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Full text of "Calendriers d'un bourgeois du Quartier Latin ..."

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I 



V 



CALENDRIERS 



D'UN 



BOURGEOIS DU QUARTIER LATIN 



CALENDRIERS 



D'UN 



BOURGEOIS DU QUARTIER LATIN 



Du i«' Janvier 1872 au 1«' Janvier 1888 



Par Henri DABOT 



De la Société de L*Hi9T0iHfi de Paris 



PÉRONNE 

Imprimerie E. Quentin 

Grande Place , 33 

1903 



r » 



PRECEDENTS OUVRAGES 



DE l'auteur 



SUR L'HISTOIRE DE PARIS 



Lettres d'un Lycéen et d'un Etudiant de 1847 a 
1854 (Révolution de 1848 et commencement du 
second Empire au quartier Latin). 

Souvenirs et Impressions d'un Bourgeois du 
QUARTIER Latin de Mai 1854 a Mai 1869 
(second Empire), 

Griffonnages d'un Bourgeois du quartier Latin, 
Mai 1869 a Décembre 1871 (fin de l'Empire et 
les deux sièges de Paris), 

Non mis dans le commerce. 



AVANT-PROPOS 



Je déclare réserver, suivant mon habitude, 
les écritures de cet opuscule à mes enfants, 
mes amis et mes plus chers collègues des 
différentes Sociétés littéraires ou historiques 
dont je fais partie, notamment et spécialement 
la Société de l'Histoire de Paris. J'agis ainsi 
parce que, comme je l'ai déjà dit en maints 
endroits, ces écritures contiennent sur diverses 
personnes quelques détails d'ordre privé 
auquels la publicité doit être épargnée. 

J'ai dû, bien malgré moi, parler d'assez 
nombreux faits politiques. C'était de toute 
nécessité. Comment en effet mettre en évidence 
beaucoup de petits faits de la vie journalière 



^■h.- 1. -'r:\-VmaesaamMmn 



— VI — 

sans rappeler ces grands faits politiques qui 
seuls les font comprendre et les précisent en 
leur donnant une date. 



Paris, le le^* Janvier 1903. 



Henri DABOT 



4u quartier latin^ en face dti Luxembourg. 



± STS 



/*■■ Janvier, — Après les désastres de 1870 et 1871, 
que sera cette année 1872 ? JVspère que Dieu nous 
l'accordera paisible. 

Je ne pourrais plus supporter une troisième sépa- 
ration de ma famille. Ma femme jure que, coûte que 
coûte, elle ne me quittera plus. 

4. — En ce moment, neuf heures du soir, il fait un 
ouragan effrayant ; les cheminées dégringolent ; les 
ardoises volent dans Tair. 

5. — L'ouragan continue ; il vient de bouleverser 
toutes les baraques élevées, place du Panthéon, à 
l'occasion de la neuvaine de Sainte-Geneviève. Un 
marchand a été blessé. 

0. — L'ouragan a été épouvantable dans le quartier 
de la rue Saint-Antoine. La croix du dôme de l'éghse 
Saint-Paul-Saint-Louis est tombée dans la cour du 
lycée Charlemagne. Il n'y avait heureusement per- 
sonne. 

— Hier, M. Jules Simon, ministre de l'instruction 
publique, est allé rendre visite, rue d'Ulm, aux élèves 
de l'Ecole normale. Il en a décoré quatre pour leur 

1 



lîoiitluile.pendaiil \ii guen'e, deux (Je lu c-roix d'honiiBUP, 
deux autres de la médaUle mililoire. Jules Simon qui 
aime i\ parler, parce (jue, somme loul.e, il suit bien 
parler, n'a pas manqué de proIlLer de l'occasion pour 
prononcer une allocution. Il n'y a pas nublié l'aumflnier 
de l'Ecole, 4'ubbé Bernard, dont i! a rappelé la déco- 
ration antérieure, gagnée sur les champs de balaille 
de Goulmiers. 



8. — On refait une tôle h la ville de Lille dont la 
statue se dresse fièrement sur la place de la Concorde, 
avec son i^pée sur l'épaule ; un boulet la lui avait 
enlevée le 23 mai 1871, pendant la lutte contre la 
Commune, .l'espère qu'on lui remettra ses papillottes 
et son chignon en nid d'oiseau. 

— Hier, mon confrère Vautrain, représentant du 
parti de l'ordre, a été nommé député, à Paris, dans 
une élection particulière. II est maire du quatrième 
arrondissement. Pendant le siège c'est lui qui admi- 
nistra le mieux sa mairie, lllrouva le moyen d'épargner 
aux ménagères ces stations terribles devant les bou- 
tiques de boulangera et de bouchers, stations qui, 
dans les autres arrondissements, furent mortelles pour 
tant, de Parisiennes. Lora de l'Insurrection, Vautrain 
fut arrêté par des partisans de la Commune qui furent 
prestement obligés de le relâcher, car la garde 
nationale du IV" se disposait à tomber sur eux. 

— Pendant la période électorale, le général Cremer, 
candidat, adversaire de Vautrain, vint, au Quartier', 
nous exposer son programme rouge. A la petite salle 
de la rue d'Arrus i! nous développa ses idées avec une 



remarquable éloculion. ce qui lui valul de gruinls 
applaudissements mais ne lui aurait peul-tHre pas 
valu aulanl de suffruges s'il eul mainleim sa candicla- 
Lure. Son étoile s'effaça volontairement et modeste- 
ment devant l'astre: yiclor Hugo, qui se porta 
candidat pour empêcher Vautrain d'arriver; mais il 
n'y parvint pas; il réunit cependant près de cent mille 
suiïi-ages, Vautrain en eut pr^s de cent trente mille. 
Paris s'est montré bien sage, bien genlil. L'Assemblée 
nationale va-t-elle l'en récompenser en rentrant dans 
ses murs qui lui font si peur ! 7'hnt t's thn i/ufiiiliiiv. 

11. — Le prix des cigares a augmenté. Il faul hi'las! 
payer les Prussiens. 

12. — Vers la Noël dernière, réunis à plusieurs 
camarades du siège, noua noua sommes régalés plus 
qu'il y a un an où nous avons cependant mangé 
du chien succulent. Après le dîner, un nommé Tourte 
nous a fait beaucoup rire en nous chantant ses 
réflexions abracadabrantes sur les singularités qu'a 
produiles en tout son être l'absorplioii de la viande 
de cheval. Il avait mangé du cheval militaire tué à 
Charapigny ; or quand il entendait la trompette d'un 
régiment de cavalerie il s'agitait en poussant des cria 
qui se rapprochaient des henniasemcnts. En allant un 
jour au cirque il avait eu toutes les peines du monde 
à se retenir et h ne pas sauter sur la piste. 

Un autre camarade, en souvenir des pâtés de chiens, 
nous a déclamé La leoretle en pal'lol du peintre humo- 
ristique Auguste de Châtillon. 

ChAtiiloo avait en horreur les levrettes arislocra- 
iigues et dodues, qu'on affuble de paletots ouatés, alors 
que tant de pauvres diables grelottent dans leurs 
misérablf» vestons. A leur vue des idées canicidei et 
culinaires lui montaient au cerveau : 




Vive Tourte ' ! Vive Châtilîon ! 

11 fauL bien rire un brÎD, le rire soiilienL le courage. 
Ce o'esL pas les mornsea sur lesquels il faille compter 
pour relever la palrtf . 

28. — C'est aujourd'hui l'anniversaire de la capi- 
tulation (le Paris. Tous les cœurs sont en deuil ; ce 
n'e.st pas seulement le passé, mais surtout l'avenir qui 
les angoisse. Ça ne va pas très bien ù. l'Assemblée 
nationale. Les membres de cette assemblée taquinent 
perpétuellement le Président de la République. 1! est 
vrai qu'il est bien latillon, bien volontaire, et que les 
motifs de querelle naissent à chaque instant, un peu 
par sa faute. Car M. Thiers n'est pas un président de 
république ordinaire ; il parall continuellement ii la 
tribune, parle, pérore, discute ; enfin, ily a huit jours, 
l'Assemblée lui a donné tort sur une question d'impôt. 
Il a pris la mouche et a envoyé sa démission. C'était 
le 20 janvier dernier; quel émoi dans tout Paris! 
presque tous les membres de l'Assemblée se sont 
transportés chez lui, à la préfecture de Versailles, en 
disant qu'ils ne voulaient pas accepter celle démission. 
Mac-Mahon est venu également au nom de l'armée le 



1 Poitiet d'Aiiguite dt Châtittoii (librairie du Pelil Journal). 
— AngDHte de ChAtillan éMK ua excellent ]>eiutre mnotmortcola 
(lUi a déHcieuHQmeDt vtuuiU les deroiers moulins do Montmartre 
et notBiumBut le •< Moulin de la, Galette *. 

* Tourte était iiu négocinnt qui tournait admirableaiont le 
eonplet. Je n'ai pu retrouver «es poâsiea humnri8tii]ue« qui ont 
été imprluiâes. 



— 5 - 

supplier de la reprendre. Enfin Adolphe a bien voulu 
céder. 

Ici, quoiqu'on n'aime pas rassemblée de Versailles 
(jui ne veut pas rentrer à Paris, on trouve cependant 
(|ue M. Thiers lui jette trop facilement son tablier à la 
tète comme une cholérique cuisinière qui, ue pouvant 
supporter d'observations, jette le sien au nez de sa 
maîtresse. 

3 Février 1872, — Paris souffre beaucoup d'être 
pour ainsi dire décapitalisé, puisque la Chambre siège 
à Versailles. Hier, Vautrain a supplié les députés de 
revenir à Paris. Ils ont refusé catégoriquement ; ils 
sont encore trop montés contre Paris qui a tant fait 
peur à la France. Nous jouissons cependant ici du 
plus grand calme et le ministre de l'intérieur, 
M. Casimir Périer, qui, après tout, sait bien à quoi 
s'en tenir, a dit à la Chambre qu'elle pouvait, sans 
inconvénient et sans crainte, revenir à Paris. 

— La Banque se décide à émettre de petits billets 
de cinq et de dix francs pour obvier à l'absence de 
monnaie. On nous promet les billets de cin(| francs 
dans quelques jours. 

16. — Aujourd'hui la Cour d'assises a siégé dans 
l'ancien local des appels de police correctionnelle qui, 
dans l'incendie du Palais, a moins souffert que la 
grande salle des assises Les armes impériales, les 
innombrables abeilles dorées ont disparu; les murs 
sont peints en vert pour la plus grande conservation 
des yeux de la magistrature et du barreau. 

17. — Le père (iratry vient de mourir; on Ta enterré 
au cimetière Montparnasse. L'Ecole polytechni([ue 
avait envoyé une députation pour honorer la mémoire 



de l'illustre camarade. M. Nisard a pronoiicû l'adieu 
au nom de l'Académie françuise. 

18. — Aujourd'hui dimanche, sur le boulevard 
Saint-Michel, invasion de bicornes. Les Polytechni- 
ciens ont quitté leurs képis de guerre et réarboré 
leurs chapeflu.v. Ils se sont bien comportés pendant 
le siège, ces grands garçons, Trois des leurs ont été 
tués L reiinemi. On ne les oublie pas et demièrement 
l'Ecole a fait eéléhi'er pour eux un service funèbre à 
Saint-Etiaoïie-d u-Mon I . 

22. — Hier, mardi 31 février, l'Odéoi] était, bariolé 
d'afflchos portant en grosses lettres ces deux mots : 
Auy Blnu. Pendant tout l'Kmpire les étudiants avaient 
en vain réclamé ce spectacle. Le gouvernement avait 
toujours refusé et pour cause, car c'était pour faire 
du tapage à la fameuse scène des ministres que ces 
gredins d'étudiants hurlaient sans cesse: Ru'i Blas. 
Ruij Blas sur le boulevard Saint-Michel et autour de 
l'Odéon. Lafontainejoue le rôle de Ruy Blas, Méhuguo 
celui de don César de Bazan et M'"' Sarah Bernhardt 
celui de la Reine. 

27. — On a arrêté, puis relâché un chiffonnier pour 
avoir payé une consommation avec une pièce de cinq 
francs, jugée fausse à cause de son aspect fort 
étrange. Il prouva qu'il l'avait trouvée dans des gravoîs 
provenant de maisons incendiées pendant la Commune 
ot déposés dans un teirain vague du Lu.\embourg. 
Ilenadéterrépnsmal toutes plus ou moinsdétérioriées 
par le feu. Il n'y avait rien b. lui dire, car il est impos- 
sible de savoir à qui ces piècus appartiennent; c'est 
aujourd'hui ces nullius. 

2y. — Plusieurs fois je m'étais demandé nii reposait 



l'aumilnier Allard, assassiiiii en mèioti temps ([Ue 
rArchisvéciue eL le président Bonjean « la prison de 
la Roquette ; je pensais très souvent A lui. piirce que 
je l'ai connu avaiit la guerre. Il i^tait venu me de- 
mander un conseil et j'avais longtemps causé avec lui. 
J'apprends avec satisfaction que son cadavre, tout 
d'abord inhumé dan-s lu fosse commune du cimetière 
Montparnasse, vient d'en être retiré par son cousin 
le p.uré d'Andrézé, pr^s Beaupréau, et enterré au pied 
de la grande croix du cimetière de ce village. 

La dépouille de cet abbé patriote qui, le 19 jan- 
vier 1871, prodiguait ses bons soins aux gardes 
nationaux sur le champ de bataille de Buzenval, qui 
plus tard avait l'honneur de tomber îicûté des grandes 
victimes, n'aurait dû jamais quitter le sol parisien, 
surtout celui de la rive gauche où il exerça son apos- 
tolat auprès des misérables. Quel sanctuaire n'en eut 
pas été honoré I Mais persorrne ne songea k oe pauvre 
diable de prêtre, si modeste, si humble, si dénué de 
tout, espèce de Benoit Labre du clergé, l'ami des 
pauvres gens du quartier Sainl-Sulpîoe. 

Assis un jour sur un banc de la place Saint-Sulpice, 
auprès d'une pauvresse, j'appris d'elle (jue le père 
Allard, comme elle l'appelait, était tombé entre les 
niains des fédérés parce qu'il était allé naïvement leur 
proposer d'assister, sur le champ de bataille, ceux 
d'entre eux qui viendraient à tomber. 



3 Mars 1X72. — On fuit faire l'exercice aux jeunes 
lycéens. Louis-le-Grand, Henri IV et Saint-Louis ont 
reçu, chacun, cent cinquante ohussepots, un peu plus 
petit* que les chassepots ordinaires. 

15. — Vendredi, j'ai détendu au 19" conseil de 
guerre siégeant à Versailles, N., un e.xceilenl ouvrier. 




Pendftiil le siège, U avail fait partie du 15Ô" baLaill(î( 
de la garde nationale ; la Commune déclarée, il av^ 
cherché k se metlre à l'écart; mais son capita'" 
communard, l'ayant rencontré, lui intima l'ordre ( 
rejoindre son bataillon au Moulin Saquet ; il fallut ob^ 

Dans ce bataillon se trouvaient heureusemenl b« 
coup d'autres hommes enrôlés malgré eux ; li 
ils st! refusèrent h. marcher et déposèrent leurs tu-nl4 
il la porte de RomainviUe. Ainsi désarmés, un pow 
de Prussiens lesfîlprisonniersetieslivraau35"deligI 

Après avoir raconté celte curieuse odyssée, je tire 
de la conduite du 156' bataillon, la conséquence que H 
n'avait pn porter les armes contre Versailles. Les r 
seignemenlssurk moralité de l'accusée tan tej 
et, sa physionomie étant très heureuse, je lui saiâ 
inopinément la tète et la faisant virer à droite eli 
gauche, je dis au conseil : ■( Voyons, est-ce qu'il a un 
tôte de communard ? >• Le conseil se mit it rire f 
acquitta le pauvre garçon. 

16. — En conformité d'une décision de l'AssemblÔ 
nationale, on vient de placer, dans le transeptsud dek 
cathédrale, deu.\ plaques de marbre sur lesquella 
sont gravés, en lettres d'or, les noms des victimes «T 
la Commune. Ces plaques sont très simples et sembla 
se dissimuler aux regards pour ne pas attirer les veij 
geances de la première Commune à venir. 

17. — En ce moment, exposition à l'Ecole daj 
Beau.^-Arts, des lableaux et dessins ' de Henri Rftj 



1 H ayiiit tnnt île fiioililé pniir dessiner ijn'il deMinai 
uiinna ik la Tais, Les lieillea gêna bb rugipotlcob oaanrc i 
il In omis HiTT 1b» trottinrH du Ci)116ge de J?n«iue. don 
Ët»it l'im des pliu dÎHtiuKixSa profeMOure ; je mo i-up[»cllQ { 
ddtaiU puur les Avoir lu» il y a liien lougbciups dnns iiuo broulm 
de H. Henri UailliËro, ibuii d'eutlnnoe do Hsuci Rogmault. 



~ 9 — 

^ gnault ; on s'y étouffe. Tout le monde, en eflet, y 
accourt pour honorer non pas seulement l'artiste, 
mais encore et surtout le patriote tué à Buzenval. 
J'ai revu avec grand plaisir, mais surtout grande 
émotion, des peintures et dessins que j'avais grande- 
ment admirés, lorsque j'étais étudiant. J'étais en effet 
ami du frère aîné de Henri, et en cette qualité j'avais 
vu plusieurs fois les œuvres du jeune artiste. 

20. — M. Dolbeau, un des plus brillants professeurs 
de la Faculté de médecine, devait ouvrir son cours ce 
matin. Les étudiants n'ont pas voulu le laisser parler. 
Ils criaient : « A bas le dénonciateur I » Ils prétendent, 
en effet, qu'il a livré à l'armée de Versailles « un 
fédéré » soigné par lui à l'hôpital Beaujon. Ce fédéré 
aurait été passé par les armes. M. Dolbeau n'est pas 
commode aux examens ; c'est probablement les cancres 
refusés qui ont accueilli avec joie cette stupide his- 
toire. M. Wurtz, le doyen, venu au cours de M. Dol- 
beau, lui a serré la main et a quitté l'amphithéâtre en 
lui donnant le bras, puis il est rentré parler raide aux 
étudiants en leur reprochant de faire continuellement 
du tapage. La cour de l'Ecole était pleine de monde. 

Remarque à faire : ce n'est point par esprit com- 
munard que les étudiants agissent ainsi, car jamais 
l'Ecole de médecine n'a pactisé avec l'insurrection; 
ce sont des étourdis qui accueillent avec trop de 
facilité et inconsciemment un bruit infamant pour un 
homme qui leur déplaît. Ils ne se doutent guère de 
la gravité de leur conduite. 

23. — Les mêmes avanies ont été prodiguées 
aujourd'hui à M. Dolbeau; il n'a pu continuer son 
cours. Le reproche est ridicule ; aucun fédéré n'a été 
exécuté à Beaujon I 






— 10 — 

24. — A la grille de l'Ecole de médecine le placard 
suivant vient d'être affiché : « Les cours et les examens 
de la Faculté sont suspendus. Une affiche ultérieure 
fera connaître la date de la réouverture. » Voilà les 
étudiants bien avancés. 

25. — J'ai plaidé aujourd'hui, à la b*" de la Cour, 
une affaire qui m'est arrivée d'une bien drôle de façon. 
Dans la nuit du 18 au 19 janvier, mon 21^ bataillon 
faisait partie de la petite armée de réserve, que Trochu 
avait réunie au Palais de l'Industrie, pour soutenir au 
besoin la poussée vers Saint-Gloud. Pas la moindre 
lumière. 

J'étais étendu tout de mon long sur le parquet du 
premier étage, au milieu de mes camarades couchés 
comme moi. 

Derrière nos têtes s'alignaient d'autres têtes appar- 
tenant à un autre bataillon. 

De la bouche d'une de ces têtes j'entendis lamen- 
tablement sortir ces mots : « Pauvre Gonesse ! » Je 
m'écriai •: « Camarade, qui soupirez, seriez-vous de 
Gonesse ?» — « Mais oui. » — « Savez-vous ce qu'est 
devenu M. B..., un gros meunier? » — « Présent, 
crie une autre tète. » — « Ah ! par exemple ! » — 
« Oui, c'est moi, Maître, je profite de l'occasion pour 
vous dire qu il y a un rude branle-bas dans la ban- 
lieue ; que de difficultés, que de litiges en perspective? 
allez ! les Prussiens travaillent pour vous ; si j'ai un 
procès je vous l'apporterai. » — « Bon, j'en prends 
acte. » 

Juste un an après, au mois de janvier dernier, je 
vois arriver M. B... dans mon cabinet. « Eh bien, me 
dit-il, je vous l'apporte le procès que je craignais et 
dont je vous entretenais dans la nuit du 18 au 19 jan- 
vier 1871 ; je l'ai gagné à Ponloise ; mon adversaire 



— il -- 

en appelle ; j'espère que vous me le gagnerez à la 
Cour. » Je Tai gagné aujourd'hui, ce qui ne fut pas 
bien difficile. 

Morale : Pour attraper des affaires, il n'y a rien de 
tel que d'aller dans le monde ! 

26. — Avec son Iluij Blas, l'Odéon fait en moyenne 
6.000 francs par soirée. 

28. — Avant-hier 26 mars, le 4® conseil de guerre a 
condammé à cinq ans de bannissement Boquet, un 
ancien maire du cinquième arrondissement qui a tou- 
jours passé pour exalté, mais nullement méchant. 
Notre maire actuel, M. Vacherot, vint déclarer qu'à 
son avis Boquet n'avait jamais pactisé avec la Com- 
mune. M. Guilhen, commissaire spécial des chemins 
de fer, ajouta que Boquet lui avait rendu un grand 
service, quelques jours après le 4 septembre, en 
l'arrachant des mains de gardes nationaux qui voulaient 
le mettre en prison tout simplement en sa qualité de 
commissaire de police. 

31. — C'est effrayant le nombre des appartements 
à louer ! Paris, surtout dans le quartier du Luxembourg, 
où les familles viennent loger de préférence, est 
abandonné lamentablement. Mais jamais Paris ne sera 
plus tranquille. L'insurrection est complètement 
vaincue. La populace de Paris voudrait-elle se révolter 
qu'elle ne le pourrait pas ; le bon peuple ouvrier ne la 
suivrait pas. Il a fallu un concours de circonstances 
inouïes pour que la révolte ait pu avoir tant de puis- 
sance : d'abord une masse d'armes entre les mains 
des bataillons de la garde nationale formés depuis le 
4 septembre, puis l'indigation, quelque peu explicable, 
contre l'incurie et la mollesse des gouvernants du 
4 septembre qui s'étaient présentés pour sauver la 
patrie et n'avaient rien du tout sauvé. 



— 12 — 

i^' Avril 1872, — On vient de démolir, en partie, les 
affreuses baraques qui déshonoraient la place trian- 
gulaire de Saint-Etienne-du-Mont et tout à coup a 
surgi par derrière une curieuse tour en bois qui pro- 
bablement servait de cage d'escalier au collège de Fortet, 
fondé rue des Sept- Voies par Pierre Fortet, chanoine 
de Notre-Dame. En 1578, Watin, prêtre du diocèse 
de Noyon, principal de ce collège, y fonda à son tour 
deux bourses pour les enfants du village de Curlu, 
son pays natal. Ce village, près Péronne, faisait 
également partie du diocèse de Noyon. 

Cette tour gothique, très élégante quoique très 
simple, est surmontée par un grand carré plus large 
que la tour elle-même. On m'apprend que ce grand 
carré est connu sous le nom de chambre de Calvin. 
C'est là où, suivant la tradition, résidait Calvin, héré- 
siarque en herbe, quand le collège fut entouré par les 
envoyés de TUniversité pour s'emparer de lui. Prévenu 
à temps, il s'enfuit et s'esquiva du collège, puis de 
Paris, sous les habits d'un pauvre ouvrier. Calvin, 
probablement, résidait dans le collège de Fortet 
parce que le principal Watin était son compatriote 
picard. 

6. L'Assemblée nationale prend quelques vacances. 
A ce propos Y Officiel dit que pendant ce temps, 
M. Thiers, quoique ne quittant pas sa résidence de 
Versailles, recevra à l'Elysée et y donnera quelques 
dîners. Enfln, c'est un tout petit pas, mais un pas pour 
le retour du gouvernement à Paris \ 



* Dans 868 Petit8 papiers^ 2' série, 1871-1875, Hector Peesard* 
l'ancien rédacteur en chef du iSoir, puis de la Petite Mépubliquei 
a lait une description fort amusante des réceptions do M. Thiers 
à l'Elysée : « A onze heures et demie il s'enfuyait pour ne pas 
rentrer trop tard à Versailles et ne pas faire croire qu'il découchait. 
Ces réceptions étaient ouvertes, aussi la Diplomatie, les Corps 



— 18 — 

14. — Hier soir 18 avril, M. Thiers a donné sa 
sreconde réceplion qui a été des plus brillantes. Les 
gros bonnets du palais ont été tous invités. M. et 
M'"*^ Thiers ont fait des débauches d'illuminations. 

15. — Les cours ont repris à la Faculté de médecine. 
Celui de M. Dolbeau a été tranquille. L'enquête à 
Beaujon a dû lui être favorable. Cependant après le 
cours certains individus Tout sifflé au moment où il 
montait en voiture ; mais beaucoup d'étudiants sont 
accourus et ont violemment protesté. Alors la voiture 
de M. Dolbeau s'est mise triomphalement en marche, 
au milieu d'applaudissements frénétiques*. 

17. — Par suite de Tincendie de l'Hôtel de Ville, 
notre région est devenue pour ainsi dire le centre de 
la vie municipale, car le palais du Luxembourg abrite 
le Conseil municipal et les bureaux de la ville. Quant 
au préfet il réside au petit Luxembourg dont les appar- 
tements sont aussi gracieux que riches. Lundi dernier 



politiques, l'Armée^ lu Magistrature accouraient moins pour 
avaler les quelques sirops, offerts par M"* Thiers, que pour se 
griser de la conversation, vraiment enchanteresse, du chef de 
l'Etat. Tout lui était familier et il causait sur tout d'ime façon 
étintelante ce petit homme. » 

1 Néanmoins, la stupide calomnie, inventée contre M. Dolbeau, 
s'est conservée dans les souvenirs de beaucoup de Parisiens. Le 
12 mars 1892 Séverine la reproduisait dans V Eclair, Sur une 
lettre de protestation des iils de M. Dolbeau, décédé, Séverine se 
rétractait loyalement en disant : Pendant quHl en est temps cneorej 
il faut reviser l'histoire. En mai 1896 Lissagaray fit paraître son 
Histoire de la Commune et réédita l'absurde fable. Uu jugement 
du Tribunal civil de la Seine, confirmé par un arrêt de la Cour 
d'appel du 12 novembre 1897, fit défense k l'éditeur Fayard de 
mettre le livre en vente sous une astreinte de dix francs par 
chaque exemplaire incriminé. Ce jugement, confirmé par la Cour 
s'appuyait sur ce fait qu'ime enquête, régulièrement conduite, 
avait réduit h néant les allégations avancées contre M. Dolbeau. 




15, il y a donné uue briltunte réceplion. Lsi rue de 
Vaugirarri, plus hnbiLuAeftiix If^n^hres qu'aux liimif^res, 
éLail touL l'-tonnée de se voir si bien illiimini^e. Les 
vieilles araigni^ea" des deux rues Garancinrt- pL Ser- 
vandoni s'eiifuyaienl. époiivanUies. 

20. — Depuis le mois de novembre dernier, au 
grand effroi des bons bourgeois, des explosions loni- 
Lruantes licJatent dans la rne Saînl-Jacques, à la porle 
des maisons. On n'a pu mettre la main sur les coquins 
ou peut-être seulement les farceurs qui se peimeLlent 
de pareils attentats ou plaisanteries. Mais on vient 
d'arrêter deux malandrins qui faisaient lu mi^me chosi^ 
dans le quartier Roohechouart , Ils ont, dit-on, des 
relations avec les Prussiens. Mais dans quel but 
agissent-ils ainsi ? Pjst-ce pour entraver tout oommereni 
et réduire Paris au désespoir? 

32. — Le Quartier est en proie à une grandii 
émotion. On raconte que ce matin un mari a surpris 
sa femme dans un logement d'étudiant, rue des Ecoles, 
au coin de la rue des Bernardins. Le jeune homme, 
M. Sylvain, s'est enfui par une fenêtre et a sauté du 
balcon de nette fenêtre sur le balcon de la maison 
voisine. La malheureuse, ainsi abandonnée, fut 
poignardée par son mari. Elle s'échappa de ses mains 
et se réfugia sur Je balcon de la chambre ; de lu. toule 
couverte (le sang, elle appelait à son secours. C'étail 
un spBcIncle épouvantable. 

25. — La femme poignardée esl k la Pitié où elle 
souffre horriblement; elle ne parle que pour demander 
pardûn h son mari, M. Dubnurg, C'esi un homnip 
jeune encore et appartenanl an meilleur monde, 
comme sa femme du reste. 




2K. — M'"" Diiboui'g psI moric ilaiis it.w sPulimenlH 
du phiB profoTii] i-ppeiitir. Mnlj^ré qu'on eflt wiché 
l'heure du service à la chapelle de k Pilié, une foule 
considi^rabie l'Liit rassemblée devant «ne pelile pnrie 
pur laquelle devait sorl.ir le convoi. I/infovMinêe fut. 
conduite au cimetière d"Ivry, l'ancien champ ûù navets. 

39. — M. Duboupg a élé arrôf.é, 

30. — Généralement on trouve honteuse la oonduile 
de M. Sylvain qui s'est sauvé et a laissé la femme 
sans défense ; cependant quelques personnes foni 
observer que ce jeune homme s'est enfui afin de ne 
pas exciter, par sa présence, la colère du mari ; que np 
n'était pas de sa part une si grande lâcheté de s'enfuir 
dans ce but, alors qu'il lui fallait sauter sur le balcon 
de la maison voisine situé au cinquième, au risque de 
le manquer et de s'écraser sur le pavé. Il est de fait 
que Léotard le Toulousain n'a jamais essayé un saut 
aussi effrayant et aussi dangereci. ' 

tO Mai 1872. — M. Hennau, ancien président de 
chambre h la Cour d'appel de Colmar, vient d'être 
nommé conseiller à la Cour d'appel de Paris ; c'est 
justice. La plupart des magistrats de la Cour d'appel 
de Strasbourg et de Colnuir ont élé replacés dans 
celle de Paris. 

11. — Aujourd'hui, au Salon, contemplé avec onction 



< J'aiTaiH l'intention 
triste il est Trai, mnie 
j'iil om devoir lec cou 
i dâpnrC de 



edéohirer oesnnCea, rappel nnt un faut fort 
i ordinaire, si banal I Apr^B mflre F$floxii>n. 
eïver. car Vatfnire Dubonrg fut le pnint 
Q diBQUgaion entre Alexiuidre Dumna file, 
itde netiibreii:c 



— IS - 

juaqti'fi In laiLlcme d'unt" fayon niPrviMlIfuwt*, presifue 
arlistique. Lps fihm'pPiiLiérs vnnl, vieiinenl dnns <iës 
Rchataiidages jeLi^s (Inns les airs. IIr mnntenf, gfimpeni 
allÈgremenl. les poches de leurs larges pantalons de 
velours pleines de leurs outils. Bravo les habiles, les 
ngilps compagnons ! 

i4. — Grande afiluence au Palais. En Cour d'assises 
comparait, M. Duboui'g, assisté de M'' Garraby. En 1^ 
voyant s'asseoir sur le baiio dps accusés tout, le monde 
s'écrie :,<• Oh 1 le bel homme. ■> (Test le lot des beaux 
hommes d'être beaucoup Iporripès et la consoltil.inri 
des vilains dfe rfil.re beaucoup moins. Il a de 35 ft 
40 ans. 

Pas de crêpe à son chapeau. 

Déclaré coupable et condamné à ciii(.[ ans de prison, 
il semble atteint de fotie et crie: " Cinq ans, cinq 
ans ! B finalement il s'évannUit. On lui met sous les 
narines un flacon d'éther ; se ranimaiil, il saisit le 
flacon et s'efforce d'avaler l'éther ; on parvient à. le lui 
arracher des mains, c'est une scène épovivanl aille '. 



(■etcle da eut enfer, dit en giasaïuit prfiH de Virgile et de DonUt . 
" AnuHir noue a rondiiU» à la tiihiie inorl .' le cfi'ele de CUiti 
allend «Itti ifuf noua tita là-Kaitt. à 
hh cercle do (juto, celui dea hoiËIptâcB, oAt le dernier, le 



■ii-il de tîUL't 
I bataillon ' 



18. — AviLtir-hiiir j"ûi pluiili' (tu i' c 
pour N.. ancien sergent-major dans 
fi^dérés. J'ai pu. seulement avant l'audier 
le dossier au greffe fie ce 4'oonsoilde guerre. Comme 
lous les autres greffes des conseils siégeant à Ver- 
sailles, il se trouvait dans uue des salles du musée. 
Ka levant les yeux de dessus la table où je feuilletais 
les pièces, je vis juste au-dessus de ma tête un tableau 
représentant l'entrée de Napoléon I" ii Berlin, le 
27 octobre 1806; je fus pris d'une vive émotion. 
Hélas ! quel changement dans les destinées de la 
France ! 

« Mon r^lonel, dit N. au président du conseil de 
guerre, j'étais dans mon bataillon considéré comme 
un honnête homme et voild pourquoi je fus nommé 
sergent-major ; beaucoup d'argent passait, par les 
mains du sergent-major; c'est lui qui faisait la paie 
aux hommes et à leurs femmes. J'acceptai, jefafoue, 
avec empressement cette fonction qui me mettait une 
sacoche dans les mains et m'en retirait te fusil; oh! 
mon colonel, que le flisil me faisait peur. J'avais deux 
frères officiers et j'avais tout lieu de craindie ([u'ils 
ne fussent dans l'armée de Versadle-^ « 

Les officiera étaient émus et se liraiilaient durement 
les moustaches. Je ne dis que quelques mots pour 
compléter la bonne plaidoirie de mon client el nous 



neiiTiSmo, le plus affreux ! C'est dans ce dernier lerole ii4i> Diint 
par la bouche de FronoeBOa, pUnio elle-mSune lunia dnuti < 
earele moiiig terrible, mnrc)UO par aFanva la plaae dn ma 



AnioT toaéatae noi ad loia morte 
Caiiui Mtende ehi nilit ci apenie 
GrAee h l'InteuvantlDn d'Alexandre DumnR, jamiii 
de femme adultère n'mit pliia de letentiafiement que 
M"' Dutioiirg. A rpuiaripisr " .... 






eiilcul Diilmi 



- -0 - 

eûmes lin iic.quîllemenl. Aprt'S rnudierice j'allai pré- 
senter mes honimuges aux membres du codseil de 
guerre. Le coluiiel me dit : « Vous n'avez nulle raison 
de me remercier pour l'acquittement, de voire client, 
car ce n'est p«s moi qui l'ai acquitté : ce sont tous ces 
jeunes gens, » el ii me montrait, avec un cerlain 
dédain, les membres du conseil de guerre sauf un 
vieux grognard comme lui qui était h ses c6l.és. Les 
jeunes se mirent a rire des objurgations du vieux 
coin el me donnèrent des poignées de main. 

24 — On rafistole et embellit le piédestal qui ae 
trouve dans notre petit square Monge et sur lequel 
on avait placé, il y a deux ans, la slalue de Voltairp. 
Après le 4 septembre. Voltaire, Iransporlé place du 
Prince Eugène, remplaçaleditprince sur son piédestal. 
Mais ce piédestal étant deux fois plus haut que celui 
du square Monge, Voltaire n tout h fait l'air d'un singe 
accroupi. On va le remettre sur son ancien trône de la 
rue Monge. Il faut espérer que Voltaire ne se sera 
pas enrhumé dans ce double trajet d'autant plus qu'il 
est fort peu velu. Si Houdou avait pu prévoir tous 
ces voyages, il lui aurait mis son fameux bonnet el sa 
bonne robe de chambre au lieu de ce costume de 
fantaisie qui couvre à peine son pauvre corps décharné. 

28. — Le président du Tribunal civd, M. Benoît- 
Champy, est mort d'un cancer à l'estomac. 11 avait été 
nommé par l'Empereur h ces hautes fonctions parce 
que sa femme était quelque peu parente des Tascher 
de la Pagerie. C'était un bon magistrat, mais archi- 
froid et nllra-sérîeux. Un jour, dans une plaidoirie, je 
me permis une très légère plaisanterie ; il m'arrêta Bn 
avançant les bras comme s'il voulait m'exorciser. Tous 
les juges, heureusemeni, ne sonl pas ennemis d'un 
peu de gaité. 



— 21 — 

29. — Avanl-hiei' le 3" conseil de guerre, a condamné 
à ia poine de mort, pour complicité, dans le massacre 
des otages, un jeune homme de vingl. ans, très connu 
au Quartier: Dacosta, ancien secrétaire de Raoul 
Rigault. L'amitié de celui-ci le perdit. Dès avant le 
siège il était toujours avec lui, si bien qu'on l'appelait 
le chifiri de. Raoul HigauK. 

M. Chevallier, le directeur du i;ranrf /our li bachots 
de la rue des Fossés-Saint-Victor, vint dire à la 
décharge de Dacosta que celui-ci lui avait fourni des 
laùsez-passer pour les grands jeunes gens de son 
école. M. Colin, adjoint «otuel du cinquième arron- 
dissement, et d'autres ajoutèrent qu'ils lui devaient 
leur stilut ; mais le conseil prononça néanmoins la 
peine de mort, parce que tous ceux, qui se rat.t.achent 
pur le moindre lien h la personnalité de Raoul Rigaull, 
inspirent une indicible horreur. 

Mais il ne sura certainement pas exécuté, x 

l" Juillet 1872. — Obsèques de M. Benoil.-Ghampy; 
pas de discours. I! a recommandé de ne pas en faire 
ÎL son enterrement. Il a bien fait. Les discours funèbres 
sont dangereux ; combien de gens qui n'étaient pas 
tout à tait morts et que les discours ont achevés I 

— En fouillant le sol près de la tour septentrionale 
de Notre-Dame, pour y placer des tuyaux à gaz, on a 
mis à découvert les fondations d'une ancienne petite 
église. Sain t-Jean-le- Rond, qui s'accrochait pour ainsi 
dire à la cathédrale, el qui ne fui détruite que quel- 
ques années avant lu Révolulioii française. Sur les 
marches de cel humble sanctuaire fui trouvé un jeune 
enfant qu'on baptisa dans i'égliae même, et qu'on 
appela Jean Lerond; mais lui prit le nom de d'Alem- 
bept. 

On a également découvert au pied de la (our, sous 

X cfi/,.^^_/S^^^ .; . 



la rue du CloiLre, d'éngrniGS masaifs (Je maçonnerie 
qui servent, de conLreforls à cette lour- 



7. — Le 6" conseil de guerre a, par contumace, 
condamné à la peine de mort un anciun membre de la 
Commune, Jules Vallès, rédacteur du Cri du Peuple. 
Le grand motif de cet. te condamnât ion fut son vole de 
la loi des otage». 

13. — M. Aubépin a été nommé presidont du Tri- 
bunal civil de la Keine, ea remplacement fie M. Benoit- 
Champy. 11 était avocat général ii la Cour de Paris el 
attaché à in première chambre. Le choix est tr^s 
heureux, car M. Aubépin connaît ailniiriihlcnieiil la 
pratique des affaires. 

14. — Nous venons d'avoir une crise. M. Thiers 
aurait bien pu être renversé du pouvoir, ciir dans un 
discours A la Chambre, le 12 juillet, avant-hier, il a 
dit': « Messieurs, vous nous awez donné u»e forme de 
gouvernement qu'on appelle la ItépubUque. » Sur oe. 
mot la Gbambre devint houleuse ; divers membres lui 
crièrent avec rage : « 11 n'y a pas de forme définitive' 
du goavernement, lorscfu'à Bordeau.v on n <'n[isli(ut; 
le pouvoir eséculif en voire faveur, la forme du i^-ni- 
vernement a été complètement réservée. " M. Tliiers 
a eu toutes les peines du monde à se lin-r de cl' 
manvois pas. 

16. — Hier. In Chambre a iipprouvé un projet de 
loi aulorisanl le ministre des finances à emprunter 
Irois milliards pour payer les Prussiens. 



20. — La sousoi'ipliun i 
Lundi 29 juillet. 



it llxéc aux ditnanchd 28,e( 



— 23 — 

23. — Orage épouvantable, la fpudre a Lue un 
étudiant rue des Postes. 



24. — Chaleur torride. Un couvreur est tombé d'un 
toit où il avait été frappé d'ii?solation. I>es bâtiments 
en construction sont désertés par les ouvriers qui, ne 
pouvant pius supporter la jchaleur, vont s'asseoir sur 
les ^erges de la Seine. Ils n'ont garde de prendre des 
bains, car l'e^u du jQieuve est chaude .comme celle d'un 
bain chaufl'é h 36 degrés. 

28. — Queues formidables dans tous les endroits où 
l'on peut souscrire à l'emprunt, notamment aux mairies. 
Celle de ma mairie semble un serpent gigantesque 
aux anneaux ondulants. 

30. — L'emprunt a été couvert douze fois. Les 
étrangers ont souscrit pour un milliard. 

Certains imbéciles, en se frottant les mains, disent 
avec un sot orgueil : « Bismarck aurait pu nous 
demander bien plus. » Ils ne se rendent pas compte 
•que la France, obligée tous les ans de payer aux 
souscripteurs l'intérêt de ce qu'ils lui ont avancé, est 
dans la nécessité d'augmenter formidablement ses 
impôts. Dieu veuille que son agriculture et son in- 
dustrie n'en soient pas écrasées ! 

31. — Nous avons nommé bâtonnier M" Lacan. 
M*' Rousse, bâtonnier sortant, lui a dit: « Je vous 
souhaite, cher confrère, des années plus heureuses 
(jue celles de mon bâtonnat. » Lacan lui a gentiment 
répondu : « Je suis inquiet du fardeau mis sur mes 
épaules, surtout que je succède à un confrère bien 
difficile à remplacer, qui a fait revivre sous nos yeux, 



— 24 — 

sans qu'il y ait à en détacher un seul trait, le noble 
caractère que peint le poète : 

« Justum ae lenaeem proposili viruiHf 
Non eivium ardor prava Jubenlium, 
Non vulttts instantis tyrannif 
Mente quatit solidâ, >^ . 

6 Août 1872, — Le bruit se répand dans le quartier 
(lue M. Delaunay, directeur de l'Observatoire, aussi 
savant que Leverrier, son prédécesseur, mais plus 
doux, a été emporté par une lame dans la rade de 
Cherbourg. 

7. — Les Débats confirment la mort de M. Delaunay. 
Son corps a été retrouvé sur la côte d'une petite île, 
située à quatre kilomètres de Cherbourg. Une saute 
de vent avait fait chavirer l'embarcation sur laquelle 
il était monté avec un ami et deux matelots Tous ont 
disparu. 

Dans une de ses poches on trouva un portefeuille 
avec 1.100 francs en billets de baîujuo et une carte 
portant le nom de M. Delaunay, membre de l'Institut, 
directeur de l'Observatoire, officier de la Légion 
d'honneur. 

C'est un deuil général, car il était d'une modestie 
et d'une bonté extrêmes. 

1). — Service très simple à Saint-Jacques-du-Haut- 
Pas pour les obsèciues de M. Delaunay ; comme ten- 
tures un simple drap noir avec une croix blanche, 
derrière l'autel ; mais immense concours du monde 
savant. 

12. — 7.88 ""/o î (elle est la part proportionnelle 
attribuée à cha(|ue souscripteur sur le montant de vsa 
souscription à l'emprunt national. 



— 25 — 

15. — A la distribution des prix du lycée Corneille 
(ancien Henri IV), M»'^ Guibert a présidé pour ne pas 
changer les habitudes. Cette solennité annuelle était 
toujours présidée par M^^ Darboy, ancien aumônier 
du lycée Un jeune professeur de philosophie, 
M. Ollé-Laprune, a fait un discours qui a beaucoup 
étonné h cause de ses tendances franchement chré- 
tiennes et beaucoup charmé à cause de ses idées tout 
à fait remarquables. Du reste on le savait fort capable, 
ce jeune homme, car il avait brillé à TEcole normale ; 
de plus il avait eu un ouvrage couronné à l'Académie 
française. Il a commenté cette pensée de Sénéque 
Parère Deo libertas est, ^ seule Tobéissance à Dieu rend 
les hommes libres. Il est certain que l'homme qui 
craint Dieu, subjugue plus facilement ses passions, 
(|u'il est plus libre par cela même. Le brave archevêque 
n'en pouvait croire ses oreilles. Il se leva à son tour 
et dit: » Les professeurs, ici, parlent comme les 
évéques ; il faut que les évoques parlent comme les 
professeurs ; je vais essayer ; » et voilà Monseigneur 
qui se met à faire un très joli entretien sur la littérature. 
Ce fut une belle et bonne joui'îiée pour le lycée 
Henri IV, 

27. — Mariage du Père Hyacinthe, carme déchaussé, 
avec une jeune veuve américaine ; voilà trois ans qu'il 
a cessé d'être moine et (]ue son ordre a prononcé 
contre lui l'excommunication majeure à cause de son 
langage, plus ou moins théologique. 

Son frère, l'abbé Loysoii, professeur de théologie 
à la Sorbonne, s'est (lo[)uis longtemps séparé de lui. Il 
tint même à rendre publiijue cette séparation. Le Père 
Hyacinthe en ressentit une cruelle douleur, mais il 

1 JJe vita beata, 15. 



n'était vmin.enl pas possible ji l'abbé Loyson d'agir 
autremen),. En sa qualité de prêlre et dp professeur de 
théologie ii sfi devuit d'éviter tout soupçon de conni- 
vence fraleriielle. 

Je reocQiitpo souvent le pauvre a))bi^ Irisle et (iolenl, 
dfitis la rue de la .Sorboifue. Il reaseifli^le beaiiicoiip à 
son frfre ; syperbe figura, belle prestanfee. 

30 Suplen'bre 1872. — On a pose plact. Sflint- 
Miohel, une gracieuse fontame avec filel d eau très 
claire et très p.ure, afin de piermetlxe au\ altères de 
boire à leur soif. Dans Pans il y a pas mal de pes 
tontaines édifiées aux trais de su Richard îA'iiJlace. 
I^s éludianls ne profll^xont giièie de les bienfatts. Il 
y u de trop bons bocks dans les eajEes 

3 Octobre 1872. — M. Thiers est. venu visiter notre 
Palais de justice, pouv constalei «te «mu rombien la 
puine en était lamentable : du PnKis il est aile lu Tri- 
bunal de commerce. Dans ia Ini^ei-beL du Jaouhvard 
il tut aiiolamé et salué Abs cris de \ne Thiersl 
vive la Républitjue ! ■> 

— Le nonseil de l'ordre des a\orats a fail frapper 
une médaille d'or eu l'honneur des b[a\es pompiers 
de Chartres, qui onl sauve un tierb de uotie biblio- 
thèque. Celle médaille a été remise solenuelleintnl k 
leïir capitaine par Amédée Lefèvre Pontiilis député 
d'Eure-et-Loir et notre confrère au baireau de Paris. 

Id. — Le paliiis du Luxembourg sert provisoirement 
d'Hôtel de Ville à Paris, (pii s'en servira longtemps, 
caria reconstruMion d'un nouvel Hùtel de ville durei-a 
au moins cinij ans. 

30, — Un ouvrier vienl d'ùtre décoré du lu Légion 



- ?7 - 

rrhonncLir pour s'fli'e, ;iii piTil do aii vio, ofFUpé riii 
M, Bonjean, pendant son séjour au D«pût et à U 
Roquette. Les lédtirHs étaituit à peine chassés du 
i'Ère-Lftchnise, qu'eu ohieti Mêle îl fouiUnit une 
grunde fosse oi'i le corps du Président avait été jeté 
ovee beaucoup d'uutri-s. Après l'avoir trouvé, il le 
lavd el le porta au n" 2 df la rue de Tournon où du 
son vivant demeurait le Président. H l'éteiidit sur un 
lil, avec des lumières autour. jysqu'J. r,e que les lils 
pussent rentrer dans Paris délivri^. '. 

Vendredi i<" Nnvp.mbrK 1873. — Je vais chercher à 
la Bourse, od siège la commission de reconstitution 
des actes de l'étal i-ivil, le nouvel acie de niiisBOuce 
{le ma chère femme. Je l'ai fail rétablir d'après l'acte 
de baptfime conser\'é à l'église Saint-Marri. Cet acte 
de naissance n'existait plus, en efi'el. Je n'en avais 
jamais ,eu la copie el les doubles, déposés b. l'Hôlel de 
Ville et au Palais de justice, avaient brûlé tous .deux 
dans l'incendie de ces deux dépôts légaux. Sur l'acte 



' M. le pr'(!«idei>t Bonjean éta 
rinsunection du 1 â mar» : uuu h 
uiiltdii 19 au 20 murs, »thi de rc 
et la î\ il préndniC, eoiDiue fi l'oi 
'a la Ooiir de uaaaatiDU. fl'eM a 



fut arrêté . 
âti^t en ne i 
répiiudait h 



province quand il ikiipi'it 
il revint à Paris, finae Uk 
Bdu dcvoii' jiiaqii'au liant 

■B, 1b chamlire de« requ^tei 
aoFtlF de uolîCo Btidieave i|;u'll 

"~i' Itv présidmte BenjeBD 



: l'ordre de la (Jonimiui 
imsut erë« mnlnde, e. 

e letbFe dauB IiwjW)1|e le Préudent lui apprenait aint 
i>niBgiie raiiour dans P»riH inr^iirg^ ; « Tu daU me oonoattu iM«eE 
pour être i^ertain que Je laitmeratH venir la rnoit niir moi, plutAt 
ijne do t'iqipeler pi'Ë« de moi pnur in'aider k la repouraer, b1 ob 
do^it fltre uut dopons de tim devoir. Remplis-le doao avoe 
UBure^f RnuH te prâaoonpei' deH cnnséqueiieeit pu*«ibles en lie qui 
me Donoerae ; Beuleiaent dh^ igna tu pourras le &ire, sans déserter 
un poste (l'honneur, vienri aaia plui tarder, je t'en prie. > {Çiifl- 
giia gouPmiri relatif i à ta nie et à la mort <l« priaidenl Bonjean, 
iSn4-l87i. PariB, imprimerie Mouillot|. Brophuro ijue m'a (çra- 
deusemeut oO'erte M. Iluu.jeau, ,ju{;e au Tri|iiiu»l do la Saïuo. 



— 28 — 

reoonsLitué sont inscrits ces mois : Rplabli en oerlu de 
la loi du i2 février i872. 

Rien de pliis étonnant que l'organisation de la 
reconsl.iliilion des actes. Le service est établi dans 
l'anciennt! salle d'audience du Trihuiial de commerce, 
alors qu'il siégeail. à la Bourse. Cette salie est divisée 
en une mnltilurle de petits bureaux. La reconstitution, 
que tout d'abord l'on croyait impossible, se poursuit 
avec beaucoup de succès. 

5. — Hier lundi 4 novembre, rentrée des Cours et 
Tribunaux. M. Dufaure, garde des sneauX, est venu 
entendre la messe du Saint-Espril, dite comme 
d'habitude à la Sainte-Chapelle. 

Simiedi iO. — Kn ouvrant ma feuélre ' le matin, 
j'aperçois la croix qui s'élève de nouveau sur le dôme 
du Panthéon, croix tt qui j'ai vu arracher les bras en 
un jour néfaste. 



17. — Je vais sur la place du Panthéon pour mieux 
voir la nouvelle croix de l'église. .Elle est beaucoup 
plus belle que l'ancienne: j'entends par là qu'elle est 
plus dégagée ; qu'elle s'élance plus légèrement et 
domine mieu.v le dôme. L'ancienne, il me semble, 
filait plus ramassée sur elle-même. 

18. — Par suite de pluies continuelles, la Seine 
atleint une hauteur effrayante. Deux grands chalands, 
chargés de bois de chauffage, que les eaux ont 
violemment entraînés, se son! entrechoqués et dis- 
loqués eulxe le P on t-au- Change et lu Pont-Neuf. La 



— 29 — 

Seine, spectacle bizarre, esl toule ronverle de longs 
rondins qui vont à la dérive. 

21. — Un aigle blessé fut capturé au Bois de 
Boulogne et envoyé au Jardin des Plantes, ce qui le 
blessa de nouveau dans son amour-propre. Inconsidéré 
messager de Jupiter, il fallait venir il y a deux ans et 
demi, on t'aurait logé aux Tuileries. Aujourd'hui elles 
n'existent plus ; la Commune les a brûlées. Tu n'étais 
pas probablement au courant de la politique. 

i" Décembre 1872. — Toutes les caves des (juais 
Saint-Michel et Grands-Augustins sont inondées à 
cause de la crue extraordinaire de la Seine. 

3. — Hier 2 décembre, on a inauguré, au cimetière 
Montmartre, le monument élevé par souscriptioii au 
représentant Baudin, mort sur une barricade le 
3 décembre 1851. Presque personne à la cérémonie. 

5. — Toujours grande crue de la Seine. Les quatre 
militaires du pont de l'Aima prennent un bain de 
pieds... jusqu'aux genoux. Leur attitude n'en paraît 
que plus altière. 

18. — Vu, en passant sur la place Saint-Georges, 
la maison de M. Thiers. Elle monte petit à petit ; le 
rez-de-chaussée est terminé. Quand il a un moment 
de vacances M. Thiers accourt tout de suite voir les 
progrès de son logis. 

28. — La Seine baisse insensiblement depuis quel- 
ques jours. 

30. — Les bateaux mouches viennent de reprendre 
leur service interrompu depuis plus d'un mois. 



ISTS 



2 Janvier, — Je reçois une de ces cartes postales 
qui viennent d'être créées sur l'initiative de M. Wo- 
lowski. Elles ont été mises en circulation depuis hier. 
Ce sont de vraies lettres, mais ouvertes, qui ne 
coûtent que deux sous. Les concierges vont se régaler 
avec les cartons de leurs locataires. D'un côté du 
carton se trouve l'adresse, de l'autre l'objet de la 



missive ^ 



6. — On dit que l'ex-Empereur a subi l'opération 
de la pierre avant-hier samedi. 

10. — L'ex-Empereur est mort hier jeudi. Le bruit 
en a couru immédiatement sur les boulevards. Beau- 
coup de personnes se formaient en groupes et parlaient 
silencieusement. 

— Les journaux ultra-radicaux exultent. 

18. — L'autopsie du corps de l'ex-Empereur a 
révélé la présence dans la vessie d'un calcul ayant la 



1 Au bont de t«rois mois une concierge disait : « il n'y a rien 
sur ces cartons, aussi je ne les lis plus. » 



^ .Ift - 

forme el le volume rrun n6uf de petit oiseau. Oh ne 
parle ici que de pierres, de calculs, etc., cela me 
doime la chair de poule et me fait frissonner tout le 
corps. 
C'est dans notre quartier, au cimetière de Saint- 

Séverin, aujourd'hui jardin de Si. l^/^SHli^fi?^/^!^"' 
qu'eut lieu (très probablement par^ ^mbroioc^l^S^ 
la première opération de la pierre, sur uh franc- 
archer de Meudon. Cet archer avait été condamné â 
être pendu « pour occasion de la^reeins éfl Téglisé de 
Meudon. » Le roi Louis XI lui promit la vie s'il 
voulait se laisser faire l'opération de la pierre dont il 
avait été très molesté pendant sa vie. 11 y consentit. 
L'opération se fit grâce à une incision pratiquée dans 
les parais abdominales et réussit parfaitement. 

14. — L'hiver est si doux que les arbres se couvrent 
de feuilles. 

20. — Hier dimanche 19 janvier,' pendant que nous 
étions à dîner en famille, rue de Vaugirard, n**?, chez 
mon beau-père, un orage épouvantable éclata. Les 
éclairs et les coups de tonnerre se succédaient sans 
interruption ; la grêle semblait vouloir briser les 
carreaux. Un coup plus formidable que les autres 
nous fît tourbillonner sur nos chaises. Le tonnerre a 
dû tomber, pas bien loin. 

22. — Pendant l'orage d'avant-hier soir, la foudre 
est tombée derrière l'Observatoire. A l'Odéon, on 
jotiait le Fantôme rose, de Charles-Edmond ; quand 
le gros coup retentit, ce fut un émoi général. Au 
mêttie moment, les croisées des tabatières étant 
restées ouvertes, le gaz fît entendre de furieuses 
crépitations, car la grêle tombdit sur le lustre. 



— :J2 — 

UiiP voix ilf mjilinlPiil.ioniii^ ri'iii : « Il va y avciir 
une explosion. « ImmédiuLemeiil. specUilrices H 
specliileurs enjanibiVenL les bangueLtes el se. ppiici- 
pitèrenL tlauH le» couloirs en aa bousculunl. lît en 
poussanL des cris de terreur. Beaucoup de temmea 
se Irouvèrenl mal. On les secourut en les allégeant, de 
leiii'H vClements, chapeaux eL... porLe-mnnnuJe. Au 
bnuL d'une clemi-heurp LouL élaîL retil.ré dans ie oaliup, 
mais pas les porle-monnaie claiis les poehes el le 
Fanlôriifi rosi' pfll réapparailre de noiiveiiu sur la 
acfne. 

Soiréf du saviedi 2S Janvier. — A l'Odéoii : Ac* 
£rymnes, de Leoonle de l'Isle, musique de MaaseneU 
(Juond ta loîle se lève on voit les Funes ou Krynnîes 
avec leurs grandes robes blanc sale, cheveux épsrs 
sur le dos el. sur !a poitrine, «lier, venir, se traîner 
dons le vieux palais d'Agamennon; blêmes, déchai-- 
nées, elles escitent les remords île Klylaimnestra qui 
a tué son man pour plane a son amant Egysthe. tin 
sentimeril d effroi se glisse dans les cœurs. Touies k'S 
femmes, Iremblanles, se serrent contre leurs maris ■ 
comme pour enliei dans leurs poches. Au chant 
neuvième de I Enfer on voil également le Dante se 
fourrer dans la poihe de son (,onduotûur Virgile, en 
apercevant trois seulement de ces hoiribles mégères 
dont nous voyons un bataillon tout entier. C'est 
bien autre chose quand Oreste a. tué sa mère Kly- 
tairanest.ra. Les Erynnies lui sautent à la figure. 
D'une voix étranglée par la peur, il s'écrie : « Horreur ! 
c'est une fourmillière de spectres ; je suis traqué par 
eux. L'épouvante me prend à, la gorge et me broie 1 
Elle a tué mon père; eh bien j'ai fait justice. Horreur ! 
horreur! « Sous l'empire de la terreur aucune spec- 
tatrice n'osera, cette nuit, faire lit à part. Accoui's, 
Hyméiiéf, raocouinioder les ménages divisés. 



" 33 — 

31. — J'eiiLfinLis nfiiTPi' k lit |iai'lo||H lewHxpInils des 
aéronauLes peiidanl In siège i\e. Paris. MoJaperL nniis 
dit: " Dans mon ballon, je- fus obligé de fuire la 
manœuvre que, forl heureusunienl, j'avais apprise, 
mon pilote aérien élait romplèlement incapable. •> Un 
confrère, ancien préfet de ia République, nous 
coJtfii'me celle assertion ; Gambella lui avait racunlé 
que son aéronaule ne savait rien faire el que pour ne. 
pas tomber au milieu des Prussiens, il avait été obligé 
de se mettre rudement à l'œuvre. 

Autre dire de purloUe à propos de notre ancien 
confrère ProtoL. Quand cet imcion et étrange garde 
des sceaux élait stagiaire, un individu venait conti- 
nuellement le demander, à la bibliothèque, sous le 
nom de : cUoijen Prolut. Léon, le gar<,ion de la 
bibliothèque, lui répondait: « Monsieur, il n'y a pas 
de citoyens ici ; il n'y a que des avocats, » Un jour, 
il ne put empêcher cet individu d'ouvrir la porte de 
la salle où se réunissait la conférence et de s'écrier : 
" citoyen Protot. » Tableau I Léon l'altrappa par les 
basques de son vêtemeul, et le tira en dehors de la 



i"' Févrifrr 1 873. — La Semuitin religieuse d'aujour- 
' d'hui contient des détails tort intéressants sur les 
travaux de réparation du Panthéon. Ils lui ont été 
fournis par M. le doyen des chapelains de Sainte- 
Geneviè^ve. Ces travaux ont lieu sous la direction de 
M. Louvet, architecte du plus grand mérite, collabo- 
rateur de M. Garnier dans la construction du nouvel 
Opéra. Ceux de réparation du dôme ont nécessité des 
échafaudages extérieurs et intérieurs élevés avec un 
art merveilleux. Jamais, paraît-il, l'art du charpentier 
n'a été poussé plus loin. Les compagnons étaient 
dignes de leur directeur. Il n'y a pas eu un seul 
accident. 



— S4 — 

M. le rlojen nniis n ilorim'' aussi qupkjues 
sar la nouvelle croix qui a réappai'u eti novembi 
dernier. Elle a été. dit-il, rétablie dans les iiieitleuFt 
condilions de solidité eL de durtw. « Très biM 
moDsieur le doyen, je ne doute pas qu'elle ne résïsi 
aux éiéments, aux frimas, aux venls, aux cycloaet 
maie ré-sistera-t-elle aux passions déchaînées de ï 
démagogie ? Dieu seul le sait. » En allendanL, rem 
eions le gouvernement de M. Tbiers d'avoir rétablit 
symbole éclatant, de la vieille fol parisienne. 

La crois, en fer et tûle, a sept mètres de baute 
Elle esl plantée fortement e« une boole d'or reposjri 
elle-même sur un socle ultra-aolide ; bnulfl e( so«' 
ont trois mètres de hauteur. Sur le montant \ 
de la croix, M. Louve! a fait placer des échelons t 
ter qui permettront aux ouvriers d'illuminer la ore' 
le 3 janvier, fête de Sainte-Geneviève. Tout autour d 
la croix sont rivés des clous à crochet auxquels 
ouvriers accrocheront les lanternes. 



19. — De l'Officiel d'aujourd'hui : 

Cl Par décret du 16 février courant, rendu sur t 
proposition du ministre de la guerre, M. 
Marie-Nicolas-Edmond, capitaine au corps d'étal 
major, a été promu au grade de chef d'escadron. 

Ce capitaine esl celui qui, d'après les ordres i 
général de Gissey, n fait fusiller Minière sur 1 
marches du Panthéon. C'est la bête noire des roug& 
Qu 'auraient-ils voulu i|u'il fit? Mais parbleu! qaT 
fusillât son général. 

26. — On a inauguré, au-dessus d'une des port 
de la graiide cour de la Sorbonne, un beau médaîllqi 
représentant les traits de Vidor Confin. An-dessoQfl 
dans un carlouoht?, noni gmvés Cfs mois: A Via 



— ffi — 

, priij'''Mi:.Ur di' l'Iiiitnùf df lu philosophir, m 
■e du Isgn qu'il a fuit dp- sa bibliolhi'ijve ù l'Uni- 
vgriité. Le soulpl.eur esl. Carriur-Belleusc. L'inau- 
guration s'esl. faite pn grande pompe ave<; les 
bénédictions ilu ministre de l'iiislruction publi(|uo, 
M. Jules yifnon, ul de M*' Marel, doynn de la 
fttoultù de théologie. Je mu trompu en parlant des 
bénédictions de Jules Simon, mais ça ne vaut pas la 
peine de oorriger le mot; car le ministre est très 
bienveillant pour le clergé ot dernifrement quelc[u'un 
disait à M*' Dupanloup : « H sera cardinal avant vous. « 

28. — La nomination du capitaine Gnrcin, comme 
chef d'escadron, a eu le don d'exaspérer M'"" veuve 
Minière. Klle lui a donc intenté un procès en 
dommages-iiitérfits pour avoir fait fusiller son mari. 
L'affaire est venue en conciliation devant le-juge de 
paix du septième arrondissement cpu s'est déclaré 
incompétent ii cause du domicile fie M. (.îarciii ; 
celui-ci demeure ii VersaiUes. 

f 7 Mars 1873. — Hier dans la soirée nous apprîmes 
i Paris qu'une date très procHatna élait fixée pour la 
libération déflnilive du territoire. Les l*rus.siens 
.seront bientôt payés ', 

18. — Hier à lu tribune, M. de Rémusat ayant dit 
que cette date étail le 5 juillet, IWssemblée nationale 
a déclaré c|ue M. Thiers avait bien mérité de la patrie. 



I Le mande entier ivdaiii'a le piiissiiiica de notre crédit et de 
aoti'fl résuirsctinn. Il n'est quo juste de la reconnutti^ : le dÉve- 
loppemeot donné par l'Empire & 1» torCiue piiMlijiie pendant Igh 
vingt demi^i-es lurnâes avait eontribué h amener ces résultats 
imprévus. (LeuDEl. Kovoil la troisième RËpu1ilii{ue Pr^aidenci de 
M. 2'hierf, paj^c 2r)l. éditeui' Félix Alcan]. 



— :W — 

ly. — M. 'l'Iiiei-s (lyani mal iligéré, ayant ili'ux fois 
saigné du noz, nyaiiL (le plus une courbaUire, la 
Bourse a baissé. Il a déjà été malade ku commen- 
oemenl, du mois. 

Il Iravflille vraimeiiL trop pour son dge. Dès cinq 
heures du malin le Toilà levé. Il réveille les cocjs de 
la Présidence. S'il ne faisiiil pas son pelil somme 
après son repas, il tomberait bien vile. La Chambre, 
trouvant qu'il en fait trop, le lui monire bien en 
contrecarrant parfois Res idées. Mai.s lui n'en démord 
pas. Il voudraitlafaive arriver à la République. Mais ça 
naprendpasoudumoinsçnn'apaspris juHqu'i'ipn''Spnt. ■ 

30. — Aujourd'hui grande déconvenue au Palais. 
L'audience de la dmèrne chambre avait été envahie 
de bonne heure par les curieu.\, les avocats vieux et 
jeunes, surtout les jeunes, les journalistes, etc., etc. 
Sur la selletle se trouvait Froment, un pauvre diable 
de voleur, ancien domestique de la maîtresse de 
l'Empereur, la belle comtesse de Castiglione, accusé 
de lui avoir volé quel(|ues chiffons. Klle s'était plainle 
de ce que, de son hûtel des Champs-Elysées, avaient 
disparu d'assez nombreux objets; ce n'était pas 
étonnant, car son liôlel avait été, pendant son absence 
lors du siège de Paris, deu.\ fois envahi, une première 
fois par des imbéciles qui prétendaient y apercevoir 
des signaux faits aux Prussiens, une seconde fois par 
de malheureux bombardés de la rive gauche. 

Les objets volés n'étaient pas des plus précieux, 
car l'ambassadeur d'Italie, le galant chevalier Nigra, 
après s'être occupé du départ de l'Impératrice, s'était 
aussi préoccupé fies intérêts de la comtesse de Gas- 
ligiione, partie alors pour l'Italie. Il avait fait démé- 
nager de î'hûtel, poiu" les faire transporter à l'ambassade 
italienne, des objets de gj'nnde valeur ou de grand 
inléi-él. Frnine[il,nn nncieii domeslique delà comi esse. 



— 37 — 

avait élé chargé de en dùnii^nagemenl.. Après la plninle 
de celle-ei, la polit^e fit des recherches ptirloul, 
iioLammenl chc/. Froment, ui'i ou dêcuuvril. des 
chifTons, de la ilenLelle. de lit papelerie appartenant k 
la comtesse. A l'audience, celle-ci est appeWe comme 
témoin : « Comlcuse de Casligtioite », glapit l'huissier ; 
pas de réponse. La comtesse, comme au temps de sa 
gloire, continue h briller, mais... pur sou absence. 
Un certifioat de docteur déclare (ju'eUe est malade. 
Sont-ils iiasommarits, ces docteurs, avec leurs certi- 
ilcats toujours maloncoiitreu.t. 

Tout le monde est désappointé, Thémis, irritée, 
brandit ses balances. Froment est broyé ; deu.v mois 
de prison. Oh I comtesse, vous lui laisserez les chiffons 
et la papeterie ; n'est-ce pas ? Ne soyez pus implacable 
comme Thémis. 

36. — Hier est mort M. Ortolan, Elzéar de son 
prénom. SainI KIzéar étant provençal on se doute bien 
de i|uel pays venait le professeur de droit criminel de 
l'Ecole de droit. De tonte sa personne se dégageait 
une véritable séduction, augmenlée par le charma de 
SB parole. Il a fait de très bons et de très beaux livres 
juridiques et littéraires. Son meilleur ouvrage, à mon 
humble avis ei de l'avis de la haute société parisienne, 
fut sa toule gracieuse et toute spirituelle tille, femme 
très honorable de M. Bonr.ier, professeur de procé- 
dure égalemeiil à. l'Koole de droit de Paris ', 



' M"" Bonniur B«t U inÈre ilfi PifliTc EU&vr Binuier-tlrtolnn, 
pcDiliiiit i|iicl(jii6 tempii nntr» eon&jire, pnis hnmme de leltrcfl 
diaCingué i[Ui lit repréwntor plusieurs pièoca h l'Odéon boiw lo 
nom de Pierre Elaânr. U'»' Bonnier eile-mSniQ a frùt Jouoi- sur 
différentes «oÈnea (lUBlqneB piÈoea, notamment \'Atocal coniittlanl, 
oii elle 86 moijun (vgrétthlement du Kminisino. Muia pour no pna 
se faire nrmuher les yeux elle prit le pReudoayuio ilo SSari. 
diminutif de sou prénoiu proveav^' Eizêarine, 



27, — En janvier dernier, Alexandre Dumas I 
gui, s'est hypnotisé avec l'affaire Dubourg, 
représenter au Gymnase la Femme de Claude. Clauda 
mari trompé, abat sa femme d'un coup de revolvai 
La Femme de Claude viecit rie paraître en librairia 
Dana la préface, nnr Alexandre Dumas no peut vivi 
sans préface pas plua que le poisson ne peul. vivi 
sans eau et l'oiseau sans air. dans la préface dot 
l'auteur écrit: « Je suis celui qui a dit dans la brochufl 
Y Hamme-FemMc : tim-la ! — et (lui, durjs In Fet 
de Claude, a mis en ceuvri.i et en action ce consei 
expéditif. » 

a Avril lS7:i. — M. Orévy, président de 1',^ 
semblée nationale, vieux républicain, presque 
naissance, fatigué de l'hostilité de la Chambre, dot. 
la majorité n'est pas républicaiiie, a pris le parti da 
donner sa démission. 

Il a loujours voulu rester inscrit sur le tableau deç 
avocats k la Cour de Paris. 

4. — Mort de Saint-Marc Girardin d'une attat 
d'apoplexie. Il était devenu énorme. 11 avait e 
coup de succès dan» la vie, — mais aussi b< 
de cbagrius. 11 perdit sa femme qui se noya dans i^ 
Heine, à Morsaug-sur-Seine, et plus tard so 
se noya dans l'Yerre, Fort aimaiit, il était ajicré dai 
ses affections ; aussi après la mort de sa femme, poiM 
ne pas s'éloigner de la famille, épousa-t-il sa bellM 
sœur. Il se montra tendre ami pour un Péronnai 
M. Caboche, dont il appréciait l'esprit mordant { 
original. Aussi se fit-il plusieurs fois suppléer par h 
dans sa chaire de bttérature h la Sorbonne. 
■ En ce moment je me le remémore dans s 
si spirituels, ijuî faisaîenl courir tout Paris. Combiaj 



— so- 
dé fois n'ai-je pas altendii ;iu moins une grande heure 
d'hoi'loge ijue sa leçon oommeuçàt. Sa parole sorUil 
narijuoise et de sa bouche... el. d'un énorme Taux col 
rjui nous rappelait celui de Gar nier- Page s. 

11 s'appelait Marc Girordin, mais son prénom lui 
paraissant trop court, il s'était c 



M^me jour 4. — Hier 3 avril 1873, le duc d'Au- 
male a été reçu membre de l'Académie française. 
M. Guvillîer-FIeury, chargé de le recevoir, l'appela 
toujours Motisieur suivani les traditions académiques. 

Quand le duc parut à la porte de l'Institut, beaucoup 
de personnes, qui avaient envahi le pont ries Art« et 
laplaoe de rinslitut, se mirenf à crier: Vive Thiers! 
vive la République ! 



15. — Aujoui'd'hui, M. Thiers ;■ 
né â Marseille le 15 avril 171Ï7, 



;es 70 an,- 



17. — Hier, l'Opéra étail illuminé, car M'"" Thiers, 
M"" Dosiie sa sœur, M""* Dufaure et Mac-Mahon y 
vendaient je ne sais trop quoi pour les orphelins de 
la guerre. La vente a produit 20.000 tr. 



10. ^ M. Jides Simon, ministre de rinslruolion 
publique, ouvrit, cette après-midi, dans le grand 
amphithéâtre rie la Sorbonne, l'assemblée générale 
des sociétés savanles. 11 Halua, dans M. Thiers, le 
l^ératevr du territoire. Beaucoup de membres de 
l'Assemblée nationale commencent h s'ofTiisquer de 
cette appellation qui se produit îi chaque instant dans 
les réunions officielles ou non. Ils prétendent que 
l'Assemblée nalionnle mérite seule ce titre, que 
M. Thiers n'était que son agent. M. Jules Simon 
pourrai! bien avoir à se repentir de ses paroles. 



— m — 

u JAbérateui; lifiératenr, paa «vec. son argent, 1 
moins, mnis avec le oôfre, " disent les malinlenlionnés. 

27. — Barodet, donl. le programme éLaJL dissolution 
du l'Assemblée nationale et aniniitiie pour les condamnés 
de la Commune, est nommé h Paria a une très grande 
majorité ! 

M. de Rémusal, l'ami de M. Thiers, le reprûsentanl 
de Itt république modiirée, a été bal.tu honteusement. 

Terreur, — on voit déjà recommencer l'ère des 
révolul.ions ; 1 fr. 25 de baisse h la Bourse, Cette 
silntitiùQ a inspiré k Siiint-Gonesl, ilu Figaro, un très 
bel article commençant ainsi : «i Allons, habilants de 
Bazeilles, de Châteaudun, de Péronne ; allons, pauvres 
ruraux, laboureurs de la Brie, de la Beauce, travaillez 
pour payer les révolutions de Paris, comme vous les 
payez depuis vingt-cinq ans... » 

il ne faut pas prendre cependant les choses si au 
tragique ; Paris a surtout voulu monirLT son mécon- 
tentement d'être décapitalisé. 

S Mai 187^S. — Les appréhensions causéos par 
l'élection de Barodet ne se calment pas : la renie 
continue ù baisser. 



11. — M. Thiers, ayanl livré sa tête à M"" Jacque- 
mart, il n'était pas possible que M. Dufnure ne lui 
confiât pas k sienne. M"" Jacquemart nous expose 
donc M. Dufaure au Salon de celte armée. Elle est un 
de ces artistes .sincères qui ne flattent pas leurs 
modèles, aussi M. Dufaure e.st-il aussi laid que nalure 1 
Me n'a pas voulu lui donner nue redingote marron 
comme à M. Thiers, la redingote marron élant sans 
doute ri'servée h k dignité présidentielle ; mais elle 
Va gratifié d'une redingole noire du bon faiseuc ut 
m-'iiiie d'un paletot julé iiègligeininL'dl nui- le bras 



— 41 — 

droit du fauteuil ministériel où son Excellence est 
assise. La doublure du paletot est bleue afin de bien 
indiquer la pureté des intentions de M.. Dufaure à 
regard de la République. 

Il se croise les jambes et pèse sur ses genoux de 
ses deux bras robustes, tout cela pour mieux se main- 
tenir sur son siège ministériel ; il ne saurait prendre 
trop de précautions. 

13. — Le faubourg Saint-Germain était en fête 
hier. La duchesse de Galliera donnait un concert dans 
son splendide hôtel de la rue de Varennes, n** 53 \ 
M. Thiers y assistait, car c'était dans Taprès-midi. Il 
a pu rentrer, le soir même, à la préfecture de Ver- 
sailles sans être grondé. A la suite de Thôtel se trouve 
un jardin de toute beauté qui ya jusqu'à la rue de 
Babylone. La duchesse est une femme tout à fait 
supérieure, pieuse, charitable et modeste. Elle se 
confesse au père Milleriot, dans la chapelle des Saints- 
Anges à Saint-Sulpice, au milieu de tous les pauvres 
qui forment la clientèle du Père. Elle ne voudrait pas 
pour tout au monde passer avant son tour. Son mari, 
M. Ferrari ou de Ferrari, nommé duc de Galbera par 
le Pape, est colossalement riche. La fortune que lui 
a laissée son père, celle que lui a apportée sa femme 
et celle qu'il a gagnée dans ses spéculations sur les 
chemins de fer français en ont fait un des plus riches 
personnages de l'Italie. Il est né à Gènes. 

18. — Définitivement Jules Simon a été obligé 
d'abandonner son ministère. 



1 Cet hôtel a été légué par la duchesse à Tambassade d'Au- 
triche qui s'y est installée somptueusement. 



- 42 — 

20 — Il y Bill, hier a lit Chamhro un grand ilébatwl 
M. de Broglie, parlanL au nom d'un grand nombre àm 
députés, a reproché au gouveroemenL de M. Thie 
d'amener par sa faiblease l'arrivée du radiciilismesj 
Ça se gâte. M. Dufjuire, le ministre do M. Thiers, i 
répondu comme il a pu. 

24. — Pendant Loul.e In journée les mes de 1 
étaient forl animées, parce que de Versailles venaient 
certaines nouvelles émouvantes. On disait quâ 
M. Thiers avait pi'ononcé un vigoureux discours pooj 
justifier sa politique, mais que la majorité de l'As» 
semblée nationale ne trouvait pas cette politique a 
conservatrice. 

Ce soir le quartier latin, comme tous les autres dm 
reste, est surexcité. Des patrouilles longent les boul 
yards. 11 est certain que si l'Assemblée se tenait I 
Paris, elle serait déjii envahie. 

25. — Hier soir, M. Thiers a donné sa décnissioa J 
et immédiatement, pendant la nuit, le maréchal d&a 
Mac-Mahon Eut nommé h sa place. 

— Ce matin, vers les une heure, le train des députa 
arriva de Versailles. La gare Saint-Lazare était noi« 
de monde; (juand les premiers députés sortirent dei 
wagons un immense cri de « vive la République « fa| 
poussé. 

On s'arrachait les Journaux. 

26. — La rente est revenue au tau.\ aniérieur &I 
l'élection Barodet. La République est maintenuffj 
mais dans un sens mo^ avancé. M. de Broglie, d'il 
vieille Tamille parlotm. ' n^t N^ ésl à la tiM.e du ministèrôâ 
il a pour ministre de l'inlérieur M. Beulé, professeufT 
d'archéologie à la Bibliolhètjue nationale. Cel érudi 



- 43 ~ 

a, dans les ruines d'Athènes, trouvé les PropifléeSy 
autrement dit l'escalier de l'Acropole, ce qui lui a 
permis de monter à de hauts emplois. 

27. — M. Thiers, en quittant son palais présidentiel, 
c'est-à-dire l'hôtel de la préfecture de Versailles, se 
trouve sans feu ni lieu. Il ne peut, en effet, rentrer 
chez lui, car la couverture de sa maison n'est pas 
encore terminée. 

« 

30. — Jusqu'à ce que son hôtel soit terminé, 
M.' Thiers est allé loger chez son neveu, le général 
Charfemagne. 

31. — Retourné au Salon de peinture, qui est fort 
bon. Tout le monde court voir les Dernier eti Car- 
touches^ de de Neuville, et le Bon Bock, de Manet. 
J'ai été fort impressionné par la statue de l'abbé De- 
guerry, destinée à son tombeau de la Madeleine. Mais 
le buste de M»"^ Darbois m'a encore plus ému ; il est 
de Guillaume. La ressemblance est frappante ; on 
dirait de ces têtes calmes et ascétiques d'évêques du 
moyen âge. 

Voilà déjà deux ans que l'archevêque est tombé 
sanglant dans une cour de la Roquette. La douleur 
(|u'en ont ressentie les Parisiens est toujours la même. 
Samedi 24 mai, une messe anniversaire a été dite à 
la chapelle de la prison. Ganrobert y assistait avec sa 
fillette. 

6 Juin i 873, — Cahin-caha, depuis plusieurs mois, 
arrivent au port Saint-Nicolas, sur la Seine, non loin 
du pont Saint-Michel, de lourds tombereaux chargés 
de moellons, de plâtras, de pierres cassées ou 
émiettées. Ils y arrivent après avoir, en chemin, fait 



- 44 — 

voltiger, h chaque cahul, un nuage de poussi&fi? 
CelLe pousaif're usl celle de la vieille demeure 
des Rois et des Empereurs, celle des Tuileries, 
secouées rudement par les émeutiers de 1702 et rie 
1830, écroulées sous les jets de pétrole de ceux de 
1870. jetées aux tombereaux el enfin reversées dans 
les grands chalands amairés au port Saint-Nicolas. 
Oi'i vont-elles, ces dépouilles du fier palais? Je ne 
sais ; probablement dans quelques bas-fonds de vallée, 
dans quelques trous infimes, destinés aux immon- 
dices de la grande ville révolution ri aire. 



7. — Mon confrère Ferdinand Duval est préfet de 
la Seine. Il doit sans doute être le plus bel homme de 
la préfecture comme il est, sans contredit, le plus bel 
homme du Palais. Mais je doute cependant que sans 
sa robe il paraisse aussi colossal que dans la salle des 
Paa-Pcrdus, surtout quand passait à côté de lui N., 
le plus petit avocat du barreau. A ce moment le 
contraste était véritablement extraordinaire et avait 
]e don de stupéller les nombreuses Anglaises qui 
continuellement viennent nous voir et nous contempler. 

0. — On dit M. Thiers très vexé contre le Maréchal. 
Il ne pensait pas que Mac-Mahon consentirait jamais 
il le remplacer '. I! faut avouer ([Ue, si le Maréchal 
n'avait pas aocepté, l'Assemblée nationale eût été fort 
embarrassée. 



/"' Juillet IX~ a. — .\vimt-hier, découverle chez un 
brocanteur-ohill'onnierde la rue tk-s Pruniers, àMénil-T 



il rfe il. Tkitr; t. H. i 



— ' 45 — 

montant., d'un fragment (\e -bronze, provenant de la 
colonne Vendôme, sur lequel sont gravés ces mots : 

OLÉON I 

GURÉE EN 181 

grande arm 
vaillant mi 
Empereur et di 

Le chiftbnnier a dit que ce fragment lui avait été 
donné par un ami, mort aujourd'hui, qui l'avait 
ramassé sur la place Vendôme après la chute de la 
colonne. 

C'est lui, plus probablement, qui l'a ramassé. Ce 
morceau était caché sous une marche de cabinet 
d'aisance. gloire humaine tu n'es qu'un nom ! 
Louis XIV n'a pas été à cet égard plus heureux que 
Napoléon. Sur son cercueil avait été clouée une grande 
plaque en cuivre indiquant son nom. Arrachée et 
vendue en 1793 elle fut retrouvée chez un charabia de 
Saint-Denis qui s'en était servi pour s'en confectionner 
une bassine à confitures *. 

5. — On élève un grand échafaudage sur la place 
Vendôme afin de reconstruire la colonne. 

7. — Hier le shah de Perse, venant d'Angleterre, 
arriva à Paris ; il fut reçu par le président de la 
République, le maréchal de Mac-Mahon. Il était 
littéralement constellé de diamants et de pierreries. 
On l'a amené ensuite à l'ancien hôtel de la Présidence 
du palais Bourbon. Il s'appelle Nasser-Eddin. Sa 
Majesté est accompagné du docteur Tholozan, un 
Français habitant depuis longtemps la Perse. 



1 Elle se trouve aujourd'hui au Musée de Cluny. 



11. — La ri?vi)i' ilonni-i' en î'hin*neiir du Shiih a 
magiiillqiie. Lfi souverain portait un boiKiel d'aslrai 
omé au sommet d'une aigreUe de dianianl.s. 

12. — Aujourd'hui le Shah est venu dans not^ 
quartier. Il a visité différents monuments, notamm^ 
l'Eciole des mines. Poslé- près de l'entrée, je via p^ 

'faitenieiit Sa Majesté asiatique. Nous l'avons attentï 
assez longtemps, mais ou ue s'ennuyait pas a c&uaj 
des plaisanteries, plus ou moins saugrenues, sur soA 
titre de Shah. 

La tête de ce lier matou est énergique : yeax noi 
scrutateurs, large et forte moustache à pointe sur dtf^ 
lèvres accentuées, iiee vigoureux ; il a une 
beauté virile. 

lit. — Il parait que le Shah a Irouvé muguillque IS 
jardin du Luxembourg, Il n'a rien dit des iHuiliantesJ 
l'incivil. 

15. — La nuit deniière un horrible incendie t 
éclaté rue Mnnge aux magasina de nouveautés d^ 
Grand Monge. Toutes les étoffes, en brûlant, ont prc 
duit une lumière sinistre et immense qui éclaira toud 
le quartier. Cinq employés ont péri dans les ilamme! 
Un professeur de rhétorique du collège Rollin, pri 
de peur, s'est jeté d'un troisième étage et s'est luÀ e 
s'écrasant sur le pavé. Ma sœur, dont TiippartemM 
est juste eu faoe le magasin, a été épouvantée d'w 
pareil spectacle. Les persiennes de son appartemei 
ont été sur le point de s'enflammer. Pendant toute i 
journée une foule immense s'est rendue au lieu dtlj 
sinistre. 



sais pas si le Shah n TaJl quelque! 




r'RranrqilP sur' la riu' Snul'llnl , large ii sps deux i^.xl.rf- 
miLés eL Irôs (^Irnite Juns lo milieu, loujours psi-il que 
le CoEiseii municipal vient louL ii coup de voler des 
fonds pour scio élai^isaemenl. 

ly. — Aprt'S une séné de fêles données uu Shuh, 
fêtes dont nous autres liourgeois et ouvriers, primes 
une large part, parce i|ue nous en étions sevrés depuis 
longtemps. Sa Majesté persane et ft^line piu-til tiier 
samedi par le chemin de fer de Lyon. IjO maréchal 
de Mac-Muhon ruccompagna jusqu'& son wagon. 

Nous allons nous ennuyer de lui, car il était à Paris 
depuis quinze jours et il se trouvait partoul. Dans 
mes courses j'entendais louL h coup un léger brouhaha 
ou voyais un petit rem ne- ménage, » (ju'est-oe'? » : on 
me répondait : " c'est le Shah. " 

24. — Vole de la loi reliitîve à la construction, sar 
la hutte Montmartre, d'une basilique qui sera consacrée 
au Sacré-Cœur de Jésus. 

L'archevécjue de Paris aura le droit de faire pro- 
céder il des e-v propria lions pour s'assurer un terrain 
convenable d'où l'église dominera la ville. 



2ft' Juillet /873. — Derrière le Panthéon se troirv* 
la façade latérale du lycée Corneille (Henri IV), façade 
dans laquelle se profilent gracieusement les fenêtres 
ogivales de l'ancienne chapelle des Génovéfains, 

En ce moment on restaure celle chapelle avec un 
soin tout particulier. Elle a servi de bibliothèque, au 
public, depuis la suppression de l'abbaye de Sainte- 
Geneviève jusiju'au jour ofi fut terminée la superbe 
bibliothèque élevée par M. Labrouste, architeci*, sur 
la place du Panthéon. Lors de mon arrivée à Louis- 
le-Grnnd, en 1840, dès ma première sorlie, j'allai en 



— 4N — 

grande loileUe, c'«st-Ji-dirp nvtic. mon habil h ijuct 
de morue, mon chapenii haut de forme, mon pan- 
talon l'UourLé el. mes bas bleus, visiter l'antique sano- 
tuaîre génovéfain. Quand je me trouvai sous lu coupole, 
décorée d'un saint, saiut Benoit, je crois, s'envolant 
allègrement vers le ciel, et que je regardai autour de 
moi, je fus tout ému de voir tant de vieux et gros 
bouquins dans tant de belles armoires superbement 
sculptées. Doucement, doucement je me relirai sur 
la pointe des pieds, tAohonl. de ne pas réveiller les 
grandes ombres du monastère et les savanis afPalé^ 
dans leurs fouleuilis !i grand dossier, 

30. — Uevoyon,le chiUonnierdeluruedesPruniei-s, 
qui, étant de garde sur la place Vendôme, le jour de 
la chute de la colonne, en emporta un gros morceau, 
fut condamné aujourd'hui i un an de prison par la 
10° cbanibi-c du Tribunal de police cotre ntionn elle. 



2 Aoûl J87.'i. — Nancy n'a plus un seul soldat 
prussien. 

5.— Kn haul de lu me de la Montagne Sdiiile- 
Geneviève on a découvert cinq cercueils de plûtre. 
Cette découverte a eu lieu, comme presque toujours, 
au cours des travaux d'un égoùt. Il y avait Ih cer- 
tainement un cimetière gallo-roirain. Ces cercueils 
sont ouvragés ; i la tôle se trouve un cercle Iraversé 
par des lignes ; aucun emblème chrétien. 

8. — M"" veuve Mdlîère avait intenté, devant le 
Tribunal de Versailles, une action contre le chef 
d'escadron Garcin pour avoir fait exécuter son mari 
sur les marches du Panihéon. Les juges se sont hier 
déclarés incompétents, comme n'ayant pas le droit de 



— 49 — 

s'i.irjcupi^r lies fail.H de gui;nT suit ■■Iniiig^re, S(iil 
civile, M. Garcin, nlors nHpiuine Uarcin, n'aynnt fnil, 
iiu'ex<?ciul.er les ordres de son supérieur, te général de 
Oissey. 

i3. — EnÛQ le dôme du PauLheon esL enlièrement 
refail. On enlève les éohafaudages qui servirent i le 
réparer. 

Pendant le bombardement, les Prussiens tiraient 
r'.onlinuellement dans sa dirention nomme sur une 
cible. Tout ce qui ne tombait pas dessus n'était pas 
perdu pour celii. Las voisins en prolilaient, moi 
notamment. 

i(î, — Récemment, à j'Odéon, reprise de lit Vie de 
Bohême, On remarquait souvent au parterre la pré- 
sence d'un respectable bohème, camarade de Murger, 
M. Bouton d'or, ajiàs vicomle Boulunnel de Suinl- 
Vitllier, qui avait mangé presque toute sa fortune au 
Quartier et qui était en train de boire le reste. Pour 
augmenter ses ressources il aidait les étudiants en 
droit à faire leui-s thèses lutine et française, surtout 
latine. Les plaisirs ne l'avaient pas, en effet, empêché 
de conquérir le titre de lioeccié en droit. Ce vieux 
intelligenl bohème vient de mourir el d'aller rcjoindi'e 
Murger, Muselfe et Phémie. 

17, — Toul prés du la porte lutérale de Saiiit- 
Ktienne-du-Mont, dans une nouvelle tranchée, encore 
creusée pour un égoût, apparition, hier, de douze 

jveaux cercueils en plâtre pt d'un treizième en 
pierre. Dans d'autres tranchées d'égoùl, ouvertes nu 
boulevard SainUMaitiel et au carrefour de TObser- 
vatoire, on vient également de mettre au jour des 
sarcophages. Il faudra nous déshabituer de dire: la 



on Lrouve des isim^ I ièi-es. La me gauche senihlp avoir 
été la ni^crQpole d'une vaste cité. 

/3 Seplembri' f873. — Qiioiqu'en vacances, je vais 
plaider k Paris une grosse alfaife. Il s'agit de défendre 
bi. N., piïipririijiire du magasin de nouveautÉs du 
Grand-Monge, contre une prévenlion d'iiomioide par 
imprudence. Plusieurs de ses commis ont été lîlté- 
ralfimenl rôtis dans l'incmidie de ses magasins. 
L'ofîcustttiou prél-end qu'étant Hnfermés pendant la 
nuil, ils n'nat pu se soustraire à la morl. Le Tribunal, 
convaincu que les jeunes gens auraient pu se sauver, 
comme certaines autres personnes, s'ils n'avaieni pas 
perdu la t(>Le, ne condamne leur patron qu'à 100 francs 
d'amende. 

M. lîéi'in, qui présidait l'audience, a beaucoup 
d'afl'eotion pour moi. Je suis all*^ le voir avant l'au- 
dience ; mes moustaches de vacances l'ont l)ien fait 
rire. Il m'a permis de ne pas m'en séparer, tout en 
disant que pendant le cours de l'année il valait mieux 
ne pas avoir une tenue aussi militaire. 



'^. -~ Au nord du quartier latin, en fouillant les 
terrains dépendant de la Maternité, on a découvert de 
très anciens cercueils dans lesquels se trouvaient des 
jouets d'enfants, en pierre blanche fort légère. L'un 
de ces jouets lulêciens consiste en un canard se pré- 
lassant sur une coquille. Dans la parlie antérieure da 
cetle coquille est pratiqué un trou, probablement pour 
y passer un fd et permelire aux petits gallo-romains 
de la faire naviguer. 

30 Oclubre. JS'J. — Incendie du théâtre de ri.tpéra 
duiis la nuil du 28 octobre. Le feu U pria ilans le 



_ 51 - 

liiu^asiti lii's iléiKii'h. Coitiuit^nl il-I-lI i'i;iu.Lt^ dans (lel 
endroit? C'psl on t\ue Ion ignore. Un oapornl île 
pompiers, qui s'élail élancé dnns un endrnil dangereux, 
fui tué par la uhuLe d'un planiiher. L'opéru avaîL été 
construit en 1820 pour remplacer celui de h place 
Louvois, démoli après l'assassinat du duc de Berri, 
le 13 février 1830. On aurait bien pu attendre qu'il 
brulàl, puisque tous les théâtres sont destinés â brûler. 
Les bois élaienl excessivement secs, car c'étaient 
ceux qui avaient servi k l'Opéra de la place Louvois. 



31. — J'accours d'Orsay à Paris pour voir les restes 
de l'Opéra. Oh ! queUe effrayante et horrible carcasse 
de ruines ; elle rappelle celles de la Commune. Pen- 
sait! l'incendie l'aspect du boulevoi'd des Italiens était, 
paraît-il, effrayant, car un vent violent chassait du 
cùté de ce boulevard une pluie de matiéras embruiiées- 
De -grandes quantités de braises, grosses comme le 
poing, s'y abattaient. C'est vers onze heures du soir, 
le '28, que la fumée sorlant du théâtre fut aperçue de 
divers côtés. 



1"' Niioembi-'; Jli7.'i. — Stupéfaction ou joie panni 
les Parisiens suivant leurs opinions. Le 27 octobre 
dwiiier, le comte de Charabord écrivit une lettre à 
M. Chesnelong, lettre reproduite dans XUnion du 28. 
Il y déclare vouloir conserver sou drapeau blanc et 
ajoute : « Je voudrais bien savoir quelle leçon .se fût 
attirée de Henri IV l'imprudent fisse?, osé pour loi 
persuader de renier l'étendard d'Arqués et d'Ivry. " 

Mais, mon prince, Henri IV qui a renié sa foi avec 
tant de désinvolture, qui a dit: Paris vaut bien une 
juesse, n'aurait pas hésité un seul instant h. dire : 
Il Paris vaut bien un drapeau il trois couleurs. » 

Ou dit autour de moi: u Cetle république esl 



- &■> - 

vriiimenL née coiflën. Hier meurt l'Eiiipereur, uujotfl 
d'hui Henri V se suicide. Le noble [uuboui'g va èl.re 
désolé lui qui, depuis quelque temps, opérait ud 
lessivage général, réparait et re'jlanc hissait ses hôtels 
pour le retour du Rai, retour que du reste tout Paris 
croyait imminent. 

7. Les obsèques du malheureux pompier Bellet ont 
eu lieu au Val-de-Grâce. Beaucoup d'artistes-hommes 
de l'Opéra ont assisté à la messe et Faure a chanté un 
Pin Jfixui. Les dames artistes y étaient loules. Elles 
avaient apporté une superbecouronne, véritable joyau 
du corbiliard qu'elles suivirent à pied jusqu'au cime- 
tière Montparnasse. Sans avoii- leui-s atours exti'aor- 
dinaires elles étaient oaturellement fort bien misea, 
élégamment et avec goût. Aussi les admirait-on & 
toutes les portes et à toutes les fenêtres de la pauvre 
rue Saint-Jacques. 

Sur le cercueil était étendue la tunique avec le 
sabre. La tunique était sans galons, Bellet étant un 
simple pompier ef non un caporal comme on l'avait 
dit. 

Le dévouement de Bellet rappelait, toul particu- 
liêpemeut aux dames du ballet, celui de cel autre 
pompier qui, plusieurs années auparavant, avait 
emporté dans ses bras l'adorable et chaste danseuse 
Emma Livry, entourée defiammes, etl'avait empêchée 
d'expirer sur la scène avant de recevoir les embrasse- 
raents de sa mère. 



10. — Je suis allé, d y a quelques jours, voir le 
monument, récemment élevé sur les hauteurs de 
Cbûtillon, en souvenir des soldats tués au funeste 
combat du 19 septembre 1870. Il consiste en un obé- 
lisque Iriangulairi'. I! n'esl pus tout iï fail sur In crSle 



~ 53 — 

ries haultjiirs, mais un pou plus bas. Ou l'aurai!, 
paraît-il, moiiis bien vu de loin. Il es! tlu reste près 
de l'endroit où se trouvaient les canons Krupp qui 
bomhanJèrenl si cniellemenl le quarlier latin. Arrivé 
devant le monument je ne puis me défendre d'une 
protomle émotion. Tous les souvenirs douloureux se 
présentent en foule à mon esprit. Je réentends l'arTreux 
sifflement des bombes, de celle surtout qui tomba h.u 
collège de France ofi je montais la garde, de celle qui 
éclata à deux pas de moi boulevard Saint-Michel, de 
celle qui. rue Vaugirard, derrière TOdéon, me força à 
m'élaler par lerre au milieu de mille éclats de verre. 
Le dflme du Panthéon, ceux de la Sorbonne et du 
Val-de-Gràco sont pour ainsi dire au pied de la 
montagne de Châtillon. Les Prussiens avaient beau 
jeu de les prendre pour cibles. 



20. — Hier l'Assemblée nationale a prorogé, de 
sept années, les pouvoirs du maréchal de Mac-Mahon ; 
c'est ce que les hommes bienveillants appellent le 
septennal et les malintentionnés le Mac-Mabonat. 

/t Déccmbvi: 1S73. — Bazaine fut hier condamné 
à mort par le conseil de guerre qui siégeait è Ver- 
sailles, sous la présidence du duc d'Aumale. Le 
conseil a signé un recours en grâce. Personne n'y 
comprend rien. 

14. — Mac-Mahon a chaiigé la peiiie de Bazaine en 
vingt ans de détention sans dégradation militaire. 
L'effet esl déplorable. Il l'eut été moins si taule peine 
d'emprisocmement eut été enlevée... mais après la 
dégradation. 



7 Janvier. — Rut! Oudiool, 1, morL du tri 
Philippe, supérieur général des Frères du la docU 
chrétienne. Les Frères ont de leur supérieur i 
superbe portrait en pied par Horace V^-net. Oari 
leur ignoranrie naïve a\. touchante, ils sont allés pria 
l'illustre peintre de faire, pour deux cents înmes^j 
portrait de leur cher père ; c'était le produit d'H 
cotisation. Horace Vernet eut l'exquise délicatesse â 
leur faire croire qu'il trouvait le prk très suftlsat 
11 fit donc le portrait demandé comme s'il eut été p^ 
dk mSle francs '. 



I Telle DHt la vevaion génfiralfiiuont admino «ur i 
portrnit ; oite » 6tâ ttocopbÉe h l'oris, où l'on iiiine t 
ATiMi d'tvubant pliig de facilita iiu'oUe prSlait iv une 
plnitmnteriB à l'égard doB FrÈrca. M. l'oojoulab, TBiileur d'it, 
vie tcfes esbimâe du FrtrB Pldlippo, no rncnitte pa» la ohose de l| 
mfiine fayon. Aux termee des lUageH vonstimUi de l'Initltntt B 
supérieur gén6nil doralC litli'o leira mm portrait. FrËre Philippe 
b'j cefaaait énergiitueuient, mais il lui tallub ae Ffisigner li In 
Tolouté expreste dan Fi:èTOe &B«dB(utta. L'an d'enx, ^re Jem 
l'-AoïniiTiier, ami d'Horace Vernet, ti'âH renseigué ma non gnuiil 
Calent, vint lui demander s'il vauluit ee ohurgar de l'cDuvre et oe 
sluiB aucKOemant parler de prix, Vemel. tria ému, loi répondit ; 
• Friire Jean l'ADiuonier Jumaiu pcrBanno au monde ne m'a fait 



pisoeaux. « 

Pcrajoula- 
1875. 









-ni II 



.ot je > 

: Philiptie. A. MauLe e 



— 5B — 

II. — Hier, h Raml-Siil[)Li-f?, ohsi''(iues rtu frère 
Philippe. Le cercueil fut mis sur deux tréteaux avec 
six cierges bien maigres. Le corbillard passa sur le 
boulevard Saint-Michel. Deax mille Frères le suivaieot 
et derripre les Frères, une fonle immense. Des deux 
côtés du cortège marchaient dix mille entailla. 

La robe du frère Philippe recouvrait son cercueil. 
On churchail en vain sa croix d'honneur ; on disait 
qu'on l'avait mise dans la bière ; sa vraie place était au- 
dessus. Ce convoi du frfre PhiHppe était un vérit(dilB 
triomphe ; pourquoi ne pas vouloir que sa croix fut à 

16. — (Quoiqu'il soit tt peine consolé d'avoir perdu 
son cheval de bnlaille, qui s'était cassé une jambe, 
le Maréchal vient de donner son premier bal, non pas 
h Versailles où II réside, mais k l'Klysée. Il était fort 
beau, grice aux bous soins et au goût de la Maréchale. 
Le duc de Nemours y assista en costume de général. 
On dansait encore h trois heures du matin. 

17. — Avant-hier, au temple de la rue Ghauchat, 
obsèques de M. Baltard, l'architecte des Halles 
Centrales. Celait le beau-frère de mon vieil ami, 
M, Lequeux. architecte du gouvernemenl, i]ui, lui, 
s'était converti au catholicisme avec tous ses enfants. 



24, — Le célèbre restaurant-concert du Bœuf à 
l'huilu vient d'être abattu pour l'élargissement de la 
rue Soufflot, à la hauteur de la rue Victor Cousin. 11 
était administré par une plantureuse matrone que 
dans le quartier lout le monde appelait : Mnmnn Bmvf 
à l'huiU. 



27. 



Depuis quelr[ue temps la rive gauche étail 



— 56 — 

inoDdée d'ignobles caricatures contre le Maréchal. On 
vient rt'en saisir un gros paquet, ctiez un libraire du 
quartier latin. Elles surit du Pilolel), le enriraturisle 
qui, en qualité de commissaire de police commuueux, 
arrêta Ghaudey. ■ 

Il est bien conclamni^ à mort ce Pilotell, mais on ne 
le tient pas. 

39. — Mardi 27', à l'Elysée, Mar-Mahon n donnii 
sou second bal aussi beau que le premier '. 
■ Ije duc de Nemours était encore à ce bai ainsi que 
les ducs de Chartres et rl'Alençon. 

Il y a trois ans, It^ 27 janvipr 1871, PHris capitulait. 
Que de choses depuis ce temps ! 

m. — Hiei-, .M. tlaru, mon voisin, qui tiemeui-e 
dans la rue Thénarrl, fui nninmi' membre île l'Aca- 
démie française à la place rie M. Vitet. Ï^^^.JlilJiJ^i 
même temps que M. Mézières qui re m p lac e'T 5mn?<l^ 
Girardin. Aujourd'hui ;iO janvier, p'esl Aie.\andre 
Dumas fds qui est nommé en remplacement de 
M. Pierre Lebrun. Cette triple élection a le privilège 
du passionner le Uuartier. Depuis ([uelque temp! 
êludiants chanlaient la scie du vitrier: 



TitTiBL' qui paaae ; 
vitrier piuaâ. 



len - _ 



Ils s'emparent de l'air île la chanson pour célébrer 
lu nouvelle et immortelle Irinilé el chantent, h liie-t^te 



l'Elysée éCnimit n 
(Lenoël-Zavur, la 
Aloau, âditeiir). 



Ib, Ibn réccptionn qiin le Mitl'i'ctinl ilnilIlHil. à 
>i'<ia»li|['H liai' le luxe et In hellc nrdonuitnoe. 
Bépnbiiqne, préaidciit.e. tin Miirêckal, Fdlix 



sur !e bniilevjird SHÎnl-Michi;!. dans !a rue des Kcoles 
el la nie Théiinrd : 

Knuoro un Caro S' uosf, 
V'Ii^ MAxIbrea qui piuoc : 
Enooro iiu (Jnro il' oatié, 

VU DUIUBR <|ll'll pllBS*. 

4 Fèvriri- IS74. — Visite du mart'cha! Mnr-M.ihnn 
«u Palais, en hiibiL do villo. Je me Lroiive le premier 
avocat, sur snn rhflmin. il me rend t.rps gracieuse meut 
niun salul ; !p préfet de la Seine, Ferdinand [luval, et 
Tambour, son secri^UirB général, me prennent 
affectueusemenl la main en qualil.f^ d'anciens ronFn'-refi. 
La Maréchal est vif, alerle, et n ia meilleure, In plus 
HorissanLe figure du monde; il part d'un paus allègre 
au Tribunal de commerce. 

2 heures. — M" Lacan, le bâtonnier, viont dans la 
salle des Pas-Perdus nous apprendre que le Maréchal 
H fait au Tribunal de commerce une déelnnition 
importante relativement à ses sepi ans de pouvoir. Il 
aurait dit à peu près ce qu'il a dit àMaInkoiï: J'y suis, 

5. — Voilà ne (|u"ii dit Mac-Mahnn au prtisident du 
Tribunal de commerce : " — Vous avez raison de 
dire que la confiance dans la stabilité du gouvernement 
est nécessaire à la reprise des affaires, mais jf ne 
comprendrais pas qu'il exislAt encore des craintes à 
cet égard. Le 10 novembre, l'Asserablée m'a remis 
poui- sept ans le pouvoir exécutif et. comme chef du 
pouvoir exécutif, je ferai respecter, pendant sept fins, 
dans l'état de choses actuel, les décisions de l'As- 



11. — Je viens Je perdre un véritable ami en la 
personne de M. Ctiboche. inspecluur général de Tins- 



— 58 — 

traction piiblii|uo, homme loul. k fail supérieur. If 
avait plusieurs fois Buppiéé M. Saint-Marc Girardin 
dans son cours de poi^sie française à ]a Sorborine. De 
carar.lère gai el jovial, il servait tout lîhaud de 
bonnes, spiriluelles et originales plaisanteries qui 
umusai«nt d'autant plus qu'il les Assaisonnait d'un 
léger reste d'accent picard. Un annien élève de l'EnoIe 
normale m'a dit (iombien étaient appréciées ses 
oouférences h l'Ecole normale. Il a laissé plusieurs 
ouvrages notamment: Let Mnnoire» et VHiitoire en 
France. Il aimait l'histoire, mais il en aiïecLJonnait 
surtout les petits côtés, c'est pourquoi il était passionna 
pour les mémoires, <.< ces crayons imparfaits, dit-U, 
Iracês le plus sùuvenl dans te silence avec tous les 
hasards el les désordres de l'improvisalion. •> 

M. Caboche est mort aujourd'hui à 63 ans, après 
quelques heures d'une indisposition qui semblait sans 
gravité. Il eut ù peine le temps de se reconnaître, mais 
il était prêt, C'étail un assidu paroissien rie Saint- 
Sulpice. 

22. — Aujourd'hui, d'après l'affiche qu'on vient de 
coller devant moi, 36ô" représentation rie l'opérette : 
la Fille de Madame Angat, qui se joue régulî^romeiit 
depuis un an aux Polies-Dramatiques. Clairette Angot 
s'est e\hibéti luus les soies au.\ Folies depuis un an, 
saut le Vendredi-Saint. Car ce snir-lft elle est allée 
entendre la Passion ii sa paroisse comme une lllle 
bien élevée. 

— Dans les />Riiais d'aujourd'hui, M. Eggfr afiiil un 
article très élogieux de feu M- Caboche, le suppléant 
de Saint-Marc Girai-dinft laSnrhonne. v C'étail, riil-il, 
un ancien lauréat du lycée Henri IV, dans la célèbre 
institution Hallays-DaLot. qui a produit tant do 
brillants élèves. ■> A deux reprises dilTérenles il eut lu 



soc.onrl prix GuberL pour son livre: Les Miimoires et 
l'Histoire en Frnner.. 

'i&. — Avods-nourt ri ilt; bon cœur, à la parfoLLe, à 
propos de projets d'impôts plus ou moins saugrenus. 
A k séance du 12 février, le vicotnt.e do Lnrgeril a 
propoBii de mettre un impÔL de deux fruncs sur les 
chapeaux à. haute forme. Léon Hny lui cria: " C'est, 
vraiment un impôt de capilalinn. " On rit et on ne 
prit pas la proposilkm en considération. 

On i-it, comment no pas rire? mais (]Ui3Jle trisl.esae 
cependant dans celle recherche obstinée et si néces- 
saire (le la matière imposable. Il faut bien, hélut^ 1 
payer les Prussiens, ce qui est moins risihle. 

7 Mars lêVî. — La réception liu M. Kmile Ollivier 
h rAtindémie française devait avoir lieu hier; elle fut 
ajournée parce que, devant la commission de lecture, 
qui prend â l'avance communication des discours, 
M. tiuizol et Emile se sont chamaillés. M. Uuizot 
trouvaitinopporlun l'éloge de l'empereur Napoléon III, 
contenu dans la harangue; mais il ne trouva pas 
inopportune une allusion au cœur léger d'Ollivier. 

— Le Fignrii a publié le discours d'Emile Ollivier, 
(jui le lui a très probablement communiqué pour 
rendre le public juge de la querelle. 



9, — (îrande animation sur la place du l'anlhéon. 
On vient d'inaugurer, à la Bibliothèque Salnte- 
(.îeneviÈve, sur Ir pn^mier palier de l'escntier, le buste 
d'un Suisse, nommi^ (iéring, qui, en 14(J9, h In Hor- 
bonne, inslallM des presses à imprimer. Hur la base 
du p-.ilil monuinenl se trouve relaie le nom de Dele- 
pierre, le prieur de la Sorbonue qui, loul perplexe, 



— m — 

iiiiirclier iJerritri^ mi curliillani farl cuaveuablu, inaîan 
très simple. Un jeune polyLftDhiiiRipiiooriduil le deuil; 
c'est le Qis du général Cavaîgiiac, ancien chef du 
pouvoir exécutif en 1848- Le ceroueil, qu'il iiccam- 
pagne, esl celui de sa mère, née Odier, morle è l'âge 
de 41 aas. Oe cercueil sera placé au cimetière Monl- 
martre dans le coin où repose déjft le général ainsi 
que Cavaignafi, le conventionnel, et Oodefroy Cavai- 
gnac, père et frère du général. 'Près républicaÎQe, 
^iiiB Cavaignac a élevé son fds dans les principes de 
la démocratie. 



Dimanche ÏO, — VjD route pour voir les restaurations. 

La colonne de Juillel est cumplèlement réparée. 
EUe étail Irouée. comme une écumoire, par les balles 
qui a\aient pas'ié ii (ra\ers. On a peiinis nu public 
d'y remonter cai le bourgeoisile ParisaimefimnnlRr 
sur la rrlonne de Juillet c'est aa. colonne a lui. 

L un des premiers visiteurs a profilé de la pennis- 
sion pcui s elanetr en bas. Il est tombé sur l'un dt-s 
coqs qui oiucnt la base et s'est tué raide. 

Quant a la colonne Vendôme, celle des militaires, 
elle n est pa^ encore lernunée. On est presqu'au tier.-*. 
C'est ties long de monler spirales sur spirales et de 
les ajuster aveo àoui 

Les vieu\ soldats suivent avec sollicitude oe curieux 
travail mais ih ont déjà reçu une grande satisfaction 
cai le palais de ia J egnn d'honneur est entièrement 
répare grlce aux lois le tous les légionnnires, riches 
ou pauvies 

— Un jeune employé du Prinlemps, en taisant 
semblant pour amuser ses camarades, d'a.valer unp 
petite touichetle iavala effectivement. Il n'esl pas 
moit mais il souffre beaucoup. 

(j est en le m nui t le sujet conslnnl des conver- 




>•!'«■ r ,HH,,i„i„i 

t^l il PHl pourliiii) biPti à plaidrp |p pauvre garçon. Les 
café s -00 ne* ris chaulent une lîomplaJnle sur «g» Irisle 
lurl. 

27. - On a envoyé à. la PJLié, Jans le service de 
M. Léon Labbé, i'homme a la fourcheUe. M. Labbé 
a cherché à la saisir ilana l'esl.omac, avec une pince 
fort curieuse qu'ainvenLée Mathieu, l'habile tabriiïanl 
d'instruments de chirurgie, qui demeure au carrefour 
de l'Odéon, mais il n'a pu réussir. M. Labbé s'est 
servi ensntlp. pnm- ptiidier l'estomac, d'un explorateur 
iTOuvé \iiir M. r.iilliii, l'émule de M. Mathieu, mais il 
n'a l'irii ^niii. On si' demande où peut Hve. bien 
passée ivllr foDi'i'hcllp. 

La pince de Mathieu est ordinairement plus heu- 
reuse dans ses opéralions. Il y a quelques années, un 
(ftiaeur de tours, qui se trouvait sur la place de l'ïiloole 
de médecine, voulut faire semblant d'avaler une 
fourchette et par suite de quelque contraction du 
gosier (peut-être suis-je en train de dire une sottise, 
tant pis I) il l'avala. On entraîna le pauvre diable dans 
un des pavillons de l'Ecolo-eL grAceà la pinceMàthieu 
on lui retira triomphalement la fourchette. Ses jours 
fuKnt sauvés el aussi In réputal'ion de l'école de 
chirurgie. Esculape lui dit: v Ne recommencez pas p( 
surtout sur la place de l'Ecole. Si nous n'avions pas 
réussi, qu'aurnil-on dil de nous, " 

28, - — Obsèques de mon vieil ami l'abbe^Arnaull, 
curii de Sainte-Marguerite, au faubourg'Anloine : 
avec lui je me suis occupé, pendant quinze ans 
environ, de sociétés de secours mnluels paroissiales. 

IJ n'a pu se relever des émotions que la Commune 
lui a fait éprouver. Il s'est, il est vrai, soustrait Jt sa 
rage, mais son presbytère, se.'î meubles, ses livres, 



qu 



lui 



i''chappé. TouL a l'-lt* mini 



lîemjri 



i la Gom- 



uiune, il au refiigiu dans un «hélif pavillon, (lépeniioiiL 
(le sou t^glise, en faue des ruines du preshyLère. J'allai 
l'y voir et il me dil tcistemenL : ■■ Me voilà sans rien, 
sans meubles, sans linge comme un jeune vicaire 
sorUinL du séminaire. •> 

Depuis ce momenl il ne Itl que déclineV. 



Samfidi 3 Mai / «7^. —Hier vendredi, M. Gri^ffulh.- 
acquil. pour 120.000 francs, k l'hûte! des venles, un 
Lahlttau de Murillo représenLarit le Pulil Pasteur, 
c'es(-à-dire un enfant Jésus velu d'une peau de 
mouton. 

Ce tableau avait été donné à M. Guiznt par la reine 
Marie-Chris tioe, après les mariages espagnols. M. 
Guizot l'avait mis en vente pour rembourser 50.000 fr. 
que son (ils Guillaume avait empruntés à l'empereur 
Napoléon 111, ce qu'U avait toujours ignoré et qu'un 
bonapartiste, bien informé, lui repi'ocha à l'occasion 
du discours d'Emile Ollivier. 

17. — Hier samedi, laUroitearenve''8éleminirtlèi-it 
de M. de Broglie k cause de ses tendances à organîai-r 
le SepleiUKil ; i^e qui {levnil faire taire nnlichambri^ 



- I.p général de llis^^ev ewl mis 



I Un jonr, un des houiuies len iiIuh )iravas de cette extrSme 
Droite iini couipbnit aotant de hérOB que d'exaltée, sortant do 
ohex le Mai'éoliBl, H'éaiia : « C'est liuuenUvble ; Il veut router Begic 
un», jnUl l'aire faire iintichivnibro an Koi, » [Ernuat Daudet. 
' I lU la prisidfiiee du Mm-érhal île Mac-Miihtm. Uentii, 



«ditf 



ISaUj. 



Conseil tlew iiiinisl.res, avec le concours du iliii' t|p 
Gazes. 

9 Juin 1874. — Il y lUiL hier, à î'AsBemblèe de 
Versailles, une sénnce terrible ; les républicains el les 
bonapaHifites onL manqué d'en venir aux mains. 1)3 se 
ineltaienL les poings aous le nez. Voici le pourquoi: 
M, Rouher ayant attaqué les membres de la Défense 
Bationale, Gàmbetta escalada la tribune en vbciféranl : 
« Il est des hommes quin'onlpas le (lroitd£> demander 
des comptes aux hommes du IJualre-Seplembi-e, ce 
sont les miaérables qui ont perdu la France. " 

10. — Des énergumèoea onl aUuqué (ianibetla â I» 
gare Saint-Lazare, lorsqu'il se préparait à partir pour 
Versailles ; ilft lui onl intimé l'ordre de ne plus irsulter 
les bonapartistes. 

12. -^ Hier soir, 4 son retour de Versailles, le mar- 
quis de Sainte-Groix a donné un coup de canne à 
(iamlielta. 

14. — Hier et aujourd'hui, la gare SainULasare a 
été occupée mililJiirement. Ça vaut bien la peine de 
idsser à Versailles l'Assemblée nalionale ; c'esl encore 
pis qu'à Paris. 

15. — La gare est débarrassée de soldats el est 
rentrée dans le plus grand calme. 

— M. Renouard de Sainte-Croix a été, jeudi 13, 
condamné à si\ mois de prison. D'autres personnes 
ont été également plus ou moins chûliées pour purli- 
cipation aux désordres. 

20. — HiiT, (1 six Iieui'es du soir, est mort le grand 



CriLique Jules Janin, d'une nltaque 'Je gmil.le j 
bablemenL, Il ^IaH très replel, 1res rosé, et ava^l b 
les apparences d'un goutteux. 

Pendant près de quarante ans il habita dans. 1 
maison qui fait, le coin de la rue de Vaugirard et i 
la rue Corneille, en tace la grande entrée du Lux&h 
bonrg; il étail là heureux nvec sa femme et sa pe) 
ruche. Après être resté quarante ans dans le mSiQ 
appartement, au cinquième, je crois, il alla passer a' 
derniers joni-s à Passy dans un joli petit chalet qtj 
fit construire rue de la Pompe, 

Quand on passait devant la demeure de Jules Jai 
rue de Vaugirard, on ne manquait pas de contempld 
le cinquième. On ne peut se figurer l'empire qu'a 
Jules Janin sur l'esprit des jeunes gens. Quaj 
j'arrivai, en 1840, ii Paris, pour me tenir au courai 
de la bonne bttérature, les camarades i 
entre les mains : L'Ane mort el la Femme guillotir, 

Heureusement, pour Jules Janin, les femlletc 
littéraires des Débats valaient mieux. 

i" Juillet 1874. — Au moment do faire une > 
avec ma femme, je lui dis : « Mets donc le chn 
Temaus qui vient de la mère. » — « Je n'os 
jamais, » me dit-elle, — « Bh bien, mets alors | 
cachemire de l'Inde que je t'ai donné, 
n'oserais pas davantage. » — « Que veux-tu dirt 
pourquoi ne pas oser mettre les cachemires t 
— " Mais, vous n'êtes donc au courant de : " 
au Palais, me dît-elle en riant, tu ne sais dono |. 
que le chûl<^ est complètement démodé et qu'oa* 
porte plus que des vêtements confectionnés, ajusléj 
je ne puis me taire remai-quer. n 

Ruinez-vous donc afin de mettre un cachemire d 
l'Inde dans la corbeille de votre fiancée pour qu 
(jnolqufs années après elle ait honte de le porter. 



— 67 — 

Ces changemenls de mofifi ne sont-ils pus exlrnor- 
(Jinoires? Ternaux, Biel.ry onl fait d'ndinii'ables etrorts 
pour doter la France de l'industrie des chlles et voilà 
que tous leurs efforts deviennent infruclueux pnr 
suite des caprices de la mode ', 



24. — Sénard, ancien bdtonnier des avocats k ia 
Cour d'appel de Rouen, qu'il a quittée depuis plus de 
dix ans, vient d'iHre nommé bitonnier de l'ordre des 
avocats ft Paris. Il a 74 ans bien sonnés, le vieux 
IuLleur, et on ne s'en aper<;oit pas. Cependant, il y a 
quelque lemps, il nous disait h la parlotte: « Cette 
profession d'avocat k Paris est bien fnligante. Il faut 
courir de chambre en chambre, dn Tribunal ù la Cour, 
de la Cour au Tribunal. A Rouen, Je ne me fatiguai-s 
pas, je ne plaidais qu'à la Cour, suivant l'usage adopté 
par les avocats qui ont conquis une certaine situation. 
A la première chambre de la Cour j'iivaiiî môme ma 
place (jue personne ne me prenait. » 



27. — Cette nuit, une grande partie des jardina du 
Val-de-Grâce s'est effondrée dans les catacombes. 
Aucun accident, fort heureusement. Pendant la 
journée de nombreux militaires convalescents seraient 
tombés dans le gouffre en se promenant. Très sou- 
vent sur la rive gauche des éboulements semblables, 
mais moins importants, se produisent. Le sol est. en 
effet, complètement vidé des matériaux qu'on en a 



I En H 



a 19<J 



j, [lei 



il était sipnBâ 



dans le grand aulon de l'Eaolo 

l'iBOTre d'Alfred StoTona, le peintre si charmiuit don fbnlinea du 
second ompire. Tout le niondB fitoit Hurpris do ynir tant de 
emaden iliiirieH rer^tuBA do oachemlrcB et H'^Conniiit d'Pbre obligé 
li'aduiiror leurs grUoes et leur éll'Eauce. 



— m — 

l'elirés pour eonslruire Piii'is, Beaucoup de tnaïsGI 
sont aussi hautes au-dessous du sol des nres qu« 
dessus parce que, pour les élever, il faul descendï 
les fondations jusqu'au sol nu^me des catanombes. 

Les chaussées, les cours, les Jardins sont ma 
soutenus al s'éhoulent plus facilement. On dit dai 
quartier : " Telle rue, un fontis s'est déclaré. > ~ 
ou fondis est 1b mot consacré, et tout le monde cov3 
à ce speclncle. qui se renouvelle sans cesse, comq 
si c'était un spectacle nouveau. 



M Aiiût 1874. — Il y a quelques jours un indivi 
se jetait de lit tout- sud de Notre-Uiune et vem 
s'abattre dans le janlin de l'ai-chi prêtre, curé 
Notre-Uame. Un autre désespéré en fit autant hîsr 1 
il est encore tombé dans ce jardin fatal. On a trouj 
sur lui 900 francs d'or et des papiers écrits j 
anglais. 

Voilà un jardin malsain pour rarchiprétrc. 

25, — Fouilles devant Saint-Germain-dea-Prés, .jj 
long du nouveau boulevard Saint-Gerraabi, pour ^ 
asseoir les trottoirs. Des cercueils ont bien vite appai 
non de moines bénédictins, car ils étaient enterrés ^ 
l'autre côté de la basilique, dans le grand clolt 
mais cercueils de bons bourgeois et d'ouvriers, 
bonnes bourgeoises et irouvrières avec de minusoi^ 
cercueils d'enfants dont un (un amour de cercueil t|4 
été emporté pour les collections de la ville. 



31. — On vient, au bout de l'allée del'ObservBtoîp 
de hisser sur un socle, en forme de fût de colonoj 
un magnifique groupe de Carpeaux, composé de quoi 
femmes très décentes, tiuoiipie mies, n!iuis pfl 
délurées comme celles du fanieu.v groupe de la daiu 



Elles nous rupréseriLiiiit (iiialre parties du monde; 
X'Ëurope toute séduisante, VAxie avec ses yeux en 
amande, VAmériqvt! avec un diadème de plumes et 
y Afrique avec sa laide friihouase, ses grosses lèvres, 
ses cheveux crépus, mais son corps superbe. On lui 
mettra un ioup. 

Elles soutiendront toutes quatre la sphère du monde. 
Comme l'Europe est moins grande que ses rompagnes, 
elle est obligée de se lever sur la pointe des pieds, 
rien de plus gracieux. De plus la mignonne regarde 
du côté de Paris, 

9 Septembre i874. — Un savant officier d'artillerie, 
M. Gras, a inventé un fusil qu'on vient d'adopter pour 
l'armée, comme supérieur h tout ce qui a été [ail jus- 
qu'alors. Cela ne m'étonne pas du tout. Depuis long- 
tompa je connaissais la haute valeur de M. Gras. 11 a 
épousé la fille de M- Guiirin de Vaux, conseiller h la 
Cour d'appel, oiîcle de mon cher confrère Chrélien 
qui m'a bien souvent parlé des nombreuses recherches 
du capilaine. 

iO. — Hier, h deux heures, rue de la Victoire, dans 
le quartier des hauts barons juifs, inauguration d'une 
nouvelle synagogue. Voilà une synagogue qui va avoir 
de fameux paroissiens, notamment les Rothschild. 
Le quartier est du reste peuplé de juifs. Le rabbin 
Isidor a donné la bénédiction. Des chœurs ont chanté 
des morceaux religieux tirés des œuvres des compo- 
siteurs israéhlea Halévy et Jouas. 

30. — La passion du diplôme s'accentue de plus en 
plus. La fille du baron Alphonse de Rothschild vient 
de passer ses examens. Elle peut ainsi être mstitulHce 
et gagner de quoi soutenir son vieux pore. 



— 70 :- 

fi Ociobre 1^74. — Les journaux raconlenl.. avec 
force détails, commcnL s'est passée In représentation 
au bénéfice de Déjazet qui, dans aa vie, a gagné des 
monoaaux d'argent, mais n'a pas su metlre un petit 
sou de côté. Cette représentation à laquelle ont con- 
couru les premiers artistes de Paris a rapporté de 
qu«i mettre la vieillesse de Déjazet à l'abri de la 
misère. La pauvre cigale a chanté ia jolie chanson de 
Lisette composée, paroles et musique, par le musicien 
Frédéric Béral : 

i qui anig Lisotte, 



Dimanche 10. — Promenade avec les enfants au 
Jardin des Plantes 'pour voir le palais où on vient de 
mettre les crocodiles, les caïmans, les pythons, les 
boas, les serpents k sonnettes et à lunettes. Beaunoup 
de malheureux ne sont pas aussi bien logés. On nourrit 
les serpents de rais vivants; mais dernièrement un 
rat, auquel on n'avait pas demandé son avis pour se 
laisser dévorer, a sauté h la tête de son adversaire 
et l'a tué net. 

Les nounous, les pioupious et leurs payses, les 
petits garçons et les petites fillos chantent les louanges 
du rai vainqueur. 

Z" Novembre 1 874. — Je suis allé voir, à Bagneux, 
un monument inauguré le 13 octobre dernier, en sou- 
venir du combat héroïque qu'ont soutenu les mobiles 
de l'Aube, le 11 octobre 1878. Leur oominandant, 
comte de Dampierre, tué dans la lutte, tomba mourant 
dans les bras de Casimir Périer. Le buste du comte 
surmonte le monument. Il est en costume de com- 
mandant de mobiles. 

Sur le piédestal se trouve l'inscription suivante: 




- 7i - 

Aux mobili's de l'Aube et aux soldats de toulfis urmes 
qui ont succombé le i,'i octobre. 

Pendant le siège de Paris, ce combat heureux des 
mobiles de l'Aube nous avait rasséréné le cœur à 
nous boui^ois et ouvriers, gardes nationaux dû Is 
rive gauche; aussi leur fimea-nous un accueil enlhou- 
siasle sur le boulevard Saint-Michel, le jour où ils 
rentrèrent dans Paris pour prendre (luelque temps 
de repns. 

10. — Hier, lundi 9 novembre, bnusiii monstre [«il 
à M. ChaufTard fi l'ouverLiire de son cours de patho- 
logie. Ça chauffait fort et pourquoi donc ? parce que 
ce Chauffard est un vilalisle. Qu'est-ce que ça peut bien 
(.Hre qu'un mlalUtc ? — ^ Je n'en sais rien. Il est à croire 
que le vilalist^- est un homme qui se rapproche pins 
du spirilualtsli: que du matérialiste. Car au moment 
où le professeur est venu s'asseoir dans sa_ ch aire, on 
lui a crié : « A bas la calotte I « «•«■• 

Enfin la leçon se continua tant bien que mal. En 
sortant du cours, les étudiants aperçurent dans la rue 
une belle voiture de maître iiui passait tranquillement. 
Se figurant que c'était la voilure de M. Chauffard, ils 
coururent après en poussant des vociférations. Ils 
turent bien penauds quand ils s'pperçurent que c'était 
celle d'un bon bourgeois placide qui. passant par le 
carreau sa lôte ahurie, s'étonnail très fort d'être 
appelé : Chauffard. ' 

12. — Hier, mercredi, çit a encore chauffé dur au 
cours de M. Ctiaudard. Il fut obligé de se retirer. 



llî. — Pour calmer le trop grand échaufl'emenl do 
l'Ecole de médecine, l'autorité supérieure vient de 
lancer sur elle un Je! d'eau glacée. Sa fermeture est 




— Î2 — 

ordonnée jusqu'au 1''' dHCBinlire prochain; plus i 
cours, plus d'examens. 

On me diL que le fils de M. Chauffard occupe une 
situation près le ministre de l'Instruction publique, 
M- de Cumont. Oh ! alors, le professeur ne serait pas 
seulement un viialitle, mais nussi un rnyalUle ; tout 
s'explique. 

24. — Hier, première représentation, au théâtre rfii 
Palais-Royai, d'une pière de Henri Meilhap. (a Bnnle. 
C'est une histoire de séparation de corps à propos 
d'une houle d'eau chaude ou moine (jue la femnie a 
fourrée dons le lit conjugal, mais que le mari a jetée 
par la tenéire parce (ju'elle lui égratignait et chauffait 
trop les jambes. Ln femme demanderesse aUègije, 
comme gros grief de séparation, que son mari a voulu 
la faire mourir de froid. Pour composer celte pièce, 
Meilhac s'est fait renseigner par un avoué fort iuM- 
ligent. l^ÊÉÊKÊf son ancien camarade de I^ouis-le- 
Grand. Aussi les délails delapracédurede séparation 
de corps sont-ils parfaitement exacis, s^uf certains 
dont rine.\actitude est voulue. AmsîMeilhac, désirant 
faire assister ies spectateurs h une enquête et n'osant 
pas montrer sur la soêne le juge enquêteur, l'a 
remplacé par un avocat suppléant, quoique ies avooats, 
h, Paris, ne remplacent les juges qu'à l'audieoce- 
L'avocat choisi comme type, homme tout à fait 
.supérieur, mais fort original d'esprit, de tenue et 
d'allure, N,, a été reconnu par toutes les personnes 
de la basoche qui assistaient à cette première repré- 
aentalion. 

Les acteurs, paratt-il, ont été merveilleux de verve : 
GeoR'roy, Gil Pérès, Liissouche, Lhéritier, .surtout 
L^énJ.iei^ qui s'est faU la tète de N. -/* '« -^ -jîii^«. 

25, — Tout le Palais assialail à la deujtième repré- 



senlaLion rie la Boule. Le spuetaplc ùtaiL auLaiil. dans 
1^ salle qua sur la sripiie. 

28. — M. Joseph Beplmnd vieiiL d'être noinmc, 
lundi dernier, aacrï^taire perpétuel de rAeadémie des 
sciences: il a 52 an»; il était déjà de rAcadêmie à 
34 ans. H avait tant de dispositions pour les mathé- 
maliques qu'à l'âge de do|i2e ans on lui permit, mais 
à litre de pure curiosité scîflntifiqye, de concourir 
pour TRcole polytectinique. Il y fut admis. Quand il 
eut l'flge pour se présenter régulièrement, il y fut 
reçu le premier. C'est le frère de M. Alexandre Ber- 
trand, conservateur du Musée de Saint-tiermain et le 
beau-frère de M. Hermite, le grand mathématicien 
i)ui demeure au-dessous de moi, rue de la Sorbonne, 
n''2. 

M. Bertrand étnil beau garçon, mais malheureuse- 
ment il eut l'extrémité du nez écrasée lors du fameux 
accident de chemin de fer de la rive gauche o(i périt 
Oumont-Durville. 

Certes il n'est plus beau il cause de cet accident; 
mais on ne s'aperçoit gufre de sa laideur acquise, tant 
sa figure rayonne d'intelligence. Je le vis pour la 
première fois il un sermon du Père Lacordaire, Il se 
tenait droit, adossé k un pilier de ia basilique, les 
yeux ardemment braqués vers l'orateur. Je vis tout 
de suite que ce n'était pas le premier venu, ce que 
du reste j'appris bientôl de mon voisin '. 

27. — Le Conseil municipal vient d'ordonner i'en- 
lèvemi.'nt du monuinentde Desaix qui se trouve sur la 



1900; M. liermite. 



- 78 — 

matinée, il n'y avail ubsolumenl riea dans les marché»^ 
Les habiLanls de la banlieue, les maraîchers n'avaienl 
pas osé venir à Paris dans la orainLe de casser iet 
jambes de leurs bidets. 

11 Monsieur, me dit une vieille toquée, on ne devra 
jamais commencer l'année un vendredi!!! Il y B 
quatre morts, monsieur, el combien de blessés, on nâ 
le saura jamais. Dieu ! tiiie les chirurgiens doivent] 
6tre uontenla ! " 



6. — Hier, inauguration du grand Opéra. Le lorô- 
maire de Londres y avail été invité. On s'écrasa sm 
les boulevards pour le voir passer en grand coatumeJ 
avec ses cochers en perruque, ses massiers vétui 
comme au temps de la reine Elisabeth. Chacui 
ouvrait de grands yeux pour mieux contempler 1« 
s d'or qu'ils tenaient à la main. 



12. — Uu dimanche 3 Janvier, fête de Sainte- _ 
Geneviève, au lundi 11 janvier, c'est-à-dire pendanw^ 
toute la neuvaine génovéfaine, la croix du PanthéonJ 
a paru illuminée sur le haut du dôme. 

25, — Mort de l'abbé Moléon, curé de Sain l-Sé vérin, J 
Pendant sa longue captivité de 1871, au dépôt de 11 
Préfecture, à Mazas et à la Roquette, il a contracté Ii 
maladie dont il vient de mourir. Quand il se fut enfutj 
de la Roquette, après l'entrée des troupes dans Paris J 
il vint droit à Saint-Séverin où on le prit pour i 
revenant, tant il était pâle et défait. Avec le temps 01 
se remit quelque peu, mais végéta plus qu'il ne vécut.* 

26. — L'ouverture du nouvel Opéra, construit pal 
l'nrohitecle Uarnier, a stupéfié les Parisiens, 
s'atleuduient pas à un pareil luxe. L'escalier est celuifl 



d'un palnis Je fi-ps, aussi on parle moins de l'Opéra 
propremeiil dit que de son escalier, La rampe esL 
en onyx ; les balustrades reposeni, sur des marbres 
verts ou jaunes, je ne sais; c'est, paralt^il, une 
débauche de polychromie. 

Comme à la parlolte je grognais à propos de tout 
ce luxe, après que la France s'est saignée de ses 
quatre membres pour payer les Prussiens, uncoofrere 
me dit : <■ Y pensez-vous de porler ainsi. L'Opéra étail 
commencé, tout était commandé. Fallait-il ne pas 
proOler de toutes ces dépeBses, en ne continuant pas. » 
— « Soit ; vous avez raison. » 

Je rencontre assez souvent Garnier dans le Quartier, 
oi'j il demeure. Il est fort laid, malgré des yeux très 
vifs. Son crfljie plal est surmonté d'une épaisse che- 
velure frisée. Il est très jovial de caractère et cultive 
fort heureusement le calembourg par à peu près ; c'est 
encore l'élève des beaux-arts à vingt ans. 

28. — Hier soir, mercredi 27 janvier, deuxième bal 
ofticiel donné par le Maréchal. Les pédicures vont 
faire de belles affaires, car on se marchait littéralement 
sur les pieds. Il y avait plus de six mille personnes, 
A une heure, la Maréchale a traversé lous les salons 
de l'Elysée au bras de son fils, élève de Saint-Cyr. 



31. — Hier, grâce à l'intervenlioii de M. Wallon, 
membre du centre droit libéral, la République fut 
votée à une voix de majorité. 

M. Wallon est un homme du Nord [né à Valen- 
cîennes), homme froid qui a préféré la République à 
la Monarchie parce que la Monarchie ne daignait pas 
sauver le pays, 

I! a une bonne figure, une tète dans le genre de 



celle de M. Gfi^vy ; 
barbe '. 



mme lui, il pofle un oolliof f! 



S Février 187â. — Un des in df ai Leurs oCdinaiffij 
de Paris vient de mourir, M. Pape, l'iiweiiteur s 
piano droit. Le piano, avec celte nouvelle forai 
amincie, envahit, loua tes appartements parisiens à 
en ohaasn lo repos, le calme, le silence si nAcesai' 
h. l'i^tude ! ! 

15. — Vers 180Î, en luisant des fouille.s, pour \ 
égoût, dans le lycée Henri IV, on trouva un véritat 
Irésor de médailles et de pièces de monnaie t 
Ces pièces sont surtout importantes k cause des p0| 
sonnages représentés. RéoemnïCilt ta Ville, pour (' 
permettre l'élude, a fait remettre les douze plut 
cteuses ati Cabinet des mf^dailles de In BiblioUièqM 
nationale. On y remarque surtout des monnaies^ 
l'effigie de Ploline, femme de Trajan, et des dM 
Paustine, l'une femme d'Antonin et l'autre femme cl 
Marc Auréle. Ces monnaies valent environ trois c 
francs pièce. Plotine était une bonne et chai 
matrone. Mais les deux Faustine ne valaient [ 
mieux l'une que l'autre. Le vertueux Antonin, le piei 
et le non moins vertueux Marc Aurèle 
waimeiit pas de chance. Ils en prirent leur partît 
furent chacun ie modèle des maris. Ils leur occordèree 
même ù toutes deux après leur mori les honneoi 



< On Di'oit génâraLemeiit que H. Wnllon étnit de laSoCiéMA 
bohûiues UCCémirBS, dont Henc? Murgsr a, reliracâ lea a 
dune les ffrhiet de la nie de Bohtmc, et que duiisoe livre 
■OQg lé nnm de Colline. On oonfond avec .loan Widlob. trIlB S 
tingué philosophe, pnbliGJBte enthulique et haiiime du Nord ci 
son giniieux homoiijioo. Voir la 5' édition liu Dielion 
Oatilemptirmija, de Vnporean, iniiole JMm Wnllon. 



— 81 - 

divins, très heureux sans doute de pouvoir enfin les 
Golloquer aux Dieux. 

— Bonne nouvelle. Aujourd'hui s'ouvre à la mairie 
du VI" arrondisaemenl une enquête pour le prolon- 
gement du boulevard Saint-Germain à partir de la 
rue Haulefeuille. 

16. — Les cnricûturiates vont être obhgés de rac- 
courcir les oreilles du prince impL^rial puisqu'il vient 
de sortir de l'école de Wooiwich après avoir passé 
un trÈs bon examen ; sur trente-quatre .sortants il est 
le septième. Ne sachant que dire sur ce jeune homme 
ni comment le portraicturer, ils ont imaginé de le 
gratifier de longues oreilles pour faire croire qu'il 
était un sot et un ignorant. Partout aux vitrines des 
marchands on ne voit que longues oreilles d'âne. Elles 
vont rester pour compte k ces messieurs les caricatu- 
ristes. Ils peuvent s'en affluhler avec avantage. 

91. — Le forfait est accompli. On vient d'ecilever 
le monument de Desaix. 

26. — La Constitution républicaine a été votée, 
hier, h une assez grande majorité. Mais elle a été 
déclarée révisable sous certaines conditions. Elle fut 
rédigée par M. Wallon. 

27. — Corot vient de mourir dans son appartement 
de la rue du Faubourg Poissonnière. Il avait fuit 
appeler le curé de SainL-Eugène, s'était confessé et 
avait reçu la communion. Hier, on fil ses obsèques k 
Saint-Eugène. L'église était pleine. Le brave curé, 
lout heureux de la fin chrétienne de son illustre 
paroissien et n'y voyant pas maUoe, est monté en 
chaire pour exhaler sa joie: » M. GoruL s'est confessé, 



— sa — 

dit-il, et le 11 février je suis ailé lui porLer la sainte 
communion. C'était un artiste spipîtualiste, on l'a dit 
dans les feuilles publitjueB, mais ce qu'on n'a pas dit 
c'est qu'il était chrétien. » Un grand brouhaha s'éleva. 
M. le curé, étonné et effrayé, dégringola de sa chaire. 
Quelques personnes, peut-être pas très bien inten- 
tionnées et prévenues, interprétèrent mal les paroles 
du prêtre. Elles entendirent ou crurent entendre : 
u On a dit que Corot était spiritualiste, j'affirme qu'il 
él^it chrétien. Je l'affirme parce qu'il y aura des libres- 
penseurs qui le nieront. » 

Les oraisons funèbres dans les églises sont toujours 
très dangereuses parce que l'assemblée est composée 
d'assistants de toutes opinions, trop souvent hostiles 
au clergé. 

Jeudi 4 Mars ISl^i. — Le mariage de M. de Ju- 
milhao, arrière-petit-neveu du cardinal de Richelieu, 
eut lieu aujourd'hui à la chapelle de la Sorbonoe. 
C'est une habitude constante pour les membres de la 
famille de Richelieu de se marier à la chapelle de la 
Sorbonne où se trouve le tombeau du cai'dînal. 

10. — M. Buffet, présidentde l'Assemblée nationale, 
a donné sa démission pour être mis à la tête du 
conseil des ministres. Il est ministre de l'intérieur, 
M. Duftture ministre de la justice, le duc Decazes 
ministre des affaires étrajigères, M. Wallon mitiistre 
de l'instruction publique. 

22. — L'abbé Castehiau, premier vicaire de Salnt- 
Séverin^ a été installé aujourd'hui comme curé de 
Baint-Séverin. L'archevêque n'a pas l'habitude de 
remplacer les curés par les premiers vicaires, mais 
M. Moléon avait supplié qu'on lui donnât pour suc- 



cesseur M. Castelnau qui, au risque rJd sa vie, l'nvail 
remplacé pendant non emprisonnement en avril et 
mai 1871. 

5 Aerit 1875. •■ M. Wallon vient, en pleine Sor- 
bonne, lors de la distribution des récompenses au\ 
Sociétés savantes de prononcer un discours républi- 
cain à grand orchestre. Il a expliqué les changements 
opérés par le vole des nouvelles lois constitutionnelles, 

... /m„. 

Les vieux savants ont fort applaudi le ministre, le 
père de la Constitution, le père de la République, 
comme tout le monde l'appelle en rianl. 

18. — En faisant des fouilles, quai des Orfèvres, 
en faoe la Préfecture de police, on vient de découvrir 
un pan du vieux mur de la Cité, mur élevé pour la 
protéger contre les débordements de !a Seine. Beau- 
coup des pierres de ce mur portent à leur surface des 
signes étranges, que les ouvriers du moyen-Age 
avaient l'habitude de tracer, pour (itire reconnaître 
leur travail et s'en faire payer. A l'intérieur de la 
grosse tour de Saint-Germain-des-Prés on voit encore 
beaucoup de signes semblables. 

23. — La sixième chambre se tient dans une vraie 
boite en planches, que les architectes ont élevée en 
pleine salle des Pas perdus, dans des conditions 
atroces d'insalubrité. Dame Thémis et les avocals, 
ses suppôts, y attrapent Journellement des rhumes 
et des rhumatismes. Le préaident, M. Gérin, furieux, 
a levé aujourd'hui l'audience, tant il y faisait humide, 
et comme il ne se gène pas, il dit au greffier : " Gret- 
iier, inscrivez sur votre feuille d'audience que cette 
audience a été levée pour cause d'insalubrité. » 



Certes nous sommes niissi maltieiiroux qu'au lai 
main de la Commune dans oe palais non 
reconstruit. 

24. — Ij'anihevèque de Ptiris a obtenu une loi Im" 
pevmetLaiil. d'exproprier celiea des maisons el masures 
de Montmartre que néeessite le projet de l'église du 
Saoré-GcBur. Il a donc appelé les intéressée devant le 
jury. Mon vieil ami Clause! de Goussergues a plaidé 
pour lui ; c'est un bon et sincère républicain, quoique 
petit-neveu de l'arehevôque de Chartres, Clausel de 
Montais, et de oe fameux royaliste Clausel de Gous- 
sergues, plus royaliale que le roi lui-même pendant 
la Restauration. 

3 Mai 1875. — Le joli mois de mai oommenoe 

mal ; un étudiant en pharmacie vient de se suicider 
pue de Vaugirard, près de la maison de mon beau- 
père. 11 était censé avoir fini ses études ; mais il n'avait 
pris qu'une inscription ! el naturellement il n'avait 
passé aucun examen ; son père avait cependant fort 
largement subvenu à tous ses besoins. Pour ne pas 
révéler cette situation à ce bon père qui lui annonçait 
son arrivée à Paris, Tétudiant aima mieux se suiaider. 

4. -:- Autre mort moins triste. Le père La lune, 
qui... la montrait, depuis un temps immémorial sur le 
pont Saint-Michel, vient de mourir k 88 ans. 

5. — Le 15 avril dernier, trois aéronautes, Sivel, 
Crocé-Spinelli et Tissandier, partirent de Paris, dans 
le ballon le Zénith, pour faire des études sur la dépres- 
sion de l'aif vers les hauteurs ; ils emportèrent avec 
eux deii tubes barométriques enregistreurs de l'altitude 
oij devait monter le ballon, Héias ! il monta trop 



haut, ce ballon. Sivel eL CrooL'-Spinelli succombèrent 
par suite de l(i rarùfaction de i'air. Tissiindîer survécut 
seul ; mais quand le ballon fut descendu sur terre OQ 
<]e trouva comme anéunti près des cadavres de ses 
deux amis. On put heureusement le sauver. 

Tout le monde se demandait, surtout dans le 
quartier savant des écoles, à quelle altitude le Zénith 
avait bien pu monter. On vient de le eavoir d'une 
façon positiva. Les lubes barométriques ont été 
retrouvés dans la nacelle. Jamin, mon ancien pro- 
fesseur de physique et de chimie, vient de les ouvrir 
dans le laboratoire de la Sorbonne et de s'assurer que 
le ballon s'est élevé jusqu'à 8,600 mètres ! Quand le 
ballon fut arrivé à celte hauteur les aéronautes étaient 
déjà tous les trois évanouis. Sivel et Spinelli étaient 
même peut-être déjà morts. On m'a dit qu'à partir de 
6,000 mètres l'air raréfié n'est plus suffisant cour la 
respiration. 

13. -" Nous sortons d'une inquiétude mortelle. 
Bismarck voulait fomenter une nouvelle guerre contre 
nous ; mais la Russie et même l'Angleterre se sont 
montrées fort mécontentes. Le czar, aidé par la reine 
Victoria, a réussi ii persuader S. l'empereur d'Alle- 
magne de s'opposer aux projets de l'horribie homme. 
Nous voilà tranquilles pour quelque lemps I jusqu'à 
ce que le chancelier diabolique nous serve un aulte 
plat de son métier'. 

24, — Notre voisin du n" 80, rue des Ecoles, 
M. Claude Bernard, professeur au Collège de France, 



>i>goii 113 nt autvnutGB, 



~ Deutii. i^diteui'. 



vieni, de recevoir, du Collège royal de médeo^ 
d'Angleterre, une médaille d'honoeur pour ses Lravaux 
physiologiques. Il a fait des découvertes magnifiques 
sur le fonctionnement des organes du corps humain, 
notamment celui du pancréas qui distille un ruc 
nécessaire à la digestion do certains aliments. Il 
pratique ses expériences sur des chiens enfermés 
dans les caves du Collège de France, L'un d'eus, 
aimable chien barhet, est bien connu. Les étudiants 
lui ont donné le nom de Fistttlard. Claude Bernard 
lui a pratique une ouverture ou fistule artificielle pour 
faire distiller son suc pancréatique. 

Je ne sais pas si j'ai bien compris ce que m'a dit un 
étudiant en médecine sur le rôle scientifique de Fis- 
lulard. Clftud-e Bernard a insinué, parait-il, dans la 
fistule artificielle un petit tube d'argent sur lequel est 
fixée une vessie. Dans cette vessie s'accumule le suo 
pancréatique. Claude Bernard renouvelle souvent 
l'expérience sans que la santé de Fislulard en souffre, 
c'est du moins ce que dit l'étudiant; quantà/'is/u/at-rf, 
s'il pouvait parier, peut-être serait-il d'un avis 
contraire. 

:i Juin I81:i. — M, Larombiûre, conseiller à la Cour 
de cassation, vient d'être nommé premier président à 
la Cour d'appel. Il est l'auteur d'un très remarquable 
ouvrage intitulé : Traité théorique el pratique des 
obligations. On se dit dans le luyau de l' oreille qu'il 
lutine... la muse. C'est un bon bourgeois du quartier 
latin oCi il aime ù se promener. Il demeure an 84 du 
boulevard Saint-Germain. 



5. — Hier est morl, à. 36 ans, étouffé par un abcès 
dans la gorge, Georges Bizet, l'auteur de Carmen el 
dus Chants de ('Arlèsienna qui ont produit tuni d'effot 



— 8T — 

à rOdéon. Il avail épousé la fille rl'Halévy, le com- 
positeur. 

6. — J^RB obsèiiues de BizeL ont eu lieu au cimetière 
Montmartre où son beau-père est déjà enterré. 

Le malheureux père avait voulu suivre le cercueil 
de son (ils Mais il était tout affaisé et Ludovic Halévy 
était obligé de le soutenir. Ludovic Halévy est le 
, cousin germain de la jeune veuve M"" Bizef. 

8. — Un décret du président de ia République 
désigne M*' Richard, ancien ôvêque de BeHey, comme 
coadjuteur, avec suocession tuture de Mp Guibert, 
notre archevêque. Avec succession future ! pareille 
faveur est accordée bien rarement. Mais Mf Guibert 
et Mp Richard sont fort aimés et à Paria et h Rome. 
Sans cela uii coadjuteur sans succession future eut été 
seul accordé. On comprend du reste que ni les papes 
ni les gouvernements n'aiment fi se lier les mains pour 
l'avemir. M«' Guibert en mourant rendra Ms^ Richard 
archevêque de Paris, 

11. — Nous nous sommes fait aujourd'hui une 
pinte, môme plusieurs pintes de bon sang à ia Cour 
d'assises où comparaissait Tin, que tout le Quartier 
connaît. Il fut en efTet pendant un certain lemps 
adjoint, pour la prononciation chinoise, à M. d'Hei-vey- 
Saint-Denis, professeur de langue chinoise au Collège 
de France. On le voyait continuellement arpenter les 
trottoirs de la rive gauche avec son sayon bleu 
sombre, sa culotte noire et sa belle natte brune qui 
lui caressait le mollel. Plus d'une étudiante avu cetle 
natte dans ses rêves. 

Il se maria en France et il l'était déjà en Chine, cet 
abominable calotin jaune ! Il comparait donc c^mme 



- 88 — 



, toul Iremblanl, tout cléconiil, « En Chine, 
s'éDrie-l-il, en gémissanL, je ne me suis pas marié 
pour la vie, j'ai donc cru pouvoir en France conlracier 
un second mariage. 

Un aimable ange pt-oLecLeur apparaît tout à coup, 
o'Bst M"" Catulle Mendès, la fille de Théophile 
Gautier. Bile vienl. donner d'excellents renseignements 
sur l'infortuné fils du Ciel; elle le connaît fort bien, 
car son père (le bon Tboo) l'a recueilli quand il est 
arrivé en France sans aucunes ressources. Elle explique 
qu'elle s'est beaucoup occupée des civilisations de 
l'Extrême-Orient; il y a en Chine des mariages tem- 
poraires et des mariages k perpétuité. 

A ce moment il court dans l'auditoire un frisson 
d'admiration pour cette prudente civilisation chi- 
noise. 

En présence d'un témoin si gracieux, tous les jeunes 
avocats stagiaires frétillent de joie ; M. le préaident 
esquisse ses plus gracieux sourires. Monsieur l'organe 
de la loi, mon ami de collège, l'avocat général Ghevrier, 
malgré sa gravité ordinaire, semble lui-même séduit. 
Quand il se lève, il est i moitié vaincu. Aussi requiert-il - 
mollement. Gomme les avocats généraux sont d'or- 
dinaire très curieux, il interpelle cependant Tin en 
itii disant : « Tin, expliquez donc à messieurs les jurés 
pourquoi vous avez été privé de votre place de répé- 
titeur adjoint près M. Hervey-Saint-Denis >< ; maïs à 
ce moment, du côté do la barre, sort une voix 
gouailleuse, celle de l'avocat Bonnier- Ortolan, voix 
qui jette ces mots railleurs : « Oh I Tin savait trop 
bien le chinois. » Des éclata de rire étourdissants, 
inextinguibles, fort irrespectueux pour te professeur 
de langue chinoise du collège de France, retentissent 
follemenl al dispensent- Tin de répundre. Bonnier 
ajoute (|uelqoes mots de plaidoirie. Tin est acquitté. 




Heureux Tin qui possèile deux reaiiiio;^ légitimes eL 
(jui des doux côlés de l'Océim a son couvert mis, 
Bau souper, ban gîte et lo reste. 

13. — Mon ami F(trui,'(|ui plaidflil. hier en Cour 
d'asBiflee, eut un nuccès d'éloquence tel que même 
Lacbaud n'en eut jamais un aussi grand. Une pelile 
souris est venue l'écouler. Klle s'est placée devant le 
bureau du président pour mieux entendra mon 
confrère. M. le président ayant fait un mouvement 
trop brusque, elle alla »e fourrer devant le jury et ne 
se retira dans son trou que lorsqu'elle fut bien con- 
vaincue que Forni allait enlever son acquillement. 

t4 — Hier le Martehal ii passé une grande revue... 
probablement pour célébrer ses 68 ans. 

16, — Le cardinal a posé la premit>rii pierre do 
l'église votive de Montmartre. Un vieux bonhomme 
qui, avec son télescope, montre Paris, couché au pierl 
de la butte, avait eu la bonne idée de ramasser les 
, morceaux de cette pierre ; il les a planés avantageuse- 
ment. Gomme il est obligé de partir avec son télescope, 
rarchevèL|ue, quoiqu'il n'y fût pas tenu, lui a donné 
une petite indemnité et le droit de vendre les médudlua 
de la cérémonie. C'est un bien brave homme que ce 
cardinal. Aussi élait-il adoré de M. et M""' Grémioux 
quand ils furent ses hôtes pendant l'invasion prus- 
sienne. 



i 



28. — A Fontainebleau, mort de M. Labrouste, 
architecte, le constructeur- de la Bibliothèque Sainte- 
Geneviève qui, parfaitement aménagée, fort bien 
éclairée, rend chaque jour de gi'ands services aux 
étudiants. M. Labrouste fut également chargé de la 



— 90 - 

grande salle de lecture de la Bibiiolhèque nation^at 
II employa le foi' dans les deux bibliothèques; dal 
les deux également il usa des mêmes procé 
décoration. Les yeux se reposent agréiibiement sui 
de belles verdures peintes comme les grands seigueUTS'i 
en avaient aulrefois de tissées dans leurs snmplueusa^l 
demeures. 



■* Juillet i875. — Service à Saint-Jacques-dw 
Haut-Pas, à l'occasion de la mort de Labrouste. 

La famille tint 4 faire ce service à cause des noilj 
fareux amis de Labrouste dans te quartier latin. 



5. — Les sœurs de Saiut-Séverin ont un patronat 
rue Boutebrie, la rue qui fait suite à celle des Prêtr 
de Saint-Sévurin, avec succursale h Coubron (9ei 
et-Oise). Comme chez un vieux monsieur 
paroisse, nous parlions de Corot, de sa mort chrétien] 
et de ses bruyantes obsèques, la cuisinière, anc 
orpbeUne des sœurs, se mit à dire : « Moi, je l'a 
connu, M. Corot, quand j'étais k Coubron chez loi 
sœurs. " — " Gomment cela? » — « Mais parce c 
quand mes compagnes et moi nous allions en prom»- 
nade, il nous rencontrait souvent. 11 habita en e 
assez longtemps h Coubron chezdes amis qui mê 
lui firent construire uu atelier dans leur parc. C'é 
dans ses dernières années, aprf'S avoir quitté Vill^ 
d'Avray. Un jour il dit à la sœur qui nous conduis^ 
en promenade : « Allons, voyons, arrêtez voti 
bataillon. » Le bataillon s'arrêta et M. Corot caus 
avec nous et la sœur. Il dit II cette sœur, en montrai 
le ciel : « Jamais, ma sœur, non, jamais, je n 
réussir il attraper ce bleu du ciel, n — » Oh ! M. I 
avons-nous dit tout de suite, nous allons toutes pri^ 
pour que vous l'altrupiez. " — •< Mes enfants, ajouU 




- 91 - 

la sœur, une fine mouche, cela ne suffil. pas ; il fitut 
aussi prier pour (|ue M. Corol uUrape le ciel par- 
dessus le marché. » M. Corot, sans être religieux, 
n'élait nullement hostile à la religion ; à quelque l.emps 
de li il se mit b. fréquenter l'église et il RI. un tableau 
pour la chapelle des sœurs. 



II. — Dans la belle salle capitulaire du couvent, des 
Dominicains de la rue Jean- de- Beau vais, petite rue 
située au coin de ia rue des Ecoles en face du Collège 
(le France, vient d'ivoir lieu une cérémonie fort rare. 
De par Tordre du Pape et des mains de son Délégué, 
le Père Monsabré a reçu la barrette ainsi que l'anneau 
doctoral de maître en théologie. 

A ce triomphe du Père Monsabré assistaient les 
Dominicains du couvent de la me Jean -de-Beau vais 
et ceux du couvent du faubourg Saint-Honoré. Ses 
amis et ses admiraleors y étaient aussi accourus en 
foule, de sorle que quoique fort grande la salle capi- 
tulaire était toute pleine. 

Cette salle est oniée de peintures superbes repré- 
sentant différents épisodes de la vit; de saint Thomas- 
iTAquin, car le couvent est sous le vocable de ce 
saint. 



i3 Août i875. — Il me semble que le bourdon de 
Notre-Dame est moins triste qu'à l'ordinaire. En tous 
cas les autres cloches résonnent gaiment. Tout le 
monde court à Noire-Dame. M»^ Guiberl célèbre sa 
cinquantaine comme prêtre, ce qui no lu rajeunit pus- 
Il n'y a pas besoin de le lui dire; il le sait, puistgu'il a 
obtenu du Pape pt du Maréchal-Président un coad- 
juteur avec succession future, M»' de Larisse. Le vieil 
archevêque a fail asseoir son successeur désigné sur 
un siège sculpté (|ui fait face au sien. Ce coadjuleur 



paraît plus vieUx que son ppédécesseur fuiur. PoupJ 
UQ ooadjuleur il est trop véBérahle, 

14, — M. Leverrier, directeur de l'Ohaervatoire, '. 
. tait part, de la découverte d'une planète de dixième 
grandeur, fl donc! Oh! après tout, peu m'importe, 
car je suis de l'avis de Brillât-Savarin : La dèconverle 
d'utie PLANÈTE intéresse moins l'humanité que la décou- 
verte d'un PLAT NOUVEAU. 

23. — Le deuxième /ils du Maréchal-Président »1 
passé cette semaine Bon examen de baccalauréat àsti 
lettres ; l'autre va sortir de Saint-Gyr. 

i2 Octobre 187!}. — Tous les passants s'arrêtant J 
devant l'Opè-ra ; d'entre les jambes des danseuses d4 1 
Garpeaux jaillissent des roses, des violettes, dei 
fleurs rares; c'est que Garpeaux est mort terrassé 
moins par la violence do la maladie que par celle de»] 
chagrins domosliques. lia espiré au château de F 
eotre les bras de son meilleur ami, le prince Btirbey. 1 

28. — Durant la journée l'Ecole de médecine esfj 
restée fermée à cause des obsèques d'un professeitPB 
très aimé, M. Lorain, qui est mort subitement chez* 
un malade. Depuis le domicile du défunt, rue del 
Gondé, jusqu'à l'église Saint-Sulpice se pressait um 
feule coijsidérable. Troits professeurs el un interna^ 
tenaient les cordons du poêle. 

C'était un homme de grande bonté et de grand»! 
bienfaisance. Son salon d'al.lenle était rempli an^std 
bien de pauvres que de riches. 

L'enterrement eut lieu à Montparnasse, 

Je suis do l'avis de tout le monde : mort au chevet 
d'un malade, quelle belle mort pour un médecin 1 | 



^ œ — 

mais... mais je voudrais bien avoir des nouvelles du 
malade. 

30. r-- Grand pèlerinage à l'Observatoire pour venir 
vénérer un énorme télescope que vient d'y faire placer 
M. Leverrier. Cette lunette fut construite d'après les 
données de M. Foucault. Son ouverture est de 1 ™ 20. 
Eaie fut essayée le 9 octobre et depuis ce temps plus 
de 80.000 personnes sont venues la voir. 

£ Novembre 1875. — Pouf honorer la mémoire de 
Carpeaux, les élèves sculpteurs de l'Ecole des beaux- 
arts sont, allés en corpa porter une superbe couronne 
d'immortelles aveoiue de l'Observatoire. Ils en ont 
orné le groupe des quatre parties du monde. 

12. -^ Grâce à Téloquence de M. Dufaure et malgré 
celle de Gambetta, la Chambre a voté hier le scrutin 
d'arrondissement. Cette question préoccupait beau- 
coup Paris. 

La gare Saint-Lazare, le soir, regorgeait de monde. 
C'est du reste aujourd'hui l'habitude des curieux 
d'aller à la gare pour apprendre les nouvelles de la 
bouche des députés sortant du train« 

15. — Des inondations effrayantes ont ravagé le 
Centre et le Midi de la France. La Garonne, la Loire 
et tous leurs affluents, sortant de leurs lits, ont couvert 
de leurs eaux, de leui's limons, de leurs boues d'im- 
menses étendues de pays. Paris s'est grandement 
ému. Il a ordinairement le cœur haut en présence de 
l'infortune, mais en ce moment la grandeur du désastre 
lui a encore plus que d'habitude haussé le cœur. Sa 
charité a été admirable et rivalisera avec celle de la 
Maréchale qui, grâce à ses relations, ses démarohefi 



et ses sollicilations, a récolté près rie trois millîoM 
pour les besoins les plus pressants. 

30. — Le corps de Garpeaux a «Lé transporté j 
Val en ci en ri es. Il va enfin trouver le repos au milft 
des siens, de ses parents, de ses amis d'enfance. 

3 Décembre i87!). — Hier, dans la chapelle d^e 
Louis-le-Grand, rue Saint-Jacques, a été bt^ni un 
monument éleviî k la mémoire des anciens élèves 
morts à l'ennemi en 1870-71. 



5. — M. Wurtz vient de donner sa démission de 
doyen de la Faculté de médecine. l\ en a eu assez de.i^ 
étudiants qui sont vraiment bien turbulents. Ils 
l'aimentoependanl beaucoup et dernièrement, craignan t 
qu'il ne se démit de ses fonctions, ils l'ont, à son 
cours, applaudi six fois de suite. Il les en remercia 
vivement, mais n'en donna pas moins sa démission, 

M. Vulpian, professeur de pathologie expérimentale, 
le remplacera. 

— Hier, les obsèques de Déjazet ont eu lieu ii 
l'église de Bellevilie. Elle avait conservé toutes les 
couronnes qui lui furent offertes, dont plusieurs en 
or ; on les mil sur son cercueil. 

15. — L'aspect de la rive gauche est bien bizarre. 
Gomme un brouillard épais a surgi loul à coup, les 
passants et les étudiants ont envahi les épiceries et 
râflé les bougies. Pour éclairer leur marche ils tiennent 
une petite bougie k la main. 

Au coin des rues aboutissant nu boulevard Saint- 
Michel les gardiens de la paix se dressent, droits 
comme des fantômes, avec des torches de résine 



— 95 ~ 

26. — Dès le matin, sur le boulevard Saint-Michel, 
s'avance lentement et majestueusement un chariot 
colossal sur lequel est hissée une énorme caisse en 
planches. Tout le monde s'informe et on apprend des 
charretiers que cette caisse contient la statue de 
Tempereur Napoléon i^^ qui fut précipitée par la 
Commune en bas de la colonne Vendôme et qui a été 
restaurée dans les ateliers de M. Charnod, fondeur, 
avenue du Commandeur, au petit Montrouge. La 
statue avait, dans sa chute, subi d'horribles renfon- 
cements et s'était brisé le bras, précisément celui qui 
tenait la Victoire. 

Elle a été, dans ces ateliers du petit Montrouge, 
admirablement restaurée et maintenant elle va triom- 
phalement reprendre sa place sur la colonne de la 
Grande-Armée, entièrement rétablie. 

28. — Enfin, l'Empereur est remonté sur sa colonne. 
L'opération, très difficile, n'a réussi que grâce à 
l'habileté et aux soins de M. Normand, architecte, 
Rien n'était plus curieux que de voir la statue monter 
petit à petit le long du fût de la colonne jusqu'à la 
courbe du piédestal. Enfin elle y est jusqu'à nouvelle 
occasion de descendre... 



5 Janvier. — Paris est désolé ; pas de réiinions, ] 
de soirées. Rien depuis l'Arhre de Nofil que M"' 
Mao-Mahon ou plutôt les enfants de Mac-Mahon d 
fait illuminer à. l'iîlyaée. La fille et l'un' des fils i 
invité beaucoup d'enfants h cette petile fôte ; quanfl 
l'aîné des fils, Patrice, sou s -lieu tenant, sa dign^ 
d'homme Fait ne lui permet pas de se préoeouper'd 
fêtes enfantines. Du reste, il vient d'être admis/ 
Jockey-Club. 

En tait de réunions, il y a bien celles de M,J 
M"" Thiers qui, réinstallés dans leur hûtel, reçoiva 
tous Jes soirs ; mais ce sont soirées simplement bcM 
s qui ne peuvent guère faire aller le c 



15. — Le Quartier est tout joyeux de l'animatM 
que lui donne la pièce des Baniche^ k l'Odéon. Elleq 
de Pierre Newsky, un prince, dit-on, qui, avant d 
faire jouer, l'a soumise aux corrections d'Alex&ofl 
Dumas fils. Dans la demi-heure qui précède la lew 
du rideau, arrivent à bride abattue de beaux ( 
pages, d'humbles fiacres. Lanve droite se transpaj 
tous les soirs sur la rive gauche. Cette pièce (' 
Dariickelf est, en effet, très curieuse, fort origins| 
L'intrigue amoureuse s'y suit hors des sentiers batUi' 



- 07 — 

Wladimir DanichelT aime iicie serve, Anna, serve 
insLruiLe, chorninnte, dame de compagnie de sa mère. 
Celle-ci, s'en apercevanl, éloigne son fila el profite de 
son absence pour marier Amia avec le cocher Osip. 
Le jeune homme revient furieux ; il veut cravacher 
Osip, Mais celui-ci répond par la plus grande douceur 
à cetemportementetlui apprend qu'en reconnaissance 
de ses bontés d'enfant h son égard il a trait.<5 Anna 
comme sa sœur, et qu'il va divorcer. L'Empereur, 
sur la sollicitation de la comtesse DaniohefF s'oppose 
au divorce. Mais alors Osip se sacrifie tout h fait ; il 
entre dans un couvent et Anna libre devient enfin la 
femme de Vladimir Danicheff. 

La pièce est merveilleusement jouée par Marais, 
sorti récemment du Conservatoire, et par Hélène 
Petit. Il y a dans leur jeu des tendresses qui certes 
ne sont pas feintes; avec un peu d'attention on voit 
bien qu'ils jouent au naturel ' . 



16. — Pierre Newsky, l'auteur des Danicheff, n'est 
pasdutouLprince. C'est un simple attaché de ministère^ 
marié avec une ancienne actrice du Théâtre -Français. 



31. — nier, grand bal à l'Eîysée. La Maréchale 
portait, en sautoir, le ruban de l'ordre des Dames que 
liii avait envoyé le roi d'Espagne Alphonse XII, 

Les invités avaient été triés sur !e volet si bien qu'il 
n'y avait pas foule et que les danses ont pu avoir lieu 
flans pression ni oppression. Les toilettes étaient fort 



I En eifet, l'aimée suivante, Uamia ëpaugait It«1ène Petit. lia 
M promenaient Houvont lUi LuxoLubonrg, amourcnsement, brne 
deseuB, brns dcB80u«. Mnlheureiiacmcnli In mort d'Hélène vint 
bientftt compro nos douens iiuionrs. 



belles, car l'on .savait h l'avance qu'il n'y aurait pas 
cohue. 

6 Mars i87H. — M. Grévy a è\é réi'lu président de 
la Chambre. Il préside iiwnc énergie et calme. Il est de 
plus fort conciliant'. 

12, — La Seine monte, monte. Elle a si vite envahi 
Bercy que l'on n'a pu éteindre les becs de gaz, qui 
éclairent le quai. Ils brûlent depuis trois jours et trois 
nuits. Le fleuve roule des cadavres, caries désespérés 
ne savent pas résister à l'attrait fatal et mystérieux du 
fleuve agrandi et coulant h pleins bords. Le corps 
d'une jenne fille vient d'être repôché au quai Mala- 
quais, 

18. — Ayant besoin d'aller à tu justice de paix de 
Bercy, j'ai été obligé de monter en bateau. Une vraie 
flottille parcourt les rues de Bercy qui ressemble h 
une petite Venise. 

, Les habitants sont désolés, car tout commerce esl 
arrêté. Ce n'est rien cependant en comparaison du 
grand débordement de 1740. 

La hauteur de ce débordement est marquée sur 
réohelle d'étiage du Pont-Royal et chaque jour on 
court en foule voir si la crue ne monte pas vers la 
marque fatale. 



' 1" Mars, — Je suis Hllâ au,joiu'd'huï à Vet-aaillea et j'ai assista 
i, 1b séoBoe de l'Asaoïnblâe ; j'y ai revu... M, Gvéyy, il a un pou 
Tioilli; BB figiice, aune monvetucnb, a tanjours la mf^iuc plaotdiM ; 
11 a la tournure bourgeoiae, l'atcitude, le coaturoe et l'encolure 
qui minviennont b iinB Chambro déinoonitique. Il préaide en redin- 
f(ote et u toub à fait l'air paternel,.. (Souvonirs d'uu liupérialiate. 
Fidtii, Journal lie dix uns). 



» 



2 Aovil 1876. — M'"^ Betlina lie Rothschild, fille de 
M. Alphonse de Rolhschikl, banquier à Paris, vieiil 
d'épouser son cousin Albert de Rothschild, banquier 
àVieDue. Ces trarrière-petile-filie du fameux banquier 
Meyer Rothschild, juif allemand, né et mort à F>anc- 
fort-sur-le-Mein. Ce Meyer avait plusieurs enfants qui 
86 partagèrent la conquête de l'Europe. James vint 
b. Paris où il étabht une banque bientôt célèbre. U eut 
plusieurs fils. L'un d'eux est ce M. Alphonse de 
Rothschild, père de la nouvelle mariée. 

Pour conduire sa petite fille à la synagogue, la 
baronne douairière James avait acheté un merveilleux 
attelage. Les journaux prétendent qu'elle a donné & 
M"" Bettina un collier de perles d'une richesse extraor- 
dinaire. Ces perles sont à peu près de même grosseur. 
Depuis dix ans la vieille bonne maman les collec- 
tionnait dans ce but. 

Un de mes amis, arrêté sur le parcours du cortège, 
se permit de dire quelque chose d'assez anodin contre 
les Rothschild devant un marchand de curiosités; 
celui-ci, quoique pas juif, s'irrita et cria: « S'd n'y 
avait pas de Rothschild, qui nous achèterait nos belles 
pièces? Avec eux nous pouvons toujours acquérir 
sans ciainte un objet d'art superbe, car, malgré son 
grand prix, nous sommes sûrs de le leur vendre, n 

2S. — En arrivant au Palais nous constatons une 
bien heureuse invasion : celle d'ouvriers qui viennent 
enfin réparer ou plutôt refaire la voûte de la salle des 
Pas perdus. En 1871 elle était déjà en ruine ; les 
communards, en mettant le feu aux madriers qui la 
soutenaient, n'ont fait qu'en précipiter la chute. 



S. — Obsèques de M""" Louis Blanc, la femme de 
noire député. Le deuil était conduit par M. Louis 



— 100 — 

Blaac, son beau-frôre Charles Blanc el Victor Huj 

Le pasteur Dide prononça une aliocutioa émouvBJ 

au bord <ie la fosse et Victor Hugo lui adressa qoj 

ques mots d'adieu. M"" Louis Blaac était Anglaise, 

28 — Mort de M. Gharrière, fondateur delà famei 
maison de chirurgie Gharrière. A l'Age de treize ï 
il était \ enu de bulsse b. Paris où il (it un long appn 
tissage dans la coutellerie. En iSâO, à l'ige de t 
sept ans il fondait, cour de Saint-Jean-de-Latran, ■ 
petite industrie de couteaux et inslruments de < 
rurgie. Il y resta jusqu'à l'expropriation de cette c^ 
pour le passage de la rue des Ecoles et vint conliniâ 
sa fabrication rue de l'Mcole de Médecine. Derridj 
les vitres je vis, vers 1860, Jules Charrière preDtf) 
ie fauteuil de son père, mais n'y rester que cinq a 
car il mourut en 1865. Le factotum de la i 
M. Gollin, succédaà M. Jules Charrière. Il continuera, 
je l'espère, à me vendre de bons rasoirs. J'espère 
aussi n'avoir pas besoin de ses autres marchandises. 

Même jour. — On a récemment vendu la plus 
grande partie des terrains retranchés de la Pépinière, 
côté gauche de l'avenue de l'Observatoire, en montant 
vers cet Observatoire. Ces terrains vont être couverts 
de constructions par les particuliers. L'autre cûté est 
destiné à l'édification d'une grande école de pharmacie 
et à l'établissement d'un spacieux jardin médicinal et 
pharmaceutique afin de remplacer l'ancien jardin de 
l'Ecole do médecine, qui fut détruit en même temps 
que la Pépinière. 

29. — Le boulevard Saint-Germain est ouvert aux 
piétons jusqu'à la rue de l'Ancienne Comédie. Le long 
de celle nouvelle section se profilera la future Biblio- 
Ihèquo de l'Ecole de médecine qui, beaucoup trop 



pelilo ncluellement, pour le nombre considiîrable des 
étudiants français et étrangers, sera considérahlemenl. 
augmentée. 



30. — Il y ajuste deux ans, en avril 1874, ledooteuc 
Labbé, attaché à l'hûpital de la Pitié, s'est efToroé, 
mais on vain, de retirer une petite fourchette de 
l'eslomaR d"un jeune enaployé du Printemps qu'on 
avait envoyé dans son service. Depuis ce temps le 
malheureux garçon souffrait de plus en plus, car les 
dents de la fourchette étaient devenues plus pointues 
et plus poignantes, Le docteur tenta le tout pour le 
tout et se décida à faire une ouverture dans l'estomac ; 
l'opération réussit parffiîtement, la fourchette fut 
retirée et le patient tout à fuit soulagé. 

M. Labbé, triomphant, vient de présenter cette 
fourchette & l'Académie de médecine, probablement 
sur un plat d'argen!. Elle est toute noire ; car ellu est 
restée deux ans dans l'estomac. 



4 Mai 1876. — Je suis allé au Salon voir les pein- 
tures dePuvisdeChavannes, destinées à la décoration 
du Panthéon. Elles retracent l'enfance de sainte 
Geneviève. On no peut voir rien de plus beau que le 
paysage grandiose dans lequel la scène se passe. La 
couleur est douce et iendre, comme celle des vieilles 
tapisseries. Cette grande page d'histoire religieuse 
fera un admirable eiTet sur les murs du Panthéon. 
Les personnages me plaisent moins ; saint Germain, 
vu de profil, a un maître nez et sainte Geneviève des 
bras gros comme des cuisses. J'ai gardé ces réflexions 
pour moi, car si un des admirateurs, qui restent 
bouche bée devant l'énorme toile, m'avait entendu, 
il m'aurait escrnbouillè. J'aime mieux les personnages 
de l'Ave Picardia nulrix du musée de Picardie. 




— En passant, rue Cujas, Je remarque 
fouilles assez considérahles, néoessitées par la nouvelle 
bibliothèque de TEcole de droit. A cet endroit s'élevait 
autrefois l'église de Sainl-Rlîenne-des-Grès. La base 
d'un pilier se voit encore devant la boutique du treil- 
lageur Michau, tout à fait le voisin des fouilles. 
François de Sales, étudiant, venait souvent prier 
devant une vierge noire qui se trouvait dans l'église, 
afin de dompter ses fureurs et ses colères natives. 
Cette statue est vénérée aujourd'hui, rue de Sèvres, 
chez les Dames de Saint-Thomas de Villeneuve. 

14. ^ Heureusement je ne suis pas allé hier dans 
la salle des Pas perdus; j'aurais pu recevoir, sur la 
tête, l'un des trois ouvriers qui sont tombés du haut 
des échafaudages, vers les trois heures et demie. 

Deux se sont raccrochés aux poutres de ees écha- 
faudages, mais le troisième n'y a pas réussi et s'est 
brisé le corps sur les dalles de la salle. On l'a emporté 
mourant à l'Hôtel-Dieu. 

17. — Le corps de Micbelet, ramené d'Hyères, où 
il est mort, a été conduit au Père-Luchaise par une 
multitude d'étudiants qui l'accompagnèrent depuis sa 
demeure rue d'Assas, n" 17 (aujourd'hui 76). 

9 Juin 1876. — L'Odéon est en deuil. Avant-hier 
George Sand est morte dans son Berry. C'est à 
rOdéon qu'elle eut ses deux grands succès drama- 
tiques : François le Champi et LeMarguhde Villetnsr. 

Bien des théories dangereuses se sont glissées dans 
ses œuvres. Mais Dieu les lui pardonnera, sans doute, 
car elles sont inaccessibles aux humbles, aux ouvriers, 
aux paysans, au milieu desquels elle a beaucoup vécu. 
Il aura surtout égard au Credo contenu dans l'Histoire 



de sa vie : « Je crois au Dieu hon, k l'âme immorLelle 
et aux espérances de l'aulre vie. » 

27. — Hier, 26 juin, anniversaire de sa propre uais- 
sance, ma chère Amélie m'a donné une jolie peLiLo 
fille. 

28. — La Chambre et le Sénat ont accordé h la 
Ville le droit d'emprunter cent vingt millions pour le 
prolongement du boulevard Saint-Germain. Gomme 
ça n'allait pas tout seul Ma Chambre, Nadaud, député, 
l'ancien maçon de la Creuse, monta h la tribune et, 
aussi libre à la tribune que sur ses échafaudages, il 
développa avec verve le vieux dicton parisien : 
V Quand le bâtiment va, tput va. >i M. Hauasmann, 
qui n'est plus habitué aux compliments, va tomber en 
syncope quand on lui dira que Nadaud l'a publique- 
ment loué de la transformation de Paris. 



29, — Devant la Sorbonne, beaucoup de petits jeunes 
gens sont rassemblés et gesticulent avec émotion. Il 
s'est passé, en effet, quelque chose d'assez bizarre. 
Les concours pour l'Ecole polytechnique avaient lieu 
aujourd'hui dans divers endroits, notamment dans 
une grande salle de la Sorbonne. Les candidats étaient 
rassemblés et placés dan.s cette salle. Le capitaine, 
présidant l'assemblée, allait ouvrir l'enveloppe, où se 
trouvait le sujet de géométrie descriptive, quand un 
des candidats se leva et dit: « Le sujet est connu, 
grâce A une indiscrétion ; c'est tel sujet. » Le capitaine 
déchira l'enveloppe, c'était bien le sujet indiqué. 
Brouhaha terrible. 

Les autorités militaire et universitaire étant immé- 
diatement prévenues, le concours fut renvoyé i une 
autre époque. 



— 104 — 

30. — Les journoux avancés (la Tribune, les Droii 
de l'ffnmme, le Rappel, la République françaitn 
racontent l'incident de la Sorbonne avec beaucoi^ 
d'agrément eLà la sauce piquante pour les Jésuite 
Ils prétendent que les Jésuites ont suborné un rôpâ^ 
titeur qui leur a donné le sujet. Ils ajoutent que 1 
succès de l'école Sainte-Geneviève s'expliquent et quS 
o'est grâce à de.s moyens dolosifs que les bons Pères 
arrivent à faire passer leurs élèves. 

i« Juillet 1876.— Les élèves de l'école Sainte 
Geneviève, furieux, écrivent aux journaux 
protester contre leurs dires et affirmer qu'ils ne con^ 
naissaient nullement le sujet de géométrie descrîpLivi 

2. — Le Père Dulac, directeur de l'école Sainlt^ 
Geneviève, tenue par les Jésuites, assigne en difl 
mation les journaux la T'Hfiune et les Droits de i'Hofnm 
Les élèves de l'école se joignent à lui. 

3. — L'affaire est portée à la Chambre des dé.putâ« 
Gambetta fait une charge h. fond de Irain contre l^à 
Jésuites. Le ministre de la guerre, M. de 
répond que, dès le 25 juin, le sujet élait connu, qu'u 
ensemble de petits faits lavait révélé. A t 
M. Waddington le minislre de 1 instruction publique 
ajoute qu il a fait un commencement d'enquête ( 
qu'il est ceituin que cinq etablissemenls, dont t 
lycées, ont eu connaissance du problème. 

,16. — Amélie et moi voyons pour la première lovi 
en arrivant i la mpsse de neuf heures, à l'église ds I[ 
Sorbonne, la grande page dp peinture religieufij 
qu'on vient de découvrir et qui décore le fond i" 
transept méridional, derricre le tombeau de Richelieu J 




- 105 — 

Lo Hujel est le triomphe de l(t Théologie qui rfscoit les 
hommages des plus puissants génies: sain) Augustin, 
saint François d'Assises dont les mains sont percées 
par des rayons d'or, saint Benoit et sa sœur sainte 
Snholastique, Dante Alighieri avec son manteau et 
son cnpuohon, couleur feu, qu'il semble avoir rapportés 
de l'enfer, saint François de Sales resplendissant dans 
sa chasuble doràe, Bosauet avec le Duuphin, Fénelon, 
Pascal, Desoartes, Malebranche, elc. 

En sortant de l'église, après la messe, je dis à ma 
femme : « je viens de passer une heure délicieuse en 
contemplant tous les glorieux personnages retracés 
par l'habile pinceau de Tîmbal. Je ne crois pas en 
avoir passé un seul, sans lui donner un moment 
d'attention et presque toujours d'admiration. Non, 
cartes, je n'en ai pas oublié un seul. » 

Amélie^ me répond : « tu n'as oublié que le bon 
Difi5,"ïar tu as omis de dire ta messe. » 

19. — Assisté, au Palais, à une scène d'un haut 
comique. J'étais à. la bibliothèque, k côlé de M" Bé- 
tolaud. Arrive M' Sénard, bâtonnier sortant, mais pas 
encore sorti puisque ses fonctions empirent à la 
rentrée. M° Bétoliiud se lève pour lui faire ses félici- 
tations, car le matin môme la nomination de M" Sé- 
nard, comme chevalier, avait paru à ['Officiel. Sénard 
s'écrie d'une voix de stentor : n Mais je refuse, Dufaure 
me crée chevalier, sans me crier gare ; je refuse ; j'ai 
déji refusé la décoration en 18.32, Mon préfet de 
Rouen vint m'apprendre que Louis- Philippe me 
décorait; je lui répondis: «je refuse». — n Mais on ne 
refuse pas le Roi. ■> — « Sans doute dans votre parti, 
mais dans le mien on ose refuser. Plus tard, Dupont 
de l'Eure a bien en vain voulu me décorer ; j'ai encore 
refusé et vous voulez qu'aujourd'hui, à 76 uns, J'ac- 




ceple ; je vais partir pour VersaiUes, afin de parler à. 
Dufaure. Berryor m'a loué de ne pas vouloir être 
décoré; il n'a pas voulu l'être non pins. Pourquoi 
voulez-vous que ^ change d'opinion? » 

20. — Hier, sans plus Larder, Sénard u ûcriL une 
lettre affectueuse de refus à Dufaure. Le Droit et la 
Gazette ont reproduit cette lettre : 

" ... Je me suis jusqu'alors dans ma oie d'avocat. 
comme- dans ma vie politique, tenu constamment en 
dehors des distinctions honorifiques et des décorations 
et ce n'est pas à mon dge qu'on change de ligne de 
conduite. » 

22. — L'affaire du Père Dulac contre les gérants 
des Droits de l'homme et de la Tribune, venait aujoiir- 
d'hui à la neuvième chambre, mais la représentation 
sur laquelle on comptait n'a pas eu lieu. Le tribunal 
remit à huitaine pour connoUre l'enquête parlemen- 
taire ' . ' 

28. — Le tribunal condamne, à 2.000 fr. d'amende 
et à de très nombreuses insertions de son jugement, 
les Droits de l'homme et la Tribune. 

— Nous avons nommé bâtonnier notre confrère 
Bôtolaud. 



' ... Lu ijouiiuissiou 1 i Ote ti| osés de quatre afinatenri, 
de trois députés et d de x etob li uorpa enseigaant, rddnisit 
biSDtAti la queetiou & n j t t ia.ee valeur. Le rapporteur, 
M' Bertrand, eecrétai p rpét I d l'Académie des aolanoea, 
prouva qu'une iadiw et oit Indubitablement eu lien, bien 

qu'on n'en put détormins 1 gin qu'elle était relative % l'ane 
dei épreuves lea (uoio mp ta te d ooi'ourH ; qu'elle rivait été 
commiBe au prottb de plus et Lh aetuente et non d'im aeul... 

(André Daniel. — LA net pol Itque jtàllel 1876). 



- 107 — 

13 Août 1816. — Hiiir, k l'Ecole des beftiix-art.s, 
inauguration du momiment élevé en l'honneur des 
élèves de l'école, tués à l'ennemi. Le buste du plus 
célèbre, Henri RegnauU, est placé sur un grand soclo 
de marbre, le long duquel a été sculptée en relief, par 
Ghapu, une adorable jeune fille, la Jeuneste, qui pré- 
sente à RegnauU la palme du courage patriolique. 
Ghapu n'a jamais fait mieux et ne fera, je crois, jamais 
mieux. L'Antiquité, la Renaissance n'ont pas produit 
de type plus charmant. 

Le buste d'Henri Regnault est très ressemblant et 
cependant il n"a été modelé que de mémoire par un 
de ses camarades d'école, le sculpteur Degeorge. 

Les noms de dL\ élèves de l'école, tués â l'ennemi, 
sont inscrits sur les colonnes du monument funéraire, 
Regnault fut tué k Buzenval avec quaire de ses cama- 
rades, un autre i\ Rueil; les quatre derniers périrent 
en divers endroits de la France. 



18. — Il fait un temps terriblement orageux depuis 
quelque temps. Aujourd'hui nous eûmes une rude 
émotion, carie tonnerre tomba avec un grand fracas 
près du Luxembourg, au n" 90 de la rue d'Aasas. 

La semaine dernière, aux obsèques de M'"" Jules 
Janin, qui a suivi de bien près son mari, un monsieur, 
qui suivait le corbillard, s'est affaissé sur le pavé, suc- 
oombant ainsi & une insolation. 

C'est inutile de prendre des bains froids pour se 
rafraîchir, car l'eau de la Seine est chaude et tellement 
chaude qu'à de certains endroits les poissons meurent, 
On m'a dit qu'ils remontaient au-deasus do l'eau le 
ventre en l'air. Est-ce vrai? Ces poissons ne sont-ils 
pas plutôt des canarda ? 



21. — Deux acteurs de l'Odéon que j'aime beau- 



coup, MM. Pore] et Monval, viennent de faire panj 
une histoire de l'Odéon, très bien écrite et fort ii 
ressante. 

C'est b. rOdtion que furent représentés pour 1 
première fois le Mariage de Figaro, puis Charle» f 
avec Talma. 

Le théâtre brûla en 1799; reconstruit, il fut réi» 
cendié en 1818. On hitit alors le beau théâtre que 
nous voyons aujourd'hui. Il semble qu'il doive, d'après 
les règles, brûler bientôt. N'allons donc b. l'Odéoa 
qu'après avoir fait notre testament. 

5 Octobre 1876. — Le collège Rollin quitte le 
Quartier, pour aller dans de nouvelles et superbes 
bâtisses, élevées rue Trudaine, au pied de la butte 
Montmartre, Les bâtiments de la rue des Postes 
tombaient en ruine, car le collège s'était installé dans 
d'anciennes constructions dont la Révolution française 
avait expulsé je ne sais quelles religieuses. Les 
collèges sont à foison dans le quartier ; il est bon que 
d'autres quartiers en profitent. 

12. — La Cour a confirmé le jugement de la neu- 
vième chambre du tribunal qui a condamné deux 
journau.\ h 2.000 fr. d'amende pour avoir diff'amé le 
Père Dulac et l'école Sainte-Geneviève, Le Père Dulac 
va passer à la postérité. 

19. — Mon pèlerinage au monument que ie 35' de 
ligne a élevé, sur !a route de Chevilly à Villejuîf, à. la 
mémoire de ses camarades, tués le 30 septembre 1870, 
dans l'horrible combat de Chevilly. J'en ai entendu le 
bruit et vu les feux BÎnisl.rea du haut des rempurts où 
j'étais de garde. 



- 109 - 

22. ~ Autre pèlerinage que tout le monde, tlu 
reste, uccomplîL en ce uioinent b. In Sulle des Muuliim. 
On l'éventre afin d"y percer un beau boulevard qui 
joindra le ThéftLre- Finançai s à l'Opéra. G'esL dans 
î'api'èa-niidi du samedi 14 octobre que le premier 
coup de pioohe fut donné, du côté de la rue Molière, 
au milieu d'une multitude de tapissières emportant 
le chétif mobilier des naturels du pays ; c'était un 
pays k part, au milieu du luxe des quartiers enviroii- 
nanls. Quand j'étais mailre lîlerc chez Cottereau, puis 
cbez Lncomme, c'était mon domaine, notre domaine 
à nous autres clercs d'avoués ; la vie n'y était pas bien 
chère. rue de» Moineaux, ô rue des Orties-Saint- 
Honoré, mes amours, c'en est donc fini, je voua 
contemple pour la dernière fois ! 

30. — Hier, nu cirque, Pnsdeloup voulut faire avaler 
du Wagner aux Parisiens. Il leur a servi une marche 
funèbre tirée du Crépuscule de» Dieux. Ce qui a bien 
marché, ce n'est pas la Marche dei Dieux, mais le 
boucan, un boucan comme on ne s'en paie pas sou- 
vent, boucan d'auditeurs devenus enragés par les 
extravagances d'instruments en cuivre qui grogument, 
beuglaient, bruyaient et mugissaient. Fallait voir les 
partisans (le Wagner qui montraient le poing aux 
sitfleurs. L'un d'eux, grossier et insultant, leur criait: 
ce qu'il vous faut, c'est de la musique comme celle de 
Madame Angol ; ce disant il chantait: 

Pa« 1ii!gncule, 
Fort eu guoiilo, 
Tollo (!tait M- Angot. 

M""' Angot était probablement dans la salle ; elle 
donna de la.... Les Dieux allemands se sauvèrent 
épouvantés en emportant leur musique. 

i4 Novembre Î87G. — Au musée du Luxembourg 



- 110 - 

se trouve la fameuse Sitlaille de Solféi-ino, par Më) 
aonnier. On y voit l'empereur Napoléon III, ù. cbe\i| 
en lôte do son élaL-major. Un vilain farceur luî 
gratté le bout du nez ; il me semble me rappel 
qu'on lui a déjà donné un coup de crayon. Pourquoi 
ne pas mellre le tableau sous une forte vitre, comme 
font les Anglais 7 C'est trop simple pour qu'on y pense. 
Il faut bien songer que dans le quartier se trouvent 
encore quelques rentiers vindicatifs qui ne peuvent 
pardonner, h J'ex-souverain, son attentat... contre la 
Pépinière... k grande victime du Deux-Décembre ! 



/5 Décembre i81f>. — Le Maréchal est obligé de 
prendre Jules Simon comme président du conseil des 
ministres, au Heu de Dufaure. Mon confrère Méline 
devient sous-secrétaire d'Etat à la Justice. Pendant le 
siège, Méline était adjoint, et adjoint très dévoué, au 
maire du 1" arrondissement. Sans aucune sollicitation 
de sa part, en souvenir de son dévouement et de ses 
capacités, il fut nommé membre de la Commune, mais 
il n'accepta pas. Néanmoins les gens malinteutionnés 
l'appellent communard. 



16. — Mort de mon ancien et illustre confrère 
Chaix d'Est-Aiige, qui a quitté le barreau pour remplir 
les hautes fonctions de procureur général près la 
Cour d'appel k Paris. Jamais avocat n'eut plus 
de notoriété. Les grandes affaires de la Roncièie, 
Donon-Cadot, etc., dans lesquelles il plaida, pas- 
sionnèrent tous les esprits. Je me rappelle mon père 
attendant avec impatience le journal et lisant à haute 
voix, à un cercle d'amis, les débais de l'affaire Donon - 
Cadot. 

Je me souviens également avoir, comme clerc 
d'avoué, porté un dossier chez M** Chaix. Je fus 



» 



- m - 

ébloui du luse de son hôLel de lu rue SainL-Georges. 
Un magnilique escalier, revêtu de sluc multicolore, 
conduisait à un salon garni de tableaux spiendides. 

Gustave Chaix, le Qls, est inscrit sur le tableau des 
avocats, Le nom n'a donc pas disparu ; c'est un char- 
mant garçon, aimaljle au possible et spirituel en 
diable. 11 a tout à fait le masque, les gestes et la voix 
de son père ; grâce à son brio, il n'est pas trop ^crasi5 
par le, souvenir de celui-ci. 

18. — Funérailles de Chaix aujourd'hui. M" Bétolautl, 
bâtonnier en exercice. M" Lacan et Rousse, anciens 
bâtonniers. M' Grévy, également ancien bâtonnier et 
de plus président de la Chambre des dépulés, tenaient 
les cordons du poêle. 

M" Chaix [ut procureur général, pourquoi pas un 
seul magistrat pour tenir l'un des cordons î 

10. — Le 12 décembre dernier. Gènes lit rie magni- 
fiques funérailles au duc de Galbera, ancien grand 
financier à. Paris. Elle ne pouvait moins faire, car le 
duc lui a laissé vingt millions pour améliorer son port. 
Il s'appelait Ferrari, mais, il avait été fait duc de 
Galbera je ne sais pas par" qui et prince de je ne sais 
quoi par Victor-Emmanuel. 

Ses grandes entreprises financières sur las chemins 
de ter français lui attirèrent de terribles ennuis. 

Sa veuve est une femme admirable, très renommée 
pour sa piété et sa bienfaisance. 

M. et M'"* de Galliera sont tous deux originaires de 
Gênes. 

21. — Le duc de GaUieraa laissé unfils, qui fut élevé 
à Louis-le-Grand. 11 y était ami des deux Carpentier, 
les fils de mon camarade de rempart, du joyeux bon- 



netier du boulevard Saint-Michel. Ah ! quel bonheur 
pour le lycéen, quand, les jours de sortie, ÎI avaîl I» 
permisaioQ d'aller dtner chez le père de ses deux amis, 
h. la table commune, celle du patron, de la patronne et 
des employés. Ça le changeait du grand tra la la de 
ses parents à lui, mais il ne pouvait faoUemenL oublier 
les habitudes de l'hûtel paternel ; aussi, après chaque 
plat, laissait-il sa fourchette sur l'assiette que la 
domestique enlevait. Agacée de cette mauvaise habi- 
tude, la grosse paysanne flnit par Juî remettre sa 
fourchette sur la table en lui disant: « Mais je n'en 
finirais pas s'il me fallait comme ça changer de four- 
chette i chaque plat. " 

De francs et bons rires uccueillit'ent la naïve boutade 
de la paysanne'. 



22. — On parle de cent mille francs que la duchesse 
et son fils auraient donnés aux pauvres de Paria, à 
l'occasion de la mort du duc. C'est fâcheux qu'il n'en 
meurt pas un comme cela chaque semaine. Comme 
on le voit, la duchesse et son fils n'oublient pas que 
la fortune, déjà fort grande, il est vrai, de Rafaele 
Ferrari, leur mari et père, est devenue colossale 
grâce à ses opérations des chemins de fer français. 



23. — On vient de me dire qu'au bas de la rue de 
la Montagne Sainte-Geneviève, tout k fait au bas, des 
1 ouvrant une tranchée, ont récemment mis 



I miùaoQ Biuuknrff, de la rue Cbampallion, 
ÉEnlamont lee lettres. Dftr il eiiHoignu l'hiatoire & 
u de l'hUippe Fertori, Du 



— 113 — 

• 

à jour un four en brique à côté duquel se rencontrèrent 
de très variés spécimens de poteries romaines. Il y a 
environ vingt-cinq ans, on trouva toute une fabrique de 
poteries romaines en creusant les fondations de nou- 
velles maisons rues Soufflet et Gay-Lussac. Je me 
rappelle fort bien cette découverte qui attira l'atten- 
tion des quelques archéologues du temps. C'était 
juste à l'endroit où s'élevaient, avant leur démolition, 
certains chétifs immeubles de la rue Saint-H/ncinthe- 
Saint-Michel qui enserraient l'hôtel seigneurial, connu 
sous le nom d'hôtel : Marie Stuart. 



1377 



i/'^ Janvier. — Etrennes peu communes. On lit dans 
le Siècle de ce jour, i®»" janvier : « M. Philippe de 
Ferrari, professeur de langues au collège Ghaptal, 
fils de M. le duc de Galliera, a remis 20.000 fr. à 
M. Greppo, président du comité organisé pour les 
familles des condamnés politiques. » 

Pas banal, ce professeur de langues, qui, dans ses 
économies, trouve de quoi donner des etrennes de 
20.000 fr. 

4. — Ouvrons notre obituaire, hélas c'est toujours 
à recommencer. Hier est mort Henri Monnier, le 
fameux acteur, le caricaturiste, Fécrivain humoristique, 
Fauteur de la pièce : Grandeur et décadence de Joseph 
Prudhomme, dont il jouait le personnage d'une façon 
si curieuse au théâtre de TOdéon. Vers 1851, quand 
je finissais ma licence; quelles bonnes soirées il fît 
passer à notre bande d'étudiants ; c'était du délire au 
parterre ([uand, au moment où ou lui offrait un sabre 
d'honneur, il disait : « Ce sabre est le plus beau jour 
de ma vie ; je m'en servirai pour soutenir nos insti- 
tutions et au besoin pour les combattre. » Et quand 
on venait lui annoncer qu'il était nommé ministre des 
fourrages, quel admirable jeu de physionomie sur ce 



musqué, reasumblfUiL un peu ù oelui de M. ThierH, et 
quel accès de fcille joie dans loule la salie I 

10. — Mort de mon bien aimé père dans sn soiximlp- 
douzième nnnùe. Il éLaîL né le 9" jour de Floi'i'al an XIII 
(28 avril 1805). 



21. — J'ai lu aujourd'hui, dans le Dix-neuvi^mn 
Siècle, un article bien curieux d'About sur la vie d'un 
modèle qui vienl. de mourir, sans parents, dans l'une 
des plus affreuses rues de noire V" arrondissement, 
la me Gracieune. Elle pouvait l'être au moyen âge, 
mais aujourd'hui ! Donc, au n" 20 de celle rue si peu 
gracieuse vient de rendre l'âme, à 80 ans, Alix Uu- 
hoscq, dont la heaulé, il y a quarante ans, était 
renommée parmi les peintres et les sculpteurs. Nul 
n'était mieux proportionné. Tous ses membres 
avaient la mensuration que l'art exige. Il savait, du 
resie, admirablement poser, car il avait été éduqué 
par les grands peintres et sculpteurs du siècle devant 
lesquels il avait posé dès l'âge de cinq ans. Comme il 
était eufant naturel et ne s'était pas marié, il mourut 
isolé. Son logeur pril sur lui d'envoyer des lettres de 
faire part en son nom et en celui de deux grands 
artistes, Guillaume et Grauk, dont il avait trouvé des 
lettres dans les papiers du défunt. Le service se fil à 
Sftinl-Médard, le 17 courant, mais personne ne vint 
sauf M. Grauk, qui reçut seul sa lettre à temps. 

Si les étudiants de l'Ecole des beaux-arts eussent 
pu être préveims et eussent connu ce que Ihiboscq 
avait fait pour eux, ils auraient, déserté leurs ateliers 
de la rue Bonaparte et seraient tous accourus ii Saint- 
Médard. About nous apprend en effet que le vieux 
module a laissé ses économies, soit deux cent mille 
francs ! ! i'i l'Inslitut de Krance, pour les intérêts (Mre 




distribués chaque année nus jeunes peintres et sculp- 
teurs reçus en loge, lors du gmod prLx de Rome. It 
avait, le brave homme, remarqué que les logistes 
étaient irès malheureux, qu'ils se privaient souvent 
de manger pour se payer des modèles. 

Comment Duboscq a-t-il pu amasser deux cent mille 
Irancs avec ses gains de pose ? C'est incompréhensible, 
mais cela s'explique. ToujouFS il était employé et 
jamais il ne perdait un moment. La séance était-elle 
fixée pour huit heures du matin, dans tel atelier, 
quoique l'arliste ne fût pas arrivé, lui se mettait tout 
MU et allait dans ce simple appareil lui ou\Tirla porte, 
t[uand d entendait ses pas : " Vous savez, lui disaît-il, 
la séance est commencée depuis un quart d'heure... 
depuis une demi-heure, « Jamais en autre il ne faisait 
le moindre crédit. 

Ajoutez à cela qu'il ne dépensait presque rien pour 
sa nourriture et son entretien. 11 vivait comme un 
pauvre ouvrier '. 

15 Février i S77. — Hier, à cinq heures, est mort 
le général Changarnier, né à Aul.on le 20 avril 1793. 

Il fut très bon général, mais très mauvais prophète, 
car le 3 juin 1852 il dit à l'Assemblée, tremblant pour 
sa sécurité : u Pour inaugurer l'ère des Césars, on ne 
trouvera ni un batadlon, ni une compagnie, ni une 
escouade. .Mandataires du peuple, délibérez en paix. « 
Et le 2 décembre suivant la Chambre était prise, 



' Sons le voilo de l'nnonyme a ptii'ii, eu 19U0, nn Tolnine 
IntJCiilé : Zizanie ans dain le» aleilert — PHlmteg, moilhle. C'est 
UDB merveilleuse ishevnuehée i\ tnvvBrH l'art pendiiut saÏKiuibB ans, 
nue gerbe d'improdaicina ot do souveuivH groupén autour da 1b 
flitare mutique du inod&le DuboMi], .le Biiia parvona il snvoîi' que 
□ette belle ëtude était) due it la femme du nciilptour Crank. Je 
m'emprense d^ètre iudlbi^ret. 



— 117 — 

comme dans une ratière, non point par un bataillon, 
ni une compagnie, ni une escouade, mais par une 
armée tout entière. 

17. — Aujourd'hui, à midi, obsèques du général 
Ghangarnier aux Invalides ; le corbillard fut, jusqu'à 
la grille de la grande cour, suivi par le maréchal de 
Mac-Mahon. Grand étonnemont du public, car le chef 
de TEtat ne se dérange jamais. Mais le Maréchal 
s'était rappelé qu'il avait été l'aide de camp du général 
et que cette circonstance lui faisait presqu'un devoir 
de déroger à l'étiquette. 

18. — Une crise désolante affecte l'industrie du 
tissage de soie à Lyon. Los ouvriers souffrent beau- 
coup. Pour subvenir à leurs besoins, la Maréchale va 
donner, le 27, un grand bal de bienfaisance. Elle s'est 
déjà commandé, à Lyon, une superbe robe de soie 
brochée (ju'elle inaugurera à ce bal. 

f6 Mars 1877. — L'Officiel du 14 contient la nomi- 
nation, dans la Légion d'honneur, de M. Larousse, 
secrétaire du Par([uet depuis 30 ans. Le Parquet a 
été par lui organisé d'une façon merveilleuse. Quand 
on dit à un inculpé : « On va vous conduire chez 
Larousse, » il se trouve presque mal. Il se figure en 
effet qu'on va le livrer aux plus cruelles tortures âe la 
police, appelée la rousse dans l'argot de Paris. 

21. — Je parcours avec la plus grande joie le nou- 
veau boulevard Henri IV dont la double perspective 
est fort belle : la colonne de la Bastille d'un côté et de 
l'autre le Panthéon. 

22. - M"''' veuve Buignet, la veuve du savant pro- 



fesaeur de l'êcnle de pharmacie, vîenl de fontlor un 
prix aunuel de quinze cenLs francs pour le meilluur 
mémoire sur la physique et la chimie appliquées k la 
médecine. 

Je n'ai jamais connu de meilleure femme plus 
affabla pour tout le monde, d'épouse plus atluchée au 
souvenir et à la mémoire de son mari. 

Tous les jours, (ju'il vente, cju'il pleuve, qu'il neige, 
elle vient au Père-Laohaise pleurer el prier sur sa 
tombe. 

Tous \es employés si nombreux du cimetière ont 
pour elle la plus grande vénération, 

C'est lu fille de M. Hallays-Dabol, l'ancien chef 
d'institution de la place de l'Estrapade, au quartier 
latin. 



'34. — Au Uuar[ier, grandes démolitions pour , 
agrandir la Clinique qui se trouve en face de l'EBole 
de médecine. Ces démolitions s'étendent de la rue 
Racine à la rue de l'Ecolo de médecine. Elles ont' eu 
l'avantage de dégager l'énorme construction où se 
trouvait autrefois le réfectoire des moines GorUeliRi-s, 
C'est dans ce réfectoire, asile de l'ancien club des 
Cordeliers, que se trouve actuellement le fameux 
musée Dupuytren, donl la visile est recommandée, 
en province, par les papas prudents, à leurs fils partant 
pour Paris. 



31. — Le président de la République ci Madame la 
Maréchale ont, hier vendredi-saint, faîl dire un office 
dans la chapelle de l'Elysée. M*'' Mennillod, évoque 
de Genève a prêché la Passion. Quant aux autres 
offices de la semaine sainte, le Président et sa femme 
les ont suivis à Sainte-Clotitde, leur paroisse, 
l'hôlel du Maréchal e^r rue Las-Cases, 



t:, Avril isn. — M. Thiera. nù W 15 avril 1S97. 
ilro aujourd'hui 15 avril dans sa iiualru-vingLiÈine 






24. — L'empereur du Brésil est venu k Paris pour 
s'inslruire. Altann^ de science, il veut. Loul voir ; ainsi, 
hier, après avoir visilé, dans la rue do l'Ecole de 
médecine, la miiison de Marat qu'on démolit en ce 
moment, il est nllé à l'Hôtel-Dieu, vers neuf heures 
du matin. Il voulut assister au cours de M. Germain 
Sée, qui faisait sa leçon à l'amphilhéillrc de l'hôpital. 
.\ son entrée, tous les élèves se sont levés respec- 
lueusement. Le professeur n'a nullement interrompu 
son Qours e! s'est contenté de dire : u Nous comptons 
un savant de plus. » 

— Hier, k l'Odéon, magnifique repri.se de Mauprat. 
\a 38 novembre 1853, l'Odéon donnait jlfnM;)rai, pièce 
de George Sand, tirée de son extraordinaire roman, 

Le directeur de l'Odéon, Duquesnel, la reprend 
aujourd'hui d'une façon superbe. Les décors sont 
aussi beau.\ (|ue les costumes et les acteurs sont de 
premier choix ; ainsi notamment Marais joue le rôle 
do Bernard de Mauprat. 

C'est un homme de goût du reste que oe Duquesnel. 
un homme qui a fait de très bonnes études littéraires 
et juridiques. Nous avons préparé ensemble nos 
examens de licence. 



28. — Il est parmi l»6 étudiants quelques forcenés 
qui n'admettent pas d'opinions contraires aux leurs. 
M. Saint-René Taillandier, professeur d'éloquence 
française à la Sorbonne, membre de l'Académie fran- 
çaise, homme considérable, qui a certes le droit de 
dire sa pensée, vient d'encourir les malédictions de 
quelques éliidianls révolutionnaires, parce qu'il a dit 




— 120 — 

quurLTlaius hommos 1I13 !u Terreur n'éLaienL pas pré 
oiséinenl de petits saints. 

Ces messieurs aonL venus à son cours eL ]'onl forcé, 
par leur Lapage, h se retirer. C'est une mauvaise 
journée pour le QuarLier. Du reste elle avait bien mai 
commencé. Ce malin, un étudiant en pharmacie s'était 
suicidé au.>i pieds de sa matlreasu en avalanlderacids 
pruBsique, et un cercueil avait dégringolé d'un cor- 
billord au moment où il traversHit le houievartl Sabt- 
Michel. 

2 Mai 1877 . — A la sortie du cours de M. Pajou, 
professeur à la Faculté de médecine, les mêmes 
étudiants sonl allés à la Sorbonne, pour faire du 
lapage au cours de M. Saint-René Taillandier ', mais 
celui-ci, pour se remetlre de son émotion, s'était 
octroyé un petit congé. Fort attrapés, ces messieurs 
se sont dirigés du côté de la rue de Vaugîrard pour 
conspuer l'Université catholique qui sest laissé cons- 
puar sans mot dire ni maudire. Attrapés une seconde 
fois, et non assouvis, ils sont allés rue Lhomond. 
ancienne rue des Postes, devant l'établissement dos 
Jésuites, Là, cris, vociférations, hurlements ; bref, 
arrestation, par les gardiens de la paix, de trois 
manifestants par trop vociférants. 

4. — Deux élitdianls ont comparu devani la police 
correctionnelle pour leur conduite dans les If-oublus 
Saint-René Taillandier; l'un était., journaliste! 
Vaaire... journalier ! Quinze jours de prison. 

5. — Les révolutionnaires du Quartier, furieux des 



les Eeiiéi/nts ./b 1789. 



— 121 — 

quinze jours octroyés au journaliste et au journalkvy 
se sont rassemblés à la salle des Ecoles, rue cFArras, 
et ont voté un vœu pour l'expulsion des Jésuites. Ah ! 
CCS chançards de Jésuites î ils écopent toujours ! tout 
cela parce que M. Saint-René n'a pas dit que Marat 
était un mouton ou plutôt parce qu'il a dit que c'était 
un mouton enragé. 

6. — Avant-hier, le cours de M. Saint-René Tail- 
landier a pu se faire sans encombre. Les étudiants 
n'avaient pu entrer qu'avec leurs cartes ; ni journalistes 
m journaliers cette fois ; tous véritables étudiants. Le 
professeur a été très, très applaudi. 

7. — Couru au Salon pour voir les peintures. Tout 
le monde vient admirer le portrait de M. Thiers par 
l^onnat. L'ex-Président est en redingote noire ; je 
préfère la redingote marron du tableau de M^^*-* Nelly 
Jacquemart; j'aime mieux aussi son ancienne mine 
guillerette. Bonnat l'a fait soucieux, triste comme 
quelcju'un ({ui vient de perdre une bonne place, mais 
en même temps dédaigneux, car la lèvre inférieure 
s'allonge légèrement sur la lèvre supérieure et ses 
yeux perçant à travers des lunettes, en très légère 
monture d'acier, expriment le plus profond mépris 
pour ceux cjui le contemplent. 11 a un beau petit 
toupet de cheveux bien blancs, bien argentés, et en 
guise de favoris deux légères pattes de lapin qui 
donnent une grande distinction au faciès. Avec tout 
cela de belles rides creusées par l'âge et les soucis 
d'une longue existence. 

8. — Dom Pedro, l'empereur du Brésil, s'est payé 
la fantaisie de venir voir passer des examens à l'école 
des ]\'Jines. Il a fait des compliments aux élèves reçus. 



19. — M. lie Broglie esL nonuin; chvt ilii oiibiiK;! ii\ 
M. de Forlou minislre do riiitiiriouc. Lit Chambre esi 
prorogée pour un mois. 

31, — La vie de saùile Geneviève, par Puvis de 
Chavannes, a éLé marouflée sur les parois droiLes du 
PanLhénri. Elle produit une impression aiaguifliiuo 
grâce au mei-veilleux paysage ; mais le peintre a con- 
serves les inoorreclions anatomiques. Sainte Geneviève, 
enfanU a toujours le bras gros nomme une uuisse. 
Après ! c'est, peut-être un effet du grand art que nous 
autres bons bourgeois ne pouvons comprendre ! Si 
nous hasardons une timide observation, les arlitse» 
prennent leur air méprisant pour nous faire rentrer 
aous lerre. 



.1 Juin 1S77. — Hi(?i-, à la Comédie- Française, 
première représentation du Marquis de Villemer, joué 
avec tant de succès à l'Odéon. A celle occasion ta 
statue assise de George Sand a été placée auThéaire- 
Frnngais dans iin grand couloir. 

L'hommage me semble excessif. 

La statue était toute ornée de fleurs. 



16. — M. de Fnrtou s'est présenti- devant 
Chambre, i|ui se réunissait après sa prorogation d' 
mois, et lui annonça que le Président avait l'intention, 
après avis du Sénat., de la dissoudre. 

Ayant eu l'occasion de parler de l'Assemblée 
nationale de 1871, il l'appela la tibêrnirice du territoire. 
A ce moment tous les députés de la gauche se levèrent 
et, se tournant vers M. ThitTS, s'écrièrent : <t le voilà 
le libérateur du territoire. » 



i 



13, 



!i(W députés onl volé un blâme contre le 



- 123 — 

gouvernement et la politi(|ue depuis le 16 mai. Voilà 
(jui devient grave et jette le trouble dans tous les 

esprits. 

2/ Juillet 1877. — Deux demoiselles Danton, qu'on 
dit être petites-filles du conventionnel, se sont mariées 
à la mairie du 6'\ Tune aveo un officier, M. Ségonne, 
capitaine de chasseurs à pied, Tautre avec mon jeune 
confrère, Louis Brossard. 

• 

25. — L'Hôtel-Dieu, devant ôtre démoli, le corps 
de M. de Monthyon, qui reposait près de sa statue, 
dans le grand vestibule de Thôpital, vient d'être 
transporté à Saint- Julien-le-Pauvre. Cette vieille et 
admirable basilique romane est une dépendance de 
riIôtel-Dieu, située de l'autre côté du petit bras de la 
Seine, non loin de la rue Saint- Jacques. 

? Août 1811 . — Aujourd'hui, place du Parvis, très 
cni-ieux speclacle. Sur de nombreux brancards des 
infirmiers transportent les malades dans le nouvel 
Hôtel-Dieu. Ce serait prudent de mettre des chiens 
à l'entrée pour empêcher les rats de l'ancien hôpital 
d'y venir élire domicile. Il y en a, paraît-il, d'énormes, 
de monstrueux. 

4 Septembre 1811. — Quoiqu'à Ghaville, nous 
apprenons très rapidement une nouvelle (|ui fait beau- 
coup d'impressioîi. M. Thiers est mort hier, à Sainl- 
(jermain, vers six heures du soir;- il était venu, avec 
M'"*' Thiers, poui* passer quelques jours de viUé- 
giature. 

8. — Service de M. Thiers à Notre-Dame-de-Lorette 



et sépulture nu P<Tii-L<ic.haiae rtana lu modeste cha- 
pelle de la famille Dosne' . 

24, — Hier, mort du fameux astninome Leverrier, 
directeur de l'Observatoire. Il y a queKiues jours, 
songeant qu'il succomberait certainement à la cruelle 
uialadie, qui le retenait depuis longtemps chez lui. et 
souffrant davuntage, it dit k son domestique : « Allez 
me chercher M. le curé, n Le domestique alla chercher 
le curé de Sainl-Sulpice, car dans le quartier du 
Luxembourg. M. le curé, c'est M. lu cyré de Saint- 
Sulpice. Le voyant arriver, M. Leverrier ne fit aucune 
observation et se confessa à lui ; puis qitand il eut flni, 
il lui dit : « M. le curé, je veux recevoir les derniers 
sacrements, mais pour cet office je me réserve les 
bons soins de M. le curé de Saint-Jacques qui est 
mon curé, puisque je demeure à l'Observatoire. C'est 
de bon ordre, il me semble, ne frouvez-vous pas que 
je doive m'adresser à mon curé? >■ 

M, le curé de Suint-Sulpiue l'approuva et lui dit : 
« Vous donnez le bon exemple. •■ 

Le souvenir du savant baron Cauchy, qui était mort 
très chrétiermeraent, comme il avait vécu du reste, 
eut une grande influence sur M. Leven-ier. Il disait: 
ic Je suis la Iradilion du vénéré Cauchy. « 

Il découvrit su planète JVeptiine non pas, au moyea 
de sa lunette, mais au moyen de sa plume et grâce à 
de surprenants calculs. Il s'était abîmé i'esloraao k 
force de travailler. C'était sans doute bien dom- 
mageable pour lui, mais cela l'était aussi pour les 
autres, car la soiilîrance lui avait aigri le caractère, 
A l'Observatoire, il faisait soulTrir loul. le monde : les 



— 125 — 

simples employés aussi bii>n quR les gros savants du 
bureau iJes longitiides, I) duL donner sa clt-inission. 
Le doux el savant Uolauuay le rompkcft, mais quand 
oelui-ci se tut noyé aux bains de mer, M. Leveri'ier 
fui, remis ft la léLe de i'Obsei'valoire par M- Thiorn. 
Les savants étrangers se scandalisaient de ne pas voir 
M. Leveirier à la tête de l'Observatoire. 

iS Octobre iftll. — Retour de la campagne, de 
Chavillo. Promenade sur ie nouveau boulevard Saint- 
Germain. Il mai'cbe, il marche. Il a éventré la rue des 
Saints-Pères. Il en a mfime jeté bas le n" 48, sans 
respect pour le berceau de Saint-Simon, le grand 
annaliste grincheux. 

13. — Les coiistruclions du vieil Hûtel-Dieu sont 
complèlement démolies. Par suite, la façade de Notre- 
Dame est entièrement dégagée du côté de la Seine. 
En passant sur le pont Saint-Michel, au soleil couchant, 
j6 jouis de Taspect grandiose de cette façade. Le 
spectacle en est vraiment magnifique. Les motifs 
d'architecture et de sculpture apparaissent avec une 
netteté admirable et merveilleusement colorés en rose. 

Le grand défaut de l'énorme portail, sans terra-sae, 
sans ses anciennes marches qui le relevaient autrefois, 
ne s'aperçoit nullement sur le pont Saint-Michel, 
parce que la base extrême de ce portail est cachée 
derrière les parapets des quais. L'œuvre du vieux 
maçon parisien se révèle enfin dans toute sa beauté. 

16. — Le Maréchal ayant, avec l'avis du Séiiat, 
dissous la Chambre, des élections nouvelles eurent 
lieu dimanche dernier, 14 octobre. Les 303 députés 
qui ont voté un blâme contre la politique du 10 mai 
ont presque tous été renommés. Kn général les élec- 



— I2(i —, 

lions fie sotil fiiiles dans un aeus (nul h tait, déniocra- 
tique, si bien que beaucoup de gens aouL pris d'une 
folle lerreur. 

Dans noLi'e cinquième, Louis Blanc a été nommé ; 
dans le sixif'ine, c'est Denferl-Rochei'eau, le défenseur 
de Belfort. 



2 Nooembre 1811. — Nous avons dans le Quartier 
un artiste d'un genre tout particulier, qui vient d'hêtre 
nommé officinr d'Académie, pour services rendus h 
rinstruotiori publique; c'est Jules Talrich, le modeleur 
d'ariatamie de la Faculté de médecine. A lit porte de 
sa maison est suspendue une grande vitrine dans 
laquelle se Irouve des effigies de cire qui font mon 
bonheur. Talricb travaille dans la cire, li fait des têtes 
de cire pour les coiffeurs, des saints de cire pour les 
églises. Mais Talrioh crée surtout des pièces ansLo- 
miques remarquables dont quelques-unes se trouvent 
au musée Dupuytren. Cet excellent artiste vient donc 
d'être nommé (j/)îeip)- ((M carf^mie pour services rendus 
à l'instruclion publique, mais le décret de nonninH.Uon 
aurait pu ajouter: et à l'instruclion criminelle- Il n'y 
a pas bien longtemps, à propos d'un crime dont oq 
ne pouvait connaître l'auteur, comme il fallait de toute 
nécessité inhumer la victime, Talrioh fut charge d'en 
reproduire les traîls '. 



20. - 



Le I 



; Brogtio est obligi; de : 



I Le poijiQiuit IntérCl ite l'Iiorrihle dmone de Xikvioi' de Mon- 
tépin ; l'Homme auœ figures lie cire provient du liileiib 8upp<MUl 
d'un urtiete. éuinie de Tulrich, qui reproduit en cii'e le portntit 
â'nnc psnonne itasnftain^. L'nasnHuii iiréiumé, cgiil dIo. osC plnoé 
iHiut fi Rmip liRvnnt In figura de cire. Il H'aft'uio nn reenunrueBiuit 
su victiuio et crie : Misérirarde, mliéricorde. 



— 127 — 

retirer en présence de l'esprit du Sénat qui se rap- 
proche de plus en plus de celui de fa Chambre. 

On dit que le Maréchal veut absolument donner sa 
démission. 

/4 Déeembre 1811, — Le Maréchal voulait donner 
sa démission, mais il n'a pas persisté dans ses inten- 
tions grâce aux affectueux conseils de M. Grévy. Il a 
en consé(|uence chargé M. Dufaure de former un 
ministère. Le choix de M. Dufaure, qui a des idées 
libérales, mais non révolutionnaires, tranquillise les 
esprits. 

20. — Dans l'horrible rue GhampoUion est mort 
hier, au n" 15, un homme de grande valeur, M. Ruhm- 
korff, l'inventour delà fameuse bobine. Il avait installé 
ses ateliers dans les vastes et vieux appartements de 
ce n° 15 ; c'était un Allemand, sans doute, mais un 
Allemand hanovrien, qu'en 1870 le gouvernement 
français ne força pas h quitter Paris. M. Ruhmkorff 
s'était complètement formé à Paris, dans les ateliers 
de l'ingénieur Chevalier, au Pont-Neuf, où il resta 
fort longtemps comme ouvrier. Ses obsèques ont eu 
lieu à la chapelle évangélique de la rue Tournefort et 
son inhumation s'est fait(> au cimetière Montparnasse. 
Il y a huit jours il avait perdu son gendre et, comme 
il était déjà âgé de 74 ans, l'émotion amena très pro- 
bablement sa mort. On le voyait très souvent dans la 
rue ; il avait une belle figure sans un poil de barbe et 
une tête carrée; sa tùte seule était restée allemande. 

28. — Aujourd'hui dimanche, un millier d'étudiants 
en droit se met en marche pour aller déposer une 
couronne sur la tombe de M. Thiers. Autour de cotte 
couronne sont inscrits les mots : au libérateur du 
territoire. 



— 12S — 

C'usL iwiileininonl pnur honorer Ir libérateur, mais 
c'psL «usai pour iaire pièce h l'ancienne Assemblée 
nationale qui préLendaib être seule la libératrice. Enfin 
M. Thiers el l'Assemblée y onl contribué, tous iea 
deux ni moi aussi qui ai payé des excéiieiifs il'impo- 
silions et en paierai bien d'autres. 



25. — Mon église ileSaint-Séverin s'embellît chaque 
jour de vitraux superbes, dont lui font cadeau les 
paroissiens et surtout les paroissiennes. C'est ainsi 
que M"" Alexandriiie Turin, tante de mes enfants, a 
offert le vitrail de la chapelle Sain te- Geneviève, 
en mémoire de sa mère, M"" Geneviève Barrault. 
M"" Geneviève Breton, la petite-fdle de M. Hacbelte, 
devait le donner, mais M"" Turin a intrigué auprès de 
M. le curé pour la supplanter en disant que M"" Ge- 
neviève Breton, étant jeune, pouvait attendre.. 
M"" Geneviève Breton, qui est bonne flile, n'a trop 
rien dit; mais probablement qu'elle n'en pense pas 
moins. 

Le dernier vitrail inauguré aété payé par Jea enfants 
de la paroisse qui onl fourragé dans leurs petites 
bourses el dans celles plus grandes de leurs mamans. 
Il est placé au commencement de la nef latérale de 
droite ; on y voit le Christ au milieu des enfants du 
Quartier qu'on reconnaît tous avec joie et bonheur. 
Une aimable maman, charmante, distinguée au pos- 
sible (le respect ne me permet pas d'en dire davan- 
tage) présente au Christ sonjoH petit garçon. Derrière 
elle, surgit ia tête d'un archilecte que tout Paris 
connaît. Le peintre verrier, Hirsch, a su donner une 
expression toute particulière h cette tête qui vous 
regarde, vous suit des yeux et semble vous sourin- 
quand ou l'a reconnue. Dans cinquante ans cette I6le, 
k lu lignu.-isc méruvingieuiie, passern pour celle d'un 



— 129 — 

saint, bien en cour auprès de Dieu. Il sera honoré 
comme tel et saint Pierre sera bien forcé alors 
d'ouvrir la porte k l'architecte de TOpéra '. 



1 En écrivant oe badinage, en 1877, j'étais loin de m'at- 
tendra à la mort de l'enfant et à oeUe du père, non pas cinquante 
ans, mais à peine vingt ans après ; humbles hommages h la mère 
inconsolable, à la veuve du grand architecte Garnier. 



9 



1878 



ô Janvier, — Notre confrère Mathieu, avocat de 
grand renom, Tun des anciens familiers de la petite 
cour de llmpératrice, est mort hier dans son cabinet 
en parlant d'affaires avec un de ses confrères. Quelle 
chose terrible de mourir ainsi sans avoir le temps de 
se reconnaître. Que Dieu me préserve de pareille 
mort! Heureusement M. Mathieu était un très 
honnête homme. 

9. — Les journaux annoncent la mort de VicI or- 
Emmanuel, roi d'Italie. 

10. — La maréchale de Mac-Mahon et sa fille ont 
profité de la neuvaine de Sainte-Geneviève pour venir 
prier au tombeau de la sainte. Les reporters vont se 
précipiter à Saint-Etienne-du-Mont pour s'informer 
si elle n'y aurait pas mis un cierge (elle en est bien 
capable, la vieille cléricale !) et, si elle en a mis un, 
pour savoir s'il a bien brûlé. 

13. — Le maréchal Ganrobert, chargé de représenter 
le gouvernement français aux funérailles du roi 
d'Italie, est parti hier avec une suite nombreuse 
d'officiers, parmi lesquels se trouve Patrice, le fils 
aîné du Président. 



~~ lai — 

— Un froid Lrt>s vif u surpris les Parisiens ; plus iJe 

I dix sont tombés inanimés dans les rues et sont morts 

[' sur place. C'est bien dur en ce moment de passer les 

' ponts pour aller au Palais et surtoul d'en revenir 

aprÈa avoir plaidé. 



S Février Î878. - Mort de Claude Bernard au 
• 60 de la rue des Ecoles. 

10. — De ma fenêtre, rue de la Sorbonne, je vois se 

développer dons toute leur magnificence les obsèques 

Claude Bernard. Toute la Faculté de médecine en 

grand costume, tous les étudiants, sur deux rangs, 

accompagnent le corps ; puis vient une foule énorme. 

Une personne du quartier me dit : « C'est un grand 
savant, sans doute, mais un cruel; combien a-t-il 
sacriflé de pauvres botes pour lire dans leur corps ! a 
En effet, Claude Bernard a beaucoup étudié le corps 
chiens auxquels il était malheureusement obligé 
d'infliger des tortures. 

L'Institut était aussi représenté à ses obsèques, car 
il était membre de l'Académie des sciences et même 
de l'Académie française. 

L'immense cortège s'engouffra à Saint-Sulpice. Ce 
■cher Saint-Séverin a été délaissé, probablement parce 
iqu'il n'est pas assez grand ; notre curé va bien sûr en 
attraper la Jaunisse, non certes pas k cause du profit 
,'iïianqué, car il est tort désintéressé, mais parce que 

belle église, rafistolée par lui, n'aura pas eu l'hon- 
neur de recevoir les plus grands personnages de Paris. 

2. — Le cardinal Pecci, ancien nonce k Bruxelles, 
té nommé pape en remplacement de Pie IX, 

décédé. Il a pris le nom de Léon ; c'est le treizième 

du nom. 



— 132 — 

l" Stars 187 fi. — A propos de Ifl morl du célèbre 
Claude Bernard, on m'apprend une singularilé de 
l'histoire du Quarlier. Sous le ri'gae de Louis XIII, il 
y eut un pauvre prfilre, nommé aussi Claudia Bernard 
qui, en l'honneur des Irente-trois années du Chrisl, 
fonda le Colltgedes treiite-troU écoliers, sur le penchant 
de la montagne Sainte-Geneviève. C'était un homme 
d'une immense charité; il s'occupait de luulus les 
œuvres de miséricorde et conduisait notamment tes 
condamnés an gibet. 

Richelieu lui fit demander ce qu'il déainiit pour ses 
œuvres : — "Oh ! répondit Claude Bernard, je voudrais 
bien (jue son Emîneaoe fit restaurer le plancher de la 
cbarette sur laquelle je conduis mes condamnés au 
supplice. Us n'écoutent pas bien mes inslruclioDS, 
tellement ils ont peur de passer h travers les trous, ■ 

5. — Pour le Mardi gras, nous avons cette année 
autre chose que des crêpes ; nous possédons une 
Ësludiatilhtu espagnole, c'est-à-dire une société 
musicale composée de soixante -quatre garçons assez 
distingués qui sont venus au Quartier jouer de lu 
guitare, de la flûte, du violon et surtout des cas- 
tagnettes. 

Us sont arrivés samedi et dès dimanche matin ils 
sont allés dooner des aubades au.x doyens de la 
Faculté de droit et de médecine Us sonl bruns, 
élancés et portent fort bien uu joli costume de velours 
noir, composé d'un justaucorps, d'une culotte, de bas 
de soie noirs et d'un bicorne sur lequel est fixée en 
sautoir une cuillère d'Ivoire ; c'est le costume des 
étudiants de Salamanque au xvi' si&cle. Ils ont passû 
BOUS mes fenêtres de la rue des Ecoles, entourés de 
toute Vnsludiimlina parisienne, masculine et féminine. 
Un bal monstre aura Heu à Bufiier. Candides nymphes 



du (|uiirLier lalin, prenez garda h vos cœurs. Au 
r Luxembourg les enfanLs (iansenl des fandangos 
I échevelés. 



I 



27. — DftEH une séance réceiile, le Cunsèil muni- 
cipal a voLé une somme de 1,000 fr. pour contribuer 
i l'érection d'une statue k Claude Bernard, dans le 
petit square du Collège ds France, Un conseiller s'est 
élevé avec beaucoup de force contre le projet d'allo- 
(lation parce que Claude Bernard n'était point collec- 
tiviste ! ! Pendant longtemps les matérialistes aimaient 
à faire supposer que Claude Bernard était de leur 
bord, qu'il cherchait, sans la trouver, l'âme au bout 
■du scalpel, mais ils sont obligés aujourd'hui d'aban- 
donner cette prétention entièrement fausse Claude 
Bernard fut élevé très chrétiennement; il fut môme 
enfant de chœur du cardinal-archevêque de Bordeaux, 
M»' Donnel, alors que celui-ci était curé de Villefranche- 
aur-Saône. 11 conserva toujours ses idées rsligieuses. 

Le Père Didon, qui a suivi les leçons de physiologie 
de Claude Bernard, déclare qu'un jour celui-ci lui dit 
en propres termes : " Oh 1 mon Père, combien j'eusse 
été peiné ai ma science avait pu en quoi que ce soit 
gêner ou combattre notre foi ! Jamais je n'eus l'inten- 
tion de porter à la religion la moindre atteinte. « 



H Avril 1818. — M. Dufaure, président du conseil 
des ministres, vient de perdre sa femme. Ses deux 
fils, Gabriel et Amédée conduisaient le deuil. M. Du- 
faure, qui commence déjà h. être bien vieux, n'a pu 
Assister a l'enterrement. Il va sur 80 ans, 

27. — Entrée en religion, chez les Dames de Sion, 
rue Notre- Dame-des-Champs, de M"" Pré vos t- Para do 1, 
la fille du fameux publiciste. ambassadeur de France, 



L 



- 134 — 

qui se suicida à New-York. Où, si ce n'est au oouvent, 
peut donc se réfugier une jeune fille, qui n'a aucun 
goûL pour le mariage, dont le chagrin osl intense el 
la vie pour ainsi dire brisée? 

i" Mai 1818, — Ouverture, à une heure, de l'Ex- 
position universelle par le maréchal de Mac-Mahon, 
Un coup de canou annonça cette ouverture. Si le 
Maréchal l'a ouverte, le hon Dieu l'a baptisée et bénîfi. 
Tous ces messieurs du oorlège officiel ont été trempés 
jusqu'aux os. 

Personne ne supposait que l'Exposition pût réussir 
si près de 1871, mais je crois, après un coup d'œil sur 
les constructions, qu'elle réussira au contraire fort 
bien. Elle s'étend sur le Champ-de-Mars et le Tfo- 
cadéro. M. Davioud, dont les enfants fréquentent la 
paroisse Saint-Séverin avec les miens, a élevé un 
monument foH original sur le Trocadéro au prix 
d'énormes efforts ! Car le sol fui, il y a longtemps, 
creusé pour en retirer des matériaux. Une immense 
salle de concert a élé ménagée dans ce nouveau palais 
et deux tours très curieuses le dominent. 

10. — Morl de M. Valette, savant professeur de 
l'Ecole de droit, trop savant même, car les jeunes 
étudiants de licence suivaient difficilement son ensei- 
gnement, tandis que celui terre à terre de son ami et 
collègue Bugiiet étaient parfaitement compris. Il étail 
excellent professeur pour les étudiants de doctorat. 

Homme fort religieux, honnête homme dans tout« 
l'acception du mot, il faisait partie de l'Assemblée 
nationale, lorsqu'au 2 décembre les membres de Ofllla 
assemblée furent en grande partie enfermés à I« 
caserne du quai d'Orsay. li vint pour partager leur 
sort ; !e chef du posie ne voulait pas admettre ce pri- 



— 135 — 

sonoier voloiilaire, mais M. ValelLe lui dit i|u'il avait 
deux Litres à êlre arrfitl; : qu'il ùtail en eflet repré- 
sentant (lu peuple et professeur de droit. On déféru à 
son désir. 

Chaque dimanche M. Valette assistait avec beau- 
coup de piété à la messe de Saint-Etienne-du-Mont, 
sa paroisse. 

Lundi dernier 6 mai, son cours terminé, il se sentit 
mal à l'aise ; il envoya chercher le curé de Saint- 
Etienne-du-Mont et fit viser son passe-port et ce avec 
le plus gi'and calme. iJ ne craignait nullement la mort 
ainsi qu'il le montra du reste en 1848. Pendant les 
combats do juin, il se tenait tin effet avec ses insignes 
de représentant du peuple à côté du général Damesme, 
La place était dangereuse, car le général y fut blessé i 
mort. 



13. — Obsèques de M. ValeLte à Saint-K(iennu-du- 
Mont et enterrement ù Montparnasse. Qualre étudiants 
portaient des couronnes; Tun deux prononça un tou- 
chant adieu sur te bord de la tombe. 



14. — Celui de ses titrés, auquel M. Valette tenait 
peut-être le plus, était celui de président delà Société 
protectrice des animaux. Il prenait très au sérieux ses 
devoirs. Après son déjeuner, ii arpentait, pour faire 
sa digestion, le trottoir de la rue Sain L- Jacques et 
celui de l'Ecole de droit. Le long de ce trottoir se 
trouve une station de voitures que notre président 
surveillait du coin de l'oail. Voyait-il quelqu'un 
- s'acheminer vers les dernières voilures, il s'avançait 
dignement vers lui et lui disait : « Monsieur, ne 
feriez-vous pas mieux de prendre l'une des premières 
voilures ; c'est votre intérêt, car les chevaux reposés 
vous conduironi plus vite. Les pauvres bêtes, plus 






r^ 



— 136 — 

récemment arrivées ne souffriront pas, car elles 
auront le temps de se remettre de leurs fatigues. » 

Tout le monde profitait de Tobservation faite avec 
amabilité et courtoisie par ce grand vieillard décoré 
de Isi rosette, et M. Valette était fort content ; il avait 
le droit de Têtre, car il avait accompli un acte de déli- 
cate bonté. 

29. — Un bon point, même deux bons points au 
Conseil municipal. Il vient de faire acheter les vieilles 
constructions et le jardin d'un couvent qui recouvre 
la portion des Arèiies, non encore explorée, c'est-à- 
dire la portion orientale. Si au commencement de 1870 
le Conseil municipal de TEmpire eût agi ainsi, Paris 
posséderait, dans presque toute son ampleur, un 
superbe monument romain. 

30. — Aujourd'hui, 30 mai 1878, ont été ouvertes 
les fenêtres, toujours fermées, de l'appartement où 
est mort Voltaire le 30 mai 1778. Il se trouve au 
premier étage de la maison située au coin du quai 
Voltaire et de la rue de Beaune, côté des numéros 
impairs f* Cette maison appartint longtemps et appar- 
tient très probablement encore à la famille du marquis 
de Villette. 

31. — Au théâtre de la Gaîté grande manifestation 
pour le centenaire de Voltaire. Victor Hugo l'avait 
organisée et avait mis des places nombreuses à la 
disposition des étudiants. Messieurs les étudiants, ou 
plutôt quelques étudiants extravagants, ou plutôt 
encore des pseudo-étudiants, sont arrivés avec une 
bannière où on voyait ces mots : 

Les Ecoles — 30 mai 1878 
Ecrasons l'infâme 



— 137 - 

C'est-à-dipe écrasons le Christ. 

Ce n'était pas le moment de rappeler cette impiété 
attribuée à Voltaire. 

Victor Hugo, sans avoir lair d'y toucher, leur donna 
une petite leçon de convenance conciliatrice. Il dit, en 
effet, dans son discours, que le Christ et Voltaire 
étaient deux grands serviteurs de l'humanité ; que delà 
divine larme du Christ et du sourire de Voltaire était 
sortie la civilisation actuelle. 

i8 Juin 1878.-^ En 1873, quand la ville de Paris 
fît creuser, à deux pas de la rue Saint-Jacques, les 
fondations du marché de Port-Royal, M. Vacquer, 
architecte municipal, chargé de la surveillance des 
fouilles, trouva un cimetière gallo-romain. Les tombes 
fouillées donnèrent une ample moisson d'objets 
anciens, notamment ce joujou de petit parisien dont 
on a tant parlé : un canard se prélassant dans un bateau 
de pierre très tendre et pouvant aller sur Veau. Le 
propriétaire voisin, M. Léon Loudain, «iut récemment 
ridée de fouiller à son tour dans son terrain, rue 
Nicole. Il mit au jour beaucoup de poussières 
humaines avec une fouie de bracelets, d'épingles, de 
biberons en verre, de semelles de cuir encore percées 
de clous, de minuscules pièces de monnaies mises 
dans la bouche des morts pour payer le passage h 
Caron. 

Ces fouilles émotionnent beaucoup les habitants de 
la rive gauche qui vont faire de nombreuses visites à 
Tantique nécropole de la rue Nicole. 

"5 Juillet i 878. — M. Loudain a donné aux savants 
du Quartier le régal d'une ouverture de tombe. En 
disant régal^ j'emploie un mot bien impropre ; car à 
peine la tombe était-elle ouverte qu'une odeur 



— 138 — 

infecte se répamlil (Uns l'air. Le scjualoLle Irouvt 
avait auprès de lui une foule rie vases remplis de 
nausétthonda résidus rie iiourriLure. 

Ce oimelière de la rue Nicole esL gallo-romoiii et 
non mérovingien comme ceux trouvés dans le voi- 
sinage de Saint-Gerraain-des-Prés et de l'Eccle poly- 
Lechoique. 

16. — Le jour de lu fâba du 14 juillet, l'entrée de 
l'Exposition était de fr. 25. Il fallait apporter ses 
cinij sous. On h. fait une recette d'envirori 40.000 fr. 
40.00 I fr. de sous ! 

4 Août i878. — A la dislribulion des prix de l'Ecole 
de droit, M. de Valroger, rapporteui'deari'compenses, 
a fait connaître que la veuve du fameux Rossi avait 
donné à l'Ecole de droit cent mille francs, doQt le 
revenu doit servir à créer deux prix annuels. 

Rossi, l'infortuné ministre du pape Pie IX, et, en 
cotte qualité, assassiné par un fanatique révolutionnaire 
romain, a été professeur de droit constitutionnel & 
l'Ecole de droit de Paris. Il tut envoyé par le gouver- 
nement français, comme ambassadeur près le Pape, 
dont il devint l'ami, le conseiller inlime, puis ensuite 
ia remarquable ministre. Sa veuve a voulu perpétuer, 
dans ift Faculté de Paris, le souvenir d'un beau génie 
et, ce qui est encore mieux, rappeler l'amour que son 
mari portait à la France, sa seconde patrie. 

27. — M"° Marguerite Gidel, fille du proviseur de 
Henri IV, vient da passer la premii^re partie de son 
baccalauréat es lettres aven la nutu très binn. Elle 
n'a que 15 ans 1/2. 

4 S'-.plemhri: ISIS. — Hier, mardi, un service de 



bout de l'an a élt' clil k Notre-Dame pour Vùme de 
M, Thiers, moH lo 3 siiptembro 1877. M'"" Thiers, 
accompitgnée de sa sœur, M"° Dosrie, est arriva 
dans une voiture dont les lanternes allumées étaient 
entourées de orèpe. La cathédraJe, ornée d'immenses 
draperies noires, était remplie de nombreux délégués 
qui, après l'oftlee, se rendirent au cimetière du Père- 
Laohaise sur la tombe de M. Thiers. A la tête des 
délégations, marchaient des étudiants, porteurs d'une 
superbe couronne de violettes. M. Beurdeley, l'un 
d'eux, a dit à M"" Thiers : <• Madame, la jeunesse de 
Paris vous offre cette couronne en souvenir du grand 
citoyen qui a libéré le territoire et fondé la Répu- 
blique. " 

9. — Hier, dimanche, 156.079 entrées k l'Expo- 
silioiL ! ! 



20. — La Munii'ipalité parisienne est plaine d'esprit ; 
voulant faire disfiaraître le nom, par trop clérical, de 
larue d'Enfer, elle Ta remplacé par celui de Uenferl- 
Roohereau, ie défenseur de Belfort. On tait des 
gorges-chaudes de ce changement bizarre. Nos 
spiriLuels édiles (levaient s'y attendre dans un quartier 
aussi moqueur que celui des Ecoles.' 

Lundi S f Octobre 1878. — Le canon des Invalides 
s'en est donné aujourd'hui b. cœur joie, k une heure 
d'abord, vers trois heures ensuite. 



22. — Le canon des Invalides annonçait hier le 
commencement el la fin de la cérémonie de distribution 
des récompenses aux exposants. 

Le Maréchal élait entouré du roi d'Espagne, du 
prince de Galles, du prince impérial d'Aulriche, du 



duc d'Aosle, du prince de Danemark. Devant celle 
consleUaLion de princes ont défilé les soldais étrangers 
qui avaient fait la police de l'Exposition. 

Le Maréchal a prononcé un discours dans lequel il 
a annoncé que l'armée était parfailement reconstituée. 
Pendant ce temps, les Invalides tiraient le canon 
avec. rage. On n'avait pas dû choisir les manchots. 

23. — Il y eut hier, au palais de Versailles, une fête 
splendide donnée par le Maréchal aux princes 
étrangers qui avaient assisté k la distribution des 
récompenses. G'était magique. Les détails en sont 
racontés avec admirai ion pur des personnes qui 
éternuent ou toussent à qui mieux mieux. 

Les vestiaires étaient assez mal installés ou plulàt 
il y avait tant de monde qu'il falloit attendre deux 
heures avanl d'avoir son pardessus. Beaucoup d'in- 
vités furent donc obligés de revenir à Paris sans 
paletots, avec leurs gilets en cœur... et en octobre ! 

Jusqu'à présent toutes les fêtes offertes par le 
Maréchal furent admirablement organisées grâce aux 
bons soins et au goût de la Maréchale, mais ceUe 
dernière fête n'était pas donnée chez elle ; elle n"a pu 
vraiment s'en occuper sérieusement, et puis il y avait 
une exubérance folle d'irivitations pour ne mécontenler 
personne ' . 

29. — Une vieille gloire du IJuarlier vient de 
mourir: Georges Cavalier, dit Pipa un hoh. ancien 



t devant une loyretCo ijui a i 


n paleWt 


biiihetW, l^ii dit-il, uods aïoaa no 


re imlebot 


|)BB h la fête de VerBaillea. " 





- 14i - 

secrétaire rie GambeUa. Il s"wl.iiiLrait, Tinmmer, peiidanL 
la Commune, directeur des ptantalioiis de Paris, pro- 
ba'jiement aiin de ne pas faire le coup de feit ; pour 
ce il avail été condamnii au hannissemeiiL; mais, 
malade, il obtint la permission de venir mourir chtiz 
sa vieille mère. 

i Novembre l»78. — Aujourd'hui lundi, rentrée des 
cours et tribunaux. Après le discours du premier 
avocat général Gharrins à la Cour de cassation, 
M. Dufaure, lu garde des sceaux, est sorli nu bras de 
notre bâtonnier, M" Bétolaud. 

10. — Pendant la nuit, une bourrasque enleva le coq 
de Noire-Dame. On ne l'a pas retrouvé ; il est pro- 
bablement tombé en Seine, Il était rempli de monnaie 
d'or, d'argent, de billon. 

11. — Aujourd'hui, clôture dé l'Kxposition. 

30. — Les bâtiments noirs et horribles de l'Ecole 
pratique de médecine doivent être remplacés par de 
BUperbes constructions dont on va dans quelques jours 
poser la première pierre. 

Une bonne nouvelle : au lieu de quatre-vingts tables 
de dissection il y en aura : cent quatre-vingts, de façon 
à disséquer proprement et sans encombrement. 

C'est un encouragement pour nous de léguer nos 
corps h. laFacultt'. 

5 Décembre 1878. - Hier, en grande cérémonie, 
avec accompagnement de robes universitaires de toutes 
les couleurs, pose de la première pierre de l'Ecole 
pratique par M, Barilou.\, le ministre de rinstruction 
publique. Dans la pierre on a inséré, outre des pièces 



— 142 — 

de monnaie, une petite plaque de cuivre, sur laquelle 
se trouvent gravés ces mots : 

« L'an 1878, le 4 décembre, M. le maréchal de 
« Mac-Mahon, duc de Magenta, étant président de 
« la République... M. Vulpian, doyen de la Faculté 
« de médecine, a été posée la première pierre de 
« l'Ecole pratique de médecine, reconstruite aux frais 
u de l'Etat et de la ville de Paris, sur.l'emplacement 
« de l'église et du cloître des Gordeliers, fondés en 
« l'an 1230, par le roi saint Louis. » 

Il n'y avait pas moyen d'approcher pour voir la 
cérémonie ; aussi les étudiants se trémoussaient-ils 
vivement et chantaient-ils la Marseillaise pour passer 
le temps ; tout cela n'allait pas sans quelques bour- 
rades des sergents de ville. Prévenus enfin qu'ils 
pouvaient venir s'abriter sous l'énorme tente officielle, 
Messieurs les carabins s'envolèrent, comme une nuée 
compacte de joyeux pinsons, laissant la foule respirer 
un peu. Son Excellence M»*" Bardoux enfin bénit la 
pierre et termina ses bénédictions en disant : 
« Puissent ces murs nouveaux abriter toujours le 
même dévouement professionnel, le même esprit 
libéral qui a toujours été la grandeur et l'originalité 
de l'Ecole de Paris. » 

Les étudiants ont fait une bruyante ovation à 
M. Bardoux et les ouvriers des futures constructions 
lui ont offert un beau bouquet. 



± 879 



i4 Janmer, — Samedi 11 est mort Auguste Préault, 
le sculpteur romantique, Fauteur de la Clémence 
Isaure, du Luxembourg. Clémence Isaure, à la figure 
étrange et tourmentée, se tortille en s'appuyant sur 
un tronc d'arbre creux. On trouve magnifique cette 
statue. Oh 1 pas moi. De Préault j'aime mieux le 
médaillon funéraire du Silence que Ton voit sur un 
tombeau au Père-Lachaise. Ce médaillon se compose 
d'une figure drapée et d'une main dont le doigt indi- 
cateur s'appuie sur la lèvre inférieure de la figure. 
On croit entendre murmurer ces mots : « Chut, 
passant, silence ! paix au mort étendu à tes pieds '. » 

20. — Fête de famille au Palais. On va tout à l'heure 
inaugurer la statue de Berryer dans la salle des Pas 
Perdus. Arrivé de bonne heure je m'assieds sur une 
des banquettes qui font face à la statue, quand 
M® Gambetta, en robe, vient s'asseoir tout à côté de 
moi. Nous nous disons bonjour. J'allais entrer en 



< Quand les Félibres et Cigaliors de Paris vont tenir leurs cours 
d'amour à Sceaux, devant le buste de Florian^ ils se donnent très 
gomvent rendea-vous au Luxembourg devant la statue de 
Clémence Isaure. 



— 144 — 

conversation avec lui quand je vis plusieurs jeunes 
confrères accourir pour Lâcher de se pincer à côté de 
lui eb pouvoir lui faire leur cour. Voyant que ça ferait 
UH infini plaisir h Tun d'eux d'avoir ma place, je me 
levai et ailai me mettre sur un autre banc. Je crois, 
mais je m'abuse peut-être, que Gambelta aurait sans 
doute priiféré me voir rester tranquille à côté île lui et 
parler des vieilles choses du Palais. Nous nous 
connaissions bien, car nous nous étions trouvés 
ensemble dans quatre affaires et au Palais une seule 
affaire sufflt souvent pour rendre amis deux confrères. 

Ni colet prononce magnifiquement l'éloge de Berryer; 
il est inspiré par son grand auditoire, sa femme, 
sculpteur de très grand mérite, et sa fllie, jeune fille 
a l'air fort intelligent, pas johe d est vrai, mais parée 
d'une chevelure d'or comme celle de M"^ de Cardo- 
ville dans ]eJmf errant, d'Eugène SUe. 

J'ai regardé M""" Nioolet plus souvent que Berryer, 
dont ia statue ne m'a grée nullement. Chapu a cru 
devoir le représenter sans rabat et la robe ouvert* 
pour laisser voir son vêtement du dessous, il paraît 
que c'est pour symboliser deux .personnalités de 
Beiryer : l'orateur civil etTorateur judiciaire. Bizarre ! 
bizarre i Je rae rappelais Berryer étant sa robe au 
vestiaire de la bibliothèque. C'était tout k fait ça. Le 
monument étant au Palais, Berryer devait être 
représenté en avocat, exclusivement en avocat. 

Aux pieds de Berryer sont assises la Fidélité et 
l'Eloquence qui, pour mieux le voir et l'entendre, 
dirigent vers lui leurs regards et leurs oreilles. Oh! 
les merveilleuses créatures. L;i tèle de Berryer i 
égalemeni de toute beauté '. 



V oollÈge de JuUly, ait I 



— 145 — 

Les deux neveux de Berryer, Berryer Tavoué et 
Georges Berryer, mon confrère, étaient au premier 
rang. 

28. — Tout le monde éprouve un véritable malaise. 
On ne parle que de révocations dans les grands com- 
mandements militaires. On dit que le Maréchal très 
perplexe, très monté, est tout disposé à, donner sa 
démission si on veut le forcer à mettre en disponibilité 
ses vieux camarades. Mais la majorité de la Chambre 
le veut ; le Sénat, devenu tout à fait républicain, ne 
pense guère autrement que lui. 

Gambetta prétend qu'un homme politique doit 
savoir avaler au moins un crapaud par jour; le 
Maréchal se nourrit un peu de cette façon. Il aurait 
dit à M. Dufaure : « Depuis un an, j'avale des cou- 
leuvresafîn de restera monposte et deprotéger l'armée, 
mais vraiment je ne peux aller plus loin ; je serai forcé 
de me retirer. » 

30. — La Chambre, persistant à vouloir chasser de 
l'armée les vieux camarades de Mac-Mahon, celui-ci 
a donné sa démission. La nouvelle arrive à Paris en 
même temps que celle de la réunion du Congrès, 
c'est-à-dire la réunion du Sénat et de la Chambre des 
députés. 

— Ce soir, on se promène fiévreusement dans les 
rues. 

Vers minuit .nous arrrive la nouvelle de la nomina- 
tion de M. Grévy. 

31. — Gambetta est nommé président de Ja 
Chambre. 

/••'' Février 1879. — Je reçois la visite d'une dame, 

10 



maitrease d'hôtel garai, rua de la Sorbonoe, n" 12. 
Elile vient me oharger (l'une afl'oire de dommagea- 
intôrêts contre le préfet de la Seine, Elle veut lui 
réclamer une indemnité parce qu'il a laissé établir un 
chenil dans un terrain vide tenant à la Sorbonne. Ce 
chenil, habité par les victimes du vivisecLeur Paul 
Bert, trouble toutes les nuits son hôtel et en chasse 
les voyageurs. 

Afin de me rendre compte du bien fondé de la 
demande, je cherche à pénétrer à la Sorbonne pour 
voir ce qui s'y passe. Je me faulile dans les petites 
constructions élevées sur le terrain vague pour l'en- 
seignement de la physiologie expérimentale. On me 
prend pour un vieil étudiant. J'aperçois un malheu- 
reux chien soumis à une expérience extraordinaire, 
on étudie sur son corps le phénomène de la respiration. 
Près de lui se trouve un manomètre plem de mercure 
qui s'agite à chaque pulsation du cœur. Je m'enfuis 
épouvanté. 

3. — Le Maréchal et la Maréchale sont rentrés à 
leur hôtel de larue Bellechasse. Dutaure va reprendre 
sa robe, car il n'a pas voulu taire partie du nouveau 
ministère. 



5. — M. Grévy conserve, comme secrétaire parti" 
culier, notre confrère Duhamel, son ancien secrétaire 
au Palais. 

Gomme président de la République, M. Grévy est 
par cela même, le grand maître de la Légion d'hon- 
neur; or, chose bizarre, il n'était même pas décoré. 
Evidemment il n'a pas voulu l'être, mais comme 
président de la République il ne peut ne pas l'être; 
aussi le général Vinoy vient-il de lui apporter en 
grande pompe le grand cordon de la Légion d'hctfi- 



neur. Sur sa large et robuste poitrine de franc-oomlois, 
le ruban moiré va faire un GlVet magnifique. 

8, — M. Chauffard, le grand nuidecio spiritualiste 
de l'Ecole de médecine, eal mort hier tout à fait 
subitement. En se couchant un léger flux de snng lui 
sortit de la bouche. Son fîls, jeune étudiant en méde- 
cine, fort instruit, se mit à trembler de loua ses 
membres, car il vit dans v,& léger flux de sang un 
pronostic de mort; quelque.s instants après le flux 
de sang revint plus fort, m^me violent ; la vie s'exhala. 
Aucune existence de professeur ne fut plus agitée. 

Il avait fuit ses études t Montpellier et avait été 
formé par son père, très docte praticien, médecin en 
chef des hôpitaux d'Avignon. Il lui avait déjà succédé 
dans ce poste envié quand, en 1857, il se présenta à 
Paris au concours d'agrégation de l'Ecole de médecine. 
Malgré ses études spiritualistes il fut reçu tant il se 
montra supérieurement remarquable. 

Mais que de difficultés plus tard de la part des 
professeurs, des élèves ! que de bruits, de tapages 
aux cours ! Cependant il surmonta tous les obstacles. 

Sa grande clientèle du faubourg Saint-Germain va 
se disperser. Que d'heureux successeurs ! 

9. — Hier malin le bâtonnier et le conseil de l'Ordre 
des avocats sont allés présenter leurs hommages à 
M. Grévy. Le conseil n'a pas l'habitude d'offrir ses 
congratulations aux chefs d'Etat. Mais une exception 
a été faite h la règle parce que M. Grévy, ancien 
bâtonnier, fut avocat à la Cour d'appel jusqu'au jour 
de sa nomination comme président de la République. 

— Mort du fameux auteur dramatique ClairviUe, 
dont le talent s'est formé sous les frais ombrages du 
Luxembourg. Son père était directeur du théâtre du 



— 148 — 

Luxembourg (le fuliir Boliino) où l'on jouait des 
pièces pour lesquelles les auteurs ne demandaient 
certes pas cher, mais cumme le pag cher était encore 
trop cher pour le pauvre directeur, le petit Clairville 
se mit, dès l'âge de quinze ans, à composer lui-même 
des pièces. Elles eurent de grands succès auprès des 
grisetles et de leurs étudiants, des bonnes d'enfants 
et de leurs tourlouroux; c'était d'une gaieté déso- 
pilante. Le petit Clairville jouait dans ses pièces ; du 
reste, dès l'âge de dis ans, il se prélassait sur les 
planches du théâtre de son papa. 

L'ingrat quilLa le quartier pour se lancer dans toutes 
les aventures des boulTonneries littéraires et drama- 
tiques qui portèrent si haut son nom. Le troupier qui 
suit les bonnes, mit le comble à sa gloire. 



13. — Les fameux décrets, tant attendus, tant 
redoutés, viennent de voir le jour. Les généraux 
Douay, du Barrail, Bourbaki, duc d'Aumale, sont mis 
en disponibilité ; de plus jeunes généraux sont appelés 
pour prendre les grands commandements, notamment 
M. Farre, le bras droit de Faidherbe dans ia campagne 
du Nord et le marquis de Galliffet, au ventre d'argent. 

28. — On vient de placer, sur la place de l'Institut, 
une statue de ia République, une République à J'eau 
de rose, d'un sculpteur bien pensant, Soitou.K. Elle a 
une étoile sur ie front et des épis plein les cheveux. 
Pas de bonnet pour ne pas lui donner un faux-air de 
Marianne. Elle tend fièrement une épée pour protéger 
une presse d'imprimerie... et au besoin la pourfendre. 



3 Mars 4879. — La Chambre vient d'accorder une 
amnistie partielle pour faits relatifs à l'insurrection de 



— 149 — 

1871; elle a décidé de plus tiuVunuTies poursuiLes ne 
pourraient être dorénavant exercées. 

— Visite à M. Dauphin, installé le 27 février 
dernier, comme procureur général. J'ai plaidé eonlre 
lui à Amiens avec lant d'ai'deur que j'ai failli attraper 
I une réprimande. Il n'avait pas, il est vrai, été gentil 
pour quelques avocats de Paris ayant plaidé ù. Amiens; 
on m'avait excité contre lui. Mais notre querelle était 
depuis longtemps oubliée. 11 fut très louciié dfi ma 
visite et me dit: « Je suis dans la magistrature, mais 
provisoirement; je rentrerai sous pan dans les rangs 
du barreau que j'aime par-dessus tout. » 

9. — Hier matin, 8 mars, on a commencé l'exbu- 
malion de onze cents soldats, tués pendant le siège de 
Paris et enterrés en une fosse commune dans le 
cimetière Montmartre. Les restes sont transportés au 
Père-Laehaise, où on leur élèvera un tombeau que 
les statuaires soignent et fignolent en ce moment. On 
centralise les os ! Pourquoi donc les déranger dans 
leur repos ces soldats infortunés? Comment, ils sont 
là liOO, tous morts pour la Patrie, et ils n'ont pas le 
droit, là on ils reposent, à un monument séparé? 
Pauvre diable de soldat que pendant le Siège j'ai 
conduit avec (ant d'émotion à cette fosse commune 
du oimetière Montmartre, en compagnie de trois 
gardes nationaux et d'un caporal, pour te faire honneur, 
je ne peu-v te donner comme consolation qu'un De 
profundis, mais je te le donne tout au moins du 
profond de mon cœur. 

19. — Hier, k iVglise de la Sorbonne, obsèques de 
de M. de Jumitbac, duc de Richelieu, ancien pair de 
France. L'abbé Loyso[i, professeur de théologie a dit 
la messe. Le corps fui descendu dans un caveau ofi 




reposent tous 1 
de Richelieu. 

La tacade de l'église était ornée de draperies noires 
frangées d'argent et d'écussons aux armes de Richelieu. 



24. — Deux grands changements dans la magis- 
trature, indices de prochaines pert.urhations. 

Le gouvernement vient de révoquer MM. Hemar, 
avocat général près la Cour d'appel de Paris, 6t 
Choppin d'Arnouville, substitut général près la mÔmo 
Cour. 



2 Avril 1879. — Grand émoi, hier, sur le pont des 
Arts , Vers trois heures, un choc épouvantable l'ébranlé. 
Tous les passants, épouvantés, s'enfuient, qui vers le 
Louvre, qui vers l'Institut. Le pont se vide donc en 
un instant. Les peureux se groupent le long du quai 
et voient alors ce qui leur avait causé tant d'effroi: 
un bateau colossal, le Frigorifique, long de 45 mètres, 
s'était logé près les piles du pont. En allant à la 
dérive, il avait imprimé une secousse rqiTnidabie 
à la charpente de ce pont. Les planches du tablier 
vont être encore plus disloquées qu'auparavant. 

Gare au bout de nos cannes et de nos parapluias. 
Ce Frigorifique, colosse de bois, mais surtout de fer, 
avait échappé à ses deux remorqueurs qui voulaient 
le remiser en un certain endroit du llouve dont lui ne 
voulait probablement pas. On a pu cependant faire 
enfin passer ce masiodonte sous une des piles du 
pont et l'amarrer près de l'écluse en face la Monnaie, 
Rien de plus curieux h voir. C'est un ingénieur français 
qui l'a construit dans une usine li Auteuil. Il est allé, 
avec lui, à la Plata, chercher des viandes qui ne 
coûtent pas cher là-bas, et les a ramenées à Paj' 
pour nous les faire savourer à bon compte. 



- ibi - 

4. — Hier, grande fêle du curiosiLé à l'Académie 
frunçaise pour la récepLion de M. Renan. Très 
faLigué en ce momenl, il a lu avec un cerLaiii effcirl 
son discours, très remarquable du reste, mais bien 
long. Le pétulanl M. Mézières, en répondant, lui 
poussa de véritable bottes et butina ça et là dans ses 
écrits, pour lui prouver qu'il est beaucoup plus 
religieux qu'il ne le croit: 

" Vous écartez le miracle, lui dit-il, vous supprimez 
le surnaturel. Mais vous le faites sans ironie, dans un 
esprit très différent de celui de Voltaire, avec un 
senlimenl religieux si réel qu'après avoir retiré au 
fondateur du christianisme sa qualité divine vous la 
la lui rendez presqu' aussitôt, n 

Je rencontre souvent M. Hanan. Il parntl en efîet 
fatigué. Il traîne son grand et gros corps qui ne 
semble pas soutenu par un puissant squelette. Avec 
sa figure imberbe, ses mainy aristocratiques, gras- 
souillettes, semblant toutes prêtes & bénir, il a un 
faux air d'évèque ; vraiment il a manqué sa vocation. 



25. — Une notabilité du quartier, Magny, le res- 
taurateur de la rue Mazet, près la rue Dauphine, 
vient de mourir inopinément. Dans son restaurant 
venaient les bommes les plus gourmets et les plus 
gourmands de la littérature. Pas un chef ne savait, 
nomme lui, trousser un menu. C'est cbez lui (saluons !) 
qu'eut lieu le fameux prétendu diiier du Vendredi- 
Saint oi'j Sainte-Beuve, le prince Napoléon (?) et autres 
pontifes de la libre-pensée, mangèrent ou passèrent 
pour avoir mangé du cervelas à l'ail. 

Il avait une cave superbe, peut-être la plus belle 
de Paris, 11 était passé maître pour le choix des vins. 
C'est Re qui attirait souvent chez lui George Sand. Elle 
y prenait des repas, modestes, mais toujours relevés 



L 



— 152 — 

d'un vin très généreux, qu'il ou qu'elle aimait offrir à 
ses amis. 

6 Mai 1879, — Les parapets du Pont-Neuf et du 
quai de la Monnaie sont noirs de monde ; on regarde 
avec consternation un corps que des plongeurs 
viennent de retirer de Teau. C'est celui d'un de leurs 
camarades qui a été frappé d'un coup de sang au fond 
de la Seine. 

19. — Il y a quelques jours, le 14, je crois, la 
statue de l'abbé de l'Epée a été inaugurée aux 
Sourds-Muets de la rue Saint- Jacques. Elle est d'un 
statuaire, sourd-muet lui-même, M. Moreau. 

Presque tous les sourds-muets de Paris assistaleat 
à la cérémonie. Le ministre de l'instruction publique 
a cru devoir leur faire un discours 1 1 ! 

26. — On vient de découvrir les superbes fresques 
exécutées par M. Maillot dans la chapelle de Sainte- 
Geneviève au Panthéon. On y voit une curieuse 
procession de Parisiens et Parisiennes de jadis, 
accompagnant les reliques de sainte Geneviève dans les 
rues de Paris ; cette procession eut lieu afin de faire 
cesser une terrible inondation qui, en 1496, couvrait 
sur une grande largeur tous les bords de la Seine, 
dans son trajet à travers Paris. 

M. Maillot a déterré son sujet dans une lettre 
d'Erasme, lettre écrite en latin. Félicitations h 
M. Maillot pour sa peinture et son érudition. 

5 Juin i 879, — L'escalier de la bibliothèque Sainte- 
Geneviève, déjà si magniri([uement décoré par 
l'admirable copie de TEcule d'Athènes, vient encore 
le s'enrichir d'un buste de marbre, placé au premier 



( 



— i53 — 

étage, dans la niche à gauche de la porte d'entrée ; 
c'est celui du cardinal François de Larochefoucauld, 
grand aumônier du roi Louis XII et abbé de Sainte- 
Geneviève ; pour plaire aux religieux, il donna de 
grands accroissements à leur bibliothèque, aujourd'hui 
simple bibliothèque du quartier latin. C'était donc 
justice de mettre le buste du cardinal en lieu hono- 
rable ; on doit, paraît-iJ, dans la niche correspondante, 
côté droit de l'entrée placer le buste de l'architecte 
Labrouste. C'est encore justice, car la bibliothèque 
Sainte-Geneviève est parfaitement réussie. 

20. — Hier, heureux jour ! le Sénat et la Chambre 
réunis en Assemblée nationale, ont abrogé l'article 9 
de la Constitution qui étabht à Versailles le siège du 
gouvernement et du parlement ; Paris est en grande 
joie. Les drapeaux tricolores surgissent aux fenêtres. 

Même jour, 20 juin. 

Un bruit sinistre court partout; il s'agit de la 
mort du prince impérial, en Afrique. Il aurait été 
tué par les Zoulous dans une embuscade. Beaucoup 
de drapeaux disparaissent des fenêtres. 

23. — Dans le (juartier voisin du nôtre, le quartier 
MoufTetard, celui des Béni-Moufï-Moufl', on s'est mis 
à danser en apprenant la nouvelle et à crier : « Vivent 
les Zoulous. » Dans notre quartier on se contente de 
dire, comme à la mort de l'Empereur « la République 
a-t-elle de la chance! vraiment elle est née coiffée, » 

i" Juillet 1S79. — Aujourd'hui ma cliente, 
M'"*" Gélyol, m'apporte à l'appui de sa demande en 
dommages-intérêts contre l'Etat, trois procès- verbaux 
dressés par un huissier qui s'est rendu près du terrain 



de la Snrbonne, 11 a conslaLé qu'un chien ahoyail sur 
lo mode grave, un autre sur le mode aigu ; le troisième 
procéilaiL par giimiasemeuts ressemblant aux accents 
plaintifs de la voix humaine. Ce sont ces gémiasefnenls 
qui, pendant k nuit, font le plus d'impression. Je 
sais que plusieurs fois, en les entendant, mon ami 
GhafTotle, avoué, qui demeure tout près de l'hôtel de 
la pauvre hôtelière, a sauté de son lit pour regarder 
danslarUL', croyant ((u'on y assassinai Lquelqu'éludianl 
attardé. 

7. — Une grande émotion règne dans le pubhc au 
sujet des discussions de la Chambre sur la liberU 
d'ensfiignemenl. L'article 7 du projet de loi de M. Ferry, 
ministre de l'instniction publique, est ainsi conçu : 

Il ^itl n'eit admù à diriger un établissemenl d'ensei- 
gnement public ou privé de quelque ordre qu'il soit, ni 
à y donner l'enseignement s'il appartient à une congré- 
gation religieuse non auloHsée. « 

Cet article vise surtout les Jésuites ; Car il est dans, 
les intentions formelles du gouvernement de leur 
refuser l'autorisation, alors môme qu'ils la deman- 
deraient. 

10. — L'article 7 a été voté. 

i2. — M"" Gidel, Qllo du proviseur de Louis-le- 
Grand (il y a quelque temps proviseur rie Henri IV)', 
vient de passer la 2° partie de son baccalauréat ft la 



< Quand, quelques années aprâa, mourut vette ohannonte et 
emarquable jeune fille, Idh «lËvea de Ijoiiis-le^QFBnd furent conr- 
oneé» ciontre M. Gidel. Us préteudirenb qu'il iiTHJli faib raouriï 
« nUe en In t'niHiuiG trnji travuilleF. Elle s'ntCelniC bien d'eJ' 
iflmo au bruTBi) et an laheilr ! In. pauvre onfnnl. 



Sorbonne. Elle a été reçue avec la noLo lfi}s bien. 
ConcGi-L do ooagralulaUoQs émues do la pari des vieux 
examinateurs. 

10, — A roccasiondu 14 juillet, Gambetta, président ' 
de la Chambre, a donné, au palais de la Présidenco, 
une fôte très originale et très réussie. Dans la grande 
galerie des fêtes que M. de Morny avait remplie de 
tableaux admirables (le Doreur, de Rembrandt notam- 
ment), Gambella avait fait monter un théâtre, où les 
rats de l'Opéra, habillés un Muscadins et Merveilleuses, 
dansèrent des gavottes et contredanses sur des airs 
du temps. Le fond du tableau représentait les ruines 
de la Bastille aveo un grand écriieau, où. en gros 
oontctèrea étaibnt écrits ces mots : ici l'on danse. Les 
jardins de la présidence étaient admirablement illu- 
minés. 

De leur côté Victor Hugo et Louis Blanc, mon 
député, avaient organisé une fête populaire au Pré 
Gatelan, coin admirable du bois de Boulogne. On y 
avait élevé des constructions foraines et reconstitué 
le fameu.ï cabaret Ramponneau, cher aux ancêtres 
parisiens. Ni lo ciel, ni les hommes n'oublièrent en 
oe beau jour les rafraîchissements ; ce fut, en un 
certain moment, un sauva-qui-peut général, 

17. — Au transept gauche du Panthéon, chapeUe 
de la Vierge, on a marouflé des peintures de Gabanel, 
dans lesquelles toute l'histoire de saint Louis se 
déroule artistement, mais l'effet décoratif est manqué; 
on voit trop bien que les peintures sont plaquées sur 
le mur. Il n'en est pas de même de celles, quoiqu'in- 
eon'ectes, parfois, dePuvis deChavanne, qui semblent 
de vieilles tapisseries éteintes par le temps. 



24. 



.\vanl-hie 



i plaidé l'alFaire Gélyol. La 



— 156 — 

première chambre élait bonrlOe de monde, car on 
( suviiiL que c'était une cause amusante a» possible et 
itiLéressant Paul BerL- 

J'ni exposé tout aimiilement ma demandis en 
dommages -intérêts en démontrant le préjudice 
éprouvé par ma cliente et en indiquant au Lribimal 
qu'elle n'avait fait le procès qu'après a'ètre convaincue 
de l'inutilité de ses réclamations amiables. Toutes ses 
pétitions, comme celles du reste, des notables de notre 
rue, tels que M, Hermile, membre de l'Institut, n"ont 
servi à rien. L'une de ces pétitions avait même été 
remise au député du V" arrondissement, M. Louis 
Blanc. Mais celui-ci se contenta d'écrire à un signataire, 
qui s'impatientait de ne pas recevoir de réponse: 
« J'attendais, pour appeler l'attention du préfet de 
police sur la plainte, l'arrivée d'une administration 
républicaine. » 

M' Séuard a répondu que la plainte de M"" Gélyot 
était mal fondée, que les chiens étaient dans un chenil 
aux murailles assez épaisses pour étouffer les 
aboiements, que ces chiens, du reste ne hurlaient pas 
puisqu'ils sont insensibilisés par le chloroforme. Il est 
vrai, ajouta M' Sénard, que k Sorbonne. entourée de 
terrains vagues, possédait un chien de garde qui 
faisait beaucoup de bruit, mais M. Pau! Bert a eu la 
précaution de lui vivnecler Ut mnmhrnni: du Inri/nx pI 
de le rendre aphone. 



rejeté la demande de M"" Gé- 



29. — Le iribuni 
lyot. 

" Attendu, dit le jugement, que, si les griets de la 
demonderesse ont pu ^(rt'j'usii^ris avant te 6 juillet 1878, 
date de l'assignation, leur cause a aujourd'hui disparu; 

11 Attendu qu'il résulte de deux lettres du vice- 
recteur de l'Académie de l^aris et de Paul Berl que 



■ i57 - 



■ LouLe récla- 



des mesures nul é\r prises po\ir f 

maLion de ]a part des hnhilanLs ; - 

H Qu'en efFeL les chiens aourais aux axpérienceH de 
vivisection sont enfermés dans une cave dont les sou- 
piraux donnent sur la cour de la Sorbonne, et que le 
seul cjui ait été laissé libre la nuit est un chien de 
garde, qu'on a eu le soin de rendre aphone, 
etc. » 

Le tribunal n'a tenu compte ni des procès-verbaux 
ni do toutes les pétitions du quartier; les déclarations 
de M. le vice-recteur et de M. Paul Bert, nos véri- 
tables adversaires au procès, ont suffl ou tribunal pour 
se faire une opinion '. 

Ce chien de garde aphone a fait la joie, d'abord de 
l'auditoire, puis de tout Paris, mais on n'a pas ri à 
Londres. Les dames de Londres, fort émues, nous ont 
envoyé ia circulaire suivante : 

CltoTeiiB et uitoyeuaoH de PoHh, 

Un erime tihoniinnble ae oommet ctiaque Jour piUtui vdqs. 

Votre laagoifiqoe ville, ijui doit Stre le aoatien de la oivilie»tion, 
est aujourd'hui le centre dee pratiiiuoa les [ilun burbares. BanB 
prétoita d'étudier la phy Biologie, de» hommes liyi'ent nui plus 
urnellea torturea des ordatiires iiioffeneïvea qui traTaillont pour 
-vous et qui voo» aiiiient ; ila leur iHâigeiit les soutfrontjea d'une 
lente et douloureuaa agonie, aliii d'oUteoii', diaent-Us, dea oonnaie- 
■onoea utiles il l'humàjiité. Xoue déolarous hautement que nette 
prétonMon oat erronée ; lea viviaeetenra eux-mflnica sont obligea 
d'avouer que, Juaqu'ioi, ils n'ont obtenu auoim réBoltat sérieux, 
Ua dea plua éminente d'entre eux, feu ,te professeur Cluude 



I Lea pauvres ohiena ayant perdn leur procËH en uiËme tempi 
que H"' Gélyot, eontluuèrent & être depâcés et h hurler ooinmi 
auparavant. M""" Qélyot on prolita pour faire l'aire de nouyeauî 
procËa-vevhaux et fit appel du jugement. Ce jugement fiitréformi 
aprÙB plaidoyer de mon ami Oaoar Palateuf que j'avais reootu- 
mandé tl ma oHente. Cet admirable plaidoyer se trouve dans l( 
" Reeueil des plaidoyora * de feu M> Falateuf, publié par sa veuvi 
on 1901. (Pion éditeur]. 



L 




éui uiilleinMit 



25 CflkB Streot London. 

5 Aoàl i S79. — La distribution des prix du Grand 
concours fut, hier, présidée par M. Jules Ferry qui « 
bien ennuyé les lauréats en leur parlant politique '. 

Agacé, l'un d'eux, élève lauréat de Fonlanes, cria: 
Vive le Toi I 

^. — L'installation de la préfecture de la Seine, 
s'était faite, apri^s la Commune, dans le palais du 
Luxembourg. Mais le Sénal, retour de Versailles, 
veut son palais. Le préfet est obligé de déguerpir avec 
le Conseil municiptd, ses employés et ses cartons. Il 
faut au moins deux mille voitures pour le démé- 
nagement. La tribu municipale va occuper des bar».- 
guements construits dans la cour des anciennes 
Tuileries. 

3 Septembre i879. — Hier, vers 4 heures du matin, 

soBt arrivés h la gare d'Orléans les amnistiés de la 
Commune. Plus de dix mille personnes attendaient 
leur arrivée. Les journalistes ont emmené manger 
dans des restaurants ceux de ces amnistiés' qui 
n'étaient pas reçus par des parents ; tout s'est passé 
avec calme. Un séjour de huit ans à la Nouvelle- 
Calédonie a non-seulement bronzé leur teint, mais 



I Le dlacoiirB que Julos Werrj prononça le S août an Gnud 
oonoours est tout p-irtioaliâremeiit aëlËbro... C'est âansoe fitmevs 
diBCOUTH qne Jules l'erry Ut; la proiucsee «oleunello de se M 
liviBBOp lurnulier l'fline de la l'ranco doB mainii de l'[IiiiverBittf,J 



I aussi calmé leurs idées ardentes. Espérons que ces 
I tonnes dispositions se tnainiiendronL. Beaucoup des 
[ revenants avaient sur les épaules de très beaux chiits 
rs, à poils ras, dont ils ne voulaient se séparer h 
' autîuu prix. 



15. — Au coin des rues Soufflot et Victor Cousin, 
sur la façade d'une maison occupée par la librairie 
Maresoq, on a fixé une plaque de marbre ofi se trouve 
gravée l' inscription suivante : « Sur oel emplacement 
était aitué le parloir aux bourgeois. Le préfet de la 
Seine, déférant au vœu des conseillers municipaux, a 
fait placer cette iuscripliou au lieu où siégèrent leurs 
jusqu'au milieu du xiv siècle. >■ 



24, — Autre inscription. Quai des Tuileries, à la 
grande porte où se trouvent les deux beaux lions de 
Barye, flotte le drapeau tricolore. Au-dessus de cette 
porte se lit l'inscription suivante : Préfecture de la 
Seine. Le préfet, chassé du Lu.xembourg, est venu se 
réfugier dans ce qui reste des Tuileries, jusqu'à ce 
que le palais municipal soit terminé. 

i8 Octobre 1879. — Un ami de mon beau-père, 
M. François Pelpel, fondateur de la grande raai.son 
de distillation Pelpel et Hartmann, accomplit aujour- 
d'hui sa centième année ' . 

10. — Notre confrère Busson-Billault, l'ancien 
ministre, a perdu un fils de 24 ans d'une façon déplo- 



L 



— 162 - 

femme, Caroline Van Hove, célèbre acLrice du Théâtre 
Français. 

Ma tante m'a en outre donné une lettre des plus 
intérossanles d'Auguste. Je la copie ici en partie, 
dans la crainte que l'original, passant de main ea 
main ne se perde. Elle est écrite h son Irère John 
revenant des pontons d'Angleterre. 



Veniee, le 2 fôvrier 1812. 
LUI, il m'est iiiipnaeible ds 
Cb lottro ; j'en 



Eniin to vollh donc a 



e dire 



. p1»i, 



.i ÉprD 



Bis ddjh 6t6 info]-m6 [inr une lettre d'Amâdée, il y a iinatce 
jniini, muta j'igoomia encore >l tu étnia rËftlletueiit éohnn^ ou 
simplemeuc \ih6c6 Hut parole. Que je buIh content, mon nmi, qne 
d'inquiétudes, de chagrin ta aidnation m'a cbQH^, mois les virilfc 
temiinâa et Je ne toIb plnB qne le liuahear de te «aroir libre Ht 
onilu prouiue doni ta fniniUe. Tu me reproches do ne pas l'&vair 
éorit et je ne le mérite pas, malheureuacinenC mes lettres ue te 
Bont pu parreunes et cependant je t'en ai adressé par dïvercaa 
oooasions, la dernière, il y a deux mois environ à étâ envoyée & 
M" FrBsaon qui m'avait fait ospéror qu'elle te In ferait parvenir. 
Je suis bien étonné que tu n'en aies pas roçu une saule. Tu me 
demandes de longs détails sur ma sitoation et je vais to le faire 
le plue Bucoinetement possible. Tu sauras que j'ai quitta Toulon 
dans le mois d'août 1810; j'étais alors attaohé coiomo aspirant i 
la Majorité de S. E. l'amiral Oantenume \ il qaitta le uauunaa- 
manderaent de l'armée et je partis peu de jours apri^s lui pour 
Paris. Mon oncle ' me cevit aveu un plaisir extrCme et mo donna 
réellement des preuves d'nne amitié bien tendre ; ma tante* nu 
oontraii'e se montra telle que je l'avais toujours jngéc, me trwl» 
bien cependant, maie avec sa politique Bccouturaée. Je passe ainsi 
oinq mois k Paris dans les plaisirs et le bonheur do me trouver 
pr6s d'un oncle que j'aimais eomme on pàco, et qui me traitait 
oamme son fUa. Je fus présenté nu grand maréchal Duroe ; 
j'obtins oniin on ordre d'engager et je fus incorporé, sur un 
décret impérial, dnns le 53' équipage de liant bord qui anne la 
vaisseau le Jiivoli h Venise. Je fus donc expédié pour cette ville 
et je n'en fus pas fâché par l'occasiou que le voyage me fonmis- 
solt de voir une partie de l'Italie. L'amiral Uubourdieu ooin- 
mandait alors le Jiiuali et les forces navales de S. U. dan* 



l'Adriatiqun. Il ; n siic mois, il fut biié on foisniit one expédition 
ODOtra Serra. J'ai vivemenb regretté aet officier qui ilounnlt La 
plus haute espérsuoe; nauB reatamee longtenipH sans coDimandtuit. 
Bultn on noua annonça M. Ban'é, venant des priaons d'Anglatorro, 
où 1/ atiaii Mr. sep! lOM. Il nv.'iit bu oeuft^ion de voir notre oncle 
Il Pivrin uheK M. Kegnanlt lie Saint-Jean-d'Anaely ; iiyiint bu que 
i'étaïn IL «nu boni, pou de jours aprâa aau urdvée, il me tlt 
apiieler et nie demanda si je voulais Ctre son adjodant. La pro- 
position m'était trop agréable pour ne pne l'acueptcr Dt je 
n'iu^eit^ paa. Je n'ni Dullement à le regretter ; il est Impossible 
d'Stre miens aTOO Bon ohof, il me traite comme snn propre flis. 
DanH le mois de novemlire dernier, il re^ut l'ordre du Prince 
vioo-roi, d'aJlor Tisïter les ports de Triente, do Pola bqi' la ofito 
d'istric et d'AucAnc smr la pflte d'Italie. Bien entendu, je fiie 
du voyage, et tu conçois tout le plaisir que j'épronvais. . . . 
... HouH e^oumAjUDB quatre jours A Anoflne, temps nuffisBut 
poui' sunder le port et la rode et faire dea observations. Le oom- 

Ini rendre compte de ea ntiu 
Prince et j'fuB l'honnenr de dt 
Voniflo 

n y a qninse jours, 9. A. Impériale était îi Tenise, c'est-il-dire 
h bord du vaiBBBau te Jtisoli, il y a passÔ trois Joura et on est 
parti le iinatrlènio ; il parait qu'il était venu pour noua lalre partir. 
Mais il regut l'avis que des vaisBeaux et des frégates angl^BOa 
étaient au-devant d'AncAne, lieu do notre dectlnatiun, il I«llut doue 
renoncer pour le moment à notre départ, et le Prince partit pour 
Milan. 

Lonuiu'il était & bord, il vit un petit tableaa de moi oliez le 
commandant; loraiiu'ou Ini eut dit qu'il était do mui, U me Ht 
appeler pour me faire des uomplïmentH ; le uouiinandant le lui 
n&it, mais ne voulant pas l'en priver il me pria très gracie uaemenli 
le Ini en faire un. Tout ce qui tient & la marine lui fait grand 
ilaisir. Un de «ob chambellans uie prit en particulier pour me dire 
te ne pas bûsfior échapper une telle ocoasion ; qu'elle pouvait 
ii'Stre plus utile que je ne le pensais. J'y ti'araille en ce moment 
ft le mois prochain j'espère le lui envoyer I. 

n y a on an que je suis k Vanise et je ne m'y suis pas ennuyé, 
3'eBt un pays de plaisir; les feounes surtout y sont séduisantes 
it ont ime prédilocUnn toute particulière pour Iob Français. J'ai eu 
des Bvraitures trûs piquantes. L'amiral Villaret de Joyeuse est 
gouverneur do uette ville, c'est l'homme du monde par exoellenoc ; 



s les papiers de John Talma 1 
es. douie daaainB il l'encre, 
lentent lea douze principalea 




Il reçoit k 

de me Ëiire déclamer doit v 

([rftoo d'anonne 

... Adieu, cher ami, j'ntr>end9 nren jmpntleuce luio 
toi, éoria-mni bien Tita, je t'en ]irie. ttSpiiroua on iiioii 
l'ubsenM et la osptlritâ m'ont ùté ds bonheur. Âdjeu, 
broBse de toute mou Ame. 

Signé ; A'" François-Talnitt, 



Quelques jours aprÈs avoir écrit ceUe leltre, 
AugusLe Talma sortail niJanmoina de Venise avec le 
Rivoli et était tué clans un combat où ce vaisseau fut 
entièrement détruit par l'escadre anglaise après un 
combat héroïque. 

29. — Les libraires ont transporté leurs pénates, 
c'est-à-dire leur chambre syndicale, dans un curieux 
hôtel que Charles Garuier, l'architecte de l'Opéra, vient 
de leur construire, au coin du boulevard Saint- 
Germain, et de l'horrible petite rue Griigoirc-de- Tours. 

3 Novembre 1819. — J'ai assisté, il y a quelque 
temps, à la plus iocroyable des ventes. Au ii" 2 de la 
rue des Ecoîes, dans un bMiment de l'Etat, on « 
vendu devant moi une masse d'objets trouvés sur la 
voie pubhque: chapeaux, paletots, cannes et para- 
pluies, tous ces objets, déposés depuis trois ans à la 
Préfecture de poiice et non réclamés. On a vendu 
également des articles provenant de vols au préjudice 
d'inconnus, des vêtements sortant de la Morgue. Les 
petits marchands se jettaient sur toutes ces épaves : 
je ne m'étonne plus que les étudiants éprouvent tant 
de peine à se débarrasser de leurs habits fatigués; les 
marchands d'habits trouvent facilement à s'apprfc 
visionner dans ce lugubre bazar de k rue desËcolfl 



I 



— 1^ — 

8. — Hier, le ministre de l'IiistrucLioii publique a, 
boulovarci Arago, au coin delà ruedii faubourg Sninl.- 
Jacques, inaugurt! de vastes et oonforLables bâtiments 
que l'Etat a fait élever pour la Faculté protestante de 
Paris. 11 a dit, qu'en ces bâtiments, on respirait une 
atmosphère de large libéralisme et de saine tolérance 
et qu'à la porte s'arrêtait cet esprit sectair.e, cet esprit 
exclusif et jaloux qui estle rapetissement, le rachitisme 
de l'esprit, religieux et lu caricature de l'Evangile. Il 
ajouta: le protestantisme a été dans l'histoire mo- 
derne, la première forme de la liberté '. 

27. — Aujourd'hui rentrée des Chambres à Paris ! 
oui, àParis 1 Deux cents personnes environ stationnent, 
calmes et inoffensives, rue de Tournon, aÛn de voir 
entrer les sénateurs et se rendre compte qu'ils ne 
sont pas autrement faits que nous, sauf qu'en général 
ils sont plus vieux. 

4 Décembre i 879. — La neige est tombée toute la 
nuit. La laitière de Villejuif n'a pu nous apporter 



< On ne peut dire que se fût par atavisme que H. Jales f err; 
nttaquHt perpâtuellemeDli lo uatholloiame, car Bsa nnefitroB âtaionC 
fondonrg de cloches et trnvaiUriieQt pour les abbéa dont les 
nbliayea bo trouvaient enaevelies daua loe voilées des Vosges. 
{Dieooiirs de Julea Ferry publiés par Paul ttohiquet, avouât aux 
Conseils, tome 1" page 1"!. Dans cette première page Kobiquet 
rai'onte la gracieuse histoire d'im minusi'nle nncËtre de Feny, 
anofltre igé rie trciao ans, qui, fi la mort de son père fondeur, 
réussit à obtenir d'un abbé la coinmivude d'une oloahe. Le 
petit houiine l'tiiit îiit-olllKeiit, luiiis il faut avouer qu'il falb»it 
que l'iiblif- l'ut bii'U lion [imir risquer son boorsicot eur la tSte 
d'un onfiml.. llfLiriusciuiiui, l'cufant n-iuflit et la cloche oarillonnu 
cumiuo ni elle iiviilt i^ti^ Tiitte par un vieux fondeur de cloches. 
C'est Kei'i'v lui~mîimo i|ui raconta cette histoire i mon coufcâre 




6. — KQfln 1(1 n 

Buaupoiip d'flccicienls dans les mes. Hue Dauphin 
un liiilleur s'esl déboîté la cheville en Lombanl. surin 
neige glacée. Les omnibus ne peuvent miiroherqu'avoo 
un double attelage, notnmmeul sur la penlo terrible 
du boulevard Saint-Michel. Les traîneaux font florès 
le long de l'avenue des Champs-Elysées. 

10. - Des mouettes, chassées, par le froid et la 
tempête, des bords de la mer, ae réfugient en grand 
nombre sur les bords de la Seine. Paris a eu l'honneur 
d'en voir une très grande bande. Elles plongent dans 
les endroits du fleuve qui ne sont pas pris par la 
glace. 

12. — La tempéral.iiro continue h être affreuse; 
neige, froid, glace chaque jour. Mardi 9 décembre, 
la thermomètre est descendu ft 13 degrés au-dessous 
de zéro; le petit bras de la Seine est entièrement pris. 
Rien n'arrive plus à Paris, et c'est ri peine si les trains 
peuvent marcher. La misère est affreuse, La Figaro 
a fort heureusement ouvert pour les pauvres une 
souscription dont le succès est très grand. 



15. — La semaine qui vient de s'écouler a élé 
pleine de deuils; bien de chétives organisations n'onl 
pu résister à la rigueur do la température. 

16. — La Seine est entièrement prise. La neige, 
après s'être arrêtée, recommence. Ce nmliu, 16 degrés 

ons de zéro. 

- Dimanche. Les assises (iu |ionl Royal soûl 



— 167 — 

entourées de patineurs. Des gamins, postés sur le 
pont, les bombardent de boules de neige. 

Près de cent mille ouvriers ne peuvent être occupés 
à cause de la gelée intense ; plus de travail sur les 
chantiers du nouvel hôtel de ville et de Téglise du 
Sacré-Cœur. Ce dernier seul en occupait 2.000 ; à un 
ami, qui criaillait toujours à propos de l'église du 
Sacré-Cœur, je dis : « Toute idée religieuse à part, 
n'est-ce pas beau d'avoir entrepris une œuvre qui a 
donné pendant si longtemps du travail à 2.000 ouvriers. 
Voyez comme ce travail fait faute en ce moment » 
L'ami ne dit rien, se cacha le nez dans son mouchoir 
et se moucha fortement pour n'avoir rien à. répondre. 

25. — On allume des braseros de tous les côtés. 

28. — Encore 11 degrés au-dessous de zéro, mais 
vers le soir, dégel ; enfin ! 

30. — Nous avons un nouveau ministère, attendu 
depuis longtemps ; tout le monde l'appelle le ministère 
du dégel. Parmi les nouveaux ministres se trouve un 
ami de Gambetta, le sénateur inamovible Cazot, 
longtemps excellent répétiteur de droit au quartier 
latin. Il passe aussi, parmi les étudiants, pour un 
remarquable joueur de dominos. 

— Débâcle de la Seine. 



± 880 



3 Janvier. — La débâcle de la Seine continue. Un 
violent courant se manifeste. Les énormes glaçons, 
en s'entrechoquant, font entendre un bruit semblable 
à celui du tonnerre dans le lointain. C'est effrayant de 
regarder, du haut des parapets du Pont-Neuf, leur 
horrible remuement qui donne comme le vertige. 

4. — Un bateau emmanché, pour ainsi dire, d'un 
instrument tranchant, coupe en deux sur le fleuve les 
colossaux mouoliLhes de glace ; puis des cartouches 
de dynamite les font sauter en les éparpillant. On 
espère de celte façon amortir les effets de la débâcle 
qui poursait emporter les ponts du Carrousel et des 
Saints-Pères. Il est défendu de passer sur ces deux 
ponts. 

5. — La débâcle s'est bien comportée et la circu- 
lation est rétablie sur les ponts menacés. Beaucoup 
de bateUers sont ruinés, car les bateaux, après avoir 
été brisés, ont été emportés à la dérive. 

6. — Le froid a causé de grands désastres dans les 
jardins de Paris. Un grand nombre d'arbustes ont 
péri, surtout au Jardin des Plantes ; de superbes 



— 169 — 

arbres, notamment le cèdre du Liban, ont Textrémité 
de leurs branches complètement gelées. 

14. — M. Gazot, ministre de la justice, a promené 
sa faux impitoyable à travers la magistrature, 
M. Fourchy, avocat général, est mis h pied. 

22. — Obsèques de Jules Favre, h Versailles. 
Voici la lettre de faire part que je reçois : 

Vous êtes prié d'assister aux obsèques de 
Monsieur Jules Favre 
décédé à Versailles^ le 19 janvier courant^ dans la 
1 h année de son âge, qui auront lieu le jeudi 22 jan- 
vier, à i heure précise. 

On se rendra de la maison mortuaire^ i 5, à Véglise 
protestante de Versailles, 3, rue Hoche, 

De la part de Madame Jules Favre, née Velten, sa 
veuve, de Madame veuve Martinez del Rio, sa fîUe, 
de Monsieur Jules Favre, son fils, de Madame Gene- 
viève Mari tain, sa iille, de M. Paul Mari tain, avocat 
à la Cour d'appel de Paris, son gendre, de Made- 
moiselle Jeanne Maritain, sa petite-fille, de Monsieur 
Léon Favre, son frère, de Madame Emilie Favre, sa 
cousine, de Monsieur Jules Velten, docteur en 
médecine, son beau-frère, etc. 

« Vous aurez des aMictions dans le monde... 
Mais prenez courage. J'ai vaincu le monde. » 

(Jean XVI. V. 3). 

Cette lettre de faire part est, comme on le voit, 
envoyée au nom de sa veuve, née Velten, institutrice 
protestante, qu'il épousa récemment, et qui le 
convorlit à la religion protestante. 

3 Février 18S0 — Brouillard extraordinaire, jaune, 
sinistre, qui fait songer à la fin du monde. 



- 170 — 

4. — Hier soir, à six heures, à cause du brouillard, 
rencontre de deux trains sur la ligne de FOuest, du 
côté de Levallois. 

On parle de 80 personnes tuées ou blessées. Jannais 
on n'a vu à Paris un plus épais brouillard. Les omnibus 
s'égaraient, celui de TOdéon n'a pu rencontrer son 
bureau final, place de Glichy. Sur la place du Carrousel, 
un autre omnibus de la même ligne, pendant plus 
d'une demi-heure, pivota sur lui-même sans pouvoir 
trouver son chemin ; un troisième s'est dirigé sur le 
Pont-Neuf, croyant se diriger sur le pont du Carrousel. 

5. — Le brouillard a continué hier, mais il n'a pas 
duré toute la journée comme celui de mardi. Il y a eu 
neuf morts occasionnées par l'accident de mardi près 
la station de Glichy-Levallois. Les cadavres ont été 
dévalisés par les voyous I 

9. — Je reçois le faire part ci-dessous : 

Vous êtes prié d'assister aux convoi et enterrement de 

Monsieur Adolphe Grémieux 
Avocat, Sénateur, 

décédé le 10 Février 18S0, dans sa quatre-vingt- 
quatrième annéCy en son domicile, rue de la Pompe, 81 . 

Qui se feront le vendredi 13 courant, à 10 h. 1/2 très 
précises. 

On se réunii'a à la maison mortuaire. 

De la part de Monsieur et Madame Peigné-Crémieux, 
de Mademoiselle Louise Grémieux, de Mademoiselle 
Henrietle Peigné-Grémieux, de Mademoiselle Garoline 
Grémieux, ses filles, gendre, petite-fille et sœur, etde 
toute sa famille. 



— 171 — 

10, — Funérailles, k Montparnasse, dans le 
cimetière israélite, de notre confrère Isaac-Moïse- 
Adolphe Grémieux, l'avocat le plus laid et le plus 
spirituel du barreau de Paris. Nous, ses coniTères, 
nous prenions grand plaisir à Tentendre, les juges 
aussi, mais eux avaient moins de chance que nous; 
pour l'entendre, ils étaient obligés de le voir. Il est 
de tradition au palais, qu'il fut épousé par amour I 
On a parlé d'affaires judiciaires où il fut d'un grand 
désintéressement ; mais ordinairement, au point de 
vue des honoraires, il les exigeait larges, si j'en crois 
les dires d'un confrère très au courant des choses du 
palais. Il était d'habitudes fort modestes *. 

Peigné, ancien avoué à la Cour d'appel de Paris, 
avait épousé sa fille. 

Grémieux, Nîmois, avait parfaitement réussi au 
barreau de Nîmes. Il gagna assez d'argent pour payer 
les dettes de son père, dont le commerce n'avait pas 
prospéré, et acheter le cabinet d'Odilon Barrot, avocat 
à la Gour de cassation *. 

15, — Dans la séance du Gonseil municipal d'hier. 



1 II prenait plus souvent des omnibus que des voitures; « pej:- 
<lîint h\ Révolution de février, alors que ministre de la justice, il 
était installé place Vendôme, il alla voir Louis Blanc au Luxem- 
bourg ; il s* y fit conduire dans une superbe voiture, épave de la 
royauté, trouvée dans les écuries de la place Vendôme. Il resta 
loujrtemps avec Louis Blanc et, finalement, oubliant son carosso 
royal, il jjrimpa, pour s'en aller, dans l'omnibus de l'Odéon. » 
— Portraits de Kel-Kun. (Edmond Texier), page 243. 

2 Un monument bien bizarre lui a été élevé au cimetière Mont- 
parnasse. Sous une espèce d'auvent, soutenu par des oolonnettes 
de marbre rouge, se trouve étendu un grand cercueil de pierre, 
presqu'entièrement recouvert d'une robe noire d'avocat. Au- 
dessus ime tocjue, également noire, dont les arêtes sont fortement 
accusées. 



•— 172 — 

14 février, un conseiller, M. Abel Hovelacque, a 
demandé qu'on ne mît point de Heurs de lys sur 
Técusson de Paris qui, d'un moment à Tautre, doit 
figurer à la façade du nouvel hôtel de ville. Il a fait 
remarquer que primitivement les armes de Paris, ne 
portaient pas de fleurs de lys, ainsi qu'on peut le voir 
sur un sceau, datant de Tan 1200. C'est possible, mais 
plus tard ces fleurs de lys ont apparu et un autre 
conseiller municipal a fait remarquer que Napoléon III 
les avait conservées. Le Conseil municipal a rejeté la 
demande de M. Hovelacque. 

16. — Hier dimanche, 15 février, au concert du 
Cbâtelet, le public fit une ovation à Colonne qui, pour 
la première fois, paraissait, à la tête de ses artistes, 
avec son ruban de chevalier de la Légion d'honneur. 
Colonne a voulu inspirer le goût de la bonne musique 
et combattre celle si énervante et si voluptueuse 
des cafés concerts; dans ce but il a fondé en 1871, 
au lendemain de nos désastres, à l'Odéon, en plein 
cjuarlier latin, des conoeris qui eurent beaucoup de 
succès et que plus tard il transporta au Chatelet pour 
les placer au centre de Paris. 

29. — Un niJiiliste vient d'être arrêté aux Champs- 
Elysées, sur la demande du prince Orlofi, ambassadeur 
de Russie ; on le croit co-auteur de l'attentat commis 
Tannée dernière contre le tzar sur le chemin de fer de 
Moscou. Ce Russe a une belle balafre, à travers la 
figure, comme celles qui agrémentent la face des 
étudiants allemands et russes, si enragés à se battre 
en duel. Les étudiants du Quartier en concluent que 
l'individu arrêté est un étudiant et font faire des 
démarches auprès du gouvernement pour qu'il n'ac- 
corde pas l'extradition. 



— 173 — 

L'avis suivant est affiché sur les murs : 

« A NOS CAMARADES, 

« A Foccasion de Tarrestation de M. Hartmann, 
jeune étudiant russe, nous invitons les étudiants 
français à une réunion privée, qui aura lieu le lundi 
1^^ mars, à huit heures précises, salle des Ecoles, rue 
d'Arras, n^ 3, à l'effet d'envoyer une adresse deman- 
dant la mise en liberté de notre camarade. 

« Un groupe d'étudiants. 

« Pour les renseignements, s'adresser aujourd'hui, 
28 février, de une à cinq heures, à MM. Forsler, 35, 
rue Jacob et Gamescasse, 20, rue Racine. » 

2 Mai's i 880. — Elle a eu lieu la réunion de la rue 
d'Arras ; près de deux mille étudiants s'y rendirent. 
Elle était présidée par le vieux Blanqui qui, d'une 
voix grêle, marmota quelques paroles. On hua un 
orateur pour avoir dit : « Hartmann ne doit pas 
préoccuper les étudiants, il ne l'est pas étudiant, 
puisqu'il a trente-cinq ans passés. » En entendant ces 
paroles imprudentes, les étudiants de dixième année, 
semblables à des fauves, secouèrent leur crinière ; 
tempête, vociférations, enfin vote à mains levées de 
la résolution suivante : 

La jemiesse des Ecoles réclame Véloignement immé- 
diat de Hartmann. 

Ce vote est d'autant plus insensé que des bruits 
persistants et toujours renaissants nous font craindre 
la guerre avec l'Allemagne. Ce n'est pas le moment 
de nous mettre la Russie à dos. 

6. — Le gouvernement n'a pas accordé l'extradition 
d'Hartmann. Il s'est contenté de l'expulser de France. 



Les journaux radicaux oxulLenL Les éLudiants 
boivenl bock sur bock pour célébrer leur triomphe. 



IT). — L'nmbnssfn 



■ (!i.' Riissii^ i|uiMe Paris, 



1" Avril 1880. — Ferry n'ayant pu faire voter par 
le Sénat le fnnieux artinle 7, qui refuse le droit d'en- 
seigner aux oongri^grations non autorisées , s'esl 
lestement retourné d'un autre côté. Il a prétendn 
que. d'après certaines lois existantes, il avait le droit 
de faire ce que le Sénat ne lui avait pas permis, U a 
en conséquence fait signer, le 29 mars, par M. Grèvy, 
deux décrets qui ordonnent l'expulsion des Jésuites et 
exigent que les congrégations, non autorisées, fassent 
régulariser leur situation ; vif émoi dans toute la 
population catholique. 

Les Jésuites ont trois mois pour dissoudre leur 
congrégation ou aggrégation, suivant l'cxpresaioû 
d'un décret du 29 mars, et évacuer les étafalissemenls 
qu'elle occupe sur la surface du territoire. Elle pourni 
néanmoins laisser ouverts ses établissements scolaires 
jusqu'aux distributions de prix. 

a. — Nos frères ont été obligés, hier, de quitter la 
belle école île la rue Saint- Jacques, i|u'ils lennionl de 
la Ville. 



11. — Victor Considérant vieiiLdo perdre sa femme, 
âgée de 05 ans. C'était une aimable et charmante 
vieille à côté de laquelle j'ai souvent dîné au Bouillon 
Duval duboulevard Saint-Michel. Considérant y dînait 
très souvent avec elle. Et, moi, j'y venais également 
presque tous les jour'* pendant les vacances de mes 
enfants, quand j'étais obligé de rester seul à Paris. 
au mois d'août. M""' Considérant se rappelait qu'il est 



— 175 — 

du devoir des femmes de tout âge de ne jamais 
abdiquer la coquetterie ; aussi arborait-elle une 
superbe mantille que, pendant son repas, elle faisait 
tomber négligemment, mais néanmoins très gracieu- 
sement, sur ses épaules. Il me semblait voir la 
délicieuse vieille Baucis, dont Jupiter tombe épris 
dans l'opéra de Gounod. De son côté Considérant 
avait une superbe tête de vieillard. En le voyant, mes 
souvenirs chevauchaient vers les quelques années de 
la République de 1848 alors que les caricaturistes le 
représentaient avec une queue dorsale, armée d'un 
gros œil scrutateur. Fourier, son maître, regardait, 
paraît-il, cet appendice comme le complément de 
Thomme perfectionné et pensait, qu'après nombre 
d'années d'harmonie, elle pousserait d'elle-même au 
vrai phalanstérien. 

Considérant, malgré tous ses efforts pour atténuer 
les singularités du système fouriériste n'avait pu 
cependant en écarter complètement le ridicule. 

16. - Hier, près de trois cents enfants traversaient 
le boulevard et la place Saint-Michel, descendaient la 
rue de l'Hirondelle et s'engouffraient sous une porte 
cochère qui s'ouvre au n" 8 de la rue Gît-le-Gœur. 
Cette porte cochère est celle d'un grand immeuble 
dans lequel pendant la Révolution s'imprimaient les 
décrets de la Constituante. C'est là que s'installe 
l'école des Frères, expulsés de la rue Saint-Jacques. 

— A une autre extrémité du quartier, les Frères, 
chassés de la rue RoUin, se sont installés rue Valette, 
dans un autre immeuble qui semble avoir été autrefois 
une chapelle. 

22. — M. Hérold vient, dans une circulaire, de 
recommander aux maires de ne pas s'en aller de la 



— 176 — 

aalle des maringes itvnnl (|iie ia cérémonie ne soit 
enlièremenl l.ermmée, avavl notamment que tes époux 
ne soient partù. Il y n l.roia ou quatre jours en efiet, 
h la mairie du X'', M- le maire, s'étanl relire avant la 
sortie lies époux, la Ritoyiïnne Auolerc en a pi-ofllé 
pour faire u» violêuL discours sur l'état des époux 
daus le mariage. Le mari, marri, faisait, paraît-il, une 
tête! Par condeBoendaace il a promis de faire la 
popote et de porter les poupards, tout au moins après 
leur sortie du sein malernel. U a exprimé un vif 
regret de ne pas avoir mis uoe culotte dans la cnrbeiOe 
(le mariage. 

S Mai i 880. — Je.suisidlé voir, à i'oxposition, mon 
portrait en miniature que m'a offert M"' Lucy Fehren- 
bach, élève de M"* Chéron et ce pour quelques 
conseils donnés it une de ses parentes. Mes connais- 
sances de la ville ne m'ont pas reconnu sous mon 
costume, il n'en fut pas de même de mes amis du 
Palais. 

M"" Fehrenhach est une très habile artiste minia- 
turiste, élÈve de M""" Chéron, élève elle-même de 
M"" de Mirbel. L'année dernière elle a exposé un 
très bon portrait de François Goppée. 

13. — Notre confrère Rousse, ancien bâtonnier, a 
été nommé membre de l'Académie Française en rem- 
placement de Jules Favre ; il avait pour concurrent 
M. le vicomte de Bornier, qui a fait représenter aa 
Théâtre Français la Fîlle de Roland, et tout récemment 
à rOdéon les Noces d'Attila. 

Beau succès pour Rousse. L'Académie a voulu 
honorer en lui le talent et le courage civil. Beau 
succès également pour le barreau, puisqu'i 
en romplaci; un autre. 



ai 

¥ 



— 1T7 — 

-Hier, au cimetiôrR MonLpHnmaBe, on ii hurlé: 
Vivr l'amnislie! On enlerraiL en effet la sœur de 
Blanqui. Le vieux révolulioniiaire, rôcemnient gracié, 
se plaça sur le bord de la fosse et cria: « Tout puur 
l'humanité el par l'humanité. « 

20. — ToUe général contre le minisire de la guerre 
Parre qui veuL supprimer les tambours. 

— Le général de GaîlifTet a marié sa fille avec le 
baron Franck Seillière. Le mariage civil eut lieu rue 
de Grenelle à la mairie du VU". GambeLla, ami de 
Galliffet, y assistait. 

21. — On tdche d'agiter en ce moment le quartier 
latin en faveur de l'amnistie. On voudrait, que dimanche 
23, anniversaire de !a chute de la Commune, les cris 
d'amnistie plénière sortissent de toutes les bouches. 
On distribue partout, un placard qui commence ainsi : 

Tant qu'il restera un seul de nos frères dans l'exil, d 
déportation, au bagne, l'ère des protestations ne sera 
point close... plus encore que les vaincus les vainqueurs 
'.( besoin d'amnistie. " 



I 
I 



23, — On avait annoncé, pour aujourd'hui, une 
manifestation monstre, place du Paottiéon, en faveur 

l'amnistie complète ; rien que trois pelés et un 
tondu sur celte place ; personne non plus dans la rue 
Lhomond, où on devait aller oaaser les vitres des 
Jésuites. Mais par contre sur le boulevard Saint- 
Michel énormément de monde pour voir passer la 
manifestation qui ne passe pas. Les cafetiers font des 
affaires d'or, c'est le principal. 

24. — Tous les révolutionnaires de Paris devaient 
aller, pur groupes, porter des couronnes devant !e 



— 17R — 

mur (lu PiVir Liitliaise, aux jiiiîds duquel, en 1871, 
aurnient. été fusillés beaucoup de fédérés. Les porteur* 
de la splenrlide couronne du V' arrondissement ont 
élé arrèlt^s net sur la pince de la Bastille. Impossible 
de passer plus avant, malgré toutes leurs observations; 
c'est qu'en effet, sur leur immense couronne d'im- 
mortelles rouges, étaient écrits ces mots : « A nos 
morls, les révolutionnaires du V" arrondi.ssemeot. « 
De bons bourgeois se lamentent et disent : « l'espril 
coramuoeus domine au quartier latin. » Pas du tout; 
les étudiants exaltés tout du tapage et du bruit el 
passent bien à tort, parce qu'on les remarque plus 
que d'autres, pour représenter les étudiants en 
général. Mais de nombreux étudiants sont loin de 
partager l'idée socialiste. Dans la circonstance actuelle, 
ils se sont bien montrés. Beaucoup en eli'et sont allés, 
avec des hommes importants du parti républicain, 
faire une cootre-inanifestalionsurla tombe de Baudîu: 
l'un d'eu.\ a dit: " lUustre Baudin, tu n'eus pas sus- 
cité les horreurs de la guerre civile, devant l'eniieiDÎ 
triomphant, et ton écharpe île député n'eût jamais é\A 
souillée du sang des otages. >' 

3 Juin IHSO. — Date inémorabie : suppression des 
tambours par le générai Farre : la caisse, dit-il dans 
sa circulaire, est un instrument qui demande un trop 
long apprentissage. Ceux qui en battent, n'étant pat 
armés, sont des non-valeurs. » 

Mais ces non-valeurs excitent à combattre ! mon 
général; mais ils provoquent les vocations militaires. 
Pendant tout le temps de la retraite au Luxembourg, 
quelle sure.tcitation parmi les gamins, qui suivent au 
pas les tambours, et se croient déjfi des soldats ! tout 
le monde trouve la mesure déplorable, mesquine el 
indigne d'un esprit sérieux. ^ 



— 179 — 

5. — Voila déjà deux ans que M"^ Prévost-Paradol 
est entrée au couvent. Le souvenir de son père chéri, 
se suicidant misérablement à Washington, est tou- 
jours présent à son esprit. Elle s'est rappelé qu'il 
avait été le plus brillant élève de l'Ecole normale; en 
conséquence, se retirant du monde, elle abandonne à 
cette école la moitié de son bien, soit 2,200 fr. de 
rente, mais stipule qu'à sa sortie chaque élève sera 
pourvu d'une petite bibliothèque, relative à la spécialité 
de son enseignement. Il faut espérer que les jeunes 
gens si distingués, qui sortent de l'Ecole normale, 
songeront que la culture de l'esprit n'est pas seule 
utile, qu'elle ne console pas en présence de ces grands 
malheurs insupportables de la vie, que seule la culture 
religieuse de l'âme a ce pouvoir. Hélas I c'est préci- 
sément cette culture religieuse qui manquait à l'admi- 
rable écrivain. 

22. — L'aministie complète a été votée par la 
Chambre. Les grands chefs vont donc rentrer comme 
le menu fretin. 

30. — Hier, h 9 heures du soir, sur les ordres de 
M. Gonstans, ministre de l'Intérieur, les scellés ont 
été mis sur la porte de la chapelle des Pères jésuites, 
35, rue de Sèvres. Dans la matinée d'aujourd'hui une 
grande manifestation eut lieu devant cette porte. 
Plusieurs personnes furent arrêtées, notamment M. de 
Ravignan, neveu du célèbre Père de Ravignan, qui 
demeura si longtemps dans le couvent de la rue de 
Sèvres. L'expulsion suivit. Les religieux étaient 
amenés dans la rue de Sèvres par les sergents de 
ville. Chaque Père, en sortant, bénissait la foule 
agenouillée. 

Pour leur faire honneur, probablement, l'élégant 



prétel dp poliiip, M. Anflrieux, pn^sirlnil ft la oÉ-n'-monie 
en ganl.s gris perle. 

î Juillet 1880 — Le Père LefiWre, oomigéroire, 
est constiLué gardien du couvent des Jésuilcs. Il 
oonaei-ve, dans un petit oratoire intérieur, le Saint- 
Sacrement qui était exposé dans ta chapelle au motneot 
où M. Clément, cominissaiie aux délégations judi- 
ciaires, y apposa les scellés. A cette nouvelle, qui se 
répandit avec une promptitude extraordinaire, une 
masse de monde se porta devant l'entrée de la 
chapelle sue la rue de Sèvres. M. Andrieux, préveau, 
lit lever les scellés immédiatement; cependant oer- 
laines personnes prétendent que pour cette levée de 
scellés il fallut recourir à l'intervenlion de M. Grévy; 
le Saint-Sacrement fut conQé au Père Lefèvre ; puis 
les scellés furent remis sur les portes de la chapelle. 
La foule quitta alors la rue de Sèvres et se rendit k 
Soint-Sulpice pour y faire des prières de réparation. 

■ 13. — L'amnistie ayant été votée par la Chambre 
et le Sénat, Rochofort est rentré hier dans sa donne 
ville de Paris, comme un ancien roi de France. Pen- 
dant longtemps, devant la gare de Lyon, sa voilure 
ne pouvait avancer tiuil il y avail lie monde pour le 
voir arriver, 

15. - On vient de sortir du Panthéon un cadavre 
affreusement déliguré. C'est celui d'une femme, 
épouse d'un employé supérieur de ministère. Afin, 
disait-elle, de mieux admirer les peintures de la 
coupole, elle avait demandé ii entrer dans la galerie 
qui tourne autour de cette coupole. EUe n'y fut pas 
plutôt rendue qu'elle enjamba la balustrade et s'élança 
dans le vide, dans un vide de 30 mètres de profondeur. 



— 181 — 

J'ai tremblé en entendant ranonter fie suicide. Mais 
esL-ce un suicide ? J'aime mieux en douter. Peut-être 
cette malheureuse tomme a-t-elle été attirée par le 
gouffre. 

Sur l'un des quatre pendentifs de Gros la mort 
est représentée d'une façon effrayante. La Mort 
semble avoir saisi sa proie au moment où la malheu- 
reuse femme se rassasiait de ses traits, 

31 . — Mon concierge m'apprend avec émotion que 
les maisons situées boulevard Saint-Michel, en faoe 
l'Ecole des mines, s'enfoncent dans les catacombes ; 
j'y cours avec toutlo monde: la foule est amassée 
devant les n" 79 et 81, mais à l'œil nu les maisons 
n'ont pas du tout l'air de vouloir s'enfoncer. Néan- 
moins, eu fait, elles ont une tendance k descendre. A 
la suite probablement d'une pluie diluvienne qui vient 
d'inonder le quartier, une excavation, ou plutôt un 
fontis (pour employer l'expression consacrée), vient 
de se produire. Toutes les marchandises- du fruitier 
au n" 79 ont dégringolé dans le troisième dessous. 
La foule augmente, mais une vigoureuse charge de 
gardiens de la paLv refoule les curieux ; craignant 
d'attraper un mauvais coup, je rentre chez moi. En 
me retirant je vois qu'on empêche les voiiures de 
remonter le boulevard. 

Y" Août 1880. — Toute la [mi! une escouade 
d'ouvriers a travaillé, avec calme et prudence, h for- 
tifier et consolider les piles qui, dans les catacombes, 
soutiennent les maisons 81 et 79. Ces ouvriers sont 
très experts, car ils passent leur e.sistence dans les 
catacombes à surveiller les piles des maisons. 

15, — Depuisl'accident du boulevard Sailli-Michel, 



— 182 — 

de pauvres chevaux sont en prison dans l'écurie du 
n" 81. On ne peut les en faire sortir parce qu'ils 
refusent de s'aventurer sur une passerelle jetée au- 
dessus de l'ancien trottoir effondré. On va, pour les 
délivrer, démolir une partie du mur séparatif d'avec 
une maison voisine. 

— Aucun mal n'est survenu. Le quartier en a été 
quitte pour la peur. 

19. — On vient de placer, dans une galerie du 
Louvre, un portrait de Soufflot par Vanloo, signé 
Vanloo 1767. Il a été donné par un descendant du grand 
architecte. Ce portrait est d'autant plus précieux que 
Vanloo a représenté Soufflot dessinant le plan de 
l'église Sainte-Geneviève. 

f**^ Septembre 1880. — Hier la police est venue 
pour expulser les Pères jésuites de leur établissement, 
rue Lhomond, autrefois rue des Postes. Au coin de 
tontes les rues voisines, des sergents de ville se 
tenaient droits, prêts h tout événement; mais il n'y 
eut aucun incident, les religieux n'y étant plus depuis 
un certain temps. L'établissement a été cédé par eux. 
!j(î nouvtN'ui (hrecteur fut laissé dans les lieux, car il 
fournit au commissaire de police la preuve qu'il 
n'était pas Jésuite, mais seulement ])rotre séculier. 
mis à la tête de rétablissement par le conseil d'admi- 
nistration de la Société cessionnaire; voilà dû moins 
ce (fui m'a été dit. 

11. — Notre ancien bâtonnier, \icolot, est décédé. 
Depuis longtemps, on attcMidait sa mort. Pendant la 
seconde année de son bâtonnat, il ne pouvait plus 
s'oC'CUpei' (les aflaii'es (l(i l'Ordre, et M'" Bétolaud, 
avec une grande afrection et un grand dévouement. 



I remplissaiL ses foncLions. Je lui ni enl.enilu plaider sa 
dernière affaire; il se tenait plié et pourbé en deux; 
il semblait dire ii la mort, aperçue au fond du prétoire, 
K une heure de répit, je te prie, une heure seulement. >• 

13. — Les obsèques de Nicole! ont eu heu k Saint- 
Pie rre-de-Chaillo t. Il n"a pas voulu de discours, il 
sait ce qu'en vaut l'aune pour en avoir lui-môme 
débité. 

3 Octobre tSBO. — Depuis dix-huit mois, la Pré- 

I feclure de la Seine est en partie installée dans te 

' pavillon de Flore, que les incendies de la Commune 

' ont heureusement épargné. Le préfet. Hérold, y a 

ses appartements et y demeure avec sa femme et sa 

belle-mère, M"" Pescheloche. Dans la chambre de la 

belle-mère, qui avait mis une bougie trop près de ses 

rideaux, le feu a éclalé hier soir h 10 heures ; il s'est 

, communiqué à la chambre des trois béhés de M. Hé- 

I rold. Bref, le pavillon de Flore a manqué do brûler 

I tout entier. lies pompiers ont arrêté le feu h temps; 

I mais beaucoup de dégâts! Le mobilier du préfet est 

f complètement détruit; les trois bébés ont été sauvés 

[ gràoe au sang-froid de la bonne-maman. Les flammes 

[ sortaient par les fenêtres du pavillon en éclairant le 

[ quai et la Seine. Quand tout eut été fini, les specta- 

laurs, entassés sur les quais, applaudissaient les 

pompiers de garde qu'on apercevait à travers les 

\ baies des fenêtres, courant ça et là avec leurs torches. 



— Je .suis allé du côté du pavillon préfectoral 
I pourvoir si la Flore de Onrpeaux avait été atteinte 
par i'incendie; heureusement non; mais elle a dû 
avoir peur. Le feu voulait la lécher; en qualité de 
déesse, elle Ta repoussé vigoureusement. Elle est 



— 184- 

noircie et il (audra lui donner un bain. Pans est très 
ému par oeL inoendie, oar la galerio du Louvre fut 
gravematil menacée. Les chets-d'osuvre de la peinture 
auraient pu èl.re détruits, et lout cela parce qun 
M""' Pescheloche a placé sa bougie, allumée sur sa 
tublt! de nuit, trop près de ses rideaux de lit. 

7. — Après mon retour de Châtenay, où j'ai passé 
mes vacances, je suis allé voir, au grand carrefour de 
la place Deofert-Rocherenu, le Lion de Belfort qu'on 
a inauguré le dimanche 26 septembre dernier; c'est 
le fâc-simile du lion triomphant que Barlboldi a 
campé si majestueusement au bas de la forteresse de 
Belfort. L'attitude du lion est magnifique. 11 a, entre 
les pattes, une couronne d'immortelles, mise là le jour 
de l'inauguration. Sur cette couronne se trouve l'ins- 
cription suivante: Belforl-Parix 1870-IS7 1. Il était 
naturel que le lion, symbole de la résistance de Belfort, 
eut sa place et même une belle place à Paris. Car 
Paris II fait un grand et affectueux sacriQoo pour 
Belfort. Belfort est resté à la France parce que Paris 
a consenti à l'entrée des Prussiens, dans le quartier 
aristocratique des Champs-Elysées, 

14. — Rue de l'Eperon, n" iO, prés de la rue Saint- 
André -des- Arts, est mort notre doyen, M° Lavaux, h 
l'âge de 94 ans ! Nous ne le connaissions pas, cac il 
avait cessé de plaider en 1842. Il voulait prendre un 
petit repos ; il en a pris un de trente-huit ans. Sous la 
Restauration et dans les commencements du règne de 
Louis-Philippe, il avait eu un emploi considérable. 
C'est lui qai plaida pour M"" de FeuchÈres contre les 
Hohan, qui revendiquaient l'héritage du dernier 
Condé, en prétendant que le testament de celui-ci 
avait été obtenu grâce à des suggestions coupables, el 



I 



I 



— 185 — 

méine grâce à la violence. L'aLlaquo des Rohim éUiil 
dirigée non seulement contre M"'° rie Feuchèrea, mais 
encore contre le petit duc d'Aumale, bénéficiaire en 
grande partie des dispositions du prince de Bourbon. 
Malgré l'éloquente plaidoirie de Hennequin, avocat 
des Rohan, M' Lavanx fit triompher M"" de Feuchfires. 
On dit M° Lavaux immensément riche. M"' de Feu- 
chères n'a pas oublié les honoraires de son avocat', 

25. — Les projets de M. Constans, minisire de 
rinlérieur, mettent en émoi et les couvents et les 
iidèlea ijui suivent les cérémonies religieuses dafls les 
chapelles des moines. On se porle journellement dans 
ces chapelles bien plus qu'en temps ordinaire. Hier, 
il la grand'mease, celle de nos voisins, les DominicaÎQ.'f 
de la rue Jean-de- Beau vais, était pleine, complètement 
pleine. Le Pf re Constant (ne pas confondre) est monté 
en chaire pour le sermon ordinaire du dimanche. Il a 
parlé de la Vierge qui, se tenant aux pieds de !a Croix, 
fut dans sa douleur, la digne et admirable image du 
chrétien éprouvé. 

Tout le monde attend, dans la plus grande anxiété, 
l'application des décrets du 29 mars à ces religieux, 
que les habitants du quartier, notamment les mar- 
chands et marchandes du marché ries Carmes, aiment 
beaucoup à cause de leur grande charité, et que 
presque tous les Parisiens chérissent à cause de leur 
esprit libéral. Tout le monde dit: oh! iis n'auraient 
qu'un mot h dire pour qu'on les laisse tranquilles ; le 
plus petit mot de soumission suffirait à. Ferry ; mais 
ils se croient obligés en conscience, ou tout au moins 



[' Boulugei' la dubreMe de H 




s séparée leur cause rie celle 



30. — Ce soif, [■11(3 Jean-de-Beauvais, une foule 
énorme se pre'sso auLour du couvent, des Dominicains, 
([u'on va dit-on expulser. Des gens étrangers au 
quartier chanlenL In MarsHUaisn. Kn rûponse des 
jeunes gens crienL : « Vivn In liberté!» Ils sont 
arrêLéa. 

t" NiiVfi.mbre 188<>. — Comme c'est aujourd'hui la 
Toussaint, Jo vais d la chapelle de la rue Jean-da- 
Beauvais pour assister aux vêpres des Morts. Elle est 
[ermée par précaution. Par le petit grillage de la porte 
un Père me prévient qu'il n'y a pas d'offices. 

— Autre émolion d'un tout autre genre. Vers qualre 
heures un ballon déformé passe au bout de la rue des 
Ecoles, au-dessus du boulevard Saint-Michel, au ras 
des maisons; il file vers la Seine. Personne ne semble 
le diriger. 

Nous courons vers la place Saint-Michel. Le ballon 
s'y est aplati En le voyant loumoyer sur celte place, 
tout le monde sVlait enfiy, cle telle sorte que personne 
n'a été bles'ie Mais il a [adli étouffer une marchande 
de journaux qui emprisonnée dans son kiosque, 
n'avait pu s enfuir Elle en a été quitte pour une fière 
peur. Comme vient de me dire une pauvre vieille : « la 
marchande doit avoir les sangs tournés. « 

2. — Le ballon qui tomba sur la place SainL-Miche] 
et la couvrit presqu'entièremenl, était une Monlgol- 
fiere, gonflée à l'air chaud. On comptait, mais bien S, 
tort, qu'elle descendrait tout doucement ù. mesure que 
l'air se refroidirait. Au-dessous était suspendu un 
Ijapèze sur lequel un acrobate faisait des exercices. 



— 187 — 

Le malheureux l/loha prise et tomba sur le sol où il se 
broya. La Montgolfière, allégée du poids de l'aéronaute, 
s'éleva avec rapidité, puis redescendit. Enfin, poussée 
par un vent d'ouest, elle vint s'abattre dans le quartier 
latin. 

3. — L'acrobate n'avait pas voulu qu'on l'attachât, 
Ce garçon avait 18 ans ; il était superbe, bien découplé; 
il avait économisé trente mille francs dans différents 
cirques, notamment au cirque Fernando, car il était 
d'une force extrême sur le trapèze. L'ambition le prit; 
voulant être patron à son tour, il monta un cirque, 
mais il y mangea ses trente mille francs ; très désolé 
de ses pertes il craignit moins de risquer sa vie et de 
faire des exercices extraordinaires. Et le voilà main- 
tenant en bouillie ! Nul, heureusement, ne souffrit de 
sa mort, car il tomba dans un jardin de l'avenue du 
Roule on personne ne se trouvait. 

— Les jeunes gens arrêtés samedi soir, 30 octobre, 
pour avoir crié : Vive la liberté ! devant le couvent des 
l)ominicains, avaient été désignés par la Paix et 
d'autres journaux comme élèves de l'Ecole Sainte- 
Geneviève. Le directeur a écrit une lettre à ces 
journaux pour leur dire que pas une seule des sept 
personnes arrêtées n'appartenait à l'Ecole. 

5. — Ce matin, sur les cinq heures, à la lueur des 
becs de gaz, on a enfoncé la porte des Dominicains 
de la rue Jean-de-Beauvais et on les a mis dehors. 
Le commissaire de pohce du quartier, M. Gotton 
d'Englesqueville, avait espéré que, faite de si bon 
malin, l'expulsion passerait inaperçue, mais un frère- 
lai sonna le tocsin avec la petite cloche du couvent. 
Tous les habitants de la rue se mirent aux fenêtres et 
jetèrent des fleurs aux Pères à mesure qu'ils sortaient. 



La garde du couvenL, après l'expiiision des religieux, 
EuL contîée au Père Jouin, un superbe Dominicain qui 
porto la croix de la Légion d'honneur sur sn robe 
blanche. Au momenL oi't le commissaire do polioe 
allait apposer les scellés sur lu (.'.hapelle, il lui aurait 
dil : » Tenez, voici cbun do la Commune que nous 
avons conservés, méfiez les vôtres à côté. « 



6. — Hier, presque tous les religieux de Paris ont 
été expulsés sur les ciiK| heures du matin, noUtmmoDt 
d'autres Dominicains qui ont un second couvent rue 
du faubourg Saint-Honoré, près l'hospice Boaujon, 



0. — Ferry, le ministre de l'inslruotion publique, a 
sévi oonlre M. Ollê-Laprune, mallro de conférences, 
pour la philosophie, à l'Kcole normale. Ce dernier se 
trouvait pour sa santé d Bagnèros-do-Blgorre quand, 
le 16 octobre dernier, il vint par hasard à passer 
devant un couvent de Carmes qu'on venait d'expulser, 
saut un malade; M. Ollé-Laprune connaissait pré- 
cisément oe malade. Il crut devoir aller lui demander 
de ses nouvelles, car l'émotion avait pu augmenter sa 
maladie. Surlademnnde/'flciirt(iiscré(e de ce religieux, 
auquel i\ n'osa refuser, il signa un procès-verbal 
constatant que les scellés étaient apposés siir la porte 
de la chapelle. 11 vit d'autant moins de mal à signer 
que ce procès-verbal ne oonslatail pas le plus petit 
mot de protestation. M, Ferry, immédiatement averti, 
suspendit M. Ollé-Laprune. Le directeur do l'Ecole 
normale, M. Pustel de Coulonges, alla, au dire du 
Figaro, trouver le tout- puissant About, directeur dtt 
journal le XJ.Y" Siècle, afin de lui expliquer romment 
les choses s'étaient passées et le prier d'intervenir 
auprès de M. Ferry. L'intervention s'expliquait 
d'autant plus (|u'Ollé-Lapruno étmt comme lui, About, 




— 180 — 

ancien élève de l'Rcole normale. Mais M. Faal.el y 
perdiLson latin eL M. About,, dans son journal d'hier, 
8 novembre, inséra uûart.icle ofi il déclara abandonner 
il son malheureux sorL M. OUé-Laprune, clérical jus- 
qu'aux moelles comme son maître, l'onctueux et funeste 
Caro. About s'est plaint bien souvent (ju'on n'eût pas 
d'affection pour lui ! Mais lui-même pour qui donc en 
a-t-il?Oh! sans cloute, les étudiants ont été cruels 
pour lui â propos de Gaëtana, mais, dans son livre 
sur la Grèce, ne l'avait-il pas été pour les Grecs, ses 
hâtes ? 

10. — Les Journaux contiennent une lettre ijue 
M. Léon Jaurès, chef de section de la troisième année 
de l'Ecole normale, a écrite au nom de tous ses 
camarades à. M. Oilé-Laprune : « Monsieur el cher 
mailre, lui écrit-il, tous mes camarades el tous les 
■ élèves de seconde année, me prient de vous exprimer le 
jprafond regret que leur cause le bruit de voire départ... 
Nous conserverons tous un souvenir ineffaçable de votre 
attachement à l'école... de l'esprit de bienveillance 
envers toutes les opinions qui a toujours animé votre 
cours, votre parfaite tolérance, etc. » 

Ce jeune homme, ancien élève de Louis-le-Grand, 
est, dit-on, cousin de l'amiral Jaurès, sénateur, qui, 
en 1870, rendit tant, de services à l'armée de la Loire. 

Même jour. — Louise Michel est rentrée hier à 
Paris avec le reste des amnistiés. Elle aurait bien 
voulu s'en aller tout de suite à Lagny, chez sa mère; 
K je veux absolument aller voir maman, » disait-elle 
gentimanL, mais il lui fallul subir une ovation dans 
"toules les règles. La gare Saint-Lazare était entourée 
d'une énorme foule de gens ayant une fleur rouge 
suit & la boulonnière, soit au corsage suivant le sexa 
de chaouii. 



13. — Il y a r[uek|ues jours 1(l huilièma chambre, 
présidée par M. Cartier, contlainnu, fi huit, jours de 
prison, M. de !a Brière, jotinialisl.e. qui avait crié:â 
bas Us crochelnurs ! quand notre commissaire de 
police, M. (.Inllon d'Eng]es(|uuville, fit Toruer la porte 
des Dominicains. 

Aujourd'hui il a condamné à huit jours (le prison 
M. Gochin pour avoir trop vivement manifeslè son 
opinion contre ce M, Cotton, qui, probable in eut, n'en 
avait pas mis assez dans ses procédés. 

M. Cotton était tout récemmeût conseiller h la Cour 
d'Alger ; il a prétéré fi sa robe rouge d"AIgftr une 
écharpe de commissaire de police h Paris. C'est très 
flatteur pour les commissaires de police pnrisiens, Il 
a remplacé notre commissaire de police, M. Leelerc. 

20- — Oh 1 qu'il a du chagrin mon commissaire de 
police I Certes les journalistes ne l'ont pas mis ces 
temps passés dans du coton. Pour panser ses plaies, 
Andrieux a retiré ses gants gris perle et lui a écrit In 
lettre suivante : 

"... L'été dernier lors de l'éboulemeul qui s'est 
produit sur le boulevard Saint-Michel, j'ai apprécii- 
le dévouement et l'activiLé dont vous avez fait preuve. 
Dans l'exécution dés décrets chez les Dominicains de 
la rue Jean-de- Beau vais, vous avez rempli vrilpe 
devoir avec la fermeté et le zi^le que j'attendais dg 
vous et je vous adresse ici le témoignage de ma t 
satisfaction. 

« Le député, préfet de poUcà 
il Andrieux. » 



W Décembre ISHO. — Hier, obsèques de M™' 
à Notre-Dame de Lorette, et inhumation i 
caveau ofi repose son mari, 11 paraît que sa foii 



— 191 — 

toute entière revient à sa sœur, M"'' Dosne, qui se 
trouve avoir trois cent mille livres de rçnte environ. 
M"« Thiers et M"'' Dosne ont hérité de leur père, 
M. Dosne, ancien receveur général fort opulent du 
département du Nord. De plus M. Thiers a recueilli 
des droits d'auteur énormes pour ses ouvrages de la 
Révolution et de l'Empire. 

21. — Hérold, sayis même consulter' Ferry, a fait 
passer un tombereau devant les écoles, pour y remiser 
les crucifix des classes; on les décrochait même de- 
vant les enfants, si bien que ceux-ci, dans leur 
naïveté enfantine, disaient : il n'y a donc plus de ban 
Dieu. ^^J<y^ *^^ 

22. — Le Sénat a blâmé la conduite de Hérold, que 
Ferry du reste a lâché. 



±88± 



4 Janvier. — La partie ouest de la rive gauche était 
hier toute agitée. Il s'agissait d'enterrer le vieux 
révolutionnaire Blanqui, mort à la Maison Blanche. 
On le conduisit en grande pompe au Père-Lachaise. 
Louise Michel fut la reine ou plutôt la présidente du 
cortège. Pour honorer les morts de 1830, on fît faire à 
sa voiture trois fois le tour de la Colonne de Juillet, 
au risque de lui donner mal au cœur, à Louise Michel, 
pas à la colonne, bien entendu. 

8. — Enfin, enfin, la vieille M"*® Foucault est morte 
à 82 ans ; je dis enfin^ car elle avait assez de la vie 
depuis la mort de son fils, Léon Foucault, le grand 
physicien. Femme d'une énergie extraordinaire, elle 
se fit,. à 80 ans, opérer de la cataracte. « Gomment, si 
vieille, lui disait-on, vouloir vous laisser faire une 
opération dangereuse !» — « Oui, répondait-elle, je 
veux voir (îlair pour surveiller et mener à bonne fin 
une édition complète des œuvres de mon fils. » 

Elle guérit el réussit à mener à bien son projet. 
Après la mort de son fils, elle avait fermé le splendide 
cabinet qu'il occupait au premier étage de Thôtel de 
la rue d'Assas, cabinet dans lequel je fus un jour reçu 
avec tant de bienveillance. 



— 193 — 

Mais, à quelque temps de là, elle apprit qu'une 
conférence de littérature et d'éloquence, composée de 
jeunes gens d'élite, n'avait point de pénates. Klle leur 
ouvrit irnn)édiatement le sanctuaire. 

Kilo eut une grande influence sur son fils (|ui, grâce 
à elle, mourut dans d(^s sentimenls très chrétiens, en 
son hôtel de la rue d'Assas. Elle s'était fait construire, 
boulevard Saint-Michel, n° 27, au coin de la rue des 
Ecoles, une superbe maison ^ Dans la cour se trouve 
une grande statue de la Vierge (fui semble bénir tous 
ceux qui viennent parler au concierge. 

31. — Chez Charpentier, rue de Grenelle, paraît la 
première partie des Discours et vlaido\jers politiques 
de Gambetta du 14 novembre 1868 au 4 septembre 
1870, publiés par Joseph Reinach. 

On y trouve, naturellement, le plaidoyer enflammé 
prononcé devant le tribunal de la Seine dans Tafllaire 
Baudin, celui, combien insinuant et combien doux, 
prononcé en appel ; arrive ensuite un discours bien 
intéressant et beaucoup moins connu, proféré le 
19 avril 1868, par Gambetta au banquet de la jeunesse 
où se trouvaient six cents jeunes gens, presque tous 
étudiants. En réponse à un toast, qui lui fut porté par 
l'organisateur, M. Lamy, plus tard député catholique 
républicain, Gambetta débita le discours le plus 
gracieux, le plus calme qu'il fit jamais de sa vie. Quel 
admirable Prêtée que cet homme ! 

«... De l'opposition, oui, dit-il, mais sans exagération 
systématique... Il ne faut pas attacfuer continuellement 
les institutions gouvernementales, sous prétexte 
qu'elles sont placées dans les mains d'un homme qui 



^ C'est dans cette maison que so trouro lo oufé Vachette. 

13 



— 184 - 

I fait un mauvais usage. Elles sei-oiit nôLres : 
jour quand nous serons le gouvememenL. o Et camnie 
tous fies étudiauLa, Lètes et cœurs chauds, semblaient 
iléconcerléa, i! leur lançait, pour les ressaisir, des 
phrases brûlantes.... « Votre génération, leur criait-il, 
est marquée pour accomplii- une mission nécessaire, 
celle d'achever la Hévolution f["au<.!ai3e... Votre géné- 
ration a la charge, sous peine de se déshonorer, de 
ne pas laisser se lever sur la France le centenaire de 
i780, sans avoir fait quelque chose pour l'avônement 
de l'Equilé. » 

Gambettaseposaildéji en homme de gouvernement, 
c'était de la théorie alors ; mais ce fut la réjilité quand, 
la 4 septembre 1870, deux ans et demi après, i] yoiilail 
empêcher l'émeute de jeter bas l'Empire, au milieu 
d'un cataclysme efl'royable. 

5 Février 188t. — Protot, l'ancien déli-guô à la 
justice pendant ta Commune, voulait se fait réinscrire 
au barreau. Le conseil de l'Ordre des avocats, donl 
Barboux est président-bâlonnier, a refusé sa demande 
parce qu'il aurait gravement manqué à la magistrature 
en usurpant les fonctions de gai'de des sceaux. La 
Cour vient de conflrmer cette décision. Bien des gens 
du monde m'ont dit : « Mais ProLot est amnistié, 
pourquoi ne pas l'admettre à plaider? n Je leur ai 
répondu: >■ L'amnistie peut bien, au point de vue 
pénitentiaire, effacer le passé ; mais elle ne peut 
empêcher le conseil de l'Ordre de refuser d'inscrire 
Protot sur le lableau des avocats ; suivant une 
expression consacrée, le conseil esl maître de son 
lableatt. 

7. — Nous avons voulu témoigner notre respec- 
tueuse amitié à notre confrère Rousse, bâloanier 



pendanL le Siège et la Commune, en allant tous au 
service mortuaire de sa mère, dont les obsèques 
eurent lieu à Saint*Louis-d'Antin. Elle était fort âgée. 
M*^ Rousse et son frère n'ont jamais voulu se marier 
pour ne pas quitter leur mère. C'est bien, et ce n'est 
pas bien ; c'est bien parce que l^ur dévouement filial 
est digne de louanges ; ce n'est pas bien parce qu'ils 
ont privé la société d'une double lignée d'honnêtes 
gens. 

La douce figure de M"*® Rousse apparaît de temps 
à autre dans les vigoureux Récits du Siège que son fils 
a publiés. 

26. — M. et M™'' Grévy ont donné un fort beau bal 
à l'Elysée. Ma femme et moi avons fait une intermi- 
nable queue en voiture avant de pouvoir entrer. On 
dit que le buffet n'est d'ordinaire pas très fameux. Ce 
jour-là, il était fort bien garni. J'y ai fait grand 
honneur, à Litre de protestation contre les méchants 
bruits. 

• 

— Au dernier Salon se trouvaient en face l'un de 
l'autre les portraits de M. et M""® Grévy, le premier 
par Donnât, le second par M'^^ Rosalie Thévenin. 

27. — Fête des quatre-vingts ans de Victor Hugo, 
né le 26 février 1802. Le dimanche 27 février une 
grande partie de la population de Paris a défilé devant 
lui pour fêter son entrée dans sa quatre-vingtième 
année. 

Hugo était à une fenêtre de son hôtel de l'avenue 
d'Eylau, n*^ 130, avec ses deux petits-enfants. La veille 
au soir il y avait eu une brillante réception chez le 
poète. Les élèves de Louis-le-Grand allèrent lui pré- 
senter leurs compliments. Un élève de philosophie 
avait été désigné pour faire un petit discours, il était 




acoompagnè de mou robuste fils Emile, personnage 
non à dédaigner an milieu des boiiacoiorles; insé- 
parables lie celte ff^le cjuasi poptikiru. Il se Lrouvii, 
par hasard, le preniii>r en trHe devanl Vîel.or Hugo ; 
il (il. vûlLe-face, empoigna rornleur désigné, le fil 
pivoler et. le planta devant Victor Hugo. I^e jeune 
orateur, quoiqu'un peu décontenancé en présence du 
poète et d'une foule de femmes en toilettes de bal. 
prononça assez bien son petit xpneck. Victor Hugo fui 
etichanté et, tendant le bras vers ces beaux et 
enthousiastes jeunes gens, il leur dit : u Vous êtn 
moi. » Le sens profond de ces paroles échappa un 
peu aux jeunes gens qui, certes, n'auraient pas voulu 
changer leurs heureux 16 ans contre les glorieux 
80 ans du gnmd-père. 

ti Mars 18RL — AprÈs avoir laïcisé les écoles et les 
hôpitaux, on va laïciser le Panthéon. Benjamin Raspail, 
le benjamin de la démocratie, a demandé qu'on res- 
tituât le Panthéon à la sépulture des grands hommes, 
L'urgence fut prononcéesur sa proposition. Benjamin 
Raspail profita de l'occasion pour prétendre qu'en 
1814 on avait enlevé du Panthéon les ossements de 
Voltaire et de Rousseau, qu'on les avait mis dans un 
sac et jetés en Seine, en face de Bercy. M»'" Freppel 
s'est élevé contre celte afQrmation et a déclaré éner- 
giquement que jamais le clergé n'avait touché aux os 
de Voitaii'e et de Rousseau '. 



1 Quelque» années, après lea cerouellB de Volcftire et de BoiuubU 
furent ouverts et chuoim put se oonToinore que Idutb corps àf- 
ohamés étaient lians leurs cercueils. L'un dee iiaHietantA cnil 
même déoouïric le sourira de Voltaire sur sa figure parcheminfc. 
Amende honorable fut rétronolivomdnt rendue itu olorgé et it la 
BestauTBtiDn. 



— 197 — 

11. — Hier, Lout au malin, les magnsins du Prin- 
temps oiiL flambé comme une meule do paille ; rien 
n'a pu ôtre sauvé ; un pompier a éLé asphyxié. 

Immtidiatemeal prévenu dès le premier jet de 
flammes, le direoLeur, M. Jaluzol, sauta en bas du liL, 
enfila son pantalon et ses mule.s, puis dans ce simple 
appareil, sans songer à s'enfuir, ii galopa courageuse- 
ment dans tous les corridors, en soufflant dans une 
corne à bouquins el en criant au feu. De .sette façon 
deux cent cinquante employés, réveillés h temps, 
purent sauver leur vie. Cet horrible incendie, qui 
.rappelle celui dea magasins de nouveautés du Grand 
Monge, rue Monge, a été cependant moins terrible, 
car au Grand Monge cinq employés périrent. 

Pendant la journée qui suivit la nuit fatale, M. Ja~ 
luzot rassembla ses employés et leur dit ; h J'ai tout 
perdu, mP.me mes vêtements, j'ai été obligé d'aller 
m'acheter h k Belle Jardinifire le parapluie que voilà ; 
je l'ai acheté moyennant vingt francs qvi'un ami m'a 
prêtés. "^Fichtre, dit-on, combien M. Jaluzotpayait-il 
donc ses parapluies avant l'incendie? On l'accable de 
plaisanteries, on va chantant : 



Mais M. Jaluzot peut dire; « Je me moque pas 
mal de vos plaisanteries, car j'ai le cœur consolé 
malgré mon malheur; je n'ai perdu aucun des miens. ■■ 
Ce que n'avait pu dire le directeur du Grand Monge, 

■que M. Jaluzot avait paternellement recueilli dans 

■son administration. 

12. — Grande affluence de monde sur le haut du 
boulevard Saint-Michel et l'avenue de l'Observatoire. 
Les obsf^ques dupompier, aspby.xiéau Printemps, onl 
eu lieu au Val-de-Grâce. Ses cimarades Tonl porté, 



— 198 — 

sur leurs épaules, de Téglise du Val-de-Grâce au 
cimetière Montparnasse, où se trouve la sépulture des 
pompiers morts au feu. 

8 Avril 1881, — M® Rousse a été reçu hier à 
l'Académie française. Il a prononcé un discours tel 
qu'on devait l'attendre d'un lettré tel que lui. Le duc 
d'Aumalo lui a répondu en parlant de son esprit et de 
son courage civique, de sa mère qui avait su Tinstruire 
et le guider, enfin, en louant son frère, courageux. 
garde national qui fut blessé pendant uner émeute. 

Il finit ainsi : « l'Académie a voulu honorer en vous 
l'art de bien dire et le courage de bien faire. » C'est 
identiquement ce que m'a dit, il y a peu de temps, mon 
voisin, un professeur à la Sorbonne, M. Garo, lequel 
ajouta ceci : « Nous avons aussi, en acceptant 
M® Rousse, voulu honorer le barreau. » 

10. — On apprend avec bien grande douleur que le 
colonel Flatiers, chef d'une expédition dans le Sahara, 
a été assassiné par les Touaregs. Cette expédition 
avait pour but d'étudier le terrain afin d'établir un 
chemin de fer destiné à relier l'Algérie au Soudan, 
i^e colonel était marié avec une personne charmante 
(|ue ma femme voit très souvent au Luxembourg, car 
elle est la mère du petit Flatiers, l'ami de mes enfants. 

Il y a uu an à peine, je me trouvais au Luxembourg 
avec le colonel, son jeune garçon et les deux miens. 
A l'heure de la rentrée en classe, je proposai au 
colonel de ramener son petit Etienne h Louis-le-Grand 
en même temps que les miens. — « Oh non ! me 
répondit -il, j'aime mieux le reconduire jusqu'à la 
porte même du lycée, afin de rester plus longtemps 
avec lui. » 

20. — Hier, service funèbre h Saint -Sulpioe pour le 



colonel Flatters. M""" Flatl.ers et Elienne. son fils 
unique, y assisLaieiit. Lo coloiiel était oflinier de la 
Légion d'honneur. Un halaillon du 124" di' ligne lui 
rendait les honneurs. 

/" Mai WHl. — On pacte beaucoup sur notre rive 
gaucho, d'une pièce d'Kdouard Pailleron, jouée pour 
la première fois, il y a six jours, au Théâtre-Français : 
Ip. Monda où l'on s'eimuic. 

C'est qu'en effet, elle contient beaucoup d'allusions 
. déplaisantes aux faits et gestes d'un homme que nous 
honorons tous dans le Quartier, qui. tout simplement, 
tout mode'stement, vit au milieu de nous, M. Caro, 
professeur de philosophie à la Sorbonne. Le pauvre 
, Monsieur est la bêle noim des hommes parcequ'il est 
la cotjuiluche des femmes. Elles vont en grand nombre 
l'écouter à son cours. Je connais une petite bourgeoise 
qui, pour aller l'entendre, met ses enfants en garde 
chez sa concierge. Les dames de la haute aristocratie 
y viennent en équipage ; ah ! c'est qu'il a si bon genre, 
qu'il parle si bien ! disent-elles. 

Dans cette pièce, que je n'ai pu encore voir, car il 
est fort difflcile d'avoir la plus petite place en ce 
moment aux Français, M. Caro serait représenté sous 
les traits d'un Vadius, dont la faconde fait raffoler 
toute la haute féminerie. 

Pour jouer le rôle de ce savant h. la mode, nommé 
Bellac, Got s'est fait une tête à la Cnro^. 



< Dana ses Sonvenin d'un demi^iiiele, t. TI, page 152, Ariène 
UouBiiBye dit) Bsoi un parlant do M. C»fo : - ... Il u rei^u un coup 
de poiguanl morliol à In repréaoïitntjan lia Mowir. ofi l'on t'ennuie... 
l'anémie l'atteignit dans aen lirna de gliuse 1 II Qo put dfitoumec 
lie «e* lèvroB U eigSe qu'on lui voraa guiemeat diavt une cumédie. 
Qui doue ne l'a pas vu BueeitOt dans la pUlenr d'une lente 
agonie. - 

ÂTB^ino HuiiBBuye va ttop loi». M. Curo n a pas pris la ohofo 



— 200 — 

10. - (Jucl(|u'ii[i (lii grand iTH^rito qui nvu /'? J/wnrf-- 
iiù l'on s'ennuie, qui a lu dans Lous les joui-aaux lei 
comptes rendus de 1» pièce me diL : ■> M. Paîlleron a 
vuuki faire unenouvelle édition des femmes savEinfes. « 
Il lui fallait un « Vadius, un Trissotin, il a jelé son 
dévolu sur M. Garo, homme de trop grande valeur pour 
servÎT ainsi de plastron. Parfois, sans douLe, M, Caro 
prête un peu à. rire par ses recherches d'élégance; 
ainsi devant son auditoire, où il sait devoir rencontrer 
beaucoup de dames, il arrive dans une teaue extra 
irri^prochable avec ses favoris tratchemeot rasés pM 
Toulouse, lo grand Figaro du boulevard Saint- Miche!, 
en gants clairs qu'il retire peu à peu aveu une gra- 
cieuse maestria; mais sa tanue ne peut guère donner 
lieu qu'à de très légères plaisanteries, et encore de la 
part de ceux qui n'en ont pas... de tenue, et qui ne 
comprennent le professeur vieux jeu qu'avec des 
ongles cernés de noir ; un auditeur de bon sens ne fait 
pas altGol.ion à ces misères. Il attend un instant, un 
tout petit inslant, et il est' bientôt sous le charme, lanl 
la parole du professeur est enlralnunte, tant sou 
élociition est extraordinaire. Pas le moindre livre, pas 
le moindre papier pour l'aider. Ah! par exemple, 
quei(]u'un pourra échapper h ce charme: c'est l'audi- 
teur fataliste, matérialiste, athée ou se se croyant tel, 
car c'est un philosophe spiritualiste que Caro. » 
C'est bien, il me semble, la ri poste que j'ai entendue- 
24. — Mes cinquante ans? Quoi, j'ai déjà un demi- 
siècle de vie ; que! pas vers l'Eternité I 

3 Juin i88J. ~ Hier matin, rue d'Assas, M. Liltré 



ai an trogiqUE. Malgrd le ooup île poifcnnul, malgré l'alisorplFiiio 
da la oiglle, iiialdTû l'âtrainle de» beau de jjlaoo de l'anéiaio, 

ridicule badin »KOi tuiiinde lu mortd'unouht.'t'confiint, e» KIId iiniiiuuï 



— 201 — 

est mort à 80 ans. Quoique libre-penseur, il n'était 
pas anti-religieux militant, ni même partisan de tous 
les bouleversements laïques de nos jours ; aussi per- 
mettait-il à sa femme d'envoyer annuellement une 
somme assez importante au curé de Notre-Dame des 
Champs, pour son école libre. 

Sa femme, sa fille, n'avaient pu sans doute en faire 
un chrétien, mais elles l'avaient à son insu pénétré de ces 
vertus si chrétiennes, Id^toUrance, la bontés la charité ! 

30. — Enterrement, à Rueil, d'un des plus illustres 
avocats du barreau, et par le talent et par le caractère, 
M. Dufaure. Il avait joué à différentes reprises un 
grand rôle dans la politique. Au Palais, du moment 
où il se chargeait d'une affaire, celle-ci avait grande 
chance d'être gagnée, tellement les juges avaient 
confiance en lui ; de plus, c'était un dialecticien remar- 
quable. 

Jamais il ne faisait siennes les affirmations de ses 
clients, il disait : w Mon client prétend ceci ; » de cette 
façon il n'était point exposé à compromettre sa per- 
sonne, sa robe et sa conscience. C'était un homme 
bon, mais d'aspect austère, au devant duquel l'estime, 
Tadmiration accouraient, mais pas la sympathie 
affectueuse. 

J'ai reçu la lettre suivante : 

« Vous êtes prié d'assister aux convoi et service de 
M. J.- Armand Stanislas Dufaure, de l'Académie Fran- 
çaise, sénateur, ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats, 

« Décédé en sa maison, 18, rue de Suresnes à Rueil 
(Seine-et-Oise), le 27 juin 1881, dans sa 83" année, 
muni des sacrements de l'Eglise, 

« Qui se feront à l'église de Rueil, sa paroisse, le 
jeudi 30 juin, à onze heures très précises. 



— 202 — 

« On se réunira à la maison mortuaire. 

« De profundis ! 

« De la part de Monsieur Gabriel Dufaure, de 
Monsieur Amédée Dufaure, ses fils, de Monsieur 
Edouard de Monicault, son gendre ; de Monsieur 
Charles Dufaure, de Messieurs Alexis, Pierre et 
Gaston de Monicault, ses petits fils, du vice-amiral 
baron Roussin, son neveu. 

« Départ de Paris, gare Saint-Lazare, 10 h. 35. Kin- 
humation aura lieu cà Grezac (Charente-Inférieure). » 

A remarquer les mots décédé en sa maison^ on voit 
bien que la famille n'est pas une famille de poseurs, com- 
bien d'autres auraient mis en son château ou en son hôtel. 

i"""^ Juillet 1881. — Apparition, vers le nord-ouest, 
d'une gracieuse comète, toute mignonne, n'ayant 
qu'une queue de six mètres. Le peuple dit que c'est 
une étoile à queue. 

Des savants ont fait avec le spectroscope des expé- 
riences (^ui ont révélé dans le spectre de la comète, 
des bandes semblables, comme couleur, à la flamme 
bleue de Talcool. On doit se payer du punch là-haut ! 

14. — Hue d'Arras, j'assiste à la messe de M. 
Loyson Hyacinlhe, qui m'avait envoyé une invitation ^ 



< Eglise Catholique Gallicane 

3, rue d'Arras, 

Près du Collège de France et de 

l'Ecole polytechnique. 

(Secteur M' Hyacinthe Loyson). 

Paris, le 7 juiUet 1881. 
PAte Nationale M. 

Le rectonr de l'Eglise catholique gallicane, 

Le clergé 

Et le Conseil paroissial 

Ont l'honneur de vous inviter à assister à la messe solennelle 



— 203 — 

je ne sais pourquoi, cpmme voisin probablement; 
c/esl lamentable de voir oe prêtre déchu se permettre 
(roffrir le sacrifice de la messe. 

Toujours éloquent cependant, le malheureux. Pen- 
dant le sermon son charmant petit garçon a demandé 
à sa maman la permission d'aller faire pipi. 

La susdite maman est si gracieuse que certaines 
personnes excusent quelque peu le Père Loyson 
d'avoir voulu cesser d'être Père pour devenir papa, 

16. — Le préfet de police, M. Andrieux, ne voulant 
pas être le domestique du Conseil municipal, qui joue 
à la Commune, donne sa démission; à qui le tablier? 

17. — Notre ancien confrère Camescasse, fils du 
conseiller à la Cour de cassation, bel homme, bon 
enfant, prend le tablier. On le cueille dans le vieux 
clan des avocats libéraux qui puUullaient sous le 
second Empire. 

A/aiit, au 24 Mai, donné sa démission de préfet, il 
se remit avocat ; dame, les affaires envoyées n'étaient 
pas bien grosses ; il était un jour à la bibliothèque 
avec un maigre dossier à côté d'un autre revenant qui 
avait une affaire aussi maigriotte. Camescasse en 
prenait bravement son parti, mais l'autre, non. Ce 
dernier dit d'une voix dolente : « Voilà les dossiers 
([u'on donne à des hommes tels que nous ! » Pierre 



([iii sera chantéo en l'église de la rue d'Arras, n** 3, le jour de la 
Fête Nationale, jeudi 14, h 10 heures précises du matin. 

L'Kglime catholique gallicane no sépare point la Foi religieuse 
do l'amour do la Patrie. Elle serait hourouse, Monsieur, de 
pouvoir rt'adresHor dans cette circonstance h. votre patriotisme. 

Veuillez agréer l'assurance de mes sentiments dévoués. 

Le Recteur, 

Hyacinthe Loyson. 



Même jour. — Sous le SBComI Empire, les éLudîauU 
étaieiiL enragtia contre M. Giraud, professeur de droit 
romain. Ils le soupçonnaienl d'avoir récJamé une 
punition sévère contre les camarades qui étaienl allés, 
au fiongri's de IJège, exposer des théories révolution- 
naires sans tiueues ni têtes- C'était bien injuste ; car 
M. Giraud élait le meilleur homme du monde : son 
esprit au contraire était porté à une trop grande indul- 
gence. Mais aujourd'hui las étudiauls sont bien 
changés à son égard. Ils reconnaissent les torts de 
leurs devanciers. Comme le brave homme vient de 
mourir à l'Ecole de droit et qu'on l'enterre à Saint- 
Etienne-du-Mont, les jeunes, gens, trouvaiil, ijue le 
trajet était trop courL de l'Ecole àSiiint-Etienne, ont 
demandé à ce qu'on nccordflt à leur professeur l'hon- 
neur du Panthéon won abintus mais exlrinaeciis. Leur 
requête a été accordée. Le corbillard et les députations 
feront le tour du Pnnthéon. 

19. — 11 fait tellement chaud qu'il est presque 
impossible de manger de la viande et du poisson. Les 
denrées sont arrivées en un tel état h la Halle qu'on 
fut obligé de les jeter presque toutes. Les coiamis- 
sionnairea n'ont pas établi de cours. De gros messieurs 
tombent sur les trottoirs, frappés d'insolation. Les 
maigres résistent mieux. 

Marie Laurent, jnuani dans Michel Strogn/f, fut 
obligée de s'arrêter pendant un certain temps, car 
elle était indisposée par la chaleur. L'action cepen- 
dant... se passe en Russie. 

25. ~ M. Delaunay, curé de Saint-Etieuiie-tlu-Monl, 
estmort ; il a laissé ù. la Bibhothf'que SainI e-Genovii)ve 



— 205 — 

sa précieuse collection de presque toutes les éditions 
de V Imitation de Jésus-Christ, qu'il passa toute sa vie 
à rechercher. Un jour il me fit les honneurs de la 
fameuse bibliothèque. Les plus anciennes éditions, 
on ne peut plus curieuses, me causèrent une profonde 
impression de respect. 

3 Août iS8l, — Effet de la grande chaleur : un des 
lions du Jardin des Plantes est devenu enragé ; on 
rabattit de deux coups de feu, h travers les barreaux 
de sa cage. 

— A la distribution des prix du grand concours, le 
ministre de Tlnstruction publique, Jules Ferry, 
annonça que l'antique asile de la Sorbonne allait être 
reconstruit. Voilà vingt ans que cette nouvelle est 
annoncée. La première pierre a même été, avec 
grande cérémonie, posée, pendant le second Empire, 
par un grand Manitou du temps. Un chantier occupe 
l'emplacement de la future salle de distribution ; pen- 
dant bien longtemps encore, je le crains, quarante 
scies, environ, nous feront entendre leur émouvante 
musi([ue ! 

* 
14. — Paris est agité ; dans quelques jours de nou- 
velles élections de députés auront lieu. Celui de Belle- 
ville, Gambetta, se représente dans le XX^. Il est allé 
à Belleville où il a prononcé un grand discours, assez 
bien écouté. 11 ira en prononcer un autre dans ce 
même XX*\ mais à Gharonne ; ce qui sera moins 
commode. 

17. — Seconde réunion électorale dans le XX*", à 
Gharonne, rue Saint-Biaise, pardon: rue Biaise. Gam- 
betta y a été fort mal accueilli ; on criait : « A bas le 



— 206 — 

dictateur ! Galliffet ! Galliffet ! * » Des coups de sifflet 
retentirent ; très crâne Gambetta dit : « Ceux qui me 
sifflent sont des lâches; je suis ici pour expliquer 
mon programme et vous me refusez la liberté de la 
tribune. » 

« GallifTet ! Galliffet ! Dictateur, dictateur ! Passera 
pas, passera pas ! » 

« — Vous accusez Thomme qui est ici d'être un 
dictateur, reprit Gambetta, vous^ vous êtes des esclaves 
ivres ^ indignes de la liberté. Je n'ai qu'un mot à 
ajouter, c'est que le scrutin du 21 août me vengera de 
cette infamie ; je vous connais, je vous ai étudiés, et 
je saurai vous trouver jusqu'au fond de vos repaires. » 

Véritablement très brave, Gambetta sortit après 
avoir lancé ces rudes mots de défi. En s'en allant il 
les entendit hurler la Carmagnole et chanter sur l'air 
du Beau Nicolas : 

Passera pas 
Gambetta ! 
Ah! ah! ah! 

Eh bien, mon i)auvre Léon, tu l'as, cette fois, 
vraiment entendu rugir le lion populaire, ce fauve 
insatiable de proie, prêt à dévorer ta chair opulente 
et celle de bien (Vautres. 

18. — Dans la salle des Pas-Perdus, on se met en 
rond et ou commente cette phrase de Gambetta: 
« Vous êtes des esclaves ivres, j'irai vous chercher 
jusque dans vos lanières. » — « Dans les tanières de 
Charonne, dit-on, peuplées de chacals socialistes, de 
radicaux anti-opporlunistes, ce n'est pas commode et 
facile de pénétrer. » 



• Gambetta était allé à. la cérémonie civil© et religieuse du 
mariage de M"e de Galliftet. 



19. — Il ne ferait pas bon à Ganibetta de revenir à 
Charonne. Ce mot de repaire qu'il a laissé tomlier 
avec une fuïia francesc méridionale^ a eu le don 
d'exaspérer toute la rue Biaise et le pays circonvoisin. 

23. — Gambetta a conservé son fief électoral. 11 est 
élu dans les deux circonscriptions du XX*", aussi bien 
à Charonne qu'à Belleville. C'est un beau succès. 

20. — Non. Dans la circonscription de Charonne 
Gambetta n'est pas élu, quoiqu'il ait rassemble le plus 
de voix sur son nom. Il lai en manque 54 pour avoi? 
la majorité absolue, mais dans ce fait il n'y a aucune 
importance, car Gambetta a déjà opté pour la circons- 
cription de Belleville. 

4 Septembre 1881. — Le gros œuvre du nouvel 
Hôtel de Ville est terminé. Les dernières ardoises du 
toit viennent d'être posées ; c'est, dit-on^ un artiste 
italien, le Boccadore, qui avait élevé l'ancien, en rap- 
pelant légèrement la forme d'un navire. Les grandes 
lignes ont été respectées. 

10 Octobre 1884, — Hier dimanche, neuf octobre 
1881, à la mairie du VIII»^ fut affichée la publication de 
mariage entre M. Daniel Wilson, député d'Indre-et- 
Loire, sous-secrétaire d'Etat aux finances, fils majeur 
de Daniel Wilson et d'Henriette Cazenove; décédés, 

Et demoiselle Alice Grévy, sans profession, demeu- 
rant chez ses père et mère au palais de l'Elysée, fille 
majeure de François-Jules-Paul Grévy, président de 
la République Française, et de Marie-Louise-Eudoxie- 
CoraHe Fraisse, son épouse. 

21. - Décidément on ne peut, dans le parti de la 



— 208 — 

Conimiinp, pnrdonnor ii Qamluîilii snn mol de rrpaiiv. 
M"" Louise Michel, changeant de logement, fail 
annoncer dans le journal Ni Dieu, ni maître qiiesfm 
nouveau repaire est 117, bnulovartl Oriiimo, à Mont- 
martre ; oh ! Louise, que vous i^tos iinprutleiile : el si 
Gambelta allait vous y relancer pour tnul de bon! 
C'est un enjôleur! Prenez garde. 

22. — Le mariage de M'" (irévy eut lieu hier il 
l'Elysée aussi bien pour la cérémonie civile que pour 
la cérémonie religieuse, M. Wilson étant protestant, 
M. Lerebours, curé de la Madeleine, n prononcé 
l'union des époux en dehors de la chapelle de TBlysée; 
mais une messe y fut dite ensuite. 

M"" Pelouze, la sœur de M. Wilson, possédant le 
château de Chenonceaux, les jeunes époux y sont 
partispourpasseraristocrutitiuementleurlunede miel. 

i" Novembre 1881. — Les étudiants ont profité de 
la Toussnlcit pour faire un monôme de proteatatiûii 
contre l'expédition de Tunisie, ai funeste L tant 
de jeunes gens. Ils avaient tous une lanti;rne jaune 
au bout d'une canne. Chassés du boulevard Saint- 
Michel, ils sont allés surlePont-Neuf protester devant 
la statue de Henri IV. Ils ont plusieurs fois fail le 
tour du bon roi, comme pour en avoir Tapprobntion. 
Mais it n'a rien dit, ne «e connaissant nullement aus 
questions coloniales. 

3. — Il y eul, h la rentrée de l'Ecole polytechnique, 
commandée par le général Gallimardj un chnmbardf- 
meiil corsé ; ce fut à l'occasion de la réception des 
nouveaux ou conscrits. Le général voulut aérieusemeal 
empêcher les brimades. Mais cette défense n'allnil pas 
à MM. les anciens, aussi passèrent-ils leur mauvaise 



- 209 - 

humeur sur les carreaux des immenses salles de 
billards, installées dans un vieux cloître ou corridor 
de Tanoien Collège de Navarre. Puis les lits, les tables 
de nuit, les planches à dessins furent jetés par les 
fenêtres. Mais ce qui est beaucoup plus grave, c'est 
que les vilains polissons descendirent en cour et 
réclamèrent la hure de Gallimard. Le général, qui n'a 
nullement la prétention de descendre du fameux 
sanglier des Ardennes, s'est fâché tout rouge. Une 
quinzaine de rebelles ont été envoyés, en cellule, à la 
prison du Cherche-Midi. 

7. — M. Brisson a été nommé président de la 
Chambre. Il a présidé pour la première fois on redin- 
gote, le vendredi 4 novembre. Quel scandale pour les 
petits esprits! Le lendemain, afin de ne pas les réduire 
au désespoir, même à la folie, il a présidé en habit, 
suivant l'usage. 

9. — A propos de la Tunisie, quelqu'un, bien au 
courant de ce qui s'y passe, me disait: « On envoie 
les soldats malades, dans des hôpitaux sur la côte du 
Var. Les infortunés y tombent en pourriture. » Il y a 
quelque temps on riait de cette expédition de la 
Tunisie ; mais aujourd'hui on pleure. Ferry a pré- 
tendu que l'expédition était nécessaire parce que des 
indigènes de la Tunisie, très belliqueux et très 
audacieux, les Kroumirs, faisaient des incursions 
sur le sol algérien. Or nos soldats n'en ont pas vu un 
seul. Pas le plus petit Kroumir n'a pu être envoyé en 
France. Dans toutes les rues les étudiants crient à 
tue-tête : « Où sont les Kroumirs ? » Les camelots 
vendent des cartes, oii après beaucoup de recherches, 
on finit par découvrir un embryon de Kroumir. Ils 
hurlent partout : « Cherchez le Kroumir, » comme 

14 



autrefois, en veridanL des cnrles bizarres, ils criaient: 
a Cherchez le chat ! « 

Peiil-être Ferry fait-il cette guerre pour empêcher 
les Italiens rJe prendre la Tunisie, ce qui pourrait être 
la perte de l'Algérie ; c'est possible, mais en attenijant 
nos plus beaux soldats succombent. 

iO. — La guerre de Tunisie a été funeste au mi- 

niaUh-e Ferry; il est tombé; nous allons avoir le 

ministère Gambetia, qu'on appelle déjà le graud 
ministère. 



i4, — Gambetta a constitué son ministère ; il a pris 
Waldeck- Rousseau ft l'Intérieur et Paul Bert à l'Infr- 
IrucLion publique. La politique de Ferry va so 
continuer en matière d'instruction; Perry disparaît, 
un autre Ferry lui succède. 

i6 Décembre 1S81, — Rien de plus dangereux que 
la descente de la rue deTnuruon, à cause tie sa pente 
excessive, surtout devant le palais du Luxembourg. 
En descendant trop rapidement, l'omnibus Odéon- 
Clichy a buté contre un trottoir et a fait sauter sur la 
chaussée deux voyageurs de l'impériale. L'un d'eux. 
M. Ratisbonne, attaché à la bibliothèque du Sénat, a 
été fort blessé à la tète. Il faut espérer que ce ne sera 
rien et que M. Ratisbonne, guéri, pourra «.jouter de 
nouvelles fables à celles si gracieuses de sa ComédU 
enfantine. Ma premif're flUette, en les apprenant par 
cœur, me les a appiises ; quand je la voyais à côté do 
son arrière-grand" mère maternelle âgée do 96 ans, ces 
vers ravissants me revenaient à l'eaprit ; 



GrBnd'm^c, qui v 



— 211 — 

Pourquoi tenir si bas, si courbé votre front ? 

— C'est pour mieux voir la terre où mes os blanchiront 1. 

30. — M. Ratisbonne ne mourra pas de sa chute 
sur la tête. C'eût été très triste de voir mourir, à cin- 
quante-trois ans, un homme de cette valeur^. 



1 Hetzel, éditeur. 

2 M. Ratisbonne est mort en 1900. C'était le neveu du fameux 
isra élite Alphonse de Ratisbonne dont la conversion fit tant de 
bruit en 1842. 



±882 



4 Janvier, — Mort de M. Hérold, préfet de la Seine, 
décédé avant-hier. 
Voici la lettre de faire-part que je reçois : 

M 

Vous êtes prié d'assister au Convoi et Enterrement 
de 

Monsieur Ferdinand Hérold, 

Ancien sénateur y Préfet de la Seine ^ 

Officier de la Légion d'honneur^ 

Ancien avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de 

cassation^ 
Ancien secrétaire du Gouvernement de la 
Défense nationale, 
Ancien secrétaire général du Ministère de la justice^ 
Ancien ministi^e de V Intérieur par intérim, 
Ancien conseiller d'Etat. 
Ancien conseiller municipal de Paris ^ 

Décédé aux Tuileries, le l*'*' janvier 1882, à l'âge de 
53 ans ; 

Qui se feront le Mercredi 4 Janvier i88Q, à i heure 
très précise. 

On se réunira au Pavillon de Flore, 

De la part de Madame Ferdinand Hérold, sa veuve; 



— 213 — 

de Messieurs Ferdinand el Alphonse Hérold, de 
Mademoiselle Gabrielle Hérold, de Monsieur et 
Madame Clamageran, de Madame Pesoheloche, 

Ses fils, mie, beau-frère, sœur si bel!e-mère. 

L'inhumation aura Heu au Cimtitiire du Père- 
Lachaise. 

Comme ces obsèques étaient civiles, je ne suis pas 
allé au pavillon de Flore; je me suis contenté de me 
poster place du Palais-Royal pour voir défiler le 
cortège. J'étais fort attristé et ne disais rien, mais 
beaucoup de personnes & côLé de moi se scandalisaient, 
des obsèques civiles d'un préfet de la Seine, mort aux 
Tuileries, comme sa famille avait eu soin de le faire 
remarquer dans la lettre de faire-part. 

Son beau-frère Clamageran est protestanl, mais ce 
n'est pas lui qui dut conseiller les obsèques civiles; 
les protestants tiennent en efl'el autant que les catho- 
liques aus obsèques religieuses. 



13. — Sur le versant de la montagne Sainte- 
Geneviève, près du Jardin des Plantes, on a trouvé 
un magnifîquesarcophage de pifltre, gallo-romain, dans 
lequel apparut un squelette tout entier. 

30. — Mort, à. 67 ans, rue de Lille, de mon bien 

cher confrère Nogent Saint-Laurens, que je connus 
dès ma première jeunesse et qui s'habillait auprès de 
gioi, au même vestiaire. Combien de conversations 
charmantes avec lui, combien d'affectueuses poignées 
de mains. En 1847, je l'avais entendu à Péronne 
quand il était venu défendre le docteur Conneau. Ce 
deniier était en effet cité devant le tribunal de 
Péronne pour avoir favorisé la fuite du prince Napo- 
léon, enfermé au château de Ham. Ham dépend du 



- 214 - 



tribunal de Péronne. Que NogentôLait heureux quand 
Je lui rappelais ce souvenir. 

Il avait eu d'étoannoLs succès en Cour d'assises, 
mais pendaoL ses dix dernières années il n'élail plus 
quo l'ombre de lui-même. Enfant du Midi, né dans le 
chaud pays d'Oi-ange, il souffrail, conliiiuellemenl de 
lu lempéralure de Paris. 

Il fut toujours ami de Napoléon III. Ses relations 
avec lui dataient de loin, car en 1840, il défendwl 
déjà le colonel Laborde, impliqué dans l'affaire da 
Boulogne. 

Il avait tait son droit k Aix et yavail, je crois, com- 
mencé son stage d'avocat, mais dès 1838, il était déji 
au barreau de Paris. 



31. — Les obsèques deNogent Sainl-Lauren-s, pro- 
teslant, eurent lieu au temple de l'OraLoire. Aucun 
discours ne fui prononcé, car on emporta son cercueil 
à. Versailles. Or U n'est pas dans les habitudes des 
bâtonniers de prononcer un discours lorsque l'avocal 
défunt n'est pas enterré dans un cimetière de Paris. 

1" Février 1882. — M. Ferry revient aux airaires 
après la chute du grand ministère, toujours comme 
ministre de l'Instruction publique. FVeyoinet est chef 
du Conseil des ministres. 



3. — Paris (tout partie ulièrempnf la rive gauche). 
apprit avec stupeur l'arrestation, rue d'Anlin, 9, da 
M. Bontonx, directeur de « l'Union Générale, • 
autrement dite la Timbale b. cause des fameuses 
timbales trulîées de M"" Bontous, marchandé de 
comestibles, rue de l'Echelle. La faillite fut déclarée 
samedi. Le président du conseil d'admislralnn. 
M. Feder, fut également mis en étal d'arrestation. 



— 215 — 

Ja ne connais nulIemeoL les causûs de ces mesures 
rigoureuses. Mais on dit généralement que !a Timbale 
faisait grand peur aux mitisons_ de banque juives 
parce qu'elle avail, pour olienLa, tous les gens de la 
haute noblasse dans le faubourg SflinL-Gerniain, el. 
que Jules Perry s'éLait allié avec elles pour faire tomber 
cette banque nouvelle, où ae trouvaient beaucoup de 
ses adversaires politiques; on ajoute qu'on a profité 
de quelques légères irrégularités, peut-être de quel- 
ques cessations très provisoires de paiement pour 
emprisonner M. Bontoux, homme prodigieusement 
intelligent, afin d'arrêter ainsi la marche de la Société. 

4. — Beaucoup de vieilles familles avaient mis leurs 
fonds dans « l'Union Générale ; >i aussi le faubourg 
Saint-Germain va-t-il se trouver presque ruiné par sa 
déconfiture. 

M de la Panouse a tout perdu, il avait épousé la 
fameuse cantatrice, M'"'Heilbronn. Voilà cette pauvre 
Marie Heilbronn victime du krach, et obligée, 1res 
probablement, de se remettre au théâtre. 

6. — Sans se prononcer catégoriquemenL sur les 
agissements dont on a usé vis-à-vis de « l'Union 
Générale, a le Temps, dans son article de la Semaine 
financière, fait comprendre qu'il ne peut guère les 
approuver .. Si « l'Union Générale « avait pu, dit-il, 
faire des appels de fonds, émettre ses actions nouvelles, 
la liquidation se fut répartie sur un certain nombre de 
mois, laissant à chacun le temps d'aviser et évitant 
cette brusque surprise ' qui ressemble à un êlran- 
Qlement. 



— 216 — 

7. — Aujourd'hui Lachaud euL comme uo malaise, 
comme une faiblesse, â la Cour d'assises où il s'éLail 
traîné pour ne paa abandonner son client. Le bniJI 
s'en répandit dans le Palais, et beaucoup d'avocsls 
s'empressèrent d'aller h. la salle des assises. Ils vîreal, 
en effet, I^achaud presque sans souffle, le regard 
angoissé. M- Bérard des Glajeux qui pi-ésidait, lui 
demanda s'il voulait se reposer; il s'y refusa '. 

9. — Le bruit a couru (]ue tous les fonds, recueillis 
pour l'œuvre de construction du Sacré-Cceur, étaient 
perdus parce qu'ils avaient été déposés dans les 
caisses de « l'Union Générale. » C'était une véritable 
désolation qui étreignait le cœur de tous les catho- 
liques; heureusement non; le secrétaire du vœu 
national, M. Rohault de Fleury, dément ce bruit. 

13. - Aujourd'hui, M" Tran-Hark, annamite, a 
prêté serment d'avocat devant la première chambre. 
La robe noire recouvraiL sa robe asiatique. 11 repoussa 
avec horreur la toque et voulut, mais en vain, 
conserver son turban. Il fallut donc à toute force le 
laisser sur la banquette. M° Trau avait roulé sa 
mèche et s'en était fait un nid d'oiseau, sur le haut 
de la tôte, comme faisaient nos grandB'mères, du 
temps de la Restauration. 

18. — Dans son roman de Put- Bouille , eu cours de 
publication, Zola avait pris le nom de Duverdy, mon 
confrère, pour en afTubler un de ses personnages. 
Duverdy réclama, mais en vain, la suppression de ce 



Pluu, ûiliteur. 



deraiiMo plniilairio de Laohmia, voir len Saueenirt 
l ri'«sï(«ctr, |»ii' M. le conBeillor Uériird dos ata^jeui. 



nom. Le tribunal vîenL, par Jugemeol, de l'interdire k 
Zola. 

19. — Deu.x exLecneH de l'hôpiLal Cochin, faubourg 
RainL-Juci|ues, MM. Liissigue et BataiUard, viennent 
de se distinguer par un uclmirable dévouement. Un 
pauvre diable, dont la jambe avait été écrasée par le 
tramway Bastille - Montparnasse , fut transporté à 
Cocbin. Il avait perdu tant de sang, que la iport était 
inévitable ; pour l'éviter, l'opération de ia transfusion 
du sang était indispensable. L'un après l'autre ils 
donnèrent la quantité de sang nénessaire, ce qui pen- 
dant un certain temps affaiblira grandement leur 
santé. 

, 29 Mars 1882. — Les braves jeunes gens, qui ont 
sauvé un malade de Thospitie Cochin, en fournissant 
de leur sang, sont tous deux nommés membres 
d'honneur de la Société française de Sauvetage. Ce 
genre original de sauvetage n'a certainement pas été 
prévu dans les statuts. 

I. — On a découvert, dans les fouillis d'une maison, 
, rue du Val-de-Gràce, une plaque de marbre 
blanc qui a dû, pendant longtemps, être attachée ii 
l'angle de celte maison. Le roi Louis XV y défendait 
de bâtir plus loin. La défense s'étendait jusqu'au plus 
prochain village. Le roi voyait que Paris prenait trop 
d'importance et redoutait son influence sur les des- 
tinées de la France. Quand je dis le roi, j'entends 
pai- là le prudent cardinal Fleury, premier ministre, 
un vieux sage, avisé. 

15 Avril 1882. ~ La Foire au pain d'épict's est 
superbe cette annéf. Les baraques des athlètes al.tireiit 



— 218 — 

surtout beaucoup de monde. Au devant de Tune 
d'elles se trouve une enseigne curieuse où l'on voit 
un Gambetta, en costume de lutteur, c'est-à-dire en 
un maillot cossu, qui fait valoir ses formes puissantes; 
à côté de lui une cuisinière (allusion à son cuisinier 
Trompette) joue de la trompette. Légende : Le tom- 
beur du Midi, Monsieur Léon, lutte à outrance. 

• 

21. — On a récemment découvert, au Panthéon, la 
peinture de Jean-Paul Laurens : « Sainte Geneviève 
bénissant, sur son lit de morty le peuple de Paris, » 
Oh ! il est bien bizarre ce peuple de Paris ; il y a 
notamment deux filles toutes nues, Tune avec un gros 
ventre, et l'autre avec des seins énormes. Leur 
attitude montre qu'elles auraient bien besoin de la 
bénédiction de la sainte, mais elles n'ont pas l'air de 
s'en soucier. Elles ne regardent même pas sainte 
Geneviève. L'ensemble de l'œuvre ne produit pas 
autant d'effet ([ue celle de Puvis de Ghavanues ; c'est 
trop tableau ; la peinture n'a pas du tout l'air d'une 
fi"os([ue décorative. 

22. — Depuis quelque temps un débit de vins a été 
ouvert au n" 61 du boulevard Saint-Michel, non loin 
de la rue Soufflet. Les étudiants le regardent d'un 
mauvais œil, car ils prétendent que c'est un nid de 
souteneurs qui débauchent leurs femmes, mesdames 
les étudiantes! ! Ghez lesdites étudiantes, trois jeunes 
gens viennent, en effet, de recevoir de rudes torgnoles 
de la main de ces vilains drôles, qui, cachés, surgirent 
tout à coup et fort mal à propos ; oh ! tout-à-fait mal 
à propos pour les Céladons 

Je connais Fun de ces jeunes hommes, qui avait 
sans doute eu le tort d'aller chez vuje sirène mal- 
faisante, mais qui, malgré ce tort, ne méritait pas 



- 219 — 

cependant d'être battu aussi affreusement. Hier soir, 
au sortir de Bullier, les étudiants, furieux, se sont 
groupés devant le débit incriminé, oCi ils entrèrent en 
saccageant tout. Ils allèrent ensuite à la préfecture 
de police pour se plaindre à M. Camescasse. Mais, 
comme à ce moment M. Camescasse dormait, on 
croisa sur eux la baïonnette. 

24. — Le général Billot, successeur du général 
Farre, au ministère de la guerse, va, croit-on, rétablir 
les tambours. Sans tambours, que sont tristes nos 
retraites au Luxembourg ! Le clairon ne remplace 
pas du tout le tambour ; il n'excite point ; il ne remue 
pas les cœurs, il n'a pas d^âme comme lui. Le mot est 
de M. Albert Perion, qui vient de faire paraître une 
brochure pour exalter le tambour. Allons, général 
Billol, un bon mouvement pour le tambour 1 Réta- 
blissez-le, on vous donnera une bonne aubade 

28. — Réception à l'Académie française de M. Pas- 
teur, successeur de Littré. 
Je note cette phrase du discours de M. Pasteur : 

On s'est payé de fausses apparences^ en prétendant 
faire de M. Littré un athée résolu et tranquille. Les 
croi/ances religieuses des autres ne lui étaient pas 
indiff'érentes. « Je me suis trop rendu compte, disait-il, 
des souffrances et des difficultés de la vie humaine, 
pour vouloir ôter, à qui que ce soit, des convictions qui 
le soutiennent dans les diverses épreuves de cette vie. » 

i/i Mai 1 882. — On a volé dans la chapelle de 
Sainle-Oeneviève, éghse de Saint-Etienne-du-Mont, 
la plupart des ex-voto qui s'y trouvaient. 

17. — Les lunettes ont fait de bonnes affaires 




aujourd'hui, ohaoïin regardait les phases diverses dsi 
l'éclipsé de soleil que la lune a caché en grande 
partie. Les grosses lunettes du Pont-Neuf, de la place 
Vendôme, de la ButU Montmartre, mais surtout celle 
de l'Observatoire étaient entourées d'amateurs. Pen- 
dant oe temps, ces messieurs de l'Observatoire notaient 
avec grand soin les diflérentes évolutions de 
l'écîipse. 

18. — Les ex-voto, voies i Saint-Ktienne, dans la 
chapelle Sainte-Geneviève, aont revenus d'eux-mêmes 
k l'église. 

19. — Les ex-voto, volés à Saint-Etienne-du-Mont, 
viennent d'êLre renvoyés, dans un vieux sac, à un com- 
missaire de police de Paris; ce doit être un Parisien, 
né natif de Paria, qui a fait le coup ; le remords le prit 
probablement. 11 s'est dit: voler le bon Dieu, passe 
encore ! mais voler sainte Geneviève, voilà qui est 

' bien grave ! 

'Z~. — Hier vendredi, la garde de Paris jouait au 
Luxembourg ; comme toujours, foule énorme et de 
bourgeois et d'étudiants. Ces derniers tout à coup 
aperçoivent vin souteneur avec trois femmes. Trois 
femmes I oh les affreux accapareurs que ces sou- 
teneurs ! On court sur lui ; il se sauve ; on le rattrape 
et on le jette dans le grand bassin, qui, heureusement, 
n'est pas un abîme. Il s'en retire très vexé, quoiqu'il 
fût dans son élément naturel. 

La musique terminée, les étudiants se répandent 
en criant sur le boulevard Saint-Miche! ; on en arrête 
un que l'on conduit châz le commissaire de police de 
la rue Crébilton, au coin de la rue de Condé ; j'élaîs & 



— 221 — 

baguenauder de ce cOLé ', je vola une masee de jeunes 
gens derrière le prisonnier, que les gardiens de la 
paLv conduisaient au commissariat. Ses camarades le 
réclament, le commissaire s'y refuse'; sur co les 
étudiants vont diner, car il ne faut pas faire attendre 
les gargottiers, et ensuite recommencent leur tapage 
sur le boulevard. Ils s'y groupent pour aller faire leur 
réclamation à la préfecture de police, f-.es agents leur 
oarrent le passage. Les étudiants se chamaillent avec 
eux et crient de plus en plus. Knfin, & minuit, chacun 
va faire dodo. 



28. — Une espèce de folie s'est emparée des 
étudiants ; hier samedi, dans l'après-midi, ils sont 
partis en guerre et sont allés au Luxembourg pour 
expulser les souteneurs? Certams individus s'enfuirent. 
Etaient-ce bien des souteneurs? Dans la soirée le 
jardin fut fermé, mais au sortir de BuUier, nos grands 
gamins descendirent le boulevard Saint-Michel en 
criant : « A bas Camescasse, h. bas Gamescasse-Tète. » 
Près la rue Gujas des sergents de vilJe en troupe 
voulurent les empêcher de passer, les jeunes gens 
refusèrent de s'arrêter. Ce fut une horrible môlée. 
Beaucoup d'étudiants furent blessés ; un de mes 



goat hiou relBTé, niiiis j'ai tmi- 

, ..rame j'uTais, du reite, fortement 

\ 00 ma petite Tille de PéroBne. Met SauvenirB tt 

..-r. '.'un Bovrgtnii dti Qvnriier laiin ont été comparés, 

dniiH lui compte rendu, Ifigèrement vinaigré, a des bouquet* 
bigarréi d'obaerBalïomi et de réflexions mir la aie poliliqae et tes 
niw lie Pari* ; je u'ai pu échapper ftnien impressionB dejennoiso. 

ta BibtiothiJiiie dt mon oncle, Tapffer s'exprime ainsi : J'ai connu 
dea gens élevés anr le seuil de In boutique de lonr p6re, ila avaient 
retenu, de ce genre do vie, oertninea eonnalBBanees pratiques des 
hommes, certain penehant musnrd, le goût des rues... >■ 



jeunes voisins du n" 4, rue de la Sorboniie, a ulé 
fortement contusionné. 

Les sergents rie ville éUient tellement animés, que 
les otûoiers depnix furent, obligés rie les relenii-'. 

20. — Hier dimanche soir, les sergents de ville 
étaient remplacés par des gardes municipaux, toujours 
beaucoup plus calmes que les agents, bons .papas, 
bons maris, dressés h la douceur par leurs femmes. 

3 Juin i8S2. — Enfin, le calme est revenu; ft la 
dernière musique du Luxembourg, par esprit de 
solidarité, une Iroupe de souteneurs chics, connus 
sur les grands boulevards, est venue provoquer les 
éturiiants. Ceux-ci n'ont pas réponriii, mais les solriuls 
de poste du Palais ont chassé les intrus. 

3. — La onzième chambre a jugé aujourd'hui les 
étudiants qui ont fait du bruit sur le boulevard Saint- 
Michel le 2G mai. Le tribunal a déclaré que les 
étudiants n'avaient pas sans doute insulté les agents, 
mais qu'ils avaient eu tort rie ne pas obéir à leurs 
injonclionH. Thémis, de son goupillon maternel, envoie 



' Avec non esHu^ration orcîJnBÛ'e, Rocheforli pnrlo ainsi de la 
(iHoroUB deii iiergents do ïilie et dea éludiante... u Le préfet de 
police uvult laii sabrer le« étudiante, dont le orime était d'avoir 
teaté d'expuleei' de leurs eaï^ et de leurs bala Isa soiiteneun, 
qui lea tranEfannaieut en tiaaommoirg. Dons leur Ignonuioe des 
deBseiuB de lu Préfeotore, les élèves des écoles avuleot pensé i|ue 
lea sergents de ville lee uidemient diuia cette épuration. Mois la 
plupart des Aiphriuses des quartiers excentriques, étant rvttadiis 
fi 1» botte, à liiquelle ils upportent des renseignonionta sur lea 
maliaiteurH qu'on recherche, les agents dos brigades centrales 
avaient énoreiqueiuont pri» parti poiu- leurs collcgiiei, contre 1m 
étudiants épiirateurs. •■ |Ueun Uochefort. les Attniureg de ma 
vie, t. IV, p. 279). 



— 223 — 

sur ses enfants une pluie de gouttes pas trop amères : 
50, 25, 15 fr. d'amende. 

5. — Malheureux jour ; mon cher beau-père meurt 
d'une fluxion de poitrine, dans sa 81® année. 

17. — Le 6 juin, il y a quelques jours, le tribunal 
avait à juger les étudiants qui, d'après la prévention, 
avaient troublé Tordre le samedi soir, 27 mai. Beau- 
coup avaient la tête entourée de linge. Le tribunal les 
acquitta en rendant un jugement pas très aimable 
pour les agents, car il constate que certains d'entr'eux 
paraissaient avoir oublié la modération dans l'exécution 
des ordres donnés. 

18. — Je cours à l'Hôtel de Ville parce qu'on me 
prévient qu'on monte, sur ie laîte du toit, des hérauts 
d'armes en bronze doré, de grandeur naturelle, qui 
font un effet... épatant, oui, épatant, me dit-on; j'y 
cours donc. Ils sont vraiment étranges ces hérauts 
d'armes, qui semblent, avec leurs hallebardes, veiller 
sur la maison municipale. Les uns disent : « c'est une 
idée bizarre ; » d'autres : « l'idée est fort originale et 
du reste, M. Ballu n'a fait que suivre de vieilles tra- 
ditions. » 

— On commence à défaire les échafaudages qui 
cachent la façade de l'Hôtel de Ville. « Il faut se 
dépêcher, dit un ouvrier, car le 13 ou le 14 juillet, il 
y aura pour nous un gueuleton monstre, à l'occasion 
de l'inauguration du monument; or si c'est pas fini, 
pas d'inauguration et si pas d'inauguration, dame ! 
pas de gueuleton. » 

10. — Le comité des inscriptions parisiennes a fait 
placer une plaque de marbre sur la maison qui s'élève 



— 22i — 

au coin de la mis Monge cL de In rue Rollîn. Celle 
plaque porte l'inscription suivante : 

Ici s'éleonil In maison iiù Biaise Pascal 
est mort le 19 Août 1662. 

La maison acluelle est située à droite d'un énorme 
escalier qui conduit à la partie supérieure delarue 
Rollin, rue coupée aujourd'hui par la rue Monge. 
Pascal fut inhumé à Sainl-Elîenne-du-Mont, sa 
paroisse, il l'entrée de la chapelle de la Vierge, aupr*^s 
du pilier de droite. 

M, Gazier, professeur au collège Rollin, est l'heu- 
reux possesseur du masque en plâtre pris sur le 
visage de Pascal, quelques instants après sa mort. 
Tout dernièrement il a bien voulu faire reproduire ce 
masque et l'envoyer à la ville de Glermont-Perraoïl, 
patrie de Pascal. 

5 JuUlei 1832. — Grâce au gêiiLTal Billot, ministre 
de la guerre, les tambours viennent de sortir do 
fond des armoires où les avait confinés l'ancien 
ministre, le général Farre, un général qui, heureu- 
sement pour nos belles retraites du soir au Luxent- 
bourg, est disparu depuis quelques mois de l'horizon 
politique. 

Bon, plan, plan... 

6. — Ce diable de Rochefort a l'idée comique 
d'ouvrir dans \' Intransigeant une souscription pour 
offrir k Camescasse-tête, le préfet de police, un casse- 
tête d'honneur. Les chapeliers du Quartier lui ont 
envoyé leurs offrandes, car M. Camesoaase leur a fait 
gagner beaucoup d'argent. Les étudiants, en effet, 
gi'âce aux renfoncemeuts énergiques qu'ils ont reçua, 
sur la tôle, ont été obligés de faire donner des coupe 
de fer à leur chapeaux, et même d'en racheter île 
neufs. 



— 225 — 

13. — Inauguration du nouvel Hôtel de Ville. Six 
cents élèves dès écoles municipales de notre cinquième, 
les seuls de Paris, embrigadés dans des bataillons et 
armés de petil s fusils, sont partis de la place du collège 
de France où on les avait convocfués, pour aller défiler 
devant le nouveau palais municipal. Ces jolis petits 
hommes, habillés de gros bleu, ont un gentil air 
martial. Malheureusement, c'est, dit-on généralement, 
le noyau d'une nouvelle armée de fédérés, et sans 
prendre, comme beaucoup, les choses si au tragique, 
n'y a-t-il pas à craindre que l'esprit de ces enfants ne 
s'exalte ? Les marchandes de la place Maubert ont dit 
à ma cuisinière qu'elles ne peuvent plus venir à bout 
de leurs enfants; ils ne souffrent plus d'ordres, d'ob- 
servations. Ils se croient des hommes. Ces bambins 
ont été éduqués, depuis trois mois, par le maître de 
gymnastique militaire de l'école Lavoisier ; voilà 
pour([uoi notre quartier a eu l'honneur de fournil' ù. 
la ville son premier bataillon scolaire. 

14. — Les petits scolaires ont dîné hier à l'Hôtel de 
Ville et s'en sont fourré î î Quelques-uns ont dû 
avoir mal aux cheveux. Ils sont en ce moment, sur la 
place du collège de France, avec un grand drapeau 
tricolore. Est-ce assez ridicule? \ 

19. — Je reçois de mon confrère Gambetta la lettre 
de faire part qui suit : 



1 Et moi, les mainB dans Icg poches, 
Jo m' disais en voyant ça. 
OU ! la ! la ! qu'est c' qai moucli'i*a 
Oh I la ! la ! qu'est c' qui mouch'ra 
Oh ! la ! la ! tous ces mioches-là. 

Mao-Nab. — Les bataillons scolaires, 

15 



M 
[■ Joseph IjambotLa, Monsieur Loon Gain- 
betLa, député. Monsieur Li^ris, receveur dm ftnnnca. 
Madtimc Léris ai leurs enfants. Monsieur Michel 
Ganibetta 

Ont l'honneur devons faire part de la perte dott- 
lourense qu'ils viennent d'éprouver en la personne de 

Madame Gambetta, née Orasie Massabie 
leur épouse, mère, belle-mère, grand'mère el. belle- 
sœur, décé(Jée le 19 juillet 1882, dans sa Ti" année, 
chez sa fille. Madame Léris, 87, avenue Sainte-Maris 
(Saint-Mandé). 

L'inhumation aura lieu à IVici:. 

29. — Ferry tombe avec le ministère Frpycinet, 

iS Août f H8S. - Le gouvernement de la R,oumaitie 
s'est rendu acquéreur de la chapelle des Dominicains, 
rue Jean de Beauvais. Aprt'-s leur expulsion, les Pères, 
découragés, vendirent à une Société immobilière leur 
cher couvent, dont faisait partie une belle çt antique 
chapelle gothique élevée, au xni" sif'clG, des déniera 
d'un évoque de Beauvais, Jean de Dormans. Celle 
chapelle vient d'être achetée par la Roumanie. Il yi 
encore plusieurs fresques et quelques grands vitraux 
dont, notamment, un fort remarquable donné par le 
cardinal Bonaparte et placé au-ilessus de la porta 
d'entrée. 

Le reste du couvent a été morcelé par la Sociêti 
immobilière, et vendu en détail à Tuu et à l'autre; 
trois maisons surgissent de terre en ce momenULe 
cloître est tombé dans la possession du docteur Boar- 
neviile, libre-penseur déclaré. 

13 Seplembrp lflS3. - Pas mal lie Juifs habitent au 



— 227 — 

sud-est de la montagne Sainte-Grjneviève, non loin de 
la me Vaucjiielin où se trouve un grand séminaire 
israélile Le Consisloin? (HMitral, afin de satisfaire aux 
besoins religieux de ses coreligionnaires, vient d'y 
aimexer un oratoire. Le grand rabbin du Consistoire 
l'a inauguré hier et le grand rabbin de Paris, Zadoc 
Kahn, un Alsacien, y a prononcé un éloquent discours 
d'inauguration ^ 

.9 Octobre 1882. — Un incendie effrayant éclata dans 
la nuit du au 7 octobre, au milieu d'une grande 
usine, sise boulevard de Gharonne. Tout a été détruit ; 
de plus un malheur irréparable est arrivé. M. le lieu- 
tenant-colonel Froidevaux, qui s'est si inteUigemment 
employé à la réfection de l'outillage contre le feu, a 
été enseveli sous un mur. Ce mur s'est écroulé en lui 
brisant le crâne et la colonne vertébrale. 

10. — C'était, à bien des points de vue, un homme 
fort remarquable que ce lieutenant-colonel Froidevaux. 
Il avait, certes, rudement gagné sa croix d'officier de 
la Légion d'honneur. Au combat de Saint-Privat, il 
dirigea, sur la garde prussienne, les salves d'artillerie 
qui l'anéantirent presqu'entièrement et tempérèrent, 
dans le cœur des mères allemandes la joie du triomphe. 
Les obsèques eurent lieu à Notre-Dame. Le corbillard 



' Je dois tout d'abord remercier, a-t-il dit, le Consistoire 
centrul d'avoir fait iion-seiilement élever cette magnifique maison, 
siège des hautes études religieuses dans notre pays, mais encore, 
mais suiiiout, d'j*" avoir annexé ce charmant et vaste oratoire 
que nous consacrons aujourd'hui au culte. 

Dépassant de beaucoup les exigences du séminaire, il est des- 
tiné h donner satisfaction aux besoins religieux d'une partie de 
la i)opulatlon israélite de Paris, privée jusqu'ici, par suite de 
l'éloiguement, des bienfaits de la prière en commun. 

Sermmis et aHoeutioiis de M. Kahn, 2** série. 



— i38 - 

remonta ensuite le boulevard Saint-Michel au 
d'une foule immetise. Den-ière le corbillard m: 
le filB du lieuteniinl-colonel, suivi lui-même par le 
colonel Cnnsfou, ries snpours-poinpiers. Venaient 
ensuite les personnages les plus en vue dans Paris, et 
enfin le régiment presqu"entier des sapeurs. 

Rien de plus imposant et aurlout rien de plus 
impressionnant ; car sur le cercueil on voyait le casque 
du lieutenant-colonel, lout bossue, avec son cimier 
écrasé par le mur fatal. 

If. — Mort de ma ciière tante Virginie Uabol, 
veuve RmiN-Duremer, mère de mou cousin feu le 
capitaine Prosper Roux-Duremer. KUe s'est endormie 
dans le Seigneur à minuit 10, sans la moindre ogome, 
dans sa 85" année. C'était une femme d'i 
charmant, et qui ne s'i-tiiil pas trouvé d(ïpl(ioèn dans la 
famille dus Talinri, 



13. — E.\humalifjn, au Père-Lachaise, de ma 
grand'mère, morte en 1830, Ses ossements soni 
pieusement recueillis et replacés dans un pel.îL cercueil. 
Le squelette est entier, la tête petite, les os des jambes 
assez grands. Mon fils aîné et moi, nous nous tenons 
sur le bord de la fosse, la tète découverte, Cetlé 
exhumation était nécessitée par l'inhumai ion de m» 
tante, dont le cercueil, quelques heures après, fut 
placé au-dessus de celui de sa mère. 

9 Novembre 1882 — A l'occasion de la reprise des 
cours, je suis allé visiter la nouvelle école de Phar- 
macie qui se trouve dans l'avenue de l'Observatoire. 
Bile a remplacé celle de la rue de l'Arbalète, qui 
tombait en ruines. Un étudiant érudit m',i fait tout 
voir. \ai salle d'examens m'a surtout frappé, c'est la 



— 229 — 

reproduction decelledel'ajiciBnQeéiîole. Les boiseries 
ont éié iidèlemeiiL rapportées ; elles sonl de la belle 
époque de Louis XIV. Bientôt elles seront ornées du 
portrait ries anciens épiciers-apotbicaires qui se sont 
distingués dans leur communauté. 

Au fond de la salle immense se voit une vieille 
peinture fort belle, non signée, également de l'époque 
Louis XIV -et rapportée avec les boiseries dans les- 
quelles elle était encastrée. On dirait quel[[ue Lebrun. 
SuivanI mon étudiant, qui np m"a pas semblé, d est 
vrai, bien sûr de ses assertions, oetle peinture repré- 
senterait l'arrivée ù Lacédémone de Télémaque avec 
Pisistrate, son compagnon de route pendant son 
Voyage à la recherche d'Ulysse, son père. Il vient en 
demander des nouvelles b. la cour du roi Ménélas et 
de la belle Hélène, sa femme, rentrée en grâce après 
le siège de Troie et la mort de Paris. Toujoure bonne 
filie, Hélène, ornée de sa couronne de reine, les 
accueille très bien et comme ils paraissent fatigués, 
roe qui se voit à la manière dont ils s'appuient sur leurs 
bâtons, elle leur présente un petit pot bleu et blanc 
semblable à ces pots de pharmacie, vienx Rouen, qui 
ornaient les officines des apothicaires au xvn" siècle. 
Dans ce petit vase se trouve un breuvage nai-cotique 
qui répare les forces et calme les douleurs. Hélène 
en avait reçu la recette d'une autre reine qui se trouve 
à côté d'elle, mais sur le second pian, de Polydamna, 
reine d'Egypte, c'est-à-dire du pays où poussent le 
mieux lei bonnes herbes pharmaceutiques. 

L'odyssée parle de cet épisode du voyage de Télé- 
maqueau 4"]ivre,ver3 22i. Homère dit que ce breuvage 
était iiepeiitkes, c'est-à-dire chasse-doul6ur(ïie)jnt)aiî/" 
el penlhos douleur). 

Toute l'antiquité, tout le moyen-âge se sont préoc- 
cupés rie ce breuvage iifpentkps. Parmi les Hipponrutes 



- 230 - 

de jadis les uns disaient que le breuvage narcoticjue 
de la belle Hélène était composé d'un vin d'opium 
provenant d'une décoction de pavots, les autres d'huile 
de jusquiame, d'autres encore... mais comme je nai 
pas pris mes grades en pharmacie, je ne me rappelle 
plus ce que m'a dit mon étudiant. 

Il résulte de toutes ces explications et surtout de la 
description du célèbre tableau, une vérité incontestable, 
c'est que la belle Hélène est la première pharmacienne 
apparaissant dans l'histoire. Sous ses beaux yeux, 
messieurs les étudiants en pharmacie passent leurs 
examens ; (ju'ils apprennent d'elle à compatir aux 
souffrances de l'humanité ! ! 

24. — La plupart des étudiantes russes, au Quartier, 
sont des jeunes filles très recommaiidables, très tra- 
vailleuses. Mais leur genre d'éducation et d'instruction 
les déséquilibre. Ce ne sont plus des femmes, mais 
des paquets de nerfs ; Tune d'elles qui venait de 
passor un examen Iros sérieux, à l'école de Médecine, 
s'esl logé une haï le do rovolver dans la tête parce ([ue 
la lolLre, qui devait lui annoncer le résultat, se faisait 
allendnî. Une réponse favorable arrive, la concierge 
lui monte la lettre, mais elle se trouve en présence 
d'un cadavre. 

25. — La jeune russe a légué son corps à Tamphi- 
thétUre de l'école de Médecine. De vieilles matrones 
trouvent ce legs monstrueux! pour(|uoi? C'est une 
bonne action de laisser son corps jeune, sain et 
robuste à des travailleurs, (jui ne peuvent, sans 
cadavre, l'aii'e progresser la science. 

2(). - On annonci; la inoi'l iU) M. Sylvain, nui, il v 
a dix ans, a lanl occupé l'altention |)ubli(|ue. [{tio des 



- 231 — 

Ecoles, presque derrière Saint - Nicolas - du- Char - 
donneL, il avait donné rendez-vous à une jeune femme 
dans une chambre d'éludînnt, siLuée au 5° élago ; sur 
"ces entrefailes, le mari viiiL cogner. M. Sylvain, 
pour ne pas être surpria eL ne pas compromettre la 
jeune femme par sa présence, avait, en plein vide, 
sauté d'un balcon sur le balcon d'une maison voisine, 
au risque de s'abîmer dans la rue, La malheureuse 
ouvrit alors à son mari, qui lui pramittlait le pardon; 
elle fut assassinée ! 

M. Sylvain resta toujours écrasé par le terrible 
souvenir du drame ; dernièremenl, il se jeta dans la 
Seine pour échapper k la vision ; on lé retira, mais sa 
raison s'ébranla, il a succombé k la violence de son 
chagrin. 

28. — Hier matin,' aux Jardies, sa petite propriété 
de Ville-d' Avray, M . Gambetta s'est blessé légèrement 
fela main droite en manianl un pistolet. Si Napoléon III 
s'était fait semblable bobo, l'émotion n'aurait pas été 
certainement aussi grande. Gel homme lient véri- 
tablement une grande place dans les préoccupations 
de la France. 

29. ~ Les bruits les plus extraordinaires courent 
au sujet de la blessure de Gambella. Les uns disent 
qu'il a été blessé en se battant dans un duel; les 
autres en retenant violemment le revolver dont sa 
maîtresse voulait se servir pour se suicider. 

7 Décembre 1882. — A Cannes vient de mourir 
Louis Blanc, député de notre V" arrondissement, à 
qui il a légué sa bibliothèque. 



". — On ne dit riei 
Gambetta. 



bon de la blessure de 



- MorL de L&chaud. 

3 février dernier il pFODOnça, aveo peii 
: plaidoirie ; depuis ce temps, 
déchner'. 

11. — Lachaud a voulu se faire transpotter 
son cabinet pour y mourir. Ses obsèques ont eu UOH 
à Saint- G ermain-d es-Prés. Les invités pouvaient. seuls 
y entrer; pas de discours sur sa tonibe, suivaot sit 
volonté expresse. 

Le deuil était oonduil par son Ëls Georges et soa 
gendre, M. Sangaiep. 

19. — Les bruit» les plus sinistres courent suF le 
compte de Gamhetta; on le dit très, 1res malade, 

20. — Epilogue de la déconûture de « l'Union 
Générale. <> Jugement (.[ui condamne MM. Bontouxel 
Feder à cinq ans d'emprisonnement. L.es juges n'y 
vont pas de main morte. 

21. — Des voyous, quand les gardiens de la paix 
sont loin, chantent dans la rue d'ignobles complaintes 
sur la prétendue morl de Gambetta ; coûl : un sou. 



e ooufrôre Charles 



Des AsHises vnioi [e msttre I 

Btiva Ml CorrÈie Le vit satire,. . 

Qui donc ne Tu piM entendu. 

Tête haute et la liraa tendu, 

Tonner avec es Toix vibrante. 

Jeter h Hon gré l'âpouvimCe 

On la pitié danB tous le» omurs ! 

riii l'Ëooute. on tremble, cm friBsoime ! 

Kt quand vient la tirade en pleura, 

Pomtore mËme, natnre bounoi 

Treefmille eoue son baudrier 

Et oompatit a 



— 233 — 

30. — On va bientôt couvrir de constructions Tim- 
mense terrain, situé entre la Sorbonne et la rue des 
Ecoles, où depuis le matin jusqu'au soir grincent, pour 
mon malheur, les scies de vingt tailleurs de pierre. 
Au milieu de ces constructions on doit faire une salle 
grandiose pour les distributions de la Sorbonne. A ce 
sujet, un concours entre architectes a été ouvert fin 
avril dernier. M. Nénot, ancien grand prix de Rome, 
a obtenu le premier prix ; c'est Télève de feu mon 
bien-aimé ami M. Lequeux, beau-frère de M. Baltard, 
qui construisit les Halles Centrales. 



1883 



i«^ Janvier, — Gambetta est mort hier soir à minuit 
moins cinq. 

4. — On a fait son autopsie ; il n'est pas mort des 
suites de sa blessure, qui était cicatrisée, mais d'une 
vulgaire maladie d'entrailles. A peine l'autopsie était- 
elle faite que les amis se sont jetés sur le cadavre 
pour en emporter des morceaux ; l'un prit sa cervelle; 
l'autre son cœur. On m'a dit que cet autre était Paul 
Bert. 

Je ne trouve pas cette conduite mauvaise ; loin de 
là, mais j'espère bien, chers amis de Gambetta, que 
dorénavant vous ne vous moquerez pas des' reliques 
des saints ! 

— Le cercueil de Gambetta fut amené au Palais- 
Bourbon et placé à la Présidence, dans la salle des 
fêtes, changée en chapelle ardente. Le public est 
admis à le visiter ; queue énorme, continuellement 
alimentée par d'innombrables curieux qui débouchent 
des quais et de la rue de l'Université. 

6. — Funérailles de Gambetta ; ce sont celles d'un 
potentat ; foule colossale ; défilé du cortège pendant 
deux heures ; couronnes où le printemps, encore éloigné 



— 235 — 

cependant, semble avoir envoyé toutes ses fleurs. 
Parmi les grands personnages qui tiennent le cordon 
du poêle, se trouve mon bien cher ami Falateuf, 
bâtonnier des avocats, qui, en passant dirige son 
binocle vers moi comme p.our me dire : « je te vois 
bien. » Devant la porte du cimetière, il prononce 
quelques paroles admirables. Il dit à peu près ceci : 
« Si la France fait de si belles obsèques à Gambetta, 
c'est qu'elle ne Ta pas seulement en vue, mais encore 
tous les défenseurs de la Patrie, morts pendant la 
guerre. » Après la cérémonie une animation extraor- 
dinaire agite Paris où soixante mille provinciaux sont 
accourus pour suivre le char funèbre. Les costumes 
les plus bariolés émaillent les rues. 

7. — Voilà les vraies paroles que Falateuf a dites 
hier à l'entrée du Père-Lachaise, du haut d'une 
tribune préparée pour les orateurs : 

« Sous un régime démocratique de tels honneurs 
seraient un non-sens ou une abdication, s'ils s'adres- 
snienl seulement à l'homme ; aussi, dans la pensée de 
tous, ils tendent />/«.? haut el plus loin. 

« Ils consacrent, en les solennisant, les souvenirs de 
la résistance à l'invasion triomphante et confondent 
dans un même sentiment de reconnaissance tous ceux 
(jui, à la voix de Gambetta, n'ont pas désespéré de la 
Patrie et ont succombé pour elle î Donc que les morts, 
qui se croient oubliés, se relèvent, qu'ils contemplent 
cette foule, ces drapeaux, cette armée et qu'ils 
prennent leur part des honneurs que la Nation leur 
rend aujourd'hui. » 

A peine ces paroles furent-elles prononcées que le 
peuple immense, (jui se pressait autour du cercueil, 
éclalaoïi applaudissements. Il avait très bien entendu, 
car Falateuf articule admirablement ses mots et n'avait 



— 236 — 

pas ânonné comme certains orateurs qui l'avaient 
précédé. Le ministre de la guerre s'avança vers 
Falateuf et lui serra la main, ce qui est beaucoup, car 
Falateuf passe pour un bonapartiste enragé. 

Notre bâtonnier revint au Palais ; le bruit de son 
succès Ty avait précédé. Aussi à son entrée dans la 
salle des Pas-Perdus y fut-il salué chaleureusement 
par ses confrères qui le félicitèrent d'avoir si bien su 
remplir son devoir de chef du barreau. 

8. — Le cercueil de Gambetta était entouré d'un 
drapeau tricolore. On le mit tel quel dans un caveau 
provisoire du cimetière du Père-Lachaise avant son 
transport au cimetière de Nice. 

10. — On ne parle que du cadavre de Gambetta. 
Le gouvernement voudrait qu'il restât à Paris, mais 
M. Gambetta père veut absolument qu'on le lui envoie 
à Nice, pour être enterré dans le cimetière de cette 
ville, en une sépulture de famille. 

14. — M. Gambetta père, malgré toutes les solli- 
citations, a tenu bon. Le cercueil lui a été rendu. 
L'inhumation eut lieu hier à Nice. 

IG. — Des affiches multicolores, contenant un 
manifeste du prince Napoléon, ont été apposées partout 
dans le Quartier, notamment rue des Fossés-Saint- 
Jacques, sur la boutique de M""" MafFrant, papetière. 
Devant chacune d'elles se forme un attroupement. Le 
secret fut si bien gardé que la police n'eut pas la 
moindre conr-aissance de ces affiches avant l'affichage 
m6*»me. Toute la matinée, les sergents de ville se sont 
promenés devant elles et les ont regardées, lues et 
apprises par cœur. 



— 237 — 

Ces affiches débutaient ainsi : A mes concitoxjnns.,. 
Beaucoup de personnes croyaient à une mystification ; 
mais pas du tout ; je me demande si le prince n'avait 
pas le droit de faire ce qu'il a fait? En tout cas, le 
gouvernement devrait laisser faire. Il est si peu 
populaire, ce pauvre Plon-Plon, 

17. — Le prince Napoléon fut arrêté et coffré à la 
Conciergerie dans Tune des tours à poivrière qui se 
trouvent sur le quai des Morfondus. Cette tour s'ap- 
pelle tour de César ; est-ce une attention de la part 
du gouvernement ? 

.2 Février' 1883, — La Chambre a voté une loi aux 
termes de laquelle les membres des familleâ, ayant 
régné sur la France, ne peuvent remplir aucun mandat 
électif, ni aucun emploi civil ou militaire. 

4. — Le prince Napoléon est tombé malade à la 
Conciergerie, par suite du défaut d'exercice ; on l'a 
transporté, mais toujours comme prisonnier, dans la 
maison de santé du docteur Beni-Barde à Auteuil. 
Beni-Barde a une superbe maison de douches médi- 
cinales à Paris, rue Miromesnil ; j'y eus l'occasion 
d'apercevoir plusieurs fois Son Altesse quand j'y 
venais soigner mon pouce droit, souffrant d'une 
torsion. Il est à croire que les douches du docteur lui 
ont été aussi favorables qu'à moi puisqu'il a demandé 
à se placer sous sa savante et aimable direction. 

10. — Mise en liberté du prisonnier. La chambre 
des mises en accusation a réformé l'ordonnance du 
juge d'instruction, qui autorisait l'arrestation, et 
déclaré formellement que lo prince Napoléon n'avait 



— 238 — 

pas commis de délit en faisant coller dans tout Paris 
sa fameuse affiche. 

lÙKîore une sottise de ce genre de la part du gou- 
vernement, et le prince Napoléon deviendra ud 
prétendant à peu près sortable. 

19. — Le président de la République est grand- 
père. M'"*' Wilson vient d'accoucher, avec grandes 
douleurs, d'une jolie petite fille qu'on nomme Mar- 
guerite, comme sa tante, M™^ Pelouze, la marraine. 

22. — Ferry est président d'un nouveau ConseO 
des ministres. 

25. — Tout le monde s'arrache le Journal officiel; 
un décret, signé Jules Grévy et contresigné Thibaudin, 
ministre de la guerre, met en non activité d'emploi 
MM. d'Orléans : Henri, duc d'Aumale, général de 
division ; Uoj)ort, duc de Chartres, colonel comman- 
dant le 12" régiment de chasseurs à Rouen, et Fer- 
dinand, duc (TAhMiçon, capitaine au 12® régiment 
d'artillerie. 

26. — Le duc de Chartres, après avoir quille 
Rouen, est venu se réinstaller à son hôtel de la rue 
Jean-Goujon. 

7 Mars '/S 83. — On est assez scandalisé delà 
tendresse (|ue M. le président de la République 
affiche pour les assassins, condamnés à mort ; il vient 
encore de graciei' un intéressant sujet qui a tué sa 
mère et l'a jetée dans un puits. Peut-être, il est vrai, 
lui avait-elle adi'essé des observations déplacées sur 
sa conduite. Les mères, il faut bien l'avouer, sont 
souv(Mît. insupportables pour leurs fils, qu'elles 



— 239 — 

coTisidèrent toujours comme des gamins, quoiqu'ils 
(liant leur âge, r/esl-à-dire 21 ans. 

8. — Notre camarade de Louis-le-Grand, Bozérian, 
sénateur républicain, est gravement malade. Sa 
vieille amie, la sœur Adrien, qui, depuis un demi- 
siècle, dirige l'infirmerie de Louis-le-Grand est allé 
lui rendre visite ; c'est une religieuse janséniste de la 
congrégation des sœurs de Sainte-Marthe. Tout le 
monde la connaît dans le Quartier, oià on la voit 
trottiner, avec sa robe et son écharpe noires, et son 
bonnet luyauté dont les blanches ailes retombent le 
long des joues. 

Je l'aime beaucoup ; elle me soigna fort bien quand 
j'allai passer trois semaines à son infirmerie pour me 
guérir d'une forte blessure à la tête, Javais, dans la 
salle d'études, opéré un saut formidable que j'aurais 
dû réserver pour le jardin de la gymnastique, car je 
touchai fortement avec ma tête, la poutre du plafond. 
Ces canailles de Jésuites, constructeurs du lycée, 
n'ont pas donné assez d'élévation à leurs salles 
d'études. 

Jeanotte Bozérian s'est rappelé la soeur Adrien, les 
savoureuses chatteries de l'infirmerie, surtout cette 
bonne chicorée au jus qu'aucune cuisinière ne m'a pu 
réaliser, peut-être même ses cataplasmes si onctueux, 
et il a voulu serrer la main de sa vieille amie. 

10. — A l'instigation de Louise Michel, plus de 
vingt mille personnes s'étaient réunies aujourd'hui 
sur l'esplanade des Invalides. Elles allèrent en colonne 
dans divers (juartiers de Paris, en criant : « Nous 
voulons du travail et du pain. » Quant à Louise, elle 
se dirigea vers notre quartier avec une troupe de 
faméliques qui, sur leur chemin, pillèrent les bou- 



— 240 — 

laiigers, les pâtissiers, les épiciers en se gorgeanl de 
toutes espèces de mangeailles. Leur plus bel exploit 
fut le siège de la grande boulangerie et pâtisserie du 
boulevard SaiiiL-Germain, n« 133. Les talents du chef 
furent fort appréciés. Voilà donc ces misérables, ces 
pauvres diables, à peine assouvis, les voilà arrivés 
l3ien près, tout près de Técole de Médecine. Ils se 
promettaient monts et merveilles sur le boulevard 
Saint-Michel, le patron de leur patronne. Mais la 
police veillait ; au moment ou la bande se prépare» 
enfiler la rue de TEcole de Médecine, cette police 
inconvenante et inconsidérée, saute sur la Vierge 
rouge, lui arrache son étendard, et enlève, comme 
deux paquets de linge sale, deux galants chevaliers 
qui raccompagnaient. Louise s'esquive et la bande 
itou. Dans cette marée d'hommes, il y avait très pro- 
bablement des souteneurs qui, rancuniers en diable, 
auraient certainement fait passer un mauvais quart 
d'heunî aux étudiants, s'ils avaient pu arriver t'ii 
masse sur le boulevai'd Saint-Michel. 



11. — L'étendard dont Louise était porteur, au 
moment où elle voulait, avec ses troupes, envahir la 
rue de l'Ecole de Médecine, était un drapeau noir 
(ju'un anarchiste lui avait donné dans la rue du Four 
Saint-Germain, pour remplacer celui qu'elle avait été, 
à cet endroit, obligée d'abandonner à la police. L'un 
des doux chevaliers arrêtés, à ses côtés, est un aiitiv 
(uiarohisle, très coimu, qui demeure non loin de U 
Sorbonne. On s'est empressé de faire une petite viï^ii»' 
à son domicile, où l'on a découvert des niatit'Mv- 
exf)Iosibles. tresl très mal de sa part ; n'avons-iiou- 
])as, ])()ur nous l'aire sauttM', nos tros nombreux 
mar(îhands de produits chimicjues; n'est-ce pu? 
suffisant? 



— 241 - 

i. — OiinR i'après-mitli un groupe considérable 
d'agenl.K de police, venant de la PréfeBlure, monte, 
au grand pas gymnastique, le boulevard Sainf-Miehel 
aous In conduite de M. Baurain, officier de paix du 
V" ; ou leur emboîte le pas et on arrive derrière eux 
-BUT la place Geraon, autrement dit place Lycée Louis- 
■le-Grand. Ils s'engouffrent aous la petite porte. Sur 
la place nous apprenons que tous les agents de police 
du Panthéon sont déjà dans !e lycée; u c'est le feu, 
dit le populaire. » — " Non, on se bat dans le bahut, 
dit à son tour une espèce d'étudiant de dixième 
année, il y a là-dedans une canaille de proviseur, un 
Gidel, qui mérite d'être pendu, il veut faire marcher 
de grands jeunes gens au doigt et à l'œil. " — « Vous 
:avez pas ce que vous dites, réplique un monsieur 
tu. Sans rigueur, un pareil étabbssement ne 
pourrait marcher. Quant à. moi, qui connais ce que 
c'est, j'aimerais mieux être à la tfiLe d'un bagne. « 

Bientût on voit sortir une vingtaine de lycéens 
conduits au poste de la place du Panthéon par les 
:gardiens de la paix. 

Il y a eu révolte en règle contre M. Gidel qui avait, 
je ne sais pour quel motif, mis h la porte un élève se 
préparant à Saiut-Cyr. Tous les grands avaient 
demandé qu'on le fit rentrer, et sur le refus du pro- 
viseur, avaient tout brisé dans les dortoirs. Puis ils 
«valent, sur les braves agents du V", appelés au plus 
vite, jeté tout ce qui leur tombait sous la main : 
souliers, pots à eau, pots..., etc., etc., l'ordinaire 
vaisselle des dortoirs 1 Plusieurs de ces agents avaient 



- A six heures du soir, tout ( 
r est licenciée. 



il Uni ; k première 



3-Grand, les élèves de seconde cour 
16 



ont fatl une manifestation en faveur des mvilins de la 
première. M. Gidel en a expulsé immédiatement 
quarante. 

— On ne voit, sur le boulevard Saint-Michel, que 
lycéens se promenant mélancoliquement. Les bour- 
rades, le savon des papas et des correspondants, ont 
fait baisser la tôte des jeunes révoltés, qui se sont 
réunis avec calme chez Vachette. 

— Deux sergents de ville se tiennent en faction des 
deux côtés de la porte de Louia-ie-Grand. Il y en a 
deux autres chez le concierge. 

20. — 20 mars I Tr^s redouté anniversaire de la 
Commune ; au soir, nous sommes encore en vie 1 nos 
maisons ne sont pas brûlées I nos femmes et nos 
enfants n'ont pas été arrachés de nos bras [ Merci, 
Dieu Sauveur ! Nous en avait-on promis, à nous 
auti'es pauvres bourgeois pour ce jour-là ! Les socia- 
listes, anarchistes, tous les gens en istes, nous ont 
manqué de parole ; mille grAces, sans rancune, 
n'est-ce pas I Hier, jour des Rameaux, les églises 
étaient bondées de monde : bien des gens ont peur 
du réveil révolutionnaire ; ils s'effraient et., comme en 
1848, se tournent vers Dieu. 

— Dans l'affaire de la Timbale-Bon toux la Cour 
vient d'abaisser de trois ans Sa peine à cinq ans de 
prison prononcée par les juges de première instance 
contre les directeurs Bontoux et Feder. 

28. — Ainsi qu'à Varsovie, l'ordre règne à Louis- 
le-Grand. Les jeunes gens sont rentrés, pas tous, 
bien entendu. M. Gidel est sorti vainqueur de la lutte, 
mais en ayant assez, i! vient de se faire nommer 
inspecteur de l'Université ; il est remplacé par le pro- 
viseur du lycée de VersaiUes, 



— 243 — 

— Quatre-vingt-dix-sept élèves iOnt été mis à la 
porte et parmi les élèves qui pouvaient rentrer, beau- 
coup ne l'ont pas voulu. Au grand concours, dans les 
examens des grandes écoles, Louis-le-Grand souffrira 
beaucoup de cet état de choses, car certains élèves 
qui n'ont pas voulu revenir, étaient les premiers de 
leurs classes. 

31. — Louise Michel, dans les derniers troubles, 
s'était montrée une Gérés bienfaisante, en conduisant 
ses bandes manger le pain de tous les boulangers 
rencontrés sur son chemin, mais elle n'était pas trop 
rassurée sur les conséquences de sa campagne huma- 
nitaire. Aussi se réfugia-t-elle dans notre cinquième 
arrondissement sous la protection d'un rédacteur de 
Ylntransifjeant, M. Vaughan, qui demeure rue 
Censier, 26. Hier, sur les dix heures du matin, au 
moment où elle sortait, elle se vit appréhender par 
deux agents qui la conduisirent chez M. Lévy, le 
commissaire de poHce de la rue Monge, un des 
commissaires de police le plus souvent au service de 
messieurs les étudiants. 

An bureau de M. Lévy se trouvait le mandat 
d'arrêt délivré par M. Barbette, juge d'instruction, 
pour participation de pillage en bandes. Pauvre 
Louise I te voilà dans de beaux draps. 

— Ce même jour, M. Barbette, juge d'instruction, 
a été grossièrement insulté par un socialiste au 
moment où il rentrait chez lui, rue de Rennes, 97. 
M. Barbette, qui est bel homme et vigoureux, ne s'est 
pas laissé faise, il a saisi le mal embouché et l'a remis 
à deux gardiens de la paix qui, par hasard^ se 
trouvaient là. 

29 Avril 1883, — Le père Hubaut, qui fut pendant 



— 2U — 

près de vingt ans oommisanire de police du quartier 
de In Sorbonne, meurt h l'ôge de 81 ans, dans e 
môiiio (|uarli(.'r où il avait exproé ses fonctions. Il cot 
naissait et avait counu énormément, de monde dan 
la vie, notamment oe cher Adolphe Thiers. (ju'il avail 
arrêté au Deux- Décembre. 

/"'" Mai 1883. — Les .magasins du « Printemps. 
sont revenus entièrement à la vie, apr<^3 le fameui 
incendie. Aujourd'hui, ils sont rertés Termes tout le 
long du jour. M. Jaluzol, le directeur de ces magasins, 
a, en effel, perdu su femme, l'ancienne actrice '•*' 
Français, la toute gracieuse Augustîne Figeac, 

5. — Les corps (le Bellel, caporal aux sapeur»- 
pompiers, mort lors du désaslre de TOpéra en 1813, 
de Havard, pompier, à moitié brûlé dans l'incendis 
du « Printemps, » Froidevaux, lieutenant-colonel, lu* 
l'année dernière à l'énorme feu du boulevard de 
Charonne, ont été placés hier dans les caveaux d'un 
monument que la ville de Paris a élevé au cimetière 
Montparnasse, à la mémoire de ses sapeurs morts iQ 
feu. Ce monument con.siste en une grande slèla 
funéraire, sur laquelle sont sculptés un casque, ui 
pioche, un sabre. 

Au dessous sont gravées ces simples lignes : 

A LA MÉMOinE DES SaPKUE3-Pom PIERS 

MORTS AU FEU 

LA VILLE DE Paris 

9. — Membre du jury criminel, j'ai fait, k o 
grande joie, la connaissance du fameux et très aimai 
statuaire Chapu ; petit et pas solennel du tout, il n'i 
exerce pas moins cependant, par le prestige de 






- 245 - 



une influence très grande aar les onze 
camarades qui le nomment président du jury dans 
toutes Jes affaires. Il se défend de l'honneur et finit 
iependanl par céder. " Je compte sur vous, me dit-il, 
pour me sortir d'embarras, comme conseil ; » je lui 
rends donc quelques légers services, ce dont il m'est 
très reconnaissant ; tout à l'heure, pendant que nous 
■jugions un afl'reux gredin, il a croqué à la plume la 
grisaille de Bonoat, représentant la Vertu de Force, 
qui se trouve à droite du Christ de la Cour d'assises, 
puis il m'en a fait gracieusement passer le croquis 
.après l'avoir signé. 

ï\ est très drôle, très amusant, et parfois très taquin; 
ïsl, évidemment pour me taquiner qu'il a dessiné 
■es de la Force le portrait de l'accusé, trônant sur le 
lanc d'infamie ; je vais donc avoir les traits de ce 
coquin, sous les yeus, pendant le reste de mon 
lâxisLence. 



24. — Brown-Sequart. un professeur moitié amé- 
rioaio, moitié français, à qui on a donné la chaire de 
physiologie expérimevtale de Claude Bernard, a hérité, 
comme successeur, de la haine vigoureuse que les 
Anglaises avaient contre le grand physiologiste, à cause 
ses travaux de vivisection, A son cours d'hier, au 
Collège de France, M. Brown-Sequart se préparait à 
donner un coup de scalpel dans la gorge d'un char- 
mant petit toutou, afin de îui couper les cordes vocales 

' 1 rendre aphone comme le fameux chien de garde 
de Paul Bert. Une dame se précipita sur lui et d'un 
coup d'ombrelle lui fit sauter son scalpe!; Brown 
voulut la faire sortir, mais elle se maintint fortement 
.sur son banc, et il fuUutlaforce armée pour l'expulser. 

î. ^ On a mené l'antivivisectrice devant le corn- 



missaire de police, mais on fut obligé de la rel&oher. 

car elle fil remarquer avec énergie que M. Brown- 
Sequart seul aurait dû être mené au poste comme 
contrevenant k ia loi Grammont. 

M. Brown-Sequart, commandez-vous chez Charrière 
des lunettes grillées pour défendre vos yeux. U 
môme Anglaise, ou l'une de ses amies, cherchera un 
de ces jours à vous crever les yeux avec son ombrelle. 

26. — La Semaine Religieuse, dont les bureaux se 

trouvent au coin de la rue d'Ulm et de la place do 
Panthiion, est beaucoup trop à l'étroit. M. de Soye, 
le propriétaire, pour loger son împrimerte, fait cons- 
truire une maison, rue de l'Estrapade, sur les anciens 
terrains de k grande institution Hallays-Dabot. 

Bu faisant des fouilles on a trouvé une jolie statuette 
de Bacohus, que M. de Soye s'est empressé d'ofTrir 
au musée de Gluny. 

/" Juin /SS3. — Rue Monge se trouvent les 
anciennes arènes que l'on a découvertes parLiellemenl 
dans le premier semestre de 1870, en creusant les 
fondations du dépôt des omnibus. Le reste se trouvait 
sous un oouvent voisin; par suite d'une aberration 
inexcusable, on ne voulut point, eu 1870, conserver 
ces arènes, quoique la Compagnie des omnibus offrit 
de revendre à la Ville son terrain, au prix cioûtant-lrfs 
plus belles pierres furent heureusement retirées «1 
placées en lieu sûr '. La Compagnie bâtit donc 
dépôt, mais chose bizarre, alors que la partie, 
trouvée en premier, est redescendue dans les ténèbres, 
l'aulre, cachée, reparaît à la lumifire. Il y a trois 



Il Muaéo Carnavalet. 



— 247 — 

en effet, la Ville Ht démolir les constructions du vieux 
couvent que, mieux avisée, cette fois, elle avait eu la 
bonne idée d'acquérir. 

Les substructions des Arènes sont moins belles, 
mais les fouilles ont été très productives. On a 
retrouvé des fragments d'inscription et plusieurs 
poteries. Ces arènes s'étendaient assez loin jusqu'à la 
rue actuelle des Boulangers. De ce cûté, une entrée a 
même été découverte. Gomme !es fouilles ont été 
profondes on a retrouvé au-dessous des arènes plu- 
sieurs cercueils, qui font supposer qu'elles ont été 
construites sur un ancien cimetière gfdlo-romain. 

9. — Nouvelle visite aux arènes de la rue Monge. 
Sans doute les substructions, trouvées sous le couvent 
démoli, sont moins belles que celles apparues au 
commencement de 1870 au milieu des fouilles de la 
Compagnie des omnibus. Elles sont néanmoins encore 
fort intéressantes. Autour d'une ellipse parfaite, de 
temps à autre surgissent des portions du Podium, de 
ce mur large et épais qui, surmonté de places d'hon- 
neur, faisait e.xactement le tour de l'arène. Une cella, 
ou chambre mystérieuse, a été également dégagée. 
Pendant qu'au déclin du jour je contemplais ces 
vestiges, je sentis une main s'appesantir sur mon 
épaule ; quel effroi ! N'était-ce pas la main d'un 
spectre gallo-romain qui voulait m'entraîner dans la 
cella mystérieuse. Non ! c'était pis que cela, c'était 
celle d'un ami, ingénieur fort ingénieux, qui me dit 
en pur jargon parisien et non gallo-romain : « J'espère 
bien que la Ville va compléter ses embellissements 
en ouvrant au milieu de lous ces détritus anciens, une 
belle et large, rue macadamisée, pour joindre la rue 
Monge à la rue des Boulangera. « Ah 1 miséricorde 1 



24.- 



■ Hier, en Cour d'assises, Louise Michel fui 




condamnée k six ans de réclusion pour i 
mandé les bandes qui onl, pillé divers magasins de 
victuailles. L'avocat généml, Quesnay de Beaurepaire, 
qui a de la liltérature, l'appela: Euménide en tournée. 
La place Dauphins était pleine d'une foule de 
miséreux qui jetaient l'anathème à la justice bour- 
geoise ; heureusement, le ciel se mit du parti de cette 
infâme justice en envoyant de copieuses bénédictions 
qui firent enfuir ces protestants d'un nouveau genre. 
Les jurés n'ont qu'à bien se tenir ! 



4 Juillet 1883. — Les royalistes ont fait dire aujour- 
d'hui, a Saint-Etienne-du-Mont, dans la chapelle du 
tombeau de Sainte-Geneviève, une messe pour le 
comte de Chambord, qui est au plus mal à Frohsdoriî. 
n est tr&s gros, et son cœur est pour ainsi dire 
enfoncé dans la graisse. Ce qui lui donne des défiûl- 
lances. Je ne me rends pas bien compte d'un cœur, 
enfoncé dans la graisse, mais je répète oe que j'en- 
tends dire. 

13. — Hier un orage épouvantable éclata sur Paris. 
Le vent renversa des arbres superbes au Jardiu des 
Plantes. Les voiles du bain des dames, près le Pont- 
des-Arts, furent arrachées. Toutes les dames, affolées, 
se réfugièrent dans leurs cabines, mais pas assez vite 
pour que les gravoches n'y aient vu que du feu. Les 
mal élevés, accourus sur le pont, ont accueilli l'inci- 
dent avec grands éclats de rire. 



17. — Mort de François Beslay, fondateur et 
rédacteur en Chef du Français, l'un de mes plus vieux 
amis, et mon second clerc, quand j'étais maître clerc 
chez Lacomme, avoué. Il avail publié une élude tWis 
remarquable sur les premiers articles du Code de 



— 249 — 

commerce. Son érudition était immense. C'était le 
fils de Beslay, l'homme intègre, mais un peu toqué, 
membre de la Commune, qui sauva la Banque de 
France, ou tout au moins contribua grandement à la 
protéger. 

21. — Au Sénat se discute une loi qui a pour but 
d'éliminer certains magistrats. Le ministre de la 
justice, Martin Feuillée, qui vient de Rennes et s'est 
fait admettre l'année dernière au barreau de Paris, a 
soutenu ce projet essentiellement révolutionnaire. 
Réplique admirable d'Allou, qui termine ainsi : « Je 
demande au Sénat de repousser la loi, et si par mal- 
heur elle était votée, je protesterais contre les attaques 
dont la magistrature a été 1 objet ; à l'inverse du 
salut funèbre du cirque, je salue ceux qui vont 
mourir. » 

28. — La loi sur la magistrature a été votée par le 
Sénat. 

10 Août 18S3, — Possesseur d'une grande gouache 
{signée Bruandet 1789), qui me vient de la famille 
François-Talma, et sachant qu'un superbe tableau à 
rhuile de ce peintre se trouvait à l'Elysée, j'écrivis à 
M. le président Grévy de vouloir bien me permettre 
de le voir, pour le comparer à ma gouache. M. Grévy, 
mon ancien confrère, fut des plus aimables, car je 
reçus bientôt du régisseur de l'Etysée une lettre 
m'invitant à venir voir le tableau. 

On l'avait décroché et mis sur un canapé dans la 
salie même du Conseil des ministres, près d'une 
fenêtre, afin de mieux l'éclairer ; je fus confus de tant 
d'amabilité et ravi du tableau que je préfère à ma 
gouache parce qu'il est admirablement conservé, 




tandis que ma gouache est légèrement éteinte. PôSp^ 

des amateurs cependant, ce n'est pas un dt'iaul, une 
gouactie, légèremeat pâiio, leur semble p]us dDuoeà 
t'œil, plus poétique. 

Ma gouache représente la vue d'un lac d'Italie et le 
tableau: vn site de la furet de Foniaineblttau. Il appar- 
tient au Louvre, qui l'n prftté provisoirement à l'Elysée; 
son numéro, dans le catalogue de l'Ecole français*, 
est : 53. 

2 Septembre 1883. — Service à Saint-Germain- 
l'Au.xerroLs pour le comte de Ghambord, qui vient de 
mourir dans son château de FrohsdorfF, en Autriche, 
L'église est tendue de draperies noires, piquées de 
fleurs de .lys. 

Calme le plus profond; mon esprit se reporte. 
malgré moi, au fameux service célébré en 1831, dans 
cette môme église, pour le duc de Berry. Alors Saint- 
Germain-l'Au-xerrois fut saccagé. Paris aujourdh'hui 
se désintéresse complètement de la vieille famille 
royale ; rien ne sera saccagé, pas même les fleurs do 
lys des draperies. 

16. — Sont admis {c'esl-ii-dire sont contraints) â 
Faire valoir leurs droits h la retruite douze juges au 
tribunal de la Seine et quatre magistrats de la Cour: 
1" M. Alexandre, président de chambre t la Cour de 
Paria qui, lors de la r<5ception de M. Périviei-, comme 
premier président, avait, un peu trop francbemenl, 
dit sa façon de penser sur les projets du gouvernemenl 
contre k magistrature; 2" M. Gérùi, conseiller à la 
même Cour, affreux cîérii'.al qui a publié un livra 
uitramontainsur je ne sais (^upAiepragniatique xanclion. 
homme de valeur et d'étude, il n'est pas Lrup désolé 
de la mesure prise contre lui, « j'ai, a-t-il dit, à un de 



— 251 — 

nos amis communs, des notes à revoir, de quoi 
occuper ma vieillesse ; 3** M, Brunet^ ancien ministre 
sous le gouvernement du Maréchal ; 4® enfin 
M. Glandaz, de la grande famille judiciaire des 
Glandaz. 

28. - Le président de la République quitte son 
Mont-souS'Vaudre\i pour revenir à TElysée afin de 
recevoir le roi d'Espagne, qui passera par Paris en 
revenant d'Allemagne. 

29. — Dans l'après-midi et toute la soirée, le vrai 
Paris, le Paris intelligent a été dans la consternation ; 
le bruit s'est répandu en effet qu'à son arrivée sur la 
place de la gare du Nord, le jeune roi 'Alphonse XII 
a été grossièrement insulté par d'ignobles voyous qui 
criaient : « A bas le roi uhlan ! » 

Cet abominable Bismarck a fait malicieusement 
nommer le jeune roi colonel honoraire d'un régiment 
de uhlans, en garnison à Strasbourg, 

30. — Le roi voulait quitter immédiatement Paris. 
Mais M. Grévy s'est empressé de se rendre à l'am- 
bassade espagnole. Il a présenté ses regrets à 
Alphonse XII, au nom de la France, qu'il a prié de 
ne pas confondre avec la tourbe de malotrus insul- 
teurs. 

Le roi se calma et voulut bien dîner chez le prési- 
dent pour lui faire voir qu'il ne conservait aucune 
rancune. Le père Grévy nous a là rendu un vrai 
service. Du reste Alphonse XII aime beaucoup Paris ; 
il a été élève de Stanislas, lors de l'exil de sa mère. 

2 Octobre 1883. — Alphonse XII a rencontré, sur 
le boulevard, deux anciens camarades de Stanislas qui 



I'odL soluii, Toul joyeux il est ailé leur dire bonjour 
et s'esl promené avec eux. 

3. — Le roi d'Espagne a quitté Paris. 

6. — Entre la rue Saint-André-des-Arls et la rue 
du Jardinet se trouvait un splendide hôtel, occupé 
par la librairie Fume, devenue la librairie Jouvet; 
cet hôtel a été acheté pour y créer un lycée de jeunes 
filles ; ce sera le premier fondé à Paris. 

M. Ferry s'occupe avec acharnement de l'instruction 
des filles... Je crains que ce ne soit au détriment des 
maris. Dorénavant les étudiants, en vue de leurs 
futurs mariaigea, feront bien d'aller quelque temps 
chez un tailleur pour s'apprendre à recoudre leurs 
boutons et à raccommoder leurs petites déchirures 
d'habits. J'ai peut-ôlre tort, mais les femmes savantes 
m'effraient: sous ce rapport, je suis aussi bêle que 
Molière et que Gœthe ; ce dernier trouvait très 
naturel que sa femme, excellente ménagère, n'eut 
pas lu une ligne de ses œuvres. 

31. — Inauguration du lycée de jeunes filles ae la 
rue Saint-André-des-Arts ; Ferry lui a donné très 
adroitement le nom de Fénélon pour attirer la 
clientèle . 

27 Novembre 1883. — Avis aux vieilles dames: 
les toutous, égarés dans les rues, ne seront plus 
pendus à la fourrière de la rue de Pontoîse, mais 
asphyxiés par des émanations de gaz ; il y a progrès, 
Les matrones préfèrent r.otio morl comme plus digne. 
Quant au.ï [uutous, ils ne inanifestint aucune pnî- 
féreoce. 



— 253 — 

12 Décembre 1883. — La neuvième chambre a 
condamné à deux ans de prison, un nommé Morin, 
employé d'une crat)uleuse agence de renseignements. 
Il avait calomnié M™'' Clovis Hugues, la femme du 
poète chevelu, député de Marseille, et cela, afin de 
faire aboutir une affaire de séparation de corps dont 
l'agence s'était chargée. 

29. — Les étudiants ont envoyé deux provocations 
en duel à deux rédacteurs du journal de Jules Vallès : 
le Cri du Peuple, Ce journal a^attaqué de la façon la 
plus odieuse les étudiants, fils de la bourgeoisie : 

« Il faut avoir vu, disait ce journal, et fréquenté 
les étudiants dé la nouvelle génération pour se faire 
une idée de leur imbécillité et de leur cynisme..., etc. » 



± 884 



/'^^ Janvier, — La querelle continue entre le Cri du 
Peuple, de Jules Vallès, et les étudiants. Une réunion 
de conciliation n'a pu aboutir et, dans son numéro 
d'avant-hier, le rédacteur de ce prétendu Cri du 
Peuple a déclaré ceci : « C'est dans la rue seulement 
que le rédacteur pourra accepter un rendez-vous avec 
ses adversaires du quartier latin... en admettant que, 
comme il y a treize ans, ils ne se bornent pas à passer 
la main aux ligiKirds. » 

Immédiatement, dans une autre réunion, les étu- 
diants ont voué au mépris public les rédacteurs du Cri 
du Peuple, qui ne veulent pas se battre avec eux. Cet 
incident va peut-être bien arrêter le trop grand élan 
des généreux, mais inconsidérés étudiants, vers les 
doctrines révolutionnaires. 

10. — Les passants, qui entrent dans la rue Racine, 
sont invités à éteindre leurs cigares ; on craint des 
explosions de gaz, par suite de la rupture de plusieurs 
tuyaux. La moitié de la chaussée de la rue Racine a 
en effet dégringolé du côté des grandes cours de la 
nouvelle Ecole pratique. Cette chaussée n'était plus 
en eflét suffisamment retenue depuis la démolition 
des constructions du côté gauche de cette rue. Dans 
la dégringolade les tuyaux ont été rompus. 



— 255 — 

12. — La Bataille vient à la rescousse du Cri du 
Peuple dans sa lutte contre le quartier latin, voilà en 
effet le petit avis qu'elle publie : 

« Depuis quelques semaines, le sieur' Leroy- 
Beaulieu, professeur au Collège de France, insulte, 
dans son cours du vendredi, les socialistes révolu- 
tionnaires. Il n'y aurait rien d'étonnant à ce que 
quelques-uns des intéressés allassent lui donner 
quelques jours une petite leçon. » 

M. Leroy-Beaulieu, le brillant titulaire de la chaire 
d'économie politique qu'occupait avant lui son beau- 
père, Michel Chevalier, est bien obligé, dans ses 
études sociales, de parler de MM. les socialistes ; il 
fait certainement apercevoir combien creuses sont 
leurs théories et c'est ce qui les mécontente. 

13. — Deux énergumènes sont venus faire du tapage 
au cours de M. Leroy-BeauUeu, mais celui-ci n'est 
pas un homme qu'on puisse facilement démonter. 
Grâce à son sang-froid et à l'aide de ses auditeurs, il 
a eu raison des perturbateurs. Ces derniers ne 
pouvaient employer un meilleur moyen de rendre 
Leroy-Beaulieu populaire. 

15. — Le préfet de la Seine, M. Poubelle, vient 
d'interdire le jet des ordures ménagères devant les 
maisons. Ces ordures devront être mises dans des 
récipients, d'une certaine forme. Les boueux viendront 
les prendre et les jeter dans leurs voitures. Sa mesure 
est fatale pour les chiffonniers. 

18. — Hier, tout à fait splendide dîner à la Pré- 
sidence ; on parle de faire donner un conseil judiciaire 
à M. Grèvy. 



— 256 ~ 

22. — Dans ce moment louL Paris court lu théilw 
Clunij, du boulevard Haint-Germain, pnur vnlr 
farce ahurissaule ; Trois femmes pour un mari, Jmi^ 
J'iine façon LouL à fait désopilante et sortie 
cervelle de Grenet-Dancourt, le pourvoyeur officiel 
des monologues de Goquelin. 

L'oncle Dubochard, qui ne veut pas que soonflven 
André se marie, parce que lui-miîine s'est raariél 
l'oncle Dnrdenboia qui veut au contraire que sou 
neveu se marie parce que lui-même n'a pas Utédu 
mariage ; André qui veut se marier, Raoul qui nel» 
veut paa ; tous deux par suite rebelles à lu volonW 4» 
de leur oncle respectif et naturellement craignssl 
d'être déshérités, remplissent à quatre la scène d« 
joie et de gaieté, 

26. — Les chiffonniers ne pouvant plus faire \f 
triage des ordures, sont réduits h la misère. DM 
souscriptions ont lieu pour leur venir en aida. 1^ 
Rothschild leur ont fait distribuer quatre mille frma 
chez un marchand de Montmartre, car à MonlmariR 
il y a énormément de chifTonniers. lis gagnaient bien 
autrefois leur vie ; M. Poubelle va en faire dis 
déclassés ; ils ont commencé à se venger en appeloul 
Poubelles les nouveaux récipients. 

9 Février 1884. — Le secrétariat de la Faculté il 
médecine a tait connaître que depuis In rentrée d« 
cours, en novembre dernier, quarante personnes di 
sexe, dont la plupart russes, avaient pris des inscrip- 
tions. 11 parait que ce sont des dragons de vertu* 
qu'il ne s'agit pas, pour les étudiants, de batiloltf 
avec elles. 



28. - 



Vlon pauvre ami et confrère Denormandîf 



— 257 -. 

le frère du sénateur, eut aujourd'hui un coup de sang 
en plaidant à la troisième chambre du tribunal. 

On transporta le cher confrère dans la chambre du 
conseil de la troisième chambre. Un prêtre lui vint 
administrer les derniers sacrements. Peu de temps 
après, il expirait. 

29 — Année bissextile. 

y^^ Mars 1 884. — Un vilain homme, se faisant 
appeler Léo Taxil, passe son temps à écrire brochures 
sur brochures, livres sur livres, pour ridicuHser, 
calomnier la religion et les prêtres. Il vient de faire 
paraître un livre immonde : les Maîtresses du pape 
Pie IX, On le laisse faire, quoique des journaux 
républicains sérieux, comme la République française, 
soient indignés contre ce calomniateur. 

Dans ma rue des Ecoles, aux numéros 20 et 35, il 
a loué deux boutiques, qu'il a peintes complètement 
en rouge sang, et ce pour attirer les regards des 
étudiants. On voit à la vitrine des exemplaires de ses 
ouvrages ouverts aux endroits les plus pornogra- 
phiques. La Bible amusante fait surtout les frais de 
l'exhibition. Tous les personnages de la Bible sont 
représentés de la façon la plus grotesque. Les collé- 
giens vont se repaître de ces saletés. 

Ce Léo Taxil appelle sa librairie : Librairie anti- 
cléricale. 

18. — Tout le monde court du côté de la rue Saint- 
Denis ; il y eut aujourd'hui, au 201, une formidable 
explosion qui fit de nombreuses victimes. Le fameux 
restaurant de VEcrevisse n'existe plus ! Nous connais- 
sions tous l'enseigne de ce restaurant essentiellement 
parisien : une énorme écrevisse, toute rouge, s' escrimant 

17 



— 258 -- 

sur un immense tableau doré^ le tout entouré de globes 
de cristal, sur lesquels étaient peintes de petites 
écrevisses, les filles de la tendre mère écrevisse. 

19. — L'explosion d'hier a fait surtout des victimes 
dans l'administration de la police et dans le corps des 
sapeurs-pompiers. Le commissaire de police du 
quartier Bonne-Nouvelle, M. Brissaud, les deux 
officiers de paix Grillières et Viguier, plus un sergent- 
major de pompiers, Hermann, descendirent dans les 
caves du restaurant où des odeurs pestilentielles de 
pétrole se faisaient sentir ; Tun d'eux portait une 
bougie allumée. Au contact de la flamme les vapeurs 
du pétrole s'enflammèrent et l'explosion se produisit, 
MM. Brissaud et Grillières sont gravement blessés, 
Viguier et Hermann ont été tués sur le coup. 

20. — Les émanations provenaient de deux grands 
réservoirs de pétrole et d'essences minérales qu'un 
lampiste avait placés dans l'une des caves du n® 201, 
maison de VEcrevisse. 

J'ai voulu voir, mais une bande d'agents m'a em- 
pêché de remonter jusqu'au théâtre de l'accident. Les 
langues allaient bon train, dans la foule; pas de 
barrière d agents pour les arrêter. 

21. — C'est ce matin que doivent avoir Ueu, à 
Notre-Dame, les obsèques du gardien de la paix 
Viguier et du sergent-major des pompiers Hermann, 
Le grand vestibule de la caserne, rue de la Cité, est 
transformé en chapelle ardente. Au milieu de lumières 
étincelantes, les cercueils des deux braves garçons 
attendent qu'on les porte à Notre-Dame. 

— Les obsèques de MM. Viguier et Hermann ont 
Meu à Notre-Dame. Au moment où le char funèbre 



- 259 — 

arrive à Téglise, quinze personnes quittent le cortège 
et vont se placer au milieu de la place du Parvis, pour 
bien faire constater qu'elles n'entrent pas à l'église. 
Ce sont, paraî.:-il, des conseillers municipaux qui ont 
voté contre les obsèques religieuses. Pendant l'office, 
une giboulée a fait rage. Elle est tombée comme une 
trombe. Le bon Dieu a trempé nos édiles, jusqu'aux 
os, pendant qu'ils s'enfuyaient chez le marchand de 
vin de la rue d'Arcole. Mais il est si bon, le bon Dieu, 
([u'il ne punit jamais qu'à demi. Il a envoyé bientôt 
un superbe soleil qui a réchauffé nos libres-penseurs. 

Ils étaient requinqués quand ils ont monté le bou- 
levard Saint-Michel, derrière le corbillard. Le spec- 
tacle était magnifique. Beaucoup d'uniformes. Les 
casques des pompiers, camarades du mort, resplen- 
dissaient au soleil. Mais un casque, qui ne resplendis- 
sait pas, c'était celui tout terne, tout meurtri, tout 
cabossé du pauvre Herrmann. Ce casque était sur la 
bière, avec l'uniforme de sergent-major. 

Hermann fut enterré dans un grand carré où le 
sont déjà les sapeurs-pompiers morts au feu. 

Quant à l'officier de paix, 'on l'enterra dans la 
première fosse venue. Messieurs du Conseil municipal 
n'ayant pas encore songé à l'inhumation des sergents 
de ville. 

23. — Mort, à l'âge de quatre-vingts ans, du sculp- 
teur Maindron, l'auteur de la romantique Velleda, 
dont les chastes attraits firent battre le cœur de tant 
de jouvenceaux, sous les frais ombrages de la pépi- 
nière du Luxembourg. 

24. — La Faculté de théologie de la Sorbonne est 
supprimée ipso facto puisque la Chambre a supprimé 
les crédits. Cependant la Chambre ne peut faire que 



— ^6U — 

la Faculté n'aîL pas cxislii ot i)ue les professeurs n'aianl 
point droit il une retraite; un iirrêté du minislrede 
rinsl.ruction piiblii|ue y pourvoie ei nomme profes- 
seui's honoraires itfjtf. Bergis, Blampignoii. Bouquet', 
FnbrP d'Enoinu, Méric et Lmjson, ce dernier fr^reil» 
l'ancien Père Hyacinthe, dont il est loin de partager 
les idées. 

^ Avril i 884. — Mardi, ma chère mère Mathiide- 
Hortense Delannoy, est morte h Péronne dans a 

76' année, d'une fluxion de poitrine. 

11- — Vendredi-Saint. Obsèques de ma chère 
maman, enterrée sans cloches, sans messe, sans 
presque de cérémonie, k cause du Vendredi-Sainl; 
ma sojur el. moi en paraissions bien peines, mus 
M. le curé nous dit : « Ce doit ôtre au contraire, pour 
des chrétiens, une grande consolation d'unterrerleiir 
mère le jour anniversaire de la mort du Christ. » 

17, — Les gradins des arènes de la rue Menée 
viennent d'être découverts. Dans les foudlea on two- 
tioue à trouver beaucoup d'os d'aaimaux ainsi ou» 
de nombreux fragments de poteries, les unes brunei 
comme la plupart des poteries antiques, les autres 
bleues comme les yeux des belles Gauloises. 

19. — Hier, chambrée comble à l'Académie il» 
sciences. On savait que M. Pasteur, un savant, u» 
chercheur, avait promis une communication impu- 
tante. En effet, il annonça qu'il croyait bien Pire en 
mesure de guérir la rage, qu'il pensait avoir truuvè 



I Aujoiird'liui évâquc do Monde. 



- 261 — 

un vaccin préservatif semblable à celui qui préserve 
de la petite vérole. 

Le laboratoire de M. Pasteur est rue d'Ulm, dans 
les greniers de TEcole normale. 

21. - Sur la demande même de M. Pasteur, le 
ministre de l'Instruction publique a nommé une com- 
mission de grands savants pour contrôler les expé- 
riences contre la rage. 

i 8 Mai 188k. — Visite au Salon, j'y cours avec 
tout le monde voir un tableau de Jean Béraud : la 
Salle Graffard. La scène du club est inénarrable. Les 
trois dignitaires qui sont au bureau excitent des rires 
inextinguibles, comme aussi, du reste, Forateur qui 
ouvre une bouche semblable à celle du dragon cher- 
chant à déguster Andromède ; et les hommes, et les 
femmes qui applaudissent, faut voir ça 1 Aussi pour 
voir ça, on se heurte, on se pousse, et on se donne des 
coups de poing, comme en pleine salle Graffard. Au 
pied du bureau, une demi-douzaine de calmes philo- 
sophes, ou plutôt de journahstes, écrivent hâtivement 
sur une table, afin de ne rien perdre de la parole du 
citoyen orateur et de porter, à tous les quatre coins 
de Paris, la manne de son verbe. 

2 Juin 188k, — On expose, à l'Ecole des beaux-arts, 
de nombreux projets relatifs au monument de Gam- 
betta, que Ton doit élever sur une des places de 
Paris. Les fonds nécessaires sont fournis par une 
souscription. 

17. — Hier est mort, à quatre-vingts ans. M»"" Maret, 
doyen de l'ancienne Faculté de théologie, évêque de 
Sura in partibus infidelium^ en fait, évêque de la 



— 262 — 

Sorbonne ; on vient de remporter dans un fourgon, 
de son appartement de la Sorbonne qu'il n'avait pas 
encore quitté, pour Tenierrer dans la basilique de 
Saint-Denis, dont il fut primicier. 

22. — M»' Maret, primicier de Saint-Denis, c'est-à- 
dire président du chapitre, devait, suivant l'usage, 
être enterré dans la basilique, mais le gouvernement 
n'a pas voulu accorder l'autorisation ; c'était pourtant 
un évêque d'idées excessivement libérales et gallicanes 
qui l'empêchèrent même d'occuper le siège de Vannes 
auquel il avait été promu en 1860 par le gouvernement 
impérial. 

25. — Terreur à Paris, car le choléra a éclaté à 
Toulon. Les '^Poulonnais allument de grands feux dans 
les rues. 

2 Juillet 188't. — Les voyageurs, venant de Toulon 
et Marseille, sont parqués, sur le trajet, dans des 
compartimenls spéciaux, eux et leurs bagages. Ils 
sont désinfectés, avec leurs coUs, quand ils arriveni à 
Paris. 

5. — Nos ruisseaux n'ont jamais été aussi propres; 
on trouve des désinfectants chez les commissaires de 
police. Mais au chemin de fer de Lyon, les voyageurs 
(le Toulon ni de Marseille se sont battus pour ne pas 
être désinfectés ; ils ne sont pas commodes, ces 
Provençaux. Beaucoup arrivent sans bagages et 
s'enfuient pour ne pas rester une demi-heure dans les 
salles de désinfection. Il va falloir établir des cordons 
de soldats autour de la gare de Lyon. 

10. — Goiilinuellement on annonce des cas de 
choléra, mais ce ne sont que cas de oholérine. 



— 263 — 

On parle d'ajourner les fêtes du 14 Juillet. 

14. — Le gouvernement ne veut pas d'ajournement 
de la fête, quoique l'Académie de médecine ait estimé 
qu'il serait fort dangereux de grouper beaucoup de 
monde sur les mêmes points. 

15. — La fête a donc eu lieu quand même ; je crois 
que le gouvernement a bien fait de ne pas la décom- 
mander, car la population aurait cru à une épidémie 
effrayante; ce qui n'est pas. Mais cette fête ne fut pas 
bien gaie. Les nouvelles de Marseille et de Toulon 
n'étaient pas de nature à l'égayer. 

Un seul détail joyeux et encore ! Beaucoup chantaient 
la chanson en vogue : 

Le voilà 
Nicolas. 
Ah! ah! ah! 

D'autres, sur le même ton et sur le même air, 
répondaient : 

Le voilà ! 
L' choléra. 
Ah I ah I ah ! 

16. — Après une grande maladie, Sarcey ressuscité, 
écrit de nouveau dans son journal du XIX^ Siècle, Il 
avait été obligé de le lâcher, parce qu'il avait la cata- 
racte sur un œil. Quoiqu'il n'eût jamais été porté vers 
les congrégations religieuses, loin de là, il alla cepen- 
dant se faire soigner rue Oudinot, chez les Frères de 
Saint-Jean-de-Dieu, dont on lui avait signalé le grand 
dévouement. Son opération a parfaitement réussi. En 
reprenant la plume, son premier soin a été de vanter 
dan3 son journal les bons soins dont il fut entouré. 
Il se loua surtout du Frère Apollinaire et du Frère lai 
François, qui l'amusait par ses saillies. Ce fut vrai- 



— »4 — 

semblablemeni Frère François qui oommit certain mol 
rapporté par le Gaulois. Un rédacteur du GaubA^ 
Topération terminée, étant aUé demandeordes nouvelles . 
de Sarcey, tut reconduit par un Frère auquel il dit: 
« Saroey maintenant .rendra plus de jusiioe aux ret 
gieux. » — « Ah i certes oui, répondit le Frère, il k9 
verra d'un meilleur œil. » 

L'établissement des Frères ^Saint-Jean-de-Dieu fait 
vraiment honneur & la rive gaucho, où ils sont du 
reste estimés et vénérés depuis bien longtemps, eir 
c'est eux qui, sous le nom de Frêreg de la Charité^ col 
créé l'hôpital de la Charité, rue Jaoob. 

18. — Malgré la fête, pas de oholéras, mais de très 
fortes cholérines et de nombreusea altauques oholéri- 
formes. Le gouvernement a donc bien fait de ne pas 

décommander cette fête. 

26. — Le choléra s'avance. Il a sauté à Aix, puis à 
Tarascon, puis dans la banlieue d'Avignon. L'arche- 
vêque de Paris supplie les Parisiens d'envoyer du 
secours dans le Midi et ordonne une quête dans les 
églises pour dimanche prochain. 

30. — Hier, promulgation de la loi sur le divorce. 
Le juif Naquet, sénateur, Ta fait voter grâce h ses 
démarches incessantes. 

Naquet reçoit en ce moment une foule de lettres, 
dans lesquelles des femmes enthousiastes l'appelleol 
leur sauveur ! Ce qu'il y a d'amusant, c'est que, lui, ne 
veut pas user du divorce, quoique, par inoompatibililé 
d'humeur, il n'habite pas avec sa femme. Le fin et 
prudent bossu se dit : que les autres eu usent ^ moi pas! 
C'est du moins ce (|ue tout le monde dit. 



4 Août ISS'i, 



M. Abadie, rarcbitecte du Sacré- 



— 265 — 

Cœur, est mort ; bien grande perte pour Tœuvre, qui 
sort à peine de terre. M. Abadie avait restauré le 
chef-d'œuvre de Fart roman en France : la cathédrale 
de Saint-Front^ à Périgueux ; on comprend qu'il ait 
choisi, pour le Sacré-Cœur, le style roman si bien 
connu de lui. 

12. — Mariage de ma chère fille Henriette avec 
M. Perrault, licencié en droit, attaché à l'adminis- 
tration des beaux-arts. Son père, docteur en médecine, 
est mort d'une angine, après avoir soigné de nombreux 
enfants atteints du croup. 

24. — On avoue quelques cas de choléra, de vrai 
choléra, dans les hôpitaux ; jusqu'à présent l'adminis- 
tration prétendait que les cas étaient faux : les malades 
mouraient tout de même, mais avec la consolation de 
ne pas croire mourir du choléra. 

25. — Explosions d'enthousiasmé aux terrasses des 
cafés. Nos jeunes gens sont en joie d'une nouvelle qui 
arrive ; l'amiral Courbet a détruit le grand arsenal 
chinois de Fou-Tchéou et la flotte chinoise. L'amiral 
Courbet est un Picard d'Abbeville. 

30. — Le Père Loyson ou plutôt M. Loyson 
(^Hyacinthe) abandonne notre quartier ; il a donné sa 
démission de recteur de la chapelle, sise rue d'Arras. 
Le premier vicaire le remplace. M. Loyson va faire 
des tournées de conférences en Amérique. Dame, 
quand on a femme et enfant, il faut bien travailler 
pour faire vivre la chère moitié de soi-même et le 
charmant bébé. 

y'"" Septembre i^S'i, — Le savant M. Chevreul, pro- 



— /an — 

fesseur au Muséum, entre dans sa 99® année; il 
s'intitule le doxjen des étudiants de France. Il loge au 
Jardin des Plantes depuis une éternité, au milieu de 
tous les animaux de la création. 

11. — A deux pas de la place Maubert, au n® 13 de 
la rue Monge, dans la maison du marchand de tabac, 
un homme est mort du choléra. Le choléra au n*» 13 
rue Monge 1 Fichtre ! ça n'est pas loin de ma rue de 
Sorbonne. 

29 — A la manufacture de Sèvres, une éoole de 
mosaïque a été créée sous la direction d'un des 
meilleurs maîtres de Saint-Pierre de Rome. Cette 
école, déjà très experte, vient d'exécuter une mosaïque 
pour la coupole tronquée qui termine le chevet 
du Panthéon. Cette mosaïque représente le Christ, 
ayant à sa gauche l'ange de la France, et à sa 
droite la Vierge. Près de l'ange, sainte Geneviève 
s'incline en préseuLant au Christ l'esquif de la ville de 
Paris ; près de la Vierge est agenouillée Jeanne d'Arc 
qui déploie son étendard ; cette page de grande peinture 
est sans doute magnifique, mais pas du tout gaie. Le 
Christ a des yeux très noirs qui m'intimident ; l'ange, 
oh ! lui surtout, n'a pas l'air commode. 

Le dessin qui servit de modèle au mosaïste est de 
M. Hébert, le grand peintre, dont la Malaria fait tant 
d'impression au Musée du Luxembourg. 



i^"" Octobre iSS't. — Aujourd'hui, sur l'initiative de 
l'abbé Millault, curé de Saint-Roch, fut splendidement 
célébré, dans cette église, le bi-centenaire de la mort 
(le Coriioille (jui y fut inhumé. Toute la Comédie 
Française vini à Saint-Hoch et l'Odéon, presque tout 
entier, passa les ponts pour assister à la cérémonie. 



— 267 — 

14. — Plus de cent cinquante ouvriers ont envahi 
le chantier qui se trouve rue des Ecoles, sous mes 
fenêtres. Ils viennent faire des fouilles pour asseoir 
les fondations de la nouvelle Sorbonne. 

15. — On répare la tour de Glovis, qu'on eut un 
instant la pensée de démolir, parce qu'elle est en très 
mauvais état. Les fondations sont du vi® siècle. Elle 
était l'annexe de l'antique église de Saint-Pierre et 
Saint-Paul que fit construire Glovis, et dans laquelle 
il fut enterré ainsi que sainte Geneviève. Ce vieux 
sanctuaire fut détruit sous le premier Empire, à cause 
de sa grande vétusté. C'était même déjà pour le rem- 
placer que Louis XV fît élever par Soufflet la superbe 
église de Sainte-Geneviève, appelée aujourd'hui le 
Panthéon. 

10 Novembre ISS^i. — Il y a eu trois cas de choléra : 
rue Daubenton, quai Gonti, 26, et rue du Cardinal- 
Lemoine, 87. Brouardel, président du comité d'hygiène, 
nous recommande de ne jamais boire d'eau avant de 
l'avoir fait bouillir ; beaucoup de gens vont trouver 
bien plus simple de ne plus en boire du tout. 

12. — La préfecture de police décide de ne plus 
donner l'adresse des personnes atteintes du choléra, 
parce qu'immédiatement les maisons indiquées sont 
mises à l'index ; personne n'ose y entrer. Hausse 
considérable sur les ceintures de flanelle : les bonne- 
tiers sont les rois du jour. 

13. — On ne peut plus en douter, notre cinquième 
arrondissement est complètement envahi par le 
choléra ; nous avons eu hier six cas, dans le quartier 
môme de la Sorbonne. On s'étonne que M. Grévy 



- 270 — 

de jeunes à crinii^res, d'hommes poivre et sel, de 
vieilles clames, de jeunes aussi ; loul, ce nicinde fïil 
patiemmeiiL lu queue pour entrer dans la stiUe Gersoii, 
annexe de la Sorbonne ; c'est ]â (|iie M. Caro vu 
reprendre son rnnrs, Il a toujours ou dii inonde t 
son cours, M. Caro. mais l'année dernière el cette 
année, il en a plus cju"è. l'ordinaire ; e(. pourquM 
donc? mais parce (ju'au théâtre franoais on le («t 
monter sur les planches dans la pièce du jtfowrf* oi 
l'on s'ennuie. M. Pailleron a voulu le ridiculiser, mais 
il n'y a pas réussi. Grâce à PaiUeron, le nom de 
M. Caro est connu niaintenaut partout. ' 

9. — Mort de Morin à l'Hôtel-Dieu, après d'ho^ 
ribles souffrances ; on lui a fait, mais sans suooès. 
l'opération du trépan, ulin de lui relirer une b^f 
qu'il avait dans la tète. 

:i5. — Pour notre petit Noël, on vient d'apposer de 
magnifiques peintures murales sur les deux murailles 
transversales de la chapelle Sainte-Geneviève, au 
Panthéon : celle à droite des spectateurs est de E. Lévï. 
Elle représente le couronnement de Gharlemagepir 
le pape Léon III, le jour de Noël, l'an 800 Celle* 
gauche est de Paul Blanc. Elle rappelle le vœu de 
Clovis à la bataille de Tolbiac. Tout au-dessus 9* 
trouve une frise où l'artiste a peint d'autres scènes de 
la vie de Clovis. Les visages des personnages repro- 
duisent les traits d'hommes très connus de nos jours; 
Gambetta, Coquelin, Clemenceau, Paul Bert, Lockroy, 



1 see fanBtlqiiee comiue le Ihéâtre, ut l'anlenr 
I fail recette II la salle Gorcnn, antantî ijac 
Balle llichalicn. — Pnriaia (Emile Blavel), 
1.0 1884, î). 105. 



— 271 -- 

etc., etc. Les voilà dans la place; pourvu qu'ils n'en 
profitent pas pour chasser Sainte-Geneviève; avisée 
bergère, qui sauvas Paris, ouvre ToBil ! 

26. — La Rounat, le directeur de TOdéon, vient de 
mourir. Avant de diriger TOdéon, il s'était quelque 
peu occupé de théâtre. Il était même vaudevilliste 
de talent. Il commit, vers 1855, la stupéfiante pièce 
de la Panthère de Java, où M"*® Thierret faisait une 
belle scène de jalousie à son mari parce qu'elle avait 
trouvé, dans sa poche, un papier plein de violettes 
fanées. Le pauvre diable, ancien beau dragon, mais 
décarcassé depuis par l'âge, les avait achetées pour 
se faire de la tisane. Mais la panthère prétendait 
qu'une maîtresse les lui avait données. Cette pièce ne 
lui ouvrit pas, sans doute, les portes de l'Académie, 
mais lui ouvrit celles de l'Odéon. Ce théâtre n'eut pas 
à s'en repentir, ni le public non plus. La Rounat nous 
donna des pièces excellentes, une entre autres, vers 
1867, la Contagion, d'Emile Augier. L'Empereur y 
vint accompagné de l'Impératrice ; le quartier fut en 
rumeur, bourgeois et bourgeoises, étudiants et étu- 
diantes profitèrent de son arrivée pour faire un bousin 
monstre à propos des amputations de la pépinière du 
Luxembourg. Au dedans du théâtre, ce fut encore 
pis. Ces gredins d'étudiants chantèrent le Sire de 
Framboisy . 

La Rounat, dès lors, en froid avec le pouvoir, 
donna sa démission, mais en 1880, la direction de 
rOdéon lui fut rendue, en collaboration avec je ne 
sais qui. 

Fin décembre Î8S4. — Depuis la promulgation de 
la loi sur le divorce, des avalanches de demandes en 
divorce s'abattent sur le Palais de Justice. C'est une 



— 272 — 

vraie manne tombant au milieu du désert. Le Palais 
de Justice était, en effet, depuis quelque temps, un 
véritable désert pour les affaires. Il n'y en avait 
presque plus à cause de Tabsence de transactions 
civiles et commerciales. Mais cela est changé aujour- 
d'hui grâce au divorce. Tout est au divorce, au 
dedans et au dehors du Palais. Ainsi, une Brasserie 
du Divorce vient de s'établir rue Saint- Séverin, au 
n*' 40; de grandes pancartes sont collées aux. carreaux, 
libellées de la façon suivante : 

Café - Brasserie du Divorce 
Bock: 30 cent. 
Service fait par des Avocates 

c'est-à-dire par des filles costumées en avocats: 
gracieuse toque sur la tête, robe assez relevée pour 
qu'on voie les jambes, assez dégagée pour qu'on 
aperçoive les bras ; les pieds sont emprisonnés dans 
de jolis souliers à boucle, avec flots de ruban. Fran- 
chement, quoiqu'elles nous ressemblent, elles sonl 
plus appétissantes que nous î 

Ça n'en est pas moins scandaleux ! 



±SS6 



î^^ janvier 1885. — Porel est nommé directeur de 
rOdéon en remplacement de M. de la Rounat. Belles 
étrennes pour TOdéon qui ne périclitera pas entre ses 
mains. 

5. — Les étudiants, ayant fondé V Association 
générale des étudiants^ ont eu l'idée d'en offrir la 
présidence d'honneur à M. Chevreul. 

A une heure, la place de la Sorbonne était pleine 
de jeunes gens, décorés d'une feuille verte à la 
boutomiière. Drapeau tricolore en tête, ils sont allés 
au n" 57 de la rue Guvier ; c'est là qu'habite le 
do]jen des étudiants de France, dans un pavillon, 
dépendant du Muséum. 

M. Chevreul a d'abord reçu dans son salon une 
délégation de vingt jeunes gens. Il leur a dit qu'il 
acceptait avec une grande joie le titre de Président 
d'honneur de leur association. Tous les étudiants ont 
ensuite défilé devant lui. Ils ont été étonnés de la 
voix mâle avec laquelle le vieux camarade leur 
souhaitait la bienvenue. 

Les gens du voisinage se sont mis à la suite des 
étudiants et ont présenté leurs hommages à leur 
vénéré voisin. 

18 



— 274 — 

6. — En novembre dernier, 1p tr^s éruilil ppre 
Salmon, libraire-édiLeur, 11, rue de Savoie, a publié 
des Souvenirs bislorigues, relaltfs aux rues que doil 
taire disparnUre la reconstruction de lu. Sorbonne, 
notamment celle des Gordiera, Voici ce qu'il en Ji'.: 
u La rue des Gordiers, qui va disparaître totalemeot. 
fut ouverte au commeooemeoL du ,\iii" siècle. Elle 
commençait au n" 144 de la rue Saint-Jacques et 
aboutissait à la fue de Gluny, aujourd'hui rue 
Victor Cousin. 

'• Gette rue des Gordien, dont l'indusLrie d'autrefois 
est révélée par son nom, a compté, au numéro 19, 
l'hûtel de Saint-Quentin, célèbre par le séjour qu'y 
firent Gresaet, Mably, Condillac eL Jean-Jaoques 
Rousseau, C'est dans cette maison que le citoyen d* 
Genève y connut la servante Thérèse Levasseur, dont 
l'existence allait être inséparable de la sienne, ' 

" L'hôtel de Sainl-Ouenlin, au numéro 19, étail 
adossé aux jardina et aux bâtiments de l'ancien 
couvent des Jacobins de la rue Saint- Jacques. ■ 



> Kn deitx ouârollia do aei Coiifetniont, Jeaii-Jiie^iat jiarle da 
l'hntel de Saiut-Queiiliu ; d'ubord quanil il arrive pour la 
liremiÈie fois à Paria : ■ J'aUai loger t. l'hûtel de Samt-QnenliB, 
rue des Cordiers, proche la SorlmmiB, vilaine rue, vilaîa hAtel. 
TOalne ohaiobre, main oit opernlant nTnienb logé dee homme* it 
mérite tels <|iio OroBMt, Bordes, les abbâa de Habty, de CondiUM 
et pliuieure autres dout malhcureu^isment je n'y trouvai f3xt 
aucun... » Fuie dami nn autre voyage : 

■ Je rapria le travail de mon opéra que j 'avais {nterrompv 
pour aller à Venise, et pour m'y Uvror plus tmaqniUemonl. 
àpr&s le départ d'Altuna, je retoumoi loger à mon ancien hAtd 
Saint-CJnentiu qui, dans un quartier Bohtaire et nim loin du 
Luiemïiours, m'était pluH commode pour travailler il mon mu 
que la bruyante rue Saint-Honorfi. lA m'attendait la seul» 
oonsohition réelle que le ciol m'ait fait goûter... >> 

ConfeeaionB de Jean-Jaoquex ttoiMBoau, 2' partie, livre VIL — 
r endroit : vers le eonimoncement de ee livre ; deuxième 



endroit : 



n de c 



— 275 — 

M. Sftbnon tlil, en oulre cfici .1 propos rie la rue 
Ciijas: (i Le n" 10 de ceLt.e rue, occupé par le grand 
hftlel Ciijas, est, l'aDcien réfeoloire des Jacohiim. La 
voûLe ogivale rie cellts ancieiine »iille se termine k 
l'entresol. « 

Enfin, dans sji pliK|uello cjui vaut son pesant d'or, 
M. Snlmon, a ppoiww ilo rimmeuble rue Saint-Jacques 
n" 140, également destiné à être démoli, écrit encore 
ceci : 

<i Cette maison, connue sous le nom de la inaiaon 
de la Hose, est située juste en face la chapelle de 
l'ancien collège des Jésuites (aujourd'hui lycée Louis- 
le-Grand) ; c'est \k que fut publiée la première édition 
parisienne du roman de Guillaume de Lorris et de 
Jean de Meung, le ftômaul dn la Rose. » ' 

8. — M™ Clovis Hugues paraît aujourd'hui en 
Cour d'assises. Jamais ne vis pareille cohue ; impos- 
sible de pénétrer dans la salle d'audience. Il me 
faudrait les jarrets d'acier et les poings formidables 
d'un avocat stagiaire, jarrets d'acier pour me lenir 
droit et immobile pendant trois heures, poings 
formidables pour assommer les gens qui me pous- 



' A ces renseignements de M. Salmoii, njoutons les HuiyantH ; 
Lft pulilipation liu Sonia» ib la Soiib eut lien par Jea soin» de 
l'imprluieur aiiisse OérlnK iiiu, appela {uir le prieur as la 
Sorbonne, inativlla, li la Sorlionne infiine, la première pretHn 
d'imprimerie de Farln. Au bout d'un cerCain temps, il quitta la 
Sarbonne paiir aller l'ue SaiDt-Jnequea oii se ti'ouvnit uuaceiitrâ 
tout le coinmorce des lirres manuBorits. Du reste, il ne pouvait 
gaËre dana la Chéologiqiie et religieuse Sorbonne publier le livre 
dt la Boie, oh leid l'art d'aimer esl enelaae.. 

C'eet ce que dit du muins le poÈto GulUaiiiue do Lurrix eu 
commençant son po^me i 

■ Uji eommtnee le R6manl de In Rose 



- â7fi — 

seraient ailii d'avoir ma pince. Je baguenaude devaiii 
la porte. 

Des avocats à moilié êlouffés sortent de l'aiifiience. 
Il leur reste juste assez de souffle pour nous dii-e que 
l'acnusée sera certainemenl acquittée. C'est, paralt-il. 
une superbe brune. Rlle a prétendu qu'au sortir 
de l'audionce, nu bas de l'escalier de la cbambre 
des appels de police correctionnelle, Morin l'avail 
regardée insolemment, comme il en avait, du resl«. 
r habitude. 

9. — M"" Clovis Hugues, défendue par M° Gatineau, 
fut acquittée aux applaudissements de toute l'assis- 
tance, mais condanniée (t pa/er 2.000 francs de 
dommages-intérêts au père de Morîn. un pauvre 
vieux paysan, qui, en blouse bleue, usée, assista toul 
ahuri aux débats. Ahuri I peut-être pas tant que cela; 
il parait en effet que le jovial Gatineau, qui aime pas 
mal à rire, se mit à dire dans sa plaidoirie : « Pentloul 
que la partie civile somnole sur son banc. . , » « — Dites 
donc, monsieur l'avocat, interrompit Morin, laissez-moi 
donc tranquille et continuez voire petit commerce. » 

— Nous sommes vraiment dans une passe de sang. 
Les frères Charles et Norbert Ballerich, l'un commis- 
saire de police dans la banlieue, l'autre officier de 
pabi i Paris, dont la mère vient d'être assassinée 
par quatre gredins, sont allés demander mercredi 
7 janvier au Cri du Peuple, journal de Jules Vallfts, 
raison d'un article méchant publié à propos de cel 
assassinat. Un des journalistes, présenta dans les 
bureaux, M. Duc-Quercy, abattit de cinq coups da 
revolver l'infortuné officier de pais. Il est mourant. 

On parle autant de celle affaire que de celle d« 
M"* Clovis Hugues. 



10. 



Les habitants de Saînt-Ouen 



pélitionneni 



)our la liberté provisoire de M. Charles Ballerich, 
eur commissaire de police. Norbert. Ballericb proba- 
blemenl survivra à sos blessures. 

. — Norbert Ballerich est morl. Il était bien 
u au Quartier comme secrétaire du commissariat 
de la Sorbonne. 

. — Obsèques d'Edmond About, nommé de 
l'Aoàdémie française, mais morl avant sa réception. 
Le travail l'a tué. Mener les lettres el la politique de 
front, c'est une œuvre surhumaine. U a voulu se 
faire enterrer civilement. Le cortège, nombreux à la 
maison mortuaire, s'égrena peu à peu ; presque loua 
académiciens disparurent. M. Caro, professeur 
. Sorbonne, chargé du discours par l'Académie, 
retraça admirablemeiiL la carrière litléraire et politique 
d'Edmond About. 

Mais faisant allusion au caractère civil des obsèques, 
il dit ces mots qui ne furent pas du goût de tout 
l'auditoire : " L'horizon de la vie était fermé pour lui. 
Il souffrait impatiemment qu'on cherchât au-delà. »' 

— Un autre enterrement ce jour-là, enterrement 
bien triste, celui du bon 111s, victime de son amour 
, Norbert Ballerich. Le corbillard a remonté le 
boulevard Saint- Michel, au milieu de l'émotion 
générale ; son frère, Charles Ballerich, suivait le char 



i-dclà âtalt nu contraire la préocou- 
homme égnlemeut de grande valeur, 
li (écrivit quclqno porC : u Ma mort 
DIB île, uar iielle-oi ne (ait partie 
que du lempa et celle-là de VêlerHÎlê », peuaâe profonde que 
'"~' Alexuulre Dumaa a fait gruTer but la tombe de son mari 



Cstte reoherohe d 
putlon cianetante d'uc 
d'Alexandre Dumas f 



funèbre. On disail i[\ii: le préfet tJe police Camescflsse 
voulait, faire dorjner su rtf'mi.'^sion à Charles. I! non 
est rien ! 

î<" févi-iei- IStij. — Les rues de la Sorbonnu el 
Gerson sont envahies, de bonne heure, par une foula 
de curieux, qui veulenl. avoir de la place au coura il» 
M. Caro. On s'aLLend ft quelque bruit comme il yen 
a déjà eu lundi dernier. CerUines persomics lui W 
veulent pour oe qu'il a dit sur la tombe d'AbouL. 

Au moment où M. Caro entre clans la salle, il esl 
accueilli par des sifdets el des cris de : <■ Vivo Ahoul. 
lâche cléiica! ». Mais les applaudissements couvrent 
les sifflete. Caro répond aux siffleurs ; w J'ai eu 
l'honneur de défendre toute ma vie la liberté de I» 
parole : vous ne me ferez pas peur. .. Après un tapilgB 
infernal, il finit par l'emporter et peut continuer son 
cours. 

8. — Aujourd'hui, je vois sur les murs de il 
Sorbonne ce petit avis : 

i< Le cours ûi: M. Caro est momanlanémeJil 
suspendu. " 

9. — Décès d'Edmond du Sommerard, directeur 
pendant 40 uns du musée de Cluny. Le gouveniameul 
de Louis-Philippe le mil à la tête du musée qu'il 
voulait fonder dans l'ancien Hôtel monacal de Cluoy 
avec les collections laissées pur son père, Alexandre 
du Sommerard. Celui-ci les avait cédées à l'Elut 
pour un prix de beaucoup inférieur à celui qu'en 
offraient les étrangers. Kdmond avait longtemps 
travaillé avec son père dont il partageait les goûts el 
l'expérience. Aussi orgaiiisa-t-i! parfaitement le mus-'e 
tel que nous le voyons aujourd'hui. Calait un pros 



- 279 — 

hommu à l'air ban enfant, lie mes teoélres de lu 
rue de la Sorbonne, n" 2, je l'apercevais souvent, 
avec sa famille, aux fenêtres d'un appartement qu'il 
s'était très habilement et très artistement, ménagé 
dans les combles île l'Hâtel. 

10. — Rue Victor Coufin, les maisons tombent 
comme des chftteaux de cartes, pourragrandiasement 
de la Sorbonne. Les ouvriers, fort habiles, sont choisis 
le plus souvent parmi ies Luxembourgeois, gens des 
plus calmes. Aussi, malgré les dangers inhérents aux 
démolitions, peu d'accidents arrivent. Cependant, il 
vient d'en survenir un qui nous a vivement impros- 
.sionnés. Un pan de bois s'est abatlu sur un pauvre 
garçon ; pour le retrouver, ii fallut Iravailler toute la 
nuit. Quand, le lendemain, son cadavre réapparut, 
il était méconnaissable, car les rats avaient dévoré 
toute la figure. Us jeûnent depuis la disparition des 
h&bitants expropriés. Tout le monde redoute l'iiiviisioa 
-de ces rongeurs. 

15. — Hier, au n" 77 du boulevard Saint-Michel, 
moit de Jules Vallès, ebez son ami le docteur 
Guehbard, agrégé, de l'Ecoie de Médecine. Nous 
allons avoir, au Quartier, des obsèques civiles. Vallès 
était directeur du journal révolutionnaire Le Cri 
du Peuple dans les bureaux duquel fut tué l«ut 
récemment l'offioier de paix Ballerioh, Si Vallès 
n'avait pas été déjà malade, H n'aurait probablement 
pas laissé passer le regrettable article qui fut la cause 
de la mort d'un honnête homme et d'un bon flis. 

16. — Les obsèques de Jules Vallès causent une 
émotion indescriptible. Le n" 77 du boulevard Saint- 
Michel esl presqu'ft l'encoignure de la rue Royer- 



— 280 — 

Collard; depuis cetl.e ruu justju'â la rue Sov^lot, 
multitude innombrable de ourieux, 

A peine le char se met-il en marche que reten lissent 
les cris de : Vive la Commune! car sur le cercueil se 
trouve l'écharpe rouge de raerabre de la CommuDe; 
beaucoup de couronnes sont portées au bout de grands 
bâtons rouges. Sur l'une d'elles se lisent ces mois: 
Les socialistes allemands. 

Quand le char passe au carrefour, formé par le 
bouluvard Saint-Michel et les rues des Ecoles el 
Racine, les étudiants, groupés de tous côtés, aper- 
çoivent celle couronne et se mettent immëdiateinenl 
il crier: Vive la France, à bas la Commune ! Mômes 
cris de protestation de la pitrl des étudiants, setenanl 
droits au bout de la rue du Sommerard et le long des 
Thermes romains. Le cortège s'engage enQn boulevard 
Saint-Germain. 

Sur ces entrefaites, beaucoup d'étudiants vont 
déjeuner. Quand le char eflt dépassé la rue Sainl- 
Jacques, les gens du cortège, voyant que les étudiants 
ne sont plus en nombre, tombent dessus tît frappent 
à bras raccourcis. 

Aux environs de la place Maubert, la foule patriote 
du marché veut, à son tour, mais en vain, enlever Is 
couronne des Allemands; une horrible bagarre se 
produit ; beaucoup de blessés sont obligés de se taire 
soigner chez les pharmaciens. 

Pas un seul sergent de ville pour mettre le holh! 
Camescasse s'est dit ; « (jue les étudiants se fassenl 
casser la tête, mais pas mes sergols. n C'est mnl;il 
.savait cependant que nos jeunes gens, pleins de cœur, 
ne resteraient pas indifférents devant des couronnes 
allemandes, devant quatre drapeaux rouges et uli 
drapeau noir déployé. Ko fin de compte, Vallès 
fut enterré aux cris de : >« Vive la Cômmuno, vive 
l'Anarchie, vive lu révolution sociale. >> 



— 281 — 

Il mars ISS5. — Le jury a condamné, à la peine 
de mort, Gamuhiit,, l'un des assassins de la veuve 
Ballerich, mère des deux infortunés frères Ballerich. 
Gamahut ! nom aussi terrihle que l'assassin lui-même 
qu'on arrêta dans le bouge le plus infâme du quartier 
latin, le Chlteau rouge, rue Galande. ' 

12, — Le jury a acquitté Charles Ballerich, lo 
commissaire de police qui, avec son épée, avait 
légèrement blessé Buc-Quercii, le rédacteur au Cri du 
Peuple ; tout le monde est ravi de cet acquittement. 
On s'y attendait du reste. 

13. — Hier, en sortant de l'audience, Charles 
Ballerich est allé iiu cimetière Montparnasse s'age- 
nouiller sur les tombes de sa mère et de son frère. 



30. — De graves nouvelles nous sont arrivées du 
Tookin, hier dimanche, commeheaueoup de mauvaises 
nouvelles pendant le siège. Les Chinois tombèrent en 
masse sur notre petit corps expéditionnaire ; le général 
Négrier, apW's avoir combattu comme un simple soldat 
et avoir été blessé, fut obligé d'évacuer une forte 



' Co baiigo âpouvanCitble dii ChAtenu range 4Mit hnbitâ pur un 
luonde eflrayant d'osciii'pes ot; de flUca. Quelque temps avant, le 
orime de Oamahiit, l'imo de cea filloa »y»nt diiplu à un an oQ« 
nieaiuenra, fut. pondant une nuit, nttirée sur un giont de lu oité 
et jotée par-deBsna bord. Beaucoup de aanteneurg sortaient de 
eetto oavome et nllaisut nu Luxembourg, but Iq boiilovnrd Snint- 

Geai-ci, pour prouver <[n'iU n'avaient pAB pcnc, organiBèreut, 
oertaÏD Jour, un monfliue ot entrbrBut au CbiAteaa rouge i. la 
qvettc t«t jeu ; tta gFHvû'ent le grand eHonlier du Château et le 
deaoendirsat toi^iiiira eu uionOuio. Les niitlauilriiis étaient trémis- 
BontB de rage, niuia îIh db bougèrent point, lia guppUHaioDt bien 
que ies jouneH geue, la plupart bleu dûenupllie et pniHeaut« 
d'époule», avaicyit dans leur» poulies de ipioi leur répondre. 



pûsiLion. I/i^moLion esL terrible d.ins !.ouL Paris, mmi 
siirt.nul dans le ijuarlier latin, le plus impressionnable 
(le tous. De nombreux groupes se forment sur le 
boulevurd Saint-Michel. Des afOches, collées un peu 
purtodl . eonvoqueoi les étudiants pour aller au Palais- 
Bourbon manifester contre Perry, qui va certainemenl 
être obligé de donner sa démission. On l'accuse de 
nous engager continuellement dans des expèdilions 
oolonioies (|ui gaspillent iea forces de la France. 

31. — Ferry, en effet, tombe du mimstère. 

7 avril 1S85. — Nouveau ministère : Brisson, 
président do la Chambre, remplace Ferry. Le radieii- 
lisme dame le pion à l'opportunisme. 

8. - Hoquet remplace Bi-isson (ï la présidence Je 
la Chambre. 

11. — Enfin, la paix vient d'être signée avec li 
Chine. 

12. - Hier sotr, bal splendide à PHôtel de Ville, 
sorti de ses cendres, bal de bienfaisance pour les 
blessés du Tonkin. Prix d'entrée : vingt francs : li 
foule était innombrable ; car chacun voulait faire une 
bnnna œuvre et satisfaire sa curiosité. Dans le nouvel 
Hôtel de Ville, les bals pourraient- ils, se disaîl-on, 
avoir autant de splendeur que dans Tanoîen ? Heureu- 
sement oui; les nouveaux salons se prêteront encore 
mieux que les anciens h. la mise en scène de n'importe 
quelle fête. 

On pouvait entrer sans avoir la robe nuptiale de 
l'évangile, c'est-à-dire l'habit. J'ai vu beaucoup ds 
redingotes, de vestons aux coupes les plus variées, de 



vÉLemenfs de IouLch sorLes. Je n'ai pas vu cepentlanl. 
de robes de chambre. 
La plupart des dames ét«ienL en robe monlanle. 

23. — Gamahul, l'assassin de M"" veuve Balierich, 
a été guillotiné ce QiaLin. Il y avait. I.rop de sang en 
aon forfait pour que, malgré l.ouLes ses bonnes 
volontés, M. Grêvy pût lui faire grâce , celui de la 
pauvre vieille d'abord, puis celui du fils, l'officier de 
paix lue, non par lui sans doute, mais èi l'occasion de 
son forfait. Pour se consoler, M. Grévy a grâciù 
n d'un marchand de volailles. 



26. — Récemment, Léo Taxil a él.é condamné par 
le tribunal de Montpellier k payer soixante millo 
francs de dommages-inlJÏrôtB au oomLe Mastaï, neveu 
et héritier de Pie IX, parce qu'il a publié un livre 
intitulé: Les Avuiurs de Pie IX. Malgré ceia, ce Taxil 
ne craint pas de faire annoncer le même livre sur 
tous les murs de Paris et surtout sur ceux de notre 
Quartier, puisque nous avons le déshonneur de 
posséder sa boutique, rue des Ecoles. 

(Juelle honie de voir sur une grande affiche Pie IX, 
entouré de ses prétendues maîtresses, dont l'une se 
trouve être, dit-on, une ambassadrice de Bavière, 
fort connue pour sa très grande honorahiiîté uV son 
admirable charité. 

$ mai iS85. — Enfin I le théâtre de Gluny a 
renouvelé son affiche. Depuis dis mois, il jouait lous 
les soirs: Trois femmes pour un mari; c'était fastidieux 
.pour les gens du Quartier; toujours la même pièce 1 
Enfin, sur l'affiche, le Petit Ludooic fait son apparition ; 
en reprise bien entendu. 



0. — Aujourd'hui on a po^ 



1 première pierre dot 



nouvelles oonstrucLions de mon vieux Loii is-le-Graod. 
M. Goblel, entouré des dignilaires de la Faculté des 
lel.tres et dea sciences, et se tenant bien d 'oil. sur ses 
petites jambes, lennit la truelle avec grande digriilé. 
Nalureltemeot, force distributions de croix et de 
palmes; sans cela une cérémonie de pose de pierre 
n'aurait, pas sa raison d'être, oh ! n'importe sous quel 
gouvernement, M. Ozenfants, le professeur de sep- 
tième, a eu les palmes. On aurait bien pu prolîler de 
l'ocnasiun pour les offrir également à un brave ouvrier 
du chantier qui, avanUhîer, enrichit sa rotnme et la 
France de trois superbes garçons bien constitués, 
bien frétillants. 

17. — Visite au Salon. M"" Pelouze, la sœur de 
Wilson, gendre de Grévy, resplendit au milieu de 
l'exposition. Une magistrale peinture de Carolus- 
Duran fait valoir sa belle taille et sa majestueuse 
robe k queue qui lui procure un air de princesse; 
mais ce qui lui donne encore plus cel air. c'est la vue 
du château de Ghenonceaux, qui apparaît dans le 
lointain sous les plis relevés d'une grandti tapisserie. 

A la sculpture, morceau remarquable de Chapu: 
Ih Tombeau de la duchesse d'0>liia>is- Les yeux sonl i 
demi fermés et la main droite, doucement étendue sur 
le côté, semble chercher celle de son époux, dont le 
tombeau se trouvera placé à ofité du sien, dans la 
chapelle de Dreux. 

. — Victor Hugo est tn^s malade. Il aurait une 
Il au cœur. Il l'iloufFe. .lo le plains de Inule mon 



. — Au Litaliii, grand uragc 
: du bien nu poÈle. 



va p^ 



23. — Hier, VicLor Hugo pst mort. 

24. — Victor Hugo a dit dans son teatamenl : u Je 
crois en Dieu; Je demande une prière & toutes les 
âmes, n Bien volontiers ; j'irai la lui faire b. Notre- 
Dame, dans l'église i]u'll a tant aimée; dont il n rév(?]é 
la beauté. On prétend qu'on l'etiLerrera au Panthéon ; 
mais il l'avait en horreur et il ne pouvait digérer ce 
graud gâteau de Savoie. Cependant je crains nu'il ne 

^oit obligé d'y aller quand môme. 

27, — Hier, le pré.sideiil. rie la République a signé 
un décret aux termes duquel le Panthéon est enlevé 
au culte catholique. C'est, dit-on, pour permettre d'y 
(ensevelir Victor Hugo. Mais Victor Hugn aurait bien 
pu y être enseveli sans que l'église fût désaffectée. 
N'en est-il pas ainsi ù Londres pour l'égUst; de West- 
minster. 

L'article premier du décret est ainsi conçu : Lu 
Panthéon est l'Cncfu à m deslinalion primitive et légale. 
Li-s restes des grands hommes, qui oui mérité ta recon- 
naismnce nationale, y seront déposés. 

Hendu. à sa destination primitive, dit le décret. Mais 
sa destination primitive n'était nullement la sépulture 
des grands hommes Oui, primitivement, le Panthéon 
était l'église patronale de Paris, sous l'invocation de 
sainte Geneviève. 

En i701, l'Assemblée nationale décida que le nom 
d'église Sa in te- Geneviève serait changé eu celui de 
Panthéon français et que le Panthéon servirait à la 
sépulture des grands hommes. 

L'ancien fronton, très artistique, représentait sainte 
Geneviève ou milieu de sa gloire ; il fut remplacé par 
celui de David d'Angers, i[ui représente la Palrio 
disiribuant des couronties au.\ grands hommes. 



- 2m — 

28. — Cp malin los dernières messes ont plé diles 
au Panthéon. L'aulel df Saînte-Genevif'VP «Liit 
brillainmtttit illuiniiié et entouré de nombreux lidèlre. 

Les reliques de la sainto ont été transportées ■ 
Saint-Etierine-du-Mont. L'abbé Bonnefoy, doyen das 
ehapiïlaios de Sainte-Geneviôva, a remis les clefs t 
rarchiteote du monument. 

•H. — Aujourd'hui, le cercueil de Victor Hugo fui 
placé sous l'Arc de triomphe de l'Etoile, en attendant 
qu'on le portât au Panthéon. L'ne foule consiJt'rabl? 
défila devant ce cercueil. 

i"' Juin /fiS5. —Obaèques. Ala suite du cui-billard 
des pauvres comme l'a voulu Victor Hugo, pur suite, 
je le crains, d'un mouvement d'orgueil rafûué, Georga 
Hugo, le petit-fils, marche seul. 

Devant la colonnade du Panthéon s'élève uu majes- 
lueu.\ catafalque sur lequel est déposé lo ueroueil; 
ruissellement de discours plus éloquents les uns que 
les autres; le dernier est celui du président delà 
délégation des étudianis. Les porteurs s'empareol 
alors du cercueil et le transportent ù l'intérieur mÈme 
du Panthéon. 

Georges suit de nouveau ; maïs à ce momeul s» 
sœur Jeanne vient le rejoindre. Ils pénètrent loU» 
deu-t dans les Cîtveaus ; le cercueil est glissé suruv 
tiiblettu où Victor Hugo dormira son dernier somiiKil. 

Le boulevard Saint-Germain et le boulevard Saint- 
Michel sont remplis par une mer humaine. Au coin 
de la rue Hautefeuille bousculades telles que plusieurs 
personnes sont culbutées et bless^-es gi'avemenL 

3. — L'archevêque, eomme c'était son droit, â 
fait remettre entre les mains du ministre des Gultcc 



— 287 - 

une proteslalion contre [a spoliation tic l'église SuinLe- 
Geneviève. Mais le gouverne m en l n'en aura cure. En 

ail In Grande Révolution fut la première et véritahlu 

ipolialrioe. 

4. — Les inHorobrobles couronnes, qui figuraient 
aux funérailles de Victor Hugo, sont accrochées aux 
ances de la grille, tout autour du monument ; d'autres 
jisenl sur tes dalles au pied de celle grille et le long 
le la bibliothèque Sainte-Geneviève. 

12. — A rOdéon, Amélie et moi avons récemment 
isaisté IL une reprise incomparable de CArlésiennfi, 
l'Alphonse Daudet. La pièce avait déjà été donnée au 
i'audeville, le 1" octobre 1872, mais n'avait pas eu un 
lien grand succès à cause des préoccupations du 
noment. De plus, seuls quelques airs du Midi l'accom- 
lagnaienl. A celte pièce aujourd'hui sont joints des 
ihants et symphonies (de Bizet} qui transportent l'esprit 
oui entier dans le Midi, ie vrai Midi poétique, le Midi 
l'Arles, près du Rbôue, en terre de Camargue. Les 
loixanle-quinze musiciens de Colonne font merveille. 
Frédéric Mamaï se meurt de langueur pour une 
îlle d'Arles, qu'on ne voit jamais sur In scène et qui 
a rempUl cependant. Sa mère, veuve Rose Mamaî, 
le veut pas de celle fille parce qu'elle est la maîtresse 
_ïublique d'un conducteur de chevaux. Voyant dépérir 
ion fils, elle veut bien enlin la lui donner ; mois c'est 
.lors lui qui, par honte, ne veul plus; il .se tue pour 
tchapper k son obsession. 

L'écrivain esl-il supérieur au musicien, ou le musi- 
oien il l'écrivain ; je uc saurais le dire. Tout s'unit, 
tout se mai'ie si bien que les impressions ressenties 
dérivent non pas de la poésie, non pas de la musique, 
des deu.\ arts confondus. Le pauvri.' Bizet n'est 



— 28« — 

plus là pour savourer son Iriomphe, quanl ù UaudrI 
il le savoure, lui, et d'autant mieux que rOdéonesl 
dans son quartier latin où il demeura immédiatâmeM 
quand il arrivii inconnu à Paris, en 1857. Il passf 
effel, ses premières nuits, dans un hôtel meubli 
n" 7 de lu rue de Tournon '. 

28. — Ce aoir il a fait un orage épouvantable. Li 
foudre a dû tomber pas bien loin de nous. Des greloiw. 
gros comme des noisettes, accompagnaient deleuf 
clii|uefis le hruit du tonnerre, 

39. — Le lonnerre est tombé avenue d'Oriëwa, 
puis h la gare de Sceaux, qu'U avait commene^ i 
mettre en feu. La Bièvre, h cause de la pluie violoile, 
s'est gonflée, abimant toutes les mégisseries sur sol 
passage. En outre elle a fait crever, près du ponldt 
TArchevÉché, et sur une longueur de ceul mèlrea, Il 
voûte d'un grand égout dans lequel on la faîLooidBE 
le long du quai Montebello afin qu'elle ne mêle 
ses sales eaux à celles de la Seine. Ln rivièi-e, hors*di 
prison, s'est, comme une folle, précipitée dans lï 
petit bras de la Seine, en face de la sacristie de Notre- 
Dame et a tait chavirer plusieurs bateaux chargés dl 
charbons de bois. 

En allant au Palais j'ai le spectacle curieux de tffli 
le petit brus du fleuve compU'tement chargé de charliM 
de bois. Le chef éclusier de la Monnaie. M. Roux, k 
grand sauveteur, a fait bien vile fermer son écluse,5 
bien que les pauvres bateliers vont pouvoir raUr^a 
leur marchandise. 



IMHCX lOQgCClUpB. 



-^280 — 

3 Juillet 18^5, — On a retrouvé les cadavres de 
deux gamins dans le petit bras de la Seine, entre le 
pont de FArchevêché et le pont au Double. S'étan^ 
probablement mis à couvert de la pluie sous le pont 
de r Archevêché, ils ont dû être entraînés par les eaux 
de la Bièvre au moment où elle a crevé son tunnel. 
L'aspect de ce tunnel brisé est des plus effrayants 

4. — Le Panthéon est bien . triste à contempler en 
ce moment. Des brouettes en sortent à chaque instant, 
remplies de plâtras et de briques ; ces matériaux, ces 
débris proviennent d'ouvrages de maçonnerie sur 
lesquels étaient installés les planchers des autels et 
du Ï3anc d'œuvre. Tout ce qui est boiserie est amoncelé 
derrière le Panthéon, en grands tas prêts à être vendus 
au plus offrant. 

3 Août 1885. — Aujourd'hui, à l'occasion de la dis- 
tribution des prix du grand concours, pose de la 
première pierre de la nouvelle Sorbonne par le 
ministre de l'Instruction publique, M. Goblet, qui a 
décoré M. Nénot. 

4. — Dans VOfficiel, voici la mention relative à cette 
décoration : 

Nénot (Henri-Paul)^ architecte^ ancien grand prix 
de Rome; architecte de la Sorbonne; titres exceptionnels. 

Pourquoi, titres exceptionnels? Parce que l'année 
dernière M. Nénot a bien maintenu h Rome le haut 
renom de l'architecture française. Il remporta, en 
effet, le premier prix dans un concours international, 
ouvert, pour l'érection à Rome d'un monument en 
rhonneur de Victor Emmanuel. Les artistes itatiens, 
dépités, sont parvenus à empêcher l'exécution de ce 

19 



- §90 - 

iiiuiiiiMienl, Lt (ijouvernemenl traiiçais. indirecte m eiiL, 
a voulu donner une récflinpense k M, Ni'nol. 

M. NénûL élail déjà décoré de la médaille inrliLaire 
pour sa conduvle au BourgeL, pendaeL le siège de 
Paris. 

5. 'On peut visiter le Panthéon, entièrementlaïcisé. 
Les gardiens sont en costume de gardiens de musée. 
'Sur leurs boulons se liseutlesmots : pàlaU vationaux. 

30. — Hier, le oeroueil de ramîra^l iCoufbet, mort 
■d'épuisement après sa victoire, est arrivé i Paris. On 
fait en son 'honneur de belles (ftisèques aux 'Invalides. 
On Ta 'mis flnns une Chapelle ardente en attendiinl son 
transport à Abbeville. 

22 Octobre i8S5. — Enormes fouilles dans la 
rue Antoine Dubois, -qui grimpe le long de l'KtoIe 
pratique'. Quand, en 1846, je suis arrivé à Paris, 
-cette rue s'appelait rue de YObservance parce que le 
couvent des Gordeliers, 'dont elle longeait au trefoi a la 
façade, était de la Grande Observance de Saînl- 
François d'Assise. Ces fouilles sont dirigées par un 
thonmie très érudit, agent 'de la Ville, M. Vacquer, Il 
a mis au jour beaucoup de pierres tombales qui 
pavaient une galerie de l'ancien cloître. De leurs 
sandales les moines foulaient les restes-de leurs frères, 
religieux et membres du tiers-ordre, ou familiers 
du couvent. M. Vaoquer a trouvé des épitaphes de 



1 Ij'EuoIb pratique de médecins s'étoud sur l'immeiiae termin 
ooentiË autnifola pm l'église des Cordeliers cil leur graud olottre. 
Il Teste du eoaveot \b luagoiflque réftotoire qui, pendanC la Bfiro- 
lubiOD, Hertit da aallo do séaDce au club des CardeliecK et qui, 
aujourti'liiii, eoC oeoniitfe ]iai' le Muséo Dupuyti^n. 




— 291 — 

c(M»doriniers, dont Tun était Jehan Thibaut, cordonnier 
de Henri III, roy de France et de Polongne^ puis 
celles, chose bien plus intéressante, d'un chirurgien 
et d'un infirmier, les premiers arrivés, sans conteste, 
dans TEIcole pratique. 

4 Novembre 1885. — M. Grévy s'est écorché le nez| 
immédiatement des bruits alarmants ont couru sur sa 
santé ; certains journaux ont même dit qu'il avait été 
frappé d'ime attaque d'apoplexie. Il fut très vexé de 
tous ces bruits. Le président de la République a bien 
le droit de s'écoroher le nez comme un humble citoyen. 

Heureusement que M. le Président a le nez bien 
fait ; sans cela quelles gorges chaudes ! 

5. — On sait la vérité, toute la vérité. Une note a 
été enviée à un journal officieux. M. Grévy voulait 
faire son petit tour aux Champs-Elysées, suivant son 
habitude, et fumqr son cigare ; il sortit donc de 
l'Elysée parla porte de la grille à l'extrémité du jardin. 
Le bonheur d'être libre le rendant trop allègre et trop 
empressé, il s'est tapé le nez contre cette porte. Il est 
rentré à l'Elysée pour étancher un peu de sang qui 
rougissait sa figure et voilà tout. 

7. — A la devanture des marchands de journaux, 
tout le monde regarde avec grand intérêt une gravure 
de V Illustration qui représente M. Pasteur faisant 
inoculer, dans son laboratoire de la rue d'Ulm, un 
jeune berger nommé Jupille. Ce gamin a été récem- 
ment mordu par un chien enragé qu'il a très coura- 
geusement combattu, puis tué avec son sabot. Ce 
n'est pas sur lui que ce chien s'était jeté mais sur de 
petits camarades. Pour les protéger, Jupille, à peine 
âgé de quinze ans, se précipita sur l'animal et l'abattit 



wup Ift 9ol '. lion sans avoir été cruellement mordu. De 
son pays, silué dans une gorge des Vosges, on l'envoy» 
bien vite à Paris, au laboratoire de M, Pasteur. 

22, — L'Oiléon donne, dé Coppée, un beau drame; 
les Jacobiles ; la première repréaenLalion eut lieu avec 
; un enthousiasme indescriptible. Une jeune fille, 
M"° Weber, premier prix du Conservatoire, a début* 
dans cette pièce d'une façon tout h fait reDia> 
quable. Les Jacobiles sont les Ecossais, partisans il*. 
Jacques Stuarl, (Ils de feu Jacques II, roi d'Angle- 
terre, détrôné par son gendre Guillaume. Jacques 
Stuart s'efforce de reconquérir le royaume d'Angle 
terre. Tout va bien; mais inopinément les ohets 
Jacobite» apprennent que Jacques est caché dans uiw 
maison avec la femme de l'un d'eux. Ils jurent d'aban- 
donner sa cause, si cela est vrai. Or cela est vrai el 
Marie, une petite Ecossaise patriote, va prévenirceU" 
femme et prend sa place pour sauver la cause du 
prétendant, cause qu'elle considère comme celle d» 
l'Ecosse. Marie, c'est M"' Weher, qui fait déjà, 
quoique pas bien belle (à mon avis du moins), tourner 
toutes les tètes de nos étudiants. 

26. — Le jiïune roi d'Espagne, que des exaltés oui 
si mal reçu à Paria, est mort à l'âge de vingL-huit ans. 

8 Décembre ISS5. — Aujourd'hui, la neige, ayant 
tombé dru, a. encombré toutes les rues. Pour avoir 



I Le Huulpteur l'oiar ii représenté oette action bératqne 
un beau groupe ton remarqua h l'Eiposïtloi) de 18ST 

M. Vallerj-Kftdot, diuiB aon histoire de M. Paateur, son \ 
père, nous appreud que Japille iVt DOmplËtement guÉri el qi 
temps eu temps il Tenait voir son BauvBur, 



raison de ce) iimoncellement, qui menace d"enlpaver 
complètement la circulation, les ouvriers de la Ville 
ont jeté partout du sel marin. La neige a fondu avec 
rapidité extraordinaire et forma une espèce de 
bouillie qu'on poussa avec beaucoup de facilité dons 
les bouches d'êgout. 

r. — La neige n'est pas seulement tombée abon- 
dante il Paris, mais dans toute la vallée de la Seine 
qui, par suite, subit une crue énorme; son cours 
devint des plus violents ; aussi à sept heures du matin 
«ne pile du Pont-Neuf se disloqua fortement. Cette 
pile se trouve entre le quai des Grands-Augustins et 
Je quai des Orfèvres, In deuxième on venant de la rue 
Dauphine. Klle supporte deux arches qui se sont 
lézardées d'une façon bien inquiétante. Immédiatement 
la circulation [ut interrompue et on s'empressa d'en- 
lever les pavés et les dalles afin d'alléger ce pont, si 
renommé pour sa solidité et sa Jeunesse. 

>. — On pense aujourd'hui traverser à pied le 
Pont-Neuf. 

Les quais sont pleins de monde, accouru pour voir 
les scaphandriers. Ceux-ci entrent dans l'eau, avec 
leur accoutrement bizarre et leurs tètes k vitres, pour 
aller examiner les fondations de la pile en péril. 

20. — Splendide bal au tribunal de commerce. Il 
y a onze ans Mac-Mahon s'est empressé d'aller au bal 
des commerçanLi, mais Grévy a écrit qu'il ne pourrait 
s'y rendre; celte conduile fait mauvais efl'et; il a 
aoi-vante-dix-huit ans, il est vrai. 

26. — Une palissade de planches a été mise Juste 



— 294 — 

au milieu du Pont-Neuf. Les voitures peuvent main- 
tenant y. passer au pas. 

29. — I-ies sept années de M. Grévy étant terminées, 
le Sénat et la Chambre se sont réunis à Versailles, en 
Congrès, et l'ont renommé Président. 



•t Jfnrvier. — Poor tes étrennes (ïes babitarrts de la 
rive gnuche, la ville de Paris, aima imiter, met à leur 
disposition un nouveau cimetière, près de Biigneux. 
Afin rl& («ur être tout porticiiUèreBienl ugré&bl^, elle 
a divisé ee ctiaetiière en caprés, et, swr les limites de 
ces narrés, eUe a planta des arides et. des arbustes 
aux feuilUges touffus, de façon h. tenr liérubei- la vue 
des tombes. Aujourd'hui l'idé« de la inr>rl «si impor- 
tune parce (juelle est, pourbeautîoiip, hélasl refTrayant 
inconnu,, le complet anéanlissement. 

15. — A l'oocasion de la réélection de M. Grévy, 
pas de fêtes, mais la grâce de nombreux condamités 
politique». Loais« Niiebel a quitté la paille bumide de 
son eaehol, pour aller à Levallois-Perrel, dana an 
logement où a été remisé le mobilier doBt elle a hériilé 
à. la mort de sa mère. 

17. — Louise a Cail dire dans les journaux qu'elle 
étoil honteuse d'être libre, alors q[ue tous les 
condamnéa politiques n'avaient pas été gracies, mais 
qu'on l'avait menacée, si elle ne voulait pas sortir, de 
la saisir et de la jeter dehors. Elle n'a pas, dit-olleT 
voulu servir de risée â la presse ijomme'ise. 



— 296 — 

18. — Paul Baudry, le peintre, du foyer de l'Opéra. 
esL morl, hier, au n" 56 de la rue NoLre-Dame-des- 
Champs, près de r.e Luxembourg, qu'il a lanl uiiw, 
sur cet'.e riva guuche, (ju'il n"a jamais voulu quitter, 
car elle est peuplée de grands nrlisles, tous ses amis: 
ffemi Clifipu, J.-P. Laureus, ^ouguereau, Allongé, 
Bartholdi, Oudiné, Ëtex, eolln Garnier, dont la cha- 
leureuse affection lui procura ses travaux de décoration 
à l'Opéra. 

De tous les ateliers sortent les maîtres ot élèves 
peintres, sculpteurs, graveurs, architectes qui, pour 
la dernière fois, viennent saluer leur illuslre voisin sur 
sa couche funèbre. 

26. — Les obsèques de Paul Baudry ont été fort 
belles. Toute iftoourdu u" 56 avait isté magnifiquement 
transformée en un grand salon d'attente pour recevoir 
la aplendide assistance qui venait rendre les deraiera 
honneurs au grand artiste. 

Il était fils d'un sabotier de la Roche-sur- Yon Ses 
sabots ont fait du bruit et l'ont fuit maroher vite sur 
le chemin de la gloire, 

28. — Tous les chiens de la rive guuche sunt en 
joie. Ils viennent en eflet d'apprendre que leur vivi- 
secteur, Paul Bert, va quitter Paris. Il est nommé 
résident général au Tonkin. 

10 Février 188G — Le Hulletbi municipal publie mi 
décret qui approuve le nom d'Auguste Comte, donné 
aune portion de la rue de rAbbé-dt>-rKpée. celle cjui 
confourne la grille du Luxembourg, vers l'avenue tlo 
l'Observatoire. Poui'quoi avoir dorme à une rue de 
notre Quartier le nom du fondateur de la philosophie 
positive? Mais, parce qu'Auguste Onmle dem«ui-a 



— 297 — 

longtemps dans le quartier latin, nie Monsieur-le- 
Prince, non loin du siège de ses occupations. 

"Il fut en eftet pendant plus de vingt, ans répéliteur 
et examinateur à l'Ecole polytechnique. 

Sa lonfibe est au l'tre-Lachaise, chemin Labedoyère, 
qui commence au monument même de Casimir Périer. 
En entrant dans ce chemin, tout de suite à gauche, 
dans une espèce de busse-fosse, se trouve une 
modeste sépulture, entourée d'arbustes et de bancs, 
ornée d'emblèmes et de couronnes qui viennent de 
toutes les parties du monde. C'est la sépulture 
d'Auguste Comte. 

Il y a quelques jours, en passant par là, comme 
cela m'arrive souvent pour aller prier sur la tombe de 
ma grand'mère, je vis, sur l'un des bnncs, un jeune 
homme de graide distinction, qui lisait avec recueil- 
lement, très probablement un livre de Comte sur la 
religion de l'hitmamlé. Je descendis dans cette basse- 
fosse et, m'inclinant sur !a tombe, je dis une prière 
pour l'dme tourmentée du philosophe II a de son 
vivant tant lutté ! lant souffert 1 .le me sentis autorisé 
à agir ainsi, car bleu souvent, au milieu de ses luttes 
et de ses souffrances morales, Auguste Comte saisis- 
sait l'fmilalioji de Jilxun-Christ pour donner quelque 
ratralchissement à sa pauvre Ame désolée '. 



L'apparteuient de tu rno Munaiour-le-PriiiDe a été coDBerré 
ime im endroit ancré, Piotre Lnfîltto, disciple et exâoutenr 
«mentitiFB d'Aiigaste Ooiiite. ; ouTrit des cours d'hietoirc el de 
morale. Ânjourd'hid ce HimcCnaice Au pogilhitmt n'enC plna le leul 
it Paria. Il en esinte an second iiu Uollfego de Praiice mflinc, wir 
M. PieriHi LafBtte j- a étâ niimmé profogaeiir d'hiatoire gâaârnle 
des BcientieB. Lh ohiiire n été rréée spéciale tuent paiii- lui en ISS!, 
ninlgré de granileB pratestnlÂons. 

11 y a nifime pliia. DepidH ignelqne MnipB, mir In plMe de ta 
Snrl'iinno, e'élÈïo Ho monument allégorique h In gloire d'Augnate 



— 29» — 

12. — Uu vieux boulevarulier iJu bouleyard S 
Michel, y demeucant au n' 64, un enragé promei 
du Luxembourg, biblioLhécaire au SénaL, Leconisfl 
Lislu, H èXé nominé, hibF, mutubrt; t]c TAfiadât 
française. LusoiiLe de Lisle esi l'auLeur des Pç4 
barbares, ijuPi je ne cnniiais pas et que le publifiJ 
conuaU guère, mais aussi îauLeur des admiri^ 
Ftynniex, jouées k l'Odéon, j,e ne dis pas àlag;rai 
joie, mais à la grande terreur des apeoLateurs et s ' 
latrices. L'admissiou de Leconte de Ltsle . 
coosenlie surtout pour honorer la mémoire de VmS 
Hugo, qui volait TOntînuellement pour lui toule&fl 
fois que le poète des Poésies barbares, des PoaC 
tragiques, des Erytunes, se présentait à PAcadàd 
française. 

2 Mars 1886. — Les étuiliants ont, été on r 
plus inquiets. Ils disaient : >■ Ah, qu'il n'aille [ 
mourir! * !l s'agissait du quasi centenaire Chevreut. 
qui avait eu un accès de fièvre ; enfin il va mieus 
aujourd'hui. Oh I ils ne tiennent pas encore rétadiant 
centenaire. 

12. — Aujourd'hui, grande, grande cérémonie » la 
Sopbonne; c'est l'inuugtiration iI'lki cuura dont on 
parle depuis six moi.s, le cours de VHUlfiirt de ta 
Révolution. M. Auiard, qui ou était chargé, aurait, 
m'a-t-on dit, défini ainsi !a Révolulion : le duel du 
peuple et de la royauté^ le confiil de In. science ut de la 
religio». 

Les rois et les prêtres n'ont qu'à bien se tenir. 

Le cours de M. Auiard est payé par la viUe de Paris. 
eu confermité d'un décret de M. Goblet. ministre de 
l'Instruction publique, qui autorise toutes les FaGulLèS 
à créer de nouvelles chaires avec les ressources » ' 
k leur disposition par les villes ou les pai'ticulîera. i 



— 299' — 

M. Aulard ôst professeur de rhétorique au^ lycée 
Jansoa de Sailly. 

19. — Le 13 mars, dix-neuf russes, mordus par un 
loup enragé, sont, arrivés de Russie à Paris. Ils sont 
allés immédiatement au laboratoire physiologique de 
TE^ole normale, rue d'UIm, n® 45, dont le directeur, 
M. Pasteur, a déjà guéri diverses personnes, notam- 
ment le jeune berger Jupille. C'est vraiment très 
honorable pour notre Quartier de receler un admirable 
laboratoire sur lecfuel sont braqués les deux yeux de 
rUnivers, aussi bien celui de l'Orient q.ue celui de 
rOocident ; mais ce n'est pas mal désagréable cepen- 
dant d'être exposé à être mordu par les malades qui 
viennent de partout se faire guérir à l'ombre du 
Panthéon. Voilà des gens infortunés, je n'en discon- 
viens pas, qui ont été mordus par un loup de l'Ukraine, 
et moi, bon bourgeois, tout occupé, bien loin de 
ce pays, à me promener avec ma fillette sur le boule- 
vard Saint-Michel, je suis exposé et ma fillette encore 
plus (car le morceau est plus appétissant) à être mordu 
par ces terribles malades. Monsieur Pasteur, Monsieur 
Pasteur ! je m'en vais donner à fa souscription de 
votre Institut et tâcher de faire donner beaucoup, 
beaucoup par mes amis et connaissances, afin que 
vous débarrassiez notre région le plus tôt possible. 

20. — Bon ! il ne manquait plus que cela. Voilà nos 
Russes qui sont descendus à l'hôtel Gay-Lussac, près 
la rue Legoff ; or la rue Legoff est le prolongement de 
la rue Victor Cousin et de la rue de la Sorbonne, ma 
rue ! J'en ai rencontré plusieurs avec d^s costumes 
étranges et des bandelettes autour de la tête, car le 
loup leur a sauté à la figure. 

Six des plus souffrants pour lesquels M. Pasteur 
n'augure rien de bon, sont soignés à l'Hôtel-Dieu. 



— 300 — 

i" Avril 1886 — Depuis l'instanl où les sénaleurs 
sesoritinstalIésftiiLuxemhourg. ils onl fait une guerre, 
sourde d'abord, ouverte ensuiU', au Musée des artitla 
vivants qui, soit disant, leur enlevait des salles néces- 
saires aux commissions ; enfin ils ont Uni pur avoir 
gain de cause et chasser ce pauvre must^e, qui s'est 
réfugié dans l'ancienne orangerie de la rue de Vau- 
girard. C'est là oi't, je ne dis pas trônent, maîssonl 
pendus les plus beaux spécimens de la peinture 
moderne. Les sculpteurs y ont suivi les peintres, mais 
comme la place est tout h fait insuffisante, les chefs- 
d'œuvre semblent grimper les uns sur les autres. 
Allons, Messieurs les vieux arlistes, du courte; 
dépêchez-vous de tourner de l'œil afin do faire delà 
place aux jeunes et d'entrer, vous, « pleine voile dans 
i'immortalili^, puiaciu'on enverrn vos tableaux au 



6. — Trois Russes sont décédés à l'Hôlel-Dieu! 
l'un d'eux est mort presque sans souffrance. 

15. — Beize Russes sont repartis bien porlanta en 
Russie. M. Pasteur payait pour leurs repas et leur 
coucher 4 fr, 50 à l'hôte! Gay-Lussac. Beaucoup de 
gens du quartier, moins limorés que moi, allaient leur 
porter dos friandises. 



20. — Drumonl, un rédactem- du journal religieux 
le Monde, vient d'être obUgé do le quitter pour s'être 
battu en duel et pour être sur le point de se battre de 
nouveau, ce qui n'est gu^re bienséant pour un rédac- 
teur de journal religieux. Ce Druinont a du talent. 1! 
a récemment publié un livre extraordinaire, la Frante 
Juive, dans lequel il dénonce les juifs comme prétendus 
corruplours de la France cl accapareuis de se? 



richesses. Beaucoup d'indications personnelles ont. 
horriblemeiil irrilé les Israélites. 

26, — Drumonl s'est battu une seconde fois, encore 
avec un juil, Arthur Meyer, directeur du GauloU, et, 
celle fois-oi, il aéléaffreusemeiitbfessé.Meyer aurait, 
dit-on, saisi deux fois l'épée de Drutnont et aurait 
profité de cet expédient pour lui porter un hori-iblc 
coup dans le hnut rie l'une des cuisses. 

Î4 Mai 1886. — L'Eiîole de pharmacie est fermée- 
Ces messieurs les i^ièves en pharmacie se sont révoltés 
contre M. Chalin, directeur de l'école, qui a prescrit 
certaines mesures nullement de leur goût. Dans leur 
colère ils vont jusqu'à prétendre que M. Chalin est 
un direeleup inconvenant, que, contraipemenl Ix toute 
dignité directoriale, tl se permet de participer à 
l'exploitation des eaux de Vais. Unanl à M. Chatin, il 
prétend, lui, n'avoir aucun inléréi, dans celte exploi- 
tation et participer seulement aux travaux scientifiques 
des eaux. Toujours est-il que plusieurs des jeunes 
gens, trop excités, furent mis en état d'arrestation. 

Hier, la place de l'Odéon était remplie d'étudiants, 
aussi bien d'étudiants en pharmacie qu'étudiants en 
médecine, qui voulaient la mise en liberté des cama- 
rades arrêtés. Comme toujours, on alla manifester 
devant la porte du commissariat qui se trouve au coin 
des rues Grebillon et de Condé; mais M. Schnerb, le 
commissaire de police, tiiilbon et ne relâcha personne. 

16. — Au Salon ; de Bonnat, un fort intéressant 
tableau représentant Pasteur et sa petite-fille, fille de 
M. VaJlery-Radol, homme de lettres, il la tient par sa 
petite menotte ; mon Dieu! a-t-il l'air content d't^lre 
grand-père : puis un fort bon buste de feu Maiire 



4 



littUneau, très l'esnemblniit. Il est de M"' Clovis 
Hugues, (|iii fut détendue pai- lui en Cour d'assises. 

'■ÎH. — Le QuarLier ee <remplil fie plus en plus d'en- 
ragés: huiL Houiuaiiis, mordus, vieiiaenl d'arrîverui 
laboratoire de la rue d'Ulm. 

Tout est fi la rage, voilà pourcfuoi les élèves de 
l'Ecole de pharmacie se sout comportés rvomnie des 
enragés vis-ù-vis de M. Chalio. Deux jeuues ganstral 
été myés pour deux ans des registres rie la FacuW. 
et huit autres l'.ondamnés h des peines plus ou inoiDd 
sévères. 



2Q. — Georges Hugo attrapa uije grave pleurésie 
en alianl déposer une couronne sur la torobe de.soii 
grand-pèi'e, lors de l'anniversaire rlu décès. Ces eou- 
terrains du Panthéon sont effroyablement humides fit 
glacés. 

— Le laboratoire de M. 'Pasteur, à l'Ecole normnK 
est trop à l'étroit; de plus il embarrasse l'Ecole, 
malgré toute la gloire (ju'il Iji donne. Le savant, 
pour s'installer en un Jiouveau laboratoire, avait 
demandé au Conseil municipal de vouloir bien lui 
concéder la jouissance des terrains, dépendant Ae 
l'ancien collège Rollin et situés rue Vauquelin. Le. 
Conseil lui en a. accordé une portion seulement. 

Plusieurs conseillers, notamment M. Navarre, doc- 
teur eu médecine, et M. Cattiaux, crfBcier de sanLê. 
ont dit de lui les choses les plus désagréables. M. Cat- 
tiaux l'a même appelé: charlatan. 

30. — Hier, la Société des Sauveteursl'a bien veng*. 
Dans une séance tout à fait solennelle, lenue b. la 
Snrbonne, ils ont décerné h M. Pasteur, qui a sauvi- 
tant de vies, un brevet dtî mtivfteui-. A la séance 



— 808 — 

assistaient dix enfants qui, après avoir été «lerdus 
par des chiens enragés, avaient ^é soignés et sauvés. 
En le voyant entrer ils ont couru vers 'lui et Font 
emfbrassé, comme s'il était leur père. 

3 Juin i886. — Fort heureusement le jeune Hugo 
est à peu près :guéri, mais on a beaucoup craint pour 
sa vie. Une autre fois il aura bien soin de mettre une 
calotte quand il descendra dans les caveaux du Pan- 
théon. La caHotte a du bon. 

7. — Les propos, débités au Conseil municipal 
contre M. Pasteur, ont simplement servi à augmenter 
l'importance de la souscription, ouverte 'pour lui 
offrir un nouveau laboratoire. Elle vient d'atteindre 
1.800.000 fr. 

28. — La loi d'expulsion des princes, votée à la 
Chambre par 315 voix contre 232, l'a été également 
hier, au Sénat, par 137 voix contre 132. Je la recopie 
ici : « Le territoire de la République est et demeure 
interdit aux chefs de famille, ayant régné sur la 
France, et à leurs héritiers directs dans l'ordre de 
primogéniture. » 

24. — "M. Pasteur s'est installé rue Vauquelin, dans 
son nouveau laboratoire, qui n'est du reste que pro- 
visoire. Avec le produit des souscriptions il pourra, 
en effet, s'installer ailleurs d'une façon magnifique et 
définitive. 

26. — J'ai assisté à une audience, bien intéressante, 
celle-de la dixième chambre de police correctionnelle. 
Meyer, directeur du iGaw/ow, y comparaissait. Il y était 
•cité à l'occasion de la blessure par lui faite à 



IJrumont. J'ai bÎRn toitl pnlendu, «ai- j'élais sur Ip 
second banc du barreau, derrière LenUs, Tavocal de 
Meyer. Ce n'est, ni pour DrumonL, encoi^ moins pour 
Meyer que je me suis décidé à venir élouffep et 
manquer d'air fi l'audience, maïs pour voir Daudelfll 
l'entendre rtans sa déposition. Il était avec Albert 
Duruy, lémoin de Druraont. Il a déposé le premieri 
sans passion, très grafiieusement, presque plaignanl 
Meyer d'avoir eu le malheur de s'Ptre comporté d'une 
façon si irrégulière, sur le terrain du combal. » Je 
connais Drumont depuis bien longtemps, ilit-il trfiS 
douiieiïient, je suis h. iieot lieues de ses idées; nous 
n'avons pas du tout la cervelle meublée de la mémo 
façon, mais, malgré cela, je l'aime de tout mon (lœuT. 
car JB l'ai trouvé toujours très droit dans toutes les 
circonstances de la vie, Ce n'est pas l'auteur de la 
France Juive que j'ai assisté dans le duel, mais mon 
bon ami Drumont. " 

Daudet et Albert Duruy, qui dépose le second, 
dédlarent avoir bien vu Meyer arrêter avec la ninin 
l'épée de Drumont, mais ils ne croient pas qu'il y uU 
mis de la mauvaise foi. Le président veut, leur faire 
dire s'ils croient qu'il y ait eu simultanéité entre celle 
action de Meyer et la blessure de Drumont; les deux 
témoins semblent ie croire, mais n'osent formellement 
l'affirmer. Le ministère public croit i la simultanéité 
de l'action des deux mains : l'une, la gauche, arrôtail- 
l'épée de Drumont, l'autre perçant Drumont. Lenlé 
combat celte thèse avec son habileté ordinaire. 

A huitaine pour jugement. La foule .se ralirt 
vivement impressionnée. 

3 Juillet 1886 — Le tribunal a rendu son jugement 
dans l'afl'aire Meyei'. « Il est impossible, n-l.-il dit. iIp 
déterminer si la blessure et la main mise sur l'épée de 



— â05 — 

Drumont ont été simultanées, puisque les témoins ont 
déclaré qu'il n'y avait pas eu de la part de Meyer 
intention déloyale, » en conséquence il n'a condamné 
Meyer qu'à 200 fr. d'amende. 

5. — Dans le Quartier habite un fou qui ne peut 
souffrir le costume des polytechniciens. Peut-ôlre 
a-t-il été refusé à TEcole polytechnique? Toujours 
est-il qu'hier, sur le boulevard Saint-Michel, il a tiré 
sur deux polytechniciens qui ont été blessés, mais fort 
légèrement. 

8. — M»' Guibert est mort aujourd'hui; son coad- 
juteur avec succession future. M*' Richard, lui 
succède ipso facto. 

9. — Hier, à quatre heures de l'après-midi, au 
cimetière Montparnasse, le préfet da police inaugura 
un monument funèbre en l'honneur des gardiens de 
la paix, morts en accompHssaiit leur devoir. Les braves 
sergots étaient jaloux de» pompiers qui, eux, depuis 
un certain temps déjà, à ce môme cimetière, ont un 
monument funèbre, élevé en l'honneur de leurs 
camarades morts au feu. 

Le monument des agents consiste en un cippe sur 
lequel se trouvent profondément gravés un sabre et 
une palme. La cérémonie fut très émouvante, surtout 
lorsque huit gardiens de la paix apportèrent, sur leurs 
épaules, l'officier de paix Viguier mort il y a deux ans, 
victime d'une explosion de pétrole, dans la cave du 
restaurant VFcrevisse. 

Le cerceuil fut descendu dans le caveau ménagé 
aux pieds du cippe. 

12. — Sur le terre-plein, planté d'arbres, qui so 

20 



Irouve enlre lu rue Taranne eL le boulevard Sainl 
Germain, on va inaugurer demai]i la staLue de Diderot 
dumieilié de son vivant rue Taranne, h rinterseclia 
de celle vieille rue et de la non moins vieille r 
Sainl-BeuoU. Des philosophes français et ét.rangei 
vont, pamîl-il, faire assaut d'éloquence. 

— Le long des murs du Quartier on affiche e 
moment un placard ainsi conçu: « Nous, éludianl 
français, indignés de l'intrusion des Allemands 
l'inauguration de la statue de Diderot, invitons no 
camarades à protester contre le discours d'un moi 
chard allemand, demain mardi 13 juillet, place Saia 
Germai n-d es-Prés, à quatre heures et demie. — U 
groupe d'étudiants. » 

13. — Inauguration de ladite statue de DideroU' 
est assis sur un fauteuil, le corps penché en avant, I 
plume dans la main, en l'attitude de l'écrivain qi 
cherche sa pensée ou sa phrase. Le vieux aitemanf 
annoncé, fait en effet son apparition et adresse 
Diderot un discours quelles étudiants sifflent i 
resifflent. Le bruit est d'importance; il l'eut été encol 
davantage si le vieu.\ allemand eut été moins ratatin 
de vieillesse. 

14. — La revue ordinaire a été passée par 1 
nistre de la guerre, le général Boulanger, qui monU^ 
avec beaucoup de grâce, un superbe cheval noil 
Beaucoup de cris de : Vive le général Boulanger. 

26. ~ Hier, grande conférence, organisée par 1( 
plus radicaux du Conseil municipal contre Pasteui 
qu'ils ont appelé cuisinier de lu rue d'Ulm (mais il 
rue Vauquelin maintenant), fumiste, inventeur il 
microbes. 



— 307 — 

28. — Une demoiselle flkHHλ vient de passer avec 
éloge, c'est-à-dire avec toutes boules blanches, son 
dernier examen de licence en droit. Le père Rataud 
lui a fait des félicitations émues. Son vieux cœur de 
célibataire se trouverait-il pris? 

15 Août i886. — Boulanger est allé, dans les 
casernes, manger la soupe avec les soldats. 

16. — On est assourdi par les camelots qui crient : 
« Demandez la biographie du général Boulanger, ses 
campagnes, ses faits d'armes, ses blessures; dix 
centimes, deux souâ. » 

18. — Le vendredi 15 août M. Grévy est entré dans 
sa quatre-vingtième année. Avec un nautonnier de cet 
âge, il est à espérer que le char de la France ne 
naviguera pas sur un volcan, 

/" Septembre 1886, — D'un balcon, boulevard 
Saint-Germain, j'ai admirablement vu la retraite aux 
flambeaux, organisée par les étudiants pour célébrer 
le centenaire de M. Ghevreul, le doyen des étudiants, 
comme il se nomme. La garde municipale à cheval 
paraissait la première ; venait ensuite le 14® dragons, 
puis une grande escorte de pompiers, torches en 
main ; malheureusement c'était une effroyable caco- 
phonie. La musique de la garde municipale n'était pas 
en effet assez éloignée de la fanfare des dragons et 
celle-ci pas assez, à son tour, d'une compagnie de 
tambours maîtres qui battaient de leurs caisses avec 
une véritable rage ; musique, fanfare et tambours 
mélangeaient leurs bruits. C'était épouvantable I II 
faut espérer que, vu son âge, M. Ghevreul était déjà 
sourd, car cette musique l'aurait fait devenir. 



6. — Notre ceiite[uuilUM^(^ p&s mui faLigué ùe t 
d'honiieuPB. QuoîquQ pleja de raaonaaJssanee, il uii 
dit, paraît-il, à das amis: ■< Si j"avais su, je n'aui 
pas dit mon âge «. 

'J Octobre 1886. — Le duc d'Aumale donne h. i 
confrères dp l'instilut tout Chantilly. Jl ne s'est rése» 
ruaufruiL que pour terminer certaines améIiorali( 
au château. 

li. — 11 n'y a pas seulement que des adversaii 
de Pasteur au Conseil municipal, il y a aussi 
admipateut-s ; voilà pourquoi le docteur Ciiautem 
vice-président dudit Conseil, a (ait, hier, au 
amphithéâtre de la Sorbonne, une cootérence p< 
expliquer la méthode du grand savAQt. II a pi 
d'une façon brillante et Iras eoavaincante. Pailei 
été acclamé. 

12. — Je reçois ce billet de faire-part : 
Monsieur Emile Slratii, avocat à la Cour d'appel 

l'honneur de vous faire part de son mariage 

Madame Georyes Bùet, née Halévy. 

Mon aimable confrère Straus, si Un, si spirituel, 
marie donc avec la veuve de Georges Bizel., l'aiite 
de Carmen et de cette musique charmante qui aco* 
pagna si heureusement YArlésienne, de Daudet, 1( 
de sa reprise à l'Odéou. ' 



I Je ne ws jt quel Balnn de ]ioiiitiire j'ai tu le poctmit 
M»*' Bizet, par Elio Delnuiiii;. C'étiiit, ai Jo ne idg tromp«, 
partmit Je bruue que tout le moade ndmirnit. En 1891, ne [î^ 
Incanifiarable fut eîilevé aux nrCs par une mort subite. H na 
terminer bob odmlrublea peintures du PanthéoD où l'on Toitaa 
OenoFlËTe engagesuit les PariBÎeBB \ ne pw fiitr devant l'Iiivw 



EoQn, les travaux de nonsnli dation du Ponl- 
Neuf sont terminés ; le voilà redevenu vraimenl le 
>oiit-Neuf. 

3 Novembre 1886. — Six Chinois vienneol de se 
lire inscrire à l'Ecole de droit pour étudier le droit 
•ançais. Ils y rencontreront avec plaisir quelques 
Bbinoiseries. 

8. — Vente, k la Halle, de la cueillette des ponnmes 
ie la pépinière du Luxembourg; on avait prélevé les 
lus belles pour la table de cérémonie de Son Excel- 
[én«e Monsieur le Préfet de la Seine. Il y a deax 
Bents variétés de pommes, à la pépinière; aussi, à 
rfiaqiiô instant, des demandes de greffe sont-efles 
jardinier en chef. 



'. — Vient de paraître, h la bibliothèque Char- 
pentier, un curieux livre de Souvenirs : ceux de' 
Schanne. Qui , Sthanne 7 Mais Scknnnv , le' 
marcband de joujoux du Marais, qui, dans la Vie (te 
Sohèvie^ [ut Schauuard C'était un drôle de corps, 
peintre et musicien, l'auteur de la symphonie sur 
'influence du bleu dans les arts. 

Après awoir Eait de la musique qui se joua un peu 
lerlout , après avoir fouïTé ses toiles jusque dans le 
oyer de t'Odéon, descendu enfin des hauteurs de 
l'art, U reprit la maison de son père où il vend en ce 
moment des polichinelles et autres joujoux. Son livre 
amusant donne pour ainsi dire la clef du livre de la 
Vie de Bohême ; c'est la divulgation de tous les 
personnages, hommes et temmes, qui s'y agitent. 

Les bohèmes appelaient Sehaime : Schannarti. 
Dans son roman Murger l'appela aussi Schannard^ 
lUe'fauto d'inipressioaen Sa : Schaunard. 



± 88 7 



2 Février 1887, — Nous venons de passer une 
semaine clans les transes ; un bruit courait, très, très 
persistant, ([ue nous allions avoir la guerre avec la 
Prusse parce (jue le général Boulanger avait organisé 
dos commandements de forteresses et pris certaines 
précautions le long des frontières. Mais Tambassadeup 
d'Allemagne, M. de Munster, a enfin déclaré à 
M. Flourens, notre ministre des affaires étrangères, 
que la Prusse n'avait jamais eu l'idée d'élever la 
moindre protestation contre toutes ces mesures. Nous 
respirons. 

12. - Hier, jeudi 11 février, grand bal chez le 
Président qui n'a invité que 6.000 personnes au lieu 
des 12.000 habituelles. On pouvait, au moins, approcher 
(lu buffet et retrouver assez vite son paletot à la sortie 
du bal. 

13. — Los étudiants et étudiantes en médecine ont 
conduit, au Pi^re-Lachaise^ leur vénérable doyen, 
•lulos Béclard, le fils du fameux anatomiste, Auguste 
Béclanl. Tios étudiants et les étiwliantes portaient dos 
courniuios, mais celles des étudiants ne pouvaient 
rivaliser avec celles des étudiantes, car celles-ci 



— 311 — 

avaient, ti'une façon ravissante, enlremSIê les camélias, 

les jacinthes et les lilas. Elles étaient quatre-vingts à 

suivre le cercueil, 

Jja cérémonie a été fort belle à Saint-Sulpice et 
onsieur le Curé est allé dire les dernières prières 

Bur la tombe de Jules Béclard. Le voilà réuni à son 

illustre père, ' 

16 Mars i887. — J'ai fait, ce matin, avec mon ami 
N..., un drôle de déjeuner, et voici comme '.Une œuvre 
très curieuse vient de s'établir à Paris : celle de k Bou- 
chée de pahi. Ellea distribué, pendant l'hiver, un gros 
morceau de pain (et non une bouchée, comme elle le 
.dit par modestie) à tous les gens qui sont venus lui 
en demander. Ces gens soat obligés de le manger 
hic el nuTic, séance tenante, afin de ne pas avoir la 
.tentation de le vendre pour s'acheter du cognac. A 
■deux pas de chez moi, rue des Cordiers, sur l'empla- 
cement du n" 14, démoli récemment, on a élevé un 
Réfectoire en bois où se trouvent des bancs et une 
■très longue table surchargée de verres et de brocs 
.pleins d'eau. Nous sommes entrés bravement et 
tis demandé un morceau de pain On nous a 
donné un beau croûton que nous avons mangé 
immédiatement et très scrupuleusement. ; nous l'avons 
trouvé délicieu.v el n'avons nullement regretté notre 
café au lait. Une tirelire était en évidence ; mon ami 
y fit tomber cinq francs el moi trois seulement 
comme ayant plus de charges de famille qup lui. 

20. — Aujourd'hui, il Saint-Sulpice, au milieu 




(l'unfl affluence Biinrme. funL-railltis de M. Beluze, 
fondateur Ju Cercle calholiqve des Etudiants, Tnule 
son GxisLenoe fui consacrée aux bonnes œuvres, 
Ayant perdu ses Irois enfants, dont un jeune homme 
de grande espérance, H chercha à se consoler en 
faisant aux jeunes gens le plus de bien possible. 

i" Avril ifiSl. — Le gouvernemeni. a eu la inalen- 
cbntreuae idée de choisir ee premier d'avril pour 
faire savoir aux étudiants que, dorénavant, leurs 
inscriptions ne seraient plus gratuites. Autrefois, 
sans doute, elles ne l'étaient pas, mais quand les 
Universités libres furent créées, l'université de l'Etat 
craignit la concurrence. Par suite, les inscriptions 
furent rendues gratuites. Aujourd'hui, le besoin 
d'argent fuit abolir la gratuité. Il faut voir le oomTOiK 
des étudiants. Ils font, ce soir, dans le Quarlier, tine 
promenade d'indignation ! 

2. — Les étudiants ont pris le parti d'envoyer, aux 
Sénateurs et aux Députés, une pétition pour protester 
contre la décision du gouvernement, mais elle n'a p4a 
chance de réussir Maintenant, dit-on, on paie des 
impûls sur tout eu général ; pourquoi les étudiants 
ne paieraient-ils pas des inscriptions qui leur per^ 
mettent d'étudier el d'arriver à des positions souvent 
lucratives ' 

Î5. - Aujourd'hui, les jurés acquittèrent le sculpteur 
Bafûer qui voulut tuer, à la Chambre, Germain Casse, 
pour n'avoir pas suffisamment réalisé les promesses 
révolutionnaires, par lui faites à ses électeurs. 

S'il fallait tuer tond les députés qui promettent plus 
de beurre qup de pain, on n'eu finirait pas. Les juras 
onl pensé que le pauvre sculpteur devait avoir le 




— 3ia ~ 

cerveau ua peu bizarre pour avoir pa croire aux 
belles promesses de son député. 

Germadm Ca-sse n'est pas mort^ Dieu m^rci 1 mais 
il n'en a pas moins été blessé. C'est une vieille 
connaissance; autrefois, étudiant en droit des plus 
ardents, il rédigeait tous ces petits journaux avancés 
qui naissaient et mourraient successivement sur le 
boulevard Saint-Michel. Il fut rayé de l'Ecole de 
droit pour avoir pris part au dongrès socialiste de 
Liège. Il semblait vouloir s'assagir, mais il n'avait 
pas demandé permission aux frères et amis plus 
avancés que lui*. 

30. — Nous sortons d'une bien grande anxiété ; des 
gendarmes allemands avaient, le 21 avril dernier, 
arrêté sur le territoire allemand, M. Schnaebélé, 
commissaire spécial de police à Pagny-sur-Moselle, 
sous prétexte qu'il espionnait ; mais il y avait été 
appelé, pour un règlement de frontière, par un autre 
com.missaire de police allemand. C'était un grand 
outrage ! Nous avons cru quelques jours à la guerre, 
d'autant plus que le général Boulanger semblait 
plutôt la désirer que la craindre.. Mais l'Empereur 
d'Allemagne, reconnaissant "que l'arrestation a été 
faite sans droit, vient d'ordonner la mise en liberté de 
M. Schnaebélé. L'orage a été conjuré par l'attitude 
énergique de Boulanger, disent les uns, par la finesse 
et la prudence de Grévy, disent les autres. 

— Dans le Champ-de-Mars, on enlève des masses 
de terre, car on a besoin de quatre vastes cavités 



1 Le sculpteur Bailler a fait une statue de Marat, qui fut 
placée au parc Montsouris, mais, devant les protestations de tous 
elle fut retirée, quoique fort belle 
4. 



^ 



— 314- 

pour y asseoir des fondations colossales. Ces 
fondations sarviront à soutenir les quntro grands 
pieds d'une (.our énorme en fer qui fera aulant de 
bruit f|ue la tour de Babel. Les étrangers, qui 
viendront nous voir, y monteront certainement et y 
parleront loules U-n litiigues, pomme dans l'ancien 
temps. 

18 Mai 1H87. - Mort, rue Souftiol, de M. Vulpian, 
doyen de la Faculté de Médecine, très savant, très excel- 
lent homme, qui, vigoureusement, a soutenu Pasteur 
contre ses nombreux adversaires. Quand Pasteur iit 
son inoculation rabique sur le petit berger Jupille, 
qui s'était battu avec un loup enragé, il ne voulut la 
aire qu'avec le concours de M. Vulpian. 

2fj. — Un bien triste nouvelle nous a terrifléa tout 
au malin, k noire réveil. L'Opéra-Comique a brûlé 
pendant In nuit ; peu de détails sont connus. Hier 
soir, on donnait Mignon. Le feu a pris, au premier 
acte, au moment où Soulaorok, dans le rôle de 
Wilhem, venait de chanter avec M"" Mei^uillier. Tous 
les acteurs, tous les figurants étaient en scène; beau- 
coup d'acteurs ont péri et aussi de spectateurs. 

Oh ! nous aurions dû nous douter de quelque 
chose, car, hier soir, h neuf heures et demie, le oiel 
était horriblemenl rouge au-dessus des toits du 
Louvre. 

— Enfin, les journaux nous apportent des détails. 

Deu.\ vicaires de Saint-Hoch. pendant la temblfl 
nuit, donnaient l'absolution aux mourants qu'on 
retirait des décombres. [i'in™ndie a tait, non pas 
vingt, comme on le croyait d'abord, mais quarante 
victimes. On retrouve des gens asphyxiés i&aa . 
beaucoup de coins. 



— 315 — 

29. — Un élève de TEcole polytechnique Ta 
échappé belle. Il avait prolongé sa permission du 
mercredi pour aller entendre Mignon ! Il a pu 
s'échapper, mais son incartade a manqué de lui 
coûter cher ; elle ne lui coûtera, somme toute, que 
huit jours de salle. Heureux pipo ! 

30. — Le ministère Goblet étant tombé, M. Grévy 
en a rafistolé un autre, mais sans le général Boulanger. 

— Aujourd'hui, à Notre-Dame, solennelles obsèques 
de trente victimes de TOpéra-Comique. 

31. - Grande fête militaire à l'Opéra. On n'atait 
pas grand cœur à s'y rendre à cause du désastre de 
rOpéra- Comique; mais comme tout était commandé, 
ordonné, agencé, on y est allé tout de même. Natu- 
rellement, beaucoup de monde cheminait sur les 
grands boulevards. Tout à coup, parmi les flâneurs, 
se répandit le bruit que M. Grévy n'avait pas voulu 
du général Boulanger dans son nouveau ministère. 
Les têtes se montèrent, les esprits entrèrent en 
ébuUition, et on se mit à chanter la fameuse chanson 
de Paulus * : £n revenant de la r'vue : 



Ma tendre épouse bat des mains 
Qttand défilent les Saints- Gy riens ; 
Moi, je ne faisais qu'admirer 
NoV hrav* général Boulanger, 



Bientôt une troupe de promeneurs quitta les abords 
de l'Opéra et vint acclamer le général Boulanger devant 
l'Elysée même en ajoutant : A bas Grévy ! Cette 



1 Tous les soirs, on 1886, Paulus chanta cette scie h l'Alcazar 
d'été. Jja musique, fort jolie, est do Desormes, et es paroles de 
Delormel. 



troupe su divisa ensmte : une pari ie arriva au Quartji 
en hurlant ; Boulanger, Bnwlatigtr, à bas le minùtin' 

15 Juin 1887. - Messieurs les aspirants Saints 
Gyriens ont fini, hier, leurs examens. Après avoî 
rafflé toutes nos voitures, ils sont parlis de la [Jao 
de la Sorbonne en se prélassant dans une soixantaia 
de véhicules qui se suivaient en nionôme; puis ils oi 
défllé à !a queue leu leu, devant !te ministère de I 
guerre, en agitant ries drapeaux et en' crisBl : Vît 
Boulanger! pour faire enrager le général Perroi 
nouveau ministre de la guerre. 

31. — Auguste Dufour, le sculpteur attach<5 à 
Cathédrale d'Amiens, a tout à fait terminé de restaur 
lûs treize statues de ma vieille maison Renaissatiee' 
Péronne. 

Il a gravé sar le côté du Marché- aux -Herhi 
l'inscription suivante: 

Am,o MDCCCLXXXVII han imagines insla 
H. Dabot, Operd A. Dufour, Sculploris. 

8 Juillet 1887. ^ M. (irévy qui n'a pas voulu i 
Boulanger comme ministre de la guerre Ta, poi 
mieux s'en débarrasser, tait nommer coBiniandM 
du 13° corps d'armée dont le (juartier général 
Clermont-Ferrand . Gomme le général va partir d'u 
moment k l'autre, tous ses partisans disent qu'il 
l'accompagneront à son départ pour l'esiL 

9. — Hier, en effet, le général Boulanger, au milif 
d'ime foule immense, est parti par la gare de Ly( 
pour son poste de général de corps d'armée. L 
employés avaient fermé toules les portes, mais cet 






foule les brisa comme verre et envahit la gare alin 
de saluer son bien-aimé. 

14. — Aujourd'hui, revue habituelle du 14 juillet. 
Le général Ferron, nouveau minisire de la guerre, a 
éLé aooueilli très raalhonnêtemenl. Les hommes et les 
femmes, pour rappeler le souvenir du brav' général, 
portaient des pelili pains d'un sou au bout de leurs 
cannes ou de leurs ombrelles. 

— Mon voisin, M. Caro, est mort hier, 13, rue 
Thénard. Le 12, il était déjà au plus mal et un 
vicaire de Sain t-Sé vérin était allé lui administrer les 
derniers sacrements. 

15. — Obsèques de M. Caro au milieu d'un grand 
concours de monde. Cette mort a surpris bien du 
monde ; quant à moi, je n'en ai pas été étonné ; 
elle serait survenue il y a déjà quelques années si ses 
principes religieux n'avaient point adouci ia protonde 
douleur que lui avait causé la morl de sa fille. 
Souvent, il se rendait à la messe d'une heure k Saint- 
Séverin et édifiait profondément les assistants par sa 
tenue et la façon dont il suivait sur son livre les 
prières liturgiques. 

Depuis quelques années, il se promenait souvent 
sur le trottoir de la me des Ecoles, rue toujours 
ensoleillée ; d était satisfait alors d'être abordé et 
de causer. Il me rappelait les choses du passé, 
notamment les nuits glaciales nu rempart pendant le 
siège de Paris. Il n'aimait pas que je lui lisse 
obsei'ver qu'il était toujours le premier à montrer 
l'exemple, toujours le premier à obéir, toujours le 
premier à accepter les corvées les plus désagréables. 
Mais ee qu'il aimait, c'était de faire revivre les 
conversation a du jour et aussi celles de la nuit avec 



— 318 — 

tant d'hommes remarquables qui remplissaient la 
îj" compagnie du 21® bataillon, se rappelant toute la 
part qu'ils y avaient prise, mais oubliant celle, 
c'est-à-dire la plus brillante, qu'il y avait prise 
lui-même ». 

M. Garo, professeur à la Faculté des Lettres, était 
tout à la fois membre de l'Académie française et de 
l'Académie des sciences morales et politiques. 

La veuve de M. Garo est une femme de haute 
valeur. Elle a publié, dans la Revue des Deux-Mondes, 
un roman charmant: Le péché de Madeleine^ mais 
sous un pseudonyme qui intrigua beaucoup les 
lecteurs. Depuis, elle a donné d'autres romans avec 
cette simple signature : Vauteur du péché de Madeleine. 
On voit, dans ses œuvres, qu'elle a vécu dans l'intimité 
d'un homme de gi:*and talent. Ge n'est pas un bas-bleu, 
loin de là, et ses doigts, qui tiennent si bien la plume, 
savent également tenir l'aiguille à broder. Sa salle à 
manger est tendue d'une soie bleue enrichie par elle 
de gracieux dessins en relief. 

f*'' Août 1887 . — Sur le terre-plein, situé entre le 
boulevard Saint-Germain et la rue de l'Ecole de 
Médecine, de nombreux messieurs appartenan t à la 
société de craniométrie, pour la plupart chauves, 
viennent inaugurer la statue du professeur Broca, 
également très chauve. On lui adresse des discours 
élogieux pour avoir fait de remarquables travaux sur 
V anthropométrie craniométrique, Broca tient un crâne 
dans la main gauche et, dans l'autre, un compas avec 
lequel il mesure ledit crâne. Ge n'est pas bien gai. 
Broca^ qui regarde, pensif, son crâne et son compas, 
paraît rêver ; il a, malgré son absence de cheveux, un 
faux air d'Hamlet, prince de Danemarck, regardant, 
dans le fameux tableau de Delacroix, le crâne du 
pauvre Yorick. 



— 319 — 

2. — Les fondations de la grande tour du Ghamp- 
de-Mars sont terminées ; sur les quatre immenses 
dés enfoncés dans les quatre trous énormes que j'ai 
vu creuser, on commence à poser (juatre pieds 
métalliques. 

31. — Aujourd'hui, exécution d'un misérable 
assassin, Pranzini, qui avait, pour la voler, assassiné 
une femme galante, amoureuse de lui, Marie Regnault, 
connue dans la haute Bicherie sous le nom de Régine 
de Montille. 

Ce superbe brun, d'une beauté fort appréciée, car il 
eut de nombreuses bonnes fortunes, est provisoi- 
rement dans un trou du cimetière d'Ivry, autrement 
dit cimetière du Champ de navets. Les professeurs 
de l'Ecole de Médecine vont avoir le bonheur de le 
déterrer pour le dépecer. 

Démange, son avocat, avait bien fait ce qu'il avait 
pu pour lui épargner ces attristantes extrémités, car 
il était allé à Mont-sous-Vaudrey demander sa grâce 
à M. Grévy ; mais ce dernier qui, décidément, se 
corrige de son amour pour les assassins, a été sourd 
à Téloquence in extremis du défenseur. 

2/ Septembre 1887. — Histoire aussi amusante que 
macabre : Tout le monde connaît, à Paris, un sous- 
brigadier de la Sûreté, très expert, très fin d'ordinaire : 
l'agent Rossignol; celui-ci voulant faire plaisir à 
M. Taylor, son chef, et à M. Goron, son sous-chef, 
n'a-t-il pas eu l'idée bizarre d'aller h l'Ecole de 
Médecine, où Pranzini a été envoyé après son 
exhumation, et là de demander au garçon d'amphi- 
théâtre un morceau de la peau du guillotiné. Ledit 
garçon a taillé en plein drap et a donné à Rossignol 
un beau morceau de peau. Celui-ci l'a porté chez 



M. Oeslrease, le roi des maroquiniers, pour la fain- 
lanner, La peau fut rendue avec un luslre êcktanU 
Rossignol qui en QL laira deux poile-cart«s el les 
donna à ses chef et sous-chef. Tous deux en effet oui 
la manie de conserver des objel.s ayant apparlenu ain 
criminels qui onL passé par leurs mains. Quel amour 
du métier! A l'amphithéâtre, on a parlé ; les carabin» 
sont de vraies pies borgnes; on a aussi jasé dans la 
Quartier parmi les étudiants, tant el si bien ip» 
M. le doyen de l'Ecole de médecine, prévenu, a misi 
la porte la pauvre garçon d'amphithéâtre. 

Rossignol, qui rend tant de services A la polioe, 
va-l-il payer les pots cassés? Que va-l-on taire i 
MM. Taylor et Gorou 7 « oh ! oh ! dil-ou, ils doiveul 
être bien punis, car ils ont violé le respect dû ua 
morts. " Ah, bien, ça me touche peu ; mérite4J 
qu'on s'occupe tant de le venger, ce Pranzini 1 

L'idée de tous i;es braves policiers est certainemeol 
saugrenue et inconveuante. M. le Préfet -de poiioê 
Uragnon devra leur laver lu tête, voilà tout, et 
confisquer les deux porte-cartes pour s'en faire tâti 
un porte- ci gare H. Qu'ils seront savoureux ! 

if) Octobre 1887. — La Sorbonne s'élève de phw 
en plus; on ne voit plus déjà clair dans les maisoi» 
en face, rue de la Sorbonne. 

19. — Paris est dans une grande agitation. Depuis 
quelque temps, Daniel W'ilson, gendre de M. Grevy. 
est véhéoientement soupçonné d'avoir, avec un général 
besoigneux, CafTareJ, et une dame Limouzin. trafiqué 
de décorations. 

29. — Devant i'aniraad version générale du publii", 
Wilson fui obligé de quitter l'Elysée ofi il demeurai) 



— 321 — 

avec sa femme et ses deux fillettes. Il s'installe dans 
un hôtel que le Président s'est fait construire avenue 
d'Iéna, près du Trocadéro. 

8 Novembre 1887, — Gaffarel et la Limouzin ont 
comparu au tribunal correctionnel. Chose inouie ! le 
dossier avait été communiqué à Wilson. Au milieu 
des pièces se trouvaient deux de ses lettres à la 
Limouzin, écrites en 1884 et saisies chez elle. Après 
la communication, la Limouzin voulut revoir le 
dossier. Elle fit remarquer que les deux lettres 
avaient été modifiées. Gomme elles étaient écrites 
sur du papier de la Chambre des Députés, on appela 
à l'audience un employé de la maison Blanchet, 
fournisseur du papier de la Chambre. Cet employé 
dit: « Le papier de ces deux lettres, qui portent la 
date de 1884, n'est sorti de l'usine qu'en 1885. » 
Là-dessus, cris, agitation, tapage, et, finalement, 
levée de l'audience. 

28. — Impossible de passer dans la rue de Rivoli, 
tant il y a de monde. On est assourdi par la voix des 
camelots qui crient d'une voix lamentable une espèce 
de complainte dont le refrain est celui-ci: Ah! quel 
malheur d'avoir un gendre ! 

29. — Dans le Quartier, grandes affiches rouges 
avec ces mots : A bas Ferry ! Les étudiants voient 
bien que le pauvre père Grévy ne pourra rester 
Président à cause des agissements de son Daniel, 
qu'il n'a pas su ou pu suffisamment surveiller ; mais 
ils ont peur de Ferry, en tant que son successeur. Ils 
s'empressent donc de crier : « A bas Ferry ! » 

30. — Le Président déclare qu'il va envoyer un 
message avec sa démission. 

21 



/"■■ bicembtfi iSSl. — Vers cinq heures, une Tout 
■énorme, Déroulède en L&Le, descend le boul«i'ai4 
Sainl-Michel en crianL: A bat Ferry ! el en chantmit 
la Marseillaise. 

Sur les murs, nouveau piacard. celui-là signé: 
Litbonne, et ainsi conçu: » Peuple de Paris, il 
République est en danger. Versailles veut nommer, 
comme successeur de Grévy. Forry-famine, Ferry- 
Tonkin, Ferry le valet de Bismarck... Nous ne 
reculerons devant aucun aaorifioe pour enipèefaer que 
la France ne soit représentée par le dernier dei 
l&cfaes... Citoyens, veillons. « 

2. — Lecture nu Sénat et à k Chambre du messagï 
de démission. On l'ufliohe en ce moment. 

Ce soir, beaucoup de calme. De temps en temps, 
sur le boulevard Subit-Michel, des voix lugubres 
d'éludiaiiLs chanlenl cette lamentation : 



sur l'air d'un fameux cantique du Vendradi-SainI : As 
tang qu'un Dieu oa répandre. 

3. — Hier 2 décembre, rue de la Montagne Saiole- 
Geneviève, 46, à la salle Gaucher, eut lieu un grand 
mélingue, organisé par le cercle Germinal, pour 
déclarer son opposition k l'élection Ferry. 

3. — Dans la soirée, à la dernière heure, dO 
apprend que le Sénat et la Chambre, réunis en 
Congrès, ont nommé M. Sadî Curnot, Présidenl il* I 
la Répubhque française. ' C'est le petit-fils de Lazare 1 



1 M. Carnot a'appeUe Mnrie, Frantoii, Sadi. Sadi e 
d'un poËM persim, aateur rje forts Mbhx poèiua», un 
le Jardin des Boita, ijuo M. Ilippolytc (Jnrnot a traduit. 



- 323 — 

Garnot et le fils d'Hippolyte Carnot, ministre de 
l'instruction publique en 1848, que les collégiens 
adoraient parce qu'il avait Xîhangé en tunique leur 
habit à queue de morue et en képi leur chapeau 
à haute forme. 

On est content, mais ahuri. Qui diable, dit-on, 
pensait à M. Sadi Garnot? Qui diable? mais Dieu, 
pardi ! Dieu qui ne se désintéresse pas de la France, 
qui nous épargne une guerre civile ; remercions-le ! 



FIN. 



NOTES FINALES 



EXPLICATIVES OU RECTIFICATIVES 



Note du 1 3 Janvier 1873, page 30 : 

Cette opération de la pierre ne fut certainement pas 
faite par Ambroise Paré, car celui-ci vivait sous 
Henri IL 

D'après le Dictionnaire historique, de Moréri, Ger- 
main Callot serait le chirurgien qui fît l'opération de 
la pierre sur Tarcher de Meudon. Son fils et son petit- 
fils furent également d'habiles opérateurs et Ambroise 
Paré parle avec admiration de cette famille Callot 
dans un de ses petits traités, daté de 1573. 

Note du 26 Mars 1813, page 37 : 

Je dis dans cette note que le prénom : Elzéar, de 
M. Ortolan, est provençal. J'aurais pu en dire autant 
de son nom. Il me semble, en effet, me rappeler que 
dans un petit poème de Mistral, l'un des héros s'appelle 
Ortoulan. C'est un voiturier, l'honneur de la Provence, 
qui fait si bien claquer son fouet qu'avec la mèche il 
mouche les chandelles sans les éteindre. 

M. Ortolan avait un fils aussi bien doué que sa fille 
au point de vue intellectuel, Eugène Ortolan, mort 



V 



— 828 — 

I 

ministre plénipotentiaire en retraite. J'ai fait connais- 
sance avec lui à SaintrValery-sur-Somme dans les 
derniers temps de sa vie, vers 1889. 

Ayant, peadimt Je cofiifs de $eù exialtcnuïe, consacré 
tous ses loisirs à la musique, il avait pu faire jouer 
avec succès, au ThéÀtre lyrique, quelques opéras- 
comiques, notamment: LiseUe. J*eus le plaisir d'en- 
tendre plusieurs mott^eftux dô ses oâiivres eitiré autres 
un splendide fragment de son oiratorio : Tobie^, 

Le gendre, M. Bonnier. professeur à PEScole de 
droit, ne déparait pas cette beùe famille Oirtolan, sans 
contredit Tune des premières familles bourgeoises du 
Quartier. Toujours fort intéressant, il avait souvent le 
mot pour rire, ce que j*appréeiaia inAaîxneQi qiMnd 
je fus son élève à TEcole de droit et plus tard son 
collaborateur à la Société de secours mutuels- da 
Panthéon. 



Il' 



:1 



Ul 



Note du 26 Juillet 1873, page 47 : 

Je signale une petite erreur. Ce n'est pas la chapelle 
des Génovéfains qui servait de bibliothèque au public 
vers 1846, mais Tancienne bibliothèque des Génové- 
fains elle-même ; la chapelle (dite chapelle du cloître) 
pouvait peut-être bien servir d'annexé à la bibliothèque, 
car elle était juste au-dessous ; mais Voilà tout. 

Autre erreur: j'ai cru voir dans le dôme central 
qui, dans la bibliothèque était à l'intersection de 
diverses galeries, j'ai cru voir, dis-je, s'envoler un 
saint Benoît. C'est un saint Augustin dont les Géno- 



1 J'ai pu, ici, comme je l'ai fait dans d'autres occasions^ prédaer 
mes souvenirs gr&ce au « Dictionnaire des contemporains » de 
M. Vaporeau, toujours si au courant de tout ce qui ae passe dans 
les lettres, les sciences et la politique. 



— W7 — 

véfoins suivaiE)nliu.rëgIe, mais un .saint Augustin, sans 
cœur enflammii, comme c'esl ThabiUicle. Le fameux 
peinire Restnut lui a mis dans la main une plume au 
lieu d'un cœur. Alors moi, enfant tlo quinze ans, j'ai 
pris saint Augustin pour un autre... saint, pour saint 
Benoît écrivant sa règle. 

Note du 16 Joût i873, pai/fi 4» : 

J'ai dit que M. BouLonnet de SHint-Vallier {lire 
Saint-VallùVe) , ayant mangé presque toute sa fortune 
était au moment de aa morl en train de boire le reste. 
La vérité est qu'il avait mangé toute sa torUine et que 
par conséquent il n'avait eu aucun reste à boire. Il 
l'avait du reste mangée noblement en venant au secours 
des étudianLs malheureux ; de là son surnom de 
Bouton d'or. C'est ce que m'apprend un curieux 
Article du Siècle qui vient de mVitre signalé {Siècle du 
10 août 1873), article reproduit par le Journal dea 
Débat! du 12 août; le rédacteur de l'article dit 
nolamoienl ceci de ce brava Boutonnet : 

K On dex types les plus bizarres du quartier latin, le 
doyen des boMmes, vient de disparaître. Boutonnet, dit 
JtoUlon d'or, que tous les étudiants connaissaient, est 
mort avant-kicr... Bouton d'or s'appelait de son vrai 
nom le vicomte Boutovnet de Saint- Valliére. Il avait 
environ quarante ans. Bouton avait été l'ami de 
Murger; aussi n'avait-il eu garde de manquer à la 
première représentation de la reprise de la Vie de 
Bohême. 

M Au début de sa carrière dans le Quartier, Bouton 
iVor dut sa réputation à sa générositi!, sa bourse était 
toujours ouverte.... » 

L'ami de Murger est mort âgé de trente-neuf ans, 
au n" 1 de la rue do Lacépëde, oCi meurent tes gens 
par trop bienfaisants. 



Nol^' du I / Juin I87n, page 87 : 

L'innoiienle, mais toujours amusante plaisanterie 
sur M. d'Het-ysy de Saîiit-Oenis, gue je rappelle dans 
cette iioto, est la plaisanterie ordinaire dirigée par les 
étudiants contre les professeurs de langue et lîllé- 
rature étrangères au Collège de France, dont ils se 
moquaut journellement, sous prétexte qu'ils sont 
incapables de parler la laague qu'ils professent. 

Il est bien oerf-FÙn que Tin, né en Chine, savait 
mieux le chinois que M. le marquis d'Hervey, mais il 
fallait cependant que celui-ci le sut assez bien pour 
avoir été choisi par le gouvernement chinois comme 
commissaire général à l'Exposition de 1867, 

Noie du 3 / Mai 1877. page i3S : 

En examinant, il y a quelque femps, les peintures 
de l'iivis do Chavannus nu Paiithéon, je fus fort 
étonné et en même temps fort heureux de retrouva 
sainte Geneviève avec des. bras beaucoup moins gros. 
Néanmoins j'aime mieux voir, du même peintre, sainte 
Geneviève devenue femme, surtout en ce poétique 
tableau dans lequel l'artiste la représente veÛlant iur 
la cité endormie. 

Noie du 5 Juin 1879, page i52: 

Le buste de l'architecte Labrouste fut, après sa mort 
en 1885, placé dans la niche réservée dont parle la 
note du 5 juin. 

Noie du ii Décembre i880, page 191 : 
Voilà tout au moins ce que l'on se racontait partout 
avec douleur et irritation. Cependant je me demande 
ai le détail du lombereau est bien exact. M. Hérold. 



— 329 — 

étant mort aujourd'hui, il convient de ne pas charger 
légèrement sa mémoire. Gomme on le voit à la 
page 160 de ce volume, il avait parfois une certaine 
délicatesse de sentiments dans sa conduite adminis- 
trative. Il m'a été dit de plus que, pendant la durée 
de son séjour à THôtel de Ville, comme préfet de la 
SeiAe, il était fort équitable pour ses innombrables 
employés dont il se rappelait nettement tous les travaux, 
tous les mérites, servi en cela par la plus extraor- 
dinaire des mémoires. Dès TEcole de droit cette 
mémoire stupéfiait déjà ses amis. 

Note du 4 Janvier 1883, 2^ paragraphe^ p^9^ 234 : 

J'ai oublié de dire pourquoi le corps de Gambetta, 
«alors simple député, fut amené au Palais-Bourbon. 
Le Conseil des ministres le décida ainsi pour que les 
obsèques fussent plus solennelles et parce que Gam- 
betta avait été autrefois président de la Chambre. 

Note du 29 Septembre 18Sk, page 266 : 

J'ajoute qu'au-dessous des divers personnages de 
la céramique court aujourd'hui, en lettres dorées, une 
légende explicative ainsi conçue : 

Angelum Gdlliœ custodem Christus patriœ fata docet. 

Le Christ révèle à Tange gardien de la France les 
destinées de la Patrie. 

Note du 5 Juillet 1886, page 305 : 

Ce fou fut enfermé dans un asile, puis relâché 
comme guéri. Il profita de sa liberté pour tuer un 
homme des plus distingués, M. Raynaud, répétiteur 
à l'Ecole polytechnique. 



Note du :tO rivc-mlm 188f., pagr :iOH : 

Chamfleiiry, (iiuif; sus Siinvenirs des FunambHlet.i 
fait un Iros joli jjorlviijt. Ue Sohanne, qu'il représeolB 
ailmirahlemeiil. cloué nu point de. vue arlisLique. 

Quant aux Souoeiiin de i'c/iam*e je no peux m'em. 
[lâutiBr d'en douner ici un iiuneux passage, întéressanl 
surtout pour \os habiLaoLs du QuarLJer. Schanne p«rle 
do la promenade du soir que Murger et ses arais 
faisaieul d'ordinaire au Luxembourg : 

1. ... Puh le café prix, nou* vous attardions sota la 
grnjidn arbres liu Luxembotirg jus(/u'au moment où ta 
cordons de soldait tious refoulaient vers ta porte de 
sortie, Cû7nme moi, Murger s'amusait beaueoup à 
eutaidre les crû des troupiers, ténors, barytons et bustes 
t/ui prunonçaient awc loua Us accents des proviticei du 
France la formule journalière: on va Eeurmer, ou 
farme, oq froume. 

Au LtUMUbou^, Murger, fixa' en son buate de 
marbre, doit encore tous les soirs bien s'amuser. Il 
voit, en effet, passer devant lui bourgeois et étudiants 
attardés qui pressent te pas en entendant les rappels 
aonoras de nos petits troupiers français. 



INDEX DES PRINCIPAUX FAITS 



RAPPORTES DANS L OUVRAGE 



Mois. 
Janvier, 



Février, 



Mars, 



Avril, 



Juin, 



Août. 



1872 

Pages. 
Décoration de quatre normaliens pour 

faits de guerre 1 

Le général Cremer au quartier latin. 2 
Enterrement du père Gratry, ancien 

normalien 5 

Ruy Blas à l'Odéon 6 

Mine d'argent au Luxembourg . . 6 

Troubles au cours de M. Dolbeau . 9 
Suspension des cours et examens de 

la Faculté de médecine .... 10 
Apparition de la chambre de Calvin 

sur .la place de Saint-Etienne-du- 

Mont 12 

Réceptions de M, Thiers à l'Elysée . 13 
L'Hôtel de Ville transporté au palais 

du l^uxem bourg 13 

Restauration de la caisse du tambour 

d'ArcoIe sur le fronton du Panthéon . 17 
Voltaire réintègre le square Monge . 20 
Mort de M. Delaunay, directeur de 

l'Observatoire 24 



— 332 — 



Mois 
Novembre, 



Pages. 
Lu croix rétablie sur le dôme du 
Panthéon 28 



Janvier 



Fe'vrler, 

Avril, 

Mai, 

Juin, 

Juillet. 

Août, 



Septembre, 
Novembre. 



Janvier, 
Mars. 



Juin, 
Juillet. 



1873 

Mort de Tex-Enipereur. Première opé- 
ration de la pierre au cimetière 

Saint-Sé vérin 30 

Les Ery unies l\ l'Odéon .... 32 

Travaux de réparations du Panthéon. 33 

Mort de Saint-Marc Girardin. . . 38 
Le miiréchal de Mac-Mahon président 

de la République 42 

Visite du Quartier par le shah . . 46 

L'ancieiine bibliothèque S'^-Geneviève 47 
Découverte de cercueils rue de la 

Montcigne Sainte-Geneviève . . 48 
Découverte de cercueils près de 

Saint-Etienne-du-Mont .... 49 
Découverte de cercueils près de la 

Maternité 50 

Incendie de l'Opéra 50 

Le septennat 53 

1874 

Les étudiants et la chanson du vitrier 56 

Inauguration , à la Bibliothèque 
Sainte-Geneviève du buste de Ge- 
ring, introducteur de l'imprimerie 
à Paris 59 

Souvenir de Jules Janin; sa perruche 
(hî la rue de Vaugirard .... ^^ 

Effondrement dans les catacombes de 
partie de jardin du Val-de-Gràce. 67 



Iftois 
Août, 

Novembre, 
Décembre, 



Janvier, 
Février. 

Mars. 
Mai. 

Juin. 
Juillet, 
Octobre, 
Novembre. 

Décembre, 



Janvier. 



— 333 — 

Pages. 

Groupe des quatre parties du moade 
dans Tallée de TObservatoire . . 68 

Bruit au cours de M. Chauffard . . 71 

Rente à Henri Monnier, ancien acteur 
de rOdéon 74 

Une fille de Louis Veuillot à la Visi- 
tation de la rue d'Enfer. ... 75 

1875 

Verglas du l®"" janvier 76 

Inauguration de l'Opéra .... 78 

Trésor du lycée Henri IV . . . 80 

Prolongement du bouleverd Saint- 
Germain 81 

Mariage à la Sorbonne d'un petit 
neveu de Richelieu 82 

Ouverture à la Sorbonne des tubes 
barométriques du Zénith ... 84 

Claude Bernard et son chien Fistulard 86 

Histoire de Tin, répétiteur de chinois 
au Collège de France .... 87 

Le Père Monsabré au couvent de la 
rue Jean-de-Beauvais .... 91 

Mort au lit d'un malade de M. Lorain, 
professeur à l'Ecole de médecine . 93 

Mort de Carpeaux Ses élèves viennent 
fleurir la fontaine de l'avenue de 
l'Observatoire 93 

Démission de M. Wurtz, doyen de la 
Faculté de médecine .... 94 

L'Empereur replacé sur la colonne . 95 

1876 
Les Danicheff à l'Odcon .... 96 



Octobre. 

JVorsmAre. 



^^v^M'rcj 



- 3*4 — 

*•-■ 

Mort <Je Chni-ri^re ,- J«0 

L'LiQmnie à la foiirclietle opéré à îa 

Pitié W 

Obsèques de Midielot 101 

Renvoi du concours dit l'Ecole [loly- 

terhitiigue 103 

MnuuiiiontH'Henri ReRiMult il l'Ecole 

des LeauK-iirts 107 

Histoire de l'Odion jiîir MM. Porel 

et Monval lOÏ 

Le collège Rollin abandonne le * 

Quartier JOB 

Le nez de Nniioléoii III uu ransf>e du 

Lusenibourg 100 

Fabriques de |>oterieB gallo-romniuea , 

découvertes sur la Montagne Saiitte- 

Geneviève IW 

i877 

Le modèle Alix Duboscq et l'Ecole 

deE beauK>-artB 115 

AgraiidiBseeient de la clinique . . 118 
L'empereur du Brésil nu cours de 

Germain Sée . . 119 

RepriBe de Maaprat à l'Odéon . . 119 
Bruit uu cours de M. Suint- René 

Taillandier 119 

L'epipereur du Brésil aux esamens d« 

l'Ecole dee mines 121 

Peintures de P«vis de Chavnnnes au 

Panthéon 122 

Obsèques de M. Thiers .... 123 
Mortde M. Leverrier à l'Observatoire, 124 



Novembre, 
Décembre, 



Février, 

Mars, 
Avril. 

Mai, 



Juin, 
Août, 
Octobre. 
De'cembre, 



Janvier, 



Février. 



— 335 — 

Pages. 

Le modeieur d'anntoruie de l'Ecole de 
médecine 12G 

Mort de M. RuhrokorfT, rue Cliam- 
polIioQ 127 

Garnier de l'Opéra sur les vitraux de 
Saint-Séverin 128 

1878 

Obsèques triomphales de Claude 

Bermird 131 

h*Estudiantinà 132 

Entrée en religion de M"* Prévost- 

Paradol 133 

Ouverture de l'Exposition universelle. 134 
Mort de M. Valette, professeur à 

l'Ecole de droit 134 

M. Valette et les chevaux de la rue 

Soufflot 135 

Etudiants extravagants au centenaire 

de Voltaire 136 

Cimetière gallo-romain rue Nicole . 137 
Legs Rossi à l'Ecole de droit. . . 138 
Mort de Pipe en bois . . . . . 140 
Pose de la première pierre à l'Ecole 

pratique 141 

1879 

La Clémence Isaure du Luxembourg. 143 
Démission de Mac-Mahon. . . . 145 
Nomination de M. Grévy comme pré- 
sident de la République . . . 145 
Mort de M. le professeur Chauffard . 147 



i 


-"396 - 


i 


•M* 




Pag«. 


afert. ' 


Obsèques .'i l'église do hi Sorboiine 
d'un membre de lu fiimille de 
Riclielieu 


IVI 


A^t: 


Mort lie Magny, restauniteur dans 1r 


l.il 


Mai. 


Reproduction au Panthéon des an- 
ciennes processions de Sainte- 






Geneviève 


152 


jiÙH. 


Mort du prince impérial .... 


153 


Jmilieû- 


Les cliieiis de la Sorbonne . . . 


m 


iSépfmirf 


Le parlouer aux bourgeois . 


l.W 


Ottoln. 








do la rue Victor Cousin. . . . 


160 




Iniiuguratioii boulevard Arago do hi 






Faculté protestante de Paris , 


i6r> 




Rentrée des Chambres à Paris . 


icr) 


Dteembre. 


Terribles gelées. Vcil de mouettes sur 






la Seine 


lOC) 




1880 




Jtutvier. 


Obsè([ues de Jules Favro .... 


!0!) 


Février. 


Obsèques de Crémieux .... 


170 


— 


L'étudiant Hartmann, nihiliste russe . 


173 


Avril. 


Ferry et l'article 7 


174 


Juin. 


Libéralités de M"* Prévost-Paradol 






en faveur de l'Ecole normale , 


17!l 


JuUlet. 


Descente dans les catacombes de 
deux maisons du boulevard Saint- 






Michel 


181 


Septembre. 


Les Jésuites de la rue des Postes . 


182 


— 


LeFi Dominicains de la rue Jeun de 






Beauvais 


18j 


Novembre. 


Leur expulsion 


1S8 



' Ifois 
Novembre, 



Janvier, 

Mars, 
Mai, 

Juillet, 



Août, 
Octobre, 
Novembre, 
Décembre, 



Janvier. 



Mars, 



— 337 — 

Pages. 

Suspension de M. Olié-Laprune, 
■ maître de conférences à TËcoIe 
normale 188 

1881 

La mère dé Léon Foucault le physi- 
cien et sa maison boulevard Saint- 
Michel 192 

Les os de Voltaire et de Rousseau 
au Panthéon . 196 

M. Caro et la pièce: le Monde où 

l'on s'ennuie 199 

Rue d'Arras messe de M. Hyacinthe 
Loyson . 203 

Les étudiants font faire le tour du 
Panthéon au cercueil de M. Giraud 204 

Gambetta candidat à Belleville et à 
Charonne 205 

Mariage de M. Daniel Wilson et de 
M"» Alice Grévy 208 

Chambardement à TEcole polytecli- . 
nique 208 

L'omnibus Odéon-Clichy et M. Ratis- 
bonne, bibliothécaire au Sénat. . 210 

1882 

Obsèques civiles de M. Hérold, préfet 
de la Seine 212 

Dévouement de deux internes de 
l'hôpital Gochin 217 

Peintures de Jean-Paul Laurens au 

Panthéon 218 

22 



Seplcm/ire, 
Nin'embre. 



Fc'frier. 



Val d'e.c-i'ofo à l'église de Saint- 

Ëtienne-du-Mont 319 

Retour des e.v-folo 220 

Les souteneurx au quartier latin. . 220 
Les étudiants en policecorrectioniielle 223 
Plnque de inarbre sur ta maison où 

est mort Pascal 224 

Les scolaires du V" arrondissement à 
l'inauguralion du nouvel Hôtel de 

Ville 225 

Achat parlegouvernement i-oumaiude 

la chapelle rue Jean-de-Beauvais . 227 
L'oratoire juif de la rue Vauciuelin . 227 
La nouvelle école de pharmacie . . 228 

Les étudiantes russes 230 

Mort de Louis Blanc, député du 
V° arrondissement 231 

1883 

Mort de GambetU 234 

M. Grévy grand-père 238 

La sœur Adrien, directrice de l'infir- 
merie de Louis-le-Grand ... 239 
Equipée de Louise Michel. Sa fuite 

près de l'Ecole de médecine 239 et 240 
Terrible révolte à Louis-le-Grand , 241 
Arrestation de Louise Michel dans 
le V' arrondissement .... 243 

Brown-Sequart attaqué par une antî- 
viviseetrice à son cours du Collège 
de France ....... 245 

Les arènes de lu rue Monge . . . 246 
Louise Michel condamnée à sis ans 
de réclusion 



litSlel. Loi sur U magistrature . . 249 et 250 

Septembre, Déplorable réce|ition d'Alphonse XII 

à Piiris; le Président parvient à le 

calmer 251 

Oaohre. Le lycée de lilles de la rue Saint- 

André-des-Arts 252 

Décembre. Querelle entre les étudiants et le Cri 

du peuple 253 

18S4 



Juin. 
Juitlel. 

Septcmb 



Continuation de la querelle . . . 254 
Autre querelle de ta Bataille et de 
M. Leroy -Beau lieu, professeur au 

Collège de France 25ô 

Théiîlre de Gluny, Trois femmes pour 

Lesétudiantesde l'Ecole de médecine. 256 
La librairie anticléricale de la rue 

des Ecoles 257 

Suppression de la Faculté de théologie 259 
Découverte de gradins aus arènes de 

la rue Monge 260 

Le laboratoire de M. Pasleur dans 

les greniers de l'Ecole normale . 261 
Mort de MP Maret, doyen de l'an- 
cienne Faculté de théologie . . 261 
Crainte du choléra à Paris ... 262 
Promulgation de la loi sur le divorce 264 
M. Hyacinthe Loysoii quitte la cha- 
pelle de la rue d'Arras .... 265 
Cas de choléra dans le Quartier. . 266 
La grande mosaïque du Panthéon . 266 
Réparation de la vieille tour de Clovis. 267 



iMwRire. Foule au coure de M. Garo ... 269 
■^ , Portruits de Gambetia, Clênieacea.u, 
Paul Berl, etc., daua la chapelle 
. . Siiinte-Geueviève au Panthéoo. . 270 

— ' Mort de La Rounat, direct, de rOdéoD 271 

■"-■■* ■ .'.. ■■■l885 

jfanoUr. ' PoHd, bommé' directeur de l'Odéou . 273 

— L'MKM^ation . des étudiants chez 

M. Cherrai^i 273 

— Souvenirs historiques des rues que 
■ . _ _ l'agrandisse me ni de la Sorboune 

fait dispurattre 274 

— Mort d'Edmond About; discours de 

M. Caro sur sa tombe .... 277 
JVvrivr. Bruit au cours de M, Caro à propos 

de ce diBCoars 278 

— SuHpensioii provisoire du cours de 

M. Caro 278 

— Mort d'Edmond du Sommerard, 

directeur du musée de Cluny . . 27S 

— Mort de Jules Vallès au n« 77 du 

boulevard Saiat-Germain ... 279 

— Ses obsèques au quai-tier latin . . 279 
Mars. Le bouge du Chdteau rouge rue 

Galande .....,,. 281 

— Son envahissement par les étudiants. 281 
Mai, Pose de la première pierre du nou,- 

veau Louis-le^Grand .... 283 

— Mort de Victor Hugo 285 

— Sainte-Geneviève (Panthéon) laïcisée. 285 

— Dernières messes à Sainte-Geneviève 286 
Juin. SépulturedeVictorHugo au Panthéon 286 

— Reprise de i Âric'sienne à l'Odéon . 287 



Mois 
Août, 

Octobre, 

Novembre, 



Décembre, 



Janvier. 
Février, 
Mars, 



Avril, 
Mai, 

Juin, 



Juillet. 
Août. 



— 341 — 

Pages 
Pose de la première pierre de la.\ 

nouvelle Sarbonne 289 

Fouilles dans Tancien cloître des 

Cordeliers 290 

Inoculation du petit berger Jupille 

dans le laboratoire de M. Pasteur, 

rue d'Ulm. 291 

Drame des /acotoes à rOdéo'n . . 292 
Neige terrible ; dislocation d'une pile 

du Pont-Neuf 292 et 293 

Renouvellement de la présidence de 

M. Grévy 294 

1886 

Cimetière de Bagneux à l'usage de 
la rive gauche 295 

Nom d'Auguste Comte donné à une 
portion de la rue de l'Epée. . . 296 

Cours d'Histoire de la Révolution à la 

Sorbonne. 298 

Arrivée rue d'Ulm, à l'Institut Pas- 
teur, de Russes mordus par un 
loup 299 

Duel de Drumont et d'Arthur Meyer; 
Drumont blessé 300 

Révolte à l'Ecole de pharmacie . . 301 

Pleurésie attrapée par Georges Hugo 
dans les caveaux du Panthéon . . 302 

Loi d'expulsion contre les princes . 303 

Installation rue Vauquelin du labora- 
toire de M. Pasteur . . . . . 303 

Condamnation d'Arthur Meyer . . 304 

Inauguration de la statue de Diderot. 305 



■ 


— ^42 — ^^M 


1 


^"■^ifei. 


^^ 




Août. 


Le gënéral Boulanger sur son cheviil 


1 


M. Grévy entre dao» sa quatre- 




vingtième iinnée 




Seplemlire 


Centenaire de M. Chevreul . . . 


^^^1 


Octobre 


Le due <l'Atwinlc donne Chantilly à 


^^H 




l'Institut 


308 


— 


Travaux de consoKdation du Pont-Neuf 


309 


Novembre. 






j 


Murger 


309 




1887 




P^^T^er 


Hruils de cuerre 


:110 


_ 


Mort de Jules Béclard, [irolesaeur à 






l'Ecole de médecine 


310 


Mars. 


L'œuvre de la Bnucie'e de pain au 






Quartier 


311 


_ 


Obsèques de M. Beluze, fondateur du 








311 


AiTii. 


Snii|)i'easion des inscriptions gra- 






tuites uux Ecoles 


31! 


Mai. 


Mort de M. VuIpUn, doyen de la 






Faculté de médecine .... 


314 


— 


Incendie de l'Opéra-Comique. 


314 


— 


Le général Boulanger cesse d'être 






miaislre de ia guerre .... 


31S 


Juillet. 


Mauife«tatlon Ae& petits pains d'un sou 






à la revue du 14 juillet .... 


317 


— 


Mort et obsèques de M. Caro. . . 


317 


Août. 


Inauguration de la statae de Broca . 


318 


Septembre. 


Le guillotiné Pranzini à l'amphi- 






théâtre de l'Ecole de médecine. . 


3» 


Octobre. 


Construction de la nouvelle Sorbonne 


320 

1 



— 343 — 



Mois 
Novembre, 



Décembre. 



Pages. 

Wilson et les décorations . . . . 321 
Prévision de la démision de M. Grévy, 

son beau-père 321 

Agitation dans le Quartier contre 

Ferry 322 

Nomination de M. Sadi Carnot . . 322 



CONTINUATION DES ERRATA 

Contenus dans les Calendriers d'un Bouïigeois 

du quartier latin 



Pages Lignes 


A u lieu de : 


Lire : 


5 


6 


cholérique 


colérique. 


42 


30 


parlementaire 


militaire. 


56 


17 


Emile de Girardin 


Saint-Marc Gi- 
rardin. 


70 


28 


1878 


1870. 


84 


10 


archevêque 


évêque. 


91 


31 


M«' de Larisse 


M«' Richard, 
archevêque 
de Fiarisse. 


111 


22 


je ne sais par qui 


par Pie IX. 


13/ 


19 


Loudain 


Fiandeau. 



■ir — 




n 



CONTINUATION DES NOTES RECTIFICATIVES 



CoNTKMKS DANS I.KS ( 'aLF-NDUIKUS h'iN HoilUîKtUS 

Dl nlAIlTIKR LATIN 



Paijes. 

KKK Noir (lu 1» novrinhiv ISTO. — Au Musôo thi 
Liixrinbniiig, à culé ih» rrlU» /hitailledeSoifêrino^ 
sr Inmvail un autre tableau ilo Moissoiuiior, dô- 
signr ainsi : r/impcrrur i\iipolt''on III au mUieu 
de son rldl-majar. CVost pouT ainsi diro uno 
ivpli'jut' (W l'élat-inajor ilu tableau de SoliVrino : 
seult'uient les personnages y sont plus grands et 
(le fan*. Le nez de IKnipereur y appamil davan- 
tage. (Test ce nez ipie le nialinleiilionué choisil 
pour le rayer d'un (*«)U|) soit d'ongle soil lie crayon. 
Mri^snnnirr, très vexé, réussit i\ le réparer mais 
exigtM (pie les deux tableaux fussent recouverts 
d'une vitre. Ils sont depuis janvier UK)3 au Louvrt> 
dans une salh» voisine de celle où a été placée 
l'admirable collection Tommy Thiéry. 

(les renseignements viemient de m'étre donnés 
par un vieux gardien du Musée du Luxembourg. 

'2\'2, Nolt» du 28 mars 1883. — M. Gidel, sur sollicita- 
tions, ne persista pas dans sa détermination. Il 
resta encore plusieurs années proviseur de cet 
immense Ivcée où il était si nécessaire. 

2S(». Note du 28 mai 1885. — Je me suis trompé, mais 
av(M» tous les gens du quartier latin, en disant que 
U'^ reliciues de SamV^-Geneviève furent trans- 




portées à Sftiiit-Etieniie-clu-MoTil 
m'apprend le tlooté eL aimable archiprêtre de 
Noire-Dame, M. le chanoine Pousset. Aprèi 
;- fermeture de l'église patronale les reliques de la 
• samlé tureiil conservées par Tabbé Bonnefoy. 
Après sa tnorl etias passèrent entre les moins de 
t'abbé Bernard, ancien vice-doyen des cha- 
pelains de Sainte-Geneviève. Elles furent remises 
à Notre-Dame en 1892, car elles lui appartiennent. 
En effet elles ont été, après la Révolution, recueil- 
lies par un archevêque de Paris dans différentes 
églises de province. Elles avaient été envoyées au 
Panth^n- après que Napoléon l'eut rendu au 

. ■ culte. Cinq fragments d'os sur sept avaient été 
-remis au Panthéon, un sixième avait été égaré. 
Le aepttè.me était presque tombé en poussière. 
M. le chanoine PousseE retrouva le sixième 
fragment. 

307. Note du 18 juillet 1886. — Celt« note concernant 
M'" Chauvin fut prise par moi sur une feuille 
volante portant pour toute date: S8 juillet. Je 
m'informai et appris que M"^ Chauvin avait passé 
son examen en juillet 1890. A cause de l'asson- 
nance je crus entendre : 1*^, et voilà comme j'ai 
vieilli (bien malgré moi) M"* Chauvin de quatre 
ans 1 Si Dieu me prête vie cette note se retrouvera 
dans un prochain volume sous la date du 28 juillet 
1890. M"* Jeanne Chauvin est tout à la fois avocat 
et professeur. Elle plaide et fait des cours de droit 
fort remarquables dans les divers lycées' de 
jeunes filles. Elle est du reste docteur en droit. 



INDEX ALPHABETIQUE 

PAR ORDRE DE PAGES 

des principaux noms contenus dans les calendriers 
d'un Bourgeois du quartier latin 



M"* Bonjeaii, 27. 

A Baudin, 29, 178. 

Bîirodet, 40, 42. 

L\aninônier inilitairo Allaid, <lo Broglit», 42, 64, 122, 126. 

l»age 7 JJeiilé, 42. 

Le président Anbépin, 22. Boutonnet l'aiiii de Murger, 

Duc d^Aiimale, 39, K3, 148, 49, 327. 

198, 238, 308. J.e pompier Bollot, ;)2, 244. 

Emile Angior, 61, 271. Bazaine, 33. 

Abont, 111), 188, 277, 278. J.-architecte Baltard, oo. 

Hnbertine Anelerc, i7î>. Le mnsicicMi Fr<^d(^rie Bérat. 

Aiidrienx, 180, 190. 20:i. 70. 

Sœur Adi'ieii, 230. Le math<^matieieii .J()se])h Ber- 

Albm, 249. traïuL 73. 106. 

Le eoiiseiller Alexandre, 2;)0. Buttet. 82. 

Al])lK>nse XII, 251, 232. lUsmarc^k, H\\, 

I/arcliitecte Abadie, 264. Claude Bernard, SI» 131, 132, 

Le ])rol*esseur Aubird, 298. 133. 

Bizet, 86, 87, 308. 

B M» B6t(»laud, 103, 106, 141, 

182. 

Abbé Bennud, aumônier de M"® veuve Buignet, 117. 

PEcole normale, 2. Bonnat, 121, 301. 

L'éditeur TIcnii Baillière, 8. Louis Blanc, 99, 126, 133, 

Boquot, ancien maire du cin- 136, 171, 231. 

«luième. arrondissement, 11. Le ministre de Pinstrnetion 

Président Bonjean, 17, 27. publique Bardoux, 141. 

Président Benoît Cbampy. 20, B(?rr.ver, 143. 

21. Berrver neveux, 141). 



— 2 -- 



o 



Paul Bert, m, 157, 210, â96. 
BosBon-Billaiat, ll$9, 160. 
Blanqùi, 177, 192. 
Le sculpteur Bartholdi, 194« 
Brifison, 209, 282. 
Boptonx, 214, 215, 232, 242. 
Le général BiUot, 219, 224. 
L'architecte BaUn, 223. 
Doctenr Boumeville, 226. 
Docteur Beni-Barde 237. 
Le sénateur Boeérian, 239. 
Le juge d'instruotiion Barbette, 

243. 
Brown*Seqnart, 245, 246. 
François Beslay, 248. 
Le peintre Jean Bérand, 261. 

Les BaUerich, 276, 277^ 281. 
Panl Bandry, 296. 
Général Boulanger' 306, 307, 
310,313, 315, 316. 

Les denx Béolard, 310, 311. 
Belaze, 312. 

Le sculpteiii' Baffier, 312. 
Hrora, 31^. 

C 

Gciiéral Cremcr, 2. 

Le poète peintre Aiific^iste <le 

Châtmoii, 3. 
Casimir Périer, o, 70. 
Carpeaux, 16, 68, 92, 93, 94. 
Le ciiré de Saint-Sé vérin, Cas- 

telnan, 31, 82. 
Victor Cousiii, 34. 
Comtesse de Castiglione, 36. 
Caboche, inspecteiu' de PUni- 

versitS 38, 1)7, 58. 
Comte (le Cliambord. yi, 248, 
2o0. 



Caro, 56> 198, 199, 200 270| 

277,278,317. 
Chandey, 56, 61. 

M** Cavaignac mèie, 62.* 
Qénûna de Ciasey, 34, 104. 
Général Chailemagne, 48. 
Le docteur CluiiifQurd, 71, 74, 

147. 
Corot, 81, 90. 
danael de Conssergnes, 84. 
Le fondenr Chamod, 95. 
Chanière, 100. 
Le.sonlptenrChapn, 107, 244, 

284. 
Colonne, 109, 172. 
Caiabc d'Est-Ange, 110. 
Gustave Chaix, iil. 
Le-statnaire Cnink, 115, 116. 
M- Crank, 116. 
Général Changaniier,^116, 117. 
Maréchal Canrobert, 130. 
Cham, 140. 

Cavalier, dit Pipe en bois, 140. 
Clairville 147. 
Chaftotte, avon(^>, 1S4. 
Caban el, 155. 
Cazot, 167, 169. 
MeCrémienx, 170, 171. 
Camescasse, 173, 219, 221, 

224, 268. 
M"« Considérant, 174. 
Le ministre de P intérieur 

179, 185. 
Le commissaire Cotton d'En- 

glesqneville, 187, 190. 
Amiral Courbet 265, 290. 
Chevrenl, 265, 273, 298, 307, 

308. 
Coqnolin, 270. 



— 3 



Clénieuceaii, 270. 
CaroliuJ-DuTî^ii, 284. 
François Coppéo, 292. 
Auguste Comte, 296. 
Chatiii; directeur de l'Ecole 

de pharmacie y 301. 
Germain Casse , 312. 
M-« Caro, 318. 
Sadi Carnot 323. 



D 



Le docteur Dolbeau, 9, 13. 
Dubourg, 14, 13, 18. 
Alexandi-e Dumas lils, 15, 18, 

56, 96, 277. 
Dacosta, 21. 

Delauuay, directeur de P Ob- 
servatoire, 24, 125. 
M" Darboy, 25, 43. 

Dufiiure, 28, 40, 146, 201 et 

passim. 
M»'" Dupanbmp, 35. 
M"e Dosue, 39, 139, 191. 
M-« DTilaure, 39, 133. 
Ferdinand Duval, 44, 57. 
Delesvaux, 61. 
Ernest Daudet, 64, 85. 
Déjazet, 70, 74, 94. 
Comte de Dampierre, 70. 

Le Père Dulac, 104, 106, 108. 
Le modèle Duboscq, 115. 
Duquesnel, d"" de POdéon, 119. 
M»'«» Danton, 123. 
Denl'ert-Rochereau, 126, 139. 
Le Père Didon, 133. 
L'architecte Davioud, 134. 
Le prociu'eur générul Dau- 
phin, 149. 



Me Denormandic, 256. 

Le Journaliste Duc-Quercy, 

276, 281. 
Alphonse Daudet, 287, 304. 
Drumont, 300, 201, 304, 305. 
Le peintre Elie Delauuay, 308* 



Fgger, 58. 



E 



F 



Me Forni, 89. 

PhiUppe Ferrari, 111,112,114. 

Me Falateuf, 157, 235. 

Les lYançois-Talma, 161. 

Jules Ferry, 165, 174, 188, 
252, 321, 322 et passim. 

Jules Favi-e, 169. 

Fustel de Coulanges, 188. 

M*c Foucault mère, 192. 

M»r Freppel, 196. 

Colonel Flatters, 198, 199. 

Lieutenant-colonel des pom- 
piers Froidevaux, 227, 244, 

Martin Feuillée, 249. 

Le sculpteur Fossé, 292. 



G 



Le Père Gratry, 5. 

M" Guibei-t, 24, 87, 89, 91, 

305. 
Gambetta, 33, 65, 143, 155. 

218, 234 et passim. 
Commandant Garcin, 34, 35, 

48. 
Le président Grévy, 38, 98f 

145, 146, 147, 251, 322 et 

passim. 



VHi 


4 - 


W^ .>vi<ilicsiHu.lyGiinifriL.41. 111. 


M-^ Clovis HiiRueN, 253, 2HI1, 


1 112. 


273, 302. 


^ :.« jiigo GWriu, aO, 83. 2b0. 


Lu peintre H*l>ert, 266. 


liKot, S>tt, 64. 


.leauue Hugo, 386. 


^ cnpitulnn Oraa 6». 


Georgea Hngo, 286, 3(fi, 


l'ar^hiteote Gftmîor, 78, 1^8. 


.1(13. 


1 ■ 164. 


! 


1 0*r,*i-al do GaUiHut. 14>t, 1T7. 




V l^vUcu: Gi.M, 138. ia4, 241 , 


Li. T,M,i\, l«i.iur. till. 


* âia. 




Wloiir tint. 189. 


,1 


M''« Alieo Grfvy, 207, Jt>8, 




Général Giillimurd, UW. 


M"' Nelly .Iat><|u<-murl, 1L_ 


■ QurÀet. ptofiiiiBeiir it lu K'ir- 


40. ^ 


Ihwih. â24. 


Frère Josepli, ai, ^. H 


»!•* GHMiJjrtttt iiii-rB. a2fi, 


Julon JaQin, 66. ■ 


I. Gambuttit t-hrii, SSR. 


A» .httojlhm, 82, 149. B 


L uriMict-Diuii'i>iirt, 2S({. 
J M'' Gutiueiiii, 276. 302. 




M*° Julefl J»niii, 107. ■ 




l.^,.i, .lanrfeH, 180. V 


Cioblet, 284. '2{m, 31!i. 


.l.ilux-.t, 107. 24^. ■ 



Vbtor Hugo, 3, 16, 136, 28o. 

287 et pumini. 
Père Hyacinthe, 2o, 202. 269. 
Halla.va-Dal)ot, S8, 118.246. 
Lemat]iéiuaticionHenuite,73, 

186. 
Her\-ey, Saint-Denis, 87, 328. 
Lo peintre Verrier Hirsch, 128. 
Hérold, 161, 17a, 191, 212, 

328. 
HoveliLcquo, 172. 
Le nihiliste Hartmann, 172, 
1 173. 

Marie Heibroiin, 215. 
Hubaiit, coni. du police, 243. 



Kuhu (Zartou), 227. 



I, 



LiBsagaray, 13. 
Le bfttuiniier Lacan, 23, S7. 
L'abbé Loyson, 2a, 149, 2S0. 
Amédée Lefèvre-Pontalis, 2G. 
Leoont^ do l'Isle, 32, 298. 
L'architecte Louvet, 33. 
L'architecte Labronate, 47, 

89, 90, 133, 328. 
L'atcbifectHjLe'inBUX,S3,233- 
Le vicomte du LoFgeril, 99. 



- 5 — 



Lie docteur Labbé, 63, 101. 

Le président Larombière, 86. 

Leverrier, 92, 93, 124. 

Le bon docteur Loraiu, 92. 

Le secrétaire du parquet, La- 
rousse, 117. 

Le Père Lef èvre, 180. 

M'Lavaux, doyen des avocats, 
184. 

Littré, 200, 219. 

Me Lachaud, 216, 232. 

J.-P. Laurous, 218. 

Leroy-Beaulieu, 25i). 

La Rounat, 271. 

Pierre Lafïitte, 297. 

Me Lente, 304. 

Lisbonne, 322. 



Père Moneabré, 91. 

L^acteur Marais, 97, 119. 

Michelet, 102. 

Monval, 108. 

Meissonnier, 110. 

Méline, 110. 

M»' MermiUod, 118. 

Me Mathieu, 130. 

Le restaurateur Magny, 151. 

Le peintre Maillot, lo2. 

Louise Michel, 189, 239, 243, 

247, 295. 
Sculpteur Maindron, 259. 

Arthur Meyer, 301, 303. 
Mac-Nab, 225. 

1/ agent d'aftaires Morin, 268. 
Mistral 325. 



M 



N 



Mac-Mahon, 42, 53, 60, 117, 

134, 140, 145 et passim. 
M»"" Maret, 17, 35, 261, 262. 
Massenet, 32. 
M* Malapert, 33. 
M'»e veuve Minière, X\, 48. 
Marquise de Mac-Mahon, 39, 

55, 79, 93, 97. 
Manet, 43. 

Murger, 49, 309, 330. 
Mézières, 56, 151. 
Mathieu, fabricant, 63. 
Henri Meilhac, 72. 
Henri Moiniier, 74, 114. 
Moléon, curé de Saint-8cverin, 

78, 82. 
Enfants de Mac-Mahon, 79, 

130. 
M-« Catulle Mendos, 88. 



Nisard, 6. 

Napoléon HI, 30, 31, 271. 

De Neuville, 43. 

Le shîih Nesser-Eddin, 45, 46. 

Normand, arcliitecte, 95. 
Pierre Newyski, 96, 97. 
Nadaïul (de la Creuse), 103. 
Nicolet, 144, l82, l83. 
MeNogent Saint-Laurens, 2l3. 
Nénot, architecte de la Sor- 

bonne, 233, 289. 
Prince Napoléon, 151, 236, 

237. 
Naqaet, 264. 
Général Négiier, -281 . 



O 



Ollé-Laprune, 25, 188. 




Funille Ortoton. 87, M, m, 

336. 
Einil« OUivier, BS, «0. 



CMlmir FAriet, b, 70. ' 
FtèK Philippe, S4, t». 
nioteU, 56. 
Le ûwtenr de plaao. Pape, 

80. 
Prinee impériid 81, IKS. 
I/tMtriM de l'Odéon, lUlène 

Petit, 97. 
Pnvis de C3wTaiuiea, LOI, 133, 

3S8. 
Le dlreetemdel'Odèoii, Porel, 

108, 273. 
Paedelonp, 109. 
Dom Pedro, 119, 121. 
M"» Prévost -Paradol, 133, 

179. 
Sculpteur PréauU, 143. 
La co&iteBse de PierrelututH, 

160. 
M-= Pescheloche, 183, 184. 
Pailleron, 199. 200, 270. 
M"e Pelonze, 208, 228, 284. 
Pasdeloup, 109. 
De la Pniioiise, 2lS. 
Pasteur, 2l9, 260, 291, 299. 

300. 302, 303, 306. 
Le préfet PoubeUe, 255, 256. 
Paulus, 315. 
Le guiUotiué Praiiitini, 3l9, 



y (lo Beau repaire, 248. 



Uewl Bei^UHitt, 8, 107. 

Le bUonniw BmuM, 39, 176, 

194,108. 
De IMmiiut, 3tt, 40- . 
Boehefiirt, 61, 180, 2X3, 3S4, 
Boulier, St. 

IPKdiaKd, 87, 91, StS. 
H"* Bsttina de BotiiMliM, 69. 

m. 

La buoime doaklilfere Jamea 
de BoQMddld, 99. 
112*137. 
venve. ^ewi, 168. 



n 181. 
Joacph BeiuBchj 103. 
H-< Kooaie mère, lOB. 
Baap^, 196. 
BatiBboime, 210, 211. 
Le brigadier de la nùreté, Boa- 

Hignol, 319. 
Rajimud, répétiteur h l'Ecole 

polj'tecbiiiqiie, 329. 



Sévei 



, 13. 



Sylvain, 14, fS, 230. 
Saint-Maïc Giiardiii, 38, !>8. 
8a,bit-Geueat, 40. 
Léon Say, 59. 

MarqniH de Sainte-Croix. 63. 
Sénard, 67, 105, 106, 136. 
Alfi'ed Stevous, 67. 
Georec Saud. 102, 119, 122. 
loi. 



Saint -René-Taillandier, 119, Jules Vallès, 22, 2o3, 234, 

120, 121. 279, 280. 

Germain Sée, 119. Horace Vemet, o4. 

Le sculpteur Soitoux, 148. M '^^ Veuillot, 75. 

Sainte-Beuve, l5l. Vapereau, 80, 326. 

De Soye, 246. Docteiu- Vulpian, 94, 142, 3l4. 

Sarcey, 263. Le professeur Valette, 134, 

Le Ubraire Salmon, 274. . 135. 

Edmond du Sommerard, 278. L'architecte municipal Vac- 

Schaunard, 309, 330. quer, 137, 290. 

Soulacroix, 314. Général Vinoy, 146. 

Le gardien do la Daix Viguier, 

T 257, 305. 

Vallery-Radot, 292, 301. 
M. Thiers, 4, 123, 16, 35, 42, 

119, 121, 122, 123 et passim. . W 
M»« Tliiers, 39, 139, 190. 

L'aéronaute ïissaudier, 84. Wiurtz, 9, 94. 

Le chinois Tin, 87. Richard Wallace, 26. 

Le peintre Timbal, 105. Wolowski, 30. 

Le modeleur d'anatomie Tal- Le sénateur Wallon, 79, 81, 

rich, 126. 82, 83. 

Le Figaro du quartier latin, .Jean Wallon le philosophe, 

Toulouse, 200. SO. 

Léo TaxU, 257, 283. W^addington, 104. 

M"»* Thierret, 271. Richard Wagner, 109. 

Daniel Wilson, 207 208, 320, 

V 321. 

M"® Weher, actricede POdéou, 

Vautrain, 2, 3, 5. 292. 

Vacherot, ancien maire du Z 

Ve arrondissement, 11. Zola, 216. 









/ 



TABLE DES MATIÈRES 



Pages 

Avant-propos v 

Années 1872 1 

— 1873 30 

— 1874 54 

— 1875 76 

— 1876 96 

— 1877 114 

— 1878 130 

— i879 143 

— 1880 168 

— 1881 192 

— 1882 212 

— 1883 234 

— 1884 254 

— 1885 273 

— 1886 295 

— 1887 310 

Notes finales explicatives et rectificatives . . . 325 

Index des principaux faits contenus dans Touvrage. 33 1 

Errata 345 



'