Pclicol,  instituteur  i\  Bruz  (llle-et-Vilaine),  adresse 
plusieurs  numéros  de  V Avenir  de  Rennes,  renfermant  un 
article  qu'il  a  consacré  à  la  réhahilitation  du  Corbeau. 

—  M.  riûgénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées  du  dé* 


PROCÈS-VERBAUX.  403 

parlement  de  la  Vienne,  sollicite  l'envoi  du  travail  récemment 
publié  par  la  Société  sur  les  Échelles  à  Saumons. 

—  M.  Michaux,  professeur  de  pisciculture  à  l'École  d'agri- 
culture des  Merchines  (Meuse),  adresse  un  rapport  sur  les 
travaux  de  pisciculture  exécutés  à  l'École  pendant  l'hiver 
1885-1886. 

—  MM.  les  préfets  de  l'Eure  et  de  la  Vienne  font  parvenir 
des  réponses  au  questionnaire  qui  leur  a  été  adressé  concer- 
nant la  situation  de  la  pisciculture  dans  leurs  départements. 

—  M.  Jules  Cloquet  écrit  à  M.  le  Secrétaire  général  : 

«  Il  vient  de  m'élre  communiqué  un  fait  assez  curieux,  et  qui  inté- 
resse tout  particulièrement  la  Société  d'Acclimatation  :  c'est  la  capture 
d'une  Grenouille-bœuf,  faite  avant-hier  dans  la  forêt  de  Saint-Germain, 
près  de  Poissy.  Elle  a  été  apportée,  parles  ouvriers  qui  l'avaient  trouvée, 
à  M.  Jeunet,  pisciculteur,  lequel  m'a  prévenu.  Je  me  suis  aussitôt  empressé 
d'aller  la  voir.  C'est  bien  une  Grenouille-bœuf  de  grandeur  ordinaire,  et 
il  n'y  a  pas  à  la  confondre  avec  un  Pelobate.  Elle  a  eu  malheureusement 
les  yeux  abîmés  par  les  ouvriers  qui,  en  voyant  une  Grenouille  de  celte 
taille,  en  eurent  peur  et  la  frappèrent  avec  un  bAton. 

ï  31ainte«ant,  comment  expliquer  la  présence  de  Grenouilles-bœufs 
dans  la  forêt  de  Poissy?  C'est  un  fait  assez  curieux,  qu'il  serait  intéres- 
sant d'étudier,  et  qui  prouverait  que,  malgré  ce  que  l'on  dit,  l'acclima- 
tation de  la  Grenouille-bœuf  serait  possible  en  France. 

»  D'où  peut  venir  cet  animal?  Y  a  t-il  aux  environs  de  la  forêt  de 
Saint-Germain  des  propriétaires  possédant  des  Grenouilles-bœufs?  Dans 
ce  cas,  la  chose  est  toute  naturelle  ;  l'animal  s'est  échappé  d'une  do  ces 
propriétés.  Mais,  s'il  n'y  en  a  pas,  d'oîi  vient  cette  [grenouille?  Est-elle 
seule?  Peut-être  s'en  trouvera-t-il  d'autres. 

»  Malgré  les  controverses  soulevées  l'année  dernière,  je  crois  à  la 
reproduction  de  la  Grenouille-bœuf.  Qui  dit  que  des  Têtards  provenant 
de  sujets  en  liberté  au  Dois  de  Boulogne  ne  se  sont  pas  trouvés  trans- 
portés par  les  eaux  jusqu'à  la  Seine,  où  ils  se  seront  échoués  dans  des 
endroits  propices  à  leur  transformation?  C'est  peut-être  là  l'explication 
de  la  présence  de  cette  Grenouille  dans  ces  parages.  » 

—  M.  Raveret-Wattel  donne  quelques  détails  sur  les  Ira- 
vaux  de  pisciculture  exécutés  dans  l'État  de  New-York,  où  les 
trois  établissements  appartenant  à  l'administralion  (Caledo- 
nia,  ColdSpring  llarbor  et  Adirondak)  ont,  à  eux  seuls,  livré 

•  pour  le  repeuplement  des  cours  d'eau  11  940  000  alevins  de 
différentes  espèces  de  Salmonidés,  dont  2100  000  Épcrlaus* 


404  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Aces  chiffres  viennent  s'ajouter  2  872  000  alevins  de  Tom 
Cods  {M icrogadus  Tomcod),  qui  ont  été  versés  dans  la  mer 
à  Cold  Spring  Harbor. 

—  M.  G. -M.  Dannevig,  directeur  de  la  station  aquicole  de 
Flœdevig,  près  Arendal  (Norvège),  écrit  à  M.  le  Secrétaire  des 
séances  : 

«  L'année  dernière,  j'ai  fait  établir  un  grand  bassin  (alimenté  par  une 
machine  à  vapeur,  car  ici  nous  n'avons  pas  de  marées),  dans  lequel  j'ai 
placé  500000  alevins  de  Morue  {Gadus  Morhua).  Ils  s'y  portent  à  mer- 
veille, et  les  plus  gros  ont  actuellement  10  millimètres  de  longueur,  au 
lieu  de  4  ou  5  millimètres  qu'ils  mesuraient  quand  je  les  ai  mis  dans  ce 
bassin.  J'aurai  l'avantage  de  vous  en  envoyer  quelques  spécimens  dans 
le  courant  de  l'été.  Si  je  puis  les  garder  ainsi  en  captivité  jusqu'à  ce 
qu'ils  aient  un  pouce  de  long,  nous  verrons  à  établir  de  nouveaux  bassins 
et  à  donner  toute  l'extension  possible  à  nos  élevages. 

»  Je  vous  remercie  beaucoup  des  renseignements  que  vous  m'avez 
adressés  concernant  les  Langoustes.  Je  me  suis  décidé  à  demander  l'en- 
voi de  quelques  sujets  pour  essayer  l'incubation  des  œufs,  et  je  vous 
serais  très  obligé  de  me  faire  savoir  à  quelle  époque  se  produit  l'éclo- 
sion.  » 

—  M.  le  vicomte  de  Causans  écrit  du  Puy  (Haute-Loire)  : 

«  Mon  pisciculteur,  garçon  plein  d'intelligence  et  d'activité,  s'occupe 
d'expériences  intéressantes.  Je  pense  faire,  à  ce  sujet,  quelques  commu- 
nications à  la  Société  dans  le  courant  de  septembre.  Nous  avons  résolu 
le  problème  du  transport  des  alevins  pour  une  petite  quantité,  et  nous 
arriverons,  j'espère,  à  un  bon  résultat.  Le  seul  obtenu  jusqu'à  présent 
a  été  de  faire  voyager  dix-neuf  petits  alevins  de  Truite  par  colis  postal, 
pendant  trente-six  heures,  sans  qu'aucun  alevin  ait  péri.  La  quantité 
d'eau  qui  a  servi  à  ce  transport  n'était  pas  plus  considérable  qu'un  bon 
verre  à  bordeaux.  Nous  ferons  une  série  d'expériences  pour  une  quan- 
tité plus  grande  d'eau  et  pour  un  plus  grand  nombre  d'alevins.  Nous  es- 
sayerons aussi  pour  la  Truite  adulte.  » 

—  M.  le  D'  Jousset  de  Bellesme,  directeur  de  l'Aquarium 
du  Trocadéro,  adresse  les  renseignements  ci-après  sur  les 
Silures  (Gal-Fisli)  qui  lui  ont  été  remis  :   . 

«  Ces  poissons,  qui  avaient  12  centimètres  de  long,  ont  été  tout 
d'abord,  à  cause  de  leur  petite  taille,  placés  dans  une  des  cuves  à  alevins 
de  l'Aquarium,,  et  ils  y  sont  restés  jusqu'au  mois  de  novembre  -1885, 
époque  à  laquelle  nous  les  avons  transportés  dans  le  grand  bac  n"  6  de 
l'établissement. 

y>  Ils  ont  été  d'abord  alimentés  avec  de  la  viande  crue;  mais  ce  genre 


PROCÈS-VERBAUX.  4-05 

de  nourriture  ne  paraissant  leur  convenir  que  médiocrement,  ou  les  a 
nourris  avec  du  poisson  blanc  haché,  qu'ils  mangeaient  avec  plaisir.  A 
partir  du  moment  où  ils  ont  été  transférés  dans  le  grand  bac,  ils  se  sont 
nourris  avec  du  poisson  blanc  vivant. 

»  L'aquarium  n'a  de  disponible  que  de  l'eau  de  la  Vanne,  dont  la  tem- 
pérature est  de  15  degrés  au  mois  d'août  et  de  9  degrés  au  mois  de 
décembre.  Il  est  très  peu  probable  que  celte  température  soit  suffisante 
pour  que  les  Silures  puissent  se  reproduire.  En  tous  cas,  ceux  que  nous 
avons  possédés  à  l'aquarium,  à  quelque  variété  qu'ils  appartiennent, 
n'y  ont  jamais  frayé. 

»  Lorsque  les  Silures  américains  ont  été  transférés  dans  le  bac  n»  6, 
ils  étaient  encore  tous  vivants  et  bien  portants,  quoiqu'ils  n'aient  pas 
grossi  sensiblement.  Depuis  cette  époque,  il  n'en  est  pas  mort,  autant 
qu'on  en  peut  juger;  car  ce  poisson  a  l'habitude  de  se  tenir  dans  les 
trous  sans  en  sortir  jamais  le  jour,  de  sorte  qu'on  ne  le  voit  jamais.  Nous 
en  avons  eu  plusieurs  de  très  grande  taille  dans  le  bac  n»  1 ,  et,  pour  s'ar- 
surer  de  leur  existence,  il  fallait  vider  le  bassin  et  les  chercher  avec  soin 
au  fond  des  fentes  des  rochers.  Encore  ne  les  trouvait-on  pas  toujours. 
J'ai  donc  tout  lieu  de  croire  que  les  sept  Silures  que  la  Société  d'Accli- 
matalion  nous  a  donnés  existent  encore,  et  la  première  fois  qu'on  videra 
le  bassin,  je  les  ferai  rechercher,  afin  de  m'en  assurer. 

»  Je  dois  faire  observer  que  l'aquarium  du  Trocadéro  n'est  nullement 
installé  pour  des  recherches  de  ce  genre.  L'impossibilité  où.  nous  sommes 
de  faire  varier  la  température  de  la  grande  masse  d'eau  qui  l'alimente 
nous  empêche  de  faire  de  la  reproduction  de  poissons  auli-es  que  les 
Salmonidés;  déplus,  nos  bassins  sont  beaucoup  trop  vastes  pour  les 
poissons  de  petite  taille,  qui  échappent  à  l'observation.  Je  sollicite  de- 
ouis  deux  ans  l'établissement  d'un  laboratoire  formé  de  petits  aquariums 
Irétude,  et  j'espère  que  l'année  ne  s'écoulera  pas  sans  que  nous  soyons 
pourvus  de  cet  instrument  de  recherches  si  nécessaire.  »     • 

—  Le  R.  p.  Gamboiié,  missionnaire  apostolique  à  Mada- 
gascar, écrit  de  Tamatave  : 

a:  L'insecte  que  les  Malgaches  désignent  sous  le  nom  de  Valala  a  été 
dénommé  par  les  Anglais  Œdipoda  migratoria,  comme  je  l'ai  dit,  je 
crois,  dans  mon  petit  mémoire  sur  ces  insectes.  Dès  que  je  serai  par- 
venu à  Tananarive,  je  m'occuperai  de  l'envoi  que  vous  désirez.  J'espère 
pouvoir  y  joindre  aussi  VUrania  ripheus  que  j'ai  promis  d'envoyer  à  la 
Société;  voici  la  saison  de  ces  splendides  Lépidoptères  qui  va  com- 
mencer. L'an  passé,  je  ne  sais  pour  quelle  cause,  peut-être  par  suite  du 
cyclone,  ces  insectes  ont  été  excessivement  rares  dans  nos  parages.  Je 
n'en  possède  qu'un  seul  exemplaire  légèrement  abîmé,  et  je  tiens  à  n'en- 
voyer à  la  Société  que  des  sujets  parfaits,  autant  que  possible. 

î  Parmi  les  graines  de  mon  dernier  envoi  (mars  1S86),  le  paquet  dé- 


406  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

signé  sous  le  titre  de  «  Phaséolées  diverses  »  renferme,  par  méprise, 
plusieurs  graines  de  même  espèce  qui  m'ont  été  envoyées  sans  rensei- 
gnements par  mon  correspondant  de  Mamoko  et  dont  j'ignore  com- 
plètement la  dénomination,  » 

—  M»""  Perny  prie  la  Société  de  vouloir  bien  metti^e  à  sa 
disposition  de  la  graine  ou  des  cocons  de  Ver  à  soie  du  chêne 
de  la  Chine  (Attacus  Pernyi),  pour  des  essais  d'élevage. 

—  M.  Malhey  sollicite  l'envoi  de  gi\aines  de  Bardane  du 
Japon,  de  Chamœrops  excelsa  et  de  Carya  olivœformis. 

Dans  une  autre  lettre,  M.  Mathey  remercie  de  l'envoi  de 
graines  qui  lui  a  été  fait. 

—  M.  Lewis  Michel  adresse  d'Ismaïlia  des  semences  de 
Calotropis  procera,  plante  textile  de  la  famille  des  Asclépia- 
dées. 

—  M.  Raveret-Wattel  donne  communication  de  la  note 
adressée  par  M.  Grapanche  sur  la  culture  de  l'Alose  aux 
États-Unis,  note  qui  confirme  les  renseignements  déjà  pu- 
bliés sur  cette  question  dans  le  Bulletin  (ann.  1882,  p.  406, 
et  1883,  p.  309). 

—  M.  Jules  de  Guerne  fait  une  communication  sur  l'ali- 
mentation des  Tortues  matines  (voy.  au  Bulletin),  et  place 
sous  les  yeux  de  l'assemblée  différents  échantillons  du  con- 
tenu de  l'estomac  de  Tortues  capturées  pendant  le  voyage 
aux  Açores  du  prince  héréditaire  de  Monaco.  Il  montre  égal^ 
ment  un  morceau  d'œsophage  de  Tortue  marine,  lequel  est 
coiTtplètement  garni  de  pointes  coniques  cornées,  dont  le  rôle 
n'est  pas  bien  connu,  mais  qui  semblent  destinées  à  retenir 
les  aliments  à  l'intérieur  de  l'estomac. 

—  M.  le  D''  Brocchi  demande  si  M.  de  Guerne  a  examiné 
histologiquement  ces  sortes  de  papilles,  qui  rappellent  un 
peu  celles  que  l'on  remarque  dans  l'estomac  de  certains  Pi- 
geons. 

—  M.  de  Guerne  croit  que  les  papilles  qui  existent  dans 
l'estomac  des  Pigeons  ne  sont  pas  aussi  aiguës,  et  sei\aient 
destinées  à  jouer,  jusqu'tàun  certain  point,  le  rôle  de  meules. 
Chez  les  Tortues,  ces  papilles  sont  très  dures  et  très  pointues. 

—  M.  Décrois  fait  remarquer  que  ces  petites  éminences, 


PROCÈS-VERBAUX.  407 

plus  OU  moins  cornées,  ont  exactement  la  forme  des  papilles 
qui  garnissent  certaines  parties  de  la  bouche  des  herbivores, 
du  Bœuf  en  particulier,  et  qui,  couchées  d'avant  en  arrière, 
servent  moins  à  triturer  les  aliments  qu'à  les  diriger  vers 
l'estomac. 

—  M.  Decroix  demande  qu'il  soit  donné  communication  à 
l'assemblée  du  rapport  annuel  de  la  Commission  de  compta- 
bilité. 

—  M.  le  Trésorier  fait  connaître  que  ce  rapport  n'a  pas 
encore  été  soumis  au  Conseil,  mais  qu'il  le  sera  prochaine- 
ment, et  qu'il  pourra  ensuite  être  présenté  en  séance  géné- 
rale. 

Le  Secrétaire  des  séances, 
C.  Raveret-Wattel. 

SÉANCE  DU  CONSEIL  DU  2  JUILLET  1886. 
Présidence  de  M.  de  Quatrefages,  vice-président. 

Le  procès -verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et 
adopté. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
vellement présentés  : 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

Delaval  (Alberl),  propriélaire,  à  Saint-Max,  \  j^iaurice  Girard, 
près  Nancy  (Meurthe-et-Moselle).  I  p    geiller 

Geneste  (Odilon),  concessionnaire  de  l'éta-      A.  Berthoule. 
blissement  de  pisciculture  du  Barrage  de  ;  La  Peyre. 
Bergerac,  à  Bergerac  (Dordogne).  De  Quatrefages. 

—  Des  remerciements  au  sujet  de  sa  récente  admission 
sont  adressés  par  M.  W.  Turner. 

—  M.  O'Neiil  accuse  réception  et  remercie  du  cheptel  de 
végétaux  qui  lui  a  été  adressé. 

—  MM.  Georges  Lezaud  et  F.  D'IIumières  adressent  des 
demandes  de  cheptels. 

—  M.  Arbillot,  instituteur  à  Chalindrey  (Haute- Marne), 


408  SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

transmet  le  résultat  de  ses  observations  sur  les  brouillards  de 
mars  et  les  gelées  de  mai.  —  Remerciements. 

—  M.  Paul  Thomas,  membre  du  Comité  de  la  British  Goat 

Society  (Société  pour  l'amélioration  des  races  caprines  en 

Angleterre),   écrit  à  M.  le  Secrétaire  général,  en  date  du 

12'juin  4886  : 

«  J'ai  le  regret  de  vous  annoncer  que  deux  de  mes  jeunes  Chèvres 
de  Toggenburg  ont  été  récemment  empoisonnées  en  mangeant  des 
feuilles  de  Rhododendron.  Les  plantes  de  cette  espèce  sont  donc  un  poi- 
son très  violent  pour  les  animaux  de  race  caprine.  » 

—  M.  René  de  Semallé  fait  connaître  à  la  Société  qti'il 
a  obtenu  divers  prix  pour  des  lots  de  volailles  exposés  par  lui 
au  concours  agricole  de  Clermont. 

—  M.  Delaurier  aîné  écrit  d'Angoulème  : 

«  J'ai  le  plaisir  de  vous  annoncer  que  mes  neuf  premiers  œufs  de 
Crossoptilon  m'ont  donné  neuf  naissances,  six  autres  deux  naissances 
seulement.  La  femelle  pond  toujours,  mais  les  ardeurs  du  mâle  ayant 
cessé,  je  ne  compte  plus  sur  des  œufs  fécondés.  Je  ne  connais  pas  de 
Faisans  d'un  élevage  plus  facile  que  cet  oiseau.  Mes  onze  jeunes  crois- 
sent avec  une  rapidité  extrême.  Ils  sont  nourris  de  pâtées,  fleurs, 
herbes  diverses,  asticots,  quelques  œufs  de  fourmi. 

»  Une  paire  d'Ortalides  m'a  donné  trois  jeunes.  Leur  élevage  parleurs 
parents  est  fort  curieux,  tout  à  fait  différent  de  celui  des  Gallinacés  :  ils 
se  perchent  chaque- nuit,  depuis  l'époque  de  leur  naissance,  sur  un  ai'- 
buste  en  plein  vent,  abrités  sous  les  ailes  du  père  ou  de  la  mère  ;  ils 
ont  dix  jours  et,  malgré  les  pluies  et  les  orages  que  nous  subissons,  se 
portent  à  merveille.  Ils  ne  mangent  aucun  insecte,  les  parents  les  nour- 
rissent exclusivement  de  flan,  d'un  peu  de  mie  de  pain  et  d'herbes  di- 
verses. 

»  Je  me  propose  du  reste  cette  année  de  vous  envoyer  une  notice  sur 
mes  élevages  de  Colombes,  f^erruches.  Faisans  et  Ortalides.  Ce  dernier 
élevage  est  peu  connu,  je  crois,  et  très  curieux  pour  un  amateur  ». 

—  M.  le  professeur  Spencer  F.  Baird,  commissaire  des 
Pêcheries  des  États-Unis,  écrit  de  Washington,  à  la  date 
du  20  mai  : 

«  On  a  beaucoup  parlé,  depuis  quelque  temps,  dans  nos  journaux,  de 
la  Carpe  bretonne  comme  d'une  variété  bien  supérieure  en  qualité  aux 
variétés  ordinaires,  telles  que  la  Carpe  cuir,  la  Carpe  miroir,  la  Carpe 
bleue,  etc.  Voudriez-vous  me  dire  ce  que  vous  savez  de  cette  Carpe  et  si 
elle  est  véritablement  recommandable  ?  M.  Hessel  m'assure  que  c'est  une 
race  métisse,  ou  une  forme  asexe.  S'il  en  est  ainsi,  comment  la  multi- 


PROCÈS-VERBAUX.  409 

plie-t-on?  Dans  le  cas  où  on  pourrait  la  propager,  vous  serait-il  possible 
de  nous  envoyer  une  demi-douzaine  de  sujets,  de  différentes  tailles,  par 
l'intermédiaire  de  M.  E.  G.  Blackford,  80,  Fulton  Market,  New-York. 

»  P.  S.  Vous  apprendrez  sans  doute  avec  intérêt  que  nous  pratiquons 
avec  grand  succès  l'éclosion  artificielle  des  œufs  de  Homard,  et  que 
r;ous  avons  constaté,  par  une  expérience  récente,  la  possibilité  de  con- 
server ce  crustacé  pendant  très  longtemps  liors  de  l'eau.  Nous  avons 
gardé  en  bon  état  pendant  quatorze  jours  des  sujets  garnis  de  leurs 
œufs.  » 

—  M.  André  Thery  adresse  une  noie  sur  une  Physalie 
prise  à  Dunkerque. 

—  M.  le  docteur  P.  P.  G.  Hoek  écrit  deLeyde,  à  M.  le  Se- 
crétaire des  séances  : 

«  Le  Gouvernement  hollandais  m'a  chargé  d'étudier  sur  place  la 
pêche  avecVankerkuU,  comme  elle  se  pratique  sur  le  Hollandsch  Diep 
et  le  Haringviiet  (embouchure  de  la  Meuse).  Pendant  l'hiver  jusqu'au 
mois  d'avril,  c'est  surtout  l'Éperlan  qu'on  pèche  avec  cet  engin  :  un 
grand  filet  en  forme  de  sac  attaché  à  un  cadre  quadrangulaire  en  bois, 
dont  les  quatre  perches  mesurent  de  20  à  23  pieds.  Bateau  et  filet  sont 
à  la  même  ancre;  on  pèche  aussi  bien  du  jusant  que  du  flot,  l'ouverture 
du  filet  étant  toujours  dirigée  vers  le  courant. 

»  Si  je  suis  bien  informé,  on  pêche  pendant  l'hiver  jusqu'à  la  fin  du 
mois  de  mars  beaucoup  d'Éperlans  dans  l'embouchure  de  la  Seine  jusqu'à 
la  hauteur  de  Rouen.  Pourriez-vous  me  donner  quelques  renseignements 
sur  cette  pêcherie?  Ce  qui  m'intéresserait  d'abord,  ce  serait  de  con- 
naître l'engin  qu'on  emploie  ;  puis  ensuite  tous  les  détails  que  vous 
voudriez  bien  me  donner  me  seraient  d'une  grande  utilité.  Dans  le  cas 
oîi  un  rapport  ou  un  traité  quelconque  aurait  été  publié  sur  cette  bran- 
che de  pêcherie,  il  me  serait  fort  agréable  d'en  apprendre  le  titre,  afin 
de  pouvoir  me  le  procurer.  » 

—  M.  Ch.  Puech,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées  à  Au- 
rillac,  adresse  quelques  renseignements  sur  les  travaux  de 
pisciculture  entrepris  dans  le  Cantal. 

—  M.  Ballard,  d'Étang  (Saône-et-Loire),  fait  parvenir  un 
compte  rendu  de  ses  essais  de  repeuplement  des  cours  d'eau 
de  l'Autunois. 

—  Le  Laboratoire  d'histoire  naturelle  de  l'état  d'Illinois 
adresse  le  4'  fascicule  du  volume  II  de  son  Bulletin.  Ce 
fascicule  renfei^me  un  compte  i^endu  détaillé  de  recherches 
extrêmement  intéressantes  entreprises  par  M.  le  professeur 


410  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D' ACCLIMATATION. 

S.  A.  Forbes,  sur  les  maladies  conlagieuses  des  insectes  et  sur 
le  parti  qu'on  pourrait  tirer  de  la  propagation  artificielle  de 
ces  maladies  pour  la  destruction  des  insectes  nuisibles.  Les 
recherches  du  professeur  Forbes  ont  porté  principalement 
sur  les  espèces  suivantes  :  Ver  à  soie  {Bombyx  mori  L.); 
Chenille  à  collier  jaune  du  Pommier  (Datana  minislra 
Drury);  Chenille  du  Noyer  (Datana  angusi  G.  etR.);  Che- 
nille zébrée  du  Chou  {Mamestra  picta  Harris);  et  Chenille 
commune  du  Chou  (Pieris  rapœ  L.).  Cette  dernière  espèce, 
importée  d'Europe  en  Amérique,  pullule  d'une  façon  extraor- 
daire  aux  Etats-Unis;  elle  y  inflige  des  pertes  considérables 
aux  cultivateurs,  pour  lesquels  elle  est  devenue  un  véritable 
fléau.  M.  Forbes,  qui  s'est  livré  à  une  étude  particulière,  tant 
de  la  flacherie,  qui  sévit  sur  le  Ver  à  Soie  du  Mûrier,  que 
d'une  maladie  très  voisine,  qui  s'attaque  à  la  Chenille  du 
Chou,  a  porté  également  son  attention  sur  d'autres  maladies 
contagieuses.  Il  a  réussi  à  cultiver,  dans  des  bouillons  spé- 
ciaux, les  bactéries  recueillies  sur  les  insectes  malades,  à  con- 
server ces  bactéries  pendant  l'hiver  dans  des  tubes  herméti- 
quement clos,  à  les  faire  pulluler  de  nouveau,  au  printemps 
suivant,  dans  de  semblables  bouillons,  et  à  s'en  servir  pour 
contaminer  à  volonté  des  lots  d'insectes  mis  en  expérience,  au 
moyen  d'arrosages  faits  sur  les  feuilles  servant  à  la  nourri- 
ture des  Chenilles.  M.  le  professeur  Forbes  compte  reprendre 
cette  année,  sur  une  plus  grande  échelle,  ses  intéressantes 
études,  dont  l'utilité  n'échappera  à  personne. 

—  M.  Charrin,  directeur  de  l'orphelinat  agricole  de  Lafo- 
rêt  (Cantal),  adresse  le  compte  rendu  de  ses  éducations 
d\i ttacus  Pernyi,  en  1885. 

—  M.  Daulreville  écrit  à  M.  le  Président  : 

«  Il  a  été  donné  lecture  dans  la  séance  générale  du  19  février  dernier, 
d'une  lettre  que  j'avais  adressée  à  notre  Société,  lettre  relative  aux  ser- 
vices que  pourrait  rendrele StacJiys  affinis  dans  l'alimentation  spéciale 
aux  diabétiques  glycosuriques. 

»  M.  Chappellier  ayant  bien  voulu  mettre  encore  à  ma  disposition  un 
petit  échantillon  de  ces  bulbes,  j'ai  pu  me  livrer  à  de  nouvelles  expé- 
riences qui  modifient  les  premières  conclusions  que  j'avais  tirées  et  qui 
certainement  eussent  été  différentes,  comme  vous  allez  en  juger,  si   la 


PROCÈS-VERBAUX.  411 

quantité  de  Stachys  qui  m'a  été  confiée,  une  première  fois,  eût  été  suf- 
fisante pour  me  permettre  de  faire  les  essais  nécessaires. 

»  Les  bulbes  en  question  ne  contiennent,  je  l'ai  constaté,  aucune  trace 
de  fécule  ou  d'amidon;  mais  voulant  confirmer  mes  premières  tenta- 
tives, je  me  suis  livré  à  l'essai  saccharimétique,  en  me  basant,  pour  ce 
faire,  sur  la  propriété  que  possèdent  les  matières  féculentes  de  se 
transformer  en  dextrine  d'abord,  en  glucose  ensuite,  par  l'action  com- 
binée d'un  acide  étendu  et  de  la  chaleur. 

»  Contrairement  à  ce  que  j'avais  espéré,  en  ne  tenant  pas  compte  alors 
de  cette  propriété,  j'ai  constaté  que  la  macération  des  bulbes  de  Stachys 
ainsi  traités,  a  accusé  11  degrés  au  polarimètre  de  Soleil. 

»  La  présence  en  certaine  quantité  de  glucose  ainsi  décelée  ne  pouvant 
provenir  de  la  fécule  puisqu'elle  n'existe  pas  dans  ce  végétal,  est  due, 
je  m'en  suis  assuré,  à  la  présence  dans  la  composition  des  Stachys, 
d'une  certaine  proportion  d'inuline,  substance  isomère  avec  l'amidon  et 
facilement  transformable  comme  lui  en  glucose. 

»  Les  réactifs  ordinaires  de  l'inuline  sont  :  eau  bouillante  qui  la  dis- 
sout d'abord  pour  la  laisser  déposer  ensuite  par  le  refroidissement,  la 
teinture  d'iode  qui  la  colore  en  jaune,  la  potasse  caustique  qui  la  dissout 
sans  l'altérer  et  qui  la  précipite  si  l'on  ajoute  un  acide  dans  la  liqueur; 
l'acétate  de  plomb  ammoniacal,  le  tanin  qui  la  précipitent;  les  sels  de 
plomb,  de  cuivre  et  d'argent  qui  sont  réduits  par  l'ébullition  d'une  solu- 
tion d'inuline  en  présence  de  l'ammoniaque,  etc.,  etc.  Toutes  ces  réac- 
tions constatées  m'ont  bien  démontré  qualitativement  que  j'étais  en  pré- 
sence de  l'inuline,  mais  l'échantillon  était  de  trop  maigre  importance 
pour  me  permettre  de  m'occuper  de  l'analyse  quantitative.  J'espère,  à 
la  saison  prochaine,  si  la  Société  veut  bien  mettre  à  ma  disposition  une 
certaine  quantité  de  Stachys,  vous  donner  d'une  façon  complète  la  com- 
position chimique  de  cette  intéressante  Labiée. 

»  De  ce  qui  précède,  il  résulte  que  l'emploi  des  Stachys  dans  l'alimen- 
tation des  diabétiques  doit  être  très  modéré  en  raison  de  la  facilité  avec 
laquelle,  comme  je  l'ai  rappelé,  l'inuline  ainsi  que  la  fécule,  l'amidon 
et  la  cellulose  se  transforment  rapidement  en  glucose  sous  des  influences 
chimiques  et  probablement  physiologiques  absolument  semblables.  » 

—  M.  le  D'  baron  F.  von  Mueller  fait  don  à  la  Société  des 
graines  d'Eucalyptus  Baveretiana  et  de  Lespedeza  striata. 
—  RemeiTiements. 

—  M.  A.  Rozet  éci'it  de  la  Davi^ais  (Loire-InféiMeui^e)  : 

«.  M.  Mailles  croit  que  les  variations  dans  la  couleur  de  certaines 
fleurs  sont  dues  à  une  influence  du  sol. 

«  Ceci  me  rappelle  que,  il  y  a  quelques  années,  voulant  donner  plus 
de  vigueur  à  une  toulTe  d'Hortensia,  je  l'arrosai  avec  du  sulfate  de  fer. 
Les  fleurs  de  roses  devinrent  bleues,  et  depuis  n'ont  pas  encore  recouvré 


412  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

leur  couleur  rose  pure.  Je  me  suis  souvenu  qu'il  y  a  une  vingtaine  d'an- 
nées, à  une  exposition  d'Angers,  un  jardinier  m'avait  indiqué  l'arrosage 
au  sulfate  de  fer  comme  moyen  certain  de  faire  bleuir  les  fleurs  d'Hor- 
tensia. D'autres  jardiniers  m'ont  dit  qu'on  obtenait  le  même  résultat  en 
mettant  au  pied  des  Hortensias  de  l'ardoise  bien  pilée. 

y>  Sulfate  de  fer,  d'un  côté,  silicate  d'alumine,  d'autre  part,  existant 
naturellement  dans  le  sol  ou  y  étant  ajoutés,  auraient  une  influence  sur 
la  coloration  des  fleurs  d'Hortensias.  » 

—  Des  comptes  rendus  de  leui's  cheptels  sont  adressés  par 
MM.  Em.  Baux,  Olivier  Larrieu,  Gustave  Conte  et  R.  Tieuille. 

—  M.  Eug.  Joly  annonce  la  mort  de  la  Lapine  qui  lui 

avait  été  confiée  pour  entreprendre  des  croisements  avec  le 

lièvre. 

Pour  le  Secrétaire  du  Conseil, 
Jules  Grisakd. 
Agent  général  de  la  Société. 


III.  BIBLIOGRAPHIE. 


Mission  agricole   et  zooleclinique   «ians  le  §iouclan  occidental,    par 

M.  Korper.  Paris,  Challamel  aîné,  édit.    1886,  in-S". 

La  voie  tracée  par  Livingstone,  à  travers  le  continent  mystérieux,  s'é- 
largit de  jour  en  jour,  et  par  les  nombreuses  brèches  pacifiquement 
ouvertes  sur  tous  les  points  de  la  côte,  la  civilisation  moderne  envahit 
d'un  mouvement  lent,  mais  continu,  ses  immenses  territoires  jusque-là 
inconnus.  C'est  un  horizon  plein  de  riches  promesses  pour  la  vieille  Eu- 
rope trop  à  l'étroit  chez  elle. 

Le  Soudan  occidental  nous  intéresse  plus  particulièrement,  car  nos 
colonies  du  Si-négal  et  du  Niger,  auxquelles  il  confine,  en  sont  le  prin- 
cipal débouché.  C'est  cette  partie  de  l'Afrique  à  travers  laquelle 
M.  Korper  nous  montre  la  route  à  suivre,  en  nous  en  dénonçant  les 
ressources;  négligeant  intentionnellement  le  côté  pittoresque,  qui  trop 
souvent  absorbe  toute  l'attention  des  voyageurs,  il  s'est  préoccupé  exclu- 
sivement de  l'objet  de  la  mission  agricole  et  zootechnique  dont  l'avait 
chargé  le  ministre  de  la  marine;  son  rapport,  d'une  remarquable  pré- 
cision, est  en  quelque  sorte  un  tableau  synoptique  des  richesses  du 
pays,  c'est  le  guide  du  colon  de  l'avenir.  La  concision  avec  laquelle  il 
est  écrit  n'en  permet  guère  l'analyse  :  nous  nous  bornerons  à  en  rete- 
nir ceci,  c'est  que  le  Soudan  n'est  pas  une  contrée  brûlée,  stérile  et 
déserte,  telle  qu'on  se  l'est  longtemps  représentée.  La  terre,"  arrosée 
par  de  grands  fleuves  et  par  de  nombreux  marigots,  en  est  fertile;  la 
température  moyenne  ne  s'élève  pas  au  delà  de  31  degrés  pendant  les 
mois  les  plus  chauds;  la  population  est  laborieuse;  la  culture  serrée 
autour  des  villages,  s'étendra  rapidement  dès  qu'on  lui  assurera  la  sécu- 
rité; mais -elle  est  encore  à  l'état  rudimentaire,  depuis  l'unique  instru- 
meut  aratoire,  un  simple  piochon  à  manche  court,  jusqu'au  pilon  à 
grain.  La  civilisation  aura  donc  à  tous  égards  une  précieuse  influence 
dans  ce  monde  barbare. 

Les  principaux  produits  sont  actuellement  le  mil,  le  riz,  le  maïs,  les 
arachides,  les  patates  ;  le  goyavier  et  le  papayer  sont  à  peu  près  les  seuls 
arbres  fruitiers  cultivés;  le  citronnier,  l'oranger  et  le  thé  y  viennent  à 
l'état  sauvage;  quelques  essais  de  culture  du  blé,  tentés  par  la  mission 
militaire,  n'ont  pas  donné  de  bons  résultats;  mais,  en  revanche,  le  caféier, 
la  canne  à  sucre,  la  vigne,  le  tabac,  le  cotonnier,  les  palmiers,  les  plantes 
tinctoriales  et  plusieurs  de  nos  légumes  d'Europe  y  réussiraient  mer- 
veilleusement. 

Les  indigènes  élèvent  un  certain  nombre  d'animaux  domestiques;  il 
serait  sans  doute  difficile  de  remplacer  par  des  races  étrangères  les 
races  indigènes  (|ui  se  sont  modifiées  suivant  le  climat  et  le  régime  ali- 
mentaire du  pays;  mais  on  les  améliorerait  incontestablement  par  une 
soigneuse  sélection. 


414  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

Pour  l'avenir  de  ces  immenses  territoires,  qui  relèvent  désormais  de 
notre  autorité,  M.  Korper  conseille,  avec  raison,  la  création  de  routes 
commerciales,  l'importation  de  graines,  de  plantes  et  d'instruments 
agricoles,  et  enfin  la  création  de  stations  agronomiques,  oîi  l'on  puisse 
enseigner  pratiquement  à  l'indigène  les  bienfaits  de  la  civilisation. 

Am.  Berthoule. 


L'incubation  artiflciello  et  la  bnfise-conr.  Traité  complet  d'élevage 

pratique,   par  Voitellieu,  i*  édition,  in-18,  figures.  Paris,   Firmin- 

Didot  et  C'%  1886. 

Nous  avions  sous  les  yeux,  il  y  a  peu  de  temps  encore,  un  livre  sur 
la  basse-cour,  que  nous  avons  présenté  à  nos  collègues  comme  offrant 
certain  intérêt.  En  voici  un  nouveau,  écrit  sur  le  même  sujet,  qui  n'est 
pas  sans  mériter  aussi  quelque  attention,  mais  à  un  titre  diffèrent.  Le 
premier  s'adressait  à  la  ménagère;  celui-ci  est  surtout  fait  pour  une 
exploitation  industrielle  de  la  basse-cour,  si  on  peut  s'exprimer  ainsi  ; 
c'est  qu'en  effet,  l'élevage  des  volailles  a  pris  de  nos  jours  un  tel  déve- 
loppement, qu'en  beaucoup  d'endroits  il  constitue  le  plus  sûr,  ou  même 
le  plus  important  produit  de  la  ferme  ;  ce  résultat  est  dû  surtout  à  l'in- 
génieusa  invention  des  couveuses  artificielles  qui  permettent,  dans  des 
espaces  relativement  restreints,  d'obtenir  des  volailles  en  tout  temps  et 
en  quantité  indéfinie,  à  peu  près  aussi  facilement  qu'un  simple  objet 
manufacturé. 

M.  Yoitellier  est  de  ceux  qui  ont  le  plus  contribué  au  progrès  et  à  la 
vulgarisation  de  ces  pratiques  nouvelles;  il  a,  à  cet  égard,  une  expé- 
rience déjà  longue,  à  laquelle  son  livre  emprunte  une  notable  valeur; 
le  succès  en  est  d'ailleurs  affirmé  par  ses  quatre  éditions  successives. 
L'auteur  a  pour  principal  objectif  l'incubation  artificielle  et  l'élevage  des 
jeunes,  avec  le  seul  secours  des  machines,  autrement  dit  la  suppression 
absolue  de  la  poule  mère.  La  couveuse  de  son  invention  est  d'une  con- 
struction simple  et  d'une  manipulation  facile.  Les  œufs  reposent,  comme 
dans  un  nid,  sur  un  lit  de  paille,  au  milieu  d'une  chambre  circulaire 
entourée  d'un  réservoir  à  eau  chaude  et  d'une  enveloppe  extérieure 
garnie  de  matière  isolante.  Le  dessus  de  la  boîte  comporte  une  double 
glace  à  travers  laquelle  on  peut  surveiller  les  œufs,  et  voir  le  thermo- 
mètre régulateur  de  la  température,  placé  à  même  sur  la  paille,  au  ni- 
veau des  œufs.  11  suffit  de  changer  une  partie  de  l'eau,  matin  et  soir, 
pour  entretenir  une  température  régulière.  Un  petit  ventilateur  permet 
l'aération,  déjà  à  peu  près  assurée  par  le  cube  môme  de  cette  chambre, 
dans  laquelle  l'atmosphère  est  tenue  suffisamment  humide  par  la  couche 
de  sable  mouillé  qui  en  forme  le  fond.  L'expérience  a  prouvé  que  la 
tempéralure  s'y  maintient  égale  sur  tous  les  points;  il  paraît  donc  inu- 


BIBLIOGRAPHIE.  415 

tile,  comme  cela  est  nécessaire  dans  les  boîtes  à  tiroirs,  de  changer  les 
œufs  de  place  pendant  la  durée  de  l'incubation;  on  peut  se  contenter 
de  les  retourner,  à  l'exemple  des  poules  couveuses. 

L'auteur  décrit  ensuite  les  sécheuses  et  les  mères  aftificielles  con- 
struites par  lui;  puis  il  donne  d'utiles  conseils  sur  l'élevage,  sur  l'inslal- 
ladon  du  poulailler  et  des  faisanderies,  et  sur  le  choix  des  meilleures 
races. 

Enfin,  un  dernier  chapitre  est  consacré  à  l'étude  des  maladies  des  vo- 
lailles; mais  là,  M.  Voitellier  nous  parait  s'être  aventuré  dans  des  théo- 
ries quelque  peu  nouvelles.  Il  est  possible,  ainsi  qu'il  l'avance  très  har- 
diment, que  le  choléra  ne  soit  ni  épidémique  ni  contagieux,  et  que  la 
vaccination  doive  être  considérée  comme  une  des  erreurs  de  la  science! 
mais  nous  craignons  que  l'auteur  n'arrive  pas  aisément  à  triompher  de 
ce  qu'il  considère  comme  de  vieux  préjugés,  et  à  avoir  raison  de  ceux 
qu'il  appelle  «  des  inoculateurs  à  outrance  ». 

En  somme,  autant  le  livre  de  M.  Lemoine  nous  a  paru  bien  fait  pour 
la  conduite  d'une  basse-cour  modèle,  autant  celui-ci  doit  convenir  comme 
guide  d'un  élevage  industriel.  Nous  marquons  à  dessein  une  ligne  de 
démarcation  enire  ces  deux  systèmes,  dont  le  fusionnement  nous  semble 
difficile.  Si  simple  qu'en  soit  le  fonctionnement,  les  couveuses  artifi- 
cielles n'en  sont  pas  moins  d'une  direction  délicate,  et  ne  sauraient 
réussir  dans  toutes  les  mains  :  la  liste  serait  longue  de  ceux  qui  ont 
renoncé  à  leur  emploi  après  un  engouement  de  quelques  jours!  si  per- 
fectionnés qu'ils  soient,  ces  appareils  exigent  une  surveillance  continue, 
qu'il  est  le  plus  souvent  impossible  d'assurer,  dans  une  ferme  ordinaire, 
où  un  homme  soigneux,  intelligent,  dressé  à  cela,  n'est  pas  spéciale- 
ment attaché  à  leur  direction;  qu'on  s'en  relâche  une  seule  fois,  qu'on 
néglige  de  renouveler  l'eau  en  temps  voulu,  qu'on  la  chauffe  un  peu 
trop,  la  marge  est  étroite,  à  peine  est-elle  de  3  ou  i  degrés  au  plus,  et 
la  couvée  est  perdue. 

Ce  n'est  pas  que  nous  méconnaissions  les  grands  services  que  peu- 
vent rendre  les  couveuses  artificielles,  loin  de  là  :  elles  sont  assurément 
indispensables  pour  les  élevages  de  quelque  importance  ;  elles  sont  aussi 
très  précieuses  pour  l'incubation  des  œufs  de  Faisans  ou  de  Perdrix; 
mais,  en  dehors  de  là,  c'est  encore  à  la  bonne  Poule  couveuse  qu'il  faut 
laisser  le  soin  du  peuplement  de  la  basse-cour. 

Am.  Bërtiioule. 

Journaux  et  Revues. 

(Analyse  des  principaux  articles  se  rattacliant  aux  travaux  de  la  Société.) 

L'Algérie  agricole  (mars-avril). 

Si  une  publication  est  faite  à  point  pour  être  utile,  c'est  bien  celle  qu'a 
entreprise  ce  journal,  sous  le  titre  de   Guide  pratique  du  vigmron 


416  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'AGCLIMATATION. 

algérien.   La  culture  de  la  Vigne  a  pris,  eu  effet,  dans  ces  derniers 
temps,  un  essor  extraordinaire  en  Algérie;  c'est  par  milliers  d'hectares 
que  la  plantation  s'étend  chaque  année  ;   et  l'avenir  dépend  en  partie 
des  conditions  dans  lesquelles  elle  aura  été   faite.  Aussi  bien  doit-on 
signaler  avec  empressement  des  publications  de  la  nature  de  celle-ci, 
dans  lesquelles  les  colons  peuvent  puiser  les  plus  précieux  enseigne- 
ments. Dans  la  première  partie,  MM.  Borgeaud  et  Barbier  traitent  du 
choix  des  cépages,  de  la  plantation,  de  la  taille  et  de  la  maladie  de  la 
Vigne;  la  seconde  est  affectée  à  l'étude  de  la  vinilicalion.   Ce  travail, 
très  sérieusement  fait,  et  très  complet,  comme  le  montre   ce  simple 
énoncé,  a  été  récemment  primé  dans  un  concours  organisé  par  la  Société 
de  climatologie  et  par  le  Comice  agricole  d'Alger;  il  est  certainement 
appelé  à  rendre  de  très  grands  services. 

Les  vins  algériens  compteront  bientôt  dans  le  commerce;  ainsi  notre 
colonie  a  produit  en  1883  plus  d'un  million  d'hectolitres,  sur  lesquels 
près  de  4000  ont  été  importés  à  Marseille  ;  cette  quantité  a  plus  que 
doublé  pendant  l'année  suivante.  Déjcà  on  pourrait  citer  quelques  crus 
remarquables,  ceux  de  Staoueli,  notamment,  que  les  nombreux  hôtes 
des  bons  pères  Trappistes  connaissent  bien. 

Encore  quelques  années  et  la  production  sera  suffisante,  on  est  en 
droit  de  l'espérer,  pour  rendre  à  la  mère  patrie  sa  prospérité  passée,  si 
fortement  compromise  par  le  fléau  qui  ravage  ses  meilleurs  vignobles. 

A.  B. 


Erratum.  —  Bullelin  de  juin  1886,  pages  354  et  355,  le  nom  scientifique 
du  Scarabée  sacré  est  AteucJms  sacer  et  non  Atenchus  sacer  comme  il  a  été 
imprimé  par  erreur. 


Le  Gérant  :  Jules  Grisard. 


188S-  —  BOURLOTON.  —  Imprimeries  réunies,  A,  ruc  Mignon,  2,  Paris. 


TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


CATALOGUE    RAISONiNE 

PAR    RÉGIONS 

DES   ESPÈCES   D'OISEAUX 

qu'il  y  aurait  lieu 
D'ACCLIMATER   ET   DOMESTIQUER  EN  FRANCE 

Par   L.    niAGAUD   D'AUBUSISOTV 

(Suite.) 


JAPON. 


FAISAN  VERSicoLOR  (Pkasianiis  versicolor  Temminck). 

Phasianus  versicolor,  Temminck,  Planches  coloriées  486  et  493  (18^10-1839). 
— Vicilliot,  Galerie  des  oiseaux  {l8i5-[Sîii),  pi.  '205.  —  Lesson,  Traité  d'Ornith. 
(1831),  p.  49(3.  — Gould,  Birds  of  Asia{iHbl),  livr.  IX,  pi.  \.  —  Ca.ssin,Perri/s 
l'Jxped.  Japan  (1856),  t.  Il,  p.  ii3  (1870),  t.  II,  pi.  —  Sclater,  Proc.  Zool. 
Soc.  (181)3),  p.  116.  —  Orav,  List  of  Gall.  (1867),  p.  28.  —  EUiot,  Hlon.  of 
Phas.  (1870),  t.  II,  pi. 

L'importation  en  Europe  de  ce  faisan  remonte  à  une 
quarantaine  d'années.  Quelques  sujets  vivants  furent  appor- 
tés en  Hollande  et  le  comte  de  Derby  en  acheta  un  couple. 
La  femelle  mourut,  mais  en  croisant  le  mâle  avec  une  poule 
de  Faisan  commun  et  le  produit  de  nouveau  avec  le  même 
mâle,  on  obtint  une  race  presque  pure.  11  était,  du  moins, 
impossible  de  distinguer  ces  oiseaux  de  ceux  du  Japon. 
Telle  est  l'origine  de  la  plupart  des  faisans  de  cette  espèce 
que  l'on  rencontre  en  si  grande  quantité  dans  les  Iles  Bri- 
tanniques, d'où  ils  se  sont  promptement  répandus  sur  le 
continent. 

Comme  nous  l'avons  fait  remarquer  à  propos  du  Faisan  à 
collier,  les  trois  espèces  :  Colchicus,  Torquatus  et  Versico- 
lor, qui  ont  été  abondamment  introduites  dans  les  réserves 
anglaises,  se  marient  entre  elles  très  facilement  et  se  mêlent 
à  tel  point  que,  si  l'on  n'a  pas  la  précaution  de  les  tenir  soi- 

4"  SÉRIE,  T.  m,  —  Septembre  1886.  27 


as  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACGLIMATATION. 

gneusement  séparées,  il  est  extrêmement  difficile  d'en  trouver 
qui  ne  présentent  aucun  caractère  d'hybridilé.  Il  n'y  a  au- 
cun avantage  d'ailleurs  à  laisser  s'accomplir  ces  mélanges, 
car  l'oiseau  n'y  gagne  ni  en  beauté,  ni  en  vigueur,  ni  en  dé- 
licatesse comme  chair.  Le  mieux  est  donc  de  conserver,  au- 
tant que  possible,  l'espèce  dans  toute  sa  pureté  originelle. 

Le  Faisan  versicolor  ne  le  cède  en  rien,  pour  la  beauté  du 
plumage,  aux  autres  faisans  proprement  dits.  Le  mâle  a  la 
tête  d'un  vert  brillant,  sur  lequel  se  détachent  les  parties 
nues  cramoisies  de  la  face.  La  gorge  et  le  bas  du  cou  sont 
d'un  bleu  métallique,  et  les  parties  inférieures  vertes  avec 
des  reflets  pourpres  sur  la  poitrine.  Les  plumes  du  manteau, 
d'un  vert  noir  au  milieu,  portent  une  bande  étroite  jaune 
roux  en  forme  de  fer  à  cheval. 

La  femelle,  qui  ressemble  à  première  vue  à  la  poule  du 
Faisan  commun,  se  distingue  par  ses  plumes  d'un  vert  foncé 
au  milieu  et  largement  bordées  de  gris  brun  clair  ou  de 
jaune  clair. 

Cette  espèce,  qui  habite  exclusivement  le  Japon,  paraît  y 
être  très  commune  dans  certaines  localités. 

M.  Cassin,  attaché  à  l'expédition  américaine  du  commo- 
dore  Perry,  en  1856,  a  eu  l'occasion  d'observer  cet  oiseau 
dans  ses  demeures  habituelles  et  fournit  sur  la  chasse  qu'il 
lui  a  faite  quelques  détails  d'aulant  plus  dignes  d'être  rap- 
portés, que  l'on  sait  fort  peu  de  chose  sur  la  vie  du  Versico- 
lor, à  l'état  sauvage,  dans  son  pays  d'origine. 

c  Après  la  conclusion  du  traité  de  Yokohama,  dit  cet 
auteur,  l'escadre  des  Étals-Unis  se  rendit  à  Simoda,  et  je 
profitai  de  l'aimable  permission  du  commodore  Perry  pour 
augmenter  notre  collection  d'histoire  naturelle. 

»  Un  matin,  à  l'aube,  je  débarquai,  armé  de  mon  fusil,  à 
la  recherche  de  spécimens  d'oiseaux,  et  ce  jour-là,  j'eus  la 
bonne  fortune  de  voir  pour  la  première  fois  le  faisan  dont  il 
est  ici  question. 

>'  La  province  d'Idza,  à  l'extrémité  sud  de  laquelle  se 
trouve  le  port  de  Simoda,  forme  une  langue  de  terre  s'éten- 
dant  de  l'ile  de  Niphon  vers  le  sud.  Elle  est  partout  monta- 


1 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  419 

gneuse,  et  ses  cimes  îiLleignent  de  4000  à  5000  pieds.  Les 
vallées,  richement  cultivées,  offrent  au  printemps  un  aspect 
des  plus  luxuriants.  Les  sommets  des  montagnes  et  des  col- 
lines sont  formés  de  rochers  dénudés,  tapissés  çà  et  là  d'herbes 
et  de  broussailles,  qui  fournissent  une  quantité  considérable 
de  petites  baies.  A  mi-côte,  les  versants  sont  recouverts  de 
bois  tellement  épais,  qu'il  est  presque  impossible  d'y  pé- 
nétrer, 

»  En  suivant  la  magnifique  vallée  à  l'entrée  de  laquelle  se 
trouve  la  ville  de  Simoda,  j'arrivai,  à  quatre  milles  environ,  à 
un  endroit  où  la  crique  de  Simoda  se  bifurque  en  deux  bran- 
ches. Choisissant  celle  de  l'est,  je  vis  disparaître  bientôt  les 
champs  et  les  maisons,  et,  gravissant  un  petit  ravin,  je  sortis 
des  bois  et  parvins  à  la  région  dénudée. 

»  La  promenade  et  l'ascension  m'avaient  un  peu  fatigué. 
Je  venais  de  déposer  mon  fusil  et  mon  carnier  pour  me  dé- 
saltérer à  une  source  qui  coulait  d'un  rocher,  lorsque,  à  peine 
à  10  mètres  de  moi,  un  beau  flùsan  partit  avec  un  grand 
bruit  et,  avant  que  j'eusse  le  temps  de  reprendre  mon  fusil, 
disparut  derrière  un  pli  de  terrain.  J'étais  un  peu  penaud 
d'avoir  été  ainsi  surpris;  mais,  observant  la  direction  prise 
par  l'oiseau,  je  le  poursuivis  avec  plus  de  soin.  J'atteignis 
iDientôt  un  petit  plateau  recouvert  d'une  herbe  courte  et  de 
quelques  touftes  de  broussailles  et  parsemé  de  fiagments  de 
rocher.  En  ce  moment  j'entendis  un  cri  qui  me  sembla  être 
celui  d'un  coq  faisan  assez  rapproché.  M'abritant  du  couvert 
et  rampant  sur  mes  mains  et  mes  genoux,  je  réussis  à  m'en 
approcher  à  environ  quinze  yards.  Favorisé  par  le  vent  et  par 
un  temps  brumeux,  caché  d'ailleurs  par  les  rochers  et  les 
broussailles,  j'eus  le  loisir  de  l'observer  tranquillement,  en- 
touré de  sa  famille.  Sur  un  petit  espace  sablonneux  se  trou- 
vait un  coq  adulte  et  trois  poules  occupés  à  prendre  leur 
déjeuner,  consistant  dans  ces  baies  qui  poussaient  tout  au- 
tour à  profusion.  De  temps  à  autre  le  chef  de  la  famille  in- 
terrompait son  repas  pour  entonner  un  chant  de  guerre  aigu, 
auquel  répondait  un  rival  établi  à  quelque  distance  de  là.  A 
d'autres  moments,  lorsque  le  soleil  luisait  pour  quelques 


mO  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

instants,  tous  s'étendaient  dans  ses  rayons  d'or  et,  se  roulant 
dans  le  sable,  secouaient  la  rosée  matinale  de  leur  splendide 
plumage.  C'était  un  ravissant  spectacle  et  je  le  considérais 
avec  un  tel  plaisir,  que  je  ne  pouvais  me  décider  à  détruire  ce 
bonheur  domestique  par  une  grêle  de  plomb.  Subitement  les 
oiseaux  montrèrent  de  l'inquiétude  et  j'en  aperçus  bientôt  la 
cause  en  la  personne  d'un  paysan  japonais  qui  venait  du  côté 
opposé.  Je  pris  donc  mon  fusil  et  sautai  sur  mes  pieds.  Les 
oiseaux  prirent  leur  vol  en  même  temps  et  je  fus  assez  heu- 
reux pour  faire  coup  double  sur  le  coq  et  une  de  ses  poules. 
»  Le  Japonais,  qui  arriva  comme  je  rechargeais  mon  arme 
après  avoir  ramassé  le  gibier,  me  contemplait  avec  étonne- 
ment,   car  j'étais  certainement    le   premier   étranger  qu'il 
voyait  chasser  sur  les  réserves  de  Niphon.  Il  m'adressa  plu- 
sieurs   questions  que    naturellement  je  ne  pouvais   com- 
prendre, mais  d'après  ses  signes  et  la  répétition  du  mot 
((Statzoo  ))  (deux),  je  finis  par  deviner  qu'il  me  demandait 
comment  j'avais  pu  tirer  d'un  seul  fusil  deux  coups,  l'un  im- 
médiatement après   l'autre.  Je  lui  expliquai  tant  bien  que 
mal  le  mécanisme  d'un  fusil  à  double  canon  et  l'action  de  la 
capsule  à  percussion;  il  en  parut  à  la  fois  étonné  et  ravi.  Je 
lui  fis  cadeau  d'une  pipe  de  tabac  et,  sur  ma  demande,  il 
m'apprit  que  le  nom  du  faisan  que  je  venais  de  tuer  était 
«  Ri-zhi  )).  Plus  lard,  dans  la  journée,  d'autres  paysans  vin- 
rent sur  les  plateaux,  les  uns  pour  bêcher,  les  autres  pour 
surveiller  leurs  troupeaux.  Aussi  les  oiseaux  disparurent  et 
je  n'en  tuai  pas  d'autres  ce  jour-là. 

»  Quelques  jours  après,  je  retournai  chasser  dans  les  mon- 
tagnes avec  les  lieutenants  Bent  et  Nicholson,  mais  les  fai- 
sans étaient  très  sauvages  et  nous  ne  pûmes  en  tuer  qu'un 
seul.  Nous  vîmes  plusieurs  Japonais,  armés  de  fusils  à  pierre, 
qui  paraissaient  ne  tirer  que  pour  effrayer  les  oiseaux  et  les 
éloigner  des  lieux  où  nous  les  chassions.  Les  lois  sur  la 
chasse  sont  d'ailleurs  très  sévères  au  Japon,  et  leur  observa- 
tion avait  été  stipulée  dans  le  traité.  >) 

Le  Faisan  versicolor  est  très  fécond,  robuste,  et  de  bonne 
défense,  son  naturel  farouche  lui  faisant  rechercher  le  fourré 


OISEAUX    A    ACCLIMATER.  421 

à  la  moindre  alerte,  et  se  dérober  plus  tôt  que  le  Faisan  or- 
dinaire. Les  jeunes  sont  vigoureux  dès  les  premiers  jours  de 
leur  naissance  et  supportent  parfaitement  les  inlempéries  de 
nos  saisons.  Nous  n'avons  pas  besoin  d'ajouter  que  celte 
espèce  vil  en  parfaite  intelligence  avec  le  Faisan  commun, 
après  ce  que  nous  avons  dit  des  croisements  qui  se  produi- 
sent avec  une  si  grande  facilité.  Ce  faisan  est  donc  pour 
nous  un  oiseau  d'avenir,  et  devrait  figurer  depuis  longtemps, 
comme  en  Angleterre,  en  tête  de  la  liste  du  gibier  à  plume 
de  nos  grandes  cliasses. 

FAISAN  DE  SŒmiETw^G  {Phasianus  SœmmeringiiTemïu.). 

Phasianus Sœmmeri»gii, Temminck,  Platiclies coloriées (l) AS!  et  4-88  (1820-1839). 
—  Cassiii,  Perri/s  Exped.  Japan  (18Ô0),  t.  II,  p.  2'25).  —  Graphophasianus 
Sœmnieri)igii,  lîcichenbiich,  Bon.  Compt.  Bend  (1856),  p.  878.  —  Phasianus 
Sœmmei'hujii,  Sclater,  Proc.  Zool.  Soc.  (1863),  p.  117,  sp.  5.  —  Goiild,  Birds 
of  Asin  (1867),  livr.  \l)i..  —  Phasianus  scintillans,  Gould,  Birds  ofAsia(\ii^l), 
livr.  XIX,  pi.  —  Id.,  Ann.  et  Mag.  Nat.  Ilisl.  (IS66),  t.  XVII,  p.  150.  — P/ifl- 
sianus  Sœmmeringii,  EUiot,  Mon.  of  Plias.  (1870),  t.  Il,  pi. 

Comme  l'espèce  précédente,  ce  faisan  est  très  commun  au 
Japon  (2).  Aussi,  dès  que  ce  pays  fut  ouvert  aux  Européens, 
en  a-t-on  importé  en  Angleterre  et  sur  le  continent  de  nom- 
breux exemplaires  vivants.  En  18G4,  M.  Réginald  Russel, 
alors  attaché  à  l'ambassade  britannique  au  Japon,  amena  en 
Angleterre  quatorze  de  ces  oiseaux,  dont  deux  couples  furent 
acquis  par  la  Société  zoologique  de  Londres. 

Malgré  les  soins  que  l'on  a  pris  de  cette  belle  espèce,  on 
est  loin  d'avoir  obtenu  des  résultats  aussi  satisfaisants  que 
pour  le  Versicolor.  Les  mâles  restent  extrêmement  sauvages 
et  querelleurs,  ce  qui  rend  la  reproduction  en  captivité  très 
difficile.  Ils  sont  d'humeur  si  batailleuse,  qu'ils  s'entre-tuenl 
fréquemment  et  qu'ils  massacrent  sans  pitié  les  femelles,  que 

(1)  Ti'iiiiniiick  a  appelé  le  premier  l'attenfion  des  ornithologist 's  sur  ce  bel 
oiseau  qu'il  a  ligiiré  dans  les  Planches  coloriées,  d'après  un  exemplaire  envoyé 
du  Japon  par  le  docteur  von  Siebold. 

(2)  «  Ces  deux  sortes  de  Faisans  (P.  versicolor,  P.  Sœmmeringii),  dit  M.  Cas- 
sin,  habitent  les  mêmes  localités,  et  abondent  dans  les  parties  moyennes  et 
m(''ridioii;iles  de  l'ile  de  Niidion,  car  même  dans  le  voisinage  de  Yokohama, 
dans  la  baie  de  Yeddo,  j'entendais  leurs  cris  dans  les  bois  et  taillis  disséminés 
sur  tout  le  pays.  » 


422  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLLMATATION. 

l'on  ramasse  dans  les  par- 
quets avec  la  tête  scalpée 
et  les  yeux  arrachés.  Ces 
dernières,  du  reste,  ne 
montrent  pas  un  naturel 
beaucoup  plus  doux,  car 
elles  se  livrent  également 
des  combats acliarnés sui- 
vis quel  quefois  de  la  mort 
de  l'un  des  adversaires. 

C'est  grand  dommage, 
car  le  Faisan  de  Sœmme- 
rinff  est  un  oiseau  magni- 
fique.   Son  plumage  est 
d'un  beau  rouge  cuivré, 
avec  un   ton   plus   clair 
vers  l'extrémité  des  plumes.  Cet  éclat 
métallique  est  légèrement  assombri 
par  des  teintes  d'un  brun  noir  sur 
les  couvertures  supérieures  des  ailes 
et  sur  la  poitrine.  La  peau  nue  qui 
entoure  l'œil  est  d'un  rouge  velouté, 
le  bec  couleur  de  corne,  l'œil  jaune. 
Les  tarses,  à  éperons  courts,  sontcoii- 
leur  de  plomb.  On  voit,  par  la  figure 
que  nous  en  donnons,  que  ce  faisan 
est  de  l'orme  élancée  et  qu'il  possède 
une  queue  très  longue,  qui  peut  presque  rivaliser, 
comme  dimension,    avec  celle   du    Faisan  vénéré. 
Aussi  a-t-on  voulu  créer  pour  lui  un  genre  spécial, 
et  Reichenbach,  sous  le  nom  de  Graphophasianus, 
l'a-t-il  séparé  des  autres   faisans  pi'oprcment  dits. 
Mais  cette  subdivision  a  été  généralement  rejetée, 
aucun  caractère  important  ne  permettant  d'établir 
une  pareille  distinction. 

Faisan  de  Sœmmering 
(Phasianus  SœnnneriiKjii  Tcinniinck). 


I 


OISEAUX    A    ACCLIiMATEU.  423 

La  femelle,  au  costume  plus  modeste,  selon  l'usage,  offre 
néanmoins  un  aspect  assez  agréable,  par  l'élégante  distribu- 
tion des  teintes  cuivrées,  grises,  rousses  et  rougeàtres,  mar- 
quées de  lignes  ondulées  et  de  raies  noires  et  marbrées  de 
brun  foncé,  dont  est  peinte  sa  livrée. 

Le  Phasianus  scintillans  de  Gould  n'est  qu'une  variété 
du  Faisan  de  Sœmmering.  L'ornithologiste  anglais  (i)  affirme 
que  cet  oiseau  ne  se  trouve  qu'à  Yokohama.  Mais  on  y  ren- 
contre aussi  le  Faisan  de  Sœmmering,  et,  si  les  deux  formes 
sont  ainsi  mêlées,  on  est  en  droit  de  douter  considérable- 
ment de  la  différence  d'espèce.  Du  reste  le  Pliasianus  scintil- 
lans existe  aussi  à  Nagasaki,  d'où  l'a  rapporté  M.  Renard,  et 
toujours  à  côté  du  Faisan  de  Sœmmering,  si  bien  que  iM.  Re- 
nard a  tué  dans  la  même  bande  la  forme  Scintillans  et  la 
forme  Sœmmering.  Les  caractères  distinctifs  du  plumage 
de  ces  deux  formes  sont-ils  d'ailleurs  si  importants,  et  surtout 
sont-ils  bien  constants? 


VEKSAiyT  flÉRlDlOXAL 

HIMALAYA 

Monts  Himalaya.  —  Thibet.  —  Boutan.  —  Sikim.  —  iNépaul.—  Cachemire. 

FAISAN  DE  WALLiCH  (Phasianus  Wallichii  Gray). 

Lophophorus  Wallichii,  Hardwich,  Trans.  Ltnn.  Soc.  (1825),  t.  XV,  p.  166. 
—  Ptiasiantis  Stacei,  Vigors,  Proc.  Zool.  Soc.  (1831),  l.  I,  p.  35.  — Gould, 
Centur.  Himal.  Birds  (1832),  pi.  68.  —  Phaxianus  Wallichii,  Gray,  List  of 
Birds  Brit.  Mus.  (1844),  p.  24.  -  Catreus  Wallichii,  Cabanis,  Ersch.  Grub. 
Encijcl.  (1851),  t.  LUI,  p.  221.  -Phasianus  Wallichii,  Elliot,  .Von.  ofPhas. 
(1872),  t.  H,  pi. 

Ce  faisan  est  le  plus  modestement  vêtu  du  genre.  Le  brun, 
le  roux,  le  jaunâtre  et  le  noir  sont  les  couleurs  sombres  et 
ternes  dont  est  peint  son  plumage.  Les  plumes  allongées,  en 

(1)  Birds  of  Asia. 


424  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'ACCLIMATATION. 

forme  de  huppe,  qui  tlécorenl  sa  lête,  sa  longue  queue,  ses 
formes  assez  élégantes  rachètent  un  peu  sa  livrée  sans  éclat, 
mais  à  côté  de  ses  congénères  au  costume  riche  et  brillant, 
il  n'en  fait  pas  moins  humble  figure. 

11  doit  cependant  arrêter  notre  attention  et  provoquer  notre 
sollicitude,  car  cet  oiseau  de  grande  taille,  au  plumage 
sombre,  par  conséquent  presque  inaperçu,  très  robuste,  suffi- 
samment fécond,  d'un  élevage  facile,  est  bien  indiqué  pour 
peupler  nos  bois  et  augmenter  le  nombre  des  espèces  de 
gibier  à  plume  dans  notre  pays. 

Il  est  originaire  de  l'Himalaya,  du  nord-ouest  de  cette 
région,  et  s'étend  à  l'est  jusqu'au  Népaul. 

Un  bon  observateur,  cliasseur  passionné,  à  qui  l'ornitho- 
logie est  redevable  de  descriptions  très  complètes  et  très 
exactes  sur  les  habitudes  de  beaucoup  d'espèces  de  phasia- 
nides  de  l'Himalaya,  a  publié  dans  le  journal  anglais  le  Field, 
sous  le  pseudonyme  de  Mountaineer,  une  étude  remplie 
d'intérêt  sur  l'oiseau  qui  nous  occupe.  Nous  ne  pouvons 
mieux  faire  que  de  résumer  les  renseignements  fournis  par 
un  homme  qui  a  pu  les  recueillir  sur  les  lieux  mêmes  et  qui 
raconte  ce  qu'il  a  vu. 

D'après  Mountaineer,  on  trouve   rarement  le  Faisan  de 
Wallich  aux  grandes  altitudes  ;  il  ne  dépasse  guère  les  chaînes 
inférieures,  où  il  s'arrête  à  la  limite  des  forêts.  H  se  cantonne 
en  certains  endroits  et  ne  se  répand  point,  comme  les  autres 
espèces,  sur  presque  toutes  les   parties  de  la  région  qu'il 
habite.  Ses  lieux  de  prédilection  sont  les  collines  herbeuses 
parsemées  de  bouquets  de  bois  et  de  buissons.  Il  aime  à  se 
rapprocher  des  villages  abandonnés,  des  vieux  hangars  h 
vaches,  des  cabanes  en  ruines,   et  fuit  également  les  deux 
extrêmes,  les  lieux  arides  et  dénudés  et  les  profondeurs  de  la 
forêt.  Dans  la  zone  inférieure,   il  se    tient  sur  le  sommet 
des  collines  ou  à  mi-côte;  dans  la  montagne,  il  reste  généra- 
lement au  bas  des  collines,  souvent  tout  près  des  villages, 
excepté  dans  la  saison  des  amours  où  chaque  couple  cherche 
un  endroit  pour  nicher. 

Ces  oiseaux  se  réunissent  en  bandes  de  cinq  à  six,  de  dix  à 


OISEAUX  A   ACCLIMATER. 


425 


quinze,  et  il  est  rare  que  plus  de  deux  ou  trois  de  ces  groupes 
habitent  la  même  colline.  Ils  errent  autour  de  celle  qu'ils 
ont  adoptée,  mais  pas  au  del.à  de  certaines  limites,  demeurant 
près  du  même  endroit  plusieurs  jours  et  même  plusieurs 
semaines.  S'ils  changent  de  domicile,  ils  n'abandonnent 
jamais  complètement  leur  canton,  où  l'on  est  sûr  de  les  ren- 
contrer d'année  en  année  sur  un  point  ou  sur  un  autre. 


Faisan  de  Wallich  (Phasianus  Wallichii  Gray). 

Pendant  le  jour,  à  moins  que  le  temps  ne  soit  sombre  et  le 
ciel  nuageux,  ils  restent  cachés  dans  l'herbe  et  les  brous- 
sailles. Ils  sortent  seulement  le  matin  et  le  soir  pour  chercher 
leur  nourriture.  Quand  on  les  rencontre,  ils  se  sauvent  en 
courant  avec  rapidité  dans  des  directions  différentes  et  vont 
se  cacher  dans  le  couvert  le  plue  rapproché.  Il  est  rare  que 
plus  d'un  ou  deux  prennent  leur  vol.  Ils  courent  très  vite,  et, 
si  le  terrain  ne  leur  offre  aucun  abri,  ils  courront  pendant 
deux  ou  trois  cents  mètres  plutôt  que  de  s'envoler.  Après 


426  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

s'être  cacliés,  ils  se  liennent  cois  et  immobiles  et  on  peut 
s'en  approcher  de  très  près  sans  les  faire  partir.  «  Il  n'y  a 
peut-être  pas  d'oiseau  d'égale  taille,  ajoute  Mountaineer,  qui 
soit  plus  difficile  à  retrouver  lorsqu'ils  se  sont  remis  dans  les 
hautes  herbes,  même  quand  on  a  marqué  l'endroit.  Sans  un 
bon  chien,  il  est  impossible  de  les  retrouver  et  même  avec 
les  chiens  les  mieux  dressés  on  ne  retrouve  guère  que  la 
moitié  de  ceux  qu'on  a  fait  lever  la  première  fois.  On  peut 
s'en  approcher  d'un  mètre  sans  qu'ils  bougent.  J'en  ai  as- 
sommé avec  un  bâton  et  j'en  ai  même  pris  à  la  main.  »  Pen- 
dant l'automne  les  hautes  herbes  qu'ils  affectionnent  leur 
permettent  de  se  cacher  presque  partout,  mais  en  hiver, 
lorsque  les  villageois  ont  incendié  ces  herbes,  ils  se  réfugient 
dans  les  broussailles,  où  il  est  plus  facile  de  les  faire  lever  avec 
l'aide  d'un  chien. 

A  l'aube  et  à  la  brune,  et  quelquefois  dans  le  jour,  par  les 
temps  couverts,  les  mâles  font  retentir  un  cri  strident  et 
singulier  qui  s'entend  jusqu'à  un  kilomètre  et  demi  de 
distance  et  qu'on  peut  traduire  par  :  «  Ghirr  a  pirr,  chirr  a 
pirr,  chirr-chirr,  chirr-oua,  chirr-oua.  »  Pour  les  petits  vil- 
lages des  montagnes,  ce  faisan  remplit  le  rôle  du  Coq  do- 
mestique, en  annonçant  lejour.  A  l'époque  de  l'accouplement, 
quand  les  oiseaux  sont  dispersés,  le  chant  est  souvent  soutenu 
pendant  une  demi-heure,  tantôt  d'un  côté,  tantôt  d'un  autre, 
et  de  temps  en  temps  tous  semblent  se  réunir  en  chœur.  Aux 
autres  époques  le  chant  ne  dure  que  de  cinq  à  dix  minutes. 

Le  Faisan  de  Wallich  se  nourrit  principalement  de  racines, 
de  vers,  d'insectes,  de  baies,  et,  près  des  champs  cultivés, 
des  semences  de  toute  sorte.  Selon  Mountaineer,  il  ne  mange 
ni  herbe,  ni  feuilles,  comme  les  autres  faisans. 

La  femelle  fait  son  nid  dans  l'herbe  ou  dans  les  buissons 
bas,  et  pond  de  neuf  à  quatorze  œufs  d'un  blanc  mat.  L'éclo- 
sion  a  lieu  vers  la  fin  de  mai  ou  le  commencement  de  juin. 
Le  coq,  toujours  selon  Mountaineer,  ne  quitte  pas  la  femelle 
et  semble  partager  avec  elle  les  soins  qui  sont  donnés  aux 
jeunes. 

Cet  oiseau  a  le  vol  lourd  et  court.  Il  ne  perche  pas  ordinal- 


OISEAUX    \    ACCLIMATER.  4.27 

rement  sur  les  arbres,  mais  s'y  réfugie  quelquefois  lorsqu'il 
est  pressé  par  les  chiens.  Généralement  il  se  tient  à  terre  ou 
sur  les  broussailles. 

EUPLOCOME  LEUCOMÈLE  {Euplocaimis  cilbocrisiatus  Sclater). 

Pliasianus  alliocrislaliis,  Vigors,  Proc.  Zool.  Soc  (1832),  t.  I,  p.  l(j.  — Gonld, 
Cenlur.  lUmal.  Birds  (1832j,  pi.  66-67.  —  Phaminus  Hamiltoni,  Ci-ay,  Illustr. 
Ind.  Zool.  (183-2),  p.  41.  —  Eujilocamus  alliorrislalus,  Sclator,  Proc.  Zool. 
Soc.  (1863),  p.  1-21.  — EUiot,  Mon.  of  Phas.  (1872). 

Cet  oiseau  habite  les  parties  occidentales  de  l'Himalaya. 
C'est  le  faisan  le  plus  répandu  dans  cette  région.  On  le  trouve 
en  grande  quantité  sur  les  montagnes  des  environs  de  Simla; 
moins  commun  sur  celles  de  Cachemire,  il  redevient  très 
abondant  sur  toute  la  chaîne  qui  se  rapproche  du  Pendjab. 

Le  maie  a  la  tête,  le  cou,  le  manteau  et  la  queue  d'un 
bleu  noir  brillant;  les  plumes  de  la  huppe  blanches,  celles  de 
la  poitrine  bleuâtres,  celles  de  l'abdomen  d'un  gris  foncé,  la 
peau  nue  de  la  face  d'un  rouge  éclatant,  le  bec  couleur  de 
corne,  l'iris  brun,  les  pattes  rouges. 

La  femelle  a  tout  le  plumage  d'un  brun  terne  avec  chaque 
plume  bordée  de  blanc  brunâtre  et  finement  tachetée  de 
noir,  les  pattes  jaunâtres. 

Mountaineer,  qui  a  observé  et  chassé  cet  oiseau,  a  décrit 
ses  habitudes  avec  son  exactitude  ordinaire  dans  un  article 
inséré  dans  Bengal  Sjiorting  Review  : 

«  Le  Kaleege  (nom  que  les  indigènes  donnent  à  cet  Euplo- 
come),  dit-il,  est  très  commun  dans  la  zone  inférieure  des 
montagnes.  Son  aire  de  dispersion  commence  au  pied 
des  premières  collines  et  s'étend  jusqu'à  une  altitude  de 
2400  mètres  environ  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  ;  à  une 
plus  grande  hauteur,  il  devient  plus  rare,  bien  qu'on  le  ren- 
contre encore  quelquefois.  Il  semble  redouter  le  voisinage  de 
l'homme,  moins  que  tous  les  autres  phasianides.  Il  s'approche 
davantage  des  habitations  et  on  le  renconlre  si  souvent  près 
des  villages,  des  chemins,  qu'on  est  tenté  de  le  considérer 
comme  le  plus  commun  de  tous  les  membres  de  la  famille, 


428  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION.  I 

quoique  le  Monaul  (Lophophorus  Impeyanus)  soit  bien  plus 
nombreux  que  lui  dans  les  parages  qu'il  habite.  Dans  la 
région  inférieure  des  montagnes,  le  Kaleege  habite  toutes 
les  forêts,  mais  de  préférence  cependant  les  fourrés  et  les 
ravins  boisés.  Dans  l'intérieur,  on  le  trouve  aussi  dans  des 
jungles  isolées,  et  surtout  dans  des  lieux  autrefois  cultivés  et 
maintenant  abandonnés.  Il  est  rare  dans  les  grandes  forêts, 
et  semble  presque  avoir  besoin,  pour  vivre,  de  se  trouver  au 
voisinage  de  l'homme. 

»  Le  Kaleege  n'est  pas  un  oiseau  très  sociable.  On  en  voit 
souvent  trois  ou  quatre  ensemble;  on  peut  même  de  temps 
à  autre  en  compter  jusqu'à  dix,  mais  chaque  individu  agit  à 
sa  guise,  sans  se  soucier  des  autres.  Quand  cet  oiseau  est 
effrayé,  il  s'enfuit  en  courant;  ce  n'est  que  lorsqu'il  est  surpris 
brusquement  ou  qu'un  chien  est  lancé  sur  sa  piste,  qu'il 
prend  son  vol,  autrement  il  cherche  à  se  dérober  au  danger 
en  se  tapissant  dans  un  buisson  touffu.  Il  n'est  pas  craintif,  et 
dans  les  localités  où  il  n'est  pas  chassé  à  outrance,  il  est 
aussi  hardi  que  peut  le  désirer  le  chasseur.  L'effraye-t-on,  il 
ne  vole  que  jusqu'à  l'arbre  le  plus  voisin;  si  avant  de  s'envo- 
ler il  s'est  tapi,  il  vole  à  une  courte  distance  en  rasant  le  sol, 
puis  se  pose  de  nouveau  à  terre.  Sa  voix  est  un  gloussement 
un  peu  sifflant,  ou  un  pépiement  tout  particulier.  Il  la  fait 
entendre  à  toute  heure  du  jour,  et  surtout  quand  il  s'envole 
et  se  perche.  Si  un  chat  ou  quelque  autre  petit  carnassier 
l'inquiète ,  il  pousse  des  gloussements  prolongés  et  très 
forts. 

»  Cet  oiseau  est  très  batailleur  :  les  coqs  se  livrent  des 
combats  continuels.  Je  tirai  un  jour  un  mâle,  il  tomba  à 
terre.  Pendant  qu'il  se  débattait  dans  les  convulsions  de 
l'agonie,  un  autre  mâle  sortit  du  fourré,  et,  en  ma  présence, 
l'attaqua  avec  rage.  A  l'époque  des  amours,  les  mâles  font 
souvent  avec  leurs  ailes  un  bruit  particulier,  semblable  à  un 
roulement  de  tambour.  Je  ne  saurais  dire  s'ils  veulent  ainsi 
attirer  l'attention  des  femelles  ou  provoquer^lm  rival  au 
combat. 

»  Il  se  nourrit  de  racines,  de  vers,  d'insectes,  de  graines 


OISEAUX   A    ACCLIMATER.  A^9 

et  de  baies,  ainsi  que  des  feuilles  et  des  pousses  de  brous- 
sailles. 

»  La  femelle  pond  de  neuf  à  quatorze  œufs,  assez  sem- 
blables comme  couleur  et  dimension  à  ceux  de  la  Poule 
domestique. 

»   L'éclosion  a  lieu  vers  la  tin  de  mai.  » 

Dans  les  endroits  où  VAIbocristatus  se  trouve  en  contact 
avec  le  Melanotus,  il  se  produit  des  alliances  qui  donnent 
naissance  à  des  hybrides,  de  telle  sorte  qu'il  se  forme  entre 
les  cantons  respectifs  des  deux  espèces  comme  un  canton  in- 
termédiaire peuplé  de  ces  hybrides.  Des  naturalistes  s'y  sont 
trompés  et  ont  décrit  comme  des  espèces  distinctes  sous  les 
noms  de  Exiplocamus  leucomelanus  et  Eiiplocamus  Hamil- 
loni  des  oiseaux  provenant  de  ces  unions  et  qui  n'ont  aucun 
droit  à  un  rang  spécifique  quelconque. 

{A  suivre.) 


SUR 

UNE  NOUVELLE  MALADIE  DES  ALEVLNS 

DE  SALMONIDES 
Par   m.    le   docteur  HEI\IWEGU1 


Extrait   du  compte   rendu   sténographique. 


Je  désirerais  appeler  l'attention  de  la  Société  sur  une  nou- 
velle maladie  qui  attaque  les  alevins  des  Salmonidés,  et  dont 
j'ai  déjà  signalé  l'existence  dans  une  communication  faite  à 
l'Académie  des  sciences  en  1883.  J'ai  l'honneur  de  vous  pré- 
senter aujourd'hui  quelques  sujets  atteints  de  cette  maladie. 
En  1883-84-85,  presque  tous  les  jeunes  alevins  du  Collège 
de  France,  alevins  qui  étaient  dans  les  aquariums  construits 
par  M.  Coste,  sont  morts  en  très  peu  de  temps.  Lorsque  l'af- 
feclion  se  déclare,  on  voit  les  jeunes  poissons  se  livrer  à  des 
mouvements  brusques,  se  frotter  sur  le  fond  des  bassins  pen- 
dant un  jour  ou  deux  ;  puis  ils  viennent  à  la  surface  de  l'eau, 
le  ventre  en  l'air  et  bientôt  ils  meurent.  Si  l'on  examine  avec 
soin  les  alevins,  on  voit  qu'ils  sont  couverts  de  taches  blan- 
châtres, qu'on  aperçoit  surtout  sur  les  nageoires  caudale  et 
dorsale.  Si  l'on  prend  un  fragment  de  peau  de  ces  animaux  pour 
l'examiner  au  microscope,  on  reconnaît  que  toute  la  surface 
est  criblée  d'une  quantité  prodigieuse  d'infusoires  lîagellés. 
Ces  infusoires,  qui  appartiennent  probablement  à  un  genre 
nouveau,  n'ont  pas  plus  de  deux  centièmes  de  millimètre  de 
long  sur  un  centième  de  large.  Je  les  ai  rapportés  provisoi- 
rement au  genre  Bodo  de  Stein,  et  j'ai  désigné  cette  espèce 
sous  le  nom  de  Bodo  necator.  Les  Bodo  vivent  lixés  sur  l'épi- 
derme  du  jeune  poisson;  on  en  trouve  aussi  sur  les  bran- 
chies. C'est  probablement  l'irritation  qu'ils  produisent  sur  la 
peau  qui  amène  la  mort  de  l'animal.  L'infusoire  est  bien  la 
cause  de  la  maladie  ;  j'ai  pris,  en  effet,  déjeunes  alevins  bien 
portants,  je  les  ai  mis  en  contact  avec  des  alevins  malades  ; 


MALADIE   DES   ALEVLNS   DE    SALMONIDES.  431 

au  bout  de  très  peu  de  temps  je  les  ai  vus  se  recouvrir  d'in- 
fusoires  et  mourir  très  rapidement.  Je  n'ai  pas  pu  jusqu'à 
présent  trouver  de  remède  à  cette  terrible  affection.  J'ai 
essayé  l'eau  alcoolisée,  l'eau  iodée,  l'eau  salée,  etc.  On  a 
placé  les  alevins  pendant  quelque  temps  dans  ces  différents 
liquides  pour  essayer  de  les  débarrasser  de  leurs  parasites, 
on  n'a  eu  que  des  insuccès.  Ce  qui  paraît  réussir  le  mieux, 
c'est  de  les  mettre  dans  un  aquarium  au  fond  duquel  se 
trouve  du  gravier,  et  dans  lequel  flottent  des  herbes,  avec  un 
courant  d'eau  assez  fort.  Les  poissons  se  frottent  contre  le 
gravier  et  les  herbes,  et  parviennent  ainsi  à  se  débarrasser 
mécaniquement  en  partie  de  leurs  parasites. 

La  maladie  fait  son  apparition,  depuis  trois  ans,  dans  la 
première  quinzaine  de  février,  mais  cette  année  elle  est  appa- 
rue plus  tard  ;  il  n'y  a  que  depuis  quelques  jours,  que  nous 
voyons  mourir  nos  alevins;  comme  ceux-ci  sont  plus  déve- 
loppés, plus  forts  que  les  années  précédentes,  j'espère  qu'ils 
résisteront  mieux  à  la  maladie.  Jusqu'à  présent,  je  ne  sache 
pas  qu'on  ait  signalé  cette  affection  dans  une  autre  localité 
que  le  Collège  de  France.  Les  eaux  qui  alimentent  nos  bassins 
sont  celles  de  la  Vanne  ;  elles  sont  très  propres,  et  de  plus 
filtrées  avec  soin  sur  des  éponges. 

J'ignore  quelle  est  l'origine  du  parasite;  il  est  évident 
qu'il  est  apporté  par  l'eau,  et  il  disparaît  brusquement  à  cer- 
tain moment,  sans  qu'on  sache  comment.  Cet  infusoire  ne 
vit  que  sur  la  peau  du  poisson;  dès  que  l'animal  meurt,  le 
Bodo  disparaît  ;  mis  en  liberté  dans  l'eau,  il  se  gonfle  et 
éprouve  une  sorte  de  dissolution.  Cet  infusoire  doit  être 
transporté  à  l'état  de  kyste  et  non  à  l'état  libre.  Cependant  il 
m'a  été  impossible  de  trouver  ni  kystes,  ni  infusoires  libres, 
soit  sur  les  plantes,  soit  sur  les  parois  des  aquariums. 

Je  prierai  ceux  de  nos  collègues  qui  auraient  l'occasion 
d'observer  une  maladie  semblable,  de  vouloir  bien  me  la 
signaler  et  de  me  dire  s'ils  ont  trouvé  un  moyen  curatif 
pour  cette  terrible  affection. 


SUR  QUELQUES 

ARBRES  FRUITIERS   ET  PLANTES  OFFICINALES 

EXOTIQUES 
A  ACCLIMATER  EN  ALGÉRIE 

Par    Raphaël     de     IVOTER 


AVANT-PROPOS 

Ces  quelques  notes  sont  destinées  aux  personnes,  que 
leurs  instincts  poussent  vers  l'étude  de  la  nature  fruitière 
exotique.  Nous  savons,  par  expérience,  que  de  nombreux 
amateurs  se  disputent  la  palme,  pour  la  culture  en  serre,  de 
ces  fruits  délicieux  que  nous  envions  aux  tropiques.  Certes 
une  bonne  poire,  une  bonne  pêche,  sont  des  fruits  exquis, 
mais  une  Sapotille  a  sa  valeur;  un  Ananas  est  aussi  très  re- 
cherché, non  seulement  pour  son  parfum,  mais  encore  pour 
son  goût  relevé. 

La  Banane,  la  Goyave,  la  Sapote  marnai,  le  volumineux 
Mango,  sont  des  fruits  supérieurs!...  pourquoi  n'arriverait- 
on  pas  à  les  cultiver  à  l'air  libre,  plutôt  que  dans  des  cages 
vitrées  qui  ont  le  nom  de  serres?...  Aux  environs  d'Alger  on 
récolte  des  Bananes,  des  Goyaves,  des  Ananas,  aussi  parfu- 
més qu'aux  Antilles,  tandis  que  les  fruits  d'Europe  sont  mé- 
diocres et  sans  saveur.  C'est  pourquoi  nous  proposons  aux 
amateurs  une  liste  non  seulement  d'arbres  fruitiers,  mais 
encore  d'arbres  utiles,  tant  au  point  de  vue  de  la  médecine, 
qu'à  celui  de  l'ébénisterie  d'art. 

Nous  nous  sommes  donc  proposé  d'indiquer  aux  ama- 
teurs désireux  d'en  faire  l'essai  sur  les  bords  de  la  Méditer- 
ranée, les  arbres  et  arbustes  fruitiers  ou  officinaux  dont 
l'acclimatation  probable  donnerait  à  nos  tables  des  fruits 
nouveaux,  à  nos  pharmacopées  des  remèdes  intéressants  à 
étudier.  Nous  avons,  autant  que  possible,  indiqué  les  espèces 
ne  laissant  rien  à  désirer  sous  le  rapport  de  la  culture  et 


ARBRES    FRUITIERS   ET    PLANTES   OFFICINALES.  /f33 

avons  évité  de  parler  de  celles  dont  l'acclimalation  serair  im- 
possible. 

Le  docteur  Saffray,  dans  son  Voyage  à  la  Nouvelle-Gre- 
nade, parle  des  fruits  et  des  remèdes  merveilleux  qu'il  y  a 
trouvés.  Il  parle  surtout  des  fruits,  avec  un  enthousiasme  que 
nous  voudrions  communiquer  à  nos  lecteurs;  nous  O'^pé- 
rons  y  arriver,  s'ils  veulent  bien  nous  suivre  jusqu'au  boul  de 
ce  petit  travail.  La  liste  des  fruits  est  nombreuse,  celle  des 
plantes  utiles  ou  officinales  considérable.  On  pourra  se  con- 
vaincre en  la  parcourant  que  souvent  l'homme  néglige  un 
remède  pouvant  lui  être  favorable  dans  certains  cas,  et  qui 
serait  à  sa  portée  s'il  voulait  se  donner  la  peine  de  cultiver 
la  plante  qui  le  produit. 

C'est  à  Warscewicz,  Ed.  André,  et  surtout  J.  Linden,  qu'on 
doit  les  introductions  les  plus  remarquables  en  plantes  utiles 
ou  fruitières,  dont  beaucoup  d'amateurs  cependant  ignorent 
les  propriétés. 

On  connaît  les  Ananas,  ces  fruits  délicieux,  dont  le  vin  des 
dieux  de  l'Olympe  païen  devait  être  composé,  ce  fruit  si  re- 
cherché et  dont  la  culture  est  si  aisée  (il  est  rustique  sur 
le  littoral  algérien)  ;  mais  il  n'y  a  pas  que  l'Ananas  qui  soit 
recherche....  le  Genipa  Americana,  ou  pêche  d'Afrique, 
VAchras  sapota,  le  Mammea  Americana,  le  Mangifera 
Indica,  tous  supérieurs  comme  suavité  de  parfum  à  nos 
fruits  d'Europe. 

V! Indigotier  (ludigofera  tinctoria)  croîtrait  sans  peine  en 
Algérie  et  ses  produits  seraient  rémunérateurs.  Mais  de  tous 
les  végétaux  étrangers,  celui  dont  l'introduclion  serait  le  pins 
à  désirer,  c'est  assurément  le  Ccdron  (Simaba  cedron)  de  la 
tamille  des  Simaroubées.  Nous  en  donnons  plus  loin  une  no- 
tice très  détaillée  à  laquelle  nous  renvoyons  nos  lecteurs. 

Nous  comptons  sur  le  concours  des  personnes  s'occupant 

de  science  botanique  horticole,  dans  la  lâche  que  nous  nous 

sommes  imposée  en;créant  Vltistitut  agronomique,  qui,  nous 

l'espérons,  occupera  dans  un  avenir  prochain  une  place  -mi- 

nente  parmi  les  jardins  botaniques. 

Tipaza,  le '28  mai  188ti. 
•ie  SKRiE,  T.  III.  —  Septembre  18S6.  -28 


434  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

NOMENCLATURE  DES  ESPÈCES  CLASSÉES  PAR  FAMILLES 

Ainpélîdées, 

Le  viticulteur  n'ignore  pas  les  quantités  de  variétés  de 
vignes  existant  actuellement;  malheureusement,  jusqu'à  pré- 
sent on  n'est  pas  arrivé  à  combattre  efficacement  le  plus  ter- 
rible de  ses  ennemis,  le  phylloxéra.  Nous  pensons,  et  cela 
avec  raison,  que  des  essais  devraient  être  faits  en  France  (sur- 
tout dans  le  Midi)  sur  des  cépages  provenant  des  îles  Cana- 
ries. Nous  croyons  que  leur  robusticité  serait  supérieure  à 
celle  des  fameux  cépages  américains  dont  les  qualités  laissent 
beaucoup  à  désirer.  Les  personnes  désireuses  d'en  faire  l'essai 
devront  autant  que  possible  se  procurer  les  variétés  suivantes, 
à  cause  de  leurs  produits  extraordinaires  et  de  leurs  qualités 
exceptionnelles  : 

YiTis  viNiFERA,  var.  liuERO  DE  GALLO.  Fruit  blauc,  excellent 
raisin  de  table. 

Malvasia.  Fruit  blanc  hàtif,  de  qualité  supérieure. 

—       BLANCO.  Fruit  rose,  excellent  pour  la  vinification. 

MoscATEL.  Hâtif,  excellente  variété  de  table,  productive. 

Negro  MOLLE.  Grains  énormes,  blou  noir,  fine  variété 
pour  la  vinification. 

Pedro  Ximenez.  Fruits  jaunes,  extra,  variété  pour  la  table 
et  la  vinification. 

TiNTiLLO.  Fruits  petits,  noirs,  excellent  pour  la  vinifica- 
tion. 

Verdello.  Fruits  verdàlres,  à  grains  très  gros,  productif. 

Yidueno  blanco  et  negro.  Fruits  blancs  et  noirs,  très 
hâtifs,  au  goût  fin  et  délicat,  extra  pour  la  vinification. 

Anoiiaeée»». 

Toutes  les  espèces  d'Anonacées  sont  de  l'Amérique  et  ont  du 
être  répandues  par  l'homme  dans  les  autres  contrées  tro- 
picales. 

UvARiA  ODORATA  (Malaisic).  L'infusion  des  fleurs  de  cet 


ARBRES    FRUITIERS    ET    PLAINTES    OEFICINALES.  435 

arbie,  associées  à  celle  du  Gurcuma,  sert  aux  indigèues,  pen- 
dant la  saison  des  pluies,  pour  se  garantir  des  fièvres. 

Artabotrys  suAVEOLENs(Malaisie).  Bel  arbre,  dont  les  feuil- 
les sont  un  des  remèdes  les  plus  actifs  pour  combattre  le  cho- 
léra; infusées  elles  servent  à  déterminer  la  réaction  de  la 
période  algide. 

Xyloi'IA  grandiflora  (Indes  orientales).  Fournit  par  le 
fruit  un  condiment  et  un  stimulant. 

Xylopia  frutescens  (Amérique  trop.).  Arbuste  très  ré- 
pandu, dont  les  nègres  emploient  les  fruits  en  guise  de 
poivre. 

Xylopia  longifolia  (Orénoque).  L'écorce  de  cet  arbre 
compte  au  nombre  des  meilleurs  succédanés  du  quinquina. 

Parmi  les  Anonacées  les  plus  remarquables  sont  assuré- 
ment les  Anona,  dont  les  fruits  sont  si  recherchés  et  appré- 
ciés des  gourmets.  Les  espèces  les  plus  remarquables  sont  : 

Anona  antioquensis  à  fruits  délicieux  ; 

—         CHERIM0L1A  ; 

—  —  var.  Loxensis  (le  Cherimolia  de  Loxa 

esl  le  meillleur  fruit  du  monde)  Lin- 
den. 

—  Ha  mboldtiana  ; 

—  mascosa  ; 

—  odorata  ; 

—  reticulata  ; 

—  squamosa  ; 

—  mamosa  ; 

—  reniformis  ; 

—  veriucosa  ; 

—  Sinensis. 

Aftoo;»  liées. 

La  plupart  des  espèces  de  cette  famille  possèdent  un  suc 
laiteux  riche  en  caoutchouc,  tel  est: 

Callophora  UTiLis  (ludcs  orientales).  Les  Indiens  em- 
ploient le  suc  de  cet  arbuste  couunc  purgatif,  fébrifuge  et 
dépuratif. 


436  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Carissa  grandiflora  (Cap).  Fruits  exquis,  vendus  sur  les 
marelles  du  Gap,  où  ils  sont  recherchés,  ainsi  que  ceux  des 
Carissa  carandas  et  edulls. 

Carissa  xylopigron  (Cap).  Remarquable,  à  cause  de  ses 
propriétés  puigalives  et  fébrifuges. 

Carpodinus  DULCis(Gap).  A  les  mêmes  qualités  que  les  pié- 
cédents. 

Artoearpées. 

Artocarpus  integrifolia  (Iles  de  la  mer  du  Sud).  Grand 
arbre,  à  fruits  très  estimés,  à  pulpe  ferme  et  sucrée;  ses  se- 
mences se  mangent  grillées  ou  bouillies. 

Galactodendron  utile  (Colombie,  sur  les  hauteuis  et  dans 
quelques  plaines).  U arbre  à  la  vache  produit  par  incision 
une  matière  blanchâtre,  appelée  lait  végétal,  dont,  paraît-il, 
on  peut  faire  du  beurre. 

En  indiquant  ces  deux  arbres,  dans  cette  nomenclature, 
nous  avons  la  presque  certitude  de  voir  ces  deux  végétaux 
s'accommoder  des  climats  divers  d'une  partie  des  bords  mé- 
diterranéens. Et  pourquoi  n'y  résisteraient-ils  pas?  Ne  voit- 
on  pas  au  Jardin  d'essai,  près  d'Alger,  de  gigantesques  sujets 
de  Ficus  elastica  et  autres  belles  espèces,  pour  que  nous 
puissions  bien  augurer  de  cette  introduction? 

Artocarpus  Cannom  (Australie  trop.).  Bel  arbre  dont 
l'acclimatation  serait  aussi  très  désirable. 

Ficus  macrophylla  (Australie).  Figuier  de  Banyan.  Les 
fruits  sont  comestibles. 

Ficus  macrocarpa  (Colombie,  régions  froides).  Fruits  très 
gros,  au  goût  exquis. 

Cudrania  javanensis  (Iles  de  la  Sonde).  Produit  une  ma- 
tière tinctoriale;  bel  arbuste. 

Cecropia  peltata  (Amérique  trop.).  Bois  trompette. 
L'écorcede  ce  grand  arbre  est  employée  en  guise  d'astringent 
dans  les  diarrhées;  sa  cendre  est  riche  en  sels  alcalins;  en 
outre,  on  utilise  les  fibres  de  son  écorce  à  la  fabrication  des 
sacs,  et  du  bois  creux  de  cet  arbre  éminemment  utile  on  fait 
des  rigoles  et  des  conduites  d'eau. 


ARBRES   FRUITIERS   ET    PLANTES   OFFICINALES.  4-37 

Aurantiacées. 

LiMONiA  LÂUREOLA.  De  toutes  les  plantes  de  celte  famille 
c'est  celle  qui  présente  le  plus  d'intérêt,  à  cause  de  sa  grande 
rusticité.  Dans  l'Inde,  son  pays  d'origine,  elle  reste  quelque- 
lois  plusieurs  mois  ensevelie  sous  la  neige;  les  fruits,  appelés 
Kidar-patri  par  les  Indiens,  sont  réputés  excellents. 

CooKiA  PUNCTATA  (de  la  Chine,  où  il  est  connu  sous  le 
nom  de  Wam|)i).  Fruit  assez  agréable  au  goût,  excellent  pour 
confire. 

Glygosmis  trifoliâ  (archipel  Indien).  Les  baies  de  cet 
arbuste  ont  un  goût  aromatique  très  relevé. 

LiMONiA  monophvlla  (ludcs  orientales).  Les  fruits  sont 
recherchés  par  les  Indiens. 

/Egle  marmelos  (Malabar).  Cet  arbre  fournit  un  fruit  très 
parfumé  et  nourrissant,  malheureusement  il  est  un  peu  laxa- 
tif. Des  graines  de  ce  fruit  on  relire  une  colle  excellente, 
employée  à  divers  usages. 

Bergera  Konigii  (Indes  orientales).  Les  feuilles  de  cet 
arbre  passent  pour  stomachiques  et  toniques  ;  une  infusion 
de  ces  feuilles  arrête  instantanément  les  vomissements  les 
plus  opiniâtres  ;  à  l'étal  frais  elles  combattent  efficacement  la 
dysenterie. 

Feronia  elephantum  (Indes  orientales).  Les  feuilles  de  ce 
bel  arbuste  exhalent,  lorsqu'on  les  froisse,  une  forte  odeur 
aromatique.  Les  médecins  indous  les  disent  stomachiques  et 
carminatives. 

Clausenia  corymbiflora  (îles  Mélanésiennes).  Bel  arbuste 
de  4-  à  5  mètres,  dont  l'acclimatation  est  certaine  sur  plu- 
sieurs points  du  littoral  méditerranéen.  Les  fruits,  de  la  gros- 
seur d'une  cerise,  d'un  blanc  jaunâtre,  sont  très  odorants  et 
d'un  goût  agréable;  c'est  par  milliers  que  l'arbre  les  produit. 

Bei'béridécs* 

Gaulophyllum  thaligtroides  (Amérique  méridionale).  Les 
racines  de  cet  arbuste  sont  employées  dans  leur  pays  comme 
sudorifique  et  ses  graines  en  guise  de  café. 


438  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


Bixinces. 

'  BixA  0RELLANA  (Amérique  méridionale).  Grand  arbre,  dont 
on  retire  une  teinture  rouge,  pouvant  être  utilisée  dans  les 
arls  et  appelée  rocou;\es  anciens  Caraïbes  s'en  servaient  pour 
se  tatouer  le  corps,  afin  d'éviter  les  piqûres  des  moustiques. 

CociiLospERMUM  INSIGNE  (Brésil).  Sert  dans  son  pays  natal 
pour  guérir  les  abcès  des  viscères. 

Flacourtia  Ramontchi  (Madagascar).  Produit  une  sorte  de 
prune  très  recherchée  des  indigènes;  il  en  est  de  même  des 
Flacourtia  rutrem,  sepiaria,  Jangomos  et  catapiira^jta,  des 
îles  de  la  Sonde.  .     ....  ; 

Bonibncécs. 

Durio  zirethinus  (Indes  orientales).  Le  fruit  de  cet  aibre 
est  gros  comme  une  tête  d'homme,  et  a  une  odeur  fétide  ; 
lorsqu'on  a  pu  surmonter  la  répugnance  qu'il  inspire,  on  le 
mange  avec  plaisir  ;  ses  graines  se  mangent  en  guise,  de  châ- 
taignes. ■ 

Plagianthus  pulciiellus  (Indes).  Fournit  des  libres  cor- 
ticales très  tenaces. 

BoMBAx  cEiBÂ  (Amérique  méridionale).  Le  duvet  de  cet 
arbre,  fourni  par  ses  capsules  fructifères,  est  employé  pai* 
les  indigènes  à  divers  usages. 

OcHROMA  LAGOPUS  (Amérique  méridionale).  Cet  arbre, 
outre  le  duvet,  produit  aussi  par  incision  un  suc  gommeux 
très  employé. 

MuTisiA  cordata  (Amérique  septentrionale).  Le  fruit  de  cet 
arbuste  égale,  comme  goiît,  celui  de  l'abricot. 

Borraginées.  .  ,^ 

Gordia  myxa  (Asie).  Cultivé  en  Egypte  depuis  la  plus  haute 
antiquité;  à  cause  de  ses  diverses  qualités,  le  fruit  de  cet 
arbre  est  admis  sur  les  tables  et  dans  la  médecine. 

Cordia  sebestena  (Antilles).  Œuf  végétal.  Grand  arbre,  à 
fruits  jaune  d'œuf  et  à  fleurs  orange  très  grandes,      i  ..'.■ 


ARBRES    FRUITIERS   ET    PLANTES    OFFICINALES.  439 

Broméliacées. 

Ananassa  mordilona  (Colombie,  régions  froides).  Fruit 
énorme,  atteignant  le  poids  de  5  kilogrammes;  son  goût  est 
exquis  et  est  encore  relevé  par  sa  couleur,  qui  est  d'un  beau 
violet. 

Ananassa  bracamorensis  (Colombie).  Découvert  par  le 
grand  voyageur  Warscewicz,  qui  le  rencontra,  pour  la  pre- 
mière fois,  sur  le  marché  de  la  ville  de  Jean  de  Bracamoros, 
sur  le  haut  Maranon  ;  il  ne  fut  introduit  par  J.  Linden,  à  Gand 
(Belgique)  qu'il  y  a  cinq  ou  six  ans.  Nul  Ananas,  paraît-il, 
n'aurait  un  goût  aussi  exquis,  ni  une  taille  aussi  colossale, 
son  fruit  atteignant  le  poids  de  25  à  30  livres. 

Bromelia  Pinguin  (Antilles).  Estimé  comme  vermifuge. 

Bromelia  karatas  (Antilles).  Recherché  comme  diuré- 
tique. 

Bui'séracécs. 

Elaphrium  elemiferum  (Mexique).  Produit  la  résine  tj/émi 
d'une  odeur  pénétrante.  Bel  arbre. 

BuRSERA  gummifera  (Guyane  et  Mexique).  Produit  par  in- 
cision la  résine  cJiiboii  ou  cachihou. 

Capparidées. 

Crat.eva  tapia  (Amérique  méridionale).  Écorce  amère  et 
astringente;  fruits  comestibles  ayant  l'odeur  de  l'ail. 

Crat.eva  gynandra  (Amérique  méridionale).  Mêmes  usa- 
ges. 

Célast  rinces. 

Catha  edulis  (Abyssinie  et  Yémen).  Cette  i)lante  est  culti- 
vée avec  soin  par  les  Arabes,  qui  en  font  un  grand  commerce. 
Cela  est  compréhensible,  lorsqu'on  saura  que  non  seulement 
les  Abyssiniens  vanlent  ses  feuilles  comme  prophylactique 
souverain  contre  la  peste,  mais  que  mâchées  elles  produisent 
une  excitation  agréable,  analogue  à  celle  de  la  Coca  des 
Péruviens. 


440  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

El/Edendron  Kubu  (Gap).  Les  colons  de  cette  partie  de 
l'Afiique  en  estiment  les  baies. 

Chr^  sobalanées. 

Moquilea  grandiflora  (Brésil).  Les  fruits  sont  recherchés 
des  Brésiliens. 

Moquilea  canomensis  (Brésil).  Même  produit. 

Chrysobalanus  Icago  (Indes  occidentales).  Donne  une 
grosse  baie,  qu'on  appelle  icaqueou  prune  coton,  dont  le  goût 
est  exquis.  Les  Icaques  sont  les  meilleurs  fruits  de  l'Amérique. 
On  estime  également  l'amande  du  noyau. 

Clasiacées. 

Hebradendron  cambogioides  (Antilles).  Produit  par  inci- 
sion, une  substance  connue  sous  le  nom  de  gomme  gutte,  très 
employée  dans  les  arts  et  dans  la  médecine. 

Clusia  rosea  (Antilles).  Produit  une  gomme  fréquemment 
substituée  en  médecine  à  la  scammonée. 

Garcinia  australis  (Australie).  Fruits  très  gros  et  exquis; 
on  ne  mange  que  la  pulpe,  car  l'épicarpe  est  astringent  et 
amer. 

Mammea  amerigana  (Mexique).  Fruits  très  gros  et  aussi 
estimés  que  ceux  du  Garcinia;  ses  fleurs  distillées  donnent 
une  liqueur  éminemment  digestive  (eau  de  créole).  Le  suc 
de  ses  jeunes  pousses  donne  une  boisson  vineuse  très  agréa- 
ble. 

Conibrétacées . 

QuiSQUALis  iNDiCA  (ludcs  Orientales). 

Terminalia  gatappa  (Indes  orientales).  Les  fruits  de  ces 
deux  arbres  sont  connus  dans  les  officines  sous  le  nom  de 
myrobolans,  à  cause  de  leurs  graines  administrées  jadis 
comme  laxalives. 

Cornées. 

On  extrait  des  graines  du  Cornus  sanguinea,  par  exprès- 


ARBRES    FRUITIERS    ET    PLANTES   OFFICINALES.  441 

sion,  une  huile  fixe,  propre  à  Téclairage  et  à  la  fabrication  du 
savon. 

Benthamia  fragifera  (Népaul).  Les  fruits  de  cet  arbuste 
ont  une  saveur  agréable  et  ressemblent,  comme  aspect,  à  la 
fraise. 

Quelques  espèces  de  Cornées  produisent  du  bois  de  con- 
struction de  première  qualité. 

Cory  lacées. 

LiTHOGARPUs  javanensis  (Java).  Suivant  Blume,  le  bois  de 
cet  arbre  est  excessivement  précieux,  à  cause  de  sa  dureté.  Il 
végète  sur  les  plus  hautes  montagnes  des  îles  de  la  Sonde. 

Syn^dris  ossea  (Chine).  Les  fruits  de  cet  arbre  se  ren- 
contrent en  abondance  sur  les  marchés  de  Canton. 

Connaraeées. 

EuRYGOMA  longifolia  (Malaisic).  Excellent  fébrifuge,  d'a- 
près les  démonstrations  du  D' Oxley. 

Omphalobium  Lamberti  (Guyane).  Bois  de  Zèbre,  très  re- 
cherché des  ébénistes. 

Convolvulacées. 

Convolvulus  jalapa  (Mexique).  Purgatif  énergique. 
Ipomœa  {Exogonium)  purga  (Mexique).  Produit  la  drogue 
nommée  Jalap,  la  plus  estimée. 

Crescentiées. 

Parme.ntieria  edulis  (Mexique).  Fruits  très  estimés. 

Cucurbîtacées. 

Telfairia  pedata.  JoUfia  africana  (Afrique).  Arbrisseau 
grimpant,  croissant  sur  la  côte  de  Zanguebar.  C'est  une 
espèce  précieuse  et  qui  serait  une  grande  ressource  pour  la 
région  méditerranéenne.  Ses  fruits  atteignent  environ  O^jGO 
de  longueur  et  sont  remplis  de  graines  grandes  comme  une 


442  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

pièce  de  cinq  francs  et  grosses  du  double,  produisant  par  ex- 
pression une  liuile  comestible  de  première  qualité,  pouvant 
égaler  la  meilleure  huile  d'olive.  Nous  l'avions  introduit  de 
graines,  malheureusement  aucune  ne  germa.  Il  est  à  sou- 
haiter que  de  nouvelles  introductions  soient  laites  de  cette 
précieuse  cucnrbitacée. 

Feuillfa  trilobata  (Indes  occidentales).  Donne  une  huile 
grasse  qu'on  retire  de  ses  graines  et  utilisée  contre  les  dou- 
leurs rhumatismales. 

Ateirosperma  passiflora  (Brésil).  Les  graines  de  cette 
courge  contiennent  une  huile  amère,  mêlée  à  une  matière 
grasse  et  à  de  la  résine.  Elles  sont,  dit-on,  stomachiques, 
mais  purgatives  à  hautes  doses. 

Hyptanthera  guapera  (Brésil).  Possède  des  propriétés 
semblables  à  l'espèce  précédente. 

Dilléniacées. 

L'acclimatation  du  noble  Tiieopiirasta  imperialis  étant 
un  fait  accompli,  nous  recommandons  d'essayer  la  culture 
d'autres  espèces  de  celte  famille. 

DiLLENiA  sPECiosA  (ludcs  Orientales).  Fruit  acide  dont  on 
fait  d'excellentes  confitures. 

DiLLENiiA  SPEC?  (Cochinchine).  Fruit également  acidc,  mais 
moins  que  le  précédent. 

Davillea  elliptica  (Brésil).  Les  feuilles  de  cet  arbrisseau 
sont  vulnéraires. 

CuRATELLA  CAMRAivA  (Brésil).  Appliquées  sur  les  ulcères, 
les  feuilles  sont  détersives. 

Tetracera  tigarea  (Guyane).  Sudorifique  et  diurétique, 
toutes  les  parties  de  la  plante  sont  administrées  dans  les  cas 
de  syphilis  :  la  graine  infusée  dans  le  vin  est  vantée  pour  com- 
battre les  fièvres  intermittentes,  la  chlorose  et  le  scorbut. 

Uiosiuées. 

TicoREA  FERRIFUGA  (Brésil).  L'écorce  de  cet  arbre  est  re- 
commandée comme  succédanée  du  quinquina. 


ARBRES    FRUITIERS    ET    PLANTES    OFFICINALES.  4-4o 

MoNNiERA  TRIFOLIA  (Amérique  tropicale).  Plante  à  tiges 
herbacées,  à  racine  acre  et  aromatique  (ce  qui  distingue  fa- 
cilement cette  espèce,  parmi  les  autres  de  cette  famille)  ;  la 
racine  est  vantée  comme  diaphorétique,  diurétique  et  alexi- 
pharmaque. 

EsENBECKLv  FEBRiFUGA  (Brésil).  L'écorcc  de  cet  arbre  est, 
parait-il,  d'une  telle  énergie,  qu'elle  rivalise  avec  le  quin- 
quina. 

CoRREA  ALBA  (Australie).  Les  colons  de  la  Nouvelle-Hollande 
prennent  les  feuilles  en  infusion,  en  guise  de  thé. 

Barosma  betulina  (Cap).  Les  feuilles  de  cet  arbrisseau 
sont  admises  dans  les  officines  européennes  et  administrées 
dans  les  affections  du  rein,  de  la  vessie,  des  rhumatismes  et 
même  du  choléra. 

Galipea  cusparl\  et  officinalis  (Orénoque).  Grands  ar- 
bres, dont  la  résine  est  placée,  comme  le  fébrifuge  le  plus 
énergique,  après  le  quinquina. 

Ébénaeées 

DiosPYROs  RETICULATA  (ludcs  oricut.).  Bois  d'ébène. 

DiospvROS  ebenum  (Indes  orient.).  Bois  d'ébène. 

C'est  le  cœur  de  l'arbre  seul  qui  est  employé  dans  l'indus- 
trie de  l'ébénisterie. 

DiosPYROS  Kaki  (Chine).  Fruit  exquis. 
;  DiosPYROs  COSTATA  (Japon).  Les  fruits  de  ces  deux  espèces 
sont  très  recherchés  des  Chinois  et  des  Japonais.  On  les  cul- 
tive quelquefois  en  Europe.  Lorsque  ces  beaux  fruits  sont 
très  mûrs,  c'est-à-dire  blets,  ils  peuvent  se  comparer  à  nos 
meilleurs  abricots;  il  en  est  de  même  des  Diospyros  embryop- 
TERis  et  mabola,  des  Indes  orientales. 

Embryopteris  glutinosa  (Bengale).  Les  fruits  de  cet  arbre 
sont  tellement  gluants,  qu'on  les  emploie  au  Bengale,  pour 
enduire  les  bateaux. 

Éryihroxylt-es. 

I  Erythroxylon  areolatum  (Pérou).  Le  suc  des  feuilles  de 
ceti  arbre  ■est  employé  contre  les  alfeclions  darlrenses. 


444-  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

Erythroxylon  coca  (Pérou).  C'est  la  fameuse  Chique  des 
Péruviens.  Jamais  on  ne  rencontre  un  homme  sans  qu'il  ail 
dans  la  bouche  quelques  feuilles  de  cette  plante.  Ces  feuilles 
contiennent  un  principe  stimulant  volatil,  produisant,  chez 
ceux  qui  en  font  usage,  une  excitation  du  système  nerveux, 
recherchée  avec  avidité  et  dont  il  est  impossible  de  se  passer, 
lorsqu'on  en  a  contracté  l'habitude.  On  l'emploie  depuis  quel- 
ques années  dans  la  médecine  européenne.  La  Coca  est  un 
remède  puissant  pour  reconstituer  les  forces,  dans  certaines 
convalescences  difficiles. 

Eiiphorbiacées. 

Antidesma  bunias  (Java).  Employé  dans  la  médecine  popu- 
laire, par  les  indigènes  des  îles  de  la  Sonde. 

Croton  tiglium  (Moluques).  Toutes  les  parties  de  cet  ar- 
buste sont  purgatives.  Les  graines,  appelées  grains  de  Tilly, 
contiennent  une  huile  fixe,  une  résine  et  un  acide  particu- 
liers. L'action  de  celte  drogue  est  si  active,  que  prise  dans 
l'intérieur,  deux  ou  trois  gouttes  suffisent  pour  purger  forte- 
ment; frottée  sur  l'abdomen,  elle  donne  le  même  résultat; 
cette  onction  produit  même  des  pustules  sur  la  peau,  qui 
sont  favorables  au  malade. 

Hy.enanche  globosa  (Cap).  Les  graines  pulvérisées  ser- 
vent aux  colons  du  Cap  à  saupoudrer  la  chair  des  animaux 
destinés  à  empoisonner  les  chacals. 

Aleurites  MONTANA  (Indes  orient.).  Produit  par  l'expres- 
sion de  ses  graines  un  vernis  renommé. 

El^occoca  cordata  (Indes  orient.).  Est  employé  aux  mêmes 
usages  que  le  précédent. 

El^occoca  vernicia  (Chine).  C'est  avec  les  graines  de  cet 
arbre  que  les  Japonais  fabriquent  leur  fameux  vernis. 

Omphalea  triandra  (Guyane).  Produit  par  incision  un 
suc  blanc,  noircissant  à  l'air,  et  dont  on  se  sert  en  guise 
d'encre. 

Jatropiia  curcas  (Indes  occidentales).  Les  graines,  con- 
nues en  médecine  sous  le  nom  de  Pignons  d'Inde,  fournis- 


ARBRES    FRUITIERS    ET    PLANTES    OFFICINALES.  445 

senl  en  abondance  une  huile  utilisée  dans  la  fabrication  du 
savon. 

CiGCA  DiSTiCHA  (Indcs  Orient.).  Baies  acidulées,  comesti- 
bles, très  rafraîchissantes, 

Emrlica  officinalis  (Asie  trop.).  Cet  arbre  donne  en  abon- 
dance des  fruits  charnus,  exquis,  lorsqu'ils  sont  bien  mûrs. 

Jatropha  MANiHOT  (ludes  occidentales).  C'est  ie Manioc  que 
l'on  cultive,  en  Asie,  en  Afrique  et  en  Amérique,  à  cause  de 
son  produit  alimentaire,  connu  en  Europe  sous  le  nom  de 
Tapioca  et  aux  colonies  sous  celui  de  Cassave. 

Jatropha  glauca  (Indes  orient.).  Les  Indiens  fabriquent, 
avec  les  graines  de  cet  arbrisseau,  une  huile  qu'en  raison  de 
ses  propriétés  stimulantes  ils  recommandent  dans  les  afïec- 
lions  rhumatismales  et  de  paralysies,  en  applications  ex- 
ternes. 

CNiDOSCOLusnERBACEUs(iMexique).  La  racine  de  cette  plante 
est  employée  au  Mexique  et  à  la  Caroline  aux  mêmes  usages 
que  le  Manioc  (Jatropha  manihot). 

CiS'iDoscoLus  QUiNQUELOBUS  (Indes  occident.).  Des  branches 
et  des  graines  de  cet  arbrisseau,  on  retire  un  suc  passant  pour 
diurétique. 

Graminées. 

La  canne  à  sucre,  Saccharum  officinaru.m,  de  l'Inde,  et 
ses  nombreuses  variétés,  est  la  plante  la  plus  importante  de 
<etle  famille  avec  les  Bambous.  Elle  vient  très  bien  en  Alué- 
lie,  et,  du  reste,  sur  toutes  les  parties  abritées  du  littoral  mé- 
diterranéen. En  elïet,  que  faut-il  pour  la  voir  bien  prospérei? 
De  l'engrais  et  de  l'eau!  Toute  terre  lui  convient,  poui'vu 
qu'elle  soit  bien  travaillée. 

Bambusa  quadrangularis  (Chine).  Celte  cuiieuse  espèce, 
introduite  depuis  quelques  années,  mériterait  d'attirer  i'at- 
Lenlion  des  amateurs,  à  cause  non  seulement  de  la  forme 
l'trange  de  ses  jets,  mais  encore  de  la  beauté  de  la  plante. 
Dans  le  commerce,  elle  porte  aussi  le  nom  de  Bambusa  angu- 

I.ATA. 


i46  SOCIÉTÉ    NATIOINALE   d'aGCMMATATION. 

lli|ti»oeratéacécs. 

ToNSELLA  {Salacia)  pyriformis  (Afrique).  Les  fruits  de  cet 
arbre,  de  la  grosseur  d'une  poire  de  bergamote,  très  par- 
fumée, se  rencontrent  dans  la  saison,  sur  les  marchés  de 
Sierra  Leone. 

ToNSELLA  SAPUTA  (Brésil).  Fruit  doux  et  mucilagineux, 

d'un  goût  exquis. 

HippocRATEA  coMOSA  (îlos  Mascareigues).  Les  amandes, 
connues  dans  leur  pays  sous  le  nom  d'Amandes  des  bois,  sont 
très  recherchées. 

llic-inées. 

Ilex  Paraguariensis  (Amérique  du  Sud).  Dans  son  pays  na- 
tal, on  fait  une  grande  consommation  de  ses  feuilles  en  guise 
de  thé,  sous  le  nom  de  Maté.  Voici  comment  on  procède  pour 
sa  fabrication  :  Lorsque  les  feuilles  sont  d'un  vert  bien  foncé, 
on  les  cueille  et  on  les  fait  sécher  à  la  fumée  de  bois  vert. 
La  dessiccation  bien  complète,  on  les  broie  en  les  frottant,  et 
cette  poudre,  ainsi  obtenue,  emballée  dans  des  peaux  ou  des 
sacs,  est  expédiée  sur  presque  tous  les  points  de  l'Amérique, 
où  celte  boisson,  une  fois  préparée,  constitue  la  boisson  natio- 
nale de  ces  pays.  On  peut  dire  que  le  Maté  remplace,  pour 
les  Américains  du  Sud,  le  ihé  des  Chinois  et  même  le  café. 

Lardizabalée»». 

Holboellïa  latifolia  (Népaul).  Les  habitants  du  pays 
mangent  ses  fruits,  qu'ils  recherchent  avec  avidité. 

La  urinées. 

Ocotea  puchury  major  (Brésil).  Graines  ayant  l'odeur  du 
camphre  et  de  la  muscade,  produisant  par  expression  une 
huile  butyracée,  très  employée  par  les  Brésiliens  dans 
les  diverses  maladies  résultant  de  la  faiblesse  du  tube  intes- 
tinal. 

Persea  gr.vtissima  (Amérique  trop.).  Les  Espagnols  appel- 


AKDRES    FRUITIERS    ET    PLAXTES    OFFICINALES.  447 

lent  le  fruit  de  cet  arbre  Avocate  ou  Poire  d'avocat;  il  est  ra- 
fraîchissant et  a  un  goût  de  noisette  très  prononcé. 

Ade.nostemox  iMTiDUM  (Chili).  Lcs  fruits  de  ce  petit 
arbre  sont  comestibles,  et  ses  graines  renferment  une  huile 
abondante. 

^  GiNNAMOMUM  ZEYLANICUM  (Gcylan).  Produit  la  cannelle,  dont 
l'emploi  est  si  varié. 

Camphora  offiginalis  (Chine  et  Japon).  Grand  et  bel  arbre, 
très  rustique  sur  le  littoral,  produit  le  camphre  du  commerce! 

Nectandra  guyanensis  (Guyane).  Grand  arbre,  dont  la 
médecine  retire  un  médicament,  sous  le  nom  de  Biribiri  ou 
bibifu. 


Lc^iiniiiicuso^i. 

Albizzia  anthelminthiga  (Brésil).  L'écorce  de  ce  bel  ar- 
buste est  employée  en  médecine,  contrôle  tœnia. 

Acacia  catechu  (Indes  orient.).  Écorce  usitée  en  méde- 
cine, comme  tonique  astringent,  sous  le  nom  de  cachou. 

Detarium  Senegalense  (Sénégambie).  Fruits  comestibles. 

Hymen.ea  verrucosa  (Madagascar).  Par  incision,  on  retire 
de  cet  arbre  une  gomme  insoluble  dans  l'eau,  mais  qui  le 
devient  dans  l'huile  de  lin.  On  l'emploie  énormément  dans  la 
fabrication  des  vernis. 

Hymen.ea  couRBARiL  (Guyaue).  Sert  en  médecine  comme 
anthelminlhique. 

Cassia  fistula  (Indes  orient.).  Le  fruit  ligneux,  nommé 
casse,  est  divisé  par  des  cloisons  transversales  ou  logettes, 
contenant  une  pulpe  noire  et  sucrée,  que  la  médecine  utilise 
comme  laxatif. 

Tamarindus  indigus  (Indes  orient.).  En  médecine  on  lait 
usage  des  fruits  de  cet  arbre,  sous  le  nom  de  tamarin; 
c'est  en  outre  un  aliment  recherché  des  populations  orien- 
tales. 

Castanospermum  australe  (Australie).  Grand  arbre,  pro- 
duisant des  fruits  comestibles  connus  sous  le  nom  de  chà- 
laig?ics  d'Australie. 


4-48  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

SoPHORA  TOMENTOSA  (Indes  Orient.).  Lorsque  le  choléra  sé- 
vit dans  l'Inde,  on  emploie  les  graines  et  la  racine  de  cet 
arbre  pour  arrêter  les  vomissements  de  cette  terrible  ma- 
ladie. 

Myroxylon  toluiferum  (Pérou).  La  médecine  emploie 
beaucoup  le  suc  de  cette  plante,  sous  le  nom  de  baume  de 
Tolu. 

Coumarouna  odorata  (^Guyane).  Fournit  la  Fève  de  Tonka. 

Dalbergia  latifolia  (Brésil).  Donne  au  commerce  de  l'é- 
bénisterie  le  précieux  bois  de  palissandre. 

Myroxylon  peruiferum  (Amérique  cent.).  Cet  arbre  donne 
par  incision  le  baume  du  Pérou. 

Pterogarpus  draco  (Indes  orient.).  C'est  cet  arbre  qui 
fournit  la  dro,uue  connue  sous  le  nom  de  sang  dragon. 

VoANDZEiA  subterranea  (Madagascar).  C'est  l'un  des  ali- 
ments les  plus  précieux  pour  les  indigènes  de  Madagascar, 
où  on  le  cultive  en  grand,  et  donnant  comme  V Arachide  de 
terre  (Arachis  hypogea),  vulgairement  appelée  Cacaûette, 
un  Irait  hypogé  et  alibile  mûrissant  sous  terre. 

Les  Indigofera  Aml,  tinctoria,  argentea,  arbrisseaux  de 
l'Asie  tropicale,  donnent  un  piincipe  colorant  bleu,  connu 
sous  le  nom  d'indigo,  et  qui  est  le  résultat  de  la  fermentation 
des  feuilles. 

Crotalaria  jungea  (Bengale).  Les  libres  textiles  de  cet  ar- 
buste fournissent  une  excellente  filasse. 

Pterogarpus  erinaceus  (Afrique).  Produit  le  Kino. 

Pterogarpus  marsupium  (Indes  orientales).  C'est  l'espèce 
qui  fournil  le  Kino  des  Indes,  d'après  les  démonstrations  du 
docteur  Boyle. 

Erythrina  monosperma  (Indes  orient.).  Produit  une  sorte 
de  laque. 

PisciDiA  erythrina  (Jamaïque).  Les  racines  et  l'écorce  de 
ce  grand  arbre  sont  employées  pour  empoisonner  le  poisson  ; 
elles  donnent  en  outre  une  teinture  douée  de  propriétés  nar- 
cotiques et  diurétiques. 

•  DiALiuM  iNDicuM  (Indes  oricut.).  Les  gousses  de  cet  arbre, 
connues  sous  le  nom  de  Prunes  de  tamarin,  contiennent 


ARBRES   FRUITIERS   ET   PLAJ^TES    OFFICINALES.  449 

une  pulpe  agréable,  bien  supérieure  à  celle  du  Tamarindus 
indiens. 

Parkinsonia  aculeata  (Indes  orient.).  Les  fibres  de  cet  ar- 
buste sont  très  propres  à  la  fabrication  du  papier. 

C.ESALPiNiA  OLEuSPERMA  (Indcs  Orient.).  Les  graines  ibur- 
nissentpar  expression  une  buile  abondante. 

PiTHECOLOBiUM  (I nga)  Saman  (Amérique  tropicale).  Vul- 
gairement appelé  arbre  à  pluie  ;  ses  feuilles  laissent  exsuder 
pendant  les  fortes  chaleurs  de  l'été,  une  eau  claire  et  lim- 
pide, entretenant  constamment  la  terre  humide,  dans  son 
rayon. 

GuiLANDiNA  BONDuc  (ludes  occident.).  Les  graines  sont  un 
puissant  émétique. 

Gajanus  iNDicus  (Indes  orient.).  Légume  excellent  et  très 
nutritif  par  les  graines  que  contiennent  ses  gousses,  et  qui  sera 
certainement  rustique  en  Algérie,  comme  le  démontrent  nos 
expériences  à  Vlnstitut  agronomique  de  Tipaza. 

Albizzia  Lebbeck  (Indes  orient.).  Bois  noir,  excellent  pour 
l'ébénisterie  d'art. 

Acacia  verek  (Arabie).  Produit  la  gomme  arabique. 

Aloexylon  agallociium  (Cochinchine).  Bois  veiné,  rési- 
neux, aromatique,  vulgairement  appelé  bois  d'Aloès,  brûlant 
avec  une  flamme  vive,  et  répandant  une  odeur  exquise. 

Cassia  moschata  (Indes  orient.).  Arbre  aux  proportions  gi- 
gantesques, dont  les  cosses,  longues  de  50  à  GO  centimètres, 
pourraient  être  utilisées  dans  la  parfumerie,  à  cause  de  l'odeui- 
de  musc  très  pénétrante  qu'elles  contiennent. 

Cassia  obovata  (Egypte). 

Cassia  acutifolia  (Syrie). 

Cassia  lanceolata  (Arabie). 

Ces  trois  arbrissseaux,  dont  les  feuilles  contiennent  un  prin- 
cipe purgatif  actif,  sont  très  usitées  en  médecine,  sous  le  nom 
de  séné. 

Cassia  absus  (Egypte).  Les  graines  de  cet  arbuste  sont  em- 
ployées par  les  médecins  égyptiens  pour  guérir  les  ophlhai- 
mies. 

C.ESALPINIA  MELANOCARPA  (Paraguay).  Des  graines  de  cet 

4'  SÉRIE,  T.  m.  —  Septembre  1886.  29 


450  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCGLIMATATION. 

arbre  ont  été  distribuées  par  la  Société  d'Acclimatation  de 
France.  D'après  les  renseignements  fournis  par  M.  Balansa, 
cet  arbre  fournit,  après  quinze  années  de  plantation,  une 
grande  quantité  de  gousses,  remplies  de  lanin. 

Andira  racemosa  (Amérique  trop.).  Employé  comme  émé- 
lique,  purgatif,  narcotique  et  vermifuge. 

Butea  frondosa  et  superba  (Asie  tropicale).  Ces  deux 
arbres  fournissent  par  incision  la  gomme  kino  d'Orient. 

Paciiyrrhisus  angulatus  (Indes  orient.).  Haricot  tubercu- 
leux. Celte  plante  extraordinaire,  produit  une  racine  piri- 
lorme,  de  la  grosseur  d'une  grosse  poire,  peu  farineuse,  con- 
tenant plutôt  une  sorte  d'albumen  gluant,  mais  ferme. 

Les  graines  très  dures  germent  au  bout  de  dix  à  quinze 
jours,  et  donnent  leurs  fruits  au  bout  de  cinq  à  six  mois.  Ces 
racines,  tendres,  au  goût  fin  et  délicat,  auxquelles  on  enlève 
seulement  l'épiderme,  cuites  à  l'eau  et  mangées  en  sauce 
blanche,  sont  exquises.  A  notre  avis,  c'est  l'un  des  mets  que 
nous  voudrions  voir  sur  toutes  les  tables,  à  cause  de  ses  pro- 
priétés nutritives. 

Pour  mûrir  son  tubercule,  la  nature  l'a  doué  de  la  singu- 
lière propriété  de  s'enfoncer  en  terre  à  une  assez  grande 
profondeur  (^0  à  85  centimètres),  quoique  les  graines  aient 
été  déposées  à  8  ou  10  centimètres  au  plus.  Des  essais  de- 
vraient être  tentés  pour  vulgariser  ce  haricot,  qui  donnera, 
nous  en  sommes  presque  certains,  des  produits  de  très 
bonne  qualité  sur  tout  le  littoral  méditerranéen. 

Les  graines  ne  sont  pas  comestibles,  et  sont,  paraît-il, 
suspectes. 

Liliacées. 

Smilax  salsaparilla  (Amérique  tropicale).  Les  racines  de 
cette  plante  grimpante  produisent  la  salsepareille,  dont 
l'usage  est  général  en  médecine;  il  en  est  de  même  des 
espèces  suivantes  :  Smilax  papyracea,  officinalis  et  sypiii- 
litica. 

Rhipogonum  sgandens  (Amérique  méridionale).  Les  volu- 


ARBRES    FRUITIERS    ET    PLANTES    OFFICINALES.  451 

mineuses  racines  de  cette  plante  sont  remplies  d'amidon  et 
sont  alimentaires. 

LuzuRiAGA  RADicANS  (Pérou  et  Chili).  Les  racines  sont  em- 
ployées au  Chili  et  au  Pérou  comme  succédanées  de  la  salse- 
pareille. 

Aloe  Parryi  (île  de  Socolora).  D'après  les  récentes  décou- 
vertes du  docteur  Schweinfurt,  le  meilleur  aloès  du  com- 
merce ne  serait  pas  retiré  des  espèces  suivantes  :  socotrina, 
ferox,  spicata,  plicatilis  et  arborescens,  mais  bien  de  I'Aloe 
Parryi. 

Lawsoma  alra  (Indes  orientales).  Cultivé  sur  une  grande, 
échelle  en  Egypte,  à  cause  du  principe  colorant  des  feuilles, 
que  les  l'emmes  de  l'Orient  emploient  pour  teindre  leurs 
ongles.  Sa  racine  donne  aussi  une  couleur  rouge,  utilisée  à  la 
teinture  du  cuir.  Il  en  est  de  même  du  Lawsonia  spinosa,  du 
même  pays. 

Magnoliacées. 

Drimys  AVinteri  (Amérique  australe). 

Drdiys  gr.\natensis  (Nouvelle-Grenade). 

Dri.mys  axillaris  (Nouvelle-Zélande). 

Tasmannia  aromatica  (Nouvelle- Hollande)  et  surtout  les 
Illicium  anisatum  et  religiosum,  de  la  Chine,  produisent 
l'anis  étoile,  entrant  dans  la  composition  de  l'anisette  de  Bor- 
deaux, et  employé  en  médecine.  Acclimatation  certaine,  sur 
tout  le  littoral  méditerranéen. 

{A  suivre.) 


II.  TRAVAUX  ADRESSES   ET   COMMUN[C:illONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ- 


SUR  U.N 

YOL  REMARQUABLE  DE  PIGEONS  VOYAGEURS 

Par  M.   le  docteur  T.    C.  WINKLER 


L'utilité  des  Pigeons  voyageurs  comme  messagers  en  tein})s 
de  guerre  est  désormais  reconnue  généralement:  l'iuslincl 
admirable  de  cet  oiseau  est  utilisé  partout  aujourd'hui,  et  en 
fait  le  messager  le  plus  sûr  pour  la  transmission  des  dépêches 
entre  une  place  assiégée  et  un  autre  point  du  pays,  indépen- 
dant de  l'armée  de  l'ennemi.  Toutefois,  si  l'on  dispose  de  Pi- 
geons voyageurs  qui  soient  dressés  à  voler  d'un  certain  endroit 
vers  une  place  forte,  on  est  néanmoins  forcé  de  faire  porter 
auparavant  les  oiseaux  vers  un  lieu  déterminé  en  dehors  de 
l'enceinte  assiégée;  et,  si  l'on  possède  des  Pigeons  dressés  à 
voler  vers  quelque  lieu  en  dehors  d'une  fortification,  il  est 
nécessaire  de  les  faire  transporter  auparavant  dans  cette  en- 
ceinte. On  devait  donc  chercher  à  obtenir  des  Pigeons  voya- 
geurs dressés  à  s'envoler  d'un  certain  point  vers  un  autre  et  à 
retourner  spontanément  vers  le  lieu  de  départ.  Cet  intéressant 
problème  a  été  victorieusement  résolu  par  un  habile  dresseur 
de  Pigeons  voyageurs  à  Ilaarlem  (Pays-Bas),  M.  Bronkhorsl. 
Cet  amateur  de  Pigeons  voyageurs  a  réussi  à  dresser  des  Pi- 
geons à  voler  de  Leyde  à  Ilaarlem  et  à  retourner  d'eux-mêmes 
de  Haarlem  à  Leyde.  Tous  les  colombophiles  me  sauront  gré 
de  citer  ici  un  vol  très  remarquable  de  quatre  Pigeons  voya- 
geurs de  M.  Bronkhorst,  dont  j'ai  eu  le  plaisir  d'être  person- 
nellement témoin. 

Le  dimanche  27  mai,  à  deux  heures  du  soir,  je  me  ren- 
dais au  domicile  de  M.  Bronkhorst,  Groote  Houtstraat,  54,  à 
Haarlem  ;  j'y  trouvai  quelques  amateurs  de  Pigeons  voyageurs, 
invités  comme  moi.  M.  Bronkhorst  nous  dit  qu'il  possédait 


UN    VOL  REMARQUABLE    DE    PIGEONS    VOYAGEURS.         450) 

un  colombier  et  quelques  Pigeons  voyageurs  à  Leyde.  Ces  Pi- 
geons de  Leyde  étaient  gardés  et  observés  par  quelques  ama- 
teurs de  Pigeons  de  La  Haye,  membres  et  députés  de  la  So- 
ciété colombopliile  «  de  Ooievaar  »  à  La  Haye.  M.  Bronkhorst 
avait  invité  ces  messieurs  afin  de  leur  prouver  qu'il  était  bien 
réellement  en  possession  de  Pigeons  voyageurs  volant  volon- 
tairement de  Leyde  à  Haarlem  et  de  llaarlem  à  Leyde.  M.  Bronk- 
horst nous  dit  que  ses  Pigeons  seraient  mis  en  liberté  à  Leyde 
vers  deux  heures  environ  ;  qu'il  ne  doutait  point  de  leur  vol 
de  Leyde  à  Haarlem;  et  que,  par  conséquent,  il  les  attendait  à 
Haarlem  d'un  moment  à  l'autre,  la  distance  entre  les  deux 
villes  étant  de  30  kilomètres. 

A  deux  heures  vingt-cinq  minutes,  les  quatre  Pigeons  arri- 
vaient tous  simultanément;  ils  descendaient  immédiatement 
dans  le  colombier  et  commençaient  à  manger  avec  beau- 
coup  d'appétit.  Après  quelques  minutes  de  repos,  M.  Bronk- 
horst nous  présentait  les  voyageurs  :  1,  un  mâle  bleu  écaillé, 
avec  une  plume  blanche  dans  l'aile;  2,  une  femelle  bleue, 
3,  un  mâle  bleu,  et  4,  une  femelle  bleue  écaillée.  Le  n"  1 ,  un 
Pigeon  magnifique,  a  déjà  volé  de  Lyon  à  Haarlem,  et  a  été 
orné  d'une  médaille  à  l'exposition  de  Pigeons  voyageurs  de 
Rotterdam,  en  1883.  Ces  quatre  Pigeons  portaient  sur  les  ailes 
les  marques  des  amateurs  de  La  Haye,  apposées  à  Leyde  ;  le 
mâle  bleu  écaillé  portait  en  outre  à  la  queue  une  dépêche  qui 
disait  que  les  marques  étaient  apposées  et  que  les  oiseaux 
étaient  mis  en  liberté  à  Leyde  à  une  heure  cinquante-cinq 
minutes.  Par  conséquent,  ils  avaient  fait  le  trajet  en  trente 
minutes. 

Deux  des  colombophiles  présents  apposèrent  leurs  marques 
sur  les  ailes  des  Pigeons  à  côté  des  autres,  et  à  la  queue  de 
l'un  des  oiseaux  fut  attachée  une  dépêche,  mentionnant  la 
bonne  arrivée  à  Haarlem.  Les  Pigeons,  mis  de  nouveau  dans 
leur  colombier,  commençaient  derechef  à  manger  avidement. 
A  trois  heures  dix  minutes,  c'est-à-dire  trois  quarts  d'heure 
après  leur  arrivée  de  Leyde,  M.  Bronkhorst  retiraitl'obstacle  qui 
empêchait  les  oiseaux  de  quitter  le  colombier,  et  à  l'instant 
môme  les  quatre  Pigeons  quittaient  spontanément  le  trébu- 


4.54-  SOCIÉTÉ    .NAllOiNALE    D'aCGLIMATATION. 

(•het,  s'élevaient  vigoureusement  dans  l'air,  et  bientôt  ils 
étaient  hors  de  vue. 

M.  Bronkhorst  avait  prié  qu'on  lui  envoyât  une  dépêche 
télégraphique  aussitôt  que  ses  Pigeons  seraient  de  retour  à 
Leyde,  et  à  notre  grande  satisfaction  nous  avions  le  plaisir  de 
recevoir  l'avis  que  les  quatre  Pigeons  étaient  arrivés  simulta- 
nément à  Leyde  à  trois  heures  cinquante  minutes,  et  que  par 
conséquent  ils  avaient  fait  le  retour  en  vingt  minutes. 

De  tous  les  faits  que  je  viens  de  rapporter,  ont  été  dressés 
des  procès-verbaux,  tant  à  Ilaarlem  qu'à  Leyde,  et  tous  les 
amateurs  de  Pigeons,  qui,  dans  les  deux  villes,  ont  été  témoins 
de  ce  vol  de  va-et-vient  très  intéressant,  les  ont  certifiés  de 
leur  signature. 

M.  Bronkhorst  nous  affirmait  ensuite  qu'il  possédait  une 
paire  de  Pigeons  voyageurs  qui,  depuis  neuf  mois,  volaient 
journellement  de  Leyde  à  Haarlem  et  de  Haarlem  à  Leyde  sans 
la  moindre  contrainte,  et  parfaitement  de  leur  propre  volonté. 
Il  possède  désormais  quatre  Pigeons  qui  vont  et  viennent 
entre  ces  deux  stations.  M.  Bronkhorst  prétend  que  par  sa 
manière  ou  sa  méthode  de  dresser  ses  Pigeons,  leur  instinct 
et  leur  sagacité  se  développent  admirablement;  qu'ils  volent 
par  tout  temps,  en  hiver  comme  en  été  ;  qu'ils  ne  se  perdent 
que  rarement;  s'il  pleut  ou  s'il  fait  un  brouillard  épais,  ils 
volent  de  même  sans  attendre  le  retour  du  beau  temps  ou 
la  disparition  du  brouillard.  Mais,  quand  je  questionnai 
M.  Bronkhorst  sur  la  manière  dont  il  dressait  ses  Pigeons,  il 
me  répondit  :  «  C'est  mon  secret,  monsieur.  » 

J'ai  cru  être  agréable,  non  seulement  aux  colombophiles, 
mais  aussi  aux  amateurs  de  l'histoire  naturelle  du  Pigeon,  en 
rapportant  ici  ces  faits  très  remarquables  et  bien  constatés. 


m.  EXTRAITS  DES  PROCÈSUERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ- 


SÉANCE  DU  CONSEIL  DU  20  AOUT  1886. 
Présidence  de  M.  le  marquis  de  Sinéty,  Vice-Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
vellement admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

MM.  PRÉSENT.^TEURS. 

BiLLERY     (Auguste),    négociant    à   Beaune  /  D'  Brocclii. 
(Côte-d'Or).  \  Lagrange. 

(  D'' Saint-Yves  Ménard. 

Blaauw  (F.-E.),  à  Amsterdam  (Pavs-Bas).      \   .'^     «-   ^ci  ■      ni  ■ 

'  .     j         /       ;  A.Geoffroy Saint-Hilaire. 

(  D""  Saint- Yves  Ménard. 

BoNNAFOS  (le  baron),  au  château  de  Viescamp       A.  Berthoule. 

par  la  Roquebrou  (Cantal).  F.  d'Humières. 

,  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

CoTTU,  propriétaire,   agriculteur,   155,  bou-  [  A.  Berthoule. 

levard  Haussmann  (Paris).  ]  A.  GeoffroySaint-Hilaire. 

[  D''  Saint-Yves  Ménard. 

FoNTENiER,  au  domaine   de  Beauvoir,    par  [  A.Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Pontorson  (Manche).  ]  Saint-Yves  Ménard. 

(  E.  Roger. 

PoTTUD   (Gabriel),   à   Mongeron   (Charente-  .   A.  Berthoule. 

Inférieure).  ^  A.  GeoffroySaint-Hilaire. 

[  Saint-Yves  Ménard. 

RiGAUD  (Jules),  propriétaire  à  Saint-Christol  {  A.  Berthoule. 

(Hérault).  •   A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

(  A.  Roche. 

Biquet  (Jean-Léopold),  propriétaire  à  Ori-  ,   A.  Berthoule. 

gnôles,   près    Montlieu     (Charente- Infé-  :  A.  GeoffroySaint-Hilaire. 

rieure).  \  Saint-Yves  .Ménard. 

—  M.  X.  Délavai  adresse  des  remerciements  au  sujet  de  sa 
récente  admission. 

—  Des  demandes  de  cheptels  sont  faites  par  MM.  le  major 
Turner,  D'  J.-J.  Lafon,  Albert  Orban,  comte  H.  de  Buis- 
serel,  H.  Gaillard  fils  et  le  marquis  de  Brisay. 


456  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

—  M.  J.  Cornély  adresse  du  château  de  Beaujardin  à  Tours 
une  note  sur  ses  élevages  de  1886  et  il  ajoute  : 

«  Les  Maras  {Dolichotis patagonica)  ont  reproduit  de  nouveau  dans 
mon  parc.  Ces  intéressants  Rongeurs  ont  donné  cette  fois  trois  jeunes.  > 

—  M.  A.  Audap  écrit  à  M.  le  Secrétaii^e  général  : 

«  Voici  les  renseignements  que  vous  me  demandez  sur  l'élevage  du 
canard  Pilet.  A  leur  arrivée  du  Jardin,  le  13  janvier  1877,  ces  oiseaux 
furent  installés  dans  un  bassin  circulaire  de  vingt  mètres  de  diamètre 
avec  pentes  gazonnées  et  entouré  d'un  grillage  d'un  mètre  de  haut.  Le 
côté  exposé  au  levant  oîi  se  trouve  située  l'entrée,  forme  une  plate-forme 
de  deux  ou  trois  mètres  de  long,  ornée  d'un  bout  d'une  touffe  de  gyne- 
rium  et  de  l'autre  d'iris  jaune.  Le  côté  exposé  au  midi,  gazonné  et  orné 
seulement  par  la  touffe  de  gyneriuni  de  l'entrée  et  deux  pieds  de  Yucca 
pendilla,  servit  à  établir  le  nid;  c'est  au  pied  de  l'un  de  ces  Yuccas  que 
la  cane  établit  ce  premier  nid.  Les  deux  premières  feuilles  entremêlées 
aux  herbes  du  gazon  furent  écartées  par  la  cane,  un  trou  rond  creusé  au 
pied  et  entouré  de  feuilles  mortes  et  d'herbe  sèche,  garni  à  l'intérieur 
d'un  peu  de  duvet  qui  augmenta  à  mesure  que  la  ponte  avançait.  Lors- 
que la  cane  change  ses  heures  de  ponte  et  se  tient  sur  son  nid  de  deux 
à  trois  heures  de  l'après-midi,  cela  indique  que  la  ponte  est  près  de 
finir  et  qu'il  est  temps  d'enlever  les  œufs,  en  en  laissant  seulement  deux, 
si  l'on  veut  obtenir  la  continuation  de  la  ponte.  La  couvée  comporte  de 
douze  à  treize  œufs.  Il  faut  attendre  quelques  jours  avant  de  faire  cou- 
ver les  œufs  par  une  poule,  et  observer  la  cane  pour  être  sûr  qu'elle 
continue  de  pondre.  Si  le  soir  elle  reste  sur  le  nid,  c'est  qu'elle  n'a  plus 
qu'un  œuf  à  pondre,  et  le  lendemain  on  enlève  le  reste  des  œufs,  et  on 
les  met  tous  ensemble  sous  une  poule.  Quelque  temps  après  elle  fait 
une  seconde  ponte  si  le  temps  est  convenable. 

»  Ayant  transféré  mes  canards  dans  une  autre  propriété,  ils  furent  éta- 
blis dans  une  basse-cour  de  trente-huit  mètres  de  long  sur  trente  do 
large  et  clos  de  mur.  Dans  cette  cour  était  un  bassin  de  vingt  mètres 
sur  dix,  avec  bords  gazonnés  du  côté  du  levant  plantés  de  roseaux  et 
bambous.  Ils  étaient  dans  cette  cour  avec  d'autres  volailles.  Des  nids 
faits  en  rouche  ont  été  placés  le  long  du  mur,  exposé  à  l'est  et  ont  servi 
à  la  ponte. 

»  Dans  ces  conditions  les  couvées  réussissent  bien.  La  ponte  a  lieu  du 
15  avril  au  15  mai.  11  faut  avoir  soin  de  surveiller  la  naissance  qui  a 
lieu  le  vingt-septième  ou  vingt-huitième  jour  de  l'incubation,  pour  em- 
pêcher les  petits  d'aller  à  l'eau.  On  transporte  la  mère  et  ses  petits 
dans  une  cabane  d'environ  2  mètres  sur  70  centimètres  située  au  levant, 
grillagée  à  partir  de  50  centimètres  du  sol  et  garnie  dans  un  coin  d'une 
botte  de  rouche.  On  leur  donne  pour  nourriture  une  pâtée  d'œufs  durs, 
mie  de  pain  et  salade  coupée;  on  leur  met  de  l'eau  autour  d'une  sou- 


PROCÈS-VERBAUX. 


4-57 


coupe  renversée  dans  une  assiette  avec  quelques  lentilles  d'eau;  on 
donne  à  la  mère  du  sarrasin  et  de  la  mie  de  pain.  Celte  pâtée  se  donne 
tous  les  jours  trois  fois,  à  huit  heures,  onze  heures  et  trois  heures. 
Pendant  trois  ou  quatre  jours  on  ne  les  laisse  pas  aller  à  l'eau.  Si  leur 
mère  est  une  poule,  on  les  établit  dans  une  boîte  d'élevage  auprès 
d'une  pelouse  et  on  les  y  laisse  également  trois  ou  quatre  jours. 
Après  ce  temps,  si  c'est  la  cane  qui  les  conduit,  on  peut  les  laisser  à 
l'eau,  en  les  ramenant  aux  heures  de  repas,  et  on  les  y  laisse  jusqu'au 
coucher  du  soleil,  tant  que  volent  les  insectes  ;  si  c'est  une  poule,  on  l'éta- 
blit avec  sa  boîte  d'élevage  au  bord  du  bassin  et  .les  petits  viennent 
prendre  leurs  repas.  Le  soir  on  les  renferme  avec  la  poule  dans  la 

boîte. 

»  Gomme  je  vous  l'ai  déjà  dit,  ils  vivent  en  pleine  liberté  et  ne  sont 
rentrés  que  lorsqu'on  craint  les  animaux  nuisibles.  J'ai  pour  cette  an- 
née trois  paires  de  canards,  dont  une  chez  moi  depuis  1877,  une  de 
1884  ayant  produit  et  une  de  1885. 

»  Je  suis  arrivé  à  la  reproduction  régulière  et  à  la  familiarité  aussi 
grande  que  celle  du  sauvage  domestique;  ils  viennent  à  mon  appel 
manger  à  mes  pieds  :  les  petits  sont  plus  rustiques  et  plus  faciles  à 
élever  que  ceux  du  canard  sauvage  domestiqué. 

j  Mon  but  est  de  contribuer  à  répandre  de  plus  en  plus  ce  beau  canard 
d'ornement  et  en  le  rendant  plus  commun  de  l'amener  à  une  complète 
domesticité  et  d'en  faire  une  ressource  alimentaire. 

»  A  partir  de  cette  année  je  ne  leur  ferai  plus  subir  l'opération  de 
l'éjointage,  je  me  contenterai  à  la  mue  d'été  de  leur  supprimer  quel- 
ques plumes  à  une  aile,  pour  leur  faire  perdre  le  goût  des  voyages  et  les 
amener  à  la  domesticité  complète.  » 

—  M.  le  marquis  de  Scey  de  Brun  adresse  une  demande 
d'œufs  de  Truite  arc-en-ciel  et  de  Poisson-chat,  d'Amé- 
rique. 

—  M.  Truchot,  directeur  de  la  station  agi^onomique  de 
Clermonl-Ferrand,  lait  parvenir  les  réponses  au  question- 
naire sur  la  piscicultui^e  dans  le  Puy-de-Dôme. 

—  M.  Jean  Raptakis  sollicite  des  œufs  de  Ver  à  soie  pour 
envoyer  en  Grèce. 

—  M.  de  Gonfévron  signale  une  larve  qui  vit  dans  des  eaux 
à  température  élevée.  —  Renvoi  à  la  A'  section. 

—  M.  Leroy  (d'Oran)  demande  les  graines  dont  la  Société 
peut  disposer  pour  l'Algérie. 

Dans  une  autre  lettre,  .M.  Leroy  remercie  des  graines  qui 
lui  ont  été  envoyées. 


458  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

—  M.  Gabriel  Regnard,  vice-secrétaire  de  la  Société  d'Ac- 
climatation de  l'île  Maurice,  écrit  à  M.  le  Secrétaire  général  : 

«  Profitant  d'un  voyage  en  France,  j'ai  eu  l'occasion,  il  y  a  deux  ans, 
de  faire  un  séjour  de  plusieurs  semaines  en  Provence  et  d'apprécier  le 
délicieux  climat  de  Cannes  et  de  Nice.  J'eus  l'idée  alors  de  vous  envoyer 
aussitôt  mon  retour  ici  quelques  graines  des  plantes  et  arbres  de  notre 
climat,  afin  que  vous  puissiez  essayer  de  les  acclimater  en  France  et  en 
Algérie.  Je  n'avais  pas  eu  jusqu'à  présent  le  loisir  de  m'en  occuper,  et 
je  viens  aujourd'hui  vous  prier  de  me  permettre  de  vous  offrir  des  graines 
d'un  de  nos  légumes  les  plus  appréciés,  me  réservant  de  vous  envoyer 
sous  peu  la  façon  dont  nous  le  faisons  accommoder. 

»  Ce  légume,  que  vous  devez  connaître  sans  nul  doute,  est  le  Luffa 
acutangula,  que  nous  appelons  vulgairement  ici  la  «  Papangay  ».  De 
la  même  famille  que  les  Concombres,  ce  légume  file  de  même  et  produit 
de  la  même  façon.  Je  crois  que  ce  légume  se  plaira  beaucoup  dans  le  midi 
de  la  France  et  en  Algérie.  Faites-en  l'essai. 

ï  Je  voulais  vous  envoyer  par  la  même  occasion  d'autres  graines, entre 
autres  celles  d'un  arbre  magnifique  que  nous  possédons  ici,  VArtocarpus 
integrifolia,  dont  le  bois,  d'un  beau  jaune,  sert  à  faire  des  meubles 
magnifiques,  et  dont  la  graine,  rappelant  comme  goût  la  châtaigne,  est 
très  bonne  à  manger,  bouillie  dans  du  sel  ;  mais  j'ai  craint  qu'en  retar- 
dant mon  envoi  la  saison  ne  fût  trop  avancée  pour  la  «  Papangay  j>. 

»  A  une  autre  occasion  le  plaisir  de  tenir  ma  promesse.  » 

—  MM.  de  la  Brosse,  Léopold  Dupuy,  L.  Fuzier-Hermann, 
Ch.  Gourraud,  A.  Audap  et  Braun  adressent  des  comptes 
1  eadus  de  leurs  cheptels. 

Pour  le  Secrétaire  du  Conseil, 
Jules  Grisard, 
Agent  générnl. 


IV.  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE. 


La  cause  du  verdissement  des  Huîtres. 

iM.  Certes,  vice-président  de  la  Société  zoologique  de  France,  bien 
connu  par  ses  études  sur  les  Protozoaires  et  en  particulier  sur  les  para- 
sites ou  les  commensaux  de  l'Huître,  publie  dans  la  Revue  scientifique 
du  10  avril  1886,  la  notice  suivante.  Celte  notice,  que  M.  Jules  de  Guerne 
a  signalée  le  7  avril  1886,  dans  la  dernière  séance  de  la  3«  section, 
comme  devant  prochainement  paraître,  mérite  d'être  reproduite  ici;, 
elle  établit  les  droits  de  priorité  incontestables  d'un  ostréiculteur  fran- 
çais, aussi  savant  que  modeste,  M.  Puységur.  Les  journaux  politiques 
eux-mêmes  ayant  analysé  le  travail  de  iM.  Hay  Lankester,  il  a  paru 
d'autant  plus  nécessaire  d'appeler  à  nouveau  l'attention  sur  les  intéres- 
santes recherches  de  notre  compatriote. 

La  Revue  scientifique  du  20  février  dernier  a  donné  une  analyse 
étendue  d'un  récent  travail  de  M.  P»ay  Lankester  sur  la  viridilé  des 
Huîtres  (1).  A  ne  consulter  que  ce  travail,  bien  que  l'Huitre  verte  soit 
un  produit  exclusif  de  nos  côtes,  les  observateurs  français  n'auraient 
pas  su  résoudre  définitivement  le  problème  zoologique  et  physiologique 
qui  leur  était  posé. 

Il  n'en  est  rien.  Dès  1880,  dans  une  Notice  sur  le  verdissement  des 
Huîtres  (2),  M.  G.  Puységur  avait  démontré  par  des  expériences  de  la- 
boratoire, entreprises  en  collaboration  avec  M.  Bornet,  et  par  des  cul- 
tures en  grand  dans  les  parcs  du  Croisic  qu'il  a  créés,  la  réalité  de  l'hy- 
pothèse qui  attribue  la  viridité  de  l'Huître  au  pigment  d'une  diatomée 
dont  elle  fait  sa  nourriture.  Bien  avant  M.  Bay  Lankester,  M.  G.  Puységur 
a  très  exactement  décrit  et  figuré  cette  diatomée  {Navicula  fusiformis 
ostrearia  Grunow),  dont  «  le  liquide  cellulaire,  au  lieu  d'être  incolore, 
est  d'un  très  beau  bleu  d'azur  î.  H  n'a  nullement  négligé  l'examen  du 
tube  digestif  et  a  trouvé  de  nombreuses  carapaces  de  Nacicula  fusifor- 
mis ostrearia. 

C'est  après  avoir  accumulé  des  preuves  de  toute  nature  de  ractioii 
de  la  Navicula  sur  l'Huître  que  Puységur  conclut  qu'il  y  a  lieu  d'éli- 
miner définitivement  «  toutes  les  autres  causes  au.xquelles  des  conjec- 
tures laborieusement  enfantées  avaient  attribué  ce  phénomène  si 
simple  î. 

«  H  est  évident,  de  plus,  ajoute  Puységur,  que  l'absorption  par  le 
mollusque  de  la  matière  colorante  est  directe  et  que  le  phénomène  se 
passe  dans  l'intérieur  même  de  l'être.  Si,  en  effet,  il  y  avait  dissolution 

(!)  On  the  jjreeii  Oyslers  {Quarleiiy  Journal  of  niicroscopical  sciences,  no- 
vembre 1885). 
(!2j  Revue  maritime  et  coloniale,  février  1880. 


460  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACGLIMATATION. 

dans  l'eau  salée  de  la  matière  colorante,  l'eau  se  colorerait  pendant 
que  les  diatomées  se  décoloreraient.  Or  il  n'en  est  rien.  Dans  l'eau 
douce,  au  contraire,  la  dissolution  de  la  matière  colorante  et,  par  suite, 
la  décoloration  des  corpuscules  est  immédiate.  Une  seule  goutte  d'eau, 
jetée  sur  le  porte-objet  du  microscope,  en  fait  disparaître  instantané- 
ment la  couleur.  Enfin,  si  l'on  trempe  dans  de  l'eau  douce  où  l'on  a  dé- 
posé de  ces  diatomées  colorées  un  morceau  de  papier  à  filtrer  et  qu'on 
le  fasse  ensuite  sécher,  il  présente  absolument  la  coloration  des  Huîtres 
vertes.  » 

Cette  dernière  expérience,  qui  appartient  en  propre  à  Puységur,  est 
tout  à  fait  démonstrative. 

11  n'y  a  donc  de  vraiment  nouveau,  dans  le  travail  de  M.  Ray  Lankes- 
ter,  que  l'étude  histologique  des  tissus  colorés  de  l'Huître  et  l'hypo- 
thèse que  certaines  cellules  épithéliales  des  branchies,  cellules  migra- 
trices à  mouvements  amiboïdes,  bien  connues  de  tous  ceux  qui  ont  traité 
l'Huître  et  le  contenu  de  son  tube  digestif,  sont  le  lieu  d'élection  de  la 
matière  colorante  qu'elles  extrairaient  du  sang  de  l'animal. 

A  ce  propos,  il  me  sera  permis  de  rappeler  que  j'ai  déjà  signalé  à  la 
Société  zootogique  de  France  (1)  que  l'on  pouvait  faire  absorber  à  des 
Huîtres,  sans  les  tuer,  certaines  couleurs  d'aniline  et  même  des  sub- 
stances médicamenteuses,  telles  que  l'iodure  de  potassium.  Dans  les 
Huîtres  vertes,  bleues,  violettes  colorées  artificiellement,  comme  dans 
les  Huîtres  vertes  de  Marennes,  la  coloration  se  localise  dans  les  bran- 
chies et  dans  les  tentacules  buccaux. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  lacune  que  présente  le  travail  de  M.  Ray  Lan- 
kester,  en  ce  qui  touche  les  recherches  de  G.  Puységur,  se  comprend 
d'autant  moins  que  la  notice  de  ce  dernier  a  été  analysée  tout  au  long 
dans  le  journal  anglais  Nature  (i)  etqu'elle  figure  dans  la  bibliographie 
donnée,  eu  1881,  dans  un  travail  classique  sur  l'Huître,  par  la  station 
zoologique  néerlandaise  (3). 

A.  Certes. 


(1)  Bulletin  de  la  Société  ^ool.  de  France,  séance  du  28  avril  1885,  procès- 
verbaux,  p.  XXXI,  ai  Bulletin  scientifique  de  VUniversité  royale  de  Pavie,  juin 
1885,  p.  54. 

(2)  Tlie  Green  colour  of  Oyster,  by  H.  M.  C.  Oct.  7,  1880,  XX,  p.  549. 

(3)  Over^icld  van  de  lileratuur  op  de  Oester  en  haar  culttiur  betrekking 
hebbe7ide.  Uitgegcven  door  de  Commissie  voor  het  Zoologisch  Station  den 
nederlandsche  dierkundige  verceniging.  Leiden,  1881,  p.  69. 

Le  travail  de  M.  Puységur  a  été  reproduit  en  outre  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  ostréicola  d'Auray,  1880,  i"  et  5"  bulletins.  Enfui,  M.  1*.  Brochi,  dans 
son  Traité  d'odréiculture  (Paris,  1883),  donne,  pages  Ui-146,  plusieurs  extraits 
étendus  du  mémoire  de  M.  Puységur. 


V.  BIBLIOGRAPHIE. 


Abrégé  de  gé«Iog;io,  par  .%.  de  Lnpparent,  aveC  126  gravUi'CS  et  une 
carte  géologique  de  la  France  imprimée  en  couleur.  Paris,  1886.  Lib. 
Savy,  in-18. 

Le  génie  de  l'homme,  qui  a  fait  de  si  merveilleuses  découvertes,  est 
cependant,  à  certains  égards,  enfermé  entre  d'étroites  barrières  qu'il 
est  impuissant  à  franchir  :  dans  les  airs,  il  s'élève  péniblement  à  quel- 
ques milliers  de  mètres;  au-dessous  de  lui,  à  peine  a-t-il,  dans  ses 
investigations  souterraines,  entr'ouvert  l'écorce  terrestre.  Aussi  que  de 
mystères  dans  la  création  qui  paraissent  encore  aujourd'hui  insondables! 
Quelle  puissance  suprême  a  présidé  à  l'organisation  des  mondes? 
Quel  est  leur  âge?  Quelle  a  été  la  succession  des  bouleversements  dont 
on  retrouve  partout  les  traces  ?  Quelle  force  produit  ceux  dont  nous 
sommes  chaque  jour  témoins?  Autant  de  questions  bien  faites  pour  solli- 
citer la  science. 

M.  de  Lapparent  s'est  voué  à  la  solution  de  ces  grands  problèmes,  et 
il  y  a  procédé  avec  une  clarté  d'exposé,  une  sûreté  de  jugement,  une 
force  de  déduction  qui  seules  peuvent  naître  des  longues  études  et  du 
profond  recueillement  d'un  esprit  élevé  Son  Abrégé  de  (jéologle  n'est 
que  le  résumé  très  succinct  d'un  ouvrage  considérable  dont  la  lecture 
n'est  sans  doute  pas  abordable  pour  tous,  mais  auquel  celui-ci  peut 
servir  de  préparation;  néanmoins,  malgré  ses  proportions  réduites,  il 
donne  l'histoire  de  notre  globe  encore  assez  complète  pour  qu'après 
l'avoir  lue  on  en  connaisse  les  éléments  essentiels,  et  qu'on  ait  le  désir 
d'en  apprendre  les  détails  :  ainsi  d'un  vaste  paysage  vu  de  loin, 
dont  l'œil  soupçonne  les  beautés,  bien  qu'il  n'en  distingue  nettement 
que  les  grandes  lignes. 

L'étude  de  l'architecture  de  la  terre  et  son  histoire  sont  intimement 
liées,  l'une  conduit  à  l'autre;  à  mesure  qu'il  pénètre  à  travers  les 
couches  successives  qui  la  constituent  comme  les  assises  d'un  monument, 
le  géologue  découvre  au  savant  autant  de  pages  de  cette  histoire  mer- 
veilleuse, en  lui  permettant  de  reconnaître  «  l'ordre  suivant  lequel  les 
matériaux  du  globe  ont  été  disposés  dans  le  temps  et  dans  l'espace». 
Toutefois,  avant  de  pénétrer  dans  les  ténèbres  du  passé,  l'auteur  prend 
soin  de  bien  éclairer  le  présent  eu  exposant  rapidement  les  faits  désor- 
mais acquis  à  la  science. 

Le  globe  terrestre  présente  des  reliefs,  énormes  d'apparence,  dont 
quelques-uns  sont  inaccessibles,  et  des  profondeurs  de  mer  souvent 
insondables;  et  pourtant  les  inégalités  de  la  surface  qui  représentent 
à  peine  la  700*'  partie  de  son  rayon,  sont  tellement  insensibles,  eu  égard 
à  sa  grandeur,  que,  ramené  à  une  petite  échelle,  il  paraîtrait  aussi  uni 
qu'une  boule  d'ivoire  !  Malgré  l'apparente  stabilité  de  ses  formes  exté- 
rieures, il  subit,  au  moins  dans  son  écorce,  des  transformations  que  la 


462  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

brièveté  de  la  vie  humaine  ne  nous  permet  pas  de  remarquer,  transfor- 
mations considérables  et  profondes  cependant,  dont  les  puissants  agents 
dynamiques  ont  leur  foyer  de  reproduction,  soit  extérieurement,  soit 
dans  ses  mystérieuses  entrailles. 

La  dynamique  externe  est  ainsi  définie  :  c  C'est  la  réaction  exercée  sur 
l'écorce  solide,  à  la  faveur  de  la  chaleur  du  soleil,  par  les  éléments  fluides 
extérieurs,  atmosphère,  océan  et  eaux  courantes.  » 

Ainsi  voit-on  les  vagues,  enflées  par  la  tempête,  se  précipiter,  suivan  t 
une  juste  expression,  à  l'assaut  des  rivages,  activant  leur  érosion,  pour- 
suivie par  les  marées.  Les  grands  vents  transportent  au  loin  les  sables 
du  désert,  élevant  de  véritables  montngnes  mouvantes,  et  les  déplaçant 
sans  cesse  ;  les  pluies  désagrègent  le  sol  et  donnent  naissance  à  des 
torrents  qui  ravinent  le  flanc  des  montagnes,  entraînant  dans  leur  cours 
furieux  des  débris  du  règne  animal  et  du  règne  végétal,  dont  l'amoncel- 
lement progressif  modifie  insensiblement  la  configuration  des  rives  et 
de  l'embouchure  des  fleuves. 

L'importance  des  pluies,  comme  celle  des  marées  ou  des  vents,  est 
très  variable  :  tandis  qu'en  France  leur  moyenne  se  maintient  entre 
O^jSO  et  0"',80,  elle  atteint  plusieurs  mètres  dans  certaines  parties  de 
l'Irlande,  et  dépasse  souvent  25  mètres  sur  les  plateaux  de  l'Himalaya. 
11  pleut  autant  à  Alger  qu'à  Londres;  mais  la  même  hauteur  d'eau  se 
répartit  entre  70  jours  environ  à  Alger  et  plus  de  200  à  Londres.  Sui- 
vant la  violence  des  pluies  les  alluvions  prennent  un  plus  grand  déve- 
loppement :  le  Delta  du  Rhône  progresse  de  57  mètres  par  an,  le  Mis- 
sissipi  de  près  de  100  mètres,  avec  un  dépôt  de  28  millions  de  mètres 
cubes;  la  Hollande  est  née  des  alluvions  de  l'Escaut,  de  la  Meuse  et  du 
Rhin.  Le  Gange,  le  fleuve  Jaune,  l'Amazone  sont  plus  puissants  encore. 
Les  débris  charriés  par  les  eaux  se  déposent  irrégulièrement  dans  l'es- 
tuaire, à  une  plus  ou  moins  grande  distance  du  rivage,  suivant  la  vio- 
lence du  courant  et  la  force  de  résistance  opposée  par  les  vagues  de  la 
mer;  c'est  à  l'aide  de  ces  dépôts  qu'on  a  pu  reconstituer  la  majeure  partie 
de  la  faune  préhistorique. 

L'auteur  étudie  ensuite  la  marche  des  glaciers,  et  enfin  l'action  chi- 
mique des  agents  de  dynamique  externe. 

A  ce  travail  lent,  mais  continu,  vient  s'ajouter  celui  que  produisent 
par  périodes  irrégulières  les  forces  redoutables  qui  ont  leur  foyer  dans 
les  entrailles  du  globe.  Les  volcans  sont  répandus  sur  toute  sa  surface^ 
ceux-ci  éteints  depuis  des  siècles,  ceux-là  encore  en  pleine  activité,  volcans 
de  feu,  volcans  de  boue,  geysers,  solfatares,  vomissant  les  uns  par  inter- 
valles irréguliers,  les  autres  sans  discontinuité,  la  dévastation  et  la  mort 
sur  leurs  flancs  désolés.  Après  en  avoir  exposé  les  manifestationssi  diverses 
et  souvent  si  désastreuses,  M.  de  Lapparent  en  cherche  le  principe  géné- 
rateur dans  l'existence  probable  d'un  noyau  fluide  incandescent.  Ce  sys- 
tème s'appuie,  en  effet,  très  judicieusement,  sur  l'uniformité,  à  peu  près 


BIBLIOGRAPHIE.  463 

constante,  sur  tous  les  points  du  globe  où  des  forages  ont  été  pratiqués, 
de  l'accroissement  de  chaleur  au  fur  et  à  mesure  de  l'augmentation  de 
profondeur  atteinte  ;  les  expériences  faites  jusqu'à  ce  jour  concordent 
assez  pour  qu'on  ait  pu  arriver  à  en  déduire  un  degré  géothermique  unifor- 
mément compris  entre  32  et  37  mètres;  cet  échange  incessant  et  régu- 
lier de  chaleur  entre  les  couches  profondes  et  les  couches  extérieures 
fait  nécessairement  supposer  l'existence  d'un  foyer  intérieur  à  tempéra- 
ture assez  élevée  pour  lutter  contre  le  refroidissement  de  l'espace.  «  On 
pourrait  considérer  ce  réservoir,  dit  l'auteur,  comme  un  bain  de  matières 
métalliques  en  fusion  où  dominerait  le  fer,  et  qui  tiendrait  en  dissolu- 
tion des  gaz  réducteurs,  tels  que  les  composés  hydrogénés  du  soufre  et 
du  carbone.  Cette  masse  lluide  interne,  sous  le  poids  de  la  croûte  solide, 
tend  à  monter  par  les  fissures  de  l'enveloppe  et  se  fait  jour  à  travers  les 
parties  disloquées.  De  temps  en  temps  les  gaz  emprisonnés  dans  ces 
nappes  atteignent  une  tension  suffisante  pour  provoquer  de  violentes 
explosions...  »  Ainsi  s'expliqueraient  naturellement  les  éruptions,  les 
tremblements  de  terre  et  les  divers  phénomènes  convulsifs  dont  la 
croûte  terrestre  est  le  théâtre. 

La  seconde  partie  du  livre  est  consacrée  à  la  géologie  proprement 
dite;  elle  n'est  ni  moins  intéressante,  ni  moins  intructive,  quoique,  en 
raisoji  de  la  grande  condensation  des  matières  qui  la  composent,  elle 
se  prêle  plus  difficilement  à  l'analyse.  On  y  trouve  tout  d'abord  des 
notions  générales  sur  la  formation  de  l'écorce  terrestre  ;  puis  viennent 
les  grandes  divisions  géologiques.  L'ère  primaire  ou  paléozoïque,  pre- 
mier âge  du  globe,  pendant  laquelle  l'écorce  sédimentaire,  à  peine 
formée,  épaissit  lentement,  avec  une  faune  extrêmement  pauvre,  ne 
comprenant  guère  que  des  Mollusques  Brachiopodes,  des  Trilobites  et 
des  Poissons.  C'est  aussi  l'époque  des  premières  formations  de  la  houille 
et  des  éruptions  granitiques.  L'ère  secondaire  ou  mésozoique,  moins 
tourmentée  que  la  première,  et  offrant  une  végétation  moins  luxuriante; 
sur  terre  c'est  le  règne  des  Ueptiles,  dans  les  eaux  celui  des  Ammonites. 
L'ère  tertiaire,  au  cours  de  laquelle  les  reliefs  s'accusent,  les  masses 
continentales  s'accroissent,  les  saisons  s'établissent,  les  végétaux  se 
développent  avec  une  extrême  variété,  et  les  grands  .Mammifères  appa- 
raissent; les  volcans  se  rallument  et  vomissent  des  flots  basaltiques.  Enfin 
l'ère  quaternaire,  caractérisée  par  l'apparition  de  l'homme  sur  la  terre. 

L'ouvrage  se  termine  par  un  chapitre  spécialement  consacré  à  l'étude 
de  la  formation  et  du  développement  progressif  du  sol  français. 

Telle  est,  rapidement  exposée,  la  donnée  générale  du  livre  que  nous 
avons  l'honneur  de  présenter  à  nos  collègues,  et  dont  nous  ne  saurions 
trop  les  engager  à  aborder  l'instructive  lecture.  Ce  premier  pas  les 
entraînera  sans  nul  doute  à  en  faire  un  second,  et  de  V Abrégé  à  passer 
au  Traité  du  géologie  qui  n'est  plus  le  guide  du  débutant,  mais  bien 
l'œuvre  et  le  livre  du  savant.  C'est  qu'en  effet  nulle  science  n'est  plus 


464  SOCIÉTÉ  ^'AT10NALE  d'acclimatation. 

attachante  que  celle  qui  permet,  selon  la  juste  expression  de  l'auteur, 
de  comprendre  la  structure  du  sol  qu'on  foule  aux  pieds,  de  démêler  la 
raison  de  ses  formes  si  diverses,  de  ses  production  si  variées  et  de  faire 
revivre  les  époques  disparues,  non  par  les  rêves  de  l'imagination,  mais 
par  une  série  d'inductions  appuyées  sur  l'expérience. 

Am.  Berthoule. 

Journaux  et  Revues. 

(Analyse  des  principaux  articles  se  rattachant  aux  travaux  de  la  Société). 

Bulletin  de   la   l>igue   du  reboisement  de  l'Algérie . 

Numéros  des  15  mars  et  15  juillet. 

Dans  une  de  ses  réunions  de  l'an  dernier,  la  cinquième  Section  enten- 
dit une  communication  pleine  d'intérêt  sur  la  fabrication  du  vin 
d'oranges  en  Espagne;  son  auteur,  M.  Mamoz ,  l'appuyait  de  quelques 
bouteilles  de  ce  savoureux  nectar,  et  se  faisait  fort,  pour  en  bien  éta- 
blir l'importance,  d'en  livrer  2000  hectolitres  et  plus  chaque  année  au 
commerce,  dès  que  la  consommaticn  le  permettrait. 

Notre  savant  collègue,  M.  Naudin,  revient  à  son  tour  sur  cette  (jues- 
tion,  dans  plusieurs  notes  publiées  par  le  Bulletin  du  reboisement  de 
IWlgérie;  il  conseille  tout  d'abord  aux  cultivateurs  de  veiller  soigneu- 
sement aux  choix  des  cépages,  leur  recommandant  plus  spécialement 
l'orange  de  Saint-Vincent,  l'orange  de  Saint-Michel  et  l'orange  de  Syrie; 
puis  il  indique  les  procédés  actuellement  en  usage  pour  la  vinification, 
procédés  encore  un  peu  primitifs,  mais  qu'on  ne  tardera  pas,  sans 
doute,  à  perfectionner.  C'est  surtout  en  Floride,  oîi  l'oranger  prospère 
au  point  de  former  de  véritables  forêts,  que  la  fabrication  du  vin  d'o- 
ranges prend  le  développement  le  plus  important;  déjà,  paraît-il,  l'offre 
y  serait  de  beaucoup  au-dessous  de  la  demande.  Ce  vin,  fabriqué,  comme 
nos  cidres,  à  l'aide  de  pressoirs,  constitue  un  breuvage  très  rafraîchis- 
sant, parfaitement  tonique  et  du  goût  le  plus  agréable;  il  contient  prés 
de  10  pour  100  d'alcool,  supporte  les  longs  voyages,  se  conserve  long- 
temps, et  peut,  paraît-il,  en  quelques  années  de  bouteille,  devenir  l'égal 
du  Xérès  et  le  rival  de  nos  meilleurs  crus! 

La  culture  de  l'Oranger,  en  vue  de  la  fabrication  du  vin,  commence 
à  se  développer  en  Australie  et  dans  différentes  contrées  de  l'Amérique. 
31.  Naudin  estime  qu'elle  devrait  être  vivement  encouragée  en  Algérie  et 
même  dans  le  midi  de  la  France,  où  elle  donnerait  rapidement  les  résul- 
tats les  plus  rémunérateurs.  A.  B. 


Le  Gérant  :  Jules  Grisard. 


6387.  —  BOURLOTON,  —  Imprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


LISTE 

DES   ESPÈCES   CONNUES   ET   DÉCRITES   DANS 

LA  FAMILLE  DES  ANTILOPIDÉS 

PRÉSENTÉES  PAR  RÉGIONS 

Par  M.  HIJET 

AiJe-naturaliste  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 


En  donnant  ici  la  liste  des  espèces  d'Antilopes  connues 
jusqu'à  ce  jour,  je  n'ai  pas  l'intention  de  faire  une  revision 
du  génie,  mais  seulement  de  réunir  dans  un  même  travail 
toutes  les  espèces  et  d'indiquer,  autant  que  possible,  ces  ca- 
ractères au  moyen  desquels  on  pourra  reconnaître  ces  ani- 
maux, par  cela  même  éviter  les  recherches,  quelquefois  fort 
longues,  dans  les  nombreux  ouvrages  qui  en  font  mention, 
auxquels  il  faut  recourir  pour  se  renseigner;  quelques-uns 
de  ces  ouvrages  étant  fort  rares,  sont,  par  conséquent,  pour 
beaucoup  de  personnes  très  difficiles  cà  consulter. 

L'exposition  par  régions  que  nous  adoptons  nous  paraît 
offrir  un  avantage  sur  la  classification  méthodique,  en  ce 
sens  que,  sachant  de  quelle  localité  viendra  l'animal  acquis, 
il  suffira  de  se  reporter  à  la  localité  indiquée  pour  trouver 
assez  facilement  l'espèce  à  laquelle  il  appartient. 

L'Europe,  l'Asie,  l'Amérique  et  l'Afrique  nous  fourniront 
des  représentants  de  cette  belle  famille,  si  intéressante  non 
seulement  au  point  de  vue  des  formes  variées,  mais  aussi  au 
point  de  vue  de  l'acclimatation  qui,  pour  beaucoup  d'es- 
pèces, pourrait  être  tentée  avec  succès,  sans  soins  bien  par- 
ticuliers, si  ce  n'est  de  bonnes  installations  pour  les  abriter 
pendant  nos  longs  hivers. 

C'est  surtout  en  Afrique  où  nous  aurons  le  plus  d'espèces 
à  enregistrer,  et  on  peut  dire  que  ce  continent  est  le  centre 

4°  SÉRIE,  T.  III.  —  Octobre  188G.  30 


466  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

de  répartition  géographique  de  ces  animaux;  c'est  là,  en 
effet,  où  nous  rencontrons  les  plus  grandes  espèces  de  toutes 
et  les  plus  belles;  du  Nord  au  Sud,  sur  la  côte  orientale  aussi 
bien  que  sur  la  côte  occidentale,  partout  nous  voyons  des 
types  spécifiques  de  cette  famille,  dont  on  rencontre  jusqu'à 
la  limite  la  plus  australe  des  troupeaux  nombreux  en  indi- 
vidus. 

Les  Antilopes  se  distinguent  facilement  des  autres  rumi- 
nants par  des  cornes  persistantes  pendant  toute  la  durée  de 
l'existence  de  l'animal;  ces  cornes  sont  formées  d'une  enve- 
loppe cornée  qui  recouvre  un  noyau  osseux,  dense,  lourd, 
composé  d'une  matière  qui  se  rapproche  de  l'ivoire  ;  ces  noyaux 
se  prolongent  presque  jusqu'à  l'extrémité  des  étuis  cornés  : 
ce  caractère  distingue  aisément  les  Antilopes  des  Bœufs  ou 
des  Cerfs;  ces  appendices  chez  les  premiers  ont  les  noyaux 
osseux,  rendus  très  légers  par  la  présence  de  cellules  très 
nombreuses  qui  en  remplissent  l'intérieur  ;  ils  se  distinguent 
aussi  des  seconds  en  ce  que  ces  derniers  ont  des  bois  ca- 
ducs, enfin  ce  sont,  en  général,  des  animaux  légers  de 
formes  et  très  agiles  à  la  course. 

La  famille  des  Antilopes  se  compose  d'un  très  grand  nombre 
d'espèces,  divisées  par  plusieurs  genres  qui  sont  caractérisés 
par  la  taille,  la  forme  du  nez  et  la  direction  des  narines,  par 
la  forme  et  la  direction  des  cornes  ;  souvent  on  observe  des 
larmiers  largement  ouverts,  d'autres  fois  il  n'existe  qu'une 
simple  ligne  lacrymale;  quelquefois  les  faux  sabots  manquent; 
tous  ces  caractères  peuvent  être  pris  en  considération  pour 
faire  reconnaître  les  différents  types  génériques  et  qui  ont 
servi  aux  auteurs  pour  leur  désignation. 

Les  Antilopes  forment  une  série  presque  parallèle  avec  le 
reste  des  ruminants;  ainsi  nous  trouvons  des  Antilopes  à 
formes  de  Cerf,  de  Chèvre,  de  Bœuf,  de  Mouton. 

Pour  ne  citer  qu'un  seul  exemple  de  ce  parallélisme, 
nous  avons  eu  à  la  ménagerie  du  Muséum  la  naissance  d'une 
jeune  femelle  de  Gnou  qui  nous  a  bien  démontré,  en  effet, 
que  ces  animaux  ont  beaucoup  de  rapports  avec  la  famille  des 
Bœufs;  les  jeunes  Gnous  ressemblent  à  première  vue  à  un 


FAMILLE   DES   ANTILOPES. 


407 


jeune  Bison,  et,  si  ce  n'était  la  forme  du  nez  qui  les  caracté- 
rise dès  le  jeune  âge,  on  les  prendrait  certainement  pour  un 
jeune  du  groupe  des  Bovidés. 

Pour  faciliter  autant  que  possible  les  recherches,  nous  sui- 
vrons l'ordre  méthodique  suivant,  adopté  dans  son  cours  de 
mamraalogie  par  le  savant  professeur  Milne  Edwards. 

Antilopes  à  formes  bovines  : 


A  no  a 

Bubale 

Gnou 

Oreas. 

Antilopes  typiques  : 

Strepsicères 

Cervicapra 

Nilgauts 

Pantholops 

Guibes 

Cépbalophes 

Œgocères 

Tétracères 

Kobs 

Nanotragues 

AlgazelJes 

Nésotragues. 

Gazelles 

Antilopes  à  formes  de  Mouto 

n  : 

Budorcas. 

Antilopes  à  formes  de  Chèvre  : 

Saiga 
Nemorheds 

Antilopes  à  formes  de  Cerf: 
Dicranocère. 


iMazama 
Chamois. 


Dans  chacun  des  chapitres  formant  une  division  géogra- 
phique, nous  présenterons  donc  les  espèces  que  nous  y  ren- 
contrerons d'après  l'ordre  que  nous  venons  d'indiquer.  Nous 
aurons  ainsi  dix  divisions  géographiques  : 
L'Europe. 

L'Asie.  .  .  .     Région  himalayenne  jusqu'au  Japon. 
—       ...     Région   méridionale,    Indoustan,    Bélou- 
tchistan,  Afghanistan. 


468  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

L'Asie.  .  .  .     Région  insulaire,  Java,  Sumatra. 

—       ...     Région  orientale,  Arabie. 
L'Afrique  .   .     Région    septentrionale,    Algérie,    Maroc, 
Egypte. 

—  ...     Région  orientale,  Nubie,  Abyssinie,  Çoma- 

lis,  Mozambique. 

—  ...     Région  occidentale,  Sénégal,  Libéria,  Ga- 

bon, Congo. 

—  ...     Région  australe,  lecap de Ronne-Espérance. 
L'Amérique  .     Région  septentrionale,  montagnes  fiocheu- 

ses. 

Nous  commencerons  par  le  seul  représentant  de  la  famille 
des  Antilopes  qui  se  trouve  en  Europe,  puis  nous  explore- 
rons l'Asie  et  les  îles  de  l'archipel  Indien  ;  nous  reviendrons 
par  la  Perse  et  l'Arabie  pour  entrer  en  Afrique  par  le  Nord, 
où  nous  trouverons  quelques  espèces;  nous  visiterons  la  côte 
orientale  et  la  côte  occidentale,  comprises  entre  le  tropique 
du  Cancer  et  celui  du  Capricorne,  et  terminerons  par  la  par- 
lie  australe;  enfin  nous  finirons  par  l'examen  des  espèces 
américaines. 

Autant  que  possible,  nous  intercalerons  dans  le  texte  des 
figures  donnant  les  caractères  les  plus  essentiels  des  différents 
types;  ces  figures,  jointes  aux  descriptions  faites  avec  soin, 
soit  sur  des  animaux  vivants,  soit  sur  les  spécimens  de  la  col- 
lection du  Muséum,  ou  bien  empruntées  à  différents  auteurs, 
donneront  à  cette  monographie  un  intérêt,  sinon  scienti- 
fique, mais  au  moins  complet,  en  ce  sens  que  ce  sera  tout  ce 
qui  aura  été  dit  et  fait  jusqu'à  ce  jour  sur  ce  magnifique 
groupe  des  Antilopes. 

Nous  indiquerons  aussi  les  espèces  qui  nous  sembleront 
susceptibles  d'être  acclimatées  en  France,  ainsi  que  celles 
qui  ont  déjà  donné  des  résultats  à  ce  point  de  vue. 


FAMILLE    DES   ANTILOPES. 


469 


Europe.  —  A«ie  j>>eptentrionale   et   Plateau  central. 

Sur  les  sommets  des  plus  hautes  montagnes,  des  Alpes, 
des  Pyrénées,  les  monts  Karpathes,  etc.,  on  trouve  un  repré- 
sentant du  genre  Antilope,  le  seul  connu  en  Europe,  c'est  le 
Chamois. 

Capra  rupicapra  Linné. 

The  Gerus. 

Antilope  rupicapra  Pallas,  Mise,  pi.  A. 
Rupicapra  iragus  Gray,  Knows.,  Ménag.,  pL  19. 

Europe. 

Cette  espèce  est  tellement  connue  que  nous  ne  nous  arrê- 
terons pas  longtemps  sur  les  caractères  qui  la  distinguent  des 
autres  Antilopes. 


FiG.  1.  —  Capra  rupicapra. 


Le  Chamois  se  reconnaît  à  première  vue  par  ses  cornes 
noires,  lisses,  qui  s'élèvent  verticalement  sur  le  sommet  de 


470  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

la  tête  et  se  recourbent  brusquement  en  arrière,  de  façon  à 
former  de  véritables  crochets  très  pointus. 

Le  pelage  est  grossier,  composé  de  deux  sortes  de  poils; 
l'un  est  doux  et  laineux,  c'est  le  feutre  ;  l'autre  est  dur,  long 
et  ondulé,  c'est  la  jarre  ;  la  coloration  varie  du  brun  foncé  au 
brun  jaune,  suivant  la  saison  ou  suivant  les  localités,  mais 
toujours  on  voit  une  ligne  plus  pâle  de  chaque  côté  du  nez 
remontant  jusqu'aux  yeux,  qui  en  sont  entourés;  la  gorge  est 
aussi  blanche,  ainsi  que  les  joues. 

Ces  animaux  vivent  assez  bien  en  captivité,  à  condition  de 
ne  pas  les  tenir  dans  un  trop  grand  parc,  ils  s'y  reproduisent 
souvent;  on  prétend  même  que  l'on  peut  obtenir  la  repro- 
duction du  Chamois  et  de  la  Chèvre,  mais  comme  jusqu'à 
présent  nous  n'avons  pas  été  à  même  de  constater  le  fait,  nous 
donnons  ce  renseignement  sous  toutes  réserves. 

Plusieurs  auteurs  ont  voulu  former  plusieurs  espèces  dans 
le  genre  Chamois,  et,  entre  autres,  le  prince  Ch.  Bonaparte, 
trouvant  une  différence  de  coloration  entre  l'Isard  ou  Cha- 
mois des  Alpes  et  celui  des  Pyrénées,  les  distinguait  tous 
deux  sous  des  noms  spécifiques  différents,  appelant  celui  des 
Alpes  Rupicapra  Alpina,  et  celui  des  Pyrénées  R.  Pi/re- 
neaica;  mais,  en  réalité,  la  coloration  plus  foncée  chez  le 
premier  et  celle  plus  claire  du  second  ne  sont  pas  des  carac- 
tères suffisants  pour  les  séparer  spécifiquement,  et  il  n'y  au- 
rait pas  de  raison  pour  ne  pas  admettre  comme  une  autre 
espèce  le  Chamois  que  nous  rencontrerons  lorsque  nous 
allons  passer  en  revue  l'Asie,  où  nous  le  verrons  vivant  sur 
les  monts  Altaï. 

Capra  rupicapra  Lin. 

Capra  rupicapra  Linn. 
Asie  septentrionale.  —  L'Altaï. 

Le  Chamois  n'est  pas  seulement  confiné  sur  les  montagnes 
de  l'Eui^ope,  mais  il  se  trouve  aussi  dans  l'Asie  Mineure  et 
jusque  dans  la  chaîne  de  l'Altaï. 

C'est  donc,  comme  on  le  voit,  une  espèce  qui  s'est  répan- 


FAMILLE  DES  ANTILOPES.  Ali 

due  partout  où  elle  a  trouvé  des  conditions  favorables  pour 
son  genre  de  vie;  partout  où  elle  a  trouvé  des  points  élevés 
et  escarpés,  elle  s'y  est  installée. 

C'est  la  seule  espèce,  dans  le  genre  qui  nous  occupe,  qui 
nous  offrira  l'exemple  d'une  distribution  géographique  aussi 
étendue. 

Antilope  Saïga  Pall. 

The  Colus. 

Capra  tataricn  Linné,  Syst.  Naf.,  1766,  97. 

Colus  tatarica  Wagn. 
Saiga  tatarica  Gray,  Knows.,  Ménag.,  pi.  3. 

Sibérie. 

Les  cornes  sont  de  la  longueur  de  la  tête,  disposées  en 
îyre,  annelées  jusqu'au  bout;  elles  sont  gris  jaune  et  trans- 


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FiG.  2.  —  Saiga  tatarica. 


parentes  ;  tout  le  corps  et  les  membres  sont  revêtus  de  poils 
longs,  cassants  et  ondulés;  ils  s'entremêlent  de  façon  à  former 
un  manteau  d'une  épaisseur  très  grande,  qui  garantit  cet  ani- 
mal contre  les  froids  des  régions  où  il  habite;  la  teinte  gêné- 


472  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

raie  du  pelage  est  jaune-rouille  sur  les  parties  supérieures  et 
externes;  le  ventre  et  l'intérieur  des  membres  sont  blanc 
pur;  sur  les  joues,  le  cou  et  au-dessus  des  genoux  on  voit 
quelques  poils  gris  brunâtre  qui  modifient  un  peu  la  teinte 
générale. 

En  été,  le  pelage  est  plus  court  et  d'une  teinte  de  rouille 
pure. 

La  femelle  n'a  pas  de  cornes  ;  les  jeunes  ressemblent  aux 
adultes,  mais  un  peu  plus  clairs  comme  coloration. 

Au  Thibet  et  dans  la  Mongolie,  nous  aurons  un  certain 
nombre  d'espèces  très  intéressantes  ;  nous  aurons  d'abord  : 

Antilope  gutturosa. 

PalL,  1767.  Spic,  12,  45,  t.  II. 
The  Dseren. 

Procapra  gutturosa. 
Ga^ella  gutturosa  Gray,  Knows.,  Méiwg.,  pi.  3. 

Mongolie. 


FiG.  3.  —  Antilope  gutturosa. 


FAMILLE   DES   ANTILOPES.  473 

Les  habitudes  de  cette  espèce  sont  peu  connues;  c'est 
rarement  qu'elle  a  été  vue  dans  les  ménageries. 

Les  cornes  sont  courtes,  elles  s'élèvent  dans  la  direction  de 
la  ligne  du  nez  ;  puis,  se  rejetant  sur  les  côtés  jusque  vers  les 
pointes  qui  reviennent  en  dedans  à  la  rencontre  l'une  de 
l'autre,  elles  sont  noirâtres,  et  l'on  compte  dix-sept  annelures 
sur  les  deux  tiers  de  leur  longueur  ;  le  pelage  est  long,  dur, 
cassant  et  très  fourni;  la  teinte  générale  est  café  au  lait  clair, 
sans  autre  coloration  ;  les  oreilles  sont  courtes  et  garnies  de 
poils  très  fournis. 


Asie.  —  Région  himaln^enue  se  rattachant 

au  Japon. 

Antilope  budorcas. 

Budorcas  taxicola  Hoi^dson. 

Journ.  of  the  As.  S.  of  Bengale,  1850,  p.  65,  t.  XIX. 

Proc.  Zool.  Soc,  1853,  pi.  36. 

De  l'Himalaya. 

Cornes  robustes,  fortes  à  la  base,  divergentes  sur  les  côtés, 
puis  se  relevant  en  haut,  les  pointes  dirigées  en  arrière;  la 
teinte  générale  est  d'un  brun  bleuté  foncé;  une  tache  noire 
sur  le  nez  et  au  menton;  le  tour  des  yeux,  les  joues,  les 
oreilles,  les  côtés  du  cou  et  du  corps,  ainsi  que  l'intérieur 
des  cuisses,  sont  gris  jaunâtre;  la  ligne  supérieure  du  cou 
jusqu'aux  épaules,  et  la  ligne  inférieure  jusque  sous  la  poi- 
trine, sont  garnies  de  longs  poils  noirs  qui  forment  de  véri- 
tables crinières.  La  queue  est  très  courte  et  cachée  dans  les 
poils. 

Ce  sont  des  animaux  robustes,  trapus,  à  formes  lourdes,  à 
allures  bovines,  dont  ils  en  ont  les  proportions;  ce  serait, 
sans  aucun  doute,  une  excellente  espèce  à  chercher  à  accli- 
mater dans  nos  montagnes,  où  elle  vivrait  très  bien,  et  où 
elle  se  trouverait  dans  des  conditions  aussi  favorables  que 
celles  de  son  pays. 


474 


SOCIÉTÉ   NATIONALE  D  ACCLIMATATION. 


Antilope  budorcas,  variété  thihetana. 

A.  Milne  Edwards,  Faune  mammalogique  de  la  Chine,  1868,  p.  367,  pi.  74. 
Moupin.  —  Thibet  oriental. 

Les  cornes,  comme  dans  la  précédente  espèce,  sont  diver- 
gentes sur  les  côtés  ;  elles  se  relèvent  brusquement  en  haut 
et  en  arrière,  elles  sont  annelées  jusqu'à  la  moitié  de  leur 
longueur;  le  nez  et  le  menton  sont  brun  foncé;  la  tête,  le 


FiG.  4. 


Antilope  budorcas. 


cou,  le  corps,  les  épaules,  les  cuisses  et  le  ventre  sont  gris 
jaune;  la  queue,  qui  est  très  courte,  ainsi  que  les  jambes 
sont  brun  foncé;  les  poils  des  joues,  de  la  partie  infé- 
rieure du  cou  et  du  ventre  sont  longs;  les  oreilles  sont  pe- 
tites, brun  foncé  en  dessus  et  gris  jaunâtre  à  l'intérieur;  les 
sabots  sont  larges,  épais  et  rappellent  ceux  des  Bovidés. 

Les  jeunes  sont  d'une  teinte  générale,  brun  roux;  à  partir 
des  épaules,  on  voit  une  ligne  plus  foncée  parcourant  le  dos 
jusqu'à  la  base  de  la  queue. 


FAMILLE  DES  ANTILOPES.  475 

Cette  magnifique  Antilope,  qui  a  la  taille  d'une  petite 
Vache,  vit  sur  les  plus  hautes  montagnes  du  Thibet.  C'est  de 
là  que  M.  l'abbé  David,  qui  a  tant  enrichi  la  science  des  ani- 
maux de  cette  localité,  a  rapporté  un  mâle,  une  femelle  et  un 
jeune,  qui  font  partie  de  la  collection  du  Muséum  d'histoire 
naturelle. 

Procapra  picticauda  Ilogdson. 

Journ.  As.  S.  B.,  1846,  p.  '^U,  pi.  2. 

Gazella  picticauda  Kinl.,  1869. 

Du  Thibet. 

Le  poil  en  hiver  est  long  et  mou;  cornes  longues,  annelées, 
divergentes,  courbées  en  avant  et  en  arrière,  puis  en  avant, 
les  pointes  revenant  un  peu  en  dedans;  bande  du  nez  et  des 
joues  manquant  ;  teinte  générale  roux  clair  ou  gris  fauve  ;  la 
poitrine,  le  ventre  et  un  disque  anal,  qui  entoure  la  base  de 
la  queue,  blancs;  la  queue,  qui  est  courte,  est  rousse  et  se 
termine  par  une  pointe  brune  ;  les  poils  gris  des  coins  de  la 
bouche  sont  longs;  oreilles  très  courtes;  il  n'y  a  pas  de 
bandes  latérales  sur  les  côtés. 

Antilope  IIogdsonii  Abel. 

The  Chiru. 

Kemas  Hogdsonii  Gray,  Knows.,  Ménag.,  pi.  3. 

Du  Thibet. 

Comme  les  autres  espèces  de  cette  localité,  les  formes  sont 
lourdes  et  rappellent  celles  des  Capridés;  mais  les  cornes 
sont  très  grandes,  elles  ont  trois  fois  la  longueur  de  la  tête, 
elles  sont  grêles,  aplaties  latéralement  à  partir  de  la  base; 
elles  représentent  une  lyre  dont  les  extrémités  se  recourbe- 
raient en  avant;  on  compte  dix-neuf  bourrelets  très  saillants 
sur  la  face  antérieure,  elles  sont  noires;  à  l'intériaiir,  on  voit 
des  annelurcs  qui  correspondent  aux  bourrelets,  mais  jus- 
qu'au tiers  inférieur  seulement. 

Le  poil  est  d'une  densité  extrême,  gros  et  cassant;  le  des- 


476  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

SUS  de  la  lête,  le  nez  el  les  joues  sont  marron  foncé;  le  dos 
est  roux  pâle  ;  le  menton,  la  gorge,  les  parties  inférieures  du 
corps  et  les  jambes  sont  blanc  jaunâtre;  sur  le  devant  des 


^      11'-  -  ' 


-^^cT^V 


FiG.  5.  —  Kemas  Hogdsonii. 


jambes  de  devant  à  partir  des  genoux,  et  à  celles  de  derrière 
à  la  hauteur  du  talon,  on  voit  une  ligne  marron  foncé  qui 
descend  jusqu'aux  sabots  et  s'étale  jusqu'en  dedans  des 
pieds;  les  oreilles  sont  courtes  et  blanches;  la  queue  est 
courte. 


FAMILLE   DES   ANTILOPES.  4-77 


Antilope  (Nemorltedus)  Goral. 

The  Goral. 

Antelopa  goral  Hardwich;  Linn.,  Trans.  xiv,  t.  XIV. 

Bouquetin  du  Népaul,  F.  Cuv.,  Mamm.  lilli. 

Nemorhedus  goral  Gray,  Knows.,  Ménag.,  pi.  18. 

Du  Népaul. 

Poil  long  et  dur,  mais  très  fourni  ;  les  cornes  sont  grêles, 
suivant  la  ligne  du  nez  et  se  recourbent  un  peu  en  arrière; 
elles  sont  coniques  et  légèrement  annelées  à  la  base. 

Pelage  brun  jaunâtre  sur  la  tête,  le  cou  et  tout  le  corps; 
une  ligne  très  étroite,  composée  de  poils  noirs,  parcourt  tout 
le  dos;  au-dessus  du  poignet,  aux.  pattes  antérieures  et  au- 
dessus  des  talons,  aux  pattes  postérieures,  on  voit  un  espace 
qui  est  plus  clair,  formé  par  des  poils  gris  clair  qui  s'y 
trouvent  mélangés;  les  parties  inférieures  des  membres  sont 
brun  foncé.  La  queue  est  grêle  et  courte. 

Antilope  bubalina. 

The  Thaar. 

Hogds.,  Proc.  Zool.  Soc,  183'2,  p.  12. 
A.  (Nemorhedus)  Bubalinus,  A.  Edw.,  loc.  cil. 

Du  Népaul. 

Semblable  au  Nemorhedus  Edwardsii  comme  taille  et 
comme  coloration  générale,  sauf  les  parties  inférieures  des 
jambes,  qui,  au  lieu  d'être  couleur  de  rouille,  sont  grises; 
ce  n'est  que  plus  haut,  au-dessus  des  poignets,  que  la  teinte 
rouillée  se  retrouve,  formant  une  tache  dans  le  brun  foncé 
des  bras;  les  parties  inférieures  du  corps  sont  d'un  brun  jau- 
nâtre ;  l'intérieur  des  cuisses  est  gris  ;  les  poils  du  cou  jusque 
sur  les  épaules  sont  très  longs  et  forment  une  véritable  cri- 
nière. 


478  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 


Antilope  (Nemorhedus)  grisea. 

A.  Milne  Edwards,  loc.  cit.,  p.  3G0,  pL  LXXI.tête  osseuse. 
Du  Thibet. 

Les  cornes,  comme  dans  l'espèce  précédente,  sont  courtes, 
un  peu  rejetées  en  arrière,  à  peine  annelées  à  la  base;  la  co- 
loration est  aussi  un  peu  différente  ;  le  dessus  de  la  tête,  le 
nez  et  le  menton  sont  brun  marron;  la  portion  blanche  du 
devant  du  cou  s'étend  jusque  sous  la  gorge  et  n'est  pas  bordée 
de  jaune;  les  joues,  le  dos  et  les  flancs  sont  gris  jaunâtre, 
mélangé  de  marron  ;  cette  dernière  couleur  prédomine  sur  la 
ligne  du  dos,  sur  le  devant  des  épaules,  sur  les  jambes  et  les 
cuisses;  les  pieds  sont  jaune  terne,  la  région  anale  et  les 
parties  internes  des  cuisses  et  des  bras  sont  blanc  grisâtre  ; 
la  queue  est  plus  courte,  mais  aussi  bien  fournie  de  poils  ; 
les  oreilles  sont  grises  en  dessus  et  garnies  de  poils  blan- 
châtres en  dedans. 

Cette  espèce  est  de  la  grosseur  d'un  Chevreuil. 

Antilope  (Nemorhedus)  cinerea. 

A.  Milne  Edwards,  loc.  cit.,  p.  362,  pL  LXX  et  LXXI,  tête. 
Du  Thibet  oriental. 

Le  dessus  de  la  tête  est  roux  ;  les  oreilles  en  dessus,  le  cou, 
tout  le  corps,  ainsi  que  les  membres,  sont  brun  roussâtre  ; 
les  joues  sont  gris  roux;  l'intérieur  des  oreilles,  les  lèvres 
supérieures,  le  menton,  la  gorge  et  la  partie  antérieure  et 
supérieure  du  cou  en  dessous  sont  presque  blanc  pur;  le  bas 
des  jambes  jusque  près  des  sabots  est  d'un  roux  un  peu  plus 
clair  que  sur  le  corps  ;  la  queue  est  fournie  de  longs  poils  qui 
descendent  jusqu'au-dessous  des  talons.  Enfin  les  cornes  sont 
légèrement  inclinées  en  arrière,  elles  sont  finement  annelées 
jusque  vers  leur  extrémité,  qui  est  très  pointue. 


FAMILLE   DES   ANTILOPES. 


479 


Le  Gailu  (Ane  des  rochers). 

Antilope  (Nemorhedus  Edwardsii). 

A.  David,  Nouv.  Arch.  du  iMiis.  d'hisl.  nat.,  t.  VII.  — Bulletin,  p.  90. 
A.  Milne  Edwards,  loc.  cit.,  p.  364,  pi.  LXXII. 

Du  Tlîibet  oriental. 

Formes  lourdes,  pelage  long  sur  toute  la  région  cervicale, 
le  dessus  et  les  côtés  de  la  tête;  les  oreilles  en  dessus,  le  cou, 
le  corps,  les  parties  externes  et  supérieures  des  membres  sont 


FiG.  6.  —  Nemorhedus  Edwardsii. 

brun  marron  foncé  ;  la  portion  antérieure  du  nez,  les  lèvres 
supérieure  et  inférieure,  une  partie  des  joues  et  la  goi^ge  sont 
blanc  jaunâtre,  ainsi  que  l'intérieur  des  oreilles  ;  la  partie  in- 
terne des  membres,  ainsi  que  la  portion  inférieure  et  externe 
des  jambes,  sont  d'un  rouge  de  rouille  brillant;  la  queue  est 
courte  et  ne  porte  pas  de  longs  poils;  les  cornes  sont  courtes, 
assez  arquées  en  arrière;  elles  sont  finement  sculptées  de 
petites  cavités,  les  unes  longitudinales  et  les  autres  transver- 
sales, qui  donnent  à  ces  cornes  un  aspect  rugueux. 


480  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Cet  animal  est  à  peu  près  de  la  taille  du  Cerf,  mais  moins 
haut  sur  jambes. 

Dans  son  magnifique  travail  sur  VÉtude  pour  servir  à  Vhis- 
toire  de  la  faune  mammalogique  de  la  Chine,  le  savant  pro- 
fesseur, M.  Milne  Edwards,  nous  fait  connaître  plusieurs  es- 
pèces de  cette  Antilope  à  formes  caprines,  que  l'on  désigne 
sous  le  nom  de  genre  Nemorhedus. 

C'est  à  M.  l'abbé  Armand  David  que  l'on  doit  la  découverte 
de  ces  animaux. 


Antilope  (Nemorhedus)  caudatus. 

Le  Chau-Kiaug. 
A.  Milne  Edwards,  Études  pour  servir  à  l'histoire  de  la  faune  mamma- 
logique de  la  Chine,  p.  186,  pi.  23-23,  A  et  B,  1868-1874. 

De  la  Mongolie, 

«  La  couleur  de  cet  animal,  dit  M.  Milne  Edwards,  est  d'un 
gris  un  peu  fauve,  légèrement  tiqueté  par  l'extrémité  des 
poils,  qui  est  brune;  la  ligne  dorsale  est  d'un  brun  foncé; 
une  teinte  semblable  s'étend  également  sur  les  épaules,  ainsi 
que  sur  les  parties  postérieures  des  cuisses,  et  devient  de  plus 
en  plus  intense  inférieurement,  jusque  sur  les  poignets  et 
lesjarrets.  Les  pieds  sont  jaune  ocre;  les  oreilles  sont  grandes, 
blanches  en  dedans  et  grises  sur  leur  face  postérieure.  Il  y  a 
sur  le  devant  du  cou  et  à  sa  partie  supérieure  une  grande 
tache  d'un  blanc  jaunâtre  bordée  de  jaune;  le  ventre  est  d'un 
gris  blanc.  Enfin  la  queue  est  terminée  par  un  grand  flocon 
de  poils  noirs,  qui  descend  notablement  au-dessous  des  ta- 
lons; cornes  plus  courtes  que  la  tête,  coniques,  annelées  à  la 
base.  » 


Antilope  crispa. 

Temminck,  Faima  Japonica,  t.  18,  19. 
Capricornis  crispa  Gray,  Knowsl,  Ménag.,  18. 

Du  Japon. 

Chez  ce  remarquable  animal,  les  cornes  sont  courtes,  assez 
fortes  à  la  base,  se  terminant  en  forme  de  stylet  très  aigu; 


FAMILLE  DES  ANTILOPES. 


481 


elles  sont  presque  droites;  on  compte  à  la  base  de  ces  cornes 
sept  anneluros  très  rapprochées  et  très  saillantes. 

Le  poil,  comme  dans  les  espèces  précédentes,  est  grossier, 
mais  n'est  pas  aussi  cassant;  il  est  pins  laineux,  très  long  et 


FiG.  7.  —  Antilope  Crispa. 

peu  serré;  il  ressemble  à  celui  des  Chèvres  des  régions 
froides.  La  coloration  générale  est  d'un  blanc  presque  pur 
ou  un  peu  jaunâtre;  sur  les  épaules,  on  remarque  des  poils 
dont  les  pointes  sont  brunes,  et  qui  forment  une  tache  qui 
s'étend  de  chaque  côté  sur  les  omoplates. 

Toutes  ces  espèces  que  nous  venons  de  voir,  dans  le  genre 
Nemorhedus,  sont  certainement  des  animaux  qui  rendraient 
de  grands  services  et  dont  on  devrait  tenter  l'acclimatation; 
la  chair,  paraît-il,  en  est  excellente  et  la  fourrure  chez  quel- 
ques unes  pourrait  être  utilisée  pour  des  tissus. 


i'  SÉRIE,  T.  lU.  —  Octobre  1886. 


31 


482 


SOCIETE   NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 


Asie.  —  Réi^iou  inéridioiiale  ou  indienne. 


Antilope  Nylgaut  Buff. 

The  Nylghau. 

Hist.  Nat.  V.,  t.  X,  XL 

Antilope  picta  PalL,  Spieil.,  XIII,  51. 

A.  leucopus  Zimm  ,  Zool.,  541. 

Porlax  tragocamelus  Gray,  Knows.  Ménag.,  pi.  29. 

De  l'Inde. 


FiG.  8.  —  Portax  picta. 


Cornes  courtes,  coniques,  lisses,  légèrement  courbées  en 
avant;  coloration  générale  gris  et  noir;  le  cou  en  dessus  et  sur 
les  côtés,  les  épaules,  le  dos  et  la  croupe,  sont  gris  roussâtre; 
le  dessus  de  la  lête,  le  nez  et  les  joues  sont  gris  noir;  deux 
points  blancs  sur  les  joues  ;  les  lèvres  supérieures,  le  menton, 
la  gorge  et  une  tache  blanche  devant  le  cou,  blanc  pur;  au- 
dessous  de  cette  tache  se  trouve  un  long  bouquet  de  poils 
noirs;  le  cou  en  dessous,  la  poitrine,  le  ventre,  les  cuisses 
et  les  membres  sont  noirs  ;  l'intérieur  des  cuisses  et  les  fesses 
sont  blanc  pur;  au-dessus  des  sabots  il  y  a  des  bracelets 


FAMILLE   DES   ANTILOPES.  483 

blancs;  sur  le  cou  on  observe  une  crinière  composée  de  poils 
courts  gris  et  blanciiâlres,  cette  crinière  descend  jusque  sur 
les  reins  où  les  poils  s'allongent  et  sont  noirs;  la  queue  est 
longue,  blanche  en  dessous,  bordée  de  poils  blancs;  à  partir 
du  dessus  de  la  croupe  il  existe  une  ligne  noire  qui  se  pro- 
longe sur  le  dessus  de  la  queue  jusqu'au  bout,  qui  se  termine 
par  un  pinceau  de  poils  de  môme  couleur. 

La  femelle  n'a  pas  de  cornes,  elle  est  d'une  teinte  générale 
rousse,  mais  les  dispositions  de  couleur  sont  les  mêmes  que 
chez  le  mâle,  les  blancs  occupent  les  mêmes  places. 

Les  jeunes  ressemblent  à  la  femelle  et  cela  dans  les  deux 
sexes. 

Cette  belle  espèce  vit  très  bien  et  se  reproduit  parlaitement 
dans  les  ménageries  ;  souvent  la  femelle  met  bas  deux  et 
quelquefois  même  trois  jeunes  ;  nos  hivers  sont  supportés 
par  ces  animaux  sans  qu'ils  paraissent  en  souffrir  beaucoup; 
du  reste  toutes  les  Antilopes  de  l'Inde  paraissent  être  très 
susceptibles  de  s'acclimater  sous  notre  latitude. 

Antilope  subquadrigornis  Elliot. 

The  Junglihuhra. 
Madras  Journ.,  35,  pi.  ï,  fig.  2. 

De  l'Inde. 

La  paire  de  cornes  frontales  rudimentaires,  tuberculeuses, 
les  postérieures  courtes,  coniques,  cylindriques;  la  tête,  le 
cou,  le  dos,  les  flancs  et  les  parties  externes  des  membres 
sont  roux  brunâtre;  la  gorge  et  le  menlon  ainsi  que  le  ventre 
et  les  parties  internes  des  membres  sont  blanc  jaunâtre;  au- 
dessous  des  petits  sabots  on  voit  une  tache  brune. 

La  queue  est  longue  et  recouverte,  en  dessus  et  en  dessous, 
de  poils  longs  et  roux  brunâtre  comme  le  dos. 

Les  oreilles  sont  beaucoup  plus  petites  que  chez  le  T.  qua- 
dricornis. 

Femelle  sans  cornes  et  ressemblant  au  mâle. 


484 


SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'aCCLIMATATION. 


Tetracerus  quadricornis  Smith. 

The  Chouka. 

Griff.,  An.  Kingd.,  18^27,  p.  261,  t.  181,  fig.  3. 

Ceri'us  albipes  F.  Cuvier. 

Antilope  quadricornis  Blainv. 

De  l'Inde. 
(    Deux  cornes  très  courtes  et  coniques  en  avant  sur  le  front, 


Fig.  9.  —  Antilope  quadricornis. 

deux  autres  plus  longues  en  arrière,  elles  sont  lisses;  la  tête 
et  le  cou  sont  roux  jaune;  le  menton,  la  gorge  et  la  portion 
supérieure  du  cou  sont  blanc  jaunâtre  ;  le  dos,  les  flancs,  les 
parties  externes  des  cuisses,  sont  roux  gris,  mélangés  de 
poils  blanchâtres  ;  le  ventre,  les  parties  internes  des  jambes 
et  le  devant  des  doigts  au-dessus  des  sabots,  sont  blanc  gri- 
sâtre; les  parties  externes  des  doigts  sont  roux  mélangé  de 
poils  brunâtres  ;  il  n'y  a  pas  de  brosse  aux  genoux. 

La  queue  est  courte,  rousse  en  dessus,  garnie  de  longs  poils 
gris  en  dessous. 


FAMILLE   DES    ANTILOPES.  485 

Les  oreilles  sont  longues,  rousses  en  dessus,  garnies  de 
poils  blancs  clairsemés. 

Il  n'y  a  pas  de  petits  sabots. 

Pas  de  cornes  chez  les  femelles,  qui  ressemblent  aux  mâles 
comme  coloration. 


Antilope  subgutturosa. 

The  Jairon. 

Guld,  Ad.  Acad.  Petr.,  p.  250,  fig.  9. 

Gazella  subgutturosa  Gray,  Kiiows.,  Ménag.,  A. 

De  la  Perse,  Afghanistan,  Tartarie,  Arménie, 

Cornes  en  lyre,  assez  longues,  les  pointes  projetées  en  de- 
dans ;  la  bande  latérale  des  joues  est  très  courte,  elle  se  com- 
pose de  deux  sortes  de  poils,  les  uns  sont  brun  foncé,  les 
autres  sont  roux;  la  coloration  générale  est  d'un  gris  jau- 
nâtre, café  au  lait  clair;  la  bande  latérale  du  corps  et  celle 
des  fesses  sont  faiblement  indiquées  par  des  poils  un  peu 
plus  roux;  la  poitrine,  le  ventre  et  les  parties  internes  des 
membres  sont  blancs  ;  la  queue  est  rousse  à  sa  base  et  noire 
dans  le  reste  de  sa  longueur. 

Les  oreilles  petites  et  très  fournies  de  poils. 

Il  y  a  des  brosses  de  poils  aux  genoux. 

La  femelle,  semblable  au  mâle,  ne  porte  pas  de  cornes. 

Antilope  Bennetti. 

The  ChiUara. 

Sijkes.  Proc.  Zool.  Soc,  p.  lOl., 

Gazella  Dennelli  Gray,  18  i3. 

Ant.  Bharalensis  Hogdson,  1847,  Zool.  Nep. 

Inde,  Béloutcliislan,  sud  de  la  Perse. 

Pelage  modérément  long,  cornes  parfaitement  annelées, 
divergentes,  les  pointes  dirigées  extérieurement  et  un  peu 
en  avant;  la  bande  du  nez  est  rousse  en  fonçant  à  mesure 
qu'elle  arrive  près  du  nez,  où  elle  se  termine  par  une  lâche 
noire;  la  bande  latérale  des  joues  est  roux  fauve,  une  bande 
claire  au-dessus;  la  bande  latérale  du  ventre  est  rousse  et  se 


486  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'ACCLIMATATION. 

détache  clairement  du  roux  pale  du  dos,  des  côtés  et  des 
hanches  ;  il  y  a  des  brosses  aux  genoux. 

Cette  espèce  est  un  peu  plus  grande  que  G.  Dorais. 

Gazella  fuscifrons  Blanf.,  1873. 

Du  désert  de  Béloutcliistan. 

Cornes  .ongues  et  grêles,  presque  parallèles,  les  pointes 
revenant  en  avant  et  en  dedans  ;  coloration  générale  jaune- 
ocre,  la  bande  du  nez  bien  indiquée  et  gris  foncé  presque 
noir,  de  chaque  côté  et  allant  jusque  sur  les  narines;  la 
bande  aes  joues  est  grise,  elle  prend  à  l'angle  de  l'œil  et  va 
jusque  sur  la  lèvre  supérieure  ;  les  joues  et  le  cou  sont  gris 
roux  ;  le  cou  en  dessus,  le  dos,  les  côtés  du  corps,  les  hanches 
et  les  pieds  sont  jaunes  ;  la  bande  latérale  du  corps  est  fauve; 
le  ventre  et  les  parties  internes  des  membres  sont  blan- 
châtres; les  brosses  des  genoux,  ainsi  que  la  queue  qui  est 
longue,  sont  noires. 

Les  oreilles  sont  très  longues,  roussâtres  en  dessus  et 
blanches  intérieurement. 

Antilope  cervicapra  Pall. 

TIte  Aiitelope. 

Capra  bezoartica  Aldi-.,  Capra  cervicapra  Linn. 
Cervicapra  bezoartica  Gray,  Knows.,  Ménag.,  G. 

De  l'Inde. 

Espèce  trapue,  à  larmiers  très  grands,  chez  le  mâle  ;  cornes 
longues  à  trois  tours  de  spirale ,  annelées  jusque  vers  la 
pointe  ;  cet  animal  est  très  remarquable  par  sa  coloration  bien 
tranchée;  la  tète,  le  dessus  du  nez,  les  joues,  le  cou,  le  dos, 
les'  flancs  et  les  parties  externes  des  membres  sont  marron 
foncé  ;  sur  les  côtés  du  dos  on  voit  une  ligne  plus  claire  qui 
part  des  cuisses  et  finit  sur  les  épaules;  le  tour  des  yeux,  le 
bout  du  nez,  en  dessus,  les  lèvres  supérieures,  le  menton,  la 
gorge,  le  poitrail,  le  ventre,  les  parties  externes  des  membres 
et  les  fesses  sont  blanc  pur. 


FAMILLE   DES   ANTILOPES. 


487 


La  queue  est  brune  en  dessus,  elle  se  termine  par  un  pin- 
ceau çle  poils  légèrement  ondulés,  elle  est  brune  aussi  en 
dessous  dans  sa  portion  médiane. 

Les  oreilles  sont  roux  foncé  en  dessus  et  garnies  de  longs 
poils  blancs  intérieurement. 

Ce  sont  des  animaux  qui  vivent  parfaitement  en  captivité, 
à  condition  de  leur  donner  suffisamment  d'espace  et  une 
retraite  où  ils  soient  à  l'aise  ;  ils  supportent  très  bien  nos 
hivers  sans  soins  bien  particuliers. 


r/zoAt  ^' 


Antilope  cervicapra. 


Les  femelles  et  les  jeunes,  comme  disposition  de  couleur, 
sont  absolument  semblables  aux  mâles,  mais  la  teinte  des 
parties  supérieures  et  externes,  au  lieu  d'être  brune,  est  d'un 
beau  roux  doré;  pas  de  cornes  chez  la  femelle. 

Ce  sont  des  animaux  très  robustes,  qui  se  reproduisent 
très  bien  et  qui  supportent  les  froids  les  plus  rigoureux  de' 
nos  hivers,  sans  en  souffrir  aucunement. 


488 


SOCIÉTÉ    NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 


Asie.  —  Région  insulaire.  —  Célèbes,  Sumatra. 

Pour  terminer  ce  qui  est  relatif  aux  espèces  du  genre  An- 
tilope qui  se  rencontrent  dans  ce  groupe  d'îles  de  l'archipel 
Indien,  mentionnons  encore  : 

Anoa  depressicornis  h.  Smith. 

A.  platijceros  et  A.  celebina  Temm. 


FiG.  il.  —  Anoa  depressicornis. 

Cet  animal  à  formes  lourdes,  à  sahots  larges,  a  souvent  été 
le  sujet  de  manières  de  voir  différentes  par  les  naturalistes 
qui  tantôt  le  mettaient  avec  les  Bovidés,  tantôt  avec  les  Anti- 
lopidés  ;  c'est,  dans  tous  les  cas,  un  chaînon  de  liaison  entre 
les  premiers  et  ceux  dont  nous  nous  entretenons  en  ce 
moment,  comme  on  en  rencontre  souvent  dans  la  série 
mammologique. 

Les  cornes  sont  courtes,  larges  et  aplaties  verticalement  à 
la  base,  lisses  ou  un  peu  plissées,  la  teinte  générale  est  brun 
noirâtre,  les  pattes  sont  courtes,  épaisses  et  robustes ,  la 
queue  est  longue,  mince,  dénudée  sur  toute  sa  longueur. 


FAMILLE    DES   ANTILOPES.  489 

excepté  au  bout  qui  se  termine  par  un  pinceau  de  poils;  les 
oreilles  sont  courtes,  larges,  roussâlres  en  dessus,  dénudées 
en  dedans,  qui  est  couleur  de  chair. 
Le  poil  est  dur  et  sans  duvet. 

Antilope  (Nemoerhedus)  Sumatrensis  Shaw. 

Antilope  inlerscapularis  Liclit.,  Berl.  Mag.,  p.  65. 
Capricornis  sumatrensis  Gray,  Knows.,  Ménag.,  pL  18. 

Cornes  courtes,  légèrement  courbées  en  arrière,  annelées 
à  leur  base  ;  teinte  générale  brun  foncé,  poils  longs  et  durs 
surtout  sur  le  cou,  où  ils  forment  une  véritable  crinière,  et 
grise  sous  la  gorge  et  le  devant  du  cou,  où  existe  une  tache 
gris  roux;  les  oreilles  sont  assez  longues,  brunes  extérieu- 
rement et  garnies  de  poils  blanc  gris  intérieurement. 

Revenons  maintenant  dans  l'Inde  proprement  dite  pour 
nous  diriger  en  Afrique  en  passant  par  le  Béloutchistan,  la 
Perse  et  l'Arabie,  où  nous  allons  encore  trouver  quelques  es- 
pèces très  intéressantes  et  qui  vivent  très  bien  dans  nos  mé- 
nageries. 

Capricornis  Swinhoii. 

Proced.  Zool.  Soc,  1862,  p.  203,  pL  35. 
De  l'île  3Iarty,  au  nord-est  de  Gil)olo,  Moluques. 

Cornes  courtes,  slyliformes,  noires,  finement  annelées; 
le  poil  est  dur  et  ondulé;  coloration  générale  brun  marron 
clair;  les  joues,  la  gorge  et  une  partie  du  cou  en  avant  sont 
roux  jaunâtre  ;  les  parties  inférieures  sont  roux  doré  ;  sur  les 
genoux  et  en  avant  des  quatre  pieds,  près  des  sabots,  on  voit 
une  tache  noire  qui  contraste  avec  la  coloration  des  membres; 
à  la  base  du  cou,  en  dessus,  il  existe  une  ligne  noire,  très 
étroite  ;  les  oreilles  sont  longues,  teintées  de  brun  paie  exté- 
rieurement et  roussâtre  intérieurement. 


490  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


j^sîe.  —  Région  occidentale  on  arabique. 

Antilope  béatrix. 

Orijx  beatrix  Gray. 
P.  Z.  S.,  1857,  p.  157,  pi.  55. 

D'Arabie. 

Cornes  grêles,  droites  ou  légèrement  courbées  en  avant 
vers  la  pointe,  annelées  sur  presque  toute  leur  longueur; 
teinte  générale  blanc  pur;  une  tache  noire  sur  le  nez  en 
forme  d'écusson,  une  autre  tache  noire  à  la  base  de  chacune 
des  cornes,  une  ligne  noire  sur  chaque  joue,  s'étendant  de- 
puis le  dessous  des  yeux  et  allant  s'unir  sous  la  gorge  de  fa- 
çon à  former  une  véritable  mentonnière;  le  cou,  le  corps  et 
le  ventre,  ainsi  que  la  queue  qui  est  grêle,  sont  blancs  ;  cette 
dernière  se  termine  par  une  touffe  de  poils  brunâtres;  les 
pattes  sont  brunes  jusqu'aux  doigts,  ainsi  que  la  pointe  anté- 
rieure du  sternum;  des  bracelets  blancs  au-dessus  des  sabots 
aux  quatre  pattes. 

Gazella  arabica  Licht.,  1827. 

Darst.,  pl.  6.  Gaiella  Cor  a  Gray,  1843,  p.  ICI. 
D'Aralïie. 

Cornes  très  longues  et  fortes,  annelées  de  gros  anneaux 
divergeant  un  peu  sur  les  deux  tiers  de  leur  longueur,  le 
dernier  tiers  divergeant  davantage  et  les  pointes  revenant  en 
avant  ;  la  bande  du  nez  est  de  couleur  roussàtre  avec  une 
tache  brune  près  des  narines  ;  la  bande  latérale  des  joues  est 
noirâtre,  elle  prend  à  la  base  des  cornes,  passe  au-dessus  des 
yeux  et  se  termine  sous  la  tache  du  nez;  la  couleur  générale 
est  d'un  roux  brillant;  la  poitrine,  le  ventre  et  les  parties  in- 
ternes des  membres  sont  blanc  pur;  la  bande  latérale  du 
corps  et  celle  des  fesses  sont  brun  grisâtre,  une  bande  claire 
entre  la  coloration  du  dos  et  la  bande  brune  des  flancs  ;  queue 
longue  et  noire. 


FAMILLE  DES  ANTILOPES.  49t 

Des  brosses  bien  fournies  aux  genoux,  composées  de  poils 
noirâtres  ;  les  oreilles  sont  moyennes  de  longueur,  étroites, 
rousses  en  dessus  et  blanches  intérieurement. 

Cornes  des  femelles  faibles  et  coloration  générale  plus 
claire. 

Gazella  Muscatensis  Brooke. 

Proc.  Zool.  Soc,  1874,  p.  U2,  pL  22. 
De  iMuscat  (Arabie). 

Cornes  noires,  disposées  en  lyre,  les  pointes  tournées  en 
dedans,  comprimées  latéralement,  fortement  annelées  ;  le 
poil  est  doux  et  long  ;  la  bande  du  dessus  de  la  tète  est  roux 
doré,  elle  part  du  derrière  de  la  tête,  où  elle  forme  une  ca- 
lotte, entoure  la  base  des  cornes  et  descend  sur  le  nez  en 
fonçant  de  coloration  jusqu'aux  narines,  où  elle  forme  une 
tache  noire;  une  bande  blanche  part  de  la  base  des  cornes, 
passe  devant  les  yeux  et  descend  sur  les  lèvres  supérieures, 
qui  sont  blanches  ainsi  que  le  menton;  le  cou,  le  dos,  les 
flancs  et  les  cuisses,  sont  brun  marron,  cette  coloration  étant 
plus  foncée  sur  les  flancs;  les  pattes  antérieures  à  partir  des 
coudes  et  les  postérieures  à  partir  des  talons  sont  roux  doré; 
une  tache  noire  sur  chaque  genou  ;  le  ventre  et  les  fesses 
sont  blanc  pur;  la  queue  est  noire. 

Oreille  longues  et  grises. 

Cette  Gazelle  est  d'une  taille  plus  petite  que  la  Gazelle 
Dorcas. 


Afrique.  —  Région  scptcntriouale. 

Antilope  bubalis  Pall. 

Acronolus  hnbalis  IL   Smitli.;   le   bubale   F.   Cuv. 
Alcdaplius  bubalis  Gray,  Knows.,  Ménag.,  20. 

Du  nord  de  rAfri((ue. 

Cornes  robustes,  fortement  annelées  de  forts  bourrelets 
sur  les  trois  quarts  de  leur  longueur;  elles  se  dirigent  laté- 


492 


SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


ralement  et  un  peu  en  arrière,  puis  reviennent  légèrement 
en  avant,  les  pointes  tournées  en  arrière  et  un  peu  en  de- 
dans; la  coloration  générale  est  gris  roux  jaunâtre  uniforme, 
excepté  sur  le  cou,  le  dos  et  les  flancs,  où  les  poils  sont  roux 
dans  la  plus  grande  partie  de  leur  longueur  et  blanc  gris  à  la 
pointe;  sur  le  sommet  de  la  tèle  les  poils  sont  plus  longs  que 


FiG.  12.  —  Alcelaphus  bubalis. 

surlesaulres  parties  del'animal,  ils  sont  blanc  grisâtre;  une 
ligne  blanchâtre  s'étend  sur  les  joues,  depuis  le  dessous  des 
yeux,  allant  se  perdre  vers  le  coin  de  la  bouche;  oreilles 
rousses  en  dessus  avec  une  tache  noire  à  la  pointe,  l'inté- 
rieure de  même  couleur;  queue  assez  longue  garnie  de  poils 
courts,  rousse  en  dessus  et  en  dessous,  terminée  par  un  pin- 
ceau de  poils  bruns  ondulés. 


Kevel  gris  F.  Cuvier,  1827. 

Gazella  Cuvieri  Ogilby,  Proc.  Zool.  Soc,  1840. 
D'Algérie,  Moroco,  Sénégal. 

Les  cornes  sont  longues  et  fortes;  divergentes  jusqu'aux 
deux  tiers  de  leur  longueur,  le  dernier  tiers  dirigé  en  dehors 


'famille  des  antilopes.  4-9o 

et  les  pointes  revenant  en  avant,  elles  sont  fortement  anne- 
lées  ;  la  teinte  générale  est  roux  grisâtre  ;  la  bande  du  nez  est 
gris  roux  foncé;  près  du  nez  se  trouve  une  tache  noire;  la 
bande  des  joues  est  brun  noirâtre;  la  poitrine,  le  ventre,  les 
fesses  et  les  parties  internes  des  membres  sont  blanc  jau- 
nâtre ;  la  bande  latérale  du  corps  est  brun  roux,  une  bande 
de  même  couleur  parcourt  les  fesses  depuis  la  base  de  la 
queue  jusqu'au  pli  de  la  cuisse. 

Les  oreilles  sont  longues  et  larges,  elles  sont  rousses  en 
dessus  et  garnies  de  poils  blancs  à  l'intérieur. 

Des  brosses  longues  de  couleur  brun  foncé  aux  genoux,  les 
sabots  sont  entourés  de  poils  noirs. 

Les  femelles  ont  des  cornes  plus  faibles,  mais  comme 
coloration  elles  ressemblent  aux  mâles. 


Gazelle  dorcas  Linné. 

Gazella  Corina  Buff.,  Ilist.  Nat.,  XII,  fig.  22,  25. 

A.  Arabica  Heinp.  et  Elirenb. 

A.  Cuvieri  Ogilb.,  Proc.  Z.  S-,  1840. 

Du  nord  de  l'Afrique. 

Des  cornes  dans  les  deux  sexes,  assez  fortes  chez  le  mâle, 
faibles  chez  la  femelle;  elles  sont  fortement  annelées,  un  peu 
divergentes,  les  pointes  se  dirigeant  un  peu  en  avant;  teinte 
générale  rousse  ;  la  bande  du  nez  est  rousse  depuis  la  base 
des  cornes  jusqu'au  museau,  où  l'on  observe  une  tache  brune; 
la  ligne  latérale  des  joues  est  brun  roux;  les  lèvres  supé- 
rieures, le  menton,  la  poitrine,  le  ventre  et  les  parties  in- 
ternes des  membres  sont  blanc  pur;  la  bande  latérale  des 
côtés  du  corps  est  brun  foncé,  elle  est  séparée  de  la  colora- 
tion rousse  du  dos  par  une  bande  plus  claire;  une  bande 
brune  sépare  aussi  la  coloration  rousse  des  cuisses  du  blanc 
des  fesses  ;  la  queue  est  garnie  sur  presque  toute  sa  longueur 
de  poils  longs  et  noirs;  les  oreilles  sont  longues,  garnies  de 
poils  roussâtres  en  dessus  et  blancs  intérieurement. 

(A  suivre.) 


REPRODUCTION  EN  HOLLANDE 

DES  ANTILOPES  GNOUS 

DU    CAP   DE   BONNE-ESPÉRANCE 

Lettre  adressée,  le  2  juillet  1886,  à  M.  le  Secrétaire  général. 
Par  M.    F.    E.    BLAl.IUW. 


Vous  apprendrez  sans  doute  avec  intérêt  que  la  femelle  de 
■Gnou  que  j'ai  acquise  au  Jardin  d'acclimatation  de  Paris  en 
janvier  dernier,  a  donné  naissance,  le  vendredi  23  juillet 
4886,  à  une  jeune  femelle  robuste  et  bien  conformée  qui,  à 
l'âge  de  cinq  jours,  rivalise  déjà  de  rapidité  avec  ses  parents 
dans  leurs  courses  folles  et  dans  leurs  mouvements  désor- 
donnés 

Quand  j'ai  vu  venir  le  moment  où  la  femelle  Gnou  allait 
devenir  mère,  je  n'ai  pas  séparé  le  mâle  et  bien  m'en  a  pris, 
car  il  se  montre  bon  père  autant  qu'il  a  été  bon  époux. 

Le  jeune  Gnou  est  fort  curieux.  Figurez-vous  un  poulain 
minuscule  de  couleur  Isabelle  avec  une  petite  queue  touffue 
et  blanche  qui  remue  sans  cesse,  une  crinière  noire  et  raide 
et  une  tête  avec  un  gros  mufle  noir^  et  de  longues  oreilles 
horizontales.  Le  front  est  garni  d'un  toupet  marron.  Les  yeux 
sont  abrités  par  de  longs  cils  touffus  et  blancs. 

La  mère  est  pleine  de  tendresse  et  de  sollicitude. 

Dans  l'enclos  de  mes  Gnous  j'ai  lâché  les  jeunes  Casoars 
née  en  1885  au  Jardin  d'acclimatation  de  Paris  et  un  couple 
de  Nandous  d'Amérique.  Ces  derniers  m'ont  donné  des  jeunes 
qui  courent  à  la  suite  de  leurs  parents  et  donnent  une  ani- 
mation toute  particulière  à  mon  parc.  Il  y  a  aussi  dans  cet 
enclos  une  bande  d'Oies  que  les  Gnous  ont  jusqu'ici  parfaite- 
ment respectées. 


La  communication  de  M.  Blaauw  présente  un  intérêt  tout 
particulier,  car  les  Antilopes  Gnous  passaient  pour  avoir  un 


DES   ANTILOPES   GNOUS.  495 

caractère  intraitable.  On  hésite  souvent  à  réunir  les  mâles 
aux  femelles,  tant  la  brutalité  de  ces  animaux  est  grande. 

Dans  l'expérience  faite  à  S'Graveland,  près  llilversum,  nous 
voyons  au  contraire  le  Gnou  mâle  doux  pour  sa  femelle,  soi- 
gneux pour  le  jeune.  Nous  apprenons  en  outre  que  cette  An- 
tilope aux  allures  farouches  a  vécu  en  bonne  intelligence  avec 
des  Casoars  Emeux  et  un  couple  de  Nandous  suivis  de  leur 
couvée. 

Il  est  vrai  que  M.  Blaauw  a  logé  ses  animaux  dans  des  con- 
ditions toutes  particulières.  L'enclos  mesure  environ  3  hec- 
tares. Les  différentes  espèces  qui  l'habitent  peuvent  s'éviter, 
se  cantonner  et  par  conséquent  vivre  sans  se  nuire,  sans  se 


gêner. 


RÉDAcn^s. 


M.  Noenty,  qui  a  visité  l'enclos  du  parc  de  S'Graveland,  veut 
bien  nous  communiquer  les  lignes  suivantes  : 

«  Depuis  de  longues  années  que  je  m'occupe  d'acclimata- 
tion, et  pendant  lesquelles  j'ai  vu  bien  des  essais,  rien  ne  m'a 
frappé  autant  que  la  famille  de  Gnous  de  M.  Blaauw.  Un  grand 
pré,  de  cette  verdure  éblouissante  qu'on  ne  trouve  qu'en 
Hollande  et  en  Angleterre,  quelques  arbres,  sous  lesquels  les 
animaux  peuvent  trouver  un  refuge  contre  le  soleil  ou  une 
petite  pluie;  au  bout  de  la  prairie  une  cabane  très  pratique, 
divisée  en  trois  compartiments  dans  laquelle  les  Gnous  ren- 
trent rarement,  telle  est  l'installation. 

((  Le  mâle  est  doux,  du  moins  indifférent  au  public,  la 
femelle,  par  contre,  s'impatiente  vite,  et  un  stationnement 
de  quelques  minutes,  d'une  ou  de  plusieurs  personnes,  amène 
bien  vile  des  coups  de  tète  furibonds  de  l'animal,  contre  le 
grillage.  Ce  grillage  est  fait  de  huit  barres  de  fer,  dont  la 
plus  élevée  est  à  2  mètres  du  sol.  Les  barres  inférieures  sup- 
portent un  grillage  servant  à  empêcher  l'entrée  des  chiens. 

«  L'enclos  est  habité  encore  par  deux  Casoars  Emeux,  un 
couple  de  Nandous  (qui  a  donné  naissance  à  dix  petits),  et  un 
couple  de  Marmottes  (Arclomys  bobac)  de  l'Inde,  qui  se  sont 


495  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

montrées  jusqu'au  mois  de  septembre,  saison  probable  de 
leur  sommeil  hivernal. 

«  Les  jeunes  Nandous  durent  être  séparés,  le  jeune  Gnou 
s'amusant  à  sauter  dessus  des  quatre  pieds,  comme  souvent 
je  l'ai  vu  faire  par  des  agneaux  sur  des  poules  ou  des  oies. 

«  La  femelle  Gnou  a  trouvé  un  moyen  bien  pratique  pour 
protéger  son  petit  contre  les  mouches.  Elle  le  lèche  du  haut 
en  bas,  de  long  en  large,  et  pendant  un  certain  temps  les 
insectes  renoncent  à  se  poser  sur  le  poil  humide. 

«  M.  Blaauw,  outre  la  naissance  du  jeune  Gnou  et  des  Nan- 
dous, a  obtenu  la  reproduction  des  Cervules  de  Reeves,  des 
Colombes  diamant  et  de  divers  autres  animaux.  L'acclimata- 
tion devra  certainement  à  M.  Blaauw  d'intéressantes  expé- 
riences, car  cet  amateur  d'animaux  a  l'expérience  'et  le 
savoir. 

«    NOENTY.    » 


NOTES 

SUR  L'ÉLEVAGE  DE  L'AUTRUCHE  EN  ALGÉRIE 

Par  M.  CRÉPUT  (de  Misserghin,  Algérie). 


Un  profond  découragement  semble  s'être  emparé  depuis 
un  an  des  principaux  créateurs  de  fermes  à  Autruches  dans 
notre  colonie  algérienne.  Il  faut  attribuer  ce  sentiment  à  la 
baisse  sensible  qui  est  survenue  dans  la  valeur  des  plumes 
par  suite  de  la  grande  production  du  Cap,  et  aussi  aux  nom- 
breux insuccès  dans  la  reproduction  et  l'élevage  des  jeunes 
oiseaux. 

L'expérience  que  j'ai  acquise  dans  une  question  dont  je 
me  suis  occupé  l'un  des  premiers  en  Algérie  m'autorise  à 
essayer  de  réagir  contre  des  tendances  fâcheuses,  qui  ne  tar- 
deraient point  à  amener  le  complet  abandon  de  cette  inté- 
ressante industrie  dans  la  colonie. 

En  premier  lieu,  l'on  a  eu  grand  tort,  à  notre  point  de  vue, 
de  ne  pas  se  contenter  de  l'Autruche  du  pays  pour  peupler 
les  parcs  algériens.  Elle  était  robuste,  tout  acclimatée,  et  la 
qualité  de  son  plumage  suffisamment  appréciée.  L'Autruche 
du  Soudan,  à  laquelle  on  a  eu  recours,  est  certainement 
plus  belle  que  celle  de  Barbarie  ;  mais  en  lui  faisant  subir  un 
déplacement  de  5  à  6  degrés  vers  le  Nord,  on  l'a  assujettie  à 
une  véritable  acclimatation,  qui  n'a  pu  s'opérer  qu'aux  dé- 
pens de  la  reproduction. 

C'est,  du  reste,  ce  que  l'on  a  constaté  sur  l'Autruche 
d'Algérie,  lorsque  l'on  a  essayé  de  la  faire  reproduire  dans  le 
midi  de  l'Europe. 

D'un  autre  côté,  l'élevage  des  jeunes  s'est  ressenti  d'un 
manque  complet  d'observations  sur  le  nwdiis  vivendl  de  ces 
grands  Echassiers  créés  pour  peupler  des  déserts,  où  ils  sont 
continuellement  en  quête  d'une  nourriture  très  clairsemée. 
On  ne  s'est  pas  suffisamment  rendu  compte,  à  notre  avis,  de 
la  corrélation  qui  devait  exister  entre  la  structure  de  l'oiseau 
et  le  fonctionnement  de  ses  organes  digestifs.  Aussi  la  ma- 

40  SÉRIE,  ï.  III.  —  Octobre  1886.  32 


4.98  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

jeure  partie  des  jeunes  sujets,  qui  succombent  entre  deux  et 
six  mois,  périssent-ils  à  la  suite  d'inflammations  de  l'estomac 
et  des  intestins. 

Les  accidents,  tels  que  les  déboîtements  du  jarret  et  les 
cassures  des  jambes,  que  l'on  observe  fréquemment  sur  les 
jeunes  oiseaux,  tiennent  aux  mêmes  causes. 

C'est  en  vain  que  l'on  a  essayé  d'y  remédier  en  introdui- 
sant dans  l'alimentation  de  ces  animaux  des  phosphates  de 
chaux  et  des  sels  de  fer;  la  nourriture  la  plus  simple,  con- 
sistant en  herbages  verts  variés  et  en  petits  grains,  combinée 
avec  un  exercice  soutenu,  a  fait  disparaître  complètement 
de  mon  élevage  toutes  les  causes  de  mortalité  dont  se  plaignent 
encore  la  plupart  des  éleveurs  algériens. 

Je  me  crois  donc  autorisé,  par  l'expérience  de  ces  deux 
dernières  années  (1884  et  1885),  qui  m'a  permis  d'élever 
quarante-cinq  Autruchons  aussi  facilement  que  de  simples 
Poulets,  à  affirmer  que  l'élevage  de  l'Autruche  est  assuré  au- 
jourd'hui dans  notre  colonie  et  à  très  peu  de  frais. 

Reste  la  question  de  la  baisse  survenue  dans  la  valeur  des 
plumes,  baisse  si  sensible  qu'un  lot  de  plumes,  récollé  en 
1885  et  estimé  par  moi  à  4000  francs  environ,  n'aurait  trouvé 
acheteur  à  Paris  qu'au  prix  de  1000  francs  comptant. 

Cette  moins-value,  en  admettant  qu'elle  persiste,  ne  sera- 
t-elle  point  compensée  par  l'accroissement  rapide  du  nombre 
des  oiseaux?  D'un  autre  côté,  le  gouvernement,  qui  n'a  en- 
core rien  fait  pour  encourager  cette  industrie  en  Algérie,  ne 
pourrait-il  pas  établir  sur  la  production  étrangère  des  droits 
protecteurs,  comme  il  vient  de  le  faire  tout  récemment  pour 
les  céréales? 

Mais  l'Autruche,  dont  les  œufs  et  la  chair  sont  essentielle- 
ment comestibles,  ne  saurait-elle  être  élevée  que  pour  pro- 
duire des  plumes,  dont  la  valeur  est  subordonnée  à  toutes  les 
fluctuations  des  caprices  de  la  mode  ? 

Isidore  GeoflVoy-Saint-Hilaire  avait  qualifié  l'Autruche  : 
Oiseau  de  boucherie;  le  jour  est  proche  peut-être  où  cet 
animal  justiliera  celte  appellation  en  fournissant  une  res- 
source nouvelle  à  l'alimenlation  publique. 


SUR  l'Élevage  de  l'autruche  e.n  Algérie.        499 

On  sait,  en  etfet,  que  l'AiUruche  pond  annuellement  de 
25  à  30  œufs,  et  que  plus  souvent  ce  nombre  est  porté  à  45  et  50. 

Si  l'on  adopte  une  moyenne  de  35  œufs  par  couple  et  que, 
sur  ce  chiffre,  15  soient  affectés  à  la  reproduction  de  l'espèce, 
il  restera  20  œufs  à  livrer  à  la  consommation,  soit  environ 
l'équivalent  de  600  œufs  de  Poule,  dont  on  pourra  retirer, 
avec  les  coquilles  vides,  100  francs  au  moins. 

D'autre  part,  les  15  œufs  affectés  à  la  reproduction  ayant 
donné  en  moyenne  10  jeunes,  ces  derniers  pèseront  à  un  an 
25  à  30  kilogrammes,  qui,  comparables  à  la  chair  du  Dindon- 
neau, pourront  être  vendus  à  1  franc  le  kilogramme. 

Ce  qui  porterait  le  produit  annuel  d'une  paire  d'Autruches 
à  350  francs  en  moyenne  ;  en  y  ajoutant  la  valeur  des  plumes 
récoltées,  on  arriverait  à  un  produit  annuel  de  500  francs 
par  couple. 

Or  un  couple  d'oiseaux  reproducteurs,  dans  une  ferme 
bien  aménagée,  ne  dépensera  pas  plus  de  50  francs  de  nour- 
riture par  an,  et  les  jeunes,  qui  ne  consommeront  que  du 
fourrage  vert  et  des  déchets  de  grains,  10  francs  environ  par 
lête  :  ce  qui  portera  les  dépenses  totales  à  150  francs  ;  le  ren- 
dement obtenu  sera  donc  supérieur  à  celui  que  pourraient 
produire  la  plupart  des  élevages  connus. 

Loin  donc  de  se  décourager,  tous  ceux  qui,  suivant  notre 
exemple,  se  sont  livrés  dans  la  colonie  algérienne  à  l'élevage 
de  l'Autruche  n'ont  plus  qu'un  léger  effort  à  faire  pour  rat- 
traper le  temps  perdu,  et  retirer  des  capitaux  qu'ils  ont  en- 
gagés dans  cette  eotreprise  un  résultat  suffisamment  rému- 
nérateur. 

Voici  les  devis  des  recettes  et  dépenses  d'une  autrucherie 
qui  s'installerait  actuellement  soit  dans  la  jdaine  de  lielizanc, 
sur  des  terrains  que  je  connais,  soit  dans  celle  de  l'Habra, 
sur  le  domaine  de  la  Compagnie  franco-algérienne. 

Je  prends  pour  point  de  départ  dix  couples  d'ojseaux 
adultes  reproducteurs.  Les  terrains  en  question  sont  irri- 
gables, et  ils  renferment  en  bois  tous  les  matériaux  néces- 
saires à  la  construction  des  enclos. 


500  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

50  hectares  sont  plus  que  suffisants  pour  une  exploitation 
restreinte  à  une  moyenne  de  cent  oiseaux. 

Location  de  50  hectares  à  20  francs  (eau  com- 

prise) ^000 

Personnel,  un  garçon  à  100  francs  par  mois.  .  1200 

/      Une  maison  avec  hangars  pour 

(abriter    100   oiseaux 10,000 

Trois  parcs  de  2  hectares  cha- 
cun   pour  contenir    20  oiseaux 
Frais         '  chacun,  à  50  centimes  le  mètre 

d'installation,  i  courant 1200 

Dix  enclos  pour  10  paires  de 
reproducteurs,  i/2  hect,  chacun.        1000 

Barrières  mobiles  pour  jeunes 
oiseaux 500 


Total 12,700  à  6%  762 


Frais 
d'exploitation  ■■ 


Achat  de  10  paires   d'oiseaux  à  2000  francs 

chacun 20,000  à  6  «/o      1200 

j      Labour  de  15  hect.  à  20  francs         300 
,'      Achat  des  semences  en  orge..  150 

Frais  des  récoltes 600 

Entretien     d'une     luzernière 

d'un  hectare 100 

Nourriture  de  20  adultes  en 
orge  à  raison  d'un  kilogramme 
par  jour  et  par  tête,  à  10  francs 

les  cent  kilogrammes 750 

Nourriture  en  grains  de  qua- 
rante-cinq jeunes  pendant  6  mois 
à  raison  de  500  grammes  par 

jour  et  par  tête 400 

Achat  de  deux  couveuses  aili- 
ficielles  de  30  œufs  chacune . . .  300 

Frais  de  combustible  (pétrole 
\  pour  les  incubations) 50 

Total  des  frais  d'exploitation 2650  à  6  %       1590 

Frais  imprévus  d'installation  (transport    des 
oiseaux,  matériel  spécial  pour  ces  derniers). . . .        2000  à  6%        120 

Total  des  frais  annuels 5872 


SUR  l'Élevage  de  l'autruche  en  algérie.        501 


RENDEMENT 

1"  Récoltes  en  plumes,  moyenne  150  francs  par  oiseau  ailulte, 
20  oiseaux 30^0 

2"  Œufs,  ponle  totale  à  raison  de  30  œufs  par  paire,  300  (oufs 
livrés  à  l'incubation  comme  fécondés,  150.  —  Reste  pour  le 
commerce  à  5  francs  pièce,  i50  œufs 750 

Eclosions  sur  150  œufs  :  75  Autruchons  élevés  jusqu'à  l'âge 
d'un  an.  50  oiseaux,  valeur  moyenne  comme  oiseaux  de  luxe  et 
de  parcs,  150  francs  pièce 7500 

Ou  bien  pour  être  livrés  à  la  consommation,  poids  moyen 
30  kilogrammes  à  1  fr.  50,  45  francs  par  tête 2250 

Produit  de  15  hectares  d'orge  à  raison  de  15  quintaux  à 
l'hectare  à  10  francs  les  100  kilogrammes 2250 


Premier  total «250 

Deuxième  total 13,500 

Dépenses  annuelles 5872 

Rendement  annuel  :  1"  cas 2378 

2"  cas 7628 

Conclusion,  un  capital  de  35000  francs  environ  peut  pro- 
duire dans  cette  exploitation,  considérée  au  point  de  vue  ex- 
clusif de  la  production  de  l'oiseau  de  boucherie,  un  rende- 
ment moyen  de  2500  francs. 

Et,  au  point  de  vue  industriel,  7500  francs  environ. 

Dans  tous  les  chiffres  qui  précèdent,  je  me  suis  tenu  con- 
stamment au-dessous  du  résultat  obtenu  jusqu'à  ce  jour. 


.  TRAVAUX  ADRESSÉS  ET  COMMUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ 

LA  PISCICULTURE  A  APELDOORN 

(PAYS-RAS) 

Par  n.    I^OORDHOEK   HFGT 

l  '  (Lettres  adressées  à  M.  le  Secrétaire  général.) 


Apeliloorn,  novembre  1885. 

Répondant  à  votre  lettre  du  31  août,  j'ai  le  plaisir  de  vous 
envoyer  quelques  renseignements  sur  les  résultats  de  mes 
opérations  à  l'établissement  de  pisciculture  de  Zu'oonspreng, 
près  d'Apeldoorn,  ainsi  que  certains  détails  et  remarques 
sur  la  pêche  du  Saumon  en  général,  ou  plutôt  sur  les  résul- 
tats de  cette  pêche  dans  les  Pays-Bas. 

En  ce  qui  concerne  la  pisciculture,  les  résultats  obtenus 
par  moi  au  Zwoonspreng  peuvent  être,  je  crois,  considérés 
comme  très  satisfaisants  pour  la  campagne  4884-1885. 

En  premier  lieu  figure  le  Salmo  Salar  (Saumon  du  Rhin). 

Comme  les  années  précédentes,  j'avais  fait  venir  quelques 
centaines  de  milliers  d'œufs  des  établissements  allemands. 
Ces  œufs  arrivèrent  ici  vers  le  mois  de  février  et,  comme 
toujours,  je  fus  satisfait  des  résultats.  Cependant  pour  la 
première  fois  nous  avons  fait  cette  année  des  tentatives  pour 
nous  procurer  des  œufs  que  nous  avons  recueillis  sur  les 
nombreux  Saumons  capturés  dans  les  environs  de  Rot- 
terdam. 

Comme  on  le  sait,  les  Saumons,  à  certaines  époques  de 
l'année,  montent  les  rivières,  spécialement  les  embouchures 
du  Rhin,  pour  déposer  leurs  œufs  dans  les  affluents  de  celte 
rivière  en  Allemagne  et  en  Suisse.  Pour  traverser  toute  la 
distance  de  la  mer  jusqu'aux  frontières  de  la  Suisse,  il  leur 
faut  un  certain  temps,  et  il  en  résulte  qu'au  moment  où  le 


LA    PISCICULTURE    A    APELDOORX.  503 

Saumon  entre  dans  la  rivière  pour  la  monter,  il  n'est  pas 
encore  temps  de  recueillir  les  œufs  pour  les  féconder  artifi- 
ciellement. Il  faut  donc  garder  ces  Saumons  pendant  un 
certain  temps  sans  nuire  à  leur  santé. 

Grâce  à  la  bonne  volonté  et  au  concours  obligeant  de  quel- 
ques propriétaires  de  pêcheries,  nous  avons  pu  recueillir  et 
conserver  quelques  douzaines  de  Saumons  mâles  et  femelles. 

Ces  poissons  ont  été  placés  dans  un  réservoir,  espèce  de 
bateau  en  fer,  construit  spécialement  dans  ce  but,  qui,  en 
tenant  les  poissons  captifs,  les  place  à  môme  le  courant  du 
fleuve.  Le  fond  est  formé  d'une  grille  mobile,  qui  peut  être 
élevée  par  deux  appareils,  ce  qui  donne  la  possibilité  d'ame- 
ner les  poissons  jusqu'à  la  surface  de  l'eau.  Cet  arrangement 
permet  de  prendre  commodément  les  poissons  qui  semblent 
les  plus  avancés  sans  trop  déranger  les  autres.  Ce  réservoir  est 
amarré  dans  la  rivière  tout  près  du  bord.  Pendant  les  mois 
de  décembre  1884  et  janvier  1885,  nous  avons  réussi  à  fé- 
conder plus  de  150000  œufs  de  Sahno  Salar,  et  je  suis  heu- 
reux de  constater  que  le  résultat  de  l'éclosion  a  été  tout  ce 
qu'on  pouvait  souhaiter,  car  les  alevins  étaient  très  forts.  Ce 
résultat  nous  encourage  à  renouveler  cette  tentative,  et  j'es- 
père à  la  prochaine  saison,  avec  le  concours  de  M.  Boutze, 
directeur  de  l'établissement  de  pisciculture  de  Velp,parvenii' 
à  nous  procurer  un  nombre  plus  considérable  encore  d'œufs 
fécondés  de  Salnio  Salar. 

Pendant  le  mois  de  mai  1885,  j'ai  mis  en  liberté  à  peu  près 
200000  jeunes  Saumons,  parmi  lesquels  se  trouvaient  quel- 
ques milliers  de  poissons  âgés  de  treize  à  quatorze  mois,  les 
autres  avaient  seulement  de  six  à  huit  semaines. 

Parmi  les  Saumons  de  treize  à  quatorze  mois,  un  certain 
nombre,  des  plus  grands,  furent  marqués,  c'est-à-dire  qu'on 
leur  a  coupé  un  petit  morceau  de  la  nageoire  adipeuse.  On  a 
constaté  dans  ces  derniers  temps  que  plusieurs  de  ces  pois- 
sons marqués,  lâchés  il  y  a  quelques  années,  avaient  été 
péchés  dans  les  environs  de  Rotterdam  ;  ils  avaient  alors  un 
poids  de  6  à  12  kilogrammes. 

Je  saisis  cette  occasion  pour  donner  quelques  chiffre? 


^î 


504  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

démontrant  l'importance  de  la  pêche  du  Saumon  dans  les 
Pays-Bas,  importance  qui  peut  être  attribuée  en  partie  à  la 
clôture  temporaire  de  la  pêche,  mais  aussi  pour  beaucoup, 
j'en  suis  convaincu,  à  la  pisciculture. 

Le  grand  commerce  du  Saumon  se  fait  à  Kralingen,  non 
loin  de  Rotterdam.  De  renseignements  précis  il  résulte  qu'en 
quatorze  jours  successifs,  en  août  1885,  on  a  vendu  à  Kra- 
lingen  un  plus  grand  nombre  de  Saumons  que  pendant  toute 
une  année  avant  1871.  Voici  les  chiffres  que  la  statistique  offi- 
cielle nous  donne  sur  la  vente  des  Saumons  à  Kralingen  : 

Eii  1867    21.300  Saumons         En  1876    42.293  Saumons 


1868 

19.220   — 

1877 

44.580 

1869 

20.260   — 

1878 

49.69 1 

1870 

21.687   — 

1879 

38.914 

1871 

23.209   — 

1880 

41.757 

1872 

32.238   — 

1881 

44.376 

1873 

58.384   — 

1882 

55.079 

1874 

77.070   — 

1883 

78.609 

1875 

56.436   - 

1884 

92.116 

Tandis  qu'en  1885,  du  1"  janvier  jusqu'au  S\  août,  on  avait 
déjà  le  chiffre  de  98468,  et  ce  chiffre  avait  déjà  dépassé  de 
beaucoup  le  nombre  de  100000  à  la  fin  du  mois  de  sep- 
tembre. 

En  plus  de  Kralingen,  il  y  a  plusieurs  marchés  sur  lesquels 
le  Saumon  est  vendu;  mais,  quoique  le  chiffre  de  ces  ventes 
dans  ces  derniers  soit  assez  important  et  compte  par  miniers, 
le  total  ne  peut  pas  être  comparé  à  celui  de  Kralingen.  Mal- 
heureusement le  succès  des  pêcheurs  néerlandais  ne  tarda 
pas  à  exciter  la  jalousie  de  nos  voisins  allemands,  et  des  pê- 
cheurs suisses,  qui  prétendirent  avoir,  eux  aussi,  des  droits 
sur  la  récolte  des  Saumons. 

Dans  ce  moment,  un  traité  pour  la  réglementation  de  cette 
pêche  (ou  plutôt  pour  son  partage)  est  en  cours  de  négo- 
ciation. Lorsqu'il  sera  définitivement  conclu,  il  enlèvera  à 
nos  pêcheurs  une  part  importante  de  leurs  bénéfices  et  cela 
au  profit  de  nos  voisins. 

Le  progrès  dans  le  nombre  de  Saumons  capturés  démontre 


LA   PISCICULTURE   A    APELDOORN.  505 

assez,  à  mon  avis,  qu'avec  l'organisation  actuelle  et  avec  l'aide 
de  la  pisciculture,  on  peut  être  satisfait  des  résultats,  et  qu'il 
n'y  a  aucune  raison  pour  sacrifier  les  intérêts  des  pêcheurs 
néerlandais  à  ceux  d'une  nation  voisine,  surtout  quand  on 
remarque  que  le  Saumon  est  d'une  qualité  d'autant  supérieure 
qu'il  est  capturé  plus  près  des  embouchures  des  rivières. 
Il  perd,  en  effet,  de  sa  qualité  à  mesure  qu'il  remonte  le 
fleuve. 

Le  nombre  d'alevins  mis  en  liberté  annuellement  dans  le 
Rhin  de  Hollande  est  de  5  à  600000,  et  le  nombre  déjeunes 
Saumons,  de  treize  à  quatorze  mois,  est  de  15  à  20000. 

Outre  le  Saumon,  Salmo  Salar,  j'élève  dans  mon  établis- 
sement des  Truites,  principalement  le  Trutta  fario.  Celte 
espèce  réussit  à  merveille.  J'ai  eu  des  sujets  atteignant  3  ki- 
logrammes. Je  n'ai  plus  besoin  d'importation  d'œufs,  car 
j'en  peux  féconder  en  nombre  suffisant. 

La  culture  du  Trutta  lacustris,  Truite  des  lacs,  réussit 
aussi  bien  que  celle  du  Trutta  fario.  Je  l'ai  commencée 
depuis  dix-huit  mois  et  j'ai  bon  nombre  de  poissons  de  la 
«randeur  d'un  Hareno-. 

La  Truite  de  l'Amérique,  Trutta  fontinalis,  a  réussi  le 
mieux  du  monde.  C'est  un  magnifique  poisson  de  haut  goût, 
la  chair  en  est  jaunâtre  ou  saumonée.  J'ai  des  individus  de 
plus  de  2  kilogrammes.  Je  prendrai  la  liberté  de  vous  en  faire 
juge  et  de  vous  envoyer  en  même  temps  quelques  milliers 
d'œufs  embryonnés  pour  votre  établissement,  ou  pour  distri- 
buer aux  membres  de  la  Société.  Je  suis  sûr  que  vous  trou- 
verez que  ce  poisson  sera  une  belle  introduction  à  faire  dans 
vos  ruisseaux  et  dans  les  établissements  particuliers.  Le  pois- 
son, d'une  forte  constitution,  est  de  couleur  et  de  forme  ma- 
gnifiques. Le  goût  est  délicat.  J'ai  fait  venir  des  œufs  em^ 
bryonnés  de  l'Amérique  il  y  a  quatre  ans.  Le  premier  envoi 
arriva  en  mauvais  état;  le  second  réussit  mieux,  et  il  n'y  a  pas 
de  doute  que  ce  poisson  peut  être  considéré  aujourd'hui 
comme  parfaitement  acclimaté.  J'ai  une  quantité  d'exem- 
plaires magnifiques  et  je  crois  avoir  une  récolte  de  fiO  à 
80000  œufs.  Depuis  trois  ans  j'ai  des  reproductions. 


506,  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

J'ai  fait  venir,  il  y  a  deux  ans,  des  œufs  de  Sahno  irideus 
ou  Truite  arc-en-ciel  de  l'Amérique  (Rainbow  Trout).  Le 
transport  ayant  eu  du  retard,  les  œufs  arrivèrent  en  mauvais 
état.  Cependant  j'ai  pu  élever  une  centaine  d'alevins,  dont  il 
me  reste  maintenant  de  70  à  80  individus,  aujourd'hui  âgés 
de  dix-huit  mois;  il  y  en  a  qui  ont  la  grandeur  moyenne  d'un 
Hareng.  Je  ne  sais  si  cette  année  je  réussirai  à  féconder  des 
œufs.  Il  y  a  cependant  des  mâles  assez  avancés;  mais,  si  je 
n'ai  pas  d'œufs,  je  suis  sur  d'avoir  des  métis,  et  l'année  pro- 
chaine la  reproduction  pur  sang  me  paraît  assurée.  Ce  pois- 
son deviendra  aussi  une  addition  importante  pour  le  repeu- 
plement de  nos  ruisseaux.  J'espère  avoir  l'occasion  de  vous 
envoyer  l'année  prochaine  des  œufs  embryonnés.  Je  ne  peux 
pas  encore  juger  du  goût;  mais  en  ce  qui  concerne  la  cou- 
leur, c'est  un  fort  joli  poisson,  qui  est  bien  digne  d'être  élevé 
par  les  amateurs. 

En  Hollande,  le  gouvernement  s'intéresse  seulement  à  la 
culture  du  Saumon  et  point  du  tout  à  celle  de  la  Truite;  mais 
cependant  les  résultats  de  mes  essais  ont  encouragé  quel- 
ques particuliers  à  peupler  leurs  cours  d'eau  avec  des 
Truites.  Malheureusement  on  ne  trouve  dans  les  Pays-Bas  que 
très  peu  de  ruisseaux  clairs  ou  qui  ne  soient  pas  infectés 
par  des  matières  chimiques  provenant  de  toutes  sortes  de 
fabriques.  Mais  je  suis  convaincu  que  partout  où  il  y  a  une 
abondance  d'eau  pure,  la  culture  des  Truites  doit  réussir, 
surtout  quand  l'amateur  peut  trouver  les  moyens  de  retenir 
ses  élèves  par  des  obstacles  artificiels. 

Apeldoorn,  22  décembre  1885. 

Dans  peu  de  jours  je  me  propose  de  vous  faire  un  envoi 
d'œufs  embryonnés  de  Salmo  fontinalis,  et  comme  je  tiens 
beaucoup  à  ce  qu'ils  n'arrivent  pas  à  l'improviste,  vous  m'o- 
bligerez en  m'informant  du  moment  où  vous  pourrez  les 
bien  recevoir.  Veuillez  en  même  temps  me  dire  si  vous 
avez  déjà  promis  de  ces  œufs  à  des  amateurs,  car  je  ferai  un 
envoi   en  conséquence.  J'espère  que  les  Salmo  fontinalis, 


I.A    PISCICULTURE   A    APELDOORN.  507 

Salmo  quinnal  et  Trutla  fario  que  je  vous  ai  envoyés  le 
7  décembre  vous  sont  bien  arrivés.  Le  temps  était  froid  et 
l'occasion  pour  un  transport  lointain  excellente.  Les  poissons 
que  je  vous  ai  envoyés  étaient  tous  produits  d'œufs  fécondés 
au  Zwoonspreng. 

En  ce  qui  concerne  l'influence  de  la  pisciculture  sur  le 
repeu})lement  des  rivières,  je  puis  vous  dire  que,  le  10  dé- 
cembre dernier,  quelques  pêcheries  de  Saumon,  appartenant 
aux  Domaines,  ont  été  mises  aux  enchères.  Il  y  en  avait 
notamment  deux  d'une  certaine  importance.  Une  a  été  adju- 
gée pour  la  somme  de  (SOOGO  florins  par  an  ;  l'autre,  tout  près 
de  Rotterdam  (le  Prince  Henry),  pour  la  somme  de  105  000 
florins  par  an.  Le  bail  est  de  douze  ans  consécutifs.  La  loca- 
tion de  ces  deux  pêcheries  rapportait  par  an,  jusqu'ici,  à  peu 
près  80000  florins  pour  les  deux.  Il  y  a  donc  une  augmenta- 
tion de  105000  florins  par  an. 


BOMBYGIENS   SERIGIGENES  DE   MADAGASGAR 

Par   le   P.    CAMBOUÉ. 


Parmi  les  Bombvciens  sérici^ènes  de  la  erande  île  afri- 
caine  de  Madagascar,  dont  j'ai  en  déjà  l'honneur  d'entretenir 
la  Société  (1),  le  genre  Borocera  semble  présenter  un  intérêt 
plus  particulier  au  point  de  vue  utile  et  acclimatologique. 
Ayant  fait  à  Tamatave,  dans  ces  derniers  temps,  une  étude 
toute  spéciale  de  quelques  espèces  de  ce  genre,  je  suis  heu- 
reux de  pouvoir  présenter  aujourd'hui  à  la  Société  les  ré- 
sultats de  mes  observations  et  éducations. 

On  comprendra  qu'au  milieu  des  hostilités,  dans  une  ville 
en  état  de  siège,  sur  une  étroite  langue  de  sable,  les  condi- 
tions dans  lesquelles  j'ai  dû  faire  ces  observations  et  éduca- 
tions n'ont  pas  été  des  plus  favorables.  Néanmoins  j'espère 
qu'elles  ne  seront  point  sans  quelque  utilité  pour  une  plus 
entière  connaissance  de  nos  séricigènes  malgaches. 

Le  Ver  à  soie  principalement  employé  par  les  Hovas  pour 
la  confection  de  leurs  Lamha-landy  (étoffes  de  soie),  décrit 
en  partie  sous  le  nom  de  Borocera  Madagascariensis  par 
Boisduval,  et  sous  celui  de  Borocera  Cajanus  par  M.  le 
D'  Vinson,  est  celui  que  j'appelle  Borocera  Bihindandy. 

Les  insectes  décrits  par  Boisduval  et  Yinson  me  semblent, 
en  effet,  appartenir  à  une  seule  et  même  espèce  présentant 
de  simples  différences  accidentelles  provenant  de  la  plante 
nourricière,  du  climat,  etc.  La  couleur  de  l'insecte  à  l'état 
parfait,  par  exemple,  fait  digne  de  remarque^  varie  avec  la 
région  de  provenance  ;  dans  la  race  des  hauts  plateaux  de 
l'intérieur  de  l'île  où  le  climat  est  tempéré,  elle  est  plu^ 
claire  que  dans  la  race  du  littoral  où  le  climat  est  chaud. 

Quoi  qu'il  en  soit,  voici  le  résultat  de  mes  observations  re- 
latives au  Yer  à  soie,  BoroceraBibindandy,i^ni  de  la  race  du 

(t)  Bulletin,  1885,  p.  367. 


BOMBYCIENS   SÉRICIGÈNES   DE    MADAGASCAR.  509 

1  , 

littoral  que  de  celle  de  l'intérieur,  comme  aussi  un  croise- 
ment de  ces  deux  races. 

1"  Œuf.  —  Le  Borocera  Blbindandy  provenant  de  l'inté- 
rieur de  l'île  produit  un  oîuf  plus  petit  que  celui  donné  par 
l'insecte  du  littoral.  Dans  l'œuf  provenant  du  croisement  de 
la  race  du  littoral  avec  celle  de  l'intérieur  les  cannelures 
semblent  être  de  teinte  plus  claire. 

Voici  le  nombre  approximatif  des  œufs  de  quelques  pontes 
obtenues  avec  les  insectes  des  deux  races  et  leurs  croisements 
mutuels,  durant  le  cours  de  l'année  1885  : 

a)  Race  du  littoral. —  Ponte  minimum,  213;  ponte  maxi- 
mum, 408. 

b)  Race  de  Vintérieur. —  Ponte  minimum,  250;  ponte 
maximum,  540. 

c)  Race  du  littoral,  cf.  —  Race  de  Vintérieur,  Ç  :  Ponte 
minimum,  250  ;  ponte  maximum,  o70. 

d)  Race  de  Vintérieur,  cT.  —  Race  du  littoral,  î  :  Ponte 
minimum,  300  ;  ponte  maximum,  450. 

2"  Chenille.  —  La  Chenille  dn  Borocera  Bibindandy,  tant 
de  la  race  du  littoral  que  de  la  race  de  l'intérieur,  comme 
aussi  celle  provenant  du  croisement  des  deux  races,  sort  de 
l'œuf  après  un  temps  variant  de  huit  cà  dix  jours  environ,  à  la 
température  de  Tamatave  (1). 

Voici  le  résultat  d'une  éducation  en  cage  de  la  Chenille  du 
Borocera  Bibindandy,  race  du  littoral,  montrant  les  inter- 
valles des  cinq  âges  de  cette  Chenille 

L'éclosion  d'œufs  pondus  le  2  mai  1885  commença  le  10 
du  même  mois. 

Du  20  au  25  mai,  deuxième  âge. 

Du  26  au  30  mai,  troisième  âge. 

Du  2  au  6  juin,  quatrième  âge. 

Du  14  au  18  juin,  cinquième  âge. 

3"  Cocon.  —  La  Chenille  du  Borocera  Bibindandy  se 
transforme  en  chrysalide  dans  un  cocon  soyeux  que  j'ai  déjà 
fait  connaître  (2). 

(1)  Voy.  moyennes  de  la  température  à  Madagascar   {DuUelin.  1885,  p.  371). 

(2)  BuUelin,  1885,  p.  300. 


5i0  SOCIÉTÉ   NATJONALE    D  ACCLIMATATION. 

Le  cocon  filé  par  l'insecte  de  l'intérieur  semble  plus  fourni 
en  soie  que  celui  filé  par  l'insecte  du  littoral.  Chez  ce  dernier 
le  cocon  du  (/  est  généralement  plus  petit  que  chez  le  pre- 
mier, tandis  qu'au  contraire  le  cocon  de  la  9  semble  généra- 
lement plus  grand.  J'ai  constaté  chez  la  Chrysalide  du  Boro- 
cera  Bibindandi/h  présence  de  deux  parasites  hyménoptères 
de  grande  taille. 

4°  Insecte  a  l'état  parfait.  —  La  durée  de  nymphose  du 
Borocera  Bibindandi/,  d'une  trentaine  de  jours  environ  chez 
l'insecte  du  littoral,  est  plus  longue  chez  l'insecte  de  l'in- 
térieur. 

L'éclosion  de  la  chrysalide  du  Borocera  Bibindandi/,  tant 
de  l'intérieur  que  du  littoral,  a  lieu  généralement  dans  la 
matinée. 

Comme  je  l'ai  déjà  fait  observer  plus  haut,  la  race  du  litto- 
ral donne  un  Papillon  généralement  plus  foncé  en  couleur 
que  celui  provenant  de  la  race  de  l'intérieur.  Les  Papillons 
<+  de  cette  dernière  race  sont  généralement  de  plus  petite 
taille  que  ceux  provenant  de  la  i-ace  du  littoral.  C'est  le  con- 
traire pour  les  papillons  J. 

b"  Nourriture.  - — J'ai  déjà  signalé  (1)  un  grand  nombre 
de  végétaux  pouvant  servir  à  la  nourriture  du  Borocera  Bi- 
bindandij.  Je  ferai  de  nouveau  remarquer  que  le  Saule  pleu- 
reur est  de  ce  nombre.  De  plus  tout  récemment  j'ai  rencontré 
le  cocon  de  ce  Ver  à  soie  sur  l'Eucalyptus  dont  un  assez  grand 
nombre  de  pieds  ont  été  introduits  à  Tamatave  dans  ces  der- 
niers temps.  L'insecte  de  l'intérieur  est  nourri  principalement 
sur  l'Embrevalier  {Cytisus  cajauus)  et  sur  le  Tapia  {Tapia  edu- 
lis)  ;  celui  du  littoral  se  trouve  surtout,  à  Tamatave,  sur  le 
Manguier,  sur  IcBadamieret  sur  le  Folahe  {Barringtonia  s}^- 

ciosa). 

Outre  le  Borocera  Bibindandy,  j'ai  encore  signalé  parmi 
les  séricigènes  de  Madagascar  un  autre  insecte  employé  par 
les  indigènes  de  la  grande  île  africaine,  où  il  est  désigné  sous 
le  nom  de  Bibindandynamboa  owBibindandy  madinika{^). 

(1)  Bulletin,  1885,  p.  369. 
(-2)  Ibid.,  p.  370. 


BOMBYCIENS   SÉRICIGÈNES   DE   MADAGASCAR.  511 

Si  je  ne  me  trompe,  ce  Yer  à  soie,  encore  assez  imparfaite- 
ment connu  dans  la  science,  appartient  aussi  au  genre  Boro- 
cera  et  je  lui  ai  donné  le  nom  de  Dorocera  Madinika. 

Voici  encore  quelques  résultats  de  mes  observations  sur  ce 
séricigène. 

1°  Œuf.  —  Les  œufs  du  Borocera  Madinika  sont  à  peu 
près  semblables  à  ceux  du  Borocera  Bihindandy;  ils  en  dif- 
fèrent par  la  grosseur  qui  est  plus  petite  de  moitié  environ. 
La  ponte  minimum  que  j'ai  relevée  a  élé  de  "207  œufs  ;  la  ponte 
maximum,  de  328.  L'éclosion  a  lieu  une  huitaine  de  jours 
après  la  ponte,  à  la  température  de  Tamatave. 

2°  Chenille.  —  La  Chenille  du  Borocera  Madinika  a  beau- 
coup d'analogie  avec  celle  du  Borocera  Bihindandy;  elle  en 
diffère  néanmoins  surtout  par  la  membrane  rouge  vif  de  la 
partie  supérieure  au  premier  segment  dans  laquelle  la  tête 
de  l'insecte  est  articulée  comme  dans  une  espèce  de  colle- 
rette ;  sa  taille  est  aussi  plus  petite. 

Comme  celle  du  Borocera  Bihindandy  la  Chenille  du  Bo- 
rocera Madinikaipasse  aussi  par  cinq  âges  depuis  sa  sortie  de 
l'œuf  jusqu'à  sa  transformation  en  chrysalide  dans  le  cocon. 
Voici  encore,  d'après  une  éducation  en  cage  du  Borocera 
Madinika,  un  exemple  des  intervalles  de  ces  cinq  âges. 

L'éclosion  d'œufs  pondus  le  2  juin  1885  commença  le  10 
du  même  mois. 

Vers  le  17  juin,  deuxième  âge. 

Vers  le  23  juin,  troisième  âge. 

Vers  le  2  juillet,  quatrième  âge. 

Vers  le  13  juillet,  cinquième  âge. 

3"  Cocon.  —  La  Chenille  du  Borocera  Madinika  se  trans- 
forme dans  un  petit  cocon  soyeux,  légèrement  feutré,  d'envi- 
ron 3  centimètres  de  longueur  sur  1  centimètre  de  largeur 
pour  l'insecte  cf. 

A"  Insecte  a  l'état  PAUFArr.  —  La  durée  de  nymphose 
chez  le  Borocera  Madinika  est  de  vingt  à  vingt-cinq  jours 
environ,  à  la  température  de  Tamatave.  L'éclosion  du  Papillon 
et  l'accouplement  ont  lieu  généralement  vers  le  milieu  du 
jour. 


512  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

5"  Nourriture.  —  Le  Gopalier  et  le  bois  noir  {Mimosa 
Lebbek)  sont  les  deux  végétaux  sur  lesquels  j'ai  principale- 
ment rencontré  jusqu'ici  le  Borocera  Madinika. 

Avec  ces  notes  succinctes  j'envoie  à  la  Société  quelques 
exemplaires  du  cocon  et  de  l'insecte  à  l'état  parfait,  Borocera 
Bibindandy  du  littoral  et  de  l'intérieur,  et  Borocera  Ma- 
dinika. Ultérieurement,  s'il  plaît  à  Dieu,  je  pense  pouvoir  y 
ajouter  des  exemplaires  de  l'œuf,  de  la  Chenille  à  divers 
âges,  des  parasites,  comme  aussi  des  échantillons  de  la  soie 
obtenue  par  les  procédés  indigènes.  En  même  temps  je  com- 
muniquerai à  la  Société  les  résultats  d'observations  et  d'ex- 
périences que  je  poursuis  en  ce  moment,  observations  et 
expériences  relatives  surtout  aux  divers  végétaux  pouvant 
servir  aux  séricigènes  susnommés. 


Le  Gérant:  Jules  Grisauu. 


0961  .  —  BOURLOTON.  —  Imprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


PROPOSITION  D'UN  SYSTÈME  UNIQUE 

DE 

CLASSIFICATION  EN  ZOOLOGIE 

SPÉCIALEMENT  POUR  L'ORNITHOLOGIE 
Par  M.    O.   DES  MURS 


Est-ce  un  de  ces  nombreux  préjuges,    auxquels,    de  ton 
temps,  on  a  fait  la  guerre  sans  que,  sous  ce  rapport,  les  pro- 
grès se  soient  développés  en  raison  de  l'abondance  des  lu- 
mières? 

Nous  ne  savons  ;  mais  il  en  est  un,  à  cette  heure,  selon 
nous,  qui  persiste  et  ne  paraît  pas  prêt  à  disparaître  dans 
l'enseignement  des  sciences,  et  cela,  nous  en  sommes  con- 
vaincu, plus  par  la  force  de  l'habitude  que  par  celle  du  rai- 
sonnement. C'est  celui  de  la  méthode  adoptée,  ou  du  système 
suivi  pour  la  classification  des  êtres,  et  contre  lequel,  pour 
l'honneur  du  dix-neuvième  siècle,  déjà  si  riche  en  réformes, 
il  n'est  que  temps  de  protester. 

N'est-ce  qu'un  oubli?  nous  le  signalons;  il  est  aisé  de  le 
réparer. 

Dans  tous  les  cas,  c'est  un  désaccord  dont  il  est  permis 
de  demander  la  solution  aux  naturalistes,  en  réformant  de 
tout  point,  non  seulement  le  classement  des  embranchements 
établis,  mais  encore  celui  des  classes  qui  le  composent,  l'un 
étant  le  corollaire  de  l'autre. 

De  celle  absence  d'une  seule  et  même  manière  de  procéder 
naît  une  confusion  déplorable  dans  les  méthodes  employées, 
confusion  qu'il  est  de  l'intérêt  d'un  enseignement  bien  com- 
pris de  faire  cesser  au  plus  vite,  en  se  prononçant  sur  celle 
qu'indique  le  simple  raisonnement. 

Tel  est  l'objet  de  la  proposition  que  nous  avons  l'honneur 
de  soumettre  à  votre  examen,  ainsi  que  nous  avions  eu  le  pro- 
jet de  le  faire  au  Congrès  ornithologique  de  Vienne,  auquel 

4"  SÉRIE,  T.  III.  —  Novembre  1886.  33 


514  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

de  tristes  circonstances  nous  ont  empêché  de  nous  rendre. 

On  peut  réduire  à  deux  les  méthodes  adoptées  :  la  méthode 
ascendante  et  la  méthode  descendante  ;  la  première  com- 
mençant par  les  êtres  les  moins  parfaits  ou  inférieurs;  la 
seconde,  par  ceux  qui  le  sont  plus,  ou  supérieurs  ;  dénomi- 
nations dont  s'est  préoccupé  jadis  notre  regretté  Milne- 
Edwards,  à  propos  du  principe  de  la  division  du  travail 
physiologique. 

Il  semble  que  ce  soit  la  première  qui  se  prête  le  plus  na- 
turellement aux  opérations  de  notre  esprit  et  à  la  logique  de 
déduction,  par  cela  même  que,  comme  l'indique  la  marche 
de  la  nature,  elle  procède  du  simple  au  composé. 

Et  cependant,  c'est  le  contraire,  généralement,  qui  a 
presque  toujours  et  partout  eu  lieu  dans  l'application. 

Quel  doit  être,  en  effet,  le  but  d'une  bonne  classification, 
sinon  de  donner  à  l'esprit  l'idée  du  perfectionnement  pro- 
gressif des  êtres?  Or,  qui  dit  progrès  ne  dit  pas  chute;  et 
n'est-ce  pas  une  chute  que  de  commencer  l'histoire  naturelle 
des  oiseaux,  entre  autres  vertébrés,  par  les  Faucons,  les 
Aigles  et  les  Vautours,  pour  terminer  par  ce  que  nous  appe- 
lons le  premier  moule  de  cette  classe,  le  grotesque  et  singulier 
Manchot? 

Si  donc  nous  nous  occupons  des  mammifères,  commençons 
par  les  plus  inférieurs,  pour  nous  élever  jusqu'à  leur  sum- 
mum ou  leur  couronnement,  l'homme,  qui  les  domine  tous 
par  la  perfection  de  son  organisation  et  de  son  intelligence, 
constituant  par  cette  supériorité  un  ordre,  pour  ne  pas  dire 
une  classe. 

De  même  pour  les  oiseaux;  car  ce  sont  ceux  qui  nous 
préoccupent  le  plus  en  ce  moment,  comme  objets  constants 
de  nos  travaux,  et  que,  afin  de  nous  faii'e  mieux  comprendre, 
nous  choisissons  pour  exemples. 

Pourquoi  en  commencer  l'étude  par  les  oiseaux  de  proie 
ou  rapaces,  ceux  d'entre  eux  les  mieux  organisés  pour  l'at- 
taque et  la  défense,  ainsi  que  pour  l'étendue  et  la  facilité 
du  vol? 

Uoiseau,  en  tant  que  type,  n'est  pas  venu  pre^idre  sa 


CLASSIFICATION   EN   ZOOLOGIE.  515 

place,  dans  la  création,  ainsi  armé  de  toutes  pièces;  le  dire, 
ce  serait  en  donner  la  plus  fausse  impression. 

Ce  n'est  que  progressivement,  et  suivant  les  développe- 
ments et  les  métamorphoses  successives  de  notre  globe  que 
chaque  groupe  y  est  venu  prendre  son  rang  ;  et  c'est  celte 
progression,  ou  plutôt  cette  évolution  que  l'enseignement 
doit  surtout  se  proposer  de  faire  comprendre  et  connaître 
aux  intelligences,  sans  qu'il  soit  besoin  d'aborder  la  théorie 
encore  insoluble  de  créations  successives. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  la  classe  des  oiseaux  devrait  donc 
(et  c'est  ainsi  que  nous  l'avons  comprise)  être  composée  et 
présentée  de  la  manière  suivante  : 

1°  Les  oiseaux  de  mer,  ou  Nageurs  ; 

2"  Les  oiseaux  de  rivage,  ou  Échassiers; 

3"  Les  oiseaux  de  terre,  ou  Coureurs  (Gallinacés,  etc.); 

4°  Les  oiseaux  des  bois  et  des  champs,  ou  Passereaux  des 
auteurs  ; 

5°  Les  oiseaux  de  l'air,  ou  Oiseaux  de  proie,  Rapaces.  Soit 
en  tout  cinq  ordres. 

L'exemple  de  cette  coordination  de  la  classe,  qui  n'est  pas 
une  innovation  de  notre  part,  en  a  été  donné  par  Schœflfer, 
trop  longtemps  oublié,  au  commencement  du  siècle  dernier  ; 
puis  dans  le  présent,  indiqué  par  Lamarck  et  Lesson  ;  et  ré- 
solument et  définitivement  adopté  par  le  D'  Reichenbach, 
enfin,  plus  récemment,  par  ce  pauvre  Toussenel. 

Peut-être  y  a-t-il  à  se  demandera  cette  occasion,  et  tout  à 
fait  incidemment,  s'il  n'y  aurait  pas  à  instituer  deux  ordres 
de  plus  : 

Parmi  les  Nageurs  :   pour  les  Manchots,  ces  oiseaux 
poissons,  sans  ailes  et  amphibies; 

Parmi  les  oiseaux  de  terre  ou  Gallinacés,  pour  les  Tavons. 
elles  M égapodcs,  ces  autres  oiseaux  qui,  tout  en  construisant 
sur  le  sol  de  vastes  nids  communs  à  plusieurs  couples,  soit 
en  un  monceau  d'herbes,  soit  en  un  monceau  de  sable  comme 
les  Tortues,  y  enfouissent  leurs  œufs,  qu'ils  ne  couvent  abso- 
lument pas,  laissant  à  la  chaleur  du  soleil,  ou  à  celle  résul- 
tant de  la  fermentation  des  végétaux  accumulés,  le  soin  de 


516  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

faire  éclore  les  petits,  qui  courent  au  sortir  de  la  coquille. 

Mais  ceci  n'est  qu'un  desideratum. 

Quoi  qu'il  en  soit,  n'appartiendrait-il  pas  à  la  Société  na- 
tionale d'Acclimatation,  sentinelle  avancée  de  la  science  ap- 
pliquée, de  prendre  en  main  la  défense  et  le  développement 
d'une  proposition  qui  n'a  d'autre  raison  que  de  rendre  plus 
logique  et  plus  rationnel  l'enseignement  officiel  des  sciences 
naturelles,  en  aidant  au  progrès  de  l'instruction  publique, 
objet  de  la  sollicitude  du  gouvernement  de  l'État  et  du  Con- 
seil municipal  de  Paris? 

Le  puissant  écho  de  cet  appui  émanant  de  l'honorable 
Société  en  entraînerait  inévitablement  l'adoption. 

Assez  de  ces  distinctions  d'Écoles  française,  anglaise  et  alle- 
mande! c'est  nationaliser  et  parquer  la  science,  qui  tend, 
quoi  qu'on  veuille,  à  devenir  forcément  cosmopolite,  tout  en 
demeurant  et  restant  une  dans  sa  méthode. 

Assez  sacrifié  sur  les  autels  d'une  routine  qui  n'a  pas  d'ex- 
cuse !  Conservons  religieusement  le  culte  des  Linné,  des 
Buffon,  des  Cuvier,  des  Geoffroy  Saint-Ililaire  et  des  Milne- 
Edwards.  Ce  sont  d'illustres  et  brillants  fanaux  qui  nous 
servent  à  mesurer  les  progrès  accomplis  sous  la  bienfaisante 
influence  des  trésors  de  leur  philosophie  scientifique,  et  à 
nous  éclairer  sur  ce  qui  reste  à  faire.  Ceux-là  seuls  sont  nos 
élus,  sans  qu'il  soit  besoin  de  Tabernacle  ou  d'Arche-Sainte 
pour  les  honorer  et  en  garder  fimpérissable  souvenir. 

Si  les  Ornithologistes,  nos  savants  collègues  (et  ils  sont 
nombreux  dans  notre  Société)  veulent  bien  prendre  en  sé- 
rieuse considération  notre  humble  proposition,  ils  auront 
donné  l'exemple  d'une  réforme  méthodique  rationnelle  que 
nous  appelons  de  tous  nos  vœux,  et  dont  ils  recueilleront  tout 
fhonneur. 

Le  moindre  des  inconvénients  du  système  actuel  est  de 
mettre  en  relief  et  de  faire  briller  comme  un  vain  mirage, 
toutes  les  perfections  de  mœurs  et  d'industrie  qui  prêtent 
tant  d'intérêt  aux  oiseaux  de  proie  et  aux  passereaux,  comme 
si,  seuls  de  leur  classe,  ils  en  étaient  doués.  En  telle  sorte 


CLASSIFICATION   EN   ZOOLOGIE.  517 

que,  forl  de  la  richesse  d'observations  faites  sur  ces  deux 
Ordres,  il  semble  que  l'on  n'ait  plus  rien  à  apprendre  au 
sujet  des  autres  oiseaux. 

D'où  il  résulte  qu'arrivé  à  ce  que  l'on  appelle  aujour- 
d'hui les  ordres  inférieurs,  tels  que  les  Manchots  et  Nageurs 
et  tous  les  Palmipèdes,  on  passe  devant  eux  avec  dédain, 
comme  s'il  ne  leur  restait  plus  de  mystères  à  nous  révéler. 
Oubliant  que  les  Manchots,  par  exemple,  n'offrent  pas  un 
intérêt  moindre,  lorsqu'on  les  étudie  :  par  leurs  migrations 
à  la  nage,  qui  s'exécutent  exactement  en  bancs  épais  et  en 
masses,  comme  celles  de  tous  les  poissons  de  grande  pêche, 
tels  que  Sardines,  Harengs,  etc.  ;  par  leurs  campements  pour 
l'établissement  de  leurs  nids  en  colonies,  et  conséquemment 
par  leur  esprit  si  remarquable  d'association,  qu'il  est  cu- 
rieux de  voir  poindre  au  début  même  de  l'Ordre. 

Sans  donc  se  livrer  pour  les  oiseaux,  comme  l'a  fait  Agassiz 
pour  les  poissons,  à  V exposition  des  lois  de  leur  succession  et 
de  leur  développement  organique  durant  toutes  les  méta- 
morphoses du  globe  terrestre,  nous  pouvons  bien,  sans  trop 
de  témérité,  aborder  une  classification  Ornilhologique  ayant 
le  même  point  de  départ,  en  considérant  l'organisation  de 
l'oiseau,  non  au  point  de  vue  exclusif  des  métamorphoses  du 
globe,  mais  au  point  de  vue  des  trois  éléments  dans  chacun 
desquels  (l'eau,  la  terre  et  l'air)  il  était  appelé  à  vivre  et  à  se 
mouvoir;  deux  ordres  d'idées  qui  se  touchent  de  fort  près. 

Ce  qui  nous  confirme  enfin  dans  notre  manière  de  voir, 
c'est  le  regret  exprimé  par  Milne-Edvvards,  à  la  suite  de  ses 
dernières  recherches  sur  les  animaux  inférieurs,  de  n'avoir 
pas  commencé  ses  études  en  zoologie  par  où  il  les  a  si  bril- 
lamment terminées. 


(JUELOUES  MOTS 

SUR  LES  ANIMAUX  DOMESTIQUES 

DE  LA  COCHINCHLNE  FRANÇAISE 
Par  M.    Rodolphe   GERMAIIV 

(Fin.) 


DU    CHEVAL. 


On  n'élève  de  Chevaux  dans  aucun  point  de  la  Cochinchine 
française,  et  ceux  que  l'on  y  voit,  partout,  exclusivement 
entre  les  mains  des  fonctionnaires  publics  indigènes  ou  pour 
l'usage  des  courriers,  sont  tirés  du  Binh-Thuan,  province 
annamite  limitrophe  de  la  province  de  Bien  Hoa,  ou  du  Cam- 
bodge. 

Je  transcris  ici  des  notes  écrites  en  mars  1864,  sur  les 
Chevaux  que  je  voyais  à  Saigon  et,  en  mars  1865,  sur  ceux  de 
même  race  vus  au  Binh-Thuan,  région  de  production. 

Saigon.  —  Le  Cheval  cochinchinois  n'est  pas  beau  ;  il  est 
tout  petit,  comme  le  plus  petit  Cheval  corse,  mais  il  n'est  pas 
harmonieusement  construit  comme  celui-ci. 

11  a,  pour  sa  taille,  une  tête  énorme,  dans  laquelle  l'œil  est 
placé  très  haut,  ce  qui  lui  donne  une  mauvaise  expression 
physionomique  ;  son  encolure  est  courte,  mince,  mal  réunie 
au  garrot,  qui  est  généralement  peu  élevé. 

La  poitrine  est  peu  développée  et,  en  revanche,  le  ventre 
l'est  beaucoup,  ce  qu'explique  suffisamment  le  régime  presque 
exclusivement  herbacé. 

Les  membres,  avec  de  mauvais  aplombs,  sont  bons  néan- 
moins, solides.  Le  genou  est  creux,  genou  de  bœuf,  et  les 
jarrets  sont  coudés  et  rapprochés. 

Les  tares  des  membres  sont  rares,  ce  qui  est  d'autant  plus 
surprenant,  que  c'est  par  là  que  manquent  souvent  les 
Chevaux  égyptiens  importés. 


AlilIMAUX   DOMESTIQUES    DE   COCHINCHINE.  519 

L'allure  de  ce  petit  Cheval  a  beaueoup  d'analogie,  au  trot, 
avec  celle  du  Chien.  C'est  Là  la  meilleure  définition  que  j'en 
puisse  faire,  et  pourtant  je  serais  embarrassé  de  le  prouver 
par  des  développements  analytiques. 

Ce  trot  est  l'allure  la  plus  fréquente,  les  Annamites  ne  lui 
demandant  jamais  le  galop. 

,  Ce  trot  est  rapide  et,  avec  un  de  mes  Chevaux  égyptiens, 
beaucoup  plus  grand  et  assez  bon  trotteur,  il  ne  m'a  pas  été 
possible  de  gagner  du  terrain  sur  plusieurs  Chevaux  anna- 
mites, appartenant  à  des  chefs  indigènes. 

Le  poitrail  de  la  selle  est  couvert  de  grelots,  dont  le  tinte- 
ment précipité  m'a  fait  croire  longtemps  que  la  vitesse  de  ce 
Cheval  n'était  que  fictive  ;  mais  j'ai  dû  reconnaître  mon  erreur 
en  luttant  avec  mes  Chevaux. 

Ce  petit  Cheval  est  très  vigoureux;  il  peut  fournir  de  très 
longues  courses  et  faire  un  service  très  actif,  avec  une  nourri- 
ture peu  riche;  il  ne  mange,  pour  ainsi  dire,  que  de  l'herbe 
verte. 

Malheureusement,  il  est  trop  petit  pour  nous,  et  du  reste, 
on  le  trouve  peu,  dans  les  provinces  soumises  à  notre  in- 
fluence.  On  n'élève  pas  du  tout  à  Saigon. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  peut  rendre  des  services  à  nos  colons, 
€omme  monture  ou  comme  attelage;  il  n'est  pas  luxueux, 
mais  il  a  sa  valeur. 

Binh-Thuan.  —  C'est  la  même  race  qu'à  Saigon,  mais  un 
peu  modifiée  par  le  régime  meilleur,  inhérent  à  la  sécheresse 
el  à  l'élévation  relative  du  sol. 

Ces  Chevaux  ont  l'",20  environ;  ilssontbien  proportionnés; 
ils  ont  la  tête  assez  fine,  le  regard  expressif;  la  poitrine  bien 
développée,  le  rein  bien  soutenu  et  les  aplombs  du  devant 
très  bons;  il  n'en  est  pas  de  même  derrière;  la  croupe  est 
généralement  avalée,  tranchante,  les  jarrets  crochus  et  clos, 
mais  le  défaut  n'est  qu'objectif;  ils  sont  d'une  solidité  et  d'une 
adresse  très  remarquables  dans  la  marche  et  je  n'en  ai  jamais 
constaté  de  plus  grandes. 

Ces  petits  chevaux  marchent  tous  la  môme  allure,  compa- 
rable au  trot  du  chien,  et  ils  la  soutiennent  des  heures  entières 


520  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

sans  essoufflement  apparent.  Nous  avons  fait  neuf  lieues  en 
trois  heures,  avec  les  mêmes  chevaux,  et  nous  seuls  nous  en 
apercevions,  car  on  est  loin  d'être  à  son  aise,  sur  les  petites 
selles  annamites,  qui  ressemblent  aux  chevalets  de  nos  selle- 
ries. 

On  ne  rencontre  chez  aucun,  quelque  soitTâge,  de  ces  tares 
osseuses  ou  molles  des  membres,  inévitables  chez  nos  Che- 
vaux longtemps  soumis  à  un  service  actif. 

On  dirait  que  la  nature  s'est  plu  à  douer  les  petits 
d'une  plus  grande  force  relative.  Ainsi,  le  Cheval  corse,  chez 
nous,  est  incomparablement  plus  résistant  que  nos  grandes 
races.  Le  petit  Cheval  du  Binh-Thuan  lui  ressemble,  s'il  ne  le 
surpasse  pas,  pour  la  résistance. 

La  robe  la  plus  commune  est  le  bai  brûlé,  mais  on  rencontre 
toutes  les  nuances. 

Un  Cheval  coûte  iOO  francs,  pour  nous,  prix  certainement 
au-dessus  du  cours  local. 

11  n'est  pas  rare  de  voir  des  Chevaux  de  celte  origine  se 
vendre  cent  piastres  mexicaines,  à  Saigon,  plus  de  500  francs, 
ce  qui  indique  assez  leur  valeur  d'utilisation,  pour  les  atte- 
lages des  résidents  européens. 

On  rencontre  exceptionnellement,  au  Binh-Thuan,  des 
Chevaux  de  plus  grande  taille,  mais  encore  petits;  ils  viennent, 
paraît-il,  d'une  province  du  littoral  annamite,  peu  éloignée 
et  plus  au  nord,  dans  laquelle  on  élève  beaucoup  de  Chevaux. 
Comme  le  Binh-Thuan,  cette  province  est  sur  la  ligne  des 
courriers  pour  la  capitale,  qui  se  font  par  terre  et  achevai. 

J'ai  vu  dans  les  campagnes  du  Binh-Thuan,  des  Juments 
relativement  belles,  qui  me  donnent  à  penser  que  cette  race 
est  très  perfectible,  par  un  grand  soin  dans  les  appareille- 
ments  et  par  une  nourriture  plus  substantielle. 

Il  y  a,  dans  la  teneur  de  ces  notes,  prises  à  deux 
dates,  à  Saigon  et  au  Binh-Thuan,  une  différence  marquée. 
Elle  s'explique  par  l'influence  climatérique  sur  la  nature  de 
l'alimentation  plus  substantielle,  au  Binh-Thuan,  où  les 
Chevaux  reçoivent  des  fourrages  secs  de  légumineuses,  qu'à 
Saigon,  où  l'alimentation  est  toujours  composée  de  plantes 


ANIMAUX   DOMESTIQUES   DE    COCHINCHINE.  521 

graminées  vertes.  Il  est  possible  que  les  Chevaux  que  j'ai  vus 
d'abord  à  Saigon  étaient,  pour  le  plus  grand  nombre,  origi- 
naires de  la  basse  Gochinchine,  où  l'atmosphère  et  le  sol  sont 
toujours  humides,  et  facteurs  de  végétation  aqueuse  dans  les 
plantes. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  Chevaux  que  j'y  ai  vus  dans  la  suite 
se  rapprochaient  de  ceux  du  Binh-Thuan,  dont  ils  pouvaient 
tous  venir,  la  basse  Cochinchine  n'en  produisant  plus. 

Les  Chevaux  du  Cambodge  sont  plus  petits  que  les  anna- 
mites, dont  ils  difîèrent  par  plus  d'ampleur  dans  les  formes 
d'ensemble,  plus  de  brièveté  de  corps;  ils  en  seraient  les 
Poneys,  pour  donner  un  terme  comparatif;  je  n'ai  nulle  indi- 
cation sur  la  raison  factrice  de  cette  différence  qui  me  donne 
l'occasion  d'une  comparaison  assez  intéressante. 

Les  Bœufs  du  Cambodge  sont  élancés,  de  forme  générale 
et  longs  de  corps;  ceux  du  Binh-Thuan  sont  trapus,  et  courts 
de  corps;  les  Chevaux  de  cette  région  sont  relativement  plus 
grands  et  plus  légers,  de  forme  générale;  les  Chevaux  du 
Cambodge  sont  courts  et  trapus  (1). 


(1)  Les  deux  races  mentionnées  ci-dessus  jouissent  d'une  égale  énergie, 
proportionnellement  plus  grande  qu'aucune  de  nos  races  d'Europe. 

Ces  petits  animaux,  à  peine  grands  comme  les  petits  ânes  d'Egypte,  peuvent 
porter  un  cavalier  très  fort,  un  gros  Européen,  et  lui  fournir  de  longues  cour- 
ses, sans  en  souffrir  sensiblement. 

Us  sont  doués  d'une  grande  sensibilité,  d'un  certain  entêtement,  qui  les 
rend  portés  à  devenir  rétifs  quand,  attelés,  ils  sont  mal  menés. 

Les  Chevaux  annamites  sont  d'une  solidité  à  toute  épreuve  et  d'une  remar- 
quable adresse.  On  peut  les  conduire  sans  crainte  aux  allures  vives  au  milieu 
des  inégalités  du  sol;  il  faut  qu'un  enfoncement  soit  bien  profond  pour  que  la 
bête  le  saute;  généralement  elle  y  met  le  pied.  Un  arbre  est-il  abattu  en  tra- 
vers du  chemin,  le  barrant  par  jdusieurs  branches  rapprochées  du  sol,  le 
Cheval  les  franchit  l'une  après  l'autre,  en  y  posant  les  pieds,  comme  le  ferait 
un  honmie  et  sans  songer  à  sauter. 

Cette  adresse  annonce  un  travail  de  tète  et  du  discernement  quant  à  l'équi- 
libre, malgré  la  charge  du  cavalier. 

Il  est  vrai  que,  normalement,  le  Cheval  annamite  monté  est  dans  les  meil- 
leures conditions  de  solidité  de  la  station. 

La  selle  est  toute  petite,  c'est  une  sellette  très  légère  ;  son  siège  est  long, 
les  étriers  très  courts,  et  le  cavalier,  léger  lui-même,  porte  tout  son  poids  en 
arrière  sur  un  point  qui  varie  peu.  Il  est,  à  cheval,  les  genoux  presque  à  hau- 
teur des  hanches. 

D'un  autre  côté,  le  cavalier  a  une  grande  action  sur  son  cheval  par  la  bride. 
Le  mors  est  un  mors  brisé   et  sa  barre  est  grosse  et  couverte  d'aspérités  qui 


522  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

A  mon  départ  de  Cochinchine,  oclobre  1867,  la  jumenlerie 
«gyptienne,  fondée  à  Saigon,  par  le  gouvernement,  en  1865, 
avait  donné  comme  produits  d'assez  bons  résultats;  les  Pou- 
lains étaient  de  bonne  venue,  bien  conformés,  ne  paraissant 
pas  se  ressentir  de  l'atteinte  constitutionnelle  portée  par  le 
climat  et  le  régime  surtout,  sur  les  Juments  poulinières,  dont 
plusieurs  avaient  déjà  succombé  à  une  maladie  particulière 
du  système  osseux  (ostéomalacie),  dont  toutes  se  ressentaient, 
dans  une  mesure  telle  que  je  dois  penser  qu'il  n'en  reste  plus 
aujourd'hui  une  seule,  sur  les  vingt  de  première  importation 
de  l'âge  de  quatre  à  cinq  ans. 

Je  n'ai,  à  ce  sujet,  aucun  autre  renseignement  que  celui  du 
gain  d'une  course  sur  l'hippodrome  de  Saigon,  en  1870,  par 
un  Poulain  de  cette  origine,  qui  devait  à  cette  époque  avoir 
cinq  ans.  11  était  donc  arrivé  à  l'âge  adulte  avec  une  constitu- 
tion normale. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  me  paraît,  à  priori,  quela  création,  en 
Cochinchine  française,  d'une  race  d'origine  européenne  ou 
égyptienne,  en  vue  d'avoir  des  animaux  de  taille  répondant 
davantage  que  ceux  d'origine  annamite  aux  besoins  du  luxe 
desVésidents,  présente  par  les  éléments,  climatériques  et  ali- 
mentaires du  pays,  de  grandes  causes  de  difficultés  de 
réussite,  sinon  d'insuccès,  L'élat  de  la  colonisation  ne  com- 
porte guère,  d'ailleurs,  cette  création  par  l'action  des  parti- 
culiers, et  elle  constitue  pour  le  gouvernement  une  charge 
considérable,  surtout  si  son  bon  résultat  peut  faire  l'objet 
d'un  doute,  ce  qui  me  paraît  être.  Je  le  répète,  je  manque  de 

agissent  cruellement  sur  les  barres  du  Cheval,  qui  est  toujours  en  garde 
contre  toute  cause  d'action  du  mors  par  le  cavalier. 

Ces  Chevaux  sont  d'un  entretien  facile;  dans  la  saison  humide,  l'herbe  tendre 
et  aqueuse  les  entretient  bien;  dans  la  saison  sèche,  ils  se  contentent,  sans 
dépérissement,  de  Therbe  desséchée  et  sans  saveur.  Les  Annamites  leur  don- 
nent rarement  du  grain,  mais  ils  utilisent  la  paille  des  légumineuses  de  leurs 
cultures,  haricots,  arachides,  etc. 

Nourris  un  peu  plus  substantiellement,  ils  sont  aptes  à  supporter  sans  diffi- 
cultés les  plus  grandes  fatigues,  et,  même  avec  une  alimentation  verte,  ils 
fournissent  les  plus  grands  travaux. 

Ainsi,  à  Saigon,  les  Indiens  monopolisateurs  des  petites  voitures  attellent 
ces  petits  Chevaux  à  leurs  grosses  calèches  et  leur  font  faire  un  travail  extraor- 
dinaire, le  plus  souvent  à  une  vitesse  qu'on  croirait  impossible,  tellement  la 
disproportion  est  grande  entre  le  lourd  véhicule  et  le  Cheval  qui  le  traîne. 


ANIMAUX   DOMESTIQUES   DE   COCHINCHINE.  523 

renseignements  sur  les  résultats  actuels  de  la  tentative  dont 
j'ai  vu  les  débuts  et  les  premiers  résultats,  favorables,  seule- 
ment, quant  aux  Poulains,  à  la  fin  de  1807. 

Je  mets  en  regard  le  résultat  de  mes  observations  sur  l'effet 
produit  par  l'habitat  en  Gochinchine  française,  sur  les  ani- 
maux domestiques  :  Chevaux,  Mulets,  Anes,  Bœufs,  Moutons, 
Chèvres  même,  d'origine  étrangère,  européenne,  égyp  tienne, 
chinoise,  de  Manille. 

Chevaux.  —  Il  a  été  importé  des  Chevaux  égyptiens,  des 
Chevaux  australiens,  des  Chevaux  romains,  des  Chevaux  de 
Manille,  des  Chevaux  japonais. 

Anes.  —  Soixante  Anes  d'Egypte. 

Mulets.  —  Trois  à  quatre  cents  Mulets  de  Chine. 

Bœufs.  — Un  très  petit  nombre  de  bêtes  bovines,  d'origine 
européenne,  d'Italie,  je  crois,  trois  ou  quatre. 

Moutons  et  Chèvres.  —  Quelques  Chèvres  d'Europe,  et  un 
assez  grand  nombre  de  Moulons  d'Aden,  par  les  transports  de 
l'État;  des  Moutons  de  Chine. 

Cela  de  1862  à  1808,  à  Saigon.  De  tous  ces  animaux,  les 
Japonais,  seuls,  ont  échappé  à  une  atteinte  constitutionnelle, 
par  le  séjour  en  Cochinchine,  où  je  ne  les  ai  vus  que  de  sep- 
tembre 1805  à  octobre  1807. 

Les  Mulets  y  ont  résisté,  pour  le  plus  grand  nombre,  mais 
elle  s'est  accusée  chez  beaucoup. 

Elle  s'est  montrée  sur  tous  les  Chevaux  égyptiens,  sur  les 
australiens,  surles  romains,  sur  tous  les  Anes;  ils  y  ont  tous 
succombé  dans  un  temps  plus  ou  moins  long,  du  moins  je  dois 
penser  qu'il  n'en  doit  pas  rester  de  ceux  que  j'ai  vus,  ou  que 
tout  au  moins,  s'il  en  reste,  ils  ne  sont  aptes  qu'à  un  pauvre 
service. 

Cette  atteinte  porte  sur  le  système  osseux,  dont  les  éléments 
minéraux  diminuent  dans  une  mesure  telle,  que  la  fonction 
organique  entraîne,  dans  les  os,  des  lésions  maladives,  déta- 
chement des  ligaments,  disparition  des  cartilages  articulaires, 
arthrites,  fractures  spontanées. 

Une  influence  plus  agissante  que  le  climat,  produit  cette 
profonde  altération,  c'est  la  dissimilitude  de  l'alimentation 


524  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION.  • 

reçue  en  Cochinchine  et  de  celle  qui  a  présidé  àrorganisalion 
des  animaux  étrangers.  Dans  le  sol  de  Cochinchine,  la  chaux 
est  en  proportion  infime,  et  ses  plantes  ne  donnent  pas  aux 
animaux  les  éléments  de  réparation  complète  des  pertes  de 
leur  système  osseux.  D'où  un  état  latent  de  souffrance  qui  se 
termine  par  les  lésions  graves  citées,  le  marasme  et  la  mort. 

J'ai  fait  sur  cette  maladie,  dont  je  ne  dirai  pas  autre  chose 
ici,  un  travail  spécial,  où  j'ai  noté  cette  particularité  que  les 
Juments  atteintes  ont  donné  des  produits  viables  et  qui  sont 
arrivés  à  l'âge  adulte  avec  une  constitution  normale.  Sil'étalon 
était  atteint  lui-même,  les  produits  naissaient  dans  un  état 
rachitique,  dont  il  était  impossible  de  les  relever. 

Les  animaux  étrangers  subissent  naturellement  celte  in- 
fluence fatale,  d'autant  plus  que  la  constitution  géologique 
de  leur  pays  originel  s'éloigne  davantage  de  celle  de  la  Cochin- 
chine. Les  Manillais  sont  ceux  sur  lesquels  elle  s'est  le  moins 
accusée,  et  c'est  sur  ceux  d'Egypte,  où  le  sol  est  essentielle- 
ment calcaire,  qu'elle  l'a  été  le  plus.  Les  Japonais  en  ont  été 
indemnes. 

L'importation  directe  de  Chevaux  étrangers,  européens  ou 
autres,  répondant  aux  besoins  du  luxe  actuel,  et  surloutfutur, 
ne  se  peut  qu'à  des  conditions  très  onéreuses,  en  raison  de  la 
longueur  et  des  risques  des  transports. 

Le  climat,  constamment  humide  et  très  chaud,  les  affaiblit 
d'abord  et,  en  faisant  diminuer  les  forces  actives  des  voies 
digestives,  il  aide  grandement  à  l'effet  du  vice  foncier  des 
éléments  locaux  de  la  nutrition. 

On  ne  peut  les  soustraire  à  cette  action  fatale  qu'en  impor- 
tant avec  eux  et  pour  eux,  dans  la  suite,  la  plus  grande  partie 
des  éléments  de  leur  alimentation  habituelle,  ce  qui  présente 
de  très  grandes  difficultés,  même  pour  le  gouvernement. 

On  pourrait,  peut-être,  obtenir  un  heureux  résultat,  sous  ce 
rapport,  par  la  culture  sur  des  terrains  appropriés,  de  plantes 
légumineuses,  le  Berzim,  par  exemple,  des  Égyptiens  {Tri- 
foliiim  fibrinum) ,  qm  se  cultive  sur  des  terrains  similaires, 
quant  à  la  nature  physique  et  hygrométrique,  mais  en  diffé- 
rant essentiellement  au  point  de  vue  chimique.  En  Egypte,  la_ 


ANIMAUX   DOMESTIQUES   DE   COCHINCHINE.  525 

chaux  entre,  pour  unegrande  part,  dans  ces  terrains  produc- 
leurs  d'un  aliment  parfait  pour  les  Chevaux  du  pays.  En 
Cochinchine,  elle  y  manque  presque  ahsolument.  Il  faudrait 
y  employer  grandement  cet  amendement.  Les  fourrages 
qu'on  en  tirerait  auraient  alors  une  valeur  sérieuse  d'en- 
tretien pour  les  Chevaux  importés. 

D'ailleurs,  je  l'ai  déjà  dit,  l'étude  de  la  colonisation  ne 
comporte  ces  essais  que  pour  la  faible  part  d'utilisation  que 
peut  chercher  à  leur  faire  le  gouvernement  local,  pour  ses 
besoins  propres,  besoins  grandement  diminués,  sans  doute, 
par  le  licenciement  presque  absolu  de  la  cavalerie  propre- 
ment dite,  en  Cochinchine. 

Les  terres  sont  encore  toutes  du  domaine  cultural  des  indi- 
gènes, qui  n'ont  que  des  Chevaux  d'origine  locale  et  n'ont 
pas  besoin  d'en  avoir  d'autres. 

Plus  tard,  il  faut  l'espérer,  de  grandes  exploitations  agri- 
coles européennes  seront  entreprises.  Celles-là,  seules,  qui 
seront  en  dehors  de  la  région  exclusivement  exploitable  en 
rizières  ou  cultures  économiques  adventives,  seront  appro- 
priées à  des  tentatives  nouvelles  de  création  d'une  grande  race 
locale  de  Chevaux  d'origine  étrangère.  Elles  ne  pourront  être 
établies  que  dans  la  région  relativement  haute  et  plus  ou 
moins  forestière,  qui  s'étend  sur  tout  le  périmètre  de  la  pro- 
vince de  Bien-Hoa,  jusqu'à  la  mer,  où  elle  est  limitrophe  du 
Binh-Thuan,  la  bande  littorale  convenant  moins  à  l'élevage 
des  chevaux  que  l'intérieur  des  terres. 

Dans  ces  régions,  on  voit  de  grands  espaces  où  l'on  pour- 
rait établir  assez  facilement,  d'une  manière  relative,  de  bonnes 
prairies  pour  l'alimentation  et  les  parcours,  en  en  jugeant 
seulement  par  la  présence  dans  ces  terrains  de  plantes  herba- 
cées légumineuses,  en  abondance  relative. 

Ces  plantes,  à  l'état  herbacé,  sont  aussi  rares  en  Cochin- 
chine qu'elles  y  sont  nombreuses  à  l'état  arborescent.  Ils 
permettraient  aussi,  probablement,  la  culture  du  Grayn  (Cicer 
arietinum),  dont  le  grain  constitue  dans  l'Inde  la  base  prin- 
cipale de  l'alimentation  des  Chevaux,  et  dont  l'introduction 
par  importation,  dans  celle  des  Chevaux  étraogers  à  la  Co- 


526  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

chinchine  a  produit  d'excellents  effets  sur  eux,  au  point  de 
vue  de  l'atténuation  de  la  maladie  du  système  osseux  signalée. 
Les  calcaires  en  amendements  y  seraient  encore  grande- 
ment indiqués,  et  il  faudrait,  aussi,  apporter  un  soin  tout  par- 
ticulier à  l'installation  du  logement. 

Les  conditions  climatériques  s'opposent,  partout,  même 
au  Binh-Thuan,  où  les  Annamites  ne  le  pratiquent  pas,  à 
l'élevage  des  Chevaux  en  liberté  constante.  Il  leur  faut  des 
abris,  la  nuit  toujours,  et  le  jour,  dans  la  saison  des  pluies. 
Les  animaux  de  l'espèce  bovine  importés  en  Cochinchine, 
trois  ou  quatre  Vaches  d'origine  italienne,  ont,  dès  l'arrivée, 
souffert  sous  l'action  combinée  du  climat  et  de  l'alimentation 
inappropriée.  Ils  sont  promptement  morts  dans  un  état 
misérable. 

Quant  aux  Moutons,  aussi  bien  ceux  de  Chine  que  ceux 
d'Aden,  région  essentiellement  sèche,  ils  ont  tous  reçu  du 
séjour  en  Cochinchine  une  influence  contraire,  dont  le  ré- 
sultat a  été  un  état  cachectique  des  plus  accusés.  L'espèce  ne 
peut  convenir  à  la  basse  Cochinchine,  dont  la  constitution 
géologique  et  climatérique  est  aussi  faclrice  que  possible  de 
la  cachexie  aqueuse,  à  laquelle  on  a  tant  de  difficulté  à  sous- 
traire les  Moutons  de  certaines  de  nos  contrées  humides,  qui 
peuvent  être  dites  sèches  relativement,  dans  leurs  points  en 
culture. 

Comme  je  n'aurai  pas  à  parler  du  Mouton,  pour  la  Cochin- 
chine, je  placerai  ici,  incidemment,  quelques  observations 
sur  la  possibilité  éventuelle  d'y  tenter  l'introduction  de  cette 
espèce  domestique,  en  vue  de  satisfaire  les  besoins  européens.. 
S'il  est  jamais  possible  de  maintenir  en  Cochinchine  des  Mou- 
tons dans  des  conditions  persistantes,  ce  ne  pourra  jamais 
être,  d'après  ce  que  j'en  ai  vu,  que  sur  la  région  de  dunes  ou 
de  terrains  relativement  secs  qui  se  trouvent  sur  le  littoral, 
dans  le  cercle  de  Baria,  du  cap  Ti  Wan,  par  exemple,  au 
Binh-Thuan. 

Là,  la  constitution  atmosphérique  du  pays  se  fait  sentir 
dans  la  moindre  mesure,  et  la  sécheresse  relative  du  sol  par 
l'écoulement  facile  qu'il  donne  aux  eaux,  s'allie  à  l'influence 


ANIMAUX   DOMESTIQUES   DE    COCHINCHINE.  527 

du  vent  marin,  pour  produire  une  végétation  herbeuse  plus 
succulente.  Ces  causes  diverses  rendraient  praticables  des 
cultures  raisonnées  en  vue  de  l'alimenlalion  des  bêtes  ovines. 
Si  l'on  peut  arriver  à  une  alimentation  convenable,  le  loge^ 
ment  aidera  à  la  réussite  de  l'entreprise,  mais  il  doit  paraître 
douteux  que  cela  puisse  être  d'ici  fort  longtemps. 

Puisque  l'on  a  bien  tenté  l'acclimatation  de  Moutons  dans 
des  points  où  ils  ne  pouvaient  absolument  pas  se  soutenir^ 
à  Saigon,  par  exemple,  il  y  a  lieu  de  parfaire  la  tentative 
d'importation  de  l'espèce,  par  des  essais  sérieux,  là  où  ils 
paraissent  pouvoir  peut-être  réussir,  si  tant  est  que  l'on 
puisse  un  peu  espérer  un  succès,  si  faible  qu'il  soit. 

Ces  abris,  pour  être  bons,  doivent  être  sur  un  sol  sec,  et 
pour  une  grande  exploitation ,  il  faut  des  écuries  très  grandes 
relativement  au  nombre  d'animaux  qu'elles  doivent  contenir^ 
pour  en  soustraire  l'intérieur  à  la  grande  humidité  et  à  l'ac- 
tion solaire  forte. 

11  ressort,  des  longues  considérations  précédentes,  que  je 
crois  fort  douteuse  la  réussite  de  la  création  d'une  race  de 
Chevaux  d'origine  étrangère,  jusqu'au  jour,  très  loin  de 
nous,  sans  doute,  où  la  Cochinchine  française  sera  le  siège 
de  grandes  exploitations  agricoles  florissantes. 

Mais  on  pourra  beaucoup  plus  toi,  et  dès  le  début  de 
celles  dont  j'ai  indiqué  le  lieu  d'élection,  agir  grandement 
sur  le  perfectionnement,  au  point  de  vue  des  besoins  euro- 
péens, de  la  petite  race  du  Binh-Thuan. 

Les  Espagnols  ont  modifié  d'une  manière  très  avantageuse 
la  race  primitive  de  Manille,  par  l'importation ,  je  crois, 
d'étalons  d'origine  métropolitaine.  Aujourd'hui,  les  Chevaux 
de  Manille  sont  plus  grands  que  tous  ceux  des  îles  de  la 
Polynésie,  et  ils  sont  doués  d'une  conformation  fine,  relati- 
vement remarquable,  à  tous  les  points  de  vue. 

On  pourra  faire  de  même,  en  Cochinchine,  en  temps  voulu, 
avec  la  race  des  petits  Chevaux  de  Binh-Thuan  et  des  étalons 
d'importation.  Ceux-ci  doivent  être  tirés  d'Egypte,  parmi  les 
Chevaux  communs  de  la  plus  petite  taille.  Ces  Chevaux  sont 
doués  d'une  conformation  admirable  et  d'une  résistance  toute 


528  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

particulière,  qu'ils  ont  grandement  prouvée  en  dehors  de  la 
maladie  fatale  signalée. 

Par  un  choix  judicieux  des  Juments,  parmi  lesquelles 
s'en  trouvent  de  très  belles  au  Binh-Thuan,  comme  je  l'ai 
dit,  ce  croisement,  aidé  d'une  valeur  foncière  grande  donnée 
à  l'alimentation,  me  semble  devoir  produire  de  très  beaux 
résultats  successivement  perfectibles  par  une  attention  sou- 
tenue dans  la  production  des  générations  successives. 

On  sait  la  puissante  action  d'une  alimentation  forte  et  bien 
choisie,  sur  les  Poulinières  des  races  les  moins  bien  douées. 
L'élevage,  ainsi,  des  Poulains  achetés  au  Binh-Thuan, 
donnerait  même  de  très  beaux  résultats  pour  l'amélioration 
de  cette  race.  Ne  faudrait-il,  pour  le  prouver,  que  le  change- 
ment qui  s'opère  sur  la  valeur  foncière  et  objective  de  ces 
animaux,  entretenus  et  soignés  par  les  résidents. 

Dans  bien  des  points  où  l'on  élève  des  Moutons,  l'élevage 
des  Chèvres  se  fait  aussi,  dans  les  régions  montagneuses, 
comme  l'Algérie  par  exemple. 

Il  n'y  a  pas  de  Moutons  en  Gochinchine,  mais  il  y  a  des 
troupeaux  de  Chèvres  au  Binh-Thuan,  province  annamite 
voisine  de  la  ligne  littorale  que  j'ai  signalée.  C'est  une  indi- 
cation de  l'essai  de  l'élevage  du  31outon  ou  d'entretien  de 
Moutons  importés. 

Il  est  bien  entendu  que  le  Mouton  d'Aden  ne  convient,  sous 
aucun  rapport,  tant  ce  pays  est  antipodique  comme  climat,  à 
laCochinchine.  On  pourrait  tenter  l'introduction  de  la  plus 
petite  race  de  Moutons  à  longue  laine  de  Chine  ;  cette  race  est 
bien  conformée,  et  elle  offre  l'avantage  d'être  à  proximité  re- 
lative et  d'être  en  Chine  d'un  prix  peu  élevé.  Je  ne  sais  rien  de 
l'état  climalérique  et  géologique  du  pays  où  on  la  rencontre. 

Abstraction  faite  de  la  longueur  du  voyage  et  du  prix  plus 
élevé,  je  crois  que  nos  Solognots  offriraient,  par  leur  petite 
taille  et  leurs  facultés  originelles,  les  meilleures  conditions 
d'essai.  Il  serait  possible,  sans  doute,  en  temps  voulu,  plus 
lard,  quand  l'entreprise  offrira  des  conditions  sérieuses, 
d'obtenir  de  l'administration  des  transports  d'importation  sur 
les  bâtiments  de  l'État. 


ANIMAUX   DOMESTIQUES   DE  COCHINCIIINE.  529 

Le  caractère  si  grandement  douteux  des  bons  résultats 
d'un  semblable  essai,  donne  à  son  entreprise  un  côté  géné- 
reux, qu'il  n'est  que  juste,  pour  l'administration,  de  seconder. 
C'est,  du  reste,  en  aidant  ces  tendances,  qu'elle  a  le  plus  de 
chance  de  voir  sortir  des  effets  utiles  de  tentatives  d'impor- 
tation d'animaux  étrangers  à  un  climat,  car,  pour  leur  bon 
résultat,  il  faut  surtout  l'entente  parfaite  de  la  chose  et  l'inci- 
tation à  la  bien  suivre  par  l'intérêt  particulier  ou  par  l'aspi- 
ration à  servir  l'intérêt  général,  ou  l'obligation  du  devoir 
imposé  par  une  mission  spéciale  rétribuée. 

DE   LA    CHÈVRE. 

On  ne  voit  pas  de  Chèvres  en  Cochinchine  française,  mais 
on  en  voit  des  troupeaux  nombreux  sur  le  littoral,  dans  la 
province  annamite  de  Binh-Thuan. 

La  race  est  petite,  mais  parfaitement  constituée,  et  l'on 
voit  qu'elle  s'accommode  parfaitement  des  conditions  clima- 
lériques  et  alimentaires  de  cette  région. 

Elle  vit  des  plantes  herbacées  dures  et  des  feuilles  des 
arbrisseaux  qui  couvrent  les  terrains  des  dunes,  qui  forment 
une  large  bande  sur  le  littoral. 

Le  climat  du  Binh-Thuan  doit  essentiellement  différer  de 
celui  de  la  basse  Cochinchine,  où  l'on  ne  rencontre  que  sur 
la  ligne  de  continuation  de  ses  dunes  et  dans  une  étendue 
peu  grande,  une  constitution  géologique  analogue. 

C'est  là  que  j'ai  fixé  le  lieu  d'élection  à  des  essais  d'impor- 
tation de  Moutons,  On  y  entretiendrait  sans  doute  plus  faci- 
lement des  Chèvres,  surtout  de  la  race  du  Binh-Thuan,  qui 
est  probablement  peu  laitière,  mais  elle  offre  un  intérêt 
quant  à  la  consommation. 

Le  climat  de  la  basse  Cochinchine  est  contraire  à  l'espèce 
caprine,  dont  les  quelques  sujets  étrangers  importés  ont 
souffert  d'une  manière  très  accusée. 

Ils  sont  morts,  plus  ou  moins  rapidement,  dans  un  état 
anémique  très  prononcé,  accompagné  d'une  maladie  de  peau, 
dartre  sèche,  noire,  autour  des  oreilles,  du  chanfrein  et  des 
membres. 

4e  SÉRIE,  T.  III.  —  Novembre  1880.  34 


530  SOCIÉTÉ  NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

Notes  prises  à  Phan-ran  sur  ces  Chèvres,  en  1863. 

Troupeau  de  Chèvres,  dans  un  petit  village,  entre  les  dunes 
et  une  montagne  voisine  du  cap  Padaran.  Région  sèche,  sans 
eau  courante  ni  marais,  un  seul  puits  au  village. 

Montagnes  broussailleuses,  dunes  découvertes,  herbe  rare 
mais  fine. 

Ces  Chèvres  ont  une  taille  moyenne,  beaucoup  de  vivacité. 
Elles  sont  de  couleur  pie-rouge,  fauve  ou  noire.  Poil  court, 
fin  ;  membres  fins;  aspect  intelligent  et  moins  vagabond  que 
celui  des  Chèvres  de  nos  montagnes. 

Il  semble  qu'on  s'occupe  plus  ici  de  cette  sorte  de  trou- 
peau, qu'on  le  garde  plus  près  de  soi,  ce  qui  pourrait 
s'expliquer  par  l'abondance  des  Tigres  dans  cette  région. 

Une  Chèvre  adulte  vaut  de  trois  à  quatre  ligatures  (trois 
à  quatre  francs  de  notre  monnaie)  ;  un  Chevreau  de  six  mois 
à  un  an,  deux  ligatures. 

DE  l'oie. 

On  élève  beaucoup  d'Oies  dans  le  pays.  Elles  sont  d'une 
autre  espèce  que  celles  d'Europe.  Je  ne  puis  donner  sur  elles 
d'autres  informations. 

DU    CANARD. 

Deux  espèces  de  Canards  domestiques;  l'une,  la  plus  com- 
mune, qui  ressemble  à  la  nôtre  ;  l'autre,  qui  ressemble  à  nos 
Canards  de  Barbarie  ;  elle  est  plus  d'agrément  que  de  con- 
sommation. 

Ces  deux  espèces  s'allient  et  les  métis  sont  très  remar- 
quables. 

Le  Canard  domestique  rivalise  avec  le  Porc  pour  la  con- 
sommation de  viande  par  les  indigènes. 

11  abonde  partout  et  il  est  d'un  entretien  facile;  il  y  a  de 
l'eau  partout,  et  partout  elle  est  très  riche  en  petits  Poissons 
et  en  petits  animaux  aquatiques  recherchés  par  les.Canards. 


ANIMAUX   DOMESTIQUES    DE   COCIIINCHINE.  531 

Sur  les  rives,  il  pousse  des  plantes  herbacées  qui  produisent 
des  graines  très  nutritives  que  ces  oiseaux  recherchent  beau- 
coup. 

On  voit ,  dans  le  cercle  de  Baria ,  des  agglomérations 
considérables  de  Canards  domestiques,  conduits  à  la  pâture 
et  sur  les  cours  d'eau,  pendant  le  jour,  par  des  pâtres,  qui 
les  ramènent  au  village  le  soir.  Ils  viennent,  pour  le  plus  grand 
nombre,  de  l'incubation  artificielle,  pratiquée  là  comme  en 
Chine.  Les  œufs  de  Canards  entrent  beaucoup  plus  dans  la 
consommation  des  indigènes  que  les  œufs  de  Poule.  On  dit 
qu'ils  ont  un  goût  très  particulier  pour  ceux,  qui  ont  coulé 
pendant  l'incubation  ou  se  sont  altérés  avec  le  ^temps,  ce 
qui  n'a  rien  de  surprenant,  puisque  le  Nuocmam,  saumure  de 
Poisson  pourri,  est  un  des  condiments  les  plus  goûtés  dans 
le  pays. 

DE    LA    POULE. 

Il  y  a  plusieurs  variétés  de  Poules  domestiques,  mais  on 
ne  voit  pas,  en  Cochinchine  française,  la  race  dite  cochinchi- 
noise  en  France.  Celles  que  l'on  y  voit  n'offrent  aucun  inté- 
rêt pour  l'importation  chez  nous,  en  dehors  du  point  de  vue 
de  l'agrément.  Sous  ce  rapport  on  trouve,  parmi  les  grandes 
races,  une  variété  à  plumes  retroussées  et  brillantes  sur  les 
•deux  faces,  qui  est  fort  belle.  Avec  un  de  mes  amis  nous 
étions  parvenus  à  nous  former  une  basse-cour  de  cette  variété, 
noir  pur  brillant,  qui  était  fort  remarquable.  Nous  l'avions 
obtenue  d'une  Poule  noire,  par  exclusion  successive  de  tous 
les  sujets  d'une  autre  couleur. 

Les  Annamites  connaissent  le  chaponnage  et  leurs  Cha- 
pons sont  très  remarquables,  surtout  sous  le  rapport  du  bril- 
lant du  plumage. 

Les  combats  de  Coqs  sont  très  en  honneur  dans  le  pays. 
On  y  recherche  surtout  la  variété  forte,  dénommée  con 
ija-noi.  Les  Coqs  de  combat  sont  transportés  souvent  à  de 
grandes  distances,  dans  de  grandes  cages  historiées,  fermées, 
assez  semblables  à  ces  colîrets  fermés,  dans  lesquels  on  expo- 


532  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'ACCLIMATATION. 

sait,  en  France,  des  sujets  religieux,  dans  un  but  d'exploita- 
tion mendiante,  à  une  époque  déjà  loin  de  nous. 

Les  Poules  entrent  grandement  dans  la  rotation  culinaire 
des  Européens  en  Cochinchine,  et  surtout  les  œufs.  C'est  la 
ressource  qui  manque  le  moins  et  la  plus  goûtée  en  tout 
temps. 

Les  indigènes  n'élèvent  pas  les  Poules  en  grandes  agglomé- 
rations ;  ils  les  tiennent  familières  dans  leur  case.  — Les  pou- 
laillers sont  souvent  décimés,  pendant  la  saison  des  pluies, 
par  une  maladie  enzootique,  de  nature  cachectique,  contre 
laquelle  il  n'y  a  d'autre  remède  puissant  que  le  changement 
de  saison. 

J'ai  vu,  à  Poulo-Gondor,  une  basse-cour  très  nombreuse 
détruite,  en  fort  peu  de  temps,  par  celte  maladie  désastreuse, 
dont  les  causes  principales  doivent  être  l'humidité  grande 
de  l'atmosphère,  la  fraîcheur  relative  des  nuits  et  la  nature 
aqueuse  des  aliments. 

Notes  prises  en  Cochinchine  sur  quatre  variétés  désignées 
par  leur  nom  annamite. 

Con-ga-ri.  —  Poule  commune  de  taille  moyenne;  pattes 
claires,  à  jarrets  couverts.  Tête  toujours  emplumée,  même 
chez  les  Coqs.  Plumage  brillant,  sans  uniformité. 

Bonnes  pondeuses. 

Con-ga-thông.  —  Poules  portant  sur  les  caroncules  laté- 
rales une  tache  blanche  emplumée,  qui  indique  peut-être 
une  descendance  peu  ancienne  de  l'espèce  sauvage. 

Assez  fréquemment  mauvaises  couveuses. 

De  même  taille  que  les  précédentes. 

CoH-ga-noi.  —  Grande  espèce,  dont  on  estime  surtout  les 
Coqs  pour  les  combats.  —  Le  plus  souvent  le  cou  est  nu  dans 
une  plus  ou  moins  grande  étendue  chez  les  Coqs,  (N'y  aurait- 
il  pas  là  une  corrélation,  avec  l'utilisation  pour  les  com- 
bats?) 

Très  bonnes  pondeuses,  dix  à  douze  œufs,  qu'elles  cou- 
vent ;  quittent  leurs  poussins  après  deux  mois,  à  deux  mo  is 


ANIMAUX  DOMESTIQUES   DE   COCIIINCIIINE.  533 

et  demi,  et  pondent  de  nouveau.  Trois  couvées  par  an.  Du- 
rée, trois  ans.  Meilleure  espèce  pour  les  indigènes.  —  Ele- 
vage pour  les  œufs,  qu'ils  mangent  couvés. 

Con-ga-ac.  —  Petite  Poule  blanche,  à  périoste  noir.  — 
D'agrément. 

J'ai  cité  l'espèce  domestique,  issue  directement  de  l'espèce 
sauvage,  et  qu'on  élève  à  Tay-Ninh. 

DU    PIGEON. 

11  y  a  des  Pigeons  domestiques  en  Cochinchine  française, 
mais  nulle  part  on  n'en  rencontre  en  grand  nombre. 

Ils  n'offrent  d'autre  intérêt  que  celui  de  la  table,  sur  les 
lieux. 

DU   CHIEN. 

Les  Chiens  annamites  sont  exclusivement  des  Chiens  de 
garde.  Leurs  variétés  sont  peu  nombreuses,  se  rapprochant 
toutes  des  espèces  connues  les  plus  rapprochées  des  formes 
du  Loup  ou  du  Chacal,  ressemblant  beaucoup  à  la  variété 
la  plus  répandue  en  Algérie.  —  Un  Chien,  envoyé  au  Mu- 
séum d'histoire  naturelle  avec  un  Tigre,  par  M.  l'amiral  Bon- 
nard,  était  du  type  le  plus  commun  :  formes  trapues,  mu- 
seau pointu,  front  large,  oreilles  droites,  pointues,  pelage 
fauve,  long,  fourré. 

DU   CHAT. 

Même  race  qu'en  Chine,  à  queue  cassée,  de  petite  taille, 
pelage  gris  rayé  de  noir,  le  plus  souvent. 


NOTE 

sur.    LA   FAÇON   DONT    S'ACCOMPLIT 

LA  MUE  DES  RÉMIGES  ET  DES  REGTRIGES 

CHEZ    CERTAINS    OISEAUX 
Par   n.    Albert   CRETTÉ  DE   PALLUEL 


Plusieurs  oiseaux  présentent  une  parlicularité  fort  curieuse 
à  l'époque  de  la  mue  ;  leurs  ailes  deviennent  impropres  à  la 
locomotion  aérienne  par  suite  de  la  chute  presque  simultanée 
des  plumes  qui  garnissent  ces  organes.  Ainsi,  d'après  Pallas, 
dit  M.  Z.  Gerbe  (1),  «  le  Flamant  {Phœnicopterus  antiquo- 
rum), le  Cygne  sauvage  (Cygtius  férus)  et  l'Oie  cendrée 
{Anser  férus)  perdent  presque  toutes  leurs  rémiges  à  la  fois,, 
ce  qui  les  rend  impropres  au  vol  et  expose  les  Cygnes  et  les 
Oies  à  être  assommés  à  coups  de  bâton  ».  Crespon  a  confirme 
le  fait  pour  ce  qui  est  des  Phœnicoptères  (2).  Cet  auteur  ra- 
conte qu'en  juin  1828,  des  pêcheurs  s'étant  aperçus  que  la 
plupart  des  Flamants  qui  hantaient  l'étang  de  Valcarès  ne 
s'envolaient  pas  à  leur  approche,  les  abordèrent  et  en  prirent 
plusieurs  à  la  main  ;  que  prévenu  de  ces  captures,  il  se  rendit 
lui-même  sur  les  lieux,  et  put  à  son  tour  en  attraper  une 
trentaine,  à  l'aide  de  longs  bâtons  terminés  par  un  crochet 
en  fer.  M.  Gerbe  termine  son  intéressante  étude  sur  la  mue 
des  rémiges  en  posant  cette  question  :  «  Mais  ces  oiseaux 
sont-ils  seuls  à  présenter  cette  particularité?  » 

Plusieurs  ornithologistes  viennent  répondre  de  façon  à  ne 
laisser  aucun  doute  à  cet  égard,  et  si  ce  que  Mouton-Fonte- 
nille  avance  est  rigoureusement  exact,  les  oiseaux  devenant 
impennes  pendant  la  mue  seraient  bien  plus  nombreux  qu'on 
ne  l'avait  supposé  jusqu'ici.  D'ailleurs,  les  chasseurs  savent 
parfaitement  que  plusieurs  palmipèdes,  le  Canard  sauvage  en 

(1)  Pallas,  Zoog.  Russo-Asiat.,  t.  II,  p.  207,  223.  Pétropoli,  1811-1831. 

(2)  Crespon,  Omilh.  du  Gard,  p.  396. 


LA  MUE  DES  RÉMIGES  ET  DES  RECTRICES.      535 

parliculier,  perdent  leurs  rémiges,  et,  en  terme  de  chasse, 
ils  les  nomment  désailés.  Les  peuples  dont  la  chasse  et  la 
pêche  constituent  le  principal  moyen  d'existence,  connaissent 
de  temps  immémorial  cette  particularité  de  la  mue  des  Pal- 
mipèdes. Dans  l'excellent  ouvrage  de  M.  A.-E.  Brehm,  il  est 
fait  souvent  mention  de  grandes  chasses  aux  Cygnes,  aux 
Oies,  etc.,  à  l'époque  où  ces  oiseaux  muent.  «  Tous  les  peu- 
ples du  Nord  chassent  le  Cygne  {Cygnus  Bewikiï)  pour  s'en 
procurer  les  plumes  et  surtout  la  chair.  La  mue  est  pour  ces 
oiseaux  un  moment  fatal  ;  alors  qu'ils  ont  perdu  la  plupart 
de  leurs  pennes,  on  lance  de  petits  canots  sur  les  étangs  qu'ils 
habitent  ;  on  les  poursuit  en  ramant  et  on  les  assomme  à 
coups  de  bâton.  En  Australie,  on  fait  une  chasse  sans  pitié 
aux  Cygnes  noirs  {Cyrjnus  atratus)  ;  on  enlève  leurs  œufs,  on 
les  poursuit  pendant  la  mue,  époque  à  laquelle  ils  sont  inca- 
pables de  voler  ;  on  les  tue  pour  le  plaisir  de  les  tuer  ;  Gould 
raconte  que  les  canots  d'un  baleinier  remontèrent  un  fleuve 
et  revinrent  remplis  jusqu'au  bord  de  cadavres  de  Cygnes  (1).  » 
D'après  le  même  auteur,  les  peuples  du  Nord  capturent 
des  quantités  très  considérables  d'Oies  cendrées  et  de  Ma- 
creuses, à  l'époque   où  ces  oiseaux  deviennent  impennes. 
Je  suis  loin  d'avoir  la  prétention  de  faire  ici  la  monographie 
des  oiseaux  devenant  impennes  pendant  la  mue ,  les  res- 
sources que  peut  m'offrir  ma  bibliothèque  étant  relativement 
très  limitées  ;  cependant  je  signalerai  encore  deux  auteurs 
qui  ont  publié  des  travaux  fort  intéressants  sur  le  sujet  qui 
nous  occupe.  D'abord  une  étude  de  M.  le  baron  d'Hamonville 
sur  le  Canard  sauvage  (Anas  boschas).  D'après  M.  d'Hamon- 
ville, le  Canard  sauvage  mâle  perdrait  toutes  ses  rémiges  dans 
la  première  quinzaine  de  juillet,  tandis  que  chez  la  femelle 
les  plumes  des  ailes  ne  tomberaient  que  plus  tard,  après  la 
nichée  et  graduellement,  en  lui  conservant  par  conséquent 
son  aptitude  au  vol.  M.  d'Hamonville  pense  même  que  chez 
toutes  les  espèces   soumises  à  ce  genre  de  mue,  les  mâles 


(I)  La  vie  des  animaux  illusirée,  édition  française  revue  par  Z.  Gerbe,  Oi- 
seaux, t.  II,  p.  725,  726. 


530  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D'ACCLIMATATION. 

seuls  deviennent  impennes,  tandis  que  les  femelles  ne  per- 
draient que  successivement  leurs  rémiges  (1). 

M.  d'IIamonville  a  étudié  si  longuement  et  si  minutieuse- 
ment les  mœurs  et  les  changements  de  plumage  du  Canard 
sauvage,  qu'il  est  difficile  de  mettre  en  doute  le  fait  curieux 
qu'il  avance  relativement  à  la  différence  existant  entre  la  mue 
des  rémiges  chez  le  mâle  et  chez  la  femelle  de  cet  oiseau  ; 
cependant,  je  signalerai  des  faits  qui  sont  loin  de  venir  à 
l'appui  de  la  théorie  de  M.  d'Hamonville,  et  qui  prouveraient 
que  l'on  ne  peut  pas  l'admettre  comme  une  règle  générale 
chez  tous  les  Palmipèdes  dont  il  est  question  ici.  Un  des  prin- 
cipaux arguments  que  M.  d'Hamonville  invoque  en  faveur 
de  ce  qu'il  pense  être  une  loi,  une  règle  générale  pour  tous 
les  oiseaux  devenant  impennes,  repose  sur  les  observations 
de  M.  Gerbe,  qui,  ayant  constaté  le  sexe  des  Macareux  re- 
cueillis à  Goncarneau,  n'a  trouvé  que  des  mâles.  J'ai  eu  à  ma 
disposition  un  nombre  très  considérable  de  Macareux  de  di- 
verses provenances,  à  l'époque  de  la  mue,  et  j'ai  toujours 
trouvé,  parmi  les  sujets  que  j'ai  examinés,  des  femelles  pri- 
vées de  leurs  rémiges.  M.  J.  Vian  et  M.  le  D-^  Marmottan  ont 
fait  la  même  remarque  sur  des  centaines  de  Macareux.  Depuis 
bien  des  années,  j'ai  l'occasion  d'étudier  diverses  races  et 
espèces  de  Ganards  et  de  Gygnes,  vivant  en  complète  liberté 
sur  de  vastes  pièces  d'eau,  et  toujours  j'ai  observé  que,  con- 
formément à  ce  que  Mouton-Fontenille  nous  a  appris,  mâles 
et  femelles  perdent  subitement  et  simultanément  leurs  ré- 
miges à  l'époque  de  la  mue,  qui  a  lieu  pour  les  mâles  vers  la 
mi-juillet,  et  pour  les  femelles  dans  le  courant  d'août,  quand 
la  nichée  est  terminée.  Peu  de  temps  après  la  publication  de 
la  note  de  M.  d'Hamonville  sur  le  Ganard  sauvage,  M.  le 
D'  ïaczanowski  fit  paraître  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
zoologique  de  France  une  notice  sur  la  mue  anormale  de 
certains  oiseaux  (2),  et  il  cite  plusieurs  Anatidés  qui  devien- 
nent impennes  au  moment  de  la  mue;  mais  ses  observations, 

(1)  De  la  mue  des  rémiges  chez,  le  Canard  sauvage,  par  M.  le  baron  d'Hamon 
ville  {Bulletin  de  la  Société  zoologique  de  France,  p.  101,  1884.). 
(•2)  Bulletin  de  la  Société  zoologique  de  France,  p.  303,  1884. 


LA  MUE  DES  RÉMIGES  ET  DES  RECTRICES.      537 

OU  plutôt  celles  de  M.  Godlewski,  ne  sont  pas  assez  précises 
et  assez  complètes  pour  en  conclure  avec  M.  d'Hamonville 
que  chez  tous  les  Palmipèdes  dont  il  est  question,  la  mue  des 
rémiges  s'accomplit  comme  pour  le  Canard  sauvage,  ainsi 
que  nous  l'avons  dit  précédemment.  Pour  les  Oies,  M.  Tacza- 
nowski  est  même  obligé  d'admettre  que  la  mue  des  rémiges 
peut  s'accomplir  de  la  même  façon  chez  le  maie  et  la  femelle. 
Voici  d'ailleurs  textuellement  ce  que  nous  apprend  cet  au- 
teur :  «  M.  Godlewski,  compagnon  du  D'  Dybowski  pendant 
son  exploration  de  la  Sibérie  occidentale,  m'a  dit  que  les 
mâles  de  plusieurs  espèces  de  Canards,  comme  A.  boschas, 
querqucdula,  crecca  et  cJypeata,  se  réunissaient,  après  l'é- 
poque de  la  ponte,  en  bandes  innombrables,  se  tenaient  sur 
les  eaux  découvertes  et  volaient  beaucoup,  puis  disparais- 
saient entièrement.  Comme  ce  fait,  déjà  connu  de  lui  dans 
notre  pays,  l'intéressait  peu,  il  n'y  a  pas  fait  grande  attention 
dans  son  voyage  ;  toutefois,  il  assure  qu'il  trouvait  des  mâles 
du  Canard  sauvage  (A.  boschas)  et  de  la  Sarcelle  (A.  querque- 
dula)  avec  les  ailes  sans  rémiges,  et  qu'il  a  même  pris  un 
mâle  adulte  de  cette  dernière  espèce  avec  les  ailes  déplumées, 
comme  chez  le  Canard  sauvage.  »  M.  Godlewski  ne  nous  ap- 
prend pas  quand  et  comment  muent  les  femelles  de  ces  Ana- 
tidés.  «  Quant  aux  espèces  du  groupe  Platypus,  M.  Godlewski 
ne  peut  rien  citer  d'aussi  précis  ;  il  dit  au  contraire  qu'il  a 
remarqué  pour  quelques-unes,  comme  Fuligula  bacri  et 
Clangula  glaucioti,  que  les  mâles  volaient  plus  longtemps 
que  ceux  des  Canards  proprement  dits.  »  «  La  même  loi  paraît 
être  aussi  propre  aux  Oies  en  général,  mais  avec  peut-être 
quelques  modifications.  M.  Godlewski  a  observé  souvent 
VAnser  Cygnoides  sur  différentes  eaux  de  la  Sibérie  orientale, 
et  surtout  sur  le  tleuve  Argun.  Plusieurs  fois  il  lui  est  arrivé 
de  poursuivre  en  canot  des  bandes  de  jeunes  Oies  avec  leurs 
parents,  et,  dans  ces  circonstances,  il  n'a  jamais  vu  ces  der- 
niers s'envoler;  quelquefois  ils  se  sauvaient  à  terre  et  se  lais- 
saient prendre  à  la  main,  les  adultes  comme  les  jeunes  ;  les 
adultes  avaient  les  ailes  impropres  au  vol.  M.  Godlewski  n'a 
pas  examiné  le  sexe  des  adultes;  mais,  comme  les  mâles  des 


538  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

Oies  restent  tout  le  temps  en  compagnie  de  leur  famille,  les 
deux  sexes  peuvent  être  sujets  à  la  même  loi.  »  Parmi  les 
Palmipèdes  devenant  impennes  à  l'époque  de  la  mue,  je  puis 
encore  citer  deux  espèces  qui,  je  crois,  n'ont  pas  été  signa- 
lées :  le  Cygne  invariable  {Cygnus  immutahilis)  et  la  double 
Macreuse  {Oidemia  fusca).  Depuis  plusieurs  années,  j'exa- 
mine un  couple  de  Cygnes  invariables,  et  tous  les  ans,  de  la 
mi-juillet  au  commencement  du  mois  d'août,  je  vois  le  mâle 
perdre  presque  subitement  et  presque  totalement  toutes  ses 
rémiges;  la  femelle  devient  aussi  impenne,  mais  toujours 
plus  tard  que  le  mâle,  quand  les  jeunes  n'ont  plus  besoin  de 
ses  soins. 

En  1883,  me  trouvant  en  Bretagne,  sur  les  côtes  de  la 
Manche,  à  Pléneuf  (Côtes-du-Nord),  au  mois  d'août,  je  re- 
marquai  plusieurs  doubles  Macreuses  qui  ne  s'éloignaient 
guère  des  rochers  du  rivage;  à  mon  approche,  elles  ne  s'en- 
volaient pas,  mais,  n'ayant  pas  d'armes  pour  les  tirer,  il  me 
fut  impossible  de  les  attraper.  Un  Chien,  bon  nageur  et  très 
vigoureux,  me  vint  en  aide  et  me  rapporta  plusieurs  Macreuses 
qui  toutes  étaient  en  mue;  leurs  ailes  étaient  complètement 
dégarnies  de  plumes,  chez  les  mâles  comme  chez  les  femelles. 
Jusqu'ici  tous  les  oiseaux  devenant   impennes  pendant  la 
mue,  dont  nous  venons  de  parler,  appartiennent  à  l'ordre 
des  Palmipèdes;  un  seul,  le  Flamant,  a  été  rangé  [par  quel- 
ques auteurs  parmi  les  Échassiers;  je  me  demandais  donc  si 
certains  Échassiers  ou  même  d'autres  oiseaux  appartenant 
aux  ordres  Passereaux,  Gallinacés,  etc.,  ne  présenteraient 
pas  cette  même  particularité  au  moment  de  la  mue.  Je  viens 
de  retrouver  dans  le  carnet  de  mes  notes  de  chasse  quelques 
observations  que  je  fis  en  1876  sur  un  petit  Échassier  bien 
connu,  le  Râle  d'eau  {Ralliis  aqtiaticus).  Vers  les  derniers 
jours  du  mois  d'août,  je  m'aperçus  que  l'étang  du  Parc  de 
Garges  (Seine-et-Oise),  pièce  d'eau  d'environ  deux  hectares, 
couverte  de  roseaux,  était  l'asile  de  beaucoup  de  Râles  d'eau. 
Je  vins  pour  les  chasser,  et  à  cet  effet  j'amenai  trois  bons 
Chiens;  mais  il  me  fut  impossible  de  faire  lever  un  seul  Râle. 
Surpris  de  ce  résultat  peu  satisfaisant,  je  fis  pratiquer  une 


LA  MUE   DES    RÉMIGES   ET   DES   RECTRICES.  539 

tranchée,  une  sorte  d'allée  dans  les  roseaux,  qui  traversait 
l'étang  d'un  bout  à  l'autre,  et  je  me  mis  à  l'affût.  Ce  que  j'a- 
vais prévu  arriva;  les  Raies  d'eau  traversèrent  la  tranchée,  et 
je  pus  en  tuer  un  bon  nombre.  En  examinant  mon  gibier,  je 
vis  tout  de  suite  pourquoi  j'avais  échoué  dans  ma  première 
tentative  de  chasse;  tous  les  Râles  abattus  étaient  hors  d'état  de 
voler;  chez  les  uns,  les  ailes  étaient  complètement  dénudées 
de  plumes  ;  chez  les  autres,  les  rémiges  étaient  tombées  toutes 
à  la  fois  et  commençaient  seulement  à  pousser.  M.  Jules  Yian 
a  bien  voulu  me  communiquer  et  m'autoriser  à  publier  les 
observations  qu'il  a  faites  sur  deux  oiseaux  très  voisins  du 
Râle  d'eau  :  «  Vers  la  fin  du  mois  d'août,  me  raconta  M.  Vian, 
je  suivais  les  bords  de  la  Seine,  à  Corbeil,  quand  mon  Chien 
tombe  en  arrêt  devant  une  touffe  de  roseaux;  je  l'excite  à  faire 
lever  le  gibier,  et  je  vois  un  Râle  de  Genêt  (Crex  pratensis) 
qui,  serré  de  près  par  le  Chien,  s'éloigne  à  la  nage,  au  lieu 
de  s'envoler,  comme  j'avais  lieu  de  m'y  attendre.  D'un  coup 
de  feu  je  tue  l'oiseau,  et  je  m'aperçois  alors  que  ses  ailes  sont 
dénudées  de  leurs  rémiges.  Une  Poule  d'eau  (GaUinula  chlo- 
ropus)  que  je  capturai  dans  les  mêmes  conditions,  et  vers  la 
même  époque,  présentait  la  même  particularité:  ses  ailes 
étaient  privées  de  rémiges.  » 

Tous  les  Echassiers  macrodactyles  sont-ils  sujets  à  ce  genre 
de  mue?  De  nouvelles  observations  viendront  probablement 
nous  l'apprendre.  L'étude  spéciale  que  j'ai  faite  des  change- 
ments et  des  transformations  que  subit  le  plumage  des  oiseaux 
suivant  leur  âge,  leur  sexe  et  les  saisons,  m'a  fourni  l'occasion 
de  faire  une  remarque  qui  naturellement  trouve  ici  sa  place. 
Parmi  tous  les  oiseaux  devenant  impennes  au  moment  de  la 
mue,  cités  dans  cette  note,  il  en  est  plusieurs  dont  j'ai  suivi 
les  changements  de  plumage  et  de  livrée,  depuis  la  sortie  de 
l'œuf  jusqu'à  l'état  d'adultes,  et  une  chose  m'a  frappé  :  les 
Cygnes,  les  Canards,  les  Râles,  les  Poules  d'eau,  par  exemple, 
naissent  couverts  de  duvet,  puis  tout  le  corps  se  garnit  de 
plumes,  à  l'exception  cependant  des  ailes,  qui  restent  encore 
vêtues  de  duvet  pendant  plusieurs  semaines  ;  enfin  les  ré- 
miges se  montrent  et  poussent  toutes  en  même  temps.  On 


54-0  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

pourrai l  donc  dire  et  en  conclure  que  les  oiseaux  dont  la  for- 
mation des  rémiges  chez  le  jeune  n'a  pas  lieu  suivant  la  règle 
générale,  sont  soumis,  quand  ils  sont  adultes,  à  une  mue 
anormale  des  rémiges.  En  opérant  la  dissection  de  ces  oiseaux 
quand  ils  sont  jeunes,  au  moment  où  tout  le  corps  est  déjà 
couvert  de  plumes,  à  l'exception  des  ailes,  qui  sont  encore 
vêtues  de  duvet,  j'ai  pu  faire  encore  une  remarque  :  les  mus- 
cles de  toutes  les  parties  du  corps  ont  atteint  le  développe- 
ment normal  et  presque  complet,  alors  que  les  muscles  mo- 
teurs des  ailes,  notamment  les  pectoraux,  sont  bien  loin  d'a- 
voir acquis  le  même  accroissement  correspondant.  Ainsi, 
chez  ces  oiseaux,  qui  se  distinguent  par  la  façon  anormale 
dont  s'accomplit  la  mue  des  rémiges,  les  organes  de  locomo- 
tion aérienne  présentent  des  caractères  bien  accusés,  bien 
déterminés,  q'ui  se  manifestent  dans  le  mode  de  croissance 
des  parties  extérieures  telles  que  les  plumes,  et  dans  les  par- 
ties internes  comme  les  muscles,  et  probablement  les  autres 
organes  accessoires  des  fonctions  de  locomotion.  Tout  d'abord 
on   est  surpris  de   voir  le   Flamant,  les  Raies,  les  Poules 
d'eau,  présenter  la  même  particularité  dans  la  façon  de  muer 
que  les  Cygnes  et  les  Canards;  on  serait  même  tenté  de  voir 
là  une  bizarrerie  de  la  nature,  une  exception  inexplicable  à 
la  règle  générale.  Il  n'en  est  cependant  pas  ainsi;  non  seule- 
ment ces  oiseau»,  si  différents  d'aspect,  opèrent  de  même  la 
formation  et  la  mue  de  leur  plumage,  mais  ils  présentent  en- 
core d'autres  points  de  similitude  et  de  rapprochement  four- 
nis par  la  structure  du  squelette,  des  œufs,  par  l'analogie  de 
leurs  mœurs.  De  là  l'hésitation  des  classificateurs  et  des  mé- 
thodistes, qui  tantôt  les  ont  rangés  ensemble,  tantôt  les  ont 
séparés,  ou,  pour  trancher  la  difficulté,  en  sont  arrivés  à 
créer  des  divisions  nouvelles,  comme  pour  le  Flamant,  par 
exemple. 

Chez  les  Passereaux  et  les  Gallinacés,  on  rencontre  des  in- 
dividus appartenant  à  quelques  espèces  telles  que  le  Rossi- 
gnol {Philomela  Luscinia),  le  Faisan  (Phasiamis  C olchiciis), 
le  Dindon,  etc.,  qui,  à  l'époque  de  la  mue,  sont  privés  de 
presque  toutes  leurs  rémiges.  De  prime  abord,  il  semblerait 


LA.  MUE   DES   RÉMIGES   ET   DES   RECTRICES.  54-1 

que  ces  oiseaux  sont  soumis  au  même  genre  de  mue  que  les 
Canards,  les  Cygnes,  les  Râles,  etc.  ;  il  n'en  est  rien  cepen- 
dant; ils  perdent,  il  est  vrai,  toutes  leurs  rémiges  presque  à 
la  fois,  et  ne  peuvent  plus  voler  pendant  un  moment;  mais 
celte  mue  ne  s'étend  pas  seulement  aux  rémiges,  elle  atteint 
encore  toutes  les  plumes  qui  garnissent  le  corps,  à  tel  point 
qu'on  trouve  parfois  des  sujets  presque  entièrement  déplu- 
més. Ces  exemples  de  mue  rapide  et  totale  sont  assez  fré- 
quents chez  certaines  espèces  pour  qu'on  se  demande  à  quoi 
ils  sont  dus  et  quel  caractère  il  faut  leur  assigner;  s'ils  dépen- 
dent de  causes  accidentelles  et  individuelles,  ou  bien  de  l'âge 
et  du  sexe,  et  si  alors  c'est  une  règle  générale  pour  tous  les 
individus  se  trouvant  dans  ces  mêmes  conditions. 

M.  Taczanowski,  dans  sa  notice  sur  la  mue  anormale  de 
certains  oiseaux,  signale  un  Gallinacé,  le  Tétras  Lyre  {Tetrao 
tetrix)  qui,  à  l'époque  de  la  mue,  devient  impenne  comme  le 
Canard  sauvage  {Anas  boschas)  ;  le  mâle  Tetrao  tetrix  serait 
seul  sujet  à  cette  mue,  comme  le  mâle  A.  boschas,  et  la  fe- 
melle accomplirait  sa  mue  d'une  manière  normale,  qui  lui 
permettrait  de  se  servir  toujours  de  ses  ailes  ;  non  seulement 
ce  Gallinacé  perdrait  à  la  fois  ses  rémiges,  mais  encore  ses 
rectrices.  Voici  d'ailleurs  textuellement  ce  que  dit  M.  Tacza- 
nowski  :  a  Les  mâles  de  cette  espèce  se  retirent  en  juin  dans 
les  fourrés  les  plus  épais  des  forêts,  dans  les  broussailles  et 
dans  les  marais  les  plus  couverts,  et,  comme  les  Canards,  ils 
perdent  à  la  fois  toutes  leurs  rémiges  et  leurs  reclrices,  de 
sorte  qu'ils  ne  peuvent  voler  jusqu'à  ce  qu'elles  soient  com- 
plètement repoussées,  ce  qui  a  lieu  à  la  mi-juillet.  J'ai  connu 
ce  fait  par  les  chasseurs  du  pays,  qui  donnent  alors  à  cet  oi- 
seau, comme  au  Canard  sans  rémiges,  le  nom  particulier  de 
Wijpior  (déplumé).  Il  m'est  arrivé  plusieurs  fois  de  voir  mon 
Chien  prendre  un  mâle  au  gîte,  ce  qui  me  contrariait  beau- 
coup, car  j'étais  privé  du  plaisir  de  tirer  ce  bel  oiseau.  La 
femelle  mue  d'une  manière  normale,  qui  lui  permet  de  s'en- 
voler pendant  toute  l'époque  de  la  mue.  » 

Les  fiiits  observés  et  publiés  par  iM.  Taczanowski  sur  la  mue 
du  Tétras  Lyre  concordent-ils  de  telle  sorte,  avec  les  obser- 


5-42  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

valions  de  M.  Hamonville  sur  la  mue  du  Canard  sauvage, 
qu'il  soit  possible  d'en  conclure  que  ces  deux  oiseaux  sont 
soumis  à  la  même  loi  pour  l'accomplissement  de  leur  mue? 
La  plus  simple  analyse  des  faits  tels  qu'ils  sont  exposés  suffit 
pour  démontrer  le  contraire  ;  le  Tétras  Lyre  ne  mue  point 
de  la  même  façon  que  le  Canard  sauvage;  le  Tétras  Lyre  perd 
à  la  fois  ses  rémiges  et  ses  rectrices;  chez  le  Canard  sauvage, 
les  rémiges  seules  tombent  subitement   et  simultanément, 
tandis  que  les  rectrices  comme  les  autres  plumes  du  corps  se 
renouvellent  successivement.  Comment  s'opère  la  mue  sur 
toutes  les  parties  du  corps  autres  que  les  ailes  et  la  queue 
chez  le  Tétras  Lyre?  M.  Taczanowski  ne  le  dit  pas.  On  est 
donc  amené  à  faire  deux  suppositions  :  ou  le  Tétras  Lyre  est 
sujet  à  une  mue  rapide  et  totale,  qui  se  produirait  si  fréquem- 
ment chez  cet  oiseau  que  l'on  pourrait  croire  qu'il  en  est 
toujours  ainsi  pour  tous  les  individus  de  cette  espèce,  ou  le 
Tétras  Lyre  est  soumis  à  un  genre  de  mue  tout  particulier, 
caractérisé  par  la  chute  à  la  fois  des  rémiges  et  des  rectrices. 
Dans  tous  les  cas,  il  ne  peut  exister  ni  confusion  ni  assimila- 
tion entre  la  mue  du  Tétras  Lyre  et  celle  du  Canard  sauvage. 
La  mue  de  plusieurs  Palmipèdes  longipennes,   tels  que 
Goélands  et  Mouettes,  présente  une  particularité  qui  a  une 
certaine  analogie  avec  les  diverses  sortes  de  mues  que  nous 
venons  d'étudier  ;  tandis  que  leurs  rémiges  et  les  autres  plu- 
mes tombent  successivement  et  symétriquement  sur  les  di- 
verses parties  du  corps,  comme  cela  a  lieu  chez  presque  tous 
les  oiseaux,  les  rectrices,  au  contraire,  tombent  subitement 
et  simultanément,  de  telle  sorte  qu'ils  restent  sans  queue 
pendant  un  moment.  Pendant  la  tempête  du  9  au  10  septembre 
1885  sur  la  Manche,  le  vent  souftlait  avec  une  telle  violence 
qu'il  était  difficile  de  rester  debout  sur  les  côtes  et  les  dunes; 
les  Goélands  et  les  Mouettes,  battus  par  le  mauvais  temps, 
passaient  à  si  belle  portée  que  l'on  ne  cessait  de  tirer  faute  de 
munitions.  En  examinant  le  produit  de  la  chasse  que  je  fis 
alors  à  Pléneuf  (Côtes-du-Nord),  je  constatai  que  presque  tous 
les  Goélands  et  les  Mouettes  étaient  privés  de  leurs  rectrices  ; 
chez  les  uns  elles  venaient  de  tomber,  chez  les  autres  elles 


LA   MUE   DES   RÉMIGES   ET   DES   RECTRICES.  543 

repoussaient  seulement  et  se  trouvaient  toutes  de  la  même 
longueur,  ce  qui  me  prouva  bien  que  ces  plumes  étaient 
toutes  tombées  en  même  temps  ou  à  peu  près  simultanément. 

De  retour  à  Paris,  je  fis  quelques  recherches  chez  les  mar- 
chands d'oiseaux  pour  la  mode,  qui  reçoivent  des  centaines, 
pour  ne  pas  dire  des  milliers  d'oiseaux  de  mer,  et  ce  que 
j'appris  de  ces  commerçants  vint  confirmer  mes  premières 
observations  :  «  Nous  refusons,  me  dirent-ils,  les  envois  de 
Goélands  et  de  Mouettes  tués  en  août  et  septembre,  parce 
qu'à  cette  époque  ces  oiseaux  n'ont  pas  de  queue  et  le  reste 
de  leur  plumage  est  en  mue,  par  conséquent  impropre  à  en 
confectionner  des  parures  pour  la  mode.  »  Il  est  probable 
que  les  Sternes  ou  Hirondelles  de  mer  présentent  la  même 
particularité;  du  moins  le  fait  m'a  été  affirmé  par  plusieurs 
chasseurs  d'oiseaux  de  mer. 

En  publiant  ces  quelques  notes  sur  la  mue  de  certains  oi- 
seaux devenant  momentanément  impennes,  j'ai  voulu  d'abord 
signaler  ce  fait  curieux  et  peu  connu,  mais  surtout  appeler 
l'attention  des  observateurs  sur  la  mue  des  oiseaux  en  gé- 
néral. 

L'étude  des  changements  et  des  transformations  du  plu- 
mage des  oiseaux  est  d'une  grande  importance,  non  seule- 
ment au  point  de  vue  de  la  science  pure,  mais  encore  quant 
à  ses  applications  pratiques,  et  l'on  se  demande  vraiment 
pourquoi  cette  étude  est  si  négligée,  comment  il  se  fait  qu'au- 
jourd'hui encore  on  ignore  la  façon  dont  les  oiseaux  les  plus 
communs  changent  de  plumage. 

Les  personnes  que  leurs  occupations  mettent  à  même  d'é- 
tudier la  mue  des  oiseaux,  soit  en  liberté,  soit  en  captivité 
dans  les  établissements  zoologiques,  par  exemple,  peuvent 
rendre  de  grands  services  à  la  science  en  publiant  leurs  ob- 
servations 


SUR  LA  MUE  DES  CANARDS 

par  M.  Gabriel  ROGERON. 


Je  lis  dans  le  procès-verbal  du  2  mars  1886,  page  290  : 
«  M.  Cretté  de  Palluel  rappelle  que,  dans  une  séance  de  l'an- 
née dernière,  il  avait  été  amené  à  parler  de  la  mue  des 
oiseaux;  cette  communication  lui  valut  une  lettre  de  M.  Roge- 
ron,  lettre  dans  laquelle  M.  Rogeron  se  sert  d'expressions  qu'il 
ne  peut  accepter.  MM.  Huet,  Joly...  confirment  ces  paroles.» 

De  la  façon  dont  cette  partie  du  procès-verbal  est  présentée 
on  pourrait  croire  que  c'est  moi  qui  ai  attaqué  l'honorable 
M.  Cretté  de  Palluel,  tandis  que  c'est  absolument  le  contraire 
qui  a  eu  lieu.  Dans  une  notice  sur  mes  croisements  de  Canards 
{Bulletin,  1885,  p.  401)  ayant  été  amené  incidemment  à  par- 
ler des  deux  mues  qu'éprouvent  les  Canards,  la  mue  d'été  et 
la  mue  d'automne,  M.  Cretté  de  Palluel  crut  devoir  me  prendre 
en  flagrant  délit  d'erreur  en  déclarant  que  «  c'est  une  croyance 
générale  mais  fausse,  qu'il  se  produit  deux  mues  dans  l'an- 
née; chaque  plume  ne  tombe  qu'une  fois  par  an.  M  Cretté  de 
Palluel  dit  aussi  que  le  changement  de  couleur  des  Canards 
se  fait  sans  que  la  plume  tombe  et  cela  d'une  façon  assez 
curieuse;  c'est  par  l'extrémité  que  les  couleurs  naissent  et 
envahissent  peu  à  peu  la  plume.  »  (séance  du  21  avril  1885,. 
p.  391  du  Bulletin).  On  ne  peut  affirmer  plus  formellement 
que  je  suis  dans  Terreur,  avec  cet  adoucissement  cependant, 
que  je  partage  l'ignorance  «générale»;  seul  M.  Cretté  de 
Palluel  a  découvert  un  fait  «  curieux  »  que  la  coloration  du 
plumage  des  Canards  commence  par  l'extrémité  de  la  plume. 
Pour  moi  je  ne  voudrais  jamais  ainsi  taxer  un  collègue  d'er- 
reur à  moins  d'être  parfaitement  sûr  de  mon  côté  d'être  dans 
le  vrai.  Je  relis  ma  réponse  à  M.  Cretté  de  Palluel  {Bulletin, 
1885,  p.  587),  et  je  ne  vois  absolument  rien  que  mon  hono- 
rable contradicteur  ne  puisse  accepter  après  m'avoir  ainsi 
formellement  déclaré  dans  l'erreur;  serait-ce  donc  cepen- 


SUR  LA  MUE   DES   CANARDS.  54-5 

dant  ces  expressions  qui  auraient  pu  le  choquer  «  qu'il  fallait 
une  grande  dose  de  distraction  »  pour  croire  que  les  Canards 
puissent  passer  du  terne  plumage  d'été  à  la  brillante  laviée 
d'hiver  par  une  simple  coloration  des  plumes.  Et  véritable- 
ment il  est  assez  difficile,  par  exemple  pour  le  Canard  man- 
darin, de  s'imaginer  que  ce  changement  de  plumage  qui  lui 
survient  tout  à  coup  en  octobre,   trois  mois  après  la  mue 
générale  ou  la  grande  mue,  soit  un  simple  produit  de  la 
coloration  des  plumes,  car  alors  l'habit  n'a  pas  seulement 
changé  de  couleur,  mais  encore  de  coupe  et  de  forme  au  point 
que  quand  même  les  couleurs  n'auraient  pas  varié  on  ne 
reconnaîtrait  plus  l'oiseau;  ce  n'est  donc  pas  seulement  un 
habit  reteint  en  couleurs  plus  voyantes  qu'il  revêt  en  octobre, 
mais  un  habit  entièrement  neuf  et  qu'il  portera  désormais 
jusqu'au  jour  <,<  où  il  perdra  une  à  une  toutes  les  pièces  de 
son  brillant  uniforme...  éventails  qui  sont  comme  les  basques 
relevées  d'un  habit  à  la  française,  brandebourgs,  aiguillettes, 
soutaclies,  panache,  etc.   Tout  cela  tombe  comme  feuilles 
à  l'automne  (l)  »  pour  revêtir  le  modeste  plumage  de  la 
femelle.  De  même  pour  le  Canard  carolin  il  est  impossible  de 
croire  que  son  plumage,  également  plus  ample,  ces  plumes 
effilées  qu'il  revêt  au  cou  ou  à  la  tête,  lui  formant  une  énorme 
huppe  ou  plutôt  un  chapeau  à  la  Napoléon  I*'',  soient  le 
résultat  de  la  coloration.  Pour  d'autres  espèces  le  change- 
ment de  coupe  de  l'habit  est  moins  apparent,  mais  il  est  néan- 
moins facile  de  voir  que  non  seulement  la  couleur  a  changé, 
mais  l'étoffe  aussi.  Ainsi,  le  plumage  du  dos,  le  manteau,  des 
Pilets,  Chipeaux,  Sarcelles  d'hiver  et  d'été,  des  Siffleurs  du 
pays,  se  composant  après  la  mue  d'été  de  plumes  d'une  con- 
texture  absolument  commune  et  vulgaire,  à  extrémité  large 
et  arrondie,  semblables  à  celles  des  femelles,  se  transforme 
tout  à  coup,  sans  parler  de  la  couleur,  en  un  tout  autre  tissu. 
Des  plumes  longues,  soyeuses,  effilées  ont  remplacé  les  pre- 
mières. 
Mais  la  preuve  directe,  irréfutable  de  celte  double  mue 


(1)  Aviculture,  par  E.  Leroy,  édition  1881,  p.  379. 
4'  SÉRIE,  T.  in.  —  Novembre  1886.  35 


546  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

chez  les  Canards,  est  bien  facile  à  faire  et  ne  se  ferait  guère 
attendre  à  cette  époque  de  l'année,  où  nous  touchons  à  la  pre- 
mière mue.  Comme  je  le  disais  dans  ma  précédente  réponse, 
il  suffit  pour  cela  de  se  procurer  un  simple  Canard  sauvage, 
le  type  du  genre,  ou  ce  qui  serait  plus  commode  encore,  un 
Canard  domestique,  son  descendant  direct,  lequel,  pourvu 
qu'il  ne  soit  pas  de  plumage  blanc,  revêt  tout  aussi  bien  ces 
deux  livrées  de  couleurs  différentes.  Dans  ce  moment-ci 
(commencement  de  juin)  vous  le  voyez  perdre  peu  à  peu  ses 
belles  plumes  qui  sont  remplacées  par  d'autres  d'un  ordre 
inférieur,  brunes  et  ternes.  A  l'automne,  généralement  (1), 
en  octobre,  toutes  ces  plumes  tombent  et  sont  remplacées  par 
de  nouvelles  qui  portent  dès  l'origine  le  brillant  coloris 
qu'elles  doivent  toujours  avoir  (2).  J'ajouterai  même  que  c'est 
au  moment  où  ces  plumes  viennent  de  pousser  que  les 
Canards  possèdent  leur  plus  beau  et  leur  plus  frais  plu- 
mage. 

Les  mâles  ne  sont  pas  les  seuls  à  éprouver  cette  double 
mue.  Néanmoins,  comme  la  couleur  et  la  contexture  des 
plumes  restent  toujours  à  peu  près  les  mêmes  chez  les  femelles, 
ce  changement  de  plumage  attire  moins  l'attention;  cepen- 
dant j'ai  observé  qu'en  y  regardant  de  près  chez  les  Canes 
sauvages  et  les  femelles  Pilets  on  aperçoit  une  légère  diffé- 
rence dans  les  couleurs  et  leur  disposition;  il  est  d'ailleurs 
facile  de  voir  par  les  plumes  qu'elles  répandent  sur  le  sol  et 
l'inspection  générale  de  leur  toilette,  qu'elles  changent  aussi, 
elles,  une  seconde  fois  de  vêtement.  Je  suis  du  reste  loin  de 
vouloir  m'altribuer  le  mérite  de  la  découverte  de  cette 
double  mue,  que  tout  amateur  qui  a  possédé  des  Canards  a 
certainement  constatée  tout  aussi  bien  que  moi;  aussi  suis-je 
convaincu  que  M.  Cretté  de  Palluel  n'en  a  jamais  possédé  ou 
du  moins  ne  s'est  jamais  beaucoup  occupé  de  cette  intéres- 
sante famille  d'oiseaux  à  laquelle  je  donne  mes  soins  depuis 


(1)  La  Sarcelle  d'été  le  prend  seulement  en  février. 

(2)  A  la  mue  d'automne  ou  seconde  mue,  les  plumes  tombent  toutes,  hormis 
celles  des  ailes,  les  grandes  plumes  ou  recirices  tombent  également;  à  la  pre- 
mière mue  elles  étaient  toutes  tombées  sans  exception. 


SUR   LA   MUE   DES   CANARDS.  547 

d^  longues  années,  sinon  je  suis  convaincu  qu'il  serait  abso- 
lument de  mon  avis  dans  le  cas  présent. 

Pourquoi  celle  double  mue?  Il  paraîtrait  que  l'habit  de 
noce  du  Canard,  son  riche  habit  d'hiver  et  de  printemps  n'est 
pas  assez  bon  teint  ni  même  n'a  pas  la  résistance  suffisante  pour 
le  vêtir  convenablement  toute  l'année,  et  la  preuve  c'est  que 
quand  il  commence  à  le  quitter  dès  la  fm  de  mai,  il  est  déjà 
absolument  fripé  et  passé;  que  serait-ce  donc  s'il  lui  avait 
fallu  supporter  encore  plusieurs  mois  du  brûlant  soleil  de 
l'été.  Pour  obvier  à  cela  la  Providence  donne  au  Canard  pour 
ce  court  espace  de  temps  un  vêtement  gris  et  terne  de  la  plus 
grande  simplicité,  sans  aigrettes  ni  ornements,  qui  ne  craint 
absolument  rien.  D'un  autre  côté  le  Canard  n'a  pas  besoin 
d'être  beau  en  ce  moment,  l'époque  des  amours  est  passée  et 
la  femelle  d'ailleurs  a  tout  autre  chose  à  faire,  c'est  le  mo- 
ment où  elle  élève  sa  famille.  Malgré  cela  il  semble  en  géné- 
ral peu  flatté  d'avoir  été  obligé  d'abandonner  ainsi  sa  bril- 
lante toilette  pour  un  habit  de  bure,  et  le  Mandarin  entre 
autres,  naguère  si  fier,  si  vaniteux  dans  ses  riches  atours,  ne 
le  cède  plus  dès  lors  en  rien  dans  ses  allures  en  modestie  à  sa 
femelle,  on  les  prendrait  alors  presque  en  tout  point  l'un 
pour  l'autre. 

Par  contre  la  reprise  des  beaux  habits  à  l'automne  est  en 
même  temps  celle  de  la  galanterie,  car  pour  les  Canards,  bien 
que  la  ponte  n'ait  lieu,  comme  pour  les  autres  oiseaux,  qu'au 
printemps,  les  amours  recommencent  beaucoup  plus  tôt,  et 
le  plumage  d'hiver,  ou  plutôt  le  plumage  d'automne,  d'hiver 
et  de  printemps  est  bien  dans  la  véritable  acception  du  mot, 
le  plumage  de  noce. 

Quant  à  la  femelle,  à  la  Cane,  la  première  mue  commence 
d'ordinaire  plus  tard  que  celle  du  Canard,  et  ceci  sans  doute 
afin  de  n'être  pas  surprise  par  cette  sorte  de  maladie  au  mi- 
lieu de  la  première  éducation  de  ces  petits.  Une  femelle  d'ail- 
leurs moitié  muée,  par  conséquent  ne  possédant  qu'une  partie 
de  ses  plumes,  serait  en  mauvaises  conditions  pour  réchauffer 
des  petits  ou  même  des  œufs  qu'elle  couve  souvent  encore 
en  juin. 


548  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Les  autres  oiseaux  qui  ne  font  qu'une  mue  ont  naturelle- 
ment les  plumes  plus  résistantes.  Puis  en  outre  ils  prennent 
différentes  précautions  afin  de  conserver  leur  habit  dans  toute 
sa  fraîcheur  pour  le  printemps  suivant.  D'abord  ils  muent 
plus  tard,  fin   d'août  et  septembre,  alors  que  le  soleil  si 
funeste  aux  couleurs,  a  déjà  perdu  une  partie  de  son  inten- 
sité; ensuite  par  excès  de  soin  chez  beaucoup,  l'extrémité  de 
chaque  plume  est  munie  d'une  légère  barbe  qui  recouvre  les 
belles  couleurs  de  la  plume  suivante  et  ainsi  de  suite;  de 
telle  sorte  qu'à  l'automne  on  ne  se  douterait  pas  que  le  Pin- 
son par  exemple  a  le  dessus  de  la  tête  d'un  joli  bleu  cendré, 
le  Bruant  de  roseaux,  le  Traquel-Pâtre,  celle-ci  tout  entière 
d'un  noir  pur;  mais  le  printemps  et  l'époque  des  amours 
arrivés  l'extrémité  de  ces  plumes  se  rompt,  et  ce  léger  voile 
tombé  laisse  voir  le  brillant  plumage  qu'il  avait  jusqu'alors 
caché  et  conservé  dans  toute  sa  fraîcheur.  Chez  certains  même 
le  coloris  augmente  d'intensité,  comme  pour  les  plumes  de 
la  tête  et  de  la  poitrine  du  Linot  qui  de  rouge  violacé  pen- 
dant l'hiver  devient  plus  tard,  au  printemps,  vif  et  cramoisi; 
mais  là  encore  ce  n'est  qu'une  coloration  plus  vive,  et  non 
un  changement  complet  de  la  coloration  des  plumes,  comme 
par  exemple  le  gris  de  la  tète  du  Canard  sauvage  en  plumage 
d'été,  passant  au  vert  à  brillants  reflets,  dont  celles-ci  se  revê- 
tira quelques  mois  plus  tard.  Il  est  bien  entendu  que  je  ne 
parle  ici  que  des  oiseaux  du  pays,  et  que  par  là  même  j'ai 
pu  observer,   ayant   toujours   pour  principe  de    n'assurer 
comme  certain  que  ce  dont  je  suis  absolument  sûr. 

Il  est  aussi  un  fait  peut-être  particulier  à  la  famille  des 
lamellirostres,  qui  paraît  avoir  été  rarement  mentionnée, 
bien  qu'il  soit,  ce  me  semble,  important,  c'est  qu'à  la  première 
mue  toutes  les  grandes  plumes  des  ailes  ou  rémiges  tombent 
toujours  et  à  la  fois,  en  quelques  heures  le  plus  souvent. 
Tout  le  temps  que  les  nouvelles  plumes  remettent  à  pousser, 
le  Cygne,  l'Oie  ou  le  Canard,  se  trouve  dans  l'impossibilité 
absolue  de  se  servir  de  ses  ailes. 

Chez  les  autres  oiseaux,  les  oiseaux  de  proie,  les  passe- 
reaux, etc.,  ces  grandes  plumes  ne  tombent  ni  ne  repoussent 


SUR   LA    MUE   DES   CANARDS.  549 

toutes  à  la  fois;  elles  se  succèdent,  ellesnefinissent  de  tomber 
que  quand  les  premières  parties  sont  repoussées,  remplacées, 
autrementce  serait  laperteassuréede  l'oiseau,  qui  deviendrait 
à  terre  la  proie  de  tous  ses  ennemis.  Quelquefois,  il  est  vrai, 
cette  chute  alternative  n'a  pas  lieu  avec  toute  la  régularité 
désirable  pour  In  commodité  de  l'oiseau,  et  il  m'est  arrivé 
d'observer  parfois  des  Corneilles  et  des  Choucas  ayant  vers 
le  mois  d'août  de  si  énormes  trouées  aux  ailes  qu'ils  ne  vo- 
laient plus  qu'avec  difficulté  ;  néanmoins  les  grandes  plumes 
des  ailes  ne  leur  font  jamais  entièrement  défaut,  et  il  leur  en 
reste  toujours  assez  pour  se  soutenir  dans  l'air  et  vaquer  à 
leurs  besoins.  Mais  pour  les  lamellirostres  et  peut-être  quel- 
ques autres  palmipèdes,  la  Providence  a  sans  doute  pensé 
qu'elle  pouvait  les  priver  d'ailes  sans  de  trop  grands  incon- 
vénients, puisque,  s'ils  ne  possèdent  plus  l'air  ce  court  espace 
de  temps,  ils  ont  la  ressource  de  l'eau  où  ils  peuvent  nager, 
plonger  pour  échapper  à  leur  ennemis,  et  le  pkis  souvent 
dans  les  solitudes  des  marais  impénétrables,  où  ils  se  réfu- 
gient d'ordinaire  à  ce  moment. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


SÉANCE  DU  CONSEIL  DU  5  NOVEMBRE  1886. 
Présidence  de  M.  Dareste,  membre  du  Conseil. 

Le  procès -verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et 
adopté. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
vellement présentés  : 

MiM.  PRÉSENTATEURS. 

BosNE   (Louis),    propriétaire,  à  Condé-sur-  (  i  i  '  p  •   ^'j'" 

Noireau  (Calvados).  j  ^  '    /   '  , 

'  \  Raveret-Watlel. 

GoMBAULT  (Roger),  au  château  de  Villecante,  (  ^,!^^''''*'^"i^■. 

r\-      /i    ■     .X  A.beofiroy Saint-Hilaire. 

par  Clery  (Loiret).  /    ^  •> 

\  Comte  de  Livonniere. 
PoiNEAU  (Louis),  au  château  de  la  Madeleine,  /  A.  Geoffroy  Saint-Hilairo. 
commune  de  Saint-Martin-d'Ary,  canton  de  ■    Potlut. 
Montguyon  (Charente-Inférieure).  '  Riquot. 

/  J.  Conte. 
THÉRON(Numa),  banquier,  à Lézignan (Aude).  \  A.  Geoffroy Saint-Hilaire. 

V  Saint-Yves  Ménard. 
TiiEiL  DU  Havelt  (baron  du),  propriétaire  au  /  Comte  de  Dorlan. 
Perthuis  de  Charnay,  par  Mâcon    (Saône-  ]  Comte  d'Esterno. 
et-Loire).  ._  \,  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

—  M.  Louis  Boisnet  adresse  des  remerciements  au  sujet 
de  sa  récente  admission. 

—  M.  de  Gonfévron  (de  Flagez,  Haute-Marne)  écrit  à 
M.  l'Agent  général: 

«  Il  y  a  douze  ans  que  vous  m'entendez  crier  que  le  gibier  diminue 
d'une  façon  rapide  et  continue,  qu'il  va  disparaître  si  l'on  n'y  met  bon 
ordre.  Eh  bien,  c'est  fait  ! 

«  Je  parle  pour  les  départements  où  la  propriété  est  très  morcelée  et 
la  chasse  libre,  c'est-à-dire  les  plus  nombreux.  Maintenant,  on  rencon- 
tre, à  peine,  une  compagnie  de  Perdreaux  sur  quatre  kilomètres  carrés, 
pas  deux  Lièvres  dans  le  même  parcours  et  les  Cailles  elles-mêmes  de- 
viennent rares.  A  cet  état  de  choses,  je  ne  vois  qu'un  remède  :  1"  une 


PROCÈS-VERBAUX.  551 

bonne  loi  sur  la  chasse,  préparée  par  des  ornithologistes  et  des  gens 
compétents;  2"  le  repeuplement  par  des  Perdrix  rouges  ou  des  Perdrix 
grises,  suivant  la  région,  le  climat  ou  la  nature  du  sol. 

«  Peut-être  serait-il  nécessaire  d'interdire  d'une  manière  absolue 
l'exercice  de  la  chasse  pendant  quelques  années.  Je  crois  qu'il  y  aurait 
intérêt  à  régler,  une  fois  pour  toutes,  les  époques  d'ouverture  et  de 
fermeture,  au  lieu  de  les  laisser  à  la  disposition  des  préfets  et  des  Con- 
seils départementaux.  Ce  qui  importe  surtout,  c'est  de  prendre  des 
mesures  contre  les  chiens  qui  rôdent  en  tout  temps  dans  les  champs, 
été  comme  hiver,  et  payent  1  fr.  50  de  taxe. 

«  Pour  être  bonne,  une  loi  doit  être  simple,  claire,  nette,  précise.  Les 
auteurs  de  celle  qui  nous  occupe,  devraient  éviter  avec  soin  de  se  perdre 
dans  des  distinctions  délicates  d'oiseaux  nuisibles  ou  utiles,  de  passage 
ou  non.  Outre  qu'on  n'est  pas  d'accord  à  ce  sujet,  il  est  impossible  de 
formuler  ces  considérations  en  termes  absolus.  Introduites  dans  la  loi, 
elles  ouvrent  la  porte  aux  exceptions,  c'est-à-dire  aux  abus,  et  rendent 
toute  sanction  bien  difficile.  C'est  ce  qui  arrive  pour  celle  que  nous  avons 
et  qui,  toute  défectueuse  qu'elle  est,  pourrait  donner  de  meilleurs  résul- 
tats, si  elle  était  exécutée. 

«  Une  convention  internationale  me  paraît  indispensable,  pour  empê- 
cher les  captures  de  Cailles  vivantes,  par  milliers,  au  départ  et  à  l'arrivée 
sur  le  continent  européen  ou  sur  les  côtes  d'Afrique. 

«  Mais  la  meilleure  loi  du  monde  n'a  aucune  efficacité  si  elle  reste 
lettre  morte  et  si  les  agents  chargés  de  la  faire  respecter  sont  entravés 
ou  même  reçoivent  l'ordre  de  s'abstenir,  en  présence  de  motifs  d'ordre 
supérieur,  comme,  par  exemple,  les  intérêts  électoraux. 

«  La  destruction  des  Pies,  des  Renards,  des  oiseaux  de  proie  et  des 
animaux  du  genre  Putois,  devrait  être  assurée  par  l'administration 
et  non  laissée  au  bon  plaisir  des  enfants  des  écoles  primaires.  Encore 
faudrait-il  y  aller  avec  infiniment  de  discernement  et  de  circonspection, 
car,  si  les  rapaces  et  les  carnassiers  prennent  le  gibier,  il  ne  faut  pas 
perdre  de  vue  que  les  premiers  détruisent  les  reptiles  dangereux,  tandis 
que  les  seconds  mangent  beaucoups  de  rongeurs  nuisibles. 

«  Je  profite  de  cette  circonstance  pour  signaler  la  disparition  complète 
d'une  Perdrix  qu'on  désignait  jadis  sous  le  nom  de  Perdrix  de  passage 
et  à  laquelle  certains  chasseurs  donnaient  le  nom  de  Roquette.  On  la 
voyait  en  bandes  nombreuses  et  nul  n'était  bien  fixé  sur  ses  évolutions; 
d'où  venait-elle  ?  où  allait-elle  ?  Aucun  naturaliste  ne  l'a  fait  connaître 
d'une  façon  certaine.  Les  uns  la  regardaient  comme  une  espèce  particulière, 
d  autres  prétendent  que  ce  n'est  qu'une  variété  de  la  Perdrix  grise  com- 
mune. Plus  petite  que  cette  dernière  et  caractérisée  par  des  pattes  jau- 
nes et  une  bande  sourcilière  blanche,  elle  apparaissait  à  la  fin  de  sep- 
tembre, dans  notre  région  de  l'Est,  {lar  bandes  de  trente  à  quarante. 
Aujourd'hui  néant  ! 


552  SOCIÉTÉ  NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

«  Ce  que  je  dis  du  gibier,  s'applique  également  au  poisson.  Il  n'y  a  plus 
rien  dans  nos  ruisseaux  soumis  à  un  braconnage  effréné.  11  est  vrai  que 
nous  aurons  la  triste  consolation  de  recevoir  du  poisson  des  rivières 
d'Allemagne  qui  en  regorgent.  C'est  déjà  ce  qui  se  passe  pour  les  Ecre- 
visses  et  il  en  sera  de  cela  comme  de  tout  le  reste  !  Et  clamabam  in 
deserto.  » 

—  M.  Grapanche  écrit  de  New-York,  à  M.  le  Secrétaire 
générai  : 

«  M.  Conklyn,  directeur  du  Central-Parc  de  New-York,  m'a  proposé 
des  Chiens  des  prairies  (1);  il  en  a  beaucoup. 

«  Il  a  établi  sur  un  versant  exposé  au  sud,  ce  qu'il  appelle  un  prai- 
rie-dog  village.  Le  terrain  a  environ  cent  mètres. 

<  Il  a  d'abord  fait  creuser  ce  terrain,  tout  autour,  à  une  profondeur 
de  six  mètres  et  demi,  et  a  fait  bàlir  un  mur  jusqu'au  ras  du  sol,  afin 
que  les  animaux  ne  puissent  s'échapper.  Sur  ce  mur  repose  un  grillage 
en  fd  de  fer,  qui  entoure  ledit  village;  ces  petits  animaux  ont  creusé 
le  sol,  et  le  terrain  ressemble  à  une  éponge,  tellement  il  y  a  de  trous. 

«  Le  Chien  des  prairies  est  gros  comme  un  Cochon  d'Inde;  il  ne  craint 
pas  le  froid;  ici  on  les  laisse  dehors  tout  l'hiver,  et  certes,  le  froid  est 
bien  plus  fort  ici  qu'à  Paris.  Il  y  a  toujours  une  foule  compacte  autour 
du  grillage. 

«  D'abord,  il  n'y  en  avait  que  quelques-uns,  mais  maintenant,  ils  ont 
tellement  multiplié  qu'il  y  en  a  toujours  de  cent  à  cent  cinquante  hors 
du  trou.  » 

—  M.  La  Perre  de  Roo  adresse  une  note  sur  les  Pigeons 
voyageurs  et  les  voyages  d'aller  et  retour  (voy.  au  Bulletin). 

—  M.  Maillard,  au  Croisic,  écrit  à  M.  le  Directeur  du 
Jardin  d'Acclimatation  une  lettre  en  date  du  19  octobre  1886, 
dont  nous  extrayons  le  passage  suivant  : 

«...  Mes  Tragopans  viennent  admirablement.  Avec  de  la  persévé- 
rance je  suis  persuadé  qu'on  peut  arriver  à  élever  chaque  année  un  cer- 
tain nombre  de  ces  oiseaux.  La  difficulté  est  d'avoir  des  œufs  fécondés, 
ensuite  l'éclosion  se  fait  diflicilement.  Le  jeune  bien  sorti  est  presque 
sauvé.  Sur  une  vingtaine  qui  sont  éclos  ceUe  année  dans  de  bonnes 
conditions,  trois  seulement  sont  morts.  Pour  eux,  pas  de  ver  rouge  à 
craindre,  c'est  énorme  ;  j'ai ,  pendant  des  années,  perdu  avec  cette  affreuse 
maladie  la  moitié  de  mon  élevage  de  Crossoptilons  et  de  Pintades,  aussi 
il  ne  me  semble  pas  absolument  certain  que  ceux  qui  ont  réussi  en  188G, 

(1)  L'animal  dont  il  s'agit  est  la  petite  Marmotte  des  prairies  du  Missouri,  le 
Cijnomys  Ludoviciana,  qui  a  fait  l'objet  des  notes  publiées  dans  le  Bulletin 
de  cette  année   (\oy.  p.  382-387). 


PROCÈS-VERBAUX.  553 

réussiront  aussi  bien  en  1887.  J'ai  été  longtemps  à  avoir  une  grande 
mortalité  causée  par  l'humidité  des  printemps,  si  favorable  au  dévelop- 
pement du  ver  rouge.  » 

—  M'"  Bai'be  Tchérépoff  écrit  de  Léontievskoï  (Russie)  : 

«  Depuis  plus  de  dix  ans  je  m'occupe  de  l'acclimatation  d'oiseaux  sau- 
vages et  entre  autres  d'Outardes. 

«  Au  début,  j'ai  eu  de  grandes  difticultés  pour  élever  les  jeunes,  mais 
aujourd'hui  je  suis  arrivée  à  d'excellents  résultats  que  je  tiens  à  vous 
signaler. 

«  Parmi  les  Outardes  que  j'ai  achetées  cette  année,  se  trouvait  une 
femelle  adulte,  mais  de  petite  espèce;  cet  oiseau  n'était  pas  sans 
m'inspirer  des  craintes,  car  pendant  les  premiers  jours  de  sa  captivité, 
il  se  montrait  farouche  et  refusait  toute  nourriture,  ce  qui  m'obligeait 
(rois  fois  par  jour  à  lui  faire  avaler  de  force  un  peu  de  7'aps  {sic) 
trempé  dans  de  l'eau;  mais  à  chaque  fois  il  faisait  entendre  un  son 
que  je  ne  saurais  traduire. 

«  Autour  de  la  grande  cage  à  filet  mécanique,  où  je  l'avais  mise, 
venaient  tous  les  jours  d'autres  Outardes  gaies  et  joyeuses,  dont  les 
ébats  paraissaient  attirer  son  attention,  ce  (|ui  me  donna  la  pensée  de 
lui  donner  des  compagnes  afin  de  l'apprivoiser.  J'introduisis  deux  jeunes 
dans  sa  cage  et  aussitôt  après  je  jetais  une  sauterelle  à  l'Outarde,  qui,  à 
mon  grand  étonnement,  s'empressa  de  la  donner  aux  nouveaux  venus  ; 
peu  à  peu  et  sans  aucune  crainte,  elle  venait  prendre  dans  ma  main  les 
insectes  que  je  leur  apportais,  mais  toujours  les  donnait  aux  petits  et 
n'en  mangeait  jamais  elle-même  que  lorsque  ces  derniers  étaient  com- 
plètement rassasiés. 

«  Quand  elle  voulait  les  rassembler,  son  gloussement  ressemblait  beau- 
coup au  «  crou  crou  »  de  la  grue  et  en  partie  à  l'appel  de  la  poule  couveuse 
domestique;  cependant,  lorsque  les  petits  étaient  trop  éloignés,  son 
appel  avait  une  autre  intonation. 

«  Pendant  la  nuit,  elle  les  réchauffait  en  les  plaçant  sous  ses  ailes  et  ce 
tableau  était  vraiment  ravissant  pour  celui  qui  porte  intérêt  à  ce  be' 
oiseau,  l'ornement  de  toute  basse-cour. 

«  Je  suis  vraiment  surprise  de  la  facilité  avec  laquelle  mon  Outarde  a 
accepté  de  donner  ses  soins  à  des  jeunes  qui  ne  lui  appartenaient  pas  . 

«  Cette  Outarde  m'a  rendu  encore  d'autres  services. 

«  Au  mois  de  juin  dernier  je  possédais  plusieurs  Outardes  de  l'année 
belles  et  grandes  déjà  en  plumes  et  trois  autres  au  contraire  très  chétives, 
paraissant  difficiles  à  élever.  La  saison  étant  avancée  et  n'ayant  ni 
dindes,  ni  poules  couveuses  disposées  à  les  accepter,  je  les  confiai  à  mon 
Outarde,  qui  en  eut  le  plus  grand  soin.  Je  n'avais  qu'à  leur  fournir  en 
abondance  des  sauterelles  et  des  hannetons.  Nous  voici  au  mois  d'août 


554  SOCIÉTÉ   NATIONALE  D'aCCLIMATATION. 

et  ces  sujets  sont  aussi  forts  que  ceux  élevés  par  des  dindes  et  des  poules 
domestiques. 

c  Maintenant  j'ai  l'espoir  que  cette  charmante  Outarde  se  mettra  à  pon- 
dre au  printemps  prochain  et  qu'elle  prendra  le  plus  grand  soin  de  ses 
propres  petits. 

«  J'oubliais  de  vous  dire  que  je  lui  avais  encore  donné  de  nouveaux 
petits  qu'elle  avait  également  adoptés,  mais  plus  tard  elle  a  refusé  ceux 
que  j'ai  voulu  lui  donner,  les  chassant  à  coups  de  bec. 

«A  mon  avis  les  Cygnes  noirs  qui  pondent  chez  moi  trois  fois  par  an,  en 
plein  air  et  au  mois  de  novembre,  par  15  degrés  de  gelée,  les  Oies 
d'Egypte,  qui  viennent  de  me  donner  quatres  petits  au  mois  d'août,  me 
semblent  des  faits  moins  intéressants  que  cette  Outarde  prise  adulte 
sauvage,  adoptant  par  trois  fois  de  petits  étrangers,  et  j'ai  cru  devoir 
vous  signaler  ces  faits  comme  extraordinaires.  » 

—  M.  le  D'  P.-P.-C.  Iloek,  de  Leyde,  i-emercie  des  ren- 
seignements qui  lui  ont  été  adressés,  d'après  sa  demande, 
sur  la  pêche  de  l'Éperlan  dans  la  basse  Seine. 

—  M.  Grapanche  écrit  de  New-York  à  M.  le  Secrétaire 
général  : 

«  Je  viens  de  lire  sur  le  Bulletin  de  septembre,  l'extrait  du  compte 
rendu  slénographique  de  M.  le  D'  Henneguy,  sur  la  maladie  des  ale- 
vins de  Salmonidés.  On  guérit  cette  maladie  de  la  manière  suivante  : 
on  fait  une  saumure  très  forte  avec  du  sel  marin,  il  faut  d'abord  reti- 
rer l'eau  de  l'aquarium,  et  n'en  laisser  que  ce  qu'il  faut  pour  que  les 
alevins  puissent  nager  à  l'aise,  après  quoi  on  verse  doucement  la 
saumure  jusqu'à  ce  que  les  alevins  s'en  trouvent  indisposés,  ce  dont  on 
s'aperçoit  facilement.  Alors  on  laisse  couler  l'eau  fraîche  en  abondance 
et  généralement  après  cette  opération  les  alevins  sont  complètement 
guéris;  le  Bodo,  ne  pouvant  supporter  le  sel  en  aussi  forte  dose  que  le 
poisson,  meurt  et  disparaît  complètement,  l'alevin  se  remet  vite  de  son 
indisposition.  C'est  la  méthode  employée  ici,  j'en  ai  vu  et  fait  l'expé- 
rience. » 

—  M.  Lei^oy,  d'Ot\an,  adresse  des  remerciements  pour  les 
graines  qui  lui  ont  été  envoyées. 

—  M.  Ladislas  de  Wagner,  de  Budapest,  demande  des  ren- 
seignements sur  la  culture  de  la  Ramie  et  sur  les  machines 
servant  à  la  décortiquer. 

—  M.  Léo  d'Ounous  écrit  de  Saverdua  (Ariège)  à  M.  le 
Secrétaire  général  : 


PROCÈS-VERBAUX.  555 

«  Malgré  mes  quatre-vingt-un  ans  et  des  crises  d'asthme  et  de  scia- 
tique,  Dieu  me  permet  de  faire  encore  un  peu  de  bien,  sur  cette  terre 
<ju'il  me  faudra  bientôt  quitter,  et  de  mettre  une  dernière  main  à  d'assez 
nombreux  travaux  de  plantations  et  de  reboisements  considérables,  dans 
ces  nombreux  et  grands  rivages,  parcs  et  jardins,  situés  dans  les  dépar- 
tements de  l'Ariège  et  de  la  Haute-Garonne,  et  je  pourrai  dire  comme 
le  vieillard  de  l'inimitable  fabuliste  : 

Mes  arrière-neveux  me  devront  cet  ombrage. 

«  Vivement  préoccupé  de  la  prospérité  d'un  des  plus  grands  et  bons 
orphelinats,  je  suis  heureux  de  l'enrichir  cette  année  de  mes  meilleurs 
produits  maraîchers  et  fruitiers,  qui  nous  permettront  de  supporter  sans 
trop  de  peine  et  de  fatigue  la  longue  et  terrible  crise  agricole  et  indus- 
trielle qui  ruine  la  France,  depuis  plusieurs  années,  et  qui  malheureuse- 
ment n'est  pas  prête  à  se  terminer. 

«  Mais  quittons  ces  douloureux  sujets,  et  parlons  des  différents  plants 
et  graines,  que  je  m'estime  heureux  d'offrir  gratuitement  à  mes  savants 
et  honorés  collègues  : 

«  i"  Pommes  de  terre  blanches,  hâtives,  de  très  longue  garde,  hautes 
vallées  de  l'Ariège. 

«  "2"  Haricots  nains  blancs,  ronds,  hâtifs,  très  fertiles,  cultivés  dans 
les  plaines  fraîches  et  sablonneuses  du  Bas-Ariège.  Vendu  les  premiers 
de  33  à  34  francs,  au  cours  du  jour  25  et  20. 

«  3°  Haricots  nains  blancs,  longs,  même  qualité,  très  fertiles  (de  25  à  28). 

«  4"  Oignons  de  Lescure  (Ariège),  très  cultivés  en  pleins  champs,  une 
de  nos  meilleures  variétés,  très  longue  garde. 

«  5°  Petites  Lentilles,  de  Prades  (Sud-Ouest)  et  Pyrénées-Orientales, 
bien  supérieures  à  la  grosse  Lentille  à  la  Pieine,  très  recherchées. 

«  6"  Grosse  Fève  d'hiver  de  Perpignan,  généralement  cultivée  dans  le 
Sud-Ouest.  Excellente  fraîche,  très  précieuse  pour  l'engraissement  des 
bêtes  bovines. 

«  7°  Gros  Maïs  blanc  hâtif,  très  fertile  ;  j'ai  conservé  longtemps  une  tige 
portant  de  quatre  à  cinq  gros  épis.  La  blanche  farine  entre  pour  un 
quart  dans  le  bon  pain  de  notre  orphelinat. 

«  8»  Plusieurs  pieds  de  grande  Consoude  du  Caucase,  excellente  plante 
fourragère,  de  cinq  à  six  coupes.  Plante  merveilleuse  à  cultiver.   » 

—  M.  G.  Rogeron  éci'it  à  M.  l'Agent  général  : 

«  Je  vous  envoie  une  petite  notice  sur  une  sorte  de  Blé,  dont  je  ne 
connais  ni  le  nom  ni  l'origine,  mais  qui  a  produit  chez  moi  d'excellents 
résultats.  Je  vous  prierai  de  vouloir  bien  la  présenter  à  la  cinquième 
section,  elle  en  fera  l'usage  qu'il  lui  conviendra. 

«  Vous  devez  recevoir  en  même  temps  que  ma  lettre  un  panier  con- 
tenant des  spécimens  de  ce  Blé. 


556  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'aCCLIMATATION, 

<  Inutile  de  prier  de  ne  pas  confondre  ce  Blé  avec  un  Blé  barbu  de 
quatrième  catégorie  comme  qualité  de  farine,  connu  chez  nous  sous  le 
nom  de  goipe  et  dont  la  paille  est  pleine  comme  du  jonc.  » 

—  Le  R.  P.  Camboué  écrit  de  Tananarive  à  M.  le  Secré- 
taire général  : 

«  Après  un  long  et  intéressant  voyage  à  travers  la  grande  île  africaine, 
je  suis  arrivé  à  la  capitale,  Tananarive.  Durant  ce  voyage,  j'ai  étudié 
surtout  les  différentes  zones  de  véarétation  entre  le  littoral  et  les  hauts 
plateaux  de  l'intérieur,  au  point  de  vue  de  l'acclimaialion.  J'espère,  dans 
quelque  temps,  pouvoir  rendre  compte  à  la  Société  des  observations 
recueillies  durant  cette  traversée  de  la  partie  orientale  de  Madagascar. 

«  Depuis  mon  arrivée  dans  la  province  centrale  d'Imérina,  j'ai  com- 
mencé l'élude  de  nouveaux  Séricigènes,  au  sujet  desquels  je  compte  aussi 
envoyer  quelques  renseignements  à  la  Société. 

«  Parmi  les  végétaux,  j'en  ai  rencontré  deux  en  particulier,  qui  me 
paraissent  avoir  un  certain  intérêt.  Tous  les  deux  viennent  très  bien  sur 
les  hauteurs  d'Imérina,  c'est-à-dire  à  une  altitude  d'environ  1100  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Le  nom  indigène  de  ces  deux  végétaux 
est  Horovy  et  Landemy. 

«  Sijenemetron)pe,rHorovy  est  encore  indéterminé  dans  la  science; 
quant  au  Landemy,  ce  serait  une  espèce  à' Anthocleista.  (?) 

«  Entre  autres  propriétés,  l'Horovy  et  le  Landemy  sont  fébrifuges. 

«  J'ai  fait  part  d'échantillons  de  ces  deux  végétaux  à  MM.  les  D"  Bais- 
sade  et  Laferrière,  attachés  à  la  Bésidence  française  de  Tananarive. 

«  Par  ce  même  courrier  j'expédie  à  la  Société  des  spécimens  de  racine 
d'Horovy  et  d'écorce  de  Landemy,  dans  le  but  de  voir  par  l'analyse  s'il 
y  aurait  intérêt  à  essayer  l'acclimatation  de  ces  végétaux  dans  nos  colo- 
nies. Je  serais  heureux  que  le  résultat  de  cette  analyse  put  m'ètre  com 
muniqué.  » 

Dans  une  autre  lettre,  le  R.  P.  Camboué  ajoute  : 

«  Dans  le  Bulletin  d'avril  1886,  au  compte  rendu  de  la  séance  de  la 
quatrième  section  du  16  février,  je  vois  que  mes  envois  ont  donné  lieu 
à  discussion. 

«  M.  Fallou  a  bien  raison  de  ne  point  partager  l'opinion  de  MM.  Wailly 
et  Mabille  et  des  deux  autres  entomologistes  qu'il  ne  nomme  pas. 

«  Dans  les  sciences  expérimentales,  toute  hypothèse  croule  nécessai- 
rement devant  un  fait  dûment  constaté,  or  j'affirme  que  les  spécimens 
de  Saturnia  Suralm  et  Boroccra  Madagascaricnsis  envoyés  par  moi 
à  la  Société,  sont  pour  la  plupart,  sinon  tous,  ex  larvâ,  provenant 
d'éclosions  observées  dans  mes  cages  d'étude.  II. n'y  a  donc  pas  à  s'y 
tromper. 

a  MM.  Wailly  et  Mabille,  avec  qui  j'ai  l'honneur  d'être  en  correspoa- 


PROCÈS-VERBAUX.  557 

dancc,  ont  de  leur  côté  reçu  de  moi  des  spécimens  des  Lépidoptères 
susdits,  provenant  également  ex  larvâ. 

«  Il  y  a  quelque  temps  déjà,  dans  une  autre  séance  de  la  quatrième 
section,  la  provenance  de  cocons  du  Borocera  Madagascar iensis 
envoyés  par  moi  avait  été  contestée.  J'expédiai  dès  lors  à  la  Société 
un  exemplaire  de  l'insecte,  à  l'état  parfait  ^  et  ^,  provenant  de  cocons 
semblables  dont  l'éclosion  avait  eu  lieu  dans  mes  cages  d'observation. 

«  D'ailleurs,  la  Société  recevra  incessamment  un  troisième  mémoire 
sur  nos  Séricigènesde  Madagascar,  en  même  temps  qu'un  envoi  de  spé- 
cimens d'œufs  et  de  cbenilles,  que  mon  voyage  récent  dans  l'intérieur 
de  la  grande  île  africaine,  ne  m'a  pas  encore  permis  d'envoyer,  s 

—  M.  le  comte  R.  de  Montbi'on  rend  compte  de  ses  cultures 
de  végétaux  et  sollicite  un  nouvel  envoi  de  graines. 

Cheptels.  —  Des  demandes  sont  adressées  par  MM.  le 
vicomte  0.  de  Luppé,  Délavai,  LaiTieu,  Forest,  D'  Gruère, 
comte Sudre,  Martel-Houzet,  comte  V.  de  Lorgeiil,  Martineau, 
Bourjuge,  A.  Lejcune,  Vigour,  Salmon-Coubard,  Giberto 
Borroméo,  P.  Zeiller,  Henrionnet  et  G.  Jaunez. 

—  M.  G.  Conte  écrit  de  Sainte-Lucie  d'Ausson  (Aude)  : 

«  Je  viens  à  nouveau  vous  donner  des  nouvelles  du  charmant  couple 
Cerfs  nains  de  la  Chine  de  mon  cheptel. 

«  Le  jeune  Cerf  dont  je  vous  ai  annoncé  la  naissance  le  30  mai  dernier, 
est  d'un  caractère  très  sauvage,  si  bien  que  je  ne  saurais  vous  fixer  sûre- 
ment sur  le  sexe.  Je  crois  cependant  que  ce  sera  un  mâle.  En  résumé 
les  trois  sujets  sont  très  bien  portants  et  s'accommodent  d'une  façon 
admirable  de  leur  résidence,  qui  ne  laisse  rien  à  désirer.  La  nourriture 
que  je  leur  donne  est  très  variée  (luzerne,  foin,  millet,  avoine  et  fruits 
de  toutes  sortes)  dont  ils  sont  très  friands.  Je  donnerai  bientôt  de  plus 
amples  observations  sur  leur  manière  de  vivre.  » 

—  D'autres  comptes  i^endus  de  leui^s  cheptels  sont  adressés 
par  MM.  Salmon-Coubard,  Vigour,  D""  J.-J.  Lafon,  P.  Zeiller, 
l'abbé  Desroches,  comte  A.  de  Montlezun,  l'abbé  Em.  Daux, 
A.  Audap,  Laborde  et  d'Alligné. 

—  M.  Boulnois  fait  hommage  à  la  Société  de  deux  rapports 

sur  un  projet  en  relief  du  canal  maritime  du  sud-ouest  de  la 

France,  sans  écluses,  à  niveau  des  deux  mers,  entre  l'Océan 

iCt  la  Méditerranée.  —  Remerciements. 

Pour  le  Secrétaire  du  Conseil, 
Jules  Grisard. 
Agent  général  de  la  Société. 


III-  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS   DE  CORRESPONDANCE. 


La  piscicnltiipc  à  la  station  agronomique 
du  Lézardeau  (Finistère). 

Depuis  deux  ans,  d'intéressants  essais  de  pisciculture  pratique  ont 
lieu  à  l'École  d'agriculture  du  Lézardeau. 

Désigné  pour  donner  aux  élèves  de  cette  Ecole  les  notions  de  pisci- 
culture que  comporte  le  nouveau  programme  d'enseignement,  le  zélé  di- 
recteur de  l'établissement,  M.  E.  Thomas,  qui  tient,  avec  beaucoup  de 
raison,  à  joindre  la  pratique  à  la  théorie,  applique,  sous  les  yeux  des 
élèves,  les  procédés  de  fécondation  artificielle.  . 

Au  Lézardeau,  la  fécondation  a  lieu  sur  des  œufs  de  Saumon  et  de 
Truite. 

«  Au  printemps  de  l'année  1884.,  écrit  M.  Thomas,  je  fis  déposer  dans^ 
l'Isole  plusieurs  milliers  d'alevins  nés,  dans  nos  appareils  d'incubation, 
du  10  au  16  février  de  la  même  année;  et  le  7  mai,  un  certain  nombre 
de  Truites  du  même  âge  furent  placées  dans  un  des  étangs  de  la  prairie 
de  l'École  :  le  réservoir  neuf.  Quelques  Truites  ayant  réussi  à  s'échapper 
de  cet  étang,  se  rendirent,  par  la  rigole  de  décharge,  dans  un  second 
étang  situé  en  aval  du  premier  et  qui,  en  raison  de  ses  dimensions^ 
porte  le  nom  de  grand  réservoir. 

«  Le  4  novembre  1885,  le  grand  réservoir  fut  mis  à  sec.  J'y  trouvai 
des  Truites  pesant  de  350  à  420  grammes.  Elles  étaient  âgées  d'environ 
vingt  mois  et  vingt-cinq  jours. 

«  Quatre  jours  plus  tard,  le  8  novembre  ,  je  pris  dans  le  réservoir 
neuf  quinze  Truites  du  même  âge  que  les  précédentes  et  dont  le  poids 
moyen  était  de  293  grammes.  La  plus  grosse,  longue  de  3i  centimètres, 
pesait  400  grammes,  et  la  plus  petite,  dont  la  longueur  était  de  27  cen- 
timètres, pesait  170  grammes. 

«  Je  pris  également  deux  jeunes  Truites  âgées  d'environ  neuf  mois  et 
huit  jours.  Elles  étaient  nées  du  28  au  30  janvier  1885  et  avaient  été 
mises  dans  le  réservoir  neuf  le  18  mars  suivant. 

«  Le  8  novembre,  leur  taille  était  de  16  centimètres.  L'une  d'elles 
pesait  30  grammes  et  l'autre  32  grammes. 

«  On  voit  par  là  quel  parti  l'on  peut  tirer  de  ces  eaux  qui,  jusqu'en 
1884,  ne  nourrissaient  aucun  poisson.  Tout  en  les  faisant  servir  à  l'irri- 
gation des  prairies,  rien  n'empêche  d'y  élever  des  Truites.  Celles  dont 
je  viens  de  faire  connaître  les  poids  et  dimensions  ont  montré,  par  leur 
croissance  rapide,  que  le  milieu  où  elles  ont  grandi  leur  convient  parfai- 
tement. Combien  n'y  a-t-il  pas,  dans  le  Finistère  et  les  départements 
voisins,  de  cours  d'eau  et  d'étangs  dont  on  pourrait  tirer  bon  parti  pour 
l'empoissonnement. 


i 


FAITS   DIVERS   ET   EXTRAITS   DE    CORRESPONDANCE.       559 

«  Mais  la  production  des  alevins,  à  l'École  du  Lézardeau  ,  n'a  pas  seu- 
lement pour  objet  de  montrer  aux  élèves  comment  on  obtient  du  pois- 
son, elle  a  aussi  pour  but  pratique  le  repeuplement  des  deux  rivières 
qui,  par  leur  jonction  à  Quimperlé,  forment  la  Laïta.  Ainsi,  en  décembre 
1884  et  janvier  1885,  environ  40000  œufs  de  Saumons  et  de  Truites 
étaient  en  incubation  dans  nos  appareils,  et  le  17  mars  suivant  j'ai  pu 
déposer  dans  l'Ellé  plus  de  20  000  alevins  obtenus  de  ces  œufs.  Le  reste 
a  été  mis  dans  l'Isole.  » 

On  ne  saurait  qu'applaudir  vivement  à  ces  essais  et  aux  résultats  ob- 
tenus, qui  sont  d'un  excellent  exemple  et  qui  peuvent  exercer  la  plus 
heureuse  influence  dans  la  région.  Le  Finistère  est  certainement  un  de 
nos  départements  oîi  il  y  aurait  le  plus  à  faire  en  pisciculture,  et  ses 
cours  d'eau,  autrefois  très  riches  en  Saumons,  pourraient  être  rapide- 
ment repeuplés  au  moyen  de  quelques  etlbrts  intelligents,  secondés  par 
une  répression  énergique  du  braconnage. 

Depuis  l'envoi  des  renseignements  qui  précèdent,  M.  le  professeur 
iMichaux  a  bien  voulu  faire  parvenir  à  la  Société  un  nouveau  rapport 
sur  les  travaux  de  pisciculture  exécutés  aux  Merchines  pendant  les  pre- 
miers mois  de  1886.  L'éclosion  des  œufs  de  Truite  mis  en  incubation 
dans  l'établissement  s'est  efl'ectuée  régulièrement  et  sans  pertes  sen- 
sibles. 

Les  alevins  de  Truites  des  lacs  ont  été  répartis  de  la  manière  sui- 
vante :  2000  dans  l'Aire,  2000  dans  l'Ornain,  et  le  reste,  moins  200, 
dans  la  Chée^  afin  de  continuer  les  essais  d'empoissonnement  qui  ont  été 
tentés  dans  cette  dernière  rivière  depuis  deux  ans  déjà.  Ces  essais  seront 
certainement  couronnés  de  succès,  car,  dernièrement,  des  travaux  d'art 
ayant  nécessité  la  mise  à  sec  d'un  bief  situé  près  de  l'endroit  oh  les 
alevins  ont  été  jetés  il  y  a  deux  ans,  on  a  retrouvé  dans  ce  bief  une 
Truite  pesant  plus  de  200  grammes;  or  la  Truite  n'a  jamais  été  vue  ni 
prise  dans  la  Chée  :  le  sujet  capturé  ne  pouvait  donc  provenir  que  du 
premier  essai  fait  en  avril  1884,  avec  la  Truite  des  lacs.  De  même,  à 
Chaumont-sur-Aire,  où  la  Truite  est  généralement  d'une  couleur  assez 
foncée,  on  a  péché  en  fin  d'avril  des  sujets  de  couleur  beaucoup  plus 
claire  que  celle  des  Truites  nées  dans  l'Aire  ;  ceux-là  aussi  prove- 
naient sans  doute  des  alevins  qui  ont  été  jetés  dans  cette  rivière,  au 
nombre  d'environ  5000  il  y  a  deux  ans  :  leur  poids  était  à  peu  près  le 
même  que  celui  cité  plus  haut. 


IV.  BIBLIOGRAPHIE. 


Études  agronomiques  (iss5-iS8e),  par  M.  L.  Gratideau,  Directeur 
de  la  station  agronomique  de  l'État,  Membre  du  Conseil  supérieur  de 
l'Agriculture,  etc.  i  vol.  in-8,  broché,  3  fr.  50.  Librairie  Hachette 
et  C. 

Les  cultivateurs,  les  fermiers,  les  propriétaires,  en  un  mot,  tous  ceux 
qui  demandent  aux  produits  de  la  terre  les  ressources  nécessaires  à  leur 
existance  sauront  gré  à  M.  L.  Grandeau  du  service  qu'il  vient  de  leur 
rendre  en  publiant  le  volume  que  nous  leur  présentons  aujourd'hui. 

Surchargé  par  l'accroissement  progressif  des  impôts  que  ne  compense 
aucune  augmentation  proportionnelle  de  la  valeur  de  ses  produits,  l'agri- 
culteur souffre  de  la  diminution  de  ses  revenus.  Comment  atténuer  ce 
mal?  «  En  cherchant,  par  tous  les  moyens,  dit  M.  Grandeau,  dans  l'aug- 
mentation des  rendements,  l'abaissement  du  prix  de  revient  des  pro- 
duits. »  Si  le  gain  est  moindre,  il  faut  vendre  davantage,  il  faut  pro- 
duire beaucoup  plus.  Mais  comment  arriver  à  produire  beaucoup  plus? 
C'est  ce  que  M.  L.  Grandeau  nous  enseigne  :  écoutez-le. 

«  Exposer  d'une  façon  précise  et  simple  l'état  de  nos  connaissances 
sur  l'alimentation  des  plantes  et  sur  leurs  exigences  en  principes  nutri- 
tifs; indiquer  les  formes  principales  sous  lesquelles  on  peut  mettre 
économiquement  à  la  disposition  des  végétaux  l'azote,  l'acide  phospho- 
rique  et  la  potasse  indispensables  à  l'obtention  des  hauts  rendements; 
faire  connaître  aux  cultivateurs  les  moyens  faciles  el  sûrs  de  se  sous- 
traire à  la  fraude  éhontée  dont  le  commerce  des  engrais  et  des  graines 
est  trop  souvent  l'objet;  tracer  les  règles  de  l'établissement  de  champs 
d'expérience  et  de  démonstration  ;  mettre  en  évidence  les  bienfaits 
de  l'association  par  les  syndicats  :  tel  est  l'objet  multiple  des  pages  sui- 
vantes oîi  j'ai  reproduit,  en  les  revisant  soigneusement  et  en  y  faisant  de 
notables  additions,  les  Revues  agronomiques  parues  en  1885-1886  dans 
le  Temps.  » 

Tout  cela  est  exposé  d'une  manière  simple  et  claire,  avec  l'autorité 
d'un  agriculteur  consommé  qui  joint  l'expérience  pratique  à  la  science 
et  sait  distinguer  ce  que  l'on  peut  faire  de  ce  que  l'on  ne  peut  pas  faire. 
Nos  cultivateurs  n'auront  jamais  de  meilleure  occasion  d'écouter  des 
conseils  plus  expérimentés.  (Qu'ils  lisent,  qu'ils  méditent  ce  livre,  qu'ils 
s'imprègnent  des  idées  qu'il  contient,  qu'ils  en  fassent  consciencieuse- 
ment et  résolument  l'application,  ils  s'en  trouveront  bien. 

X. 


Le  Gérant  :  Jules  Grisard. 


7524.  —  BoURLOTON.  —  Imprimeries  re'unies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


LES  CHIENS  DE  PRAIRIE 

CYNOMYS  LUDOVICIANA 


Lettre   adressée  à  M.  le  Secrétaire   général 


Par  91.    A.   TOLXIIARD 


Dans  un  article  sur  les  Chiens  de  prairie  que  je  lisais 
dans  le  Balletin  de  la  Société  d'Acclimatation  du  mois  d'août 
dernier,  vous  exprimez  l'opinion  que  ces  petits  animaux 
ne  grimpent  pas  après  les  grillages. 

Je  puis  pour  ma  part  vous  affirmer  qu'ils  grimpent  au 
contraire  avec  une  très  grande  facilité. 

J'ai  installé  en  Berry,  il  y  a  deux  mois,  une  paire  de  Chiens 
de  prairie,  que  le  Jardin  d'Acclimatation  m'avait  cédée.  Elle  a 
été  lâchée  dans  un  terrier  à  Lapins,  ayant  trois  bouches,  placé 
au  milieu  d'une  pelouse.  J'avais  d'abord  fait  fureter  ce  terrier 
pour  être  sûr  qu'il  n'était  pas  habité,  on  l'a  ensuite  entouré, 
à  2  ou  3  mètres  de  distance,  avec  un  grillage  en  mailles  de 
S  centimètres,  sur  l'",30  de  hauteur  hors  terre,  plus  10  cen- 
timètres bien  enterrés  pour  que  les  animaux  ne  puissent  pas 
passer  par-dessous.  On  a  mis  près  des  trous,  carottes,  lé- 
gumes, etc.,  comme  on  m'avait  recommandé  de  le  faire. 

Tout  a  bien  été  pendant  quatre  ou  cinq  jours.  Les  petites 
Marmottes  venaient  sur  le  trou  et  y  rentraient  dès  qu'elles 
voyaient  du  monde. 

Mais  le  cinquième  jour  elles  commencèrent  à  s'ennuver  et 
à  grimper  par-dessus  le  grillage  pour  se  promener  sur  la 
pelouse  qui  sert  d'enclos  à  des  Antilopes  et  qui  est  elle-même 
entourée  d'un  grillage  de  l'",30  de  hauteur.  Effrayées,  elles 
rentraient  vite  par-dessus  leur  grillage  dans  leur  trou  dès 
qu'on  les  poursuivait. 

S'enhardissant  bientôt  de  plus  en  plus,  les  Chiens  de  prairie 
franchirent  deux  ou  trois  jours  après  leur  deuxième  clôture 

1»  SÉRIE,  T.  III.  —  Décembre  1886.  36 


562  SOCIÉTÉ   NATIONALE  D' ACCLIMATATION. 

pour  se  promener  dans  le  parc,  puis  un  grillage  de  l^jSO  de 
haut,  pour  pénétrer  dans  une  cour. 

Mon  gardien  ayant  pu  les  y  prendre  avec  un  filet,  les 
reporta  dans  leur  terrier.  Deux  jours  après  les  fugitifs  cou- 
raient encore  de  nouveau  à  l'aventure. 

Malheureusement  les  Casoars  qui  vivent  en  liberté  dans 
mon  parc,  les  guettaient,  et  un  jour  que  le  mâle  Chien  de 
prairie  suivait  une  allée,  il  fut  si  vivement  poursuivi,  qu'il  ne 
put  remonter  assez  vite  son  grillage  ;  il  fut  tué  d'un  vigou- 
reux coup  de  bec  au  moment  où  il  faisait  son  ascension. 

On  n'a  jamais  revu  la  femelle,  et  je  crois  bien  qu'elle  a  dû 
être  tuée  de  même  sous  bois. 

Il  n'est  donc  pas  aussi  facile  qu'on  le  pourrait  penser, 
d'installer  à  demeure  ces  petits  animaux. 

Je  serais  bien  surpris  s'il  n'y  avait  pas  des  Chiens  de  prairie 
déjà  échappés  et  installés  dans  le  Bois  de  Boulogne  fort  loin 
du  Jardin  d'Acclimalation. 

Recevez,  Monsieur  le  Secrétaire,  etc.,  etc. 


ELEVAGES  AU  PARC  DE  BEAUJARDIN 

A  TOURS 
Par  m.  CORNÉLY. 


Jeunes. 

Kangurou  géant  (Macropus  major) 5 

Kangurou  rouge  (Macropus  ruber) 2 

Kangurou  de  Bennett  (Macropus  Bennetti) 2 

Cervule  de  Michie  (Elaphodus  Michianus) 1 

Cervule  de  Reeves  (Cervulus  Reevesii) S 

Alpaca  (Auchenia  pacos) 2 

Lama  (Auchenia  Llam a) 1 

Antilope  B\eshok  (Antilope  albifrons)  (i) 1 

Gazelle  de  Perse  (Gazella  subgutturosa) 4 

}ilixra  (Dolichotis  patagonicus)  C^I) 5 

Chats  bleus  de? 3 

(1)  Une  des  femelles  Blesbok  mourut  après  une  courte  maladie.  Elle  allait 
mettre  bas  un  petit  bien  formé. 

(2)  Les  lièvres  patagons  ou  Maras  avaient  mené  à  bien  leur  nichée  de  sep- 
tembre (1885),  mais  en  décembre  les  petits  succombèrent  en  quelques  jours 
à  une  affection  tuberculeuse  (constatée  par  M.  Megnin).  Le  26  mars  1886, 
les  Maras  firent  une  nouvelle  portée  :  un  petit  parut  dans  le  terrier  primitif  oii 
se  tenaient  les  premiers  jeunes,  les  débris  d'un  autre  furent  trouvés  quelques 
jours  après  bien  loin  du  lieu  de  naissance.  Le  1'*' juillet,  naissance  de  trois 
Lièvres  patagons.  Deux  jours  après  la  venue  au  monde  de  ceux-ci,  un  petit 
Chien  terrier,  qui  avait  l'habitude  de  jouer  avec  les  vieux,  et  qui  s'entendait 
parfaitement  avec  eux,  fut  vu  dans  le  terrier,  et  les  petits  Maras  en  sortirent 
tout  hébétés.  Ceci  nous  donna  l'explication  de  la  perte  d'un  des  petits  de  la 
précédente  portée,  et,  bien  entendu,  le  Chien  fut  enfermé  pendant  une  quin- 
zaine. Les  jeunes  Maras  de  la  dernière  et  celui  de  la  seconde  portée  sont,  en 
ce  moment  (12  aoiàt),  en  excellente  santé.  Chose  très  bizarre  est  l'inimitié  qui 
semble  exister  entre  ces  animaux  et  les  Nandous.  Ces  derniers,  qui  ne  mon- 
trent aucune  crainte  des  plus  forts  Chiens,  qui  pâturent  avec  des  Antilopes  et 
Gazelles  agressives,  sans  la  moindre  appréhension,  montraient  une  vraie  frayeur 
des  Maras.  Peu  à  peu  les  Nandous  s'enhardissent,  et,  fidèles  à  leurs  instincts 
gloutons,  cherchent  à  s'emparer  d'un  morceau  de  pain  qu'entame  le  lièvre. 
Aussitôt  celui-ci  quitte  sa  provende  et  s'élance  sur  son  adversaire,  la  gueule 
ouverte,  et  poussant  des  grognements  de  colère.  Le  Mara,  qui  se  laisse  appro- 
cher des  autres  animaux,  lui  aussi,  jouant  avec  les  Chiens,ne  peut  plus  voir  de 
Nandous,  même  passant  à  côté  de  lui, sans  essayer  de  lui  faire  peur.  La  femelle 
surtout  a  une  horreur  profonde  de  cet  oiseau. 

Le  7  octobre  une  nouvelle  naissance   de  Lièvres  patagons  eut  lieu.   Cette 
fois  la  portée  était  d'un  seul  petit  de  forte  taille. 


564  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

OISEAUX. 

Œufs.        Petits. 

Tragopan  de  Blyth  {Ceriornis  Blythï) 10  8 

TragopandeTemminck(Cmomisremmiwc^i)  \^1  0 

Tragopan  de  Cabot  {Ceriornis  Caboti)  (1)  ...  15  0 
Tragopan  de  Hasiings  {Ceriornis   melanoce- 

phala) 7  0 

Argus  ArgiLS  giganteus),  un  couple 8  0 

Argus  {Argus  giganteus),  second  couple  ...  4  3 

Faisan  d'Elliott  '{Callophasis  Elliotti)  (2)  .  .  10  0 
Éperonnier  de  Hardwicke  {Polyplectron  hical- 

caratum) 7  4 

Éperonnier  Chinquis  (Polyplectron  Chinquis)  6  3 

Perdrix  Galline  {Galloperdix  spadiceus)  ...  2  0 

V ouïe  àes  grumes  {Tetrao  Cupido) 1  0 

Tinamou  {Cryplurus  noctivagus)  (3) 1  0 

Ibis  à  face  noire  (/6ts  me/awopsis)  (4) 7  1 

Grue  de  Numidie  {Crus  Virgo) 2  0 

Cygne  à  col  noir  (Cygf?ms  nigricollis) 5  4 

Oie  dispar  {Bernicla  dispar) 4  3 

Siffleur  huppé  (Anasrw^wft) ?  3 

Sarcelles  de  Brésil  {Querquedula  Brasiliensis)  ?  3 

Canard  peposaca  {Metopiana  peposaca).  ...  ?  5 

Canard  marron  {Anas  castanea) »  3 

En  fait  de  Perruches,  il  est  né  à  Beaujardin  de  jeunes  Ve- 

(1)  Le  mâle  Tragopan  Cabot  mourut  quelques  jours  avant  la  ponte  de  la 
femelle. 

(2)  Le  Faisan  Elliott  poursuivit  sa  femelle  avec  férocité,  lui  dépouilla  la  tête, 
et  on  dut  les  séparer. 

(3)  Le  Tinamou  qui  pondit  un  seul  œuf  faisait  partie  d'un  lot  de  ces  oiseaux 
envoyés  à  inspection  par  M'"  Hagenbek,  et  pondit  deux  jours  après  son  arrivée 
du  long  voyage  du  Mexique. 

(4)  Les  Ibis  à  face  noire  ont  commencé  leur  nidification  à  une  saison  bien 
plus  précoce.  Le  premier  œuf  fut  pondu  le  6  mars,  et  contre  toute  habitude 
de  ces  oiseaux,  ils  avaient  construit  leur  nid  sous  un  hangar.  Un  petit  naquit, 
faible  et  rachitiquc  ;  on  fut  obligé  de  le  tuer.  Un  second  nid  fut  bientôt  com- 
mencé, mais  les  oiseaux  couvaient  mal  et  les  trois  œufs  disparurent  un  beat 
malin.  Le  troisième  nid  fut  construit  au  mois  de  juin,  et  les  deux  petits  qu'il 

ontienl  semblent  en  excellent  état. 


ÉLEVAGES   AU    PARC   DE    lîEAUJARDIN.  565 

nusfa  (Eiiphema  Venusta),  Perruches  Swainson  {Trichoglos- 
fus  Novœ  Hollandiœ),  T.  ornatus  et  une  jeune  Perruche 
à  ailes  rouges  {Plalycercus  eri/lhropterus).  Deux  nichées  de 
Fringilles  de  la  Nouvelle-Calédonie  {Eri/thrura  psittacea)  dis- 
parurent d'une  manière  mystérieuse.  Les  nids  placés  à  l'abri 
des  souris  même,  étaient  vidés,  et  la  seule  explication  pos- 
sible est  qu'un  de  ces  oiseaux  était  le  malfaiteur.  Un  couple 
Fringilles  phaëton  travaille  à  construire  un  nid  et  les  Perru- 
ches cornues  de  la  Nouvelle-Calédonie  couvent. 

Un  grand  nombre  de  jeunes  Grenouilles-bœufs  se  montrent; 
depuis  la  mi-juillet  on  en  trouve  dans  tous  les  coins  du  parc, 
la  tête  tranchée,  ou  portant  des  traces  de  morsures  aux  flancs. 
On  suppose  que  les  Lézards  ocellés  sont  les  auteurs  de  ces 
massacres.  Ces  derniers,  de  même  que  la  plupart  des  Tortues 
aquatiques,  sont  très  farouches,  se  cachent  à  l'approche  de 
l'homme,  ce  qui  rend  impossible  tout  contrôle  de  reproduc- 
tion ou  même  d'existence.  Des  Tortues  du  Japon  (à  carapace 
molle)  se  montrent  de  temps  en  temps  ;  leur  taille  a  doublé, 
c'est  tout  ce  qu'on  peut  en  dire. 


NOTE 

SUR  LES  NAISSANCES,  DONS  ET  ACQUISITIONS 

DE  LA  MÉNAGERIE  DU  MUSÉUM  D'HISTOIRE  NATURELLE 
Pendant  les  mois  de  mai,  juin,  juillet  et  aoiit  1886. 

Par  M.    HUET 

Aide-naturaliste,  chargé  de  la  ménagerie. 


NAISSANCES 

Mai 
2  Antilopes  Kobs  (Kobus  unctuosus)  femelles;  l'une  de 

ces  femelles  est  née  d'une  femelle  née  à  la  ménagerie 

le  13  juillet  1883. 
1  Moufflon  à  manchettes  (Ovis  tragelaphus)  d'Afrique, 
i   Maki  à  front  noir  {Lemur  nigrifrons)  né  des  individus 

donnés  par  M.  Humblot. 
\  Oer(  cochon  {Cervus  porcinus). 
\  Biche  Sika  {Cervus  Sika)  du  Japon. 
1  femelle  d'Hémione  {Equus  Hemionus)  de  Perse. 
1  Biche  de  Perse  {Cervus  Maral). 
\  Cerf  de  Perse  {Cervus  Maral). 

Juillet. 
1  Kangurou  à  col  roux  {Halmaturus  ruficollis)  de  la  Nou- 
velle-Galles du  Sud. 
1  Kangurou  rat  {Hypsiprymnus  Gaimardi)  d'Australie. 
3  Muntjacs  de  Reeves  {Cervulus  Reevesii)  de  Chine. 
1  Biche  cochon  {Cervus  porcinus)  de  l'Inde. 

Août. 
1  Cerf  cochon  {Cervus  porcinus)  de  l'Inde. 
1  Kob  mâle  {Kobus  unctuosus)  du  Sénégal. 
l  Mouton  chabin  mâle. 

DONS 

1  Bonnet  chinois  {Macacus  Sinicus)  de  l'Inde,  don  de 

M.  Fournier. 
1  Macaque  Rhésus  {Macacus  Tcheliensis),  don  de  M.  Sthal, 

lieutenant  au  12*  d'artillerie. 


NAISSANCES,    DONS   ET   ACQUISITIONS   DU    MUSÉUM.  567 

1  Macaque  ordinaire  (Macacus  cynomolgus)  de  l'Inde, 
don  de  M""  Carpentier. 

1  Magot  (Macacus  Inuus)  d'Afrique,  don  de  M.  Peronka. 

i  Sajou  à  gorge  blanche  (Cehus  hypoleucus)  de  l'Amé- 
rique du  Sud,  don  de  M.  Reveraggi. 

3  Ours  du  Tonkin  (Ursus  Thibelanus),  don  de  M.  du  Ber- 
net,  lieutenant  au  S' tirailleurs  algériens. 

i  Marie- fouine  {Mmlela  foina)  de  France,  don  de 
M.  Pichot. 

1  Chacal  d'Afrique  {Canis  aureus),  don  de  M.  Gaurichon. 

1  Chat  mignon  {Felis  tigrina)  de  l'Amérique  du  Sud,  don 
de  M.  Gendrop. 

i  Panthère  (Felis  pardus),  don  de  M.  le  gouverneur  de 
la  Cochinchine. 

1  Caracal  (Felis  caracal)  d'Afrique,  don  de  M.  Charpen- 

tier, capitaine  de  frégate. 

2  Gerbilles  à  front  allongé  (Gerhilhis  longifrons),  don  de 

M.  Mailles. 
1  Myopotame  (Myopotamus  Coypus)  du  Brésil,  don  de 
M.  le  docteur  Bourgois. 

1  Muntjac  (Cervulus  Mutitjac),  de  l'Inde,  don  de  M.  Gail- 

lard, médecin  de  la  marine. 

2  Moutons  à  tête  noire,  don  de  M.  Obalski. 
1  Mouton  de  Franceville,  don  de  M.  Manas. 

1   Moufflon  de  Corse  (Ovis  Musimon),  don  de  M.  Dupont. 

ACQUISITIONS 

12  Macaques  ordinaires  (Macacus  cynomolgus). 
i  Hyène  brune  (Hyena  brunea). 
1  grand  Guib  femelle  (Tragelaphus  gratus)  du  Gabon. 

I  Gnou  femelle  (Catablepas  gnu). 

OISEAUX 

II  est  né  : 

5  Faisans  à  collier  (Phasianus  torquatus). 
7  Faisans  dorés  {Thaumalea  picta). 
43  Faisans  d'Amherst  (Thaumalea  Amherstiœ). 


568  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

5  Eiiplocomes  de  Nepaul  (Euplocomus  leucomelanus) . 

6  métis,  deuxième  généralion  de  métis  de  Faisan  argenté 

maie  et  d'Euplocome  du  Népaul. 
8  métis  de  Faisan  à  collier  mâle  et  de  Faisan  argenté 
femelle. 

4  Éperonniers  de  Germain  {Polypledron  Germaini). 
4-  Paons  ordinaires  (Pavo  cristala). 

5  Oies  des  Sandwich  {Bernicla  Sandwicensis). 

4-  Oies  dispar  (Bernicla  dispar)  de  l'Amérique  méridionale. 
10  Canards  Gasarcas  rouges  (Tadortia  rutila). 

Les  métis  de  Faisan  à  collier  mâle  et  de  Faisan  argenté 
femelle,  que  nous  avons  obtenus  celte  année,  prouvent  une 
fois  de  plus  avec  quelle  facilité  se  font  les  mélanges  dans  la 
famille  des  Phasianidés. 

Ges  oiseaux  sont  déjà  très  beaux  et  promettent  de  donner 
des  sujets  magnifiques  de  couleur  et  de  grosseur;  comparati- 
vement aux  jeunes  Faisans  à  collier,  nés  à  la  même  époque, 
ils  sont  presque  le  double  et  ils  ont  une  tenue  plus  fière,  qui 
rappelle  celle  du  père.  L'éducation  de  ces  oiseaux  nous  a 
paru  aussi  très  facile,  reste  à  savoir  maintenant  s'ils  se  repro- 
duiront. Cela  est  une  question  que  nous  espérons  pouvoir 
résoudre  l'année  prochaine. 

Si  l'on  pouvait  former  cette  race,  elle  aurait,  croyons-nous, 
pour  nos  chasses,  un  énorme  avantage,  en  ce  sens  qu'en 
même  temps  qu'elle  serait  d'un  beau  plumage,  elle  donne- 
rait aussi  une  quantité  de  chair  bien  plus  grande  que  celle 
du  Faisan  à  collier. 

Les  jeunes  Bernicla  dispar  que  nous  avons  élevés  sont, 
quoique  encore  jeunes,  absolument  semblables  aux  parents, 
ce  sont  bien  les  mêmes  teintes  et  les  rayures  y  sont  aussi 
nombreuses  et  aussi  rapprochées  que  chez  eux. 

Nous  avons  mâle  et  femelle,  et  les  caractères  qui  distin- 
guent les  adultes,  sont  pareils  chez  les  jeunes;  il  n'y  a  donc 
jlus  aucun  doute  sur  la  valeur  spécifique  de  cette  espèce, 
pour  laquelle  hésitaient  les  ornithologistes. 

Gerlainemenl,  si  c'était  une  race  provenant  d'un  métissage 


NAISSANCES,    DONS   ET   ACQUISITIONS   DU    MUSÉUM.        569 

raisonné  ou  formée  par  le  hasard,  les  jeunes,  comme  cela 
arrive  dans  les  métis  de  Faisans,  reproduiraient  tantôt  les 
caractères  du  mâle,  tantôt  ceux  de  la  femelle  ;  mais  ici  rien 
de  semblable  et  cette  espèce  est  bien  pure  quoique  bien  voi- 
sine de  la  Bernicla  Magellanica. 

DONS 

1  Cresserelle  (Falco  tinnunciUm)  de  France,  don  de 
M""  Courajol. 

1  Buse  {Falco  buteo)  de  France,  don  de  M.  Saudin. 

2  Buses  (Falco  buteo)  de  France,  don  de  M.  Flauraud. 

1  Autour  {Astur  palumbarius)  de  France,  don  de  M.  Bel- 
valette. 

1  Autour  du  Maroc,  don  de  M.  le  baron  Desprémenil. 

1  Vautour  papa  (Sarcoranphus  papa)  de  l'Amérique  tro- 
picale, don  de  M.  Frustuck. 

1  Chouette  effraie  (Sirix  flammea)  de  France,  don  de 
M.  Lavergne. 

1  Ara  canga  {Ara  Macao)  de  l'Amérique  centrale,  don  de 
M.  Ferrari. 

1  Cacatoès  Leadbeater  (Caca/wa  Leaci&eaieri)  d'Australie, 

don  de  M""  Aigou. 

1  Perruche  ondulée  {Melopsittacus  undulatns),  d'Austra- 

lie, don  de  M"'  iMeunier. 

3  Faisans  Prélats  {Euplocomiis  prœlatus)  de  Cochinchine, 

don  deiM.  Gaillard,  médecin  de  la  marine. 
3  Paons  spicifèies  (Pava  sjiici férus)  de  Cochinchine,  don 
de  M.  Gaillard,  médecin  de  la  marine. 

ACQUIS 

2  Cacatoès  aux  yeux  nus  (Cacalua  gymnopis)  du  sud  de 

l'Australie, 
2  Pélicans  bruns  {Pelecanus  fuscus)  de  l'Inde  occidentale. 


LES  PIGEONS  VOYAGEURS 

LES  VOYAGES  D'ALLER  ET  DE  RETOUR 
Pai*  M.  LA  PERRE  DE  ROO 


DsiXisle Bulletin  de  septembre  de  la  Société  d'Acclimatation, 
M.  le  docteur  J.-G.  Winkler  a  publié  un  intéressant  article 
sur  Un  vol  remarquable  de  Pigeons  voyageurs,  et  dit  que 
M.  Bronkliorst,  Groot  Hontskaat,  54,  à  Haarlem,  est  en 
possession  de  quatre  Pigeons  voyageurs  volant  volontaire- 
ment de  Haarlem  à  Leyde  et  vice  versa;  mais,  ajoute  M.  J.-C. 
Winkler,  quand  je  questionnai  M.  Bronkhorst  sur  la  manière 
dont  il  dressait  ses  Pigeons,  il  me  répondit  :  Cest  mon  secret, 
monsieur! 

Or  j'eus  l'honneur  de  communiquer  ce  prétendu  secret 
au  ministre  de  la  guerre  en  1876,  et  de  le  publier  en  1877, 
dans  mon  ouvrage  intitulé  :  le  Pigeon  messager  et  son  appli- 
cation à  Vart  militaire,  p.  225,  226  et  227. 

Dans  les  temps  anciens,  c'était  une  pratique  commune  en 
Orient  de  dresser  les  pigeons  voyageurs  à  porter  des  billets 
d'un  lieu  à  un  autre  et  à  rapporter  la  réponse,  comme  les 
ligues  suivantes,  que  j'emprunte  à  Michel  Sablach,  le  démon- 
trent jusqu'à  l'évidence  :  «  Tendre  colombe,  précipite  ton 
vol  vers  ma  bien-aimée,  et  hâte-toi  de  m'apporter  sa  ré- 
ponse; car  l'amour  a  troublé  mon  esprit.  » 

Mais  on  ne  saurait  dresser  de  Pigeons  voyageurs  à  exécu- 
ter des  voyages  d'aller  et  retour  de  lotig  cours;  et  c'est  pour 
cette  raison  que  le  ministre  de  la  guerre  refusa,  en  1875,  de 
pratiquer  des  expériences,  à  l'aide  de  mes  Pigeons,  entre 
Paris  et  Versailles. 

A  ma  connaissance,  les  plus  longs  voyages  d'aller  et  retour 
qu'on  soit  parvenu  jusqu'ici  à  faire  exécuter  par  des  Pigeons 
voyageurs,  n'excèdent  guère  60  kilomètres  et  M.  le  ministre 
de  la  guerre  trouve  cette  distance  insuffisante  en  temps  de 
guerre  ou  d'invasion. 

Le  secret.  —  Supposons  qu'on  veuille  faire  voyager  des  Pi- 


LES   PIGEONS   VOYAGEURS.  571 

geons  voyageurs  entre  Paris  et  Versailles,  on  laisse  naître 
dans  le  colombier,  à  PariSy  des  Pigeonneaux,  et  lorsqu'ils 
ont  volé  pendant  trois  ou  quatre  mois  à  leur  pigeonnier  na- 
tal, on  les  transporte  dans  un  colombier  à  Versailles,  identi- 
quement pareil  au  pigeonnier  natal,  où  on  les  tient  enfermés 
pendant  six  semaines,  et  puis  on  les  habitue  à  voler  à  leur 
nouveau  colombier. 

Lorsqu'ils  sont  bien  habitués  à  voler  à  leur  nouveau  co- 
lombier, on  les  ramène  à  leur  pigeonnier  natal  à  Paris,  et, 
après  huit  j  ours  de  captivité,  on  leur  rend  de  nouveau  la 
liberté  comme  de  coutume. 

Quinze  jours  après,  on  commence  à  les  entraîner  par 
petites  étapes  progressives  dans  la  direction  de  Versailles. 

Leur  éducation  achevée,  c'est-à-dire  lorsque  les  Pigeon- 
neaux, dès  qu'on  les  lâche  à  Versailles,  s'élancent  d'un  bond 
dans  les  aiis  et  volent  sans  hésitation  en  droite  ligne  vers 
leur  pigeonnier  à  Paris,  au  lieu  de  leur  accorder  la  liberté, 
on  les  introduit  dans  leur  ancien  pigeonnier.  Là,  à  Ver- 
sailles, les  Pigeonneaux,  qu'on  a  eu  soin  de  priver  de  toute 
nourriture,  à  Paris,  pendant  vingt-quatre  heures,  trouvent 
la  trémie  pleine  de  graines  dont  les  Pigeons  sont  friands; 
mais  on  ne  leur  donne  pas  à  boire.  Le  repas  fini,  on  ouvre  le 
colombier  et  l'on  en  chasse  brutalement  les  Pigeonneaux,  qui, 
habitués  à  voler  de  Veisailles  à  Paris,  s'en  retournent  en  droite 
ligne,  comme  une  flèche,  à  leur  pigeonnier  natal  où  l'abreu- 
voir plein  d'eau  fraîche  les  attend. 

Pendant  un  mois  entier  on  soumet  les  Pigeonneaux  à  cet 
exercice.  On  supprime  toute  nourriture  à  Paris,  on  les  ra- 
mène deux  fois  par  jour  à  leur  pigeonnier  à  Versailles  où  on 
leur  sert  chaque  fois  à  manger;  et,  après  chaque  repas,  on 
les  chasse  du  pigeonnier,  comme  précédemment,  afin  qu'ils 
s'en  retournent  à  Paris. 

Fi  nalement,  au  lieu  de  transporter  les  Pigeons  à  Versailles 
comme  d'habitude,  on  les  chasse  du  pigeonnier  de  Paris,  à 
l'heure  accoutumée  des  repas,  afin  qu'ils  aillent  se  nourrir  à 
Versailles;  et,  constamment  privés  de  nourriture  à  Paris,  ils 
ne  se  font  pas  beaucoup  prier  pour  se  rendre  à  leur  colom- 


572  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

hier  de  Versailles  où  ils  ont  l'habitude  d'être  nourris  copieu- 
sement. 

Leur  éducation  terminée,  les  Pigeons  sont  tenus  constam- 
ment en  captivité  à  Paris  ;  n'y  reçoivent  aucune  nourriture  et 
on  ne  leur  accorde  la  liberté  qu'aux  heures  des  repas.  De 
cette  façon  deux  amateurs  peuvent  parfaitement  correspondre 
ensemble,  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  faire  un  échange  de 
Pigeons  comme  cela  se  pratique  généralement. 


CATALOGUE    RAISONNE 

PAR    RÉGIONS 

DES   ESPÈCES  D'OISEAUX 

qu'il   V   AURAIT    LIEU 

D'ACCLIMATER  ET  DOMESTIQUER  EN  FRANCE 

Par   L.    MAGALD   D'AUBCSSOIV 

(Suite.) 


EuPLOCOME  MÉLÂNOTE  {Euplocamiis  melanotiis  Blyth). 

Euplocamus  melanotus,  Blvtli,  Joum.  Asiat.  Soc.  Bengal  (18 i*),  t.  XVII,  p.6it4. 
—  Sclater,  Proc.  Zool." Soc.  (1859),  p.  205,  ibid.  (18G3),  p.  121.  — Elliol, 
Mon.  of  Phas,  (1872).  pi. 

L'Euplocome  mélanote  ou  à  dos  noir  se  distingue  de  son 
congénère  par  sa  huppe  et  son  croupion  d'un  noir  à  reflets 
bleuâtres.  Les  parties  inférieures  sont  bkanches,  l'abdomen 
et  les  sous-caudales  d'un  noir  brunâtre,  les  pattes  couleur 
de  chair. 

La  femelle  a  toutes  les  parties  supérieures  du  corps  d'un 
brun  foncé  tournant  au  roux  vers  le  croupion;  la  gorge 
blanche  et  les  parties  inférieures  ainsi  que  les  flancs  d'un 
brun  roux  varié  de  blanc,  les  pattes  grisâtres. 

On  ne  sait  pas  grand'chose  sur  les  habitudes  de  cet  oiseau 
à  l'état  sauvage;  l'Euplocome  leucomèle  beaucoup  plus  com- 
mun a  pu  être  mieux  étudié,  mais  il  est  probable  que  les 
mœurs  des  deux  espèces  ont  beaucoup  de  similitude. 

Le  docteur  Jerdon  dans  son  ouvrage  :  Birds  of  India,  dit 
que  le  Mélanote  s'étend  à  une  certaine  distance  dans  le  Né- 
paul  jusqu'à  ce  qu'il  rencontre  l'espèce  précédente.  Aux  en- 
virons de  Darjeeling,  c'est  le  seul  faisan  qui  soit  un  peu  ré- 
pandu; les  chiens  le  font  souvent  lever  sur  le  bord  des 
routes;  il  se  réfugie  alors  immédiatement  dans  les  arbres. 
On  le  rencontre  depuis  900  jusqu'à  2i00  mètres  d'élévation 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Il  fréquente  aussi  bien  les 
forêts  que  les  terrains  recouverts  d'herbes  et  boisés.  Souvent 


574  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

en  sarclant  les  plantations  de  thé,  en  juin  et  juillet,  on  trouve 
des  nids  qui  contiennent  de  cinq  à  huit  œufs. 

Le  capitaine  Beavan,  dans  une  communication  envoyée  au 
journal  VIbis  sur  les  divers  oiseaux  de  l'Inde,  dit  également 
que  cette  espèce  est  abondante  dans  les  environs  de  Darjee- 
ling  à  toute  altitude  de  600  à  2000  mètres  et  qu'on  la  ren- 
contre souvent  dans  le  Sikim.  «  Je  me  suis  procuré  des  spé- 
cimens de  cet  oiseau,  dit-il,  dans  un  ravin  au-dessous  de 
Punkabarry,  au  pied  même  des  montagnes,  et  un  autre  sur 
les  plantations  du  major  Wardroper  à  Darjeeling,  à  une  alti- 
tude de  1800  mètres.  J'en  ai  trouvé  aussi  en  grande  quan- 
tité à  Prichingpoung  en  Sikim,  à  une  hauteur  de  1500  à 
1800  mètres;  levés  par  un  chien,  ils  se  réfugiaient  sur  les 
arbres  où  on  pouvait  les  abattre  facilement.  Ils  perchent 
chaque  nuit  sur  la  même  branche,  par  conséquent  l'endroit 
est  facile  à  reconnaître  par  la  quantité  de  fiente  blanche  qui 
s'accumule  au-dessous.  On  les  rencontre  généralement  par 
couples  ou  par  petits  groupes  de  trois  ou  quatre.  » 

Le  Melanotus  et  VAlhocristatiis  se  marient  en  captivité 
avec  une  extrême  facilité,  comme  à  l'état  sauvage.  Ils  con- 
tractent aussi  très  volontiers  des  unions  avec  V Euplocomus 
Horsfieldi  et  V Euplocomus  lineatus.  Lorsqu'on  examine  ces 
quatre  espèces,  on  comprend  aisément  que  les  hybrides  obte- 
nus soient  féconds,  car  ces  oiseaux  ont  entre  eux  la  plus 
grande  ressemblance;  on  les  prendrait  plutôt  pour  les  va- 
riétés d'une  même  espèce  que  pour  les  espèces  d'un  même 


genre. 


EuLOPHE  MACROLOPHE  {Pucvasia  macrolopha  Gray). 

Eidophus  macrolophus,  Lesson,  Compl.  Bu/f.  (1837),  t,  VIII,  p.  d5i.  —  Gallopha- 
sis  pucrasia,  Hodgson,  Gray,  Zoo/.  A^»sc.(l 84i),  p.  85.  —  Pucrasia  macrolopha, 
Gray,  Gen.  of  Birds  (184i),  t.  III,  p.  564.  — Elliot,  Mon.  of  Phas.  (187-2), 
t.  I,  pi. 

D'après  Jerdon,  on  ne  trouve  cette  espèce  que  dans  le 
nord-ouest  de  l'Himalaya,  depuis  l'ouest  du  Népaul  jusqu'au 
delà  de  Simla;  on  ne  le  rencontre  ni  dans  le  Sikim  ni  dans  le 
Népaul  oriental. 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  575 

C'est  un  oiseau  qui  ne  vit  qu'en  fcrêt,  rarement  à  une 
altitude  inférieure  à  1200  mètres,  Adams  dit  même  1500, 
et  qui  ne  dépasse  pas  la  limite  extrême  de  la  zone  des  bois. 
Il  semble  préférer  les  forêts  de  chênes,  de  châtaigniers  et  de 
pins  morendas  où  les  buis,  les  ifs  se  mêlent  aux  touffes 
épaisses  de  bambous  des  montagnes. 

Le  Macrolophe  est  un  oiseau  peu  sociable,  que  l'on  trouve 
généralement  isolé  ou  par  couples.  Les  jeunes  restent  avec 
les  parents  jusqu'à  la  fin  de  l'hiver,  mais  les  adultes  ne  se 
réunissent  jamais  en  bandes.  Gomme  on  rencontre  ensemble 
le  coq  et  la  poule  en  toute  saison,  celte  espèce  paraît  être 
monogame. 

Le  vol  de  ces  oiseaux  est  extrêmement  rapide.  Ils  font  en- 
tendre un  gloussement  sourd  avant  de  prendre  leur  essor  et 
parfois  des  cris  aigus  en  s'élevant.  Dans  les  forêts  retirées 
des  montagnes,  d'après  une  observation  de  Mountaineer,  un 
coup  de  fusil  les  fait  tous  crier  dans  un  rayon  de  deux  à  trois 
kilomètres  ;  ils  répètent  leurs  cris  après  chaque  coup  ;  il  en 
est  de  même  après  un  coup  de  tonnerre  et  pour  n'importe 
quel  bruit  subit  et  éclatant. 

Le  cocklass,  comme  l'appellent  les  habitants,  se  nourrit 
principalement  de  feuilles,  de  jeunes  pousses,  de  racines,  de 
glands,  de  baies,  de  larves. 

La  femelle  établit  son  nid  à  l'abri  d'une  touffe  d'herbe 
entre  les  racines  d'un  arbre  ou  dans  une  cavité  d'arbre  mort. 
Elle  y  pond  sept  œufs  qui  ressemblent  à  ceux  du  Lophophore. 
L'éclosion  a  lieu  vers  le  milieu  ou  la  lin  de  mai. 

Le  Macrolophe  mâle  a  le  sommet  de  la  tête  et  les  plumes 
de  la  huppe  d'un  vert  foncé;  le  dos,  le  croupion  et  les  flancs 
gris  cendré,  avec  une  raie  noire  au  centre  de  chaque  plume; 
les  ailes  brunes,  variées  de  noir,  de  chamois  et  de  gris;  la 
poitrine  et  le  ventre  marron  foncé,  avec  l'extrémité  des 
plumes  blanches.  Bec  noir,  tarses  bleuâtres. 

Le  ton  général  du  plumage  de  la  femelle  est  brun  taché  de 
noir,  avec  des  teintes  chamois  à  la  gorge,  sur  le  dos  et  les 
ailes. 


576  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

EuLOPHE  DE  DuvAUCEL  {Pucrasia  Duvaucelii  Elliot). 

Tragopan  Duvaucelii,  IcmmmcV,  Planches  coloriées  {\?>Zi),  p.  515.  —  Pucrasia 
Duvaucelii,  Elliot,  Mon.  of  Phan.  (1872),  t.  I,  pi. 

Bien  qu'il  se  soit  écoulé  un  demi-siècle  depuis  que  Tem- 
minck  a  décrit,  pour  la  première  fois,  cet  oiseau,  son  histoire 
naturelle  est  à  peu  près  restée  au  même  point.  Nous  ne  sa- 
vons rien  de  ses  mœurs  et  nous  ne  sommes  pas  encore  fixés 
sur  la  délimitation  de  son  aire  géographique.  Temminck 
lui  donnait  pour  hahitat  le  Népaul  et  les  régions  élevées  de 
l'Himalaya. 

Pucrasia  castanea  de  Gould  est  sans  aucun  doute  un  oiseau 
de  celte  espèce.  Cet  ornithologiste  dit  que  deux  exemplaires 
appartenant  à  East  India  Company  avaient  été  recueillis 
dans  le  Kaffirstan  par  le  docteur  William  Griffiths.  La  zoologie 
de  cette  région  est  actuellement  fort  peu  connue,  mais  il  est 
très  possible  que  cet  oiseau  habite  la  chaîne  des  monts  de 
l'Hindou-Kousch,  qui  sont,  après  l'Himalaya,  les  plus  hautes 
montagnes  du  globe. 

L'Eulophe  de  Duvaucel  a  la  tête  d'un  vert  sombre,  avec  la 
partie  supérieure  marron.  Sa  longue  huppe  occipitale  est 
formée  d'une  touffe  de  plumes  brunes  et  vertes  très  foncées. 
Une  tache  blanche  s'étend  de  chaque  côté  de  la  gorge.  Une 
large  bande  d'un  marron  foncé  part  de  cette  dernière  et  se 
prolonge  sur  la  poitrine  et  l'abdomen.  Les  flancs  sont  noirs, 
avec  les  plumes  légèrement  bordées  de  blanc.  Le  dessus  du 
corps  est  d'un  marron  foncé,  avec  le  centre  des  plumes  noir, 
et  les  ailes  d'un  brun  noirâtre.  Bec  noir,  tarses  couleur 
chair. 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  577 

TuAGOPAN  MÉLANOCÉPiiALE  {Ceriotils  melanocephala  Gray). 

Ttagopan  HastingsU,  Vigors,  Proc.  Zool.  Soc.  (1830),  p.  8.— Gould,  Cevt.  liirds 
Him.  (1832),  pi.  63-64-65.  —  fz-ago/^an  de  Hastings,  Tomminck,  Planches  co- 
ioriéen  (i83i),  livr.  'èi.  —  Cerionis  melanocephala,  Gray,  Gênera  of  Birds 
(1841),  t.  III,  p.  499.  — Gould,  Birds  of  Asia  (1855),  livr.  YIl,  pi.  9.-Elllot, 
Mon.  ofPhas.  (1872),  t.  I,  pi. 

Le  Tragopan  mélanocéphale  ou  Jewar  se  trouve  dans  tout 
le  nord-ouest  de  l'Himalaya  à  partir  du  Népaul. 

Mountaineer  nous  a  fait  connaître  quelques-unes  des  habi- 
tudes de  cet  oiseau.  Nous  allons  résumer  ses  observations  à 
ce  sujet. 

Le  Jewar  habite  les  forêts  sombres  et  épaisses  des  hautes 
montagnes,  dans  le  voisinage  des  neiges  éternelles.  En  hiver, 
il  descend  plus  bas  et  vient  se  fixer  dans  les  endroits  les  plus 
touffus  des  forêts  de  chênes,  de  châtaigniers,  et  de  pins  mo- 
rindas  où  les  bambous  de  montagne  forment  entre  les  arbres 
des  fourrés  impénétrables.  C'est  là  qu'on  le  trouve  par  petites 
compagnies  de  deux,  trois,  dix  et  douze  individus  au  plus. 
Ils  ne  forment  pas  des  réunions  bien  intimes,  ils  sont  au  con- 
traire disséminés  sur  une  étendue  plus  ou  moins  grande  de 
la  forêt.  Ils  semblent  revenir  chaque  année  au  même  endroit, 
même  si  la  terre  est  recouverte  de  neige.  Si  une  violente  tem- 
pête ou  autre  circonstance  les  force  à  émigrer,  ils  se  dirigent 
vers  une  vallée  boisée,  un  endroit  couvert  de  bois  peu  élevés, 
ou  de  broussailles. 

Eu  hiver  le  Jewar  est  silencieux,  du  moins  Mountaineer 
ne  l'a  jamais  entendu  crier  dans  cette  saison,  à  moins  qu'on 
ne  le  troublât.  Quand  on  l'effraye,  il  jette  des  cris  plaintifs 
qui  ressemblent  au  bêlement  d'un  jeune  agneau  et  qu'on  peut 
rendre  par  :  waa,  waa,  waa.  Chaque  syllabe  se  succède 
d'abord  lentement  et  parfaitement  détachée;  peu  à  peu  les 
sons  se  précipitent,  se  confondent  et  à  ce  moment  l'oiseau 
s'envole.  Le  vol  est  très  rapide  et  il  est  accompagné  d'un 
bruissement  si  particulier,  qu'il  permet  de  reconnaître  un 
Tragopan  mélanocéphale,  même  sans  le  voir. 
Dans  les  endroits  où  ces  oiseaux  ne  sont  pas  souvent  dé- 

4*  sÉniE,  T.  111.  —  Décembre  1886.  37 


578  SOCIÉTÉ   NATIONALE  D'ACCLIMATATION. 

rangés,  ils  ne  sont  pas  très  craintifs;  mais,  lorsque  les  lieux 
qu'ils  habitent  sont  fréquemment  visités  par  les  villageois 
ou  les  chasseurs,  ils  deviennent  plus  méfiants  et  finissent  par 
se  montrer  les  plus  rusés  et  les  plus  sauvages  de  tous  les 
oiseaux  de  la  forêt.  Alors,  dès  qu'ils  s'aperçoivent  de  la  pré- 
sence de  l'homme,  ils  crient  une  ou  deux  fois,  puis  vont  se 


Tragopan  à  tête  noire  (Cerionis  melanocephala  Gray). 

percher  sur  les  arbres  et  se  cachent  avec  tant  d'art  dans  le. 
feuillage  qu'il  est  presque  impossible  de  les  découvrir. 

Au  printemps,  quand  la  neige  commence  à  fondre,  les  Je- 
wars  quittent  leurs  quartiers  d'hiver;  ils  se  séparent  et  se 
répandent  dans  les  endroits  les  plus  retirés,  les  plus  tran- 
quilles des  forêts,  dans  la  zone  des  bouleaux  et  des  rhodo- 
dendrons blancs,  montant  jusqu'à  la  limite  extrême  de  la 
forêt.  En  avril  ils  s'accouplent;  c'est  à  ce  moment  qu'on 
rencontre  le  plus  de  mâles,  probablement  parce  qu'ils  sont 
en  quête  d'une  compagoe.  Ils  crient  beaucoup  et  tout  le 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  579 

jour,  perchés  sur  une  branche,  sur  un  tronc  d'arbre  renversé 
ou  sur  un  rocher.  Leur  cri  d'amour  ressemble  à  celui  qu'ils 
poussent  quand  on  les  effraye,  il  est  plus  perçant  et  ne  se 
compose  que  d'une  seule  syllabe  waa,  lancée  avec  force,  «  pa- 
reille au  bêlement  d'une  chèvre  égarée  »  ;  on  l'entend  à  près 
de  deux  kilomètres  de  dislance. 

Après  la  saison  des  amours,  chaque  famille  se  cantonne 
et  émigré  peu  à  peu  vers  ses  quartiers  d'hiver,  au  fur  et  à 
mesure  que  la  saison  avance. 

Le  Jewar  se  nourrit  de  feuilles,  de  bourgeons,  surtout  ceux 
des  chênes  et  des  buis;  il  mange,  en  outre,  des  racines,  des 
baies,  des  graines,  des  insectes. 

Le  mâle  a  les  plumes  du  sommet  de  la  tête  noires,  à  pointe 
rouge;  la  nuque,  le  devant  du  cou  et  le  pli  de  l'aile  d'un 
rouge  écarlate;  les  cornes  d'un  bleu  clair,  le  rabat  pourpre 
en  son  milieu  avec  des  taches  latérales  d'un  bleu  clair  et 
bordées  d'un  liséré  couleur  de  chair;  le  manteau  brun  foncé, 
rayé  de  noir  et  semé  de  petites  taches  en  forme  d'œil, 
blanches,  ourlées  de  noir,  la  poitrine  et  le  ventre  noirs, 
marbrés  de  rouge  sombre;  les  ailes  rayées  de  brun,  la  queue 
brune  rayée  de  noir. 

La  femelle  a  les  parties  supérieures  mélangées  de  brun 
foncé,  de  brun  clair  et  de  noir;  le  dessous  du  corps  varié  de 
gris,  de  brun,  de  noir  et  de  blanc. 

Tragopan  SATYRE  {Cerlotiis  salyra  Blyth). 

Meleagris  satijra.  Lin.,  Sijst.  Nat.  (1866),  t.  I,  p.  'iC){).  — Tragopan  satijra,  Cu- 
viiT,  Régii.  anim.  (IS'iU),  t.  I,  p.  ATJ.  —  Cerionis  salyra,  r>lytli,  Cal.  Birds 
Asial.  Soc.  IJeng.  (18-47),  p.  240.  —  Sclalcr,  Proc.  Zool.  Soc.  (18G3),  p.  122; 
ibid.  (186'J),  p.  628.  — Elliot,  Mo7i.  of  Plias.  (1872),  t.  Il,  pL 

Le  Tragopan  satyre,  le  plus  anciennement  connu  du  genre, 
habile  l'est  de  l'Himalaya,  le  Népaul  et  le  Sikim,  à  des  alti- 
tudes de  2000  à  2700  mètres  environ. 

D'après  Jerdon,  cet  oiseau  paraît  cire  très  abondant  au 
Népaul  et  commun  également  dans  le  Sikim.  Ce  naturaliste 
l'a  observé,  au  printemps,  à  2700  mètres  d'altitude,  et  dit 


580  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

qu'en  hiver  il  descend  entre  2400  et  2000  mètres,  dans  le 
voisinage  de  Darjeeling.  Son  cri  d'appel  est  une  sorte  de 
mugissement  profond  qu'on  peut  traduire  par  :  waa-unçy 
waa-ung.  C'est  un  oiseau  très  méfiant  et  difficile  à  tirer,  car, 
lorsqu'on  le  chasse,  il  court  beaucoup  et  s'échappe  dans  les 
taillis  épais  qui  abondent  dans  les  lieux  qu'il  fréquente,  ou 
bien  il  vole  rapidement  vers  le  bas  de  la  montagne. 

Le  capitaine  Beavan  raconte  qu'on  en  prend  de  grandes 
quantités  au  moyen  de  haies^de  broussailles  que  l'on  dispose 
sur  le  versant  d'une  colline,  en  les  faisant  converger.  Yers  la 
pointe  qui  est  ainsi  formée,  on  ménage  de  petites  ouvertures 
dont  chacune  est  munie  d'un  lacet.  On  pousse  lentement  les 
oiseaux  dans  ce  piège,  et,  lorsqu'ils  cherchent  à  s'échapper 
par  les  ouvertures,  ils  se  trouvent  pris  dans  les  lacets. 

Dans  un  article  publié  dans  le  Field,  en  1866,  et  signé 
«  Ornithognomon»,  nous  relevons  les  détails  suivants  :  «  Ce 
bel  oiseau  n'est  pas  rare  dans  les  montagnes  boisées  du  Né- 
paul  et  du  Sikim,  de  1800  à  2700  mètres  d'altitude,  mais  les 
chasseurs  les  ont  fait  disparaître  du  voisinage  des  stations. 
Déjà  en  1842  il  devenait  rare  près  de  Darjeeling  et  on  s'esti- 
inait  heureux  quand  on  pouvait  en  tirer  un  pendant  une 
journée  entière  de  chasse  dans  ces  montagnes  difficiles.  Mais 
au  delà  de  la  rivière  Runget,  on  s'en  procurait  plus  facile- 
ment, malgré  le  nombre  considérable  que  prenaient  au 
lacet  les  Bothias  et  les  Lepchas,  et  qu'ils  apportaient  sur  le 
marché  de  Darjeeling. 

((  En  1842,  quand  j'étais  à  Darjeeling,  on  pouvait  rencon- 
rer  le  Faisan  cornu  de  Sikim,  entre  Pacheem  et  le  mont 
Sengchull,  le  long  de  la  route  conduisant  de  Kursiong  au 
Sanatarium  (1),  et,  au  commencement  de  l'hiver,  par  une 
matinée  brumeuse  et  humide  on  pouvait  avoir  la  chance  d'en 
tirer  un  ou  deux  au  vol.  Mais  il  fallait  avancer  avec  précau- 
tion et  sans  bruit,  en  jetant  un  coup  d'œil  rapide  le  long  de 
chaque  cours  d'eau  qui  traverse  la  route  pour  s'élancer  en 
bas  dans  la  vallée.  Ces  torrents  coulent  dans  les  jungles  qui 

(I)  Les  Anglais  appellent  de  ce  nom  des  établissements  situés  dans  la  mon- 
tagne, qui  servent  de  refuge  pendant  la  saison  chaude. 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  581 

tapissent  les  versants  des  montagnes,  mais  par-ci  par-là 
quelque  rocher  surgit  laissant  une  petite  place  à  découvert. 
C'était  là  qu'à  cette  heure  matinale,  on  pouvait  surprendre 
quelque  Tragopan  fièrement  campé,  ou  en  quête  de  son  dé- 
jeuner. Le  chasseur  devait  saisir  ce  moment  propice  et  tuer 
l'oiseau  sur  place;  s'il  n'était  que  blessé,  c'était  un  gibier 
perdu ,  car  il  eût  été  impossible  de  le  poursuivre  sur  les 
pentes  abruptes  des  montagnes  du  Sikim.  — Quand  le  coq 
s'élève  dans  l'air,  son  riche  plumage  offre  un  spectacle 
magnifique.  » 

Ce  beau  phasianide,  qu'on  voit  maintenant  dans  tous  les 
Jardins  zoologiques  et  dans  beaucoup  de  volières  d'amateurs, 
porte,  en  effet,  un  costume  d'une  grande  richesse. 

Le  mâle  a  le  sommet  de  la  tête  noir,  les  cornes  et  le  rabat 
bleus,  relevés  par  des  taches  jaune-orange.  L'occiput,  la 
nuque,  le  haut  du  cou,  le  pli  de  l'aile  d'un  rouge-carmin,  le 
haut  du  dos,  la  poitrine  et  le  ventre  rouges,  semés  d'yeux 
blancs,  bordés  de  noir;  le  manteau  et  les  couvertures  supé- 
rieures de  la  queue  bruns,  finement  rayés  de  noir,  toutes  les 
plumes  présentant  à  leur  extrémité  une  tache  blanche  en 
forme  d'œil  plus  étendue  que  celles  des  autres  parties  du 
corps. 

La  femelle  est  brune,  avec  des  taches  et  des  raies  transver- 
sales noirâtres  et  rougeâtres. 


LopiioPHORE  RESPLENDISSANT  {LopJiophorus  refulgeus  Tem- 

minck). 

Pliasianus  impeyanus,  Latliam,  Ind.  Ornilh.  (1802),  t,  II,  63'2.  —  Lophophorus 
refulgens,  Temminck,  Pig.  et  Gall.  (1813-1815),  t.  III,  p.  673;  id.  PL  col., 
p.  507,  513.  —  Gould,  Centur.  Himal.  Pinls  (1832),  pi.  60-61.  — Lophophorus 
impeyanus,  Grav,  Lisl  of  Birds  Brit.  Mus.  (1844),  p.  30. --Elliot,  Mon.  of 
Phas.  (1872j,  pi." 

Ce  magnifique  oiseau,  dont  la  brillante  dépouille  sert  au- 
jourd'hui de  parure  à  nos  élégantes,  fut  introduit  en  Europe 
par  une  femme.  C'est,  en  effet,  une  grande  dame  anglaise, 
lady  Impey,  qui  apporta  de  l'Inde  en  Angleterre  les  premiers 


582  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Lophophores  vivants  et  mit  un  véritable  dévouement  à  les 
y  acclimater.  Les  premières  reproductions  furent  obtenues 
dans  le  parc  de  lord  Derby,  et  plus  tard  les  Jardins  zoologiques 
de  Londres,  d'Anvers  et  le  Jardin  d'Acclimatation  de  Paris, 
réussirent  également  dans  leurs  tentatives,  non  sans  quelques 
déboires  au  début,  car  on  eut  beaucoup  de  peine  à  empê- 
cher les  jeunes  de  succomber  à  l'époque  de  la  première  mue. 
Ces  difficultés  n'ont  pas  arrêté  un  grand  nombre  d'amateurs 
dont  le  succès  a  fini  par  couronner  les  efforts,  et  parmi  eux  il 
estjuste  de  citer  M.,  Pomme,  dont  les  soins  constants,  depuis 
ses  premiers  essais  en  186G,  ont  contribué  pour  une  bonne 
part  à  l'acclimatation  du  Lophophore  dans  nos  volières. 

La  plume  est  malhabile  à  décrire  les  splendeurs  du  costume 
de  cet  oiseau.  On  dirait  que  la  nature  s'est  plue  à  répandre 
sur  son  plumage  les  pierreries  les  plus  précieuses  de  son 
écrin.  Qu'on  se  figure  un  gigantesque  Colibri,  et  des  plus 
somptueusement  vêtus.  La  tête  est  d'un  vert  métallique  à 
reflets  bleus,  surmontée  d'un  épi  d'or  vert.  La  nuque  d'un 
rouge  pourpre  a  tout  l'éclat  du  rubis.  Le  bas  du  cou  et  le  dos 
sont  d'un  vert  de  bronze,  à  reflets  dorés.  Le  manteau  et  les 
couvertures  supérieures  des  ailes  et  de  la  queue,  d'un  vert 
violet  ou  bleuâtre  ont  des  tons  d'améthyste  et  de  saphir.  La 
face  inférieure  du  corps  est  d'un  noir  de  jais,  avec  des  reflets 
verts  el  pourpres  au  milieu  de  la  poitrine.  Le  tout  terminé 
par  une  grande  tache  blanche  au  bas  du  dos  et  une  queue 
d'un  brun-cannelle. 

La  femelle  a  la  gorge  blanche  et  tout  le  reste  du  plumage 
d'un  brun  jaune  clair,  tacheté,  rayé  et  moiré  de  brun 
foncé. 

Le  Lophophore  resplendissant  habite  les  monts  de  l'Hima- 
laya, depuis  les  frontières  de  l'Afghanistan  jusque  dans  le 
Sikim  et  le  Boutan,  à  une  altitude  de  2000  à  3300  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

Sur  toutes  les  cimes  qui  s'élèvent  au-dessus  de  la  plaine, 
jusqu'à  la  limite  des  forêts,  on  trouve  partout  le  Monaul 
(nom  que  donnent  les  indigènes  au  Lophophore).  Dans  la 
montagne,  c'est  un  des  oiseaux  les  plus  abondants.  Pendant 


OISEAUX  A   ACCLIMATER.  583 

l'été  on  le  voit  rarement,  parce  qu'il  se  tient  dans  les  profon- 
deurs de  la  forêt;  on  peut  l'apercevoir  cependant  le  matin  et 
le  soir,  au  voisinage  des  champs  de  neige,  lorsqu'il  cherche 
sa  nourriture,  mais  il  ne  faudrait  pas  conclure  du  nombre 
d'individus  que  l'on  voit,  au  nombre  de  ceux  qui  habitent  la 
contrée,  car  lorsque  les  froids  arrivent,  que  les  lianes  et  les 
plantes  qui  recouvrent  le  sol  se  dessèchent,  la  forêt  paraît 
remplie  de  ces  oiseaux.  Ils  se  réunissent  en  grandes  bandes, 
et,  en  plusieurs  endroits,   on  peut,  dans  un  seul  jour  de 
chasse,  en  faire  lever  plus  de  cent.  En  été,  la  plupart  des 
mâles  et  un  grand  nombre  de  femelles  montent  jusqu'aux 
limites  des  forêts,  à  une  élévation  considérable  et  on  en  voit 
souvent  sur  les  pentes  recouvertes  d'herbes  situées  encore 
beaucoup  plus  haut.  En  automne,  ils  se  rassemblent  sur  les 
points  où  le  sol  est  couvert  d'une  couche  épaisse  de  feuilles 
sèches,  sous  lesquelles  ils  cherchent  des  larves  et  des  insectes. 
A  mesure  que  la  saison  avance,  ils  descendent  vers  la  plaine. 
Dans  les  hivers  rigoureux,  ils  gagnent  les  bois  exposés  au 
midi  et  à  l'est,  où  la  neige  fond  rapidement,  et  descendent  en- 
core plus  bas,  dans  les  endroits  où  le  dégel  est  assez  consi- 
dérable pour  leur  permettre  de  gratter  la  terre.  Un  grand 
nombre,  surtout  les  femelles  et  les  jeunes,  s'approchent  des 
villages,  on  les  voit  alors  répandus  dans  les  champs.  Cepen- 
dant un  certain  nombre  d'oiseaux,  presque  tous  des  mâles  et 
probablement  des  vieux,  continuent  à  rester  dans  les  forêts, 
quelque  intense  que  devienne  le  froid,  quelque  épais  que 
soit  le  tapis  neigeux  qui  recouvre  la  terre.  Au  printemps,  tous 
remontent  vers  la  montagne,  à  mesure  que  la  neige  disparaît. 
Les  bandes  qui,  en  automne  et  en  hiver,  s'étaient  réunies 
dans  un  certain  district  de  la  forêt,  se  disséminent  mainte- 
nant sur  une  telle  surface,  que  chaque  oiseau  parait  isolé.  On 
peut  souvent  franchir  deux  kilomètres  et  plus,  sans  en  aper- 
cevoir un  seul,  puis,  subitement,  dans  un  rayon  de  quelques 
centaines  de  pas,  on  en  fait  lever  successivement  plus  d'une 
vingtaine.  Ailleurs,  ils  sont  espacés  dans  toute  la  contrée,  on 
en  trouve  un  ici,  un  autre  là,  deux  un  peu  plus  loin,  ainsi 
de  suite.  Les  femelles  forment  des  compagnies  plus  unies 


584  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

que  les  mâles,  elles  descendent  plus  bas  et  quittent  plus  tôt 
l'abri  de  la  forêt  pour  se  rendre  dans  des  endroits  mieux  ex- 
posés aux  rayons  du  soleil  ou  s'avancer  près  des  villages.  On 
rencontre  souvent  les  deux  sexes  formant  des  bandes  séparées 
très  considérables.  Dans  les  vallées,  sur  les  flancs  humides 
des  montagnes,  on  trouve  par  douzaines  des  femelles  et  des 
jeunes,  sans  un  seul  mâle  adulte,  tandis  que  dans  l'intérieur 
des  forêts  et  sur  les  hauteurs  on  ne  rencontre  que  ceux-ci.  En 
été  les  Monauls  se  dispersent  bien  plus  encore  ;  ils  ne  forment 
pas  de  couples  proprement  dits,  car  on  en  voit  souvent  plu- 
sieurs ensemble.  On  peut  se  demander  s'ils  se  sont  accouplés; 
toujours  est-il  que  l'union  est  dissoute  dès  que  la  femelle 
commence  à  couver  et  que  le  mâle  ne  semble  nullement  s'in- 
quiéter ni  de  sa  compagne,  ni  de  sa  progéniture. 

Le  cri  du  Monaul  est  un  sifflement  aigu  et  plaintif,  qu'on 
entend  retentir  dans  la  forêt  à  l'aube  et  vers  le  soir,  et  quel- 
quefois à  toute  heure  du  jour.  Dans  la  saison  froide,  on  en- 
tend ces  oiseaux  se  répondre  de  tous  côtés,  à  l'heure  où  ils 
commencent  à  se  percher  pour  la  nuit. 

Du  mois  d'avril  à  l'entrée  de  l'hiver  le  Monaul  est  sauvage 
et  craintif,  mais  sous  l'influence  du  froid  sa  prudence  dispa- 
raît en  partie.  Dès  le  mois  d'octobre,  il  ne  cherche  plus  autant 
à  se  dérober  aux  regards  et  se  montre  plus  souvent  dans  les 
endroits  dégarnis  de  buissons.  Au  printemps,  il  part  souvent 
de  fort  loin,  et,  quand  il  s'est  abattu,  il  est  difficile  d'en  appro- 
cher, si  même  du  premier  vol  l'oiseau  ne  s'est  pas  trop 
éloigné  pour  être  suivi.  Mais  en  hiver,  on  peut  assez  facile- 
ment arriver  à  portée  de  fusil  avant  qu'il  prenne  son  vol,  et, 
lorsqu'il  s'est  perché  sur  un  arbre,  il  laisse  approcher  le 
chasseur  tout  près  avant  de  partir  de  nouveau. 

Quand  on  le  chasse  en  forêt,  il  s'envole  silencieusement, 
sans  courir  auparavant.  Dans  les  clairières,  ou  sur  les  pentes 
gazonnées,  il  court  avant  de  s'envoler,  surtout  s'il  n'est  pas 
poursuivi  de  très  près.  Il  se  lève  ensuite  avec  bruit  et  en 
lançant  un  sifflement  perçant,  qu'il  répète  un  grand  nombre 
de  fois  et  qu'ilfait  suivre  souvent  de  son  cri  plaintif  ordinaire. 
En  hiver,  lorsqu'on  fait  lever  un  ou  deux  de  ces  oiseaux,  tous 


OrSEAUX   A   ACCLIMATER.  585 

les  aiilres  deviennent  attentifs  à  leurs  cris  ;  s'ils  appartiennent 
â  la  même  bande,  ils  se  lèvent  aussi  tous  à  la  fois;  s'ils  sont 
séparés,  ils  s'envolent  successivement.  Aux  cris  du  premier, 
un  second  prend  sa  volée,  le  cri  de  celui-ci  détermine  un 
troisième  à  partir  et  ainsi  de  suite. 

«  Les  saisons,  ajoute  Mountaineer  à  qui  nous  avons  em- 
prunté, en  les  résumant,  les  observations  qui  précèdent, 
faites  surtout  au  point  de  vue  de  la  chasse,  les  saisons  ont 
une  grande  influence  sur  le  degré  de  sauvagerie  de  ces  oi- 
seaux. Au  printemps,  où  ils  trouvent  partout  une  nourriture 
abondante,  et  où  par  conséquent  il  leur  est  indifférent  de 
passer  d'un  endroit  dans  un  autre,  ils  partent  de  fort  loin; 
mais  en  hiver,  où  il  leur  est  moins  facile  de  se  procurer  leur 
subsistance,  ils  semblent  plus  occupés  à  satisfaire  leur  faim 
et  craignent  moins  la  présence  de  l'homme.  Il  est  à  remar- 
quer toutefois  qu'à  toutes  les  époques,  les  femelles  sont 
moins  timides  que  les  maies  (1).  » 

En  automne,  le  Monaul  se  nourrit  de  larves  qu'il  trouve 
dans  les  amas  de  feuilles  mortes  ;  à  d'autres  époques  il  mange 
des  racines,  des  feuilles,  de  jeunes  pousses,  des  glands,  des 
graines,  des  baies;  en  hiver,  il  va  souvent  paître  dans  les 
champs  de  blé  et  d'orge.  En  toute  saison,  il  se  plaît  à  gratter 
la  terre  et  continue  cette  opération  pendant  des  heures  en- 
tières. Dans  les  forêts  élevées,  on  voit  souvent  des  Monauls 
en  très  grand  nombre,  cherchant  ainsi  leur  nourriture  dans 
les  clairières  et  dans  les  endroits  découverts. 

La  femelle  établit  son  nid  sous  un  buisson,  dans  une  touffe 
d'herbes  ;  elle  y  pond  cinq  œufs,  d'un  blanc  mat,  tachetés  de 
brun  rougeâtre.  Les  jeunes  éclosent  vers  la  fin  de  mai. 

Ithagine  sanglante  {Ithaginis  cnientus  Wagler). 

Perdix  c/-wert(a(a,Temminck,  Planches  coloriées {i83i),  p.  33'i. — Ithaginis  cruen- 
lus,  Wa^'lcr,  Isis  (183"2),  p.  1-228.  — Elliot,  Mon.  of  Phas.  (1872),  t.  II,  pi. 

Cet  oiseau  habite  dans  la  partie  sud-est  de  l'Himalaya,  et 

(1)  Bengal  Sporling  fleview. 


586  SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

se  rencontre  également  dans  le  Népaul  et  le  Sikim.  D'après 
Jerdon,  son  aire  de  dispersion  s'étend  probablement  aussi 
jusque  dans  les  montagnes  du  Boutan.  Dans  le  Népaul  orien- 
tal et  le  Sikim,  on  le  trouve  ordinairement  à  une  altitude 
de  3000  à  4300  mètres.  Il  abonde  dans  beaucoup  de  vallées, 
au  milieu  des  forêts  de  Pins  {Abies  webbiana)  et  de  Ge- 
névriers. 

Le  docteur  Hooker,  qui  a  observé  cette  Ithagine  dans  le  Si- 
kim, nous  apprend  qu'elle  ne  pousse  presque  jamais  de  cris 
et  qu'elle  se  contente  de  faire  entendre  de  temps  à  autre  un 
faible  gloussement.  Lorsqu'on  la  fait  lever,  elle  vole  à  peu  de 
distance  et  se  met  ensuite  à  courir  pour  chercher  un  abri. 
Pendant  l'hiver,  elle  paraît  creuser  des  trous  dans  la  neige 
pour  trouver  sa  nourriture,  car  Hooker  a  pu  la  prendre  au 
piège,  au  mois  de  janvier,  dans  des  régions  recouvertes  d'une 
épaisse  couche  de  neige,  à  des  altitudes  de  3600  mètres.  Il 
en  a  vu  les  jeuues  en  mai. 

La  principale  nourriture  de  cet  oiseau  consiste,  au  prin- 
temps, en  pousses  de  Pins  et  de  Genévriers,  et  en  automne  et 
en  hiver,  en  baies  de  ce  dernier  arbuste,  aussi  sa  chair  a-t-elle 
toujours  un  goût  très  fort;  elle  est,  en  outre,  si  l'on  en  croit 
le  docteur  Hooker,  extrêmement  coriace.  C'est  néanmoins  le 
seul  oiseau  comestible  que  l'on  puisse  trouver  à  ces  altitudes, 
et  il  y  est  répandu  en  assez  grande  quantité. 

L'Ithagine  sanglante  doit  son  nom  aux  teintes  d'un  rouge 
vif  qui  décorent  sa  gorge,  certaines  parties  de  la  poitrine  et 
les  couvertures  supérieures  de  la  queue.  Le  reste  du  plumage 
est  d'un  brun  chamois  sur  le  sommet  de  la  tête,  qui  est  orné 
d'une  sorte  de  huppe,  d'un  gris  de  plomb,  varié  de  blanc  sur 
les  parties  supérieures  du  corps,  jaune  à  la  poitrine  et  aux 
flancs,  avec^les  bordures  vertes.  Narines,  bases  du  bec  et 
pattes  rouges. 

La  femelle  a  les  parties  supérieures  brunes,  finement  tache- 
tées de  noir,  et  les  parties  inférieures  d'un  brun  roux,  plus 
brillant  sur  la  poitrine,  marqué  de  noir  à  l'abdomen  et  aux 
flancs. 

(A  suivre.) 


II.  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS   DE  CORRESPONDANCE. 


L'établissement  de  pisciculture  clMndecy. 

M.  André  d'Audeville  a  créé,  il  y  a  trois  ans,  sur  son  domaine  d'An- 
decy,  près  Baye  (Marne),  un  établissement  de  pisciculture  qui  paraît 
appelé  à  un  véritable  avenir.  Une  notice  récemment  publiée  à  Sézanne 
fournit  sur  cet  établissement  des  renseignements  intéressants. 

Favorisé  par  la  possession  de  sources  magnifiques,  d'un  débit  régulier 
de  2  mètres  cubes  par  minute  et  d'une  température  à  peu  près  cons- 
tante de  8  degrés,  la  pisciculture  d'Andecy  se  trouve  placée  dans  des 
conditions  exceptionnellement  favorables. 

Le  laboratoire  d'éclosion,  installé  dans  le  château  même,  peut  mettre 
à  la  fois  en  incubation  250000  œufs  de  Truites,  que  reçoivent  des  auges 
disposées  en  gradins  ;  une  plate-forme  ingénieusement  disposée  sur  des 
rails,  qui  font  le  tour  de  la  pièce,  rend  facile,  pour  les  auges  les  plus 
élevées,  la  surveillance  incessante  que  réclament  les  œufs  et  les  alevins. 

Les  bassins  d'alevinage,  au  nombre  de  deux,  ont  chacun  100  mètres 
de  long.  Le  premier  mesure  0'",40  de  profondeur  sur  I  mètre  de  large, 
et  le  second  0",50  sur  1",30. 

Deux  sources,  captées  à  leur  sortie  de  terre  et  amenées  par  des 
canalisations  souterraines,  l'une  de  100  mètres,  l'autre  de  plus  de 
500  mètres,  assurent  aux  poissons  l'eau  en  abondance.  Cette  eau, 
recueillie  d'abord  dans  un  réservoir  d'environ  100  mètres  cubes,  est 
distribuée,  dans  une  proportion  qu'on  varie  à  volonté,  aux  différents 
bassins,  par  des  cascades,  oîi,  en  rejaillissant,  elle  s'imprègne,  au 
contact  de  l'air,  de  l'oxygène  si  nécessaire  aux  poissons.  Grâce  à  des 
grilles  et  à  des  vannes  nombreuses,  les  poissons  sont  facilement 
classés  par  espèces  et  par  tailles,  et  le  niveau  de  l'eau,  ainsi  que  la 
rapidité  du  courant,  peuvent  être  réglés  à  volonté. 

La  Truite  occupe  la  plus  large  place  dans  la  pisciculture  d'Andecy,  et 
toutes  les  variétés  les  plus  renommées  y  sont  représentées. 

Dans  une  lettre  adressée  à  la  Société,  M.  d'Audeville  donne  à  ce  sujet 
les  détails  ci-après  : 

«  Mes  premiers  essais  datent  de  l'hiver  1882-1883,  et,  à  la  fin  de 
l'année  dernière,  j'ai  péché  dans  l'un  de  mes  étangs  des  Truites  des  lacs 
écloses  à  cette  époque,  âgées  de  trois  ans  par  conséquent,  et  mesurant 
30  à  iO  centimètres.  Mes  autres  Truites,  âgées  de  deux  ans,  mesurent 
15  à  25  centimètres,  et  celles  qui  ont  un  an,  10  à  15  centimètres.  De 
toutes  les  espèces,  c'est  la  Truite  des  lacs  qui  a  le  mieux  réussi  chez 
moi.  Du  reste,  c'est  seulement  depuis  l'an  passé  que  j'ai  cherché  à  ac- 
climater beaucoup  d'espèces,  et,  sauf  les  Ombles-chevaliers  qui  égalent 
les  plus  belles  Truites,  aucune  espèce  n'a  aussi  bien  réussi  que  la  Truite 


588  SOCIÉTÉ  NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

des  lacs,  pas  même  les  Salmo  fontinalis,  si  vantés  ailleurs,  qui  ne  m'ont 
donné  ici  que  de  pitoyables  résultats. 

«  J'ai  deux  étangs,  tous  deux  alimentés  par  des  sources  abondantes, 
et  disposés  de  telle  sorte  que  le  premier  peut  se  déverser  dans  le  se- 
cond. L'étang  de  Fortfontaine,  qu'on  a  péché  en  décembre  dernier, 
mesure  75  ares,  et  l'étang  du  Parc,  4  hectares  25  ares.  La  profondeur  de 
ces  étangs  varie  de  2  à  3  mètres  près  des  chaussées,  et  les  sources  à 
8  degrés  qui  les  alimentent  empêchent  la  température  de  l'eau  de  s'é- 
lever beaucoup  pendant  l'été.  » 

Dans  une  autre  lettre,  M.  d'Audeville  rend  compte  ainsi  qu'il  suit  d'un 
élevage  d'Ombles-chevaliers,  sur  lequel  des  renseignements  lui  avaient 
été  demandés  : 

«J'avais,  en  1885,  3000  œufs  d'Ombles-chevaliers;  il  me  reste 
trois  cents  sujets.  Les  éclosions  me  semblent  réussir  beaucoup  moins 
bien  que  celles  des  Truites,  et  les  six  premiers  mois  d'alevinage  donnent 
éo-alement  beaucoup  de  mécomptes.  A  la  fin  de  juin  dernier,  mes  Ombles- 
chevaliers  ne  mesuraient  pas  plus  de  5  centimètres  de  long.  Depuis 
celte  époque,  ils  ont,  au  contraire,  progressé  à  ma  satisfaction,  et  je 
n'en  ai,  pour  ainsi  dire,  plus  perdu  un  seul.  Les  300  sujets  qui  me  res- 
tent mesurent  entre  7  et  18  centimètres,  la  plupart  se  rapprochant 
plutôt  de  ce  dernier  chiffre. 

«  Comme  mes  Truites,  je  les  nourris  de  viande  de  cheval,  et  ils  pa- 
raissent s'en  bien  trouver. 

«  Plus  sauvages  que  les  Truites,  ils  recherchent  encore  plus  qu'elles 
l'obscurité;  pourtant,  ils  s'accommodent  bien  du  peu  de  profondeur  de 
la  rigole,  où  ils  vivent  sous  35  centimètres  d'eau  seulement. 

«  Quant  à  leur  voracité,  je  \e^  crois  moins  portés  à  s'entre-dévorer 
que  les  Truites,  puisque  les  300  sujets,  de  tailles  si  diverses,  vivent  en- 
semble sans  qu'il  en  disparaisse  jamais. 

<  Cette  année  encore,  j'ai  mis  plusieurs  milliers  d'oeufs  d'Ombles- 
chevaliers  en  incubation,  et  malgré  tous  les  soins  qu'on  leur  a  donnés, 
comme  l'an  passé,  un  grand  nombre  s'est  gâté.  » 

Les  études  comparatives  faites  à  la  pisciculture  d'Andecy  sur  l'élevage 
de  différentes  espèces  de  Salmonidés  présentent  un  intérêt  qui  n'é- 
chappera à  personne.  On  ne  peut,  d'ailleurs,  que  féliciter  vivement 
M.  d'Audeville  de  la  création  d'un  établissement  très  propre  à  faire  con- 
naître et  apprécier  la  pisciculture  dans  un  département  comme  celui  de 
la  Marne,  où  l'exploitation  industrielle  des  eaux  pourrait  facilement 
prendre  une  importance  considérable. 

R.  W. 


ÉTAT    DES   DONS 

FAITS   A   LA  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'ACCLIMATATION   DE  FRANCE 
du  t"  janvier  1885  au  31  décembre  1886. 


DONATEURS 


OBJETS  DONNÉS 


Albuquehque  (F.),  à  Saint- 
Paul  (Brésil). 

Association  allemande  de 
pisciculture. 

Baird  (le  professeur  Spen- 
cer F.),  commissaire  des 
pêcheries  des  Etats-[Inis. 

Bell  (Charles-Napier),  vice- 
président  de  la  Manitoba 
historicai  and  scienlific 
Society. 

Borne  (Max  von  dem),  à 
Berneuchen. 

BOUCHAUD  DE  BussY  (le 
comte  de),  à  Lyon. 

Camboué  (le  R.  P.),  mission- 
naire apostolique  à  Mada- 
gascar. 


Daruty,  président  delà  So- 
ciété d'Acclimatation  de 
Maurice. 

Gamba  (Ulderico),  à  Rrugine. 

Gourdin  (D.-D.),  à  la  Roche- 
sur- Yon. 

HÉDIARD  (Ferdinand),  à  Pa- 
ris. 

Lecler  (le  D^),  à  Rouillac 
(Charente). 


Tubercules  de  Mangarito  branco. 


100  000  œufs  de  Coregonus  albiila. 
50000  œufs  de  Coregonus  marœna. 

50  Poissons-chats  {Amiurus  nebulo- 

SHS). 

Collection  de  graines  diverses  du  Ca- 
nada. 


100  Black-bass.  Alevins  de  Sandre. 


Graines  de  Chamœrops  excelsa. 


Cocons  et  Insectes  de  divers  sérici- 
cigènes  de  Madagascar,  Riz  mal- 
gache, écorces  fébrifuges,  graines 
diverses. 

Tubercules  de  Plectranthus  Mada- 
gascariensis. 

Graines  de  Café  mexicain  {Astmgalus 
Bœticus). 

Graines  de  Chamœrops  excelsa. 


Produits  végétaux  (graines  ou  tuber- 
cules) des  colonies  françaises. 

Touffes  de  trois  variétés  de  Bambous. 


590 


ÉTAT   DES   DONS   FAITS   A    LA   SOCIÉTÉ. 


DONATEURS 


Lefebvre,  à  Amiens  (Som- 
me). 

Lewis-Michel  (Arthur),  avo- 
cat, à  Paris. 

Maillot,  directeur  de  la  sta- 
tion séricicole  de  Mont- 
pellier. 

Meunier  (Emile),  à  Paris. 


Mueller  (le  d""  baron  F. 
von),  directeur  du  Jardin 
botanique  de  Melbourne. 

Nordhoek-Hegt,  à  Apel- 
doorn  (Pays-Bas). 

Paillieux  (A.),  à  Paris. 


Regnard  (Gabriel),  vice- 
secrétaire  de  la  Société 
d'Acclimatation  de  l'ile 
Maurice. 

ROGERON  (Gabriel),  au  châ- 
teau de  l'Arceau  (Maine- 
et-Loire). 

Sanford,  ancien  ministre  des 
Etats-Unis,  à  Bruxelles. 

Sarazin,  à  Tokio  (Japon). 


Simon  (M™*  V*=),  à  Bruxelles. 

TuRPiN  (M™'  \''=),  à  Sillats 
(Landes). 

Vilmorin  (H.  de),  à  Paris. 


Wailly  (Alfred),  à  Londres. 


OBJETS  DONNES 


3000  œufs  de  Saumon  commun. 


Graines  diverses  recueillies  à  Ismaïlia. 


Œufs  A'Attacus  cecropia. 


Graines  diverses  des  Indes  néerlan- 
daises et  du  Canada.  Graines  de 
Bardane  du  Japon. 

Graines  de  divers  végétaux  utiles 
d'Australie  {Eucalyptus,  Melaleu- 
ca,  Atriplex,  etc.). 

10000  œufs  de  Salmo  fontinalis. 


Graines  de  divers  végétaux  alimen- 
taires. 

Semences  de  Luffa  acutanluga. 


Échantillon  d'un  Blé  innommé. 


Un  baril  de  Noix  de  Car  y  a   olivœ- 
f or  mis. 

Graines  de  Rhus  venicifera    et   de 
Nelumbo. 

Cocons  d'Attaciis  Pernyi. 

Œufs  de  cocons  d'Attacus  Pernyi. 


Graines  potagères  diverses.   Tuber- 
cules de  Stachys  af/înis. 

Œufs  de  divers  séricigènes  exotiques. 
Collection  de  seize  espèces  de  soies. 


OUVRAGES  OFFERTS 

A    LA   BIBLIOTHÈQUE   DE    LA   SOCIÉTÉ 


Almeida  (G.  d').  Industria  agricola,  typographica  e  lilhographica  na  Ilha  de 
S.    Miguel,  Açores,  188i.  Ponta-Delgada. 

Annuaire  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France,  année  1885.  Paris, 
Hôtel  de  la  Société,  18,  rue  de  Bellechasse. 

Annuaire  des  Eaux  et  Forêts.  (Années  1883-1886).  Paris. 

Revue  des  Eaux  et  Forêts. 

Annuaire  statistique  de  la  France.  Neuvième  année.  Paris,  1886,  imprimerie 
Nationale.  Ministère  du  commerce  et  de  l'industrie. 

Ansart.  Théorie  rationnelle  des  ouragans.  (Extrait  de  la  Revue  maritime  et 
coloniale,  1875).  Paris,  Berger-Levrault  et  C",  in-8.  Ministère  de  la  marine. 

AUREGGio  (E.).  Recherches  sur  les  affections  farcino-morveuses  du  cheval  et  de 
l'homme.  Histoire  d'une  cpizootie  de  morve.  (Extrait  des  Mémoires  de  la 
Société  centrale  de  médecine  vétérinaire  pour  1880).  Paris,  1882,  librairie 
Asselin,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Ayrault  (Lucien).  Étude  sur  la  législation  réglementant  la  coupe  des  herbes 
maritimes.  Paris,  1880,  Bergcr-Levrault  et  C'°,  1  vol.  in-8. 

Ministère  de  la  marine, 

Bachelet.  L'orfèvrerie.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  imprimerie 
Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Bâillon  (H.).  Guide  élémentaire  d'herborisation  et  de  botanique  pratique  avec 
figures.  Paris,  1886,  Octave  Doin,  éditeur,  in-18.  L'éditeur, 

Bulletin  of  tlie  United  States  fish  commission,  volume  V,  1885.  Washington. 

M.  Spencer  F.  Baird. 

Balbiani  et  Maillot.  Les  insectes  utiles.  (Exposition  universelle  de  1878). 
Paris,  1881,  imp.  Nationale,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture. 

Bariquand  (Emile).  Le  matériel  et  les  procédés  de  la  couture  et  de  la  confec- 
tion des  vêtements.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  imp.  Nationale, 
1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Barker  DrsCAN.  Manual  ofthc  gênerai  acts  of  parliament  relating  to  the  Sal- 
mou  fislicries  of  Scotland.  1886,  iu-18.  L'auteur. 

Barlet.  Les  procédés  et  les  appareils  de  chauffage  et  d'éclairage.  (Exposition 
universelle  de  1878).  Paris,   imp.  Nationale,  1881,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Barral  (J.-A.).  L'agriculture,  les  prairies  et  les  irrigations  de  la  Haute-Vienne. 
Rapports  adressés  à  M.  le  Ministre  de  l'agriculture.  Paris,  188i,  imp.  Natio- 
nale, gr.  in-8.  Ministère  de  l'agiiculturc. 

—  Enquête  sur  le  crédit  agricole  faite  sur  la  d(!mandc  de  M.  le  Ministre  de 
l'agriculture.  Paris,  1883,  au  siège  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de 
France,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture, 

—  La  lutte  contre  le  [)hylloxera,  3°  édition,  avec  87  gravures  intercalées  dans 
le  texte.   Paris,  1883,  G.  Marpon  et  E.  Flanunarion,  in-18. 

Ministère  de  l'agriculture. 

Baudens  (G.).  La  Corée.  Géographie;  organisation  sociale,  mœurs  et  coutumes; 
ports  ouverts  au  commerce  japonais;  les  traités.  Paris,  1881,  Berger-Levrault 
et  C'%  1  vol.  in-8.  Ministère  de  la  iH«rine. 


592  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Bellecroix  (Ernesl).  Guide  pratique  du  garde-chasse,  suivi  de  notions  élémen- 
taires sur  l'exploitation  des  bois,  par  M.  A.  de  la  Rue.  Paris,  1886,  librairie 
Firinin-Didot,  in-18.  L'éditeur. 

Belvallette  (N.)  et  Quenay  (E.).  La  carrosserie,  le  chasronnage.  (Exposition 
universelle  de  1878;.  Paris,  1880,  imp.  Nationale,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

BÉNiLAN  (Th.).  La  parfumerie.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  iinp. 
Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Bergis  (Léonce).  Lutte  pour  le  vin.  Étude  pour  la  reconstitution  du  vignoble 
dans  le  département  de  Tarn-et-Garonne.  Montauban,  1885,  imp.  J.  Granié, 
in-8.  L'auteur. 

—  Lutte  pour  le  vin.  Lettre  à  M.  le  Ministre  de  l'agriculture.  1886,  Montauban, 
impr.  Forcstié.  L'auteur. 

Bergman  (E.).  Relevé  monographique  des  Anthurium  aujourd'hui  connus. 
(Extrait  du  journal  de  la  Société  nationale  d'horticulture,  cahier  février 
1886,  p.  83-96).  ln-8.  L'auteur. 

Bergon.  Le  matériel  et  les  procédés  de  la  télégraphie.  (Exposition  universelle 
de  1878).   Paris,   imp.    Nationale,  1881,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Bernard  (Martial).  La  joaillerie  et  la  bijouterie.  (Exposition  universelle  de 
1878).  Paris,  imp.  Nationale,   1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Bernardin.  Les  richesses  naturelles  du  globe  et  l'exposition  universelle  d'An- 
vers. Anvers,  1885,  imp.  veuve  de  Backer.  L'auteur. 

—  Les  produits  végétaux  exotiques.  Etudes  sur  leurs  noms  vulgaires.  Anvers, 
1886,  imp.  veuve  de  Backer.  L'auteur. 

Bert  (J.).  Inspection  des  forêts.  Étude  sur  les  plantations.  Alger,  1886,  imp. 
F.  Fontana  et  C'%  in-18. 

Bertin  (E.).  Sur  la  relation  entre  la  période  réelle  des  vagues  et  la  période 
observée  à  bord  d'un  navire  en  marche.  Paris,  1881,  Berger-Levrault  et  G'". 

Ministère  de  la  marine. 

Bobierre  (Adolphe).  Simples  notions  sur  l'achat  et  l'emploi  des  engrais  com- 
merciaux avec  planches  coloriées  et  figures  intercalées  dans  le  texte.  Paris, 
1870,  V.  Masson  et  fils,  in-18.  Ministère  de  l'agriculture. 

Bonjean,  sénateur.  Du  cadastre  dans  ses  rapports  avec  la  propriété  foncière. 
Paris,  1866,  typographie  de  Gh.  Lahure,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture. 

BoRiE  (Victor).  Le  pain.  Paris,  1863,  Dentu,  libraire-éditeur,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture. 

BORius  (D'  A).  Étude  sur  le  régime  des  vents  de  la  côte  de  la  presqu'île  du  Cap 
Vert  (Sénégal).  Paris,  1874.,  Ghallamel  aîné,  in-8. 

Jlinistère  de  la  marine. 

BoucHEREAUX.  Petit  guide  illustré  et  renseignements  utiles.  Matériel  d'élevage 
et  de  faisanderie.  Neuilly,  imp.  de  L.  Bouzin,  iii-8,  llg.  L'auteur. 

Bouchon-Brandely.  Rapport  sur  la  fécondation  artificielle  des  huîtres. 
Paris,  1884,  Berger-Levrault  et  C'%  in-8.  Ministère  de  la  marine. 

BouiNAiN  (A.)  et  Paulus  (A.).  Le  protectorat  au  Tonkin.  Paris,  1885,  librairie 
militaire  de  L.  Baudoin  et  C'%  in-8.  Ministère  de  la  marine. 

Bol'ley  (H.).  La  rage  ;  moyen  d'en  éviter  les  dangers  et  de  prévenir  sa  propa- 
gation. Paris,  1870,  P.  Asselin,  in-12.  Ministère  de  l'agriculture. 

BouLNOis.  Projet  et  relief  du  canal  maritime  du  sud-ouest  de  la  France,  sans 
écluses,  à  niveau  des  deux  mers.  Rapport.  Paris,  imp.  P.  Mouillot. 


OUVRAGES    OFFERTS   A   LA    SOCIÉTÉ.  593 

BouLNOis.  Deuxième  rapport  pour  combaltre  le  projet  d'un  canal  à  écluses. 
Paris,  imp.  Mouillot.  L'auteur. 

Bout  CH.).  Notice  iiistoriqu?  sur  la  piscii-ulture.  Paris,  LSTU,  Berger-Levrault 
et  C",  in-8.  Ministère  de  la  marine. 

Bouvier  (A.).  Les  animaux  de  la  France;  étude  générale  de  toutes  nos  espèces 
considérées  au  point  de  vue  utilitaire;  vertébrés  ;  1"=  partie,  manimileres. 
1886,  in-8.  L'auteur. 

Briot  (F.)-  Étude  sur  Téconomio  pastorale  des  Hautes-Alpes.  (Extrait  de  la  Revue 
des  Eaux  et  Forêts,  novembre  1880  à  mars  1881).  Paris,  1881,  bureaux  de  la 
Revue  des  Eaux  et  Forêts,  in-t2.  Ministère  de  l'agriculture. 

BuCAN.  Les  produits  de  la  boulangerie  et  de  la  pâtisserie.  (Exposition  univer- 
selle de  1878j.  Paris,  1881,  imp.  Nationale,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Bulletin  of  the  United  States,  fish  commission,  vol.  V,  1885,  Washington,  govern- 
ment  printing  oflicc,  in-8.  M.  Spencer,  F.'  Baird. 

Capel  (Charles-C).  Trout  culture  (seconde  édition).  Brigliton,  1885,  in-12. 
H.  et  C.  Treacher.  L'auteur. 

Carcenac  (Henri).  Les  fils  et  les  tissus  de  coton.  (Exposition  universelle  de 
1878).  Paris,    imp.  Nationale,  1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce 

Carmona  y  Vai-LE  (D'^  Manuel).  Loçons  sur  l'étiologie  et  la  prophylaxie  de  la 
fièvre  jaune.  Mexico,  1885,  imp.  du  Ministère  des  travaux  publics,  in-8. 

L'auteur. 

Carpentier  (Ernest).  Plantation  des  terrains  crayeux  de  la  Champagne  et  des 
marais  du  nord  de  la  France.  Paris,  1881,  E.  Pion,  éditeur,  in-lO. 

Cartailhac  (Emile).  Les  âges  préhistoriques  de  l'Espagne  et  du  Portugal,  pré- 
face par  M.  A.  de  Quatrelages.  Paris,  C.  Reinwald,  libraire,  grand  in-8. 

M.  de  Quatrefages 

Catalogue  des  portraits  de  voyageurs  et  de  géographes^qui  se  trouvent  dans  les 
albums  de  la  Société  de  géographie  à  la  date  du  2"2  novembre  1885.  Paris, 
1885,  in-8.  Société  de  géographie. 

Caveuer  de  Cuverville.  La  pèche  du  corail  sur  les  côtes  de  l'Algérie.  (Extrait 
de  la  Revue  maritime  et  coloniale).  Paris,  1875,  Berger-Levrault  et  C'% 
1  vol.  in-8.  Ministère  de  la  marine. 

CÉi-ÉRiER  et  Grosfils.  Les  boissons  fermentées.  (Exposition  universelle  de 
1878).  Paris,  1881,  imp.  Nationale,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Chabot-Karlen.  Sur  Falevinage  des  silmonés  par  la  nourriture  vivante.  Paris, 
1885.  Hôtel  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France.  L'auteur. 


*3' 


Chappellier  (Paul).  Nouveau  système  de  culture  de  la  Vigne,  application  de 
cette  méthode  à  la  lutte  contre  le  phylloxéra.  (Kxtr ait  du  Journal  d'afjricul- 
ture  pratique).  Paris,  librairie  agricole  de  la  Maison  rustique.  L'auteur. 

Chasles  (Emile).  Enseignement  secondaire.  (Exposition  universelle).  Paris, 
impr.  Nationale,  1882,  in-8.  Ministère  de  l'agricultuie  et  du  commerce. 

Chavannes  de  la  GiRAUDiÉRE.  Conseils  aux  magnaniers.  Paris,  G.  Masson,  édi- 
teur, in-8.  Ministère  de  l'agriculture. 

Chemins  de  fer  de  Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerranée.  Service  spécial  pour 
combattre  le  phylloxéra.  Rapport  sur  les  travaux  effectués  par  ce  service  en 
188"2.  Juillet  1883,  Marseille,  impr.  Barlatier-Feissat  père   et  fils,  in-l. 

Chouquet  (Gustave).  Les  instruments  de  musique  et  les  éditions  nuisicales» 
(Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  188U,  impr.   Nationale,  in-8. 

Ministère   de  l'agriculture  cl  du  commerce. 
4"  SÉRIE,  T.  III.  —  Décembre  1886.  38 


594  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Cr.os  (D'').  Notice  nécrologique  sur  M.  Nicolas  Joly.  (Extrait  du  Journal  d'agri- 
cttlture  pratique  et  (Véconomie  rurale,  pour  le  midi  de  la  France).  Mai  1886, 
in-8.  .  L'auteur, 

Exposition   universelle   do   flS39. 

Congrès  international  de  V Agriculture,  tenu  à  Paris  les  11,  \i,  13,  li,  15,  17, 
18  et  19  juin  1878.  Paris,  impr.  nationale,  1879,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  universel  pour  Y  Amélioration  du  sort  des  aveugles  et  des  sourds  et 
muets,  tenu  à  Paris  du  23  au  30  septembre  1878.  Paris,  impr.  Nationale, 
1879,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  des  Architectes,  tenu  à  Paris  du  29  juillet  au  3  aoiit  1878. 
Paris,  impr.  Nationale,  1879,    in-8. 

Ministère  de   l'agriculture    et  du  commerce. 

Congrès  international  de  Botanique  et  d'horticulture,  tenu  à  Paris  du  16  au 
24  aoiàt  1878.  Paris,  impr.  Nationale,  1880,   in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  des  Brasseurs,  tenu  à   Paris  du  10  au  16  octobre  1878. 
Paris,  impr.  Nationale,   1880,   in-8. 

Ministère   de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  du  Club  alpin  français,  tenu  à  Paris  les  6  et  7  septem- 
bre 1878.  Paris,  impr.  Nationale,  1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  du  Commerce  et  de  l'Industrie,  tenu  à  Paris  du  16  au 
22  août  1878.  Paris,  1880,  impr.  Nationale,  1   vol.  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  de  Démographie,  tenu  à  Paris  les  5,  6,  7,  8  et  9  juil- 
let 1878.  Paris,  impr.  Nationale,  187'J,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  du  Génie  civil,  tenu  à  Paris  du  5  au  1  i  aoiit  1878.  Paris, 
impr.  Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  de  Géographie  internationale,  tenu  à  Paris  du  23  au 
30  septembre  1878.  Paris,  impr.  Nationale,  1881,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  de  Géologie,  tenu  à  Paris,  du  29  au  31  aoûtat  du  2  au 
4  septembre  1878.  Paris,  impr.  Nationale,  1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  des  Géomètres  experts,  tenu  à  Paris  du  18  au  20  juillet  1878. 
Paris,  impr.  Nationale,  1879,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  d'Homœopathie,  tenu  à  Paris  les  12,  13  et  14  août  1878. 
Paris,    impr.    Nationale,    1879,    in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  d'Hygiène,  tenu  à  Paris  du  1"  au  10  août  1878.  Paris, 
.   1880,   impr.   Nationale,   2  vol.  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  pour  les  progrès  de  l'Industrie  laitière,  tenu  à  Paris  les 
16,  17  et  18  octobre  1878.  Paris,  impr.  Nationale,  1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  des  Institutions  de  prévoyance,  tenu  à  Paris  du  1"  ?■• 
7  juillet  1879.  Paris,  impr.  Nationale,  1881,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  comir.erce. 


OUVRAGES   OFFERTS    A   LA   SOCIÉTÉ.  595 

Congrès  international  de  Médecine  légale,  tenu  aux  Tuileries  les  l"!,  13  et 
14  août  1878.  Paris,  impr.  Nationale,  I87i),  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  de  Médecine  mentale,  tenu  à  Paris  du  5  au  10  août  1878. 
Paris,  impr.  Nationale,  1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  de  Météorologie,  tenu  à  Paris  du  2i  au  28  août  1878. 
Paris,  impr.  Nationale,  1879,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  pour,  le  développement  et  l'amélioration  des  Moyens  de 
transport,  tenu  à  Paris  du  22  au  27  juillet  1878.  Paris,  impr.  Nationale, 
1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  pour  le  Patronage  des  prisonniers  libérés,  tenu  à  Paris 
les  12,  13  et  1-i  septembre  1878.  Pans,  impr.  Nationale,  1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  de  la  Propriété  artistique,  tenu  à  Paris  du  18  au  21  sep- 
tembre 1878.  Paris,  impr.  Nationale,  1879,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  de  la  Propriété  industrielle,  tenu  à  Paris  du  5  au  17  sep- 
tembre 1878.  Paris,  impr.  Nationale,  1879,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  pour  l'étude  des  Questions  relatives  à  l'alcoolisme,  tenu 
à  Paris  du  13  au  16  août  1878.  Paris,  impr.  Nationale,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  des  Sciences  anthropologiques,  tenu  à  Paris  du  16  au 
21  août  1878.  Paris,  impr.  Nationale,  188U,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  des  Sciences  ethnographiques,  tenu  à  Paris  du  15  au 
17  juillet  1878,  n°  5  de  la  série.  Paris,  impr.  Nationale,  1881,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  Séricicole,  1878.  Paris,  1879,  impr.  Nationale,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  sur  le  Service  médical  des  armées  en  campagne,  tenu  à 
Paris  les  12,  13  et  14  août  1878.  Paris,  impr.  Nationale,  1879,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  des  Sociétés  des  Amis  de  la  paix,  tenu  à  Paris  les  26,  27, 
28  et  30  septembre,  et  le  l^'  octobre  1878.  Paris,  1880,  impr.  Nationale, 
1  vol.  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  pour  VUnification  du  numérotage  des  fils  de  toute  nature, 
tenu  à  Paris  les  25  et  26  juin  1878.  Paris,  impr.  Nationale,  1879,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Congrès  international  pour  {'Unification  des  poids,  mesures  et  monnaies,  tenu 
à  Paris  les  2,  4,  5  et  6  septembre  1878.  Paris,  impr.  Nationale,  1880.  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Conférences  du  palais  du  Trocadéro.  i"  série  :  Industrie,  Chemins  de  fer,  Tra- 
vaux publics,  Agriculture.  Paris,  1880,  impr.  Nationale,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Conférences  du  palais  du  Trocadéro.  2°  série  :  Arts,  Sciences.  Paris,  impr. 
Nationale,  1879,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Conférences  du  palais  du  Trocadéro.  3'  série  :  Enseignement,  Sciences  écono- 
miques. Paris,  impr.  Nationale,  1879,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 


596  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Conférences  internationales  de  Statistique,  tenues  à  Paris  les  22,  23  et  2i  juil- 
let 1878.  Paris,  impr.  Nationale,  1880,  ia-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  cnmmercc,  1880. 

CoRDiER  (F.  M.  J.)-  École  pratique  d'agriculture  de  Saint-Iîcmy  (Haute-Savoie). 
Compte  rendu.  Exercice  de  1885  à  1886,  in-4..  L'auteur. 

Cornu.  Les  instruments  de  précision.  (Exposition  universelle  'de  1878).  Paris, 
impr.  Nationale,  1S80,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

CosTE.  Commission  de  pisciculture,  travaux  et  rapports.  1850,  gr.  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture. 

Courtois  (Jules).  Taille  trigemmc  des  branches  à  fruit  du  poirier  et  du  pom- 
mier. Paris,  1885.  Librairie  agricole,  21],  rue  Jacob. 

COUSTÉ.  Le  matériel  et  les  procédés  de  la  confection  des  objets  de  mobilier  et 
d'habitation.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  impr.  Nationale,  1881, 
in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Croué.  Les  tapis  et  les  tapisseries  et  autres  tissus  d'ameublement.  (Expo- 
sition universelle  de  1878).  Paris,  impr.  Nationale,  1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Crussard  (D').  Le  Cèphe  pygmée.  2°  édition,  Neufchàteau,  1883,  imprimerie 
veuve  Kienné,  in-8.  Mmistère  de  l'agriculture. 

Daday  (E.).  La  littérature  zoologique  hongroise  dans  les  années  1870-1880. 
Budapest,  1882,  in-8. 

Datculescu  (C.  C).  Tratat  de  Horticultura.  Florilc,  avec  gravures,  1882, 
Rimnicu-Sarat,  in-8.  L'auteur. 

Davanne  (A.).  Les  épreuves  et  les  appareils  de  photographie.  (Exposition 
universelle  de  1878).  Paris,  imp.  Nationale,  1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Delaborde  (vicomte  de).  La  gravure  et  la  lithographie.  (Exposition  universelle 
de  1878).  Paris,  imp.  Nationale,  1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Desbons.  L'exposition  hippique.  Paris,  1881,  imp.  Nationale,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

DiDRON  et  Clemandot.  Les  cristaux,  la  verrerie  et  les  vitraux.  (Exposition 
universelle  de  1878).  Paris,  imp.  Nationale,  1880,  iu-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

DiDRON.  Les  arts  décoratifs.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  imp.  Na- 
tionale, 1882.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Discours  prononcés  aux  obsèques  de  M.  Henri  Bouley,  17  mai  1814.— 30  novem- 
bre 1885.  In-8,  photographie. 

Discoiirs  prononcés  à  Paris,  le  7  juillet  1885,  aux  obsèques  de  M.  le  D''  Henri 
Labarraque. 

DONEAU  DU  Plan  (Alf).  Histoire  de  l'académie  de  marine.  Paris,  1879,  Berger- 
Levrault  et  C",  in-8.  Ministère  de  la  marine. 

—  L'académie  royale  de  marine.  Paris,  1882,  Berger-Levrault  et  C'%  5  vol.  in-8. 

Ministère  de  la  marine. 

DuHAYON.  Les  dentelles,  tulles,  broderies  et  passementeries.  (Exposition 
universelle  de  1878).  Paris,  imp.  Nationale,  1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

DuPOUY  (Edouard).  Météoroloe;ie  du  Soudan,  la  saison  sèche  au  fort  de  Kita. 
Paris,  1884,  Berger-Levrault  et  C'%  in-8.  Ministère  de  la  marine. 

Durand-Claye.  Le  matériel  et  les  procédés  des  industries  agricoles  et  fores- 
tières. (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  1880,  imp.  Nationale,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 


OUVRAGES    OFFERTS   A    LA   SOCIÉTÉ.  597 

DusuzEAU  (J.)-  Économie  nouvelle  dans  l'élevage  des  vers  à  soie.  Lyon,  I88I, 
librairie  générale,  Henri  Georg,   in-8.  L'auteur. 

DuvAL  (Léon).  Les  Azalées  de  l'Inde.  1885,  Lille,  imp.  L.  Danel.  L'auleur. 

Dybowski  (J.).  Traité  de  culture  potagère  (petite  et  grande  culture),  avec 
114  figures.  Paris,  G.  Masson,  éditeur,  in-18.  L'auteur. 

Ermel.  Le  matériel  et  les  procédés  de  la  papeterie,  des  teintures  et  des 
impressions.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  imp.  Nationale,  1881, 
in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Exposition  internationale,  Londres,  1871;  France,  commission  supérieure. 
Rapports.  Paris,  imp.  Jules  Claye,  187'2,  I  vol.  grand  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Exposition  internationale,  Londres,  1874;  France,  œuvres  d'art  et  produits 
industriels.  London,  lOi,  Onslow  square,  J.  W.,  1  vol.  iii-l"2. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Exposition  internationale,  Londres,  187  i;  France,  commission  supérieure. 
Paris,  1865,  imp.  Nationale,  grand  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Exposition  internationale  de  Londres,  1874;  France,  commission  sui)érieure. 
Rapports.  Paris,  1875,  imp.  Nationale,  grand  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Exposition  internationale,  Philadelphie,  1876;  France,  commission  supérieure. 
Rapport.  Paris,  imp.  Nationale,  1876,  grand  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Exposition  internationale  de  Philadelphie,  1876;  France,  œuvres  d'art  et 
produits  industriels,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

ExNER  (G. -F.).  Les  produits  des  exploitations  et  des  industries  forestières. 
(Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  imp.  Nationale,  1881,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Fallières  (ministre  de  l'instruction  publique).  Discours  prononcé  à  la  séance 
générale  du  Congrès  des  sociétés  savantes,  le  l'J  avril  1884.  ln-4. 

Ministère  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts. 

Fauvel  (Albert-Auguste).  Promonades  d'un  naturaliste  dans  l'archipel  Chusan 
et  sur  les  côtes  du  Chekiàng  (Gliino),  cartes  et  planches,  tome  I".  Cher- 
bourg, 1881,  imp.  Ch.  Syfl'brt,  in-8.  L'auteur. 

Feddersen  (A.).  Laxveidar  og  silungsveidar  a  Islandi.  1885,  in-12.      L'auteur. 

Fleuriot  ce  Langle  (le  vice-amiral  vicomte).  Études  sur  les  ouragans.  (Extrait 
de  la  llevue  marilime  et  coloniale),  avec  20  planciies.  Paris,  1876,  Berger- 
Levrault  et  G'%  in-8.  Ministère  de  la  marine. 

FoROi'iCNON  (L.).  Les  champignons  supérieurs,  avec  105  figures.  Paris,  1886, 
Octave  Doin,  éditeur,  in-l8.  L'éditeur. 

Fresny  (E.).  Chimie  végétale;  la  Ramie,  1886.  Paris,  veuve  Ch.  Dunod,  éditeur, 
j^_g  L'éditeur. 

Cadeau  de  Kervili.e  (Henri).  L'estuaire  de  la  Seine;  aperçu  de  la  faune  actuelle 
de  la  Seine  et  de  son  embouchure  (depuis  Rouen  jusqu'au  Havre).  Lxtrail  du 
deuxième  volume  de  l'fisfuflice  f/e /a  Seine,  par  G.  Lennier.  l88.j,  nnp.  du 
journal  te  Havre. 

—  Compte  rendu  de  la  vingt-troisième  réunion  des  délégués  des  Sociétés 
savantes  à  la  Sorboiine,  1885;  sciences  naturelles,  avec  planches.  188;), 
Rouen,  imp.  Julien  Lecerf,  in-8.  L  auteur. 

Gaili.ardo.n  (C).  Manuel  du  vigneron  en  Algérie  et  en  Tunisie.  Paris,  1886, 
Challamel  aîné,  éditeur,  in-18.  L'éditeur. 


598  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Gaussen.  Les  châles  spoulinés,  brochés,  lancés,  imprimés  et  confeclionnés. 
(Exposition  universelle  de  1878).  l>aris,  imp.  Nationale,  1880,  iii-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Girard  (B.).  La  Grèce  en  1883.  Paris,  1885,  librairie  Berger-Levrault  et  G", 
iij.g.  Ministère  de  la  marine. 

—  Les  côtes  de  la  Syrie  et  de  l'Asie  Mineure.  Paris,  1884,  Berger-Levrault 
et  G'"   1  vol.  in-8.  Ministère  de  la  marine. 

GiRARDiN  (J.).  Des  fumiers  et  autres  engrais  animaux,  7«  édition,  avec  60  figures 
dans  le  texte.   Paris,   1876,  G.  Masson  et  Garnier  frères,  iu-lK. 

Ministère  de  ragricultiire. 

GOFFART  (Auguste).  Manuel  de  la  culture  et  de  l'ensilage  du  maïs  et  autres 
fourrages  verts,  5'  édition,  avec  4  planches  et  7  gravures.  Paris,  1883,  G.  Mas- 
son, éditeur,  in-18.  Ministère  de  l'agriculture. 

GoBLET  (René).  Discours  prononcé  le  11  avril  1885,  à  la  séance  de  clôture  du 
Congrès  des  sociétés  savantes  à  la  Sorbonne.  Paris,  imp.  du  Journal  officiel, 
1885,  in-4. 

GOLL  (Hermann).  L'omble  de  rivière  américain,  nouveau  poisson  à  introduire 
dans  les  eaux  suisses.  In-8.  L'auteur. 

—  La  gelinotte  (notre  perdrix  des  bois).  Extrait  de  la  Diama,  organe  de  la 
Société  suisse  des  chasseurs.  Berne,  1885.  L'auteur. 

GouRAiNCOURT  (P. -A.-M.).  Traité  des  baux  à  ferme,  précédé  d'un  historique  de 
la  propriété  rurale  en  France.  Paris,  1885,   Arthur  Rousseau,  éditeur,  in-8. 

L'auteur. 

Grandeau  (L.).  Comptes  rendus  des  travaux  du  Congrès  international  des  direc- 
teurs des  stations  agronomiques.  Paris,  1881,  Berger-Levrault  et  C'%  libr.- 
éditeurs,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture. 

—  Études  agronomiques,  1885-1886.  Paris,  1886,  librairie  Hachette,  in-18. 

L'éditeur. 

Grandidier  (Alfred).  Les  cartes  et  les  appareils  de  géographie  et  de  cosmogra- 
phie, les  cartes  géologiques  et  les  ouvrages  de  météorologie  et  de  statistique. 
(Exposition  universelle  de  1878).  Paris,   1882,  imp.  Nationale,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculiure  et  du  commerce. 

Grosjean  (Henry).  Rapport  sur  les  travaux  des  commissions  spéciales  des  États- 
Unis.  (Extrait  du  Bulletin  de  V agriculture),  ln-8.  L'auteur. 

Guyot  (D'  Jules).  Sur  la  viticulture  et  la  vinification  du  canton  d'Évian  (Haute- 
Savoie).  Paris,  1867,  imp.  Nationale.  Ministère  de  l'agriculture. 

—  Sur  la  vinification  du  nord-ouest  de  la  France.  Paris,  imp.  Nationale,  1886. 

Ministère  de  l'agriculture. 

Habets  (Alfred).  Le  matériel  et  les  procédés  de  l'exploitation  des  mines  et  de 
la  métallurgie.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  imp.  Nationale,  1880. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Hartog.  Les  accessoires  du  vêtement.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris, 
imp.  Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Henneguy  (docteur  L.-F.).  Note  sur  un  infusoire  flagellé  ectoparasite  de  la 
Truite.  L'auteur. 

Hennique  (L.-A.).  Caboteurs  et  pêcheurs  de  la  côte  de  Tunisie  en  188:2.  Paris, 
1884,  Berger-Levrault  et  C'%  in-8.  Ministère  de  la  marine. 

Henriques  (Julio-A.)  Instruccôes  practicas  para  culluras  coloniaes  1884.  Coim- 
bra,  imprensa  da  universidade,  in-8.  L'auteur. 

Heuzé  (Gustave).  Les  céréales,  les  produits  farineux  et  leurs  dérivés.  (Expo- 
sition universelle,  de  1878).  Paris,  1881,  imp.  Nationale,  in-8. 

t  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 


OUVRAGES    OFFERTS   A   LA   SOCIÉTÉ. 


599 


Heuzé  (Gustave).  L'espèce  porcine.  (Exposition  universelle  de  1878).  Pans,  imp. 

.Nationale,  188^2,   in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

HiRSCH.  Les   machines  et  les  appareils  de  la  mécanique  générale.  (Exposition 

universelle  de  1878).  Paris,  imp.  nationale,  1883,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

HOEK 'P -P.-C.).  (Estcrcultuur  als  vaderlands  che  industrie.  Leiden,  1865,  in-8. 
'  L'auteur. 

IMBERT   (Calixte).   Le  Tonkin  industriel  et  commercial.  Paris,  1885,  Cliallamel 

■  aîné,  éditeur,  in-1'2.  L'éditeur. 

Jackson    (James).    Tableau    de    diverses    vitesses    exprimées   en    mètres    par 

seconde.  L'auteur. 

lACQMiN  (F.).  Le  matériel  des  chemins  de  fer.  (Exposition  tmiverscllc  de  1878). 

Paris,  imp.  Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

JiCGOU  (F.).  Lorient  arsenal  royal,  1879-1880  et  1883.  Paris,  Berger-Levrault, 
3  vol.  in-8.  Ministère  de  la  Marine. 

JOLY  (Charles).  Les  serres  et  le  matériel  de  l'horticulteur.  (Exposition  uni- 
verselle de  1878).  Paris,  1880,  impr.  îs'ationale,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce 

—  Note  sur  la  vingtième  session  de  la  Société  pomologique  américaine.  (Ex- 
trait du  Bulletin  de  la  Société  nationale  d'horticulture  de  France,  1886, 
p.  276-293.  In-8.  L'auteur. 

—  Les  eaux  d'égouts,  1885.  Paris,  imp.  Cliaix,  in-8.  L'auteur. 

—  Une  visite  aux  expositions  de  Londres  et  de  Liverpool,  1886.  Paris,  imp. 
C.  Rougret  et  C'^ 

—  Recherclies  sur  le  peuplier  du  jardin  botanique  de  Dijon.  (Extrait  du  Jour- 
nal de  la  Société  d'horticulture,  février  1886,  p.  87-89.) 

KoECHLiN-ScHWARTZ.  Les  nis  et  tissus  de  laine  peignée.  (Exposition  universelle 
de  1878).  Paris,  imp.  Nationale,  1881,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

KoRPER.  Mission  agricole  et  zootechnique  dans  le  Soudan  occidental,  1884-1885. 
Paris,   1886,  Challamei  aîné,  éditeur,  in-8.  L'éditeur. 

Laboratoire  d'études  de  la  soie  fondé  par  la  Chambre  de  commerce  de  Lyon. 

Rapport  présenté  par  la  Commission  administrative,  2*  année,    1885.   Lyon, 

1886,  imp.  du  Salut  public. 
Ladureau  (A.).  Compte  rendu  des  travaux  du  Congrès  bctlcravier  tenu  à  Paris 

les  6  et  7  février  1882.  Lille,  1882,  Danel,  imp.-éditeur,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Laisnel  de  la  Salle.  Croyances  et  légendes  du  centre  de  la  France.  Paris, 
imp.  Chaix  et  C'%  1875,  ,"■  2  vol.  in-8.  L'auteur. 

LAIZIEU.  Les  plantes  potagères.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  1880, 
imp.  Nationale,  in-8.     '  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Lambertye  (comte  Léonce  de).  Conseils  sur  les  semis  de  graines  de  légumes 
offerts  aux  habitants  de  la  campagne  du  département  de  la  Marne,  2°  édition. 
Paris,  1867,  Auguste  Goin,  éditeur,  in-12. 

Ministère  de  l'agricullurc  et  du  commerce. 

Lapparent  (Albert  de).  Abrégé  de  géologie,  avec  126  gravures  et  une  carte 
géologique  de  la  France.  Paris,  1886,  librairie  P.  Savy,  in-18.  L'auteur. 

Lataste  (Fcrdand).  Etude  de  la  Faune  des  vertébrés  de  .Barbarie,  Algérie,  Tu- 
nisie et  .Maroc.  Catalogue  provisoire  des  mammifères  apélagiques  sauvages. 
Bordeaux,  imp.  J.  Durand,  1885,  in-8.  L'auteur. 

l.AUTH  (Charles).  Les  produits  chinii(iucs  et  pharmaceutiques.  (Exjiositioii  uni- 
verselle de  1878),  Paris,  1881,  i'up.  Nationale,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 


600  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

Laverack  (Edouard).  Le  Setter,  traduit  de  l'angkais  par  E.  Faure.  188:2,  Lon- 
dres, Longmans,  Green  et  C",  in-8. 

Layens  (Georges  de).  Les  abeilles.  Paris,  1885,  Paul  Dupont,  éditeur,  in-16. 

L'auteur. 
L'ebasteur.  Les  produits  de  l'exploitation  des  mines  et  de  la  métallurgie.  (Ex- 
position universelle  de  1878).  Paris,  imp.  Nationale,  1881,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Le  Blan  (Jidien).  Les  fds  et  tissus  de  lin,  de  chanvre,  etc.  (Exposition  uni- 
verselle de  1878).  Paris,  1880,  imp.  Nationale,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Lefèvre  (l'aljlié).  Conseils  sur  le  choix  et  la  forme  des  arbres  avant  la  plan- 
tation, suivis  1"  d'un  traité  sur  la  culture  et  la  restauration  du  Poirier  et  du 
Pommier;  2°  d'un  mot  sur  la  Vigne  et  sur  le  Groseillier.  Nancy,  1882,  librairie 
Notre-Dame,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture. 

Lemoine  (Ernest).  Elevage  des  animaux  de  basse-cour.  2°  édition.  Paris,  1885, 
G.  Massnn,  éditeur,  in-18.  L'auteur. 

Leroy  (E.).  La  poule  pratique.  Paris,  1885,  lib.  Firmin  Didot,  in-18.  L'auteur. 

Leroy  (Isidore).  Les  papiers  peints,  papiers  de  fantaisie  et  stores.  (Exposition 
universelle  de  1878).  Paris,  imp.  Nationale,  188U,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Levois.  |Les  habillements  des  deux  sexes.  (Exposition  universelle  de  1878). 
Paris,  imp.  Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Levy  (Joseph).  Les  machines,  instruments  et  procédés  usités  dans  divers  tra- 
■  vaux.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,   imp.  Nationale,  1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Liste  alphabétique  de  la  correspondance  de  Chrysliaan  Huygens,  qui  sera  pu- 
bliée ])ar  la  Société  hollandaise  des  sciences  à  Harlem.  Harlem,  Jean, 
Ensciiedé  et  fils,  in-d. 

Liste  des  prix.  Département  d'horticulture.  Exposition  universelle  de  la  Nou- 
velle-Orléans. Louisiane,  1884-. 

LuNEL.  Acclimatation  des  animaux  domestiques.  (Exposition  universelle  de 
1878).  Paris,  1861,  J.  Hetzel  et  C'%  éditeur,  in-8.  Les  éditeurs. 

Luynes  (Victor  de).  La  céramique.  (Exposition  universelle  de  1878.)  Paris,  imp. 
Nationale,  1882,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Maigne  (M.).  Nouveau  manuel  complet  de  la  laiterie,  orné  de  figures.  Paris, 
1885,  librairie  encyclopédique  Roret,  1  vol. 

Maillot  (Eugène).  Leçons  sur  les  vers  à  soie  du  Miîrier.  Montpellier,  1885, 
Camille  Coulct,  libraire-éditeur.  Paris,  A.  Delahaye  et  Lecrosnier,  libraires- 
éditeurs,  in-8.  L'auteur. 

—  Statistique  séricicole  de  la  France  pendant  la  période  1882-1885.  (Extrait  des 
Annales  de  VEcole  nationale  d'agriculture  de  Montpellier,  i.  II).  I88G,  Mont- 
pellier. Boehm  et  fils. 

Maizier  (F.-J.).  Un  mot  sur  la  culture  du  Lin,  2^  édition.  Paris,  1884.,  imprim. 
J.  Bunel,  grand  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Marchais  (A.).  Les  jardins  dans  la  région  de  l'oranger.  1885,  chez  l'auteur,  à 
Cannes  (Alpes-Maritimes),  in-18.  L'auteur. 

Marion  (Ernest).  La  sellerie  et  la  bourrellerie.  (Exposition  universelle  de  1878). 
Paris,  imp.  Nationale,  1880,  in-8.     Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

artinet  (Emile).  L'imprimerie  et  la  librairie.  (Exposition  universelle  de  1878). 
Paris,  imp.  Nationale,  1880,  in-8.    Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 


OUVRAGES   OFFERTS   A    LA   SOCIÉTÉ.  601 

Malguin  (Ch.).  Table  de  la  législation  rurale,  extrait  des  éludes  historiques  sur 
l'aduiinistration  de  l'agriculture  en  France.  Paris,  1877,  imprimerie  et  librai- 
rie Bouchard-Huzard,  Jules  Tremblay,  gendre  et  suci:esseur,   in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

IVlECJiiN  (Pierre).  Le  Furet.  Histoire,  hygiène,  maladie.  In-18.  L'auteur. 

MÉNARD  (Saint-Yves).  Contribution  à  l'élude  de  la  croissance  chez  l'homme  et 
les  animaux.  Tlièse  pour  le  doctorat  en  médecine.  Paris,  1885,  Asselin  et 
Houzcau,  in-i.  L'auteur. 

Menault  (Ernest).  Les  ouvriers  de  la  forme.  Paris,  1882,  librairie  Hachette. 

L'auteur. 

—  Le  vacher  et  le  bouvier,  avec  23  figures.  Paris,  1877.  Librairie  Hachette 
et  C".  L'auteur. 

—  Insectes  nuisibles  à  l'agriculture.  2"  édition,  illustrée  de  105  gravures  sur 
bois.  Librairie  Fume,  Jouvet  et  C'%  éditeurs,  in-8.  L'auteur. 

—  L'intelligence  des  animaux,  illustré  de  58  vignettes.  Paris,  1881.  Librairie 
(lachette  et  G",  in-18.  L'auteur. 

—  L'amour  maternel  chez  les  animaux,  78  vignettes.  Paris,  1877,  librairie 
Hachette  et  C'%  in-18.  L'auteur. 

Mercier  et  Heuzé  (Gustave).  Les  viandes  et  poissons;  les  fruits  et  légumes. 
(Exposition  universelle  de  1878).  Paris,   1880.  impr.   Nationale,   in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Mkrcier  (Ernest).  Les  cuirs  et  peaux.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris, 
impr.  Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Direction  de  l'agriculture.  Commission  supérieure  du  phylloxéra.  Compte- 
rendu  et  pièces  annexes.  1878-1884,  6  vol,  gr.  in-8.  Paris,  impr.  Nationale. 

Ministère  de  l'agriculture. 

Statistique  des  pêches  maritimes,  1884.  Paris,  impr.  Nationale,  1885,  in-8. 

Ministère  de  la  marine. 

Mollet  (Jules).  Le  centenaire  delà  propagation  de  la  Pomme  de  terre.  Mont- 
didier,  impr.  Hourdequin-Deschaux,  1886. 

MONEY  (J.  W.  R.).  Java  ou  comment  on  gouverne  une  colonie.  (Extrait  de  la 
Revue  maritime  et  coloniale,  t.  XIV,  XV,  XVI,  XVII).  Paris,  1866,  librairie 
Challamcl  aîné,  in-8.  Ministère  de  la  marine. 

MONTiLi.OT  (J.).  Leçons  d'instruction  civique  et  de  droit  administratif  à  l'usage 
des  écoles  normales,  etc.  Paris,  1883,  J.  Élie  Gaugnct,  libraie-éditeur, 
in-8.  Ministère  de  l'agriculture. 

Morren  (Edouard).  La  sensibilité  et  la  mobilité  des  végétaux,  1855.  Bruxelles, 
impr.  F.  Hayer,  in-8.  L'auteur. 

—  Description  de  l'Institut  botanique  de  l'Université  de  Liège,  orné  de  6  gra- 
vures. Liège,  Boverie,  1,  1885,  in-8.  L'auteur. 

MoLiRCEAu.  La  fabrication  des  tapis,  tapisseries  et  autres  tissus  d'ameublement. 
(Exposition  universelle  de  1878).  Paris,   impr.   Nationale,   1882,    in-8. 

Ministère  de   l'agriculture  et  du  commerce. 

MuEL  (E.).  Notions  de  sylviculture  enseignées  à  l'école  normale  des  Vosges. 
Paris,  1881,  Ducher  et  C'°,  éditeurs,  in-8,  figures. 

Ministère  de  l'agriculture. 

Note  sur  le  fulmicoton.  (Extrait  de  la  Revue  maritime  et  coloninle,  1877). 
Paris,  iierger-Levrault  et  C",  in-8.  Ministère  de  la  marine. 

Note  sur  la  question  du  reboisement  dans  le  territoire  de  commandement  de  la 
division  d'Alger.  Alger,  1885,  imprimerie  administrative  Gojosso  et  C",  in-8. 

Général  LoYSEL. 


002  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Noter  (Raphaël  de).  Arbres  fruitiers  et  plantes  officinales  exotiques  à  accli- 
mater en  Algérie.  1883,  chez   l'auteur,  à    Tipaza    près   Marengo,   in-8. 

L'auteur. 

Notice  biographique  sur  Alphonse  Lavallée  et  discours  prononcés  sur  sa  tombe. 
(Extrait  du  Journal  de  la  Société  nationale  et  centrale  d'horticulture  de 
France,  numéro  de  mai  1884.  In-8. 

Parisot.  La  coutellerie.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  impr.  Natio- 
nale, 1888,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Pasteur.  Sur  la  vaccination  charbonneuse.  (Extrait  des  Comptes  rendus  des 
séances  de  V Académie  des  sciences,- 1.  XCII,  13  juin  1881).  Paris,  Gatithier- 
Villars,  imprimeur,  in-4.  Ministère  de  l'agriculture. 

Payen.  Rapports  à  M.  le  Ministre  de  l'agriculture  sur  le  rouissage  du  Lin;  le 
drainage;  la  nouvelle  exploitation  de  la  tourbe;  la  fabrication  et  l'emploi 
des  engrais  artificiels  et  des  engrais  commerciaux.  Paris,  1850,  impr.  Natio- 
nale, gr.  in-8.  Ministère  de  l'agriculture. 

Perignon  (E.).  Le  matériel  de  la  navigation  et  du  sauvetage.  (Exposition  uni- 
verselle de  1878).  Paris,  Impr.  nationale,  1881,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Peyrat  (Charles).  L'espèce  bovine.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris, 
impr.  Nationale,  1882,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Peyrat  (Ch.  du).  Rapport  sur  les  associations  pastorales  des  Pyrénées.  Paris, 
1875,  G.  Masson,  éditeur,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture. 

Peyron  (le  vice-amiral).  Notice  sur  la  transportation  à  la  Gnyanne  française 
et  à  la  Nouvelle-Calédonie,  1878-1879.  Paris,  1883,  Iinpr.  nationale,  gr.  in-8. 

Ministère  de  la  marine. 

Pissot.  Les  graines  et  les  plantes  d'essences  forestières.  (Exposition  univer- 
selle de  1878).  Paris,    1881,  impr.  Nationale,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

PûURiAU  (A.).  Rapport  sur  l'exposition  relative  à  l'industrie  laitière.  Paris, 
1875,  G.  Masson,  éditeur.  Ministère  de  l'agricullure. 

Progress  reports  and  final  report  of  the  exploration    committee   of  Ihe  Royal 

Society  of  Victoria,  1872. 
PUTMAM  (Charles  E.).   Eléphant  pipes   and    inscribed   Tablets   of  the  Mound- 

Builders,  1885.  Davenport,  lowa,  in-8. 

Rapport  à  M.  le  président  de  la  République  sur  les  opérations  de  la  Caisse 
d'épargne,  années  1880  et  1881.  impr.  Nationale,  in-4. 

Rapport  à  M.  le  Ministre  de  l'agriculture  sur  la  situation  de  l'agricullure  dans 
le  département  de  Seine-et-Marne.  1884,  in-8.        Ministère  de  l'agriculture. 

Rapport  sur  les  déversements  d'alevins  en  1886,  adressé  à  M.  le  Ministre  de 
l'agriculture,  de  l'industrie  et  des  travaux  publics.  Bruxelles,  188G,  Weis- 
senbach,  impr.  du  Roi. 

Rault.  Les  machines-outils.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  impr. 
Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Regulamento  provisorio  do  Jardim  zoologique  e  d'acclimaçâo  em  Portugal. 
Lisbon,  1884. 

RiCflEUR  et  Laporte.  La  fermière  ou  projet  d'association  pour  l'exploitalion  tin 
sol.  Mirecourt,  1881,  typographie  et  lithographie  Chassel,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture. 

Robert-Dutertre.  Histoire  d'un  grain  de  blé.  Paris,  1882,  librairie  centrale 
des  publications  populaires,  in-12.  Ministère  de  l'agriculture. 

Rochemacé  (F.  de  la).  L'enquête  des  44.  Crise  agricole.  1884.  Nantes,  1885, 
impr.  Bourgeois,  gr.  in-8.  L'auteur. 


OUVRAGES    OFFERTS   A   LA   SOCIÉTÉ.  603 

RONDOT  (Natalis).  L'arl  de  la  soie.  Les  soies,  2°  édit.,  t.  I.  Paris,  1885,  impr. 
Nationale,  gr.  in-8.  L'auteur. 

RossoLLiN.  La  bimbeloterie.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  impr. 
Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

RouART  (L.).  Les  armes  portatives.  Paris,  impr.  Nationale.  1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Rousseau  (Th.).  Guide  pratique  de  reboisement  à  l'usage  des  particuliers. 
Carcassonue,  Grande  imprimerie,  1886. 

Roux.  Observations  sur  les  sels.  (Extrait  de  la  Revue  maritime  et  coloniale, 
1868).  Paris,  1868,  Challamel  aîné,  in-8.  Ministère  de  l.i  marine. 

Russ  (docteur  Karl).  Die  fremdlândischen  Stubenvôgel.  Magdeburg,  1886, 
4^  fascicule,  gr.  in-8.  L'auteur. 

Sa int-Gal  (Marie-Joseph).  Liste  des  plantes  qui  croissent  spontanément  dans 
le  département  de  la  Loire-Inférieure,  et  qui  ne  sont  pas  décrites  dans  la 
flore  des  environs  de  Grand-Jouan,  ni  dans  le  supplément  publié  en  1885. 
Nantes,  1885,  imprimerie  Mellinet.  Ministère  de  l'agriculture. 

—  Supplément  à  la  flore  des  environs  de  Grand-Jouan.  Nantes,  1885,  impri- 
merie L.  Mellinet.  Ministère  de  l'agriculture. 

Saunier  (G.).  L'horlogerie.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  impr. 
Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Sauvage  (docteur  H.).  Rapport  sur  l'Exposition  internationale  à  Londres,  en 
1883,  des  produits  et  engins  de  pèche.  (Extrait  du  Bulletin  de  l'Agriculture, 
1884).  Paris,  impr.  Nationale. 

ScHENZL  (docteur  Guido).  Ulmiitatas  Foldmagnességi  Helymeghatarozasokra. 
Budapest,  1884,  in-8,  ligures. 

SciiMiTT  (Georges).  Éleveur  d'oiseaux  ou  art  de  l'oiselier.  Paris,  librairie  ency- 
clopédique Roret,  ISSi,  1  vol. 

ScHUTZENBERGER.  Les  procédés  chimiques  de  blanchiment,  de  teinture,  d'im- 
pression, d'apprêts.  (Exposition  univervelle  de  1878).  Paris,  iiiip.  Nationale, 
188'2,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Servant  (G.).  Les  bronzes  d'art,  fontes  d'art  diverses,  métaux  repousses. 
(Exposition  universelle  de  1878).  Paris,  inip.  Nationale,  1880,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

SiCARD  (D'A.).  Éludes  sur  le  lait  naturel  et  les  laits  médicamenteux.  1886, 
Marseille,  librairie  classique,  in-8.  L'auteur. 

Simon  (Jules).  Rapport  du  jury  international.  Exposition  universelle  de  1878. 
Paris,  imp.  Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Simon  (Edouard).  Le  matériel  et  les  procédés  de  la  corderie,  de  la  filature,  du 
tissage  et  des  apprêts  sur  étoffes.  (Exposition  universelle  de  1878).  Paris, 
imp.  Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

SousA  (José-Augusto  de).  Lista  das  aves  colligidas  polo  sr.  Serpa  Pinto  no  ibo 
eni  1885.  (Extracto  do  Jornal  de  sciencias  matliematicas,  phijsicas  et  iialuraes, 
n"  XLii).  Lisboa,  1886,  in-8.  L'auteur. 

—  Lista  das  aves  colligidas  cm  Africa  de  1881-  a  1885  pelos  srs.  Capello  e  Ivcns. 
(Extracto  do  Jornal  de  sciencias  matliematicas, physicas  e  naluraes,n'' \lu). 
Lisboa,  1886,  in-8.  L'auteur. 

—  Notes  sur  le  Bucorax  pyrrhops  Ellios.  (Extracto  do  Jornal  de  sciencias  mathe- 
maticas,  physicas  e  naturaes,  n°  xxxviii).  Lisboa,  188-i.  L'auteur. 

Srirer  (Alphonse).  Les  objets  de  voyage  et  de  campement.  (Exposition 
universelle  de  1878).  Paris,  imp.  Nationale,  1880,  in-8. 

(Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 


604  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D'aCCLIMATATION. 

Stud-book  des  animaux  de  l'espèce  muLissière,  race  chevaline  et  race  asine, 
1886,  publié  parla  Société  centrale  d'agriculture  des  Deux-Sèvres  et  le  Comice 
agricole  de  Fontenay-Ie-Comte.  I11-8. 

Tassy  (L.).  L'aménagement  des  forêts,  3°  édition.  Paris,  1887,  Octave  Doin, 
éditeur. 

Thomas  (Henry-Sullivan).  A  report  on  pearl  fisheries  and  chank  fisheries,  188i. 
Madras  printcd  by  R.  Hill,  al  the  governmeiit  press,  1884. 

Tronquois  et  Lemoine.  Les  meubles  à  bon  marché  et  les  meubles  de  luxe, 
ouvrages  du  tapissier  et  du  décorateur.  (Exposition  universelle  de  1878). 
Paris,  imp.  Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agricullure  et  du  commerce. 

Touche  (comle  de  la).  Mémoire  et  causerie  hippique  d'après  les  questions 
proposées  par  l'Association  bretonne  au  Congrès  de  Lannion  sur  l'élève  du 
cheval  dans  les  Gôtes-du-Nord.  Saint-Drieuc,  1885,  imp.  L.  Prudhomme,  in-8. 

L'auteur. 

Tvventy-fifth  annual  report  of  the  curator,  of  the  muséum,  of  comparative  zoo- 
logy  at  Harvard  Collège,  1884-1886.  Cambridge,  1885. 

Vaillant  (Léon).  Les  poissons,  crustacés  et  mollusques.  (Exposition  univer- 
selle de  1878).  Paris,  1880,  iinpr.  Nationale,  in-8.   Ministère  de  l'agriculture. 

Vallet  Roger.  Résumé  des  questions  économiques  développées  par  la  déléga- 
tion du  comice  agricole  de  Lille,  V2  février  1886.   Paris,  1886,  imp.  Castiaux. 

Vaudremer.  La  section  d'architecture.  (Exposition  nniverselle  de  1878). 
Paris,  imp.  Nationale,  1880,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Vauvel  (L.).  Culture  de  l'asperge  à  la  charrue.  Chez  l'auteur,  53,  rue  de  Ruffon, 
Paris,  et  A.  Coin,  8"2,  rue  des  Écoles,  Paris,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture. 

Vilmorin.  Les  produits  agricoles  non  alimentaires.  (Exposition  universelle  de 
1878).  Paris,  I88I,  imp.  Nationale,  iu-8.  Ministère  de  l'agriculture. 

Vilmorin-Andrieux  et  G".  Supplément  aux  fleurs  de  pleine  terre.  1881,  chez 
Vilmorin-Andrieux,  Paris,  i,  quai  de  la  Mégisserie,  in-8  carré.     Les  auteurs. 

VlMONT  (G.).  Commission  internationale  de  viticulture,  organisée  par  la  Société 
des  agriculteurs  de  France  avi!C  le  concours  du  Ministère  de  l'agriculture  et 
du  commerce  et  des  Compagnies  de  chemins  de  fer.  Paris,  1876,  au  siège  de 
la  Société,  in-8.  Ministère  de  l'agriculture. 

Voitellier.  L'incubation  artificielle  et  la  basse-cour.  Traité  complet  d'élevage 
praiiqui-, -i''  édition.  Paris,  1866,  librairie  Firmin-Didot,  in-18.         L'auteur. 

WoLLS  (William).  The  plants  of  New  South  Wales.  1885,  Sydney,  Thomas 
Richard,  government  priuter,  in-8.  L'auteur. 

YouNG  Esq.  (Archibald).  Scotch  Salmon  fishery  legislalion  its  defects  and  their 
remédies.  Read  before  the  social  science  congress  at  Edinburg,  october  9, 
1880,  in-8. 

Zeiller  (A.).  Les  produits  et  l'exploitation  des  mines  et  de  métallurgie. 
Section  1  :  Substances  minérales  et  métaux  précieux.  (Exposition  universelle 
de  1878).  Paris,  imp.  Nationale,  1881,  in-8. 

Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS 

MENTIONNÉS    DANS   CE    VOLUME. 


Albouy.  Pisciculture,  175,  338. 

AUBUSSON  (Magaud  d').  Catalogue  rai- 
sonné des  oiseaux  qu'il  y  aurait 
lieu  d'acclimater  et  domestiquer 
en  France,   1,  2li,  417,  573. 

AuDAP.  Sur  le  canard  Pilet,  450. 

Baikd  (Spencer  F.),  (^arpe  bretonne; 
éclosion  artificielle  d'œufs  de 
Homard,  40'J. 

Barrau  de  Muratel  (de).  Arrivée 
des  Hirondelles,  283. 

—  Sulfure    de    carbone    insecticide, 

363. 

—  Bardanc  du  Japon,  363. 
Bernav.  Vigne  de  Perse,  178. 

—  La  chasse  en  Perse,  179. 
Berthéoi,.  Pisciculture,  22i5,  229,  338. 
Berthoule.  Slachijs  affinis,  110,  188. 

—  Pisciculture,  184,    185,    229,   278, 

291,  360. 

—  Léporides,  189. 

—  Pêcheries  aux  îles  Loffoden,  297. 

—  Les  fermes  à  Autruches,  365. 

Bibliographie  : 

—  La  cité  chinoise,  par  Eug.  Simon, 

124. 

—  Élevage  des  oiseaux  de  basse-cour, 

par  E.  Lemoinc,  190. 

—  La  Ramie,  par  A.   Favier,    3'  édi- 

tion, 302. 

—  Culture  pratique  des  Azalées,  par 

Léon  Duval,  304. 

—  Mission   agricole  et  zootechnique 

dans  le  Soudan  occidental,   par 
Korper,  413. 

—  L'incubation  artificielle  et  la  basse- 

cour,  par  Voitellier,  414. 

—  Abrégé  de  géologie,  par  A.  de  Lap- 

parent,  461. 

—  Journaux  et  revues  :  128, 192,  240, 

415,  464. 

Bigot.  Rapport  sur  les  éducations  de 
Vers  à  soie,  faites  pendant  l'an- 
née 1885,  331. 

Blaauw  (F.  E.).  Reproduction  des 
Antilopes  Gnous  du  Cap,  494. 


RouRGAREL  et  RoissoN.  Plantation 
à'Eucahiptus,  48. 

Bout  (H.).  Notes  pour  servir  k  l'his- 
toire des  aquariums,  30. 

Brisay  (marquis  de).  Colomba  leuco- 
nala,  345. 

Brocchi  (Paul).  Maladie  des  Écrevisses, 
116. 

—  Pisciculture,  117. 

—  Léporides,  279. 

—  Arrivée  des  Hirondelles,  283. 

—  Grande  Lamproie,  291. 

—  Note  sur  l'aquiculture  dans  le  quar- 

tier maritime  de  Marennes,  313. 
Camboué  (le  R.  P.).   Notes  sur  .Mada- 
gascar, 62,  405. 

—  Les  Sauterelles  à  Madagascar;  sur 

le  Riz  malgache,  168. 

—  Bombyciens  séricigènes  de  Mada- 

gascar, 340,  508,  556. 

—  Sur  deux  plantes  fébrifuges,  556. 
Causans   (vicomte   de).    Pisciculture, 

401. 
Certes.  La  cause  du  verdissement  des 

Huîtres,  459. 
Chandèze.  Cheptel  de  Perruches  omni- 

colores,  401. 
Chappellier.  Slachys  af finis,  1 10, 187. 
Cheptels.  Liste  des  cheptels  attribués 

par    la    Commission    en    1886, 

LXXXVII. 

—  Liste   des    animaux   et    plantes  à 

distribuer  en  1887,  369. 

Clarté  (Joseph).  Staclu/s  affmis.  108. 

Cloquet  (Jules).  Sur  une  Grenouille- 
Bœuf,  prise  à  Saint-Germain,  403. 

Clos  (IcD').  Sur  les  Grands-Ducs,  351. 

CoNFÉVRON  (de).  Maladie  des  Ecre- 
visses, 53. 

—  Diminution  du  gibier  et  du  pois- 

son, 550. 
Conte  (G.).  Cheptel  de  Cerfs  nains  de 

la  Chine,  557. 
CoRNÉLY.  Maras,  456. 

—  Élevages  au  Parc   de   Beaujardin, 

563. 


600 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


GovELLE  (Ernest).    Pisciculture,   220. 
Créput.  Notes  sur  l'élevage  de  l'Au- 

trucho  en  Al;,'érie,  497. 
Cretté  de  Palluel.   Léporides,   289. 

—  La  inuo  des  rémiges  et  des  rec- 

trices  chez  certains  oiseaux,  534. 
Dannevig.  Aquiculture,  404. 
Dareste  (Cam.).  Incubation  artificielle, 

50. 

—  Sur  les  Bœufs  fiatos,  284,  376. 

—  Animaux  hybrides,  287. 

Origine  des  Poules  huppées,   343. 

Dautreville.  Poudre  toni-nulritive, 
174,  228. 

—  Stach>js  af finis,  231,  343,  410. 
Decroix.  Usage  de  la  viande  de  che- 
val, 176. 

—  Léporides,  279,  280,  358. 
Delaurier  (aîné).  Reproductions  d'oi- 
seaux, 408. 

Després.  Pisciculture,  338. 
DUPIC.  Pisciculture,  223. 
ÉGAL.  Léporides,  289. 
ESTERNO  (comte  d').   Ophidiens,   291. 
Fallou.  Séricigènes,  119,   230,    293, 
361. 

—  Insectes  nuisibles,  186. 

—  Éducations  de  Bonibyciens  sérici- 

gènes faites  à  Champrosay(Seine- 
et-Oise)  en  1885,  198. 

FORBES  (S.-A.).  Maladies  contagieuses 
des  insectes,  410. 

Garcin.  Culture  de  Ramie,  353. 

Gaucher  (Louis).  Cultures  en  Algérie, 
272. 

Gentil  (Ambroise).  Société  d'horti- 
culture de  la  Sarlhe,  105. 

—  Pisciculture,  106. 

Geoffroy  Saint-Hilaire(A.).  Rapport 
sur  les  récompenses,  LVi. 

—  Situation  financière  du  Jardin  d'Ac- 

climatation, LXXXI. 

—  Recépage  des  Eucalyptus,  51. 

—  Rusticité  du  Mara,  51. 

—  Pisciculture,  54. 

—  Sériciculture,  54. 

—  M.PaulBert  et  l'acclimatation,  112, 

180. 

—  Utilisation  industrielle  du  poil  des 

Lapins  Angoras,  129. 

—  Léporides,  183,  190. 

—  Autruches,  225,  226,  282. 

—  Sur  les  Bœufs  natos,  283. 

—  Sur  le  Chabin,  284. 

—  Animaux  hybrides,  287. 


Geoffroy  Saint-Hilaire.  (A.).  Nais- 
sances d'animaux  au  Jardin 
d'acclimatation,  355. 

—  Note  sur  les  Chiens  de   prairie  du 

Jardin  zoologique  d'Acclimata- 
tion, 384. 

Germain  (Rodolphe).  Quelques  notes 
sur  les  animaux  domestiques  de 
la  Cochinchine  française,  388, 
518. 

Girard  (Maurice).  ÎSauterelle  et  Cri- 
quet, 119. 

—  Insectes  nuisibles,    119,   120,  187 

231,  362. 

—  M.  Paul BerteU'acclimatat ion,  180. 

—  Sériciculture,  354. 

—  Bons  points  entomologiques,   354. 

GoBiN.  Pisciculture,  223. 

Godefroy-Lebeuf,  a.  Geoffroy  Saint- 
Hilaire  et  DUVAL.  Observations 
sur  les  Orchidées  de  serre  froide, 
208. 

Grapanche.  Sur  les  Chiens  des  prai- 
ries, 552. 

—  Guérison  du  Bodo,  554. 

Grève    (A.-M.).    Prix    des    poissons 

salés,  175. 
Grisard.  Séricigènes  de  Madagascar, 

50. 

—  Lujfa  acutangula,  50. 

—  Iconographie  de  la,  flore  française, 

—  Séricigènes  de  l'Inde,  293. 

—  Sur  le  Pacanier,  342. 

Séances  du  Conseil  : 

—  Procès-verbal  du  2  juillet,  407. 

—  —  du  20  août,  455. 

Séances  des  sections  : 

—  Procès-verbal  du  24  novembre  1885, 

57. 
_  —  du  26  janvier  1886, 

187. 
_  —  du   23  février   1886, 

231. 
_  —  du  23  mars  1886,291. 

_  —  du  20  avril  1886, 3o3. 

Guerne  (J.  de).  Huîtres  vertes,  360. 

—  Tortues  marines,  206. 
HÉDiARD.  Présentations  de  divers  végé- 
taux, 49,  225,  296. 

—  Haricots  cerise  et  Saint-Ciboire,  110. 

—  Rusticité  du  Néflier  du  Japon,  114. 

—  œufs  d'Autruche,  225. 

—  Sur  le  Sagoutier,  273. 


SOCIETE  NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 


607 


HkNi\eguy(D'').  Sur  une  nouvelle  mala- 
die des  alevins  de  Salmonidés, 
430. 

IIOEK  (D^).  Pèche  de  l'Éperlan,  409. 

Hlet.  Sur  les  Cerfs-Cociions,  189. 

—  Sur  un  système  «le  classification  en 

zoologie,  par  M.  des  Murs,  290. 

—  Cervule  de  Reeves,  358. 

—  Naissances,  dons  et  acquisitions  du 

Muséum,  305,  566. 

—  Liste  des   espèces   connues  et  dé- 

crites dans  la  famille  des  Anti- 
lopes, 465. 

Jeannel  (D').  Haricot  cerise,  109. 

JOLY.  Léporides,  55,  56,  59,  60,  183, 
358. 

—  Voracité   de   la  Perche   (rectifica- 

tion), 117. 

Séances  des  sections  : 

—  Procès-verbal  du  8  décembre  1885, 

60. 

—  —  du   2   février   1886, 

228. 

—  -  du  2  mars  1886,  290. 

—  —  du30  mars  1881],  359. 
JoussET  DE  Bellesme.  Suf  les  Silures 

(Cat-Fish),  404. 
La.£SNEL   de  la  Salle  .  Grenouilles- 
Bœufs,  347. 

—  Voracité  de  la  Perche,  349. 
Laloue.  L'Autruche  en  Algérie,  280, 

282. 
La    Perre     de    Roc.     Les    pigeons 

voyageurs;  les  voyages  d'aller  et 

retour,  570 
Lataste.  Léporides,  183. 

—  Rectification  au  procès-verbal,  188. 

—  Lapins  sauvages  noirs,  189. 
Lefèbvre  (A.).    Pisciculture  dans   la 

Somme,  174,  299,  339. 

Lefort  (Léon).  Salmo  fontinalis , 
107. 

Leroy  (d'Oran).  Anlherœa  mylilta  en 
Algérie,  349. 

Leroy  (Albert).  Du  dépeuplement  et 
du  repeuplement  des  rivières  et 
cours  d'eau  de  France,  262. 

Maillard  (du  Croisic).  Tragopans, 
552. 

Mailles  (Ch.).  Sur  les  Grenouilles- 
Bœufs,  46,  350. 

—  Lôporides,  55,  56,  59,  280,  358. 

—  Sur  la  Bn-de,  57. 

—  Slachijs  affmis,  188. 


Mailles  (Ch.).  Animaux  hybrides, 289. 

—  Influence  du  sol  sur  la  couleur  des 

fleurs,  364. 

—  L'industrie    de    la    Cochenille    au 

Guatemala,  122. 

Séances  des  sections  : 

—  Procès-verbal  du  10  novembre  1885, 

55. 

—  —  du  8  décembre  1885, 

58. 

—  —  dul6décembrel885, 

—  —  du  22  décembre  1885, 

118. 

—  —  du   5  janvier   1886, 

183. 

—  —  du  13  janvier  1886, 

181. 

—  —  du   2   février    1886, 

188. 

—  —  du  10  février   1886, 

229. 

—  —  du  2  mars  1886,289. 

—  —  du  10  mars,      1886, 

291. 

_  —  du  30  mars  1886,358. 

_  —  du  7  avril  1886,359. 

Maistre  (Edouard).  Sur  les  Léporides, 
275,  358. 

Marquiset.  Chicorée  à  café;  papier 
de  Kuzu,  296. 

Maunoury.  m.  Paul  Bert  et  l'acclima- 
tation, 111,  115. 

MÉNARD  (Saint-Yves).  Rapport  de  la 
Commission  de  comptabilité,  LXXI. 

—  Léporides,  190. 

—  Veau  à  tête  de  Bouledogue,  285. 
— •  Sur  une  Mule  arabe  féconde,  285. 

—  Animaux  hybrides,  288. 
Merlato  (Lucien).    Sur  l'élevage  des 

Autruches  en  Algérie,  65. 

Michaux.  Pisciculture,  219. 

Montlezun  (comte  de).  Note  sur  les 
Palmipèdes  lamellirostres  (Ber- 
naches),  132. 

Murs  (0.  des).  Proposition  d'un  sys- 
tème unique  de  classification  en 
zoologie,  513. 

Naudin  (Ch.).  Sur  la  floraison' et  fructi- 
fication daJubœaspeclahilis,  102. 

Noordhobk-Hkgt.  La  pisciculture  à 
Apeldoorn,  502. 

Noter  (Raphaël  de).  Sur  quelques 
arbres  fruitiers  et  plantes  offioi- 


608 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


nales  exotiques  à  acclimater  en 

Algérie.  43"2. 
OuN0Us(Léo  d'j.  Cultures  de  végétaux, 

555. 
Paillieux.  Haricot  cerise,  182. 

—  Composition  du  Soija,  187. 

—  Sur  divers  végétaux,  23"2,  294. 

—  Aralia  racemosa,  295. 

—  Emploi    de    la    naphtaline    contre 

l'altise,  295. 

—  L'Ananas  (Bromelia  Ananas),  319. 
Pallissaux  de  Tallobre  (H.  de).  Éle- 
vage du  cheval,  58,  59. 

—  Léporides,  60. 
Pays-Mellier.  Métisse  d' Ara  rauna  ci 

d'Ara  Canga,  173. 

—  Cerf  nain  de  la  Chine,  218. 

—  Oryx  leucorijx,  337. 

PicuoT.  Présentation  d'une  nappe  en 
peaux  de  Maras,  49. 

—  Protestation  à  propos   d'un   article 

du  Gardois,  110. 

Ploiin.  Pisciculture,  219. 

POMEREU  (marquis  de).  Alevin  de  Black 
Bass,  352. 

PONSARD.  Note  sur  les  Moutons  chinois 
prolifiques,  241. 

<)UATREFAr,ES  (de).  Allocution  pro- 
noncée à  la  XXIX'  séance  publi- 
que annuelle,  xxix. 

—  Signification  du   mot  Acclimata- 

tion, 111. 
Rathelot.  Prêt  de  documents,  118. 

—  Pisciculture,   185,    186,   229,   291, 

360. 
Raveret-Wattel    (C).  Procès-verbal 
de    la    xxix"     séance    publique 
annuelle,  IX. 

—  Rapport  sur  les  travaux  de  la  So- 

ciété en  1885,  xxxiii^ 

—  Animaux  hybrides,  287. 

—  Société  de    pisciculture   du    Cher, 

121. 

—  Ostréiculture,  50. 

—  Pisciculture,  53,  117,  184,  185,186, 

222,  226,  229,  353,  403. 

—  Maladie  des  Écrevisses,  116. 

—  Autruches,  226. 

—  Le    Hareng    en   Nouvelle-Zélande, 

279. 

—  L'appareil  Chester  pour   l'incuba- 

tien  artificielle  des  œufs  de  Mo- 
rue, 193. 

—  Pisciculture     à     l'école     pratique 

d'agriculture  de  Saint-Rémy,  234. 


Raveret-Wattel  (C).  L'établisse- 
sement  de  pisciculture  d'Andccy, 

687. 

Séances  générales  de  la  Société  : 

—  Procès-verbal  du  8  janvier,  45. 

—  —  du  22  janvier,  51. 

—  —  du  5  février,  105. 

—  —  du  19  février,  173. 

—  —  du  5  mars,  216. 

—  —  du  19  mars,  271. 

—  —  du  2  avril,  274. 

—  —  du  16  avril,  337. 

—  —  du  .30  avril,  345. 

—  —  du  14  mai,  351. 

—  —  du  28  mai,  400. 
Regnard  (Gabriel).  Sur  le  Ui/j'a  acu- 

tangula  et  VArtocarpus  integri- 
folia,  458. 

Richard  (Maurice).  Pisciculture,  352. 

Rieffel  (G.).  Sur  les  Chiens  de  prai- 
rie, 382. 

ROGERON  (Gabriel).  Croisements  des 
Canards,  308. 

—  Sur  la  mue  des  Canards,  544. 

—  Sur  un  Blé  innommé,  555. 
RoMANET    DU    Caili-aud.     Empaillage 

coaltarisé  des  jeunes  arbres,  341. 
RozET  (A.).  Coloration  des  fleurs,  411. 

SÉDiLLOT.  Séances  des  sections  : 

—  Procès-verbal  du  19  janvier  1886, 

186. 

—  —  du  10  février  1886, 

230. 

—  —  dul0marsl886,292. 
_            —            du  13  avril  1886,  361. 
SÉMALLÉ  (René  de).  Léporides,  190. 
Simon   (M™"  V").  Sériciculture  en  Bel- 
gique, 107. 

Société  centrale  de  médecine  vétéri- 
naire. Monument  à  élever  à  la 
mémoire  de  M.  Henri  Bouley, 
216. 

TCHÉRÉPOFF  (M""  Barbe).  Domestica- 
tion de  l'Outarde,  553. 

Thomas  (E.).  La  pisciculture  à  l'école 
d'agriculture  pratique  du  Lézar- 
deau,  558. 

Thomas  (Paul).  Chèvres  de  Toggen- 
burg,  408. 

Touchard.  Cerfs  nains,  106. 

—  Les  Chiens  de  prairie,  561. 
ViGOUR.  Tragopans  de  Cabot,  346. 


I    *** 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


609 


ViLMOKiN  (de).  Sur  l'Eucalyptus  Mùl- 
leri  et  ie  Blé  de  Manitoba,  233. 

—  Sulfure  de  carbone  insecticide,  363. 

—  Sur  diverses  Anémones,  364. 
Wagner.  Pisciculture,  52. 

WAM.LY  (Alfred).  Catalogue  raisonné  des 
Séricigènes  sauvages  connus,  73. 

WiNKLER  (D'  T.  C).  Sur  un  vol  re- 
marquable de  i'igeons  voyageurs, 
ib'2. 


Wii.LisTON.  Sur  un  Diptère  comestible, 
292. 

Zeiller  (P.).  Les  Orchidées  de  serre 
froide,  204. 

—  Cheptels  de  Faisans  et  Perruches, 
401. 

X...  Bibliographie  :  Études  agro- 
nomiques, par  L.  Grandeau, 
560. 

ZiPCY.  Pisciculture,  222. 


FIN  DE  L\   TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


4'  SÉRIE,  T.  IIL  -  Décembre  1886. 


31) 


INDEX  ALPHABÉTIQUE  DES  ANIMAUX 

MENTIONNÉS    DANS   CE   VOLUME. 


GÉNÉRALITÉS. 

Aquariums,  30-44. 

Aquiculture,  313-318. 

Classification  en  zoologie,  513-517. 

Diminution  du  gibier,  550-552. 

Hippophagie,  176-178. 

Hybrides,  173,  285-288,  308,  567. 

Incubation,  50,  414-415. 

Maladie  des  alevins,  430-431,  554. 

Monstruosités,  285,  343. 

Mue  des  oiseaux,  534-549.  • 

Pèche,  128,  297-298. 

Pisciculture,  45,  46,  53,  54,  106,  107,  117,  121-122, 
175,  184,  185,  186,  219-224,  226,  229-230,  234-239, 
262-270,  299-301,  340,  353-354,  360,  403-404,  502- 
507,  558-559,  587-588. 

Poudre  toni-nutritive,  174-228. 

Rucher,  349. 

Vésicule  double  chez  les  Salmonidés,  291,  360. 


Actias  hma,  199-200. 
Attise,  231,  233,  295-296. 
Anthœrea  Mijlitta,  198-199. 

—  Perniji,  200-202. 
Antilope,  465-496. 
Ara,  173-174,  359. 
Aréoturnix  de  Formose,  260-261. 
Ateuchus  sacer,  354-355. 
Attacus  cecropia,  198. 

—  cynlhia,  202-203,  336. 

—  Penuji,  107-108,  334-336. 

—  Yama-mai,  331-334. 
Autruche,    65-72,    225-226,   280-282, 

365-368,  496-501. 
Bernache,  132-167,  567. 
Black-bass,  107,  352. 
Bœuf,  392-399. 

—  natos,  283-285,  376-381. 
Borocera,  50,  64,  230,  340-341,  354, 

508-512,  556-457. 
Bubale,  491-492. 
Buffle,  388-392. 
Callima,  240. 
Canards,  308-312,  530-531. 

—  Pilet,  456-457. 
Carpe  bretonne,  408-409. 
Cat-fish,  404-405. 
Cerf-cochon,  189. 

—  Mi-lou,  305-306.  [219,  557. 

—  nain  de   la  Chine,    106-107,  218- 


Chabin,  284. 
Chameau  d'Asie,  357. 
Chamois,  469-471. 
Charançon,  119,  231. 
Chat,  533. 

Cheval,  58-59,  62,  518-529. 
Chèvre,  408,  529-530. 
Chien,  533. 

—  de  prairie,  382-387,  552,  561-562. 
Cochenille,  122-123. 

Colombe  grivclée,  45. 

—  leuconata,  345-346. 

Corégone,  185-186,  220,  221,  360-361. 
Cossus,  120. 
Criquet,  119. 
Crossoptile,  408. 

—  de  Drouyn,  15. 

—  mantchou,  10-13. 

—  oreillard,  13. 

—  du  Thibet,  14. 
Dipodillus,  289. 

Diptères  comestibles,  292-293. 

Écrevisse,  53,  116-117. 

Elaphuriis  Davidianus,  355-356. 

Émeu,  356-357. 

Éperlan,  409. 

Ephtjdra,  292-293. 

Eulophe  à  cou  jaune,  16-18. 

—  de  Darwin,  18-19. 

—  de  Duvaucel,  570. 


INDEX   ALPHABETIQUE   DES   ANIMAUX. 


6  H 


Euplocome  leucomèle,  427-429. 

—  mélanote,  573-574. 

—  macrolophé,  574-575. 

Faisans.   Voy.   aussi   Crossoptile,   Eu- 
lophe,  Tragopan. 

—  argenté,  5-7,  567. 

—  à  collier,  567. 

—  doré,  1-3. 

—  de  Lady  Amherst,  3-5,  401. 

—  de  Sœmmering,  421-423. 

—  de  Swinhoë,  7-9. 

—  versicolore,  417-421. 

—  de  Wallich,  423-427. 
Faucon,  179. 
Francolin,  180. 

—  perlé,  256-258. 
Gailu,  479-480. 
Gavai,  287. 

Gazelle,  486,  490-491,  193. 
Gnou,  4'J4-496. 
Grand-Duc,  351-352. 
Grenouille-bœuf,  46-48,  347-349,  350, 

403,  565. 
Hareng,  279. 
Hirondelle,  283. 
Homard,  409. 
Huître,  50,  360,  459-460. 
Hylobius  abietis,  231. 
Ibis,  564. 

Insectes,  354,  363,  410. 
Uhagine  de  la  Chine,  29. 

—  de  Geoffroy,  27-29. 

—  sanglante,  585-586. 
Kevel  gris,  492-193. 
Lamproie,  291. 

Lapin,   55-56,    59-60,     129-131,    183, 

189,  359. 
Léporide,  55-56,  59-60,  183,  189-190, 

275-278,  279-280,  289,  359-3(30. 
Lerwe  des  neiges,  250-251. 
Leucosarcia  picta.  Voy.  Colombe  gri- 

velée. 
Lophophore  de  Lhuys,  24-25. 

—  resplendissant,  581-585. 
Lophijrufi  pini,  362-363. 
Mammifères,  305-307,  563,  566. 
Mara,  49-50,  51,456,563. 
Molytes,  186. 

Morue,  193-197,  404. 
Mouche,  62. 
Mouton,  526-528. 

—  prolifique,  241-243. 
Mule,  285-287. 


Nylgaut,  482-483. 

Navicula,  360,  459-460. 

Oie,  530. 

Oiseaux,  307,  564,  567-569. 

Oreoperdrix  à  gorge  sanglante,  252. 

Ortalide,  408. 

Orthoptères,  240. 

Onjx  leucoryx,  337. 

Otiorynchus  sulcatus,  119. 

Outarde,  179,  553-554. 

Perche,  117. 

Perdrix  des  bambous,  252-256. 

—  barbue,  249-250. 

—  royale  de  Perse,  180. 
Perruche  omnicolore,  401-402. 

—  de  Pennant,  401. 

Pigeon,  452-454,  533,  570-572. 
Poissons,  52-53,  175-176. 
Porcula  Salviani.  356. 
Poule,  531-533. 

—  de  Padoue,  61,  343-315. 
Pucrasia.  Voy.  Eulophe. 

Rana  mugiens.  Voy.  Grenouille-bœuf. 

Saiga,  471-472. 

Sandre,  352. 

Saumon,   117,   174-175,  184-185,229, 

338,  340,  502-505. 
Sauterelle,  119,  168-172. 
Sericaria  mori,  361-362. 
Silure,  404-405. 
Syrrhapte,  245. 
Tétraonides,  244-261. 
Tétragalle  du  Thibet,  248-249. 
Tétraphase  sombre,  26-27. 
Thaumalé.  Voy.  Faisan. 
Theophyla  mandarina,  233. 
Thylacine,  307. 
Tinea,  120,  187. 
Tortue,  406. 
Tragopan,  552-553. 

—  de  Cabot,  23,  346-347. 

—  mélanocéphale,  577-579. 

—  satyre,  579-581. 

—  deTemminck,  19-22.1 
Truite,  404,  505-507. 

—  arc-en-ciei,  338-339. 
Turnix  moucheté,  258-260. 
Urania  ripheiis,  5ll,  405. 

Vers  à  soie,  54,  73-101,  119,  198-203, 
224,  508-512. 

—  du  Chêne  de  Chine.  Voy.  Attacus 
Pernyi. 

Vipère,  291. 


FIN   DE   L  INDEX  ALPII.\DÉTIQUE  DES  ANIMAUX. 


INDEX  ALPHABÉTIQUE  DES  VÉGÉTAUX 

MENTIONNÉS   DANS   CE   VOLUME. 


GÉNÉRALITÉS. 

Empaillage  des  jeunes  arbres,  341-3i2. 
Étiolement  des  plantes,  294-295. 
Études  agronomiques,  560. 


Ampélidées,  434. 

Ananas,  319-330. 

Anémone,  364. 

Anonacées,  434-435. 

Apocynées,  435-436. 

Aralia,  295. 

Artocarpées,  436-437. 

Artocarpus  integrifoHa,  458. 

Aurantiacées,  437. 

Azalées,  304. 

Bardane  du  Japon,  363-364. 

Berbéridées,  437. 

Bixinées,  438. 

Blé,  233,  272,  555-556. 

Bokadahy,  63. 

Bombacécs,  438. 

Brède,  57. 

Brehmia  spiiiosa,  62-63. 

Borraginées,  438. 

Broméliacées,  439. 

Burséracées,  439. 

Capparidées,  439. 

Célastrinées,  439-440. 

Chamserops  excelsa,  363. 

Chicorée,  296. 

Clirysobalanées,  440. 

Clusiacées,  440. 

Cocotier,  225. 

Combrétacées,  440. 

Connaracées,  441. 

Convolvulacées,  441. 

Cornées,  440-441. 

Corylacées,  441. 

Courge,  225. 

Crcscentiées,  441. 

Cucurbitacées,  441-442. 

Dilléniacées,  442. 

Dioscorea  bulbifera,  49. 

Diosmées,  4i2-443. 

Ebéuacées,  443. 

Endive,  29,'). 

Erytliroxylées,  443-444. 

Encalijplus,  48-49,  50,  51,  64,  233. 


Eupliorbiacécs,  444-445. 

Graminées,  445. 

Haricot  cerise,  109-110,  182. 

Haricot  Saint-Ciboire,  110,  225. 

Hippocratéacées,  446. 

Horovy,  556. 

Hortensia,  411-412. 

Igname,  225. 

Ilicinées,  446. 

Juhxa  spectabilis,  102-104. 

Jujubier,  179. 

Landemy,  556. 

Lardizabalées,  446. 

Lauriné(îs,  446-417. 

Légumineuses,  447-450. 

Liliacées,  450-451. 

Luffa,  49,  50,  458. 

Lythrariées,  451. 

Magnoliacées,  451. 

Néflier  du  Japon,  114. 

Oranger,  464. 

Orchidées,  204-215. 

Pacanier,  273,  342-343. 

Palmiers,  225. 

Papangay  (voy.  Luffa). 

Phytolaque,  192. 

Pipcngaille  (voy.  Luffa). 

Raisin  d'Amérique,  192. 

Ramie,  302-304,  353. 

Riz,  171-172. 

Sagus  Rhumphii,  273-274. 

Satrany,  62. 

Solanum  macrocarputn,  232. 

Soya,  187. 

Stachys    affinis,    108-109,   110,    176, 

187,  188,  231-232,   343,  410-111. 
Végétaux,  57-58,  555. 
Vigne,  178-179,  415-416. 
Voanpena,  63. 
Voasefaka,  62. 
Voavontaka,  62-63. 
Ziilphus  jvjuba,  350. 


FIN  DE  LA  TABLE  ALPHABETIQUE  DES  VEGETAUX. 


TABLE  DES  MATIERES 


DOCUMENTS    RELATIFS    A    LA    SOCIÉTÉ. 

Organisation   pour   l'année  18S0. 

Coaseil  d'administration v 

Délégués  de  la  Société  en  France  et  à  l'étranger vil 

Commission  de  publication vii 

—  des  cheptels  vu 

—  des  finances vu 

—  médicale viii 

—  permanente  des  récompenses viii 

Bureaux  des  sections viii 

VINGT-NEUVIÈME  SÉANCE  PUBLIQUE  ANNUELLE 

DE    LA  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION 

Procès-verbal  de  la  séance  tenue  le  1 1  juin  1886 IX 

Prix  extraordinaires  encore  à  décerner. 

Généralités « xi 

Prix  de  1000  francs  fondé  par  feu  M.  Bérend xi 

—    perpétuel  fondé  par  feu  M""  Guérineau,  née  Delalande.  xii 

Primes  fondées  par  feu  M.  Agron  de  Germigny xii 

Première  section.  —  Mammifères xii 

Prix  perpétuel  fondé  par  feu  M""  DuTRÔNE,  née  Galot Xlli 

Deuxième  section.  —  Oiseaux xvi 

Prix  fondés  par  M.  Georges  Mathias xvii 

Troisième  section.  —  Poissons,  crustacés,  etc xix 

Batraciens XX 

Poissons - XX 

Mollusques XXil 

Crustacés xxill 

Quatrième  section.  —  Insectes xxill 

Sériciculture xxiii 

Apiculture xxv 

Cinquième  section.  —  Végétaux XXV 

Prix  fondé  par  M.  Godefroy-Lebeuk xxvi 

niscoiirH  prononcPH  à  la  séance. 

De  Qiatrefages.  —  Allocution xxix 

G.  Raveret-Wattel.  —  Rapport  annuel  sur  les  travaux  de  la  Société 

en  1885 xxxiu 


614  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

A.  Geoffroy  Saint-Hilaire.  —  Rapport  au  nom  de  la  Commission  des 
récompenses LVi 

Saint-Yves  Ménard.  —  Rapport  au  nom  de  la  Commission  de  compta- 
bilité, exercice  1885 LXXI 


GÉNÉRALITÉS. 

A.  Geoffroy  Saint-Hilaire.  —  Situation  financière  du  Jardin  zoolo- 
gique d'Acclimatatioa Lxxx 

Liste  des  cheptels  attribués  par  la  Commission  en  1886 Lxxxvi 

R.  P.  Camboué.  —  Notes  sur  Madagascar 62 

HuET.  —  Naissances,  dons  et  acquisitions  du  Muséum 305,   566 

Cheptels  de  la  Société  nationale  d'Acclimatation  de  France.  —  Règle- 
ment et  liste  des  animaux  et  des  plantes  qui  pourront  être  donnés 

en  1887 369 

Rodolphe  Germain.  —  Quelques  mots  sur  les  animaux  domestiques  de 

la  Cochinchine 388,  518 

0.  DES  Murs.  —  Proposition  d'un  système  unique  de  classification  en 

zoologie,  spécialement  pour  l'ornithologie 513 

CORNÉLY.  —  Élevages  au  parc  de  Beaujardin 563 

PREMIÈRE  SECTION.  —  MAMMIFÈRES. 

A.  Geoffroy  Saint-Hilaire.  —  Utilisation  IndustrieHe  du  poil  des 

Lapins  angoras 129 

PoNSARD.  —  Note  sur  les  Moutons  chinois  prolifiques 241 

D"'  C.  Dareste.  —  Notes  sur  les  Bœufs  natos 376 

G.  Rieffel.  —  Sur  les  Chiens  de  prairie 382 

A.  Geoffroy  Saint-Hilaire.  —  Note  sur  les  Chiens  de  prairie  du  Jar- 
din zoologique  d'Acclimatation 384 

Huet.  —  Liste  des  espèces  connues   et   décrites   dans  la  famille  des 

Antilopes 465 

F.-E.  Blaal'W.  —  Reproduction  des  Antilopes  Gnous  du  Gap  de  Bonne- 
Espérance  494 

A.  Touchard.  —  Les  Chiens  de  prairie 561 

DEUXIÈME  SECTION.  —  OISEAUX. 

Magaud  d'Aubusson.  —  Catalogue  raisonné  des  oiseaux  qu'il  y  aurait 

lieu  d'acclimater  et  domestiquer  en  France 1,  241,417,  573 

Lucien  Merlato.  —  Sur  l'élevage  des  Autruches  en  Algérie 65 

Comte   de    Montlezun.  —  Note   sur   les    Palmipèdes   Lamellirostres 

(Bernaches) 132 

Gabriel  Rogeron.  —  Croisements  de  Canards 308 

A.  Berthoule.  —  Les  fermes  à  Autruches 365 

D'  T.-C.  Winkler.  —  Sur  un  vol  remarquable  de  Pigeons  voyageurs.  452 

Créput.  —  Note  sur  l'élevage  de  l'Autruche  en  Algérie 497 


TABLE    DES   MATIÈRES.  615 

A.  Cretté  de  Palluel.  —  Note  sur  la  façon  dont  s'accomplit  la  mue 

des  rémiges  et  des  rectrices  chez  certains  oiseaux 534 

Gabriel  Rogeron.  —  Sur  la  mue  des  Canards 544 

La  Perre  de  Roo.  —  Les  Pigeons  voyageurs.    Les  voyages  d'aller  et 

de  retour 57(1 


TROISIÈME  SECTION.  —  POISSONS,  CRUSTACÉS,  ETC. 

H.  Bout.  —  Notes  pour  servir  à  l'histoire  des  aquariums 3(i 

C.  Raveret-Wattel.  —  Société  de  pisciculture  du  Cher 121 

—  L'appareil  Cliester  pour  l'incubation  artificielle  des  œufs  de  Morue..  193 

—  Pisciculture  à  l'École  pratique  d'agriculture  de  SainL-Remy  (Haute- 
Saône) 234 

—  L'établissement  de  pisciculture  d'Andecy 687 

Albert  Leroy.  —  Du  dépeuplement  et  du   repeuplement  des  rivières 

et  cours  d'eau  de  France 262 

A.  Bertholle.  —  Pêcheries  aux  îles  Loffoden 297 

A.  Lefebvre.  —  Pisciculture  dans  la  Somme 299 

Paul  Brocchi.  —  Note  sur  l'aquiculture  dans   le  quartier  maritime  de 

Marennes 313 

D'Henneguy.  —  Sur  une  nouvelle  maladie  des  alevins  de  Salmonidés.  430 

Certes.  —  La  cause  du  verdissement  des  Huîtres 459 

Noordoeck-Hegt.  —  La  pisciculture  à  Apeldoorn 502 

E.  Thomas. —  La  pisciculture  à  la  station  agronomique  de  Lezardeau 

(Finistère) 558 

QUATRIÈME  SECTION.'—  INSECTES. 

Alfred  Wailly.  —  Catalogue  raisonné  des  Séricigènes  sauvages  connus.  73 

Ch.  Mailles.  —  L'industrie  de  la  Cochenille  au  Guatemala 1-J2 

3.  Fallou.  —  Éducations  de  Bombyciens  séricigènes  faites  à  Champ- 

rosay  (Seine-et-Oise)  en   1885 198 

yjiGOT. —  Rapport  sur  les  éducations  de  Ver  à  soie  faites  pendant  l'an- 
née 1885 -. 331 

P.  C  AMBOUÉ.  —  Bombyciens  séricigènes  de  Madagascar 508 

CINQUIÈME  SECTION.  —  VÉGÉTAUX. 

Ch.  Naudin.  —  Sur  la  floraison  et  fructification  du  Jubœa  speclabiHs.  102 

P.  Zeiller.  —  Les  Orchidées  de  serre  froide -04 

Godefroy-Lebeuf,  a.  Geoffroy  Saint-Hilaire  et  Duval.  —Observa- 
tions sur  les  Orchidées  de  serre  froide -08 

A.  Paillieux.  —  L'Ananas  [Bromdia  Ananas) 319 

Raphaël  de  Noter.  —  Sur  quel([ues  arbres  à  fruits  et  plantes  officinales 

à  acclimater  en  Algérie i32 


616 


SOCIÉTÉ   >ATIO>'ALE   D  ACCLIMATATION. 


EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANXES. 


SÉANCES   GENERALES. 


8  janvier  1886 -iô 

_       — 51 


^      — 

5  février  — 

19      —  — 

5  mars  — 

19    —  — 


lUo 
173 
216 
-271 


2  avril  1886. 
16     —      — 
30     —      - 
14  mai      — 

28    —  — 


274 
337 
345 
351 

400 


SÉ.4.SCES  DU  CONSEIL. 


2  juillet  1886. 

20  août 

5  novembre  . . 


407 
455 

550 


SÉANCES   DES    SECTIONS. 


10  novembre  1885 55,  57 

8  décembre    —    58,   60 

16        —  -     1J6 

22        —  —     118 

5  janvier  1886 183 

13      -         -     \U 

19      —        —     186 

26      —         —     187 

2  février     —     188,  228 

10      —         —     


mars 


16  février  1886. 
23      —       — 

10 

16 


30    —        — 

7  avril       — 

13    —         — 


229       20    —        —     ., 


...      230 

. . .       231 

289,  2.t0 

. .       2-.^! 

, . .       292 

...      294 

358,  359 

...       359 

. . .       361 

...      363 


BIBLIOGRAPHIE. 

Aiii.  Bebthocle.  —  La  cité  chinoise,  par  Eugène  Simon 

—  Élevage  des  oiseaux  de  basse-cour,  par  E.   Lemoine 

—  La  Ramie,  par  A.  Fa\ier.  3*  édition 

—  Culture  pratique  des  Azalées,  par  Léon  Duval 

—  Mission  agricole  et  zootechnique  dans   le  Soudan   occidental,  par 


1-24 
190 
30i 
304 

413 

—  L'incubation  artificielle  et  la  basse-cour,  par  Voitellier 414 

—  Abrégé  de  géologie,  par  A.  de  Lapparent 461 

—  Jour^ujcet  rerues 128.  192,  240,  415,  464 

X.  Études  agronomiques  f  1885-1886),  par  L.  Grandeau 5G0 


Korper. 


FIN    I>E    LA    table    des    MATIERES. 


7794.  —  BOUBLOTON".  —  Imprimeries  réunies.  A,  rue  Mignon,  î,  Paris. 


New  York  Botanical  Garden   Librar 


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